1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 herlant, le sport et les jésuites (9 février 1924) a M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme l’un des hérit
2 ittéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de n’ avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice que
3 on premier livre, il s’est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes g
4 quée encore et nuancée jusqu’à l’ennui. La guerre a donné le coup de grâce à cet esthétisme énervant qu’on appelle symbol
5 tisme énervant qu’on appelle symbolisme ; et elle a donné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sortie
6 utre philosophie est celle de l’antique Rome, qui a inspiré le catholicisme, la Renaissance, le traditionnisme et le nati
7 arquons toutefois cette séparation, que Maurras n’ a pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le
8 n’est décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t -il manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le co
9 nqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a saisi
10 llège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’ a saisi aux pattes de la guerre encore contus de huit coups de griffes
11 chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’ a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une
12 de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une façon
13 façon obsédante, le rythme de la guerre. Du moins a-t -il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bou
14 être administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours d
15 faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’ a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement
16 erlant est justement un des premiers Français qui ait compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le style e
17 désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t -il touché la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à
18 es assez fortes pour pouvoir tout lire, et il n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler un
19 e s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui a quitté le stade, se rendra mieux compte à distance de la contradictio
20 etenue de l’âge mûr, cette « limitation » que lui ont enseigné le sport et les anciens. J’admets que ses « idées générales 
21 ntherlant légitime une telle « simplification ». a . « M. de Montherlant, le sport et les jésuites », La Semaine littérai
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
22 cisme de David et d’Ingres, les peintres français ont accompli, durant le xixe siècle, une exploration merveilleuse dans l
23 s à leur point de départ. Mais leurs recherches n’ ont pas été vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus c
24 nt l’avènement d’un classicisme nouveau. M. Meili a mis en évidence cette courbe de la peinture moderne avec une netteté
25 ief remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’on a pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la fa
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
26 Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925) a Henry de Montherlant, héritier d’une tradition chevaleresque, mène
27 il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir contemplé Verdun, en tête à tête avec le génie de la mort. Mais alors
28 ie l’exalte de nouveau d’un large vent de joie. a . « Henry de Montherlant : Chant funèbre pour les morts de Verdun (B.
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
29 tte mystification : la plupart des surréalistes n’ ont rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en do
30 igent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de métaph
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
31 s le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en a connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui se
32 ents. Le miracle, c’est que le plus sauvage génie ait choisi un être de cette espèce pour le tourmenter et le transfigurer.
33 ur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de n’ avoir rien caché des médiocrités de cette vie : les reproductions qui suive
34 motif à l’admiration que tout le lyrisme dont on a voulu charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cherch
35 harger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’ a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion de
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
36 accourues, il meurt en clamant la paix. M. Fabre avait là les éléments d’un grand roman : autour d’un sujet de vaste envergu
37 le richesse psychologique. En fermant le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il 
38 fermant le livre on a presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de sty
39 d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre a tenté, et en somme, réussi, une entreprise bien téméraire de nos jour
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
40 our provoquer cette confrontation seulement qu’on a imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de
41 sentation vague et poétique. « Orient…, toi qui n’ as qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’i
42 Orient…, toi qui n’as qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’il s’agit, et Jean Schlumberger
43 rabie, Indes et Chine sous une dénomination qui n’ a de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un class
44 sance de choix », dans le génie d’abstraction qui a produit la géométrie grecque. D’autres attribuent cette supériorité a
45 tes ces opinions ; et ceux qui avouent n’en point avoir , sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conclusions ou int
46 utes les réponses, conclusions ou interrogations, ont le défaut de n’être pas suffisamment motivées par des faits et des do
47 ’éducation historique des peuples chrétiens qui n’ ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la re
48 on historique des peuples chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion
49 agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos, a trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement p
50 ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous aurons entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe « conscie
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
51 t un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’ a peint « par le dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci p
52 r, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’ a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement da
53  il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’ a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve êt
54 n ; mais, puissante de sûreté et d’évidence, elle a cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie d
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
55 dition Fischer passait pour « la centrale où l’on avait concentré la dynamite internationale qu’Ibsen voulait placer sous les
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
56 rce qu’il sait en sortir parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses
57 gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quel
58 elque superficialité, du moins faut-il le louer d’ avoir conservé une vision générale de notre temps et un évident besoin d’im
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
59 sion de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il n’y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de bar
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
60 ns l’époque romantique un témoin dont le jugement eut « l’autorité d’un verdict essentiellement chrétien sur le mysticisme
61 qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’ a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines crit
62 oncerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines critiques.
63 ritiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’ ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèrement l
64 n dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’ avait trouvé. Mais sa position purement chrétienne — un mysticisme de cadre
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
65 ez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l’ ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-il influence ou seuleme
66 e l’ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t -il influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des
67 e, foulant les hautes herbes du ciel. » Le gaucho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue que l’univers int
14 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
68 tte libération, un Yeats, un A.E., bien d’autres, ont su payer de leur personne. Effet, puisque l’héroïsme d’une révolution
69 s commentaires parfois un peu copieux ; mais elle a la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit d
15 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
70 avec ses écumeurs ? Déjà un Mac Orlan, un Kessel ont donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme
71 t tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction françai
72 s commençons aujourd’hui un roman bien différent, a vu la Révolution sans romantisme, dans le détail de la vie d’une vill
73 les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur a dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église,
74 Anglais) : Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si f
75 : Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort
76 vitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’il avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la fin po
77 ière et peut-être du monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna ju
78 ique ne détermine l’avenir le plus proche. Il n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilité
16 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
79 des « Amis de la pensée protestante ». M. Guisan avait choisi un sujet qui permet de façon particulièrement frappante la com
80 es. Primitivement, le Saint est un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très vite on étend l’appe
81 ontinue à faire des saints, tandis que ce terme n’ a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ?
82 là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’ avoir méconnu l’élément de grandeur morale que les saints maintiennent dans
83 me ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestantism
84 ns, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignement de J
85 t l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’ a voulu restaurer le protestantisme. La place nous manque pour louer co
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
86 époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on court
87 fini, et l’on court après sans fin. Même ceux qui ont perdu la croyance en un bonheur possible ou désirable subissent cette
88 els. Il y a encore les hommes politiques, mais on a si souvent l’impression qu’ils battent la mesure devant un orchestre
89 ttre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains ont perdu le sens social. Cela devient frappant dans les générations nouv
90 tion ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’ils ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière,
91 ’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils ont construit des édifices très différents de style, et dont les façades
92 vec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’ a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs aut
93 l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’ a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3. I
94 de sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout a été essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien ne
95 udra bien se remettre à manger, tout de même nous avons un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution toujours 
96 phlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement qu
97 derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il n’ a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la b
98 des inquiétudes modernes : la perte d’une foi. Il a besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-ê
99 des façons de vivre autant que de penser qui les ont amenés aux positions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dan
100 cte vraiment indéfendable de tout point de vue… J’ avais goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chériss
101 es à mépriser les longues vies heureuses que nous avions jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de toutes les
102 réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors
103 pour marquer l’aboutissement d’une évolution qui a son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, l
104 tuite que prétendent mener les surréalistes, il n’ a fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des roman
105 toute chose, au-delà de toutes limites. « Il n’y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur
106 jusqu’à ses dernières conséquences suppose qu’on ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par ense
107 pe une civilisation mécanicienne. (Les machines n’ ont pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plus i
108 re d’avant-garde est fille de la fatigue. La Muse a trop veillé. L’amour moderne, nerveux, saugrenu jusqu’au sadisme, tro
109 gues est cet état presque inhumain de celui qui n’ a pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automa
110 es, quels Niagaras 9 !) Quelques jeunes hommes l’ ont compris. Ils sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils sav
111 tres de leurs corps exercés, ils savent qu’il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté q
112 nsée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effor
113 nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur a l’eau claire !) Quelques autres se recueillent encore dans l’attente
114 Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une manière
18 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
115 s à Sainte-Croix, mais à Aubonne. Un plein succès a répondu à cette innovation. Le sujet de la première partie des confér
116 x ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent
117 ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent l’
118 issionnaire dans ces milieux, comme M. Terrisse l’ avait fait le soir avant pour les milieux d’ouvriers noirs au Cap. Sans tou
119 de partis, avec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies,
120 vec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, J
121 e mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond ont su arracher leurs auditeurs de leur lit de préjugés pour les placer v
122 trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’ a pas connu l’atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plus aé
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
123 a mort », un titre s’effaçait dans l’ombre. Jouve a rêvé une histoire de passion mystique et de crime, intense et tragiqu
124 d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel. Il l’ a transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un songe,
125 aisement d’une vieillesse au soleil. Jouve semble avoir hésité entre plusieurs styles de roman. Un chapitre d’observation psy
126 onde. (Il serait aisé de montrer quel parti Jouve a su tirer des complexes de famille freudiens, ou d’analyses de démence
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
127 6)q Un artiste de grand talent à qui la guerre a fait perdre le goût des théories d’écoles et de quelques autres plais
128 te de ses péripéties. Quel dommage que l’auteur l’ ait alourdi d’une idéologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui eût
129 éologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui eût gagné à être mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de M
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
130 emières pages, mais qu’il faut louer Mme Rivier d’ avoir posé courageusement. Dirai-je que l’abus des points d’exclamation — t
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
131 Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvr
132 étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de criti
133 de beaucoup les limites de cette école, et qu’il eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiq
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
134 sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il n’ a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec s
135 ntelligence parvenue au point où elle « ne semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une intelligence qui s
136 s cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait -il le courage de prier… u. « René Crevel : Mon corps et moi », Bibl
24 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
137 és de Janson, de Brémond, j’en sais plusieurs qui ont ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui
138 les. Mais ce qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les discussions entre de Saussure et Bertrand, q
139 ine forêt, où Henriod debout sur un tronc coupé n’ eut pas trop de toute sa souplesse pour maintenir l’équilibre des discuss
140 , vint annoncer qu’on était libre — comme si on l’ avait attendu pour le manifester ! — et qu’il suffisait de souscrire à la b
141 re de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’ ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom
25 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
142 est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’ avoir pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentemen
143 image puissante qui actionne notre esprit » après avoir été créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi que le problème de
144 n en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’ avoir trouvé la formule même de tant d’aspirations modernes. Voici sans auc
145 pre de l’homme. Toutes les civilisations fortes l’ ont osé. Créer un espace architectural lumineux à la place de nos cités c
26 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
146 — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autr
147 squement les éléments désaccordés de ce moi que j’ avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premiers jours
148 rétendre les résoudre, mais que je dois feindre d’ avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base.
149 i s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’ aurai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me
150 arde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’ a que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je
151 nt. En priant, je m’arrête parfois, heureux : « J’ ai donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne fau
152 peut dicter que les gestes les plus favorables. J’ ai d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela se
153 les prennent un caractère de certitude qu’elles n’ avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Q
27 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
154 tions nécessaires, défauts auxquels Montherlant n’ a pas toujours échappé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne d
155 uissante à la fois et désinvolte de son récit. On a souvent parlé d’excès de lyrisme à propos des premiers ouvrages de Mo
156 ière descendante, les prunelles laiteuses du dieu avaient un reflet bleu clair, soudain inquiètes à l’approche de l’inconnu. N
157 ent naturel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’ avons -nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est
158 la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ ai pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui échapp
159 la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188) Je n’ ai pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciseraient
28 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
160 Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926) a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont o
161 us la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes ont dénoncé certaines des confusions sur quoi se fondent ces poétiques es
162 rs des plus tenaces de ces confusions. M. de Traz a visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux
163 , ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous ont habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus
164 aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’ avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certaines pages
165 ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir
166 de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’ ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouv
167 fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouve si juste : « Ce qui d
168 péril oriental très pressant, ni surtout que nous ayons à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulm
169 a nôtre. » La place me manque pour parler comme j’ aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance mo
170 ré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’ a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir parto
171 . Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris. a . « Le Dépaysement oriental », Journal de Genève, Genève, n° 192, 16 j
29 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
172 qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez a donné la première œuvre importante du mouvement de construction et de
173 les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a tout le talent qu’il faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voic
174 issance personnelle. Après quoi il écrit : « II y a , en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’e
175  » — que la psychologie freudienne et proustienne a porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newm
176 les exemples d’un Meredith et d’un Stendhal, qui ont su « penser dans le train de l’action, faire de la psychologie à la v
177 le plus encombré et le plus impur qui soit. On n’ a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme
30 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
178 prairies espagnoles pleines de simple grandeur, j’ ai supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurologi
179 nt éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui
31 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
180 t au pas des Cascine. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur,
181 é dans une beauté que saluent tant de souvenirs n’ a d’autre nom que celui de l’instant, ô mélodieuse lassitude. Vivre ain
182 silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’ a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’est qu’odeurs, formes m
183 ne barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux ont regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que
184 de sommeil. Une lampe dans la maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fle
32 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
185 Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman a le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphère trop
33 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
186 et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait p
187 points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne le paraissent point.
34 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
188 probité intellectuelle ou de courage moral, nous avons élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous les dé
189 ’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’ a pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’y plus rien co
190 arler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter h
191 faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, celui-là même qui aboutit nag
192 sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y a pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais que
193 vive, un élan vers certain but précis. Ou bien j’ aurais juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettrai à l
194 faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui m’ a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait.   Second exemple. — J’épr
195 us ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens
196 les sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou
197 , d’Arland, de Soupault et surtout de René Crevel ont donné les exemples les plus récents et significatifs ? Tous ces livre
198 le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant. J’ ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recu
199 mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité,
200 tion de moi-même. Par les fissures, un instant, j’ ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps
201 i rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui. J’ ai dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il fau
202 il conclure avec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme é
203 une différence. Pourquoi les romanciers modernes ont -ils tant de mal à créer des personnages ? C’est parce qu’une sorte de
204 sonnalité, car l’analyse la plus savante, comme l’ a fort bien dit Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du moi, mo
205 F. Raub. La sincérité obstinée d’un Rivière n’ a plus rien de spontané. En quoi est-ce encore de la sincérité ? Trop s
206 s menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut se maintenir dans cet
207 ry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’ avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’offrai
208 e fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’ ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies émanait
209 laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but
210 vers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n’ a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de nom
211 er exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’ aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleu
35 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
212 Avant-propos (décembre 1926) a Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de débu
213 et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nou
214 u à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a pu paraître parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous ép
215 oi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de
216 pressons de vous laisser le soin de juger si nous avons de quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est
217 ns de quoi faire les modestes…   Être nous-mêmes, avons -nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette
218 c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique
219 e par la grâce d’une volonté sans doute divine… a . « Avant-propos », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève
36 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
220 d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils m’ ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux qu
221 vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On a l’hallucination du décor des capitales, créatrice d’un merveilleux de
222 n des plus significatifs du romantisme nouveau. J’ ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendresse
37 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
223 rbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’ avait compté jusqu’alors que d’authentiques avocats et un chapelier dont to
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
224 vier 1927, l’information suivante : Mardi dernier a été célébré en l’église grecque de la rue Georges Bizet le mariage de
39 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
225 de l’Université, en introduisant le conférencier, a fait allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pou
226 ait allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au p
227 t un des actes les plus vexatoires que l’histoire ait enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France de l’édit, vict
228 vexatoires que l’histoire ait enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France de l’édit, victorieuse dans la guerre de
229 e facilement convaincre. D’ailleurs, les jésuites ont déjà réussi à « tourner » l’édit par mille arguties juridiques. Et le
230 ans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutio
231 Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’ ont commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre de plu
40 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
232 froideur que l’on dirait désintéressée si elle n’ avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu
233 le qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’ a pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre,
234 ée. Seules la souffrance ou de secrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur c
41 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
235 qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’ a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne pa
236 phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on di
237 es. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre, j’ ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus do
238 t que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai déc
239 s mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existiez
240 je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus d
241 vous existiez en moi, à certain désagrément que j’ eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage de l
242 eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ ai plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’avais de
243 rage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en
244 amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d’une foi
245 s, maintenant, je pense que ces regards croisés n’ avaient aucune signification et que mon anxiété seule leur prêtait quelque in
246 Même, je fus obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait mon dé
247 ue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin… J’ avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aube par
248 ophones. Sortie dans un matin sourd, frileux, qui avait la nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma ta
249 , comme une femme nue dans une chambre étroite… J’ ai dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la crai
250 s aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la
251 ndue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasser
252 a croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu monter, mais l’idée de vous trouver peut-être assise en face de
253 autobus passaient par groupes. Plusieurs fois, j’ ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avai
254 aître dans la foule qui se précipitait, mais je n’ avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous v
255 mme révélait soudain un trait de votre visage. Il aurait fallu courir après celle-là qui venait de tourner à l’angle de cette
256 i venait de tourner à l’angle de cette rue et qui avait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin o
257 rieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’était penché
258 avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que j’ ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telleme
259 l. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être maint
260 orrespond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’ ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décepti
261 is encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai -je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, c
262 e que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n
263 gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom
42 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
264 te d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d
265 ir m’empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins consciemment concerté la possibilité. Orphée, par exemp
266 t cette phrase, c’est un cheval savant qui la lui a dictée : « Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’est pas u
267 mme dictées de l’inconscient, au fond desquels on a si vite fait de distinguer les quelques préoccupations assez simples
268 a aussi des sortes de calembours… Art chrétien, a-t -on dit5. Certes, cette pièce n’est pas dépourvue de certaines des qua
269 le mystère d’un trait pur. Il semble que Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette admirable m
270 le mystère ne peut plus dépasser l’auteur : il l’ a trop bien organisé. En somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’es
271 somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’est d’ avoir réussi complètement une pièce, prouvant une fois de plus que l’atmosp
272 ès la théorie. Parce qu’une fois de plus, Cocteau a comprimé des pétales de roses dans du cristal taillé, selon toutes le
43 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
273 fin de la semaine. « Messieurs, disait Dardel, y a pas à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvo
274 calembours… Pénétrés d’horreur, les bellettriens avaient fui. Au détour d’une ivresse, ils rencontrèrent une créature évadée d
275 es. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’ a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate que jamais « la Montagn
276 rassé Potemkine était interdit à l’écran. Pitoëff avait prêté un accent, Mme d’Assilva deux actrices, M. Grosclaude son fils
277 les neiges. Un jour, on s’aperçut que cette chose avait recommencé, qu’on appelle, sans doute par antiphrase, la vie. 6. R
44 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
278 Edmond Jaloux, Ô toi que j’ eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un ho
279 emple rare d’un homme que son évolution naturelle a rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’e
280 e Jaloux. Et peut-être que la comtesse Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’a
281 Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces co
282 Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’ aura pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facileme
283 me on aime une petite maison de province quand on a failli hériter de Chenonceaux ». Peu à peu l’image d’Irène Rezzovitch
284 ans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’elle l’ aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision pr
285 ans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux a trouvé là un sujet qui convient admirablement à son art, où s’unissen
286 aison ignore ou tyrannise aveuglément, car « nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est p
287 fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles ont fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incompris,
288 mis inconnus. af. « Edmond Jaloux : Ô toi que j’ eusse aimée… (Plon, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
289 renversé, maisons obliques, montagnes russes. (J’ ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin l
290 certaines théories sur le rêve, le peuple, qui n’ a pas vu ces dessous mais accueille le résultat avec la naïveté qu’il f
291 ualifié : c’est peut-être le premier film où l’on a fait du ciné avec des moyens proprement cinégraphiques. Ici le geste
292 e, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans cesse envie de crier : « Trop de gestes ! » C’est une question d
293 une sorcière transforme un homme en chien, cela n’ a rien d’étonnant au cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne s
294 ’est une réalité aussi réelle que celle dont nous avons convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « normal » n
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
295 le équilibre, les tendances que ses contemporains ont poussées à l’extrême avec moins de prudence mais aussi de lucidité. S
296 aits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t -il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditio
297 décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défini quelques « positions en face de l’inquiétude », M. Rops consid
298 e paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’ a-t -il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprê
299 conjointes de l’inquiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. « Daniel-Rops 
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
300 puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire dés
301 faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vous no
302 ire de condamné à mort et à l’éternité. Le diable avait pris des avocats dont les plaidoyers, tissus des mensonges les plus b
303 as de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez dit : « C’est incompréhensible ! » — avec une indignation où j’admire
304 aresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous ont délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous
305 euses, de bravades et de faciles tricheries8 — qu’ ait connue l’esprit humain. Sens de l’Absolu, sens de la pureté ou fanati
306 réalité morale absolue que certains d’entre nous eussent acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans cesse à
307 de l’infini, et cet infini nous écrasait. Comment aurions -nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont
308 sort communément heureux de nos contemporains qui ont puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de rejeter définitivement
309 er. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vo
310 ines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau rir
311 ression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de Paris.
312 n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’avoir pas la tête en bas par rappo
313 r que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’ avoir pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques gestes encore, int
314 l y a un an, tel soir de colère où le thermomètre eût indiqué 39° selon toute vraisemblance. Et voici Aragon revêtu d’une d
315 830, une théorie du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’être pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encor
316 m revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’ a jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup q
317 qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle n’ a pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’
318 e craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ ai soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité v
319 s toutes — de novembre 1926.   2 mai 1927. « Nous avons dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de p
320 s. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’ a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis d
321 intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’ avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’êtr
322 gés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’ aurais en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulier impe
323 ait sur l’incertain », c’est un académicien qui l’ a dit. Voulez-vous me faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mai
324 re plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand ils ont montré à l’origine de telle doctrine mystique
325 y a des gens qui croient avoir tout dit quand ils ont montré à l’origine de telle doctrine mystique une exaltation nerveuse
326 raphiques à la raison ? Eh bien, c’est vous qui l’ aurez voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. N
327 ue je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, com
328 iques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pour Horace, Montaigne, Desc
329 r Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas s’acoquiner
330 sprit, on ne va pas s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une révolution en fonction du capitalisme. Est-c
331 ue et de crier rouge pour la simple raison qu’ils ont dit blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français » qui s’
332 a quatrième dimension. Aragon et les surréalistes auront raison même encore s’ils ont tort, envers et contre toutes les critiq
333 les surréalistes auront raison même encore s’ils ont tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur adres
334 pourrait leur adresser, parce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils sont la vie, même quand ils appellent la mort,
335 e, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils ont la passion et l’incommunicable secret de l’invention.   Il nous faut
336 sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous avions besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était devenu
337 disque de gramo comme par hasard nasille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille divagu
338 s, et aussi pourtant des histoires de copains qui ont mal tourné, on pensait bien, ah ! cette jeunesse, mais voyons des aff
339 ve-Fribourg, n° 5, avril 1927, p. 131-144. k. On a conservé la graphie de l’original, sans doute voulue par l’auteur.
48 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
340 eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cet
49 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
341 iques autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres don
342 ouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être a
343 inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de s’astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout e
344 et qui tout en s’épurant dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élément de vitalité comb
345 une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuellement, M
346 lle d’hôtel en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais au
347 e et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la peint
348 Comme peintre religieux, il se cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières toiles, d’une plus grande
349 mélange de Rops et d’Ensor ; pensait-on… Déjà il avait des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà paraissai
350 aient dans les Voix (cette courageuse revue qu’il avait fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impétueux ré
351 rles Humbert livré à sa fougue originale. Il y en a plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint par lu
352 e cou robuste, les mains d’un si beau dessin, qui ont du poids et nulle lourdeur, tout cela communique une impression de pu
353 lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du terme
354 son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il avait pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour les jeun
355 peu des choses bien curieuses sur son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et d
356 venir de Charles Harder, qui est mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûr
357 t jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditionnelle, d’un
358 ne, un sculpteur qui saura s’imposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on pouvait tirer des principes cubistes dans
359 inement sa vie propre. Depuis, Léon Perrin semble avoir évolué vers une plus grande harmonie de lignes. Je pense surtout à se
360 n de style donnée par le cubisme aux artistes qui ont su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubist
361 Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des circ
362 , notre but serait suffisamment atteint si nous n’ avions fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune peinture orig
50 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
363 st un tailleur, biblique, austère et probe, qui n’ a d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualité
364 nd de l’étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob a renié ses parents, non leurs ambitions. Surmontant son dégoût, le pèr
365 oisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’ avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. « Bernard Le
51 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
366 René Crevel, La Mort difficile (mai 1927) ai Le jeu de tout dire est une des plus tragiques inventions de l’inq
367 et un sérieux humain qui forcent la sympathie. ai . « René Crevel : La Mort difficile (S. Kra, Paris) », Bibliothèque un
52 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
368 tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’ ai la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragique
53 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
369 ine. Encore un ? Non, enfin un. Tous les autres y ont apporté de secrètes complaisances, ou une arrière-pensée d’apologie,
370 u’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’est
371 les « éclats de l’impuissance ». Un plus délicat eut compris que certains des morceaux très divers qui composent ce livre
372 r chez les jeunes écrivains français un homme qui ait à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique d
373 e par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’ avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’est que le triomphe de la litt
374 le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’ avoir su en garder une passion pour la pureté, un « jusqu’au boutisine » qu
54 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
375 et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’ a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dép
376 er. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut déposé devant Isidore un malaga et une eau minérale devant son étrang
377 l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’ avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge,
378 art d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le lende
379 i souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux avaient légèrement blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus disti
380 ar instants l’air de la dernière danse, mais nous avions aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop vaste, c
381 sion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’ avait -on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout en mo
382 le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des paresse
383 us vulgaires et des plus généralement répandus, j’ ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions élément
384 nt le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’ a-t -on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allais o
385 Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me nom
386 ins compromettante, sur cette vie dont le récit n’ avait pas laissé que de l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout m
387 ache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’ ait point raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison.
388 raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’ avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoi
389 aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis, d’agréablement paradoxa
55 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
390 Conseils à la jeunesse (mai 1927)n « On a reproché bien des choses aux romantiques : le goût du suicide, l’habi
391 es temps seront guéris de leur crise, les valeurs auront retrouvé leur stabilité, et comme M. Albert Muret dont le Journal de
56 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
392 le cœur des femmes (juillet 1927)am Quand vous avez fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air
393 parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’ aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce p
57 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
394 nce le nom de tel de vos confrères, si je dis : «  Avez -vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradi
395 : c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on aurait pour Nietzsche : que c’est de la littérature. Alors, quelque paysan d
396 royais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonn
397 uoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi : j’ ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ?
398 ète au bar, le paradis n’est pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baignent que dans des béniti
399 nt gratuit ». C’est de la littérature. À force d’ avoir mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd
400 littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’ ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la littérature
401 rientaux cette croyance : nommer une chose, c’est avoir puissance sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un col
402 nce sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur la lais
403 Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’ ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, parl
404 re. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’ a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre contre des moul
405 ins d’aujourd’hui. Quand il parle littérature, il a toujours l’air de mettre un peu les pieds dans le plat, de dire de ce
406 e dire de ces choses qu’entre gens du métier l’on a convenu de passer sous silence. C’est assez drôle de voir le malaise
407 toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’ ont pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mode ou de
408 a littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’ ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un a
409 vre pour écrire16. De tous les prétextes que l’on a pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satisfaisant
410 ux compte de la réalité, c’est André Breton qui l’ a exprimé : « On publie pour chercher des hommes, et rien de plus. » Ch
411 ent encore se reconnaître. Quand bien même elle n’ aurait plus d’autre excuse que celle-là, la littérature mériterait d’exister
412 de… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour ma
413 scandaleux. Le Grand Écart, roman de M. Cocteau, a donné son nom à un établissement de nuit très en vogue à Paris. Cambr
414 s de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». o. « La part du feu. Lettres sur le mépris d
58 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
415 er dans les singuliers mouvements de sympathie qu’ a provoqués l’infortune de l’Action française la fraternité qui existe,
416 ccident ? » Certains cris qui nous échappèrent n’ avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e. p. « Les dernie
59 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
417 ns. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous
418 sans fièvre, sans lamentations d’adieu.   On nous a parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge d
419 de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avons l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches
420 s l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’ann
421 ou bien de ces affirmations dont en vérité l’on n’ a pas à se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en est a
422 lisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’ avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun remord
423 mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun remords d’ avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun remord non plus d’avoir troub
424 te catégorie de lecteurs. Aucun remord non plus d’ avoir troublé quelques bonnes petites somnolences par des cris intempestifs
425 par des cris intempestifs. Il y a des gens qui n’ ont pas encore admis que jeunesse = révolution Tous les malentendus vienn
426 rd, et même, et surtout, un miracle. Et puis, ils ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand
427 thur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On a fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-ils ra
60 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
428 res amours (août 1927)an Ces trois nouvelles n’ ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminisc
429 nt d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une
430 du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de v
431 éalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaudoyer d’ avoir su donner à ces œuvrettes une si exquise humanité : par lui le « char
61 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
432 la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui a rencontré plusieurs fois Rilke, trace de lui un portrait qu’on dirait
433 On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui n’ ont plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend un m
62 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
434 eur raconte dans une lettre à une amie comment il a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fami
435 milieu d’une effusion « lyrique », histoire de n’ avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de v
436 ue », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son bo
437 urité de cette sorte d’analyse, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres déda
438 de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages.
63 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
439 i donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fon
440 d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j’ eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’a
441 jaquettes de couleur pour ma femme… Mais l’homme avait posé son journal. Soudain, portant la main à son gilet, il en retira
442 nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il
443 ion j’ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’ aurais pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouveau, d’un
444 pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’ as pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qui
445 ’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout ! Ils ont inventé les caisses d’épargne, monuments d’une bassesse morale inconc
446 nce à concevoir un autre bonheur que celui qu’ils ont reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaunes. Ah 
447 qui fait des soirs si doux aux amants quand ils n’ ont plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent incert
448 e saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’ avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à
449 non qu’au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’ ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou peut-
450 ais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’ a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tent
64 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
451 yriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibilité.
65 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
452 Le péril Ford (février 1928) a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au co
453 Le péril Ford (février 1928)a On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire,
454 ue. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’ a pas connu de période où les directions d’une civilisation apparaissen
455 une absurdité fondamentale. L’infaillible progrès aurait -il fait fausse route ? Est-il temps encore de le détourner du désastr
456 nce générale à proclamer le désordre du temps. On a peur de certaines évidences, on préfère affirmer que tout est incompr
457 tion. Il répugne à admettre qu’une époque entière ait pu se tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de rega
458 de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et
459 a popularité universelle sont signes que l’époque a senti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne m’accuse donc
460 ’au jour présent, ma grande et constante ambition a été de construire une bonne machine routière. » Les étapes de sa jeun
461 at secondaire de son activité. Le but de sa vie n’ a jamais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé co
462 été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’ a réalisé comme il est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures
463 enage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’ a pas le droit humainement de sous-estimer. Les griefs que les socialis
464 opéens ne sauraient l’atteindre. Au contraire, il a résolu la question sociale d’une façon qui ne devrait pas déplaire au
465 pas déplaire aux doctrinaires de gauche, lesquels ont coutume de promettre à leurs électeurs une organisation complète du m
466 le premier exemple de son achèvement intégral. Il a atteint l’objectif de la moderne civilisation occidentale. Voici donc
467 la juger. Le héros de l’époque, c’est l’homme qui a réussi. Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse poser
468 qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avo
469 philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « grande et
470 biles Ford. Et, comme il est très intelligent, il a vite fait de démêler les conditions les plus rationnelles de la produ
471 ent trop chère ; mais surtout que le besoin qu’on a de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’indust
472 e le besoin qu’on a de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’industriel n’ait plus qu’à plier bagag
473 ou a disparu. Il semble alors que l’industriel n’ ait plus qu’à plier bagage. Mais c’est ici que Ford montre le bout de l’o
474 aisir ou l’intérêt véritable du client. Le besoin ayant disparu, la production devant se maintenir, il n’y a qu’une solution 
475 isparu, la production devant se maintenir, il n’y a qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les prix.
476 moins chers un objet que, sans cette baisse, il n’ eût pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse. L’ind
477 scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le client à faire une dépense superflue ; l
478 e une dépense superflue ; le scandale est qu’il l’ ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus profond, cet
479 e, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même but, mêmes effets. Mais le plus grave est peut-être le sophisme
480 -être le sophisme du loisir. M. Guglielmo Ferrero a fort bien montré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe du mon
481 dans la conception fordienne de l’oisiveté. Ford a créé un second dimanche dans la semaine, « retouché l’œuvre de la Cré
482 clame, les produits Ford qu’il faut user, etc. Il a pour but véritable d’augmenter la consommation. Il rend plus complet
483 bsister qu’en progressant. Mais la nature humaine a des limites. Et le temps approche où elles seront atteintes. On peut
484 t au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous avons affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront rien. D
485 salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce que j’ ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en pratiq
486 fin de son livre : Le problème de la production a été brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nou
487 sons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avons de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effort de
488 se remet à discuter des points de technique. Il n’ a pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’aill
489 ds esprits de tous les temps. On me dira que Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si j’insiste un pe
490 tés essentielles ? Il semble bien que notre temps ait prononcé définitivement le divorce de l’esprit et de l’action. III
491 sprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous avons voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite : nous
492 ui une aventure que nous pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arrière-pen
493 t pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritabl
494 . « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel point le fordisme et l’Esprit sont incompatibles, le m
495 monde, c’est-à-dire à une nature dont l’usine lui a fait oublier jusqu’à l’existence, et à une liberté qu’il s’empresse d
496 exigences les plus rudimentaires de son corps. Il a perdu le contact avec les choses naturelles, et par là même, avec les
497 . Neurasthénie. La conquête du confort matériel l’ a laissé oublier les valeurs de l’esprit au point qu’il n’éprouve plus
498 fatigué de trop de satisfactions matérielles, il a laissé se détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effort
499 tions matérielles, il a laissé se détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effort libre et généreux, le sentim
500 joie : l’effort libre et généreux, le sentiment d’ avoir inventé ou compris par soi-même, la liberté et une certaine durée nor
501 res, humains et divins. Mauvais loisirs. Ford lui a donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraimen
502 nque plus rien — que l’envie. Mauvais travail. Il a perdu le sens religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut plu
503 rien à l’Univers. Par la technique, l’Occidental a prétendu maîtriser la matière et parvenir à une liberté plus haute. O
504 rvenir à une liberté plus haute. Or, la technique a révélé des exigences telles que l’Esprit ne peut les supporter. Il ab
505 culté destinée à amuser nos moments de loisir, il a des exigences effectives ; et ces exigences sont en contradiction ave
506 uche de Ford : « Inutile, donc à détruire. » Ford a raison, une fois de plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais
507 it autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il n’est plus temps de se désintéresser simplement des
508 u dans sa prison. Les intellectuels d’aujourd’hui ont une tâche pressante : chercher s’il est possible d’échapper au fatal
509 question de foi. 1. Une enquête faite à Genève a révélé que les livres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon
510 rance, en Amérique ; poussée mystique en Russie. a . « Le péril Ford », Foi et Vie, Paris, n° 4, février 1928, p. 189-202
66 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
511 à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. D
512 ologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je
513 . Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’ avais d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis
514 venir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’ avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’omb
515 s, une fois de plus manquait le rendez-vous que j’ avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare
516 que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Comment pouvais
517 e détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’ avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au
518 otre souffrance… Mais le temps approche où vous n’ aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitt
519 ns son collier de barbe noire. Je sentis que je l’ avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui
520 ait passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pa
521 te sa personne rien de positivement démodé ; je n’ eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs le
522 ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’ avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir entre
523 l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci du moins n’ a guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répond
524 que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez
525 ésespérément à ses manches. De terreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gér
526 inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-
527 eux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour, c’éta
528 e n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’ ai su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela s
529  : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux hommes — et
530 de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qualité
531 laisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ ont pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni le
532 -il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’ avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille n
533 llement la belle effarée, et nous sortîmes, après avoir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexati
534 lire les signes. » Comme je ne répondais rien : «  Avez -vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clef
535 ous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir,
536 aisait du Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des
537 outes les formes animales. Pour lui, les choses n’ ont d’intérêt que par les rapports qu’il leur devine avec la réalité extr
538 enait nerveux et que depuis quelques semaines, il avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la f
539 s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient
540 en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus q
67 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
541 et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où s
542 e perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’ avoir emprunté le véhicule à la mode pour conduire des millions de lecteurs
543 rgue sous les yeux de poulpes géants. Jules Verne a véritablement soumis la science à la poésie. Et l’on ne veut voir que
68 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
544 Aragon, Traité du style (août 1928) as Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à m
545 ’ils les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour, a dit conséquemment beaucoup de choses vraies (be
546 r leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour, a dit conséquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il est même un
547 l est même un des très rares parmi les jeunes qui ait vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré
548 it vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien f
549 ccède à des objets qui enfin valent le respect. as . « Aragon : Traité du style (NRF) », Bibliothèque universelle et Revu
69 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
550 universellement méprisées. Mais les surréalistes ont leur responsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit s’est bornée
551 y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient
552 s beau style contre un monde très laid dont ils n’ ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. « Pierre Naville 
70 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
553 ant de jeunes hommes de l’après-guerre, Malraux l’ a vécue, avant de la décrire ; et cet aveu de Garine est décisif : « La
554 grimace. Cette intelligence et cette sensibilité ont quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’elles s’appliquent
71 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
555 éçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son beau regard de
556 end que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’ ait point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi
557 si rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’u
558 giner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’ a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ;
559 z morose ; mais à grande échelle. M. de Pourtalès a su rehausser le tableau avec beaucoup d’adresse et de charme : Wagner
560 ar hasard de moyens d’action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas
561 action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de
562 tion puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Lis
563 s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin,
564 il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’
565 qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’ a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc l
566 n’était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’ a résolu d’une façon fort adroite mais non moins franche. av. « Guy d
72 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
567 rtaines scènes terrifiantes de la révolution : il a été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il su
568 eillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’il a choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feintes
569 à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui ont connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé. Je reg
570 ique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’avant-garde une confusion assez tra
73 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
571 e lui donne, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’il fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En
572 de rentrer en lui-même. « Il se ramène en soi, n’ ayant plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par l
573 et là déclare froidement ne pas exister. Non : il a remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobiogr
574 t-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la cert
575 miroirs. Stéphane est en train de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce
576 uit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’ a pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne
577 r la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne sait p
578 rire l’aspect psychologique d’une aventure qui en a bien d’autres, d’aspects. Il est bon que le lecteur dérisoirement tro
579 lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’ avoir pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois de cette incom
580 chappe, qu’il y voie une de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot de prière. Orphée perd Eurydice par scepticisme,
581 et à lui-même conjointement. Plusieurs ivresses l’ ont envahi bruyamment, bâillonnent sa raison, l’empêchent de protester co
74 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
582 vie avec une émouvante simplicité et il faudrait avoir la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur que c’est bien co
583 e cette autobiographie tellement au sérieux que j’ ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un hom
584 uchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’ ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie d
585 blâme, mais comme l’homme nommé Ford, de Détroit, a contribué davantage que n’importe quel autre de mon temps à faire abo
75 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
586 à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’il
587 u toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.)
588 aîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses da
589 mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne ont encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres est en agréable odeur
76 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
590 Quand avec un air fin mais un ton convaincu l’on a répété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois 
591 triotes d’Amiel, Godet restera l’un des rares qui ont réussi à se connaître et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il
592 rares qui ont réussi à se connaître et que cela n’ a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu complexe e
593 sproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : « j’ ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singulièr
594 oportionnés avec son mérite ». Il ajoute : « j’ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singulière,
595 lairvoyance singulière, mes propres limites, et j’ ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’écono
596 rvoyance singulière, mes propres limites, et j’ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’économie
77 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
597 n cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous a pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est
598 trons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Di
599 Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vo
78 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
600 tour de Hölderlin (15 juillet 1929)n « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort
601 au murmure de l’eau ; la Princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, e
602 e de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches son
603 nant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu atti
604 les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus diff
605 d’entre nous se préparent à tenter le climat, — j’ avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez pro
606 gue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’ a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait
607 e. Il y a là une station de canots de louage où j’ ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un « Hypérion ». E
608 tionne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors
609 affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer,
610 nd accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps
611 esse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rien, j
612 ie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’ a pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais
613 rfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tout semblable à ces théologiens aux yeux voil
614 l lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — 
615 radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce gen
616 adotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce genre
617 ntreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de « bourgeois cultivés » à faire la bête dè
618 ent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pour do
619 e fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oubl
79 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
620 nnée dernière — un livre assez troublant et qu’on a trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre ch
621 nge dans une atmosphère autre, où les personnages ont cet air un peu ivre et capable de n’importe quoi, cet air dangereux e
622 Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Ma
80 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
623 entative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’il ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie le
81 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
624 tion dans un débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cett
625 ù les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaissent la t
626 ble. Mais justement, la gloire de M. Benda sera d’ avoir soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et qu
627 e de M. Benda sera d’avoir soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croira
628 impossible. Et quand bien même elle croirait n’en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en butte aux s
82 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
629 it devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a
630 rsécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneu
631 elui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes
632 émocratie outragée, les autres disaient qu’il n’y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher les ques
633 nt qu’il n’y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher les questions qui vous désarme. Craignant qu’on
634 il pensait à une femme blonde assise près de lui. Ayant demandé un timbre pour attirer l’attention de la femme blonde — sans
635 enue. Le lendemain, il reçut une réponse : « Vous avez commis une erreur, cher ami, mais bien excusable de la part d’un poèt
636 blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous aim
637 ui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’ a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis de
83 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
638 eur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excel
639 sous un régime radical à sécrétion socialiste qui a été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformémen
640 a été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgré leur mauvaise h
641 lle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes l
642 utes les haines. Je serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien.
643 m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais
644 des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute
645 ts à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’ aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : o
646 temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époq
647 le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira
84 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
648 quand il essaie de nous faire croire qu’« il n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces belles
649 être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait j
650 ve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui vo
651 l, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui voudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter
652 ient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’ avais appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année suivante, on
653 ouleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’ avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’
654 comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ ont aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de cite
655 en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que j
656 pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une pe
657 ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux
658 aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’ avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent à l’ac
659 ent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne
660 ait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’ avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérielleme
661 vré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’ eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
85 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
662 s d’anciens camarades d’école primaire. Comme ils avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenus plus diffé
663 e je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’ avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Ri
664 lève qu’un instituteur : de l’un à l’autre il n’y a pas de solution de continuité, la différence n’étant qu’une question
665 x dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai -je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini
666 — ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de loin
667 happe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles aux finesse
668 ume de cerveau. Il joue de quelque instrument. Il a des idées modernes sur tous les sujets, espécialement sur la pédagogi
669 posthumes : l’artiste photographe et le régent. J’ ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogi
670 ladresse professionnelle. J’en connaissais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien
671 dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous
672 ouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’ ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils sont
673 e. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants ont un frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloch
86 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
674 3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles rai
675 ne, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera p
676 elles me sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fas
677 tient pour une bonne part à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que la passion n’a qu’
678 es. Il serait plus juste de dire que la passion n’ a qu’une clairvoyance intéressée : mais celles-là sont les plus vives.
679 ales de réalisations pratiques. Le programme a ) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse
680 e concentration de l’esprit. b) plan d’études. On a divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chac
681 ’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur n’ a point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
682 que trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facil
683 s « fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’ a qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « f
684 s esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’ avez -vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi él
685 aisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’ avait songé à leur donner une extension universelle et un caractère obligat
686 de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut l
687 nt forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’ a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mai
688 enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’ aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant.
689 olaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’ eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
690 le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous.
691 r de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez
692 X, 10 ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 su
693 Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « 
694 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant il neige, c’est comme des petits morceaux de vouate.
695 rs. À la vérité, il s’agit de réussites qui, pour avoir enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
696 en effet que nos petits futurs grrrands citoyens ayant accompli de « fortes études primaires et secondaires » (témoignage su
697 rstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un co
698 tion, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un collè
699 les bons élèves de diverses classes d’un collège ont été frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugeme
700 du nombre d’années d’instruction publique qu’ils ont subies. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’instruct
701 on publique qu’ils ont subies. Le dilemme J’ ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
702 . L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma col
703 été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’ a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il
704 pe de l’instruction publique. Les réformes qu’ils ont proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par le bon s
705 es par le pédantisme inhérent à toute science. On a constaté que l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignoranc
706 chologie infantile. Où il y avait non-science, on a voulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sinon
707 ait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’on apprend à des élèv
708 hodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a pour seul but de faire avaler la pilule amère des connaissances. On s
709 toute la personne était un enseignement, et qui n’ avait pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le dévelop
710 les classes joyeuses sont de vraies foires : ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plu
711 e futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits démocrates conscien
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
712 s siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles ont cru et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire pleur
713 utre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thès
714 idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que j’ ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à d
715 çons, et le plus longtemps possible, pour qu’on n’ ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’o
716 re compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’ ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un
717 lliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ ait pas le temps de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’a embras
718 s de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’ a embrassée une fois, une seule fois, sait bien que tout le reste est a
719 s pas que les créateurs de l’instruction publique aient eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour a
720 que les créateurs de l’instruction publique aient eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour auta
721 r autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’ a été possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocrat
722 l’œil torve. Durant l’opération, tous les crânes ont été décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suff
723 naturel explique que les autorités compétentes n’ aient point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenan
724 e souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’ ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce qu’é
725 e signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on culbu
726 s enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du
727 soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formellement qu’un
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
728 eh bien ! elle apprendra que le seul péché qui n’ a pas de pardon c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suffi
729 lle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du ma
730 e ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’ aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à outra
731 r sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On a comparé le monde moderne à un vaste établissement de travaux forcés.
732 qu’elle est cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse c
733 Le pasteur sème dans un terrain que l’instituteur a méthodiquement desséché.
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
734 ublique contre le progrès Un beau titre. Et qui a meilleure façon que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
735 de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous a un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs vous aimez les id
736 euses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l
737 ns une direction tout opposée. C’est très malin d’ avoir inventé un instrument de progrès : encore faut-il le mettre en marche
738 est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’ a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, de ronfl
739 ans, à ne se point poser de questions dont ils n’ aient appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses devoirs,
740 es réponses. J’avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’il ne fallait p
741 l’anarchie que les génies directeurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détru
742 ecul humain. Par exemple, est-ce un progrès que d’ avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec tout le vaste arrière-fon
743 s. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’ aura fait remarquer que la plupart des intellectuels sont convertis depuis
744 our préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai -je la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui
745 ne et de cette formidable expérience négative qui aura duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme
746 rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’ aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à
747 il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se représe
748 rir. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’ a que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
749 Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que j’ ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer
750 léments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi présentem
751 iste que j’aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à v
752 à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils auraient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’
753 d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilit
754 terre ? Impossible. Le peuple qui déteste l’école a pourtant faim d’instruction15, et se croirait lésé dans un de ses dro
755 ts, il s’épargnerait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de
756 s atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soi
757 Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.   NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions no
758 ns noires et consciemment criminelles. Ce travers a été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les
759 e qu’en attaquant ses idées et leurs réalisations ont ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du con
760 ’en attaquant ses idées et leurs réalisations ont ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil
761 ace que dans un système religieux. Pour quiconque a une foi et la conscience de cette foi, il n’est d’enseignement vérita
762 issent ici que pour impressionner le public. Je n’ ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet,
763 giques encore très actuels, du fait que l’école n’ a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il est
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
764 eur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excel
765 ous un régime radical à sécrétion socialiste, qui a été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformémen
766 a été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgré leur mauvaise h
767 lle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes l
768 utes les haines. Je serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. —
769 m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais q
770 des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’ ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute
771 ts à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’ aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : o
772 temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époq
773 le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
774 quand il essaie de nous faire croire qu’ « il n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces belles
775 être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait j
776 ve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui vo
777 l, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui voudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter
778 ient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’ avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on m
779 ouleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’ avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’
780 comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’ ont aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de cite
781 en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que j
782 pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une pe
783 ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux
784 aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’ avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent à l’ac
785 ent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous avions acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne
786 ait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’ avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérielleme
787 vré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’ eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
94 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
788 s d’anciens camarades d’école primaire. Comme ils avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenu plus différ
789 e je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’ avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Ri
790 ève qu’un instituteur : de l’un à l’autre, il n’y a pas de solution de continuité, la différence n’était qu’une question
791 x dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai -je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini
792 — ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de loin
793 happe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles aux finesse
794 eine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’ ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogi
795 e maladresse professionnelle. J’en connais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien
796 dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous
797 ouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’ ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils sont
798 e. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants ont un frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloch
95 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
799 3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles rai
800 ne, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera p
801 elles me sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fas
802 tient pour une bonne part à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que la passion n’a qu’
803 es. Il serait plus juste de dire que la passion n’ a qu’une clairvoyance intéressée : mais celle-là est la plus vive. Enfi
804 de réalisations pratiques. 3.a. Le programme a ) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse
805 e concentration de l’esprit. b) plan d’études. On a divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chac
806 ’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur n’ a point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
807 que trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture ont à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facil
808 s « fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’ a qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « f
809 s esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’ avez -vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi él
810 aisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’ avait songé à leur donner une extension universelle et un caractère obligat
811 de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut l
812 nt forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’ a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mai
813 enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’ aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant.
814 olaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’ eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
815 le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous.
816 de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez
817 a, 10 ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 su
818 Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour avoir trouvé : « Qu
819 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour avoir trouvé : « Quand il neige, c’est comme des petits morceaux de vouate.
820 rs. À la vérité, il s’agit de réussites qui, pour avoir enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
821 ve en effet que nos petits futurs grands citoyens ayant accompli de « fortes études primaires et secondaires » (témoignage su
822 rstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un co
823 tion, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un collè
824 les bons élèves de diverses classes d’un collège ont été frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugeme
825 du nombre d’années d’instruction publique qu’ils ont subies. 3.h. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’ins
826 blique qu’ils ont subies. 3.h. Le dilemme J’ ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’
96 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
827 . L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu ma col
828 été dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On n’ a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il
829 pe de l’instruction publique. Les réformes qu’ils ont proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par le bon s
830 es par le pédantisme inhérent à toute science. On a constaté que l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignoranc
831 chologie infantile. Où il y avait non-science, on a voulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sinon
832 it. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’on apprend à des élèv
833 hodiquement organisée ? En réalité, cet amusement a pour seul but de faire avaler la pilule amère des connaissances. On s
834 toute la personne était un enseignement, et qui n’ avait pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le dévelop
835 s et dont les classes sont de vraies foires ; ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plu
836 futurs anarchistes 8, bravo ! Mais ce qu’on leur avait confié, c’était la fabrication en série de petits démocrates conscien
97 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 5. La machine à fabriquer des électeurs
837 s siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles ont crû et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire pleur
838 utre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thès
839 idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que j’ ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à d
840 çons, et le plus longtemps possible, pour qu’on n’ ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’o
841 re compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’ ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un
842 lliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’ ait pas le temps de découvrir la Liberté 9, parce que celui qui l’a embra
843 de découvrir la Liberté 9, parce que celui qui l’ a embrassée une fois, une seule fois, sait bien que tout le reste est a
844 s pas que les créateurs de l’instruction publique aient pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour auta
845 autant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’ a été possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocrat
846 l’œil torve. Durant l’opération, tous les crânes ont été décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suff
847 naturel explique que les autorités compétentes n’ aient point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenan
848 e souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’ ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Mais attendez, si qu
849 e signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on c
850 s enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans avoir jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du
851 soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du livre, p. 65. 11. Est-il besoin de déclarer formellement
98 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 6. La trahison de l’instruction publique
852 eh bien ! elle apprendra que le seul péché qui n’ a pas de pardon, c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suff
853 lle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du ma
854 e ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’ aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à outra
855 r sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On a comparé le monde moderne à un vaste établissement de travaux forcés.
856 qu’elle est cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse c
857 tard. Elle sème dans un terrain que l’instituteur a méthodiquement desséché.  
99 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 7. L’instruction publique contre le progrès
858 ublique contre le progrès Un beau titre. Et qui a meilleure façon que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
859 de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous a un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs, vous aimez les i
860 euses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l
861 ns une direction tout opposée. C’est très malin d’ avoir inventé un instrument de progrès : encore faut-il le mettre en marche
862 est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’ a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, ronfler
863 ans, à ne se point poser de questions dont ils n’ aient appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses devoirs,
864 es réponses. J’avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’il ne fallait p
865 ’anarchie que les génies destructeurs de ce temps ont inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détru
866 ecul humain. Par exemple, est-ce un progrès que d’ avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec tout le vaste arrière-fon
867 s. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’ aura fait remarquer que la plupart des intellectuels se sont convertis dep
868 our préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai -je la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui
869 ne et de cette formidable expérience négative qui aura duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme
870 rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’ aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à
871 il concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se représe
872 r.   12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’ a que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé
100 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Appendice. Utopie
873 Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que j’ ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer
874 léments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi présentem
875 iste que j’aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à v
876 à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils auraient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’
877 d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilit
878 terre ? Impossible. Le peuple qui déteste l’école a pourtant faim d’instruction 15, et se croirait lésé dans un de ses dr
879 ts, il s’épargnerait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de
880 s atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soi
881 Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929.   NOTE A On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions no
882 ns noires et consciemment criminelles. Ce travers a été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les
883 u’en attaquant ses idées et leurs réalisations on ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil
884 ace que dans un système religieux. Pour quiconque a une foi et la conscience de cette foi, il n’est d’enseignement vérita
885 issent ici que pour impressionner le public. Je n’ ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet,
886 giques encore très actuels, du fait que l’école n’ a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant s’il est s