1 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
1 prier pour nous répondre. Il est curieux de tout ce que font « les jeunes ». Il a été jeune, lui aussi. Du moins il l’aff
2 tifiée jusqu’à l’évidence. Prenons sa phrase pour ce qu’elle est, dans sa simplicité : tout un programme. Et définissons à
3 nds traits les réactions du bon sens vis-à-vis de ce programme du sens commun. ⁂ 1° « Parce que je suis un honnête homme… 
4 que de l’analyse logique, et doit être rejetée à ce titre comme impliquant une contradiction dans les termes. Pourquoi pr
5 nsoluble. Et l’on sait que la bourgeoisie cultive ce genre de problèmes avec une prédilection à vrai dire bien compréhensi
6 sout à laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce qu’il ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire qu’il se décide p
7 e jamais un aspect proprement brutal, à moins que ce ne soit à de grandes distances, et bien au-delà du cercle qui intéres
8 ons pas les vertus d’une illusoire non-violence : ce serait en réalité faire le jeu des maîtres de l’heure. Nous proclamon
9 ou de terreur. La peur du sang, le goût du sang : ce sont là deux aspects morbides d’une même maladie bourgeoise. C’est à
10 révolutionnaire consiste à faire apparaître, fût- ce brutalement, ce que l’« ordre » bourgeois prétend mensongèrement avoi
11 consiste à faire apparaître, fût-ce brutalement, ce que l’« ordre » bourgeois prétend mensongèrement avoir vaincu. À forc
12 utilise-t-il pas lui-même dans ces cas. En effet, ce qui lui répugne le plus, dans la brutalité physique, c’est le contact
2 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
13 à ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agit de ce que nous baptiserons le petit-purisme. Définition des « petits purs
14 ine qu’ils sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait la vie même de la Révolution, c’est-à-dire : la critique vio
15 tte méfiance vis-à-vis de toute nouveauté réelle, ce besoin de contrôler la naissance des idées dangereuses, ce moralisme
16 de contrôler la naissance des idées dangereuses, ce moralisme qui préfère la stérilité au risque. Les petits purs sont to
17 e « ligne générale » et d’abattre sans pitié tout ce qui dépasse. Cependant cette défense meurtrière d’une position toute
18 nt : ils défendent un système, au lieu d’attaquer ce qui est ; ils témoignent de plus de mépris que d’amour vrai des homme
19 où pour l’heure elles sont vitales, peu importe. Ce n’est pas la pureté d’une conception cohérente et rationnelle que nou
3 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
20 r un certain front unique (15 février 1933)d e Ce n’est pas, Nizan, une querelle de personnes que je veux vous faire. V
21 ue je veux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne, et vous n’attaquez qu’au pluriel les « sergents re
22 e à induire en erreur un lecteur qui ignorerait — ce dont vous vous souvenez sans doute aussi bien que moi — que la compos
23 de porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce que je veux dissiper, c’est le malaise créé chez vos lecteurs, — que
24 ingt pages avant le vôtre, et qui sauvegarde dans ce numéro à la fois la précédence et la primauté du véritable réalisme r
4 1933, Articles divers (1932-1935). « La jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)
25 revendication universelle de l’humain contre tout ce que l’homme invente pour se mettre à l’abri du risque normal et néces
26 ne méritent pas le nom de guerre. Nous réservons ce nom pour désigner les luttes réelles, peut-être inévitables, qui marq
5 1933, Articles divers (1932-1935). Positions d’attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)
27 le conflit personnel, et nous prenons pour norme ce conflit, étendu à tous les ordres de l’activité humaine : politique,
28 matérialiste. Qui pourra jamais fixer absolument ce fameux minimum de vie nécessaire ? Il varie dans des proportions cons
29 ns le voir, le plan de la liberté créatrice ; que ce problème ne peut être défini correctement qu’à partir de la personne 
30 la nature ensuite, avec l’ambiance sociale enfin. Ce conflit comporte un choix permanent, donc un risque permanent, c’est-
31 ions elle nous oblige à combattre et à renverser. Ce sont, en premier lieu, les institutions démocratiques aux­quelles don
32 rvenir au xixe siècle pour orienter et humaniser ce développement. En second lieu, la doctrine de la personne nous oppose
33 ù viennent se congestionner les énergies du pays. Ce que nous voulons, c’est rétablir sur le plan politique la tension néc
34 travail indifférencié et parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatisme ou syndicalisme — pôle d
35 intiendrons la primauté de la doctrine, avec tout ce que cela comporte, en apparence, de sécheresse technique. Nous savons
36 ent. Seulement, il en est d’injustifiés. Et c’est ce que nous voulons déterminer d’abord. On nous a aussi reproché de n’êt
37 qu’un groupe d’intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche nous vient des marxistes, nous nous contenterons de répondre
38 centre de contrôle économique et statistique. 7°  Ce régime doit entraîner par son jeu normal la disparition des cadres de
6 1933, Articles divers (1932-1935). Jeune Europe (4 décembre 1933)
39 bien que dans leur allure générale. Que signifie ce rajeunissement d’une importante partie du continent ? Est-ce une opér
40 sement d’une importante partie du continent ? Est- ce une opération artificielle, qu’il faudrait comparer à la chirurgie es
41 chirurgie esthétique actuellement en vogue ? Est- ce au contraire le signe d’un renouveau organique, d’un afflux de sèves
42 enouveau organique, d’un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui d’un nouveau venu, ou bien y
43 originale, toute possibilité de dépassement, tout ce qui fonde la dignité proprement humaine. Où est le remède ? Les auteu
7 1934, Articles divers (1932-1935). Carl Koch, Søren Kierkegaard (1934)
44 )l Je serais bien en peine de faire l’éloge de ce livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel qu’il est cependant, o
45 lus touchante qu’un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à la l
46 ici l’exposé judicieux, parfois même bonhomique. Ce n’est pas le moindre intérêt du livre. Kierkegaard a personnifié dans
47 ce avec l’assesseur Wilhelm. Mais voilà justement ce qu’il nous faut. Du personnage complexe de Kierkegaard, on nous a pré
48 ais Kierkegaard est surtout un chrétien, et c’est ce qu’il eût fallu montrer d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, e
49 sans peine : il n’a pas l’air d’avoir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or, je tiens qu’il n’y
50 a rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du Danois prophétique, ressuscité par l’ang
51 cité par l’angoisse moderne. Le mérite décisif de ce livre, c’est que peut-être il fera faite la moue aux spécialistes de
52 n pas d’un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple chez Kierkegaard, mais il a su le décrire sans p
53 ation en France. Carl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’il baptise, d’un terme impressionnant, son ascétisme antivital. Ce
54 periissem ! La devise de Kierkegaard fait écho à ce cri de Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. » Qu’un humanis
55 péché. Il sait aussi que le contraire du péché «  ce n’est pas la vertu, mais la foi ». C’est une étrange confusion que de
56 eurs. N’est pas « témoin de la vérité » qui veut. Ce n’est pas là un choix de l’homme. Kierkegaard a choisi d’être « un po
57 être « un poète et un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dire qu’il mourut en martyr9 d’avoir
58 poète et un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dire qu’il mourut en martyr9 d’avoir défendu co
8 1934, Articles divers (1932-1935). « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)
59 endre, amis que ma parole n’atteindrait pas, mais ce message. J’écris pour ceux qui attendent courageusement une réponse.
60 ur ceux qui attendent courageusement une réponse. Ce n’est pas que je puisse donner cette réponse, loin de là. Je voudrais
61 e accordée à notre acte, humble et violent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais pas ce que je puis. Je ne sais pas pour
62 iolent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais pas ce que je puis. Je ne sais pas pour combien d’hommes, ni pour quels homm
9 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
63 importantes. Indiquons simplement, ici, l’idée de ce service industriel, destiné selon les précisions de Dandieu, à provoq
64 l’actualité, au sens littéral du terme ; et c’est ce que ne font pas, et ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes
65 de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être hommes, et sachent
66 sances libératrices qu’on leur propose ; et c’est ce que ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute farine que
67 t dire : tel qu’on le laisse aller. Craignons que ce mépris, toutefois, ne tourne en habitude, ne se fige en une conventio
68 comme la révolution, s’exprime par la violence : ce n’est pas une faculté d’usage interne, qui mène à l’intérieur des cad
69 dans un souci de conservation et d’expansion. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » jugeront sans doute util
70 i, qu’il se dénomme ordre bourgeois ou dictature. Ce processus peut apparaître assez paradoxal. Pour en découvrir la logiq
71 ions bourgeoise et prolétarienne qui instituèrent ce désordre. L’Esquisse en décèle avec rigueur le vice fondamental, d’es
72 implement, un défaut de préparation doctrinale, —  ce mot devant être entendu, répétons-le, dans l’acception la plus littér
73 peut être une science proprement révolutionnaire. Ce n’est point par hasard qu’on tentait de nous la réduire à cette descr
74 ressort de la Révolution nécessaire. Mais qu’est- ce que cette définition, sinon celle même du vieil individu idéaliste, c
75 , ne peut être qu’un symbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout court, ou même l’homme noble, ou
76 l’Ordre nouveau, le seul qui se soit exprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue). 12. et qui surtout
77 mérite d’aller droit aux problèmes réels que pose ce livre, sur le plan philosophique. 14. Mais le concret, c’est l’acte
10 1934, Articles divers (1932-1935). Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)
78 us direct sur les possibilités théoriques. Qu’est- ce que la foi des protestants leur permet d’affirmer dans le domaine de
79 ratiques fidèlement déduites de la doctrine. I. Ce que la foi nous dit de faire En dépit de certaine polémique bourge
80 st sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le fait humain : car si l’homme peut se voir perdu, c’est qu
81 solu ; le croyant seul, véritablement homme. Dans ce paradoxe essentiel, et non ailleurs, peut se fonder une politique qui
82 ainement bienfaisante est celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où découle la relation réelle e
83 s fait ? Le lecteur voudra bien considérer que ce qu’on vient de lui dire n’est pas original, et bien moins encore mati
84 iste peut être justifiée plus facilement — ne fût- ce que par l’exemple des actuelles monarchies protestantes — que la posi
85 fre à nous ? De l’action « sociale » ? C’est dans ce sens que concluent les Compagnons, groupe fondé par la Fédération des
86 nce qu’il y a lieu de souligner le plus fortement ce danger. Je n’ai pas, ici, à juger l’objection de conscience. Je me bo
87 droite et à une gauche également condamnées. Par ce seul refus, elles opèrent déjà ce que le vocabulaire de l’Ordre nouve
88 condamnées. Par ce seul refus, elles opèrent déjà ce que le vocabulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan »
89 l faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du Français moyen
90 s de droite, ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigu
91 prit et l’Ordre nouveau. Cherchons à voir d’abord ce qui les unit en principe : 1. Quelques refus massifs, refus du capita
92 c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est- ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens. Autour
93 u’on peut le suivre dans la revue qui paraît sous ce titre depuis le mois de mai 1933, est essentiellement orienté vers la
94 inte n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’une prise d
95 gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. «  Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit ! Esprit !… » Mais tandis que l’Or
96 niment l’activité d’Esprit et de L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont appelés à jouer un rôle de plus
97 leur très petit nombre les empêcherait d’imposer ce parti à l’ensemble de la nation. Le temps n’est pas aux rêves, et ce
98 le de la nation. Le temps n’est pas aux rêves, et ce n’est pas l’affirmation d’une position politique qui permettra de « f
99 à quelques autres, paraîtra bientôt en librairie. Ce volume intitulé l’Homme debout définira la position philosophique de
100 ail. Cf. le n° 8 de L’Ordre nouveau . 20. N’est- ce pas ainsi que l’Évangile définit la notion fondamentale de prochain ?
101 ochain, c’est celui qui pratique la miséricorde ; ce n’est pas le simple voisin. Cf. le numéro 5 de Hic et Nunc , tout en
102 pense qu’André Philip ne me contredirait pas sur ce point. C’est le seul d’entre les jeunes protestants qui « milite » pu
11 1934, Articles divers (1932-1935). Jeunesse déracinée (novembre 1934)
103 la facilité avec laquelle les jeunes bourgeois de ce temps se déclarent révolutionnaires. On les accuse d’impatiences susp
104 ène qu’on voudrait expliquer. A-t-on pris garde à ce fait simple et général : que la révolution naît dans les villes ; que
105 ieu héréditaire, un patrimoine de souvenirs, tout ce que symbolise l’expression « à la maison », l’habitation des villes n
106 e. Rappelons ici quelques-unes des composantes de ce phénomène. Il y a d’abord une inflation psychologique : trop de conta
107 acts, trop de conversations, trop de visions pour ce qu’un individu possède de jugement, d’opinions mûries ou de réceptivi
108 à s’opposer d’une façon meurtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque jour, se fait plus menaçant ? On a dit : retour à l
109 atif. Ils se disaient les « oiseaux migrateurs ». Ce nom même indiquait leur origine citadine, leur nomadisme antipatrioti
110 tion. La révolution nécessaire ne sera ordre qu’à ce prix. C’est là son vrai problème. p. Rougemont Denis de, « Jeunes
12 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
111 vision physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce que je voudrais dire ici est simple, fondamental, et comme toutes les
112 qu’elle les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait aussi qu’il voit, et mesure la distance. Ainsi, f
113 connaît rien que des formes, et ne croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-elle qui ne se manifeste ». C’est pou
114 er dans la lumière est prise impitoyablement pour ce qu’elle est, c’est-à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi
115 oyablement pour ce qu’elle est, c’est-à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi que meurt une illusion ? Or toutes
116 e est, c’est-à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est- ce pas ainsi que meurt une illusion ? Or toutes ces choses et bien d’aut
117 er », mais comme on fait devant un tribunal, — et ce n’était pas leur coutume… L’aventure est assez curieuse. Métaphysicie
118 n essentiellement intermédiaire, l’on conçoit que ce n’est que justice. Que nous apprend l’observation lorsqu’elle se port
119 e temps que former : — c’est transformer. Dis-moi ce que tu vois, je te dirai qui tu deviens. Car celui qui regarde se tra
120 ontemplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vision eût peut-être évité bien des malentendus illustres.
121 ement est la lumière (physique) On ne voit que ce qui est vu. Mais peut-être faut-il aller plus loin : on ne voit rien
122 tre faut-il aller plus loin : on ne voit rien que ce qui voit. Car seule est visible la forme, et la forme naît du mouveme
123 s qui se meuvent, ou qui sont mues, — en un mot : ce qui change. « Car les choses visibles sont passagères, mais seules le
124 ant comme se perdent les astres morts. Donc, tout ce que nous voyons a vu ; et tout, d’abord, a été vu par la lumière créa
125 27. Et c’est ainsi que la physiologie dévore tout ce que la métaphysique avait laissé du psychologue, qui devient un simpl
126 ir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou cette « profondeur » ou plus rien n’arrête la parole. Mais le
127 s ont, de tout temps, depuis l’Incarnation, connu ce grand mystère de la vision. C’est parfois une connaissance égarée qui
128 issance égarée qui traverse un délire lucide, tel ce rayon qui pénètre dans les profondeurs de la Saison en enfer de Rimba
129 e parfois trop « claire » au sens rationaliste de ce mot. Connaissance trop pénétrante, qui dépasse trop aisément le concr
130 Dieu, le second qu’elle réside in amore ? N’était- ce pas se tromper à la fois sur la nature de l’amour et sur celle de la
131 ; voir Dieu c’est aller à lui. Nous ne voyons que ce qui nous regarde : voir Dieu, c’est être regardé par lui. Mais alors,
132 mence par vous voir, et personne ne vous voit, si ce n’est celui qui vous aime. Ah je vous ai trop tard aimée, beauté touj
133 savants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce qu’on peut m’opposer : « Nous marchons par la foi, non par la vue »,
134 Nullement, mais accomplissement, et splendeur de ce qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment et trouble. « Aujour
135 es et ses formes. Ainsi donc, dépasser la vision, ce ne peut être que la définir dans l’absolu, à la frontière de la mort
136 up la connaître dans sa signification actuelle. «  Ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté », dit Jean. Et de même,
137 re mordue par le temps et modelée par la lumière, ce n’est pas le regard troublé qui erre sur les miroirs de la ville, à l
138 ous apprendre le moins. Où trouver cette force et ce maître, comment voir ce modèle idéal qui saurait nous rendre capables
139 Où trouver cette force et ce maître, comment voir ce modèle idéal qui saurait nous rendre capables d’affronter la réalité
140 r sérieusement nos questions ? « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance », dit enc
141 ’imagination qui crée. Si l’imagination n’est pas ce fantôme des psychologues, une simple définition dont tous les termes
142 sont problématiques ; si elle n’est pas non plus ce rêve de l’indiscret, ou cette revanche sur le réel qu’elle figure aux
143 ivant, qui se révèle au regard de l’amour. Qu’est- ce que l’homme de l’esprit, sinon celui qui voit l’esprit dans son actio
144 e de la forme, — et y participer. Nous le tenons, ce lien vivant qui unit le créant au créé, et nous sommes enfin parvenus
145 rai l’ordre de la marche. Premier principe : Tout ce qui est réel est moteur, et donc informateur ou créateur de formes. C
146 oteur, et donc informateur ou créateur de formes. Ce qui signifierait, pour un homme entièrement spirituel, que tout ce qu
147 it, pour un homme entièrement spirituel, que tout ce qui est réel se voit. Ce qui signifie plus modestement, pour nous tou
148 ment spirituel, que tout ce qui est réel se voit. Ce qui signifie plus modestement, pour nous tous, hommes dont le péché r
149 ies. Interpréter les formes par les formes, n’est- ce pas ouvrir les portes à une nouvelle mythologie, dans le sens d’un Sc
150 aracelse, Bruno, Nicolas de Cuse dominent de loin ce grand mouvement de la pensée européenne, qui connut sa splendeur féco
151 ue Karl Barth poursuit à travers toute son œuvre. Ce qui subsiste de l’Organismusgedanke, une fois cette conception débarr
152 s ne peut égaler la pénétration de son regard, si ce n’est son impuissance à saisir la personne dans sa totalité concrète
153 classique détaille admirablement les motifs, mais ce faisant, il détend les ressorts de l’imprévisible événement — tension
154 ment, ne voit partout que le costume, la grimace, ce qu’on nomme « l’extérieur » de l’homme, mais non pas son visage. Pour
155 similer les secrets d’une ontologie de la forme ? Ce serait oublier Léonard et son génie physionomiste. Il garde cet espr
156 x plis d’un jardin… Et encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul,
157 encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait trouvé l’attitude
158 teur, je vois comme son regard se repose sur tout ce qui, près et loin, est construit autour de lui, et aussi sur la ville
159 c vu le jour depuis les temps du Livre de Job, de ce profond traité théologique qui ne fait pas intervenir un seul concept
160 Parole sous forme de tonnerre ! 23. J’emploie ce terme, de préférence à physiognomonie, pour désigner une conception d
161 toutes les interprétations qui ont eu cours dans ce domaine, jusqu’à Freud y compris, souffrent du même vice de constitut
162 nbildung, p. 25.) 31. Il convient de débarrasser ce mot de tout pathos romantique. Le drame, c’est proprement l’action, e
13 1935, Articles divers (1932-1935). Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)
163 paration des deux revues me paraissent exagérées. Ce qui pourrait être plus grave au point de vue de la révolution, c’est
164 s. (Voir notre Lettre à Hitler par exemple.) Mais ce n’est pas en exauçant des vœux, d’ailleurs humainement sympathiques,
14 1935, Articles divers (1932-1935). Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)
165 plus la mauvaise foi de Commune. Si vous aviez lu ce livre vous sauriez : 1° que je combats violemment la politique de l’É
15 1935, Articles divers (1932-1935). Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)
166 Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)v Certains voudr
167 l » et un Front dit « populaire ». Nous demandons ce que peut bien signifier l’opposition du peuple et de la nation ? Par
168 v. Rougemont Denis de, « Nous ne mangeons pas de ce pain-là (à propos du 14 juillet) », Bulletin de liaison des groupes O
16 1935, Articles divers (1932-1935). Montherlant : Service inutile (15 novembre 1935)
169 therlant : Service inutile (15 novembre 1935)w Ce long avant-propos, où l’auteur nous rapporte avec quelque détail l’em
170 es dix dernières années, est-il bien nécessaire à ce beau livre33. Je crois que Montherlant se fait du tort chaque fois qu
171 s qu’il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise, c’est moin
172 vient immensément large. » Que trouvons-nous dans ce volume ? Des pages sur l’Espagne, d’autres sur l’Algérie, échantillon
173 un peu l’habitude de cette fière politesse, dans ce temps où les partisans ont l’air de haïr davantage la cause adverse q
174 n œuvre, estimant s’acquitter de la sorte de tout ce qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’une prise de posit
175 Très haut mérite. Exemple nécessaire. J’approuve ce que dit Montherlant sur l’inutilité de tout service — à condition que
176 nale n’empêche pas de servir quand il faut. C’est ce que j’appelle du pessimisme actif. Et c’est la devise du Taciturne :
177 e s’exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne de ce nom doit, dans son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce qu’i
178 digne de ce nom doit, dans son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce qu’il ferait dans d’autres conditions serait
179 ns son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce qu’il ferait dans d’autres conditions serait mal fait. » Est-ce que c
180 t dans d’autres conditions serait mal fait. » Est- ce que ce beau mot d’agréable ne prête pas ici à confusion ? L’on croira
181 d’autres conditions serait mal fait. » Est-ce que ce beau mot d’agréable ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait qu’i
182 fusion ? L’on croirait qu’il s’agit simplement de ce qui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain digne de ce nom » ne va
183 peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain digne de ce nom » ne va pas, pour prendre un exemple, déconcerter son public à pl
184 re un exemple, déconcerter son public à plaisir ; ce qui l’amuse, c’est peut-être zéro pour le lecteur. S’il a le droit de
185 droit de déconcerter, c’est pour mieux souligner ce qu’il apporte ; et c’est sur cela seul qu’on le jugera. Je veux savoi
186 n objection pour être clair. Je n’entends pas que ce recueil n’apporte rien de positif, comme on dit. Il apporte d’abord u
187 positif, comme on dit. Il apporte d’abord un ton, ce n’est pas peu, si ce n’est pas toujours assez. Il apporte une qualité
188 . Il apporte d’abord un ton, ce n’est pas peu, si ce n’est pas toujours assez. Il apporte une qualité morale, une propreté
189 it de saisir avidement et de me dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’il ne me c
190 ut ce que la jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’il ne me coûte pas d’en être aussitôt privé ». Et par con
191 ntre ceci, que je lis dans Service inutile, n’est- ce pas l’écho de la virile légèreté du grand seigneur : « Lénine, qui do
192 de vouloir modifier une forme de gouvernement… » Ce même goût du bonheur, chez l’un et l’autre, ces mêmes façons de ne se
193 nous permettent de prendre une vue plus juste de ce qui est propre à Montherlant. Il est bien moins curieux d’autrui que
194 t. Il est bien moins curieux d’autrui que Ligne — ce voyageur traqué par sa passion mondaine — il est plus grave et plus l
195 nt que ne se réduisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’une de ses tentations. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemo