1
présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès,
nous
offre plus qu’un agrément purement littéraire : une leçon d’énergie.
2
il abandonna le stade et rentra dans le monde où
nous
vivons tous. Écœuré du désordre général, il cherche des remèdes, et n
3
é du désordre général, il cherche des remèdes, et
nous
tend les premiers qui lui tombent sous la main : le sport et la moral
4
ande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es
notre
capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades que parcour
5
at. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé que
nous
conduirait cette « éthique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en
6
générales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile
nous
est néanmoins plus proche que la sensualité vaguement chrétienne de t
7
qui joue franc jeu. S’il faut lutter contre lui,
nous
savons qu’il observera les règles. Saluons-le donc du salut des équip
8
peinture française, des débuts du xixe siècle à
nos
jours. Partis du classicisme de David et d’Ingres, les peintres franç
9
ans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « …
Nous
sommes sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à not
10
e phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne pas
nous
tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu qu
11
ue « … Nous sommes sûrs de ne pas nous tromper en
nous
inquiétant de faire, à notre place modeste, si peu que ce soit pour l
12
e pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à
notre
place modeste, si peu que ce soit pour la paix », c’est une affirmati
13
coup d’antérieures protestations belliqueuses. Il
nous
montre « des Français qui pensent ces carnages inévitables, avec un b
14
de ces hommes qui « descendirent » du front dans
notre
paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signification ? Pourtan
15
ix, c’est vers de plus sereines exaltations qu’il
va
porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antique,
16
reines exaltations qu’il va porter son ardeur. Il
va
chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rome o
17
umission au réel durement consentie, voilà ce que
nous
admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lo
18
e toute faiblesse, flamme d’une pureté si rare en
notre
siècle, qu’elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la mo
19
rêves », la logique, dernier agent de liaison de
nos
esprits, va périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un man
20
logique, dernier agent de liaison de nos esprits,
va
périr. C’est du moins ce que proclame M. Breton en un manifeste dont
21
. Breton en un manifeste dont la pseudo-nouveauté
nous
retiendra moins que la significative pauvreté idéologique et morale q
22
e style brillant et elliptique qui tend à devenir
notre
poncif moderne, — si propre à égarer dans d’ingénieuses métaphores qu
23
orçait de donner raison aux 75 pages où il voulut
nous
persuader que tout poème doit être une dictée non corrigée du Rêve. J
24
cette attitude n’était qu’une protestation contre
nos
poncifs intellectuels. Mais elle risque bien de nous en rendre un peu
25
s poncifs intellectuels. Mais elle risque bien de
nous
en rendre un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont ils se réclam
26
n abandonnés par Dada S.A. Ce n’est pas ainsi que
nous
sortirons d’une anarchie dont les causes semblent avant tout morales.
27
Van Gogh fut une proie du génie. L’homme tel que
nous
le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres
28
Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle. Il
nous
laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne dut rie
29
cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à
notre
émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne dut rien à l’homme, d’
30
rondeuse vis-à-vis du gouvernement, le libérateur
va
se lever. C’est un descendant de Roland le Camisard, ce « Tarramagnou
31
arramagnou », ce « petit homme de la terre », qui
va
susciter un formidable mouvement de protestation contre les lois tyra
32
foules : déjà elles huent sa modération. Alors il
va
se jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la paix
33
n somme, réussi, une entreprise bien téméraire de
nos
jours : un roman à thèse aussi intelligent que vivant. d. « Lucien
34
ellectuelle. Grand siècle de critique pour lequel
nos
contemporains accumulent les documents. La littérature de ces dernièr
35
estiment que la question ne se pose pas, puisque
nous
sommes chrétiens. (Mais le christianisme, religion missionnaire, ne p
36
le christianisme, religion missionnaire, ne peut
nous
donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son principe le
37
qui le mènent à des conclusions de ce genre : si
nous
trouvons le moyen de « suppléer à l’éducation historique des peuples
38
euples chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge »,
nous
pourrons amener l’Asie à comprendre la religion romaine (ce christian
39
ns de maudire l’Orient ou chercher la guérison de
nos
fièvres. Mais nous aurons entrevu peut-être pour la première fois le
40
ient ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais
nous
aurons entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe «
41
tative de solitude (septembre 1925)f « Dès que
nous
sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne
42
(septembre 1925)f « Dès que nous sommes seuls,
nous
sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue que soutenu p
43
e joue que soutenu par le contrôle que les autres
nous
imposent », dit un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’a pei
44
e qui est déterminé par l’extérieur, — ce fou que
nous
portons tous en nous, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis i
45
ar l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en
nous
, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoya
46
i quelques sentences : « C’est de la faiblesse de
nos
yeux que frissonnent les étoiles. » f. « Jean Prévost : Tentative d
47
le louer d’avoir conservé une vision générale de
notre
temps et un évident besoin d’impartialité. Son art bénéficie de cette
48
in » de la santé et de la raison. C’est à lui que
va
la sympathie de l’auteur et la nôtre. h. « Otto Flake : Der Gute We
49
C’est à lui que va la sympathie de l’auteur et la
nôtre
. h. « Otto Flake : Der Gute Weg (S. Fischer Verlag, Berlin) », Bibl
50
re « d’importance européenne », croyez-vous qu’il
aille
s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un sommet ? Po
51
ires ne suscitent un intérêt très profond : elles
nous
transportent au cœur de préoccupations des plus modernes, problème de
52
ortance si l’on songe au service que M. Seillière
nous
rend en réintroduisant dans l’actualité la plus brûlante les richesse
53
nt profonde, son point d’appui plus central. Pour
notre
époque déchirée entre un thomisme et un nihilisme exaspérés, pour not
54
entre un thomisme et un nihilisme exaspérés, pour
notre
nouveau mal du siècle, il n’est peut-être pas de pensée plus vivante,
55
penche sans vertige sur ses abîmes. Simplicité de
notre
temps ! Au-dessus de la trépidation immense des machines, un Saint-Jo
56
is facile : la description du monde qu’il invente
nous
lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et
57
? Pour peu qu’ils sortent des cafés littéraires,
nos
poètes respirent le même air du temps. Leur originalité se retrouve d
58
é secrète (décembre 1925)n La Révolution russe
va-t
-elle usurper dans le roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec
59
era toujours « indéfinissable ». M. Walpole, dont
nous
commençons aujourd’hui un roman bien différent, a vu la Révolution sa
60
tant, d’explosion. Le géant russe est un enfant :
va-t
-il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de
61
ion. Le géant russe est un enfant : va-t-il rire,
va-t
-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque c
62
ent de toute la force du trouble qu’ils créent en
nous
: Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique secrètement tourmen
63
rès nombreux public, la série des conférences que
nous
promet le groupe neuchâtelois des « Amis de la pensée protestante ».
64
dis que ce terme n’a plus qu’un sens relatif pour
nous
protestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d
65
’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là
nous
juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’élément de
66
otestants. Est-ce là nous juger ? Les catholiques
nous
reprochent d’avoir méconnu l’élément de grandeur morale que les saint
67
les saints maintiennent dans l’Église. M. Guisan
va
très loin dans ses concessions à de telles critiques. Mais c’est pour
68
qu’a voulu restaurer le protestantisme. La place
nous
manque pour louer comme il conviendrait la clarté d’un exposé solidem
69
ieu, beau désordre… (mars 1926)o L’époque s’en
va
très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans
70
nouveaux ou chute irrémédiable. Peut-être pouvons-
nous
choisir encore entre un ressaisissement profond et la ruine. Mais cer
71
et ridiculement opportuniste où mène la pente de
notre
civilisation. Meneurs et chefs : des économistes, des financiers, des
72
Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ?
Nos
penseurs, nos écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappa
73
layer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs,
nos
écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappant dans les gé
74
ent sceptique ou railleur. Au cœur de la crise de
notre
civilisation, il y a un problème de morale à résoudre, une conscience
75
résoudre, une conscience individuelle à recréer.
Nous
y employer, pour l’heure, c’est la seule façon efficace de servir. ⁂
76
fficace de servir. ⁂ On se complaît à répéter que
nous
vivons dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il n’existe pa
77
de tous les vieux bateaux, il y a une seule mer.
Nos
agitations contradictoires s’affrontent comme des vagues soulevées pa
78
vagues soulevées par une même tempête. L’unité de
notre
temps est en profondeur : c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gid
79
en tirait une raison nouvelle de le condamner, et
nous
ne pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’
80
etrouvera une nouvelle face de la vérité. Bornons-
nous
à noter le phénomène, puis à en suivre quelques conséquences. Connai
81
combinaisons possibles. Exaltation méthodique de
nos
facultés de plaisir : déjà nous en sommes à cultiver certaines douleu
82
tion méthodique de nos facultés de plaisir : déjà
nous
en sommes à cultiver certaines douleurs, plaisirs rares ; et les diss
83
Révolution d’abord. Révolution toujours ». « Pour
nous
, le salut n’est nulle part… » « Je comprends la révolte des autres et
84
il faudra bien se remettre à manger, tout de même
nous
avons un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution tou
85
on attention dans une sincérité si voulue qu’elle
va
parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes malades
86
parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément
nous
sommes malades dans les profondeurs. Et le mal est si cruellement iso
87
l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que
nous
chérissons… Nous apprîmes à mépriser les longues vies heureuses que n
88
èrement perfide de perdre ce que nous chérissons…
Nous
apprîmes à mépriser les longues vies heureuses que nous avions jusqu’
89
pprîmes à mépriser les longues vies heureuses que
nous
avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de tout
90
que nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit,
nous
fîmes le procès de toutes les jouissances humaines. L’espèce de sincé
91
s. L’espèce de sincérité terroriste dans laquelle
nous
nous obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur to
92
espèce de sincérité terroriste dans laquelle nous
nous
obstinions nous menait naturellement à repousser avec horreur tout ar
93
ité terroriste dans laquelle nous nous obstinions
nous
menait naturellement à repousser avec horreur tout argument d’utilité
94
avec horreur tout argument d’utilité, et bien que
nous
niions toute vérité, nous étions dominés par le sens d’une réalité mo
95
d’utilité, et bien que nous niions toute vérité,
nous
étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
96
d’une réalité morale absolue que certains d’entre
nous
eussent acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger d
97
ngt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en
nous
, mais pouvions-nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel
98
lasé. Rien n’était émoussé en nous, mais pouvions-
nous
faire abstraction du plan intellectuel sur lequel tout apparaît inuti
99
ans de jeunes qui se situent entre Gide et Aragon
nous
montrent le même personnage : un être sans foi, à qui une sorte de «
100
de l’acte gratuit, qui restera caractéristique de
notre
époque. Mais Gide est responsable d’une autre méthode de culture de
101
’est par sincérité qu’on mentira, puisque parfois
nous
sommes spontanément portés à mentir. On en vient naturellement à cons
102
e élite. Tel est l’état d’esprit de la plupart de
nos
jeunes moralistes. Le mot de paradoxe serait bien pauvre pour expliqu
103
es limites. « Il n’y a que les excès qui méritent
notre
enthousiasme ». Mais « cette fureur qui le soulevait contre lui-même,
104
version d’une vertu qui se brûle elle-même. Je ne
vais
point nier la fécondité psychologique d’une attitude par ailleurs si
105
qu’on ait perdu le sens des ensembles rationnels.
Nous
ne pensons plus par ensembles7 : symptôme de fatigue. Mais tout cela
106
ut cela ne dérive-t-il pas d’une fatigue immense.
Nous
voyons se fausser le rythme des jours et des nuits à mesure que se dé
107
ue devient un des éléments les plus importants de
notre
psychologie. Images des surréalistes — ils l’indiquent eux-mêmes —, c
108
’Europe galante, de Morand). La lucidité aiguë de
nos
psychologues est cet état presque inhumain de celui qui n’a pas dormi
109
s, et qui résiste le mieux à l’analyse. Seulement
nous
y perdons graduellement l’intelligence de nos instincts, la conscienc
110
nt nous y perdons graduellement l’intelligence de
nos
instincts, la conscience de nos limites naturelles, tout ce qui servi
111
l’intelligence de nos instincts, la conscience de
nos
limites naturelles, tout ce qui servirait de frein à notre glissade v
112
ites naturelles, tout ce qui servirait de frein à
notre
glissade vers des folies. ⁂ Recréer une conscience individuelle ; ret
113
on complète contre celle d’aujourd’hui, parce que
nous
sommes à bout. Il ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense
114
8, à quoi beaucoup sacrifièrent leur jeunesse. («
Nous
sommes une génération de cobayes » remarque Paul Morand.) Il faut agi
115
ère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’ils s’en
vont
« épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant ses douleur
116
d’un seul coup une grande misère, et par ce moyen
nous
met tout d’abord en présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1.
117
oètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mais que
nos
moralistes — presque tous les jeunes écrivains — se souviennent de pe
118
ature », NRF, 1923. 3. « Il s’était développé en
nous
un goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tou
119
désastre » qui est au fond du romantisme moderne
nous
empêche secrètement de construire et de nous construire. Jamais l’on
120
erne nous empêche secrètement de construire et de
nous
construire. Jamais l’on ne fut plus loin de l’idéal goethéen : au lie
121
scou qu’à Montparnasse. D’ailleurs leurs théories
nous
ramèneraient vite l’âge de la pierre, à la condition d’homme la plus
122
occasion de partager les conditions de vie et qui
nous
parlèrent l’un de la Réalité prolétarienne, l’autre de la Mentalité p
123
« réalité prolétarienne ». « Cercles vicieux que
nos
syndicats. Cercle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que nous v
124
rcle vicieux, l’augmentation des salaires. Ce que
nous
voulons, c’est élever l’homme au-dessus de la plus dégradante conditi
125
mme au-dessus de la plus dégradante condition, et
nous
n’y arriverons que par un travail d’éducation lent et souvent dangere
126
nt et souvent dangereux. Vous, étudiants, venez à
nous
pour nous aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tan
127
ent dangereux. Vous, étudiants, venez à nous pour
nous
aider. Nous saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » C
128
x. Vous, étudiants, venez à nous pour nous aider.
Nous
saurons nous compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conféren
129
iants, venez à nous pour nous aider. Nous saurons
nous
compromettre, si nous écopons, tant pis. » Cinq conférences et autant
130
ur nous aider. Nous saurons nous compromettre, si
nous
écopons, tant pis. » Cinq conférences et autant de cultes en trois jo
131
Romands recouvrent l’usage de la parole, puis on
va
se dégourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du village une
132
t de professeurs suisses et français. Miracle qui
nous
fit croire un instant à la fameuse devise de la Révolution. d. « Co
133
d’introduire le jargon de la science moderne.) Si
nous
reconnaissons à la base de cette œuvre inégale des idées vieilles com
134
conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour
aller
vite que sa recherche de l’ordre révèle simplement une volonté de con
135
es limites de cette école, et qu’il eut le tort à
notre
sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiques. Mais quelle
136
pure sur soi, c’est se refuser à l’élan vital qui
nous
crée sans cesse : l’analyse de sa solitude le laisse en face de quelq
137
lligence qui se dégoûte, tel est le spectacle que
nous
dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu de plus effrayants. A
138
st peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez-
nous
la force et le courage de contempler nos corps et nos cœurs sans dégo
139
donnez-nous la force et le courage de contempler
nos
corps et nos cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-il
140
la force et le courage de contempler nos corps et
nos
cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-il le courage d
141
rologiques du succès d’une telle rencontre : tout
alla
froidement jusqu’à ce que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de
142
Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)v
Nous
disons adieu aux charmes troubles et inhumains de la nature. Il s’agi
143
s et inhumains de la nature. Il s’agit de créer à
notre
vie moderne un décor utile et beau. Or « la grande ville, phénomène d
144
t « la ville est une image puissante qui actionne
notre
esprit » après avoir été créée par lui, — comme la poésie. C’est ains
145
sociales d’aujourd’hui. Pour résoudre la crise de
notre
civilisation sous cet aspect comme sous les autres, il nous faut mieu
146
isation sous cet aspect comme sous les autres, il
nous
faut mieux que des dictateurs : des Architectes, de l’esprit et de la
147
’époque de Lénine, du fascisme, du ciment armé. «
Notre
monde comme un ossuaire est couvert des détritus d’époques mortes. Un
148
couvert des détritus d’époques mortes. Une tâche
nous
incombe, construire le cadre de notre existence… construire les ville
149
s. Une tâche nous incombe, construire le cadre de
notre
existence… construire les villes de notre temps ». Et je déplie ce pl
150
adre de notre existence… construire les villes de
notre
temps ». Et je déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures gé
151
ordonnances élèvent leur chant. Utopie ! Oui, si
notre
civilisation s’avoue trop fatiguée pour créer avec ses moyens matérie
152
er un espace architectural lumineux à la place de
nos
cités congestionnées, ce serait peut-être tuer au soleil des germes d
153
ai 1926)f Écrire, pas plus que vivre, n’est de
nos
jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur nous-même
154
que vivre, n’est de nos jours un art d’agrément.
Nous
sommes devenus si savants sur nous-mêmes, et si craintifs en même tem
155
t si craintifs en même temps, si jaloux de ne pas
nous
déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles
156
jaloux de ne pas nous déformer artificiellement :
nous
comprenons que nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre
157
s déformer artificiellement : nous comprenons que
nos
œuvres, si elles furent faites à l’image de notre esprit, le lui rend
158
e nos œuvres, si elles furent faites à l’image de
notre
esprit, le lui rendent bien dans la suite ; c’est peut-être pourquoi
159
ent bien dans la suite ; c’est peut-être pourquoi
nous
accordons voix dans le débat d’écrire, aux forces les plus secrètes d
160
e débat d’écrire, aux forces les plus secrètes de
notre
être comme aux calculs les plus rusés. Nous choisissons les idées com
161
s de notre être comme aux calculs les plus rusés.
Nous
choisissons les idées comme on choisit un amour dont on est anxieux d
162
nt de ressortir trop différent. Amour de soi, qui
nous
tourmente obscurément et nous obsède de craintes et de réticences don
163
. Amour de soi, qui nous tourmente obscurément et
nous
obsède de craintes et de réticences dont nous ne comprenons pas toujo
164
et nous obsède de craintes et de réticences dont
nous
ne comprenons pas toujours l’objet. Peur de perdre le fil de la consc
165
s ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’
allais
plier des résistances à mon gré, agir sur les choses… Vers le soir, l
166
etrouver ces limites : la vie moderne, mécanique,
nous
les fait oublier, d’où cette fatigue générale qui fausse tout, et qui
167
de, si je m’en suis d’abord rendu digne. L’époque
nous
veut, comme elle veut une conscience. Je fais partie d’un ensemble so
168
e. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je
vais
écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans une vie
169
éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je
vais
m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpass
170
sais quelle légèreté puissante, quelle confiance
vont
guider ce corps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vo
171
La sincérité absolue, « scientifique » me paraît
aller
contre fin. Une attention trop directe et soutenue modifie son objet
172
d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en
nous
; en prise directe sur notre énergie physique. Partout rôdent des pré
173
de plus bondissant en nous ; en prise directe sur
notre
énergie physique. Partout rôdent des présences animales. Tandis que s
174
ême temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle
va
faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime,
175
à. Et c’est un moraliste de grande race, qui peut
nous
mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orgueilleus
176
turel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’avons-
nous
besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impos
177
’avons-nous besoin d’un autre amour que celui que
nous
donnons ? » ⁂ Il est impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une
178
ne vaut-elle pas d’être élevée en témoignage pour
notre
exaltation ? Comme la vue des athlètes en action, un tel livre commun
179
nt s’abandonner parfois à ces forces obscures qui
nous
replacent dans l’intelligence de l’instinct universel et nous élèvent
180
nt dans l’intelligence de l’instinct universel et
nous
élèvent à une vie plus âpre et violemment contractée, par la grâce de
181
à demi-européanisés ou germains désillusionnés —
nous
annoncent le « crépuscule du monde occidental », et, au-dessus des ru
182
idental », et, au-dessus des ruines prochaines de
nos
cités mécaniciennes, ils rallument le mirage d’un Orient paradisiaque
183
rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où
nous
viendraient une fois de plus la sagesse et la lumière. De récentes en
184
sques, ni le journal plus ou moins lyrique auquel
nous
ont habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil a
185
s d’œil aigus sur l’âme orientale de l’islam, que
nous
l’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certain
186
ui donne à ses notations tout leur prix. Elles ne
nous
renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’est si
187
rait du christianisme est dans l’inquiétude qu’il
nous
inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs or
188
n qu’ils désirent. Du difficile oubli de soi-même
nous
avons fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un p
189
le mènent à cette constatation fondamentale que «
notre
intelligence et celle de l’Oriental ne sont pas superposables ». Dès
190
à un péril oriental très pressant, ni surtout que
nous
ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des
191
sant, ni surtout que nous ayons à chercher là-bas
notre
salut. « La seule leçon à attendre des musulmans, c’est que le specta
192
sulmans, c’est que le spectacle de leur décadence
nous
enseigne comment éviter la nôtre. » La place me manque pour parler co
193
de leur décadence nous enseigne comment éviter la
nôtre
. » La place me manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des d
194
rnes de la psychologie et de la philosophie. Pour
nous
prémunir contre le pouvoir d’analyse — une analyse qui retient les él
195
t proustienne a porté à un point si dangereux, il
nous
propose l’expérience d’un Newman, les exemples d’un Meredith et d’un
196
et roses. De l’autre côté, c’est le vide, où s’en
vont
lentement les eaux et les lueurs, vers la mer. Sur le Lungarno trop v
197
ne. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus.
Nous
étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais s
198
ait sa chaleur, au long des quais sans bancs pour
notre
lassitude. Florence s’éloignait derrière nous qui suivions maintenant
199
ur notre lassitude. Florence s’éloignait derrière
nous
qui suivions maintenant le sentier du bord du fleuve, plus bas que la
200
ait dans l’air plus frais, avec l’odeur du limon.
Nous
marchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant du fleuve, parmi
201
accoutumance au monde de sensations inconnues où
nous
étions baignés nous promettait pourtant une connaissance plus intime
202
de de sensations inconnues où nous étions baignés
nous
promettait pourtant une connaissance plus intime de certaine tristess
203
’elle que vient cette chanson jamais entendue qui
nous
accompagne depuis un moment sur le chemin de l’autre rive. Il y a un
204
pparition. (Tu parlais de chromos, de romantisme…
nous
voici dans une réalité bien plus étrange.) Une atmosphère de triste v
205
étrange.) Une atmosphère de triste volupté emplit
notre
monde à ce chant. L’odeur du fleuve est son parfum, le soleil rouge s
206
ais, cherchant le gué. Plus proches, les syllabes
nous
parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre
207
parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en
nous
de comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos p
208
ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à
nos
pensées. Ici la vie n’a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n
209
, comme une barre droite au travers d’un tableau.
Nos
yeux ont regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu
210
d’un tableau. Nos yeux ont regardé longtemps — où
va
l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que les bœufs ruisselants rem
211
usqu’à ce que les bœufs ruisselants remontent sur
notre
rive. Fraîcheur humide, parfums à peine sensibles, bruissement vague
212
nvie de sommeil. Une lampe dans la maison blanche
nous
a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. F
213
s la maison blanche nous a révélé proche la nuit.
Nous
nous sommes retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les cham
214
maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous
nous
sommes retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les champs so
215
au couchant. San Miniato sur sa colline. Derrière
nous
, les arbres se brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons
216
arbres se brouillent dans une buée sans couleurs,
nous
quittons un mystère à jamais impénétrable pour l’homme, nous fuyons c
217
ns un mystère à jamais impénétrable pour l’homme,
nous
fuyons ces bords où conspirent des ombres informes et des harmonies t
218
es troubles de parfums et de courbes compliquées.
Nous
secouons un sortilège pénétrant comme cette brume, une vie étrangère,
219
étrangère, une paix qui n’est pas humaine, et qui
nous
laisse gourds et faibles, caressant en nous la lâche volupté de senti
220
t qui nous laisse gourds et faibles, caressant en
nous
la lâche volupté de sentir l’esprit se défaire et couler sans fin ver
221
eureuse d’être pliée au vent qui ne parle jamais.
Nous
fûmes si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait,
222
s si près de choir dans ton silence. Nature ! qui
nous
enivrait, promettant à nos sens, fatigués de l’esprit qui les exerce,
223
silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à
nos
sens, fatigués de l’esprit qui les exerce, des voluptés plus faciles
224
ce, des voluptés plus faciles — pour infuser dans
nos
corps charmés d’un repos sans rêves une langueur dont on ne voudrait
225
ne langueur dont on ne voudrait plus guérir… Mais
nous
voyons la ville debout dans ses lumières. Architectures ! langage des
226
. Architectures ! langage des dieux, ô joies pour
notre
joie mesurées, courbes qu’épousent nos ferveurs, angles purs, repos d
227
ies pour notre joie mesurées, courbes qu’épousent
nos
ferveurs, angles purs, repos de l’esprit qui s’appuie sur son œuvre !
228
équilibre retrouvé. Un grand pont de fer, près de
nous
, érigeait l’image de la lutte et des forces humaines, et rendait sous
229
es humaines, et rendait sous des coups un son qui
nous
évoqua les rumeurs de villes d’usines. Il y avait la vie des hommes p
230
main, et il était beau d’y songer un peu avant de
nous
abandonner à l’oubli luxueux des rues. Le long de l’Arno, les façades
231
graves. Toutes ces formes devinées dans l’espace
nous
environnent d’une obscure confiance. Livrons-nous aux jeux des hommes
232
nous environnent d’une obscure confiance. Livrons-
nous
aux jeux des hommes-qui-font-des-gestes. Les autos répètent sans fin
233
ent sans fin les notes mêlées d’une symphonie qui
va
peut-être composer tous les bruits de la ville en un chant immense. I
234
ssantes. Sous cette agitation aimable et monotone
nous
allons voir courir l’arabesque des sentiments et le mouvement perpétu
235
es. Sous cette agitation aimable et monotone nous
allons
voir courir l’arabesque des sentiments et le mouvement perpétuel de l
236
écise (décembre 1926)y L’auteur veut amuser en
nous
quelques idées graves en leur présentant les miroirs de personnages c
237
Toute la tendresse que ranime un soleil lointain
va
tourner en cruelle mélancolie. Pourquoi, Henri de Closain, quitter le
238
’inévitable bar, le couple de juifs espagnols qui
va
l’entraîner avec son mauvais cœur, dans une aventure incertaine et do
239
ne émotion plus grave, qui transparaît parfois et
nous
fait regretter que l’auteur ne se soit pas mieux abandonné à son suje
240
t d’Europe à un Français qui lui répond de Chine.
Nous
sommes loin du ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non san
241
t celle de l’ordre sont chaque jour confondues ».
Nous
cherchons à conquérir non le monde, mais son ordre. Nous humilions sa
242
erchons à conquérir non le monde, mais son ordre.
Nous
humilions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohére
243
monde, mais son ordre. Nous humilions sans trêve
notre
sensibilité au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre e
244
au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend
notre
esprit. La passion apparaît dans notre ordre social « comme une adroi
245
quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans
notre
ordre social « comme une adroite fêlure ». Notre morale est entièreme
246
notre ordre social « comme une adroite fêlure ».
Notre
morale est entièrement subordonnée à l’action ; notre individualisme
247
e morale est entièrement subordonnée à l’action ;
notre
individualisme en naît logiquement, et toutes nos catégories artifici
248
tre individualisme en naît logiquement, et toutes
nos
catégories artificielles et nécessaires. Mais le monde échappe toujou
249
et nécessaires. Mais le monde échappe toujours à
nos
cadres — perpétuel conflit du réel avec nos rêves de puissance : notr
250
urs à nos cadres — perpétuel conflit du réel avec
nos
rêves de puissance : notre ambition la plus haute échoue. La tristess
251
uel conflit du réel avec nos rêves de puissance :
notre
ambition la plus haute échoue. La tristesse règne sur nos villes. (Ne
252
tion la plus haute échoue. La tristesse règne sur
nos
villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et notre vertu suprême,
253
villes. (Neurasthénie, ce mal de l’Occident.) Et
notre
vertu suprême, aussi, est douloureuse : le sacrifice. Sans doute, cet
254
ieux par la comparaison de l’idéal asiatique avec
le nôtre
. Mais je crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire
255
lutôt une unité supérieure de l’esprit humain que
nous
découvrons, et qui nous permettra de juger à notre tour certaines dém
256
re de l’esprit humain que nous découvrons, et qui
nous
permettra de juger à notre tour certaines démences qui enfièvrent l’E
257
nous découvrons, et qui nous permettra de juger à
notre
tour certaines démences qui enfièvrent l’Europe. Tandis que M. Ford
258
thode pour « réussir » — à quoi, grands dieux ? —
nous
prenons chaque jour une conscience plus claire de la vanité de nos bu
259
e jour une conscience plus claire de la vanité de
nos
buts, « capables d’agir jusqu’au sacrifice, mais pleins de dégoût dev
260
t devant la volonté d’action qui tord aujourd’hui
notre
race… ». Et peut-être n’est-il pas de position plus périlleuse, puisq
261
se, puisqu’elle risque de ne laisser subsister en
nous
qu’un « étrange goût de la destruction et de l’anarchie, exempt de pa
262
Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)b
Nous
voyons un mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps. Il fallai
263
que satisfaisante pour l’esprit. C’est ainsi que
nous
trompant nous-mêmes, sous le prétexte toujours de probité intellectue
264
rs de probité intellectuelle ou de courage moral,
nous
avons élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous
265
— et qui légitime tous les dénis de morale à quoi
nous
obligeaient en réalité on sait quel dégoût, et certains désirs de gra
266
our parler avec un peu de clairvoyance de ce dont
nous
avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sa
267
ce de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de
notre
jeunesse, il faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode
268
ation et de déduction passablement sèche pourrait
nous
donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opération
269
chères aventures. Sincérité et spontanéité «
Nos
actes les plus sincères sont aussi les moins calculés », écrit Gide.
270
Fleurissoire « pour rien » ne songeait pas qu’il
allait
faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché tout un
271
lirait déjà suffisamment son rôle en se bornant à
nous
donner de nous-mêmes une connaissance plus intense et plus émouvante
272
et plus émouvante ; mais la morale, plutôt que de
nous
constater, doit nous construire — selon le mode le plus libre, le plu
273
ais la morale, plutôt que de nous constater, doit
nous
construire — selon le mode le plus libre, le plus conscient à la fois
274
s à mon bureau, je prends une feuille blanche, je
vais
écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs,
275
e d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse
nous
crée, elle ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines l
276
. Car à supposer que l’analyse nous crée, elle ne
nous
crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se retrouve
277
comment, mais selon certaines lois où se retrouve
notre
individualité. Elle nous crée tels que nous tendons à être (plutôt in
278
nes lois où se retrouve notre individualité. Elle
nous
crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des re
279
ouve notre individualité. Elle nous crée tels que
nous
tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes
280
moyen de connaissance, le cas extrême d’un Crevel
nous
montre assez ce qu’il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue
281
té et montrer plus de style. (Georges Duhamel.) …
Nous
ne sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute interve
282
e style. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas,
nous
nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait
283
le. (Georges Duhamel.) … Nous ne sommes pas, nous
nous
créons. Certains se refusent à toute intervention qui altérerait leur
284
s ce modèle. Dirais-je que c’est ma sincérité d’y
aller
par les moyens les plus efficaces ? Mais on nommera cela de l’hypocri
285
un peu en prendre son parti. La sincérité crée en
nous
un fait accompli. J’appelle hypocrisie envers soi-même une volonté —
286
ibilité de traduire un dynamisme directement dans
notre
langage statique. 3. « Et certes quand il s’agit de parole ou d’écri
287
26)a Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air
nous
proposerait de débuter par l’inévitable discours sur les difficultés
288
lles en particulier qu’implique la publication de
notre
revue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvais
289
r qu’implique la publication de notre revue. Mais
nous
savons, tout comme M. Coué, que ce serait de mauvaise méthode. Et, co
290
ce serait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué,
nous
nous persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent,
291
rait de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous
nous
persuadons que tout ira très bien. Les circonstances l’exigent, d’ail
292
Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout
ira
très bien. Les circonstances l’exigent, d’ailleurs, plus que jamais,
293
d’ailleurs, plus que jamais, et plus que jamais,
nous
semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on
294
que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-il,
notre
revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous obli
295
raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait,
nous
oblige à nous affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté
296
. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à
nous
affirmer ou à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu para
297
sait, nous oblige à nous affirmer ou à refuser de
nous
affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu imper
298
parfois quelque peu impertinente. Le fait est que
nous
éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. Et, disons
299
ela uniquement — être nous-mêmes — que consistera
notre
programme. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’est-ce pas
300
sent : mais n’est-ce pas la meilleure raison pour
nos
aînés de chercher plus patiemment encore à nous comprendre et de nous
301
ur nos aînés de chercher plus patiemment encore à
nous
comprendre et de nous accorder une confiance sans laquelle nous ne sa
302
er plus patiemment encore à nous comprendre et de
nous
accorder une confiance sans laquelle nous ne saurions aller, et qui,
303
e et de nous accorder une confiance sans laquelle
nous
ne saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans l
304
rder une confiance sans laquelle nous ne saurions
aller
, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque
305
nce sans laquelle nous ne saurions aller, et qui,
nous
voulons l’espérer, ne sera pas sans leur donner quelque bénéfice en r
306
s leur donner quelque bénéfice en retour. Certes,
nous
ne demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profonde
307
Certes, nous ne demandons pas qu’on prenne toutes
nos
obscurités pour des profondeurs. Et nous n’allons pas procéder à quel
308
ne toutes nos obscurités pour des profondeurs. Et
nous
n’allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs.
309
es nos obscurités pour des profondeurs. Et nous n’
allons
pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs. Nous savo
310
er à quelque sensationnelle révision des valeurs.
Nous
savons bien que nous ne faisons que passer, après tant d’autres, avan
311
nnelle révision des valeurs. Nous savons bien que
nous
ne faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Am
312
t de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler
notre
« désordre ». Mais on est toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-êtr
313
-elle faire réfléchir utilement sur ses causes…
Nous
ne proposerons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre fac
314
mensuel à votre faculté d’indulgence. Par contre,
nous
nous empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quo
315
el à votre faculté d’indulgence. Par contre, nous
nous
empressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi fai
316
us empressons de vous laisser le soin de juger si
nous
avons de quoi faire les modestes… Être nous-mêmes, avons-nous dit,
317
quoi faire les modestes… Être nous-mêmes, avons-
nous
dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette revu
318
Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois
notre
but et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une
319
mes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et
notre
excuse en publiant cette revue. Nous ne sommes pas « une revue littér
320
otre but et notre excuse en publiant cette revue.
Nous
ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
321
ne sommes pas « une revue littéraire de plus » ;
nous
ne voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous som
322
pas être « l’expression de la jeunesse romande ».
Nous
sommes autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) No
323
e. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».)
Nous
ne prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminem
324
étention éminemment peu bellettrienne. Que sommes-
nous
donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un peu mie
325
e vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu
nos
huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique et ind
326
quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que
notre
revue reste cette chose unique et indéfinissable, comme toute chose v
327
pareillement énormes. Il faut remonter loin dans
notre
littérature pour trouver semblable domination de la langue. Et parmi
328
ernes, il bat tous les records de l’image, ce qui
nous
vaut avec des bizarreries fatigantes et quelques sombres délires, des
329
ffrance mes baisers. L’amour est un alibi
Nos
lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je m’enfuis vers d’a
330
printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et
nous
irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, u
331
temps désormais rendra le ciel plus pâle, et nous
irons
chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, un café
332
Dans le Style (janvier 1927)e
Nous
recevons d’un bellettrien facétieux cet « Hommage à Paul Morand » :
333
ette attitude est plus rare qu’on ne le croit, de
nos
jours.) M. Esmonin montra avec beaucoup de clarté comment, entre 1578
334
les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de
notre
Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’ont commis d’autre
335
t commis d’autre crime que de « déplaire au roi »
vont
reprendre de plus belle : la guerre civile succède aux dragonnades. M
336
oire de la France. Déviation telle, en effet, que
nous
en sentons les conséquences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. E
337
en effet, que nous en sentons les conséquences de
nos
jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que nous réjouir
338
uences de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et
nous
ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il
339
encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne pouvons que
nous
réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacrer à Loui
340
réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il
va
consacrer à Louis XIV l’exposé si dénué de parti pris, si libre et d’
341
en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui
nous
le rend le plus sympathique. « Officiellement comblé, et par dedans…
342
voluptueux que philosophe, c’est à l’amour qu’il
ira
demander la souffrance indispensable au perfectionnement de son âme.
343
orte si les Allemands qui, fréquente sontae, pour
notre
plaisir, un peu plus viennois que naturel s’il parle de choses d’art
344
comme on fait dans Proust, si les passions qu’il
nous
peint sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît
345
même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas
nous
tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur que l’on
346
eu sombre qui s’en dégage, sagesse qui veut « que
nous
appelions les âmes à la vie après seulement toutes les morts du plais
347
un peu prétentieux de vous écrire au moment où je
vais
me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il
348
s postales illustrées. Déjà la foule des danseurs
nous
séparait, mon ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au
349
e « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment,
nous
n’en demandions pas tant… g. « Orphée sans charme », Revue de Belles
350
y a pas à tortiller, il faut faire quelque chose.
Nous
devons, nous pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes
351
tiller, il faut faire quelque chose. Nous devons,
nous
pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbé
352
s, nous pouvons faire quelque chose. Que diable !
nous
ne sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croie
353
e. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles,
nous
ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui conf
354
oirs où une idée de la responsabilité s’empare de
nous
. Et nous calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit so
355
ne idée de la responsabilité s’empare de nous. Et
nous
calculons qu’il s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et
356
s son for le plus intérieur, d’une fuite en auto,
nous
rassure provisoirement… Prosopopée, à propos d’une apparition L
357
d’une apparition La vieille Monture 6 un soir
nous
apparut, lugubrement fardée, l’haleine mauvaise, édentée et tâchant à
358
tion. » Enfin l’on joua aux petits dés le sort de
notre
parade — et l’on gagna. Enthousiasmé, « Mimosa » partit pour la Rivie
359
de la jeune Synovie », parade « née du mariage de
nos
veilles et de nos rêves », ainsi que le disait si poétiquement le pro
360
e », parade « née du mariage de nos veilles et de
nos
rêves », ainsi que le disait si poétiquement le programme. Un peu d’h
361
egard se promène sur le même monde où se plaisent
nos
jeunes poètes cosmopolites, mais il garde une certaine discrétion, ce
362
fois l’on se demande si l’Auber de Jean Cassou ne
va
pas s’attabler au café en face des personnages de Jaloux. Et peut-êtr
363
discret mais précis et le sens de ce qu’il y a en
nous
d’essentiel, de ce qui détermine nos actes avant que la raison n’inte
364
u’il y a en nous d’essentiel, de ce qui détermine
nos
actes avant que la raison n’intervienne, mouvements de nos passions à
365
avant que la raison n’intervienne, mouvements de
nos
passions à nous-mêmes inavoués, rêves éveillés. Tout un système de va
366
la raison ignore ou tyrannise aveuglément, car «
nous
avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui
367
ou tyrannise aveuglément, car « nous avons dressé
notre
orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est profond en nou
368
r « nous avons dressé notre orgueilleuse raison à
nous
tromper sur tout ce qui est profond en nous, et elle ne manque guère
369
son à nous tromper sur tout ce qui est profond en
nous
, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péri
370
ontagnes russes. (J’ai regretté que René Clair ne
nous
donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les margue
371
Le tout ne dure pas 20 minutes. Et c’est heureux.
Nous
manquons d’entraînement dans le domaine du merveilleux moderne. Un pe
372
le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et
nous
demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne suis pas sûr que le p
373
que le plaisir du public fût de même essence que
le nôtre
. Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement des têtes
374
éçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On
va
tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis-je, si seulement. » Mais tout
375
eulement. » Mais tout de même, là par exemple, où
nous
ne pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieus
376
tout de même, là par exemple, où nous ne pouvons
nous
empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précise de
377
fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma doit
nous
« transplanter », un certain naturel est de rigueur ; toute bizarreri
378
e bizarrerie détourne du véritable miracle auquel
nous
assistons. Mais de pareils défauts sont presque inévitables dans une
379
ie… C’est une réalité aussi réelle que celle dont
nous
avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « norm
380
i réelle que celle dont nous avons convenu et que
nous
pensions la seule possible. Le monde « normal » nous apparaît alors c
381
s pensions la seule possible. Le monde « normal »
nous
apparaît alors comme l’une seulement des mille figures que peut revêt
382
ille figures que peut revêtir une substantia dont
nos
sens trop faibles — bornés encore par des habitudes nées des nécessit
383
par des habitudes nées des nécessités sociales —
nous
empêchent de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’est pas s
384
u’un film comme Entr’acte est une aide puissante.
Nous
faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vert
385
me Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons
nos
premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, e
386
s, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et
nous
en sommes encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regard
387
nations vertigineuses, et nous en sommes encore à
nous
frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus assurés sauront e
388
encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand
nos
regards plus assurés sauront enfin gagner de vitesse les prodiges que
389
se les prodiges que déclenche René Clair, verrons-
nous
, pris par surprise dans l’exploration ivre d’un projecteur, des signe
390
Daniel-Rops,
Notre
inquiétude (avril 1927)ag Il faut souhaiter que ce témoignage sur
391
et anarchique : ce sont bien les grands traits de
notre
inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t-il trop négligé le rôle extér
392
te que l’une (celle de Gide) ne fait que différer
notre
inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine notre angoisse qu’en y subs
393
r notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine
notre
angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu : la Foi ».
394
culée à la rigueur d’un choix presque impossible,
notre
incertitude paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’a-t-il pa
395
ste à le chercher encore… » ag. « Daniel-Rops :
Notre
inquiétude (Perrin, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de Ge
396
Il n’existe que des systèmes pour faire taire en
nous
l’appel vertigineux du Silence. On nous montre des Dieux, mais c’est
397
taire en nous l’appel vertigineux du Silence. On
nous
montre des Dieux, mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’il
398
nous montre des Dieux, mais c’est pour détourner
nos
regards de cela qu’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions no
399
u’il faut bien nommer le Vide. Tant de séductions
nous
ont en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vou
400
tortures fascinantes de la sainteté, seules vous
nous
appelez encore hors de cette voix de l’infini où chancellent parmi le
401
voix de l’infini où chancellent parmi les éclairs
nos
premiers pas. Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où s’enfuie
402
atues7. » Il s’agit bien de critique littéraire !
Nous
sommes ici en présence d’une des tentatives de libération les plus vi
403
es quelques portes de sortie » ou compromis : «
Nous
étions dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains
404
d’une réalité morale absolue que certains d’entre
nous
eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans
405
d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre…
Nos
jugements se rendaient sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet inf
406
sans cesse à l’échelle de l’infini, et cet infini
nous
écrasait. Comment aurions-nous accepté le sort communément heureux de
407
ini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions-
nous
accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont puis
408
rions-nous accepté le sort communément heureux de
nos
contemporains qui ont puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de
409
définitivement les problèmes métaphysiques ? »
Nous
naissons à quelque chose qui imite la vie dans une époque d’inconceva
410
el se soit jamais abaissée une civilisation. Mais
nous
sommes encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salu
411
ion. Mais nous sommes encore quelques-uns à jouer
nos
derniers atouts sur notre salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le
412
core quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur
notre
salut. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est null
413
-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut.
Nous
courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’est nulle part9 ». U
414
t. Nous courons enfin l’Aventure. « Le salut pour
nous
n’est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne pe
415
entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient
nous
empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
416
cun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui
nous
fait oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où sont exclues to
417
irituel et plus cinglant. Au lieu de vin doux, on
nous
sert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux
418
c’est encore un Musset, seulement transposé dans
notre
siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus violent, p
419
if, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne
vais
pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre.
420
pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de
notre
mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je me souviens d’une phrase de
421
sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour
nous
n’est nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, o
422
cette terre où l’orgueil des hommes croit pouvoir
nous
le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses, nous
423
l des hommes croit pouvoir nous le désigner, veut
nous
l’imposer pour quelles fins assez basses, nous le savons… Mais pour A
424
ut nous l’imposer pour quelles fins assez basses,
nous
le savons… Mais pour Aragon, ce n’est point façon de parler. Son « nu
425
— pas toutes — de novembre 1926. 2 mai 1927. «
Nous
avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y
426
novembre 1926. 2 mai 1927. « Nous avons dressé
notre
orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en nou
427
. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à
nous
tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle ne manque guère
428
son à nous tromper sur ce qu’il y a de profond en
nous
, et elle ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre
429
Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà que
nous
ne nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’
430
tique. — Il y a un certain temps déjà que nous ne
nous
sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru q
431
, très intéressant. Seulement, mon cher Monsieur,
nous
n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup tr
432
sieur, à mon estime la plus vive. Mais décidément
nous
sommes débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Qu
433
’est-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle
nous
apparaît aujourd’hui comme une vieille courtisane assagie, parfois dé
434
ien, c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis,
nous
serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désord
435
’aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord.
Nous
serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absur
436
is, nous serons du Nord. Nous serons romantiques.
Nous
serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Ave
437
qui l’esprit est la seule réalité. C’est pourquoi
nous
ne pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution.
438
ace de Cromwell. Mais il ne s’agit pas de refaire
notre
petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je
439
e s’agit pas de refaire notre petite révolution à
nous
, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux su
440
entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne
va
pas s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une révolu
441
tiquement, si déplorablement français. Et puisque
nous
en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
442
n et l’incommunicable secret de l’invention. Il
nous
faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violence co
443
êtes. Un grand principe de violence commandait à
nos
mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces,
444
principe de violence commandait à nos mœurs. … et
nous
portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi
445
ce commandait à nos mœurs. … et nous portant dans
nos
actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une très
446
… et nous portant dans nos actions à la limite de
nos
forces, notre joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Pe
447
rtant dans nos actions à la limite de nos forces,
notre
joie parmi vous fut une très grande joie. Saint-John Perse. Nous app
448
vous fut une très grande joie. Saint-John Perse.
Nous
appelions une Révolution perpétuelle une perpétuelle insurrection con
449
tuelle insurrection contre tout ce qui prétendait
nous
empêcher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du moi avec ses re
450
taient pas des êtres, mais leurs abstractions que
nous
haïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu
451
tres, mais leurs abstractions que nous haïssions.
Notre
haine de certaine morale ne venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on
452
n mesurait odieusement une sympathie humaine pour
nous
sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour no
453
une sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais
nous
avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était
454
nous avions besoin de révolution pour vivre, pour
nous
perdre. Vivre était devenu synonyme de magnifique perdition dans des
455
ifique perdition dans des choses plus grandes que
nous
. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec
456
perdition dans des choses plus grandes que nous.
Nous
nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les as
457
ition dans des choses plus grandes que nous. Nous
nous
connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects
458
ue nous. Nous nous connaissions dans les coins et
nous
mourions d’ennui avec les aspects irrévocablement prévus de nous-même
459
-mêmes que faisaient paraître les petits faits de
nos
longues journées. Nous aimions la révolution comme on aime l’amour. N
460
araître les petits faits de nos longues journées.
Nous
aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous n’aimions pas telle
461
Nous aimions la révolution comme on aime l’amour.
Nous
n’aimions pas telle révolution — la russe, par exemple — parce que ce
462
ndait qu’à s’asseoir et que son siège était fait.
Nous
aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grande
463
siège était fait. Nous aimions la Révolution qui
nous
perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse
464
ens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse
nous
perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cett
465
perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ;
nous
cherchions cette Révolution de toutes nos forces et séductions, comme
466
euse ; nous cherchions cette Révolution de toutes
nos
forces et séductions, comme on cherche cette femme à travers toutes l
467
n. Un disque de gramo comme par hasard nasille :
Nous
avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille
468
puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand
nous
allions tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires
469
l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous
allions
tous deux, ces bonnes farces, et aussi pourtant des histoires de copa
470
s sérieuses. Et tout est dit. Ah ! c’est vrai, il
allait
oublier, il y a encore cette histoire, comment dites-vous, surréalism
471
ix ans et mort des suites. Quand cesserez-vous de
nous
faire la jambe, pardon escuses, avec ce thème à condamnations par con
472
très modernes. Et des gens pour se gausser quand
nous
écrivons Révolution, et nous offrir un billet (simple course) pour Mo
473
our se gausser quand nous écrivons Révolution, et
nous
offrir un billet (simple course) pour Moscou, ou encore pour demander
474
cou, ou encore pour demander à qui, enfin, à quoi
nous
en voulons, et finalement nous écraser par l’évidence définitive de n
475
qui, enfin, à quoi nous en voulons, et finalement
nous
écraser par l’évidence définitive de notre absurdité. Car l’homme « s
476
alement nous écraser par l’évidence définitive de
notre
absurdité. Car l’homme « s’est fait une vérité changeante et toujours
477
c’est une atmosphère toute chargée d’éclairs qui
nous
atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigr
478
éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et
nous
revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez
479
culeusement d’aigrettes de folies et de joies ; n’
allez
pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va cre
480
t d’aigrettes de folies et de joies ; n’allez pas
nous
toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur l
481
de folies et de joies ; n’allez pas nous toucher,
nous
sommes dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigle
482
her, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse
va
crever sur le monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels, nous pa
483
e monde. Aigles d’amours, oiseaux doux et cruels,
nous
parlerons vos langues aériennes. On n’acceptera plus que des valeurs
484
des prodiges à cette invite la plus persuasive :
nous
sommes prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerc
485
s elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui
vont
à la recherche des âmes. Aussitôt il téléphone à ceux du paradis : «
486
. Aussitôt il téléphone à ceux du paradis : « Qui
va
à la chasse perd sa place, nous nous comprenons. » On lui offrit immé
487
du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place,
nous
nous comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un viol
488
aradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nous
nous
comprenons. » On lui offrit immédiatement un fauteuil et un violon, p
489
le soleil du haut-lac. Justement, voici que tout
va
s’ouvrir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moi
490
artistes neuchâtelois (avril 1927)j Neuchâtel
va-t
-elle redevenir le centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? All
491
e centre artistique qu’elle fut au siècle passé ?
Allons
-nous assister à un regroupement de ses forces créatrices ? La questio
492
e artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons-
nous
assister à un regroupement de ses forces créatrices ? La question est
493
iscerner parmi eux certaines tendances générales,
nous
y reviendrons au cours de cette promenade à travers notre domaine art
494
reviendrons au cours de cette promenade à travers
notre
domaine artistique. Domaine à vrai dire assez singulier. Nos artistes
495
artistique. Domaine à vrai dire assez singulier.
Nos
artistes, en effet, n’ignorent rien des courants les plus modernes, e
496
our d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont je ne
vais
pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pour une pa
497
nte, souvent fatale aux novateurs. Alors ils s’en
vont
à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus effective, qu
498
tirent dans une solitude plus effective, quitte à
nous
revenir munis du passeport indispensable d’une consécration étrangère
499
ants échos : « C’est avec un légitime orgueil que
notre
petit pays accueillera cette consécration bien méritée du talent d’un
500
sé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant
nos
circonstances confèrent une actualité toujours vive. D’ailleurs, sach
501
Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont
nous
allons parler méritent d’être appelés jeunes, c’est par leurs œuvres
502
d, qui en a près de 50, si les peintres dont nous
allons
parler méritent d’être appelés jeunes, c’est par leurs œuvres avant t
503
, je vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui
nous
arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans. Il peignait alors de
504
ù on l’attend le moins. Conrad Meili apporte chez
nous
une inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de s’a
505
t dans des formes claires a su les renouveler. Il
nous
apporte aussi cet élément de vitalité combative qui manque trop souve
506
nique décorative ! Voilà qui laisse espérer parmi
nos
artistes bien d’autres rapprochements moins paradoxaux. Donzé n’est p
507
on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de
nos
artistes. Mais n’allez pas croire à des grâces faciles ou sentimental
508
ez beaucoup des meilleurs de nos artistes. Mais n’
allez
pas croire à des grâces faciles ou sentimentales. Il y a une sorte d’
509
rs une sorte de dissonance, un défaut par où l’on
va
peut-être se glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ; que l’on consente
510
» annonce le bulletin. Tiens, me dis-je, Bouvier
va
peindre. Comme peintre religieux, il se cherche encore. On a pourtant
511
ant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que
nous
saurons désormais retrouver, allons errer un peu dans le royaume d’Ut
512
r réalisme, que nous saurons désormais retrouver,
allons
errer un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard va nous y introdui
513
rrer un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard
va
nous y introduire, et nous ne saurions trouver guide plus pittoresque
514
r un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard va
nous
y introduire, et nous ne saurions trouver guide plus pittoresque. Cel
515
me d’Utopie. André Evard va nous y introduire, et
nous
ne saurions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci s’était égaré en
516
jeunes peintres. — Vous suivez la même route que
nous
? À la bonne heure ! ». Et l’on repart bras dessus, bras dessous. Et
517
, l’objet le plus banal se charge de mystère. Que
va-t
-il se passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occulte p
518
n fait une découverte. Attention qu’André Evard n’
aille
trouver une de ces machines à explorer l’au-delà. En vérité il faut ê
519
sité délicieusement féminine, une élégance aiguë.
Notre
revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de g
520
ndent à une réalité artistique. Pour aujourd’hui,
notre
but serait suffisamment atteint si nous n’avions fait qu’affirmer l’e
521
urd’hui, notre but serait suffisamment atteint si
nous
n’avions fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune pein
522
ui ne manque pas d’une beauté assez brutale, pour
nous
choquer et s’imposer pourtant. M. Lecache présente le problème juif a
523
ité de puissance. C’est par l’argent qu’on domine
notre
âge : il devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu c
524
itions. Surmontant son dégoût, le père ajoute : «
Notre
sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les
525
nts, et dont le profond ricanement se prolonge en
nous
. Je crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je
526
ou de Diane, les gestes d’Arthur, le roman vit et
nous
touche par la force de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu
527
re deux gorgées d’un élixir dont il voudrait bien
nous
faire croire que le diable est l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent,
528
atte en l’air, becquètent le cœur d’une femme qui
va
les étrangler doucement. Ces vers sont de jolies flèches empoisonnées
529
isine » qui seul peut redonner quelque vitalité à
notre
civilisation, — et je sais bien que c’est là un des signes de sa déca
530
leu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et
nous
étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la s
531
nsait en regardant au plafond. Après deux tangos,
nous
montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord
532
out un couchant de grand port de la Méditerranée.
Nous
nous aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière d
533
n couchant de grand port de la Méditerranée. Nous
nous
aimâmes en sifflotant encore par instants l’air de la dernière danse,
534
ore par instants l’air de la dernière danse, mais
nous
avions aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop v
535
peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’
allais
oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez poin
536
ément persuadé que moi de l’absurdité radicale de
notre
vie, la moindre farce, le moindre geste convenu dans le genre « révol
537
ces reproches s’adressent, ou bien plutôt — vous
alliez
le dire — aux surréalistes ? Si le mal du siècle consistait véritab
538
onsistait véritablement dans ces quelques effets,
nous
donnerions peut-être raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article du
539
t de même un ou deux petits phénomènes sociaux de
notre
temps que cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils nous pa
540
tte méthode ne suffirait pas à supprimer. Or, ils
nous
paraissent entraîner assez naturellement chez des jeunes « et qui pen
541
ourd’hui pour anéantir la seule chose qui reste à
nos
yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’est-ce pas, merci du conseil,
542
it. Mais point n’est besoin de rappeler Candide :
nous
pensons que bien avant Voltaire il y avait des autruches pour enseign
543
vous attardez aux terrasses des cafés. Peut-être
va-t
-elle revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui pla
544
s à ce mot, son visage s’assombrit un peu. « Tous
nos
ennuis nous seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes de
545
son visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis
nous
seraient épargnés si nous ne regardions que les jambes des femmes »,
546
peu. « Tous nos ennuis nous seraient épargnés si
nous
ne regardions que les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendr
547
otre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont
nous
fîmes notre nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votr
548
s poétique. Si je cite tel auteur dont nous fîmes
notre
nourriture une saison de naguère, voilà le rictus de votre bouche, un
549
n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais
notre
paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or j
550
vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je
vais
me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisembl
551
ture. À force d’avoir mérité ces épithètes, pour
nous
laudatives, vous vous étonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérate
552
tonnez aujourd’hui de la simplicité. Littérateur,
va
! qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité est simple simple
553
z d’un goût du bizarre qui révèle le littérateur.
Nous
ne pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compte
554
èle le littérateur. Nous ne pouvons pas faire que
nous
n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la lit
555
r avec cette réalité de la littérature qui est en
nous
(dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas seulement
556
main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’
allez
pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’e
557
e attente également exagérés. Vous savez bien que
nous
cherchons autre chose que la littérature. Que la littérature nous est
558
utre chose que la littérature. Que la littérature
nous
est un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’
559
oésie même ne peut dire, parce que rien de ce qui
nous
importe véritablement n’est dicible. (Depuis le temps qu’on sait que
560
Vous me direz que la poésie, l’état poétique, est
notre
seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à condition
561
perdent leur pouvoir de signifier les choses qui
nous
importent. Vous le savez. Alors vous les lâchez en liberté, par haine
562
mer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de
nous
battre contre des moulins à vent. La littérature, considérée du point
563
n de plus. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami,
nous
ne sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit.
564
e une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle
nous
vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de tous ceux
565
u menaces pour leurs instables certitudes, et qui
nous
font un péché de notre acceptation des réalités spirituelles parce qu
566
nstables certitudes, et qui nous font un péché de
notre
acceptation des réalités spirituelles parce qu’elles troublent leurs
567
it d’exister : qu’elle soit le langage chiffré de
notre
inquiétude et de nos naissantes certitudes, le seul langage peut-être
568
soit le langage chiffré de notre inquiétude et de
nos
naissantes certitudes, le seul langage peut-être qui nous permette d’
569
ssantes certitudes, le seul langage peut-être qui
nous
permette d’échanger les signaux de l’angoisse sur quoi se fondent, en
570
de l’angoisse sur quoi se fondent, en ces temps,
nos
amitiés miraculeuses. Voici donc les seules révélations que j’atten
571
de vous conter un peu cette histoire. Seulement,
allons
ailleurs ; il y a trop de monde ici. 14. Paul Morand, auteur d’Ouv
572
l’on dise la vérité librement et pour elle-même.
Nous
regrettons de n’en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques ph
573
l’Orient et de l’Occident ? » Certains cris qui
nous
échappèrent n’avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris
574
Adieu au lecteur (juillet 1927)q
Nous
passons la main au central de Genève, fidèles à la tradition — en cec
575
enève, fidèles à la tradition — en ceci au moins.
Nous
nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos carto
576
, fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous
nous
retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches
577
u moins. Nous nous retirons : et ce n’est pas que
nous
ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur
578
ons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes
nos
cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous les bancs par cer
579
tion provoquée sur tous les bancs par certains de
nos
articles nous épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si
580
e sur tous les bancs par certains de nos articles
nous
épouvante. Notre retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire
581
ancs par certains de nos articles nous épouvante.
Notre
retraite est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous perme
582
est toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle
nous
permet donc de considérer la situation sans fièvre, sans lamentations
583
tion sans fièvre, sans lamentations d’adieu. On
nous
a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge
584
a parfois traités de fous (avec ou sans sourire).
Nous
sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous v
585
us (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge de
nous
en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « si différents » d
586
e de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de
nous
voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de t
587
beaucoup étonné de nous voir « si différents » de
nos
aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a f
588
onné de nous voir « si différents » de nos aînés.
Nous
avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des repr
589
avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On
nous
a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’a
590
el. On nous a fait des reproches contradictoires.
Nous
les additionnons : ils s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la p
591
n intellectuelle d’une revue d’étudiants comme la
nôtre
. D’un côté, en effet, on s’accorde pour trouver légèrement ridicule u
592
définitive, il semble que certains n’attendent de
nous
que d’innocentes farces — ou bien de ces affirmations dont en vérité
593
t stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude.
Nous
n’avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun
594
= révolution Tous les malentendus viennent de là.
Nous
sommes assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en acce
595
onséquences. Et puis, de temps à autre, voici que
nous
parvient un signe d’amitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on
596
eux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-
nous
espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolèrent
597
pérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui
nous
consolèrent de tout le reste. Et maintenant voici Genève et son mys
598
honneur et la fortune de ses derniers rédacteurs,
notre
Revue-phénix s’élance avec une ardeur rajeunie d’un an dans une direc
599
n dans une direction absolument imprévisible. Que
nous
apportera le Central de Genève ? Tout est possible : la guerre et la
600
uviens-toi de la grandeur de ses traditions et ne
va
pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont bi
601
va pas ajouter à cette lourde charge le poids de
nos
péchés. Ils sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y ten
602
le poids de nos péchés. Ils sont bien nôtres. Et
nous
y tenons, ah ! comme nous y tenons ! q. « Adieu au lecteur », Revue
603
ls sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme
nous
y tenons ! q. « Adieu au lecteur », Revue de Belles-Lettres, Lausan
604
ège sentimental à la raison raisonnante. Et qu’il
nous
mène un peu plus loin que la sempiternelle « stratégie littéraire »,
605
’eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en
allèrent
un peu vers l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je m’en souvi
606
la banlieue printanière ; des soupers d’amis dans
notre
modeste salle à manger ; des jaquettes de couleur pour ma femme… Mais
607
visible. Bientôt il m’offrit de jouer un moment.
Nous
fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai. Il demanda des port
608
frit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu
nos
consommations. Je gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je
609
orde pour les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que j’
allais
me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la posse
610
heur qu’ils croient lié à la possession, et que j’
allais
vivre aussi sur le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croya
611
rgent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais que j’
allais
adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand je songe à
612
s adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur,
va
. Quand je songe à tous ces gens qui perdent leur vie à la gagner9, et
613
fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je
vais
m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendront j
614
s de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’
irai
tenter la misère aux yeux las pleins de rêves, la misère qui fait des
615
t mes pensées. Je vis qu’une femme était assise à
notre
table, en robe rouge, et très fardée. Elle jouait avec la rose. Les d
616
t le même. Puis elle me laisse, parce que le lait
va
monter. Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur
617
e lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’
aller
souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je vou
618
e péril Ford (février 1928)a On a trop dit que
notre
époque est chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a
619
Il faudrait d’abord prendre conscience du péril.
Nous
ne tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-nous, dans
620
ns rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-
nous
, dans cette complaisance générale à proclamer le désordre du temps. O
621
llement. Il suffit pourtant de regarder autour de
nous
et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry
622
ourtant de regarder autour de nous et d’en croire
nos
yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symb
623
C’est la plus grave question qu’on puisse poser à
notre
temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en
624
ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas
Nous
avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « gran
625
la ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il
va
gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, sans c
626
l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela
va
bien plus profond, cette tromperie-là. Elle peut amener, en se généra
627
é. Mais cet aveuglement fondamental n’empêche pas
notre
industriel de philosopher sur les sujets les plus divers. Les aphoris
628
on cultive, on fabrique, on transporte. » « Toute
notre
gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre l
629
e, on transporte. » « Toute notre gloire est dans
nos
œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de no
630
otre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que
nous
payons à la terre la satisfaction de nos besoins. » — Ford se moque d
631
rix que nous payons à la terre la satisfaction de
nos
besoins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne peut empêcher que
632
c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste que
nous
avons affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront r
633
de démontrer que les idées mises en pratique chez
nous
ne concernent pas particulièrement les autos et les tracteurs, mais c
634
uelque manière, un code universel ! » Réjouissons-
nous
… Mais, comment expliquer que des centaines de milliers de lecteurs, d
635
e de la production a été brillamment résolu… Mais
nous
nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez
636
la production a été brillamment résolu… Mais nous
nous
absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux r
637
résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que
nous
faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le fair
638
s faisons et ne pensons pas assez aux raisons que
nous
avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effo
639
ssez aux raisons que nous avons de le faire. Tout
notre
système de concurrence, tout notre effort de création, tout le jeu de
640
le faire. Tout notre système de concurrence, tout
notre
effort de création, tout le jeu de nos facultés semblent dirigés uniq
641
ce, tout notre effort de création, tout le jeu de
nos
facultés semblent dirigés uniquement vers la production matérielle et
642
f du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur
notre
civilisation, possède la philosophie la plus rudimentaire. Le phénomè
643
cident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce
notre
pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible pour nous
644
force de subtiliser, est devenue trop faible pour
nous
conduire ? Ou bien est-ce notre action qui est devenue trop effrénée,
645
e trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce
notre
action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciab
646
énée, trop folle, pour être justiciable encore de
nos
vérités essentielles ? Il semble bien que notre temps ait prononcé dé
647
de nos vérités essentielles ? Il semble bien que
notre
temps ait prononcé définitivement le divorce de l’esprit et de l’acti
648
e moderne c’est de croire que les choses pourront
aller
ainsi longtemps encore. On se refuse à l’idée d’une catastrophe, pour
649
état de choses funeste pour l’Esprit. Si l’Esprit
nous
abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure qu
650
r l’Esprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que
nous
avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite :
651
nous avons voulu tenter sans lui une aventure que
nous
pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développeme
652
ans lui une aventure que nous pensions gratuite :
nous
avons cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arriè
653
en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans
notre
vie, il détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esp
654
l détourne la civilisation de son but véritable :
aller
à l’Esprit, y conduire les peuples. Ainsi, détournant de l’essentiel
655
il travaille contre l’Esprit. Rien n’est gratuit.
Nous
payons notre passion de posséder la matière du prix de la seule posse
656
contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons
notre
passion de posséder la matière du prix de la seule possession véritab
657
t qui n’en pourrait citer un exemple individuel ?
Nous
savons assez en quel mépris l’homme d’affaires à l’américaine tient l
658
t est dit ! Le simplisme arrogant avec lequel, de
nos
jours, on tranche les grandes questions humaines est une des manifest
659
est une des manifestations les plus frappantes de
notre
régression. Cette perte du sens de l’âme se nomme bon sens américain.
660
te le peu de morale nécessaire aux affaires, tout
ira
bien. (On pense que les formes de la morale peuvent exister sans leur
661
e donc la place, mais c’est pourtant lui seul qui
nous
permettrait de jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne est u
662
ourtant lui seul qui nous permettrait de jouir de
notre
liberté. La victoire mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle
663
mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus. Elle
nous
donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l
664
re à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont
nous
ne sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de
665
onne une liberté dont nous ne sommes plus dignes.
Nous
perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes
666
par l’effort de l’acquérir, les forces mêmes qui
nous
la firent désirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions. Je dis q
667
un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser
nos
moments de loisir, il a des exigences effectives ; et ces exigences s
668
? un peu de cette connaissance active de Dieu que
nos
savants nomment mysticisme et considèrent comme un « cas » très spéci
669
us. Pas de compromis possible de ce côté. Mais du
nôtre
? « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne
670
le soit autre chose qu’une échappatoire utopique.
Nous
avons mieux à faire, il n’est plus temps de se désintéresser simpleme
671
ls — d’une civilisation sous le poids de laquelle
nous
risquons de périr. Il se prépare déjà des révoltes terribles4, celles
672
que par un léger décalage dans la chronologie de
nos
sentiments et de nos actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée
673
alage dans la chronologie de nos sentiments et de
nos
actes. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un rom
674
, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’
aller
le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’un amour tragiq
675
us que l’approche d’une grandeur où se perdraient
nos
amours terrestres dans d’imprévisibles transfigurations, — l’heure an
676
e c’est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui
vas
me quitter… — C’est une chose singulière, prononce une voix, à côté d
677
venez d’atteindre au monde des êtres véritables.
Nous
nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines ch
678
z d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous
nous
rencontrons. Vous me voyez parce que vous comprenez certaines choses
679
sa carapace de principes et d’évidences opaques.
Nous
sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous être rien dit
680
ortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans
nous
être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent depuis si lo
681
raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme
nous
traversions une rue sillonnée de taxis rapides, le homard refusa obst
682
monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous
allez
me dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde depuis si
683
omme retiré du monde depuis si longtemps. Livrons-
nous
plutôt à une petite malice dont l’idée me vient à la vue de cette ven
684
er à la première jolie femme qui passerait seule.
Nous
nous arrêtâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusa
685
la première jolie femme qui passerait seule. Nous
nous
arrêtâmes non loin, à une devanture de robes de soie, nous amusant à
686
tâmes non loin, à une devanture de robes de soie,
nous
amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pa
687
e temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que
nous
ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et
688
elle ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler
nous
trahit ; elle finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire
689
s trahit ; elle finit donc par accepter et vint à
nous
avec un sourire du type le plus courant : « Vous êtes bien gentils, m
690
ient « biondo et grassotto », et qu’avec mes amis
nous
devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers »10. Heure
691
0. Heureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où
nous
nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglai
692
ureusement qu’au Moulin-Rouge, souterrain où nous
nous
engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglais jou
693
de Tannhäuser en tango, un Balkanique très lisse
nous
délivra de notre conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait :
694
n tango, un Balkanique très lisse nous délivra de
notre
conquête pour la durée des danses. Gérard bâillait : « Voilà ce que c
695
emmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que
nous
allons nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est dif
696
au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous
allons
nous ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent,
697
ard, disait-il. Je sens très bien que nous allons
nous
ennuyer terriblement. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous
698
’elles le rattachaient aux buts les plus hauts de
notre
vie. Ces citadins blasés s’amusent plus grossièrement que des barbare
699
a danse. Je la nomme Clarissa, parce que cela lui
va
. Mais comme c’est odieux qu’une créature aussi parfaite soit touchée
700
es agonisaient, aux dernières mesures d’un tango.
Notre
encombrante conquête revint s’asseoir auprès de nous. Gérard songeait
701
e encombrante conquête revint s’asseoir auprès de
nous
. Gérard songeait, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne
702
rard embrassa paternellement la belle effarée, et
nous
sortîmes, après avoir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y é
703
ocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi
notre
sang. Nos pensées devenaient légères comme des ballons. La rumeur de
704
Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang.
Nos
pensées devenaient légères comme des ballons. La rumeur de Vienne bai
705
s comme des ballons. La rumeur de Vienne baignait
nos
corps fatigués jusqu’à l’insensibilité et l’Illusion étendait sur tou
706
flatteuse aux caprices redoutables. Cette nuit-là
nous
rencontrâmes des anges au coin des ruelles, des oiseaux nous parlèren
707
trâmes des anges au coin des ruelles, des oiseaux
nous
parlèrent, bientôt dissous dans le vent. Tout était reflet, passages,
708
définiment — c’est un ciel suspendu assez bas sur
nos
têtes. Lumière orangée, tamisée ; un piano dissimulé joue très doucem
709
tamisée ; un piano dissimulé joue très doucement.
Nous
sommes assis autour d’une petite table lumineuse, verdâtre, et Gérard
710
illusions, — illusions des formes passagères que
nous
croyons seules réelles, illusions des reflets qui ne livrent que le c
711
assion seule, par la souffrance qu’elle entraîne,
nous
révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leurs moindres coïn
712
nce qu’elle entraîne, nous révèle le sens réel de
nos
vies, et peu à peu, de leurs moindres coïncidences. La fatigue calme
713
ces superstitions qui ne sont enfantines que pour
nos
savants retombés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisante. Il dit
714
toute en une heure, en un lieu, en une vision. »
Nous
sortîmes. Seules des trompes d’autos s’appelaient dans la nuit froide
715
it d’ailleurs endormi. En passant par la Freyung,
nous
vîmes un palais aux fenêtres illuminées. Des autos attendaient devant
716
nt à la banquette d’une boutique à « Würstel » où
nous
nous arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éc
717
la banquette d’une boutique à « Würstel » où nous
nous
arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éclaira
718
, à la sortie des invités, sur une femme qui s’en
allait
toute seule vers une auto à l’écart des autres. Une femme aux cheveux
719
, dont les inventions se suffisent et suffisent à
notre
joie. Ce ne sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes.
720
els ils respiraient l’air du monde ». N’en ferons-
nous
pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, se
721
e ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que
nous
sommes dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Verne d
722
bertaire, cela constituait un jugement !) Serons-
nous
longtemps encore dupes d’une conception de la littérature si pédante
723
de la littérature si pédante qu’elle exclut un de
nos
plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est styliste ni psychologu
724
qu’il n’est styliste ni psychologue ? Laisserons-
nous
Jules Verne aux enfants ? J’allais oublier que la littérature enfanti
725
gue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ? J’
allais
oublier que la littérature enfantine est le dernier bateau. Pour ce c
726
ocales. (Quant à Goethe, traité de clown, cela ne
va
pas loin.) C’est une belle rage (ô combien partagée !) vainement pass
727
son rôle. Il le tient magnifiquement. Mais qu’on
nous
laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objet
728
urréalistes débattent la question de savoir s’ils
vont
se taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à leur poin
729
donc naturellement vers l’action, c’est-à-dire —
nous
sommes en France — vers la politique. Or ces ennemis de toute littéra
730
a critique de « cette réalité de premier plan qui
nous
empêche de bouger », comme dit fort bien M. Breton. Mais à condition
731
comme dit fort bien M. Breton. Mais à condition d’
aller
plus loin et de prendre une connaissance positive de ce qu’il y a sou
732
u Ce récit de la révolution cantonaise en 1925
nous
place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelques ho
733
talès de ce qu’il préfère parler d’illusion là où
nos
psychiatres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’est pas la
734
ui est aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui
va
jusqu’à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui ont connu de
735
i, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de
nos
classiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’est pas encore quelqu
736
nsent l’attache plus secrètement à son aventure.
Nous
vivons dans un décor flamboyant de glaces. À chaque pas, on offre à S
737
s il s’épuise dans une perspective de reflets qui
vont
en diminuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit. Je saute que
738
train de se perdre pour avoir voulu se constater.
Va-t
-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il
739
r défiance envers les dieux. À chaque regard dans
notre
miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort
740
ers les dieux. À chaque regard dans notre miroir,
nous
perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être la mort. La mort abs
741
es placeraient le couplet humanitariste, lui s’en
va
dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore p
742
ans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi
nous
sait encore parler de sa mère avec cette virile et religieuse tendres
743
C’est un Chinois, c’est un Américain qui viennent
nous
rapprendre que les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici
744
rapprendre que les sources de la poésie sont dans
notre
maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa verve douce
745
laideur. “C’est une frasque de gosses à laquelle
nous
nous livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, e
746
eur. “C’est une frasque de gosses à laquelle nous
nous
livrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-je parfois, et il
747
ait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que
nous
nous en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de
748
nfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous
nous
en irions bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de tout
749
e moi aussi je me secouerais, et que nous nous en
irions
bras dessus, bras dessous en riant de nous-mêmes et de tout le reste,
750
ssous en riant de nous-mêmes et de tout le reste,
nous
amusant comme des fous ». Mais non, on ne le secouera pas, ce cauchem
751
nt, en cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on
nous
a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue es
752
« Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de
notre
pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est sale à cause de la fonte de l
753
avec une douceur patiente, et le laisser créer en
nous
son silence particulier avant d’entendre les signes qu’il nous propos
754
nce particulier avant d’entendre les signes qu’il
nous
propose. Une telle poésie n’offre aux sens que peu d’images (à peine
755
ssenti, qui s’impose, qui apaise le vain débat de
notre
esprit : « Car l’on pense beaucoup trop haut, et cela fait un vacarme
756
t là-dessus qu’il improvise, oh ! j’aimerais tant
aller
là-bas, cette folie m’apparaît comme une chose si douce et si grande…
757
ccupant assez longuement d’un des poètes auxquels
notre
temps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces ma
758
à l’Esprit et dont certains des plus purs d’entre
nous
se préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’é
759
ié, les clochers de la ville sonnent deux heures.
Allons
. Un de ces corridors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui
760
d’eux… Cela s’oublie. Et l’amour, tout justement,
nous
fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu
761
t, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il
nous
entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais que cett
762
marqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à
notre
cher romantisme. La Clef des songes est de nouveau une dérive fantais
763
plus profond que le vrai, où l’Éloge de la folie
nous
entraînait naguère. Jean Cassou vagabonde à travers ses histoires com
764
e bouffon, impossible et d’une désopilante poésie
nous
replonge dans une atmosphère autre, où les personnages ont cet air un
765
ité. Ce serait un de ces miracles de liberté dont
nous
avons besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespé
766
ons sur le génie « poétique » français… Mais non,
nous
préférons voir ici l’un de ces signes qui de toutes parts annoncent u
767
ences qu’il est bon de proposer à la réflexion de
notre
temps, ne fût-ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables
768
désintéressé de Julien Benda, et l’obligation où
nous
sommes tous désormais de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeur
769
ns l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons-
nous
, — avec le Benda qui ne trahit pas.) D’autre part, de plus impertinen
770
souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas
nous
masquer l’audace tranquille et admirable de son point de vue radicale
771
esprit : Julien Benda… », écrit Aragon. Et Daudet
nous
apprend que « le petit Benda est un fameux serin ». Mais ces affirmat
772
l lui pousse des ailes, une grande paire d’ailes.
Allait
-on s’émerveiller ? Mais déjà Freud expliquait le monstre, les chaires
773
complexes sont les problèmes que vous proposez à
notre
bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur envoya un ange p
774
la nature de l’inspiration, un doute lui vint. Il
alla
au cinéma. On donnait un film voluptueux. Il aima l’héroïne, mais san
775
ité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans
nos
collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et poi
776
beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble.
Nous
vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste qui a été établi
777
usivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on
va
voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes les haines. Je s
778
r ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il
va
parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui sa c
779
eurs principes par quoi se signalent bien souvent
nos
tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponse
780
les classer par avance en deux catégories dont je
vais
régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me resser
781
ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas
aller
contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les posit
782
nstruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’
aller
contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira bien qui rira le
783
n sens peuvent être légitimés par le but final de
notre
institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tous
784
de la même grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de
nous
faire croire qu’« il n’y a rien au-dessus » de la tâche des institute
785
la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans
nos
carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée.
786
dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à
nous
gâter toute une journée. Une journée d’enfance gâtée. Et d’ailleurs,
787
, je pense que tout cela tient trop de place dans
notre
enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette, avec une sœur a
788
maine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour
nous
faire comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ont aucune im
789
un jour qu’elle contient la cause déterminante de
notre
malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
790
ospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir
notre
asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres
791
sement. Je songeai aux vertueuses indignations de
nos
maîtres quand ils dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation j
792
« la marque indélébile de l’éducation jésuite ».
Nous
étions marqués par Numa Droz et les manuels des Frères ∴, par l’espri
793
se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en
nous
ces ressorts de la révolte et de la libération d’une personnalité : l
794
e indispensable aux « immortels principes ». Je n’
allai
pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compr
795
nécessaire — et qui était le seul pour lequel on
nous
préparait —, c’était un système d’abstractions primaires, c’était le
796
l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins.
Nous
ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’av
797
s plus aux démons, mais à la Commission scolaire.
Nous
n’avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touche
798
touchent à l’action des étoiles par exemple. Mais
nous
avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les mirac
799
s nous avions acquis le respect des statistiques.
Nous
savions que les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il co
800
r devant les miracles de la science appliquée. On
nous
faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’
801
e appliquée. On nous faisait voir tout au long de
notre
histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lumières, l’incré
802
lumières, l’incrédulité et le bien-être matériel.
Nous
savions qu’un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
803
d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
nous
ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plu
804
gal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions
nous
empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous sav
805
croire que le petit ouvrier est bien plus malin.
Nous
savions un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les
806
— et nulle part ailleurs. Maigre nourriture pour
nos
rêves. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une
807
part ailleurs. Maigre nourriture pour nos rêves.
Nous
arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevabl
808
question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je
vais
dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas,
809
e point les méthodes. Simple remarque pendant que
nous
en sommes aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe socia
810
le. C’est celle même du régime. l’architecture de
nos
« palais scolaires ». symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de
811
, moral et matériel ? L’école publique, telle que
nous
la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque
812
monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans
nos
villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni
813
de cette institution passionnément détestée. Vous
allez
voir comme il bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux yeux de
814
générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et
nous
voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme sur les bras. L
815
aires responsables, vous savez par expérience que
nous
ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’
816
que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que
notre
temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de q
817
Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on
nous
paye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce sont en principe
818
de la même façon, dans le même temps. Contentons-
nous
de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose do
819
duit avec acharnement à son commun dénominateur4.
Nos
bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
820
ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On
va
supprimer les leçons de calligraphie. La discipline On conçoit
821
t contre nature exige une discipline sévère. D’où
notre
conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il est des disciplines
822
dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur
notre
sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien
823
oit, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que
notre
peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus
824
e est cette préparation à la vie qui commence par
nous
soustraire à l’influence de la vie ? Quelle est cette éducation socia
825
st celui qui a de bons points. Or les bons points
vont
aux parfaits imitateurs. Oyez-moi tous ces petits phonographes…ograph
826
le pas à la règle. Elle cherche à développer chez
nos
petits Helvètes un légalisme écœurant6, un conformisme d’imbéciles ou
827
ue d’être assez spéciales. Il arrive en effet que
nos
petits futurs grrrands citoyens ayant accompli de « fortes études pri
828
nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force
nous
est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et s
829
e de la vérité, force nous est de reconnaître que
notre
dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appar
830
uoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il
nous
écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la D
831
ombre de vérités tellement évidentes — que cela n’
irait
pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire
832
cole de vivre encore. Mais ce n’est de la part de
notre
Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
833
’origine de l’institution, se manifeste encore de
nos
jours, et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales.
834
’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de
notre
instrument de progrès par excellence. Car il n’est qu’une explication
835
droits de l’homme. Mais attendez, si quelques-uns
allaient
se réveiller… Il suffit d’un peu de chaleur d’âme pour amorcer le dég
836
est vendue à des intérêts politiques. C’était là,
nous
venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc
837
rahison des clercs » décrite par M. Julien Benda.
Notre
époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plu
838
sens et d’information pour jouer au prophète, on
nous
promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en
839
en fait. C’était trop laid ».) À peine capable de
nous
instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle
840
le de nous instruire, l’École prétend ouvertement
nous
éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise
841
apper à cette organisation. Or il semble bien que
nous
en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaiss
842
ine, ni la nature des produits excrétés. On forme
nos
gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
843
se à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous
allez
feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’instructio
844
ein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise
notre
civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles enco
845
siste à dépasser la Démocratie. Et cette thèse ne
va
pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne
846
cteurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre
nous
— encore que peu l’avouent. Car détruire, déblayer, et faire des sign
847
s hasards gros de dangers, c’est peut-être à quoi
notre
génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le pr
848
sé. Mais la considération de régimes anciens peut
nous
amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social co
849
iens peut nous amener à constater, sans plus, que
notre
soi-disant progrès social correspond à un recul humain. Par exemple,
850
te matière rarement « hygiénique » et qui définit
notre
âge : la paperasse ? Réponse ? Petits étourdis. Réponse non, c’est un
851
un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous
alliez
le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut, hélas,
852
et vous me sommez de dire comment, maintenant, je
vais
m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
853
e dans toute la conduite moderne de la vie. C’est
notre
américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le gran
854
erne de la vie. C’est notre américanisme et c’est
notre
sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont
855
c’est le grand empêchement intérieur dont souffre
notre
imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les em
856
e imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise
nos
utopies et les empêche de devenir autre chose que des utopies. Il s’a
857
et de le pourchasser dans toutes les démarches de
notre
vie. Mais cette première tâche constitue un programme si riche qu’il
858
énérations plus libres d’imaginer, bénéficiant de
notre
colère jacobine et de cette formidable expérience négative qui aura d
859
triades : être —négation de l’être — nouvel être.
Notre
époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalism
860
de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que
nous
approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’atta
861
dit sujet pour se représenter même très vaguement
notre
actuelle civilisation. Et même Diderot, même Rousseau, à la veille de
862
cette similitude les possibilités formidables que
nous
réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre
863
e scepticisme à l’endroit de la forme sociale que
nous
appelons sans la connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce
864
à ma santé mentale.) La question est de savoir si
nous
serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qu
865
ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand
nous
aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi pr
866
naisons de vitesse et d’ennui à quoi présentement
nous
usons le plus clair de nos forces, — le Poète dira un mot, ou bien fe
867
i à quoi présentement nous usons le plus clair de
nos
forces, — le Poète dira un mot, ou bien fera un acte, et ces peuples
868
onsacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les sots
vont
répétant que c’est un être qui ignore le réel. C’est justement parce
869
e la respiration. Il ne s’agit nullement de cela.
Nous
ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occid
870
e le candidat possède une énergie suffisante pour
aller
plus loin, — et en même temps constituent des sources d’énergie nouve
871
Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela
nous
donnerait des années de liberté en même temps qu’un peu de calme. Ces
872
e temps qu’un peu de calme. Ces années de liberté
nous
permettraient de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour
873
façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme
nous
permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent cachées aux
874
; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on
nous
enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la
875
on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on
nous
laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’i
876
cultés atrophiées que devrait s’employer l’école.
Nous
avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
877
ent la blancheur éclatante de l’amour… Que dirons-
nous
?… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de
878
ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de
notre
sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel.
879
s prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité
nous
aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de not
880
uver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de
notre
force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts r
881
rdre naturel. La culture de notre force de pensée
nous
rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour i
882
de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle
nos
efforts resteront vains pour instaurer cette nouvelle attitude de l’â
883
ité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans
nos
collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et poi
884
beaucoup d’autres à qui forcément, je ressemble.
Nous
vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste, qui a été établ
885
usivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on
va
voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes les haines. Je s
886
r ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il
va
parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui sa c
887
eurs principes par quoi se signalent bien souvent
nos
tolérants par inertie, je ne sais. Mais je m’attends à cent « réponse
888
les classer par avance en deux catégories dont je
vais
régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me resser
889
ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas
aller
contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont les posit
890
nstruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’
aller
contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira bien qui rira le
891
n sens peuvent être légitimés par le but final de
notre
institution-tabou. 1. Je ne puis naturellement pas mentionner tou
892
’une grande vulgarité qui jouait alors le rôle de
nos
bandes dessinées.
893
de la même grâce. Voyez Péguy, quand il essaie de
nous
faire croire qu’ « il n’y a rien au-dessus » de la tâche des institut
894
la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans
nos
carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une journée.
895
dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à
nous
gâter toute une journée. Une journée d’enfant gâtée. Et d’ailleurs, m
896
, je pense que tout cela tient trop de place dans
notre
enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aîn
897
maine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour
nous
faire comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ont aucune im
898
un jour qu’elle contient la cause déterminante de
notre
malaise. Il me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
899
ospère et étende ses conquêtes. C’était découvrir
notre
asservissement. Je songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres
900
sement. Je songeai aux vertueuses indignations de
nos
maîtres quand ils dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation j
901
« la marque indélébile de l’éducation jésuite ».
Nous
étions marqués par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui est u
902
se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en
nous
ces ressorts de la révolte et de la libération d’une personnalité : l
903
e indispensable aux « immortels principes ». Je n’
allai
pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je compr
904
nécessaire — et qui était le seul pour lequel on
nous
préparait — c’était un système d’abstractions primaires, c’était le r
905
l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins.
Nous
ne croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’av
906
s plus aux démons, mais à la Commission scolaire.
Nous
n’avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touche
907
touchent à l’action des étoiles par exemple. Mais
nous
avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les mirac
908
s nous avions acquis le respect des statistiques.
Nous
savions que les miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’il co
909
r devant les miracles de la science appliquée. On
nous
faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’
910
e appliquée. On nous faisait voir tout au long de
notre
histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lumières, l’incré
911
lumières, l’incrédulité et le bien-être matériel.
Nous
savions qu’un fils d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
912
d’ouvrier est l’égal d’un petit Dauphin — et même
nous
ne pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plu
913
gal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions
nous
empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nous sav
914
croire que le petit ouvrier est bien plus malin.
Nous
savions un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les
915
ui sont dans les livres — et nulle part ailleurs.
Nous
arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevabl
916
question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je
vais
dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas,
917
point les méthodes. Simple remarque, pendant que
nous
en sommes aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe socia
918
le. C’est celle même du régime. L’architecture de
nos
« palais scolaires » symbolise d’une façon frappante ce qu’il y a de
919
, moral et matériel ? L’école publique, telle que
nous
la voyons est semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque
920
monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans
nos
villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beauté ni
921
de cette institution passionnément détestée. Vous
allez
voir comment ils bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux yeux
922
générations. Pendant ce temps elle s’aggrave, et
nous
voici avec l’héritage de cinquante ans de radicalisme sur les bras. L
923
aires responsables, vous savez par expérience que
nous
ne comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’
924
que nous ne comprenons pas la plaisanterie et que
notre
temps est précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de q
925
Mais on fausse l’esprit de ces enfants… — Mais on
nous
paye, et ils n’en meurent pas. 3.b. Les examens Ce sont en prin
926
de la même façon, dans le même temps. Contentons-
nous
de remarquer que ce principe est à la base du système ; qui repose do
927
uit avec acharnement à son commun dénominateur 4.
Nos
bourgeois assistent sans honte à ce crime quotidien, et se félicitent
928
ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage ? On
va
supprimer les leçons de calligraphie. 3.e. La discipline On con
929
t contre nature exige une discipline sévère. D’où
notre
conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il est des disciplines q
930
dont la vue permet à ceux qui tombent du ciel sur
notre
sol de s’écrier sans hésiter : « Liberté, liberté chérie, voilà bien
931
oit, voudraient se « distinguer ». (Le mépris que
notre
peuple met dans cette expression !) Pour moi, ce que je retire de plu
932
e est cette préparation à la vie qui commence par
nous
soustraire à l’influence de la vie ? Quelle est cette éducation socia
933
st celui qui a de bons points. Or les bons points
vont
aux parfaits imitateurs. Oyez-moi tous ces petits phonographes… ograp
934
le pas à la règle. Elle cherche à développer chez
nos
petits Helvètes un légalisme écoeurant 6, un conformisme d’imbéciles
935
ue d’être assez spéciales. Il arrive en effet que
nos
petits futurs grands citoyens ayant accompli de « fortes études prima
936
nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force
nous
est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et s
937
e de la vérité, force nous est de reconnaître que
notre
dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appar
938
uoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il
nous
écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de la D
939
ombre de vérités tellement évidentes — que cela n’
irait
pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, écrire
940
cole de vivre encore. Mais ce n’est de la part de
notre
Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
941
’origine de l’institution, se manifeste encore de
nos
jours et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales. J
942
’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de
notre
instrument de progrès par excellence. Car il n’est qu’une explication
943
ce aussi sensible. Mais attendez, si quelques-uns
allaient
se réveiller… Il suffit d’un peu de chaleur d’âme pour amorcer le dég
944
est vendue à des intérêts politiques. C’était là,
nous
venons de le voir, son unique moyen de parvenir. Elle participe donc
945
rahison des clercs » décrite par M. Julien Benda.
Notre
époque paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle ne croit plu
946
sens et d’information pour jouer au prophète, on
nous
promet de tous côtés de belles catastrophes. Je suis de ceux qui s’en
947
en fait. C’était trop laid ».) À peine capable de
nous
instruire, l’École prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle
948
le de nous instruire, l’École prétend ouvertement
nous
éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise
949
apper à cette organisation. Or il semble bien que
nous
en soyons-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaiss
950
ne, ni la nature des produits excrétés. On forme
nos
gosses, dès l’âge de 6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
951
se à coup sûr sa victime. En fait de farces, vous
allez
feindre de trouver bien bonne celle-ci : je prétends que l’instructio
952
ein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise
notre
civilisation ; et où la Démocratie peut se conserver des siècles enco
953
siste à dépasser la Démocratie. Et cette thèse ne
va
pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous ne
954
cteurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre
nous
— encore que peu l’avouent. Car détruire, déblayer, et faire des sign
955
s hasards gros de dangers, c’est peut-être à quoi
notre
génération devra limiter l’efficacité de ses efforts. Critiquer le pr
956
sé. Mais la considération de régimes anciens peut
nous
amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès social co
957
iens peut nous amener à constater, sans plus, que
notre
soi-disant progrès social correspond à un recul humain. Par exemple,
958
te matière rarement « hygiénique » et qui définit
notre
âge : la paperasse ? Réponse ? Petits étourdis. Réponse non, c’est un
959
un recul. Cette critique du fonctionnarisme, vous
alliez
le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut, hélas,
960
et vous me sommez de dire comment, maintenant, je
vais
m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
961
e dans toute la conduite moderne de la vie. C’est
notre
américanisme et c’est notre sécheresse sentimentale. Et c’est le gran
962
erne de la vie. C’est notre américanisme et c’est
notre
sécheresse sentimentale. Et c’est le grand empêchement intérieur dont
963
c’est le grand empêchement intérieur dont souffre
notre
imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise nos utopies et les em
964
e imagination créatrice ; c’est lui qui stérilise
nos
utopies et les empêche de devenir autre chose que des utopies. Il s’a
965
et de le pourchasser dans toutes les démarches de
notre
vie. Mais cette première tâche constitue un programme si riche qu’il
966
énérations plus libres d’imaginer, bénéficiant de
notre
colère jacobine et de cette formidable expérience négative qui aura d
967
riades : être — négation de l’être — nouvel être.
Notre
époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalism
968
de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que
nous
approchons de ce temps. Et que le véritable progrès veut qu’on s’atta
969
dit sujet pour se représenter même très vaguement
notre
actuelle civilisation. Et même Diderot, même Rousseau, à la veille de
970
cette similitude les possibilités formidables que
nous
réserve le siècle à venir, et vous commencerez à comprendre que votre
971
e scepticisme à l’endroit de la forme sociale que
nous
appelons sans la connaître et qui s’élabore déjà secrètement, que ce
972
à ma santé morale.) La question est de savoir si
nous
serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qu
973
ses éléments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand
nous
aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi pr
974
naisons de vitesse et d’ennui à quoi présentement
nous
usons le plus clair de nos forces — le Poète dira un mot, ou bien fer
975
i à quoi présentement nous usons le plus clair de
nos
forces — le Poète dira un mot, ou bien fera un acte, et ces peuples d
976
onsacré.) L’utopiste, c’est l’inventeur. Les sots
vont
répétant que c’est un être qui ignore le réel. C’est justement parce
977
e la respiration. Il ne s’agit nullement de cela.
Nous
ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occid
978
e le candidat possède une énergie suffisante pour
aller
plus loin, — et en même temps constituent des sources d’énergie nouve
979
Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela
nous
donnerait des années de liberté, en même temps qu’un peu de calme. Ce
980
e temps qu’un peu de calme. Ces années de liberté
nous
permettraient de vivre, seule façon de s’instruire inventée à ce jour
981
façon de s’instruire inventée à ce jour. Ce calme
nous
permettrait de comprendre beaucoup de choses qui restent cachées aux
982
; la nature par exemple. Je ne demande pas qu’on
nous
enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous laisse le temps de la
983
on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on
nous
laisse le temps de la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’i
984
cultés atrophiées que devrait s’employer l’école.
Nous
avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
985
ent la blancheur éclatante de l’amour… Que dirons-
nous
?… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-il sauvé de
986
ne saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de
notre
sensibilité nous aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel.
987
s prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité
nous
aiderait à retrouver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de not
988
uver l’accord avec l’ordre naturel. La culture de
notre
force de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle nos efforts r
989
rdre naturel. La culture de notre force de pensée
nous
rendrait une liberté sans laquelle nos efforts resteront vains pour i
990
de pensée nous rendrait une liberté sans laquelle
nos
efforts resteront vains pour instaurer cette nouvelle attitude de l’â
991
areille sécurité dans l’insolite, ce qu’il y a en
nous
à la fois de plus « problématique » et de plus quotidien. bd. « Hen
992
s parant d’une grâce malicieuse et sensuelle dont
nos
yeux helvètes les croyaient par trop dépourvues… Cette charmante « ja
993
mal de littérature. Et c’est à un tel amour qu’on
va
demander sa revanche contre la mesquinerie morale du milieu… Étrange
994
hauts murs d’ombre et de vent autour du monde où
nous
vivons parquent les visages les sons brassent les lueurs des messages
995
e qui vient de dire ton nom même avec l’accent de
notre
amour et mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’entends.
996
main à travers cette ombre rapide si je te joins
nous
la tiendrons captive écoute les cloches et le scintillement des étoil
997
es qui échangent leurs douceurs. Tiens moi bien
nous
allons partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au
998
i échangent leurs douceurs. Tiens moi bien nous
allons
partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au regard
999
ce au mépris et à l’adoration : où que se portent
nos
regards, ils rencontrent des talents distingués. À cet ordre d’ambiti
1000
écrivains — Claudel, Gide, Valéry… — suffisent à
nous
rassurer sur la valeur littéraire de l’époque, mais non sur le sort d
1001
sur le sort de l’esprit. À côté d’eux, s’écrient
nos
auteurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pas le cœur s
1002
rit. À côté d’eux, s’écrient nos auteurs, « qu’on
nous
montre un seul Français qui n’ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait
1003
nul ne s’en déclare gêné, me semble-t-il… 3. Si
nous
jetons sur les lettres parisiennes un regard distrait mais circulaire
1004
èrent à ce petit jeu avant d’écrire —, que voyons-
nous
en effet ? Une grande nuée de romanciers à peine plus réels que leurs
1005
un fin lettré. (Vraiment le jeu est trop facile.
Allez
donc vous mettre en colère contre l’insignifiance ! On ne nous laisse
1006
s mettre en colère contre l’insignifiance ! On ne
nous
laisse même plus la colère. Ah ! nous ne risquons pas d’être tués par
1007
nce ! On ne nous laisse même plus la colère. Ah !
nous
ne risquons pas d’être tués par des statues !) Tout d’un coup, trois
1008
t Simond et ce grand potache de Maldoror. « Qu’on
nous
montre un homme… » Un ou deux. Il suffit de très peu de sel pour rend
1009
t défonçait, or on lui avait commandé une maison.
Nos
trois compères se moquaient fort. Le journaliste expliquait qu’on eut
1010
t fut terminé, l’on interdit l’entrée du palais à
nos
trois amis (qui pourtant n’eussent pas demandé mieux que de reconnaît
1011
s toute son ampleur et sa force. » Ainsi Beausire
nous
montre un Barrès tout crispé sur quelques certitudes et quelques dout
1012
ts au-delà — au-dessous — de leurs prétextes. 7.
Nous
souffrons d’une terrible carence d’héroïsme intellectuel. Ces messieu
1013
ourquoi il faut faire la révolution morale. Voilà
notre
aphorisme démontré. 9. Enfin je citerai deux petites phrases qui suf
1014
ffisent presque à situer la position d’attaque de
nos
auteurs : « Tout créateur néglige sa personnalité » et « Kant est un
1015
, comme dit Kipling, est une autre histoire. 10.
Nous
voici parvenus au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai s
1016
us voici parvenus au point où cessent d’eux-mêmes
nos
bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’alti
1017
bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher,
nous
gagnons l’altitude. Les problèmes qu’il se pose sont le meilleur de l
1018
élique. Que ce petit écrit d’un mouvement naturel
nous
ramène au centre des seuls problèmes qui ne soient pas insignifiants,
1019
oujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne et
nous
ne disons presque rien, nous savons les mêmes histoires et nous avons
1020
qui m’accompagne et nous ne disons presque rien,
nous
savons les mêmes histoires et nous avons durant la journée bouquiné d
1021
presque rien, nous savons les mêmes histoires et
nous
avons durant la journée bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcad
1022
bouquiné dans les mêmes boîtes sous les arcades. (
Nous
ne touchons l’un et l’autre qu’aux traductions ; le reste, les livres
1023
es …………18 La plupart des noctambules préfèrent d’
aller
à pied ; mais moi je me méfie ; se promener seul la nuit dans une vil
1024
point la définition même de la luxure ? Quand je
vais
à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparé
1025
eur vie : « J’ai horreur de la sentimentalité ».)
Nous
voici donc en taxi, « nous deux le fantôme » comme on disait au villa
1026
la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, «
nous
deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est
1027
ne vous le confie pas sans un secret tremblement.
Nous
embarquons Jean Cassou, et le fantôme se fait aussi négligeable que p
1028
ent invisible, dans cette minuscule voiture. Déjà
nous
traversons la nuit rose et violette de Montparnasse. Là, l’insondable
1029
e Montparnasse. Là, l’insondable lubie d’un agent
nous
immobilise une minute aux lisières odorantes d’une terrasse où nous v
1030
e minute aux lisières odorantes d’une terrasse où
nous
voyons Charles-Albert Cingria, transfiguré par un souffle épique, en
1031
ris et leurs établissements Place de la Concorde.
Notre
conteur est vêtu de la gloire d’un pourpoint « plus rouge que rouge »
1032
ine, qui vaille l’amour. Durant cette méditation,
nous
avons gagné une rue pauvrement éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme
1033
nt éclairée où l’on s’arrête. Le fantôme derrière
nous
claque la portière. Il fait assez froid. ⁂ Lorsque l’homme, cédant à
1034
de se perdre est un des plus profonds mystères de
notre
condition, et je ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non
1035
la mode, qui vient trébucher dans les méandres de
notre
chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver », nous enseigne une d
1036
chemin : « Il faut se perdre pour se retrouver »,
nous
enseigne une doctrine en vérité moins généreuse que ne veut le croire
1037
nt là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’
aller
… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent
1038
éparses dans une brousse où s’engage délibérément
notre
fantôme. Il avance sans bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce
1039
notre fantôme. Il avance sans bouger les jambes.
Nous
suivons à tâtons. Ce que je pressentais ne tarde pas à se produire :
1040
— la portion que l’on s’est administrée accapare
nos
facultés les plus vulgaires, libérant par là cette part gratuite de n
1041
après-midi qu’il commençait un roman. Son absence
nous
fera-t-elle croire qu’il apporte un soin tout particulier à le parfai
1042
calculez l’âge du capitaine. Au dessert, chacun y
va
de son petit miracle. Jaloux et Dick conversent en danois. Quatre anc
1043
’eut que la force de regagner son logis. Comme il
allait
y pénétrer, il aperçut auprès du seuil une mendiante qui pleurait trè
1044
.................................................
Allons
, allons, puisque te voilà bien perdu cette fois, dérive un peu vers c
1045
......................................... Allons,
allons
, puisque te voilà bien perdu cette fois, dérive un peu vers ces Allem
1046
8 avril. 18. ……………… (N. de la R.) 19. L’auteur
nous
promet pour le numéro 6 de nouveaux détails apocryphes. (N. de la R.)
1047
elâchement de leur esprit ou de celui des autres.
Nous
avons vu des amateurs de pittoresque essayer, au hasard, des incantat
1048
re du monde spirituel. Ce n’est pas en détraquant
nos
sens ou notre raison, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que n
1049
spirituel. Ce n’est pas en détraquant nos sens ou
notre
raison, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que nous atteindron
1050
raquant nos sens ou notre raison, ce n’est pas en
nous
efforçant de délirer que nous atteindrons une réalité supérieure, mai
1051
on, ce n’est pas en nous efforçant de délirer que
nous
atteindrons une réalité supérieure, mais bien en surpassant nos sens
1052
s une réalité supérieure, mais bien en surpassant
nos
sens par notre intelligence, celle-ci à son tour par une volonté qui
1053
supérieure, mais bien en surpassant nos sens par
notre
intelligence, celle-ci à son tour par une volonté qui l’oriente vers
1054
ns états dont il arrive que la gratuité apparente
nous
fascine. Un fantôme ne manifeste rien d’autre que la qualité du regar
1055
éels, ce sont les anges. Mais ceux-là seuls parmi
nous
les verront, dont l’esprit parviendra par sa puissance d’adoration, à
1056
ser une « désorganisation du moral », multiplie à
nos
yeux les correspondances. Comprenons à ce signe qu’il nous transporte
1057
les correspondances. Comprenons à ce signe qu’il
nous
transporte dans un monde plus hautement organisé, c’est-à-dire plus r
1058
réel. (L’absurdité des choses mesurait seulement
notre
impuissance à les aimer.) Dès lors, il ne s’agira plus de réduire les
1059
s, il ne s’agira plus de réduire les fantômes qui
nous
tenteront, mais de leur égaler notre conscience. C’est un effort de c
1060
fantômes qui nous tenteront, mais de leur égaler
notre
conscience. C’est un effort de création — car toute découverte du mon
1061
ar toute découverte du monde spirituel revêt pour
nous
, normalement, l’aspect d’une création. Il s’agit de maintenir cet eff
1062
us amoureuse. L’audace et l’humilité de la prière
nous
font entendre l’accord fondamental d’une éthique des fantômes, dont l
1063
Rougemont, sont précédées d’une introduction dont
nous
reproduisons l’extrait suivant : « “Y a-t-il une faculté de perceptio
1064
exerçant par le moyen d’un organe interne, puisse
nous
donner des connaissances plus complètes que l’expérience commune ?” D
1065
nt toute forme de vie, et explicitement — croyons-
nous
— certaines expériences particulières, telles que les rêves (à l’état