1
e ou la nue Quand tes yeux se confondent et
que
tes bras autour de moi aux limites du monde nouent leur effroi
2
s corps sont dans l’autre nuit mais c’est ici
que
je t’ai touchée pour la première fois Ainsi Comme on vit mal
3
ier pour nous répondre. Il est curieux de tout ce
que
font « les jeunes ». Il a été jeune, lui aussi. Du moins il l’affirme
4
l’humanité, — et qui renferme autant de mensonges
que
de propositions. En vérité, la force de l’anti-révolution ne réside p
5
réside avant tout dans l’inconscience formidable
que
traduit la réponse de M. Durand-Dupont. M. Durand-Dupont est persuadé
6
e M. Durand-Dupont. M. Durand-Dupont est persuadé
qu’
il exprime une opinion tout à fait courante et par là même justifiée j
7
iée jusqu’à l’évidence. Prenons sa phrase pour ce
qu’
elle est, dans sa simplicité : tout un programme. Et définissons à gra
8
… fermement attaché… » On ne peut tenir fermement
qu’
à quelque chose de ferme. La fermeté de M. Durand-Dupont étant toute v
9
Durand-Dupont étant toute verbale, ne relève donc
que
de l’analyse logique, et doit être rejetée à ce titre comme impliquan
10
libéraux contre-révolutionnaires ont le même âge
que
les canapés Louis-Philippe. C’est trop ou trop peu. 4. « … libéraux,
11
par l’adversaire. Si au contraire il dure, c’est
qu’
il s’est défendu par des moyens qui trahissent ses principes. (M. Chia
12
e toute violence… ». L’ennemi de la violence, tel
que
nous le connaissons, est un monsieur qui soutient la police, chargée
13
la conscience de « l’honnête homme » un problème
que
toutes ses convictions inconscientes tendent à faire apparaître comme
14
s grave, et théoriquement insoluble. Et l’on sait
que
la bourgeoisie cultive ce genre de problèmes avec une prédilection à
15
t à laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce
qu’
il ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire qu’il se décide pour
16
’il ne voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire
qu’
il se décide pour la police contre la révolution. Non-violence, tel es
17
i dans une apologie philosophique de la violence,
qu’
il critiquerait avec talent, au nom de l’« humanité ». Nous avons plus
18
son dégoût de la violence, nous prétendons, nous,
qu’
il témoigne d’une inconscience monstrueuse, ou qu’il commet une cyniqu
19
qu’il témoigne d’une inconscience monstrueuse, ou
qu’
il commet une cynique imposture. Car nous vivons en vérité sous un rég
20
ontraire aux faits les plus patents, de prétendre
que
le choix est entre non-violence et violence. Le seul choix qui nous r
21
iété où règnent le bavardage et le papier-monnaie
que
les réalités les plus sanglantes n’arrivent plus à réveiller l’imagin
22
règne à Varsovie, et en France on ne se tue plus
que
par amour. (Mais à Moscou, les petits Russes naissent avec un couteau
23
crisie, ou encore par son abstraction. Il importe
qu’
elle ne s’avoue jamais, qu’elle invoque toujours un prétexte élevé : m
24
bstraction. Il importe qu’elle ne s’avoue jamais,
qu’
elle invoque toujours un prétexte élevé : maintenir l’ordre, porter au
25
loin la civilisation, sauvegarder des « valeurs »
que
l’on dit être « de culture ». Il importe qu’elle ne revête jamais un
26
rs » que l’on dit être « de culture ». Il importe
qu’
elle ne revête jamais un aspect proprement brutal, à moins que ce ne s
27
evête jamais un aspect proprement brutal, à moins
que
ce ne soit à de grandes distances, et bien au-delà du cercle qui inté
28
ceux qui seraient tentés d’en user n’aboutiraient
qu’
à faire apparaître la violence latente du régime. Il suffit d’un Léon
29
uraient pas de quoi nous troubler. Mais il arrive
que
l’ordre bourgeois, protecteur de la non-violence chère à ses tenants,
30
talité à l’occasion d’incidents plus graves, tels
que
ceux qui occupèrent l’opinion de 1914 à 1918. Toute l’astuce de ceux
31
ordre matériel. Suites encore imprévisibles, mais
qu’
il nous appartient, dès maintenant, d’orienter. Sans doute est-il absu
32
’orienter. Sans doute est-il absurde de prétendre
que
par là même, nous optons librement pour de sanglantes brutalités futu
33
librement pour de sanglantes brutalités futures.
Que
d’autres étalent en des écrits dépourvus de puissance, un goût du san
34
is c’est à nous précisément de préparer les voies
que
la force nouvelle, à leur défaut, devra créer par des percées brutale
35
à la foule. Mais nous qui le savons, c’est à nous
qu’
il incombe, dès maintenant, de préparer une Révolution assez totale, p
36
olution n’est pas le sang versé. Mais nous disons
qu’
il est plus sain d’être blessé que lentement stérilisé. Nous ne sommes
37
ais nous disons qu’il est plus sain d’être blessé
que
lentement stérilisé. Nous ne sommes pas idéalistes : l’« imperfection
38
nsiste à faire apparaître, fût-ce brutalement, ce
que
l’« ordre » bourgeois prétend mensongèrement avoir vaincu. À force d’
39
sont devenus méchants comme des châtiés. Il faut
que
la violence soit saine, c’est-à-dire : d’abord spirituelle. « Le comb
40
spirituelle. « Le combat spirituel est aussi dur
que
la bataille d’hommes », écrit Rimbaud. Mais le bourgeois qui ne s’en
41
que, c’est le contact avec le réel, c’est le fait
que
celui qui donne un coup se met à portée d’une riposte. Ils préfèrent
42
parlait Élisée Reclus, et qui sont plus néfastes
que
les plus violents cataclysmes, car là où ils passèrent et répandirent
43
Durand-Dupont cherchait à nous persuader. 6. « …
qu’
il ne ferait pas de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de co
44
jeunes bourgeois dégoûtés et vivants, à tous ceux
que
la Révolution trouble et bientôt va posséder. Dénonçons à leur intent
45
ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agit de ce
que
nous baptiserons le petit-purisme. Définition des « petits purs »
46
ui au nom de la stricte observance d’une doctrine
qu’
ils sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait la vie même de
47
épassons, petits purs ceux dont la violence n’est
que
rancœur de faibles accrochés à des dogmes, alors que la vraie violenc
48
s petits bourgeois de la Révolution. Puis du fait
qu’
ils se disent révolutionnaires, ces bons petits intellectuels devienne
49
pour les réactionnaires. Et c’est bien pour cela
qu’
il nous paraît urgent de leur coller une étiquette qui les distingue,
50
et d’humain. Petits purs, conformistes à rebours,
qu’
ils aillent grossir les rangs de ceux que les rédacteurs de l’Ami du P
51
rebours, qu’ils aillent grossir les rangs de ceux
que
les rédacteurs de l’Ami du Peuple appellent des révolutionnaires en p
52
les en croire, il n’y aurait rien d’autre à faire
que
d’installer des mitrailleuses tout le long de la fameuse « ligne géné
53
d’être de la police, ou bien à décréter sans rire
que
tel petit copain devient dangereusement trotskiste. Ils apportent une
54
p de pied au derrière. Drôles de révolutionnaires
que
l’on séduit par le mépris. Certes, ils sont conformistes pis qu’à la
55
par le mépris. Certes, ils sont conformistes pis
qu’
à la gauche, mais pas plus loin comme disait l’autre. Ils n’ont pas le
56
une impuissance. Victimes de la pensée bourgeoise
qu’
ils s’épuisèrent à combattre sachant qu’ils ne pourraient que périr av
57
ourgeoise qu’ils s’épuisèrent à combattre sachant
qu’
ils ne pourraient que périr avec elle, ils vont chercher dans la lectu
58
uisèrent à combattre sachant qu’ils ne pourraient
que
périr avec elle, ils vont chercher dans la lecture, pour eux très ari
59
, d’Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire
que
nous voulons tirer des seuls faits qui nous pressent. Et dès lors tou
60
uer ce qui est ; ils témoignent de plus de mépris
que
d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnatio
61
s’oppose à toutes les abstractions systématiques,
qu’
elles soient importées d’Amérique où elles sont mortelles, où de Russi
62
pureté d’une conception cohérente et rationnelle
que
nous défendons, c’est l’homme en tant que l’état social actuel l’empê
63
ssez, n’abusons pas des vérités premières, encore
que
la pensée bourgeoise contemporaine, comme l’a fort bien montré Nizan,
64
los drogués qui parlent de dialectique et croient
que
Hegel est arrivé, tous ceux qui haïssent la religion parce qu’elle le
65
tous ceux qui poursuivent l’humanité de sarcasmes
qu’
ils n’ont pas inventés, car la véritable invective n’est qu’une forme
66
nt pas inventés, car la véritable invective n’est
qu’
une forme polémique de la générosité. Hélas, fallait-il perdre une pag
67
érosité. Hélas, fallait-il perdre une page à dire
qu’
ils ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens que
68
as de vous dégoûter de la Révolution, jeunes gens
que
la violence possède ? c. Rougemont Denis de, « Les ‟petits purs”
69
Ce n’est pas, Nizan, une querelle de personnes
que
je veux vous faire. Vous parlez au pluriel, en ce qui vous concerne,
70
riel, en ce qui vous concerne, et vous n’attaquez
qu’
au pluriel les « sergents recruteurs » et les « ramasseurs de disciple
71
voudrais simplement vous rendre attentif à ceci :
que
ces généreux pluriels n’ont pas empêché certains lecteurs d’Europe —
72
ous vous souvenez sans doute aussi bien que moi —
que
la composition et l’esprit du Cahier de revendications vous furent ex
73
n front unique » semblait alors vous sourire plus
qu’
à moi, je l’avoue, et je n’en persistai pas moins à souligner sa ruptu
74
s le dites, « trop claire » pour qu’un esprit tel
que
le vôtre pût un seul instant s’y tromper : c’est en pleine connaissan
75
y tromper : c’est en pleine connaissance de cause
que
vous avez collaboré avec les révolutionnaires dont vous répudiez aujo
76
olidarité nous paraissait encore plus indésirable
qu’
impossible. Je ne répondrai pas ici à votre accusation de fascisme, je
77
déconsidérer à peu de frais l’adversaire, plutôt
que
de porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce que je veux diss
78
porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce
que
je veux dissiper, c’est le malaise créé chez vos lecteurs, — que vous
79
siper, c’est le malaise créé chez vos lecteurs, —
que
vous l’ayez ou non voulu, par la première partie de votre étude. Pour
80
otre étude. Pour le reste, je ne puis mieux faire
que
de renvoyer ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch, que l’on
81
r ces lecteurs à l’article de Jean-Richard Bloch,
que
l’on trouvera vingt pages avant le vôtre, et qui sauvegarde dans ce n
82
, dont notre presse aime à railler les uniformes,
qu’
avons-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de
83
a Légion d’honneur, la route n’est pas si pénible
qu’
on peut le croire : elle comporte moins de sacrifices que de prix litt
84
eut le croire : elle comporte moins de sacrifices
que
de prix littéraires et de coups de pied au derrière. Cette jeunesse a
85
jà jeune-radicale. On dit aussi, je le sais bien,
que
l’idéologie révolutionnaire fait des ravages, depuis peu, dans les pr
86
non sans effroi, du « bolchévisme intellectuel »
qu’
auraient manifesté certains écrits récents, publiés par des revues lit
87
octrine destinée à périr avec le système régnant,
qu’
elle croit combattre, et dont elle figure le dernier stade de décompos
88
t de l’universalité de la personne, elle a permis
qu’
on tire l’internationalisme, c’est-à-dire la négation de toutes les ra
89
ation personnaliste. Nous avons à relever le défi
que
fascistes et hitlériens sont justifiés à nous jeter. Nous ne le feron
90
endication universelle de l’humain contre tout ce
que
l’homme invente pour se mettre à l’abri du risque normal et nécessair
91
saire de l’existence, contre toutes les tyrannies
qu’
il s’impose en vertu du sadisme de la lâcheté. Telles sont les bases d
92
uel nous sommes prêts à combattre. Et c’est à lui
que
désormais s’adresseront ceux qui veulent s’adresser à la jeunesse d’u
93
re capitaliste. Par tous les moyens. Elle ne peut
que
retarder l’accession aux conflits nécessaires. f. Rougemont Denis
94
jusqu’ici beaucoup de bruit sur les places. C’est
que
nous sommes et voulons être avant tout des doctrinaires. Cette volont
95
». En d’autres termes moins obscurs, il affirmait
qu’
il faut « commencer par le commencement ». Nous accepterons volontiers
96
ui a le mérite de la simplicité. Mais nous disons
que
le commencement du désordre n’est pas dans les faits matériels dont n
97
nisme. C’est dans cet humus de doctrines périmées
que
plongent « les racines du malheur », c’est lui d’abord qu’il faut dét
98
ent « les racines du malheur », c’est lui d’abord
qu’
il faut détruire si l’on veut tuer ces racines et surtout empêcher qu’
99
si l’on veut tuer ces racines et surtout empêcher
qu’
elles ne se reforment. La nécessité d’un travail doctrinal radical nou
100
ons à un fait humain central, la personne — telle
que
nous la définirons tout à l’heure — ou mieux encore, le conflit perso
101
ase de notre ordre. Cet ordre est nouveau en ceci
qu’
il ne peut être établi que par un changement de plan. Changer de plan,
102
dre est nouveau en ceci qu’il ne peut être établi
que
par un changement de plan. Changer de plan, pour nous, c’est porter l
103
c’est porter l’effort constructif sur un terrain
que
le désordre actuel néglige ou tente de stériliser. La plupart des que
104
ils les placent. Elles ne prennent leur vrai sens
que
dans le plan de la personne, où nous les reposons. Prenons par exempl
105
des êtres ou les habitudes de la race. À supposer
qu’
une science, encore à créer, parvienne encore à le déterminer, la libé
106
étatiste) ? En présence de ces faits, nous disons
que
le problème du minimum de vie matérielle ne prend son sens que dans l
107
me du minimum de vie matérielle ne prend son sens
que
dans le plan de la personne qui est, nous allons le voir, le plan de
108
allons le voir, le plan de la liberté créatrice ;
que
ce problème ne peut être défini correctement qu’à partir de la person
109
que ce problème ne peut être défini correctement
qu’
à partir de la personne ; que seule la doctrine personnaliste, parce q
110
défini correctement qu’à partir de la personne ;
que
seule la doctrine personnaliste, parce qu’elle le transcende et le re
111
rons en même temps aux hommes une raison de vivre
que
les systèmes régnants sont en train de leur ôter. ⁂ Nous avons ainsi
112
octrine. Nous nous excusons de l’aspect théorique
que
prend forcément cet exposé, et qu’il perdrait si nous avions la place
113
pect théorique que prend forcément cet exposé, et
qu’
il perdrait si nous avions la place nécessaire pour développer. Nous n
114
tre effort et l’on ne peut songer à en donner ici
qu’
une formule nécessairement simplifiée. Nous définissons la personne co
115
l’individualisme libéral. L’individu libéral, tel
que
l’ont créé les théoriciens du suffrage universel, tout le monde croit
116
ffrage universel, tout le monde croit aujourd’hui
que
c’est quelque chose de très simple, une évidence, une sorte de lieu c
117
terait-il ? C’est pourtant sur cet homme abstrait
qu’
est bâti tout le système démocratique. Et l’erreur initiale, doctrinal
118
tous les étages du système. C’est à cause d’elle
qu’
il s’écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici notre opposition
119
noffensifs. Il suffira de rappeler, d’autre part,
que
l’individualisme libéral est responsable de l’essor anarchique d’une
120
sme, c’est la lutte contre l’étatisme moderne tel
qu’
il s’est constitué depuis Marx, phénomène beaucoup plus concret, plus
121
coup plus concret, plus universel et mieux défini
que
la lutte des classes. ⁂ Quelles sont donc les institutions qui nous p
122
iennent se congestionner les énergies du pays. Ce
que
nous voulons, c’est rétablir sur le plan politique la tension nécessa
123
, et encore moins à indiquer les moyens tactiques
que
nous envisageons pour les réaliser. Deux mots toutefois sur notre att
124
ont peut-être de la voir si peu romantique. C’est
qu’
il sévit actuellement, parmi certains groupes d’intellectuels, un véri
125
iendrons la primauté de la doctrine, avec tout ce
que
cela comporte, en apparence, de sécheresse technique. Nous savons que
126
n apparence, de sécheresse technique. Nous savons
que
le romantisme du désordre prépare simplement les dictatures policière
127
is, et nous vous écouterons ! Certes, nous savons
que
le premier aspect de toute révolution est dans un renoncement. Mais p
128
. Seulement, il en est d’injustifiés. Et c’est ce
que
nous voulons déterminer d’abord. On nous a aussi reproché de n’être q
129
miner d’abord. On nous a aussi reproché de n’être
qu’
un groupe d’intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche nous vient
130
happent pas. 3° La dialectique historique ne peut
que
rendre compte du passé — mais seul l’acte créateur opère le changemen
131
de la révolution, c’est la personne humaine telle
que
nous l’avons définie. 5° Dans « l’Ordre nouveau », les institutions r
132
nom d’antagonismes naturels féconds et créateurs
que
nous voulons éliminer les antagonismes artificiels et destructeurs qu
133
iner les antagonismes artificiels et destructeurs
que
fait naître le capitalisme matérialiste. 9° Nous sommes avec le prolé
134
leurs États et de leurs frontières, on peut dire
qu’
elles seront universelles, mais particulières. Alors seulement, au lie
135
choquer, elles devront se compléter. 5. Lénine :
Que
faire ? h. Rougemont Denis de, « Positions d’attaque pour l’ordre n
136
Jeune Europe (4 décembre 1933)i
Que
le visage de l’Europe ait changé, depuis dix ans, plus qu’il ne l’ava
137
sage de l’Europe ait changé, depuis dix ans, plus
qu’
il ne l’avait fait depuis Napoléon, c’est une évidence acquise et qui
138
équate. Cette « civilisation quantitative » telle
que
M. Guglielmo Ferrero, le premier, l’a baptisée, s’exprime aujourd’hui
139
sensible aux atmosphères. C’est l’air de parenté
que
donne, aux trois régimes, la prépondérance de la jeunesse, dans leurs
140
ecteurs aussi bien que dans leur allure générale.
Que
signifie ce rajeunissement d’une importante partie du continent ? Est
141
du continent ? Est-ce une opération artificielle,
qu’
il faudrait comparer à la chirurgie esthétique actuellement en vogue ?
142
s rides bien connues ? À ces questions, l’ouvrage
que
René Dupuis et Alexandre Marc viennent de publier sous le titre de Je
143
6 apporte une réponse d’autant plus intéressante
qu’
elle est très significative du nouvel état d’esprit de la jeunesse fra
144
mpathique ; mais elle n’avait pas répondu au défi
qu’
ils lui adressaient. MM. Dupuis et Marc comblent aujourd’hui une lacun
145
yeux de l’étranger, la réputation de « statisme »
que
l’on veut faire à la France d’après-guerre. Nos deux publicistes appa
146
de schématiser quelque peu leur doctrine, disons
qu’
ils reprochent avant tout aux trois révolutions établies d’avoir « pré
147
oir « prématurément » bouleversé un ordre social,
qu’
elles n’étaient pas encore en mesure de rénover radicalement. Mal prép
148
s en soi, d’absolus, au lieu de n’être considérés
que
comme des moyens ». Et c’est ainsi que la jeunesse s’est trouvée embr
149
considérés que comme des moyens ». Et c’est ainsi
que
la jeunesse s’est trouvée embrigadée, avec tout son élan, avec toute
150
on rénovatrice, dans des cadres bien plus rigides
que
ceux qu’elle venait de renverser. Provisoirement, elle accepte de con
151
trice, dans des cadres bien plus rigides que ceux
qu’
elle venait de renverser. Provisoirement, elle accepte de consacrer so
152
qui anime la jeunesse russe malgré les sacrifices
qu’
on lui demande — ou à cause d’eux — ne sauraient être mises en doute.
153
se d’eux — ne sauraient être mises en doute. Mais
qu’
adviendra-t-il, le jour peut-être prochain où ces jeunes hommes s’aper
154
-être prochain où ces jeunes hommes s’apercevront
que
les régimes qu’ils servent, loin d’avoir créé un ordre nouveau, ont b
155
ù ces jeunes hommes s’apercevront que les régimes
qu’
ils servent, loin d’avoir créé un ordre nouveau, ont bien plutôt conso
156
révolutionnaires, dans le sens créateur du terme,
que
conformistes. Leur conformisme n’est pas celui des jeunes bourgeois,
157
libertaire et « personnaliste » de la France, tel
que
les jeunes groupes que nous avons nommés essaient, par ailleurs, de l
158
aliste » de la France, tel que les jeunes groupes
que
nous avons nommés essaient, par ailleurs, de le réveiller. À la jeune
159
isté sur la partie critique de cet ouvrage, c’est
que
les conclusions constructives peuvent sans peine en être déduites. Au
160
dressant au grand public avec autant de précision
que
pouvait en permettre un sujet aussi vaste, ils ont réussi à brosser l
161
et de pathétique, d’une époque qui a besoin, plus
que
de toute autre chose, de critiques lucides. 6. Un volume chez Plon,
162
ce livre. Parfois, je le voudrais tout autre. Tel
qu’
il est cependant, on n’en peut désirer de plus utile. Expliquons-nous.
163
s logique, la plus objective et la plus touchante
qu’
un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et d’angoisse ins
164
Homme perdu d’inquiétude, qui ne découvre sa joie
que
dans le risque extrême de la foi, c’est le chrétien tel que le veut K
165
e risque extrême de la foi, c’est le chrétien tel
que
le veut Kierkegaard. Je soupçonne un peu Carl Koch d’intelligence ave
166
avec l’assesseur Wilhelm. Mais voilà justement ce
qu’
il nous faut. Du personnage complexe de Kierkegaard, on nous a présent
167
Kierkegaard est surtout un chrétien, et c’est ce
qu’
il eût fallu montrer d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et d’
168
s, et d’une trempe exceptionnelle ; mais non tant
qu’
il ne puisse « édifier » — pour user d’un vocable auquel il sut rendre
169
e livre de Koch est la démonstration de l’emprise
que
peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu suspect de comp
170
tête philosophique. J’ai peut-être tort de penser
qu’
on aurait pu s’y prendre autrement. Après tout, il ne faut pas souhait
171
n homme qui vient nous dire, en toute simplicité,
qu’
il a vu l’événement, et qu’il en est encore tout remué. On le croira s
172
, en toute simplicité, qu’il a vu l’événement, et
qu’
il en est encore tout remué. On le croira sans peine : il n’a pas l’ai
173
s peine : il n’a pas l’air d’avoir pu inventer ce
qu’
il raconte. Cela donne envie d’aller voir. Or, je tiens qu’il n’y a ri
174
onte. Cela donne envie d’aller voir. Or, je tiens
qu’
il n’y a rien de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se pass
175
e tiens qu’il n’y a rien de plus urgent pour nous
que
d’aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du Danois prophétique, ress
176
sse moderne. Le mérite décisif de ce livre, c’est
que
peut-être il fera faite la moue aux spécialistes de l’histoire des sy
177
ystèmes, aux amateurs d’élégances formelles, mais
qu’
il saura certainement émouvoir ceux qui cherchent à vivre leur pensée.
178
nlassablement Kierkegaard. C’est de toi, lecteur,
qu’
il s’agit, et non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce q
179
ierkegaard — j’entends la perspective chrétienne,
que
Carl Koch met si bien en lumière —, nous pourrons nous montrer plus e
180
r plus exigeants sur l’interprétation théologique
qu’
on nous propose au dernier chapitre. Prenons garde de laisser s’instit
181
er ici un nouveau malentendu, d’autant plus grave
qu’
il porterait cette fois sut le centre même de l’œuvre, et non plus sur
182
on en France. Carl Koch reproche à Kierkegaard ce
qu’
il baptise, d’un terme impressionnant, son ascétisme antivital. Cet as
183
ne devint pas lui-même le « témoin de la vérité »
qu’
il annonçait, mais resta simplement « un poète ». Double reproche, plu
184
plement « un poète ». Double reproche, plus grave
que
Koch ne veut le croire. C’est en vain qu’il s’efforce tardivement d’e
185
s grave que Koch ne veut le croire. C’est en vain
qu’
il s’efforce tardivement d’en limiter la portée. La thèse extrême8 de
186
i peu séparable de l’ensemble de ses conceptions,
qu’
en vérité, celui qui la rejette, rejette aussi sa raison d’être et sa
187
’est pourquoi l’homme n’arrive à Dieu et à la Vie
qu’
en mourant totalement à soi-même. Periissem nisi periissem ! La devise
188
Thérèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. »
Qu’
un humanisme religieux, qui trop souvent exprime la croyance courante
189
ine de la mort au monde et à soi-même, bien plus,
qu’
il la déclare antichrétienne ; cela ne prouve rien que l’on ne sût déj
190
l la déclare antichrétienne ; cela ne prouve rien
que
l’on ne sût déjà : à savoir que le sens de la vérité est en train d’a
191
la ne prouve rien que l’on ne sût déjà : à savoir
que
le sens de la vérité est en train d’abdiquer parmi nous devant le cul
192
devant le culte de la vie. « Le christianisme tel
que
Kierkegaard le représentait, ne peut être réellement adopté et assimi
193
le critère, et qui juge ? Nicodème aussi estimait
qu’
une telle doctrine est impensable, et ne peut être utilement intégrée
194
eligieux. ⁂ Kierkegaard en tant que chrétien sait
que
la vie de l’homme est au péché. Il sait aussi que le contraire du péc
195
que la vie de l’homme est au péché. Il sait aussi
que
le contraire du péché « ce n’est pas la vertu, mais la foi ». C’est u
196
vertu, mais la foi ». C’est une étrange confusion
que
de baptiser ascétisme une attitude qui se fonde dans la foi. (Schopen
197
emps. Oui, c’est un « paradoxe étrange » qui veut
que
l’homme soit sauvé par sa perte. Mais que vient faite ici cette ardeu
198
ui veut que l’homme soit sauvé par sa perte. Mais
que
vient faite ici cette ardeur de durer, de penser, de trouver des rais
199
e penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas
qu’
elle est trop tiède, et propre au plus à écœurer celui qui veut non la
200
on de la pensée, c’est de découvrir quelque chose
qu’
elle ne puisse pas penser ». Il est curieux que les esprits moyens rep
201
se qu’elle ne puisse pas penser ». Il est curieux
que
les esprits moyens reprochent aux grands de mépriser l’esprit. Curieu
202
r ». Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dire
qu’
il mourut en martyr9 d’avoir défendu contre tous l’impossibilité humai
203
e la vérité ? 7. Tout cela, bien entendu, n’est
qu’
apparences, psychologie. Le seul fait, c’est la foi qui soutient tout.
204
s à ceux qui ont des oreilles pour entendre, amis
que
ma parole n’atteindrait pas, mais ce message. J’écris pour ceux qui a
205
ttendent courageusement une réponse. Ce n’est pas
que
je puisse donner cette réponse, loin de là. Je voudrais seulement les
206
ccordée à notre acte, humble et violent. Voilà ce
que
je veux. Mais je ne sais pas ce que je puis. Je ne sais pas pour comb
207
ent. Voilà ce que je veux. Mais je ne sais pas ce
que
je puis. Je ne sais pas pour combien d’hommes, ni pour quels hommes j
208
ation, cet été, Nicolas Berdiaev faisait observer
que
notre époque dominée par les « problèmes économiques », comme on dit,
209
uite qui s’intitulera Dictature de la liberté, et
que
Robert Aron va mener à son termen. Telle qu’il nous l’a laissée, l’œu
210
, et que Robert Aron va mener à son termen. Telle
qu’
il nous l’a laissée, l’œuvre d’Arnaud Dandieu apporte non seulement de
211
« condition prolétarienne ». Il est bon de noter
que
cette conception dépasse les rêveries marxistes dans leur domaine de
212
xemple du pouvoir des philosophes. Encore faut-il
que
les philosophes pensent dans le réel, c’est-à-dire dans l’actualité,
213
ctualité, au sens littéral du terme ; et c’est ce
que
ne font pas, et ne peuvent pas faire, nos professeurs idéalistes et t
214
t tous nos prêtres de l’insoluble. Encore faut-il
que
les hommes de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être ho
215
et sachent s’emparer des puissances libératrices
qu’
on leur propose ; et c’est ce que ne font pas les brigadiers et les em
216
ces libératrices qu’on leur propose ; et c’est ce
que
ne font pas les brigadiers et les embrigadés de toute farine que nous
217
les brigadiers et les embrigadés de toute farine
que
nous voyons parader en Europe devant ces dieux que l’on nomme, depuis
218
ue nous voyons parader en Europe devant ces dieux
que
l’on nomme, depuis peu, Masse ou État totalitaire, ces dieux antiques
219
ent où l’on savait au moins, même en les adorant,
qu’
elles se nourrissent du sang de l’homme. On pourrait montrer facilemen
220
e et troc, crédit, taylorisme), les liens étroits
que
les auteurs ont su nouer entre leurs positions philosophiques et leur
221
personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel
qu’
il va, — il faudrait dire : tel qu’on le laisse aller. Craignons que c
222
r le monde tel qu’il va, — il faudrait dire : tel
qu’
on le laisse aller. Craignons que ce mépris, toutefois, ne tourne en h
223
drait dire : tel qu’on le laisse aller. Craignons
que
ce mépris, toutefois, ne tourne en habitude, ne se fige en une conven
224
as d’action révolutionnaire, écrivait Lénine dans
Que
faire ? On ne saurait trop insister sur cette vérité, à une époque où
225
quoi, sans vouloir en rien sous-estimer l’analyse
qu’
Aron et Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et de travail,
226
er sur la nouveauté d’un chapitre de doctrine tel
que
« Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’une théorie générale de
227
onfusion des idées en sont arrivés à un tel point
que
les deux mots ont l’air bien souvent de s’opposer. À force de considé
228
nt de s’opposer. À force de considérer d’une part
qu’
il n’est d’autre révolution que la révolution matérialiste, à force d’
229
sidérer d’une part qu’il n’est d’autre révolution
que
la révolution matérialiste, à force d’autre part, de faire sur l’espr
230
un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est
que
l’empreinte négative. On abuse singulièrement du mot « esprit » dans
231
vement.) Il faut rendre à Dandieu cette justice11
que
le « contresens habituel sur l’esprit » n’a jamais été son fait, mais
232
s de ses louangeurs. L’esprit ne saurait désigner
que
la totalité créatrice de l’homme, corps et intelligence, indissoluble
233
à l’origine même du désordre actuellement établi,
qu’
il se dénomme ordre bourgeois ou dictature. Ce processus peut apparaît
234
endications en promettant la lune, ne peut servir
qu’
à masquer sur le terrain pratique l’échec d’une révolution qui ne sait
235
nt ces révolutions avortées ne peut rendre compte
que
des données antérieures à tout acte, non de l’acte lui-même. Au momen
236
lles tombent alors dans l’illusion d’une synthèse
qu’
elles veulent croire transitive, conciliant les contradictions réelles
237
nnies abstraites, Dandieu reprend l’argumentation
que
Proudhon d’une part, et Bakounine de l’autre, opposaient à Karl Marx
238
, la Révolution véritable. Cela ne signifie point
que
sa violence se dégrade nécessairement en aventures militaires ou en é
239
rement révolutionnaire. Ce n’est point par hasard
qu’
on tentait de nous la réduire à cette description résignée des altérat
240
hèmes de l’œuvre12, sans soulever deux objections
que
Ramon Fernandez faisait récemment à ces auteurs13. La première porte
241
me », écrit Fernandez. Il en déduit naturellement
que
« la personnalité concrète peut se réaliser dans n’importe quelles co
242
endu le ressort de la Révolution nécessaire. Mais
qu’
est-ce que cette définition, sinon celle même du vieil individu idéali
243
ssort de la Révolution nécessaire. Mais qu’est-ce
que
cette définition, sinon celle même du vieil individu idéaliste, cet i
244
naturel de Rousseau, comme le suppose Fernandez,
que
l’homme intérieur de l’idéalisme, puisqu’elle est à la fois conquête
245
pas à l’existence concrète14 de la personne telle
que
nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’un mythe, dont il met en
246
elle que nous la définissons. Elle n’est pour lui
qu’
un mythe, dont il met en doute la puissance de soulèvement. « On compr
247
doute la puissance de soulèvement. « On comprend
qu’
un bourgeois risque sa peau pour la sauver : on ne comprend pas qu’il
248
isque sa peau pour la sauver : on ne comprend pas
qu’
il s’arrache la peau dans l’espoir qu’une meilleure lui pousse. » Fern
249
omprend pas qu’il s’arrache la peau dans l’espoir
qu’
une meilleure lui pousse. » Fernandez a peut-être des lumières qui me
250
eois, animal visqueux et féroce dont il me semble
que
Léon Bloy a donné la description la plus exacte. (Il faudrait être Bl
251
s pour laquelle il mourrait, dit-on, ne peut être
qu’
un symbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout
252
e peut être qu’un symbole de son argent.) Mais ce
que
je sais, c’est que l’homme tout court, ou même l’homme noble, ou prol
253
ymbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est
que
l’homme tout court, ou même l’homme noble, ou prolétaire, n’a jamais
254
au pour des intérêts. On ne se bat et on ne meurt
que
pour des « folies » qualifiées. Celle que l’Ordre nouveau propose à n
255
e meurt que pour des « folies » qualifiées. Celle
que
l’Ordre nouveau propose à notre besoin de sacrifice, c’est la qualité
256
ncore à être des hommes. 10. Il faut même noter
que
le chapitre intitulé Échange et Crédit bouleverse toutes les idées tr
257
nt pas justice au style de la pensée, plus encore
que
de l’écriture, d’Aron et Dandieu. Il faudrait pouvoir citer ici la pa
258
ieu. Il faudrait pouvoir citer ici la page finale
que
Dandieu ajouta de sa main, sur épreuves, quelques jours avant sa mort
259
le grand mérite d’aller droit aux problèmes réels
que
pose ce livre, sur le plan philosophique. 14. Mais le concret, c’est
260
le démontrera sans doute. Il faut avouer pourtant
qu’
il n’est pas très facile de repérer leurs positions, sur le plan de l’
261
gard plus direct sur les possibilités théoriques.
Qu’
est-ce que la foi des protestants leur permet d’affirmer dans le domai
262
direct sur les possibilités théoriques. Qu’est-ce
que
la foi des protestants leur permet d’affirmer dans le domaine de Césa
263
iques fidèlement déduites de la doctrine. I. Ce
que
la foi nous dit de faire En dépit de certaine polémique bourgeoise
264
terrestre suppose une conception de l’homme, tel
qu’
il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception
265
e une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel
qu’
il devrait être. Tel qu’il est : c’est la conception réactionnaire, o
266
me, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel
qu’
il est : c’est la conception réactionnaire, ou statique, la politique
267
iste, une politique de la camisole de force. Tel
qu’
il devrait être : c’est la conception révolutionnaire, ou dynamique, l
268
érateur. Politique millénariste. À droite, on dit
que
l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y teni
269
riste. À droite, on dit que l’homme est une bête,
que
c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si
270
l’homme est une bête, que c’est là son partage et
qu’
il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son b
271
partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit
que
si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le
272
L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut
que
qui veut faire l’ange fait la bête. »16 Qu’est l’homme ? Il ne se co
273
veut que qui veut faire l’ange fait la bête. »16
Qu’
est l’homme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, c
274
tte révélation, sauvé. Ainsi l’homme n’est humain
que
dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauv
275
uvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis
que
seul ce paradoxe le fait humain : car si l’homme peut se voir perdu,
276
humain : car si l’homme peut se voir perdu, c’est
qu’
il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est f
277
omme peut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est
qu’
il est dans la foi ; mais être dans la foi, c’est faire la volonté de
278
sa condition actuelle. Mais il faut savoir aussi
qu’
elle est intenable, parce que les ordres de la foi sont toujours impré
279
foi sont toujours imprévisibles, instantanés, et
qu’
ils ne souffrent point d’être d’avance limités par un système, par un
280
s moyens pour des fins ; la foi ne veut connaître
que
les fins, et en vient à dévaloriser les moyens. Ou encore : pour le p
281
établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord,
que
d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et acce
282
est dans l’histoire, dans la durée. Mais il faut
que
l’ordre reçu s’insère aussitôt dans l’histoire ; et le problème des m
283
est donc non seulement possible, mais nécessaire,
que
le chrétien prenne position en présence des partis politiques. S’il r
284
s politiques. S’il rejette les partis pris, c’est
qu’
il doit sans cesse, à nouveau, prendre parti. Comme le réactionnaire,
285
e le réactionnaire, il veut connaître l’homme tel
qu’
il est — seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait que
286
t il le connaît mieux. Comme le marxiste, il sait
que
sa doctrine n’a pas à expliquer le monde, mais à le transformer — seu
287
monde, mais à le transformer — seulement, il sait
que
cette transformation s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de
288
’homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme
que
l’ordre établi ne saurait être en aucun cas définitif ni suffisant. C
289
itif ni suffisant. Contre le marxiste, il affirme
que
l’évolution nécessaire n’entraîne pas une amélioration du genre humai
290
dessus de la collectivité. » Cela ne signifie pas
que
le croyant doive s’isoler de la communauté, mais bien que la communau
291
subordonnée à cette fin la plus haute de l’homme
qu’
est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non seulement le c
292
nsemble ; mais encore il pourra et devra affirmer
que
la seule communauté réelle et humainement bienfaisante est celle qui
293
le la relation réelle et humainement bienfaisante
que
l’Évangile appelle l’amour du prochain. Ni ange, ni bête, ni droite n
294
politique : une révolution sans illusions. II.
Qu’
avons-nous fait ? Le lecteur voudra bien considérer que ce qu’on vi
295
-nous fait ? Le lecteur voudra bien considérer
que
ce qu’on vient de lui dire n’est pas original, et bien moins encore m
296
ait ? Le lecteur voudra bien considérer que ce
qu’
on vient de lui dire n’est pas original, et bien moins encore matière
297
est beaucoup plus éloignée de l’Action française
que
La Cause ne l’est de L’Écho de Paris. Du point de vue de notre foi, i
298
oint de vue de notre foi, il me semble d’ailleurs
qu’
une position monarchiste peut être justifiée plus facilement — ne fût-
299
e peut être justifiée plus facilement — ne fût-ce
que
par l’exemple des actuelles monarchies protestantes — que la position
300
l’exemple des actuelles monarchies protestantes —
que
la position nationaliste. Il y a dans le nationalisme moderne une vér
301
e une véritable idolâtrie. La passion intolérante
que
manifestent ses adeptes, le caractère « sacré » que revêt à leurs yeu
302
e manifestent ses adeptes, le caractère « sacré »
que
revêt à leurs yeux l’idée de patrie préalablement confondue avec cell
303
pressent. Un chrétien a-t-il le droit de rêver ?
Que
faire alors, dans l’état de choses qui s’offre à nous ? De l’action «
304
us ? De l’action « sociale » ? C’est dans ce sens
que
concluent les Compagnons, groupe fondé par la Fédération des étudiant
305
ais ici je poserais une question inverse de celle
que
je posais à l’Association Sully. Peut-on « se borner au pratique » ?
306
s des problèmes de doctrine économique et sociale
qu’
on ne saurait esquiver sans manquer à son tour de réalisme ? La plupar
307
La plupart des tentatives sociales ou politiques
que
je vois s’esquisser parmi nous me paraissent pécher par une vision in
308
vocation ou des charismes nous y expose davantage
que
les catholiques, toujours soutenus et encadrés par les directives pap
309
és par les directives papales, et plus conscients
que
nous ne sommes souvent des implications générales d’une attitude part
310
propos de l’attitude des objecteurs de conscience
qu’
il y a lieu de souligner le plus fortement ce danger. Je n’ai pas, ici
311
lle devient l’expression d’un mouvement, le moins
qu’
on en puisse dire, c’est qu’elle est dangereusement insuffisante : ell
312
n mouvement, le moins qu’on en puisse dire, c’est
qu’
elle est dangereusement insuffisante : elle impliquerait, en effet, lo
313
ections au régime établi. Je m’empresse d’ajouter
que
les objecteurs chrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute espèce de
314
la grave critique d’incohérence et de sectarisme
qu’
il faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des objecteurs porte à
315
mise en symétrie avec aucune des autres attitudes
que
j’ai indiquées. Elle comporte un risque, un engagement concret, un ac
316
laquelle je me suis rallié pour ma part. III.
Qu’
allons-nous faire ? Ni ange ni bête, ni droite ni gauche. Pessimism
317
personne. Telles sont quelques-unes des formules
que
je proposais tout à l’heure pour définir l’attitude chrétienne devant
318
damnées. Par ce seul refus, elles opèrent déjà ce
que
le vocabulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », —
319
alité politique française. C’est un volume entier
qu’
il faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si prof
320
’est précisément ce genre d’adhésion sentimentale
que
les deux groupes refusent avec rigueur. D’où les malentendus, parfois
321
D’où les malentendus, parfois bien réjouissants,
qu’
ils ont provoqués de tous côtés. « Petits penseurs qui travaillent pou
322
auches, et de bolchévique par les droites. Preuve
qu’
il y a dans ces deux groupes de jeunes quelque chose de vraiment nouve
323
es du palais Bourbon. Le Cahier de revendications
que
je publiais en 1932 à la Nouvelle Revue française , manifesta pour l
324
pée. Les deux groupes de tête de cette révolution
que
je considère comme étant la seule réelle et vraiment novatrice, sont
325
a culture bourgeoise et de la distinction commode
qu’
elle suppose et implique entre la pensée et l’action. 2. Quelques affi
326
firmation de la primauté nécessaire du spirituel (
qu’
ils définissent d’ailleurs assez diversement) ; affirmation de la néce
327
tre moins bruyant et moins démagogique, le combat
qu’
ils mènent est beaucoup plus radical au sens étymologique du terme : c
328
étymologique du terme : c’est aux racines du mal
qu’
ils s’attaquent. D’où leur force d’entraînement lente et profonde, don
329
anifesteront de plus en plus visiblement à mesure
que
le développement de la crise confirmera leurs prévisions. Mais il ne
330
onfirmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas
qu’
un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point
331
celle des institutions à construire. Et c’est ici
que
nos deux groupes divergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité
332
ire. Et c’est ici que nos deux groupes divergent.
Qu’
est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens.
333
est ici que nos deux groupes divergent. Qu’est-ce
que
l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens. Autour de
334
veau. Le groupe compte éviter, de la sorte autant
que
possible, l’écueil des révolutions russe et allemande, la fameuse « p
335
omie. Le travail critique de l’Ordre nouveau, tel
qu’
on peut le suivre dans la revue qui paraît sous ce titre depuis le moi
336
iellement orienté vers la création. C’est en vain
que
l’on chercherait dans ces minces cahiers les pittoresques invectives
337
n plus pour flatter la jeunesse, mais la jeunesse
qu’
ils ont atteinte n’est pas celle qui voulait être flattée. Et ce n’est
338
titutions. Telle est la « primauté du spirituel »
qu’
il ne cesse d’invoquer au risque, il faut le dire, de créer provisoire
339
graves malentendus. On a cru, ou feint de croire,
qu’
il ne s’agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, on a trop sou
340
a cru, ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là
que
d’un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusqu
341
« ordre nouveau » est beaucoup plus considérable
qu’
on le croirait à lire la presse politicienne. Plusieurs des mots d’ord
342
a presse politicienne. Plusieurs des mots d’ordre
que
la jeunesse française fait siens depuis un an ont été lancés par l’ON
343
dée de la « mission personnaliste de la France »,
que
les centristes et les droites opposent à la mystique des masses russe
344
on spiritualiste qui n’a rien de commun avec cela
qu’
ont voulu voir en elle les critiques de droite et de gauche, victimes
345
de droite et de gauche, victimes de la confusion
que
j’ai dite. « Ce ne sont pas ceux qui disent Esprit ! Esprit !… » Mais
346
cette nuance est capitale —, il est incontestable
que
l’« esprit » d’ Esprit est d’inspiration spécifiquement chrétienne.
347
nte et approfondie sur la condition humaine telle
que
la déterminent le capitalisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin
348
la coïncidence de ces principes et des doctrines
que
nous pouvons déduire de la Réforme. Esprit est en majeure partie d’i
349
ure partie d’inspiration catholique, je veux dire
que
ses collaborateurs sont pour la plupart catholiques21. L’Ordre nouvea
350
question confessionnelle. Il n’en reste pas moins
que
le fondement spirituel commun à ces deux groupes se confond presque i
351
oupes se confond presque intégralement avec celui
qu’
un chrétien protestant peut assigner à son action publique. Je ne me d
352
rs dans n’importe quel parti, aussi bien à gauche
qu’
à droite22. Avec cette différence qu’au sein de partis si nombreux, sa
353
ien à gauche qu’à droite22. Avec cette différence
qu’
au sein de partis si nombreux, sa voix n’aurait aucun effet… Dans la p
354
sa voix n’aurait aucun effet… Dans la perspective
que
nous considérons ici, la logique des faits me paraît simple : les jeu
355
s à fonder un parti. Leur foi n’est pas de celles
que
l’on met en systèmes. Le fût-elle, leur très petit nombre les empêche
356
donne d’agir, et de nous engager. N’attendons pas
que
d’autres aient édifié des systèmes irréprochables et parfaitement con
357
ons. J’en ai désigné deux. Je sais par expérience
qu’
on peut travailler dans les groupes de jeunes gens qui les défendent,
358
les groupes de jeunes gens qui les défendent, et
qu’
on le peut sans renoncer à rien de cette vérité qui jugera toujours to
359
toujours tous les systèmes. Travaillons avec ceux
que
nous pouvons aider. 15. Jeunesses ouvrières catholiques (JOC) ; Dé
360
cisme est d’autant plus « bestial » en ses débuts
que
la doctrine libérale qu’il renverse était plus « angélique » dans ses
361
bestial » en ses débuts que la doctrine libérale
qu’
il renverse était plus « angélique » dans ses prétentions. 17. Et dep
362
° 8 de L’Ordre nouveau . 20. N’est-ce pas ainsi
que
l’Évangile définit la notion fondamentale de prochain ? Le prochain,
363
holiques, un juif et un protestant. 22. Je pense
qu’
André Philip ne me contredirait pas sur ce point. C’est le seul d’entr
364
e chrétien, dans un parti parlementaire. Je crois
que
seul le lieu que nous avons choisi pour notre action, nous sépare, et
365
un parti parlementaire. Je crois que seul le lieu
que
nous avons choisi pour notre action, nous sépare, et non pas nos prin
366
ociales, de nietzschéisme mal digéré. Les excuses
qu’
on leur offre ne sont guère plus reluisantes : ils n’ont plus le temps
367
ns, mais qui ne sont pas à l’échelle du phénomène
qu’
on voudrait expliquer. A-t-on pris garde à ce fait simple et général :
368
. A-t-on pris garde à ce fait simple et général :
que
la révolution naît dans les villes ; que c’est un phénomène citadin e
369
énéral : que la révolution naît dans les villes ;
que
c’est un phénomène citadin et l’expression incompressible d’une jeune
370
s yeux un processus depuis, longtemps actif. Tant
qu’
une sécurité sociale et financière assure aux jeunes bourgeois un lieu
371
héréditaire, un patrimoine de souvenirs, tout ce
que
symbolise l’expression « à la maison », l’habitation des villes ne di
372
dans le cadre anonyme des petits « deux pièces »
qu’
on loue sans bail parce qu’on ne sait pas si dans six mois… Et vous au
373
s, trop de conversations, trop de visions pour ce
qu’
un individu possède de jugement, d’opinions mûries ou de réceptivité n
374
ensation d’être vidé, d’être dominé par un milieu
qu’
on se prend à mépriser parce qu’il vous tient. Neurasthénie. Il y a au
375
posent à chaque pas entre les conditions sociales
que
l’on sait n’être plus immuables… Perspectives d’aventure. Ambition. R
376
mbition. Ressentiment. Il y a enfin ces vexations
que
l’on ignorait naguère, et qui deviennent obsédantes : la tyrannie des
377
la brutalité des gérants, qui fait si bien sentir
qu’
on n’est plus chez soi nulle part, que l’on est toléré comme un élémen
378
bien sentir qu’on n’est plus chez soi nulle part,
que
l’on est toléré comme un élément « de rapport », balayé dès qu’il ne
379
onner cette confusion de la morale et de l’argent
que
les bourgeois s’obstinent à nommer l’ordre social. Visage de l’État,
380
nus, où la vie prend un visage tellement abstrait
qu’
on n’arrive plus même à s’y aimer : Colette a décrit cela dans la Chat
381
n les connaît bien dans le détail. Je ne vois pas
qu’
on ait tiré de leur ensemble aucune conclusion pratique, encore moins
382
ommunauté sera donc une communauté d’idéal autant
que
de refus. Risquons ici un parallèle qui n’est peut-être pas simplemen
383
entre patrie et nation ; ne pourrait-on pas dire
que
les communautés fondées par l’attachement aux intérêts locaux — commu
384
raciné défendra son patriotisme. Le danger, c’est
que
ces deux conceptions partielles, qui comportent chacune leur vérité,
385
s. Et pourtant c’est dans les campagnes seulement
que
pourra se résoudre l’angoissant problème des cités. Mais il faudrait
386
la nation. La révolution nécessaire ne sera ordre
qu’
à ce prix. C’est là son vrai problème. p. Rougemont Denis de, « Je
387
sion physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce
que
je voudrais dire ici est simple, fondamental, et comme toutes les cho
388
sujet à l’objet, elle les unit dans le temps même
qu’
elle les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait
389
elle les distingue. Car si l’œil se conforme à ce
qu’
il voit, il sait aussi qu’il voit, et mesure la distance. Ainsi, franc
390
l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait aussi
qu’
il voit, et mesure la distance. Ainsi, franchissant les frontières, il
391
t drame, elle est événement. Elle ne connaît rien
que
des formes, et ne croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-e
392
ne connaît rien que des formes, et ne croit rien
que
ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-elle qui ne se manifeste ». C’est
393
dans la lumière est prise impitoyablement pour ce
qu’
elle est, c’est-à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi que
394
blement pour ce qu’elle est, c’est-à-dire pour ce
qu’
elle paraît. N’est-ce pas ainsi que meurt une illusion ? Or toutes ces
395
à-dire pour ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi
que
meurt une illusion ? Or toutes ces choses et bien d’autres qu’on pour
396
illusion ? Or toutes ces choses et bien d’autres
qu’
on pourrait dire de la vision, on peut les dire du visage. La langue a
397
es dire du visage. La langue allemande ne connaît
qu’
un mot pour visage et vision : Gesicht. Quelle est donc cette parenté
398
e, et de la sorte, s’en distingue, rappelons-nous
qu’
elle a son siège au centre même du visage. Sans visage il n’est plus d
399
n trouble penchant pour une paix qui n’était rien
que
leur faiblesse. Mais aujourd’hui qu’ils relèvent la tête, le psycholo
400
n’était rien que leur faiblesse. Mais aujourd’hui
qu’
ils relèvent la tête, le psychologue se voit en mauvaise posture : car
401
gument : un psychologue moderne25 nous a démontré
que
la vision n’est pas une sensation, mais un décret de l’intellect. Il
402
, il n’y a pas d’associations mentales : il n’y a
que
des jugements. Toute pensée est « judicatoire », et tout, en l’homme
403
métaphysiciens. En vérité, la curieuse aventure,
que
cette espèce d’autosuppression ! Une fois rendus à qui de droit les h
404
ion ! Une fois rendus à qui de droit les honneurs
qu’
il avait empruntés, le psychologue se voit restitué dans son rôle de s
405
ition essentiellement intermédiaire, l’on conçoit
que
ce n’est que justice. Que nous apprend l’observation lorsqu’elle se p
406
ellement intermédiaire, l’on conçoit que ce n’est
que
justice. Que nous apprend l’observation lorsqu’elle se porte sur l’ac
407
rmédiaire, l’on conçoit que ce n’est que justice.
Que
nous apprend l’observation lorsqu’elle se porte sur l’acte même de la
408
lle se porte sur l’acte même de la vision ? Selon
que
l’homme qui regarde participe au spectacle, ou non, son regard saisir
409
regard saisira des aspects différents. Supposons
qu’
il contemple un paysage. S’il est un grand poète, il y verra des mythe
410
eur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra
qu’
un état d’âme ; s’il est un général, il ne verra qu’un champ de manœuv
411
’un état d’âme ; s’il est un général, il ne verra
qu’
un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploit
412
traites solitaires, et s’il la cherche, un désert
qu’
il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou qu’il le quitt
413
cherche, un désert qu’il faut fuir. Ainsi, selon
que
l’homme doit y entrer ou qu’il le quitte, ou qu’il le voit par la por
414
t fuir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou
qu’
il le quitte, ou qu’il le voit par la portière de son wagon, le paysag
415
que l’homme doit y entrer ou qu’il le quitte, ou
qu’
il le voit par la portière de son wagon, le paysage n’est pas le même
416
emps que former : — c’est transformer. Dis-moi ce
que
tu vois, je te dirai qui tu deviens. Car celui qui regarde se transfo
417
emplation et de l’action. Une notion claire de ce
qu’
est la vision eût peut-être évité bien des malentendus illustres. L’ac
418
ncarnation, est dominée par la vision ; il semble
que
tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumière. « Autre
419
jour… » (I Thess. 5.8) Rien ne serait plus facile
que
de multiplier les citations de passages de saint Paul ou de saint Jea
420
etc.). Pour illustrer quelques-unes des relations
que
je viens de désigner, il n’est pas superflu de recourir à ces « origi
421
ns semblables à lui parce que nous le verrons tel
qu’
il est. » (I. Jean 3.2) « L’homme nouveau se renouvelle dans la connai
422
À la question de notre psychologue — sinon celle
qu’
il se pose, du moins celle qu’il se trouve nous poser — sur le sens de
423
logue — sinon celle qu’il se pose, du moins celle
qu’
il se trouve nous poser — sur le sens dernier du jugement, toute la mé
424
mencement est la lumière (physique) On ne voit
que
ce qui est vu. Mais peut-être faut-il aller plus loin : on ne voit ri
425
ut-être faut-il aller plus loin : on ne voit rien
que
ce qui voit. Car seule est visible la forme, et la forme naît du mouv
426
la forme naît du mouvement. On ne peut voir ainsi
que
les choses qui se meuvent, ou qui sont mues, — en un mot : ce qui cha
427
ence, et la révélation biblique nous le confirme,
qu’
à l’origine de tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la l
428
pel de la lumière. La première parole de Dieu : «
Que
la lumière soit » est aussi le premier moteur de l’univers. Toute sub
429
i le premier moteur de l’univers. Toute substance
que
la lumière vient toucher, aussitôt se meut et se forme, et de même qu
430
ux reconnaissable. Il n’est pas d’autre mouvement
que
cet élan vers la lumière — ou pour la fuir — par quoi tout se révèle
431
comme se perdent les astres morts. Donc, tout ce
que
nous voyons a vu ; et tout, d’abord, a été vu par la lumière créatric
432
ement la redécouvre, depuis peu27. Et c’est ainsi
que
la physiologie dévore tout ce que la métaphysique avait laissé du psy
433
Et c’est ainsi que la physiologie dévore tout ce
que
la métaphysique avait laissé du psychologue, qui devient un simple po
434
qui veut toujours pénétrer sous la forme, plutôt
que
de la voir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou
435
ais le regard si perdu et la contenance si morte,
que
ceux que j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu ».28 D’autres foi
436
gard si perdu et la contenance si morte, que ceux
que
j’ai rencontrés ne m’ont peut-être pas vu ».28 D’autres fois, c’est
437
concret de la vision. Comment expliquer autrement
que
la théologie des scolastiques ait pu s’attarder à débattre des questi
438
s’attarder à débattre des questions aussi vaines
que
celle qui mit aux prises, par exemple, un Thomas d’Aquin et un Scot,
439
n Thomas d’Aquin et un Scot, le premier affirmant
que
la béatitude réside in visione, dans la contemplation de la Face de D
440
ns la contemplation de la Face de Dieu, le second
qu’
elle réside in amore ? N’était-ce pas se tromper à la fois sur la natu
441
urs ; voir Dieu c’est aller à lui. Nous ne voyons
que
ce qui nous regarde : voir Dieu, c’est être regardé par lui. Mais alo
442
rmation, mouvement de l’amour. Augustin qui, plus
que
tout autre, a parlé de la « beauté » de Dieu, savait que vision et am
443
t autre, a parlé de la « beauté » de Dieu, savait
que
vision et amour sont un seul acte et une seule réponse : « Lumière du
444
ants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce
qu’
on peut m’opposer : « Nous marchons par la foi, non par la vue », nous
445
lissement, et splendeur de ce qui n’est pour nous
qu’
ombre et reflet, fragment et trouble. « Aujourd’hui je connais en part
446
nu ». Cet alors est la plénitude d’un aujourd’hui
que
nous ne connaissons que par ses limites et ses formes. Ainsi donc, dé
447
lénitude d’un aujourd’hui que nous ne connaissons
que
par ses limites et ses formes. Ainsi donc, dépasser la vision, ce ne
448
. Ainsi donc, dépasser la vision, ce ne peut être
que
la définir dans l’absolu, à la frontière de la mort et de la vie ; et
449
la connaître dans sa signification actuelle. « Ce
que
nous sommes n’a pas encore été manifesté », dit Jean. Et de même, not
450
le monde chrétien —, la forme pure est la parole
que
chacun de nous a reçue, en son lieu, en son temps unique. Figure de n
451
notre vocation, forme informante de notre être et
que
voient « les yeux de la foi », il semble que notre visage n’en soit q
452
e et que voient « les yeux de la foi », il semble
que
notre visage n’en soit qu’une mauvaise épreuve, déjà brûlée, ici et l
453
de la foi », il semble que notre visage n’en soit
qu’
une mauvaise épreuve, déjà brûlée, ici et là, ridée froissée, et rendu
454
érieusement nos questions ? « Si nous espérons ce
que
nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance », dit encore
455
évérante, cette action d’espérance, voilà le sens
qu’
il faut donner à l’imagination qui crée. Si l’imagination n’est pas ce
456
êve de l’indiscret, ou cette revanche sur le réel
qu’
elle figure aux yeux du romantique ; si elle est au contraire une forc
457
formation ; et c’est alors, mais alors seulement,
qu’
elle peut poursuivre sans s’égarer dans la nuit. La loi de formation :
458
’être vivant, qui se révèle au regard de l’amour.
Qu’
est-ce que l’homme de l’esprit, sinon celui qui voit l’esprit dans son
459
nt, qui se révèle au regard de l’amour. Qu’est-ce
que
l’homme de l’esprit, sinon celui qui voit l’esprit dans son action, e
460
sur le fait de la métamorphose ? Et si l’on sait
que
la vision est acte, on saura maintenant quel est celui qui peut aider
461
. L’image physionomique de l’Univers Quelle
que
soit la vénération qu’on éprouve en présence de cette forme de toutes
462
que de l’Univers Quelle que soit la vénération
qu’
on éprouve en présence de cette forme de toutes les formes que nous of
463
e en présence de cette forme de toutes les formes
que
nous offre la face de l’homme, il faut entendre qu’elle reste symboli
464
e nous offre la face de l’homme, il faut entendre
qu’
elle reste symbolique d’une certaine image du monde, dont elle ne saur
465
i précèdent, je me suis attaché à définir, plutôt
que
les principes particuliers d’une étude physiognomonique, la vision qu
466
ticuliers d’une étude physiognomonique, la vision
que
toute étude de cet ordre suppose et développe. Je voudrais maintenant
467
r dans une brève incursion à travers ces domaines
que
l’on pourrait nommer ceux du mystère manifeste. Et d’abord, comme au
468
ignifierait, pour un homme entièrement spirituel,
que
tout ce qui est réel se voit. Ce qui signifie plus modestement, pour
469
dont le péché rend le regard trouble et menteur,
qu’
il nous faut attacher nos yeux non plus sur les idées en tant que tell
470
ns usuelles, à ces catégories morales ou sociales
que
nous croyons « toutes naturelles ». Une forme peut être seulement int
471
dent des symbolistes. Je suis bien loin de croire
que
cette pensée ait épuisé sa vérité. Je la vois même promise à une proc
472
lisée avant qu’elle eût développé tous les effets
que
les acquisitions modernes nous autoriseraient plus que jamais à en at
473
es acquisitions modernes nous autoriseraient plus
que
jamais à en attendre. Erreur théologique à l’origine : Schelling pour
474
érésie romantique, qui ne tendait à rien de moins
qu’
à la glorification progressive d’une nature dont s’évanouissait la con
475
tique décisive de la doctrine de l’analogia entis
que
Karl Barth poursuit à travers toute son œuvre. Ce qui subsiste de l’O
476
. L’analyse de l’homme intérieur ou social, telle
que
l’ont inlassablement reprise tous les moralistes français, décompose
477
l’édifice du visage de l’homme. Kassner remarque
qu’
à la lecture des grands moralistes français, de Montaigne à Pascal, à
478
e, physionomiste par tempérament, ne voit partout
que
le costume, la grimace, ce qu’on nomme « l’extérieur » de l’homme, ma
479
t, ne voit partout que le costume, la grimace, ce
qu’
on nomme « l’extérieur » de l’homme, mais non pas son visage. Pour lui
480
te, ou le visage. L’expérience montre constamment
que
les hommes qui savent des anecdotes et sont toujours prêts à en racon
481
on plus dans cette fonction sociale impersonnelle
que
représente la raison. Faut-il conclure que notre esprit qu’on dit « l
482
nnelle que représente la raison. Faut-il conclure
que
notre esprit qu’on dit « latin » est incapable de s’assimiler les sec
483
ente la raison. Faut-il conclure que notre esprit
qu’
on dit « latin » est incapable de s’assimiler les secrets d’une ontolo
484
, aux plis d’un jardin… Et encore : Je sentais
que
ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calc
485
sée merveilleusement excitant. Les quelques mots
que
je souligne dans le texte de Paul Valéry ne sont-ils pas l’éblouissan
486
ysionomique de l’univers ? On pourrait m’objecter
que
le goût de la forme, apanage évident du « latin », suppose des géomét
487
ident du « latin », suppose des géométries plutôt
que
l’imagination, et par là retombe au pouvoir de la raison et de Descar
488
mirateurs de la forme et de la clarté française. (
Que
de dissociations à opérer dans nos préjugés culturels !) Il y a du dé
489
s pauvres yeux douloureux de Nietzsche, non moins
que
ceux de Goethe, surent voir en toutes choses « le charme éternel » qu
490
hommes se laissent aller parce qu’ils se figurent
qu’
il n’y a personne qui soit capable de les voir, sous leur musique) (p.
491
pt abstrait, et qui ne connaît d’autres arguments
que
les parties du corps humain, les plantes, les aigles, un tesson, des
492
une image du monde, dont l’étude du visage n’est
qu’
un particulier, à vrai dire privilégié. 24. La réaction antipsycholog
493
lcan). 26. Depuis l’impressionnisme, nous savons
que
la neige est bleue ; éducation du jugement visuel par les arts, etc.
494
’exemple suivant : l’Allemand Kemmerer a constaté
que
chez certains batraciens aveugles, qu’on expose à la lumière dans des
495
a constaté que chez certains batraciens aveugles,
qu’
on expose à la lumière dans des conditions particulières, se développe
496
nt lentement des yeux qui n’existaient auparavant
qu’
à l’état de germes sous-cutanés. (Travaux publiés dans les Archiv für
497
orsque l’un d’eux regarde l’autre réellement, tel
qu’
il est dans le mouvement de sa forme en devenir, que d’une manière étr
498
’il est dans le mouvement de sa forme en devenir,
que
d’une manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, e
499
. Il est d’ailleurs d’autant moins « terrifiant »
qu’
on y est plus réellement engagé. 32. Das physiognomische Weltbild (D
500
s commentaires rigoureux. Bornons-nous à signaler
que
notre ouvrage contient une théorie de la forme (considérée comme surf
501
ges l’emportent, jusqu’ici, sur les inconvénients
que
l’on pouvait craindre. Esprit est surtout une enquête. L’Ordre nou
502
uestion de séparer ces deux temps de l’action, et
qu’
on n’aille pas croire que L’ON n’a pas établi ses constructions sur
503
ux temps de l’action, et qu’on n’aille pas croire
que
L’ON n’a pas établi ses constructions sur une enquête permanente, l
504
sur une enquête permanente, large et précise, ou
qu’
Esprit n’ambitionne pas d’aboutir à des constructions. Il n’en reste
505
utir à des constructions. Il n’en reste pas moins
que
les années d’avance qu’a prises L’ON lui permettent de passer, dès
506
. Il n’en reste pas moins que les années d’avance
qu’
a prises L’ON lui permettent de passer, dès à présent, à des tentati
507
sation dont Esprit n’a voulu donner, jusqu’ici,
que
les fondements moraux ou religieux, et certaines amorces juridiques.
508
littéraire ou d’analyses des « actualités ». Non
que
cela nous paraisse le moins du monde nuisible au mouvement, mais nous
509
enir. Il est bon, et sans aucun doute nécessaire,
que
d’autres s’occupent d’élargir la brèche, d’y appeler du monde et, com
510
lacé pour le dire — rien qui traduise autre chose
qu’
une raisonnable division du travail. Les craintes éveillées chez beauc
511
nt des vœux, d’ailleurs humainement sympathiques,
qu’
on construira l’ordre personnaliste. Nous souhaitons le succès d’ Espr
512
mune. Si vous aviez lu ce livre vous sauriez : 1°
que
je combats violemment la politique de l’Église (chap. 7) ; 2° que je
513
iolemment la politique de l’Église (chap. 7) ; 2°
que
je suis protestant. (Pour vos « curés ».) Vous mentez donc et assez b
514
personne sur mon compte et ridiculiserez la cause
que
vous croyez défendre. D’accord avec les Izvestia et votre ambassadeur
515
et un Front dit « populaire ». Nous demandons ce
que
peut bien signifier l’opposition du peuple et de la nation ? Par quel
516
ejoignent très bien par-delà les massacres de rue
qu’
ils nous préparent, — par-dessus la tête de leurs troupes. Nous nous b
517
ttrons le jour où le peuple français aura compris
que
l’adversaire unique est le capitalisme centralisateur, anonyme aujour
518
norent encore, c’est en vertu d’une double erreur
que
l’Ordre nouveau seul a dénoncé depuis longtemps : Erreur sur la tact
519
du « plan d’action » sur la doctrine, on est sûr
que
cette gauche et cette droite travaillent en fait pour le désordre, et
520
e droite travaillent en fait pour le désordre, et
que
les seuls bénéficiaires de luttes civiles aussi mal orientées seront
521
s « nationaux » contre les « populaires » ne fait
que
prolonger dans la rue l’opposition stérile et périmée de la droite et
522
ous l’avons dit. Quand les droites auront compris
que
la Banque de France est contre la patrie, quand les gauches auront co
523
ontre la patrie, quand les gauches auront compris
que
la peur de Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure de l’Ordre
524
st-il bien nécessaire à ce beau livre33. Je crois
que
Montherlant se fait du tort chaque fois qu’il entreprend de s’expliqu
525
demande beaucoup plus : ces romans ou ces pièces
qu’
il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense de sa cond
526
omans ou ces pièces qu’il tient dans ses tiroirs.
Qu’
il se moque de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le
527
u’il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce
qu’
on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise, c’est moins bi
528
de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ;
qu’
il le dise, c’est moins bien. Quoi qu’il en soit, retenons de cette pr
529
e du frivole, la vie devient immensément large. »
Que
trouvons-nous dans ce volume ? Des pages sur l’Espagne, d’autres sur
530
ur l’Algérie, échantillons de cette Rose de sable
qu’
un scrupule patriotique retient l’auteur de publier et qui sent le che
531
ns-le, de courage, car il en faut pour ne montrer
que
du bon sens en ces matières. Deux morceaux dans le goût classique le
532
sans ont l’air de haïr davantage la cause adverse
qu’
ils n’aiment la leur.) Quelle est l’attitude pratique que Montherlant
533
n’aiment la leur.) Quelle est l’attitude pratique
que
Montherlant a cru bon d’adopter ? C’est celle du clerc — il dirait :
534
uvre, estimant s’acquitter de la sorte de tout ce
qu’
il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’une prise de position
535
la patrie, ou même des Éthiopiens. Notons d’abord
qu’
une pareille attitude a le mérite de ne point sacrifier à l’excitation
536
ès haut mérite. Exemple nécessaire. J’approuve ce
que
dit Montherlant sur l’inutilité de tout service — à condition que le
537
ant sur l’inutilité de tout service — à condition
que
le sentiment poignant de cette vanité finale n’empêche pas de servir
538
e n’empêche pas de servir quand il faut. C’est ce
que
j’appelle du pessimisme actif. Et c’est la devise du Taciturne : « Po
539
ore faut-il entreprendre. D’abord servir, sachant
que
c’est inutile ; ensuite persévérer, malgré les résultats. Mais je cra
540
nu de cette œuvre, ou l’objectif de cette action,
qu’
il importe avant tout de connaître. Et non pas seulement que l’auteur
541
rte avant tout de connaître. Et non pas seulement
que
l’auteur a su se mettre en condition de faire son œuvre, et de ne ser
542
en condition de faire son œuvre, et de ne servir
qu’
à bon escient. À quoi Montherlant répondrait qu’il n’écrit pas pour dé
543
r qu’à bon escient. À quoi Montherlant répondrait
qu’
il n’écrit pas pour défendre ceci ou cela, mais parce qu’il a envie d’
544
qu’il a envie d’écrire. (On le lui pardonne mieux
qu’
à d’autres). « Les œuvres des écrivains ont été faites par le besoin o
545
écrivains ont été faites par le besoin organique
qu’
ont les écrivains de s’exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne de c
546
vain digne de ce nom doit, dans son art, ne faire
que
ce qui lui est agréable. Ce qu’il ferait dans d’autres conditions ser
547
son art, ne faire que ce qui lui est agréable. Ce
qu’
il ferait dans d’autres conditions serait mal fait. » Est-ce que ce be
548
ans d’autres conditions serait mal fait. » Est-ce
que
ce beau mot d’agréable ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait q
549
able ne prête pas ici à confusion ? L’on croirait
qu’
il s’agit simplement de ce qui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivai
550
oit de déconcerter, c’est pour mieux souligner ce
qu’
il apporte ; et c’est sur cela seul qu’on le jugera. Je veux savoir po
551
uligner ce qu’il apporte ; et c’est sur cela seul
qu’
on le jugera. Je veux savoir pourquoi un écrivain écrit : tous les plu
552
lus grands ont été les moins libres de n’en faire
qu’
à leur agrément. En bref, on peut reprocher à Montherlant de parler de
553
le régime !) et de qualifier d’inutile un service
qu’
il faudrait d’abord rendre. Je force un peu mon objection pour être cl
554
u mon objection pour être clair. Je n’entends pas
que
ce recueil n’apporte rien de positif, comme on dit. Il apporte d’abor
555
éloge du bonheur qui scandalisera beaucoup moins
que
ne paraît le craindre Montherlant. « Pourquoi n’y a-t-il pas une Écol
556
nheur ? au lieu des écoles de latin et de droit :
qu’
on y apprenne le régime de son âme. » Cela n’est pas de Montherlant, m
557
e de Ligne, on pourrait s’y tromper. Montherlant,
qu’
on a qualifié d’homme de la Renaissance, ne serait-il pas tout aussi b
558
citer vingt endroits des Mélanges sentimentaires
qu’
on prendrait pour du bon Montherlant. En voici un qui résume fort bien
559
de saisir avidement et de me dessaisir de tout ce
que
la jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait qu’il ne me coûte
560
jouissance me promet d’être heureux, ce qui fait
qu’
il ne me coûte pas d’en être aussitôt privé ». Et par contre ceci, que
561
s d’en être aussitôt privé ». Et par contre ceci,
que
je lis dans Service inutile, n’est-ce pas l’écho de la virile légèret
562
se faire un peu voler par un serviteur agréable,
que
tous les deux ont pris soin d’avouer ! Certes, il y a toutes les diff
563
d’avouer ! Certes, il y a toutes les différences
que
l’on voudra, mais pas si fortes qu’elles ne nous permettent de prendr
564
s différences que l’on voudra, mais pas si fortes
qu’
elles ne nous permettent de prendre une vue plus juste de ce qui est p
565
à Montherlant. Il est bien moins curieux d’autrui
que
Ligne — ce voyageur traqué par sa passion mondaine — il est plus grav
566
amusant. Et je leur vois, devant certains échecs
qu’
un peu de soin ou de calcul médiocre eût évités, une même façon de dir
567
belle allure. À quoi l’on voudrait bien pourtant
que
ne se réduisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’une de ses ten
568
se réduisît point l’héroïsme français : ce n’est
qu’
une de ses tentations. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemont Denis d