1
pprochement est peut-être prématuré, tout au plus
peut
-on dire qu’à l’heure présente déjà, son œuvre, comme celle de Barrès,
2
s’est même pas demandé si ces deux contrepoisons
pouvaient
être administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la
3
l’esprit sportif. « On se fait son unité comme on
peut
», avoue-t-il franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir uni
4
unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il
me
semble bien paradoxal de vouloir unir dans une même philosophie la mo
5
maîtres d’eux-mêmes, c’est-à-dire libres. Et cela
me
semble d’autant plus paradoxal que M. de Montherlant est justement un
6
la formation du caractère, en définitive. Mais on
peut
oublier la partie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui est pas ind
7
ons, qu’on les appelle ou non idées générales, et
j’
avoue bien volontiers qu’il n’est pas une opinion sur le monde à laque
8
’il n’est pas une opinion sur le monde à laquelle
je
ne préfère le monde ». Je préfère à la dogmatique de M. de Montherlan
9
sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ».
Je
préfère à la dogmatique de M. de Montherlant son admirable lyrisme de
10
utent, et il oscille entre l’un et l’autre. Ainsi
mon
art, entre terre et ciel. Mais sa foulée, bondissante et posée, est p
11
du désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que
je
n’entends pas ? » — Mais plus que le corps en mouvement, c’est la dom
12
e dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : «
Je
ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils d
13
ui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on
m’
aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre ca
14
à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime.
Je
demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine.
15
Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on
me
soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne
16
que parcourent de jeunes et purs courages, donnez-
moi
votre silence jusqu’à l’heure. Que je taise votre mot de ralliement,
17
es, donnez-moi votre silence jusqu’à l’heure. Que
je
taise votre mot de ralliement, paradis à l’ombre des épées. Rien de
18
cision. » On évitera ainsi tout niais romantisme.
Je
sais bien ce qu’on objectera : le sport ainsi compris, plus que l’app
19
thique du sport » tempérée de raison. Ce qu’on en
peut
retenir, c’est la méthode, car je crois qu’elle sert mieux la démocra
20
. Ce qu’on en peut retenir, c’est la méthode, car
je
crois qu’elle sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’
21
in : « Formez des jeunes filles assez fortes pour
pouvoir
tout lire, et il n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce
22
plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on
pourrait
appeler une « morale constructive » : porter l’effort sur ce qui doit
23
n » que lui ont enseigné le sport et les anciens.
J’
admets que ses « idées générales » ne vaillent rien2 ; sa morale viril
24
f remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’on a
pu
voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la façon
25
qui est beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis
je
ne sais quel relent de barbarie, un assez malsain goût du sang. Tout
26
u la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre
pourrait
se définir : la lutte d’un tempérament avec la réalité. Tantôt c’est
27
revient souvent lorsqu’on parle de cette œuvre :
je
ne sais s’il faut en voir la raison dans la force de la personnalité
28
es tricheries plus ou moins conscientes M. Breton
peut
-il préconiser l’existence d’une littérature fondée sur de tels princi
29
ple sténographe de ses rêves. Soit. De ces faits,
je
tire cette conclusion pratique : inutile de publier des poèmes. Éluar
30
cation est dans la logique de ses principes, mais
je
lui conteste le droit de faire suivre son manifeste de proses — Poiss
31
n à sa défense de la poésie pure. Les beautés que
j’
y vois ne me seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuit
32
se de la poésie pure. Les beautés que j’y vois ne
me
seraient-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidenc
33
fortuite coïncidence entre l’univers du poète et
le mien
? Je comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être pa
34
coïncidence entre l’univers du poète et le mien ?
Je
comprends trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’être parfait
35
ends trop de choses dans ces poèmes qui devraient
m’
être parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton sera
36
qui devraient m’être parfaitement impénétrables.
Je
crois même voir que M. Breton serait un très curieux poète s’il ne s’
37
poème doit être une dictée non corrigée du Rêve.
Je
reconnais à chaque ligne de Poisson soluble cette « vieillerie poétiq
38
une grande part dans l’« alchimie du verbe » ; et
je
ne puis m’empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dè
39
part dans l’« alchimie du verbe » ; et je ne puis
m’
empêcher d’accuser Breton de préméditation… À quoi sert, dès lors, tou
40
ie lui-même : « Il y a quelque chose au-dedans de
moi
. Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches co
41
On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry,
puisse
rédiger des romans si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’es
42
meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt,
je
crois, une certaine harmonie générale dans le récit et le ton, surtou
43
tion asiatique » étant une question politique. On
peut
prévoir que si le bouddhisme jouit un jour d’un renouveau, c’est à qu
44
qui est opposé à l’esprit occidental, tout ce qui
peut
servir d’antidote à sa fièvre et à sa logique. » On confond Japon et
45
(Mais le christianisme, religion missionnaire, ne
peut
nous donner qu’une supériorité provisoire et qui porte en son princip
46
s chrétiens qui n’ont pas eu de Moyen Âge », nous
pourrons
amener l’Asie à comprendre la religion romaine (ce christianisme médi
47
l’Asie est le subconscient du monde, formule qui,
je
pense, réunira tous les suffrages. Et chacun d’en tirer de nouvelles
48
ardé son bon sens et son sang-froid. Et si l’on a
pu
reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’il vient de parcourir quelque
49
’impartialité. Son art bénéficie de cette vision.
Je
ne saurais résumer les nombreuses péripéties de son dernier roman san
50
raire, problème de la personnalité. Leur Prologue
pourrait
presque aussi bien être celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-
51
ent chrétien sur le mysticisme naturiste ». Il ne
pouvait
trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à découvrir dans
52
iste ». Il ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et
j’
imagine son étonnement à découvrir dans l’œuvre du penseur vaudois la
53
à son propre corps de doctrines critiques. Dirai-
je
pourtant que je crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inc
54
rps de doctrines critiques. Dirai-je pourtant que
je
crains qu’il n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à g
55
moral, c’est-à-dire rationnel, dit M. Seillière —
me
paraît infiniment plus forte que celle d’un Maurras ou que celle d’un
56
e tous les jours aux vivants et aux morts : Mère,
je
sais très mal comme l’on cherche les morts… « … Cette chose haute à l
57
utel et le surréalisme l’ont enrichie d’images…).
Je
cite des noms : y a-t-il influence ou seulement co-génération ? Pour
58
cho a dompté Pégase et caracole dans les étoiles.
J’
avoue que l’univers intérieur où il lui arrive de graviter me trouble
59
l’univers intérieur où il lui arrive de graviter
me
trouble mieux que son lyrisme cosmique. On est plus près de l’infini
60
n en faveur du passé, révolution tout de même, ne
pouvait
produire qu’une littérature très neuve de forme et traditionaliste d’
61
ts, Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent,
je
crois, de parler d’un grand siècle littéraire irlandais ; ce que d’ai
62
n Kessel ont donné de beaux exemples du parti que
peut
tirer le nouveau romantisme de ce chaos. Salmon a même tenté d’en écr
63
est sûr que ça brûle bien. Quel sujet plus riche
pouvait
-on rêver pour un psychologue de la puissance de Walpole, que l’âme ru
64
on d’idées en faits ou en situations dramatiques.
Je
donnerai tous les essais de M. de Voguë sur l’âme slave pour deux ou
65
e faire du bruit. Il songea : — C’est la fin pour
moi
. Puis : — Quelle imprudence ! Avec la lumière et peut-être du monde d
66
sa patrie. Une effroyable acceptation, mais elle
peut
se muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne détermine l
67
e est un enfant : va-t-il rire, va-t-il pleurer ?
m’
embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne
68
: va-t-il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou
me
tuer ? Il sent autour de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empir
69
les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne
peut
exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être
70
la revanche du fameux scrupule protestant, qui ne
peut
être un danger lorsqu’il n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit
71
es pays nouveaux ou chute irrémédiable. Peut-être
pouvons
-nous choisir encore entre un ressaisissement profond et la ruine. Mai
72
trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer.
Je
parle en général, sachant bien qu’un Romier, un Bainville, quelques a
73
a bêtise de tous les partis, on comprendra ce que
je
veux dire. Il faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos pens
74
aient à l’action, c’est encore pour cultiver leur
moi
. Ils y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle
75
cultiver leur moi. Ils y cherchent un fortifiant,
je
ne sais quelle excitation, quelle révélation ou quel oubli. C’est un
76
i en la valeur de l’action. C’est pourquoi ils ne
peuvent
prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est aussi pour
77
listes adonnés à la culture et à la libération du
moi
paraissent bien les ancêtres des nouvelles générations de héros de ro
78
n d’étonnant : ils ne sont que les projections du
moi
de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu cardinale pour le créateur.
79
jourd’hui, et plusieurs déjà reconnaissent ne pas
pouvoir
les séparer. On n’écrit plus pour s’amuser : ni pour amuser un public
80
souvent, sur soi-même. On écrit pour cultiver son
moi
, pour l’éprouver et le prémunir, pour y découvrir des possibilités ne
81
t une raison nouvelle de le condamner, et nous ne
pouvons
le suivre jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’est trompée
82
Connaissance intégrale et culture de soi, telle
peut
être l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’a pas fallu lo
83
équilibres entre la raison et les sens, entre le
moi
et le monde : l’ennui est venu avant l’épuisement des combinaisons po
84
rs ». « Pour nous, le salut n’est nulle part… » «
Je
comprends la révolte des autres et quelles prières cela fait à Dieu »
85
end en vain sa Révélation : « C’est peut-être que
je
suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il est trop attaché
86
ne s’est autant attachée à chercher dans le seul
moi
les fondements d’une éthique. Presque tous sont hantés par la peur d’
87
’est vertu que de favoriser son expansion. — Mais
je
trouve en moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cult
88
e de favoriser son expansion. — Mais je trouve en
moi
ordre et désordre, raison et folie, etc. Si je les cultive simultaném
89
n moi ordre et désordre, raison et folie, etc. Si
je
les cultive simultanément il est clair que les tendances négatives l’
90
ient la suprême liberté. Le désir se précisait en
moi
de commettre enfin l’acte vraiment indéfendable de tout point de vue…
91
’acte vraiment indéfendable de tout point de vue…
J’
avais goûté à l’alcool singulièrement perfide de perdre ce que nous ch
92
nommait blasé. Rien n’était émoussé en nous, mais
pouvions
-nous faire abstraction du plan intellectuel sur lequel tout apparaît
93
ectuel sur lequel tout apparaît inutile et vain ?
Je
cite ces phrases, tirées d’un récit d’ailleurs admirable4, de Louis A
94
es, ni la pudeur, ni le remords, ni le respect de
moi
ni de mes rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m
95
pudeur, ni le remords, ni le respect de moi ni de
mes
rêves, ni toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui m’empêchero
96
i toi, triste mort, ni l’effroi d’après-tombe qui
m’
empêcheront de joindre ce que je désire ; ni rien — rien que l’orgueil
97
d’après-tombe qui m’empêcheront de joindre ce que
je
désire ; ni rien — rien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de
98
ien que l’orgueil, sachant une chose si forte, de
me
sentir plus fort encore et de la vaincre. — Mais la joie d’une si hau
99
la perversion d’une vertu qui se brûle elle-même.
Je
ne vais point nier la fécondité psychologique d’une attitude par aill
100
on sociale des écrivains ? Peut-être. En tout cas
je
vois bien le mal qu’ils ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur
101
d’Arland, de Louis Aragon, de Drieu la Rochelle.
Je
ne cite que les plus significatifs. 6. Aragon, loc. cit. 7. Le « g
102
lides suffirait à restaurer une élite, efficace. (
Je
vois Jean Prévost, deux ou trois de Philosophies, des Cahiers du Mois
103
férences et autant de cultes en trois jours, cela
peut
paraître excessif à qui n’a pas connu l’atmosphère particulière à ces
104
uer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-
je
que l’abus des points d’exclamation — trait commun à presque toutes l
105
s les femmes auteur, et qui plaît aux lectrices —
m’
agace un peu ? C’est une vétille. s. Rougemont Denis de, « [Compte
106
tre qu’il ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui
me
paraît le meilleur de son œuvre : ses récits de critique et d’esthéti
107
e grabuge, qu’il aime pour les matériaux qu’on en
peut
tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’es
108
es fantômes, sur le public. (Bientôt sur lui-même
je
le crains, pour renaître catholique.) Certes, il bannit le charme et
109
René Crevel,
Mon
corps et moi (mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la dé
110
René Crevel, Mon corps et
moi
(mai 1926)u Les témoignages ne manquent pas sur la détresse morale
111
ite par curiosité passagère, il monologue. « Oui,
je
le redirai, tous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à me per
112
ssagère, il monologue. « Oui, je le redirai, tous
mes
essais furent prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vér
113
je le redirai, tous mes essais furent prétextes à
me
dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se re
114
ous mes essais furent prétextes à me dissoudre, à
me
perdre. » Vouloir la vérité pure sur soi, c’est se refuser à l’élan v
115
de tout ce qui est constructif et créateur, voilà
je
pense le véritable désordre. Une intelligence parvenue au point où el
116
Rougemont Denis de, « [Compte rendu] René Crevel,
Mon
corps et moi », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
117
is de, « [Compte rendu] René Crevel, Mon corps et
moi
», Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, mai 1926, p.
118
f Cette conférence s’ouvrit par une bise qu’on
peut
bien dire du diable et se termina sous le plus beau soleil de printem
119
a de plus protestant — mais oui, M. Journet — et
je
ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C
120
— mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il
puisse
se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de liberté,
121
vaincre. Après les exposés de Janson, de Brémond,
j’
en sais plusieurs qui ont ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matiè
122
ue chose de définitif à la fois et d’intelligent,
je
le mesure aussi à l’émotion qui accueillit l’étude de Maury sur Jacqu
123
tonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne
peut
juger les Associations qu’à leur façon de jouer le volley-ball ? Le C
124
rochure de la conférence3 pour savoir tout ce que
je
n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50,
125
tence… construire les villes de notre temps ». Et
je
déplie ce plan d’une « ville contemporaine ». Pures géométries de ver
126
einte imprévisible des choses. Amour de soi… Mais
moi
, qui suis-je ? Par ces trois mots commence le drame de toute vie. Ha
127
ois mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui
je
suis ? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force — ic
128
ce le drame de toute vie. Ha ! Qui je suis ? Mais
je
le sens très bien ! je sens très bien cette force — ici, je tape du p
129
e. Ha ! Qui je suis ? Mais je le sens très bien !
je
sens très bien cette force — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce c
130
très bien ! je sens très bien cette force — ici,
je
tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à moi, un milieu,
131
e — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps…
J’
ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’au
132
du pied —, ces désirs, ce corps… J’ai un passé à
moi
, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autres forces et ta
133
tant de bonheurs ou de dégoûts étranges viennent
m’
habiter ; je ne sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait c
134
heurs ou de dégoûts étranges viennent m’habiter ;
je
ne sais plus… Je suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous
135
ts étranges viennent m’habiter ; je ne sais plus…
Je
suis beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je
136
s beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous
me
direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent v
137
personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui
je
suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages
138
ges, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis,
mes
amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je pui
139
qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils
me
proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le mon
140
st le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que
je
puis à peine reconnaître. Reste le monde, — les choses, les faits, la
141
les choses, les faits, la vie, comme ils disent.
Je
me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comp
142
s choses, les faits, la vie, comme ils disent. Je
me
suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit compren
143
abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on
me
fit comprendre qu’il n’est que le jeu de sauter follement d’une habit
144
er follement d’une habitude dans une autre. Il ne
me
resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni, livré
145
e autre. Il ne me resta qu’une fatigue profonde ;
je
devins si faible et démuni, livré aux regards d’une foule absurde, bi
146
nir un secret très simple, et un peu narquois ils
me
considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le mond
147
is ils me considéraient avec une pitié curieuse :
je
me sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais s
148
ils me considéraient avec une pitié curieuse : je
me
sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais seul
149
e : je me sentis nu, tout le monde devait voir en
moi
une tare que j’étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qu
150
nu, tout le monde devait voir en moi une tare que
j’
étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait tou
151
moi une tare que j’étais seul à ignorer, était-ce
ma
fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement ins
152
seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui
me
rendait toutes choses si méticuleusement insupportables, si cruelleme
153
sentes et dures ? La cause de cette inadaptation,
je
la soupçonnais si grave, si fondamentale que je préférais me leurrer
154
, je la soupçonnais si grave, si fondamentale que
je
préférais me leurrer à combattre des imperfections de détail dont je
155
onnais si grave, si fondamentale que je préférais
me
leurrer à combattre des imperfections de détail dont je m’exagérais l
156
rrer à combattre des imperfections de détail dont
je
m’exagérais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que je progressa
157
r à combattre des imperfections de détail dont je
m’
exagérais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que je progressais,
158
rais l’importance. Et c’est ainsi par feintes que
je
progressais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je me refusa
159
par feintes que je progressais, jusqu’au jour où
je
m’avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire.
160
r feintes que je progressais, jusqu’au jour où je
m’
avouai un trouble que je me refusai pourtant à nommer peur de rire. Ce
161
sais, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que
je
me refusai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond de
162
s, jusqu’au jour où je m’avouai un trouble que je
me
refusai pourtant à nommer peur de rire. Cette amertume au fond de tou
163
e tous les plaisirs, cette envie de rire quand il
m’
arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de mes victoires, à pleure
164
m’arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de
mes
victoires, à pleurer sur mes déboires, ce malaise seul liait les pers
165
ncapacité à jouir de mes victoires, à pleurer sur
mes
déboires, ce malaise seul liait les personnages auxquels je me prêtai
166
s, ce malaise seul liait les personnages auxquels
je
me prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon êt
167
ce malaise seul liait les personnages auxquels je
me
prêtais. Mais en même temps que je le découvrais, dans tout mon être
168
es auxquels je me prêtais. Mais en même temps que
je
le découvrais, dans tout mon être une force aveugle de violence s’éta
169
ais en même temps que je le découvrais, dans tout
mon
être une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’e
170
veugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui
m’
entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde aux contr
171
vée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où
je
connus quelle confiance sourde aux contradictions intimes exige un ac
172
saient brusquement les éléments désaccordés de ce
moi
que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des pr
173
rusquement les éléments désaccordés de ce moi que
j’
avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premiers
174
s de ce moi que j’avais tant choyé. « Maintenant,
m’
écriai-je — c’était un des premiers jours du printemps —, l’heure est
175
oi que j’avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-
je
— c’était un des premiers jours du printemps —, l’heure est venue de
176
omme ne se distingue plus de l’animal. Louée soit
ma
force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui
177
e, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en
moi
de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une do
178
mpte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour
ma
vie — toute ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimai
179
ui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute
ma
joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que j’aimais dans ces brut
180
ma joie ! » Ce n’était plus une douleur rare que
j’
aimais dans ces brutalités, c’était ma liberté agissante. J’allais pli
181
ur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’était
ma
liberté agissante. J’allais plier des résistances à mon gré, agir sur
182
ans ces brutalités, c’était ma liberté agissante.
J’
allais plier des résistances à mon gré, agir sur les choses… Vers le s
183
berté agissante. J’allais plier des résistances à
mon
gré, agir sur les choses… Vers le soir, l’ardeur tombe : agir ? dans
184
ur tombe : agir ? dans quel sens ? Provisoirement
j’
étais sauvé d’un désordre où l’on glisse vers la mort. L’important, c’
185
t de ne pas se défaire. Mais rien n’était résolu.
Me
voici devant quelques problèmes dont je sais qu’il est absolument vai
186
t résolu. Me voici devant quelques problèmes dont
je
sais qu’il est absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je
187
solument vain de prétendre les résoudre, mais que
je
dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème
188
qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base.
J’
aurai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but
189
re. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de
m’
y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieu
190
re au début d’une recherche qui n’a que ce but de
me
rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je m’arrête parfois,
191
rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant,
je
m’arrête parfois, heureux : « J’ai donc la foi ? » Mais c’est encore
192
ndre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je
m’
arrête parfois, heureux : « J’ai donc la foi ? » Mais c’est encore une
193
ment. En priant, je m’arrête parfois, heureux : «
J’
ai donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne f
194
i donc la foi ? » Mais c’est encore une question…
Je
crois qu’il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révé
195
tion vienne chercher l’âme qui se sent misérable.
Je
ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-je à la vouloir, et
196
ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-
je
à la vouloir, et c’est le tout. S’il est une révélation, c’est en me
197
c’est le tout. S’il est une révélation, c’est en
me
rendant plus parfait que je lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi
198
révélation, c’est en me rendant plus parfait que
je
lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que
199
rfait que je lui préparerai les voies. Agir ? Sur
moi
d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis dign
200
oies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que
je
respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir
201
d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en
moi
. Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner :
202
ord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi.
Je
ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela
203
ecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce que
je
puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’instinct
204
profond de l’homme, la vertu conservatrice qui ne
peut
dicter que les gestes les plus favorables. J’ai d’autres instincts et
205
e peut dicter que les gestes les plus favorables.
J’
ai d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela
206
s les plus favorables. J’ai d’autres instincts et
je
n’entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ils sont naturels :
207
pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu.
Ma
vertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma
208
Vertu. Ma vertu est de chercher cette Vertu ; de
me
replacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes mes forces complic
209
cher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de
ma
vie ; de rendre toutes mes forces complices de mon destin. D’abord do
210
eplacer dans le sens de ma vie ; de rendre toutes
mes
forces complices de mon destin. D’abord donc, choisir Mes instincts,
211
ma vie ; de rendre toutes mes forces complices de
mon
destin. D’abord donc, choisir Mes instincts, ensuite, les éduquer, se
212
es complices de mon destin. D’abord donc, choisir
Mes
instincts, ensuite, les éduquer, selon des lois établies par le conco
213
quoi se composent le plaisir et la conscience de
Mes
limites. Je m’attache particulièrement à retrouver ces limites : la v
214
osent le plaisir et la conscience de Mes limites.
Je
m’attache particulièrement à retrouver ces limites : la vie moderne,
215
nt le plaisir et la conscience de Mes limites. Je
m’
attache particulièrement à retrouver ces limites : la vie moderne, méc
216
uivant les directions de moindre résistance. Mais
je
ne m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter
217
les directions de moindre résistance. Mais je ne
m’
emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté est de les porter plus
218
Mais je ne m’emprisonnerai pas dans ces limites.
Ma
liberté est de les porter plus loin sans cesse, de battre mes propres
219
est de les porter plus loin sans cesse, de battre
mes
propres records. De ce lent effort naît une modestie que je m’enorgue
220
records. De ce lent effort naît une modestie que
je
m’enorgueillis un peu de connaître ; et de cette volonté d’un meilleu
221
cords. De ce lent effort naît une modestie que je
m’
enorgueillis un peu de connaître ; et de cette volonté d’un meilleur m
222
de connaître ; et de cette volonté d’un meilleur
moi
, une certaine méfiance vis-à-vis de ma sincérité. La sincérité m’appa
223
meilleur moi, une certaine méfiance vis-à-vis de
ma
sincérité. La sincérité m’apparaît parfois comme un arrêt artificiel
224
méfiance vis-à-vis de ma sincérité. La sincérité
m’
apparaît parfois comme un arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupid
225
m’apparaît parfois comme un arrêt artificiel dans
ma
vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On don
226
arrêt artificiel dans ma vie, une vue stupide sur
mon
état qui peut m’être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en l
227
iel dans ma vie, une vue stupide sur mon état qui
peut
m’être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or
228
ans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut
m’
être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je
229
On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or
je
ne veux plus de faiblesses4.) Et demain peut-être, agir dans le monde
230
es4.) Et demain peut-être, agir dans le monde, si
je
m’en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut un
231
.) Et demain peut-être, agir dans le monde, si je
m’
en suis d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une c
232
époque nous veut, comme elle veut une conscience.
Je
fais partie d’un ensemble social et dans la mesure où j’en dépends, j
233
partie d’un ensemble social et dans la mesure où
j’
en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transform
234
nsemble social et dans la mesure où j’en dépends,
je
me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il
235
mble social et dans la mesure où j’en dépends, je
me
dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y
236
et dans la mesure où j’en dépends, je me dois de
m’
employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y faut une do
237
à sa transformation. Mais il y faut une doctrine,
me
dit-on. L’avouerai-je, quand je médite sur une doctrine possible, sur
238
ais il y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-
je
, quand je médite sur une doctrine possible, sur une systématisation d
239
aut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je, quand
je
médite sur une doctrine possible, sur une systématisation de mes peti
240
une doctrine possible, sur une systématisation de
mes
petites certitudes5, j’éprouve vite le sentiment d’être dans un débat
241
r une systématisation de mes petites certitudes5,
j’
éprouve vite le sentiment d’être dans un débat étranger à ce véritable
242
re dans un débat étranger à ce véritable débat de
ma
vie : comment surmonter un malaise sans cesse renaissant, comment m’a
243
rmonter un malaise sans cesse renaissant, comment
m’
adapter à l’existence que m’imposent mon corps et les lois du monde, e
244
e renaissant, comment m’adapter à l’existence que
m’
imposent mon corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puiss
245
t, comment m’adapter à l’existence que m’imposent
mon
corps et les lois du monde, et comment augmenter ma puissance de joui
246
corps et les lois du monde, et comment augmenter
ma
puissance de jouir, en même temps que ma puissance d’agir. Que tout c
247
ugmenter ma puissance de jouir, en même temps que
ma
puissance d’agir. Que tout cela s’agite sur fond de néant, je le comp
248
d’agir. Que tout cela s’agite sur fond de néant,
je
le comprends par éclairs, mais une secrète espérance m’emporte de nou
249
comprends par éclairs, mais une secrète espérance
m’
emporte de nouveau, premier gage du divin… Reprendre l’offensive — au
250
r gage du divin… Reprendre l’offensive — au soir,
je
m’amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sou
251
age du divin… Reprendre l’offensive — au soir, je
m’
amuserai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà je sens un sourir
252
u soir, je m’amuserai à mettre des étiquettes sur
mes
actes… Déjà je sens un sourire — en songeant à ces raisonnements que
253
serai à mettre des étiquettes sur mes actes… Déjà
je
sens un sourire — en songeant à ces raisonnements que je me tiens — p
254
un sourire — en songeant à ces raisonnements que
je
me tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je l
255
sourire — en songeant à ces raisonnements que je
me
tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que je le d
256
es raisonnements que je me tiens — plisser un peu
mes
lèvres, et s’affirmer à mesure que je le décris. Mais comme un écho p
257
ser un peu mes lèvres, et s’affirmer à mesure que
je
le décris. Mais comme un écho profond, une attirance aussi d’ancienne
258
es folies… Combat, oscillations silencieuses dans
ma
demi-conscience. Joie, dégoût, lueurs éteintes dans une nuit froide.
259
ant qui voudrait s’élever. Puis enfin la marée de
mes
désirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’
260
iste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez,
mes
joies du large !… Tiens, j’écoute le vent ; je pense au monde. Chant
261
flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens,
j’
écoute le vent ; je pense au monde. Chant des horizons, images qui s’é
262
, mes joies du large !… Tiens, j’écoute le vent ;
je
pense au monde. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je vais é
263
onde. Chant des horizons, images qui s’éclairent…
Je
vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me perdre dans un
264
s qui s’éclairent… Je vais écrire autre chose que
moi
, je vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est s
265
s’éclairent… Je vais écrire autre chose que moi,
je
vais m’oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se su
266
rent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais
m’
oublier, me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser)
267
is écrire autre chose que moi, je vais m’oublier,
me
perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser). J’entends
268
s une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser).
J’
entends des phrases qu’il ne faut pas encore comprendre — tout est si
269
s encore comprendre — tout est si fragile —, mais
je
sais quelle légèreté puissante, quelle confiance vont guider ce corps
270
… Créer, ou glisser au plaisir ? Êtes-vous belle,
mon
amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne v
271
u plaisir ? Êtes-vous belle, mon amie, — et vous,
ma
vie ? Certes, mais je vous aime moins que je ne vous désire. (Ce dési
272
belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais
je
vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pou
273
ous, ma vie ? Certes, mais je vous aime moins que
je
ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô lux
274
s aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui
me
rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ? Je
275
autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ?
Je
reste candidat au salut. 4. La sincérité absolue, « scientifique »
276
alut. 4. La sincérité absolue, « scientifique »
me
paraît aller contre fin. Une attention trop directe et soutenue modif
277
irecte et soutenue modifie son objet vivant. Pour
moi
, la sincérité ne peut être que spontanée. Et spontanément je suis por
278
difie son objet vivant. Pour moi, la sincérité ne
peut
être que spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des idées
279
érité ne peut être que spontanée. Et spontanément
je
suis porté à écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites elles
280
spontanément je suis porté à écrire des idées qui
m’
aideront. Une fois écrites elles prennent un caractère de certitude qu
281
ère de certitude qu’elles n’avaient pas encore en
moi
. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Quant à adhérer à u
282
’elles n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi
ma
sincérité est tendancieuse. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute
283
5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce
me
semble une dérision complète. Je m’étonne qu’après tant d’expériences
284
toute faite, ce me semble une dérision complète.
Je
m’étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persu
285
ute faite, ce me semble une dérision complète. Je
m’
étonne qu’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuade
286
Je m’étonne qu’après tant d’expériences ratées on
puisse
encore se persuader de la vérité d’un système, hors la religion. Un s
287
tème n’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi
je
ne puis comprendre les excommunications et les intransigeances. Toute
288
ns et les intransigeances. Toutes les aspirations
me
paraissent légitimes chez d’autres, même celles que je juge bon d’éli
289
raissent légitimes chez d’autres, même celles que
je
juge bon d’éliminer de moi. Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mo
290
autres, même celles que je juge bon d’éliminer de
moi
. Chacun son équilibre, ou plutôt, son « mouvement normal » de vie. g
291
Ramon Fernandez, Messages (juillet 1926)w
Je
ne crois pas exagéré de dire qu’en publiant ce recueil d’essais, M. F
292
e biais l’œuvre de Gide, qui plus qu’aucune autre
me
paraît liée à cette confusion. Mais s’il est bien établi que les lois
293
r toute communication directe entre l’œuvre et le
moi
, comme le fait M. Fernandez dans un essai sur l’Autobiographie et le
294
l’Autobiographie et le Roman, dont pour ma part
je
suis loin d’admettre plusieurs thèses beaucoup trop absolues. M. Fern
295
tente de prouver par exemple que l’œuvre d’art ne
peut
être un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit : « II
296
st-elle pas une façon particulière de s’essayer ?
Je
ne puis amorcer ici une discussion de ces thèses subtiles, d’autant q
297
autant que la position de l’auteur dans cet essai
me
paraît encore ambiguë : on peut se demander s’il nie vraiment l’inter
298
teur dans cet essai me paraît encore ambiguë : on
peut
se demander s’il nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou
299
t de la philosophie. Pour nous prémunir contre le
pouvoir
d’analyse — une analyse qui retient les éléments de la personnalité m
300
l’homme dans l’élan qui fait sa véritable unité.
Je
me borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ce
301
homme dans l’élan qui fait sa véritable unité. Je
me
borne à signaler encore un thème qui revient dans la plupart de ces e
302
s, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)h
Je
ferme les Bestiaires, et me tirant hors de ce « long songe de violenc
303
(10 juillet 1926)h Je ferme les Bestiaires, et
me
tirant hors de ce « long songe de violence et de volupté », je me sen
304
s de ce « long songe de violence et de volupté »,
je
me sens envahi par un rythme impérieux au point qu’il faut que certai
305
e ce « long songe de violence et de volupté », je
me
sens envahi par un rythme impérieux au point qu’il faut que certaines
306
périeux au point qu’il faut que certaines voix en
moi
taisent leur protestation, étouffées par des forces qui se lèvent. Ca
307
’est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’il
peut
atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perpétuelle palpitati
308
elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il
peut
la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les victorie
309
s une sorte de cauchemar de soleil et de sang. On
peut
penser ce qu’on veut de ce paganisme exalté, tout ivre de la fumée de
310
la fumée des sacrifices sanglants. Pour ma part,
je
le trouve assez peu humain et comme obsédé par une idée de violence t
311
lui-là. Et c’est un moraliste de grande race, qui
peut
nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse orguei
312
t de la gravité que dans les choses voluptueuses,
je
n’ai pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui é
313
ce physique, un mouvement vers la vie ardente qui
peut
entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est-ce point une solution
314
é de la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188)
Je
n’ai pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciser
315
intellectuel une « Question d’Orient » dont on ne
peut
plus méconnaître l’urgence. Des prophètes — hindous à demi-européanis
316
orte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe,
me
paraît destiné à lever plusieurs des plus tenaces de ces confusions.
317
’avons lu avec un intérêt si soutenu et parfois —
je
pense à certaines pages sur Jérusalem qui touchent particulièrement u
318
comme type d’individu européen Robert de Traz ne
pouvait
trouver mieux que lui-même. S’il dit des Égyptiens : « Le mensonge, a
319
e et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que
je
trouve si juste : « Ce qui définit le plus profondément l’Occidental,
320
r, comment se comprendre, et si c’est impossible,
pourra-t
-on du moins éviter le conflit que certains prétendent menaçant ? Malg
321
les conclusions de M. de Traz — si tant est qu’on
peut
conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimistes. Il ne p
322
nous enseigne comment éviter la nôtre. » La place
me
manque pour parler comme j’aurais voulu le faire des deux autres part
323
la nôtre. » La place me manque pour parler comme
j’
aurais voulu le faire des deux autres parties du volume, d’une importa
324
te le ton mesuré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais
j’
avoue que m’a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait
325
suré qu’il s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que
m’
a parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’il fait sentir part
326
Montherlant, Les Bestiaires (septembre 1926)x
J’
éprouve quelque gêne à porter un jugement littéraire sur ce nouveau to
327
s prairies espagnoles pleines de simple grandeur,
j’
ai supporté mille fastidieux détails techniques et des délires taurolo
328
ctacle des athlètes. Et c’est elle avant tout que
j’
admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur sujet trop pittoresque
329
de haut avec la nonchalance des vrais puissants,
je
compte qu’il saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humai
330
mières et des odeurs, espérant entrer là-bas dans
je
ne sais quelle harmonie plus reposante. Cette imparfaite accoutumance
331
upportable : « Orpha ne comprenait pas comment on
pouvait
tant souffrir et ne plus aimer ». Closain se tue pour finir le livre.
332
paraison de l’idéal asiatique avec le nôtre. Mais
je
crois que toute intelligence européenne libre peut souscrire aux crit
333
je crois que toute intelligence européenne libre
peut
souscrire aux critiques du Chinois et sympathiser avec son idéal de c
334
à refuser de nous affirmer avec une netteté qui a
pu
paraître parfois quelque peu impertinente. Le fait est que nous éprou
335
mpathie. Il est bien facile de s’écrier : « Après
moi
, le déluge ! », et de se détourner de ce qu’on a coutume d’appeler no
336
un… Et, peut-être, la considération du « déluge »
peut
-elle faire réfléchir utilement sur ses causes… Nous ne proposerons
337
llettrienne. Que sommes-nous donc ? Le plus qu’on
puisse
dire, c’est que vous le saurez un peu mieux quand vous aurez lu nos h
338
s votre idéal ou envers les fluctuations de votre
moi
? Votre sincérité est-elle consentement immédiat à toute impulsion sp
339
u jusqu’à tel jour de notre jeunesse, il faudrait
pouvoir
sauter hors de soi. Seule, une méthode d’observation et de déduction
340
d’observation et de déduction passablement sèche
pourrait
nous donner l’illusion et peut-être certains bénéfices de cette opéra
341
aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’on
peut
tirer par une sorte de passage à la limite que les faits justifient :
342
rit ailleurs : « En chaque être, le pire instinct
me
paraissait le plus sincère. » La sincérité spontanée, vertu moderne e
343
plan littéraire avec le plan moral. Telle action
peut
paraître gratuite au lecteur parce qu’il ne sait pas tout sur le pers
344
u fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de
me
voir donner ici la préférence à l’acte volontaire, ou mieux : intéres
345
e, ou mieux : intéressé, tandis qu’en littérature
je
défends l’acte gratuit, je réponds que la littérature remplirait déjà
346
ndis qu’en littérature je défends l’acte gratuit,
je
réponds que la littérature remplirait déjà suffisamment son rôle en s
347
voluptueux. Sincérité envers soi-même Noli
me
tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau, je prends u
348
oi-même Noli me tangere. Premier exemple. —
Je
m’assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire
349
même Noli me tangere. Premier exemple. — Je
m’
assieds à mon bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce
350
me tangere. Premier exemple. — Je m’assieds à
mon
bureau, je prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouv
351
Premier exemple. — Je m’assieds à mon bureau,
je
prends une feuille blanche, je vais écrire ce que je trouve en moi (s
352
ieds à mon bureau, je prends une feuille blanche,
je
vais écrire ce que je trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, dé
353
prends une feuille blanche, je vais écrire ce que
je
trouve en moi (sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitatio
354
uille blanche, je vais écrire ce que je trouve en
moi
(sentiments, idées, souvenirs, désirs, élans, hésitations, obscurités
355
ns, hésitations, obscurités, etc.). Supposons que
j’
éprouve un désir d’action vive, un élan vers certain but précis. Ou b
356
n vive, un élan vers certain but précis. Ou bien
j’
aurais juste le temps de le noter avant de partir. Ou bien je me mettr
357
ste le temps de le noter avant de partir. Ou bien
je
me mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, pui
358
le temps de le noter avant de partir. Ou bien je
me
mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors je le fausse, puisqu
359
mettrai à l’analyser plus longuement. Mais alors
je
le fausse, puisque je le prive de la puissance de se délivrer en gest
360
plus longuement. Mais alors je le fausse, puisque
je
le prive de la puissance de se délivrer en gestes, en conséquences ma
361
quences matérielles. Ce n’est plus l’élan pur que
je
décris : c’est un élan freiné dans mon esprit, c’est le frein lui-mêm
362
lan pur que je décris : c’est un élan freiné dans
mon
esprit, c’est le frein lui-même, bientôt — par un mouvement normal de
363
alement c’est à la découverte d’une faiblesse que
j’
aboutis : ce quelque chose qui m’a retenu d’accomplir ce que l’élan ap
364
ne faiblesse que j’aboutis : ce quelque chose qui
m’
a retenu d’accomplir ce que l’élan appelait. Second exemple. — J’ép
365
plir ce que l’élan appelait. Second exemple. —
J’
éprouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
366
ouve le besoin de faire le point : à quoi en suis-
je
, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins
367
n de faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-
je
? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des
368
faire le point : à quoi en suis-je, qui suis-je ?
Je
revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement des sent
369
-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis,
je
revis plus ou moins fortement des sentiments que je crois avoir éprou
370
revis plus ou moins fortement des sentiments que
je
crois avoir éprouvés à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
371
ments que je crois avoir éprouvés à tel moment de
mon
passé. Parfois — rarement —, je parviens à me souvenir de certaines s
372
à tel moment de mon passé. Parfois — rarement —,
je
parviens à me souvenir de certaines sensations profondes et indéfinie
373
de mon passé. Parfois — rarement —, je parviens à
me
souvenir de certaines sensations profondes et indéfinies (telle sensa
374
rrures, personne ne sait la richesse de ta vie…).
J’
écris ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
375
ces choses. Puis, dans un ancien carnet de notes,
je
retrouve un être si différent. Les gestes et les sentiments qui se pr
376
Les gestes et les sentiments qui se proposaient à
mon
souvenir ont été passés au crible de la minute où je me penchais sur
377
souvenir ont été passés au crible de la minute où
je
me penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, ce
378
venir ont été passés au crible de la minute où je
me
penchais sur mon passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette
379
ssés au crible de la minute où je me penchais sur
mon
passé. Ou, pour user d’une image plus précise, cette minute est baign
380
onisme du souvenir. Si l’un de ces deux procédés
peut
m’apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souve
381
e du souvenir. Si l’un de ces deux procédés peut
m’
apprendre quelque chose, c’est bien le second. La qualité des souvenir
382
st bien le second. La qualité des souvenirs qu’il
me
livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le m
383
e second. La qualité des souvenirs qu’il me livre
me
renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur le moment que
384
l me livre me renseigne assez exactement, non sur
mon
passé, mais sur le moment que je vis1. Il est bien clair qu’on ne sau
385
tement, non sur mon passé, mais sur le moment que
je
vis1. Il est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur so
386
uée dans le premier exemple. C’est un cas-limite,
j’
en conviens. Pourtant, n’est-ce pas le schéma de tout un genre littéra
387
st le vide. Centre de soi, l’aspiration du néant.
J’
ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui était élan devient re
388
iration du néant. J’ai revu à l’envers le film de
mon
passé : ce qui était élan devient recul, et l’évocation de mes désirs
389
e qui était élan devient recul, et l’évocation de
mes
désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
390
nt recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne
me
restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais me regarder sans rien
391
e mes désirs anciens ne me restitue qu’un dégoût.
J’
ai cru que je pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalit
392
anciens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que
je
pourrais me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assis
393
iens ne me restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je
pourrais
me regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à
394
e restitue qu’un dégoût. J’ai cru que je pourrais
me
regarder sans rien toucher en moi. En réalité, je n’assiste pas à moi
395
que je pourrais me regarder sans rien toucher en
moi
. En réalité, je n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de mo
396
me regarder sans rien toucher en moi. En réalité,
je
n’assiste pas à moi-même, mais à la destruction de moi-même. Par les
397
uction de moi-même. Par les fissures, un instant,
j’
ai pu soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corp
398
n de moi-même. Par les fissures, un instant, j’ai
pu
soupçonner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et
399
nner des profondeurs ; mais déjà c’est le chaos.
Mon
corps et moi, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstrati
400
ondeurs ; mais déjà c’est le chaos. Mon corps et
moi
, le livre si poignant de René Crevel, est la démonstration la plus cy
401
Crevel, est la démonstration la plus cynique que
je
connaisse de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’il s’acha
402
qui rôde dans certaine littérature d’aujourd’hui.
J’
ai dit : ravages du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’il f
403
littérature et en morale. Impossibilité de faire
mon
autoportrait moral : je bouge tout le temps. Danger de faire mon auto
404
. Impossibilité de faire mon autoportrait moral :
je
bouge tout le temps. Danger de faire mon autoportrait moral : je me c
405
t moral : je bouge tout le temps. Danger de faire
mon
autoportrait moral : je me compose plus laid que nature. Faut-il conc
406
e temps. Danger de faire mon autoportrait moral :
je
me compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’ana
407
emps. Danger de faire mon autoportrait moral : je
me
compose plus laid que nature. Faut-il conclure avec Gide : « L’analys
408
vec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour
moi
tout intérêt du jour où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il
409
ologique a perdu pour moi tout intérêt du jour où
je
me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non.
410
gique a perdu pour moi tout intérêt du jour où je
me
suis avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Ca
411
ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus
pouvoir
même souhaiter d’être différent », ce qui est la négation de tout pro
412
ens de son intérêt propre, une analyse sincère ne
puisse
faire découvrir quelques richesses et ne serve parfois de contrôle ef
413
es en regard des dangers que la sincérité du noli
me
tangere fait courir, tant dans le domaine littéraire que dans celui d
414
morale : défaitisme quand il s’agit de gestes qui
pourraient
entraîner des effets imprévisibles, « réalisme » décourageant, et, bi
415
t Ramon Fernandez, « retient tous les éléments du
moi
, moins le principe unificateur ». De quelques sophismes libérateur
416
echerche, puis l’acceptation de toute tendance du
moi
, je réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin
417
che, puis l’acceptation de toute tendance du moi,
je
réponds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle mon besoin de m
418
nds que le mensonge est sincère aussi, qui révèle
mon
besoin de mentir. Il devient dès lors impossible de faire rien qui ne
419
ors impossible de faire rien qui ne soit sincère.
Peut
-on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se prendre à ses pr
420
avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne
peut
se maintenir dans cet état. Ce « mensonge », ce choix faux mais bon,
421
ologie ou que le « style » est de l’homme même
J’
en étais à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût
422
homme même J’en étais à peu près à ce point de
mes
notes — à ce point de mon dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’
423
peu près à ce point de mes notes — à ce point de
mon
dégoût pour ce que beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui m
424
beaucoup continuaient d’appeler sincérité et qui
me
devenait inintelligible en même temps qu’odieux. Au hasard de quelque
425
temps qu’odieux. Au hasard de quelques lectures,
je
pris note des passages suivants (les paraphraser serait d’une ingrati
426
reste fort bien les jalons de cette recherche) :
Puissiez
-vous avouer moins de sincérité et montrer plus de style. (Georges Duh
427
refusent à toute intervention qui altérerait leur
moi
; ils ne souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais i
428
pure de cet âge. Mais il le faut dépasser.) Si
j’
en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que j’appelle
429
j’en crois l’intensité d’un sentiment intime, ce
moi
idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que cel
430
intensité d’un sentiment intime, ce moi idéal que
j’
appelle en chaque minute de ma joie est plus réel que celui qu’une ana
431
e, ce moi idéal que j’appelle en chaque minute de
ma
joie est plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait reten
432
pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais-
je
que c’est ma sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ?
433
que de tendre vers ce modèle. Dirais-je que c’est
ma
sincérité d’y aller par les moyens les plus efficaces ? Mais on nomme
434
ces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie. Soit,
j’
accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non
435
ela de l’hypocrisie. Soit, j’accepte. Et aussitôt
j’
annonce : Éloge de l’hypocrisie Non, non !… Debout dans l’ère su
436
on, non !… Debout dans l’ère successive ! Brisez,
mon
corps, brisez cette forme pensive ! .................................
437
enter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de
ma
triste lucidité, je t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et l
438
Valéry. Certes, du sein de ma triste lucidité,
je
t’avais déjà invoquée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
439
ée, hypocrisie consolante et libératrice. Mais tu
m’
offrais un visage un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour mo
440
un peu crispé, signe d’une ironie secrète et pour
moi
douloureuse encore. Pitoyable, trop visiblement, tu prêtais bien quel
441
op visiblement, tu prêtais bien quelques voiles à
mon
dégoût d’un moi que la vie me montrait si désespérément vrai, tyranni
442
tu prêtais bien quelques voiles à mon dégoût d’un
moi
que la vie me montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant
443
quelques voiles à mon dégoût d’un moi que la vie
me
montrait si désespérément vrai, tyrannique, insuffisant. Mais un pli
444
Mais un pli de ta lèvre, un peu sceptique, quand
mon
esprit partait dans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de ma
445
ans le rêve d’un idéal de fortune, idole naïve de
ma
jeune angoisse… Je t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une sy
446
éal de fortune, idole naïve de ma jeune angoisse…
Je
t’ai mieux aimée ; d’autres soirs, alors qu’une symphonie de joies ém
447
haque être un plus prenant sourire. Cependant que
ma
joie — un état de grâce, un amour — ne pouvait se satisfaire de telle
448
ant que ma joie — un état de grâce, un amour — ne
pouvait
se satisfaire de telle possession particulière, ne pouvait non plus s
449
e satisfaire de telle possession particulière, ne
pouvait
non plus s’imaginer qu’elle en pût être privée. Alors, acquiesçant vi
450
ulière, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en
pût
être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnai
451
rivée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que
je
soupçonnais la plus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’ell
452
nvite que je soupçonnais la plus riche d’inconnu,
je
m’élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, ve
453
te que je soupçonnais la plus riche d’inconnu, je
m’
élançais sur la voie qu’elle m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers
454
iche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’elle
m’
ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je ch
455
ant de rires amis, vers tout ce que momentanément
je
choisissais de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
456
qu’il eût été loisible d’attribuer comme objet à
ma
jubilation, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je me portai
457
ion, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi
je
me portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me concilia
458
, non pas ce but peut-être dérisoire vers quoi je
me
portais, mais bien ces figurants de mon bonheur que je me conciliais
459
rs quoi je me portais, mais bien ces figurants de
mon
bonheur que je me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi
460
rtais, mais bien ces figurants de mon bonheur que
je
me conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à so
461
is, mais bien ces figurants de mon bonheur que je
me
conciliais pour des retours possibles. C’est ainsi que fidèle à soi-m
462
oit que ce constant et secret assujettissement au
moi
idéal exige une politique des sentiments plus subtile et, je pense, m
463
ige une politique des sentiments plus subtile et,
je
pense, moins vulgaire que cette agilité offensive qu’on appelle dans
464
arti. La sincérité crée en nous un fait accompli.
J’
appelle hypocrisie envers soi-même une volonté — si profonde qu’elle n
465
s besoin de s’expliciter pour être efficace — qui
m’
interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’est peu
466
être efficace — qui m’interdit de nommer ce dont
je
ne veux plus souffrir. (Car il n’est peut-être qu’une espèce de souff
467
rté plus précieuse que toute certitude… Ô vérité,
ma
vérité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
468
te certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que
je
suis, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable
469
ité, non pas ce que je suis, mais ce que de toute
mon
âme je veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé
470
pas ce que je suis, mais ce que de toute mon âme
je
veux être !… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le
471
mier exemple, ce serait le récit des gestes qu’il
m’
aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2. D’
472
bliés sur le marbre vulgaire d’une table de café.
Je
venais de m’asseoir et de commander une consommation. Comme d’habitud
473
marbre vulgaire d’une table de café. Je venais de
m’
asseoir et de commander une consommation. Comme d’habitude, un peu apr
474
ation. Comme d’habitude, un peu après six heures.
J’
étais seul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que
475
est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que
ma
chambre où m’attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les
476
onyme bien plus propice au rêve que ma chambre où
m’
attendent tous les soirs quand je rentre du bureau, les gages insuppor
477
ue ma chambre où m’attendent tous les soirs quand
je
rentre du bureau, les gages insupportablement familiers d’une vie hon
478
ongeries les plus étranges qu’appelle la musique.
Je
me gardai donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouv
479
eries les plus étranges qu’appelle la musique. Je
me
gardai donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouvoir
480
d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un
pouvoir
tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fond : les fai
481
s Petites nouvelles ont un pouvoir tyrannique sur
mon
esprit. Non que cela m’intéresse au fond : les faits-divers, rien de
482
n pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela
m’
intéresse au fond : les faits-divers, rien de moins divers. Mais je su
483
nd : les faits-divers, rien de moins divers. Mais
je
suis pris dans l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique me res
484
s l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique
me
restitue chaque fois un peu plus de lassitude, un peu plus d’ennui. J
485
is un peu plus de lassitude, un peu plus d’ennui.
J’
essayai donc de rêver. Mais cette rose oubliée me gênait : perdre une
486
J’essayai donc de rêver. Mais cette rose oubliée
me
gênait : perdre une rose pour le plaisir ! (Et je ne pensais même pas
487
me gênait : perdre une rose pour le plaisir ! (Et
je
ne pensais même pas, alors : une si belle rose.) Le tambour livra un
488
lentement vers la mienne et s’assit sans paraître
me
voir. Une grande figure aux joues mates, aux yeux clairs. Il déplia l
489
journal et se mit à lire les pages d’annonces. On
m’
apporta une liqueur. Et quand j’eus fini de boire, mes pensées plus ra
490
es d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand
j’
eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers
491
pporta une liqueur. Et quand j’eus fini de boire,
mes
pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’avenir et j’osai que
492
lus rapides s’en allèrent un peu vers l’avenir et
j’
osai quelques rêves. C’était, je m’en souviens, une petite automobile
493
vers l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était,
je
m’en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue pri
494
rs l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je
m’
en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue printa
495
te salle à manger ; des jaquettes de couleur pour
ma
femme… Mais l’homme avait posé son journal. Soudain, portant la main
496
es traits. Puis il reprit les dés brusquement, et
me
fixant avec un léger sourire : — Jouez ! ordonna-t-il. La surprise va
497
re : — Jouez ! ordonna-t-il. La surprise vainquit
ma
timidité, je pris les dés et les jetai sans hésiter. Il compta de nou
498
! ordonna-t-il. La surprise vainquit ma timidité,
je
pris les dés et les jetai sans hésiter. Il compta de nouveau, puis av
499
Vous avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu,
je
vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapi
500
ges, la proie d’une agitation visible. Bientôt il
m’
offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations.
501
ment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommations.
Je
gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres
502
consommations. Je gagnai. Il demanda des portos.
Je
les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma tête commençait à oscil
503
e gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et
je
les bus. D’autres encore. Ma tête commençait à osciller vaguement. Le
504
os. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore.
Ma
tête commençait à osciller vaguement. Les couleurs du bar me rempliss
505
mençait à osciller vaguement. Les couleurs du bar
me
remplissaient d’une joie inconnue. Et je me refusais sans cesse aux q
506
s du bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et
je
me refusais sans cesse aux questions qu’en moi-même posait ma raison
507
u bar me remplissaient d’une joie inconnue. Et je
me
refusais sans cesse aux questions qu’en moi-même posait ma raison eff
508
is sans cesse aux questions qu’en moi-même posait
ma
raison effarée. L’étranger s’animait aussi : une fièvre faisait s’épa
509
si : une fièvre faisait s’épanouir sur son visage
je
ne sais quel plaisir cruel. C’était un jeu très simple où l’esprit li
510
ommandement de la main. Ce soir-là, une confiance
me
possédait, telle que je savais très clairement que je gagnerais à tou
511
Ce soir-là, une confiance me possédait, telle que
je
savais très clairement que je gagnerais à tout coup. L’étranger se mi
512
ossédait, telle que je savais très clairement que
je
gagnerais à tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans mon ivr
513
tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans
mon
ivresse, ses paroles peignaient des tableaux mouvants où je me voyais
514
, ses paroles peignaient des tableaux mouvants où
je
me voyais figurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furen
515
es paroles peignaient des tableaux mouvants où je
me
voyais figurer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce furent d
516
nées. Mais bientôt : — « Destin, s’écria-t-il, tu
pourrais
me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sans cesse à ta
517
s bientôt : — « Destin, s’écria-t-il, tu pourrais
me
remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sans cesse à ta co
518
ais me remercier. Vois quels chemins de perdition
j’
ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’aurais pas trouvé ça tout
519
s airs pessimistes. De nouveau, d’un coup de dés,
je
bouscule tous tes calculs, ha ! tu te disais : le voilà riche, le voi
520
corde pour les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que
j’
allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la
521
ur les pendre, ha ha ha ! Tu pensais que j’allais
me
cramponner à cette espèce de bonheur qu’ils croient lié à la possessi
522
onheur qu’ils croient lié à la possession, et que
j’
allais vivre aussi sur le dogme l’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu
523
’argent-fait-le-bonheur. En somme, tu croyais que
j’
allais adhérer à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand je so
524
à l’idéologie socialiste, gros farceur, va. Quand
je
songe à tous ces gens qui perdent leur vie à la gagner9, et leur faço
525
autre, de douleurs en ivresses avec la même joie,
mon
cheval fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endor
526
rs en ivresses avec la même joie, mon cheval fou,
mon
beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais m’endormir, ah ! galope
527
al fou, mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que
je
vais m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendr
528
mon beau Désir s’ébroue et part sitôt que je vais
m’
endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendront jama
529
comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils
me
jugent et leurs cris indignés qui couvrent une angoisse. Ça les déran
530
blement, sauf un ou deux qui s’imaginent gagner à
mes
dépens, témoin ce brave homme qui est en train de me soutirer les que
531
dépens, témoin ce brave homme qui est en train de
me
soutirer les quelque billets de mille dont je venais de régler le sor
532
de me soutirer les quelque billets de mille dont
je
venais de régler le sort, puisque demain dès l’aube, j’irai tenter la
533
ais de régler le sort, puisque demain dès l’aube,
j’
irai tenter la misère aux yeux las pleins de rêves, la misère qui fait
534
ient un brouillard de fumée, et la musique noyait
mes
pensées. Je vis qu’une femme était assise à notre table, en robe roug
535
llard de fumée, et la musique noyait mes pensées.
Je
vis qu’une femme était assise à notre table, en robe rouge, et très f
536
uilla sur les dés, et partit d’un long rire. Elle
me
regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’é
537
e. Elle me regardait et l’étranger aussi se mit à
me
regarder bizarrement et j’étais possédé de joies et de peurs. Il fall
538
tranger aussi se mit à me regarder bizarrement et
j’
étais possédé de joies et de peurs. Il fallut se lever, traverser le c
539
ssus des rues parcourues de longs cris en voyage.
Je
me sentis perdre pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je
540
s des rues parcourues de longs cris en voyage. Je
me
sentis perdre pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être, je ne
541
pied délicieusement. Et de cette nuit peut-être,
je
ne saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou)
542
je ne saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain
je
n’avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je
543
… (sinon qu’au lendemain je n’avais plus un sou).
Je
n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou
544
sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois
je
songe à ses paroles — ou peut-être n’étaient-ce que celles de mes fol
545
paroles — ou peut-être n’étaient-ce que celles de
mes
folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en dé
546
peut-être n’étaient-ce que celles de mes folies ?
Je
me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma v
547
t-être n’étaient-ce que celles de mes folies ? Je
me
répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie
548
me répète : paradoxes, mais cela ne suffit plus à
m’
en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très b
549
adoxes, mais cela ne suffit plus à m’en délivrer.
Ma
vie m’a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devr
550
mais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie
m’
a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais ten
551
e suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris,
je
ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque
552
ivrer. Ma vie m’a repris, je ne suis pas heureux.
Je
sais très bien que je devrais tenter quelque chose. Je suis plein de
553
is, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que
je
devrais tenter quelque chose. Je suis plein de rêves, certains soirs.
554
is très bien que je devrais tenter quelque chose.
Je
suis plein de rêves, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez mo
555
es, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez
moi
, et ma femme m’embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je n
556
ains soirs. Il faut pourtant rentrer chez moi, et
ma
femme m’embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis
557
s. Il faut pourtant rentrer chez moi, et ma femme
m’
embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que je ne suis plus tout
558
rtant rentrer chez moi, et ma femme m’embrasse et
me
regarde avec inquiétude, parce que je ne suis plus tout à fait le mêm
559
embrasse et me regarde avec inquiétude, parce que
je
ne suis plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le l
560
ue je ne suis plus tout à fait le même. Puis elle
me
laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant d’
561
laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans
ma
chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur mon lit, les cheveux da
562
er. Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper,
je
m’abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvo
563
Alors, dans ma chambre, avant d’aller souper, je
m’
abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir
564
ma chambre, avant d’aller souper, je m’abats sur
mon
lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur m
565
abats sur mon lit, les cheveux dans les mains. Et
je
voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain
566
n lit, les cheveux dans les mains. Et je voudrais
pouvoir
pleurer sur ma lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain plein de mépris e
567
ans les mains. Et je voudrais pouvoir pleurer sur
ma
lâcheté. Et je t’apostrophe, soudain plein de mépris et de désespoir,
568
Et je voudrais pouvoir pleurer sur ma lâcheté. Et
je
t’apostrophe, soudain plein de mépris et de désespoir, ô vie sans fau
569
joie… Ah ! plus amère, plus amère encore, saurai-
je
un jour te désirer, te haïr… 9. Calembour sur une idée juste. (Note
570
Aragon, Le Paysan de Paris (janvier 1927)ab «
Je
n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne s
571
nvier 1927)ab « Je n’admets pas qu’on reprenne
mes
paroles, qu’on me les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité d
572
Je n’admets pas qu’on reprenne mes paroles, qu’on
me
les oppose. Ce ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre moi
573
ne sont pas les termes d’un traité de paix. Entre
moi
et vous, c’est la guerre. » Voilà pour les critiques, « punaises glab
574
ux que certaines envolées magnifiques et hagardes
pourraient
enthousiasmer il leur réserve mieux encore : après une kyrielle d’inj
575
on d’autres fois si prestigieuse du poète : « Ils
m’
ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort ceux
576
sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que
je
dis ». Il y a chez Aragon une folie de la persécution, qui se cherche
577
sse ? » Tant d’insistance dans le mauvais goût ne
m’
empêchera pas de le dire, Aragon possède le tempérament le plus hardi
578
la jeune littérature française. Il le proclame «
J’
appartiens à la grande race des torrents ». Génie inégal s’il en fut,
579
un des plus significatifs du romantisme nouveau.
J’
ai nommé Rousseau, Nerval Musset : mais voyez un Rousseau sans tendres
580
i fume… Et tu laisses, ô col roide, En souffrance
mes
baisers. L’amour est un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô
581
lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu,
Je
m’enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire
582
vres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je
m’
enfuis vers d’autres rêves Où sourient quels anges fous. L’horaire dic
583
icte un adieu, La mode qu’on rie des pleurs, Lors
je
baise votre main Comme on signe d’un faux nom. d. Rougemont Deni
584
l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne
peut
pas nous tromper là-dessus. Il se connaît avec une sorte de froideur
585
les la souffrance ou de secrètes anomalies ont un
pouvoir
d’éternité. » Il est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme
586
ies ont un pouvoir d’éternité. » Il est juste, ce
me
semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cette vie comme
587
Les journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que
je
m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je va
588
journaux.) Mademoiselle, Il faut d’abord que je
m’
excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrire au moment où je vais
589
st un peu prétentieux de vous écrire au moment où
je
vais me suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtan
590
u prétentieux de vous écrire au moment où je vais
me
suicider, d’autant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant… Il fa
591
n’y croirez pas — et pourtant… Il faut aussi que
je
vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris
592
aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans
ma
chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs cela n’en vaut plus la p
593
s cette phrase quelque allusion de mauvais goût.)
Je
vous ai rencontrée quatre ou cinq fois dans des lieux de plaisir, com
594
iles. La première fois, au théâtre. Dans l’ombre,
j’
ai suivi le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en fut que plus
595
lement ; l’écho n’en fut que plus douloureux dans
mon
cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et
596
n’en fut que plus douloureux dans mon cœur. Puis
je
vous ai oubliée. Puis je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
597
reux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis
je
vous ai revue, aux courses, et c’est là que j’ai découvert que vous e
598
is je vous ai revue, aux courses, et c’est là que
j’
ai découvert que vous existiez en moi, à certain désagrément que j’eus
599
c’est là que j’ai découvert que vous existiez en
moi
, à certain désagrément que j’eus de vous voir si entourée… D’autres f
600
e vous existiez en moi, à certain désagrément que
j’
eus de vous voir si entourée… D’autres fois… je n’ai plus le courage d
601
ue j’eus de vous voir si entourée… D’autres fois…
je
n’ai plus le courage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal. J’ava
602
ourage de les dire. Enfin, avant-hier, à ce bal.
J’
avais demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
603
n, avant-hier, à ce bal. J’avais demandé à un de
mes
amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il m’en avait donné la prom
604
s demandé à un de mes amis, qui vous connaît4, de
me
présenter. Il m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
605
mes amis, qui vous connaît4, de me présenter. Il
m’
en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plus d
606
vait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent
les miens
plus d’une fois pendant une danse qu’il fit avec vous, mais vous les
607
racher à une obsession secrètement attirante ; et
je
pensais que la force de mon désir était telle que vous en éprouviez v
608
ètement attirante ; et je pensais que la force de
mon
désir était telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis m
609
telle que vous en éprouviez vaguement la menace.
Je
dis menace, parce que mes airs sombres vous effrayaient sans doute pl
610
iez vaguement la menace. Je dis menace, parce que
mes
airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’ils ne vous attiraie
611
plus qu’ils ne vous attiraient. Mais, maintenant,
je
pense que ces regards croisés n’avaient aucune signification et que m
612
rds croisés n’avaient aucune signification et que
mon
anxiété seule leur prêtait quelque intention. Quand enfin l’orchestre
613
lque intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta,
je
me trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et dé
614
e intention. Quand enfin l’orchestre s’arrêta, je
me
trouvais tout près de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà
615
estre s’arrêta, je me trouvais tout près de vous.
Mon
ami me fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre at
616
arrêta, je me trouvais tout près de vous. Mon ami
me
fit un signe discret, et déjà il se préparait à vous rendre attentive
617
et déjà il se préparait à vous rendre attentive à
ma
présence… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
618
vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors,
je
ne sais quel démon du malheur me paralysa. Je venais d’entrevoir l’im
619
ce… Mais, alors, je ne sais quel démon du malheur
me
paralysa. Je venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal,
620
rs, je ne sais quel démon du malheur me paralysa.
Je
venais d’entrevoir l’image d’un couple heureux et banal, votre sourir
621
uple heureux et banal, votre sourire répondant au
mien
, comme on voit au dénouement des films populaires et sur des cartes p
622
strées. Déjà la foule des danseurs nous séparait,
mon
ami se détournait, un peu vexé ; vous disparaissiez au milieu d’un co
623
ge de rires empressés. Une autre danse reprenait.
Je
sentis une invincible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On me
624
nse reprenait. Je sentis une invincible lassitude
me
saisir et m’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais
625
. Je sentis une invincible lassitude me saisir et
m’
assis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’étais malade. Je dé
626
ible lassitude me saisir et m’assis à l’écart. On
me
demandait, en passant, si j’étais malade. Je désignais d’un geste inc
627
’assis à l’écart. On me demandait, en passant, si
j’
étais malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de
628
. On me demandait, en passant, si j’étais malade.
Je
désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de champagne vides
629
nne l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même,
je
fus obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jo
630
eurs. Même, je fus obligé de confier à un ami que
j’
en avais repris … Les archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelai
631
que j’en avais repris … Les archets jouaient sur
mes
nerfs. Le jazz martelait mon désespoir. Désespoir étroit, ces œillère
632
archets jouaient sur mes nerfs. Le jazz martelait
mon
désespoir. Désespoir étroit, ces œillères géantes aux pensées, le cie
633
ssue, pesant comme l’envie d’un sommeil sans fin…
J’
avais soif, mais la seule vue d’un liquide me soulevait le cœur. L’aub
634
fin… J’avais soif, mais la seule vue d’un liquide
me
soulevait le cœur. L’aube parut. On éteignit toutes les lampes, et le
635
ans un matin sourd, frileux, qui avait la nausée.
Je
rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à ma table en désordr
636
nausée. Je rentrai seul. Voici quelques mots que
j’
écrivis à ma table en désordre où je venais de jeter mon col de smokin
637
rentrai seul. Voici quelques mots que j’écrivis à
ma
table en désordre où je venais de jeter mon col de smoking et un œill
638
ques mots que j’écrivis à ma table en désordre où
je
venais de jeter mon col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d
639
ivis à ma table en désordre où je venais de jeter
mon
col de smoking et un œillet, pauvre gentillesse d’une autre femme don
640
esse d’une autre femme dont le seul défaut fut de
m’
aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au somme
641
us grand que le chant des violons. Aube dure ! En
ma
tête rôde ton souvenir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
642
ir, comme une femme nue dans une chambre étroite…
J’
ai dormi quelques heures, d’un sommeil triste, tout enfiévré par la cr
643
ste, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis
je
suis revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps qu
644
e du réveil. Puis je suis revenu dans ces rues où
je
vous rencontrais parfois, du temps que j’ignorais vous aimer. En sort
645
rues où je vous rencontrais parfois, du temps que
j’
ignorais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire, je vous avais en
646
rais vous aimer. En sortant du bal, au vestiaire,
je
vous avais entendue donner un rendez-vous au thé du Printemps. J’ai r
647
tendue donner un rendez-vous au thé du Printemps.
J’
ai rôdé dans la joie féminine des grands magasins, n’osant pas repasse
648
p souvent devant les ascenseurs. « Vers 4 heures,
me
disais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai l
649
devant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-
je
elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire tr
650
« Vers 4 heures, me disais-je elle y entrera, et,
me
glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vite quelques mots s
651
je elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle,
je
pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le
652
elle y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je
pourrai
lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avant le dernier
653
ots si bouleversants qu’avant le dernier étage… »
Je
délirais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient
654
’avant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr.
Je
m’imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impude
655
ant le dernier étage… » Je délirais, bien sûr. Je
m’
imaginais que les vendeuses me dévisageaient de plus en plus impudemme
656
irais, bien sûr. Je m’imaginais que les vendeuses
me
dévisageaient de plus en plus impudemment : je devais paraître si per
657
es me dévisageaient de plus en plus impudemment :
je
devais paraître si perdu. Chaque fois qu’un paquet de dix personnes s
658
ngouffrait dans la cage rouge et or et s’élevait,
j’
éprouvais un petit arrachement, comme précisément un enfant qui monte
659
sément un enfant qui monte pour la première fois…
Je
me disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en
660
ent un enfant qui monte pour la première fois… Je
me
disais encore : Si je prends cet ascenseur et que je la croise en rou
661
e pour la première fois… Je me disais encore : Si
je
prends cet ascenseur et que je la croise en route dans l’ascenseur de
662
disais encore : Si je prends cet ascenseur et que
je
la croise en route dans l’ascenseur descendant… Il aurait fallu monte
663
i laqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures,
je
suis sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie
664
es autobus passaient par groupes. Plusieurs fois,
j’
ai cru vous reconnaître dans la foule qui se précipitait, mais je n’av
665
econnaître dans la foule qui se précipitait, mais
je
n’avais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter. Je finissais pa
666
précipitait, mais je n’avais pas pris de numéro,
je
ne pouvais pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque vis
667
pitait, mais je n’avais pas pris de numéro, je ne
pouvais
pas monter. Je finissais par vous voir partout. Chaque visage de femm
668
ais pas pris de numéro, je ne pouvais pas monter.
Je
finissais par vous voir partout. Chaque visage de femme révélait soud
669
vait votre démarche. Mais, pendant ce temps, vous
pouviez
paraître enfin où mon désir surmené vous appelait encore, haletant. E
670
pendant ce temps, vous pouviez paraître enfin où
mon
désir surmené vous appelait encore, haletant. Et le temps passait, à
671
chant désespéré qui vous appelait, assourdissant
mes
pensées ; et ces élans réticents, maladroits, contradictoires… Un aut
672
s… Un autobus de luxe s’était arrêté tout près de
moi
. Je vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai.
673
autobus de luxe s’était arrêté tout près de moi.
Je
vis un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai. Il n
674
un visage à l’intérieur se pencher vers la vitre…
Je
montai. Il n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune fem
675
e qui s’était penchée vous ressemblait tant. Mais
je
n’osais presque pas la regarder, à cause d’une incertitude qui redonn
676
d’une incertitude qui redonnait tout son empire à
ma
timidité. Peut-être était-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de
677
on empire à ma timidité. Peut-être était-ce vous.
Je
ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
678
l’arrêt de la Place Saint-Michel, elle sortit, en
me
frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de s
679
ce Saint-Michel, elle sortit, en me frôlant, sans
me
regarder. Je descendis derrière elle. Mais tout de suite des paraplui
680
el, elle sortit, en me frôlant, sans me regarder.
Je
descendis derrière elle. Mais tout de suite des parapluies la dérobèr
681
Mais tout de suite des parapluies la dérobèrent à
mes
yeux. Une bouche de métro m’attira. Les rames s’arrêtaient avec un si
682
ies la dérobèrent à mes yeux. Une bouche de métro
m’
attira. Les rames s’arrêtaient avec un sifflement particulièrement dou
683
ent avec un sifflement particulièrement doux pour
ma
fatigue, et ces gens pressés et songeurs respectaient la folie doulou
684
taient la folie douloureuse qui devait contracter
mon
visage. Je promenais sur tous des regards angoissés, avides, imploran
685
lie douloureuse qui devait contracter mon visage.
Je
promenais sur tous des regards angoissés, avides, implorants. Oh ! to
686
s, avides, implorants. Oh ! toutes les femmes que
j’
ai fait souffrir cette nuit d’un long regard de damné. À minuit, telle
687
g regard de damné. À minuit, tellement épuisé que
je
mêlais à mes pensées des fragments de rêves et les personnages des af
688
damné. À minuit, tellement épuisé que je mêlais à
mes
pensées des fragments de rêves et les personnages des affiches, tout
689
s fin dans les couloirs implacablement brillants,
je
me pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je
690
in dans les couloirs implacablement brillants, je
me
pris à parler à haute voix, par bribes de phrases incohérentes. Je vo
691
à haute voix, par bribes de phrases incohérentes.
Je
voyais avec une sombre joie les employés et les voyageurs s’inquiéter
692
employés et les voyageurs s’inquiéter. Bientôt on
m’
entraîna de force sur un trottoir roulant qui me remonta dans la rue.
693
n m’entraîna de force sur un trottoir roulant qui
me
remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promes
694
me remonta dans la rue. La fraîcheur de la brume
m’
apaisa. Sur la promesse que je fis que je me sentais mieux, on me lais
695
aîcheur de la brume m’apaisa. Sur la promesse que
je
fis que je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais co
696
la brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que
je
me sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y p
697
brume m’apaisa. Sur la promesse que je fis que je
me
sentais mieux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parv
698
a promesse que je fis que je me sentais mieux, on
me
laissa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’a
699
e je me sentais mieux, on me laissa rentrer seul.
Je
ne sais comment j’y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heure
700
ux, on me laissa rentrer seul. Je ne sais comment
j’
y parvins. Je crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouve
701
ssa rentrer seul. Je ne sais comment j’y parvins.
Je
crois que j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il
702
eul. Je ne sais comment j’y parvins. Je crois que
j’
ai marché plusieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit être mai
703
e j’ai marché plusieurs heures avant de retrouver
ma
rue. Il doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’aut
704
n. Premiers appels d’autos dans la ville, mais il
me
semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par cet
705
ais il me semble que toutes choses s’éloignent de
moi
vertigineusement, par cette aube incolore. Il y a vingt-quatre heures
706
e aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc,
j’
étais encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien
707
constatation machinale ne correspond à rien dans
mon
esprit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne me souvien
708
correspond à rien dans mon esprit. Peut-être que
j’
ai perdu la notion du temps. Je ne me souviens plus que de cette décep
709
rit. Peut-être que j’ai perdu la notion du temps.
Je
ne me souviens plus que de cette déception insupportable et définitiv
710
eut-être que j’ai perdu la notion du temps. Je ne
me
souviens plus que de cette déception insupportable et définitive de m
711
de cette déception insupportable et définitive de
mon
désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer vo
712
ception insupportable et définitive de mon désir.
Je
ne vous en accuse pas. À peine si je puis encore évoquer votre visage
713
e mon désir. Je ne vous en accuse pas. À peine si
je
puis encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-je pas vraimen
714
encore évoquer votre visage. Peut-être ne vous ai-
je
pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de ma destruction, ce r
715
pas vraiment aimée, mais bien ce goût profond de
ma
destruction, ce rongement, cette sournoise recherche de tout ce qui m
716
ngement, cette sournoise recherche de tout ce qui
me
navre au plus intime de mon être… Le revolver est chargé, sur cette t
717
cherche de tout ce qui me navre au plus intime de
mon
être… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre
718
n être… Le revolver est chargé, sur cette table. (
Je
le caresse, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de ma mort a
719
, entre deux phrases.) Mais voici que ce geste de
ma
mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus
720
hrases.) Mais voici que ce geste de ma mort aussi
me
lasse, l’image que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je de
721
e ce geste de ma mort aussi me lasse, l’image que
je
m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquo
722
e geste de ma mort aussi me lasse, l’image que je
m’
en forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi j
723
a mort aussi me lasse, l’image que je m’en forme…
Je
ne comprends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi je souffre, c
724
que je m’en forme… Je ne comprends plus pourquoi
je
devrais me tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance,
725
n forme… Je ne comprends plus pourquoi je devrais
me
tuer, pourquoi je souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’e
726
prends plus pourquoi je devrais me tuer, pourquoi
je
souffre, ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie, ma
727
ce que c’est que la souffrance, ce que c’est que
ma
vie, ma mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin
728
c’est que la souffrance, ce que c’est que ma vie,
ma
mort. Mon Dieu, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il fau
729
qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que
je
dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne
730
y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime,
je
ne vous dirai pas son nom. i. Rougemont Denis de, « Lettre du survi
731
n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui
me
gêne pourtant, c’est d’y découvrir possibles deux interprétations sym
732
deux interprétations symboliques au moins ; de ne
pouvoir
m’empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne
733
erprétations symboliques au moins ; de ne pouvoir
m’
empêcher d’y songer sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne po
734
r sans cesse en lisant cette « tragédie » ; de ne
pouvoir
m’empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins co
735
esse en lisant cette « tragédie » ; de ne pouvoir
m’
empêcher non plus de soupçonner Cocteau d’en avoir plus ou moins consc
736
sez simples dont l’étude charme le psychanalyste.
Je
pourrais poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calem
737
simples dont l’étude charme le psychanalyste. Je
pourrais
poursuivre le jeu. Et puis, il y a aussi des sortes de calembours… A
738
licité à chausse-trappes, cette habileté surtout.
Je
ne sais si ce malicieux Gagnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un l
739
à quelqu’un lorsqu’il écrivit certains vers qu’on
peut
lire plus haut : Les anges véritables qui connaissent les signes Son
740
rop exercé avant de se lancer sur la corde raide.
Je
suis sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qual
741
la corde raide. Je suis sûr qu’il ne tombera pas.
J’
admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce sont
742
s qualités scéniques de cette pièce sont grandes.
Je
ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche contre les p
743
l voulait. Et pourtant cette admirable machine ne
m’
inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprise
744
ant cette admirable machine ne m’inquiète guère :
je
sais qu’elle le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces my
745
ù il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères
me
dépassent, feignons d’en être l’organisateur », disait le photographe
746
hotographe des Mariés. Dans Orphée, le mystère ne
peut
plus dépasser l’auteur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’i
747
s parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète :
j’
en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que je ne sais pa
748
teau est un poète : j’en verrais une preuve, pour
mon
compte, dans le fait que je ne sais parler de lui autrement que par m
749
ais une preuve, pour mon compte, dans le fait que
je
ne sais parler de lui autrement que par métaphores.) 5. M. Zimmer,
750
r, il faut faire quelque chose. Nous devons, nous
pouvons
faire quelque chose. Que diable ! nous ne sommes pas des imbéciles, n
751
t allusion aux divers points de vue auxquels on a
pu
se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au poin
752
arguties juridiques. Et les statistiques faussées
peuvent
faire croire à une très forte diminution du nombre des protestants. A
753
e nos jours encore, ajoute M. Esmonin. Et nous ne
pouvons
que nous réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’il va consacr
754
Edmond Jaloux, Ô toi que
j’
eusse aimée… (mars 1927)af M. Edmond Jaloux offre l’exemple rare d’
755
ses bijoux sont taillés comme ceux de Giraudoux,
j’
y vois un signe charmant d’amitié de l’aîné au plus jeune, lequel envo
756
envoie l’un de ses personnages pour remercier ; (
pouvait
-il mieux trouver qu’un René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois
757
rames tout intérieurs dont il dit : « Personne ne
peut
juger du drame qui se joue entre deux êtres, personne, pas même eux »
758
nis de, « [Compte rendu] Edmond Jaloux, Ô toi que
j’
eusse aimée… », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève,
759
re, légèrement coloré. Le principe est simple : «
Je
vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur la poitrine ;
760
Quelques miracles qui suivent sont embrumés dans
mon
souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s’ouvre pour dégage
761
el renversé, maisons obliques, montagnes russes. (
J’
ai regretté que René Clair ne nous donne pas la vision du mort.) Enfin
762
et nous demandions grâce de trop de plaisir. Mais
je
ne suis pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le n
763
euse paraît, ils n’attendent que le moment où ils
pourront
se pousser en disant : « C’que c’est cochon ! » Mais le moment ne vie
764
is le moment ne vient pas, ils sont déçus. Enfin,
mon
voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lu
765
: « On va tous devenir fous ! » — « Hé ! lui dis-
je
, si seulement. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne pouvon
766
. » Mais tout de même, là par exemple, où nous ne
pouvons
nous empêcher d’admirer l’utilisation artistique ingénieuse et précis
767
é Clair un sens du miracle assez bouleversant. Et
je
ne parle pas du miracle genre conte de fée, comme le Voyage imaginair
768
e le Voyage imaginaire en montre (beaucoup trop à
mon
gré). Qu’une sorcière transforme un homme en chien, cela n’a rien d’é
769
ées paraissent vieux jeu avec leur baguette, pour
moi
qui chaque soir crée ma chambre en tournant un commutateur. Le vrai m
770
avec leur baguette, pour moi qui chaque soir crée
ma
chambre en tournant un commutateur. Le vrai miracle du cinéma, c’est,
771
et l’espace en relation se modifie pour maintenir
je
ne sais quelle harmonie… C’est une réalité aussi réelle que celle don
772
alors comme l’une seulement des mille figures que
peut
revêtir une substantia dont nos sens trop faibles — bornés encore par
773
ns rare des directions générales. « Hamlétisme »,
pouvoir
aigu d’analyse qui conduit à la dispersion autant qu’à l’approfondiss
774
la dispersion autant qu’à l’approfondissement du
moi
, soif de tout et pourtant mépris de tout, procédant d’un goût de l’ab
775
. Rops a-t-il trop négligé le rôle extérieur, que
je
crois décisif, des conditions de la vie moderne.) Après avoir défini
776
n inquiet qui veut le rester ? Ces deux solutions
peuvent
se résumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-elles vrai
777
s Aragon, le beau prétexte (avril 1927)o Ah !
je
sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon être et a saisi
778
sens qu’une puissance étrangère s’est emparée de
mon
être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut
779
n être et a saisi les cordes les plus secrètes de
mon
âme, qu’elle peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela
780
les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle
peut
faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’anéantir.
781
ésormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit
m’
anéantir. Hoffmann. I (Notes écrites en décembre 1925, au sorti
782
férence sur le Salut de l’humanité.) Ce soir en
moi
trépigne une rage. Sur quelles épaules jeter ce manteau de flammes, p
783
manteau de flammes, puis à qui dédier l’ennui de
ma
révolte ? Aragon sarcastique se tient là-bas dans un rayon échappé de
784
à-bas dans un rayon échappé des Enfers — auxquels
je
crois encore, et pas seulement pour le pittoresque. — Attrape ! Il
785
la Poésie. On dit : « Des mots ! » au lieu de «
Je
ne comprends pas ». On dit : « Je ne comprends pas », et l’on pense :
786
» au lieu de « Je ne comprends pas ». On dit : «
Je
ne comprends pas », et l’on pense : « C’est donc incompréhensible ».
787
incompréhensible !, trois mots dont l’un savant.
Je
ne connais pas de meilleur remède contre Dieu. Monsieur, vous avez di
788
st incompréhensible ! » — avec une indignation où
j’
admire une pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne pouvait mi
789
pointe d’ironie vraiment supérieure. Car rien ne
pouvait
mieux exciter, signe d’aise extrême, vos glandes salivaires, pourtant
790
». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne
peut
duper. Depuis certaines paroles sur la Croix, il n’y a peut-être pas
791
et dire qu’elle est née dans un café de Paris. «
Je
n’attends rien du monde, je n’attends rien de rien. » Riez-en donc, p
792
s un café de Paris. « Je n’attends rien du monde,
je
n’attends rien de rien. » Riez-en donc, pantins officiels, et vous re
793
iels, et vous repus, et vous, dubitatives barbes.
Je
viens d’entendre la voix d’un mystique. Que si l’on vient nous empêtr
794
ous empêtrer de dogmes bassement ingénieux : « Si
j’
essaie un instant de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je m
795
bassement ingénieux : « Si j’essaie un instant de
m’
élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle puiss
796
t de m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon,
je
me révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme.
797
e m’élever à la notion de Dieu, répond Aragon, je
me
révolte qu’elle puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » V
798
ion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’elle
puisse
en aucun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fait oubl
799
spérer plus aucun pardon. II Novembre 1926.
Je
viens de retrouver quelques pages écrites il y a un an, tel soir de c
800
ur, son incontestable « séduction ». Pour un peu,
je
découvrais une manière de prophète un brin janséniste chez ce poète.
801
te un brin janséniste chez ce poète. Aujourd’hui,
je
le verrais plutôt comme un Musset10 plus véritablement désespéré. Un
802
de son tempérament vif, insolent et ombrageux. «
J’
appartiens à la grande race des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce
803
des torrents. » Une belle phrase, n’est-ce pas ?
Je
ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme Aragon sans
804
, n’est-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui
pourrait
l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que je prenais pour le
805
l’oser dire comme Aragon sans ridicule. Et ce que
je
prenais pour le ton prophétique, ne serait-ce pas plutôt une sorte de
806
ique — mais la plus belle, — ce qui tressaille et
m’
atteint au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
807
t au vif, c’est tout de même un désespoir en quoi
je
ne vais pas m’empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de
808
tout de même un désespoir en quoi je ne vais pas
m’
empêcher de reconnaître la voix secrète de notre mal de vivre. Désespo
809
te de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique.
Je
me souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapproche
810
de notre mal de vivre. Désespoir métaphysique. Je
me
souviens d’une phrase de Vinet — laissons s’esclaffer du rapprochemen
811
pour nous n’est nulle part. » Nulle part, pensais-
je
: le salut n’est pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cet
812
art sur cette terre où l’orgueil des hommes croit
pouvoir
nous le désigner, veut nous l’imposer pour quelles fins assez basses,
813
le que Clément Vautel — et si ce nom revient sous
ma
plume, comme une mouche qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’ell
814
le craindre11. Si dans un essai sur la sincérité
j’
ai soutenu qu’une introspection immobile ne retient rien de la réalité
815
mobile ne retient rien de la réalité vivante ; si
je
dénie à des incrédules le droit à parler des choses de la foi comme é
816
comme étant d’un ordre qui leur échappe ; de même
je
récuse ici certain sens critique dont on voudrait que soient justicia
817
d Jaloux.) Entre un monsieur en noir : Permettez-
moi
de me présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critiq
818
x.) Entre un monsieur en noir : Permettez-moi de
me
présenter… d’ailleurs une ancienne connaissance… le Sens Critique. M
819
urs une ancienne connaissance… le Sens Critique.
Moi
(gêné)… Rougemont. Le Sens Critique. — Il y a un certain temps déjà
820
in temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais
je
suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temp
821
vus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il
m’
a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me suis
822
u que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-
je
… je me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelq
823
e depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je…
je
me suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque u
824
epuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je
me
suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque util
825
mps… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que
je
pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah
826
… enfin, comment dirais-je… je me suis dit que je
pourrais
, en quelque sorte, vous être de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, ou
827
en quelque sorte, vous être de quelque utilité…
Moi
. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en effet,… oui, oui, très int
828
en effet,… oui, oui, très intéressant. Seulement,
mon
cher Monsieur, nous n’avons pas le temps ces jours-ci, beaucoup trop
829
mer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-
moi
: submergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement j’aurais en q
830
ergés, absolument… Le Sens Critique. — Justement
j’
aurais en quelque manière la prétention… Moi. — Que voilà un singulie
831
ement j’aurais en quelque manière la prétention…
Moi
. — Que voilà un singulier impertinent de votre part. (Le reconduisant
832
tre part. (Le reconduisant :) Croyez, Monsieur, à
mon
estime la plus vive. Mais décidément nous sommes débordés, voyez vous
833
jourd’hui… Quoi ?… Bon, bon, c’est entendu, on ne
peut
rien faire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste serait peu d
834
», c’est un académicien qui l’a dit. Voulez-vous
me
faire quelque chose là-dessus pour la Revue ? Mais plus tard, plus ta
835
hode ! (Sort le Sens Critique, un peu bousculé.)
Moi
. — Vous disiez, ma vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derr
836
Critique, un peu bousculé.) Moi. — Vous disiez,
ma
vie ? La Muse (mais oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —
837
s oui, la Muse, sortant de derrière un rideau). —
J’
attends votre plaisir… III Il y a des gens qui croient avoir tou
838
prit est la seule réalité. C’est pourquoi nous ne
pourrons
plus séparer du concept de l’esprit celui de Révolution. Et j’entends
839
er du concept de l’esprit celui de Révolution. Et
j’
entends ce mot dans son sens le plus vaste. Il y a eu quatre-vingt-tre
840
à nous, dans tel domaine. Et c’est même ceci que
je
ne puis pardonner aux surréalistes : qu’ils aient voulu s’allier aux
841
voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche.
Je
ne dirai pas, comme on a fait, que c’est très joli de crier merde pou
842
ous ne dites pas aussi merde pour Marx ou Lénine,
je
le dirai pour vous. Quand on a entrepris la Révolution au nom de l’es
843
ction du capitalisme. Est-ce que vraiment vous ne
pouvez
vous libérer de cette manie française, la politique, et ne voyez-vous
844
ait trop à dire, et puis l’on croirait encore que
je
suis avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativem
845
tort, envers et contre toutes les critiques qu’on
pourrait
leur adresser, parce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils s
846
cher de vivre, de rêver et de souffrir : culte du
moi
avec ses recettes garanties, chapelets d’optimisme, tyranniques évide
847
abe, examens de conscience toujours ratés — on ne
m’
y prendra plus ! — morales américaines et hygiéniques en tous genres,
848
. 11. Les livres les plus répandus à Genève sont
Ma
vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derri
849
livres les plus répandus à Genève sont Ma vie et
mon
œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin derrière viennen
850
ndus à Genève sont Ma vie et mon œuvre de Ford et
Mon
curé chez les riches. Très loin derrière viennent des France et des B
851
ues tant soit peu métaphysiques d’une capitale de
mes
songes. On exigeait d’une saison de marque de tels soupirs, d’ailleur
852
ement ivre, et Bettina lui disait à l’oreille : «
Mon
chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne e
853
Bettina lui disait à l’oreille : « Mon chéri, si
j’
aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela me donne encore plus de
854
j’aime la comtesse ? Mais tu es si laid que cela
me
donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que
855
menade en bateau À Grego More. Il disait : «
Je
suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur d
856
Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr,
je
n’ai pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je suis seul dè
857
pas bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant
je
suis seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je
858
amitié. Pourtant je suis seul dès cette heure, et
mes
amis fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais moi, qui regar
859
te heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que
je
reviens seul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord, je songe q
860
fuiront un lâche. Parce que je reviens seul. Mais
moi
, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il est des visites à
861
eul. Mais moi, qui regarde comme de l’autre bord,
je
songe qu’il est des visites à de certaines grandes dames où je préfér
862
l est des visites à de certaines grandes dames où
je
préférais — et lui aussi — me rendre seul et sans argent. Je ne voula
863
es grandes dames où je préférais — et lui aussi —
me
rendre seul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne pouva
864
s — et lui aussi — me rendre seul et sans argent.
Je
ne voulais pas le retenir, Je ne pouvais pas le suivre. On dit de ces
865
eul et sans argent. Je ne voulais pas le retenir,
Je
ne pouvais pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure.
866
sans argent. Je ne voulais pas le retenir, Je ne
pouvais
pas le suivre. On dit de ces phrases. Même, on en pleure. q. Roug
867
tre prématurée. Mais le seul fait qu’elle se pose
me
paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécessaires à ce
868
ir autour d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont
je
ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pou
869
ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent,
me
semble-t-il, pour une part, la dispersion des efforts artistiques. To
870
fils d’un tel père. « Voilà le train du monde… »
Je
ne pense pas qu’il en faille gémir. Une certaine résistance est néces
871
pe. N’était certain petit plaisir d’impertinence,
je
me fusse dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos
872
N’était certain petit plaisir d’impertinence, je
me
fusse dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos cir
873
moins d’incompréhension que de timidité. ⁂ On ne
m’
en voudra pas de ne citer ni dates de naissance, ni traits d’enfance g
874
, c’est par leurs œuvres avant tout. D’autre part
je
préfère la légende à l’histoire comme la peinture à la photographie.
875
t un merveilleux foyer de contagion contre lequel
je
ne saurais me prémunir par le moyen d’aucun de ces appareils à jugeme
876
ux foyer de contagion contre lequel je ne saurais
me
prémunir par le moyen d’aucun de ces appareils à jugements garantis q
877
rticle consacré aux jeunes artistes neuchâtelois,
je
vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il
878
usse, à cause de sa chevelure, sans doute ! On ne
pourrait
pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les jeunes qui
879
On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire
j’
en vois peu parmi les jeunes qui vouent tout leur amour à la peinture
880
es qui vouent tout leur amour à la peinture pure.
Je
crois même que, Paul Donzé touché à son tour par la grâce décorative,
881
nsinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce
je
ne sais quoi qu’on cherche en vain chez beaucoup des meilleurs de nos
882
ris une complicité de sentiments ou d’état d’âme.
Je
ne verrais guère que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le pui
883
que Louis de Meuron, parmi ses aînés, dont on le
puisse
rapprocher, parce qu’il est un des rares peintres de ce pays pour qui
884
ères précipitations » annonce le bulletin. Tiens,
me
dis-je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche en
885
écipitations » annonce le bulletin. Tiens, me dis-
je
, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche encore. O
886
s de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’on
put
craindre que Charles Humbert ne devînt le chef d’une école du gris-no
887
révélant un tempérament très rassurant. C’était,
je
crois, le vrai Humbert qui commençait à s’affirmer. Puis il y eut une
888
gement et d’une abondance très sûrement ordonnée.
Je
crois qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir
889
ge. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’est pas
je
pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoi
890
r son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on
m’
assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuill
891
de Charles Harder, qui est mort jeune, sans avoir
pu
donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûreté
892
mposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on
pouvait
tirer des principes cubistes dans un art dont la genèse même est cubi
893
r évolué vers une plus grande harmonie de lignes.
Je
pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où se manifeste un heureux équ
894
non dépourvue de puissance. Une fois de plus l’on
peut
admirer la salutaire leçon de style donnée par le cubisme aux artiste
895
ne part il y a des préoccupations décoratives qui
pourraient
aboutir peut-être à la formation d’un groupe dont l’activité serait f
896
père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’ils
m’
oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi.
897
re sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils
me
méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassem
898
inqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent !
Je
les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque
899
blient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner.
Je
salue leur Loi. » Le récit grassement pittoresque dans la description
900
t dont le profond ricanement se prolonge en nous.
Je
crois entendre Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui, je ne n
901
re Jacob qui se retourne, méprisant : « Mais oui,
je
ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez do
902
retourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien,
je
suis sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner
903
e ne nie rien, je suis sans scrupules, on connaît
mon
orgueil : osez donc me condamner d’être plus fort que cette bourgeois
904
ans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc
me
condamner d’être plus fort que cette bourgeoisie fatiguée, et de suiv
905
geoisie fatiguée, et de suivre le destin que vous
m’
avez assigné à force de m’humilier et de me craindre. » ah. Rougemo
906
ivre le destin que vous m’avez assigné à force de
m’
humilier et de me craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte ren
907
e vous m’avez assigné à force de m’humilier et de
me
craindre. » ah. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Bernard Lecac
908
’on en vient à une conception de la sincérité qui
me
paraît proprement inhumaine. Tout dire, vraiment ? C’est l’exigence d
909
e », c’est encore l’« élan mortel » que décrivait
Mon
Corps et Moi. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de
910
core l’« élan mortel » que décrivait Mon Corps et
Moi
. Quand l’analyse féroce de Crevel fouille les pensées de Pierre ou de
911
de document humain, nuit à sa valeur littéraire.
Je
n’aime guère ce style abstrait, semé de redites et d’expressions tout
912
e tache de couleur, plus sentimental que cruel. «
J’
ai la beauté facile et c’est heureux. » Il y a aussi un certain tragiq
913
s le fond quelque chose de solide, d’authentique.
J’
aime cette violence de redressement où je distingue bien autre chose q
914
entique. J’aime cette violence de redressement où
je
distingue bien autre chose que les « éclats de l’impuissance ». Un pl
915
fiquement jetés. Mais cette imperfection, s’il ne
peut
encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise qui la re
916
our la pureté, un « jusqu’au boutisine » qui seul
peut
redonner quelque vitalité à notre civilisation, — et je sais bien que
917
onner quelque vitalité à notre civilisation, — et
je
sais bien que c’est là un des signes de sa décadence. Il y a du chiru
918
t du pickpocket (fragment) (mai 1927)s t … et
je
jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on m’a appris à voler. Aristo
919
… et je jure par Mercure, dieu du commerce, qu’on
m’
a appris à voler. Aristophane (« Les Chevaliers »). Dès qu’on eut dé
920
ue l’esprit s’établit sur ses positions. Or donc,
j’
avais vingt ans. Je vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet
921
it sur ses positions. Or donc, j’avais vingt ans.
Je
vivais chez mes parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri,
922
tions. Or donc, j’avais vingt ans. Je vivais chez
mes
parents, comme tant d’autres à cet âge, logé, nourri, blanchi, mais n
923
e, logé, nourri, blanchi, mais non point diverti.
J’
étais bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler
924
par exemple, d’étrangler un chat pour le plaisir
me
répugnait. Je détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car ce
925
d’étrangler un chat pour le plaisir me répugnait.
Je
détestais de peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là je le m
926
peiner quelque être, même ennemi, — car celui-là
je
le méprisais trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme me rega
927
trop sincèrement. » Vers cette époque, une femme
me
regarda longuement. » Mes parents me savaient vierge et c’était la jo
928
cette époque, une femme me regarda longuement. »
Mes
parents me savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils ai
929
e, une femme me regarda longuement. » Mes parents
me
savaient vierge et c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en m
930
c’était la joie de leur vie, car ils aimaient en
moi
par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant, je ne détourna
931
ils aimaient en moi par-dessus tout la vertu que
je
leur devais. Pourtant, je ne détournai pas mes yeux des yeux de cette
932
essus tout la vertu que je leur devais. Pourtant,
je
ne détournai pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne
933
que je leur devais. Pourtant, je ne détournai pas
mes
yeux des yeux de cette femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
934
tte femme, de peur qu’elle ne souffrît à cause de
moi
. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heur
935
ouffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait,
je
l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais l’amour dans
936
ait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure,
je
connaissais l’amour dans ce qu’il a de plus étrangement prosaïque à l
937
scendait dans la ville, on marchait dans le bleu.
Je
sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous étions très jolis de b
938
ait dans le bleu. Je sortis avec cette femme, qui
m’
aimait, et nous étions très jolis de bonheur et d’insouciance dans le
939
ouciance dans le bonheur de la saison. — Au soir,
mon
père savait tout. Il effleura mon front de ses lèvres sans une parole
940
son. — Au soir, mon père savait tout. Il effleura
mon
front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui souhaiter le bo
941
ura mon front de ses lèvres sans une parole quand
je
vins lui souhaiter le bonsoir. Le lendemain, ses cheveux avaient légè
942
emain, ses cheveux avaient légèrement blanchi. Il
me
regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle dé
943
ment blanchi. Il me regardait avec une terreur ou
je
crus distinguer je ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, san
944
regardait avec une terreur ou je crus distinguer
je
ne sais quelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’étais pe
945
uelle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute,
j’
étais perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vie
946
chose encore : il se savait vieux, maintenant. »
Je
songeais justement à un sourire de mon amie quand il voulut m’adresse
947
intenant. » Je songeais justement à un sourire de
mon
amie quand il voulut m’adresser la parole après un silence vertigineu
948
ustement à un sourire de mon amie quand il voulut
m’
adresser la parole après un silence vertigineux. Il vit mon sourire et
949
er la parole après un silence vertigineux. Il vit
mon
sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
950
mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de
mon
corps tout entier, je criai un juron, claquai la porte et courus dans
951
Alors une rage s’empara de mon corps tout entier,
je
criai un juron, claquai la porte et courus dans ma chambre. Une demi-
952
e criai un juron, claquai la porte et courus dans
ma
chambre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare, j’écrivais un m
953
courus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard,
j’
étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit e
954
bre. Une demi-heure plus tard, j’étais à la gare,
j’
écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je partais dans u
955
d, j’étais à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à
ma
maîtresse d’une nuit et je partais dans une direction quelconque. Il
956
ivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et
je
partais dans une direction quelconque. Il advint que ce fut celle de
957
advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière,
mon
pays natal ! — Je vécus d’articles sur la mode et la politique, que j
958
celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! —
Je
vécus d’articles sur la mode et la politique, que j’envoyais à divers
959
vécus d’articles sur la mode et la politique, que
j’
envoyais à divers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de mon pa
960
ers journaux. Un jour, parcourant un quotidien de
mon
pays où je cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses le
961
. Un jour, parcourant un quotidien de mon pays où
je
cherchais mon dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’é
962
rcourant un quotidien de mon pays où je cherchais
mon
dernier papier, je lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce
963
n de mon pays où je cherchais mon dernier papier,
je
lus mon nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon pè
964
n pays où je cherchais mon dernier papier, je lus
mon
nom en grosses lettres : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
965
n grosses lettres : c’était l’annonce du décès de
mon
père. » J’étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise
966
ttres : c’était l’annonce du décès de mon père. »
J’
étais assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et
967
rise passa, et une femme en robe bleue légère qui
me
regarda un instant, si doucement… Je me levai sans payer, je partis p
968
e légère qui me regarda un instant, si doucement…
Je
me levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commen
969
égère qui me regarda un instant, si doucement… Je
me
levai sans payer, je partis par les rues, une joie violente commençai
970
un instant, si doucement… Je me levai sans payer,
je
partis par les rues, une joie violente commençait à m’envahir, contre
971
rtis par les rues, une joie violente commençait à
m’
envahir, contre laquelle je luttais obscurément pour augmenter ma volu
972
violente commençait à m’envahir, contre laquelle
je
luttais obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus me t
973
re laquelle je luttais obscurément pour augmenter
ma
volupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un é
974
is obscurément pour augmenter ma volupté. Bientôt
je
ne pus me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux
975
curément pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne
pus
me tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où s
976
ment pour augmenter ma volupté. Bientôt je ne pus
me
tenir de chantonner. J’entrai dans un établissement luxueux d’où sort
977
olupté. Bientôt je ne pus me tenir de chantonner.
J’
entrai dans un établissement luxueux d’où sortaient à chaque tour du t
978
eflétaient de nombreuses glaces. Les fenêtres que
j’
ouvris firent tourner des soleils sur les parois claires. Du balcon, o
979
avenir de bonheur fiévreux — celui justement que
j’
entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trou
980
que j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie,
je
me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’ét
981
e j’entrevoyais. » Quand elle se fut endormie, je
me
rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était
982
s. » Quand elle se fut endormie, je me rhabillai.
Je
ne trouvai que 100 francs dans son sac à main : c’était assez pour me
983
0 francs dans son sac à main : c’était assez pour
me
permettre d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors, je vécus, c
984
e d’entreprendre quelques beaux vols… » Dès lors,
je
vécus, comme vous me voyez vivre encore, dans un état de sincérité pe
985
ques beaux vols… » Dès lors, je vécus, comme vous
me
voyez vivre encore, dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
986
dans un état de sincérité perpétuelle envers tous
mes
élans, accueillant avec un enthousiasme juvénile, c’est-à-dire cyniqu
987
ffres du hasard, ce poète immoral et malicieux. »
Je
ne sais dans quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on est fo
988
’on est forcé de prendre conscience de soi-même —
je
découvris une nuit, au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
989
de soi-même — je découvris une nuit, au moment de
m’
endormir, que ma passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’
990
découvris une nuit, au moment de m’endormir, que
ma
passion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dér
991
assion du vol n’était qu’une longue vengeance. Ne
m’
avait-on pas dérobé des années de joie au profit d’une vertu que tout
992
années de joie au profit d’une vertu que tout en
moi
reniait obscurément. Je sentais bien que le ressort secret de la vert
993
d’une vertu que tout en moi reniait obscurément.
Je
sentais bien que le ressort secret de la vertu dans laquelle on m’ava
994
ue le ressort secret de la vertu dans laquelle on
m’
avait emprisonné c’était un bas opportunisme social, résultante des pa
995
lles filles, sans capitalistes et sans gendarmes.
Je
sais bien ce que vous me direz : Les millions que je pourrais leur so
996
istes et sans gendarmes. Je sais bien ce que vous
me
direz : Les millions que je pourrais leur soustraire ne compenseront
997
sais bien ce que vous me direz : Les millions que
je
pourrais leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie mor
998
s bien ce que vous me direz : Les millions que je
pourrais
leur soustraire ne compenseront jamais cette escroquerie morale dont
999
compenseront jamais cette escroquerie morale dont
je
fus la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Ma
1000
la victime, ce vol de quelques joies parfaites de
ma
jeunesse… Mais il est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalit
1001
p tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de
ma
vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais être engag
1002
vengeance. Veuillez ne voir dans la confusion où
je
parais être engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expressio
1003
e expression nouvelle, et non dénuée d’ironie, de
mon
mépris pour ce qu’ils appellent, ridiculement, les fondements mêmes d
1004
avec le produit du vol d’un tronc de chapelle que
j’
édifiai à mes parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — re
1005
uit du vol d’un tronc de chapelle que j’édifiai à
mes
parents un tombeau sur lequel je fis graver : Prêté — rendu, pour la
1006
que j’édifiai à mes parents un tombeau sur lequel
je
fis graver : Prêté — rendu, pour la gloire de l’Église. (Ici, il but
1007
ise. (Ici, il but une gorgée et prit un temps.) »
Je
vous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de ma vie de rat d’hô
1008
ous fais grâce, poursuivit-il, de la chronique de
ma
vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore que… Bref, depuis quelque
1009
eepings ; encore que… Bref, depuis quelques mois,
je
m’amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse
1010
ings ; encore que… Bref, depuis quelques mois, je
m’
amuse à jouer le pickpocket. Cela permet, avec un minimum d’adresse, d
1011
, croyez-le bien… Le goût de la propriété étant à
mon
sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus, j’ai
1012
plus vulgaires et des plus généralement répandus,
j’
ai vite fait de classer mon monde d’après les quelques réactions éléme
1013
généralement répandus, j’ai vite fait de classer
mon
monde d’après les quelques réactions élémentaires qui ne manquent jam
1014
ne manquent jamais de succéder au moindre vol. »
J’
ajouterai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas mon fo
1015
r Monsieur, que l’analyse psychologique n’est pas
mon
fort. Je me contente de quelques observations théoriques que je tiens
1016
, que l’analyse psychologique n’est pas mon fort.
Je
me contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vra
1017
ue l’analyse psychologique n’est pas mon fort. Je
me
contente de quelques observations théoriques que je tiens pour vraies
1018
contente de quelques observations théoriques que
je
tiens pour vraies, et j’en vérifie les manifestations vivantes avec u
1019
ervations théoriques que je tiens pour vraies, et
j’
en vérifie les manifestations vivantes avec une prodigalité d’épreuves
1020
ves, contre-épreuves, variantes et enjolivures où
je
vois le véritable intérêt de ma vie. C’est vous dire que seule une ce
1021
et enjolivures où je vois le véritable intérêt de
ma
vie. C’est vous dire que seule une certaine caresse de l’événement na
1022
eule une certaine caresse de l’événement naissant
peut
encore m’émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède i
1023
taine caresse de l’événement naissant peut encore
m’
émouvoir. C’est un plaisir de chaque minute auquel succède immédiateme
1024
e minute auquel succède immédiatement le sommeil.
Je
rêve beaucoup. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que j’ai p
1025
ment le sommeil. Je rêve beaucoup. Cela explique,
m’
a-t-on dit, le peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. » J’allai
1026
. Cela explique, m’a-t-on dit, le peu de goût que
j’
ai pour la poésie imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on me n
1027
e peu de goût que j’ai pour la poésie imprimée. »
J’
allais oublier de vous dire qu’on me nomme Saint-Julien. Vous n’ignore
1028
e imprimée. » J’allais oublier de vous dire qu’on
me
nomme Saint-Julien. Vous n’ignorez point que l’on considère ce saint
1029
l’agacer en maint endroit. « Une chose avant tout
me
frappe — dit-il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de
1030
ie. Elle est sans bavures, sans réticences ; elle
m’
apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et c
1031
uel et dénué d’inquiétude. Et cela n’est pas sans
me
charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est
1032
iétude. Et cela n’est pas sans me charmer, croyez-
moi
. Car, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce q
1033
t pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si
je
suis ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’
1034
, enfin, si je suis ici à vous écouter, c’est que
je
cherche ce qu’on est convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’e
1035
ourdeur de l’expression — une règle de vie. Mais,
je
vous l’avouerai, ce qui me retient de tirer de votre conduite les con
1036
ne règle de vie. Mais, je vous l’avouerai, ce qui
me
retient de tirer de votre conduite les conclusions morales qu’elle pa
1037
t impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-
je
…, de juvénile insouciance, pour ne pas dire inconscience ! qui s’atta
1038
n actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » —
Je
vous entends, interrompit Saint-Julien, par pitié pour Isidore dont l
1039
l paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne
me
trouvez pas sérieux. Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
1040
ne me trouvez pas sérieux. Le reproche est grave.
Je
ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me trouvez u
1041
Le reproche est grave. Je ne saurais y répondre.
Je
pourrais vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pa
1042
reproche est grave. Je ne saurais y répondre. Je
pourrais
vous dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé
1043
ais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous
me
trouvez un peu potache, il n’est pas prouvé par là que le potache n’a
1044
que le potache n’ait point raison. Mais justement
je
n’éprouve aucun désir d’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce
1045
ustement je n’éprouve aucun désir d’avoir raison.
Je
sens aussi bien que vous ce que mes principes peuvent avoir de « bien
1046
’avoir raison. Je sens aussi bien que vous ce que
mes
principes peuvent avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis,
1047
Je sens aussi bien que vous ce que mes principes
peuvent
avoir de « bien jeune », de banal presque, et, pis, d’agréablement pa
1048
our quiconque est aussi profondément persuadé que
moi
de l’absurdité radicale de notre vie, la moindre farce, le moindre ge
1049
apprendrez-vous à découvrir derrière certaines de
mes
plaisanteries la dérision secrète qu’elles masquent par caprice. ....
1050
vous n’aviez pas lu ce livre ? Ah ! sans hésiter,
je
vous ferais un devoir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’e
1051
e (juillet 1927)v I Parler littérature Si
je
prononce le nom de tel de vos confrères, si je dis : « Avez-vous lu…
1052
Si je prononce le nom de tel de vos confrères, si
je
dis : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur moi les foudres de
1053
is : « Avez-vous lu… », vous voilà rouge ; et sur
moi
les foudres de votre paradis poétique. Si je cite tel auteur dont nou
1054
sur moi les foudres de votre paradis poétique. Si
je
cite tel auteur dont nous fîmes notre nourriture une saison de naguèr
1055
re. Alors, quelque paysan du Danube survenant : —
Je
vous croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais j’ai tué la lit
1056
croyais écrivain ? — Hélas ! soupirez-vous. Mais
j’
ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abando
1057
! soupirez-vous. Mais j’ai tué la littérature en
moi
, n’en parlez plus, j’en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé
1058
j’ai tué la littérature en moi, n’en parlez plus,
j’
en sors, je l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez
1059
littérature en moi, n’en parlez plus, j’en sors,
je
l’abandonne… Mais notre paysan, rusé : — Vous l’abandonnez ? Pour quo
1060
ous l’abandonnez ? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or
je
pense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un p
1061
? Pour quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part
moi
: j’ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-c
1062
quoi ? — Pour la vie ! Or je pense, à part moi :
j’
ai lu ça quelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas
1063
ense, à part moi : j’ai lu ça quelque part. Voyez
ma
franchise. Un peu grosse, n’est-ce pas ? D’autres prennent soin que l
1064
’ils escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où
je
vous suis. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui déc
1065
sa gueule de bois pour en faire des poèmes. Alors
je
cherche les raisons de votre indignation, quand il m’échappe une cita
1066
herche les raisons de votre indignation, quand il
m’
échappe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent ?
1067
La vie ! — proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant
je
vais me fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invrai
1068
— proclamiez-vous… Soit. Mais maintenant je vais
me
fâcher chaque fois que vous direz : « extravagant », « invraisemblabl
1069
rd’hui de la simplicité. Littérateur, va ! qui ne
pouvez
pas même admettre que la simplicité est simple simplement. La bouche
1070
oût du bizarre qui révèle le littérateur. Nous ne
pouvons
pas faire que nous n’ayons rien lu. Vous refusez de compter avec cett
1071
atitude salutaire, c’est refus de limiter le mal.
Je
vous vois envahi par des démons que vous prétendez m’interdire de nom
1072
ous vois envahi par des démons que vous prétendez
m’
interdire de nommer. Mais moi je partage avec certains Orientaux cette
1073
ns que vous prétendez m’interdire de nommer. Mais
moi
je partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose,
1074
ue vous prétendez m’interdire de nommer. Mais moi
je
partage avec certains Orientaux cette croyance : nommer une chose, c’
1075
r puissance sur elle. Images, pensées des autres,
je
vous ai mis un collier avec le nom du propriétaire ; tirez un peu sur
1076
du propriétaire ; tirez un peu sur la laisse, que
j’
éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vo
1077
un peu sur la laisse, que j’éprouve la fermeté de
ma
main. Je vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surpre
1078
r la laisse, que j’éprouve la fermeté de ma main.
Je
vous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-
1079
e j’éprouve la fermeté de ma main. Je vous tiens.
Je
sais où vous êtes. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une f
1080
ous tiens. Je sais où vous êtes. Vous n’allez pas
me
surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante
1081
ndre par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que
je
m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les
1082
e par-derrière. Une fois — et ce n’est pas que je
m’
en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les to
1083
. Une fois — et ce n’est pas que je m’en vante, —
j’
ai tué un amour naissant, à force de le crier sur les toits. Ainsi, pa
1084
, parler littérature, c’est faire la part du feu.
Je
dis ces noms, ces opinions, ces titres de livres : tout cela jaillit,
1085
cela jaillit, s’entrechoque, s’annule. Poussière.
Ma
vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir
1086
ce que vous attendez d’elle. Pour dire le fond de
ma
pensée, je crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous
1087
attendez d’elle. Pour dire le fond de ma pensée,
je
crois ce mépris et cette attente également exagérés. Vous savez bien
1088
c’est-à-dire agissantes, que nulle poésie même ne
peut
dire, parce que rien de ce qui nous importe véritablement n’est dicib
1089
exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous
me
direz que la poésie, l’état poétique, est notre seul moyen de connais
1090
e la publier. Et même, en passant à la limite, on
peut
imaginer que si elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je p
1091
elle était réalisée, on ne s’en apercevrait pas.
Je
pressens encore dans vos poèmes les plus obscurs des allusions furtiv
1092
esthétique ou d’une autre, plus ils perdent leur
pouvoir
de signifier les choses qui nous importent. Vous le savez. Alors vous
1093
ur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on
peut
exprimer n’a d’importance véritable. Alors, cessons de nous battre co
1094
ger sans fièvre, pour en circonscrire les effets.
J’
avoue prendre à cette étude un intérêt bien vif. Et cela fournit un me
1095
II Sur l’utilité de la littérature Montherlant
me
paraît être le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Qua
1096
tient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’on
puisse
vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y éch
1097
los de la littérature ! Qu’on puisse vivre de ça,
je
ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que je n’y échapperai pas plus
1098
isse vivre de ça, je ne l’ai pas encore avalé. On
m’
affirme que je n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soi
1099
ça, je ne l’ai pas encore avalé. On m’affirme que
je
n’y échapperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir il faille éc
1100
e pour écrire16. De tous les prétextes que l’on a
pu
avancer pour légitimer l’activité littéraire, le plus satisfaisant, c
1101
es douloureuses ou grossières de tous ceux qui ne
peuvent
ou ne veulent y voir que révoltes contre leurs morales, ou menaces po
1102
e le plus certain par lequel ces « quelques-uns »
peuvent
encore se reconnaître. Quand bien même elle n’aurait plus d’autre exc
1103
culeuses. Voici donc les seules révélations que
j’
attende de la littérature : que celle des autres m’aide à prendre cons
1104
’attende de la littérature : que celle des autres
m’
aide à prendre conscience de moi-même ; que la mienne m’aide à découvr
1105
à prendre conscience de moi-même ; que la mienne
m’
aide à découvrir quelques êtres par le monde… Il ne s’agit plus de mép
1106
onde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration.
J’
ai défini une « maladie » dont je parviens à tirer quelque bien pour m
1107
ni d’adoration. J’ai défini une « maladie » dont
je
parviens à tirer quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’el
1108
adie » dont je parviens à tirer quelque bien pour
ma
vie. Le jour où les soins qu’elle exige me coûteront des sacrifices p
1109
n pour ma vie. Le jour où les soins qu’elle exige
me
coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j’en escom
1110
des sacrifices plus grands que les bienfaits que
j’
en escompte, il sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
1111
escompte, il sera temps de songer sérieusement à
m’
en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
1112
temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous
me
demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je serais tenté de v
1113
m’en guérir. Vous me demanderez « alors » ce que
j’
attends de ma vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathi
1114
Vous me demanderez « alors » ce que j’attends de
ma
vie. Je serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe
1115
demanderez « alors » ce que j’attends de ma vie.
Je
serais tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault
1116
ès belle histoire ». (Et vous verriez à quoi cela
peut
servir, une citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie me pren
1117
citation.) Mais non, cher ami, voici qu’une envie
me
prend de vous conter un peu cette histoire. Seulement, allons ailleur
1118
ur. 15. Variante : des puissances d’action. 16.
J’
en vois certains qui arrangent leur vie de telle sorte que leurs mémoi
1119
rement et pour elle-même. Nous regrettons de n’en
pouvoir
citer, faute de place, que ces quelques phrases de Drieu : « On voit
1120
e l’autre, on se scandalise des « énormités » qui
peuvent
échapper à un jeune homme moins grave et qui manifeste franchement sa
1121
pe pas. Deux ou trois mots, on s’est compris. Que
pouvions
-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découvertes qui nous consolè
1122
danseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait
pu
être… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une fem
1123
une étrangère dont on rêve à 15 ans ; et voici ce
je
ne sais quoi, ce délice furtif, ce que l’auteur lui-même appelle « ce
1124
ire, intermittente, un peu émiettée, éventée, que
je
trouve dans une ancienne réalité ressuscitée… » Sachons gré à M. Vaud
1125
œuvre, qui est peut-être plus vraie que le vrai,
je
veux dire, plus rilkienne que ne fut Rilke. Rilke y apparaît comme un
1126
u nom d’une science ou au nom de l’esprit. « Pour
moi
qui aime plus que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis R
1127
us que tout la poésie, écrit Jaloux, aussitôt que
je
vis Rilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un o
1128
poésie, écrit Jaloux, aussitôt que je vis Rilke,
je
compris que cet univers dont je rêvais n’était pas un objet de songe
1129
que je vis Rilke, je compris que cet univers dont
je
rêvais n’était pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une te
1130
is d’expérience ». Mais une telle « expérience »,
je
crois, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somm
1131
ce ». Mais une telle « expérience », je crois, ne
peut
être sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile : par
1132
« fatale », « si arbitraire et si facultative »,
je
me dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette
1133
fatale », « si arbitraire et si facultative », je
me
dis qu’il n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette att
1134
ciles mais cela même ne manque pas de naturel… On
peut
regretter que ce livre ne réalise pas une synthèse plus organique du
1135
On a trop dit que notre époque est chaotique.
Je
crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu de période où
1136
. Il répugne à admettre qu’une époque entière ait
pu
se tromper, et se tromper mortellement. Il suffit pourtant de regarde
1137
’en croire nos yeux. I. L’homme qui a réussi
Je
prends Henry Ford comme un symbole du monde moderne, et le meilleur,
1138
en lui son incarnation la plus parfaite. Qu’on ne
m’
accuse donc pas de caricaturer l’objet de ma critique pour faciliter l
1139
on ne m’accuse donc pas de caricaturer l’objet de
ma
critique pour faciliter l’accusation : je prends pour la juger ce que
1140
bjet de ma critique pour faciliter l’accusation :
je
prends pour la juger ce que l’époque m’offre de mieux réussi. Voici l
1141
usation : je prends pour la juger ce que l’époque
m’
offre de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte da
1142
Voici la vie de Ford, telle qu’il la raconte dans
Ma
vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à joue
1143
ie de Ford, telle qu’il la raconte dans Ma vie et
mon
œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe son enfance à jouer avec des
1144
outière. « Depuis l’instant où, enfant de 12 ans,
j’
aperçus cette machine de route, jusqu’au jour présent, ma grande et co
1145
us cette machine de route, jusqu’au jour présent,
ma
grande et constante ambition a été de construire une bonne machine ro
1146
le progrès de sa production, d’année en année. On
pourrait
ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’il possède, ou plutôt q
1147
dustriel du monde ; le plus riche, au point qu’il
peut
parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus parfait aussi. S
1148
lutte des classes. Il se dégage de la lecture de
Ma
vie et mon œuvre une impression de netteté, de solidité, de propreté.
1149
classes. Il se dégage de la lecture de Ma vie et
mon
œuvre une impression de netteté, de solidité, de propreté. Si l’on aj
1150
nry Ford et des livres qui les répandent. L’on ne
pourra
qu’y applaudir, semble-t-il, en souhaitant que les industriels europé
1151
Mais à quoi ? C’est la plus grave question qu’on
puisse
poser à notre temps. II. M. Ford a ses idées, ou la philosophie de
1152
netteté et cette décision qu’une passion contenue
peut
donner à l’homme d’action. Enfin, le voici en mesure de produire des
1153
re des quantités énormes d’autos. Seulement, pour
pouvoir
continuer, il faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut
1154
la répétition, on fait croire aux gens qu’ils ne
peuvent
plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. La passion de F
1155
utilité publique. À chaque page de ses livres, on
pourrait
relever les sophismes plus ou moins conscients par lesquels il préten
1156
t. La tromperie est préméditée. Et le scandale, à
mon
sens, n’est pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le cli
1157
la va bien plus profond, cette tromperie-là. Elle
peut
amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain, par
1158
comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie. Il ne
peut
voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford relâche le
1159
réer de besoins et de loisirs. Or, l’industrie ne
peut
subsister qu’en progressant. Mais la nature humaine a des limites. Et
1160
t le temps approche où elles seront atteintes. On
peut
se demander jusqu’à quel point Ford est conscient des buts et de l’av
1161
cient des buts et de l’avenir de son effort. Pour
mon
compte, je crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir u
1162
ts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte,
je
crois que l’idée fixe de produire peut très bien envahir un cerveau m
1163
mon compte, je crois que l’idée fixe de produire
peut
très bien envahir un cerveau moderne au point d’en exclure toute cons
1164
soins. » — Ford se moque de la philosophie. Il ne
peut
empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’est au pl
1165
rs, voici des déclarations plus nettes encore : «
Je
ne considère pas les machines Ford simplement comme des machines. J’y
1166
les machines Ford simplement comme des machines.
J’
y vois la réalisation concrète d’une théorie qui tend à faire de ce mo
1167
e salut par l’auto. Philosophie réclame. « Ce que
j’
ai à cœur, aujourd’hui, c’est de démontrer que les idées mises en prat
1168
ale aux plus grands esprits de tous les temps. On
me
dira que Ford a mieux à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si
1169
dira que Ford a mieux à faire que de philosopher.
Je
le veux. Mais si j’insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souli
1170
x à faire que de philosopher. Je le veux. Mais si
j’
insiste un peu sur ses « idées », c’est pour souligner ce hiatus étran
1171
pour souligner ce hiatus étrange : l’homme qu’on
pourrait
appeler le plus actif du monde, l’un de ceux qui influent le plus sur
1172
ourgeoisie moderne c’est de croire que les choses
pourront
aller ainsi longtemps encore. On se refuse à l’idée d’une catastrophe
1173
plus difficile et la plus grave : celle qu’on ne
peut
faire qu’au nom de l’Esprit et de ses exigences. Mais le « rien de no
1174
ela ratait, on gardait toutes les autres chances.
J’
accorderai que le progrès matériel n’est pas mauvais en soi. Mais par
1175
rit. C’est déjà un fait d’expérience. Et qui n’en
pourrait
citer un exemple individuel ? Nous savons assez en quel mépris l’homm
1176
t ira bien. (On pense que les formes de la morale
peuvent
exister sans leur substance religieuse.) L’homme moderne manie les ch
1177
ns religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne
peut
plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribuer sa vér
1178
que a révélé des exigences telles que l’Esprit ne
peut
les supporter. Il abandonne donc la place, mais c’est pourtant lui se
1179
ésirer. 2° Accepter l’esprit, et ses conditions.
Je
dis que les êtres encore doués de quelque sensibilité spirituelle dev
1180
re grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on
pourrait
appeler les classes privilégiées de l’esprit : fortunes oisives ou mi
1181
is possible de ce côté. Mais du nôtre ? « Vous ne
pouvez
servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂ Je ne pense pas qu’une at
1182
ouvez servir Dieu et Mammon », dit l’Écriture. ⁂
Je
ne pense pas qu’une attitude réactionnaire qui consisterait à vouloir
1183
es termes avec netteté et courage. Pour le reste,
je
pense que c’est une question de foi. 1. Une enquête faite à Genève
1184
que les livres les plus lus du grand public sont
Ma
vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément Vau
1185
ivres les plus lus du grand public sont Ma vie et
mon
œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans l
1186
grand public sont Ma vie et mon œuvre, de Ford et
Mon
curé chez les riches, de Clément Vautel. Dans les pays de langue alle
1187
s est encore plus grand, et de meilleure qualité.
Je
ne parle pas de l’Amérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford,
1188
mérique. 2. Victor Cambon, préface à Henry Ford,
Ma
vie et mon œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembr
1189
2. Victor Cambon, préface à Henry Ford, Ma vie et
mon
œuvre, Paris, Payot, 1925. 3. L’Illustration, 20 novembre 1926. 4.
1190
À Pierre Jeanneret et à son étoile nervalienne.
Je
vins à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dan
1191
assez de passants pour qu’on la sentît déserte ne
me
proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser de c
1192
cuser de cette duperie, qui rendre responsable de
ma
déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car je professe qu’un d
1193
ndre responsable de ma déception, sinon moi-même,
me
dis-je bientôt. Car je professe qu’un désir vraiment pur parvient tou
1194
sponsable de ma déception, sinon moi-même, me dis-
je
bientôt. Car je professe qu’un désir vraiment pur parvient toujours à
1195
déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt. Car
je
professe qu’un désir vraiment pur parvient toujours à créer son objet
1196
es. Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que
j’
avais d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compr
1197
rtaine idée que j’avais d’un romantisme viennois,
je
fus conduit, par une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’o
1198
à l’Opéra où l’on donnait les Contes d’Hoffmann.
Je
comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon esprit Vienne et
1199
e comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans
mon
esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir de Gérard de Nerval.
1200
n : c’était le souvenir de Gérard de Nerval. Mais
je
pense que je n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque
1201
e souvenir de Gérard de Nerval. Mais je pense que
je
n’avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis da
1202
s même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque
je
m’assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouv
1203
ême pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je
m’
assis dans l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de me trouver
1204
s l’ombre du théâtre, en retard, un peu ennuyé de
me
trouver à côté d’une place vide : la jolie femme qu’on attend dans ce
1205
ces, une fois de plus manquait le rendez-vous que
j’
avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’e
1206
. Mais le thème de la Barcarolle s’empare de tout
mon
être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanfare milit
1207
t patriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi
je
m’abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cett
1208
atriotes au son d’une fanfare militaire, ainsi je
m’
abandonne au rêve d’un monde que suscite en moi seul peut-être cette p
1209
je m’abandonne au rêve d’un monde que suscite en
moi
seul peut-être cette plainte heureuse des violons. Le diable sort des
1210
aturelle. Et tout cela chanté dans une langue que
je
comprends mal. Je me penche vers un voisin pour lui demander je ne sa
1211
cela chanté dans une langue que je comprends mal.
Je
me penche vers un voisin pour lui demander je ne sais plus quoi. Mais
1212
a chanté dans une langue que je comprends mal. Je
me
penche vers un voisin pour lui demander je ne sais plus quoi. Mais sa
1213
al. Je me penche vers un voisin pour lui demander
je
ne sais plus quoi. Mais sans doute évadé dans son rêve, beaucoup plus
1214
doute évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que
moi
, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre.
1215
rêve, beaucoup plus loin que moi, il n’entend pas
ma
question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abando
1216
oin que moi, il n’entend pas ma question. L’envie
me
prend d’aller le rejoindre. Me voici tout abandonné à l’évocation d’u
1217
question. L’envie me prend d’aller le rejoindre.
Me
voici tout abandonné à l’évocation d’un amour tragiquement mêlé à des
1218
orme blanche, sous un brusque faisceau de lumière
m’
apparaît avec le visage même de mon amour. Je me sens voluptueusement
1219
ceau de lumière m’apparaît avec le visage même de
mon
amour. Je me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir,
1220
ière m’apparaît avec le visage même de mon amour.
Je
me sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de
1221
e m’apparaît avec le visage même de mon amour. Je
me
sens voluptueusement perdre pied. Vertige de te revoir, vertige de te
1222
’est toi, parce que c’est bien toi de nouveau qui
m’
appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose singulière, prononce
1223
est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas
me
quitter… — C’est une chose singulière, prononce une voix, à côté de m
1224
ne chose singulière, prononce une voix, à côté de
moi
, c’est une chose singulière que le pouvoir de cette musique. Voici qu
1225
à côté de moi, c’est une chose singulière que le
pouvoir
de cette musique. Voici que vous êtes tout près de comprendre… Mon vo
1226
que. Voici que vous êtes tout près de comprendre…
Mon
voisin avait parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Co
1227
aut ; personne pourtant ne se détournait. Comment
pouvais
-je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul
1228
rsonne pourtant ne se détournait. Comment pouvais-
je
être le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vo
1229
vais-je être le seul à l’avoir entendu ? — C’est,
me
répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres vérit
1230
des êtres véritables. Nous nous rencontrons. Vous
me
voyez parce que vous comprenez certaines choses par votre souffrance…
1231
scène, un reflet balaya le parterre, le visage de
mon
voisin m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que
1232
eflet balaya le parterre, le visage de mon voisin
m’
apparut, pâle dans son collier de barbe noire. Je sentis que je l’avai
1233
m’apparut, pâle dans son collier de barbe noire.
Je
sentis que je l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre,
1234
le dans son collier de barbe noire. Je sentis que
je
l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1
1235
leu sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur,
pouvait
passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa per
1236
s toute sa personne rien de positivement démodé ;
je
n’eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’aille
1237
ue ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où
m’
avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir e
1238
ù m’avait jeté la première reconnaissance empêcha
ma
raison d’intervenir entre la réalité de ma vision et mon cerveau pris
1239
mpêcha ma raison d’intervenir entre la réalité de
ma
vision et mon cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d
1240
son d’intervenir entre la réalité de ma vision et
mon
cerveau pris au défaut de sa carapace de principes et d’évidences opa
1241
es. Nous sortîmes de l’Opéra, Gérard de Nerval et
moi
, sans nous être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent d
1242
ameux homard enrubanné. « Cela vexe les Viennois,
me
dit-il, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits
1243
is, me dit-il, parce qu’ils y voient une façon de
me
moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’en suis pas fâché. » Il
1244
açon de me moquer de leurs petits chiens musclés…
Je
n’en suis pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des je
1245
p s’amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis-
je
, songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répondit Gérard, malgré les
1246
eur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que
je
comprends assez bien, ajouta-t-il, mais pour d’autres raisons qu’eux,
1247
nature et par attitude, des gens fatigués. — Pour
moi
, dit Gérard, je situe l’amour dans un monde où la question fidélité o
1248
itude, des gens fatigués. — Pour moi, dit Gérard,
je
situe l’amour dans un monde où la question fidélité ou inconstance ne
1249
té ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez,
je
n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais
1250
deux attributs différents. Toutes les femmes qui
m’
ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour, c’
1251
qu’elles évoquaient cet amour, c’était parce que
je
découvrais en elles de secrètes ressemblances, qui pour d’autres para
1252
lle n’était qu’un regard, un certain regard, mais
j’
ai su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela
1253
’est cela seul qui donna un sens au monde. — Mais
je
bavarde, je philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile p
1254
ul qui donna un sens au monde. — Mais je bavarde,
je
philosophe, et vous allez me dire que c’est trop facile pour un homme
1255
. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous allez
me
dire que c’est trop facile pour un homme retiré du monde depuis si lo
1256
vrons-nous plutôt à une petite malice dont l’idée
me
vient à la vue de cette vendeuse de fleurs. C’était la petite bossue
1257
héo nommaient « biondo et grassotto », et qu’avec
mes
amis nous devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers
1258
t que de prendre des femmes au hasard, disait-il.
Je
sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins, m
1259
nous allons nous ennuyer terriblement. Du moins,
moi
. Pour vous, c’est différent, vous êtes moderne, vous vous contentez p
1260
ux de plaisir — autre façon de parler. On dit que
j’
ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure quali
1261
chercher ici avec le premier être venu. — Certes,
je
comprends que l’Europe est en décadence quand je la regarde s’amuser.
1262
je comprends que l’Europe est en décadence quand
je
la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances se
1263
pe est en décadence quand je la regarde s’amuser.
Je
vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spontanées du
1264
s grossièrement que des barbares, ils s’imaginent
pouvoir
faire une place dans leur vie aux “divertissements” entre 10 heures d
1265
be mauve, avec tant de gravité et de détachement.
Je
viens souvent la regarder, à cause de la noblesse de sa danse. Je la
1266
la regarder, à cause de la noblesse de sa danse.
Je
la nomme Clarissa, parce que cela lui va. Mais comme c’est odieux qu’
1267
qu’avec un sentiment religieux de la beauté. Mais
je
crois que l’Orient est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bu
1268
mbre de cette ville illusoire est la plus douce à
mes
vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes filets dans l’eau des
1269
us douce à mes vagabondages sans but. Vous savez,
je
lance mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des
1270
à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance
mes
filets dans l’eau des nuits, et quelquefois j’en ramène des animaux a
1271
e mes filets dans l’eau des nuits, et quelquefois
j’
en ramène des animaux aux yeux bizarres où je sais lire les signes. »
1272
fois j’en ramène des animaux aux yeux bizarres où
je
sais lire les signes. » Comme je ne répondais rien : « Avez-vous somm
1273
yeux bizarres où je sais lire les signes. » Comme
je
ne répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ai
1274
ondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-il.
Moi
pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et
1275
-vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs
j’
ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soi
1276
l ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié
mes
clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait
1277
erait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers
moi
il prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque
1278
il prononça : « La nuit sera noire et blanche. »
Je
ressentis quelque émotion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Ensuite,
1279
motion à l’ouïe de cette phrase célèbre. Ensuite,
je
pensai qu’il arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la pr
1280
ctavie du golfe de Marseille, ou bien plutôt, par
je
ne sais quelle erreur d’images, — ce serait la gravité énigmatique d’
1281
rai drame de son destin est ailleurs. Il se met à
m’
expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui commencent à
1282
l leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il
m’
enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne, nou
1283
sme et son exaltation. Il semble se rapprocher de
moi
. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour n
1284
on exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il
me
raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos sava
1285
u’il y a sous le soleil, et même ailleurs. Croyez-
moi
, ce qu’il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui ti
1286
e à chaque instant, le homard se réveilla. Gérard
m’
expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerve
1287
nt d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi,
je
me balançais d’un pied sur l’autre dans de la neige fondante, tout en
1288
d’un œil las, trop las pour s’étonner. Transi, je
me
balançais d’un pied sur l’autre dans de la neige fondante, tout en cr
1289
nt pour des baise-mains silencieux et mécaniques.
Je
reconnus des princes aux faces maigres qui ressemblaient terriblement
1290
ré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée,
je
m’aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordinairement sil
1291
: Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je
m’
aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordinairement silenc
1292
. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que
j’
étais seul. Une dernière auto, extraordinairement silencieuse, absolum
1293
t silencieuse, absolument silencieuse fila devant
moi
; je reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rid
1294
ncieuse, absolument silencieuse fila devant moi ;
je
reconnus la voiture de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux
1295
matin, des triporteurs passèrent à toute vitesse,
m’
éclaboussant de neige et de titres dépourvus de sens. Je dormais debou
1296
boussant de neige et de titres dépourvus de sens.
Je
dormais debout. 10. Quelque chose comme « pâtisserie-crème fouettée
1297
logue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ?
J’
allais oublier que la littérature enfantine est le dernier bateau. Pou
1298
est le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne
m’
empêchera pas d’y monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo so
1299
ffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord,
je
soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar. Rougemont
1300
seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à
mes
yeux, de considération. J’admire autant le talent de celui qui mène 6
1301
i le rendrait digne à mes yeux, de considération.
J’
admire autant le talent de celui qui mène 60 parties d’échecs simultan
1302
arties d’échecs simultanément, et c’est naturel :
je
m’en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne
1303
ies d’échecs simultanément, et c’est naturel : je
m’
en avoue plus éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible. Je ne de
1304
et c’est naturel : je m’en avoue plus éloigné et
m’
en sais plus dépourvu si possible. Je ne demande aux écrivains que des
1305
s éloigné et m’en sais plus dépourvu si possible.
Je
ne demande aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’ils les fa
1306
ait vraiment donné quelque chose. C’est pourquoi
j’
ai lu ce livre, malgré son premier chapitre, variation sur un mot bien
1307
itte à renaître heureusement) sur des gens qui ne
m’
intéressent pas ou bien qui ne sont pas atteints par ces épithètes drô
1308
es chefs (c’est lui qui parle au nom de l’auteur,
je
pense) : « Il me semble que je lutte contre l’absurde humain, en fais
1309
ui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : « Il
me
semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fai
1310
u nom de l’auteur, je pense) : « Il me semble que
je
lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je fais ici… » L’éva
1311
lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que
je
fais ici… » L’évasion dans l’action — révolutionnaire ou autre — rêvé
1312
ner. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a
pu
, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mai
1313
lables mythomanes. Le cas méritait d’être exposé.
Je
regrette seulement que Daniel-Rops se soit borné à une courte nouvell
1314
l’insolence d’une psychologie qui rabaisse tout,
peut
conduire à préférer un mensonge qui n’est, hélas, qu’une déformation
1315
impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne
peuvent
donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en tombe d’
1316
e : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un
moi
qui feint toujours de se cacher derrière le feuillet suivant, entraîn
1317
ne pas exister. Non : il a remarqué que l’époque
peut
être définie par l’abondance des autobiographies, mais aussi bien par
1318
n installe un sur sa table de travail, de façon à
pouvoir
s’y surprendre à tout instant. Cet exercice — essayez ! — ne tarde pa
1319
tion et n’y trouve que le désir d’une révélation.
Peut
-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette inca
1320
l n’y a plus que cette incantation à soi-même qui
pourrait
lui rendre la certitude d’être. Mais il s’épuise dans une perspective
1321
nuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit.
Je
saute quelques délires et pas mal de superstitions. Enfin cette expér
1322
leur réponse, il répète à plusieurs reprises : «
Je
ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu pl
1323
répète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas :
je
suis !… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut u
1324
lusieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !…
Je
ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de g
1325
Je ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais
je
suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes
1326
Stéphane rendu à la santé écrivait : « Ton visage
me
cache tous les miroirs » — à une femme qu’il aimait. n. Rougemont
1327
Sherwood Anderson,
Mon
père et moi et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se se
1328
Sherwood Anderson, Mon père et
moi
et Je suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé e
1329
Sherwood Anderson, Mon père et moi et
Je
suis un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé et légè
1330
ndre d’un air connaisseur que c’est bien composé.
J’
avoue prendre cette autobiographie tellement au sérieux que j’ai été b
1331
dre cette autobiographie tellement au sérieux que
j’
ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un h
1332
doucement comique, si émouvant : « À cette époque
je
croyais fortement en l’existence d’une espèce de secrète et à peu prè
1333
gosses à laquelle nous nous livrons, voilà tout,
moi
et les autres”, me disais-je parfois, et il y avait des moments où j’
1334
ous nous livrons, voilà tout, moi et les autres”,
me
disais-je parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à
1335
ivrons, voilà tout, moi et les autres”, me disais-
je
parfois, et il y avait des moments où j’arrivais presque à me convain
1336
e disais-je parfois, et il y avait des moments où
j’
arrivais presque à me convaincre que si je m’approchais tout à coup pa
1337
et il y avait des moments où j’arrivais presque à
me
convaincre que si je m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme
1338
ents où j’arrivais presque à me convaincre que si
je
m’approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelc
1339
s où j’arrivais presque à me convaincre que si je
m’
approchais tout à coup par-derrière d’un homme ou d’une femme quelconq
1340
sais “houu !” il ou elle se secouerait enfin, que
moi
aussi je me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras
1341
!” il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi
je
me secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous e
1342
il ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je
me
secouerais, et que nous nous en irions bras dessus, bras dessous en r
1343
a contribué davantage que n’importe quel autre de
mon
temps à faire aboutir la standardization à sa fin logique, ne pourrai
1344
e aboutir la standardization à sa fin logique, ne
pourrait
-il pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Re
1345
ont Denis de, « [Compte rendu] Sherwood Anderson,
Mon
père et moi et Je suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue
1346
, « [Compte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et
moi
et Je suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
1347
mpte rendu] Sherwood Anderson, Mon père et moi et
Je
suis un homme », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève
1348
e où la poésie est compréhensible et légitime. 4.
Je
suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une m
1349
réhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid,
je
dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystique. Mais parce que
1350
est essentiellement une mystique. Mais parce que
je
suis de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se com
1351
e mystique. Mais parce que je suis de sang-froid,
je
ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend bien qu’entre jeu
1352
poète (au sens le plus large de ces mots.) (Mais
je
tiens à le leur dire ici : les anciens bellettriens qui ont perdu tou
1353
sez pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi
je
me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux pe
1354
pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je
me
bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petit
1355
tion publique deux petits livres1 excellents dont
je
considère les thèses comme acquises : L’Éloge de l’ignorance, de M. A
1356
gnement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges.
Mon
dessein est assez différent, moins philosophique et point du tout tec
1357
, moins philosophique et point du tout technique.
J’
apporte un témoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marqu
1358
émoignage personnel, une réaction de tempérament.
Je
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liais
1359
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui
me
blesse, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
1360
fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
ma
liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je
1361
doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément,
je
ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste
1362
e à elle prolonge abusivement sa terne existence.
Je
l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment tou
1363
e pareils souvenirs légitiment toutes les haines.
Je
serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce pe
1364
nt toutes les haines. Je serai méchant, parce que
j’
en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à r
1365
gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne
peut
servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je co
1366
— Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel
je
compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le
1367
tient des idées qui ne rapportent rien. En effet,
je
ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
1368
ffet, je ne représente aucun parti, aucune firme.
Je
ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma
1369
parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
Je
ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas l
1370
ersonne. Je ne prétends pas même parler au nom de
ma
génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
1371
tends pas même parler au nom de ma génération, ne
m’
étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
1372
ant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
pu
, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’
1373
enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
me
donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à g
1374
gueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant
je
sais qu’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le p
1375
ond miraculeusement, gémir n’est pas un argument.
Je
demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans condition
1376
s un argument. Je demande le droit de démolir. Et
me
l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer u
1377
molir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions.
Mon
rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me conten
1378
est pas de proposer une nouvelle forme politique.
Je
me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
1379
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je
me
contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe es
1380
rme politique. Je me contente de vitupérer ce que
je
vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si
1381
s capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais
j’
aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et org
1382
se ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que
je
dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui
1383
s, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car
j’
ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en dou
1384
signalent bien souvent nos tolérants par inertie,
je
ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
1385
uvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais
je
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les class
1386
nt nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je
m’
attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer
1387
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et
je
tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler
1388
à les classer par avance en deux catégories dont
je
vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me r
1389
compte sommairement. Cela n’empêchera personne de
me
resservir ces arguments, bien que dûment prévus et réduits à néant ic
1390
réduits à néant ici même ; mais — gain de temps —
je
n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du
1391
ettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne
peut
pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont
1392
es qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
Je
leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces f
1393
croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne
peuvent
me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vert
1394
aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent
me
dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vertu m
1395
dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne
peuvent
, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformatrice des
1396
ticisme quant à la valeur réformatrice des idées,
m’
accuser de faire une critique dangereuse. 3° que néanmoins je crois à
1397
e faire une critique dangereuse. 3° que néanmoins
je
crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découvert
1398
° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le
peut
efficacement. 2° Rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type :
1399
tolérante qui se livrent à ces excès de langage,
je
les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du p
1400
langage, je les renvoie en corps au chapitre 5 où
je
traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question
1401
ù je traiterai de cet aspect du problème que l’on
peut
appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute leur f
1402
la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour
moi
qui cherche à démêler la vérité sans égard aux dérangements, même vio
1403
violents, que cela ne manque jamais de provoquer,
je
me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droi
1404
lents, que cela ne manque jamais de provoquer, je
me
propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ;
1405
classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi
je
considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations act
1406
lles, puis au terme de ce recensement lamentable,
je
poserai la question de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bo
1407
oir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens
peuvent
être légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je n
1408
par le but final de notre institution-tabou. 1.
Je
ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques.
1409
1.
Mes
prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs
1410
pissier par le prix du mètre courant. Encore que
je
prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
1411
ents trop au sérieux pour faire ici du sentiment,
je
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bie
1412
grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs.
Je
revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile m
1413
dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent
mon
enfance : les séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce ma
1414
règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour,
je
pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
1415
tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
j’
avais appris à lire, en cachette, avec une sœur aînée. L’année suivant
1416
chette, avec une sœur aînée. L’année suivante, on
me
mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agréabl
1417
e c’est la loi. La première classe fut agréable :
j’
alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusemen
1418
fut agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à
je
ne sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en t
1419
’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi,
j’
étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui
1420
urs bâtons en rêvant à leur manière. Un jour cela
m’
ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après sy
1421
eur manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire,
je
ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements de
1422
déchiffraient les premières phrases exemplaires. (
J’
aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
1423
lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
mon
tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproche
1424
fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour,
je
savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproches acides,
1425
n tour, je savais rarement où l’on en était. Cela
m’
attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacrée : « Il
1426
bles exemples cet axiome qui devint la formule de
mes
premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait su
1427
douleurs morales. Après six ans de ce régime, on
m’
avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléi
1428
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que
je
ne montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rentr
1429
e velléité d’originalité. Mais pour être rentrée,
ma
colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, ver
1430
ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école
me
rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse
1431
une importance.) Quant à l’autre « évidence » que
je
viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterm
1432
ant à l’autre « évidence » que je viens de citer,
je
découvris un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre mal
1433
ntient la cause déterminante de notre malaise. Il
me
fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette
1434
notre malaise. Il me fallut un certain temps pour
m’
habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir cra
1435
ut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
Je
tenais cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des déco
1436
uer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais
m’
en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop d
1437
eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin
j’
ouvris, c’est-à-dire que je me posai la question : est-ce vrai que tou
1438
itudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que
je
me posai la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être é
1439
des apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je
me
posai la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être égau
1440
onquêtes. C’était découvrir notre asservissement.
Je
songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçai
1441
issèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il
pût
se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts d
1442
de la relativité des décrets humains. Le prix de
mes
souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels p
1443
rmisme indispensable aux « immortels principes ».
Je
n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
1444
suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
je
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde déco
1445
ris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut
ma
seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement
1446
r est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne
pouvions
nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nou
1447
exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais
moi
, j’avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois mat
1448
érait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi,
j’
avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérie
1449
délivré, en supporter longtemps encore l’action.
Je
n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit
1450
vissement de l’esprit et ces mythes stériles, que
je
les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les
1451
ythes stériles, que je les rendis responsables de
ma
perte de contact avec les réalités les plus élémentaires de la vie.
1452
2. Description du monstre Le service militaire
me
permit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’y retrouvai auss
1453
ermit de retrouver quelques-unes de ces réalités.
J’
y retrouvai aussi plusieurs têtes connues d’anciens camarades d’école
1454
ernité véritable. Mais c’est en caserne aussi que
je
devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et po
1455
ne question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que
je
vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de
1456
ans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-
je
envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par
1457
envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme
peut
être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépr
1458
ensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais
je
n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me p
1459
aysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de
m’
échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’o
1460
plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on
me
poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que
1461
chauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu,
je
crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs ga
1462
ilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que
je
m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causen
1463
ment. Si l’on me poussait un peu, je crois que je
m’
oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent a
1464
i signent des manifestes en mauvais français — et
je
ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. Au vill
1465
que c’est là son affaire : Monsieur en un mot est
M’
sieu l’Instituteur. Signes particuliers : cheveux longs, regard profon
1466
s posthumes : l’artiste photographe et le régent.
J’
ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédago
1467
s témoigne de la même maladresse professionnelle.
J’
en connaissais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de
1468
e dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : «
J’
ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vo
1469
ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de
ma
section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l
1470
bien su mater les quarante hommes de ma section,
je
saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignemen
1471
, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi
peut
mener l’enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point le
1472
les mouches ? (Le verre en était toujours jaune.)
Je
n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils
1473
que certaines autres maladies dites « sociales ».
Je
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décr
1474
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant
je
ne veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes,
1475
rridors et les habits des écoliers empeste encore
mes
souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’éta
1476
que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle
peut
bien être la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’
1477
3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de
ma
rancune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ai entrepris d
1478
cune, à seule fin de montrer pour quelles raisons
j’
ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera
1479
epris de combattre l’instruction publique — on ne
me
contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnell
1480
on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles
me
sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignag
1481
n témoignage, ni plus ni moins — il est temps que
je
fasse passer un petit examen aux principes de cette institution passi
1482
ssée : mais celles-là sont les plus vives. Enfin,
je
tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que
1483
plus vives. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici
je
ne cherche point l’équité. Pas plus que vous qui défendez de parti pr
1484
s plus que vous qui défendez de parti pris ce que
j’
attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujo
1485
pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or
je
ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bour
1486
ordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise.
Je
tiens le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la
1487
que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud.
Je
me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruct
1488
déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je
me
bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruction
1489
justement par cette psychologie de l’enfant dont
je
disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qu
1490
utes les particularités, toutes les « prises » où
pourrait
s’accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce
1491
s de deux que de mille, dit un sage oriental dont
j’
ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut
1492
. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne
peut
laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils appre
1493
aît que cela facilite le travail du maître. Il se
peut
. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de
1494
ut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail.
Je
doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on d
1495
le est comprise par les instituteurs — et elle ne
peut
être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste
1496
ue notre peuple met dans cette expression !) Pour
moi
ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est un
1497
uple met dans cette expression !) Pour moi ce que
je
retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse v
1498
n !) Pour moi ce que je retire de plus évident de
mon
expérience scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’eût pa
1499
scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens
m’
eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible ta
1500
e possible tant que la loi est la même pour tous.
Je
ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
1501
ole est autre ; il est même tout contraire. On ne
peut
pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais
1502
out de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on
peut
s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là
1503
ie. Il y a là une préméditation de médiocrité que
je
ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a
1504
là une préméditation de médiocrité que je ne puis
m’
empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons poi
1505
es bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez-
moi
tous ces petits phonographes…ographes…graphes…graphes… Enfoncés, les
1506
e d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne
peut
être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’object
1507
’avantage des gens en place, vieille histoire. On
m’
objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par d’
1508
ces brillants météores ne troublent pas beaucoup
ma
superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasi
1509
tion publique qu’ils ont subies. Le dilemme
J’
ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident q
1510
cident qu’accidentellement avec ceux du bon sens.
Je
m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serai
1511
ent qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je
m’
en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait f
1512
entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement,
j’
en conviens.) On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travai
1513
peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu
ma
colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’e
1514
e mettra à marcher dans le couloir en s’écriant :
je
marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je si
1515
er dans le couloir en s’écriant : je marche, ou :
j’
arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisiè
1516
’arpente ; un autre restera assis, en affirmant :
je
siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au
1517
je siège ; un troisième lèvera la main, et dira :
je
lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à crai
1518
la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant :
je
sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à
1519
graves, parce qu’elles sont comiques précisément.
Je
ferai à l’école nouvelle un reproche d’une autre nature. Elle prétend
1520
ces mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant »
peut
être la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalit
1521
de réaction vive de la part des écoliers. Enfin,
je
n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’
1522
n enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants…
Je
reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifi
1523
ssés. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen.
Moi
je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereu
1524
. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi
je
voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereux.
1525
Or il paraît que c’est très dangereux. Néanmoins
je
soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui so
1526
vements des possibilités lointaines qui sont pour
me
plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jou
1527
plaire ; un grignotement du système officiel qui
pourrait
bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraîn
1528
qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et
je
vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait pe
1529
s une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité…
Je
songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont
1530
’humanité… Je songe à un enseignement sans école.
Je
songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement
1531
ui sait ?… En attendant, puisqu’il faut attendre,
je
salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur les principes de l’
1532
es joyeuses sont de vraies foires : ils ont toute
mon
amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus libremen
1533
de vraies foires : ils ont toute mon amitié. Cela
me
permet de leur faire remarquer d’autant plus librement qu’ils trahiss
1534
rie de petits démocrates conscients et organisés.
Je
crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper p
1535
plus longtemps à MM. les Inspecteurs des Écoles.
Je
le crains, dis-je ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malen
1536
MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis-
je
; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant es
1537
à cependant une possibilité pratique d’en sortir,
je
ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de r
1538
tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que
je
donne à ce mot.
1539
5. La machine à fabriquer des électeurs
Je
crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi
1540
à l’absurdité de fait de l’instruction publique.
Je
crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu
1541
e l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne
peut
réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il
1542
Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde.
Je
demande seulement qu’on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétu
1543
ut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on
m’
explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous é
1544
qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque.
J’
entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans
1545
y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne
me
conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets o
1546
s idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que
j’
ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à
1547
s, cette idée que j’ai l’honneur de partager avec
mes
adversaires se trouve correspondre à des faits patents et simples ; i
1548
tion publique est pratiquement irréalisable. Ici,
je
demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la
1549
e vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon
je
me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tel
1550
ouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je
me
verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tellem
1551
t pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut
pouvoir
lire, écrire et compter pour suivre la campagne électorale, voter et
1552
e satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes,
je
ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient eu
1553
eu pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et
je
les excuse pour autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a été
1554
u’ils faisaient — et je les excuse pour autant10.
Je
dis simplement ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle é
1555
utés pour célébrer les bienfaits sociaux, que dis-
je
, la valeur hautement moralisatrice de ces glapissants entonnoirs. D’
1556
on non moins flagrante, dans ses suites normales.
Je
n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notr
1557
s (si possible radicaux, en tout cas démocrates).
Je
me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œ
1558
si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je
me
souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œuvr
1559
ter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant
je
vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instru
1560
ques, voire aux besoins purement sentimentaux qui
peuvent
apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne pe
1561
es enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne
peut
pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiqu
1562
Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour
m’
ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime les tremblements de
1563
our m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
J’
aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à cette
1564
’aime les tremblements de terre, vous tombez mal.
J’
appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à leur sensibilit
1565
qu’aux idées des autres. Or, c’est une révolte de
ma
sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent
1566
tres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui
me
dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après
1567
e de ma sensibilité qui me dresse contre l’École.
Mes
arguments ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les dé
1568
qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous,
ma
rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définiti
1569
iez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime.
Je
lui donne raison par définition. Après tout, peu m’importent les idéo
1570
lui donne raison par définition. Après tout, peu
m’
importent les idéologies politiques, et peu m’importerait que l’École
1571
peu m’importent les idéologies politiques, et peu
m’
importerait que l’École soit une machine à fabriquer de la démocratie
1572
oit une machine à fabriquer de la démocratie — si
je
ne sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
1573
dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
je
tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement d
1574
valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout.
Ma
haine de la démocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je vie
1575
émocratie est l’aboutissement de l’évolution dont
je
viens de décrire la marche nécessaire11. On ne manquera pas d’insinue
1576
es douleurs de jeunes bourgeois. Essayer de venir
me
dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la
1577
eunes bourgeois. Essayer de venir me dire ça chez
moi
, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je part
1578
sayer de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas,
mes
agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écœura
1579
s, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où
je
participais de l’écœurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d’
1580
participais de l’écœurant optimisme bourgeois que
je
m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquem
1581
ticipais de l’écœurant optimisme bourgeois que je
m’
accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement
1582
âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce
peut
être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de révoluti
1583
ièges, ils comprendront le sens des images.) 9.
J’
emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens
1584
opposés coïncident en tant de points — voilà qui
m’
inquiéterait, à votre place.
1585
nous promet de tous côtés de belles catastrophes.
Je
suis de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C
1586
cliché, mais schématiques. Or l’École radicale ne
peut
pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre
1587
roduction. Le culte des valeurs désintéressées ne
peut
que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
1588
rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent.
Je
ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais j
1589
antitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas
me
poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux
1590
er ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais
je
m’adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières », et q
1591
ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je
m’
adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières », et qui
1592
s ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et
je
les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci
1593
». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez
mon
extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille étai
1594
mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec
moi
que la famille était encore un milieu naturel, donc normatif. Le coll
1595
Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable…
Je
crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver
1596
sse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on
m’
aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à o
1597
que exigent une organisation à outrance du monde,
je
répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un
1598
ardisation de toutes les mesquineries naturelles (
je
ne fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivé
1599
le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
je
ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux,
1600
s vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ?
J’
en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre
1601
éreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
j’
ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne
1602
-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que
mon
progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dan
1603
ri duquel on distille du radicalisme intégral. On
me
fera observer que beaucoup des servants de la machine sont socialiste
1604
cialistes : voilà qui ne change pas le rendement,
j’
imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès
1605
pprend les questions aussi bien que les réponses.
J’
avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la c
1606
uestions aussi bien que les réponses. J’avoue que
je
trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
1607
us allez feindre de trouver bien bonne celle-ci :
je
prétends que l’instruction publique est une puissance conservatrice.
1608
s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie
peut
se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre
1609
ratie peut se conserver des siècles encore… Or si
je
dis que l’École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste
1610
ser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier.
Je
distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
1611
our les jeux nouveaux que l’humanité de demain ne
peut
manquer d’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention provi
1612
l’humanité de demain ne peut manquer d’inventer.
Je
ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amou
1613
de demain ne peut manquer d’inventer. Je ne puis
m’
empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la des
1614
u passé. Mais la considération de régimes anciens
peut
nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès soci
1615
it est la jalousie rancie armée de pédantisme, et
je
ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habit
1616
rité des électeurs les considèrent comme tels. Et
je
ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la p
1617
es électeurs les considèrent comme tels. Et je ne
me
tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart
1618
els. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on
m’
aura fait remarquer que la plupart des intellectuels sont convertis de
1619
pposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous
m’
attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant,
1620
. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous
me
sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer
1621
nt et vous me sommez de dire comment, maintenant,
je
vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. A
1622
us me sommez de dire comment, maintenant, je vais
m’
y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-je
1623
éparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
je
la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui rés
1624
é non moins énorme d’esquisser ici la réponse que
je
lui réserve ? L’instruction publique est la forme la plus commune de
1625
complète, à un degré supérieur d’inconscience, si
je
puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
1626
sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
Je
crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès ve
1627
tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi
je
réclame l’expulsion de la congrégation radicale des instituteurs. On
1628
de la congrégation radicale des instituteurs. On
me
demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne prop
1629
ale des instituteurs. On me demande encore ce que
je
mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis,
1630
ncore ce que je mettrais à la place. Et parce que
je
ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais v
1631
e rien de bien précis, on triomphe grossièrement.
J’
aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il conce
1632
de Saint-Guy politique dont rien de leur temps ne
pouvait
offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette similit
1633
. Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que
j’
ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassure
1634
la ferme intention de vous faire rigoler, si cela
peut
vous rassurer quant à ma santé mentale.) La question est de savoir si
1635
faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à
ma
santé mentale.) La question est de savoir si nous serons des hommes d
1636
eule une grande vague de l’imagination collective
peut
désensabler le vieux bateau occidental. Un nouvel état d’esprit : voi
1637
intenant se constituent ces élites, et cela ne se
peut
que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’être,
1638
gré les mots14, des anarchistes et des utopistes.
J’
appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain
1639
espèce, un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que
j’
aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui
1640
(ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !…
Je
vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est to
1641
rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait
moi
! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre, ou cons
1642
Que faire, diront les gens de bonne volonté dont
mon
imagination romantique suppose l’existence. Que faire ? Voir et pense
1643
les effets suivront infailliblement. Par exemple,
je
vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Ro
1644
erce leur mépris pour l’instruction publique. Ils
peuvent
dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
1645
de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que
je
propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemb
1646
lisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on
peut
imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en a
1647
trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais
j’
en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possi
1648
ais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu :
je
ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une rév
1649
quel emploi utopique de l’organisation existante
peut
-on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage
1650
devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne
peut
plus lui donner : des modèles de pensée. Un entraînement de l’esprit,
1651
és. On croit devoir se défendre : on se moque. On
me
dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la
1652
nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes,
je
vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yog
1653
a. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que
je
m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes
1654
Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je
m’
en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les
1655
r une grande intensité avec un minimum de moyens.
J’
en citerai deux exemples : la discipline jésuite et le drill militaire
1656
uent des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle
peut
être poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, ex
1657
yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit.
Je
sais que ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comm
1658
leurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne
peuvent
pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralemen
1659
n l’applique généralement. Ces gens-là diront que
je
veux militariser l’enseignement ou transformer les collèges en couven
1660
stent cachées aux agités ; la nature par exemple.
Je
ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on n
1661
e le temps de la regarder. De faire connaissance.
Je
ne sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à poss
1662
avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant,
je
ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière.
1663
sse quelque chose comme l’instruction privée : et
moi
je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déj
1664
quelque chose comme l’instruction privée : et moi
je
la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà r
1665
ue saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne
peut
plus attaquer un fonctionnaire dans son activité publique sans que de
1666
e de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse.
Je
préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens
1667
mbre du conseil de paroisse. Je préciserai donc :
je
tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les institut
1668
rai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais
je
ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font b
1669
de toute destination religieuse particulière. On
peut
faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la gran
1670
ste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de
mes
attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre d
1671
pparaissent ici que pour impressionner le public.
Je
n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en e
1672
promet des confitures à l’enfant, s’il est sage.
Moi
je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1673
met des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi
je
m’en moque. Je n’aime que la liberté.
1674
des confitures à l’enfant, s’il est sage. Moi je
m’
en moque. Je n’aime que la liberté.
1675
res à l’enfant, s’il est sage. Moi je m’en moque.
Je
n’aime que la liberté.
1676
… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de
mon
amour écloses voyageuses ah ! que d’aucun retour vous ne laissiez le
1677
n retour vous ne laissiez le gage aux plaintes de
mon
cœur il est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de
1678
épété dans une ballade fameuse « Que voulez-vous,
je
suis bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques
1679
se « Que voulez-vous, je suis bourgeois ! », l’on
peut
se permettre quelques malices, quelques jeux d’esprit ou de méchancet
1680
omme réduite à deux dimensions ; la conscience ne
pouvait
y tuer un lyrisme quasi inexistant, mais bien y exciter un esprit cri
1681
disproportionnés avec son mérite ». Il ajoute : «
j’
ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairvoyance singuli
1682
ner très jeune, avec une clairvoyance singulière,
mes
propres limites, et j’ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C
1683
clairvoyance singulière, mes propres limites, et
j’
ai eu la sagesse de ne rien tenter au-delà ». C’est le comble de l’éco
1684
uffit à vous en donner la sensation : ce que vous
pourrez
voir durant le reste de votre séjour ne fera que confirmer cette prem
1685
», il se confond avec l’ombre du monde. Et l’âme
peut
enfin « saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’est dégagée
1686
La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)o «
Je
lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’i
1687
encore, et c’est là-dessus qu’il improvise, oh !
j’
aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaît comme une chose si
1688
e, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie
m’
apparaît comme une chose si douce et si grande… »11 Et Bettina termin
1689
é les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ;
j’
ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus di
1690
dre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier,
m’
occupant assez longuement d’un des poètes auxquels notre temps doit vo
1691
s d’entre nous se préparent à tenter le climat, —
j’
avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute asse
1692
ez profondément pour qu’aujourd’hui le hasard qui
m’
amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pen
1693
encore quelques cris brisés : « Ô vieux démon ! —
je
te rappelle — Ou bien envoie — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mai
1694
racle. — C’était l’époque des amateurs de ruines.
Je
suis descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la maison, en at
1695
ure. Il y a là une station de canots de louage où
j’
ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un « Hypérion ».
1696
lderlin » à côté d’un « Hypérion ». En cherchant,
je
trouverais bien aussi un « Nietzsche » à fond plat. Des saules se pen
1697
s d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui
me
conduit est le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ? —
1698
vous devez connaître ces portraits ? — (et comme
je
considère un ravissant médaillon de marbre) — Ça, c’est Diotima. » On
1699
— Ça, c’est Diotima. » On rougirait à moins. — «
Je
ne puis pas parler de lui, ici à Francfort, écrivait Bettina, car aus
1700
n grand accès de fièvre… L’agrément de ce monde,
je
l’ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longt
1701
ont fui. Avril et mai et juin sont lointains,
Je
ne suis plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de p
1702
i et juin sont lointains, Je ne suis plus rien,
je
n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que maintenant. La
1703
de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain
m’
angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dan
1704
ui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il,
je
pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visit
1705
— Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je
pourrais
aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et
1706
tues et les contreforts de l’Église du Chapitre :
je
vois s’y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui pr
1707
approchent, tournoyent lentement dans la musique.
Je
n’aime pas les jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pag
1708
nts serrées. (« Weg zur Kraft und Schönheit ! »).
J’
aime les bateaux plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui ne
1709
trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne
peut
que mal finir. Ceux du bon sens hochent la tête et citent la phrase l
1710
. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de
je
ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiaires
1711
c que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à
mes
yeux soudain simultanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle
1712
que vulgaire, par quel hasard, donne l’accord qui
m’
ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douceur
1713
donne l’accord qui m’ouvre un vrai silence : déjà
je
leur échappe — je t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autou
1714
m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe —
je
t’échappe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de moi insuffisa
1715
ppe ô douceur de vivre ! Tout redevient autour de
moi
insuffisant, transitoire, allusif. Tout se remet à signifier l’absenc
1716
ur qu’une telle interprétation voie le jour. Cela
pourrait
donner lieu à de mélancoliques réflexions sur le génie « poétique » f
1717
isme à son mépris pour la révélation évangélique.
Je
ne vois là que l’indice d’une confusion bien française, hélas. ba.
1718
la défense contre ses adversaires de tous bords.
Je
voudrais souligner seulement la beauté de l’effort désintéressé de Ju
1719
de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure.
Je
suis loin de partager toutes les idées de M. Benda, sur le plan philo
1720
nda, sur le plan philosophique en particulier, où
je
me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda
1721
, sur le plan philosophique en particulier, où je
me
sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’il attaque. (M. Benda tr
1722
ahit pas.) D’autre part, de plus impertinents que
moi
ne manqueront pas de faire observer que la « fin de l’éternel », la c
1723
C’est un extrême, un pic trop élevé pour qu’on y
puisse
vivre, c’est l’impossible. Mais justement, la gloire de M. Benda sera
1724
n’en apparaît que plus pur. « Noms de clowns qui
me
viennent l’esprit : Julien Benda… », écrit Aragon. Et Daudet nous app
1725
les précieuses trouvaient cela d’un romantisme !
ma
chère, d’un mauvais goût ! Cependant le jeune homme agitait ses ailes
1726
rt d’un poète en état, sans doute, d’inspiration.
Je
trouve dans une enveloppe qu’hier vous m’adressâtes une déclaration d
1727
ration. Je trouve dans une enveloppe qu’hier vous
m’
adressâtes une déclaration d’amour destinée à une femme blonde. Je sui
1728
déclaration d’amour destinée à une femme blonde.
Je
suis noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un
1729
destinée à une femme blonde. Je suis noire. Mais
je
sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé ente
1730
me blonde. Je suis noire. Mais je sais qui c’est.
J’
ai fait suivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’elle vous a
1731
qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour
m’
a laissé entendre qu’elle vous aime. Elle attend votre lettre depuis d
1732
s aime. Elle attend votre lettre depuis des mois.
Je
pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
1733
pense que ces lignes vous trouveront réunis. Avec
ma
bénédiction, je suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son ma
1734
gnes vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction,
je
suis votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et concl
1735
sez pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi
je
me bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux pe
1736
pour indiquer leur ordre de grandeur ; à quoi je
me
bornerai. Il a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petit
1737
tion publique deux petits livres1 excellents dont
je
considère les thèses comme acquises : L’Éloge de l’ignorance, de M. A
1738
gnement tel qu’il est pratiqué dans nos collèges.
Mon
dessein est assez différent, moins philosophique et point du tout tec
1739
, moins philosophique et point du tout technique.
J’
apporte un témoignage personnel, une réaction de tempérament. Je marqu
1740
émoignage personnel, une réaction de tempérament.
Je
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui me blesse, la liais
1741
marque d’autre part la nécessité de tout cela qui
me
blesse, la liaison fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
1742
fatale avec la démocratie, de tout ce qui moleste
ma
liberté et sans doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément, je
1743
doute celle de beaucoup d’autres à qui forcément,
je
ressemble. Nous vivons sous un régime radical à sécrétion socialiste,
1744
e à elle prolonge abusivement sa terne existence.
Je
l’ai subi ; l’on va voir comment. De pareils souvenirs légitiment tou
1745
e pareils souvenirs légitiment toutes les haines.
Je
serai méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce pet
1746
nt toutes les haines. Je serai méchant, parce que
j’
en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne peut servir à ri
1747
i gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écrit ne
peut
servir à rien. — Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel je co
1748
— Alors ? — Justement. Il est un reproche auquel
je
compte ne pas échapper : celui de naïveté. Définition du naïf dans le
1749
tient des idées qui ne rapportent rien. En effet,
je
ne représente aucun parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
1750
ffet, je ne représente aucun parti, aucune firme.
Je
ne voyage pour personne. Je ne prétends pas même parler au nom de ma
1751
parti, aucune firme. Je ne voyage pour personne.
Je
ne prétends pas même parler au nom de ma génération, ne m’étant pas l
1752
ersonne. Je ne prétends pas même parler au nom de
ma
génération, ne m’étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
1753
tends pas même parler au nom de ma génération, ne
m’
étant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
1754
ant pas livré à l’enquête préalable qui seule eût
pu
, à la rigueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à
1755
enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur,
me
donner ce droit bien inutile. Pourtant je sais qu’à droite comme à ga
1756
igueur, me donner ce droit bien inutile. Pourtant
je
sais qu’à droite comme à gauche, ils sont plus nombreux qu’on ne le p
1757
ond miraculeusement, gémir n’est pas un argument.
Je
demande le droit de démolir. Et me l’accorde aussitôt. Sans condition
1758
s un argument. Je demande le droit de démolir. Et
me
l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’est pas de proposer u
1759
molir. Et me l’accorde aussitôt. Sans conditions.
Mon
rôle n’est pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me conten
1760
est pas de proposer une nouvelle forme politique.
Je
me contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
1761
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je
me
contente de vitupérer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe es
1762
rme politique. Je me contente de vitupérer ce que
je
vois, qui est laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si
1763
s capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais
j’
aperçois là-bas, vautré derrière son bock, le Citoyen conscient et org
1764
se ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que
je
dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh ! il va parler, de grâce mettez-lui
1765
2, des bretzels, sa petite amie, au secours ! Car
j’
ai encore deux mots à dire. Dès qu’une voix s’élève pour mettre en dou
1766
signalent bien souvent nos tolérants par inertie,
je
ne sais. Mais je m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je
1767
uvent nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais
je
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les class
1768
nt nos tolérants par inertie, je ne sais. Mais je
m’
attends à cent « réponses » de cette sorte. Et je tiens à les classer
1769
m’attends à cent « réponses » de cette sorte. Et
je
tiens à les classer par avance en deux catégories dont je vais régler
1770
à les classer par avance en deux catégories dont
je
vais régler le compte sommairement. Cela n’empêchera personne de me r
1771
compte sommairement. Cela n’empêchera personne de
me
resservir ces arguments, bien que dûment prévus et réduits à néant ic
1772
réduits à néant ici même ; mais — gain de temps —
je
n’aurai plus qu’à renvoyer aux lettres A ou B, selon. A. Réponses du
1773
ettres A ou B, selon. A. Réponses du type : on ne
peut
pas aller contre l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce sont
1774
es qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits.
Je
leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent me dénier le droit de juger ces f
1775
croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne
peuvent
me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vert
1776
aux faits. Je leur réponds : 1° qu’ils ne peuvent
me
dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuvent, en vertu m
1777
dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne
peuvent
, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réformatrice des
1778
ticisme quant à la valeur réformatrice des idées,
m’
accuser de faire une critique dangereuse ; 3° que néanmoins je crois à
1779
faire une critique dangereuse ; 3° que néanmoins
je
crois à l’efficace de certaines utopies. (Les religions, la découvert
1780
° On a le droit d’aller contre l’époque, et on le
peut
efficacement. 2° rira bien qui rira le dernier. B. Réponses du type
1781
tolérante qui se livrent à ces excès de langage.
Je
les renvoie en corps au chapitre 5 où je traiterai de cet aspect du p
1782
langage. Je les renvoie en corps au chapitre 5 où
je
traiterai de cet aspect du problème que l’on peut appeler la question
1783
ù je traiterai de cet aspect du problème que l’on
peut
appeler la question de droit. Certains, en effet, tirent toute leur f
1784
la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour
moi
qui cherche à démêler la vérité sans égards aux dérangements, même vi
1785
violents, que cela ne manque jamais de provoquer,
je
me propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droi
1786
lents, que cela ne manque jamais de provoquer, je
me
propose de marquer ici la distinction classique du fait et du droit ;
1787
classique du fait et du droit ; et c’est pourquoi
je
considérerai d’abord l’instruction publique dans ses réalisations act
1788
lles, puis au terme de ce recensement lamentable,
je
poserai la question de savoir si tant de laideurs et d’outrages au bo
1789
oir si tant de laideurs et d’outrages au bon sens
peuvent
être légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je
1790
r le but final de notre institution-tabou. 1.
Je
ne puis naturellement pas mentionner tous les ouvrages scientifiques.
1791
1.
Mes
prisons Il existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs
1792
pissier par le prix du mètre courant. Encore que
je
prenne les sentiments trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
1793
ents trop au sérieux pour faire ici du sentiment,
je
suis sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bie
1794
grandes personnes ? Mais l’enfance est ailleurs.
Je
revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes dans la toile m
1795
dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent
mon
enfance : les séances chez le dentiste et l’horaire des leçons. Ce ma
1796
règle méchante, ce souci qui renaît chaque jour,
je
pense que tout cela tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
1797
tient trop de place dans notre enfance. À 5 ans,
j’
avais appris à lire, en cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante,
1798
À 5 ans, j’avais appris à lire, en cachette avec
ma
sœur aînée. L’année suivante, on me mit à l’école, parce que c’est la
1799
cachette avec ma sœur aînée. L’année suivante, on
me
mit à l’école, parce que c’est la loi. La première classe fut agréabl
1800
e c’est la loi. La première classe fut agréable :
j’
alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais délicieusemen
1801
fut agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à
je
ne sais quoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en t
1802
’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi,
j’
étais délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui
1803
urs bâtons en rêvant à leur manière. Un jour cela
m’
ennuya. Sachant lire, je ne pensais pas devoir suivre syllabe après sy
1804
eur manière. Un jour cela m’ennuya. Sachant lire,
je
ne pensais pas devoir suivre syllabe après syllabe les ânonnements de
1805
déchiffraient les premières phrases exemplaires. (
J’
aimais pourtant Zoé lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
1806
lave à la fontaine, à cause du nom.) Quand venait
mon
tour, je savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproche
1807
fontaine, à cause du nom.) Quand venait mon tour,
je
savais rarement où l’on en était. Cela m’attira des reproches acides,
1808
n tour, je savais rarement où l’on en était. Cela
m’
attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacrée : « Il
1809
bles exemples cet axiome qui devint la formule de
mes
premières douleurs morales. Après six ans de ce régime, on m’avait su
1810
douleurs morales. Après six ans de ce régime, on
m’
avait suffisamment rabroué pour que je ne montrasse plus aucune velléi
1811
régime, on m’avait suffisamment rabroué pour que
je
ne montrasse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour être rent
1812
velléité d’originalité. Mais pour être rentrée,
ma
colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, ver
1813
ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école
me
rendit au monde, vers l’âge de 18 ans, crispé et méfiant, sans cesse
1814
une importance.) Quant à l’autre « évidence » que
je
viens de citer, je découvris un jour qu’elle contient la cause déterm
1815
ant à l’autre « évidence » que je viens de citer,
je
découvris un jour qu’elle contient la cause déterminante de notre mal
1816
ntient la cause déterminante de notre malaise. Il
me
fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais cette
1817
notre malaise. Il me fallut un certain temps pour
m’
habituer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais m’en servir cra
1818
ut un certain temps pour m’habituer à cette idée.
Je
tenais cette clef et n’osais m’en servir craignant peut-être des déco
1819
uer à cette idée. Je tenais cette clef et n’osais
m’
en servir craignant peut-être des découvertes qui eussent ruiné trop d
1820
eussent ruiné trop de certitudes apprises. Enfin
j’
ouvris, c’est-à-dire que je me posais la question : est-ce vrai que to
1821
itudes apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que
je
me posais la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être
1822
des apprises. Enfin j’ouvris, c’est-à-dire que je
me
posais la question : est-ce vrai que tous les hommes doivent être éga
1823
onquêtes. C’était découvrir notre asservissement.
Je
songeai aux vertueuses indignations de nos maîtres quand ils dénonçai
1824
issèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’il
pût
se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressorts d
1825
de la relativité des décrets humains. Le prix de
mes
souffrances était donc ce conformisme indispensable aux « immortels p
1826
rmisme indispensable aux « immortels principes ».
Je
n’allai pas tout de suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
1827
suite jusqu’à les mettre en doute : mais un jour
je
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut ma seconde déco
1828
ris que ce n’étaient que des principes. Et ce fut
ma
seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaitement
1829
r est l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne
pouvions
nous empêcher de croire que le petit ouvrier est bien plus malin. Nou
1830
exaspérait ce mépris et le rendait agressif. Mais
moi
, j’avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois mat
1831
érait ce mépris et le rendait agressif. Mais moi,
j’
avais trop souffert de cette compression morale pour, une fois matérie
1832
délivré, en supporter longtemps encore l’action.
Je
n’eus pas plus tôt découvert et nommé cet asservissement de l’esprit
1833
vissement de l’esprit et ces mythes stériles, que
je
les rendis responsables de ma perte de contact avec les réalités les
1834
ythes stériles, que je les rendis responsables de
ma
perte de contact avec les réalités les plus élémentaires de la vie.
1835
2. Description du monstre Le service militaire
me
permit de retrouver quelques-unes de ces réalités. J’y retrouvai auss
1836
ermit de retrouver quelques-unes de ces réalités.
J’
y retrouvai aussi plusieurs têtes connues d’anciens camarades d’école
1837
ernité véritable. Mais c’est en caserne aussi que
je
devais retrouver les instituteurs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et po
1838
ne question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que
je
vais dire est sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de
1839
ans un très grand nombre de cas, mais pourquoi ai-
je
envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut être défini par
1840
envie de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme
peut
être défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépr
1841
sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais
je
n’en dirai pas plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on me p
1842
paysanne. Mais je n’en dirai pas plus, de peur de
m’
échauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que je m’o
1843
plus, de peur de m’échauffer inutilement. Si l’on
me
poussait un peu, je crois que je m’oublierais au point d’insinuer que
1844
chauffer inutilement. Si l’on me poussait un peu,
je
crois que je m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs ga
1845
ilement. Si l’on me poussait un peu, je crois que
je
m’oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causen
1846
ment. Si l’on me poussait un peu, je crois que je
m’
oublierais au point d’insinuer que les instituteurs galonnés causent a
1847
i signent des manifestes en mauvais français — et
je
ferais de la peine à d’excellents garçons. Revenons au civil. J’ai fa
1848
peine à d’excellents garçons. Revenons au civil.
J’
ai fait allusion au lieutenant-instituteur qui veut faire de la pédago
1849
s témoigne de la même maladresse professionnelle.
J’
en connais un qui avait coutume de dire à une classe de garçons de 10
1850
e dire à une classe de garçons de 10 à 11 ans : «
J’
ai bien su mater les quarante hommes de ma section, je saurai aussi vo
1851
ans : « J’ai bien su mater les quarante hommes de
ma
section, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l
1852
bien su mater les quarante hommes de ma section,
je
saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi peut mener l’enseignemen
1853
, je saurai aussi vous mater. » On imagine à quoi
peut
mener l’enseignement donné par des êtres qui brouillent à ce point le
1854
les mouches ? (Le verre en était toujours jaune.)
Je
n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils
1855
que certaines autres maladies dites « sociales ».
Je
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant je ne veux que décr
1856
reviendrai peut-être sur ce point. Pour l’instant
je
ne veux que décrire l’école telle qu’on la voit. Après les personnes,
1857
rridors et les habits des écoliers empeste encore
mes
souvenirs. Et la poussière dans l’air, l’encre sur les tables — c’éta
1858
que c’est un grand progrès sur la Nature. Quelle
peut
bien être la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’
1859
3. Anatomie du monstre Ayant épanché un peu de
ma
rancune, à seule fin de montrer pour quelles raisons j’ai entrepris d
1860
cune, à seule fin de montrer pour quelles raisons
j’
ai entrepris de combattre l’instruction publique — on ne me contestera
1861
epris de combattre l’instruction publique — on ne
me
contestera pas ces raisons puisqu’elles me sont absolument personnell
1862
on ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles
me
sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignag
1863
n témoignage, ni plus ni moins — il est temps que
je
fasse passer un petit examen aux principes de cette institution passi
1864
téressée : mais celle-là est la plus vive. Enfin,
je
tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche point l’équité. Pas plus que
1865
a plus vive. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici
je
ne cherche point l’équité. Pas plus que vous, qui défendez de parti p
1866
plus que vous, qui défendez de parti pris ce que
j’
attaque. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’est pas toujo
1867
pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or
je
ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bour
1868
ordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise.
Je
tiens le « gain de paix » pour illusoire : il consiste à repousser la
1869
que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud.
Je
me bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruct
1870
déjà plusieurs proposent de trancher le nœud. Je
me
bornerai à l’examen des caractères les plus généraux de l’instruction
1871
justement par cette psychologie de l’enfant dont
je
disais tout à l’heure que la connaissance n’est pas exigée de ceux qu
1872
utes les particularités, toutes les « prises » où
pourrait
s’accrocher l’intérêt. Ils dispensent de tout contact direct avec ce
1873
s de deux que de mille, dit un sage oriental dont
j’
ai oublié le nom. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne peut
1874
. Une autre conséquence du gavage, c’est qu’on ne
peut
laisser aux élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’ils appre
1875
aît que cela facilite le travail du maître. Il se
peut
. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il soit de
1876
ut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail.
Je
doute qu’il soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on d
1877
le est comprise par les instituteurs — et elle ne
peut
être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste
1878
ue notre peuple met dans cette expression !) Pour
moi
, ce que je retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est u
1879
ple met dans cette expression !) Pour moi, ce que
je
retire de plus évident de mon expérience scolaire, c’est une grosse v
1880
!) Pour moi, ce que je retire de plus évident de
mon
expérience scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens m’eût pa
1881
scolaire, c’est une grosse vérité que le bon sens
m’
eût par ailleurs fait voir : il n’y a pas d’égalité réelle possible ta
1882
e possible tant que la loi est la même pour tous.
Je
ne parle pas des manuels d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré
1883
ole est autre ; il est même tout contraire. On ne
peut
pas exiger qu’il soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais
1884
out de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on
peut
s’étonner de voir qu’il n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là
1885
ie. Il y a là une préméditation de médiocrité que
je
ne puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a
1886
là une préméditation de médiocrité que je ne puis
m’
empêcher de trouver suspecte. Le bon élève est celui qui a de bons po
1887
es bons points vont aux parfaits imitateurs. Oyez-
moi
tous ces petits phonographes… ographes… graphes… graphes… Enfoncés, l
1888
e d’imbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne
peut
être qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’object
1889
’avantage des gens en place, vieille histoire. On
m’
objectera sans doute quelques « brillantes carrières » fournies par d’
1890
ces brillants météores ne troublent pas beaucoup
ma
superstition, par ailleurs fort grande. Tous ceux qui ont eu l’occasi
1891
publique qu’ils ont subies. 3.h. Le dilemme
J’
ai indiqué que les principes de l’instruction publique ne coïncident q
1892
cident qu’accidentellement avec ceux du bon sens.
Je
m’en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serai
1893
ent qu’accidentellement avec ceux du bon sens. Je
m’
en tiendrai là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui serait f
1894
entendu, tout cela a été dit. (Un peu autrement,
j’
en conviens). On n’a pas attendu ma colère pour entreprendre ce travai
1895
peu autrement, j’en conviens). On n’a pas attendu
ma
colère pour entreprendre ce travail de démolition. Il suffit pour s’e
1896
e mettra à marcher dans le couloir en s’écriant :
je
marche, ou : j’arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je si
1897
er dans le couloir en s’écriant : je marche, ou :
j’
arpente ; un autre restera assis, en affirmant : je siège ; un troisiè
1898
’arpente ; un autre restera assis, en affirmant :
je
siège ; un troisième lèvera la main, et dira : je lève la main, — au
1899
je siège ; un troisième lèvera la main, et dira :
je
lève la main, — au lieu de demander ce qu’on croit. Tout porte à crai
1900
la faveur du tumulte l’un ou l’autre proclamant :
je
sors ! ne traduise incontinent ce verbe en action et ne disparaisse à
1901
graves, parce qu’elles sont comiques précisément.
Je
ferai à l’école nouvelle un reproche d’une autre nature. Elle prétend
1902
ces mêmes de sa liberté. « Instruire en amusant »
peut
être la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalit
1903
de réaction vive de la part des écoliers. Enfin,
je
n’aime pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont il s’agit d’
1904
n enfant de 6 ans… Mettez ensemble trois enfants…
Je
reconnais que les buts de l’école nouvelle sont honnêtement scientifi
1905
ssés. Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen.
Moi
, je voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangere
1906
Mais l’enfant-cobaye vaut l’enfant-citoyen. Moi,
je
voudrais l’enfant tout court. Or il paraît que c’est très dangereux.
1907
Or il paraît que c’est très dangereux. Néanmoins,
je
soupçonne dans tous ces mouvements des possibilités lointaines qui so
1908
vements des possibilités lointaines qui sont pour
me
plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bien un jou
1909
plaire ; un grignotement du système officiel qui
pourrait
bien un jour l’atteindre au cœur, et je vois tout ce que cela entraîn
1910
qui pourrait bien un jour l’atteindre au cœur, et
je
vois tout ce que cela entraînerait, dans une ruine d’où renaîtrait pe
1911
s une ruine d’où renaîtrait peut-être l’humanité…
Je
songe à un enseignement sans école. Je songe au maître antique, dont
1912
’humanité… Je songe à un enseignement sans école.
Je
songe au maître antique, dont toute la personne était un enseignement
1913
ui sait ?… En attendant, puisqu’il faut attendre,
je
salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur les principes de l’
1914
les classes sont de vraies foires ; ils ont toute
mon
amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant plus libremen
1915
de vraies foires ; ils ont toute mon amitié. Cela
me
permet de leur faire remarquer d’autant plus librement qu’ils trahiss
1916
rie de petits démocrates conscients et organisés.
Je
crains que ce malentendu ne soit décidément trop gros pour échapper p
1917
plus longtemps à MM. les Inspecteurs des Écoles.
Je
le crains, dis-je ; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malen
1918
MM. les Inspecteurs des Écoles. Je le crains, dis-
je
; car le monde ne progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant es
1919
à cependant une possibilité pratique d’en sortir,
je
ne le nie pas. Mais du point de vue de la vérité, force nous est de r
1920
tiennent lieu. 8. Voir à l’appendice le sens que
je
donne à ce mot, p. 57.
1921
5. La machine à fabriquer des électeurs
Je
crois à l’absurdité de fait de l’instruction publique. Je crois aussi
1922
à l’absurdité de fait de l’instruction publique.
Je
crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde. Je demande seulement qu
1923
e l’instruction publique. Je crois aussi qu’on ne
peut
réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi il
1924
Je crois aussi qu’on ne peut réformer l’absurde.
Je
demande seulement qu’on m’explique pourquoi il triomphe et se perpétu
1925
ut réformer l’absurde. Je demande seulement qu’on
m’
explique pourquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous é
1926
qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque.
J’
entends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans
1927
y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne
me
conteste pas cette thèse. Elle est glorifiée dans tous les banquets o
1928
s idéologies enivrées. D’ailleurs, cette idée que
j’
ai l’honneur de partager avec mes adversaires se trouve correspondre à
1929
s, cette idée que j’ai l’honneur de partager avec
mes
adversaires se trouve correspondre à des faits patents et simples ; i
1930
tion publique est pratiquement irréalisable. Ici,
je
demanderai poliment au lecteur de vouloir bien ne point trop faire la
1931
e vouloir bien ne point trop faire la bête, sinon
je
me verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tel
1932
ouloir bien ne point trop faire la bête, sinon je
me
verrai contraint de lui expliquer un certain nombre de vérités tellem
1933
t pas sans quelque indécence. Et d’abord, il faut
pouvoir
lire, écrire et compter pour suivre la campagne électorale, voter et
1934
ne satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes
je
ne prétends pas que les créateurs de l’instruction publique aient ple
1935
ent pleine conscience de ce qu’ils faisaient — et
je
les excuse pour autant 10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a ét
1936
’ils faisaient — et je les excuse pour autant 10.
Je
dis simplement ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle é
1937
utés pour célébrer les bienfaits sociaux, que dis-
je
, la valeur hautement moralisatrice de ces glapissants entonnoirs. D’a
1938
on non moins flagrante, dans ses suites normales.
Je
n’en veux pas d’autre preuve que l’état grotesquement arriéré de notr
1939
s (si possible radicaux, en tout cas démocrates).
Je
me souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œ
1940
si possible radicaux, en tout cas démocrates). Je
me
souviens d’un dessin humoristique publié en 1914, représentant l’œuvr
1941
ter, malgré ses ratés assez fréquents. Maintenant
je
vous demande un peu quel intérêt il y aurait à perfectionner l’instru
1942
ques, voire aux besoins purement sentimentaux qui
peuvent
apparaître chez les enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne pe
1943
es enfants ? Ce serait de l’art pour l’art. On ne
peut
pas en demander tant aux gouvernements. La réforme scolaire, politiqu
1944
Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour
m’
ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit. J’aime bien les tremblemen
1945
our m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce soit.
J’
aime bien les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à c
1946
bien les tremblements de terre, vous tombez mal.
J’
appartiens à cette espèce de gens qui font confiance à leur sensibilit
1947
qu’aux idées des autres. Or, c’est une révolte de
ma
sensibilité qui me dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent
1948
tres. Or, c’est une révolte de ma sensibilité qui
me
dresse contre l’École. Mes arguments ne se mettent en branle qu’après
1949
e de ma sensibilité qui me dresse contre l’École.
Mes
arguments ne se mettent en branle qu’après coup. Et quand vous les dé
1950
qu’après coup. Et quand vous les démoliriez tous,
ma
rage n’en serait pas moins légitime. Je lui donne raison par définiti
1951
iez tous, ma rage n’en serait pas moins légitime.
Je
lui donne raison par définition. Après tout, peu m’importent les idéo
1952
lui donne raison par définition. Après tout, peu
m’
importent les idéologies politiques, et peu m’importerait que l’École
1953
peu m’importent les idéologies politiques, et peu
m’
importerait que l’École soit une machine à fabriquer de la démocratie
1954
oit une machine à fabriquer de la démocratie — si
je
ne sentais menacées dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
1955
dans cette aventure des valeurs d’âme auxquelles
je
tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie est l’aboutissement d
1956
valeurs d’âme auxquelles je tiens plus qu’à tout.
Ma
haine de la démocratie est l’aboutissement de l’évolution dont je vie
1957
émocratie est l’aboutissement de l’évolution dont
je
viens de décrire la marche nécessaire 11. On ne manquera pas d’insinu
1958
tes douleurs de jeune bourgeois. Essayez de venir
me
dire ça chez moi, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la
1959
jeune bourgeois. Essayez de venir me dire ça chez
moi
, n’est-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je part
1960
sayez de venir me dire ça chez moi, n’est-ce pas,
mes
agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais de l’écoeur
1961
s, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où
je
participais de l’écoeurant optimisme bourgeois que je m’accommodais d
1962
articipais de l’écoeurant optimisme bourgeois que
je
m’accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquem
1963
icipais de l’écoeurant optimisme bourgeois que je
m’
accommodais d’un régime nocif pour tout ce qu’il y a d’authentiquement
1964
âme pour amorcer le dégel de ces principes, et ce
peut
être le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a pas de révo
1965
ièges, ils comprendront le sens des images.) 9.
J’
emploie ce mot au sens fort, au sens enivrant, 100 %. Beaucoup de gens
1966
opposés coïncident en tant de points — voilà qui
m’
inquiéterait, à votre place.
1967
nous promet de tous côtés de belles catastrophes.
Je
suis de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C
1968
cliché, mais schématiques. Or l’École radicale ne
peut
pas être idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre
1969
roduction. Le culte des valeurs désintéressées ne
peut
que diminuer le « rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent. Je
1970
rendement » quantitatif de ceux qui s’y livrent.
Je
ne veux pas me poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais j
1971
antitatif de ceux qui s’y livrent. Je ne veux pas
me
poser ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je m’adresse aux
1972
er ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais
je
m’adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières » et qu
1973
ici en défenseur des vertus patriarcales. Mais je
m’
adresse aux démocrates convaincus, partisans des « lumières » et qui p
1974
s ça, à la famille, « cette cellule sociale ». Et
je
les traite de mauvais plaisants. Admirez mon extrême modération. Ceci
1975
». Et je les traite de mauvais plaisants. Admirez
mon
extrême modération. Ceci fait, constatez avec moi que la famille étai
1976
mon extrême modération. Ceci fait, constatez avec
moi
que la famille était encore un milieu naturel, donc normatif. Le coll
1977
Il est vrai qu’elle est anormalement insatiable…
Je
crois qu’elle a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver
1978
sse ce ver solitaire du matérialisme. Et quand on
m’
aura démontré que les besoins de l’époque exigent une organisation à o
1979
que exigent une organisation à outrance du monde,
je
répondrai que dans la mesure où cette exigence est satisfaite naît un
1980
ardisation de toutes les mesquineries naturelles (
je
ne fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle est cultivé
1981
le reste, pensez-vous. Il faut avouer qu’avec ce
je
ne sais quoi de déclamatoire, de… journalistique, de bedonnant creux,
1982
, vous aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ?
J’
en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre
1983
éreuses, n’est-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant
j’
ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne
1984
-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que
mon
progrès ne soit pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dan
1985
ri duquel on distille du radicalisme intégral. On
me
fera observer que beaucoup des servants de la machine sont socialiste
1986
ervateurs : voilà qui ne change pas le rendement,
j’
imagine, ni la nature des produits excrétés. On forme nos gosses, dès
1987
pprend les questions aussi bien que les réponses.
J’
avoue que je trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la c
1988
uestions aussi bien que les réponses. J’avoue que
je
trouve ça très fort : avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
1989
us allez feindre de trouver bien bonne celle-ci :
je
prétends que l’instruction publique est une puissance conservatrice.
1990
s’enlise notre civilisation ; et où la Démocratie
peut
se conserver des siècles encore… Or si je dis que l’École est contre
1991
ratie peut se conserver des siècles encore… Or si
je
dis que l’École est contre le progrès, c’est que le progrès consiste
1992
ser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier.
Je
distingue dans cette opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
1993
our les jeux nouveaux que l’humanité de demain ne
peut
manquer de s’inventer. Je ne puis m’empêcher de voir une intention pr
1994
humanité de demain ne peut manquer de s’inventer.
Je
ne puis m’empêcher de voir une intention providentielle dans cet amou
1995
demain ne peut manquer de s’inventer. Je ne puis
m’
empêcher de voir une intention providentielle dans cet amour de la des
1996
u passé. Mais la considération de régimes anciens
peut
nous amener à constater, sans plus, que notre soi-disant progrès soci
1997
it est la jalousie rancie armée de pédantisme, et
je
ne parle pas du décor, des odeurs, de la poussière, des petites habit
1998
rité des électeurs les considèrent comme tels. Et
je
ne me tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la p
1999
es électeurs les considèrent comme tels. Et je ne
me
tiendrai pas pour battu quand on m’aura fait remarquer que la plupart
2000
els. Et je ne me tiendrai pas pour battu quand on
m’
aura fait remarquer que la plupart des intellectuels se sont convertis
2001
pposons tout cela fait. Respirons. Mais déjà vous
m’
attendez à ce tournant et vous me sommez de dire comment, maintenant,
2002
. Mais déjà vous m’attendez à ce tournant et vous
me
sommez de dire comment, maintenant, je vais m’y prendre pour préparer
2003
nt et vous me sommez de dire comment, maintenant,
je
vais m’y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. A
2004
us me sommez de dire comment, maintenant, je vais
m’
y prendre pour préparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-je
2005
éparer les temps nouveaux. Énorme question. Aurai-
je
la naïveté non moins énorme d’esquisser ici la réponse que je lui rés
2006
é non moins énorme d’esquisser ici la réponse que
je
lui réserve ? L’instruction publique est la forme la plus commune de
2007
complète, à un degré supérieur d’inconscience, si
je
puis dire. Alors ce sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
2008
sera au tour de l’instinct d’intégrer la raison.
Je
crois que nous approchons de ce temps. Et que le véritable progrès ve
2009
tout ce qui entrave cet avènement. C’est pourquoi
je
réclame l’expulsion de la congrégation radicale des instituteurs. On
2010
de la congrégation radicale des instituteurs. On
me
demande encore ce que je mettrais à la place. Et parce que je ne prop
2011
ale des instituteurs. On me demande encore ce que
je
mettrais à la place. Et parce que je ne propose rien de bien précis,
2012
ncore ce que je mettrais à la place. Et parce que
je
ne propose rien de bien précis, on triomphe grossièrement. J’aurais v
2013
e rien de bien précis, on triomphe grossièrement.
J’
aurais voulu vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’il conce
2014
de Saint-Guy politique dont rien de leur temps ne
pouvait
offrir la moindre préfiguration ? Eh bien ! induisez de cette similit
2015
. Utopie Un os à la meute. (Et figurez-vous que
j’
ai la ferme intention de vous faire rigoler, si cela peut vous rassure
2016
la ferme intention de vous faire rigoler, si cela
peut
vous rassurer quant à ma santé morale.) La question est de savoir si
2017
faire rigoler, si cela peut vous rassurer quant à
ma
santé morale.) La question est de savoir si nous serons des hommes de
2018
eule une grande vague de l’imagination collective
peut
désensabler le vieux bateau occidental. Un nouvel état d’esprit : voi
2019
aintenant se constituent ces élites et cela ne se
peut
que si les tenants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’être,
2020
ré les mots 14, des anarchistes et des utopistes.
J’
appelle anarchiste, tout ce qui est violemment et intégralement humain
2021
espèce, un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que
j’
aime est simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui
2022
(ou un amour) et qui s’y consacre. (Mais alors !…
Je
vois à votre mine stupidement rassurée que vous vous dites : c’est to
2023
rassurée que vous vous dites : c’est tout à fait
moi
! — Détrompez-vous. Vous ne savez pas ce que c’est que libre ou consa
2024
Que faire, diront les gens de bonne volonté dont
mon
imagination romantique suppose l’existence. Que faire ? Voir et pense
2025
les effets suivront infailliblement. Par exemple,
je
vous demande une fois pour toutes si vous tenez, oui ou non, M. W. Ro
2026
erce leur mépris pour l’instruction publique. Ils
peuvent
dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
2027
de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que
je
propose-là. Et c’est ainsi qu’on peut imaginer sans trop d’invraisemb
2028
lisme, ce que je propose-là. Et c’est ainsi qu’on
peut
imaginer sans trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais j’en a
2029
trop d’invraisemblance de petites réformes. Mais
j’
en ai assez dit pour éviter ce malentendu : je ne crois pas à la possi
2030
ais j’en ai assez dit pour éviter ce malentendu :
je
ne crois pas à la possibilité d’une réforme suffisante. C’est une rév
2031
quel emploi utopique de l’organisation existante
peut
-on imaginer ? L’école devrait donner à l’enfant ce que son entourage
2032
devrait donner à l’enfant ce que son entourage ne
peut
plus lui donner : des modèles de pensées. Un entraînement de l’esprit
2033
és. On croit devoir se défendre : on se moque. On
me
dit : vous ne voyez tout de même pas une classe de gamins répétant la
2034
nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes,
je
vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yog
2035
a. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que
je
m’en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes
2036
Nous ne sommes pas aux Indes, je vous jure que je
m’
en doute. Mais l’Occidental aussi pratique son yoga à lui : toutes les
2037
r une grande intensité avec un minimum de moyens.
J’
en citerai deux exemples : la discipline jésuite et le drill militaire
2038
uent des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle
peut
être poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, ex
2039
yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit.
Je
sais que ces deux mots sont bien dangereux et impopulaires. Tout comm
2040
leurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne
peuvent
pas séparer une méthode des fins auxquelles on l’applique généralemen
2041
n l’applique généralement. Ces gens-là diront que
je
veux militariser l’enseignement ou transformer les collèges en couven
2042
stent cachées aux agités ; la nature par exemple.
Je
ne demande pas qu’on nous enseigne le goût de la nature. Mais qu’on n
2043
e le temps de la regarder. De faire connaissance.
Je
ne sais s’il est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à poss
2044
avons vu qu’elle préfère les étouffer. Cependant,
je
ne crois pas qu’il soit bon que tous progressent de la même manière.
2045
sse quelque chose comme l’instruction privée : et
moi
je la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déj
2046
quelque chose comme l’instruction privée : et moi
je
la voudrais secrète. Vous verrez bien. Cela se fera sans vous. Déjà r
2047
ue saveur à ses jugements. C’est pourquoi l’on ne
peut
plus attaquer un fonctionnaire dans ses activités publiques sans que
2048
e de ce M. Machin, membre du conseil de paroisse.
Je
préciserai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens
2049
mbre du conseil de paroisse. Je préciserai donc :
je
tiens l’École pour criminelle. Mais je ne tiens pas tous les institut
2050
rai donc : je tiens l’École pour criminelle. Mais
je
ne tiens pas tous les instituteurs pour gibier de potence. Ils font b
2051
de toute destination religieuse particulière. On
peut
faire des haltères et rester pacifiste. NOTE C Vous parlez de la gran
2052
ste. NOTE C Vous parlez de la grande vulgarité de
mes
attaques. Ce qui est vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre d
2053
pparaissent ici que pour impressionner le public.
Je
n’ai pas besoin de leurs attendus pour juger. 14. Ces deux mots en e
2054
n promet des confitures à l’enfant s’il est sage.
Moi
je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
2055
omet des confitures à l’enfant s’il est sage. Moi
je
m’en moque. Je n’aime que la liberté.
2056
t des confitures à l’enfant s’il est sage. Moi je
m’
en moque. Je n’aime que la liberté.
2057
ures à l’enfant s’il est sage. Moi je m’en moque.
Je
n’aime que la liberté.
2058
lement funestes, également démesurées, l’homme ne
peut
subsister qu’en tant que son génie parvient à composer les deux péril
2059
stration des puissances de nature inhumaine. Nous
pourrons
définir un tel humanisme : l’organe d’équilibre de la civilisation. N
2060
e scientifique. Cherchant des lois, la science ne
peut
trouver que des déterminismes. Soumettre l’esprit à ses méthodes, c’e
2061
Seul un parti pris constant en faveur de l’esprit
peut
maintenir l’équilibre de l’esprit et de la matière. L’humanisme moder
2062
pensée qui par ailleurs participe de la liberté :
j’
entends la pensée mystique. L’expérience mystique a la même extension
2063
tte fatalité qui est le signe du monde matériel.
Je
vois l’humanisme nouveau sous l’aspect d’une culture des facultés mys
2064
particulière, antérieure à n’importe quel dogme.
Je
ne crois pas qu’il existe d’autres facultés capables d’équilibrer en
2065
ables d’équilibrer en nous l’esprit de géométrie.
J’
imagine une méthode, une façon d’appréhender la vie, de hiérarchiser n
2066
it pas de l’existence la poésie, ce sens du Réel.
Je
vois se composer en cette méthode — peut-être séculairement — ce que
2067
sans doute… Mais tout commence par des rêves. Et
je
ne vois rien d’autre. Quoi qu’il en soit d’ailleurs du contenu d’un n
2068
rtain qu’il a perdu son ascendant. D’ailleurs son
pouvoir
, s’il en eut, ne s’étendit guère au-delà des limites du monde roman.
2069
’homme se propose ont ceci d’insuffisant : qu’ils
peuvent
être atteints. Mais ce qui parfait la stature de l’homme, c’est l’eff
2070
faux dieux — le fascinant éclat de ce vide ? 5.
Je
songe à la « psychologie scientifique » et à ce leurre qu’est l’attit
2071
t à ce leurre qu’est l’attitude paralléliste. 6.
J’
exagère probablement, car la sincérité de ce néo-scientisme tempéré —
2072
Henri Michaux,
Mes
propriétés (mars 1930)bd Si vous avez la curiosité, mieux, le goût
2073
r que l’esprit pénètre dans la poésie, vous lirez
Mes
Propriétés. Il se peut que vous les trouviez médiocrement riantes, au
2074
dans la poésie, vous lirez Mes Propriétés. Il se
peut
que vous les trouviez médiocrement riantes, au premier coup d’œil, as
2075
émouvante bizarrerie (Mort d’un Page). Cependant
je
préfère ses proses : il y a ici plus qu’une manière et qu’un ton, il
2076
mps — depuis les Trivia de Logan Pearsall Smith —
je
n’avais pas lu de livre où s’exprimât avec une pareille sécurité dans
2077
ugemont Denis de, « [Compte rendu] Henri Michaux,
Mes
propriétés », Bibliothèque universelle et Revue de Genève, Genève, m
2078
matin plein de mouettes — « Un beau bruit d’ailes
me
fait un ciel » — la vaporeuse beauté du lac de Neuchâtel. Mlle Kikou
2079
eût pensé qu’avec un jeu de noirs et de gris l’on
pût
recréer toute la ferveur d’un coucher de soleil. Des formes purifiées
2080
e genre de livres — ils se multiplient — vient, à
mon
sens, de quelque chose qu’ils expriment sans doute inconsciemment et
2081
coupole errante des prières à dieux perdus. II
Je
ne sais pas où tu m’entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent au
2082
rières à dieux perdus. II Je ne sais pas où tu
m’
entends mais ces hauts murs d’ombre et de vent autour du monde où nous
2083
us qui rôdent à la recherche d’un corps faible.
Je
ne sais pas où tu m’attends mais je sais comment tu pleurais. Au carr
2084
cherche d’un corps faible. Je ne sais pas où tu
m’
attends mais je sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus
2085
rps faible. Je ne sais pas où tu m’attends mais
je
sais comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus j’écoute encor
2086
comment tu pleurais. Au carrefour des cris perdus
j’
écoute encore une voix nue qui vient de dire ton nom même avec l’accen
2087
dire ton nom même avec l’accent de notre amour et
mon
visage est immobile tourné vers l’ombre où tu m’entends. III Fais
2088
mon visage est immobile tourné vers l’ombre où tu
m’
entends. III Fais rentrer dans leur peau d’ombre ces mots qui voud
2089
lèvres battent doucement écoute-les. IV Tends
moi
la main à travers cette ombre rapide si je te joins nous la tiendrons
2090
Tends moi la main à travers cette ombre rapide si
je
te joins nous la tiendrons captive écoute les cloches et le scintille
2091
x profondes qui échangent leurs douceurs. Tiens
moi
bien nous allons partir l’air s’entrouvre un feu rose éclôt voici ton
2092
rose éclôt voici ton heure au regard le plus pur
je
suis à toi dans le triomphe du silence sereine tu es toujours plus se
2093
V Oh qui a retiré tes mains des miennes quand
je
te regardais trop profond pour te voir ? Maintenant je suis seul à re
2094
regardais trop profond pour te voir ? Maintenant
je
suis seul à redescendre au jour dans l’aube sans refuges… VI Prison
2095
oésie, et la France c’est la Chambre des Députés,
je
n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur — je vous la laisse, l
2096
n’en veux pas démordre, et la Légion d’honneur —
je
vous la laisse, la Légion d’honneur. Quand vous prenez un taxi passé
2097
lemand, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour
moi
, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est to
2098
d, — et l’allemand littéraire y suffit. Pour moi,
je
ne me sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujou
2099
t l’allemand littéraire y suffit. Pour moi, je ne
me
sens pas trop embarrassé ; comme j’habite l’Odéon, c’est toujours le
2100
ur moi, je ne me sens pas trop embarrassé ; comme
j’
habite l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui m’accompagne
2101
l’Odéon, c’est toujours le fantôme de l’Odéon qui
m’
accompagne et nous ne disons presque rien, nous savons les mêmes histo
2102
t des noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais
moi
je me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’es
2103
s noctambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi
je
me méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-c
2104
octambules préfèrent d’aller à pied ; mais moi je
me
méfie ; se promener seul la nuit dans une ville étrangère, n’est-ce p
2105
-ce point la définition même de la luxure ? Quand
je
vais à pied, j’oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais pr
2106
inition même de la luxure ? Quand je vais à pied,
j’
oublie en chemin les meilleures phrases que j’avais préparées pour sub
2107
ed, j’oublie en chemin les meilleures phrases que
j’
avais préparées pour subjuguer mes amies, je m’intéresse aux cravates,
2108
ures phrases que j’avais préparées pour subjuguer
mes
amies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se
2109
s que j’avais préparées pour subjuguer mes amies,
je
m’intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade as
2110
ue j’avais préparées pour subjuguer mes amies, je
m’
intéresse aux cravates, enfin, je sens mon esprit qui se dégrade assez
2111
er mes amies, je m’intéresse aux cravates, enfin,
je
sens mon esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans un
2112
mies, je m’intéresse aux cravates, enfin, je sens
mon
esprit qui se dégrade assez rapidement et se dissout dans une sentime
2113
n’est pas venue… (C’est ici le lieu de l’avouer :
je
ne saurais entretenir que mes rapports de politesse distante avec les
2114
e lieu de l’avouer : je ne saurais entretenir que
mes
rapports de politesse distante avec les personnes qui ont dit, ne fût
2115
ui ont dit, ne fût-ce qu’une fois en leur vie : «
J’
ai horreur de la sentimentalité ».) Nous voici donc en taxi, « nous de
2116
s deux le fantôme » comme on disait au village où
je
suis né, qui n’est pas ma patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie
2117
on disait au village où je suis né, qui n’est pas
ma
patrie. Ce soir-là, le fantôme ayant envie de manger ferme a donné au
2118
ur l’adresse d’un ogre. C’est tout près parce que
j’
ai peur. En même temps c’est très loin parce que je me réjouis. La Mai
2119
’ai peur. En même temps c’est très loin parce que
je
me réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous
2120
peur. En même temps c’est très loin parce que je
me
réjouis. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ; je ne vous le
2121
is. La Maison des Ogres est au 53 rue de Rennes ;
je
ne vous le confie pas sans un secret tremblement. Nous embarquons Jea
2122
t d’un poète authentique. Le pittoresque. D’abord
je
crains que la notion n’en soit toute relative aux modes de « vie » bo
2123
« vie » bourgeois ; et puis la, comédie n’est pas
mon
fort, même la triste. Je n’aime plus que les choses lentement émouvan
2124
s la, comédie n’est pas mon fort, même la triste.
Je
n’aime plus que les choses lentement émouvantes, monotones et aiguës,
2125
ail jusqu’à l’aube, la naissance d’un visage dans
ma
mémoire (d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là, je le suppos
2126
(d’heure en heure ces yeux plus vivants…) De là,
je
le suppose, une certaine misanthropie en germe : les êtres changent t
2127
nthropie en germe : les êtres changent trop vite,
je
n’ai pas le temps de me laisser envoûter ou de les rendre esclaves, h
2128
êtres changent trop vite, je n’ai pas le temps de
me
laisser envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi je ne sais p
2129
envoûter ou de les rendre esclaves, hors de quoi
je
ne sais pas de commerce humain qui vaille la peine, qui vaille l’amou
2130
d enfin qu’il est perdu, il découvre la liberté. (
Je
pense à la boussole autant qu’au sens moral.) Le goût de se perdre es
2131
des plus profonds mystères de notre condition, et
je
ne crois pas trop absurde d’y chercher l’origine non seulement des pa
2132
rquoi ne pas se perdre sans arrière-pensée ? S’il
me
reste un espoir au sein de mes erreurs les moins préméditées, c’est s
2133
rière-pensée ? S’il me reste un espoir au sein de
mes
erreurs les moins préméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
2134
réméditées, c’est sans doute celui d’être trouvé.
J’
ai toujours méprisé le geste de l’homme qui, le soir dans sa chambre d
2135
uble tour. Ah ! qu’une nuit enfin, à la faveur de
mon
sommeil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! —
2136
qu’une nuit enfin, à la faveur de mon sommeil, on
me
vole à moi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils me conduira
2137
meil, on me vole à moi-même ! Que des êtres rêvés
m’
emportent ! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si gra
2138
oi-même ! Que des êtres rêvés m’emportent ! — Ils
me
conduiraient là où je ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Es
2139
s rêvés m’emportent ! — Ils me conduiraient là où
je
ne sais pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde
2140
! — Ils me conduiraient là où je ne sais pas que
j’
ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de moi : des
2141
pas que j’ai si grand désir d’aller… Est-ce ici ?
Je
regarde autour de moi : des murs sans yeux dominent des baraques épar
2142
désir d’aller… Est-ce ici ? Je regarde autour de
moi
: des murs sans yeux dominent des baraques éparses dans une brousse o
2143
bouger les jambes. Nous suivons à tâtons. Ce que
je
pressentais ne tarde pas à se produire : des aboiements fous et une e
2144
le : c’est tout de suite écœurant et prétentieux.
Je
suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires. Je remarque simpleme
2145
suis de ceux qui mangent sans faire d’histoires.
Je
remarque simplement qu’on n’est jamais mieux pour parler qu’en face d
2146
pure. Edmond Jaloux préside à cette agape dont il
m’
est impossible de nommer tous les officiants visibles ou virtuels, et
2147
ticulier à le parfaire ? — il est bientôt minuit.
Mon
fantôme est là. Un chien, Dick, est là. Pierre Girard n’est pas là, n
2148
mbast et Mlle Monnier sont là. Jacques Chenevière
pourrait
très bien être là, puisqu’en ma voisine, je reconnais la Jeune fille
2149
Chenevière pourrait très bien être là, puisqu’en
ma
voisine, je reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fon
2150
pourrait très bien être là, puisqu’en ma voisine,
je
reconnais la Jeune fille de neige. On la sent prête à fondre de tendr
2151
es Petit, égaré, en ayant soin d’ajouter ceux que
j’
oublie, vous obtiendrez le chiffre exact des participants ; calculez l
2152
de l’Italie et une certaine qualité de désespoir,
je
retrouve les contes d’Hoffmann. Mais il s’agit de les vivre plutôt qu
2153
vivre plutôt que d’en parler vous voyez bien que
j’
ai quitté cette table écroulée, dans la fumée et les évocations, sous
2154
ui cachait le front des palais, une nuit d’hiver,
je
chantonnais la Barcarolle en descendant le Grand Canal, — c’est une r
2155
ériennes, des chansons populaires qui sont ce que
je
connais de plus indiciblement nostalgique. Und solltest du im Leben
2156
nes. Un grand verre de bière à l’auberge déserte,
ma
pipe et mon chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retrai
2157
nd verre de bière à l’auberge déserte, ma pipe et
mon
chien qui bougonne. La petite maison du colonel en retraite a des fen
2158
l est temps de mettre à ces fariboles un terme19.
J’
ai du solide à équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu. Mes au
2159
erme19. J’ai du solide à équarrir. Et auparavant,
j’
aimerais lire un peu. Mes auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe To
2160
équarrir. Et auparavant, j’aimerais lire un peu.
Mes
auteurs ? Goethe en tout temps ; Rodolphe Toepffer (admiré par Goethe