1 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
1 ites du monde nouent leur effroi je t’appelle à grande voix sans un son sans un écho le silence autour de toi d
2 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
2 mi de toute violence, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des million
3 tempérée de douceur cette phrase type qui résume à leurs yeux la sagesse, la mesure, le bon sens de l’humanité, — et qui
4 argumentation des philosophes chargés d’illustrer à ses propres yeux la bourgeoisie démocratique. Elle réside avant tout
5 upont est persuadé qu’il exprime une opinion tout à fait courante et par là même justifiée jusqu’à l’évidence. Prenons sa
6 ut à fait courante et par là même justifiée jusqu’ à l’évidence. Prenons sa phrase pour ce qu’elle est, dans sa simplicité
7 sa simplicité : tout un programme. Et définissons à grands traits les réactions du bon sens vis-à-vis de ce programme du
8 i suppose un courage exceptionnel. Si nous tenons à conserver l’usage pratique de l’adjectif « honnête », réservons-le à
9 pratique de l’adjectif « honnête », réservons-le à ceux qui reconnaissent (avec ou sans dégoût) leur crapulerie naturell
10 ermement attaché… » On ne peut tenir fermement qu’ à quelque chose de ferme. La fermeté de M. Durand-Dupont étant toute ve
11 nc que de l’analyse logique, et doit être rejetée à ce titre comme impliquant une contradiction dans les termes. Pourquoi
12 que toutes ses convictions inconscientes tendent à faire apparaître comme très grave, et théoriquement insoluble. Et l’o
13 e bien compréhensible, car cela mène pratiquement à l’acceptation des solutions officielles. M. Durand-Dupont, troublé pa
14 ommence par le déclarer insoluble, puis se résout à laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce qu’il ne voudrait pas f
15 éclarer insoluble, puis se résout à laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce qu’il ne voudrait pas faire, ni subir.
16 au nom de l’« humanité ». Nous avons plus simple à lui opposer. Lorsque le bourgeois prétend repousser la révolution au
17 finiment diverse dans ses manifestations étendues à toute la face du globe et décorées des noms des plus hypocrites, d’un
18 les réalités les plus sanglantes n’arrivent plus à réveiller l’imagination des peuples. On le sait à Genève : tout est a
19 à réveiller l’imagination des peuples. On le sait à Genève : tout est affaire de mots. Il n’y a pas de « guerre » en Chin
20 l n’y a pas de « guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie, et en France on ne se tue plus que par amour. (Mais à Mosco
21 en France on ne se tue plus que par amour. (Mais à Moscou, les petits Russes naissent avec un couteau entre les dents.)
22 lle ne revête jamais un aspect proprement brutal, à moins que ce ne soit à de grandes distances, et bien au-delà du cercl
23 aspect proprement brutal, à moins que ce ne soit à de grandes distances, et bien au-delà du cercle qui intéresse concrèt
24 ormisme violemment imposé aux enfants les prépare à subir le règne de l’opinion bourgeoise, dont Léon Bloy, le premier, d
25 gime de liberté. La liberté d’opposition est tout à fait illusoire, même chez nous (sic). Et ceux qui seraient tentés d’e
26 x qui seraient tentés d’en user n’aboutiraient qu’ à faire apparaître la violence latente du régime. Il suffit d’un Léon D
27 re bourgeois, protecteur de la non-violence chère à ses tenants, manifeste sa vitalité à l’occasion d’incidents plus grav
28 olence chère à ses tenants, manifeste sa vitalité à l’occasion d’incidents plus graves, tels que ceux qui occupèrent l’op
29 s, tels que ceux qui occupèrent l’opinion de 1914 à 1918. Toute l’astuce de ceux qui gouvernent consiste alors à dissimul
30 te l’astuce de ceux qui gouvernent consiste alors à dissimuler la nécessité purement économique de telles violences, à le
31 écessité purement économique de telles violences, à les attribuer à des facteurs inventés pour les besoins de la cause, e
32 t économique de telles violences, à les attribuer à des facteurs inventés pour les besoins de la cause, et qui paraissent
33 notre civilisation capitaliste, et même hostiles à son progrès normal. Toute l’astuce, encore une fois, consiste à envel
34 normal. Toute l’astuce, encore une fois, consiste à envelopper la violence d’assez de mensonges pour que le bourgeois ne
35 lence spirituelle absolue, dont nous sommes prêts à accepter les suites inéluctables, jusque dans l’ordre matériel. Suite
36 rvus de puissance, un goût du sang qui les marque à nos yeux de décadentisme bourgeois. Nous ne prenons pas à la légère l
37 ux de décadentisme bourgeois. Nous ne prenons pas à la légère le drame de la Révolution. Il est des crises nécessaires1.
38 ution. Il est des crises nécessaires1. Mais c’est à nous précisément de préparer les voies que la force nouvelle, à leur
39 ment de préparer les voies que la force nouvelle, à leur défaut, devra créer par des percées brutales et destructives. To
40 volutions ont été sabotées. Elles ont été livrées à la police ou à la foule. Mais nous qui le savons, c’est à nous qu’il
41 té sabotées. Elles ont été livrées à la police ou à la foule. Mais nous qui le savons, c’est à nous qu’il incombe, dès ma
42 ice ou à la foule. Mais nous qui le savons, c’est à nous qu’il incombe, dès maintenant, de préparer une Révolution assez
43 cts morbides d’une même maladie bourgeoise. C’est à quoi mène la violence larvée qui inspire l’hypocrisie régnante. Non,
44 humaine3. Mais la santé révolutionnaire consiste à faire apparaître, fût-ce brutalement, ce que l’« ordre » bourgeois pr
45  » bourgeois prétend mensongèrement avoir vaincu. À force d’avoir ridiculisé et refoulé l’idée de violence physique, ils
46 e brutalité dans tous les cas où elle ne sert pas à assurer sa sécurité. Encore ne l’utilise-t-il pas lui-même dans ces c
47 c’est le fait que celui qui donne un coup se met à portée d’une riposte. Ils préfèrent couvrir de fleurs les lombes des
48 ntenant des « ennemis de la violence » ! On songe à cette race de moutons dont parlait Élisée Reclus, et qui sont plus né
49 pour un grand nombre de saisons. ⁂ Mais revenons à notre interviewé. Nous allions oublier les derniers mots de sa déclar
50 ots de sa déclaration. M. Durand-Dupont cherchait à nous persuader. 6. « … qu’il ne ferait pas de mal à une mouche. » Peu
51 nous persuader. 6. « … qu’il ne ferait pas de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de corriger cette exagération
52 ne méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas de mal à un lion. » 1. Interventions chirurgicales. 2. Aron et Dandieu : « 
3 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
53 ous ici aux jeunes bourgeois dégoûtés et vivants, à tous ceux que la Révolution trouble et bientôt va posséder. Dénonçons
54 olution trouble et bientôt va posséder. Dénonçons à leur intention un état d’esprit faussement révolutionnaire, qui pour
55 d’autres au contraire un prétexte par trop facile à ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agit de ce que nous baptiseron
56 n prétexte par trop facile à ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agit de ce que nous baptiserons le petit-purisme. D
57 Petits purs, ceux qui opposent des textes appris à tout effort créateur ; petits purs, ceux qui se prévalent d’un mot d’
58 a violence n’est que rancœur de faibles accrochés à des dogmes, alors que la vraie violence révolutionnaire est une affir
59 e intellectuelle bourgeoise théoriquement acquise à la Révolution. On reconnaît en lui les traits marquants de la mentali
60 ux qui, purs ou impurs, travaillent effectivement à fonder quelque chose de neuf, de concret et d’humain. Petits purs, co
61 s des fripons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau de Coty. Description des « petits purs » De doux jeunes g
62 ous tenir des théories effarantes sur la violence à main armée, sur la nécessité de fusiller les trois quarts du genre hu
63 ité de fusiller les trois quarts du genre humain, à commencer par bon nombre de révolutionnaires qui ne paraissent « pas
64 l faut », et, pour tout dire, « confusionnistes » à ces terroristes de café. À les en croire, il n’y aurait rien d’autre
65 e, « confusionnistes » à ces terroristes de café. À les en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire que d’installer des
66 café. À les en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire que d’installer des mitrailleuses tout le long de la fameuse « 
67 r l’instant malaisée, ils utilisent leurs loisirs à s’accuser réciproquement d’être de la police, ou bien à décréter sans
68 cuser réciproquement d’être de la police, ou bien à décréter sans rire que tel petit copain devient dangereusement trotsk
69 otskiste. Ils apportent une véritable coquetterie à souligner leur conformisme et leur touchante orthodoxie. Ils se soume
70 ouchante orthodoxie. Ils se soumettent éperdument à toutes les directives même si comme on le vit naguère, ces directives
71 r le mépris. Certes, ils sont conformistes pis qu’ à la gauche, mais pas plus loin comme disait l’autre. Ils n’ont pas le
72 times de la pensée bourgeoise qu’ils s’épuisèrent à combattre sachant qu’ils ne pourraient que périr avec elle, ils vont
73 é dépourvue de violence. Nous sommes bien décidés à ne pas rancir dans une doctrine donnée. La seule pureté vraiment révo
74 ent l’avènement « dialectique », de l’inévitable. À cette pureté synonyme de mort nous opposerons notre violence personne
75 Nous prouverons le mouvement en marchant, quitte à marcher dans leurs plates-bandes bien ratissées. La violence joyeuse
76 ersonne même, en tant que cette personne s’oppose à toutes les abstractions systématiques, qu’elles soient importées d’Am
77 ux qui haïssent la religion parce qu’elle les met à nu, prend en pitié leur sale caractère : tous ceux qui poursuivent l’
78 la générosité. Hélas, fallait-il perdre une page à dire qu’ils ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution, jeunes
4 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
79 sseurs de disciples ». Ne perdons pas notre temps à polémiquer sur des épithètes passe-partout. Je voudrais simplement vo
80 tout. Je voudrais simplement vous rendre attentif à ceci : que ces généreux pluriels n’ont pas empêché certains lecteurs
81 z en effet d’une « manœuvre trop claire… qui vise à établir… une confusion propice, etc. ». Ces termes, venant après votr
82 darité entre « vous » et « nous », sont de nature à induire en erreur un lecteur qui ignorerait — ce dont vous vous souve
83 ront unique » semblait alors vous sourire plus qu’ à moi, je l’avoue, et je n’en persistai pas moins à souligner sa ruptur
84 à moi, je l’avoue, et je n’en persistai pas moins à souligner sa rupture dans mes conclusions. NRF p. 838). Bref, s’il
85 mes conclusions. NRF p. 838). Bref, s’il y eut, à votre sens, « manœuvre » elle fut, comme vous le dites, « trop claire
86 é ». Je crois d’ailleurs avoir indiqué nettement, à la fin de l’enquête, pourquoi cette solidarité nous paraissait encore
87 ndésirable qu’impossible. Je ne répondrai pas ici à votre accusation de fascisme, je sais trop bien que, sous la plume d’
88 n de Paris, elle exprime le désir de déconsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt que de porter un jugement objectif
89 ne puis mieux faire que de renvoyer ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch, que l’on trouvera vingt pages avant
90 véritable réalisme révolutionnaire. Cordialement à vous, Denis de Rougemont. d. Rougemont Denis de, « Sur un certain
91 notice suivante : « M. D. de Rougemont a adressé à P. Nizan la lettre suivante en demandant son insertion dans Europe. »
5 1933, Articles divers (1932-1935). « La jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)
92 jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)f g En face de deux pays gouvernés par des
93 nu-tête, chemise ouverte, dont notre presse aime à railler les uniformes, qu’avons-nous à aligner ? Un attirail de faux
94 resse aime à railler les uniformes, qu’avons-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres
95 choses s’imposait aux esprits, ils s’appliquaient à le refléter dans leurs œuvres ; un peu plus de violence réelle les eû
96 peu plus de violence réelle les eût fait accéder à la conscience active et concrète de l’époque ; et c’eût été le premie
97 sait quelles brigues innommables. De l’inquiétude à la Légion d’honneur, la route n’est pas si pénible qu’on peut le croi
98 rtus « révolutionnaires » d’une doctrine destinée à périr avec le système régnant, qu’elle croit combattre, et dont elle
99 toute leur puissance de nos trahisons, nous avons à restaurer le principe permanent de notre grandeur, la revendication p
100 ndeur, la revendication personnaliste. Nous avons à relever le défi que fascistes et hitlériens sont justifiés à nous jet
101 e défi que fascistes et hitlériens sont justifiés à nous jeter. Nous ne le ferons pas en défendant des institutions démoc
102 démission ; nous ne le ferons pas en nous mettant à la remorque du marxisme, fils d’une démocratie exsangue ; nous le fer
103 r l’affirmation tardive d’un nationalisme traître à la patrie. Notre réponse ne prendra pas la forme d’une justification,
104 plus nombreux, du plus allemand ou du plus riche à l’ordre spirituel, c’est-à-dire au bien du prochain. Elle sera au con
105 contre tout ce que l’homme invente pour se mettre à l’abri du risque normal et nécessaire de l’existence, contre toutes l
106 de l’Ordre nouveau pour lequel nous sommes prêts à combattre. Et c’est à lui que désormais s’adresseront ceux qui veulen
107 ur lequel nous sommes prêts à combattre. Et c’est à lui que désormais s’adresseront ceux qui veulent s’adresser à la jeun
108 sormais s’adresseront ceux qui veulent s’adresser à la jeunesse d’un pays. Ils trouveront enfin à qui parler. Le problème
109 ser à la jeunesse d’un pays. Ils trouveront enfin à qui parler. Le problème de notre attitude devant la guerre est subord
110 de notre attitude devant la guerre est subordonné à celui de notre révolution. La guerre des capitalistes est une pièce d
111 conservateurs fascistes, hitlériens on marxistes à l’Ordre nouveau. Sabotons la guerre capitaliste. Par tous les moyens.
112 nis de Rougemont est protestant, et collaborateur à la NRF , etc. »
6 1933, Articles divers (1932-1935). Positions d’attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)
113 ainsi : nous suspendons toutes nos constructions à un fait humain central, la personne — telle que nous la définirons to
114 , la personne — telle que nous la définirons tout à l’heure — ou mieux encore, le conflit personnel, et nous prenons pour
115 el, et nous prenons pour norme ce conflit, étendu à tous les ordres de l’activité humaine : politique, économique et cult
116 problème du « minimum de vie matérielle » destiné à assurer la liberté de l’homme. Marxistes et capitalistes prétendent,
117 mme. Marxistes et capitalistes prétendent, chacun à leur manière, le résoudre. Ils se disputent sur la manière. Mais leur
118 eur morale des êtres ou les habitudes de la race. À supposer qu’une science, encore à créer, parvienne encore à le déterm
119 des de la race. À supposer qu’une science, encore à créer, parvienne encore à le déterminer, la libération de l’homme bén
120 qu’une science, encore à créer, parvienne encore à le déterminer, la libération de l’homme bénéficiant du minimum de vie
121 s élaborée de notre effort et l’on ne peut songer à en donner ici qu’une formule nécessairement simplifiée. Nous définiss
122 ons d’abord quelles institutions elle nous oblige à combattre et à renverser. Ce sont, en premier lieu, les institutions
123 lles institutions elle nous oblige à combattre et à renverser. Ce sont, en premier lieu, les institutions démocratiques a
124 malentendus actuels. Cet homme sans liens, réduit à l’unité arithmétique, où l’a-t-on vu ? qui l’a vu ? et comment existe
125 ue. Et l’erreur initiale, doctrinale, se retrouve à tous les étages du système. C’est à cause d’elle qu’il s’écroulera. I
126 , se retrouve à tous les étages du système. C’est à cause d’elle qu’il s’écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici
127 cond lieu, la doctrine de la personne nous oppose à tout soviétisme stalinien. Il est trop facile, en effet, de distingue
128 effective ? Ici encore, il nous faut nous borner à deux indications très générales : Dans le domaine politique, nous rev
129 trale de service industriel collectivisé, soumise à un organe de répartition, tout à fait distinct du pouvoir politique.
130 ctivisé, soumise à un organe de répartition, tout à fait distinct du pouvoir politique. Ainsi se trouve sauvegardée la te
131 humaine, le minimum de vie matérielle qui permet à la personne de courir sa chance. Nous ne pouvons songer à développer
132 sonne de courir sa chance. Nous ne pouvons songer à développer ici ces thèmes constructifs, et encore moins à indiquer le
133 pper ici ces thèmes constructifs, et encore moins à indiquer les moyens tactiques que nous envisageons pour les réaliser.
134 néreux de ceux qui nous disent : renoncez d’abord à tous les privilèges bourgeois, et nous vous écouterons ! Certes, nous
135 ssent un acte de renoncement aux privilèges. Mais à leurs côtés, se dressent des gens qui, eux, ne comptent renoncer à ri
136 dressent des gens qui, eux, ne comptent renoncer à rien, s’emparent des privilèges abandonnés, sabotent la révolution et
137 re. On ne saurait trop insister sur cette vérité, à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites du prati
138  l’Ordre nouveau », les institutions reproduisent à tous les degrés le conflit et la tension qui définissent la personne
139 service prolétarien collectif soumis directement à un centre de contrôle économique et statistique. 7° Ce régime doit en
140 seule réalité, mais indestructible — qui demeure à la Nation, une fois l’État supprimé, une fois opérée la révolution pe
7 1933, Articles divers (1932-1935). Jeune Europe (4 décembre 1933)
141 olutions russe, italienne et allemande, succédant à la chute des monarchies ont consacré l’avènement d’une civilisation d
142 ta la guerre, mais qui n’avait pas encore trouvé, à cette époque, une forme politique adéquate. Cette « civilisation quan
143 e opération artificielle, qu’il faudrait comparer à la chirurgie esthétique actuellement en vogue ? Est-ce au contraire l
144 à, sous le fard, de vieilles rides bien connues ? À ces questions, l’ouvrage que René Dupuis et Alexandre Marc viennent d
145 génération », la France jusqu’ici s’était bornée à les traduire et à les critiquer avec un scepticisme plus ou moins sym
146 France jusqu’ici s’était bornée à les traduire et à les critiquer avec un scepticisme plus ou moins sympathique ; mais el
147 la réputation de « statisme » que l’on veut faire à la France d’après-guerre. Nos deux publicistes appartiennent à la gén
148 ’après-guerre. Nos deux publicistes appartiennent à la génération qui atteint la trentaine et qui s’exprime dans des revu
149 utorité et la Discipline se trouvent ainsi élevés à la dignité de fins en soi, d’absolus, au lieu de n’être considérés qu
150 usse malgré les sacrifices qu’on lui demande — ou à cause d’eux — ne sauraient être mises en doute. Mais qu’adviendra-t-i
151 mède ? Les auteurs de Jeune Europe n’hésitent pas à le voir dans l’esprit libertaire et « personnaliste » de la France, t
152 s nommés essaient, par ailleurs, de le réveiller. À la jeunesse française, à la jeunesse anglaise aussi, d’édifier mainte
153 lleurs, de le réveiller. À la jeunesse française, à la jeunesse anglaise aussi, d’édifier maintenant, dans le calme et l’
154 en permettre un sujet aussi vaste, ils ont réussi à brosser le panorama habilement suggestif, plein de vie et de pathétiq
8 1934, Articles divers (1932-1935). Carl Koch, Søren Kierkegaard (1934)
155 our et d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on va trouver ici l’exposé judicieux, parfois
156 u’ici deux aspects seulement, et les plus propres à créer des malentendus : celui du philosophe abstrus, désespéré, voire
157 e autrement. Après tout, il ne faut pas souhaiter à Kierkegaard une introduction systématique et qui épuise tous les thèm
158 il saura certainement émouvoir ceux qui cherchent à vivre leur pensée. « Non point l’admiration, mais l’acte ! », répète
159 de laquelle il est impossible de rien comprendre à Kierkegaard — j’entends la perspective chrétienne, que Carl Koch met
160 de sa présentation en France. Carl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’il baptise, d’un terme impressionnant, son ascétism
161 négation de Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie qu’en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi
162 e Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie qu’en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi periissem 
163 rrive à Dieu et à la Vie qu’en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi periissem ! La devise de Kierkegaard fait éc
164 si periissem ! La devise de Kierkegaard fait écho à ce cri de Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. » Qu’un huma
165 er d’ascétisme la doctrine de la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu’il la déclare antichrétienne ; cela ne prouve
166 enne ; cela ne prouve rien que l’on ne sût déjà : à savoir que le sens de la vérité est en train d’abdiquer parmi nous de
167 st impensable, et ne peut être utilement intégrée à notre patrimoine moral, culturel, social, national et même religieux.
168 -on pas qu’elle est trop tiède, et propre au plus à écœurer celui qui veut non la durée mais l’éternel, non la raison mai
169 on mais la révélation, non la pensée qui s’arrête à l’utile mais celle-là seule qui mène au terme extrême : car « la plus
170 vec quelle facilité des incroyants ont fait grief à Kierkegaard de n’avoir pas incarné sa doctrine. Mais quelle était son
171 maladie pour mortelle ; sa mort serait nécessaire à l’accomplissement de la tâche à laquelle il a consacré toute sa force
172 serait nécessaire à l’accomplissement de la tâche à laquelle il a consacré toute sa force intellectuelle et toute son œuv
9 1934, Articles divers (1932-1935). « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)
173 « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)j k J’écris à ceux qui ont des
174 une enquête] (janvier-février 1934)j k J’écris à ceux qui ont des oreilles pour entendre, amis que ma parole n’atteind
175 onse, loin de là. Je voudrais seulement les aider à prendre au sérieux leur question. J’écris pour ceux qui sont en march
176 me attente trébuchante, hors la Promesse accordée à notre acte, humble et violent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais
177 victimes et complices. On reconnaît ici le cri : À bas les Voleurs !, mot d’ordre des troupes fascistes ces dernières se
178 . À part cela, M. de Rougemont, malgré ses appels à Luc, n’a pas répondu à notre question, il fait métier d’être incapabl
179 ugemont, malgré ses appels à Luc, n’a pas répondu à notre question, il fait métier d’être incapable de répondre aux quest
180 . Aussi quittant le ton des prophètes ajoute-t-il à l’usage des importuns qui posent des questions un petit post-scriptum
181 ait, mais il faudrait des statistiques difficiles à établir. Par exemple : combien de petits-bourgeois, combien de bourge
10 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
182 aire. (Il y a même quelques députés.) On répondit à Berdiaev : mais nous avons Dandieu… Il nous reste, du moins, sa derni
183 tature de la liberté, et que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œuvre d’Arnaud Dandieu ap
184 ustriel, destiné selon les précisions de Dandieu, à provoquer la suppression de l’inhumaine « condition prolétarienne ».
185 groupe d’ingénieurs occupés depuis quelques mots à la chiffrer, à la traduire en une institution pratique, ont prouvé la
186 ieurs occupés depuis quelques mots à la chiffrer, à la traduire en une institution pratique, ont prouvé la justesse, déco
187 tat totalitaire, ces dieux antiques, peinturlurés à la moderne, ces vieilles tyrannies importées d’un Orient où l’on sava
188 t des principes dont elles procèdent, et qui sont à mes yeux beaucoup plus graves et significatifs. Le mépris dans lequel
189 lligentsia dont toute la « distinction » consiste à séparer jalousement la pensée de l’action, du risque et de l’engageme
190 n, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’il va, — il faudrait dire : tel qu’on
191 e ? On ne saurait trop insister sur cette vérité, à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites du prati
192 onnaire et la confusion des idées en sont arrivés à un tel point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’opposer. À
193 ’autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre part, de faire sur l’esprit le contresens habituel qui
194 sur l’esprit le contresens habituel qui le réduit à être une faculté purement intellectuelle, sans contact avec les événe
195 événements, sans action effective, on est parvenu à stériliser l’un et l’autre, en privant la révolution de son ressort p
196 e n’est pas une faculté d’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opérations solitaires. C’est
197 ro , les en félicitent gravement.) Il faut rendre à Dandieu cette justice11 que le « contresens habituel sur l’esprit » n
198 ation hégélienne de l’esprit pur, sont en réalité à l’origine même du désordre actuellement établi, qu’il se dénomme ordr
199 liste. Pourquoi les révolutions aboutissent-elles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation de leur élan originel, an-
200 aboutissent-elles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation de leur élan originel, an-archique, antiétatiste. Parce q
201 ications en promettant la lune, ne peut servir qu’ à masquer sur le terrain pratique l’échec d’une révolution qui ne sait
202 ne peut rendre compte que des données antérieures à tout acte, non de l’acte lui-même. Au moment de sauter, elles hésiten
203 tisme, au lieu de les laisser se développer jusqu’ à provoquer le changement de plan, qui seul constituerait la Révolution
204 n d’une part, et Bakounine de l’autre, opposaient à Karl Marx en son temps. J’ai souligné d’ailleurs l’identité, à vrai d
205 s notre génération. Saura-t-elle le pousser jusqu’ à ses confins créateurs, — ou va-t-elle, une fois de plus, s’endormir d
206 point par hasard qu’on tentait de nous la réduire à cette description résignée des altérations du langage. Je ne voudrais
207 objections que Ramon Fernandez faisait récemment à ces auteurs13. La première porte sur la notion de la personne, évidem
208 permet justement le fascisme, et qui s’accommode à merveille d’un régime dictatorial ? La doctrine de l’Ordre nouveau dé
209 la Révolution nécessaire. Fernandez ne croit pas à l’existence concrète14 de la personne telle que nous la définissons.
210 s » qualifiées. Celle que l’Ordre nouveau propose à notre besoin de sacrifice, c’est la qualité d’homme par excellence, l
211 t, de savoir combien, parmi nous, tiennent encore à être des hommes. 10. Il faut même noter que le chapitre intitulé Éc
212 r, ou sur le but de la révolution, qui atteignent à la grandeur à force de précision et de vigueur spirituelle, au mépris
11 1934, Articles divers (1932-1935). Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)
213 t comparable aux nombreux groupements catholiques à fins politiques ou sociales15. Si les faits sont pauvres, profitons-e
214 affirmer dans le domaine de César ? De la réponse à cette question dépendra notre évaluation des tentatives esquissées ju
215 dans le futur libérateur. Politique millénariste. À droite, on dit que l’homme est une bête, que c’est là son partage et
216 que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois de
217 omme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comme perdu, et par cette révélation, sauvé. Ainsi l’homme
218 a foi ne veut connaître que les fins, et en vient à dévaloriser les moyens. Ou encore : pour le politique pur, il s’agit
219 l s’agit toujours d’un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un ordre reçu.
220 problème des moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à la fin, en est cependant inséparable. Il est donc non
221 oyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à la fin, en est cependant inséparable. Il est donc non seulement possi
222 omme le marxiste, il sait que sa doctrine n’a pas à expliquer le monde, mais à le transformer — seulement, il sait que ce
223 ue sa doctrine n’a pas à expliquer le monde, mais à le transformer — seulement, il sait que cette transformation s’appell
224 ssimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction possible de toute politi
225 que la communauté doit toujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa situation pers
226 qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où découle la relation réelle et humainement bienfaisante que
227 nifestées jusqu’ici dans la jeunesse protestante. À droite, je distingue deux tendances : celle de l’Association Sully, q
228 ent ses adeptes, le caractère « sacré » que revêt à leurs yeux l’idée de patrie préalablement confondue avec celle de l’É
229 ue faire alors, dans l’état de choses qui s’offre à nous ? De l’action « sociale » ? C’est dans ce sens que concluent les
230 erais une question inverse de celle que je posais à l’Association Sully. Peut-on « se borner au pratique » ? Et toute act
231 et sociale qu’on ne saurait esquiver sans manquer à son tour de réalisme ? La plupart des tentatives sociales ou politiqu
232 er le plus fortement ce danger. Je n’ai pas, ici, à juger l’objection de conscience. Je me bornerai à deux remarques seul
233 à juger l’objection de conscience. Je me bornerai à deux remarques seulement. Dans la mesure où l’objection est l’express
234 expression d’une vocation particulière, elle tend à échapper à la politique et sort du domaine de cette enquête. Dans la
235 d’une vocation particulière, elle tend à échapper à la politique et sort du domaine de cette enquête. Dans la mesure où e
236 la leur adresser. L’attitude des objecteurs porte à son acuité extrême le paradoxe défini dans ma première partie. Elle n
237 rais décrire maintenant une attitude constructive à laquelle je me suis rallié pour ma part. III. Qu’allons-nous faire
238 quelques-unes des formules que je proposais tout à l’heure pour définir l’attitude chrétienne devant les exigences de Cé
239 e poser les questions par rapport à une droite et à une gauche également condamnées. Par ce seul refus, elles opèrent déj
240 . C’est un volume entier qu’il faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si profondément enraciné dans
241 Cahier de revendications que je publiais en 1932 à la Nouvelle Revue française , manifesta pour la première fois l’exis
242 roits de la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmati
243 ement) ; affirmation de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se cont
244 fets se manifesteront de plus en plus visiblement à mesure que le développement de la crise confirmera leurs prévisions.
245 se pose, en même temps que celle des institutions à construire. Et c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est-ce qu
246 et des métiers : germes de corporations destinées à faire éclater, par leur développement normal, les cadres de l’ordre a
247 Spirituel d’abord, Économique ensuite, Politique à leur service. Il est facile d’indiquer rapidement le principe de cohé
248 e, l’Ordre nouveau suspend toutes ses définitions à l’acte constituant la personne (l’individu engagé dans un conflit con
249 vail19. L’analyse du pouvoir aboutit d’autre part à une conception de l’organisation politique radicalement antiétatiste,
250 mieux communaliste. L’assimilation de la personne à un acte20, tel est donc le fait spirituel, le fait humain par excelle
251 est beaucoup plus considérable qu’on le croirait à lire la presse politicienne. Plusieurs des mots d’ordre que la jeunes
252 nce », que les centristes et les droites opposent à la mystique des masses russe ou allemande ; enfin l’idée du service c
253 l faut citer ici les numéros volumineux consacrés à la question du Travail, ou à l’Argent misère du pauvre, misère du ric
254 volumineux consacrés à la question du Travail, ou à l’Argent misère du pauvre, misère du riche. Un tel titre n’évoque-t-i
255 ux ? Cette revue jouera-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de
256 ce n’est pas seulement parce qu’ils sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans la vie politique et inte
257 e et intellectuelle de la France et, par là même, à influencer toutes nos tentatives de rénovation. Je crois bien n’être
258 reste pas moins que le fondement spirituel commun à ces deux groupes se confond presque intégralement avec celui qu’un ch
259 vec celui qu’un chrétien protestant peut assigner à son action publique. Je ne me dissimule pas certaines incompatibilité
260 res erreurs dans n’importe quel parti, aussi bien à gauche qu’à droite22. Avec cette différence qu’au sein de partis si n
261 dans n’importe quel parti, aussi bien à gauche qu’ à droite22. Avec cette différence qu’au sein de partis si nombreux, sa
262 paraît simple : les jeunes protestants n’ont pas à fonder un parti. Leur foi n’est pas de celles que l’on met en système
263 s petit nombre les empêcherait d’imposer ce parti à l’ensemble de la nation. Le temps n’est pas aux rêves, et ce n’est pa
264 re la France protestante ». Je croirais davantage à la vertu d’une théologie fidèle à la Réforme. Mais, justement, cette
265 irais davantage à la vertu d’une théologie fidèle à la Réforme. Mais, justement, cette théologie nous ordonne d’agir, et
266 systèmes irréprochables et parfaitement conformes à nos désirs. Examinons, choisissons les doctrines qui offusquent le mo
267 qui les défendent, et qu’on le peut sans renoncer à rien de cette vérité qui jugera toujours tous les systèmes. Travaillo
268 vue du siècle, etc. 16. Illustration politique : à tout système qui tend à l’anarchie par excès de confiance dans l’homm
269 Illustration politique : à tout système qui tend à l’anarchie par excès de confiance dans l’homme, succède une dictature
270 sai d’Arnaud Daudin et D. de Rougemont, qui joint à quelques autres, paraîtra bientôt en librairie. Ce volume intitulé l’
271 déjà toute une équipe d’ingénieurs s’est attachée à chiffrer et à définir dans le détail l’application du service de trav
272 équipe d’ingénieurs s’est attachée à chiffrer et à définir dans le détail l’application du service de travail. Cf. le n°
273 e numéro 5 de Hic et Nunc , tout entier consacré à cette exégèse de la parabole du bon Samaritain. 21. On trouve cepend
12 1934, Articles divers (1932-1935). Jeunesse déracinée (novembre 1934)
274 es peut-être, pour certains, mais qui ne sont pas à l’échelle du phénomène qu’on voudrait expliquer. A-t-on pris garde à
275 omène qu’on voudrait expliquer. A-t-on pris garde à ce fait simple et général : que la révolution naît dans les villes ;
276 e souvenirs, tout ce que symbolise l’expression «  à la maison », l’habitation des villes ne diffère pas essentiellement d
277 ranché les derniers liens qui rattachent un homme à une patrie concrète, si restreinte soit-elle. Il n’y aura plus le fre
278 i restreinte soit-elle. Il n’y aura plus le frein à l’entraînement de la vie citadine ; à cette espèce de centrifugation
279 us le frein à l’entraînement de la vie citadine ; à cette espèce de centrifugation spirituelle. Rappelons ici quelques-un
280 vidé, d’être dominé par un milieu qu’on se prend à mépriser parce qu’il vous tient. Neurasthénie. Il y a aussi ces compa
281 nie. Il y a aussi ces comparaisons qui s’imposent à chaque pas entre les conditions sociales que l’on sait n’être plus im
282 « de rapport », balayé dès qu’il ne rapporte plus à temps. Nomadisme. Et derrière la concierge, derrière le gérant, on en
283 rale et de l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ordre social. Visage de l’État, Raison d’État, semblable aux
284 isage tellement abstrait qu’on n’arrive plus même à s’y aimer : Colette a décrit cela dans la Chatte. On connaît ces fait
285 aches sont rapprochés d’abord par leur opposition à l’ordre qui les moleste. Mais il s’agit ici de gens habitués à condui
286 les moleste. Mais il s’agit ici de gens habitués à conduire leurs affaires. Ils ne se contenteront pas de dire un non dé
287 , qui comportent chacune leur vérité, ne viennent à s’opposer d’une façon meurtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque
288 t à s’opposer d’une façon meurtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque jour, se fait plus menaçant ? On a dit : retour
289 e jour, se fait plus menaçant ? On a dit : retour à la terre. Le mot d’ordre est bien équivoque. Répandez dans la campagn
290 nation. La révolution nécessaire ne sera ordre qu’ à ce prix. C’est là son vrai problème. p. Rougemont Denis de, « Jeu
13 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
291 démontrer. Mais seulement, peut-être, d’indiquer à l’imagination de mon lecteur quelques-unes des perspectives qui rayon
292 ge La vision relie et sépare. Passant du sujet à l’objet, elle les unit dans le temps même qu’elle les distingue. Car
293 e qu’elle les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait aussi qu’il voit, et mesure la distance. Ainsi
294 ou d’immoral. Et l’illusion lorsqu’elle se risque à subsister dans la lumière est prise impitoyablement pour ce qu’elle e
295 ue s’est introduit dans la vision, s’est installé à la place du drame, avec l’étrange prétention d’arbitrer le conflit vi
296 vants ont toléré quelque temps cet intrus, cédant à un trouble penchant pour une paix qui n’était rien que leur faiblesse
297 rs, deux questions se posent : d’où vient l’œil ? À quoi tend le jugement ? Et voilà notre psychologue obligé de chercher
298 cette espèce d’autosuppression ! Une fois rendus à qui de droit les honneurs qu’il avait empruntés, le psychologue se vo
299 manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’il fuit la société de ses semblables, il verra des retr
300 née par la vision ; il semble que tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumière. « Autrefois vous étiez té
301 ns de désigner, il n’est pas superflu de recourir à ces « origines » sacrées, comme à une sorte d’étymologie de l’imagina
302 flu de recourir à ces « origines » sacrées, comme à une sorte d’étymologie de l’imagination moderne. Sur la vision qui es
303 qui est transformation : « Nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. » (I. Jean 3.2) « L’homm
304 connaîtrai comme j’ai été connu. » (I Cor. 13.12) À la question de notre psychologue — sinon celle qu’il se pose, du moin
305 rnel, répondent : celui qui voit Dieu, meurt. Car à la suprême vision correspond la suprême transformation. Reste l’autre
306 celle de l’origine de la vision. Celle peut-être à laquelle répond l’apôtre lorsqu’il écrit : « Je connaîtrai comme j’ai
307 e, et la révélation biblique nous le confirme, qu’ à l’origine de tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la lu
308 é « connue » par la lumière, de même elle devient à nos yeux reconnaissable. Il n’est pas d’autre mouvement que cet élan
309 la fuir — par quoi tout se révèle et se manifeste à la vue, — ou bien dans le néant comme se perdent les astres morts. Do
310 u vas, ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre”. Au matin j’av
311 e la théologie des scolastiques ait pu s’attarder à débattre des questions aussi vaines que celle qui mit aux prises, par
312 lus impossible d’ailleurs ; voir Dieu c’est aller à lui. Nous ne voyons que ce qui nous regarde : voir Dieu, c’est être r
313 alors, c’est aussi être aimé, et c’est se rendre à la transformation de la vision : c’est donc aimer. Et nulle vision ne
314 on, ce ne peut être que la définir dans l’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ; et la nier, mais au nom de la
315 notre histoire… Cependant le regard qui se risque à déchiffrer le fascinant spectacle de cette œuvre mordue par le temps
316 ard troublé qui erre sur les miroirs de la ville, à la recherche d’une illusion de soi-même. Il faut une force qui le bra
317 tion d’espérance, voilà le sens qu’il faut donner à l’imagination qui crée. Si l’imagination n’est pas ce fantôme des psy
318 le créant au créé, et nous sommes enfin parvenus à l’origine de l’œuvre de l’esprit, au lieu très saint de notre humanit
319 cours des pages qui précèdent, je me suis attaché à définir, plutôt que les principes particuliers d’une étude physiognom
320 rme ne peut pas être « expliquée » par le recours à ces abstractions usuelles, à ces catégories morales ou sociales que n
321 uée » par le recours à ces abstractions usuelles, à ces catégories morales ou sociales que nous croyons « toutes naturell
322 es par les formes, n’est-ce pas ouvrir les portes à une nouvelle mythologie, dans le sens d’un Schelling et déjà d’un Her
323 oethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la théorie des correspondances chez Baudelaire et chez Rimbaud, pour
324 sée ait épuisé sa vérité. Je la vois même promise à une prochaine renaissance. Mais il importe d’en marquer le danger, di
325 ions modernes nous autoriseraient plus que jamais à en attendre. Erreur théologique à l’origine : Schelling pour appuyer
326 plus que jamais à en attendre. Erreur théologique à l’origine : Schelling pour appuyer son intuition concrète de la total
327 ité du monde créé remonta, par Shaftesbury, jusqu’ à Plotin et Platon, c’est-à-dire jusqu’au monde des Idées. C’était perd
328 niale de cette hérésie romantique, qui ne tendait à rien de moins qu’à la glorification progressive d’une nature dont s’é
329 sie romantique, qui ne tendait à rien de moins qu’ à la glorification progressive d’une nature dont s’évanouissait la cond
330 singulièrement, par ailleurs. Je me bornerai donc à renvoyer à la critique décisive de la doctrine de l’analogia entis qu
331 ent, par ailleurs. Je me bornerai donc à renvoyer à la critique décisive de la doctrine de l’analogia entis que Karl Bart
332 ration de son regard, si ce n’est son impuissance à saisir la personne dans sa totalité concrète et créatrice, — informul
333 édifice du visage de l’homme. Kassner remarque qu’ à la lecture des grands moralistes français, de Montaigne à Pascal, à L
334 ture des grands moralistes français, de Montaigne à Pascal, à La Rochefoucauld, à Chamfort, on ne rencontre pas une phras
335 rands moralistes français, de Montaigne à Pascal, à La Rochefoucauld, à Chamfort, on ne rencontre pas une phrase qui se r
336 nçais, de Montaigne à Pascal, à La Rochefoucauld, à Chamfort, on ne rencontre pas une phrase qui se rapporte à l’expressi
337 t, on ne rencontre pas une phrase qui se rapporte à l’expression ou au visage. Même La Bruyère, physionomiste par tempér
338 son visage. Pour lui comme pour tous les autres ( à l’exception de Pascal), l’homme est entièrement ramené à la parole, à
339 eption de Pascal), l’homme est entièrement ramené à la parole, à l’anecdote. Quant à nous, il nous faut choisir : ou l’an
340 cal), l’homme est entièrement ramené à la parole, à l’anecdote. Quant à nous, il nous faut choisir : ou l’anecdote, ou le
341 tièrement ramené à la parole, à l’anecdote. Quant à nous, il nous faut choisir : ou l’anecdote, ou le visage. L’expérienc
342 s qui savent des anecdotes et sont toujours prêts à en raconter, ne savent pas voir les visages32. Le moraliste voit des
343 — écrit Paul Valéry dans sa fameuse Introduction à la méthode du Vinci — la plus vaste collection de formes, un trésor t
344 hez les Allemands les moins suspects de sacrifier à la logique cartésienne, quels sont les plus illustres physionomistes
345 et de la clarté française. (Que de dissociations à opérer dans nos préjugés culturels !) Il y a du démiurge chez Goethe.
346 ns cette œuvre qui cependant paraissait ne prêter à rien d’autre : Les Affinités électives. Tout y est formes, actions, s
347 rétations qui ont eu cours dans ce domaine, jusqu’ à Freud y compris, souffrent du même vice de constitution : elles consi
348 jugement visuel par les arts, etc. 27. Je songe à divers travaux de la biologie expérimentale dont je me bornerai à cit
349 de la biologie expérimentale dont je me bornerai à citer l’exemple suivant : l’Allemand Kemmerer a constaté que chez cer
350 e chez certains batraciens aveugles, qu’on expose à la lumière dans des conditions particulières, se développent lentemen
351 lentement des yeux qui n’existaient auparavant qu’ à l’état de germes sous-cutanés. (Travaux publiés dans les Archiv für E
352 r son pittoresque, sans prétendre, naturellement, à juger de sa portée scientifique ! 28. Une saison en enfer. (Mauvais
353 que d’une manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, en sorte que la force de l’imagination agissant
354 manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, en sorte que la force de l’imagination agissant dans les vo
355 s les voies de la nature, littéralement collabore à engendrer l’image de l’homme ? » (Th. Spoerri : Über Einbildung, p. 2
356 teraient des commentaires rigoureux. Bornons-nous à signaler que notre ouvrage contient une théorie de la forme (considér
14 1935, Articles divers (1932-1935). Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)
357 récise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas d’aboutir à des constructions. Il n’en reste pas moins que les années d’avance qu
358 s L’ON lui permettent de passer, dès à présent, à des tentatives de réalisation dont Esprit n’a voulu donner, jusqu’i
359 sa revue, toute espèce de polémique, de réponses à ses contradicteurs, de critique littéraire ou d’analyses des « actual
360 s croyons avoir, pour le moment, tout autre chose à faire. Dans les 32 pages de notre revue, nous ne pouvons pas commente
361 ns pas commenter la Révolution, nous nous bornons à la construire. Nous poussons notre pointe dans l’avenir. Il est bon,
362 nrichir si l’on veut, l’action en cours. Et c’est à quoi s’emploient les 180 pages mensuelles d’ Esprit . Rien dans tout
363 ertes, le fascisme et le stalinisme se sont faits à coups de simplifications brutales et abstraites, nous les avons cent
364 les avons cent fois dénoncées. (Voir notre Lettre à Hitler par exemple.) Mais ce n’est pas en exauçant des vœux, d’ailleu
15 1935, Articles divers (1932-1935). Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)
365 Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)t u Monsieur, Votre petite note
366 s camarades marxistes ou fascistes » : je parlais à un congrès d’étudiants et voyais dans la salle des délégués marxistes
367 rant du terme. t. Rougemont Denis de, « Lettre à la rédaction », Commune, Paris, mai 1935, p. 1059. u. Publiée en rép
368 Paris, mai 1935, p. 1059. u. Publiée en réponse à une recension de Politique de la personne parue dans la livraison d
16 1935, Articles divers (1932-1935). Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)
369 quel grossier abus du mot nation a-t-on pu venir à cette alternative ? Lorsqu’à Valmy le général Kellermann entraîne ses
370 tion a-t-on pu venir à cette alternative ? Lorsqu’ à Valmy le général Kellermann entraîne ses troupes au cri de « Vive la
371 usses. Nous sommes contre un système capitaliste, à droite, ou étatiste, à gauche, qui tente de créer ces meurtrières con
372 re un système capitaliste, à droite, ou étatiste, à gauche, qui tente de créer ces meurtrières confusions : la confusion
373 ne dictature, un « état fort ». La dictature mène à la guerre entre autres. Faut-il préciser contre qui ? Leurs intérêts
374 capitalisme centralisateur, anonyme aujourd’hui — à droite, étatiste demain — à gauche, dans l’un et l’autre cas destruct
375 anonyme aujourd’hui — à droite, étatiste demain — à gauche, dans l’un et l’autre cas destructeur de la liberté des person
376 destructeur du sentiment patriotique, destructeur à gauche et à droite des forces vives du pays. À l’heure présente, une
377 du sentiment patriotique, destructeur à gauche et à droite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est cl
378 ur à gauche et à droite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est claire : le Front populaire travaille
379 u de tomber un ministère quelconque, on s’apprête à descendre des centaines de Français. Au bénéfice de qui, nous l’avons
17 1935, Articles divers (1932-1935). Montherlant : Service inutile (15 novembre 1935)
380 ces dix dernières années, est-il bien nécessaire à ce beau livre33. Je crois que Montherlant se fait du tort chaque fois
381 tude de l’écrivain devant l’action. Arrêtons-nous à cette partie-là qui explique le titre du livre. On a plaisir à discut
382 e-là qui explique le titre du livre. On a plaisir à discuter des déclarations aussi franches et pourtant pures de toute e
383 r de la sorte de tout ce qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’une prise de position occasionnelle en faveur
384 reille attitude a le mérite de ne point sacrifier à l’excitation générale. Très haut mérite. Exemple nécessaire. J’approu
385 dit Montherlant sur l’inutilité de tout service — à condition que le sentiment poignant de cette vanité finale n’empêche
386 s bien qu’une humeur espagnole pousse Montherlant à préférer un peu trop vite le second terme de son titre. C’est le conc
387 condition de faire son œuvre, et de ne servir qu’ à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’écrit pas pour déf
388 aire son œuvre, et de ne servir qu’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’écrit pas pour défendre ceci ou c
389 il a envie d’écrire. (On le lui pardonne mieux qu’ à d’autres). « Les œuvres des écrivains ont été faites par le besoin or
390 st-ce que ce beau mot d’agréable ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait qu’il s’agit simplement de ce qui peut amus
391 , pour prendre un exemple, déconcerter son public à plaisir ; ce qui l’amuse, c’est peut-être zéro pour le lecteur. S’il
392 grands ont été les moins libres de n’en faire qu’ à leur agrément. En bref, on peut reprocher à Montherlant de parler de
393 re qu’à leur agrément. En bref, on peut reprocher à Montherlant de parler de « servir » sans préciser l’objet du verbe (o
394 e prendre une vue plus juste de ce qui est propre à Montherlant. Il est bien moins curieux d’autrui que Ligne — ce voyage
395 açon de dire : tant pis — qui a une belle allure. À quoi l’on voudrait bien pourtant que ne se réduisît point l’héroïsme