1
s jésuites (9 février 1924)a M. de Montherlant
est
considéré par plusieurs comme l’un des héritiers de Barrès. Le rappro
2
me l’un des héritiers de Barrès. Le rapprochement
est
peut-être prématuré, tout au plus peut-on dire qu’à l’heure présente
3
rément purement littéraire : une leçon d’énergie.
Il
se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquié
4
la recherche de la vérité. Dès son premier livre,
il
s’est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le te
5
cherche de la vérité. Dès son premier livre, il s’
est
montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’
6
s son premier livre, il s’est montré tout entier,
il
a bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes
7
il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’
est
plus, où les jeunes gens se faisaient, avec sérieux, des âmes excepti
8
esthétisme énervant qu’on appelle symbolisme ; et
elle
a donné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sort
9
ssance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en
est
sortie toute formée et casquée pour la lutte de l’après-guerre. ⁂ Deu
10
de l’après-guerre. ⁂ Deux philosophies, affirme-t-
il
, se disputent le monde. L’une vient de l’Orient, et insinue dans le m
11
umanitarisme, le bolchévisme. L’autre philosophie
est
celle de l’antique Rome, qui a inspiré le catholicisme, la Renaissanc
12
ordre, pour M. de Montherlant comme pour Maurras,
est
ce qu’il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici
13
r M. de Montherlant comme pour Maurras, est ce qu’
il
importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, rien d’
14
l dans cette conception simpliste du monde, qui n’
est
en rien différente de celle de l’Action française ; remarquons toutef
15
atholicisme et du christianisme, le christianisme
étant
dans le même camp que la Réforme. M. de Montherlant n’est décidément
16
le même camp que la Réforme. M. de Montherlant n’
est
décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t-il manqué pour le dev
17
t décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t-
il
manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le collè
18
manqué pour le devenir que le temps de méditer :
il
a quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a sai
19
es et chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ».
Il
n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d
20
n obsédante, le rythme de la guerre. Du moins a-t-
il
ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bourge
21
autres du guerrier et du bourgeois. Dernièrement,
il
abandonna le stade et rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœur
22
où nous vivons tous. Écœuré du désordre général,
il
cherche des remèdes, et nous tend les premiers qui lui tombent sous l
23
. Dans sa hâte salvatrice, M. de Montherlant ne s’
est
même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administrés
24
e pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient
être
administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la justi
25
ent être administrés ensemble. L’opération faite,
il
a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours
26
il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas
été
sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement masqués
27
Paradis à l’ombre des épées 1, son dernier livre,
est
consacrée à « fondre dans une unité supérieure » l’antinomie de l’esp
28
. « On se fait son unité comme on peut », avoue-t-
il
franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une mêm
29
on unité comme on peut », avoue-t-il franchement.
Il
me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une même philosophie la
30
ble d’autant plus paradoxal que M. de Montherlant
est
justement un des premiers Français qui ait compris que le but du spor
31
rs Français qui ait compris que le but du sport n’
est
pas la performance, mais le style et la méthode, c’est-à-dire la form
32
eut oublier la partie doctrinaire de cette œuvre,
elle
ne lui est pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que va
33
la partie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui
est
pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que valent toutes
34
on idées générales, et j’avoue bien volontiers qu’
il
n’est pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde
35
ées générales, et j’avoue bien volontiers qu’il n’
est
pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde ». Je
36
ces corps de l’entre-deux-guerres, … cinq sur dix
sont
désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-il touché la pis
37
ignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t-
il
touché la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à so
38
’air et le sol, dieux rivaux, se le disputent, et
il
oscille entre l’un et l’autre. Ainsi mon art, entre terre et ciel. Ma
39
re et ciel. Mais sa foulée, bondissante et posée,
est
pleine du désir de l’air. Danse-t-il sur une musique que je n’entends
40
e et posée, est pleine du désir de l’air. Danse-t-
il
sur une musique que je n’entends pas ? » — Mais plus que le corps en
41
c’est la domination de la raison sur ce corps qui
est
exaltante, et c’est cette domination qui est le but véritable du spor
42
qui est exaltante, et c’est cette domination qui
est
le but véritable du sport. On accepte une règle ; on l’assimile, à te
43
accepte une règle ; on l’assimile, à tel point qu’
elle
n’est plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le corps
44
une règle ; on l’assimile, à tel point qu’elle n’
est
plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le corps du jou
45
siode et qui gouverna le monde ancien : La moitié
est
plus grande que le tout ». Le sport comme un apprentissage de la vie
46
ique tressé dans vos couronnes de laurier. Vous n’
êtes
pas couronnés d’olivier. La main connaît la main dans la prise du tém
47
pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui
sont
à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me
48
. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui.
Il
dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévo
49
ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me
soit
dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont
50
qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. »
Ils
disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en v
51
demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu
es
notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en vain. Stades que p
52
disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne
sont
pas dites en vain. Stades que parcourent de jeunes et purs courages,
53
insi compris, plus que l’apprentissage de la vie,
est
l’apprentissage de la guerre, dira-t-on. M. de Montherlant répondra :
54
. de Montherlant répondra : non, car la faiblesse
est
le péché capital pour le sportif. Or c’est la faiblesse « qui fait le
55
lesse « qui fait lever la haine ». « La faiblesse
est
mère du combat. » C’est donc à un lacédémonisme renouvelé que nous co
56
n peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’
elle
sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’en pense M. de
57
pense M. de Montherlant. Et voici, ô paradoxe, qu’
il
rejoint Kant, Kant qui écrit : « C’est sur des maximes, non sur la di
58
C’est sur des maximes, non sur la discipline, qu’
il
faut fonder la conduite des jeunes gens : celle-ci empêche les abus,
59
es filles assez fortes pour pouvoir tout lire, et
il
n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait a
60
constructive » : porter l’effort sur ce qui doit
être
, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’
61
ffort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas
être
tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’épuise-t-i
62
e. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’épuise-t-
il
pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses qualités, le
63
puise-t-il pas à combattre certaines faiblesses :
il
développe ses qualités, le reste s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Month
64
ompte à distance de la contradiction sur laquelle
est
bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’il sacrifiera, de l
65
n sur laquelle est bâtie son œuvre. L’intéressant
sera
de voir ce qu’il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jé
66
bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’
il
sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais enfin
67
rales » ne vaillent rien2 ; sa morale virile nous
est
néanmoins plus proche que la sensualité vaguement chrétienne de tel a
68
catholique. Et son lyrisme, encore un peu brutal,
il
saura le dompter, et atteindre au classicisme véritable. Voici un con
69
tructeur, un entraîneur, et qui joue franc jeu. S’
il
faut lutter contre lui, nous savons qu’il observera les règles. Saluo
70
jeu. S’il faut lutter contre lui, nous savons qu’
il
observera les règles. Saluons-le donc du salut des équipes avant le m
71
point de départ. Mais leurs recherches n’ont pas
été
vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus conscient
72
part. Mais leurs recherches n’ont pas été vaines.
Ils
en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus conscients de leurs m
73
(contrairement à ce que pense souvent le public),
ils
préparent l’avènement d’un classicisme nouveau. M. Meili a mis en évi
74
u peintre. Souhaitons d’entendre encore M. Meili.
Est
-il besoin de souligner l’importance de telles prises de contact entre
75
intre. Souhaitons d’entendre encore M. Meili. Est-
il
besoin de souligner l’importance de telles prises de contact entre ar
76
blement lucide, ce regard en arrière. Montherlant
est
dur pour ses erreurs plus encore que pour celles de l’adversaire, ce
77
us encore que pour celles de l’adversaire, ce qui
est
beaucoup dire. Il y avait dans le Paradis je ne sais quel relent de b
78
barie, un assez malsain goût du sang. Tout cela s’
est
purifié dans le Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous somme
79
e Chant funèbre. Et une phrase telle que « … Nous
sommes
sûrs de ne pas nous tromper en nous inquiétant de faire, à notre plac
80
nt de faire, à notre place modeste, si peu que ce
soit
pour la paix », c’est une affirmation qui d’un coup condamne beaucoup
81
eaucoup d’antérieures protestations belliqueuses.
Il
nous montre « des Français qui pensent ces carnages inévitables, avec
82
x, et d’autres qui tiennent qu’une telle attitude
est
responsable de ces carnages ». Naguère il était des premiers ; il s’a
83
titude est responsable de ces carnages ». Naguère
il
était des premiers ; il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour
84
ude est responsable de ces carnages ». Naguère il
était
des premiers ; il s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir
85
e ces carnages ». Naguère il était des premiers ;
il
s’affirme aujourd’hui des seconds. C’est pour avoir contemplé Verdun,
86
gendaires de Verdun, et ce « haut ton de vie » qu’
ils
trouvaient au front. D’une phrase, il justifie son livre : « Ranimons
87
e vie » qu’ils trouvaient au front. D’une phrase,
il
justifie son livre : « Ranimons ces horreurs pour les vouloir éviter,
88
t ces grandeurs pour n’en pas trop descendre ». N’
est
-ce pas une éclatante mise au point ? Et venant de l’auteur du Songe,
89
irent » du front dans notre paix lassée, ne prend-
elle
pas une pathétique signification ? Pourtant ici encore transparaît un
90
ore transparaît un doute, parfois : « On craint d’
être
injuste en décidant si… cette absence de haine ; cette épouvante, dev
91
ontraires s’unissent dans la grandeur. La paix qu’
il
appelle, c’est autre chose que l’absence de guerre, c’est une paix qu
92
travaillerait le levain des vertus guerrières. «
Il
faut que la paix, ce soit vivre. » Par tout un livre libéré de souven
93
des vertus guerrières. « Il faut que la paix, ce
soit
vivre. » Par tout un livre libéré de souvenirs héroïques, peut-être t
94
paix, c’est vers de plus sereines exaltations qu’
il
va porter son ardeur. Il va chercher le souvenir de l’aventure antiqu
95
sereines exaltations qu’il va porter son ardeur.
Il
va chercher le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui fut Rom
96
le souvenir de l’aventure antique, et dans ce qui
fut
Rome ou la Grèce, revivre sa tradition. Toute son œuvre pourrait se d
97
ent lorsqu’on parle de cette œuvre : je ne sais s’
il
faut en voir la raison dans la force de la personnalité révélée ou da
98
Périlleuse carrière de la grandeur où Montherlant
est
entré de plain-pied, en même temps que dans la guerre. Que de sacrifi
99
dans la guerre. Que de sacrifices ne lui devra-t-
il
pas offrir ainsi les romans « intéressants » ou « curieux » ; le « gr
100
sme » à la Chateaubriand, voire à la Barrès, dont
il
est capable et qu’il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle
101
» à la Chateaubriand, voire à la Barrès, dont il
est
capable et qu’il lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dan
102
and, voire à la Barrès, dont il est capable et qu’
il
lui faudra livrer au « feu de vérité » qui brûle dans son temple inté
103
e vérité » qui brûle dans son temple intérieur, s’
il
veut rester digne de son rôle et vraiment le coryphée d’une génératio
104
, flamme d’une pureté si rare en notre siècle, qu’
elle
paraît parfois, lorsque la tourmente humaine ne la moleste ni ne l’av
105
a significative pauvreté idéologique et morale qu’
il
révèle. Le style brillant et elliptique qui tend à devenir notre ponc
106
a pensée. D’autant plus que les rares passages où
il
expose directement les principes de sa « révolution » semblent au con
107
e philosophie ou de psychanalyse. Ces principes ?
Ils
se laissent hélas résumer en un court article de dictionnaire : « Sur
108
sychique pur par lequel on se propose d’exprimer,
soit
verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonction
109
equel on se propose d’exprimer, soit verbalement,
soit
par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la
110
ose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit,
soit
de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée d
111
sthétique ou morale. » (p. 42). Le surréalisme ne
serait
-il donc qu’une sorte de méthode des textes généralisée ? Point du tou
112
ue ou morale. » (p. 42). Le surréalisme ne serait-
il
donc qu’une sorte de méthode des textes généralisée ? Point du tout !
113
méthode des textes généralisée ? Point du tout !
Il
paraît qu’il est la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable.
114
textes généralisée ? Point du tout ! Il paraît qu’
il
est la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable. Mais par que
115
tes généralisée ? Point du tout ! Il paraît qu’il
est
la seule attitude littéraire aujourd’hui concevable. Mais par quelles
116
icheries plus ou moins conscientes M. Breton peut-
il
préconiser l’existence d’une littérature fondée sur de tels principes
117
ittérature fondée sur de tels principes ? Le Rêve
est
la seule matière poétique. Dans le monde du Rêve autant de cellules i
118
de cellules isolées que de rêveurs. Toute poésie
est
incommunicable, le poète étant un simple sténographe de ses rêves. So
119
êveurs. Toute poésie est incommunicable, le poète
étant
un simple sténographe de ses rêves. Soit. De ces faits, je tire cette
120
e poète étant un simple sténographe de ses rêves.
Soit
. De ces faits, je tire cette conclusion pratique : inutile de publier
121
enait, qui écrivit : « Quand les livres se liront-
ils
d’eux-mêmes, sans le secours des lecteurs ? Quand les hommes se compr
122
s des lecteurs ? Quand les hommes se comprendront-
ils
individuellement ? » Que M. Breton donne des « recettes pour faire un
123
ecettes pour faire un poème » cette mystification
est
dans la logique de ses principes, mais je lui conteste le droit de fa
124
de la poésie pure. Les beautés que j’y vois ne me
seraient
-elles perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidence entre l
125
sie pure. Les beautés que j’y vois ne me seraient-
elles
perceptibles que par le fait d’une fortuite coïncidence entre l’unive
126
ds trop de choses dans ces poèmes qui devraient m’
être
parfaitement impénétrables. Je crois même voir que M. Breton serait u
127
t impénétrables. Je crois même voir que M. Breton
serait
un très curieux poète s’il ne s’efforçait de donner raison aux 75 pag
128
voir que M. Breton serait un très curieux poète s’
il
ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où il voulut nous persua
129
l ne s’efforçait de donner raison aux 75 pages où
il
voulut nous persuader que tout poème doit être une dictée non corrigé
130
s où il voulut nous persuader que tout poème doit
être
une dictée non corrigée du Rêve. Je reconnais à chaque ligne de Poiss
131
nt rien à dire, mais savent admirablement parler.
Ils
érigent donc en doctrine leur impuissance. « Il n’y a pas de pensée h
132
Ils érigent donc en doctrine leur impuissance. «
Il
n’y a pas de pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-ils de
133
pensée hors les mots » (Aragon). Aussi se paient-
ils
de métaphores comme d’autres de raisonnements. Plaisante ironie, si c
134
sonnements. Plaisante ironie, si cette attitude n’
était
qu’une protestation contre nos poncifs intellectuels. Mais elle risqu
135
otestation contre nos poncifs intellectuels. Mais
elle
risque bien de nous en rendre un peu plus esclaves. Car depuis Freud
136
dre un peu plus esclaves. Car depuis Freud — dont
ils
se réclament imprudemment, — on sait ce que c’est que la « liberté »
137
riaux de démolition abandonnés par Dada S.A. Ce n’
est
pas ainsi que nous sortirons d’une anarchie dont les causes semblent
138
s, c’est que — pour reprendre un mot de Cocteau —
ils
« embaument de vieilles anarchies ». L’ironie qui sauva Dada du ridic
139
de la collection des « Maîtres de l’art moderne »
est
au moins le cinquième ouvrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1
140
vrage publié en France sur Van Gogh, depuis 1922.
Il
contient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’est contenté de n
141
ntient pourtant des vues assez neuves. M. Colin s’
est
contenté de narrer les faits de la vie de Vincent, mais d’une telle m
142
s critiques s’en dégagent avec évidence. Van Gogh
fut
une proie du génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin, est peu
143
génie. L’homme tel que nous le peint Paul Colin,
est
peu intéressant. On en a connu bien d’autres de ces jeunes gens préte
144
le, c’est que le plus sauvage génie ait choisi un
être
de cette espèce pour le tourmenter et le transfigurer. Vincent s’en e
145
ême : « Il y a quelque chose au-dedans de moi. Qu’
est
-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins sont de gauches copies de
146
Qu’est-ce que c’est donc ? » Ses premiers dessins
sont
de gauches copies de Millet. Mais son manque de talent ne le rebute p
147
le rebute pas. Une divine violence le travaille.
Elle
jaillira enfin, dans l’éblouissement d’Arles, jusqu’au jour où cette
148
nsomption frénétique terrassant un corps minable,
il
ne restera plus que les flammes, les soleils et aussi les grimaces de
149
et aussi les grimaces de douleur de ses tableaux.
Il
faut louer Paul Colin de n’avoir rien caché des médiocrités de cette
150
M. Colin n’a pas cherché à expliquer ce miracle.
Il
nous laisse à notre émotion devant le spectacle d’une œuvre qui ne du
151
r scientifique, « Prix Goncourt », curieux homme.
Il
se livre à des travaux de précision : il calcule un plan, un poème. I
152
x homme. Il se livre à des travaux de précision :
il
calcule un plan, un poème. Il écrit un livre sur Einstein, des articl
153
vaux de précision : il calcule un plan, un poème.
Il
écrit un livre sur Einstein, des articles sur Valéry, St John Perse.
154
vel. Car si la liquidation des questions traitées
est
rapide, elle est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, discipl
155
la liquidation des questions traitées est rapide,
elle
est complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry,
156
quidation des questions traitées est rapide, elle
est
complète aussi. On s’étonne de ce que Fabre, disciple de Valéry, puis
157
s si bouillonnants, si mal équarris. Certes, ce n’
est
pas lui qui se refuserait à écrire — comme le fait son maître : « La
158
quise sortit à cinq heures ». Une telle platitude
est
presque indispensable, mais il s’en permet d’autres qui le sont moins
159
e telle platitude est presque indispensable, mais
il
s’en permet d’autres qui le sont moins. On n’écrit pas un roman en tr
160
ndispensable, mais il s’en permet d’autres qui le
sont
moins. On n’écrit pas un roman en trois volumes sans y laisser des ma
161
nde pas non plus au puissant boxeur sur le ring d’
être
bien peigné. Rabevel, c’était un portrait balzacien du brasseur d’af
162
e rustique de France ». En effet — le phénomène n’
est
pas particulier à la France — les paysans sont en train de redevenir
163
e n’est pas particulier à la France — les paysans
sont
en train de redevenir serfs, serfs des syndicats et des capitalistes
164
inertie du peuple qui donnait tant de mal lorsqu’
il
fallait l’éveiller, l’entraîne au-delà du but. Le Tarramagnou voit so
165
ramagnou voit son œuvre sabotée par des meneurs ;
il
tente en vain de ressaisir les foules : déjà elles huent sa modératio
166
; il tente en vain de ressaisir les foules : déjà
elles
huent sa modération. Alors il va se jeter au-devant des troupes accou
167
es foules : déjà elles huent sa modération. Alors
il
va se jeter au-devant des troupes accourues, il meurt en clamant la p
168
s il va se jeter au-devant des troupes accourues,
il
meurt en clamant la paix. M. Fabre avait là les éléments d’un grand r
169
En fermant le livre on a presque l’impression qu’
il
a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de s
170
sion qu’il a réussi ce grand roman… Qu’y manque-t-
il
? Un style ? L’absence de style, n’est-ce pas le meilleur style pour
171
’y manque-t-il ? Un style ? L’absence de style, n’
est
-ce pas le meilleur style pour un romancier ? C’est plutôt, je crois,
172
t et le ton, surtout dans la première partie, qui
est
confuse. Non pas que le roman soit mal construit, au contraire. Mais
173
ère partie, qui est confuse. Non pas que le roman
soit
mal construit, au contraire. Mais le tissu des faits se relâche parfo
174
ues. Chef-d’œuvre ou pas chef-d’œuvre d’ailleurs,
il
reste que le Tarramagnou est un livre émouvant, d’une saine puissance
175
f-d’œuvre d’ailleurs, il reste que le Tarramagnou
est
un livre émouvant, d’une saine puissance. Il reste que Lucien Fabre a
176
nou est un livre émouvant, d’une saine puissance.
Il
reste que Lucien Fabre a tenté, et en somme, réussi, une entreprise b
177
cuments. La littérature de ces dernières années n’
est
qu’une forme de reportage international. L’Europe menant cette immens
178
seulement qu’on a imaginé un péril oriental, car
il
semble bien que dans le domaine de la culture le péril n’existe que p
179
t qu’on en parle, la vraie « question asiatique »
étant
une question politique. On peut prévoir que si le bouddhisme jouit un
180
renouveau, c’est à quelques savants européens qu’
il
le devra, tandis que d’un mouvement inverse, le christianisme débarra
181
es pour s’y retremper. Les appels de l’Orient, ce
sont
les Keyserling, les Guénon, qui les font entendre, autant et plus que
182
e et les Gandhi, demi-européanisés. Ceci convenu,
il
faut reconnaître que l’enquête des Cahiers du Mois donne un fort inté
183
ymbole », a dit A. Breton. C’est de cet Orient qu’
il
s’agit, et Jean Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui est
184
Schlumberger le définit encore : « … tout ce qui
est
opposé à l’esprit occidental, tout ce qui peut servir d’antidote à sa
185
ation qui n’a de sens que par rapport à l’Europe.
Il
serait vain de tenter un classement parmi les réponses d’une extraord
186
on qui n’a de sens que par rapport à l’Europe. Il
serait
vain de tenter un classement parmi les réponses d’une extraordinaire
187
— qui composent ce gros volume. Les points de vue
sont
si différents, si différentes même les conclusions tirées de points d
188
ment que la question ne se pose pas, puisque nous
sommes
chrétiens. (Mais le christianisme, religion missionnaire, ne peut nou
189
conclusions ou interrogations, ont le défaut de n’
être
pas suffisamment motivées par des faits et des documents. Pour beauco
190
faits et des documents. Pour beaucoup, l’Orient n’
est
qu’un prétexte à variations sur le thème favori. M. Massis, par exemp
191
qui, eux, apportent des documents, savent de quoi
ils
parlent, ils se récusent lorsqu’il s’agit de conclure. Un écrivain gr
192
ortent des documents, savent de quoi ils parlent,
ils
se récusent lorsqu’il s’agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiri
193
avent de quoi ils parlent, ils se récusent lorsqu’
il
s’agit de conclure. Un écrivain grec, M. Embiricos, a trouvé la formu
194
es autres entendent vaguement par Orient : l’Asie
est
le subconscient du monde, formule qui, je pense, réunira tous les suf
195
e de solitude (septembre 1925)f « Dès que nous
sommes
seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue q
196
embre 1925)f « Dès que nous sommes seuls, nous
sommes
des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes ne joue que soutenu par le c
197
sant raccourci psychologique. « Tout homme normal
est
fait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut êt
198
st fait de plusieurs fous qui s’annulent », écrit-
il
. Ce fou qui veut être soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce
199
fous qui s’annulent », écrit-il. Ce fou qui veut
être
soi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui est déterminé par
200
oi purement, qui veut éliminer de soi tout ce qui
est
déterminé par l’extérieur, — ce fou que nous portons tous en nous, —
201
érieur, — ce fou que nous portons tous en nous, —
il
l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis il l’a poussé impitoyablemen
202
us, — il l’a isolé, incarné, nommé : Revert. Puis
il
l’a poussé impitoyablement dans sa recherche d’un absolu qui se trouv
203
ement dans sa recherche d’un absolu qui se trouve
être
le néant. Pour finir il « l’écrabouille ». L’expérience est terminée.
204
un absolu qui se trouve être le néant. Pour finir
il
« l’écrabouille ». L’expérience est terminée. Artificielle comme tout
205
nt. Pour finir il « l’écrabouille ». L’expérience
est
terminée. Artificielle comme toute expérience, elle n’en est pas moin
206
st terminée. Artificielle comme toute expérience,
elle
n’en est pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’e
207
e. Artificielle comme toute expérience, elle n’en
est
pas moins probante. Une œuvre d’art que ce petit livre ? C’est avant
208
ration ; mais, puissante de sûreté et d’évidence,
elle
a cette beauté froide et massive d’un théorème de Spinoza. Une ironie
209
Almanach Fischer donnent une juste idée de ce que
fut
la littérature d’avant-garde entre 1900 et 1910. Depuis, la maison pa
210
de entre 1900 et 1910. Depuis, la maison paraît s’
être
un peu embourgeoisée… Disons plutôt que voici venu le temps de la moi
211
gite l’Allemagne nouvelle — et peut-être parce qu’
il
sait en sortir parfois — M. Otto Flakei a gardé son bon sens et son s
212
l’on a pu reprocher à ses tableaux de l’Europe qu’
il
vient de parcourir quelque superficialité, du moins faut-il le louer
213
e parcourir quelque superficialité, du moins faut-
il
le louer d’avoir conservé une vision générale de notre temps et un év
214
oman sans exposer et discuter toutes les idées qu’
elles
illustrent. Les personnages discutent certes, mais leurs actions sont
215
personnages discutent certes, mais leurs actions
sont
les meilleurs arguments. Et peu à peu surgissent d’une accumulation d
216
et les fuites les plus folles hors de la réalité,
ils
forment un cortège pittoresque et désolant à celui qui, revenu de l’é
217
n prologue (septembre 1925)j M. Valéry Larbaud
est
vraiment un étonnant esprit. Pour présenter au public français cette
218
œuvre « d’importance européenne », croyez-vous qu’
il
aille s’abandonner à l’émotion communicative de qui découvre un somme
219
gement, humour léger, notation suggestive, telles
sont
les vertus de sa critique. Ce n’est que dans sa discrétion à louer un
220
tive, telles sont les vertus de sa critique. Ce n’
est
que dans sa discrétion à louer une grande œuvre qu’on trouvera la mes
221
xemplaires ne suscitent un intérêt très profond :
elles
nous transportent au cœur de préoccupations des plus modernes, problè
222
nalité. Leur Prologue pourrait presque aussi bien
être
celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-il pas que les personnag
223
être celui d’une pièce de Pirandello. N’annonce-t-
il
pas que les personnages des trois nouvelles « sont réels, très réels,
224
-il pas que les personnages des trois nouvelles «
sont
réels, très réels, de la réalité la plus intime, de celle qu’ils se d
225
réels, de la réalité la plus intime, de celle qu’
ils
se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas être…
226
ils se donnent eux-mêmes dans leur pure volonté d’
être
ou de ne pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent êtr
227
-mêmes dans leur pure volonté d’être ou de ne pas
être
… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent être, subissent, une
228
e ne pas être… ». Mais les héros de Pirandello, s’
ils
veulent être, subissent, une fois qu’ils sont, le grand malentendu de
229
e… ». Mais les héros de Pirandello, s’ils veulent
être
, subissent, une fois qu’ils sont, le grand malentendu de la personnal
230
dello, s’ils veulent être, subissent, une fois qu’
ils
sont, le grand malentendu de la personnalité. Tandis que chez Unamuno
231
o, s’ils veulent être, subissent, une fois qu’ils
sont
, le grand malentendu de la personnalité. Tandis que chez Unamuno une
232
es affole. Les plus beaux types créés par Unamuno
sont
ces femmes dures et passionnées, Raquel et Catherine, ou cet Alexandr
233
esque inhumaine torture et conduit au crime. Et s’
ils
s’imposent comme types, c’est encore et uniquement par leur obsédante
234
impression de grandeur désolée qu’un Greco. Mais
il
n’y a pas les couleurs, ni l’amère volupté des formes. Une sensation
235
a pensée française (octobre 1925)k Peut-être n’
est
-il pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau
236
nsée française (octobre 1925)k Peut-être n’est-
il
pas trop tard pour parler du Vinet de M. Seillière, de ce nouveau cha
237
Vinet de M. Seillière, de ce nouveau chapitre qu’
il
vient d’ajouter à sa grande étude sur les rapports du christianisme e
238
iellement chrétien sur le mysticisme naturiste ».
Il
ne pouvait trouver mieux que Vinet. Et j’imagine son étonnement à déc
239
originale de la plupart des idées dont lui-même s’
est
fait le moderne champion. Pour ce qui concerne le Vinet juge des roma
240
ur ce qui concerne le Vinet juge des romantiques,
il
n’a pas eu trop de peine à l’annexer à son propre corps de doctrines
241
nes critiques. Dirai-je pourtant que je crains qu’
il
n’ait été incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légère
242
ques. Dirai-je pourtant que je crains qu’il n’ait
été
incité parfois, et presque inconsciemment, à gauchir légèrement la pe
243
me » de tout son mysticisme protestant. Et cela n’
est
pas sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi il insiste sur
244
sans gêner M. Seillière. C’est peut-être pourquoi
il
insiste sur le fait que Vinet se déclarait « un chrétien sans épithèt
245
se déclarait « un chrétien sans épithète ». Croit-
il
éluder ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien n’e
246
éluder ainsi le protestantisme de Vinet ? Ne voit-
il
pas que rien n’est plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces r
247
otestantisme de Vinet ? Ne voit-il pas que rien n’
est
plus protestant qu’une telle attitude ? Mais ces réserves sont de peu
248
testant qu’une telle attitude ? Mais ces réserves
sont
de peu d’importance si l’on songe au service que M. Seillière nous re
249
’un Maurras ou que celle d’un Maritain. Son unité
est
plus réellement profonde, son point d’appui plus central. Pour notre
250
isme exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle,
il
n’est peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que ce
251
exaspérés, pour notre nouveau mal du siècle, il n’
est
peut-être pas de pensée plus vivante, ni de plus tonique que celle de
252
ervielle, Gravitations (décembre 1925)l « Quel
est
celui-là qui s’avance » avec ce visage d’entre la vie et la mort « où
253
passage incessant d’oiseaux de la mer ? » « Quel
est
cet homme dont l’âme fait des signes solennels ? » Une voix lente aux
254
lente aux méandres songeurs, une simplicité qui n’
est
pas familière. C’est bien la poésie d’une époque tourmentée dans sa p
255
nges pour assembler un sourire ». Comme Max Jacob
il
lui arrive de situer une anecdote purement poétique dans un monde qu’
256
r une anecdote purement poétique dans un monde qu’
il
s’est créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du m
257
anecdote purement poétique dans un monde qu’il s’
est
créé. Jamais banal, il est parfois facile : la description du monde q
258
que dans un monde qu’il s’est créé. Jamais banal,
il
est parfois facile : la description du monde qu’il invente nous lasse
259
dans un monde qu’il s’est créé. Jamais banal, il
est
parfois facile : la description du monde qu’il invente nous lasse qua
260
l est parfois facile : la description du monde qu’
il
invente nous lasse quand elle ne l’étonne plus assez lui-même (pourta
261
scription du monde qu’il invente nous lasse quand
elle
ne l’étonne plus assez lui-même (pourtant l’autel et le surréalisme l
262
ont enrichie d’images…). Je cite des noms : y a-t-
il
influence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’ils sortent des ca
263
nfluence ou seulement co-génération ? Pour peu qu’
ils
sortent des cafés littéraires, nos poètes respirent le même air du te
264
Leur originalité se retrouve dans la manière dont
ils
tentent de fuir l’inquiétude où ils baignent. Celui-ci vient à peine
265
manière dont ils tentent de fuir l’inquiétude où
ils
baignent. Celui-ci vient à peine de quitter l’air dur des pampas. « L
266
s les étoiles. J’avoue que l’univers intérieur où
il
lui arrive de graviter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On
267
ter me trouble mieux que son lyrisme cosmique. On
est
plus près de l’infini au fond de soi qu’au fond du ciel. l. « Jules
268
de forme et traditionaliste d’inspiration, comme
fut
celle des Yeats, Synge, Joyce même… Trois noms qui permettent, je cro
269
que d’ailleurs Mlle Simone Téry ne fait pas. Car
elle
veut éviter l’emballement et conserver dans l’admiration son sens cri
270
et ses commentaires parfois un peu copieux ; mais
elle
a la vertu de rendre contagieuse la curiosité de l’auteur à l’endroit
271
rète (décembre 1925)n La Révolution russe va-t-
elle
usurper dans le roman d’aventures le rôle de la mer Océane avec ses é
272
éclate le sinistre, et s’arrête au moment où l’on
est
sûr que ça brûle bien. Quel sujet plus riche pouvait-on rêver pour un
273
romantisme, dans le détail de la vie d’une ville.
Il
sait qu’un grand mouvement est la résultante de millions de petits. V
274
la vie d’une ville. Il sait qu’un grand mouvement
est
la résultante de millions de petits. Voici naître la révolution dans
275
it pas autrement que les individus. L’auteur, qui
est
l’un de ces Anglais, tombe malade avec à-propos et perd connaissance
276
femme, la vertueuse Véra avec un des Anglais) :
Ils
s’embrassaient comme des gens qui auraient eu faim toute leur vie… Ma
277
rkovitch, derrière sa vitre, tremblait si fort qu’
il
avait peur de trébucher et de faire du bruit. Il songea : — C’est la
278
’il avait peur de trébucher et de faire du bruit.
Il
songea : — C’est la fin pour moi. Puis : — Quelle imprudence ! Avec l
279
lumière et peut-être du monde dans l’appartement.
Il
avait si froid que ses dents claquaient. Il quitta sa fenêtre, se tra
280
ment. Il avait si froid que ses dents claquaient.
Il
quitta sa fenêtre, se traîna jusqu’à l’angle le plus éloigné du rédui
281
olant sa patrie. Une effroyable acceptation, mais
elle
peut se muer instantanément en révolte. Aucun cadre logique ne déterm
282
dre logique ne détermine l’avenir le plus proche.
Il
n’y a pas même des forces endormies dans l’âme russe : mais des possi
283
és, à chaque instant, d’explosion. Le géant russe
est
un enfant : va-t-il rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ?
284
d’explosion. Le géant russe est un enfant : va-t-
il
rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lu
285
Le géant russe est un enfant : va-t-il rire, va-t-
il
pleurer ? m’embrasser ou me tuer ? Il sent autour de lui quelque chos
286
rire, va-t-il pleurer ? m’embrasser ou me tuer ?
Il
sent autour de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empire. Il le r
287
de lui quelque chose qui le gêne. C’est l’empire.
Il
le renverse, pour voir. Pendant qu’il est encore ébahi du fracas, le
288
t l’empire. Il le renverse, pour voir. Pendant qu’
il
est encore ébahi du fracas, le juif survient avec une méthode simplif
289
’empire. Il le renverse, pour voir. Pendant qu’il
est
encore ébahi du fracas, le juif survient avec une méthode simplifiée
290
ages le suggèrent de toute la force du trouble qu’
ils
créent en nous : Markovitch par exemple, ou Sémyonov, un cynique secr
291
ion au cours des siècles. Primitivement, le Saint
est
un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très
292
un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’
il
serve. Mais très vite on étend l’appellation de saint à ceux qui par
293
élévation morale ou leurs souffrances semblent s’
être
le plus rapprochés du Christ ; et dans l’Église persécutée, le martyr
294
souplesse dont fait preuve l’Église d’alors quand
il
s’agit d’adapter des traditions antiques au dogme en formation. Au Mo
295
s saints pour l’exemple de leur vie : mais Christ
est
le seul médiateur à qui doit s’adresser le culte, en son cœur, du cro
296
cœur, du croyant. Le centre de gravité religieux
est
replacé en Christ. — Comment l’Église catholique réagit-elle ? En cod
297
é en Christ. — Comment l’Église catholique réagit-
elle
? En codifiant l’état de choses antérieur. Donc l’Église continue à f
298
’a plus qu’un sens relatif pour nous protestants.
Est
-ce là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’avoir méconnu l’
299
dèle de la vocation, le protestantisme affirme qu’
il
existe divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’est sacrifiée au
300
ste divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’
est
sacrifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missionnaire
301
té ». Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’
était
-ce pas une sainte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n
302
te, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’
il
n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protest
303
iaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestants,
il
existe des saints dans le protestantisme. Mais il n’est pas de fin au
304
il existe des saints dans le protestantisme. Mais
il
n’est pas de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence
305
iste des saints dans le protestantisme. Mais il n’
est
pas de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence qu’au
306
imites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens,
il
ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il f
307
s ce sens, il ne peut exister de saint véritable.
Il
n’y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignemen
308
de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais
il
faut être parfait. Tel est l’enseignement de Jésus, telle est la pens
309
t véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut
être
parfait. Tel est l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’a vo
310
y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel
est
l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’a voulu restaurer le
311
e parfait. Tel est l’enseignement de Jésus, telle
est
la pensée qu’a voulu restaurer le protestantisme. La place nous manqu
312
estantisme. La place nous manque pour louer comme
il
conviendrait la clarté d’un exposé solidement documenté, et le scrupu
313
vanche du fameux scrupule protestant, qui ne peut
être
un danger lorsqu’il n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit anim
314
ule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’
il
n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit animé par une foi agissa
315
rotestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il n’
est
, comme ici, que la loyauté d’un esprit animé par une foi agissante.
316
ressaisissement profond et la ruine. Mais certes,
il
est temps qu’une lueur de conscience inquiète quelques chefs, montre
317
saisissement profond et la ruine. Mais certes, il
est
temps qu’une lueur de conscience inquiète quelques chefs, montre à qu
318
politiques, mais on a si souvent l’impression qu’
ils
battent la mesure devant un orchestre qui, sans eux, jouerait aussi b
319
ssi mal. Quant aux meneurs de l’opinion publique,
il
est trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer. Je parle en géné
320
mal. Quant aux meneurs de l’opinion publique, il
est
trop tard pour les éduquer, il faudrait balayer. Je parle en général,
321
nion publique, il est trop tard pour les éduquer,
il
faudrait balayer. Je parle en général, sachant bien qu’un Romier, un
322
bien qu’un Romier, un Bainville, quelques autres,
sont
parmi les plus conscients de ce temps ; mais si l’on songe aux batail
323
us les partis, on comprendra ce que je veux dire.
Il
faudrait balayer, — et mettre qui à la place ? Nos penseurs, nos écri
324
à l’action, c’est encore pour cultiver leur moi.
Ils
y cherchent un fortifiant, je ne sais quelle excitation, quelle révél
325
vélation ou quel oubli. C’est un dilettantisme qu’
ils
ont peut-être appris dans Barrès. Il leur manque une certitude fonciè
326
tantisme qu’ils ont peut-être appris dans Barrès.
Il
leur manque une certitude foncière, une foi en la valeur de l’action.
327
une foi en la valeur de l’action. C’est pourquoi
ils
ne peuvent prétendre à l’action sociale que l’époque réclame 1. C’est
328
rtance à leurs tentatives morales, si singulières
soient
-elles — dont le grand public reste le témoin souvent sceptique ou rai
329
à leurs tentatives morales, si singulières soient-
elles
— dont le grand public reste le témoin souvent sceptique ou railleur.
330
s dans le chaos des idées et des doctrines, et qu’
il
n’existe pas d’esprit du siècle, hors un certain « confusionnisme ».
331
vées par une même tempête. L’unité de notre temps
est
en profondeur : c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide : ils on
332
: c’est une unité d’inquiétude. Barrès et Gide :
ils
ont construit des édifices très différents de style, et dont les faça
333
nouvelles générations de héros de roman, lesquels
sont
tous éperdument égoïstes. Égoïstes avec une profonde conviction ; par
334
viction ; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant :
ils
ne sont que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est
335
; par vertu. Ce qui n’a rien d’étonnant : ils ne
sont
que les projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme est vertu c
336
projections du moi de leurs auteurs. Or l’égoïsme
est
vertu cardinale pour le créateur. Mais quel est ce besoin si général
337
e est vertu cardinale pour le créateur. Mais quel
est
ce besoin si général de s’incarner, dans le héros de son roman, de se
338
ci la conception même de la littérature, telle qu’
elle
apparaît chez les émules de Barrès comme chez ceux de Gide, qu’il fau
339
les émules de Barrès comme chez ceux de Gide, qu’
il
faut préciser. L’éthique et l’esthétique convergent dans la littératu
340
our s’amuser : ni pour amuser un public. Un livre
est
une action, une expérience. Et, le plus souvent, sur soi-même. On écr
341
uvrir des possibilités neuves, — pour le libérer.
Il
n’est pas question de rechercher ici les origines historiques d’une c
342
des possibilités neuves, — pour le libérer. Il n’
est
pas question de rechercher ici les origines historiques d’une concept
343
e s’y appliqua dans un de ses derniers articles2.
Il
rendait responsable de tout le « mal », le romantisme — et c’est plus
344
le romantisme — et c’est plus que probable. Mais
il
en tirait une raison nouvelle de le condamner, et nous ne pouvons le
345
ndamner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là :
il
est vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’elle seule perme
346
mner, et nous ne pouvons le suivre jusque-là : il
est
vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’elle seule permet la
347
e jusque-là : il est vain de dire qu’une époque s’
est
trompée, puisqu’elle seule permet la suivante qui peut-être retrouver
348
vain de dire qu’une époque s’est trompée, puisqu’
elle
seule permet la suivante qui peut-être retrouvera une nouvelle face d
349
naissance intégrale et culture de soi, telle peut
être
l’épigraphe de toute la littérature moderne. Il n’a pas fallu longtem
350
être l’épigraphe de toute la littérature moderne.
Il
n’a pas fallu longtemps aux Français pour pousser à bout l’expérience
351
n et les sens, entre le moi et le monde : l’ennui
est
venu avant l’épuisement des combinaisons possibles. Exaltation méthod
352
hodique de nos facultés de plaisir : déjà nous en
sommes
à cultiver certaines douleurs, plaisirs rares ; et les dissonances le
353
sensibilités surmenées. Dégoût, parce que tout a
été
essayé. Dégoût, parce qu’on se connaît trop, et que plus rien ne reti
354
d. Révolution toujours ». « Pour nous, le salut n’
est
nulle part… » « Je comprends la révolte des autres et quelles prières
355
ela fait à Dieu », disait Drieu la Rochelle. Mais
il
faudra bien se remettre à manger, tout de même nous avons un corps, e
356
ntaires la matière de quelques pamphlets par quoi
il
se raccroche au monde. Mais il a touché certains bas-fonds de l’âme o
357
pamphlets par quoi il se raccroche au monde. Mais
il
a touché certains bas-fonds de l’âme où s’éveille un désenchantement
358
des derniers venus, Marcel Arland, — plus jeune,
il
n’a pas fait la guerre — c’est le même désenchantement précoce, sans
359
sans la brusquerie de ses aînés. Encore un qui s’
est
complu dans son dégoût ; mais jusqu’au point d’y percevoir comme un a
360
point d’y percevoir comme un appel du Dieu perdu.
Il
avoue enfin la cause secrète des inquiétudes modernes : la perte d’un
361
te des inquiétudes modernes : la perte d’une foi.
Il
a besoin de Dieu, mais il attend en vain sa Révélation : « C’est peut
362
s : la perte d’une foi. Il a besoin de Dieu, mais
il
attend en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je suis médiocre
363
en vain sa Révélation : « C’est peut-être que je
suis
médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il est trop attaché enco
364
suis médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’
il
est trop attaché encore à se regarder chercher, absorbant son attenti
365
s médiocre entre les hommes ». C’est plutôt qu’il
est
trop attaché encore à se regarder chercher, absorbant son attention d
366
ant son attention dans une sincérité si voulue qu’
elle
va parfois à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous sommes mala
367
is à l’encontre de son dessein. ⁂ Décidément nous
sommes
malades dans les profondeurs. Et le mal est si cruellement isolé, com
368
us sommes malades dans les profondeurs. Et le mal
est
si cruellement isolé, commenté par ceux qui le portent en eux qu’il e
369
isolé, commenté par ceux qui le portent en eux qu’
il
en paraît plus incurable. Ces jeunes gens n’en finissent pas de peind
370
n’en finissent pas de peindre leur déséquilibre.
Il
serait temps de faire la critique des méthodes et des façons de vivre
371
en finissent pas de peindre leur déséquilibre. Il
serait
temps de faire la critique des méthodes et des façons de vivre autant
372
adoxes, le chaos, etc. — Certes, aucune époque ne
fut
à la fois plus morale et plus immorale, parce qu’aucune ne s’est auta
373
lus morale et plus immorale, parce qu’aucune ne s’
est
autant attachée à chercher dans le seul moi les fondements d’une éthi
374
ul moi les fondements d’une éthique. Presque tous
sont
hantés par la peur d’une morale qui « déforme », qui mutile une tenda
375
ments mêlés de la personnalité. Toute tendance qu’
ils
découvrent en eux est non seulement légitime à leurs yeux, mais « tab
376
onnalité. Toute tendance qu’ils découvrent en eux
est
non seulement légitime à leurs yeux, mais « tabou » ; et c’est vertu
377
on et folie, etc. Si je les cultive simultanément
il
est clair que les tendances négatives l’emportent, il est plus facile
378
et folie, etc. Si je les cultive simultanément il
est
clair que les tendances négatives l’emportent, il est plus facile et
379
st clair que les tendances négatives l’emportent,
il
est plus facile et plus enivrant de se laisser glisser que de constru
380
clair que les tendances négatives l’emportent, il
est
plus facile et plus enivrant de se laisser glisser que de construire.
381
’est justement de quoi se glorifient ses tenants,
ils
y voient la suprême liberté. Le désir se précisait en moi de commettr
382
ilité, et bien que nous niions toute vérité, nous
étions
dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains d’entre
383
rtyre… Cette lassitude facile à juger du dehors n’
était
pas ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’était émoussé en
384
s ce qu’il y a vingt ans on nommait blasé. Rien n’
était
émoussé en nous, mais pouvions-nous faire abstraction du plan intelle
385
e gratuite que prétendent mener les surréalistes,
il
n’a fallu que le temps pour une folie de s’emballer. La plupart des r
386
e et Aragon nous montrent le même personnage : un
être
sans foi, à qui une sorte de « sincérité » interdit de commettre aucu
387
re aucun acte volontaire et raisonné parce que ce
serait
fausser quelque chose ; à la merci des circonstances extérieures qu’i
388
ose ; à la merci des circonstances extérieures qu’
il
méprise toutes également ; n’attendant rien que de ses impulsions et
389
cidité parfois douloureuse ses propres actes dont
il
s’étonne mais qu’il se garde de juger5. Il y a véritablement une litt
390
ureuse ses propres actes dont il s’étonne mais qu’
il
se garde de juger5. Il y a véritablement une littérature de l’acte gr
391
stera caractéristique de notre époque. Mais Gide
est
responsable d’une autre méthode de culture de soi, « d’intensificatio
392
déjà une singulière préfiguration : Certes ce ne
seront
ni les lois importunes des hommes, ni les craintes, ni la pudeur, ni
393
incre. — Mais la joie d’une si haute victoire — n’
est
pas si douce encore, n’est pas si bonne que de céder à vous, désirs,
394
si haute victoire — n’est pas si douce encore, n’
est
pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’être vaincu sans batai
395
st pas si bonne que de céder à vous, désirs, et d’
être
vaincu sans bataille. On voit assez à quel genre de sophismes conduit
396
lité qu’on renoncera à la vertu, sous prétexte qu’
elle
pousse à l’orgueil ; c’est par sincérité qu’on mentira, puisque parfo
397
par sincérité qu’on mentira, puisque parfois nous
sommes
spontanément portés à mentir. On en vient naturellement à considérer
398
lisme comme la seule vertu digne d’une élite. Tel
est
l’état d’esprit de la plupart de nos jeunes moralistes. Le mot de par
399
part de nos jeunes moralistes. Le mot de paradoxe
serait
bien pauvre pour expliquer ce besoin de porter à son excès toute chos
400
n excès toute chose, au-delà de toutes limites. «
Il
n’y a que les excès qui méritent notre enthousiasme ». Mais « cette f
401
des actes, rêves éveillés, tout cela ne dérive-t-
il
pas d’une fatigue immense. Nous voyons se fausser le rythme des jours
402
s de notre psychologie. Images des surréalistes —
ils
l’indiquent eux-mêmes —, calembours, expression métaphorique et symbo
403
lique de la pensée : la littérature d’avant-garde
est
fille de la fatigue. La Muse a trop veillé. L’amour moderne, nerveux,
404
nerveux, saugrenu jusqu’au sadisme, trop lucide,
est
un amour de fatigués (Les Nuits, l’Europe galante, de Morand). La luc
405
de Morand). La lucidité aiguë de nos psychologues
est
cet état presque inhumain de celui qui n’a pas dormi et qui « assiste
406
ensations, à ses automatismes. En art, la fatigue
est
un des états les plus riches de visions nouvelles, et qui résiste le
407
t de l’âme ; vouloir une foi… La morale de demain
sera
en réaction complète contre celle d’aujourd’hui, parce que nous somme
408
mplète contre celle d’aujourd’hui, parce que nous
sommes
à bout. Il ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort
409
elle d’aujourd’hui, parce que nous sommes à bout.
Il
ne s’agit pas, encore une fois, de renier l’immense effort pour se li
410
quoi beaucoup sacrifièrent leur jeunesse. (« Nous
sommes
une génération de cobayes » remarque Paul Morand.) Il faut agir, ou b
411
ne génération de cobayes » remarque Paul Morand.)
Il
faut agir, ou bien être agi. Donner une conscience à l’époque, ou se
412
es » remarque Paul Morand.) Il faut agir, ou bien
être
agi. Donner une conscience à l’époque, ou se défaire avec elle et dér
413
ner une conscience à l’époque, ou se défaire avec
elle
et dériver vers un Orient d’oubli — (mais avant de s’y perdre, quelle
414
garas 9 !) Quelques jeunes hommes l’ont compris.
Ils
sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour
415
s 9 !) Quelques jeunes hommes l’ont compris. Ils
sont
modestes — ne s’isolant pas de la Société ; ils savent que pour lutte
416
sont modestes — ne s’isolant pas de la Société ;
ils
savent que pour lutter il faut des armes et ne méprisent pas la cultu
417
nt pas de la Société ; ils savent que pour lutter
il
faut des armes et ne méprisent pas la culture ; sans autre parti pris
418
res de langage et maîtres de leurs corps exercés,
ils
savent qu’il n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il
419
et maîtres de leurs corps exercés, ils savent qu’
il
n’y a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’il n’y a de lib
420
a de pensée valable qu’assujettie à son objet, qu’
il
n’y a de liberté que dans la soumission aux lois naturelles ; et leur
421
a soumission aux lois naturelles ; et leur effort
est
de retrouver ces lois ; ils ne craignent pas de choisir parmi leurs i
422
lles ; et leur effort est de retrouver ces lois ;
ils
ne craignent pas de choisir parmi leurs instincts, ni de les améliore
423
eurs instincts, ni de les améliorer 10. Tout ceci
est
assez nouveau. (Après tant de cocktails, quelle saveur a l’eau claire
424
leur misère. Pareils à ceux dont Vinet disait qu’
ils
s’en vont « épiant toutes les émotions de l’âme, et lui multipliant s
425
ui multipliant ses douleurs en les lui nommant »,
ils
décrivent le tourment dont sortira peut-être une foi nouvelle ; mais
426
dont sortira peut-être une foi nouvelle ; mais qu’
ils
sachent, quand viendra le moment, détourner les yeux de leur recherch
427
de leur recherche pour contempler un absolu ; qu’
ils
osent se faire violence pour se hisser dans la lumière. « Il vaut mie
428
faire violence pour se hisser dans la lumière. «
Il
vaut mieux, dit encore Vinet, ne voir d’abord que les grands traits d
429
présence, non de nous-mêmes, mais de Dieu. » 1.
Il
ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’ils écrivent des odes civiques.
430
u. » 1. Il ne s’agit pas d’exiger des poètes qu’
ils
écrivent des odes civiques. Mais que nos moralistes — presque tous le
431
uviennent de penser en fonction du temps présent,
soit
qu’ils veuillent en améliorer les conditions, ou les transformer tota
432
t de penser en fonction du temps présent, soit qu’
ils
veuillent en améliorer les conditions, ou les transformer totalement.
433
s ? Peut-être. En tout cas je vois bien le mal qu’
ils
ont fait et qu’au fond, leur refus d’agir sur l’époque, c’est une man
434
gir sur l’époque, c’est une manière d’agir contre
elle
. 2. « La crise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’ét
435
ise du concept de littérature », NRF, 1923. 3. «
Il
s’était développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. »
436
u concept de littérature », NRF, 1923. 3. « Il s’
était
développé en nous un goût furieux de l’expérience humaine. » (Aragon)
437
expérience humaine. » (Aragon) 4. « Lorsque tout
est
fini » dans Libertinage. (NRF) 5. Détours de René Crevel ; les roma
438
ragon, loc. cit. 7. Le « goût du désastre » qui
est
au fond du romantisme moderne nous empêche secrètement de construire
439
construire et de nous construire. Jamais l’on ne
fut
plus loin de l’idéal goethéen : au lieu de tout composer en soi, on v
440
quiétude. 8. « Certaines expériences littéraires
sont
plus dangereuses que des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. C
441
des expériences réelles » (Marcel Arland). 9. Ce
serait
au moins la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On est moins
442
la liberté ! crieront les surréalistes. Voire. On
est
moins libre à Moscou qu’à Montparnasse. D’ailleurs leurs théories nou
443
ahiers du Mois, et peut-être Drieu la Rochelle, s’
il
voulait…) o. « Adieu, beau désordre… (Notes sur la jeune littérature
444
es Objections des intellectuels au Dieu chrétien,
fut
introduit par M. Raymond de Saussure, psychanalyste distingué, qui se
445
es de l’Évangile en face de la pensée moderne, et
fut
impressionnant de vigueur dialectique et de largeur d’idées. Une soir
446
iences faites pendant le réveil de la Drôme, dont
il
est l’un des artisans les plus actifs. Pour remplacer un travail prom
447
ces faites pendant le réveil de la Drôme, dont il
est
l’un des artisans les plus actifs. Pour remplacer un travail promis p
448
deux ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont
il
a eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlère
449
éré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’
il
pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands recouvren
450
e. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper d’
être
bien pensant et les Romands recouvrent l’usage de la parole, puis on
451
tant d’autres, comme chaque soir un nouveau ciel.
Il
l’a transcrite en brèves notations lyriques suivant le rythme d’un so
452
prière. On sort lentement d’une chambre bleue qui
est
le mystère même, pour suivre la naissance et l’embrasement de la pass
453
tous les actes une signification plus profonde. (
Il
serait aisé de montrer quel parti Jouve a su tirer des complexes de f
454
us les actes une signification plus profonde. (Il
serait
aisé de montrer quel parti Jouve a su tirer des complexes de famille
455
d’analyses de démences mystiques ; mais tout cela
est
sublimé dans un monde poétique où il paraît inconvenant d’introduire
456
s tout cela est sublimé dans un monde poétique où
il
paraît inconvenant d’introduire le jargon de la science moderne.) Si
457
lleurs poèmes de l’auteur de Tragiques et de Vous
êtes
des hommes. p. « Pierre Jean Jouve : Paulina 1880 (NRF, Paris) », B
458
aux prises avec une petite cité patricienne dont
il
devra portraiturer les gentilshommes archéologiques et les vieilles d
459
iques et les vieilles dames à principes. Voilà, n’
est
-ce pas, un amusant sujet de conte moral, avec ses personnages un peu
460
vent plus généreuse que neuve, et qui eût gagné à
être
mise en action plutôt qu’en commentaires. Le talent de Mme de Wattevi
461
avec la muse, parce que c’est dimanche, parce qu’
il
pleut et qu’on s’ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire est mo
462
e, parce qu’il pleut et qu’on s’ennuie. Si la vie
est
bête à pleurer, sourire est moins fatigant. « Le paon dédaigne encor
463
n s’ennuie. Si la vie est bête à pleurer, sourire
est
moins fatigant. « Le paon dédaigne encor mais ne fait plus sa roue. »
464
encor mais ne fait plus sa roue. » Ce poète — qui
fut
aussi le prosateur charmant du Pédagogue et l’Amour — sourit avec une
465
eu le sens divin de la destinée. Ce livre à thèse
est
plutôt une argumentation à coups d’exemples vivants qu’un véritable r
466
plètement résolu dès les premières pages, mais qu’
il
faut louer Mme Rivier d’avoir posé courageusement. Dirai-je que l’abu
467
t Sous ce titre, le plus étonnant peut-être qu’
il
ait trouvé, Jean Cocteau a réuni ce qui me paraît le meilleur de son
468
e Secret professionnel, etc.) Sans doute faudrait-
il
préciser ce qu’il entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’éca
469
nnel, etc.) Sans doute faudrait-il préciser ce qu’
il
entend par ordre, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada, il ne
470
re, et montrer que si cet ordre l’écarte de Dada,
il
ne le conduit pas pour autant à l’Académie. Disons pour aller vite qu
471
volonté de construire jusque dans le grabuge, qu’
il
aime pour les matériaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau
472
iaux qu’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau
est
qu’il se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus
473
’on en peut tirer. L[e] malheur de Cocteau est qu’
il
se veuille poète. Il ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incont
474
e] malheur de Cocteau est qu’il se veuille poète.
Il
ne l’est jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce
475
ur de Cocteau est qu’il se veuille poète. Il ne l’
est
jamais moins qu’en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour est
476
en vers. Sa plus incontestable réussite à ce jour
est
le Secret professionnel, petit catéchisme cubiste qui dépasse de beau
477
sse de beaucoup les limites de cette école, et qu’
il
eut le tort à notre sens de vouloir illustrer de pédants exercices po
478
iques. Mais quelle intelligence, et dont l’audace
est
de se vouloir plus juste que bizarre. Il sait bien d’ailleurs que les
479
’audace est de se vouloir plus juste que bizarre.
Il
sait bien d’ailleurs que les miracles les plus étonnants sont ceux de
480
en d’ailleurs que les miracles les plus étonnants
sont
ceux de la lumière. « Le mystère se passe en plein jour et à toute vi
481
e passe en plein jour et à toute vitesse. » Telle
est
bien la nouveauté de son théâtre et de l’art qu’il défend en peinture
482
t bien la nouveauté de son théâtre et de l’art qu’
il
défend en peinture, en musique. Suppression du clair-obscur et de la
483
r la pédale à la poésie. (« Le poète ne rêve pas,
il
compte. ») Six projecteurs convergent sur une machine luisante et tou
484
achine luisante et tournante. L’esprit de Cocteau
est
une arme admirable de précision, d’élégance mécanique et de rapidité.
485
e précision, d’élégance mécanique et de rapidité.
Il
lassera, parce que c’est toujours le même déclic. Cocteau le sait, et
486
s le même déclic. Cocteau le sait, et pour varier
il
tire tantôt à gauche tantôt à droite, sur Barrès, sur Wagner, sur que
487
je le crains, pour renaître catholique.) Certes,
il
bannit le charme et toute grâce vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal
488
e grâce vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal, si
elles
sont sans parfum, ne se faneront pas. t. « Jean Cocteau : Rappel à
489
e vaporeuse. Mais ses fleurs de cristal, si elles
sont
sans parfum, ne se faneront pas. t. « Jean Cocteau : Rappel à l’ord
490
ration surréaliste. Mais tandis que la plupart en
sont
encore à des symboles équivoques et, quoi qu’ils en disent, « artisti
491
sont encore à des symboles équivoques et, quoi qu’
ils
en disent, « artistiqués », — ils n’osent plus le mensonge de l’art,
492
ues et, quoi qu’ils en disent, « artistiqués », —
ils
n’osent plus le mensonge de l’art, et pas encore la vérité pure — Cre
493
ue de sa génération. Terrible aveu d’impuissance,
il
n’a plus même la force de l’hypocrisie. Isolé dans un hôtel perdu, av
494
— avec une intelligence dont la triste profession
est
de détruire le désir qu’elle excite par curiosité passagère, il monol
495
la triste profession est de détruire le désir qu’
elle
excite par curiosité passagère, il monologue. « Oui, je le redirai, t
496
le désir qu’elle excite par curiosité passagère,
il
monologue. « Oui, je le redirai, tous mes essais furent prétextes à m
497
monologue. « Oui, je le redirai, tous mes essais
furent
prétextes à me dissoudre, à me perdre. » Vouloir la vérité pure sur s
498
dont la pauvreté le rejette dans une angoisse qu’
il
nomme « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui est constructif
499
e « élan mortel ». Cette inversion de tout ce qui
est
constructif et créateur, voilà je pense le véritable désordre. Une in
500
e désordre. Une intelligence parvenue au point où
elle
« ne semble avoir rien d’autre à faire que son propre procès », une
501
e procès », une intelligence qui se dégoûte, tel
est
le spectacle que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en est peu
502
ectacle que nous dévoile cyniquement René Crevel.
Il
en est peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez-nous la force e
503
e que nous dévoile cyniquement René Crevel. Il en
est
peu de plus effrayants. Ah ! Seigneur, donnez-nous la force et le co
504
s sans dégoût implorait Baudelaire. Encore avait-
il
le courage de prier… u. « René Crevel : Mon corps et moi », Bibliot
505
nt — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’
il
puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de li
506
mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui
est
peut-être plus important, on eut l’impression, durant les discussions
507
s objections que chacun se faisait à part soi, qu’
ils
incarnaient les voix contradictoires d’un débat que tous menaient en
508
honore la liberté d’un culte moins platonique : n’
est
-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à le
509
rdot, entrant par la fenêtre, vint annoncer qu’on
était
libre — comme si on l’avait attendu pour le manifester ! — et qu’il s
510
i on l’avait attendu pour le manifester ! — et qu’
il
suffisait de souscrire à la brochure de la conférence3 pour savoir to
511
que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3.
Il
suffit encore : f 2.50, nom et adresse. e. « L’atmosphère d’Aubonne
512
u aux charmes troubles et inhumains de la nature.
Il
s’agit de créer à notre vie moderne un décor utile et beau. Or « la g
513
la grande ville, phénomène de force en mouvement,
est
aujourd’hui une catastrophe menaçante pour n’avoir pas été animée de
514
rd’hui une catastrophe menaçante pour n’avoir pas
été
animée de l’esprit de géométrie… Elle use et conduit lentement l’usur
515
n’avoir pas été animée de l’esprit de géométrie…
Elle
use et conduit lentement l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle
516
e use et conduit lentement l’usure des milliers d’
êtres
humains ». Elle n’est plus adaptée aux conditions nouvelles de travai
517
lentement l’usure des milliers d’êtres humains ».
Elle
n’est plus adaptée aux conditions nouvelles de travail ou de repos, n
518
nt l’usure des milliers d’êtres humains ». Elle n’
est
plus adaptée aux conditions nouvelles de travail ou de repos, ni dans
519
te 1000 chevaux-vapeurs ». Et pourtant « la ville
est
une image puissante qui actionne notre esprit » après avoir été créée
520
puissante qui actionne notre esprit » après avoir
été
créée par lui, — comme la poésie. C’est ainsi que le problème de l’Ur
521
vilisation sous cet aspect comme sous les autres,
il
nous faut mieux que des dictateurs : des Architectes, de l’esprit et
522
la matière. Si Le Corbusier réalise son plan, ce
sera
plus fort que Mussolini (lequel s’est d’ailleurs inspiré de lui dans
523
n plan, ce sera plus fort que Mussolini (lequel s’
est
d’ailleurs inspiré de lui dans son fameux discours aux édiles de Rome
524
n fameux discours aux édiles de Rome). Urbanisme
est
une étude technique et un pamphlet dont l’argumentation serrée éclate
525
, du ciment armé. « Notre monde comme un ossuaire
est
couvert des détritus d’époques mortes. Une tâche nous incombe, constr
526
100 à l’heure des autos. Les maisons habitées ne
sont
plus que des enceintes transparentes, et minces en regard de leur hau
527
hitecture avec les ressources de la plastique qui
est
le jeu de formes sous la lumière ». Cristallisation d’un rêve de joie
528
pportunisme anarchique. Tirer des lignes droites,
est
le propre de l’homme. Toutes les civilisations fortes l’ont osé. Crée
529
mineux à la place de nos cités congestionnées, ce
serait
peut-être tuer au soleil des germes de révolution. Déjà des ingénieur
530
des germes de révolution. Déjà des ingénieurs se
sont
mis à calculer la réalisation de ce phénomène de haute poésie — la «
531
homme sur la Nature. Architecture : « tout ce qui
est
au-delà du calcul… Ce sera la passion du siècle ». v. « Le Corbusie
532
tecture : « tout ce qui est au-delà du calcul… Ce
sera
la passion du siècle ». v. « Le Corbusier : Urbanisme (G. Crès, Par
533
euse (mai 1926)f Écrire, pas plus que vivre, n’
est
de nos jours un art d’agrément. Nous sommes devenus si savants sur no
534
vivre, n’est de nos jours un art d’agrément. Nous
sommes
devenus si savants sur nous-mêmes, et si craintifs en même temps, si
535
ficiellement : nous comprenons que nos œuvres, si
elles
furent faites à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la
536
lement : nous comprenons que nos œuvres, si elles
furent
faites à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la suite ;
537
t d’écrire, aux forces les plus secrètes de notre
être
comme aux calculs les plus rusés. Nous choisissons les idées comme on
538
ssons les idées comme on choisit un amour dont on
est
anxieux de prévoir l’influence, avant de s’y jeter, et dont on craint
539
mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui je
suis
? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force — ici, je
540
étranges viennent m’habiter ; je ne sais plus… Je
suis
beaucoup de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis,
541
rsonnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je
suis
, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que j
542
oisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel
est
le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je puis à peine reconn
543
irez qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? —
Ils
me proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le
544
le monde, — les choses, les faits, la vie, comme
ils
disent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on
545
hoses, les faits, la vie, comme ils disent. Je me
suis
abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre q
546
asard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’
il
n’est que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. I
547
, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’il n’
est
que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. Il ne m
548
e sauter follement d’une habitude dans une autre.
Il
ne me resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni,
549
détenir un secret très simple, et un peu narquois
ils
me considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le m
550
, tout le monde devait voir en moi une tare que j’
étais
seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes c
551
voir en moi une tare que j’étais seul à ignorer,
était
-ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleuseme
552
d de tous les plaisirs, cette envie de rire quand
il
m’arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de mes victoires, à ple
553
en même temps que je le découvrais, dans tout mon
être
une force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’entraî
554
ans tout mon être une force aveugle de violence s’
était
levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle
555
e une force aveugle de violence s’était levée. Ce
fut
elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sour
556
e force aveugle de violence s’était levée. Ce fut
elle
qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde au
557
ait un des premiers jours du printemps —, l’heure
est
venue de la violence. Jeunes tempêtes, lavez, bousculez ! La parole e
558
ce. Jeunes tempêtes, lavez, bousculez ! La parole
est
aux instincts combatifs et dominateurs par quoi l’homme ne se disting
559
i l’homme ne se distingue plus de l’animal. Louée
soit
ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce q
560
trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’
était
plus une douleur rare que j’aimais dans ces brutalités, c’était ma li
561
tombe : agir ? dans quel sens ? Provisoirement j’
étais
sauvé d’un désordre où l’on glisse vers la mort. L’important, c’est d
562
mportant, c’est de ne pas se défaire. Mais rien n’
était
résolu. Me voici devant quelques problèmes dont je sais qu’il est abs
563
e voici devant quelques problèmes dont je sais qu’
il
est absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois feind
564
oici devant quelques problèmes dont je sais qu’il
est
absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois feindre d
565
i ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’
il
ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vienn
566
re arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout. S’
il
est une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui prépa
567
arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout. S’il
est
une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui préparera
568
lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord.
Il
ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce
569
l ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne
suis
digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consist
570
n’entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’
ils
sont naturels : la nature est un champ de luttes, de tendances vers l
571
tends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ils
sont
naturels : la nature est un champ de luttes, de tendances vers la des
572
r pour cela seul qu’ils sont naturels : la nature
est
un champ de luttes, de tendances vers la destruction et vers la const
573
l’intelligence de faire primer la vie, puisque n’
est
pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu est de che
574
puisque n’est pas encore parfait cet instinct qui
est
la Vertu. Ma vertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer dans
575
e parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu
est
de chercher cette Vertu ; de me replacer dans le sens de ma vie ; de
576
s’oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’
elle
ne permet que des associations suivant les directions de moindre rési
577
m’emprisonnerai pas dans ces limites. Ma liberté
est
de les porter plus loin sans cesse, de battre mes propres records. De
578
s ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’
être
dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant ; or je ne
579
demain peut-être, agir dans le monde, si je m’en
suis
d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une conscien
580
is d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme
elle
veut une conscience. Je fais partie d’un ensemble social et dans la m
581
oyer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais
il
y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je, quand je médite sur un
582
etites certitudes5, j’éprouve vite le sentiment d’
être
dans un débat étranger à ce véritable débat de ma vie : comment surmo
583
t s’élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’
ils
viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! R
584
ésirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’
ils
l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens, j’é
585
er, c’est se surpasser). J’entends des phrases qu’
il
ne faut pas encore comprendre — tout est si fragile —, mais je sais q
586
hrases qu’il ne faut pas encore comprendre — tout
est
si fragile —, mais je sais quelle légèreté puissante, quelle confianc
587
rps et cet esprit… Créer, ou glisser au plaisir ?
Êtes
-vous belle, mon amie, — et vous, ma vie ? Certes, mais je vous aime m
588
son objet vivant. Pour moi, la sincérité ne peut
être
que spontanée. Et spontanément je suis porté à écrire des idées qui m
589
té ne peut être que spontanée. Et spontanément je
suis
porté à écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites elles prenn
590
écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites
elles
prennent un caractère de certitude qu’elles n’avaient pas encore en m
591
rites elles prennent un caractère de certitude qu’
elles
n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancie
592
ent pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité
est
tendancieuse. 5. Quant à adhérer à une doctrine toute faite, ce me s
593
rité d’un système, hors la religion. Un système n’
est
pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les exco
594
ème, hors la religion. Un système n’est pas vrai,
il
est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommunications
595
, hors la religion. Un système n’est pas vrai, il
est
utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommunications et l
596
e sens envahi par un rythme impérieux au point qu’
il
faut que certaines voix en moi taisent leur protestation, étouffées p
597
étouffées par des forces qui se lèvent. Car telle
est
la vertu de ce livre, qu’on l’éprouve d’abord trop vivement pour le j
598
premiers combats de taureaux du jeune Montherlant
est
en réalité un nouveau tome de ses mémoires lyriques. Une œuvre d’une
599
plus ferme, d’une unité plus pure aussi. Le sujet
était
périlleux : si particulier, il prêtait à des abus de pittoresque, de
600
aussi. Le sujet était périlleux : si particulier,
il
prêtait à des abus de pittoresque, de couleur locale, de détails tech
601
els Montherlant n’a pas toujours échappé, mais qu’
il
domine dans l’ensemble et entraîne dans l’allure puissante à la fois
602
cription la plus réaliste de la vie animale. Et n’
est
-ce pas justement parce qu’il est poète qu’il peut atteindre à pareill
603
a vie animale. Et n’est-ce pas justement parce qu’
il
est poète qu’il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une
604
ie animale. Et n’est-ce pas justement parce qu’il
est
poète qu’il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perp
605
t n’est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’
il
peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perpétuelle palp
606
vie anime ce livre et lui donne un rythme tel qu’
il
s’accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; en
607
récit) sent ce que sent la bête en même temps qu’
elle
. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne
608
e sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’
il
sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment
609
en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’
elle
va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aim
610
qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire,
il
peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les vic
611
inc vraiment que ce qu’on aime, et les victorieux
sont
d’immenses amants »6. Mais envers les taureaux cet amour tourne en ad
612
le horreur sacrée. Voici Alban devant une bête qu’
il
devra combattre le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! » Il l’a
613
re le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! »
Il
l’apostrophait ainsi tout bas, sur un ton révérenciel, et comme on dé
614
complissant sa destinée. Quelques secondes encore
elle
cligna des yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendiren
615
t d’un câble de navire qu’on serre sur un treuil.
Elle
arriva avec emphase à la cime de son spasme, comme l’homme à la cime
616
e l’homme à la cime de son plaisir, et comme lui,
elle
y resta immobile. Et son âme divine s’échappa, pleurant ses jeux, et
617
un peu pauvre pour fonder une religion. Mais ce n’
est
peut-être qu’un rêve de poète. Il y a un autre Montherlant, plutôt st
618
d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂
Il
est impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une évocation de l’E
619
n autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il
est
impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une évocation de l’Espag
620
nt d’autres qui s’analysent sans fin, avant que d’
être
, Montherlant impose un tempérament lyrique d’une puissance contagieus
621
défauts qui tueraient tout autre que lui. Certes,
il
ne soulève directement aucun des grands problèmes de l’heure. La viol
622
s de l’heure. La violence même qui sourd dans son
être
intime l’en empêche, le préserve des états d’incertitude douloureux,
623
d avec la vie. Ni métaphysicien, ni logicien, dit-
il
d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste o
624
en, ni logicien, dit-il d’Alban — (de lui-même) —
il
n’« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idé
625
— (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui
est
triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les soucis polit
626
che » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce
soit
l’idée de la mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il ne m
627
mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et
il
ne met de la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ai pas di
628
ntales. Le tragique de la vie ne lui échappe pas.
Il
en parle, il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il est po
629
agique de la vie ne lui échappe pas. Il en parle,
il
le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il est poète : le chan
630
il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’
il
est poète : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend qu’une tell
631
le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il
est
poète : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend qu’une telle at
632
Mais c’est parce qu’il est poète : le chant fini,
il
n’y pense plus. On comprend qu’une telle attitude agace des gens qui
633
ondes de leurs âmes séparées de Dieu. Montherlant
est
aux antipodes de ceux-là « qui cherchent en gémissant ». Mais cette p
634
hent en gémissant ». Mais cette personnalité dont
il
manifeste avec une magnifique insolence les forces créatrices, ne vau
635
gnifique insolence les forces créatrices, ne vaut-
elle
pas d’être élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue
636
solence les forces créatrices, ne vaut-elle pas d’
être
élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue des athlète
637
peut entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’
est
-ce point une solution aussi ? Plutôt que d’oublier de vivre à force d
638
à force d’y vouloir trouver un sens, ne vaudrait-
il
pas autant s’abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replac
639
ontractée, par la grâce de l’éternel Désir ? 6.
Il
est curieux de noter que de tels passages viennent à l’appui de la th
640
ractée, par la grâce de l’éternel Désir ? 6. Il
est
curieux de noter que de tels passages viennent à l’appui de la théori
641
des ruines prochaines de nos cités mécaniciennes,
ils
rallument le mirage d’un Orient paradisiaque d’où nous viendraient un
642
de M. de Traz1, par les précisions importantes qu’
il
apporte sur les rapports de l’Orient et de l’Europe, me paraît destin
643
lucide, avec une sorte d’acharnement, comme seul
il
sait l’être aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympa
644
vec une sorte d’acharnement, comme seul il sait l’
être
aujourd’hui sans que cela nuise en rien à un don de sympathie qui est
645
que cela nuise en rien à un don de sympathie qui
est
parfois la plus subtile de ses ruses de psychologue. C’est parce que
646
etits chapitres à la fois si concis et achevés, n’
est
ni un album de vues pittoresques, ni le journal plus ou moins lyrique
647
une sensibilité protestante — si passionné. Nul n’
est
moins oriental que de Traz, et c’est ce qui donne à ses notations tou
648
’est ce qui donne à ses notations tout leur prix.
Elles
ne nous renseignent pas sur une partie orientale de lui-même, comme c
649
uvent le cas, mais bien sur l’Orient. Encore faut-
il
s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orient sont les œuvres des
650
s’entendre : les meilleurs documents sur l’Orient
sont
les œuvres des Orientaux. L’intérêt d’un livre comme celui-ci est plu
651
es Orientaux. L’intérêt d’un livre comme celui-ci
est
plus dans l’opposition des deux mondes que dans la peinture elle-même
652
me mesure, — et aussi la figure de l’auteur : car
il
n’est guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type
653
sure, — et aussi la figure de l’auteur : car il n’
est
guère de comparaison valable qu’entre individus, et comme type d’indi
654
de Traz ne pouvait trouver mieux que lui-même. S’
il
dit des Égyptiens : « Le mensonge, autant qu’une politesse, leur para
655
qui lui permet de voir profond dans cet islam qu’
il
qualifie de « religion du fil de l’eau », ou de « prodigieux stupéfia
656
éfiant », tandis que « l’attrait du christianisme
est
dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». « Ils mettent leur âme en vei
657
attrait du christianisme est dans l’inquiétude qu’
il
nous inflige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveu
658
sme est dans l’inquiétude qu’il nous inflige ». «
Ils
mettent leur âme en veilleuse, dit-il des rêveurs orientaux. De leur
659
flige ». « Ils mettent leur âme en veilleuse, dit-
il
des rêveurs orientaux. De leur immense paresse, jusqu’à leur mysticis
660
à leur mysticisme, partout c’est une démission qu’
ils
désirent. Du difficile oubli de soi-même nous avons fait une vertu. E
661
oubli de soi-même nous avons fait une vertu. Eux,
ils
l’ont rendu facile et en ont fait un plaisir. » Et encore ceci que je
662
Ses remarques sur la psychologie de l’Égyptien ne
sont
pas moins subtiles et le mènent à cette constatation fondamentale que
663
ue « notre intelligence et celle de l’Oriental ne
sont
pas superposables ». Dès lors, comment collaborer, comment se compren
664
t menaçant ? Malgré l’« anxiété mélancolique » qu’
il
éprouve à se sentir si loin de l’Oriental, les conclusions de M. de T
665
Oriental, les conclusions de M. de Traz — si tant
est
qu’on peut conclure en une matière si complexe — sont plutôt optimist
666
qu’on peut conclure en une matière si complexe —
sont
plutôt optimistes. Il ne paraît pas croire à un péril oriental très p
667
une matière si complexe — sont plutôt optimistes.
Il
ne paraît pas croire à un péril oriental très pressant, ni surtout qu
668
èses hardies — de la hardiesse de ce bon sens qui
est
le plus éloigné du sens commun — mais qui reste trop méfiant de tout
669
ne par un voyage à Jérusalem : le christianisme n’
est
-il pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages
670
ar un voyage à Jérusalem : le christianisme n’est-
il
pas le plus beau don de l’Orient à l’Europe ? Il y a là des pages d’u
671
aine amertume, où de Traz quitte le ton mesuré qu’
il
s’impose d’ordinaire. Mais j’avoue que m’a parfois un peu gêné cette
672
parfois un peu gêné cette présence de la mort qu’
il
fait sentir partout aux lieux mêmes où naquit la religion du « Prince
673
s, mais sans jamais s’y perdre ou se confondre en
elles
, révèle sa personnalité peut-être mieux que ne le feraient une suite
674
uite de pages lyriques toujours un peu stylisées.
Il
apparaît, ici, comme le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d
675
le type du voyageur intelligent, qui n’accepte d’
être
séduit que pour « mieux comprendre », assez « fidèle » à ses origines
676
morceaux attestent la délicatesse, mais parce qu’
il
sait y trouver les seuls motifs réels d’exaltation. 1. Le Dépaysem
677
s d’aujourd’hui. La « critique philosophique » qu’
il
voudrait inaugurer « ne se contenterait pas d’étudier les œuvres pour
678
ais tâcherait d’épouser le dynamisme spirituel qu’
elle
révèle, puis de les situer dans l’univers humain ». M. Fernandez a to
679
nivers humain ». M. Fernandez a tout le talent qu’
il
faut pour lui faire acquérir droit de cité. Voici enfin un critique q
680
eprises par les générations précédentes. Parce qu’
elles
se sont souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pa
681
ar les générations précédentes. Parce qu’elles se
sont
souvent enlisées dans leurs recherches, il ne les condamne pas d’un «
682
s se sont souvent enlisées dans leurs recherches,
il
ne les condamne pas d’un « Jugement » sans issue sinon vers le passé
683
é catholique ; mais tenant compte de leur effort,
il
puise dans l’échec même de leurs analyses les éléments de sa synthèse
684
gatives. La critique de ces expériences négatives
est
contenue surtout dans ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certe
685
ses essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes,
il
était temps que l’on dénonce la confusion romantique de l’art avec la
686
essais sur Proust, Pater et Stendhal. Certes, il
était
temps que l’on dénonce la confusion romantique de l’art avec la vie,
687
morale et l’esthétique modernes. Et à ce propos,
il
faut souhaiter que M. Fernandez aborde par ce biais l’œuvre de Gide,
688
ne autre me paraît liée à cette confusion. Mais s’
il
est bien établi que les lois de la vie sont essentiellement différent
689
autre me paraît liée à cette confusion. Mais s’il
est
bien établi que les lois de la vie sont essentiellement différentes d
690
Mais s’il est bien établi que les lois de la vie
sont
essentiellement différentes des lois de l’œuvre d’art, il ne s’en sui
691
tiellement différentes des lois de l’œuvre d’art,
il
ne s’en suit pas forcément que l’on doit nier toute communication dir
692
Autobiographie et le Roman, dont pour ma part je
suis
loin d’admettre plusieurs thèses beaucoup trop absolues. M. Fernandez
693
de prouver par exemple que l’œuvre d’art ne peut
être
un moyen de connaissance personnelle. Après quoi il écrit : « II y a,
694
un moyen de connaissance personnelle. Après quoi
il
écrit : « II y a, en fait, deux manières de se connaître, à savoir se
695
ncevoir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’
est
-elle pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici
696
oir et s’essayer. » Fort bien, mais l’œuvre n’est-
elle
pas une façon particulière de s’essayer ? Je ne puis amorcer ici une
697
me paraît encore ambiguë : on peut se demander s’
il
nie vraiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’il la condamne
698
raiment l’interaction de la vie et de l’art, ou s’
il
la condamne plutôt, à cause des confusions qu’il y décèle. Le meilleu
699
’il la condamne plutôt, à cause des confusions qu’
il
y décèle. Le meilleur morceau du livre est l’essai sur Proust et sa t
700
ions qu’il y décèle. Le meilleur morceau du livre
est
l’essai sur Proust et sa théorie des « intermittences du cœur » dont
701
ité — « mosaïque de sensations juxtaposées » — qu’
il
définit sa propre théorie de la « garantie des sentiments », où l’on
702
héorie de la « garantie des sentiments », où l’on
est
en droit de voir le germe d’un moralisme nouveau qui se fonderait sol
703
e et proustienne a porté à un point si dangereux,
il
nous propose l’expérience d’un Newman, les exemples d’un Meredith et
704
théorie assez proche du cubisme littéraire, et qu’
il
serait bien utile d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui s
705
orie assez proche du cubisme littéraire, et qu’il
serait
bien utile d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui sont en
706
d’adopter, si l’on veut éviter les confusions qui
sont
en train d’ôter sa valeur littéraire au genre le plus encombré et le
707
re au genre le plus encombré et le plus impur qui
soit
. On n’a pas ménagé les critiques à cette œuvre. Cela tient surtout à
708
es à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme :
il
est parfois agaçant de pressentir sous l’expression trop technique ou
709
à cette œuvre. Cela tient surtout à sa forme : il
est
parfois agaçant de pressentir sous l’expression trop technique ou obs
710
, mais péniblement comprimées. Ce défaut de forme
est
peut-être inhérent, dans une certaine mesure, au genre de critique pr
711
philosophes, et trop philosophe aux littérateurs.
Il
manque à M. Fernandez un certain recul par rapport à ses idées, on le
712
n peu gauche encore dans les positions conquises.
Il
n’empêche que son livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’il
713
livre manifeste une belle unité de pensée, et qu’
il
propose quelques directions très nettes de synthèse. Avec une œuvre c
714
s de Drieu la Rochelle, les Messages de Fernandez
sont
les premières contributions à l’établissement d’une éthique adaptée a
715
ires taurologiques avec lesquels, pour communier,
il
faudrait sans doute être né sous le signe du Taureau. Mais il sera pa
716
lesquels, pour communier, il faudrait sans doute
être
né sous le signe du Taureau. Mais il sera pardonné à Montherlant beau
717
sans doute être né sous le signe du Taureau. Mais
il
sera pardonné à Montherlant beaucoup de défauts bien agaçants pour sa
718
s doute être né sous le signe du Taureau. Mais il
sera
pardonné à Montherlant beaucoup de défauts bien agaçants pour sa souv
719
ts bien agaçants pour sa souveraine désinvolture.
Elle
est tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est elle avant tout
720
en agaçants pour sa souveraine désinvolture. Elle
est
tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est elle avant tout que
721
tonique comme le spectacle des athlètes. Et c’est
elle
avant tout que j’admire dans ces Bestiaires, presque malgré leur suje
722
ité aux taureaux braves et simplets d’esprit ! Qu’
ils
paissent éternellement dans les prairies célestes, pour avoir donné u
723
la nonchalance des vrais puissants, je compte qu’
il
saura fonder sa gloire future sur des valeurs plus humaines. x. « H
724
sente au couchant, dans ce corridor de lumière où
elle
accueille le ciel — et derrière, elle devient plus secrète. Vers l’es
725
lumière où elle accueille le ciel — et derrière,
elle
devient plus secrète. Vers l’est, des collines fluides et roses. De l
726
— et derrière, elle devient plus secrète. Vers l’
est
, des collines fluides et roses. De l’autre côté, c’est le vide, où s’
727
revenaient au pas des Cascine. Vers sept heures,
il
n’y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait s
728
ers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous
étions
seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais sans ban
729
utumance au monde de sensations inconnues où nous
étions
baignés nous promettait pourtant une connaissance plus intime de cert
730
e de certaine tristesse. Seule une maison blanche
est
arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’elle que vient cette
731
blanche est arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’
est
pas d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagn
732
t arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’
elle
que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne depuis un
733
emplit notre monde à ce chant. L’odeur du fleuve
est
son parfum, le soleil rouge sa douleur. Les bœufs blancs, les roues p
734
l désir en nous de comprendre ce lamento. Le ciel
est
un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’a presque plus de
735
la vie n’a presque plus de sens, comme le fleuve.
Elle
n’est qu’odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sour
736
n’a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’
est
qu’odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sourdes. P
737
es, remous dans l’air et musiques sourdes. Penser
serait
sacrilège, comme une barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux o
738
ue des roseaux aux feuilles sèches… Puis la brume
est
venue comme une envie de sommeil. Une lampe dans la maison blanche no
739
n blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous
sommes
retournés vers la ville. Fleurs de lumières sur les champs sombres d
740
s de lumières sur les champs sombres du ciel de l’
est
, et une façade parfaite répond encore au couchant. San Miniato sur sa
741
me cette brume, une vie étrangère, une paix qui n’
est
pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous
742
fleuve, un sommeil de plante vaguement heureuse d’
être
pliée au vent qui ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans t
743
se d’être pliée au vent qui ne parle jamais. Nous
fûmes
si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait, promet
744
nité de cette façade élevée lumineuse sur le ciel
fut
le signe d’un équilibre retrouvé. Un grand pont de fer, près de nous,
745
nes. Il y avait la vie des hommes pour demain, et
il
était beau d’y songer un peu avant de nous abandonner à l’oubli luxue
746
. Il y avait la vie des hommes pour demain, et il
était
beau d’y songer un peu avant de nous abandonner à l’oubli luxueux des
747
luxueux des rues. Le long de l’Arno, les façades
sont
jaunes et roses près de l’eau, puis perdent dans la nuit leurs lignes
748
tous les bruits de la ville en un chant immense.
Il
passe une possibilité de bonheur par personne et les devantures ne ch
749
ds, musiques — cette vie rapide dans un décor qui
est
le rêve éternisé des plus voluptueuses intelligences — tous les table
750
si tu veux soudain le son grave de l’infini, pour
être
seul parmi la foule, lève les yeux, au plus beau ciel du monde. h.
751
us les allégories. L’étonnant, c’est que le livre
soit
réellement amusant, et qu’il trouve une sorte d’unité vivante dans le
752
c’est que le livre soit réellement amusant, et qu’
il
trouve une sorte d’unité vivante dans le rythme des désirs jamais sim
753
aire sourire, on le sent ; pourtant l’on sourit :
il
faut bien croire qu’il y a là un talent, charmant, glacé, spirituelle
754
oètes, dissertent sur leurs fantaisies ? Ç’aurait
été
si délicieusement invraisemblable… Mais ce cœur fatigué se reprend à
755
able… Mais ce cœur fatigué se reprend à souffrir,
il
ne sait plus de quels souvenirs ; jusqu’au soir où la douleur nette d
756
parfois et nous fait regretter que l’auteur ne se
soit
pas mieux abandonné à son sujet, d’un pathétique assez neuf. z. « A
757
urope à un Français qui lui répond de Chine. Nous
sommes
loin du ton des Lettres persanes : le Chinois s’étonne non sans quelq
758
où l’idée de la civilisation et celle de l’ordre
sont
chaque jour confondues ». Nous cherchons à conquérir non le monde, ma
759
social « comme une adroite fêlure ». Notre morale
est
entièrement subordonnée à l’action ; notre individualisme en naît log
760
al de l’Occident.) Et notre vertu suprême, aussi,
est
douloureuse : le sacrifice. Sans doute, cette « absurdité essentielle
761
Chinois et sympathiser avec son idéal de culture.
Il
n’y a pas là deux points de vue irréductibles, du moins M. Malraux a
762
lraux a fait parler son Chinois de telle façon qu’
ils
ne le paraissent point. Et alors le relativisme angoissant qui sembla
763
ui tord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’
est
-il pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laisser
764
ord aujourd’hui notre race… ». Et peut-être n’est-
il
pas de position plus périlleuse, puisqu’elle risque de ne laisser sub
765
n’est-il pas de position plus périlleuse, puisqu’
elle
risque de ne laisser subsister en nous qu’un « étrange goût de la des
766
mythe prendre corps parmi les ruines de ce temps.
Il
fallait bien tirer quelque vertu d’une anarchie dont on ne veut pas a
767
ertu d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’
elle
est plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’espri
768
d’une anarchie dont on ne veut pas avouer qu’elle
est
plus nécessaire — provisoirement — que satisfaisante pour l’esprit. C
769
lle définitions tendancieuses et contradictoires.
Êtes
-vous sincères en actes ou en pensées ; envers vous-mêmes ou quelque d
770
s les fluctuations de votre moi ? Votre sincérité
est
-elle consentement immédiat à toute impulsion spontanée (Gide), ou « p
771
s fluctuations de votre moi ? Votre sincérité est-
elle
consentement immédiat à toute impulsion spontanée (Gide), ou « perpét
772
ou « perpétuel effort pour créer son âme telle qu’
elle
est » (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout conserve
773
perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle
est
» (Rivière), ou encore refus de choisir, volonté de tout conserver en
774
liste de l’âme ? Heureusement que M. Brémond ne s’
est
pas encore mêlé de l’affaire. Au reste, on n’a pas attendu les éclair
775
n personnage de tableau se mettre à décrire ce qu’
il
voit autour de lui — et l’étonnement indigné du spectateur. Pour parl
776
us avons vécu jusqu’à tel jour de notre jeunesse,
il
faudrait pouvoir sauter hors de soi. Seule, une méthode d’observation
777
é et spontanéité « Nos actes les plus sincères
sont
aussi les moins calculés », écrit Gide. D’où l’on peut tirer par une
778
tifient : sincérité = spontanéité. Mais la morale
est
ce qui s’oppose en premier lieu à la spontanéité. C’est pourquoi Gide
779
C’est pourquoi Gide écrit ailleurs : « En chaque
être
, le pire instinct me paraissait le plus sincère. » La sincérité spont
780
ant Fleurissoire « pour rien » ne songeait pas qu’
il
allait faire école. Le fait est que ce geste symbolique a déclenché t
781
ne songeait pas qu’il allait faire école. Le fait
est
que ce geste symbolique a déclenché tout un mouvement littéraire, cel
782
aguère au surréalisme. Tous les héros de roman se
sont
mis à gesticuler « gratuitement ». Et les critiques d’abord de s’indi
783
enchantés de l’affaire : « Gratuit ! », déclarent-
ils
chaque fois qu’ils ne comprennent pas. Il faudrait s’entendre. Et, ic
784
ire : « Gratuit ! », déclarent-ils chaque fois qu’
ils
ne comprennent pas. Il faudrait s’entendre. Et, ici encore, prenons g
785
larent-ils chaque fois qu’ils ne comprennent pas.
Il
faudrait s’entendre. Et, ici encore, prenons garde de confondre le pl
786
action peut paraître gratuite au lecteur parce qu’
il
ne sait pas tout sur le personnage. Mais quant à l’auteur, il n’y a p
787
as tout sur le personnage. Mais quant à l’auteur,
il
n’y a pas de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’est jamai
788
de gratuité. Le geste le plus incongru du héros n’
est
jamais que le résultat d’un mécanisme inconscient, aussi révélateur d
789
nage que ses actions les mieux concertées. Rien n’
est
gratuit que relativement à un système restreint de références. Il ré
790
lativement à un système restreint de références.
Il
résulte de semblables considérations, dans le domaine de la morale, q
791
r à l’acte gratuit une valeur morale en disant qu’
il
révèle ce qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce serait un
792
qu’il y a de plus secret dans la personnalité. Ce
serait
un moyen de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour être moins
793
de connaissance plus intégrale de soi. Mais pour
être
moins pittoresque et plus « entachée d’utilitarisme », la décision ré
794
ssi peu gratuite que possible, d’un Julien Sorel,
est
-elle moins révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonn
795
peu gratuite que possible, d’un Julien Sorel, est-
elle
moins révélatrice du fond de l’âme humaine ? Que si l’on s’étonne de
796
vrer en gestes, en conséquences matérielles. Ce n’
est
plus l’élan pur que je décris : c’est un élan freiné dans mon esprit,
797
J’éprouve le besoin de faire le point : à quoi en
suis
-je, qui suis-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moi
798
besoin de faire le point : à quoi en suis-je, qui
suis
-je ? Je revois des actes accomplis, je revis plus ou moins fortement
799
s, dans un ancien carnet de notes, je retrouve un
être
si différent. Les gestes et les sentiments qui se proposaient à mon s
800
sentiments qui se proposaient à mon souvenir ont
été
passés au crible de la minute où je me penchais sur mon passé. Ou, po
801
pour user d’une image plus précise, cette minute
est
baignée d’une lueur de tristesse ou de sérénité qui métamorphose le p
802
c’est bien le second. La qualité des souvenirs qu’
il
me livre me renseigne assez exactement, non sur mon passé, mais sur l
803
on sur mon passé, mais sur le moment que je vis1.
Il
est bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se
804
sur mon passé, mais sur le moment que je vis1. Il
est
bien clair qu’on ne saurait atteindre « la vérité sur soi » en se ser
805
. C’est un cas-limite, j’en conviens. Pourtant, n’
est
-ce pas le schéma de tout un genre littéraire moderne, cette espèce de
806
assez précisément la forme d’un entonnoir. La vie
serait
le liquide tourbillonnant à l’intérieur. Un arrêt (l’auteur se met à
807
’ai revu à l’envers le film de mon passé : ce qui
était
élan devient recul, et l’évocation de mes désirs anciens ne me restit
808
orps et moi, le livre si poignant de René Crevel,
est
la démonstration la plus cynique que je connaisse de ces ravages du s
809
de ces ravages du sincérisme. Dans la solitude qu’
il
s’acharne à approfondir — il était venu y chercher quelque raison de
810
Dans la solitude qu’il s’acharne à approfondir —
il
était venu y chercher quelque raison de vivre, il voulait se voir le
811
ns la solitude qu’il s’acharne à approfondir — il
était
venu y chercher quelque raison de vivre, il voulait se voir le plus p
812
il était venu y chercher quelque raison de vivre,
il
voulait se voir le plus purement (« cette curiosité donnée comme rais
813
t ce « merveilleux contraire » de l’élan vital qu’
il
nomme élan mortel — générateur de l’incurable tristesse qui rôde dans
814
du sincérisme. C’est plus exactement faillite qu’
il
faudrait. Faillite de toute introspection, en littérature et en moral
815
moral : je me compose plus laid que nature. Faut-
il
conclure avec Gide : « L’analyse psychologique a perdu pour moi tout
816
ue a perdu pour moi tout intérêt du jour où je me
suis
avisé que l’homme éprouve ce qu’il imagine d’éprouver. » Non. Car à s
817
our où je me suis avisé que l’homme éprouve ce qu’
il
imagine d’éprouver. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée, el
818
r. » Non. Car à supposer que l’analyse nous crée,
elle
ne nous crée pas n’importe comment, mais selon certaines lois où se r
819
ertaines lois où se retrouve notre individualité.
Elle
nous crée tels que nous tendons à être (plutôt inférieurs, en vertu d
820
vidualité. Elle nous crée tels que nous tendons à
être
(plutôt inférieurs, en vertu des remarques précédentes). Rivière défi
821
« un perpétuel effort pour créer son âme telle qu’
elle
est ». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement,
822
perpétuel effort pour créer son âme telle qu’elle
est
». Il voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement, d’u
823
el effort pour créer son âme telle qu’elle est ».
Il
voyait dans cet effort sur soi le gage d’un enrichissement, d’une con
824
avant tout un moyen de se connaître. Cependant, n’
est
-ce pas lui-même qui ajoutait que l’homme sincère « en vient à ne plus
825
ère « en vient à ne plus pouvoir même souhaiter d’
être
différent », ce qui est la négation de tout progrès moral. De la sinc
826
pouvoir même souhaiter d’être différent », ce qui
est
la négation de tout progrès moral. De la sincérité envisagée comme mo
827
e cas extrême d’un Crevel nous montre assez ce qu’
il
faut penser2. Il ne s’en suit pas que contenue dans des limites assez
828
n Crevel nous montre assez ce qu’il faut penser2.
Il
ne s’en suit pas que contenue dans des limites assez étroites empiriq
829
parfois de contrôle efficace. Mais les bénéfices
sont
maigres en regard des dangers que la sincérité du noli me tangere fai
830
différence. Pourquoi les romanciers modernes ont-
ils
tant de mal à créer des personnages ? C’est parce qu’une sorte de sin
831
olontaire par lequel un Balzac les fait vivre. Ce
serait
fausser quelque chose à leurs yeux. Le cas des Faux-Monnayeurs le mon
832
e montre clairement. En morale : défaitisme quand
il
s’agit de gestes qui pourraient entraîner des effets imprévisibles, «
833
nt, et, bientôt, incapacité d’agir efficacement. (
Il
faut, pour sauter, une confiance dans l’élan qui échappe à toute anal
834
s sophismes libérateurs La fonction de l’homme
est
aussi bien de croire que de constater. F. Raub. La sincérité obsti
835
e d’un Rivière n’a plus rien de spontané. En quoi
est
-ce encore de la sincérité ? Trop sincère, pas sincère. Ou bien si l’o
836
sincère. Ou bien si l’on prétend que la sincérité
est
la recherche, puis l’acceptation de toute tendance du moi, je réponds
837
toute tendance du moi, je réponds que le mensonge
est
sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir. Il devient dès lors i
838
t sincère aussi, qui révèle mon besoin de mentir.
Il
devient dès lors impossible de faire rien qui ne soit sincère. Peut-o
839
devient dès lors impossible de faire rien qui ne
soit
sincère. Peut-on véritablement se mentir à soi-même, et surtout se pr
840
propres mensonges ? Peut-être juste assez pour qu’
ils
vous aident3 — mais jamais au point d’oublier la vérité qu’on désirai
841
is au point d’oublier la vérité qu’on désirait qu’
ils
cachent pour un moment. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste
842
n désirait qu’ils cachent pour un moment. « L’art
est
un mensonge, mais un bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob.
843
t. « L’art est un mensonge, mais un bon artiste n’
est
pas menteur », dit Max Jacob. « Être sincère, c’est avoir toutes les
844
bon artiste n’est pas menteur », dit Max Jacob. «
Être
sincère, c’est avoir toutes les pensées » (Rivière). Mais on ne peut
845
», ce choix faux mais bon, nécessaire à la vie, n’
est
-ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussit
846
faux mais bon, nécessaire à la vie, n’est-ce pas
être
sincère aussi que de s’y prêter ? Or, il vous tire aussitôt de l’indé
847
ce pas être sincère aussi que de s’y prêter ? Or,
il
vous tire aussitôt de l’indétermination violente qu’est la sincérité
848
us tire aussitôt de l’indétermination violente qu’
est
la sincérité selon Rivière. La sincérité véritable vous pousse à fair
849
l’oser. Petite anthologie ou que le « style »
est
de l’homme même J’en étais à peu près à ce point de mes notes — à
850
e ou que le « style » est de l’homme même J’en
étais
à peu près à ce point de mes notes — à ce point de mon dégoût pour ce
851
pris note des passages suivants (les paraphraser
serait
d’une ingratitude insigne — ils marquent au reste fort bien les jalon
852
es paraphraser serait d’une ingratitude insigne —
ils
marquent au reste fort bien les jalons de cette recherche) : Puissie
853
ntrer plus de style. (Georges Duhamel.) … Nous ne
sommes
pas, nous nous créons. Certains se refusent à toute intervention qui
854
nt à toute intervention qui altérerait leur moi ;
ils
ne souhaitent que d’être leur propre témoin, intelligent mais immobil
855
qui altérerait leur moi ; ils ne souhaitent que d’
être
leur propre témoin, intelligent mais immobile : ce sont les mêmes qui
856
eur propre témoin, intelligent mais immobile : ce
sont
les mêmes qui s’ignorent en tant que personnes. Comment se trouveraie
857
nt en tant que personnes. Comment se trouveraient-
ils
, n’existant pas ? (François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau s
858
(François Mauriac.) La valeur morale de M. Godeau
serait
définie par l’aspect seul qu’il souffrirait de garder lui-même à son
859
de M. Godeau serait définie par l’aspect seul qu’
il
souffrirait de garder lui-même à son propre regard. Ainsi la valeur m
860
ard. Ainsi la valeur morale d’un homme équivalait-
elle
à l’illusion qu’il était capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel J
861
morale d’un homme équivalait-elle à l’illusion qu’
il
était capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’o
862
ale d’un homme équivalait-elle à l’illusion qu’il
était
capable d’entretenir sur lui-même. (Marcel Jouhandeau.) Ce qu’on appe
863
l Jouhandeau.) Ce qu’on appelle une œuvre sincère
est
celle qui est douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’il
864
Ce qu’on appelle une œuvre sincère est celle qui
est
douée d’assez de force pour donner de la réalité à l’illusion. (Max J
865
(Max Jacob.) Un rôle ? Oui. Mais si le personnage
est
maintenu jusqu’à la mort, il se confond avec l’homme même. (André Mau
866
is si le personnage est maintenu jusqu’à la mort,
il
se confond avec l’homme même. (André Maurois.) (Quel effroi, ce jou
867
stre à la sincérité presque pure de cet âge. Mais
il
le faut dépasser.) Si j’en crois l’intensité d’un sentiment intime,
868
i idéal que j’appelle en chaque minute de ma joie
est
plus réel que celui qu’une analyse désolée s’imaginait retenir. Dès l
869
alyse désolée s’imaginait retenir. Dès lors, ce n’
est
pas lâcher la proie pour l’ombre que de tendre vers ce modèle. Dirais
870
efficaces ? Mais on nommera cela de l’hypocrisie.
Soit
, j’accepte. Et aussitôt j’annonce : Éloge de l’hypocrisie Non,
871
................................ Le vent se lève,
il
faut tenter de vivre. Paul Valéry. Certes, du sein de ma triste luc
872
e chose proposait une ferveur nouvelle, et chaque
être
un plus prenant sourire. Cependant que ma joie — un état de grâce, un
873
n particulière, ne pouvait non plus s’imaginer qu’
elle
en pût être privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je sou
874
re, ne pouvait non plus s’imaginer qu’elle en pût
être
privée. Alors, acquiesçant vivement à l’invite que je soupçonnais la
875
lus riche d’inconnu, je m’élançais sur la voie qu’
elle
m’ouvrait, avec tant de rires amis, vers tout ce que momentanément je
876
de laisser — et des baisers à tous les vents — qu’
il
eût été loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce
877
ser — et des baisers à tous les vents — qu’il eût
été
loisible d’attribuer comme objet à ma jubilation, non pas ce but peut
878
ainsi que fidèle à soi-même au plus profond de l’
être
, on entretient comme une arrière-pensée sagace et obstinée l’assuranc
879
elle de l’individu — en dehors du corps. Et ce ne
sont
point là jeux d’idées et jongleries verbales. Regards au-dessus de l’
880
isie envers soi-même une volonté — si profonde qu’
elle
n’a pas besoin de s’expliciter pour être efficace — qui m’interdit de
881
fonde qu’elle n’a pas besoin de s’expliciter pour
être
efficace — qui m’interdit de nommer ce dont je ne veux plus souffrir.
882
de nommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car
il
n’est peut-être qu’une espèce de souffrance véritablement insupportab
883
ommer ce dont je ne veux plus souffrir. (Car il n’
est
peut-être qu’une espèce de souffrance véritablement insupportable, c’
884
certitude… Ô vérité, ma vérité, non pas ce que je
suis
, mais ce que de toute mon âme je veux être !… 1. La véritable desc
885
que je suis, mais ce que de toute mon âme je veux
être
!… 1. La véritable description de l’élan supposé dans le premier e
886
ion de l’élan supposé dans le premier exemple, ce
serait
le récit des gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester est plu
887
premier exemple, ce serait le récit des gestes qu’
il
m’aurait fait commettre. Manifester est plus sincère qu’analyser. 2.
888
gestes qu’il m’aurait fait commettre. Manifester
est
plus sincère qu’analyser. 2. D’ailleurs toute la psychologie moderne
889
ans notre langage statique. 3. « Et certes quand
il
s’agit de parole ou d’écriture, l’affirmation prouve moins une certit
890
vue. Mais nous savons, tout comme M. Coué, que ce
serait
de mauvaise méthode. Et, comme M. Coué, nous nous persuadons que tout
891
lus que jamais, et plus que jamais, nous semble-t-
il
, notre revue a sa raison d’être. La vie d’aujourd’hui, on le sait, no
892
mais, nous semble-t-il, notre revue a sa raison d’
être
. La vie d’aujourd’hui, on le sait, nous oblige à nous affirmer ou à r
893
araître parfois quelque peu impertinente. Le fait
est
que nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’être nous-mêmes. E
894
ue nous éprouvons irrésistiblement l’obligation d’
être
nous-mêmes. Et, disons-le tout de suite, c’est en cela uniquement — ê
895
sons-le tout de suite, c’est en cela uniquement —
être
nous-mêmes — que consistera notre programme. Sans doute, les différen
896
. Sans doute, les différences s’accusent : mais n’
est
-ce pas la meilleure raison pour nos aînés de chercher plus patiemment
897
aurions aller, et qui, nous voulons l’espérer, ne
sera
pas sans leur donner quelque bénéfice en retour. Certes, nous ne dema
898
ès tant d’autres, avant tant d’autres. « Amis, ce
sont
les jeunes qui passent… » Pas question de les saluer ni d’emboîter le
899
ais seulement de retenir sa place au spectacle qu’
ils
offrent et de les considérer avec sympathie. Il est bien facile de s’
900
’ils offrent et de les considérer avec sympathie.
Il
est bien facile de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se dé
901
s offrent et de les considérer avec sympathie. Il
est
bien facile de s’écrier : « Après moi, le déluge ! », et de se détour
902
n a coutume d’appeler notre « désordre ». Mais on
est
toujours le fils de quelqu’un… Et, peut-être, la considération du « d
903
t, peut-être, la considération du « déluge » peut-
elle
faire réfléchir utilement sur ses causes… Nous ne proposerons pas,
904
juger si nous avons de quoi faire les modestes…
Être
nous-mêmes, avons-nous dit, c’est à la fois notre but et notre excuse
905
et notre excuse en publiant cette revue. Nous ne
sommes
pas « une revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas être « l’e
906
revue littéraire de plus » ; nous ne voulons pas
être
« l’expression de la jeunesse romande ». Nous sommes autre chose. (Be
907
tre « l’expression de la jeunesse romande ». Nous
sommes
autre chose. (Belles-Lettres est toujours « autre chose ».) Nous ne p
908
mande ». Nous sommes autre chose. (Belles-Lettres
est
toujours « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus être « bien be
909
urs « autre chose ».) Nous ne prétendons pas plus
être
« bien bellettriens » — prétention éminemment peu bellettrienne. Que
910
» — prétention éminemment peu bellettrienne. Que
sommes
-nous donc ? Le plus qu’on puisse dire, c’est que vous le saurez un pe
911
n peu mieux quand vous aurez lu nos huit numéros.
Il
faut que notre revue reste cette chose unique et indéfinissable, comm
912
reprenne mes paroles, qu’on me les oppose. Ce ne
sont
pas les termes d’un traité de paix. Entre moi et vous, c’est la guerr
913
magnifiques et hagardes pourraient enthousiasmer
il
leur réserve mieux encore : après une kyrielle d’injures qui ne font
914
nation d’autres fois si prestigieuse du poète : «
Ils
m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t-il ; et sans rire : « À mort c
915
te : « Ils m’ont suivi, les imbéciles », ricane-t-
il
; et sans rire : « À mort ceux qui paraphrasent ce que je dis ». Il y
916
plus original de la jeune littérature française.
Il
le proclame « J’appartiens à la grande race des torrents ». Génie iné
917
s à la grande race des torrents ». Génie inégal s’
il
en fut, voici parmi trop de talents intéressants, un écrivain qui s’i
918
grande race des torrents ». Génie inégal s’il en
fut
, voici parmi trop de talents intéressants, un écrivain qui s’impose a
919
des qualités et des défauts pareillement énormes.
Il
faut remonter loin dans notre littérature pour trouver semblable domi
920
e domination de la langue. Et parmi les modernes,
il
bat tous les records de l’image, ce qui nous vaut avec des bizarrerie
921
itable « mythologie moderne ». Le Paysan de Paris
est
une suite de promenades dont la composition n’est pas sans rappeler c
922
est une suite de promenades dont la composition n’
est
pas sans rappeler celle des Nuits d’octobre de Nerval ; forme qui per
923
de nuit, d’une devanture, d’un parc public. Ce n’
est
pas le meilleur livre de l’auteur d’Anicet. C’est pourtant un des plu
924
col roide, En souffrance mes baisers. L’amour
est
un alibi Nos lèvres sitôt que jointes, Ô dernier mensonge tu, Je
925
et un chapelier dont tous s’accordaient à dire qu’
il
ne péchait que par excès de bonne humeur printanière, Urbain donc, pr
926
garçon d’une race entre toutes bénie — par qui ?
elle
était anticléricale, on ne saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoi
927
on d’une race entre toutes bénie — par qui ? elle
était
anticléricale, on ne saurait le taire, — Urbain dormait. L’étoile, je
928
cintillement pudiquement dissimulé. Vers 1 heure,
elle
éclaira d’une rose caresse lumineuse la chevelure rouge d’Urbain, et
929
eux et ne vit rien. On rappelle que les étoiles s’
étaient
décrochées de leur poste dans l’éternité. « Éternité désaffectée, c’e
930
. « Éternité désaffectée, c’est bien dommage, dit-
il
en s’étirant ; le printemps désormais rendra le ciel plus pâle, et no
931
ant considérables, au sens étymologique du terme.
Il
loucha vers le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu’il jeta,
932
s le néant, retourna ses poches, ôta ses gants qu’
il
jeta, puis, après un grand coup de pied dans le vide symbolique des s
933
symbolique des systèmes, sortit, c’est-à-dire qu’
il
fit un pas dans une direction quelconque. L’étoile pleurait, sentimen
934
er 1927, l’information suivante : Mardi dernier a
été
célébré en l’église grecque de la rue Georges Bizet le mariage de M.
935
d avec la princesse Hélène-C. Soutzo. Les témoins
étaient
pour le marié : M. Philippe Berthelot, secrétaire général du ministre
936
le des Conférences, devant un très bel auditoire,
est
un des plus passionnants et des plus controversés de l’histoire. L’un
937
ntroversés de l’histoire. L’un de ceux, aussi, où
il
est le plus difficile de rester impartial. M. Lombard, recteur de l’U
938
oversés de l’histoire. L’un de ceux, aussi, où il
est
le plus difficile de rester impartial. M. Lombard, recteur de l’Unive
939
non d’après un système préconçu. (Cette attitude
est
plus rare qu’on ne le croit, de nos jours.) M. Esmonin montra avec be
940
loux de ses droits considérables encore ; puis ce
sont
les conseillers intimes du roi, un jésuite, le père Lachaise, un arch
941
r le ciel, persuadent Louis XIV que la révocation
serait
une œuvre digne du Roi-Soleil et capable de lui faire pardonner les e
942
ou de force tous ceux qui resteront « Les enfants
seront
du moins catholiques, si les pères sont hypocrites », écrit Madame de
943
enfants seront du moins catholiques, si les pères
sont
hypocrites », écrit Madame de Maintenon. Mais bientôt l’on voit la Fr
944
l’on voit la France se dépeupler ; des industries
sont
presque anéanties ; les conséquences funestes de l’acte de révocation
945
arrachées par Louis XIV au pape, les catholiques
sont
loin d’être unanimes à louer la révocation. L’un d’eux s’indigne, dan
946
ar Louis XIV au pape, les catholiques sont loin d’
être
unanimes à louer la révocation. L’un d’eux s’indigne, dans une lettre
947
une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont
été
les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutions c
948
s. M. Esmonin s’abstient d’en faire un tableau qu’
il
suppose présent à l’esprit de ses auditeurs. Il termine en citant le
949
u’il suppose présent à l’esprit de ses auditeurs.
Il
termine en citant le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date du 16
950
us réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’
il
va consacrer à Louis XIV l’exposé si dénué de parti pris, si libre et
951
de feindre encore ce que le cœur ne ressent plus,
il
suffit de quelques mois aux jeunes époux de la Maladère pour se dépre
952
e meurtrir l’un l’autre. Pourtant, jusqu’au bout,
il
semble qu’un mot, un geste décisif, ou certaine amitié de la saison s
953
issiper le charme perfide qui les tourmente. Mais
il
faudrait d’abord qu’ils se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mo
954
de qui les tourmente. Mais il faudrait d’abord qu’
ils
se soient délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient poss
955
les tourmente. Mais il faudrait d’abord qu’ils se
soient
délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste, soient possibles. C’e
956
t délivrés d’eux-mêmes pour que ce mot, ce geste,
soient
possibles. C’est d’Armande surtout qu’on les attendrait, plus franche
957
: son amour ? son manque d’amour ? Pour Jacques,
il
souffre d’une incurable adolescence, d’un défaitisme sentimental qui
958
ais combien cette analyse trahit Barbey : son art
est
justement de voiler les intentions du récit et de les exprimer seulem
959
ne image qu’on garde comme un pressentiment. Ce n’
est
qu’à force de discrétion dans les moyens qu’il parvient à une certain
960
n’est qu’à force de discrétion dans les moyens qu’
il
parvient à une certaine puissance de l’effet, aux dernières pages. Il
961
rtaine puissance de l’effet, aux dernières pages.
Il
règne dans la Maladère une étrange harmonie entre le climat des senti
962
des sentiments et celui des campagnes désolées où
ils
se développent. Paysages tristes et sans violence, autour de ces être
963
Paysages tristes et sans violence, autour de ces
êtres
dont la détresse est d’autant plus cruelle qu’elle est contenue sous
964
ns violence, autour de ces êtres dont la détresse
est
d’autant plus cruelle qu’elle est contenue sous des dehors trop polis
965
res dont la détresse est d’autant plus cruelle qu’
elle
est contenue sous des dehors trop polis. Une fois fermé le livre de B
966
ont la détresse est d’autant plus cruelle qu’elle
est
contenue sous des dehors trop polis. Une fois fermé le livre de Barbe
967
cendie, deux visages tordus de passion. Cette fin
est
admirable, dont la brutalité si longtemps désirée délivre Jacques d’u
968
L’on aime que, pour certains hommes, écrire ne
soit
que le recensement passionné de leur vie, ou l’aveu déguisé d’une ins
969
ur vie, ou l’aveu déguisé d’une insatisfaction qu’
elle
leur laisse. Montclar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels il ne
970
’une insatisfaction qu’elle leur laisse. Montclar
est
l’auteur de vers de jeunesse auxquels il ne tient guère, et l’on comp
971
ontclar est l’auteur de vers de jeunesse auxquels
il
ne tient guère, et l’on comprend que ce journal bientôt les rejoindra
972
aux souvenirs. Cette façon de ne pas y tenir, qu’
il
manifeste en toute occasion de sa vie est peut-être ce qui nous le re
973
enir, qu’il manifeste en toute occasion de sa vie
est
peut-être ce qui nous le rend le plus sympathique. « Officiellement c
974
de ? heureux ? » pour lui, comme pour Barnabooth,
il
s’agit de « déjouer le complot de la commodité ». Mais plus voluptueu
975
lus voluptueux que philosophe, c’est à l’amour qu’
il
ira demander la souffrance indispensable au perfectionnement de son â
976
notre plaisir, un peu plus viennois que naturel s’
il
parle de choses d’art comme on fait dans Proust, si les passions qu’i
977
art comme on fait dans Proust, si les passions qu’
il
nous peint sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se con
978
ait dans Proust, si les passions qu’il nous peint
sont
ici tant soit peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît assez pour
979
t, si les passions qu’il nous peint sont ici tant
soit
peu russes, et là, gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui
980
sont ici tant soit peu russes, et là, gidiennes.
Il
se connaît assez pour savoir ce qui est en lui de l’homme même, ou de
981
gidiennes. Il se connaît assez pour savoir ce qui
est
en lui de l’homme même, ou de l’amateur distingué, — et ne peut pas n
982
stingué, — et ne peut pas nous tromper là-dessus.
Il
se connaît avec une sorte de froideur que l’on dirait désintéressée s
983
orte de froideur que l’on dirait désintéressée si
elle
n’avait pour effet de souligner, plus que ses succès, certaines faibl
984
ner, plus que ses succès, certaines faiblesses qu’
il
recherche secrètement, parce que de ces « ratages » naît le perpétuel
985
ratages » naît le perpétuel besoin d’évasion qui
est
la condition de son progrès moral. C’est ainsi qu’il consent, non san
986
la condition de son progrès moral. C’est ainsi qu’
il
consent, non sans une imperceptible satisfaction, l’aveu d’une fondam
987
nce où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour n’
est
-il possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exté
988
où souvent l’on finit. Et peut-être l’amour n’est-
il
possible qu’entre deux cœurs que l’épreuve du plaisir n’a pas exténué
989
à se faire souffrir rejette l’un vers l’autre ces
êtres
égoïstes, et fonde lentement leur amour, à force de petites blessures
990
nt leur amour, à force de petites blessures. Ce n’
est
pas le moins troublant d’une telle vie, cette sagesse un peu sombre q
991
près seulement toutes les morts du plaisir », car
elle
sait « qu’entre les êtres, le bonheur est un lien sans durée. Seules
992
morts du plaisir », car elle sait « qu’entre les
êtres
, le bonheur est un lien sans durée. Seules la souffrance ou de secrèt
993
», car elle sait « qu’entre les êtres, le bonheur
est
un lien sans durée. Seules la souffrance ou de secrètes anomalies ont
994
e secrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. »
Il
est juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de
995
ecrètes anomalies ont un pouvoir d’éternité. » Il
est
juste, ce me semble, d’insister sur ce qui forme dans le récit de cet
996
autaine. Que la composition de cette réminiscence
soit
assez facile et « artiste » on hésite à en faire reproche à l’auteur.
997
à l’auteur. Cette espèce de modestie de l’allure
est
rare autant que sympathique, dans le temps que sévit l’inflation litt
998
flation littéraire la plus ridicule. Pourtant, qu’
elle
ne laisse point oublier que ce livre d’une résonance si humaine, est
999
oublier que ce livre d’une résonance si humaine,
est
mieux que charmant, — douloureux et désinvolte, glacé, passionné. a
1000
vue de Genève, Genève, février 1927, p. 257. ae.
Il
manque sans doute un morceau de phrase dans l’édition originale.
1001
iste, mais vrai. » (Les journaux.) Mademoiselle,
Il
faut d’abord que je m’excuse : c’est un peu prétentieux de vous écrir
1002
tant plus que vous n’y croirez pas — et pourtant…
Il
faut aussi que je vous dise qu’il fait très froid dans ma chambre : l
1003
— et pourtant… Il faut aussi que je vous dise qu’
il
fait très froid dans ma chambre : le feu n’a pas pris, et d’ailleurs
1004
i le drame sur vos traits seulement ; l’écho n’en
fut
que plus douloureux dans mon cœur. Puis je vous ai oubliée. Puis je v
1005
de mes amis, qui vous connaît4, de me présenter.
Il
m’en avait donné la promesse. Vos regards rencontrèrent les miens plu
1006
nt les miens plus d’une fois pendant une danse qu’
il
fit avec vous, mais vous les détourniez soudain comme pour vous arrac
1007
tirante ; et je pensais que la force de mon désir
était
telle que vous en éprouviez vaguement la menace. Je dis menace, parce
1008
airs sombres vous effrayaient sans doute plus qu’
ils
ne vous attiraient. Mais, maintenant, je pense que ces regards croisé
1009
de vous. Mon ami me fit un signe discret, et déjà
il
se préparait à vous rendre attentive à ma présence… Mais, alors, je n
1010
ssis à l’écart. On me demandait, en passant, si j’
étais
malade. Je désignais d’un geste incertain quelques bouteilles de cham
1011
l’ivresse, mais non certaines douleurs. Même, je
fus
obligé de confier à un ami que j’en avais repris … Les archets jouaie
1012
gentillesse d’une autre femme dont le seul défaut
fut
de m’aimer… (Froid aux genoux, odeur de vieille fumée, et ce refus au
1013
s d’oriflammes sur l’orchestre pensif. Ton regard
est
plus grand que le chant des violons. Aube dure ! En ma tête rôde ton
1014
, tout enfiévré par la crainte du réveil. Puis je
suis
revenu dans ces rues où je vous rencontrais parfois, du temps que j’i
1015
ant les ascenseurs. « Vers 4 heures, me disais-je
elle
y entrera, et, me glissant auprès d’elle, je pourrai lui dire très vi
1016
isais-je elle y entrera, et, me glissant auprès d’
elle
, je pourrai lui dire très vite quelques mots si bouleversants qu’avan
1017
e la croise en route dans l’ascenseur descendant…
Il
aurait fallu monter, mais l’idée de vous trouver peut-être assise en
1018
aqué, souriante… Enfin, un peu après 6 heures, je
suis
sorti. Il y avait beaucoup de monde dans les rues, sous la pluie. Les
1019
femme révélait soudain un trait de votre visage.
Il
aurait fallu courir après celle-là qui venait de tourner à l’angle de
1020
maladroits, contradictoires… Un autobus de luxe s’
était
arrêté tout près de moi. Je vis un visage à l’intérieur se pencher ve
1021
l’intérieur se pencher vers la vitre… Je montai.
Il
n’y avait que des dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’ét
1022
dames. Personne ne parlait. La jeune femme qui s’
était
penchée vous ressemblait tant. Mais je n’osais presque pas la regarde
1023
edonnait tout son empire à ma timidité. Peut-être
était
-ce vous. Je ne saurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel, ell
1024
aurai jamais. À l’arrêt de la Place Saint-Michel,
elle
sortit, en me frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière elle.
1025
frôlant, sans me regarder. Je descendis derrière
elle
. Mais tout de suite des parapluies la dérobèrent à mes yeux. Une bouc
1026
arché plusieurs heures avant de retrouver ma rue.
Il
doit être maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans
1027
usieurs heures avant de retrouver ma rue. Il doit
être
maintenant 5 heures du matin. Premiers appels d’autos dans la ville,
1028
atin. Premiers appels d’autos dans la ville, mais
il
me semble que toutes choses s’éloignent de moi vertigineusement, par
1029
aube incolore. Il y a vingt-quatre heures donc, j’
étais
encore au bal. Cette constatation machinale ne correspond à rien dans
1030
che de tout ce qui me navre au plus intime de mon
être
… Le revolver est chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux
1031
me navre au plus intime de mon être… Le revolver
est
chargé, sur cette table. (Je le caresse, entre deux phrases.) Mais vo
1032
ance, ce que c’est que ma vie, ma mort. Mon Dieu,
il
n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme
1033
u, il n’y a plus qu’un glissement gris, sans fin…
Il
faudrait que je dorme : il n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui v
1034
sement gris, sans fin… Il faudrait que je dorme :
il
n’y aurait plus rien. 4. Encore un qui vous aime, je ne vous dirai
1035
Orphée sans charme (février 1927)g « Cet âge
est
sans pitié. » « Le véritable symbole n’est jamais prévu par l’auteur
1036
t âge est sans pitié. » « Le véritable symbole n’
est
jamais prévu par l’auteur », écrivait Cocteau dans la préface des Mar
1037
une note d’Orphée précise : « Inutile de dire qu’
il
n’y a pas un seul symbole dans la pièce. » Ce qui me gêne pourtant, c
1038
ent concerté la possibilité. Orphée, par exemple,
serait
un poète surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-il, il faut obte
1039
phée, par exemple, serait un poète surréaliste. «
Il
faut jeter une bombe, dit-il, il faut obtenir un scandale. Il faut un
1040
poète surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-
il
, il faut obtenir un scandale. Il faut un de ces orages qui rafraîchis
1041
e surréaliste. « Il faut jeter une bombe, dit-il,
il
faut obtenir un scandale. Il faut un de ces orages qui rafraîchissent
1042
r une bombe, dit-il, il faut obtenir un scandale.
Il
faut un de ces orages qui rafraîchissent l’air. » Il prétend « traque
1043
faut un de ces orages qui rafraîchissent l’air. »
Il
prétend « traquer l’inconnu ». Sa femme l’accuse de « vouloir faire a
1044
Madame Eurydice Reviendra Des Enfers. » — « Ce n’
est
pas une phrase, s’écrie-t-il, c’est un poème, un poème du rêve, une f
1045
Enfers. » — « Ce n’est pas une phrase, s’écrie-t-
il
, c’est un poème, un poème du rêve, une fleur du fond de la mort. » Or
1046
Art chrétien, a-t-on dit5. Certes, cette pièce n’
est
pas dépourvue de certaines des qualités qui, selon Max Jacob, permett
1047
agnebin (non pas Elie) pensait à quelqu’un lorsqu’
il
écrivit certains vers qu’on peut lire plus haut : Les anges véritabl
1048
Les anges véritables qui connaissent les signes
Sont
moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’est trop exercé avant de se
1049
nes Sont moins bons acrobates… (etc.)… Cocteau s’
est
trop exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’il
1050
exercé avant de se lancer sur la corde raide. Je
suis
sûr qu’il ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités
1051
t de se lancer sur la corde raide. Je suis sûr qu’
il
ne tombera pas. J’admire sans émoi. ⁂ Certes, les qualités scéniques
1052
. ⁂ Certes, les qualités scéniques de cette pièce
sont
grandes. Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où elle pèche
1053
Je ne saurais même indiquer aucun endroit par où
elle
pèche contre les principes chers à l’auteur du Secret professionnel e
1054
ai style de théâtre, d’une netteté qui pourtant n’
est
pas maigre, d’une familiarité dramatique qui cerne le mystère d’un tr
1055
é dramatique qui cerne le mystère d’un trait pur.
Il
semble que Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’il voulait. Et pou
1056
emble que Cocteau ait réalisé là exactement ce qu’
il
voulait. Et pourtant cette admirable machine ne m’inquiète guère : je
1057
dmirable machine ne m’inquiète guère : je sais qu’
elle
le conduira où il veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me dép
1058
m’inquiète guère : je sais qu’elle le conduira où
il
veut, sans surprises. « Puisque ces mystères me dépassent, feignons d
1059
Puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en
être
l’organisateur », disait le photographe des Mariés. Dans Orphée, le m
1060
phée, le mystère ne peut plus dépasser l’auteur :
il
l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’il faut reprocher à Cocteau,
1061
teur : il l’a trop bien organisé. En somme, ce qu’
il
faut reprocher à Cocteau, c’est d’avoir réussi complètement une pièce
1062
fois de plus que l’atmosphère de l’« art pur » n’
est
pas respirable. Il ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette ind
1063
atmosphère de l’« art pur » n’est pas respirable.
Il
ne manque rien à Orphée, sinon peut-être cette indispensable « part d
1064
spensable « part de Dieu » — comme dit Gide — qui
serait
aussi la part de l’humain, l’imperfection secrète qui fait naître l’a
1065
te qui fait naître l’amour. Parce que la création
est
venue après la théorie. Parce qu’une fois de plus, Cocteau a comprimé
1066
s règles de l’art, mais que l’essence obtenue, si
elle
est de rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète :
1067
les de l’art, mais que l’essence obtenue, si elle
est
de rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète : j’e
1068
mais que l’essence obtenue, si elle est de rose,
est
sans parfum. (Tout de même, Cocteau est un poète : j’en verrais une
1069
e rose, est sans parfum. (Tout de même, Cocteau
est
un poète : j’en verrais une preuve, pour mon compte, dans le fait que
1070
M. Zimmer, dans la Gazette de Lausanne . Et même
il
appelait Orphée « une tragédie de l’amour conjugal ». Vraiment, nous
1071
« Messieurs, disait Dardel, y a pas à tortiller,
il
faut faire quelque chose. Nous devons, nous pouvons faire quelque cho
1072
pouvons faire quelque chose. Que diable ! nous ne
sommes
pas des imbéciles, nous ne sommes pas de ces gens qui croient que 2 e
1073
iable ! nous ne sommes pas des imbéciles, nous ne
sommes
pas de ces gens qui croient que 2 et 2 font 22, et qui confondent Jér
1074
onsabilité s’empare de nous. Et nous calculons qu’
il
s’agit de déranger 5000 personnes en huit soirées, et de les occuper
1075
vaient en hurlant : « Bas-toi là, bas-toi là ! »…
Est
-il plus atroce spectacle que celui d’une maîtresse jadis belle et dis
1076
nt en hurlant : « Bas-toi là, bas-toi là ! »… Est-
il
plus atroce spectacle que celui d’une maîtresse jadis belle et disert
1077
ellettriens avaient fui. Au détour d’une ivresse,
ils
rencontrèrent une créature évadée d’anciens rêves qui hantait les lim
1078
s rêves qui hantait les limbes depuis un an déjà.
Ils
ne tardèrent pas à reconnaître Cinématoma. Naissance de Cinématoma
1079
. Naissance de Cinématoma Cinq bellettriens
furent
commis au soin d’engendrer cet adorable monstre. Ils se réunissent pa
1080
commis au soin d’engendrer cet adorable monstre.
Ils
se réunissent parfois autour d’un feu et le contemplent un certain te
1081
io né entre deux cafés-nature, et presque sans qu’
il
s’en soit rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin
1082
tre deux cafés-nature, et presque sans qu’il s’en
soit
rendu compte. Clerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui est
1083
lerc entrevoit un projet à deux faces. Lugin, qui
est
théologien, et de la Tchaux, n’a pas la foi. Topin, Mahomet désabusé,
1084
la Montagne » ne saura venir au prophète, même s’
il
se nomme Mossoul. Pourtant, au milieu de ce paludesque et stérile con
1085
, une idée de génie vint s’asseoir certaine nuit.
Elle
parla par la bouche de Lugin, sa langue dans la langue de Lugin : « L
1086
tte martingale avec des surréalistes hétérodoxes.
Il
revint juste à temps pour assister à la cérémonie de la pose du point
1087
teur de Gogol à l’époque où le Cuirassé Potemkine
était
interdit à l’écran. Pitoëff avait prêté un accent, Mme d’Assilva deux
1088
et cent doigts dans deux lits. Combien cela fait-
il
de pieds et d’oreillles ? À signaler la fuite de Bec-de-Gaz, lequel s
1089
rte que l’espèce de romantisme à la Nerval auquel
il
aboutit coïncide avec un mouvement dont lui-même s’est plu à relever
1090
boutit coïncide avec un mouvement dont lui-même s’
est
plu à relever les indices chez ses jeunes contemporains, et qu’il vie
1091
les indices chez ses jeunes contemporains, et qu’
il
vient appuyer de son autorité de critique et surtout de son expérienc
1092
se plaisent nos jeunes poètes cosmopolites, mais
il
garde une certaine discrétion, cet air de rêverie d’un homme qui en s
1093
rêverie d’un homme qui en sait long… Et, certes,
il
faut être un peu mage pour porter tant de richesses avec cette mélanc
1094
d’un homme qui en sait long… Et, certes, il faut
être
un peu mage pour porter tant de richesses avec cette mélancolique grâ
1095
mélancolique grâce. Si quelques-uns de ses bijoux
sont
taillés comme ceux de Giraudoux, j’y vois un signe charmant d’amitié
1096
l’un de ses personnages pour remercier ; (pouvait-
il
mieux trouver qu’un René Dubardeau pour cette ambassade). Parfois l’o
1097
tesse Rezzovitch a rencontré M. Paul Morand, mais
elle
a dû le trouver un peu froid, n’aura pas été tentée de lui faire ces
1098
ais elle a dû le trouver un peu froid, n’aura pas
été
tentée de lui faire ces confidences qu’elle livre si facilement au hé
1099
ra pas été tentée de lui faire ces confidences qu’
elle
livre si facilement au héros plus confiant et secrètement incertain d
1100
femme qui incarne aussitôt à ses yeux tout ce qu’
il
attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et il ne la reverra jam
1101
attend de l’amour. Une confidence, un baiser, et
il
ne la reverra jamais. Il aime encore sa femme, « mais comme on aime u
1102
onfidence, un baiser, et il ne la reverra jamais.
Il
aime encore sa femme, « mais comme on aime une petite maison de provi
1103
gagne la puissance d’une merveilleuse obsession.
Il
lui écrit de longues lettres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, e
1104
l lui écrit de longues lettres, sans les envoyer.
Il
apprend sa mort, et qu’elle l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé,
1105
tres, sans les envoyer. Il apprend sa mort, et qu’
elle
l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul, il la revoit dans une
1106
le l’aurait peut-être aimé. Enfin, divorcé, seul,
il
la revoit dans une vision prestigieuse et désolée… M. Jaloux a trouvé
1107
rgueilleuse raison à nous tromper sur tout ce qui
est
profond en nous, et elle ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jalo
1108
s tromper sur tout ce qui est profond en nous, et
elle
ne manque guère à ce devoir sacré ». M. Jaloux évite le péril d’un ré
1109
mer et celui du roman lyrique, par l’équilibre qu’
il
maintient entre ces deux inconscients : l’époque et l’être secret du
1110
tient entre ces deux inconscients : l’époque et l’
être
secret du héros. Il sait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclate
1111
nconscients : l’époque et l’être secret du héros.
Il
sait mieux que quiconque aujourd’hui faire éclater dans un cadre très
1112
nt dessinés un de ces drames tout intérieurs dont
il
dit : « Personne ne peut juger du drame qui se joue entre deux êtres,
1113
nne ne peut juger du drame qui se joue entre deux
êtres
, personne, pas même eux ». Dans ce roman, comme dans l’Âge d’or, un d
1114
as la fin ni le sens véritable, mais seulement qu’
elles
ont fait souffrir. Rendez-vous manqués, lettres perdues, aveux incomp
1115
dans l’une des dernières phrases de Sylvie : « Là
était
le bonheur, peut-être… »). Mais le ton reste si léger, spirituel, fan
1116
touche pour peindre un personnage épisodique : «
Il
confondait la rose et la pivoine, l’orange et l’ananas… »). Une telle
1117
ou L’éloge du Miracle (mars 1927)i Surprendre
est
peu de chose, il faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le progra
1118
cle (mars 1927)i Surprendre est peu de chose,
il
faut transplanter. Max Jacob. Ce soir-là, le programme comprenait :
1119
décor très pauvre, légèrement coloré. Le principe
est
simple : « Je vous aime » se traduit par trois ou quatre claques sur
1120
e cadavre encore tout chaud ». Affreux. Aussi : «
Elle
mourut. » On voit que cette bande est antérieure à l’époque du long b
1121
Aussi : « Elle mourut. » On voit que cette bande
est
antérieure à l’époque du long baiser de conclusion. Le film japonais
1122
ons rapides. Un chasseur, toujours sur son toit ;
il
tire sur l’œuf d’où naît une colombe. Chasse. Mais un papillon éclata
1123
e, vue par-dessous. Quelques miracles qui suivent
sont
embrumés dans mon souvenir par le rayonnement de la robe, fleur qui s
1124
clé… Un enterrement bourgeois, mais le corbillard
est
traîné par un dromadaire, d’ailleurs dételé. Les amis affligés mangen
1125
onnes et suivent à grands sauts lents, solennels.
Ils
revoient la danseuse, font une ronde autour d’une tour Eiffel de bois
1126
t.) Enfin le cercueil roule dans les marguerites,
il
en sort un chef d’orchestre dont la baguette éteint tous les personna
1127
s demandions grâce de trop de plaisir. Mais je ne
suis
pas sûr que le plaisir du public fût de même essence que le nôtre. Le
1128
Mais je ne suis pas sûr que le plaisir du public
fût
de même essence que le nôtre. Les gens rient à l’enterrement au ralen
1129
ement des têtes de poupées, à la conclusion. Ce n’
est
pas le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît, ils n’attendent
1130
le bon rire de cinéma. Quand la danseuse paraît,
ils
n’attendent que le moment où ils pourront se pousser en disant : « C’
1131
danseuse paraît, ils n’attendent que le moment où
ils
pourront se pousser en disant : « C’que c’est cochon ! » Mais le mome
1132
que c’est cochon ! » Mais le moment ne vient pas,
ils
sont déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous deven
1133
c’est cochon ! » Mais le moment ne vient pas, ils
sont
déçus. Enfin, mon voisin, un agent, murmure : « On va tous devenir fo
1134
ous mais accueille le résultat avec la naïveté qu’
il
faut, approuve et dit : « C’est bien ça, c’est comme quand on rêve. »
1135
ma doit nous « transplanter », un certain naturel
est
de rigueur ; toute bizarrerie détourne du véritable miracle auquel no
1136
le auquel nous assistons. Mais de pareils défauts
sont
presque inévitables dans une production de début, et Entr’acte mérite
1137
ns une production de début, et Entr’acte mérite d’
être
ainsi qualifié : c’est peut-être le premier film où l’on a fait du ci
1138
geste de l’acteur. Un mouvement ne souligne pas,
il
exprime, et se suffit. Mais comme pour le film 1905, on a sans cesse
1139
ns, c’est le fait d’un art à sa maturité. Mais ce
sont
là critiques de style. D’ores et déjà, il faut admirer dans les films
1140
is ce sont là critiques de style. D’ores et déjà,
il
faut admirer dans les films de René Clair un sens du miracle assez bo
1141
cinéma. C’est la photographie d’une chose qui ne
serait
étonnante que dans le réel ; ce n’est pas encore un miracle de ciné.
1142
e qui ne serait étonnante que dans le réel ; ce n’
est
pas encore un miracle de ciné. Et les fées paraissent vieux jeu avec
1143
de découvrir la richesse immédiate. Surréel qui n’
est
pas synonyme d’incompréhensible, non Madame, car alors quoi de plus s
1144
s quoi de plus surréaliste que le film 1905. Ce n’
est
peut-être qu’une question d’imagination ; il reste qu’un film comme E
1145
e n’est peut-être qu’une question d’imagination ;
il
reste qu’un film comme Entr’acte est une aide puissante. Nous faisons
1146
imagination ; il reste qu’un film comme Entr’acte
est
une aide puissante. Nous faisons nos premiers pas, étourdis, dans un
1147
un pays d’illuminations vertigineuses, et nous en
sommes
encore à nous frotter les yeux… Peut-être, quand nos regards plus ass
1148
Daniel-Rops, Notre inquiétude (avril 1927)ag
Il
faut souhaiter que ce témoignage sur les générations nouvelles et leu
1149
ge sur les générations nouvelles et leurs maîtres
soit
lu par tous ceux qui cherchent à s’orienter dans la crise moderne. M.
1150
ême temps par cette solution universelle, la foi,
il
résume en lui cette inquiétude qui fait la grandeur et la misère de l
1151
fait la grandeur et la misère de l’époque — et qu’
il
avoue préférer à une certitude trop vite atteinte, où sa jeunesse ne
1152
nte, où sa jeunesse ne verrait qu’une abdication.
Il
décrit la « génération nouvelle » avec une intelligente sympathie et
1153
de l’absolu à la fois mystique et anarchique : ce
sont
bien les grands traits de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a
1154
de notre inquiétude. (Mais peut-être M. Rops a-t-
il
trop négligé le rôle extérieur, que je crois décisif, des conditions
1155
ites qui s’offrent aux jeunes gens d’aujourd’hui.
Il
constate que l’une (celle de Gide) ne fait que différer notre inquiét
1156
raît sans remède. Mais, ici, M. Daniel-Rops n’a-t-
il
pas cédé à la tentation de créer des dilemmes irréductibles, suprême
1157
ésumer en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors
sont
-elles vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’étant que le che
1158
r en deux mots : inquiétude ou foi. Dès lors sont-
elles
vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’étant que le chemin qu
1159
es vraiment les deux termes d’un dilemme, l’une n’
étant
que le chemin qui mène à l’autre ? Car la foi naît de l’inquiétude au
1160
l’inquiétude autant que la sérénité… Au reste, n’
est
-elle pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirablement
1161
nquiétude autant que la sérénité… Au reste, n’est-
elle
pas de M. Rops lui-même, cette phrase qui formule admirablement les e
1162
inquiétude et de la foi : « Si tu as trouvé Dieu,
il
te reste à le chercher encore… » ag. « Daniel-Rops : Notre inquiétu
1163
7)j Ah ! je sens qu’une puissance étrangère s’
est
emparée de mon être et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âm
1164
s qu’une puissance étrangère s’est emparée de mon
être
et a saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’elle peut fair
1165
saisi les cordes les plus secrètes de mon âme, qu’
elle
peut faire désormais vibrer à sa fantaisie, même si cela doit m’anéan
1166
pas seulement pour le pittoresque. — Attrape !
Il
n’existe pas de théorie du salut. Il n’existe que des systèmes pour f
1167
Attrape ! Il n’existe pas de théorie du salut.
Il
n’existe que des systèmes pour faire taire en nous l’appel vertigineu
1168
mais c’est pour détourner nos regards de cela qu’
il
faut bien nommer le Vide. Tant de séductions nous ont en vain tentés,
1169
. On dit : « C’est incompréhensible ! » — et l’on
est
enfin rassuré. C’est incompréhensible !, trois mots dont l’un savant
1170
malaise, et vous rallumez votre cigare. Vous vous
êtes
assuré que la porte ferme bien sur l’infini. Rien à craindre de ce cô
1171
rire d’Aragon, c’est l’éclat de sa joie brusque d’
être
seul sur un faux sommet vers quoi des faibles s’efforcent — mais déjà
1172
les s’efforcent — mais déjà c’est de plus loin qu’
il
les nargue. Il connaît enfin une solitude défendue de tous côtés par
1173
— mais déjà c’est de plus loin qu’il les nargue.
Il
connaît enfin une solitude défendue de tous côtés par ses rires scand
1174
abiles à l’immobilité miraculeuse des statues7. »
Il
s’agit bien de critique littéraire ! Nous sommes ici en présence d’un
1175
7. » Il s’agit bien de critique littéraire ! Nous
sommes
ici en présence d’une des tentatives de libération les plus violentes
1176
tisme de l’esprit. Jusqu’au-boutisme désespéré. «
Il
s’agit de rendre impraticables quelques portes de sortie » ou comprom
1177
elques portes de sortie » ou compromis : « Nous
étions
dominés par le sens d’une réalité morale absolue que certains d’entre
1178
Vautel, le matérialisme le plus pauvre auquel se
soit
jamais abaissée une civilisation. Mais nous sommes encore quelques-un
1179
soit jamais abaissée une civilisation. Mais nous
sommes
encore quelques-uns à jouer nos derniers atouts sur notre salut. Nous
1180
courons enfin l’Aventure. « Le salut pour nous n’
est
nulle part9 ». Ultime affirmation d’une foi que plus rien ne peut dup
1181
eut duper. Depuis certaines paroles sur la Croix,
il
n’y a peut-être pas eu d’expression plus haute de l’angoisse humaine,
1182
, et vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’
elle
est née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’att
1183
vous aurez beau rire, pharisiens, et dire qu’elle
est
née dans un café de Paris. « Je n’attends rien du monde, je n’attends
1184
a notion de Dieu, répond Aragon, je me révolte qu’
elle
puisse en aucun cas servir d’argument à un homme. » Voilà qui nous fa
1185
oublier certaines morales d’extrême moyenne d’où
sont
exclues toutes grandeurs au profit de fuites lâches qu’on veut nommer
1186
rophète qui rapprenne comment aimer un Dieu. Ce n’
est
pas à genoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait
1187
enoux qu’on attendra : pour que cela eût un sens,
il
faudrait être sûr de n’avoir pas la tête en bas par rapport au soleil
1188
attendra : pour que cela eût un sens, il faudrait
être
sûr de n’avoir pas la tête en bas par rapport au soleil. Quelques ges
1189
les messages égarés de l’infini… Un tel homme, —
est
-ce encore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’il lui faut att
1190
ncore Aragon, sinon qui ? — sa grandeur, c’est qu’
il
lui faut atteindre Dieu ou n’espérer plus aucun pardon. II Nove
1191
Et voici Aragon revêtu d’une dignité tragique qu’
il
trouverait sans doute un peu ridicule. C’est ainsi que l’on arrive à
1192
du scandale pour le scandale qui a le mérite de n’
être
pas qu’un jeu littéraire. Mais enfin, c’est encore un Musset, seuleme
1193
ment transposé dans notre siècle et chez qui tout
est
devenu de quelques degrés plus violent, plus acerbe, plus profond. En
1194
a grande race des torrents. » Une belle phrase, n’
est
-ce pas ? Je ne sais qu’un Montherlant qui pourrait l’oser dire comme
1195
Et ce que je prenais pour le ton prophétique, ne
serait
-ce pas plutôt une sorte de donquichottisme assez fréquent dans les ca
1196
assez fréquent dans les cafés littéraires et dont
il
serait le premier à s’amuser ? Février 1927. Relu Une vague de rêve
1197
ez fréquent dans les cafés littéraires et dont il
serait
le premier à s’amuser ? Février 1927. Relu Une vague de rêves et la
1198
e littérature — : « Un mysticisme creux et affamé
est
le contrecoup du christianisme dans les âmes profondes ou délicates q
1199
nisme dans les âmes profondes ou délicates qui ne
sont
pas devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’est nulle part. »
1200
as devenues chrétiennes. » « Le salut pour nous n’
est
nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’est pas là, ou là,
1201
nulle part. » Nulle part, pensais-je : le salut n’
est
pas là, ou là, à Rome, à Athènes, à Moscou, dans cette doctrine, dans
1202
ez basses, nous le savons… Mais pour Aragon, ce n’
est
point façon de parler. Son « nulle part » est sans dérobade possible
1203
e n’est point façon de parler. Son « nulle part »
est
sans dérobade possible par sous-entendu. Pas plus « ailleurs » que su
1204
Crevel. Pourtant, le plus irrévocable désespoir n’
est
encore qu’un appel à la foi la plus haute. 1er mai 1927. Mieux vau
1205
iasme trompe moins que le bon sens. Don Quichotte
est
tout de même moins misérable que Clément Vautel — et si ce nom revien
1206
mouche qu’on n’a jamais fini de chasser parce qu’
elle
n’a pas mérité du premier coup qu’on se donne la peine de l’écraser,
1207
qu’on se donne la peine de l’écraser, — c’est qu’
il
symbolise tout cet état d’esprit « bien Parisien » dont de récentes s
1208
ules le droit à parler des choses de la foi comme
étant
d’un ordre qui leur échappe ; de même je récuse ici certain sens crit
1209
se ici certain sens critique dont on voudrait que
soient
justiciables les œuvres d’un écrivain, les démarches de sa pensée, se
1210
re armé de l’appareil à frigorifier de sa raison,
est
destiné à dire des bêtises. Cf. certaines remarques — pas toutes — de
1211
s tromper sur ce qu’il y a de profond en nous, et
elle
ne manque guère à ce devoir sacré. » (Edmond Jaloux.) Entre un monsi
1212
. — Il y a un certain temps déjà que nous ne nous
sommes
revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depu
1213
temps déjà que nous ne nous sommes revus. Mais je
suis
vos travaux avec intérêt, et il m’a paru que depuis quelque temps… en
1214
revus. Mais je suis vos travaux avec intérêt, et
il
m’a paru que depuis quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me su
1215
is quelque temps… enfin, comment dirais-je… je me
suis
dit que je pourrais, en quelque sorte, vous être de quelque utilité…
1216
suis dit que je pourrais, en quelque sorte, vous
être
de quelque utilité… Moi. — Ah ! oui, oui… c’est cela, utilité,… en e
1217
jours-ci, beaucoup trop à faire, beaucoup trop d’
êtres
et de choses à aimer, et vous savez ce que cela suppose. Comprenez-mo
1218
, à mon estime la plus vive. Mais décidément nous
sommes
débordés, voyez vous-même, pas moyen de causer aujourd’hui… Quoi ?… B
1219
ire sans vous. Mais n’oubliez pas que « l’artiste
serait
peu de chose s’il ne spéculait sur l’incertain », c’est un académicie
1220
oubliez pas que « l’artiste serait peu de chose s’
il
ne spéculait sur l’incertain », c’est un académicien qui l’a dit. Vou
1221
Il y a des gens qui croient avoir tout dit quand
ils
ont montré à l’origine de telle doctrine mystique une exaltation nerv
1222
e exaltation nerveuse ou des troubles organiques.
Ils
opposent à ces « délires » les thèses rassurantes de la « saine raiso
1223
si cela ne condamne pas et la santé et la raison.
Il
s’est trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition
1224
la ne condamne pas et la santé et la raison. Il s’
est
trouvé des Maurras et autres « héritiers de la grande tradition gréco
1225
écarter. Voilà bien leur désinvolture, car enfin,
elle
est déesse. Mais entre leurs mains qu’est-elle devenue ? C’est bien l
1226
er. Voilà bien leur désinvolture, car enfin, elle
est
déesse. Mais entre leurs mains qu’est-elle devenue ? C’est bien leur
1227
enfin, elle est déesse. Mais entre leurs mains qu’
est
-elle devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hu
1228
n, elle est déesse. Mais entre leurs mains qu’est-
elle
devenue ? C’est bien leur faute si elle nous apparaît aujourd’hui com
1229
ns qu’est-elle devenue ? C’est bien leur faute si
elle
nous apparaît aujourd’hui comme une vieille courtisane assagie, parfo
1230
c’est vous qui l’aurez voulu, mais tant pis, nous
serons
du Nord. Nous serons romantiques. Nous serons barbares, désordonnés,
1231
z voulu, mais tant pis, nous serons du Nord. Nous
serons
romantiques. Nous serons barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vi
1232
ous serons du Nord. Nous serons romantiques. Nous
serons
barbares, désordonnés, brumeux, absurdes, vivants, libres. Avec la po
1233
esprit contre votre raison. Et avec Aragon lorsqu’
il
vous crie : « À bas le clair génie français. » Alors la voix de Rimba
1234
» Alors la voix de Rimbardk à la cantonade : Qu’
il
vienne, qu’il vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les pl
1235
ix de Rimbardk à la cantonade : Qu’il vienne, qu’
il
vienne Le temps dont on s’éprenne ! Les œuvres les plus significati
1236
Les œuvres les plus significatives de ce siècle
sont
écrites en haine de l’époque12. Le reproche d’obscurité que l’on fait
1237
bscurité que l’on fait à la littérature moderne n’
est
qu’une manifestation de ce divorce radical entre l’époque et les quel
1238
lques centaines (?) d’individus pour qui l’esprit
est
la seule réalité. C’est pourquoi nous ne pourrons plus séparer du con
1239
Réforme, Karl Marx, la préface de Cromwell. Mais
il
ne s’agit pas de refaire notre petite révolution à nous, dans tel dom
1240
ci que je ne puis pardonner aux surréalistes : qu’
ils
aient voulu s’allier aux dogmatiques d’extrême gauche. Je ne dirai pa
1241
0 ans, une révolution en fonction du capitalisme.
Est
-ce que vraiment vous ne pouvez vous libérer de cette manie française,
1242
langue et de crier rouge pour la simple raison qu’
ils
ont dit blanc ? Pensez-vous combattre cet esprit « bien français » qu
1243
e mépris, en prenant le contre-pied de tout ce qu’
il
inspire ? Alors que cette réaction même est ce qu’il y a de plus fran
1244
ce qu’il inspire ? Alors que cette réaction même
est
ce qu’il y a de plus français ; que c’est elle qui donne au surréalis
1245
ême est ce qu’il y a de plus français ; que c’est
elle
qui donne au surréalisme ce petit côté jacobin si authentiquement, si
1246
t, si déplorablement français. Et puisque nous en
sommes
au surréalisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui est parisi
1247
lisme, ce produit parisien qui, comme tout ce qui
est
parisien, hait Paris mais ne saurait vivre ailleurs… Mais non, il y a
1248
trop à dire, et puis l’on croirait encore que je
suis
avec ceux qui traitent Aragon, Breton et leurs amis alternativement d
1249
de chacals, de déments. Et puis surtout, l’heure
est
venue de clore des discussions énervantes où s’épuise vainement une d
1250
n et les surréalistes auront raison même encore s’
ils
ont tort, envers et contre toutes les critiques qu’on pourrait leur a
1251
parce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’
ils
sont la vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils ont la pa
1252
ce que ces « maudits » ont la grâce, parce qu’ils
sont
la vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’ils ont la passion
1253
nt la grâce, parce qu’ils sont la vie, même quand
ils
appellent la mort, parce qu’ils ont la passion et l’incommunicable se
1254
a vie, même quand ils appellent la mort, parce qu’
ils
ont la passion et l’incommunicable secret de l’invention. Il nous f
1255
sion et l’incommunicable secret de l’invention.
Il
nous faut des entrepreneurs de tempêtes. Un grand principe de violen
1256
à la limite de nos forces, notre joie parmi vous
fut
une très grande joie. Saint-John Perse. Nous appelions une Révolutio
1257
gloire et la sénilité, etc., etc. Et certes ce n’
étaient
pas des êtres, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre hain
1258
nilité, etc., etc. Et certes ce n’étaient pas des
êtres
, mais leurs abstractions que nous haïssions. Notre haine de certaine
1259
ïssions. Notre haine de certaine morale ne venait-
elle
pas de ce qu’en son nom l’on mesurait odieusement une sympathie humai
1260
de révolution pour vivre, pour nous perdre. Vivre
était
devenu synonyme de magnifique perdition dans des choses plus grandes
1261
volution — la russe, par exemple — parce que ce n’
est
pas encore assez révolution ; parce que cette révolution ne demandait
1262
tion ne demandait qu’à s’asseoir et que son siège
était
fait. Nous aimions la Révolution qui nous perdrait corps et biens dan
1263
urt que de vices. ⁂ Ici le lecteur se rassure. «
Il
s’y retrouve. » Il pense que c’est bien jeune. Et : encore un qui rue
1264
Ici le lecteur se rassure. « Il s’y retrouve. »
Il
pense que c’est bien jeune. Et : encore un qui rue dans les brancards
1265
sille : Nous avons tous fait ça Plus ou moins, n’
est
-ce pas ? Et puis l’aiguille divague vers des souvenirs, quand nous a
1266
mais voyons des affaires plus sérieuses. Et tout
est
dit. Ah ! c’est vrai, il allait oublier, il y a encore cette histoire
1267
plus sérieuses. Et tout est dit. Ah ! c’est vrai,
il
allait oublier, il y a encore cette histoire, comment dites-vous, sur
1268
ncore des gens pour qui les limites de l’anarchie
sont
: chanter l’Internationale dans les rues, faire la noce, écrire un li
1269
ce définitive de notre absurdité. Car l’homme « s’
est
fait une vérité changeante et toujours évidente, de laquelle il se de
1270
rité changeante et toujours évidente, de laquelle
il
se demande vainement pourquoi il n’arrive pas à se contenter13 ». Acc
1271
nte, de laquelle il se demande vainement pourquoi
il
n’arrive pas à se contenter13 ». Acculés à ce choix : inconscience de
1272
hoix : inconscience de ruminants ou neurasthénie,
est
-ce que vraiment vous vous êtes tellement amusés avec vos chers princi
1273
ts ou neurasthénie, est-ce que vraiment vous vous
êtes
tellement amusés avec vos chers principes. Révolution, ce n’est plus
1274
musés avec vos chers principes. Révolution, ce n’
est
plus détruire, ce n’est plus combattre, c’est l’épanouissement violen
1275
ncipes. Révolution, ce n’est plus détruire, ce n’
est
plus combattre, c’est l’épanouissement violent d’une immense fleur pa
1276
lies et de joies ; n’allez pas nous toucher, nous
sommes
dangereux. Un orage de tendresse va crever sur le monde. Aigles d’amo
1277
prodiges à cette invite la plus persuasive : nous
sommes
prêts à les accueillir. 7. Une vague de rêves (dans Commerce). 8.
1278
e rêve, c’est la tyrannie des souvenirs ; et ce n’
est
pas se libérer que de brasser ces chaînes sonores. 9. Lettre à Paul
1279
doxal. 11. Les livres les plus répandus à Genève
sont
Ma vie et mon œuvre de Ford et Mon curé chez les riches. Très loin de
1280
rrait, École suivait une femme dans les rues tant
soit
peu métaphysiques d’une capitale de mes songes. On exigeait d’une sai
1281
’ailleurs invraisemblables, qu’à leurs reflets se
fussent
évanouis des arcs-en-ciel de névroses dans tous les poèmes où détress
1282
et qu’on ne manque pas le train bleu d’un désir.
Elle
était donc venue. Il la suivait entre les devantures qui se passaient
1283
u’on ne manque pas le train bleu d’un désir. Elle
était
donc venue. Il la suivait entre les devantures qui se passaient de l’
1284
le train bleu d’un désir. Elle était donc venue.
Il
la suivait entre les devantures qui se passaient de l’une à l’autre d
1285
ries de profils jusqu’au soleil toujours de face.
Il
ne vit plus que la foule des yeux bleus, son éblouissement. Soudain l
1286
yeux bleus, son éblouissement. Soudain la voici,
elle
descend à sa rencontre parmi les éclairs d’un luxe mécanique, le visa
1287
d’un luxe mécanique, le visage dans sa fourrure.
Elle
découvre en passant près de lui le sourire d’amitié mortel de tout ce
1288
e d’amitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais.
Il
s’est trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceu
1289
mitié mortel de tout ce qui n’arrive jamais. Il s’
est
trompé, ce n’est pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui
1290
out ce qui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’
est
pas elle. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherc
1291
ui n’arrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas
elle
. Il pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche des âm
1292
rrive jamais. Il s’est trompé, ce n’est pas elle.
Il
pensa que c’était un ange, de ceux qui vont à la recherche des âmes.
1293
e ceux qui vont à la recherche des âmes. Aussitôt
il
téléphone à ceux du paradis : « Qui va à la chasse perd sa place, nou
1294
t immédiatement un fauteuil et un violon, pour qu’
il
en joue, au printemps, s’il savait … R.S.V.P. À Max-Marc-Jean J
1295
et un violon, pour qu’il en joue, au printemps, s’
il
savait … R.S.V.P. À Max-Marc-Jean Jacob Reymond. Une étoile à
1296
ain et l’abattit d’un coup de revolver. Puis s’en
fut
avec un tact exquis, qui fut très remarqué. Le duc riait sous une tab
1297
revolver. Puis s’en fut avec un tact exquis, qui
fut
très remarqué. Le duc riait sous une table, complètement ivre, et Bet
1298
le : « Mon chéri, si j’aime la comtesse ? Mais tu
es
si laid que cela me donne encore plus de plaisir. » Le duc paya et s’
1299
sir. » Le duc paya et s’enfuit en disant que ce n’
était
pas lui. L’enterrement aura lieu sans suite. Suicide du Marquis
1300
sa cette main cruelle… et quitta le bal au matin.
Il
neigeait dans les rues sourdes comme un songe de son enfance. Aux fen
1301
e jour tendre paraissait sous l’égide de la mort.
Il
vit des fleurs de son enfance, une églantine, quelques roses, un sour
1302
flocons, plus perfides que des murmures d’adieu.
Il
tomba parmi les statues, dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêt
1303
dans l’amitié pensive des jardins. Une fenêtre s’
était
ouverte et des accords échappés tombaient, les ailes coupées. Puis le
1304
cide ou la promenade en bateau À Grego More.
Il
disait : « Je suis né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’o
1305
ade en bateau À Grego More. Il disait : « Je
suis
né pour la mort. » Il fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’a
1306
More. Il disait : « Je suis né pour la mort. »
Il
fait assez beau pour que s’ouvre ce cœur de l’après-midi, comme un ca
1307
l’après-midi, comme un camélia de tendre orgueil.
Il
respire déjà l’odeur merveilleuse des objets et des êtres véritables.
1308
spire déjà l’odeur merveilleuse des objets et des
êtres
véritables. Un bateau ne glisse pas plus doucement vers le soleil du
1309
tement, voici que tout va s’ouvrir, qu’un monde s’
est
ouvert devant lui. Et l’eau n’est pas moins somptueuse. Et bien sûr,
1310
, qu’un monde s’est ouvert devant lui. Et l’eau n’
est
pas moins somptueuse. Et bien sûr, je n’ai pas bougé. C’est une quest
1311
s bougé. C’est une question d’amitié. Pourtant je
suis
seul dès cette heure, et mes amis fuiront un lâche. Parce que je revi
1312
i, qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’
il
est des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui
1313
qui regarde comme de l’autre bord, je songe qu’il
est
des visites à de certaines grandes dames où je préférais — et lui aus
1314
stes neuchâtelois (avril 1927)j Neuchâtel va-t-
elle
redevenir le centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons-n
1315
hâtel va-t-elle redevenir le centre artistique qu’
elle
fut au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses f
1316
va-t-elle redevenir le centre artistique qu’elle
fut
au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses force
1317
groupement de ses forces créatrices ? La question
est
peut-être prématurée. Mais le seul fait qu’elle se pose me paraît ind
1318
on est peut-être prématurée. Mais le seul fait qu’
elle
se pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécess
1319
de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à savoir s’
il
est possible déjà de discerner parmi eux certaines tendances générale
1320
jeunes peintres neuchâtelois. Quant à savoir s’il
est
possible déjà de discerner parmi eux certaines tendances générales, n
1321
’ignorent rien des courants les plus modernes, et
sont
bien situés pour n’en prendre que le meilleur ; mais l’émulation, l’a
1322
faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-
il
, pour une part, la dispersion des efforts artistiques. Tout ce monde
1323
s d’avant-garde, ce monde où tous les extrémismes
sont
prônés comme vertus cardinales, et qui forme ailleurs le premier publ
1324
face de ce qu’on nomme le gros public. L’épreuve
est
pénible, énervante, souvent fatale aux novateurs. Alors ils s’en vont
1325
e, énervante, souvent fatale aux novateurs. Alors
ils
s’en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus eff
1326
x novateurs. Alors ils s’en vont à Paris, ou bien
ils
se retirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir m
1327
ur en effet l’on apprend que tel tableau de jeune
est
« coté » chez un gros marchand. Aussitôt, les feuilles locales retent
1328
nt d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue, s’
il
rentre au foyer dans une Rolls-Royce et fortune faite, tout le monde
1329
. « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’
il
en faille gémir. Une certaine résistance est nécessaire pour que la f
1330
as qu’il en faille gémir. Une certaine résistance
est
nécessaire pour que la force se développe. N’était certain petit plai
1331
est nécessaire pour que la force se développe. N’
était
certain petit plaisir d’impertinence, je me fusse dispensé de redire
1332
était certain petit plaisir d’impertinence, je me
fusse
dispensé de redire ces lieux communs, auxquels pourtant nos circonsta
1333
i les peintres dont nous allons parler méritent d’
être
appelés jeunes, c’est par leurs œuvres avant tout. D’autre part je pr
1334
me la peinture à la photographie. Une œuvre d’art
est
un merveilleux foyer de contagion contre lequel je ne saurais me prém
1335
arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans.
Il
peignait alors des natures mortes, de petits paysages, il dessinait d
1336
ait alors des natures mortes, de petits paysages,
il
dessinait des nus aux crayons de fard. C’était un peu plus Blanchet q
1337
encore du flou, des courbes complaisantes. Meili
est
devenu plus net, plus cruel aussi. À Marin, près Neuchâtel, dans cett
1338
einte en bleu vif et ornée de surprenants batiks,
il
s’est livré pendant quelques années à des recherches un peu théorique
1339
en bleu vif et ornée de surprenants batiks, il s’
est
livré pendant quelques années à des recherches un peu théoriques et a
1340
t personnages semblent d’une matière idéale. Tout
est
lisse et parfait. Trop parfait seulement. Il manque à ces recompositi
1341
out est lisse et parfait. Trop parfait seulement.
Il
manque à ces recompositions de la nature, à ces natures remises à neu
1342
, cette tête prisonnière qui regarde ailleurs… Qu’
il
sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’il voit dans la petite
1343
il sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’
il
voit dans la petite cité ouvrière, et c’est merveille de constater co
1344
la vie. La série de gravures sur bois colorées qu’
il
intitule la cité est un petit chef-d’œuvre de réalisme stylisé. C’est
1345
gravures sur bois colorées qu’il intitule la cité
est
un petit chef-d’œuvre de réalisme stylisé. C’est d’un art très volont
1346
mum d’expression. Cette « simplicité précieuse »,
il
sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’il décore une bannière, f
1347
ité précieuse », il sait la conférer à tout ce qu’
il
touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose une a
1348
», il sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’
il
décore une bannière, fabrique une poupée, compose une affiche ou une
1349
oupée, compose une affiche ou une mosaïque, c’est
elle
qui permettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi ce brin de c
1350
es. Et aussi ce brin de comique un peu bizarre qu’
il
glisse si souvent là où on l’attend le moins. Conrad Meili apporte ch
1351
rant dans des formes claires a su les renouveler.
Il
nous apporte aussi cet élément de vitalité combative qui manque trop
1352
bative qui manque trop souvent au Neuchâtelois. S’
il
casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt
1353
vent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce n’
est
pas seulement pour le plaisir, mais plutôt par amour du courant d’air
1354
érange toujours quelques frileux, mais les autres
sont
soulagés. Et ne fût-ce qu’en prenant une initiative comme celle de Ne
1355
ues frileux, mais les autres sont soulagés. Et ne
fût
-ce qu’en prenant une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il au
1356
nt une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7
il
aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuelleme
1357
d’autres rapprochements moins paradoxaux. Donzé n’
est
pas de ceux pour qui la peinture consiste à habiller une idée. Voyez
1358
habiller une idée. Voyez son portrait de Meili :
il
ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans
1359
: il ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais
il
taille ce visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la
1360
ceau la palpe, la presse, la réduit à la forme qu’
il
voit. Il y a de la sensualité dans l’écrasement de ses couleurs, une
1361
icate quand du haut de San Miniato ou de Fiesole,
il
peint Florence avec des roses et des jaunes jamais mièvres, sous l’œi
1362
Donzé touché à son tour par la grâce décorative,
il
n’en reste qu’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garç
1363
ique et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais
il
a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la pei
1364
r à la Hollande, sa seconde patrie si la peinture
est
sa première et Neuchâtel la troisième… Il y a par Eugène Bouvier quel
1365
s défauts mêmes ou ses fausses négligences ; mais
il
faut pour comprendre cet art emprunter de singuliers chemins d’accès.
1366
satisfaisant. Ce lyrique, ce mystique exige pour
être
compris une complicité de sentiments ou d’état d’âme. Je ne verrais g
1367
ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’
il
est un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant
1368
aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’il
est
un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant tou
1369
ires qui s’épanouissent sur les toiles de Meuron.
Il
semble toujours qu’il peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où
1370
t sur les toiles de Meuron. Il semble toujours qu’
il
peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêlen
1371
l semble toujours qu’il peigne entre deux pluies.
Il
aime ces heures où ciel et onde se mêlent, et sait rendre mieux que p
1372
-je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux,
il
se cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières t
1373
une plus grande certitude intérieure. Les visages
sont
plus calmes, les couleurs s’avivent, le soleil est sur le point de re
1374
nt plus calmes, les couleurs s’avivent, le soleil
est
sur le point de reparaître… Charles Humbert ou comment on passe en c
1375
ment on passe en cinq ans de Baudelaire à Rubens.
Il
fut un temps où l’on put craindre que Charles Humbert ne devînt le ch
1376
t on passe en cinq ans de Baudelaire à Rubens. Il
fut
un temps où l’on put craindre que Charles Humbert ne devînt le chef d
1377
le chef d’une école du gris-noir neurasthénique.
Il
peignait des natures mortes qui décidément l’étaient, à faire froid d
1378
. Il peignait des natures mortes qui décidément l’
étaient
, à faire froid dans le dos ; ou bien des scènes d’une bizarre fantais
1379
un mélange de Rops et d’Ensor ; pensait-on… Déjà
il
avait des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà par
1380
issaient dans les Voix (cette courageuse revue qu’
il
avait fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impétu
1381
sait trop lâche. Mais aujourd’hui la mue semble s’
être
opérée. Humbert est rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et sa
1382
aujourd’hui la mue semble s’être opérée. Humbert
est
rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et sa maîtrise avec une to
1383
mble s’être opérée. Humbert est rendu à lui-même.
Il
atteint son équilibre et sa maîtrise avec une toile comme le Potier.
1384
e avec une toile comme le Potier. Si la couleur n’
est
pas encore aussi plantureuse que les formes, il y a une belle richess
1385
z un Charles Humbert livré à sa fougue originale.
Il
y en a plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint
1386
le. Il y en a plus encore chez un Aurèle Barraud.
Il
suffit de le voir peint par lui-même pour s’en assurer. La tête large
1387
i semble se faire une volupté de la discipline qu’
elle
s’impose. Et voilà qui fait encore plus « Renaissance » : le costume
1388
qui fait encore plus « Renaissance » : le costume
est
drapé avec un soin minutieux, mais une grande mèche insolente retombe
1389
le visage. Aurèle tient un livre ouvert, et ce n’
est
pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il do
1390
ient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’
il
le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-
1391
ert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais
il
aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il est
1392
u’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’
il
doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens anci
1393
r la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car
il
est artisan, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère
1394
a reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il
est
artisan, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère Char
1395
ise aux dieux que les visages qui s’y reflèteront
soient
aussi beaux que ceux qu’il peint ou modèle, le soir, à la lampe, en c
1396
ui s’y reflèteront soient aussi beaux que ceux qu’
il
peint ou modèle, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme (elle
1397
e, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme (
elle
peint aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre ce qu’en fait so
1398
voici François Barraud, le plus jeune des frères.
Il
vient apporter des dessins qui ressemblent beaucoup aux petites huile
1399
enforce l’expression. Décidément ces trois frères
sont
une école. Délaissant un moment ce trésor du meilleur réalisme, que n
1400
urions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci s’
était
égaré en avant, très en avant, sans s’en apercevoir, peut-être. Il su
1401
, très en avant, sans s’en apercevoir, peut-être.
Il
suivait son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il avait pris
1402
it son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’
il
avait pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour le
1403
u à peu des choses bien curieuses sur son compte.
Il
a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et
1404
. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’
il
se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuille religieuse
1405
n m’assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges.
Il
administre une feuille religieuse. Il déniche à Paris des tableaux my
1406
d’oranges. Il administre une feuille religieuse.
Il
déniche à Paris des tableaux mystérieux qu’il relègue dans son atelie
1407
se. Il déniche à Paris des tableaux mystérieux qu’
il
relègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez un
1408
c’est un Renoir… Retournez-en une autre, ce doit
être
un dessin d’horlogerie, ou quelque plan d’une machine à mouvement per
1409
bjet le plus banal se charge de mystère. Que va-t-
il
se passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occulte prod
1410
e. Que va-t-il se passer là-dedans ? Et ces roses
sont
le signe de quel occulte prodige ? Intrigué, vous reprenez ce que vou
1411
e ? Intrigué, vous reprenez ce que vous pensiez n’
être
qu’une épure : c’est intitulé « nature morte ». Pourquoi pas naissanc
1412
nouvelles songeries ! Ces horlogeries impossibles
sont
des pièges à chimères. C’est ainsi qu’on fait une découverte. Attenti
1413
e de ces machines à explorer l’au-delà. En vérité
il
faut être sorcier ou artiste pour changer en instruments métaphysique
1414
machines à explorer l’au-delà. En vérité il faut
être
sorcier ou artiste pour changer en instruments métaphysiques ces bonn
1415
res, rappelons le souvenir de Charles Harder, qui
est
mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout
1416
mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure.
Il
a laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditionnelle, d’u
1417
rincipes cubistes dans un art dont la genèse même
est
cubiste en quelque sorte, supposant une décomposition primitive en pl
1418
décomposition primitive en plans. C’est ainsi qu’
il
atteint d’emblée dans ses statues à un beau style dépouillé et hardi.
1419
ement féminine, une élégance aiguë. Notre revue n’
est
certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper des a
1420
iguë. Notre revue n’est certes pas complète. Mais
elle
a du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des ci
1421
r un mouvement actif déjà, et dont Neuchâtel 1927
sera
la première manifestation collective. Est-il possible, au sein de ce
1422
1927 sera la première manifestation collective.
Est
-il possible, au sein de ce mouvement, d’en distinguer d’autres plus o
1423
7 sera la première manifestation collective. Est-
il
possible, au sein de ce mouvement, d’en distinguer d’autres plus orga
1424
t-être à la formation d’un groupe dont l’activité
serait
féconde en ce pays. D’autre part, des œuvres aussi différentes par le
1425
aussi différentes par leur objet et le domaine où
elles
se réalisent que celles de Le Corbusier8, Meili, Evard, Perrin, manif
1426
tier, un goût pour la construction rigoureuse qui
sont
des éléments peut-être insuffisants pour caractériser une école, mais
1427
de classicisme moderne dont les frères Barraud ne
seraient
pas très éloignés par d’autres côtés. Un avenir peut-être proche dira
1428
e réalité artistique. Pour aujourd’hui, notre but
serait
suffisamment atteint si nous n’avions fait qu’affirmer l’existence et
1429
une jeune peinture originale dans un pays qu’on s’
est
trop souvent plu à dire si âpre, prosaïque et d’une maigre végétation
1430
rmonie des lignes ; où la lumière éclaire plus qu’
elle
ne caresse ; où pourtant les hivers les plus durs réservent des douce
1431
rofond. Une famille juive dans le Marais. Le père
est
un tailleur, biblique, austère et probe, qui n’a d’ambition que pour
1432
ance. C’est par l’argent qu’on domine notre âge :
il
devient grand industriel, assure sa fortune au prix du peu cynique re
1433
e honte et de douleur. « On vend de l’étoffe… eux
ils
se vendent ! » Mais Jacob a renié ses parents, non leurs ambitions. S
1434
montant son dégoût, le père ajoute : « Notre sang
sera
vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régne
1435
le père ajoute : « Notre sang sera vainqueur… Qu’
ils
m’oublient, qu’ils me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur L
1436
Notre sang sera vainqueur… Qu’ils m’oublient, qu’
ils
me méprisent ! Je les vois régner. Je salue leur Loi. » Le récit gras
1437
ourne, méprisant : « Mais oui, je ne nie rien, je
suis
sans scrupules, on connaît mon orgueil : osez donc me condamner d’êtr
1438
on connaît mon orgueil : osez donc me condamner d’
être
plus fort que cette bourgeoisie fatiguée, et de suivre le destin que
1439
ort difficile (mai 1927)ai Le jeu de tout dire
est
une des plus tragiques inventions de l’inquiétude actuelle. Sous coul
1440
aiment ? C’est l’exigence d’une détresse cachée ;
elle
fait bientôt considérer toute joie comme illusoire et livre l’individ
1441
l’individu pieds et poings liés à l’obsession qu’
il
voulait avouer pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serai
1442
pour s’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne
serait
-elle à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond
1443
’en délivrer peut-être. Cette sincérité ne serait-
elle
à son tour que le masque d’un goût du malheur ? Le sujet profond de c
1444
de ce tourment ou de ce sauvage égoïsme ; mais qu’
elle
s’acharne sur le détail dégoûtant et mesquin de certain milieu bourge
1445
ilieu bourgeois, et l’on voit bien que l’auteur n’
est
pas encore détaché de la matière pour en tirer une œuvre d’art. La si
1446
me certaines herbes. Capitale de la douleurak, ce
sont
de belles syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard est le plus
1447
es syllabes sereines, et dans cette ville, Éluard
est
le plus séduisant, le plus dangereusement gracieux des noctambules. R
1448
ves éveillés, entre deux gorgées d’un élixir dont
il
voudrait bien nous faire croire que le diable est l’auteur. Beaucoup
1449
il voudrait bien nous faire croire que le diable
est
l’auteur. Beaucoup d’oiseaux volètent, se balancent au bord des verre
1450
verres, se posent sur les cordes d’une lyre dont
ils
font grésiller l’accord, une patte en l’air, becquètent le cœur d’une
1451
ne femme qui va les étrangler doucement. Ces vers
sont
de jolies flèches empoisonnées. Quelque chose, tout de même, de laqué
1452
e sent presque pas sa blessure. Mais c’est ici qu’
il
s’agit de ne pas confondre inexplicable avec incompréhensible. aj.
1453
e dans les idées (mai 1927)al « De quoi s’agit-
il
? de détruire ou de rafistoler ? » Entre ces deux tentations, cédant
1454
pensée d’apologie, ou même simplement un besoin d’
être
aimés qui faussaient leurs voix pour les rendre plus touchantes. Celu
1455
Celui-ci bat sa coulpe avec une saine rudesse. «
Il
s’examine jusqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors il a est
1456
usqu’au ventre de sa mère et cognoit que dès lors
il
a esté corrompu et infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’es
1457
t infect et adonné à mal » (Calvin). Le tableau n’
est
pas beau, mais on y sent une « patte » qui révèle encore dans le fond
1458
s des morceaux très divers qui composent ce livre
sont
bien mauvais, à côté d’autres magnifiquement jetés. Mais cette imperf
1459
magnifiquement jetés. Mais cette imperfection, s’
il
ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-il avec une franchise q
1460
’il ne peut encore s’en tirer, du moins l’avoue-t-
il
avec une franchise qui la rend sympathique. Et puis, tout de même, on
1461
ui la rend sympathique. Et puis, tout de même, on
est
bien heureux de rencontrer chez les jeunes écrivains français un homm
1462
s maîtres comme Keyserling, Ferrero, commencent à
être
prises au sérieux en France par quelques jeunes gens. Il faut louer D
1463
es au sérieux en France par quelques jeunes gens.
Il
faut louer Drieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’est q
1464
r Drieu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’
il
n’est que le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su e
1465
eu d’avoir échappé au surréalisme en tant qu’il n’
est
que le triomphe de la littérature sur la vie, mais d’avoir su en gard
1466
cérémonie : « La jeunesse, Monsieur…, la jeunesse
est
l’âge où l’on atteint la vie. On s’y maintient cinq ans, dix ans au p
1467
logé, nourri, blanchi, mais non point diverti. J’
étais
bon, Monsieur, normalement bon. L’idée, par exemple, d’étrangler un c
1468
isir me répugnait. Je détestais de peiner quelque
être
, même ennemi, — car celui-là je le méprisais trop sincèrement. » Vers
1469
vaient vierge et c’était la joie de leur vie, car
ils
aimaient en moi par-dessus tout la vertu que je leur devais. Pourtant
1470
pas mes yeux des yeux de cette femme, de peur qu’
elle
ne souffrît à cause de moi. Un soir qu’elle pleurait, je l’embrassai
1471
ur qu’elle ne souffrît à cause de moi. Un soir qu’
elle
pleurait, je l’embrassai si fort… En un quart d’heure, je connaissais
1472
quart d’heure, je connaissais l’amour dans ce qu’
il
a de plus étrangement prosaïque à la fois et bêtement heureux. Le len
1473
aïque à la fois et bêtement heureux. Le lendemain
était
le premier jour du printemps. Les rues riaient. Le ciel descendait da
1474
Je sortis avec cette femme, qui m’aimait, et nous
étions
très jolis de bonheur et d’insouciance dans le bonheur de la saison.
1475
ur de la saison. — Au soir, mon père savait tout.
Il
effleura mon front de ses lèvres sans une parole quand je vins lui so
1476
endemain, ses cheveux avaient légèrement blanchi.
Il
me regardait avec une terreur ou je crus distinguer je ne sais quelle
1477
lle déchirante nostalgie. Pour lui, sans doute, j’
étais
perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore : il se savait vieux, m
1478
talgie. Pour lui, sans doute, j’étais perdu. Mais
il
souffrait d’autre chose encore : il se savait vieux, maintenant. » Je
1479
s perdu. Mais il souffrait d’autre chose encore :
il
se savait vieux, maintenant. » Je songeais justement à un sourire de
1480
songeais justement à un sourire de mon amie quand
il
voulut m’adresser la parole après un silence vertigineux. Il vit mon
1481
’adresser la parole après un silence vertigineux.
Il
vit mon sourire et pleura. Alors une rage s’empara de mon corps tout
1482
urus dans ma chambre. Une demi-heure plus tard, j’
étais
à la gare, j’écrivais un mot d’adieu à ma maîtresse d’une nuit et je
1483
nuit et je partais dans une direction quelconque.
Il
advint que ce fut celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — J
1484
s dans une direction quelconque. Il advint que ce
fut
celle de l’Italie. La lumière, mon pays natal ! — Je vécus d’articles
1485
res : c’était l’annonce du décès de mon père. » J’
étais
assis à la terrasse ensoleillée d’un café ; une brise passa, et une f
1486
reux — celui justement que j’entrevoyais. » Quand
elle
se fut endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans s
1487
elui justement que j’entrevoyais. » Quand elle se
fut
endormie, je me rhabillai. Je ne trouvai que 100 francs dans son sac
1488
quel rapide de l’Europe centrale — région où l’on
est
forcé de prendre conscience de soi-même — je découvris une nuit, au m
1489
au moment de m’endormir, que ma passion du vol n’
était
qu’une longue vengeance. Ne m’avait-on pas dérobé des années de joie
1490
penseront jamais cette escroquerie morale dont je
fus
la victime, ce vol de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais i
1491
de quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais
il
est trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance
1492
quelques joies parfaites de ma jeunesse… Mais il
est
trop tard, Monsieur, pour critiquer les modalités de ma vengeance. Ve
1493
. Veuillez ne voir dans la confusion où je parais
être
engagé, du plan moral avec l’économique, qu’une expression nouvelle,
1494
et non dénuée d’ironie, de mon mépris pour ce qu’
ils
appellent, ridiculement, les fondements mêmes de la société. » C’est
1495
Prêté — rendu, pour la gloire de l’Église. (Ici,
il
but une gorgée et prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-il
1496
prit un temps.) » Je vous fais grâce, poursuivit-
il
, de la chronique de ma vie de rat d’hôtel et de sleepings ; encore qu
1497
avorable, croyez-le bien… Le goût de la propriété
étant
à mon sens l’un des plus vulgaires et des plus généralement répandus,
1498
rai, cher Monsieur, que l’analyse psychologique n’
est
pas mon fort. Je me contente de quelques observations théoriques que
1499
n parut satisfait de cette dernière plaisanterie.
Il
but avec beaucoup de délicatesse quelques gorgées d’eau minérale. Isi
1500
t endroit. « Une chose avant tout me frappe — dit-
il
, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui est de mauvaise politi
1501
il, lâchant tout de suite ses compliments, ce qui
est
de mauvaise politique, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie.
1502
e, — c’est l’extraordinaire netteté de votre vie.
Elle
est sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme un divertis
1503
c’est l’extraordinaire netteté de votre vie. Elle
est
sans bavures, sans réticences ; elle m’apparaît comme un divertisseme
1504
tre vie. Elle est sans bavures, sans réticences ;
elle
m’apparaît comme un divertissement perpétuel et dénué d’inquiétude. E
1505
sement perpétuel et dénué d’inquiétude. Et cela n’
est
pas sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je suis ici à vous éc
1506
as sans me charmer, croyez-moi. Car, enfin, si je
suis
ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on est convenu d’appel
1507
ici à vous écouter, c’est que je cherche ce qu’on
est
convenu d’appeler — pardonnez la lourdeur de l’expression — une règle
1508
irer de votre conduite les conclusions morales qu’
elle
paraît impliquer, c’est ce caractère de, comment dirai-je…, de juvéni
1509
it de quelqu’une de ces farces d’étudiants qui ne
sont
que la traduction en actes de jeux de mots plus ou moins cruels… » —
1510
l’agressif — effet d’une timidité naturelle dont
il
paraissait lui-même gêné. En deux mots, vous ne me trouvez pas sérieu
1511
mots, vous ne me trouvez pas sérieux. Le reproche
est
grave. Je ne saurais y répondre. Je pourrais vous dire que si vous me
1512
vous dire que si vous me trouvez un peu potache,
il
n’est pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais juste
1513
dire que si vous me trouvez un peu potache, il n’
est
pas prouvé par là que le potache n’ait point raison. Mais justement j
1514
agréablement paradoxal. Seulement, pour quiconque
est
aussi profondément persuadé que moi de l’absurdité radicale de notre
1515
aines de mes plaisanteries la dérision secrète qu’
elles
masquent par caprice. ...............................................
1516
les idées émises dans la Revue de Belles-Lettres
sont
propres à leur auteur et qu’elles n’engagent pas sa responsabilité. (
1517
e Belles-Lettres sont propres à leur auteur et qu’
elles
n’engagent pas sa responsabilité. (N. de la R.) »
1518
atique, le mépris enfin de tous les principes qui
sont
à la base de la société même. » Ceci est tiré d’un livre récent sur
1519
s qui sont à la base de la société même. » Ceci
est
tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand. Est-ce vraiment aux rom
1520
est tiré d’un livre récent sur Aloysius Bertrand.
Est
-ce vraiment aux romantiques de 1830 que ces reproches s’adressent, ou
1521
lante des pommes de terre, jeune homme ! Quand tu
seras
au bout de la 20e ligne de 200 mètres, ce qui représente quatre kilom
1522
nte quatre kilomètres de plantation, le siècle ne
sera
plus malade, les temps seront guéris de leur crise, les valeurs auron
1523
ntation, le siècle ne sera plus malade, les temps
seront
guéris de leur crise, les valeurs auront retrouvé leur stabilité, et
1524
e cette méthode ne suffirait pas à supprimer. Or,
ils
nous paraissent entraîner assez naturellement chez des jeunes « et qu
1525
ste à nos yeux sacro-sainte : la liberté. Alors n’
est
-ce pas, merci du conseil, Monsieur Y. Z., de ce conseil que vous avou
1526
. Z., de ce conseil que vous avouez modestement n’
être
pas inédit. Mais point n’est besoin de rappeler Candide : nous penson
1527
vouez modestement n’être pas inédit. Mais point n’
est
besoin de rappeler Candide : nous pensons que bien avant Voltaire il
1528
er cette méthode à leurs petits. Le « satisfait »
est
un être inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait a
1529
e méthode à leurs petits. Le « satisfait » est un
être
inadmissible aujourd’hui. À plus forte raison, le satisfait artificie
1530
attardez aux terrasses des cafés. Peut-être va-t-
elle
revenir avec son Johannes laqué. Ah ! comme vous sauriez lui plaire,
1531
irard : lui seul connaît l’adresse de Patsy, mais
il
ne veut pas vous la donner. Alors pour vous venger, vous lui dites qu
1532
ger, vous lui dites que, « d’abord », son livre n’
est
pas sérieux. Il sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géograph
1533
es que, « d’abord », son livre n’est pas sérieux.
Il
sourit. Vous ajoutez que le lyrisme des noms géographiques vous fatig
1534
rocédés lassants ». Pierre Girard n’écoute plus :
il
pense à des Vénézuéliennes ou à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous c
1535
à Gérard de Nerval. Bientôt vous vous calmez. Car
il
semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage « est arrivé à un end
1536
semble aujourd’hui que ce globe dans son voyage «
est
arrivé à un endroit de l’éther où il y a du bonheur ». Vous reconnais
1537
du bonheur ». Vous reconnaissez que Pierre Girard
est
un peu responsable de cette douceur de vivre. Déjà vous ne niez plus
1538
lus sa drôlerie, son aisance. Vous accordez que s’
il
force un peu la dose de fantaisie, c’est plutôt par excès de facilité
1539
visage s’assombrit un peu. « Tous nos ennuis nous
seraient
épargnés si nous ne regardions que les jambes des femmes », dit-il, p
1540
us ne regardions que les jambes des femmes », dit-
il
, pour vous apprendre ! — sans se douter que rien ne saurait vous ravi
1541
oir de ce plaisir. Un devoir !… Car hélas, l’on n’
est
pas impunément concitoyen de cet oncle Abraham qui interdit à Paterne
1542
es cafés. Et puis, c’est égal, ce soir, tout cela
est
sans importance, car voici « l’heure des petits arbres pourpres, l’he
1543
uelque part. Voyez ma franchise. Un peu grosse, n’
est
-ce pas ? D’autres prennent soin que leurs sincérités gardent au moins
1544
cérités gardent au moins l’excuse d’une audace qu’
ils
escomptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous suis. Vous y ent
1545
omptent scandaleuse. Mais voici un bar où je vous
suis
. Vous y entrez plein de mépris pour Paul Morand par qui découvrîtes l
1546
de Cambronne : hommage à Louis Aragon. Ce cristal
est
une citation de Valéry, cette œillade se souvient d’un vers d’Éluard1
1547
ntemple au miroir de son monocle. Au petit matin,
il
se noie dans un verre à liqueur. Poisson dans l’eau, plumes dans le v
1548
, plumes dans le vent, poète au bar, le paradis n’
est
pas si cher. Il y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baign
1549
vent, poète au bar, le paradis n’est pas si cher.
Il
y en a aussi qui posent pour le diable et ne se baignent que dans des
1550
baignent que dans des bénitiers : on voit trop qu’
ils
trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’être nu devant un public sup
1551
p qu’ils trouvent ça pittoresque. Et le plaisir d’
être
nu devant un public supposé dévot, et qui n’ose en croire sa pudeur,
1552
e cherche les raisons de votre indignation, quand
il
m’échappe une citation. Seraient-ce les guillemets qui vous choquent
1553
tre indignation, quand il m’échappe une citation.
Seraient
-ce les guillemets qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous… S
1554
qui vous choquent ? La vie ! — proclamiez-vous…
Soit
. Mais maintenant je vais me fâcher chaque fois que vous direz : « ext
1555
qui ne pouvez pas même admettre que la simplicité
est
simple simplement. La bouche brûlée d’alcools, vous découvrez à l’eau
1556
ls, vous découvrez à l’eau un goût étrange. L’eau
est
incolore, inodore et sans saveur. Mais fraîche. Ainsi, jusque dans vo
1557
compter avec cette réalité de la littérature qui
est
en nous (dangereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’est pas s
1558
angereuse tant que vous voudrez). Mais ce refus n’
est
pas seulement comme vous pensez, d’une ingratitude salutaire, c’est r
1559
nce : nommer une chose, c’est avoir puissance sur
elle
. Images, pensées des autres, je vous ai mis un collier avec le nom du
1560
ermeté de ma main. Je vous tiens. Je sais où vous
êtes
. Vous n’allez pas me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’est
1561
as me surprendre par-derrière. Une fois — et ce n’
est
pas que je m’en vante, — j’ai tué un amour naissant, à force de le cr
1562
illit, s’entrechoque, s’annule. Poussière. Ma vie
est
ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il est temps de sortir de ce c
1563
le. Poussière. Ma vie est ailleurs. L’addition, s’
il
vous plaît. Il est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulac
1564
Ma vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît.
Il
est temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui
1565
vie est ailleurs. L’addition, s’il vous plaît. Il
est
temps de sortir de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui son
1566
de ce café et de ces jeux, simulacres de vie, qui
sont
à la vraie vie ce que le flirt est à l’amour. II Sur l’insuffisanc
1567
s de vie, qui sont à la vraie vie ce que le flirt
est
à l’amour. II Sur l’insuffisance de la littérature On reconnaît
1568
On reconnaît un écrivain, aujourd’hui, à ce qu’
il
ne tolère pas qu’on lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui
1569
lui parle littérature. Mais il y a des mépris qui
sont
de sournoises déclarations d’amour. Tel qui raille l’Église et les cu
1570
r. Tel qui raille l’Église et les curés, c’est qu’
il
se fait une très haute idée de la religion. Ainsi, de la littérature
1571
tuelles donne la mesure de ce que vous attendez d’
elle
. Pour dire le fond de ma pensée, je crois ce mépris et cette attente
1572
chose que la littérature. Que la littérature nous
est
un moyen seulement d’atteindre et de préparer d’autres choses, d’autr
1573
es, d’autres actions, ou des états intérieurs qui
sont
parfois des actions en puissance15. Il faudrait des choses plus lourd
1574
eurs qui sont parfois des actions en puissance15.
Il
faudrait des choses plus lourdes et plus irrésistibles, percutantes.
1575
e que rien de ce qui nous importe véritablement n’
est
dicible. (Depuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’elle pré
1576
epuis le temps qu’on sait que la lettre tue ce qu’
elle
prétend exprimer ; depuis le temps qu’on l’oublie.) Vous me direz que
1577
e.) Vous me direz que la poésie, l’état poétique,
est
notre seul moyen de connaissance concrète du monde. Mais c’est à cond
1578
écrive pas, même en pensée. La poésie pure écrite
est
inconcevable : cela consisterait dans l’expression directe de la réal
1579
l’expression directe de la réalité individuelle.
Elle
serait tellement incommunicable qu’il deviendrait inutile de la publi
1580
pression directe de la réalité individuelle. Elle
serait
tellement incommunicable qu’il deviendrait inutile de la publier. Et
1581
viduelle. Elle serait tellement incommunicable qu’
il
deviendrait inutile de la publier. Et même, en passant à la limite, o
1582
, en passant à la limite, on peut imaginer que si
elle
était réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans v
1583
passant à la limite, on peut imaginer que si elle
était
réalisée, on ne s’en apercevrait pas. Je pressens encore dans vos poè
1584
n les rites d’une esthétique ou d’une autre, plus
ils
perdent leur pouvoir de signifier les choses qui nous importent. Vous
1585
te esthétique ou de ce sens social, — et voilà qu’
ils
perdent même la problématique utilité de liaison qui était leur excus
1586
dent même la problématique utilité de liaison qui
était
leur excuse dernière. Avouons-le : rien de ce qu’on peut exprimer n’a
1587
du point de vue de la psychologie de l’écrivain,
est
un besoin organique, un peu anormal, que l’on satisfait dans certains
1588
conscience tue la connaissance. (« Connaissance »
étant
pris avec son sens le plus profond, qui est proche du sens biblique.
1589
e » étant pris avec son sens le plus profond, qui
est
proche du sens biblique. Il ne s’agit pas de la connaissance abstrait
1590
le plus profond, qui est proche du sens biblique.
Il
ne s’agit pas de la connaissance abstraite et rationnelle dont le mon
1591
ture : un vice ? Peut-être. Ou une maladie ? Ce n’
est
pas en l’ignorant par attitude que vous la guérirez. Au contraire, il
1592
par attitude que vous la guérirez. Au contraire,
il
s’agit de l’envisager sans fièvre, pour en circonscrire les effets. J
1593
ontre, c’est d’un ridicule écrasant : mais rien n’
est
plus facile que d’y échapper. III Sur l’utilité de la littérature
1594
tilité de la littérature Montherlant me paraît
être
le moins « littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Quand il parle
1595
littératuré » des écrivains d’aujourd’hui. Quand
il
parle littérature, il a toujours l’air de mettre un peu les pieds dan
1596
ivains d’aujourd’hui. Quand il parle littérature,
il
a toujours l’air de mettre un peu les pieds dans le plat, de dire de
1597
sez drôle de voir le malaise des chers confrères.
Ils
ne pardonnent pas à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’ils
1598
s à ce toréador ses familiarités avec une Muse qu’
ils
n’ont pas coutume d’aborder sans le mot de passe de la dernière mode
1599
savantes séductions. On sait bien, d’ailleurs, qu’
elle
les entretient. Bande de gigolos de la littérature ! Qu’on puisse viv
1600
apperai pas plus qu’un autre : et qu’un beau soir
il
faille écrire pour vivre, possible ; mais, pour sûr, jamais vivre pou
1601
s. » Chercher des hommes ! Ah ! cher ami, nous ne
sommes
pas tant, n’est-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous s
1602
ommes ! Ah ! cher ami, nous ne sommes pas tant, n’
est
-ce pas, à poursuivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’elle
1603
suivre une quête de l’esprit. Et vous savez ce qu’
elle
nous vaut : les mépris, les haines douloureuses ou grossières de tous
1604
re acceptation des réalités spirituelles parce qu’
elles
troublent leurs bureaucratiques sécurités. Pourtant, vous voyez bien
1605
» peuvent encore se reconnaître. Quand bien même
elle
n’aurait plus d’autre excuse que celle-là, la littérature mériterait
1606
elle-là, la littérature mériterait d’exister : qu’
elle
soit le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes cert
1607
là, la littérature mériterait d’exister : qu’elle
soit
le langage chiffré de notre inquiétude et de nos naissantes certitude
1608
-même ; que la mienne m’aide à découvrir quelques
êtres
par le monde… Il ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini
1609
e m’aide à découvrir quelques êtres par le monde…
Il
ne s’agit plus de mépris ni d’adoration. J’ai défini une « maladie »
1610
quelque bien pour ma vie. Le jour où les soins qu’
elle
exige me coûteront des sacrifices plus grands que les bienfaits que j
1611
plus grands que les bienfaits que j’en escompte,
il
sera temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez «
1612
us grands que les bienfaits que j’en escompte, il
sera
temps de songer sérieusement à m’en guérir. Vous me demanderez « alor
1613
manderez « alors » ce que j’attends de ma vie. Je
serais
tenté de vous répondre, comme ce sympathique Philippe Soupault, que «
1614
aragraphe, après « Narcisse », sans qu’on sache s’
il
s’agit d’une erreur ou d’une volonté de l’auteur. 15. Variante : des
1615
angent leur vie de telle sorte que leurs mémoires
seront
des romans « bien modernes ». Leurs amours sont des pastiches de Mora
1616
seront des romans « bien modernes ». Leurs amours
sont
des pastiches de Morand, et ils en sont tout fiers : « Il n’y a plus
1617
». Leurs amours sont des pastiches de Morand, et
ils
en sont tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». o. « La part
1618
rs amours sont des pastiches de Morand, et ils en
sont
tout fiers : « Il n’y a plus qu’à les écrire ». o. « La part du feu.
1619
astiches de Morand, et ils en sont tout fiers : «
Il
n’y a plus qu’à les écrire ». o. « La part du feu. Lettres sur le mé
1620
, rédigés par Drieu la Rochelle et Emmanuel Berl,
sont
— avec la Revue de Belles-Lettres — la seule revue de langue frança
1621
tidémocratisme et les athées du Capitalisme quand
il
est conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communis
1622
émocratisme et les athées du Capitalisme quand il
est
conscient de soi-même, et les athées du Socialisme et du Communisme.
1623
— en ceci au moins. Nous nous retirons : et ce n’
est
pas que nous ayons brûlé toutes nos cartouches. Ni que l’indignation
1624
ns de nos articles nous épouvante. Notre retraite
est
toute « statutaire » — si l’on ose dire. Elle nous permet donc de con
1625
aite est toute « statutaire » — si l’on ose dire.
Elle
nous permet donc de considérer la situation sans fièvre, sans lamenta
1626
fois traités de fous (avec ou sans sourire). Nous
sommes
à l’âge de nous en réjouir. On s’est beaucoup étonné de nous voir « s
1627
re). Nous sommes à l’âge de nous en réjouir. On s’
est
beaucoup étonné de nous voir « si différents » de nos aînés. Nous avo
1628
eproches contradictoires. Nous les additionnons :
ils
s’annulent. Il reste à dire deux mots sur la paradoxale situation int
1629
ictoires. Nous les additionnons : ils s’annulent.
Il
reste à dire deux mots sur la paradoxale situation intellectuelle d’u
1630
homme qui recherche activement la Sagesse (« Ça n’
est
pas de votre âge ! ») ; de l’autre, on se scandalise des « énormités
1631
ences de ce que vous écrivez ! ») En définitive,
il
semble que certains n’attendent de nous que d’innocentes farces — ou
1632
se préoccuper de prévoir les conséquences, puisqu’
il
n’en est aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi,
1633
cuper de prévoir les conséquences, puisqu’il n’en
est
aucune qui ne soit connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœur
1634
es conséquences, puisqu’il n’en est aucune qui ne
soit
connue d’avance et stérilisée par la loi, les mœurs et l’habitude. No
1635
olution Tous les malentendus viennent de là. Nous
sommes
assez sages et assez fous pour ne pas en gémir et pour en accepter le
1636
mitié qui ne trompe pas. Deux ou trois mots, on s’
est
compris. Que pouvions-nous espérer d’autre ? Il y eut quelques découv
1637
e. Que nous apportera le Central de Genève ? Tout
est
possible : la guerre et la paix, la tradition, l’anarchie, l’ironie,
1638
illard, et même, et surtout, un miracle. Et puis,
ils
ont des vieux un peu là, du grand Arthur-Alfred-Albert au non moins g
1639
ves, quoi !) Et puis, qui sait, peut-être sauront-
ils
rallier le dernier disciple du Bienheureux Jean… Et puis, en voilà as
1640
ter à cette lourde charge le poids de nos péchés.
Ils
sont bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! q. «
1641
à cette lourde charge le poids de nos péchés. Ils
sont
bien nôtres. Et nous y tenons, ah ! comme nous y tenons ! q. « Adie
1642
Ces trois nouvelles n’ont guère de commun entre
elles
que la forme : ce sont de lentes réminiscences, des évocations intéri
1643
ont guère de commun entre elles que la forme : ce
sont
de lentes réminiscences, des évocations intérieures, — et dans l’aban
1644
nseur de ses 20 ans, d’une aventure qui aurait pu
être
… Un homme médite à côté du corps de son ami suicidé pour une femme qu
1645
ôté du corps de son ami suicidé pour une femme qu’
ils
ont aimé tous deux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un été
1646
eux (L’Amie du Mort.) Ou bien c’est le récit d’un
été
de vacances, quand les premières inquiétudes du désir viennent troubl
1647
vissantes amours d’adolescents. Et c’est Un vieil
été
. Cette nouvelle, très supérieure aux deux autres, est une réussite ra
1648
Cette nouvelle, très supérieure aux deux autres,
est
une réussite rare par la justesse de l’observation autant que par la
1649
avi de tant d’adresse sous un air de facilité qui
serait
presque de la nonchalance. M. Vaudoyer ressuscite ces adolescences av
1650
et d’une si subtile convenance avec son objet qu’
il
en saisit sans mièvrerie ni vulgarité la grâce un peu trouble et l’in
1651
fumeux pour caractériser tout lyrisme germanique,
il
faudra opposer l’excellent petit livre d’Edmond Jaloux. C’est un recu
1652
et essais, dont certains — le Message de Rilke —
sont
du meilleur Jaloux, de ce Jaloux qui sait parler mieux que personne d
1653
scandinaves et des romantiques allemands parce qu’
il
partage avec eux ce goût du rêve préféré à la vie, — à ce qu’on appel
1654
hèse de l’homme et de l’homme dans son œuvre, qui
est
peut-être plus vraie que le vrai, je veux dire, plus rilkienne que ne
1655
que le vrai, je veux dire, plus rilkienne que ne
fut
Rilke. Rilke y apparaît comme une de ces âmes mystiques et raffinées
1656
ilke, je compris que cet univers dont je rêvais n’
était
pas un objet de songe mais d’expérience ». Mais une telle « expérienc
1657
Mais une telle « expérience », je crois, ne peut
être
sensible qu’à des êtres pour qui elle est en somme inutile : parce qu
1658
ience », je crois, ne peut être sensible qu’à des
êtres
pour qui elle est en somme inutile : parce qu’ils possèdent déjà, au
1659
is, ne peut être sensible qu’à des êtres pour qui
elle
est en somme inutile : parce qu’ils possèdent déjà, au moins obscurém
1660
e peut être sensible qu’à des êtres pour qui elle
est
en somme inutile : parce qu’ils possèdent déjà, au moins obscurément,
1661
res pour qui elle est en somme inutile : parce qu’
ils
possèdent déjà, au moins obscurément, le sens des réalités sur lesque
1662
aux convertis — qui n’ont plus besoin de preuves.
Il
reste qu’un livre comme celui-ci tend un merveilleux piège sentimenta
1663
piège sentimental à la raison raisonnante. Et qu’
il
nous mène un peu plus loin que la sempiternelle « stratégie littérair
1664
, de gazetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît-
il
, ne sont pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. «
1665
zetiers ; au cœur de ces sujets qui paraît-il, ne
sont
pas d’actualité : la solitude, la maladie, la peur. ao. « Edmond Ja
1666
auteur raconte dans une lettre à une amie comment
il
a écrit, sur commande, une Promenade dans le Midi. Récit alerte et fa
1667
. Bien sûr, c’est cela, le malaise d’écrire. Bopp
est
très intelligent. Et plein de verve, et pas embarrassé du tout pour v
1668
rique », histoire de n’avoir pas l’air dupe. Mais
il
a des façons parfois bien désobligeantes de voir juste. Et quand son
1669
« si arbitraire et si facultative », je me dis qu’
il
n’en saurait être autrement tant qu’on se tient à cette attitude scie
1670
et si facultative », je me dis qu’il n’en saurait
être
autrement tant qu’on se tient à cette attitude scientifique, vis-à-vi
1671
ène littéraire. La « Promenade » du héros de Bopp
est
une sorte de pensum. Cela rend peut-être moins convaincantes certaine
1672
nspiration. D’autre part la simplicité de l’objet
était
nécessaire à la sécurité de cette sorte d’analyse, — encore que Bopp
1673
e, — encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’
il
était de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre pl
1674
— encore que Bopp ait prouvé dans son Amiel qu’il
était
de taille à affronter d’autres dédales ! Mais il a su mettre plus de
1675
ait de taille à affronter d’autres dédales ! Mais
il
a su mettre plus de choses qu’il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages
1676
s dédales ! Mais il a su mettre plus de choses qu’
il
n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup sont excellentes et le
1677
il n’y paraît d’abord dans ces 50 pages. Beaucoup
sont
excellentes et leur facilité même est une réussite. Léon Bopp, c’est
1678
. Beaucoup sont excellentes et leur facilité même
est
une réussite. Léon Bopp, c’est le combat d’un tempérament avec l’espr
1679
une secrète complaisance à se regarder vivre qui
est
bien d’aujourd’hui — entre autres. ap. « Léon Bopp : Interférences
1680
ion. Comme d’habitude, un peu après six heures. J’
étais
seul. Le café est un lieu anonyme bien plus propice au rêve que ma ch
1681
e, un peu après six heures. J’étais seul. Le café
est
un lieu anonyme bien plus propice au rêve que ma chambre où m’attende
1682
: les faits-divers, rien de moins divers. Mais je
suis
pris dans l’absurde réseau des lignes, et cette mécanique me restitue
1683
e grande figure aux joues mates, aux yeux clairs.
Il
déplia le journal et se mit à lire les pages d’annonces. On m’apporta
1684
on journal. Soudain, portant la main à son gilet,
il
en retira trois dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants, il c
1685
nt la main à son gilet, il en retira trois dés qu’
il
jeta sur la table. Les yeux brillants, il compta. Une indécision paru
1686
dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants,
il
compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis il reprit les dés b
1687
compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis
il
reprit les dés brusquement, et me fixant avec un léger sourire : — Jo
1688
ixant avec un léger sourire : — Jouez ! ordonna-t-
il
. La surprise vainquit ma timidité, je pris les dés et les jetai sans
1689
idité, je pris les dés et les jetai sans hésiter.
Il
compta de nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagn
1690
rable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur…
Il
saisit son journal. Il en parcourait rapidement les pages, la proie d
1691
e vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal.
Il
en parcourait rapidement les pages, la proie d’une agitation visible.
1692
pages, la proie d’une agitation visible. Bientôt
il
m’offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommatio
1693
fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai.
Il
demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma
1694
rer comme une sorte de « personnage aux dés ». Ce
furent
d’abord des images décousues de sa vie, brillantes ou misérables, pas
1695
passionnées. Mais bientôt : — « Destin, s’écria-t-
il
, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sa
1696
que tu n’as pas beaucoup d’imagination, et que tu
es
un pauvre vaudevilliste qui use à tort et à travers de situations com
1697
allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’
ils
croient lié à la possession, et que j’allais vivre aussi sur le dogme
1698
cours de bourse. « Heureux quoique pauvre » comme
ils
disent dans leurs manuels scolaires. Les voler, pour leur apprendre.
1699
asse d’impôts immédiatement supérieure à la leur.
Ils
voudraient que leur vie garantît un 5 % régulier de plaisirs, avec as
1700
rs d’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout !
Ils
ont inventé les caisses d’épargne, monuments d’une bassesse morale in
1701
issance à concevoir un autre bonheur que celui qu’
ils
ont reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaunes.
1702
is m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse,
ils
n’y comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils me jugent et leu
1703
n’y comprendront jamais rien, écoutez-les, comme
ils
me jugent et leurs cris indignés qui couvrent une angoisse. Ça les dé
1704
nt gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui
est
en train de me soutirer les quelque billets de mille dont je venais d
1705
isère qui fait des soirs si doux aux amants quand
ils
n’ont plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent
1706
incertaines, une tendresse éperdue et la mort. »
Il
ferma les yeux sur des visions. Les lustres doraient un brouillard de
1707
a musique noyait mes pensées. Je vis qu’une femme
était
assise à notre table, en robe rouge, et très fardée. Elle jouait avec
1708
ise à notre table, en robe rouge, et très fardée.
Elle
jouait avec la rose. Les dés roulèrent, pour un dernier enjeu. Alors
1709
’effeuilla sur les dés, et partit d’un long rire.
Elle
me regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et
1710
anger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’
étais
possédé de joies et de peurs. Il fallut se lever, traverser le café d
1711
arrement et j’étais possédé de joies et de peurs.
Il
fallut se lever, traverser le café dans la musique et la rumeur des c
1712
elquefois je songe à ses paroles — ou peut-être n’
étaient
-ce que celles de mes folies ? Je me répète : paradoxes, mais cela ne
1713
it plus à m’en délivrer. Ma vie m’a repris, je ne
suis
pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque chose. J
1714
très bien que je devrais tenter quelque chose. Je
suis
plein de rêves, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez moi, et
1715
ue chose. Je suis plein de rêves, certains soirs.
Il
faut pourtant rentrer chez moi, et ma femme m’embrasse et me regarde
1716
se et me regarde avec inquiétude, parce que je ne
suis
plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le lait va m
1717
rce que je ne suis plus tout à fait le même. Puis
elle
me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant
1718
anvier 1928)aq C’est un livre sympathique ; et
il
vaut la peine de le dire car la chose n’est pas si fréquente dans la
1719
e ; et il vaut la peine de le dire car la chose n’
est
pas si fréquente dans la production actuelle. On retrouve aux premier
1720
tions lyriques à leur propos. Mais dans ce roman,
il
n’y a plus seulement la femme, avec le miracle perpétuel de sa sensib
1721
re et sa richesse. L’enfance de Catherine à Paris
est
du roman pur ; la tournée des cours de l’Europe centrale, qu’elle sub
1722
r ; la tournée des cours de l’Europe centrale, qu’
elle
subit comme jeune épouse d’un comte polonais, grand seigneur médiatis
1723
iatisé, vaguement prétendant au trône de Pologne,
est
plutôt d’un mémorialiste. Madame Bibesco y montre beaucoup de liberté
1724
ais) assez peu intéressante à vrai dire, parce qu’
elle
n’est pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la te
1725
sez peu intéressante à vrai dire, parce qu’elle n’
est
pas à l’échelle de ce qui la précède. Ces défaillances de la techniqu
1726
récède. Ces défaillances de la technique du roman
sont
sauvées par un style brillant, plein de trouvailles spirituelles, mal
1727
spirituelles, malicieuses ou poétiques ; et ce n’
est
pas qu’il ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » fa
1728
es, malicieuses ou poétiques ; et ce n’est pas qu’
il
ne s’y glisse quelque préciosité ou quelques « pointes » faciles mais
1729
(février 1928)a On a trop dit que notre époque
est
chaotique. Je crois bien, au contraire, que l’histoire n’a pas connu
1730
avènement de cette organisation toute-puissante n’
est
plus qu’une question de quelques années. Mais peut-être est-il temps
1731
u’une question de quelques années. Mais peut-être
est
-il temps encore. Ici et là, quelques cris s’élèvent dans le désert d’
1732
e question de quelques années. Mais peut-être est-
il
temps encore. Ici et là, quelques cris s’élèvent dans le désert d’une
1733
oursuit depuis près de deux siècles, l’Occidental
est
saisi d’un étrange malaise. Il soupçonne, par éclairs, qu’il y avait
1734
les, l’Occidental est saisi d’un étrange malaise.
Il
soupçonne, par éclairs, qu’il y avait peut-être dans ces buts une abs
1735
urdité fondamentale. L’infaillible progrès aurait-
il
fait fausse route ? Est-il temps encore de le détourner du désastre s
1736
infaillible progrès aurait-il fait fausse route ?
Est
-il temps encore de le détourner du désastre spirituel vers lequel il
1737
illible progrès aurait-il fait fausse route ? Est-
il
temps encore de le détourner du désastre spirituel vers lequel il ent
1738
de le détourner du désastre spirituel vers lequel
il
entraîne l’Occident ? Cris dans le désert. Déserts des villes fiévreu
1739
le rêve, dans l’utopie, dans une belle doctrine…
Il
faudrait d’abord prendre conscience du péril. Nous ne tentons rien d’
1740
certaines évidences, on préfère affirmer que tout
est
incompréhensible. L’homme moderne recule devant l’évidence de la banq
1741
e de la banqueroute prochaine de sa civilisation.
Il
répugne à admettre qu’une époque entière ait pu se tromper, et se tro
1742
re ait pu se tromper, et se tromper mortellement.
Il
suffit pourtant de regarder autour de nous et d’en croire nos yeux.
1743
moderne, et le meilleur, parce que personne ne s’
est
approché plus que lui du type idéal de l’industriel et du capitaliste
1744
immense de ses livres1, sa popularité universelle
sont
signes que l’époque a senti en lui son incarnation la plus parfaite.
1745
e de mieux réussi. Voici la vie de Ford, telle qu’
il
la raconte dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan. Il passe
1746
telle qu’il la raconte dans Ma vie et mon œuvre.
Il
naît fils de paysan. Il passe son enfance à jouer avec des outils, «
1747
dans Ma vie et mon œuvre. Il naît fils de paysan.
Il
passe son enfance à jouer avec des outils, « et c’est avec des outils
1748
er avec des outils, « et c’est avec des outils qu’
il
joue encore à présent », dit‑il. Le plus mémorable événement de ces a
1749
vec des outils qu’il joue encore à présent », dit‑
il
. Le plus mémorable événement de ces années de jeunesse, son « chemin
1750
nnées de jeunesse, son « chemin de Damas » (comme
il
dit sans qu’on sache au juste quelle dose d’« humour » il met dans l’
1751
ans qu’on sache au juste quelle dose d’« humour »
il
met dans l’expression), c’est la rencontre d’une locomotive routière.
1752
u jour présent, ma grande et constante ambition a
été
de construire une bonne machine routière. » Les étapes de sa jeunesse
1753
nne machine routière. » Les étapes de sa jeunesse
sont
: la construction d’un moteur à vapeur, puis d’un moteur à explosion,
1754
ère automobile fabriquée, à temps perdu, alors qu’
il
est simple mécanicien chez Edison. Il fonde tôt après la Société des
1755
automobile fabriquée, à temps perdu, alors qu’il
est
simple mécanicien chez Edison. Il fonde tôt après la Société des auto
1756
u, alors qu’il est simple mécanicien chez Edison.
Il
fonde tôt après la Société des automobiles Ford, « et commence à réal
1757
ait ajouter à ces chiffres celui des milliards qu’
il
possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat
1758
s celui des milliards qu’il possède, ou plutôt qu’
il
gère, mais ce n’est pour lui qu’un résultat secondaire de son activit
1759
ds qu’il possède, ou plutôt qu’il gère, mais ce n’
est
pour lui qu’un résultat secondaire de son activité. Le but de sa vie
1760
aire de son activité. Le but de sa vie n’a jamais
été
de s’enrichir. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme il est
1761
sa vie n’a jamais été de s’enrichir. Son « rêve »
était
autre, il l’a réalisé comme il est donné à peu d’hommes de le faire :
1762
mais été de s’enrichir. Son « rêve » était autre,
il
l’a réalisé comme il est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voit
1763
r. Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme
il
est donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures par jour, et la
1764
Son « rêve » était autre, il l’a réalisé comme il
est
donné à peu d’hommes de le faire : 7000 voitures par jour, et la poss
1765
ibilité d’augmenter encore cette production. Ford
est
le plus puissant industriel du monde ; le plus riche, au point qu’il
1766
industriel du monde ; le plus riche, au point qu’
il
peut parler d’égal à égal avec beaucoup d’États ; le plus parfait aus
1767
alaires, des conditions de travail et de repos qu’
il
offre à ses ouvriers semblent bien apporter une solution définitive a
1768
européens ne sauraient l’atteindre. Au contraire,
il
a résolu la question sociale d’une façon qui ne devrait pas déplaire
1769
en supprimant l’esclavage financier de l’ouvrier,
il
supprime la principale cause avouée de la lutte des classes. Il se dé
1770
principale cause avouée de la lutte des classes.
Il
se dégage de la lecture de Ma vie et mon œuvre une impression de nett
1771
épandent. L’on ne pourra qu’y applaudir, semble-t-
il
, en souhaitant que les industriels européens s’en inspirent toujours
1772
rent toujours plus. Ford leur montre le chemin qu’
ils
seront bien obligés de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’ils
1773
toujours plus. Ford leur montre le chemin qu’ils
seront
bien obligés de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’ils s’y eng
1774
u’ils seront bien obligés de prendre tôt ou tard.
Il
est préférable qu’ils s’y engagent dès aujourd’hui résolument, pendan
1775
ls seront bien obligés de prendre tôt ou tard. Il
est
préférable qu’ils s’y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu
1776
igés de prendre tôt ou tard. Il est préférable qu’
ils
s’y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu’il reste quelques
1777
y engagent dès aujourd’hui résolument, pendant qu’
il
reste quelques chances encore de régler pacifiquement le conflit du c
1778
ne le premier exemple de son achèvement intégral.
Il
a atteint l’objectif de la moderne civilisation occidentale. Voici do
1779
veulent pas Nous avons dit tout à l’heure quel
fut
le but de la vie de Ford, sa « grande et constante ambition ». Il sem
1780
vie de Ford, sa « grande et constante ambition ».
Il
semble que toute sa carrière — pensée, méthode, technique — soit cond
1781
toute sa carrière — pensée, méthode, technique —
soit
conditionnée jusque dans le détail par une idée fixe primitive. Consi
1782
tière : naissance de sa passion froide et tenace.
Il
s’efforce d’en réaliser l’objet par ses propres moyens, à un exemplai
1783
t par ses propres moyens, à un exemplaire ; puis,
il
fonde une usine pour multiplier les réalisations. Bientôt, élargissan
1784
réalisations. Bientôt, élargissant son ambition,
il
conçoit ce mythe extravagant du bonheur de l’humanité par la possessi
1785
é par la possession d’automobiles Ford. Et, comme
il
est très intelligent, il a vite fait de démêler les conditions les pl
1786
ar la possession d’automobiles Ford. Et, comme il
est
très intelligent, il a vite fait de démêler les conditions les plus r
1787
omobiles Ford. Et, comme il est très intelligent,
il
a vite fait de démêler les conditions les plus rationnelles de la pro
1788
ormes d’autos. Seulement, pour pouvoir continuer,
il
faut vendre ; dans l’intérêt de la production, il faut créer la conso
1789
il faut vendre ; dans l’intérêt de la production,
il
faut créer la consommation. La réclame s’en charge. Par le procédé tr
1790
mple de la répétition, on fait croire aux gens qu’
ils
ne peuvent plus vivre heureux sans auto. Voilà l’affaire lancée. La p
1791
lancée. La passion de Ford se donne libre cours.
Il
ne s’agit plus maintenant que de lui donner une apparence d’utilité p
1792
s sophismes plus ou moins conscients par lesquels
il
prétend ramener le bénéfice de la production à celui du consommateur.
1793
prix, on ne trouve toujours des clients, quel que
soit
l’état du marché. » Il semble que cela soit tout à l’avantage du clie
1794
rs des clients, quel que soit l’état du marché. »
Il
semble que cela soit tout à l’avantage du client. Mais cherchons un p
1795
l que soit l’état du marché. » Il semble que cela
soit
tout à l’avantage du client. Mais cherchons un peu les causes réelles
1796
les de cet abaissement de prix — la concurrence n’
étant
bien entendu qu’une cause accessoire. Dire que l’état du marché est t
1797
u’une cause accessoire. Dire que l’état du marché
est
tel que le client n’achète plus, cela signifie parfois que la marchan
1798
te plus, cela signifie parfois que la marchandise
est
momentanément trop chère ; mais surtout que le besoin qu’on a de tel
1799
; mais surtout que le besoin qu’on a de tel objet
est
satisfait ou a disparu. Il semble alors que l’industriel n’ait plus q
1800
qu’on a de tel objet est satisfait ou a disparu.
Il
semble alors que l’industriel n’ait plus qu’à plier bagage. Mais c’es
1801
montre le bout de l’oreille, et que son but réel
est
la production pour elle-même, non pas le plaisir ou l’intérêt véritab
1802
ayant disparu, la production devant se maintenir,
il
n’y a qu’une solution : recréer le besoin. Pour cela, on abaisse les
1803
abaisse les prix. Le client fait la comparaison.
Il
est impressionné par la baisse, au point qu’il en oublie que cela ne
1804
aisse les prix. Le client fait la comparaison. Il
est
impressionné par la baisse, au point qu’il en oublie que cela ne l’in
1805
n. Il est impressionné par la baisse, au point qu’
il
en oublie que cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’il va
1806
n oublie que cela ne l’intéresse plus réellement.
Il
croit qu’il va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un ob
1807
cela ne l’intéresse plus réellement. Il croit qu’
il
va gagner 5 francs en achetant 5 francs moins chers un objet que, san
1808
ancs moins chers un objet que, sans cette baisse,
il
n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il est trompé par la baisse.
1809
isse, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit,
il
est trompé par la baisse. L’industriel comptait. La tromperie est pré
1810
e, il n’eût pas acheté du tout. Autrement dit, il
est
trompé par la baisse. L’industriel comptait. La tromperie est prémédi
1811
ar la baisse. L’industriel comptait. La tromperie
est
préméditée. Et le scandale, à mon sens, n’est pas que l’industriel ai
1812
rie est préméditée. Et le scandale, à mon sens, n’
est
pas que l’industriel ait forcé (psychologiquement) le client à faire
1813
lient à faire une dépense superflue ; le scandale
est
qu’il l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus
1814
faire une dépense superflue ; le scandale est qu’
il
l’ait trompé sur ses véritables besoins. Car cela va bien plus profon
1815
ar cela va bien plus profond, cette tromperie-là.
Elle
peut amener, en se généralisant, une sorte de suicide du genre humain
1816
servation, d’autorégulation et d’alternances. Tel
est
ce sophisme, le paradoxe du bon marché. Celui de la réclame a même bu
1817
lame a même but, mêmes effets. Mais le plus grave
est
peut-être le sophisme du loisir. M. Guglielmo Ferrero a fort bien mon
1818
on », comme dit Ferrero. Le bon peuple s’extasie.
Il
ne peut voir la duperie : ce jeu du chat et de la souris ; si Ford re
1819
dre dans son engrenage. L’emploi de leurs loisirs
est
prévu. Il est déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut
1820
n engrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu.
Il
est déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut user, etc.
1821
ngrenage. L’emploi de leurs loisirs est prévu. Il
est
déterminé par la réclame, les produits Ford qu’il faut user, etc. Il
1822
st déterminé par la réclame, les produits Ford qu’
il
faut user, etc. Il a pour but véritable d’augmenter la consommation.
1823
réclame, les produits Ford qu’il faut user, etc.
Il
a pour but véritable d’augmenter la consommation. Il rend plus comple
1824
a pour but véritable d’augmenter la consommation.
Il
rend plus complet l’esclavage de l’ouvrier, puisqu’il englobe jusqu’à
1825
end plus complet l’esclavage de l’ouvrier, puisqu’
il
englobe jusqu’à son repos dans le cycle de la production. Cercle vici
1826
e vicieux : plus la production s’intensifie, plus
il
faut créer de besoins et de loisirs. Or, l’industrie ne peut subsiste
1827
re humaine a des limites. Et le temps approche où
elles
seront atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est con
1828
aine a des limites. Et le temps approche où elles
seront
atteintes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford est conscient
1829
ntes. On peut se demander jusqu’à quel point Ford
est
conscient des buts et de l’avenir de son effort. Pour mon compte, je
1830
er sur les sujets les plus divers. Les aphorismes
sont
assez révélateurs de la mentalité capitaliste américaine. Voici, par
1831
déale réduite au rôle d’huile dans les rouages, n’
est
-ce pas charmant et prometteur ? Et que dire de cette admirable simpli
1832
n fabrique, on transporte. » « Toute notre gloire
est
dans nos œuvres, dans le prix que nous payons à la terre la satisfact
1833
nos besoins. » — Ford se moque de la philosophie.
Il
ne peut empêcher que son attitude ne porte un nom philosophique : c’e
1834
in de son livre : Le problème de la production a
été
brillamment résolu… Mais nous nous absorbons trop dans ce que nous fa
1835
production matérielle et vers la richesse qui en
est
le fruit. On ne saurait mieux dire. Mais il faudrait en tirer des co
1836
en est le fruit. On ne saurait mieux dire. Mais
il
faudrait en tirer des conséquences, alors que Ford passe outre et se
1837
e et se remet à discuter des points de technique.
Il
n’a pas senti qu’il touchait là le nœud vital du problème moderne. D’
1838
uter des points de technique. Il n’a pas senti qu’
il
touchait là le nœud vital du problème moderne. D’ailleurs, les idées
1839
e. D’ailleurs, les idées générales de cette sorte
sont
rares dans son livre. En général, il se borne à parler de problèmes t
1840
ette sorte sont rares dans son livre. En général,
il
se borne à parler de problèmes techniques où son triomphe est facile.
1841
à parler de problèmes techniques où son triomphe
est
facile. C’est le technicien parfait qui combat les techniciens imparf
1842
en parfait qui combat les techniciens imparfaits.
Il
ne se demande jamais si la technique même la plus perfectionnée mérit
1843
me la plus perfectionnée mérite les sacrifices qu’
elle
exige de l’homme moderne. Paradoxes plus ou moins intéressés, optimis
1844
orte à coup sûr l’adhésion du gros public : telle
est
l’idéologie de celui que M. Cambon, dans sa préface, égale aux plus g
1845
philosophie la plus rudimentaire. Le phénomène n’
est
pas nouveau en Occident, mais il est ici tragiquement aigu. Est-ce no
1846
Le phénomène n’est pas nouveau en Occident, mais
il
est ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée qui, à force de subtil
1847
phénomène n’est pas nouveau en Occident, mais il
est
ici tragiquement aigu. Est-ce notre pensée qui, à force de subtiliser
1848
u en Occident, mais il est ici tragiquement aigu.
Est
-ce notre pensée qui, à force de subtiliser, est devenue trop faible p
1849
. Est-ce notre pensée qui, à force de subtiliser,
est
devenue trop faible pour nous conduire ? Ou bien est-ce notre action
1850
devenue trop faible pour nous conduire ? Ou bien
est
-ce notre action qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour être
1851
r nous conduire ? Ou bien est-ce notre action qui
est
devenue trop effrénée, trop folle, pour être justiciable encore de no
1852
n qui est devenue trop effrénée, trop folle, pour
être
justiciable encore de nos vérités essentielles ? Il semble bien que n
1853
justiciable encore de nos vérités essentielles ?
Il
semble bien que notre temps ait prononcé définitivement le divorce de
1854
s chances. J’accorderai que le progrès matériel n’
est
pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’il a prise dans notre vi
1855
’est pas mauvais en soi. Mais par l’importance qu’
il
a prise dans notre vie, il détourne la civilisation de son but vérita
1856
is par l’importance qu’il a prise dans notre vie,
il
détourne la civilisation de son but véritable : aller à l’Esprit, y c
1857
l’essentiel une grande part des forces humaines,
il
travaille contre l’Esprit. Rien n’est gratuit. Nous payons notre pass
1858
es humaines, il travaille contre l’Esprit. Rien n’
est
gratuit. Nous payons notre passion de posséder la matière du prix de
1859
ses de l’Esprit. Dans le cas le plus favorable, «
il
se passera bien de cette littérature ». Plus tard, « puisqu’elle n’es
1860
bien de cette littérature ». Plus tard, « puisqu’
elle
n’est pas utile, elle est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou au
1861
e cette littérature ». Plus tard, « puisqu’elle n’
est
pas utile, elle est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autres œ
1862
ture ». Plus tard, « puisqu’elle n’est pas utile,
elle
est nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autres œuvres destinées
1863
». Plus tard, « puisqu’elle n’est pas utile, elle
est
nuisible ». « … Tableaux, symphonies, ou autres œuvres destinées à ch
1864
er mutuellement leur culture », dit Ford. Et tout
est
dit ! Le simplisme arrogant avec lequel, de nos jours, on tranche les
1865
jours, on tranche les grandes questions humaines
est
une des manifestations les plus frappantes de notre régression. Cette
1866
l’âme avec une maladresse de barbare. IV. « En
être
» ou ne pas en être Une fois qu’on a compris à quel point le fordi
1867
resse de barbare. IV. « En être » ou ne pas en
être
Une fois qu’on a compris à quel point le fordisme et l’Esprit sont
1868
on a compris à quel point le fordisme et l’Esprit
sont
incompatibles, le monde moderne impose ce dilemme : « en être » ou ne
1869
tibles, le monde moderne impose ce dilemme : « en
être
» ou ne pas en être, c’est-à-dire se soumettre à la technique et s’ab
1870
erne impose ce dilemme : « en être » ou ne pas en
être
, c’est-à-dire se soumettre à la technique et s’abrutir spirituellemen
1871
écanique bien huilée, au mouvement si régulier qu’
il
en devient insensible et que la fatigue semble disparaître, l’homme s
1872
s d’horlogerie calculé une fois pour toutes et qu’
il
sent immuable comme la mort le restitue au monde vers 5 heures du soi
1873
oublier jusqu’à l’existence, et à une liberté qu’
il
s’empresse d’aliéner au profit de plaisirs tarifés, soumis plus subti
1874
mande sans rapport avec ses désirs réels, et dont
il
subit docilement l’abstraite et commerciale nécessité. Ennui, fatigue
1875
re. Cela s’appelle encore vivre. Mais l’homme qui
était
un membre vivant dans le corps de la Nature, lié par les liens les pl
1876
es exigences les plus rudimentaires de son corps.
Il
a perdu le contact avec les choses naturelles, et par là même, avec l
1877
turelles, et par là même, avec les surnaturelles.
Il
en ressent une vague et intermittente détresse, — qu’il met d’ailleur
1878
ressent une vague et intermittente détresse, — qu’
il
met d’ailleurs sur le compte de sa fatigue. Neurasthénie. La conquête
1879
aissé oublier les valeurs de l’esprit au point qu’
il
n’éprouve plus même cette carence ; seulement, peu à peu, il découvre
1880
e plus même cette carence ; seulement, peu à peu,
il
découvre qu’il s’ennuie profondément ; fatigué de trop de satisfactio
1881
te carence ; seulement, peu à peu, il découvre qu’
il
s’ennuie profondément ; fatigué de trop de satisfactions matérielles,
1882
t ; fatigué de trop de satisfactions matérielles,
il
a laissé se détendre, ou il a cassé les ressorts de sa joie : l’effor
1883
factions matérielles, il a laissé se détendre, ou
il
a cassé les ressorts de sa joie : l’effort libre et généreux, le sent
1884
mirer la nature entre 17 et 19 heures : vraiment,
il
ne lui manque plus rien — que l’envie. Mauvais travail. Il a perdu le
1885
manque plus rien — que l’envie. Mauvais travail.
Il
a perdu le sens religieux, cosmique, de l’effort humain. Il ne peut p
1886
le sens religieux, cosmique, de l’effort humain.
Il
ne peut plus situer son effort individuel dans le monde, lui attribue
1887
dans le monde, lui attribuer sa véritable valeur.
Il
sent obscurément que son travail est antinaturel. Il le méprise ou le
1888
table valeur. Il sent obscurément que son travail
est
antinaturel. Il le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos,
1889
sent obscurément que son travail est antinaturel.
Il
le méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en est l’escl
1890
méprise ou le subit, mais, jusque dans son repos,
il
en est l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature,
1891
e ou le subit, mais, jusque dans son repos, il en
est
l’esclave. Pour s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est
1892
usque dans son repos, il en est l’esclave. Pour s’
être
exclu lui-même de l’ordre de la nature, il est condamné à ne plus sai
1893
ur s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature,
il
est condamné à ne plus saisir que des rapports abstraits entre les ch
1894
s’être exclu lui-même de l’ordre de la nature, il
est
condamné à ne plus saisir que des rapports abstraits entre les choses
1895
isir que des rapports abstraits entre les choses.
Il
ne comprend presque plus rien à l’Univers. Par la technique, l’Occide
1896
gences telles que l’Esprit ne peut les supporter.
Il
abandonne donc la place, mais c’est pourtant lui seul qui nous permet
1897
jouir de notre liberté. La victoire mécanicienne
est
une victoire à la Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne s
1898
toire mécanicienne est une victoire à la Pyrrhus.
Elle
nous donne une liberté dont nous ne sommes plus dignes. Nous perdons,
1899
Pyrrhus. Elle nous donne une liberté dont nous ne
sommes
plus dignes. Nous perdons, en l’acquérant, par l’effort de l’acquérir
1900
epter l’esprit, et ses conditions. Je dis que les
êtres
encore doués de quelque sensibilité spirituelle deviennent par le seu
1901
un monde fordisé, des anarchistes. Car l’Esprit n’
est
pas un luxe, n’est pas une faculté destinée à amuser nos moments de l
1902
es anarchistes. Car l’Esprit n’est pas un luxe, n’
est
pas une faculté destinée à amuser nos moments de loisir, il a des exi
1903
faculté destinée à amuser nos moments de loisir,
il
a des exigences effectives ; et ces exigences sont en contradiction a
1904
il a des exigences effectives ; et ces exigences
sont
en contradiction avec celles que le développement de la technique imp
1905
ment de la technique impose au monde moderne. Ces
êtres
, d’une espèce de plus en plus rare, qui savent encore quelque chose d
1906
» très spécial, — on les écarte des engrenages où
ils
risqueraient de faire grain de sable. Ils se réfugient dans ce qu’on
1907
ages où ils risqueraient de faire grain de sable.
Ils
se réfugient dans ce qu’on pourrait appeler les classes privilégiées
1908
es forces occultes sans doute dangereuses, puisqu’
elles
les rendent inutilisables dans les rouages de la vie moderne. Le trio
1909
centaines d’individus. Et cette franc-maçonnerie
sera
bientôt traquée avec la dernière rigueur : avec la rigueur de la néce
1910
igueur : avec la rigueur de la nécessité — puisqu’
elle
est inutile au grand dessein matérialiste de l’Occident. La logique,
1911
r : avec la rigueur de la nécessité — puisqu’elle
est
inutile au grand dessein matérialiste de l’Occident. La logique, parl
1912
à vouloir en revenir à la période préindustrielle
soit
autre chose qu’une échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire, i
1913
échappatoire utopique. Nous avons mieux à faire,
il
n’est plus temps de se désintéresser simplement des buts — si bas soi
1914
ppatoire utopique. Nous avons mieux à faire, il n’
est
plus temps de se désintéresser simplement des buts — si bas soient-il
1915
de se désintéresser simplement des buts — si bas
soient
-ils — d’une civilisation sous le poids de laquelle nous risquons de p
1916
désintéresser simplement des buts — si bas soient-
ils
— d’une civilisation sous le poids de laquelle nous risquons de périr
1917
sous le poids de laquelle nous risquons de périr.
Il
se prépare déjà des révoltes terribles4, celles d’un mysticisme exasp
1918
’aujourd’hui ont une tâche pressante : chercher s’
il
est possible d’échapper au fatal dilemme. Premiers pas vers la soluti
1919
jourd’hui ont une tâche pressante : chercher s’il
est
possible d’échapper au fatal dilemme. Premiers pas vers la solution :
1920
évélé que les livres les plus lus du grand public
sont
Ma vie et mon œuvre, de Ford et Mon curé chez les riches, de Clément
1921
el. Dans les pays de langue allemande, son succès
est
encore plus grand, et de meilleure qualité. Je ne parle pas de l’Amér
1922
sayer de se prendre encore au rêve de valse qu’on
était
venu chercher parce que cela vaudrait bien d’autres stupéfiants. Mais
1923
d’une révolution. Sept heures du soir : le moment
était
venu d’arrêter le plan de la soirée, et cette promenade où il y avait
1924
osait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-
il
accuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sin
1925
ime — bien qu’on pense généralement le contraire.
Il
est très vrai que les notions réaliste et idéaliste du monde ne sont
1926
— bien qu’on pense généralement le contraire. Il
est
très vrai que les notions réaliste et idéaliste du monde ne sont sépa
1927
que les notions réaliste et idéaliste du monde ne
sont
séparées que par un léger décalage dans la chronologie de nos sentime
1928
ine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je
fus
conduit, par une sorte de compromis sentimental, à l’Opéra où l’on do
1929
is le thème de la Barcarolle s’empare de tout mon
être
— ainsi d’autres deviennent patriotes au son d’une fanfare militaire,
1930
des parois, noir et blanc, la ravissante héroïne
est
à son piano, c’est un duo des ténèbres et de la pureté où vibrent par
1931
évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que moi,
il
n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me v
1932
s forces inconnues et menaçantes. Mais la musique
est
si légère, la voix de la jeune fille si transparente : la mort même e
1933
sparente : la mort même en devient moins brutale.
Elle
rôde ici comme une tristesse amoureuse. Elle n’est plus que l’approch
1934
ale. Elle rôde ici comme une tristesse amoureuse.
Elle
n’est plus que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours
1935
le rôde ici comme une tristesse amoureuse. Elle n’
est
plus que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terres
1936
e que le pouvoir de cette musique. Voici que vous
êtes
tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; personne
1937
nne pourtant ne se détournait. Comment pouvais-je
être
le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous ve
1938
le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit-
il
, que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous
1939
-il, que seul vous venez d’atteindre au monde des
êtres
véritables. Nous nous rencontrons. Vous me voyez parce que vous compr
1940
rbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu.
Il
portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, p
1941
r, pouvait passer pour une élégance très moderne.
Il
n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’e
1942
é ; je n’eus même pas le sentiment de quoi que ce
soit
d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’avait jeté la première recon
1943
es de l’Opéra, Gérard de Nerval et moi, sans nous
être
rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent depuis si longtem
1944
omard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me dit-
il
, parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens
1945
né. « Cela vexe les Viennois, me dit-il, parce qu’
ils
y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’
1946
me moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’en
suis
pas fâché. » Il y avait peu de monde dans les rues. Des jeunes gens
1947
rd, malgré les apparences, cette vie sentimentale
est
une des seules réalités qui correspondent encore à l’image classique
1948
acité définitive à se passionner pour quoi que ce
soit
. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’a
1949
assionner pour quoi que ce soit. Cette ville, qui
est
toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que
1950
s une chose que je comprends assez bien, ajouta-t-
il
, mais pour d’autres raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme
1951
ses manches. De terreur, le homard avait rougi :
il
conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gérard semblai
1952
manque de caractère aussi. La fidélité véritable
est
une œuvre d’art qui demande un long effort, et les Viennois sont, par
1953
d’art qui demande un long effort, et les Viennois
sont
, par nature et par attitude, des gens fatigués. — Pour moi, dit Gérar
1954
lus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-être
était
-ce la même sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’on
1955
mes qui m’ont retenu un instant, c’était parce qu’
elles
évoquaient cet amour, c’était parce que je découvrais en elles de sec
1956
ent cet amour, c’était parce que je découvrais en
elles
de secrètes ressemblances, qui pour d’autres paraissaient purement my
1957
t jamais rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femme !
elle
n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’ai su en retrouver la
1958
s rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femme ! elle n’
était
qu’un regard, un certain regard, mais j’ai su en retrouver la sensati
1959
paya quelques œillets rouges en lui expliquant qu’
elle
devait les donner à la première jolie femme qui passerait seule. Nous
1960
ourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa
fut
, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa d’abord les fleu
1961
eurs pour se donner le temps de regarder autour d’
elle
; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit
1962
êt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ;
elle
finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire du type le plu
1963
avec un sourire du type le plus courant : « Vous
êtes
bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendre chacun
1964
courant : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! »
Il
n’y avait plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux h
1965
hacun un bras, une femme pour deux hommes — et ce
fut
bien dans cette anecdote dont Gérard attendait évidemment quelque cho
1966
chose contraire à la coutume viennoise. L’enfant
était
charmante, comme elles le sont presque toutes dans cette ville, — du
1967
outume viennoise. L’enfant était charmante, comme
elles
le sont presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo
1968
ennoise. L’enfant était charmante, comme elles le
sont
presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo nommaie
1969
c’est que de prendre des femmes au hasard, disait-
il
. Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moin
1970
. Du moins, moi. Pour vous, c’est différent, vous
êtes
moderne, vous vous contentez peut-être de cette pêche miraculeuse — c
1971
que j’ai vécu d’illusions, avouez que les miennes
étaient
de meilleure qualité : car c’est une pauvre illusion que le plaisir q
1972
plaisir qu’on vient chercher ici avec le premier
être
venu. — Certes, je comprends que l’Europe est en décadence quand je l
1973
er être venu. — Certes, je comprends que l’Europe
est
en décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens
1974
qui seules faisaient sa dignité humaine, parce qu’
elles
le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins bl
1975
és s’amusent plus grossièrement que des barbares,
ils
s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissement
1976
la mesure de votre générosité. Vos boîtes de nuit
sont
des sortes de distributeurs automatiques de plaisir. Autant dire que
1977
ntent ne savent plus ce que c’est que le plaisir.
Ils
prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été préparées pour leur
1978
Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas
été
préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni les ressem
1979
ueurs qui n’ont pas été préparées pour leur soif.
Ils
ne savent plus les signes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t
1980
ignes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t-
il
bruyamment dans ces lieux : cet orchestre triomphant suffit à peine à
1981
, ou luisants de concupiscences élémentaires : Ce
sont
vos contemporains livrés à la démocratie des plaisirs achetés au déta
1982
dans une foire éclatante de faux luxe. La misère
est
de voir ici des femmes aussi ravissantes que celle-là qui danse en ro
1983
comme c’est odieux qu’une créature aussi parfaite
soit
touchée par les mains outrageusement baguées de ces courtiers alourdi
1984
eligieux de la beauté. Mais je crois que l’Orient
est
devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bugles agonisaient, aux d
1985
eauté. Mais je crois que l’Orient est devenu fou.
Il
ne comprend plus rien. » Des bugles agonisaient, aux dernières mesure
1986
pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit-
elle
d’un ton de reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux l
1987
einte aux lois du genre le plus conventionnel qui
soit
. Gérard la regarda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit-il d
1988
rda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit-
il
doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblanc
1989
oir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y
était
l’objet de vexations diverses et de curiosités grossières de la part
1990
malicieux. Mais l’ombre de cette ville illusoire
est
la plus douce à mes vagabondages sans but. Vous savez, je lance mes f
1991
répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t-
il
. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemp
1992
y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir,
il
serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça :
1993
très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il
serait
dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nu
1994
t dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi
il
prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque ém
1995
r. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit
sera
noire et blanche. » Je ressentis quelque émotion à l’ouïe de cette ph
1996
ïe de cette phrase célèbre. Ensuite, je pensai qu’
il
arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la première fois d
1997
ous parlèrent, bientôt dissous dans le vent. Tout
était
reflet, passages, allusions. Plus tard, dans un petit bar laqué de no
1998
ée ; un piano dissimulé joue très doucement. Nous
sommes
assis autour d’une petite table lumineuse, verdâtre, et Gérard, pench
1999
uarium de rêves, discourt et décrit les images qu’
il
y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Cl
2000
y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui
sont
les bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’Anglais
2001
utôt, par je ne sais quelle erreur d’images, — ce
serait
la gravité énigmatique d’Adrienne, mais dans le lointain, Aurélia lui
2002
minute toutes les incarnations d’un amour dont l’
être
éternel apparaît peu à peu, à travers la simultanéité de ses manifest
2003
parle avec une liberté magnifique et angoissante.
Il
mêle tout dans le temps et l’espace. Cent années et tous les visages
2004
le côté terrestre des choses dont l’autre moitié
sera
toujours cachée, ainsi la Lune et sa moitié d’ombre. Et parce que tou
2005
e que tout revit en un instant dans cette vision,
il
connaît enfin la substance véritable et unique de toutes ses amours,
2006
bstance véritable et unique de toutes ses amours,
il
communie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames du monde ne so
2007
lque chose d’éternel. Tous les drames du monde ne
sont
que décors mouvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne son
2008
s mouvants dans la lueur bariolée des sentiments,
ils
ne sont que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin
2009
nts dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne
sont
que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin est ail
2010
épisodes, symboles : le vrai drame de son destin
est
ailleurs. Il se met à m’expliquer des signes, des généalogies étourdi
2011
boles : le vrai drame de son destin est ailleurs.
Il
se met à m’expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui c
2012
es choses n’ont d’intérêt que par les rapports qu’
il
leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il m’enseigne que la pas
2013
u’il leur devine avec la réalité extra-terrestre.
Il
m’enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne,
2014
seigne que la passion seule, par la souffrance qu’
elle
entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leur
2015
. La fatigue calme son lyrisme et son exaltation.
Il
semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui n
2016
t son exaltation. Il semble se rapprocher de moi.
Il
me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos s
2017
de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne
sont
enfantines que pour nos savants retombés en pleine barbarie spirituel
2018
savants retombés en pleine barbarie spirituelle.
Il
plaisante. Il dit que la vie ressemble surtout à un film où les épiso
2019
bés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisante.
Il
dit que la vie ressemble surtout à un film où les épisodes s’appellen
2020
se voient par transparence au travers de l’autre.
Il
dit : « Pour celui qui saisit les correspondances, chaque geste, chaq
2021
us le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’
il
faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendrait to
2022
presque plus rien ; à peine, de temps en temps, s’
il
parlait à voix basse à son homard, qui semblait d’ailleurs endormi. E
2023
tant, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’
il
en était ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerveux et que depu
2024
le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en
était
ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerveux et que depuis quelqu
2025
devenait nerveux et que depuis quelques semaines,
il
avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion e
2026
elques semaines, il avait dû le mettre au caviar.
Il
en demanda donc une petite portion et la fit prendre au homard avec t
2027
ut cela s’empila dans des autos ; en dix minutes,
il
n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’
2028
ne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’
étaient
fixés intensément, à la sortie des invités, sur une femme qui s’en al
2029
rs en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois.
Il
avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’ape
2030
l avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se
fut
apaisée, je m’aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extraordin
2031
Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que j’
étais
seul. Une dernière auto, extraordinairement silencieuse, absolument s
2032
de la femme aux bandeaux noirs. Mais les rideaux
étaient
baissés. Déjà on criait les journaux du matin, des triporteurs passèr
2033
oir en Jules Verne qu’un précurseur ? Jules Verne
est
un créateur, dont les inventions se suffisent et suffisent à notre jo
2034
ons se suffisent et suffisent à notre joie. Ce ne
sont
pas les savants qui sont prophètes, mais les poètes. Or Jules Verne f
2035
sent à notre joie. Ce ne sont pas les savants qui
sont
prophètes, mais les poètes. Or Jules Verne fut poète avant tout — et
2036
i sont prophètes, mais les poètes. Or Jules Verne
fut
poète avant tout — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques. Il a
2037
t — et ce livre le fera bien voir aux sceptiques.
Il
a aimé la science parce qu’elle ouvre des perspectives d’évasion — où
2038
oir aux sceptiques. Il a aimé la science parce qu’
elle
ouvre des perspectives d’évasion — où seuls les poètes savent se perd
2039
iennent de merveilleux calembours, où les savants
sont
réellement dans la lune, ou bien descendent au fond des mers adorer l
2040
ythes modernes, du seul écrivain dont l’influence
soit
comparable à celle du cinéma ! Claretie raconte que les détenus des m
2041
se jetaient sur ces volumes « au travers desquels
ils
respiraient l’air du monde ». N’en ferons-nous pas autant, emprisonné
2042
N’en ferons-nous pas autant, emprisonnés que nous
sommes
dans une civilisation qui, selon l’expression de Jules Verne désabusé
2043
e ce libertaire, cela constituait un jugement !)
Serons
-nous longtemps encore dupes d’une conception de la littérature si péd
2044
d’une conception de la littérature si pédante qu’
elle
exclut un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’est styli
2045
t un de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’
il
n’est styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfan
2046
de nos plus grands conteurs sous prétexte qu’il n’
est
styliste ni psychologue ? Laisserons-nous Jules Verne aux enfants ? J
2047
s ? J’allais oublier que la littérature enfantine
est
le dernier bateau. Pour ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y mon
2048
ce coup, voilà qui ne m’empêchera pas d’y monter,
il
suffit que cet obsédant capitaine Nemo soit à bord, je soupçonne que
2049
monter, il suffit que cet obsédant capitaine Nemo
soit
à bord, je soupçonne que ce bateau n’est autre que La Liberté. ar.
2050
ne Nemo soit à bord, je soupçonne que ce bateau n’
est
autre que La Liberté. ar. « M. Allotte De La Fuye : Jules Verne, sa
2051
Aragon, Traité du style (août 1928)as Ce n’
est
pas le seul talent de M. Aragon qui le rendrait digne à mes yeux, de
2052
e aux écrivains que des révélations, ou mieux, qu’
ils
les favorisent par leurs écrits. Aragon, qui a le sens de l’amour, a
2053
conséquemment beaucoup de choses vraies (belles).
Il
est même un des très rares parmi les jeunes qui ait vraiment donné qu
2054
séquemment beaucoup de choses vraies (belles). Il
est
même un des très rares parmi les jeunes qui ait vraiment donné quelqu
2055
des gens qui ne m’intéressent pas ou bien qui ne
sont
pas atteints par ces épithètes drôles ou quelconques. Mais la seconde
2056
s ou quelconques. Mais la seconde partie du livre
est
admirable ; il suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du styl
2057
. Mais la seconde partie du livre est admirable ;
il
suffit. Le titre ne ment pas ; ce livre traite du style, à coups d’ex
2058
te du style, à coups d’exemples qui méritent de l’
être
. Et l’on voit bien ici qu’Aragon dépasse ces surréalistes, ces orthod
2059
s Nymphes ». Mais donner l’air bête à ceux qui le
sont
en créant une belle œuvre serait, par exemple, plus efficace. Aragon
2060
bête à ceux qui le sont en créant une belle œuvre
serait
, par exemple, plus efficace. Aragon se retourne sans cesse pour crier
2061
our crier : Lâches, vous refusez d’avancer ! Mais
il
reste à portée de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle. Il le
2062
e de voix du troupeau. C’est sans doute son rôle.
Il
le tient magnifiquement. Mais qu’on nous laisse chercher plus loin, d
2063
es surréalistes débattent la question de savoir s’
ils
vont se taire ou non. Mais leur silence ne doit pas entraîner, à leur
2064
leur point de vue, celui d’autrui sur eux-mêmes.
Ils
se tournent donc naturellement vers l’action, c’est-à-dire — nous som
2065
naturellement vers l’action, c’est-à-dire — nous
sommes
en France — vers la politique. Or ces ennemis de toute littérature vo
2066
à cela dans une époque où les valeurs de l’esprit
sont
en pratique universellement méprisées. Mais les surréalistes ont leur
2067
onsabilité là-dedans ; leur défense de l’esprit s’
est
bornée jusqu’ici à une rhétorique très brillante contre un état de ch
2068
re un état de choses justement détesté, mais dont
ils
participent plus qu’ils ne le croient. Certes il était urgent de fair
2069
tement détesté, mais dont ils participent plus qu’
ils
ne le croient. Certes il était urgent de faire la critique de « cette
2070
ils participent plus qu’ils ne le croient. Certes
il
était urgent de faire la critique de « cette réalité de premier plan
2071
participent plus qu’ils ne le croient. Certes il
était
urgent de faire la critique de « cette réalité de premier plan qui no
2072
ance positive de ce qu’il y a sous cette réalité.
Il
est certain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret d
2073
e positive de ce qu’il y a sous cette réalité. Il
est
certain que s’ils avaient le courage de se soumettre au concret de l’
2074
u’il y a sous cette réalité. Il est certain que s’
ils
avaient le courage de se soumettre au concret de l’esprit, ils compre
2075
e courage de se soumettre au concret de l’esprit,
ils
comprendraient que le « service dans le temple » s’accommode mal de t
2076
en très beau style contre un monde très laid dont
ils
n’ont pas encore renoncé à chatouiller le snobisme. at. « Pierre Na
2077
emps — argent, races — et ses rares passions, qui
sont
la domination et la démolition, l’organisation et le sabotage. On y d
2078
es chefs pour l’une ou l’autre de ces attitudes. (
Elles
ne sont pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux
2079
pour l’une ou l’autre de ces attitudes. (Elles ne
sont
pas essentiellement contradictoires : elles représentent deux manière
2080
les ne sont pas essentiellement contradictoires :
elles
représentent deux manières de sentir l’unité d’une époque obsédée d’a
2081
forme abstraite et poétique. Mais cette fois tout
est
concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’il décrive la vie i
2082
concrétisé en hommes, en meurtres, en décrets. Qu’
il
décrive la vie intense et instable des acteurs du drame, l’aspect quo
2083
art du détail où se révèle le vrai romancier. On
serait
parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais il est plus nerveux, s
2084
it parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais
il
est plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il ne se borne p
2085
parfois tenté de le rapprocher de Morand, mais il
est
plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et il ne se borne pas à
2086
plus nerveux, sans doute aussi plus sensible. Et
il
ne se borne pas à des effets pittoresques : ce récit coloré et précis
2087
e récit coloré et précis, admirablement objectif,
est
aussi, mais à coups de faits, une discussion d’idées. Il est surtout
2088
i, mais à coups de faits, une discussion d’idées.
Il
est surtout la description d’une angoisse que le nihilisme de M. Malr
2089
mais à coups de faits, une discussion d’idées. Il
est
surtout la description d’une angoisse que le nihilisme de M. Malraux
2090
t lui qui parle au nom de l’auteur, je pense) : «
Il
me semble que je lutte contre l’absurde humain, en faisant ce que je
2091
écue, avant de la décrire ; et cet aveu de Garine
est
décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’ell
2092
rine est décisif : « La Révolution… tout ce qui n’
est
pas elle est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses
2093
décisif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas
elle
est pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits.
2094
sif : « La Révolution… tout ce qui n’est pas elle
est
pire qu’elle… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits. C’es
2095
évolution… tout ce qui n’est pas elle est pire qu’
elle
… » Expérience faite, l’absurde retrouve ses droits. C’est ainsi que,
2096
asqué par l’enchaînement passionnant de l’action,
il
se dégage de ce roman un désespoir sec, sans grimace. Cette intellige
2097
quelque chose de trop aigu, de dangereux. Mais qu’
elles
s’appliquent à distinguer les forces déterminantes de l’heure, à les
2098
s de l’éthique de cet « illustre réfractaire ». N’
est
-ce point trop demander à une existence bien indécise, que son échec m
2099
sion et de la solitude ». Mais un prince rêveur n’
est
pas forcément prince du rêve ; et par ailleurs ce livre sait bien le
2100
qualité de l’illusion dont se nourrit Louis II n’
est
ni aussi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’il
2101
ssi pure ni aussi rare qu’on voudrait l’imaginer.
Il
reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ain
2102
aussi rare qu’on voudrait l’imaginer. Il reste qu’
il
a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d
2103
l’imaginer. Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’
il
l’a pu, étant roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez moros
2104
Il reste qu’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu,
étant
roi. Il offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mais à gra
2105
u’il a voulu la vivre et qu’il l’a pu, étant roi.
Il
offre ainsi l’image d’un romantisme assez morose ; mais à grande éche
2106
osait par hasard de moyens d’action puissants : s’
il
les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’
2107
d’action puissants : s’il les a gâchés, c’est qu’
il
a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet d
2108
: s’il les a gâchés, c’est qu’il a eu peur, et s’
il
a eu peur c’est qu’il n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopi
2109
c’est qu’il a eu peur, et s’il a eu peur c’est qu’
il
n’a pas su aimer. Le sujet de Liszt et de Chopin, c’était l’amour, do
2110
ence d’amour, par refus de souffrir. Mais chez un
être
raffiné, la peur d’étreindre aboutit à l’amour de soi dans « l’illusi
2111
llusion ». Sachons gré à M. de Pourtalès de ce qu’
il
préfère parler d’illusion là où nos psychiatres proposeraient de moin
2112
res proposeraient de moins jolis mots ; mais ce n’
est
pas la moindre habileté du biographe. D’ailleurs, réussir un livre at
2113
réussir un livre attrayant sur une vie manquée n’
était
pas un problème aisé : Guy de Pourtalès l’a résolu d’une façon fort a
2114
autour de sa vie le plus grand mystère. Cependant
il
aime à raconter certaines scènes terrifiantes de la révolution : il a
2115
certaines scènes terrifiantes de la révolution :
il
a été condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il
2116
aines scènes terrifiantes de la révolution : il a
été
condamné à mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même… Il subjug
2117
ntes de la révolution : il a été condamné à mort,
il
s’est évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français
2118
de la révolution : il a été condamné à mort, il s’
est
évadé, on le traque à Paris même… Il subjugue le jeune Français par c
2119
mort, il s’est évadé, on le traque à Paris même…
Il
subjugue le jeune Français par ces évocations et l’espèce de fièvre q
2120
nçais par ces évocations et l’espèce de fièvre qu’
il
y apporte. Mais plusieurs incidents éveillent les soupçons du « petit
2121
éveillent les soupçons du « petit-bourgeois » qu’
il
a choisi comme public, et brusquement le mot éclate : menteur. Feinte
2122
ique confession qui doit expliquer sa mort et qui
est
aussi fausse que le reste. Ce mensonge qui va jusqu’à la mort, inclus
2123
connu de semblables mythomanes. Le cas méritait d’
être
exposé. Je regrette seulement que Daniel-Rops se soit borné à une cou
2124
exposé. Je regrette seulement que Daniel-Rops se
soit
borné à une courte nouvelle, d’ailleurs assez dense, et dont le mérit
2125
uvelle, d’ailleurs assez dense, et dont le mérite
est
d’être simple et précise dans l’exposé, sans rien simplifier ni préci
2126
, d’ailleurs assez dense, et dont le mérite est d’
être
simple et précise dans l’exposé, sans rien simplifier ni préciser à l
2127
vant-garde une confusion assez tragique, parce qu’
elle
constitue une tentation pour tous les poètes. Le désir de « plus vrai
2128
tout, peut conduire à préférer un mensonge qui n’
est
, hélas, qu’une déformation de cette réalité détestée. Le mythomane br
2129
u. Jusque dans la ruse que ses mensonges exigent,
il
se reconnaît tributaire de la « vérité trop évidente » ; alors qu’il
2130
butaire de la « vérité trop évidente » ; alors qu’
il
la faudrait, sans rien fausser, transcender… aw. « Daniel-Rops : Le
2131
Tire-toi de tes ombres… » Paul Valéry. Stéphane
est
maniaque, comme tous les jeunes gens de sa génération. Seulement chez
2132
s de sa génération. Seulement chez lui, cela ne s’
est
pas porté sur les autos. Il préfère s’intéresser aux divers types hum
2133
chez lui, cela ne s’est pas porté sur les autos.
Il
préfère s’intéresser aux divers types humains. Mais on lui sait peu d
2134
lui sait peu de grés de sa curiosité. Sans doute
est
-il trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donn
2135
sait peu de grés de sa curiosité. Sans doute est-
il
trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner…
2136
sité. Sans doute est-il trop impatient, demande-t-
il
aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit ri
2137
ans doute est-il trop impatient, demande-t-il aux
êtres
plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-
2138
il trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’
ils
ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il
2139
peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’
est
-ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sa
2140
r… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ?
Il
en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage que le mo
2141
n son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’
il
fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En d’autres termes
2142
ermes, on lui conseille de rentrer en lui-même. «
Il
se ramène en soi, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos
2143
de nos classiques. Repoussé par le monde parce qu’
il
n’est pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C
2144
s classiques. Repoussé par le monde parce qu’il n’
est
pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C’est u
2145
encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’
il
est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il se sin
2146
ore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il
est
. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il se singula
2147
une autre manie de sa génération. Mais là encore
il
se singularise : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qu
2148
sa génération. Mais là encore il se singularise :
il
n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de
2149
e, et là déclare froidement ne pas exister. Non :
il
a remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobio
2150
as exister. Non : il a remarqué que l’époque peut
être
définie par l’abondance des autobiographies, mais aussi bien par cell
2151
aussi bien par celle des miroirs. C’est pourquoi
il
en installe un sur sa table de travail, de façon à pouvoir s’y surpre
2152
des heures entières à se regarder dans les yeux.
Il
varie sur son visage les jeux de lumière et de sentiments. Il découvr
2153
son visage les jeux de lumière et de sentiments.
Il
découvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans les moments de p
2154
e genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand
il
est très fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard :
2155
enre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il
est
très fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard : app
2156
uent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué,
il
veut voir encore cette fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même
2157
tte fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même
il
se perd en méditations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il
2158
ations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin
il
court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séan
2159
sommeil l’en délivre. Au matin il court se voir :
il
est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal
2160
meil l’en délivre. Au matin il court se voir : il
est
laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’
2161
u matin il court se voir : il est laid. Lâchement
il
se prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’énervent, mais l’av
2162
ances lui font du mal, l’énervent, mais l’aveu qu’
il
en consent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons da
2163
n offre à Stéphane sa tête, son portrait en pied.
Il
se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en
2164
son image descend en face de lui par l’ascenseur,
elle
le suit au long des trottoirs, il l’aperçoit entre des souliers, des
2165
l’ascenseur, elle le suit au long des trottoirs,
il
l’aperçoit entre des souliers, des étiquettes, des poupées ; elle le
2166
entre des souliers, des étiquettes, des poupées ;
elle
le précède au restaurant, le nargue brièvement au passage des autos,
2167
oiffeur. Déjà, c’est avec une sorte d’angoisse qu’
il
la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’
2168
est avec une sorte d’angoisse qu’il la recherche.
Il
veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de
2169
goisse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’
il
est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre son image pour
2170
sse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’il
est
parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre son image pour cell
2171
ut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’
il
lui arrive de prendre son image pour celle de n’importe quel passant,
2172
e son image pour celle de n’importe quel passant,
il
se sent comme séparé de soi, et si profondément différent de cette ap
2173
si profondément différent de cette apparence, qu’
il
doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y c
2174
éalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante.
Il
y cherche une révélation et n’y trouve que le désir d’une révélation.
2175
on. Peut-on s’hypnotiser avec son propre regard ?
Il
n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre l
2176
à soi-même qui pourrait lui rendre la certitude d’
être
. Mais il s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminua
2177
qui pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais
il
s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertig
2178
ne à une découverte sur les sept sens de laquelle
il
convient de méditer : la personne se dissout dans l’eau des miroirs.
2179
onne se dissout dans l’eau des miroirs. Stéphane
est
en train de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-il découvri
2180
de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-
il
découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il fau
2181
si qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’
il
faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l’homme moderne un bes
2182
dans l’homme moderne un besoin de vérifier qui n’
est
plus légitime dès l’instant qu’il se traduit par la négation de l’inv
2183
vérifier qui n’est plus légitime dès l’instant qu’
il
se traduit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu con
2184
Stéphane n’a pas eu confiance. Or la personnalité
est
un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement, i
2185
est un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’
il
est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulen
2186
t un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’il
est
. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pa
2187
téphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement,
il
ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pas se fatiguer pour
2188
d’une aventure qui en a bien d’autres, d’aspects.
Il
est bon que le lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’avoi
2189
ne aventure qui en a bien d’autres, d’aspects. Il
est
bon que le lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’avoir pa
2190
te aux considérations précédentes lui échappe, qu’
il
y voie une de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot de prière.
2191
re miroir, nous perdons une Eurydice. Les miroirs
sont
peut-être la mort. La mort absolue, celle qui n’est pas une vie nouve
2192
t peut-être la mort. La mort absolue, celle qui n’
est
pas une vie nouvelle. La mort dans la transparence glaciale de l’évid
2193
à propos de rien, Stéphane pense avec fièvre : «
Il
faudrait briser tous les miroirs. Alors tu te verrais en vérité. Peut
2194
sous un autre visage. Car oublier son visage, ne
serait
-ce pas devenir un centre de pur esprit ? » C’est un premier filet d’e
2195
de s’hypnotiser l’irrite toujours vaguement. Mais
il
fuit son propre regard, il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourq
2196
ujours vaguement. Mais il fuit son propre regard,
il
se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fait peur à certaine
2197
il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi
il
fait peur à certaines femmes. Un soir, après quelques alcools et un
2198
une amie d’une beauté de plus en plus frappante,
il
croit saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lu
2199
ir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui
serait
lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une nais
2200
de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà
il
se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stépha
2201
appels qui reçoivent en même temps leur réponse,
il
répète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !… Je ne sai
2202
pète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas : je
suis
!… Je ne sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce fut un jou
2203
ne sais pas : je suis !… Je ne sais plus… mais je
suis
! » Un peu plus tard, ce fut un jour de grand soleil sur toutes les
2204
sais plus… mais je suis ! » Un peu plus tard, ce
fut
un jour de grand soleil sur toutes les verreries de la capitale. Les
2205
sage me cache tous les miroirs » — à une femme qu’
il
aimait. m. « Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même », Ca
2206
Sherwood Anderson, Mon père et moi et Je
suis
un homme (janvier 1929)ax Le critique se sent désarmé et légèremen
2207
i raconte sa vie avec une émouvante simplicité et
il
faudrait avoir la grossièreté de lui répondre d’un air connaisseur qu
2208
ette autobiographie tellement au sérieux que j’ai
été
bien étonné du passage où il rappelle qu’il écrit la vie d’un homme d
2209
au sérieux que j’ai été bien étonné du passage où
il
rappelle qu’il écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne
2210
j’ai été bien étonné du passage où il rappelle qu’
il
écrit la vie d’un homme de lettres. En réalité, on ne le voit pas enc
2211
sous cet aspect dans ces deux premiers tomes, où
il
décrit des scènes de son enfance et de sa jeunesse comme ouvrier. L’a
2212
et de sa jeunesse comme ouvrier. L’art d’Anderson
est
étonnant d’apparente simplicité. Le récit s’avance à une allure libre
2213
perspectives saisissantes sur l’époque. Anderson
est
avant tout un poète, un homme qui aime inventer et que cela console d
2214
nent nous rapprendre que les sources de la poésie
sont
dans notre maison. Voici un de ces passages où il sait être, avec sa
2215
nt dans notre maison. Voici un de ces passages où
il
sait être, avec sa verve doucement comique, si émouvant : « À cette é
2216
notre maison. Voici un de ces passages où il sait
être
, avec sa verve doucement comique, si émouvant : « À cette époque je c
2217
mme ou d’une femme quelconque, et disais “houu !”
il
ou elle se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que n
2218
d’une femme quelconque, et disais “houu !” il ou
elle
se secouerait enfin, que moi aussi je me secouerais, et que nous nous
2219
la standardization à sa fin logique, ne pourrait-
il
pas être considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendr
2220
ndardization à sa fin logique, ne pourrait-il pas
être
considéré un jour comme le grand tueur de son époque ? Rendre impuiss
2221
à la présidence de la République. Qu’un tel acte
serait
adéquat ! Tamerlan, dont la spécialité était l’assassinat du corps hu
2222
cte serait adéquat ! Tamerlan, dont la spécialité
était
l’assassinat du corps humain, mais qui raconte dans son autobiographi
2223
te dans son autobiographie que son désir constant
était
que tous les hommes vivant sous lui conservassent la virilité et le r
2224
ui conservassent la virilité et le respect de soi
était
de son temps le souverain du monde. Tamerlan pour les anciens. Ford p
2225
ax. « Sherwood Anderson : Mon père et moi et Je
suis
un homme (Kra, Paris) », Bibliothèque universelle et Revue de Genève,
2226
ervelles et les réputations. 3. Belles-Lettres n’
est
compréhensible et légitime que dans la mesure où la poésie est compré
2227
sible et légitime que dans la mesure où la poésie
est
compréhensible et légitime. 4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles
2228
ù la poésie est compréhensible et légitime. 4. Je
suis
de sang-froid, je dis : Belles-Lettres est essentiellement une mystiq
2229
4. Je suis de sang-froid, je dis : Belles-Lettres
est
essentiellement une mystique. Mais parce que je suis de sang-froid, j
2230
t essentiellement une mystique. Mais parce que je
suis
de sang-froid, je ne puis dire grand-chose de plus. On ne se comprend
2231
qu’entre jeunes hommes ivres. Mais alors point n’
est
besoin de formuler cette ivresse ; autrement que par des cris. 5. Ave
2232
s et turpitudes que cela comporte, Belles-Lettres
est
une liberté. Une rude épreuve : on n’en sort que pour mourir ou pour
2233
perdu toute foi ne connaîtront pas de pardon. Car
ils
ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvai
2234
e connaîtront pas de pardon. Car ils ont vu, et s’
ils
n’ont pas cru, c’est qu’ils sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de cho
2235
Car ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’
ils
sont foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne on
2236
ils ont vu, et s’ils n’ont pas cru, c’est qu’ils
sont
foncièrement mauvais.) 6. Peu de choses dans le monde moderne ont enc
2237
t encore une « essence ». Celle de Belles-Lettres
est
en agréable odeur à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’ell
2238
r à l’Éternel et à Satan pareillement. Et ceux qu’
elle
enivre entrent en état de grâce ou de blasphème, selon. Mais ce qui i
2239
blasphème, selon. Mais ce qui importe d’abord, n’
est
-ce point de se livrer, purement et simplement. 7. (Secret). r. « Be
2240
erment sur le vide Tu pleurerais Mais la grâce
est
facile comme un matin d’été la grâce tendrement dénouée de ta vie com
2241
urerais Mais la grâce est facile comme un matin d’
été
la grâce tendrement dénouée de ta vie comme de cette nuit le jour d’u
2242
de ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand
été
qui consent… Ailleurs Colombes lumineuses des mains de mon a
2243
vous ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur
il
est d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour
2244
s ne laissiez le gage aux plaintes de mon cœur il
est
d’autres rivages où mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour I
2245
ù mieux qu’ici l’on meurt. Étoile de jour
Il
naissait à son destin des rayons glissent et rient c’est la caresse d
2246
té dans une ballade fameuse « Que voulez-vous, je
suis
bourgeois ! », l’on peut se permettre quelques malices, quelques jeux
2247
s jeux d’esprit ou de méchanceté, assuré que l’on
est
désormais d’être absous avec le sourire par la clientèle des librairi
2248
ou de méchanceté, assuré que l’on est désormais d’
être
absous avec le sourire par la clientèle des librairies romandes, en m
2249
ître et que cela n’a point stérilisé : sa nature,
il
est vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimension
2250
e et que cela n’a point stérilisé : sa nature, il
est
vrai, s’y prêtait, peu complexe et comme réduite à deux dimensions ;
2251
it critique fort alerte. Jugez-en à la façon dont
il
parle de « ses quelques succès, si disproportionnés avec son mérite »
2252
es succès, si disproportionnés avec son mérite ».
Il
ajoute : « j’ai eu la chance de discerner très jeune, avec une clairv
2253
la perspective manque souvent à ces récits : ce n’
est
point un paysage d’âme qu’on y cherche, mais l’anecdote bien tournée,
2254
is l’anecdote bien tournée, des noms connus. Tout
est
sur le même plan ; le dessin d’ailleurs est élégant. Mais comme tout
2255
Tout est sur le même plan ; le dessin d’ailleurs
est
élégant. Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve. Est-ce qu’
2256
Mais comme tout cela manque de chair. Et de rêve.
Est
-ce qu’en ce temps-là on ne se nourrissait vraiment que de petits mots
2257
voix haute, aucune couleur vive. Les journaux qu’
ils
lisent annoncent chaque jour quelque catastrophe imminente, une révol
2258
à la Hofburg… Mais les nouvelles de l’Opéra aussi
sont
en grosses lettres, et tout cela finira bien par s’arranger, comme au
2259
comme au dernier acte d’une opérette. Ce peuple s’
est
résigné avec une facilité incroyable à la défaite, au marxisme, au ch
2260
un coussin aux curieux dessins noirs et blancs :
il
représente l’ancienne Hongrie découpée en blanc sur fond noir et port
2261
iers de notre pays ?… Non, non, jamais ! » La rue
est
sale à cause de la fonte de la neige (une boue ocre, épaisse, on envi
2262
ds comme une nuée d’insectes affolés. Les maisons
sont
basses, couvertes du haut en bas d’affiches rouges et jaunes et d’ins
2263
ns munichoises. Puis un palais gothique 1880, qui
est
le Parlement. Et voici la trouée du Danube, Bude solidement amarrée à
2264
auve s’élève la montagne de pierre de St-Gellert.
Elle
tombe en hautes falaises dans le Danube, froide et nue, mais dans son
2265
superbement cette ville désordonnée. Derrière, ce
sont
des rues silencieuses, provinciales, bordées de petits palais à un ét
2266
ylles démodées… Rentrons dans la ville un soir qu’
elle
s’amuse. Vous avez dîné au paprika chez des gens qui vous ont reçu co
2267
votre bonheur et vous voyez bien que Mme Varshany
est
une grande artiste. Vous vous êtes levé, comme tout le monde, à l’ent
2268
ue Mme Varshany est une grande artiste. Vous vous
êtes
levé, comme tout le monde, à l’entrée d’un des archiducs. Car ce peup
2269
Saisir (juin 1929)ay Ce petit livre de poèmes
est
comme une initiation au silence. Il faut s’en approcher avec une douc
2270
re de poèmes est comme une initiation au silence.
Il
faut s’en approcher avec une douceur patiente, et le laisser créer en
2271
ilence particulier avant d’entendre les signes qu’
il
nous propose. Une telle poésie n’offre aux sens que peu d’images (à p
2272
sur la nuance mate d’un paravent chinois). Ce qu’
elle
décrit, ce sont des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des
2273
ate d’un paravent chinois). Ce qu’elle décrit, ce
sont
des perceptions de l’âme plus que de l’esprit ou des sens. « Reste im
2274
ue dans le silence « aux yeux gelés de rêverie »,
il
se confond avec l’ombre du monde. Et l’âme peut enfin « saisir » dans
2275
nfin « saisir » dans leur réalité les choses dont
elle
s’est dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblai
2276
saisir » dans leur réalité les choses dont elle s’
est
dégagée et qu’elle voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivr
2277
réalité les choses dont elle s’est dégagée et qu’
elle
voit dans une autre lumière : « Tout semblait vivre au fond d’un insi
2278
’un insistant regard. » Le poète des Gravitations
est
ici descendu plus profond en soi-même ; son art y gagne en densité, e
2279
uce et virile ; et quel beau titre ! « Saisir » n’
est
-ce point l’acte essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est
2280
essentiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’
est
-elle pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est ic
2281
ntiel de la poésie ? Toute poésie véritable n’est-
elle
pas proprement « saisissante » ? Mais le plus émouvant, c’est ici l’a
2282
rlin (15 juillet 1929)n « Je lui ai raconté qu’
il
habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort les portes ouv
2283
il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’
il
dort les portes ouvertes, et pendant des heures récite des odes grecq
2284
esse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont
il
a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches s
2285
urs touches sonnent encore, et c’est là-dessus qu’
il
improvise, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaît
2286
rminant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont
il
a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu at
2287
lu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais
il
est plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou.
2288
attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il
est
plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’
2289
temps doit vouer l’attention la plus grave — car
il
vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l
2290
u’aujourd’hui le hasard qui m’amène à Tubingue ne
soit
pas seulement un hasard… Hier, c’était la Pentecôte. La fête de la pl
2291
s ce siècle, où tant de voix l’appellent, combien
sont
dignes de s’attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qu
2292
don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’
est
posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au vi
2293
e Grand Jeu. Dix années où le génie tourmente cet
être
faible, humilié par le monde. L’amour s’éloigne le premier, quand Höl
2294
t à peine sensible dans son œuvre. Car ce poète n’
est
peut-être que le lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui
2295
connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ?
Il
règne dans ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient le temps
2296
de son monologue entre terre et ciel lui échappe.
Il
jette encore quelques cris brisés : « Ô vieux démon ! — je te rappell
2297
sse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où
il
veut. Juin 1802 : au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d
2298
moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’
elle
(dans la région de Bordeaux croit-on), est frappé d’insolation ; sa f
2299
oin d’elle (dans la région de Bordeaux croit-on),
est
frappé d’insolation ; sa folie d’un coup l’envahit. C’est une sorte d
2300
sson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui
fut
Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’il donne aux
2301
lin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’
il
donne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’un miracle. —
2302
le. — C’était l’époque des amateurs de ruines. Je
suis
descendu au bord de l’eau, un peu au-dessous de la maison, en attenda
2303
e penchent vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui
est
celle d’une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent un r
2304
be, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’
ils
n’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homm
2305
uts et sombres, qui paraîtraient immenses s’ils n’
étaient
à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me c
2306
s. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit
est
le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ? — questionne-t
2307
el. « Monsieur connaît Hölderlin ? — questionne-t-
il
, méfiant — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, i
2308
? — questionne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’
il
y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était
2309
nt — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’
est
-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaîtr
2310
n, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas,
ils
ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portra
2311
lus affreuses sur son compte, simplement parce qu’
il
a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer
2312
e familièrement l’image d’une femme par le nom qu’
elle
portait au mystère de l’amour… Trois petites fenêtres ornées de cactu
2313
son banc et ses lilas fleuris qui trempent… Tout
est
familier, paisible au soleil. Il passait des heures à cette fenêtre,
2314
trempent… Tout est familier, paisible au soleil.
Il
passait des heures à cette fenêtre, à marmotter. Vingt-sept ans dans
2315
a jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’
elles
ont fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rie
2316
ongtemps qu’elles ont fui. Avril et mai et juin
sont
lointains, Je ne suis plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait
2317
i. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne
suis
plus rien, je n’aime plus vivre. Il y avait encore plus de paix que
2318
ur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons.
Il
voyait des prairies et des collines basses, de l’autre côté de l’eau
2319
es, de l’autre côté de l’eau jaune et verte… Quel
est
donc ce sommeil « dans la nuit de la vie » — et cet aveu mystérieux :
2320
ux : « La perfection n’a pas de plainte »… Vivait-
il
encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme
2321
e ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien :
il
y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, j
2322
e lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y
est
comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, je pour
2323
ez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-
il
, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de v
2324
nd-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre.
Il
ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4… Une rue étouff
2325
encontrent, qui montent au Séminaire protestant :
il
leur fait de grandes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une gra
2326
s les marronniers. À quatre heures, l’orchestre s’
est
mis à jouer des ringues charmantes, jazz et clarinette, chansons de m
2327
qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce qui
est
le comble des vacances. À une table voisine, des adolescents balafrés
2328
ie normale. Il y a pourtant cette petite chambre…
Est
-ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il est bon de poser par
2329
Est-ce que tout cela existe dans le même monde ? (
Il
est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi
2330
-ce que tout cela existe dans le même monde ? (Il
est
bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vé
2331
rop courts, qui se promènent tout seuls… Et puis,
il
lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et p
2332
rts, qui se promènent tout seuls… Et puis, il lui
est
arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n
2333
, il lui est arrivé quelque chose de terrible, où
il
a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant.
2334
chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis
il
n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes
2335
de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’
est
revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?
2336
rps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?…
Il
a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce g
2337
de « bourgeois cultivés » à faire la bête dès qu’
il
s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je n
2338
ir de je ne sais quelle revanche du médiocre dont
ils
se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré
2339
éféré faire tout de suite la bête : comme cela on
est
mieux pour donner le coup de pied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina —
2340
ied de l’âne… Écoutons plutôt Bettina — la vérité
est
plus humaine, est plus divine, quand c’est une telle femme qui la con
2341
tons plutôt Bettina — la vérité est plus humaine,
est
plus divine, quand c’est une telle femme qui la confesse : « Celui qu
2342
es musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau…
elle
est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde
2343
siquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle
est
tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde, de
2344
urs et d’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-
il
donc que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain
2345
lement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux
soit
absurde, de ces mondes à mes yeux soudain simultanés ?… Le tragique
2346
multanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’
elle
n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, t
2347
s ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’elle n’
est
qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, triomph
2348
est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme
elle
paraît ici bien établie, triomphante, à beau fixe. Pourquoi troubler
2349
ces eaux, ces âmes indulgentes à leur banalité ?
Est
-ce qu’ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement,
2350
ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce qu’
ils
ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand l’a
2351
etite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où
ils
ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’
2352
ment, nous fait comprendre, dans le temps même qu’
il
nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais que
2353
s le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’
il
est bon qu’il y ait le monde… Mais que cette musique vulgaire, par qu
2354
e temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’il
est
bon qu’il y ait le monde… Mais que cette musique vulgaire, par quel h
2355
ttina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où
il
était précepteur. Madame Gontard est la Diotima de l’Hypérion et des
2356
na von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où il
était
précepteur. Madame Gontard est la Diotima de l’Hypérion et des poèmes
2357
rode. 12. Où il était précepteur. Madame Gontard
est
la Diotima de l’Hypérion et des poèmes. n. « La tour de Hölderlin »,
2358
ges (août 1929)az Après cet austère Pays qui n’
est
à personne paru l’année dernière — un livre assez troublant et qu’on
2359
isme, à notre cher romantisme. La Clef des songes
est
de nouveau une dérive fantaisiste dans ce monde un peu plus léger, un
2360
ard, complice des poètes, lui fait rencontrer des
êtres
bizarres avec lesquels il n’hésite pas à faire un bout de chemin, Han
2361
fait rencontrer des êtres bizarres avec lesquels
il
n’hésite pas à faire un bout de chemin, Hans le gardeur d’oies, le gu
2362
venirs attristés par le temps, des visages qui ne
sont
plus tout à fait les mêmes, des bonheurs qui signifient plus de déses
2363
des bonheurs qui signifient plus de désespoir qu’
ils
ne s’en doutent… C’est un dévergondage sentimental, plein de malices
2364
e malices et d’envies de pleurer. Quel dommage qu’
il
s’égare parfois dans les maisons des grands bourgeois, où tout, souda
2365
t tendre que prennent les hommes en liberté. Mais
ils
ne sont jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, u
2366
e que prennent les hommes en liberté. Mais ils ne
sont
jamais méchants, et seulement aux dernières pages du livre, un peu am
2367
peu amers… On voudrait un livre de Cassou qui ne
serait
fait que de ces intermèdes ; pur de tout souci de vraisemblance extér
2368
e tout souci de vraisemblance extérieure ; qui ne
serait
qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce serait un de ces miracles
2369
erait qu’invention, qui inventerait sa vérité. Ce
serait
un de ces miracles de liberté dont nous avons besoin pour croire que
2370
us avons besoin pour croire que le monde actuel n’
est
pas un cas désespéré. Mais voici déjà dans l’œuvre de Jean Cassou, et
2371
29)ba À lire ce petit livre et le parallèle qu’
il
établit entre le yogabb telle que l’enseignaient les upanishads et la
2372
a tentative poétique de Rimbaud, l’on s’étonne qu’
il
ait fallu plus d’un demi-siècle pour qu’une telle interprétation voie
2373
d l’auteur de cet essai — la voyance de Rimbaud —
est
une de ces évidences qu’il est bon de proposer à la réflexion de notr
2374
voyance de Rimbaud — est une de ces évidences qu’
il
est bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que pour
2375
yance de Rimbaud — est une de ces évidences qu’il
est
bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne fût-ce que pour fai
2376
bon de proposer à la réflexion de notre temps, ne
fût
-ce que pour faite honte à ceux qui sont encore capables d’une telle h
2377
temps, ne fût-ce que pour faite honte à ceux qui
sont
encore capables d’une telle honte, de leur indifférence à l’endroit d
2378
elle honte, de leur indifférence à l’endroit de l’
être
le plus monstrueusement pur qui se soit révélé par le truchement de l
2379
roit de l’être le plus monstrueusement pur qui se
soit
révélé par le truchement de la poésie française. — Livre un peu didac
2380
uiert l’œuvre de Rimbaud. Regrettons seulement qu’
il
n’élargisse pas plus une question aussi centrale — qui est, si l’on v
2381
rgisse pas plus une question aussi centrale — qui
est
, si l’on veut, la question d’Orient-Occident. Et pourquoi cette hosti
2382
ée par Claudel et Isabelle Rimbaud ? Si Claudel s’
est
montré partial en faisant de Rimbaud, « mystique à l’état sauvage »,
2383
e à l’état sauvage », un catholique qui s’ignore,
il
n’est pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le cath
2384
’état sauvage », un catholique qui s’ignore, il n’
est
pas plus admissible d’inférer du mépris de Rimbaud pour le catholicis
2385
e, Genève, août 1929, p. 250-251. bb. Le féminin
est
ici conservé, conformément au texte original.
2386
da, La Fin de l’Éternel (novembre 1929)bc Ce n’
est
plus l’heure de venir prendre position dans un débat où les voix les
2387
ébat où les voix les mieux écoutées ont dit ce qu’
elles
avaient à dire. Et d’autre part, les lecteurs de cette revue connaiss
2388
ntéressé de Julien Benda, et l’obligation où nous
sommes
tous désormais de répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure. Je s
2389
répondre pour nous-mêmes à sa mise en demeure. Je
suis
loin de partager toutes les idées de M. Benda, sur le plan philosophi
2390
e me sens bien plus près de M. Gabriel Marcel, qu’
il
attaque. (M. Benda trahit à son tour quand il tire argument contre un
2391
qu’il attaque. (M. Benda trahit à son tour quand
il
tire argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’elle « mène loin
2392
e argument contre une thèse de M. Marcel de ce qu’
elle
« mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela serait ! dirons-nous
2393
« mène loin… dans l’ordre moral ». Et quand cela
serait
! dirons-nous, — avec le Benda qui ne trahit pas.) D’autre part, de p
2394
l’éternel », la chute de l’idée dans la matière,
est
un phénomène exactement aussi vieux que le monde. Mais M. Benda disti
2395
vieux que le monde. Mais M. Benda distinguera, et
ils
seront confondus. Car il y a un sophiste en M. Benda, un polémiste qu
2396
x que le monde. Mais M. Benda distinguera, et ils
seront
confondus. Car il y a un sophiste en M. Benda, un polémiste qui joue
2397
qui joue de la raison ratiocinante tout comme si
elle
n’était pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui n
2398
ue de la raison ratiocinante tout comme si elle n’
était
pas le contraire de la Raison de Spinoza. Nul mieux que lui ne s’ente
2399
de la difficulté elle-même. Mais pour gênante que
soit
souvent son adresse de logicien, elle ne doit pas nous masquer l’auda
2400
gênante que soit souvent son adresse de logicien,
elle
ne doit pas nous masquer l’audace tranquille et admirable de son poin
2401
impossible. Mais justement, la gloire de M. Benda
sera
d’avoir soutenu que l’humanité a besoin qu’on lui demande l’impossibl
2402
u’on lui demande l’impossible. Et quand bien même
elle
croirait n’en avoir plus besoin. Cet extrémisme de la pensée intempor
2403
agon. Et Daudet nous apprend que « le petit Benda
est
un fameux serin ». Mais ces affirmations sont exactement celles qu’il
2404
enda est un fameux serin ». Mais ces affirmations
sont
exactement celles qu’il fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne
2405
. Mais ces affirmations sont exactement celles qu’
il
fallait attendre de ces auteurs. Ce qu’on ne viendra pas disputer à M
2406
même qui paraît anarchique dans un monde où tout
est
bon à quelque chose, où rien plus n’est tenu pour vrai que relativeme
2407
e où tout est bon à quelque chose, où rien plus n’
est
tenu pour vrai que relativement à un rendement. Rien, pas même la rel
2408
une fois un jeune homme comme les autres. Soudain
il
lui pousse des ailes, une grande paire d’ailes. Allait-on s’émerveill
2409
inrent lui dire ses amis, — l’orgueil t’aveugle-t-
il
? Veux-tu conserver, ô cruel, des ailes qui donnent des rhumes à ton
2410
ailes qui donnent des rhumes à ton grand-père et
sont
en scandale aux meilleurs esprits ? Voici que tu t’apprêtes visibleme
2411
ids de cette accusation, comment ne point céder :
il
fit couper ses ailes. On le félicita de son retour à l’état normal, q
2412
On le félicita de son retour à l’état normal, qui
est
pédestre. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il était dev
2413
e. Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’
il
était devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera
2414
Mais à partir de ce jour, on lui fit sentir qu’il
était
devenu beaucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes sera persé
2415
aucoup moins intéressant. ⁂ Celui qui a des ailes
sera
persécuté à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas sera mépris
2416
é à cause de ses ailes, mais celui qui n’en a pas
sera
méprisé parce qu’il n’en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clama
2417
, mais celui qui n’en a pas sera méprisé parce qu’
il
n’en a pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-ils, combien co
2418
a pas. Le libéralisme Seigneur ! clamaient-
ils
, combien complexes sont les problèmes que vous proposez à notre bonne
2419
me Seigneur ! clamaient-ils, combien complexes
sont
les problèmes que vous proposez à notre bonne volonté gémissante ! Di
2420
porteur d’une solution fort simple qui d’ailleurs
était
la bonne, car le grand Remède, c’est un Simple. Des hurlements de rag
2421
nt la Démocratie outragée, les autres disaient qu’
il
n’y a plus de morale, et ces jeunes gens ont une façon de trancher le
2422
rti, l’ange trouva son salut dans un subterfuge :
il
insinua qu’il parlait au nom d’une secte orientale. Aussitôt la discu
2423
ouva son salut dans un subterfuge : il insinua qu’
il
parlait au nom d’une secte orientale. Aussitôt la discussion de repre
2424
ur la nature de l’inspiration, un doute lui vint.
Il
alla au cinéma. On donnait un film voluptueux. Il aima l’héroïne, mai
2425
Il alla au cinéma. On donnait un film voluptueux.
Il
aima l’héroïne, mais sans espoir. Il lui écrivit, en sortant de là, d
2426
voluptueux. Il aima l’héroïne, mais sans espoir.
Il
lui écrivit, en sortant de là, dans une crèmerie pleine de couples à
2427
rie pleine de couples à la mode. Mais en écrivant
il
pensait à une femme blonde assise près de lui. Ayant demandé un timbr
2428
l’attention de la femme blonde — sans résultat —,
il
écrivit une adresse réelle, et mit la lettre dans la première boîte v
2429
ettre dans la première boîte venue. Le lendemain,
il
reçut une réponse : « Vous avez commis une erreur, cher ami, mais bie
2430
claration d’amour destinée à une femme blonde. Je
suis
noire. Mais je sais qui c’est. J’ai fait suivre. Alexandrine un jour
2431
uivre. Alexandrine un jour m’a laissé entendre qu’
elle
vous aime. Elle attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces
2432
ne un jour m’a laissé entendre qu’elle vous aime.
Elle
attend votre lettre depuis des mois. Je pense que ces lignes vous tro
2433
s vous trouveront réunis. Avec ma bénédiction, je
suis
votre amie Joséphine. » — Le poète reprit son manuscrit et conclut :
2434
reprit son manuscrit et conclut : « L’inspiration
est
le nom qu’on donne en poésie à une suite de malentendus heureusement
2435
Avant-propos Le dire une bonne fois.
Il
ne faut pas songer à décrire en quarante petites pages tous les méfai
2436
r leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai.
Il
a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 exc
2437
que, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’
il
est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moin
2438
, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’il
est
pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins ph
2439
qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein
est
assez différent, moins philosophique et point du tout technique. J’ap
2440
us un régime radical à sécrétion socialiste qui a
été
établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformément à
2441
âtres aboutit à l’instruction publique et grâce à
elle
prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir
2442
areils souvenirs légitiment toutes les haines. Je
serai
méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit éc
2443
rit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement.
Il
est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté.
2444
ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il
est
un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Défi
2445
nds pas même parler au nom de ma génération, ne m’
étant
pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me do
2446
le. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche,
ils
sont plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être compli
2447
Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
sont
plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices d
2448
s nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’
être
complices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’est en fait l’es
2449
plices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’
est
en fait l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs se lamentent,
2450
mour, où tout se confond miraculeusement, gémir n’
est
pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde auss
2451
e l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’
est
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitup
2452
. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui
est
laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pa
2453
érer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
est
brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-
2454
a soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’
est
pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-bas
2455
Citoyen conscient et organisé pour la discussion.
Il
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de
2456
isé pour la discussion. Il retrousse ses manches.
Il
s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
2457
sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
il
va parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui s
2458
lique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous
êtes
pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vrai
2459
ment exagéré pour la jugeote de l’adversaire ou s’
il
traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâch
2460
type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous
êtes
un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi,
2461
e l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce
sont
les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je le
2462
ux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’
ils
ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuve
2463
ent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’
ils
ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réfor
2464
n qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous
êtes
un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’
2465
s un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce
sont
les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se livre
2466
les discussions de la tranquillité avec laquelle
ils
brouillent les faits et les principes. Tourmentés par les scrupules d
2467
és par les scrupules de leur conscience libérale,
ils
fuient la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherc
2468
ant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent
être
légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne pui
2469
1. Mes prisons
Il
existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’
2470
ndrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est qu’
ils
les confondent avec ceux de leur enfance et les font indûment partici
2471
t participer de la même grâce. Voyez Péguy, quand
il
essaie de nous faire croire qu’« il n’y a rien au-dessus » de la tâch
2472
Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’«
il
n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces b
2473
roit… Et de ces beaux problèmes d’arithmétique où
il
fallait si soigneusement séparer les calculs du raisonnement, par une
2474
s trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
suis
sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dan
2475
plier le tapissier par le prix du mètre courant n’
est
pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les
2476
tre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit
être
qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de
2477
mmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’
est
-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais
2478
quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance
est
ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes da
2479
qu’on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’
il
fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de vaincus, les to
2480
guliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’
est
qu’une dissonance douloureuse2. Deux angoisses dominent mon enfance :
2481
école, parce que c’est la loi. La première classe
fut
agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais
2482
lignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’
étais
délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui alig
2483
uoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits
êtres
en tabliers bleus qui alignaient leurs bâtons en rêvant à leur manièr
2484
nd venait mon tour, je savais rarement où l’on en
était
. Cela m’attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacr
2485
es acides, et naturellement, la phrase sacrée : «
Il
faut que tous fassent la même chose, ici ! » Dans la suite, on se cha
2486
sse plus aucune velléité d’originalité. Mais pour
être
rentrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit a
2487
iginalité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en
fut
que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 an
2488
garde contre moi-même à cause des autres desquels
il
ne fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau s
2489
type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent
être
égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait
2490
» que je viens de citer, je découvris un jour qu’
elle
contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un cert
2491
contient la cause déterminante de notre malaise.
Il
me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais ce
2492
uvris, c’est-à-dire que je me posai la question :
est
-ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la premiè
2493
uestion : est-ce vrai que tous les hommes doivent
être
égaux en tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai
2494
ivent être égaux en tout ? Et la première réponse
fut
: Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende
2495
être égaux en tout ? Et la première réponse fut :
Il
faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses
2496
out ? Et la première réponse fut : Il faut que ce
soit
vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C’étai
2497
aux vertueuses indignations de nos maîtres quand
ils
dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous éti
2498
marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous
étions
marqués par Numa Droz et les manuels des Frères ∴, par l’esprit petit
2499
s des Frères ∴, par l’esprit petit-bourgeois, qui
est
une généralisation de l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
2500
e l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
sont
une généralisation de la règle de trois, aussi profondément certes qu
2501
rois, aussi profondément certes qu’un Voltaire le
fut
par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verde
2502
ar les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-
ils
assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. M
2503
laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’
il
pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressor
2504
é des décrets humains. Le prix de mes souffrances
était
donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’a
2505
ettre en doute : mais un jour je compris que ce n’
étaient
que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplif
2506
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce
fut
ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaiteme
2507
t comme l’achèvement idéal et nécessaire — et qui
était
le seul pour lequel on nous préparait —, c’était un système d’abstrac
2508
i les charges de l’État, piliers d’un régime dont
ils
sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure e
2509
s charges de l’État, piliers d’un régime dont ils
sont
les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure exacte
2510
e dont ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’
ils
l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions pl
2511
s miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’
il
convient de s’incliner devant les miracles de la science appliquée. O
2512
-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier
est
l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de
2513
ions nous empêcher de croire que le petit ouvrier
est
bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuye
2514
s un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui
sont
dans les livres — et nulle part ailleurs. Maigre nourriture pour nos
2515
nnues d’anciens camarades d’école primaire. Comme
ils
avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenus pl
2516
ient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on
était
devenus plus différents. Car ces différences sont les premières marqu
2517
tait devenus plus différents. Car ces différences
sont
les premières marques de la vie vécue et l’on aime à y découvrir la s
2518
urs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause :
ils
n’étaient jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon é
2519
eux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’
étaient
jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élève qu’un
2520
a pas de solution de continuité, la différence n’
étant
qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire es
2521
’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire
est
sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pou
2522
e de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut
être
défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris po
2523
que des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’
il
soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être
2524
des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’il
soit
officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être cons
2525
u troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’
être
consciencieux, à une façon blessante d’être supérieur, à une façon li
2526
nte d’être consciencieux, à une façon blessante d’
être
supérieur, à une façon livresque d’expliquer les choses, à une façon
2527
er les choses, à une façon théorique de juger les
êtres
. Ces distributeurs automatiques (brevetés par le gouvernement) de la
2528
ire — ne se prennent pas pour de la petite bière.
Ils
ont conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de
2529
ir à une élite responsable, cela se voit de loin.
Il
faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le pl
2530
faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’
ils
méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter
2531
n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et
ils
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles au
2532
ils auraient souvent l’occasion de s’en douter s’
ils
étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en di
2533
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils
étaient
sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas
2534
spect et trémolo d’un môssieu très instruit, vous
êtes
presque certain qu’il s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’on aime
2535
ssieu très instruit, vous êtes presque certain qu’
il
s’agit d’un de ces cuistres pédants qu’on aime rencontrer dans des fa
2536
pédants qu’on aime rencontrer dans des farces où
ils
sont drôles, mais non point dans la vie courante où ils le sont beauc
2537
ants qu’on aime rencontrer dans des farces où ils
sont
drôles, mais non point dans la vie courante où ils le sont beaucoup m
2538
nt drôles, mais non point dans la vie courante où
ils
le sont beaucoup moins. Le Messieu fait sans doute des vers sur la vi
2539
es, mais non point dans la vie courante où ils le
sont
beaucoup moins. Le Messieu fait sans doute des vers sur la violette,
2540
riodiquement, comme on fait… un rhume de cerveau.
Il
joue de quelque instrument. Il a des idées modernes sur tous les suje
2541
rhume de cerveau. Il joue de quelque instrument.
Il
a des idées modernes sur tous les sujets, espécialement sur la pédago
2542
ie. Ce mot revient souvent dans sa conversation ;
il
le prononce avec un inimitable sérieux, avec un P majuscule. On sent
2543
ent que c’est là son affaire : Monsieur en un mot
est
M’sieu l’Instituteur. Signes particuliers : cheveux longs, regard pro
2544
ceur. Car le type populaire du poète romantique s’
est
dégradé en deux sous-types posthumes : l’artiste photographe et le ré
2545
ne à quoi peut mener l’enseignement donné par des
êtres
qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque pendant que n
2546
les méthodes. Simple remarque pendant que nous en
sommes
aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe sociale, de la
2547
que pendant que nous en sommes aux instituteurs :
ils
sortent tous de la même classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est
2548
la même classe sociale, de la petite bourgeoisie.
Est
-ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire
2549
ue l’apport des instituteurs, ou bien préexiste-t-
il
dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-il les petits bourge
2550
dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-
il
les petits bourgeois comme le portrait de Numa Droz attirait les mouc
2551
de Numa Droz attirait les mouches ? (Le verre en
était
toujours jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des pe
2552
t ni l’envie de dire du mal des petits bourgeois.
Ils
sont au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de
2553
l’envie de dire du mal des petits bourgeois. Ils
sont
au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de la s
2554
prit petit-bourgeois pris abstraitement et tel qu’
il
se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquine
2555
t et tel qu’il se manifeste dans l’école primaire
est
un véritable virus de mesquinerie, et devrait être soigné au même tit
2556
est un véritable virus de mesquinerie, et devrait
être
soigné au même titre que certaines autres maladies dites « sociales »
2557
es personnes, le décor. La laideur des collèges n’
est
pas accidentelle. C’est celle même du régime. l’architecture de nos «
2558
un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien
être
la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’école publ
2559
riel ? L’école publique, telle que nous la voyons
est
semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui sont dan
2560
tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui
sont
dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la
2561
ui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle.
Ils
ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodé
2562
ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et
ils
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’
2563
parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils
sont
déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absen
2564
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en
est
pas un : mais l’absence de style est encore un style ; c’est même le
2565
le 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style
est
encore un style ; c’est même le pire.
2566
ique — on ne me contestera pas ces raisons puisqu’
elles
me sont absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoig
2567
ne me contestera pas ces raisons puisqu’elles me
sont
absolument personnelles et qu’elles ont la valeur d’un témoignage, ni
2568
uisqu’elles me sont absolument personnelles et qu’
elles
ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il est temps que je
2569
ont la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins —
il
est temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette
2570
la valeur d’un témoignage, ni plus ni moins — il
est
temps que je fasse passer un petit examen aux principes de cette inst
2571
ion passionnément détestée. Vous allez voir comme
il
bafouillent leur « par cœur non compris ». Aux yeux de beaucoup de ge
2572
mpris ». Aux yeux de beaucoup de gens, la passion
est
aveuglante : cela tient pour une bonne part à ce que ces personnes on
2573
part à ce que ces personnes ont les yeux faibles.
Il
serait plus juste de dire que la passion n’a qu’une clairvoyance inté
2574
t à ce que ces personnes ont les yeux faibles. Il
serait
plus juste de dire que la passion n’a qu’une clairvoyance intéressée
2575
a qu’une clairvoyance intéressée : mais celles-là
sont
les plus vives. Enfin, je tiens à reconnaître qu’ici je ne cherche po
2576
. L’esprit d’équité, avec son préjugé pacifiste n’
est
pas toujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne suis pas de c
2577
pacifiste n’est pas toujours l’esprit de vérité,
il
s’en faut. Or je ne suis pas de ceux qui subordonnent la vérité à la
2578
ujours l’esprit de vérité, il s’en faut. Or je ne
suis
pas de ceux qui subordonnent la vérité à la tranquillité bourgeoise.
2579
se. Je tiens le « gain de paix » pour illusoire :
il
consiste à repousser la difficulté dans l’avenir, d’une ou deux génér
2580
enir, d’une ou deux générations. Pendant ce temps
elle
s’aggrave, et nous voici avec l’héritage de cinquante ans de radicali
2581
uante ans de radicalisme sur les bras. L’écheveau
est
tellement embrouillé que déjà plusieurs proposent de trancher le nœud
2582
es. La somme et l’arrangement des parties doivent
être
identiques pour tous les écoliers. Ce plan régit les huit années régl
2583
une vue aussi large que simplifiée. Remarquons qu’
il
suffit pour établir ce programme de disposer d’une ou deux feuilles d
2584
ers rectangulaires, bien proprement.) Évidemment,
il
est préférable de savoir aussi les noms des sciences élémentaires. Ma
2585
rectangulaires, bien proprement.) Évidemment, il
est
préférable de savoir aussi les noms des sciences élémentaires. Mais i
2586
ir aussi les noms des sciences élémentaires. Mais
il
n’est en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfa
2587
ssi les noms des sciences élémentaires. Mais il n’
est
en aucune façon nécessaire de connaître la psychologie des enfants, n
2588
sciences dont on écrit les noms dans les casiers.
Est
-ce que l’étude du trapézoïde est particulièrement indiquée pour prépa
2589
ans les casiers. Est-ce que l’étude du trapézoïde
est
particulièrement indiquée pour préparer les élèves à une composition
2590
enfin des rythmes naturels de l’esprit humain, qu’
il
se trouve que le Créateur n’a point accordés à l’actuelle division ho
2591
comprenons pas la plaisanterie et que notre temps
est
précieux. D’ailleurs, les enfants ne se plaignent pas, de quoi vous p
2592
l’esprit de ces enfants… — Mais on nous paye, et
ils
n’en meurent pas. Les examens Ce sont en principe des « contrôl
2593
ye, et ils n’en meurent pas. Les examens Ce
sont
en principe des « contrôles » comparables à ceux que l’on établit lor
2594
urveiller. Mais en matière de sport, la tricherie
est
difficile, tandis qu’à l’école elle est de règle. Car la qualité et l
2595
, la tricherie est difficile, tandis qu’à l’école
elle
est de règle. Car la qualité et la quantité des réponses « fournies »
2596
tricherie est difficile, tandis qu’à l’école elle
est
de règle. Car la qualité et la quantité des réponses « fournies » par
2597
nt je disais tout à l’heure que la connaissance n’
est
pas exigée de ceux qui établissent les programmes et les examens. « L
2598
plume de divers maîtres primaires et secondaires.
Ils
n’en sont pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui
2599
divers maîtres primaires et secondaires. Ils n’en
sont
pas moins devenus le but même de l’instruction ; la fin qui justifie
2600
aisanteries de gros calibre, car à la vérité ce n’
est
pas d’enseigner qu’il s’agit, mais de soumettre les esprits au contrô
2601
ibre, car à la vérité ce n’est pas d’enseigner qu’
il
s’agit, mais de soumettre les esprits au contrôle de l’État, voyons d
2602
nnaissances De l’existence des programmes, qui
est
un fait, et de l’existence de la Démocratie, qui est une prétention (
2603
un fait, et de l’existence de la Démocratie, qui
est
une prétention (réservons le mot d’idéal), découle cette exigence thé
2604
éorique : tous les enfants doivent à tout instant
être
en mesure 1° d’ingurgiter la même quantité de « matière » ; 2° d’en r
2605
mps. Contentons-nous de remarquer que ce principe
est
à la base du système ; qui repose donc sur une tranquille méconnaissa
2606
e ou deux autres bêtises de cette épaisseur, mais
il
faut reconnaître que jamais on n’avait songé à leur donner une extens
2607
ralentissent et que les plus faibles se forcent.
Elle
ne convient qu’aux médiocres, dont elle assure le triomphe. L’école s
2608
forcent. Elle ne convient qu’aux médiocres, dont
elle
assure le triomphe. L’école s’attaque impitoyablement aux natures d’e
2609
régime des lumières et des compteurs à gaz. Mais
ils
se fâchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse est caractérisé
2610
âchent tout rouge quand on leur dit que la Suisse
est
caractérisée, aux yeux de l’étranger impartial, par sa culture intens
2611
e plus parfait s’appelle le manuel. Un bon manuel
est
un résumé clair et portatif des résultats actuels d’une science. Le b
2612
u’on commence par apprendre le résumé. D’ailleurs
elle
s’arrête là. Les manuels ne correspondent à aucune réalité. Ils ne re
2613
à. Les manuels ne correspondent à aucune réalité.
Ils
ne renferment rien qui soit de première main, rien qui soit authentiq
2614
dent à aucune réalité. Ils ne renferment rien qui
soit
de première main, rien qui soit authentique. Ils négligent toutes les
2615
nferment rien qui soit de première main, rien qui
soit
authentique. Ils négligent toutes les particularités, toutes les « pr
2616
soit de première main, rien qui soit authentique.
Ils
négligent toutes les particularités, toutes les « prises » où pourrai
2617
les « prises » où pourrait s’accrocher l’intérêt.
Ils
dispensent de tout contact direct avec ce dont ils traitent. Or la va
2618
ls dispensent de tout contact direct avec ce dont
ils
traitent. Or la valeur éducative des choses n’apparaît qu’à celui qui
2619
raît qu’à celui qui entre en commerce intime avec
elles
. On apprend plus de deux que de mille, dit un sage oriental dont j’ai
2620
’est qu’on ne peut laisser aux élèves le temps qu’
il
faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils sont forcés de gâcher l
2621
x élèves le temps qu’il faut pour assimiler ce qu’
ils
apprennent. Ils sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a
2622
s qu’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent.
Ils
sont forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur é
2623
’il faut pour assimiler ce qu’ils apprennent. Ils
sont
forcés de gâcher leur travail. Or ce travail n’a qu’une valeur éducat
2624
l. Or ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’
il
n’est pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles
2625
ce travail n’a qu’une valeur éducatrice : s’il n’
est
pas modèle, il est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce
2626
qu’une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle,
il
est absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait a
2627
une valeur éducatrice : s’il n’est pas modèle, il
est
absurde. Mais où sont à l’école les modèles de ce qu’on nommait autre
2628
: s’il n’est pas modèle, il est absurde. Mais où
sont
à l’école les modèles de ce qu’on nommait autrefois la belle ouvrage
2629
tre conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’
il
est des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindriss
2630
conception pénitentiaire de l’école. Mais, s’il
est
des disciplines qui renforcent, il en est d’autres qui amoindrissent.
2631
. Mais, s’il est des disciplines qui renforcent,
il
en est d’autres qui amoindrissent. La discipline scolaire consiste à
2632
s, s’il est des disciplines qui renforcent, il en
est
d’autres qui amoindrissent. La discipline scolaire consiste à faire t
2633
mmobiles et muets 6 heures par jour durant 8 ans.
Il
paraît que cela facilite le travail du maître. Il se peut. Tout dépen
2634
Il paraît que cela facilite le travail du maître.
Il
se peut. Tout dépend de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il
2635
end de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’
il
soit de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à ces
2636
de ce qu’on attend de ce travail. Je doute qu’il
soit
de nature à légitimer l’énormité de l’effort qu’on demande à ces peti
2637
ue la discipline perd tout son sens éducatif et n’
est
plus qu’une entrave énervante, un système de vexations mesquines, pro
2638
ue Tous les pontifes de l’instruction publique
sont
d’accord sur ce point : l’école primaire doit être une école de Démoc
2639
ont d’accord sur ce point : l’école primaire doit
être
une école de Démocratie. Ils insistent sur le fait que les leçons d’i
2640
école primaire doit être une école de Démocratie.
Ils
insistent sur le fait que les leçons d’instruction civique sont insuf
2641
sur le fait que les leçons d’instruction civique
sont
insuffisantes pour former le petit citoyen : il faut que l’enseigneme
2642
sont insuffisantes pour former le petit citoyen :
il
faut que l’enseignement tout entier soit occasion de développer les v
2643
citoyen : il faut que l’enseignement tout entier
soit
occasion de développer les vertus sociales de l’élève. « Une classe e
2644
pper les vertus sociales de l’élève. « Une classe
est
une société en miniature. » Ceci est une énorme bourde. Juxtaposez tr
2645
« Une classe est une société en miniature. » Ceci
est
une énorme bourde. Juxtaposez trente enfants sur les bancs d’une sall
2646
e, vous n’aurez rien qui ressemble en quoi que ce
soit
à aucun état social existant. Ce qui est vrai, c’est que le fait, abs
2647
que ce soit à aucun état social existant. Ce qui
est
vrai, c’est que le fait, absolument nouveau dans l’Histoire, que l’on
2648
sme. La culture de l’esprit démocratique telle qu’
elle
est comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise aut
2649
La culture de l’esprit démocratique telle qu’elle
est
comprise par les instituteurs — et elle ne peut être comprise autreme
2650
le qu’elle est comprise par les instituteurs — et
elle
ne peut être comprise autrement — est essentiellement négative. Elle
2651
t comprise par les instituteurs — et elle ne peut
être
comprise autrement — est essentiellement négative. Elle consiste à pe
2652
teurs — et elle ne peut être comprise autrement —
est
essentiellement négative. Elle consiste à persécuter ceux qui, en que
2653
omprise autrement — est essentiellement négative.
Elle
consiste à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce soit, voudr
2654
à persécuter ceux qui, en quelque manière que ce
soit
, voudraient « se distinguer ». (Le mépris que notre peuple met dans c
2655
té que le bon sens m’eût par ailleurs fait voir :
il
n’y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi est la même pour
2656
y a pas d’égalité réelle possible tant que la loi
est
la même pour tous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il es
2657
ous. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont
il
est aujourd’hui démontré qu’ils donnent une image mensongère de l’anc
2658
. Je ne parle pas des manuels d’histoire, dont il
est
aujourd’hui démontré qu’ils donnent une image mensongère de l’ancienn
2659
s d’histoire, dont il est aujourd’hui démontré qu’
ils
donnent une image mensongère de l’ancienne Suisse, à l’usage du peupl
2660
’usage du peuple souverain qui ne manque pas d’en
être
flatté. Et puis, quelle est cette préparation à la vie qui commence p
2661
i ne manque pas d’en être flatté. Et puis, quelle
est
cette préparation à la vie qui commence par nous soustraire à l’influ
2662
nous soustraire à l’influence de la vie ? Quelle
est
cette éducation sociale qui enlève l’enfant à la famille ?5 Quel est
2663
sociale qui enlève l’enfant à la famille ?5 Quel
est
cet instrument de perfectionnement civique qui assure l’écrasement de
2664
on élève Le bon sens voudrait que le bon élève
soit
celui qui sait utiliser pour son profit humain la petite somme de con
2665
, ni plus ni moins.) Ou encore : que le bon élève
soit
celui qui supporte le mieux le traitement scolaire ; celui dont la va
2666
ées par l’école publique. Mais l’idéal de l’école
est
autre ; il est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit
2667
ole publique. Mais l’idéal de l’école est autre ;
il
est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de nob
2668
publique. Mais l’idéal de l’école est autre ; il
est
même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il soit tout de nobless
2669
est même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’
il
soit tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonne
2670
même tout contraire. On ne peut pas exiger qu’il
soit
tout de noblesse, de vertu et de grandeur. Mais on peut s’étonner de
2671
et de grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’
il
n’est que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de méd
2672
grandeur. Mais on peut s’étonner de voir qu’il n’
est
que ridicule et mesquinerie. Il y a là une préméditation de médiocrit
2673
puis m’empêcher de trouver suspecte. Le bon élève
est
celui qui a de bons points. Or les bons points vont aux parfaits imit
2674
iver. Déjà la terre a revêtu son blanc manteau. »
Elle
aura 10 sur 10. Mais on donnera 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé
2675
a 3 sur 10 à Sylvie Z pour avoir trouvé : « Quant
il
neige, c’est comme des petits morceaux de vouate. » Il est évident qu
2676
ige, c’est comme des petits morceaux de vouate. »
Il
est évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’
2677
, c’est comme des petits morceaux de vouate. » Il
est
évident que Sylvie est supérieure à Victoria dans la mesure où l’inve
2678
s morceaux de vouate. » Il est évident que Sylvie
est
supérieure à Victoria dans la mesure où l’invention est supérieure à
2679
périeure à Victoria dans la mesure où l’invention
est
supérieure à l’imitation. Mais Victoria montre une âme docile, un ras
2680
de ceux qui voient avec leurs yeux. Le bon élève
est
aussi l’élève discipliné. L’école veut que partout la valeur cède le
2681
eut que partout la valeur cède le pas à la règle.
Elle
cherche à développer chez nos petits Helvètes un légalisme écœurant6,
2682
mbéciles ou d’impuissants, qui d’ailleurs ne peut
être
qu’à l’avantage des gens en place, vieille histoire. On m’objectera s
2683
-thème, voire par d’ex-instituteurs. À la vérité,
il
s’agit de réussites qui, pour avoir enivré l’espoir et enflammé l’amb
2684
un grand nombre de régents, ne laissent pas que d’
être
assez spéciales. Il arrive en effet que nos petits futurs grrrands ci
2685
ents, ne laissent pas que d’être assez spéciales.
Il
arrive en effet que nos petits futurs grrrands citoyens ayant accompl
2686
bons élèves de diverses classes d’un collège ont
été
frappés de constater que la force et l’originalité de leur jugement s
2687
er que la force et l’originalité de leur jugement
sont
en raison inverse du nombre d’années d’instruction publique qu’ils on
2688
erse du nombre d’années d’instruction publique qu’
ils
ont subies. Le dilemme J’ai indiqué que les principes de l’inst
2689
là, renonçant pour cette fois à démontrer, ce qui
serait
facile, qu’ils constituent une inversion méthodique de toutes les loi
2690
cette fois à démontrer, ce qui serait facile, qu’
ils
constituent une inversion méthodique de toutes les lois divines et hu
2691
thode d’abâtardissement de la race. D’autre part,
il
est aisé de voir que tous ces principes dérivent nécessairement du fa
2692
de d’abâtardissement de la race. D’autre part, il
est
aisé de voir que tous ces principes dérivent nécessairement du fait q
2693
cipes dérivent nécessairement du fait que l’école
est
publique, obligatoire, et soumise au contrôle de l’État. Alors ? Ou
2694
vous combattez l’instruction publique — mais vous
êtes
, de ce fait, contre le régime. Il y a là, dirait M. Prudhomme, un bie
2695
M. Prudhomme, un bien grave dilemme. 4. Ce ne
sont
pas seulement les meilleurs qui sont sacrifiés. Voici ce que M. E. Du
2696
4. Ce ne sont pas seulement les meilleurs qui
sont
sacrifiés. Voici ce que M. E. Duvillard dit des enfants peu doués pou
2697
École de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12. 5.
Il
est peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l
2698
le de demain, Genève, Kündig, 1918, p. 12. 5. Il
est
peut-être avantageux dans certains cas de soustraire l’enfant à l’inf
2699
re ? 6. Justice démocratique, égalité, légalité,
sont
les meilleures armes de la bassesse contre toute valeur réelle, absol
2700
L’illusion réformiste Bien entendu, tout cela a
été
dit. (Un peu autrement, j’en conviens.) On n’a pas attendu ma colère
2701
olère pour entreprendre ce travail de démolition.
Il
suffit pour s’en convaincre de parcourir l’abondante littérature publ
2702
incipe de l’instruction publique. Les réformes qu’
ils
ont proposées jusqu’ici sont en général judicieuses, dictées par le b
2703
ique. Les réformes qu’ils ont proposées jusqu’ici
sont
en général judicieuses, dictées par le bon sens7 et retouchées par le
2704
toute science. On a constaté que l’école actuelle
est
fondée sur une remarquable ignorance de la psychologie infantile. Où
2705
oulu apporter de la science. Mais c’est un art qu’
il
faudrait. Sinon l’on retombera dans des absurdités. On a créé par exe
2706
es noms des rues et places de leur ville, comme s’
ils
étaient tous destinés à la profession de chauffeurs de taxi. Si cette
2707
oms des rues et places de leur ville, comme s’ils
étaient
tous destinés à la profession de chauffeurs de taxi. Si cette concept
2708
de taxi. Si cette conception du pratique prévaut,
il
est à craindre que l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rati
2709
taxi. Si cette conception du pratique prévaut, il
est
à craindre que l’école nouvelle n’apporte bientôt sa méthode rationne
2710
s déponents ; désormais l’étude des verbes actifs
sera
aussi active, un élève se mettra à marcher dans le couloir en s’écria
2711
nt le meilleur parti possible de l’exercice ; car
il
ne manque à ce système, avouez-le, que juste la spontanéité nécessair
2712
ue juste la spontanéité nécessaire pour que ça ne
soit
pas une lourde farce. Ces exagérations ne sont pas bien graves, parce
2713
ne soit pas une lourde farce. Ces exagérations ne
sont
pas bien graves, parce qu’elles sont comiques précisément. Je ferai à
2714
es exagérations ne sont pas bien graves, parce qu’
elles
sont comiques précisément. Je ferai à l’école nouvelle un reproche d’
2715
gérations ne sont pas bien graves, parce qu’elles
sont
comiques précisément. Je ferai à l’école nouvelle un reproche d’une a
2716
l’école nouvelle un reproche d’une autre nature.
Elle
prétend donner plus de liberté aux enfants en leur rendant le travail
2717
ant la possibilité de trouver par eux-mêmes ce qu’
ils
doivent apprendre. Mais qu’est-ce qu’une liberté méthodiquement organ
2718
ar eux-mêmes ce qu’ils doivent apprendre. Mais qu’
est
-ce qu’une liberté méthodiquement organisée ? En réalité, cet amusemen
2719
donne à ses ouvriers un second dimanche, afin qu’
ils
consomment deux fois plus de machines. Jeu du chat avec la souris. On
2720
êmes de sa liberté. « Instruire en amusant » peut
être
la formule d’une tromperie subtile et plus grave que la brutalité pri
2721
et plus grave que la brutalité primaire, parce qu’
elle
n’excite pas de réaction vive de la part des écoliers. Enfin, je n’ai
2722
pas qu’on traite le gosse comme un organisme dont
il
s’agit d’obtenir le rendement le plus élevé. On cultive les petits d’
2723
ts… Je reconnais que les buts de l’école nouvelle
sont
honnêtement scientifiques, et désintéressés. Mais l’enfant-cobaye vau
2724
-citoyen. Moi je voudrais l’enfant tout court. Or
il
paraît que c’est très dangereux. Néanmoins je soupçonne dans tous ces
2725
us ces mouvements des possibilités lointaines qui
sont
pour me plaire ; un grignotement du système officiel qui pourrait bie
2726
e songe au maître antique, dont toute la personne
était
un enseignement, et qui n’avait pas des élèves, mais des disciples. C
2727
nce spirituelle. Qui sait ?… En attendant, puisqu’
il
faut attendre, je salue ces jeunes gens qui appliquent avec ferveur l
2728
uent des programmes, et dont les classes joyeuses
sont
de vraies foires : ils ont toute mon amitié. Cela me permet de leur f
2729
dont les classes joyeuses sont de vraies foires :
ils
ont toute mon amitié. Cela me permet de leur faire remarquer d’autant
2730
e leur faire remarquer d’autant plus librement qu’
ils
trahissent le dessein profond de l’instruction publique, qu’ils trahi
2731
le dessein profond de l’instruction publique, qu’
ils
trahissent leur mission officielle. Ils éduquent de futurs anarchiste
2732
lique, qu’ils trahissent leur mission officielle.
Ils
éduquent de futurs anarchistes8, bravo ! Mais ce qu’on leur avait con
2733
ents et organisés. Je crains que ce malentendu ne
soit
décidément trop gros pour échapper plus longtemps à MM. les Inspecteu
2734
progresse qu’à la faveur de malentendus (si tant
est
qu’il progresse). L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire q
2735
sse qu’à la faveur de malentendus (si tant est qu’
il
progresse). L’école nouvelle n’échappe à l’absurdité primaire qu’à la
2736
as. Mais du point de vue de la vérité, force nous
est
de reconnaître que notre dilemme subsiste dans son intégrité et son u
2737
e. Je demande seulement qu’on m’explique pourquoi
il
triomphe et se perpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse es
2738
urquoi il triomphe et se perpétue ; de quel droit
il
nous écrase. La réponse est simple, terriblement simple : du droit de
2739
rpétue ; de quel droit il nous écrase. La réponse
est
simple, terriblement simple : du droit de la Démocratie. L’instructio
2740
mocratie. L’instruction publique et la Démocratie
sont
sœurs siamoises. Elles sont nées en même temps. Elles ont cru et embe
2741
n publique et la Démocratie sont sœurs siamoises.
Elles
sont nées en même temps. Elles ont cru et embelli d’un même mouvement
2742
ique et la Démocratie sont sœurs siamoises. Elles
sont
nées en même temps. Elles ont cru et embelli d’un même mouvement. Mor
2743
t sœurs siamoises. Elles sont nées en même temps.
Elles
ont cru et embelli d’un même mouvement. Morigéner l’une c’est faire p
2744
que dit l’une, c’est savoir ce que l’autre pense.
Elles
ne mourront qu’ensemble. Il n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entend
2745
que l’autre pense. Elles ne mourront qu’ensemble.
Il
n’y aura qu’une oraison. Laïque. J’entends qu’on ne me conteste pas c
2746
. J’entends qu’on ne me conteste pas cette thèse.
Elle
est glorifiée dans tous les banquets officiels par des orateurs émus
2747
ntends qu’on ne me conteste pas cette thèse. Elle
est
glorifiée dans tous les banquets officiels par des orateurs émus et i
2748
uve correspondre à des faits patents et simples ;
il
serait vraiment dommage de priver ces Messieurs d’une aubaine pour eu
2749
correspondre à des faits patents et simples ; il
serait
vraiment dommage de priver ces Messieurs d’une aubaine pour eux si ra
2750
est que la Démocratie sans l’instruction publique
est
pratiquement irréalisable. Ici, je demanderai poliment au lecteur de
2751
a n’irait pas sans quelque indécence. Et d’abord,
il
faut pouvoir lire, écrire et compter pour suivre la campagne électora
2752
, voter et truquer légalement les votes. Ensuite,
il
faut de l’histoire, et de l’instruction civique, pour qu’on sache à q
2753
ique, pour qu’on sache à quoi cela rime. Ensuite,
il
faut une discipline sévère dès l’enfance pour façonner des contribuab
2754
ur façonner des contribuables inoffensifs. Enfin,
il
faut un nombre considérable de leçons, et le plus longtemps possible,
2755
it pas le temps de se rendre compte que tout cela
est
absurde. Pour qu’on n’ait pas le temps d’écouter la nature qui répète
2756
fois, une seule fois, sait bien que tout le reste
est
absurde. Et voilà pour les sœurs siamoises. Continuons. La démocratie
2757
ocratie doit à l’École de vivre encore. Mais ce n’
est
de la part de notre Institutrice qu’un rendu. Car dans ce monde-là «
2758
endu. Car dans ce monde-là « tout se paye » comme
ils
disent avec une satisfaction sordide et mal dissimulée. Certes, je ne
2759
tion publique aient eu pleine conscience de ce qu’
ils
faisaient — et je les excuse pour autant10. Je dis simplement ceci :
2760
autant10. Je dis simplement ceci : leur œuvre n’a
été
possible que parce qu’elle était liée aux intérêts de la démocratie.
2761
t ceci : leur œuvre n’a été possible que parce qu’
elle
était liée aux intérêts de la démocratie. Car il faut bien se représe
2762
i : leur œuvre n’a été possible que parce qu’elle
était
liée aux intérêts de la démocratie. Car il faut bien se représenter q
2763
lle était liée aux intérêts de la démocratie. Car
il
faut bien se représenter qu’elle n’était encore au xviiie siècle qu’
2764
la démocratie. Car il faut bien se représenter qu’
elle
n’était encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne se
2765
cratie. Car il faut bien se représenter qu’elle n’
était
encore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne serait guè
2766
ore au xviiie siècle qu’une utopie de partisans.
Il
ne serait guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’on répande univer
2767
xviiie siècle qu’une utopie de partisans. Il ne
serait
guère plus fou de proposer aujourd’hui qu’on répande universellement
2768
atoirement l’art du saxophone ou de la balalaïka.
Soyez
certains qu’il ne manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, qu
2769
u saxophone ou de la balalaïka. Soyez certains qu’
il
ne manque à cette plaisanterie, pour prendre corps, que l’appui intér
2770
e notre instrument de progrès par excellence. Car
il
n’est qu’une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, so
2771
re instrument de progrès par excellence. Car il n’
est
qu’une explication vraisemblable de cette incurie : l’école, sous sa
2772
it suffisamment son rôle politique et social, qui
est
de fabriquer des électeurs (si possible radicaux, en tout cas démocra
2773
emen et rendait des tommies. La machine scolaire,
elle
, dévore des enfants tout vifs et rend des citoyens à l’œil torve. Dur
2774
il torve. Durant l’opération, tous les crânes ont
été
décervelés et dotés d’une petite mécanique à quatre sous qui suffit à
2775
taux qui peuvent apparaître chez les enfants ? Ce
serait
de l’art pour l’art. On ne peut pas en demander tant aux gouvernement
2776
vernements. La réforme scolaire, politiquement, n’
est
pas rentable. Il est clair que si le but principal de l’instruction p
2777
orme scolaire, politiquement, n’est pas rentable.
Il
est clair que si le but principal de l’instruction publique était d’é
2778
e scolaire, politiquement, n’est pas rentable. Il
est
clair que si le but principal de l’instruction publique était d’éduqu
2779
que si le but principal de l’instruction publique
était
d’éduquer le peuple d’une façon désintéressée, les gouvernements sera
2780
uple d’une façon désintéressée, les gouvernements
seraient
un peu plus fous qu’on n’ose les imaginer de ne pas entreprendre sur
2781
r l’heure une véritable révolution scolaire ; car
il
ne faudrait pas moins pour que l’école rattrape l’époque… Mais les go
2782
ape l’époque… Mais les gouvernements savent ce qu’
ils
font. Tout se tient, comme vous dites, sans doute pour m’ôter l’envie
2783
oute pour m’ôter l’envie de bousculer quoi que ce
soit
. J’aime les tremblements de terre, vous tombez mal. J’appartiens à ce
2784
. Et quand vous les démoliriez tous, ma rage n’en
serait
pas moins légitime. Je lui donne raison par définition. Après tout, p
2785
gies politiques, et peu m’importerait que l’École
soit
une machine à fabriquer de la démocratie — si je ne sentais menacées
2786
e tiens plus qu’à tout. Ma haine de la démocratie
est
l’aboutissement de l’évolution dont je viens de décrire la marche néc
2787
ourgeois. Essayer de venir me dire ça chez moi, n’
est
-ce pas, mes agneaux. C’est justement dans la mesure où je participais
2788
peuple souffrent moins d’un tel régime, c’est qu’
ils
n’ont pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible. Ils ignorent c
2789
pas d’eux-mêmes une connaissance aussi sensible.
Ils
ignorent ce qu’étiolent en eux les droits de l’homme. Mais attendez,
2790
attendez, si quelques-uns allaient se réveiller…
Il
suffit d’un peu de chaleur d’âme pour amorcer le dégel de ces princip
2791
our amorcer le dégel de ces principes, et ce peut
être
le signal de la grande débâcle printanière. Il n’y a de révolution vé
2792
être le signal de la grande débâcle printanière.
Il
n’y a de révolution véritable que de la sensibilité. (Le jour où l’on
2793
où l’on culbutera ces Messieurs de leurs sièges,
ils
comprendront le sens des images.) 9. J’emploie ce mot au sens fort,
2794
ésente. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11.
Est
-il besoin de déclarer formellement qu’une telle attitude n’est en auc
2795
te. 10. Voir note A à la fin du cahier. 11. Est-
il
besoin de déclarer formellement qu’une telle attitude n’est en aucune
2796
de déclarer formellement qu’une telle attitude n’
est
en aucune façon tributaire de l’idéologie réactionnaire à la mode. Ma
2797
, le procureur prit un ton plus grave.) L’école s’
est
vendue à des intérêts politiques. C’était là, nous venons de le voir,
2798
venons de le voir, son unique moyen de parvenir.
Elle
participe donc sur une vaste échelle à cette « Trahison des clercs »
2799
oque paiera cher ce crime contre la civilisation.
Elle
ne croit plus qu’au péché contre les lois sociales, eh bien ! elle ap
2800
s qu’au péché contre les lois sociales, eh bien !
elle
apprendra que le seul péché qui n’a pas de pardon c’est le péché cont
2801
on c’est le péché contre l’Esprit. Aujourd’hui qu’
il
suffit d’un peu de bon sens et d’information pour jouer au prophète,
2802
s promet de tous côtés de belles catastrophes. Je
suis
de ceux qui s’en réjouissent mauvaisement. (« C’est bien fait. C’étai
2803
cole prétend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs
elle
y est obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustrair
2804
étend ouvertement nous éduquer. D’ailleurs elle y
est
obligée dans la mesure où elle réalise son ambition : soustraire les
2805
. D’ailleurs elle y est obligée dans la mesure où
elle
réalise son ambition : soustraire les enfants à l’Église et à la fami
2806
ais schématiques. Or l’École radicale ne peut pas
être
idéaliste : car elle deviendrait un danger pour le désordre établi. L
2807
l’École radicale ne peut pas être idéaliste : car
elle
deviendrait un danger pour le désordre établi. L’idéalisme est forcém
2808
it un danger pour le désordre établi. L’idéalisme
est
forcément révolutionnaire dans un monde organisé pour la production.
2809
ion. Ceci fait, constatez avec moi que la famille
était
encore un milieu naturel, donc normatif. Le collège au contraire est
2810
u naturel, donc normatif. Le collège au contraire
est
un milieu antinaturel, et les normes sociales qu’on prétend y substit
2811
qu’on prétend y substituer à celles de la famille
sont
falsifiées. Non seulement l’École ne constitue pas le pôle idéaliste
2812
st l’aspect négatif de sa trahison —, mais encore
elle
tend à développer tout ce qu’il y a de spécifiquement malfaisant dans
2813
alfaisant dans l’esprit moderne. C’est sa façon à
elle
de répondre aux besoins de l’époque. Pauvre époque ! On parle sans ce
2814
uvre époque ! On parle sans cesse de ses besoins.
Il
est vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surt
2815
e époque ! On parle sans cesse de ses besoins. Il
est
vrai qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout
2816
n parle sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’
elle
est anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une
2817
le sans cesse de ses besoins. Il est vrai qu’elle
est
anormalement insatiable… Je crois qu’elle a surtout besoin d’une purg
2818
qu’elle est anormalement insatiable… Je crois qu’
elle
a surtout besoin d’une purge violente qui chasse ce ver solitaire du
2819
je répondrai que dans la mesure où cette exigence
est
satisfaite naît un nouveau besoin qui est précisément d’échapper à ce
2820
xigence est satisfaite naît un nouveau besoin qui
est
précisément d’échapper à cette organisation. Or il semble bien que no
2821
t précisément d’échapper à cette organisation. Or
il
semble bien que nous en soyons-là, s’il faut en croire les signes de
2822
cette organisation. Or il semble bien que nous en
soyons
-là, s’il faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de tou
2823
ation. Or il semble bien que nous en soyons-là, s’
il
faut en croire les signes de révolte qui apparaissent de toutes parts
2824
nne les germes d’une renaissance de l’esprit dont
elle
devrait être la mère. Elle favorise le culte exclusif de l’utile, l’i
2825
s d’une renaissance de l’esprit dont elle devrait
être
la mère. Elle favorise le culte exclusif de l’utile, l’incompréhensio
2826
sance de l’esprit dont elle devrait être la mère.
Elle
favorise le culte exclusif de l’utile, l’incompréhension brutale de l
2827
lles, l’habitude de l’ersatz et du travail bâclé.
Elle
apprend à lire les journaux, mais en même temps que cette drogue, ell
2828
es journaux, mais en même temps que cette drogue,
elle
devrait fournir son contrepoison. Au contraire, elle prépare de consc
2829
e devrait fournir son contrepoison. Au contraire,
elle
prépare de consciencieuses poires, des esclaves du mot. Il est clair,
2830
e de consciencieuses poires, des esclaves du mot.
Il
est clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruction helv
2831
e consciencieuses poires, des esclaves du mot. Il
est
clair, par exemple, que seules les victimes de l’instruction helvétiq
2832
e seules les victimes de l’instruction helvétique
sont
capables d’absorber sans fou rire les discours de tirs fédéraux. On a
2833
de travaux forcés. L’école donne à l’enfant ce qu’
il
faut pour se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il est promi
2834
ur se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel
il
est promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se lib
2835
se résigner à l’état de citoyen bagnard auquel il
est
promis. Mais elle tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer
2836
tat de citoyen bagnard auquel il est promis. Mais
elle
tue tout ce qui lui donnerait l’envie de se libérer — et peut-être le
2837
fais le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’
elle
est cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne
2838
le procès de la bêtise humaine qu’en tant qu’elle
est
cultivée par l’État), l’École, après avoir entraîné l’âme moderne dan
2839
y enferme et l’y laisse crever de faim. Par ce qu’
elle
enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’elle enseigne à connaître,
2840
u’elle enseigne à ignorer bien plus que par ce qu’
elle
enseigne à connaître, elle constitue la plus grande force antireligie
2841
ien plus que par ce qu’elle enseigne à connaître,
elle
constitue la plus grande force antireligieuse de ce temps. L’instruct
2842
qui a meilleure façon que le reste, pensez-vous.
Il
faut avouer qu’avec ce je ne sais quoi de déclamatoire, de… journalis
2843
et d’ailleurs vous aimez les idées généreuses, n’
est
-ce pas ? J’en étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit
2844
s aimez les idées généreuses, n’est-ce pas ? J’en
étais
sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne soit pas le vôtre, et mêm
2845
étais sûr. Cependant j’ai peur que mon progrès ne
soit
pas le vôtre, et même que sa nature ne l’entraîne dans une direction
2846
ir inventé un instrument de progrès : encore faut-
il
le mettre en marche. Et où le conduire ? Il y a beaucoup de routes, m
2847
érez le sur-place. Ainsi l’instruction publique s’
est
arrêtée aux environs de 1880 et depuis lors n’a guère bougé. Le moteu
2848
blic s’aperçoit que « l’instrument de progrès » n’
est
qu’un camouflage à l’abri duquel on distille du radicalisme intégral.
2849
observer que beaucoup des servants de la machine
sont
socialistes : voilà qui ne change pas le rendement, j’imagine, ni la
2850
e de 6 ans, à ne se point poser de questions dont
ils
n’aient appris par cœur la réponse. Regardez un écolier préparer ses
2851
un écolier préparer ses devoirs, c’est frappant :
il
apprend les questions aussi bien que les réponses. J’avoue que je tro
2852
rt : avoir obtenu un conformisme de la curiosité.
Il
est vrai qu’il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un rég
2853
: avoir obtenu un conformisme de la curiosité. Il
est
vrai qu’il ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime
2854
nu un conformisme de la curiosité. Il est vrai qu’
il
ne fallait pas moins pour assurer la sécurité d’un régime établi dans
2855
auteuils ; car un peuple d’électeurs fantaisistes
serait
parfois tenté de retirer brusquement ces sièges, farce connue et qui
2856
celle-ci : je prétends que l’instruction publique
est
une puissance conservatrice. — Pas moins ! Elle est destinée à légiti
2857
ue est une puissance conservatrice. — Pas moins !
Elle
est destinée à légitimer par la force de l’inertie et à perpétuer méc
2858
t une puissance conservatrice. — Pas moins ! Elle
est
destinée à légitimer par la force de l’inertie et à perpétuer mécaniq
2859
’inertie et à perpétuer mécaniquement tout ce qui
est
depuis Numa Droz. Conservatrice, et non pas réactionnaire, non, même
2860
e réaction collaborent à leur manière au progrès,
elles
corrigent, stimulent, vivifient. L’École se contente d’être figée. Es
2861
gent, stimulent, vivifient. L’École se contente d’
être
figée. Est-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise
2862
ent, vivifient. L’École se contente d’être figée.
Est
-ce un frein ? Même pas. C’est plutôt une vase où s’enlise notre civil
2863
rver des siècles encore… Or si je dis que l’École
est
contre le progrès, c’est que le progrès consiste à dépasser la Démocr
2864
int de le dire, avec ce sens exquis du cliché qui
est
un hommage à vos maîtres respectés. La Démocratie, par le moyen de l’
2865
’instruction publique, limite l’homme au citoyen.
Il
s’agit donc de dépasser le citoyen, de retrouver l’homme tout entier.
2866
e opération deux temps : d’abord critiquer ce qui
est
— par la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait être ; ensuit
2867
iquer ce qui est — par la comparaison avec ce qui
fut
, ou ce qui devrait être ; ensuite, préparer le terrain pour les jeux
2868
la comparaison avec ce qui fut, ou ce qui devrait
être
; ensuite, préparer le terrain pour les jeux nouveaux que l’humanité
2869
social correspond à un recul humain. Par exemple,
est
-ce un progrès que d’avoir remplacé les hiérarchies de tradition, avec
2870
t de grandeur que ce mot comporte — quelles qu’en
soient
d’ailleurs les réalisations —, par des hiérarchies rond-de-cuiresques
2871
des hiérarchies rond-de-cuiresques dont l’origine
est
un pis-aller, dont la méthode est le tirage au flanc lucratif, dont l
2872
dont l’origine est un pis-aller, dont la méthode
est
le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit est la jalousie rancie arm
2873
de est le tirage au flanc lucratif, dont l’esprit
est
la jalousie rancie armée de pédantisme, et je ne parle pas du décor,
2874
critique du fonctionnarisme, vous alliez le dire,
est
un ramassis de lieux communs. Mais il s’en faut, hélas, de beaucoup q
2875
z le dire, est un ramassis de lieux communs. Mais
il
s’en faut, hélas, de beaucoup que la majorité des électeurs les consi
2876
a fait remarquer que la plupart des intellectuels
sont
convertis depuis longtemps à ces idées antidémocratiques : il est tem
2877
depuis longtemps à ces idées antidémocratiques :
il
est temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de
2878
puis longtemps à ces idées antidémocratiques : il
est
temps qu’elles débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de gra
2879
s à ces idées antidémocratiques : il est temps qu’
elles
débordent ce cercle étroit et distingué. Il y a de grands balayages à
2880
mportera toutes ces statistiques et ces journaux,
il
en restera toujours assez pour allumer des feux de joie, etc. Bon. Su
2881
onse que je lui réserve ? L’instruction publique
est
la forme la plus commune de la peste rationaliste qui sévit dans le m
2882
a notion de démocratie, vous trouvez bien vite qu’
elle
repose sur des postulats rationalistes. En vérité, démocratie et rati
2883
alistes. En vérité, démocratie et rationalisme ne
sont
que deux aspects, l’un politique, l’autre intellectuel, d’une même me
2884
ique, l’autre intellectuel, d’une même mentalité.
Elle
s’est développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un
2885
’autre intellectuel, d’une même mentalité. Elle s’
est
développée au xviiie dans l’aristocratie qui n’y voyait qu’un jeu. D
2886
ie qui n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe
elle
est descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y est deve
2887
i n’y voyait qu’un jeu. Durant tout le xixe elle
est
descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y est devenue
2888
descendue dans la bourgeoisie et dans le peuple ;
elle
y est devenue une tyrannie. Avant il y avait la Raison et les sentime
2889
ue dans la bourgeoisie et dans le peuple ; elle y
est
devenue une tyrannie. Avant il y avait la Raison et les sentiments. M
2890
s empêche de devenir autre chose que des utopies.
Il
s’agit donc en premier lieu de le démasquer et de le pourchasser dans
2891
première tâche constitue un programme si riche qu’
il
est superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des génér
2892
mière tâche constitue un programme si riche qu’il
est
superflu d’en formuler une seconde. Laissons ce soin, à des génératio
2893
gélienne ; on y retrouve facilement les triades :
être
—négation de l’être — nouvel être. Notre époque serait le deuxième te
2894
ouve facilement les triades : être —négation de l’
être
— nouvel être. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces tri
2895
t les triades : être —négation de l’être — nouvel
être
. Notre époque serait le deuxième temps d’une de ces triades. Son rati
2896
e —négation de l’être — nouvel être. Notre époque
serait
le deuxième temps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’être s
2897
emps d’une de ces triades. Son rationalisme nie l’
être
sous toutes ses formes, traduit tout en relations et veut rendre tout
2898
lui, calculables, chiffrables. Dans la mesure où
il
y parvient, il tue les existences particulières, ou bien c’est qu’ell
2899
es, chiffrables. Dans la mesure où il y parvient,
il
tue les existences particulières, ou bien c’est qu’elles sont déjà mo
2900
ue les existences particulières, ou bien c’est qu’
elles
sont déjà mortes. Mais le temps vient où elles renaîtront à une vie n
2901
existences particulières, ou bien c’est qu’elles
sont
déjà mortes. Mais le temps vient où elles renaîtront à une vie nouvel
2902
qu’elles sont déjà mortes. Mais le temps vient où
elles
renaîtront à une vie nouvelle et plus complète, à un degré supérieur
2903
périeur d’inconscience, si je puis dire. Alors ce
sera
au tour de l’instinct d’intégrer la raison. Je crois que nous approch
2904
vous voir demander à un sujet de Louis XIV ce qu’
il
concevait à la place de la royauté absolue. Il eût fallu certes une i
2905
qu’il concevait à la place de la royauté absolue.
Il
eût fallu certes une imagination prodigieuse au dit sujet pour se rep
2906
seau, à la veille de la Révolution, soupçonnaient-
ils
que la république qu’ils appelaient serait livrée cent ans plus tard
2907
évolution, soupçonnaient-ils que la république qu’
ils
appelaient serait livrée cent ans plus tard à peine à la folie démocr
2908
çonnaient-ils que la république qu’ils appelaient
serait
livrée cent ans plus tard à peine à la folie démocratique, à cette da
2909
déjà secrètement, que ce mépris et ce scepticisme
sont
d’un ridicule écrasant, sous lequel vous ne tarderez pas à périr. 1
2910
s rassurer quant à ma santé mentale.) La question
est
de savoir si nous serons des hommes de chair et d’esprit, ou des pant
2911
santé mentale.) La question est de savoir si nous
serons
des hommes de chair et d’esprit, ou des pantins articulés. (Qui tiend
2912
s s’accordent sur un point : le salut de l’Europe
est
lié à la naissance d’une nouvelle attitude de l’âme. Ceci revient à d
2913
ilà bien ce que l’École empêche même de concevoir
Elle
cultive ce qu’il y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme. El
2914
y a d’anti-irrationnel dans la nature de l’homme.
Elle
punit froidement la spontanéité et l’invention. Elle dénature le sens
2915
e punit froidement la spontanéité et l’invention.
Elle
dénature le sens de la liberté. Elle détruit tout ce qui permettrait
2916
l’invention. Elle dénature le sens de la liberté.
Elle
détruit tout ce qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref, elle
2917
qui permettrait d’échapper à la mécanique. Bref,
elle
perpétue ce manque d’imagination dont les conséquences seront matérie
2918
tue ce manque d’imagination dont les conséquences
seront
matériellement catastrophiques pour peu que cela continue. Qu’on ne s
2919
qui tient lieu d’imagination à l’homme moderne n’
est
pas créateur d’êtres spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur su
2920
magination à l’homme moderne n’est pas créateur d’
êtres
spirituellement vivants, ni d’aucune grandeur supérieure à la somme d
2921
e grandeur supérieure à la somme de ses éléments.
Il
n’engendre pas, il ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combin
2922
re à la somme de ses éléments. Il n’engendre pas,
il
ajuste. Quand nous aurons épuisé toutes les combinaisons de vitesse e
2923
uction publique. Cela promet des grabuges inouïs.
Il
ne tient peut-être qu’à une forte équipe d’idéalistes pratiques d’en
2924
e d’une civilisation aux ordres de l’Esprit. Mais
il
faudrait que dès maintenant se constituent ces élites, et cela ne se
2925
ants de l’ordre spirituel retrouvent le courage d’
être
, malgré les mots14, des anarchistes et des utopistes. J’appelle anarc
2926
des utopistes. J’appelle anarchiste, tout ce qui
est
violemment et intégralement humain. L’anarchie est un degré d’intensi
2927
st violemment et intégralement humain. L’anarchie
est
un degré d’intensité dans la vie, non pas un parti. Tout extrémiste,
2928
extrémiste, de droite comme de gauche, se trouve
être
dans une certaine mesure un anarchiste s’il défend son opinion de tou
2929
uve être dans une certaine mesure un anarchiste s’
il
défend son opinion de toutes ses forces. Mais c’est un anarchiste de
2930
un anarchiste embrigadé. L’anarchiste que j’aime
est
simplement un homme libre qui a une foi (ou un amour) et qui s’y cons
2931
l’inventeur. Les sots vont répétant que c’est un
être
qui ignore le réel. C’est justement parce qu’il le connaît mieux qu’e
2932
être qui ignore le réel. C’est justement parce qu’
il
le connaît mieux qu’eux qu’il y a vu des fissures et des possibilités
2933
ignifie pas s’y soumettre sans combat. L’utopiste
est
celui qui ne se résigne à aucun état de choses. Il est pour le « mieu
2934
t celui qui ne se résigne à aucun état de choses.
Il
est pour le « mieux » contre le « bien ». Sans lui l’humanité s’avach
2935
elui qui ne se résigne à aucun état de choses. Il
est
pour le « mieux » contre le « bien ». Sans lui l’humanité s’avachirai
2936
Sans lui l’humanité s’avachirait totalement. Mais
il
est dans l’ordre qu’elle beugle longuement tout en le suivant. Que fa
2937
s lui l’humanité s’avachirait totalement. Mais il
est
dans l’ordre qu’elle beugle longuement tout en le suivant. Que faire,
2938
vachirait totalement. Mais il est dans l’ordre qu’
elle
beugle longuement tout en le suivant. Que faire, diront les gens de b
2939
us, pour l’esprit le plus dangereusement plat qui
soit
. (Il est plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répo
2940
r l’esprit le plus dangereusement plat qui soit. (
Il
est plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répondent
2941
’esprit le plus dangereusement plat qui soit. (Il
est
plus que plat : il est creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui
2942
ereusement plat qui soit. (Il est plus que plat :
il
est creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui, cela finira par c
2943
usement plat qui soit. (Il est plus que plat : il
est
creux.) Si beaucoup de personnes répondent oui, cela finira par créer
2944
nion. Et l’opinion publique mène le monde, paraît-
il
. À ce propos : que les journalistes s’engagent désormais à ne publier
2945
ne perce leur mépris pour l’instruction publique.
Ils
peuvent dire ce qu’ils veulent à propos de n’importe quoi, comme on s
2946
ur l’instruction publique. Ils peuvent dire ce qu’
ils
veulent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et ils auraient là
2947
ent à propos de n’importe quoi, comme on sait, et
ils
auraient là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’est rien de
2948
t là l’occasion de racheter bien des choses. Ce n’
est
rien de moins qu’une rédemption du journalisme, ce que je propose-là.
2949
d’une réforme suffisante. C’est une révolution qu’
il
faut. Alors, supprimer les écoles, raser les collèges, renvoyer les i
2950
ire et on lui bourre le crâne pour l’en empêcher.
Il
s’agit de lui faire comprendre que l’école est le plus gros obstacle
2951
er. Il s’agit de lui faire comprendre que l’école
est
le plus gros obstacle à sa culture. Et c’est cela, préparer le terrai
2952
Et c’est cela, préparer le terrain. D’autre part,
il
faut partir de ce qui est. Mais comment retourner contre l’ennemi ses
2953
e terrain. D’autre part, il faut partir de ce qui
est
. Mais comment retourner contre l’ennemi ses propres batteries ? Autre
2954
es mortes. Une technique spirituelle. Et puis, qu’
il
en fasse ce qu’il voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture
2955
hnique spirituelle. Et puis, qu’il en fasse ce qu’
il
voudra. Les Orientaux appellent yoga cette culture des facultés physi
2956
d’une concentration, dans quelque domaine que ce
soit
. Si l’Occident comprenait cette vérité élémentaire et en tirait des c
2957
tirait des conclusions immédiates, non seulement
il
serait sauvé du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde
2958
rait des conclusions immédiates, non seulement il
serait
sauvé du désastre, mais il recouvrerait la domination du monde16 et n
2959
, non seulement il serait sauvé du désastre, mais
il
recouvrerait la domination du monde16 et non plus en barbare cette fo
2960
nt à des exercices de contrôle de la respiration.
Il
ne s’agit nullement de cela. Nous ne sommes pas aux Indes, je vous ju
2961
piration. Il ne s’agit nullement de cela. Nous ne
sommes
pas aux Indes, je vous jure que je m’en doute. Mais l’Occidental auss
2962
ussi pratique son yoga à lui : toutes les fois qu’
il
veut obtenir une grande intensité avec un minimum de moyens. J’en cit
2963
des sources d’énergie nouvelle. Le parallèle peut
être
poussé dans les détails. Il s’agit bien d’un geste identique, exécuté
2964
. Le parallèle peut être poussé dans les détails.
Il
s’agit bien d’un geste identique, exécuté dans deux plans différents.
2965
que, exécuté dans deux plans différents. Le drill
est
un yoga corporel, le yoga est un drill de l’esprit. Je sais que ces d
2966
ifférents. Le drill est un yoga corporel, le yoga
est
un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots sont bien dangereux e
2967
t un drill de l’esprit. Je sais que ces deux mots
sont
bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’ils désignent d’aill
2968
bien dangereux et impopulaires. Tout comme ce qu’
ils
désignent d’ailleurs. Tant mieux. Il y a beaucoup de gens qui ne peuv
2969
pensée au garde-à-vous durant quelques instants,
il
s’épargnerait de longs énervements. Il n’y a pas là de quoi se tordre
2970
instants, il s’épargnerait de longs énervements.
Il
n’y a pas là de quoi se tordre. Car tout cela nous donnerait des anné
2971
la regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’
il
est très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséder une plus
2972
regarder. De faire connaissance. Je ne sais s’il
est
très exagéré de dire que tout homme gagnerait à posséder une plus gra
2973
que devrait s’employer l’école. Nous avons vu qu’
elle
préfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il soit bon que t
2974
éfère les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’
il
soit bon que tous progressent de la même manière. Dans un système de
2975
re les étouffer. Cependant, je ne crois pas qu’il
soit
bon que tous progressent de la même manière. Dans un système de cultu
2976
se légitimeraient du même coup ; car sur ce plan
elles
ne font que traduire la diversité des besoins individuels. Méditez un
2977
sants. De même, le bien supérieur de quelques-uns
est
plus utile à tous que le bien médiocre de beaucoup. La valeur vaut mi
2978
coup. La valeur vaut mieux que le nombre parce qu’
elle
le contient en puissance. Et c’est pourquoi l’aristocratie de l’espri
2979
nce. Et c’est pourquoi l’aristocratie de l’esprit
est
nécessaire au bien public. Certains proposent en rougissant de leur h
2980
fera sans vous. Déjà revient le temps des mages :
ils
comprennent les théories d’Einstein, ils composent de la poésie pure,
2981
mages : ils comprennent les théories d’Einstein,
ils
composent de la poésie pure, ils mesurent des sensibilités secondes e
2982
ries d’Einstein, ils composent de la poésie pure,
ils
mesurent des sensibilités secondes et tout un arc-en-ciel de sentimen
2983
… Par la force des choses et de l’Esprit, l’homme
sera-t
-il sauvé de sa folie démocratique ? Areuse, 26 décembre 1928-10 ja
2984
a force des choses et de l’Esprit, l’homme sera-t-
il
sauvé de sa folie démocratique ? Areuse, 26 décembre 1928-10 janvi
2985
e, 26 décembre 1928-10 janvier 1929. NOTE A On
est
toujours tenté d’attribuer à ses adversaires des intentions noires et
2986
noires et consciemment criminelles. Ce travers a
été
développé jusqu’au ridicule par la démocratie. Les journaux, les cerc
2987
ue n’importe qui juge et contrôle n’importe quoi,
il
faut bien inventer des dessous pour redonner quelque saveur à ses jug
2988
re : « Mais Monsieur, M. Machin que vous attaquez
est
pourtant un très brave homme, il fait partie du conseil de la paroiss
2989
e vous attaquez est pourtant un très brave homme,
il
fait partie du conseil de la paroisse, etc. » — Il semble qu’en attaq
2990
l fait partie du conseil de la paroisse, etc. » —
Il
semble qu’en attaquant ses idées et leurs réalisations ont ait porté
2991
pas tous les instituteurs pour gibier de potence.
Ils
font beaucoup de mal, mais ils sont les premières victimes du système
2992
gibier de potence. Ils font beaucoup de mal, mais
ils
sont les premières victimes du système qu’il propagent et qui les fai
2993
er de potence. Ils font beaucoup de mal, mais ils
sont
les premières victimes du système qu’il propagent et qui les fait viv
2994
ais ils sont les premières victimes du système qu’
il
propagent et qui les fait vivre. La question se complique dès que l’i
2995
ur prend conscience de la nocivité de son action…
Ils
sont consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même mesure conscie
2996
rend conscience de la nocivité de son action… Ils
sont
consciencieux, certes, mais sont-ils dans la même mesure conscients d
2997
son action… Ils sont consciencieux, certes, mais
sont
-ils dans la même mesure conscients des fins qu’on assigne à leur acti
2998
action… Ils sont consciencieux, certes, mais sont-
ils
dans la même mesure conscients des fins qu’on assigne à leur activité
2999
uiconque a une foi et la conscience de cette foi,
il
n’est d’enseignement véritable que religieux. Mais les questions conf
3000
que a une foi et la conscience de cette foi, il n’
est
d’enseignement véritable que religieux. Mais les questions confession
3001
ez de la grande vulgarité de mes attaques. Ce qui
est
vulgaire, au plein sens du mot, c’est le genre distingué de la bourge
3002
n effet, terrorisent à tel point les bourgeois qu’
ils
n’en distinguent plus même le sens. Ils les lancent à la tête de tous
3003
rgeois qu’ils n’en distinguent plus même le sens.
Ils
les lancent à la tête de tous ceux qui les dérangent, comme des pavés
3004
puis. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’
il
est sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
3005
s. 16. On promet des confitures à l’enfant, s’il
est
sage. Moi je m’en moque. Je n’aime que la liberté.
3006
Avant-propos Le dire une bonne fois.
Il
ne faut pas songer à décrire en 50 petites pages tous les méfaits de
3007
r leur ordre de grandeur ; à quoi je me bornerai.
Il
a paru sur le sujet de l’instruction publique deux petits livres1 exc
3008
que, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’
il
est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moin
3009
, décrit la stupidité de l’enseignement tel qu’il
est
pratiqué dans nos collèges. Mon dessein est assez différent, moins ph
3010
qu’il est pratiqué dans nos collèges. Mon dessein
est
assez différent, moins philosophique et point du tout technique. J’ap
3011
s un régime radical à sécrétion socialiste, qui a
été
établi par coup de force, que les libéraux ont admis, conformément à
3012
âtres aboutit à l’instruction publique et grâce à
elle
prolonge abusivement sa terne existence. Je l’ai subi ; l’on va voir
3013
areils souvenirs légitiment toutes les haines. Je
serai
méchant, parce que j’en ai gros sur le cœur. D’ailleurs, ce petit écr
3014
rit ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement.
Il
est un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté.
3015
ne peut servir à rien. — Alors ? — Justement. Il
est
un reproche auquel je compte ne pas échapper : celui de naïveté. Défi
3016
nds pas même parler au nom de ma génération, ne m’
étant
pas livré à l’enquête préalable qui seule eût pu, à la rigueur, me do
3017
ile. Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche,
ils
sont plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être compli
3018
Pourtant je sais qu’à droite comme à gauche, ils
sont
plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’être complices d
3019
s nombreux qu’on ne le pense, ceux qui refusent d’
être
complices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’est en fait l’es
3020
plices dans cet attentat à l’intégrité humaine qu’
est
en fait l’esprit démocratique. Là-dessus, ces messieurs se lamentent,
3021
mour, où tout se confond miraculeusement, gémir n’
est
pas un argument. Je demande le droit de démolir. Et me l’accorde auss
3022
e l’accorde aussitôt. Sans conditions. Mon rôle n’
est
pas de proposer une nouvelle forme politique. Je me contente de vitup
3023
. Je me contente de vitupérer ce que je vois, qui
est
laid. Quand la soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pa
3024
érer ce que je vois, qui est laid. Quand la soupe
est
brûlée, on la renvoie, même si l’on n’est pas capable d’en faire soi-
3025
a soupe est brûlée, on la renvoie, même si l’on n’
est
pas capable d’en faire soi-même une meilleure. Mais j’aperçois là-bas
3026
Citoyen conscient et organisé pour la discussion.
Il
retrousse ses manches. Il s’apprête à cracher sur ce que je dirai de
3027
isé pour la discussion. Il retrousse ses manches.
Il
s’apprête à cracher sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
3028
sur ce que je dirai de plus beau… Oh ! oh ! oh !
il
va parler, de grâce mettez-lui les mains sur la bouche ! Donnez-lui s
3029
lique, on crie sur tous les bancs : « Alors, vous
êtes
pour un retour à la barbarie ? » Si ce réflexe indique un mépris vrai
3030
ent exagéré pour la jugeotte de l’adversaire ou s’
il
traduit simplement cette mauvaise foi pas même consciente, cette lâch
3031
type : on ne peut pas aller contre l’époque, vous
êtes
un pauvre utopiste, etc. Ce sont les positivistes qui parlent ainsi,
3032
e l’époque, vous êtes un pauvre utopiste, etc. Ce
sont
les positivistes qui parlent ainsi, ceux qui croient aux faits. Je le
3033
ux qui croient aux faits. Je leur réponds : 1° qu’
ils
ne peuvent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’ils ne peuve
3034
ent me dénier le droit de juger ces faits ; 2° qu’
ils
ne peuvent, en vertu même de leur scepticisme quant à la valeur réfor
3035
qui rira le dernier. B. Réponses du type : vous
êtes
un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce sont les partisans d’
3036
s un rétrograde, un infâme réactionnaire, etc. Ce
sont
les partisans d’une démocratie progressiste et tolérante qui se livre
3037
les discussions de la tranquillité avec laquelle
ils
brouillent les faits et les principes. Tourmentés par les scrupules d
3038
és par les scrupules de leur conscience libérale,
ils
fuient la rigueur jusque dans leurs raisonnements. Pour moi qui cherc
3039
ant de laideurs et d’outrages au bon sens peuvent
être
légitimés par le but final de notre institution-tabou. 1. Je ne p
3040
1. Mes prisons
Il
existe des gens qui s’attendrissent sur leurs souvenirs de classe. C’
3041
ndrissent sur leurs souvenirs de classe. C’est qu’
ils
les confondent avec ceux de leur enfance et les font indûment partici
3042
t participer de la même grâce. Voyez Péguy, quand
il
essaie de nous faire croire qu’ « il n’y a rien au-dessus » de la tâc
3043
Péguy, quand il essaie de nous faire croire qu’ «
il
n’y a rien au-dessus » de la tâche des instituteurs : Faire de ces b
3044
roit… Et de ces beaux problèmes d’arithmétique où
il
fallait si soigneusement séparer les calculs du raisonnement, par une
3045
s trop au sérieux pour faire ici du sentiment, je
suis
sensible au charme de cette fantaisie. Mais ce qui fait très bien dan
3046
plier le tapissier par le prix du mètre courant n’
est
pas une fantaisie pour ce petit être qui s’énerve, qui embrouille les
3047
tre courant n’est pas une fantaisie pour ce petit
être
qui s’énerve, qui embrouille les règles, qui a sommeil, qui a peur de
3048
mmêlent… Et c’est cela l’enfance insouciante ? Qu’
est
-ce qui ressemble plus au souci quotidien des grandes personnes ? Mais
3049
quotidien des grandes personnes ? Mais l’enfance
est
ailleurs. Je revois ce fond de jardin où l’on trouve des cloportes da
3050
qu’on ne comprend pas, la prière du soir pour qu’
il
fasse beau demain, Michel Strogoff et Rémy un fils de vaincus, les to
3051
guliers… L’École, dans ce concert de souvenirs, n’
est
qu’une dissonance douloureuse. 3 Deux angoisses dominent mon enfance
3052
école, parce que c’est la loi. La première classe
fut
agréable : j’alignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’étais
3053
lignais des bâtons en rêvant à je ne sais quoi, j’
étais
délicieusement seul parmi ces petits êtres en tabliers bleus qui alig
3054
uoi, j’étais délicieusement seul parmi ces petits
êtres
en tabliers bleus qui alignaient leurs bâtons en rêvant à leur manièr
3055
nd venait mon tour, je savais rarement où l’on en
était
. Cela m’attira des reproches acides, et naturellement, la phrase sacr
3056
es acides, et naturellement, la phrase sacrée : «
Il
faut que tous fassent la même chose ici ! » Dans la suite, on se char
3057
se plus aucune velléité d’originalité. Mais pour
être
rentrée, ma colère n’en fut que plus malfaisante. L’école me rendit a
3058
ginalité. Mais pour être rentrée, ma colère n’en
fut
que plus malfaisante. L’école me rendit au monde, vers l’âge de 18 an
3059
garde contre moi-même à cause des autres desquels
il
ne fallait pas différer, profondément hypocrite donc, et le cerveau s
3060
type 2 et 2 font 4, ou : tous les hommes doivent
être
égaux en tout. Deux fois deux quatre, c’est stérile, mais ça ne fait
3061
» que je viens de citer, je découvris un jour qu’
elle
contient la cause déterminante de notre malaise. Il me fallut un cert
3062
contient la cause déterminante de notre malaise.
Il
me fallut un certain temps pour m’habituer à cette idée. Je tenais ce
3063
vris, c’est-à-dire que je me posais la question :
est
-ce vrai que tous les hommes doivent être égaux en tout ? Et la premiè
3064
uestion : est-ce vrai que tous les hommes doivent
être
égaux en tout ? Et la première réponse fut : Il faut que ce soit vrai
3065
ivent être égaux en tout ? Et la première réponse
fut
: Il faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende
3066
être égaux en tout ? Et la première réponse fut :
Il
faut que ce soit vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses
3067
out ? Et la première réponse fut : Il faut que ce
soit
vrai, pour que la démocratie prospère et étende ses conquêtes. C’étai
3068
aux vertueuses indignations de nos maîtres quand
ils
dénonçaient « la marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous éti
3069
marque indélébile de l’éducation jésuite ». Nous
étions
marqués par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui est une géné
3070
par Numa Droz, par l’esprit petit-bourgeois, qui
est
une généralisation de l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
3071
e l’avarice, et par les dogmes démocratiques, qui
sont
une généralisation de la règle de trois, aussi profondément certes qu
3072
rois, aussi profondément certes qu’un Voltaire le
fut
par les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-ils assez de verde
3073
ar les jésuites : du moins ceux-ci lui laissèrent-
ils
assez de verdeur d’esprit pour qu’il pût se dégager de leur empire. M
3074
laissèrent-ils assez de verdeur d’esprit pour qu’
il
pût se dégager de leur empire. Mais on avait brisé en nous ces ressor
3075
é des décrets humains. Le prix de mes souffrances
était
donc ce conformisme indispensable aux « immortels principes ». Je n’a
3076
ettre en doute : mais un jour je compris que ce n’
étaient
que des principes. Et ce fut ma seconde découverte : ce monde simplif
3077
compris que ce n’étaient que des principes. Et ce
fut
ma seconde découverte : ce monde simplifié, si évident, si parfaiteme
3078
t comme l’achèvement idéal et nécessaire — et qui
était
le seul pour lequel on nous préparait — c’était un système d’abstract
3079
i les charges de l’État, piliers d’un régime dont
ils
sont les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure e
3080
s charges de l’État, piliers d’un régime dont ils
sont
les seuls à s’accommoder parce qu’ils l’ont établi à la mesure exacte
3081
e dont ils sont les seuls à s’accommoder parce qu’
ils
l’ont établi à la mesure exacte de leurs besoins. Nous ne croyions pl
3082
s miracles ne trompent que les illettrés, mais qu’
il
convient de s’incliner devant les miracles de la science appliquée. O
3083
-être matériel. Nous savions qu’un fils d’ouvrier
est
l’égal d’un petit Dauphin — et même nous ne pouvions nous empêcher de
3084
ions nous empêcher de croire que le petit ouvrier
est
bien plus malin. Nous savions un tas de choses douloureusement ennuye
3085
s un tas de choses douloureusement ennuyeuses qui
sont
dans les livres — et nulle part ailleurs. Nous arrivions dans la vie
3086
nnues d’anciens camarades d’école primaire. Comme
ils
avaient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on était devenu plu
3087
ient changé ! On s’entendait d’autant mieux qu’on
était
devenu plus différents. Car ces différences sont les premières marque
3088
était devenu plus différents. Car ces différences
sont
les premières marques de la vie vécue et l’on aime à y découvrir la s
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urs. Ceux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause :
ils
n’étaient jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon é
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eux-là n’avaient pas bougé. Et pour cause : ils n’
étaient
jamais sortis de l’école. Rien ne ressemble plus à un bon élève qu’un
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bon élève qu’un instituteur : de l’un à l’autre,
il
n’y a pas de solution de continuité, la différence n’était qu’une que
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a pas de solution de continuité, la différence n’
était
qu’une question d’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire es
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’âge, non d’expérience vécue. Ce que je vais dire
est
sans doute injuste et faux dans un très grand nombre de cas, mais pou
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e de le dire ? L’instituteur sous l’uniforme peut
être
défini par son incompréhension méthodique des hommes et son mépris po
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que des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’
il
soit officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être
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des hommes et son mépris pour les paysans. Qu’il
soit
officier ou troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’être cons
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u troupier, on le reconnaît à une façon pédante d’
être
consciencieux, à une façon blessante d’être supérieur, à une façon li
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nte d’être consciencieux, à une façon blessante d’
être
supérieur, à une façon livresque d’expliquer les choses, à une façon
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er les choses, à une façon théorique de juger les
êtres
. Ces distributeurs automatiques (brevetés par le gouvernement) de la
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ire — ne se prennent pas pour de la petite bière.
Ils
ont conscience d’appartenir à une élite responsable, cela se voit de
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ir à une élite responsable, cela se voit de loin.
Il
faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le pl
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faut dire que ce ridicule n’échappe pas à ceux qu’
ils
méprisent le plus, et ils auraient souvent l’occasion de s’en douter
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n’échappe pas à ceux qu’ils méprisent le plus, et
ils
auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils étaient sensibles au
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ils auraient souvent l’occasion de s’en douter s’
ils
étaient sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dir
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auraient souvent l’occasion de s’en douter s’ils
étaient
sensibles aux finesses de l’ironie paysanne. Mais je n’en dirai pas p
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ne à quoi peut mener l’enseignement donné par des
êtres
qui brouillent à ce point les méthodes. Simple remarque, pendant que
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es méthodes. Simple remarque, pendant que nous en
sommes
aux instituteurs : ils sortent tous de la même classe sociale, de la
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ue, pendant que nous en sommes aux instituteurs :
ils
sortent tous de la même classe sociale, de la petite bourgeoisie. Est
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la même classe sociale, de la petite bourgeoisie.
Est
-ce que l’esprit petit-bourgeois qui imprègne l’enseignement primaire
3110
ue l’apport des instituteurs, ou bien préexiste-t-
il
dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-il les petits bourge
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dans les principes mêmes de l’École, et attire-t-
il
les petits bourgeois comme le portrait de Numa Droz attirait les mouc
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de Numa Droz attirait les mouches ? (Le verre en
était
toujours jaune.) Je n’ai ni le droit ni l’envie de dire du mal des pe
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t ni l’envie de dire du mal des petits-bourgeois.
Ils
sont au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de
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l’envie de dire du mal des petits-bourgeois. Ils
sont
au moins aussi sympathiques que n’importe quelle autre classe de la s
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prit petit-bourgeois pris abstraitement et tel qu’
il
se manifeste dans l’école primaire est un véritable virus de mesquine
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t et tel qu’il se manifeste dans l’école primaire
est
un véritable virus de mesquinerie, et devrait être soigné au même tit
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est un véritable virus de mesquinerie, et devrait
être
soigné au même titre que certaines autres maladies dites « sociales »
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ersonnes, le décor. La laideur des « collèges » n’
est
pas accidentelle. C’est celle même du régime. L’architecture de nos «
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un grand progrès sur la Nature. Quelle peut bien
être
la vertu éducatrice d’un tel milieu, moral et matériel ? L’école publ
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riel ? L’école publique, telle que nous la voyons
est
semblable à tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui sont dan
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tous ces monuments « de la mauvaise époque » qui
sont
dans nos villes l’apport du xixe siècle. Ils ne parviennent ni à la
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ui sont dans nos villes l’apport du xixe siècle.
Ils
ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils sont déjà démodé
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ne parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et
ils
sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’
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parviennent ni à la beauté ni à l’utilité, et ils
sont
déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en est pas un : mais l’absen
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sont déjà démodés. On dit que le style 1880 n’en
est
pas un : mais l’absence de style est encore un style : c’est même le
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le 1880 n’en est pas un : mais l’absence de style
est
encore un style : c’est même le pire.