1 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
1 que espoir à condition de ne plus dire un mot de ne plus rien. La morte ou la nue Quand tes yeux se confonde
2 se au tourment bien-aimé… a. Rougemont Denis de , «  Mouvement, La morte ou la nue, Ainsi  », Le Journal des poètes, B
2 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
3 pas fait prier pour nous répondre. Il est curieux de tout ce que font « les jeunes ». Il a été jeune, lui aussi. Du moins
4 ment attaché aux vieux principes libéraux, ennemi de toute violence, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des mill
5 x, ennemi de toute violence, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des m
6 e ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des millions d’hommes dont vous n’avez auc
7 llions de gens vous répondront cela. Des millions d’ hommes dont vous n’avez aucune raison de suspecter la bonne foi, ni mê
8 millions d’hommes dont vous n’avez aucune raison de suspecter la bonne foi, ni même la bonne volonté, vous serviront avec
9 lonté, vous serviront avec une assurance tempérée de douceur cette phrase type qui résume à leurs yeux la sagesse, la mesu
10 e à leurs yeux la sagesse, la mesure, le bon sens de l’humanité, — et qui renferme autant de mensonges que de propositions
11 bon sens de l’humanité, — et qui renferme autant de mensonges que de propositions. En vérité, la force de l’anti-révoluti
12 manité, — et qui renferme autant de mensonges que de propositions. En vérité, la force de l’anti-révolution ne réside pas
13 ensonges que de propositions. En vérité, la force de l’anti-révolution ne réside pas dans l’argumentation des philosophes
14 pas dans l’argumentation des philosophes chargés d’ illustrer à ses propres yeux la bourgeoisie démocratique. Elle réside
15 l’inconscience formidable que traduit la réponse de M. Durand-Dupont. M. Durand-Dupont est persuadé qu’il exprime une opi
16 suis un honnête homme… » Et d’abord il n’y a pas d’ honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroïque et qui suppose un co
17 nnel. Si nous tenons à conserver l’usage pratique de l’adjectif « honnête », réservons-le à ceux qui reconnaissent (avec o
18 omissions, égoïsmes, tolérances diverses, absence de grandeur, besoin de sécurité, etc.). 2. « … fermement attaché… » On n
19 tolérances diverses, absence de grandeur, besoin de sécurité, etc.). 2. « … fermement attaché… » On ne peut tenir fermeme
20 … » On ne peut tenir fermement qu’à quelque chose de ferme. La fermeté de M. Durand-Dupont étant toute verbale, ne relève
21 fermement qu’à quelque chose de ferme. La fermeté de M. Durand-Dupont étant toute verbale, ne relève donc que de l’analyse
22 nd-Dupont étant toute verbale, ne relève donc que de l’analyse logique, et doit être rejetée à ce titre comme impliquant u
23 re » un idéal libéral pour lequel vous refuseriez de recevoir le moindre petit coup de matraque ? 3. « … aux vieux princip
24 vous refuseriez de recevoir le moindre petit coup de matraque ? 3. « … aux vieux principes… ». Les vieux principes libérau
25 ou trop peu. 4. « … libéraux, … ». Le libéralisme de la bourgeoisie est un mensonge. Car, dans la mesure où il veut être e
26 veut être effectif, il doit accepter libéralement d’ être radicalement supprimé par l’adversaire. Si au contraire il dure,
27 ssent ses principes. (M. Chiappe.). 5. « … ennemi de toute violence… ». L’ennemi de la violence, tel que nous le connaisso
28 e.). 5. « … ennemi de toute violence… ». L’ennemi de la violence, tel que nous le connaissons, est un monsieur qui soutien
29 , est un monsieur qui soutient la police, chargée de réprimer violemment ceux qui n’acceptent pas de crever de faim en dou
30 e de réprimer violemment ceux qui n’acceptent pas de crever de faim en douceur. ⁂ Mais cette action très particulière de l
31 mer violemment ceux qui n’acceptent pas de crever de faim en douceur. ⁂ Mais cette action très particulière de la non-viol
32 en douceur. ⁂ Mais cette action très particulière de la non-violence mérite un examen plus approfondi. Elle constitue en e
33 le constitue en effet l’argument le plus efficace de la bourgeoisie conservatrice. Elle pose devant la conscience de « l’h
34 sie conservatrice. Elle pose devant la conscience de « l’honnête homme » un problème que toutes ses convictions inconscien
35 Et l’on sait que la bourgeoisie cultive ce genre de problèmes avec une prédilection à vrai dire bien compréhensible, car
36 ielles. M. Durand-Dupont, troublé par le problème de la violence, commence par le déclarer insoluble, puis se résout à lai
37 ous engagions ici dans une apologie philosophique de la violence, qu’il critiquerait avec talent, au nom de l’« humanité »
38 tend repousser la révolution au nom de son dégoût de la violence, nous prétendons, nous, qu’il témoigne d’une inconscience
39 a violence, nous prétendons, nous, qu’il témoigne d’ une inconscience monstrueuse, ou qu’il commet une cynique imposture. C
40 posture. Car nous vivons en vérité sous un régime de violence, et tous les bourgeois pacifiques qui se préludent contre no
41 bourgeois pacifiques qui se préludent contre nous de leur « humanité », sont en réalité les complices de cette violence ja
42 leur « humanité », sont en réalité les complices de cette violence jamais avouée. Il est faux et contraire aux faits les
43 est faux et contraire aux faits les plus patents, de prétendre que le choix est entre non-violence et violence. Le seul ch
44 a violence révolutionnaire, franchement acceptée, de l’autre. Notre temps est celui de la violence, inéluctable. Climat sa
45 ement acceptée, de l’autre. Notre temps est celui de la violence, inéluctable. Climat salubre des aventures spirituelles.
46 s peuples. On le sait à Genève : tout est affaire de mots. Il n’y a pas de « guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie,
47 à Genève : tout est affaire de mots. Il n’y a pas de « guerre » en Chine, l’ordre règne à Varsovie, et en France on ne se
48 , sauvegarder des « valeurs » que l’on dit être «  de culture ». Il importe qu’elle ne revête jamais un aspect proprement b
49 spect proprement brutal, à moins que ce ne soit à de grandes distances, et bien au-delà du cercle qui intéresse concrèteme
50 t imposé aux enfants les prépare à subir le règne de l’opinion bourgeoise, dont Léon Bloy, le premier, dénonça l’essentiel
51 xemple. On se demande par quel sophisme un régime d’ opinion put jamais être confondu avec un régime de liberté. La liberté
52 d’opinion put jamais être confondu avec un régime de liberté. La liberté d’opposition est tout à fait illusoire, même chez
53 re confondu avec un régime de liberté. La liberté d’ opposition est tout à fait illusoire, même chez nous (sic). Et ceux qu
54 même chez nous (sic). Et ceux qui seraient tentés d’ en user n’aboutiraient qu’à faire apparaître la violence latente du ré
55 paraître la violence latente du régime. Il suffit d’ un Léon Daudet, d’une Marthe Hanau, pour que l’on sente toujours vigil
56 ce latente du régime. Il suffit d’un Léon Daudet, d’ une Marthe Hanau, pour que l’on sente toujours vigilante la terreur bo
57 eur bourgeoise. Matraques et revolvers au service de la Propriété : des violences épisodiques de cette envergure n’auraien
58 rvice de la Propriété : des violences épisodiques de cette envergure n’auraient pas de quoi nous troubler. Mais il arrive
59 ces épisodiques de cette envergure n’auraient pas de quoi nous troubler. Mais il arrive que l’ordre bourgeois, protecteur
60 Mais il arrive que l’ordre bourgeois, protecteur de la non-violence chère à ses tenants, manifeste sa vitalité à l’occasi
61 à ses tenants, manifeste sa vitalité à l’occasion d’ incidents plus graves, tels que ceux qui occupèrent l’opinion de 1914
62 us graves, tels que ceux qui occupèrent l’opinion de 1914 à 1918. Toute l’astuce de ceux qui gouvernent consiste alors à d
63 cupèrent l’opinion de 1914 à 1918. Toute l’astuce de ceux qui gouvernent consiste alors à dissimuler la nécessité purement
64 ors à dissimuler la nécessité purement économique de telles violences, à les attribuer à des facteurs inventés pour les be
65 ttribuer à des facteurs inventés pour les besoins de la cause, et qui paraissent totalement étrangers aux buts de notre ci
66 , et qui paraissent totalement étrangers aux buts de notre civilisation capitaliste, et même hostiles à son progrès normal
67 ncore une fois, consiste à envelopper la violence d’ assez de mensonges pour que le bourgeois ne se rende plus compte de sa
68 e fois, consiste à envelopper la violence d’assez de mensonges pour que le bourgeois ne se rende plus compte de sa respons
69 ges pour que le bourgeois ne se rende plus compte de sa responsabilité, de sa complicité active, et de l’épouvantable déso
70 ois ne se rende plus compte de sa responsabilité, de sa complicité active, et de l’épouvantable désordre dans lequel il vi
71 de sa responsabilité, de sa complicité active, et de l’épouvantable désordre dans lequel il vit. ⁂ Contre une violence abs
72 e et hypocrite, nous ne défendrons pas les vertus d’ une illusoire non-violence : ce serait en réalité faire le jeu des maî
73 e : ce serait en réalité faire le jeu des maîtres de l’heure. Nous proclamons une violence spirituelle absolue, dont nous
74 bles, mais qu’il nous appartient, dès maintenant, d’ orienter. Sans doute est-il absurde de prétendre que par là même, nous
75 maintenant, d’orienter. Sans doute est-il absurde de prétendre que par là même, nous optons librement pour de sanglantes b
76 endre que par là même, nous optons librement pour de sanglantes brutalités futures. Que d’autres étalent en des écrits dép
77 res. Que d’autres étalent en des écrits dépourvus de puissance, un goût du sang qui les marque à nos yeux de décadentisme
78 ssance, un goût du sang qui les marque à nos yeux de décadentisme bourgeois. Nous ne prenons pas à la légère le drame de l
79 urgeois. Nous ne prenons pas à la légère le drame de la Révolution. Il est des crises nécessaires1. Mais c’est à nous préc
80 rises nécessaires1. Mais c’est à nous précisément de préparer les voies que la force nouvelle, à leur défaut, devra créer
81 vons, c’est à nous qu’il incombe, dès maintenant, de préparer une Révolution assez totale, pour que de telles erreurs n’y
82 de préparer une Révolution assez totale, pour que de telles erreurs n’y puissent trouver place. Rappelons deux principes q
83 ° le sang répandu par la Révolution est la marque de son imperfection naturelle. Le sang ! Et tous les « Mirobolants » de
84 naturelle. Le sang ! Et tous les « Mirobolants » de la terre pâlissent derrière leur mâchoire brutale, sans qu’on puisse
85 e, sans qu’on puisse distinguer (ni eux) si c’est de volupté ou de terreur. La peur du sang, le goût du sang : ce sont là
86 puisse distinguer (ni eux) si c’est de volupté ou de terreur. La peur du sang, le goût du sang : ce sont là deux aspects m
87 e goût du sang : ce sont là deux aspects morbides d’ une même maladie bourgeoise. C’est à quoi mène la violence larvée qui
88 sang versé. Mais nous disons qu’il est plus sain d’ être blessé que lentement stérilisé. Nous ne sommes pas idéalistes : l
89 eois prétend mensongèrement avoir vaincu. À force d’ avoir ridiculisé et refoulé l’idée de violence physique, ils sont empo
90 ncu. À force d’avoir ridiculisé et refoulé l’idée de violence physique, ils sont empoisonnés jusque dans leurs pensées et
91 Le combat spirituel est aussi dur que la bataille d’ hommes », écrit Rimbaud. Mais le bourgeois qui ne s’en doute guère con
92 fait que celui qui donne un coup se met à portée d’ une riposte. Ils préfèrent couvrir de fleurs les lombes des « victimes
93 met à portée d’une riposte. Ils préfèrent couvrir de fleurs les lombes des « victimes du devoir ». Grand troupeau pitoyabl
94 nd troupeau pitoyable et maintenant des « ennemis de la violence » ! On songe à cette race de moutons dont parlait Élisée
95  ennemis de la violence » ! On songe à cette race de moutons dont parlait Élisée Reclus, et qui sont plus néfastes que les
96 terre même reste stérilisée pour un grand nombre de saisons. ⁂ Mais revenons à notre interviewé. Nous allions oublier les
97 nterviewé. Nous allions oublier les derniers mots de sa déclaration. M. Durand-Dupont cherchait à nous persuader. 6. « … q
98 hait à nous persuader. 6. « … qu’il ne ferait pas de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de corriger cette exagér
99 s de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de corriger cette exagération légère. Léon-Paul Fargue, à propos du bour
100 pos du bourgeois, disait un jour : « Il n’est pas d’ une méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas de mal à un lion. » 1. I
101 pas d’une méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas de mal à un lion. » 1. Interventions chirurgicales. 2. Aron et Dandie
102 ’ordre », dans Plans, n° 11. b. Rougemont Denis de , « Sur la violence bourgeoise », Plans, Paris, 15 mai 1932, p. 6-8.
3 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
103 ile à ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agit de ce que nous baptiserons le petit-purisme. Définition des « petits p
104 Tous ceux qui au nom de la stricte observance d’ une doctrine qu’ils sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait
105 observance d’une doctrine qu’ils sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait la vie même de la Révolution, c’est-à
106 incapables de dominer, condamnent ce qui fait la vie même de la Révolution, c’est-à-dire : la critique violente et constru
107 es de dominer, condamnent ce qui fait la vie même de la Révolution, c’est-à-dire : la critique violente et constructive de
108 est-à-dire : la critique violente et constructive de toutes les doctrines régnantes, y compris celles qui sont officiellem
109 ort créateur ; petits purs, ceux qui se prévalent d’ un mot d’ordre contre ceux qui font l’ordre nouveau ; petits purs, ceu
110 nouveau ; petits purs, ceux qui trouvent toujours de bonnes raisons pour nous accuser de dévier dès que nous les dépassons
111 vent toujours de bonnes raisons pour nous accuser de dévier dès que nous les dépassons, petits purs ceux dont la violence
112 tits purs ceux dont la violence n’est que rancœur de faibles accrochés à des dogmes, alors que la vraie violence révolutio
113 lutionnaire est une affirmation toujours nouvelle de la vie. Le petit purisme est un danger permanent au sein de la jeunes
114 naire est une affirmation toujours nouvelle de la vie . Le petit purisme est un danger permanent au sein de la jeunesse inte
115 olution. On reconnaît en lui les traits marquants de la mentalité petite-bourgeoise, cette avarice de tempérament, cette m
116 de la mentalité petite-bourgeoise, cette avarice de tempérament, cette méfiance vis-à-vis de toute nouveauté réelle, ce b
117 ce vis-à-vis de toute nouveauté réelle, ce besoin de contrôler la naissance des idées dangereuses, ce moralisme qui préfèr
118 ts purs sont tout simplement les petits bourgeois de la Révolution. Puis du fait qu’ils se disent révolutionnaires, ces bo
119 u pour ne rien exagérer un poids mort, un facteur d’ énervement, et une cible facile pour les réactionnaires. Et c’est bien
120 Et c’est bien pour cela qu’il nous paraît urgent de leur coller une étiquette qui les distingue, sans méprise possible, d
121 iquette qui les distingue, sans méprise possible, de tous ceux qui, purs ou impurs, travaillent effectivement à fonder que
122 travaillent effectivement à fonder quelque chose de neuf, de concret et d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu
123 ent effectivement à fonder quelque chose de neuf, de concret et d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’ils aill
124 ent à fonder quelque chose de neuf, de concret et d’ humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’ils aillent grossir le
125 istes à rebours, qu’ils aillent grossir les rangs de ceux que les rédacteurs de l’Ami du Peuple appellent des révolutionna
126 lent grossir les rangs de ceux que les rédacteurs de l’Ami du Peuple appellent des révolutionnaires en peau de lapin, comm
127 du Peuple appellent des révolutionnaires en peau de lapin, comme si cela, notons-le en passant, excusait lesdits rédacteu
128 notons-le en passant, excusait lesdits rédacteurs d’ être eux-mêmes des fripons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau
129 s rédacteurs d’être eux-mêmes des fripons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau de Coty. Description des « petits
130 ipons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau de Coty. Description des « petits purs » De doux jeunes gens trop
131 au de Coty. Description des « petits purs » De doux jeunes gens trop bien peignés viennent vous tenir des théories e
132 es sur la violence à main armée, sur la nécessité de fusiller les trois quarts du genre humain, à commencer par bon nombre
133 uarts du genre humain, à commencer par bon nombre de révolutionnaires qui ne paraissent « pas très comme il faut », et, po
134 tout dire, « confusionnistes » à ces terroristes de café. À les en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire que d’insta
135 stes de café. À les en croire, il n’y aurait rien d’ autre à faire que d’installer des mitrailleuses tout le long de la fam
136 en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire que d’ installer des mitrailleuses tout le long de la fameuse « ligne général
137 tout le long de la fameuse « ligne générale » et d’ abattre sans pitié tout ce qui dépasse. Cependant cette défense meurtr
138 e qui dépasse. Cependant cette défense meurtrière d’ une position toute théorique se révélant pour l’instant malaisée, ils
139 tilisent leurs loisirs à s’accuser réciproquement d’ être de la police, ou bien à décréter sans rire que tel petit copain d
140 t leurs loisirs à s’accuser réciproquement d’être de la police, ou bien à décréter sans rire que tel petit copain devient
141 on le vit naguère, ces directives s’accompagnent d’ un coup de pied au derrière. Drôles de révolutionnaires que l’on sédui
142 ccompagnent d’un coup de pied au derrière. Drôles de révolutionnaires que l’on séduit par le mépris. Certes, ils sont conf
143 tégrer, rejeter, recréer l’apport des révolutions d’ hier et leurs leçons. Ne nous y trompons pas : leur refus de penser pa
144 leurs leçons. Ne nous y trompons pas : leur refus de penser par eux-mêmes en fonction des nécessités concrètes de l’heure
145 ar eux-mêmes en fonction des nécessités concrètes de l’heure et du lieu où ils vivent, la France de 1932, non la Russie de
146 es de l’heure et du lieu où ils vivent, la France de 1932, non la Russie de 1917, révèle un désespoir profond, une impuiss
147 u où ils vivent, la France de 1932, non la Russie de 1917, révèle un désespoir profond, une impuissance. Victimes de la pe
148 e un désespoir profond, une impuissance. Victimes de la pensée bourgeoise qu’ils s’épuisèrent à combattre sachant qu’ils n
149 nt chercher dans la lecture, pour eux très aride, de Marx, d’Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulon
150 er dans la lecture, pour eux très aride, de Marx, d’ Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer d
151 cture, pour eux très aride, de Marx, d’Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer des seuls fait
152 s qui nous pressent. Et dès lors toutes les tares de l’orthodoxie les menacent : ils défendent un système, au lieu d’attaq
153 eu d’attaquer ce qui est ; ils témoignent de plus de mépris que d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la
154 ce qui est ; ils témoignent de plus de mépris que d’ amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnation s
155 e mépris que d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnation style Saint-Just, bref, ils rendent l’
156 amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnation style Saint-Just, bref, ils rendent l’atmosphère révo
157 et puissante respiration purificatrice, le parti de la Santé, comme l’écrivait Philippe Lamour. Peu nous chaut une pureté
158 lippe Lamour. Peu nous chaut une pureté dépourvue de violence. Nous sommes bien décidés à ne pas rancir dans une doctrine
159 eule pureté vraiment révolutionnaire, c’est celle de la violence spirituelle créatrice ; nous ne nous lasserons pas de le
160 pirituelle créatrice ; nous ne nous lasserons pas de le redire. Il y a des petits malins qui ont trouvé le joint ; pour re
161 rs, absolument conformes au catéchisme centenaire d’ un matérialisme d’ailleurs mal compris, ils ne bougent plus le petit d
162 s, ils ne bougent plus le petit doigt, s’arrêtent de penser et attendent l’avènement « dialectique », de l’inévitable. À c
163 penser et attendent l’avènement « dialectique », de l’inévitable. À cette pureté synonyme de mort nous opposerons notre v
164 tique », de l’inévitable. À cette pureté synonyme de mort nous opposerons notre violence personnelle, réelle, imparfaite,
165 s. La violence joyeuse du créateur s’inquiète peu d’ une discipline théorique ; elle trouve ses disciplines vivantes dans l
166 ractions systématiques, qu’elles soient importées d’ Amérique où elles sont mortelles, où de Russie, où pour l’heure elles
167 importées d’Amérique où elles sont mortelles, où de Russie, où pour l’heure elles sont vitales, peu importe. Ce n’est pas
168 sont vitales, peu importe. Ce n’est pas la pureté d’ une conception cohérente et rationnelle que nous défendons, c’est l’ho
169 ant que l’état social actuel l’empêche atrocement d’ être humain. Seule cette revendication perpétuelle de l’humain contre
170 tre humain. Seule cette revendication perpétuelle de l’humain contre l’inhumain portera toujours en elle-même une garantie
171 révolutionnaire évidente. Seule elle sera capable d’ entraîner les masses. Mais en voilà assez, n’abusons pas des vérités p
172 n particulière méfiance, mon but était simplement de définir une expression qui par la suite pourra nous être utile. Petit
173 ourgeoise un emploi plus subtil et mieux rétribué de leurs aigreurs, les gigolos drogués qui parlent de dialectique et cro
174 e leurs aigreurs, les gigolos drogués qui parlent de dialectique et croient que Hegel est arrivé, tous ceux qui haïssent l
175 caractère : tous ceux qui poursuivent l’humanité de sarcasmes qu’ils n’ont pas inventés, car la véritable invective n’est
176 véritable invective n’est qu’une forme polémique de la générosité. Hélas, fallait-il perdre une page à dire qu’ils ne mér
177 -il perdre une page à dire qu’ils ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que la violence possède ?
178 ge à dire qu’ils ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que la violence possède ? c. Rougemont
179 que la violence possède ? c. Rougemont Denis de , « Les ‟petits purs” », Plans, Paris, 15 juin 1932, p. 6-7.
4 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
180 ier 1933)d e Ce n’est pas, Nizan, une querelle de personnes que je veux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui v
181 l les « sergents recruteurs » et les « ramasseurs de disciples ». Ne perdons pas notre temps à polémiquer sur des épithète
182 reux pluriels n’ont pas empêché certains lecteurs d’ Europe — j’en ai reçu maints témoignages — de voir dans le début de vo
183 eurs d’Europe — j’en ai reçu maints témoignages — de voir dans le début de votre article du 15 janvier une mise en questio
184 i reçu maints témoignages — de voir dans le début de votre article du 15 janvier une mise en question de ma bonne foi. Vou
185 votre article du 15 janvier une mise en question de ma bonne foi. Vous parlez en effet d’une « manœuvre trop claire… qui
186 en question de ma bonne foi. Vous parlez en effet d’ une « manœuvre trop claire… qui vise à établir… une confusion propice,
187 termes, venant après votre solennelle répudiation de toute solidarité entre « vous » et « nous », sont de nature à induire
188 toute solidarité entre « vous » et « nous », sont de nature à induire en erreur un lecteur qui ignorerait — ce dont vous v
189 ue moi — que la composition et l’esprit du Cahier de revendications vous furent exposés par moi le jour même où nous convî
190 nt exposés par moi le jour même où nous convînmes de votre collaboration. (Le « certain front unique » semblait alors vous
191 rois d’ailleurs avoir indiqué nettement, à la fin de l’enquête, pourquoi cette solidarité nous paraissait encore plus indé
192 sible. Je ne répondrai pas ici à votre accusation de fascisme, je sais trop bien que, sous la plume d’un stalinien de Pari
193 de fascisme, je sais trop bien que, sous la plume d’ un stalinien de Paris, elle exprime le désir de déconsidérer à peu de
194 sais trop bien que, sous la plume d’un stalinien de Paris, elle exprime le désir de déconsidérer à peu de frais l’adversa
195 me d’un stalinien de Paris, elle exprime le désir de déconsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt que de porter un jug
196 onsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt que de porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce que je veux dissipe
197 vous l’ayez ou non voulu, par la première partie de votre étude. Pour le reste, je ne puis mieux faire que de renvoyer ce
198 étude. Pour le reste, je ne puis mieux faire que de renvoyer ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch, que l’on tro
199 ux faire que de renvoyer ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch, que l’on trouvera vingt pages avant le vôtre, et
200 à vous, Denis de Rougemont. d. Rougemont Denis de , « Sur un certain front unique », Europe, Paris, 15 février 1933, p. 
201 , Paris, 15 février 1933, p. 303-304. e. Précédé de la notice suivante : « M. D. de Rougemont a adressé à P. Nizan la let
5 1933, Articles divers (1932-1935). « La jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)
202 En face de deux pays gouvernés par des hommes de 40 ans, c’est-à-dire par les chefs de la jeunesse révolutionnaire, en
203 des hommes de 40 ans, c’est-à-dire par les chefs de la jeunesse révolutionnaire, en face d’une Russie dont le dynamisme j
204 doctrines étatistes, la France offre le spectacle de sa gérontocratie bavarde, de ses petites niaiseries parlementaires, d
205 e offre le spectacle de sa gérontocratie bavarde, de ses petites niaiseries parlementaires, de son ballet désuet : droite-
206 avarde, de ses petites niaiseries parlementaires, de son ballet désuet : droite-gauche, gauche-droite… En face de jeunesse
207 uniformes, qu’avons-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. L
208 s-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. La France n’est plus
209 ner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. La France n’est plus contemporain
210 e faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapeaux melons. La France n’est plus contemporaine des nations qui l
211 et qui la menacent. Tel est le fait. Elle souffre d’ une carence aiguë de la jeunesse. C’est pourquoi le problème de son de
212 Tel est le fait. Elle souffre d’une carence aiguë de la jeunesse. C’est pourquoi le problème de son destin se confond avec
213 aiguë de la jeunesse. C’est pourquoi le problème de son destin se confond avec le problème de notre génération. La sécuri
214 roblème de son destin se confond avec le problème de notre génération. La sécurité ne sera jamais garantie par la signatur
215 nce révolutionnaire, c’est-à-dire sur la jeunesse de la nation. Mais la jeunesse française existe-t-elle ? On put le croir
216 vers 1925. C’était, l’on s’en souvient, le temps de l’inquiétude. Le désordre des choses s’imposait aux esprits, ils s’ap
217 ent à le refléter dans leurs œuvres ; un peu plus de violence réelle les eût fait accéder à la conscience active et concrè
218 t fait accéder à la conscience active et concrète de l’époque ; et c’eût été le premier pas vers le salut. Mais les uns se
219 tres dans on ne sait quelles brigues innommables. De l’inquiétude à la Légion d’honneur, la route n’est pas si pénible qu’
220 brigues innommables. De l’inquiétude à la Légion d’ honneur, la route n’est pas si pénible qu’on peut le croire : elle com
221 énible qu’on peut le croire : elle comporte moins de sacrifices que de prix littéraires et de coups de pied au derrière. C
222 le croire : elle comporte moins de sacrifices que de prix littéraires et de coups de pied au derrière. Cette jeunesse a te
223 te moins de sacrifices que de prix littéraires et de coups de pied au derrière. Cette jeunesse a terriblement vieilli : el
224 Peut-être voulait-on faire allusion aux exercices de rhétorique prolétarienne publiés ici où là par quelques chiens de gar
225 olétarienne publiés ici où là par quelques chiens de garde du conformisme stalinien. Nous nous étonnerons alors des craint
226 oire sérieusement aux vertus « révolutionnaires » d’ une doctrine destinée à périr avec le système régnant, qu’elle croit c
227 t combattre, et dont elle figure le dernier stade de décomposition spirituelle. Non, le problème de la jeunesse française,
228 de de décomposition spirituelle. Non, le problème de la jeunesse française, le problème de notre révolution est ailleurs.
229 le problème de la jeunesse française, le problème de notre révolution est ailleurs. Il est précis. Il se pose en termes hi
230 rmes historiques bien définis : c’est le problème de la destruction des tyrannies étatistes, au nom des droits de la perso
231 uction des tyrannies étatistes, au nom des droits de la personne. La France possède une tradition révolutionnaire personna
232 ste. C’est cette tradition qui a fondé l’autorité de la France dans le monde moderne. Mais la démocratie l’a sabotée, ruin
233 Mais la démocratie l’a sabotée, ruinée et trahie. De la personne elle a fait l’individu, ouvrant ainsi les voies aux colle
234 mphent actuellement dans toute l’Europe de l’Est. De la patrie, centre de rayonnement, elle a fait la nation-carcan. Et de
235 ans toute l’Europe de l’Est. De la patrie, centre de rayonnement, elle a fait la nation-carcan. Et de l’universalité de la
236 de rayonnement, elle a fait la nation-carcan. Et de l’universalité de la personne, elle a permis qu’on tire l’internation
237 lle a fait la nation-carcan. Et de l’universalité de la personne, elle a permis qu’on tire l’internationalisme, c’est-à-di
238 ire l’internationalisme, c’est-à-dire la négation de toutes les raisons d’être personnelles. (Je m’excuse du pléonasme.) T
239 e, c’est-à-dire la négation de toutes les raisons d’ être personnelles. (Je m’excuse du pléonasme.) Telle est la cause prof
240 pléonasme.) Telle est la cause profonde du déclin d’ un prestige universel. Et voici notre tâche : en face de mouvements qu
241 ace de mouvements qui tirent toute leur puissance de nos trahisons, nous avons à restaurer le principe permanent de notre
242 ons, nous avons à restaurer le principe permanent de notre grandeur, la revendication personnaliste. Nous avons à relever
243 institutions démocratiques qui sont le témoignage de notre démission ; nous ne le ferons pas en nous mettant à la remorque
244 s en nous mettant à la remorque du marxisme, fils d’ une démocratie exsangue ; nous le ferons bien moins encore par l’affir
245 erons bien moins encore par l’affirmation tardive d’ un nationalisme traître à la patrie. Notre réponse ne prendra pas la f
246 la patrie. Notre réponse ne prendra pas la forme d’ une justification, mais d’une accusation. Au nom de la personne, seul
247 ne prendra pas la forme d’une justification, mais d’ une accusation. Au nom de la personne, seul fondement de l’universel,
248 accusation. Au nom de la personne, seul fondement de l’universel, nous dénoncerons les tyrannies racistes et collectiviste
249 stes et collectivistes. Au nom de la patrie, lieu d’ enracinement de la personne, nous dénoncerons les mystiques nationalis
250 ivistes. Au nom de la patrie, lieu d’enracinement de la personne, nous dénoncerons les mystiques nationalistes et leurs gu
251 le sera au contraire la revendication universelle de l’humain contre tout ce que l’homme invente pour se mettre à l’abri d
252 se mettre à l’abri du risque normal et nécessaire de l’existence, contre toutes les tyrannies qu’il s’impose en vertu du s
253 les tyrannies qu’il s’impose en vertu du sadisme de la lâcheté. Telles sont les bases de l’Ordre nouveau pour lequel nous
254 u du sadisme de la lâcheté. Telles sont les bases de l’Ordre nouveau pour lequel nous sommes prêts à combattre. Et c’est à
255 sseront ceux qui veulent s’adresser à la jeunesse d’ un pays. Ils trouveront enfin à qui parler. Le problème de notre attit
256 s. Ils trouveront enfin à qui parler. Le problème de notre attitude devant la guerre est subordonné à celui de notre révol
257 attitude devant la guerre est subordonné à celui de notre révolution. La guerre des capitalistes est une pièce de leur sy
258 olution. La guerre des capitalistes est une pièce de leur système. Ces massacres pour des gros sous ne méritent pas le nom
259 ssacres pour des gros sous ne méritent pas le nom de guerre. Nous réservons ce nom pour désigner les luttes réelles, peut-
260 n aux conflits nécessaires. f. Rougemont Denis de , « La jeunesse française devant l’Allemagne », La Revue du siècle, Pa
261 e du siècle, Paris, mai 1933, p. 7-9. g. Précédé de la notice suivante : « Nous sommes particulièrement heureux de donner
262 suivante : « Nous sommes particulièrement heureux de donner ici le témoignage de M. Denis de Rougemont, qui appartient auj
263 ticulièrement heureux de donner ici le témoignage de M. Denis de Rougemont, qui appartient aujourd’hui au groupe de l’Ordr
264 e Rougemont, qui appartient aujourd’hui au groupe de l’Ordre nouveau et qui a eu ces années dernières une profonde influen
6 1933, Articles divers (1932-1935). Positions d’attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)
265 Positions d’ attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)h Le groupe de l’Ordre
266 our l’ordre nouveau (décembre 1933)h Le groupe de l’Ordre nouveau n’a pas fait jusqu’ici beaucoup de bruit sur les plac
267 doctrinaires. Cette volonté a scandalisé certains de nos adversaires, qui prétendent partir des faits concrets et matériel
268 it-il, « la précédence du matériel, l’antériorité de l’être par rapport à la pensée ». En d’autres termes moins obscurs, i
269 pterons volontiers cette formule, qui a le mérite de la simplicité. Mais nous disons que le commencement du désordre n’est
270 pement actuel du machinisme. C’est dans cet humus de doctrines périmées que plongent « les racines du malheur », c’est lui
271 t empêcher qu’elles ne se reforment. La nécessité d’ un travail doctrinal radical nous apparaît être la tâche la plus concr
272 re la tâche la plus concrète et la plus immédiate de l’heure ; la seule tâche efficacement révolutionnaire. Quels sont les
273 utionnaire. Quels sont les caractères spécifiques de notre effort de doctrine ? C’est d’abord une volonté de considérer le
274 s sont les caractères spécifiques de notre effort de doctrine ? C’est d’abord une volonté de considérer les problèmes écon
275 re effort de doctrine ? C’est d’abord une volonté de considérer les problèmes économiques et sociaux dans leur totalité ;
276 leur totalité ; c’est aussi une volonté constante de changer de plan. Ces deux expressions méritent un commentaire. Notre
277 té ; c’est aussi une volonté constante de changer de plan. Ces deux expressions méritent un commentaire. Notre volonté tot
278 s pour norme ce conflit, étendu à tous les ordres de l’activité humaine : politique, économique et culturel. Telle est la
279 itique, économique et culturel. Telle est la base de notre ordre. Cet ordre est nouveau en ceci qu’il ne peut être établi
280 i qu’il ne peut être établi que par un changement de plan. Changer de plan, pour nous, c’est porter l’effort constructif s
281 tre établi que par un changement de plan. Changer de plan, pour nous, c’est porter l’effort constructif sur un terrain que
282 n terrain que le désordre actuel néglige ou tente de stériliser. La plupart des questions qui divisent capitalistes et mar
283 Elles ne prennent leur vrai sens que dans le plan de la personne, où nous les reposons. Prenons par exemple le problème du
284 ons. Prenons par exemple le problème du « minimum de vie matérielle » destiné à assurer la liberté de l’homme. Marxistes e
285 . Prenons par exemple le problème du « minimum de vie matérielle » destiné à assurer la liberté de l’homme. Marxistes et ca
286 de vie matérielle » destiné à assurer la liberté de l’homme. Marxistes et capitalistes prétendent, chacun à leur manière,
287 pourra jamais fixer absolument ce fameux minimum de vie nécessaire ? Il varie dans des proportions considérables selon la
288 urra jamais fixer absolument ce fameux minimum de vie nécessaire ? Il varie dans des proportions considérables selon la val
289 selon la valeur morale des êtres ou les habitudes de la race. À supposer qu’une science, encore à créer, parvienne encore
290 , parvienne encore à le déterminer, la libération de l’homme bénéficiant du minimum de vie matérielle restera purement ill
291 , la libération de l’homme bénéficiant du minimum de vie matérielle restera purement illusoire, puisque l’État, sous sa fo
292 a libération de l’homme bénéficiant du minimum de vie matérielle restera purement illusoire, puisque l’État, sous sa forme
293 rfectionné — ô ironie — pour assurer précisément, d’ en haut, le fameux minimum libérateur ! À quoi bon libérer l’homme si,
294 mme si, par ailleurs, on le prive du ressort même de sa liberté (par l’effet d’une doctrine matérialiste) ou du champ de c
295 prive du ressort même de sa liberté (par l’effet d’ une doctrine matérialiste) ou du champ de cette liberté (par l’effet d
296 l’effet d’une doctrine matérialiste) ou du champ de cette liberté (par l’effet d’une doctrine étatiste) ? En présence de
297 aliste) ou du champ de cette liberté (par l’effet d’ une doctrine étatiste) ? En présence de ces faits, nous disons que le
298 ces faits, nous disons que le problème du minimum de vie matérielle ne prend son sens que dans le plan de la personne qui
299 faits, nous disons que le problème du minimum de vie matérielle ne prend son sens que dans le plan de la personne qui est,
300 vie matérielle ne prend son sens que dans le plan de la personne qui est, nous allons le voir, le plan de la liberté créat
301 la personne qui est, nous allons le voir, le plan de la liberté créatrice ; que ce problème ne peut être défini correcteme
302 us assurerons en même temps aux hommes une raison de vivre que les systèmes régnants sont en train de leur ôter. ⁂ Nous av
303 . ⁂ Nous avons ainsi défini par la double volonté de totalisme et de changement de plan la forme générale de notre doctrin
304 insi défini par la double volonté de totalisme et de changement de plan la forme générale de notre doctrine. Nous nous exc
305 r la double volonté de totalisme et de changement de plan la forme générale de notre doctrine. Nous nous excusons de l’asp
306 alisme et de changement de plan la forme générale de notre doctrine. Nous nous excusons de l’aspect théorique que prend fo
307 me générale de notre doctrine. Nous nous excusons de l’aspect théorique que prend forcément cet exposé, et qu’il perdrait
308 e pour développer. Nous nous excusons plus encore de la façon très rapide dont nous allons être obligés de décrire le cont
309 a façon très rapide dont nous allons être obligés de décrire le contenu de nos constructions et la méthode personnaliste q
310 nt nous allons être obligés de décrire le contenu de nos constructions et la méthode personnaliste qui les anime. Cette mé
311 ette méthode constitue la partie la plus élaborée de notre effort et l’on ne peut songer à en donner ici qu’une formule né
312 une tension permanente, qui mesure la valeur même de l’homme. Tension, risque, choix, acte, tels sont les éléments de tout
313 sion, risque, choix, acte, tels sont les éléments de toute liberté réelle et créatrice, partant, de toute dignité humaine.
314 ts de toute liberté réelle et créatrice, partant, de toute dignité humaine. ⁂ Pour faire sentir tout de suite le concret d
315 ine. ⁂ Pour faire sentir tout de suite le concret d’ une telle doctrine, voyons d’abord quelles institutions elle nous obli
316 e monde croit aujourd’hui que c’est quelque chose de très simple, une évidence, une sorte de lieu commun. C’est en effet l
317 que chose de très simple, une évidence, une sorte de lieu commun. C’est en effet le lieu commun de tous les malentendus ac
318 rte de lieu commun. C’est en effet le lieu commun de tous les malentendus actuels. Cet homme sans liens, réduit à l’unité
319 rouve à tous les étages du système. C’est à cause d’ elle qu’il s’écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici notre opp
320 e d’elle qu’il s’écroulera. Il suffira sans doute d’ indiquer ici notre opposition au parlementarisme. Nous ne combattrons
321 raîtra sous son vrai jour, comme le conservatoire de la politique bourgeoise, avec ses monarchistes et ses communistes, fi
322 gurants indispensables et inoffensifs. Il suffira de rappeler, d’autre part, que l’individualisme libéral est responsable
323 art, que l’individualisme libéral est responsable de l’essor anarchique d’une économie devenue inhumaine, et cela non pas
324 sme libéral est responsable de l’essor anarchique d’ une économie devenue inhumaine, et cela non pas à cause de la machine,
325 ser ce développement. En second lieu, la doctrine de la personne nous oppose à tout soviétisme stalinien. Il est trop faci
326 viétisme stalinien. Il est trop facile, en effet, de distinguer dans le stalinisme un retournement pur et simple de l’indi
327 dans le stalinisme un retournement pur et simple de l’individualisme libéral, procédant par ailleurs de conceptions posit
328 l’individualisme libéral, procédant par ailleurs de conceptions positives et pseudo-scientifiques qui étaient déjà conten
329 ues qui étaient déjà contenues dans la définition de l’individu libéral. Il nous est possible maintenant de désigner d’un
330 individu libéral. Il nous est possible maintenant de désigner d’un seul mot l’objectif de nos attaques. Le processus concr
331 éral. Il nous est possible maintenant de désigner d’ un seul mot l’objectif de nos attaques. Le processus concret dans lequ
332 e maintenant de désigner d’un seul mot l’objectif de nos attaques. Le processus concret dans lequel Marx a inséré sa philo
333 s classes provoquée par le premier épanouissement de l’industrie. Le processus concret dans lequel s’insère aujourd’hui le
334 s sont donc les institutions qui nous permettront de rompre avec tout étatisme, de changer de plan, de réaliser une révolu
335 ui nous permettront de rompre avec tout étatisme, de changer de plan, de réaliser une révolution effective ? Ici encore, i
336 mettront de rompre avec tout étatisme, de changer de plan, de réaliser une révolution effective ? Ici encore, il nous faut
337 de rompre avec tout étatisme, de changer de plan, de réaliser une révolution effective ? Ici encore, il nous faut nous bor
338 , nous revendiquons une organisation régionaliste de l’Europe. Cela suppose la suppression du cadre national, carcan de fr
339 suppose la suppression du cadre national, carcan de frontières douanières, et du centre administratif, politique, financi
340 i pourrait se concrétiser dans un organe central, d’ autorité purement doctrinale et révolutionnaire, sorte de Komintern, m
341 ité purement doctrinale et révolutionnaire, sorte de Komintern, mais dépourvu de pouvoir économique4. Dans le domaine écon
342 évolutionnaire, sorte de Komintern, mais dépourvu de pouvoir économique4. Dans le domaine économique, nous revendiquons, p
343 part, et le travail indifférencié et parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatisme ou syndicali
344 laire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatisme ou syndicalisme — pôle décentralisateur — et par une ins
345 écentralisateur — et par une institution centrale de service industriel collectivisé, soumise à un organe de répartition,
346 vice industriel collectivisé, soumise à un organe de répartition, tout à fait distinct du pouvoir politique. Ainsi se trou
347 ion nécessaire, et assuré, en fonction cette fois d’ une mesure humaine, le minimum de vie matérielle qui permet à la perso
348 ction cette fois d’une mesure humaine, le minimum de vie matérielle qui permet à la personne de courir sa chance. Nous ne
349 on cette fois d’une mesure humaine, le minimum de vie matérielle qui permet à la personne de courir sa chance. Nous ne pouv
350 inimum de vie matérielle qui permet à la personne de courir sa chance. Nous ne pouvons songer à développer ici ces thèmes
351 révolutionnaire. Certains s’étonneront peut-être de la voir si peu romantique. C’est qu’il sévit actuellement, parmi cert
352 qu’il sévit actuellement, parmi certains groupes d’ intellectuels, un véritable romantisme du chambardement, de l’émeute e
353 ctuels, un véritable romantisme du chambardement, de l’émeute et du sang versé. Contre lui, nous maintiendrons la primauté
354 versé. Contre lui, nous maintiendrons la primauté de la doctrine, avec tout ce que cela comporte, en apparence, de séchere
355 ne, avec tout ce que cela comporte, en apparence, de sécheresse technique. Nous savons que le romantisme du désordre prépa
356 rdre prépare simplement les dictatures policières de demain. Le romantisme révolutionnaire revêt une autre forme encore, n
357 tat d’esprit trop facilement héroïque et généreux de ceux qui nous disent : renoncez d’abord à tous les privilèges bourgeo
358 erons ! Certes, nous savons que le premier aspect de toute révolution est dans un renoncement. Mais pour que l’acte soit r
359 ions qui le traduisent en faits. Les aristocrates de la nuit du 4 août accomplissent un acte de renoncement aux privilèges
360 crates de la nuit du 4 août accomplissent un acte de renoncement aux privilèges. Mais à leurs côtés, se dressent des gens
361 mes ou presque en demandent. Seulement, il en est d’ injustifiés. Et c’est ce que nous voulons déterminer d’abord. On nous
362 lons déterminer d’abord. On nous a aussi reproché de n’être qu’un groupe d’intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche
363 . On nous a aussi reproché de n’être qu’un groupe d’ intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche nous vient des marxiste
364 nous vient des marxistes, nous nous contenterons de répondre par une citation de Lénine : La doctrine socialiste est née
365 us nous contenterons de répondre par une citation de Lénine : La doctrine socialiste est née des théories philosophiques,
366 doctrine sociale-démocrate surgit indépendamment de la croissance spontanée du mouvement ouvrier ; elle y fut le résultat
367 fut le résultat naturel et fatal du développement de la pensée chez les intellectuels.5 Peut-être ne serait-il pas inuti
368 eut-être ne serait-il pas inutile, pour conclure, de dégager clairement les thèses impliquées dans notre exposé. Voici don
369 exposé. Voici donc en quelques mots nos positions de combat : 1° « Sans théorie révolutionnaire, pas d’action révolutionna
370 e combat : 1° « Sans théorie révolutionnaire, pas d’ action révolutionnaire. On ne saurait trop insister sur cette vérité,
371 our les formes les plus étroites du praticisme va de pair avec la propagande de l’opportunisme ». (Encore Lénine, 1902.) 2
372 oites du praticisme va de pair avec la propagande de l’opportunisme ». (Encore Lénine, 1902.) 2° Dans l’état présent des c
373 ) 2° Dans l’état présent des choses, il n’y a pas d’ ordre concevable sur le plan capitaliste, au déterminisme duquel les s
374 é — mais seul l’acte créateur opère le changement de plan et permet d’instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur don
375 te créateur opère le changement de plan et permet d’ instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur dont nous faisons dép
376 ons dépendre tout l’ordre nouveau, cette « source d’ énergie » permanente de la révolution, c’est la personne humaine telle
377 re nouveau, cette « source d’énergie » permanente de la révolution, c’est la personne humaine telle que nous l’avons défin
378 : la petite patrie décentralisatrice et le centre de contrôle doctrinal et juridique ; — dans le domaine économique : les
379 dans le domaine économique : les syndicats libres de production et d’instruction professionnelle, d’une part, et de l’autr
380 conomique : les syndicats libres de production et d’ instruction professionnelle, d’une part, et de l’autre, le service pro
381 et d’instruction professionnelle, d’une part, et de l’autre, le service prolétarien collectif soumis directement à un cen
382 létarien collectif soumis directement à un centre de contrôle économique et statistique. 7° Ce régime doit entraîner par s
383 îner par son jeu normal la disparition des cadres de l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des fac
384 ’est-à-dire : l’élimination des facteurs décisifs de l’inflation, du chômage et de la guerre moderne économique et militai
385 s facteurs décisifs de l’inflation, du chômage et de la guerre moderne économique et militaire. 8° C’est au nom d’antagoni
386 us sommes avec le prolétariat, par-dessus la tête de ses vieux meneurs, contre la condition prolétarienne. Pour l’Ordre no
387 ne existence culturelle. Des nations débarrassées de leurs États et de leurs frontières, on peut dire qu’elles seront univ
388 relle. Des nations débarrassées de leurs États et de leurs frontières, on peut dire qu’elles seront universelles, mais par
389 er. 5. Lénine : Que faire ? h. Rougemont Denis de , « Positions d’attaque pour l’ordre nouveau », La Revue des vivants,
390 Que faire ? h. Rougemont Denis de, « Positions d’ attaque pour l’ordre nouveau », La Revue des vivants, Paris, décembre
7 1933, Articles divers (1932-1935). Jeune Europe (4 décembre 1933)
391 Jeune Europe (4 décembre 1933)i Que le visage de l’Europe ait changé, depuis dix ans, plus qu’il ne l’avait fait depui
392 qui peut figurer d’ores et déjà dans les manuels d’ Histoire contemporaine. Les révolutions russe, italienne et allemande,
393 la chute des monarchies ont consacré l’avènement d’ une civilisation de vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà
394 chies ont consacré l’avènement d’une civilisation de vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà bouleversé les mœur
395 nsacré l’avènement d’une civilisation de vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà bouleversé les mœurs au moment
396 ent d’une civilisation de vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà bouleversé les mœurs au moment où éclata la gu
397 rofonde. Mais il y a entre ces trois « dictatures de la masse » une autre ressemblance, sans doute moins essentielle, tout
398 observateur sensible aux atmosphères. C’est l’air de parenté que donne, aux trois régimes, la prépondérance de la jeunesse
399 té que donne, aux trois régimes, la prépondérance de la jeunesse, dans leurs cadres directeurs aussi bien que dans leur al
400 r allure générale. Que signifie ce rajeunissement d’ une importante partie du continent ? Est-ce une opération artificielle
401 uellement en vogue ? Est-ce au contraire le signe d’ un renouveau organique, d’un afflux de sèves saines ? Ce visage étrang
402 e au contraire le signe d’un renouveau organique, d’ un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui
403 re le signe d’un renouveau organique, d’un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui d’un nouvea
404 , d’un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui d’un nouveau venu, ou bien y distingue-t-on déj
405 ines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui d’ un nouveau venu, ou bien y distingue-t-on déjà, sous le fard, de vieil
406 enu, ou bien y distingue-t-on déjà, sous le fard, de vieilles rides bien connues ? À ces questions, l’ouvrage que René Dup
407 Alexandre Marc viennent de publier sous le titre de Jeune Europe 6 apporte une réponse d’autant plus intéressante qu’elle
408 us le titre de Jeune Europe 6 apporte une réponse d’ autant plus intéressante qu’elle est très significative du nouvel état
409 le est très significative du nouvel état d’esprit de la jeunesse française. En effet, tandis qu’il nous venait d’Allemagne
410 sse française. En effet, tandis qu’il nous venait d’ Allemagne et de Russie plusieurs livres fameux proclamant la « mission
411 En effet, tandis qu’il nous venait d’Allemagne et de Russie plusieurs livres fameux proclamant la « mission de la jeune gé
412 e plusieurs livres fameux proclamant la « mission de la jeune génération », la France jusqu’ici s’était bornée à les tradu
413 trop bien, aux yeux de l’étranger, la réputation de « statisme » que l’on veut faire à la France d’après-guerre. Nos deux
414 n de « statisme » que l’on veut faire à la France d’ après-guerre. Nos deux publicistes appartiennent à la génération qui a
415 e nouveau ou Esprit . Ils ont voulu faire œuvre d’ information d’abord mais aussi de critique constructive, et ils s’expl
416 oulu faire œuvre d’information d’abord mais aussi de critique constructive, et ils s’expliquent très franchement là-dessus
417 rochent avant tout aux trois révolutions établies d’ avoir « prématurément » bouleversé un ordre social, qu’elles n’étaient
418 e social, qu’elles n’étaient pas encore en mesure de rénover radicalement. Mal préparées, dans la fièvre et le désespoir d
419 nt. Mal préparées, dans la fièvre et le désespoir de situations économiques qui ne permettaient pas d’élaborer avec la luc
420 de situations économiques qui ne permettaient pas d’ élaborer avec la lucidité nécessaire des solutions vraiment neuves et
421 Discipline se trouvent ainsi élevés à la dignité de fins en soi, d’absolus, au lieu de n’être considérés que comme des mo
422 rouvent ainsi élevés à la dignité de fins en soi, d’ absolus, au lieu de n’être considérés que comme des moyens ». Et c’est
423 venait de renverser. Provisoirement, elle accepte de consacrer son enthousiasme aux tâches de reconstruction qui s’imposen
424 accepte de consacrer son enthousiasme aux tâches de reconstruction qui s’imposent. La popularité du plan quinquennal par
425 gré les sacrifices qu’on lui demande — ou à cause d’ eux — ne sauraient être mises en doute. Mais qu’adviendra-t-il, le jou
426 ’apercevront que les régimes qu’ils servent, loin d’ avoir créé un ordre nouveau, ont bien plutôt consolidé les pires tyran
427 es tyrannies matérielles, et consacré la primauté de l’économie, la primauté de l’inhumain sur les personnes ? L’État, le
428 t consacré la primauté de l’économie, la primauté de l’inhumain sur les personnes ? L’État, le standard, l’industrialisati
429 des » qui reparaissent et qui déjà, font grimacer d’ une grimace fâcheusement américaine, le visage rajeuni de l’Europe. En
430 rimace fâcheusement américaine, le visage rajeuni de l’Europe. En vérité, et c’est une des observations capitales de nos a
431 n vérité, et c’est une des observations capitales de nos auteurs, les jeunesses soviétique et fasciste sont bien moins rév
432 i des jeunes bourgeois, qui s’accommode fort bien d’ une « rouspétance », devenue traditionnelle, contre les pouvoirs et le
433 e total et… enthousiaste ! Une nouvelle idolâtrie de l’État, qui réprime toute fantaisie personnelle, toute recherche orig
434 lle, toute recherche originale, toute possibilité de dépassement, tout ce qui fonde la dignité proprement humaine. Où est
435 roprement humaine. Où est le remède ? Les auteurs de Jeune Europe n’hésitent pas à le voir dans l’esprit libertaire et « p
436 oir dans l’esprit libertaire et « personnaliste » de la France, tel que les jeunes groupes que nous avons nommés essaient,
437 pes que nous avons nommés essaient, par ailleurs, de le réveiller. À la jeunesse française, à la jeunesse anglaise aussi,
438 jeunesse française, à la jeunesse anglaise aussi, d’ édifier maintenant, dans le calme et l’audace spirituelle, un ordre qu
439 calme et l’audace spirituelle, un ordre qui fasse de l’« homme », et non plus de l’État ou de l’Argent, son but suprême. S
440 e, un ordre qui fasse de l’« homme », et non plus de l’État ou de l’Argent, son but suprême. Si nous avons insisté sur la
441 ui fasse de l’« homme », et non plus de l’État ou de l’Argent, son but suprême. Si nous avons insisté sur la partie critiq
442 ême. Si nous avons insisté sur la partie critique de cet ouvrage, c’est que les conclusions constructives peuvent sans pei
443 Dupuis et Alexandre Marc n’ont pas écrit un livre de doctrine. S’adressant au grand public avec autant de précision que po
444 doctrine. S’adressant au grand public avec autant de précision que pouvait en permettre un sujet aussi vaste, ils ont réus
445 à brosser le panorama habilement suggestif, plein de vie et de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute au
446 rosser le panorama habilement suggestif, plein de vie et de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute autre
447 le panorama habilement suggestif, plein de vie et de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute autre chose,
448 ilement suggestif, plein de vie et de pathétique, d’ une époque qui a besoin, plus que de toute autre chose, de critiques l
449 e pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute autre chose, de critiques lucides. 6. Un volume chez Plon, éd
450 oque qui a besoin, plus que de toute autre chose, de critiques lucides. 6. Un volume chez Plon, éditeur. i. Rougemont
451 n volume chez Plon, éditeur. i. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Jeune Europe », Le Moment, Genève, 4 décembre 1933,
8 1934, Articles divers (1932-1935). Carl Koch, Søren Kierkegaard (1934)
452 en Kierkegaard (1934)l Je serais bien en peine de faire l’éloge de ce livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel qu
453 934)l Je serais bien en peine de faire l’éloge de ce livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel qu’il est cependant
454 ch s’est inspiré surtout des Stades sur le chemin de la vie, c’est-à-dire d’un ouvrage qui est à la fois le plus paradoxal
455 st inspiré surtout des Stades sur le chemin de la vie , c’est-à-dire d’un ouvrage qui est à la fois le plus paradoxal, le pl
456 des Stades sur le chemin de la vie, c’est-à-dire d’ un ouvrage qui est à la fois le plus paradoxal, le plus autobiographiq
457 l, le plus autobiographique et le plus artificiel de tous les ouvrages de Kierkegaard. Et il en a tiré la monographie la p
458 phique et le plus artificiel de tous les ouvrages de Kierkegaard. Et il en a tiré la monographie la plus logique, la plus
459 a plus touchante qu’un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à l
460 te qu’un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’ humour et d’angoisse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des
461 nête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et d’ angoisse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on v
462 les Stadestrois attitudes possibles en face de la vie . Le fougueux Victor Erémita symbolise la morale du jeune fou de l’Ecc
463 x Victor Erémita symbolise la morale du jeune fou de l’Ecclésiaste : in vino veritas ! L’assesseur Wilhem, c’est la sagess
464 appuyée sur la religion. Et le Jeune Homme perdu d’ inquiétude, qui ne découvre sa joie que dans le risque extrême de la f
465 ui ne découvre sa joie que dans le risque extrême de la foi, c’est le chrétien tel que le veut Kierkegaard. Je soupçonne u
466 e veut Kierkegaard. Je soupçonne un peu Carl Koch d’ intelligence avec l’assesseur Wilhelm. Mais voilà justement ce qu’il n
467 tement ce qu’il nous faut. Du personnage complexe de Kierkegaard, on nous a présenté jusqu’ici deux aspects seulement, et
468 er d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et d’ une trempe exceptionnelle ; mais non tant qu’il ne puisse « édifier »
469 non tant qu’il ne puisse « édifier » — pour user d’ un vocable auquel il sut rendre un sens énergique — le croyant le moin
470 le moins fait aux mystères dialectiques. Le livre de Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkegaard s
471 alectiques. Le livre de Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu s
472 Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu suspect de complaisance pour les subtilités du « Séducteur », et qui n’a pas la
473 ’a pas la tête philosophique. J’ai peut-être tort de penser qu’on aurait pu s’y prendre autrement. Après tout, il ne faut
474 uction systématique et qui épuise tous les thèmes de son œuvre. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vient nou
475 remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’air d’ avoir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or,
476 ir pu inventer ce qu’il raconte. Cela donne envie d’ aller voir. Or, je tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que
477 ens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que d’ aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du Danois prophétique, ressusc
478 suscité par l’angoisse moderne. Le mérite décisif de ce livre, c’est que peut-être il fera faite la moue aux spécialistes
479 peut-être il fera faite la moue aux spécialistes de l’histoire des systèmes, aux amateurs d’élégances formelles, mais qu’
480 ialistes de l’histoire des systèmes, aux amateurs d’ élégances formelles, mais qu’il saura certainement émouvoir ceux qui c
481 cte ! », répète inlassablement Kierkegaard. C’est de toi, lecteur, qu’il s’agit, et non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a
482 . C’est de toi, lecteur, qu’il s’agit, et non pas d’ un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple chez
483 la perspective hors de laquelle il est impossible de rien comprendre à Kierkegaard — j’entends la perspective chrétienne,
484 n nous propose au dernier chapitre. Prenons garde de laisser s’instituer ici un nouveau malentendu, d’autant plus grave qu
485 de laisser s’instituer ici un nouveau malentendu, d’ autant plus grave qu’il porterait cette fois sut le centre même de l’œ
486 ave qu’il porterait cette fois sut le centre même de l’œuvre, et non plus sur les avatars de sa présentation en France. Ca
487 ntre même de l’œuvre, et non plus sur les avatars de sa présentation en France. Carl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’il
488 arl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’il baptise, d’ un terme impressionnant, son ascétisme antivital. Cet ascétisme serait
489 ital. Cet ascétisme serait la défaillance secrète d’ une pensée par ailleurs authentiquement chrétienne. Et cette défaillan
490 oi Kierkegaard ne devint pas lui-même le « témoin de la vérité » qu’il annonçait, mais resta simplement « un poète ». Doub
491 croire. C’est en vain qu’il s’efforce tardivement d’ en limiter la portée. La thèse extrême8 de Kierkegaard est si peu sépa
492 ivement d’en limiter la portée. La thèse extrême8 de Kierkegaard est si peu séparable de l’ensemble de ses conceptions, qu
493 hèse extrême8 de Kierkegaard est si peu séparable de l’ensemble de ses conceptions, qu’en vérité, celui qui la rejette, re
494 de Kierkegaard est si peu séparable de l’ensemble de ses conceptions, qu’en vérité, celui qui la rejette, rejette aussi sa
495 té, celui qui la rejette, rejette aussi sa raison d’ être et sa vocation prophétique. Il existe, dira Karl Barth, dont la t
496 e, dira Karl Barth, dont la théologie procède ici de Kierkegaard, « une différence qualitative infinie » entre Dieu et l’h
497 litative infinie » entre Dieu et l’homme. Le tout de l’homme est négation de Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu
498 Dieu et l’homme. Le tout de l’homme est négation de Dieu. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie qu’en mouran
499 u. C’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie qu’en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi periissem ! La de
500 à soi-même. Periissem nisi periissem ! La devise de Kierkegaard fait écho à ce cri de Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne
501 sem ! La devise de Kierkegaard fait écho à ce cri de Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. » Qu’un humanisme reli
502 ait écho à ce cri de Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. » Qu’un humanisme religieux, qui trop souvent exprime
503 ux, qui trop souvent exprime la croyance courante de bien des églises modernes, vienne maintenant qualifier d’ascétisme la
504 des églises modernes, vienne maintenant qualifier d’ ascétisme la doctrine de la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu
505 enne maintenant qualifier d’ascétisme la doctrine de la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu’il la déclare antichrét
506 rien que l’on ne sût déjà : à savoir que le sens de la vérité est en train d’abdiquer parmi nous devant le culte de la vi
507 st en train d’abdiquer parmi nous devant le culte de la vie. « Le christianisme tel que Kierkegaard le représentait, ne pe
508 train d’abdiquer parmi nous devant le culte de la vie . « Le christianisme tel que Kierkegaard le représentait, ne peut être
509 ne peut être réellement adopté et assimilé par la vie humaine ; il reste pour elle un paradoxe étrange et effrayant », s’éc
510 x. ⁂ Kierkegaard en tant que chrétien sait que la vie de l’homme est au péché. Il sait aussi que le contraire du péché « ce
511 Kierkegaard en tant que chrétien sait que la vie de l’homme est au péché. Il sait aussi que le contraire du péché « ce n’
512 u, mais la foi ». C’est une étrange confusion que de baptiser ascétisme une attitude qui se fonde dans la foi. (Schopenhau
513 r sa perte. Mais que vient faite ici cette ardeur de durer, de penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est
514 . Mais que vient faite ici cette ardeur de durer, de penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est trop tièd
515 vient faite ici cette ardeur de durer, de penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est trop tiède, et propr
516 ne au terme extrême : car « la plus haute passion de la pensée, c’est de découvrir quelque chose qu’elle ne puisse pas pen
517 : car « la plus haute passion de la pensée, c’est de découvrir quelque chose qu’elle ne puisse pas penser ». Il est curieu
518 ieux que les esprits moyens reprochent aux grands de mépriser l’esprit. Curieux aussi de voir avec quelle facilité des inc
519 nt aux grands de mépriser l’esprit. Curieux aussi de voir avec quelle facilité des incroyants ont fait grief à Kierkegaard
520 ilité des incroyants ont fait grief à Kierkegaard de n’avoir pas incarné sa doctrine. Mais quelle était son exigence ? Nos
521 que nos désirs sont menteurs. N’est pas « témoin de la vérité » qui veut. Ce n’est pas là un choix de l’homme. Kierkegaar
522 de la vérité » qui veut. Ce n’est pas là un choix de l’homme. Kierkegaard a choisi d’être « un poète et un penseur particu
523 pas là un choix de l’homme. Kierkegaard a choisi d’ être « un poète et un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur
524 enseur, dont on peut dire qu’il mourut en martyr9 d’ avoir défendu contre tous l’impossibilité humaine du témoignage, — n’a
525 — n’a-t-il point, par sa mort justement, témoigné de la vérité ? 7. Tout cela, bien entendu, n’est qu’apparences, psycho
526 ’existe pas », voir Conclusion. 9. Dans le livre de Georges Brandès : Søren Kierkegaard, ein literarisches Charakterbild
527 trouve citées les notes consignées par l’interne de service dans le journal de l’hôpital Frédérik où Kierkegaard passa se
528 nsignées par l’interne de service dans le journal de l’hôpital Frédérik où Kierkegaard passa ses derniers jours : « Il tie
529 e ; sa mort serait nécessaire à l’accomplissement de la tâche à laquelle il a consacré toute sa force intellectuelle et to
530 , pense-t-il, la victoire. » l. Rougemont Denis de , Koch Carl, « [Préface] Carl Koch, Søren Kierkegaard  », dans Søren K
9 1934, Articles divers (1932-1935). « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)
531 che, pauvres hommes, pauvres impuissants, restant de la Colère de Dieu, aussi de sa miséricorde. Il n’y a pas de communion
532 hommes, pauvres impuissants, restant de la Colère de Dieu, aussi de sa miséricorde. Il n’y a pas de communion humaine hors
533 impuissants, restant de la Colère de Dieu, aussi de sa miséricorde. Il n’y a pas de communion humaine hors l’unanime atte
534 re de Dieu, aussi de sa miséricorde. Il n’y a pas de communion humaine hors l’unanime attente trébuchante, hors la Promess
535 s pas ce que je puis. Je ne sais pas pour combien d’ hommes, ni pour quels hommes j’aurai pu être « le prochain » (Luc 10.
536 re « le prochain » (Luc 10. 36/37), — le prochain de ces misérables qui vivent au milieu des brigands, victimes et complic
537 es fascistes ces dernières semaines dans les rues de Paris. À part cela, M. de Rougemont, malgré ses appels à Luc, n’a pas
538 n’a pas répondu à notre question, il fait métier d’ être incapable de répondre aux questions. Aussi quittant le ton des pr
539 à notre question, il fait métier d’être incapable de répondre aux questions. Aussi quittant le ton des prophètes ajoute-t-
540 s qui posent des questions un petit post-scriptum d’ une atroce perfidie : P.-S. On voudrait bien savoir pour quelle espèce
541 P.-S. On voudrait bien savoir pour quelle espèce d’ hommes on écrit, en fait, mais il faudrait des statistiques difficiles
542 iques difficiles à établir. Par exemple : combien de petits-bourgeois, combien de bourgeois, combien de paysans, combien d
543 ar exemple : combien de petits-bourgeois, combien de bourgeois, combien de paysans, combien d’intellectuels parmi les lect
544 e petits-bourgeois, combien de bourgeois, combien de paysans, combien d’intellectuels parmi les lecteurs de Commune ? j.
545 combien de bourgeois, combien de paysans, combien d’ intellectuels parmi les lecteurs de Commune ? j. Rougemont Denis de
546 ysans, combien d’intellectuels parmi les lecteurs de Commune ? j. Rougemont Denis de, « Pour qui écrivez-vous ? », Comm
547 i les lecteurs de Commune ? j. Rougemont Denis de , « Pour qui écrivez-vous ? », Commune, Paris, janvier–février 1934, p
548 571-572. k. Le texte de Rougemont est entrecoupé d’ un commentaire de la rédaction de Commune.
549 exte de Rougemont est entrecoupé d’un commentaire de la rédaction de Commune.
550 t est entrecoupé d’un commentaire de la rédaction de Commune.
10 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
551 d Dandieu et Robert Aron (juin 1934)m Au cours d’ une conversation, cet été, Nicolas Berdiaev faisait observer que notre
552 lèmes économiques », comme on dit, ne possède pas d’ économistes. Il entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeu
553 Il entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeurs neuves, ou même peut-être simplement, des hommes qui dominent
554 du moins, sa dernière œuvre. Aussi, les éléments d’ une suite à cet ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature de l
555 ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature de la liberté, et que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’il nou
556 son termen. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œuvre d’ Arnaud Dandieu apporte non seulement des idées neuves — une nouvelle p
557 rt importantes. Indiquons simplement, ici, l’idée de ce service industriel, destiné selon les précisions de Dandieu, à pro
558 service industriel, destiné selon les précisions de Dandieu, à provoquer la suppression de l’inhumaine « condition prolét
559 précisions de Dandieu, à provoquer la suppression de l’inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cett
560 inhumaine « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes dans leur d
561 dépasse les rêveries marxistes dans leur domaine de prédilection. Mais voilà qui est plus important : elle se révèle immé
562 e se révèle immédiatement réalisable. Les travaux d’ un groupe d’ingénieurs occupés depuis quelques mots à la chiffrer, à l
563 immédiatement réalisable. Les travaux d’un groupe d’ ingénieurs occupés depuis quelques mots à la chiffrer, à la traduire e
564 é la justesse, découvert la fécondité surprenante de cette vue d’origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des p
565 , découvert la fécondité surprenante de cette vue d’ origine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des philosophes. E
566 e, nos professeurs idéalistes et tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dan
567 res de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être hommes, et sache
568 de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’ être hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on le
569 que ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute farine que nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l
570 és à la moderne, ces vieilles tyrannies importées d’ un Orient où l’on savait au moins, même en les adorant, qu’elles se no
571 e en les adorant, qu’elles se nourrissent du sang de l’homme. On pourrait montrer facilement, à propos de maint autre prob
572 urs positions philosophiques et leurs conclusions d’ ordre politique et social. Ces conclusions ne manqueront pas d’impress
573 ique et social. Ces conclusions ne manqueront pas d’ impressionner certain public au détriment des principes dont elles pro
574 hui le théoricien est peut-être la juste punition d’ une intelligentsia dont toute la « distinction » consiste à séparer ja
575 nction » consiste à séparer jalousement la pensée de l’action, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamente
576 r jalousement la pensée de l’action, du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’il v
577 t « réaliste » qui trompe sur la véritable nature de la pensée, et sur ses droits. Sans théorie révolutionnaire, pas d’ac
578 ur ses droits. Sans théorie révolutionnaire, pas d’ action révolutionnaire, écrivait Lénine dans Que faire ? On ne saurait
579 our les formes les plus étroites du praticisme va de pair avec la propagande de l’opportunisme. C’est pourquoi, sans voul
580 oites du praticisme va de pair avec la propagande de l’opportunisme. C’est pourquoi, sans vouloir en rien sous-estimer l’
581 yse qu’Aron et Dandieu nous proposent des notions d’ échange10 et de travail, nous voudrions surtout insister sur la nouvea
582 Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et de travail, nous voudrions surtout insister sur la nouveauté d’un chapit
583 nous voudrions surtout insister sur la nouveauté d’ un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esq
584 s surtout insister sur la nouveauté d’un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une th
585 l que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’ une théorie générale de la Révolution qui ouvre la seconde partie du l
586 ution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution qui ouvre la seconde partie du livre. Esprit et Révolu
587 el point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’opposer. À force de considérer d’une part qu’il n’est d’autre révol
588 ser. À force de considérer d’une part qu’il n’est d’ autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre part,
589 la révolution matérialiste, à force d’autre part, de faire sur l’esprit le contresens habituel qui le réduit à être une fa
590 riliser l’un et l’autre, en privant la révolution de son ressort psychique et en privant l’esprit de son aboutissement néc
591 n de son ressort psychique et en privant l’esprit de son aboutissement nécessaire. L’esprit, comme la révolution, s’exprim
592 xprime par la violence : ce n’est pas une faculté d’ usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opér
593 ’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opérations solitaires. C’est essentiellement la faculté
594 ivre, attaquer et étendre son pouvoir, lui permet de rallier toutes ses forces psychologiques ou physiques, dans un souci
595 forces psychologiques ou physiques, dans un souci de conservation et d’expansion. » Ce langage est clair. Seuls les « pet
596 es ou physiques, dans un souci de conservation et d’ expansion. » Ce langage est clair. Seuls les « petits purs » jugeront
597 its purs » jugeront sans doute utile et astucieux de feindre d’y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est qu
598 jugeront sans doute utile et astucieux de feindre d’ y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est que l’emprein
599 on conformistes. (Les journalistes bien-pensants, de L’Aube au Figaro , les en félicitent gravement.) Il faut rendre à Da
600 jamais été son fait, mais bien celui, intéressé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit
601 son fait, mais bien celui, intéressé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait d
602 celui, intéressé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la total
603 essé, de certains de ses adversaires, de certains de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la totalité créatric
604 rit ne saurait désigner que la totalité créatrice de l’homme, corps et intelligence, indissolublement, en acte. La séparat
605 issolublement, en acte. La séparation cartésienne de l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, son
606 l’esprit et du corps, la divinisation hégélienne de l’esprit pur, sont en réalité à l’origine même du désordre actuelleme
607 Pour en découvrir la logique, il suffit pourtant d’ étudier la marche des révolutions bourgeoise et prolétarienne qui inst
608 uisse en décèle avec rigueur le vice fondamental, d’ essence rationaliste. Pourquoi les révolutions aboutissent-elles à des
609 lles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation de leur élan originel, an-archique, antiétatiste. Parce qu’elles reposen
610 saut révolutionnaire. « En réalité, la dictature de transition qui enterre toutes les revendications en promettant la lun
611 rvir qu’à masquer sur le terrain pratique l’échec d’ une révolution qui ne sait pas où elle va. » Cartésienne ou hégélienne
612 mpte que des données antérieures à tout acte, non de l’acte lui-même. Au moment de sauter, elles hésitent et reculent. Ell
613 et reculent. Elles tombent alors dans l’illusion d’ une synthèse qu’elles veulent croire transitive, conciliant les contra
614 contradictions réelles sur le plan tout abstrait de l’étatisme, au lieu de les laisser se développer jusqu’à provoquer le
615 ser se développer jusqu’à provoquer le changement de plan, qui seul constituerait la Révolution véritable. Contre cette il
616 ble. Contre cette illusion rationaliste-idéaliste de la synthèse, qui justifie en philosophie le monisme, en politique les
617 gumentation que Proudhon d’une part, et Bakounine de l’autre, opposaient à Karl Marx en son temps. J’ai souligné d’ailleur
618 é, à vrai dire surprenante, des thèses politiques de Proudhon, et de celles, philosophiques, de Kierkegaard, vis-à-vis de
619 urprenante, des thèses politiques de Proudhon, et de celles, philosophiques, de Kierkegaard, vis-à-vis de la dialectique h
620 tiques de Proudhon, et de celles, philosophiques, de Kierkegaard, vis-à-vis de la dialectique hégélienne. Cette opposition
621 paraît la plus profonde et la plus significative de toutes celles qui aient occupé jusqu’à présent les philosophes. Tous
622 t-elle, une fois de plus, s’endormir dans le rêve d’ un « troisième terme » dont nous connaissons désormais le monstrueux v
623 violence extérieure mesure, simplement, un défaut de préparation doctrinale, — ce mot devant être entendu, répétons-le, da
624 on la plus littéralement « actuelle ». L’Esquisse d’ une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le
625 t « actuelle ». L’Esquisse d’une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le contenu concret et préc
626 trouver le contenu concret et précis du grand mot de révolution dont abusent aujourd’hui, à l’envi, les anarchistes petits
627 ée effective, créatrice, c’est bien cette faculté de libérer l’être des mots. Cessons d’épiloguer sur les vieilles armures
628 cette faculté de libérer l’être des mots. Cessons d’ épiloguer sur les vieilles armures, et recherchons plutôt les conflits
629 ionnaire. Ce n’est point par hasard qu’on tentait de nous la réduire à cette description résignée des altérations du langa
630 drais pas clore ces quelques notes, qui sont loin d’ épuiser la revue des principaux thèmes de l’œuvre12, sans soulever deu
631 ont loin d’épuiser la revue des principaux thèmes de l’œuvre12, sans soulever deux objections que Ramon Fernandez faisait
632 à ces auteurs13. La première porte sur la notion de la personne, évidemment centrale pour la construction de Dandieu : « 
633 ersonne, évidemment centrale pour la construction de Dandieu : « Une personne est un homme qui unifie les diverses parties
634 onne est un homme qui unifie les diverses parties de lui-même à l’intérieur de lui-même », écrit Fernandez. Il en déduit n
635 trictement sociale ». Et voici détendu le ressort de la Révolution nécessaire. Mais qu’est-ce que cette définition, sinon
636 ement le fascisme, et qui s’accommode à merveille d’ un régime dictatorial ? La doctrine de l’Ordre nouveau définit une per
637 à merveille d’un régime dictatorial ? La doctrine de l’Ordre nouveau définit une personne qui n’a rien à voir avec cet ind
638 . Une personne qui n’est pas plus l’homme naturel de Rousseau, comme le suppose Fernandez, que l’homme intérieur de l’idéa
639 comme le suppose Fernandez, que l’homme intérieur de l’idéalisme, puisqu’elle est à la fois conquête et rencontre, engagem
640 personne qui peut être définie comme le prochain de l’Évangile. La seconde objection concerne l’efficacité probable des d
641 tion concerne l’efficacité probable des doctrines de la Révolution nécessaire. Fernandez ne croit pas à l’existence concrè
642 . Fernandez ne croit pas à l’existence concrète14 de la personne telle que nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’un
643 ui qu’un mythe, dont il met en doute la puissance de soulèvement. « On comprend qu’un bourgeois risque sa peau pour la sau
644 e il mourrait, dit-on, ne peut être qu’un symbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout court, ou mê
645 Celle que l’Ordre nouveau propose à notre besoin de sacrifice, c’est la qualité d’homme par excellence, la qualité créatr
646 ose à notre besoin de sacrifice, c’est la qualité d’ homme par excellence, la qualité créatrice de la personne. Je n’en voi
647 lité d’homme par excellence, la qualité créatrice de la personne. Je n’en vois pas de plus haute dans notre ordre, ni de p
648 de plus haute dans notre ordre, ni de plus digne de conquête. La question reste, évidemment, de savoir combien, parmi nou
649 digne de conquête. La question reste, évidemment, de savoir combien, parmi nous, tiennent encore à être des hommes. 10.
650 la question — et en passant, l’un des fondements de la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une documentation d
651 ant, l’un des fondements de la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une documentation dont la formule même est u
652 ormule même est une trouvaille. 11. Et au groupe de l’Ordre nouveau, le seul qui se soit exprimé sur ce point avec nettet
653 xprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue). 12. et qui surtout ne rendent pas justice au style de la
654 2. et qui surtout ne rendent pas justice au style de la pensée, plus encore que de l’écriture, d’Aron et Dandieu. Il faudr
655 as justice au style de la pensée, plus encore que de l’écriture, d’Aron et Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page
656 tyle de la pensée, plus encore que de l’écriture, d’ Aron et Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page finale que Dand
657 uvoir citer ici la page finale que Dandieu ajouta de sa main, sur épreuves, quelques jours avant sa mort. Aussi telle page
658 mort. Aussi telle page sur Kreuger, ou sur le but de la révolution, qui atteignent à la grandeur à force de précision et d
659 atteignent à la grandeur à force de précision et de vigueur spirituelle, au mépris de toute rhétorique. 13. « La Révolut
660 de précision et de vigueur spirituelle, au mépris de toute rhétorique. 13. « La Révolution est-elle nécessaire ? », NRF d
661 13. « La Révolution est-elle nécessaire ? », NRF de janvier 1934. L’article est d’ailleurs sympathique. Il a surtout le g
662 illeurs sympathique. Il a surtout le grand mérite d’ aller droit aux problèmes réels que pose ce livre, sur le plan philoso
663 n pas un donné « objectif ». m. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Arnaud Dandieu et Robert Aron, La Révolution nécess
664 1. n. Rougemont en fera la recension dans la NRF de mars 1936.
11 1934, Articles divers (1932-1935). Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)
665 faut avouer pourtant qu’il n’est pas très facile de repérer leurs positions, sur le plan de l’action publique. On ne conn
666 ès facile de repérer leurs positions, sur le plan de l’action publique. On ne connaît pas en France de parti protestant co
667 de l’action publique. On ne connaît pas en France de parti protestant comparable aux nombreux groupements catholiques à fi
668 Qu’est-ce que la foi des protestants leur permet d’ affirmer dans le domaine de César ? De la réponse à cette question dép
669 rotestants leur permet d’affirmer dans le domaine de César ? De la réponse à cette question dépendra notre évaluation des
670 leur permet d’affirmer dans le domaine de César ? De la réponse à cette question dépendra notre évaluation des tentatives
671 s esquissées jusqu’ici, et peut-être l’indication de quelques possibilités pratiques fidèlement déduites de la doctrine.
672 elques possibilités pratiques fidèlement déduites de la doctrine. I. Ce que la foi nous dit de faire En dépit de cert
673 uites de la doctrine. I. Ce que la foi nous dit de faire En dépit de certaine polémique bourgeoise, il n’existe pas d
674 de certaine polémique bourgeoise, il n’existe pas de théorie du désordre. Toute doctrine sociale, fût-elle la plus subvers
675 ale, fût-elle la plus subversive, est la doctrine d’ un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de
676 ve, est la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’ un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humai
677 errestre, d’un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une co
678 ines. Tout ordre terrestre suppose une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’
679 nception réactionnaire, ou statique, la politique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie
680 ou statique, la politique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est
681 ique de la contrainte armée, de l’ordre immuable, de la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est une doctrine pessimi
682 sée. C’est une doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception r
683 doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la conception révolutionnaire,
684 onnaire, ou dynamique, la politique du devenir et de l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’es
685 ue si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette fausse symétr
686 ervient dans cette fausse symétrie avec une sorte d’ humour transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme n’est ni
687 i ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de Dieu, c’est agir, c’est donc attester sa dignité proprement humaine.
688 s, peut se fonder une politique qui mérite le nom de chrétienne. Je la vois caractérisée par deux traits qui nous serviron
689 s caractérisée par deux traits qui nous serviront de critères : d’une part, elle est seule humaine, au sens évangélique du
690 ue seule elle pose la question dernière du destin de l’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa cond
691 aussi qu’elle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ils ne souffre
692 sibles, instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’ être d’avance limités par un système, par un programme, par des soluti
693 instantanés, et qu’ils ne souffrent point d’être d’ avance limités par un système, par un programme, par des solutions tou
694 ncore : pour le politique pur, il s’agit toujours d’ un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit
695 ique pur, il s’agit toujours d’un ordre établi ou d’ un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un o
696 blir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’ un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté
697 dre est véritablement reçu, et accepté, il s’agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, hic et n
698 ait que cette transformation s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il af
699 tion s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi
700 dis terrestre. Aux uns et aux autres, il reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, n
701 l reproche de déshumaniser l’homme, par ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’histoire, mais non pa
702 dans le péché, mais comme ayant reçu la promesse d’ être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, com
703 , mais comme ayant reçu la promesse d’être sauvés de son empire. L’action politique nous est nécessaire, comme manger, tra
704 stème politique ni aucune synthèse humaine n’aura de droit sur nous en tant que personnes, en tant que vocations. Surtout,
705 e pourra, pour nous, se confondre avec un progrès de salut. Principe d’une politique du pessimisme actif. Une phrase de Ki
706 , se confondre avec un progrès de salut. Principe d’ une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à
707 e d’une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule direction po
708 sens, le fondement et la seule direction possible de toute politique chrétienne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dess
709 enne : « L’homme seul (devant Dieu) est au-dessus de la collectivité. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler
710 ela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours être subordo
711 ujours être subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non se
712 politiques qui revendiquent les droits supérieurs de la personne par rapport à l’ensemble ; mais encore il pourra et devra
713 e est celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où découle la relation réelle et humainement bienfa
714 fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’ où découle la relation réelle et humainement bienfaisante que l’Évangi
715 t aux fins terrestres, mais impliquant l’activité de l’homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être défi
716 n’est pas original, et bien moins encore matière d’ enquête. (On n’enquête pas sur la doctrine chrétienne.) Mais la dispos
717 sur la doctrine chrétienne.) Mais la disposition de ces évidences va peut-être nous permettre de situer quelques-unes des
718 tion de ces évidences va peut-être nous permettre de situer quelques-unes des attitudes les plus tranchées, et par là les
719 te. À droite, je distingue deux tendances : celle de l’Association Sully, qui groupe les protestants monarchistes, et cell
720 istes, et celle qui se manifeste dans le bulletin de La Cause, nettement nationaliste. L’Association Sully a publié pas ma
721 ationaliste. L’Association Sully a publié pas mal de tracts et de brochures, dont la diffusion, je crois, est restée assez
722 L’Association Sully a publié pas mal de tracts et de brochures, dont la diffusion, je crois, est restée assez limitée. Cet
723 l’insistance avec laquelle certaines déclarations de l’AS condamnent le nationalisme mystique qui, par malheur, caractéris
724 ystique qui, par malheur, caractérise les efforts de La Cause. L’Association Sully est beaucoup plus éloignée de l’Action
725 e. L’Association Sully est beaucoup plus éloignée de l’Action française que La Cause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point
726 ignée de l’Action française que La Cause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point de vue de notre foi, il me semble d’ailleur
727 ’Action française que La Cause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point de vue de notre foi, il me semble d’ailleurs qu’une p
728 ause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point de vue de notre foi, il me semble d’ailleurs qu’une position monarchiste peut ê
729 caractère « sacré » que revêt à leurs yeux l’idée de patrie préalablement confondue avec celle de l’État, en témoignent av
730 idée de patrie préalablement confondue avec celle de l’État, en témoignent avec évidence. Mais, d’autre part, le « politiq
731 nce. Mais, d’autre part, le « politique d’abord » de Maurras, l’insistance mise sur la forme de l’État, paraissent bien in
732 bord » de Maurras, l’insistance mise sur la forme de l’État, paraissent bien inactuels en regard des problèmes économiques
733 es qui nous pressent. Un chrétien a-t-il le droit de rêver ? Que faire alors, dans l’état de choses qui s’offre à nous ? D
734 alors, dans l’état de choses qui s’offre à nous ? De l’action « sociale » ? C’est dans ce sens que concluent les Compagnon
735 nts chrétiens, sur le modèle des Équipes sociales de Robert Garric. Créer des contacts vivants avec les milieux ouvriers a
736 ts avec les milieux ouvriers athées, par le moyen de cercles d’études ou d’« amicales » de travail, c’est une activité don
737 milieux ouvriers athées, par le moyen de cercles d’ études ou d’« amicales » de travail, c’est une activité dont, à coup s
738 riers athées, par le moyen de cercles d’études ou d’ « amicales » de travail, c’est une activité dont, à coup sûr, le bienf
739 ar le moyen de cercles d’études ou d’« amicales » de travail, c’est une activité dont, à coup sûr, le bienfait ne sera jam
740 iative. Mais ici je poserais une question inverse de celle que je posais à l’Association Sully. Peut-on « se borner au pra
741 rès des ouvriers ne pose-t-elle pas des problèmes de doctrine économique et sociale qu’on ne saurait esquiver sans manquer
742 qu’on ne saurait esquiver sans manquer à son tour de réalisme ? La plupart des tentatives sociales ou politiques que je vo
743 me paraissent pécher par une vision insuffisante de l’ensemble concret des données actuelles. C’est un péril proprement p
744 ril proprement protestant. La doctrine calviniste de la vocation ou des charismes nous y expose davantage que les catholiq
745 nous ne sommes souvent des implications générales d’ une attitude particulière. C’est évidemment à propos de l’attitude des
746 évidemment à propos de l’attitude des objecteurs de conscience qu’il y a lieu de souligner le plus fortement ce danger. J
747 itude des objecteurs de conscience qu’il y a lieu de souligner le plus fortement ce danger. Je n’ai pas, ici, à juger l’ob
748 ce danger. Je n’ai pas, ici, à juger l’objection de conscience. Je me bornerai à deux remarques seulement. Dans la mesure
749 t. Dans la mesure où l’objection est l’expression d’ une vocation particulière, elle tend à échapper à la politique et sort
750 tend à échapper à la politique et sort du domaine de cette enquête. Dans la mesure où elle devient l’expression d’un mouve
751 uête. Dans la mesure où elle devient l’expression d’ un mouvement, le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’elle est dangere
752 autres objections au régime établi. Je m’empresse d’ ajouter que les objecteurs chrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute
753 les objecteurs chrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute espèce de propagande, et ne tombent nullement sous le coup de l
754 hrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute espèce de propagande, et ne tombent nullement sous le coup de la grave critique
755 propagande, et ne tombent nullement sous le coup de la grave critique d’incohérence et de sectarisme qu’il faudrait sans
756 mbent nullement sous le coup de la grave critique d’ incohérence et de sectarisme qu’il faudrait sans cela leur adresser. L
757 ous le coup de la grave critique d’incohérence et de sectarisme qu’il faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des obj
758 omporte un risque, un engagement concret, un acte de foi, qui transcendent le plan de toute doctrine sociale. Mais il fall
759 concret, un acte de foi, qui transcendent le plan de toute doctrine sociale. Mais il fallait en parler ici : elle marque l
760 tif. Révolution sans illusions. Droits supérieurs de la personne. Telles sont quelques-unes des formules que je proposais
761 éfinir l’attitude chrétienne devant les exigences de César. Elles sont en singulière consonance avec les principes directe
762 ngulière consonance avec les principes directeurs de deux mouvements de jeunesse : Esprit et l’Ordre nouveau. L’originalit
763 avec les principes directeurs de deux mouvements de jeunesse : Esprit et l’Ordre nouveau. L’originalité de ces deux équip
764 unesse : Esprit et l’Ordre nouveau. L’originalité de ces deux équipes tient d’abord dans leur refus absolu de poser les qu
765 deux équipes tient d’abord dans leur refus absolu de poser les questions par rapport à une droite et à une gauche égalemen
766 l refus, elles opèrent déjà ce que le vocabulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un ac
767 abulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Elles se dressent ain
768 se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif de la mentalité politique française. C’est un volume entier qu’il faudra
769 u’il faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du Français mo
770 surtout par l’Ordre nouveau auraient conquis déjà d’ innombrables adhésions, si seulement elles s’étaient données pour des
771 lement elles s’étaient données pour des doctrines de droite, ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sent
772 ’étaient données pour des doctrines de droite, ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que l
773 te, ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’ adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’où
774 ntale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’ où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de
775 , parfois bien réjouissants, qu’ils ont provoqués de tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pour le fascisme », s’é
776 s marxistes ! » Esprit, de même, se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve q
777 se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes d
778 s droites. Preuve qu’il y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductibl
779 y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’irréductible aux vieilles distincti
780 quelque chose de vraiment nouveau, quelque chose d’ irréductible aux vieilles distinctions familières, concrétisées par la
781 tés dans les travées du palais Bourbon. Le Cahier de revendications que je publiais en 1932 à la Nouvelle Revue française
782 ise , manifesta pour la première fois l’existence de cette « troisième force », non marxiste et anticapitaliste, qui depui
783 rs s’est précisée et développée. Les deux groupes de tête de cette révolution que je considère comme étant la seule réelle
784 précisée et développée. Les deux groupes de tête de cette révolution que je considère comme étant la seule réelle et vrai
785 ques refus massifs, refus du capitalisme créateur d’ injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’
786 efus du capitalisme créateur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme géné
787 talisme créateur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se m
788 teur d’injustice sociale, de guerres, de chômage, d’ immoralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jus
789 de guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’ un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la
790 e général qui se manifeste jusque dans le domaine de la pensée ; refus du nationalisme mystique, considéré comme une capta
791 ystique, considéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de
792 idéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture b
793 inance, du sentiment patriotique originel ; refus de la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et
794 ique originel ; refus de la culture bourgeoise et de la distinction commode qu’elle suppose et implique entre la pensée et
795 affirmations doctrinales : affirmation des droits de la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit n
796 e la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État, qui doit normalement leur être subordonné ; affirmation de la
797 it normalement leur être subordonné ; affirmation de la primauté nécessaire du spirituel (qu’ils définissent d’ailleurs as
798 ssent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation écon
799 assez diversement) ; affirmation de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne
800 de la nécessité de reprendre à la base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes part
801 base l’ensemble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un n
802 rganisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un nouvel esprit communauta
803 tenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’ un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race
804 rit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabil
805 nautaire, fondé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités pers
806 dé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces
807 jeunes groupes. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse
808 s. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point de départ. Alors que les partis aux prises dans la presse évitent avec e
809 s aux prises dans la presse évitent avec ensemble de poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes p
810 Esprit et l’Ordre nouveau affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique
811 affirment la nécessité de s’attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique. Ainsi pour être moins br
812 me : c’est aux racines du mal qu’ils s’attaquent. D’ où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les effets se man
813 acines du mal qu’ils s’attaquent. D’où leur force d’ entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de pl
814 en plus visiblement à mesure que le développement de la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un poi
815 urs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ
816 it juste. Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stéri
817 érile des clercs bourgeois. C’est ici la question de la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à c
818 ergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’ écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules17,
819 ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules17, autant de germ
820 Autour de lui prolifèrent des cellules17, autant de germes semés dans la diversité des régions et des métiers : germes de
821 la diversité des régions et des métiers : germes de corporations destinées à faire éclater, par leur développement normal
822 clater, par leur développement normal, les cadres de l’ordre ancien. Une doctrine rigoureuse, qui s’exprime directement da
823 ntenant l’ordre nouveau. Le groupe compte éviter, de la sorte autant que possible, l’écueil des révolutions russe et allem
824 olutions russe et allemande, la fameuse « période de transition » nécessairement dictatoriale et étatiste, dont l’équipeme
825 ictatoriale et étatiste, dont l’équipement actuel de la France doit permettre l’économie. Le travail critique de l’Ordre n
826 ce doit permettre l’économie. Le travail critique de l’Ordre nouveau, tel qu’on peut le suivre dans la revue qui paraît so
827 la revue qui paraît sous ce titre depuis le mois de mai 1933, est essentiellement orienté vers la création. C’est en vain
828 pas l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’ une prise de conscience révolutionnaire. Lieu commun pour cette généra
829 uctiviste, régionalisme, traduisant cette formule de base : Spirituel d’abord, Économique ensuite, Politique à leur servic
830 ensuite, Politique à leur service. Il est facile d’ indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans
831 . Il est facile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, l’Ordre nou
832 ile d’indiquer rapidement le principe de cohésion de ces trois ordres. Dans l’ordre philosophique, l’Ordre nouveau suspend
833 engagé dans un conflit concret). Sur cette notion d’ acte pris comme point de départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir
834 oncret). Sur cette notion d’acte pris comme point de départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir et des valeurs, et sa cr
835 era la première synthèse dans l’ouvrage important d’ Aron et Dandieu : la Révolution nécessaire. Sa revendication essentiel
836 ire. Sa revendication essentielle est l’abolition de la condition prolétarienne par le moyen du service civil de travail19
837 ition prolétarienne par le moyen du service civil de travail19. L’analyse du pouvoir aboutit d’autre part à une conception
838 du pouvoir aboutit d’autre part à une conception de l’organisation politique radicalement antiétatiste, fédéraliste, ou m
839 édéraliste, ou mieux communaliste. L’assimilation de la personne à un acte20, tel est donc le fait spirituel, le fait huma
840 in par excellence auquel l’Ordre nouveau rattache d’ une façon immédiate toutes ses institutions. Telle est la « primauté d
841 e est la « primauté du spirituel » qu’il ne cesse d’ invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans cer
842 l ne cesse d’invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoirement, dans certains cerveaux, les plus graves malente
843 , les plus graves malentendus. On a cru, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, o
844 u, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’ un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque c
845 un an ont été lancés par l’ON qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte de propriété privée. Parmi eux, je citerai
846 N qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte de propriété privée. Parmi eux, je citerai le « ni droite ni gauche » re
847 oite ni gauche » repris depuis peu par les ligues d’ anciens combattants (dont l’action sera peut-être décisive l’année pro
848 ra peut-être décisive l’année prochaine) ; l’idée de la « mission personnaliste de la France », que les centristes et les
849 prochaine) ; l’idée de la « mission personnaliste de la France », que les centristes et les droites opposent à la mystique
850 usse ou allemande ; enfin l’idée du service civil de travail, qui pourrait bien devenir le cheval de bataille des mouvemen
851 l de travail, qui pourrait bien devenir le cheval de bataille des mouvements de gauche. « Primauté du spirituel », nous re
852 bien devenir le cheval de bataille des mouvements de gauche. « Primauté du spirituel », nous retrouvons cette affirmation
853 comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier, directeur de la revue, définissait dès son premier numéro une conception spiritual
854 numéro une conception spiritualiste qui n’a rien de commun avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et
855 avec cela qu’ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne
856 ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux
857 le les critiques de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit !
858 capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ail
859 est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’ inspiration spécifiquement chrétienne. La revue a d’ailleurs francheme
860 ordre établi. Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et
861 Esprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre d’ une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes in
862 ste pas moins le lieu de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », co
863 de rencontre d’une centaine de jeunes écrivains «  de toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy, le l
864 aine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’une enquête perma
865 toutes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’ une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle q
866 apitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin d’ un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici le
867 bourgeois, — le lieu enfin d’un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici les numéros volumineux c
868 era-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à
869 de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnell
870 listiques, des attaques personnelles qui assurent d’ ordinaire aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture
871 aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture, aux dépens de toute adhésion durable. Des obscurités, des lo
872 parfois complaisant, — on voudrait faire l’éloge de ces gaucheries, songeant aux habiletés stériles, idiotes, de la criti
873 heries, songeant aux habiletés stériles, idiotes, de la critique bien pensante. Si je me suis un peu étendu sur les princi
874 r les principes spirituels qui animent l’activité d’ Esprit et de L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont
875 pes spirituels qui animent l’activité d’Esprit et de L’Ordre nouveau, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont appelés à j
876 à jouer un rôle de plus en plus important dans la vie politique et intellectuelle de la France et, par là même, à influence
877 important dans la vie politique et intellectuelle de la France et, par là même, à influencer toutes nos tentatives de réno
878 , par là même, à influencer toutes nos tentatives de rénovation. Je crois bien n’être pas sorti du cadre précis de cette e
879 n. Je crois bien n’être pas sorti du cadre précis de cette enquête en marquant la coïncidence de ces principes et des doct
880 récis de cette enquête en marquant la coïncidence de ces principes et des doctrines que nous pouvons déduire de la Réforme
881 incipes et des doctrines que nous pouvons déduire de la Réforme. Esprit est en majeure partie d’inspiration catholique, j
882 uire de la Réforme. Esprit est en majeure partie d’ inspiration catholique, je veux dire que ses collaborateurs sont pour
883 plupart catholiques21. L’Ordre nouveau se défend d’ aborder aucune question confessionnelle. Il n’en reste pas moins que l
884 extes parus dans Esprit trahissent la nostalgie d’ un ordre établi par l’Église, dont nous savons tous les dangers pour l
885 les dangers pour l’Église même. Plusieurs textes de L’Ordre nouveau manifestent un certain nietzschéisme, une certaine
886 qui figure, pour un chrétien, l’illusion dernière de l’orgueil. Mais ces obstacles, ces divergences, le protestant les ret
887 rotestant les retrouverait aggravés et compliqués de bien pires erreurs dans n’importe quel parti, aussi bien à gauche qu’
888 s n’ont pas à fonder un parti. Leur foi n’est pas de celles que l’on met en systèmes. Le fût-elle, leur très petit nombre
889 fût-elle, leur très petit nombre les empêcherait d’ imposer ce parti à l’ensemble de la nation. Le temps n’est pas aux rêv
890 e les empêcherait d’imposer ce parti à l’ensemble de la nation. Le temps n’est pas aux rêves, et ce n’est pas l’affirmatio
891 ’est pas aux rêves, et ce n’est pas l’affirmation d’ une position politique qui permettra de « faire la France protestante 
892 ffirmation d’une position politique qui permettra de « faire la France protestante ». Je croirais davantage à la vertu d’u
893 e protestante ». Je croirais davantage à la vertu d’ une théologie fidèle à la Réforme. Mais, justement, cette théologie no
894 me. Mais, justement, cette théologie nous ordonne d’ agir, et de nous engager. N’attendons pas que d’autres aient édifié de
895 ustement, cette théologie nous ordonne d’agir, et de nous engager. N’attendons pas que d’autres aient édifié des systèmes
896 expérience qu’on peut travailler dans les groupes de jeunes gens qui les défendent, et qu’on le peut sans renoncer à rien
897 défendent, et qu’on le peut sans renoncer à rien de cette vérité qui jugera toujours tous les systèmes. Travaillons avec
898 (JOC) ; Démocrates populaires ; Équipes sociales de Robert Garric ; la revue Esprit  ; le groupe Réaction et son organe
899  : à tout système qui tend à l’anarchie par excès de confiance dans l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d
900 omme, succède une dictature. Certain fascisme est d’ autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’il r
901 entions. 17. Et depuis peu, plusieurs mouvements d’ action publique, qui dans des domaines divers, répandent la doctrine O
902 divers, répandent la doctrine ON. Citons le Club de février, la ligue « Nous voulons ». Inspirés par l’Ordre nouveau ils
903 nouveau ils sont cependant autonomes. 18. Titre d’ un essai d’Arnaud Daudin et D. de Rougemont, qui joint à quelques autr
904 s sont cependant autonomes. 18. Titre d’un essai d’ Arnaud Daudin et D. de Rougemont, qui joint à quelques autres, paraîtr
905 l’Homme debout définira la position philosophique de l’ON. Sur la position du groupe relativement aux jeunesses russes et
906 généraux du temps considérés dans la perspective de l’ON. Voir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). Une dizaine
907 perspective de l’ON. Voir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). Une dizaine de volumes sont en préparation. 19.
908 ps : Éléments de notre destin (Spes). Une dizaine de volumes sont en préparation. 19. L’origine « philosophique » de cett
909 en préparation. 19. L’origine « philosophique » de cette institution a pu rendre méfiants certains économistes. Mais déj
910 certains économistes. Mais déjà toute une équipe d’ ingénieurs s’est attachée à chiffrer et à définir dans le détail l’app
911 à définir dans le détail l’application du service de travail. Cf. le n° 8 de L’Ordre nouveau . 20. N’est-ce pas ainsi qu
912 l’application du service de travail. Cf. le n° 8 de L’Ordre nouveau . 20. N’est-ce pas ainsi que l’Évangile définit la
913 nsi que l’Évangile définit la notion fondamentale de prochain ? Le prochain, c’est celui qui pratique la miséricorde ; ce
914  ; ce n’est pas le simple voisin. Cf. le numéro 5 de Hic et Nunc , tout entier consacré à cette exégèse de la parabole du
915 ic et Nunc , tout entier consacré à cette exégèse de la parabole du bon Samaritain. 21. On trouve cependant aux sommaires
916 ve cependant aux sommaires des principaux numéros d’ Esprit plusieurs protestants, en particulier A. Ullmann qui reste l’
917 ann qui reste l’un des plus actifs collaborateurs de la revue. Au Comité directeur de l’Ordre nouveau, il y a des libres p
918 s collaborateurs de la revue. Au Comité directeur de l’Ordre nouveau, il y a des libres penseurs, des catholiques, un juif
919 tre action, nous sépare, et non pas nos principes de départ. o. Rougemont Denis de, « Où sont les jeunes protestants ? R
920 pas nos principes de départ. o. Rougemont Denis de , « Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme e
12 1934, Articles divers (1932-1935). Jeunesse déracinée (novembre 1934)
921 eunesse déracinée (novembre 1934)p On s’étonne de la facilité avec laquelle les jeunes bourgeois de ce temps se déclare
922 de la facilité avec laquelle les jeunes bourgeois de ce temps se déclarent révolutionnaires. On les accuse d’impatiences s
923 emps se déclarent révolutionnaires. On les accuse d’ impatiences suspectes, de rancunes sociales, de nietzschéisme mal digé
924 ionnaires. On les accuse d’impatiences suspectes, de rancunes sociales, de nietzschéisme mal digéré. Les excuses qu’on leu
925 se d’impatiences suspectes, de rancunes sociales, de nietzschéisme mal digéré. Les excuses qu’on leur offre ne sont guère
926 guère plus reluisantes : ils n’ont plus le temps de se cultiver, ils ne trouvent pas de situations… Arguments justes peut
927 plus le temps de se cultiver, ils ne trouvent pas de situations… Arguments justes peut-être, pour certains, mais qui ne so
928 phénomène citadin et l’expression incompressible d’ une jeunesse déracinée… La crise précipite sous nos yeux un processus
929 unes bourgeois un lieu héréditaire, un patrimoine de souvenirs, tout ce que symbolise l’expression « à la maison », l’habi
930 itation des villes ne diffère pas essentiellement de celle d’une province. Supprimez l’héritage, délogez les familles, dis
931 es villes ne diffère pas essentiellement de celle d’ une province. Supprimez l’héritage, délogez les familles, dispersez-le
932 -elle. Il n’y aura plus le frein à l’entraînement de la vie citadine ; à cette espèce de centrifugation spirituelle. Rappe
933 Il n’y aura plus le frein à l’entraînement de la vie citadine ; à cette espèce de centrifugation spirituelle. Rappelons ic
934 ’entraînement de la vie citadine ; à cette espèce de centrifugation spirituelle. Rappelons ici quelques-unes des composant
935 elle. Rappelons ici quelques-unes des composantes de ce phénomène. Il y a d’abord une inflation psychologique : trop de co
936 Il y a d’abord une inflation psychologique : trop de contacts, trop de conversations, trop de visions pour ce qu’un indivi
937 inflation psychologique : trop de contacts, trop de conversations, trop de visions pour ce qu’un individu possède de juge
938 e : trop de contacts, trop de conversations, trop de visions pour ce qu’un individu possède de jugement, d’opinions mûries
939 s, trop de visions pour ce qu’un individu possède de jugement, d’opinions mûries ou de réceptivité normale. D’où la fatigu
940 sions pour ce qu’un individu possède de jugement, d’ opinions mûries ou de réceptivité normale. D’où la fatigue, la sensati
941 ndividu possède de jugement, d’opinions mûries ou de réceptivité normale. D’où la fatigue, la sensation d’être vidé, d’êtr
942 ent, d’opinions mûries ou de réceptivité normale. D’ où la fatigue, la sensation d’être vidé, d’être dominé par un milieu q
943 éceptivité normale. D’où la fatigue, la sensation d’ être vidé, d’être dominé par un milieu qu’on se prend à mépriser parce
944 rmale. D’où la fatigue, la sensation d’être vidé, d’ être dominé par un milieu qu’on se prend à mépriser parce qu’il vous t
945 que l’on sait n’être plus immuables… Perspectives d’ aventure. Ambition. Ressentiment. Il y a enfin ces vexations que l’on
946 ulle part, que l’on est toléré comme un élément «  de rapport », balayé dès qu’il ne rapporte plus à temps. Nomadisme. Et d
947 aissable, tout prêt à sanctionner cette confusion de la morale et de l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ord
948 rêt à sanctionner cette confusion de la morale et de l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ordre social. Visag
949 geois s’obstinent à nommer l’ordre social. Visage de l’État, Raison d’État, semblable aux raisons obscures et implacables
950 à nommer l’ordre social. Visage de l’État, Raison d’ État, semblable aux raisons obscures et implacables qui dominent les c
951 es qui dominent les cauchemars. Et si vous gagnez de l’argent, vous louerez un de ces studios bien nus, où la vie prend un
952 s. Et si vous gagnez de l’argent, vous louerez un de ces studios bien nus, où la vie prend un visage tellement abstrait qu
953 t, vous louerez un de ces studios bien nus, où la vie prend un visage tellement abstrait qu’on n’arrive plus même à s’y aim
954 ien dans le détail. Je ne vois pas qu’on ait tiré de leur ensemble aucune conclusion pratique, encore moins théorique. Ess
955 lusion pratique, encore moins théorique. Essayons d’ en indiquer une. La jeunesse déracinée cherche une nouvelle communauté
956 e chose. Des gens qui souffrent et qui n’ont plus d’ attaches sont rapprochés d’abord par leur opposition à l’ordre qui les
957 ion à l’ordre qui les moleste. Mais il s’agit ici de gens habitués à conduire leurs affaires. Ils ne se contenteront pas d
958 nduire leurs affaires. Ils ne se contenteront pas de dire un non désespéré. Ils chercheront un nouvel ordre. Leur communau
959 l ordre. Leur communauté sera donc une communauté d’ idéal autant que de refus. Risquons ici un parallèle qui n’est peut-êt
960 nauté sera donc une communauté d’idéal autant que de refus. Risquons ici un parallèle qui n’est peut-être pas simplement u
961 que les communautés fondées par la revendication d’ un idéal — communautés nationales — sont essentiellement révolutionnai
962 tion moderne n’a-t-il pas désigné d’abord l’idéal de la Révolution française, une communauté « spirituelle », au sens le p
963 tent chacune leur vérité, ne viennent à s’opposer d’ une façon meurtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque jour, se fait
964 leur nomadisme antipatriotique. C’étaient oiseaux de ville, échappés de leurs cages. Et pourtant c’est dans les campagnes
965 patriotique. C’étaient oiseaux de ville, échappés de leurs cages. Et pourtant c’est dans les campagnes seulement que pourr
966 ’est là son vrai problème. p. Rougemont Denis de , « Jeunesse déracinée », La Revue du XXe siècle, Paris, novembre 1934
13 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
967 Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde)
968 Mystère de la Vision (fragments d’ un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce qu
969 Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce que je voudrai
970 dit en une phrase, ou développé pendant toute une vie . Aussi bien n’ai-je pas l’intention de l’expliquer, moins encore de l
971 toute une vie. Aussi bien n’ai-je pas l’intention de l’expliquer, moins encore de le démontrer. Mais seulement, peut-être,
972 i-je pas l’intention de l’expliquer, moins encore de le démontrer. Mais seulement, peut-être, d’indiquer à l’imagination d
973 ncore de le démontrer. Mais seulement, peut-être, d’ indiquer à l’imagination de mon lecteur quelques-unes des perspectives
974 seulement, peut-être, d’indiquer à l’imagination de mon lecteur quelques-unes des perspectives qui rayonnent autour du my
975 veau. La vision est passage et frontière, et lieu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou s’ils s
976 i ne se manifeste ». C’est pourquoi dans le monde de la vision, il n’y a ni mensonge ni feintes ; rien qui se cache ou rie
977 he ou rien qui s’exagère, par où j’entends : rien de « moral » — ou d’immoral. Et l’illusion lorsqu’elle se risque à subsi
978 xagère, par où j’entends : rien de « moral » — ou d’ immoral. Et l’illusion lorsqu’elle se risque à subsister dans la lumiè
979 s ces choses et bien d’autres qu’on pourrait dire de la vision, on peut les dire du visage. La langue allemande ne connaît
980 des apparences ? Si la vision voit le visage, et de la sorte, s’en distingue, rappelons-nous qu’elle a son siège au centr
981 centre même du visage. Sans visage il n’est plus de vision. Ou l’inverse. Ainsi le je et le tu sont distincts, sans lesqu
982 le tu sont distincts, sans lesquels il n’est pas d’ amour. Mais si leur être est justement l’amour ? Peut-on les isoler sa
983 Peut-on les isoler sans du même coup les séparer de leur existence même ? La vision est un jugement (psychologie) E
984 s ? Entre l’aspect spirituel et l’aspect matériel de l’homme, il existe deux traits d’union : la vue et la parole, la visi
985 aspect matériel de l’homme, il existe deux traits d’ union : la vue et la parole, la vision et l’entendement. La Parole est
986 la vision et l’entendement. La Parole est l’objet de la théologie, la vision est le monde de la physionomie23. Je crois bi
987 t l’objet de la théologie, la vision est le monde de la physionomie23. Je crois bien que le psychologue s’est introduit da
988 lé à la place du drame, avec l’étrange prétention d’ arbitrer le conflit vital, de séparer les deux antagonistes : de leur
989 l’étrange prétention d’arbitrer le conflit vital, de séparer les deux antagonistes : de leur permettre, pensait-il, de « s
990 conflit vital, de séparer les deux antagonistes : de leur permettre, pensait-il, de « s’expliquer », mais comme on fait de
991 eux antagonistes : de leur permettre, pensait-il, de « s’expliquer », mais comme on fait devant un tribunal, — et ce n’éta
992 la vision n’est pas une sensation, mais un décret de l’intellect. Il n’y a pas de sensations, il n’y a pas d’images, il n’
993 tion, mais un décret de l’intellect. Il n’y a pas de sensations, il n’y a pas d’images, il n’y a pas d’associations mental
994 tellect. Il n’y a pas de sensations, il n’y a pas d’ images, il n’y a pas d’associations mentales : il n’y a que des jugeme
995 e sensations, il n’y a pas d’images, il n’y a pas d’ associations mentales : il n’y a que des jugements. Toute pensée est «
996 e est « judicatoire », et tout, en l’homme dépend de la pensée. Voir, c’est porter un jugement distinctif. Mais, alors, de
997 stinctif. Mais, alors, deux questions se posent : d’ où vient l’œil ? À quoi tend le jugement ? Et voilà notre psychologue
998 d le jugement ? Et voilà notre psychologue obligé de chercher ses lumières chez les physiologistes ou chez les métaphysici
999 En vérité, la curieuse aventure, que cette espèce d’ autosuppression ! Une fois rendus à qui de droit les honneurs qu’il av
1000 espèce d’autosuppression ! Une fois rendus à qui de droit les honneurs qu’il avait empruntés, le psychologue se voit rest
1001 és, le psychologue se voit restitué dans son rôle de simple observateur. Étant donnée sa position essentiellement interméd
1002 ’observation lorsqu’elle se porte sur l’acte même de la vision ? Selon que l’homme qui regarde participe au spectacle, ou
1003 il y verra des mythes, et s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra qu’un état d’âme ; s’il es
1004 t s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’ Amiel, il n’y verra qu’un état d’âme ; s’il est un général, il ne verr
1005 me ; s’il est un général, il ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’il f
1006 un territoire à exploiter ; s’il fuit la société de ses semblables, il verra des retraites solitaires, et s’il la cherche
1007 qu’il le quitte, ou qu’il le voit par la portière de son wagon, le paysage n’est pas le même ; car le regard est jugement2
1008 me. On a beaucoup écrit sur la fameuse opposition de la contemplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vi
1009 sur la fameuse opposition de la contemplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vision eût peut-être évit
1010 a contemplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vision eût peut-être évité bien des malentendus illustre
1011 des malentendus illustres. L’action est un moment de la contemplation essentiellement active et transformatrice. La métaph
1012 lement active et transformatrice. La métaphysique de l’Ancienne Alliance, étant celle de la prophétie, est dominée par l’a
1013 métaphysique de l’Ancienne Alliance, étant celle de la prophétie, est dominée par l’audition de la Parole. Mais la métaph
1014 celle de la prophétie, est dominée par l’audition de la Parole. Mais la métaphysique de la Nouvelle Alliance, qui est cell
1015 par l’audition de la Parole. Mais la métaphysique de la Nouvelle Alliance, qui est celle de l’Incarnation, est dominée par
1016 taphysique de la Nouvelle Alliance, qui est celle de l’Incarnation, est dominée par la vision ; il semble que tout s’y ram
1017 ue tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumière. « Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes
1018 … » (I Thess. 5.8) Rien ne serait plus facile que de multiplier les citations de passages de saint Paul ou de saint Jean,
1019 erait plus facile que de multiplier les citations de passages de saint Paul ou de saint Jean, pour la plupart bien connus,
1020 acile que de multiplier les citations de passages de saint Paul ou de saint Jean, pour la plupart bien connus, qui ont fix
1021 iplier les citations de passages de saint Paul ou de saint Jean, pour la plupart bien connus, qui ont fixé le vocabulaire
1022 ont fixé le vocabulaire métaphysique et poétique de tout le Moyen Âge, d’une partie de la Renaissance, et même du rationa
1023 re métaphysique et poétique de tout le Moyen Âge, d’ une partie de la Renaissance, et même du rationalisme solennel ou vulg
1024 ue et poétique de tout le Moyen Âge, d’une partie de la Renaissance, et même du rationalisme solennel ou vulgaire. (Aufklä
1025 s que je viens de désigner, il n’est pas superflu de recourir à ces « origines » sacrées, comme à une sorte d’étymologie d
1026 rir à ces « origines » sacrées, comme à une sorte d’ étymologie de l’imagination moderne. Sur la vision qui est jugement et
1027 rigines » sacrées, comme à une sorte d’étymologie de l’imagination moderne. Sur la vision qui est jugement et action : « Q
1028 se renouvelle dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé. » (Col. 3.10) Sur la vision et le visage : « Nous
1029 igneur, nous sommes transformés en la même image, de clarté en clarté, comme par l’Esprit. » (II Cor. 3.18) — « Aujourd’hu
1030 « Aujourd’hui nous voyons comme dans un miroir et d’ une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui
1031 me j’ai été connu. » (I Cor. 13.12) À la question de notre psychologue — sinon celle qu’il se pose, du moins celle qu’il s
1032 le toute philosophie qui postule la transcendance de l’éternel, répondent : celui qui voit Dieu, meurt. Car à la suprême v
1033 ême transformation. Reste l’autre question, celle de l’origine de la vision. Celle peut-être à laquelle répond l’apôtre lo
1034 ation. Reste l’autre question, celle de l’origine de la vision. Celle peut-être à laquelle répond l’apôtre lorsqu’il écrit
1035 sont éternelles ». (II Cor. 4.18) Or nous savons, de science et de prescience, et la révélation biblique nous le confirme,
1036 s ». (II Cor. 4.18) Or nous savons, de science et de prescience, et la révélation biblique nous le confirme, qu’à l’origin
1037 élation biblique nous le confirme, qu’à l’origine de tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la lumière. La pre
1038 e tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la lumière. La première parole de Dieu : « Que la lumière soit » est
1039 comme un appel de la lumière. La première parole de Dieu : « Que la lumière soit » est aussi le premier moteur de l’unive
1040 Que la lumière soit » est aussi le premier moteur de l’univers. Toute substance que la lumière vient toucher, aussitôt se
1041 e devient à nos yeux reconnaissable. Il n’est pas d’ autre mouvement que cet élan vers la lumière — ou pour la fuir — par q
1042 ce. « L’œil ne verrait pas le soleil s’il n’était de nature solaire », dit Goethe. Une telle parole devance notre science,
1043 Ces vérités ne sont guère « explicables » au sens de l’indiscret moderne, de celui qui veut toujours pénétrer sous la form
1044 e « explicables » au sens de l’indiscret moderne, de celui qui veut toujours pénétrer sous la forme, plutôt que de la voir
1045 veut toujours pénétrer sous la forme, plutôt que de la voir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou cet
1046 la parole. Mais les mystiques et les poètes ont, de tout temps, depuis l’Incarnation, connu ce grand mystère de la vision
1047 mps, depuis l’Incarnation, connu ce grand mystère de la vision. C’est parfois une connaissance égarée qui traverse un déli
1048 de, tel ce rayon qui pénètre dans les profondeurs de la Saison en enfer de Rimbaud : « Sur les routes, par les nuits d’hiv
1049 énètre dans les profondeurs de la Saison en enfer de Rimbaud : « Sur les routes, par les nuits d’hiver, sans gîte, sans ha
1050 nfer de Rimbaud : « Sur les routes, par les nuits d’ hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon cœur
1051 ».28 D’autres fois, c’est la claire connaissance de la béatitude visionnaire : connaissance parfois trop « claire » au se
1052 ance parfois trop « claire » au sens rationaliste de ce mot. Connaissance trop pénétrante, qui dépasse trop aisément le co
1053 pénétrante, qui dépasse trop aisément le concret de la vision. Comment expliquer autrement que la théologie des scolastiq
1054 éatitude réside in visione, dans la contemplation de la Face de Dieu, le second qu’elle réside in amore ? N’était-ce pas s
1055 side in visione, dans la contemplation de la Face de Dieu, le second qu’elle réside in amore ? N’était-ce pas se tromper à
1056 N’était-ce pas se tromper à la fois sur la nature de l’amour et sur celle de la vision ? Voir Dieu, c’est se transformer a
1057 r à la fois sur la nature de l’amour et sur celle de la vision ? Voir Dieu, c’est se transformer au sens le plus violent e
1058 être aimé, et c’est se rendre à la transformation de la vision : c’est donc aimer. Et nulle vision ne serait « admirable »
1059 e n’était en même temps transformation, mouvement de l’amour. Augustin qui, plus que tout autre, a parlé de la « beauté »
1060 amour. Augustin qui, plus que tout autre, a parlé de la « beauté » de Dieu, savait que vision et amour sont un seul acte e
1061 ui, plus que tout autre, a parlé de la « beauté » de Dieu, savait que vision et amour sont un seul acte et une seule répon
1062 je vous ai trop tard aimée… »29 L’imagination de la forme J’ai cité des docteurs, des apôtres et des poètes, des sa
1063 dit saint Paul. La foi serait-elle donc négation de la vision ? Ou la vie éternelle, négation de l’incarnation ? Nullemen
1064 oi serait-elle donc négation de la vision ? Ou la vie éternelle, négation de l’incarnation ? Nullement, mais accomplissemen
1065 tion de la vision ? Ou la vie éternelle, négation de l’incarnation ? Nullement, mais accomplissement, et splendeur de ce q
1066 n ? Nullement, mais accomplissement, et splendeur de ce qui n’est pour nous qu’ombre et reflet, fragment et trouble. « Auj
1067 omme j’ai été connu ». Cet alors est la plénitude d’ un aujourd’hui que nous ne connaissons que par ses limites et ses form
1068 être que la définir dans l’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du mê
1069 finir dans l’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du même coup la con
1070 dans l’absolu, à la frontière de la mort et de la vie  ; et la nier, mais au nom de la foi, c’est du même coup la connaître
1071 t jamais totalement incarnée. Entre la forme pure de notre vocation et la forme visible de notre visage, il y a le péché,
1072 forme pure de notre vocation et la forme visible de notre visage, il y a le péché, et les abîmes du temps. Dans le monde
1073 a le péché, et les abîmes du temps. Dans le monde de la mesure idéale, qui est le monde païen, le monde antique, le monde
1074 le monde des philosophes, la forme pure est celle de l’idée platonicienne. Mais dans le monde de l’incarnation — le monde
1075 celle de l’idée platonicienne. Mais dans le monde de l’incarnation — le monde chrétien —, la forme pure est la parole que
1076 hrétien —, la forme pure est la parole que chacun de nous a reçue, en son lieu, en son temps unique. Figure de notre vocat
1077 a reçue, en son lieu, en son temps unique. Figure de notre vocation, forme informante de notre être et que voient « les ye
1078 nique. Figure de notre vocation, forme informante de notre être et que voient « les yeux de la foi », il semble que notre
1079 informante de notre être et que voient « les yeux de la foi », il semble que notre visage n’en soit qu’une mauvaise épreuv
1080 qui se risque à déchiffrer le fascinant spectacle de cette œuvre mordue par le temps et modelée par la lumière, ce n’est p
1081 st pas le regard troublé qui erre sur les miroirs de la ville, à la recherche d’une illusion de soi-même. Il faut une forc
1082 erre sur les miroirs de la ville, à la recherche d’ une illusion de soi-même. Il faut une force qui le braque, une école s
1083 iroirs de la ville, à la recherche d’une illusion de soi-même. Il faut une force qui le braque, une école sévère et un maî
1084 ce modèle idéal qui saurait nous rendre capables d’ affronter la réalité — pour nous avoir révélé le salut ? Où trouver la
1085 Où trouver la réponse qui nous permettrait seule de poser sérieusement nos questions ? « Si nous espérons ce que nous ne
1086 re Paul. Cette attente persévérante, cette action d’ espérance, voilà le sens qu’il faut donner à l’imagination qui crée. S
1087 oblématiques ; si elle n’est pas non plus ce rêve de l’indiscret, ou cette revanche sur le réel qu’elle figure aux yeux du
1088 re une force concrète, elle est cela : une vision d’ espérance, un prolongement, une marche vers la plénitude. Deviner la f
1089 t, une marche vers la plénitude. Deviner la forme de notre vocation, c’est aller au-delà des « apparences actuelles », mai
1090 es « apparences actuelles », mais dans les lignes de la création. L’imagination de la forme saisit d’abord la loi de forma
1091 ais dans les lignes de la création. L’imagination de la forme saisit d’abord la loi de formation ; et c’est alors, mais al
1092 . L’imagination de la forme saisit d’abord la loi de formation ; et c’est alors, mais alors seulement, qu’elle peut poursu
1093 eut poursuivre sans s’égarer dans la nuit. La loi de formation : le mode singulier de la personnification de la parole, la
1094 s s’égarer dans la nuit. La loi de formation : le mode singulier de la personnification de la parole, la finalité de l’être
1095 la nuit. La loi de formation : le mode singulier de la personnification de la parole, la finalité de l’être vivant, qui s
1096 mation : le mode singulier de la personnification de la parole, la finalité de l’être vivant, qui se révèle au regard de l
1097 de la personnification de la parole, la finalité de l’être vivant, qui se révèle au regard de l’amour. Qu’est-ce que l’ho
1098 évèle au regard de l’amour. Qu’est-ce que l’homme de l’esprit, sinon celui qui voit l’esprit dans son action, et le prend
1099 l’esprit dans son action, et le prend sur le fait de la métamorphose ? Et si l’on sait que la vision est acte, on saura ma
1100 nt quel est celui qui peut aider30. L’imagination de la forme est sympathie avec la création. Mais nous tenons ici la clef
1101 a création. Mais nous tenons ici la clef du monde de l’incarnation, le secret de l’image physionomique de l’univers. Imagi
1102 ici la clef du monde de l’incarnation, le secret de l’image physionomique de l’univers. Imaginer, c’est se placer dans la
1103 l’incarnation, le secret de l’image physionomique de l’univers. Imaginer, c’est se placer dans la perspective même de tout
1104 maginer, c’est se placer dans la perspective même de toute genèse spirituelle, dans l’axe de la personne en exercice, dans
1105 tive même de toute genèse spirituelle, dans l’axe de la personne en exercice, dans le drame de la forme, — et y participer
1106 s l’axe de la personne en exercice, dans le drame de la forme, — et y participer. Nous le tenons, ce lien vivant qui unit
1107 u créé, et nous sommes enfin parvenus à l’origine de l’œuvre de l’esprit, au lieu très saint de notre humanité. Ici tout e
1108 nous sommes enfin parvenus à l’origine de l’œuvre de l’esprit, au lieu très saint de notre humanité. Ici tout est réel, to
1109 rigine de l’œuvre de l’esprit, au lieu très saint de notre humanité. Ici tout est réel, tout est action et résistance, tou
1110 est drame. Et les correspondances sont embrassées d’ un seul regard. Les formes naissent, tableaux, poèmes, symphonies, dan
1111 ins, temples, statues, — visages ! Dans l’enfance de la lumière. L’image physionomique de l’Univers Quelle que soit
1112 l’enfance de la lumière. L’image physionomique de l’Univers Quelle que soit la vénération qu’on éprouve en présence
1113 nération qu’on éprouve en présence de cette forme de toutes les formes que nous offre la face de l’homme, il faut entendre
1114 forme de toutes les formes que nous offre la face de l’homme, il faut entendre qu’elle reste symbolique d’une certaine ima
1115 ’homme, il faut entendre qu’elle reste symbolique d’ une certaine image du monde, dont elle ne saurait constituer le centre
1116 à définir, plutôt que les principes particuliers d’ une étude physiognomonique, la vision que toute étude de cet ordre sup
1117 étude physiognomonique, la vision que toute étude de cet ordre suppose et développe. Je voudrais maintenant entraîner le l
1118 du mystère manifeste. Et d’abord, comme au seuil d’ une expédition militaire, j’indiquerai l’ordre de la marche. Premier p
1119 d’une expédition militaire, j’indiquerai l’ordre de la marche. Premier principe : Tout ce qui est réel est moteur, et don
1120 réel est moteur, et donc informateur ou créateur de formes. Ce qui signifierait, pour un homme entièrement spirituel, que
1121 d’autres formes. Le principe dialectique qui sert de guide dans le monde physionomique est celui des correspondances, et n
1122 ientifique, qui est celui du démontage mécanique, de l’isolation des parties. Interpréter les formes par les formes, n’est
1123 es portes à une nouvelle mythologie, dans le sens d’ un Schelling et déjà d’un Herder ? Certes nous sommes ici très près de
1124 e mythologie, dans le sens d’un Schelling et déjà d’ un Herder ? Certes nous sommes ici très près de l’Organismusgedanke qu
1125 très près de l’Organismusgedanke qui est la clef de tout le romantisme allemand de cette grandiose conception d’un univer
1126 ke qui est la clef de tout le romantisme allemand de cette grandiose conception d’un univers où tout est correspondance or
1127 romantisme allemand de cette grandiose conception d’ un univers où tout est correspondance organique, où la réalité naît de
1128 est correspondance organique, où la réalité naît de l’union des contradictions naturelles, où l’homme est microcosme de l
1129 tradictions naturelles, où l’homme est microcosme de la Création. Paracelse, Bruno, Nicolas de Cuse dominent de loin ce gr
1130 ation. Paracelse, Bruno, Nicolas de Cuse dominent de loin ce grand mouvement de la pensée européenne, qui connut sa splend
1131 colas de Cuse dominent de loin ce grand mouvement de la pensée européenne, qui connut sa splendeur féconde aux temps du ro
1132 t sa splendeur féconde aux temps du romantisme et de la vie de Goethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la thé
1133 plendeur féconde aux temps du romantisme et de la vie de Goethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la théorie de
1134 deur féconde aux temps du romantisme et de la vie de Goethe, qui devait aboutir, en passant par Wagner, à la théorie des c
1135 mise à une prochaine renaissance. Mais il importe d’ en marquer le danger, disons plus : le péché, qui l’a stérilisée avant
1136 e : Schelling pour appuyer son intuition concrète de la totalité du monde créé remonta, par Shaftesbury, jusqu’à Plotin et
1137 t-à-dire jusqu’au monde des Idées. C’était perdre de vue la réalité spécifique du monde de l’Incarnation, où la philosophi
1138 tait perdre de vue la réalité spécifique du monde de l’Incarnation, où la philosophie de l’organique peut trouver ses mesu
1139 ique du monde de l’Incarnation, où la philosophie de l’organique peut trouver ses mesures humaines et sa justification spi
1140 tification spirituelle. C’était placer le critère de l’esprit dans le « sentiment religieux » et non dans l’actualité de l
1141 e « sentiment religieux » et non dans l’actualité de la Parole. C’était sortir du drame, pour se perdre dans une fièvre no
1142 talgique. Schleiermacher est l’expression géniale de cette hérésie romantique, qui ne tendait à rien de moins qu’à la glor
1143 e cette hérésie romantique, qui ne tendait à rien de moins qu’à la glorification progressive d’une nature dont s’évanouiss
1144 à rien de moins qu’à la glorification progressive d’ une nature dont s’évanouissait la condition essentiellement dramatique
1145 e bornerai donc à renvoyer à la critique décisive de la doctrine de l’analogia entis que Karl Barth poursuit à travers tou
1146 à renvoyer à la critique décisive de la doctrine de l’analogia entis que Karl Barth poursuit à travers toute son œuvre. C
1147 ursuit à travers toute son œuvre. Ce qui subsiste de l’Organismusgedanke, une fois cette conception débarrassée des équivo
1148 iques, c’est un irrationalisme concret. L’analyse de l’homme intérieur ou social, telle que l’ont inlassablement reprise t
1149 ionnels. Rien alors ne peut égaler la pénétration de son regard, si ce n’est son impuissance à saisir la personne dans sa
1150 s motifs, mais ce faisant, il détend les ressorts de l’imprévisible événement — tensions instituées entre des motifs tout
1151 art, bâtissent et soutiennent l’édifice du visage de l’homme. Kassner remarque qu’à la lecture des grands moralistes franç
1152 e qu’à la lecture des grands moralistes français, de Montaigne à Pascal, à La Rochefoucauld, à Chamfort, on ne rencontre p
1153 stume, la grimace, ce qu’on nomme « l’extérieur » de l’homme, mais non pas son visage. Pour lui comme pour tous les autres
1154 our lui comme pour tous les autres (à l’exception de Pascal), l’homme est entièrement ramené à la parole, à l’anecdote. Qu
1155 ue notre esprit qu’on dit « latin » est incapable de s’assimiler les secrets d’une ontologie de la forme ? Ce serait oubli
1156  latin » est incapable de s’assimiler les secrets d’ une ontologie de la forme ? Ce serait oublier Léonard et son génie phy
1157 apable de s’assimiler les secrets d’une ontologie de la forme ? Ce serait oublier Léonard et son génie physionomiste. Il
1158 à la méthode du Vinci — la plus vaste collection de formes, un trésor toujours imminent et qui grandit selon l’extension
1159 oujours imminent et qui grandit selon l’extension de son domaine… Il est le maître des visages, des anatomies, des machine
1160 des visages, des anatomies, des machines. Il sait de quoi se fait un sourire ; il peut le mettre sur la face d’une maison,
1161 e fait un sourire ; il peut le mettre sur la face d’ une maison, aux plis d’un jardin… Et encore : Je sentais que ce maî
1162 peut le mettre sur la face d’une maison, aux plis d’ un jardin… Et encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce p
1163 n jardin… Et encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait tro
1164 ude centrale à partir de laquelle les entreprises de la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles ;
1165 entreprises de la connaissance et les opérations de l’art sont également possibles ; les échanges heureux entre l’analyse
1166 Les quelques mots que je souligne dans le texte de Paul Valéry ne sont-ils pas l’éblouissante formule d’une image physio
1167 aul Valéry ne sont-ils pas l’éblouissante formule d’ une image physionomique de l’univers ? On pourrait m’objecter que le g
1168 l’éblouissante formule d’une image physionomique de l’univers ? On pourrait m’objecter que le goût de la forme, apanage é
1169 de l’univers ? On pourrait m’objecter que le goût de la forme, apanage évident du « latin », suppose des géométries plutôt
1170 t que l’imagination, et par là retombe au pouvoir de la raison et de Descartes. Mais passons de l’autre côté : chez les Al
1171 ion, et par là retombe au pouvoir de la raison et de Descartes. Mais passons de l’autre côté : chez les Allemands les moin
1172 ouvoir de la raison et de Descartes. Mais passons de l’autre côté : chez les Allemands les moins suspects de sacrifier à l
1173 utre côté : chez les Allemands les moins suspects de sacrifier à la logique cartésienne, quels sont les plus illustres phy
1174 eux lointains et quelque peu méfiants admirateurs de la forme et de la clarté française. (Que de dissociations à opérer da
1175 t quelque peu méfiants admirateurs de la forme et de la clarté française. (Que de dissociations à opérer dans nos préjugés
1176 teurs de la forme et de la clarté française. (Que de dissociations à opérer dans nos préjugés culturels !) Il y a du démiu
1177 ) Il y a du démiurge chez Goethe. (Souvenons-nous de son Prométhée). Vit-on jamais pareille faculté d’incorporer les affec
1178 de son Prométhée). Vit-on jamais pareille faculté d’ incorporer les affections de l’âme ? Pas trace de « psychologie » dans
1179 mais pareille faculté d’incorporer les affections de l’âme ? Pas trace de « psychologie » dans cette œuvre qui cependant p
1180 d’incorporer les affections de l’âme ? Pas trace de « psychologie » dans cette œuvre qui cependant paraissait ne prêter à
1181 e œuvre qui cependant paraissait ne prêter à rien d’ autre : Les Affinités électives. Tout y est formes, actions, symboles 
1182 vision créatrice. Goethe est un œil. Et le chant de Lyncée sur sa tour — c’est le chant du bonheur de la vision : Zum se
1183 de Lyncée sur sa tour — c’est le chant du bonheur de la vision : Zum sehen geboren Zum schauen bestellt… ............
1184 bienheureux ! » Mais les pauvres yeux douloureux de Nietzsche, non moins que ceux de Goethe, surent voir en toutes choses
1185 yeux douloureux de Nietzsche, non moins que ceux de Goethe, surent voir en toutes choses « le charme éternel » qui les cr
1186 » qui les crée. Ouvrez donc au hasard tel recueil d’ aphorismes, le Gai savoir, Aurore : c’est une chasse royale pour l’ama
1187 , Aurore : c’est une chasse royale pour l’amateur de correspondances et de métaphores plastiques. Ceci dans Aurore par exe
1188 hasse royale pour l’amateur de correspondances et de métaphores plastiques. Ceci dans Aurore par exemple : Si nous voulio
1189 nous voulions tenter une architecture d’après le mode de notre âme (nous sommes trop lâches pour cela) : — le labyrinthe de
1190 voulions tenter une architecture d’après le mode de notre âme (nous sommes trop lâches pour cela) : — le labyrinthe devra
1191 se figurent qu’il n’y a personne qui soit capable de les voir, sous leur musique) (p. 198). Ou ceci dans le Gai Savoir :
1192 rdé durant un bon moment cette ville, ses maisons de campagne et ses jardins d’agrément et le large cercle de ses collines
1193 tte ville, ses maisons de campagne et ses jardins d’ agrément et le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées 
1194 agne et ses jardins d’agrément et le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées ; enfin je finis par me dire ;
1195 d’agrément et le large cercle de ses collines et de ses pentes habitées ; enfin je finis par me dire ; je vois des visage
1196 enfin je finis par me dire ; je vois des visages de générations passées — cette contrée est couverte par les images d’hom
1197 ssées — cette contrée est couverte par les images d’ hommes intrépides et souverains… J’ai toujours devant les yeux le cons
1198 de lui, et aussi sur la ville, la mer et la ligne de ta montagne, et comme sur tout cela, par son regard, il exerce sa pui
1199 -t-elle donc vu le jour depuis les temps du Livre de Job, de ce profond traité théologique qui ne fait pas intervenir un s
1200 donc vu le jour depuis les temps du Livre de Job, de ce profond traité théologique qui ne fait pas intervenir un seul conc
1201 ers, deux effarantes descriptions du crocodile et de l’hippopotame, le monstre Léviathan, la Grande Ourse avec ses petits,
1202 un peu partout ne saurait faire fi des résultats d’ observation acquis par les travaux de la psychologie de laboratoire. M
1203 es résultats d’observation acquis par les travaux de la psychologie de laboratoire. Mais presque toutes les interprétation
1204 ervation acquis par les travaux de la psychologie de laboratoire. Mais presque toutes les interprétations qui ont eu cours
1205 , jusqu’à Freud y compris, souffrent du même vice de constitution : elles considèrent les faits psychiques indépendamment
1206 s considèrent les faits psychiques indépendamment de la personne, comme des cas. Ainsi elles laissent perdre l’humain, ell
1207 par les arts, etc. 27. Je songe à divers travaux de la biologie expérimentale dont je me bornerai à citer l’exemple suiva
1208 des yeux qui n’existaient auparavant qu’à l’état de germes sous-cutanés. (Travaux publiés dans les Archiv für Entwicklung
1209 ttoresque, sans prétendre, naturellement, à juger de sa portée scientifique ! 28. Une saison en enfer. (Mauvais sang). C
1210 qui souligne les derniers mots. 29. Soliloques de saint Augustin, chapitre XXXI. 30. « N’advient-il pas aussi, parmi l
1211 ient-il pas aussi, parmi les hommes, lorsque l’un d’ eux regarde l’autre réellement, tel qu’il est dans le mouvement de sa
1212 autre réellement, tel qu’il est dans le mouvement de sa forme en devenir, que d’une manière étrange et délicate, il l’aide
1213 est dans le mouvement de sa forme en devenir, que d’ une manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, en s
1214 aide à parvenir à soi-même, en sorte que la force de l’imagination agissant dans les voies de la nature, littéralement col
1215 la force de l’imagination agissant dans les voies de la nature, littéralement collabore à engendrer l’image de l’homme ? »
1216 ture, littéralement collabore à engendrer l’image de l’homme ? » (Th. Spoerri : Über Einbildung, p. 25.) 31. Il convient
1217 oerri : Über Einbildung, p. 25.) 31. Il convient de débarrasser ce mot de tout pathos romantique. Le drame, c’est proprem
1218 g, p. 25.) 31. Il convient de débarrasser ce mot de tout pathos romantique. Le drame, c’est proprement l’action, en tant
1219 risque, tension. Un tel drame se passe fort bien d’ appréciations sentimentales. Il est d’ailleurs d’autant moins « terrif
1220 d’appréciations sentimentales. Il est d’ailleurs d’ autant moins « terrifiant » qu’on y est plus réellement engagé. 32.
1221 in Verlag, Leipzig, p. 217). q. Rougemont Denis de , « Mystère de la vision (fragments d’un Traité de la vision physionom
1222 pzig, p. 217). q. Rougemont Denis de, « Mystère de la vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde)
1223 emont Denis de, « Mystère de la vision (fragments d’ un Traité de la vision physionomique du monde) », Hermès, Bruxelles-Pa
1224 de, « Mystère de la vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) », Hermès, Bruxelles-Paris, mars 19
1225 note indique : « Les pages qui suivent, détachées d’ un ouvrage assez vaste, risquent de paraître assez “hermétiques” au le
1226 ent, détachées d’un ouvrage assez vaste, risquent de paraître assez “hermétiques” au lecteur peu familiarisé avec cet ordr
1227 tiques” au lecteur peu familiarisé avec cet ordre de spéculations. Certains mots employés ici dans un sens très particulie
1228 à signaler que notre ouvrage contient une théorie de la forme (considérée comme surface de contact de forces contradictoir
1229 une théorie de la forme (considérée comme surface de contact de forces contradictoires) et une théorie de la personne, au
1230 de la forme (considérée comme surface de contact de forces contradictoires) et une théorie de la personne, au sujet de la
1231 contact de forces contradictoires) et une théorie de la personne, au sujet de laquelle on pourra trouver des éclaircisseme
1232 trouver des éclaircissements dans ma “Définition de la Personne” parue dans Esprit , décembre 1934. »
14 1935, Articles divers (1932-1935). Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)
1233 tre un « esprit » et un « ordre », au double sens d’ équipe et de « mise en ordre ». Esprit rend au mouvement personnali
1234 rit » et un « ordre », au double sens d’équipe et de « mise en ordre ». Esprit rend au mouvement personnaliste le grand
1235 rend au mouvement personnaliste le grand service de lui créer une atmosphère, un champ d’essais intellectuels, je dirais
1236 and service de lui créer une atmosphère, un champ d’ essais intellectuels, je dirais même une sentimentalité, au meilleur s
1237 eilleur sens du terme. La formule caractéristique d’ Esprit , c’est la « confrontation ». Confrontation dirigée certes, av
1238 nouveau , surtout une construction. Pas question de séparer ces deux temps de l’action, et qu’on n’aille pas croire que
1239 struction. Pas question de séparer ces deux temps de l’action, et qu’on n’aille pas croire que L’ON n’a pas établi ses c
1240 large et précise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas d’ aboutir à des constructions. Il n’en reste pas moins que les années d’
1241 tructions. Il n’en reste pas moins que les années d’ avance qu’a prises L’ON lui permettent de passer, dès à présent, à d
1242 années d’avance qu’a prises L’ON lui permettent de passer, dès à présent, à des tentatives de réalisation dont Esprit
1243 ettent de passer, dès à présent, à des tentatives de réalisation dont Esprit n’a voulu donner, jusqu’ici, que les fondem
1244 idiques. Autre différence, ou plutôt autre aspect de cette même différence : l’ON s’interdit, dans sa revue, toute espèce
1245 ce : l’ON s’interdit, dans sa revue, toute espèce de polémique, de réponses à ses contradicteurs, de critique littéraire o
1246 terdit, dans sa revue, toute espèce de polémique, de réponses à ses contradicteurs, de critique littéraire ou d’analyses d
1247 e de polémique, de réponses à ses contradicteurs, de critique littéraire ou d’analyses des « actualités ». Non que cela no
1248 s à ses contradicteurs, de critique littéraire ou d’ analyses des « actualités ». Non que cela nous paraisse le moins du mo
1249 ment, tout autre chose à faire. Dans les 32 pages de notre revue, nous ne pouvons pas commenter la Révolution, nous nous b
1250 s aucun doute nécessaire, que d’autres s’occupent d’ élargir la brèche, d’y appeler du monde et, comme le dit souvent Mouni
1251 ire, que d’autres s’occupent d’élargir la brèche, d’ y appeler du monde et, comme le dit souvent Mounier, « d’épurer », d’e
1252 eler du monde et, comme le dit souvent Mounier, «  d’ épurer », d’enrichir si l’on veut, l’action en cours. Et c’est à quoi
1253 e et, comme le dit souvent Mounier, « d’épurer », d’ enrichir si l’on veut, l’action en cours. Et c’est à quoi s’emploient
1254 c’est à quoi s’emploient les 180 pages mensuelles d’ Esprit . Rien dans tout cela qui empêche une collaboration, — au cont
1255 . Ce qui pourrait être plus grave au point de vue de la révolution, c’est la fluidité excessive du style des manifestes d’
1256 est la fluidité excessive du style des manifestes d’ Esprit . Crainte de l’index ou incertitudes doctrinales ? Certains ac
1257 ssive du style des manifestes d’ Esprit . Crainte de l’index ou incertitudes doctrinales ? Certains accents humanitaristes
1258 e fascisme et le stalinisme se sont faits à coups de simplifications brutales et abstraites, nous les avons cent fois déno
1259 l’ordre personnaliste. Nous souhaitons le succès d’ Esprit  : non pas un succès d’estime, auprès des esprits pondérés, ma
1260 uhaitons le succès d’ Esprit  : non pas un succès d’ estime, auprès des esprits pondérés, mais un succès constructif, révol
1261 i se confondra nécessairement avec l’instauration de l’Ordre nouveau dans les faits. s. Rougemont Denis de, « Les autre
1262 dre nouveau dans les faits. s. Rougemont Denis de , « Les autres et nous : 1 : Esprit  », Bulletin de liaison des groupe
1263 e, « Les autres et nous : 1 : Esprit  », Bulletin de liaison des groupes Ordre nouveau, Paris, avril 1935, p. 3-4.
15 1935, Articles divers (1932-1935). Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)
1264 Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)t u Monsieur, Votre petite note sur mon livre il
1265 n livre illustre une fois de plus la mauvaise foi de Commune. Si vous aviez lu ce livre vous sauriez : 1° que je combats v
1266 uriez : 1° que je combats violemment la politique de l’Église (chap. 7) ; 2° que je suis protestant. (Pour vos « curés ».)
1267 . D’accord avec les Izvestia et votre ambassadeur de la rue de Grenelle, j’ai bien l’honneur de vous souhaiter deux ans de
1268 sadeur de la rue de Grenelle, j’ai bien l’honneur de vous souhaiter deux ans de caserne. P.-S. « Nos camarades marxistes o
1269 e, j’ai bien l’honneur de vous souhaiter deux ans de caserne. P.-S. « Nos camarades marxistes ou fascistes » : je parlais
1270 arxistes ou fascistes » : je parlais à un congrès d’ étudiants et voyais dans la salle des délégués marxistes et hitlériens
1271 s le plus courant du terme. t. Rougemont Denis de , « Lettre à la rédaction », Commune, Paris, mai 1935, p. 1059. u. Pu
1272 , p. 1059. u. Publiée en réponse à une recension de Politique de la personne parue dans la livraison de mars 1935 de la
1273 Publiée en réponse à une recension de Politique de la personne parue dans la livraison de mars 1935 de la même revue.
1274 Politique de la personne parue dans la livraison de mars 1935 de la même revue.
1275 la personne parue dans la livraison de mars 1935 de la même revue.
16 1935, Articles divers (1932-1935). Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)
1276 Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)v Certains vo
1277 que peut bien signifier l’opposition du peuple et de la nation ? Par quel grossier abus du mot nation a-t-on pu venir à ce
1278 le général Kellermann entraîne ses troupes au cri de « Vive la Nation ! », les sans-culottes comprennent : « Vive la Révol
1279 ommunauté des personnes responsables, conscientes de la mission libératrice de la France. Nous pouvons nous dire nationaux
1280 sponsables, conscientes de la mission libératrice de la France. Nous pouvons nous dire nationaux, contre l’idole sanguinai
1281 es, contre les démagogues apeurés qui font le jeu d’ une dictature aux ordres des nationalistes russes. Nous sommes contre
1282 liste, à droite, ou étatiste, à gauche, qui tente de créer ces meurtrières confusions : la confusion de la patrie et des b
1283 e créer ces meurtrières confusions : la confusion de la patrie et des banquiers, la confusion de la Révolution et des Sovi
1284 usion de la patrie et des banquiers, la confusion de la Révolution et des Soviets. Nous ne nous battrons ni pour les Forge
1285 s battrons ni pour les Forges, ni pour les agents de Moscou : les uns et les autres poursuivent par des voies tactiques op
1286 es se rejoignent très bien par-delà les massacres de rue qu’ils nous préparent, — par-dessus la tête de leurs troupes. Nou
1287 e rue qu’ils nous préparent, — par-dessus la tête de leurs troupes. Nous nous battrons le jour où le peuple français aura
1288 — à gauche, dans l’un et l’autre cas destructeur de la liberté des personnes, destructeur du sentiment patriotique, destr
1289 travaille pour M. de Wendel. Et si les militants de gauche et de droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’une double er
1290 ur M. de Wendel. Et si les militants de gauche et de droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’une double erreur que l’Or
1291 uche et la droite proclamer la priorité du « plan d’ action » sur la doctrine, on est sûr que cette gauche et cette droite
1292 pour le désordre, et que les seuls bénéficiaires de luttes civiles aussi mal orientées seront en fait les gros bailleurs
1293 i mal orientées seront en fait les gros bailleurs de fonds. Erreur sur la mystique : la lutte des « nationaux » contre le
1294 onger dans la rue l’opposition stérile et périmée de la droite et de la gauche parlementaires. Seulement, cela se compliqu
1295 e l’opposition stérile et périmée de la droite et de la gauche parlementaires. Seulement, cela se complique cette fois de
1296 entaires. Seulement, cela se complique cette fois de matraques et de mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelcon
1297 ent, cela se complique cette fois de matraques et de mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelconque, on s’apprêt
1298 uelconque, on s’apprête à descendre des centaines de Français. Au bénéfice de qui, nous l’avons dit. Quand les droites aur
1299 descendre des centaines de Français. Au bénéfice de qui, nous l’avons dit. Quand les droites auront compris que la Banque
1300 t. Quand les droites auront compris que la Banque de France est contre la patrie, quand les gauches auront compris que la
1301 rie, quand les gauches auront compris que la peur de Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure de l’Ordre nouveau.
1302 e Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure de l’Ordre nouveau. v. Rougemont Denis de, « Nous ne mangeons pas de
1303 l’heure de l’Ordre nouveau. v. Rougemont Denis de , « Nous ne mangeons pas de ce pain-là (à propos du 14 juillet) », Bul
1304 v. Rougemont Denis de, « Nous ne mangeons pas de ce pain-là (à propos du 14 juillet) », Bulletin de liaison des groupe
1305 e ce pain-là (à propos du 14 juillet) », Bulletin de liaison des groupes Ordre nouveau, Paris, 15 juillet 1935, p. 2.
17 1935, Articles divers (1932-1935). Montherlant : Service inutile (15 novembre 1935)
1306 auteur nous rapporte avec quelque détail l’emploi de son temps durant ces dix dernières années, est-il bien nécessaire à c
1307 lant se fait du tort chaque fois qu’il entreprend de s’expliquer : on ne lui en demande pas tant, ou plutôt on lui en dema
1308 èces qu’il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise, c’est m
1309 ans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise, c’est moins bien. Quoi qu
1310 e, c’est moins bien. Quoi qu’il en soit, retenons de cette préface sa morale : « Dès l’instant où l’on se récure du frivol
1311 « Dès l’instant où l’on se récure du frivole, la vie devient immensément large. » Que trouvons-nous dans ce volume ? Des p
1312 r l’Espagne, d’autres sur l’Algérie, échantillons de cette Rose de sable qu’un scrupule patriotique retient l’auteur de pu
1313 ’autres sur l’Algérie, échantillons de cette Rose de sable qu’un scrupule patriotique retient l’auteur de publier et qui s
1314 sable qu’un scrupule patriotique retient l’auteur de publier et qui sent le chef-d’œuvre dès les premiers abords. Des cons
1315 cela est neuf et vrai, bien vu et bien dit, plein d’ une verve gentille, et aussi, disons-le, de courage, car il en faut po
1316 plein d’une verve gentille, et aussi, disons-le, de courage, car il en faut pour ne montrer que du bon sens en ces matièr
1317 tus. Enfin trois importants essais sur l’attitude de l’écrivain devant l’action. Arrêtons-nous à cette partie-là qui expli
1318 des déclarations aussi franches et pourtant pures de toute espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitude de cette fière
1319 aussi franches et pourtant pures de toute espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitude de cette fière politesse, dans
1320 e espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitude de cette fière politesse, dans ce temps où les partisans ont l’air de ha
1321 litesse, dans ce temps où les partisans ont l’air de haïr davantage la cause adverse qu’ils n’aiment la leur.) Quelle est
1322 est l’attitude pratique que Montherlant a cru bon d’ adopter ? C’est celle du clerc — il dirait : du poète —, qui se réserv
1323 i se réserve pour son œuvre, estimant s’acquitter de la sorte de tout ce qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice
1324 pour son œuvre, estimant s’acquitter de la sorte de tout ce qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’une prise
1325 qu’il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’ une prise de position occasionnelle en faveur d’une cause humaine, de
1326 en principe, à César. Sans préjudice d’une prise de position occasionnelle en faveur d’une cause humaine, de la patrie, o
1327 tion occasionnelle en faveur d’une cause humaine, de la patrie, ou même des Éthiopiens. Notons d’abord qu’une pareille att
1328 tons d’abord qu’une pareille attitude a le mérite de ne point sacrifier à l’excitation générale. Très haut mérite. Exemple
1329 J’approuve ce que dit Montherlant sur l’inutilité de tout service — à condition que le sentiment poignant de cette vanité
1330 t service — à condition que le sentiment poignant de cette vanité finale n’empêche pas de servir quand il faut. C’est ce q
1331 ent poignant de cette vanité finale n’empêche pas de servir quand il faut. C’est ce que j’appelle du pessimisme actif. Et
1332 est la devise du Taciturne : « Point n’est besoin d’ espérer pour entreprendre… » Mais encore faut-il entreprendre. D’abord
1333 rlant à préférer un peu trop vite le second terme de son titre. C’est le concours des deux qui est vrai. L’œuvre avant tou
1334 s toute œuvre est une action, et c’est le contenu de cette œuvre, ou l’objectif de cette action, qu’il importe avant tout
1335 et c’est le contenu de cette œuvre, ou l’objectif de cette action, qu’il importe avant tout de connaître. Et non pas seule
1336 bjectif de cette action, qu’il importe avant tout de connaître. Et non pas seulement que l’auteur a su se mettre en condit
1337 eulement que l’auteur a su se mettre en condition de faire son œuvre, et de ne servir qu’à bon escient. À quoi Montherlant
1338 su se mettre en condition de faire son œuvre, et de ne servir qu’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’écr
1339 r défendre ceci ou cela, mais parce qu’il a envie d’ écrire. (On le lui pardonne mieux qu’à d’autres). « Les œuvres des écr
1340 ites par le besoin organique qu’ont les écrivains de s’exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne de ce nom doit, dans son
1341 s de s’exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne de ce nom doit, dans son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce q
1342 ditions serait mal fait. » Est-ce que ce beau mot d’ agréable ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait qu’il s’agit sim
1343 confusion ? L’on croirait qu’il s’agit simplement de ce qui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain digne de ce nom » ne
1344 ui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain digne de ce nom » ne va pas, pour prendre un exemple, déconcerter son public à
1345 t peut-être zéro pour le lecteur. S’il a le droit de déconcerter, c’est pour mieux souligner ce qu’il apporte ; et c’est s
1346 uru leur chance là-dessus — au sens le plus noble de chance, qui est bien proche de salut. Les plus grands ont été les moi
1347 e salut. Les plus grands ont été les moins libres de n’en faire qu’à leur agrément. En bref, on peut reprocher à Montherla
1348 grément. En bref, on peut reprocher à Montherlant de parler de « servir » sans préciser l’objet du verbe (ou le régime !)
1349 n bref, on peut reprocher à Montherlant de parler de « servir » sans préciser l’objet du verbe (ou le régime !) et de qual
1350 ans préciser l’objet du verbe (ou le régime !) et de qualifier d’inutile un service qu’il faudrait d’abord rendre. Je forc
1351 l’objet du verbe (ou le régime !) et de qualifier d’ inutile un service qu’il faudrait d’abord rendre. Je force un peu mon
1352 r. Je n’entends pas que ce recueil n’apporte rien de positif, comme on dit. Il apporte d’abord un ton, ce n’est pas peu, s
1353 Montherlant. « Pourquoi n’y a-t-il pas une École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’on y apprenne
1354 -il pas une École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’e
1355 École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de Mo
1356 de latin et de droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de Montherlant, mais bien du Prince de Lign
1357 y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de Montherlant, mais bien du Prince de Ligne, on pourrait s’y tromper. M
1358 urrait s’y tromper. Montherlant, qu’on a qualifié d’ homme de la Renaissance, ne serait-il pas tout aussi bien — s’il refus
1359 ’y tromper. Montherlant, qu’on a qualifié d’homme de la Renaissance, ne serait-il pas tout aussi bien — s’il refuse le siè
1360 e le siècle précédent — un contemporain spirituel de cet « homme du xviiie siècle » ? Je pourrais vous citer vingt endroi
1361 ici un qui résume fort bien la morale personnelle de notre auteur : « J’ai le bon esprit de saisir avidement et de me dess
1362 ersonnelle de notre auteur : « J’ai le bon esprit de saisir avidement et de me dessaisir de tout ce que la jouissance me p
1363 eur : « J’ai le bon esprit de saisir avidement et de me dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’être heureux, c
1364 bon esprit de saisir avidement et de me dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’il
1365 dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’ être heureux, ce qui fait qu’il ne me coûte pas d’en être aussitôt pri
1366 d’être heureux, ce qui fait qu’il ne me coûte pas d’ en être aussitôt privé ». Et par contre ceci, que je lis dans Service
1367 je lis dans Service inutile, n’est-ce pas l’écho de la virile légèreté du grand seigneur : « Lénine, qui donna dans l’enf
1368 eigneur : « Lénine, qui donna dans l’enfantillage de vouloir modifier une forme de gouvernement… » Ce même goût du bonheur
1369 dans l’enfantillage de vouloir modifier une forme de gouvernement… » Ce même goût du bonheur, chez l’un et l’autre, ces mê
1370 u bonheur, chez l’un et l’autre, ces mêmes façons de ne se piquer de rien, cette même désinvolture tempérée de respect vis
1371 l’un et l’autre, ces mêmes façons de ne se piquer de rien, cette même désinvolture tempérée de respect vis-à-vis de ses pr
1372 piquer de rien, cette même désinvolture tempérée de respect vis-à-vis de ses propres affaires, et de la chose publique, e
1373 de respect vis-à-vis de ses propres affaires, et de la chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un pe
1374 ses propres affaires, et de la chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un serviteur
1375 chose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un serviteur agréable, que tous les deux on
1376 rviteur agréable, que tous les deux ont pris soin d’ avouer ! Certes, il y a toutes les différences que l’on voudra, mais p
1377 a, mais pas si fortes qu’elles ne nous permettent de prendre une vue plus juste de ce qui est propre à Montherlant. Il est
1378 ne nous permettent de prendre une vue plus juste de ce qui est propre à Montherlant. Il est bien moins curieux d’autrui q
1379 t propre à Montherlant. Il est bien moins curieux d’ autrui que Ligne — ce voyageur traqué par sa passion mondaine — il est
1380 vois, devant certains échecs qu’un peu de soin ou de calcul médiocre eût évités, une même façon de dire : tant pis — qui a
1381 ou de calcul médiocre eût évités, une même façon de dire : tant pis — qui a une belle allure. À quoi l’on voudrait bien p
1382 uisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’une de ses tentations. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemont Denis de, « [
1383 ns. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemont Denis de , « [Compte rendu] Henry de Montherlant, Service inutile  », Vendredi,