1 1932, Articles divers (1932-1935). « Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)
1 er quelque espoir à condition de ne plus dire un mot de ne plus rien. La morte ou la nue Quand tes yeux se c
2 t leur effroi je t’appelle à grande voix sans un son sans un écho le silence autour de toi déroule ses lents drape
3 i je t’appelle à grande voix sans un son sans un écho le silence autour de toi déroule ses lents drapeaux dans u
4 autour de toi déroule ses lents drapeaux dans une aube sans frontières nos corps sont dans l’autre nuit mais c’est
5 eul désir tant de corps refusés au seul plaisir un seul ange tombé et celui qui roulait se consoler sur des risques
6 ge tombé et celui qui roulait se consoler sur des risques — aussi refusés Tout se détourne en l’amour décrié du seu
7 uvement, La morte ou la nue, Ainsi  », Le Journal des poètes, Bruxelles, 16 avril 1932, p. 2.
2 1932, Articles divers (1932-1935). Sur la violence bourgeoise (15 mai 1932)
8 onnaire ? nous a-t-il déclaré — Parce que je suis un honnête homme, fermement attaché aux vieux principes libéraux, ennemi
9 de toute violence, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des millions d’
10 nce, et qui ne ferait pas de mal à une mouche. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des millions d’hommes dont vou
11 he. ⁂ Des millions de gens vous répondront cela. Des millions d’hommes dont vous n’avez aucune raison de suspecter la bonn
12 oi, ni même la bonne volonté, vous serviront avec une assurance tempérée de douceur cette phrase type qui résume à leurs ye
13 nti-révolution ne réside pas dans l’argumentation des philosophes chargés d’illustrer à ses propres yeux la bourgeoisie dém
14 pont. M. Durand-Dupont est persuadé qu’il exprime une opinion tout à fait courante et par là même justifiée jusqu’à l’évide
15 se pour ce qu’elle est, dans sa simplicité : tout un programme. Et définissons à grands traits les réactions du bon sens v
16 rogramme du sens commun. ⁂ 1° « Parce que je suis un honnête homme… » Et d’abord il n’y a pas d’honnêtes gens. L’honnêteté
17 ord il n’y a pas d’honnêtes gens. L’honnêteté est une vertu héroïque et qui suppose un courage exceptionnel. Si nous tenons
18 L’honnêteté est une vertu héroïque et qui suppose un courage exceptionnel. Si nous tenons à conserver l’usage pratique de
19 et doit être rejetée à ce titre comme impliquant une contradiction dans les termes. Pourquoi prétendez-vous « défendre » u
20 les termes. Pourquoi prétendez-vous « défendre » un idéal libéral pour lequel vous refuseriez de recevoir le moindre peti
21 béraux, … ». Le libéralisme de la bourgeoisie est un mensonge. Car, dans la mesure où il veut être effectif, il doit accep
22 contraire il dure, c’est qu’il s’est défendu par des moyens qui trahissent ses principes. (M. Chiappe.). 5. « … ennemi de
23 de la violence, tel que nous le connaissons, est un monsieur qui soutient la police, chargée de réprimer violemment ceux
24 ction très particulière de la non-violence mérite un examen plus approfondi. Elle constitue en effet l’argument le plus ef
25 pose devant la conscience de « l’honnête homme » un problème que toutes ses convictions inconscientes tendent à faire app
26 la bourgeoisie cultive ce genre de problèmes avec une prédilection à vrai dire bien compréhensible, car cela mène pratiquem
27 sible, car cela mène pratiquement à l’acceptation des solutions officielles. M. Durand-Dupont, troublé par le problème de l
28 nt voudrait bien que nous nous engagions ici dans une apologie philosophique de la violence, qu’il critiquerait avec talent
29 violence, nous prétendons, nous, qu’il témoigne d’ une inconscience monstrueuse, ou qu’il commet une cynique imposture. Car
30 e d’une inconscience monstrueuse, ou qu’il commet une cynique imposture. Car nous vivons en vérité sous un régime de violen
31 cynique imposture. Car nous vivons en vérité sous un régime de violence, et tous les bourgeois pacifiques qui se préludent
32 ons étendues à toute la face du globe et décorées des noms des plus hypocrites, d’une part, — et la violence révolutionnair
33 ues à toute la face du globe et décorées des noms des plus hypocrites, d’une part, — et la violence révolutionnaire, franch
34 celui de la violence, inéluctable. Climat salubre des aventures spirituelles. ⁂ Tout est devenu tellement abstrait dans une
35 uelles. ⁂ Tout est devenu tellement abstrait dans une société où règnent le bavardage et le papier-monnaie que les réalités
36 glantes n’arrivent plus à réveiller l’imagination des peuples. On le sait à Genève : tout est affaire de mots. Il n’y a pas
37 . (Mais à Moscou, les petits Russes naissent avec un couteau entre les dents.) Ainsi, la violence bourgeoise est caractéri
38 ’elle ne s’avoue jamais, qu’elle invoque toujours un prétexte élevé : maintenir l’ordre, porter au loin la civilisation, s
39 rdre, porter au loin la civilisation, sauvegarder des « valeurs » que l’on dit être « de culture ». Il importe qu’elle ne r
40 de culture ». Il importe qu’elle ne revête jamais un aspect proprement brutal, à moins que ce ne soit à de grandes distanc
41 ique par exemple. On se demande par quel sophisme un régime d’opinion put jamais être confondu avec un régime de liberté.
42 un régime d’opinion put jamais être confondu avec un régime de liberté. La liberté d’opposition est tout à fait illusoire,
43 raître la violence latente du régime. Il suffit d’ un Léon Daudet, d’une Marthe Hanau, pour que l’on sente toujours vigilan
44 latente du régime. Il suffit d’un Léon Daudet, d’ une Marthe Hanau, pour que l’on sente toujours vigilante la terreur bourg
45 traques et revolvers au service de la Propriété : des violences épisodiques de cette envergure n’auraient pas de quoi nous
46 économique de telles violences, à les attribuer à des facteurs inventés pour les besoins de la cause, et qui paraissent tot
47 pouvantable désordre dans lequel il vit. ⁂ Contre une violence absurde, dénaturée et hypocrite, nous ne défendrons pas les
48 et hypocrite, nous ne défendrons pas les vertus d’ une illusoire non-violence : ce serait en réalité faire le jeu des maître
49 non-violence : ce serait en réalité faire le jeu des maîtres de l’heure. Nous proclamons une violence spirituelle absolue,
50 re le jeu des maîtres de l’heure. Nous proclamons une violence spirituelle absolue, dont nous sommes prêts à accepter les s
51 antes brutalités futures. Que d’autres étalent en des écrits dépourvus de puissance, un goût du sang qui les marque à nos y
52 res étalent en des écrits dépourvus de puissance, un goût du sang qui les marque à nos yeux de décadentisme bourgeois. Nou
53 pas à la légère le drame de la Révolution. Il est des crises nécessaires1. Mais c’est à nous précisément de préparer les vo
54 la force nouvelle, à leur défaut, devra créer par des percées brutales et destructives. Toutes les révolutions ont été sabo
55 à nous qu’il incombe, dès maintenant, de préparer une Révolution assez totale, pour que de telles erreurs n’y puissent trou
56 deux principes qui furent énoncés ici même2 : 1°  une Révolution est sanglante dans la mesure où elle est mal préparée. 2° 
57 goût du sang : ce sont là deux aspects morbides d’ une même maladie bourgeoise. C’est à quoi mène la violence larvée qui ins
58 et leurs amours. Ils sont devenus méchants comme des châtiés. Il faut que la violence soit saine, c’est-à-dire : d’abord s
59 t avec le réel, c’est le fait que celui qui donne un coup se met à portée d’une riposte. Ils préfèrent couvrir de fleurs l
60 ait que celui qui donne un coup se met à portée d’ une riposte. Ils préfèrent couvrir de fleurs les lombes des « victimes du
61 poste. Ils préfèrent couvrir de fleurs les lombes des « victimes du devoir ». Grand troupeau pitoyable et maintenant des « 
62 devoir ». Grand troupeau pitoyable et maintenant des « ennemis de la violence » ! On songe à cette race de moutons dont pa
63 s excréments, la terre même reste stérilisée pour un grand nombre de saisons. ⁂ Mais revenons à notre interviewé. Nous all
64 us persuader. 6. « … qu’il ne ferait pas de mal à une mouche. » Peut-être est-il prudent de corriger cette exagération légè
65 . Léon-Paul Fargue, à propos du bourgeois, disait un jour : « Il n’est pas d’une méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas d
66 s du bourgeois, disait un jour : « Il n’est pas d’ une méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas de mal à un lion. » 1. Inte
67 méchanceté cérastoïde. Il ne ferait pas de mal à un lion. » 1. Interventions chirurgicales. 2. Aron et Dandieu : « Vio
3 1932, Articles divers (1932-1935). Les « petits purs » (15 juin 1932)
68 t bientôt va posséder. Dénonçons à leur intention un état d’esprit faussement révolutionnaire, qui pour certains d’entre e
69 ionnaire, qui pour certains d’entre eux, déjà est une tentation, pour d’autres au contraire un prétexte par trop facile à n
70 éjà est une tentation, pour d’autres au contraire un prétexte par trop facile à ne pas prendre place à nos côtés. Il s’agi
71 e nous baptiserons le petit-purisme. Définition des « petits purs » Tous ceux qui au nom de la stricte observance d’un
72 Tous ceux qui au nom de la stricte observance d’ une doctrine qu’ils sont incapables de dominer, condamnent ce qui fait la
73 révolutionnaires. Petits purs, ceux qui opposent des textes appris à tout effort créateur ; petits purs, ceux qui se préva
74 t créateur ; petits purs, ceux qui se prévalent d’ un mot d’ordre contre ceux qui font l’ordre nouveau ; petits purs, ceux
75 violence n’est que rancœur de faibles accrochés à des dogmes, alors que la vraie violence révolutionnaire est une affirmati
76 , alors que la vraie violence révolutionnaire est une affirmation toujours nouvelle de la vie. Le petit purisme est un dang
77 toujours nouvelle de la vie. Le petit purisme est un danger permanent au sein de la jeunesse intellectuelle bourgeoise thé
78 eauté réelle, ce besoin de contrôler la naissance des idées dangereuses, ce moralisme qui préfère la stérilité au risque. L
79 nnaires, ces bons petits intellectuels deviennent un danger pour la Révolution ou pour ne rien exagérer un poids mort, un
80 anger pour la Révolution ou pour ne rien exagérer un poids mort, un facteur d’énervement, et une cible facile pour les réa
81 évolution ou pour ne rien exagérer un poids mort, un facteur d’énervement, et une cible facile pour les réactionnaires. Et
82 agérer un poids mort, un facteur d’énervement, et une cible facile pour les réactionnaires. Et c’est bien pour cela qu’il n
83 pour cela qu’il nous paraît urgent de leur coller une étiquette qui les distingue, sans méprise possible, de tous ceux qui,
84 x que les rédacteurs de l’Ami du Peuple appellent des révolutionnaires en peau de lapin, comme si cela, notons-le en passan
85 ant, excusait lesdits rédacteurs d’être eux-mêmes des fripons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau de Coty. Descr
86 tre eux-mêmes des fripons en peau de bourgeois ou des requins à l’eau de Coty. Description des « petits purs » De dou
87 is ou des requins à l’eau de Coty. Description des « petits purs » De doux jeunes gens trop bien peignés viennent vou
88 jeunes gens trop bien peignés viennent vous tenir des théories effarantes sur la violence à main armée, sur la nécessité de
89 l n’y aurait rien d’autre à faire que d’installer des mitrailleuses tout le long de la fameuse « ligne générale » et d’abat
90 qui dépasse. Cependant cette défense meurtrière d’ une position toute théorique se révélant pour l’instant malaisée, ils uti
91 devient dangereusement trotskiste. Ils apportent une véritable coquetterie à souligner leur conformisme et leur touchante
92 n le vit naguère, ces directives s’accompagnent d’ un coup de pied au derrière. Drôles de révolutionnaires que l’on séduit
93 cessaire pour intégrer, rejeter, recréer l’apport des révolutions d’hier et leurs leçons. Ne nous y trompons pas : leur ref
94  : leur refus de penser par eux-mêmes en fonction des nécessités concrètes de l’heure et du lieu où ils vivent, la France d
95 la France de 1932, non la Russie de 1917, révèle un désespoir profond, une impuissance. Victimes de la pensée bourgeoise
96 n la Russie de 1917, révèle un désespoir profond, une impuissance. Victimes de la pensée bourgeoise qu’ils s’épuisèrent à c
97 ur eux très aride, de Marx, d’Engels, et de Hegel une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer des seuls faits qui nous
98 une leçon révolutionnaire que nous voulons tirer des seuls faits qui nous pressent. Et dès lors toutes les tares de l’orth
99 ares de l’orthodoxie les menacent : ils défendent un système, au lieu d’attaquer ce qui est ; ils témoignent de plus de mé
100 ils témoignent de plus de mépris que d’amour vrai des hommes, ils abusent de l’empire et de la condamnation style Saint-Jus
101 comme l’écrivait Philippe Lamour. Peu nous chaut une pureté dépourvue de violence. Nous sommes bien décidés à ne pas ranci
102 ce. Nous sommes bien décidés à ne pas rancir dans une doctrine donnée. La seule pureté vraiment révolutionnaire, c’est cell
103 ; nous ne nous lasserons pas de le redire. Il y a des petits malins qui ont trouvé le joint ; pour rester absolument purs,
104 , absolument conformes au catéchisme centenaire d’ un matérialisme d’ailleurs mal compris, ils ne bougent plus le petit doi
105 La violence joyeuse du créateur s’inquiète peu d’ une discipline théorique ; elle trouve ses disciplines vivantes dans la r
106 rouve ses disciplines vivantes dans la résistance des faits, elle a son ressort dans la personne même, en tant que cette pe
107 nt vitales, peu importe. Ce n’est pas la pureté d’ une conception cohérente et rationnelle que nous défendons, c’est l’homme
108 n contre l’inhumain portera toujours en elle-même une garantie révolutionnaire évidente. Seule elle sera capable d’entraîne
109 er les masses. Mais en voilà assez, n’abusons pas des vérités premières, encore que la pensée bourgeoise contemporaine, com
110 ère méfiance, mon but était simplement de définir une expression qui par la suite pourra nous être utile. Petits purs, peti
111 aires » ; tous les suiveurs qui suivent en vérité des fantômes tués par leurs modèles, sont les orthodoxes qui momifient Lé
112 neux qui trouveraient dans la perfidie bourgeoise un emploi plus subtil et mieux rétribué de leurs aigreurs, les gigolos d
113 pas inventés, car la véritable invective n’est qu’ une forme polémique de la générosité. Hélas, fallait-il perdre une page à
114 émique de la générosité. Hélas, fallait-il perdre une page à dire qu’ils ne méritent pas de vous dégoûter de la Révolution,
4 1933, Articles divers (1932-1935). Sur un certain front unique (15 février 1933)
115 Sur un certain front unique (15 février 1933)d e Ce n’est pas, Nizan, une
116 ique (15 février 1933)d e Ce n’est pas, Nizan, une querelle de personnes que je veux vous faire. Vous parlez au pluriel,
117 es ». Ne perdons pas notre temps à polémiquer sur des épithètes passe-partout. Je voudrais simplement vous rendre attentif
118 voir dans le début de votre article du 15 janvier une mise en question de ma bonne foi. Vous parlez en effet d’une « manœuv
119 question de ma bonne foi. Vous parlez en effet d’ une « manœuvre trop claire… qui vise à établir… une confusion propice, et
120 d’une « manœuvre trop claire… qui vise à établir… une confusion propice, etc. ». Ces termes, venant après votre solennelle
121 » et « nous », sont de nature à induire en erreur un lecteur qui ignorerait — ce dont vous vous souvenez sans doute aussi
122 fut, comme vous le dites, « trop claire » pour qu’ un esprit tel que le vôtre pût un seul instant s’y tromper : c’est en pl
123 p claire » pour qu’un esprit tel que le vôtre pût un seul instant s’y tromper : c’est en pleine connaissance de cause que
124 fascisme, je sais trop bien que, sous la plume d’ un stalinien de Paris, elle exprime le désir de déconsidérer à peu de fr
125 à peu de frais l’adversaire, plutôt que de porter un jugement objectif sur ses doctrines. Ce que je veux dissiper, c’est l
126 nis de Rougemont. d. Rougemont Denis de, « Sur un certain front unique », Europe, Paris, 15 février 1933, p. 303-304.
5 1933, Articles divers (1932-1935). « La jeunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)
127 eunesse française devant l’Allemagne » [Réponse à une enquête] (mai 1933)f g En face de deux pays gouvernés par des homm
128 ai 1933)f g En face de deux pays gouvernés par des hommes de 40 ans, c’est-à-dire par les chefs de la jeunesse révolutio
129 s chefs de la jeunesse révolutionnaire, en face d’ une Russie dont le dynamisme juvénile est assez puissant pour animer la p
130 est assez puissant pour animer la plus sclérosée des doctrines étatistes, la France offre le spectacle de sa gérontocratie
131 railler les uniformes, qu’avons-nous à aligner ? Un attirail de faux cols durs, de rosettes, de gros ventres et de chapea
132 apeaux melons. La France n’est plus contemporaine des nations qui l’entourent et qui la menacent. Tel est le fait. Elle sou
133 qui la menacent. Tel est le fait. Elle souffre d’ une carence aiguë de la jeunesse. C’est pourquoi le problème de son desti
134 sécurité ne sera jamais garantie par la signature des vieillards ; elle repose sur la puissance révolutionnaire, c’est-à-di
135 n souvient, le temps de l’inquiétude. Le désordre des choses s’imposait aux esprits, ils s’appliquaient à le refléter dans
136 s’appliquaient à le refléter dans leurs œuvres ; un peu plus de violence réelle les eût fait accéder à la conscience acti
137 e sais bien, que l’idéologie révolutionnaire fait des ravages, depuis peu, dans les primes cervelles bourgeoises. Une revue
138 epuis peu, dans les primes cervelles bourgeoises. Une revue jésuite parlait l’autre jour, non sans effroi, du « bolchévisme
139 nt manifesté certains écrits récents, publiés par des revues littéraires. Peut-être voulait-on faire allusion aux exercices
140 conformisme stalinien. Nous nous étonnerons alors des craintes du bon père : personne en France ne peut croire sérieusement
141 re sérieusement aux vertus « révolutionnaires » d’ une doctrine destinée à périr avec le système régnant, qu’elle croit comb
142 ien définis : c’est le problème de la destruction des tyrannies étatistes, au nom des droits de la personne. La France poss
143 de la destruction des tyrannies étatistes, au nom des droits de la personne. La France possède une tradition révolutionnair
144 nom des droits de la personne. La France possède une tradition révolutionnaire personnaliste. C’est cette tradition qui a
145 éonasme.) Telle est la cause profonde du déclin d’ un prestige universel. Et voici notre tâche : en face de mouvements qui
146 à nous jeter. Nous ne le ferons pas en défendant des institutions démocratiques qui sont le témoignage de notre démission 
147 en nous mettant à la remorque du marxisme, fils d’ une démocratie exsangue ; nous le ferons bien moins encore par l’affirmat
148 ons bien moins encore par l’affirmation tardive d’ un nationalisme traître à la patrie. Notre réponse ne prendra pas la for
149 a patrie. Notre réponse ne prendra pas la forme d’ une justification, mais d’une accusation. Au nom de la personne, seul fon
150 prendra pas la forme d’une justification, mais d’ une accusation. Au nom de la personne, seul fondement de l’universel, nou
151 eront ceux qui veulent s’adresser à la jeunesse d’ un pays. Ils trouveront enfin à qui parler. Le problème de notre attitud
152 subordonné à celui de notre révolution. La guerre des capitalistes est une pièce de leur système. Ces massacres pour des gr
153 notre révolution. La guerre des capitalistes est une pièce de leur système. Ces massacres pour des gros sous ne méritent p
154 est une pièce de leur système. Ces massacres pour des gros sous ne méritent pas le nom de guerre. Nous réservons ce nom pou
155 e inévitables, qui marqueront demain l’opposition des conservateurs fascistes, hitlériens on marxistes à l’Ordre nouveau. S
156 l’Ordre nouveau et qui a eu ces années dernières une profonde influence personnelle sur plusieurs jeunes écrivains révolut
6 1933, Articles divers (1932-1935). Positions d’attaque pour l’ordre nouveau (décembre 1933)
157 C’est que nous sommes et voulons être avant tout des doctrinaires. Cette volonté a scandalisé certains de nos adversaires,
158 ertains de nos adversaires, qui prétendent partir des faits concrets et matériels. L’un d’entre eux revendiquait récemment,
159 empêcher qu’elles ne se reforment. La nécessité d’ un travail doctrinal radical nous apparaît être la tâche la plus concrèt
160 iques de notre effort de doctrine ? C’est d’abord une volonté de considérer les problèmes économiques et sociaux dans leur
161 iques et sociaux dans leur totalité ; c’est aussi une volonté constante de changer de plan. Ces deux expressions méritent u
162 de changer de plan. Ces deux expressions méritent un commentaire. Notre volonté totaliste s’exprime ainsi : nous suspendon
163 insi : nous suspendons toutes nos constructions à un fait humain central, la personne — telle que nous la définirons tout
164 nouveau en ceci qu’il ne peut être établi que par un changement de plan. Changer de plan, pour nous, c’est porter l’effort
165 pour nous, c’est porter l’effort constructif sur un terrain que le désordre actuel néglige ou tente de stériliser. La plu
166 nt sur la manière. Mais leur dispute se passe sur un plan où elle est par définition sans issue : le plan matérialiste. Qu
167 fameux minimum de vie nécessaire ? Il varie dans des proportions considérables selon la valeur morale des êtres ou les hab
168 proportions considérables selon la valeur morale des êtres ou les habitudes de la race. À supposer qu’une science, encore
169 êtres ou les habitudes de la race. À supposer qu’ une science, encore à créer, parvienne encore à le déterminer, la libérat
170 rive du ressort même de sa liberté (par l’effet d’ une doctrine matérialiste) ou du champ de cette liberté (par l’effet d’un
171 iste) ou du champ de cette liberté (par l’effet d’ une doctrine étatiste) ? En présence de ces faits, nous disons que le pro
172 e, parce qu’elle le transcende et le replace dans une totalité vivante, lui donne un sens concret et une solution réelle. N
173 t le replace dans une totalité vivante, lui donne un sens concret et une solution réelle. Nous pourrons promettre du pain,
174 ne totalité vivante, lui donne un sens concret et une solution réelle. Nous pourrons promettre du pain, et nous en prometto
175 esure où nous assurerons en même temps aux hommes une raison de vivre que les systèmes régnants sont en train de leur ôter.
176 effort et l’on ne peut songer à en donner ici qu’ une formule nécessairement simplifiée. Nous définissons la personne comme
177 nt simplifiée. Nous définissons la personne comme un acte et non pas comme un donné physique ou moral, matériel ou abstrai
178 issons la personne comme un acte et non pas comme un donné physique ou moral, matériel ou abstrait. La personne, c’est l’i
179 strait. La personne, c’est l’individu engagé dans un conflit créateur avec lui-même d’abord, avec la nature ensuite, avec
180 vec l’ambiance sociale enfin. Ce conflit comporte un choix permanent, donc un risque permanent, c’est-à-dire une tension p
181 fin. Ce conflit comporte un choix permanent, donc un risque permanent, c’est-à-dire une tension permanente, qui mesure la
182 permanent, donc un risque permanent, c’est-à-dire une tension permanente, qui mesure la valeur même de l’homme. Tension, ri
183 e. ⁂ Pour faire sentir tout de suite le concret d’ une telle doctrine, voyons d’abord quelles institutions elle nous oblige
184 jourd’hui que c’est quelque chose de très simple, une évidence, une sorte de lieu commun. C’est en effet le lieu commun de
185 c’est quelque chose de très simple, une évidence, une sorte de lieu commun. C’est en effet le lieu commun de tous les malen
186 arisme. Nous ne combattrons pas le Parlement avec des discours, mais bien en créant un monde où il apparaîtra sous son vrai
187 Parlement avec des discours, mais bien en créant un monde où il apparaîtra sous son vrai jour, comme le conservatoire de
188 e libéral est responsable de l’essor anarchique d’ une économie devenue inhumaine, et cela non pas à cause de la machine, ma
189 acile, en effet, de distinguer dans le stalinisme un retournement pur et simple de l’individualisme libéral, procédant par
190 al. Il nous est possible maintenant de désigner d’ un seul mot l’objectif de nos attaques. Le processus concret dans lequel
191 ec tout étatisme, de changer de plan, de réaliser une révolution effective ? Ici encore, il nous faut nous borner à deux in
192 es : Dans le domaine politique, nous revendiquons une organisation régionaliste de l’Europe. Cela suppose la suppression du
193 et d’autre part l’universalisme issu directement des personnes et qui pourrait se concrétiser dans un organe central, d’au
194 des personnes et qui pourrait se concrétiser dans un organe central, d’autorité purement doctrinale et révolutionnaire, so
195 ine économique, nous revendiquons, parallèlement, un statut du travail impliquant une distinction profonde et effective en
196 s, parallèlement, un statut du travail impliquant une distinction profonde et effective entre le travail créateur et libre
197 et parcellaire de l’autre. Ce qui se traduit par une sorte de corporatisme ou syndicalisme — pôle décentralisateur — et pa
198 ou syndicalisme — pôle décentralisateur — et par une institution centrale de service industriel collectivisé, soumise à un
199 ale de service industriel collectivisé, soumise à un organe de répartition, tout à fait distinct du pouvoir politique. Ain
200 n nécessaire, et assuré, en fonction cette fois d’ une mesure humaine, le minimum de vie matérielle qui permet à la personne
201 ellement, parmi certains groupes d’intellectuels, un véritable romantisme du chambardement, de l’émeute et du sang versé.
202 es de demain. Le romantisme révolutionnaire revêt une autre forme encore, non moins dangereuse pour notre action. C’est l’é
203 ue le premier aspect de toute révolution est dans un renoncement. Mais pour que l’acte soit réel, encore faut-il une doctr
204 t. Mais pour que l’acte soit réel, encore faut-il une doctrine et des institutions qui le traduisent en faits. Les aristocr
205 l’acte soit réel, encore faut-il une doctrine et des institutions qui le traduisent en faits. Les aristocrates de la nuit
206 s aristocrates de la nuit du 4 août accomplissent un acte de renoncement aux privilèges. Mais à leurs côtés, se dressent d
207 t aux privilèges. Mais à leurs côtés, se dressent des gens qui, eux, ne comptent renoncer à rien, s’emparent des privilèges
208 qui, eux, ne comptent renoncer à rien, s’emparent des privilèges abandonnés, sabotent la révolution et font la bourgeoisie
209 évolution et font la bourgeoisie du xixe siècle. Des privilèges ? Mais tous les hommes ou presque en demandent. Seulement,
210 er d’abord. On nous a aussi reproché de n’être qu’ un groupe d’intellectuels « bourgeois ». Comme ce reproche nous vient de
211 tuels « bourgeois ». Comme ce reproche nous vient des marxistes, nous nous contenterons de répondre par une citation de Lén
212 marxistes, nous nous contenterons de répondre par une citation de Lénine : La doctrine socialiste est née des théories phi
213 ation de Lénine : La doctrine socialiste est née des théories philosophiques, historiques, économiques élaborées par certa
214 es élaborées par certains représentants instruits des classes possédantes : les intellectuels. Par leur situation sociale,
215 cientifique contemporain, Marx et Engels, étaient des intellectuels bourgeois. De même, en Russie, la doctrine sociale-démo
216 . On ne saurait trop insister sur cette vérité, à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites du praticism
217  ». (Encore Lénine, 1902.) 2° Dans l’état présent des choses, il n’y a pas d’ordre concevable sur le plan capitaliste, au d
218 opère le changement de plan et permet d’instituer un ordre nouveau. 4° Cet acte créateur dont nous faisons dépendre tout l
219 ervice prolétarien collectif soumis directement à un centre de contrôle économique et statistique. 7° Ce régime doit entra
220 doit entraîner par son jeu normal la disparition des cadres de l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’éliminati
221 la disparition des cadres de l’État et du statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des facteurs décisifs de l’infl
222 statut des classes, c’est-à-dire : l’élimination des facteurs décisifs de l’inflation, du chômage et de la guerre moderne
223 a révolution personnaliste et régionaliste, c’est une existence culturelle. Des nations débarrassées de leurs États et de l
224 et régionaliste, c’est une existence culturelle. Des nations débarrassées de leurs États et de leurs frontières, on peut d
225 itions d’attaque pour l’ordre nouveau », La Revue des vivants, Paris, décembre 1933, p. 1821-1827.
7 1933, Articles divers (1932-1935). Jeune Europe (4 décembre 1933)
226 plus qu’il ne l’avait fait depuis Napoléon, c’est une évidence acquise et qui peut figurer d’ores et déjà dans les manuels
227 sse, italienne et allemande, succédant à la chute des monarchies ont consacré l’avènement d’une civilisation de vitesse, de
228 a chute des monarchies ont consacré l’avènement d’ une civilisation de vitesse, de machines et de masses, qui avait déjà bou
229 is qui n’avait pas encore trouvé, à cette époque, une forme politique adéquate. Cette « civilisation quantitative » telle q
230 il y a entre ces trois « dictatures de la masse » une autre ressemblance, sans doute moins essentielle, toute provisoire, m
231 allure générale. Que signifie ce rajeunissement d’ une importante partie du continent ? Est-ce une opération artificielle, q
232 ent d’une importante partie du continent ? Est-ce une opération artificielle, qu’il faudrait comparer à la chirurgie esthét
233 llement en vogue ? Est-ce au contraire le signe d’ un renouveau organique, d’un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange
234 au contraire le signe d’un renouveau organique, d’ un afflux de sèves saines ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui d
235 es ? Ce visage étrange de l’Europe est-il celui d’ un nouveau venu, ou bien y distingue-t-on déjà, sous le fard, de vieille
236 e publier sous le titre de Jeune Europe 6 apporte une réponse d’autant plus intéressante qu’elle est très significative du
237 ait bornée à les traduire et à les critiquer avec un scepticisme plus ou moins sympathique ; mais elle n’avait pas répondu
238 essaient. MM. Dupuis et Marc comblent aujourd’hui une lacune qui justifiait trop bien, aux yeux de l’étranger, la réputatio
239 on qui atteint la trentaine et qui s’exprime dans des revues comme L’Ordre nouveau ou Esprit . Ils ont voulu faire œuvre
240 ils s’expliquent très franchement là-dessus, dans une préface vigoureuse. Quelle est leur thèse fondamentale ? Au risque de
241 ons établies d’avoir « prématurément » bouleversé un ordre social, qu’elles n’étaient pas encore en mesure de rénover radi
242 taient pas d’élaborer avec la lucidité nécessaire des solutions vraiment neuves et fécondes, elles devaient, dès la prise d
243 d’absolus, au lieu de n’être considérés que comme des moyens ». Et c’est ainsi que la jeunesse s’est trouvée embrigadée, av
244 son élan, avec toute sa passion rénovatrice, dans des cadres bien plus rigides que ceux qu’elle venait de renverser. Provis
245 que les régimes qu’ils servent, loin d’avoir créé un ordre nouveau, ont bien plutôt consolidé les pires tyrannies matériel
246 s » qui reparaissent et qui déjà, font grimacer d’ une grimace fâcheusement américaine, le visage rajeuni de l’Europe. En vé
247 e visage rajeuni de l’Europe. En vérité, et c’est une des observations capitales de nos auteurs, les jeunesses soviétique e
248 sage rajeuni de l’Europe. En vérité, et c’est une des observations capitales de nos auteurs, les jeunesses soviétique et fa
249 ue conformistes. Leur conformisme n’est pas celui des jeunes bourgeois, qui s’accommode fort bien d’une « rouspétance », de
250 des jeunes bourgeois, qui s’accommode fort bien d’ une « rouspétance », devenue traditionnelle, contre les pouvoirs et les c
251 ntre les pouvoirs et les corvées publiques. C’est un conformisme total et… enthousiaste ! Une nouvelle idolâtrie de l’État
252 es. C’est un conformisme total et… enthousiaste ! Une nouvelle idolâtrie de l’État, qui réprime toute fantaisie personnelle
253 aintenant, dans le calme et l’audace spirituelle, un ordre qui fasse de l’« homme », et non plus de l’État ou de l’Argent,
254 te, René Dupuis et Alexandre Marc n’ont pas écrit un livre de doctrine. S’adressant au grand public avec autant de précisi
255 avec autant de précision que pouvait en permettre un sujet aussi vaste, ils ont réussi à brosser le panorama habilement su
256 ement suggestif, plein de vie et de pathétique, d’ une époque qui a besoin, plus que de toute autre chose, de critiques luci
257 de toute autre chose, de critiques lucides. 6. Un volume chez Plon, éditeur. i. Rougemont Denis de, « [Compte rendu]
8 1934, Articles divers (1932-1935). Carl Koch, Søren Kierkegaard (1934)
258 Expliquons-nous. Carl Koch s’est inspiré surtout des Stades sur le chemin de la vie, c’est-à-dire d’un ouvrage qui est à l
259 es Stades sur le chemin de la vie, c’est-à-dire d’ un ouvrage qui est à la fois le plus paradoxal, le plus autobiographique
260 ogique, la plus objective et la plus touchante qu’ un honnête homme pût espérer. De ce mélange d’humour et d’angoisse inson
261 isse insondable, qui nous bouleverse à la lecture des Stades, on va trouver ici l’exposé judicieux, parfois même bonhomique
262 hrétien tel que le veut Kierkegaard. Je soupçonne un peu Carl Koch d’intelligence avec l’assesseur Wilhelm. Mais voilà jus
263 ux aspects seulement, et les plus propres à créer des malentendus : celui du philosophe abstrus, désespéré, voire nihiliste
264 ournal du Séducteur. Mais Kierkegaard est surtout un chrétien, et c’est ce qu’il eût fallu montrer d’abord. Un chrétien pe
265 ien, et c’est ce qu’il eût fallu montrer d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et d’une trempe exceptionnelle ; mais
266 d’abord. Un chrétien peu rassurant, certes, et d’ une trempe exceptionnelle ; mais non tant qu’il ne puisse « édifier » — p
267 on tant qu’il ne puisse « édifier » — pour user d’ un vocable auquel il sut rendre un sens énergique — le croyant le moins
268 r » — pour user d’un vocable auquel il sut rendre un sens énergique — le croyant le moins fait aux mystères dialectiques.
269 ion de l’emprise que peut exercer Kierkegaard sur un chrétien sincère, peu suspect de complaisance pour les subtilités du
270 près tout, il ne faut pas souhaiter à Kierkegaard une introduction systématique et qui épuise tous les thèmes de son œuvre.
271 ise tous les thèmes de son œuvre. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vient nous dire, en toute simplicité, q
272 de son œuvre. Kierkegaard est un événement. Voici un homme qui vient nous dire, en toute simplicité, qu’il a vu l’événemen
273 fera faite la moue aux spécialistes de l’histoire des systèmes, aux amateurs d’élégances formelles, mais qu’il saura certai
274 C’est de toi, lecteur, qu’il s’agit, et non pas d’ un auteur nouveau. Koch n’a pas simplifié ce qui n’est pas simple chez K
275 hapitre. Prenons garde de laisser s’instituer ici un nouveau malentendu, d’autant plus grave qu’il porterait cette fois su
276 l Koch reproche à Kierkegaard ce qu’il baptise, d’ un terme impressionnant, son ascétisme antivital. Cet ascétisme serait l
277 al. Cet ascétisme serait la défaillance secrète d’ une pensée par ailleurs authentiquement chrétienne. Et cette défaillance
278 vérité » qu’il annonçait, mais resta simplement «  un poète ». Double reproche, plus grave que Koch ne veut le croire. C’es
279 , dont la théologie procède ici de Kierkegaard, «  une différence qualitative infinie » entre Dieu et l’homme. Le tout de l’
280 érèse d’Avila : « Je meurs de ne pas mourir. » Qu’ un humanisme religieux, qui trop souvent exprime la croyance courante de
281 trop souvent exprime la croyance courante de bien des églises modernes, vienne maintenant qualifier d’ascétisme la doctrine
282 assimilé par la vie humaine ; il reste pour elle un paradoxe étrange et effrayant », s’écrie Carl Koch, visiblement scand
283 critère, et qui juge ? Nicodème aussi estimait qu’ une telle doctrine est impensable, et ne peut être utilement intégrée à n
284 ché « ce n’est pas la vertu, mais la foi ». C’est une étrange confusion que de baptiser ascétisme une attitude qui se fonde
285 t une étrange confusion que de baptiser ascétisme une attitude qui se fonde dans la foi. (Schopenhauer n’est pas un argumen
286 qui se fonde dans la foi. (Schopenhauer n’est pas un argument. Ou alors Freud en serait un, dans l’autre sens !) Oui, cett
287 r n’est pas un argument. Ou alors Freud en serait un , dans l’autre sens !) Oui, cette foi est « impensable », comme l’éter
288 ble », comme l’éternité pour le temps. Oui, c’est un « paradoxe étrange » qui veut que l’homme soit sauvé par sa perte. Ma
289 ici cette ardeur de durer, de penser, de trouver des raisons ? Ne sent-on pas qu’elle est trop tiède, et propre au plus à
290 sprit. Curieux aussi de voir avec quelle facilité des incroyants ont fait grief à Kierkegaard de n’avoir pas incarné sa doc
291 « témoin de la vérité » qui veut. Ce n’est pas là un choix de l’homme. Kierkegaard a choisi d’être « un poète et un penseu
292 n choix de l’homme. Kierkegaard a choisi d’être «  un poète et un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur, dont on
293 ’homme. Kierkegaard a choisi d’être « un poète et un penseur particulier ». Mais ce poète, ce penseur, dont on peut dire q
294 ra affaiblie ; au contraire, sa mort lui assurera une force nouvelle ; et, pense-t-il, la victoire. » l. Rougemont Denis
9 1934, Articles divers (1932-1935). « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)
295 « Pour qui écrivez-vous ? » [Réponse à une enquête] (janvier-février 1934)j k J’écris à ceux qui ont des orei
296 anvier-février 1934)j k J’écris à ceux qui ont des oreilles pour entendre, amis que ma parole n’atteindrait pas, mais ce
297 e. J’écris pour ceux qui attendent courageusement une réponse. Ce n’est pas que je puisse donner cette réponse, loin de là.
298 aît ici le cri : À bas les Voleurs !, mot d’ordre des troupes fascistes ces dernières semaines dans les rues de Paris. À pa
299 de répondre aux questions. Aussi quittant le ton des prophètes ajoute-t-il à l’usage des importuns qui posent des question
300 ittant le ton des prophètes ajoute-t-il à l’usage des importuns qui posent des questions un petit post-scriptum d’une atroc
301 à l’usage des importuns qui posent des questions un petit post-scriptum d’une atroce perfidie : P.-S. On voudrait bien sa
302 qui posent des questions un petit post-scriptum d’ une atroce perfidie : P.-S. On voudrait bien savoir pour quelle espèce d’
303 pèce d’hommes on écrit, en fait, mais il faudrait des statistiques difficiles à établir. Par exemple : combien de petits-bo
304 1-572. k. Le texte de Rougemont est entrecoupé d’ un commentaire de la rédaction de Commune.
10 1934, Articles divers (1932-1935). La Révolution nécessaire, par Arnaud Dandieu et Robert Aron (juin 1934)
305 Dandieu et Robert Aron (juin 1934)m Au cours d’ une conversation, cet été, Nicolas Berdiaev faisait observer que notre ép
306 d’économistes. Il entendait par là, bien entendu, des créateurs de valeurs neuves, ou même peut-être simplement, des hommes
307 de valeurs neuves, ou même peut-être simplement, des hommes qui dominent les questions dont ils traitent. Car pour « l’éco
308 u moins, sa dernière œuvre. Aussi, les éléments d’ une suite à cet ouvrage capital, suite qui s’intitulera Dictature de la l
309 e, l’œuvre d’Arnaud Dandieu apporte non seulement des idées neuves — une nouvelle position des problèmes — mais aussi quelq
310 Dandieu apporte non seulement des idées neuves — une nouvelle position des problèmes — mais aussi quelques solutions fort
311 eulement des idées neuves — une nouvelle position des problèmes — mais aussi quelques solutions fort importantes. Indiquons
312 se révèle immédiatement réalisable. Les travaux d’ un groupe d’ingénieurs occupés depuis quelques mots à la chiffrer, à la
313 uis quelques mots à la chiffrer, à la traduire en une institution pratique, ont prouvé la justesse, découvert la fécondité
314 igine purement doctrinale. Bel exemple du pouvoir des philosophes. Encore faut-il que les philosophes pensent dans le réel,
315 ur la volonté d’être hommes, et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on leur propose ; et c’est ce que ne font
316 à la moderne, ces vieilles tyrannies importées d’ un Orient où l’on savait au moins, même en les adorant, qu’elles se nour
317 t pas d’impressionner certain public au détriment des principes dont elles procèdent, et qui sont à mes yeux beaucoup plus
318 i le théoricien est peut-être la juste punition d’ une intelligentsia dont toute la « distinction » consiste à séparer jalou
319 , toutefois, ne tourne en habitude, ne se fige en une convention faussement « réaliste » qui trompe sur la véritable nature
320 ? On ne saurait trop insister sur cette vérité, à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites du praticism
321 timer l’analyse qu’Aron et Dandieu nous proposent des notions d’échange10 et de travail, nous voudrions surtout insister su
322 ous voudrions surtout insister sur la nouveauté d’ un chapitre de doctrine tel que « Esprit et Révolution », et sur l’Esqui
323 que « Esprit et Révolution », et sur l’Esquisse d’ une théorie générale de la Révolution qui ouvre la seconde partie du livr
324 ion… « Le malaise révolutionnaire et la confusion des idées en sont arrivés à un tel point que les deux mots ont l’air bien
325 naire et la confusion des idées en sont arrivés à un tel point que les deux mots ont l’air bien souvent de s’opposer. À fo
326 sprit le contresens habituel qui le réduit à être une faculté purement intellectuelle, sans contact avec les événements, sa
327 olution, s’exprime par la violence : ce n’est pas une faculté d’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pens
328 e faculté d’usage interne, qui mène à l’intérieur des cadres de la pensée ses opérations solitaires. C’est essentiellement
329 utes ses forces psychologiques ou physiques, dans un souci de conservation et d’expansion. » Ce langage est clair. Seuls
330 sans doute utile et astucieux de feindre d’y voir un « spiritualisme » dont leur matérialisme n’est que l’empreinte négati
331 a logique, il suffit pourtant d’étudier la marche des révolutions bourgeoise et prolétarienne qui instituèrent ce désordre.
332 ste. Pourquoi les révolutions aboutissent-elles à des dictatures, c’est-à-dire à la négation de leur élan originel, an-arch
333 te. Parce qu’elles reposent l’une et l’autre, sur des constructions rationalistes qui ne peuvent rendre compte du saut révo
334 ir qu’à masquer sur le terrain pratique l’échec d’ une révolution qui ne sait pas où elle va. » Cartésienne ou hégélienne, l
335 es révolutions avortées ne peut rendre compte que des données antérieures à tout acte, non de l’acte lui-même. Au moment de
336 t reculent. Elles tombent alors dans l’illusion d’ une synthèse qu’elles veulent croire transitive, conciliant les contradic
337 é d’ailleurs l’identité, à vrai dire surprenante, des thèses politiques de Proudhon, et de celles, philosophiques, de Kierk
338 on les y compare. Affleurant maintenant au niveau des faits matériels, cet antagonisme radical vient s’incarner dans notre
339 elle, une fois de plus, s’endormir dans le rêve d’ un « troisième terme » dont nous connaissons désormais le monstrueux vis
340 aire : la violence extérieure mesure, simplement, un défaut de préparation doctrinale, — ce mot devant être entendu, répét
341 la plus littéralement « actuelle ». L’Esquisse d’ une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le con
342 uisse d’une théorie générale de la Révolution est un effort pour retrouver le contenu concret et précis du grand mot de ré
343 isif, sans doute, auquel nous pouvons reconnaître une pensée effective, créatrice, c’est bien cette faculté de libérer l’êt
344 trice, c’est bien cette faculté de libérer l’être des mots. Cessons d’épiloguer sur les vieilles armures, et recherchons pl
345 inventées. La sémantique ainsi comprise peut être une science proprement révolutionnaire. Ce n’est point par hasard qu’on t
346 t de nous la réduire à cette description résignée des altérations du langage. Je ne voudrais pas clore ces quelques notes,
347 quelques notes, qui sont loin d’épuiser la revue des principaux thèmes de l’œuvre12, sans soulever deux objections que Ram
348 ment centrale pour la construction de Dandieu : «  Une personne est un homme qui unifie les diverses parties de lui-même à l
349 r la construction de Dandieu : « Une personne est un homme qui unifie les diverses parties de lui-même à l’intérieur de lu
350 ent le fascisme, et qui s’accommode à merveille d’ un régime dictatorial ? La doctrine de l’Ordre nouveau définit une perso
351 tatorial ? La doctrine de l’Ordre nouveau définit une personne qui n’a rien à voir avec cet individu. Une personne qui n’es
352 e personne qui n’a rien à voir avec cet individu. Une personne qui n’est pas plus l’homme naturel de Rousseau, comme le sup
353 s conquête et rencontre, engagement et actualité. Une personne qui peut être définie comme le prochain de l’Évangile. La se
354 seconde objection concerne l’efficacité probable des doctrines de la Révolution nécessaire. Fernandez ne croit pas à l’exi
355 e que nous la définissons. Elle n’est pour lui qu’ un mythe, dont il met en doute la puissance de soulèvement. « On compren
356 ute la puissance de soulèvement. « On comprend qu’ un bourgeois risque sa peau pour la sauver : on ne comprend pas qu’il s’
357 rend pas qu’il s’arrache la peau dans l’espoir qu’ une meilleure lui pousse. » Fernandez a peut-être des lumières qui me fon
358 une meilleure lui pousse. » Fernandez a peut-être des lumières qui me font absolument défaut sur la psychologie du bourgeoi
359 our laquelle il mourrait, dit-on, ne peut être qu’ un symbole de son argent.) Mais ce que je sais, c’est que l’homme tout c
360 le, ou prolétaire, n’a jamais risqué sa peau pour des intérêts. On ne se bat et on ne meurt que pour des « folies » qualifi
361 es intérêts. On ne se bat et on ne meurt que pour des « folies » qualifiées. Celle que l’Ordre nouveau propose à notre beso
362 avoir combien, parmi nous, tiennent encore à être des hommes. 10. Il faut même noter que le chapitre intitulé Échange et
363 itionnelles sur la question — et en passant, l’un des fondements de la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une d
364 la théorie économique de Marx — en s’appuyant sur une documentation dont la formule même est une trouvaille. 11. Et au gro
365 nt sur une documentation dont la formule même est une trouvaille. 11. Et au groupe de l’Ordre nouveau, le seul qui se soit
366 s le concret, c’est l’acte justement ! et non pas un donné « objectif ». m. Rougemont Denis de, « [Compte rendu] Arnaud
11 1934, Articles divers (1932-1935). Où sont les jeunes protestants ? Remarques sur le protestantisme et les doctrines politiques (juillet-août 1934)
367 rines politiques (juillet-août 1934)o Y a-t-il des jeunes protestants ? Cette enquête le démontrera sans doute. Il faut
368 les faits sont pauvres, profitons-en pour porter un regard plus direct sur les possibilités théoriques. Qu’est-ce que la
369 les possibilités théoriques. Qu’est-ce que la foi des protestants leur permet d’affirmer dans le domaine de César ? De la r
370 éponse à cette question dépendra notre évaluation des tentatives esquissées jusqu’ici, et peut-être l’indication de quelque
371 e, fût-elle la plus subversive, est la doctrine d’ un certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de l
372 , est la doctrine d’un certain ordre terrestre, d’ un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humaine
373 certain ordre terrestre, d’un certain aménagement des activités, de la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre
374 n certain aménagement des activités, de la durée, des créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une conception de l’
375 créations humaines. Tout ordre terrestre suppose une conception de l’homme, tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel
376 la mesure (ou hiérarchie) sociale imposée. C’est une doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’i
377 ) sociale imposée. C’est une doctrine pessimiste, une politique de la camisole de force. Tel qu’il devrait être : c’est la
378 itique du devenir et de l’évolution fatale. C’est une doctrine optimiste, dont la mesure n’est pas dans le présent injuste,
379 ue millénariste. À droite, on dit que l’homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gauche, on
380 ut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme inte
381 me est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christianisme intervient dans cette fausse symétrie avec une
382 anisme intervient dans cette fausse symétrie avec une sorte d’humour transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’homme
383 ation, sauvé. Ainsi l’homme n’est humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit sauvé, il est sauvé lorsqu
384 r sa dignité proprement humaine. La foi seule est un acte absolu ; le croyant seul, véritablement homme. Dans ce paradoxe
385 radoxe essentiel, et non ailleurs, peut se fonder une politique qui mérite le nom de chrétienne. Je la vois caractérisée pa
386 ls ne souffrent point d’être d’avance limités par un système, par un programme, par des solutions toutes faites. Voici le
387 point d’être d’avance limités par un système, par un programme, par des solutions toutes faites. Voici le malentendu qui s
388 nce limités par un système, par un programme, par des solutions toutes faites. Voici le malentendu qui s’institue partout e
389 la politique et notre foi : la politique s’occupe des moyens, et néglige bientôt les fins, ou prend les moyens pour des fin
390 églige bientôt les fins, ou prend les moyens pour des fins ; la foi ne veut connaître que les fins, et en vient à dévaloris
391 ore : pour le politique pur, il s’agit toujours d’ un ordre établi ou d’un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit,
392 ue pur, il s’agit toujours d’un ordre établi ou d’ un ordre à établir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’un ord
393 ir. Pour le croyant, il ne s’agit, d’abord, que d’ un ordre reçu. Mais dès que l’ordre est véritablement reçu, et accepté,
394 dans l’instant, hic et nunc ; l’ordre imposé par une politique est dans l’histoire, dans la durée. Mais il faut que l’ordr
395 ’insère aussitôt dans l’histoire ; et le problème des moyens, s’il doit rester subordonné à l’origine et à la fin, en est c
396 affirme que l’évolution nécessaire n’entraîne pas une amélioration du genre humain, ne conduit pas mécaniquement au paradis
397 , comme manger, travailler et penser, mais jamais un système politique ni aucune synthèse humaine n’aura de droit sur nous
398 personnes, en tant que vocations. Surtout, jamais un succès politique ne pourra, pour nous, se confondre avec un progrès d
399 politique ne pourra, pour nous, se confondre avec un progrès de salut. Principe d’une politique du pessimisme actif. Une p
400 se confondre avec un progrès de salut. Principe d’ une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à mo
401 ut. Principe d’une politique du pessimisme actif. Une phrase de Kierkegaard résume, à mon sens, le fondement et la seule di
402 impliquant l’activité de l’homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être définie l’attitude chrétienne en
403 être définie l’attitude chrétienne en politique : une révolution sans illusions. II. Qu’avons-nous fait ? Le lecteur
404 peut-être nous permettre de situer quelques-unes des attitudes les plus tranchées, et par là les plus instructives, qui se
405 t de vue de notre foi, il me semble d’ailleurs qu’ une position monarchiste peut être justifiée plus facilement — ne fût-ce
406 iée plus facilement — ne fût-ce que par l’exemple des actuelles monarchies protestantes — que la position nationaliste. Il
407 nationaliste. Il y a dans le nationalisme moderne une véritable idolâtrie. La passion intolérante que manifestent ses adept
408 me de l’État, paraissent bien inactuels en regard des problèmes économiques qui nous pressent. Un chrétien a-t-il le droit
409 gard des problèmes économiques qui nous pressent. Un chrétien a-t-il le droit de rêver ? Que faire alors, dans l’état de c
410 nt les Compagnons, groupe fondé par la Fédération des étudiants chrétiens, sur le modèle des Équipes sociales de Robert Gar
411 Fédération des étudiants chrétiens, sur le modèle des Équipes sociales de Robert Garric. Créer des contacts vivants avec le
412 dèle des Équipes sociales de Robert Garric. Créer des contacts vivants avec les milieux ouvriers athées, par le moyen de ce
413 cles d’études ou d’« amicales » de travail, c’est une activité dont, à coup sûr, le bienfait ne sera jamais perdu, pour ceu
414 e borner au pratique » ? Et toute activité auprès des ouvriers ne pose-t-elle pas des problèmes de doctrine économique et s
415 e activité auprès des ouvriers ne pose-t-elle pas des problèmes de doctrine économique et sociale qu’on ne saurait esquiver
416 s s’esquisser parmi nous me paraissent pécher par une vision insuffisante de l’ensemble concret des données actuelles. C’es
417 par une vision insuffisante de l’ensemble concret des données actuelles. C’est un péril proprement protestant. La doctrine
418 e l’ensemble concret des données actuelles. C’est un péril proprement protestant. La doctrine calviniste de la vocation ou
419 testant. La doctrine calviniste de la vocation ou des charismes nous y expose davantage que les catholiques, toujours soute
420 es, et plus conscients que nous ne sommes souvent des implications générales d’une attitude particulière. C’est évidemment
421 us ne sommes souvent des implications générales d’ une attitude particulière. C’est évidemment à propos de l’attitude des ob
422 iculière. C’est évidemment à propos de l’attitude des objecteurs de conscience qu’il y a lieu de souligner le plus fortemen
423 Dans la mesure où l’objection est l’expression d’ une vocation particulière, elle tend à échapper à la politique et sort du
424 te. Dans la mesure où elle devient l’expression d’ un mouvement, le moins qu’on en puisse dire, c’est qu’elle est dangereus
425 u’il faudrait sans cela leur adresser. L’attitude des objecteurs porte à son acuité extrême le paradoxe défini dans ma prem
426 Elle ne saurait être mise en symétrie avec aucune des autres attitudes que j’ai indiquées. Elle comporte un risque, un enga
427 utres attitudes que j’ai indiquées. Elle comporte un risque, un engagement concret, un acte de foi, qui transcendent le pl
428 udes que j’ai indiquées. Elle comporte un risque, un engagement concret, un acte de foi, qui transcendent le plan de toute
429 . Elle comporte un risque, un engagement concret, un acte de foi, qui transcendent le plan de toute doctrine sociale. Mais
430 essimisme actif ». Je voudrais décrire maintenant une attitude constructive à laquelle je me suis rallié pour ma part. I
431 érieurs de la personne. Telles sont quelques-unes des formules que je proposais tout à l’heure pour définir l’attitude chré
432 refus absolu de poser les questions par rapport à une droite et à une gauche également condamnées. Par ce seul refus, elles
433 poser les questions par rapport à une droite et à une gauche également condamnées. Par ce seul refus, elles opèrent déjà ce
434 jà ce que le vocabulaire de l’Ordre nouveau nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Elles
435 u nomme un « changement de plan », — c’est-à-dire un acte révolutionnaire. Elles se dressent ainsi contre le préjugé le pl
436 nocif de la mentalité politique française. C’est un volume entier qu’il faudrait consacrer à la critique des méfaits de c
437 ume entier qu’il faudrait consacrer à la critique des méfaits de ce préjugé, si profondément enraciné dans le sentiment du
438 ésions, si seulement elles s’étaient données pour des doctrines de droite, ou de gauche. Mais c’est précisément ce genre d’
439 familières, concrétisées par la seule disposition des députés dans les travées du palais Bourbon. Le Cahier de revendicatio
440 e guerres, de chômage, d’immoralité publique et d’ un mercantilisme général qui se manifeste jusque dans le domaine de la p
441 ; refus du nationalisme mystique, considéré comme une captation, au profit de l’État et de la finance, du sentiment patriot
442 . Quelques affirmations doctrinales : affirmation des droits de la personne humaine, toujours supérieurs à ceux de l’État,
443 nter de réformes partielles ; affirmation enfin d’ un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race,
444 un nouvel esprit communautaire, fondé non pas sur une mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des
445 mystique de race, de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces refus et ces affir
446 , de classe ou de parti, mais sur un sens concret des responsabilités personnelles. Ces refus et ces affirmations définisse
447 s affirmations définissent l’attitude spirituelle des jeunes groupes. Ils indiquent assez la nouveauté de leur point de dép
448 es questions fondamentales, et se cantonnent dans des luttes périmées et des polémiques malhonnêtes, Esprit et l’Ordre nouv
449 les, et se cantonnent dans des luttes périmées et des polémiques malhonnêtes, Esprit et l’Ordre nouveau affirment la nécess
450 irmera leurs prévisions. Mais il ne suffit pas qu’ un point de départ soit juste. Il faut encore partir, — sinon le point d
451 rtir, — sinon le point de départ se transforme en un simple point de vue, pour le plaisir stérile des clercs bourgeois. C’
452 n un simple point de vue, pour le plaisir stérile des clercs bourgeois. C’est ici la question de la tactique qui se pose, e
453 la tactique qui se pose, en même temps que celle des institutions à construire. Et c’est ici que nos deux groupes divergen
454 roupes divergent. Qu’est-ce que l’Ordre nouveau ? Un comité d’écrivains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des c
455 ains et de techniciens. Autour de lui prolifèrent des cellules17, autant de germes semés dans la diversité des régions et d
456 lules17, autant de germes semés dans la diversité des régions et des métiers : germes de corporations destinées à faire écl
457 de germes semés dans la diversité des régions et des métiers : germes de corporations destinées à faire éclater, par leur
458 veloppement normal, les cadres de l’ordre ancien. Une doctrine rigoureuse, qui s’exprime directement dans une tactique soup
459 ctrine rigoureuse, qui s’exprime directement dans une tactique souple, dont la mise en œuvre institue dès maintenant l’ordr
460 éviter, de la sorte autant que possible, l’écueil des révolutions russe et allemande, la fameuse « période de transition »
461 sales logomachies dialectiques qui font le charme des revues communistes. Rien dans ces textes pour flatter les littérateur
462 s l’exaspération du ton qui mesure l’efficacité d’ une prise de conscience révolutionnaire. Lieu commun pour cette génératio
463 ette génération : la violence véritable est celle des constructeurs. Le premier manifeste publié par l’Ordre nouveau, il y
464 e constituant la personne (l’individu engagé dans un conflit concret). Sur cette notion d’acte pris comme point de départ
465 e départ 18 se fondent ses analyses du pouvoir et des valeurs, et sa critique du travail. Cette critique se développe en un
466 itique du travail. Cette critique se développe en une doctrine économique, dont on trouvera la première synthèse dans l’ouv
467 il19. L’analyse du pouvoir aboutit d’autre part à une conception de l’organisation politique radicalement antiétatiste, féd
468 eux communaliste. L’assimilation de la personne à un acte20, tel est donc le fait spirituel, le fait humain par excellence
469 par excellence auquel l’Ordre nouveau rattache d’ une façon immédiate toutes ses institutions. Telle est la « primauté du s
470 ou feint de croire, qu’il ne s’agissait là que d’ un « spiritualisme ». De même, on a trop souvent confondu, et jusque che
471 rialisme et matérialisme dialectique. L’influence des idées « ordre nouveau » est beaucoup plus considérable qu’on le croir
472 croirait à lire la presse politicienne. Plusieurs des mots d’ordre que la jeunesse française fait siens depuis un an ont ét
473 ordre que la jeunesse française fait siens depuis un an ont été lancés par l’ON qui a eu l’adresse de ne pas en faire une
474 és par l’ON qui a eu l’adresse de ne pas en faire une sorte de propriété privée. Parmi eux, je citerai le « ni droite ni ga
475 centristes et les droites opposent à la mystique des masses russe ou allemande ; enfin l’idée du service civil de travail,
476 , qui pourrait bien devenir le cheval de bataille des mouvements de gauche. « Primauté du spirituel », nous retrouvons cett
477 r de la revue, définissait dès son premier numéro une conception spiritualiste qui n’a rien de commun avec cela qu’ont voul
478 revue a d’ailleurs franchement pris position dans un numéro spécial intitulé : Rupture entre l’ordre chrétien et le désord
479 sprit n’en reste pas moins le lieu de rencontre d’ une centaine de jeunes écrivains « de toutes croyances et de toutes incro
480 utes incroyances », comme disait Péguy, le lieu d’ une enquête permanente et approfondie sur la condition humaine telle que
481 italisme et l’esprit bourgeois, — le lieu enfin d’ un ambitieux effort de reconstruction culturelle. Il faut citer ici les
482 ou à l’Argent misère du pauvre, misère du riche. Un tel titre n’évoque-t-il pas un souvenir fameux ? Cette revue jouera-t
483 , misère du riche. Un tel titre n’évoque-t-il pas un souvenir fameux ? Cette revue jouera-t-elle un rôle comparable à celu
484 as un souvenir fameux ? Cette revue jouera-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se ga
485 te revue jouera-t-elle un rôle comparable à celui des Cahiers de la quinzaine ? Elle a su se garder assez bien de la démago
486 ? Elle a su se garder assez bien de la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnelles qui assurent d’
487 de la démagogie, des à peu près journalistiques, des attaques personnelles qui assurent d’ordinaire aux publications dites
488 ordinaire aux publications dites révolutionnaires un succès de lecture, aux dépens de toute adhésion durable. Des obscurit
489 de lecture, aux dépens de toute adhésion durable. Des obscurités, des lourdeurs, un péguysme parfois complaisant, — on voud
490 dépens de toute adhésion durable. Des obscurités, des lourdeurs, un péguysme parfois complaisant, — on voudrait faire l’élo
491 adhésion durable. Des obscurités, des lourdeurs, un péguysme parfois complaisant, — on voudrait faire l’éloge de ces gauc
492 otes, de la critique bien pensante. Si je me suis un peu étendu sur les principes spirituels qui animent l’activité d’Espr
493 te en marquant la coïncidence de ces principes et des doctrines que nous pouvons déduire de la Réforme. Esprit est en maje
494 es se confond presque intégralement avec celui qu’ un chrétien protestant peut assigner à son action publique. Je ne me dis
495 tes parus dans Esprit trahissent la nostalgie d’ un ordre établi par l’Église, dont nous savons tous les dangers pour l’É
496 Plusieurs textes de L’Ordre nouveau manifestent un certain nietzschéisme, une certaine foi en l’acte seulement humain, q
497 re nouveau manifestent un certain nietzschéisme, une certaine foi en l’acte seulement humain, qui figure, pour un chrétien
498 foi en l’acte seulement humain, qui figure, pour un chrétien, l’illusion dernière de l’orgueil. Mais ces obstacles, ces d
499 perspective que nous considérons ici, la logique des faits me paraît simple : les jeunes protestants n’ont pas à fonder un
500 imple : les jeunes protestants n’ont pas à fonder un parti. Leur foi n’est pas de celles que l’on met en systèmes. Le fût-
501 st pas aux rêves, et ce n’est pas l’affirmation d’ une position politique qui permettra de « faire la France protestante ».
502 protestante ». Je croirais davantage à la vertu d’ une théologie fidèle à la Réforme. Mais, justement, cette théologie nous
503 ngager. N’attendons pas que d’autres aient édifié des systèmes irréprochables et parfaitement conformes à nos désirs. Exami
504 chie par excès de confiance dans l’homme, succède une dictature. Certain fascisme est d’autant plus « bestial » en ses débu
505 plusieurs mouvements d’action publique, qui dans des domaines divers, répandent la doctrine ON. Citons le Club de février,
506 ouveau ils sont cependant autonomes. 18. Titre d’ un essai d’Arnaud Daudin et D. de Rougemont, qui joint à quelques autres
507 ir Daniel-Rops : Éléments de notre destin (Spes). Une dizaine de volumes sont en préparation. 19. L’origine « philosophiqu
508 re méfiants certains économistes. Mais déjà toute une équipe d’ingénieurs s’est attachée à chiffrer et à définir dans le dé
509 amaritain. 21. On trouve cependant aux sommaires des principaux numéros d’ Esprit plusieurs protestants, en particulier A
510 estants, en particulier A. Ullmann qui reste l’un des plus actifs collaborateurs de la revue. Au Comité directeur de l’Ordr
511 e. Au Comité directeur de l’Ordre nouveau, il y a des libres penseurs, des catholiques, un juif et un protestant. 22. Je p
512 r de l’Ordre nouveau, il y a des libres penseurs, des catholiques, un juif et un protestant. 22. Je pense qu’André Philip
513 eau, il y a des libres penseurs, des catholiques, un juif et un protestant. 22. Je pense qu’André Philip ne me contredira
514 des libres penseurs, des catholiques, un juif et un protestant. 22. Je pense qu’André Philip ne me contredirait pas sur
515 lite » publiquement et en tant que chrétien, dans un parti parlementaire. Je crois que seul le lieu que nous avons choisi
12 1934, Articles divers (1932-1935). Jeunesse déracinée (novembre 1934)
516 ue la révolution naît dans les villes ; que c’est un phénomène citadin et l’expression incompressible d’une jeunesse dérac
517 hénomène citadin et l’expression incompressible d’ une jeunesse déracinée… La crise précipite sous nos yeux un processus dep
518 nesse déracinée… La crise précipite sous nos yeux un processus depuis, longtemps actif. Tant qu’une sécurité sociale et fi
519 eux un processus depuis, longtemps actif. Tant qu’ une sécurité sociale et financière assure aux jeunes bourgeois un lieu hé
520 sociale et financière assure aux jeunes bourgeois un lieu héréditaire, un patrimoine de souvenirs, tout ce que symbolise l
521 assure aux jeunes bourgeois un lieu héréditaire, un patrimoine de souvenirs, tout ce que symbolise l’expression « à la ma
522 bolise l’expression « à la maison », l’habitation des villes ne diffère pas essentiellement de celle d’une province. Suppri
523 villes ne diffère pas essentiellement de celle d’ une province. Supprimez l’héritage, délogez les familles, dispersez-les d
524 gez les familles, dispersez-les dans les casernes des boulevards extérieurs, dans le cadre anonyme des petits « deux pièces
525 des boulevards extérieurs, dans le cadre anonyme des petits « deux pièces » qu’on loue sans bail parce qu’on ne sait pas s
526 s aurez tranché les derniers liens qui rattachent un homme à une patrie concrète, si restreinte soit-elle. Il n’y aura plu
527 nché les derniers liens qui rattachent un homme à une patrie concrète, si restreinte soit-elle. Il n’y aura plus le frein à
528 fugation spirituelle. Rappelons ici quelques-unes des composantes de ce phénomène. Il y a d’abord une inflation psychologiq
529 s des composantes de ce phénomène. Il y a d’abord une inflation psychologique : trop de contacts, trop de conversations, tr
530 trop de conversations, trop de visions pour ce qu’ un individu possède de jugement, d’opinions mûries ou de réceptivité nor
531 igue, la sensation d’être vidé, d’être dominé par un milieu qu’on se prend à mépriser parce qu’il vous tient. Neurasthénie
532 guère, et qui deviennent obsédantes : la tyrannie des voisins, des concierges, la brutalité des gérants, qui fait si bien s
533 deviennent obsédantes : la tyrannie des voisins, des concierges, la brutalité des gérants, qui fait si bien sentir qu’on n
534 yrannie des voisins, des concierges, la brutalité des gérants, qui fait si bien sentir qu’on n’est plus chez soi nulle part
535 us chez soi nulle part, que l’on est toléré comme un élément « de rapport », balayé dès qu’il ne rapporte plus à temps. No
536 mars. Et si vous gagnez de l’argent, vous louerez un de ces studios bien nus, où la vie prend un visage tellement abstrait
537 uerez un de ces studios bien nus, où la vie prend un visage tellement abstrait qu’on n’arrive plus même à s’y aimer : Cole
538 e, encore moins théorique. Essayons d’en indiquer une . La jeunesse déracinée cherche une nouvelle communauté. Or, on s’unit
539 d’en indiquer une. La jeunesse déracinée cherche une nouvelle communauté. Or, on s’unit toujours pour ou contre quelque ch
540 on s’unit toujours pour ou contre quelque chose. Des gens qui souffrent et qui n’ont plus d’attaches sont rapprochés d’abo
541 eurs affaires. Ils ne se contenteront pas de dire un non désespéré. Ils chercheront un nouvel ordre. Leur communauté sera
542 ont pas de dire un non désespéré. Ils chercheront un nouvel ordre. Leur communauté sera donc une communauté d’idéal autant
543 heront un nouvel ordre. Leur communauté sera donc une communauté d’idéal autant que de refus. Risquons ici un parallèle qui
544 munauté d’idéal autant que de refus. Risquons ici un parallèle qui n’est peut-être pas simplement une image. Reprenant la
545 i un parallèle qui n’est peut-être pas simplement une image. Reprenant la distinction précisée par Robert Aron et Arnaud Da
546 ue les communautés fondées par la revendication d’ un idéal — communautés nationales — sont essentiellement révolutionnaire
547 signé d’abord l’idéal de la Révolution française, une communauté « spirituelle », au sens le plus humain d’ailleurs, du ter
548 ens le plus humain d’ailleurs, du terme ? L’homme des villes se jettera donc dans l’aventure « nationale » révolutionnaire,
549 nt chacune leur vérité, ne viennent à s’opposer d’ une façon meurtrière. Quel remède à ce péril qui, chaque jour, se fait pl
550 adins jacobinisés malgré eux, vous n’en ferez pas des paysans. L’expérience allemande l’a montré, et l’échec des « Wandervo
551 ns. L’expérience allemande l’a montré, et l’échec des « Wandervogel » est significatif. Ils se disaient les « oiseaux migra
552 ment que pourra se résoudre l’angoissant problème des cités. Mais il faudrait d’abord transformer la province et la rendre
553 vince et la rendre habitable… Il faudrait recréer un lien patriotique sans rien perdre du dynamisme « national ». Il faudr
554 ien perdre du dynamisme « national ». Il faudrait un régime qui sauvegarde la tension nécessaire et féconde entre la patri
13 1935, Articles divers (1932-1935). Mystère de la Vision (fragments d’un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)
555 Mystère de la Vision (fragments d’ un Traité de la vision physionomique du monde) (mars 1935)q r Ce que
556 ses simples et fondamentales, devrait être dit en une phrase, ou développé pendant toute une vie. Aussi bien n’ai-je pas l’
557 tre dit en une phrase, ou développé pendant toute une vie. Aussi bien n’ai-je pas l’intention de l’expliquer, moins encore
558 quer à l’imagination de mon lecteur quelques-unes des perspectives qui rayonnent autour du mystère dont je voudrais mainten
559 e voudrais maintenant m’approcher : la vision est un acte. Vision et visage La vision relie et sépare. Passant du suj
560 sion est passage et frontière, et lieu de contact des extrêmes dont on ne sait plus s’ils s’opposent ou s’ils s’appuient l’
561 ame, elle est événement. Elle ne connaît rien que des formes, et ne croit rien que ce qui apparaît. « Rien n’est, dit-elle
562 r ce qu’elle paraît. N’est-ce pas ainsi que meurt une illusion ? Or toutes ces choses et bien d’autres qu’on pourrait dire
563 dire du visage. La langue allemande ne connaît qu’ un mot pour visage et vision : Gesicht. Quelle est donc cette parenté de
564 t vision : Gesicht. Quelle est donc cette parenté des apparences ? Si la vision voit le visage, et de la sorte, s’en distin
565 séparer de leur existence même ? La vision est un jugement (psychologie) Entre la vieille métaphysique et la nouvell
566 il, de « s’expliquer », mais comme on fait devant un tribunal, — et ce n’était pas leur coutume… L’aventure est assez curi
567 nts ont toléré quelque temps cet intrus, cédant à un trouble penchant pour une paix qui n’était rien que leur faiblesse. M
568 mps cet intrus, cédant à un trouble penchant pour une paix qui n’était rien que leur faiblesse. Mais aujourd’hui qu’ils rel
569 ». L’un, entre autres, qui peut nous apporter ici un argument : un psychologue moderne25 nous a démontré que la vision n’e
570 autres, qui peut nous apporter ici un argument : un psychologue moderne25 nous a démontré que la vision n’est pas une sen
571 moderne25 nous a démontré que la vision n’est pas une sensation, mais un décret de l’intellect. Il n’y a pas de sensations,
572 ontré que la vision n’est pas une sensation, mais un décret de l’intellect. Il n’y a pas de sensations, il n’y a pas d’ima
573 n’y a pas d’associations mentales : il n’y a que des jugements. Toute pensée est « judicatoire », et tout, en l’homme dépe
574 n l’homme dépend de la pensée. Voir, c’est porter un jugement distinctif. Mais, alors, deux questions se posent : d’où vie
575 articipe au spectacle, ou non, son regard saisira des aspects différents. Supposons qu’il contemple un paysage. S’il est un
576 des aspects différents. Supposons qu’il contemple un paysage. S’il est un grand poète, il y verra des mythes, et s’il est
577 s. Supposons qu’il contemple un paysage. S’il est un grand poète, il y verra des mythes, et s’il est un littérateur de l’e
578 e un paysage. S’il est un grand poète, il y verra des mythes, et s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, i
579 n grand poète, il y verra des mythes, et s’il est un littérateur de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra qu’un état
580 de l’espèce par exemple d’Amiel, il n’y verra qu’ un état d’âme ; s’il est un général, il ne verra qu’un champ de manœuvre
581 d’Amiel, il n’y verra qu’un état d’âme ; s’il est un général, il ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur
582 état d’âme ; s’il est un général, il ne verra qu’ un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploiter
583 , il ne verra qu’un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’il fuit la société de ses se
584 qu’un champ de manœuvres ; s’il est un ingénieur, un territoire à exploiter ; s’il fuit la société de ses semblables, il v
585 s’il fuit la société de ses semblables, il verra des retraites solitaires, et s’il la cherche, un désert qu’il faut fuir.
586 rra des retraites solitaires, et s’il la cherche, un désert qu’il faut fuir. Ainsi, selon que l’homme doit y entrer ou qu’
587 se opposition de la contemplation et de l’action. Une notion claire de ce qu’est la vision eût peut-être évité bien des mal
588 e de ce qu’est la vision eût peut-être évité bien des malentendus illustres. L’action est un moment de la contemplation ess
589 vité bien des malentendus illustres. L’action est un moment de la contemplation essentiellement active et transformatrice.
590 on ; il semble que tout s’y ramène à l’opposition des ténèbres et de la lumière. « Autrefois vous étiez ténèbres, et mainte
591 métaphysique et poétique de tout le Moyen Âge, d’ une partie de la Renaissance, et même du rationalisme solennel ou vulgair
592 me solennel ou vulgaire. (Aufklärung, philosophie des Lumières, claire logique, obscurantisme, etc.). Pour illustrer quelqu
593 bscurantisme, etc.). Pour illustrer quelques-unes des relations que je viens de désigner, il n’est pas superflu de recourir
594 u de recourir à ces « origines » sacrées, comme à une sorte d’étymologie de l’imagination moderne. Sur la vision qui est ju
595 qui est jugement et action : « Quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l’adultère avec e
596 , qui, le visage découvert contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même imag
597 Cor. 3.18) — « Aujourd’hui nous voyons comme dans un miroir et d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face 
598 Aujourd’hui nous voyons comme dans un miroir et d’ une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je
599 les choses qui se meuvent, ou qui sont mues, — en un mot : ce qui change. « Car les choses visibles sont passagères, mais
600 ous le confirme, qu’à l’origine de tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la lumière. La première parole de Die
601 origine de tout mouvement des corps, il y a comme un appel de la lumière. La première parole de Dieu : « Que la lumière so
602 eil s’il n’était de nature solaire », dit Goethe. Une telle parole devance notre science, qui lentement la redécouvre, depu
603 physique avait laissé du psychologue, qui devient un simple point de vue. Ces vérités ne sont guère « explicables » au sen
604 forme, plutôt que de la voir, et qui se perd dans un bavardage infini, dans ce vide ou cette « profondeur » ou plus rien n
605 onnu ce grand mystère de la vision. C’est parfois une connaissance égarée qui traverse un délire lucide, tel ce rayon qui p
606 ’est parfois une connaissance égarée qui traverse un délire lucide, tel ce rayon qui pénètre dans les profondeurs de la Sa
607 nuits d’hiver, sans gîte, sans habits, sans pain, une voix étreignait mon cœur gelé : “Faiblesse ou force : te voilà, c’est
608 ion. Comment expliquer autrement que la théologie des scolastiques ait pu s’attarder à débattre des questions aussi vaines
609 gie des scolastiques ait pu s’attarder à débattre des questions aussi vaines que celle qui mit aux prises, par exemple, un
610 vaines que celle qui mit aux prises, par exemple, un Thomas d’Aquin et un Scot, le premier affirmant que la béatitude rési
611 mit aux prises, par exemple, un Thomas d’Aquin et un Scot, le premier affirmant que la béatitude réside in visione, dans l
612 beauté » de Dieu, savait que vision et amour sont un seul acte et une seule réponse : « Lumière du monde, vous m’avez écla
613 , savait que vision et amour sont un seul acte et une seule réponse : « Lumière du monde, vous m’avez éclairé. Je vous ai v
614 e… »29 L’imagination de la forme J’ai cité des docteurs, des apôtres et des poètes, des savants et même quelques ind
615 magination de la forme J’ai cité des docteurs, des apôtres et des poètes, des savants et même quelques indiscrets. Je vo
616 a forme J’ai cité des docteurs, des apôtres et des poètes, des savants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce qu’o
617 ’ai cité des docteurs, des apôtres et des poètes, des savants et même quelques indiscrets. Je vois bien ce qu’on peut m’opp
618 me j’ai été connu ». Cet alors est la plénitude d’ un aujourd’hui que nous ne connaissons que par ses limites et ses formes
619 ui est le monde païen, le monde antique, le monde des philosophes, la forme pure est celle de l’idée platonicienne. Mais da
620 la foi », il semble que notre visage n’en soit qu’ une mauvaise épreuve, déjà brûlée, ici et là, ridée froissée, et rendue é
621 rre sur les miroirs de la ville, à la recherche d’ une illusion de soi-même. Il faut une force qui le braque, une école sévè
622 la recherche d’une illusion de soi-même. Il faut une force qui le braque, une école sévère et un maître. Car celui seul qu
623 ion de soi-même. Il faut une force qui le braque, une école sévère et un maître. Car celui seul qui peut le plus, peut auss
624 faut une force qui le braque, une école sévère et un maître. Car celui seul qui peut le plus, peut aussi nous apprendre le
625 n qui crée. Si l’imagination n’est pas ce fantôme des psychologues, une simple définition dont tous les termes sont problém
626 magination n’est pas ce fantôme des psychologues, une simple définition dont tous les termes sont problématiques ; si elle
627 aux yeux du romantique ; si elle est au contraire une force concrète, elle est cela : une vision d’espérance, un prolongeme
628 au contraire une force concrète, elle est cela : une vision d’espérance, un prolongement, une marche vers la plénitude. De
629 concrète, elle est cela : une vision d’espérance, un prolongement, une marche vers la plénitude. Deviner la forme de notre
630 t cela : une vision d’espérance, un prolongement, une marche vers la plénitude. Deviner la forme de notre vocation, c’est a
631 r la forme de notre vocation, c’est aller au-delà des « apparences actuelles », mais dans les lignes de la création. L’imag
632 t drame. Et les correspondances sont embrassées d’ un seul regard. Les formes naissent, tableaux, poèmes, symphonies, danse
633 omme, il faut entendre qu’elle reste symbolique d’ une certaine image du monde, dont elle ne saurait constituer le centre ni
634 endant le cas privilégié par excellence. Au cours des pages qui précèdent, je me suis attaché à définir, plutôt que les pri
635 définir, plutôt que les principes particuliers d’ une étude physiognomonique, la vision que toute étude de cet ordre suppos
636 Je voudrais maintenant entraîner le lecteur dans une brève incursion à travers ces domaines que l’on pourrait nommer ceux
637 u mystère manifeste. Et d’abord, comme au seuil d’ une expédition militaire, j’indiquerai l’ordre de la marche. Premier prin
638 ou créateur de formes. Ce qui signifierait, pour un homme entièrement spirituel, que tout ce qui est réel se voit. Ce qui
639 ant qu’agies, — sur les formes. Second principe : Une forme ne peut pas être « expliquée » par le recours à ces abstraction
640 sociales que nous croyons « toutes naturelles ». Une forme peut être seulement interprétée, symboliquement et concrètement
641 rt de guide dans le monde physionomique est celui des correspondances, et non pas celui des « causes » conçues indépendamme
642 e est celui des correspondances, et non pas celui des « causes » conçues indépendamment des effets. Nous sommes ici dans un
643 n pas celui des « causes » conçues indépendamment des effets. Nous sommes ici dans un ordre dramatique31 et non conceptuel.
644 s indépendamment des effets. Nous sommes ici dans un ordre dramatique31 et non conceptuel. Nous sommes ici dans l’ordre hu
645 est celui du démontage mécanique, de l’isolation des parties. Interpréter les formes par les formes, n’est-ce pas ouvrir l
646 par les formes, n’est-ce pas ouvrir les portes à une nouvelle mythologie, dans le sens d’un Schelling et déjà d’un Herder 
647 portes à une nouvelle mythologie, dans le sens d’ un Schelling et déjà d’un Herder ? Certes nous sommes ici très près de l
648 mythologie, dans le sens d’un Schelling et déjà d’ un Herder ? Certes nous sommes ici très près de l’Organismusgedanke qui
649 mantisme allemand de cette grandiose conception d’ un univers où tout est correspondance organique, où la réalité naît de l
650 pondance organique, où la réalité naît de l’union des contradictions naturelles, où l’homme est microcosme de la Création.
651 vait aboutir, en passant par Wagner, à la théorie des correspondances chez Baudelaire et chez Rimbaud, pour se perdre dans
652 imbaud, pour se perdre dans l’esthétisme décadent  des symbolistes. Je suis bien loin de croire que cette pensée ait épuisé
653 e ait épuisé sa vérité. Je la vois même promise à une prochaine renaissance. Mais il importe d’en marquer le danger, disons
654 u’à Plotin et Platon, c’est-à-dire jusqu’au monde des Idées. C’était perdre de vue la réalité spécifique du monde de l’Inca
655 ole. C’était sortir du drame, pour se perdre dans une fièvre nostalgique. Schleiermacher est l’expression géniale de cette
656 rien de moins qu’à la glorification progressive d’ une nature dont s’évanouissait la condition essentiellement dramatique. M
657 musgedanke, une fois cette conception débarrassée des équivoques métaphysiques, c’est un irrationalisme concret. L’analyse
658 n débarrassée des équivoques métaphysiques, c’est un irrationalisme concret. L’analyse de l’homme intérieur ou social, tel
659 mprévisible événement — tensions instituées entre des motifs tout contraires, dont la coïncidence définit la personne. Tens
660 sage de l’homme. Kassner remarque qu’à la lecture des grands moralistes français, de Montaigne à Pascal, à La Rochefoucauld
661 La Rochefoucauld, à Chamfort, on ne rencontre pas une phrase qui se rapporte à l’expression ou au visage. Même La Bruyère,
662 ence montre constamment que les hommes qui savent des anecdotes et sont toujours prêts à en raconter, ne savent pas voir le
663 savent pas voir les visages32. Le moraliste voit des types, le physionomiste, des créatures. Mais nous vivons dans un mond
664 . Le moraliste voit des types, le physionomiste, des créatures. Mais nous vivons dans un monde sans mesures, sans barrière
665 ysionomiste, des créatures. Mais nous vivons dans un monde sans mesures, sans barrières sociales, sans costumes, où les ty
666 ociales, sans costumes, où les types ne sont plus des repères. Notre mesure est donc devenue personnelle, et c’est pourquoi
667 atin » est incapable de s’assimiler les secrets d’ une ontologie de la forme ? Ce serait oublier Léonard et son génie physio
668 de du Vinci — la plus vaste collection de formes, un trésor toujours imminent et qui grandit selon l’extension de son doma
669 elon l’extension de son domaine… Il est le maître des visages, des anatomies, des machines. Il sait de quoi se fait un sour
670 ion de son domaine… Il est le maître des visages, des anatomies, des machines. Il sait de quoi se fait un sourire ; il peut
671 ine… Il est le maître des visages, des anatomies, des machines. Il sait de quoi se fait un sourire ; il peut le mettre sur
672 anatomies, des machines. Il sait de quoi se fait un sourire ; il peut le mettre sur la face d’une maison, aux plis d’un j
673 fait un sourire ; il peut le mettre sur la face d’ une maison, aux plis d’un jardin… Et encore : Je sentais que ce maître
674 ut le mettre sur la face d’une maison, aux plis d’ un jardin… Et encore : Je sentais que ce maître de ses moyens, ce pos
675 ce maître de ses moyens, ce possesseur du dessin, des images, du calcul, avait trouvé l’attitude centrale à partir de laque
676 l Valéry ne sont-ils pas l’éblouissante formule d’ une image physionomique de l’univers ? On pourrait m’objecter que le goût
677 e la forme, apanage évident du « latin », suppose des géométries plutôt que l’imagination, et par là retombe au pouvoir de
678 nne, quels sont les plus illustres physionomistes des idées ? Goethe et Nietzsche, ces deux lointains et quelque peu méfian
679 mboles ; et tout est vision créatrice. Goethe est un œil. Et le chant de Lyncée sur sa tour — c’est le chant du bonheur de
680 cueil d’aphorismes, le Gai savoir, Aurore : c’est une chasse royale pour l’amateur de correspondances et de métaphores plas
681 ans Aurore par exemple : Si nous voulions tenter une architecture d’après le mode de notre âme (nous sommes trop lâches po
682 Ou ceci dans le Gai Savoir : J’ai regardé durant un bon moment cette ville, ses maisons de campagne et ses jardins d’agré
683 s habitées ; enfin je finis par me dire ; je vois des visages de générations passées — cette contrée est couverte par les i
684 a puissance et sa conquête… Et le Zarathoustra ! Une œuvre plus concrète a-t-elle donc vu le jour depuis les temps du Livr
685 ond traité théologique qui ne fait pas intervenir un seul concept abstrait, et qui ne connaît d’autres arguments que les p
686 parties du corps humain, les plantes, les aigles, un tesson, des ulcères, des rochers, deux effarantes descriptions du cro
687 corps humain, les plantes, les aigles, un tesson, des ulcères, des rochers, deux effarantes descriptions du crocodile et de
688 les plantes, les aigles, un tesson, des ulcères, des rochers, deux effarantes descriptions du crocodile et de l’hippopotam
689 me, de préférence à physiognomonie, pour désigner une conception du monde, ou plutôt une image du monde, dont l’étude du vi
690 pour désigner une conception du monde, ou plutôt une image du monde, dont l’étude du visage n’est qu’un particulier, à vra
691 e image du monde, dont l’étude du visage n’est qu’ un particulier, à vrai dire privilégié. 24. La réaction antipsychologiq
692 24. La réaction antipsychologique qui se dessine un peu partout ne saurait faire fi des résultats d’observation acquis pa
693 qui se dessine un peu partout ne saurait faire fi des résultats d’observation acquis par les travaux de la psychologie de l
694 s psychiques indépendamment de la personne, comme des cas. Ainsi elles laissent perdre l’humain, elles sortent du concret,
695 traciens aveugles, qu’on expose à la lumière dans des conditions particulières, se développent lentement des yeux qui n’exi
696 onditions particulières, se développent lentement des yeux qui n’existaient auparavant qu’à l’état de germes sous-cutanés.
697 lement, à juger de sa portée scientifique ! 28. Une saison en enfer. (Mauvais sang). C’est Rimbaud qui souligne les derni
698 t dans le mouvement de sa forme en devenir, que d’ une manière étrange et délicate, il l’aide à parvenir à soi-même, en sort
699 n tant que mouvement, évènement, risque, tension. Un tel drame se passe fort bien d’appréciations sentimentales. Il est d’
700 ont Denis de, « Mystère de la vision (fragments d’ un Traité de la vision physionomique du monde) », Hermès, Bruxelles-Pari
701 te indique : « Les pages qui suivent, détachées d’ un ouvrage assez vaste, risquent de paraître assez “hermétiques” au lect
702 de spéculations. Certains mots employés ici dans un sens très particulier nécessiteraient des commentaires rigoureux. Bor
703 ici dans un sens très particulier nécessiteraient des commentaires rigoureux. Bornons-nous à signaler que notre ouvrage con
704 ornons-nous à signaler que notre ouvrage contient une théorie de la forme (considérée comme surface de contact de forces co
705 surface de contact de forces contradictoires) et une théorie de la personne, au sujet de laquelle on pourra trouver des éc
706 personne, au sujet de laquelle on pourra trouver des éclaircissements dans ma “Définition de la Personne” parue dans Espr
14 1935, Articles divers (1932-1935). Les autres et nous : I — Esprit (avril 1935)
707 Esprit et L’Ordre nouveau  ? » Les noms mêmes des deux revues l’indiquent : différence entre un « esprit » et un « ordr
708 es des deux revues l’indiquent : différence entre un « esprit » et un « ordre », au double sens d’équipe et de « mise en o
709 s l’indiquent : différence entre un « esprit » et un « ordre », au double sens d’équipe et de « mise en ordre ». Esprit
710 ement personnaliste le grand service de lui créer une atmosphère, un champ d’essais intellectuels, je dirais même une senti
711 ste le grand service de lui créer une atmosphère, un champ d’essais intellectuels, je dirais même une sentimentalité, au m
712 , un champ d’essais intellectuels, je dirais même une sentimentalité, au meilleur sens du terme. La formule caractéristique
713 nfrontation ». Confrontation dirigée certes, avec une souplesse dont les avantages l’emportent, jusqu’ici, sur les inconvén
714 s que l’on pouvait craindre. Esprit est surtout une enquête. L’Ordre nouveau , surtout une construction. Pas question de
715 t surtout une enquête. L’Ordre nouveau , surtout une construction. Pas question de séparer ces deux temps de l’action, et
716 e que L’ON n’a pas établi ses constructions sur une enquête permanente, large et précise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas
717 cise, ou qu’ Esprit n’ambitionne pas d’aboutir à des constructions. Il n’en reste pas moins que les années d’avance qu’a p
718 L’ON lui permettent de passer, dès à présent, à des tentatives de réalisation dont Esprit n’a voulu donner, jusqu’ici,
719 tradicteurs, de critique littéraire ou d’analyses des « actualités ». Non que cela nous paraisse le moins du monde nuisible
720 elles d’ Esprit . Rien dans tout cela qui empêche une collaboration, — au contraire, et je suis bien placé pour le dire — r
721 é pour le dire — rien qui traduise autre chose qu’ une raisonnable division du travail. Les craintes éveillées chez beaucoup
722 s quant à l’avenir du mouvement par la séparation des deux revues me paraissent exagérées. Ce qui pourrait être plus grave
723 révolution, c’est la fluidité excessive du style des manifestes d’ Esprit . Crainte de l’index ou incertitudes doctrinales
724 itler par exemple.) Mais ce n’est pas en exauçant des vœux, d’ailleurs humainement sympathiques, qu’on construira l’ordre p
725 e. Nous souhaitons le succès d’ Esprit  : non pas un succès d’estime, auprès des esprits pondérés, mais un succès construc
726 s d’ Esprit  : non pas un succès d’estime, auprès des esprits pondérés, mais un succès constructif, révolutionnaire, et qui
727 uccès d’estime, auprès des esprits pondérés, mais un succès constructif, révolutionnaire, et qui se confondra nécessaireme
728 tres et nous : 1 : Esprit  », Bulletin de liaison des groupes Ordre nouveau, Paris, avril 1935, p. 3-4.
15 1935, Articles divers (1932-1935). Lettre à la rédaction de Commune (mai 1935)
729 camarades marxistes ou fascistes » : je parlais à un congrès d’étudiants et voyais dans la salle des délégués marxistes et
730 à un congrès d’étudiants et voyais dans la salle des délégués marxistes et hitlériens qui étaient nos camarades au sens le
731 aris, mai 1935, p. 1059. u. Publiée en réponse à une recension de Politique de la personne parue dans la livraison de ma
16 1935, Articles divers (1932-1935). Nous ne mangeons pas de ce pain-là : à propos du 14 juillet (15 juillet 1935)
732 prendre position dans la lutte qui met aux prises un Front dit « national » et un Front dit « populaire ». Nous demandons
733 e qui met aux prises un Front dit « national » et un Front dit « populaire ». Nous demandons ce que peut bien signifier l’
734 us, la vraie nation française c’est la communauté des personnes responsables, conscientes de la mission libératrice de la F
735 triotes, contre les sociétés anonymes qui ruinent des provinces entières et financent le Front national. Nous pouvons nous
736 , contre les démagogues apeurés qui font le jeu d’ une dictature aux ordres des nationalistes russes. Nous sommes contre un
737 peurés qui font le jeu d’une dictature aux ordres des nationalistes russes. Nous sommes contre un système capitaliste, à dr
738 dres des nationalistes russes. Nous sommes contre un système capitaliste, à droite, ou étatiste, à gauche, qui tente de cr
739 trières confusions : la confusion de la patrie et des banquiers, la confusion de la Révolution et des Soviets. Nous ne nous
740 t des banquiers, la confusion de la Révolution et des Soviets. Nous ne nous battrons ni pour les Forges, ni pour les agents
741 de Moscou : les uns et les autres poursuivent par des voies tactiques opposées (mais en apparence seulement) un seul et mêm
742 tactiques opposées (mais en apparence seulement) un seul et même but concret : ils veulent une dictature, un « état fort 
743 lement) un seul et même but concret : ils veulent une dictature, un « état fort ». La dictature mène à la guerre entre autr
744 et même but concret : ils veulent une dictature, un « état fort ». La dictature mène à la guerre entre autres. Faut-il pr
745 ans l’un et l’autre cas destructeur de la liberté des personnes, destructeur du sentiment patriotique, destructeur à gauche
746 ent patriotique, destructeur à gauche et à droite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est claire : le F
747 ite des forces vives du pays. À l’heure présente, une chose est claire : le Front populaire travaille pour M. Litvinoff, le
748 et de droite l’ignorent encore, c’est en vertu d’ une double erreur que l’Ordre nouveau seul a dénoncé depuis longtemps :
749 eurs de fonds. Erreur sur la mystique : la lutte des « nationaux » contre les « populaires » ne fait que prolonger dans la
750 matraques et de mitrailleuses. Au lieu de tomber un ministère quelconque, on s’apprête à descendre des centaines de Franç
751 un ministère quelconque, on s’apprête à descendre des centaines de Français. Au bénéfice de qui, nous l’avons dit. Quand le
752 s auront compris que la peur de Chiappe n’est pas un programme, sonnera l’heure de l’Ordre nouveau. v. Rougemont Denis
753 à (à propos du 14 juillet) », Bulletin de liaison des groupes Ordre nouveau, Paris, 15 juillet 1935, p. 2.
17 1935, Articles divers (1932-1935). Montherlant : Service inutile (15 novembre 1935)
754 ément large. » Que trouvons-nous dans ce volume ? Des pages sur l’Espagne, d’autres sur l’Algérie, échantillons de cette Ro
755 l’Algérie, échantillons de cette Rose de sable qu’ un scrupule patriotique retient l’auteur de publier et qui sent le chef-
756 qui sent le chef-d’œuvre dès les premiers abords. Des considérations sur le peuple, le bourgeois et la noblesse : cela est
757 la est neuf et vrai, bien vu et bien dit, plein d’ une verve gentille, et aussi, disons-le, de courage, car il en faut pour
758 que le plus sévère sur la prudence et sur l’usage des vertus. Enfin trois importants essais sur l’attitude de l’écrivain de
759 plique le titre du livre. On a plaisir à discuter des déclarations aussi franches et pourtant pures de toute espèce de harg
760 tant pures de toute espèce de hargne. (On perdait un peu l’habitude de cette fière politesse, dans ce temps où les partisa
761 u’il doit, en principe, à César. Sans préjudice d’ une prise de position occasionnelle en faveur d’une cause humaine, de la
762 d’une prise de position occasionnelle en faveur d’ une cause humaine, de la patrie, ou même des Éthiopiens. Notons d’abord q
763 faveur d’une cause humaine, de la patrie, ou même des Éthiopiens. Notons d’abord qu’une pareille attitude a le mérite de ne
764 patrie, ou même des Éthiopiens. Notons d’abord qu’ une pareille attitude a le mérite de ne point sacrifier à l’excitation gé
765 rer, malgré les résultats. Mais je crains bien qu’ une humeur espagnole pousse Montherlant à préférer un peu trop vite le se
766 ne humeur espagnole pousse Montherlant à préférer un peu trop vite le second terme de son titre. C’est le concours des deu
767 e le second terme de son titre. C’est le concours des deux qui est vrai. L’œuvre avant tout ? Oui, mais toute œuvre est une
768 i. L’œuvre avant tout ? Oui, mais toute œuvre est une action, et c’est le contenu de cette œuvre, ou l’objectif de cette ac
769 e lui pardonne mieux qu’à d’autres). « Les œuvres des écrivains ont été faites par le besoin organique qu’ont les écrivains
770 simplement de ce qui peut amuser l’auteur. Mais «  un écrivain digne de ce nom » ne va pas, pour prendre un exemple, déconc
771 crivain digne de ce nom » ne va pas, pour prendre un exemple, déconcerter son public à plaisir ; ce qui l’amuse, c’est peu
772 ela seul qu’on le jugera. Je veux savoir pourquoi un écrivain écrit : tous les plus grands l’ont dit et ont couru leur cha
773 verbe (ou le régime !) et de qualifier d’inutile un service qu’il faudrait d’abord rendre. Je force un peu mon objection
774 n service qu’il faudrait d’abord rendre. Je force un peu mon objection pour être clair. Je n’entends pas que ce recueil n’
775 rien de positif, comme on dit. Il apporte d’abord un ton, ce n’est pas peu, si ce n’est pas toujours assez. Il apporte une
776 s peu, si ce n’est pas toujours assez. Il apporte une qualité morale, une propreté et une franchise qui rafraichissent. Enf
777 as toujours assez. Il apporte une qualité morale, une propreté et une franchise qui rafraichissent. Enfin, un éloge du bonh
778 z. Il apporte une qualité morale, une propreté et une franchise qui rafraichissent. Enfin, un éloge du bonheur qui scandali
779 preté et une franchise qui rafraichissent. Enfin, un éloge du bonheur qui scandalisera beaucoup moins que ne paraît le cra
780 e craindre Montherlant. « Pourquoi n’y a-t-il pas une École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’on y
781 uoi n’y a-t-il pas une École de bonheur ? au lieu des écoles de latin et de droit : qu’on y apprenne le régime de son âme. 
782 ut aussi bien — s’il refuse le siècle précédent — un contemporain spirituel de cet « homme du xviiie siècle » ? Je pourra
783 siècle » ? Je pourrais vous citer vingt endroits des Mélanges sentimentaires qu’on prendrait pour du bon Montherlant. En v
784 qu’on prendrait pour du bon Montherlant. En voici un qui résume fort bien la morale personnelle de notre auteur : « J’ai l
785 qui donna dans l’enfantillage de vouloir modifier une forme de gouvernement… » Ce même goût du bonheur, chez l’un et l’autr
786 que, et de l’Église… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un serviteur agréable, que tous les deux ont pris soin
787 se… Jusqu’au plaisir de se faire un peu voler par un serviteur agréable, que tous les deux ont pris soin d’avouer ! Certes
788 si fortes qu’elles ne nous permettent de prendre une vue plus juste de ce qui est propre à Montherlant. Il est bien moins
789 ’un peu de soin ou de calcul médiocre eût évités, une même façon de dire : tant pis — qui a une belle allure. À quoi l’on v
790 évités, une même façon de dire : tant pis — qui a une belle allure. À quoi l’on voudrait bien pourtant que ne se réduisît p
791 réduisît point l’héroïsme français : ce n’est qu’ une de ses tentations. 33. Grasset, éditeur. w. Rougemont Denis de,