1
upont ne s’est pas fait prier pour nous répondre.
Il
est curieux de tout ce que font « les jeunes ». Il a été jeune, lui a
2
l est curieux de tout ce que font « les jeunes ».
Il
a été jeune, lui aussi. Du moins il l’affirme. — Pourquoi je ne suis
3
les jeunes ». Il a été jeune, lui aussi. Du moins
il
l’affirme. — Pourquoi je ne suis pas révolutionnaire ? nous a-t-il dé
4
ourquoi je ne suis pas révolutionnaire ? nous a-t-
il
déclaré — Parce que je suis un honnête homme, fermement attaché aux v
5
r à ses propres yeux la bourgeoisie démocratique.
Elle
réside avant tout dans l’inconscience formidable que traduit la répon
6
. Durand-Dupont. M. Durand-Dupont est persuadé qu’
il
exprime une opinion tout à fait courante et par là même justifiée jus
7
jusqu’à l’évidence. Prenons sa phrase pour ce qu’
elle
est, dans sa simplicité : tout un programme. Et définissons à grands
8
Parce que je suis un honnête homme… » Et d’abord
il
n’y a pas d’honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroïque et qui
9
urgeoisie est un mensonge. Car, dans la mesure où
il
veut être effectif, il doit accepter libéralement d’être radicalement
10
ge. Car, dans la mesure où il veut être effectif,
il
doit accepter libéralement d’être radicalement supprimé par l’adversa
11
lement supprimé par l’adversaire. Si au contraire
il
dure, c’est qu’il s’est défendu par des moyens qui trahissent ses pri
12
r l’adversaire. Si au contraire il dure, c’est qu’
il
s’est défendu par des moyens qui trahissent ses principes. (M. Chiapp
13
la non-violence mérite un examen plus approfondi.
Elle
constitue en effet l’argument le plus efficace de la bourgeoisie cons
14
le plus efficace de la bourgeoisie conservatrice.
Elle
pose devant la conscience de « l’honnête homme » un problème que tout
15
laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce qu’
il
ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire qu’il se décide pour la
16
ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire qu’
il
se décide pour la police contre la révolution. Non-violence, tel est
17
ans une apologie philosophique de la violence, qu’
il
critiquerait avec talent, au nom de l’« humanité ». Nous avons plus s
18
dégoût de la violence, nous prétendons, nous, qu’
il
témoigne d’une inconscience monstrueuse, ou qu’il commet une cynique
19
il témoigne d’une inconscience monstrueuse, ou qu’
il
commet une cynique imposture. Car nous vivons en vérité sous un régim
20
é les complices de cette violence jamais avouée.
Il
est faux et contraire aux faits les plus patents, de prétendre que le
21
. On le sait à Genève : tout est affaire de mots.
Il
n’y a pas de « guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie, et en Fra
22
ar son hypocrisie, ou encore par son abstraction.
Il
importe qu’elle ne s’avoue jamais, qu’elle invoque toujours un prétex
23
sie, ou encore par son abstraction. Il importe qu’
elle
ne s’avoue jamais, qu’elle invoque toujours un prétexte élevé : maint
24
raction. Il importe qu’elle ne s’avoue jamais, qu’
elle
invoque toujours un prétexte élevé : maintenir l’ordre, porter au loi
25
des « valeurs » que l’on dit être « de culture ».
Il
importe qu’elle ne revête jamais un aspect proprement brutal, à moins
26
» que l’on dit être « de culture ». Il importe qu’
elle
ne revête jamais un aspect proprement brutal, à moins que ce ne soit
27
à faire apparaître la violence latente du régime.
Il
suffit d’un Léon Daudet, d’une Marthe Hanau, pour que l’on sente touj
28
ergure n’auraient pas de quoi nous troubler. Mais
il
arrive que l’ordre bourgeois, protecteur de la non-violence chère à s
29
active, et de l’épouvantable désordre dans lequel
il
vit. ⁂ Contre une violence absurde, dénaturée et hypocrite, nous ne d
30
re matériel. Suites encore imprévisibles, mais qu’
il
nous appartient, dès maintenant, d’orienter. Sans doute est-il absurd
31
tient, dès maintenant, d’orienter. Sans doute est-
il
absurde de prétendre que par là même, nous optons librement pour de s
32
renons pas à la légère le drame de la Révolution.
Il
est des crises nécessaires1. Mais c’est à nous précisément de prépare
33
uctives. Toutes les révolutions ont été sabotées.
Elles
ont été livrées à la police ou à la foule. Mais nous qui le savons, c
34
a foule. Mais nous qui le savons, c’est à nous qu’
il
incombe, dès maintenant, de préparer une Révolution assez totale, pou
35
1° une Révolution est sanglante dans la mesure où
elle
est mal préparée. 2° le sang répandu par la Révolution est la marque
36
tion n’est pas le sang versé. Mais nous disons qu’
il
est plus sain d’être blessé que lentement stérilisé. Nous ne sommes p
37
idiculisé et refoulé l’idée de violence physique,
ils
sont empoisonnés jusque dans leurs pensées et leurs amours. Ils sont
38
sonnés jusque dans leurs pensées et leurs amours.
Ils
sont devenus méchants comme des châtiés. Il faut que la violence soit
39
urs. Ils sont devenus méchants comme des châtiés.
Il
faut que la violence soit saine, c’est-à-dire : d’abord spirituelle.
40
violence avec la brutalité physique imbécile. Et
il
condamne cette brutalité dans tous les cas où elle ne sert pas à assu
41
il condamne cette brutalité dans tous les cas où
elle
ne sert pas à assurer sa sécurité. Encore ne l’utilise-t-il pas lui-m
42
pas à assurer sa sécurité. Encore ne l’utilise-t-
il
pas lui-même dans ces cas. En effet, ce qui lui répugne le plus, dans
43
qui donne un coup se met à portée d’une riposte.
Ils
préfèrent couvrir de fleurs les lombes des « victimes du devoir ». Gr
44
stes que les plus violents cataclysmes, car là où
ils
passèrent et répandirent leurs excréments, la terre même reste stéril
45
rand-Dupont cherchait à nous persuader. 6. « … qu’
il
ne ferait pas de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de corr
46
e ferait pas de mal à une mouche. » Peut-être est-
il
prudent de corriger cette exagération légère. Léon-Paul Fargue, à pro
47
Fargue, à propos du bourgeois, disait un jour : «
Il
n’est pas d’une méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas de mal à un l
48
our : « Il n’est pas d’une méchanceté cérastoïde.
Il
ne ferait pas de mal à un lion. » 1. Interventions chirurgicales.
49
r trop facile à ne pas prendre place à nos côtés.
Il
s’agit de ce que nous baptiserons le petit-purisme. Définition des
50
au nom de la stricte observance d’une doctrine qu’
ils
sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait la vie même de la
51
etits bourgeois de la Révolution. Puis du fait qu’
ils
se disent révolutionnaires, ces bons petits intellectuels deviennent
52
ur les réactionnaires. Et c’est bien pour cela qu’
il
nous paraît urgent de leur coller une étiquette qui les distingue, sa
53
d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’
ils
aillent grossir les rangs de ceux que les rédacteurs de l’Ami du Peup
54
volutionnaires qui ne paraissent « pas très comme
il
faut », et, pour tout dire, « confusionnistes » à ces terroristes de
55
tes » à ces terroristes de café. À les en croire,
il
n’y aurait rien d’autre à faire que d’installer des mitrailleuses tou
56
te théorique se révélant pour l’instant malaisée,
ils
utilisent leurs loisirs à s’accuser réciproquement d’être de la polic
57
l petit copain devient dangereusement trotskiste.
Ils
apportent une véritable coquetterie à souligner leur conformisme et l
58
er leur conformisme et leur touchante orthodoxie.
Ils
se soumettent éperdument à toutes les directives même si comme on le
59
tionnaires que l’on séduit par le mépris. Certes,
ils
sont conformistes pis qu’à la gauche, mais pas plus loin comme disait
60
gauche, mais pas plus loin comme disait l’autre.
Ils
n’ont pas le format physique et moral nécessaire pour intégrer, rejet
61
des nécessités concrètes de l’heure et du lieu où
ils
vivent, la France de 1932, non la Russie de 1917, révèle un désespoir
62
impuissance. Victimes de la pensée bourgeoise qu’
ils
s’épuisèrent à combattre sachant qu’ils ne pourraient que périr avec
63
geoise qu’ils s’épuisèrent à combattre sachant qu’
ils
ne pourraient que périr avec elle, ils vont chercher dans la lecture,
64
attre sachant qu’ils ne pourraient que périr avec
elle
, ils vont chercher dans la lecture, pour eux très aride, de Marx, d’E
65
sachant qu’ils ne pourraient que périr avec elle,
ils
vont chercher dans la lecture, pour eux très aride, de Marx, d’Engels
66
s toutes les tares de l’orthodoxie les menacent :
ils
défendent un système, au lieu d’attaquer ce qui est ; ils témoignent
67
ndent un système, au lieu d’attaquer ce qui est ;
ils
témoignent de plus de mépris que d’amour vrai des hommes, ils abusent
68
nt de plus de mépris que d’amour vrai des hommes,
ils
abusent de l’empire et de la condamnation style Saint-Just, bref, ils
69
ire et de la condamnation style Saint-Just, bref,
ils
rendent l’atmosphère révolutionnaire irrespirable, alors que justemen
70
tenaire d’un matérialisme d’ailleurs mal compris,
ils
ne bougent plus le petit doigt, s’arrêtent de penser et attendent l’a
71
ateur s’inquiète peu d’une discipline théorique ;
elle
trouve ses disciplines vivantes dans la résistance des faits, elle a
72
isciplines vivantes dans la résistance des faits,
elle
a son ressort dans la personne même, en tant que cette personne s’opp
73
ppose à toutes les abstractions systématiques, qu’
elles
soient importées d’Amérique où elles sont mortelles, où de Russie, où
74
matiques, qu’elles soient importées d’Amérique où
elles
sont mortelles, où de Russie, où pour l’heure elles sont vitales, peu
75
les sont mortelles, où de Russie, où pour l’heure
elles
sont vitales, peu importe. Ce n’est pas la pureté d’une conception co
76
même une garantie révolutionnaire évidente. Seule
elle
sera capable d’entraîner les masses. Mais en voilà assez, n’abusons p
77
a nous être utile. Petits purs, petits purs, faut-
il
rire ou se fâcher ? Ceux qui se demandent si je suis bien « dans la l
78
rivé, tous ceux qui haïssent la religion parce qu’
elle
les met à nu, prend en pitié leur sale caractère : tous ceux qui pour
79
s ceux qui poursuivent l’humanité de sarcasmes qu’
ils
n’ont pas inventés, car la véritable invective n’est qu’une forme pol
80
forme polémique de la générosité. Hélas, fallait-
il
perdre une page à dire qu’ils ne méritent pas de vous dégoûter de la
81
sité. Hélas, fallait-il perdre une page à dire qu’
ils
ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que la
82
38). Bref, s’il y eut, à votre sens, « manœuvre »
elle
fut, comme vous le dites, « trop claire » pour qu’un esprit tel que l
83
bien que, sous la plume d’un stalinien de Paris,
elle
exprime le désir de déconsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt
84
l’entourent et qui la menacent. Tel est le fait.
Elle
souffre d’une carence aiguë de la jeunesse. C’est pourquoi le problèm
85
jamais garantie par la signature des vieillards ;
elle
repose sur la puissance révolutionnaire, c’est-à-dire sur la jeunesse
86
de la nation. Mais la jeunesse française existe-t-
elle
? On put le croire vers 1925. C’était, l’on s’en souvient, le temps d
87
e. Le désordre des choses s’imposait aux esprits,
ils
s’appliquaient à le refléter dans leurs œuvres ; un peu plus de viole
88
route n’est pas si pénible qu’on peut le croire :
elle
comporte moins de sacrifices que de prix littéraires et de coups de p
89
derrière. Cette jeunesse a terriblement vieilli :
elle
est déjà jeune-radicale. On dit aussi, je le sais bien, que l’idéolog
90
rine destinée à périr avec le système régnant, qu’
elle
croit combattre, et dont elle figure le dernier stade de décompositio
91
système régnant, qu’elle croit combattre, et dont
elle
figure le dernier stade de décomposition spirituelle. Non, le problèm
92
se, le problème de notre révolution est ailleurs.
Il
est précis. Il se pose en termes historiques bien définis : c’est le
93
de notre révolution est ailleurs. Il est précis.
Il
se pose en termes historiques bien définis : c’est le problème de la
94
tie l’a sabotée, ruinée et trahie. De la personne
elle
a fait l’individu, ouvrant ainsi les voies aux collectivismes qui tri
95
pe de l’Est. De la patrie, centre de rayonnement,
elle
a fait la nation-carcan. Et de l’universalité de la personne, elle a
96
tion-carcan. Et de l’universalité de la personne,
elle
a permis qu’on tire l’internationalisme, c’est-à-dire la négation de
97
rdre spirituel, c’est-à-dire au bien du prochain.
Elle
sera au contraire la revendication universelle de l’humain contre tou
98
re de l’existence, contre toutes les tyrannies qu’
il
s’impose en vertu du sadisme de la lâcheté. Telles sont les bases de
99
x qui veulent s’adresser à la jeunesse d’un pays.
Ils
trouveront enfin à qui parler. Le problème de notre attitude devant l
100
otons la guerre capitaliste. Par tous les moyens.
Elle
ne peut que retarder l’accession aux conflits nécessaires. f. Roug
101
evendiquait récemment, à la suite de Marx, disait-
il
, « la précédence du matériel, l’antériorité de l’être par rapport à l
102
à la pensée ». En d’autres termes moins obscurs,
il
affirmait qu’il faut « commencer par le commencement ». Nous accepter
103
En d’autres termes moins obscurs, il affirmait qu’
il
faut « commencer par le commencement ». Nous accepterons volontiers c
104
« les racines du malheur », c’est lui d’abord qu’
il
faut détruire si l’on veut tuer ces racines et surtout empêcher qu’el
105
l’on veut tuer ces racines et surtout empêcher qu’
elles
ne se reforment. La nécessité d’un travail doctrinal radical nous app
106
de notre ordre. Cet ordre est nouveau en ceci qu’
il
ne peut être établi que par un changement de plan. Changer de plan, p
107
tes sont insolubles sur le terrain positiviste où
ils
les placent. Elles ne prennent leur vrai sens que dans le plan de la
108
es sur le terrain positiviste où ils les placent.
Elles
ne prennent leur vrai sens que dans le plan de la personne, où nous l
109
s prétendent, chacun à leur manière, le résoudre.
Ils
se disputent sur la manière. Mais leur dispute se passe sur un plan o
110
anière. Mais leur dispute se passe sur un plan où
elle
est par définition sans issue : le plan matérialiste. Qui pourra jama
111
absolument ce fameux minimum de vie nécessaire ?
Il
varie dans des proportions considérables selon la valeur morale des ê
112
e ; que seule la doctrine personnaliste, parce qu’
elle
le transcende et le replace dans une totalité vivante, lui donne un s
113
t théorique que prend forcément cet exposé, et qu’
il
perdrait si nous avions la place nécessaire pour développer. Nous nou
114
lle doctrine, voyons d’abord quelles institutions
elle
nous oblige à combattre et à renverser. Ce sont, en premier lieu, les
115
l’a-t-on vu ? qui l’a vu ? et comment existerait-
il
? C’est pourtant sur cet homme abstrait qu’est bâti tout le système d
116
uve à tous les étages du système. C’est à cause d’
elle
qu’il s’écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici notre opposit
117
us les étages du système. C’est à cause d’elle qu’
il
s’écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici notre opposition au
118
système. C’est à cause d’elle qu’il s’écroulera.
Il
suffira sans doute d’indiquer ici notre opposition au parlementarisme
119
vec des discours, mais bien en créant un monde où
il
apparaîtra sous son vrai jour, comme le conservatoire de la politique
120
unistes, figurants indispensables et inoffensifs.
Il
suffira de rappeler, d’autre part, que l’individualisme libéral est r
121
personne nous oppose à tout soviétisme stalinien.
Il
est trop facile, en effet, de distinguer dans le stalinisme un retour
122
ntenues dans la définition de l’individu libéral.
Il
nous est possible maintenant de désigner d’un seul mot l’objectif de
123
, c’est la lutte contre l’étatisme moderne tel qu’
il
s’est constitué depuis Marx, phénomène beaucoup plus concret, plus un
124
e réaliser une révolution effective ? Ici encore,
il
nous faut nous borner à deux indications très générales : Dans le dom
125
peut-être de la voir si peu romantique. C’est qu’
il
sévit actuellement, parmi certains groupes d’intellectuels, un vérita
126
ment. Mais pour que l’acte soit réel, encore faut-
il
une doctrine et des institutions qui le traduisent en faits. Les aris
127
us les hommes ou presque en demandent. Seulement,
il
en est d’injustifiés. Et c’est ce que nous voulons déterminer d’abord
128
de la croissance spontanée du mouvement ouvrier ;
elle
y fut le résultat naturel et fatal du développement de la pensée chez
129
ée chez les intellectuels.5 Peut-être ne serait-
il
pas inutile, pour conclure, de dégager clairement les thèses impliqué
130
Lénine, 1902.) 2° Dans l’état présent des choses,
il
n’y a pas d’ordre concevable sur le plan capitaliste, au déterminisme
131
urs États et de leurs frontières, on peut dire qu’
elles
seront universelles, mais particulières. Alors seulement, au lieu de
132
ères. Alors seulement, au lieu de s’entrechoquer,
elles
devront se compléter. 5. Lénine : Que faire ? h. Rougemont Denis d
133
e de l’Europe ait changé, depuis dix ans, plus qu’
il
ne l’avait fait depuis Napoléon, c’est une évidence acquise et qui pe
134
dans les régimes fascistes ou soviétiques. C’est
elle
qui constitue leur parenté la plus profonde. Mais il y a entre ces tr
135
continent ? Est-ce une opération artificielle, qu’
il
faudrait comparer à la chirurgie esthétique actuellement en vogue ? E
136
sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-
il
celui d’un nouveau venu, ou bien y distingue-t-on déjà, sous le fard,
137
apporte une réponse d’autant plus intéressante qu’
elle
est très significative du nouvel état d’esprit de la jeunesse françai
138
rit de la jeunesse française. En effet, tandis qu’
il
nous venait d’Allemagne et de Russie plusieurs livres fameux proclama
139
c un scepticisme plus ou moins sympathique ; mais
elle
n’avait pas répondu au défi qu’ils lui adressaient. MM. Dupuis et Mar
140
thique ; mais elle n’avait pas répondu au défi qu’
ils
lui adressaient. MM. Dupuis et Marc comblent aujourd’hui une lacune q
141
s des revues comme L’Ordre nouveau ou Esprit .
Ils
ont voulu faire œuvre d’information d’abord mais aussi de critique co
142
n d’abord mais aussi de critique constructive, et
ils
s’expliquent très franchement là-dessus, dans une préface vigoureuse.
143
schématiser quelque peu leur doctrine, disons qu’
ils
reprochent avant tout aux trois révolutions établies d’avoir « prémat
144
« prématurément » bouleversé un ordre social, qu’
elles
n’étaient pas encore en mesure de rénover radicalement. Mal préparées
145
ssaire des solutions vraiment neuves et fécondes,
elles
devaient, dès la prise du pouvoir, dégénérer en dictatures. « L’État,
146
ce, dans des cadres bien plus rigides que ceux qu’
elle
venait de renverser. Provisoirement, elle accepte de consacrer son en
147
ceux qu’elle venait de renverser. Provisoirement,
elle
accepte de consacrer son enthousiasme aux tâches de reconstruction qu
148
auraient être mises en doute. Mais qu’adviendra-t-
il
, le jour peut-être prochain où ces jeunes hommes s’apercevront que le
149
es jeunes hommes s’apercevront que les régimes qu’
ils
servent, loin d’avoir créé un ordre nouveau, ont bien plutôt consolid
150
on que pouvait en permettre un sujet aussi vaste,
ils
ont réussi à brosser le panorama habilement suggestif, plein de vie e
151
livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel qu’
il
est cependant, on n’en peut désirer de plus utile. Expliquons-nous. C
152
rtificiel de tous les ouvrages de Kierkegaard. Et
il
en a tiré la monographie la plus logique, la plus objective et la plu
153
c l’assesseur Wilhelm. Mais voilà justement ce qu’
il
nous faut. Du personnage complexe de Kierkegaard, on nous a présenté
154
erkegaard est surtout un chrétien, et c’est ce qu’
il
eût fallu montrer d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et d’un
155
et d’une trempe exceptionnelle ; mais non tant qu’
il
ne puisse « édifier » — pour user d’un vocable auquel il sut rendre u
156
uisse « édifier » — pour user d’un vocable auquel
il
sut rendre un sens énergique — le croyant le moins fait aux mystères
157
u’on aurait pu s’y prendre autrement. Après tout,
il
ne faut pas souhaiter à Kierkegaard une introduction systématique et
158
omme qui vient nous dire, en toute simplicité, qu’
il
a vu l’événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira san
159
n toute simplicité, qu’il a vu l’événement, et qu’
il
en est encore tout remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’air
160
est encore tout remué. On le croira sans peine :
il
n’a pas l’air d’avoir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie
161
eine : il n’a pas l’air d’avoir pu inventer ce qu’
il
raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or, je tiens qu’il n’y a rien
162
e. Cela donne envie d’aller voir. Or, je tiens qu’
il
n’y a rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe
163
e mérite décisif de ce livre, c’est que peut-être
il
fera faite la moue aux spécialistes de l’histoire des systèmes, aux a
164
èmes, aux amateurs d’élégances formelles, mais qu’
il
saura certainement émouvoir ceux qui cherchent à vivre leur pensée. «
165
ssablement Kierkegaard. C’est de toi, lecteur, qu’
il
s’agit, et non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui
166
ié ce qui n’est pas simple chez Kierkegaard, mais
il
a su le décrire sans pédantisme et sans littérature. Tant de biograph
167
une fois rétablie la perspective hors de laquelle
il
est impossible de rien comprendre à Kierkegaard — j’entends la perspe
168
ici un nouveau malentendu, d’autant plus grave qu’
il
porterait cette fois sut le centre même de l’œuvre, et non plus sur l
169
en France. Carl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’
il
baptise, d’un terme impressionnant, son ascétisme antivital. Cet ascé
170
devint pas lui-même le « témoin de la vérité » qu’
il
annonçait, mais resta simplement « un poète ». Double reproche, plus
171
rave que Koch ne veut le croire. C’est en vain qu’
il
s’efforce tardivement d’en limiter la portée. La thèse extrême8 de Ki
172
ussi sa raison d’être et sa vocation prophétique.
Il
existe, dira Karl Barth, dont la théologie procède ici de Kierkegaard
173
de la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu’
il
la déclare antichrétienne ; cela ne prouve rien que l’on ne sût déjà
174
éellement adopté et assimilé par la vie humaine ;
il
reste pour elle un paradoxe étrange et effrayant », s’écrie Carl Koch
175
té et assimilé par la vie humaine ; il reste pour
elle
un paradoxe étrange et effrayant », s’écrie Carl Koch, visiblement sc
176
chrétien sait que la vie de l’homme est au péché.
Il
sait aussi que le contraire du péché « ce n’est pas la vertu, mais la
177
enser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’
elle
est trop tiède, et propre au plus à écœurer celui qui veut non la dur
178
de la pensée, c’est de découvrir quelque chose qu’
elle
ne puisse pas penser ». Il est curieux que les esprits moyens reproch
179
rir quelque chose qu’elle ne puisse pas penser ».
Il
est curieux que les esprits moyens reprochent aux grands de mépriser
180
exigence ? Nos vérités nous justifient, parce qu’
elles
nous sont accessibles ; mais la vérité nous accuse, parce que nos dés
181
. Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dire qu’
il
mourut en martyr9 d’avoir défendu contre tous l’impossibilité humaine
182
us l’impossibilité humaine du témoignage, — n’a-t-
il
point, par sa mort justement, témoigné de la vérité ? 7. Tout cela,
183
dérik où Kierkegaard passa ses derniers jours : «
Il
tient sa maladie pour mortelle ; sa mort serait nécessaire à l’accomp
184
ssaire à l’accomplissement de la tâche à laquelle
il
a consacré toute sa force intellectuelle et toute son œuvre… S’il ne
185
ute sa force intellectuelle et toute son œuvre… S’
il
ne meurt pas, dit-il, il devra poursuivre sa lutte religieuse, mais e
186
tuelle et toute son œuvre… S’il ne meurt pas, dit-
il
, il devra poursuivre sa lutte religieuse, mais elle s’en trouvera aff
187
le et toute son œuvre… S’il ne meurt pas, dit-il,
il
devra poursuivre sa lutte religieuse, mais elle s’en trouvera affaibl
188
il, il devra poursuivre sa lutte religieuse, mais
elle
s’en trouvera affaiblie ; au contraire, sa mort lui assurera une forc
189
ort lui assurera une force nouvelle ; et, pense-t-
il
, la victoire. » l. Rougemont Denis de, Koch Carl, « [Préface] Carl
190
nt de la Colère de Dieu, aussi de sa miséricorde.
Il
n’y a pas de communion humaine hors l’unanime attente trébuchante, ho
191
s appels à Luc, n’a pas répondu à notre question,
il
fait métier d’être incapable de répondre aux questions. Aussi quittan
192
ons. Aussi quittant le ton des prophètes ajoute-t-
il
à l’usage des importuns qui posent des questions un petit post-script
193
ur quelle espèce d’hommes on écrit, en fait, mais
il
faudrait des statistiques difficiles à établir. Par exemple : combien
194
es », comme on dit, ne possède pas d’économistes.
Il
entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeurs neuves, ou m
195
ement, des hommes qui dominent les questions dont
ils
traitent. Car pour « l’économiste distingué », nous en sommes pourvus
196
On répondit à Berdiaev : mais nous avons Dandieu…
Il
nous reste, du moins, sa dernière œuvre. Aussi, les éléments d’une su
197
t que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’
il
nous l’a laissée, l’œuvre d’Arnaud Dandieu apporte non seulement des
198
ssion de l’inhumaine « condition prolétarienne ».
Il
est bon de noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes
199
prédilection. Mais voilà qui est plus important :
elle
se révèle immédiatement réalisable. Les travaux d’un groupe d’ingénie
200
l exemple du pouvoir des philosophes. Encore faut-
il
que les philosophes pensent dans le réel, c’est-à-dire dans l’actuali
201
s et tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-
il
que les hommes de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’êtr
202
où l’on savait au moins, même en les adorant, qu’
elles
se nourrissent du sang de l’homme. On pourrait montrer facilement, à
203
er certain public au détriment des principes dont
elles
procèdent, et qui sont à mes yeux beaucoup plus graves et significati
204
rsonnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’
il
va, — il faudrait dire : tel qu’on le laisse aller. Craignons que ce
205
quitte à se lamenter sur le monde tel qu’il va, —
il
faudrait dire : tel qu’on le laisse aller. Craignons que ce mépris, t
206
de s’opposer. À force de considérer d’une part qu’
il
n’est d’autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’au
207
L’Aube au Figaro , les en félicitent gravement.)
Il
faut rendre à Dandieu cette justice11 que le « contresens habituel su
208
’origine même du désordre actuellement établi, qu’
il
se dénomme ordre bourgeois ou dictature. Ce processus peut apparaître
209
re assez paradoxal. Pour en découvrir la logique,
il
suffit pourtant d’étudier la marche des révolutions bourgeoise et pro
210
ationaliste. Pourquoi les révolutions aboutissent-
elles
à des dictatures, c’est-à-dire à la négation de leur élan originel, a
211
lan originel, an-archique, antiétatiste. Parce qu’
elles
reposent l’une et l’autre, sur des constructions rationalistes qui ne
212
tique l’échec d’une révolution qui ne sait pas où
elle
va. » Cartésienne ou hégélienne, la dialectique sur laquelle se fonde
213
cte, non de l’acte lui-même. Au moment de sauter,
elles
hésitent et reculent. Elles tombent alors dans l’illusion d’une synth
214
Au moment de sauter, elles hésitent et reculent.
Elles
tombent alors dans l’illusion d’une synthèse qu’elles veulent croire
215
s tombent alors dans l’illusion d’une synthèse qu’
elles
veulent croire transitive, conciliant les contradictions réelles sur
216
l vient s’incarner dans notre génération. Saura-t-
elle
le pousser jusqu’à ses confins créateurs, — ou va-t-elle, une fois de
217
pousser jusqu’à ses confins créateurs, — ou va-t-
elle
, une fois de plus, s’endormir dans le rêve d’un « troisième terme » d
218
herchons plutôt les conflits vitaux pour lesquels
elles
furent inventées. La sémantique ainsi comprise peut être une science
219
ême à l’intérieur de lui-même », écrit Fernandez.
Il
en déduit naturellement que « la personnalité concrète peut se réalis
220
dez, que l’homme intérieur de l’idéalisme, puisqu’
elle
est à la fois conquête et rencontre, engagement et actualité. Une per
221
e14 de la personne telle que nous la définissons.
Elle
n’est pour lui qu’un mythe, dont il met en doute la puissance de soul
222
éfinissons. Elle n’est pour lui qu’un mythe, dont
il
met en doute la puissance de soulèvement. « On comprend qu’un bourgeo
223
ue sa peau pour la sauver : on ne comprend pas qu’
il
s’arrache la peau dans l’espoir qu’une meilleure lui pousse. » Fernan
224
ogie du bourgeois, animal visqueux et féroce dont
il
me semble que Léon Bloy a donné la description la plus exacte. (Il fa
225
Léon Bloy a donné la description la plus exacte. (
Il
faudrait être Bloy pour montrer comment cette « peau » du bourgeois p
226
comment cette « peau » du bourgeois pour laquelle
il
mourrait, dit-on, ne peut être qu’un symbole de son argent.) Mais ce
227
mi nous, tiennent encore à être des hommes. 10.
Il
faut même noter que le chapitre intitulé Échange et Crédit bouleverse
228
plus encore que de l’écriture, d’Aron et Dandieu.
Il
faudrait pouvoir citer ici la page finale que Dandieu ajouta de sa ma
229
ris de toute rhétorique. 13. « La Révolution est-
elle
nécessaire ? », NRF de janvier 1934. L’article est d’ailleurs sympath
230
nvier 1934. L’article est d’ailleurs sympathique.
Il
a surtout le grand mérite d’aller droit aux problèmes réels que pose
231
octrines politiques (juillet-août 1934)o Y a-t-
il
des jeunes protestants ? Cette enquête le démontrera sans doute. Il f
232
estants ? Cette enquête le démontrera sans doute.
Il
faut avouer pourtant qu’il n’est pas très facile de repérer leurs pos
233
démontrera sans doute. Il faut avouer pourtant qu’
il
n’est pas très facile de repérer leurs positions, sur le plan de l’ac
234
ire En dépit de certaine polémique bourgeoise,
il
n’existe pas de théorie du désordre. Toute doctrine sociale, fût-elle
235
théorie du désordre. Toute doctrine sociale, fût-
elle
la plus subversive, est la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’u
236
rrestre suppose une conception de l’homme, tel qu’
il
est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception r
237
ne conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’
il
devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, ou
238
tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’
il
est : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la politique de
239
e, une politique de la camisole de force. Tel qu’
il
devrait être : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, la
240
omme est une bête, que c’est là son partage et qu’
il
faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but
241
faire l’ange fait la bête. »16 Qu’est l’homme ?
Il
ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comme perdu, et p
242
Ainsi l’homme n’est humain que dans un paradoxe ;
il
est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait pe
243
humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’
il
se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul
244
paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé,
il
est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le fai
245
rdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’
il
se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le fait humain : car si l’
246
ain : car si l’homme peut se voir perdu, c’est qu’
il
croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est fai
247
e peut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’
il
est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Di
248
aits qui nous serviront de critères : d’une part,
elle
est seule humaine, au sens évangélique du terme ; d’autre part, elle
249
ine, au sens évangélique du terme ; d’autre part,
elle
est intenable. Elle est seule humaine, parce que seule elle pose la q
250
ique du terme ; d’autre part, elle est intenable.
Elle
est seule humaine, parce que seule elle pose la question dernière du
251
ntenable. Elle est seule humaine, parce que seule
elle
pose la question dernière du destin de l’homme, en même temps qu’elle
252
n dernière du destin de l’homme, en même temps qu’
elle
connaît et saisit l’homme dans sa condition actuelle. Mais il faut sa
253
t saisit l’homme dans sa condition actuelle. Mais
il
faut savoir aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres de la f
254
condition actuelle. Mais il faut savoir aussi qu’
elle
est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisi
255
i sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’
ils
ne souffrent point d’être d’avance limités par un système, par un pro
256
er les moyens. Ou encore : pour le politique pur,
il
s’agit toujours d’un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le cr
257
établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant,
il
ne s’agit, d’abord, que d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est vér
258
s que l’ordre est véritablement reçu, et accepté,
il
s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant
259
olitique est dans l’histoire, dans la durée. Mais
il
faut que l’ordre reçu s’insère aussitôt dans l’histoire ; et le probl
260
ôt dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’
il
doit rester subordonné à l’origine et à la fin, en est cependant insé
261
rigine et à la fin, en est cependant inséparable.
Il
est donc non seulement possible, mais nécessaire, que le chrétien pre
262
nne position en présence des partis politiques. S’
il
rejette les partis pris, c’est qu’il doit sans cesse, à nouveau, pren
263
olitiques. S’il rejette les partis pris, c’est qu’
il
doit sans cesse, à nouveau, prendre parti. Comme le réactionnaire, il
264
à nouveau, prendre parti. Comme le réactionnaire,
il
veut connaître l’homme tel qu’il est — seulement il le connaît mieux.
265
e réactionnaire, il veut connaître l’homme tel qu’
il
est — seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que s
266
veut connaître l’homme tel qu’il est — seulement
il
le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que sa doctrine n’a pas
267
seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste,
il
sait que sa doctrine n’a pas à expliquer le monde, mais à le transfor
268
quer le monde, mais à le transformer — seulement,
il
sait que cette transformation s’appelle le Royaume de Dieu, non le ro
269
oyaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire,
il
affirme que l’ordre établi ne saurait être en aucun cas définitif ni
270
n cas définitif ni suffisant. Contre le marxiste,
il
affirme que l’évolution nécessaire n’entraîne pas une amélioration du
271
ment au paradis terrestre. Aux uns et aux autres,
il
reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritabl
272
a personne par rapport à l’ensemble ; mais encore
il
pourra et devra affirmer que la seule communauté réelle et humainemen
273
de L’Écho de Paris. Du point de vue de notre foi,
il
me semble d’ailleurs qu’une position monarchiste peut être justifiée
274
es économiques qui nous pressent. Un chrétien a-t-
il
le droit de rêver ? Que faire alors, dans l’état de choses qui s’offr
275
? Et toute activité auprès des ouvriers ne pose-t-
elle
pas des problèmes de doctrine économique et sociale qu’on ne saurait
276
ion est l’expression d’une vocation particulière,
elle
tend à échapper à la politique et sort du domaine de cette enquête. D
277
rt du domaine de cette enquête. Dans la mesure où
elle
devient l’expression d’un mouvement, le moins qu’on en puisse dire, c
278
ouvement, le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’
elle
est dangereusement insuffisante : elle impliquerait, en effet, logiqu
279
, c’est qu’elle est dangereusement insuffisante :
elle
impliquerait, en effet, logiquement, bien d’autres objections au régi
280
grave critique d’incohérence et de sectarisme qu’
il
faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des objecteurs porte à s
281
trême le paradoxe défini dans ma première partie.
Elle
ne saurait être mise en symétrie avec aucune des autres attitudes que
282
c aucune des autres attitudes que j’ai indiquées.
Elle
comporte un risque, un engagement concret, un acte de foi, qui transc
283
nscendent le plan de toute doctrine sociale. Mais
il
fallait en parler ici : elle marque le pôle du refus, dans notre « po
284
doctrine sociale. Mais il fallait en parler ici :
elle
marque le pôle du refus, dans notre « politique du pessimisme actif »
285
ttitude chrétienne devant les exigences de César.
Elles
sont en singulière consonance avec les principes directeurs de deux m
286
e gauche également condamnées. Par ce seul refus,
elles
opèrent déjà ce que le vocabulaire de l’Ordre nouveau nomme un « chan
287
e plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire.
Elles
se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif de la mentalité pol
288
té politique française. C’est un volume entier qu’
il
faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si profon
289
nquis déjà d’innombrables adhésions, si seulement
elles
s’étaient données pour des doctrines de droite, ou de gauche. Mais c’
290
où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’
ils
ont provoqués de tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pour l
291
ulture bourgeoise et de la distinction commode qu’
elle
suppose et implique entre la pensée et l’action. 2. Quelques affirmat
292
mation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’
ils
définissent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation de la nécessi
293
issent l’attitude spirituelle des jeunes groupes.
Ils
indiquent assez la nouveauté de leur point de départ. Alors que les p
294
moins bruyant et moins démagogique, le combat qu’
ils
mènent est beaucoup plus radical au sens étymologique du terme : c’es
295
ymologique du terme : c’est aux racines du mal qu’
ils
s’attaquent. D’où leur force d’entraînement lente et profonde, dont l
296
ent de la crise confirmera leurs prévisions. Mais
il
ne suffit pas qu’un point de départ soit juste. Il faut encore partir
297
l ne suffit pas qu’un point de départ soit juste.
Il
faut encore partir, — sinon le point de départ se transforme en un si
298
lus pour flatter la jeunesse, mais la jeunesse qu’
ils
ont atteinte n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est pa
299
rd, Économique ensuite, Politique à leur service.
Il
est facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois
300
utions. Telle est la « primauté du spirituel » qu’
il
ne cesse d’invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoireme
301
spirituel » qu’il ne cesse d’invoquer au risque,
il
faut le dire, de créer provisoirement, dans certains cerveaux, les pl
302
ves malentendus. On a cru, ou feint de croire, qu’
il
ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, on a trop souve
303
cette affirmation dans la revue Esprit . S’agit-
il
là, encore, du spirituel comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier, direc
304
n’a rien de commun avec cela qu’ont voulu voir en
elle
les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’
305
’acte personnel — et cette nuance est capitale —,
il
est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spéci
306
un ambitieux effort de reconstruction culturelle.
Il
faut citer ici les numéros volumineux consacrés à la question du Trav
307
pauvre, misère du riche. Un tel titre n’évoque-t-
il
pas un souvenir fameux ? Cette revue jouera-t-elle un rôle comparable
308
-il pas un souvenir fameux ? Cette revue jouera-t-
elle
un rôle comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se
309
comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ?
Elle
a su se garder assez bien de la démagogie, des à peu près journalisti
310
L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’
ils
sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans la vie po
311
défend d’aborder aucune question confessionnelle.
Il
n’en reste pas moins que le fondement spirituel commun à ces deux gro
312
st pas de celles que l’on met en systèmes. Le fût-
elle
, leur très petit nombre les empêcherait d’imposer ce parti à l’ensemb
313
stial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’
il
renverse était plus « angélique » dans ses prétentions. 17. Et depui
314
ue « Nous voulons ». Inspirés par l’Ordre nouveau
ils
sont cependant autonomes. 18. Titre d’un essai d’Arnaud Daudin et D.
315
qu’on leur offre ne sont guère plus reluisantes :
ils
n’ont plus le temps de se cultiver, ils ne trouvent pas de situations
316
isantes : ils n’ont plus le temps de se cultiver,
ils
ne trouvent pas de situations… Arguments justes peut-être, pour certa
317
n homme à une patrie concrète, si restreinte soit-
elle
. Il n’y aura plus le frein à l’entraînement de la vie citadine ; à ce
318
e à une patrie concrète, si restreinte soit-elle.
Il
n’y aura plus le frein à l’entraînement de la vie citadine ; à cette
319
par un milieu qu’on se prend à mépriser parce qu’
il
vous tient. Neurasthénie. Il y a aussi ces comparaisons qui s’imposen
320
ré comme un élément « de rapport », balayé dès qu’
il
ne rapporte plus à temps. Nomadisme. Et derrière la concierge, derriè
321
r leur opposition à l’ordre qui les moleste. Mais
il
s’agit ici de gens habitués à conduire leurs affaires. Ils ne se cont
322
t ici de gens habitués à conduire leurs affaires.
Ils
ne se contenteront pas de dire un non désespéré. Ils chercheront un n
323
ne se contenteront pas de dire un non désespéré.
Ils
chercheront un nouvel ordre. Leur communauté sera donc une communauté
324
? Le mot nation dans son acception moderne n’a-t-
il
pas désigné d’abord l’idéal de la Révolution française, une communaut
325
et l’échec des « Wandervogel » est significatif.
Ils
se disaient les « oiseaux migrateurs ». Ce nom même indiquait leur or
326
se résoudre l’angoissant problème des cités. Mais
il
faudrait d’abord transformer la province et la rendre habitable… Il f
327
d transformer la province et la rendre habitable…
Il
faudrait recréer un lien patriotique sans rien perdre du dynamisme «
328
tique sans rien perdre du dynamisme « national ».
Il
faudrait un régime qui sauvegarde la tension nécessaire et féconde en
329
sion relie et sépare. Passant du sujet à l’objet,
elle
les unit dans le temps même qu’elle les distingue. Car si l’œil se co
330
et à l’objet, elle les unit dans le temps même qu’
elle
les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait auss
331
e les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’
il
voit, il sait aussi qu’il voit, et mesure la distance. Ainsi, franchi
332
tingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’il voit,
il
sait aussi qu’il voit, et mesure la distance. Ainsi, franchissant les
333
œil se conforme à ce qu’il voit, il sait aussi qu’
il
voit, et mesure la distance. Ainsi, franchissant les frontières, il l
334
la distance. Ainsi, franchissant les frontières,
il
les délimite à nouveau. La vision est passage et frontière, et lieu d
335
eu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’
ils
s’opposent ou s’ils s’appuient l’un contre l’autre. Elle est drame, e
336
trêmes dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou s’
ils
s’appuient l’un contre l’autre. Elle est drame, elle est événement. E
337
opposent ou s’ils s’appuient l’un contre l’autre.
Elle
est drame, elle est événement. Elle ne connaît rien que des formes, e
338
s s’appuient l’un contre l’autre. Elle est drame,
elle
est événement. Elle ne connaît rien que des formes, et ne croit rien
339
ntre l’autre. Elle est drame, elle est événement.
Elle
ne connaît rien que des formes, et ne croit rien que ce qui apparaît.
340
croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-
elle
qui ne se manifeste ». C’est pourquoi dans le monde de la vision, il
341
ste ». C’est pourquoi dans le monde de la vision,
il
n’y a ni mensonge ni feintes ; rien qui se cache ou rien qui s’exagèr
342
de « moral » — ou d’immoral. Et l’illusion lorsqu’
elle
se risque à subsister dans la lumière est prise impitoyablement pour
343
s la lumière est prise impitoyablement pour ce qu’
elle
est, c’est-à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi que meur
344
ment pour ce qu’elle est, c’est-à-dire pour ce qu’
elle
paraît. N’est-ce pas ainsi que meurt une illusion ? Or toutes ces cho
345
et de la sorte, s’en distingue, rappelons-nous qu’
elle
a son siège au centre même du visage. Sans visage il n’est plus de vi
346
a son siège au centre même du visage. Sans visage
il
n’est plus de vision. Ou l’inverse. Ainsi le je et le tu sont distinc
347
insi le je et le tu sont distincts, sans lesquels
il
n’est pas d’amour. Mais si leur être est justement l’amour ? Peut-on
348
hologues ! Mais aux dépens de quoi s’installaient-
ils
? Entre l’aspect spirituel et l’aspect matériel de l’homme, il existe
349
aspect spirituel et l’aspect matériel de l’homme,
il
existe deux traits d’union : la vue et la parole, la vision et l’ente
350
es deux antagonistes : de leur permettre, pensait-
il
, de « s’expliquer », mais comme on fait devant un tribunal, — et ce n
351
tait rien que leur faiblesse. Mais aujourd’hui qu’
ils
relèvent la tête, le psychologue se voit en mauvaise posture : car le
352
les uns le méprisent, et les autres — le mangent.
Il
sera donc mangé, et le drame pourra se poursuivre24. Ceci soit dit po
353
pas une sensation, mais un décret de l’intellect.
Il
n’y a pas de sensations, il n’y a pas d’images, il n’y a pas d’associ
354
écret de l’intellect. Il n’y a pas de sensations,
il
n’y a pas d’images, il n’y a pas d’associations mentales : il n’y a q
355
l n’y a pas de sensations, il n’y a pas d’images,
il
n’y a pas d’associations mentales : il n’y a que des jugements. Toute
356
d’images, il n’y a pas d’associations mentales :
il
n’y a que des jugements. Toute pensée est « judicatoire », et tout, e
357
! Une fois rendus à qui de droit les honneurs qu’
il
avait empruntés, le psychologue se voit restitué dans son rôle de sim
358
ue justice. Que nous apprend l’observation lorsqu’
elle
se porte sur l’acte même de la vision ? Selon que l’homme qui regarde
359
gard saisira des aspects différents. Supposons qu’
il
contemple un paysage. S’il est un grand poète, il y verra des mythes,
360
fférents. Supposons qu’il contemple un paysage. S’
il
est un grand poète, il y verra des mythes, et s’il est un littérateur
361
il contemple un paysage. S’il est un grand poète,
il
y verra des mythes, et s’il est un littérateur de l’espèce par exempl
362
l est un grand poète, il y verra des mythes, et s’
il
est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra qu’u
363
t un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel,
il
n’y verra qu’un état d’âme ; s’il est un général, il ne verra qu’un c
364
xemple d’Amiel, il n’y verra qu’un état d’âme ; s’
il
est un général, il ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’il est un in
365
n’y verra qu’un état d’âme ; s’il est un général,
il
ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territo
366
général, il ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’
il
est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’il fuit la société de
367
l est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’
il
fuit la société de ses semblables, il verra des retraites solitaires,
368
ploiter ; s’il fuit la société de ses semblables,
il
verra des retraites solitaires, et s’il la cherche, un désert qu’il f
369
mblables, il verra des retraites solitaires, et s’
il
la cherche, un désert qu’il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme doit
370
ites solitaires, et s’il la cherche, un désert qu’
il
faut fuir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou qu’il le quitte,
371
uir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou qu’
il
le quitte, ou qu’il le voit par la portière de son wagon, le paysage
372
e l’homme doit y entrer ou qu’il le quitte, ou qu’
il
le voit par la portière de son wagon, le paysage n’est pas le même ;
373
lle de l’Incarnation, est dominée par la vision ;
il
semble que tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumiè
374
ques-unes des relations que je viens de désigner,
il
n’est pas superflu de recourir à ces « origines » sacrées, comme à un
375
ise a déjà, dans son cœur, commis l’adultère avec
elle
. » (Matt. 5. 28) Sur la vision qui est transformation : « Nous serons
376
semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’
il
est. » (I. Jean 3.2) « L’homme nouveau se renouvelle dans la connaiss
377
la question de notre psychologue — sinon celle qu’
il
se pose, du moins celle qu’il se trouve nous poser — sur le sens dern
378
ue — sinon celle qu’il se pose, du moins celle qu’
il
se trouve nous poser — sur le sens dernier du jugement, toute la méta
379
ement, toute la métaphysique chrétienne, et après
elle
toute philosophie qui postule la transcendance de l’éternel, réponden
380
Celle peut-être à laquelle répond l’apôtre lorsqu’
il
écrit : « Je connaîtrai comme j’ai été connu ». Au commencement es
381
On ne voit que ce qui est vu. Mais peut-être faut-
il
aller plus loin : on ne voit rien que ce qui voit. Car seule est visi
382
cher, aussitôt se meut et se forme, et de même qu’
elle
a été « connue » par la lumière, de même elle devient à nos yeux reco
383
qu’elle a été « connue » par la lumière, de même
elle
devient à nos yeux reconnaissable. Il n’est pas d’autre mouvement que
384
, de même elle devient à nos yeux reconnaissable.
Il
n’est pas d’autre mouvement que cet élan vers la lumière — ou pour la
385
ère créatrice. « L’œil ne verrait pas le soleil s’
il
n’était de nature solaire », dit Goethe. Une telle parole devance not
386
la contemplation de la Face de Dieu, le second qu’
elle
réside in amore ? N’était-ce pas se tromper à la fois sur la nature d
387
aimer. Et nulle vision ne serait « admirable » si
elle
n’était en même temps transformation, mouvement de l’amour. Augustin
388
, je vous ai aimée : car personne ne vous aime, s’
il
ne commence par vous voir, et personne ne vous voit, si ce n’est celu
389
par la vue », nous dit saint Paul. La foi serait-
elle
donc négation de la vision ? Ou la vie éternelle, négation de l’incar
390
notre être et que voient « les yeux de la foi »,
il
semble que notre visage n’en soit qu’une mauvaise épreuve, déjà brûlé
391
ville, à la recherche d’une illusion de soi-même.
Il
faut une force qui le braque, une école sévère et un maître. Car celu
392
rante, cette action d’espérance, voilà le sens qu’
il
faut donner à l’imagination qui crée. Si l’imagination n’est pas ce f
393
ion dont tous les termes sont problématiques ; si
elle
n’est pas non plus ce rêve de l’indiscret, ou cette revanche sur le r
394
de l’indiscret, ou cette revanche sur le réel qu’
elle
figure aux yeux du romantique ; si elle est au contraire une force co
395
e réel qu’elle figure aux yeux du romantique ; si
elle
est au contraire une force concrète, elle est cela : une vision d’esp
396
ue ; si elle est au contraire une force concrète,
elle
est cela : une vision d’espérance, un prolongement, une marche vers l
397
mation ; et c’est alors, mais alors seulement, qu’
elle
peut poursuivre sans s’égarer dans la nuit. La loi de formation : le
398
tes les formes que nous offre la face de l’homme,
il
faut entendre qu’elle reste symbolique d’une certaine image du monde,
399
ous offre la face de l’homme, il faut entendre qu’
elle
reste symbolique d’une certaine image du monde, dont elle ne saurait
400
te symbolique d’une certaine image du monde, dont
elle
ne saurait constituer le centre ni le fondement causal, mais au sein
401
entre ni le fondement causal, mais au sein duquel
elle
demeure cependant le cas privilégié par excellence. Au cours des page
402
nt le péché rend le regard trouble et menteur, qu’
il
nous faut attacher nos yeux non plus sur les idées en tant que telles
403
is même promise à une prochaine renaissance. Mais
il
importe d’en marquer le danger, disons plus : le péché, qui l’a stéri
404
sons plus : le péché, qui l’a stérilisée avant qu’
elle
eût développé tous les effets que les acquisitions modernes nous auto
405
taille admirablement les motifs, mais ce faisant,
il
détend les ressorts de l’imprévisible événement — tensions instituées
406
t ramené à la parole, à l’anecdote. Quant à nous,
il
nous faut choisir : ou l’anecdote, ou le visage. L’expérience montre
407
e est donc devenue personnelle, et c’est pourquoi
il
nous faut la chercher dans la vocation créatrice, non plus dans cette
408
iale impersonnelle que représente la raison. Faut-
il
conclure que notre esprit qu’on dit « latin » est incapable de s’assi
409
rait oublier Léonard et son génie physionomiste.
Il
garde cet esprit symbolique — écrit Paul Valéry dans sa fameuse Intro
410
et qui grandit selon l’extension de son domaine…
Il
est le maître des visages, des anatomies, des machines. Il sait de qu
411
maître des visages, des anatomies, des machines.
Il
sait de quoi se fait un sourire ; il peut le mettre sur la face d’une
412
es machines. Il sait de quoi se fait un sourire ;
il
peut le mettre sur la face d’une maison, aux plis d’un jardin… Et e
413
je souligne dans le texte de Paul Valéry ne sont-
ils
pas l’éblouissante formule d’une image physionomique de l’univers ? O
414
en musique les hommes se laissent aller parce qu’
ils
se figurent qu’il n’y a personne qui soit capable de les voir, sous l
415
mes se laissent aller parce qu’ils se figurent qu’
il
n’y a personne qui soit capable de les voir, sous leur musique) (p. 1
416
montagne, et comme sur tout cela, par son regard,
il
exerce sa puissance et sa conquête… Et le Zarathoustra ! Une œuvre p
417
Et le Zarathoustra ! Une œuvre plus concrète a-t-
elle
donc vu le jour depuis les temps du Livre de Job, de ce profond trait
418
compris, souffrent du même vice de constitution :
elles
considèrent les faits psychiques indépendamment de la personne, comme
419
dépendamment de la personne, comme des cas. Ainsi
elles
laissent perdre l’humain, elles sortent du concret, — du drame. 25.
420
me des cas. Ainsi elles laissent perdre l’humain,
elles
sortent du concret, — du drame. 25. M. Spaier, dans la Pensée concrè
421
e saint Augustin, chapitre XXXI. 30. « N’advient-
il
pas aussi, parmi les hommes, lorsque l’un d’eux regarde l’autre réell
422
que l’un d’eux regarde l’autre réellement, tel qu’
il
est dans le mouvement de sa forme en devenir, que d’une manière étran
423
n devenir, que d’une manière étrange et délicate,
il
l’aide à parvenir à soi-même, en sorte que la force de l’imagination
424
? » (Th. Spoerri : Über Einbildung, p. 25.) 31.
Il
convient de débarrasser ce mot de tout pathos romantique. Le drame, c
425
se passe fort bien d’appréciations sentimentales.
Il
est d’ailleurs d’autant moins « terrifiant » qu’on y est plus réellem
426
n’ambitionne pas d’aboutir à des constructions.
Il
n’en reste pas moins que les années d’avance qu’a prises L’ON lui p
427
truire. Nous poussons notre pointe dans l’avenir.
Il
est bon, et sans aucun doute nécessaire, que d’autres s’occupent d’él
428
s-culottes comprennent : « Vive la Révolution ! »
Ils
ont raison. Pour nous, la vraie nation française c’est la communauté
429
pparence seulement) un seul et même but concret :
ils
veulent une dictature, un « état fort ». La dictature mène à la guerr
430
La dictature mène à la guerre entre autres. Faut-
il
préciser contre qui ? Leurs intérêts pratiques se rejoignent très bie
431
ignent très bien par-delà les massacres de rue qu’
ils
nous préparent, — par-dessus la tête de leurs troupes. Nous nous batt
432
de son temps durant ces dix dernières années, est-
il
bien nécessaire à ce beau livre33. Je crois que Montherlant se fait d
433
is que Montherlant se fait du tort chaque fois qu’
il
entreprend de s’expliquer : on ne lui en demande pas tant, ou plutôt
434
mande beaucoup plus : ces romans ou ces pièces qu’
il
tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense de sa condui
435
ns ou ces pièces qu’il tient dans ses tiroirs. Qu’
il
se moque de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le d
436
ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’
il
le dise, c’est moins bien. Quoi qu’il en soit, retenons de cette préf
437
arfait ; qu’il le dise, c’est moins bien. Quoi qu’
il
en soit, retenons de cette préface sa morale : « Dès l’instant où l’o
438
ve gentille, et aussi, disons-le, de courage, car
il
en faut pour ne montrer que du bon sens en ces matières. Deux morceau
439
s ont l’air de haïr davantage la cause adverse qu’
ils
n’aiment la leur.) Quelle est l’attitude pratique que Montherlant a c
440
lant a cru bon d’adopter ? C’est celle du clerc —
il
dirait : du poète —, qui se réserve pour son œuvre, estimant s’acquit
441
e, estimant s’acquitter de la sorte de tout ce qu’
il
doit, en principe, à César. Sans préjudice d’une prise de position oc
442
cette vanité finale n’empêche pas de servir quand
il
faut. C’est ce que j’appelle du pessimisme actif. Et c’est la devise
443
n d’espérer pour entreprendre… » Mais encore faut-
il
entreprendre. D’abord servir, sachant que c’est inutile ; ensuite per
444
de cette œuvre, ou l’objectif de cette action, qu’
il
importe avant tout de connaître. Et non pas seulement que l’auteur a
445
u’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’
il
n’écrit pas pour défendre ceci ou cela, mais parce qu’il a envie d’éc
446
rit pas pour défendre ceci ou cela, mais parce qu’
il
a envie d’écrire. (On le lui pardonne mieux qu’à d’autres). « Les œuv
447
art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce qu’
il
ferait dans d’autres conditions serait mal fait. » Est-ce que ce beau
448
e ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait qu’
il
s’agit simplement de ce qui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain
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l’amuse, c’est peut-être zéro pour le lecteur. S’
il
a le droit de déconcerter, c’est pour mieux souligner ce qu’il apport
450
de déconcerter, c’est pour mieux souligner ce qu’
il
apporte ; et c’est sur cela seul qu’on le jugera. Je veux savoir pour
451
régime !) et de qualifier d’inutile un service qu’
il
faudrait d’abord rendre. Je force un peu mon objection pour être clai
452
recueil n’apporte rien de positif, comme on dit.
Il
apporte d’abord un ton, ce n’est pas peu, si ce n’est pas toujours as
453
ce n’est pas peu, si ce n’est pas toujours assez.
Il
apporte une qualité morale, une propreté et une franchise qui rafraic
454
araît le craindre Montherlant. « Pourquoi n’y a-t-
il
pas une École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit :
455
n a qualifié d’homme de la Renaissance, ne serait-
il
pas tout aussi bien — s’il refuse le siècle précédent — un contempora
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Renaissance, ne serait-il pas tout aussi bien — s’
il
refuse le siècle précédent — un contemporain spirituel de cet « homme
457
uissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’
il
ne me coûte pas d’en être aussitôt privé ». Et par contre ceci, que j
458
ifférences que l’on voudra, mais pas si fortes qu’
elles
ne nous permettent de prendre une vue plus juste de ce qui est propre
459
ue plus juste de ce qui est propre à Montherlant.
Il
est bien moins curieux d’autrui que Ligne — ce voyageur traqué par sa
460
ne — ce voyageur traqué par sa passion mondaine —
il
est plus grave et plus lyrique, plus janséniste aussi, et il faut sou
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grave et plus lyrique, plus janséniste aussi, et
il
faut souligner ce dernier trait. Mais comparez leur « écriture », c’e