1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 sérieux, des âmes exceptionnellement compliquées, qui s’exprimaient en une langue plus compliquée encore et nuancée jusqu’à
2 nné naissance à la doctrine de M. de Montherlant, qui en est sortie toute formée et casquée pour la lutte de l’après-guerre
3 L’autre philosophie est celle de l’antique Rome, qui a inspiré le catholicisme, la Renaissance, le traditionnisme et le na
4 riginal dans cette conception simpliste du monde, qui n’est en rien différente de celle de l’Action française ; remarquons
5 il cherche des remèdes, et nous tend les premiers qui lui tombent sous la main : le sport et la morale romaine. Dans sa hât
6 ation faite, il a pourtant fallu la justifier, ce qui n’a pas été sans quelques tours de passe-passe de logique, admirablem
7 iduelles, et la morale des sports anglais, morale qui veut former des hommes maîtres d’eux-mêmes, c’est-à-dire libres. Et c
8 ontherlant est justement un des premiers Français qui ait compris que le but du sport n’est pas la performance, mais le sty
9 Montherlant les contemple, ému de « cette ivresse qui naît de l’ordre », et aussi parfois, de la pensée que « sur ces corps
10 nt, c’est la domination de la raison sur ce corps qui est exaltante, et c’est cette domination qui est le but véritable du
11 orps qui est exaltante, et c’est cette domination qui est le but véritable du sport. On accepte une règle ; on l’assimile,
12 cation de l’immense axiome formulé par Hésiode et qui gouverna le monde ancien : La moitié est plus grande que le tout ». L
13 font pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’on m’aime. Je demande qu’
14 capital pour le sportif. Or c’est la faiblesse «  qui fait lever la haine ». « La faiblesse est mère du combat. » C’est don
15 t. Et voici, ô paradoxe, qu’il rejoint Kant, Kant qui écrit : « C’est sur des maximes, non sur la discipline, qu’il faut fo
16 « morale constructive » : porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’at
17 e » : porter l’effort sur ce qui doit être, et ce qui ne doit pas être tombera de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînemen
18 reste s’arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui a quitté le stade, se rendra mieux compte à distance de la contradict
19 n plus seulement un homme de lettres. Un homme en qui s’équilibrent déjà l’enthousiasme d’une jeunesse saine et la retenue
20 ritable. Voici un constructeur, un entraîneur, et qui joue franc jeu. S’il faut lutter contre lui, nous savons qu’il observ
2 1924, Articles divers (1924–1930). Conférence de Conrad Meili sur « Les ismes dans la peinture moderne » (30 octobre 1924)
21 salle du Lyceum, M. Conrad Meili parla des écoles qui représentent la peinture française, des débuts du xixe siècle à nos
3 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
22 ée protestante ». M. Guisan avait choisi un sujet qui permet de façon particulièrement frappante la comparaison des points
23 très vite on étend l’appellation de saint à ceux qui par leur élévation morale ou leurs souffrances semblent s’être le plu
24 « compétences » des saints, ou de leurs reliques qui se multiplient prodigieusement. Alors éclate la protestation de la Ré
25 de leur vie : mais Christ est le seul médiateur à qui doit s’adresser le culte, en son cœur, du croyant. Le centre de gravi
26 il existe divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’est sacrifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missio
27 umenté, et le scrupule d’historien et de chrétien qui permet à M. Guisan de montrer le point de vue adverse avec autant de
28 C’est la revanche du fameux scrupule protestant, qui ne peut être un danger lorsqu’il n’est, comme ici, que la loyauté d’u
4 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
29 M. Raymond de Saussure, psychanalyste distingué, qui se fit avec beaucoup d’intelligence l’avocat du diable, en montrant q
30 te sur l’Évolution religieuse de Jacques Rivière, qui se trouva préciser bien des points laissés en suspens dans la premièr
31 u l’occasion de partager les conditions de vie et qui nous parlèrent l’un de la Réalité prolétarienne, l’autre de la Mental
32 ons de partis, avec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopi
33 s, avec une passion contenue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies, Clervill
34 ontenue d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond
35 tes en trois jours, cela peut paraître excessif à qui n’a pas connu l’atmosphère particulière à ces rencontres. Rien de plu
36 ts et de professeurs suisses et français. Miracle qui nous fit croire un instant à la fameuse devise de la Révolution. d.
5 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
37 na sous le plus beau soleil de printemps. Libre à qui veut d’y voir un symbole. On ne saurait exagérer l’importance des con
38 xposés de Janson, de Brémond, j’en sais plusieurs qui ont ainsi « lâché » pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce
39 pas mal de préjugés en matières sociales. Mais ce qui est peut-être plus important, on eut l’impression, durant les discuss
40 et d’intelligent, je le mesure aussi à l’émotion qui accueillit l’étude de Maury sur Jacques Rivière : combien reconnurent
41 té d’un culte moins platonique : n’est-ce pas Léo qui prétendit qu’on ne peut juger les Associations qu’à leur façon de jou
6 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
42 craint de ressortir trop différent. Amour de soi, qui nous tourmente obscurément et nous obsède de craintes et de réticence
43 imprévisible des choses. Amour de soi… Mais moi, qui suis-je ? Par ces trois mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui
44 s trois mots commence le drame de toute vie. Ha ! Qui je suis ? Mais je le sens très bien ! je sens très bien cette force —
45 p de personnages, faudrait choisir. Vous me direz qui je suis, mes amis ; quel est le vrai ? — Ils me proposent vingt visag
46 ais seul à ignorer, était-ce ma fatigue seulement qui me rendait toutes choses si méticuleusement insupportables, si cruell
47 ce aveugle de violence s’était levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus quelle confiance sourde aux co
48 plus de l’animal. Louée soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop
49 soit ma force et tout ce qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute
50 e qui l’exalte, et tout ce qui la dompte, tout ce qui sourd en moi de trop grand pour ma vie — toute ma joie ! » Ce n’étai
51 is que je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’y pe
52 urai garde de m’y perdre au début d’une recherche qui n’a que ce but de me rendre mieux apte à vivre pleinement. En priant,
53 a prière, qu’une révélation vienne chercher l’âme qui se sent misérable. Je ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriver
54 e plus profond de l’homme, la vertu conservatrice qui ne peut dicter que les gestes les plus favorables. J’ai d’autres inst
55 ie, puisque n’est pas encore parfait cet instinct qui est la Vertu. Ma vertu est de chercher cette Vertu ; de me replacer d
56 ous les fait oublier, d’où cette fatigue générale qui fausse tout, et qui s’oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’
57 , d’où cette fatigue générale qui fausse tout, et qui s’oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’elle ne permet que d
58 ificiel dans ma vie, une vue stupide sur mon état qui peut m’être dangereuse. (On donne corps à une faiblesse en la nommant
59 eintes dans une nuit froide. Les notes d’un chant qui voudrait s’élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’ils viennent
60 t ; je pense au monde. Chant des horizons, images qui s’éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, m
61 vous aime moins que je ne vous désire. (Ce désir qui me rend fort pour — autre chose…) Ô luxe, ne pas aimer son plaisir ?
62 Et spontanément je suis porté à écrire des idées qui m’aideront. Une fois écrites elles prennent un caractère de certitude
7 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
63 isent leur protestation, étouffées par des forces qui se lèvent. Car telle est la vertu de ce livre, qu’on l’éprouve d’abor
64 sans intrigue, sans cette orchestration de thèmes qui faisait la richesse du Songe, mais d’une ligne plus ferme, d’une unit
65 s dans un coin du tableau des ruades, des chevaux qui partent tout droit, la tête dressée, des vachettes qui se mordillent
66 artent tout droit, la tête dressée, des vachettes qui se mordillent et se frôlent amoureusement, des chiens « qui vous fauf
67 dillent et se frôlent amoureusement, des chiens «  qui vous faufilent des douceurs au bas des jambes », jusqu’à ces chats qu
68 s douceurs au bas des jambes », jusqu’à ces chats qui griffent et lèchent alternativement, « en vraies bêtes de désir ». Un
69 s génisses, et la chère plaine. De tels passages qui abondent dans les Bestiaires font pardonner bien d’autres pages de vr
70 , celui-là. Et c’est un moraliste de grande race, qui peut nous mener à des hauteurs où devient naturel ce cri de sagesse o
71 une évocation de l’Espagne et du génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des phr
72 t du génie taurin. Ce qui perce à chaque page, ce qui peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en fin
73 peu à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’élève en fin de compte de tous ces tableaux de violence et de passi
74 ce d’un tempérament. À l’inverse de tant d’autres qui s’analysent sans fin, avant que d’être, Montherlant impose un tempéra
75 euse. Il y a là de quoi faire oublier des défauts qui tueraient tout autre que lui. Certes, il ne soulève directement aucun
76 des grands problèmes de l’heure. La violence même qui sourd dans son être intime l’en empêche, le préserve des états d’ince
77 lban — (de lui-même) — il n’« accroche » pas à ce qui est triste ou ennuyeux, que ce soit l’idée de la mort ou les soucis p
78 On comprend qu’une telle attitude agace des gens qui se soucient avant tout de trouver des réponses de l’intelligence ou d
79 Dieu. Montherlant est aux antipodes de ceux-là «  qui cherchent en gémissant ». Mais cette personnalité dont il manifeste a
80 ssance physique, un mouvement vers la vie ardente qui peut entraîner l’âme dans un élan de grandeur. N’est-ce point une sol
81 autant s’abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replacent dans l’intelligence de l’instinct universel et nous él
82 de Bergson. Bergson suppose aussi entre le sphex qui pique une chenille précisément aux trois-centres nerveux, et sa victi
83 ime « une sympathie (au sens étymologique du mot) qui la renseigne du dedans, pour ainsi dire, sur la vulnérabilité de la c
84 s la place de citer ici plusieurs autres passages qui préciseraient ce parallélisme du poète et du philosophe. h. Rougemo
8 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
85 n eut presque plus. Nous étions seuls sur le pavé qui exhalait sa chaleur, au long des quais sans bancs pour notre lassitud
86 tre lassitude. Florence s’éloignait derrière nous qui suivions maintenant le sentier du bord du fleuve, plus bas que la Pro
87 as d’elle que vient cette chanson jamais entendue qui nous accompagne depuis un moment sur le chemin de l’autre rive. Il y
88 de comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui s’impose à nos pensées. Ici la vie n’a presque plus de sens, comme le
89 nt comme cette brume, une vie étrangère, une paix qui n’est pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en
90 vie étrangère, une paix qui n’est pas humaine, et qui nous laisse gourds et faibles, caressant en nous la lâche volupté de
91 de plante vaguement heureuse d’être pliée au vent qui ne parle jamais. Nous fûmes si près de choir dans ton silence. Nature
92 fûmes si près de choir dans ton silence. Nature ! qui nous enivrait, promettant à nos sens, fatigués de l’esprit qui les ex
93 rait, promettant à nos sens, fatigués de l’esprit qui les exerce, des voluptés plus faciles — pour infuser dans nos corps c
94 sent nos ferveurs, angles purs, repos de l’esprit qui s’appuie sur son œuvre ! La sérénité de cette façade élevée lumineuse
95 forces humaines, et rendait sous des coups un son qui nous évoqua les rumeurs de villes d’usines. Il y avait la vie des hom
96 épètent sans fin les notes mêlées d’une symphonie qui va peut-être composer tous les bruits de la ville en un chant immense
97 les galeries, les cafés, les musiques, Donizetti qui pleure délicieusement jusque dans les gestes des passantes. Sous cett
98 e sentir engagé dans un système d’ondes de forces qui tisse la nuit vibrante, intérêts, politesses, politiques, regards, mu
99 egards, musiques — cette vie rapide dans un décor qui est le rêve éternisé des plus voluptueuses intelligences — tous les t
9 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
100 .) Le tambour livra un homme élégant et tragique, qui se tint un moment immobile, cherchant une table, puis s’avança lentem
101 C’était, je m’en souviens, une petite automobile qui roulait dans la banlieue printanière ; des soupers d’amis dans notre
102 se tend ardemment vers la conclusion d’un hasard qui opère au commandement de la main. Ce soir-là, une confiance me posséd
103 imagination, et que tu es un pauvre vaudevilliste qui use à tort et à travers de situations complètement démodées et d’intr
104 gros farceur, va. Quand je songe à tous ces gens qui perdent leur vie à la gagner9, et leur façon inexplicable de lier des
105 jaunes. Ah ! perdre, perdre ; et c’est toujours à qui perd gagne ! Sauter follement d’une destinée dans l’autre, de douleur
106 z-les, comme ils me jugent et leurs cris indignés qui couvrent une angoisse. Ça les dérange terriblement, sauf un ou deux q
107 sse. Ça les dérange terriblement, sauf un ou deux qui s’imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en tra
108 ginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en train de me soutirer les quelque billets de mille dont je vena
109 la misère aux yeux las pleins de rêves, la misère qui fait des soirs si doux aux amants quand ils n’ont plus que des baiser
110 jeu. Alors la femme lança sur la table cette rose qui s’effeuilla sur les dés, et partit d’un long rire. Elle me regardait
10 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
111 place au point de vue de l’historien scrupuleux, qui juge d’après les textes, les causes et les effets vérifiables, et non
112 n pas trop, au début, de l’émigration des fidèles qui suivent leurs pasteurs proscrits. On espère bien convertir de gré ou
113 spère bien convertir de gré ou de force tous ceux qui resteront « Les enfants seront du moins catholiques, si les pères son
114 notre Évangile ». Et les persécutions contre ceux qui n’ont commis d’autre crime que de « déplaire au roi » vont reprendre
115 rmine en citant le jugement d’Albert Sorel, selon qui la date du 16 octobre 1685 marque une déviation dans l’histoire de la
11 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
116 geoises dont je ne vais pas faire le procès, mais qui expliquent, me semble-t-il, pour une part, la dispersion des efforts
117 trémismes sont prônés comme vertus cardinales, et qui forme ailleurs le premier public des jeunes artistes, n’existant pas
118 critiques autorisés. Du benjamin, Eugène Bouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres d
119 ugène Bouvier, qui a 25 ans, jusqu’à André Evard, qui en a près de 50, si les peintres dont nous allons parler méritent d’ê
120 yen d’aucun de ces appareils à jugements garantis qui posent un critique d’art diplômé. Premier péché contre l’histoire : a
121 lois, je vous présente Conrad Meili, un Zurichois qui nous arriva de Genève il y a de cela cinq ou six ans. Il peignait alo
122 reconnaissait entre trente pareilles, aux cactus qui ornaient les fenêtres, dans une chambre peinte en bleu vif et ornée d
123 es natures remises à neuf, l’imperfection humaine qui touche. Mais l’atmosphère pure de ces espaces définis par quelques pl
124 sue, cette tulipe bizarre, cette tête prisonnière qui regarde ailleurs… Qu’il sorte enfin et se mette à graver les scènes q
125 réalisme stylisé. C’est d’un art très volontaire, qui connaît ses ressources et sait en user avec la sobriété qui produit l
126 t ses ressources et sait en user avec la sobriété qui produit le maximum d’expression. Cette « simplicité précieuse », il s
127 , compose une affiche ou une mosaïque, c’est elle qui permettra de reconnaître une de ses œuvres. Et aussi ce brin de comiq
128 une inspiration neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de s’astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout
129 s’astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout en s’épurant dans des formes claires a su les renouveler. Il nou
130 s apporte aussi cet élément de vitalité combative qui manque trop souvent au Neuchâtelois. S’il casse des vitres, ce n’est
131 e salle d’hôtel en collaboration avec Paul Donzé. Qui eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’astreindrait jamai
132 aux exigences de la technique décorative ! Voilà qui laisse espérer parmi nos artistes bien d’autres rapprochements moins
133 ts moins paradoxaux. Donzé n’est pas de ceux pour qui la peinture consiste à habiller une idée. Voyez son portrait de Meili
134 dans l’écrasement de ses couleurs, une sensualité qui sait se faire délicate quand du haut de San Miniato ou de Fiesole, il
135 jamais mièvres, sous l’œil méfiant des fascistes qui le prennent pour un agitateur russe, à cause de sa chevelure, sans do
136 lus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les jeunes qui vouent tout leur amour à la peinture pure. Je crois même que, Paul Do
137 des yeux de Japonais d’une ironie mélancolique et qui voient plus loin qu’on ne croit, mais il a toujours l’air de songer à
138 teloise : un lyrisme un peu amer, d’une tristesse qui ne s’affiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enf
139 ssimulation dans l’œuvre de Bouvier. Sa technique qui paraît au premier abord masquer ses intentions, en réalité les exprim
140 t art emprunter de singuliers chemins d’accès. Ce qui d’abord vous prend et vous retient dans un tableau de Bouvier, c’est
141 e qu’il est un des rares peintres de ce pays pour qui la couleur existe avant tout. Mais la nostalgie de Bouvier l’entraîne
142 l’entraîne à mille lieues des jardins de sourires qui s’épanouissent sur les toiles de Meuron. Il semble toujours qu’il pei
143 ir neurasthénique. Il peignait des natures mortes qui décidément l’étaient, à faire froid dans le dos ; ou bien des scènes
144 rès rassurant. C’était, je crois, le vrai Humbert qui commençait à s’affirmer. Puis il y eut une période intermédiaire, un
145 ais goût au milieu d’harmonies funèbres, comme un qui n’attendrait pas que l’enterrement s’éloigne pour entonner une chanso
146 is qu’on doit beaucoup attendre de ce tempérament qui fait jaillir en lui sans cesse des possibilités imprévues. Il y a un
147 s, le cou robuste, les mains d’un si beau dessin, qui ont du poids et nulle lourdeur, tout cela communique une impression d
148 communique une impression de puissance domptée et qui semble se faire une volupté de la discipline qu’elle s’impose. Et voi
149 lupté de la discipline qu’elle s’impose. Et voilà qui fait encore plus « Renaissance » : le costume est drapé avec un soin
150 n du terme, tout comme son frère Charles Barraud, qui lui, passe ses journées à vendre des couleurs, à encadrer des glaces.
151 r des glaces. Et plaise aux dieux que les visages qui s’y reflèteront soient aussi beaux que ceux qu’il peint ou modèle, le
152 s jeune des frères. Il vient apporter des dessins qui ressemblent beaucoup aux petites huiles de Charles, moins intensément
153 aussi habiles dans l’utilisation du clair-obscur qui simplifie et renforce l’expression. Décidément ces trois frères sont
154 d’un songe ? C’est en effet un rêve de précision qui s’incarne dans ces motifs géométriques, pour le plaisir de la perfect
155 eintres, rappelons le souvenir de Charles Harder, qui est mort jeune, sans avoir pu donner toute sa mesure. Il a laissé sur
156 ostume d’aviateur, retour de Vienne, un sculpteur qui saura s’imposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on pouvait ti
157 tre le réalisme imposé par les sujets et un style qui sait rester ample, d’une simplicité non dépourvue de puissance. Une f
158 leçon de style donnée par le cubisme aux artistes qui ont su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cu
159 lle a du moins l’avantage de grouper des artistes qui , par le fait des circonstances peut-être plus que par de naturelles a
160 D’une part il y a des préoccupations décoratives qui pourraient aboutir peut-être à la formation d’un groupe dont l’activi
161 u métier, un goût pour la construction rigoureuse qui sont des éléments peut-être insuffisants pour caractériser une école,
162 re insuffisants pour caractériser une école, mais qui révèlent tout de même une orientation générale vers une sorte de clas
12 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
163 crée autour du centre de la ville une insécurité qui fait songer à la Russie et au sifflement des balles perdues d’une rév
164 e ne me proposait qu’une frileuse nostalgie. Mais qui fallait-il accuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déc
165 ie. Mais qui fallait-il accuser de cette duperie, qui rendre responsable de ma déception, sinon moi-même, me dis-je bientôt
166 gré d’intensité, un état d’âme crée une situation qui l’exprime — bien qu’on pense généralement le contraire. Il est très v
167 ntes d’Hoffmann. Je comprends aujourd’hui le lien qui unissait dans mon esprit Vienne et Hoffmann : c’était le souvenir de
168 ue c’est toi, parce que c’est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose singulière, prono
169 e que c’est bien toi de nouveau qui m’appelles et qui vas me quitter… — C’est une chose singulière, prononce une voix, à cô
170 portait une cape bleu sombre, à la mode de 1830, qui , à la rigueur, pouvait passer pour une élégance très moderne. Il n’y
171 , sans nous être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent depuis si longtemps qu’un échange tacite suffit aux pe
172 ette vie sentimentale est une des seules réalités qui correspondent encore à l’image classique de Vienne. Sentimentalisme c
173 e légèreté. C’est une sorte d’inconstance folâtre qui cache une incapacité définitive à se passionner pour quoi que ce soit
174 se passionner pour quoi que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses, a peur de l’étreinte… C’est d’ailleurs une chose
175 aussi. La fidélité véritable est une œuvre d’art qui demande un long effort, et les Viennois sont, par nature et par attit
176 sous deux attributs différents. Toutes les femmes qui m’ont retenu un instant, c’était parce qu’elles évoquaient cet amour,
177 je découvrais en elles de secrètes ressemblances, qui pour d’autres paraissaient purement mystiques… Mais vous savez, « les
178 ation jusque dans les choses — et c’est cela seul qui donna un sens au monde. — Mais je bavarde, je philosophe, et vous all
179 ette vendeuse de fleurs. C’était la petite bossue qui vend des roses et des œillets dans la rue de Carinthie. Gérard lui pa
180 ’elle devait les donner à la première jolie femme qui passerait seule. Nous nous arrêtâmes non loin, à une devanture de rob
181 soie, nous amusant à imaginer les corps précieux qui les revêtiraient. Vint à pas pressés une jeune femme, chapeau rouge e
182 manteau de fourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa d’a
183 correspondances secrètes et spontanées du plaisir qui seules faisaient sa dignité humaine, parce qu’elles le rattachaient a
184 s, dans un décor banal et imposé, avec des femmes qui élargissent des sourires à la mesure de votre générosité. Vos boîtes
185 urs automatiques de plaisir. Autant dire que ceux qui les fréquentent ne savent plus ce que c’est que le plaisir. Ils prenn
186 e le plaisir. Ils prennent au hasard des liqueurs qui n’ont pas été préparées pour leur soif. Ils ne savent plus les signes
187 oir ici des femmes aussi ravissantes que celle-là qui danse en robe mauve, avec tant de gravité et de détachement. Je viens
188 atteinte aux lois du genre le plus conventionnel qui soit. Gérard la regarda avec une certaine pitié : « Chère enfant, dit
189 lée, vous n’avez pas de ressemblance, et c’est ce qui vous perdra. » La pauvre fille ne comprenant pas, il y eut un moment
190 , et nous sortîmes, après avoir délivré le homard qui , laissé au vestiaire, y était l’objet de vexations diverses et de cur
191 e noir jusqu’à mi-hauteur, puis couvert de glaces qui , reflétant le plafond à caissons dorés, l’étendent indéfiniment — c’e
192 ’il y découvre. Il y a les ailes du Moulin-Rouge, qui sont les bras de Clarissa dans sa danse, et Clarissa c’est aussi l’An
193 se fondent, se superposent. Cinéma des sentiments qui montre vivantes dans la même minute toutes les incarnations d’un amou
194 ous croyons seules réelles, illusions des reflets qui ne livrent que le côté terrestre des choses dont l’autre moitié sera
195 liquer des signes, des généalogies étourdissantes qui commencent à des dieux et finissent aux pierres précieuses en passant
196 rocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enfantines que pour nos savants retombés en pleine barbarie s
197 ence au travers de l’autre. Il dit : « Pour celui qui saisit les correspondances, chaque geste, chaque minute d’une vie rés
198 drait écrire, c’est une Vie simultanée de Gérard, qui tiendrait toute en une heure, en un lieu, en une vision. » Nous sort
199 en temps, s’il parlait à voix basse à son homard, qui semblait d’ailleurs endormi. En passant par la Freyung, nous vîmes un
200 s. Au léger sifflement du bec de gaz sans manchon qui éclairait la boutique, et que le vent menaçait d’éteindre à chaque in
201 niques. Je reconnus des princes aux faces maigres qui ressemblaient terriblement à d’anciens Habsbourg, des comtes athlétiq
202 tensément, à la sortie des invités, sur une femme qui s’en allait toute seule vers une auto à l’écart des autres. Une femme
13 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
203 il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui feint toujours de se cacher derrière le feuillet suivant, entraîne le
204 gement ; et beaucoup d’autres hiatus de ce genre, qui l’intriguent à n’en pas finir. Quand il est très fatigué, il veut voi
205  ? Il n’y a plus que cette incantation à soi-même qui pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais il s’épuise dans une pe
206 Mais il s’épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertigineusement et l’égarent dans sa nuit. Je saut
207 Il y a dans l’homme moderne un besoin de vérifier qui n’est plus légitime dès l’instant qu’il se traduit par la négation de
208 e à décrire l’aspect psychologique d’une aventure qui en a bien d’autres, d’aspects. Il est bon que le lecteur dérisoiremen
209 nsion des marques certaines. Si le rapport intime qui unit la phrase suivante aux considérations précédentes lui échappe, q
210 rs sont peut-être la mort. La mort absolue, celle qui n’est pas une vie nouvelle. La mort dans la transparence glaciale de
211 pur esprit ? » C’est un premier filet d’eau vive qui perce le sol aride : mais Stéphane n’entend pas encore gronder les ea
212 saisir dans un regard de cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans u
213 . Parmi tous ses mots fous, noms, baisers, appels qui reçoivent en même temps leur réponse, il répète à plusieurs reprises 
14 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
214 car il vécut dans ces marches de l’esprit humain qui confinent peut-être à l’Esprit et dont certains des plus purs d’entre
215 assez profondément pour qu’aujourd’hui le hasard qui m’amène à Tubingue ne soit pas seulement un hasard… Hier, c’était la
216 dre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent
217 te langue de feu qui s’est posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rim
218 Digne ? — Un adolescent au visage de jeune fille qui rimait sagement des odes à la liberté… Et voici dans sa vie cette dou
219 e lieu de sa poésie, — d’une poésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans se
220 ésie, l’on dirait, qui ne connaît pas son auteur. Qui parle par sa bouche ? Il règne dans ses Hymnes une sérénité presque e
221 d’un coup l’envahit. C’est une sorte de vieillard qui reparaît en Allemagne. Et durant trente années, ce pauvre corps aband
222 buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatrains qu’il donne
223 es se penchent vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent
224 idors de vieille maison souabe, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’ils n’étaient à demi encombrés d’armoires. Un
225 mbrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’homme qui me conduit est le propriétaire actuel. « Monsieur connaît Hölderlin ?
226 onne-t-il, méfiant — bon, bon, parce qu’il y en a qui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vou
227 ui viennent, n’est-ce pas, ils ne savent pas trop qui c’était… Alors vous devez connaître ces portraits ? — (et comme je co
228 ites fenêtres ornées de cactus miséreux, une pipe qui traîne sur l’appui ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris q
229  ; le jardinet avec son banc et ses lilas fleuris qui trempent… Tout est familier, paisible au soleil. Il passait des heure
230 ger chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène doucement dans cette calme Tubingue le secret d’une épouvanta
231 antable mélancolie. Les étudiants le rencontrent, qui montent au Séminaire protestant : il leur fait de grandes révérences…
232 jazz et clarinette, chansons de mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoyent lentement dans
233 es jeunes Doktors à lunettes, en costume de bain, qui pagayent vigoureusement, les dents serrées. (« Weg zur Kraft und Schö
234 aux plats et incertains, avec des Daphnés dedans, qui ne savent pas bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’eau,
235 s Daphnés dedans, qui ne savent pas bien ramer et qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce qui est le comble des vacanc
236 r et qui lisent des magazines au fil de l’eau, ce qui est le comble des vacances. À une table voisine, des adolescents bala
237 es signes énergiques à une compagnie de cavaliers qui passe devant la statue d’Eberhard le Barbu. Des bourgeois se rient co
238 giens aux yeux voilés, aux pantalons trop courts, qui se promènent tout seuls… Et puis, il lui est arrivé quelque chose de
239 la phrase la plus malencontreuse de Pascal : le «  Qui veut faire l’ange… » a autorisé des générations de « bourgeois cultiv
240 sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré faire tout de suite la bête : comme cela on est mieux pou
241 ine, est plus divine, quand c’est une telle femme qui la confesse : « Celui qui entre en commerce trop étroit avec le ciel,
242 d c’est une telle femme qui la confesse : « Celui qui entre en commerce trop étroit avec le ciel, les dieux le vouent au ma
243 musique vulgaire, par quel hasard, donne l’accord qui m’ouvre un vrai silence : déjà je leur échappe — je t’échappe ô douce
15 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
244 nt les lueurs des messages et des sanglots perdus qui rôdent à la recherche d’un corps faible. Je ne sais pas où tu m’att
245 four des cris perdus j’écoute encore une voix nue qui vient de dire ton nom même avec l’accent de notre amour et mon visage
246 III Fais rentrer dans leur peau d’ombre ces mots qui voudraient fleurir tourne le dos ferme les poings ne fais qu’un ou de
247 t le scintillement des étoiles les eaux profondes qui échangent leurs douceurs. Tiens moi bien nous allons partir l’air s
248 nue dans la douceur du feu et de la joie. V Oh qui a retiré tes mains des miennes quand je te regardais trop profond pou
249 ta vie comme de cette nuit le jour d’un grand été qui consent… p. Rougemont Denis de, « Le prisonnier de la nuit », Cah
16 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
250 ement les journalistes. (L’esprit n’est-il pas ce qui allège ? Ce qui fait s’envoler les ballons ?) 2. En vérité, ce temps
251 listes. (L’esprit n’est-il pas ce qui allège ? Ce qui fait s’envoler les ballons ?) 2. En vérité, ce temps est peu propice
252 nos auteurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait quelque chose à dire, ou un
253 ul Français qui n’ait pas le cœur sur les lèvres, qui ait quelque chose à dire, ou une qualité, une richesse d’âme comparab
254 mpathiques, à l’heure où tout le monde exagère, à qui mieux mieux dans le sens de la médiocrité spécifiquement française —
255 , spécialistes de tout au monde ; des jeunes gens qui ont fait leurs études à la Nouvelle Revue française , et qui ont, su
256 leurs études à la Nouvelle Revue française , et qui ont, sur un tas de sujets pas importants, des idées « pertinentes »,
257 tes ? ») d’aimables biographes : M. de Pourtalès, qui parle toujours excellemment du « cœur des autres » comme dit M. Gabri
258 . … et M. Maurois, comme disent beaucoup de gens, qui persiste à passer pour un écrivain ; alors qu’il est plutôt ce qu’aut
259 s par des statues !) Tout d’un coup, trois hommes qui ont du cran. Deux qui viennent : Bernanos et Malraux ; un qui s’éloig
260 out d’un coup, trois hommes qui ont du cran. Deux qui viennent : Bernanos et Malraux ; un qui s’éloigne : Montherlant. Très
261 ran. Deux qui viennent : Bernanos et Malraux ; un qui s’éloigne : Montherlant. Très suspects dans les « milieux » littérair
262 ma passion d’admirer, je cherche en vain l’homme qui brisant « les grilles de la raison » libère « le lion de mes certitud
263 usiasme. 5. La critique est aisée, répètent ceux qui en ont peur, ceux-là mêmes, bien sûr, qui, sous prétexte de sa diffic
264 nt ceux qui en ont peur, ceux-là mêmes, bien sûr, qui , sous prétexte de sa difficulté, récusent l’art. Il y avait une fois
265 fois un journaliste, un libéral et un jeanfoutre qui regardaient travailler un maçon. Le maçon creusait et défonçait, or o
266 ’on interdit l’entrée du palais à nos trois amis ( qui pourtant n’eussent pas demandé mieux que de reconnaître, etc.) Actuel
267 acile à formuler qu’à décrire dans ses effets, et qui paraît affecter d’un commun penchant au libertinage mental trois phén
268 également de cette énergie créatrice et critique qui leur permettrait d’envisager ce problème dans toute son ampleur et sa
269 rence d’héroïsme intellectuel. Ces messieurs — et qui pensent — ont la chance de vivre à l’une des époques les plus violent
270 ance… On ne se pose plus, en France, de questions qui dépassent un certain plan. C’est mal vu. » Ou si on les pose, ajouter
271 er une œuvre. Il faudrait créer, si rien n’existe qui vaille qu’on s’y dévoue. Mais quoi ! cela peut vous mener à crever de
272 quoi ! cela peut vous mener à crever de faim, ce qui ne se porte plus, — voire même à paraître ennuyeux13… Ils recherchent
273 d’assiduité et l’approbation de tous les prudents qui ont fait le tour des choses comme on fait le tour des galeries du Lid
274 galeries du Lido : bien décidé à ne rien acheter qui mette en péril le budget mensuel. Ô sens de la mesure ! (Mais où les
275 demanderait certains sacrifices, certains mépris qui passent tellement la « mesure » parisienne — physiologique et morne —
276 parce qu’elle manque de sens moral. » Le Français qui n’est ni chrétien ni disciple de Nietzsche, demandera pourquoi il fau
277 montré. 9. Enfin je citerai deux petites phrases qui suffisent presque à situer la position d’attaque de nos auteurs : « T
278 ’il les surmonte. « Car l’homme est quelque chose qui doit être surmonté » comme dit Zarathoustra — développant sans doute
279 naturel nous ramène au centre des seuls problèmes qui ne soient pas insignifiants, voilà qui suffira peut-être à le justifi
280 problèmes qui ne soient pas insignifiants, voilà qui suffira peut-être à le justifier aux yeux de quelques-uns. Paris, avr
17 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
281 0)s t I Vos fantômes ne sont pas les miens, et qui saura jamais s’ils ne sont pas pour moi « des choses » — et réciproqu
282 intelligence, celle-ci à son tour par une volonté qui l’oriente vers certains états dont il arrive que la gratuité apparent
283 e manifeste rien d’autre que la qualité du regard qui le perçoit. Dis-moi qui te hante… Ainsi, la vulgarité évidente des fa
284 que la qualité du regard qui le perçoit. Dis-moi qui te hante… Ainsi, la vulgarité évidente des fantômes décrits par la ps
285 lors, il ne s’agira plus de réduire les fantômes qui nous tenteront, mais de leur égaler notre conscience. C’est un effort
286 une faculté de perception indépendante des sens, qui , s’exerçant par le moyen d’un organe interne, puisse nous donner des