1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 herlant, le sport et les jésuites (9 février 1924) a M. de Montherlant est considéré par plusieurs comme l’un des hérit
2 ittéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de n’ avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétude libératrice que
3 on premier livre, il s’est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes g
4 quée encore et nuancée jusqu’à l’ennui. La guerre a donné le coup de grâce à cet esthétisme énervant qu’on appelle symbol
5 tisme énervant qu’on appelle symbolisme ; et elle a donné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sortie
6 utre philosophie est celle de l’antique Rome, qui a inspiré le catholicisme, la Renaissance, le traditionnisme et le nati
7 arquons toutefois cette séparation, que Maurras n’ a pas faite aussi franchement, du catholicisme et du christianisme, le
8 n’est décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t -il manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le co
9 nqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a saisi
10 llège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’ a saisi aux pattes de la guerre encore contus de huit coups de griffes
11 chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’ a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une
12 de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une façon
13 façon obsédante, le rythme de la guerre. Du moins a-t -il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bou
14 être administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours d
15 faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’ a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablement
16 erlant est justement un des premiers Français qui ait compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le style e
17 désignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t -il touché la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à
18 es assez fortes pour pouvoir tout lire, et il n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait appeler un
19 e s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui a quitté le stade, se rendra mieux compte à distance de la contradictio
20 etenue de l’âge mûr, cette « limitation » que lui ont enseigné le sport et les anciens. J’admets que ses « idées générales 
21 ntherlant légitime une telle « simplification ». a . Rougemont Denis de, « [Compte rendu] M. de Montherlant, le sport et
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
22 cisme de David et d’Ingres, les peintres français ont accompli, durant le xixe siècle, une exploration merveilleuse dans l
23 s à leur point de départ. Mais leurs recherches n’ ont pas été vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus c
24 nt l’avènement d’un classicisme nouveau. M. Meili a mis en évidence cette courbe de la peinture moderne avec une netteté
25 ief remarquable. Les œuvres de cet artiste, qu’on a pu voir à la Rose d’Or témoignaient de ces mêmes qualités : car la fa
3 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
26 des « Amis de la pensée protestante ». M. Guisan avait choisi un sujet qui permet de façon particulièrement frappante la com
27 es. Primitivement, le Saint est un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’il serve. Mais très vite on étend l’appe
28 ontinue à faire des saints, tandis que ce terme n’ a plus qu’un sens relatif pour nous protestants. Est-ce là nous juger ?
29 là nous juger ? Les catholiques nous reprochent d’ avoir méconnu l’élément de grandeur morale que les saints maintiennent dans
30 me ce missionnaire et cette diaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestantism
31 ns, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignement de J
32 t l’enseignement de Jésus, telle est la pensée qu’ a voulu restaurer le protestantisme. La place nous manque pour louer co
4 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
33 s à Sainte-Croix, mais à Aubonne. Un plein succès a répondu à cette innovation. Le sujet de la première partie des confér
34 x ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent
35 ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent l’
36 issionnaire dans ces milieux, comme M. Terrisse l’ avait fait le soir avant pour les milieux d’ouvriers noirs au Cap. Sans tou
37 de partis, avec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies,
38 vec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, J
39 e mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond ont su arracher leurs auditeurs de leur lit de préjugés pour les placer v
40 trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’ a pas connu l’atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plus aé
5 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
41 és de Janson, de Brémond, j’en sais plusieurs qui ont ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui
42 les. Mais ce qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les discussions entre de Saussure et Bertrand, q
43 ine forêt, où Henriod debout sur un tronc coupé n’ eut pas trop de toute sa souplesse pour maintenir l’équilibre des discuss
44 , vint annoncer qu’on était libre — comme si on l’ avait attendu pour le manifester ! — et qu’il suffisait de souscrire à la b
45 re de la conférence3 pour savoir tout ce que je n’ ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom
6 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
46 — ici, je tape du pied —, ces désirs, ce corps… J’ ai un passé à moi, un milieu, des amis, ce tic. Mais encore, tant d’autr
47 squement les éléments désaccordés de ce moi que j’ avais tant choyé. « Maintenant, m’écriai-je — c’était un des premiers jours
48 rétendre les résoudre, mais que je dois feindre d’ avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base.
49 i s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’ aurai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me
50 arde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’ a que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant, je
51 nt. En priant, je m’arrête parfois, heureux : « J’ ai donc la foi ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’il ne fau
52 peut dicter que les gestes les plus favorables. J’ ai d’autres instincts et je n’entends pas tous les cultiver pour cela se
53 les prennent un caractère de certitude qu’elles n’ avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancieuse. 5. Q
7 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
54 tions nécessaires, défauts auxquels Montherlant n’ a pas toujours échappé, mais qu’il domine dans l’ensemble et entraîne d
55 uissante à la fois et désinvolte de son récit. On a souvent parlé d’excès de lyrisme à propos des premiers ouvrages de Mo
56 ière descendante, les prunelles laiteuses du dieu avaient un reflet bleu clair, soudain inquiètes à l’approche de l’inconnu. N
57 ent naturel ce cri de sagesse orgueilleuse : « Qu’ avons -nous besoin d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est
58 la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ ai pas dit les choses sentimentales. Le tragique de la vie ne lui échapp
59 la chenille. » (Évolution créatrice, p. 188) Je n’ ai pas la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciseraient
8 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
60 t au pas des Cascine. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur,
61 é dans une beauté que saluent tant de souvenirs n’ a d’autre nom que celui de l’instant, ô mélodieuse lassitude. Vivre ain
62 silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’ a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’est qu’odeurs, formes m
63 ne barre droite au travers d’un tableau. Nos yeux ont regardé longtemps — où va l’âme durant ces minutes ? — jusqu’à ce que
64 de sommeil. Une lampe dans la maison blanche nous a révélé proche la nuit. Nous nous sommes retournés vers la ville. Fle
9 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
65 i donc d’ouvrir le journal. Les Petites nouvelles ont un pouvoir tyrannique sur mon esprit. Non que cela m’intéresse au fon
66 d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j’ eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’en allèrent un peu vers l’a
67 jaquettes de couleur pour ma femme… Mais l’homme avait posé son journal. Soudain, portant la main à son gilet, il en retira
68 nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagné, c’est admirable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il
69 ion j’ouvre sans cesse à ta course aveugle ; tu n’ aurais pas trouvé ça tout seul, avec tes airs pessimistes. De nouveau, d’un
70 pour durer, et tu te réjouissais, parce que tu n’ as pas beaucoup d’imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qui
71 ’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout ! Ils ont inventé les caisses d’épargne, monuments d’une bassesse morale inconc
72 nce à concevoir un autre bonheur que celui qu’ils ont reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaunes. Ah 
73 qui fait des soirs si doux aux amants quand ils n’ ont plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent incert
74 e saurai jamais rien… (sinon qu’au lendemain je n’ avais plus un sou). Je n’ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à
75 non qu’au lendemain je n’avais plus un sou). Je n’ ai jamais revu l’étranger. Quelquefois je songe à ses paroles — ou peut-
76 ais cela ne suffit plus à m’en délivrer. Ma vie m’ a repris, je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tent
10 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
77 de l’Université, en introduisant le conférencier, a fait allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pou
78 ait allusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au p
79 t un des actes les plus vexatoires que l’histoire ait enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France de l’édit, vict
80 vexatoires que l’histoire ait enregistrés. Après avoir fait un tableau de la France de l’édit, victorieuse dans la guerre de
81 e facilement convaincre. D’ailleurs, les jésuites ont déjà réussi à « tourner » l’édit par mille arguties juridiques. Et le
82 ans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont été les meilleurs prédicateurs de notre Évangile ». Et les persécutio
83 Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’ ont commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre de plu
11 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
84 iques autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres don
85 ouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’être a
86 inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de s’astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout e
87 et qui tout en s’épurant dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élément de vitalité comb
88 une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuellement, M
89 lle d’hôtel en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamais au
90 e et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la peint
91 Comme peintre religieux, il se cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières toiles, d’une plus grande
92 mélange de Rops et d’Ensor ; pensait-on… Déjà il avait des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà paraissai
93 aient dans les Voix (cette courageuse revue qu’il avait fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impétueux ré
94 rles Humbert livré à sa fougue originale. Il y en a plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint par lu
95 e cou robuste, les mains d’un si beau dessin, qui ont du poids et nulle lourdeur, tout cela communique une impression de pu
96 lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du terme
97 son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il avait pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour les jeun
98 peu des choses bien curieuses sur son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et d
99 venir de Charles Harder, qui est mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûr
100 t jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditionnelle, d’un
101 ne, un sculpteur qui saura s’imposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on pouvait tirer des principes cubistes dans
102 inement sa vie propre. Depuis, Léon Perrin semble avoir évolué vers une plus grande harmonie de lignes. Je pense surtout à se
103 n de style donnée par le cubisme aux artistes qui ont su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubist
104 Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des circ
105 , notre but serait suffisamment atteint si nous n’ avions fait qu’affirmer l’existence et la vitalité d’une jeune peinture orig
12 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
106 à Vienne pour fuir l’Amérique. Mais les Viennois avaient fui dans les opérettes de Strauss, qu’on ne trouve plus nulle part. D
107 ologie de nos sentiments et de nos actes. Donc, n’ ayant pas renoncé à certaine idée que j’avais d’un romantisme viennois, je
108 . Donc, n’ayant pas renoncé à certaine idée que j’ avais d’un romantisme viennois, je fus conduit, par une sorte de compromis
109 venir de Gérard de Nerval. Mais je pense que je n’ avais même pas prononcé intérieurement ce nom lorsque je m’assis dans l’omb
110 s, une fois de plus manquait le rendez-vous que j’ avais demandé au hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’empare
111 que vous êtes tout près de comprendre… Mon voisin avait parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Comment pouvais
112 e détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’ avoir entendu ? — C’est, me répondit-il, que seul vous venez d’atteindre au
113 otre souffrance… Mais le temps approche où vous n’ aurez plus besoin de souffrir pour comprendre. Le faisceau de lumière quitt
114 ns son collier de barbe noire. Je sentis que je l’ avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui
115 ait passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’eus même pa
116 te sa personne rien de positivement démodé ; je n’ eus même pas le sentiment de quoi que ce soit d’immatériel. D’ailleurs le
117 ce soit d’immatériel. D’ailleurs le trouble où m’ avait jeté la première reconnaissance empêcha ma raison d’intervenir entre
118 l’air de ne pas trop s’amuser. — Ceci du moins n’ a guère changé, dis-je, songeant aux Amours de Vienne. — Certes, répond
119 que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose que je comprends assez
120 ésespérément à ses manches. De terreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gér
121 inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ ai aimé qu’une femme — au plus deux, en y réfléchissant bien, mais peut-
122 eux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour, c’éta
123 e n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’ ai su en retrouver la sensation jusque dans les choses — et c’est cela s
124  : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux hommes — et
125 de plaisir — autre façon de parler. On dit que j’ ai vécu d’illusions, avouez que les miennes étaient de meilleure qualité
126 laisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ ont pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni le
127 -il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’ avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille n
128 llement la belle effarée, et nous sortîmes, après avoir délivré le homard qui, laissé au vestiaire, y était l’objet de vexati
129 lire les signes. » Comme je ne répondais rien : «  Avez -vous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clef
130 ous sommeil ? demanda-t-il. Moi pas. D’ailleurs j’ ai oublié mes clefs il y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir,
131 aisait du Gérard ». Les cocktails du Moulin-Rouge avaient peu à peu envahi notre sang. Nos pensées devenaient légères comme des
132 outes les formes animales. Pour lui, les choses n’ ont d’intérêt que par les rapports qu’il leur devine avec la réalité extr
133 enait nerveux et que depuis quelques semaines, il avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la f
134 s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient
135 en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus q
13 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
136 e lui donne, en son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’il fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En
137 de rentrer en lui-même. « Il se ramène en soi, n’ ayant plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par l
138 et là déclare froidement ne pas exister. Non : il a remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobiogr
139 t-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la cert
140 miroirs. Stéphane est en train de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce
141 uit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’ a pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne
142 r la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu confiance. Or la personnalité est un acte de foi : Stéphane ne sait p
143 rire l’aspect psychologique d’une aventure qui en a bien d’autres, d’aspects. Il est bon que le lecteur dérisoirement tro
144 lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’ avoir pas saisi le sens véritable d’un texte, trouve parfois de cette incom
145 chappe, qu’il y voie une de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot de prière. Orphée perd Eurydice par scepticisme,
146 et à lui-même conjointement. Plusieurs ivresses l’ ont envahi bruyamment, bâillonnent sa raison, l’empêchent de protester co
14 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
147 tour de Hölderlin (15 juillet 1929)o « Je lui ai raconté qu’il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort
148 au murmure de l’eau ; la Princesse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, e
149 e de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches son
150 nant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu atti
151 les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ ai voulu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus diff
152 d’entre nous se préparent à tenter le climat, — j’ avais rêvé sur ce passage de l’émouvante Bettina, rêvé sans doute assez pro
153 gue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’ a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait
154 e. Il y a là une station de canots de louage où j’ ai vite découvert un « Friedrich Hölderlin » à côté d’un « Hypérion ». E
155 tionne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors
156 affreuses sur son compte, simplement parce qu’il a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer,
157 nd accès de fièvre… L’agrément de ce monde, je l’ ai vécu. Les joies de la jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps
158 esse, voilà si longtemps, si longtemps qu’elles ont fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rien, j
159 ie » — et cet aveu mystérieux : « La perfection n’ a pas de plainte »… Vivait-il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais
160 rfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi a vécu dans cette ville, tout semblable à ces théologiens aux yeux voil
161 l lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — 
162 radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce gen
163 adotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce genre
164 ntreuse de Pascal : le « Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de « bourgeois cultivés » à faire la bête dè
165 ent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pour do
166 e fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’oubl
15 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
167 dans la douceur du feu et de la joie. V Oh qui a retiré tes mains des miennes quand je te regardais trop profond pour
16 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
168 teurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait quelque chose à dire, ou une qual
169 rançais qui n’ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait quelque chose à dire, ou une qualité, une richesse d’âme comparable à
170 écialistes de tout au monde ; des jeunes gens qui ont fait leurs études à la Nouvelle Revue française , et qui ont, sur un
171 rs études à la Nouvelle Revue française , et qui ont , sur un tas de sujets pas importants, des idées « pertinentes », comm
172 r des statues !) Tout d’un coup, trois hommes qui ont du cran. Deux qui viennent : Bernanos et Malraux ; un qui s’éloigne :
173 quelques-uns des meilleurs esprits que la France ait su rendre inoffensifs. Il se pourrait très bien qu’à cette génération
174 . 5. La critique est aisée, répètent ceux qui en ont peur, ceux-là mêmes, bien sûr, qui, sous prétexte de sa difficulté, r
175 maçon. Le maçon creusait et défonçait, or on lui avait commandé une maison. Nos trois compères se moquaient fort. Le journal
176 e moquaient fort. Le journaliste expliquait qu’on eut dû commencer par l’échafaudage. Le libéral déplorait que l’on défonçâ
177 entrée du palais à nos trois amis (qui pourtant n’ eussent pas demandé mieux que de reconnaître, etc.) Actuellement, Nietzsche e
178 me intellectuel. Ces messieurs — et qui pensent — ont la chance de vivre à l’une des époques les plus violentes de l’histoi
179 nts et aussi peu tragiques que possible. « Il n’y a en eux aucun silence, aucune interrogation, aucune volonté supérieure
180 es Allemands ne les posent pas mieux ? Du moins n’ ont -ils pas cette impudeur française de supprimer ce qu’ils ne peuvent ré
181 siduité et l’approbation de tous les prudents qui ont fait le tour des choses comme on fait le tour des galeries du Lido :
182 mbre, son cigare ou son moi. » 8. « La France… n’ a pas su faire la révolution morale… parce qu’elle manque de sens moral
183 je reprends ma liberté. Beausire admire Léonard d’ avoir « tracé peut-être pour toujours les limites de l’humaine liberté ». S
184 au point où cessent d’eux-mêmes nos bavardages. J’ ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les problèm
17 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
185 est-à-dire quand je suis dominé par le monde. Ils ont tous le même air absurde. Des fantômes d’une autre sorte, ceux-là tou
186 ement de leur esprit ou de celui des autres. Nous avons vu des amateurs de pittoresque essayer, au hasard, des incantations t
187 n dont nous reproduisons l’extrait suivant : « “Y a-t -il une faculté de perception indépendante des sens, qui, s’exerçant p
188 mune ?” Depuis (et même avant) que Saint-Augustin a formulé cette question, qu’il n’osait résoudre, bien des mystiques, d
189 des psychiatres, des moralistes et des charlatans ont hasardé des réponses à cette interrogation que posent tacitement tout