1
que espoir à condition de ne plus dire un mot
de
ne plus rien. La morte ou la nue Quand tes yeux se confonde
2
se au tourment bien-aimé… a. Rougemont Denis
de
, « Mouvement, La morte ou la nue, Ainsi », Le Journal des poètes, B
3
pas fait prier pour nous répondre. Il est curieux
de
tout ce que font « les jeunes ». Il a été jeune, lui aussi. Du moins
4
ment attaché aux vieux principes libéraux, ennemi
de
toute violence, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des mill
5
x, ennemi de toute violence, et qui ne ferait pas
de
mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des m
6
e ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions
de
gens vous répondront cela. Des millions d’hommes dont vous n’avez auc
7
llions de gens vous répondront cela. Des millions
d’
hommes dont vous n’avez aucune raison de suspecter la bonne foi, ni mê
8
millions d’hommes dont vous n’avez aucune raison
de
suspecter la bonne foi, ni même la bonne volonté, vous serviront avec
9
lonté, vous serviront avec une assurance tempérée
de
douceur cette phrase type qui résume à leurs yeux la sagesse, la mesu
10
e à leurs yeux la sagesse, la mesure, le bon sens
de
l’humanité, — et qui renferme autant de mensonges que de propositions
11
bon sens de l’humanité, — et qui renferme autant
de
mensonges que de propositions. En vérité, la force de l’anti-révoluti
12
manité, — et qui renferme autant de mensonges que
de
propositions. En vérité, la force de l’anti-révolution ne réside pas
13
ensonges que de propositions. En vérité, la force
de
l’anti-révolution ne réside pas dans l’argumentation des philosophes
14
pas dans l’argumentation des philosophes chargés
d’
illustrer à ses propres yeux la bourgeoisie démocratique. Elle réside
15
l’inconscience formidable que traduit la réponse
de
M. Durand-Dupont. M. Durand-Dupont est persuadé qu’il exprime une opi
16
suis un honnête homme… » Et d’abord il n’y a pas
d’
honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroïque et qui suppose un co
17
nnel. Si nous tenons à conserver l’usage pratique
de
l’adjectif « honnête », réservons-le à ceux qui reconnaissent (avec o
18
omissions, égoïsmes, tolérances diverses, absence
de
grandeur, besoin de sécurité, etc.). 2. « … fermement attaché… » On n
19
tolérances diverses, absence de grandeur, besoin
de
sécurité, etc.). 2. « … fermement attaché… » On ne peut tenir fermeme
20
… » On ne peut tenir fermement qu’à quelque chose
de
ferme. La fermeté de M. Durand-Dupont étant toute verbale, ne relève
21
fermement qu’à quelque chose de ferme. La fermeté
de
M. Durand-Dupont étant toute verbale, ne relève donc que de l’analyse
22
nd-Dupont étant toute verbale, ne relève donc que
de
l’analyse logique, et doit être rejetée à ce titre comme impliquant u
23
re » un idéal libéral pour lequel vous refuseriez
de
recevoir le moindre petit coup de matraque ? 3. « … aux vieux princip
24
vous refuseriez de recevoir le moindre petit coup
de
matraque ? 3. « … aux vieux principes… ». Les vieux principes libérau
25
ou trop peu. 4. « … libéraux, … ». Le libéralisme
de
la bourgeoisie est un mensonge. Car, dans la mesure où il veut être e
26
veut être effectif, il doit accepter libéralement
d’
être radicalement supprimé par l’adversaire. Si au contraire il dure,
27
ssent ses principes. (M. Chiappe.). 5. « … ennemi
de
toute violence… ». L’ennemi de la violence, tel que nous le connaisso
28
e.). 5. « … ennemi de toute violence… ». L’ennemi
de
la violence, tel que nous le connaissons, est un monsieur qui soutien
29
, est un monsieur qui soutient la police, chargée
de
réprimer violemment ceux qui n’acceptent pas de crever de faim en dou
30
e de réprimer violemment ceux qui n’acceptent pas
de
crever de faim en douceur. ⁂ Mais cette action très particulière de l
31
mer violemment ceux qui n’acceptent pas de crever
de
faim en douceur. ⁂ Mais cette action très particulière de la non-viol
32
en douceur. ⁂ Mais cette action très particulière
de
la non-violence mérite un examen plus approfondi. Elle constitue en e
33
le constitue en effet l’argument le plus efficace
de
la bourgeoisie conservatrice. Elle pose devant la conscience de « l’h
34
sie conservatrice. Elle pose devant la conscience
de
« l’honnête homme » un problème que toutes ses convictions inconscien
35
Et l’on sait que la bourgeoisie cultive ce genre
de
problèmes avec une prédilection à vrai dire bien compréhensible, car
36
ielles. M. Durand-Dupont, troublé par le problème
de
la violence, commence par le déclarer insoluble, puis se résout à lai
37
ous engagions ici dans une apologie philosophique
de
la violence, qu’il critiquerait avec talent, au nom de l’« humanité »
38
tend repousser la révolution au nom de son dégoût
de
la violence, nous prétendons, nous, qu’il témoigne d’une inconscience
39
a violence, nous prétendons, nous, qu’il témoigne
d’
une inconscience monstrueuse, ou qu’il commet une cynique imposture. C
40
posture. Car nous vivons en vérité sous un régime
de
violence, et tous les bourgeois pacifiques qui se préludent contre no
41
bourgeois pacifiques qui se préludent contre nous
de
leur « humanité », sont en réalité les complices de cette violence ja
42
leur « humanité », sont en réalité les complices
de
cette violence jamais avouée. Il est faux et contraire aux faits les
43
est faux et contraire aux faits les plus patents,
de
prétendre que le choix est entre non-violence et violence. Le seul ch
44
a violence révolutionnaire, franchement acceptée,
de
l’autre. Notre temps est celui de la violence, inéluctable. Climat sa
45
ement acceptée, de l’autre. Notre temps est celui
de
la violence, inéluctable. Climat salubre des aventures spirituelles.
46
s peuples. On le sait à Genève : tout est affaire
de
mots. Il n’y a pas de « guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie,
47
à Genève : tout est affaire de mots. Il n’y a pas
de
« guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie, et en France on ne se
48
, sauvegarder des « valeurs » que l’on dit être «
de
culture ». Il importe qu’elle ne revête jamais un aspect proprement b
49
spect proprement brutal, à moins que ce ne soit à
de
grandes distances, et bien au-delà du cercle qui intéresse concrèteme
50
t imposé aux enfants les prépare à subir le règne
de
l’opinion bourgeoise, dont Léon Bloy, le premier, dénonça l’essentiel
51
xemple. On se demande par quel sophisme un régime
d’
opinion put jamais être confondu avec un régime de liberté. La liberté
52
d’opinion put jamais être confondu avec un régime
de
liberté. La liberté d’opposition est tout à fait illusoire, même chez
53
re confondu avec un régime de liberté. La liberté
d’
opposition est tout à fait illusoire, même chez nous (sic). Et ceux qu
54
même chez nous (sic). Et ceux qui seraient tentés
d’
en user n’aboutiraient qu’à faire apparaître la violence latente du ré
55
paraître la violence latente du régime. Il suffit
d’
un Léon Daudet, d’une Marthe Hanau, pour que l’on sente toujours vigil
56
ce latente du régime. Il suffit d’un Léon Daudet,
d’
une Marthe Hanau, pour que l’on sente toujours vigilante la terreur bo
57
eur bourgeoise. Matraques et revolvers au service
de
la Propriété : des violences épisodiques de cette envergure n’auraien
58
rvice de la Propriété : des violences épisodiques
de
cette envergure n’auraient pas de quoi nous troubler. Mais il arrive
59
ces épisodiques de cette envergure n’auraient pas
de
quoi nous troubler. Mais il arrive que l’ordre bourgeois, protecteur
60
Mais il arrive que l’ordre bourgeois, protecteur
de
la non-violence chère à ses tenants, manifeste sa vitalité à l’occasi
61
à ses tenants, manifeste sa vitalité à l’occasion
d’
incidents plus graves, tels que ceux qui occupèrent l’opinion de 1914
62
us graves, tels que ceux qui occupèrent l’opinion
de
1914 à 1918. Toute l’astuce de ceux qui gouvernent consiste alors à d
63
cupèrent l’opinion de 1914 à 1918. Toute l’astuce
de
ceux qui gouvernent consiste alors à dissimuler la nécessité purement
64
ors à dissimuler la nécessité purement économique
de
telles violences, à les attribuer à des facteurs inventés pour les be
65
ttribuer à des facteurs inventés pour les besoins
de
la cause, et qui paraissent totalement étrangers aux buts de notre ci
66
, et qui paraissent totalement étrangers aux buts
de
notre civilisation capitaliste, et même hostiles à son progrès normal
67
ncore une fois, consiste à envelopper la violence
d’
assez de mensonges pour que le bourgeois ne se rende plus compte de sa
68
e fois, consiste à envelopper la violence d’assez
de
mensonges pour que le bourgeois ne se rende plus compte de sa respons
69
ges pour que le bourgeois ne se rende plus compte
de
sa responsabilité, de sa complicité active, et de l’épouvantable déso
70
ois ne se rende plus compte de sa responsabilité,
de
sa complicité active, et de l’épouvantable désordre dans lequel il vi
71
de sa responsabilité, de sa complicité active, et
de
l’épouvantable désordre dans lequel il vit. ⁂ Contre une violence abs
72
e et hypocrite, nous ne défendrons pas les vertus
d’
une illusoire non-violence : ce serait en réalité faire le jeu des maî
73
e : ce serait en réalité faire le jeu des maîtres
de
l’heure. Nous proclamons une violence spirituelle absolue, dont nous
74
bles, mais qu’il nous appartient, dès maintenant,
d’
orienter. Sans doute est-il absurde de prétendre que par là même, nous
75
maintenant, d’orienter. Sans doute est-il absurde
de
prétendre que par là même, nous optons librement pour de sanglantes b
76
endre que par là même, nous optons librement pour
de
sanglantes brutalités futures. Que d’autres étalent en des écrits dép
77
res. Que d’autres étalent en des écrits dépourvus
de
puissance, un goût du sang qui les marque à nos yeux de décadentisme
78
ssance, un goût du sang qui les marque à nos yeux
de
décadentisme bourgeois. Nous ne prenons pas à la légère le drame de l
79
urgeois. Nous ne prenons pas à la légère le drame
de
la Révolution. Il est des crises nécessaires1. Mais c’est à nous préc
80
rises nécessaires1. Mais c’est à nous précisément
de
préparer les voies que la force nouvelle, à leur défaut, devra créer
81
vons, c’est à nous qu’il incombe, dès maintenant,
de
préparer une Révolution assez totale, pour que de telles erreurs n’y
82
de préparer une Révolution assez totale, pour que
de
telles erreurs n’y puissent trouver place. Rappelons deux principes q
83
° le sang répandu par la Révolution est la marque
de
son imperfection naturelle. Le sang ! Et tous les « Mirobolants » de
84
naturelle. Le sang ! Et tous les « Mirobolants »
de
la terre pâlissent derrière leur mâchoire brutale, sans qu’on puisse
85
e, sans qu’on puisse distinguer (ni eux) si c’est
de
volupté ou de terreur. La peur du sang, le goût du sang : ce sont là
86
puisse distinguer (ni eux) si c’est de volupté ou
de
terreur. La peur du sang, le goût du sang : ce sont là deux aspects m
87
e goût du sang : ce sont là deux aspects morbides
d’
une même maladie bourgeoise. C’est à quoi mène la violence larvée qui
88
sang versé. Mais nous disons qu’il est plus sain
d’
être blessé que lentement stérilisé. Nous ne sommes pas idéalistes : l
89
eois prétend mensongèrement avoir vaincu. À force
d’
avoir ridiculisé et refoulé l’idée de violence physique, ils sont empo
90
ncu. À force d’avoir ridiculisé et refoulé l’idée
de
violence physique, ils sont empoisonnés jusque dans leurs pensées et
91
Le combat spirituel est aussi dur que la bataille
d’
hommes », écrit Rimbaud. Mais le bourgeois qui ne s’en doute guère con
92
fait que celui qui donne un coup se met à portée
d’
une riposte. Ils préfèrent couvrir de fleurs les lombes des « victimes
93
met à portée d’une riposte. Ils préfèrent couvrir
de
fleurs les lombes des « victimes du devoir ». Grand troupeau pitoyabl
94
nd troupeau pitoyable et maintenant des « ennemis
de
la violence » ! On songe à cette race de moutons dont parlait Élisée
95
ennemis de la violence » ! On songe à cette race
de
moutons dont parlait Élisée Reclus, et qui sont plus néfastes que les
96
terre même reste stérilisée pour un grand nombre
de
saisons. ⁂ Mais revenons à notre interviewé. Nous allions oublier les
97
nterviewé. Nous allions oublier les derniers mots
de
sa déclaration. M. Durand-Dupont cherchait à nous persuader. 6. « … q
98
hait à nous persuader. 6. « … qu’il ne ferait pas
de
mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de corriger cette exagér
99
s de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent
de
corriger cette exagération légère. Léon-Paul Fargue, à propos du bour
100
pos du bourgeois, disait un jour : « Il n’est pas
d’
une méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas de mal à un lion. » 1. I
101
pas d’une méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas
de
mal à un lion. » 1. Interventions chirurgicales. 2. Aron et Dandie
102
’ordre », dans Plans, n° 11. b. Rougemont Denis
de
, « Sur la violence bourgeoise », Plans, Paris, 15 mai 1932, p. 6-8.
103
ile à ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agit
de
ce que nous baptiserons le petit-purisme. Définition des « petits p
104
Tous ceux qui au nom de la stricte observance
d’
une doctrine qu’ils sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait
105
observance d’une doctrine qu’ils sont incapables
de
dominer, condamnent ce qui fait la vie même de la Révolution, c’est-à
106
es de dominer, condamnent ce qui fait la vie même
de
la Révolution, c’est-à-dire : la critique violente et constructive de
107
est-à-dire : la critique violente et constructive
de
toutes les doctrines régnantes, y compris celles qui sont officiellem
108
ort créateur ; petits purs, ceux qui se prévalent
d’
un mot d’ordre contre ceux qui font l’ordre nouveau ; petits purs, ceu
109
nouveau ; petits purs, ceux qui trouvent toujours
de
bonnes raisons pour nous accuser de dévier dès que nous les dépassons
110
vent toujours de bonnes raisons pour nous accuser
de
dévier dès que nous les dépassons, petits purs ceux dont la violence
111
tits purs ceux dont la violence n’est que rancœur
de
faibles accrochés à des dogmes, alors que la vraie violence révolutio
112
lutionnaire est une affirmation toujours nouvelle
de
la vie. Le petit purisme est un danger permanent au sein de la jeunes
113
olution. On reconnaît en lui les traits marquants
de
la mentalité petite-bourgeoise, cette avarice de tempérament, cette m
114
de la mentalité petite-bourgeoise, cette avarice
de
tempérament, cette méfiance vis-à-vis de toute nouveauté réelle, ce b
115
ce vis-à-vis de toute nouveauté réelle, ce besoin
de
contrôler la naissance des idées dangereuses, ce moralisme qui préfèr
116
ts purs sont tout simplement les petits bourgeois
de
la Révolution. Puis du fait qu’ils se disent révolutionnaires, ces bo
117
u pour ne rien exagérer un poids mort, un facteur
d’
énervement, et une cible facile pour les réactionnaires. Et c’est bien
118
Et c’est bien pour cela qu’il nous paraît urgent
de
leur coller une étiquette qui les distingue, sans méprise possible, d
119
iquette qui les distingue, sans méprise possible,
de
tous ceux qui, purs ou impurs, travaillent effectivement à fonder que
120
travaillent effectivement à fonder quelque chose
de
neuf, de concret et d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu
121
ent effectivement à fonder quelque chose de neuf,
de
concret et d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’ils aill
122
ent à fonder quelque chose de neuf, de concret et
d’
humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’ils aillent grossir le
123
istes à rebours, qu’ils aillent grossir les rangs
de
ceux que les rédacteurs de l’Ami du Peuple appellent des révolutionna
124
lent grossir les rangs de ceux que les rédacteurs
de
l’Ami du Peuple appellent des révolutionnaires en peau de lapin, comm
125
du Peuple appellent des révolutionnaires en peau
de
lapin, comme si cela, notons-le en passant, excusait lesdits rédacteu
126
notons-le en passant, excusait lesdits rédacteurs
d’
être eux-mêmes des fripons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau
127
s rédacteurs d’être eux-mêmes des fripons en peau
de
bourgeois ou des requins à l’eau de Coty. Description des « petits
128
ipons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau
de
Coty. Description des « petits purs » De doux jeunes gens trop
129
au de Coty. Description des « petits purs »
De
doux jeunes gens trop bien peignés viennent vous tenir des théories e
130
es sur la violence à main armée, sur la nécessité
de
fusiller les trois quarts du genre humain, à commencer par bon nombre
131
uarts du genre humain, à commencer par bon nombre
de
révolutionnaires qui ne paraissent « pas très comme il faut », et, po
132
tout dire, « confusionnistes » à ces terroristes
de
café. À les en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire que d’insta
133
stes de café. À les en croire, il n’y aurait rien
d’
autre à faire que d’installer des mitrailleuses tout le long de la fam
134
en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire que
d’
installer des mitrailleuses tout le long de la fameuse « ligne général
135
tout le long de la fameuse « ligne générale » et
d’
abattre sans pitié tout ce qui dépasse. Cependant cette défense meurtr
136
e qui dépasse. Cependant cette défense meurtrière
d’
une position toute théorique se révélant pour l’instant malaisée, ils
137
tilisent leurs loisirs à s’accuser réciproquement
d’
être de la police, ou bien à décréter sans rire que tel petit copain d
138
t leurs loisirs à s’accuser réciproquement d’être
de
la police, ou bien à décréter sans rire que tel petit copain devient
139
on le vit naguère, ces directives s’accompagnent
d’
un coup de pied au derrière. Drôles de révolutionnaires que l’on sédui
140
ccompagnent d’un coup de pied au derrière. Drôles
de
révolutionnaires que l’on séduit par le mépris. Certes, ils sont conf
141
tégrer, rejeter, recréer l’apport des révolutions
d’
hier et leurs leçons. Ne nous y trompons pas : leur refus de penser pa
142
leurs leçons. Ne nous y trompons pas : leur refus
de
penser par eux-mêmes en fonction des nécessités concrètes de l’heure
143
ar eux-mêmes en fonction des nécessités concrètes
de
l’heure et du lieu où ils vivent, la France de 1932, non la Russie de
144
es de l’heure et du lieu où ils vivent, la France
de
1932, non la Russie de 1917, révèle un désespoir profond, une impuiss
145
u où ils vivent, la France de 1932, non la Russie
de
1917, révèle un désespoir profond, une impuissance. Victimes de la pe
146
e un désespoir profond, une impuissance. Victimes
de
la pensée bourgeoise qu’ils s’épuisèrent à combattre sachant qu’ils n
147
nt chercher dans la lecture, pour eux très aride,
de
Marx, d’Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulon
148
er dans la lecture, pour eux très aride, de Marx,
d’
Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer d
149
cture, pour eux très aride, de Marx, d’Engels, et
de
Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer des seuls fait
150
s qui nous pressent. Et dès lors toutes les tares
de
l’orthodoxie les menacent : ils défendent un système, au lieu d’attaq
151
eu d’attaquer ce qui est ; ils témoignent de plus
de
mépris que d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la
152
ce qui est ; ils témoignent de plus de mépris que
d’
amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnation s
153
e mépris que d’amour vrai des hommes, ils abusent
de
l’empire et de la condamnation style Saint-Just, bref, ils rendent l’
154
amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et
de
la condamnation style Saint-Just, bref, ils rendent l’atmosphère révo
155
et puissante respiration purificatrice, le parti
de
la Santé, comme l’écrivait Philippe Lamour. Peu nous chaut une pureté
156
lippe Lamour. Peu nous chaut une pureté dépourvue
de
violence. Nous sommes bien décidés à ne pas rancir dans une doctrine
157
eule pureté vraiment révolutionnaire, c’est celle
de
la violence spirituelle créatrice ; nous ne nous lasserons pas de le
158
pirituelle créatrice ; nous ne nous lasserons pas
de
le redire. Il y a des petits malins qui ont trouvé le joint ; pour re
159
rs, absolument conformes au catéchisme centenaire
d’
un matérialisme d’ailleurs mal compris, ils ne bougent plus le petit d
160
s, ils ne bougent plus le petit doigt, s’arrêtent
de
penser et attendent l’avènement « dialectique », de l’inévitable. À c
161
penser et attendent l’avènement « dialectique »,
de
l’inévitable. À cette pureté synonyme de mort nous opposerons notre v
162
tique », de l’inévitable. À cette pureté synonyme
de
mort nous opposerons notre violence personnelle, réelle, imparfaite,
163
s. La violence joyeuse du créateur s’inquiète peu
d’
une discipline théorique ; elle trouve ses disciplines vivantes dans l
164
ractions systématiques, qu’elles soient importées
d’
Amérique où elles sont mortelles, où de Russie, où pour l’heure elles
165
importées d’Amérique où elles sont mortelles, où
de
Russie, où pour l’heure elles sont vitales, peu importe. Ce n’est pas
166
sont vitales, peu importe. Ce n’est pas la pureté
d’
une conception cohérente et rationnelle que nous défendons, c’est l’ho
167
ant que l’état social actuel l’empêche atrocement
d’
être humain. Seule cette revendication perpétuelle de l’humain contre
168
tre humain. Seule cette revendication perpétuelle
de
l’humain contre l’inhumain portera toujours en elle-même une garantie
169
révolutionnaire évidente. Seule elle sera capable
d’
entraîner les masses. Mais en voilà assez, n’abusons pas des vérités p
170
n particulière méfiance, mon but était simplement
de
définir une expression qui par la suite pourra nous être utile. Petit
171
ourgeoise un emploi plus subtil et mieux rétribué
de
leurs aigreurs, les gigolos drogués qui parlent de dialectique et cro
172
e leurs aigreurs, les gigolos drogués qui parlent
de
dialectique et croient que Hegel est arrivé, tous ceux qui haïssent l
173
caractère : tous ceux qui poursuivent l’humanité
de
sarcasmes qu’ils n’ont pas inventés, car la véritable invective n’est
174
véritable invective n’est qu’une forme polémique
de
la générosité. Hélas, fallait-il perdre une page à dire qu’ils ne mér
175
-il perdre une page à dire qu’ils ne méritent pas
de
vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que la violence possède ?
176
ge à dire qu’ils ne méritent pas de vous dégoûter
de
la Révolution, jeunes gens que la violence possède ? c. Rougemont
177
que la violence possède ? c. Rougemont Denis
de
, « Les ‟petits purs” », Plans, Paris, 15 juin 1932, p. 6-7.
178
ier 1933)d e Ce n’est pas, Nizan, une querelle
de
personnes que je veux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui v
179
l les « sergents recruteurs » et les « ramasseurs
de
disciples ». Ne perdons pas notre temps à polémiquer sur des épithète
180
reux pluriels n’ont pas empêché certains lecteurs
d’
Europe — j’en ai reçu maints témoignages — de voir dans le début de vo
181
eurs d’Europe — j’en ai reçu maints témoignages —
de
voir dans le début de votre article du 15 janvier une mise en questio
182
i reçu maints témoignages — de voir dans le début
de
votre article du 15 janvier une mise en question de ma bonne foi. Vou
183
votre article du 15 janvier une mise en question
de
ma bonne foi. Vous parlez en effet d’une « manœuvre trop claire… qui
184
en question de ma bonne foi. Vous parlez en effet
d’
une « manœuvre trop claire… qui vise à établir… une confusion propice,
185
termes, venant après votre solennelle répudiation
de
toute solidarité entre « vous » et « nous », sont de nature à induire
186
toute solidarité entre « vous » et « nous », sont
de
nature à induire en erreur un lecteur qui ignorerait — ce dont vous v
187
ue moi — que la composition et l’esprit du Cahier
de
revendications vous furent exposés par moi le jour même où nous convî
188
nt exposés par moi le jour même où nous convînmes
de
votre collaboration. (Le « certain front unique » semblait alors vous
189
rois d’ailleurs avoir indiqué nettement, à la fin
de
l’enquête, pourquoi cette solidarité nous paraissait encore plus indé
190
sible. Je ne répondrai pas ici à votre accusation
de
fascisme, je sais trop bien que, sous la plume d’un stalinien de Pari
191
de fascisme, je sais trop bien que, sous la plume
d’
un stalinien de Paris, elle exprime le désir de déconsidérer à peu de
192
sais trop bien que, sous la plume d’un stalinien
de
Paris, elle exprime le désir de déconsidérer à peu de frais l’adversa
193
me d’un stalinien de Paris, elle exprime le désir
de
déconsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt que de porter un jug
194
onsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt que
de
porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce que je veux dissipe
195
vous l’ayez ou non voulu, par la première partie
de
votre étude. Pour le reste, je ne puis mieux faire que de renvoyer ce
196
étude. Pour le reste, je ne puis mieux faire que
de
renvoyer ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch, que l’on tro
197
ux faire que de renvoyer ces lecteurs à l’article
de
Jean-Richard Bloch, que l’on trouvera vingt pages avant le vôtre, et
198
à vous, Denis de Rougemont. d. Rougemont Denis
de
, « Sur un certain front unique », Europe, Paris, 15 février 1933, p.
199
, Paris, 15 février 1933, p. 303-304. e. Précédé
de
la notice suivante : « M. D. de Rougemont a adressé à P. Nizan la let
200
En face de deux pays gouvernés par des hommes
de
40 ans, c’est-à-dire par les chefs de la jeunesse révolutionnaire, en
201
des hommes de 40 ans, c’est-à-dire par les chefs
de
la jeunesse révolutionnaire, en face d’une Russie dont le dynamisme j
202
doctrines étatistes, la France offre le spectacle
de
sa gérontocratie bavarde, de ses petites niaiseries parlementaires, d
203
e offre le spectacle de sa gérontocratie bavarde,
de
ses petites niaiseries parlementaires, de son ballet désuet : droite-
204
avarde, de ses petites niaiseries parlementaires,
de
son ballet désuet : droite-gauche, gauche-droite… En face de jeunesse
205
uniformes, qu’avons-nous à aligner ? Un attirail
de
faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. L
206
s-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs,
de
rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. La France n’est plus
207
ner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes,
de
gros ventres et de chapeaux melons. La France n’est plus contemporain
208
e faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et
de
chapeaux melons. La France n’est plus contemporaine des nations qui l
209
et qui la menacent. Tel est le fait. Elle souffre
d’
une carence aiguë de la jeunesse. C’est pourquoi le problème de son de
210
Tel est le fait. Elle souffre d’une carence aiguë
de
la jeunesse. C’est pourquoi le problème de son destin se confond avec
211
aiguë de la jeunesse. C’est pourquoi le problème
de
son destin se confond avec le problème de notre génération. La sécuri
212
roblème de son destin se confond avec le problème
de
notre génération. La sécurité ne sera jamais garantie par la signatur
213
nce révolutionnaire, c’est-à-dire sur la jeunesse
de
la nation. Mais la jeunesse française existe-t-elle ? On put le croir
214
vers 1925. C’était, l’on s’en souvient, le temps
de
l’inquiétude. Le désordre des choses s’imposait aux esprits, ils s’ap
215
ent à le refléter dans leurs œuvres ; un peu plus
de
violence réelle les eût fait accéder à la conscience active et concrè
216
t fait accéder à la conscience active et concrète
de
l’époque ; et c’eût été le premier pas vers le salut. Mais les uns se
217
tres dans on ne sait quelles brigues innommables.
De
l’inquiétude à la Légion d’honneur, la route n’est pas si pénible qu’
218
brigues innommables. De l’inquiétude à la Légion
d’
honneur, la route n’est pas si pénible qu’on peut le croire : elle com
219
énible qu’on peut le croire : elle comporte moins
de
sacrifices que de prix littéraires et de coups de pied au derrière. C
220
le croire : elle comporte moins de sacrifices que
de
prix littéraires et de coups de pied au derrière. Cette jeunesse a te
221
te moins de sacrifices que de prix littéraires et
de
coups de pied au derrière. Cette jeunesse a terriblement vieilli : el
222
Peut-être voulait-on faire allusion aux exercices
de
rhétorique prolétarienne publiés ici où là par quelques chiens de gar
223
olétarienne publiés ici où là par quelques chiens
de
garde du conformisme stalinien. Nous nous étonnerons alors des craint
224
oire sérieusement aux vertus « révolutionnaires »
d’
une doctrine destinée à périr avec le système régnant, qu’elle croit c
225
t combattre, et dont elle figure le dernier stade
de
décomposition spirituelle. Non, le problème de la jeunesse française,
226
de de décomposition spirituelle. Non, le problème
de
la jeunesse française, le problème de notre révolution est ailleurs.
227
le problème de la jeunesse française, le problème
de
notre révolution est ailleurs. Il est précis. Il se pose en termes hi
228
rmes historiques bien définis : c’est le problème
de
la destruction des tyrannies étatistes, au nom des droits de la perso
229
uction des tyrannies étatistes, au nom des droits
de
la personne. La France possède une tradition révolutionnaire personna
230
ste. C’est cette tradition qui a fondé l’autorité
de
la France dans le monde moderne. Mais la démocratie l’a sabotée, ruin
231
Mais la démocratie l’a sabotée, ruinée et trahie.
De
la personne elle a fait l’individu, ouvrant ainsi les voies aux colle
232
mphent actuellement dans toute l’Europe de l’Est.
De
la patrie, centre de rayonnement, elle a fait la nation-carcan. Et de
233
ans toute l’Europe de l’Est. De la patrie, centre
de
rayonnement, elle a fait la nation-carcan. Et de l’universalité de la
234
de rayonnement, elle a fait la nation-carcan. Et
de
l’universalité de la personne, elle a permis qu’on tire l’internation
235
lle a fait la nation-carcan. Et de l’universalité
de
la personne, elle a permis qu’on tire l’internationalisme, c’est-à-di
236
ire l’internationalisme, c’est-à-dire la négation
de
toutes les raisons d’être personnelles. (Je m’excuse du pléonasme.) T
237
e, c’est-à-dire la négation de toutes les raisons
d’
être personnelles. (Je m’excuse du pléonasme.) Telle est la cause prof
238
pléonasme.) Telle est la cause profonde du déclin
d’
un prestige universel. Et voici notre tâche : en face de mouvements qu
239
ace de mouvements qui tirent toute leur puissance
de
nos trahisons, nous avons à restaurer le principe permanent de notre
240
ons, nous avons à restaurer le principe permanent
de
notre grandeur, la revendication personnaliste. Nous avons à relever
241
institutions démocratiques qui sont le témoignage
de
notre démission ; nous ne le ferons pas en nous mettant à la remorque
242
s en nous mettant à la remorque du marxisme, fils
d’
une démocratie exsangue ; nous le ferons bien moins encore par l’affir
243
erons bien moins encore par l’affirmation tardive
d’
un nationalisme traître à la patrie. Notre réponse ne prendra pas la f
244
la patrie. Notre réponse ne prendra pas la forme
d’
une justification, mais d’une accusation. Au nom de la personne, seul
245
ne prendra pas la forme d’une justification, mais
d’
une accusation. Au nom de la personne, seul fondement de l’universel,
246
accusation. Au nom de la personne, seul fondement
de
l’universel, nous dénoncerons les tyrannies racistes et collectiviste
247
stes et collectivistes. Au nom de la patrie, lieu
d’
enracinement de la personne, nous dénoncerons les mystiques nationalis
248
ivistes. Au nom de la patrie, lieu d’enracinement
de
la personne, nous dénoncerons les mystiques nationalistes et leurs gu
249
le sera au contraire la revendication universelle
de
l’humain contre tout ce que l’homme invente pour se mettre à l’abri d
250
se mettre à l’abri du risque normal et nécessaire
de
l’existence, contre toutes les tyrannies qu’il s’impose en vertu du s
251
les tyrannies qu’il s’impose en vertu du sadisme
de
la lâcheté. Telles sont les bases de l’Ordre nouveau pour lequel nous
252
u du sadisme de la lâcheté. Telles sont les bases
de
l’Ordre nouveau pour lequel nous sommes prêts à combattre. Et c’est à
253
sseront ceux qui veulent s’adresser à la jeunesse
d’
un pays. Ils trouveront enfin à qui parler. Le problème de notre attit
254
s. Ils trouveront enfin à qui parler. Le problème
de
notre attitude devant la guerre est subordonné à celui de notre révol
255
attitude devant la guerre est subordonné à celui
de
notre révolution. La guerre des capitalistes est une pièce de leur sy
256
olution. La guerre des capitalistes est une pièce
de
leur système. Ces massacres pour des gros sous ne méritent pas le nom
257
ssacres pour des gros sous ne méritent pas le nom
de
guerre. Nous réservons ce nom pour désigner les luttes réelles, peut-
258
n aux conflits nécessaires. f. Rougemont Denis
de
, « La jeunesse française devant l’Allemagne », La Revue du siècle, Pa
259
e du siècle, Paris, mai 1933, p. 7-9. g. Précédé
de
la notice suivante : « Nous sommes particulièrement heureux de donner
260
suivante : « Nous sommes particulièrement heureux
de
donner ici le témoignage de M. Denis de Rougemont, qui appartient auj
261
ticulièrement heureux de donner ici le témoignage
de
M. Denis de Rougemont, qui appartient aujourd’hui au groupe de l’Ordr
262
e Rougemont, qui appartient aujourd’hui au groupe
de
l’Ordre nouveau et qui a eu ces années dernières une profonde influen
263
Positions
d’
attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)h Le groupe de l’Ordre
264
our l’ordre nouveau (décembre 1933)h Le groupe
de
l’Ordre nouveau n’a pas fait jusqu’ici beaucoup de bruit sur les plac
265
doctrinaires. Cette volonté a scandalisé certains
de
nos adversaires, qui prétendent partir des faits concrets et matériel
266
it-il, « la précédence du matériel, l’antériorité
de
l’être par rapport à la pensée ». En d’autres termes moins obscurs, i
267
pterons volontiers cette formule, qui a le mérite
de
la simplicité. Mais nous disons que le commencement du désordre n’est
268
pement actuel du machinisme. C’est dans cet humus
de
doctrines périmées que plongent « les racines du malheur », c’est lui
269
t empêcher qu’elles ne se reforment. La nécessité
d’
un travail doctrinal radical nous apparaît être la tâche la plus concr
270
re la tâche la plus concrète et la plus immédiate
de
l’heure ; la seule tâche efficacement révolutionnaire. Quels sont les
271
utionnaire. Quels sont les caractères spécifiques
de
notre effort de doctrine ? C’est d’abord une volonté de considérer le
272
s sont les caractères spécifiques de notre effort
de
doctrine ? C’est d’abord une volonté de considérer les problèmes écon
273
re effort de doctrine ? C’est d’abord une volonté
de
considérer les problèmes économiques et sociaux dans leur totalité ;
274
leur totalité ; c’est aussi une volonté constante
de
changer de plan. Ces deux expressions méritent un commentaire. Notre
275
té ; c’est aussi une volonté constante de changer
de
plan. Ces deux expressions méritent un commentaire. Notre volonté tot
276
s pour norme ce conflit, étendu à tous les ordres
de
l’activité humaine : politique, économique et culturel. Telle est la
277
itique, économique et culturel. Telle est la base
de
notre ordre. Cet ordre est nouveau en ceci qu’il ne peut être établi
278
i qu’il ne peut être établi que par un changement
de
plan. Changer de plan, pour nous, c’est porter l’effort constructif s
279
tre établi que par un changement de plan. Changer
de
plan, pour nous, c’est porter l’effort constructif sur un terrain que
280
n terrain que le désordre actuel néglige ou tente
de
stériliser. La plupart des questions qui divisent capitalistes et mar
281
Elles ne prennent leur vrai sens que dans le plan
de
la personne, où nous les reposons. Prenons par exemple le problème du
282
ons. Prenons par exemple le problème du « minimum
de
vie matérielle » destiné à assurer la liberté de l’homme. Marxistes e
283
de vie matérielle » destiné à assurer la liberté
de
l’homme. Marxistes et capitalistes prétendent, chacun à leur manière,
284
pourra jamais fixer absolument ce fameux minimum
de
vie nécessaire ? Il varie dans des proportions considérables selon la
285
selon la valeur morale des êtres ou les habitudes
de
la race. À supposer qu’une science, encore à créer, parvienne encore
286
, parvienne encore à le déterminer, la libération
de
l’homme bénéficiant du minimum de vie matérielle restera purement ill
287
, la libération de l’homme bénéficiant du minimum
de
vie matérielle restera purement illusoire, puisque l’État, sous sa fo
288
rfectionné — ô ironie — pour assurer précisément,
d’
en haut, le fameux minimum libérateur ! À quoi bon libérer l’homme si,
289
mme si, par ailleurs, on le prive du ressort même
de
sa liberté (par l’effet d’une doctrine matérialiste) ou du champ de c
290
prive du ressort même de sa liberté (par l’effet
d’
une doctrine matérialiste) ou du champ de cette liberté (par l’effet d
291
l’effet d’une doctrine matérialiste) ou du champ
de
cette liberté (par l’effet d’une doctrine étatiste) ? En présence de
292
aliste) ou du champ de cette liberté (par l’effet
d’
une doctrine étatiste) ? En présence de ces faits, nous disons que le
293
ces faits, nous disons que le problème du minimum
de
vie matérielle ne prend son sens que dans le plan de la personne qui
294
vie matérielle ne prend son sens que dans le plan
de
la personne qui est, nous allons le voir, le plan de la liberté créat
295
la personne qui est, nous allons le voir, le plan
de
la liberté créatrice ; que ce problème ne peut être défini correcteme
296
us assurerons en même temps aux hommes une raison
de
vivre que les systèmes régnants sont en train de leur ôter. ⁂ Nous av
297
. ⁂ Nous avons ainsi défini par la double volonté
de
totalisme et de changement de plan la forme générale de notre doctrin
298
insi défini par la double volonté de totalisme et
de
changement de plan la forme générale de notre doctrine. Nous nous exc
299
r la double volonté de totalisme et de changement
de
plan la forme générale de notre doctrine. Nous nous excusons de l’asp
300
alisme et de changement de plan la forme générale
de
notre doctrine. Nous nous excusons de l’aspect théorique que prend fo
301
me générale de notre doctrine. Nous nous excusons
de
l’aspect théorique que prend forcément cet exposé, et qu’il perdrait
302
e pour développer. Nous nous excusons plus encore
de
la façon très rapide dont nous allons être obligés de décrire le cont
303
a façon très rapide dont nous allons être obligés
de
décrire le contenu de nos constructions et la méthode personnaliste q
304
nt nous allons être obligés de décrire le contenu
de
nos constructions et la méthode personnaliste qui les anime. Cette mé
305
ette méthode constitue la partie la plus élaborée
de
notre effort et l’on ne peut songer à en donner ici qu’une formule né
306
une tension permanente, qui mesure la valeur même
de
l’homme. Tension, risque, choix, acte, tels sont les éléments de tout
307
sion, risque, choix, acte, tels sont les éléments
de
toute liberté réelle et créatrice, partant, de toute dignité humaine.
308
ts de toute liberté réelle et créatrice, partant,
de
toute dignité humaine. ⁂ Pour faire sentir tout de suite le concret d
309
ine. ⁂ Pour faire sentir tout de suite le concret
d’
une telle doctrine, voyons d’abord quelles institutions elle nous obli
310
e monde croit aujourd’hui que c’est quelque chose
de
très simple, une évidence, une sorte de lieu commun. C’est en effet l
311
que chose de très simple, une évidence, une sorte
de
lieu commun. C’est en effet le lieu commun de tous les malentendus ac
312
rte de lieu commun. C’est en effet le lieu commun
de
tous les malentendus actuels. Cet homme sans liens, réduit à l’unité
313
rouve à tous les étages du système. C’est à cause
d’
elle qu’il s’écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici notre opp
314
e d’elle qu’il s’écroulera. Il suffira sans doute
d’
indiquer ici notre opposition au parlementarisme. Nous ne combattrons
315
raîtra sous son vrai jour, comme le conservatoire
de
la politique bourgeoise, avec ses monarchistes et ses communistes, fi
316
gurants indispensables et inoffensifs. Il suffira
de
rappeler, d’autre part, que l’individualisme libéral est responsable
317
art, que l’individualisme libéral est responsable
de
l’essor anarchique d’une économie devenue inhumaine, et cela non pas
318
sme libéral est responsable de l’essor anarchique
d’
une économie devenue inhumaine, et cela non pas à cause de la machine,
319
ser ce développement. En second lieu, la doctrine
de
la personne nous oppose à tout soviétisme stalinien. Il est trop faci
320
viétisme stalinien. Il est trop facile, en effet,
de
distinguer dans le stalinisme un retournement pur et simple de l’indi
321
dans le stalinisme un retournement pur et simple
de
l’individualisme libéral, procédant par ailleurs de conceptions posit
322
l’individualisme libéral, procédant par ailleurs
de
conceptions positives et pseudo-scientifiques qui étaient déjà conten
323
ues qui étaient déjà contenues dans la définition
de
l’individu libéral. Il nous est possible maintenant de désigner d’un
324
individu libéral. Il nous est possible maintenant
de
désigner d’un seul mot l’objectif de nos attaques. Le processus concr
325
éral. Il nous est possible maintenant de désigner
d’
un seul mot l’objectif de nos attaques. Le processus concret dans lequ
326
e maintenant de désigner d’un seul mot l’objectif
de
nos attaques. Le processus concret dans lequel Marx a inséré sa philo
327
s classes provoquée par le premier épanouissement
de
l’industrie. Le processus concret dans lequel s’insère aujourd’hui le
328
s sont donc les institutions qui nous permettront
de
rompre avec tout étatisme, de changer de plan, de réaliser une révolu
329
ui nous permettront de rompre avec tout étatisme,
de
changer de plan, de réaliser une révolution effective ? Ici encore, i
330
mettront de rompre avec tout étatisme, de changer
de
plan, de réaliser une révolution effective ? Ici encore, il nous faut
331
de rompre avec tout étatisme, de changer de plan,
de
réaliser une révolution effective ? Ici encore, il nous faut nous bor
332
, nous revendiquons une organisation régionaliste
de
l’Europe. Cela suppose la suppression du cadre national, carcan de fr
333
suppose la suppression du cadre national, carcan
de
frontières douanières, et du centre administratif, politique, financi
334
i pourrait se concrétiser dans un organe central,
d’
autorité purement doctrinale et révolutionnaire, sorte de Komintern, m
335
ité purement doctrinale et révolutionnaire, sorte
de
Komintern, mais dépourvu de pouvoir économique4. Dans le domaine écon
336
évolutionnaire, sorte de Komintern, mais dépourvu
de
pouvoir économique4. Dans le domaine économique, nous revendiquons, p
337
part, et le travail indifférencié et parcellaire
de
l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatisme ou syndicali
338
laire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte
de
corporatisme ou syndicalisme — pôle décentralisateur — et par une ins
339
écentralisateur — et par une institution centrale
de
service industriel collectivisé, soumise à un organe de répartition,
340
vice industriel collectivisé, soumise à un organe
de
répartition, tout à fait distinct du pouvoir politique. Ainsi se trou
341
ion nécessaire, et assuré, en fonction cette fois
d’
une mesure humaine, le minimum de vie matérielle qui permet à la perso
342
ction cette fois d’une mesure humaine, le minimum
de
vie matérielle qui permet à la personne de courir sa chance. Nous ne
343
inimum de vie matérielle qui permet à la personne
de
courir sa chance. Nous ne pouvons songer à développer ici ces thèmes
344
révolutionnaire. Certains s’étonneront peut-être
de
la voir si peu romantique. C’est qu’il sévit actuellement, parmi cert
345
qu’il sévit actuellement, parmi certains groupes
d’
intellectuels, un véritable romantisme du chambardement, de l’émeute e
346
ctuels, un véritable romantisme du chambardement,
de
l’émeute et du sang versé. Contre lui, nous maintiendrons la primauté
347
versé. Contre lui, nous maintiendrons la primauté
de
la doctrine, avec tout ce que cela comporte, en apparence, de séchere
348
ne, avec tout ce que cela comporte, en apparence,
de
sécheresse technique. Nous savons que le romantisme du désordre prépa
349
rdre prépare simplement les dictatures policières
de
demain. Le romantisme révolutionnaire revêt une autre forme encore, n
350
tat d’esprit trop facilement héroïque et généreux
de
ceux qui nous disent : renoncez d’abord à tous les privilèges bourgeo
351
erons ! Certes, nous savons que le premier aspect
de
toute révolution est dans un renoncement. Mais pour que l’acte soit r
352
ions qui le traduisent en faits. Les aristocrates
de
la nuit du 4 août accomplissent un acte de renoncement aux privilèges
353
crates de la nuit du 4 août accomplissent un acte
de
renoncement aux privilèges. Mais à leurs côtés, se dressent des gens
354
mes ou presque en demandent. Seulement, il en est
d’
injustifiés. Et c’est ce que nous voulons déterminer d’abord. On nous
355
lons déterminer d’abord. On nous a aussi reproché
de
n’être qu’un groupe d’intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche
356
. On nous a aussi reproché de n’être qu’un groupe
d’
intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche nous vient des marxiste
357
nous vient des marxistes, nous nous contenterons
de
répondre par une citation de Lénine : La doctrine socialiste est née
358
us nous contenterons de répondre par une citation
de
Lénine : La doctrine socialiste est née des théories philosophiques,
359
doctrine sociale-démocrate surgit indépendamment
de
la croissance spontanée du mouvement ouvrier ; elle y fut le résultat
360
fut le résultat naturel et fatal du développement
de
la pensée chez les intellectuels.5 Peut-être ne serait-il pas inuti
361
eut-être ne serait-il pas inutile, pour conclure,
de
dégager clairement les thèses impliquées dans notre exposé. Voici don
362
exposé. Voici donc en quelques mots nos positions
de
combat : 1° « Sans théorie révolutionnaire, pas d’action révolutionna
363
e combat : 1° « Sans théorie révolutionnaire, pas
d’
action révolutionnaire. On ne saurait trop insister sur cette vérité,
364
our les formes les plus étroites du praticisme va
de
pair avec la propagande de l’opportunisme ». (Encore Lénine, 1902.) 2
365
oites du praticisme va de pair avec la propagande
de
l’opportunisme ». (Encore Lénine, 1902.) 2° Dans l’état présent des c
366
) 2° Dans l’état présent des choses, il n’y a pas
d’
ordre concevable sur le plan capitaliste, au déterminisme duquel les s
367
é — mais seul l’acte créateur opère le changement
de
plan et permet d’instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur don
368
te créateur opère le changement de plan et permet
d’
instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur dont nous faisons dép
369
ons dépendre tout l’ordre nouveau, cette « source
d’
énergie » permanente de la révolution, c’est la personne humaine telle
370
re nouveau, cette « source d’énergie » permanente
de
la révolution, c’est la personne humaine telle que nous l’avons défin
371
: la petite patrie décentralisatrice et le centre
de
contrôle doctrinal et juridique ; — dans le domaine économique : les
372
dans le domaine économique : les syndicats libres
de
production et d’instruction professionnelle, d’une part, et de l’autr
373
conomique : les syndicats libres de production et
d’
instruction professionnelle, d’une part, et de l’autre, le service pro
374
et d’instruction professionnelle, d’une part, et
de
l’autre, le service prolétarien collectif soumis directement à un cen
375
létarien collectif soumis directement à un centre
de
contrôle économique et statistique. 7° Ce régime doit entraîner par s
376
îner par son jeu normal la disparition des cadres
de
l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des fac
377
’est-à-dire : l’élimination des facteurs décisifs
de
l’inflation, du chômage et de la guerre moderne économique et militai
378
s facteurs décisifs de l’inflation, du chômage et
de
la guerre moderne économique et militaire. 8° C’est au nom d’antagoni
379
us sommes avec le prolétariat, par-dessus la tête
de
ses vieux meneurs, contre la condition prolétarienne. Pour l’Ordre no
380
ne existence culturelle. Des nations débarrassées
de
leurs États et de leurs frontières, on peut dire qu’elles seront univ
381
relle. Des nations débarrassées de leurs États et
de
leurs frontières, on peut dire qu’elles seront universelles, mais par
382
er. 5. Lénine : Que faire ? h. Rougemont Denis
de
, « Positions d’attaque pour l’ordre nouveau », La Revue des vivants,
383
Que faire ? h. Rougemont Denis de, « Positions
d’
attaque pour l’ordre nouveau », La Revue des vivants, Paris, décembre
384
Jeune Europe (4 décembre 1933)i Que le visage
de
l’Europe ait changé, depuis dix ans, plus qu’il ne l’avait fait depui
385
qui peut figurer d’ores et déjà dans les manuels
d’
Histoire contemporaine. Les révolutions russe, italienne et allemande,
386
la chute des monarchies ont consacré l’avènement
d’
une civilisation de vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà
387
chies ont consacré l’avènement d’une civilisation
de
vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà bouleversé les mœur
388
nsacré l’avènement d’une civilisation de vitesse,
de
machines et de masses, qui avait déjà bouleversé les mœurs au moment
389
ent d’une civilisation de vitesse, de machines et
de
masses, qui avait déjà bouleversé les mœurs au moment où éclata la gu
390
rofonde. Mais il y a entre ces trois « dictatures
de
la masse » une autre ressemblance, sans doute moins essentielle, tout
391
observateur sensible aux atmosphères. C’est l’air
de
parenté que donne, aux trois régimes, la prépondérance de la jeunesse
392
té que donne, aux trois régimes, la prépondérance
de
la jeunesse, dans leurs cadres directeurs aussi bien que dans leur al
393
r allure générale. Que signifie ce rajeunissement
d’
une importante partie du continent ? Est-ce une opération artificielle
394
uellement en vogue ? Est-ce au contraire le signe
d’
un renouveau organique, d’un afflux de sèves saines ? Ce visage étrang
395
e au contraire le signe d’un renouveau organique,
d’
un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui
396
re le signe d’un renouveau organique, d’un afflux
de
sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui d’un nouvea
397
, d’un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange
de
l’Europe est-il celui d’un nouveau venu, ou bien y distingue-t-on déj
398
ines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui
d’
un nouveau venu, ou bien y distingue-t-on déjà, sous le fard, de vieil
399
enu, ou bien y distingue-t-on déjà, sous le fard,
de
vieilles rides bien connues ? À ces questions, l’ouvrage que René Dup
400
Alexandre Marc viennent de publier sous le titre
de
Jeune Europe 6 apporte une réponse d’autant plus intéressante qu’elle
401
us le titre de Jeune Europe 6 apporte une réponse
d’
autant plus intéressante qu’elle est très significative du nouvel état
402
le est très significative du nouvel état d’esprit
de
la jeunesse française. En effet, tandis qu’il nous venait d’Allemagne
403
sse française. En effet, tandis qu’il nous venait
d’
Allemagne et de Russie plusieurs livres fameux proclamant la « mission
404
En effet, tandis qu’il nous venait d’Allemagne et
de
Russie plusieurs livres fameux proclamant la « mission de la jeune gé
405
e plusieurs livres fameux proclamant la « mission
de
la jeune génération », la France jusqu’ici s’était bornée à les tradu
406
trop bien, aux yeux de l’étranger, la réputation
de
« statisme » que l’on veut faire à la France d’après-guerre. Nos deux
407
n de « statisme » que l’on veut faire à la France
d’
après-guerre. Nos deux publicistes appartiennent à la génération qui a
408
e nouveau ou Esprit . Ils ont voulu faire œuvre
d’
information d’abord mais aussi de critique constructive, et ils s’expl
409
oulu faire œuvre d’information d’abord mais aussi
de
critique constructive, et ils s’expliquent très franchement là-dessus
410
rochent avant tout aux trois révolutions établies
d’
avoir « prématurément » bouleversé un ordre social, qu’elles n’étaient
411
e social, qu’elles n’étaient pas encore en mesure
de
rénover radicalement. Mal préparées, dans la fièvre et le désespoir d
412
nt. Mal préparées, dans la fièvre et le désespoir
de
situations économiques qui ne permettaient pas d’élaborer avec la luc
413
de situations économiques qui ne permettaient pas
d’
élaborer avec la lucidité nécessaire des solutions vraiment neuves et
414
Discipline se trouvent ainsi élevés à la dignité
de
fins en soi, d’absolus, au lieu de n’être considérés que comme des mo
415
rouvent ainsi élevés à la dignité de fins en soi,
d’
absolus, au lieu de n’être considérés que comme des moyens ». Et c’est
416
venait de renverser. Provisoirement, elle accepte
de
consacrer son enthousiasme aux tâches de reconstruction qui s’imposen
417
accepte de consacrer son enthousiasme aux tâches
de
reconstruction qui s’imposent. La popularité du plan quinquennal par
418
gré les sacrifices qu’on lui demande — ou à cause
d’
eux — ne sauraient être mises en doute. Mais qu’adviendra-t-il, le jou
419
’apercevront que les régimes qu’ils servent, loin
d’
avoir créé un ordre nouveau, ont bien plutôt consolidé les pires tyran
420
es tyrannies matérielles, et consacré la primauté
de
l’économie, la primauté de l’inhumain sur les personnes ? L’État, le
421
t consacré la primauté de l’économie, la primauté
de
l’inhumain sur les personnes ? L’État, le standard, l’industrialisati
422
des » qui reparaissent et qui déjà, font grimacer
d’
une grimace fâcheusement américaine, le visage rajeuni de l’Europe. En
423
rimace fâcheusement américaine, le visage rajeuni
de
l’Europe. En vérité, et c’est une des observations capitales de nos a
424
n vérité, et c’est une des observations capitales
de
nos auteurs, les jeunesses soviétique et fasciste sont bien moins rév
425
i des jeunes bourgeois, qui s’accommode fort bien
d’
une « rouspétance », devenue traditionnelle, contre les pouvoirs et le
426
e total et… enthousiaste ! Une nouvelle idolâtrie
de
l’État, qui réprime toute fantaisie personnelle, toute recherche orig
427
lle, toute recherche originale, toute possibilité
de
dépassement, tout ce qui fonde la dignité proprement humaine. Où est
428
roprement humaine. Où est le remède ? Les auteurs
de
Jeune Europe n’hésitent pas à le voir dans l’esprit libertaire et « p
429
oir dans l’esprit libertaire et « personnaliste »
de
la France, tel que les jeunes groupes que nous avons nommés essaient,
430
pes que nous avons nommés essaient, par ailleurs,
de
le réveiller. À la jeunesse française, à la jeunesse anglaise aussi,
431
jeunesse française, à la jeunesse anglaise aussi,
d’
édifier maintenant, dans le calme et l’audace spirituelle, un ordre qu
432
calme et l’audace spirituelle, un ordre qui fasse
de
l’« homme », et non plus de l’État ou de l’Argent, son but suprême. S
433
e, un ordre qui fasse de l’« homme », et non plus
de
l’État ou de l’Argent, son but suprême. Si nous avons insisté sur la
434
ui fasse de l’« homme », et non plus de l’État ou
de
l’Argent, son but suprême. Si nous avons insisté sur la partie critiq
435
ême. Si nous avons insisté sur la partie critique
de
cet ouvrage, c’est que les conclusions constructives peuvent sans pei
436
Dupuis et Alexandre Marc n’ont pas écrit un livre
de
doctrine. S’adressant au grand public avec autant de précision que po
437
doctrine. S’adressant au grand public avec autant
de
précision que pouvait en permettre un sujet aussi vaste, ils ont réus
438
à brosser le panorama habilement suggestif, plein
de
vie et de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute au
439
le panorama habilement suggestif, plein de vie et
de
pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute autre chose,
440
ilement suggestif, plein de vie et de pathétique,
d’
une époque qui a besoin, plus que de toute autre chose, de critiques l
441
e pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que
de
toute autre chose, de critiques lucides. 6. Un volume chez Plon, éd
442
oque qui a besoin, plus que de toute autre chose,
de
critiques lucides. 6. Un volume chez Plon, éditeur. i. Rougemont
443
n volume chez Plon, éditeur. i. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Jeune Europe », Le Moment, Genève, 4 décembre 1933,
444
en Kierkegaard (1934)l Je serais bien en peine
de
faire l’éloge de ce livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel qu
445
934)l Je serais bien en peine de faire l’éloge
de
ce livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel qu’il est cependant
446
ch s’est inspiré surtout des Stades sur le chemin
de
la vie, c’est-à-dire d’un ouvrage qui est à la fois le plus paradoxal
447
des Stades sur le chemin de la vie, c’est-à-dire
d’
un ouvrage qui est à la fois le plus paradoxal, le plus autobiographiq
448
l, le plus autobiographique et le plus artificiel
de
tous les ouvrages de Kierkegaard. Et il en a tiré la monographie la p
449
phique et le plus artificiel de tous les ouvrages
de
Kierkegaard. Et il en a tiré la monographie la plus logique, la plus
450
a plus touchante qu’un honnête homme pût espérer.
De
ce mélange d’humour et d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à l
451
te qu’un honnête homme pût espérer. De ce mélange
d’
humour et d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des
452
nête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et
d’
angoisse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on v
453
x Victor Erémita symbolise la morale du jeune fou
de
l’Ecclésiaste : in vino veritas ! L’assesseur Wilhem, c’est la sagess
454
appuyée sur la religion. Et le Jeune Homme perdu
d’
inquiétude, qui ne découvre sa joie que dans le risque extrême de la f
455
ui ne découvre sa joie que dans le risque extrême
de
la foi, c’est le chrétien tel que le veut Kierkegaard. Je soupçonne u
456
e veut Kierkegaard. Je soupçonne un peu Carl Koch
d’
intelligence avec l’assesseur Wilhelm. Mais voilà justement ce qu’il n
457
tement ce qu’il nous faut. Du personnage complexe
de
Kierkegaard, on nous a présenté jusqu’ici deux aspects seulement, et
458
er d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et
d’
une trempe exceptionnelle ; mais non tant qu’il ne puisse « édifier »
459
non tant qu’il ne puisse « édifier » — pour user
d’
un vocable auquel il sut rendre un sens énergique — le croyant le moin
460
le moins fait aux mystères dialectiques. Le livre
de
Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkegaard s
461
alectiques. Le livre de Koch est la démonstration
de
l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu s
462
Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu suspect
de
complaisance pour les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la
463
’a pas la tête philosophique. J’ai peut-être tort
de
penser qu’on aurait pu s’y prendre autrement. Après tout, il ne faut
464
uction systématique et qui épuise tous les thèmes
de
son œuvre. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vient nou
465
remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’air
d’
avoir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or,
466
ir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie
d’
aller voir. Or, je tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que
467
ens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que
d’
aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du Danois prophétique, ressusc
468
suscité par l’angoisse moderne. Le mérite décisif
de
ce livre, c’est que peut-être il fera faite la moue aux spécialistes
469
peut-être il fera faite la moue aux spécialistes
de
l’histoire des systèmes, aux amateurs d’élégances formelles, mais qu’
470
ialistes de l’histoire des systèmes, aux amateurs
d’
élégances formelles, mais qu’il saura certainement émouvoir ceux qui c
471
cte ! », répète inlassablement Kierkegaard. C’est
de
toi, lecteur, qu’il s’agit, et non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a
472
. C’est de toi, lecteur, qu’il s’agit, et non pas
d’
un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple chez
473
la perspective hors de laquelle il est impossible
de
rien comprendre à Kierkegaard — j’entends la perspective chrétienne,
474
n nous propose au dernier chapitre. Prenons garde
de
laisser s’instituer ici un nouveau malentendu, d’autant plus grave qu
475
de laisser s’instituer ici un nouveau malentendu,
d’
autant plus grave qu’il porterait cette fois sut le centre même de l’œ
476
ave qu’il porterait cette fois sut le centre même
de
l’œuvre, et non plus sur les avatars de sa présentation en France. Ca
477
ntre même de l’œuvre, et non plus sur les avatars
de
sa présentation en France. Carl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’il
478
arl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’il baptise,
d’
un terme impressionnant, son ascétisme antivital. Cet ascétisme serait
479
ital. Cet ascétisme serait la défaillance secrète
d’
une pensée par ailleurs authentiquement chrétienne. Et cette défaillan
480
oi Kierkegaard ne devint pas lui-même le « témoin
de
la vérité » qu’il annonçait, mais resta simplement « un poète ». Doub
481
croire. C’est en vain qu’il s’efforce tardivement
d’
en limiter la portée. La thèse extrême8 de Kierkegaard est si peu sépa
482
ivement d’en limiter la portée. La thèse extrême8
de
Kierkegaard est si peu séparable de l’ensemble de ses conceptions, qu
483
hèse extrême8 de Kierkegaard est si peu séparable
de
l’ensemble de ses conceptions, qu’en vérité, celui qui la rejette, re
484
de Kierkegaard est si peu séparable de l’ensemble
de
ses conceptions, qu’en vérité, celui qui la rejette, rejette aussi sa
485
té, celui qui la rejette, rejette aussi sa raison
d’
être et sa vocation prophétique. Il existe, dira Karl Barth, dont la t
486
e, dira Karl Barth, dont la théologie procède ici
de
Kierkegaard, « une différence qualitative infinie » entre Dieu et l’h
487
litative infinie » entre Dieu et l’homme. Le tout
de
l’homme est négation de Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu
488
Dieu et l’homme. Le tout de l’homme est négation
de
Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie qu’en mouran
489
à soi-même. Periissem nisi periissem ! La devise
de
Kierkegaard fait écho à ce cri de Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne
490
sem ! La devise de Kierkegaard fait écho à ce cri
de
Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. » Qu’un humanisme reli
491
ait écho à ce cri de Thérèse d’Avila : « Je meurs
de
ne pas mourir. » Qu’un humanisme religieux, qui trop souvent exprime
492
ux, qui trop souvent exprime la croyance courante
de
bien des églises modernes, vienne maintenant qualifier d’ascétisme la
493
des églises modernes, vienne maintenant qualifier
d’
ascétisme la doctrine de la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu
494
enne maintenant qualifier d’ascétisme la doctrine
de
la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu’il la déclare antichrét
495
rien que l’on ne sût déjà : à savoir que le sens
de
la vérité est en train d’abdiquer parmi nous devant le culte de la vi
496
st en train d’abdiquer parmi nous devant le culte
de
la vie. « Le christianisme tel que Kierkegaard le représentait, ne pe
497
Kierkegaard en tant que chrétien sait que la vie
de
l’homme est au péché. Il sait aussi que le contraire du péché « ce n’
498
u, mais la foi ». C’est une étrange confusion que
de
baptiser ascétisme une attitude qui se fonde dans la foi. (Schopenhau
499
r sa perte. Mais que vient faite ici cette ardeur
de
durer, de penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est
500
. Mais que vient faite ici cette ardeur de durer,
de
penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est trop tièd
501
vient faite ici cette ardeur de durer, de penser,
de
trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est trop tiède, et propr
502
ne au terme extrême : car « la plus haute passion
de
la pensée, c’est de découvrir quelque chose qu’elle ne puisse pas pen
503
: car « la plus haute passion de la pensée, c’est
de
découvrir quelque chose qu’elle ne puisse pas penser ». Il est curieu
504
ieux que les esprits moyens reprochent aux grands
de
mépriser l’esprit. Curieux aussi de voir avec quelle facilité des inc
505
nt aux grands de mépriser l’esprit. Curieux aussi
de
voir avec quelle facilité des incroyants ont fait grief à Kierkegaard
506
ilité des incroyants ont fait grief à Kierkegaard
de
n’avoir pas incarné sa doctrine. Mais quelle était son exigence ? Nos
507
que nos désirs sont menteurs. N’est pas « témoin
de
la vérité » qui veut. Ce n’est pas là un choix de l’homme. Kierkegaar
508
de la vérité » qui veut. Ce n’est pas là un choix
de
l’homme. Kierkegaard a choisi d’être « un poète et un penseur particu
509
pas là un choix de l’homme. Kierkegaard a choisi
d’
être « un poète et un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur
510
enseur, dont on peut dire qu’il mourut en martyr9
d’
avoir défendu contre tous l’impossibilité humaine du témoignage, — n’a
511
— n’a-t-il point, par sa mort justement, témoigné
de
la vérité ? 7. Tout cela, bien entendu, n’est qu’apparences, psycho
512
’existe pas », voir Conclusion. 9. Dans le livre
de
Georges Brandès : Søren Kierkegaard, ein literarisches Charakterbild
513
trouve citées les notes consignées par l’interne
de
service dans le journal de l’hôpital Frédérik où Kierkegaard passa se
514
nsignées par l’interne de service dans le journal
de
l’hôpital Frédérik où Kierkegaard passa ses derniers jours : « Il tie
515
e ; sa mort serait nécessaire à l’accomplissement
de
la tâche à laquelle il a consacré toute sa force intellectuelle et to
516
, pense-t-il, la victoire. » l. Rougemont Denis
de
, Koch Carl, « [Préface] Carl Koch, Søren Kierkegaard », dans Søren K
517
che, pauvres hommes, pauvres impuissants, restant
de
la Colère de Dieu, aussi de sa miséricorde. Il n’y a pas de communion
518
hommes, pauvres impuissants, restant de la Colère
de
Dieu, aussi de sa miséricorde. Il n’y a pas de communion humaine hors
519
impuissants, restant de la Colère de Dieu, aussi
de
sa miséricorde. Il n’y a pas de communion humaine hors l’unanime atte
520
re de Dieu, aussi de sa miséricorde. Il n’y a pas
de
communion humaine hors l’unanime attente trébuchante, hors la Promess
521
s pas ce que je puis. Je ne sais pas pour combien
d’
hommes, ni pour quels hommes j’aurai pu être « le prochain » (Luc 10.
522
re « le prochain » (Luc 10. 36/37), — le prochain
de
ces misérables qui vivent au milieu des brigands, victimes et complic
523
es fascistes ces dernières semaines dans les rues
de
Paris. À part cela, M. de Rougemont, malgré ses appels à Luc, n’a pas
524
n’a pas répondu à notre question, il fait métier
d’
être incapable de répondre aux questions. Aussi quittant le ton des pr
525
à notre question, il fait métier d’être incapable
de
répondre aux questions. Aussi quittant le ton des prophètes ajoute-t-
526
s qui posent des questions un petit post-scriptum
d’
une atroce perfidie : P.-S. On voudrait bien savoir pour quelle espèce
527
P.-S. On voudrait bien savoir pour quelle espèce
d’
hommes on écrit, en fait, mais il faudrait des statistiques difficiles
528
iques difficiles à établir. Par exemple : combien
de
petits-bourgeois, combien de bourgeois, combien de paysans, combien d
529
ar exemple : combien de petits-bourgeois, combien
de
bourgeois, combien de paysans, combien d’intellectuels parmi les lect
530
e petits-bourgeois, combien de bourgeois, combien
de
paysans, combien d’intellectuels parmi les lecteurs de Commune ? j.
531
combien de bourgeois, combien de paysans, combien
d’
intellectuels parmi les lecteurs de Commune ? j. Rougemont Denis de
532
ysans, combien d’intellectuels parmi les lecteurs
de
Commune ? j. Rougemont Denis de, « Pour qui écrivez-vous ? », Comm
533
i les lecteurs de Commune ? j. Rougemont Denis
de
, « Pour qui écrivez-vous ? », Commune, Paris, janvier–février 1934, p
534
571-572. k. Le texte de Rougemont est entrecoupé
d’
un commentaire de la rédaction de Commune.
535
exte de Rougemont est entrecoupé d’un commentaire
de
la rédaction de Commune.
536
t est entrecoupé d’un commentaire de la rédaction
de
Commune.
537
d Dandieu et Robert Aron (juin 1934)m Au cours
d’
une conversation, cet été, Nicolas Berdiaev faisait observer que notre
538
lèmes économiques », comme on dit, ne possède pas
d’
économistes. Il entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeu
539
Il entendait par là, bien entendu, des créateurs
de
valeurs neuves, ou même peut-être simplement, des hommes qui dominent
540
du moins, sa dernière œuvre. Aussi, les éléments
d’
une suite à cet ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature de l
541
ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature
de
la liberté, et que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’il nou
542
son termen. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œuvre
d’
Arnaud Dandieu apporte non seulement des idées neuves — une nouvelle p
543
rt importantes. Indiquons simplement, ici, l’idée
de
ce service industriel, destiné selon les précisions de Dandieu, à pro
544
service industriel, destiné selon les précisions
de
Dandieu, à provoquer la suppression de l’inhumaine « condition prolét
545
précisions de Dandieu, à provoquer la suppression
de
l’inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cett
546
inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon
de
noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes dans leur d
547
dépasse les rêveries marxistes dans leur domaine
de
prédilection. Mais voilà qui est plus important : elle se révèle immé
548
e se révèle immédiatement réalisable. Les travaux
d’
un groupe d’ingénieurs occupés depuis quelques mots à la chiffrer, à l
549
immédiatement réalisable. Les travaux d’un groupe
d’
ingénieurs occupés depuis quelques mots à la chiffrer, à la traduire e
550
é la justesse, découvert la fécondité surprenante
de
cette vue d’origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des p
551
, découvert la fécondité surprenante de cette vue
d’
origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des philosophes. E
552
e, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres
de
l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dan
553
res de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes
de
ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être hommes, et sache
554
de ce temps conservent dans leur cœur la volonté
d’
être hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on le
555
que ne font pas les brigadiers et les embrigadés
de
toute farine que nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l
556
és à la moderne, ces vieilles tyrannies importées
d’
un Orient où l’on savait au moins, même en les adorant, qu’elles se no
557
e en les adorant, qu’elles se nourrissent du sang
de
l’homme. On pourrait montrer facilement, à propos de maint autre prob
558
urs positions philosophiques et leurs conclusions
d’
ordre politique et social. Ces conclusions ne manqueront pas d’impress
559
ique et social. Ces conclusions ne manqueront pas
d’
impressionner certain public au détriment des principes dont elles pro
560
hui le théoricien est peut-être la juste punition
d’
une intelligentsia dont toute la « distinction » consiste à séparer ja
561
nction » consiste à séparer jalousement la pensée
de
l’action, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamente
562
r jalousement la pensée de l’action, du risque et
de
l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’il v
563
t « réaliste » qui trompe sur la véritable nature
de
la pensée, et sur ses droits. Sans théorie révolutionnaire, pas d’ac
564
ur ses droits. Sans théorie révolutionnaire, pas
d’
action révolutionnaire, écrivait Lénine dans Que faire ? On ne saurait
565
our les formes les plus étroites du praticisme va
de
pair avec la propagande de l’opportunisme. C’est pourquoi, sans voul
566
oites du praticisme va de pair avec la propagande
de
l’opportunisme. C’est pourquoi, sans vouloir en rien sous-estimer l’
567
yse qu’Aron et Dandieu nous proposent des notions
d’
échange10 et de travail, nous voudrions surtout insister sur la nouvea
568
Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et
de
travail, nous voudrions surtout insister sur la nouveauté d’un chapit
569
nous voudrions surtout insister sur la nouveauté
d’
un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esq
570
s surtout insister sur la nouveauté d’un chapitre
de
doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une th
571
l que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse
d’
une théorie générale de la Révolution qui ouvre la seconde partie du l
572
ution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale
de
la Révolution qui ouvre la seconde partie du livre. Esprit et Révolu
573
el point que les deux mots ont l’air bien souvent
de
s’opposer. À force de considérer d’une part qu’il n’est d’autre révol
574
ser. À force de considérer d’une part qu’il n’est
d’
autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre part,
575
la révolution matérialiste, à force d’autre part,
de
faire sur l’esprit le contresens habituel qui le réduit à être une fa
576
riliser l’un et l’autre, en privant la révolution
de
son ressort psychique et en privant l’esprit de son aboutissement néc
577
n de son ressort psychique et en privant l’esprit
de
son aboutissement nécessaire. L’esprit, comme la révolution, s’exprim
578
xprime par la violence : ce n’est pas une faculté
d’
usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opér
579
’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres
de
la pensée ses opérations solitaires. C’est essentiellement la faculté
580
ivre, attaquer et étendre son pouvoir, lui permet
de
rallier toutes ses forces psychologiques ou physiques, dans un souci
581
forces psychologiques ou physiques, dans un souci
de
conservation et d’expansion. » Ce langage est clair. Seuls les « pet
582
es ou physiques, dans un souci de conservation et
d’
expansion. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » jugeront
583
its purs » jugeront sans doute utile et astucieux
de
feindre d’y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est qu
584
jugeront sans doute utile et astucieux de feindre
d’
y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est que l’emprein
585
on conformistes. (Les journalistes bien-pensants,
de
L’Aube au Figaro , les en félicitent gravement.) Il faut rendre à Da
586
jamais été son fait, mais bien celui, intéressé,
de
certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit
587
son fait, mais bien celui, intéressé, de certains
de
ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait d
588
celui, intéressé, de certains de ses adversaires,
de
certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la total
589
essé, de certains de ses adversaires, de certains
de
ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la totalité créatric
590
rit ne saurait désigner que la totalité créatrice
de
l’homme, corps et intelligence, indissolublement, en acte. La séparat
591
issolublement, en acte. La séparation cartésienne
de
l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, son
592
l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne
de
l’esprit pur, sont en réalité à l’origine même du désordre actuelleme
593
Pour en découvrir la logique, il suffit pourtant
d’
étudier la marche des révolutions bourgeoise et prolétarienne qui inst
594
uisse en décèle avec rigueur le vice fondamental,
d’
essence rationaliste. Pourquoi les révolutions aboutissent-elles à des
595
lles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation
de
leur élan originel, an-archique, antiétatiste. Parce qu’elles reposen
596
saut révolutionnaire. « En réalité, la dictature
de
transition qui enterre toutes les revendications en promettant la lun
597
rvir qu’à masquer sur le terrain pratique l’échec
d’
une révolution qui ne sait pas où elle va. » Cartésienne ou hégélienne
598
mpte que des données antérieures à tout acte, non
de
l’acte lui-même. Au moment de sauter, elles hésitent et reculent. Ell
599
et reculent. Elles tombent alors dans l’illusion
d’
une synthèse qu’elles veulent croire transitive, conciliant les contra
600
contradictions réelles sur le plan tout abstrait
de
l’étatisme, au lieu de les laisser se développer jusqu’à provoquer le
601
ser se développer jusqu’à provoquer le changement
de
plan, qui seul constituerait la Révolution véritable. Contre cette il
602
ble. Contre cette illusion rationaliste-idéaliste
de
la synthèse, qui justifie en philosophie le monisme, en politique les
603
gumentation que Proudhon d’une part, et Bakounine
de
l’autre, opposaient à Karl Marx en son temps. J’ai souligné d’ailleur
604
é, à vrai dire surprenante, des thèses politiques
de
Proudhon, et de celles, philosophiques, de Kierkegaard, vis-à-vis de
605
urprenante, des thèses politiques de Proudhon, et
de
celles, philosophiques, de Kierkegaard, vis-à-vis de la dialectique h
606
tiques de Proudhon, et de celles, philosophiques,
de
Kierkegaard, vis-à-vis de la dialectique hégélienne. Cette opposition
607
paraît la plus profonde et la plus significative
de
toutes celles qui aient occupé jusqu’à présent les philosophes. Tous
608
t-elle, une fois de plus, s’endormir dans le rêve
d’
un « troisième terme » dont nous connaissons désormais le monstrueux v
609
violence extérieure mesure, simplement, un défaut
de
préparation doctrinale, — ce mot devant être entendu, répétons-le, da
610
on la plus littéralement « actuelle ». L’Esquisse
d’
une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le
611
t « actuelle ». L’Esquisse d’une théorie générale
de
la Révolution est un effort pour retrouver le contenu concret et préc
612
trouver le contenu concret et précis du grand mot
de
révolution dont abusent aujourd’hui, à l’envi, les anarchistes petits
613
ée effective, créatrice, c’est bien cette faculté
de
libérer l’être des mots. Cessons d’épiloguer sur les vieilles armures
614
cette faculté de libérer l’être des mots. Cessons
d’
épiloguer sur les vieilles armures, et recherchons plutôt les conflits
615
ionnaire. Ce n’est point par hasard qu’on tentait
de
nous la réduire à cette description résignée des altérations du langa
616
drais pas clore ces quelques notes, qui sont loin
d’
épuiser la revue des principaux thèmes de l’œuvre12, sans soulever deu
617
ont loin d’épuiser la revue des principaux thèmes
de
l’œuvre12, sans soulever deux objections que Ramon Fernandez faisait
618
à ces auteurs13. La première porte sur la notion
de
la personne, évidemment centrale pour la construction de Dandieu : «
619
ersonne, évidemment centrale pour la construction
de
Dandieu : « Une personne est un homme qui unifie les diverses parties
620
onne est un homme qui unifie les diverses parties
de
lui-même à l’intérieur de lui-même », écrit Fernandez. Il en déduit n
621
trictement sociale ». Et voici détendu le ressort
de
la Révolution nécessaire. Mais qu’est-ce que cette définition, sinon
622
ement le fascisme, et qui s’accommode à merveille
d’
un régime dictatorial ? La doctrine de l’Ordre nouveau définit une per
623
à merveille d’un régime dictatorial ? La doctrine
de
l’Ordre nouveau définit une personne qui n’a rien à voir avec cet ind
624
. Une personne qui n’est pas plus l’homme naturel
de
Rousseau, comme le suppose Fernandez, que l’homme intérieur de l’idéa
625
comme le suppose Fernandez, que l’homme intérieur
de
l’idéalisme, puisqu’elle est à la fois conquête et rencontre, engagem
626
personne qui peut être définie comme le prochain
de
l’Évangile. La seconde objection concerne l’efficacité probable des d
627
tion concerne l’efficacité probable des doctrines
de
la Révolution nécessaire. Fernandez ne croit pas à l’existence concrè
628
. Fernandez ne croit pas à l’existence concrète14
de
la personne telle que nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’un
629
ui qu’un mythe, dont il met en doute la puissance
de
soulèvement. « On comprend qu’un bourgeois risque sa peau pour la sau
630
e il mourrait, dit-on, ne peut être qu’un symbole
de
son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout court, ou mê
631
Celle que l’Ordre nouveau propose à notre besoin
de
sacrifice, c’est la qualité d’homme par excellence, la qualité créatr
632
ose à notre besoin de sacrifice, c’est la qualité
d’
homme par excellence, la qualité créatrice de la personne. Je n’en voi
633
lité d’homme par excellence, la qualité créatrice
de
la personne. Je n’en vois pas de plus haute dans notre ordre, ni de p
634
de plus haute dans notre ordre, ni de plus digne
de
conquête. La question reste, évidemment, de savoir combien, parmi nou
635
digne de conquête. La question reste, évidemment,
de
savoir combien, parmi nous, tiennent encore à être des hommes. 10.
636
la question — et en passant, l’un des fondements
de
la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une documentation d
637
ant, l’un des fondements de la théorie économique
de
Marx — en s’appuyant sur une documentation dont la formule même est u
638
ormule même est une trouvaille. 11. Et au groupe
de
l’Ordre nouveau, le seul qui se soit exprimé sur ce point avec nettet
639
xprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3
de
sa revue). 12. et qui surtout ne rendent pas justice au style de la
640
2. et qui surtout ne rendent pas justice au style
de
la pensée, plus encore que de l’écriture, d’Aron et Dandieu. Il faudr
641
as justice au style de la pensée, plus encore que
de
l’écriture, d’Aron et Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page
642
tyle de la pensée, plus encore que de l’écriture,
d’
Aron et Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page finale que Dand
643
uvoir citer ici la page finale que Dandieu ajouta
de
sa main, sur épreuves, quelques jours avant sa mort. Aussi telle page
644
mort. Aussi telle page sur Kreuger, ou sur le but
de
la révolution, qui atteignent à la grandeur à force de précision et d
645
atteignent à la grandeur à force de précision et
de
vigueur spirituelle, au mépris de toute rhétorique. 13. « La Révolut
646
de précision et de vigueur spirituelle, au mépris
de
toute rhétorique. 13. « La Révolution est-elle nécessaire ? », NRF d
647
13. « La Révolution est-elle nécessaire ? », NRF
de
janvier 1934. L’article est d’ailleurs sympathique. Il a surtout le g
648
illeurs sympathique. Il a surtout le grand mérite
d’
aller droit aux problèmes réels que pose ce livre, sur le plan philoso
649
n pas un donné « objectif ». m. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Arnaud Dandieu et Robert Aron, La Révolution nécess
650
1. n. Rougemont en fera la recension dans la NRF
de
mars 1936.
651
faut avouer pourtant qu’il n’est pas très facile
de
repérer leurs positions, sur le plan de l’action publique. On ne conn
652
ès facile de repérer leurs positions, sur le plan
de
l’action publique. On ne connaît pas en France de parti protestant co
653
de l’action publique. On ne connaît pas en France
de
parti protestant comparable aux nombreux groupements catholiques à fi
654
Qu’est-ce que la foi des protestants leur permet
d’
affirmer dans le domaine de César ? De la réponse à cette question dép
655
rotestants leur permet d’affirmer dans le domaine
de
César ? De la réponse à cette question dépendra notre évaluation des
656
leur permet d’affirmer dans le domaine de César ?
De
la réponse à cette question dépendra notre évaluation des tentatives
657
s esquissées jusqu’ici, et peut-être l’indication
de
quelques possibilités pratiques fidèlement déduites de la doctrine.
658
elques possibilités pratiques fidèlement déduites
de
la doctrine. I. Ce que la foi nous dit de faire En dépit de cert
659
uites de la doctrine. I. Ce que la foi nous dit
de
faire En dépit de certaine polémique bourgeoise, il n’existe pas d
660
de certaine polémique bourgeoise, il n’existe pas
de
théorie du désordre. Toute doctrine sociale, fût-elle la plus subvers
661
ale, fût-elle la plus subversive, est la doctrine
d’
un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de
662
ve, est la doctrine d’un certain ordre terrestre,
d’
un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humai
663
errestre, d’un certain aménagement des activités,
de
la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une co
664
ines. Tout ordre terrestre suppose une conception
de
l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’
665
nception réactionnaire, ou statique, la politique
de
la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie
666
ou statique, la politique de la contrainte armée,
de
l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est
667
ique de la contrainte armée, de l’ordre immuable,
de
la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est une doctrine pessimi
668
sée. C’est une doctrine pessimiste, une politique
de
la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception r
669
doctrine pessimiste, une politique de la camisole
de
force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire,
670
onnaire, ou dynamique, la politique du devenir et
de
l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’es
671
ue si l’homme est une bête, son but est toutefois
de
devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette fausse symétr
672
ervient dans cette fausse symétrie avec une sorte
d’
humour transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’est ni
673
i ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté
de
Dieu, c’est agir, c’est donc attester sa dignité proprement humaine.
674
s, peut se fonder une politique qui mérite le nom
de
chrétienne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviron
675
s caractérisée par deux traits qui nous serviront
de
critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du
676
ue seule elle pose la question dernière du destin
de
l’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa cond
677
aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres
de
la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffre
678
sibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point
d’
être d’avance limités par un système, par un programme, par des soluti
679
instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’être
d’
avance limités par un système, par un programme, par des solutions tou
680
ncore : pour le politique pur, il s’agit toujours
d’
un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit
681
ique pur, il s’agit toujours d’un ordre établi ou
d’
un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un o
682
blir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que
d’
un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté
683
dre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit
de
l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et n
684
ait que cette transformation s’appelle le Royaume
de
Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il af
685
tion s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume
de
l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi
686
dis terrestre. Aux uns et aux autres, il reproche
de
déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, n
687
l reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance
de
sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pa
688
dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse
d’
être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, com
689
, mais comme ayant reçu la promesse d’être sauvés
de
son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, tra
690
stème politique ni aucune synthèse humaine n’aura
de
droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout,
691
e pourra, pour nous, se confondre avec un progrès
de
salut. Principe d’une politique du pessimisme actif. Une phrase de Ki
692
, se confondre avec un progrès de salut. Principe
d’
une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à
693
e d’une politique du pessimisme actif. Une phrase
de
Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction po
694
sens, le fondement et la seule direction possible
de
toute politique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dess
695
enne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus
de
la collectivité. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler
696
ela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler
de
la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordo
697
ujours être subordonnée à cette fin la plus haute
de
l’homme qu’est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non se
698
politiques qui revendiquent les droits supérieurs
de
la personne par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra
699
e est celle qui se fonde dans ce rapport originel
de
l’homme à Dieu, d’où découle la relation réelle et humainement bienfa
700
fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu,
d’
où découle la relation réelle et humainement bienfaisante que l’Évangi
701
t aux fins terrestres, mais impliquant l’activité
de
l’homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être défi
702
n’est pas original, et bien moins encore matière
d’
enquête. (On n’enquête pas sur la doctrine chrétienne.) Mais la dispos
703
sur la doctrine chrétienne.) Mais la disposition
de
ces évidences va peut-être nous permettre de situer quelques-unes des
704
tion de ces évidences va peut-être nous permettre
de
situer quelques-unes des attitudes les plus tranchées, et par là les
705
te. À droite, je distingue deux tendances : celle
de
l’Association Sully, qui groupe les protestants monarchistes, et cell
706
istes, et celle qui se manifeste dans le bulletin
de
La Cause, nettement nationaliste. L’Association Sully a publié pas ma
707
ationaliste. L’Association Sully a publié pas mal
de
tracts et de brochures, dont la diffusion, je crois, est restée assez
708
L’Association Sully a publié pas mal de tracts et
de
brochures, dont la diffusion, je crois, est restée assez limitée. Cet
709
l’insistance avec laquelle certaines déclarations
de
l’AS condamnent le nationalisme mystique qui, par malheur, caractéris
710
ystique qui, par malheur, caractérise les efforts
de
La Cause. L’Association Sully est beaucoup plus éloignée de l’Action
711
e. L’Association Sully est beaucoup plus éloignée
de
l’Action française que La Cause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point
712
ignée de l’Action française que La Cause ne l’est
de
L’Écho de Paris. Du point de vue de notre foi, il me semble d’ailleur
713
’Action française que La Cause ne l’est de L’Écho
de
Paris. Du point de vue de notre foi, il me semble d’ailleurs qu’une p
714
ause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point de vue
de
notre foi, il me semble d’ailleurs qu’une position monarchiste peut ê
715
caractère « sacré » que revêt à leurs yeux l’idée
de
patrie préalablement confondue avec celle de l’État, en témoignent av
716
idée de patrie préalablement confondue avec celle
de
l’État, en témoignent avec évidence. Mais, d’autre part, le « politiq
717
nce. Mais, d’autre part, le « politique d’abord »
de
Maurras, l’insistance mise sur la forme de l’État, paraissent bien in
718
bord » de Maurras, l’insistance mise sur la forme
de
l’État, paraissent bien inactuels en regard des problèmes économiques
719
es qui nous pressent. Un chrétien a-t-il le droit
de
rêver ? Que faire alors, dans l’état de choses qui s’offre à nous ? D
720
alors, dans l’état de choses qui s’offre à nous ?
De
l’action « sociale » ? C’est dans ce sens que concluent les Compagnon
721
nts chrétiens, sur le modèle des Équipes sociales
de
Robert Garric. Créer des contacts vivants avec les milieux ouvriers a
722
ts avec les milieux ouvriers athées, par le moyen
de
cercles d’études ou d’« amicales » de travail, c’est une activité don
723
milieux ouvriers athées, par le moyen de cercles
d’
études ou d’« amicales » de travail, c’est une activité dont, à coup s
724
riers athées, par le moyen de cercles d’études ou
d’
« amicales » de travail, c’est une activité dont, à coup sûr, le bienf
725
ar le moyen de cercles d’études ou d’« amicales »
de
travail, c’est une activité dont, à coup sûr, le bienfait ne sera jam
726
iative. Mais ici je poserais une question inverse
de
celle que je posais à l’Association Sully. Peut-on « se borner au pra
727
rès des ouvriers ne pose-t-elle pas des problèmes
de
doctrine économique et sociale qu’on ne saurait esquiver sans manquer
728
qu’on ne saurait esquiver sans manquer à son tour
de
réalisme ? La plupart des tentatives sociales ou politiques que je vo
729
me paraissent pécher par une vision insuffisante
de
l’ensemble concret des données actuelles. C’est un péril proprement p
730
ril proprement protestant. La doctrine calviniste
de
la vocation ou des charismes nous y expose davantage que les catholiq
731
nous ne sommes souvent des implications générales
d’
une attitude particulière. C’est évidemment à propos de l’attitude des
732
évidemment à propos de l’attitude des objecteurs
de
conscience qu’il y a lieu de souligner le plus fortement ce danger. J
733
itude des objecteurs de conscience qu’il y a lieu
de
souligner le plus fortement ce danger. Je n’ai pas, ici, à juger l’ob
734
ce danger. Je n’ai pas, ici, à juger l’objection
de
conscience. Je me bornerai à deux remarques seulement. Dans la mesure
735
t. Dans la mesure où l’objection est l’expression
d’
une vocation particulière, elle tend à échapper à la politique et sort
736
tend à échapper à la politique et sort du domaine
de
cette enquête. Dans la mesure où elle devient l’expression d’un mouve
737
uête. Dans la mesure où elle devient l’expression
d’
un mouvement, le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’elle est dangere
738
autres objections au régime établi. Je m’empresse
d’
ajouter que les objecteurs chrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute
739
les objecteurs chrétiens se sont gardés jusqu’ici
de
toute espèce de propagande, et ne tombent nullement sous le coup de l
740
hrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute espèce
de
propagande, et ne tombent nullement sous le coup de la grave critique
741
propagande, et ne tombent nullement sous le coup
de
la grave critique d’incohérence et de sectarisme qu’il faudrait sans
742
mbent nullement sous le coup de la grave critique
d’
incohérence et de sectarisme qu’il faudrait sans cela leur adresser. L
743
ous le coup de la grave critique d’incohérence et
de
sectarisme qu’il faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des obj
744
omporte un risque, un engagement concret, un acte
de
foi, qui transcendent le plan de toute doctrine sociale. Mais il fall
745
concret, un acte de foi, qui transcendent le plan
de
toute doctrine sociale. Mais il fallait en parler ici : elle marque l
746
tif. Révolution sans illusions. Droits supérieurs
de
la personne. Telles sont quelques-unes des formules que je proposais
747
éfinir l’attitude chrétienne devant les exigences
de
César. Elles sont en singulière consonance avec les principes directe
748
ngulière consonance avec les principes directeurs
de
deux mouvements de jeunesse : Esprit et l’Ordre nouveau. L’originalit
749
avec les principes directeurs de deux mouvements
de
jeunesse : Esprit et l’Ordre nouveau. L’originalité de ces deux équip
750
unesse : Esprit et l’Ordre nouveau. L’originalité
de
ces deux équipes tient d’abord dans leur refus absolu de poser les qu
751
deux équipes tient d’abord dans leur refus absolu
de
poser les questions par rapport à une droite et à une gauche égalemen
752
l refus, elles opèrent déjà ce que le vocabulaire
de
l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un ac
753
abulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement
de
plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Elles se dressent ain
754
se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif
de
la mentalité politique française. C’est un volume entier qu’il faudra
755
u’il faudrait consacrer à la critique des méfaits
de
ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du Français mo
756
surtout par l’Ordre nouveau auraient conquis déjà
d’
innombrables adhésions, si seulement elles s’étaient données pour des
757
lement elles s’étaient données pour des doctrines
de
droite, ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sent
758
’étaient données pour des doctrines de droite, ou
de
gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que l
759
te, ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre
d’
adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’où
760
ntale que les deux groupes refusent avec rigueur.
D’
où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de
761
, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués
de
tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pour le fascisme », s’é
762
s marxistes ! » Esprit, de même, se voit qualifié
de
fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve q
763
se voit qualifié de fasciste par les gauches, et
de
bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes d
764
s droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes
de
jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductibl
765
y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose
de
vraiment nouveau, quelque chose d’irréductible aux vieilles distincti
766
quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose
d’
irréductible aux vieilles distinctions familières, concrétisées par la
767
tés dans les travées du palais Bourbon. Le Cahier
de
revendications que je publiais en 1932 à la Nouvelle Revue française
768
ise , manifesta pour la première fois l’existence
de
cette « troisième force », non marxiste et anticapitaliste, qui depui
769
rs s’est précisée et développée. Les deux groupes
de
tête de cette révolution que je considère comme étant la seule réelle
770
précisée et développée. Les deux groupes de tête
de
cette révolution que je considère comme étant la seule réelle et vrai
771
ques refus massifs, refus du capitalisme créateur
d’
injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’
772
efus du capitalisme créateur d’injustice sociale,
de
guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme géné
773
talisme créateur d’injustice sociale, de guerres,
de
chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se m
774
teur d’injustice sociale, de guerres, de chômage,
d’
immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jus
775
de guerres, de chômage, d’immoralité publique et
d’
un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la
776
e général qui se manifeste jusque dans le domaine
de
la pensée ; refus du nationalisme mystique, considéré comme une capta
777
ystique, considéré comme une captation, au profit
de
l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de
778
idéré comme une captation, au profit de l’État et
de
la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture b
779
inance, du sentiment patriotique originel ; refus
de
la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et
780
ique originel ; refus de la culture bourgeoise et
de
la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée et
781
affirmations doctrinales : affirmation des droits
de
la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit n
782
e la personne humaine, toujours supérieurs à ceux
de
l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la
783
it normalement leur être subordonné ; affirmation
de
la primauté nécessaire du spirituel (qu’ils définissent d’ailleurs as
784
ssent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation
de
la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation écon
785
assez diversement) ; affirmation de la nécessité
de
reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne
786
de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble
de
l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes part
787
base l’ensemble de l’organisation économique, et
de
ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un n
788
rganisation économique, et de ne pas se contenter
de
réformes partielles ; affirmation enfin d’un nouvel esprit communauta
789
tenter de réformes partielles ; affirmation enfin
d’
un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race
790
rit communautaire, fondé non pas sur une mystique
de
race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabil
791
nautaire, fondé non pas sur une mystique de race,
de
classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités pers
792
dé non pas sur une mystique de race, de classe ou
de
parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces
793
jeunes groupes. Ils indiquent assez la nouveauté
de
leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse
794
s. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point
de
départ. Alors que les partis aux prises dans la presse évitent avec e
795
s aux prises dans la presse évitent avec ensemble
de
poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes p
796
Esprit et l’Ordre nouveau affirment la nécessité
de
s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique
797
affirment la nécessité de s’attaquer au problème
de
l’homme même dans la civilisation mécanique. Ainsi pour être moins br
798
me : c’est aux racines du mal qu’ils s’attaquent.
D’
où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les effets se man
799
acines du mal qu’ils s’attaquent. D’où leur force
d’
entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de pl
800
en plus visiblement à mesure que le développement
de
la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un poi
801
urs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un point
de
départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ
802
it juste. Il faut encore partir, — sinon le point
de
départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stéri
803
érile des clercs bourgeois. C’est ici la question
de
la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à c
804
ergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité
d’
écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules17,
805
ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et
de
techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules17, autant de germ
806
Autour de lui prolifèrent des cellules17, autant
de
germes semés dans la diversité des régions et des métiers : germes de
807
la diversité des régions et des métiers : germes
de
corporations destinées à faire éclater, par leur développement normal
808
clater, par leur développement normal, les cadres
de
l’ordre ancien. Une doctrine rigoureuse, qui s’exprime directement da
809
ntenant l’ordre nouveau. Le groupe compte éviter,
de
la sorte autant que possible, l’écueil des révolutions russe et allem
810
olutions russe et allemande, la fameuse « période
de
transition » nécessairement dictatoriale et étatiste, dont l’équipeme
811
ictatoriale et étatiste, dont l’équipement actuel
de
la France doit permettre l’économie. Le travail critique de l’Ordre n
812
ce doit permettre l’économie. Le travail critique
de
l’Ordre nouveau, tel qu’on peut le suivre dans la revue qui paraît so
813
la revue qui paraît sous ce titre depuis le mois
de
mai 1933, est essentiellement orienté vers la création. C’est en vain
814
pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité
d’
une prise de conscience révolutionnaire. Lieu commun pour cette généra
815
uctiviste, régionalisme, traduisant cette formule
de
base : Spirituel d’abord, Économique ensuite, Politique à leur servic
816
ensuite, Politique à leur service. Il est facile
d’
indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans
817
. Il est facile d’indiquer rapidement le principe
de
cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, l’Ordre nou
818
ile d’indiquer rapidement le principe de cohésion
de
ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, l’Ordre nouveau suspend
819
engagé dans un conflit concret). Sur cette notion
d’
acte pris comme point de départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir
820
oncret). Sur cette notion d’acte pris comme point
de
départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir et des valeurs, et sa cr
821
era la première synthèse dans l’ouvrage important
d’
Aron et Dandieu : la Révolution nécessaire. Sa revendication essentiel
822
ire. Sa revendication essentielle est l’abolition
de
la condition prolétarienne par le moyen du service civil de travail19
823
ition prolétarienne par le moyen du service civil
de
travail19. L’analyse du pouvoir aboutit d’autre part à une conception
824
du pouvoir aboutit d’autre part à une conception
de
l’organisation politique radicalement antiétatiste, fédéraliste, ou m
825
édéraliste, ou mieux communaliste. L’assimilation
de
la personne à un acte20, tel est donc le fait spirituel, le fait huma
826
in par excellence auquel l’Ordre nouveau rattache
d’
une façon immédiate toutes ses institutions. Telle est la « primauté d
827
e est la « primauté du spirituel » qu’il ne cesse
d’
invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans cer
828
l ne cesse d’invoquer au risque, il faut le dire,
de
créer provisoirement, dans certains cerveaux, les plus graves malente
829
, les plus graves malentendus. On a cru, ou feint
de
croire, qu’il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, o
830
u, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que
d’
un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque c
831
un an ont été lancés par l’ON qui a eu l’adresse
de
ne pas en faire une sorte de propriété privée. Parmi eux, je citerai
832
N qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte
de
propriété privée. Parmi eux, je citerai le « ni droite ni gauche » re
833
oite ni gauche » repris depuis peu par les ligues
d’
anciens combattants (dont l’action sera peut-être décisive l’année pro
834
ra peut-être décisive l’année prochaine) ; l’idée
de
la « mission personnaliste de la France », que les centristes et les
835
prochaine) ; l’idée de la « mission personnaliste
de
la France », que les centristes et les droites opposent à la mystique
836
usse ou allemande ; enfin l’idée du service civil
de
travail, qui pourrait bien devenir le cheval de bataille des mouvemen
837
l de travail, qui pourrait bien devenir le cheval
de
bataille des mouvements de gauche. « Primauté du spirituel », nous re
838
bien devenir le cheval de bataille des mouvements
de
gauche. « Primauté du spirituel », nous retrouvons cette affirmation
839
comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier, directeur
de
la revue, définissait dès son premier numéro une conception spiritual
840
numéro une conception spiritualiste qui n’a rien
de
commun avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et
841
avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques
de
droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
842
ont voulu voir en elle les critiques de droite et
de
gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux
843
le les critiques de droite et de gauche, victimes
de
la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit !
844
capitale —, il est incontestable que l’« esprit »
d’
Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ail
845
est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est
d’
inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs francheme
846
ordre établi. Esprit n’en reste pas moins le lieu
de
rencontre d’une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et
847
Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre
d’
une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes in
848
ste pas moins le lieu de rencontre d’une centaine
de
jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », co
849
de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains «
de
toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy, le l
850
aine de jeunes écrivains « de toutes croyances et
de
toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’une enquête perma
851
toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu
d’
une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle q
852
apitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin
d’
un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici le
853
bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort
de
reconstruction culturelle. Il faut citer ici les numéros volumineux c
854
era-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers
de
la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à
855
de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien
de
la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnell
856
listiques, des attaques personnelles qui assurent
d’
ordinaire aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture
857
aux publications dites révolutionnaires un succès
de
lecture, aux dépens de toute adhésion durable. Des obscurités, des lo
858
parfois complaisant, — on voudrait faire l’éloge
de
ces gaucheries, songeant aux habiletés stériles, idiotes, de la criti
859
heries, songeant aux habiletés stériles, idiotes,
de
la critique bien pensante. Si je me suis un peu étendu sur les princi
860
r les principes spirituels qui animent l’activité
d’
Esprit et de L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont
861
pes spirituels qui animent l’activité d’Esprit et
de
L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont appelés à j
862
important dans la vie politique et intellectuelle
de
la France et, par là même, à influencer toutes nos tentatives de réno
863
, par là même, à influencer toutes nos tentatives
de
rénovation. Je crois bien n’être pas sorti du cadre précis de cette e
864
n. Je crois bien n’être pas sorti du cadre précis
de
cette enquête en marquant la coïncidence de ces principes et des doct
865
récis de cette enquête en marquant la coïncidence
de
ces principes et des doctrines que nous pouvons déduire de la Réforme
866
incipes et des doctrines que nous pouvons déduire
de
la Réforme. Esprit est en majeure partie d’inspiration catholique, j
867
uire de la Réforme. Esprit est en majeure partie
d’
inspiration catholique, je veux dire que ses collaborateurs sont pour
868
plupart catholiques21. L’Ordre nouveau se défend
d’
aborder aucune question confessionnelle. Il n’en reste pas moins que l
869
extes parus dans Esprit trahissent la nostalgie
d’
un ordre établi par l’Église, dont nous savons tous les dangers pour l
870
les dangers pour l’Église même. Plusieurs textes
de
L’Ordre nouveau manifestent un certain nietzschéisme, une certaine
871
qui figure, pour un chrétien, l’illusion dernière
de
l’orgueil. Mais ces obstacles, ces divergences, le protestant les ret
872
rotestant les retrouverait aggravés et compliqués
de
bien pires erreurs dans n’importe quel parti, aussi bien à gauche qu’
873
s n’ont pas à fonder un parti. Leur foi n’est pas
de
celles que l’on met en systèmes. Le fût-elle, leur très petit nombre
874
fût-elle, leur très petit nombre les empêcherait
d’
imposer ce parti à l’ensemble de la nation. Le temps n’est pas aux rêv
875
e les empêcherait d’imposer ce parti à l’ensemble
de
la nation. Le temps n’est pas aux rêves, et ce n’est pas l’affirmatio
876
’est pas aux rêves, et ce n’est pas l’affirmation
d’
une position politique qui permettra de « faire la France protestante
877
ffirmation d’une position politique qui permettra
de
« faire la France protestante ». Je croirais davantage à la vertu d’u
878
e protestante ». Je croirais davantage à la vertu
d’
une théologie fidèle à la Réforme. Mais, justement, cette théologie no
879
me. Mais, justement, cette théologie nous ordonne
d’
agir, et de nous engager. N’attendons pas que d’autres aient édifié de
880
ustement, cette théologie nous ordonne d’agir, et
de
nous engager. N’attendons pas que d’autres aient édifié des systèmes
881
expérience qu’on peut travailler dans les groupes
de
jeunes gens qui les défendent, et qu’on le peut sans renoncer à rien
882
défendent, et qu’on le peut sans renoncer à rien
de
cette vérité qui jugera toujours tous les systèmes. Travaillons avec
883
(JOC) ; Démocrates populaires ; Équipes sociales
de
Robert Garric ; la revue Esprit ; le groupe Réaction et son organe
884
: à tout système qui tend à l’anarchie par excès
de
confiance dans l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d
885
omme, succède une dictature. Certain fascisme est
d’
autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’il r
886
entions. 17. Et depuis peu, plusieurs mouvements
d’
action publique, qui dans des domaines divers, répandent la doctrine O
887
divers, répandent la doctrine ON. Citons le Club
de
février, la ligue « Nous voulons ». Inspirés par l’Ordre nouveau ils
888
nouveau ils sont cependant autonomes. 18. Titre
d’
un essai d’Arnaud Daudin et D. de Rougemont, qui joint à quelques autr
889
s sont cependant autonomes. 18. Titre d’un essai
d’
Arnaud Daudin et D. de Rougemont, qui joint à quelques autres, paraîtr
890
l’Homme debout définira la position philosophique
de
l’ON. Sur la position du groupe relativement aux jeunesses russes et
891
généraux du temps considérés dans la perspective
de
l’ON. Voir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). Une dizaine
892
perspective de l’ON. Voir Daniel-Rops : Éléments
de
notre destin (Spes). Une dizaine de volumes sont en préparation. 19.
893
ps : Éléments de notre destin (Spes). Une dizaine
de
volumes sont en préparation. 19. L’origine « philosophique » de cett
894
en préparation. 19. L’origine « philosophique »
de
cette institution a pu rendre méfiants certains économistes. Mais déj
895
certains économistes. Mais déjà toute une équipe
d’
ingénieurs s’est attachée à chiffrer et à définir dans le détail l’app
896
à définir dans le détail l’application du service
de
travail. Cf. le n° 8 de L’Ordre nouveau . 20. N’est-ce pas ainsi qu
897
l’application du service de travail. Cf. le n° 8
de
L’Ordre nouveau . 20. N’est-ce pas ainsi que l’Évangile définit la
898
nsi que l’Évangile définit la notion fondamentale
de
prochain ? Le prochain, c’est celui qui pratique la miséricorde ; ce
899
; ce n’est pas le simple voisin. Cf. le numéro 5
de
Hic et Nunc , tout entier consacré à cette exégèse de la parabole du
900
ic et Nunc , tout entier consacré à cette exégèse
de
la parabole du bon Samaritain. 21. On trouve cependant aux sommaires
901
ve cependant aux sommaires des principaux numéros
d’
Esprit plusieurs protestants, en particulier A. Ullmann qui reste l’
902
ann qui reste l’un des plus actifs collaborateurs
de
la revue. Au Comité directeur de l’Ordre nouveau, il y a des libres p
903
s collaborateurs de la revue. Au Comité directeur
de
l’Ordre nouveau, il y a des libres penseurs, des catholiques, un juif
904
tre action, nous sépare, et non pas nos principes
de
départ. o. Rougemont Denis de, « Où sont les jeunes protestants ? R
905
pas nos principes de départ. o. Rougemont Denis
de
, « Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme e
906
eunesse déracinée (novembre 1934)p On s’étonne
de
la facilité avec laquelle les jeunes bourgeois de ce temps se déclare
907
de la facilité avec laquelle les jeunes bourgeois
de
ce temps se déclarent révolutionnaires. On les accuse d’impatiences s
908
emps se déclarent révolutionnaires. On les accuse
d’
impatiences suspectes, de rancunes sociales, de nietzschéisme mal digé
909
ionnaires. On les accuse d’impatiences suspectes,
de
rancunes sociales, de nietzschéisme mal digéré. Les excuses qu’on leu
910
se d’impatiences suspectes, de rancunes sociales,
de
nietzschéisme mal digéré. Les excuses qu’on leur offre ne sont guère
911
guère plus reluisantes : ils n’ont plus le temps
de
se cultiver, ils ne trouvent pas de situations… Arguments justes peut
912
plus le temps de se cultiver, ils ne trouvent pas
de
situations… Arguments justes peut-être, pour certains, mais qui ne so
913
phénomène citadin et l’expression incompressible
d’
une jeunesse déracinée… La crise précipite sous nos yeux un processus
914
unes bourgeois un lieu héréditaire, un patrimoine
de
souvenirs, tout ce que symbolise l’expression « à la maison », l’habi
915
itation des villes ne diffère pas essentiellement
de
celle d’une province. Supprimez l’héritage, délogez les familles, dis
916
es villes ne diffère pas essentiellement de celle
d’
une province. Supprimez l’héritage, délogez les familles, dispersez-le
917
-elle. Il n’y aura plus le frein à l’entraînement
de
la vie citadine ; à cette espèce de centrifugation spirituelle. Rappe
918
’entraînement de la vie citadine ; à cette espèce
de
centrifugation spirituelle. Rappelons ici quelques-unes des composant
919
elle. Rappelons ici quelques-unes des composantes
de
ce phénomène. Il y a d’abord une inflation psychologique : trop de co
920
Il y a d’abord une inflation psychologique : trop
de
contacts, trop de conversations, trop de visions pour ce qu’un indivi
921
inflation psychologique : trop de contacts, trop
de
conversations, trop de visions pour ce qu’un individu possède de juge
922
e : trop de contacts, trop de conversations, trop
de
visions pour ce qu’un individu possède de jugement, d’opinions mûries
923
s, trop de visions pour ce qu’un individu possède
de
jugement, d’opinions mûries ou de réceptivité normale. D’où la fatigu
924
sions pour ce qu’un individu possède de jugement,
d’
opinions mûries ou de réceptivité normale. D’où la fatigue, la sensati
925
ndividu possède de jugement, d’opinions mûries ou
de
réceptivité normale. D’où la fatigue, la sensation d’être vidé, d’êtr
926
ent, d’opinions mûries ou de réceptivité normale.
D’
où la fatigue, la sensation d’être vidé, d’être dominé par un milieu q
927
éceptivité normale. D’où la fatigue, la sensation
d’
être vidé, d’être dominé par un milieu qu’on se prend à mépriser parce
928
rmale. D’où la fatigue, la sensation d’être vidé,
d’
être dominé par un milieu qu’on se prend à mépriser parce qu’il vous t
929
que l’on sait n’être plus immuables… Perspectives
d’
aventure. Ambition. Ressentiment. Il y a enfin ces vexations que l’on
930
ulle part, que l’on est toléré comme un élément «
de
rapport », balayé dès qu’il ne rapporte plus à temps. Nomadisme. Et d
931
aissable, tout prêt à sanctionner cette confusion
de
la morale et de l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ord
932
rêt à sanctionner cette confusion de la morale et
de
l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ordre social. Visag
933
geois s’obstinent à nommer l’ordre social. Visage
de
l’État, Raison d’État, semblable aux raisons obscures et implacables
934
à nommer l’ordre social. Visage de l’État, Raison
d’
État, semblable aux raisons obscures et implacables qui dominent les c
935
es qui dominent les cauchemars. Et si vous gagnez
de
l’argent, vous louerez un de ces studios bien nus, où la vie prend un
936
s. Et si vous gagnez de l’argent, vous louerez un
de
ces studios bien nus, où la vie prend un visage tellement abstrait qu
937
ien dans le détail. Je ne vois pas qu’on ait tiré
de
leur ensemble aucune conclusion pratique, encore moins théorique. Ess
938
lusion pratique, encore moins théorique. Essayons
d’
en indiquer une. La jeunesse déracinée cherche une nouvelle communauté
939
e chose. Des gens qui souffrent et qui n’ont plus
d’
attaches sont rapprochés d’abord par leur opposition à l’ordre qui les
940
ion à l’ordre qui les moleste. Mais il s’agit ici
de
gens habitués à conduire leurs affaires. Ils ne se contenteront pas d
941
nduire leurs affaires. Ils ne se contenteront pas
de
dire un non désespéré. Ils chercheront un nouvel ordre. Leur communau
942
l ordre. Leur communauté sera donc une communauté
d’
idéal autant que de refus. Risquons ici un parallèle qui n’est peut-êt
943
nauté sera donc une communauté d’idéal autant que
de
refus. Risquons ici un parallèle qui n’est peut-être pas simplement u
944
que les communautés fondées par la revendication
d’
un idéal — communautés nationales — sont essentiellement révolutionnai
945
tion moderne n’a-t-il pas désigné d’abord l’idéal
de
la Révolution française, une communauté « spirituelle », au sens le p
946
tent chacune leur vérité, ne viennent à s’opposer
d’
une façon meurtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque jour, se fait
947
leur nomadisme antipatriotique. C’étaient oiseaux
de
ville, échappés de leurs cages. Et pourtant c’est dans les campagnes
948
patriotique. C’étaient oiseaux de ville, échappés
de
leurs cages. Et pourtant c’est dans les campagnes seulement que pourr
949
’est là son vrai problème. p. Rougemont Denis
de
, « Jeunesse déracinée », La Revue du XXe siècle, Paris, novembre 1934
950
Mystère
de
la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde)
951
Mystère de la Vision (fragments
d’
un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce qu
952
Mystère de la Vision (fragments d’un Traité
de
la vision physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce que je voudrai
953
toute une vie. Aussi bien n’ai-je pas l’intention
de
l’expliquer, moins encore de le démontrer. Mais seulement, peut-être,
954
i-je pas l’intention de l’expliquer, moins encore
de
le démontrer. Mais seulement, peut-être, d’indiquer à l’imagination d
955
ncore de le démontrer. Mais seulement, peut-être,
d’
indiquer à l’imagination de mon lecteur quelques-unes des perspectives
956
seulement, peut-être, d’indiquer à l’imagination
de
mon lecteur quelques-unes des perspectives qui rayonnent autour du my
957
veau. La vision est passage et frontière, et lieu
de
contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou s’ils s
958
i ne se manifeste ». C’est pourquoi dans le monde
de
la vision, il n’y a ni mensonge ni feintes ; rien qui se cache ou rie
959
he ou rien qui s’exagère, par où j’entends : rien
de
« moral » — ou d’immoral. Et l’illusion lorsqu’elle se risque à subsi
960
xagère, par où j’entends : rien de « moral » — ou
d’
immoral. Et l’illusion lorsqu’elle se risque à subsister dans la lumiè
961
s ces choses et bien d’autres qu’on pourrait dire
de
la vision, on peut les dire du visage. La langue allemande ne connaît
962
des apparences ? Si la vision voit le visage, et
de
la sorte, s’en distingue, rappelons-nous qu’elle a son siège au centr
963
centre même du visage. Sans visage il n’est plus
de
vision. Ou l’inverse. Ainsi le je et le tu sont distincts, sans lesqu
964
le tu sont distincts, sans lesquels il n’est pas
d’
amour. Mais si leur être est justement l’amour ? Peut-on les isoler sa
965
Peut-on les isoler sans du même coup les séparer
de
leur existence même ? La vision est un jugement (psychologie) E
966
s ? Entre l’aspect spirituel et l’aspect matériel
de
l’homme, il existe deux traits d’union : la vue et la parole, la visi
967
aspect matériel de l’homme, il existe deux traits
d’
union : la vue et la parole, la vision et l’entendement. La Parole est
968
la vision et l’entendement. La Parole est l’objet
de
la théologie, la vision est le monde de la physionomie23. Je crois bi
969
t l’objet de la théologie, la vision est le monde
de
la physionomie23. Je crois bien que le psychologue s’est introduit da
970
lé à la place du drame, avec l’étrange prétention
d’
arbitrer le conflit vital, de séparer les deux antagonistes : de leur
971
l’étrange prétention d’arbitrer le conflit vital,
de
séparer les deux antagonistes : de leur permettre, pensait-il, de « s
972
conflit vital, de séparer les deux antagonistes :
de
leur permettre, pensait-il, de « s’expliquer », mais comme on fait de
973
eux antagonistes : de leur permettre, pensait-il,
de
« s’expliquer », mais comme on fait devant un tribunal, — et ce n’éta
974
la vision n’est pas une sensation, mais un décret
de
l’intellect. Il n’y a pas de sensations, il n’y a pas d’images, il n’
975
tion, mais un décret de l’intellect. Il n’y a pas
de
sensations, il n’y a pas d’images, il n’y a pas d’associations mental
976
tellect. Il n’y a pas de sensations, il n’y a pas
d’
images, il n’y a pas d’associations mentales : il n’y a que des jugeme
977
e sensations, il n’y a pas d’images, il n’y a pas
d’
associations mentales : il n’y a que des jugements. Toute pensée est «
978
e est « judicatoire », et tout, en l’homme dépend
de
la pensée. Voir, c’est porter un jugement distinctif. Mais, alors, de
979
stinctif. Mais, alors, deux questions se posent :
d’
où vient l’œil ? À quoi tend le jugement ? Et voilà notre psychologue
980
d le jugement ? Et voilà notre psychologue obligé
de
chercher ses lumières chez les physiologistes ou chez les métaphysici
981
En vérité, la curieuse aventure, que cette espèce
d’
autosuppression ! Une fois rendus à qui de droit les honneurs qu’il av
982
espèce d’autosuppression ! Une fois rendus à qui
de
droit les honneurs qu’il avait empruntés, le psychologue se voit rest
983
és, le psychologue se voit restitué dans son rôle
de
simple observateur. Étant donnée sa position essentiellement interméd
984
’observation lorsqu’elle se porte sur l’acte même
de
la vision ? Selon que l’homme qui regarde participe au spectacle, ou
985
il y verra des mythes, et s’il est un littérateur
de
l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra qu’un état d’âme ; s’il es
986
t s’il est un littérateur de l’espèce par exemple
d’
Amiel, il n’y verra qu’un état d’âme ; s’il est un général, il ne verr
987
me ; s’il est un général, il ne verra qu’un champ
de
manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’il f
988
un territoire à exploiter ; s’il fuit la société
de
ses semblables, il verra des retraites solitaires, et s’il la cherche
989
qu’il le quitte, ou qu’il le voit par la portière
de
son wagon, le paysage n’est pas le même ; car le regard est jugement2
990
me. On a beaucoup écrit sur la fameuse opposition
de
la contemplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vi
991
sur la fameuse opposition de la contemplation et
de
l’action. Une notion claire de ce qu’est la vision eût peut-être évit
992
a contemplation et de l’action. Une notion claire
de
ce qu’est la vision eût peut-être évité bien des malentendus illustre
993
des malentendus illustres. L’action est un moment
de
la contemplation essentiellement active et transformatrice. La métaph
994
lement active et transformatrice. La métaphysique
de
l’Ancienne Alliance, étant celle de la prophétie, est dominée par l’a
995
métaphysique de l’Ancienne Alliance, étant celle
de
la prophétie, est dominée par l’audition de la Parole. Mais la métaph
996
celle de la prophétie, est dominée par l’audition
de
la Parole. Mais la métaphysique de la Nouvelle Alliance, qui est cell
997
par l’audition de la Parole. Mais la métaphysique
de
la Nouvelle Alliance, qui est celle de l’Incarnation, est dominée par
998
taphysique de la Nouvelle Alliance, qui est celle
de
l’Incarnation, est dominée par la vision ; il semble que tout s’y ram
999
ue tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et
de
la lumière. « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes
1000
… » (I Thess. 5.8) Rien ne serait plus facile que
de
multiplier les citations de passages de saint Paul ou de saint Jean,
1001
erait plus facile que de multiplier les citations
de
passages de saint Paul ou de saint Jean, pour la plupart bien connus,
1002
acile que de multiplier les citations de passages
de
saint Paul ou de saint Jean, pour la plupart bien connus, qui ont fix
1003
iplier les citations de passages de saint Paul ou
de
saint Jean, pour la plupart bien connus, qui ont fixé le vocabulaire
1004
ont fixé le vocabulaire métaphysique et poétique
de
tout le Moyen Âge, d’une partie de la Renaissance, et même du rationa
1005
re métaphysique et poétique de tout le Moyen Âge,
d’
une partie de la Renaissance, et même du rationalisme solennel ou vulg
1006
ue et poétique de tout le Moyen Âge, d’une partie
de
la Renaissance, et même du rationalisme solennel ou vulgaire. (Aufklä
1007
s que je viens de désigner, il n’est pas superflu
de
recourir à ces « origines » sacrées, comme à une sorte d’étymologie d
1008
rir à ces « origines » sacrées, comme à une sorte
d’
étymologie de l’imagination moderne. Sur la vision qui est jugement et
1009
rigines » sacrées, comme à une sorte d’étymologie
de
l’imagination moderne. Sur la vision qui est jugement et action : « Q
1010
se renouvelle dans la connaissance, selon l’image
de
celui qui l’a créé. » (Col. 3.10) Sur la vision et le visage : « Nous
1011
igneur, nous sommes transformés en la même image,
de
clarté en clarté, comme par l’Esprit. » (II Cor. 3.18) — « Aujourd’hu
1012
« Aujourd’hui nous voyons comme dans un miroir et
d’
une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui
1013
me j’ai été connu. » (I Cor. 13.12) À la question
de
notre psychologue — sinon celle qu’il se pose, du moins celle qu’il s
1014
le toute philosophie qui postule la transcendance
de
l’éternel, répondent : celui qui voit Dieu, meurt. Car à la suprême v
1015
ême transformation. Reste l’autre question, celle
de
l’origine de la vision. Celle peut-être à laquelle répond l’apôtre lo
1016
ation. Reste l’autre question, celle de l’origine
de
la vision. Celle peut-être à laquelle répond l’apôtre lorsqu’il écrit
1017
sont éternelles ». (II Cor. 4.18) Or nous savons,
de
science et de prescience, et la révélation biblique nous le confirme,
1018
s ». (II Cor. 4.18) Or nous savons, de science et
de
prescience, et la révélation biblique nous le confirme, qu’à l’origin
1019
élation biblique nous le confirme, qu’à l’origine
de
tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la lumière. La pre
1020
e tout mouvement des corps, il y a comme un appel
de
la lumière. La première parole de Dieu : « Que la lumière soit » est
1021
comme un appel de la lumière. La première parole
de
Dieu : « Que la lumière soit » est aussi le premier moteur de l’unive
1022
Que la lumière soit » est aussi le premier moteur
de
l’univers. Toute substance que la lumière vient toucher, aussitôt se
1023
e devient à nos yeux reconnaissable. Il n’est pas
d’
autre mouvement que cet élan vers la lumière — ou pour la fuir — par q
1024
ce. « L’œil ne verrait pas le soleil s’il n’était
de
nature solaire », dit Goethe. Une telle parole devance notre science,
1025
Ces vérités ne sont guère « explicables » au sens
de
l’indiscret moderne, de celui qui veut toujours pénétrer sous la form
1026
e « explicables » au sens de l’indiscret moderne,
de
celui qui veut toujours pénétrer sous la forme, plutôt que de la voir
1027
veut toujours pénétrer sous la forme, plutôt que
de
la voir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou cet
1028
la parole. Mais les mystiques et les poètes ont,
de
tout temps, depuis l’Incarnation, connu ce grand mystère de la vision
1029
mps, depuis l’Incarnation, connu ce grand mystère
de
la vision. C’est parfois une connaissance égarée qui traverse un déli
1030
de, tel ce rayon qui pénètre dans les profondeurs
de
la Saison en enfer de Rimbaud : « Sur les routes, par les nuits d’hiv
1031
énètre dans les profondeurs de la Saison en enfer
de
Rimbaud : « Sur les routes, par les nuits d’hiver, sans gîte, sans ha
1032
nfer de Rimbaud : « Sur les routes, par les nuits
d’
hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon cœur
1033
».28 D’autres fois, c’est la claire connaissance
de
la béatitude visionnaire : connaissance parfois trop « claire » au se
1034
ance parfois trop « claire » au sens rationaliste
de
ce mot. Connaissance trop pénétrante, qui dépasse trop aisément le co
1035
pénétrante, qui dépasse trop aisément le concret
de
la vision. Comment expliquer autrement que la théologie des scolastiq
1036
éatitude réside in visione, dans la contemplation
de
la Face de Dieu, le second qu’elle réside in amore ? N’était-ce pas s
1037
side in visione, dans la contemplation de la Face
de
Dieu, le second qu’elle réside in amore ? N’était-ce pas se tromper à
1038
N’était-ce pas se tromper à la fois sur la nature
de
l’amour et sur celle de la vision ? Voir Dieu, c’est se transformer a
1039
r à la fois sur la nature de l’amour et sur celle
de
la vision ? Voir Dieu, c’est se transformer au sens le plus violent e
1040
être aimé, et c’est se rendre à la transformation
de
la vision : c’est donc aimer. Et nulle vision ne serait « admirable »
1041
e n’était en même temps transformation, mouvement
de
l’amour. Augustin qui, plus que tout autre, a parlé de la « beauté »
1042
amour. Augustin qui, plus que tout autre, a parlé
de
la « beauté » de Dieu, savait que vision et amour sont un seul acte e
1043
ui, plus que tout autre, a parlé de la « beauté »
de
Dieu, savait que vision et amour sont un seul acte et une seule répon
1044
je vous ai trop tard aimée… »29 L’imagination
de
la forme J’ai cité des docteurs, des apôtres et des poètes, des sa
1045
dit saint Paul. La foi serait-elle donc négation
de
la vision ? Ou la vie éternelle, négation de l’incarnation ? Nullemen
1046
tion de la vision ? Ou la vie éternelle, négation
de
l’incarnation ? Nullement, mais accomplissement, et splendeur de ce q
1047
n ? Nullement, mais accomplissement, et splendeur
de
ce qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment et trouble. « Auj
1048
omme j’ai été connu ». Cet alors est la plénitude
d’
un aujourd’hui que nous ne connaissons que par ses limites et ses form
1049
être que la définir dans l’absolu, à la frontière
de
la mort et de la vie ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du mê
1050
finir dans l’absolu, à la frontière de la mort et
de
la vie ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du même coup la con
1051
t jamais totalement incarnée. Entre la forme pure
de
notre vocation et la forme visible de notre visage, il y a le péché,
1052
forme pure de notre vocation et la forme visible
de
notre visage, il y a le péché, et les abîmes du temps. Dans le monde
1053
a le péché, et les abîmes du temps. Dans le monde
de
la mesure idéale, qui est le monde païen, le monde antique, le monde
1054
le monde des philosophes, la forme pure est celle
de
l’idée platonicienne. Mais dans le monde de l’incarnation — le monde
1055
celle de l’idée platonicienne. Mais dans le monde
de
l’incarnation — le monde chrétien —, la forme pure est la parole que
1056
hrétien —, la forme pure est la parole que chacun
de
nous a reçue, en son lieu, en son temps unique. Figure de notre vocat
1057
a reçue, en son lieu, en son temps unique. Figure
de
notre vocation, forme informante de notre être et que voient « les ye
1058
nique. Figure de notre vocation, forme informante
de
notre être et que voient « les yeux de la foi », il semble que notre
1059
informante de notre être et que voient « les yeux
de
la foi », il semble que notre visage n’en soit qu’une mauvaise épreuv
1060
qui se risque à déchiffrer le fascinant spectacle
de
cette œuvre mordue par le temps et modelée par la lumière, ce n’est p
1061
st pas le regard troublé qui erre sur les miroirs
de
la ville, à la recherche d’une illusion de soi-même. Il faut une forc
1062
erre sur les miroirs de la ville, à la recherche
d’
une illusion de soi-même. Il faut une force qui le braque, une école s
1063
iroirs de la ville, à la recherche d’une illusion
de
soi-même. Il faut une force qui le braque, une école sévère et un maî
1064
ce modèle idéal qui saurait nous rendre capables
d’
affronter la réalité — pour nous avoir révélé le salut ? Où trouver la
1065
Où trouver la réponse qui nous permettrait seule
de
poser sérieusement nos questions ? « Si nous espérons ce que nous ne
1066
re Paul. Cette attente persévérante, cette action
d’
espérance, voilà le sens qu’il faut donner à l’imagination qui crée. S
1067
oblématiques ; si elle n’est pas non plus ce rêve
de
l’indiscret, ou cette revanche sur le réel qu’elle figure aux yeux du
1068
re une force concrète, elle est cela : une vision
d’
espérance, un prolongement, une marche vers la plénitude. Deviner la f
1069
t, une marche vers la plénitude. Deviner la forme
de
notre vocation, c’est aller au-delà des « apparences actuelles », mai
1070
es « apparences actuelles », mais dans les lignes
de
la création. L’imagination de la forme saisit d’abord la loi de forma
1071
ais dans les lignes de la création. L’imagination
de
la forme saisit d’abord la loi de formation ; et c’est alors, mais al
1072
. L’imagination de la forme saisit d’abord la loi
de
formation ; et c’est alors, mais alors seulement, qu’elle peut poursu
1073
eut poursuivre sans s’égarer dans la nuit. La loi
de
formation : le mode singulier de la personnification de la parole, la
1074
la nuit. La loi de formation : le mode singulier
de
la personnification de la parole, la finalité de l’être vivant, qui s
1075
mation : le mode singulier de la personnification
de
la parole, la finalité de l’être vivant, qui se révèle au regard de l
1076
de la personnification de la parole, la finalité
de
l’être vivant, qui se révèle au regard de l’amour. Qu’est-ce que l’ho
1077
évèle au regard de l’amour. Qu’est-ce que l’homme
de
l’esprit, sinon celui qui voit l’esprit dans son action, et le prend
1078
l’esprit dans son action, et le prend sur le fait
de
la métamorphose ? Et si l’on sait que la vision est acte, on saura ma
1079
nt quel est celui qui peut aider30. L’imagination
de
la forme est sympathie avec la création. Mais nous tenons ici la clef
1080
a création. Mais nous tenons ici la clef du monde
de
l’incarnation, le secret de l’image physionomique de l’univers. Imagi
1081
ici la clef du monde de l’incarnation, le secret
de
l’image physionomique de l’univers. Imaginer, c’est se placer dans la
1082
l’incarnation, le secret de l’image physionomique
de
l’univers. Imaginer, c’est se placer dans la perspective même de tout
1083
maginer, c’est se placer dans la perspective même
de
toute genèse spirituelle, dans l’axe de la personne en exercice, dans
1084
tive même de toute genèse spirituelle, dans l’axe
de
la personne en exercice, dans le drame de la forme, — et y participer
1085
s l’axe de la personne en exercice, dans le drame
de
la forme, — et y participer. Nous le tenons, ce lien vivant qui unit
1086
u créé, et nous sommes enfin parvenus à l’origine
de
l’œuvre de l’esprit, au lieu très saint de notre humanité. Ici tout e
1087
nous sommes enfin parvenus à l’origine de l’œuvre
de
l’esprit, au lieu très saint de notre humanité. Ici tout est réel, to
1088
rigine de l’œuvre de l’esprit, au lieu très saint
de
notre humanité. Ici tout est réel, tout est action et résistance, tou
1089
est drame. Et les correspondances sont embrassées
d’
un seul regard. Les formes naissent, tableaux, poèmes, symphonies, dan
1090
ins, temples, statues, — visages ! Dans l’enfance
de
la lumière. L’image physionomique de l’Univers Quelle que soit
1091
l’enfance de la lumière. L’image physionomique
de
l’Univers Quelle que soit la vénération qu’on éprouve en présence
1092
nération qu’on éprouve en présence de cette forme
de
toutes les formes que nous offre la face de l’homme, il faut entendre
1093
forme de toutes les formes que nous offre la face
de
l’homme, il faut entendre qu’elle reste symbolique d’une certaine ima
1094
’homme, il faut entendre qu’elle reste symbolique
d’
une certaine image du monde, dont elle ne saurait constituer le centre
1095
à définir, plutôt que les principes particuliers
d’
une étude physiognomonique, la vision que toute étude de cet ordre sup
1096
étude physiognomonique, la vision que toute étude
de
cet ordre suppose et développe. Je voudrais maintenant entraîner le l
1097
du mystère manifeste. Et d’abord, comme au seuil
d’
une expédition militaire, j’indiquerai l’ordre de la marche. Premier p
1098
d’une expédition militaire, j’indiquerai l’ordre
de
la marche. Premier principe : Tout ce qui est réel est moteur, et don
1099
réel est moteur, et donc informateur ou créateur
de
formes. Ce qui signifierait, pour un homme entièrement spirituel, que
1100
d’autres formes. Le principe dialectique qui sert
de
guide dans le monde physionomique est celui des correspondances, et n
1101
ientifique, qui est celui du démontage mécanique,
de
l’isolation des parties. Interpréter les formes par les formes, n’est
1102
es portes à une nouvelle mythologie, dans le sens
d’
un Schelling et déjà d’un Herder ? Certes nous sommes ici très près de
1103
e mythologie, dans le sens d’un Schelling et déjà
d’
un Herder ? Certes nous sommes ici très près de l’Organismusgedanke qu
1104
très près de l’Organismusgedanke qui est la clef
de
tout le romantisme allemand de cette grandiose conception d’un univer
1105
ke qui est la clef de tout le romantisme allemand
de
cette grandiose conception d’un univers où tout est correspondance or
1106
romantisme allemand de cette grandiose conception
d’
un univers où tout est correspondance organique, où la réalité naît de
1107
est correspondance organique, où la réalité naît
de
l’union des contradictions naturelles, où l’homme est microcosme de l
1108
tradictions naturelles, où l’homme est microcosme
de
la Création. Paracelse, Bruno, Nicolas de Cuse dominent de loin ce gr
1109
ation. Paracelse, Bruno, Nicolas de Cuse dominent
de
loin ce grand mouvement de la pensée européenne, qui connut sa splend
1110
colas de Cuse dominent de loin ce grand mouvement
de
la pensée européenne, qui connut sa splendeur féconde aux temps du ro
1111
t sa splendeur féconde aux temps du romantisme et
de
la vie de Goethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la thé
1112
deur féconde aux temps du romantisme et de la vie
de
Goethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la théorie des c
1113
mise à une prochaine renaissance. Mais il importe
d’
en marquer le danger, disons plus : le péché, qui l’a stérilisée avant
1114
e : Schelling pour appuyer son intuition concrète
de
la totalité du monde créé remonta, par Shaftesbury, jusqu’à Plotin et
1115
t-à-dire jusqu’au monde des Idées. C’était perdre
de
vue la réalité spécifique du monde de l’Incarnation, où la philosophi
1116
tait perdre de vue la réalité spécifique du monde
de
l’Incarnation, où la philosophie de l’organique peut trouver ses mesu
1117
ique du monde de l’Incarnation, où la philosophie
de
l’organique peut trouver ses mesures humaines et sa justification spi
1118
tification spirituelle. C’était placer le critère
de
l’esprit dans le « sentiment religieux » et non dans l’actualité de l
1119
e « sentiment religieux » et non dans l’actualité
de
la Parole. C’était sortir du drame, pour se perdre dans une fièvre no
1120
talgique. Schleiermacher est l’expression géniale
de
cette hérésie romantique, qui ne tendait à rien de moins qu’à la glor
1121
e cette hérésie romantique, qui ne tendait à rien
de
moins qu’à la glorification progressive d’une nature dont s’évanouiss
1122
à rien de moins qu’à la glorification progressive
d’
une nature dont s’évanouissait la condition essentiellement dramatique
1123
e bornerai donc à renvoyer à la critique décisive
de
la doctrine de l’analogia entis que Karl Barth poursuit à travers tou
1124
à renvoyer à la critique décisive de la doctrine
de
l’analogia entis que Karl Barth poursuit à travers toute son œuvre. C
1125
ursuit à travers toute son œuvre. Ce qui subsiste
de
l’Organismusgedanke, une fois cette conception débarrassée des équivo
1126
iques, c’est un irrationalisme concret. L’analyse
de
l’homme intérieur ou social, telle que l’ont inlassablement reprise t
1127
ionnels. Rien alors ne peut égaler la pénétration
de
son regard, si ce n’est son impuissance à saisir la personne dans sa
1128
s motifs, mais ce faisant, il détend les ressorts
de
l’imprévisible événement — tensions instituées entre des motifs tout
1129
art, bâtissent et soutiennent l’édifice du visage
de
l’homme. Kassner remarque qu’à la lecture des grands moralistes franç
1130
e qu’à la lecture des grands moralistes français,
de
Montaigne à Pascal, à La Rochefoucauld, à Chamfort, on ne rencontre p
1131
stume, la grimace, ce qu’on nomme « l’extérieur »
de
l’homme, mais non pas son visage. Pour lui comme pour tous les autres
1132
our lui comme pour tous les autres (à l’exception
de
Pascal), l’homme est entièrement ramené à la parole, à l’anecdote. Qu
1133
ue notre esprit qu’on dit « latin » est incapable
de
s’assimiler les secrets d’une ontologie de la forme ? Ce serait oubli
1134
latin » est incapable de s’assimiler les secrets
d’
une ontologie de la forme ? Ce serait oublier Léonard et son génie phy
1135
apable de s’assimiler les secrets d’une ontologie
de
la forme ? Ce serait oublier Léonard et son génie physionomiste. Il
1136
à la méthode du Vinci — la plus vaste collection
de
formes, un trésor toujours imminent et qui grandit selon l’extension
1137
oujours imminent et qui grandit selon l’extension
de
son domaine… Il est le maître des visages, des anatomies, des machine
1138
des visages, des anatomies, des machines. Il sait
de
quoi se fait un sourire ; il peut le mettre sur la face d’une maison,
1139
e fait un sourire ; il peut le mettre sur la face
d’
une maison, aux plis d’un jardin… Et encore : Je sentais que ce maî
1140
peut le mettre sur la face d’une maison, aux plis
d’
un jardin… Et encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce p
1141
n jardin… Et encore : Je sentais que ce maître
de
ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait tro
1142
ude centrale à partir de laquelle les entreprises
de
la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles ;
1143
entreprises de la connaissance et les opérations
de
l’art sont également possibles ; les échanges heureux entre l’analyse
1144
Les quelques mots que je souligne dans le texte
de
Paul Valéry ne sont-ils pas l’éblouissante formule d’une image physio
1145
aul Valéry ne sont-ils pas l’éblouissante formule
d’
une image physionomique de l’univers ? On pourrait m’objecter que le g
1146
l’éblouissante formule d’une image physionomique
de
l’univers ? On pourrait m’objecter que le goût de la forme, apanage é
1147
de l’univers ? On pourrait m’objecter que le goût
de
la forme, apanage évident du « latin », suppose des géométries plutôt
1148
t que l’imagination, et par là retombe au pouvoir
de
la raison et de Descartes. Mais passons de l’autre côté : chez les Al
1149
ion, et par là retombe au pouvoir de la raison et
de
Descartes. Mais passons de l’autre côté : chez les Allemands les moin
1150
ouvoir de la raison et de Descartes. Mais passons
de
l’autre côté : chez les Allemands les moins suspects de sacrifier à l
1151
utre côté : chez les Allemands les moins suspects
de
sacrifier à la logique cartésienne, quels sont les plus illustres phy
1152
eux lointains et quelque peu méfiants admirateurs
de
la forme et de la clarté française. (Que de dissociations à opérer da
1153
t quelque peu méfiants admirateurs de la forme et
de
la clarté française. (Que de dissociations à opérer dans nos préjugés
1154
teurs de la forme et de la clarté française. (Que
de
dissociations à opérer dans nos préjugés culturels !) Il y a du démiu
1155
) Il y a du démiurge chez Goethe. (Souvenons-nous
de
son Prométhée). Vit-on jamais pareille faculté d’incorporer les affec
1156
de son Prométhée). Vit-on jamais pareille faculté
d’
incorporer les affections de l’âme ? Pas trace de « psychologie » dans
1157
mais pareille faculté d’incorporer les affections
de
l’âme ? Pas trace de « psychologie » dans cette œuvre qui cependant p
1158
d’incorporer les affections de l’âme ? Pas trace
de
« psychologie » dans cette œuvre qui cependant paraissait ne prêter à
1159
e œuvre qui cependant paraissait ne prêter à rien
d’
autre : Les Affinités électives. Tout y est formes, actions, symboles
1160
vision créatrice. Goethe est un œil. Et le chant
de
Lyncée sur sa tour — c’est le chant du bonheur de la vision : Zum se
1161
de Lyncée sur sa tour — c’est le chant du bonheur
de
la vision : Zum sehen geboren Zum schauen bestellt… ............
1162
bienheureux ! » Mais les pauvres yeux douloureux
de
Nietzsche, non moins que ceux de Goethe, surent voir en toutes choses
1163
yeux douloureux de Nietzsche, non moins que ceux
de
Goethe, surent voir en toutes choses « le charme éternel » qui les cr
1164
» qui les crée. Ouvrez donc au hasard tel recueil
d’
aphorismes, le Gai savoir, Aurore : c’est une chasse royale pour l’ama
1165
, Aurore : c’est une chasse royale pour l’amateur
de
correspondances et de métaphores plastiques. Ceci dans Aurore par exe
1166
hasse royale pour l’amateur de correspondances et
de
métaphores plastiques. Ceci dans Aurore par exemple : Si nous voulio
1167
voulions tenter une architecture d’après le mode
de
notre âme (nous sommes trop lâches pour cela) : — le labyrinthe devra
1168
se figurent qu’il n’y a personne qui soit capable
de
les voir, sous leur musique) (p. 198). Ou ceci dans le Gai Savoir :
1169
rdé durant un bon moment cette ville, ses maisons
de
campagne et ses jardins d’agrément et le large cercle de ses collines
1170
tte ville, ses maisons de campagne et ses jardins
d’
agrément et le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées
1171
agne et ses jardins d’agrément et le large cercle
de
ses collines et de ses pentes habitées ; enfin je finis par me dire ;
1172
d’agrément et le large cercle de ses collines et
de
ses pentes habitées ; enfin je finis par me dire ; je vois des visage
1173
enfin je finis par me dire ; je vois des visages
de
générations passées — cette contrée est couverte par les images d’hom
1174
ssées — cette contrée est couverte par les images
d’
hommes intrépides et souverains… J’ai toujours devant les yeux le cons
1175
de lui, et aussi sur la ville, la mer et la ligne
de
ta montagne, et comme sur tout cela, par son regard, il exerce sa pui
1176
-t-elle donc vu le jour depuis les temps du Livre
de
Job, de ce profond traité théologique qui ne fait pas intervenir un s
1177
donc vu le jour depuis les temps du Livre de Job,
de
ce profond traité théologique qui ne fait pas intervenir un seul conc
1178
ers, deux effarantes descriptions du crocodile et
de
l’hippopotame, le monstre Léviathan, la Grande Ourse avec ses petits,
1179
un peu partout ne saurait faire fi des résultats
d’
observation acquis par les travaux de la psychologie de laboratoire. M
1180
es résultats d’observation acquis par les travaux
de
la psychologie de laboratoire. Mais presque toutes les interprétation
1181
ervation acquis par les travaux de la psychologie
de
laboratoire. Mais presque toutes les interprétations qui ont eu cours
1182
, jusqu’à Freud y compris, souffrent du même vice
de
constitution : elles considèrent les faits psychiques indépendamment
1183
s considèrent les faits psychiques indépendamment
de
la personne, comme des cas. Ainsi elles laissent perdre l’humain, ell
1184
par les arts, etc. 27. Je songe à divers travaux
de
la biologie expérimentale dont je me bornerai à citer l’exemple suiva
1185
des yeux qui n’existaient auparavant qu’à l’état
de
germes sous-cutanés. (Travaux publiés dans les Archiv für Entwicklung
1186
ttoresque, sans prétendre, naturellement, à juger
de
sa portée scientifique ! 28. Une saison en enfer. (Mauvais sang). C
1187
qui souligne les derniers mots. 29. Soliloques
de
saint Augustin, chapitre XXXI. 30. « N’advient-il pas aussi, parmi l
1188
ient-il pas aussi, parmi les hommes, lorsque l’un
d’
eux regarde l’autre réellement, tel qu’il est dans le mouvement de sa
1189
autre réellement, tel qu’il est dans le mouvement
de
sa forme en devenir, que d’une manière étrange et délicate, il l’aide
1190
est dans le mouvement de sa forme en devenir, que
d’
une manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, en s
1191
aide à parvenir à soi-même, en sorte que la force
de
l’imagination agissant dans les voies de la nature, littéralement col
1192
la force de l’imagination agissant dans les voies
de
la nature, littéralement collabore à engendrer l’image de l’homme ? »
1193
ture, littéralement collabore à engendrer l’image
de
l’homme ? » (Th. Spoerri : Über Einbildung, p. 25.) 31. Il convient
1194
oerri : Über Einbildung, p. 25.) 31. Il convient
de
débarrasser ce mot de tout pathos romantique. Le drame, c’est proprem
1195
g, p. 25.) 31. Il convient de débarrasser ce mot
de
tout pathos romantique. Le drame, c’est proprement l’action, en tant
1196
risque, tension. Un tel drame se passe fort bien
d’
appréciations sentimentales. Il est d’ailleurs d’autant moins « terrif
1197
d’appréciations sentimentales. Il est d’ailleurs
d’
autant moins « terrifiant » qu’on y est plus réellement engagé. 32.
1198
in Verlag, Leipzig, p. 217). q. Rougemont Denis
de
, « Mystère de la vision (fragments d’un Traité de la vision physionom
1199
pzig, p. 217). q. Rougemont Denis de, « Mystère
de
la vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde)
1200
emont Denis de, « Mystère de la vision (fragments
d’
un Traité de la vision physionomique du monde) », Hermès, Bruxelles-Pa
1201
de, « Mystère de la vision (fragments d’un Traité
de
la vision physionomique du monde) », Hermès, Bruxelles-Paris, mars 19
1202
note indique : « Les pages qui suivent, détachées
d’
un ouvrage assez vaste, risquent de paraître assez “hermétiques” au le
1203
ent, détachées d’un ouvrage assez vaste, risquent
de
paraître assez “hermétiques” au lecteur peu familiarisé avec cet ordr
1204
tiques” au lecteur peu familiarisé avec cet ordre
de
spéculations. Certains mots employés ici dans un sens très particulie
1205
à signaler que notre ouvrage contient une théorie
de
la forme (considérée comme surface de contact de forces contradictoir
1206
une théorie de la forme (considérée comme surface
de
contact de forces contradictoires) et une théorie de la personne, au
1207
de la forme (considérée comme surface de contact
de
forces contradictoires) et une théorie de la personne, au sujet de la
1208
contact de forces contradictoires) et une théorie
de
la personne, au sujet de laquelle on pourra trouver des éclaircisseme
1209
trouver des éclaircissements dans ma “Définition
de
la Personne” parue dans Esprit , décembre 1934. »
1210
tre un « esprit » et un « ordre », au double sens
d’
équipe et de « mise en ordre ». Esprit rend au mouvement personnali
1211
rit » et un « ordre », au double sens d’équipe et
de
« mise en ordre ». Esprit rend au mouvement personnaliste le grand
1212
rend au mouvement personnaliste le grand service
de
lui créer une atmosphère, un champ d’essais intellectuels, je dirais
1213
and service de lui créer une atmosphère, un champ
d’
essais intellectuels, je dirais même une sentimentalité, au meilleur s
1214
eilleur sens du terme. La formule caractéristique
d’
Esprit , c’est la « confrontation ». Confrontation dirigée certes, av
1215
nouveau , surtout une construction. Pas question
de
séparer ces deux temps de l’action, et qu’on n’aille pas croire que
1216
struction. Pas question de séparer ces deux temps
de
l’action, et qu’on n’aille pas croire que L’ON n’a pas établi ses c
1217
large et précise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas
d’
aboutir à des constructions. Il n’en reste pas moins que les années d’
1218
tructions. Il n’en reste pas moins que les années
d’
avance qu’a prises L’ON lui permettent de passer, dès à présent, à d
1219
années d’avance qu’a prises L’ON lui permettent
de
passer, dès à présent, à des tentatives de réalisation dont Esprit
1220
ettent de passer, dès à présent, à des tentatives
de
réalisation dont Esprit n’a voulu donner, jusqu’ici, que les fondem
1221
idiques. Autre différence, ou plutôt autre aspect
de
cette même différence : l’ON s’interdit, dans sa revue, toute espèce
1222
ce : l’ON s’interdit, dans sa revue, toute espèce
de
polémique, de réponses à ses contradicteurs, de critique littéraire o
1223
terdit, dans sa revue, toute espèce de polémique,
de
réponses à ses contradicteurs, de critique littéraire ou d’analyses d
1224
e de polémique, de réponses à ses contradicteurs,
de
critique littéraire ou d’analyses des « actualités ». Non que cela no
1225
s à ses contradicteurs, de critique littéraire ou
d’
analyses des « actualités ». Non que cela nous paraisse le moins du mo
1226
ment, tout autre chose à faire. Dans les 32 pages
de
notre revue, nous ne pouvons pas commenter la Révolution, nous nous b
1227
s aucun doute nécessaire, que d’autres s’occupent
d’
élargir la brèche, d’y appeler du monde et, comme le dit souvent Mouni
1228
ire, que d’autres s’occupent d’élargir la brèche,
d’
y appeler du monde et, comme le dit souvent Mounier, « d’épurer », d’e
1229
eler du monde et, comme le dit souvent Mounier, «
d’
épurer », d’enrichir si l’on veut, l’action en cours. Et c’est à quoi
1230
e et, comme le dit souvent Mounier, « d’épurer »,
d’
enrichir si l’on veut, l’action en cours. Et c’est à quoi s’emploient
1231
c’est à quoi s’emploient les 180 pages mensuelles
d’
Esprit . Rien dans tout cela qui empêche une collaboration, — au cont
1232
. Ce qui pourrait être plus grave au point de vue
de
la révolution, c’est la fluidité excessive du style des manifestes d’
1233
est la fluidité excessive du style des manifestes
d’
Esprit . Crainte de l’index ou incertitudes doctrinales ? Certains ac
1234
ssive du style des manifestes d’ Esprit . Crainte
de
l’index ou incertitudes doctrinales ? Certains accents humanitaristes
1235
e fascisme et le stalinisme se sont faits à coups
de
simplifications brutales et abstraites, nous les avons cent fois déno
1236
l’ordre personnaliste. Nous souhaitons le succès
d’
Esprit : non pas un succès d’estime, auprès des esprits pondérés, ma
1237
uhaitons le succès d’ Esprit : non pas un succès
d’
estime, auprès des esprits pondérés, mais un succès constructif, révol
1238
i se confondra nécessairement avec l’instauration
de
l’Ordre nouveau dans les faits. s. Rougemont Denis de, « Les autre
1239
dre nouveau dans les faits. s. Rougemont Denis
de
, « Les autres et nous : 1 : Esprit », Bulletin de liaison des groupe
1240
e, « Les autres et nous : 1 : Esprit », Bulletin
de
liaison des groupes Ordre nouveau, Paris, avril 1935, p. 3-4.
1241
Lettre à la rédaction
de
Commune (mai 1935)t u Monsieur, Votre petite note sur mon livre il
1242
n livre illustre une fois de plus la mauvaise foi
de
Commune. Si vous aviez lu ce livre vous sauriez : 1° que je combats v
1243
uriez : 1° que je combats violemment la politique
de
l’Église (chap. 7) ; 2° que je suis protestant. (Pour vos « curés ».)
1244
. D’accord avec les Izvestia et votre ambassadeur
de
la rue de Grenelle, j’ai bien l’honneur de vous souhaiter deux ans de
1245
sadeur de la rue de Grenelle, j’ai bien l’honneur
de
vous souhaiter deux ans de caserne. P.-S. « Nos camarades marxistes o
1246
e, j’ai bien l’honneur de vous souhaiter deux ans
de
caserne. P.-S. « Nos camarades marxistes ou fascistes » : je parlais
1247
arxistes ou fascistes » : je parlais à un congrès
d’
étudiants et voyais dans la salle des délégués marxistes et hitlériens
1248
s le plus courant du terme. t. Rougemont Denis
de
, « Lettre à la rédaction », Commune, Paris, mai 1935, p. 1059. u. Pu
1249
, p. 1059. u. Publiée en réponse à une recension
de
Politique de la personne parue dans la livraison de mars 1935 de la
1250
Publiée en réponse à une recension de Politique
de
la personne parue dans la livraison de mars 1935 de la même revue.
1251
Politique de la personne parue dans la livraison
de
mars 1935 de la même revue.
1252
la personne parue dans la livraison de mars 1935
de
la même revue.
1253
Nous ne mangeons pas
de
ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)v Certains vo
1254
que peut bien signifier l’opposition du peuple et
de
la nation ? Par quel grossier abus du mot nation a-t-on pu venir à ce
1255
le général Kellermann entraîne ses troupes au cri
de
« Vive la Nation ! », les sans-culottes comprennent : « Vive la Révol
1256
ommunauté des personnes responsables, conscientes
de
la mission libératrice de la France. Nous pouvons nous dire nationaux
1257
sponsables, conscientes de la mission libératrice
de
la France. Nous pouvons nous dire nationaux, contre l’idole sanguinai
1258
es, contre les démagogues apeurés qui font le jeu
d’
une dictature aux ordres des nationalistes russes. Nous sommes contre
1259
liste, à droite, ou étatiste, à gauche, qui tente
de
créer ces meurtrières confusions : la confusion de la patrie et des b
1260
e créer ces meurtrières confusions : la confusion
de
la patrie et des banquiers, la confusion de la Révolution et des Sovi
1261
usion de la patrie et des banquiers, la confusion
de
la Révolution et des Soviets. Nous ne nous battrons ni pour les Forge
1262
s battrons ni pour les Forges, ni pour les agents
de
Moscou : les uns et les autres poursuivent par des voies tactiques op
1263
es se rejoignent très bien par-delà les massacres
de
rue qu’ils nous préparent, — par-dessus la tête de leurs troupes. Nou
1264
e rue qu’ils nous préparent, — par-dessus la tête
de
leurs troupes. Nous nous battrons le jour où le peuple français aura
1265
— à gauche, dans l’un et l’autre cas destructeur
de
la liberté des personnes, destructeur du sentiment patriotique, destr
1266
travaille pour M. de Wendel. Et si les militants
de
gauche et de droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’une double er
1267
ur M. de Wendel. Et si les militants de gauche et
de
droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’une double erreur que l’Or
1268
uche et la droite proclamer la priorité du « plan
d’
action » sur la doctrine, on est sûr que cette gauche et cette droite
1269
pour le désordre, et que les seuls bénéficiaires
de
luttes civiles aussi mal orientées seront en fait les gros bailleurs
1270
i mal orientées seront en fait les gros bailleurs
de
fonds. Erreur sur la mystique : la lutte des « nationaux » contre le
1271
onger dans la rue l’opposition stérile et périmée
de
la droite et de la gauche parlementaires. Seulement, cela se compliqu
1272
e l’opposition stérile et périmée de la droite et
de
la gauche parlementaires. Seulement, cela se complique cette fois de
1273
entaires. Seulement, cela se complique cette fois
de
matraques et de mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelcon
1274
ent, cela se complique cette fois de matraques et
de
mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelconque, on s’apprêt
1275
uelconque, on s’apprête à descendre des centaines
de
Français. Au bénéfice de qui, nous l’avons dit. Quand les droites aur
1276
descendre des centaines de Français. Au bénéfice
de
qui, nous l’avons dit. Quand les droites auront compris que la Banque
1277
t. Quand les droites auront compris que la Banque
de
France est contre la patrie, quand les gauches auront compris que la
1278
rie, quand les gauches auront compris que la peur
de
Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure de l’Ordre nouveau.
1279
e Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure
de
l’Ordre nouveau. v. Rougemont Denis de, « Nous ne mangeons pas de
1280
l’heure de l’Ordre nouveau. v. Rougemont Denis
de
, « Nous ne mangeons pas de ce pain-là (à propos du 14 juillet) », Bul
1281
v. Rougemont Denis de, « Nous ne mangeons pas
de
ce pain-là (à propos du 14 juillet) », Bulletin de liaison des groupe
1282
e ce pain-là (à propos du 14 juillet) », Bulletin
de
liaison des groupes Ordre nouveau, Paris, 15 juillet 1935, p. 2.
1283
auteur nous rapporte avec quelque détail l’emploi
de
son temps durant ces dix dernières années, est-il bien nécessaire à c
1284
lant se fait du tort chaque fois qu’il entreprend
de
s’expliquer : on ne lui en demande pas tant, ou plutôt on lui en dema
1285
èces qu’il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque
de
ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise, c’est m
1286
ans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense
de
sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise, c’est moins bien. Quoi qu
1287
e, c’est moins bien. Quoi qu’il en soit, retenons
de
cette préface sa morale : « Dès l’instant où l’on se récure du frivol
1288
r l’Espagne, d’autres sur l’Algérie, échantillons
de
cette Rose de sable qu’un scrupule patriotique retient l’auteur de pu
1289
’autres sur l’Algérie, échantillons de cette Rose
de
sable qu’un scrupule patriotique retient l’auteur de publier et qui s
1290
sable qu’un scrupule patriotique retient l’auteur
de
publier et qui sent le chef-d’œuvre dès les premiers abords. Des cons
1291
cela est neuf et vrai, bien vu et bien dit, plein
d’
une verve gentille, et aussi, disons-le, de courage, car il en faut po
1292
plein d’une verve gentille, et aussi, disons-le,
de
courage, car il en faut pour ne montrer que du bon sens en ces matièr
1293
tus. Enfin trois importants essais sur l’attitude
de
l’écrivain devant l’action. Arrêtons-nous à cette partie-là qui expli
1294
des déclarations aussi franches et pourtant pures
de
toute espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitude de cette fière
1295
aussi franches et pourtant pures de toute espèce
de
hargne. (On perdait un peu l’habitude de cette fière politesse, dans
1296
e espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitude
de
cette fière politesse, dans ce temps où les partisans ont l’air de ha
1297
litesse, dans ce temps où les partisans ont l’air
de
haïr davantage la cause adverse qu’ils n’aiment la leur.) Quelle est
1298
est l’attitude pratique que Montherlant a cru bon
d’
adopter ? C’est celle du clerc — il dirait : du poète —, qui se réserv
1299
i se réserve pour son œuvre, estimant s’acquitter
de
la sorte de tout ce qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice
1300
pour son œuvre, estimant s’acquitter de la sorte
de
tout ce qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’une prise
1301
qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice
d’
une prise de position occasionnelle en faveur d’une cause humaine, de
1302
en principe, à César. Sans préjudice d’une prise
de
position occasionnelle en faveur d’une cause humaine, de la patrie, o
1303
tion occasionnelle en faveur d’une cause humaine,
de
la patrie, ou même des Éthiopiens. Notons d’abord qu’une pareille att
1304
tons d’abord qu’une pareille attitude a le mérite
de
ne point sacrifier à l’excitation générale. Très haut mérite. Exemple
1305
J’approuve ce que dit Montherlant sur l’inutilité
de
tout service — à condition que le sentiment poignant de cette vanité
1306
t service — à condition que le sentiment poignant
de
cette vanité finale n’empêche pas de servir quand il faut. C’est ce q
1307
ent poignant de cette vanité finale n’empêche pas
de
servir quand il faut. C’est ce que j’appelle du pessimisme actif. Et
1308
est la devise du Taciturne : « Point n’est besoin
d’
espérer pour entreprendre… » Mais encore faut-il entreprendre. D’abord
1309
rlant à préférer un peu trop vite le second terme
de
son titre. C’est le concours des deux qui est vrai. L’œuvre avant tou
1310
s toute œuvre est une action, et c’est le contenu
de
cette œuvre, ou l’objectif de cette action, qu’il importe avant tout
1311
et c’est le contenu de cette œuvre, ou l’objectif
de
cette action, qu’il importe avant tout de connaître. Et non pas seule
1312
bjectif de cette action, qu’il importe avant tout
de
connaître. Et non pas seulement que l’auteur a su se mettre en condit
1313
eulement que l’auteur a su se mettre en condition
de
faire son œuvre, et de ne servir qu’à bon escient. À quoi Montherlant
1314
su se mettre en condition de faire son œuvre, et
de
ne servir qu’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’écr
1315
r défendre ceci ou cela, mais parce qu’il a envie
d’
écrire. (On le lui pardonne mieux qu’à d’autres). « Les œuvres des écr
1316
ites par le besoin organique qu’ont les écrivains
de
s’exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne de ce nom doit, dans son
1317
s de s’exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne
de
ce nom doit, dans son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce q
1318
ditions serait mal fait. » Est-ce que ce beau mot
d’
agréable ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait qu’il s’agit sim
1319
confusion ? L’on croirait qu’il s’agit simplement
de
ce qui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain digne de ce nom » ne
1320
ui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain digne
de
ce nom » ne va pas, pour prendre un exemple, déconcerter son public à
1321
t peut-être zéro pour le lecteur. S’il a le droit
de
déconcerter, c’est pour mieux souligner ce qu’il apporte ; et c’est s
1322
uru leur chance là-dessus — au sens le plus noble
de
chance, qui est bien proche de salut. Les plus grands ont été les moi
1323
e salut. Les plus grands ont été les moins libres
de
n’en faire qu’à leur agrément. En bref, on peut reprocher à Montherla
1324
grément. En bref, on peut reprocher à Montherlant
de
parler de « servir » sans préciser l’objet du verbe (ou le régime !)
1325
n bref, on peut reprocher à Montherlant de parler
de
« servir » sans préciser l’objet du verbe (ou le régime !) et de qual
1326
ans préciser l’objet du verbe (ou le régime !) et
de
qualifier d’inutile un service qu’il faudrait d’abord rendre. Je forc
1327
l’objet du verbe (ou le régime !) et de qualifier
d’
inutile un service qu’il faudrait d’abord rendre. Je force un peu mon
1328
r. Je n’entends pas que ce recueil n’apporte rien
de
positif, comme on dit. Il apporte d’abord un ton, ce n’est pas peu, s
1329
Montherlant. « Pourquoi n’y a-t-il pas une École
de
bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’on y apprenne
1330
-il pas une École de bonheur ? au lieu des écoles
de
latin et de droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’e
1331
École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et
de
droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de Mo
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de latin et de droit : qu’on y apprenne le régime
de
son âme. » Cela n’est pas de Montherlant, mais bien du Prince de Lign
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y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas
de
Montherlant, mais bien du Prince de Ligne, on pourrait s’y tromper. M
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urrait s’y tromper. Montherlant, qu’on a qualifié
d’
homme de la Renaissance, ne serait-il pas tout aussi bien — s’il refus
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’y tromper. Montherlant, qu’on a qualifié d’homme
de
la Renaissance, ne serait-il pas tout aussi bien — s’il refuse le siè
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e le siècle précédent — un contemporain spirituel
de
cet « homme du xviiie siècle » ? Je pourrais vous citer vingt endroi
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ici un qui résume fort bien la morale personnelle
de
notre auteur : « J’ai le bon esprit de saisir avidement et de me dess
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ersonnelle de notre auteur : « J’ai le bon esprit
de
saisir avidement et de me dessaisir de tout ce que la jouissance me p
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eur : « J’ai le bon esprit de saisir avidement et
de
me dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’être heureux, c
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bon esprit de saisir avidement et de me dessaisir
de
tout ce que la jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’il
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dessaisir de tout ce que la jouissance me promet
d’
être heureux, ce qui fait qu’il ne me coûte pas d’en être aussitôt pri
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d’être heureux, ce qui fait qu’il ne me coûte pas
d’
en être aussitôt privé ». Et par contre ceci, que je lis dans Service
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je lis dans Service inutile, n’est-ce pas l’écho
de
la virile légèreté du grand seigneur : « Lénine, qui donna dans l’enf
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eigneur : « Lénine, qui donna dans l’enfantillage
de
vouloir modifier une forme de gouvernement… » Ce même goût du bonheur
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dans l’enfantillage de vouloir modifier une forme
de
gouvernement… » Ce même goût du bonheur, chez l’un et l’autre, ces mê
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u bonheur, chez l’un et l’autre, ces mêmes façons
de
ne se piquer de rien, cette même désinvolture tempérée de respect vis
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l’un et l’autre, ces mêmes façons de ne se piquer
de
rien, cette même désinvolture tempérée de respect vis-à-vis de ses pr
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piquer de rien, cette même désinvolture tempérée
de
respect vis-à-vis de ses propres affaires, et de la chose publique, e
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de respect vis-à-vis de ses propres affaires, et
de
la chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un pe
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ses propres affaires, et de la chose publique, et
de
l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un serviteur
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chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir
de
se faire un peu voler par un serviteur agréable, que tous les deux on
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rviteur agréable, que tous les deux ont pris soin
d’
avouer ! Certes, il y a toutes les différences que l’on voudra, mais p
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a, mais pas si fortes qu’elles ne nous permettent
de
prendre une vue plus juste de ce qui est propre à Montherlant. Il est
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ne nous permettent de prendre une vue plus juste
de
ce qui est propre à Montherlant. Il est bien moins curieux d’autrui q
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t propre à Montherlant. Il est bien moins curieux
d’
autrui que Ligne — ce voyageur traqué par sa passion mondaine — il est
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vois, devant certains échecs qu’un peu de soin ou
de
calcul médiocre eût évités, une même façon de dire : tant pis — qui a
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ou de calcul médiocre eût évités, une même façon
de
dire : tant pis — qui a une belle allure. À quoi l’on voudrait bien p
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uisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’une
de
ses tentations. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemont Denis de, « [
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ns. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemont Denis
de
, « [Compte rendu] Henry de Montherlant, Service inutile », Vendredi,