1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 ent le monde. L’une vient de l’Orient, et insinue dans le monde romain les virus du christianisme, de la Réforme, de la Révo
2 t tout autre principe. Jusqu’ici, rien d’original dans cette conception simpliste du monde, qui n’est en rien différente de
3 cisme et du christianisme, le christianisme étant dans le même camp que la Réforme. M. de Montherlant n’est décidément pas p
4 is. Dernièrement, il abandonna le stade et rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœuré du désordre général, il cherche
5 ent sous la main : le sport et la morale romaine. Dans sa hâte salvatrice, M. de Montherlant ne s’est même pas demandé si ce
6 es 1, son dernier livre, est consacrée à « fondre dans une unité supérieure » l’antinomie de l’esprit catholique et de l’esp
7 ment. Il me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une même philosophie la morale jésuite, faite de règles et de contrai
8 suite, faite de règles et de contraintes imposées dans le but de restreindre la liberté et l’initiative individuelles, et la
9 plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le corps du joueur à la vue de la prairie rase où rebondit un ballon.
10 Ô garçons, il y a un brin du myrte civique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’êtes pas couronnés d’olivier. La mai
11 pas couronnés d’olivier. La main connaît la main dans la prise du témoin. L’épaule connaît l’épaule dans le talonnage du ba
12 ans la prise du témoin. L’épaule connaît l’épaule dans le talonnage du ballon. Le regard connaît le regard dans la course d’
13 talonnage du ballon. Le regard connaît le regard dans la course d’équipe. Le cœur connaît la présence muette et sûre. Toute
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
14 Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)b Lundi soir, dans la salle
15 nture moderne » (30 octobre 1924)b Lundi soir, dans la salle du Lyceum, M. Conrad Meili parla des écoles qui représentent
16 ant le xixe siècle, une exploration merveilleuse dans les domaines du romantisme, du naturalisme, de l’impressionnisme, pou
17 ralisme, de l’impressionnisme, pour aboutir enfin dans ces impasses : cubisme et futurisme. Les voici revenus, après cent-vi
3 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Chant funèbre pour les morts de Verdun (mars 1925)
18 ’adversaire, ce qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût
19 sez malsain goût du sang. Tout cela s’est purifié dans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous sommes sûrs de ne
20 d’un de ces hommes qui « descendirent » du front dans notre paix lassée, ne prend-elle pas une pathétique signification ? P
21 anité ou de moins de santé ». À maintes reprises, dans cette œuvre d’affirmation, une telle inquiétude, un amer « à quoi bon
22 ons élevées où les éléments contraires s’unissent dans la grandeur. La paix qu’il appelle, c’est autre chose que l’absence d
23 va chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre po
24 el durement consentie, voilà ce que nous admirons dans le Chant funèbre. Ce mot de grandeur revient souvent lorsqu’on parle
25 te œuvre : je ne sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité révélée ou dans la noblesse de sa soumiss
26 aison dans la force de la personnalité révélée ou dans la noblesse de sa soumission. Périlleuse carrière de la grandeur où M
27 erlant est entré de plain-pied, en même temps que dans la guerre. Que de sacrifices ne lui devra-t-il pas offrir ainsi les r
28 lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple intérieur, s’il veut rester digne de son rôle et vraiment
29 ruelle et désolée comme cette « flamme pensante »  dans l’ossuaire de Douaumont. Puis la vie l’exalte de nouveau d’un large v
4 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Breton, Manifeste du surréalisme (juin 1925)
30 evenir notre poncif moderne, — si propre à égarer dans d’ingénieuses métaphores quiconque chercherait une idée là-dessous, —
31 rincipes ? Le Rêve est la seule matière poétique. Dans le monde du Rêve autant de cellules isolées que de rêveurs. Toute poé
32 tes pour faire un poème » cette mystification est dans la logique de ses principes, mais je lui conteste le droit de faire s
33 du poète et le mien ? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être parfaitement impénétrables. Je crois
34 avoue Rimbaud, entre encore pour une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis m’empêcher d’accuser Breton d
5 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Colin, Van Gogh (août 1925)
35 et sincères qui se croient une vocation, végètent dans des œuvres d’évangélisation, fondent des groupes dissidents. Le mirac
36 ivine violence le travaille. Elle jaillira enfin, dans l’éblouissement d’Arles, jusqu’au jour où cette consomption frénétiqu
6 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Lucien Fabre, Le Tarramagnou (septembre 1925)
37 ne notation d’artiste ou de psychologue se glisse dans leur flot. Voilà le lecteur entraîné, ébahi, passionné, contraint de
38 es syndicats et des capitalistes des villes. Mais dans une de ces provinces du Midi où le souvenir des luttes religieuses en
39 plutôt, je crois, une certaine harmonie générale dans le récit et le ton, surtout dans la première partie, qui est confuse.
40 armonie générale dans le récit et le ton, surtout dans la première partie, qui est confuse. Non pas que le roman soit mal co
7 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Les Appels de l’Orient (septembre 1925)
41 pre génie, l’Europe d’aujourd’hui semble chercher dans une confrontation avec l’Orient, plutôt qu’une réelle connaissance de
42 imaginé un péril oriental, car il semble bien que dans le domaine de la culture le péril n’existe que pour autant qu’on en p
43 ytique et organisateur d’occidental se perdra ici dans un ensemble kaléidoscopique d’idées et de jugements contradictoires,
44 s. Pour Valéry, la supériorité de l’Europe réside dans sa « puissance de choix », dans le génie d’abstraction qui a produit
45 e l’Europe réside dans sa « puissance de choix », dans le génie d’abstraction qui a produit la géométrie grecque. D’autres a
46 me, et la déplorent. Plusieurs jeunes songent que dans une Europe vieillie, les parfums puissants de l’Asie sauront encore é
47 el comme des tours de Babel, et une Asie immobile dans sa méditation éternelle. e. « Les Appels de l’Orient (n° 9-10 des C
8 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Prévost, Tentative de solitude (septembre 1925)
48 ommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve être le néant. Pour finir il «
9 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Almanach 1925 (septembre 1925)
49 endre la pittoresque définition de M. A. Eloesser dans l’Almanach du 25e anniversaire. Les révolutionnaires y faisaient pour
10 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)
50 Otto Flake, Der Gute Weg (septembre 1925)h Dans l’atmosphère trouble où s’agite l’Allemagne nouvelle — et peut-être p
51 que et désolant à celui qui, revenu de l’étranger dans le désordre de son pays, suivra obstinément le « bon chemin » de la s
52 , p. 1163. i. Orthographié « Flasce » par erreur dans l’original.
11 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Miguel de Unamuno, Trois nouvelles exemplaires et un prologue (septembre 1925)
53 découvre un sommet ? Point. Précision, modération dans le jugement, humour léger, notation suggestive, telles sont les vertu
54 lles sont les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la mesure de so
55 plus intime, de celle qu’ils se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas être… ». Mais les héros de Pira
12 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ernest Seillière, Alexandre Vinet, historien de la pensée française (octobre 1925)
56 tianisme et du romantisme. M. Seillière cherchait dans l’époque romantique un témoin dont le jugement eut « l’autorité d’un
57 ue Vinet. Et j’imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la substance originale de la plupart des i
58 vice que M. Seillière nous rend en réintroduisant dans l’actualité la plus brûlante les richesses intellectuelles et morales
59 is. Vraiment, tout ce qui semble viable et humain dans la critique moderne du romantisme, Vinet l’avait trouvé. Mais sa posi
13 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Gravitations (décembre 1925)
60 ère. C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans sa profondeur, mais qui se penche sans vertige sur ses abîmes. Simpli
61 chose haute à la voix grave qu’on appelle un père dans les maisons. » Comme Valéry, ce poète sait « des complicités étranges
62 i arrive de situer une anecdote purement poétique dans un monde qu’il s’est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la d
63 e même air du temps. Leur originalité se retrouve dans la manière dont ils tentent de fuir l’inquiétude où ils baignent. Cel
64 du ciel. » Le gaucho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles. J’avoue que l’univers intérieur où il lui arrive de grav
14 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Simone Téry, L’Île des bardes (décembre 1925)
65 . Car elle veut éviter l’emballement et conserver dans l’admiration son sens critique de Parisienne. C’est une sympathie mal
15 1925, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Hugh Walpole, La Cité secrète (décembre 1925)
66 e 1925)n La Révolution russe va-t-elle usurper dans le roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec ses écumeurs ? Déj
67 e chaos. Salmon a même tenté d’en écrire l’épopée dans Prikaz, cette traduction française de l’énorme cri de délivrance du p
68 en différent, a vu la Révolution sans romantisme, dans le détail de la vie d’une ville. Il sait qu’un grand mouvement est la
69 de millions de petits. Voici naître la révolution dans un cœur, puis dans une famille. Et une fois le grand bouleversement a
70 ts. Voici naître la révolution dans un cœur, puis dans une famille. Et une fois le grand bouleversement accompli dans la « C
71 lle. Et une fois le grand bouleversement accompli dans la « Cité secrète » de la vie privée, quelques regards sur la foule s
72 M. Walpole leur a dévolu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église, pour constater que la foule ne réag
73 olu le soin d’entrer tantôt dans un foyer, tantôt dans une église, pour constater que la foule ne réagit pas autrement que l
74 semaines. Qu’on veuille bien ne voir autre chose dans ces « procédés », d’ailleurs assez peu choquants, que le revers de gr
75 La Cité secrète. Pour celle-ci par exemple (caché dans un réduit, Markovitch, l’idéaliste, surprend sa femme, la vertueuse V
76 mprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde dans l’appartement. Il avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta
77 e blottit là, sur le sol, les yeux grands ouverts dans le vide, sans rien voir. Ainsi le moujik devant le bolchévique viola
78 us proche. Il n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibilités, à chaque instant, d’explosion. L
16 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
79 semblent s’être le plus rapprochés du Christ ; et dans l’Église persécutée, le martyre devient le signe par excellence de la
80 nce de la sainteté. Le peuple, encore païen, voit dans la vénération des pèlerins pour les tombes de leurs saints une forme
81 n formation. Au Moyen Âge l’évolution se continue dans le même sens. On spécialise les « compétences » des saints, ou de leu
82 nt de grandeur morale que les saints maintiennent dans l’Église. M. Guisan va très loin dans ses concessions à de telles cri
83 aintiennent dans l’Église. M. Guisan va très loin dans ses concessions à de telles critiques. Mais c’est pour affirmer avec
84 de force que « en situant tout le devoir chrétien dans l’accomplissement scrupuleux, joyeux et fidèle de la vocation, le pro
85 a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestantisme. Mais il n’est pas de fin aux œuvres de Dieu. La sa
86 mence qu’aux limites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saint
17 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Adieu, beau désordre… (mars 1926)
87 on ne sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini, et l’on court après sans fin. Même ceux qui on
88 s ont perdu le sens social. Cela devient frappant dans les générations nouvelles. Toute la jeune littérature décrit un type
89 ’est un dilettantisme qu’ils ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude foncière, une foi en la valeur d
90 ervir. ⁂ On se complaît à répéter que nous vivons dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il n’existe pas d’esprit d
91 e, et dont les façades s’opposent avec hostilité. Dans l’intérieur des deux maisons pourtant se débattent les mêmes brouille
92 Mais quel est ce besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se voir vivre, dans son œuvre ? C’est ici l
93 er, dans le héros de son roman, de se voir vivre, dans son œuvre ? C’est ici la conception même de la littérature, telle qu’
94 ut préciser. L’éthique et l’esthétique convergent dans la littérature d’aujourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent ne pas
95 rnes en littérature. Jacques Rivière s’y appliqua dans un de ses derniers articles2. Il rendait responsable de tout le « mal
96 ances les plus aiguës prennent la place d’honneur dans des esthétiques construites en hâte à l’usage de sensibilités surmené
97 peu les « grands problèmes », et le voilà reparti dans un égoïsme triomphant, pur du désir d’action qui empêtrait Barrès dan
98 phant, pur du désir d’action qui empêtrait Barrès dans des dilemmes où l’art trouvait mal sa nourriture. Drieu la Rochelle t
99 usquerie de ses aînés. Encore un qui s’est complu dans son dégoût ; mais jusqu’au point d’y percevoir comme un appel du Dieu
100 e à se regarder chercher, absorbant son attention dans une sincérité si voulue qu’elle va parfois à l’encontre de son dessei
101 de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes malades dans les profondeurs. Et le mal est si cruellement isolé, commenté par ceu
102 ions qu’on vient d’esquisser. Mais on trouve tout dans les livres des jeunes, dites-vous, le pire et le meilleur, toutes les
103 rce qu’aucune ne s’est autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’une éthique. Presque tous sont hantés pa
104 sances humaines. L’espèce de sincérité terroriste dans laquelle nous nous obstinions nous menait naturellement à repousser a
105 l’aboutissement d’une évolution qui a son origine dans l’œuvre de Gide. Entre les Nourritures terrestres, les Caves du Vatic
106 ssujettie à son objet, qu’il n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur effort est de retrouver c
107 u claire !) Quelques autres se recueillent encore dans l’attente angoissée d’une révélation et dans la connaissance de leur
108 core dans l’attente angoissée d’une révélation et dans la connaissance de leur misère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’i
109 u ; qu’ils osent se faire violence pour se hisser dans la lumière. « Il vaut mieux, dit encore Vinet, ne voir d’abord que le
110 humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tout est fini » dans Libertinage. (NRF) 5. Détours de René Crevel ; les romans de Philip
18 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
111 suivant M. A. Léo — du domaine de la pensée pure dans celui de l’action. M. Cadier montra le conflit de la théologie modern
112 rouva préciser bien des points laissés en suspens dans la première partie de la conférence. Puis M. A. Brémond, étudiant en
113 sité et les difficultés d’une action missionnaire dans ces milieux, comme M. Terrisse l’avait fait le soir avant pour les mi
114 rop courte. Et les repas réunissent tout le monde dans la gaieté la plus charmante. On y vit un ouvrier en maillot rouge ass
19 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Jean Jouve, Paulina 1880 (avril 1926)
115 e la volupté et de la mort », un titre s’effaçait dans l’ombre. Jouve a rêvé une histoire de passion mystique et de crime, i
116 relation cinématographique. Mais tout cela baigne dans le même lyrisme et s’agite sur un fond sombre et riche de passions in
117 e démences mystiques ; mais tout cela est sublimé dans un monde poétique où il paraît inconvenant d’introduire le jargon de
118 comme Rousseau sur les droits de la passion, — et dans sa trame quelques chapitres inspirés presque littéralement d’une anec
20 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alix de Watteville, La Folie de l’espace (avril 1926)
119 talent de Mme de Watteville paraît mieux à l’aise dans la description du milieu patricien que dans la création d’un caractèr
120 ’aise dans la description du milieu patricien que dans la création d’un caractère de grand peintre. Pourtant, malgré des lon
21 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Cécile-Claire Rivier, L’Athée (mai 1926)
121 la découverte de Dieu par une jeune fille élevée dans l’athéisme. Invraisemblablement ignorante de toute religion jusqu’à 2
22 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cocteau, Rappel à l’ordre (mai 1926)
122 évèle simplement une volonté de construire jusque dans le grabuge, qu’il aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] m
23 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, Mon corps et moi (mai 1926)
123 il n’a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec son corps qui se souvient — « mémoire, l’ennemie
124 ctions physiologiques dont la pauvreté le rejette dans une angoisse qu’il nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce
24 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
125 ’affirmer aux dépens d’autrui, — c’est la liberté dans la recherche. Chose plus rare qu’on ne pense, à Aubonne on se sent pr
126 e Maury sur Jacques Rivière : combien reconnurent dans le tourment de cette âme leur propre recherche, — et dans ses lumineu
127 tourment de cette âme leur propre recherche, — et dans ses lumineuses conquêtes sur le doute, le modèle des réponses désirée
128 n sur l’épaule de Janson, et de l’autre dessinant dans l’air des phrases musicales. Après quoi Richardot, entrant par la fen
129 nférence3 pour savoir tout ce que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom et adresse.
25 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Le Corbusier, Urbanisme (juin 1926)
130 x conditions nouvelles de travail ou de repos, ni dans son plan ni dans le détail des rues. Congestion : « un cheval arrête
131 elles de travail ou de repos, ni dans son plan ni dans le détail des rues. Congestion : « un cheval arrête 1000 chevaux-vape
132 Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui dans son fameux discours aux édiles de Rome). Urbanisme est une étude tec
133 es de lyrisme. C’est d’une verve puissante jusque dans la statistique. On en sort convaincu ou bouleversé, enthousiasmé d’av
134 ur d’un aérodrome-gare circulaire, prismes perdus dans le silence de l’azur au-dessus des rumeurs de la ville. Puis s’étende
26 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
135 es à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la suite ; c’est peut-être pourquoi nous accordons voix dans le débat
136 te ; c’est peut-être pourquoi nous accordons voix dans le débat d’écrire, aux forces les plus secrètes de notre être comme a
137 est que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. Il ne me resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faib
138 prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon être une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut ell
139  » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’allais plier des rési
140 les choses… Vers le soir, l’ardeur tombe : agir ? dans quel sens ? Provisoirement j’étais sauvé d’un désordre où l’on glisse
141 ion… Je crois qu’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vienne chercher l’âme qui se sent miséra
142 ertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes mes forces complices de mon dest
143 oindre résistance. Mais je ne m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter plus loin sans cesse, de ba
144 rité m’apparaît parfois comme un arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On
145 x plus de faiblesses4.) Et demain peut-être, agir dans le monde, si je m’en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, co
146 onscience. Je fais partie d’un ensemble social et dans la mesure où j’en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde o
147 s certitudes5, j’éprouve vite le sentiment d’être dans un débat étranger à ce véritable débat de ma vie : comment surmonter
148 ciennes folies… Combat, oscillations silencieuses dans ma demi-conscience. Joie, dégoût, lueurs éteintes dans une nuit froid
149 ma demi-conscience. Joie, dégoût, lueurs éteintes dans une nuit froide. Les notes d’un chant qui voudrait s’élever. Puis enf
150 autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser). J’entends des phrases
27 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
151 rlant n’a pas toujours échappé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne dans l’allure puissante à la fois et désinvolt
152 pé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne dans l’allure puissante à la fois et désinvolte de son récit. On a souvent
153 voir à quel point Montherlant reste poète jusque dans la description la plus réaliste de la vie animale. Et n’est-ce pas ju
154 ux entendu au-dessus de la mer », il y a toujours dans un coin du tableau des ruades, des chevaux qui partent tout droit, la
155 à l’approche de l’inconnu. Nulle part mieux que dans la description des taureaux ne se manifeste ce passage du réalisme le
156 un corps qu’on gonflerait à la pompe, tandis que dans cet agrandissement les articulations grinçaient, avec le bruit d’un c
157 t la chère plaine. De tels passages qui abondent dans les Bestiaires font pardonner bien d’autres pages de vrais délires ta
158 tieux, de grands symboles païens, et l’on se perd dans un syncrétisme effarant, où Mithra, Jésus, les taureaux et Alban conf
159 us, les taureaux et Alban confondent leurs génies dans une sorte de cauchemar de soleil et de sang. On peut penser ce qu’on
160 e nous donnons ? » ⁂ Il est impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une évocation de l’Espagne et du génie taurin. Ce q
161 qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en fin de compte de tous ces
162 problèmes de l’heure. La violence même qui sourd dans son être intime l’en empêche, le préserve des états d’incertitude dou
163 es, sociaux, etc., et il ne met de la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ai pas dit les choses sentimentales. Le
164 ment vers la vie ardente qui peut entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est-ce point une solution aussi ? Plutôt que d
165 parfois à ces forces obscures qui nous replacent dans l’intelligence de l’instinct universel et nous élèvent à une vie plus
28 1926, Journal de Genève, articles (1926–1982). Le Dépaysement oriental (16 juillet 1926)
166 Dépaysement oriental (16 juillet 1926)a Il y a dans le monde intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne peut plus
167 aux. L’intérêt d’un livre comme celui-ci est plus dans l’opposition des deux mondes que dans la peinture elle-même de l’Orie
168 ci est plus dans l’opposition des deux mondes que dans la peinture elle-même de l’Orient. Tandis que s’accumulent les traits
169 ral de l’Oriental, celui de l’Européen se précise dans la même mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’est guère
170 pour le vrai ». Ce qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’il qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « pro
171 nt », tandis que « l’attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleus
172 re », assez « fidèle » à ses origines pour garder dans ses dépaysements un point de vue fixe, d’où comparer et, parfois, jug
29 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)
173 nterait pas d’étudier les œuvres pour elles-mêmes dans leur signification historique ou technique, mais tâcherait d’épouser
174 isme spirituel qu’elle révèle, puis de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a tout le talent qu’il faut pour lui
175 cédentes. Parce qu’elles se sont souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pas d’un « Jugement » sans issue
176 que ; mais tenant compte de leur effort, il puise dans l’échec même de leurs analyses les éléments de sa synthèse, qui se tr
177 de ces expériences négatives est contenue surtout dans ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes, il était temps que
178 tre l’œuvre et le moi, comme le fait M. Fernandez dans un essai sur l’Autobiographie et le Roman, dont pour ma part je suis
179 es subtiles, d’autant que la position de l’auteur dans cet essai me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vra
180 un Meredith et d’un Stendhal, qui ont su « penser dans le train de l’action, faire de la psychologie à la volée », et donc c
181 ychologie à la volée », et donc connaître l’homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je me borne à signaler encore un
182 e me borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ces essais : l’esthétique du roman. Fernandez en formul
183 port à ses idées, on le sent un peu gauche encore dans les positions conquises. Il n’empêche que son livre manifeste une bel
30 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Henry de Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)
184 sur ce nouveau tome des mémoires de Montherlant : dans ce récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucou
185 es de Montherlant : dans ce récit plus encore que dans les œuvres précédentes, on voit beaucoup moins l’œuvre d’art que l’au
186 voit beaucoup moins l’œuvre d’art que l’auteur ; dans ce portrait de Montherlant toréador, à 16 ans, c’est surtout le Month
187 s athlètes. Et c’est elle avant tout que j’admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur sujet trop pittoresque. « Honneur
188 simplets d’esprit ! Qu’ils paissent éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donné une grande gloire aux jeunes
31 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
189 açades longues que la ville présente au couchant, dans ce corridor de lumière où elle accueille le ciel — et derrière, elle
190 es et le vert dur des berges : un malaise montait dans l’air plus frais, avec l’odeur du limon. Nous marchions vers ces haut
191 es lumières et des odeurs, espérant entrer là-bas dans je ne sais quelle harmonie plus reposante. Cette imparfaite accoutuma
192 (Tu parlais de chromos, de romantisme… nous voici dans une réalité bien plus étrange.) Une atmosphère de triste volupté empl
193 ’Italie des poètes… Mais ce pays tout entier pâmé dans une beauté que saluent tant de souvenirs n’a d’autre nom que celui de
194 tude. Vivre ainsi simplement. Sans pensée, perdus dans un soir de n’importe où, un soir de la Nature… L’homme chante une pla
195 e inouïe de pureté. Deux phrases rapides ondulent dans l’air lourd. Le chant descend très doucement la berge, les bœufs s’en
196 end très doucement la berge, les bœufs s’engagent dans le marais, cherchant le gué. Plus proches, les syllabes nous parvienn
197 e. Elle n’est qu’odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sourdes. Penser serait sacrilège, comme une barre d
198 e est venue comme une envie de sommeil. Une lampe dans la maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes reto
199 colline. Derrière nous, les arbres se brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons un mystère à jamais impénétrabl
200 qui ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à nos sens, fatig
201 exerce, des voluptés plus faciles — pour infuser dans nos corps charmés d’un repos sans rêves une langueur dont on ne voudr
202 ait plus guérir… Mais nous voyons la ville debout dans ses lumières. Architectures ! langage des dieux, ô joies pour notre j
203 sont jaunes et roses près de l’eau, puis perdent dans la nuit leurs lignes graves. Toutes ces formes devinées dans l’espace
204 t leurs lignes graves. Toutes ces formes devinées dans l’espace nous environnent d’une obscure confiance. Livrons-nous aux j
205 iques, Donizetti qui pleure délicieusement jusque dans les gestes des passantes. Sous cette agitation aimable et monotone no
206 perpétuel de l’amour. Plaisir de se sentir engagé dans un système d’ondes de forces qui tisse la nuit vibrante, intérêts, po
207 politiques, regards, musiques — cette vie rapide dans un décor qui est le rêve éternisé des plus voluptueuses intelligences
208 us voluptueuses intelligences — tous les tableaux dans le noir des musées ! — et si tu veux soudain le son grave de l’infini
32 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jacques Spitz, La Croisière indécise (décembre 1926)
209 ur traiter ce sujet pirandellien qu’on s’embarque dans une croisière de vacances, qui finit par un naufrage dans la littérat
210 croisière de vacances, qui finit par un naufrage dans la littérature, le navire succombant sous les allégories. L’étonnant,
211 musant, et qu’il trouve une sorte d’unité vivante dans le rythme des désirs jamais simultanés de ses petits héros. M. Spitz
33 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Alfred Colling, L’Iroquois (décembre 1926)
212 n amour réveillé l’envahit. Et Closain rencontre, dans l’inévitable bar, le couple de juifs espagnols qui va l’entraîner ave
213 pagnols qui va l’entraîner avec son mauvais cœur, dans une aventure incertaine et douloureuse ; enfin Orpha, sa maîtresse, l
34 1926, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, La Tentation de l’Occident (décembre 1926)
214 it livre si dense, si inquiétant. Le Chinois voit dans l’Europe « une barbarie attentivement ordonnée, où l’idée de la civil
215 vers quoi tend notre esprit. La passion apparaît dans notre ordre social « comme une adroite fêlure ». Notre morale est ent
35 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Paradoxe de la sincérité (décembre 1926)
216 parce que nécessaire — ce qu’il y a de déplaisant dans l’effort d’un esprit pour se dégager de confusions aussi perfides et
217 rences. Il résulte de semblables considérations, dans le domaine de la morale, que le meilleur moyen de se livrer à ses dét
218 n disant qu’il révèle ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un moyen de connaissance plus intégrale de
219 s l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-même, bientôt — par un mouvement norma
220 indéfinies (telle sensation physique de bonheur, dans une rue au coucher du soleil, des phares d’automobiles étoilent le br
221 es étoilent le brouillard, les visages se cachent dans des fourrures, personne ne sait la richesse de ta vie…). J’écris ces
222 a richesse de ta vie…). J’écris ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un être si différent. Les gest
223 té sur soi » en se servant de la méthode indiquée dans le premier exemple. C’est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’e
224 une agitation accélérée et folle, puis tout finit dans un râle, brusquement c’est le vide. Centre de soi, l’aspiration du né
225 ue que je connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acharne à approfondir — il était venu y chercher
226 el — générateur de l’incurable tristesse qui rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui. J’ai dit : ravages du sincérisme.
227 pour créer son âme telle qu’elle est ». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement, d’une consolidation d
228 il faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites assez étroites empiriquement fournies par le sens de son
229 la sincérité du noli me tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans celui de l’action. En littérature : re
230 fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans celui de l’action. En littérature : refus de construire, de composer 
231 fficacement. (Il faut, pour sauter, une confiance dans l’élan qui échappe à toute analyse préalable et sans quoi le saut par
232 pensées » (Rivière). Mais on ne peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vi
233 a sincérité véritable vous pousse à faire le saut dans le vide qu’exige toute foi ; c’est la volonté de sincérité, c’est-à-d
234  : Éloge de l’hypocrisie Non, non !… Debout dans l’ère successive ! Brisez, mon corps, brisez cette forme pensive ! ..
235 lèvre, un peu sceptique, quand mon esprit partait dans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse… Je t
236 ulgaire que cette agilité offensive qu’on appelle dans la vie publique arrivisme, et séduction dans les salons. Constater u
237 elle dans la vie publique arrivisme, et séduction dans les salons. Constater une faiblesse, c’est toujours un peu en prendr
238 1. La véritable description de l’élan supposé dans le premier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il m’aurait fait
239 mpossibilité de traduire un dynamisme directement dans notre langage statique. 3. « Et certes quand il s’agit de parole ou
36 1926, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Avant-propos (décembre 1926)
240 décembre 1926)a Une mauvaise humeur qui flotte dans l’air nous proposerait de débuter par l’inévitable discours sur les d
37 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Louis Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)
241 uffon de ta propre détresse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût ne m’empêchera pas de le dire, Aragon possède le temp
242 fauts pareillement énormes. Il faut remonter loin dans notre littérature pour trouver semblable domination de la langue. Et
38 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conte métaphysique : L’individu atteint de strabisme (janvier 1927)
243 chant sans plus d’hésitation, se mit à pérégriner dans les régions de chasse gardée du ci-devant soleil. C’est là qu’Urbain,
244 devant soleil. C’est là qu’Urbain, premier du nom dans sa famille, laquelle n’avait compté jusqu’alors que d’authentiques av
245 ue les étoiles s’étaient décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éternité désaffectée, c’est bien dommage, dit-il en s’é
246 rendra le ciel plus pâle, et nous irons chercher dans le souvenir les vent-coulis de la mort. Garçon, un café, un ! » Mais
247 t. Garçon, un café, un ! » Mais l’étoile chantait dans l’axe de sa vie normale et s’approchait en faisant la roue — celle à
248 nts qu’il jeta, puis, après un grand coup de pied dans le vide symbolique des systèmes, sortit, c’est-à-dire qu’il fit un pa
249 s systèmes, sortit, c’est-à-dire qu’il fit un pas dans une direction quelconque. L’étoile pleurait, sentimentale. d. « L’i
39 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Dans le Style (janvier 1927)
250 Dans le Style (janvier 1927)e Nous recevons d’un bellettrien facétieux
251 24… … y compris la Suède et la Norvège.) On lit dans les Nouvelles littéraires , du 8 janvier 1927, l’information suivant
252 ministre de Roumanie à Paris. C’est encore mieux dans le style. e. « Dans le style », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-N
253 à Paris. C’est encore mieux dans le style. e. «  Dans le style », Revue de Belles-Lettres, Lausanne-Neuchâtel-Genève-Fribou
40 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
254 it un tableau de la France de l’édit, victorieuse dans la guerre de Trente Ans, l’orateur expose comment on en vint à la rév
255 imes à louer la révocation. L’un d’eux s’indigne, dans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont été les meilleurs p
256 i la date du 16 octobre 1685 marque une déviation dans l’histoire de la France. Déviation telle, en effet, que nous en sento
257 ne pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacrer à Louis XIV l’exposé si dénué de parti p
41 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Barbey, La Maladère (février 1927)
258 e de leurs rêves. Un malentendu grandit entre eux dans leur isolement, inexplicable et mal avoué. L’on songe à une fatalité
259 pressentiment. Ce n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une certaine puissance de l’effet, aux de
260 issance de l’effet, aux dernières pages. Il règne dans la Maladère une étrange harmonie entre le climat des sentiments et ce
261 des visions où se condense le sentiment du récit. Dans le Cœur gros, c’était un parc avant l’orage, le rose sombre d’une jou
262 ge, le rose sombre d’une joue brûlante et fraîche dans le vent. Et dans la Maladère, un arbre coupé découvrant le manoir per
263 e d’une joue brûlante et fraîche dans le vent. Et dans la Maladère, un arbre coupé découvrant le manoir perdu, des fumées su
42 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Montclar (février 1927)
264 ’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra dans l’armoire aux souvenirs. Cette façon de ne pas y tenir, qu’il manifes
265 naturel s’il parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les passions qu’il nous peint sont ici tant soit peu russe
266 juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme une arrière-pensée inquiète et un peu hau
267 stie de l’allure est rare autant que sympathique, dans le temps que sévit l’inflation littéraire la plus ridicule. Pourtant,
268 7. ae. Il manque sans doute un morceau de phrase dans l’édition originale.
43 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Lettre du survivant (février 1927)
269 faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus l
270 la n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne pas voir dans cette phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous ai rencontrée
271 goût.) Je vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, comme on dit, sans doute parce que c’est là que
272 trocement inutiles. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre, j’ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en f
273 s seulement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses
274 et les couples charlestonnaient plus furieusement dans l’ombre livide, aux cris fêlés et déchirants des saxophones. Sortie d
275 x cris fêlés et déchirants des saxophones. Sortie dans un matin sourd, frileux, qui avait la nausée. Je rentrai seul. Voici
276 En ma tête rôde ton souvenir, comme une femme nue dans une chambre étroite… J’ai dormi quelques heures, d’un sommeil triste,
277 vré par la crainte du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous
278 ner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasser trop souve
279 fois qu’un paquet de dix personnes s’engouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait, j’éprouvais un petit arrachement, c
280 prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu monter, mais l’idée de vous t
281 ures, je suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie. Les autobus passaient par groupes. Plusieurs
282 roupes. Plusieurs fois, j’ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je n
283 ent des reflets sur l’asphalte mouillé. Les pieds dans l’eau, les jambes fatiguées, les paupières lourdes, et ce chant déses
284 rsonnages des affiches, tout en marchant sans fin dans les couloirs implacablement brillants, je me pris à parler à haute vo
285 a de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis
286 tenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il me semble que toutes choses s’éloignent de moi vert
287 Cette constatation machinale ne correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me sou
44 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Orphée sans charme (février 1927)
288 est jamais prévu par l’auteur », écrivait Cocteau dans la préface des Mariés de la tour Eiffel. Et une note d’Orphée précise
289 « Inutile de dire qu’il n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles de
290 e répliques ; enfin, un style parfaitement pauvre dans le détail, un vrai style de théâtre, d’une netteté qui pourtant n’est
291 organisateur », disait le photographe des Mariés. Dans Orphée, le mystère ne peut plus dépasser l’auteur : il l’a trop bien
292 de plus, Cocteau a comprimé des pétales de roses dans du cristal taillé, selon toutes les règles de l’art, mais que l’essen
293 poète : j’en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par métaphores.)
294 ui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et même il appelait Orphée « une tragédie d
45 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’autre œil (février 1927)
295 t… Mais la vision, rapidement entrevue par chacun dans son for le plus intérieur, d’une fuite en auto, nous rassure provisoi
296 uit. Elle parla par la bouche de Lugin, sa langue dans la langue de Lugin : « Le rideau se lève sur un miroir qui occupe tou
297 fort ingénieuse qui permit à Mossoul de se perdre dans des jupons autrement que par métaphore. À La Chaux-de-Fonds, il y eut
298 -de-Fonds, il y eut trente membres et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-il de pieds et d’oreillles ? À signaler
299 ignaler la fuite de Bec-de-Gaz, lequel s’éteignit dans les neiges. Un jour, on s’aperçut que cette chose avait recommencé, q
46 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Ô toi que j’eusse aimée… (mars 1927)
300 un homme que son évolution naturelle a rapproché, dans sa maturité, des jeunes générations, en sorte que l’espèce de romanti
301 eut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux a trouvé là un sujet qu
302 ait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclater dans un cadre très moderne où s’agitent des personnages spirituellement de
303 joue entre deux êtres, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le
304 s, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un désenchantement profond prend le masque d’une aimable
305 o de destinées… Le tragique du peut-être ; (comme dans l’une des dernières phrases de Sylvie : « Là était le bonheur, peut-ê
47 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Entr’acte de René Clair, ou L’éloge du Miracle (mars 1927)
306 troupe de province s’agitent incompréhensiblement dans un décor très pauvre, légèrement coloré. Le principe est simple : « J
307 ographiée. C’est le film du type « Jeux de soleil dans les jardins, complets variés, ça fait toujours plaisir de voir des ge
308 ude sur le Monde des Rêves ». Rondes de cheminées dans le ciel où des pressentiments clignent de l’œil. Des poupées en baudr
309 sous. Quelques miracles qui suivent sont embrumés dans mon souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s’ouvre pour dé
310 e pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les marguerites, il en sort un chef d’orchestre dont la baguette étei
311 s. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement dans le domaine du merveilleux moderne. Un peu plus et nous demandions grâ
312 es scènes (l’enterrement). Cela fait bizarre. Or, dans le monde où le cinéma doit nous « transplanter », un certain naturel
313 Mais de pareils défauts sont presque inévitables dans une production de début, et Entr’acte mérite d’être ainsi qualifié :
314 itiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les films de René Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et je
315 tographie d’une chose qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraiss
316 nces de mouvements… C’est une réalité quotidienne dans une lumière qui la métamorphose ; c’est un temps nouveau, et l’espace
317 issante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en sommes encore à nou
318 enche René Clair, verrons-nous, pris par surprise dans l’exploration ivre d’un projecteur, des signes fatidiques, le visage
48 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)
319 soit lu par tous ceux qui cherchent à s’orienter dans la crise moderne. M. Daniel-Rops unit en lui à l’état de velléités co
49 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Louis Aragon, le beau prétexte (avril 1927)
320 e ma révolte ? Aragon sarcastique se tient là-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels je crois encore, et pas seulem
321 llent parmi les éclairs nos premiers pas. Aragon, dans ces tempêtes de nuits filantes où s’enfuient, souffles à peine parfum
322 nément heureux de nos contemporains qui ont puisé dans Auguste Comte cette tranquillité de rejeter définitivement les problè
323   Nous naissons à quelque chose qui imite la vie dans une époque d’inconcevables compromissions où triomphe sous tous les d
324 ez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle est née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends rien de
325 e, pour un autre, que c’est arrivé, ajoutant foi, dans tous les sens qu’admet ce terme, à des exaltations que leur lyrisme r
326 nfin, c’est encore un Musset, seulement transposé dans notre siècle et chez qui tout est devenu de quelques degrés plus viol
327 lutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les cafés littéraires et dont il serait le premier à s’amuser ?   Fév
328 reux et affamé est le contrecoup du christianisme dans les âmes profondes ou délicates qui ne sont pas devenues chrétiennes.
329 n’est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, dans ces œuvres, à droite, à gauche, — nulle part sur
330 à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, dans ces œuvres, à droite, à gauche, — nulle part sur cette terre où l’org
331 bien plus étendus qu’on n’osait le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ai soutenu qu’une introspection immobile
332 l’esprit celui de Révolution. Et j’entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-treize, la Réforme, Ka
333 it pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je ne puis pardonner aux surréali
334 r, Voltaire, etc., et tout ce qui leur correspond dans l’ordre politique par exemple. Parce que c’est très beau, ridiculemen
335 faire le jeu de vos ennemis de discuter avec eux dans leur langue et de crier rouge pour la simple raison qu’ils ont dit bl
336 iolence commandait à nos mœurs. … et nous portant dans nos actions à la limite de nos forces, notre joie parmi vous fut une
337 vre était devenu synonyme de magnifique perdition dans des choses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coi
338 ses plus grandes que nous. Nous nous connaissions dans les coins et nous mourions d’ennui avec les aspects irrévocablement p
339 ns la Révolution qui nous perdrait corps et biens dans sa grandeur comme une femme merveilleuse nous perdrait corps et âme d
340 une femme merveilleuse nous perdrait corps et âme dans l’ivresse amoureuse ; nous cherchions cette Révolution de toutes nos
341 ense que c’est bien jeune. Et : encore un qui rue dans les brancards, c’est très bellettrien. Un disque de gramo comme par h
342 tes de l’anarchie sont : chanter l’Internationale dans les rues, faire la noce, écrire un livre de tendances très modernes.
343 prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves ( dans Commerce). 8. Et malgré certaines théories bien superficielles et hâ
344 presque un non-sens de chercher l’absolue liberté dans le rêve. Le rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’est pas s
345 s France et des Bordeaux. 12. Proust excepté, et dans un domaine plus étroit, quelques esthètes du machinisme. 13. Le Pays
50 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Quatre incidents (avril 1927)
346 e une joue, École errait, École suivait une femme dans les rues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On
347 se fussent évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans tous les poèmes où détresse rimait avec maîtresse. École savait le my
348 parmi les éclairs d’un luxe mécanique, le visage dans sa fourrure. Elle découvre en passant près de lui le sourire d’amitié
349 Une étoile à la boutonnière, le marquis pénétra dans le salon de la duchesse, lui baisa la main et l’abattit d’un coup de
350 n cruelle… et quitta le bal au matin. Il neigeait dans les rues sourdes comme un songe de son enfance. Aux fenêtres du palai
351 aux fuyantes chansons, et des violons déchirants dans sa tête… Mais le sommeil s’évaporait aux caresses des flocons, plus p
352 des murmures d’adieu. Il tomba parmi les statues, dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêtre s’était ouverte et des acco
51 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
353 de certains jeunes tempéraments leur fait défaut dans la même mesure. Ainsi risquent de s’établir autour d’eux des mœurs un
354 rs ils s’en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir munis du passeport
355 nts… » Car le fils prodigue, s’il rentre au foyer dans une Rolls-Royce et fortune faite, tout le monde s’accorde à dire qu’o
356 econnaître, il y a moins de malice que de paresse dans les jugements du public, et moins d’incompréhension que de timidité.
357 s net, plus cruel aussi. À Marin, près Neuchâtel, dans cette petite maison qu’on reconnaissait entre trente pareilles, aux c
358 pareilles, aux cactus qui ornaient les fenêtres, dans une chambre peinte en bleu vif et ornée de surprenants batiks, il s’e
359 enfin et se mette à graver les scènes qu’il voit dans la petite cité ouvrière, et c’est merveille de constater combien l’ép
360 uptueuse rigueur latine, et qui tout en s’épurant dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élé
361 e sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la palpe, la presse, la
362 it à la forme qu’il voit. Il y a de la sensualité dans l’écrasement de ses couleurs, une sensualité qui sait se faire délica
363 l y a par Eugène Bouvier quelque chose de nouveau dans la peinture neuchâteloise : un lyrisme un peu amer, d’une tristesse q
364 ne tristesse qui ne s’affiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’on cherche e
365 . Il y a une sorte d’aristocratique dissimulation dans l’œuvre de Bouvier. Sa technique qui paraît au premier abord masquer
366 ’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’est toujours une sorte de dissonance, un déf
367 ce, un défaut par où l’on va peut-être se glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ; que l’on consente en effet à telle déformat
368 es mortes qui décidément l’étaient, à faire froid dans le dos ; ou bien des scènes d’une bizarre fantaisie, un mélange de Ro
369 e Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà paraissaient dans les Voix (cette courageuse revue qu’il avait fondée avec J. P. Zimmer
370 y eut une période intermédiaire, un peu pénible. Dans des bouquets d’une opulence assez désordonnée, des rouges trop violen
371 il doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère Charles Barraud, q
372 ent réalistes, plus fins, mais tout aussi habiles dans l’utilisation du clair-obscur qui simplifie et renforce l’expression.
373 saurons désormais retrouver, allons errer un peu dans le royaume d’Utopie. André Evard va nous y introduire, et nous ne sau
374 che à Paris des tableaux mystérieux qu’il relègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez une toile appuy
375 c’est un Evard : des roses noires sur une table, dans un espace bizarrement lumineux où se coupent des plans transparents,
376 C’est en effet un rêve de précision qui s’incarne dans ces motifs géométriques, pour le plaisir de la perfection exercée par
377 entravait pas son scrupule réaliste. ⁂ Mais voici dans son costume d’aviateur, retour de Vienne, un sculpteur qui saura s’im
378 parti qu’on pouvait tirer des principes cubistes dans un art dont la genèse même est cubiste en quelque sorte, supposant un
379 tive en plans. C’est ainsi qu’il atteint d’emblée dans ses statues à un beau style dépouillé et hardi. Mais il y avait quelq
380 ouillé et hardi. Mais il y avait quelque lourdeur dans des morceaux comme le Joueur de rugby. C’était le poids de la pierre,
381 nt su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubiste encore que Perrin décora naguère fort plaisamment
382 r d’autres côtés. Un avenir peut-être proche dira dans quelle mesure de tels groupements correspondent à une réalité artisti
383 nce et la vitalité d’une jeune peinture originale dans un pays qu’on s’est trop souvent plu à dire si âpre, prosaïque et d’u
384 de son vrai nom Ch. E. Jeanneret, un article paru dans le numéro de février de cette revue. j. « Jeunes artistes neuchâtelo
52 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Bernard Lecache, Jacob (mai 1927)
385 ien cacher qui le mène profond. Une famille juive dans le Marais. Le père est un tailleur, biblique, austère et probe, qui n
386 elligence, brutalité : les caractères se résument dans son avidité de puissance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge :
387 salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque dans la description du milieu juif, prend une âpre rapidité avec l’ascensi
53 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). René Crevel, La Mort difficile (mai 1927)
388 s qui trahissent une écriture hâtive. Mais il y a dans l’œuvre de René Crevel un sens de la douleur et un sérieux humain qui
54 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Paul Éluard, Capitale de la douleur (mai 1927)
389 ouleurak, ce sont de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le plus séduisant, le plus dangereusement gra
390 ève, Genève, mai 1927, p. 693-694. ak. En romain dans l’édition originale.
55 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)
391 Pierre Drieu la Rochelle, La Suite dans les idées (mai 1927)al « De quoi s’agit-il ? de détruire ou de raf
392 u, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le fond quelque chose de solide, d’authentique. J’aime cette violence
393 luff. al. « Pierre Drieu la Rochelle : La Suite dans les idées (Au Sans Pareil) », Bibliothèque universelle et Revue de Ge
56 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Récit du pickpocket (fragment) (mai 1927)
394 fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureu
395 u printemps. Les rues riaient. Le ciel descendait dans la ville, on marchait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui m
396 nt. Le ciel descendait dans la ville, on marchait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions trè
397 ous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la saison. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura
398 er, je criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’écrivais u
399 t d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de l’Italie. La
400 ientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient à chaque tour du tambour des
401 lafond. Après deux tangos, nous montions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on ne voyait d’abord qu’un bouquet transfigu
402 ie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me permettre d’entreprendre quelq
403 lors, je vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers tous mes élans, accueillant a
404 sard, ce poète immoral et malicieux. » Je ne sais dans quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est forcé de prendr
405 Je sentais bien que le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, ré
406 r les modalités de ma vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engagé, du plan moral avec l’économiqu
407 e vie, la moindre farce, le moindre geste convenu dans le genre « révolté » prend une saveur de raillerie assez amère. Et pe
408 ue : « La rédaction rappelle que les idées émises dans la Revue de Belles-Lettres sont propres à leur auteur et qu’elles n’e
57 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Conseils à la jeunesse (mai 1927)
409  ?   Si le mal du siècle consistait véritablement dans ces quelques effets, nous donnerions peut-être raison à M. Y. Z., qui
410 nous donnerions peut-être raison à M. Y. Z., qui, dans un petit article du Journal de Genève sur « La maladie du siècle »,
58 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Girard, Connaissez mieux le cœur des femmes (juillet 1927)
411 us calmez. Car il semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un endroit de l’éther où il y a du bonheur 
412 enté de l’en féliciter. Bien plus, vous découvrez dans ses fantoches une malicieuse et fine psychologie. Mais à ce mot, son
413 qui lui fait jurer sur la Bible de ne pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela est sans importanc
414 « l’heure des petits arbres pourpres, l’heure où dans les bibliothèques désertes glisse un grand souffle oblique plein de f
59 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). La part du feu. Lettres sur le mépris de la littérature (juillet 1927)
415 miroir de son monocle. Au petit matin, il se noie dans un verre à liqueur. Poisson dans l’eau, plumes dans le vent, poète au
416 atin, il se noie dans un verre à liqueur. Poisson dans l’eau, plumes dans le vent, poète au bar, le paradis n’est pas si che
417 ns un verre à liqueur. Poisson dans l’eau, plumes dans le vent, poète au bar, le paradis n’est pas si cher. Il y en a aussi
418 i qui posent pour le diable et ne se baignent que dans des bénitiers : on voit trop qu’ils trouvent ça pittoresque. Et le pl
419 odore et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans votre mépris pour le pittoresque, vous témoignez d’un goût du bizarre
420 ment intenses que tout se fond catastrophiquement dans l’infini de la seconde. Des peurs sans cause, plus vides que la mort.
421 pure écrite est inconcevable : cela consisterait dans l’expression directe de la réalité individuelle. Elle serait tellemen
422 e, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtives à certains états d
423 oin organique, un peu anormal, que l’on satisfait dans certains états de crise afin de retrouver son équilibre — et dont on
424 it un merveilleux sujet de conversation, au café. Dans un salon, par contre, c’est d’un ridicule écrasant : mais rien n’est
425 e, il a toujours l’air de mettre un peu les pieds dans le plat, de dire de ces choses qu’entre gens du métier l’on a convenu
426 publié place également un appel de note plus bas dans le paragraphe, après « Narcisse », sans qu’on sache s’il s’agit d’une
60 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Les derniers jours (juillet 1927)
427 elques phrases de Drieu : « On voit déjà éclater dans les singuliers mouvements de sympathie qu’a provoqués l’infortune de
61 1927, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Adieu au lecteur (juillet 1927)
428 -phénix s’élance avec une ardeur rajeunie d’un an dans une direction absolument imprévisible. Que nous apportera le Central
62 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean-Louis Vaudoyer, Premières amours (août 1927)
429 s réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l’abandon de leurs méandres, peu à peu, se précisent les circonstance
430 Indulgence et regrets, un ton qui permet le tact dans la hardiesse. On reste ravi de tant d’adresse sous un air de facilité
431 mittente, un peu émiettée, éventée, que je trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaudoyer d’avoir
63 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Edmond Jaloux, Rainer Maria Rilke (décembre 1927)
432 is une sorte de synthèse de l’homme et de l’homme dans son œuvre, qui est peut-être plus vraie que le vrai, je veux dire, pl
64 1927, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Léon Bopp, Interférences (décembre 1927)
433 nces (décembre 1927)ap Un jeune auteur raconte dans une lettre à une amie comment il a écrit, sur commande, une Promenade
434 e comment il a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et familier (un brin pédant et un brin vulgaire
435 tte sorte d’analyse, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il était de taille à affronter d’autres dédales ! Mais i
436 su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et leur facilité même est une
65 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
437 dix sous et le prétexte d’un apéro, on entre ici dans le jardin des songeries les plus étranges qu’appelle la musique. Je m
438 s-divers, rien de moins divers. Mais je suis pris dans l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique me restitue chaque fo
439 m’en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue printanière ; des soupers d’amis dans notre modeste salle
440 dans la banlieue printanière ; des soupers d’amis dans notre modeste salle à manger ; des jaquettes de couleur pour ma femme
441 is à tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans mon ivresse, ses paroles peignaient des tableaux mouvants où je me vo
442 urse. « Heureux quoique pauvre » comme ils disent dans leurs manuels scolaires. Les voler, pour leur apprendre. Et leur mani
443 prendre. Et leur manie aussi de situer le paradis dans la classe d’impôts immédiatement supérieure à la leur. Ils voudraient
444 qui perd gagne ! Sauter follement d’une destinée dans l’autre, de douleurs en ivresses avec la même joie, mon cheval fou, m
445 t de peurs. Il fallut se lever, traverser le café dans la musique et la rumeur des clients. Dehors les réclames lumineuses d
446 le me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux
447 aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apo
66 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Princesse Bibesco, Catherine-Paris (janvier 1928)
448 ne de le dire car la chose n’est pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux premiers chapitres de Catheri
449 non de dissertations lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel
450 u Perroquet Vert. Mais là-dessus, le roman repart dans une troisième action (l’amour de Catherine pour un aviateur français)
451 Perroquet Vert ne restera pas une réussite isolée dans l’œuvre purement romanesque de la princesse Bibesco, Catherine-Paris
452 s annonce par ailleurs un mémorialiste captivant, dans la tradition d’un Ligne par exemple. aq. « Princesse Bibesco : Cath
67 1928, Foi et Vie, articles (1928–1977). Le péril Ford (février 1928)
453 temps encore. Ici et là, quelques cris s’élèvent dans le désert d’une époque déjà presque abandonnée par l’Esprit. À l’heur
454 l soupçonne, par éclairs, qu’il y avait peut-être dans ces buts une absurdité fondamentale. L’infaillible progrès aurait-il
455 irituel vers lequel il entraîne l’Occident ? Cris dans le désert. Déserts des villes fiévreuses où le fracas des machines co
456 contre l’époque et ceux qui cherchent à l’oublier dans le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine… Il faudrait d’abord
457 e et ceux qui cherchent à l’oublier dans le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine… Il faudrait d’abord prendre consci
458 herchent à l’oublier dans le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine… Il faudrait d’abord prendre conscience du péril.
459 n d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-nous, dans cette complaisance générale à proclamer le désordre du temps. On a pe
460 ssi. Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à j
461 on sache au juste quelle dose d’« humour » il met dans l’expression), c’est la rencontre d’une locomotive routière. « Depuis
462 ée, méthode, technique — soit conditionnée jusque dans le détail par une idée fixe primitive. Considérons-la sous cet angle.
463 ulement, pour pouvoir continuer, il faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut créer la consommation. La réclame
464 loisir. M. Guglielmo Ferrero a fort bien montré, dans un article intitulé « Le grand paradoxe du monde moderne »3, ce qu’il
465 derne »3, ce qu’il y a de profondément antihumain dans la conception fordienne de l’oisiveté. Ford a créé un second dimanche
466 nne de l’oisiveté. Ford a créé un second dimanche dans la semaine, « retouché l’œuvre de la Création », comme dit Ferrero. L
467 pparence de liberté, c’est pour mieux les prendre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il est déterminé
468 de l’ouvrier, puisqu’il englobe jusqu’à son repos dans le cycle de la production. Cercle vicieux : plus la production s’inte
469 l, la grande Liberté idéale et mettent de l’huile dans les rouages de la vie quotidienne. Cette Liberté idéale réduite au r
470 ne. Cette Liberté idéale réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’est-ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cet
471 brique, on transporte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction d
472 orte. » « Toute notre gloire est dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfaction de nos besoins. »
473 liquer que des centaines de milliers de lecteurs, dans une Europe « chrétienne », applaudissent sans réserve aux thèses de c
474 brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous faisons et ne pensons pas assez aux raisons que nous avon
475 rs, les idées générales de cette sorte sont rares dans son livre. En général, il se borne à parler de problèmes techniques o
476 c : telle est l’idéologie de celui que M. Cambon, dans sa préface, égale aux plus grands esprits de tous les temps. On me di
477 pensions gratuite : nous avons cherché le bonheur dans le développement matériel, avec l’arrière-pensée sournoise que, si ce
478 uvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but véritable : aller à
479 ires à l’américaine tient les choses de l’Esprit. Dans le cas le plus favorable, « il se passera bien de cette littérature »
480 oumettre à l’Esprit, et tomber presque fatalement dans un anarchisme stérile. 1° Accepter la technique et ses conditions. Da
481 rile. 1° Accepter la technique et ses conditions. Dans cette mécanique bien huilée, au mouvement si régulier qu’il en devien
482 mort le restitue au monde vers 5 heures du soir, dans la détresse des dernières sirènes. Au monde, c’est-à-dire à une natur
483 re vivre. Mais l’homme qui était un membre vivant dans le corps de la Nature, lié par les liens les plus subtils et les plus
484 erté et une certaine durée normale et capricieuse dans le plaisir, la conscience de ses besoins et de ses buts propres, huma
485 ain. Il ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer sa véritable valeur. Il sent obscurément que
486 inaturel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en est l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre
487 e deviennent par le seul fait de rester eux-mêmes dans un monde fordisé, des anarchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe, n’
488 eraient de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées de l’esprit : fort
489 ngereuses, puisqu’elles les rendent inutilisables dans les rouages de la vie moderne. Le triomphe de Ford réduira l’Esprit à
490 lles d’un mysticisme exaspéré, devenu presque fou dans sa prison. Les intellectuels d’aujourd’hui ont une tâche pressante :
491 d et Mon curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans les pays de langue allemande, son succès est encore plus grand, et de
68 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
492 ur fuir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans les d
493 ttes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. Dans les dancings, un peuple de fêtards modérés, Juifs et ressortissants d
494 monde ne sont séparées que par un léger décalage dans la chronologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ayant pas r
495 nn. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir de Gérard de Nerv
496 prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver à côté d’u
497 té d’une place vide : la jolie femme qu’on attend dans ces circonstances, une fois de plus manquait le rendez-vous que j’ava
498 d’une harmonie surnaturelle. Et tout cela chanté dans une langue que je comprends mal. Je me penche vers un voisin pour lui
499 ander je ne sais plus quoi. Mais sans doute évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que moi, il n’entend pas ma question. L’
500 e grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’imprévisibles transfigurations, — l’heure anxieuse et mélancolique
501 parterre, le visage de mon voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu. Il
502 sser pour une élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pas le
503 e n’en suis pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des jeunes gens avec une femme à chaque bras, l’air de ne p
504 atigués. — Pour moi, dit Gérard, je situe l’amour dans un monde où la question fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous
505 rd, mais j’ai su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela seul qui donna un sens au monde. — Mais je
506 a petite bossue qui vend des roses et des œillets dans la rue de Carinthie. Gérard lui paya quelques œillets rouges en lui e
507 bras, une femme pour deux hommes — et ce fut bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évidemment quelque chose d’impré
508 ait charmante, comme elles le sont presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo nommaient « biondo et grass
509 oulin-Rouge, souterrain où nous nous engouffrâmes dans un grand bruit de saxophones et de cors anglais jouant la Marche de T
510 ’est une façon de parler — à laquelle on se livre dans ces lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ai vécu d’
511 barbares, ils s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissements” entre 10 heures du soir et 4 heures du
512 4 heures du matin, moyennant tant de schillings, dans un décor banal et imposé, avec des femmes qui élargissent des sourire
513 essemblances. Aussi l’ennui règne-t-il bruyamment dans ces lieux : cet orchestre triomphant suffit à peine à toucher leurs s
514 és à la démocratie des plaisirs achetés au détail dans une foire éclatante de faux luxe. La misère est de voir ici des femme
515 ondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des animaux aux yeux biza
516 lles, des oiseaux nous parlèrent, bientôt dissous dans le vent. Tout était reflet, passages, allusions. Plus tard, dans un p
517 out était reflet, passages, allusions. Plus tard, dans un petit bar laqué de noir jusqu’à mi-hauteur, puis couvert de glaces
518 es du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglaise aux citrons de Pompéi, l
519 ce serait la gravité énigmatique d’Adrienne, mais dans le lointain, Aurélia lui répond d’un regard pareil. Des visages naiss
520 rd pareil. Des visages naissent comme des étoiles dans un halo, comme les couleurs sous les paupières, s’élargissent, se fon
521 posent. Cinéma des sentiments qui montre vivantes dans la même minute toutes les incarnations d’un amour dont l’être éternel
522 e liberté magnifique et angoissante. Il mêle tout dans le temps et l’espace. Cent années et tous les visages aimés revivent
523 e. Cent années et tous les visages aimés revivent dans cette coupe de songes avec toutes leurs illusions, — illusions des fo
524 ié d’ombre. Et parce que tout revit en un instant dans cette vision, il connaît enfin la substance véritable et unique de to
525 s les drames du monde ne sont que décors mouvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne sont que reflets, épisodes,
526 sortîmes. Seules des trompes d’autos s’appelaient dans la nuit froide. Gérard ne disait presque plus rien ; à peine, de temp
527 and ouvert. Les chauffeurs faisaient les cent pas dans la neige fraîche ou s’accoudaient à la banquette d’une boutique à « W
528 er. Transi, je me balançais d’un pied sur l’autre dans de la neige fondante, tout en croquant une de ces saucisses à la mout
529 apeaux noirs de ses cavaliers. Tout cela s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y eut plus personne, la place s’étei
69 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Marguerite Allotte de la Fuye, Jules Verne, sa vie, son œuvre (juin 1928)
530 à la mode pour conduire des millions de lecteurs dans un monde purement fantaisiste où les équations tyranniques deviennent
531 illeux calembours, où les savants sont réellement dans la lune, ou bien descendent au fond des mers adorer la Liberté et jou
532 Et l’on ne veut voir que jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus grand créateur de mythes modernes, du seul écrivai
533 rons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Verne désabusé « em
534 ésabusé « emprunte l’aspect d’une nécessité » (et dans la bouche de ce libertaire, cela constituait un jugement !) Serons-n
70 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Aragon, Traité du style (août 1928)
535 ement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, dans ce silence où l’on accède à des objets qui enfin valent le respect.
71 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Pierre Naville, La Révolution et les intellectuels (novembre 1928)
536 rouvent trop littérateurs. Rien d’étonnant à cela dans une époque où les valeurs de l’esprit sont en pratique universellemen
537 de l’esprit, ils comprendraient que le « service dans le temple » s’accommode mal de tant de gesticulations, de gros mots e
72 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Malraux, Les Conquérants (décembre 1928)
538 umain, en faisant ce que je fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre — rêvée par tant de jeunes hommes
73 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Guy de Pourtalès, Louis II de Bavière ou Hamlet-Roi (décembre 1928)
539 trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’Ennemi des Lois — son expression amoureuse du silence et cet ensemb
540 ssidu aux sociétés de musique… » Barrès cherchait dans ses châteaux en Espagne lamentablement réalisés les témoignages de l’
541 iné, la peur d’étreindre aboutit à l’amour de soi dans « l’illusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’il préfère par
74 1928, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Daniel-Rops, Le Prince menteur (décembre 1928)
542 e, et dont le mérite est d’être simple et précise dans l’exposé, sans rien simplifier ni préciser à l’excès dans le caractèr
543 xposé, sans rien simplifier ni préciser à l’excès dans le caractère. Daniel-Rops voit bien que l’épithète de mythomane n’épu
544 ortance dépasse celle du cas pathologique. Il y a dans ce culte de la mythomanie qu’on a vu sévir parmi certains milieux d’a
545 stée. Le mythomane brouille les cartes mais reste dans le jeu. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent, il se reconnaî
546 rouille les cartes mais reste dans le jeu. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent, il se reconnaît tributaire de la «
75 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
547 Stéphane passe des heures entières à se regarder dans les yeux. Il varie sur son visage les jeux de lumière et de sentiment
548 l découvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans les moments de pire découragement ; et beaucoup d’autres hiatus de ce
549 t très fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même il se perd en méditations éléates. L
550 che plus secrètement à son aventure. Nous vivons dans un décor flamboyant de glaces. À chaque pas, on offre à Stéphane sa t
551 téphane sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en face de lui
552 lui rendre la certitude d’être. Mais il s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertigineusement et
553 i vont en diminuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit. Je saute quelques délires et pas mal de superstitions. Enfin
554 e il convient de méditer : la personne se dissout dans l’eau des miroirs. Stéphane est en train de se perdre pour avoir vou
555 t qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l’homme moderne un besoin de vérifier qui n’est plus légitime dès l’i
556 r, par défiance envers les dieux. À chaque regard dans notre miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs sont peut-être l
557 ue, celle qui n’est pas une vie nouvelle. La mort dans la transparence glaciale de l’évidence. Un jour, à propos de rien, S
558 nt. Mais il fuit son propre regard, il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fait peur à certaines femmes. Un so
559 beauté de plus en plus frappante, il croit saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il se perd
560 emme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stéphane naît à l’a
561 éjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stéphane naît à l’amour et à lui-même conjointement. P
76 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)
562 ne le voit pas encore apparaître sous cet aspect dans ces deux premiers tomes, où il décrit des scènes de son enfance et de
563 placeraient le couplet humanitariste, lui s’en va dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore parler
564 uplet humanitariste, lui s’en va dans un rêve, ou dans un autre souvenir. Qui parmi nous sait encore parler de sa mère avec
565 nous rapprendre que les sources de la poésie sont dans notre maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa verve
566 it l’assassinat du corps humain, mais qui raconte dans son autobiographie que son désir constant était que tous les hommes v
77 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). « Belles-Lettres, c’est la clé des champs… » (janvier 1929)
567 lles-Lettres n’est compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je suis de
568 ’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne ont encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres
78 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Prison. Ailleurs. Étoile de jour (mars 1929)
569 de la nuit mais plus libre qu’un ange prisonnier dans ta tête mais libre comme avant cette naissance aux lents vertiges Qua
570 miroir d’une absence mais le signe de sa grâce Dans l’or vert évanouie au cœur éclatant du jour scintillera l’invisible g
79 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). Souvenirs d’enfance et de jeunesse, par Philippe Godet (avril 1929)
571 ec un air fin mais un ton convaincu l’on a répété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on pe
572 a poésie, bien sûr. Mais on n’en demande pas tant dans les familles. Et qu’importe si la perspective manque souvent à ces ré
80 1929, Journal de Genève, articles (1926–1982). Panorama de Budapest (23 mai 1929)
573 excitation agressive. La simple visite des cafés dans l’une et l’autre de ces capitales suffit à vous en donner la sensatio
574 erre de St-Gellert. Elle tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son flanc une grotte s’illumine,
575 utes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son flanc une grotte s’illumine, et la Vierge y sourit. Le château ro
576 . Et des crémeries aux idylles démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’elle s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des
577 tend le retour d’un roi. Et vous voici transporté dans un bal costumé, parmi des gens qui parlent une langue totalement inco
578 de coussins Rothermere et Grande Hongrie… Ivresse dans le malheur, passion et pauvreté, espoirs presque puérils et nostalgie
81 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jules Supervielle, Saisir (juin 1929)
579 orps, que l’âme quitte, redevient minéral, statue dans le silence « aux yeux gelés de rêverie », il se confond avec l’ombre
580 l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’est dégagée et qu’elle voit dans
581 es choses dont elle s’est dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivre au fond d’un insistant rega
582 ensité, en émotion. Des mots simples, mais chacun dans sa mûre saveur ; une phrase naturellement grave ; une voix douce et v
82 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
583 it vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et
584 Pentecôte. La fête de la plus haute poésie. Mais dans ce siècle, où tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’atte
585 i rimait sagement des odes à la liberté… Et voici dans sa vie cette double venue de l’amour et du chant prophétique, confond
586 prophétique, confondant leurs flammes. Dix années dans le Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet être faible, humil
587 de Madame Gontard12, déchirement à peine sensible dans son œuvre. Car ce poète n’est peut-être que le lieu de sa poésie, — d
588 as son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient le temps où le sens
589 t où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’elle ( dans la région de Bordeaux croit-on), est frappé d’insolation ; sa folie d
590 nt trente années, ce pauvre corps abandonné vivra dans la petite tour de Tubingue, chez un charpentier — vivra très doucemen
591 ent un roman jaune à la main. L’un après l’autre, dans cette paresse de jour férié, les clochers de la ville sonnent deux he
592 ures à cette fenêtre, à marmotter. Vingt-sept ans dans cette chambre, avec le bruit de l’eau et cette complainte de malade é
593 l’eau jaune et verte… Quel est donc ce sommeil «  dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’a pa
594 gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre.
595 au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme Tubingue le secret d’une épouvantable mélancolie. Les étu
596 inette, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoyent lentement dans la musique. Je
597 le voisinage se rapprochent, tournoyent lentement dans la musique. Je n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume d
598 cette petite chambre… Est-ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser parfois de ces grandes questions
599 e ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tout semblable à ces théologiens aux yeux voilés, aux pa
600 ivés » à faire la bête dès qu’il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne sais quelle revanche
601 Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ai
83 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Jean Cassou, La Clef des songes (août 1929)
602 des songes est de nouveau une dérive fantaisiste dans ce monde un peu plus léger, un peu plus profond que le vrai, où l’Élo
603 onde à travers ses histoires comme son Pierangelo dans la vie. Le hasard, complice des poètes, lui fait rencontrer des êtres
604 nts surtout, dès le début, puis plus tard encore, dans les songes des grandes personnes, — puis tous se perdent, comme des s
605 es de pleurer. Quel dommage qu’il s’égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, soudain, devient plus tern
606 ossible et d’une désopilante poésie nous replonge dans une atmosphère autre, où les personnages ont cet air un peu ivre et c
607 ctuel n’est pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans ce livre, beaucoup de
608 jà dans l’œuvre de Jean Cassou, et singulièrement dans ce livre, beaucoup de ces petites merveilles qui valent de gros roman
609 bien faits ». Car il y a toujours assez de vérité dans une histoire où il y a de la poésie. az. « Jean Cassou : La Clef de
84 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). André Rolland de Renéville, Rimbaud le voyant (août 1929)
610 ui de toutes parts annoncent une rentrée de l’âme dans la littérature la plus spirituelle du monde. La thèse que défend l’au
85 1929, Bibliothèque universelle et Revue de Genève, articles (1925–1930). Julien Benda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)
611 Ce n’est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’elles avaient à
612 une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons-nous, — avec le Benda
613 r que la « fin de l’éternel », la chute de l’idée dans la matière, est un phénomène exactement aussi vieux que le monde. Mai
614 é tout court. Celle-là même qui paraît anarchique dans un monde où tout est bon à quelque chose, où rien plus n’est tenu pou
86 1929, Revue de Belles-Lettres, articles (1926–1968). L’ordre social. Le Libéralisme. L’inspiration (novembre 1929)
615 proposez à notre bonne volonté gémissante ! Dieu, dans sa pitié, leur envoya un ange porteur d’une solution fort simple qui
616 lui fît un mauvais parti, l’ange trouva son salut dans un subterfuge : il insinua qu’il parlait au nom d’une secte orientale
617 is sans espoir. Il lui écrivit, en sortant de là, dans une crèmerie pleine de couples à la mode. Mais en écrivant il pensait
618 , il écrivit une adresse réelle, et mit la lettre dans la première boîte venue. Le lendemain, il reçut une réponse : « Vous
619 ète en état, sans doute, d’inspiration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d’amour desti
87 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Avant-propos
620 tupidité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et
621 s échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde moderne : individu qui soutient des idées qui ne rapportent
622 n ne le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’est en fait l’esprit démocratiq
623 r la bouche ! Donnez-lui sa choucroute, tapez-lui dans le dos, amenez-lui le Guguss, des bretzels, sa petite amie, au secour
624 roit. Certains, en effet, tirent toute leur force dans les discussions de la tranquillité avec laquelle ils brouillent les f
625 conscience libérale, ils fuient la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherche à démêler la vérité sans ég
626 oi je considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentabl
88 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 1. Mes prisons
627 me de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos car
628 er de la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une jour
629 is ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’une tente d’Indiens, des petites guerres mystérie
630 res, des jeux en cachette, odeurs de peaux, comme dans un rêve, des matins de dimanche sonores et tout propres, la cuiller d
631 s de vaincus, les tours de carrousel, les chemins dans la forêt en automne, des jeux, des feuillages, des rêveries, des reco
632 e angoisse que l’on fuyait avec des bonheurs fous dans les bras maternels, ou bien ces promenades en tenant la forte main du
633 du père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse2. Deux a
634 jour, je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette, avec une
635 « Il faut que tous fassent la même chose, ici ! » Dans la suite, on se chargea d’illustrer par d’innombrables exemples cet a
636 nne, et de plus, toutes choses égales d’ailleurs, dans un certain domaine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour nous f
637 tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les livres — et nulle part ailleurs. Maigre nourriture pour nos rêves
638 Maigre nourriture pour nos rêves. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevable gaucherie, c’
639 es réalités les plus élémentaires de la vie. 2. Dans le cas le plus favorable, c’est un silence, un vide. C’était en dehor
89 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 2. Description du monstre
640 e que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-je envie de le dire ? L
641 ’un de ces cuistres pédants qu’on aime rencontrer dans des farces où ils sont drôles, mais non point dans la vie courante où
642 ans des farces où ils sont drôles, mais non point dans la vie courante où ils le sont beaucoup moins. Le Messieu fait sans d
643 ialement sur la pédagogie. Ce mot revient souvent dans sa conversation ; il le prononce avec un inimitable sérieux, avec un
644 l’apport des instituteurs, ou bien préexiste-t-il dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-il les petits bourgeois c
645 eois pris abstraitement et tel qu’il se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquinerie, et devrait êt
646 ppante ce qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratique du monde. Entrons, c’est pire encore. Beau
647 ers empeste encore mes souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’était pourtant un refuge pour l’ima
648 pes piquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pens
649 ces monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beaut
90 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 3. Anatomie du monstre
650 illusoire : il consiste à repousser la difficulté dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle s’aggrave,
651 de l’instruction publique, ceux que n’atteignent dans leur principe ni les réformes de détail ni les modalités locales de r
652 ) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse les matières les plus hétéroclites, sans égard à leur
653 tc. Ces disciplines se succèdent sans transition, dans un ordre absolument fortuit, de manière à prévenir toute concentratio
654 par semaine, au jugé. On s’arrange à faire tenir dans cette classification le plus possible de « connaissances » qui dès lo
655 totalité de la science nécessaire à tout citoyen, dans une vue aussi large que simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour étab
656 me le contenu des sciences dont on écrit les noms dans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement in
657 tière » ; 2° d’en rendre compte de la même façon, dans le même temps. Contentons-nous de remarquer que ce principe est à la
658 bon sens voudrait qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. M
659 i est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’on oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de
660  se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression !) Pour moi ce que je retire de plus évident de mon
661 raphes…graphes…graphes… Enfoncés, les perroquets. Dans une composition sur La Neige, Victoria X, 10 ans, écrit : « C’est l’h
662 est évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’invention est supérieure à l’imitation. Mais Victoria
663 te d’un traitement pédagogique approprié, tombent dans une apathie intellectuelle qui les conduit souvent à l’imbécillité et
664 dig, 1918, p. 12. 5. Il est peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l’influence d’une famille anorm
665 ait sans doute d’autres moyens de sauver l’enfant dans sa famille). Ensuite, pourquoi fait-on en réalité, comme si toutes le
91 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 4. L’illusion réformiste
666 c’est un art qu’il faudrait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l’
667 s sera aussi active, un élève se mettra à marcher dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’arpente ; un autre rester
668 e verbe en action et ne disparaisse à tout jamais dans les campagnes, tirant le meilleur parti possible de l’exercice ; car
669 ve les petits d’hommes comme des plantes de serre dans ces jardins d’enfants. On y parle de « l’enfant » comme on parle d’un
670 ’un produit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de
671 que c’est très dangereux. Néanmoins je soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui sont pour me plai
672 u cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité… Je songe à un enseign
673 ous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en tiennent l
92 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 5. La machine à fabriquer des électeurs
674 e me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets officiels par des orateurs émus et il y aurait une
675 de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme ils disent avec une satisfaction s
676 de nos jours, et d’une façon non moins flagrante, dans ses suites normales. Je n’en veux pas d’autre preuve que l’état grote
677 du type fédéral ne laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement. Cet avantage inappréciable sur le cerveau naturel
678 quer de la démocratie — si je ne sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout.
679 z moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écœurant optimisme bourgeois que je
93 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 6. La trahison de l’instruction publique
680 ement nous éduquer. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustraire les enfants à l’É
681 lesquelles le monde s’enfonce de son propre poids dans l’abrutissement ou se laisse prendre à des théories non point fumeuse
682 établi. L’idéalisme est forcément révolutionnaire dans un monde organisé pour la production. Le culte des valeurs désintéres
683 er tout ce qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans l’esprit moderne. C’est sa façon à elle de répondre aux besoins de l’
684 rganisation à outrance du monde, je répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un nouveau besoin qui
685 tat), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dans ses collèges, l’y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’ell
686 école primaire, arrive trop tard. Le pasteur sème dans un terrain que l’instituteur a méthodiquement desséché.
94 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. 7. L’Instruction publique contre le progrès
687 pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction tout opposée. C’est très malin d’avoir inventé un instr
688 moins pour assurer la sécurité d’un régime établi dans des fauteuils ; car un peuple d’électeurs fantaisistes serait parfois
689 n, de retrouver l’homme tout entier. Je distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui est — par la co
690 s m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la destruction et de l’anarchie que les génies directeur
691 uent. Car détruire, déblayer, et faire des signes dans le vide à des hasards gros de dangers, c’est peut-être à quoi notre g
692 a plus commune de la peste rationaliste qui sévit dans le monde depuis le xviiie (depuis les dernières pestes noires). Si v
693 même mentalité. Elle s’est développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe elle es
694 u’un jeu. Durant tout le xixe elle est descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y est devenue une tyrannie. A
695 e xixe elle est descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y est devenue une tyrannie. Avant il y avait la Rais
696 talité. Ce rationalisme-là triomphe non seulement dans les principes démocratiques, et dans ceux de l’École, mais encore dan
697 on seulement dans les principes démocratiques, et dans ceux de l’École, mais encore dans toute la conduite moderne de la vie
698 mocratiques, et dans ceux de l’École, mais encore dans toute la conduite moderne de la vie. C’est notre américanisme et c’es
699 premier lieu de le démasquer et de le pourchasser dans toutes les démarches de notre vie. Mais cette première tâche constitu
700 c’est-à-dire, pour lui, calculables, chiffrables. Dans la mesure où il y parvient, il tue les existences particulières, ou b
95 1929, Les Méfaits de l’instruction publique. Appendice. Utopie
701 voir Elle cultive ce qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. Elle punit froidement la spontanéité et l’inven
702 ement humain. L’anarchie est un degré d’intensité dans la vie, non pas un parti. Tout extrémiste, de droite comme de gauche,
703 i l’humanité s’avachirait totalement. Mais il est dans l’ordre qu’elle beugle longuement tout en le suivant. Que faire, diro
704 ourtant faim d’instruction15, et se croirait lésé dans un de ses droits fondamentaux. Le peuple veut s’instruire et on lui b
705 vérité, toute force résulte d’une concentration, dans quelque domaine que ce soit. Si l’Occident comprenait cette vérité él
706 ll militaire. Le drill correspond remarquablement dans le plan physique, aux exercices élémentaires que l’on exige d’un init
707 e la pensée dont on sait l’importance primordiale dans le yoga correspond au garde-à-vous ! par quoi l’on impose au corps un
708 d’énergie nouvelle. Le parallèle peut être poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, exécuté dans deux p
709 ils. Il s’agit bien d’un geste identique, exécuté dans deux plans différents. Le drill est un yoga corporel, le yoga est un
710 ant des méthodes de concentration analogues, même dans la mesure sans doute faible où la nature des enfants le supporte, on
711 soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un système de culture spirituelle, les différences s’accuseraient, ma
712 omnes. Une minute de concentration intense dégage dans l’individu plus d’énergie que des heures d’exercices gémissants. De m
713 rquoi l’on ne peut plus attaquer un fonctionnaire dans son activité publique sans que des personnes bien intentionnées vienn
714 on… Ils sont consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même mesure conscients des fins qu’on assigne à leur activité ? Un
715 qu’on assigne à leur activité ? Un peu de rigueur dans la pensée empêcherait souvent des catastrophes que beaucoup de rigueu
716 draient tout leur sens et toute leur efficace que dans un système religieux. Pour quiconque a une foi et la conscience de ce
717 s grenades, avec la frousse que ça ne leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin
718 que dit Tolstoï sur cette haine et sur ce besoin dans ses Articles pédagogiques encore très actuels, du fait que l’école n’
96 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). Avant-propos
719 tupidité de l’enseignement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins philosophique et
720 s échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde moderne : individu qui soutient des idées qui ne rapportent
721 n ne le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’est en fait l’esprit démocratiq
722 r la bouche ! Donnez-lui sa choucroute, tapez-lui dans le dos, amenez-lui le Guguss 2, des bretzels, sa petite amie, au seco
723 roit. Certains, en effet, tirent toute leur force dans les discussions de la tranquillité avec laquelle ils brouillent les f
724 conscience libérale, ils fuient la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherche à démêler la vérité sans ég
725 oi je considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations actuelles, puis au terme de ce recensement lamentabl
97 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 1. Mes prisons
726 me de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dans un Cahier de la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos car
727 er de la quinzaine, ça faisait de mauvaises notes dans nos carnets hebdomadaires, et une semonce à nous gâter toute une jour
728 is ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile mouillée d’une tente d’Indiens, des petites guerres mystérie
729 res, des jeux en cachette, odeurs de peaux, comme dans un rêve, des matins de dimanche sonores et tout propres, la cuiller d
730 s de vaincus, les tours de carrousel, les chemins dans la forêt en automne, des jeux, des feuillages, des rêveries, des reco
731 e angoisse que l’on fuyait avec des bonheurs fous dans les bras maternels, ou bien dans ces promenades en tenant la forte ma
732 es bonheurs fous dans les bras maternels, ou bien dans ces promenades en tenant la forte main du père qui fait de longs pas
733 du père qui fait de longs pas réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’est qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux
734 jour, je pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec ma sœ
735 « Il faut que tous fassent la même chose ici ! » Dans la suite, on se chargea d’illustrer par d’innombrables exemples cet a
736 nne, et de plus, toutes choses égales d’ailleurs, dans un certain domaine, c’est vrai. (Il y a encore des poètes pour nous f
737 tas de choses douloureusement ennuyeuses qui sont dans les livres — et nulle part ailleurs. Nous arrivions dans la vie avec
738 s livres — et nulle part ailleurs. Nous arrivions dans la vie avec des mentions honorables et une inconcevable gaucherie, c’
739 réalités les plus élémentaires de la vie.   3. Dans le cas le plus favorable, c’est un silence, un vide. C’était en dehor
98 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 2. Description du monstre
740 e que je vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-je envie de le dire ? L
741 l’apport des instituteurs, ou bien préexiste-t-il dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-il les petits bourgeois c
742 eois pris abstraitement et tel qu’il se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquinerie, et devrait êt
743 ppante ce qu’il y a de schématique et de monotone dans la conception démocratique du monde. Entrons, c’est pire encore. Beau
744 ers empeste encore mes souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’était pourtant un refuge pour l’ima
745 pes piquées, Numa Droz et ses crottes de mouches… Dans ce décor s’écoulent huit années de votre vie, citoyens ! Et vous pens
746 ces monuments « de la mauvaise époque » qui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la beaut
99 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 3. Anatomie du monstre
747 illusoire : il consiste à repousser la difficulté dans l’avenir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps elle s’aggrave,
748 de l’instruction publique, ceux que n’atteignent dans leur principe ni les réformes de détail ni les modalités locales de r
749 ) l’horaire : c’est un cadre, ou plutôt un moule, dans lequel on verse les matières les plus hétéroclites, sans égard à leur
750 tc. Ces disciplines se succèdent sans transition, dans un ordre absolument fortuit, de manière à prévenir toute concentratio
751 r semaine, au jugé. On s’arrange pour faire tenir dans cette classification le plus possible de « connaissances » qui dès lo
752 totalité de la science nécessaire à tout citoyen, dans une vue aussi large que simplifiée. Remarquons qu’il suffit pour étab
753 même le contenu des sciences dont on écrit le nom dans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement in
754 tière » ; 2° d’en rendre compte de la même façon, dans le même temps. Contentons-nous de remarquer que ce principe est à la
755 bon sens voudrait qu’on étudie d’abord la science dans sa réalité, puis qu’on se réfère au résumé comme à un aide-mémoire. M
756 i est vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’on oblige les enfants à vivre ensemble dès l’âge de
757 e « distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans cette expression !) Pour moi, ce que je retire de plus évident de mon
758 phes… graphes… graphes… Enfoncés, les perroquets. Dans une composition sur La Neige, Victoria, 10 ans, écrit : « C’est l’hiv
759 est évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’invention est supérieure à l’imitation. Mais Victoria
760 te d’un traitement pédagogique approprié, tombent dans une apathie intellectuelle qui les conduit souvent à l’imbécillité et
761 demain, page 12. 5. Il est peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l’influence d’une famille anorm
762 nc sans doute d’autres moyens de sauver un enfant dans sa famille). Ensuite, pourquoi fait-on en réalité, comme si toutes le
100 1929, Les Méfaits de l’instruction publique (1972). 4. L’illusion réformiste
763 c’est un art qu’il faudrait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exemple des « jardins d’enfants » où l
764 s sera active aussi, un élève se mettra à marcher dans le couloir en s’écriant : je marche, ou : j’arpente ; un autre rester
765 e verbe en action et ne disparaisse à tout jamais dans les campagnes, tirant le meilleur parti possible de l’exercice ; car
766 ve les petits d’hommes comme des plantes de serre dans ces jardins d’enfants. On y parle de « l’enfant » comme on parle d’un
767 ’un produit chimique : On remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant ne tarde pas à se développer… Prenez un enfant de
768 que c’est très dangereux. Néanmoins, je soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui sont pour me plai
769 u cœur, et je vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité… Je songe à un enseign
770 ous est de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son urgence. 7. Ou des appareils qui en tiennent l