1 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
1 Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)n L’énigme Vers
2 n personnage assez hagard aborde l’imagination de Chamisso  ; il déclare avoir perdu son ombre. Le second romantisme bat son plei
3 gende populaire. S’il se risque à paraître devant Chamisso , c’est peut-être poussé par l’envie d’être enfin deviné, expliqué. Ch
4 poussé par l’envie d’être enfin deviné, expliqué. Chamisso est français de naissance et d’éducation. Une excentricité du sort a
5 ru à cette fable, mais dirait-on, sans le savoir. Chamisso , lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’homme sans ombre. Surpren
6 s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit dans la conscience moderne le mythe de l’homme qui a perd
7 thétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De Chamisso à Hofmannsthal, plusieurs ont repris cette histoire. Le dernier même
8 germanique et l’expression littéraire du mythe : Chamisso , Andersen, Hofmannsthal, et bien d’autres imitateurs, dont le moindre
9 oute n’est plus permis : Schlemihl est schizoïde. Chamisso , heureusement pour lui, n’en savait rien. Il savait peut-être autre c
10 roche alors de ce Selbst (ou soi-même) dont parle Chamisso vers la fin de son conte. Voilà qui peut situer enfin le vrai problèm
11 devant sa vocation : le mystère de l’incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les traits physiques et moraux de ce que l’o
12 nial, l’audace comme malgré soi re-créatrice d’un Chamisso . Les amateurs d’absurdités lyriques, j’en suis parfois, devraient se
13 aisie gratuite » de l’art. Nul doute que l’art de Chamisso ne signifie. Il y suffit d’ailleurs qu’il soit vraiment un art — tout
14 ne mise en ordre, un sens donné… C’est par là que Chamisso s’est sauvé de lui-même : s’il a fait Schlemihl comme on sait, en gra
15 raverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso  ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non pas ses charm
16 , recueille la lettre d’un descendant français de Chamisso , selon lequel l’idée de Peter Schlemihl aurait été donnée à son auteu
17 it le symbole de la patrie (française) perdue par Chamisso . Les documents réunis par Rank — et que j’ignorais d’ailleurs au mome
18 sieurs siècles, voire d’un ou deux millénaires, à Chamisso . 36. « J’éprouve que chaque objet de cette terre que je convoite s
19 e l’on songe à Hegel, à Fichte, à Schlegel. n. «  Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, n° 19
2 1947, Doctrine fabuleuse. L’ombre perdue
20 n personnage assez hagard aborde l’imagination de Chamisso , décline son nom, déclare avoir perdu son ombre. Le second romantisme
21 gende populaire. S’il se risque à paraître devant Chamisso , c’est peut-être poussé par l’envie d’être enfin reconnu, expliqué. C
22 é par l’envie d’être enfin reconnu, expliqué. Car Chamisso est Français de naissance. Une excentricité du sort a fait de lui un
23 u à cette fable, mais, dirait-on, sans le savoir. Chamisso , lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’homme sans ombre. Surpren
24 s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit dans la conscience moderne le mythe de l’homme qui a perd
25 thétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De Chamisso à Hofmannsthal, plusieurs ont repris cette histoire. Le dernier même
26 germanique et l’expression littéraire du mythe : Chamisso , Andersen, Hofmannsthal, et bien d’autres imitateurs, dont le moindre
27 n’est plus permis : Schlemihl est « schizoïde ». Chamisso , heureusement pour lui, n’en savait rien. Il savait peut-être autre c
28 pproche alors de ce Selbst ou Soi-même dont parle Chamisso à la fin de son conte. Voilà qui peut enfin situer le vrai problème5.
29 devant sa vocation : le mystère de l’incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les traits physiques et moraux de ce que l’o
30 énial, l’audace comme malgré soi recréatrice d’un Chamisso . Les historiens de la littérature devraient se garder d’affadir une t
31 atuite » de l’imagination. Nul doute que l’art de Chamisso ne « signifie » et ne soit au sens propre un grand art, tout effort d
32 ne mise en ordre, un sens donné… C’est par là que Chamisso s’est sauvé de lui-même : s’il a fait Schlemihl, comme on sait, en gr
33 raverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso  ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non pas ses charm
34 ome VIII, p. 86) deux lettres d’un petit-neveu de Chamisso qui paraissait infirmer par avance mon interprétation. Leur auteur, u
35 e — comme Barrès d’ailleurs — que dans Schlemihl, Chamisso « laisse deviner sa destinée tragique d’homme incomplet et sans patri
36 , il est permis de penser que « l’état d’âme » de Chamisso a joué dans cette affaire un rôle plus décisif que « l’à peu près » d
3 1956, Articles divers (1951-1956). Réponse à l’enquête « Pour une bibliothèque idéale » (1956)
37 ments philosophiques. 65. Hölderlin : Poèmes. 66. Chamisso  : L’Histoire merveilleuse de Peter Schlemihl. 67. Gottfried Keller :