1 1924, Articles divers (1924–1930). M. de Montherlant, le sport et les jésuites (9 février 1924)
1 ent purement littéraire : une leçon d’énergie. Il se pique de n’avoir pas connu, jusqu’à ce jour au moins, cette inquiétud
2 recherche de la vérité. Dès son premier livre, il s’ est montré tout entier, il a bravement affirmé son unité. Car le temps
3 nité. Car le temps n’est plus, où les jeunes gens se faisaient, avec sérieux, des âmes exceptionnellement compliquées, qui
4 eux, des âmes exceptionnellement compliquées, qui s’ exprimaient en une langue plus compliquée encore et nuancée jusqu’à l’
5 ’après-guerre. ⁂ Deux philosophies, affirme-t-il, se disputent le monde. L’une vient de l’Orient, et insinue dans le monde
6 du fauve merveilleux ». Il n’a pas eu le temps de se ressaisir, le sport prolongeant pour lui, d’une façon obsédante, le r
7 ne. Dans sa hâte salvatrice, M. de Montherlant ne s’ est même pas demandé si ces deux contrepoisons pouvaient être administ
8 l’esprit catholique et de l’esprit sportif. « On se fait son unité comme on peut », avoue-t-il franchement. Il me semble
9 rands corps athlétiques ». Sur le stade au soleil se déploient les équipes, et l’équipier Montherlant les contemple, ému d
10 la douce matière. L’air et le sol, dieux rivaux, se le disputent, et il oscille entre l’un et l’autre. Ainsi mon art, ent
11 la présence muette et sûre. Toutes ces choses ne se font pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui. Il
12 Toutes ces choses ne se font pas en vain. Le chef se dresse entre les dix qui sont à lui. Il dit : « Je ne demande pas qu’
13 derne que ce lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’ échauffe, s’échauffer sur de la précision. » On évitera ainsi tout nia
14 lyrisme sobre et prenant : « Si l’on s’échauffe, s’ échauffer sur de la précision. » On évitera ainsi tout niais romantism
15 de soi-même. Ainsi l’athlète à l’entraînement ne s’ épuise-t-il pas à combattre certaines faiblesses : il développe ses qu
16 faiblesses : il développe ses qualités, le reste s’ arrange de soi-même. ⁂ M. de Montherlant, qui a quitté le stade, se re
17 même. ⁂ M. de Montherlant, qui a quitté le stade, se rendra mieux compte à distance de la contradiction sur laquelle est b
18 us seulement un homme de lettres. Un homme en qui s’ équilibrent déjà l’enthousiasme d’une jeunesse saine et la retenue de
19 nstructeur, un entraîneur, et qui joue franc jeu. S’ il faut lutter contre lui, nous savons qu’il observera les règles. Sal
2 1926, Articles divers (1924–1930). Conférence de René Guisan « Sur le Saint » (2 février 1926)
20 ur élévation morale ou leurs souffrances semblent s’ être le plus rapprochés du Christ ; et dans l’Église persécutée, le ma
21 d’adoration de dieux protecteurs. Cette croyance se répand, favorisée par la souplesse dont fait preuve l’Église d’alors
22 plesse dont fait preuve l’Église d’alors quand il s’ agit d’adapter des traditions antiques au dogme en formation. Au Moyen
23 s au dogme en formation. Au Moyen Âge l’évolution se continue dans le même sens. On spécialise les « compétences » des sai
24 ompétences » des saints, ou de leurs reliques qui se multiplient prodigieusement. Alors éclate la protestation de la Réfor
25 ie : mais Christ est le seul médiateur à qui doit s’ adresser le culte, en son cœur, du croyant. Le centre de gravité relig
26 xiste divers ordres de sainteté ». Cette mère qui s’ est sacrifiée aux siens, n’était-ce pas une sainte, comme ce missionna
27 inte, comme ce missionnaire et cette diaconesse ? S’ il n’y a pas de saints protestants, il existe des saints dans le prote
3 1926, Articles divers (1924–1930). Conférences d’Aubonne (7 avril 1926)
28 Raymond de Saussure, psychanalyste distingué, qui se fit avec beaucoup d’intelligence l’avocat du diable, en montrant que
29 la théologie moderne avec l’action religieuse en s’ appuyant sur des expériences faites pendant le réveil de la Drôme, don
30 d’hommes qui ont vu, qui ont souffert, et qui ne se payent plus de mots ni d’utopies, Clerville, Janson et Brémond ont su
31 comme au physique. Chacun dit ce qu’il pense sans se préoccuper d’être bien pensant et les Romands recouvrent l’usage de l
32 mands recouvrent l’usage de la parole, puis on va se dégourdir sur un ballon ou bien l’on poursuit hors du village une dis
4 1926, Articles divers (1924–1930). L’atmosphère d’Aubonne : 22-25 mars 1926 (mai 1926)
33 : 22-25 mars 1926 (mai 1926)f Cette conférence s’ ouvrit par une bise qu’on peut bien dire du diable et se termina sous
34 it par une bise qu’on peut bien dire du diable et se termina sous le plus beau soleil de printemps. Libre à qui veut d’y v
35 e que la bise tombée permît à « l’atmosphère » de s’ établir. Alors le miracle apparut, grandit. Le miracle, c’est l’esprit
36 oui, M. Journet — et je ne crois pas qu’il puisse se produire ailleurs qu’en terre romande. C’est l’esprit de liberté, tou
37 é de défendre sa petite hérésie personnelle et de s’ affirmer aux dépens d’autrui, — c’est la liberté dans la recherche. Ch
38 che. Chose plus rare qu’on ne pense, à Aubonne on se sent prêt à tout lâcher pour une vérité nouvelle, on tient moins à co
39 vérité nouvelle, on tient moins à convaincre qu’à se convaincre. Après les exposés de Janson, de Brémond, j’en sais plusie
40 exprimaient tour à tour les objections que chacun se faisait à part soi, qu’ils incarnaient les voix contradictoires d’un
5 1926, Articles divers (1924–1930). Confession tendancieuse (mai 1926)
41 t on est anxieux de prévoir l’influence, avant de s’ y jeter, et dont on craint de ressortir trop différent. Amour de soi,
42 dans tout mon être une force aveugle de violence s’ était levée. Ce fut elle qui m’entraîna sur les stades où je connus qu
43 ige un acte victorieux. Autour de cette brutalité s’ organisaient brusquement les éléments désaccordés de ce moi que j’avai
44 ncts combatifs et dominateurs par quoi l’homme ne se distingue plus de l’animal. Louée soit ma force et tout ce qui l’exal
45 glisse vers la mort. L’important, c’est de ne pas se défaire. Mais rien n’était résolu. Me voici devant quelques problèmes
46 ue je dois feindre d’avoir résolus : c’est ce qui s’ appelle vivre. Problème de Dieu, à la base. J’aurai garde de m’y perdr
47 ière, qu’une révélation vienne chercher l’âme qui se sent misérable. Je ne recevrai pas une foi, mais peut-être arriverai-
48 être arriverai-je à la vouloir, et c’est le tout. S’ il est une révélation, c’est en me rendant plus parfait que je lui pré
49 Je ne suis digne que par ce que je puis devenir. Se perfectionner : cela consiste à retrouver l’instinct le plus profond
50 xpérience et d’un sentiment de convenance en quoi se composent le plaisir et la conscience de Mes limites. Je m’attache pa
51 où cette fatigue générale qui fausse tout, et qui s’ oppose au perfectionnement de l’esprit, puisqu’elle ne permet que des
52 même temps que ma puissance d’agir. Que tout cela s’ agite sur fond de néant, je le comprends par éclairs, mais une secrète
53 s que je me tiens — plisser un peu mes lèvres, et s’ affirmer à mesure que je le décris. Mais comme un écho profond, une at
54 ne nuit froide. Les notes d’un chant qui voudrait s’ élever. Puis enfin la marée de mes désirs. Qu’ils viennent battre ce c
55 je pense au monde. Chant des horizons, images qui s’ éclairent… Je vais écrire autre chose que moi, je vais m’oublier, me p
56 , me perdre dans une vie nouvelle : (Créer, c’est se surpasser). J’entends des phrases qu’il ne faut pas encore comprendre
57 ’après tant d’expériences ratées on puisse encore se persuader de la vérité d’un système, hors la religion. Un système n’e
6 1926, Articles divers (1924–1930). Les Bestiaires, par Henry de Montherlant (10 juillet 1926)
58 t leur protestation, étouffées par des forces qui se lèvent. Car telle est la vertu de ce livre, qu’on l’éprouve d’abord t
59 poème solaire », l’éditeur un roman, parce que ça se vend mieux. Ce récit des premiers combats de taureaux du jeune Monthe
60 e anime ce livre et lui donne un rythme tel qu’il s’ accorde d’emblée avec ce qu’il y a de plus bondissant en nous ; en pri
61 des présences animales. Tandis que sur la plaine s’ élève le long beuglement des taureaux et le ohéohéohé des bouviers « c
62 nt tout droit, la tête dressée, des vachettes qui se mordillent et se frôlent amoureusement, des chiens « qui vous faufile
63 tête dressée, des vachettes qui se mordillent et se frôlent amoureusement, des chiens « qui vous faufilent des douceurs a
64 art mieux que dans la description des taureaux ne se manifeste ce passage du réalisme le plus hardi à un lyrisme plein de
65  : La bête chancela de l’arrière-train, tenta de se raidir, enfin croula sur le flanc, accomplissant sa destinée. Quelque
66 es yeux et on vit sa respiration. Puis ses pattes se tendirent peu à peu, comme un corps qu’on gonflerait à la pompe, tand
67 mme lui, elle y resta immobile. Et son âme divine s’ échappa, pleurant ses jeux, et les génisses, et la chère plaine. De t
68 superstitieux, de grands symboles païens, et l’on se perd dans un syncrétisme effarant, où Mithra, Jésus, les taureaux et
69 à peu obsède dans l’inflexion des phrases, ce qui s’ élève en fin de compte de tous ces tableaux de violence et de passion,
70 ’un tempérament. À l’inverse de tant d’autres qui s’ analysent sans fin, avant que d’être, Montherlant impose un tempéramen
71 incertitude douloureux, où ces problèmes viennent se poser à l’esprit, profitant de son désaccord avec la vie. Ni métaphys
72 comprend qu’une telle attitude agace des gens qui se soucient avant tout de trouver des réponses de l’intelligence ou de l
73 ouloir trouver un sens, ne vaudrait-il pas autant s’ abandonner parfois à ces forces obscures qui nous replacent dans l’int
7 1926, Articles divers (1924–1930). Soir de Florence (13 novembre 1926)
74 ides et roses. De l’autre côté, c’est le vide, où s’ en vont lentement les eaux et les lueurs, vers la mer. Sur le Lungarno
75 s quais sans bancs pour notre lassitude. Florence s’ éloignait derrière nous qui suivions maintenant le sentier du bord du
76 chant descend très doucement la berge, les bœufs s’ engagent dans le marais, cherchant le gué. Plus proches, les syllabes
77 comprendre ce lamento. Le ciel est un silence qui s’ impose à nos pensées. Ici la vie n’a presque plus de sens, comme le fl
78 Miniato sur sa colline. Derrière nous, les arbres se brouillent dans une buée sans couleurs, nous quittons un mystère à ja
79 ssant en nous la lâche volupté de sentir l’esprit se défaire et couler sans fin vers un sommeil à l’odeur fade de fleuve,
80 nos ferveurs, angles purs, repos de l’esprit qui s’ appuie sur son œuvre ! La sérénité de cette façade élevée lumineuse su
81 et le mouvement perpétuel de l’amour. Plaisir de se sentir engagé dans un système d’ondes de forces qui tisse la nuit vib
8 1927, Articles divers (1924–1930). Dés ou la clef des champs (1927)
82 e tambour livra un homme élégant et tragique, qui se tint un moment immobile, cherchant une table, puis s’avança lentement
83 int un moment immobile, cherchant une table, puis s’ avança lentement vers la mienne et s’assit sans paraître me voir. Une
84 table, puis s’avança lentement vers la mienne et s’ assit sans paraître me voir. Une grande figure aux joues mates, aux ye
85 s mates, aux yeux clairs. Il déplia le journal et se mit à lire les pages d’annonces. On m’apporta une liqueur. Et quand j
86 and j’eus fini de boire, mes pensées plus rapides s’ en allèrent un peu vers l’avenir et j’osai quelques rêves. C’était, je
87 ’en moi-même posait ma raison effarée. L’étranger s’ animait aussi : une fièvre faisait s’épanouir sur son visage je ne sai
88 . L’étranger s’animait aussi : une fièvre faisait s’ épanouir sur son visage je ne sais quel plaisir cruel. C’était un jeu
89 t un jeu très simple où l’esprit libre de calculs se tend ardemment vers la conclusion d’un hasard qui opère au commandeme
90 airement que je gagnerais à tout coup. L’étranger se mit à discourir. Et dans mon ivresse, ses paroles peignaient des tabl
91 sérables, passionnées. Mais bientôt : — « Destin, s’ écria-t-il, tu pourrais me remercier. Vois quels chemins de perdition
92 avec la même joie, mon cheval fou, mon beau Désir s’ ébroue et part sitôt que je vais m’endormir, ah ! galope, caracole, éc
93 Ça les dérange terriblement, sauf un ou deux qui s’ imaginent gagner à mes dépens, témoin ce brave homme qui est en train
94 s que des baisers au goût d’adieu, et l’avenir où se mêlent incertaines, une tendresse éperdue et la mort. » Il ferma les
95 Alors la femme lança sur la table cette rose qui s’ effeuilla sur les dés, et partit d’un long rire. Elle me regardait et
96 long rire. Elle me regardait et l’étranger aussi se mit à me regarder bizarrement et j’étais possédé de joies et de peurs
97 t j’étais possédé de joies et de peurs. Il fallut se lever, traverser le café dans la musique et la rumeur des clients. De
9 1927, Articles divers (1924–1930). Conférence d’Edmond Esmonin sur « La révocation de l’édit de Nantes » (16 février 1927)
98 llusion aux divers points de vue auxquels on a pu se placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au point d
99 placer pour juger la révocation. M. Esmonin, lui, se place au point de vue de l’historien scrupuleux, qui juge d’après les
100 au dire de sa belle-sœur, la princesse palatine, se laisse facilement convaincre. D’ailleurs, les jésuites ont déjà réuss
101 te diminution du nombre des protestants. Aussi ne s’ effraye-t-on pas trop, au début, de l’émigration des fidèles qui suive
102 me de Maintenon. Mais bientôt l’on voit la France se dépeupler ; des industries sont presque anéanties ; les conséquences
103 ces funestes de l’acte de révocation commencent à se révéler politiques (guerre de la confession d’Augsbourg) et surtout m
104 d’être unanimes à louer la révocation. L’un d’eux s’ indigne, dans une lettre à Louvois, de ce que « les dragons ont été le
105 guerre civile succède aux dragonnades. M. Esmonin s’ abstient d’en faire un tableau qu’il suppose présent à l’esprit de ses
10 1927, Articles divers (1924–1930). Jeunes artistes neuchâtelois (avril 1927)
106 t peut-être prématurée. Mais le seul fait qu’elle se pose me paraît indiquer que l’un au moins des deux éléments nécessair
107 a de jeunes peintres neuchâtelois. Quant à savoir s’ il est possible déjà de discerner parmi eux certaines tendances généra
108 ait défaut dans la même mesure. Ainsi risquent de s’ établir autour d’eux des mœurs un peu bourgeoises dont je ne vais pas
109 nervante, souvent fatale aux novateurs. Alors ils s’ en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus effect
110 vateurs. Alors ils s’en vont à Paris, ou bien ils se retirent dans une solitude plus effective, quitte à nous revenir muni
111 lent d’un de ses enfants… » Car le fils prodigue, s’ il rentre au foyer dans une Rolls-Royce et fortune faite, tout le mond
112 s une Rolls-Royce et fortune faite, tout le monde s’ accorde à dire qu’on n’attendait pas moins du fils d’un tel père. « Vo
113 taine résistance est nécessaire pour que la force se développe. N’était certain petit plaisir d’impertinence, je me fusse
114 te en bleu vif et ornée de surprenants batiks, il s’ est livré pendant quelques années à des recherches un peu théoriques e
115 nnière qui regarde ailleurs… Qu’il sorte enfin et se mette à graver les scènes qu’il voit dans la petite cité ouvrière, et
116 neuve, d’origine germanique, mais qui a choisi de s’ astreindre à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout en s’épurant d
117 e à la voluptueuse rigueur latine, et qui tout en s’ épurant dans des formes claires a su les renouveler. Il nous apporte a
118 ombative qui manque trop souvent au Neuchâtelois. S’ il casse des vitres, ce n’est pas seulement pour le plaisir, mais plut
119 eût cru que ce paysagiste plutôt impressionniste s’ astreindrait jamais aux exigences de la technique décorative ! Voilà q
120 rasement de ses couleurs, une sensualité qui sait se faire délicate quand du haut de San Miniato ou de Fiesole, il peint F
121 de sa chevelure, sans doute ! On ne pourrait pas se tromper plus. ⁂ À vrai dire j’en vois peu parmi les jeunes qui vouent
122  : un lyrisme un peu amer, d’une tristesse qui ne s’ affiche pas, mais s’insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce
123 amer, d’une tristesse qui ne s’affiche pas, mais s’ insinue dans toute sa palette, ce charme enfin, ce je ne sais quoi qu’
124 de dissonance, un défaut par où l’on va peut-être se glisser dans l’atmosphère de l’œuvre ; que l’on consente en effet à t
125 traîne à mille lieues des jardins de sourires qui s’ épanouissent sur les toiles de Meuron. Il semble toujours qu’il peigne
126 e deux pluies. Il aime ces heures où ciel et onde se mêlent, et sait rendre mieux que personne la liquidité d’un lac, cert
127 , Bouvier va peindre. Comme peintre religieux, il se cherche encore. On a pourtant l’impression, à voir ses dernières toil
128 ieure. Les visages sont plus calmes, les couleurs s’ avivent, le soleil est sur le point de reparaître… Charles Humbert ou
129 était, je crois, le vrai Humbert qui commençait à s’ affirmer. Puis il y eut une période intermédiaire, un peu pénible. Dan
130 , comme un qui n’attendrait pas que l’enterrement s’ éloigne pour entonner une chanson à boire. Et sa technique auparavant
131 Et sa technique auparavant volontairement maigre se faisait trop lâche. Mais aujourd’hui la mue semble s’être opérée. Hum
132 aisait trop lâche. Mais aujourd’hui la mue semble s’ être opérée. Humbert est rendu à lui-même. Il atteint son équilibre et
133 aud. Il suffit de le voir peint par lui-même pour s’ en assurer. La tête large, aux yeux clairs et assurés, le cou robuste,
134 une impression de puissance domptée et qui semble se faire une volupté de la discipline qu’elle s’impose. Et voilà qui fai
135 ble se faire une volupté de la discipline qu’elle s’ impose. Et voilà qui fait encore plus « Renaissance » : le costume est
136 s glaces. Et plaise aux dieux que les visages qui s’ y reflèteront soient aussi beaux que ceux qu’il peint ou modèle, le so
137 saurions trouver guide plus pittoresque. Celui-ci s’ était égaré en avant, très en avant, sans s’en apercevoir, peut-être.
138 ui-ci s’était égaré en avant, très en avant, sans s’ en apercevoir, peut-être. Il suivait son petit bonhomme de chemin sans
139 tre. Il suivait son petit bonhomme de chemin sans se douter qu’il avait pris quelques années d’avance sur ses contemporain
140 l a fait de la pâtisserie, mais on m’assure qu’il se nourrit de noix et d’oranges. Il administre une feuille religieuse. I
141 une table, dans un espace bizarrement lumineux où se coupent des plans transparents, cellule de quelque palais de glaces e
142 age très net, mais inusité, l’objet le plus banal se charge de mystère. Que va-t-il se passer là-dedans ? Et ces roses son
143 t le plus banal se charge de mystère. Que va-t-il se passer là-dedans ? Et ces roses sont le signe de quel occulte prodige
144 n songe ? C’est en effet un rêve de précision qui s’ incarne dans ces motifs géométriques, pour le plaisir de la perfection
145 viateur, retour de Vienne, un sculpteur qui saura s’ imposer. Léon Perrin a compris tout le parti qu’on pouvait tirer des p
146 nes. Je pense surtout à ses bas-reliefs du BIT où se manifeste un heureux équilibre entre le réalisme imposé par les sujet
147 yle donnée par le cubisme aux artistes qui ont su se dégager de son outrance théorique. C’est dans la manière cubiste enco
148 différentes par leur objet et le domaine où elles se réalisent que celles de Le Corbusier8, Meili, Evard, Perrin, manifest
149 d’une jeune peinture originale dans un pays qu’on s’ est trop souvent plu à dire si âpre, prosaïque et d’une maigre végétat
11 1928, Articles divers (1924–1930). Un soir à Vienne avec Gérard (24 mars 1928)
150 un passé imaginaire, ou peut-être pour essayer de se prendre encore au rêve de valse qu’on était venu chercher parce que c
151 e Vienne tout occupée à ressembler à l’idée qu’on s’ en fait. Le Ring, trop large, ouvert au vent glacial, crée autour du c
152 hasard d’arranger. Mais le thème de la Barcarolle s’ empare de tout mon être — ainsi d’autres deviennent patriotes au son d
153 Elle n’est plus que l’approche d’une grandeur où se perdraient nos amours terrestres dans d’imprévisibles transfiguration
154 isin avait parlé tout haut ; personne pourtant ne se détournait. Comment pouvais-je être le seul à l’avoir entendu ? — C’e
155 ns nous être rien dit d’autre, comme des amis qui se connaissent depuis si longtemps qu’un échange tacite suffit aux petit
156 vec une femme à chaque bras, l’air de ne pas trop s’ amuser. — Ceci du moins n’a guère changé, dis-je, songeant aux Amours
157 nce folâtre qui cache une incapacité définitive à se passionner pour quoi que ce soit. Cette ville, qui est toute caresses
158 le prendre sous le bras, et les paires de pinces s’ accrochèrent désespérément à ses manches. De terreur, le homard avait
159 n monde où la question fidélité ou inconstance ne se pose plus. Vous le savez, je n’ai aimé qu’une femme — au plus deux, e
160 teau de fourrure brune, inévitablement. Et ce qui se passa fut, hélas, non moins inévitable : la jeune femme refusa d’abor
161 e : la jeune femme refusa d’abord les fleurs pour se donner le temps de regarder autour d’elle ; l’intérêt que nous ne sûm
162 leuse — c’est une façon de parler — à laquelle on se livre dans ces lieux de plaisir — autre façon de parler. On dit que j
163 que l’Europe est en décadence quand je la regarde s’ amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spon
164 n décadence quand je la regarde s’amuser. Je vois se perdre ce sens des correspondances secrètes et spontanées du plaisir
165 les plus hauts de notre vie. Ces citadins blasés s’ amusent plus grossièrement que des barbares, ils s’imaginent pouvoir f
166 ’amusent plus grossièrement que des barbares, ils s’ imaginent pouvoir faire une place dans leur vie aux “divertissements”
167 res d’un tango. Notre encombrante conquête revint s’ asseoir auprès de nous. Gérard songeait, muet, et n’en buvait pas moin
168 s… Et pas de Lune ce soir, il serait dangereux de s’ endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire et
169 une ce soir, il serait dangereux de s’endormir. » Se penchant vers moi il prononça : « La nuit sera noire et blanche. » Je
170 Ensuite, je pensai qu’il arrive aux meilleurs de se répéter, et que c’était la première fois de la soirée que Gérard « fa
171 s un halo, comme les couleurs sous les paupières, s’ élargissent, se fondent, se superposent. Cinéma des sentiments qui mon
172 e les couleurs sous les paupières, s’élargissent, se fondent, se superposent. Cinéma des sentiments qui montre vivantes da
173 rs sous les paupières, s’élargissent, se fondent, se superposent. Cinéma des sentiments qui montre vivantes dans la même m
174 es : le vrai drame de son destin est ailleurs. Il se met à m’expliquer des signes, des généalogies étourdissantes qui comm
175 ue calme son lyrisme et son exaltation. Il semble se rapprocher de moi. Il me raconte de ces superstitions qui ne sont enf
176 a vie ressemble surtout à un film où les épisodes s’ appellent par le simple jeu des images, se voient par transparence au
177 pisodes s’appellent par le simple jeu des images, se voient par transparence au travers de l’autre. Il dit : « Pour celui
178 ion. » Nous sortîmes. Seules des trompes d’autos s’ appelaient dans la nuit froide. Gérard ne disait presque plus rien ; à
179 t presque plus rien ; à peine, de temps en temps, s’ il parlait à voix basse à son homard, qui semblait d’ailleurs endormi.
180 s faisaient les cent pas dans la neige fraîche ou s’ accoudaient à la banquette d’une boutique à « Würstel » où nous nous a
181 t menaçait d’éteindre à chaque instant, le homard se réveilla. Gérard m’expliqua qu’il en était ainsi chaque nuit, que l’a
182 hauffeurs regardaient d’un œil las, trop las pour s’ étonner. Transi, je me balançais d’un pied sur l’autre dans de la neig
183 ter » et ailleurs « Wienerli ». Soudain les autos se mirent à ronfler. Par le grand escalier, au fond de la cour du palais
184 s chapeau couraient vers les voitures, les hommes s’ inclinaient pour des baise-mains silencieux et mécaniques. Je reconnus
185 ur les chapeaux noirs de ses cavaliers. Tout cela s’ empila dans des autos ; en dix minutes, il n’y eut plus personne, la p
186 n dix minutes, il n’y eut plus personne, la place s’ éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’étaient fixés intensément, à la sor
187 onne, la place s’éteignit. Mais Gérard ? Ses yeux s’ étaient fixés intensément, à la sortie des invités, sur une femme qui
188 ément, à la sortie des invités, sur une femme qui s’ en allait toute seule vers une auto à l’écart des autres. Une femme au
189 . Il avait murmuré : Marie Pleyel. Quand la place se fut apaisée, je m’aperçus que j’étais seul. Une dernière auto, extrao
12 1928, Articles divers (1924–1930). Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même » (décembre 1928)
190 ens de sa génération. Seulement chez lui, cela ne s’ est pas porté sur les autos. Il préfère s’intéresser aux divers types
191 cela ne s’est pas porté sur les autos. Il préfère s’ intéresser aux divers types humains. Mais on lui sait peu de grés de s
192 es, on lui conseille de rentrer en lui-même. « Il se ramène en soi, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos cla
193 lui-même. « Il se ramène en soi, n’ayant plus où se prendre » comme parle un de nos classiques. Repoussé par le monde par
194 e autre manie de sa génération. Mais là encore il se singularise : il n’écrit pas de livre pour y pourchasser un moi qui f
195 e pour y pourchasser un moi qui feint toujours de se cacher derrière le feuillet suivant, entraîne le lecteur par ruse jus
196 le un sur sa table de travail, de façon à pouvoir s’ y surprendre à tout instant. Cet exercice — essayez ! — ne tarde pas à
197 ir obsédant. Stéphane passe des heures entières à se regarder dans les yeux. Il varie sur son visage les jeux de lumière e
198 fatigue dans son regard : appuyé sur lui-même il se perd en méditations éléates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il cou
199 éates. Le sommeil l’en délivre. Au matin il court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui f
200 atin il court se voir : il est laid. Lâchement il se prend en pitié. Ces séances lui font du mal, l’énervent, mais l’aveu
201 ffre à Stéphane sa tête, son portrait en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en fa
202 , son portrait en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en face de lui par l’ascense
203 t en pied. Il se voit dans l’acte de se raser, de se baigner ; son image descend en face de lui par l’ascenseur, elle le s
204 une sorte d’angoisse qu’il la recherche. Il veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’il lui arrive de prendre
205 veut se voir tel qu’il est parmi les autres. Mais s’ il lui arrive de prendre son image pour celle de n’importe quel passan
206 on image pour celle de n’importe quel passant, il se sent comme séparé de soi, et si profondément différent de cette appar
207 n’y trouve que le désir d’une révélation. Peut-on s’ hypnotiser avec son propre regard ? Il n’y a plus que cette incantatio
208 pourrait lui rendre la certitude d’être. Mais il s’ épuise dans une perspective de reflets qui vont en diminuant vertigine
209 de laquelle il convient de méditer : la personne se dissout dans l’eau des miroirs. Stéphane est en train de se perdre p
210 dans l’eau des miroirs. Stéphane est en train de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on n
211 éphane est en train de se perdre pour avoir voulu se constater. Va-t-il découvrir aussi qu’on ne comprend que ce qu’on dép
212 qu’on dépasse ? Et qu’il faut sortir de soi pour se voir ? Il y a dans l’homme moderne un besoin de vérifier qui n’est p
213 ifier qui n’est plus légitime dès l’instant qu’il se traduit par la négation de l’invérifiable. Stéphane n’a pas eu confia
214 sait plus aimer. (Ces jeunes gens ne veulent pas se fatiguer pour rien.) Cette histoire idiote, d’ailleurs vraie, se born
215 r rien.) Cette histoire idiote, d’ailleurs vraie, se borne à décrire l’aspect psychologique d’une aventure qui en a bien d
216 as encore gronder les eaux profondes. Le désir de s’ hypnotiser l’irrite toujours vaguement. Mais il fuit son propre regard
217 urs vaguement. Mais il fuit son propre regard, il se cherche dans d’autres yeux, c’est pourquoi il fait peur à certaines f
218 cette femme l’écho de ce qui serait lui. Déjà il se perd dans ces yeux, mais comme on meurt dans une naissance. Stéphane
219 Les fenêtres battaient. Le soleil et « la mort » se conjuraient pour abaisser tous les regards. Stéphane rendu à la santé
13 1929, Articles divers (1924–1930). La tour de Hölderlin (15 juillet 1929)
220 tention du médecin, mais il est plus difficile de se faire comprendre par un sot que par un fou. » L’hiver dernier, m’occu
221 sprit et dont certains des plus purs d’entre nous se préparent à tenter le climat, — j’avais rêvé sur ce passage de l’émou
222 tant de voix l’appellent, combien sont dignes de s’ attendre au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’est posée
223 au don du langage sacré ? Cette langue de feu qui s’ est posée sur Hölderlin et qui l’a consumé… Digne ? — Un adolescent au
224 te cet être faible, humilié par le monde. L’amour s’ éloigne le premier, quand Hölderlin doit quitter la maison de Madame G
225 — un héros — Ou bien — la sagesse. » Mais le feu s’ éteint — l’esprit souffle où il veut. Juin 1802 : au moment où meurt D
226 eux maniaque. Le buisson ardent quitté par le feu se dessèche. Ce qui fut Hölderlin signe maintenant Scardanelli des quatr
227 en aussi un « Nietzsche » à fond plat. Des saules se penchent vers l’eau lente. Sur l’autre rive qui est celle d’une longu
228 lle d’une longue île, des étudiants au crâne rasé se promènent un roman jaune à la main. L’un après l’autre, dans cette pa
229 uabe, hauts et sombres, qui paraîtraient immenses s’ ils n’étaient à demi encombrés d’armoires. Un couloir, la chambre. L’h
230 à Francfort, écrivait Bettina, car aussitôt l’on se met à raconter les choses les plus affreuses sur son compte, simpleme
231 ur les gens d’ici, aimer, c’est seulement vouloir se marier… » — Et puis plus tard on encadre les lettres des amants, on p
232 les contreforts de l’Église du Chapitre : je vois s’ y engager chaque jour le fou au profil de vieille femme qui promène do
233 ous les marronniers. À quatre heures, l’orchestre s’ est mis à jouer des ringues charmantes, jazz et clarinette, chansons d
234 e mai. Les bateaux qui dérivent dans le voisinage se rapprochent, tournoyent lentement dans la musique. Je n’aime pas les
235 vant la statue d’Eberhard le Barbu. Des bourgeois se rient contre par-dessus leurs chopes. « Gemütlichkeit ». Évidemment :
236 s aux yeux voilés, aux pantalons trop courts, qui se promènent tout seuls… Et puis, il lui est arrivé quelque chose de ter
237 s gens ?… Il a eu tort, sans doute. Tout le monde s’ accorde à trouver malsain ce genre de tentatives : cela ne peut que ma
238 « bourgeois cultivés » à faire la bête dès qu’il s’ agit de l’âme. Dans la bouche de certains, cela prend l’air de je ne s
239 e je ne sais quelle revanche du médiocre dont ils se sentent bénéficiaires. Ah ! vraiment les malins ! qui ont préféré fai
240 r de grandes choses généreuses autour d’eux… Cela s’ oublie. Et l’amour, tout justement, nous fait comprendre, dans le temp
241 ur de moi insuffisant, transitoire, allusif. Tout se remet à signifier l’absence. 11. Bettina von Arnim-Brentano : Die
14 1930, Articles divers (1924–1930). Le prisonnier de la nuit (avril 1930)
242 ngs ne fais qu’un ou deux pas que les souvenirs s’ épousent entre eux pendant que tes yeux s’ouvrent n’attends rien d’aut
243 uvenirs s’épousent entre eux pendant que tes yeux s’ ouvrent n’attends rien d’autre qu’un désert qu’un sol dur aux genoux
244 uceurs. Tiens moi bien nous allons partir l’air s’ entrouvre un feu rose éclôt voici ton heure au regard le plus pur je s
245 ette naissance aux lents vertiges — quand la nuit s’ effeuille et se fane prisonnier d’une saison morte au tombeau des fleu
246 aux lents vertiges — quand la nuit s’effeuille et se fane prisonnier d’une saison morte au tombeau des fleurs obscures les
247 ombeau des fleurs obscures les mains de l’absence se ferment sur le vide tu pleurerais mais la grâce est facile comme un m
15 1930, Articles divers (1924–1930). Au sujet « d’un certain esprit français » (1er mai 1930)
248 L’esprit n’est-il pas ce qui allège ? Ce qui fait s’ envoler les ballons ?) 2. En vérité, ce temps est peu propice au mépr
249 t peu propice au mépris et à l’adoration : où que se portent nos regards, ils rencontrent des talents distingués. À cet or
250 , mais non sur le sort de l’esprit. À côté d’eux, s’ écrient nos auteurs, « qu’on nous montre un seul Français qui n’ait pa
251 a médiocrité spécifiquement française — et nul ne s’ en déclare gêné, me semble-t-il… 3. Si nous jetons sur les lettres pa
252 ait Aragon — et je suppose que Beausire et Simond se livrèrent à ce petit jeu avant d’écrire —, que voyons-nous en effet ?
253 Deux qui viennent : Bernanos et Malraux ; un qui s’ éloigne : Montherlant. Très suspects dans les « milieux » littéraires,
254 prits que la France ait su rendre inoffensifs. Il se pourrait très bien qu’à cette génération ne soit échue qu’une œuvre d
255 lui avait commandé une maison. Nos trois compères se moquaient fort. Le journaliste expliquait qu’on eut dû commencer par
256 et quand les fondations furent achevées, les murs s’ élevèrent, et quand tout fut terminé, l’on interdit l’entrée du palais
257 nt, Nietzsche est encore très mal compris. 6. Il s’ agit ici de la critique d’un certain état d’esprit moins facile à form
258 es outrances dans tout ceci. Mais je voudrais que s’ en offusquent ceux-là seuls que l’outrancière habileté contemporaine é
259 ils trouvent d’excellentes raisons pour ne point se laisser troubler. Ils tiennent à leurs petites inquiétudes domestiqué
260 é supérieure de domination et de puissance… On ne se pose plus, en France, de questions qui dépassent un certain plan. C’e
261 e logique verbale et le clair génie que l’on sait se chargent de tout réduire à la raison, y compris la Révolution, thème
262 faudrait créer, si rien n’existe qui vaille qu’on s’ y dévoue. Mais quoi ! cela peut vous mener à crever de faim, ce qui ne
263 cela peut vous mener à crever de faim, ce qui ne se porte plus, — voire même à paraître ennuyeux13… Ils recherchent tous
264 équilibre, le trouvent bien vite, comme de juste, s’ en lassent, cherchent alors un déséquilibre, s’en effraient, repartent
265 e, s’en lassent, cherchent alors un déséquilibre, s’ en effraient, repartent vers la foi et s’arrêtent chez un éditeur. Cel
266 uilibre, s’en effraient, repartent vers la foi et s’ arrêtent chez un éditeur. Cela fait un roman de plus. Il obtiendra le
267 ne — physiologique et morne — que le fait même de s’ y essayer définit ce qu’on nomme à Paris prétention. Méditez un peu ce
268 Méditez un peu cette note de Beausire : « Barrès se plaint très souvent de ses migraines, de ses gastrites, de sa fatigue
269 gure, il suffit d’un peu de décision. Jules César s’ imposait de longues marches. Mais ne demandons pas à Barrès de quitter
270 us héroïquement sa vérité — une vérité qu’il doit se créer de toute sa volonté, telle inéluctablement qu’elle est en Dieu
271 eux-mêmes nos bavardages. J’ai senti mes oreilles se déboucher, nous gagnons l’altitude. Les problèmes qu’il se pose sont
272 her, nous gagnons l’altitude. Les problèmes qu’il se pose sont le meilleur de l’homme — à condition qu’il les surmonte. « 
16 1930, Articles divers (1924–1930). « Vos fantômes ne sont pas les miens… » [Réponse à l’enquête « Les vrais fantômes »] (juillet 1930)
273 ntômes ne sont pas les miens, et qui saura jamais s’ ils ne sont pas pour moi « des choses » — et réciproquement. La distin
274 esprit parviendra par sa puissance d’adoration, à se créer une part angélique. III L’amour, loin de causer une « désorgan
275 t notre impuissance à les aimer.) Dès lors, il ne s’ agira plus de réduire les fantômes qui nous tenteront, mais de leur ég
276 ur nous, normalement, l’aspect d’une création. Il s’ agit de maintenir cet effort sous le signe de la sobriété la plus rusé
277 faculté de perception indépendante des sens, qui, s’ exerçant par le moyen d’un organe interne, puisse nous donner des conn