1
orte ou la nue Quand tes yeux se confondent
et
que tes bras autour de moi aux limites du monde nouent leur effro
2
ps refusés au seul plaisir un seul ange tombé
et
celui qui roulait se consoler sur des risques — aussi refusés Tou
3
ur décrié du seul instant où tu l’aurais aimé
Et
les humains leur nombre dans la pluie Autour de toi les visages qui
4
eux principes libéraux, ennemi de toute violence,
et
qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous r
5
sagesse, la mesure, le bon sens de l’humanité, —
et
qui renferme autant de mensonges que de propositions. En vérité, la f
6
dé qu’il exprime une opinion tout à fait courante
et
par là même justifiée jusqu’à l’évidence. Prenons sa phrase pour ce q
7
elle est, dans sa simplicité : tout un programme.
Et
définissons à grands traits les réactions du bon sens vis-à-vis de ce
8
mun. ⁂ 1° « Parce que je suis un honnête homme… »
Et
d’abord il n’y a pas d’honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroï
9
honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroïque
et
qui suppose un courage exceptionnel. Si nous tenons à conserver l’usa
10
verbale, ne relève donc que de l’analyse logique,
et
doit être rejetée à ce titre comme impliquant une contradiction dans
11
ntes tendent à faire apparaître comme très grave,
et
théoriquement insoluble. Et l’on sait que la bourgeoisie cultive ce g
12
tre comme très grave, et théoriquement insoluble.
Et
l’on sait que la bourgeoisie cultive ce genre de problèmes avec une p
13
luble, puis se résout à laisser faire à d’autres,
et
par d’autres, ce qu’il ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire
14
n-violence, tel est le prétexte typique, grossier
et
courant, derrière lequel se réfugie la lâcheté bourgeoise. M. Durand-
15
nous vivons en vérité sous un régime de violence,
et
tous les bourgeois pacifiques qui se préludent contre nous de leur «
16
ces de cette violence jamais avouée. Il est faux
et
contraire aux faits les plus patents, de prétendre que le choix est e
17
de prétendre que le choix est entre non-violence
et
violence. Le seul choix qui nous reste est entre la violence bourgeoi
18
x qui nous reste est entre la violence bourgeoise
et
capitaliste, infiniment diverse dans ses manifestations étendues à to
19
manifestations étendues à toute la face du globe
et
décorées des noms des plus hypocrites, d’une part, — et la violence r
20
orées des noms des plus hypocrites, d’une part, —
et
la violence révolutionnaire, franchement acceptée, de l’autre. Notre
21
abstrait dans une société où règnent le bavardage
et
le papier-monnaie que les réalités les plus sanglantes n’arrivent plu
22
de « guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie,
et
en France on ne se tue plus que par amour. (Mais à Moscou, les petits
23
l, à moins que ce ne soit à de grandes distances,
et
bien au-delà du cercle qui intéresse concrètement le bourgeois. Cela
24
Bloy, le premier, dénonça l’essentielle férocité.
Et
l’on sait quelle force brutalement contraignante peut acquérir l’opin
25
est tout à fait illusoire, même chez nous (sic).
Et
ceux qui seraient tentés d’en user n’aboutiraient qu’à faire apparaît
26
ujours vigilante la terreur bourgeoise. Matraques
et
revolvers au service de la Propriété : des violences épisodiques de c
27
s facteurs inventés pour les besoins de la cause,
et
qui paraissent totalement étrangers aux buts de notre civilisation ca
28
ngers aux buts de notre civilisation capitaliste,
et
même hostiles à son progrès normal. Toute l’astuce, encore une fois,
29
te de sa responsabilité, de sa complicité active,
et
de l’épouvantable désordre dans lequel il vit. ⁂ Contre une violence
30
il vit. ⁂ Contre une violence absurde, dénaturée
et
hypocrite, nous ne défendrons pas les vertus d’une illusoire non-viol
31
leur défaut, devra créer par des percées brutales
et
destructives. Toutes les révolutions ont été sabotées. Elles ont été
32
a marque de son imperfection naturelle. Le sang !
Et
tous les « Mirobolants » de la terre pâlissent derrière leur mâchoire
33
gèrement avoir vaincu. À force d’avoir ridiculisé
et
refoulé l’idée de violence physique, ils sont empoisonnés jusque dans
34
e, ils sont empoisonnés jusque dans leurs pensées
et
leurs amours. Ils sont devenus méchants comme des châtiés. Il faut qu
35
la violence avec la brutalité physique imbécile.
Et
il condamne cette brutalité dans tous les cas où elle ne sert pas à a
36
« victimes du devoir ». Grand troupeau pitoyable
et
maintenant des « ennemis de la violence » ! On songe à cette race de
37
cette race de moutons dont parlait Élisée Reclus,
et
qui sont plus néfastes que les plus violents cataclysmes, car là où i
38
lus violents cataclysmes, car là où ils passèrent
et
répandirent leurs excréments, la terre même reste stérilisée pour un
39
ion. » 1. Interventions chirurgicales. 2. Aron
et
Dandieu : « Violence et Révolution », dans Plans, n° 9. 3. Cf. René
40
s chirurgicales. 2. Aron et Dandieu : « Violence
et
Révolution », dans Plans, n° 9. 3. Cf. René Dupuis, « L’ordre », dan
41
Adressons-nous ici aux jeunes bourgeois dégoûtés
et
vivants, à tous ceux que la Révolution trouble et bientôt va posséder
42
et vivants, à tous ceux que la Révolution trouble
et
bientôt va posséder. Dénonçons à leur intention un état d’esprit faus
43
a Révolution, c’est-à-dire : la critique violente
et
constructive de toutes les doctrines régnantes, y compris celles qui
44
exagérer un poids mort, un facteur d’énervement,
et
une cible facile pour les réactionnaires. Et c’est bien pour cela qu’
45
ent, et une cible facile pour les réactionnaires.
Et
c’est bien pour cela qu’il nous paraît urgent de leur coller une étiq
46
vement à fonder quelque chose de neuf, de concret
et
d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’ils aillent grossir
47
res qui ne paraissent « pas très comme il faut »,
et
, pour tout dire, « confusionnistes » à ces terroristes de café. À les
48
ses tout le long de la fameuse « ligne générale »
et
d’abattre sans pitié tout ce qui dépasse. Cependant cette défense meu
49
éritable coquetterie à souligner leur conformisme
et
leur touchante orthodoxie. Ils se soumettent éperdument à toutes les
50
disait l’autre. Ils n’ont pas le format physique
et
moral nécessaire pour intégrer, rejeter, recréer l’apport des révolut
51
rejeter, recréer l’apport des révolutions d’hier
et
leurs leçons. Ne nous y trompons pas : leur refus de penser par eux-m
52
s en fonction des nécessités concrètes de l’heure
et
du lieu où ils vivent, la France de 1932, non la Russie de 1917, révè
53
lecture, pour eux très aride, de Marx, d’Engels,
et
de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer des seuls f
54
voulons tirer des seuls faits qui nous pressent.
Et
dès lors toutes les tares de l’orthodoxie les menacent : ils défenden
55
d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire
et
de la condamnation style Saint-Just, bref, ils rendent l’atmosphère r
56
e justement la révolution doit être la plus ample
et
puissante respiration purificatrice, le parti de la Santé, comme l’éc
57
bougent plus le petit doigt, s’arrêtent de penser
et
attendent l’avènement « dialectique », de l’inévitable. À cette puret
58
Ce n’est pas la pureté d’une conception cohérente
et
rationnelle que nous défendons, c’est l’homme en tant que l’état soci
59
dans la perfidie bourgeoise un emploi plus subtil
et
mieux rétribué de leurs aigreurs, les gigolos drogués qui parlent de
60
s, les gigolos drogués qui parlent de dialectique
et
croient que Hegel est arrivé, tous ceux qui haïssent la religion parc
61
Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne,
et
vous n’attaquez qu’au pluriel les « sergents recruteurs » et les « ra
62
ttaquez qu’au pluriel les « sergents recruteurs »
et
les « ramasseurs de disciples ». Ne perdons pas notre temps à polémiq
63
le répudiation de toute solidarité entre « vous »
et
« nous », sont de nature à induire en erreur un lecteur qui ignorerai
64
ans doute aussi bien que moi — que la composition
et
l’esprit du Cahier de revendications vous furent exposés par moi le j
65
ait alors vous sourire plus qu’à moi, je l’avoue,
et
je n’en persistai pas moins à souligner sa rupture dans mes conclusio
66
ch, que l’on trouvera vingt pages avant le vôtre,
et
qui sauvegarde dans ce numéro à la fois la précédence et la primauté
67
sauvegarde dans ce numéro à la fois la précédence
et
la primauté du véritable réalisme révolutionnaire. Cordialement à vou
68
l de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres
et
de chapeaux melons. La France n’est plus contemporaine des nations qu
69
st plus contemporaine des nations qui l’entourent
et
qui la menacent. Tel est le fait. Elle souffre d’une carence aiguë de
70
éelle les eût fait accéder à la conscience active
et
concrète de l’époque ; et c’eût été le premier pas vers le salut. Mai
71
à la conscience active et concrète de l’époque ;
et
c’eût été le premier pas vers le salut. Mais les uns se perdirent en
72
porte moins de sacrifices que de prix littéraires
et
de coups de pied au derrière. Cette jeunesse a terriblement vieilli :
73
avec le système régnant, qu’elle croit combattre,
et
dont elle figure le dernier stade de décomposition spirituelle. Non,
74
e moderne. Mais la démocratie l’a sabotée, ruinée
et
trahie. De la personne elle a fait l’individu, ouvrant ainsi les voie
75
tre de rayonnement, elle a fait la nation-carcan.
Et
de l’universalité de la personne, elle a permis qu’on tire l’internat
76
cause profonde du déclin d’un prestige universel.
Et
voici notre tâche : en face de mouvements qui tirent toute leur puiss
77
liste. Nous avons à relever le défi que fascistes
et
hitlériens sont justifiés à nous jeter. Nous ne le ferons pas en défe
78
niversel, nous dénoncerons les tyrannies racistes
et
collectivistes. Au nom de la patrie, lieu d’enracinement de la person
79
nne, nous dénoncerons les mystiques nationalistes
et
leurs guerres. Ainsi notre accusation ne sera pas l’égoïste résistanc
80
du bien « particulier » au bien public, l’égoïste
et
meurtrière opposition du plus fort, du plus ancien, du plus nombreux,
81
invente pour se mettre à l’abri du risque normal
et
nécessaire de l’existence, contre toutes les tyrannies qu’il s’impose
82
ouveau pour lequel nous sommes prêts à combattre.
Et
c’est à lui que désormais s’adresseront ceux qui veulent s’adresser à
83
partient aujourd’hui au groupe de l’Ordre nouveau
et
qui a eu ces années dernières une profonde influence personnelle sur
84
tionnaires. M. Denis de Rougemont est protestant,
et
collaborateur à la NRF , etc. »
85
up de bruit sur les places. C’est que nous sommes
et
voulons être avant tout des doctrinaires. Cette volonté a scandalisé
86
rsaires, qui prétendent partir des faits concrets
et
matériels. L’un d’entre eux revendiquait récemment, à la suite de Mar
87
qu’il faut détruire si l’on veut tuer ces racines
et
surtout empêcher qu’elles ne se reforment. La nécessité d’un travail
88
ical nous apparaît être la tâche la plus concrète
et
la plus immédiate de l’heure ; la seule tâche efficacement révolution
89
e volonté de considérer les problèmes économiques
et
sociaux dans leur totalité ; c’est aussi une volonté constante de cha
90
l’heure — ou mieux encore, le conflit personnel,
et
nous prenons pour norme ce conflit, étendu à tous les ordres de l’act
91
res de l’activité humaine : politique, économique
et
culturel. Telle est la base de notre ordre. Cet ordre est nouveau en
92
a plupart des questions qui divisent capitalistes
et
marxistes sont insolubles sur le terrain positiviste où ils les place
93
estiné à assurer la liberté de l’homme. Marxistes
et
capitalistes prétendent, chacun à leur manière, le résoudre. Ils se d
94
ctrine personnaliste, parce qu’elle le transcende
et
le replace dans une totalité vivante, lui donne un sens concret et un
95
s une totalité vivante, lui donne un sens concret
et
une solution réelle. Nous pourrons promettre du pain, et nous en prom
96
solution réelle. Nous pourrons promettre du pain,
et
nous en promettons dans la mesure où nous assurerons en même temps au
97
s ainsi défini par la double volonté de totalisme
et
de changement de plan la forme générale de notre doctrine. Nous nous
98
’aspect théorique que prend forcément cet exposé,
et
qu’il perdrait si nous avions la place nécessaire pour développer. No
99
bligés de décrire le contenu de nos constructions
et
la méthode personnaliste qui les anime. Cette méthode constitue la pa
100
stitue la partie la plus élaborée de notre effort
et
l’on ne peut songer à en donner ici qu’une formule nécessairement sim
101
ifiée. Nous définissons la personne comme un acte
et
non pas comme un donné physique ou moral, matériel ou abstrait. La pe
102
e, tels sont les éléments de toute liberté réelle
et
créatrice, partant, de toute dignité humaine. ⁂ Pour faire sentir tou
103
quelles institutions elle nous oblige à combattre
et
à renverser. Ce sont, en premier lieu, les institutions démocratiques
104
unité arithmétique, où l’a-t-on vu ? qui l’a vu ?
et
comment existerait-il ? C’est pourtant sur cet homme abstrait qu’est
105
bstrait qu’est bâti tout le système démocratique.
Et
l’erreur initiale, doctrinale, se retrouve à tous les étages du systè
106
de la politique bourgeoise, avec ses monarchistes
et
ses communistes, figurants indispensables et inoffensifs. Il suffira
107
stes et ses communistes, figurants indispensables
et
inoffensifs. Il suffira de rappeler, d’autre part, que l’individualis
108
ssor anarchique d’une économie devenue inhumaine,
et
cela non pas à cause de la machine, mais parce qu’aucun contrôle huma
109
qu’aucun contrôle humain, aucune doctrine totale
et
transcendante ne pouvait intervenir au xixe siècle pour orienter et
110
pouvait intervenir au xixe siècle pour orienter
et
humaniser ce développement. En second lieu, la doctrine de la personn
111
distinguer dans le stalinisme un retournement pur
et
simple de l’individualisme libéral, procédant par ailleurs de concept
112
, procédant par ailleurs de conceptions positives
et
pseudo-scientifiques qui étaient déjà contenues dans la définition de
113
, phénomène beaucoup plus concret, plus universel
et
mieux défini que la lutte des classes. ⁂ Quelles sont donc les instit
114
cadre national, carcan de frontières douanières,
et
du centre administratif, politique, financier et policier où viennent
115
et du centre administratif, politique, financier
et
policier où viennent se congestionner les énergies du pays. Ce que no
116
ablir sur le plan politique la tension nécessaire
et
créatrice entre la petite patrie décentralisatrice d’une part, et d’a
117
re la petite patrie décentralisatrice d’une part,
et
d’autre part l’universalisme issu directement des personnes et qui po
118
rt l’universalisme issu directement des personnes
et
qui pourrait se concrétiser dans un organe central, d’autorité pureme
119
un organe central, d’autorité purement doctrinale
et
révolutionnaire, sorte de Komintern, mais dépourvu de pouvoir économi
120
ut du travail impliquant une distinction profonde
et
effective entre le travail créateur et libre d’une part, et le travai
121
n profonde et effective entre le travail créateur
et
libre d’une part, et le travail indifférencié et parcellaire de l’aut
122
ve entre le travail créateur et libre d’une part,
et
le travail indifférencié et parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit
123
et libre d’une part, et le travail indifférencié
et
parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatis
124
ratisme ou syndicalisme — pôle décentralisateur —
et
par une institution centrale de service industriel collectivisé, soum
125
insi se trouve sauvegardée la tension nécessaire,
et
assuré, en fonction cette fois d’une mesure humaine, le minimum de vi
126
songer à développer ici ces thèmes constructifs,
et
encore moins à indiquer les moyens tactiques que nous envisageons pou
127
éritable romantisme du chambardement, de l’émeute
et
du sang versé. Contre lui, nous maintiendrons la primauté de la doctr
128
n. C’est l’état d’esprit trop facilement héroïque
et
généreux de ceux qui nous disent : renoncez d’abord à tous les privil
129
renoncez d’abord à tous les privilèges bourgeois,
et
nous vous écouterons ! Certes, nous savons que le premier aspect de t
130
que l’acte soit réel, encore faut-il une doctrine
et
des institutions qui le traduisent en faits. Les aristocrates de la n
131
des privilèges abandonnés, sabotent la révolution
et
font la bourgeoisie du xixe siècle. Des privilèges ? Mais tous les h
132
en demandent. Seulement, il en est d’injustifiés.
Et
c’est ce que nous voulons déterminer d’abord. On nous a aussi reproch
133
urs du socialisme scientifique contemporain, Marx
et
Engels, étaient des intellectuels bourgeois. De même, en Russie, la d
134
ouvement ouvrier ; elle y fut le résultat naturel
et
fatal du développement de la pensée chez les intellectuels.5 Peut-ê
135
seul l’acte créateur opère le changement de plan
et
permet d’instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur dont nous f
136
tutions reproduisent à tous les degrés le conflit
et
la tension qui définissent la personne en acte. 6° Ces institutions s
137
ne politique : la petite patrie décentralisatrice
et
le centre de contrôle doctrinal et juridique ; — dans le domaine écon
138
entralisatrice et le centre de contrôle doctrinal
et
juridique ; — dans le domaine économique : les syndicats libres de pr
139
e économique : les syndicats libres de production
et
d’instruction professionnelle, d’une part, et de l’autre, le service
140
ion et d’instruction professionnelle, d’une part,
et
de l’autre, le service prolétarien collectif soumis directement à un
141
is directement à un centre de contrôle économique
et
statistique. 7° Ce régime doit entraîner par son jeu normal la dispar
142
on jeu normal la disparition des cadres de l’État
et
du statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des facteurs déci
143
des facteurs décisifs de l’inflation, du chômage
et
de la guerre moderne économique et militaire. 8° C’est au nom d’antag
144
on, du chômage et de la guerre moderne économique
et
militaire. 8° C’est au nom d’antagonismes naturels féconds et créateu
145
. 8° C’est au nom d’antagonismes naturels féconds
et
créateurs que nous voulons éliminer les antagonismes artificiels et d
146
ous voulons éliminer les antagonismes artificiels
et
destructeurs que fait naître le capitalisme matérialiste. 9° Nous som
147
rimé, une fois opérée la révolution personnaliste
et
régionaliste, c’est une existence culturelle. Des nations débarrassée
148
lturelle. Des nations débarrassées de leurs États
et
de leurs frontières, on peut dire qu’elles seront universelles, mais
149
fait depuis Napoléon, c’est une évidence acquise
et
qui peut figurer d’ores et déjà dans les manuels d’Histoire contempor
150
e contemporaine. Les révolutions russe, italienne
et
allemande, succédant à la chute des monarchies ont consacré l’avèneme
151
nement d’une civilisation de vitesse, de machines
et
de masses, qui avait déjà bouleversé les mœurs au moment où éclata la
152
nues ? À ces questions, l’ouvrage que René Dupuis
et
Alexandre Marc viennent de publier sous le titre de Jeune Europe 6 ap
153
e. En effet, tandis qu’il nous venait d’Allemagne
et
de Russie plusieurs livres fameux proclamant la « mission de la jeune
154
la France jusqu’ici s’était bornée à les traduire
et
à les critiquer avec un scepticisme plus ou moins sympathique ; mais
155
épondu au défi qu’ils lui adressaient. MM. Dupuis
et
Marc comblent aujourd’hui une lacune qui justifiait trop bien, aux ye
156
tiennent à la génération qui atteint la trentaine
et
qui s’exprime dans des revues comme L’Ordre nouveau ou Esprit . Il
157
tion d’abord mais aussi de critique constructive,
et
ils s’expliquent très franchement là-dessus, dans une préface vigoure
158
nover radicalement. Mal préparées, dans la fièvre
et
le désespoir de situations économiques qui ne permettaient pas d’élab
159
lucidité nécessaire des solutions vraiment neuves
et
fécondes, elles devaient, dès la prise du pouvoir, dégénérer en dicta
160
at, l’Ordre social, la Centralisation, l’Autorité
et
la Discipline se trouvent ainsi élevés à la dignité de fins en soi, d
161
lieu de n’être considérés que comme des moyens ».
Et
c’est ainsi que la jeunesse s’est trouvée embrigadée, avec tout son é
162
plutôt consolidé les pires tyrannies matérielles,
et
consacré la primauté de l’économie, la primauté de l’inhumain sur les
163
oilà bien les « vieilles rides » qui reparaissent
et
qui déjà, font grimacer d’une grimace fâcheusement américaine, le vis
164
icaine, le visage rajeuni de l’Europe. En vérité,
et
c’est une des observations capitales de nos auteurs, les jeunesses so
165
apitales de nos auteurs, les jeunesses soviétique
et
fasciste sont bien moins révolutionnaires, dans le sens créateur du t
166
ce », devenue traditionnelle, contre les pouvoirs
et
les corvées publiques. C’est un conformisme total et… enthousiaste !
167
les corvées publiques. C’est un conformisme total
et
… enthousiaste ! Une nouvelle idolâtrie de l’État, qui réprime toute f
168
n’hésitent pas à le voir dans l’esprit libertaire
et
« personnaliste » de la France, tel que les jeunes groupes que nous a
169
glaise aussi, d’édifier maintenant, dans le calme
et
l’audace spirituelle, un ordre qui fasse de l’« homme », et non plus
170
e spirituelle, un ordre qui fasse de l’« homme »,
et
non plus de l’État ou de l’Argent, son but suprême. Si nous avons ins
171
ans peine en être déduites. Au reste, René Dupuis
et
Alexandre Marc n’ont pas écrit un livre de doctrine. S’adressant au g
172
er le panorama habilement suggestif, plein de vie
et
de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute autre cho
173
fois le plus paradoxal, le plus autobiographique
et
le plus artificiel de tous les ouvrages de Kierkegaard. Et il en a ti
174
s artificiel de tous les ouvrages de Kierkegaard.
Et
il en a tiré la monographie la plus logique, la plus objective et la
175
la monographie la plus logique, la plus objective
et
la plus touchante qu’un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’hu
176
honnête homme pût espérer. De ce mélange d’humour
et
d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des Stades, o
177
st la sagesse bourgeoise appuyée sur la religion.
Et
le Jeune Homme perdu d’inquiétude, qui ne découvre sa joie que dans l
178
nous a présenté jusqu’ici deux aspects seulement,
et
les plus propres à créer des malentendus : celui du philosophe abstru
179
espéré, voire nihiliste7 du Traité du désespoir ;
et
celui du psychologue lyrique et retors à la fois du Journal du Séduct
180
té du désespoir ; et celui du psychologue lyrique
et
retors à la fois du Journal du Séducteur. Mais Kierkegaard est surtou
181
ucteur. Mais Kierkegaard est surtout un chrétien,
et
c’est ce qu’il eût fallu montrer d’abord. Un chrétien peu rassurant,
182
ntrer d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes,
et
d’une trempe exceptionnelle ; mais non tant qu’il ne puisse « édifier
183
omplaisance pour les subtilités du « Séducteur »,
et
qui n’a pas la tête philosophique. J’ai peut-être tort de penser qu’o
184
aiter à Kierkegaard une introduction systématique
et
qui épuise tous les thèmes de son œuvre. Kierkegaard est un événement
185
ire, en toute simplicité, qu’il a vu l’événement,
et
qu’il en est encore tout remué. On le croira sans peine : il n’a pas
186
Kierkegaard. C’est de toi, lecteur, qu’il s’agit,
et
non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas
187
rkegaard, mais il a su le décrire sans pédantisme
et
sans littérature. Tant de biographes brillent aux dépens de leur modè
188
aphes brillent aux dépens de leur modèle. Modeste
et
sûr, celui-ci nous aidera. ⁂ Mais une fois rétablie la perspective ho
189
rterait cette fois sut le centre même de l’œuvre,
et
non plus sur les avatars de sa présentation en France. Carl Koch repr
190
e pensée par ailleurs authentiquement chrétienne.
Et
cette défaillance expliquerait pourquoi Kierkegaard ne devint pas lui
191
ui qui la rejette, rejette aussi sa raison d’être
et
sa vocation prophétique. Il existe, dira Karl Barth, dont la théologi
192
« une différence qualitative infinie » entre Dieu
et
l’homme. Le tout de l’homme est négation de Dieu. C’est pourquoi l’ho
193
n de Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu
et
à la Vie qu’en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi periisse
194
ifier d’ascétisme la doctrine de la mort au monde
et
à soi-même, bien plus, qu’il la déclare antichrétienne ; cela ne prou
195
d le représentait, ne peut être réellement adopté
et
assimilé par la vie humaine ; il reste pour elle un paradoxe étrange
196
humaine ; il reste pour elle un paradoxe étrange
et
effrayant », s’écrie Carl Koch, visiblement scandalisé. Mais où est l
197
, visiblement scandalisé. Mais où est le critère,
et
qui juge ? Nicodème aussi estimait qu’une telle doctrine est impensab
198
si estimait qu’une telle doctrine est impensable,
et
ne peut être utilement intégrée à notre patrimoine moral, culturel, s
199
otre patrimoine moral, culturel, social, national
et
même religieux. ⁂ Kierkegaard en tant que chrétien sait que la vie de
200
raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est trop tiède,
et
propre au plus à écœurer celui qui veut non la durée mais l’éternel,
201
e l’homme. Kierkegaard a choisi d’être « un poète
et
un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dir
202
uelle il a consacré toute sa force intellectuelle
et
toute son œuvre… S’il ne meurt pas, dit-il, il devra poursuivre sa lu
203
traire, sa mort lui assurera une force nouvelle ;
et
, pense-t-il, la victoire. » l. Rougemont Denis de, Koch Carl, « [Pr
204
e, hors la Promesse accordée à notre acte, humble
et
violent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais pas ce que je puis. Je
205
ables qui vivent au milieu des brigands, victimes
et
complices. On reconnaît ici le cri : À bas les Voleurs !, mot d’ordre
206
La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu
et
Robert Aron (juin 1934)m Au cours d’une conversation, cet été, Nic
207
, suite qui s’intitulera Dictature de la liberté,
et
que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’il nous l’a laissée,
208
ire dans l’actualité, au sens littéral du terme ;
et
c’est ce que ne font pas, et ne peuvent pas faire, nos professeurs id
209
littéral du terme ; et c’est ce que ne font pas,
et
ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres
210
ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes
et
tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce
211
nservent dans leur cœur la volonté d’être hommes,
et
sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on leur propose ; et
212
des puissances libératrices qu’on leur propose ;
et
c’est ce que ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute fa
213
pose ; et c’est ce que ne font pas les brigadiers
et
les embrigadés de toute farine que nous voyons parader en Europe deva
214
t autre problème dont traite cet ouvrage (travail
et
chômage, machinisme, syndicats, échange et troc, crédit, taylorisme),
215
ravail et chômage, machinisme, syndicats, échange
et
troc, crédit, taylorisme), les liens étroits que les auteurs ont su n
216
ont su nouer entre leurs positions philosophiques
et
leurs conclusions d’ordre politique et social. Ces conclusions ne man
217
osophiques et leurs conclusions d’ordre politique
et
social. Ces conclusions ne manqueront pas d’impressionner certain pub
218
au détriment des principes dont elles procèdent,
et
qui sont à mes yeux beaucoup plus graves et significatifs. Le mépris
219
dent, et qui sont à mes yeux beaucoup plus graves
et
significatifs. Le mépris dans lequel on tient aujourd’hui le théorici
220
arer jalousement la pensée de l’action, du risque
et
de l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’i
221
qui trompe sur la véritable nature de la pensée,
et
sur ses droits. Sans théorie révolutionnaire, pas d’action révolutio
222
ns vouloir en rien sous-estimer l’analyse qu’Aron
et
Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et de travail, nous vo
223
et Dandieu nous proposent des notions d’échange10
et
de travail, nous voudrions surtout insister sur la nouveauté d’un cha
224
veauté d’un chapitre de doctrine tel que « Esprit
et
Révolution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale de la Révoluti
225
tre de doctrine tel que « Esprit et Révolution »,
et
sur l’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution qui ouvre la s
226
ion qui ouvre la seconde partie du livre. Esprit
et
Révolution… « Le malaise révolutionnaire et la confusion des idées en
227
sprit et Révolution… « Le malaise révolutionnaire
et
la confusion des idées en sont arrivés à un tel point que les deux mo
228
ction effective, on est parvenu à stériliser l’un
et
l’autre, en privant la révolution de son ressort psychique et en priv
229
en privant la révolution de son ressort psychique
et
en privant l’esprit de son aboutissement nécessaire. L’esprit, comme
230
ant l’homme contre l’univers, le faisant résister
et
survivre, attaquer et étendre son pouvoir, lui permet de rallier tout
231
nivers, le faisant résister et survivre, attaquer
et
étendre son pouvoir, lui permet de rallier toutes ses forces psycholo
232
iques ou physiques, dans un souci de conservation
et
d’expansion. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » juger
233
uls les « petits purs » jugeront sans doute utile
et
astucieux de feindre d’y voir un « spiritualisme » dont leur matérial
234
èrement du mot « esprit » dans les jeunes groupes
et
les revues non conformistes. (Les journalistes bien-pensants, de L’Au
235
igner que la totalité créatrice de l’homme, corps
et
intelligence, indissolublement, en acte. La séparation cartésienne de
236
t, en acte. La séparation cartésienne de l’esprit
et
du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, sont en réalité
237
nt d’étudier la marche des révolutions bourgeoise
et
prolétarienne qui instituèrent ce désordre. L’Esquisse en décèle avec
238
ique, antiétatiste. Parce qu’elles reposent l’une
et
l’autre, sur des constructions rationalistes qui ne peuvent rendre co
239
cte lui-même. Au moment de sauter, elles hésitent
et
reculent. Elles tombent alors dans l’illusion d’une synthèse qu’elles
240
reprend l’argumentation que Proudhon d’une part,
et
Bakounine de l’autre, opposaient à Karl Marx en son temps. J’ai souli
241
e surprenante, des thèses politiques de Proudhon,
et
de celles, philosophiques, de Kierkegaard, vis-à-vis de la dialectiqu
242
enne. Cette opposition me paraît la plus profonde
et
la plus significative de toutes celles qui aient occupé jusqu’à prése
243
e décisive… » Antithétique — an-archique —, seule
et
par elle-même transitive, telle est, pour Aron et Dandieu, la Révolut
244
et par elle-même transitive, telle est, pour Aron
et
Dandieu, la Révolution véritable. Cela ne signifie point que sa viole
245
n est un effort pour retrouver le contenu concret
et
précis du grand mot de révolution dont abusent aujourd’hui, à l’envi,
246
anarchistes petits-bourgeois du type surréaliste,
et
les évolutionnistes brutaux, en passant par les émeutiers fascistes.
247
ts. Cessons d’épiloguer sur les vieilles armures,
et
recherchons plutôt les conflits vitaux pour lesquels elles furent inv
248
aliser dans n’importe quelles conditions données…
et
peut faire bon ménage avec la société la plus strictement sociale ».
249
ge avec la société la plus strictement sociale ».
Et
voici détendu le ressort de la Révolution nécessaire. Mais qu’est-ce
250
é, autarchique, qui permet justement le fascisme,
et
qui s’accommode à merveille d’un régime dictatorial ? La doctrine de
251
e l’idéalisme, puisqu’elle est à la fois conquête
et
rencontre, engagement et actualité. Une personne qui peut être défini
252
e est à la fois conquête et rencontre, engagement
et
actualité. Une personne qui peut être définie comme le prochain de l’
253
sur la psychologie du bourgeois, animal visqueux
et
féroce dont il me semble que Léon Bloy a donné la description la plus
254
is risqué sa peau pour des intérêts. On ne se bat
et
on ne meurt que pour des « folies » qualifiées. Celle que l’Ordre nou
255
faut même noter que le chapitre intitulé Échange
et
Crédit bouleverse toutes les idées traditionnelles sur la question —
256
outes les idées traditionnelles sur la question —
et
en passant, l’un des fondements de la théorie économique de Marx — en
257
ion dont la formule même est une trouvaille. 11.
Et
au groupe de l’Ordre nouveau, le seul qui se soit exprimé sur ce poin
258
avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue). 12.
et
qui surtout ne rendent pas justice au style de la pensée, plus encore
259
la pensée, plus encore que de l’écriture, d’Aron
et
Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page finale que Dandieu ajo
260
qui atteignent à la grandeur à force de précision
et
de vigueur spirituelle, au mépris de toute rhétorique. 13. « La Révo
261
e. 14. Mais le concret, c’est l’acte justement !
et
non pas un donné « objectif ». m. Rougemont Denis de, « [Compte ren
262
ugemont Denis de, « [Compte rendu] Arnaud Dandieu
et
Robert Aron, La Révolution nécessaire », Cahiers du Sud, Marseille,
263
nes protestants ? Remarques sur le protestantisme
et
les doctrines politiques (juillet-août 1934)o Y a-t-il des jeunes
264
e évaluation des tentatives esquissées jusqu’ici,
et
peut-être l’indication de quelques possibilités pratiques fidèlement
265
utionnaire, ou dynamique, la politique du devenir
et
de l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n
266
ue l’homme est une bête, que c’est là son partage
et
qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, s
267
imé par Pascal : « L’homme n’est ni ange ni bête,
et
le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »16 Qu’est l
268
as. L’Évangile le révèle à lui-même, comme perdu,
et
par cette révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’est humain que dans un p
269
véritablement homme. Dans ce paradoxe essentiel,
et
non ailleurs, peut se fonder une politique qui mérite le nom de chrét
270
destin de l’homme, en même temps qu’elle connaît
et
saisit l’homme dans sa condition actuelle. Mais il faut savoir aussi
271
la foi sont toujours imprévisibles, instantanés,
et
qu’ils ne souffrent point d’être d’avance limités par un système, par
272
entendu qui s’institue partout entre la politique
et
notre foi : la politique s’occupe des moyens, et néglige bientôt les
273
et notre foi : la politique s’occupe des moyens,
et
néglige bientôt les fins, ou prend les moyens pour des fins ; la foi
274
des fins ; la foi ne veut connaître que les fins,
et
en vient à dévaloriser les moyens. Ou encore : pour le politique pur,
275
eçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu,
et
accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est da
276
l’ordre reçu s’insère aussitôt dans l’histoire ;
et
le problème des moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à
277
s moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine
et
à la fin, en est cependant inséparable. Il est donc non seulement pos
278
t pas mécaniquement au paradis terrestre. Aux uns
et
aux autres, il reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa
279
que nous est nécessaire, comme manger, travailler
et
penser, mais jamais un système politique ni aucune synthèse humaine n
280
e de Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement
et
la seule direction possible de toute politique chrétienne : « L’homme
281
lle devant Dieu. Non seulement le chrétien pourra
et
devra collaborer avec tous les « mouvements » politiques qui revendiq
282
par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra
et
devra affirmer que la seule communauté réelle et humainement bienfais
283
et devra affirmer que la seule communauté réelle
et
humainement bienfaisante est celle qui se fonde dans ce rapport origi
284
e l’homme à Dieu, d’où découle la relation réelle
et
humainement bienfaisante que l’Évangile appelle l’amour du prochain.
285
ue ce qu’on vient de lui dire n’est pas original,
et
bien moins encore matière d’enquête. (On n’enquête pas sur la doctrin
286
r quelques-unes des attitudes les plus tranchées,
et
par là les plus instructives, qui se soient manifestées jusqu’ici dan
287
n Sully, qui groupe les protestants monarchistes,
et
celle qui se manifeste dans le bulletin de La Cause, nettement nation
288
e. L’Association Sully a publié pas mal de tracts
et
de brochures, dont la diffusion, je crois, est restée assez limitée.
289
tte tentative désespérée n’est pas sans noblesse.
Et
l’on ne saurait trop louer l’insistance avec laquelle certaines décla
290
iation Sully. Peut-on « se borner au pratique » ?
Et
toute activité auprès des ouvriers ne pose-t-elle pas des problèmes d
291
e-t-elle pas des problèmes de doctrine économique
et
sociale qu’on ne saurait esquiver sans manquer à son tour de réalisme
292
davantage que les catholiques, toujours soutenus
et
encadrés par les directives papales, et plus conscients que nous ne s
293
soutenus et encadrés par les directives papales,
et
plus conscients que nous ne sommes souvent des implications générales
294
particulière, elle tend à échapper à la politique
et
sort du domaine de cette enquête. Dans la mesure où elle devient l’ex
295
t gardés jusqu’ici de toute espèce de propagande,
et
ne tombent nullement sous le coup de la grave critique d’incohérence
296
t sous le coup de la grave critique d’incohérence
et
de sectarisme qu’il faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des
297
irecteurs de deux mouvements de jeunesse : Esprit
et
l’Ordre nouveau. L’originalité de ces deux équipes tient d’abord dans
298
u de poser les questions par rapport à une droite
et
à une gauche également condamnées. Par ce seul refus, elles opèrent d
299
rilisant, si peu réaliste, si vainement irritant,
et
qui fausse dès l’origine toute discussion honnête sur les réformes né
300
s réformes nécessaires. Les doctrines économiques
et
sociales développées par Esprit et surtout par l’Ordre nouveau auraie
301
es économiques et sociales développées par Esprit
et
surtout par l’Ordre nouveau auraient conquis déjà d’innombrables adhé
302
me, se voit qualifié de fasciste par les gauches,
et
de bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupe
303
stence de cette « troisième force », non marxiste
et
anticapitaliste, qui depuis lors s’est précisée et développée. Les de
304
t anticapitaliste, qui depuis lors s’est précisée
et
développée. Les deux groupes de tête de cette révolution que je consi
305
tion que je considère comme étant la seule réelle
et
vraiment novatrice, sont Esprit et l’Ordre nouveau. Cherchons à voir
306
a seule réelle et vraiment novatrice, sont Esprit
et
l’Ordre nouveau. Cherchons à voir d’abord ce qui les unit en principe
307
le, de guerres, de chômage, d’immoralité publique
et
d’un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de
308
onsidéré comme une captation, au profit de l’État
et
de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la cultur
309
iotique originel ; refus de la culture bourgeoise
et
de la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée
310
oise et de la distinction commode qu’elle suppose
et
implique entre la pensée et l’action. 2. Quelques affirmations doctri
311
mmode qu’elle suppose et implique entre la pensée
et
l’action. 2. Quelques affirmations doctrinales : affirmation des droi
312
la base l’ensemble de l’organisation économique,
et
de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’u
313
ncret des responsabilités personnelles. Ces refus
et
ces affirmations définissent l’attitude spirituelle des jeunes groupe
314
ec ensemble de poser les questions fondamentales,
et
se cantonnent dans des luttes périmées et des polémiques malhonnêtes,
315
ntales, et se cantonnent dans des luttes périmées
et
des polémiques malhonnêtes, Esprit et l’Ordre nouveau affirment la né
316
es périmées et des polémiques malhonnêtes, Esprit
et
l’Ordre nouveau affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l
317
lisation mécanique. Ainsi pour être moins bruyant
et
moins démagogique, le combat qu’ils mènent est beaucoup plus radical
318
s’attaquent. D’où leur force d’entraînement lente
et
profonde, dont les effets se manifesteront de plus en plus visiblemen
319
me temps que celle des institutions à construire.
Et
c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouve
320
st-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains
et
de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules17, autant de g
321
ant de germes semés dans la diversité des régions
et
des métiers : germes de corporations destinées à faire éclater, par l
322
tant que possible, l’écueil des révolutions russe
et
allemande, la fameuse « période de transition » nécessairement dictat
323
riode de transition » nécessairement dictatoriale
et
étatiste, dont l’équipement actuel de la France doit permettre l’écon
324
tteinte n’est pas celle qui voulait être flattée.
Et
ce n’est pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’une pris
325
t de départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir
et
des valeurs, et sa critique du travail. Cette critique se développe e
326
e fondent ses analyses du pouvoir et des valeurs,
et
sa critique du travail. Cette critique se développe en une doctrine é
327
première synthèse dans l’ouvrage important d’Aron
et
Dandieu : la Révolution nécessaire. Sa revendication essentielle est
328
itualisme ». De même, on a trop souvent confondu,
et
jusque chez les communistes, matérialisme et matérialisme dialectique
329
ndu, et jusque chez les communistes, matérialisme
et
matérialisme dialectique. L’influence des idées « ordre nouveau » est
330
personnaliste de la France », que les centristes
et
les droites opposent à la mystique des masses russe ou allemande ; en
331
qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite
et
de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas c
332
ectif « spirituel » qualifiant l’acte personnel —
et
cette nuance est capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’
333
spécial intitulé : Rupture entre l’ordre chrétien
et
le désordre établi. Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre
334
entaine de jeunes écrivains « de toutes croyances
et
de toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’une enquête pe
335
me disait Péguy, le lieu d’une enquête permanente
et
approfondie sur la condition humaine telle que la déterminent le capi
336
n humaine telle que la déterminent le capitalisme
et
l’esprit bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort de reconstr
337
ncipes spirituels qui animent l’activité d’Esprit
et
de L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont appelés
338
e de plus en plus important dans la vie politique
et
intellectuelle de la France et, par là même, à influencer toutes nos
339
s la vie politique et intellectuelle de la France
et
, par là même, à influencer toutes nos tentatives de rénovation. Je cr
340
quête en marquant la coïncidence de ces principes
et
des doctrines que nous pouvons déduire de la Réforme. Esprit est en
341
ergences, le protestant les retrouverait aggravés
et
compliqués de bien pires erreurs dans n’importe quel parti, aussi bie
342
emble de la nation. Le temps n’est pas aux rêves,
et
ce n’est pas l’affirmation d’une position politique qui permettra de
343
, justement, cette théologie nous ordonne d’agir,
et
de nous engager. N’attendons pas que d’autres aient édifié des systèm
344
d’autres aient édifié des systèmes irréprochables
et
parfaitement conformes à nos désirs. Examinons, choisissons les doctr
345
ans les groupes de jeunes gens qui les défendent,
et
qu’on le peut sans renoncer à rien de cette vérité qui jugera toujour
346
t Garric ; la revue Esprit ; le groupe Réaction
et
son organe La Revue du siècle, etc. 16. Illustration politique : à t
347
ait plus « angélique » dans ses prétentions. 17.
Et
depuis peu, plusieurs mouvements d’action publique, qui dans des doma
348
autonomes. 18. Titre d’un essai d’Arnaud Daudin
et
D. de Rougemont, qui joint à quelques autres, paraîtra bientôt en lib
349
ition du groupe relativement aux jeunesses russes
et
fascistes, voir R. Dupuis et Alex. Marc : Jeune Europe (Plon). Sur le
350
aux jeunesses russes et fascistes, voir R. Dupuis
et
Alex. Marc : Jeune Europe (Plon). Sur les problèmes généraux du temps
351
une équipe d’ingénieurs s’est attachée à chiffrer
et
à définir dans le détail l’application du service de travail. Cf. le
352
y a des libres penseurs, des catholiques, un juif
et
un protestant. 22. Je pense qu’André Philip ne me contredirait pas s
353
es jeunes protestants qui « milite » publiquement
et
en tant que chrétien, dans un parti parlementaire. Je crois que seul
354
nous avons choisi pour notre action, nous sépare,
et
non pas nos principes de départ. o. Rougemont Denis de, « Où sont l
355
nes protestants ? Remarques sur le protestantisme
et
les doctrines politiques », Le Christianisme social, Paris, juillet–a
356
ait expliquer. A-t-on pris garde à ce fait simple
et
général : que la révolution naît dans les villes ; que c’est un phéno
357
dans les villes ; que c’est un phénomène citadin
et
l’expression incompressible d’une jeunesse déracinée… La crise précip
358
is, longtemps actif. Tant qu’une sécurité sociale
et
financière assure aux jeunes bourgeois un lieu héréditaire, un patrim
359
ns bail parce qu’on ne sait pas si dans six mois…
Et
vous aurez bien travaillé pour la révolution. Vous aurez tranché les
360
a enfin ces vexations que l’on ignorait naguère,
et
qui deviennent obsédantes : la tyrannie des voisins, des concierges,
361
yé dès qu’il ne rapporte plus à temps. Nomadisme.
Et
derrière la concierge, derrière le gérant, on entrevoit l’appareil ju
362
ère le gérant, on entrevoit l’appareil judiciaire
et
policier inexorable, inconnaissable, tout prêt à sanctionner cette co
363
t prêt à sanctionner cette confusion de la morale
et
de l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ordre social. Vi
364
at, Raison d’État, semblable aux raisons obscures
et
implacables qui dominent les cauchemars. Et si vous gagnez de l’argen
365
cures et implacables qui dominent les cauchemars.
Et
si vous gagnez de l’argent, vous louerez un de ces studios bien nus,
366
r ou contre quelque chose. Des gens qui souffrent
et
qui n’ont plus d’attaches sont rapprochés d’abord par leur opposition
367
Reprenant la distinction précisée par Robert Aron
et
Arnaud Dandieu entre patrie et nation ; ne pourrait-on pas dire que l
368
ée par Robert Aron et Arnaud Dandieu entre patrie
et
nation ; ne pourrait-on pas dire que les communautés fondées par l’at
369
s des paysans. L’expérience allemande l’a montré,
et
l’échec des « Wandervogel » est significatif. Ils se disaient les « o
370
taient oiseaux de ville, échappés de leurs cages.
Et
pourtant c’est dans les campagnes seulement que pourra se résoudre l’
371
Mais il faudrait d’abord transformer la province
et
la rendre habitable… Il faudrait recréer un lien patriotique sans rie
372
it un régime qui sauvegarde la tension nécessaire
et
féconde entre la patrie et la nation. La révolution nécessaire ne ser
373
la tension nécessaire et féconde entre la patrie
et
la nation. La révolution nécessaire ne sera ordre qu’à ce prix. C’est
374
que je voudrais dire ici est simple, fondamental,
et
comme toutes les choses simples et fondamentales, devrait être dit en
375
, fondamental, et comme toutes les choses simples
et
fondamentales, devrait être dit en une phrase, ou développé pendant t
376
ant m’approcher : la vision est un acte. Vision
et
visage La vision relie et sépare. Passant du sujet à l’objet, elle
377
st un acte. Vision et visage La vision relie
et
sépare. Passant du sujet à l’objet, elle les unit dans le temps même
378
nforme à ce qu’il voit, il sait aussi qu’il voit,
et
mesure la distance. Ainsi, franchissant les frontières, il les délimi
379
il les délimite à nouveau. La vision est passage
et
frontière, et lieu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils
380
te à nouveau. La vision est passage et frontière,
et
lieu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou
381
t événement. Elle ne connaît rien que des formes,
et
ne croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-elle qui ne se m
382
où j’entends : rien de « moral » — ou d’immoral.
Et
l’illusion lorsqu’elle se risque à subsister dans la lumière est pris
383
nsi que meurt une illusion ? Or toutes ces choses
et
bien d’autres qu’on pourrait dire de la vision, on peut les dire du v
384
langue allemande ne connaît qu’un mot pour visage
et
vision : Gesicht. Quelle est donc cette parenté des apparences ? Si l
385
nté des apparences ? Si la vision voit le visage,
et
de la sorte, s’en distingue, rappelons-nous qu’elle a son siège au ce
386
l n’est plus de vision. Ou l’inverse. Ainsi le je
et
le tu sont distincts, sans lesquels il n’est pas d’amour. Mais si leu
387
nt (psychologie) Entre la vieille métaphysique
et
la nouvelle physiologie, on se demande parfois comment le Psychologue
388
uoi s’installaient-ils ? Entre l’aspect spirituel
et
l’aspect matériel de l’homme, il existe deux traits d’union : la vue
389
e l’homme, il existe deux traits d’union : la vue
et
la parole, la vision et l’entendement. La Parole est l’objet de la th
390
x traits d’union : la vue et la parole, la vision
et
l’entendement. La Parole est l’objet de la théologie, la vision est l
391
iquer », mais comme on fait devant un tribunal, —
et
ce n’était pas leur coutume… L’aventure est assez curieuse. Métaphysi
392
me… L’aventure est assez curieuse. Métaphysiciens
et
savants ont toléré quelque temps cet intrus, cédant à un trouble penc
393
t en mauvaise posture : car les uns le méprisent,
et
les autres — le mangent. Il sera donc mangé, et le drame pourra se po
394
, et les autres — le mangent. Il sera donc mangé,
et
le drame pourra se poursuivre24. Ceci soit dit pour situer certains r
395
des jugements. Toute pensée est « judicatoire »,
et
tout, en l’homme dépend de la pensée. Voir, c’est porter un jugement
396
nt : d’où vient l’œil ? À quoi tend le jugement ?
Et
voilà notre psychologue obligé de chercher ses lumières chez les phys
397
. S’il est un grand poète, il y verra des mythes,
et
s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra
398
es semblables, il verra des retraites solitaires,
et
s’il la cherche, un désert qu’il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme
399
rit sur la fameuse opposition de la contemplation
et
de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vision eût peut-être é
400
moment de la contemplation essentiellement active
et
transformatrice. La métaphysique de l’Ancienne Alliance, étant celle
401
e que tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres
et
de la lumière. « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êt
402
t de la lumière. « Autrefois vous étiez ténèbres,
et
maintenant vous êtes lumière » (Éph. 5.8) ou encore : « Nous qui somm
403
connus, qui ont fixé le vocabulaire métaphysique
et
poétique de tout le Moyen Âge, d’une partie de la Renaissance, et mêm
404
out le Moyen Âge, d’une partie de la Renaissance,
et
même du rationalisme solennel ou vulgaire. (Aufklärung, philosophie d
405
agination moderne. Sur la vision qui est jugement
et
action : « Quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans s
406
e celui qui l’a créé. » (Col. 3.10) Sur la vision
et
le visage : « Nous tous, qui, le visage découvert contemplons comme d
407
— « Aujourd’hui nous voyons comme dans un miroir
et
d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’
408
er du jugement, toute la métaphysique chrétienne,
et
après elle toute philosophie qui postule la transcendance de l’éterne
409
que ce qui voit. Car seule est visible la forme,
et
la forme naît du mouvement. On ne peut voir ainsi que les choses qui
410
lles ». (II Cor. 4.18) Or nous savons, de science
et
de prescience, et la révélation biblique nous le confirme, qu’à l’ori
411
.18) Or nous savons, de science et de prescience,
et
la révélation biblique nous le confirme, qu’à l’origine de tout mouve
412
ce que la lumière vient toucher, aussitôt se meut
et
se forme, et de même qu’elle a été « connue » par la lumière, de même
413
ière vient toucher, aussitôt se meut et se forme,
et
de même qu’elle a été « connue » par la lumière, de même elle devient
414
mière — ou pour la fuir — par quoi tout se révèle
et
se manifeste à la vue, — ou bien dans le néant comme se perdent les a
415
stres morts. Donc, tout ce que nous voyons a vu ;
et
tout, d’abord, a été vu par la lumière créatrice. « L’œil ne verrait
416
ience, qui lentement la redécouvre, depuis peu27.
Et
c’est ainsi que la physiologie dévore tout ce que la métaphysique ava
417
rs pénétrer sous la forme, plutôt que de la voir,
et
qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou cette « profond
418
plus rien n’arrête la parole. Mais les mystiques
et
les poètes ont, de tout temps, depuis l’Incarnation, connu ce grand m
419
ais cadavre”. Au matin j’avais le regard si perdu
et
la contenance si morte, que ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-êt
420
ui mit aux prises, par exemple, un Thomas d’Aquin
et
un Scot, le premier affirmant que la béatitude réside in visione, dan
421
pas se tromper à la fois sur la nature de l’amour
et
sur celle de la vision ? Voir Dieu, c’est se transformer au sens le p
422
ieu, c’est se transformer au sens le plus violent
et
le plus impossible d’ailleurs ; voir Dieu c’est aller à lui. Nous ne
423
gardé par lui. Mais alors, c’est aussi être aimé,
et
c’est se rendre à la transformation de la vision : c’est donc aimer.
424
a transformation de la vision : c’est donc aimer.
Et
nulle vision ne serait « admirable » si elle n’était en même temps tr
425
parlé de la « beauté » de Dieu, savait que vision
et
amour sont un seul acte et une seule réponse : « Lumière du monde, vo
426
ieu, savait que vision et amour sont un seul acte
et
une seule réponse : « Lumière du monde, vous m’avez éclairé. Je vous
427
nne ne vous aime, s’il ne commence par vous voir,
et
personne ne vous voit, si ce n’est celui qui vous aime. Ah je vous ai
428
vous ai trop tard aimée, beauté toujours ancienne
et
toujours nouvelle, je vous ai trop tard aimée… »29 L’imagination
429
e la forme J’ai cité des docteurs, des apôtres
et
des poètes, des savants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce
430
docteurs, des apôtres et des poètes, des savants
et
même quelques indiscrets. Je vois bien ce qu’on peut m’opposer : « No
431
l’incarnation ? Nullement, mais accomplissement,
et
splendeur de ce qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment et t
432
, et splendeur de ce qui n’est pour nous qu’ombre
et
reflet, fragment et trouble. « Aujourd’hui je connais en partie, mais
433
qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment
et
trouble. « Aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai
434
d’hui que nous ne connaissons que par ses limites
et
ses formes. Ainsi donc, dépasser la vision, ce ne peut être que la dé
435
définir dans l’absolu, à la frontière de la mort
et
de la vie ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du même coup la
436
’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ;
et
la nier, mais au nom de la foi, c’est du même coup la connaître dans
437
sommes n’a pas encore été manifesté », dit Jean.
Et
de même, notre vocation n’est jamais totalement incarnée. Entre la fo
438
t incarnée. Entre la forme pure de notre vocation
et
la forme visible de notre visage, il y a le péché, et les abîmes du t
439
a forme visible de notre visage, il y a le péché,
et
les abîmes du temps. Dans le monde de la mesure idéale, qui est le mo
440
de notre vocation, forme informante de notre être
et
que voient « les yeux de la foi », il semble que notre visage n’en so
441
en soit qu’une mauvaise épreuve, déjà brûlée, ici
et
là, ridée froissée, et rendue émouvante par toutes ces marques où se
442
épreuve, déjà brûlée, ici et là, ridée froissée,
et
rendue émouvante par toutes ces marques où se lit notre histoire… Cep
443
nant spectacle de cette œuvre mordue par le temps
et
modelée par la lumière, ce n’est pas le regard troublé qui erre sur l
444
Il faut une force qui le braque, une école sévère
et
un maître. Car celui seul qui peut le plus, peut aussi nous apprendre
445
i nous apprendre le moins. Où trouver cette force
et
ce maître, comment voir ce modèle idéal qui saurait nous rendre capab
446
de la forme saisit d’abord la loi de formation ;
et
c’est alors, mais alors seulement, qu’elle peut poursuivre sans s’éga
447
t, sinon celui qui voit l’esprit dans son action,
et
le prend sur le fait de la métamorphose ? Et si l’on sait que la visi
448
ion, et le prend sur le fait de la métamorphose ?
Et
si l’on sait que la vision est acte, on saura maintenant quel est cel
449
ersonne en exercice, dans le drame de la forme, —
et
y participer. Nous le tenons, ce lien vivant qui unit le créant au cr
450
enons, ce lien vivant qui unit le créant au créé,
et
nous sommes enfin parvenus à l’origine de l’œuvre de l’esprit, au lie
451
otre humanité. Ici tout est réel, tout est action
et
résistance, tout est drame. Et les correspondances sont embrassées d’
452
l, tout est action et résistance, tout est drame.
Et
les correspondances sont embrassées d’un seul regard. Les formes nais
453
e, la vision que toute étude de cet ordre suppose
et
développe. Je voudrais maintenant entraîner le lecteur dans une brève
454
e l’on pourrait nommer ceux du mystère manifeste.
Et
d’abord, comme au seuil d’une expédition militaire, j’indiquerai l’or
455
emier principe : Tout ce qui est réel est moteur,
et
donc informateur ou créateur de formes. Ce qui signifierait, pour un
456
tous, hommes dont le péché rend le regard trouble
et
menteur, qu’il nous faut attacher nos yeux non plus sur les idées en
457
e peut être seulement interprétée, symboliquement
et
concrètement, par d’autres formes. Le principe dialectique qui sert d
458
onde physionomique est celui des correspondances,
et
non pas celui des « causes » conçues indépendamment des effets. Nous
459
ffets. Nous sommes ici dans un ordre dramatique31
et
non conceptuel. Nous sommes ici dans l’ordre humain, dans la totalité
460
sommes ici dans l’ordre humain, dans la totalité,
et
non dans l’ordre scientifique, qui est celui du démontage mécanique,
461
nouvelle mythologie, dans le sens d’un Schelling
et
déjà d’un Herder ? Certes nous sommes ici très près de l’Organismusge
462
nnut sa splendeur féconde aux temps du romantisme
et
de la vie de Goethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la
463
à la théorie des correspondances chez Baudelaire
et
chez Rimbaud, pour se perdre dans l’esthétisme décadent des symbolist
464
nde créé remonta, par Shaftesbury, jusqu’à Plotin
et
Platon, c’est-à-dire jusqu’au monde des Idées. C’était perdre de vue
465
de l’organique peut trouver ses mesures humaines
et
sa justification spirituelle. C’était placer le critère de l’esprit d
466
itère de l’esprit dans le « sentiment religieux »
et
non dans l’actualité de la Parole. C’était sortir du drame, pour se p
467
ce à saisir la personne dans sa totalité concrète
et
créatrice, — informulable. Le moraliste classique détaille admirablem
468
la personne. Tensions qui d’autre part, bâtissent
et
soutiennent l’édifice du visage de l’homme. Kassner remarque qu’à la
469
nstamment que les hommes qui savent des anecdotes
et
sont toujours prêts à en raconter, ne savent pas voir les visages32.
470
pères. Notre mesure est donc devenue personnelle,
et
c’est pourquoi il nous faut la chercher dans la vocation créatrice, n
471
ontologie de la forme ? Ce serait oublier Léonard
et
son génie physionomiste. Il garde cet esprit symbolique — écrit Paul
472
collection de formes, un trésor toujours imminent
et
qui grandit selon l’extension de son domaine… Il est le maître des vi
473
sur la face d’une maison, aux plis d’un jardin…
Et
encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du de
474
ir de laquelle les entreprises de la connaissance
et
les opérations de l’art sont également possibles ; les échanges heure
475
possibles ; les échanges heureux entre l’analyse
et
les actes, singulièrement probables : pensée merveilleusement excitan
476
suppose des géométries plutôt que l’imagination,
et
par là retombe au pouvoir de la raison et de Descartes. Mais passons
477
nation, et par là retombe au pouvoir de la raison
et
de Descartes. Mais passons de l’autre côté : chez les Allemands les m
478
plus illustres physionomistes des idées ? Goethe
et
Nietzsche, ces deux lointains et quelque peu méfiants admirateurs de
479
s idées ? Goethe et Nietzsche, ces deux lointains
et
quelque peu méfiants admirateurs de la forme et de la clarté français
480
s et quelque peu méfiants admirateurs de la forme
et
de la clarté française. (Que de dissociations à opérer dans nos préju
481
électives. Tout y est formes, actions, symboles ;
et
tout est vision créatrice. Goethe est un œil. Et le chant de Lyncée s
482
et tout est vision créatrice. Goethe est un œil.
Et
le chant de Lyncée sur sa tour — c’est le chant du bonheur de la visi
483
e chasse royale pour l’amateur de correspondances
et
de métaphores plastiques. Ceci dans Aurore par exemple : Si nous vou
484
notre prototype ! La musique qui nous est propre
et
qui nous exprime véritablement laisse déjà deviner le labyrinthe (car
485
n bon moment cette ville, ses maisons de campagne
et
ses jardins d’agrément et le large cercle de ses collines et de ses p
486
ses maisons de campagne et ses jardins d’agrément
et
le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées ; enfin je
487
ins d’agrément et le large cercle de ses collines
et
de ses pentes habitées ; enfin je finis par me dire ; je vois des vis
488
e est couverte par les images d’hommes intrépides
et
souverains… J’ai toujours devant les yeux le constructeur, je vois co
489
comme son regard se repose sur tout ce qui, près
et
loin, est construit autour de lui, et aussi sur la ville, la mer et l
490
e qui, près et loin, est construit autour de lui,
et
aussi sur la ville, la mer et la ligne de ta montagne, et comme sur t
491
ruit autour de lui, et aussi sur la ville, la mer
et
la ligne de ta montagne, et comme sur tout cela, par son regard, il e
492
sur la ville, la mer et la ligne de ta montagne,
et
comme sur tout cela, par son regard, il exerce sa puissance et sa con
493
tout cela, par son regard, il exerce sa puissance
et
sa conquête… Et le Zarathoustra ! Une œuvre plus concrète a-t-elle d
494
n regard, il exerce sa puissance et sa conquête…
Et
le Zarathoustra ! Une œuvre plus concrète a-t-elle donc vu le jour de
495
ne fait pas intervenir un seul concept abstrait,
et
qui ne connaît d’autres arguments que les parties du corps humain, le
496
ochers, deux effarantes descriptions du crocodile
et
de l’hippopotame, le monstre Léviathan, la Grande Ourse avec ses peti
497
de sa forme en devenir, que d’une manière étrange
et
délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, en sorte que la force de l
498
mme surface de contact de forces contradictoires)
et
une théorie de la personne, au sujet de laquelle on pourra trouver de
499
Les autres
et
nous : I — Esprit (avril 1935)s On me demande souvent : « Quelle e
500
uvent : « Quelle est la différence entre Esprit
et
L’Ordre nouveau ? » Les noms mêmes des deux revues l’indiquent : di
501
vues l’indiquent : différence entre un « esprit »
et
un « ordre », au double sens d’équipe et de « mise en ordre ». Espr
502
esprit » et un « ordre », au double sens d’équipe
et
de « mise en ordre ». Esprit rend au mouvement personnaliste le gr
503
s question de séparer ces deux temps de l’action,
et
qu’on n’aille pas croire que L’ON n’a pas établi ses constructions
504
s constructions sur une enquête permanente, large
et
précise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas d’aboutir à des construction
505
usqu’ici, que les fondements moraux ou religieux,
et
certaines amorces juridiques. Autre différence, ou plutôt autre aspec
506
poussons notre pointe dans l’avenir. Il est bon,
et
sans aucun doute nécessaire, que d’autres s’occupent d’élargir la brè
507
ccupent d’élargir la brèche, d’y appeler du monde
et
, comme le dit souvent Mounier, « d’épurer », d’enrichir si l’on veut,
508
er », d’enrichir si l’on veut, l’action en cours.
Et
c’est à quoi s’emploient les 180 pages mensuelles d’ Esprit . Rien da
509
la qui empêche une collaboration, — au contraire,
et
je suis bien placé pour le dire — rien qui traduise autre chose qu’un
510
tent parfois, dans ces pages. Certes, le fascisme
et
le stalinisme se sont faits à coups de simplifications brutales et ab
511
se sont faits à coups de simplifications brutales
et
abstraites, nous les avons cent fois dénoncées. (Voir notre Lettre à
512
rés, mais un succès constructif, révolutionnaire,
et
qui se confondra nécessairement avec l’instauration de l’Ordre nouvea
513
les faits. s. Rougemont Denis de, « Les autres
et
nous : 1 : Esprit », Bulletin de liaison des groupes Ordre nouveau,
514
rotestant. (Pour vos « curés ».) Vous mentez donc
et
assez bêtement, car vous ne tromperez personne sur mon compte et ridi
515
nt, car vous ne tromperez personne sur mon compte
et
ridiculiserez la cause que vous croyez défendre. D’accord avec les Iz
516
vous croyez défendre. D’accord avec les Izvestia
et
votre ambassadeur de la rue de Grenelle, j’ai bien l’honneur de vous
517
fascistes » : je parlais à un congrès d’étudiants
et
voyais dans la salle des délégués marxistes et hitlériens qui étaient
518
ts et voyais dans la salle des délégués marxistes
et
hitlériens qui étaient nos camarades au sens le plus courant du terme
519
utte qui met aux prises un Front dit « national »
et
un Front dit « populaire ». Nous demandons ce que peut bien signifier
520
ce que peut bien signifier l’opposition du peuple
et
de la nation ? Par quel grossier abus du mot nation a-t-on pu venir à
521
iétés anonymes qui ruinent des provinces entières
et
financent le Front national. Nous pouvons nous dire populaires, contr
522
eurtrières confusions : la confusion de la patrie
et
des banquiers, la confusion de la Révolution et des Soviets. Nous ne
523
e et des banquiers, la confusion de la Révolution
et
des Soviets. Nous ne nous battrons ni pour les Forges, ni pour les ag
524
es Forges, ni pour les agents de Moscou : les uns
et
les autres poursuivent par des voies tactiques opposées (mais en appa
525
es opposées (mais en apparence seulement) un seul
et
même but concret : ils veulent une dictature, un « état fort ». La di
526
— à droite, étatiste demain — à gauche, dans l’un
et
l’autre cas destructeur de la liberté des personnes, destructeur du s
527
ur du sentiment patriotique, destructeur à gauche
et
à droite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est
528
f, le Front national travaille pour M. de Wendel.
Et
si les militants de gauche et de droite l’ignorent encore, c’est en v
529
pour M. de Wendel. Et si les militants de gauche
et
de droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’une double erreur que l
530
Erreur sur la tactique : lorsqu’on voit la gauche
et
la droite proclamer la priorité du « plan d’action » sur la doctrine,
531
on » sur la doctrine, on est sûr que cette gauche
et
cette droite travaillent en fait pour le désordre, et que les seuls b
532
ette droite travaillent en fait pour le désordre,
et
que les seuls bénéficiaires de luttes civiles aussi mal orientées ser
533
it que prolonger dans la rue l’opposition stérile
et
périmée de la droite et de la gauche parlementaires. Seulement, cela
534
rue l’opposition stérile et périmée de la droite
et
de la gauche parlementaires. Seulement, cela se complique cette fois
535
lement, cela se complique cette fois de matraques
et
de mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelconque, on s’app
536
scrupule patriotique retient l’auteur de publier
et
qui sent le chef-d’œuvre dès les premiers abords. Des considérations
537
s. Des considérations sur le peuple, le bourgeois
et
la noblesse : cela est neuf et vrai, bien vu et bien dit, plein d’une
538
uple, le bourgeois et la noblesse : cela est neuf
et
vrai, bien vu et bien dit, plein d’une verve gentille, et aussi, diso
539
s et la noblesse : cela est neuf et vrai, bien vu
et
bien dit, plein d’une verve gentille, et aussi, disons-le, de courage
540
bien vu et bien dit, plein d’une verve gentille,
et
aussi, disons-le, de courage, car il en faut pour ne montrer que du b
541
le goût classique le plus sévère sur la prudence
et
sur l’usage des vertus. Enfin trois importants essais sur l’attitude
542
laisir à discuter des déclarations aussi franches
et
pourtant pures de toute espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitu
543
faut. C’est ce que j’appelle du pessimisme actif.
Et
c’est la devise du Taciturne : « Point n’est besoin d’espérer pour en
544
vant tout ? Oui, mais toute œuvre est une action,
et
c’est le contenu de cette œuvre, ou l’objectif de cette action, qu’il
545
te action, qu’il importe avant tout de connaître.
Et
non pas seulement que l’auteur a su se mettre en condition de faire s
546
r a su se mettre en condition de faire son œuvre,
et
de ne servir qu’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’
547
er, c’est pour mieux souligner ce qu’il apporte ;
et
c’est sur cela seul qu’on le jugera. Je veux savoir pourquoi un écriv
548
n écrivain écrit : tous les plus grands l’ont dit
et
ont couru leur chance là-dessus — au sens le plus noble de chance, qu
549
» sans préciser l’objet du verbe (ou le régime !)
et
de qualifier d’inutile un service qu’il faudrait d’abord rendre. Je f
550
ssez. Il apporte une qualité morale, une propreté
et
une franchise qui rafraichissent. Enfin, un éloge du bonheur qui scan
551
ne École de bonheur ? au lieu des écoles de latin
et
de droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de
552
auteur : « J’ai le bon esprit de saisir avidement
et
de me dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’être heureux
553
qu’il ne me coûte pas d’en être aussitôt privé ».
Et
par contre ceci, que je lis dans Service inutile, n’est-ce pas l’écho
554
ouvernement… » Ce même goût du bonheur, chez l’un
et
l’autre, ces mêmes façons de ne se piquer de rien, cette même désinvo
555
rée de respect vis-à-vis de ses propres affaires,
et
de la chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un
556
de ses propres affaires, et de la chose publique,
et
de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un servite
557
raqué par sa passion mondaine — il est plus grave
et
plus lyrique, plus janséniste aussi, et il faut souligner ce dernier
558
lus grave et plus lyrique, plus janséniste aussi,
et
il faut souligner ce dernier trait. Mais comparez leur « écriture »,
559
. Mais comparez leur « écriture », c’est amusant.
Et
je leur vois, devant certains échecs qu’un peu de soin ou de calcul m