1
herlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
a
M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme l’un des hérit
2
ittéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de n’
avoir
pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice que
3
on premier livre, il s’est montré tout entier, il
a
bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes g
4
quée encore et nuancée jusqu’à l’ennui. La guerre
a
donné le coup de grâce à cet esthétisme énervant qu’on appelle symbol
5
tisme énervant qu’on appelle symbolisme ; et elle
a
donné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sortie
6
utre philosophie est celle de l’antique Rome, qui
a
inspiré le catholicisme, la Renaissance, le traditionnisme et le nati
7
arquons toutefois cette séparation, que Maurras n’
a
pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le
8
n’est décidément pas philosophe. Peut-être ne lui
a-t
-il manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le co
9
nqué pour le devenir que le temps de méditer : il
a
quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a saisi
10
llège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’
a
saisi aux pattes de la guerre encore contus de huit coups de griffes
11
chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’
a
pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une
12
de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’a pas
eu
le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une façon
13
façon obsédante, le rythme de la guerre. Du moins
a-t
-il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bou
14
être administrés ensemble. L’opération faite, il
a
pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours d
15
faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’
a
pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement
16
erlant est justement un des premiers Français qui
ait
compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le style e
17
désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine
a-t
-il touché la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à
18
es assez fortes pour pouvoir tout lire, et il n’y
aura
plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler un
19
e s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui
a
quitté le stade, se rendra mieux compte à distance de la contradictio
20
etenue de l’âge mûr, cette « limitation » que lui
ont
enseigné le sport et les anciens. J’admets que ses « idées générales
21
ntherlant légitime une telle « simplification ».
a
. « M. de Montherlant, le sport et les jésuites », La Semaine littérai
22
cisme de David et d’Ingres, les peintres français
ont
accompli, durant le xixe siècle, une exploration merveilleuse dans l
23
s à leur point de départ. Mais leurs recherches n’
ont
pas été vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus c
24
nt l’avènement d’un classicisme nouveau. M. Meili
a
mis en évidence cette courbe de la peinture moderne avec une netteté
25
ief remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’on
a
pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la fa
26
Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
a
Henry de Montherlant, héritier d’une tradition chevaleresque, mène
27
il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour
avoir
contemplé Verdun, en tête à tête avec le génie de la mort. Mais alors
28
ie l’exalte de nouveau d’un large vent de joie.
a
. « Henry de Montherlant : Chant funèbre pour les morts de Verdun (B.
29
tte mystification : la plupart des surréalistes n’
ont
rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en do
30
igent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y
a
pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de métaph
31
s le peint Paul Colin, est peu intéressant. On en
a
connu bien d’autres de ces jeunes gens prétentieux et sincères qui se
32
ents. Le miracle, c’est que le plus sauvage génie
ait
choisi un être de cette espèce pour le tourmenter et le transfigurer.
33
ur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de n’
avoir
rien caché des médiocrités de cette vie : les reproductions qui suive
34
motif à l’admiration que tout le lyrisme dont on
a
voulu charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’a pas cherch
35
harger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin n’
a
pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion de
36
accourues, il meurt en clamant la paix. M. Fabre
avait
là les éléments d’un grand roman : autour d’un sujet de vaste envergu
37
le richesse psychologique. En fermant le livre on
a
presque l’impression qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il
38
fermant le livre on a presque l’impression qu’il
a
réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de sty
39
d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre
a
tenté, et en somme, réussi, une entreprise bien téméraire de nos jour
40
our provoquer cette confrontation seulement qu’on
a
imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de
41
sentation vague et poétique. « Orient…, toi qui n’
as
qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’i
42
Orient…, toi qui n’as qu’une valeur de symbole »,
a
dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’il s’agit, et Jean Schlumberger
43
rabie, Indes et Chine sous une dénomination qui n’
a
de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un class
44
sance de choix », dans le génie d’abstraction qui
a
produit la géométrie grecque. D’autres attribuent cette supériorité a
45
tes ces opinions ; et ceux qui avouent n’en point
avoir
, sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conclusions ou int
46
utes les réponses, conclusions ou interrogations,
ont
le défaut de n’être pas suffisamment motivées par des faits et des do
47
’éducation historique des peuples chrétiens qui n’
ont
pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la re
48
on historique des peuples chrétiens qui n’ont pas
eu
de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la religion
49
agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos,
a
trouvé la formule qui définit ce que les autres entendent vaguement p
50
ou chercher la guérison de nos fièvres. Mais nous
aurons
entrevu peut-être pour la première fois le rôle de l’Europe « conscie
51
t un héros de Mauriac. C’est un « homme seul » qu’
a
peint « par le dedans » M. Jean Prévost, en un saisissant raccourci p
52
r, — ce fou que nous portons tous en nous, — il l’
a
isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement da
53
il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’
a
poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve êt
54
n ; mais, puissante de sûreté et d’évidence, elle
a
cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie d
55
dition Fischer passait pour « la centrale où l’on
avait
concentré la dynamite internationale qu’Ibsen voulait placer sous les
56
rce qu’il sait en sortir parfois — M. Otto Flakei
a
gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a pu reprocher à ses
57
gardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on
a
pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quel
58
elque superficialité, du moins faut-il le louer d’
avoir
conservé une vision générale de notre temps et un évident besoin d’im
59
sion de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il n’y
a
pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de bar
60
ns l’époque romantique un témoin dont le jugement
eut
« l’autorité d’un verdict essentiellement chrétien sur le mysticisme
61
qui concerne le Vinet juge des romantiques, il n’
a
pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines crit
62
oncerne le Vinet juge des romantiques, il n’a pas
eu
trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines critiques.
63
ritiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’
ait
été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèrement l
64
n dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’
avait
trouvé. Mais sa position purement chrétienne — un mysticisme de cadre
65
ez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l’
ont
enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-il influence ou seuleme
66
e l’ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y
a-t
-il influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des
67
e, foulant les hautes herbes du ciel. » Le gaucho
a
dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue que l’univers int
68
tte libération, un Yeats, un A.E., bien d’autres,
ont
su payer de leur personne. Effet, puisque l’héroïsme d’une révolution
69
s commentaires parfois un peu copieux ; mais elle
a
la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit d
70
avec ses écumeurs ? Déjà un Mac Orlan, un Kessel
ont
donné de beaux exemples du parti que peut tirer le nouveau romantisme
71
t tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon
a
même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction françai
72
s commençons aujourd’hui un roman bien différent,
a
vu la Révolution sans romantisme, dans le détail de la vie d’une vill
73
les trois Anglais mêlés au drame. M. Walpole leur
a
dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église,
74
Anglais) : Ils s’embrassaient comme des gens qui
auraient
eu faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si f
75
: Ils s’embrassaient comme des gens qui auraient
eu
faim toute leur vie… Markovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort
76
vitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’il
avait
peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la fin po
77
ière et peut-être du monde dans l’appartement. Il
avait
si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se traîna ju
78
ique ne détermine l’avenir le plus proche. Il n’y
a
pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilité
79
des « Amis de la pensée protestante ». M. Guisan
avait
choisi un sujet qui permet de façon particulièrement frappante la com
80
es. Primitivement, le Saint est un homme que Dieu
a
mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très vite on étend l’appe
81
ontinue à faire des saints, tandis que ce terme n’
a
plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ?
82
là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’
avoir
méconnu l’élément de grandeur morale que les saints maintiennent dans
83
me ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y
a
pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestantism
84
ns, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y
a
pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignement de J
85
t l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’
a
voulu restaurer le protestantisme. La place nous manque pour louer co
86
époque s’en va très vite vers on ne sait quoi. On
a
mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on court
87
fini, et l’on court après sans fin. Même ceux qui
ont
perdu la croyance en un bonheur possible ou désirable subissent cette
88
els. Il y a encore les hommes politiques, mais on
a
si souvent l’impression qu’ils battent la mesure devant un orchestre
89
ttre qui à la place ? Nos penseurs, nos écrivains
ont
perdu le sens social. Cela devient frappant dans les générations nouv
90
tion ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’ils
ont
peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière,
91
’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils
ont
construit des édifices très différents de style, et dont les façades
92
vec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui n’
a
rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs aut
93
l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’
a
pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3. I
94
de sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout
a
été essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien ne
95
udra bien se remettre à manger, tout de même nous
avons
un corps, et c’est très beau, Breton, de crier « Révolution toujours
96
phlets par quoi il se raccroche au monde. Mais il
a
touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement qu
97
derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il n’
a
pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la b
98
des inquiétudes modernes : la perte d’une foi. Il
a
besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut-ê
99
des façons de vivre autant que de penser qui les
ont
amenés aux positions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dan
100
cte vraiment indéfendable de tout point de vue… J’
avais
goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous chériss
101
es à mépriser les longues vies heureuses que nous
avions
jusqu’alors enviées, et une nuit, nous fîmes le procès de toutes les
102
réalité morale absolue que certains d’entre nous
eussent
acheté au prix d’un martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors
103
pour marquer l’aboutissement d’une évolution qui
a
son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, l
104
tuite que prétendent mener les surréalistes, il n’
a
fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des roman
105
toute chose, au-delà de toutes limites. « Il n’y
a
que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fureur
106
jusqu’à ses dernières conséquences suppose qu’on
ait
perdu le sens des ensembles rationnels. Nous ne pensons plus par ense
107
pe une civilisation mécanicienne. (Les machines n’
ont
pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plus i
108
re d’avant-garde est fille de la fatigue. La Muse
a
trop veillé. L’amour moderne, nerveux, saugrenu jusqu’au sadisme, tro
109
gues est cet état presque inhumain de celui qui n’
a
pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses automa
110
es, quels Niagaras 9 !) Quelques jeunes hommes l’
ont
compris. Ils sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils sav
111
tres de leurs corps exercés, ils savent qu’il n’y
a
de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté q
112
nsée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y
a
de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effor
113
nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur
a
l’eau claire !) Quelques autres se recueillent encore dans l’attente
114
Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’ils
ont
fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une manière
115
s à Sainte-Croix, mais à Aubonne. Un plein succès
a
répondu à cette innovation. Le sujet de la première partie des confér
116
x ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il
a
eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent
117
ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a
eu
l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent l’
118
issionnaire dans ces milieux, comme M. Terrisse l’
avait
fait le soir avant pour les milieux d’ouvriers noirs au Cap. Sans tou
119
de partis, avec une passion contenue d’hommes qui
ont
vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies,
120
vec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui
ont
souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, J
121
e mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond
ont
su arracher leurs auditeurs de leur lit de préjugés pour les placer v
122
trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’
a
pas connu l’atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plus aé
123
a mort », un titre s’effaçait dans l’ombre. Jouve
a
rêvé une histoire de passion mystique et de crime, intense et tragiqu
124
d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel. Il l’
a
transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un songe,
125
aisement d’une vieillesse au soleil. Jouve semble
avoir
hésité entre plusieurs styles de roman. Un chapitre d’observation psy
126
onde. (Il serait aisé de montrer quel parti Jouve
a
su tirer des complexes de famille freudiens, ou d’analyses de démence
127
6)q Un artiste de grand talent à qui la guerre
a
fait perdre le goût des théories d’écoles et de quelques autres plais
128
te de ses péripéties. Quel dommage que l’auteur l’
ait
alourdi d’une idéologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui eût
129
éologie, souvent plus généreuse que neuve, et qui
eût
gagné à être mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de M
130
emières pages, mais qu’il faut louer Mme Rivier d’
avoir
posé courageusement. Dirai-je que l’abus des points d’exclamation — t
131
Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’il
ait
trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvr
132
étonnant peut-être qu’il ait trouvé, Jean Cocteau
a
réuni ce qui me paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de criti
133
de beaucoup les limites de cette école, et qu’il
eut
le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices poétiq
134
sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il n’
a
plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec s
135
ntelligence parvenue au point où elle « ne semble
avoir
rien d’autre à faire que son propre procès », une intelligence qui s
136
s cœurs sans dégoût implorait Baudelaire. Encore
avait
-il le courage de prier… u. « René Crevel : Mon corps et moi », Bibl
137
és de Janson, de Brémond, j’en sais plusieurs qui
ont
ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui
138
les. Mais ce qui est peut-être plus important, on
eut
l’impression, durant les discussions entre de Saussure et Bertrand, q
139
ine forêt, où Henriod debout sur un tronc coupé n’
eut
pas trop de toute sa souplesse pour maintenir l’équilibre des discuss
140
, vint annoncer qu’on était libre — comme si on l’
avait
attendu pour le manifester ! — et qu’il suffisait de souscrire à la b
141
re de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’
ai
pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom
142
est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’
avoir
pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentemen
143
image puissante qui actionne notre esprit » après
avoir
été créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi que le problème de
144
n en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’
avoir
trouvé la formule même de tant d’aspirations modernes. Voici sans auc
145
pre de l’homme. Toutes les civilisations fortes l’
ont
osé. Créer un espace architectural lumineux à la place de nos cités c
146
— ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’
ai
un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autr
147
squement les éléments désaccordés de ce moi que j’
avais
tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premiers jours
148
rétendre les résoudre, mais que je dois feindre d’
avoir
résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base.
149
i s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’
aurai
garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me
150
arde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’
a
que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je
151
nt. En priant, je m’arrête parfois, heureux : « J’
ai
donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne fau
152
peut dicter que les gestes les plus favorables. J’
ai
d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela se
153
les prennent un caractère de certitude qu’elles n’
avaient
pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Q
154
tions nécessaires, défauts auxquels Montherlant n’
a
pas toujours échappé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne d
155
uissante à la fois et désinvolte de son récit. On
a
souvent parlé d’excès de lyrisme à propos des premiers ouvrages de Mo
156
ière descendante, les prunelles laiteuses du dieu
avaient
un reflet bleu clair, soudain inquiètes à l’approche de l’inconnu. N
157
ent naturel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’
avons
-nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est
158
la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’
ai
pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui échapp
159
la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188) Je n’
ai
pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciseraient
160
Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
a
Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont o
161
us la sagesse et la lumière. De récentes enquêtes
ont
dénoncé certaines des confusions sur quoi se fondent ces poétiques es
162
rs des plus tenaces de ces confusions. M. de Traz
a
visité l’Égypte, ses habitants, ses tombeaux et son passé, en curieux
163
, ni le journal plus ou moins lyrique auquel nous
ont
habitués les voyageurs en Orient, mais une suite de coups d’œil aigus
164
aigus sur l’âme orientale de l’islam, que nous l’
avons
lu avec un intérêt si soutenu et parfois — je pense à certaines pages
165
ils désirent. Du difficile oubli de soi-même nous
avons
fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir
166
de soi-même nous avons fait une vertu. Eux, ils l’
ont
rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouv
167
fait une vertu. Eux, ils l’ont rendu facile et en
ont
fait un plaisir. » Et encore ceci que je trouve si juste : « Ce qui d
168
péril oriental très pressant, ni surtout que nous
ayons
à chercher là-bas notre salut. « La seule leçon à attendre des musulm
169
a nôtre. » La place me manque pour parler comme j’
aurais
voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importance mo
170
ré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’
a
parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir parto
171
. Le Dépaysement oriental, chez Grasset, Paris.
a
. « Le Dépaysement oriental », Journal de Genève, Genève, n° 192, 16 j
172
qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fernandez
a
donné la première œuvre importante du mouvement de construction et de
173
les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez
a
tout le talent qu’il faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voic
174
issance personnelle. Après quoi il écrit : « II y
a
, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se concevoir et s’e
175
» — que la psychologie freudienne et proustienne
a
porté à un point si dangereux, il nous propose l’expérience d’un Newm
176
les exemples d’un Meredith et d’un Stendhal, qui
ont
su « penser dans le train de l’action, faire de la psychologie à la v
177
le plus encombré et le plus impur qui soit. On n’
a
pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme
178
prairies espagnoles pleines de simple grandeur, j’
ai
supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurologi
179
nt éternellement dans les prairies célestes, pour
avoir
donné une grande gloire aux jeunes hommes ! » Mais ce jeune homme qui
180
t au pas des Cascine. Vers sept heures, il n’y en
eut
presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur,
181
é dans une beauté que saluent tant de souvenirs n’
a
d’autre nom que celui de l’instant, ô mélodieuse lassitude. Vivre ain
182
silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’
a
presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’est qu’odeurs, formes m
183
ne barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux
ont
regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que
184
de sommeil. Une lampe dans la maison blanche nous
a
révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fle
185
Colling, L’Iroquois (décembre 1926)z Ce roman
a
le charme d’un automne, une amertume enveloppée, une atmosphère trop
186
et sympathiser avec son idéal de culture. Il n’y
a
pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fait p
187
points de vue irréductibles, du moins M. Malraux
a
fait parler son Chinois de telle façon qu’ils ne le paraissent point.
188
probité intellectuelle ou de courage moral, nous
avons
élevé à la hauteur d’une vertu première — et qui légitime tous les dé
189
’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’
a
pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’y plus rien co
190
arler avec un peu de clairvoyance de ce dont nous
avons
vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait pouvoir sauter h
191
faire école. Le fait est que ce geste symbolique
a
déclenché tout un mouvement littéraire, celui-là même qui aboutit nag
192
sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y
a
pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais que
193
vive, un élan vers certain but précis. Ou bien j’
aurais
juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettrai à l
194
faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui m’
a
retenu d’accomplir ce que l’élan appelait. Second exemple. — J’épr
195
us ou moins fortement des sentiments que je crois
avoir
éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens
196
les sentiments qui se proposaient à mon souvenir
ont
été passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou
197
, d’Arland, de Soupault et surtout de René Crevel
ont
donné les exemples les plus récents et significatifs ? Tous ces livre
198
le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant. J’
ai
revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient recu
199
mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’
ai
cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité,
200
tion de moi-même. Par les fissures, un instant, j’
ai
pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps
201
i rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui. J’
ai
dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il fau
202
il conclure avec Gide : « L’analyse psychologique
a
perdu pour moi tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme é
203
une différence. Pourquoi les romanciers modernes
ont
-ils tant de mal à créer des personnages ? C’est parce qu’une sorte de
204
sonnalité, car l’analyse la plus savante, comme l’
a
fort bien dit Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du moi, mo
205
F. Raub. La sincérité obstinée d’un Rivière n’
a
plus rien de spontané. En quoi est-ce encore de la sincérité ? Trop s
206
s menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est
avoir
toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut se maintenir dans cet
207
ry. Certes, du sein de ma triste lucidité, je t’
avais
déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu m’offrai
208
e fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t’
ai
mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies émanait
209
laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il
eût
été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but
210
vers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n’
a
pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de nom
211
er exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’
aurait
fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleu
212
Avant-propos (décembre 1926)
a
Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de débu
213
et plus que jamais, nous semble-t-il, notre revue
a
sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nou
214
u à refuser de nous affirmer avec une netteté qui
a
pu paraître parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous ép
215
oi, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on
a
coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on est toujours le fils de
216
pressons de vous laisser le soin de juger si nous
avons
de quoi faire les modestes… Être nous-mêmes, avons-nous dit, c’est
217
ns de quoi faire les modestes… Être nous-mêmes,
avons
-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse en publiant cette
218
c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous
aurez
lu nos huit numéros. Il faut que notre revue reste cette chose unique
219
e par la grâce d’une volonté sans doute divine…
a
. « Avant-propos », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève
220
d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils m’
ont
suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux qu
221
vous des douleurs, la mort ou des chansons ? » On
a
l’hallucination du décor des capitales, créatrice d’un merveilleux de
222
n des plus significatifs du romantisme nouveau. J’
ai
nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendresse
223
rbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’
avait
compté jusqu’alors que d’authentiques avocats et un chapelier dont to
224
vier 1927, l’information suivante : Mardi dernier
a
été célébré en l’église grecque de la rue Georges Bizet le mariage de
225
de l’Université, en introduisant le conférencier,
a
fait allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pou
226
ait allusion aux divers points de vue auxquels on
a
pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au p
227
t un des actes les plus vexatoires que l’histoire
ait
enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France de l’édit, vict
228
vexatoires que l’histoire ait enregistrés. Après
avoir
fait un tableau de la France de l’édit, victorieuse dans la guerre de
229
e facilement convaincre. D’ailleurs, les jésuites
ont
déjà réussi à « tourner » l’édit par mille arguties juridiques. Et le
230
ans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons
ont
été les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutio
231
Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’
ont
commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre de plu
232
froideur que l’on dirait désintéressée si elle n’
avait
pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu
233
le qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’
a
pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre,
234
ée. Seules la souffrance ou de secrètes anomalies
ont
un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur c
235
qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’
a
pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne pa
236
phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous
ai
rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on di
237
es. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre, j’
ai
suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus do
238
t que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous
ai
oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai déc
239
s mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous
ai
revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous existiez
240
je vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’
ai
découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus d
241
vous existiez en moi, à certain désagrément que j’
eus
de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage de l
242
eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’
ai
plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’avais de
243
rage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’
avais
demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en
244
amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en
avait
donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d’une foi
245
s, maintenant, je pense que ces regards croisés n’
avaient
aucune signification et que mon anxiété seule leur prêtait quelque in
246
Même, je fus obligé de confier à un ami que j’en
avais
repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait mon dé
247
ue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin… J’
avais
soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aube par
248
ophones. Sortie dans un matin sourd, frileux, qui
avait
la nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma ta
249
, comme une femme nue dans une chambre étroite… J’
ai
dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la crai
250
s aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous
avais
entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la
251
ndue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’
ai
rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasser
252
a croise en route dans l’ascenseur descendant… Il
aurait
fallu monter, mais l’idée de vous trouver peut-être assise en face de
253
autobus passaient par groupes. Plusieurs fois, j’
ai
cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avai
254
aître dans la foule qui se précipitait, mais je n’
avais
pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par vous v
255
mme révélait soudain un trait de votre visage. Il
aurait
fallu courir après celle-là qui venait de tourner à l’angle de cette
256
i venait de tourner à l’angle de cette rue et qui
avait
votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin o
257
rieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n’y
avait
que des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’était penché
258
avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que j’
ai
fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telleme
259
l. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’
ai
marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être maint
260
orrespond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’
ai
perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décepti
261
is encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous
ai
-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, c
262
e que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y
a
plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n
263
gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il n’y
aurait
plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas son nom
264
te d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’il n’y
a
pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d
265
ir m’empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en
avoir
plus ou moins consciemment concerté la possibilité. Orphée, par exemp
266
t cette phrase, c’est un cheval savant qui la lui
a
dictée : « Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’est pas u
267
mme dictées de l’inconscient, au fond desquels on
a
si vite fait de distinguer les quelques préoccupations assez simples
268
a aussi des sortes de calembours… Art chrétien,
a-t
-on dit5. Certes, cette pièce n’est pas dépourvue de certaines des qua
269
le mystère d’un trait pur. Il semble que Cocteau
ait
réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pourtant cette admirable m
270
le mystère ne peut plus dépasser l’auteur : il l’
a
trop bien organisé. En somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’es
271
somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau, c’est d’
avoir
réussi complètement une pièce, prouvant une fois de plus que l’atmosp
272
ès la théorie. Parce qu’une fois de plus, Cocteau
a
comprimé des pétales de roses dans du cristal taillé, selon toutes le
273
fin de la semaine. « Messieurs, disait Dardel, y
a
pas à tortiller, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvo
274
calembours… Pénétrés d’horreur, les bellettriens
avaient
fui. Au détour d’une ivresse, ils rencontrèrent une créature évadée d
275
es. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux, n’
a
pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate que jamais « la Montagn
276
rassé Potemkine était interdit à l’écran. Pitoëff
avait
prêté un accent, Mme d’Assilva deux actrices, M. Grosclaude son fils
277
les neiges. Un jour, on s’aperçut que cette chose
avait
recommencé, qu’on appelle, sans doute par antiphrase, la vie. 6. R
278
Edmond Jaloux, Ô toi que j’
eusse
aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’un ho
279
emple rare d’un homme que son évolution naturelle
a
rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’e
280
e Jaloux. Et peut-être que la comtesse Rezzovitch
a
rencontré M. Paul Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’a
281
Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais elle
a
dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces co
282
Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid, n’
aura
pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facileme
283
me on aime une petite maison de province quand on
a
failli hériter de Chenonceaux ». Peu à peu l’image d’Irène Rezzovitch
284
ans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’elle l’
aurait
peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision pr
285
ans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux
a
trouvé là un sujet qui convient admirablement à son art, où s’unissen
286
aison ignore ou tyrannise aveuglément, car « nous
avons
dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui est p
287
fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles
ont
fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incompris,
288
mis inconnus. af. « Edmond Jaloux : Ô toi que j’
eusse
aimée… (Plon, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
289
renversé, maisons obliques, montagnes russes. (J’
ai
regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin l
290
certaines théories sur le rêve, le peuple, qui n’
a
pas vu ces dessous mais accueille le résultat avec la naïveté qu’il f
291
ualifié : c’est peut-être le premier film où l’on
a
fait du ciné avec des moyens proprement cinégraphiques. Ici le geste
292
e, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on
a
sans cesse envie de crier : « Trop de gestes ! » C’est une question d
293
une sorcière transforme un homme en chien, cela n’
a
rien d’étonnant au cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne s
294
’est une réalité aussi réelle que celle dont nous
avons
convenu et que nous pensions la seule possible. Le monde « normal » n
295
le équilibre, les tendances que ses contemporains
ont
poussées à l’extrême avec moins de prudence mais aussi de lucidité. S
296
aits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops
a-t
-il trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditio
297
décisif, des conditions de la vie moderne.) Après
avoir
défini quelques « positions en face de l’inquiétude », M. Rops consid
298
e paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’
a-t
-il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprê
299
conjointes de l’inquiétude et de la foi : « Si tu
as
trouvé Dieu, il te reste à le chercher encore… » ag. « Daniel-Rops
300
puissance étrangère s’est emparée de mon être et
a
saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut faire dés
301
faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous
ont
en vain tentés, ô tortures fascinantes de la sainteté, seules vous no
302
ire de condamné à mort et à l’éternité. Le diable
avait
pris des avocats dont les plaidoyers, tissus des mensonges les plus b
303
as de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous
avez
dit : « C’est incompréhensible ! » — avec une indignation où j’admire
304
aresse à concevoir en esprit. Ces trois mots vous
ont
délivré du plus absurde malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous
305
euses, de bravades et de faciles tricheries8 — qu’
ait
connue l’esprit humain. Sens de l’Absolu, sens de la pureté ou fanati
306
réalité morale absolue que certains d’entre nous
eussent
acheté au prix d’un martyre… Nos jugements se rendaient sans cesse à
307
de l’infini, et cet infini nous écrasait. Comment
aurions
-nous accepté le sort communément heureux de nos contemporains qui ont
308
sort communément heureux de nos contemporains qui
ont
puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de rejeter définitivement
309
er. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’y
a
peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vo
310
ines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas
eu
d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et vous aurez beau rir
311
ression plus haute de l’angoisse humaine, et vous
aurez
beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de Paris.
312
n’est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela
eût
un sens, il faudrait être sûr de n’avoir pas la tête en bas par rappo
313
r que cela eût un sens, il faudrait être sûr de n’
avoir
pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques gestes encore, int
314
l y a un an, tel soir de colère où le thermomètre
eût
indiqué 39° selon toute vraisemblance. Et voici Aragon revêtu d’une d
315
830, une théorie du scandale pour le scandale qui
a
le mérite de n’être pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encor
316
m revient sous ma plume, comme une mouche qu’on n’
a
jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup q
317
qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle n’
a
pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’
318
e craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’
ai
soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité v
319
s toutes — de novembre 1926. 2 mai 1927. « Nous
avons
dressé notre orgueilleuse raison à nous tromper sur ce qu’il y a de p
320
s. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’
a
paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis d
321
intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous n’
avons
pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’êtr
322
gés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’
aurais
en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulier impe
323
ait sur l’incertain », c’est un académicien qui l’
a
dit. Voulez-vous me faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mai
324
re plaisir… III Il y a des gens qui croient
avoir
tout dit quand ils ont montré à l’origine de telle doctrine mystique
325
y a des gens qui croient avoir tout dit quand ils
ont
montré à l’origine de telle doctrine mystique une exaltation nerveuse
326
raphiques à la raison ? Eh bien, c’est vous qui l’
aurez
voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous serons romantiques. N
327
ue je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils
aient
voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, com
328
iques d’extrême gauche. Je ne dirai pas, comme on
a
fait, que c’est très joli de crier merde pour Horace, Montaigne, Desc
329
r Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Quand on
a
entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on ne va pas s’acoquiner
330
sprit, on ne va pas s’acoquiner avec des gens qui
ont
fait, il y a 10 ans, une révolution en fonction du capitalisme. Est-c
331
ue et de crier rouge pour la simple raison qu’ils
ont
dit blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français » qui s’
332
a quatrième dimension. Aragon et les surréalistes
auront
raison même encore s’ils ont tort, envers et contre toutes les critiq
333
les surréalistes auront raison même encore s’ils
ont
tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur adres
334
pourrait leur adresser, parce que ces « maudits »
ont
la grâce, parce qu’ils sont la vie, même quand ils appellent la mort,
335
e, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils
ont
la passion et l’incommunicable secret de l’invention. Il nous faut
336
sympathie humaine pour nous sans prix ? Mais nous
avions
besoin de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre était devenu
337
disque de gramo comme par hasard nasille : Nous
avons
tous fait ça Plus ou moins, n’est-ce pas ? Et puis l’aiguille divagu
338
s, et aussi pourtant des histoires de copains qui
ont
mal tourné, on pensait bien, ah ! cette jeunesse, mais voyons des aff
339
ve-Fribourg, n° 5, avril 1927, p. 131-144. k. On
a
conservé la graphie de l’original, sans doute voulue par l’auteur.
340
eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’
ai
pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès cet
341
iques autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui
a
25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres don
342
ouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en
a
près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être a
343
inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui
a
choisi de s’astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout e
344
et qui tout en s’épurant dans des formes claires
a
su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élément de vitalité comb
345
une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il
aura
bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuellement, M
346
lle d’hôtel en collaboration avec Paul Donzé. Qui
eût
cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais au
347
e et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais il
a
toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la peint
348
Comme peintre religieux, il se cherche encore. On
a
pourtant l’impression, à voir ses dernières toiles, d’une plus grande
349
mélange de Rops et d’Ensor ; pensait-on… Déjà il
avait
des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà paraissai
350
aient dans les Voix (cette courageuse revue qu’il
avait
fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impétueux ré
351
rles Humbert livré à sa fougue originale. Il y en
a
plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint par lu
352
e cou robuste, les mains d’un si beau dessin, qui
ont
du poids et nulle lourdeur, tout cela communique une impression de pu
353
lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit
avoir
faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du terme
354
son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il
avait
pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour les jeun
355
peu des choses bien curieuses sur son compte. Il
a
fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et d
356
venir de Charles Harder, qui est mort jeune, sans
avoir
pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûr
357
t jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il
a
laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditionnelle, d’un
358
ne, un sculpteur qui saura s’imposer. Léon Perrin
a
compris tout le parti qu’on pouvait tirer des principes cubistes dans
359
inement sa vie propre. Depuis, Léon Perrin semble
avoir
évolué vers une plus grande harmonie de lignes. Je pense surtout à se
360
n de style donnée par le cubisme aux artistes qui
ont
su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubist
361
Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle
a
du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des circ
362
, notre but serait suffisamment atteint si nous n’
avions
fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune peinture orig
363
st un tailleur, biblique, austère et probe, qui n’
a
d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualité
364
nd de l’étoffe… eux ils se vendent ! » Mais Jacob
a
renié ses parents, non leurs ambitions. Surmontant son dégoût, le pèr
365
oisie fatiguée, et de suivre le destin que vous m’
avez
assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. « Bernard Le
366
René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
ai
Le jeu de tout dire est une des plus tragiques inventions de l’inq
367
et un sérieux humain qui forcent la sympathie.
ai
. « René Crevel : La Mort difficile (S. Kra, Paris) », Bibliothèque un
368
tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’
ai
la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragique
369
ine. Encore un ? Non, enfin un. Tous les autres y
ont
apporté de secrètes complaisances, ou une arrière-pensée d’apologie,
370
u’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il
a
esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’est
371
les « éclats de l’impuissance ». Un plus délicat
eut
compris que certains des morceaux très divers qui composent ce livre
372
r chez les jeunes écrivains français un homme qui
ait
à ce point le sens de l’époque, une vision si claire et si tragique d
373
e par quelques jeunes gens. Il faut louer Drieu d’
avoir
échappé au surréalisme en tant qu’il n’est que le triomphe de la litt
374
le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’
avoir
su en garder une passion pour la pureté, un « jusqu’au boutisine » qu
375
et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’
a
appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dép
376
er. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on
eut
déposé devant Isidore un malaga et une eau minérale devant son étrang
377
l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc, j’
avais
vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge,
378
art d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il
a
de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le lende
379
i souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux
avaient
légèrement blanchi. Il me regardait avec une terreur ou je crus disti
380
ar instants l’air de la dernière danse, mais nous
avions
aussi envie de pleurer, à cause du soir trop limpide et trop vaste, c
381
sion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’
avait
-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout en mo
382
le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’
avait
emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des paresse
383
us vulgaires et des plus généralement répandus, j’
ai
vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions élément
384
nt le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique, m’
a-t
-on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allais o
385
Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’
ai
pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me nom
386
ins compromettante, sur cette vie dont le récit n’
avait
pas laissé que de l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout m
387
ache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’
ait
point raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison.
388
raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’
avoir
raison. Je sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoi
389
aussi bien que vous ce que mes principes peuvent
avoir
de « bien jeune », de banal presque, et, pis, d’agréablement paradoxa
390
Conseils à la jeunesse (mai 1927)n « On
a
reproché bien des choses aux romantiques : le goût du suicide, l’habi
391
es temps seront guéris de leur crise, les valeurs
auront
retrouvé leur stabilité, et comme M. Albert Muret dont le Journal de
392
le cœur des femmes (juillet 1927)am Quand vous
avez
fermé ce petit livre, vous partez en chantonnant le titre sur un air
393
parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous n’
aviez
pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de ce p
394
nce le nom de tel de vos confrères, si je dis : «
Avez
-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de votre paradi
395
: c’est trop agréable. Vous dites d’un goût qu’on
aurait
pour Nietzsche : que c’est de la littérature. Alors, quelque paysan d
396
royais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’
ai
tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonn
397
uoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi : j’
ai
lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ?
398
ète au bar, le paradis n’est pas si cher. Il y en
a
aussi qui posent pour le diable et ne se baignent que dans des béniti
399
nt gratuit ». C’est de la littérature. À force d’
avoir
mérité ces épithètes, pour nous laudatives, vous vous étonnez aujourd
400
littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous n’
ayons
rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la littérature
401
rientaux cette croyance : nommer une chose, c’est
avoir
puissance sur elle. Images, pensées des autres, je vous ai mis un col
402
nce sur elle. Images, pensées des autres, je vous
ai
mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur la lais
403
Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, — j’
ai
tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, parl
404
re. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’
a
d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre contre des moul
405
ins d’aujourd’hui. Quand il parle littérature, il
a
toujours l’air de mettre un peu les pieds dans le plat, de dire de ce
406
e dire de ces choses qu’entre gens du métier l’on
a
convenu de passer sous silence. C’est assez drôle de voir le malaise
407
toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’
ont
pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mode ou de
408
a littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je ne l’
ai
pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un a
409
vre pour écrire16. De tous les prétextes que l’on
a
pu avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satisfaisant
410
ux compte de la réalité, c’est André Breton qui l’
a
exprimé : « On publie pour chercher des hommes, et rien de plus. » Ch
411
ent encore se reconnaître. Quand bien même elle n’
aurait
plus d’autre excuse que celle-là, la littérature mériterait d’exister
412
de… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’
ai
défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour ma
413
scandaleux. Le Grand Écart, roman de M. Cocteau,
a
donné son nom à un établissement de nuit très en vogue à Paris. Cambr
414
s de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y
a
plus qu’à les écrire ». o. « La part du feu. Lettres sur le mépris d
415
er dans les singuliers mouvements de sympathie qu’
a
provoqués l’infortune de l’Action française la fraternité qui existe,
416
ccident ? » Certains cris qui nous échappèrent n’
avaient
pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e. p. « Les dernie
417
ns. Nous nous retirons : et ce n’est pas que nous
ayons
brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation provoquée sur tous
418
sans fièvre, sans lamentations d’adieu. On nous
a
parfois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous sommes à l’âge d
419
de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous
avons
l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous a fait des reproches
420
s l’énorme candeur de trouver ça naturel. On nous
a
fait des reproches contradictoires. Nous les additionnons : ils s’ann
421
ou bien de ces affirmations dont en vérité l’on n’
a
pas à se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en est a
422
lisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous n’
avons
aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun remord
423
mœurs et l’habitude. Nous n’avons aucun remords d’
avoir
déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun remord non plus d’avoir troub
424
te catégorie de lecteurs. Aucun remord non plus d’
avoir
troublé quelques bonnes petites somnolences par des cris intempestifs
425
par des cris intempestifs. Il y a des gens qui n’
ont
pas encore admis que jeunesse = révolution Tous les malentendus vienn
426
rd, et même, et surtout, un miracle. Et puis, ils
ont
des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins grand
427
thur-Alfred-Albert au non moins grand Tanner. (On
a
fait ses preuves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-ils ra
428
res amours (août 1927)an Ces trois nouvelles n’
ont
guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes réminisc
429
nt d’un danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui
aurait
pu être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une
430
du corps de son ami suicidé pour une femme qu’ils
ont
aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été de v
431
éalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaudoyer d’
avoir
su donner à ces œuvrettes une si exquise humanité : par lui le « char
432
la vie, — à ce qu’on appelle la vie. Jaloux, qui
a
rencontré plusieurs fois Rilke, trace de lui un portrait qu’on dirait
433
On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui n’
ont
plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend un m
434
eur raconte dans une lettre à une amie comment il
a
écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fami
435
milieu d’une effusion « lyrique », histoire de n’
avoir
pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes de v
436
ue », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais il
a
des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son bo
437
urité de cette sorte d’analyse, — encore que Bopp
ait
prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres déda
438
de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il
a
su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages.
439
i donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles
ont
un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fon
440
d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j’
eus
fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’a
441
jaquettes de couleur pour ma femme… Mais l’homme
avait
posé son journal. Soudain, portant la main à son gilet, il en retira
442
nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous
avez
gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il
443
ion j’ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’
aurais
pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouveau, d’un
444
pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’
as
pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qui
445
’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout ! Ils
ont
inventé les caisses d’épargne, monuments d’une bassesse morale inconc
446
nce à concevoir un autre bonheur que celui qu’ils
ont
reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaunes. Ah
447
qui fait des soirs si doux aux amants quand ils n’
ont
plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent incert
448
e saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’
avais
plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à
449
non qu’au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’
ai
jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou peut-
450
ais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’
a
repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tent
451
yriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y
a
plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibilité.
452
Le péril Ford (février 1928)
a
On a trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au co
453
Le péril Ford (février 1928)a On
a
trop dit que notre époque est chaotique. Je crois bien, au contraire,
454
ue. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’
a
pas connu de période où les directions d’une civilisation apparaissen
455
une absurdité fondamentale. L’infaillible progrès
aurait
-il fait fausse route ? Est-il temps encore de le détourner du désastr
456
nce générale à proclamer le désordre du temps. On
a
peur de certaines évidences, on préfère affirmer que tout est incompr
457
tion. Il répugne à admettre qu’une époque entière
ait
pu se tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de rega
458
de nous et d’en croire nos yeux. I. L’homme qui
a
réussi Je prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et
459
a popularité universelle sont signes que l’époque
a
senti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne m’accuse donc
460
’au jour présent, ma grande et constante ambition
a
été de construire une bonne machine routière. » Les étapes de sa jeun
461
at secondaire de son activité. Le but de sa vie n’
a
jamais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé co
462
été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’
a
réalisé comme il est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures
463
enage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on n’
a
pas le droit humainement de sous-estimer. Les griefs que les socialis
464
opéens ne sauraient l’atteindre. Au contraire, il
a
résolu la question sociale d’une façon qui ne devrait pas déplaire au
465
pas déplaire aux doctrinaires de gauche, lesquels
ont
coutume de promettre à leurs électeurs une organisation complète du m
466
le premier exemple de son achèvement intégral. Il
a
atteint l’objectif de la moderne civilisation occidentale. Voici donc
467
la juger. Le héros de l’époque, c’est l’homme qui
a
réussi. Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on puisse poser
468
qu’on puisse poser à notre temps. II. M. Ford
a
ses idées, ou la philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous avo
469
philosophie de ceux qui n’en veulent pas Nous
avons
dit tout à l’heure quel fut le but de la vie de Ford, sa « grande et
470
biles Ford. Et, comme il est très intelligent, il
a
vite fait de démêler les conditions les plus rationnelles de la produ
471
ent trop chère ; mais surtout que le besoin qu’on
a
de tel objet est satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’indust
472
e le besoin qu’on a de tel objet est satisfait ou
a
disparu. Il semble alors que l’industriel n’ait plus qu’à plier bagag
473
ou a disparu. Il semble alors que l’industriel n’
ait
plus qu’à plier bagage. Mais c’est ici que Ford montre le bout de l’o
474
aisir ou l’intérêt véritable du client. Le besoin
ayant
disparu, la production devant se maintenir, il n’y a qu’une solution
475
isparu, la production devant se maintenir, il n’y
a
qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les prix.
476
moins chers un objet que, sans cette baisse, il n’
eût
pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse. L’ind
477
scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel
ait
forcé (psychologiquement) le client à faire une dépense superflue ; l
478
e une dépense superflue ; le scandale est qu’il l’
ait
trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus profond, cet
479
e, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame
a
même but, mêmes effets. Mais le plus grave est peut-être le sophisme
480
-être le sophisme du loisir. M. Guglielmo Ferrero
a
fort bien montré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe du mon
481
dans la conception fordienne de l’oisiveté. Ford
a
créé un second dimanche dans la semaine, « retouché l’œuvre de la Cré
482
clame, les produits Ford qu’il faut user, etc. Il
a
pour but véritable d’augmenter la consommation. Il rend plus complet
483
bsister qu’en progressant. Mais la nature humaine
a
des limites. Et le temps approche où elles seront atteintes. On peut
484
t au plus pur, au plus naïf matérialiste que nous
avons
affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes » n’y changeront rien. D
485
salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce que j’
ai
à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en pratiq
486
fin de son livre : Le problème de la production
a
été brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nou
487
sons et ne pensons pas assez aux raisons que nous
avons
de le faire. Tout notre système de concurrence, tout notre effort de
488
se remet à discuter des points de technique. Il n’
a
pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’aill
489
ds esprits de tous les temps. On me dira que Ford
a
mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si j’insiste un pe
490
tés essentielles ? Il semble bien que notre temps
ait
prononcé définitivement le divorce de l’esprit et de l’action. III
491
sprit. Si l’Esprit nous abandonne, c’est que nous
avons
voulu tenter sans lui une aventure que nous pensions gratuite : nous
492
ui une aventure que nous pensions gratuite : nous
avons
cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arrière-pen
493
t pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il
a
prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritabl
494
. « En être » ou ne pas en être Une fois qu’on
a
compris à quel point le fordisme et l’Esprit sont incompatibles, le m
495
monde, c’est-à-dire à une nature dont l’usine lui
a
fait oublier jusqu’à l’existence, et à une liberté qu’il s’empresse d
496
exigences les plus rudimentaires de son corps. Il
a
perdu le contact avec les choses naturelles, et par là même, avec les
497
. Neurasthénie. La conquête du confort matériel l’
a
laissé oublier les valeurs de l’esprit au point qu’il n’éprouve plus
498
fatigué de trop de satisfactions matérielles, il
a
laissé se détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effort
499
tions matérielles, il a laissé se détendre, ou il
a
cassé les ressorts de sa joie : l’effort libre et généreux, le sentim
500
joie : l’effort libre et généreux, le sentiment d’
avoir
inventé ou compris par soi-même, la liberté et une certaine durée nor
501
res, humains et divins. Mauvais loisirs. Ford lui
a
donné une auto pour admirer la nature entre 17 et 19 heures : vraimen
502
nque plus rien — que l’envie. Mauvais travail. Il
a
perdu le sens religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut plu
503
rien à l’Univers. Par la technique, l’Occidental
a
prétendu maîtriser la matière et parvenir à une liberté plus haute. O
504
rvenir à une liberté plus haute. Or, la technique
a
révélé des exigences telles que l’Esprit ne peut les supporter. Il ab
505
culté destinée à amuser nos moments de loisir, il
a
des exigences effectives ; et ces exigences sont en contradiction ave
506
uche de Ford : « Inutile, donc à détruire. » Ford
a
raison, une fois de plus. Pas de compromis possible de ce côté. Mais
507
it autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous
avons
mieux à faire, il n’est plus temps de se désintéresser simplement des
508
u dans sa prison. Les intellectuels d’aujourd’hui
ont
une tâche pressante : chercher s’il est possible d’échapper au fatal
509
question de foi. 1. Une enquête faite à Genève
a
révélé que les livres les plus lus du grand public sont Ma vie et mon
510
rance, en Amérique ; poussée mystique en Russie.
a
. « Le péril Ford », Foi et Vie, Paris, n° 4, février 1928, p. 189-202
511
à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois
avaient
fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. D
512
ologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’
ayant
pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je
513
. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’
avais
d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis
514
venir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’
avais
même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’omb
515
s, une fois de plus manquait le rendez-vous que j’
avais
demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare
516
que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin
avait
parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Comment pouvais
517
e détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’
avoir
entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au
518
otre souffrance… Mais le temps approche où vous n’
aurez
plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitt
519
ns son collier de barbe noire. Je sentis que je l’
avais
déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui
520
ait passer pour une élégance très moderne. Il n’y
avait
dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pa
521
te sa personne rien de positivement démodé ; je n’
eus
même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs le
522
ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’
avait
jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir entre
523
l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci du moins n’
a
guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répond
524
que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses,
a
peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez
525
ésespérément à ses manches. De terreur, le homard
avait
rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gér
526
inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’
ai
aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-
527
eux attributs différents. Toutes les femmes qui m’
ont
retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour, c’éta
528
e n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’
ai
su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela s
529
: « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y
avait
plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux hommes — et
530
de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’
ai
vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qualité
531
laisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’
ont
pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni le
532
-il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’
avez
pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille n
533
llement la belle effarée, et nous sortîmes, après
avoir
délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexati
534
lire les signes. » Comme je ne répondais rien : «
Avez
-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clef
535
ous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’
ai
oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir,
536
aisait du Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge
avaient
peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des
537
outes les formes animales. Pour lui, les choses n’
ont
d’intérêt que par les rapports qu’il leur devine avec la réalité extr
538
enait nerveux et que depuis quelques semaines, il
avait
dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la f
539
s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y
eut
plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient
540
en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois. Il
avait
murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus q
541
et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il
a
aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où s
542
e perdre. Et c’est bien sa plus grande ruse que d’
avoir
emprunté le véhicule à la mode pour conduire des millions de lecteurs
543
rgue sous les yeux de poulpes géants. Jules Verne
a
véritablement soumis la science à la poésie. Et l’on ne veut voir que
544
Aragon, Traité du style (août 1928)
as
Ce n’est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à m
545
’ils les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui
a
le sens de l’amour, a dit conséquemment beaucoup de choses vraies (be
546
r leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour,
a
dit conséquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il est même un
547
l est même un des très rares parmi les jeunes qui
ait
vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’ai lu ce livre, malgré
548
it vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi j’
ai
lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien f
549
ccède à des objets qui enfin valent le respect.
as
. « Aragon : Traité du style (NRF) », Bibliothèque universelle et Revu
550
universellement méprisées. Mais les surréalistes
ont
leur responsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit s’est bornée
551
y a sous cette réalité. Il est certain que s’ils
avaient
le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils comprendraient
552
s beau style contre un monde très laid dont ils n’
ont
pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. « Pierre Naville
553
ant de jeunes hommes de l’après-guerre, Malraux l’
a
vécue, avant de la décrire ; et cet aveu de Garine est décisif : « La
554
grimace. Cette intelligence et cette sensibilité
ont
quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’elles s’appliquent
555
éçoit l’imagination. On comprend que ce doux-amer
ait
séduit Barrès, mais ne l’ait point trompé : « Avec son beau regard de
556
end que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais ne l’
ait
point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi
557
si rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il
a
voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’u
558
giner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’
a
pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ;
559
z morose ; mais à grande échelle. M. de Pourtalès
a
su rehausser le tableau avec beaucoup d’adresse et de charme : Wagner
560
ar hasard de moyens d’action puissants : s’il les
a
gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas
561
action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il
a
eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de
562
tion puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’il a
eu
peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Lis
563
s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il
a
eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin,
564
il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a
eu
peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’
565
qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’
a
pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc l
566
n’était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’
a
résolu d’une façon fort adroite mais non moins franche. av. « Guy d
567
rtaines scènes terrifiantes de la révolution : il
a
été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il su
568
eillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’il
a
choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feintes
569
à la mort, inclusivement, n’étonnera pas ceux qui
ont
connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé. Je reg
570
ique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on
a
vu sévir parmi certains milieux d’avant-garde une confusion assez tra
571
e lui donne, en son temps, sa petite part. On lui
a
expliqué qu’il fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En
572
de rentrer en lui-même. « Il se ramène en soi, n’
ayant
plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par l
573
et là déclare froidement ne pas exister. Non : il
a
remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobiogr
574
t-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y
a
plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la cert
575
miroirs. Stéphane est en train de se perdre pour
avoir
voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce
576
uit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’
a
pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne
577
r la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas
eu
confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne sait p
578
rire l’aspect psychologique d’une aventure qui en
a
bien d’autres, d’aspects. Il est bon que le lecteur dérisoirement tro
579
lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’
avoir
pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois de cette incom
580
chappe, qu’il y voie une de ces marques. Stéphane
a
oublié jusqu’au mot de prière. Orphée perd Eurydice par scepticisme,
581
et à lui-même conjointement. Plusieurs ivresses l’
ont
envahi bruyamment, bâillonnent sa raison, l’empêchent de protester co
582
vie avec une émouvante simplicité et il faudrait
avoir
la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur que c’est bien co
583
e cette autobiographie tellement au sérieux que j’
ai
été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un hom
584
uchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui n’
ont
plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joie d
585
blâme, mais comme l’homme nommé Ford, de Détroit,
a
contribué davantage que n’importe quel autre de mon temps à faire abo
586
à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui
ont
perdu toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’il
587
u toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car ils
ont
vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.)
588
aîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’
ont
pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses da
589
mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne
ont
encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres est en agréable odeur
590
Quand avec un air fin mais un ton convaincu l’on
a
répété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois
591
triotes d’Amiel, Godet restera l’un des rares qui
ont
réussi à se connaître et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il
592
rares qui ont réussi à se connaître et que cela n’
a
point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu complexe e
593
sproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : « j’
ai
eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singulièr
594
oportionnés avec son mérite ». Il ajoute : « j’ai
eu
la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singulière,
595
lairvoyance singulière, mes propres limites, et j’
ai
eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’écono
596
rvoyance singulière, mes propres limites, et j’ai
eu
la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’économie
597
n cœur noir, la nouvelle… « Savez-vous qu’on nous
a
pris les deux tiers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue est
598
trons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous
avez
dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu comme un cadeau de Di
599
Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous
ont
reçu comme un cadeau de Dieu, — c’est leur formule de salutation — vo
600
tour de Hölderlin (15 juillet 1929)n « Je lui
ai
raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort
601
au murmure de l’eau ; la Princesse de Homburg lui
a
fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, e
602
e de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il
a
coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches son
603
nant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il
a
cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu atti
604
les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’
ai
voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus diff
605
d’entre nous se préparent à tenter le climat, — j’
avais
rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez pro
606
gue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’
a
consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait
607
e. Il y a là une station de canots de louage où j’
ai
vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un « Hypérion ». E
608
tionne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’il y en
a
qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors
609
affreuses sur son compte, simplement parce qu’il
a
aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer,
610
nd accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’
ai
vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps
611
esse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles
ont
fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rien, j
612
ie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’
a
pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais
613
rfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi
a
vécu dans cette ville, tout semblable à ces théologiens aux yeux voil
614
l lui est arrivé quelque chose de terrible, où il
a
perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. —
615
radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il
a
eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce gen
616
adotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a
eu
tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce genre
617
ntreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… »
a
autorisé des générations de « bourgeois cultivés » à faire la bête dè
618
ent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui
ont
préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pour do
619
e fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils
ont
cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oubl
620
nnée dernière — un livre assez troublant et qu’on
a
trop peu remarqué —, Jean Cassou revient à son romantisme, à notre ch
621
nge dans une atmosphère autre, où les personnages
ont
cet air un peu ivre et capable de n’importe quoi, cet air dangereux e
622
Ce serait un de ces miracles de liberté dont nous
avons
besoin pour croire que le monde actuel n’est pas un cas désespéré. Ma
623
entative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’il
ait
fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie le
624
tion dans un débat où les voix les mieux écoutées
ont
dit ce qu’elles avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cett
625
ù les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles
avaient
à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaissent la t
626
ble. Mais justement, la gloire de M. Benda sera d’
avoir
soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossible. Et qu
627
e de M. Benda sera d’avoir soutenu que l’humanité
a
besoin qu’on lui demande l’impossible. Et quand bien même elle croira
628
impossible. Et quand bien même elle croirait n’en
avoir
plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en butte aux s
629
it devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui
a
des ailes sera persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a
630
rsécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en
a
pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneu
631
elui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il n’en
a
pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes
632
émocratie outragée, les autres disaient qu’il n’y
a
plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher les ques
633
nt qu’il n’y a plus de morale, et ces jeunes gens
ont
une façon de trancher les questions qui vous désarme. Craignant qu’on
634
il pensait à une femme blonde assise près de lui.
Ayant
demandé un timbre pour attirer l’attention de la femme blonde — sans
635
enue. Le lendemain, il reçut une réponse : « Vous
avez
commis une erreur, cher ami, mais bien excusable de la part d’un poèt
636
blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est. J’
ai
fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous aim
637
ui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’
a
laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis de
638
eur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il
a
paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excel
639
sous un régime radical à sécrétion socialiste qui
a
été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformémen
640
a été établi par coup de force, que les libéraux
ont
admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgré leur mauvaise h
641
lle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’
ai
subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes l
642
utes les haines. Je serai méchant, parce que j’en
ai
gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien.
643
m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule
eût
pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais
644
des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’
ai
encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute
645
ts à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’
aurai
plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : o
646
temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres
A
ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époq
647
le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On
a
le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° Rira
648
quand il essaie de nous faire croire qu’« il n’y
a
rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces belles
649
être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui
a
sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait j
650
ve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui
a
peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui vo
651
l, qui a peur de faire faux, parce que les autres
auront
fait juste, et qui voudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter
652
ient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’
avais
appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année suivante, on
653
ouleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’
avait
suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’
654
comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’
ont
aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de cite
655
en servir craignant peut-être des découvertes qui
eussent
ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que j
656
pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on
avait
brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une pe
657
ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’
ont
établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux
658
aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’
avions
plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent à l’ac
659
ent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous
avions
acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne
660
ait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’
avais
trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérielleme
661
vré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’
eus
pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
662
s d’anciens camarades d’école primaire. Comme ils
avaient
changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenus plus diffé
663
e je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’
avaient
pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Ri
664
lève qu’un instituteur : de l’un à l’autre il n’y
a
pas de solution de continuité, la différence n’étant qu’une question
665
x dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi
ai
-je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini
666
— ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils
ont
conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de loin
667
happe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils
auraient
souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles aux finesse
668
ume de cerveau. Il joue de quelque instrument. Il
a
des idées modernes sur tous les sujets, espécialement sur la pédagogi
669
posthumes : l’artiste photographe et le régent. J’
ai
fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogi
670
ladresse professionnelle. J’en connaissais un qui
avait
coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien
671
dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’
ai
bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous
672
ouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’
ai
ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils sont
673
e. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants
ont
un frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloch
674
3. Anatomie du monstre
Ayant
épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles rai
675
ne, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’
ai
entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera p
676
elles me sont absolument personnelles et qu’elles
ont
la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fas
677
tient pour une bonne part à ce que ces personnes
ont
les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que la passion n’a qu’
678
es. Il serait plus juste de dire que la passion n’
a
qu’une clairvoyance intéressée : mais celles-là sont les plus vives.
679
ales de réalisations pratiques. Le programme
a
) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse
680
e concentration de l’esprit. b) plan d’études. On
a
divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chac
681
’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur n’
a
point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
682
que trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture
ont
à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facil
683
s « fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’
a
qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « f
684
s esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’
avez
-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi él
685
aisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’
avait
songé à leur donner une extension universelle et un caractère obligat
686
de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’
ai
oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut l
687
nt forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’
a
qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mai
688
enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’
aurez
rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant.
689
olaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’
eût
par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
690
le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y
a
pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous.
691
r de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui
a
de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez
692
X, 10 ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre
a
revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 su
693
Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle
aura
10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : «
694
sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour
avoir
trouvé : « Quant il neige, c’est comme des petits morceaux de vouate.
695
rs. À la vérité, il s’agit de réussites qui, pour
avoir
enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
696
en effet que nos petits futurs grrrands citoyens
ayant
accompli de « fortes études primaires et secondaires » (témoignage su
697
rstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui
ont
eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un co
698
tion, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont
eu
l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un collè
699
les bons élèves de diverses classes d’un collège
ont
été frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugeme
700
du nombre d’années d’instruction publique qu’ils
ont
subies. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’instruct
701
on publique qu’ils ont subies. Le dilemme J’
ai
indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’
702
. L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela
a
été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma col
703
été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’
a
pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il
704
pe de l’instruction publique. Les réformes qu’ils
ont
proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par le bon s
705
es par le pédantisme inhérent à toute science. On
a
constaté que l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignoranc
706
chologie infantile. Où il y avait non-science, on
a
voulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sinon
707
ait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On
a
créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’on apprend à des élèv
708
hodiquement organisée ? En réalité, cet amusement
a
pour seul but de faire avaler la pilule amère des connaissances. On s
709
toute la personne était un enseignement, et qui n’
avait
pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le dévelop
710
les classes joyeuses sont de vraies foires : ils
ont
toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plu
711
e futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’on leur
avait
confié, c’était la fabrication en série de petits démocrates conscien
712
s siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles
ont
cru et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire pleur
713
utre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y
aura
qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thès
714
idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que j’
ai
l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à d
715
çons, et le plus longtemps possible, pour qu’on n’
ait
pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’o
716
re compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’
ait
pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un
717
lliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’
ait
pas le temps de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’a embras
718
s de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’
a
embrassée une fois, une seule fois, sait bien que tout le reste est a
719
s pas que les créateurs de l’instruction publique
aient
eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour a
720
que les créateurs de l’instruction publique aient
eu
pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour auta
721
r autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’
a
été possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocrat
722
l’œil torve. Durant l’opération, tous les crânes
ont
été décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suff
723
naturel explique que les autorités compétentes n’
aient
point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenan
724
e souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’
ont
pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce qu’é
725
e signal de la grande débâcle printanière. Il n’y
a
de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on culbu
726
s enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans
avoir
jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du
727
soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note
A
à la fin du cahier. 11. Est-il besoin de déclarer formellement qu’un
728
eh bien ! elle apprendra que le seul péché qui n’
a
pas de pardon c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suffi
729
lle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle
a
surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du ma
730
e ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’
aura
démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à outra
731
r sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On
a
comparé le monde moderne à un vaste établissement de travaux forcés.
732
qu’elle est cultivée par l’État), l’École, après
avoir
entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse c
733
Le pasteur sème dans un terrain que l’instituteur
a
méthodiquement desséché.
734
ublique contre le progrès Un beau titre. Et qui
a
meilleure façon que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
735
de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous
a
un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs vous aimez les id
736
euses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’
ai
peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l
737
ns une direction tout opposée. C’est très malin d’
avoir
inventé un instrument de progrès : encore faut-il le mettre en marche
738
est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’
a
guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, de ronfl
739
ans, à ne se point poser de questions dont ils n’
aient
appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses devoirs,
740
es réponses. J’avoue que je trouve ça très fort :
avoir
obtenu un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’il ne fallait p
741
l’anarchie que les génies directeurs de ce temps
ont
inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détru
742
ecul humain. Par exemple, est-ce un progrès que d’
avoir
remplacé les hiérarchies de tradition, avec tout le vaste arrière-fon
743
s. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’
aura
fait remarquer que la plupart des intellectuels sont convertis depuis
744
our préparer les temps nouveaux. Énorme question.
Aurai
-je la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui
745
ne et de cette formidable expérience négative qui
aura
duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme
746
rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’
aurais
voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à
747
il concevait à la place de la royauté absolue. Il
eût
fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se représe
748
rir. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’
a
que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé
749
Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que j’
ai
la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer
750
léments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous
aurons
épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi présentem
751
iste que j’aime est simplement un homme libre qui
a
une foi (ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à v
752
à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils
auraient
là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’
753
d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en
ai
assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilit
754
terre ? Impossible. Le peuple qui déteste l’école
a
pourtant faim d’instruction15, et se croirait lésé dans un de ses dro
755
ts, il s’épargnerait de longs énervements. Il n’y
a
pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de
756
s atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous
avons
vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soi
757
Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929. NOTE
A
On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions no
758
ns noires et consciemment criminelles. Ce travers
a
été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les
759
e qu’en attaquant ses idées et leurs réalisations
ont
ait porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du con
760
’en attaquant ses idées et leurs réalisations ont
ait
porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil
761
ace que dans un système religieux. Pour quiconque
a
une foi et la conscience de cette foi, il n’est d’enseignement vérita
762
issent ici que pour impressionner le public. Je n’
ai
pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet,
763
giques encore très actuels, du fait que l’école n’
a
pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il est
764
eur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai. Il
a
paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 excel
765
ous un régime radical à sécrétion socialiste, qui
a
été établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformémen
766
a été établi par coup de force, que les libéraux
ont
admis, conformément à leurs maximes, et toléré malgré leur mauvaise h
767
lle prolonge abusivement sa terne existence. Je l’
ai
subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment toutes l
768
utes les haines. Je serai méchant, parce que j’en
ai
gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à rien. —
769
m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule
eût
pu, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais q
770
des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car j’
ai
encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en doute
771
ts à néant ici même ; mais — gain de temps — je n’
aurai
plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : o
772
temps — je n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres
A
ou B, selon. A. Réponses du type : on ne peut pas aller contre l’époq
773
le dire : l’instruction publique.) Résumé : 1° On
a
le droit d’aller contre l’époque, et on le peut efficacement. 2° rira
774
quand il essaie de nous faire croire qu’ « il n’y
a
rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces belles
775
être qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui
a
sommeil, qui a peur de faire faux, parce que les autres auront fait j
776
ve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui
a
peur de faire faux, parce que les autres auront fait juste, et qui vo
777
l, qui a peur de faire faux, parce que les autres
auront
fait juste, et qui voudrait bien pleurer, et qui recommence à gratter
778
ient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’
avais
appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on m
779
ouleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’
avait
suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléité d’
780
comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là n’
ont
aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de cite
781
en servir craignant peut-être des découvertes qui
eussent
ruiné trop de certitudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que j
782
pour qu’il pût se dégager de leur empire. Mais on
avait
brisé en nous ces ressorts de la révolte et de la libération d’une pe
783
ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’
ont
établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions plus aux
784
aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’
avions
plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent à l’ac
785
ent à l’action des étoiles par exemple. Mais nous
avions
acquis le respect des statistiques. Nous savions que les miracles ne
786
ait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi, j’
avais
trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérielleme
787
vré, en supporter longtemps encore l’action. Je n’
eus
pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et ces
788
s d’anciens camarades d’école primaire. Comme ils
avaient
changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenu plus différ
789
e je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’
avaient
pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Ri
790
ève qu’un instituteur : de l’un à l’autre, il n’y
a
pas de solution de continuité, la différence n’était qu’une question
791
x dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi
ai
-je envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini
792
— ne se prennent pas pour de la petite bière. Ils
ont
conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de loin
793
happe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils
auraient
souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles aux finesse
794
eine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’
ai
fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédagogi
795
e maladresse professionnelle. J’en connais un qui
avait
coutume de dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’ai bien
796
dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : « J’
ai
bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vous
797
ouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je n’
ai
ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils sont
798
e. Entrons, c’est pire encore. Beaucoup d’enfants
ont
un frisson de dégoût au moment de passer la porte, au son de la cloch
799
3. Anatomie du monstre
Ayant
épanché un peu de ma rancune, à seule fin de montrer pour quelles rai
800
ne, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’
ai
entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera p
801
elles me sont absolument personnelles et qu’elles
ont
la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je fas
802
tient pour une bonne part à ce que ces personnes
ont
les yeux faibles. Il serait plus juste de dire que la passion n’a qu’
803
es. Il serait plus juste de dire que la passion n’
a
qu’une clairvoyance intéressée : mais celle-là est la plus vive. Enfi
804
de réalisations pratiques. 3.a. Le programme
a
) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse
805
e concentration de l’esprit. b) plan d’études. On
a
divisé l’enseignement en branches bien distinctes. On attribue à chac
806
’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur n’
a
point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
807
que trimestre. Ceux qui arrivent après la clôture
ont
à refaire l’étape. On obtient par ce moyen un peloton homogène, facil
808
s « fournies » par le prévenu (l’élève examiné) n’
a
qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts « f
809
s esprits au contrôle de l’État, voyons donc, — n’
avez
-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités aussi él
810
aisseur, mais il faut reconnaître que jamais on n’
avait
songé à leur donner une extension universelle et un caractère obligat
811
de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’
ai
oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut l
812
nt forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’
a
qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mai
813
enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous n’
aurez
rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social existant.
814
olaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’
eût
par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible tant
815
le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il n’y
a
pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tous.
816
de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui
a
de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez
817
a, 10 ans, écrit : « C’est l’hiver. Déjà la terre
a
revêtu son blanc manteau. » Elle aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 su
818
Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. » Elle
aura
10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour avoir trouvé : « Qu
819
10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie pour
avoir
trouvé : « Quand il neige, c’est comme des petits morceaux de vouate.
820
rs. À la vérité, il s’agit de réussites qui, pour
avoir
enivré l’espoir et enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
821
ve en effet que nos petits futurs grands citoyens
ayant
accompli de « fortes études primaires et secondaires » (témoignage su
822
rstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui
ont
eu l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un co
823
tion, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont
eu
l’occasion de comparer les bons élèves de diverses classes d’un collè
824
les bons élèves de diverses classes d’un collège
ont
été frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugeme
825
du nombre d’années d’instruction publique qu’ils
ont
subies. 3.h. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’ins
826
blique qu’ils ont subies. 3.h. Le dilemme J’
ai
indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident qu’
827
. L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela
a
été dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu ma col
828
été dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On n’
a
pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il
829
pe de l’instruction publique. Les réformes qu’ils
ont
proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par le bon s
830
es par le pédantisme inhérent à toute science. On
a
constaté que l’école actuelle est fondée sur une remarquable ignoranc
831
chologie infantile. Où il y avait non-science, on
a
voulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’il faudrait. Sinon
832
it. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On
a
créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’on apprend à des élèv
833
hodiquement organisée ? En réalité, cet amusement
a
pour seul but de faire avaler la pilule amère des connaissances. On s
834
toute la personne était un enseignement, et qui n’
avait
pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le dévelop
835
s et dont les classes sont de vraies foires ; ils
ont
toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plu
836
futurs anarchistes 8, bravo ! Mais ce qu’on leur
avait
confié, c’était la fabrication en série de petits démocrates conscien
837
s siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles
ont
crû et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire pleur
838
utre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il n’y
aura
qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thès
839
idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que j’
ai
l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à d
840
çons, et le plus longtemps possible, pour qu’on n’
ait
pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour qu’o
841
re compte que tout cela est absurde. Pour qu’on n’
ait
pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d’un
842
lliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on n’
ait
pas le temps de découvrir la Liberté 9, parce que celui qui l’a embra
843
de découvrir la Liberté 9, parce que celui qui l’
a
embrassée une fois, une seule fois, sait bien que tout le reste est a
844
s pas que les créateurs de l’instruction publique
aient
pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et je les excuse pour auta
845
autant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’
a
été possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocrat
846
l’œil torve. Durant l’opération, tous les crânes
ont
été décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suff
847
naturel explique que les autorités compétentes n’
aient
point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenan
848
e souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils n’
ont
pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Mais attendez, si qu
849
e signal de la grande débâcle printanière. Il n’y
a
pas de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on c
850
s enivrant, 100 %. Beaucoup de gens mourront sans
avoir
jamais soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note A à la fin du
851
soupçonné ce que cela représente. 10. Voir note
A
à la fin du livre, p. 65. 11. Est-il besoin de déclarer formellement
852
eh bien ! elle apprendra que le seul péché qui n’
a
pas de pardon, c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suff
853
lle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle
a
surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du ma
854
e ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on m’
aura
démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à outra
855
r sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On
a
comparé le monde moderne à un vaste établissement de travaux forcés.
856
qu’elle est cultivée par l’État), l’École, après
avoir
entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse c
857
tard. Elle sème dans un terrain que l’instituteur
a
méthodiquement desséché.
858
ublique contre le progrès Un beau titre. Et qui
a
meilleure façon que le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
859
de… journalistique, de bedonnant creux, cela vous
a
un petit air démocratique, hé ! hé !… et d’ailleurs, vous aimez les i
860
euses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’
ai
peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l
861
ns une direction tout opposée. C’est très malin d’
avoir
inventé un instrument de progrès : encore faut-il le mettre en marche
862
est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’
a
guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, ronfler
863
ans, à ne se point poser de questions dont ils n’
aient
appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses devoirs,
864
es réponses. J’avoue que je trouve ça très fort :
avoir
obtenu un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’il ne fallait p
865
’anarchie que les génies destructeurs de ce temps
ont
inspiré à beaucoup d’entre nous — encore que peu l’avouent. Car détru
866
ecul humain. Par exemple, est-ce un progrès que d’
avoir
remplacé les hiérarchies de tradition, avec tout le vaste arrière-fon
867
s. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on m’
aura
fait remarquer que la plupart des intellectuels se sont convertis dep
868
our préparer les temps nouveaux. Énorme question.
Aurai
-je la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui
869
ne et de cette formidable expérience négative qui
aura
duré deux siècles au moins. L’évolution de l’humanité paraît conforme
870
rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’
aurais
voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il concevait à
871
il concevait à la place de la royauté absolue. Il
eût
fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se représe
872
r. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’
a
que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé
873
Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que j’
ai
la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassurer
874
léments. Il n’engendre pas, il ajuste. Quand nous
aurons
épuisé toutes les combinaisons de vitesse et d’ennui à quoi présentem
875
iste que j’aime est simplement un homme libre qui
a
une foi (ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !… Je vois à v
876
à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils
auraient
là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de moins qu’
877
d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en
ai
assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possibilit
878
terre ? Impossible. Le peuple qui déteste l’école
a
pourtant faim d’instruction 15, et se croirait lésé dans un de ses dr
879
ts, il s’épargnerait de longs énervements. Il n’y
a
pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années de
880
s atrophiées que devrait s’employer l’école. Nous
avons
vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soi
881
Areuse, 26 décembre 1928-10 janvier 1929. NOTE
A
On est toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions no
882
ns noires et consciemment criminelles. Ce travers
a
été développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les
883
u’en attaquant ses idées et leurs réalisations on
ait
porté atteinte à la dignité morale de ce M. Machin, membre du conseil
884
ace que dans un système religieux. Pour quiconque
a
une foi et la conscience de cette foi, il n’est d’enseignement vérita
885
issent ici que pour impressionner le public. Je n’
ai
pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effet,
886
giques encore très actuels, du fait que l’école n’
a
pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant s’il est s