1 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
1 rien. La morte ou la nue Quand tes yeux se confondent et que tes bras autour de moi aux limites du monde n
2 plaisir un seul ange tombé et celui qui roulait se consoler sur des risques — aussi refusés Tout se détourne en l’am
3 consoler sur des risques — aussi refusés Tout se détourne en l’amour décrié du seul instant où tu l’aurais aimé Et
4 l’éclair noyé dans ses yeux détournés ! — tout se refuse au tourment bien-aimé… a. Rougemont Denis de, «  Mouvemen
2 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
5 es-vous pas révolutionnaire ? M. Durand-Dupont ne s’ est pas fait prier pour nous répondre. Il est curieux de tout ce que f
6 ’adversaire. Si au contraire il dure, c’est qu’il s’ est défendu par des moyens qui trahissent ses principes. (M. Chiappe.)
7 iolence, commence par le déclarer insoluble, puis se résout à laisser faire à d’autres, et par d’autres, ce qu’il ne voudr
8 voudrait pas faire, ni subir. C’est-à-dire qu’il se décide pour la police contre la révolution. Non-violence, tel est le
9 xte typique, grossier et courant, derrière lequel se réfugie la lâcheté bourgeoise. M. Durand-Dupont voudrait bien que nou
10 de violence, et tous les bourgeois pacifiques qui se préludent contre nous de leur « humanité », sont en réalité les compl
11 ine, l’ordre règne à Varsovie, et en France on ne se tue plus que par amour. (Mais à Moscou, les petits Russes naissent av
12 encore par son abstraction. Il importe qu’elle ne s’ avoue jamais, qu’elle invoque toujours un prétexte élevé : maintenir l
13 t acquérir l’opinion, en Amérique par exemple. On se demande par quel sophisme un régime d’opinion put jamais être confond
14 nce d’assez de mensonges pour que le bourgeois ne se rende plus compte de sa responsabilité, de sa complicité active, et d
15 hommes », écrit Rimbaud. Mais le bourgeois qui ne s’ en doute guère confond la violence avec la brutalité physique imbécile
16 e réel, c’est le fait que celui qui donne un coup se met à portée d’une riposte. Ils préfèrent couvrir de fleurs les lombe
3 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
17 rop facile à ne pas prendre place à nos côtés. Il s’ agit de ce que nous baptiserons le petit-purisme. Définition des « p
18 is à tout effort créateur ; petits purs, ceux qui se prévalent d’un mot d’ordre contre ceux qui font l’ordre nouveau ; pet
19 s bourgeois de la Révolution. Puis du fait qu’ils se disent révolutionnaires, ces bons petits intellectuels deviennent un
20 défense meurtrière d’une position toute théorique se révélant pour l’instant malaisée, ils utilisent leurs loisirs à s’acc
21 l’instant malaisée, ils utilisent leurs loisirs à s’ accuser réciproquement d’être de la police, ou bien à décréter sans ri
22 eur conformisme et leur touchante orthodoxie. Ils se soumettent éperdument à toutes les directives même si comme on le vit
23 s même si comme on le vit naguère, ces directives s’ accompagnent d’un coup de pied au derrière. Drôles de révolutionnaires
24 uissance. Victimes de la pensée bourgeoise qu’ils s’ épuisèrent à combattre sachant qu’ils ne pourraient que périr avec ell
25 mal compris, ils ne bougent plus le petit doigt, s’ arrêtent de penser et attendent l’avènement « dialectique », de l’inév
26 s bien ratissées. La violence joyeuse du créateur s’ inquiète peu d’une discipline théorique ; elle trouve ses disciplines
27 dans la personne même, en tant que cette personne s’ oppose à toutes les abstractions systématiques, qu’elles soient import
28 utile. Petits purs, petits purs, faut-il rire ou se fâcher ? Ceux qui se demandent si je suis bien « dans la ligne », ceu
29 petits purs, faut-il rire ou se fâcher ? Ceux qui se demandent si je suis bien « dans la ligne », ceux qui se demandent si
30 ndent si je suis bien « dans la ligne », ceux qui se demandent si je « remplis les conditions nécessaires » ; tous les sui
4 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
31 upture dans mes conclusions. NRF p. 838). Bref, s’ il y eut, à votre sens, « manœuvre » elle fut, comme vous le dites, « 
32 qu’un esprit tel que le vôtre pût un seul instant s’ y tromper : c’est en pleine connaissance de cause que vous avez collab
5 1933, Articles divers (1932-1935). « La jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)
33 eunesse. C’est pourquoi le problème de son destin se confond avec le problème de notre génération. La sécurité ne sera jam
34 -elle ? On put le croire vers 1925. C’était, l’on s’ en souvient, le temps de l’inquiétude. Le désordre des choses s’imposa
35 le temps de l’inquiétude. Le désordre des choses s’ imposait aux esprits, ils s’appliquaient à le refléter dans leurs œuvr
36 e désordre des choses s’imposait aux esprits, ils s’ appliquaient à le refléter dans leurs œuvres ; un peu plus de violence
37 ût été le premier pas vers le salut. Mais les uns se perdirent en eux-mêmes, les autres dans on ne sait quelles brigues in
38 notre révolution est ailleurs. Il est précis. Il se pose en termes historiques bien définis : c’est le problème de la des
39 l’humain contre tout ce que l’homme invente pour se mettre à l’abri du risque normal et nécessaire de l’existence, contre
40 de l’existence, contre toutes les tyrannies qu’il s’ impose en vertu du sadisme de la lâcheté. Telles sont les bases de l’O
41 s prêts à combattre. Et c’est à lui que désormais s’ adresseront ceux qui veulent s’adresser à la jeunesse d’un pays. Ils t
42 lui que désormais s’adresseront ceux qui veulent s’ adresser à la jeunesse d’un pays. Ils trouveront enfin à qui parler. L
6 1933, Articles divers (1932-1935). Positions d’attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)
43 tuer ces racines et surtout empêcher qu’elles ne se reforment. La nécessité d’un travail doctrinal radical nous apparaît
44 méritent un commentaire. Notre volonté totaliste s’ exprime ainsi : nous suspendons toutes nos constructions à un fait hum
45 étendent, chacun à leur manière, le résoudre. Ils se disputent sur la manière. Mais leur dispute se passe sur un plan où e
46 ls se disputent sur la manière. Mais leur dispute se passe sur un plan où elle est par définition sans issue : le plan mat
47 e démocratique. Et l’erreur initiale, doctrinale, se retrouve à tous les étages du système. C’est à cause d’elle qu’il s’é
48 les étages du système. C’est à cause d’elle qu’il s’ écroulera. Il suffira sans doute d’indiquer ici notre opposition au pa
49 de l’industrie. Le processus concret dans lequel s’ insère aujourd’hui le personnalisme, c’est la lutte contre l’étatisme
50 ’est la lutte contre l’étatisme moderne tel qu’il s’ est constitué depuis Marx, phénomène beaucoup plus concret, plus unive
51 tif, politique, financier et policier où viennent se congestionner les énergies du pays. Ce que nous voulons, c’est rétabl
52 me issu directement des personnes et qui pourrait se concrétiser dans un organe central, d’autorité purement doctrinale et
53 l indifférencié et parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatisme ou syndicalisme — pôle décentra
54 fois sur notre attitude révolutionnaire. Certains s’ étonneront peut-être de la voir si peu romantique. C’est qu’il sévit a
55 e renoncement aux privilèges. Mais à leurs côtés, se dressent des gens qui, eux, ne comptent renoncer à rien, s’emparent d
56 t des gens qui, eux, ne comptent renoncer à rien, s’ emparent des privilèges abandonnés, sabotent la révolution et font la
57 , mais particulières. Alors seulement, au lieu de s’ entrechoquer, elles devront se compléter. 5. Lénine : Que faire ? h.
58 ulement, au lieu de s’entrechoquer, elles devront se compléter. 5. Lénine : Que faire ? h. Rougemont Denis de, « Positi
7 1933, Articles divers (1932-1935). Jeune Europe (4 décembre 1933)
59 e M. Guglielmo Ferrero, le premier, l’a baptisée, s’ exprime aujourd’hui dans les régimes fascistes ou soviétiques. C’est e
60 ion de la jeune génération », la France jusqu’ici s’ était bornée à les traduire et à les critiquer avec un scepticisme plu
61 t à la génération qui atteint la trentaine et qui s’ exprime dans des revues comme L’Ordre nouveau ou Esprit . Ils ont v
62 abord mais aussi de critique constructive, et ils s’ expliquent très franchement là-dessus, dans une préface vigoureuse. Qu
63 omme des moyens ». Et c’est ainsi que la jeunesse s’ est trouvée embrigadée, avec tout son élan, avec toute sa passion réno
64 son enthousiasme aux tâches de reconstruction qui s’ imposent. La popularité du plan quinquennal par exemple, l’ardeur qui
65 , le jour peut-être prochain où ces jeunes hommes s’ apercevront que les régimes qu’ils servent, loin d’avoir créé un ordre
66 ormisme n’est pas celui des jeunes bourgeois, qui s’ accommode fort bien d’une « rouspétance », devenue traditionnelle, con
67 xandre Marc n’ont pas écrit un livre de doctrine. S’ adressant au grand public avec autant de précision que pouvait en perm
8 1934, Articles divers (1932-1935). Carl Koch, Søren Kierkegaard (1934)
68 désirer de plus utile. Expliquons-nous. Carl Koch s’ est inspiré surtout des Stades sur le chemin de la vie, c’est-à-dire d
69 ue. J’ai peut-être tort de penser qu’on aurait pu s’ y prendre autrement. Après tout, il ne faut pas souhaiter à Kierkegaar
70 de plus urgent pour nous que d’aller voir ce qui se passe dans l’œuvre du Danois prophétique, ressuscité par l’angoisse m
71 blement Kierkegaard. C’est de toi, lecteur, qu’il s’ agit, et non pas d’un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui n’
72 ose au dernier chapitre. Prenons garde de laisser s’ instituer ici un nouveau malentendu, d’autant plus grave qu’il portera
73 e que Koch ne veut le croire. C’est en vain qu’il s’ efforce tardivement d’en limiter la portée. La thèse extrême8 de Kierk
74 ste pour elle un paradoxe étrange et effrayant », s’ écrie Carl Koch, visiblement scandalisé. Mais où est le critère, et qu
75 fusion que de baptiser ascétisme une attitude qui se fonde dans la foi. (Schopenhauer n’est pas un argument. Ou alors Freu
76 n la raison mais la révélation, non la pensée qui s’ arrête à l’utile mais celle-là seule qui mène au terme extrême : car «
77 toute sa force intellectuelle et toute son œuvre… S’ il ne meurt pas, dit-il, il devra poursuivre sa lutte religieuse, mais
78 l devra poursuivre sa lutte religieuse, mais elle s’ en trouvera affaiblie ; au contraire, sa mort lui assurera une force n
9 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
79 ents d’une suite à cet ouvrage capital, suite qui s’ intitulera Dictature de la liberté, et que Robert Aron va mener à son
80 lection. Mais voilà qui est plus important : elle se révèle immédiatement réalisable. Les travaux d’un groupe d’ingénieurs
81 ns leur cœur la volonté d’être hommes, et sachent s’ emparer des puissances libératrices qu’on leur propose ; et c’est ce q
82 on savait au moins, même en les adorant, qu’elles se nourrissent du sang de l’homme. On pourrait montrer facilement, à pro
83 du risque et de l’engagement personnel, quitte à se lamenter sur le monde tel qu’il va, — il faudrait dire : tel qu’on le
84 e ce mépris, toutefois, ne tourne en habitude, ne se fige en une convention faussement « réaliste » qui trompe sur la véri
85 point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’ opposer. À force de considérer d’une part qu’il n’est d’autre révoluti
86 sement nécessaire. L’esprit, comme la révolution, s’ exprime par la violence : ce n’est pas une faculté d’usage interne, qu
87 igine même du désordre actuellement établi, qu’il se dénomme ordre bourgeois ou dictature. Ce processus peut apparaître as
88 sienne ou hégélienne, la dialectique sur laquelle se fondent ces révolutions avortées ne peut rendre compte que des donnée
89 ut abstrait de l’étatisme, au lieu de les laisser se développer jusqu’à provoquer le changement de plan, qui seul constitu
90 es faits matériels, cet antagonisme radical vient s’ incarner dans notre génération. Saura-t-elle le pousser jusqu’à ses co
91 fins créateurs, — ou va-t-elle, une fois de plus, s’ endormir dans le rêve d’un « troisième terme » dont nous connaissons d
92 véritable. Cela ne signifie point que sa violence se dégrade nécessairement en aventures militaires ou en émeutes sanglant
93 naturellement que « la personnalité concrète peut se réaliser dans n’importe quelles conditions données… et peut faire bon
94 rchique, qui permet justement le fascisme, et qui s’ accommode à merveille d’un régime dictatorial ? La doctrine de l’Ordre
95 sa peau pour la sauver : on ne comprend pas qu’il s’ arrache la peau dans l’espoir qu’une meilleure lui pousse. » Fernandez
96 ’a jamais risqué sa peau pour des intérêts. On ne se bat et on ne meurt que pour des « folies » qualifiées. Celle que l’Or
97 fondements de la théorie économique de Marx — en s’ appuyant sur une documentation dont la formule même est une trouvaille
98 11. Et au groupe de l’Ordre nouveau, le seul qui se soit exprimé sur ce point avec netteté (Cf. le numéro 3 de sa revue).
10 1934, Articles divers (1932-1935). Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)
99 une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’ y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est tou
100 l’ange fait la bête. »16 Qu’est l’homme ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comme perdu, et par cet
101 ain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce
102 lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu’il se sait perdu. Je dis que seul ce paradoxe le fait humain : car si l’hom
103 ce paradoxe le fait humain : car si l’homme peut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ; mais êtr
104 Dans ce paradoxe essentiel, et non ailleurs, peut se fonder une politique qui mérite le nom de chrétienne. Je la vois cara
105 solutions toutes faites. Voici le malentendu qui s’ institue partout entre la politique et notre foi : la politique s’occu
106 ut entre la politique et notre foi : la politique s’ occupe des moyens, et néglige bientôt les fins, ou prend les moyens po
107 les moyens. Ou encore : pour le politique pur, il s’ agit toujours d’un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croya
108 i ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’ agit, d’abord, que d’un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritable
109 ue l’ordre est véritablement reçu, et accepté, il s’ agit de l’exécuter. L’ordre reçu par le chrétien est dans l’instant, h
110 ire, dans la durée. Mais il faut que l’ordre reçu s’ insère aussitôt dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’il doit
111 itôt dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’ il doit rester subordonné à l’origine et à la fin, en est cependant in
112 renne position en présence des partis politiques. S’ il rejette les partis pris, c’est qu’il doit sans cesse, à nouveau, pr
113 mer — seulement, il sait que cette transformation s’ appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’homme moyen. Contre le
114 jamais un succès politique ne pourra, pour nous, se confondre avec un progrès de salut. Principe d’une politique du pessi
115 vité. » Cela ne signifie pas que le croyant doive s’ isoler de la communauté, mais bien que la communauté doit toujours êtr
116 réelle et humainement bienfaisante est celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’homme à Dieu, d’où découle la rel
117 s tranchées, et par là les plus instructives, qui se soient manifestées jusqu’ici dans la jeunesse protestante. À droite,
118 groupe les protestants monarchistes, et celle qui se manifeste dans le bulletin de La Cause, nettement nationaliste. L’Ass
119 êver ? Que faire alors, dans l’état de choses qui s’ offre à nous ? De l’action « sociale » ? C’est dans ce sens que conclu
120 le que je posais à l’Association Sully. Peut-on «  se borner au pratique » ? Et toute activité auprès des ouvriers ne pose-
121 des tentatives sociales ou politiques que je vois s’ esquisser parmi nous me paraissent pécher par une vision insuffisante
122 m’empresse d’ajouter que les objecteurs chrétiens se sont gardés jusqu’ici de toute espèce de propagande, et ne tombent nu
123  », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Elles se dressent ainsi contre le préjugé le plus nocif de la mentalité politi
124 déjà d’innombrables adhésions, si seulement elles s’ étaient données pour des doctrines de droite, ou de gauche. Mais c’est
125 tits penseurs qui travaillent pour le fascisme », s’ écrient les communistes à propos de l’Ordre nouveau, cependant que la
126 éférons encore les marxistes ! » Esprit, de même, se voit qualifié de fasciste par les gauches, et de bolchévique par les
127 non marxiste et anticapitaliste, qui depuis lors s’ est précisée et développée. Les deux groupes de tête de cette révoluti
128 ralité publique et d’un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la pensée ; refus du nationalisme
129 semble de l’organisation économique, et de ne pas se contenter de réformes partielles ; affirmation enfin d’un nouvel espr
130 ensemble de poser les questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes périmées et des polémiques malhonnêtes, Es
131 prit et l’Ordre nouveau affirment la nécessité de s’ attaquer au problème de l’homme même dans la civilisation mécanique. A
132 ogique du terme : c’est aux racines du mal qu’ils s’ attaquent. D’où leur force d’entraînement lente et profonde, dont les
133 d’entraînement lente et profonde, dont les effets se manifesteront de plus en plus visiblement à mesure que le développeme
134 Il faut encore partir, — sinon le point de départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stérile des cle
135 urgeois. C’est ici la question de la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à construire. Et c’est
136 s de l’ordre ancien. Une doctrine rigoureuse, qui s’ exprime directement dans une tactique souple, dont la mise en œuvre in
137 cette notion d’acte pris comme point de départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir et des valeurs, et sa critique du tra
138 aleurs, et sa critique du travail. Cette critique se développe en une doctrine économique, dont on trouvera la première sy
139 lentendus. On a cru, ou feint de croire, qu’il ne s’ agissait là que d’un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent con
140 rouvons cette affirmation dans la revue Esprit . S’ agit-il là, encore, du spirituel comme acte ? Certes, Emmanuel Mounier
141 e à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à peu près journalistiques, de
142 nt pour la plupart catholiques21. L’Ordre nouveau se défend d’aborder aucune question confessionnelle. Il n’en reste pas m
143 le fondement spirituel commun à ces deux groupes se confond presque intégralement avec celui qu’un chrétien protestant pe
144 nomistes. Mais déjà toute une équipe d’ingénieurs s’ est attachée à chiffrer et à définir dans le détail l’application du s
11 1934, Articles divers (1932-1935). Jeunesse déracinée (novembre 1934)
145 Jeunesse déracinée (novembre 1934)p On s’ étonne de la facilité avec laquelle les jeunes bourgeois de ce temps s
146 té avec laquelle les jeunes bourgeois de ce temps se déclarent révolutionnaires. On les accuse d’impatiences suspectes, de
147 ère plus reluisantes : ils n’ont plus le temps de se cultiver, ils ne trouvent pas de situations… Arguments justes peut-êt
148 on d’être vidé, d’être dominé par un milieu qu’on se prend à mépriser parce qu’il vous tient. Neurasthénie. Il y a aussi c
149 . Neurasthénie. Il y a aussi ces comparaisons qui s’ imposent à chaque pas entre les conditions sociales que l’on sait n’êt
150 ion de la morale et de l’argent que les bourgeois s’ obstinent à nommer l’ordre social. Visage de l’État, Raison d’État, se
151 age tellement abstrait qu’on n’arrive plus même à s’ y aimer : Colette a décrit cela dans la Chatte. On connaît ces faits.
152 déracinée cherche une nouvelle communauté. Or, on s’ unit toujours pour ou contre quelque chose. Des gens qui souffrent et
153 eur opposition à l’ordre qui les moleste. Mais il s’ agit ici de gens habitués à conduire leurs affaires. Ils ne se content
154 e gens habitués à conduire leurs affaires. Ils ne se contenteront pas de dire un non désespéré. Ils chercheront un nouvel
155 humain d’ailleurs, du terme ? L’homme des villes se jettera donc dans l’aventure « nationale » révolutionnaire, tandis qu
156 qui comportent chacune leur vérité, ne viennent à s’ opposer d’une façon meurtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque jou
157 rtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque jour, se fait plus menaçant ? On a dit : retour à la terre. Le mot d’ordre est
158 l’échec des « Wandervogel » est significatif. Ils se disaient les « oiseaux migrateurs ». Ce nom même indiquait leur origi
159 ant c’est dans les campagnes seulement que pourra se résoudre l’angoissant problème des cités. Mais il faudrait d’abord tr
12 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
160 le temps même qu’elle les distingue. Car si l’œil se conforme à ce qu’il voit, il sait aussi qu’il voit, et mesure la dist
161 lieu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ ils s’opposent ou s’ils s’appuient l’un contre l’autre. Elle est drame
162 e contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils s’ opposent ou s’ils s’appuient l’un contre l’autre. Elle est drame, elle
163 extrêmes dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou s’ ils s’appuient l’un contre l’autre. Elle est drame, elle est événement
164 es dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou s’ils s’ appuient l’un contre l’autre. Elle est drame, elle est événement. Elle
165 ue ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-elle qui ne se manifeste ». C’est pourquoi dans le monde de la vision, il n’y a ni m
166 ision, il n’y a ni mensonge ni feintes ; rien qui se cache ou rien qui s’exagère, par où j’entends : rien de « moral » — o
167 nsonge ni feintes ; rien qui se cache ou rien qui s’ exagère, par où j’entends : rien de « moral » — ou d’immoral. Et l’ill
168 moral » — ou d’immoral. Et l’illusion lorsqu’elle se risque à subsister dans la lumière est prise impitoyablement pour ce
169 es ? Si la vision voit le visage, et de la sorte, s’ en distingue, rappelons-nous qu’elle a son siège au centre même du vis
170 eille métaphysique et la nouvelle physiologie, on se demande parfois comment le Psychologue a bien pu se tailler son domai
171 demande parfois comment le Psychologue a bien pu se tailler son domaine. La propriété, c’est le vol, disait Proudhon, au
172 s premiers psychologues ! Mais aux dépens de quoi s’ installaient-ils ? Entre l’aspect spirituel et l’aspect matériel de l’
173 a physionomie23. Je crois bien que le psychologue s’ est introduit dans la vision, s’est installé à la place du drame, avec
174 ue le psychologue s’est introduit dans la vision, s’ est installé à la place du drame, avec l’étrange prétention d’arbitrer
175 ntagonistes : de leur permettre, pensait-il, de «  s’ expliquer », mais comme on fait devant un tribunal, — et ce n’était pa
176 jourd’hui qu’ils relèvent la tête, le psychologue se voit en mauvaise posture : car les uns le méprisent, et les autres —
177 e mangent. Il sera donc mangé, et le drame pourra se poursuivre24. Ceci soit dit pour situer certains résultats provisoire
178 jugement distinctif. Mais, alors, deux questions se posent : d’où vient l’œil ? À quoi tend le jugement ? Et voilà notre
179 es honneurs qu’il avait empruntés, le psychologue se voit restitué dans son rôle de simple observateur. Étant donnée sa po
180 stice. Que nous apprend l’observation lorsqu’elle se porte sur l’acte même de la vision ? Selon que l’homme qui regarde pa
181 différents. Supposons qu’il contemple un paysage. S’ il est un grand poète, il y verra des mythes, et s’il est un littérate
182 ’il est un grand poète, il y verra des mythes, et s’ il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra qu
183 exemple d’Amiel, il n’y verra qu’un état d’âme ; s’ il est un général, il ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’il est un
184 n général, il ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’ il est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’il fuit la société
185 ’il est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’ il fuit la société de ses semblables, il verra des retraites solitaire
186 semblables, il verra des retraites solitaires, et s’ il la cherche, un désert qu’il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme doi
187 je te dirai qui tu deviens. Car celui qui regarde se transforme. On a beaucoup écrit sur la fameuse opposition de la conte
188 n, est dominée par la vision ; il semble que tout s’ y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumière. « Autrefois vou
189 tel qu’il est. » (I. Jean 3.2) « L’homme nouveau se renouvelle dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé.
190 question de notre psychologue — sinon celle qu’il se pose, du moins celle qu’il se trouve nous poser — sur le sens dernier
191 uvement. On ne peut voir ainsi que les choses qui se meuvent, ou qui sont mues, — en un mot : ce qui change. « Car les cho
192 substance que la lumière vient toucher, aussitôt se meut et se forme, et de même qu’elle a été « connue » par la lumière,
193 que la lumière vient toucher, aussitôt se meut et se forme, et de même qu’elle a été « connue » par la lumière, de même el
194 vers la lumière — ou pour la fuir — par quoi tout se révèle et se manifeste à la vue, — ou bien dans le néant comme se per
195 re — ou pour la fuir — par quoi tout se révèle et se manifeste à la vue, — ou bien dans le néant comme se perdent les astr
196 manifeste à la vue, — ou bien dans le néant comme se perdent les astres morts. Donc, tout ce que nous voyons a vu ; et tou
197 mière créatrice. « L’œil ne verrait pas le soleil s’ il n’était de nature solaire », dit Goethe. Une telle parole devance n
198 trer sous la forme, plutôt que de la voir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou cette « profondeur » o
199 utrement que la théologie des scolastiques ait pu s’ attarder à débattre des questions aussi vaines que celle qui mit aux p
200 e second qu’elle réside in amore ? N’était-ce pas se tromper à la fois sur la nature de l’amour et sur celle de la vision 
201 mour et sur celle de la vision ? Voir Dieu, c’est se transformer au sens le plus violent et le plus impossible d’ailleurs 
202 lui. Mais alors, c’est aussi être aimé, et c’est se rendre à la transformation de la vision : c’est donc aimer. Et nulle
203 ue, je vous ai aimée : car personne ne vous aime, s’ il ne commence par vous voir, et personne ne vous voit, si ce n’est ce
204 ée, et rendue émouvante par toutes ces marques où se lit notre histoire… Cependant le regard qui se risque à déchiffrer le
205 où se lit notre histoire… Cependant le regard qui se risque à déchiffrer le fascinant spectacle de cette œuvre mordue par
206 ais alors seulement, qu’elle peut poursuivre sans s’ égarer dans la nuit. La loi de formation : le mode singulier de la per
207 n de la parole, la finalité de l’être vivant, qui se révèle au regard de l’amour. Qu’est-ce que l’homme de l’esprit, sinon
208 image physionomique de l’univers. Imaginer, c’est se placer dans la perspective même de toute genèse spirituelle, dans l’a
209 e entièrement spirituel, que tout ce qui est réel se voit. Ce qui signifie plus modestement, pour nous tous, hommes dont l
210 espondances chez Baudelaire et chez Rimbaud, pour se perdre dans l’esthétisme décadent des symbolistes. Je suis bien loin
211 alité de la Parole. C’était sortir du drame, pour se perdre dans une fièvre nostalgique. Schleiermacher est l’expression g
212 ’à la glorification progressive d’une nature dont s’ évanouissait la condition essentiellement dramatique. Mais je ne puis
213 d, à Chamfort, on ne rencontre pas une phrase qui se rapporte à l’expression ou au visage. Même La Bruyère, physionomiste
214 notre esprit qu’on dit « latin » est incapable de s’ assimiler les secrets d’une ontologie de la forme ? Ce serait oublier
215 ges, des anatomies, des machines. Il sait de quoi se fait un sourire ; il peut le mettre sur la face d’une maison, aux pli
216 deviner le labyrinthe (car en musique les hommes se laissent aller parce qu’ils se figurent qu’il n’y a personne qui soit
217 musique les hommes se laissent aller parce qu’ils se figurent qu’il n’y a personne qui soit capable de les voir, sous leur
218 es yeux le constructeur, je vois comme son regard se repose sur tout ce qui, près et loin, est construit autour de lui, et
219 rivilégié. 24. La réaction antipsychologique qui se dessine un peu partout ne saurait faire fi des résultats d’observatio
220 e à la lumière dans des conditions particulières, se développent lentement des yeux qui n’existaient auparavant qu’à l’éta
221 a fameuse formule : « la fonction crée l’organe » se traduirait ici par « la lumière crée l’œil ». Je donne cet exemple po
222 uvement, évènement, risque, tension. Un tel drame se passe fort bien d’appréciations sentimentales. Il est d’ailleurs d’au
13 1935, Articles divers (1932-1935). Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)
223 utôt autre aspect de cette même différence : l’ON s’ interdit, dans sa revue, toute espèce de polémique, de réponses à ses
224 bon, et sans aucun doute nécessaire, que d’autres s’ occupent d’élargir la brèche, d’y appeler du monde et, comme le dit so
225 si l’on veut, l’action en cours. Et c’est à quoi s’ emploient les 180 pages mensuelles d’ Esprit . Rien dans tout cela qui
226 s ces pages. Certes, le fascisme et le stalinisme se sont faits à coups de simplifications brutales et abstraites, nous le
227 is un succès constructif, révolutionnaire, et qui se confondra nécessairement avec l’instauration de l’Ordre nouveau dans
14 1935, Articles divers (1932-1935). Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)
228 il préciser contre qui ? Leurs intérêts pratiques se rejoignent très bien par-delà les massacres de rue qu’ils nous prépar
229 e et de la gauche parlementaires. Seulement, cela se complique cette fois de matraques et de mitrailleuses. Au lieu de tom
230 es. Au lieu de tomber un ministère quelconque, on s’ apprête à descendre des centaines de Français. Au bénéfice de qui, nou
15 1935, Articles divers (1932-1935). Montherlant : Service inutile (15 novembre 1935)
231 saire à ce beau livre33. Je crois que Montherlant se fait du tort chaque fois qu’il entreprend de s’expliquer : on ne lui
232 t se fait du tort chaque fois qu’il entreprend de s’ expliquer : on ne lui en demande pas tant, ou plutôt on lui en demande
233 ou ces pièces qu’il tient dans ses tiroirs. Qu’il se moque de ce qu’on pense de sa conduite, c’est parfait ; qu’il le dise
234 cette préface sa morale : « Dès l’instant où l’on se récure du frivole, la vie devient immensément large. » Que trouvons-n
235 ’est celle du clerc — il dirait : du poète —, qui se réserve pour son œuvre, estimant s’acquitter de la sorte de tout ce q
236 poète —, qui se réserve pour son œuvre, estimant s’ acquitter de la sorte de tout ce qu’il doit, en principe, à César. San
237 connaître. Et non pas seulement que l’auteur a su se mettre en condition de faire son œuvre, et de ne servir qu’à bon esci
238 s par le besoin organique qu’ont les écrivains de s’ exprimer ». Ou encore : « L’Écrivain digne de ce nom doit, dans son ar
239 e prête pas ici à confusion ? L’on croirait qu’il s’ agit simplement de ce qui peut amuser l’auteur. Mais « un écrivain dig
240 ui l’amuse, c’est peut-être zéro pour le lecteur. S’ il a le droit de déconcerter, c’est pour mieux souligner ce qu’il appo
241 erlant, mais bien du Prince de Ligne, on pourrait s’ y tromper. Montherlant, qu’on a qualifié d’homme de la Renaissance, ne
242 a Renaissance, ne serait-il pas tout aussi bien — s’ il refuse le siècle précédent — un contemporain spirituel de cet « hom
243 eur, chez l’un et l’autre, ces mêmes façons de ne se piquer de rien, cette même désinvolture tempérée de respect vis-à-vis
244 ose publique, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un serviteur agréable, que tous les deux ont p
245 allure. À quoi l’on voudrait bien pourtant que ne se réduisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’une de ses tentation