1
littéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de
n’
avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératric
2
r, il a bravement affirmé son unité. Car le temps
n’
est plus, où les jeunes gens se faisaient, avec sérieux, des âmes exce
3
nal dans cette conception simpliste du monde, qui
n’
est en rien différente de celle de l’Action française ; remarquons tou
4
emarquons toutefois cette séparation, que Maurras
n’
a pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le
5
ns le même camp que la Réforme. M. de Montherlant
n’
est décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t-il manqué pour le
6
erlant n’est décidément pas philosophe. Peut-être
ne
lui a-t-il manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quit
7
et chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il
n’
a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’un
8
maine. Dans sa hâte salvatrice, M. de Montherlant
ne
s’est même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être admin
9
n faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui
n’
a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement
10
iers Français qui ait compris que le but du sport
n’
est pas la performance, mais le style et la méthode, c’est-à-dire la f
11
ublier la partie doctrinaire de cette œuvre, elle
ne
lui est pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que valen
12
idées générales, et j’avoue bien volontiers qu’il
n’
est pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ».
13
n’est pas une opinion sur le monde à laquelle je
ne
préfère le monde ». Je préfère à la dogmatique de M. de Montherlant s
14
désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que je
n’
entends pas ? » — Mais plus que le corps en mouvement, c’est la domina
15
te une règle ; on l’assimile, à tel point qu’elle
n’
est plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le corps du
16
ivique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous
n’
êtes pas couronnés d’olivier. La main connaît la main dans la prise du
17
aît la présence muette et sûre. Toutes ces choses
ne
se font pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui.
18
resse entre les dix qui sont à lui. Il dit : « Je
ne
demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils dise
19
ls disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses
ne
sont pas dites en vain. Stades que parcourent de jeunes et purs coura
20
filles assez fortes pour pouvoir tout lire, et il
n’
y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appe
21
: porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui
ne
doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement n
22
era de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement
ne
s’épuise-t-il pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses
23
les anciens. J’admets que ses « idées générales »
ne
vaillent rien2 ; sa morale virile nous est néanmoins plus proche que
24
rès à leur point de départ. Mais leurs recherches
n’
ont pas été vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plu
25
est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je
ne
sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût du sang. Tout cel
26
. Et une phrase telle que « … Nous sommes sûrs de
ne
pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre place modeste,
27
rs pour les vouloir éviter, et ces grandeurs pour
n’
en pas trop descendre ». N’est-ce pas une éclatante mise au point ? Et
28
et ces grandeurs pour n’en pas trop descendre ».
N’
est-ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Song
29
« descendirent » du front dans notre paix lassée,
ne
prend-elle pas une pathétique signification ? Pourtant ici encore tra
30
vient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre : je
ne
sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité rév
31
même temps que dans la guerre. Que de sacrifices
ne
lui devra-t-il pas offrir ainsi les romans « intéressants » ou « curi
32
elle paraît parfois, lorsque la tourmente humaine
ne
la moleste ni ne l’avive plus, cruelle et désolée comme cette « flamm
33
is, lorsque la tourmente humaine ne la moleste ni
ne
l’avive plus, cruelle et désolée comme cette « flamme pensante » dans
34
ores quiconque chercherait une idée là-dessous, —
ne
réussit pas toujours chez Breton à masquer la banalité de la pensée.
35
n esthétique ou morale. » (p. 42). Le surréalisme
ne
serait-il donc qu’une sorte de méthode des textes généralisée ? Point
36
fense de la poésie pure. Les beautés que j’y vois
ne
me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncid
37
r que M. Breton serait un très curieux poète s’il
ne
s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persuader
38
grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et je
ne
puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès l
39
cette mystification : la plupart des surréalistes
n’
ont rien à dire, mais savent admirablement parler. Ils érigent donc en
40
s érigent donc en doctrine leur impuissance. « Il
n’
y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de mét
41
aisonnements. Plaisante ironie, si cette attitude
n’
était qu’une protestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle
42
tériaux de démolition abandonnés par Dada S.A. Ce
n’
est pas ainsi que nous sortirons d’une anarchie dont les causes semble
43
Dada du ridicule le cède ici à un ton de mage qui
ne
fera plus longtemps impression. C’est grand dommage pour les lettres
44
uches copies de Millet. Mais son manque de talent
ne
le rebute pas. Une divine violence le travaille. Elle jaillira enfin,
45
mption frénétique terrassant un corps minable, il
ne
restera plus que les flammes, les soleils et aussi les grimaces de do
46
leur de ses tableaux. Il faut louer Paul Colin de
n’
avoir rien caché des médiocrités de cette vie : les reproductions qui
47
charger la « vie héroïque » de Vincent. M. Colin
n’
a pas cherché à expliquer ce miracle. Il nous laisse à notre émotion d
48
notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui
ne
dut rien à l’homme, d’une œuvre de pur génie. Vincent Van Gogh, génie
49
ans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce
n’
est pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître : «
50
ais il s’en permet d’autres qui le sont moins. On
n’
écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des maladresses et
51
isser des maladresses et des négligences. Mais on
ne
demande pas non plus au puissant boxeur sur le ring d’être bien peign
52
ple rustique de France ». En effet — le phénomène
n’
est pas particulier à la France — les paysans sont en train de redeven
53
Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style,
n’
est-ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je croi
54
documents. La littérature de ces dernières années
n’
est qu’une forme de reportage international. L’Europe menant cette imm
55
e bien que dans le domaine de la culture le péril
n’
existe que pour autant qu’on en parle, la vraie « question asiatique »
56
résentation vague et poétique. « Orient…, toi qui
n’
as qu’une valeur de symbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu
57
Arabie, Indes et Chine sous une dénomination qui
n’
a de sens que par rapport à l’Europe. Il serait vain de tenter un clas
58
ui à la suite de Claudel estiment que la question
ne
se pose pas, puisque nous sommes chrétiens. (Mais le christianisme, r
59
s. (Mais le christianisme, religion missionnaire,
ne
peut nous donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son pr
60
mbinent toutes ces opinions ; et ceux qui avouent
n’
en point avoir, sincérité trop rare… Presque toutes les réponses, conc
61
, conclusions ou interrogations, ont le défaut de
n’
être pas suffisamment motivées par des faits et des documents. Pour be
62
s faits et des documents. Pour beaucoup, l’Orient
n’
est qu’un prétexte à variations sur le thème favori. M. Massis, par ex
63
d nombre de citations à l’appui de ses sophismes,
ne
se livre pas moins à des déductions in abstracto qui le mènent à des
64
l’éducation historique des peuples chrétiens qui
n’
ont pas eu de Moyen Âge », nous pourrons amener l’Asie à comprendre la
65
s sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes
ne
joue que soutenu par le contrôle que les autres nous imposent », dit
66
rminée. Artificielle comme toute expérience, elle
n’
en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est
67
partialité. Son art bénéficie de cette vision. Je
ne
saurais résumer les nombreuses péripéties de son dernier roman sans e
68
estive, telles sont les vertus de sa critique. Ce
n’
est que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la
69
té. Nul doute que les Trois nouvelles exemplaires
ne
suscitent un intérêt très profond : elles nous transportent au cœur d
70
aussi bien être celui d’une pièce de Pirandello.
N’
annonce-t-il pas que les personnages des trois nouvelles « sont réels,
71
ent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de
ne
pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent être, subiss
72
pression de grandeur désolée qu’un Greco. Mais il
n’
y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation de
73
la pensée française (octobre 1925)k Peut-être
n’
est-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouve
74
lement chrétien sur le mysticisme naturiste ». Il
ne
pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à découv
75
ce qui concerne le Vinet juge des romantiques, il
n’
a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines cri
76
critiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il
n’
ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèremen
77
isme » de tout son mysticisme protestant. Et cela
n’
est pas sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi il insiste s
78
roit-il éluder ainsi le protestantisme de Vinet ?
Ne
voit-il pas que rien n’est plus protestant qu’une telle attitude ? Ma
79
protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien
n’
est plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces réserves sont de
80
e exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il
n’
est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que celle
81
x lente aux méandres songeurs, une simplicité qui
n’
est pas familière. C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans s
82
tion du monde qu’il invente nous lasse quand elle
ne
l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l’on
83
tion en faveur du passé, révolution tout de même,
ne
pouvait produire qu’une littérature très neuve de forme et traditiona
84
re irlandais ; ce que d’ailleurs Mlle Simone Téry
ne
fait pas. Car elle veut éviter l’emballement et conserver dans l’admi
85
, lui, commence son roman quelques mois avant que
n’
éclate le sinistre, et s’arrête au moment où l’on est sûr que ça brûle
86
ntôt dans une église, pour constater que la foule
ne
réagit pas autrement que les individus. L’auteur, qui est l’un de ces
87
doit sauter quelques semaines. Qu’on veuille bien
ne
voir autre chose dans ces « procédés », d’ailleurs assez peu choquant
88
er instantanément en révolte. Aucun cadre logique
ne
détermine l’avenir le plus proche. Il n’y a pas même des forces endor
89
logique ne détermine l’avenir le plus proche. Il
n’
y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possibil
90
des ruines. On sait le reste. Tout cela, Walpole
ne
le dit pas. Mais ses personnages le suggèrent de toute la force du tr
91
continue à faire des saints, tandis que ce terme
n’
a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger
92
teté ». Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens,
n’
était-ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S
93
comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il
n’
y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestant
94
existe des saints dans le protestantisme. Mais il
n’
est pas de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence qu
95
s de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite
ne
commence qu’aux limites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il
96
tes les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il
ne
peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut
97
e sens, il ne peut exister de saint véritable. Il
n’
y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignement d
98
ont trop souvent un brillant appareil dialectique
ne
sait produire que l’illusion. C’est la revanche du fameux scrupule pr
99
st la revanche du fameux scrupule protestant, qui
ne
peut être un danger lorsqu’il n’est, comme ici, que la loyauté d’un e
100
protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il
n’
est, comme ici, que la loyauté d’un esprit animé par une foi agissante
101
mars 1926)o L’époque s’en va très vite vers on
ne
sait quoi. On a mis le bonheur devant soi, dans un progrès mal défini
102
tiver leur moi. Ils y cherchent un fortifiant, je
ne
sais quelle excitation, quelle révélation ou quel oubli. C’est un dil
103
foi en la valeur de l’action. C’est pourquoi ils
ne
peuvent prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est au
104
que l’époque réclame 1. C’est aussi pourquoi l’on
ne
saurait accorder trop d’importance à leurs tentatives morales, si sin
105
ans le chaos des idées et des doctrines, et qu’il
n’
existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme ». Mai
106
avec une profonde conviction ; par vertu. Ce qui
n’
a rien d’étonnant : ils ne sont que les projections du moi de leurs au
107
ion ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils
ne
sont que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est ve
108
re d’aujourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent
ne
pas pouvoir les séparer. On n’écrit plus pour s’amuser : ni pour amus
109
déjà reconnaissent ne pas pouvoir les séparer. On
n’
écrit plus pour s’amuser : ni pour amuser un public. Un livre est une
110
ir des possibilités neuves, — pour le libérer. Il
n’
est pas question de rechercher ici les origines historiques d’une conc
111
rait une raison nouvelle de le condamner, et nous
ne
pouvons le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’est
112
e l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il
n’
a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience3.
113
ût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien
ne
retient. (Or on ne crée que contre quelque chose, contre soi, contre
114
connaît trop, et que plus rien ne retient. (Or on
ne
crée que contre quelque chose, contre soi, contre une difficulté.) Dé
115
ord. Révolution toujours ». « Pour nous, le salut
n’
est nulle part… » « Je comprends la révolte des autres et quelles priè
116
us faire du pain ; et c’est très beau, Aragon, de
ne
plus rien attendre du monde, mais on voudrait que de moins de gloriol
117
s derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune, il
n’
a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans la
118
x qu’il en paraît plus incurable. Ces jeunes gens
n’
en finissent pas de peindre leur déséquilibre. Il serait temps de fair
119
paradoxes, le chaos, etc. — Certes, aucune époque
ne
fut à la fois plus morale et plus immorale, parce qu’aucune ne s’est
120
ois plus morale et plus immorale, parce qu’aucune
ne
s’est autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’un
121
martyre… Cette lassitude facile à juger du dehors
n’
était pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émouss
122
pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien
n’
était émoussé en nous, mais pouvions-nous faire abstraction du plan in
123
ratuite que prétendent mener les surréalistes, il
n’
a fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des roma
124
nces extérieures qu’il méprise toutes également ;
n’
attendant rien que de ses impulsions et contemplant avec une lucidité
125
ait déjà une singulière préfiguration : Certes ce
ne
seront ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la pude
126
vaincre. — Mais la joie d’une si haute victoire —
n’
est pas si douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous, désir
127
ne si haute victoire — n’est pas si douce encore,
n’
est pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’être vaincu sans ba
128
de sophismes conduit ce mouvement de l’esprit qui
n’
utilise une borne que pour sauter plus loin. Ainsi, c’est par humilité
129
xcès toute chose, au-delà de toutes limites. « Il
n’
y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette fure
130
perversion d’une vertu qui se brûle elle-même. Je
ne
vais point nier la fécondité psychologique d’une attitude par ailleur
131
ait perdu le sens des ensembles rationnels. Nous
ne
pensons plus par ensembles7 : symptôme de fatigue. Mais tout cela : d
132
s pensées et des actes, rêves éveillés, tout cela
ne
dérive-t-il pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le ryth
133
oppe une civilisation mécanicienne. (Les machines
n’
ont pas besoin de sommeil.) La fatigue devient un des éléments les plu
134
logues est cet état presque inhumain de celui qui
n’
a pas dormi et qui « assiste » à sa vie, à ses sensations, à ses autom
135
e d’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout. Il
ne
s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort pour se libér
136
selle hypocrisie accompli par des générations qui
ne
lèguent aux suivantes que leur lassitude : sachons au contraire profi
137
jeunes hommes l’ont compris. Ils sont modestes —
ne
s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour lutter il faut des
138
; ils savent que pour lutter il faut des armes et
ne
méprisent pas la culture ; sans autre parti pris que celui de vivre,
139
maîtres de leurs corps exercés, ils savent qu’il
n’
y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de libert
140
e pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il
n’
y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur ef
141
; et leur effort est de retrouver ces lois ; ils
ne
craignent pas de choisir parmi leurs instincts, ni de les améliorer 1
142
ns la lumière. « Il vaut mieux, dit encore Vinet,
ne
voir d’abord que les grands traits de sa nature, ne connaître que les
143
voir d’abord que les grands traits de sa nature,
ne
connaître que les grands mots de la langue morale, suivre à l’égard d
144
sence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1. Il
ne
s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civiques. Mai
145
Arland, de Louis Aragon, de Drieu la Rochelle. Je
ne
cite que les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « goût
146
de construire et de nous construire. Jamais l’on
ne
fut plus loin de l’idéal goethéen : au lieu de tout composer en soi,
147
nue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui
ne
se payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond ont
148
u-dessus de la plus dégradante condition, et nous
n’
y arriverons que par un travail d’éducation lent et souvent dangereux.
149
en trois jours, cela peut paraître excessif à qui
n’
a pas connu l’atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plus a
150
ogiques et les vieilles dames à principes. Voilà,
n’
est-ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un p
151
grand peintre. Pourtant, malgré des longueurs, on
ne
lira pas sans plaisir ce livre où l’on voit un homme appeler en vain
152
est moins fatigant. « Le paon dédaigne encor mais
ne
fait plus sa roue. » Ce poète — qui fut aussi le prosateur charmant d
153
et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada, il
ne
le conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite que s
154
malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il
ne
l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jo
155
pénombre. Ôter la pédale à la poésie. (« Le poète
ne
rêve pas, il compte. ») Six projecteurs convergent sur une machine lu
156
ses fleurs de cristal, si elles sont sans parfum,
ne
se faneront pas. t. « Jean Cocteau : Rappel à l’ordre (Stock, Paris
157
, Mon corps et moi (mai 1926)u Les témoignages
ne
manquent pas sur la détresse morale de la génération surréaliste. Mai
158
et, quoi qu’ils en disent, « artistiqués », — ils
n’
osent plus le mensonge de l’art, et pas encore la vérité pure — Crevel
159
de sa génération. Terrible aveu d’impuissance, il
n’
a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, avec
160
dre. Une intelligence parvenue au point où elle «
ne
semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une intel
161
intemps. Libre à qui veut d’y voir un symbole. On
ne
saurait exagérer l’importance des conditions météorologiques du succè
162
de plus protestant — mais oui, M. Journet — et je
ne
crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’es
163
liberté dans la recherche. Chose plus rare qu’on
ne
pense, à Aubonne on se sent prêt à tout lâcher pour une vérité nouvel
164
n honore la liberté d’un culte moins platonique :
n’
est-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à
165
platonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit qu’on
ne
peut juger les Associations qu’à leur façon de jouer le volley-ball ?
166
leine forêt, où Henriod debout sur un tronc coupé
n’
eut pas trop de toute sa souplesse pour maintenir l’équilibre des disc
167
hure de la conférence3 pour savoir tout ce que je
n’
ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, no
168
t, est aujourd’hui une catastrophe menaçante pour
n’
avoir pas été animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit len
169
ment l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle
n’
est plus adaptée aux conditions nouvelles de travail ou de repos, ni d
170
au 100 à l’heure des autos. Les maisons habitées
ne
sont plus que des enceintes transparentes, et minces en regard de leu
171
cieuse (mai 1926)f Écrire, pas plus que vivre,
n’
est de nos jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur
172
êmes, et si craintifs en même temps, si jaloux de
ne
pas nous déformer artificiellement : nous comprenons que nos œuvres,
173
ous obsède de craintes et de réticences dont nous
ne
comprenons pas toujours l’objet. Peur de perdre le fil de la conscien
174
rs ou de dégoûts étranges viennent m’habiter ; je
ne
sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me
175
rd, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’il
n’
est que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. Il n
176
auter follement d’une habitude dans une autre. Il
ne
me resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni, liv
177
stincts combatifs et dominateurs par quoi l’homme
ne
se distingue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout ce qui l’e
178
de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce
n’
était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’était
179
ù l’on glisse vers la mort. L’important, c’est de
ne
pas se défaire. Mais rien n’était résolu. Me voici devant quelques pr
180
’important, c’est de ne pas se défaire. Mais rien
n’
était résolu. Me voici devant quelques problèmes dont je sais qu’il es
181
garde de m’y perdre au début d’une recherche qui
n’
a que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je
182
» Mais c’est encore une question… Je crois qu’il
ne
faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vienne c
183
n vienne chercher l’âme qui se sent misérable. Je
ne
recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-je à la vouloir, et c’
184
préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il
ne
faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce qu
185
. Il ne faut plus que je respecte tout en moi. Je
ne
suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela co
186
us profond de l’homme, la vertu conservatrice qui
ne
peut dicter que les gestes les plus favorables. J’ai d’autres instinc
187
es plus favorables. J’ai d’autres instincts et je
n’
entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ils sont naturels : la
188
à l’intelligence de faire primer la vie, puisque
n’
est pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu est de
189
pose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’elle
ne
permet que des associations suivant les directions de moindre résista
190
ant les directions de moindre résistance. Mais je
ne
m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter pl
191
donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je
ne
veux plus de faiblesses4.) Et demain peut-être, agir dans le monde, s
192
c’est se surpasser). J’entends des phrases qu’il
ne
faut pas encore comprendre — tout est si fragile —, mais je sais quel
193
, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je
ne
vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe,
194
sir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe,
ne
pas aimer son plaisir ? Je reste candidat au salut. 4. La sincérité
195
modifie son objet vivant. Pour moi, la sincérité
ne
peut être que spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des i
196
elles prennent un caractère de certitude qu’elles
n’
avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse
197
vérité d’un système, hors la religion. Un système
n’
est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les e
198
e n’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je
ne
puis comprendre les excommunications et les intransigeances. Toutes l
199
cations nécessaires, défauts auxquels Montherlant
n’
a pas toujours échappé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne
200
escription la plus réaliste de la vie animale. Et
n’
est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pare
201
ait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on
ne
vainc vraiment que ce qu’on aime, et les victorieux sont d’immenses a
202
e part mieux que dans la description des taureaux
ne
se manifeste ce passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein
203
t un peu pauvre pour fonder une religion. Mais ce
n’
est peut-être qu’un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plutôt
204
celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impossible de
ne
voir dans les Bestiaires qu’une évocation de l’Espagne et du génie ta
205
auts qui tueraient tout autre que lui. Certes, il
ne
soulève directement aucun des grands problèmes de l’heure. La violenc
206
ni logicien, dit-il d’Alban — (de lui-même) — il
n’
« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée d
207
rt ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il
ne
met de la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ai pas dit l
208
e la gravité que dans les choses voluptueuses, je
n’
ai pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui écha
209
t les choses sentimentales. Le tragique de la vie
ne
lui échappe pas. Il en parle, il le chante avec pathétique. Mais c’es
210
s c’est parce qu’il est poète : le chant fini, il
n’
y pense plus. On comprend qu’une telle attitude agace des gens qui se
211
c une magnifique insolence les forces créatrices,
ne
vaut-elle pas d’être élevée en témoignage pour notre exaltation ? Com
212
ui peut entraîner l’âme dans un élan de grandeur.
N’
est-ce point une solution aussi ? Plutôt que d’oublier de vivre à forc
213
ier de vivre à force d’y vouloir trouver un sens,
ne
vaudrait-il pas autant s’abandonner parfois à ces forces obscures qui
214
e la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188) Je
n’
ai pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciseraie
215
de intellectuel une « Question d’Orient » dont on
ne
peut plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous à demi-europ
216
petits chapitres à la fois si concis et achevés,
n’
est ni un album de vues pittoresques, ni le journal plus ou moins lyri
217
t une sensibilité protestante — si passionné. Nul
n’
est moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations
218
e qui donne à ses notations tout leur prix. Elles
ne
nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c’es
219
mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car il
n’
est guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type d’i
220
et comme type d’individu européen Robert de Traz
ne
pouvait trouver mieux que lui-même. S’il dit des Égyptiens : « Le men
221
» Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien
ne
sont pas moins subtiles et le mènent à cette constatation fondamental
222
e que « notre intelligence et celle de l’Oriental
ne
sont pas superposables ». Dès lors, comment collaborer, comment se co
223
matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il
ne
paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout que n
224
mine par un voyage à Jérusalem : le christianisme
n’
est-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pag
225
naquit la religion du « Prince de la vie »… Qu’on
ne
croie pas, d’ailleurs, que l’attitude presque constamment critique de
226
elles, révèle sa personnalité peut-être mieux que
ne
le feraient une suite de pages lyriques toujours un peu stylisées. Il
227
, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui
n’
accepte d’être séduit que pour « mieux comprendre », assez « fidèle »
228
Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)w Je
ne
crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. Fern
229
itique philosophique » qu’il voudrait inaugurer «
ne
se contenterait pas d’étudier les œuvres pour elles-mêmes dans leur s
230
e sont souvent enlisées dans leurs recherches, il
ne
les condamne pas d’un « Jugement » sans issue sinon vers le passé cat
231
llement différentes des lois de l’œuvre d’art, il
ne
s’en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication direct
232
ez tente de prouver par exemple que l’œuvre d’art
ne
peut être un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit :
233
concevoir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre
n’
est-elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer
234
elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je
ne
puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant que
235
re le plus encombré et le plus impur qui soit. On
n’
a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à sa form
236
eu gauche encore dans les positions conquises. Il
n’
empêche que son livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’il pr
237
venaient au pas des Cascine. Vers sept heures, il
n’
y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa c
238
res et des odeurs, espérant entrer là-bas dans je
ne
sais quelle harmonie plus reposante. Cette imparfaite accoutumance au
239
n blanche est arrêtée tout près de l’eau. Mais ce
n’
est pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accomp
240
âmé dans une beauté que saluent tant de souvenirs
n’
a d’autre nom que celui de l’instant, ô mélodieuse lassitude. Vivre ai
241
i simplement. Sans pensée, perdus dans un soir de
n’
importe où, un soir de la Nature… L’homme chante une plainte inouïe de
242
un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie
n’
a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’est qu’odeurs, formes
243
e n’a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle
n’
est qu’odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sourdes
244
omme cette brume, une vie étrangère, une paix qui
n’
est pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en no
245
lante vaguement heureuse d’être pliée au vent qui
ne
parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans ton silence. Nature !
246
harmés d’un repos sans rêves une langueur dont on
ne
voudrait plus guérir… Mais nous voyons la ville debout dans ses lumiè
247
ibilité de bonheur par personne et les devantures
ne
cherchent qu’à vous plaire. Chaque ruelle croisée propose un mystère
248
e… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir, il
ne
sait plus de quels souvenirs ; jusqu’au soir où la douleur nette d’un
249
e que son silence devient insupportable : « Orpha
ne
comprenait pas comment on pouvait tant souffrir et ne plus aimer ». C
250
omprenait pas comment on pouvait tant souffrir et
ne
plus aimer ». Closain se tue pour finir le livre. Livre charmant et b
251
araît parfois et nous fait regretter que l’auteur
ne
se soit pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf.
252
nois et sympathiser avec son idéal de culture. Il
n’
y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a fai
253
x a fait parler son Chinois de telle façon qu’ils
ne
le paraissent point. Et alors le relativisme angoissant qui semblait
254
qui tord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être
n’
est-il pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laiss
255
e position plus périlleuse, puisqu’elle risque de
ne
laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la destruction et d
256
t bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on
ne
veut pas avouer qu’elle est plus nécessaire — provisoirement — que sa
257
aturaliste de l’âme ? Heureusement que M. Brémond
ne
s’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les
258
s’est pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on
n’
a pas attendu les éclaircissements du subtil abbé pour n’y plus rien c
259
attendu les éclaircissements du subtil abbé pour
n’
y plus rien comprendre. ⁂ Qu’on imagine un personnage de tableau se me
260
ité. Lafcadio poussant Fleurissoire « pour rien »
ne
songeait pas qu’il allait faire école. Le fait est que ce geste symbo
261
: « Gratuit ! », déclarent-ils chaque fois qu’ils
ne
comprennent pas. Il faudrait s’entendre. Et, ici encore, prenons gard
262
ion peut paraître gratuite au lecteur parce qu’il
ne
sait pas tout sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y a pas
263
tout sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il
n’
y a pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamais q
264
s de gratuité. Le geste le plus incongru du héros
n’
est jamais que le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateu
265
onnage que ses actions les mieux concertées. Rien
n’
est gratuit que relativement à un système restreint de références. Il
266
livrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce
n’
est plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon espr
267
s visages se cachent dans des fourrures, personne
ne
sait la richesse de ta vie…). J’écris ces choses. Puis, dans un ancie
268
ur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on
ne
saurait atteindre « la vérité sur soi » en se servant de la méthode i
269
le. C’est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant,
n’
est-ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce
270
vient recul, et l’évocation de mes désirs anciens
ne
me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans r
271
regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je
n’
assiste pas à moi-même, mais à la destruction de moi-même. Par les fis
272
Non. Car à supposer que l’analyse nous crée, elle
ne
nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se retr
273
er que l’analyse nous crée, elle ne nous crée pas
n’
importe comment, mais selon certaines lois où se retrouve notre indivi
274
s avant tout un moyen de se connaître. Cependant,
n’
est-ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne p
275
ême qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à
ne
plus pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui est la négatio
276
revel nous montre assez ce qu’il faut penser2. Il
ne
s’en suit pas que contenue dans des limites assez étroites empiriquem
277
e sens de son intérêt propre, une analyse sincère
ne
puisse faire découvrir quelques richesses et ne serve parfois de cont
278
e ne puisse faire découvrir quelques richesses et
ne
serve parfois de contrôle efficace. Mais les bénéfices sont maigres e
279
r. F. Raub. La sincérité obstinée d’un Rivière
n’
a plus rien de spontané. En quoi est-ce encore de la sincérité ? Trop
280
Il devient dès lors impossible de faire rien qui
ne
soit sincère. Peut-on véritablement se mentir à soi-même, et surtout
281
ent. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste
n’
est pas menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est avoir toutes l
282
est avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on
ne
peut se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais
283
e », ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie,
n’
est-ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aus
284
montrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous
ne
sommes pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute interventi
285
toute intervention qui altérerait leur moi ; ils
ne
souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais immobile :
286
tant que personnes. Comment se trouveraient-ils,
n’
existant pas ? (François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau serai
287
is que certains, peut-être, jouent leur vie. Rien
ne
paraît plus sinistre à la sincérité presque pure de cet âge. Mais il
288
analyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce
n’
est pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dir
289
endant que ma joie — un état de grâce, un amour —
ne
pouvait se satisfaire de telle possession particulière, ne pouvait no
290
t se satisfaire de telle possession particulière,
ne
pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquie
291
tre ses actions et ses désirs, un quant-à-soi qui
ne
gêne aucun geste, mais incline discrètement les décisions et les rend
292
réelle de l’individu — en dehors du corps. Et ce
ne
sont point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dessus
293
envers soi-même une volonté — si profonde qu’elle
n’
a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de no
294
re efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je
ne
veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce de souffran
295
nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il
n’
est peut-être qu’une espèce de souffrance véritablement insupportable,
296
me. Sans doute, les différences s’accusent : mais
n’
est-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemm
297
de nous accorder une confiance sans laquelle nous
ne
saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne sera pas sans leur
298
e saurions aller, et qui, nous voulons l’espérer,
ne
sera pas sans leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne
299
r donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous
ne
demandons pas qu’on prenne toutes nos obscurités pour des profondeurs
300
utes nos obscurités pour des profondeurs. Et nous
n’
allons pas procéder à quelque sensationnelle révision des valeurs. Nou
301
e révision des valeurs. Nous savons bien que nous
ne
faisons que passer, après tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis,
302
faire réfléchir utilement sur ses causes… Nous
ne
proposerons pas, lecteur bénévole, un exercice mensuel à votre facult
303
but et notre excuse en publiant cette revue. Nous
ne
sommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas êtr
304
ommes pas « une revue littéraire de plus » ; nous
ne
voulons pas être « l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes
305
elles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous
ne
prétendons pas plus être « bien bellettriens » — prétention éminemmen
306
agon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)ab « Je
n’
admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont
307
’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce
ne
sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est la
308
e mieux encore : après une kyrielle d’injures qui
ne
font pas honneur à l’imagination d’autres fois si prestigieuse du poè
309
tresse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût
ne
m’empêchera pas de le dire, Aragon possède le tempérament le plus har
310
s, des pages d’un lyrisme inouï. Que Louis Aragon
ne
se croie pas tenu de justifier ses visions par le moyen d’une métaphy
311
s est une suite de promenades dont la composition
n’
est pas sans rappeler celle des Nuits d’octobre de Nerval ; forme qui
312
te de nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce
n’
est pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un des
313
’Urbain, premier du nom dans sa famille, laquelle
n’
avait compté jusqu’alors que d’authentiques avocats et un chapelier do
314
un chapelier dont tous s’accordaient à dire qu’il
ne
péchait que par excès de bonne humeur printanière, Urbain donc, premi
315
es bénie — par qui ? elle était anticléricale, on
ne
saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoile, jeune fille, roulait ge
316
t le surnom de Bin-Bin. Urbain ouvrit les yeux et
ne
vit rien. On rappelle que les étoiles s’étaient décrochées de leur po
317
ème préconçu. (Cette attitude est plus rare qu’on
ne
le croit, de nos jours.) M. Esmonin montra avec beaucoup de clarté co
318
forte diminution du nombre des protestants. Aussi
ne
s’effraye-t-on pas trop, au début, de l’émigration des fidèles qui su
319
e Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui
n’
ont commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre de
320
s de nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous
ne
pouvons que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va
321
bjet de l’amour. Mais les jeunes gens de ce temps
ne
cultivent point cette fièvre. Et comme la morale ne sait plus leur im
322
cultivent point cette fièvre. Et comme la morale
ne
sait plus leur imposer de feindre encore ce que le cœur ne ressent pl
323
lus leur imposer de feindre encore ce que le cœur
ne
ressent plus, il suffit de quelques mois aux jeunes époux de la Malad
324
t qu’on les attendrait, plus franche d’allure. On
ne
sait ce qui la retient : son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacque
325
une image qu’on garde comme un pressentiment. Ce
n’
est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une cert
326
Barbey, on oublie la justesse de son analyse pour
n’
évoquer plus que des visions où se condense le sentiment du récit. Dan
327
ad L’on aime que, pour certains hommes, écrire
ne
soit que le recensement passionné de leur vie, ou l’aveu déguisé d’un
328
clar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels il
ne
tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra da
329
ndra dans l’armoire aux souvenirs. Cette façon de
ne
pas y tenir, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie est peut-êtr
330
de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et
ne
peut pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froi
331
de froideur que l’on dirait désintéressée si elle
n’
avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faibless
332
mence où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour
n’
est-il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas e
333
ible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir
n’
a pas exténués. Mais alors quelle avidité cruelle, et peut-être tendre
334
ment leur amour, à force de petites blessures. Ce
n’
est pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu sombr
335
on littéraire la plus ridicule. Pourtant, qu’elle
ne
laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est mie
336
nt où je vais me suicider, d’autant plus que vous
n’
y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’il fait
337
se qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu
n’
a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez ne p
338
chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela
n’
en vaut plus la peine. (Veuillez ne pas voir dans cette phrase quelque
339
’ailleurs cela n’en vaut plus la peine. (Veuillez
ne
pas voir dans cette phrase quelque allusion de mauvais goût.) Je vous
340
suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho
n’
en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Pui
341
j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je
n’
ai plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’avais
342
s sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils
ne
vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards croisés n
343
ais, maintenant, je pense que ces regards croisés
n’
avaient aucune signification et que mon anxiété seule leur prêtait que
344
s rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je
ne
sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’image
345
i rôdé dans la joie féminine des grands magasins,
n’
osant pas repasser trop souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures
346
nnaître dans la foule qui se précipitait, mais je
n’
avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais par v
347
écipitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je
ne
pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage
348
intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il
n’
y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’était
349
… Je montai. Il n’y avait que des dames. Personne
ne
parlait. La jeune femme qui s’était penchée vous ressemblait tant. Ma
350
ui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais je
n’
osais presque pas la regarder, à cause d’une incertitude qui redonnait
351
empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous. Je
ne
saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en me
352
e me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je
ne
sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures a
353
étais encore au bal. Cette constatation machinale
ne
correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion
354
. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je
ne
me souviens plus que de cette déception insupportable et définitive d
355
tion insupportable et définitive de mon désir. Je
ne
vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage. P
356
si je puis encore évoquer votre visage. Peut-être
ne
vous ai-je pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destru
357
ort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je
ne
comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce q
358
e, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu, il
n’
y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : i
359
ent gris, sans fin… Il faudrait que je dorme : il
n’
y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai pas
360
urait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je
ne
vous dirai pas son nom. f. « Lettre du survivant », Revue de Belles-
361
Cet âge est sans pitié. » « Le véritable symbole
n’
est jamais prévu par l’auteur », écrivait Cocteau dans la préface des
362
e note d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’il
n’
y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c’es
363
es deux interprétations symboliques au moins ; de
ne
pouvoir m’empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie »
364
nger sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de
ne
pouvoir m’empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou
365
« Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce
n’
est pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, un
366
… Art chrétien, a-t-on dit5. Certes, cette pièce
n’
est pas dépourvue de certaines des qualités qui, selon Max Jacob, perm
367
ité à chausse-trappes, cette habileté surtout. Je
ne
sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lors
368
e se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il
ne
tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques de
369
ualités scéniques de cette pièce sont grandes. Je
ne
saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche contre les prin
370
vrai style de théâtre, d’une netteté qui pourtant
n’
est pas maigre, d’une familiarité dramatique qui cerne le mystère d’un
371
u’il voulait. Et pourtant cette admirable machine
ne
m’inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surpr
372
e photographe des Mariés. Dans Orphée, le mystère
ne
peut plus dépasser l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce
373
ne fois de plus que l’atmosphère de l’« art pur »
n’
est pas respirable. Il ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette
374
osphère de l’« art pur » n’est pas respirable. Il
ne
manque rien à Orphée, sinon peut-être cette indispensable « part de D
375
une preuve, pour mon compte, dans le fait que je
ne
sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer, dan
376
ne tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment, nous
n’
en demandions pas tant… g. « Orphée sans charme », Revue de Belles-Le
377
us pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous
ne
sommes pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient
378
e diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous
ne
sommes pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confond
379
ves qui hantait les limbes depuis un an déjà. Ils
ne
tardèrent pas à reconnaître Cinématoma. Naissance de Cinématoma
380
silence. « Well ! », dit enfin Dardel. Les autres
n’
en pensent pas moins. Quelquefois, Mossoul amène un scénario né entre
381
aces. Lugin, qui est théologien, et de la Tchaux,
n’
a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé, constate que jamais « la Montag
382
met désabusé, constate que jamais « la Montagne »
ne
saura venir au prophète, même s’il se nomme Mossoul. Pourtant, au mil
383
Parfois l’on se demande si l’Auber de Jean Cassou
ne
va pas s’attabler au café en face des personnages de Jaloux. Et peut-
384
l Morand, mais elle a dû le trouver un peu froid,
n’
aura pas été tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si faci
385
tend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il
ne
la reverra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime une
386
de ce qui détermine nos actes avant que la raison
n’
intervienne, mouvements de nos passions à nous-mêmes inavoués, rêves é
387
mper sur tout ce qui est profond en nous, et elle
ne
manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un réali
388
s drames tout intérieurs dont il dit : « Personne
ne
peut juger du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même
389
nt, des amours impossibles, des histoires dont on
ne
sait pas la fin ni le sens véritable, mais seulement qu’elles ont fai
390
, montagnes russes. (J’ai regretté que René Clair
ne
nous donne pas la vision du mort.) Enfin le cercueil roule dans les m
391
teint tous les personnages et lui-même. ⁂ Le tout
ne
dure pas 20 minutes. Et c’est heureux. Nous manquons d’entraînement d
392
nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais je
ne
suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtr
393
atement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce
n’
est pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attende
394
bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils
n’
attendent que le moment où ils pourront se pousser en disant : « C’que
395
disant : « C’que c’est cochon ! » Mais le moment
ne
vient pas, ils sont déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « O
396
ent. » Mais tout de même, là par exemple, où nous
ne
pouvons nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse e
397
de certaines théories sur le rêve, le peuple, qui
n’
a pas vu ces dessous mais accueille le résultat avec la naïveté qu’il
398
tural remplace le geste de l’acteur. Un mouvement
ne
souligne pas, il exprime, et se suffit. Mais comme pour le film 1905,
399
lair un sens du miracle assez bouleversant. Et je
ne
parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginaire e
400
u’une sorcière transforme un homme en chien, cela
n’
a rien d’étonnant au cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne
401
au cinéma. C’est la photographie d’une chose qui
ne
serait étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de
402
ose qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce
n’
est pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu av
403
l’espace en relation se modifie pour maintenir je
ne
sais quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle que celle dont n
404
t de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui
n’
est pas synonyme d’incompréhensible, non Madame, car alors quoi de plu
405
ors quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce
n’
est peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film comm
406
une certitude trop vite atteinte, où sa jeunesse
ne
verrait qu’une abdication. Il décrit la « génération nouvelle » avec
407
ujourd’hui. Il constate que l’une (celle de Gide)
ne
fait que différer notre inquiétude, tandis que l’autre « ne ruine not
408
e différer notre inquiétude, tandis que l’autre «
ne
ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui ne vient que de Dieu
409
e ruine notre angoisse qu’en y substituant ce qui
ne
vient que de Dieu : la Foi ». Acculée à la rigueur d’un choix presque
410
ude paraît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops
n’
a-t-il pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, su
411
lles vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une
n’
étant que le chemin qui mène à l’autre ? Car la foi naît de l’inquiétu
412
se l’inquiétude autant que la sérénité… Au reste,
n’
est-elle pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirableme
413
s seulement pour le pittoresque. — Attrape ! Il
n’
existe pas de théorie du salut. Il n’existe que des systèmes pour fair
414
trape ! Il n’existe pas de théorie du salut. Il
n’
existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineux d
415
Poésie. On dit : « Des mots ! » au lieu de « Je
ne
comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense : «
416
au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : « Je
ne
comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ». On
417
compréhensible !, trois mots dont l’un savant. Je
ne
connais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez dit :
418
une pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien
ne
pouvait mieux exciter, signe d’aise extrême, vos glandes salivaires,
419
elques hommes y pénètrent, et le goût de s’amuser
ne
renaîtra plus en eux. Ni même celui de souffrir. Le dernier rire d’Ar
420
lat : « Ô grand Rêve, au matin pâle des édifices,
ne
quitte plus, attiré par les premiers sophismes de l’aurore, ces corni
421
us courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous
n’
est nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne peut
422
rt9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien
ne
peut duper. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être
423
duper. Depuis certaines paroles sur la Croix, il
n’
y a peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine, et
424
dire qu’elle est née dans un café de Paris. « Je
n’
attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pant
425
n café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je
n’
attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous repus
426
prophète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce
n’
est pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il faudra
427
our que cela eût un sens, il faudrait être sûr de
n’
avoir pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques gestes encore
428
grandeur, c’est qu’il lui faut atteindre Dieu ou
n’
espérer plus aucun pardon. II Novembre 1926. Je viens de retrouv
429
e rendait seules contagieuses. Comment, en effet,
ne
pas voir la part de littérature que renferme cette œuvre, et qui fait
430
e du scandale pour le scandale qui a le mérite de
n’
être pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seu
431
la grande race des torrents. » Une belle phrase,
n’
est-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire com
432
s torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas ? Je
ne
sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans rid
433
le. Et ce que je prenais pour le ton prophétique,
ne
serait-ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans
434
u vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je
ne
vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vi
435
tianisme dans les âmes profondes ou délicates qui
ne
sont pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle par
436
pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous
n’
est nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, ou l
437
t nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut
n’
est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, d
438
ssez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce
n’
est point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade possib
439
t Crevel. Pourtant, le plus irrévocable désespoir
n’
est encore qu’un appel à la foi la plus haute. 1er mai 1927. Mieux
440
nom revient sous ma plume, comme une mouche qu’on
n’
a jamais fini de chasser parce qu’elle n’a pas mérité du premier coup
441
he qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’elle
n’
a pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser, — c
442
ie montrèrent les ravages bien plus étendus qu’on
n’
osait le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité j’ai soutenu qu
443
cérité j’ai soutenu qu’une introspection immobile
ne
retient rien de la réalité vivante ; si je dénie à des incrédules le
444
pensée, ses délires, ses visions. Un critique qui
n’
épouse pas le rythme d’une œuvre, mais s’avance à sa rencontre armé de
445
mper sur ce qu’il y a de profond en nous, et elle
ne
manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsieur
446
Critique. — Il y a un certain temps déjà que nous
ne
nous sommes revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a p
447
s intéressant. Seulement, mon cher Monsieur, nous
n’
avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop
448
aujourd’hui… Quoi ?… Bon, bon, c’est entendu, on
ne
peut rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait
449
st entendu, on ne peut rien faire sans vous. Mais
n’
oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose s’il ne spéculait sur
450
liez pas que « l’artiste serait peu de chose s’il
ne
spéculait sur l’incertain », c’est un académicien qui l’a dit. Voulez
451
« saine raison », sans se demander jamais si cela
ne
condamne pas et la santé et la raison. Il s’est trouvé des Maurras et
452
’obscurité que l’on fait à la littérature moderne
n’
est qu’une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les q
453
’esprit est la seule réalité. C’est pourquoi nous
ne
pourrons plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution. Et
454
forme, Karl Marx, la préface de Cromwell. Mais il
ne
s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel domain
455
nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que je
ne
puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux dog
456
ulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je
ne
dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pour H
457
chand des œuvres complètes de Karl Marx ? Si vous
ne
dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine, je le dirai pour vous. Qua
458
a entrepris la Révolution au nom de l’esprit, on
ne
va pas s’acoquiner avec des gens qui ont fait, il y a 10 ans, une rév
459
fonction du capitalisme. Est-ce que vraiment vous
ne
pouvez vous libérer de cette manie française, la politique, et ne voy
460
ibérer de cette manie française, la politique, et
ne
voyez-vous pas que c’est faire le jeu de vos ennemis de discuter avec
461
, comme tout ce qui est parisien, hait Paris mais
ne
saurait vivre ailleurs… Mais non, il y aurait trop à dire, et puis l’
462
crabe, examens de conscience toujours ratés — on
ne
m’y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous genre
463
la gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce
n’
étaient pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Not
464
ue nous haïssions. Notre haine de certaine morale
ne
venait-elle pas de ce qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sym
465
aimions la révolution comme on aime l’amour. Nous
n’
aimions pas telle révolution — la russe, par exemple — parce que ce n’
466
révolution — la russe, par exemple — parce que ce
n’
est pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne demand
467
ore assez révolution ; parce que cette révolution
ne
demandait qu’à s’asseoir et que son siège était fait. Nous aimions la
468
mes. C’était un vice, la révolution-vice. Mais on
ne
vit, on ne meurt que de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. « Il s’y
469
t un vice, la révolution-vice. Mais on ne vit, on
ne
meurt que de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. « Il s’y retrouve.
470
nasille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins,
n’
est-ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nou
471
, de laquelle il se demande vainement pourquoi il
n’
arrive pas à se contenter13 ». Acculés à ce choix : inconscience de ru
472
amusés avec vos chers principes. Révolution, ce
n’
est plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement vio
473
rincipes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce
n’
est plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fleur
474
raculeusement d’aigrettes de folies et de joies ;
n’
allez pas nous toucher, nous sommes dangereux. Un orage de tendresse v
475
cruels, nous parlerons vos langues aériennes. On
n’
acceptera plus que des valeurs de passion. Balayez ces douanes de l’es
476
Le rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce
n’
est pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Pa
477
tresse. École savait le mythe du voyage, et qu’on
ne
manque pas le train bleu d’un désir. Elle était donc venue. Il la sui
478
s de profils jusqu’au soleil toujours de face. Il
ne
vit plus que la foule des yeux bleus, son éblouissement. Soudain la v
479
de lui le sourire d’amitié mortel de tout ce qui
n’
arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’étai
480
tout ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce
n’
est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la rech
481
aisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce
n’
était pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Marqu
482
use des objets et des êtres véritables. Un bateau
ne
glisse pas plus doucement vers le soleil du haut-lac. Justement, voic
483
ir, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau
n’
est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une qu
484
l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr, je
n’
ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dès c
485
et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je
ne
voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces ph
486
et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je
ne
pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure.
487
rai dire assez singulier. Nos artistes, en effet,
n’
ignorent rien des courants les plus modernes, et sont bien situés pour
488
rants les plus modernes, et sont bien situés pour
n’
en prendre que le meilleur ; mais l’émulation, l’atmosphère de combat
489
autour d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont je
ne
vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pour u
490
e ailleurs le premier public des jeunes artistes,
n’
existant pas ici, le peintre se trouve placé d’emblée en face de ce qu
491
rtune faite, tout le monde s’accorde à dire qu’on
n’
attendait pas moins du fils d’un tel père. « Voilà le train du monde…
492
ls d’un tel père. « Voilà le train du monde… » Je
ne
pense pas qu’il en faille gémir. Une certaine résistance est nécessai
493
ce est nécessaire pour que la force se développe.
N’
était certain petit plaisir d’impertinence, je me fusse dispensé de re
494
et moins d’incompréhension que de timidité. ⁂ On
ne
m’en voudra pas de ne citer ni dates de naissance, ni traits d’enfanc
495
nsion que de timidité. ⁂ On ne m’en voudra pas de
ne
citer ni dates de naissance, ni traits d’enfance géniaux et prophétiq
496
n merveilleux foyer de contagion contre lequel je
ne
saurais me prémunir par le moyen d’aucun de ces appareils à jugements
497
re pure de ces espaces définis par quelques plans
ne
tue pas un certain mystère. Cette cour sans issue, cette tulipe bizar
498
ouvent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce
n’
est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant d’
499
elques frileux, mais les autres sont soulagés. Et
ne
fût-ce qu’en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 i
500
n d’autres rapprochements moins paradoxaux. Donzé
n’
est pas de ceux pour qui la peinture consiste à habiller une idée. Voy
501
biller une idée. Voyez son portrait de Meili : il
ne
prend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans une
502
r russe, à cause de sa chevelure, sans doute ! On
ne
pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les j
503
nzé touché à son tour par la grâce décorative, il
n’
en reste qu’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garçon
504
ironie mélancolique et qui voient plus loin qu’on
ne
croit, mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde p
505
ise : un lyrisme un peu amer, d’une tristesse qui
ne
s’affiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin,
506
nue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je
ne
sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de nos ar
507
chez beaucoup des meilleurs de nos artistes. Mais
n’
allez pas croire à des grâces faciles ou sentimentales. Il y a une sor
508
une complicité de sentiments ou d’état d’âme. Je
ne
verrais guère que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le puisse
509
un temps où l’on put craindre que Charles Humbert
ne
devînt le chef d’une école du gris-noir neurasthénique. Il peignait d
510
goût au milieu d’harmonies funèbres, comme un qui
n’
attendrait pas que l’enterrement s’éloigne pour entonner une chanson à
511
ise avec une toile comme le Potier. Si la couleur
n’
est pas encore aussi plantureuse que les formes, il y a une belle rich
512
nt le visage. Aurèle tient un livre ouvert, et ce
n’
est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il
513
Utopie. André Evard va nous y introduire, et nous
ne
saurions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci s’était égaré en av
514
ige ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez
n’
être qu’une épure : c’est intitulé « nature morte ». Pourquoi pas nais
515
’on fait une découverte. Attention qu’André Evard
n’
aille trouver une de ces machines à explorer l’au-delà. En vérité il f
516
tionnelle, d’un style pourtant assez large et que
n’
entravait pas son scrupule réaliste. ⁂ Mais voici dans son costume d’a
517
e, plus que celui du corps de l’athlète ; l’œuvre
n’
atteignait pas encore pleinement sa vie propre. Depuis, Léon Perrin se
518
usement féminine, une élégance aiguë. Notre revue
n’
est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper de
519
te de classicisme moderne dont les frères Barraud
ne
seraient pas très éloignés par d’autres côtés. Un avenir peut-être pr
520
ui, notre but serait suffisamment atteint si nous
n’
avions fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune peintur
521
e des lignes ; où la lumière éclaire plus qu’elle
ne
caresse ; où pourtant les hivers les plus durs réservent des douceurs
522
1927)ah Voici un livre dur et sans grâces, qui
ne
manque pas d’une beauté assez brutale, pour nous choquer et s’imposer
523
présente le problème juif avec une obstination à
ne
rien cacher qui le mène profond. Une famille juive dans le Marais. Le
524
est un tailleur, biblique, austère et probe, qui
n’
a d’ambition que pour ses enfants. Jacob, l’aîné se révolte. Sensualit
525
Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je
ne
nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc
526
uer pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité
ne
serait-elle à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet
527
milieu bourgeois, et l’on voit bien que l’auteur
n’
est pas encore détaché de la matière pour en tirer une œuvre d’art. La
528
document humain, nuit à sa valeur littéraire. Je
n’
aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions toutes
529
d’élégant, de « bien français » ; et le mot sang
n’
évoque ici qu’une tache de couleur, plus sentimental que cruel. « J’ai
530
un certain tragique, mais au filet si acéré qu’on
ne
sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de ne pas c
531
e pas sa blessure. Mais c’est ici qu’il s’agit de
ne
pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj. « Paul Éluard
532
et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau
n’
est pas beau, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le f
533
gnifiquement jetés. Mais cette imperfection, s’il
ne
peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui
534
rieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il
n’
est que le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su en g
535
us tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je
ne
détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne so
536
mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle
ne
souffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si
537
gardait avec une terreur ou je crus distinguer je
ne
sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’étais perdu
538
obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je
ne
pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’
539
ontions ensemble dans une chambre d’hôtel où l’on
ne
voyait d’abord qu’un bouquet transfiguré par la lumière et que reflét
540
» Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je
ne
trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me pe
541
es du hasard, ce poète immoral et malicieux. » Je
ne
sais dans quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est forcé
542
t, au moment de m’endormir, que ma passion du vol
n’
était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de
543
a passion du vol n’était qu’une longue vengeance.
Ne
m’avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que to
544
ez : Les millions que je pourrais leur soustraire
ne
compenseront jamais cette escroquerie morale dont je fus la victime,
545
critiquer les modalités de ma vengeance. Veuillez
ne
voir dans la confusion où je parais être engagé, du plan moral avec l
546
e d’après les quelques réactions élémentaires qui
ne
manquent jamais de succéder au moindre vol. » J’ajouterai, cher Monsi
547
terai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique
n’
est pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques q
548
er de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous
n’
ignorez point que l’on considère ce saint comme le patron des voyageur
549
moins compromettante, sur cette vie dont le récit
n’
avait pas laissé que de l’agacer en maint endroit. « Une chose avant t
550
issement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela
n’
est pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous
551
comment dirai-je…, de juvénile insouciance, pour
ne
pas dire inconscience ! qui s’attache à vos faits et gestes. L’on cro
552
récit de quelqu’une de ces farces d’étudiants qui
ne
sont que la traduction en actes de jeux de mots plus ou moins cruels…
553
t il paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous
ne
me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répond
554
me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je
ne
saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez un p
555
us dire que si vous me trouvez un peu potache, il
n’
est pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais justemen
556
otache, il n’est pas prouvé par là que le potache
n’
ait point raison. Mais justement je n’éprouve aucun désir d’avoir rais
557
le potache n’ait point raison. Mais justement je
n’
éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que
558
es-Lettres sont propres à leur auteur et qu’elles
n’
engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
559
ésente quatre kilomètres de plantation, le siècle
ne
sera plus malade, les temps seront guéris de leur crise, les valeurs
560
énomènes sociaux de notre temps que cette méthode
ne
suffirait pas à supprimer. Or, ils nous paraissent entraîner assez na
561
reste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors
n’
est-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous a
562
Y. Z., de ce conseil que vous avouez modestement
n’
être pas inédit. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous pe
563
avouez modestement n’être pas inédit. Mais point
n’
est besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire
564
rd : lui seul connaît l’adresse de Patsy, mais il
ne
veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites que,
565
enger, vous lui dites que, « d’abord », son livre
n’
est pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géogr
566
us parlez de « procédés lassants ». Pierre Girard
n’
écoute plus : il pense à des Vénézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bie
567
responsable de cette douceur de vivre. Déjà vous
ne
niez plus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’il force un p
568
« Tous nos ennuis nous seraient épargnés si nous
ne
regardions que les jambes des femmes », dit-il, pour vous apprendre !
569
, pour vous apprendre ! — sans se douter que rien
ne
saurait vous ravir autant que ses impertinences. À ce moment s’approc
570
ui parle toujours de Weber… Mais au fait, si vous
n’
aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter, je vous ferais un devoir de
571
evoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on
n’
est pas impunément concitoyen de cet oncle Abraham qui interdit à Pate
572
ir la nuit, et qui lui fait jurer sur la Bible de
ne
pas entrer dans les cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela es
573
upirez-vous. Mais j’ai tué la littérature en moi,
n’
en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : —
574
quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse,
n’
est-ce pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au mo
575
au, plumes dans le vent, poète au bar, le paradis
n’
est pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se ba
576
her. Il y en a aussi qui posent pour le diable et
ne
se baignent que dans des bénitiers : on voit trop qu’ils trouvent ça
577
d’être nu devant un public supposé dévot, et qui
n’
ose en croire sa pudeur, et qui doute enfin de l’impossibilité des mir
578
jourd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui
ne
pouvez pas même admettre que la simplicité est simple simplement. La
579
n goût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous
ne
pouvons pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter a
580
e littérateur. Nous ne pouvons pas faire que nous
n’
ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cette réalité de la littér
581
(dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus
n’
est pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’es
582
a main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous
n’
allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que j
583
pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce
n’
est pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le
584
On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce qu’il
ne
tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui so
585
s, c’est-à-dire agissantes, que nulle poésie même
ne
peut dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est
586
rce que rien de ce qui nous importe véritablement
n’
est dicible. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’elle
587
e concrète du monde. Mais c’est à condition qu’on
ne
l’écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite est inconcevable
588
, on peut imaginer que si elle était réalisée, on
ne
s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poèmes les plus obs
589
ière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer
n’
a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre contre des mou
590
plus profond, qui est proche du sens biblique. Il
ne
s’agit pas de la connaissance abstraite et rationnelle dont le monde
591
rature : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce
n’
est pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire,
592
contre, c’est d’un ridicule écrasant : mais rien
n’
est plus facile que d’y échapper. III Sur l’utilité de la littératu
593
drôle de voir le malaise des chers confrères. Ils
ne
pardonnent pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils n’
594
ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils
n’
ont pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mode ou
595
de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça, je
ne
l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus qu
596
je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je
n’
y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille écrir
597
plus. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous
ne
sommes pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et
598
hommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant,
n’
est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’el
599
aines douloureuses ou grossières de tous ceux qui
ne
peuvent ou ne veulent y voir que révoltes contre leurs morales, ou me
600
uses ou grossières de tous ceux qui ne peuvent ou
ne
veulent y voir que révoltes contre leurs morales, ou menaces pour leu
601
uvent encore se reconnaître. Quand bien même elle
n’
aurait plus d’autre excuse que celle-là, la littérature mériterait d’e
602
’aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il
ne
s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini une « maladie » don
603
iches de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il
n’
y a plus qu’à les écrire ». o. « La part du feu. Lettres sur le mépri
604
é librement et pour elle-même. Nous regrettons de
n’
en pouvoir citer, faute de place, que ces quelques phrases de Drieu :
605
’Occident ? » Certains cris qui nous échappèrent
n’
avaient pas d’autre sens. 17. 20, rue Chalgrin, Paris 16e. p. « Les
606
on — en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce
n’
est pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignati
607
e homme qui recherche activement la Sagesse (« Ça
n’
est pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormit
608
rivez ! ») En définitive, il semble que certains
n’
attendent de nous que d’innocentes farces — ou bien de ces affirmation
609
— ou bien de ces affirmations dont en vérité l’on
n’
a pas à se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en est
610
préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’il
n’
en est aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi, le
611
r les conséquences, puisqu’il n’en est aucune qui
ne
soit connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitud
612
rilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. Nous
n’
avons aucun remords d’avoir déçu cette catégorie de lecteurs. Aucun re
613
es par des cris intempestifs. Il y a des gens qui
n’
ont pas encore admis que jeunesse = révolution Tous les malentendus vi
614
de là. Nous sommes assez sages et assez fous pour
ne
pas en gémir et pour en accepter les conséquences. Et puis, de temps
615
re, voici que nous parvient un signe d’amitié qui
ne
trompe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris. Que pouvions-nous e
616
Souviens-toi de la grandeur de ses traditions et
ne
va pas ajouter à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils sont
617
ières amours (août 1927)an Ces trois nouvelles
n’
ont guère de commun entre elles que la forme : ce sont de lentes rémin
618
étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce je
ne
sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « cette
619
aie que le vrai, je veux dire, plus rilkienne que
ne
fut Rilke. Rilke y apparaît comme une de ces âmes mystiques et raffin
620
Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais
n’
était pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une telle « expé
621
ience ». Mais une telle « expérience », je crois,
ne
peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile
622
réalités sur lesquelles s’opère l’expérience. On
ne
prouve la religion qu’aux convertis — qui n’ont plus besoin de preuve
623
. On ne prouve la religion qu’aux convertis — qui
n’
ont plus besoin de preuves. Il reste qu’un livre comme celui-ci tend u
624
gazetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît-il,
ne
sont pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. « Edmo
625
au milieu d’une effusion « lyrique », histoire de
n’
avoir pas l’air dupe. Mais il a des façons parfois bien désobligeantes
626
i arbitraire et si facultative », je me dis qu’il
n’
en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude scienti
627
édales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’il
n’
y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et leur
628
gênait : perdre une rose pour le plaisir ! (Et je
ne
pensais même pas, alors : une si belle rose.) Le tambour livra un hom
629
: une fièvre faisait s’épanouir sur son visage je
ne
sais quel plaisir cruel. C’était un jeu très simple où l’esprit libre
630
ition j’ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu
n’
aurais pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouveau,
631
es pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu
n’
as pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qu
632
’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils
n’
y comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils me jugent et leurs
633
e qui fait des soirs si doux aux amants quand ils
n’
ont plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent inc
634
ed délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je
ne
saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou). J
635
ne saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je
n’
avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je son
636
sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou). Je
n’
ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou peu
637
Quelquefois je songe à ses paroles — ou peut-être
n’
étaient-ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais c
638
mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela
ne
suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureu
639
uffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris, je
ne
suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque cho
640
rasse et me regarde avec inquiétude, parce que je
ne
suis plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le lait
641
que ; et il vaut la peine de le dire car la chose
n’
est pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux prem
642
ns lyriques à leur propos. Mais dans ce roman, il
n’
y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensibili
643
assez peu intéressante à vrai dire, parce qu’elle
n’
est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la techn
644
es spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce
n’
est pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes »
645
malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’il
ne
s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » faciles mais ce
646
té ou quelques « pointes » faciles mais cela même
ne
manque pas de naturel… On peut regretter que ce livre ne réalise pas
647
ue pas de naturel… On peut regretter que ce livre
ne
réalise pas une synthèse plus organique du roman et des mémoires. Mai
648
son début permet de croire que le Perroquet Vert
ne
restera pas une réussite isolée dans l’œuvre purement romanesque de l
649
ique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire
n’
a pas connu de période où les directions d’une civilisation apparaisse
650
l’avènement de cette organisation toute-puissante
n’
est plus qu’une question de quelques années. Mais peut-être est-il tem
651
audrait d’abord prendre conscience du péril. Nous
ne
tentons rien d’autre ici. Il y a une lâcheté, croyons-nous, dans cet
652
monde moderne, et le meilleur, parce que personne
ne
s’est approché plus que lui du type idéal de l’industriel et du capit
653
ti en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on
ne
m’accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour facilite
654
ards qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce
n’
est pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de sa v
655
ltat secondaire de son activité. Le but de sa vie
n’
a jamais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé c
656
rmenage et du paupérisme. C’est un résultat qu’on
n’
a pas le droit humainement de sous-estimer. Les griefs que les sociali
657
e les socialistes font aux capitalistes européens
ne
sauraient l’atteindre. Au contraire, il a résolu la question sociale
658
, il a résolu la question sociale d’une façon qui
ne
devrait pas déplaire aux doctrinaires de gauche, lesquels ont coutume
659
’Henry Ford et des livres qui les répandent. L’on
ne
pourra qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industriels
660
. Ford a ses idées, ou la philosophie de ceux qui
n’
en veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel fut le but de la
661
de la répétition, on fait croire aux gens qu’ils
ne
peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. La pass
662
ncée. La passion de Ford se donne libre cours. Il
ne
s’agit plus maintenant que de lui donner une apparence d’utilité publ
663
du consommateur. Prenons cette petite phrase qui
n’
a l’air de rien : « Nul ne contestera que, si l’on abaisse suffisammen
664
cette petite phrase qui n’a l’air de rien : « Nul
ne
contestera que, si l’on abaisse suffisamment les prix, on ne trouve t
665
ra que, si l’on abaisse suffisamment les prix, on
ne
trouve toujours des clients, quel que soit l’état du marché. » Il sem
666
elles de cet abaissement de prix — la concurrence
n’
étant bien entendu qu’une cause accessoire. Dire que l’état du marché
667
. Dire que l’état du marché est tel que le client
n’
achète plus, cela signifie parfois que la marchandise est momentanémen
668
it ou a disparu. Il semble alors que l’industriel
n’
ait plus qu’à plier bagage. Mais c’est ici que Ford montre le bout de
669
nt disparu, la production devant se maintenir, il
n’
y a qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les pri
670
par la baisse, au point qu’il en oublie que cela
ne
l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il va gagner 5 francs en ach
671
s moins chers un objet que, sans cette baisse, il
n’
eût pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse. L’
672
perie est préméditée. Et le scandale, à mon sens,
n’
est pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le client à fai
673
», comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie. Il
ne
peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâc
674
t créer de besoins et de loisirs. Or, l’industrie
ne
peut subsister qu’en progressant. Mais la nature humaine a des limite
675
ion de finalité. Mais cet aveuglement fondamental
n’
empêche pas notre industriel de philosopher sur les sujets les plus di
676
idéale réduite au rôle d’huile dans les rouages,
n’
est-ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable sim
677
besoins. » — Ford se moque de la philosophie. Il
ne
peut empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’est
678
philosophie. Il ne peut empêcher que son attitude
ne
porte un nom philosophique : c’est au plus pur, au plus naïf matérial
679
ns affaire ici. Et ses prétentions « idéalistes »
n’
y changeront rien. D’ailleurs, voici des déclarations plus nettes enco
680
voici des déclarations plus nettes encore : « Je
ne
considère pas les machines Ford simplement comme des machines. J’y vo
681
montrer que les idées mises en pratique chez nous
ne
concernent pas particulièrement les autos et les tracteurs, mais comp
682
s nous absorbons trop dans ce que nous faisons et
ne
pensons pas assez aux raisons que nous avons de le faire. Tout notre
683
elle et vers la richesse qui en est le fruit. On
ne
saurait mieux dire. Mais il faudrait en tirer des conséquences, alors
684
t se remet à discuter des points de technique. Il
n’
a pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’ail
685
parfait qui combat les techniciens imparfaits. Il
ne
se demande jamais si la technique même la plus perfectionnée mérite l
686
la philosophie la plus rudimentaire. Le phénomène
n’
est pas nouveau en Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce
687
la plus difficile et la plus grave : celle qu’on
ne
peut faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « rien
688
res chances. J’accorderai que le progrès matériel
n’
est pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre
689
rces humaines, il travaille contre l’Esprit. Rien
n’
est gratuit. Nous payons notre passion de posséder la matière du prix
690
l’Esprit. C’est déjà un fait d’expérience. Et qui
n’
en pourrait citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mé
691
de cette littérature ». Plus tard, « puisqu’elle
n’
est pas utile, elle est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autre
692
de très sympathique et pas dangereux du tout. On
n’
en fait pas une philosophie. Mais, sans qu’on s’en doute, cela en pren
693
une maladresse de barbare. IV. « En être » ou
ne
pas en être Une fois qu’on a compris à quel point le fordisme et l
694
monde moderne impose ce dilemme : « en être » ou
ne
pas en être, c’est-à-dire se soumettre à la technique et s’abrutir sp
695
sé oublier les valeurs de l’esprit au point qu’il
n’
éprouve plus même cette carence ; seulement, peu à peu, il découvre qu
696
er la nature entre 17 et 19 heures : vraiment, il
ne
lui manque plus rien — que l’envie. Mauvais travail. Il a perdu le se
697
sens religieux, cosmique, de l’effort humain. Il
ne
peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer s
698
i-même de l’ordre de la nature, il est condamné à
ne
plus saisir que des rapports abstraits entre les choses. Il ne compre
699
r que des rapports abstraits entre les choses. Il
ne
comprend presque plus rien à l’Univers. Par la technique, l’Occidenta
700
hnique a révélé des exigences telles que l’Esprit
ne
peut les supporter. Il abandonne donc la place, mais c’est pourtant l
701
la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous
ne
sommes plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’a
702
s un monde fordisé, des anarchistes. Car l’Esprit
n’
est pas un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments d
703
des anarchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe,
n’
est pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisir, il a des
704
». Irréguliers aux yeux du monde ; la proie d’on
ne
sait quelles forces occultes sans doute dangereuses, puisqu’elles les
705
romis possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous
ne
pouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu
706
ez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je
ne
pense pas qu’une attitude réactionnaire qui consisterait à vouloir en
707
happatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il
n’
est plus temps de se désintéresser simplement des buts — si bas soient
708
st encore plus grand, et de meilleure qualité. Je
ne
parle pas de l’Amérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma
709
avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on
ne
trouve plus nulle part. Dans les dancings, un peuple de fêtards modér
710
te assez de passants pour qu’on la sentît déserte
ne
me proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser d
711
ai que les notions réaliste et idéaliste du monde
ne
sont séparées que par un léger décalage dans la chronologie de nos se
712
onologie de nos sentiments et de nos actes. Donc,
n’
ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un romantisme viennois
713
ouvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je
n’
avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans
714
Je me penche vers un voisin pour lui demander je
ne
sais plus quoi. Mais sans doute évadé dans son rêve, beaucoup plus lo
715
adé dans son rêve, beaucoup plus loin que moi, il
n’
entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voic
716
Elle rôde ici comme une tristesse amoureuse. Elle
n’
est plus que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours ter
717
voisin avait parlé tout haut ; personne pourtant
ne
se détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’avoir entendu ? —
718
votre souffrance… Mais le temps approche où vous
n’
aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière
719
pouvait passer pour une élégance très moderne. Il
n’
y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus
720
oute sa personne rien de positivement démodé ; je
n’
eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs
721
n de me moquer de leurs petits chiens musclés… Je
n’
en suis pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des jeune
722
eunes gens avec une femme à chaque bras, l’air de
ne
pas trop s’amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, songeant
723
s, l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci du moins
n’
a guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répon
724
s un monde où la question fidélité ou inconstance
ne
se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux
725
ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je
n’
ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais peu
726
rement mystiques… Mais vous savez, « les autres »
n’
y comprennent jamais rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femme ! elle n’é
727
ais rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femme ! elle
n’
était qu’un regard, un certain regard, mais j’ai su en retrouver la se
728
ps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous
ne
sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et vi
729
rant : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il
n’
y avait plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux homm
730
plaisir. Autant dire que ceux qui les fréquentent
ne
savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des l
731
plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui
n’
ont pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni
732
s qui n’ont pas été préparées pour leur soif. Ils
ne
savent plus les signes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t-il
733
en ferait une chose extrêmement précieuse, qu’on
n’
approcherait qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais je croi
734
té. Mais je crois que l’Orient est devenu fou. Il
ne
comprend plus rien. » Des bugles agonisaient, aux dernières mesures d
735
asseoir auprès de nous. Gérard songeait, muet, et
n’
en buvait pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-elle d’un t
736
, muet, et n’en buvait pas moins. « Pourquoi vous
ne
dites rien ? » fit-elle d’un ton de reproche, évidemment scandalisée
737
it-il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous
n’
avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fil
738
e, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille
ne
comprenant pas, il y eut un moment pénible, comme toujours lorsqu’un
739
x bizarres où je sais lire les signes. » Comme je
ne
répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’aille
740
vie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par je
ne
sais quelle erreur d’images, — ce serait la gravité énigmatique d’Adr
741
croyons seules réelles, illusions des reflets qui
ne
livrent que le côté terrestre des choses dont l’autre moitié sera tou
742
quelque chose d’éternel. Tous les drames du monde
ne
sont que décors mouvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils n
743
uvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils
ne
sont que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin es
744
toutes les formes animales. Pour lui, les choses
n’
ont d’intérêt que par les rapports qu’il leur devine avec la réalité e
745
er de moi. Il me raconte de ces superstitions qui
ne
sont enfantines que pour nos savants retombés en pleine barbarie spir
746
d’autos s’appelaient dans la nuit froide. Gérard
ne
disait presque plus rien ; à peine, de temps en temps, s’il parlait à
747
cela s’empila dans des autos ; en dix minutes, il
n’
y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’éta
748
r les autres, divertissant et spirituel. Pourquoi
ne
veut-on voir en Jules Verne qu’un précurseur ? Jules Verne est un cré
749
ntions se suffisent et suffisent à notre joie. Ce
ne
sont pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules Ve
750
itablement soumis la science à la poésie. Et l’on
ne
veut voir que jolis livres d’étrennes dans les œuvres du plus grand c
751
ravers desquels ils respiraient l’air du monde ».
N’
en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous sommes dans une civili
752
n de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il
n’
est styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants
753
ne est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui
ne
m’empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo
754
aine Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau
n’
est autre que La Liberté. ar. « M. Allotte De La Fuye : Jules Verne,
755
Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce
n’
est pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeux,
756
loigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je
ne
demande aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’ils les favor
757
s locales. (Quant à Goethe, traité de clown, cela
ne
va pas loin.) C’est une belle rage (ô combien partagée !) vainement p
758
(quitte à renaître heureusement) sur des gens qui
ne
m’intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes
759
sur des gens qui ne m’intéressent pas ou bien qui
ne
sont pas atteints par ces épithètes drôles ou quelconques. Mais la se
760
rtie du livre est admirable ; il suffit. Le titre
ne
ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’exemples qui méritent
761
oir s’ils vont se taire ou non. Mais leur silence
ne
doit pas entraîner, à leur point de vue, celui d’autrui sur eux-mêmes
762
nt détesté, mais dont ils participent plus qu’ils
ne
le croient. Certes il était urgent de faire la critique de « cette ré
763
rès beau style contre un monde très laid dont ils
n’
ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. « Pierre Navil
764
fs pour l’une ou l’autre de ces attitudes. (Elles
ne
sont pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux ma
765
us nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il
ne
se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis, a
766
Garine est décisif : « La Révolution… tout ce qui
n’
est pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve
767
comprend que ce doux-amer ait séduit Barrès, mais
ne
l’ait point trompé : « Avec son beau regard de rêve, — lit-on dans l’
768
ges de l’éthique de cet « illustre réfractaire ».
N’
est-ce point trop demander à une existence bien indécise, que son éche
769
à une existence bien indécise, que son échec même
ne
relève pas, et qui tire sa grandeur de celle du décor ? Guy de Pourta
770
sa grandeur de celle du décor ? Guy de Pourtalès
n’
hésite pas à baptiser son héros « prince de l’illusion et de la solitu
771
lusion et de la solitude ». Mais un prince rêveur
n’
est pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien
772
La qualité de l’illusion dont se nourrit Louis II
n’
est ni aussi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu
773
st qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il
n’
a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, donc
774
atres proposeraient de moins jolis mots ; mais ce
n’
est pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un livre
775
s, réussir un livre attrayant sur une vie manquée
n’
était pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’a résolu d’une façon f
776
e mensonge qui va jusqu’à la mort, inclusivement,
n’
étonnera pas ceux qui ont connu de semblables mythomanes. Le cas mérit
777
Daniel-Rops voit bien que l’épithète de mythomane
n’
épuise pas une question dont l’importance dépasse celle du cas patholo
778
se tout, peut conduire à préférer un mensonge qui
n’
est, hélas, qu’une déformation de cette réalité détestée. Le mythomane
779
s gens de sa génération. Seulement chez lui, cela
ne
s’est pas porté sur les autos. Il préfère s’intéresser aux divers typ
780
rop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils
ne
peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en
781
tres plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on
ne
lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attend
782
e peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien,
n’
est-ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant
783
le de rentrer en lui-même. « Il se ramène en soi,
n’
ayant plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé
784
nos classiques. Repoussé par le monde parce qu’il
n’
est pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C’es
785
génération. Mais là encore il se singularise : il
n’
écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de se
786
usqu’à la dernière page, et là déclare froidement
ne
pas exister. Non : il a remarqué que l’époque peut être définie par l
787
rendre à tout instant. Cet exercice — essayez ! —
ne
tarde pas à devenir obsédant. Stéphane passe des heures entières à se
788
p d’autres hiatus de ce genre, qui l’intriguent à
n’
en pas finir. Quand il est très fatigué, il veut voir encore cette fat
789
’il lui arrive de prendre son image pour celle de
n’
importe quel passant, il se sent comme séparé de soi, et si profondéme
790
yeux l’épouvante. Il y cherche une révélation et
n’
y trouve que le désir d’une révélation. Peut-on s’hypnotiser avec son
791
Peut-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il
n’
y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la c
792
voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on
ne
comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se v
793
a dans l’homme moderne un besoin de vérifier qui
n’
est plus légitime dès l’instant qu’il se traduit par la négation de l’
794
aduit par la négation de l’invérifiable. Stéphane
n’
a pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane n
795
Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane
ne
sait plus ce qu’il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces je
796
hane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement, il
ne
sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pas se fatiguer pour rie
797
ablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens
ne
veulent pas se fatiguer pour rien.) Cette histoire idiote, d’ailleurs
798
e lecteur dérisoirement troublé par la crainte de
n’
avoir pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois de cette
799
ont peut-être la mort. La mort absolue, celle qui
n’
est pas une vie nouvelle. La mort dans la transparence glaciale de l’é
800
-tu sous un autre visage. Car oublier son visage,
ne
serait-ce pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier fi
801
d’eau vive qui perce le sol aride : mais Stéphane
n’
entend pas encore gronder les eaux profondes. Le désir de s’hypnotiser
802
ur réponse, il répète à plusieurs reprises : « Je
ne
sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus
803
ieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !… Je
ne
sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de gran
804
crit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on
ne
le voit pas encore apparaître sous cet aspect dans ces deux premiers
805
este, nous amusant comme des fous ». Mais non, on
ne
le secouera pas, ce cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui
806
cauchemar, ce monde moderne, ce monde de fous qui
n’
ont plus que leur raison, ce monde où l’on ne sait plus créer avec joi
807
qui n’ont plus que leur raison, ce monde où l’on
ne
sait plus créer avec joie des formes belles, ce monde qui devient imp
808
nommé Ford, de Détroit, a contribué davantage que
n’
importe quel autre de mon temps à faire aboutir la standardization à s
809
aire aboutir la standardization à sa fin logique,
ne
pourrait-il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son ép
810
cervelles et les réputations. 3. Belles-Lettres
n’
est compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est com
811
ystique. Mais parce que je suis de sang-froid, je
ne
puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeunes
812
ng-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On
ne
se comprend bien qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’est
813
en qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point
n’
est besoin de formuler cette ivresse ; autrement que par des cris. 5.
814
es-Lettres est une liberté. Une rude épreuve : on
n’
en sort que pour mourir ou pour entrer en religion : rond de cuir ou p
815
les anciens bellettriens qui ont perdu toute foi
ne
connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’
816
nnaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’ils
n’
ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses
817
de blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord,
n’
est-ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). r. «
818
r écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous
ne
laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il est d’autres rivages où
819
s rares qui ont réussi à se connaître et que cela
n’
a point stérilisé : sa nature, il est vrai, s’y prêtait, peu complexe
820
t comme réduite à deux dimensions ; la conscience
ne
pouvait y tuer un lyrisme quasi inexistant, mais bien y exciter un es
821
re, mes propres limites, et j’ai eu la sagesse de
ne
rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’économie bourgeoise que c
822
tal. Le contraire de la poésie, bien sûr. Mais on
n’
en demande pas tant dans les familles. Et qu’importe si la perspective
823
i la perspective manque souvent à ces récits : ce
n’
est point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien tourn
824
de chair. Et de rêve. Est-ce qu’en ce temps-là on
ne
se nourrissait vraiment que de petits mots d’esprit et de malices ? N
825
vous pourrez voir durant le reste de votre séjour
ne
fera que confirmer cette première impression. Vienne : assis sur les
826
nts de crème, avec une apathie qu’aucun orchestre
ne
vient troubler, aucune voix haute, aucune couleur vive. Les journaux
827
s rapports sociaux. On vous mène au Théâtre, vous
n’
y comprenez rien, mais le charme des voix hongroises féminines suffit
828
sible, rient et s’enivrent comme plus un Européen
ne
sait le faire, et dansent à tout propos de folles « czardas » qui dev
829
e les signes qu’il nous propose. Une telle poésie
n’
offre aux sens que peu d’images (à peine quelques « motifs », objets u
830
douce et virile ; et quel beau titre ! « Saisir »
n’
est-ce point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’
831
e essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable
n’
est-elle pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est
832
r qu’aujourd’hui le hasard qui m’amène à Tubingue
ne
soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de
833
ent à peine sensible dans son œuvre. Car ce poète
n’
est peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, q
834
eu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui
ne
connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses H
835
hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’ils
n’
étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme q
836
iant — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent,
n’
est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez conna
837
arce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils
ne
savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits
838
Ça, c’est Diotima. » On rougirait à moins. — « Je
ne
puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aussit
839
fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je
ne
suis plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix
840
t juin sont lointains, Je ne suis plus rien, je
n’
aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que maintenant. La gr
841
de paix que maintenant. La grande allée sur l’île
n’
existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et des c
842
vie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection
n’
a pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mai
843
il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il
ne
vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4… Une rue étouffée
844
rochent, tournoyent lentement dans la musique. Je
n’
aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagaye
845
plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui
ne
savent pas bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce
846
se de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il
n’
est revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gen
847
e à trouver malsain ce genre de tentatives : cela
ne
peut que mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phr
848
ans la bouche de certains, cela prend l’air de je
ne
sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiaires. A
849
nés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle
n’
est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, trio
850
âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce qu’ils
ne
soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand l’amou
851
onges (août 1929)az Après cet austère Pays qui
n’
est à personne paru l’année dernière — un livre assez troublant et qu’
852
it rencontrer des êtres bizarres avec lesquels il
n’
hésite pas à faire un bout de chemin, Hans le gardeur d’oies, le gueux
853
souvenirs attristés par le temps, des visages qui
ne
sont plus tout à fait les mêmes, des bonheurs qui signifient plus de
854
bonheurs qui signifient plus de désespoir qu’ils
ne
s’en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malices et
855
personnages ont cet air un peu ivre et capable de
n’
importe quoi, cet air dangereux et tendre que prennent les hommes en l
856
ndre que prennent les hommes en liberté. Mais ils
ne
sont jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, un p
857
un peu amers… On voudrait un livre de Cassou qui
ne
serait fait que de ces intermèdes ; pur de tout souci de vraisemblanc
858
r de tout souci de vraisemblance extérieure ; qui
ne
serait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces m
859
nous avons besoin pour croire que le monde actuel
n’
est pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œuvre de Jean Cassou,
860
st bon de proposer à la réflexion de notre temps,
ne
fût-ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une tel
861
rt l’œuvre de Rimbaud. Regrettons seulement qu’il
n’
élargisse pas plus une question aussi centrale — qui est, si l’on veut
862
l’état sauvage », un catholique qui s’ignore, il
n’
est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le catholi
863
e à son mépris pour la révélation évangélique. Je
ne
vois là que l’indice d’une confusion bien française, hélas. ba. « A
864
enda, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc Ce
n’
est plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voix l
865
son des Clercs 11, thèse dont la Fin de l’Éternel
ne
fait que reprendre la défense contre ses adversaires de tous bords. J
866
nd cela serait ! dirons-nous, — avec le Benda qui
ne
trahit pas.) D’autre part, de plus impertinents que moi ne manqueront
867
pas.) D’autre part, de plus impertinents que moi
ne
manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel », la chut
868
joue de la raison ratiocinante tout comme si elle
n’
était pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui ne s
869
traire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui
ne
s’entend définir et classer choses et idées en catégories « rationnel
870
te que soit souvent son adresse de logicien, elle
ne
doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son point d
871
de l’impossible. Et quand bien même elle croirait
n’
en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intemporelle, en but
872
sarcasmes des extrémistes de droite et de gauche,
n’
en apparaît que plus pur. « Noms de clowns qui me viennent l’esprit :
873
s qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on
ne
viendra pas disputer à M. Benda, c’est son dur amour de la vérité tou
874
nde où tout est bon à quelque chose, où rien plus
n’
est tenu pour vrai que relativement à un rendement. Rien, pas même la
875
! » — Sous le poids de cette accusation, comment
ne
point céder : il fit couper ses ailes. On le félicita de son retour à
876
ra persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui
n’
en a pas sera méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Sei
877
ais celui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’il
n’
en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-ils, combien compl
878
d Remède, c’est un Simple. Des hurlements de rage
ne
tardèrent point à s’élever de toutes parts. Les uns défendaient la Dé
879
la Démocratie outragée, les autres disaient qu’il
n’
y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher les q
880
r les questions qui vous désarme. Craignant qu’on
ne
lui fît un mauvais parti, l’ange trouva son salut dans un subterfuge
881
Avant-propos Le dire une bonne fois. Il
ne
faut pas songer à décrire en quarante petites pages tous les méfaits
882
l’ignorance, de M. Abel Bonnard, et Le Pédagogue
n’
aime pas les enfants, d’Henri Roorda. Le premier montre que la science
883
homme de tout ce que son ignorance respectait, et
ne
lui donne à la place que des laideurs et de la prétention. L’autre, a
884
ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit
ne
peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel
885
— Justement. Il est un reproche auquel je compte
ne
pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde mod
886
nde moderne : individu qui soutient des idées qui
ne
rapportent rien. En effet, je ne représente aucun parti, aucune firme
887
nt des idées qui ne rapportent rien. En effet, je
ne
représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je
888
t, je ne représente aucun parti, aucune firme. Je
ne
voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma gén
889
rti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je
ne
prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livr
890
prétends pas même parler au nom de ma génération,
ne
m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueu
891
oite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on
ne
le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à l’in
892
’amour, où tout se confond miraculeusement, gémir
n’
est pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde a
893
me l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle
n’
est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vi
894
la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on
n’
est pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-
895
nalent bien souvent nos tolérants par inertie, je
ne
sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tie
896
dont je vais régler le compte sommairement. Cela
n’
empêchera personne de me resservir ces arguments, bien que dûment prév
897
uits à néant ici même ; mais — gain de temps — je
n’
aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du typ
898
x lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on
ne
peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce
899
ui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils
ne
peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent,
900
me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils
ne
peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformat
901
s égard aux dérangements, même violents, que cela
ne
manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la distincti
902
le but final de notre institution-tabou. 1. Je
ne
puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Le
903
guy, quand il essaie de nous faire croire qu’« il
n’
y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces bell
904
tiplier le tapissier par le prix du mètre courant
n’
est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille
905
monsieur qui racontait gravement des choses qu’on
ne
comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Michel
906
réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs,
n’
est qu’une dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent mon enfanc
907
t agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je
ne
sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabl
908
manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire, je
ne
pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements des é
909
gime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je
ne
montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rentrée,
910
d’originalité. Mais pour être rentrée, ma colère
n’
en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de
911
de contre moi-même à cause des autres desquels il
ne
fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau satu
912
ut. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça
ne
fait de mal à personne, et de plus, toutes choses égales d’ailleurs,
913
e comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là
n’
ont aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de c
914
m’habituer à cette idée. Je tenais cette clef et
n’
osais m’en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruin
915
sme indispensable aux « immortels principes ». Je
n’
allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je
916
mettre en doute : mais un jour je compris que ce
n’
étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde
917
établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous
ne
croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avion
918
s aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous
n’
avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent
919
t des statistiques. Nous savions que les miracles
ne
trompent que les illettrés, mais qu’il convient de s’incliner devant
920
rier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous
ne
pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus m
921
livré, en supporter longtemps encore l’action. Je
n’
eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et
922
que je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là
n’
avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’éc
923
Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils
n’
étaient jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élèv
924
se : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Rien
ne
ressemble plus à un bon élève qu’un instituteur : de l’un à l’autre i
925
on élève qu’un instituteur : de l’un à l’autre il
n’
y a pas de solution de continuité, la différence n’étant qu’une questi
926
’y a pas de solution de continuité, la différence
n’
étant qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais di
927
tés par le gouvernement) de la manne égalitaire —
ne
se prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’apparte
928
ela se voit de loin. Il faut dire que ce ridicule
n’
échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l
929
ibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je
n’
en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me pous
930
mouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je
n’
ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils son
931
urgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques que
n’
importe quelle autre classe de la société. Mais l’esprit petit-bourgeo
932
iendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je
ne
veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes, le
933
les personnes, le décor. La laideur des collèges
n’
est pas accidentelle. C’est celle même du régime. l’architecture de no
934
ont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils
ne
parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodés.
935
t ils sont déjà démodés. On dit que le style 1880
n’
en est pas un : mais l’absence de style est encore un style ; c’est mê
936
ntrepris de combattre l’instruction publique — on
ne
me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personn
937
bles. Il serait plus juste de dire que la passion
n’
a qu’une clairvoyance intéressée : mais celles-là sont les plus vives.
938
us vives. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je
ne
cherche point l’équité. Pas plus que vous qui défendez de parti pris
939
ue. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste
n’
est pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas d
940
toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je
ne
suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bourgeo
941
plus généraux de l’instruction publique, ceux que
n’
atteignent dans leur principe ni les réformes de détail ni les modalit
942
aussi les noms des sciences élémentaires. Mais il
n’
est en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfants
943
l’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur
n’
a point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
944
responsables, vous savez par expérience que nous
ne
comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ail
945
notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants
ne
se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse
946
sprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils
n’
en meurent pas. Les examens Ce sont en principe des « contrôles
947
ses « fournies » par le prévenu (l’élève examiné)
n’
a qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts «
948
dont je disais tout à l’heure que la connaissance
n’
est pas exigée de ceux qui établissent les programmes et les examens.
949
e de divers maîtres primaires et secondaires. Ils
n’
en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui ju
950
plaisanteries de gros calibre, car à la vérité ce
n’
est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au con
951
les esprits au contrôle de l’État, voyons donc, —
n’
avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités auss
952
épaisseur, mais il faut reconnaître que jamais on
n’
avait songé à leur donner une extension universelle et un caractère ob
953
ntissent et que les plus faibles se forcent. Elle
ne
convient qu’aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école s’at
954
résumé. D’ailleurs elle s’arrête là. Les manuels
ne
correspondent à aucune réalité. Ils ne renferment rien qui soit de pr
955
es manuels ne correspondent à aucune réalité. Ils
ne
renferment rien qui soit de première main, rien qui soit authentique.
956
t ils traitent. Or la valeur éducative des choses
n’
apparaît qu’à celui qui entre en commerce intime avec elles. On appren
957
nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on
ne
peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils
958
sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail
n’
a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Ma
959
Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il
n’
est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de
960
que la discipline perd tout son sens éducatif et
n’
est plus qu’une entrave énervante, un système de vexations mesquines,
961
fer toute spontanéité chez un peuple qui vraiment
ne
péchait point par l’excès de cette vertu. La discipline primaire form
962
e enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous
n’
aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social exist
963
’elle est comprise par les instituteurs — et elle
ne
peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle con
964
que le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il
n’
y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tou
965
ossible tant que la loi est la même pour tous. Je
ne
parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré qu
966
ncienne Suisse, à l’usage du peuple souverain qui
ne
manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle est cette préparation à
967
’école est autre ; il est même tout contraire. On
ne
peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur.
968
de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il
n’
est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de médioc
969
Il y a là une préméditation de médiocrité que je
ne
puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de
970
isme d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs
ne
peut être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’o
971
enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
ne
laissent pas que d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos p
972
e une belle carrière. Mais ces brillants météores
ne
troublent pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande. Tou
973
diqué que les principes de l’instruction publique
ne
coïncident qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendra
974
ait M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce
ne
sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M.
975
a été dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On
n’
a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il
976
e prévaut, il est à craindre que l’école nouvelle
n’
apporte bientôt sa méthode rationnelle pour apprendre aux bambins à ma
977
du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors !
ne
traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à tout jama
978
s ! ne traduise incontinent ce verbe en action et
ne
disparaisse à tout jamais dans les campagnes, tirant le meilleur part
979
le meilleur parti possible de l’exercice ; car il
ne
manque à ce système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessaire p
980
, que juste la spontanéité nécessaire pour que ça
ne
soit pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves,
981
ça ne soit pas une lourde farce. Ces exagérations
ne
sont pas bien graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je fe
982
plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On
n’
impose plus des résultats, on les fait trouver. Notez que cela revient
983
us grave que la brutalité primaire, parce qu’elle
n’
excite pas de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime
984
réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je
n’
aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obt
985
n remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant
ne
tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble
986
t toute la personne était un enseignement, et qui
n’
avait pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le dé
987
seul favorise le développement des individus, qui
ne
cherche pas un rendement mais qui dépose une semence spirituelle. Qui
988
scients et organisés. Je crains que ce malentendu
ne
soit décidément trop gros pour échapper plus longtemps à MM. les Insp
989
s des Écoles. Je le crains, dis-je ; car le monde
ne
progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant est qu’il progresse)
990
s (si tant est qu’il progresse). L’école nouvelle
n’
échappe à l’absurdité primaire qu’à la faveur d’une équivoque. Cette é
991
ependant une possibilité pratique d’en sortir, je
ne
le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reco
992
t de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on
ne
peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourqu
993
t l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles
ne
mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends q
994
l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il
n’
y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cett
995
n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on
ne
me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquet
996
t il y aurait une insigne hypocrisie à feindre de
ne
plus la reconnaître, une fois dissipée la fumée des civets, des cigar
997
je demanderai poliment au lecteur de vouloir bien
ne
point trop faire la bête, sinon je me verrai contraint de lui expliqu
998
nombre de vérités tellement évidentes — que cela
n’
irait pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, éc
999
leçons, et le plus longtemps possible, pour qu’on
n’
ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour q
1000
ndre compte que tout cela est absurde. Pour qu’on
n’
ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d
1001
milliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on
n’
ait pas le temps de découvrir la Liberté9, parce que celui qui l’a emb
1002
émocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce
n’
est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là
1003
atisfaction sordide et mal dissimulée. Certes, je
ne
prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient eu ple
1004
our autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre
n’
a été possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocra
1005
mocratie. Car il faut bien se représenter qu’elle
n’
était encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serai
1006
au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il
ne
serait guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’on répande universel
1007
axophone ou de la balalaïka. Soyez certains qu’il
ne
manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, que l’appui intéress
1008
non moins flagrante, dans ses suites normales. Je
n’
en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre i
1009
otre instrument de progrès par excellence. Car il
n’
est qu’une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, sous
1010
vie civique. Le cerveau standard du type fédéral
ne
laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement. Cet avantage i
1011
au naturel explique que les autorités compétentes
n’
aient point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Main
1012
z les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On
ne
peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, pol
1013
ouvernements. La réforme scolaire, politiquement,
n’
est pas rentable. Il est clair que si le but principal de l’instructio
1014
les gouvernements seraient un peu plus fous qu’on
n’
ose les imaginer de ne pas entreprendre sur l’heure une véritable révo
1015
ient un peu plus fous qu’on n’ose les imaginer de
ne
pas entreprendre sur l’heure une véritable révolution scolaire ; car
1016
’heure une véritable révolution scolaire ; car il
ne
faudrait pas moins pour que l’école rattrape l’époque… Mais les gouve
1017
ilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments
ne
se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous
1018
coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage
n’
en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Aprè
1019
une machine à fabriquer de la démocratie — si je
ne
sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles je
1020
nt je viens de décrire la marche nécessaire11. On
ne
manquera pas d’insinuer qu’à l’origine de tout ceci il y a surtout de
1021
bourgeois. Essayer de venir me dire ça chez moi,
n’
est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je particip
1022
ple souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils
n’
ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent ce q
1023
re le signal de la grande débâcle printanière. Il
n’
y a de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on cu
1024
in de déclarer formellement qu’une telle attitude
n’
est en aucune façon tributaire de l’idéologie réactionnaire à la mode.
1025
paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle
ne
croit plus qu’au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle appre
1026
s, eh bien ! elle apprendra que le seul péché qui
n’
a pas de pardon c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suff
1027
le cliché, mais schématiques. Or l’École radicale
ne
peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le déso
1028
a production. Le culte des valeurs désintéressées
ne
peut que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livren
1029
ndement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
ne
veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m
1030
la famille sont falsifiées. Non seulement l’École
ne
constitue pas le pôle idéaliste nécessaire à l’équilibre d’une civili
1031
isation de toutes les mesquineries naturelles (je
ne
fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivée p
1032
reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je
ne
sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux, ce
1033
!… et d’ailleurs vous aimez les idées généreuses,
n’
est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne so
1034
en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès
ne
soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direc
1035
ogrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature
ne
l’entraîne dans une direction tout opposée. C’est très malin d’avoir
1036
e conduire ? Il y a beaucoup de routes, mais vous
n’
aimez pas le risque, vous préférez le sur-place. Ainsi l’instruction p
1037
s’est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors
n’
a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, de ronf
1038
de 1880 et depuis lors n’a guère bougé. Le moteur
n’
en continue pas moins de consommer, de ronfler et de tout empester. Et
1039
public s’aperçoit que « l’instrument de progrès »
n’
est qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégr
1040
rvants de la machine sont socialistes : voilà qui
ne
change pas le rendement, j’imagine, ni la nature des produits excrété
1041
rétés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à
ne
se point poser de questions dont ils n’aient appris par cœur la répon
1042
6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
n’
aient appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses dev
1043
un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’il
ne
fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime établi dans de
1044
consiste à dépasser la Démocratie. Et cette thèse
ne
va pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous
1045
de l’évolution normale de l’humanité, comme vous
ne
manquerez cependant point de le dire, avec ce sens exquis du cliché q
1046
n pour les jeux nouveaux que l’humanité de demain
ne
peut manquer d’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention
1047
humanité de demain ne peut manquer d’inventer. Je
ne
puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour d
1048
ses efforts. Critiquer le présent au nom du passé
ne
signifie pas que l’on désire un retour au passé. Mais la considératio
1049
est la jalousie rancie armée de pédantisme, et je
ne
parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habitude
1050
é des électeurs les considèrent comme tels. Et je
ne
me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plup
1051
ionalistes. En vérité, démocratie et rationalisme
ne
sont que deux aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une mê
1052
est développée au xviiie dans l’aristocratie qui
n’
y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe elle est descendue dans la bo
1053
re ce que je mettrais à la place. Et parce que je
ne
propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voul
1054
se de Saint-Guy politique dont rien de leur temps
ne
pouvait offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette
1055
sme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous
ne
tarderez pas à périr. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’a
1056
périr. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes
n’
a que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé
1057
catastrophiques pour peu que cela continue. Qu’on
ne
s’y trompe pas : le sens technique qui tient lieu d’imagination à l’h
1058
ue qui tient lieu d’imagination à l’homme moderne
n’
est pas créateur d’êtres spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur
1059
randeur supérieure à la somme de ses éléments. Il
n’
engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinais
1060
ion publique. Cela promet des grabuges inouïs. Il
ne
tient peut-être qu’à une forte équipe d’idéalistes pratiques d’en fai
1061
dès maintenant se constituent ces élites, et cela
ne
se peut que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage
1062
: c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous
ne
savez pas ce que c’est que libre, ou consacré.) L’utopiste, c’est l’i
1063
des possibilités nouvelles. Tenir compte du réel
ne
signifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste est celui qui ne s
1064
y soumettre sans combat. L’utopiste est celui qui
ne
se résigne à aucun état de choses. Il est pour le « mieux » contre le
1065
pos : que les journalistes s’engagent désormais à
ne
publier plus un seul article de fond où ne perce leur mépris pour l’i
1066
mais à ne publier plus un seul article de fond où
ne
perce leur mépris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu
1067
e. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de
n’
importe quoi, comme on sait, et ils auraient là l’occasion de racheter
1068
ent là l’occasion de racheter bien des choses. Ce
n’
est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-
1069
j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je
ne
crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une révolu
1070
le devrait donner à l’enfant ce que son entourage
ne
peut plus lui donner : des modèles de pensée. Un entraînement de l’es
1071
evoir se défendre : on se moque. On me dit : vous
ne
voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sacré
1072
à des exercices de contrôle de la respiration. Il
ne
s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure
1073
respiration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous
ne
sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occident
1074
ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui
ne
peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique gén
1075
stants, il s’épargnerait de longs énervements. Il
n’
y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années
1076
nt cachées aux agités ; la nature par exemple. Je
ne
demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous
1077
e temps de la regarder. De faire connaissance. Je
ne
sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséde
1078
ns vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je
ne
crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière. Dan
1079
gitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles
ne
font que traduire la diversité des besoins individuels. Méditez un pe
1080
les coulisses de parlements et autres potinières
ne
vivent que de semblables accusations. Du moment que n’importe qui jug
1081
vent que de semblables accusations. Du moment que
n’
importe qui juge et contrôle n’importe quoi, il faut bien inventer des
1082
ons. Du moment que n’importe qui juge et contrôle
n’
importe quoi, il faut bien inventer des dessous pour redonner quelque
1083
elque saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on
ne
peut plus attaquer un fonctionnaire dans son activité publique sans q
1084
donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je
ne
tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font beau
1085
t des catastrophes que beaucoup de rigueur morale
ne
saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous
1086
tte nouvelle attitude de l’âme. Mais ces méthodes
ne
prendraient tout leur sens et toute leur efficace que dans un système
1087
onque a une foi et la conscience de cette foi, il
n’
est d’enseignement véritable que religieux. Mais les questions confess
1088
13. Économistes et philosophes : ces Messieurs
n’
apparaissent ici que pour impressionner le public. Je n’ai pas besoin
1089
raissent ici que pour impressionner le public. Je
n’
ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effe
1090
fet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’ils
n’
en distinguent plus même le sens. Ils les lancent à la tête de tous ce
1091
s, ou plutôt des grenades, avec la frousse que ça
ne
leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine
1092
gogiques encore très actuels, du fait que l’école
n’
a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il est
1093
à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque. Je
n’
aime que la liberté.
1094
Avant-propos Le dire une bonne fois. Il
ne
faut pas songer à décrire en 50 petites pages tous les méfaits de l’i
1095
l’ignorance, de M. Abel Bonnard, et Le Pédagogue
n’
aime pas les enfants, d’Henri Roorda. Le premier montre que la science
1096
homme de tout ce que son ignorance respectait, et
ne
lui donne à la place que des laideurs et de la prétention. L’autre, a
1097
n ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit
ne
peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel
1098
— Justement. Il est un reproche auquel je compte
ne
pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le monde mod
1099
nde moderne : individu qui soutient des idées qui
ne
rapportent rien. En effet, je ne représente aucun parti, aucune firme
1100
nt des idées qui ne rapportent rien. En effet, je
ne
représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je
1101
t, je ne représente aucun parti, aucune firme. Je
ne
voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma gén
1102
rti, aucune firme. Je ne voyage pour personne. Je
ne
prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas livr
1103
prétends pas même parler au nom de ma génération,
ne
m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueu
1104
oite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on
ne
le pense, ceux qui refusent d’être complices dans cet attentat à l’in
1105
’amour, où tout se confond miraculeusement, gémir
n’
est pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde a
1106
me l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle
n’
est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vi
1107
la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on
n’
est pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-
1108
nalent bien souvent nos tolérants par inertie, je
ne
sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tie
1109
dont je vais régler le compte sommairement. Cela
n’
empêchera personne de me resservir ces arguments, bien que dûment prév
1110
uits à néant ici même ; mais — gain de temps — je
n’
aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du typ
1111
x lettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on
ne
peut pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce
1112
ui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils
ne
peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent,
1113
me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils
ne
peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformat
1114
égards aux dérangements, même violents, que cela
ne
manque jamais de provoquer, je me propose de marquer ici la distincti
1115
e but final de notre institution-tabou. 1. Je
ne
puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques. Le
1116
uy, quand il essaie de nous faire croire qu’ « il
n’
y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces bell
1117
tiplier le tapissier par le prix du mètre courant
n’
est pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille
1118
monsieur qui racontait gravement des choses qu’on
ne
comprend pas, la prière du soir pour qu’il fasse beau demain, Michel
1119
réguliers… L’École, dans ce concert de souvenirs,
n’
est qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent mon enfan
1120
t agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je
ne
sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabl
1121
manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire, je
ne
pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements des é
1122
gime, on m’avait suffisamment rabroué pour que je
ne
montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rentrée
1123
d’originalité. Mais pour être rentrée, ma colère
n’
en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de
1124
de contre moi-même à cause des autres desquels il
ne
fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau satu
1125
ut. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça
ne
fait de mal à personne, et de plus, toutes choses égales d’ailleurs,
1126
e comprendre avec enthousiasme que ces vérités-là
n’
ont aucune importance.) Quant à l’autre « évidence » que je viens de c
1127
m’habituer à cette idée. Je tenais cette clef et
n’
osais m’en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruin
1128
sme indispensable aux « immortels principes ». Je
n’
allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour je
1129
mettre en doute : mais un jour je compris que ce
n’
étaient que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde
1130
établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous
ne
croyions plus aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous n’avion
1131
s aux démons, mais à la Commission scolaire. Nous
n’
avions plus de « superstitions grossières » comme celles qui touchent
1132
t des statistiques. Nous savions que les miracles
ne
trompent que les illettrés, mais qu’il convient de s’incliner devant
1133
rier est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous
ne
pouvions nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus m
1134
livré, en supporter longtemps encore l’action. Je
n’
eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit et
1135
que je devais retrouver les instituteurs. Ceux-là
n’
avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’étaient jamais sortis de l’éc
1136
Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils
n’
étaient jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élèv
1137
se : ils n’étaient jamais sortis de l’école. Rien
ne
ressemble plus à un bon élève qu’un instituteur : de l’un à l’autre,
1138
n élève qu’un instituteur : de l’un à l’autre, il
n’
y a pas de solution de continuité, la différence n’était qu’une questi
1139
’y a pas de solution de continuité, la différence
n’
était qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais di
1140
tés par le gouvernement) de la manne égalitaire —
ne
se prennent pas pour de la petite bière. Ils ont conscience d’apparte
1141
ela se voit de loin. Il faut dire que ce ridicule
n’
échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et ils auraient souvent l
1142
sibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je
n’
en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me pous
1143
mouches ? (Le verre en était toujours jaune.) Je
n’
ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils son
1144
urgeois. Ils sont au moins aussi sympathiques que
n’
importe quelle autre classe de la société. Mais l’esprit petit-bourgeo
1145
iendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je
ne
veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes, le
1146
personnes, le décor. La laideur des « collèges »
n’
est pas accidentelle. C’est celle même du régime. L’architecture de no
1147
ont dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils
ne
parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodés.
1148
t ils sont déjà démodés. On dit que le style 1880
n’
en est pas un : mais l’absence de style est encore un style : c’est mê
1149
ntrepris de combattre l’instruction publique — on
ne
me contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personn
1150
bles. Il serait plus juste de dire que la passion
n’
a qu’une clairvoyance intéressée : mais celle-là est la plus vive. Enf
1151
lus vive. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je
ne
cherche point l’équité. Pas plus que vous, qui défendez de parti pris
1152
ue. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste
n’
est pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas d
1153
toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je
ne
suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bourgeo
1154
plus généraux de l’instruction publique, ceux que
n’
atteignent dans leur principe ni les réformes de détail ni les modalit
1155
aussi les noms des sciences élémentaires. Mais il
n’
est en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfants
1156
l’esprit humain, qu’il se trouve que le Créateur
n’
a point accordés à l’actuelle division horaire des journées… Monsieur,
1157
responsables, vous savez par expérience que nous
ne
comprenons pas la plaisanterie et que notre temps est précieux. D’ail
1158
notre temps est précieux. D’ailleurs, les enfants
ne
se plaignent pas, de quoi vous plaignez-vous, vous ? — Mais on fausse
1159
sprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et ils
n’
en meurent pas. 3.b. Les examens Ce sont en principe des « contr
1160
ses « fournies » par le prévenu (l’élève examiné)
n’
a qu’un lointain rapport avec la qualité et la quantité des efforts «
1161
dont je disais tout à l’heure que la connaissance
n’
est pas exigée de ceux qui établissent les programmes et les examens.
1162
e de divers maîtres primaires et secondaires. Ils
n’
en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui ju
1163
plaisanteries de gros calibre, car à la vérité ce
n’
est pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au con
1164
les esprits au contrôle de l’État, voyons donc, —
n’
avez-vous pas honte de vous faire rappeler sans cesse des vérités auss
1165
épaisseur, mais il faut reconnaître que jamais on
n’
avait songé à leur donner une extension universelle et un caractère ob
1166
ntissent et que les plus faibles se forcent. Elle
ne
convient donc qu’aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école
1167
résumé. D’ailleurs elle s’arrête là. Les manuels
ne
correspondent à aucune réalité. Ils ne renferment rien qui soit de pr
1168
es manuels ne correspondent à aucune réalité. Ils
ne
renferment rien qui soit de première main, rien qui soit authentique.
1169
t ils traitent. Or la valeur éducative des choses
n’
apparaît qu’à celui qui entre en commerce intime avec elles. On appren
1170
nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on
ne
peut laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils
1171
sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail
n’
a qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il est absurde. Ma
1172
Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il
n’
est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de
1173
que la discipline perd tout son sens éducatif et
n’
est plus qu’une entrave énervante, un système de vexations mesquines,
1174
fer toute spontanéité chez un peuple qui vraiment
ne
péchait point par l’excès de cette vertu. La discipline primaire form
1175
e enfants sur les bancs d’une salle d’école, vous
n’
aurez rien qui ressemble en quoi que ce soit à aucun état social exist
1176
’elle est comprise par les instituteurs — et elle
ne
peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle con
1177
que le bon sens m’eût par ailleurs fait voir : il
n’
y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour tou
1178
ossible tant que la loi est la même pour tous. Je
ne
parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré qu
1179
ncienne Suisse, à l’usage du peuple souverain qui
ne
manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle est cette préparation à
1180
’école est autre ; il est même tout contraire. On
ne
peut pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur.
1181
de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il
n’
est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de médioc
1182
Il y a là une préméditation de médiocrité que je
ne
puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de
1183
isme d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs
ne
peut être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’o
1184
enflammé l’ambition d’un grand nombre de régents,
ne
laissent pas que d’être assez spéciales. Il arrive en effet que nos p
1185
e une belle carrière. Mais ces brillants météores
ne
troublent pas beaucoup ma superstition, par ailleurs fort grande. Tou
1186
diqué que les principes de l’instruction publique
ne
coïncident qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je m’en tiendra
1187
t M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce
ne
sont pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M.
1188
a été dit. (Un peu autrement, j’en conviens). On
n’
a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il
1189
e prévaut, il est à craindre que l’école nouvelle
n’
apporte bientôt sa méthode rationnelle pour apprendre aux bambins à ma
1190
du tumulte l’un ou l’autre proclamant : je sors !
ne
traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à tout jama
1191
s ! ne traduise incontinent ce verbe en action et
ne
disparaisse à tout jamais dans les campagnes, tirant le meilleur part
1192
le meilleur parti possible de l’exercice ; car il
ne
manque à ce système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessaire p
1193
, que juste la spontanéité nécessaire pour que ça
ne
soit pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves,
1194
ça ne soit pas une lourde farce. Ces exagérations
ne
sont pas bien graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je fe
1195
plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On
n’
impose plus de résultats, on les fait trouver. Notez que cela revient
1196
us grave que la brutalité primaire, parce qu’elle
n’
excite pas de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’aime
1197
réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je
n’
aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’obt
1198
n remarque chez l’enfant… Dans ce milieu l’enfant
ne
tarde pas à se développer… Prenez un enfant de 6 ans… Mettez ensemble
1199
t toute la personne était un enseignement, et qui
n’
avait pas des élèves, mais des disciples. Celui-là seul favorise le dé
1200
seul favorise le développement des individus, qui
ne
cherche pas un rendement mais qui dépose une semence spirituelle. Qui
1201
scients et organisés. Je crains que ce malentendu
ne
soit décidément trop gros pour échapper plus longtemps à MM. les Insp
1202
s des Écoles. Je le crains, dis-je ; car le monde
ne
progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant est qu’il progresse.
1203
s (si tant est qu’il progresse.) L’école nouvelle
n’
échappe à l’absurdité primaire qu’à la faveur d’une équivoque. Cette é
1204
ependant une possibilité pratique d’en sortir, je
ne
le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de reco
1205
t de l’instruction publique. Je crois aussi qu’on
ne
peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourqu
1206
t l’une, c’est savoir ce que l’autre pense. Elles
ne
mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends q
1207
l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble. Il
n’
y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas cett
1208
n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on
ne
me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquet
1209
t il y aurait une insigne hypocrisie à feindre de
ne
plus la reconnaître, une fois dissipée la fumée des civets, des cigar
1210
je demanderai poliment au lecteur de vouloir bien
ne
point trop faire la bête, sinon je me verrai contraint de lui expliqu
1211
nombre de vérités tellement évidentes — que cela
n’
irait pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut pouvoir lire, éc
1212
leçons, et le plus longtemps possible, pour qu’on
n’
ait pas le temps de se rendre compte que tout cela est absurde. Pour q
1213
ndre compte que tout cela est absurde. Pour qu’on
n’
ait pas le temps d’écouter la nature qui répète par toutes ses voix, d
1214
milliard de façons, que c’est absurde. Pour qu’on
n’
ait pas le temps de découvrir la Liberté 9, parce que celui qui l’a em
1215
émocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce
n’
est de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là
1216
satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes je
ne
prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient pleine
1217
ur autant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre
n’
a été possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocra
1218
mocratie. Car il faut bien se représenter qu’elle
n’
était encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serai
1219
au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il
ne
serait guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’on répande universel
1220
axophone ou de la balalaïka. Soyez certains qu’il
ne
manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, que l’appui intéress
1221
non moins flagrante, dans ses suites normales. Je
n’
en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notre i
1222
otre instrument de progrès par excellence. Car il
n’
est qu’une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, sous
1223
vie civique. Le cerveau standard du type fédéral
ne
laisse craindre aucun imprévu dans son fonctionnement. Cet avantage i
1224
au naturel explique que les autorités compétentes
n’
aient point hésité à l’adopter, malgré ses ratés assez fréquents. Main
1225
z les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On
ne
peut pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, pol
1226
ouvernements. La réforme scolaire, politiquement,
n’
est pas rentable. Il est clair que si le but principal de l’instructio
1227
les gouvernements seraient un peu plus fous qu’on
n’
ose les imaginer de ne pas entreprendre sur l’heure une véritable révo
1228
ient un peu plus fous qu’on n’ose les imaginer de
ne
pas entreprendre sur l’heure une véritable révolution scolaire ; car
1229
’heure une véritable révolution scolaire ; car il
ne
faudrait pas moins pour que l’école rattrape l’époque… Mais les gouve
1230
ilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments
ne
se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous
1231
coup. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage
n’
en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Aprè
1232
une machine à fabriquer de la démocratie — si je
ne
sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles je
1233
t je viens de décrire la marche nécessaire 11. On
ne
manquera pas d’insinuer qu’à l’origine de tout ceci il y a surtout de
1234
bourgeois. Essayez de venir me dire ça chez moi,
n’
est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je particip
1235
ple souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’ils
n’
ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Mais attendez, si
1236
re le signal de la grande débâcle printanière. Il
n’
y a pas de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’o
1237
in de déclarer formellement qu’une telle attitude
n’
est en aucune façon tributaire de l’idéologie réactionnaire à la mode.
1238
paiera cher ce crime contre la civilisation. Elle
ne
croit plus qu’au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle appre
1239
s, eh bien ! elle apprendra que le seul péché qui
n’
a pas de pardon, c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’il suf
1240
le cliché, mais schématiques. Or l’École radicale
ne
peut pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le déso
1241
a production. Le culte des valeurs désintéressées
ne
peut que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livren
1242
ndement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
ne
veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m
1243
la famille sont falsifiées. Non seulement l’École
ne
constitue pas le pôle idéaliste nécessaire à l’équilibre d’une civili
1244
isation de toutes les mesquineries naturelles (je
ne
fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivée p
1245
reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce je
ne
sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux, ce
1246
… et d’ailleurs, vous aimez les idées généreuses,
n’
est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne so
1247
en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès
ne
soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direc
1248
ogrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature
ne
l’entraîne dans une direction tout opposée. C’est très malin d’avoir
1249
e conduire ? Il y a beaucoup de routes, mais vous
n’
aimez pas le risque, vous préférez le surplace. Ainsi l’instruction pu
1250
s’est arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors
n’
a guère bougé. Le moteur n’en continue pas moins de consommer, ronfler
1251
de 1880 et depuis lors n’a guère bougé. Le moteur
n’
en continue pas moins de consommer, ronfler et de tout empester. Et pe
1252
le public perçoit que « l’instrument de progrès »
n’
est qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégr
1253
ine sont socialistes ou conservateurs : voilà qui
ne
change pas le rendement, j’imagine, ni la nature des produits excrété
1254
étés. On forme nos gosses, dès l’âge de 6 ans, à
ne
se point poser de questions dont ils n’aient appris par cœur la répon
1255
6 ans, à ne se point poser de questions dont ils
n’
aient appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses dev
1256
un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’il
ne
fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime établi dans de
1257
consiste à dépasser la Démocratie. Et cette thèse
ne
va pas à l’encontre de l’évolution normale de l’humanité, comme vous
1258
de l’évolution normale de l’humanité, comme vous
ne
manquerez cependant point de le dire, avec ce sens du cliché qui est
1259
n pour les jeux nouveaux que l’humanité de demain
ne
peut manquer de s’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intenti
1260
anité de demain ne peut manquer de s’inventer. Je
ne
puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour d
1261
ses efforts. Critiquer le présent au nom du passé
ne
signifie pas que l’on désire un retour au passé. Mais la considératio
1262
est la jalousie rancie armée de pédantisme, et je
ne
parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habitude
1263
é des électeurs les considèrent comme tels. Et je
ne
me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plup
1264
ionalistes. En vérité, démocratie et rationalisme
ne
sont que deux aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une mê
1265
est développée au xviiie dans l’aristocratie qui
n’
y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe elle est descendue dans la bo
1266
re ce que je mettrais à la place. Et parce que je
ne
propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais voul
1267
se de Saint-Guy politique dont rien de leur temps
ne
pouvait offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette
1268
sme sont d’un ridicule écrasant, sous lequel vous
ne
tarderez pas à périr. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes n’
1269
rir. 12. La Raison de Spinoza ou de Descartes
n’
a que de lointains rapports de parenté avec ce maigre descendant nommé
1270
catastrophiques pour peu que cela continue. Qu’on
ne
s’y trompe pas : le sens technique qui tient lieu d’imagination à l’h
1271
ue qui tient lieu d’imagination à l’homme moderne
n’
est pas créateur d’êtres spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur
1272
randeur supérieure à la somme de ses éléments. Il
n’
engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinais
1273
ion publique. Cela promet des grabuges inouïs. Il
ne
tient peut-être qu’à une forte équipe d’idéalistes pratiques d’en fai
1274
dès maintenant se constituent ces élites et cela
ne
se peut que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage
1275
: c’est tout à fait moi ! — Détrompez-vous. Vous
ne
savez pas ce que c’est que libre ou consacré.) L’utopiste, c’est l’in
1276
des possibilités nouvelles. Tenir compte du réel
ne
signifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste est celui qui ne s
1277
y soumettre sans combat. L’utopiste est celui qui
ne
se résigne à aucun état des choses. Il est pour le « mieux » contre l
1278
pos : que les journalistes s’engagent désormais à
ne
publier plus un seul article de fond où ne perce leur mépris pour l’i
1279
mais à ne publier plus un seul article de fond où
ne
perce leur mépris pour l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu
1280
e. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de
n’
importe quoi, comme on sait, et ils auraient là l’occasion de racheter
1281
ent là l’occasion de racheter bien des choses. Ce
n’
est rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-
1282
j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je
ne
crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une révolu
1283
le devrait donner à l’enfant ce que son entourage
ne
peut plus lui donner : des modèles de pensées. Un entraînement de l’e
1284
evoir se défendre : on se moque. On me dit : vous
ne
voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la syllabe sacré
1285
à des exercices de contrôle de la respiration. Il
ne
s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure
1286
respiration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous
ne
sommes pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occident
1287
ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui
ne
peuvent pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique gén
1288
stants, il s’épargnerait de longs énervements. Il
n’
y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des années
1289
nt cachées aux agités ; la nature par exemple. Je
ne
demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on nous
1290
e temps de la regarder. De faire connaissance. Je
ne
sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséde
1291
ns vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant, je
ne
crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière. Dan
1292
gitimeraient du même coup ; car sur ce plan elles
ne
font que traduire la diversité des besoins individuels. Méditez un pe
1293
les coulisses de parlements et autres potinières
ne
vivent que de semblables accusations. Du moment que n’importe qui jug
1294
vent que de semblables accusations. Du moment que
n’
importe qui juge et contrôle n’importe quoi, il faut bien inventer des
1295
ons. Du moment que n’importe qui juge et contrôle
n’
importe quoi, il faut bien inventer des dessous pour redonner quelque
1296
elque saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on
ne
peut plus attaquer un fonctionnaire dans ses activités publiques sans
1297
donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je
ne
tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font beau
1298
t des catastrophes que beaucoup de rigueur morale
ne
saurait même pas prévoir. NOTE B La culture de notre sensibilité nous
1299
tte nouvelle attitude de l’âme. Mais ces méthodes
ne
prendraient tout leur sens et toute leur efficace que dans un système
1300
onque a une foi et la conscience de cette foi, il
n’
est d’enseignement véritable que religieux. Mais les questions confess
1301
13. Économistes et philosophes : ces Messieurs
n’
apparaissent ici que pour impressionner le public. Je n’ai pas besoin
1302
raissent ici que pour impressionner le public. Je
n’
ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en effe
1303
fet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’ils
n’
en distinguent plus même le sens. Ils les lancent à la tête de tous ce
1304
s, ou plutôt des grenades, avec la frousse que ça
ne
leur éclate dans la main. 15. Cf. ce que dit Tolstoï sur cette haine
1305
gogiques encore très actuels, du fait que l’école
n’
a pas bougé depuis. 16. On promet des confitures à l’enfant s’il est
1306
s à l’enfant s’il est sage. Moi je m’en moque. Je
n’
aime que la liberté.
1307
ménager dans un jardin à la française. Mais vous
ne
tarderez pas à remarquer que tout, ici, est original, indigène, tant
1308
urs, que les animaux qui circulent. Un auteur qui
n’
imite personne court bientôt le risque de s’imiter soi-même : il sembl
1309
, ou qu’il invente des animaux dont la complexité
ne
le cède en rien à celle de l’introspection la plus poussée. Il invent
1310
— depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith — je
n’
avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans l’