1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 s. Le rapprochement est peut-être prématuré, tout au plus peut-on dire qu’à l’heure présente déjà, son œuvre, comme celle
2  » des « grands corps athlétiques ». Sur le stade au soleil se déploient les équipes, et l’équipier Montherlant les contem
3 t toute la morale, et les qualités indispensables au bon équipier deviennent les qualités du parfait citoyen : juste visio
4 un peu brutal, il saura le dompter, et atteindre au classicisme véritable. Voici un constructeur, un entraîneur, et qui j
2 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
5 rdun, et ce « haut ton de vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son livre : « Ranimons ces horreurs
6 trop descendre ». N’est-ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe, d’un de ces hommes qui « desc
7 est l’autre qui impose son absolu. Une soumission au réel durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant fun
8 s, dont il est capable et qu’il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple intérieur, s’il veut rest
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
9 illira enfin, dans l’éblouissement d’Arles, jusqu’ au jour où cette consomption frénétique terrassant un corps minable, il
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
10 aîné, ébahi, passionné, contraint de suivre jusqu’ au bout un roman de 500 pages comme Rabevel. Car si la liquidation des q
11 des négligences. Mais on ne demande pas non plus au puissant boxeur sur le ring d’être bien peigné. Rabevel, c’était un
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
12 ie grecque. D’autres attribuent cette supériorité au machinisme, et la déplorent. Plusieurs jeunes songent que dans une Eu
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
13 avec les derniers champions du naturalisme puisqu’ au début Fischer publia Zola et Ibsen, Tolstoï, Hauptmann et Maeterlinck
14 sen, Tolstoï, Hauptmann et Maeterlinck. On trouve au tableau des auteurs édités depuis lors les grands noms de la littérat
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
15 d est vraiment un étonnant esprit. Pour présenter au public français cette œuvre « d’importance européenne », croyez-vous
16 un intérêt très profond : elles nous transportent au cœur de préoccupations des plus modernes, problème de la réalité litt
17 ’une volonté presque inhumaine torture et conduit au crime. Et s’ils s’imposent comme types, c’est encore et uniquement pa
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
18 s réserves sont de peu d’importance si l’on songe au service que M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’actualité
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
19 on lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini au fond de soi qu’au fond du ciel. l. « Jules Supervielle : Gravitatio
20 e. On est plus près de l’infini au fond de soi qu’ au fond du ciel. l. « Jules Supervielle : Gravitations (NRF, Paris) »,
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
21 st ainsi qu’interviennent les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur a dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer
11 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
22 testant : la notion de « Saint » et son évolution au cours des siècles. Primitivement, le Saint est un homme que Dieu a mi
23 quand il s’agit d’adapter des traditions antiques au dogme en formation. Au Moyen Âge l’évolution se continue dans le même
24 er des traditions antiques au dogme en formation. Au Moyen Âge l’évolution se continue dans le même sens. On spécialise le
12 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
25 ic reste le témoin souvent sceptique ou railleur. Au cœur de la crise de notre civilisation, il y a un problème de morale
26 , secouant son dégoût, un Montherlant s’abandonne au salut par la violence. Une sensualité moins énervée lui permet de bru
27 re de quelques pamphlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un d
28 l’âme où s’éveille un désenchantement qui l’amène au besoin d’une mystique. Et pour finir, l’un des derniers venus, Marcel
29 un qui s’est complu dans son dégoût ; mais jusqu’ au point d’y percevoir comme un appel du Dieu perdu. Il avoue enfin la c
30 absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors n’était p
31 de malaises, de révoltes plus ou moins complètes au gré des tempéraments. Le geste de Lafcadio généralisé : c’est le surr
32 veillé. L’amour moderne, nerveux, saugrenu jusqu’ au sadisme, trop lucide, est un amour de fatigués (Les Nuits, l’Europe g
33 out cas je vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’ au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une manière d’agir contre
34 n, loc. cit. 7. Le « goût du désastre » qui est au fond du romantisme moderne nous empêche secrètement de construire et
13 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
35 l’Association chrétienne d’étudiants eurent lieu au printemps, et non plus à Sainte-Croix, mais à Aubonne. Un plein succè
36 des conférences, les Objections des intellectuels au Dieu chrétien, fut introduit par M. Raymond de Saussure, psychanalyst
37 t le soir avant pour les milieux d’ouvriers noirs au Cap. Sans toucher à des questions de partis, avec une passion contenu
38 particulière à ces rencontres. Rien de plus aéré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper
39 ces rencontres. Rien de plus aéré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper d’être bien pe
14 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
40 Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)p Au creux des couleurs assourdies d’un divan le soir, tandis que les fenê
41 crime ; et l’étrange apaisement d’une vieillesse au soleil. Jouve semble avoir hésité entre plusieurs styles de roman. Un
42 conscients. Certaines proses mystiques de Paulina au couvent valent les meilleurs poèmes de l’auteur de Tragiques et de Vo
15 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
43 le véritable désordre. Une intelligence parvenue au point où elle « ne semble avoir rien d’autre à faire que son propre p
16 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
44 est ainsi que le problème de l’Urbanisme se place au croisement des préoccupations esthétiques et sociales d’aujourd’hui.
45 métries de verre et de ciment blanc, flamboyantes au soleil. Les vingt-quatre gratte-ciel de la cité, au centre, s’espacen
46 soleil. Les vingt-quatre gratte-ciel de la cité, au centre, s’espacent autour d’un aérodrome-gare circulaire, prismes per
47 s par les plans fuyants des rues immenses livrées au 100 à l’heure des autos. Les maisons habitées ne sont plus que des en
48 os cités congestionnées, ce serait peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des ingénieurs se sont mis à ca
17 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
49 aiblesses, tant d’autres désirs contradictoires ; au gré du temps, d’un sourire, d’un sommeil, tant de bonheurs ou de dégo
50 s, la vie, comme ils disent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’est qu
51 ent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’ au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’est que le jeu de sauter folle
52 c’est ainsi par feintes que je progressais, jusqu’ au jour où je m’avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer pe
53 ai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond de tous les plaisirs, cette envie de rire quand il m’arrivait un
54 e de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieux apte à vi
55 fatigue générale qui fausse tout, et qui s’oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’elle ne permet que des associati
56 u, premier gage du divin… Reprendre l’offensive — au soir, je m’amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je se
57 es du large !… Tiens, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je vais écrire aut
58 guider ce corps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais
59 uxe, ne pas aimer son plaisir ? Je reste candidat au salut. 4. La sincérité absolue, « scientifique » me paraît aller co
18 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
60 upté », je me sens envahi par un rythme impérieux au point qu’il faut que certaines voix en moi taisent leur protestation,
61 s-centres nerveux, et sa victime « une sympathie ( au sens étymologique du mot) qui la renseigne du dedans, pour ainsi dire
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
62 ons qui sont en train d’ôter sa valeur littéraire au genre le plus encombré et le plus impur qui soit. On n’a pas ménagé l
63 est peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au genre de critique pratiqué par Fernandez. Périlleuse situation que la
20 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
64 re les deux façades longues que la ville présente au couchant, dans ce corridor de lumière où elle accueille le ciel — et
65 ungarno trop vaste et nu, les voitures revenaient au pas des Cascine. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous é
66 étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais sans bancs pour notre lassitude. Florence s’éloignait
67 mon. Nous marchions vers ces hauts arbres clairs, au tournant du fleuve, parmi les dissonances mélancoliques des lumières
68 nie plus reposante. Cette imparfaite accoutumance au monde de sensations inconnues où nous étions baignés nous promettait
69 gué. Plus proches, les syllabes nous parviennent au ras du fleuve sombre. Nul désir en nous de comprendre ce lamento. Le
70 . Penser serait sacrilège, comme une barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux ont regardé longtemps — où va l’âme du
71 el de l’est, et une façade parfaite répond encore au couchant. San Miniato sur sa colline. Derrière nous, les arbres se br
72 sommeil de plante vaguement heureuse d’être pliée au vent qui ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans ton silenc
73 ni, pour être seul parmi la foule, lève les yeux, au plus beau ciel du monde. h. « Soir de Florence », La Semaine littér
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
74 ffrir, il ne sait plus de quels souvenirs ; jusqu’ au soir où la douleur nette d’un amour réveillé l’envahit. Et Closain re
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
75 rdre. Nous humilions sans trêve notre sensibilité au profit de ce « mythe cohérent » vers quoi tend notre esprit. La passi
76  absurdité essentielle » que le Chinois distingue au cœur de la vie occidentale apparaît mieux par la comparaison de l’idé
77 de la vanité de nos buts, « capables d’agir jusqu’ au sacrifice, mais pleins de dégoût devant la volonté d’action qui tord
23 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
78 M. Brémond ne s’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’
79 ent littéraire, celui-là même qui aboutit naguère au surréalisme. Tous les héros de roman se sont mis à gesticuler « gratu
80 e plan moral. Telle action peut paraître gratuite au lecteur parce qu’il ne sait pas tout sur le personnage. Mais quant à
81 telle sensation physique de bonheur, dans une rue au coucher du soleil, des phares d’automobiles étoilent le brouillard, l
82 qui se proposaient à mon souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’
83 uste assez pour qu’ils vous aident3 — mais jamais au point d’oublier la vérité qu’on désirait qu’ils cachent pour un momen
84 de sincérité, c’est-à-dire une sincérité tournée au vice, invertie, qui retient de l’oser. Petite anthologie ou que le
85 devenait inintelligible en même temps qu’odieux. Au hasard de quelques lectures, je pris note des passages suivants (les
86 r serait d’une ingratitude insigne — ils marquent au reste fort bien les jalons de cette recherche) : Puissiez-vous avoue
87 ours possibles. C’est ainsi que fidèle à soi-même au plus profond de l’être, on entretient comme une arrière-pensée sagace
88 onçoit que ce constant et secret assujettissement au moi idéal exige une politique des sentiments plus subtile et, je pens
89 tude qu’un désir de certitude né de quelque doute au fond. » (René Crevel) b. « Paradoxe de la sincérité », Revue de Bell
24 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
90 boîter le pas, mais seulement de retenir sa place au spectacle qu’ils offrent et de les considérer avec sympathie. Il est
25 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
91 de fanfaronnade et d’intense désespoir, on songe au Frank de La Coupe et les Lèvres, à qui ses compagnons criaient : « Te
92 i permet à l’auteur de divaguer de la philosophie au lyrisme le plus échevelé en passant par la description réaliste ou im
26 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Billets aigres-doux (janvier 1927)
93 auté froide ? Oui, mais à qui s’adresser. Automne au sourire absent, Or luisant, terreau qui fume… Et tu laisses, ô col ro
27 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
94 sens de l’éternel rendait pourtant considérables, au sens étymologique du terme. Il loucha vers le néant, retourna ses poc
28 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
95 , sifflant comme un fusil automatique, fait balle au cerveau du poète qui meurt de sommeil naturel. Le tunnel sous la Manc
29 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
96 ur juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au point de vue de l’historien scrupuleux, qui juge d’après les textes,
97 nesse. Le roi, « un niais en matière religieuse » au dire de sa belle-sœur, la princesse palatine, se laisse facilement co
98 es protestants. Aussi ne s’effraye-t-on pas trop, au début, de l’émigration des fidèles qui suivent leurs pasteurs proscri
99 malgré des félicitations arrachées par Louis XIV au pape, les catholiques sont loin d’être unanimes à louer la révocation
100 qui n’ont commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre de plus belle : la guerre civile succède aux dra
30 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
101 ferait se meurtrir l’un l’autre. Pourtant, jusqu’ au bout, il semble qu’un mot, un geste décisif, ou certaine amitié de la
102 un autre sujet du roman, qui se mêle étroitement au premier… Mais combien cette analyse trahit Barbey : son art est juste
31 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
103 ur qu’il ira demander la souffrance indispensable au perfectionnement de son âme. Et qu’importe si les Allemands qui, fréq
32 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
104 s les plus atrocement inutiles. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre, j’ai suivi le drame sur vos traits seulement ;
105 couple heureux et banal, votre sourire répondant au mien, comme on voit au dénouement des films populaires et sur des car
106 l, votre sourire répondant au mien, comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes postales illustrées
107 d aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au sommeil qui meurtrit jusqu’à l’âme.) Convulsions d’oriflammes sur l’o
108 mps que j’ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Pri
109 ire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins
110 . Il y a vingt-quatre heures donc, j’étais encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien dans mon espri
111 cette sournoise recherche de tout ce qui me navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je
33 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
112 s comme poèmes et comme dictées de l’inconscient, au fond desquels on a si vite fait de distinguer les quelques préoccupat
34 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
113 d’une maîtresse jadis belle et diserte qui tombe au ruisseau en prononçant de séniles calembours… Pénétrés d’horreur, les
114 Pénétrés d’horreur, les bellettriens avaient fui. Au détour d’une ivresse, ils rencontrèrent une créature évadée d’anciens
115 de Cinématoma Cinq bellettriens furent commis au soin d’engendrer cet adorable monstre. Ils se réunissent parfois auto
116 onstate que jamais « la Montagne » ne saura venir au prophète, même s’il se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce palud
35 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
117 ux, j’y vois un signe charmant d’amitié de l’aîné au plus jeune, lequel envoie l’un de ses personnages pour remercier ; (p
118 de si l’Auber de Jean Cassou ne va pas s’attabler au café en face des personnages de Jaloux. Et peut-être que la comtesse
119 faire ces confidences qu’elle livre si facilement au héros plus confiant et secrètement incertain de ce roman. À la veille
36 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
120 te jusqu’à éclater, tandis que des villes passent au fond à toute vitesse. Rigueur voluptueuse d’une colonnade, puis un je
121 du paysage urbain vu par les poursuivants, arbres au ciel renversé, maisons obliques, montagnes russes. (J’ai regretté que
122 ence que le nôtre. Les gens rient à l’enterrement au ralenti, à l’éclatement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’e
123 forme un homme en chien, cela n’a rien d’étonnant au cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne serait étonnante que
124 xemple, l’éclosion d’une rose, un homme qui court au ralenti, certaines coïncidences de mouvements… C’est une réalité quot
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
125 e sans cesse l’inquiétude autant que la sérénité… Au reste, n’est-elle pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule a
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
126 offmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sortir d’une conférence sur le Salut de l’humanité.)   Ce soir en moi
127 juron mélodramatique, d’une voix torturée, hurle au pape et au diable un anathème sanglant. Louis Aragon, avocat de l’inf
128 dramatique, d’une voix torturée, hurle au pape et au diable un anathème sanglant. Louis Aragon, avocat de l’infini, annonc
129 es phrases d’un fascinant éclat : « Ô grand Rêve, au matin pâle des édifices, ne quitte plus, attiré par les premiers soph
130 absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans cesse à l’échelle
131 xtrême moyenne d’où sont exclues toutes grandeurs au profit de fuites lâches qu’on veut nommer renoncements ! Jouant tout
132 n nous sert des cocktails (un Musset triple-sec). Au lieu du cynisme verbeux 1830, une théorie du scandale pour le scandal
133 s la plus belle, — ce qui tressaille et m’atteint au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas m’empêche
134 l y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si authentiquement, si déplorableme
135 éplorablement français. Et puisque nous en sommes au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisien,
136 ouissement violent d’une immense fleur palpitante au parfum de passions, c’est une atmosphère toute chargée d’éclairs qui
137 chargée d’éclairs qui nous atteignent sans cesse au cœur et nous revêtent miraculeusement d’aigrettes de folies et de joi
138 . « La liberté commence où naît le merveilleux. » Au vrai, et surtout pour un homme qui élit Freud « président de la Répub
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
139 idents (avril 1927)l La maîtresse d’École Au printemps pur comme une joue, École errait, École suivait une femme d
140 t de l’une à l’autre deux séries de profils jusqu’ au soleil toujours de face. Il ne vit plus que la foule des yeux bleus,
141 ent un fauteuil et un violon, pour qu’il en joue, au printemps, s’il savait … R.S.V.P. À Max-Marc-Jean Jacob Reymond
142 triste baisa cette main cruelle… et quitta le bal au matin. Il neigeait dans les rues sourdes comme un songe de son enfanc
40 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
143 t-elle redevenir le centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses forces c
144 is l’émulation, l’atmosphère de combat nécessaire au développement de certains jeunes tempéraments leur fait défaut dans l
145 ses enfants… » Car le fils prodigue, s’il rentre au foyer dans une Rolls-Royce et fortune faite, tout le monde s’accorde
146 d’art diplômé. Premier péché contre l’histoire : au seuil d’un article consacré aux jeunes artistes neuchâtelois, je vous
147 ent de vitalité combative qui manque trop souvent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le p
148 dans l’œuvre de Bouvier. Sa technique qui paraît au premier abord masquer ses intentions, en réalité les exprime par ses
149 avec les siens. Vous retournez une toile appuyée au mur, c’est un Renoir… Retournez-en une autre, ce doit être un dessin
41 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
150  : il devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu cynique reniement de ses origines. Le vieux père s’effond
42 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
151 heureux. » Il y a aussi un certain tragique, mais au filet si acéré qu’on ne sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici
43 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
152 ulpe avec une saine rudesse. « Il s’examine jusqu’ au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a esté corrompu et infec
153 mme Keyserling, Ferrero, commencent à être prises au sérieux en France par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’avo
154 jeunes gens. Il faut louer Drieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’est que le triomphe de la littérature sur
155 en garder une passion pour la pureté, un « jusqu’ au boutisine » qui seul peut redonner quelque vitalité à notre civilisat
156 erre Drieu la Rochelle : La Suite dans les idées ( Au Sans Pareil) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
44 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
157 tteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au plus. Après, c’est un long adieu et le corps se fige à mesure que l’e
158 et d’insouciance dans le bonheur de la saison. —  Au soir, mon père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans
159 musique. » La femme en bleu dansait en regardant au plafond. Après deux tangos, nous montions ensemble dans une chambre d
160 ance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout en moi reniait obscurément. Je sentais bi
161 s élémentaires qui ne manquent jamais de succéder au moindre vol. » J’ajouterai, cher Monsieur, que l’analyse psychologiqu
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
162 rlait naguère, tu mangeras avec appétit une poule au riz arrosée d’un savoureux “demi” de Lavaux. » Seulement, il y a tout
163 fait surtout de la sacro-sainte Raison utilitaire au service des sacro-saints Principes au nom desquels tout se ligue aujo
164 utilitaire au service des sacro-saints Principes au nom desquels tout se ligue aujourd’hui pour anéantir la seule chose q
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
165 nant le titre sur un air sentimental, bien décidé au fond, à retrouver Patsy, l’Irlandaise perdue par cet improbable et sy
166 don de Buibuis, qui parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous fe
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
167 e pensée tendre pour un ami poète. « L’autre jour au Grand Écart… », dit quelqu’un. À ce coup, l’évocation de Cocteau fait
168 s d’Éluard14. Et des phrases, des cris, des mots. Au défaut de l’ivresse naissante se glisse un poème où vous aimiez à la
169 z à la folie votre douleur. Narcisse se contemple au miroir de son monocle. Au petit matin, il se noie dans un verre à liq
170 . Narcisse se contemple au miroir de son monocle. Au petit matin, il se noie dans un verre à liqueur. Poisson dans l’eau,
171 r. Poisson dans l’eau, plumes dans le vent, poète au bar, le paradis n’est pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le
172 ela fournit un merveilleux sujet de conversation, au café. Dans un salon, par contre, c’est d’un ridicule écrasant : mais
48 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
173 Adieu au lecteur (juillet 1927)q Nous passons la main au central de Genève,
174 u lecteur (juillet 1927)q Nous passons la main au central de Genève, fidèles à la tradition — en ceci au moins. Nous no
175 es vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On a fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui
176 uriosité des plus blasés. Lecteur, fais confiance au Central de Genève. Souviens-toi de la grandeur de ses traditions et n
177 y tenons, ah ! comme nous y tenons ! q. « Adieu au lecteur », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribour
49 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
178 ternelle « stratégie littéraire », de gazetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît-il, ne sont pas d’actualité : la solitu
50 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
179 ul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que ma chambre où m’attendent tous les soirs quand je rentre du
180 rannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fond : les faits-divers, rien de moins divers. Mais je suis pris dans
181 rdemment vers la conclusion d’un hasard qui opère au commandement de la main. Ce soir-là, une confiance me possédait, tell
182 x aux amants quand ils n’ont plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent incertaines, une tendresse épe
183 it peut-être, je ne saurai jamais rien… (sinon qu’ au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Qu
51 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
184 s, grand seigneur médiatisé, vaguement prétendant au trône de Pologne, est plutôt d’un mémorialiste. Madame Bibesco y mont
52 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
185  chemin de Damas » (comme il dit sans qu’on sache au juste quelle dose d’« humour » il met dans l’expression), c’est la re
186 e 12 ans, j’aperçus cette machine de route, jusqu’ au jour présent, ma grande et constante ambition a été de construire une
187 lus puissant industriel du monde ; le plus riche, au point qu’il peut parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus
188 n ajoute à cela le plaisir qu’on éprouve toujours au récit de succès mirobolants, et le charme un peu facile mais fort goû
189 onomiste. Ford, perfection de l’industriel, offre au monde moderne le premier exemple de son achèvement intégral. Il a att
190 a comparaison. Il est impressionné par la baisse, au point qu’il en oublie que cela ne l’intéresse plus réellement. Il cro
191 roduire peut très bien envahir un cerveau moderne au point d’en exclure toute considération de finalité. Mais cet aveuglem
192 articulière, et cent autres pareilles, composent, au total, la grande Liberté idéale et mettent de l’huile dans les rouage
193 la vie quotidienne. Cette Liberté idéale réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est-ce pas charmant et prometteur ?
194 on attitude ne porte un nom philosophique : c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous avons affaire ici. Et se
195 e porte un nom philosophique : c’est au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous avons affaire ici. Et ses prétentions
196 ses conditions. Dans cette mécanique bien huilée, au mouvement si régulier qu’il en devient insensible et que la fatigue s
197 et qu’il sent immuable comme la mort le restitue au monde vers 5 heures du soir, dans la détresse des dernières sirènes.
198 du soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’est-à-dire à une nature dont l’usine lui a fait oublier jusq
199 ence, et à une liberté qu’il s’empresse d’aliéner au profit de plaisirs tarifés, soumis plus subtilement encore que son tr
200 tériel l’a laissé oublier les valeurs de l’esprit au point qu’il n’éprouve plus même cette carence ; seulement, peu à peu,
201 elles que le développement de la technique impose au monde moderne. Ces êtres, d’une espèce de plus en plus rare, qui save
202 en rencontre encore parmi les jeunes gens, jusqu’ au jour où, comme on dit, sans doute par ironie, « la vie les prend ». I
203 rigueur de la nécessité — puisqu’elle est inutile au grand dessein matérialiste de l’Occident. La logique, parlant par la
204 pressante : chercher s’il est possible d’échapper au fatal dilemme. Premiers pas vers la solution : l’existence du dilemme
53 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
205 e, ou peut-être pour essayer de se prendre encore au rêve de valse qu’on était venu chercher parce que cela vaudrait bien
206 idée qu’on s’en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour du centre de la ville une insécurité qui fa
207 lle une insécurité qui fait songer à la Russie et au sifflement des balles perdues d’une révolution. Sept heures du soir :
208 plus manquait le rendez-vous que j’avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare de tout mo
209 ut mon être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’un monde
210 son d’une fanfare militaire, ainsi je m’abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cette plainte heure
211 , me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parc
212 entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d’évidences opaques. Nous sortî
213 plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-être était-ce la même s
214 les choses — et c’est cela seul qui donna un sens au monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’
215 nois « Mehlspeis-Schlagobers »10. Heureusement qu’ au Moulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand brui
216  : « Voilà ce que c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-il. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer ter
217 nt plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été préparées pour leur soif. Ils n
218 rains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au détail dans une foire éclatante de faux luxe. La misère est de voir i
219 rtîmes, après avoir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexations diverses et de curiosités gro
220 tables. Cette nuit-là nous rencontrâmes des anges au coin des ruelles, des oiseaux nous parlèrent, bientôt dissous dans le
221 ne boutique à « Würstel » où nous nous arrêtâmes. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éclairait la boutique
222 e depuis quelques semaines, il avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la fit prendre au ho
223 demanda donc une petite portion et la fit prendre au homard avec toutes sortes de soins. Les chauffeurs regardaient d’un œ
224 autos se mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais, descendaient les invités du bal. Des femme
225 autres. Une femme aux cheveux noirs en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand
54 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
226 sont réellement dans la lune, ou bien descendent au fond des mers adorer la Liberté et jouer de l’orgue sous les yeux de
227 isons de correction se jetaient sur ces volumes «  au travers desquels ils respiraient l’air du monde ». N’en ferons-nous p
55 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
228 tain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient que le « service dans le temp
56 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
229 André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928) au Ce récit de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du
230 it de la révolution cantonaise en 1925 nous place au nœud du monde moderne : on y voit s’affronter en quelques hommes d’ac
231 d’ouvriers armés, toute cette Chine qui s’éveille au sein même de la lutte qui met aux prises l’Europe et le monde du Paci
232 aux veut sans issues : l’angoisse que fait naître au cœur du monde contemporain l’absurdité de ses ambitions. Écoutons Gar
233 exprimer en un tel drame, et voici André Malraux au premier rang des romanciers contemporains. au. « André Malraux : Le
234 x au premier rang des romanciers contemporains. au . « André Malraux : Les Conquérants (Grasset) », Bibliothèque universe
57 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
235 niel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)aw Au hasard d’une rencontre, l’auteur de ce récit se lie avec un inconnu q
58 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
236 e et de sentiments. Il découvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans les moments de pire découragement ; et beaucou
237 en méditations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié.
238 cend en face de lui par l’ascenseur, elle le suit au long des trottoirs, il l’aperçoit entre des souliers, des étiquettes,
239 rs, des étiquettes, des poupées ; elle le précède au restaurant, le nargue brièvement au passage des autos, le ridiculise
240 le le précède au restaurant, le nargue brièvement au passage des autos, le ridiculise chez le coiffeur. Déjà, c’est avec u
241 voie une de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’ au mot de prière. Orphée perd Eurydice par scepticisme, par esprit scie
242 , après quelques alcools et un échange de pensées au même titre avec une amie d’une beauté de plus en plus frappante, il c
59 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
243 é. J’avoue prendre cette autobiographie tellement au sérieux que j’ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écri
60 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
244 pour entrer en religion : rond de cuir ou poète ( au sens le plus large de ces mots.) (Mais je tiens à le leur dire ici :
61 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
245 ffeuille et se fane prisonnier d’une saison morte au tombeau des fleurs obscures les mains de l’absence se ferment sur le
246 n désir à sa naissance L’étoile qui l’accueille au sommet ravi d’un silence c’est le miroir d’une absence mais le signe
247 is le signe de sa grâce Dans l’or vert évanouie au cœur éclatant du jour scintillera l’invisible gage d’un amour perdu.
62 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
248 s, et tout cela finira bien par s’arranger, comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’est résigné avec une facilit
249 ésigné avec une facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au chômage, lequel semble d’ailleurs correspondre à son éta
250 ne facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au chômage, lequel semble d’ailleurs correspondre à son état d’esprit le
251 inscriptions cascadantes, à l’orientale (on pense au mot bazar, qui sonne rouge et jaune aussi). Soudain se dresse une éno
252 lots de glace qui descendent lentement le fleuve. Au cœur de Prophète chauve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert.
253 la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Dieu, — c’
254 singulièrement les rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous n’y comprenez rien, mais le charme des voix hongroises
63 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
255 Ce petit livre de poèmes est comme une initiation au silence. Il faut s’en approcher avec une douceur patiente, et le lais
256 it dans une autre lumière : « Tout semblait vivre au fond d’un insistant regard. » Le poète des Gravitations est ici desce
64 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
257 s, et pendant des heures récite des odes grecques au murmure de l’eau ; la Princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un pia
258 ix l’appellent, combien sont dignes de s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée sur Hölder
259 erlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait sagement des odes à la liberté… Et v
260 ive qui est celle d’une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent un roman jaune à la main. L’un après l’autre,
261 nt l’image d’une femme par le nom qu’elle portait au mystère de l’amour… Trois petites fenêtres ornées de cactus miséreux,
262 fleuris qui trempent… Tout est familier, paisible au soleil. Il passait des heures à cette fenêtre, à marmotter. Vingt-sep
263 Chapitre : je vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme Tubing
264 ncolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il leur fait de grandes révérences… La rumeur
265 savent pas bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce qui est le comble des vacances. À une table voisine,
266 rce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au malheur. » Ô cette chambre, où pénètre la facilité atroce de cette fi
65 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
267 « André Rolland de Renéville : Rimbaud le Voyant ( Au sans pareil, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, G
66 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
268 itait ses ailes non sans une ingénue fierté. Mais au courant d’air s’enrhuma le grand-papa. On craignit de le perdre. — « 
269 ture de l’inspiration, un doute lui vint. Il alla au cinéma. On donnait un film voluptueux. Il aima l’héroïne, mais sans e
67 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
270 enez-lui le Guguss, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève p
271 t à ces excès de langage, je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut ap
272 on publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir
273 stion de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution
68 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
274 ourant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de ce
275 eux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier
276 nfance insouciante ? Qu’est-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs.
277 n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse en garde c
278 e la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lum
69 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
279 me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent autant de tort
280 rais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. Au village, quand on vous parle avec respect et trémolo d’un m
281 peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. Au village, quand on vous parle avec respect et trémolo d’un môssieu trè
282 iste photographe et le régent. J’ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogie avec sa section
283 able virus de mesquinerie, et devrait être soigné au même titre que certaines autres maladies dites « sociales ». Je revie
284 n frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloche : l’odeur de goudron et d’urinoirs qui imprègne les
70 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
285 à chacune un certain nombre d’heures par semaine, au jugé. On s’arrange à faire tenir dans cette classification le plus po
286 articipants du Tour de Science doivent s’inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture ont à r
287 la qualité et la quantité des efforts « fournis » au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement pa
288 ens et à quoi l’on subordonne tout, plaisir, goût au travail, qualité du travail, santé, liberté, sens de la justice et au
289 igner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous fair
290 la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’on commence par
291 es à la compromission sociale établie) et cueilli au passage un grade universitaire, prennent leur essor de chérubins du p
292 que l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou bien vous acceptez le régime — mais a
293 tuelle qui les conduit souvent à l’imbécillité et au vice. » Emmanuel Duvillard, L’École de demain, Genève, Kündig, 1918,
71 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
294 gageure de réformer l’école primaire sans toucher au principe de l’instruction publique. Les réformes qu’ils ont proposées
295 tats, on les fait trouver. Notez que cela revient au même, sauf que par la méthode nouvelle on atteint l’enfant plus profo
296 me officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où r
297 … Je songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement, et qui
72 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
298 quement irréalisable. Ici, je demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je me verr
299 l faut bien se représenter qu’elle n’était encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serait guère plus fo
300 ndront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans av
301 des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans avoir jamais sou
73 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
302 ime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’ au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle apprendra que le seul
303 d’un peu de bon sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je sui
74 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
304 les forces de réaction collaborent à leur manière au progrès, elles corrigent, stimulent, vivifient. L’École se contente d
305 e moyen de l’instruction publique, limite l’homme au citoyen. Il s’agit donc de dépasser le citoyen, de retrouver l’homme
306 u passé ne signifie pas que l’on désire un retour au passé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à co
307 e est un pis-aller, dont la méthode est le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit est la jalousie rancie armée de pédanti
308 tuel, d’une même mentalité. Elle s’est développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le
309 ur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons
310 . Il eût fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se représenter même très vaguement notre actuelle civi
75 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
311 l’importance primordiale dans le yoga correspond au garde-à-vous ! par quoi l’on impose au corps une immobilité absolue.
312 correspond au garde-à-vous ! par quoi l’on impose au corps une immobilité absolue. L’un et l’autre de ces exercices montre
313 haque matin l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à-vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs éner
314 chose longuement contemplée que de mille aperçues au passage. Ab uno disce omnes. Une minute de concentration intense déga
315 ourquoi l’aristocratie de l’esprit est nécessaire au bien public. Certains proposent en rougissant de leur hardiesse quelq
316 ent criminelles. Ce travers a été développé jusqu’ au ridicule par la démocratie. Les journaux, les cercles, les coulisses
317 e vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de la bourgeoisie qui se
76 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
318 ez-lui le Guguss 2, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève p
319 t à ces excès de langage. Je les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du problème que l’on peut ap
320 on publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentable, je poserai la question de savoir
321 stion de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent être légitimés par le but final de notre institution
77 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
322 ourant. Encore que je prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de ce
323 eux pour faire ici du sentiment, je suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier
324 nfance insouciante ? Qu’est-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs.
325 n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse en garde c
326 e la science appliquée. On nous faisait voir tout au long de notre histoire le Progrès constant de l’humanité vers les lum
78 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
327 me poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent autant de tort
328 rais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de
329 ts garçons. Revenons au civil. J’ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogie avec sa section
330 able virus de mesquinerie, et devrait être soigné au même titre que certaines autres maladies dites « sociales ». Je revie
331 n frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloche : l’odeur de goudron et d’urinoirs qui imprègne les
79 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
332 à chacune un certain nombre d’heures par semaine, au jugé. On s’arrange pour faire tenir dans cette classification le plus
333 articipants du Tour de Science doivent s’inscrire au terme de chaque trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture ont à r
334 la qualité et la quantité des efforts « fournis » au cours du trimestre. Ce phénomène déconcertant s’explique justement pa
335 igner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’avez-vous pas honte de vous fair
336 la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. Mais l’école veut qu’on commence par
337 es à la compromission sociale établie) et cueilli au passage un grade universitaire, prennent leur essor de chérubins du p
338 que l’école est publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou bien vous acceptez le régime — mais au
339 tuelle qui les conduit souvent à l’imbécillité et au vice. » L’école de demain, page 12. 5. Il est peut-être avantageux d
80 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
340 gageure de réformer l’école primaire sans toucher au principe de l’instruction publique. Les réformes qu’ils ont proposées
341 tats, on les fait trouver. Notez que cela revient au même, sauf que par la méthode nouvelle, on atteint un enfant plus pro
342 me officiel qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où r
343 … Je songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement, et qui
81 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
344 quement irréalisable. Ici, je demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je me verr
345 l faut bien se représenter qu’elle n’était encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serait guère plus fo
346 ndront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans av
347 des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans avoir jamais sou
82 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
348 ime contre la civilisation. Elle ne croit plus qu’ au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle apprendra que le seul
349 d’un peu de bon sens et d’information pour jouer au prophète, on nous promet de tous côtés de belles catastrophes. Je sui
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
350 les forces de réaction collaborent à leur manière au progrès, elles corrigent, stimulent, vivifient. L’École se contente d
351 e moyen de l’instruction publique, limite l’homme au citoyen. Il s’agit donc de dépasser le citoyen, de retrouver l’homme
352 u passé ne signifie pas que l’on désire un retour au passé. Mais la considération de régimes anciens peut nous amener à co
353 e est un pis-aller, dont la méthode est le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit est la jalousie rancie armée de pédanti
354 tuel, d’une même mentalité. Elle s’est développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le
355 ur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approchons
356 . Il eût fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se représenter même très vaguement notre actuelle civi
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
357 l’importance primordiale dans le yoga correspond au garde-à-vous ! par quoi l’on impose au corps une immobilité absolue.
358 correspond au garde-à-vous ! par quoi l’on impose au corps une immobilité absolue. L’un et l’autre de ces exercices montre
359 haque matin l’enfant parvenait à mettre sa pensée au garde-à-vous durant quelques instants, il s’épargnerait de longs éner
360 chose longuement contemplée que de mille aperçues au passage. Ab uno disce omnes. Une minute de concentration intense déga
361 ourquoi l’aristocratie de l’esprit est nécessaire au bien public. Certains proposent en rougissant de leur hardiesse quelq
362 ent criminelles. Ce travers a été développé jusqu’ au ridicule par la démocratie. Les journaux, les cercles, les coulisses
363 e vulgarité de mes attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de la bourgeoisie qui se
85 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henri Michaux, Mes propriétés (mars 1930)
364 peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au premier coup d’œil, assez dénuées de ces effets faciles qu’on aime à
86 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
365 où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus j’écoute encore une voix nue qui vient de d
366 désert qu’un sol dur aux genoux tends les mains au vent captif délivre un souffle tes lèvres battent doucement écoute-le
367 air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au regard le plus pur je suis à toi dans le triomphe du silence sereine
368 r te voir ? Maintenant je suis seul à redescendre au jour dans l’aube sans refuges… VI Prisonnier de la nuit mais plus l
369 ffeuille et se fane prisonnier d’une saison morte au tombeau des fleurs obscures les mains de l’absence se ferment sur le
87 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
370 Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)p 1. Un petit
371 allons ?) 2. En vérité, ce temps est peu propice au mépris et à l’adoration : où que se portent nos regards, ils rencontr
372 , professeurs, journalistes, spécialistes de tout au monde ; des jeunes gens qui ont fait leurs études à la Nouvelle Revu
373 des philosophes sans pente ni grandeur ; (Je mets au concours ce problème, d’ailleurs insoluble : « Peut-on discerner avec
374 fets, et qui paraît affecter d’un commun penchant au libertinage mental trois phénomènes littéraires partout ailleurs dive
375 s désirent également donner une solution décisive au problème de l’homme ; ils manquent également de cette énergie créatri
376 bien ! Mais qu’ensuite on fasse appel à Valéry ou au Surhomme, jamais absent d’ici, et je reprends ma liberté. Beausire ad
377 est une autre histoire. 10. Nous voici parvenus au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ai senti mes oreilles
378 ce petit écrit d’un mouvement naturel nous ramène au centre des seuls problèmes qui ne soient pas insignifiants, voilà qui
379 t voir que le maniérisme, non la substance. p. «  Au sujet “d’un certain esprit français” », Aujourd’hui, Lausanne, n° 22,
88 1930, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les soirées du Brambilla-club (mai 1930)
380 en taxi, « nous deux le fantôme » comme on disait au village où je suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôm
381 à, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au chauffeur l’adresse d’un ogre. C’est tout près parce que j’ai peur. E
382 parce que je me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le confie pas sans un secret tremblemen
383 ones et aiguës, comme la pluie dans les campagnes au printemps. Ou encore : comme la lecture des romans anglais, les loisi
384 vre la liberté. (Je pense à la boussole autant qu’ au sens moral.) Le goût de se perdre est un des plus profonds mystères d
385 e basse, rougeoyante, campagnarde. ⁂ La sauce est au rôti ce que le style à la pensée. Il arrive qu’on parle, en art culin
386 Francis de Miomandre n’est pas là. Il a téléphoné au début de l’après-midi qu’il commençait un roman. Son absence nous fer
387 de neige. On la sent prête à fondre de tendresse au premier regard. Mais non, trop bien élevée, elle se ressaisit, pense
388 n’est pas là, mais bien Dollonne, ce qui revient au même. Une femme fatale et un grand incompris sont là. Enfin, Jean Cas
389 t des participants ; calculez l’âge du capitaine. Au dessert, chacun y va de son petit miracle. Jaloux et Dick conversent
390 Ce vagabondage désespéré dura plusieurs semaines, au terme desquelles, épuisé de corps et d’âme, et n’ayant pas écrit une
391 de bruits de lavabos et de coups de cloche débile au corridor, — à Paris. Bientôt… Mais il est temps de mettre à ces fari
89 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
392 ous avons vu des amateurs de pittoresque essayer, au hasard, des incantations tout juste bonnes à évoquer la basse pègre d
90 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Pierre-Quint, Le Comte de Lautréamont et Dieu (septembre 1930)
393 nt, c’est sa « révolte absolue », forcenée, jusqu’ au rire dément, — ses injures de Caliban littérateur. Dans un chapitre e
394 grandiloquence « antilittéraire » et des révoltes au hasard d’un Maldoror. Elle demande une pensée forte et orientée plutô
91 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie I (octobre 1930)
395 e 1930)bh à Albert Gyergyai. 1. Le dormeur au fil de l’eau Où s’asseoir ? Le pont est encombré de jambes de dorm
396 e : « Bonsoir, Monsieur, je suis fatigué, je vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardessus, me
397 sieur, je suis fatigué, je vais au lit… » C’était au vestiaire, il enfilait une manche de pardessus, me donnait l’autre à
398 serrer, la main n’étant pas encore sortie… Dormir au fil de l’eau, entre l’étrange nuit d’un autre bal et cette perspectiv
399 uit d’un autre bal et cette perspective de voyage au hasard et commencé dans l’insomnie — vrai voyage à dormir debout… ………
400 et déjà nous passons sous de hauts ponts sonores, au long d’un quai tout fleuri de terrasses ; on nous déverse dans cette
401 ns les bazars, aux étalages des fêtes populaires, au fond des boutiques de vieux en province, dans les combles d’un châtea
402 faut se taire pour écouter ce qu’il entend. 3. Au tombeau de Gül Baba Dans Bude il y a des ruelles qui sentent encor
403 ontré en passant des murs brunis qui rougeoyaient au sommet du Rozsadomb — la Colline des roses. Une ancienne mosquée, dis
404 renoncé à convaincre le réel de mystère. Montant au Rozsadomb par ce matin brûlant, je savais bien que j’obéissais à ce q
405 t je grimpais gravement comme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On passe une bar
406 mme je ferai, je pense, au jour de mon pèlerinage au Temple de l’Objet inconnu. On passe une barrière, une cour vide ; on
407 là qu’on entre. Murs nus. Un catafalque de bois, au milieu, recouvert d’un très beau tapis mince, ou bannière, avec des c
408 est racontée sur un papier jauni encadré et fixé au mur. Gül Baba est le dernier héros musulman qui ait fait parler de lu
409 t français. J’expliquais donc que je ne voyage qu’ au hasard, et pour rien ni personne. Sur quoi : « Monsieur a du temps à
410 es avec des verres et des bouteilles sont placées au hasard dans l’espace vide où tourne la fumée des cigares. Assis sur l
411 ant, la réalité d’un pays apparaissant en général au voyageur de ma sorte sous ses modalités sentimentales plus que docume
412 époque, beaucoup ont dû louer des taxis démodés, au tarif inférieur. Des chauffeurs vautrés, la casquette de travers sur
413 nt pas perdu le sentiment qu’ils sont en scandale au monde moderne. Voilà ce qu’on ne dit pas dans les dépêches d’agence :
414 toyens ! Si vous ne venez pas tous vous présenter au roi, vous perdrez la tête. Donné à Bude. Le roi. » 10. Visite à Ba
415 Kassák, nettement internationaliste de doctrine, au lyrisme neuf et parfois sauvage, social ou futuriste, et dont la « fu
416 i poète, et très belle), nous inscrivons nos noms au charbon sur le mur chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille
417 ne à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en blanc arrive
92 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hölderlin, La Mort d’Empédocle et Poèmes de la folie (octobre 1930)
418 dans la profondeur ». Comment ne point songer ici au génie qui, dans le même temps, figure l’antithèse de Hölderlin : l’« 
93 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Voyage en Hongrie II (novembre 1930)
419 emmêler les cheveux, glacer le masque et appuyer au front comme une caresse indéfinie de la puissance. Soir de voyage, to
420 et par la seule ligne dure de l’horizon s’oppose au ciel qui retire ses lueurs. Ciel blanc, où très peu d’or rose s’évano
421 bscurité qui sent l’enfer. Je ne pense plus qu’ «  au souffle »… Mais alors tout s’allume et voici la nuit des faubourgs de
422 ont arrêtés dans cette plaine. Mais c’est le soir au camp, perpétuel. Une lassitude de steppe brûlante, des ondulations l
423 e », dans un sens vaste et mystique, elle le doit au charme égyptien du peuple errant qui lui donna sa musique nationale17
424 m’empêchera pas de m’y sentir au bout d’un monde, au bord extrême de l’Europe. Le hasard a voulu que j’y entende, un soir,
425 comparées par un folkloriste aux yeux ardents et au visage mongol. Il jouait des phrases simples, tragiques, à peine modu
426 feraient peur aux femmes, cet objet dont parfois, au comble de la turbulence de tes jeux, un violon décrit vite quelque ch
427 tout d’un monde où si peu vaut qu’on le conserve, au long d’un chemin effacé par le vent sur la plaine… Ils l’ont perdu co
428 vent sur la plaine… Ils l’ont perdu comme un rêve au matin s’élude, — et leur musique seule s’en souvient. Trésor si pur q
429 e l’abandon —, car voici qu’à son tour il s’égare au bras d’une erreur inconnue, ton fantôme éternel, ton « Désir désiré »
430 rtes aveugles (j’avais peur du bruit de mes pas). Au hasard, j’ai suivi des sentiers dans les champs de maïs, épiant la ve
431 d’être n’importe où… évadé ? Mais soudain, c’est au silence que je me heurte, comme réveillé dans l’absurdité d’être n’im
432 la débauche. Notre liberté de penser est absurde au regard des contraintes que subissent nos gestes. Imaginer ce qui se p
433 ons de vivre. La maladie aussi. Rien ne ressemble au voyage comme la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dé
434 u voyage comme la maladie. C’est la même angoisse au départ, le même dépaysement au retour. « Il revient de loin » signifi
435 t la même angoisse au départ, le même dépaysement au retour. « Il revient de loin » signifie qu’il vient d’être très malad
436 imer ; les autres, aimer pour connaître, alors qu’ au point de perfection, aimer et connaître sont un seul et même acte. Pe
437 rêve, d’une plaine, d’un couchant plus grandiose au ciel et sur la terre plus secret que dans ton pays. Tu attendais une
94 1930, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Charles Du Bos, Approximations, 4e série (novembre 1930)
438 ’aussi près qu’il m’était possible, non seulement au point de vue, mais à la complexion, à la nature même de l’auteur, — l
439 s a placé cette parfaite définition de sa manière au seuil de la 4e série de ses Approximations ; elles forment, tant par
440 le créateur. Car une telle conscience appartient au critique avant tout, et c’est pourquoi il fait de la critique en prés
95 1930, Foi et Vie, articles (1928–1977). « Pour un humanisme nouveau » [Réponse à une enquête] (1930)
441 hénon et le courage de Mucius Scevola. On croyait au progrès, sous n’importe quelle forme. Brusquement, nous voici « gagné
442 on du gentleman. Le rabais est notable. On solde. Au rayon des idéaux de confection voici le Citoyen du Monde, voici le Bo
443 main. Être véritablement homme, c’est avoir accès au divin. Que sert de parler d’humanisme « chrétien » ? L’humanisme est
444 nouvel homme. Tout humanisme véritable conduit «  au seuil » : et qu’irions-nous lui demander de plus, s’il laisse en blan
96 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). André Malraux, La Voie royale (février 1931)
445 ut. » Refus des « conditions » de la vie sociale, au profit d’une volonté de puissance dont l’objet demeure assez incertai
446 mystère qui entoure Perken durant tout le récit, au travers des aventures des deux explorateurs aux prises avec les fièvr
447 rêt tropicale, puis avec les sauvages Moïs, donne au personnage un relief étonnant, mais contribue à créer des obscurités
448 ne se sent pas complice de ses secrets desseins. Au reste, le livre s’achève par sa mort, sans qu’on ait pu distinguer ne
449 ts par Rembrandt, et qui permet de les identifier au premier coup d’œil, ce « commun dénominateur » d’expression et de mas
450 dément ressemblant du maître ? Ainsi apparaissent au travers des actions et des discours d’un Garine, d’un Perken, les tra
97 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Sécularisme (mars 1931)
451 qui était avant tout un art. La nôtre ayant voix au forum discute autant qu’elle n’invente ou qu’elle ne stylise. On peut
452 ns et les massacres en Chine, les emprisonnements au Tonkin. Et non Bouddha13. — La liberté est un pouvoir réel et une vol
453 ose quelque chose d’assez hideusement provincial, au pire sens du terme. M. Nizan se refuse à montrer aucune compensation 
454 érer toujours le « distingué » et le « conforme » au vrai. Mais n’est-il pas grand temps de dépasser une réaction de vulga
455 abriel Marcel dans une belle conférence prononcée au Foyer des étudiants protestants, et que la Nouvelle Revue des jeunes
456 nt : il y a lieu de s’attrister. Si vous demandez au philosophe de quel droit il pratique cet étrange sectionnement, il au
98 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Une exposition d’artistes protestants modernes (avril 1931)
457 és de style ? — On s’y serait attendu. Une visite au salon de la rue de Vaugirard nous invite à renoncer à ces clichés. Pa
458 lyrisme de couleurs. Zingg avec un « Enterrement au Pays de Montbéliard » grave et serein. Deux petits Lotiron font un co
459 protestants, 46, rue de Vaugirard, du 20 février au 8 mars 1931.
99 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Conférences du comte Keyserling (avril 1931)
460 ’École de la Sagesse de Darmstadt vient de donner au Trocadéro trois conférences sur les problèmes fondamentaux de la civi
461 incu d’une spiritualité dont il annonce le réveil au sein même du triomphe des machines, Keyserling apparaît comme un type
100 1931, Foi et Vie, articles (1928–1977). Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai 1931)
462 Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche par Maurice Baring (mai
463 ns visible, mais dont la présence constante donne au livre toute sa gravité. Maurice Baring exprime ce troisième sujet par
464 umain. Si le rôle de l’art est d’affiner nos âmes au contact de réalités plus pures que celles de la vie courante, on peut
465 re est sans doute de faire sentir et « réaliser » au lecteur le tragique de la durée d’une vie. M. Baring nous fait suivre
466 plus que de faire comprendre la réalité. Et c’est au cours des quarante pages qu’il consacre à la « conversion » au cathol
467 quarante pages qu’il consacre à la « conversion » au catholicisme de la princesse Blanche. Arrêtons-nous un peu à l’examen
468 . Mais le mot conviction ne doit être pris ici qu’ au sens le plus conventionnel. Car à une tante anglaise qui lui exprime
469 La Princesse Blanche, ce sont deux prêtres19 qui, au moment décisif, viennent apporter ce dur message à l’âme de celle qui
470 En voici la conclusion. (C’est Blanche qui parle au père Michaël.) Vous comprenez tout à présent. Je vous demande seulem
471 is pas plus loin. Et c’est ainsi que de ce roman au charme pénétrant et presque trop certain, sourd, comme dit Charles Du
472 là la tristesse que Baring excelle à suggérer, qu’ au deuxième mouvement, au mouvement lent, du Quintette, Schumann a enclo
473 ing excelle à suggérer, qu’au deuxième mouvement, au mouvement lent, du Quintette, Schumann a enclose et embaumée ». « Tri
474 aleux de parler de conversion d’un protestantisme au catholicisme ou l’inverse. On ne se convertit pas à quelque chose. On
475 arlerait pas autrement. 20. Pages 495-499. g. «  Au sujet d’un grand roman : La Princesse Blanche de Maurice Baring », Fo