1 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
1 orte ou la nue Quand tes yeux se confondent et que tes bras autour de moi aux limites du monde nouent leur effro
2 ps refusés au seul plaisir un seul ange tombé et celui qui roulait se consoler sur des risques — aussi refusés Tou
3 ur décrié du seul instant où tu l’aurais aimé Et les humains leur nombre dans la pluie Autour de toi les visages qui
2 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
4 eux principes libéraux, ennemi de toute violence, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous r
5 sagesse, la mesure, le bon sens de l’humanité, —  et qui renferme autant de mensonges que de propositions. En vérité, la f
6 dé qu’il exprime une opinion tout à fait courante et par là même justifiée jusqu’à l’évidence. Prenons sa phrase pour ce q
7 elle est, dans sa simplicité : tout un programme. Et définissons à grands traits les réactions du bon sens vis-à-vis de ce
8 mun. ⁂ 1° « Parce que je suis un honnête homme… » Et d’abord il n’y a pas d’honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroï
9 honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroïque et qui suppose un courage exceptionnel. Si nous tenons à conserver l’usa
10 verbale, ne relève donc que de l’analyse logique, et doit être rejetée à ce titre comme impliquant une contradiction dans
11 ntes tendent à faire apparaître comme très grave, et théoriquement insoluble. Et l’on sait que la bourgeoisie cultive ce g
12 tre comme très grave, et théoriquement insoluble. Et l’on sait que la bourgeoisie cultive ce genre de problèmes avec une p
13 luble, puis se résout à laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce qu’il ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire
14 n-violence, tel est le prétexte typique, grossier et courant, derrière lequel se réfugie la lâcheté bourgeoise. M. Durand-
15 nous vivons en vérité sous un régime de violence, et tous les bourgeois pacifiques qui se préludent contre nous de leur « 
16 ces de cette violence jamais avouée. Il est faux et contraire aux faits les plus patents, de prétendre que le choix est e
17 de prétendre que le choix est entre non-violence et violence. Le seul choix qui nous reste est entre la violence bourgeoi
18 x qui nous reste est entre la violence bourgeoise et capitaliste, infiniment diverse dans ses manifestations étendues à to
19 manifestations étendues à toute la face du globe et décorées des noms des plus hypocrites, d’une part, — et la violence r
20 orées des noms des plus hypocrites, d’une part, —  et la violence révolutionnaire, franchement acceptée, de l’autre. Notre
21 abstrait dans une société où règnent le bavardage et le papier-monnaie que les réalités les plus sanglantes n’arrivent plu
22 de « guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie, et en France on ne se tue plus que par amour. (Mais à Moscou, les petits
23 l, à moins que ce ne soit à de grandes distances, et bien au-delà du cercle qui intéresse concrètement le bourgeois. Cela
24 Bloy, le premier, dénonça l’essentielle férocité. Et l’on sait quelle force brutalement contraignante peut acquérir l’opin
25 est tout à fait illusoire, même chez nous (sic). Et ceux qui seraient tentés d’en user n’aboutiraient qu’à faire apparaît
26 ujours vigilante la terreur bourgeoise. Matraques et revolvers au service de la Propriété : des violences épisodiques de c
27 s facteurs inventés pour les besoins de la cause, et qui paraissent totalement étrangers aux buts de notre civilisation ca
28 ngers aux buts de notre civilisation capitaliste, et même hostiles à son progrès normal. Toute l’astuce, encore une fois,
29 te de sa responsabilité, de sa complicité active, et de l’épouvantable désordre dans lequel il vit. ⁂ Contre une violence
30 il vit. ⁂ Contre une violence absurde, dénaturée et hypocrite, nous ne défendrons pas les vertus d’une illusoire non-viol
31 leur défaut, devra créer par des percées brutales et destructives. Toutes les révolutions ont été sabotées. Elles ont été
32 a marque de son imperfection naturelle. Le sang ! Et tous les « Mirobolants » de la terre pâlissent derrière leur mâchoire
33 gèrement avoir vaincu. À force d’avoir ridiculisé et refoulé l’idée de violence physique, ils sont empoisonnés jusque dans
34 e, ils sont empoisonnés jusque dans leurs pensées et leurs amours. Ils sont devenus méchants comme des châtiés. Il faut qu
35 la violence avec la brutalité physique imbécile. Et il condamne cette brutalité dans tous les cas où elle ne sert pas à a
36 « victimes du devoir ». Grand troupeau pitoyable et maintenant des « ennemis de la violence » ! On songe à cette race de
37 cette race de moutons dont parlait Élisée Reclus, et qui sont plus néfastes que les plus violents cataclysmes, car là où i
38 lus violents cataclysmes, car là où ils passèrent et répandirent leurs excréments, la terre même reste stérilisée pour un
39 ion. » 1. Interventions chirurgicales. 2. Aron et Dandieu : « Violence et Révolution », dans Plans, n° 9. 3. Cf. René
40 s chirurgicales. 2. Aron et Dandieu : « Violence et Révolution », dans Plans, n° 9. 3. Cf. René Dupuis, « L’ordre », dan
3 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
41 Adressons-nous ici aux jeunes bourgeois dégoûtés et vivants, à tous ceux que la Révolution trouble et bientôt va posséder
42 et vivants, à tous ceux que la Révolution trouble et bientôt va posséder. Dénonçons à leur intention un état d’esprit faus
43 a Révolution, c’est-à-dire : la critique violente et constructive de toutes les doctrines régnantes, y compris celles qui
44 exagérer un poids mort, un facteur d’énervement, et une cible facile pour les réactionnaires. Et c’est bien pour cela qu’
45 ent, et une cible facile pour les réactionnaires. Et c’est bien pour cela qu’il nous paraît urgent de leur coller une étiq
46 vement à fonder quelque chose de neuf, de concret et d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’ils aillent grossir
47 res qui ne paraissent « pas très comme il faut », et , pour tout dire, « confusionnistes » à ces terroristes de café. À les
48 ses tout le long de la fameuse « ligne générale » et d’abattre sans pitié tout ce qui dépasse. Cependant cette défense meu
49 éritable coquetterie à souligner leur conformisme et leur touchante orthodoxie. Ils se soumettent éperdument à toutes les
50 disait l’autre. Ils n’ont pas le format physique et moral nécessaire pour intégrer, rejeter, recréer l’apport des révolut
51 rejeter, recréer l’apport des révolutions d’hier et leurs leçons. Ne nous y trompons pas : leur refus de penser par eux-m
52 s en fonction des nécessités concrètes de l’heure et du lieu où ils vivent, la France de 1932, non la Russie de 1917, révè
53 lecture, pour eux très aride, de Marx, d’Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer des seuls f
54 voulons tirer des seuls faits qui nous pressent. Et dès lors toutes les tares de l’orthodoxie les menacent : ils défenden
55 d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnation style Saint-Just, bref, ils rendent l’atmosphère r
56 e justement la révolution doit être la plus ample et puissante respiration purificatrice, le parti de la Santé, comme l’éc
57 bougent plus le petit doigt, s’arrêtent de penser et attendent l’avènement « dialectique », de l’inévitable. À cette puret
58 Ce n’est pas la pureté d’une conception cohérente et rationnelle que nous défendons, c’est l’homme en tant que l’état soci
59 dans la perfidie bourgeoise un emploi plus subtil et mieux rétribué de leurs aigreurs, les gigolos drogués qui parlent de
60 s, les gigolos drogués qui parlent de dialectique et croient que Hegel est arrivé, tous ceux qui haïssent la religion parc
4 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
61 Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne, et vous n’attaquez qu’au pluriel les « sergents recruteurs » et les « ra
62 ttaquez qu’au pluriel les « sergents recruteurs » et les « ramasseurs de disciples ». Ne perdons pas notre temps à polémiq
63 le répudiation de toute solidarité entre « vous » et « nous », sont de nature à induire en erreur un lecteur qui ignorerai
64 ans doute aussi bien que moi — que la composition et l’esprit du Cahier de revendications vous furent exposés par moi le j
65 ait alors vous sourire plus qu’à moi, je l’avoue, et je n’en persistai pas moins à souligner sa rupture dans mes conclusio
66 ch, que l’on trouvera vingt pages avant le vôtre, et qui sauvegarde dans ce numéro à la fois la précédence et la primauté
67 sauvegarde dans ce numéro à la fois la précédence et la primauté du véritable réalisme révolutionnaire. Cordialement à vou
5 1933, Articles divers (1932-1935). « La jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)
68 l de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. La France n’est plus contemporaine des nations qu
69 st plus contemporaine des nations qui l’entourent et qui la menacent. Tel est le fait. Elle souffre d’une carence aiguë de
70 éelle les eût fait accéder à la conscience active et concrète de l’époque ; et c’eût été le premier pas vers le salut. Mai
71 à la conscience active et concrète de l’époque ; et c’eût été le premier pas vers le salut. Mais les uns se perdirent en
72 porte moins de sacrifices que de prix littéraires et de coups de pied au derrière. Cette jeunesse a terriblement vieilli :
73 avec le système régnant, qu’elle croit combattre, et dont elle figure le dernier stade de décomposition spirituelle. Non,
74 e moderne. Mais la démocratie l’a sabotée, ruinée et trahie. De la personne elle a fait l’individu, ouvrant ainsi les voie
75 tre de rayonnement, elle a fait la nation-carcan. Et de l’universalité de la personne, elle a permis qu’on tire l’internat
76 cause profonde du déclin d’un prestige universel. Et voici notre tâche : en face de mouvements qui tirent toute leur puiss
77 liste. Nous avons à relever le défi que fascistes et hitlériens sont justifiés à nous jeter. Nous ne le ferons pas en défe
78 niversel, nous dénoncerons les tyrannies racistes et collectivistes. Au nom de la patrie, lieu d’enracinement de la person
79 nne, nous dénoncerons les mystiques nationalistes et leurs guerres. Ainsi notre accusation ne sera pas l’égoïste résistanc
80 du bien « particulier » au bien public, l’égoïste et meurtrière opposition du plus fort, du plus ancien, du plus nombreux,
81 invente pour se mettre à l’abri du risque normal et nécessaire de l’existence, contre toutes les tyrannies qu’il s’impose
82 ouveau pour lequel nous sommes prêts à combattre. Et c’est à lui que désormais s’adresseront ceux qui veulent s’adresser à
83 partient aujourd’hui au groupe de l’Ordre nouveau et qui a eu ces années dernières une profonde influence personnelle sur
84 tionnaires. M. Denis de Rougemont est protestant, et collaborateur à la NRF , etc. »
6 1933, Articles divers (1932-1935). Positions d’attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)
85 up de bruit sur les places. C’est que nous sommes et voulons être avant tout des doctrinaires. Cette volonté a scandalisé
86 rsaires, qui prétendent partir des faits concrets et matériels. L’un d’entre eux revendiquait récemment, à la suite de Mar
87 qu’il faut détruire si l’on veut tuer ces racines et surtout empêcher qu’elles ne se reforment. La nécessité d’un travail
88 ical nous apparaît être la tâche la plus concrète et la plus immédiate de l’heure ; la seule tâche efficacement révolution
89 e volonté de considérer les problèmes économiques et sociaux dans leur totalité ; c’est aussi une volonté constante de cha
90 l’heure — ou mieux encore, le conflit personnel, et nous prenons pour norme ce conflit, étendu à tous les ordres de l’act
91 res de l’activité humaine : politique, économique et culturel. Telle est la base de notre ordre. Cet ordre est nouveau en
92 a plupart des questions qui divisent capitalistes et marxistes sont insolubles sur le terrain positiviste où ils les place
93 estiné à assurer la liberté de l’homme. Marxistes et capitalistes prétendent, chacun à leur manière, le résoudre. Ils se d
94 ctrine personnaliste, parce qu’elle le transcende et le replace dans une totalité vivante, lui donne un sens concret et un
95 s une totalité vivante, lui donne un sens concret et une solution réelle. Nous pourrons promettre du pain, et nous en prom
96 solution réelle. Nous pourrons promettre du pain, et nous en promettons dans la mesure où nous assurerons en même temps au
97 s ainsi défini par la double volonté de totalisme et de changement de plan la forme générale de notre doctrine. Nous nous
98 ’aspect théorique que prend forcément cet exposé, et qu’il perdrait si nous avions la place nécessaire pour développer. No
99 bligés de décrire le contenu de nos constructions et la méthode personnaliste qui les anime. Cette méthode constitue la pa
100 stitue la partie la plus élaborée de notre effort et l’on ne peut songer à en donner ici qu’une formule nécessairement sim
101 ifiée. Nous définissons la personne comme un acte et non pas comme un donné physique ou moral, matériel ou abstrait. La pe
102 e, tels sont les éléments de toute liberté réelle et créatrice, partant, de toute dignité humaine. ⁂ Pour faire sentir tou
103 quelles institutions elle nous oblige à combattre et à renverser. Ce sont, en premier lieu, les institutions démocratiques
104 unité arithmétique, où l’a-t-on vu ? qui l’a vu ? et comment existerait-il ? C’est pourtant sur cet homme abstrait qu’est
105 bstrait qu’est bâti tout le système démocratique. Et l’erreur initiale, doctrinale, se retrouve à tous les étages du systè
106 de la politique bourgeoise, avec ses monarchistes et ses communistes, figurants indispensables et inoffensifs. Il suffira
107 stes et ses communistes, figurants indispensables et inoffensifs. Il suffira de rappeler, d’autre part, que l’individualis
108 ssor anarchique d’une économie devenue inhumaine, et cela non pas à cause de la machine, mais parce qu’aucun contrôle huma
109 qu’aucun contrôle humain, aucune doctrine totale et transcendante ne pouvait intervenir au xixe siècle pour orienter et
110 pouvait intervenir au xixe siècle pour orienter et humaniser ce développement. En second lieu, la doctrine de la personn
111 distinguer dans le stalinisme un retournement pur et simple de l’individualisme libéral, procédant par ailleurs de concept
112 , procédant par ailleurs de conceptions positives et pseudo-scientifiques qui étaient déjà contenues dans la définition de
113 , phénomène beaucoup plus concret, plus universel et mieux défini que la lutte des classes. ⁂ Quelles sont donc les instit
114 cadre national, carcan de frontières douanières, et du centre administratif, politique, financier et policier où viennent
115 et du centre administratif, politique, financier et policier où viennent se congestionner les énergies du pays. Ce que no
116 ablir sur le plan politique la tension nécessaire et créatrice entre la petite patrie décentralisatrice d’une part, et d’a
117 re la petite patrie décentralisatrice d’une part, et d’autre part l’universalisme issu directement des personnes et qui po
118 rt l’universalisme issu directement des personnes et qui pourrait se concrétiser dans un organe central, d’autorité pureme
119 un organe central, d’autorité purement doctrinale et révolutionnaire, sorte de Komintern, mais dépourvu de pouvoir économi
120 ut du travail impliquant une distinction profonde et effective entre le travail créateur et libre d’une part, et le travai
121 n profonde et effective entre le travail créateur et libre d’une part, et le travail indifférencié et parcellaire de l’aut
122 ve entre le travail créateur et libre d’une part, et le travail indifférencié et parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit
123 et libre d’une part, et le travail indifférencié et parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatis
124 ratisme ou syndicalisme — pôle décentralisateur — et par une institution centrale de service industriel collectivisé, soum
125 insi se trouve sauvegardée la tension nécessaire, et assuré, en fonction cette fois d’une mesure humaine, le minimum de vi
126 songer à développer ici ces thèmes constructifs, et encore moins à indiquer les moyens tactiques que nous envisageons pou
127 éritable romantisme du chambardement, de l’émeute et du sang versé. Contre lui, nous maintiendrons la primauté de la doctr
128 n. C’est l’état d’esprit trop facilement héroïque et généreux de ceux qui nous disent : renoncez d’abord à tous les privil
129 renoncez d’abord à tous les privilèges bourgeois, et nous vous écouterons ! Certes, nous savons que le premier aspect de t
130 que l’acte soit réel, encore faut-il une doctrine et des institutions qui le traduisent en faits. Les aristocrates de la n
131 des privilèges abandonnés, sabotent la révolution et font la bourgeoisie du xixe siècle. Des privilèges ? Mais tous les h
132 en demandent. Seulement, il en est d’injustifiés. Et c’est ce que nous voulons déterminer d’abord. On nous a aussi reproch
133 urs du socialisme scientifique contemporain, Marx et Engels, étaient des intellectuels bourgeois. De même, en Russie, la d
134 ouvement ouvrier ; elle y fut le résultat naturel et fatal du développement de la pensée chez les intellectuels.5 Peut-ê
135 seul l’acte créateur opère le changement de plan et permet d’instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur dont nous f
136 tutions reproduisent à tous les degrés le conflit et la tension qui définissent la personne en acte. 6° Ces institutions s
137 ne politique : la petite patrie décentralisatrice et le centre de contrôle doctrinal et juridique ; — dans le domaine écon
138 entralisatrice et le centre de contrôle doctrinal et juridique ; — dans le domaine économique : les syndicats libres de pr
139 e économique : les syndicats libres de production et d’instruction professionnelle, d’une part, et de l’autre, le service
140 ion et d’instruction professionnelle, d’une part, et de l’autre, le service prolétarien collectif soumis directement à un
141 is directement à un centre de contrôle économique et statistique. 7° Ce régime doit entraîner par son jeu normal la dispar
142 on jeu normal la disparition des cadres de l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des facteurs déci
143 des facteurs décisifs de l’inflation, du chômage et de la guerre moderne économique et militaire. 8° C’est au nom d’antag
144 on, du chômage et de la guerre moderne économique et militaire. 8° C’est au nom d’antagonismes naturels féconds et créateu
145 . 8° C’est au nom d’antagonismes naturels féconds et créateurs que nous voulons éliminer les antagonismes artificiels et d
146 ous voulons éliminer les antagonismes artificiels et destructeurs que fait naître le capitalisme matérialiste. 9° Nous som
147 rimé, une fois opérée la révolution personnaliste et régionaliste, c’est une existence culturelle. Des nations débarrassée
148 lturelle. Des nations débarrassées de leurs États et de leurs frontières, on peut dire qu’elles seront universelles, mais
7 1933, Articles divers (1932-1935). Jeune Europe (4 décembre 1933)
149 fait depuis Napoléon, c’est une évidence acquise et qui peut figurer d’ores et déjà dans les manuels d’Histoire contempor
150 e contemporaine. Les révolutions russe, italienne et allemande, succédant à la chute des monarchies ont consacré l’avèneme
151 nement d’une civilisation de vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà bouleversé les mœurs au moment où éclata la
152 nues ? À ces questions, l’ouvrage que René Dupuis et Alexandre Marc viennent de publier sous le titre de Jeune Europe 6 ap
153 e. En effet, tandis qu’il nous venait d’Allemagne et de Russie plusieurs livres fameux proclamant la « mission de la jeune
154 la France jusqu’ici s’était bornée à les traduire et à les critiquer avec un scepticisme plus ou moins sympathique ; mais
155 épondu au défi qu’ils lui adressaient. MM. Dupuis et Marc comblent aujourd’hui une lacune qui justifiait trop bien, aux ye
156 tiennent à la génération qui atteint la trentaine et qui s’exprime dans des revues comme L’Ordre nouveau ou Esprit . Il
157 tion d’abord mais aussi de critique constructive, et ils s’expliquent très franchement là-dessus, dans une préface vigoure
158 nover radicalement. Mal préparées, dans la fièvre et le désespoir de situations économiques qui ne permettaient pas d’élab
159 lucidité nécessaire des solutions vraiment neuves et fécondes, elles devaient, dès la prise du pouvoir, dégénérer en dicta
160 at, l’Ordre social, la Centralisation, l’Autorité et la Discipline se trouvent ainsi élevés à la dignité de fins en soi, d
161 lieu de n’être considérés que comme des moyens ». Et c’est ainsi que la jeunesse s’est trouvée embrigadée, avec tout son é
162 plutôt consolidé les pires tyrannies matérielles, et consacré la primauté de l’économie, la primauté de l’inhumain sur les
163 oilà bien les « vieilles rides » qui reparaissent et qui déjà, font grimacer d’une grimace fâcheusement américaine, le vis
164 icaine, le visage rajeuni de l’Europe. En vérité, et c’est une des observations capitales de nos auteurs, les jeunesses so
165 apitales de nos auteurs, les jeunesses soviétique et fasciste sont bien moins révolutionnaires, dans le sens créateur du t
166 ce », devenue traditionnelle, contre les pouvoirs et les corvées publiques. C’est un conformisme total et… enthousiaste !
167 les corvées publiques. C’est un conformisme total et … enthousiaste ! Une nouvelle idolâtrie de l’État, qui réprime toute f
168 n’hésitent pas à le voir dans l’esprit libertaire et « personnaliste » de la France, tel que les jeunes groupes que nous a
169 glaise aussi, d’édifier maintenant, dans le calme et l’audace spirituelle, un ordre qui fasse de l’« homme », et non plus
170 e spirituelle, un ordre qui fasse de l’« homme », et non plus de l’État ou de l’Argent, son but suprême. Si nous avons ins
171 ans peine en être déduites. Au reste, René Dupuis et Alexandre Marc n’ont pas écrit un livre de doctrine. S’adressant au g
172 er le panorama habilement suggestif, plein de vie et de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute autre cho
8 1934, Articles divers (1932-1935). Carl Koch, Søren Kierkegaard (1934)
173 fois le plus paradoxal, le plus autobiographique et le plus artificiel de tous les ouvrages de Kierkegaard. Et il en a ti
174 s artificiel de tous les ouvrages de Kierkegaard. Et il en a tiré la monographie la plus logique, la plus objective et la
175 la monographie la plus logique, la plus objective et la plus touchante qu’un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’hu
176 honnête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des Stades, o
177 st la sagesse bourgeoise appuyée sur la religion. Et le Jeune Homme perdu d’inquiétude, qui ne découvre sa joie que dans l
178 nous a présenté jusqu’ici deux aspects seulement, et les plus propres à créer des malentendus : celui du philosophe abstru
179 espéré, voire nihiliste7 du Traité du désespoir ; et celui du psychologue lyrique et retors à la fois du Journal du Séduct
180 té du désespoir ; et celui du psychologue lyrique et retors à la fois du Journal du Séducteur. Mais Kierkegaard est surtou
181 ucteur. Mais Kierkegaard est surtout un chrétien, et c’est ce qu’il eût fallu montrer d’abord. Un chrétien peu rassurant,
182 ntrer d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et d’une trempe exceptionnelle ; mais non tant qu’il ne puisse « édifier
183 omplaisance pour les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la tête philosophique. J’ai peut-être tort de penser qu’o
184 aiter à Kierkegaard une introduction systématique et qui épuise tous les thèmes de son œuvre. Kierkegaard est un événement
185 ire, en toute simplicité, qu’il a vu l’événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira sans peine : il n’a pas
186 Kierkegaard. C’est de toi, lecteur, qu’il s’agit, et non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas
187 rkegaard, mais il a su le décrire sans pédantisme et sans littérature. Tant de biographes brillent aux dépens de leur modè
188 aphes brillent aux dépens de leur modèle. Modeste et sûr, celui-ci nous aidera. ⁂ Mais une fois rétablie la perspective ho
189 rterait cette fois sut le centre même de l’œuvre, et non plus sur les avatars de sa présentation en France. Carl Koch repr
190 e pensée par ailleurs authentiquement chrétienne. Et cette défaillance expliquerait pourquoi Kierkegaard ne devint pas lui
191 ui qui la rejette, rejette aussi sa raison d’être et sa vocation prophétique. Il existe, dira Karl Barth, dont la théologi
192 « une différence qualitative infinie » entre Dieu et l’homme. Le tout de l’homme est négation de Dieu. C’est pourquoi l’ho
193 n de Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie qu’en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi periisse
194 ifier d’ascétisme la doctrine de la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu’il la déclare antichrétienne ; cela ne prou
195 d le représentait, ne peut être réellement adopté et assimilé par la vie humaine ; il reste pour elle un paradoxe étrange
196 humaine ; il reste pour elle un paradoxe étrange et effrayant », s’écrie Carl Koch, visiblement scandalisé. Mais où est l
197 , visiblement scandalisé. Mais où est le critère, et qui juge ? Nicodème aussi estimait qu’une telle doctrine est impensab
198 si estimait qu’une telle doctrine est impensable, et ne peut être utilement intégrée à notre patrimoine moral, culturel, s
199 otre patrimoine moral, culturel, social, national et même religieux. ⁂ Kierkegaard en tant que chrétien sait que la vie de
200 raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est trop tiède, et propre au plus à écœurer celui qui veut non la durée mais l’éternel,
201 e l’homme. Kierkegaard a choisi d’être « un poète et un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dir
202 uelle il a consacré toute sa force intellectuelle et toute son œuvre… S’il ne meurt pas, dit-il, il devra poursuivre sa lu
203 traire, sa mort lui assurera une force nouvelle ; et , pense-t-il, la victoire. » l. Rougemont Denis de, Koch Carl, « [Pr
9 1934, Articles divers (1932-1935). « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)
204 e, hors la Promesse accordée à notre acte, humble et violent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais pas ce que je puis. Je
205 ables qui vivent au milieu des brigands, victimes et complices. On reconnaît ici le cri : À bas les Voleurs !, mot d’ordre
10 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
206 La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)m Au cours d’une conversation, cet été, Nic
207 , suite qui s’intitulera Dictature de la liberté, et que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’il nous l’a laissée,
208 ire dans l’actualité, au sens littéral du terme ; et c’est ce que ne font pas, et ne peuvent pas faire, nos professeurs id
209 littéral du terme ; et c’est ce que ne font pas, et ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres
210 ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce
211 nservent dans leur cœur la volonté d’être hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on leur propose ; et
212 des puissances libératrices qu’on leur propose ; et c’est ce que ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute fa
213 pose ; et c’est ce que ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute farine que nous voyons parader en Europe deva
214 t autre problème dont traite cet ouvrage (travail et chômage, machinisme, syndicats, échange et troc, crédit, taylorisme),
215 ravail et chômage, machinisme, syndicats, échange et troc, crédit, taylorisme), les liens étroits que les auteurs ont su n
216 ont su nouer entre leurs positions philosophiques et leurs conclusions d’ordre politique et social. Ces conclusions ne man
217 osophiques et leurs conclusions d’ordre politique et social. Ces conclusions ne manqueront pas d’impressionner certain pub
218 au détriment des principes dont elles procèdent, et qui sont à mes yeux beaucoup plus graves et significatifs. Le mépris
219 dent, et qui sont à mes yeux beaucoup plus graves et significatifs. Le mépris dans lequel on tient aujourd’hui le théorici
220 arer jalousement la pensée de l’action, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’i
221 qui trompe sur la véritable nature de la pensée, et sur ses droits. Sans théorie révolutionnaire, pas d’action révolutio
222 ns vouloir en rien sous-estimer l’analyse qu’Aron et Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et de travail, nous vo
223 et Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et de travail, nous voudrions surtout insister sur la nouveauté d’un cha
224 veauté d’un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale de la Révoluti
225 tre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution qui ouvre la s
226 ion qui ouvre la seconde partie du livre. Esprit et Révolution… « Le malaise révolutionnaire et la confusion des idées en
227 sprit et Révolution… « Le malaise révolutionnaire et la confusion des idées en sont arrivés à un tel point que les deux mo
228 ction effective, on est parvenu à stériliser l’un et l’autre, en privant la révolution de son ressort psychique et en priv
229 en privant la révolution de son ressort psychique et en privant l’esprit de son aboutissement nécessaire. L’esprit, comme
230 ant l’homme contre l’univers, le faisant résister et survivre, attaquer et étendre son pouvoir, lui permet de rallier tout
231 nivers, le faisant résister et survivre, attaquer et étendre son pouvoir, lui permet de rallier toutes ses forces psycholo
232 iques ou physiques, dans un souci de conservation et d’expansion. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » juger
233 uls les « petits purs » jugeront sans doute utile et astucieux de feindre d’y voir un « spiritualisme » dont leur matérial
234 èrement du mot « esprit » dans les jeunes groupes et les revues non conformistes. (Les journalistes bien-pensants, de L’Au
235 igner que la totalité créatrice de l’homme, corps et intelligence, indissolublement, en acte. La séparation cartésienne de
236 t, en acte. La séparation cartésienne de l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, sont en réalité
237 nt d’étudier la marche des révolutions bourgeoise et prolétarienne qui instituèrent ce désordre. L’Esquisse en décèle avec
238 ique, antiétatiste. Parce qu’elles reposent l’une et l’autre, sur des constructions rationalistes qui ne peuvent rendre co
239 cte lui-même. Au moment de sauter, elles hésitent et reculent. Elles tombent alors dans l’illusion d’une synthèse qu’elles
240 reprend l’argumentation que Proudhon d’une part, et Bakounine de l’autre, opposaient à Karl Marx en son temps. J’ai souli
241 e surprenante, des thèses politiques de Proudhon, et de celles, philosophiques, de Kierkegaard, vis-à-vis de la dialectiqu
242 enne. Cette opposition me paraît la plus profonde et la plus significative de toutes celles qui aient occupé jusqu’à prése
243 e décisive… » Antithétique — an-archique —, seule et par elle-même transitive, telle est, pour Aron et Dandieu, la Révolut
244 et par elle-même transitive, telle est, pour Aron et Dandieu, la Révolution véritable. Cela ne signifie point que sa viole
245 n est un effort pour retrouver le contenu concret et précis du grand mot de révolution dont abusent aujourd’hui, à l’envi,
246 anarchistes petits-bourgeois du type surréaliste, et les évolutionnistes brutaux, en passant par les émeutiers fascistes.
247 ts. Cessons d’épiloguer sur les vieilles armures, et recherchons plutôt les conflits vitaux pour lesquels elles furent inv
248 aliser dans n’importe quelles conditions données… et peut faire bon ménage avec la société la plus strictement sociale ».
249 ge avec la société la plus strictement sociale ». Et voici détendu le ressort de la Révolution nécessaire. Mais qu’est-ce
250 é, autarchique, qui permet justement le fascisme, et qui s’accommode à merveille d’un régime dictatorial ? La doctrine de
251 e l’idéalisme, puisqu’elle est à la fois conquête et rencontre, engagement et actualité. Une personne qui peut être défini
252 e est à la fois conquête et rencontre, engagement et actualité. Une personne qui peut être définie comme le prochain de l’
253 sur la psychologie du bourgeois, animal visqueux et féroce dont il me semble que Léon Bloy a donné la description la plus
254 is risqué sa peau pour des intérêts. On ne se bat et on ne meurt que pour des « folies » qualifiées. Celle que l’Ordre nou
255 faut même noter que le chapitre intitulé Échange et Crédit bouleverse toutes les idées traditionnelles sur la question —
256 outes les idées traditionnelles sur la question — et en passant, l’un des fondements de la théorie économique de Marx — en
257 ion dont la formule même est une trouvaille. 11. Et au groupe de l’Ordre nouveau, le seul qui se soit exprimé sur ce poin
258 avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue). 12. et qui surtout ne rendent pas justice au style de la pensée, plus encore
259 la pensée, plus encore que de l’écriture, d’Aron et Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page finale que Dandieu ajo
260 qui atteignent à la grandeur à force de précision et de vigueur spirituelle, au mépris de toute rhétorique. 13. « La Révo
261 e. 14. Mais le concret, c’est l’acte justement ! et non pas un donné « objectif ». m. Rougemont Denis de, « [Compte ren
262 ugemont Denis de, « [Compte rendu] Arnaud Dandieu et Robert Aron, La Révolution nécessaire  », Cahiers du Sud, Marseille,
11 1934, Articles divers (1932-1935). Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)
263 nes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)o Y a-t-il des jeunes
264 e évaluation des tentatives esquissées jusqu’ici, et peut-être l’indication de quelques possibilités pratiques fidèlement
265 utionnaire, ou dynamique, la politique du devenir et de l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n
266 ue l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, s
267 imé par Pascal : « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »16 Qu’est l
268 as. L’Évangile le révèle à lui-même, comme perdu, et par cette révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’est humain que dans un p
269 véritablement homme. Dans ce paradoxe essentiel, et non ailleurs, peut se fonder une politique qui mérite le nom de chrét
270 destin de l’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa condition actuelle. Mais il faut savoir aussi
271 la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’être d’avance limités par un système, par
272 entendu qui s’institue partout entre la politique et notre foi : la politique s’occupe des moyens, et néglige bientôt les
273 et notre foi : la politique s’occupe des moyens, et néglige bientôt les fins, ou prend les moyens pour des fins ; la foi
274 des fins ; la foi ne veut connaître que les fins, et en vient à dévaloriser les moyens. Ou encore : pour le politique pur,
275 eçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est da
276 l’ordre reçu s’insère aussitôt dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à
277 s moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à la fin, en est cependant inséparable. Il est donc non seulement pos
278 t pas mécaniquement au paradis terrestre. Aux uns et aux autres, il reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa
279 que nous est nécessaire, comme manger, travailler et penser, mais jamais un système politique ni aucune synthèse humaine n
280 e de Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction possible de toute politique chrétienne : « L’homme
281 lle devant Dieu. Non seulement le chrétien pourra et devra collaborer avec tous les « mouvements » politiques qui revendiq
282 par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra affirmer que la seule communauté réelle et humainement bienfais
283 et devra affirmer que la seule communauté réelle et humainement bienfaisante est celle qui se fonde dans ce rapport origi
284 e l’homme à Dieu, d’où découle la relation réelle et humainement bienfaisante que l’Évangile appelle l’amour du prochain.
285 ue ce qu’on vient de lui dire n’est pas original, et bien moins encore matière d’enquête. (On n’enquête pas sur la doctrin
286 r quelques-unes des attitudes les plus tranchées, et par là les plus instructives, qui se soient manifestées jusqu’ici dan
287 n Sully, qui groupe les protestants monarchistes, et celle qui se manifeste dans le bulletin de La Cause, nettement nation
288 e. L’Association Sully a publié pas mal de tracts et de brochures, dont la diffusion, je crois, est restée assez limitée.
289 tte tentative désespérée n’est pas sans noblesse. Et l’on ne saurait trop louer l’insistance avec laquelle certaines décla
290 iation Sully. Peut-on « se borner au pratique » ? Et toute activité auprès des ouvriers ne pose-t-elle pas des problèmes d
291 e-t-elle pas des problèmes de doctrine économique et sociale qu’on ne saurait esquiver sans manquer à son tour de réalisme
292 davantage que les catholiques, toujours soutenus et encadrés par les directives papales, et plus conscients que nous ne s
293 soutenus et encadrés par les directives papales, et plus conscients que nous ne sommes souvent des implications générales
294 particulière, elle tend à échapper à la politique et sort du domaine de cette enquête. Dans la mesure où elle devient l’ex
295 t gardés jusqu’ici de toute espèce de propagande, et ne tombent nullement sous le coup de la grave critique d’incohérence
296 t sous le coup de la grave critique d’incohérence et de sectarisme qu’il faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des
297 irecteurs de deux mouvements de jeunesse : Esprit et l’Ordre nouveau. L’originalité de ces deux équipes tient d’abord dans
298 u de poser les questions par rapport à une droite et à une gauche également condamnées. Par ce seul refus, elles opèrent d
299 rilisant, si peu réaliste, si vainement irritant, et qui fausse dès l’origine toute discussion honnête sur les réformes né
300 s réformes nécessaires. Les doctrines économiques et sociales développées par Esprit et surtout par l’Ordre nouveau auraie
301 es économiques et sociales développées par Esprit et surtout par l’Ordre nouveau auraient conquis déjà d’innombrables adhé
302 me, se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupe
303 stence de cette « troisième force », non marxiste et anticapitaliste, qui depuis lors s’est précisée et développée. Les de
304 t anticapitaliste, qui depuis lors s’est précisée et développée. Les deux groupes de tête de cette révolution que je consi
305 tion que je considère comme étant la seule réelle et vraiment novatrice, sont Esprit et l’Ordre nouveau. Cherchons à voir
306 a seule réelle et vraiment novatrice, sont Esprit et l’Ordre nouveau. Cherchons à voir d’abord ce qui les unit en principe
307 le, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de
308 onsidéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la cultur
309 iotique originel ; refus de la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée
310 oise et de la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée et l’action. 2. Quelques affirmations doctri
311 mmode qu’elle suppose et implique entre la pensée et l’action. 2. Quelques affirmations doctrinales : affirmation des droi
312 la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’u
313 ncret des responsabilités personnelles. Ces refus et ces affirmations définissent l’attitude spirituelle des jeunes groupe
314 ec ensemble de poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes périmées et des polémiques malhonnêtes,
315 ntales, et se cantonnent dans des luttes périmées et des polémiques malhonnêtes, Esprit et l’Ordre nouveau affirment la né
316 es périmées et des polémiques malhonnêtes, Esprit et l’Ordre nouveau affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l
317 lisation mécanique. Ainsi pour être moins bruyant et moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beaucoup plus radical
318 s’attaquent. D’où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de plus en plus visiblemen
319 me temps que celle des institutions à construire. Et c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouve
320 st-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules17, autant de g
321 ant de germes semés dans la diversité des régions et des métiers : germes de corporations destinées à faire éclater, par l
322 tant que possible, l’écueil des révolutions russe et allemande, la fameuse « période de transition » nécessairement dictat
323 riode de transition » nécessairement dictatoriale et étatiste, dont l’équipement actuel de la France doit permettre l’écon
324 tteinte n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’une pris
325 t de départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir et des valeurs, et sa critique du travail. Cette critique se développe e
326 e fondent ses analyses du pouvoir et des valeurs, et sa critique du travail. Cette critique se développe en une doctrine é
327 première synthèse dans l’ouvrage important d’Aron et Dandieu : la Révolution nécessaire. Sa revendication essentielle est
328 itualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque chez les communistes, matérialisme et matérialisme dialectique
329 ndu, et jusque chez les communistes, matérialisme et matérialisme dialectique. L’influence des idées « ordre nouveau » est
330 personnaliste de la France », que les centristes et les droites opposent à la mystique des masses russe ou allemande ; en
331 qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas c
332 ectif « spirituel » qualifiant l’acte personnel —  et cette nuance est capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’
333 spécial intitulé : Rupture entre l’ordre chrétien et le désordre établi. Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre
334 entaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’une enquête pe
335 me disait Péguy, le lieu d’une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle que la déterminent le capi
336 n humaine telle que la déterminent le capitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort de reconstr
337 ncipes spirituels qui animent l’activité d’Esprit et de L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont appelés
338 e de plus en plus important dans la vie politique et intellectuelle de la France et, par là même, à influencer toutes nos
339 s la vie politique et intellectuelle de la France et , par là même, à influencer toutes nos tentatives de rénovation. Je cr
340 quête en marquant la coïncidence de ces principes et des doctrines que nous pouvons déduire de la Réforme. Esprit est en
341 ergences, le protestant les retrouverait aggravés et compliqués de bien pires erreurs dans n’importe quel parti, aussi bie
342 emble de la nation. Le temps n’est pas aux rêves, et ce n’est pas l’affirmation d’une position politique qui permettra de
343 , justement, cette théologie nous ordonne d’agir, et de nous engager. N’attendons pas que d’autres aient édifié des systèm
344 d’autres aient édifié des systèmes irréprochables et parfaitement conformes à nos désirs. Examinons, choisissons les doctr
345 ans les groupes de jeunes gens qui les défendent, et qu’on le peut sans renoncer à rien de cette vérité qui jugera toujour
346 t Garric ; la revue Esprit  ; le groupe Réaction et son organe La Revue du siècle, etc. 16. Illustration politique : à t
347 ait plus « angélique » dans ses prétentions. 17. Et depuis peu, plusieurs mouvements d’action publique, qui dans des doma
348 autonomes. 18. Titre d’un essai d’Arnaud Daudin et D. de Rougemont, qui joint à quelques autres, paraîtra bientôt en lib
349 ition du groupe relativement aux jeunesses russes et fascistes, voir R. Dupuis et Alex. Marc : Jeune Europe (Plon). Sur le
350 aux jeunesses russes et fascistes, voir R. Dupuis et Alex. Marc : Jeune Europe (Plon). Sur les problèmes généraux du temps
351 une équipe d’ingénieurs s’est attachée à chiffrer et à définir dans le détail l’application du service de travail. Cf. le
352 y a des libres penseurs, des catholiques, un juif et un protestant. 22. Je pense qu’André Philip ne me contredirait pas s
353 es jeunes protestants qui « milite » publiquement et en tant que chrétien, dans un parti parlementaire. Je crois que seul
354 nous avons choisi pour notre action, nous sépare, et non pas nos principes de départ. o. Rougemont Denis de, « Où sont l
355 nes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques », Le Christianisme social, Paris, juillet–a
12 1934, Articles divers (1932-1935). Jeunesse déracinée (novembre 1934)
356 ait expliquer. A-t-on pris garde à ce fait simple et général : que la révolution naît dans les villes ; que c’est un phéno
357 dans les villes ; que c’est un phénomène citadin et l’expression incompressible d’une jeunesse déracinée… La crise précip
358 is, longtemps actif. Tant qu’une sécurité sociale et financière assure aux jeunes bourgeois un lieu héréditaire, un patrim
359 ns bail parce qu’on ne sait pas si dans six mois… Et vous aurez bien travaillé pour la révolution. Vous aurez tranché les
360 a enfin ces vexations que l’on ignorait naguère, et qui deviennent obsédantes : la tyrannie des voisins, des concierges,
361 yé dès qu’il ne rapporte plus à temps. Nomadisme. Et derrière la concierge, derrière le gérant, on entrevoit l’appareil ju
362 ère le gérant, on entrevoit l’appareil judiciaire et policier inexorable, inconnaissable, tout prêt à sanctionner cette co
363 t prêt à sanctionner cette confusion de la morale et de l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ordre social. Vi
364 at, Raison d’État, semblable aux raisons obscures et implacables qui dominent les cauchemars. Et si vous gagnez de l’argen
365 cures et implacables qui dominent les cauchemars. Et si vous gagnez de l’argent, vous louerez un de ces studios bien nus,
366 r ou contre quelque chose. Des gens qui souffrent et qui n’ont plus d’attaches sont rapprochés d’abord par leur opposition
367 Reprenant la distinction précisée par Robert Aron et Arnaud Dandieu entre patrie et nation ; ne pourrait-on pas dire que l
368 ée par Robert Aron et Arnaud Dandieu entre patrie et nation ; ne pourrait-on pas dire que les communautés fondées par l’at
369 s des paysans. L’expérience allemande l’a montré, et l’échec des « Wandervogel » est significatif. Ils se disaient les « o
370 taient oiseaux de ville, échappés de leurs cages. Et pourtant c’est dans les campagnes seulement que pourra se résoudre l’
371 Mais il faudrait d’abord transformer la province et la rendre habitable… Il faudrait recréer un lien patriotique sans rie
372 it un régime qui sauvegarde la tension nécessaire et féconde entre la patrie et la nation. La révolution nécessaire ne ser
373 la tension nécessaire et féconde entre la patrie et la nation. La révolution nécessaire ne sera ordre qu’à ce prix. C’est
13 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
374 que je voudrais dire ici est simple, fondamental, et comme toutes les choses simples et fondamentales, devrait être dit en
375 , fondamental, et comme toutes les choses simples et fondamentales, devrait être dit en une phrase, ou développé pendant t
376 ant m’approcher : la vision est un acte. Vision et visage La vision relie et sépare. Passant du sujet à l’objet, elle
377 st un acte. Vision et visage La vision relie et sépare. Passant du sujet à l’objet, elle les unit dans le temps même
378 nforme à ce qu’il voit, il sait aussi qu’il voit, et mesure la distance. Ainsi, franchissant les frontières, il les délimi
379 il les délimite à nouveau. La vision est passage et frontière, et lieu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils
380 te à nouveau. La vision est passage et frontière, et lieu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou
381 t événement. Elle ne connaît rien que des formes, et ne croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-elle qui ne se m
382 où j’entends : rien de « moral » — ou d’immoral. Et l’illusion lorsqu’elle se risque à subsister dans la lumière est pris
383 nsi que meurt une illusion ? Or toutes ces choses et bien d’autres qu’on pourrait dire de la vision, on peut les dire du v
384 langue allemande ne connaît qu’un mot pour visage et vision : Gesicht. Quelle est donc cette parenté des apparences ? Si l
385 nté des apparences ? Si la vision voit le visage, et de la sorte, s’en distingue, rappelons-nous qu’elle a son siège au ce
386 l n’est plus de vision. Ou l’inverse. Ainsi le je et le tu sont distincts, sans lesquels il n’est pas d’amour. Mais si leu
387 nt (psychologie) Entre la vieille métaphysique et la nouvelle physiologie, on se demande parfois comment le Psychologue
388 uoi s’installaient-ils ? Entre l’aspect spirituel et l’aspect matériel de l’homme, il existe deux traits d’union : la vue
389 e l’homme, il existe deux traits d’union : la vue et la parole, la vision et l’entendement. La Parole est l’objet de la th
390 x traits d’union : la vue et la parole, la vision et l’entendement. La Parole est l’objet de la théologie, la vision est l
391 iquer », mais comme on fait devant un tribunal, —  et ce n’était pas leur coutume… L’aventure est assez curieuse. Métaphysi
392 me… L’aventure est assez curieuse. Métaphysiciens et savants ont toléré quelque temps cet intrus, cédant à un trouble penc
393 t en mauvaise posture : car les uns le méprisent, et les autres — le mangent. Il sera donc mangé, et le drame pourra se po
394 , et les autres — le mangent. Il sera donc mangé, et le drame pourra se poursuivre24. Ceci soit dit pour situer certains r
395 des jugements. Toute pensée est « judicatoire », et tout, en l’homme dépend de la pensée. Voir, c’est porter un jugement
396 nt : d’où vient l’œil ? À quoi tend le jugement ? Et voilà notre psychologue obligé de chercher ses lumières chez les phys
397 . S’il est un grand poète, il y verra des mythes, et s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra
398 es semblables, il verra des retraites solitaires, et s’il la cherche, un désert qu’il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme
399 rit sur la fameuse opposition de la contemplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vision eût peut-être é
400 moment de la contemplation essentiellement active et transformatrice. La métaphysique de l’Ancienne Alliance, étant celle
401 e que tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumière. « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êt
402 t de la lumière. « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière » (Éph. 5.8) ou encore : « Nous qui somm
403 connus, qui ont fixé le vocabulaire métaphysique et poétique de tout le Moyen Âge, d’une partie de la Renaissance, et mêm
404 out le Moyen Âge, d’une partie de la Renaissance, et même du rationalisme solennel ou vulgaire. (Aufklärung, philosophie d
405 agination moderne. Sur la vision qui est jugement et action : « Quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans s
406 e celui qui l’a créé. » (Col. 3.10) Sur la vision et le visage : « Nous tous, qui, le visage découvert contemplons comme d
407 — « Aujourd’hui nous voyons comme dans un miroir et d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’
408 er du jugement, toute la métaphysique chrétienne, et après elle toute philosophie qui postule la transcendance de l’éterne
409 que ce qui voit. Car seule est visible la forme, et la forme naît du mouvement. On ne peut voir ainsi que les choses qui
410 lles ». (II Cor. 4.18) Or nous savons, de science et de prescience, et la révélation biblique nous le confirme, qu’à l’ori
411 .18) Or nous savons, de science et de prescience, et la révélation biblique nous le confirme, qu’à l’origine de tout mouve
412 ce que la lumière vient toucher, aussitôt se meut et se forme, et de même qu’elle a été « connue » par la lumière, de même
413 ière vient toucher, aussitôt se meut et se forme, et de même qu’elle a été « connue » par la lumière, de même elle devient
414 mière — ou pour la fuir — par quoi tout se révèle et se manifeste à la vue, — ou bien dans le néant comme se perdent les a
415 stres morts. Donc, tout ce que nous voyons a vu ; et tout, d’abord, a été vu par la lumière créatrice. « L’œil ne verrait
416 ience, qui lentement la redécouvre, depuis peu27. Et c’est ainsi que la physiologie dévore tout ce que la métaphysique ava
417 rs pénétrer sous la forme, plutôt que de la voir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou cette « profond
418 plus rien n’arrête la parole. Mais les mystiques et les poètes ont, de tout temps, depuis l’Incarnation, connu ce grand m
419 ais cadavre”. Au matin j’avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-êt
420 ui mit aux prises, par exemple, un Thomas d’Aquin et un Scot, le premier affirmant que la béatitude réside in visione, dan
421 pas se tromper à la fois sur la nature de l’amour et sur celle de la vision ? Voir Dieu, c’est se transformer au sens le p
422 ieu, c’est se transformer au sens le plus violent et le plus impossible d’ailleurs ; voir Dieu c’est aller à lui. Nous ne
423 gardé par lui. Mais alors, c’est aussi être aimé, et c’est se rendre à la transformation de la vision : c’est donc aimer.
424 a transformation de la vision : c’est donc aimer. Et nulle vision ne serait « admirable » si elle n’était en même temps tr
425 parlé de la « beauté » de Dieu, savait que vision et amour sont un seul acte et une seule réponse : « Lumière du monde, vo
426 ieu, savait que vision et amour sont un seul acte et une seule réponse : « Lumière du monde, vous m’avez éclairé. Je vous
427 nne ne vous aime, s’il ne commence par vous voir, et personne ne vous voit, si ce n’est celui qui vous aime. Ah je vous ai
428 vous ai trop tard aimée, beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, je vous ai trop tard aimée… »29 L’imagination
429 e la forme J’ai cité des docteurs, des apôtres et des poètes, des savants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce
430 docteurs, des apôtres et des poètes, des savants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce qu’on peut m’opposer : « No
431 l’incarnation ? Nullement, mais accomplissement, et splendeur de ce qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment et t
432 , et splendeur de ce qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment et trouble. « Aujourd’hui je connais en partie, mais
433 qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment et trouble. « Aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai
434 d’hui que nous ne connaissons que par ses limites et ses formes. Ainsi donc, dépasser la vision, ce ne peut être que la dé
435 définir dans l’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du même coup la
436 ’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du même coup la connaître dans
437 sommes n’a pas encore été manifesté », dit Jean. Et de même, notre vocation n’est jamais totalement incarnée. Entre la fo
438 t incarnée. Entre la forme pure de notre vocation et la forme visible de notre visage, il y a le péché, et les abîmes du t
439 a forme visible de notre visage, il y a le péché, et les abîmes du temps. Dans le monde de la mesure idéale, qui est le mo
440 de notre vocation, forme informante de notre être et que voient « les yeux de la foi », il semble que notre visage n’en so
441 en soit qu’une mauvaise épreuve, déjà brûlée, ici et là, ridée froissée, et rendue émouvante par toutes ces marques où se
442 épreuve, déjà brûlée, ici et là, ridée froissée, et rendue émouvante par toutes ces marques où se lit notre histoire… Cep
443 nant spectacle de cette œuvre mordue par le temps et modelée par la lumière, ce n’est pas le regard troublé qui erre sur l
444 Il faut une force qui le braque, une école sévère et un maître. Car celui seul qui peut le plus, peut aussi nous apprendre
445 i nous apprendre le moins. Où trouver cette force et ce maître, comment voir ce modèle idéal qui saurait nous rendre capab
446 de la forme saisit d’abord la loi de formation ; et c’est alors, mais alors seulement, qu’elle peut poursuivre sans s’éga
447 t, sinon celui qui voit l’esprit dans son action, et le prend sur le fait de la métamorphose ? Et si l’on sait que la visi
448 ion, et le prend sur le fait de la métamorphose ? Et si l’on sait que la vision est acte, on saura maintenant quel est cel
449 ersonne en exercice, dans le drame de la forme, —  et y participer. Nous le tenons, ce lien vivant qui unit le créant au cr
450 enons, ce lien vivant qui unit le créant au créé, et nous sommes enfin parvenus à l’origine de l’œuvre de l’esprit, au lie
451 otre humanité. Ici tout est réel, tout est action et résistance, tout est drame. Et les correspondances sont embrassées d’
452 l, tout est action et résistance, tout est drame. Et les correspondances sont embrassées d’un seul regard. Les formes nais
453 e, la vision que toute étude de cet ordre suppose et développe. Je voudrais maintenant entraîner le lecteur dans une brève
454 e l’on pourrait nommer ceux du mystère manifeste. Et d’abord, comme au seuil d’une expédition militaire, j’indiquerai l’or
455 emier principe : Tout ce qui est réel est moteur, et donc informateur ou créateur de formes. Ce qui signifierait, pour un
456 tous, hommes dont le péché rend le regard trouble et menteur, qu’il nous faut attacher nos yeux non plus sur les idées en
457 e peut être seulement interprétée, symboliquement et concrètement, par d’autres formes. Le principe dialectique qui sert d
458 onde physionomique est celui des correspondances, et non pas celui des « causes » conçues indépendamment des effets. Nous
459 ffets. Nous sommes ici dans un ordre dramatique31 et non conceptuel. Nous sommes ici dans l’ordre humain, dans la totalité
460 sommes ici dans l’ordre humain, dans la totalité, et non dans l’ordre scientifique, qui est celui du démontage mécanique,
461 nouvelle mythologie, dans le sens d’un Schelling et déjà d’un Herder ? Certes nous sommes ici très près de l’Organismusge
462 nnut sa splendeur féconde aux temps du romantisme et de la vie de Goethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la
463 à la théorie des correspondances chez Baudelaire et chez Rimbaud, pour se perdre dans l’esthétisme décadent des symbolist
464 nde créé remonta, par Shaftesbury, jusqu’à Plotin et Platon, c’est-à-dire jusqu’au monde des Idées. C’était perdre de vue
465 de l’organique peut trouver ses mesures humaines et sa justification spirituelle. C’était placer le critère de l’esprit d
466 itère de l’esprit dans le « sentiment religieux » et non dans l’actualité de la Parole. C’était sortir du drame, pour se p
467 ce à saisir la personne dans sa totalité concrète et créatrice, — informulable. Le moraliste classique détaille admirablem
468 la personne. Tensions qui d’autre part, bâtissent et soutiennent l’édifice du visage de l’homme. Kassner remarque qu’à la
469 nstamment que les hommes qui savent des anecdotes et sont toujours prêts à en raconter, ne savent pas voir les visages32.
470 pères. Notre mesure est donc devenue personnelle, et c’est pourquoi il nous faut la chercher dans la vocation créatrice, n
471 ontologie de la forme ? Ce serait oublier Léonard et son génie physionomiste. Il garde cet esprit symbolique — écrit Paul
472 collection de formes, un trésor toujours imminent et qui grandit selon l’extension de son domaine… Il est le maître des vi
473 sur la face d’une maison, aux plis d’un jardin… Et encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du de
474 ir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles ; les échanges heure
475 possibles ; les échanges heureux entre l’analyse et les actes, singulièrement probables : pensée merveilleusement excitan
476 suppose des géométries plutôt que l’imagination, et par là retombe au pouvoir de la raison et de Descartes. Mais passons
477 nation, et par là retombe au pouvoir de la raison et de Descartes. Mais passons de l’autre côté : chez les Allemands les m
478 plus illustres physionomistes des idées ? Goethe et Nietzsche, ces deux lointains et quelque peu méfiants admirateurs de
479 s idées ? Goethe et Nietzsche, ces deux lointains et quelque peu méfiants admirateurs de la forme et de la clarté français
480 s et quelque peu méfiants admirateurs de la forme et de la clarté française. (Que de dissociations à opérer dans nos préju
481 électives. Tout y est formes, actions, symboles ; et tout est vision créatrice. Goethe est un œil. Et le chant de Lyncée s
482 et tout est vision créatrice. Goethe est un œil. Et le chant de Lyncée sur sa tour — c’est le chant du bonheur de la visi
483 e chasse royale pour l’amateur de correspondances et de métaphores plastiques. Ceci dans Aurore par exemple : Si nous vou
484 notre prototype ! La musique qui nous est propre et qui nous exprime véritablement laisse déjà deviner le labyrinthe (car
485 n bon moment cette ville, ses maisons de campagne et ses jardins d’agrément et le large cercle de ses collines et de ses p
486 ses maisons de campagne et ses jardins d’agrément et le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées ; enfin je
487 ins d’agrément et le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées ; enfin je finis par me dire ; je vois des vis
488 e est couverte par les images d’hommes intrépides et souverains… J’ai toujours devant les yeux le constructeur, je vois co
489 comme son regard se repose sur tout ce qui, près et loin, est construit autour de lui, et aussi sur la ville, la mer et l
490 e qui, près et loin, est construit autour de lui, et aussi sur la ville, la mer et la ligne de ta montagne, et comme sur t
491 ruit autour de lui, et aussi sur la ville, la mer et la ligne de ta montagne, et comme sur tout cela, par son regard, il e
492 sur la ville, la mer et la ligne de ta montagne, et comme sur tout cela, par son regard, il exerce sa puissance et sa con
493 tout cela, par son regard, il exerce sa puissance et sa conquête… Et le Zarathoustra ! Une œuvre plus concrète a-t-elle d
494 n regard, il exerce sa puissance et sa conquête… Et le Zarathoustra ! Une œuvre plus concrète a-t-elle donc vu le jour de
495 ne fait pas intervenir un seul concept abstrait, et qui ne connaît d’autres arguments que les parties du corps humain, le
496 ochers, deux effarantes descriptions du crocodile et de l’hippopotame, le monstre Léviathan, la Grande Ourse avec ses peti
497 de sa forme en devenir, que d’une manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, en sorte que la force de l
498 mme surface de contact de forces contradictoires) et une théorie de la personne, au sujet de laquelle on pourra trouver de
14 1935, Articles divers (1932-1935). Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)
499 Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)s On me demande souvent : « Quelle e
500 uvent : « Quelle est la différence entre Esprit et L’Ordre nouveau  ? » Les noms mêmes des deux revues l’indiquent : di
501 vues l’indiquent : différence entre un « esprit » et un « ordre », au double sens d’équipe et de « mise en ordre ». Espr
502 esprit » et un « ordre », au double sens d’équipe et de « mise en ordre ». Esprit rend au mouvement personnaliste le gr
503 s question de séparer ces deux temps de l’action, et qu’on n’aille pas croire que L’ON n’a pas établi ses constructions
504 s constructions sur une enquête permanente, large et précise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas d’aboutir à des construction
505 usqu’ici, que les fondements moraux ou religieux, et certaines amorces juridiques. Autre différence, ou plutôt autre aspec
506 poussons notre pointe dans l’avenir. Il est bon, et sans aucun doute nécessaire, que d’autres s’occupent d’élargir la brè
507 ccupent d’élargir la brèche, d’y appeler du monde et , comme le dit souvent Mounier, « d’épurer », d’enrichir si l’on veut,
508 er », d’enrichir si l’on veut, l’action en cours. Et c’est à quoi s’emploient les 180 pages mensuelles d’ Esprit . Rien da
509 la qui empêche une collaboration, — au contraire, et je suis bien placé pour le dire — rien qui traduise autre chose qu’un
510 tent parfois, dans ces pages. Certes, le fascisme et le stalinisme se sont faits à coups de simplifications brutales et ab
511 se sont faits à coups de simplifications brutales et abstraites, nous les avons cent fois dénoncées. (Voir notre Lettre à
512 rés, mais un succès constructif, révolutionnaire, et qui se confondra nécessairement avec l’instauration de l’Ordre nouvea
513 les faits. s. Rougemont Denis de, « Les autres et nous : 1 : Esprit  », Bulletin de liaison des groupes Ordre nouveau,
15 1935, Articles divers (1932-1935). Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)
514 rotestant. (Pour vos « curés ».) Vous mentez donc et assez bêtement, car vous ne tromperez personne sur mon compte et ridi
515 nt, car vous ne tromperez personne sur mon compte et ridiculiserez la cause que vous croyez défendre. D’accord avec les Iz
516 vous croyez défendre. D’accord avec les Izvestia et votre ambassadeur de la rue de Grenelle, j’ai bien l’honneur de vous
517 fascistes » : je parlais à un congrès d’étudiants et voyais dans la salle des délégués marxistes et hitlériens qui étaient
518 ts et voyais dans la salle des délégués marxistes et hitlériens qui étaient nos camarades au sens le plus courant du terme
16 1935, Articles divers (1932-1935). Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)
519 utte qui met aux prises un Front dit « national » et un Front dit « populaire ». Nous demandons ce que peut bien signifier
520 ce que peut bien signifier l’opposition du peuple et de la nation ? Par quel grossier abus du mot nation a-t-on pu venir à
521 iétés anonymes qui ruinent des provinces entières et financent le Front national. Nous pouvons nous dire populaires, contr
522 eurtrières confusions : la confusion de la patrie et des banquiers, la confusion de la Révolution et des Soviets. Nous ne
523 e et des banquiers, la confusion de la Révolution et des Soviets. Nous ne nous battrons ni pour les Forges, ni pour les ag
524 es Forges, ni pour les agents de Moscou : les uns et les autres poursuivent par des voies tactiques opposées (mais en appa
525 es opposées (mais en apparence seulement) un seul et même but concret : ils veulent une dictature, un « état fort ». La di
526 — à droite, étatiste demain — à gauche, dans l’un et l’autre cas destructeur de la liberté des personnes, destructeur du s
527 ur du sentiment patriotique, destructeur à gauche et à droite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est
528 f, le Front national travaille pour M. de Wendel. Et si les militants de gauche et de droite l’ignorent encore, c’est en v
529 pour M. de Wendel. Et si les militants de gauche et de droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’une double erreur que l
530 Erreur sur la tactique : lorsqu’on voit la gauche et la droite proclamer la priorité du « plan d’action » sur la doctrine,
531 on » sur la doctrine, on est sûr que cette gauche et cette droite travaillent en fait pour le désordre, et que les seuls b
532 ette droite travaillent en fait pour le désordre, et que les seuls bénéficiaires de luttes civiles aussi mal orientées ser
533 it que prolonger dans la rue l’opposition stérile et périmée de la droite et de la gauche parlementaires. Seulement, cela
534 rue l’opposition stérile et périmée de la droite et de la gauche parlementaires. Seulement, cela se complique cette fois
535 lement, cela se complique cette fois de matraques et de mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelconque, on s’app
17 1935, Articles divers (1932-1935). Montherlant : Service inutile (15 novembre 1935)
536 scrupule patriotique retient l’auteur de publier et qui sent le chef-d’œuvre dès les premiers abords. Des considérations
537 s. Des considérations sur le peuple, le bourgeois et la noblesse : cela est neuf et vrai, bien vu et bien dit, plein d’une
538 uple, le bourgeois et la noblesse : cela est neuf et vrai, bien vu et bien dit, plein d’une verve gentille, et aussi, diso
539 s et la noblesse : cela est neuf et vrai, bien vu et bien dit, plein d’une verve gentille, et aussi, disons-le, de courage
540 bien vu et bien dit, plein d’une verve gentille, et aussi, disons-le, de courage, car il en faut pour ne montrer que du b
541 le goût classique le plus sévère sur la prudence et sur l’usage des vertus. Enfin trois importants essais sur l’attitude
542 laisir à discuter des déclarations aussi franches et pourtant pures de toute espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitu
543 faut. C’est ce que j’appelle du pessimisme actif. Et c’est la devise du Taciturne : « Point n’est besoin d’espérer pour en
544 vant tout ? Oui, mais toute œuvre est une action, et c’est le contenu de cette œuvre, ou l’objectif de cette action, qu’il
545 te action, qu’il importe avant tout de connaître. Et non pas seulement que l’auteur a su se mettre en condition de faire s
546 r a su se mettre en condition de faire son œuvre, et de ne servir qu’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’
547 er, c’est pour mieux souligner ce qu’il apporte ; et c’est sur cela seul qu’on le jugera. Je veux savoir pourquoi un écriv
548 n écrivain écrit : tous les plus grands l’ont dit et ont couru leur chance là-dessus — au sens le plus noble de chance, qu
549 » sans préciser l’objet du verbe (ou le régime !) et de qualifier d’inutile un service qu’il faudrait d’abord rendre. Je f
550 ssez. Il apporte une qualité morale, une propreté et une franchise qui rafraichissent. Enfin, un éloge du bonheur qui scan
551 ne École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de
552 auteur : « J’ai le bon esprit de saisir avidement et de me dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’être heureux
553 qu’il ne me coûte pas d’en être aussitôt privé ». Et par contre ceci, que je lis dans Service inutile, n’est-ce pas l’écho
554 ouvernement… » Ce même goût du bonheur, chez l’un et l’autre, ces mêmes façons de ne se piquer de rien, cette même désinvo
555 rée de respect vis-à-vis de ses propres affaires, et de la chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un
556 de ses propres affaires, et de la chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un servite
557 raqué par sa passion mondaine — il est plus grave et plus lyrique, plus janséniste aussi, et il faut souligner ce dernier
558 lus grave et plus lyrique, plus janséniste aussi, et il faut souligner ce dernier trait. Mais comparez leur « écriture »,
559 . Mais comparez leur « écriture », c’est amusant. Et je leur vois, devant certains échecs qu’un peu de soin ou de calcul m