1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 rément purement littéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquié
2 la recherche de la vérité. Dès son premier livre, il s’est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le te
3 s son premier livre, il s’est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps n’est plus, où les jeunes
4 esthétisme énervant qu’on appelle symbolisme ; et elle a donné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sort
5 de l’après-guerre. ⁂ Deux philosophies, affirme-t- il , se disputent le monde. L’une vient de l’Orient, et insinue dans le m
6 r M. de Montherlant comme pour Maurras, est ce qu’ il importe de sauvegarder, avant tout autre principe. Jusqu’ici, rien d’
7 t décidément pas philosophe. Peut-être ne lui a-t- il manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le collè
8 manqué pour le devenir que le temps de méditer : il a quitté le collège jésuite pour la tranchée, puis « le sport l’a sai
9 es et chaud de l’étreinte du fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d
10 n obsédante, le rythme de la guerre. Du moins a-t- il ainsi évité le choc fatal pour tant d’autres du guerrier et du bourge
11 autres du guerrier et du bourgeois. Dernièrement, il abandonna le stade et rentra dans le monde où nous vivons tous. Écœur
12 où nous vivons tous. Écœuré du désordre général, il cherche des remèdes, et nous tend les premiers qui lui tombent sous l
13 ent être administrés ensemble. L’opération faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours
14 . « On se fait son unité comme on peut », avoue-t- il franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une mêm
15 on unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il me semble bien paradoxal de vouloir unir dans une même philosophie la
16 eut oublier la partie doctrinaire de cette œuvre, elle ne lui est pas indispensable : « Ces simplifications valent ce que va
17 on idées générales, et j’avoue bien volontiers qu’ il n’est pas une opinion sur le monde à laquelle je ne préfère le monde 
18 ignés… ». Voici passer un coureur : « À peine a-t- il touché la piste d’herbe, c’est une allégresse héroïque qu’infuse à so
19 ’air et le sol, dieux rivaux, se le disputent, et il oscille entre l’un et l’autre. Ainsi mon art, entre terre et ciel. Ma
20 e et posée, est pleine du désir de l’air. Danse-t- il sur une musique que je n’entends pas ? » — Mais plus que le corps en
21 accepte une règle ; on l’assimile, à tel point qu’ elle n’est plus une entrave à la violence animale déchaînée dans le corps
22 te vision de la réalité, abnégation, sentiment du devoir de chacun envers l’ensemble (Montherlant insiste plutôt sur le sentim
23 . Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévo
24 qu’on m’aime. Je demande qu’on me soit dévoué. » Ils disent : « Tu es notre capitaine. » Ces choses ne sont pas dites en v
25 n peut retenir, c’est la méthode, car je crois qu’ elle sert mieux la démocratie que l’Église romaine, quoi qu’en pense M. de
26 pense M. de Montherlant. Et voici, ô paradoxe, qu’ il rejoint Kant, Kant qui écrit : « C’est sur des maximes, non sur la di
27  C’est sur des maximes, non sur la discipline, qu’ il faut fonder la conduite des jeunes gens : celle-ci empêche les abus,
28 es filles assez fortes pour pouvoir tout lire, et il n’y aura plus besoin de roman catholique. » C’est ce qu’on pourrait a
29 orale constructive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète
30 orter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’é
31 e. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’épuise-t- il pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses qualités, le
32 puise-t-il pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses qualités, le reste s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Month
33 bâtie son œuvre. L’intéressant sera de voir ce qu’ il sacrifiera, de la morale sportive ou de la morale jésuite. Mais enfin
34 catholique. Et son lyrisme, encore un peu brutal, il saura le dompter, et atteindre au classicisme véritable. Voici un con
35 tructeur, un entraîneur, et qui joue franc jeu. S’ il faut lutter contre lui, nous savons qu’il observera les règles. Saluo
36 jeu. S’il faut lutter contre lui, nous savons qu’ il observera les règles. Saluons-le donc du salut des équipes avant le m
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
37 part. Mais leurs recherches n’ont pas été vaines. Ils en reviennent chargés de chefs-d’œuvre, et plus conscients de leurs m
38 (contrairement à ce que pense souvent le public), ils préparent l’avènement d’un classicisme nouveau. M. Meili a mis en évi
39 intre. Souhaitons d’entendre encore M. Meili. Est- il besoin de souligner l’importance de telles prises de contact entre ar
3 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
40 un homme que Dieu a mis à part par grâce pour qu’ il serve. Mais très vite on étend l’appellation de saint à ceux qui par
41 souplesse dont fait preuve l’Église d’alors quand il s’agit d’adapter des traditions antiques au dogme en formation. Au Mo
42 eur vie : mais Christ est le seul médiateur à qui doit s’adresser le culte, en son cœur, du croyant. Le centre de gravité re
43 é en Christ. — Comment l’Église catholique réagit- elle  ? En codifiant l’état de choses antérieur. Donc l’Église continue à f
44 c d’autant plus de force que « en situant tout le devoir chrétien dans l’accomplissement scrupuleux, joyeux et fidèle de la vo
45 dèle de la vocation, le protestantisme affirme qu’ il existe divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’est sacrifiée au
46 te, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’ il n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protest
47 iaconesse ? S’il n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le protestantisme. Mais il n’est pas de fin au
48 il existe des saints dans le protestantisme. Mais il n’est pas de fin aux œuvres de Dieu. La sainteté parfaite ne commence
49 imites les plus hautes de la vertu. Dans ce sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il f
50 s ce sens, il ne peut exister de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignemen
51 de saint véritable. Il n’y a pas de saints, mais il faut être parfait. Tel est l’enseignement de Jésus, telle est la pens
52 estantisme. La place nous manque pour louer comme il conviendrait la clarté d’un exposé solidement documenté, et le scrupu
53 ule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’ il n’est, comme ici, que la loyauté d’un esprit animé par une foi agissa
4 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
54 iences faites pendant le réveil de la Drôme, dont il est l’un des artisans les plus actifs. Pour remplacer un travail prom
55 deux ouvriers de Paris, Clerville et Janson, dont il a eu l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlère
56 éré, au moral comme au physique. Chacun dit ce qu’ il pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands recouvren
5 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
57 nt — mais oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’ il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de li
58 s objections que chacun se faisait à part soi, qu’ ils incarnaient les voix contradictoires d’un débat que tous menaient en
59 i on l’avait attendu pour le manifester ! — et qu’ il suffisait de souscrire à la brochure de la conférence3 pour savoir to
60 que je n’ai pas dit dans ces quelques notes. 3. Il suffit encore : f 2.50, nom et adresse. f. Rougemont Denis de, « L’
6 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
61 ficiellement : nous comprenons que nos œuvres, si elles furent faites à l’image de notre esprit, le lui rendent bien dans la
62 irez qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visages que je puis à peine reconnaître. Reste le
63 le monde, — les choses, les faits, la vie, comme ils disent. Je me suis abandonné au jeu du hasard, jusqu’au jour où l’on
64 asard, jusqu’au jour où l’on me fit comprendre qu’ il n’est que le jeu de sauter follement d’une habitude dans une autre. I
65 e sauter follement d’une habitude dans une autre. Il ne me resta qu’une fatigue profonde ; je devins si faible et démuni,
66 détenir un secret très simple, et un peu narquois ils me considéraient avec une pitié curieuse : je me sentis nu, tout le m
67 e pitié curieuse : je me sentis nu, tout le monde devait voir en moi une tare que j’étais seul à ignorer, était-ce ma fatigue
68 d de tous les plaisirs, cette envie de rire quand il m’arrivait un ennui, cette incapacité à jouir de mes victoires, à ple
69 e force aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde au
70 e voici devant quelques problèmes dont je sais qu’ il est absolument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois feind
71 ument vain de prétendre les résoudre, mais que je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de D
72 i ? » Mais c’est encore une question… Je crois qu’ il ne faut pas attendre immobile dans sa prière, qu’une révélation vienn
73 re arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout. S’ il est une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui prépa
74 lui préparerai les voies. Agir ? Sur moi d’abord. Il ne faut plus que je respecte tout en moi. Je ne suis digne que par ce
75 n’entends pas tous les cultiver pour cela seul qu’ ils sont naturels : la nature est un champ de luttes, de tendances vers l
76 s’oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’ elle ne permet que des associations suivant les directions de moindre rési
77 is d’abord rendu digne. L’époque nous veut, comme elle veut une conscience. Je fais partie d’un ensemble social et dans la m
78 e social et dans la mesure où j’en dépends, je me dois de m’employer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y faut
79 oyer à sa sauvegarde ou à sa transformation. Mais il y faut une doctrine, me dit-on. L’avouerai-je, quand je médite sur un
80 t s’élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’ ils viennent battre ce corps triste, qu’ils l’emportent d’un flot fou ! R
81 ésirs. Qu’ils viennent battre ce corps triste, qu’ ils l’emportent d’un flot fou ! Revenez, mes joies du large !… Tiens, j’é
82 er, c’est se surpasser). J’entends des phrases qu’ il ne faut pas encore comprendre — tout est si fragile —, mais je sais q
83 écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites elles prennent un caractère de certitude qu’elles n’avaient pas encore en m
84 rites elles prennent un caractère de certitude qu’ elles n’avaient pas encore en moi. C’est en quoi ma sincérité est tendancie
85 ème, hors la religion. Un système n’est pas vrai, il est utile. C’est pourquoi je ne puis comprendre les excommunications
7 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
86 e sens envahi par un rythme impérieux au point qu’ il faut que certaines voix en moi taisent leur protestation, étouffées p
87 aussi. Le sujet était périlleux : si particulier, il prêtait à des abus de pittoresque, de couleur locale, de détails tech
88 els Montherlant n’a pas toujours échappé, mais qu’ il domine dans l’ensemble et entraîne dans l’allure puissante à la fois
89 a vie animale. Et n’est-ce pas justement parce qu’ il est poète qu’il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une
90 t n’est-ce pas justement parce qu’il est poète qu’ il peut atteindre à pareille intensité de réalisme. Une perpétuelle palp
91 vie anime ce livre et lui donne un rythme tel qu’ il s’accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; en
92 récit) sent ce que sent la bête en même temps qu’ elle . Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne
93 e sent la bête en même temps qu’elle. Et parce qu’ il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment
94 en même temps qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’ elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aim
95 qu’elle. Et parce qu’il sait ce qu’elle va faire, il peut la dominer… : on ne vainc vraiment que ce qu’on aime, et les vic
96 le horreur sacrée. Voici Alban devant une bête qu’ il devra combattre le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! » Il l’a
97 horreur sacrée. Voici Alban devant une bête qu’il devra combattre le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! » Il l’apostro
98 re le lendemain : « Salaud, cochon, saligaud ! » Il l’apostrophait ainsi tout bas, sur un ton révérenciel, et comme on dé
99 complissant sa destinée. Quelques secondes encore elle cligna des yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendiren
100 t d’un câble de navire qu’on serre sur un treuil. Elle arriva avec emphase à la cime de son spasme, comme l’homme à la cime
101 e l’homme à la cime de son plaisir, et comme lui, elle y resta immobile. Et son âme divine s’échappa, pleurant ses jeux, et
102 d’un autre amour que celui que nous donnons ? » ⁂ Il est impossible de ne voir dans les Bestiaires qu’une évocation de l’E
103 défauts qui tueraient tout autre que lui. Certes, il ne soulève directement aucun des grands problèmes de l’heure. La viol
104 d avec la vie. Ni métaphysicien, ni logicien, dit- il d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste o
105 en, ni logicien, dit-il d’Alban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idé
106 mort ou les soucis politiques, sociaux, etc., et il ne met de la gravité que dans les choses voluptueuses, je n’ai pas di
107 ntales. Le tragique de la vie ne lui échappe pas. Il en parle, il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il est po
108 agique de la vie ne lui échappe pas. Il en parle, il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’il est poète : le chan
109 il le chante avec pathétique. Mais c’est parce qu’ il est poète : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend qu’une tell
110 Mais c’est parce qu’il est poète : le chant fini, il n’y pense plus. On comprend qu’une telle attitude agace des gens qui
111 hent en gémissant ». Mais cette personnalité dont il manifeste avec une magnifique insolence les forces créatrices, ne vau
112 gnifique insolence les forces créatrices, ne vaut- elle pas d’être élevée en témoignage pour notre exaltation ? Comme la vue
113 à force d’y vouloir trouver un sens, ne vaudrait- il pas autant s’abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replac
114 ontractée, par la grâce de l’éternel Désir ? 6. Il est curieux de noter que de tels passages viennent à l’appui de la th
8 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
115 sente au couchant, dans ce corridor de lumière où elle accueille le ciel — et derrière, elle devient plus secrète. Vers l’es
116 lumière où elle accueille le ciel — et derrière, elle devient plus secrète. Vers l’est, des collines fluides et roses. De l
117 revenaient au pas des Cascine. Vers sept heures, il n’y en eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait s
118 t arrêtée tout près de l’eau. Mais ce n’est pas d’ elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne depuis un
119 la vie n’a presque plus de sens, comme le fleuve. Elle n’est qu’odeurs, formes mouvantes, remous dans l’air et musiques sour
120 nes. Il y avait la vie des hommes pour demain, et il était beau d’y songer un peu avant de nous abandonner à l’oubli luxue
121 tous les bruits de la ville en un chant immense. Il passe une possibilité de bonheur par personne et les devantures ne ch
9 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
122 e grande figure aux joues mates, aux yeux clairs. Il déplia le journal et se mit à lire les pages d’annonces. On m’apporta
123 on journal. Soudain, portant la main à son gilet, il en retira trois dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants, il c
124 nt la main à son gilet, il en retira trois dés qu’ il jeta sur la table. Les yeux brillants, il compta. Une indécision paru
125 dés qu’il jeta sur la table. Les yeux brillants, il compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis il reprit les dés b
126 compta. Une indécision parut sur ses traits. Puis il reprit les dés brusquement, et me fixant avec un léger sourire : — Jo
127 ixant avec un léger sourire : — Jouez ! ordonna-t- il . La surprise vainquit ma timidité, je pris les dés et les jetai sans
128 idité, je pris les dés et les jetai sans hésiter. Il compta de nouveau, puis avec une légère exaltation : — Vous avez gagn
129 rable, ah ! mon Dieu, je vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapidement les pages, la proie d
130 e vous remercie, Monsieur… Il saisit son journal. Il en parcourait rapidement les pages, la proie d’une agitation visible.
131 pages, la proie d’une agitation visible. Bientôt il m’offrit de jouer un moment. Nous fixâmes comme enjeu nos consommatio
132 fixâmes comme enjeu nos consommations. Je gagnai. Il demanda des portos. Je les gagnai et je les bus. D’autres encore. Ma
133 passionnées. Mais bientôt : — « Destin, s’écria-t- il , tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition j’ouvre sa
134 allais me cramponner à cette espèce de bonheur qu’ ils croient lié à la possession, et que j’allais vivre aussi sur le dogme
135 cours de bourse. « Heureux quoique pauvre » comme ils disent dans leurs manuels scolaires. Les voler, pour leur apprendre.
136 asse d’impôts immédiatement supérieure à la leur. Ils voudraient que leur vie garantît un 5 % régulier de plaisirs, avec as
137 rs d’amour — ô vertige sans prix du lâchez-tout ! Ils ont inventé les caisses d’épargne, monuments d’une bassesse morale in
138 issance à concevoir un autre bonheur que celui qu’ ils ont reçu de papa-maman et l’Habitude, leur marraine aux dents jaunes.
139 is m’endormir, ah ! galope, caracole, éclabousse, ils n’y comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils me jugent et leu
140 n’y comprendront jamais rien, écoutez-les, comme ils me jugent et leurs cris indignés qui couvrent une angoisse. Ça les dé
141 isère qui fait des soirs si doux aux amants quand ils n’ont plus que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent
142 incertaines, une tendresse éperdue et la mort. » Il ferma les yeux sur des visions. Les lustres doraient un brouillard de
143 ise à notre table, en robe rouge, et très fardée. Elle jouait avec la rose. Les dés roulèrent, pour un dernier enjeu. Alors
144 ’effeuilla sur les dés, et partit d’un long rire. Elle me regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et
145 arrement et j’étais possédé de joies et de peurs. Il fallut se lever, traverser le café dans la musique et la rumeur des c
146 je ne suis pas heureux. Je sais très bien que je devrais tenter quelque chose. Je suis plein de rêves, certains soirs. Il faut
147 ue chose. Je suis plein de rêves, certains soirs. Il faut pourtant rentrer chez moi, et ma femme m’embrasse et me regarde
148 rce que je ne suis plus tout à fait le même. Puis elle me laisse, parce que le lait va monter. Alors, dans ma chambre, avant
10 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
149 ntroversés de l’histoire. L’un de ceux, aussi, où il est le plus difficile de rester impartial. M. Lombard, recteur de l’U
150 s. M. Esmonin s’abstient d’en faire un tableau qu’ il suppose présent à l’esprit de ses auditeurs. Il termine en citant le
151 u’il suppose présent à l’esprit de ses auditeurs. Il termine en citant le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date du 16
152 us réjouir de retrouver bientôt dans l’ouvrage qu’ il va consacrer à Louis XIV l’exposé si dénué de parti pris, si libre et
11 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
153 stes neuchâtelois (avril 1927)k Neuchâtel va-t- elle redevenir le centre artistique qu’elle fut au siècle passé ? Allons-n
154 hâtel va-t-elle redevenir le centre artistique qu’ elle fut au siècle passé ? Allons-nous assister à un regroupement de ses f
155 on est peut-être prématurée. Mais le seul fait qu’ elle se pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécess
156 de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à savoir s’ il est possible déjà de discerner parmi eux certaines tendances générale
157 faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t- il , pour une part, la dispersion des efforts artistiques. Tout ce monde
158 e, énervante, souvent fatale aux novateurs. Alors ils s’en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus eff
159 x novateurs. Alors ils s’en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir m
160 nt d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue, s’ il rentre au foyer dans une Rolls-Royce et fortune faite, tout le monde
161 . « Voilà le train du monde… » Je ne pense pas qu’ il en faille gémir. Une certaine résistance est nécessaire pour que la f
162 arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans. Il peignait alors des natures mortes, de petits paysages, il dessinait d
163 ait alors des natures mortes, de petits paysages, il dessinait des nus aux crayons de fard. C’était un peu plus Blanchet q
164 einte en bleu vif et ornée de surprenants batiks, il s’est livré pendant quelques années à des recherches un peu théorique
165 out est lisse et parfait. Trop parfait seulement. Il manque à ces recompositions de la nature, à ces natures remises à neu
166 , cette tête prisonnière qui regarde ailleurs… Qu’ il sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’il voit dans la petite
167 il sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’ il voit dans la petite cité ouvrière, et c’est merveille de constater co
168 la vie. La série de gravures sur bois colorées qu’ il intitule la cité est un petit chef-d’œuvre de réalisme stylisé. C’est
169 mum d’expression. Cette « simplicité précieuse », il sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’il décore une bannière, f
170 ité précieuse », il sait la conférer à tout ce qu’ il touche, qu’il décore une bannière, fabrique une poupée, compose une a
171 », il sait la conférer à tout ce qu’il touche, qu’ il décore une bannière, fabrique une poupée, compose une affiche ou une
172 oupée, compose une affiche ou une mosaïque, c’est elle qui permettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi ce brin de c
173 es. Et aussi ce brin de comique un peu bizarre qu’ il glisse si souvent là où on l’attend le moins. Conrad Meili apporte ch
174 rant dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte aussi cet élément de vitalité combative qui manque trop
175 bative qui manque trop souvent au Neuchâtelois. S’ il casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plutôt
176 nt une initiative comme celle de Neuchâtel 1927 7 il aura bien mérité sa place parmi les artistes neuchâtelois. Actuelleme
177 habiller une idée. Voyez son portrait de Meili : il ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans
178  : il ne prend pas le sujet par l’intérieur, mais il taille ce visage dans une pâte riche et un peu lourde, son pinceau la
179 ceau la palpe, la presse, la réduit à la forme qu’ il voit. Il y a de la sensualité dans l’écrasement de ses couleurs, une
180 icate quand du haut de San Miniato ou de Fiesole, il peint Florence avec des roses et des jaunes jamais mièvres, sous l’œi
181 Donzé touché à son tour par la grâce décorative, il n’en reste qu’un, du moins à Neuchâtel même : Eugène Bouvier. Ce garç
182 ique et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais il a toujours l’air de songer à la Hollande, sa seconde patrie si la pei
183 s défauts mêmes ou ses fausses négligences ; mais il faut pour comprendre cet art emprunter de singuliers chemins d’accès.
184 ses aînés, dont on le puisse rapprocher, parce qu’ il est un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant
185 ires qui s’épanouissent sur les toiles de Meuron. Il semble toujours qu’il peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où
186 t sur les toiles de Meuron. Il semble toujours qu’ il peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêlen
187 l semble toujours qu’il peigne entre deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêlent, et sait rendre mieux que p
188 -je, Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières t
189 ment on passe en cinq ans de Baudelaire à Rubens. Il fut un temps où l’on put craindre que Charles Humbert ne devînt le ch
190 le chef d’une école du gris-noir neurasthénique. Il peignait des natures mortes qui décidément l’étaient, à faire froid d
191 un mélange de Rops et d’Ensor ; pensait-on… Déjà il avait des disciples (Madeleine Woog, G. H. Dessoulavy)… Mais déjà par
192 issaient dans les Voix (cette courageuse revue qu’ il avait fondée avec J. P. Zimmermann) des dessins d’un dynamisme impétu
193 mble s’être opérée. Humbert est rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et sa maîtrise avec une toile comme le Potier.
194 abondance très sûrement ordonnée. Je crois qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir en lui sans cess
195 z un Charles Humbert livré à sa fougue originale. Il y en a plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint
196 le. Il y en a plus encore chez un Aurèle Barraud. Il suffit de le voir peint par lui-même pour s’en assurer. La tête large
197 i semble se faire une volupté de la discipline qu’ elle s’impose. Et voilà qui fait encore plus « Renaissance » : le costume
198 ient un livre ouvert, et ce n’est pas je pense qu’ il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-
199 ert, et ce n’est pas je pense qu’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il est
200 u’il le lise, mais il aime caresser la reliure qu’ il doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens anci
201 l le lise, mais il aime caresser la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du
202 r la reliure qu’il doit avoir faite lui-même. Car il est artisan, dans le beau sens ancien du terme, tout comme son frère
203 ui s’y reflèteront soient aussi beaux que ceux qu’ il peint ou modèle, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme (elle
204 e, le soir, à la lampe, en compagnie de sa femme ( elle peint aussi, d’un œil regardant le sujet, de l’autre ce qu’en fait so
205 voici François Barraud, le plus jeune des frères. Il vient apporter des dessins qui ressemblent beaucoup aux petites huile
206 , très en avant, sans s’en apercevoir, peut-être. Il suivait son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il avait pris
207 it son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’ il avait pris quelques années d’avance sur ses contemporains. Un jour le
208 u à peu des choses bien curieuses sur son compte. Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et
209 . Il a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’ il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuille religieuse
210 n m’assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuille religieuse. Il déniche à Paris des tableaux my
211 d’oranges. Il administre une feuille religieuse. Il déniche à Paris des tableaux mystérieux qu’il relègue dans son atelie
212 se. Il déniche à Paris des tableaux mystérieux qu’ il relègue dans son atelier, pêle-mêle avec les siens. Vous retournez un
213 mur, c’est un Renoir… Retournez-en une autre, ce doit être un dessin d’horlogerie, ou quelque plan d’une machine à mouvemen
214 bjet le plus banal se charge de mystère. Que va-t- il se passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occulte prod
215 e de ces machines à explorer l’au-delà. En vérité il faut être sorcier ou artiste pour changer en instruments métaphysique
216 mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé surtout des dessins, d’une sûreté un peu traditionnelle, d’u
217 décomposition primitive en plans. C’est ainsi qu’ il atteint d’emblée dans ses statues à un beau style dépouillé et hardi.
218 iguë. Notre revue n’est certes pas complète. Mais elle a du moins l’avantage de grouper des artistes qui, par le fait des ci
219 7 sera la première manifestation collective. Est- il possible, au sein de ce mouvement, d’en distinguer d’autres plus orga
220 aussi différentes par leur objet et le domaine où elles se réalisent que celles de Le Corbusier8, Meili, Evard, Perrin, manif
221 rmonie des lignes ; où la lumière éclaire plus qu’ elle ne caresse ; où pourtant les hivers les plus durs réservent des douce
12 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
222 osait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait- il accuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sin
223 ime — bien qu’on pense généralement le contraire. Il est très vrai que les notions réaliste et idéaliste du monde ne sont
224 évadé dans son rêve, beaucoup plus loin que moi, il n’entend pas ma question. L’envie me prend d’aller le rejoindre. Me v
225 sparente : la mort même en devient moins brutale. Elle rôde ici comme une tristesse amoureuse. Elle n’est plus que l’approch
226 ale. Elle rôde ici comme une tristesse amoureuse. Elle n’est plus que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours
227 le seul à l’avoir entendu ? — C’est, me répondit- il , que seul vous venez d’atteindre au monde des êtres véritables. Nous
228 rbe noire. Je sentis que je l’avais déjà reconnu. Il portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui, à la rigueur, p
229 r, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il n’y avait dans toute sa personne rien de positivement démodé ; je n’e
230 omard enrubanné. « Cela vexe les Viennois, me dit- il , parce qu’ils y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens
231 né. « Cela vexe les Viennois, me dit-il, parce qu’ ils y voient une façon de me moquer de leurs petits chiens musclés… Je n’
232 s une chose que je comprends assez bien, ajouta-t- il , mais pour d’autres raisons qu’eux, probablement… À ce moment, comme
233 e homard refusa obstinément de progresser. Gérard dut le prendre sous le bras, et les paires de pinces s’accrochèrent déses
234 ses manches. De terreur, le homard avait rougi : il conserva toute la nuit une magnifique couleur orangée. Gérard semblai
235 mes qui m’ont retenu un instant, c’était parce qu’ elles évoquaient cet amour, c’était parce que je découvrais en elles de sec
236 ent cet amour, c’était parce que je découvrais en elles de secrètes ressemblances, qui pour d’autres paraissaient purement my
237 t jamais rien, dès qu’on aime… Oh ! cette femme ! elle n’était qu’un regard, un certain regard, mais j’ai su en retrouver la
238 paya quelques œillets rouges en lui expliquant qu’ elle devait les donner à la première jolie femme qui passerait seule. Nous
239 quelques œillets rouges en lui expliquant qu’elle devait les donner à la première jolie femme qui passerait seule. Nous nous a
240 eurs pour se donner le temps de regarder autour d’ elle  ; l’intérêt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit
241 êt que nous ne sûmes pas dissimuler nous trahit ; elle finit donc par accepter et vint à nous avec un sourire du type le plu
242 courant : « Vous êtes bien gentils, messieurs ! » Il n’y avait plus qu’à lui prendre chacun un bras, une femme pour deux h
243 outume viennoise. L’enfant était charmante, comme elles le sont presque toutes dans cette ville, — du type que Gérard et Théo
244 « biondo et grassotto », et qu’avec mes amis nous devions baptiser en style viennois « Mehlspeis-Schlagobers »10. Heureusement
245 c’est que de prendre des femmes au hasard, disait- il . Je sens très bien que nous allons nous ennuyer terriblement. Du moin
246 qui seules faisaient sa dignité humaine, parce qu’ elles le rattachaient aux buts les plus hauts de notre vie. Ces citadins bl
247 és s’amusent plus grossièrement que des barbares, ils s’imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissement
248 ntent ne savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été préparées pour leur
249 ueurs qui n’ont pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t
250 ignes ni les ressemblances. Aussi l’ennui règne-t- il bruyamment dans ces lieux : cet orchestre triomphant suffit à peine à
251 eauté. Mais je crois que l’Orient est devenu fou. Il ne comprend plus rien. » Des bugles agonisaient, aux dernières mesure
252 pas moins. « Pourquoi vous ne dites rien ? » fit- elle d’un ton de reproche, évidemment scandalisée par cette atteinte aux l
253 rda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit- il doucement, pauvre colombe dépareillée, vous n’avez pas de ressemblanc
254 répondais rien : « Avez-vous sommeil ? demanda-t- il . Moi pas. D’ailleurs j’ai oublié mes clefs il y a très, très longtemp
255 y a très, très longtemps… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça :
256 t dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je ressentis quelque ém
257 ïe de cette phrase célèbre. Ensuite, je pensai qu’ il arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la première fois d
258 uarium de rêves, discourt et décrit les images qu’ il y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Cl
259 parle avec une liberté magnifique et angoissante. Il mêle tout dans le temps et l’espace. Cent années et tous les visages
260 e que tout revit en un instant dans cette vision, il connaît enfin la substance véritable et unique de toutes ses amours,
261 bstance véritable et unique de toutes ses amours, il communie avec quelque chose d’éternel. Tous les drames du monde ne so
262 s mouvants dans la lueur bariolée des sentiments, ils ne sont que reflets, épisodes, symboles : le vrai drame de son destin
263 boles : le vrai drame de son destin est ailleurs. Il se met à m’expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui c
264 es choses n’ont d’intérêt que par les rapports qu’ il leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il m’enseigne que la pas
265 u’il leur devine avec la réalité extra-terrestre. Il m’enseigne que la passion seule, par la souffrance qu’elle entraîne,
266 seigne que la passion seule, par la souffrance qu’ elle entraîne, nous révèle le sens réel de nos vies, et peu à peu, de leur
267 . La fatigue calme son lyrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui n
268 t son exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos s
269 savants retombés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisante. Il dit que la vie ressemble surtout à un film où les épiso
270 bés en pleine barbarie spirituelle. Il plaisante. Il dit que la vie ressemble surtout à un film où les épisodes s’appellen
271 se voient par transparence au travers de l’autre. Il dit : « Pour celui qui saisit les correspondances, chaque geste, chaq
272 us le soleil, et même ailleurs. Croyez-moi, ce qu’ il faudrait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendrait to
273 presque plus rien ; à peine, de temps en temps, s’ il parlait à voix basse à son homard, qui semblait d’ailleurs endormi. E
274 tant, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’ il en était ainsi chaque nuit, que l’animal devenait nerveux et que depu
275 devenait nerveux et que depuis quelques semaines, il avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion e
276 nerveux et que depuis quelques semaines, il avait le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la fit
277 elques semaines, il avait dû le mettre au caviar. Il en demanda donc une petite portion et la fit prendre au homard avec t
278 ut cela s’empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y eut plus personne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’
279 rs en bandeaux, au teint pâle, l’air d’autrefois. Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’ape
13 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
280 chez lui, cela ne s’est pas porté sur les autos. Il préfère s’intéresser aux divers types humains. Mais on lui sait peu d
281 sait peu de grés de sa curiosité. Sans doute est- il trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner…
282 sité. Sans doute est-il trop impatient, demande-t- il aux êtres plus qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit ri
283 il trop impatient, demande-t-il aux êtres plus qu’ ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il
284 us qu’ils ne peuvent donner… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme
285 r… D’ailleurs on ne lui doit rien, n’est-ce pas ? Il en tombe d’accord ; accepte d’attendre comme un enfant sage que le mo
286 n son temps, sa petite part. On lui a expliqué qu’ il fallait la mériter et tâcher de devenir quelqu’un. En d’autres termes
287 ermes, on lui conseille de rentrer en lui-même. «  Il se ramène en soi, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos
288 de nos classiques. Repoussé par le monde parce qu’ il n’est pas encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’il est. C
289 encore quelqu’un, Stéphane cherche à savoir ce qu’ il est. C’est une autre manie de sa génération. Mais là encore il se sin
290 une autre manie de sa génération. Mais là encore il se singularise : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qu
291 sa génération. Mais là encore il se singularise : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de
292 e, et là déclare froidement ne pas exister. Non : il a remarqué que l’époque peut être définie par l’abondance des autobio
293 aussi bien par celle des miroirs. C’est pourquoi il en installe un sur sa table de travail, de façon à pouvoir s’y surpre
294 des heures entières à se regarder dans les yeux. Il varie sur son visage les jeux de lumière et de sentiments. Il découvr
295 son visage les jeux de lumière et de sentiments. Il découvre une sorte de rire au coin de sa bouche dans les moments de p
296 e genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard :
297 uent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué, il veut voir encore cette fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même
298 tte fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même il se perd en méditations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il
299 ations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séan
300 sommeil l’en délivre. Au matin il court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal
301 u matin il court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’énervent, mais l’av
302 ances lui font du mal, l’énervent, mais l’aveu qu’ il en consent l’attache plus secrètement à son aventure. Nous vivons da
303 n offre à Stéphane sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en
304 son image descend en face de lui par l’ascenseur, elle le suit au long des trottoirs, il l’aperçoit entre des souliers, des
305 l’ascenseur, elle le suit au long des trottoirs, il l’aperçoit entre des souliers, des étiquettes, des poupées ; elle le
306 entre des souliers, des étiquettes, des poupées ; elle le précède au restaurant, le nargue brièvement au passage des autos,
307 oiffeur. Déjà, c’est avec une sorte d’angoisse qu’ il la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’
308 est avec une sorte d’angoisse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de
309 goisse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’ il est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre son image pour
310 ut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’ il lui arrive de prendre son image pour celle de n’importe quel passant,
311 e son image pour celle de n’importe quel passant, il se sent comme séparé de soi, et si profondément différent de cette ap
312 si profondément différent de cette apparence, qu’ il doute de sa réalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y c
313 éalité. Le mystère de voir ses yeux l’épouvante. Il y cherche une révélation et n’y trouve que le désir d’une révélation.
314 on. Peut-on s’hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre l
315 qui pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais il s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertig
316 ne à une découverte sur les sept sens de laquelle il convient de méditer : la personne se dissout dans l’eau des miroirs.
317 de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t- il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’il fau
318 si qu’on ne comprend que ce qu’on dépasse ? Et qu’ il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l’homme moderne un bes
319 vérifier qui n’est plus légitime dès l’instant qu’ il se traduit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu con
320 est un acte de foi : Stéphane ne sait plus ce qu’ il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulen
321 téphane ne sait plus ce qu’il est. Semblablement, il ne sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pas se fatiguer pour
322 d’une aventure qui en a bien d’autres, d’aspects. Il est bon que le lecteur dérisoirement troublé par la crainte de n’avoi
323 te aux considérations précédentes lui échappe, qu’ il y voie une de ces marques. Stéphane a oublié jusqu’au mot de prière.
324 à propos de rien, Stéphane pense avec fièvre : «  Il faudrait briser tous les miroirs. Alors tu te verrais en vérité. Peut
325 de s’hypnotiser l’irrite toujours vaguement. Mais il fuit son propre regard, il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourq
326 ujours vaguement. Mais il fuit son propre regard, il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fait peur à certaine
327 il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fait peur à certaines femmes. Un soir, après quelques alcools et un
328 une amie d’une beauté de plus en plus frappante, il croit saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lu
329 de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stépha
330 appels qui reçoivent en même temps leur réponse, il répète à plusieurs reprises : « Je ne sais pas : je suis !… Je ne sai
331 sage me cache tous les miroirs » — à une femme qu’ il aimait. n. Rougemont Denis de, « Miroirs, ou Comment on perd Euryd
14 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
332 rlin (15 juillet 1929)o « Je lui ai raconté qu’ il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’il dort les portes ouv
333 il habite une chaumière au bord d’un ruisseau, qu’ il dort les portes ouvertes, et pendant des heures récite des odes grecq
334 esse de Homburg lui a fait cadeau d’un piano dont il a coupé les cordes, mais pas toutes, en sorte que plusieurs touches s
335 urs touches sonnent encore, et c’est là-dessus qu’ il improvise, oh ! j’aimerais tant aller là-bas, cette folie m’apparaît
336 rminant sa lettre sur Hölderlin : « Ce piano dont il a cassé les cordes, c’est vraiment l’image de son âme ; j’ai voulu at
337 lu attirer là-dessus l’attention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou. 
338 z longuement d’un des poètes auxquels notre temps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’
339 temps doit vouer l’attention la plus grave — car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l
340 de. L’amour s’éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de Madame Gontard12, déchirement à peine sensible d
341 connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses Hymnes une sérénité presque effrayante. Vient le temps
342 de son monologue entre terre et ciel lui échappe. Il jette encore quelques cris brisés : « Ô vieux démon ! — je te rappell
343 sse. » Mais le feu s’éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d
344 moment où meurt Diotima, Hölderlin errant loin d’ elle (dans la région de Bordeaux croit-on), est frappé d’insolation ; sa f
345 lin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’ il donne aux visiteurs venus pour contempler la victime d’un miracle. — 
346 be, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’ ils n’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homm
347 el. « Monsieur connaît Hölderlin ? — questionne-t- il , méfiant — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, i
348 ? — questionne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’ il y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était
349 n, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portra
350 s, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits ? — (et comme je considère un ravissant médai
351 lus affreuses sur son compte, simplement parce qu’ il a aimé une femme, pour écrire Hypérion, et pour les gens d’ici, aimer
352 e familièrement l’image d’une femme par le nom qu’ elle portait au mystère de l’amour… Trois petites fenêtres ornées de cactu
353 trempent… Tout est familier, paisible au soleil. Il passait des heures à cette fenêtre, à marmotter. Vingt-sept ans dans
354 a jeunesse, voilà si longtemps, si longtemps qu’ elles ont fui. Avril et mai et juin sont lointains, Je ne suis plus rie
355 ur l’île n’existait pas, en face, ni les maisons. Il voyait des prairies et des collines basses, de l’autre côté de l’eau
356 ux : « La perfection n’a pas de plainte »… Vivait- il encore ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme
357 e ? Ce lieu soudain m’angoisse. Mais le gardien : il y est comme chez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond-il, j
358 ez lui. — Dormez-vous dans ce lit ? — Oh ! répond- il , je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de v
359 nd-il, je pourrais aussi bien habiter la chambre. Il ne vient pas tant de visiteurs, et seulement de 2 à 4… Une rue étouff
360 encontrent, qui montent au Séminaire protestant : il leur fait de grandes révérences… La rumeur et le cliquetis d’une gra
361 Est-ce que tout cela existe dans le même monde ? ( Il est bon de poser parfois de ces grandes questions naïves.) Lui aussi
362 rop courts, qui se promènent tout seuls… Et puis, il lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et p
363 , il lui est arrivé quelque chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant.
364 chose de terrible, où il a perdu son âme. Et puis il n’est revenu qu’un vieux corps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes
365 rps radotant. — Qu’en pensez-vous, bonnes gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’accorde à trouver malsain ce g
366 de « bourgeois cultivés » à faire la bête dès qu’ il s’agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je n
367 ir de je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré
368 es musiquettes et ces parfums de fleurs et d’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut-il donc que l’un des deux soit absurde
369 urs et d’eau… elle est tellement d’ailleurs… Faut- il donc que l’un des deux soit absurde, de ces mondes à mes yeux soudain
370 multanés ?… Le tragique de la facilité, c’est qu’ elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, t
371 est qu’elle n’est qu’un oubli. Et pourtant, comme elle paraît ici bien établie, triomphante, à beau fixe. Pourquoi troubler
372 ces âmes indulgentes à leur banalité ? Est-ce qu’ ils ne soupçonnent jamais rien ? Ou bien, peut-être, seulement, quand l’a
373 etite fièvre, — cette semaine de leur jeunesse où ils ont cru pressentir de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’
374 ment, nous fait comprendre, dans le temps même qu’ il nous entr’ouvre le ciel, qu’il est bon qu’il y ait le monde… Mais que
375 s le temps même qu’il nous entr’ouvre le ciel, qu’ il est bon qu’il y ait le monde… Mais que cette musique vulgaire, par qu
376 ttina von Arnim-Brentano : Die Günderode. 12. Où il était précepteur. Madame Gontard est la Diotima de l’Hypérion et des
15 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
377 ent bizarrement les journalistes. (L’esprit n’est- il pas ce qui allège ? Ce qui fait s’envoler les ballons ?) 2. En vérit
378 et à l’adoration : où que se portent nos regards, ils rencontrent des talents distingués. À cet ordre d’ambition convient s
379 nçaise — et nul ne s’en déclare gêné, me semble-t- il … 3. Si nous jetons sur les lettres parisiennes un regard distrait ma
380 qui persiste à passer pour un écrivain ; alors qu’ il est plutôt ce qu’autrefois l’on nommait joliment un fin lettré. (Vrai
381 s dans les « milieux » littéraires, l’un parce qu’ il croit tout à fait, l’autre parce qu’il ne croit pas du tout, le trois
382 n parce qu’il croit tout à fait, l’autre parce qu’ il ne croit pas du tout, le troisième parce qu’il croit ou ne croit pas
383 qu’il ne croit pas du tout, le troisième parce qu’ il croit ou ne croit pas selon les sautes brusques de son tempérament. A
384 oror. « Qu’on nous montre un homme… » Un ou deux. Il suffit de très peu de sel pour rendre mangeables beaucoup de nouilles
385 esprits que la France ait su rendre inoffensifs. Il se pourrait très bien qu’à cette génération ne soit échue qu’une œuvr
386 quaient fort. Le journaliste expliquait qu’on eut commencer par l’échafaudage. Le libéral déplorait que l’on défonçât l
387 ement, Nietzsche est encore très mal compris. 6. Il s’agit ici de la critique d’un certain état d’esprit moins facile à f
388 me ambition et témoignent de la même impuissance. Ils désirent également donner une solution décisive au problème de l’homm
389 er une solution décisive au problème de l’homme ; ils manquent également de cette énergie créatrice et critique qui leur pe
390 stique » sans l’accompagnement desquels, semble-t- il , nul Français ne saurait accepter sa révolte. Il y a bien quelques ou
391 poques les plus violentes de l’histoire humaine ; ils assistent à des bouleversements sociaux, moraux et surtout spirituels
392 surtout spirituels d’une portée planétaire, mais ils trouvent d’excellentes raisons pour ne point se laisser troubler. Ils
393 lentes raisons pour ne point se laisser troubler. Ils tiennent à leurs petites inquiétudes domestiquées. Ils sont toujours
394 iennent à leurs petites inquiétudes domestiquées. Ils sont toujours pressés, charmants et aussi peu tragiques que possible.
395 charmants et aussi peu tragiques que possible. «  Il n’y a en eux aucun silence, aucune interrogation, aucune volonté supé
396 llemands ne les posent pas mieux ? Du moins n’ont- ils pas cette impudeur française de supprimer ce qu’ils ne peuvent résoud
397 s pas cette impudeur française de supprimer ce qu’ ils ne peuvent résoudre sur-le-champ. Ils mettent en jeu des systèmes de
398 rimer ce qu’ils ne peuvent résoudre sur-le-champ. Ils mettent en jeu des systèmes de valeurs plus ramifiés, plus organiques
399 stèmes de valeurs plus ramifiés, plus organiques. Ils ne sont pas obscurs, ils sont arborescents. Voyez Bertram, Gundolf, R
400 mifiés, plus organiques. Ils ne sont pas obscurs, ils sont arborescents. Voyez Bertram, Gundolf, Rudolf Kassner… En France,
401 tholique. Servir leur paraît ridicule. Soit, mais il faudrait donner une œuvre. Il faudrait créer, si rien n’existe qui va
402 idicule. Soit, mais il faudrait donner une œuvre. Il faudrait créer, si rien n’existe qui vaille qu’on s’y dévoue. Mais qu
403 e porte plus, — voire même à paraître ennuyeux13… Ils recherchent tous un équilibre, le trouvent bien vite, comme de juste,
404 tent chez un éditeur. Cela fait un roman de plus. Il obtiendra le prix d’assiduité et l’approbation de tous les prudents q
405 ple, si vous persistez à dédaigner cette vertu qu’ il est vraiment trop facile de nommer l’avarice française, il vous reste
406 aiment trop facile de nommer l’avarice française, il vous reste à choisir entre le sort de Nietzsche et celui de Schiller.
407 s tenter de leur opposer un effort digne de ce qu’ ils furent… Cela demanderait certains sacrifices, certains mépris qui pas
408 ue. Pour abolir des obstacles de cette envergure, il suffit d’un peu de décision. Jules César s’imposait de longues marche
409 … n’a pas su faire la révolution morale… parce qu’ elle manque de sens moral. » Le Français qui n’est ni chrétien ni disciple
410 tien ni disciple de Nietzsche, demandera pourquoi il faut faire la révolution morale. Voilà notre aphorisme démontré. 9.
411 arti pris…, un ordre de valeurs, si arbitraire qu’ il soit, mais volontairement, assumé ». N’est-ce point oublier que l’exi
412 utant plus héroïquement sa vérité — une vérité qu’ il doit se créer de toute sa volonté, telle inéluctablement qu’elle est
413 nt plus héroïquement sa vérité — une vérité qu’il doit se créer de toute sa volonté, telle inéluctablement qu’elle est en Di
414 éer de toute sa volonté, telle inéluctablement qu’ elle est en Dieu — et soit qu’il sache ou qu’il ignore que la grâce seule
415 inéluctablement qu’elle est en Dieu — et soit qu’ il sache ou qu’il ignore que la grâce seule permet de vouloir… C’est Nie
416 t qu’elle est en Dieu — et soit qu’il sache ou qu’ il ignore que la grâce seule permet de vouloir… C’est Nietzsche, et quel
417 oucher, nous gagnons l’altitude. Les problèmes qu’ il se pose sont le meilleur de l’homme — à condition qu’il les surmonte.
418 pose sont le meilleur de l’homme — à condition qu’ il les surmonte. « Car l’homme est quelque chose qui doit être surmonté 
419 les surmonte. « Car l’homme est quelque chose qui doit être surmonté » comme dit Zarathoustra — développant sans doute une v
16 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
420 ômes ne sont pas les miens, et qui saura jamais s’ ils ne sont pas pour moi « des choses » — et réciproquement. La distincti
421 , c’est-à-dire quand je suis dominé par le monde. Ils ont tous le même air absurde. Des fantômes d’une autre sorte, ceux-là
422 ne volonté qui l’oriente vers certains états dont il arrive que la gratuité apparente nous fascine. Un fantôme ne manifest
423 tômes décrits par la psychologie moderne révèle-t- elle une déficience de méthode, laquelle correspond à une certaine séchere
424 eux les correspondances. Comprenons à ce signe qu’ il nous transporte dans un monde plus hautement organisé, c’est-à-dire p
425 ulement notre impuissance à les aimer.) Dès lors, il ne s’agira plus de réduire les fantômes qui nous tenteront, mais de l
426 pour nous, normalement, l’aspect d’une création. Il s’agit de maintenir cet effort sous le signe de la sobriété la plus r
427 nt nous reproduisons l’extrait suivant : « “Y a-t- il une faculté de perception indépendante des sens, qui, s’exerçant par
428 ) que Saint-Augustin a formulé cette question, qu’ il n’osait résoudre, bien des mystiques, des poètes, des philosophes, de