1 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
1 e ou la nue Quand tes yeux se confondent et que tes bras autour de moi aux limites du monde nouent leur effroi
2 s corps sont dans l’autre nuit mais c’est ici que je t’ai touchée pour la première fois Ainsi Comme on vit mal
2 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
3 ier pour nous répondre. Il est curieux de tout ce que font « les jeunes ». Il a été jeune, lui aussi. Du moins il l’affirme
4 l’humanité, — et qui renferme autant de mensonges que de propositions. En vérité, la force de l’anti-révolution ne réside p
5 réside avant tout dans l’inconscience formidable que traduit la réponse de M. Durand-Dupont. M. Durand-Dupont est persuadé
6 e M. Durand-Dupont. M. Durand-Dupont est persuadé qu’ il exprime une opinion tout à fait courante et par là même justifiée j
7 iée jusqu’à l’évidence. Prenons sa phrase pour ce qu’ elle est, dans sa simplicité : tout un programme. Et définissons à gra
8 … fermement attaché… » On ne peut tenir fermement qu’ à quelque chose de ferme. La fermeté de M. Durand-Dupont étant toute v
9 Durand-Dupont étant toute verbale, ne relève donc que de l’analyse logique, et doit être rejetée à ce titre comme impliquan
10 libéraux contre-révolutionnaires ont le même âge que les canapés Louis-Philippe. C’est trop ou trop peu. 4. « … libéraux,
11 par l’adversaire. Si au contraire il dure, c’est qu’ il s’est défendu par des moyens qui trahissent ses principes. (M. Chia
12 e toute violence… ». L’ennemi de la violence, tel que nous le connaissons, est un monsieur qui soutient la police, chargée
13 la conscience de « l’honnête homme » un problème que toutes ses convictions inconscientes tendent à faire apparaître comme
14 s grave, et théoriquement insoluble. Et l’on sait que la bourgeoisie cultive ce genre de problèmes avec une prédilection à
15 t à laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce qu’ il ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire qu’il se décide pour
16 ’il ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire qu’ il se décide pour la police contre la révolution. Non-violence, tel es
17 i dans une apologie philosophique de la violence, qu’ il critiquerait avec talent, au nom de l’« humanité ». Nous avons plus
18 son dégoût de la violence, nous prétendons, nous, qu’ il témoigne d’une inconscience monstrueuse, ou qu’il commet une cyniqu
19 qu’il témoigne d’une inconscience monstrueuse, ou qu’ il commet une cynique imposture. Car nous vivons en vérité sous un rég
20 ontraire aux faits les plus patents, de prétendre que le choix est entre non-violence et violence. Le seul choix qui nous r
21 iété où règnent le bavardage et le papier-monnaie que les réalités les plus sanglantes n’arrivent plus à réveiller l’imagin
22 règne à Varsovie, et en France on ne se tue plus que par amour. (Mais à Moscou, les petits Russes naissent avec un couteau
23 crisie, ou encore par son abstraction. Il importe qu’ elle ne s’avoue jamais, qu’elle invoque toujours un prétexte élevé : m
24 bstraction. Il importe qu’elle ne s’avoue jamais, qu’ elle invoque toujours un prétexte élevé : maintenir l’ordre, porter au
25 loin la civilisation, sauvegarder des « valeurs » que l’on dit être « de culture ». Il importe qu’elle ne revête jamais un
26 rs » que l’on dit être « de culture ». Il importe qu’ elle ne revête jamais un aspect proprement brutal, à moins que ce ne s
27 evête jamais un aspect proprement brutal, à moins que ce ne soit à de grandes distances, et bien au-delà du cercle qui inté
28 ceux qui seraient tentés d’en user n’aboutiraient qu’ à faire apparaître la violence latente du régime. Il suffit d’un Léon
29 uraient pas de quoi nous troubler. Mais il arrive que l’ordre bourgeois, protecteur de la non-violence chère à ses tenants,
30 talité à l’occasion d’incidents plus graves, tels que ceux qui occupèrent l’opinion de 1914 à 1918. Toute l’astuce de ceux
31 ordre matériel. Suites encore imprévisibles, mais qu’ il nous appartient, dès maintenant, d’orienter. Sans doute est-il absu
32 ’orienter. Sans doute est-il absurde de prétendre que par là même, nous optons librement pour de sanglantes brutalités futu
33 librement pour de sanglantes brutalités futures. Que d’autres étalent en des écrits dépourvus de puissance, un goût du san
34 is c’est à nous précisément de préparer les voies que la force nouvelle, à leur défaut, devra créer par des percées brutale
35 à la foule. Mais nous qui le savons, c’est à nous qu’ il incombe, dès maintenant, de préparer une Révolution assez totale, p
36 olution n’est pas le sang versé. Mais nous disons qu’ il est plus sain d’être blessé que lentement stérilisé. Nous ne sommes
37 ais nous disons qu’il est plus sain d’être blessé que lentement stérilisé. Nous ne sommes pas idéalistes : l’« imperfection
38 nsiste à faire apparaître, fût-ce brutalement, ce que l’« ordre » bourgeois prétend mensongèrement avoir vaincu. À force d’
39 sont devenus méchants comme des châtiés. Il faut que la violence soit saine, c’est-à-dire : d’abord spirituelle. « Le comb
40 spirituelle. « Le combat spirituel est aussi dur que la bataille d’hommes », écrit Rimbaud. Mais le bourgeois qui ne s’en
41 que, c’est le contact avec le réel, c’est le fait que celui qui donne un coup se met à portée d’une riposte. Ils préfèrent
42 parlait Élisée Reclus, et qui sont plus néfastes que les plus violents cataclysmes, car là où ils passèrent et répandirent
43 Durand-Dupont cherchait à nous persuader. 6. « … qu’ il ne ferait pas de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de co
3 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
44 jeunes bourgeois dégoûtés et vivants, à tous ceux que la Révolution trouble et bientôt va posséder. Dénonçons à leur intent
45 ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agit de ce que nous baptiserons le petit-purisme. Définition des « petits purs »
46 ui au nom de la stricte observance d’une doctrine qu’ ils sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait la vie même de
47 épassons, petits purs ceux dont la violence n’est que rancœur de faibles accrochés à des dogmes, alors que la vraie violenc
48 s petits bourgeois de la Révolution. Puis du fait qu’ ils se disent révolutionnaires, ces bons petits intellectuels devienne
49 pour les réactionnaires. Et c’est bien pour cela qu’ il nous paraît urgent de leur coller une étiquette qui les distingue,
50 et d’humain. Petits purs, conformistes à rebours, qu’ ils aillent grossir les rangs de ceux que les rédacteurs de l’Ami du P
51 rebours, qu’ils aillent grossir les rangs de ceux que les rédacteurs de l’Ami du Peuple appellent des révolutionnaires en p
52 les en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire que d’installer des mitrailleuses tout le long de la fameuse « ligne géné
53 d’être de la police, ou bien à décréter sans rire que tel petit copain devient dangereusement trotskiste. Ils apportent une
54 p de pied au derrière. Drôles de révolutionnaires que l’on séduit par le mépris. Certes, ils sont conformistes pis qu’à la
55 par le mépris. Certes, ils sont conformistes pis qu’ à la gauche, mais pas plus loin comme disait l’autre. Ils n’ont pas le
56 une impuissance. Victimes de la pensée bourgeoise qu’ ils s’épuisèrent à combattre sachant qu’ils ne pourraient que périr av
57 ourgeoise qu’ils s’épuisèrent à combattre sachant qu’ ils ne pourraient que périr avec elle, ils vont chercher dans la lectu
58 uisèrent à combattre sachant qu’ils ne pourraient que périr avec elle, ils vont chercher dans la lecture, pour eux très ari
59 , d’Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer des seuls faits qui nous pressent. Et dès lors tou
60 uer ce qui est ; ils témoignent de plus de mépris que d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnatio
61 s’oppose à toutes les abstractions systématiques, qu’ elles soient importées d’Amérique où elles sont mortelles, où de Russi
62 pureté d’une conception cohérente et rationnelle que nous défendons, c’est l’homme en tant que l’état social actuel l’empê
63 ssez, n’abusons pas des vérités premières, encore que la pensée bourgeoise contemporaine, comme l’a fort bien montré Nizan,
64 los drogués qui parlent de dialectique et croient que Hegel est arrivé, tous ceux qui haïssent la religion parce qu’elle le
65 tous ceux qui poursuivent l’humanité de sarcasmes qu’ ils n’ont pas inventés, car la véritable invective n’est qu’une forme
66 nt pas inventés, car la véritable invective n’est qu’ une forme polémique de la générosité. Hélas, fallait-il perdre une pag
67 érosité. Hélas, fallait-il perdre une page à dire qu’ ils ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que
68 as de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que la violence possède ? c. Rougemont Denis de, « Les ‟petits purs” 
4 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
69 Ce n’est pas, Nizan, une querelle de personnes que je veux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne,
70 riel, en ce qui vous concerne, et vous n’attaquez qu’ au pluriel les « sergents recruteurs » et les « ramasseurs de disciple
71 voudrais simplement vous rendre attentif à ceci : que ces généreux pluriels n’ont pas empêché certains lecteurs d’Europe —
72 ous vous souvenez sans doute aussi bien que moi — que la composition et l’esprit du Cahier de revendications vous furent ex
73 n front unique » semblait alors vous sourire plus qu’ à moi, je l’avoue, et je n’en persistai pas moins à souligner sa ruptu
74 s le dites, « trop claire » pour qu’un esprit tel que le vôtre pût un seul instant s’y tromper : c’est en pleine connaissan
75 y tromper : c’est en pleine connaissance de cause que vous avez collaboré avec les révolutionnaires dont vous répudiez aujo
76 olidarité nous paraissait encore plus indésirable qu’ impossible. Je ne répondrai pas ici à votre accusation de fascisme, je
77 déconsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt que de porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce que je veux diss
78 porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce que je veux dissiper, c’est le malaise créé chez vos lecteurs, — que vous
79 siper, c’est le malaise créé chez vos lecteurs, —  que vous l’ayez ou non voulu, par la première partie de votre étude. Pour
80 otre étude. Pour le reste, je ne puis mieux faire que de renvoyer ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch, que l’on
81 r ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch, que l’on trouvera vingt pages avant le vôtre, et qui sauvegarde dans ce n
5 1933, Articles divers (1932-1935). « La jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)
82 , dont notre presse aime à railler les uniformes, qu’ avons-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de
83 a Légion d’honneur, la route n’est pas si pénible qu’ on peut le croire : elle comporte moins de sacrifices que de prix litt
84 eut le croire : elle comporte moins de sacrifices que de prix littéraires et de coups de pied au derrière. Cette jeunesse a
85 jà jeune-radicale. On dit aussi, je le sais bien, que l’idéologie révolutionnaire fait des ravages, depuis peu, dans les pr
86 non sans effroi, du « bolchévisme intellectuel » qu’ auraient manifesté certains écrits récents, publiés par des revues lit
87 octrine destinée à périr avec le système régnant, qu’ elle croit combattre, et dont elle figure le dernier stade de décompos
88 t de l’universalité de la personne, elle a permis qu’ on tire l’internationalisme, c’est-à-dire la négation de toutes les ra
89 ation personnaliste. Nous avons à relever le défi que fascistes et hitlériens sont justifiés à nous jeter. Nous ne le feron
90 endication universelle de l’humain contre tout ce que l’homme invente pour se mettre à l’abri du risque normal et nécessair
91 saire de l’existence, contre toutes les tyrannies qu’ il s’impose en vertu du sadisme de la lâcheté. Telles sont les bases d
92 uel nous sommes prêts à combattre. Et c’est à lui que désormais s’adresseront ceux qui veulent s’adresser à la jeunesse d’u
93 re capitaliste. Par tous les moyens. Elle ne peut que retarder l’accession aux conflits nécessaires. f. Rougemont Denis
6 1933, Articles divers (1932-1935). Positions d’attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)
94 jusqu’ici beaucoup de bruit sur les places. C’est que nous sommes et voulons être avant tout des doctrinaires. Cette volont
95 ». En d’autres termes moins obscurs, il affirmait qu’ il faut « commencer par le commencement ». Nous accepterons volontiers
96 ui a le mérite de la simplicité. Mais nous disons que le commencement du désordre n’est pas dans les faits matériels dont n
97 nisme. C’est dans cet humus de doctrines périmées que plongent « les racines du malheur », c’est lui d’abord qu’il faut dét
98 ent « les racines du malheur », c’est lui d’abord qu’ il faut détruire si l’on veut tuer ces racines et surtout empêcher qu’
99 si l’on veut tuer ces racines et surtout empêcher qu’ elles ne se reforment. La nécessité d’un travail doctrinal radical nou
100 ons à un fait humain central, la personne — telle que nous la définirons tout à l’heure — ou mieux encore, le conflit perso
101 ase de notre ordre. Cet ordre est nouveau en ceci qu’ il ne peut être établi que par un changement de plan. Changer de plan,
102 dre est nouveau en ceci qu’il ne peut être établi que par un changement de plan. Changer de plan, pour nous, c’est porter l
103 c’est porter l’effort constructif sur un terrain que le désordre actuel néglige ou tente de stériliser. La plupart des que
104 ils les placent. Elles ne prennent leur vrai sens que dans le plan de la personne, où nous les reposons. Prenons par exempl
105 des êtres ou les habitudes de la race. À supposer qu’ une science, encore à créer, parvienne encore à le déterminer, la libé
106 étatiste) ? En présence de ces faits, nous disons que le problème du minimum de vie matérielle ne prend son sens que dans l
107 me du minimum de vie matérielle ne prend son sens que dans le plan de la personne qui est, nous allons le voir, le plan de
108 allons le voir, le plan de la liberté créatrice ; que ce problème ne peut être défini correctement qu’à partir de la person
109 que ce problème ne peut être défini correctement qu’ à partir de la personne ; que seule la doctrine personnaliste, parce q
110 défini correctement qu’à partir de la personne ; que seule la doctrine personnaliste, parce qu’elle le transcende et le re
111 rons en même temps aux hommes une raison de vivre que les systèmes régnants sont en train de leur ôter. ⁂ Nous avons ainsi
112 octrine. Nous nous excusons de l’aspect théorique que prend forcément cet exposé, et qu’il perdrait si nous avions la place
113 pect théorique que prend forcément cet exposé, et qu’ il perdrait si nous avions la place nécessaire pour développer. Nous n
114 tre effort et l’on ne peut songer à en donner ici qu’ une formule nécessairement simplifiée. Nous définissons la personne co
115 l’individualisme libéral. L’individu libéral, tel que l’ont créé les théoriciens du suffrage universel, tout le monde croit
116 ffrage universel, tout le monde croit aujourd’hui que c’est quelque chose de très simple, une évidence, une sorte de lieu c
117 terait-il ? C’est pourtant sur cet homme abstrait qu’ est bâti tout le système démocratique. Et l’erreur initiale, doctrinal
118 tous les étages du système. C’est à cause d’elle qu’ il s’écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici notre opposition
119 noffensifs. Il suffira de rappeler, d’autre part, que l’individualisme libéral est responsable de l’essor anarchique d’une
120 sme, c’est la lutte contre l’étatisme moderne tel qu’ il s’est constitué depuis Marx, phénomène beaucoup plus concret, plus
121 coup plus concret, plus universel et mieux défini que la lutte des classes. ⁂ Quelles sont donc les institutions qui nous p
122 iennent se congestionner les énergies du pays. Ce que nous voulons, c’est rétablir sur le plan politique la tension nécessa
123 , et encore moins à indiquer les moyens tactiques que nous envisageons pour les réaliser. Deux mots toutefois sur notre att
124 ont peut-être de la voir si peu romantique. C’est qu’ il sévit actuellement, parmi certains groupes d’intellectuels, un véri
125 iendrons la primauté de la doctrine, avec tout ce que cela comporte, en apparence, de sécheresse technique. Nous savons que
126 n apparence, de sécheresse technique. Nous savons que le romantisme du désordre prépare simplement les dictatures policière
127 is, et nous vous écouterons ! Certes, nous savons que le premier aspect de toute révolution est dans un renoncement. Mais p
128 . Seulement, il en est d’injustifiés. Et c’est ce que nous voulons déterminer d’abord. On nous a aussi reproché de n’être q
129 miner d’abord. On nous a aussi reproché de n’être qu’ un groupe d’intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche nous vient
130 happent pas. 3° La dialectique historique ne peut que rendre compte du passé — mais seul l’acte créateur opère le changemen
131 de la révolution, c’est la personne humaine telle que nous l’avons définie. 5° Dans « l’Ordre nouveau », les institutions r
132 nom d’antagonismes naturels féconds et créateurs que nous voulons éliminer les antagonismes artificiels et destructeurs qu
133 iner les antagonismes artificiels et destructeurs que fait naître le capitalisme matérialiste. 9° Nous sommes avec le prolé
134 leurs États et de leurs frontières, on peut dire qu’ elles seront universelles, mais particulières. Alors seulement, au lie
135 choquer, elles devront se compléter. 5. Lénine : Que faire ? h. Rougemont Denis de, « Positions d’attaque pour l’ordre n
7 1933, Articles divers (1932-1935). Jeune Europe (4 décembre 1933)
136 Jeune Europe (4 décembre 1933)i Que le visage de l’Europe ait changé, depuis dix ans, plus qu’il ne l’ava
137 sage de l’Europe ait changé, depuis dix ans, plus qu’ il ne l’avait fait depuis Napoléon, c’est une évidence acquise et qui
138 équate. Cette « civilisation quantitative » telle que M. Guglielmo Ferrero, le premier, l’a baptisée, s’exprime aujourd’hui
139 sensible aux atmosphères. C’est l’air de parenté que donne, aux trois régimes, la prépondérance de la jeunesse, dans leurs
140 ecteurs aussi bien que dans leur allure générale. Que signifie ce rajeunissement d’une importante partie du continent ? Est
141 du continent ? Est-ce une opération artificielle, qu’ il faudrait comparer à la chirurgie esthétique actuellement en vogue ?
142 s rides bien connues ? À ces questions, l’ouvrage que René Dupuis et Alexandre Marc viennent de publier sous le titre de Je
143 6 apporte une réponse d’autant plus intéressante qu’ elle est très significative du nouvel état d’esprit de la jeunesse fra
144 mpathique ; mais elle n’avait pas répondu au défi qu’ ils lui adressaient. MM. Dupuis et Marc comblent aujourd’hui une lacun
145 yeux de l’étranger, la réputation de « statisme » que l’on veut faire à la France d’après-guerre. Nos deux publicistes appa
146 de schématiser quelque peu leur doctrine, disons qu’ ils reprochent avant tout aux trois révolutions établies d’avoir « pré
147 oir « prématurément » bouleversé un ordre social, qu’ elles n’étaient pas encore en mesure de rénover radicalement. Mal prép
148 s en soi, d’absolus, au lieu de n’être considérés que comme des moyens ». Et c’est ainsi que la jeunesse s’est trouvée embr
149 considérés que comme des moyens ». Et c’est ainsi que la jeunesse s’est trouvée embrigadée, avec tout son élan, avec toute
150 on rénovatrice, dans des cadres bien plus rigides que ceux qu’elle venait de renverser. Provisoirement, elle accepte de con
151 trice, dans des cadres bien plus rigides que ceux qu’ elle venait de renverser. Provisoirement, elle accepte de consacrer so
152 qui anime la jeunesse russe malgré les sacrifices qu’ on lui demande — ou à cause d’eux — ne sauraient être mises en doute.
153 se d’eux — ne sauraient être mises en doute. Mais qu’ adviendra-t-il, le jour peut-être prochain où ces jeunes hommes s’aper
154 -être prochain où ces jeunes hommes s’apercevront que les régimes qu’ils servent, loin d’avoir créé un ordre nouveau, ont b
155 ù ces jeunes hommes s’apercevront que les régimes qu’ ils servent, loin d’avoir créé un ordre nouveau, ont bien plutôt conso
156 révolutionnaires, dans le sens créateur du terme, que conformistes. Leur conformisme n’est pas celui des jeunes bourgeois,
157 libertaire et « personnaliste » de la France, tel que les jeunes groupes que nous avons nommés essaient, par ailleurs, de l
158 aliste » de la France, tel que les jeunes groupes que nous avons nommés essaient, par ailleurs, de le réveiller. À la jeune
159 isté sur la partie critique de cet ouvrage, c’est que les conclusions constructives peuvent sans peine en être déduites. Au
160 dressant au grand public avec autant de précision que pouvait en permettre un sujet aussi vaste, ils ont réussi à brosser l
161 et de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus que de toute autre chose, de critiques lucides. 6. Un volume chez Plon,
8 1934, Articles divers (1932-1935). Carl Koch, Søren Kierkegaard (1934)
162 ce livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel qu’ il est cependant, on n’en peut désirer de plus utile. Expliquons-nous.
163 s logique, la plus objective et la plus touchante qu’ un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et d’angoisse ins
164 Homme perdu d’inquiétude, qui ne découvre sa joie que dans le risque extrême de la foi, c’est le chrétien tel que le veut K
165 e risque extrême de la foi, c’est le chrétien tel que le veut Kierkegaard. Je soupçonne un peu Carl Koch d’intelligence ave
166 avec l’assesseur Wilhelm. Mais voilà justement ce qu’ il nous faut. Du personnage complexe de Kierkegaard, on nous a présent
167 Kierkegaard est surtout un chrétien, et c’est ce qu’ il eût fallu montrer d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et d’
168 s, et d’une trempe exceptionnelle ; mais non tant qu’ il ne puisse « édifier » — pour user d’un vocable auquel il sut rendre
169 e livre de Koch est la démonstration de l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu suspect de comp
170 tête philosophique. J’ai peut-être tort de penser qu’ on aurait pu s’y prendre autrement. Après tout, il ne faut pas souhait
171 n homme qui vient nous dire, en toute simplicité, qu’ il a vu l’événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira s
172 , en toute simplicité, qu’il a vu l’événement, et qu’ il en est encore tout remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’ai
173 s peine : il n’a pas l’air d’avoir pu inventer ce qu’ il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or, je tiens qu’il n’y a ri
174 onte. Cela donne envie d’aller voir. Or, je tiens qu’ il n’y a rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se pass
175 e tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du Danois prophétique, ress
176 sse moderne. Le mérite décisif de ce livre, c’est que peut-être il fera faite la moue aux spécialistes de l’histoire des sy
177 ystèmes, aux amateurs d’élégances formelles, mais qu’ il saura certainement émouvoir ceux qui cherchent à vivre leur pensée.
178 nlassablement Kierkegaard. C’est de toi, lecteur, qu’ il s’agit, et non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce q
179 ierkegaard — j’entends la perspective chrétienne, que Carl Koch met si bien en lumière —, nous pourrons nous montrer plus e
180 r plus exigeants sur l’interprétation théologique qu’ on nous propose au dernier chapitre. Prenons garde de laisser s’instit
181 er ici un nouveau malentendu, d’autant plus grave qu’ il porterait cette fois sut le centre même de l’œuvre, et non plus sur
182 on en France. Carl Koch reproche à Kierkegaard ce qu’ il baptise, d’un terme impressionnant, son ascétisme antivital. Cet as
183 ne devint pas lui-même le « témoin de la vérité » qu’ il annonçait, mais resta simplement « un poète ». Double reproche, plu
184 plement « un poète ». Double reproche, plus grave que Koch ne veut le croire. C’est en vain qu’il s’efforce tardivement d’e
185 s grave que Koch ne veut le croire. C’est en vain qu’ il s’efforce tardivement d’en limiter la portée. La thèse extrême8 de
186 i peu séparable de l’ensemble de ses conceptions, qu’ en vérité, celui qui la rejette, rejette aussi sa raison d’être et sa
187 ’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie qu’ en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi periissem ! La devise
188 Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. » Qu’ un humanisme religieux, qui trop souvent exprime la croyance courante
189 ine de la mort au monde et à soi-même, bien plus, qu’ il la déclare antichrétienne ; cela ne prouve rien que l’on ne sût déj
190 l la déclare antichrétienne ; cela ne prouve rien que l’on ne sût déjà : à savoir que le sens de la vérité est en train d’a
191 la ne prouve rien que l’on ne sût déjà : à savoir que le sens de la vérité est en train d’abdiquer parmi nous devant le cul
192 devant le culte de la vie. « Le christianisme tel que Kierkegaard le représentait, ne peut être réellement adopté et assimi
193 le critère, et qui juge ? Nicodème aussi estimait qu’ une telle doctrine est impensable, et ne peut être utilement intégrée
194 eligieux. ⁂ Kierkegaard en tant que chrétien sait que la vie de l’homme est au péché. Il sait aussi que le contraire du péc
195 que la vie de l’homme est au péché. Il sait aussi que le contraire du péché « ce n’est pas la vertu, mais la foi ». C’est u
196 vertu, mais la foi ». C’est une étrange confusion que de baptiser ascétisme une attitude qui se fonde dans la foi. (Schopen
197 emps. Oui, c’est un « paradoxe étrange » qui veut que l’homme soit sauvé par sa perte. Mais que vient faite ici cette ardeu
198 ui veut que l’homme soit sauvé par sa perte. Mais que vient faite ici cette ardeur de durer, de penser, de trouver des rais
199 e penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’ elle est trop tiède, et propre au plus à écœurer celui qui veut non la
200 on de la pensée, c’est de découvrir quelque chose qu’ elle ne puisse pas penser ». Il est curieux que les esprits moyens rep
201 se qu’elle ne puisse pas penser ». Il est curieux que les esprits moyens reprochent aux grands de mépriser l’esprit. Curieu
202 r ». Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dire qu’ il mourut en martyr9 d’avoir défendu contre tous l’impossibilité humai
203 e la vérité ? 7. Tout cela, bien entendu, n’est qu’ apparences, psychologie. Le seul fait, c’est la foi qui soutient tout.
9 1934, Articles divers (1932-1935). « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)
204 s à ceux qui ont des oreilles pour entendre, amis que ma parole n’atteindrait pas, mais ce message. J’écris pour ceux qui a
205 ttendent courageusement une réponse. Ce n’est pas que je puisse donner cette réponse, loin de là. Je voudrais seulement les
206 ccordée à notre acte, humble et violent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais pas ce que je puis. Je ne sais pas pour comb
207 ent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais pas ce que je puis. Je ne sais pas pour combien d’hommes, ni pour quels hommes j
10 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
208 ation, cet été, Nicolas Berdiaev faisait observer que notre époque dominée par les « problèmes économiques », comme on dit,
209 uite qui s’intitulera Dictature de la liberté, et que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œu
210 , et que Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’ il nous l’a laissée, l’œuvre d’Arnaud Dandieu apporte non seulement de
211 « condition prolétarienne ». Il est bon de noter que cette conception dépasse les rêveries marxistes dans leur domaine de
212 xemple du pouvoir des philosophes. Encore faut-il que les philosophes pensent dans le réel, c’est-à-dire dans l’actualité,
213 ctualité, au sens littéral du terme ; et c’est ce que ne font pas, et ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes et t
214 t tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être ho
215 et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’ on leur propose ; et c’est ce que ne font pas les brigadiers et les em
216 ces libératrices qu’on leur propose ; et c’est ce que ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute farine que nous
217 les brigadiers et les embrigadés de toute farine que nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l’on nomme, depuis
218 ue nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l’on nomme, depuis peu, Masse ou État totalitaire, ces dieux antiques
219 ent où l’on savait au moins, même en les adorant, qu’ elles se nourrissent du sang de l’homme. On pourrait montrer facilemen
220 e et troc, crédit, taylorisme), les liens étroits que les auteurs ont su nouer entre leurs positions philosophiques et leur
221 personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’ il va, — il faudrait dire : tel qu’on le laisse aller. Craignons que c
222 r le monde tel qu’il va, — il faudrait dire : tel qu’ on le laisse aller. Craignons que ce mépris, toutefois, ne tourne en h
223 drait dire : tel qu’on le laisse aller. Craignons que ce mépris, toutefois, ne tourne en habitude, ne se fige en une conven
224 as d’action révolutionnaire, écrivait Lénine dans Que faire ? On ne saurait trop insister sur cette vérité, à une époque où
225 quoi, sans vouloir en rien sous-estimer l’analyse qu’ Aron et Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et de travail,
226 er sur la nouveauté d’un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale de
227 onfusion des idées en sont arrivés à un tel point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’opposer. À force de considé
228 nt de s’opposer. À force de considérer d’une part qu’ il n’est d’autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’
229 sidérer d’une part qu’il n’est d’autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’autre part, de faire sur l’espr
230 un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est que l’empreinte négative. On abuse singulièrement du mot « esprit » dans
231 vement.) Il faut rendre à Dandieu cette justice11 que le « contresens habituel sur l’esprit » n’a jamais été son fait, mais
232 s de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner que la totalité créatrice de l’homme, corps et intelligence, indissoluble
233 à l’origine même du désordre actuellement établi, qu’ il se dénomme ordre bourgeois ou dictature. Ce processus peut apparaît
234 endications en promettant la lune, ne peut servir qu’ à masquer sur le terrain pratique l’échec d’une révolution qui ne sait
235 nt ces révolutions avortées ne peut rendre compte que des données antérieures à tout acte, non de l’acte lui-même. Au momen
236 lles tombent alors dans l’illusion d’une synthèse qu’ elles veulent croire transitive, conciliant les contradictions réelles
237 nnies abstraites, Dandieu reprend l’argumentation que Proudhon d’une part, et Bakounine de l’autre, opposaient à Karl Marx
238 , la Révolution véritable. Cela ne signifie point que sa violence se dégrade nécessairement en aventures militaires ou en é
239 rement révolutionnaire. Ce n’est point par hasard qu’ on tentait de nous la réduire à cette description résignée des altérat
240 hèmes de l’œuvre12, sans soulever deux objections que Ramon Fernandez faisait récemment à ces auteurs13. La première porte
241 me », écrit Fernandez. Il en déduit naturellement que « la personnalité concrète peut se réaliser dans n’importe quelles co
242 endu le ressort de la Révolution nécessaire. Mais qu’ est-ce que cette définition, sinon celle même du vieil individu idéali
243 ssort de la Révolution nécessaire. Mais qu’est-ce que cette définition, sinon celle même du vieil individu idéaliste, cet i
244 naturel de Rousseau, comme le suppose Fernandez, que l’homme intérieur de l’idéalisme, puisqu’elle est à la fois conquête
245 pas à l’existence concrète14 de la personne telle que nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’un mythe, dont il met en
246 elle que nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’ un mythe, dont il met en doute la puissance de soulèvement. « On compr
247 doute la puissance de soulèvement. « On comprend qu’ un bourgeois risque sa peau pour la sauver : on ne comprend pas qu’il
248 isque sa peau pour la sauver : on ne comprend pas qu’ il s’arrache la peau dans l’espoir qu’une meilleure lui pousse. » Fern
249 omprend pas qu’il s’arrache la peau dans l’espoir qu’ une meilleure lui pousse. » Fernandez a peut-être des lumières qui me
250 eois, animal visqueux et féroce dont il me semble que Léon Bloy a donné la description la plus exacte. (Il faudrait être Bl
251 s pour laquelle il mourrait, dit-on, ne peut être qu’ un symbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout
252 e peut être qu’un symbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout court, ou même l’homme noble, ou prol
253 ymbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout court, ou même l’homme noble, ou prolétaire, n’a jamais
254 au pour des intérêts. On ne se bat et on ne meurt que pour des « folies » qualifiées. Celle que l’Ordre nouveau propose à n
255 e meurt que pour des « folies » qualifiées. Celle que l’Ordre nouveau propose à notre besoin de sacrifice, c’est la qualité
256 ncore à être des hommes. 10. Il faut même noter que le chapitre intitulé Échange et Crédit bouleverse toutes les idées tr
257 nt pas justice au style de la pensée, plus encore que de l’écriture, d’Aron et Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la pa
258 ieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page finale que Dandieu ajouta de sa main, sur épreuves, quelques jours avant sa mort
259 le grand mérite d’aller droit aux problèmes réels que pose ce livre, sur le plan philosophique. 14. Mais le concret, c’est
11 1934, Articles divers (1932-1935). Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)
260 le démontrera sans doute. Il faut avouer pourtant qu’ il n’est pas très facile de repérer leurs positions, sur le plan de l’
261 gard plus direct sur les possibilités théoriques. Qu’ est-ce que la foi des protestants leur permet d’affirmer dans le domai
262 direct sur les possibilités théoriques. Qu’est-ce que la foi des protestants leur permet d’affirmer dans le domaine de Césa
263 iques fidèlement déduites de la doctrine. I. Ce que la foi nous dit de faire En dépit de certaine polémique bourgeoise
264 terrestre suppose une conception de l’homme, tel qu’ il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception
265 e une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’ il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, o
266 me, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’ il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la politique
267 iste, une politique de la camisole de force. Tel qu’ il devrait être : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, l
268 érateur. Politique millénariste. À droite, on dit que l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y teni
269 riste. À droite, on dit que l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si
270 l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’ il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son b
271 partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le
272 L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »16 Qu’est l’homme ? Il ne se co
273 veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »16 Qu’ est l’homme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, c
274 tte révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’est humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauv
275 uvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le fait humain : car si l’homme peut se voir perdu,
276 humain : car si l’homme peut se voir perdu, c’est qu’ il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est f
277 omme peut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’ il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de
278 sa condition actuelle. Mais il faut savoir aussi qu’ elle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours impré
279 foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et qu’ ils ne souffrent point d’être d’avance limités par un système, par un
280 s moyens pour des fins ; la foi ne veut connaître que les fins, et en vient à dévaloriser les moyens. Ou encore : pour le p
281 établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et acce
282 est dans l’histoire, dans la durée. Mais il faut que l’ordre reçu s’insère aussitôt dans l’histoire ; et le problème des m
283 est donc non seulement possible, mais nécessaire, que le chrétien prenne position en présence des partis politiques. S’il r
284 s politiques. S’il rejette les partis pris, c’est qu’ il doit sans cesse, à nouveau, prendre parti. Comme le réactionnaire,
285 e le réactionnaire, il veut connaître l’homme tel qu’ il est — seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que
286 t il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que sa doctrine n’a pas à expliquer le monde, mais à le transformer — seu
287 monde, mais à le transformer — seulement, il sait que cette transformation s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de
288 ’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi ne saurait être en aucun cas définitif ni suffisant. C
289 itif ni suffisant. Contre le marxiste, il affirme que l’évolution nécessaire n’entraîne pas une amélioration du genre humai
290 dessus de la collectivité. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’isoler de la communauté, mais bien que la communau
291 subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme qu’ est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non seulement le c
292 nsemble ; mais encore il pourra et devra affirmer que la seule communauté réelle et humainement bienfaisante est celle qui
293 le la relation réelle et humainement bienfaisante que l’Évangile appelle l’amour du prochain. Ni ange, ni bête, ni droite n
294 politique : une révolution sans illusions. II. Qu’ avons-nous fait ? Le lecteur voudra bien considérer que ce qu’on vi
295 -nous fait ? Le lecteur voudra bien considérer que ce qu’on vient de lui dire n’est pas original, et bien moins encore m
296 ait ? Le lecteur voudra bien considérer que ce qu’ on vient de lui dire n’est pas original, et bien moins encore matière
297 est beaucoup plus éloignée de l’Action française que La Cause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point de vue de notre foi, i
298 oint de vue de notre foi, il me semble d’ailleurs qu’ une position monarchiste peut être justifiée plus facilement — ne fût-
299 e peut être justifiée plus facilement — ne fût-ce que par l’exemple des actuelles monarchies protestantes — que la position
300 l’exemple des actuelles monarchies protestantes — que la position nationaliste. Il y a dans le nationalisme moderne une vér
301 e une véritable idolâtrie. La passion intolérante que manifestent ses adeptes, le caractère « sacré » que revêt à leurs yeu
302 e manifestent ses adeptes, le caractère « sacré » que revêt à leurs yeux l’idée de patrie préalablement confondue avec cell
303 pressent. Un chrétien a-t-il le droit de rêver ? Que faire alors, dans l’état de choses qui s’offre à nous ? De l’action «
304 us ? De l’action « sociale » ? C’est dans ce sens que concluent les Compagnons, groupe fondé par la Fédération des étudiant
305 ais ici je poserais une question inverse de celle que je posais à l’Association Sully. Peut-on « se borner au pratique » ?
306 s des problèmes de doctrine économique et sociale qu’ on ne saurait esquiver sans manquer à son tour de réalisme ? La plupar
307 La plupart des tentatives sociales ou politiques que je vois s’esquisser parmi nous me paraissent pécher par une vision in
308 vocation ou des charismes nous y expose davantage que les catholiques, toujours soutenus et encadrés par les directives pap
309 és par les directives papales, et plus conscients que nous ne sommes souvent des implications générales d’une attitude part
310 propos de l’attitude des objecteurs de conscience qu’ il y a lieu de souligner le plus fortement ce danger. Je n’ai pas, ici
311 lle devient l’expression d’un mouvement, le moins qu’ on en puisse dire, c’est qu’elle est dangereusement insuffisante : ell
312 n mouvement, le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’ elle est dangereusement insuffisante : elle impliquerait, en effet, lo
313 ections au régime établi. Je m’empresse d’ajouter que les objecteurs chrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute espèce de
314 la grave critique d’incohérence et de sectarisme qu’ il faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des objecteurs porte à
315 mise en symétrie avec aucune des autres attitudes que j’ai indiquées. Elle comporte un risque, un engagement concret, un ac
316 laquelle je me suis rallié pour ma part. III. Qu’ allons-nous faire ? Ni ange ni bête, ni droite ni gauche. Pessimism
317 personne. Telles sont quelques-unes des formules que je proposais tout à l’heure pour définir l’attitude chrétienne devant
318 damnées. Par ce seul refus, elles opèrent déjà ce que le vocabulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — 
319 alité politique française. C’est un volume entier qu’ il faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si prof
320 ’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale que les deux groupes refusent avec rigueur. D’où les malentendus, parfois
321 D’où les malentendus, parfois bien réjouissants, qu’ ils ont provoqués de tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pou
322 auches, et de bolchévique par les droites. Preuve qu’ il y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouve
323 es du palais Bourbon. Le Cahier de revendications que je publiais en 1932 à la Nouvelle Revue française , manifesta pour l
324 pée. Les deux groupes de tête de cette révolution que je considère comme étant la seule réelle et vraiment novatrice, sont
325 a culture bourgeoise et de la distinction commode qu’ elle suppose et implique entre la pensée et l’action. 2. Quelques affi
326 firmation de la primauté nécessaire du spirituel ( qu’ ils définissent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation de la néce
327 tre moins bruyant et moins démagogique, le combat qu’ ils mènent est beaucoup plus radical au sens étymologique du terme : c
328 étymologique du terme : c’est aux racines du mal qu’ ils s’attaquent. D’où leur force d’entraînement lente et profonde, don
329 anifesteront de plus en plus visiblement à mesure que le développement de la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne
330 onfirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’ un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point
331 celle des institutions à construire. Et c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité
332 ire. Et c’est ici que nos deux groupes divergent. Qu’ est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens.
333 est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens. Autour de
334 veau. Le groupe compte éviter, de la sorte autant que possible, l’écueil des révolutions russe et allemande, la fameuse « p
335 omie. Le travail critique de l’Ordre nouveau, tel qu’ on peut le suivre dans la revue qui paraît sous ce titre depuis le moi
336 iellement orienté vers la création. C’est en vain que l’on chercherait dans ces minces cahiers les pittoresques invectives
337 n plus pour flatter la jeunesse, mais la jeunesse qu’ ils ont atteinte n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est
338 titutions. Telle est la « primauté du spirituel » qu’ il ne cesse d’invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoire
339 graves malentendus. On a cru, ou feint de croire, qu’ il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, on a trop sou
340 a cru, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusqu
341 « ordre nouveau » est beaucoup plus considérable qu’ on le croirait à lire la presse politicienne. Plusieurs des mots d’ord
342 a presse politicienne. Plusieurs des mots d’ordre que la jeunesse française fait siens depuis un an ont été lancés par l’ON
343 dée de la « mission personnaliste de la France », que les centristes et les droites opposent à la mystique des masses russe
344 on spiritualiste qui n’a rien de commun avec cela qu’ ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes
345 de droite et de gauche, victimes de la confusion que j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit ! Esprit !… » Mais
346 cette nuance est capitale —, il est incontestable que l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne.
347 nte et approfondie sur la condition humaine telle que la déterminent le capitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin
348 la coïncidence de ces principes et des doctrines que nous pouvons déduire de la Réforme. Esprit est en majeure partie d’i
349 ure partie d’inspiration catholique, je veux dire que ses collaborateurs sont pour la plupart catholiques21. L’Ordre nouvea
350 question confessionnelle. Il n’en reste pas moins que le fondement spirituel commun à ces deux groupes se confond presque i
351 oupes se confond presque intégralement avec celui qu’ un chrétien protestant peut assigner à son action publique. Je ne me d
352 rs dans n’importe quel parti, aussi bien à gauche qu’ à droite22. Avec cette différence qu’au sein de partis si nombreux, sa
353 ien à gauche qu’à droite22. Avec cette différence qu’ au sein de partis si nombreux, sa voix n’aurait aucun effet… Dans la p
354 sa voix n’aurait aucun effet… Dans la perspective que nous considérons ici, la logique des faits me paraît simple : les jeu
355 s à fonder un parti. Leur foi n’est pas de celles que l’on met en systèmes. Le fût-elle, leur très petit nombre les empêche
356 donne d’agir, et de nous engager. N’attendons pas que d’autres aient édifié des systèmes irréprochables et parfaitement con
357 ons. J’en ai désigné deux. Je sais par expérience qu’ on peut travailler dans les groupes de jeunes gens qui les défendent,
358 les groupes de jeunes gens qui les défendent, et qu’ on le peut sans renoncer à rien de cette vérité qui jugera toujours to
359 toujours tous les systèmes. Travaillons avec ceux que nous pouvons aider. 15. Jeunesses ouvrières catholiques (JOC) ; Dé
360 cisme est d’autant plus « bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’il renverse était plus « angélique » dans ses
361  bestial » en ses débuts que la doctrine libérale qu’ il renverse était plus « angélique » dans ses prétentions. 17. Et dep
362 ° 8 de L’Ordre nouveau . 20. N’est-ce pas ainsi que l’Évangile définit la notion fondamentale de prochain ? Le prochain,
363 holiques, un juif et un protestant. 22. Je pense qu’ André Philip ne me contredirait pas sur ce point. C’est le seul d’entr
364 e chrétien, dans un parti parlementaire. Je crois que seul le lieu que nous avons choisi pour notre action, nous sépare, et
365 un parti parlementaire. Je crois que seul le lieu que nous avons choisi pour notre action, nous sépare, et non pas nos prin
12 1934, Articles divers (1932-1935). Jeunesse déracinée (novembre 1934)
366 ociales, de nietzschéisme mal digéré. Les excuses qu’ on leur offre ne sont guère plus reluisantes : ils n’ont plus le temps
367 ns, mais qui ne sont pas à l’échelle du phénomène qu’ on voudrait expliquer. A-t-on pris garde à ce fait simple et général :
368 . A-t-on pris garde à ce fait simple et général : que la révolution naît dans les villes ; que c’est un phénomène citadin e
369 énéral : que la révolution naît dans les villes ; que c’est un phénomène citadin et l’expression incompressible d’une jeune
370 s yeux un processus depuis, longtemps actif. Tant qu’ une sécurité sociale et financière assure aux jeunes bourgeois un lieu
371 héréditaire, un patrimoine de souvenirs, tout ce que symbolise l’expression « à la maison », l’habitation des villes ne di
372 dans le cadre anonyme des petits « deux pièces » qu’ on loue sans bail parce qu’on ne sait pas si dans six mois… Et vous au
373 s, trop de conversations, trop de visions pour ce qu’ un individu possède de jugement, d’opinions mûries ou de réceptivité n
374 ensation d’être vidé, d’être dominé par un milieu qu’ on se prend à mépriser parce qu’il vous tient. Neurasthénie. Il y a au
375 posent à chaque pas entre les conditions sociales que l’on sait n’être plus immuables… Perspectives d’aventure. Ambition. R
376 mbition. Ressentiment. Il y a enfin ces vexations que l’on ignorait naguère, et qui deviennent obsédantes : la tyrannie des
377 la brutalité des gérants, qui fait si bien sentir qu’ on n’est plus chez soi nulle part, que l’on est toléré comme un élémen
378 bien sentir qu’on n’est plus chez soi nulle part, que l’on est toléré comme un élément « de rapport », balayé dès qu’il ne
379 onner cette confusion de la morale et de l’argent que les bourgeois s’obstinent à nommer l’ordre social. Visage de l’État,
380 nus, où la vie prend un visage tellement abstrait qu’ on n’arrive plus même à s’y aimer : Colette a décrit cela dans la Chat
381 n les connaît bien dans le détail. Je ne vois pas qu’ on ait tiré de leur ensemble aucune conclusion pratique, encore moins
382 ommunauté sera donc une communauté d’idéal autant que de refus. Risquons ici un parallèle qui n’est peut-être pas simplemen
383 entre patrie et nation ; ne pourrait-on pas dire que les communautés fondées par l’attachement aux intérêts locaux — commu
384 raciné défendra son patriotisme. Le danger, c’est que ces deux conceptions partielles, qui comportent chacune leur vérité,
385 s. Et pourtant c’est dans les campagnes seulement que pourra se résoudre l’angoissant problème des cités. Mais il faudrait
386 la nation. La révolution nécessaire ne sera ordre qu’ à ce prix. C’est là son vrai problème. p. Rougemont Denis de, « Je
13 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
387 sion physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce que je voudrais dire ici est simple, fondamental, et comme toutes les cho
388 sujet à l’objet, elle les unit dans le temps même qu’ elle les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait
389 elle les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’ il voit, il sait aussi qu’il voit, et mesure la distance. Ainsi, franc
390 l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait aussi qu’ il voit, et mesure la distance. Ainsi, franchissant les frontières, il
391 t drame, elle est événement. Elle ne connaît rien que des formes, et ne croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-e
392 ne connaît rien que des formes, et ne croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-elle qui ne se manifeste ». C’est
393 dans la lumière est prise impitoyablement pour ce qu’ elle est, c’est-à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi que
394 blement pour ce qu’elle est, c’est-à-dire pour ce qu’ elle paraît. N’est-ce pas ainsi que meurt une illusion ? Or toutes ces
395 à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi que meurt une illusion ? Or toutes ces choses et bien d’autres qu’on pour
396 illusion ? Or toutes ces choses et bien d’autres qu’ on pourrait dire de la vision, on peut les dire du visage. La langue a
397 es dire du visage. La langue allemande ne connaît qu’ un mot pour visage et vision : Gesicht. Quelle est donc cette parenté
398 e, et de la sorte, s’en distingue, rappelons-nous qu’ elle a son siège au centre même du visage. Sans visage il n’est plus d
399 n trouble penchant pour une paix qui n’était rien que leur faiblesse. Mais aujourd’hui qu’ils relèvent la tête, le psycholo
400 n’était rien que leur faiblesse. Mais aujourd’hui qu’ ils relèvent la tête, le psychologue se voit en mauvaise posture : car
401 gument : un psychologue moderne25 nous a démontré que la vision n’est pas une sensation, mais un décret de l’intellect. Il
402 , il n’y a pas d’associations mentales : il n’y a que des jugements. Toute pensée est « judicatoire », et tout, en l’homme
403 métaphysiciens. En vérité, la curieuse aventure, que cette espèce d’autosuppression ! Une fois rendus à qui de droit les h
404 ion ! Une fois rendus à qui de droit les honneurs qu’ il avait empruntés, le psychologue se voit restitué dans son rôle de s
405 ition essentiellement intermédiaire, l’on conçoit que ce n’est que justice. Que nous apprend l’observation lorsqu’elle se p
406 ellement intermédiaire, l’on conçoit que ce n’est que justice. Que nous apprend l’observation lorsqu’elle se porte sur l’ac
407 rmédiaire, l’on conçoit que ce n’est que justice. Que nous apprend l’observation lorsqu’elle se porte sur l’acte même de la
408 lle se porte sur l’acte même de la vision ? Selon que l’homme qui regarde participe au spectacle, ou non, son regard saisir
409 regard saisira des aspects différents. Supposons qu’ il contemple un paysage. S’il est un grand poète, il y verra des mythe
410 eur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra qu’ un état d’âme ; s’il est un général, il ne verra qu’un champ de manœuv
411 ’un état d’âme ; s’il est un général, il ne verra qu’ un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploit
412 traites solitaires, et s’il la cherche, un désert qu’ il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou qu’il le quitt
413 cherche, un désert qu’il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou qu’il le quitte, ou qu’il le voit par la por
414 t fuir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou qu’ il le quitte, ou qu’il le voit par la portière de son wagon, le paysag
415 que l’homme doit y entrer ou qu’il le quitte, ou qu’ il le voit par la portière de son wagon, le paysage n’est pas le même 
416 emps que former : — c’est transformer. Dis-moi ce que tu vois, je te dirai qui tu deviens. Car celui qui regarde se transfo
417 emplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’ est la vision eût peut-être évité bien des malentendus illustres. L’ac
418 ncarnation, est dominée par la vision ; il semble que tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumière. « Autre
419 jour… » (I Thess. 5.8) Rien ne serait plus facile que de multiplier les citations de passages de saint Paul ou de saint Jea
420 etc.). Pour illustrer quelques-unes des relations que je viens de désigner, il n’est pas superflu de recourir à ces « origi
421 ns semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’ il est. » (I. Jean 3.2) « L’homme nouveau se renouvelle dans la connai
422 À la question de notre psychologue — sinon celle qu’ il se pose, du moins celle qu’il se trouve nous poser — sur le sens de
423 logue — sinon celle qu’il se pose, du moins celle qu’ il se trouve nous poser — sur le sens dernier du jugement, toute la mé
424 mencement est la lumière (physique) On ne voit que ce qui est vu. Mais peut-être faut-il aller plus loin : on ne voit ri
425 ut-être faut-il aller plus loin : on ne voit rien que ce qui voit. Car seule est visible la forme, et la forme naît du mouv
426 la forme naît du mouvement. On ne peut voir ainsi que les choses qui se meuvent, ou qui sont mues, — en un mot : ce qui cha
427 ence, et la révélation biblique nous le confirme, qu’ à l’origine de tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la l
428 pel de la lumière. La première parole de Dieu : «  Que la lumière soit » est aussi le premier moteur de l’univers. Toute sub
429 i le premier moteur de l’univers. Toute substance que la lumière vient toucher, aussitôt se meut et se forme, et de même qu
430 ux reconnaissable. Il n’est pas d’autre mouvement que cet élan vers la lumière — ou pour la fuir — par quoi tout se révèle
431 comme se perdent les astres morts. Donc, tout ce que nous voyons a vu ; et tout, d’abord, a été vu par la lumière créatric
432 ement la redécouvre, depuis peu27. Et c’est ainsi que la physiologie dévore tout ce que la métaphysique avait laissé du psy
433 Et c’est ainsi que la physiologie dévore tout ce que la métaphysique avait laissé du psychologue, qui devient un simple po
434 qui veut toujours pénétrer sous la forme, plutôt que de la voir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou
435 ais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu ».28 D’autres foi
436 gard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu ».28 D’autres fois, c’est
437 concret de la vision. Comment expliquer autrement que la théologie des scolastiques ait pu s’attarder à débattre des questi
438 s’attarder à débattre des questions aussi vaines que celle qui mit aux prises, par exemple, un Thomas d’Aquin et un Scot,
439 n Thomas d’Aquin et un Scot, le premier affirmant que la béatitude réside in visione, dans la contemplation de la Face de D
440 ns la contemplation de la Face de Dieu, le second qu’ elle réside in amore ? N’était-ce pas se tromper à la fois sur la natu
441 urs ; voir Dieu c’est aller à lui. Nous ne voyons que ce qui nous regarde : voir Dieu, c’est être regardé par lui. Mais alo
442 rmation, mouvement de l’amour. Augustin qui, plus que tout autre, a parlé de la « beauté » de Dieu, savait que vision et am
443 t autre, a parlé de la « beauté » de Dieu, savait que vision et amour sont un seul acte et une seule réponse : « Lumière du
444 ants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce qu’ on peut m’opposer : « Nous marchons par la foi, non par la vue », nous
445 lissement, et splendeur de ce qui n’est pour nous qu’ ombre et reflet, fragment et trouble. « Aujourd’hui je connais en part
446 nu ». Cet alors est la plénitude d’un aujourd’hui que nous ne connaissons que par ses limites et ses formes. Ainsi donc, dé
447 lénitude d’un aujourd’hui que nous ne connaissons que par ses limites et ses formes. Ainsi donc, dépasser la vision, ce ne
448 . Ainsi donc, dépasser la vision, ce ne peut être que la définir dans l’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ; et
449 la connaître dans sa signification actuelle. « Ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté », dit Jean. Et de même, not
450 le monde chrétien —, la forme pure est la parole que chacun de nous a reçue, en son lieu, en son temps unique. Figure de n
451 notre vocation, forme informante de notre être et que voient « les yeux de la foi », il semble que notre visage n’en soit q
452 e et que voient « les yeux de la foi », il semble que notre visage n’en soit qu’une mauvaise épreuve, déjà brûlée, ici et l
453 de la foi », il semble que notre visage n’en soit qu’ une mauvaise épreuve, déjà brûlée, ici et là, ridée froissée, et rendu
454 érieusement nos questions ? « Si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance », dit encore
455 évérante, cette action d’espérance, voilà le sens qu’ il faut donner à l’imagination qui crée. Si l’imagination n’est pas ce
456 êve de l’indiscret, ou cette revanche sur le réel qu’ elle figure aux yeux du romantique ; si elle est au contraire une forc
457 formation ; et c’est alors, mais alors seulement, qu’ elle peut poursuivre sans s’égarer dans la nuit. La loi de formation :
458 ’être vivant, qui se révèle au regard de l’amour. Qu’ est-ce que l’homme de l’esprit, sinon celui qui voit l’esprit dans son
459 nt, qui se révèle au regard de l’amour. Qu’est-ce que l’homme de l’esprit, sinon celui qui voit l’esprit dans son action, e
460 sur le fait de la métamorphose ? Et si l’on sait que la vision est acte, on saura maintenant quel est celui qui peut aider
461 . L’image physionomique de l’Univers Quelle que soit la vénération qu’on éprouve en présence de cette forme de toutes
462 que de l’Univers Quelle que soit la vénération qu’ on éprouve en présence de cette forme de toutes les formes que nous of
463 e en présence de cette forme de toutes les formes que nous offre la face de l’homme, il faut entendre qu’elle reste symboli
464 e nous offre la face de l’homme, il faut entendre qu’ elle reste symbolique d’une certaine image du monde, dont elle ne saur
465 i précèdent, je me suis attaché à définir, plutôt que les principes particuliers d’une étude physiognomonique, la vision qu
466 ticuliers d’une étude physiognomonique, la vision que toute étude de cet ordre suppose et développe. Je voudrais maintenant
467 r dans une brève incursion à travers ces domaines que l’on pourrait nommer ceux du mystère manifeste. Et d’abord, comme au
468 ignifierait, pour un homme entièrement spirituel, que tout ce qui est réel se voit. Ce qui signifie plus modestement, pour
469 dont le péché rend le regard trouble et menteur, qu’ il nous faut attacher nos yeux non plus sur les idées en tant que tell
470 ns usuelles, à ces catégories morales ou sociales que nous croyons « toutes naturelles ». Une forme peut être seulement int
471 dent des symbolistes. Je suis bien loin de croire que cette pensée ait épuisé sa vérité. Je la vois même promise à une proc
472 lisée avant qu’elle eût développé tous les effets que les acquisitions modernes nous autoriseraient plus que jamais à en at
473 es acquisitions modernes nous autoriseraient plus que jamais à en attendre. Erreur théologique à l’origine : Schelling pour
474 érésie romantique, qui ne tendait à rien de moins qu’ à la glorification progressive d’une nature dont s’évanouissait la con
475 tique décisive de la doctrine de l’analogia entis que Karl Barth poursuit à travers toute son œuvre. Ce qui subsiste de l’O
476 . L’analyse de l’homme intérieur ou social, telle que l’ont inlassablement reprise tous les moralistes français, décompose
477 l’édifice du visage de l’homme. Kassner remarque qu’ à la lecture des grands moralistes français, de Montaigne à Pascal, à
478 e, physionomiste par tempérament, ne voit partout que le costume, la grimace, ce qu’on nomme « l’extérieur » de l’homme, ma
479 t, ne voit partout que le costume, la grimace, ce qu’ on nomme « l’extérieur » de l’homme, mais non pas son visage. Pour lui
480 te, ou le visage. L’expérience montre constamment que les hommes qui savent des anecdotes et sont toujours prêts à en racon
481 on plus dans cette fonction sociale impersonnelle que représente la raison. Faut-il conclure que notre esprit qu’on dit « l
482 nnelle que représente la raison. Faut-il conclure que notre esprit qu’on dit « latin » est incapable de s’assimiler les sec
483 ente la raison. Faut-il conclure que notre esprit qu’ on dit « latin » est incapable de s’assimiler les secrets d’une ontolo
484 , aux plis d’un jardin… Et encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calc
485 sée merveilleusement excitant. Les quelques mots que je souligne dans le texte de Paul Valéry ne sont-ils pas l’éblouissan
486 ysionomique de l’univers ? On pourrait m’objecter que le goût de la forme, apanage évident du « latin », suppose des géomét
487 ident du « latin », suppose des géométries plutôt que l’imagination, et par là retombe au pouvoir de la raison et de Descar
488 mirateurs de la forme et de la clarté française. ( Que de dissociations à opérer dans nos préjugés culturels !) Il y a du dé
489 s pauvres yeux douloureux de Nietzsche, non moins que ceux de Goethe, surent voir en toutes choses « le charme éternel » qu
490 hommes se laissent aller parce qu’ils se figurent qu’ il n’y a personne qui soit capable de les voir, sous leur musique) (p.
491 pt abstrait, et qui ne connaît d’autres arguments que les parties du corps humain, les plantes, les aigles, un tesson, des
492 une image du monde, dont l’étude du visage n’est qu’ un particulier, à vrai dire privilégié. 24. La réaction antipsycholog
493 lcan). 26. Depuis l’impressionnisme, nous savons que la neige est bleue ; éducation du jugement visuel par les arts, etc.
494 ’exemple suivant : l’Allemand Kemmerer a constaté que chez certains batraciens aveugles, qu’on expose à la lumière dans des
495 a constaté que chez certains batraciens aveugles, qu’ on expose à la lumière dans des conditions particulières, se développe
496 nt lentement des yeux qui n’existaient auparavant qu’ à l’état de germes sous-cutanés. (Travaux publiés dans les Archiv für
497 orsque l’un d’eux regarde l’autre réellement, tel qu’ il est dans le mouvement de sa forme en devenir, que d’une manière étr
498 ’il est dans le mouvement de sa forme en devenir, que d’une manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, e
499 . Il est d’ailleurs d’autant moins « terrifiant » qu’ on y est plus réellement engagé. 32. Das physiognomische Weltbild (D
500 s commentaires rigoureux. Bornons-nous à signaler que notre ouvrage contient une théorie de la forme (considérée comme surf
14 1935, Articles divers (1932-1935). Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)
501 ges l’emportent, jusqu’ici, sur les inconvénients que l’on pouvait craindre. Esprit est surtout une enquête. L’Ordre nou
502 uestion de séparer ces deux temps de l’action, et qu’ on n’aille pas croire que L’ON n’a pas établi ses constructions sur
503 ux temps de l’action, et qu’on n’aille pas croire que L’ON n’a pas établi ses constructions sur une enquête permanente, l
504 sur une enquête permanente, large et précise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas d’aboutir à des constructions. Il n’en reste
505 utir à des constructions. Il n’en reste pas moins que les années d’avance qu’a prises L’ON lui permettent de passer, dès
506 . Il n’en reste pas moins que les années d’avance qu’ a prises L’ON lui permettent de passer, dès à présent, à des tentati
507 sation dont Esprit n’a voulu donner, jusqu’ici, que les fondements moraux ou religieux, et certaines amorces juridiques.
508 littéraire ou d’analyses des « actualités ». Non que cela nous paraisse le moins du monde nuisible au mouvement, mais nous
509 enir. Il est bon, et sans aucun doute nécessaire, que d’autres s’occupent d’élargir la brèche, d’y appeler du monde et, com
510 lacé pour le dire — rien qui traduise autre chose qu’ une raisonnable division du travail. Les craintes éveillées chez beauc
511 nt des vœux, d’ailleurs humainement sympathiques, qu’ on construira l’ordre personnaliste. Nous souhaitons le succès d’ Espr
15 1935, Articles divers (1932-1935). Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)
512 mune. Si vous aviez lu ce livre vous sauriez : 1°  que je combats violemment la politique de l’Église (chap. 7) ; 2° que je
513 iolemment la politique de l’Église (chap. 7) ; 2°  que je suis protestant. (Pour vos « curés ».) Vous mentez donc et assez b
514 personne sur mon compte et ridiculiserez la cause que vous croyez défendre. D’accord avec les Izvestia et votre ambassadeur
16 1935, Articles divers (1932-1935). Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)
515 et un Front dit « populaire ». Nous demandons ce que peut bien signifier l’opposition du peuple et de la nation ? Par quel
516 ejoignent très bien par-delà les massacres de rue qu’ ils nous préparent, — par-dessus la tête de leurs troupes. Nous nous b
517 ttrons le jour où le peuple français aura compris que l’adversaire unique est le capitalisme centralisateur, anonyme aujour
518 norent encore, c’est en vertu d’une double erreur que l’Ordre nouveau seul a dénoncé depuis longtemps : Erreur sur la tact
519 du « plan d’action » sur la doctrine, on est sûr que cette gauche et cette droite travaillent en fait pour le désordre, et
520 e droite travaillent en fait pour le désordre, et que les seuls bénéficiaires de luttes civiles aussi mal orientées seront
521 s « nationaux » contre les « populaires » ne fait que prolonger dans la rue l’opposition stérile et périmée de la droite et
522 ous l’avons dit. Quand les droites auront compris que la Banque de France est contre la patrie, quand les gauches auront co
523 ontre la patrie, quand les gauches auront compris que la peur de Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure de l’Ordre
17 1935, Articles divers (1932-1935). Montherlant : Service inutile (15 novembre 1935)
524 st-il bien nécessaire à ce beau livre33. Je crois que Montherlant se fait du tort chaque fois qu’il entreprend de s’expliqu
525 demande beaucoup plus : ces romans ou ces pièces qu’ il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense de sa cond
526 omans ou ces pièces qu’il tient dans ses tiroirs. Qu’ il se moque de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le
527 u’il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’ on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise, c’est moins bi
528 de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’ il le dise, c’est moins bien. Quoi qu’il en soit, retenons de cette pr
529 e du frivole, la vie devient immensément large. » Que trouvons-nous dans ce volume ? Des pages sur l’Espagne, d’autres sur
530 ur l’Algérie, échantillons de cette Rose de sable qu’ un scrupule patriotique retient l’auteur de publier et qui sent le che
531 ns-le, de courage, car il en faut pour ne montrer que du bon sens en ces matières. Deux morceaux dans le goût classique le
532 sans ont l’air de haïr davantage la cause adverse qu’ ils n’aiment la leur.) Quelle est l’attitude pratique que Montherlant
533 n’aiment la leur.) Quelle est l’attitude pratique que Montherlant a cru bon d’adopter ? C’est celle du clerc — il dirait :
534 uvre, estimant s’acquitter de la sorte de tout ce qu’ il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’une prise de position
535 la patrie, ou même des Éthiopiens. Notons d’abord qu’ une pareille attitude a le mérite de ne point sacrifier à l’excitation
536 ès haut mérite. Exemple nécessaire. J’approuve ce que dit Montherlant sur l’inutilité de tout service — à condition que le
537 ant sur l’inutilité de tout service — à condition que le sentiment poignant de cette vanité finale n’empêche pas de servir
538 e n’empêche pas de servir quand il faut. C’est ce que j’appelle du pessimisme actif. Et c’est la devise du Taciturne : « Po
539 ore faut-il entreprendre. D’abord servir, sachant que c’est inutile ; ensuite persévérer, malgré les résultats. Mais je cra
540 nu de cette œuvre, ou l’objectif de cette action, qu’ il importe avant tout de connaître. Et non pas seulement que l’auteur
541 rte avant tout de connaître. Et non pas seulement que l’auteur a su se mettre en condition de faire son œuvre, et de ne ser
542 en condition de faire son œuvre, et de ne servir qu’ à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’écrit pas pour dé
543 r qu’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’ il n’écrit pas pour défendre ceci ou cela, mais parce qu’il a envie d’
544 qu’il a envie d’écrire. (On le lui pardonne mieux qu’ à d’autres). « Les œuvres des écrivains ont été faites par le besoin o
545 écrivains ont été faites par le besoin organique qu’ ont les écrivains de s’exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne de c
546 vain digne de ce nom doit, dans son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce qu’il ferait dans d’autres conditions ser
547 son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce qu’ il ferait dans d’autres conditions serait mal fait. » Est-ce que ce be
548 ans d’autres conditions serait mal fait. » Est-ce que ce beau mot d’agréable ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait q
549 able ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait qu’ il s’agit simplement de ce qui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivai
550 oit de déconcerter, c’est pour mieux souligner ce qu’ il apporte ; et c’est sur cela seul qu’on le jugera. Je veux savoir po
551 uligner ce qu’il apporte ; et c’est sur cela seul qu’ on le jugera. Je veux savoir pourquoi un écrivain écrit : tous les plu
552 lus grands ont été les moins libres de n’en faire qu’ à leur agrément. En bref, on peut reprocher à Montherlant de parler de
553 le régime !) et de qualifier d’inutile un service qu’ il faudrait d’abord rendre. Je force un peu mon objection pour être cl
554 u mon objection pour être clair. Je n’entends pas que ce recueil n’apporte rien de positif, comme on dit. Il apporte d’abor
555 éloge du bonheur qui scandalisera beaucoup moins que ne paraît le craindre Montherlant. « Pourquoi n’y a-t-il pas une Écol
556 nheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’ on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de Montherlant, m
557 e de Ligne, on pourrait s’y tromper. Montherlant, qu’ on a qualifié d’homme de la Renaissance, ne serait-il pas tout aussi b
558 citer vingt endroits des Mélanges sentimentaires qu’ on prendrait pour du bon Montherlant. En voici un qui résume fort bien
559 de saisir avidement et de me dessaisir de tout ce que la jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’il ne me coûte
560 jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’ il ne me coûte pas d’en être aussitôt privé ». Et par contre ceci, que
561 s d’en être aussitôt privé ». Et par contre ceci, que je lis dans Service inutile, n’est-ce pas l’écho de la virile légèret
562 se faire un peu voler par un serviteur agréable, que tous les deux ont pris soin d’avouer ! Certes, il y a toutes les diff
563 d’avouer ! Certes, il y a toutes les différences que l’on voudra, mais pas si fortes qu’elles ne nous permettent de prendr
564 s différences que l’on voudra, mais pas si fortes qu’ elles ne nous permettent de prendre une vue plus juste de ce qui est p
565 à Montherlant. Il est bien moins curieux d’autrui que Ligne — ce voyageur traqué par sa passion mondaine — il est plus grav
566 amusant. Et je leur vois, devant certains échecs qu’ un peu de soin ou de calcul médiocre eût évités, une même façon de dir
567 belle allure. À quoi l’on voudrait bien pourtant que ne se réduisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’une de ses ten
568 se réduisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’ une de ses tentations. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemont Denis d