1
ent de l’ordre romanesque : elle est d’avoir mêlé
à
un beau drame d’amour le souvenir et davantage, la présence d’un être
2
avantage, la présence d’un être vrai, qui apporte
à
toute l’œuvre une émouvante précision. Le personnage de Garta, dont l
3
eu connaissance, et moins encore se sont risqués
à
en parler. Rien d’étonnant d’ailleurs à cette réserve. Une sorte de s
4
t risqués à en parler. Rien d’étonnant d’ailleurs
à
cette réserve. Une sorte de stupéfaction respectueuse ; le mutisme de
5
voilà sans doute l’explication qu’il faut donner
à
l’espèce de résistance que rencontre Kafka parmi nous. Rien ne me par
6
e Kafka parmi nous. Rien ne me paraît plus propre
à
la réduire que le détour auquel a recouru Max Brod ; la biographie ro
7
xpliqué sur ce point délicat dans une note jointe
à
l’édition posthume du Procès : je doute que les lecteurs de ce livre
8
ce roman. Sachons-lui gré d’accorder par là même,
à
un public plus étendu, l’avance nécessaire, le gage tout humain dont
9
ont certains lecteurs ont besoin, pour se risquer
à
découvrir un génie tellement « étranger »… Le récit de Max Brod est l
10
préoccupations sociales, les lectures qu’il fait
à
son ami, la brève idylle de Weimar… tout cela compose une description
11
faits et deux ou trois dates suffiront désormais
à
situer ce fragment de biographie. Franz Kafka naquit à Prague en 1883
12
uer ce fragment de biographie. Franz Kafka naquit
à
Prague en 1883. Il passa dans cette ville la plus grande partie de sa
13
ise de jardinage. Lorsque enfin il voulut émigrer
à
Berlin pour s’y vouer totalement à son œuvre, il était déjà condamné
14
voulut émigrer à Berlin pour s’y vouer totalement
à
son œuvre, il était déjà condamné par une tuberculose du larynx dont
15
amné par une tuberculose du larynx dont il mourut
à
Vienne en 1924. Il n’avait publié de son vivant qu’un petit nombre de
16
e, mais avec une minutie telle qu’on ne tarde pas
à
pressentir que la plupart de nos démarches sous-entendent et masquent
17
cidité que suscite en nous cette vision ressemble
à
s’y méprendre à un cauchemar. Mais alors que tant de poètes s’efforça
18
te en nous cette vision ressemble à s’y méprendre
à
un cauchemar. Mais alors que tant de poètes s’efforçaient à la même é
19
emar. Mais alors que tant de poètes s’efforçaient
à
la même époque de délirer méthodiquement, et de brouiller tous les pl
20
diquement, et de brouiller tous les plans du réel
à
seule fin de s’en évader — durant le temps de leur ivresse tout au mo
21
e sans cesse, avec une sorte d’humour inflexible,
à
la conscience la plus sobre de notre humaine condition. On dirait qu’
22
maine condition. On dirait qu’il incite ses héros
à
pratiquer contre la vie bourgeoise une espèce de « grève perlée » : c
23
ouvrent et en dénoncent l’impossibilité foncière.
À
serrer de si près le réel, on le convainc rapidement de monstruosité
24
urvenu dans la vie de son héros, Kafka nous amène
à
penser que le détail de l’existence banale, et le sentiment d’étrange
25
manière la plus logique sitôt qu’on les rapporte
à
un fait initial mystérieux et d’apparence extravagante. Derrière cett
26
t trahi par certaines bizarreries du récit, donne
à
l’œuvre une grandeur poétique, un pouvoir d’inquiéter presque morbide
27
», telles que nous les décrit Max Brod, aideront
à
deviner la nature assez rare du dessein secret de Kafka. Sa passion d
28
doute de Kierkegaard, qu’il fut l’un des premiers
à
découvrir au xxe siècle. D’autre part, sa volonté de sobriété, d’uti
29
n existence, et qui devait l’amener entre autres,
à
son projet de participation au jeune mouvement sioniste, se rattache
30
ment sioniste, se rattache non moins certainement
à
son admiration pour Goethe. Rien n’est plus suggestif que cette renco
31
homme de deux influences aussi contradictoires et
à
tant d’égards exclusives… Il y aurait fort à dire là-dessus… Mais en
32
s et à tant d’égards exclusives… Il y aurait fort
à
dire là-dessus… Mais en voilà sans doute assez pour faire entrevoir a
33
e l’aventure du « vieux Pragois », héros non tout
à
fait imaginaire, lui aussi, du Royaume enchanté de l’amour. 22. Le
34
ité d’auteur — nous dit Kierkegaard — se rapporte
à
ce seul problème : comment devenir chrétien ». Car on n’est pas chrét
35
stence proprement humaine que lorsqu’il participe
à
la transformation du monde. Autrement, il est animal, et soumis à la
36
ion du monde. Autrement, il est animal, et soumis
à
la forme des choses, — à la commune dégradation. Ceux qui ne croient
37
il est animal, et soumis à la forme des choses, —
à
la commune dégradation. Ceux qui ne croient pas à l’acte, c’est qu’il
38
à la commune dégradation. Ceux qui ne croient pas
à
l’acte, c’est qu’ils ne connaissent plus aucun chemin. Comment marche
39
et effort des sciences et des sociologies établit
à
grands frais l’évidence du désespoir : l’homme moderne a perdu « le c
40
le Christ. La possibilité de l’acte est identique
à
sa nécessité. Il n’y a donc aucun acte possible, aucun acte vrai et v
41
rtu de l’absurde » ; mais cela seul donne un sens
à
nos vies. Alors les règles, les morales et les lois qui nous disaient
42
onne éternelle, prophétie de l’éternité qui vient
à
nous. 2. Il n’est d’action que prophétique Qu’est-ce que prophé
43
evinent les pas, chemin qui se dérobe au doute et
à
l’orgueil, mais que parfois la prophétie fait briller devant lui comm
44
t briller devant lui comme un éclair. « Sachez qu’
à
l’origine, — lit-on dans un dialogue de Kassner6 — toutes les créatur
45
s croyants, dont la vocation prophétique pareille
à
celle des hommes de Dieu qui se lèvent sous l’Ancienne Alliance, se c
46
t comment transformer, c’est-à-dire comment obéir
à
la Parole qui prophétise ? Le chemin est imprévisible. Ce que nous co
47
pourtant son point de départ. Le chemin commence
à
tout homme qui se met en devoir d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de Die
48
ommence à tout homme qui se met en devoir d’obéir
à
l’ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe qui, à n’im
49
reçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe qui,
à
n’importe quel ordre reçu, et sans nulle préparation. « Comment un h
50
our le jour, sans assurances et sans préparation,
à
la grâce de Dieu, dans la confiance et l’inquiétude, — on pourrait di
51
e de ta vie, sa mesure et sa vocation, son risque
à
chaque instant visible, et sa sécurité, cachée au plus secret du risq
52
au plus secret du risque. 3. Nous n’avons pas
à
suivre le chemin, mais bien à l’inventer à chaque pas Tant que nou
53
3. Nous n’avons pas à suivre le chemin, mais bien
à
l’inventer à chaque pas Tant que nous considérons le Christ avec d
54
ns pas à suivre le chemin, mais bien à l’inventer
à
chaque pas Tant que nous considérons le Christ avec des yeux de mo
55
morale de premier plan qu’il ne resterait plus qu’
à
imiter, l’acte demeure un pur possible, un modèle d’acte, une abstrac
56
ien la définition de « l’inactuel ». Se conformer
à
ce pieux idéal, non seulement ce n’est point agir, non seulement c’es
57
dèle que ses yeux voient et que sa chair perçoit (
à
la lecture des évangiles par exemple) au lieu d’écouter l’ordre, au l
58
aintenant, par la foi, sur ce chemin qui commence
à
ses pas, — c’est là le destin du chrétien, c’est son « impossible » d
59
son « impossible » destin, le seul acte possible
à
l’homme. Et c’est l’acte que Dieu initie. 4. « Par rapport à l’abs
60
ire sans que rien y prépare. « Car Dieu peut tout
à
tout instant. C’est là la santé de la foi »10. Si nous vivions dans l
61
ssé ni futur, mais le Jour éternel de la présence
à
Dieu et à soi-même régnerait sur le monde et l’unité du genre humain.
62
ur, mais le Jour éternel de la présence à Dieu et
à
soi-même régnerait sur le monde et l’unité du genre humain. Si nous v
63
», mais la réponse est : « Convertissez-vous ! »
À
la lumière jaillie de l’acte de la foi, le mystère du temps se dévoil
64
ici : le pécheur pardonné vit dans le temps comme
à
contre-courant de sa durée, vit d’acte en acte. Et son temps n’est pl
65
issance et la mort — ou plutôt puisque l’acte est
à
contre-courant de la durée : entre la mort et la naissance — toute la
66
acte est Passage et tension, — passage de la mort
à
la vie, tension entre ce qui résiste et ce qui crée, victoire de la P
67
stant et la mort et la vie des êtres qu’il promet
à
l’existence ; mais détruisant le temps, il le recrée et le rédime pui
68
bée par l’instant, par le passage de ce qui meurt
à
ce qui nait, — par le réel. « Celui qui doit agir, s’il veut juger de
69
selon le succès qu’il remporte, n’arrivera jamais
à
rien entreprendre. Même si le succès pouvait réjouir le monde entier,
70
ge. Le visage appartient au temps, mais la vision
à
la parole dont elle procède, et si la face d’un homme est belle, c’es
71
épasser cette illusion du désespoir, qui consiste
à
s’imaginer que l’acte est puissance de l’homme : d’où l’impossibilité
72
é ne l’imagine. Parce que le rapport du désespoir
à
l’acte n’est pas seulement renversement, mais création irréversible.
73
sement, mais création irréversible. Et cela tient
à
la nature de l’acte, — mieux encore : à son origine. Cela tient à l’a
74
ela tient à la nature de l’acte, — mieux encore :
à
son origine. Cela tient à l’absolu de la Personne qui l’initie. Le dé
75
’acte, — mieux encore : à son origine. Cela tient
à
l’absolu de la Personne qui l’initie. Le désespéré, le douteur, ou si
76
’est-à-dire qu’il n’y croit pas et qu’il ne croit
à
aucun acte. Il vit dans le désir et dans la nostalgie, et son regard
77
oucher vers « les autres », une chaîne qui le lie
à
la coutume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourrait-il fa
78
sespéré consiste dans ses liens, dans sa croyance
à
la réalité des liens et de la masse, à la réalité des autres dans l’e
79
a croyance à la réalité des liens et de la masse,
à
la réalité des autres dans l’ensemble. Comment cet homme pourrait-il
80
et c’est pourquoi il n’y croit pas. Nul n’échappe
à
la forme du monde. Mais la subir, c’est justement désespérer. Il faud
81
te et insensible de l’instant, c’est l’obéissance
à
la Parole de Dieu, — la prophétie dans l’immédiat. Que s’est-il donc
82
reproches au « christianisme de la chrétienté »,
à
cette « inconcevable illusion des sens », ne s’adressent-ils pas just
83
sion des sens », ne s’adressent-ils pas justement
à
la « vraisemblance » doctrinale d’une religion mise à la portée de «
84
« vraisemblance » doctrinale d’une religion mise
à
la portée de « la masse », alors que la foi véritable est celle du so
85
outient, hors la foi ? « Celui qui ne renonce pas
à
la vraisemblance n’entre jamais en relation avec Dieu. L’audace relig
86
amais en relation avec Dieu. L’audace religieuse,
à
plus forte raison l’audace chrétienne, est au-delà de toute vraisembl
87
ute vraisemblance, là où précisément l’on renonce
à
la vraisemblance »19. Parce qu’il faut créer le chemin, non pas le su
88
. Le bourgeois est sans vocation, il ne croit pas
à
l’acte et il meurt au hasard, sans avoir rencontré personne ni soi-mê
89
ocation qu’il incarne. Sur le chemin qui commence
à
ses pas, il ne meurt jamais par surprise : et ce n’est point qu’il ai
90
uté d’une personne. 5. « Ta Parole est une lampe
à
mes pieds, une lumière sur mon sentier » 6. Die Chimäre, trad. fran
91
ie d’un prophète, ou bien alors elle se réduirait
à
la grammaire et à la syntaxe particulière de son message. 8. Journa
92
ou bien alors elle se réduirait à la grammaire et
à
la syntaxe particulière de son message. 8. Journal. « L’imitation s
93
e refus de l’instant et de l’obéissance immédiate
à
la Parole. La ressemblance est seulement formelle. Le temps dont souf
94
kegaard se rapportait de la façon la plus précise
à
Jean XI. 4. 17. Richtet selbst. 18. Ibid. 19. Toutefois dans le
95
d. 19. Toutefois dans le Journal des années 1846
à
1848, on trouve de nombreuses notations de ce genre : « Grande sera m
96
is c’est qu’elle est entièrement déterminée jusqu’
à
la mort, mais que la mort survient comme une absurdité, la première d
97
ière dans l’histoire du bourgeois, mais décisive.
À
une enquête dont le sujet était : La rencontre la plus importante de
98
notre langue est plus malade que n’était le latin
à
l’époque de la Renaissance24. Le latin de Bembo et de Sadolet était e
99
dont les différents partenaires changent la règle
à
leur fantaisie, chacun croyant gagner à sa façon, et que les autres t
100
la règle à leur fantaisie, chacun croyant gagner
à
sa façon, et que les autres trichent ou font défaut. N’est-ce pas la
101
mer des arceaux vivants. Quand Alice avait réussi
à
mettre en boule son hérisson, et se préparait à le frapper avec la tê
102
i à mettre en boule son hérisson, et se préparait
à
le frapper avec la tête du héron, celui-ci tordait son long cou et la
103
’ailleurs que personne ne se soucie de les mettre
à
exécution25. « Vous n’avez pas idée, conclut Alice, combien c’est aff
104
pirituelle… Tandis que d’autres opposent l’esprit
à
la révolution, l’ordre à la liberté, ou encore les patries de l’ordre
105
autres opposent l’esprit à la révolution, l’ordre
à
la liberté, ou encore les patries de l’ordre à la patrie de la révolu
106
re à la liberté, ou encore les patries de l’ordre
à
la patrie de la révolution… Toutes ces combinaisons et ces permutatio
107
ces permutations seraient néanmoins assez simples
à
débrouiller dans la pratique, et pourraient définir utilement le part
108
tre, présence effective de la pensée et de la foi
à
nos misères, activité concrète et créatrice, et garantie contre les p
109
e, l’arceau sous lequel je dois passer se promène
à
l’autre bout du jeu et j’aurais dû croquer le hérisson de la Reine s’
110
oquer le hérisson de la Reine s’il ne s’était mis
à
courir juste au moment où j’allais jouer. » ⁂ Tout le monde ou presqu
111
ant le Diktat de Versailles, par l’Italie partant
à
la conquête de l’Éthiopie, etc. L’ordre sera tantôt le statu quo, si
112
isme, nationalisme, impérialisme… ⁂ Tout concourt
à
créer et aggraver cette crise du sens des mots et de la sémantique vi
113
uit de son vivant. Cependant les journaux du soir
à
cinq-cent-mille exemplaires et la radio atteignent des millions d’aud
114
l’éloquence politique et les ouvrages populaires
à
grand tirage, voilà tout un domaine que l’écrivain digne du nom ne co
115
. Cette accession démocratique des grandes masses
à
la vie de l’esprit me paraît tout à fait improbable dans l’état actue
116
randes masses à la vie de l’esprit me paraît tout
à
fait improbable dans l’état actuel du régime. Elle est à tout le moin
117
improbable dans l’état actuel du régime. Elle est
à
tout le moins vérifiable. Par contre, on peut très nettement constate
118
lés. Ces échanges en effet aboutissent rapidement
à
démonétiser les mots. Le vocabulaire des journaux est vague, impropre
119
t scrupuleux. C’est pourquoi la plupart renoncent
à
enseigner au milieu d’une rumeur générale, où leurs paroles ne sont p
120
’est un jeu formel et précis, dont ils sont seuls
à
connaître les règles. (Encore ne sont-ils guère d’accord pour enregis
121
nt de plus en plus « exquis » et par suite inapte
à
traduire une volonté d’action bientôt jugée vulgaire. ⁂ La civilisati
122
n occidentale aurait-elle donc des fins dernières
à
quoi elle tend ? Quand le peuple d’Israël oublie sa vocation et se dé
123
i toujours : pour peu que le sens des fins vienne
à
faiblir et que la mesure commune cesse d’être effectivement perçue et
124
re effectivement perçue et observée, l’on assiste
à
la même dégradation des instruments de la culture : — d’une part les
125
a culture : — d’une part les écrivains se mettent
à
raffiner l’expression propre de chaque chose séparée, au détriment de
126
n contrôle sur son parler, qu’elle ne soumet plus
à
un but unanime. Si bien que les écrivains ne sont plus compris du peu
127
it, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait
à
un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié hum
128
homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fait
à
sa place, et contre l’homme qu’il séduit et qu’il trompe. Cette fin c
129
aim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes,
à
notre insu, trahissent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Quelqu’un a f
130
vrai Dieu, les prêtres donnent des idoles faites
à
l’image des terreurs de l’homme. Dans le culte de ces images, le peup
131
ut. On nous en donnera donc de nouveaux fabriqués
à
notre mesure, — et quelle misérable mesure ! « Slogans » publicitaire
132
Amérique ! Achetez français ! Passez vos vacances
à
la mer ! C’est avec ça qu’on fait les bons fascistes, les bons nazis,
133
a loi inexorable et mécanique qui plie l’individu
à
des calculs de masses, à des disciplines extérieures, à des ambitions
134
ique qui plie l’individu à des calculs de masses,
à
des disciplines extérieures, à des ambitions inhumaines. Nous vivons
135
calculs de masses, à des disciplines extérieures,
à
des ambitions inhumaines. Nous vivons à l’âge des mots d’ordre. L’on
136
érieures, à des ambitions inhumaines. Nous vivons
à
l’âge des mots d’ordre. L’on peut penser que c’est une espèce de prog
137
muns spirituels et effectifs ne nous ordonnent qu’
à
des fins provisoires ou dégradantes : l’État totalitaire, et la riche
138
re est justement la part active que prend l’homme
à
tout ce qui est création dans la nature, dans l’histoire, dans la vie
139
it d’un ouvrage intitulé Penser avec les mains ,
à
paraître chez Albin Michel. 25. Les injures et les marques de mépris
140
mie. Ainsi l’on ne risque pas de confondre le vol
à
la tire et le vol plané dans la conversation courante ; tandis que le
141
’en nourrissent. L’opération fameuse qui consiste
à
additionner les casseroles et les haricots est à la base de l’éloquen
142
à additionner les casseroles et les haricots est
à
la base de l’éloquence démagogique. e. Rougemont Denis de, « Décade
143
t, non sans avoir d’abord renforcé cet État jusqu’
à
l’extrême qu’on nomme dictature ; et qu’enfin cette dictature dispara
144
istoire, dans le réel : on vous invite maintenant
à
n’en pas croire vos yeux, qui voient Staline, mais à croire une proph
145
’en pas croire vos yeux, qui voient Staline, mais
à
croire une prophétie. Cependant vous demeurez sceptique : Staline, ap
146
s dialecticiens. Alors, peut-être, vous commencez
à
entrevoir ce que signifie : dialectique. C’est en fait, l’obéissance
147
fait, l’obéissance au parti, l’obéissance aveugle
à
Staline, dépositaire unique de la doctrine. Quitter le plan des vérit
148
oire, cela signifiait donc, précisément, renoncer
à
la vérité, et ne croire plus qu’à la tactique d’un dictateur, lequel
149
ément, renoncer à la vérité, et ne croire plus qu’
à
la tactique d’un dictateur, lequel changera la vérité tous les six mo
150
une doctrine qui prétend justifier théoriquement,
à
quelques années d’intervalle, la démocratie des Soviets, puis la dict
151
iets, puis la dictature de Staline ; le pacifisme
à
tout prix des débuts et l’impérialisme actuel (si mal déguisé par la
152
essités pratiques et contingentes, et je n’ai pas
à
porter, ici, un jugement d’allure politique. Mais ce qui est grave, c
153
manœuvres au nom de la doctrine, et les justifier
à
tout coup (avec léger retard sur l’événement !) par des nécessités di
154
de discuter, de confronter ? « Rien ne sera juste
à
cette balance » (Pascal). Je m’en voudrais d’exploiter l’équivoque. M
155
séquent. C’est ce mouvement profond qui légitime,
à
ses yeux tout au moins, les détours les plus tortueux, mettons les dé
156
qu’il est un être « en relation », qu’il est lié
à
une société42. Mais encore, à l’instar du chrétien, le marxiste croit
157
on », qu’il est lié à une société42. Mais encore,
à
l’instar du chrétien, le marxiste croit que la société présente n’a p
158
tre elle-même, et fait de l’homme qui s’abandonne
à
elle un être antinomique, « divisé », et comme « aliéné » de ce qu’il
159
« aliéné » de ce qu’il y a de plus humain en lui.
À
la découverte de « cette aliénation de soi », qui selon Marx serait l
160
r sa plénitude et se « regagner totalement »43 qu’
à
la faveur d’une économie44 radicalement renouvelée. Une réaction semb
161
i ne concourrait pas, d’une façon ou d’une autre,
à
transformer, à changer quelque chose, — à lutter efficacement contre
162
t pas, d’une façon ou d’une autre, à transformer,
à
changer quelque chose, — à lutter efficacement contre le mal universe
163
autre, à transformer, à changer quelque chose, —
à
lutter efficacement contre le mal universel. Cette volonté fondamenta
164
ttre aux Romains (12, 2) : Ne vous conformez pas
à
ce siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de vo
165
ement humain (c’est-à-dire en tant que l’on obéit
à
l’Esprit, pour Paul, et en tant que l’on fait la révolution, pour Mar
166
is du Temps. De la polémique antispiritualiste
à
la doctrine marxiste On ne répétera jamais assez que la doctrine o
167
de vue religieux, la situation qui se présentait
à
Marx ? C’était celle de la Restauration. Professeurs et bourgeois lib
168
lus ce qui l’eût jugé. Marx ne perd pas son temps
à
dénoncer l’erreur qui est à la base d’une pareille imposture : il la
169
ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est
à
la base d’une pareille imposture : il la sait trop profondément enrac
170
mais l’homme, que les spiritualistes abandonnent
à
un sort toujours plus inhumain. Il lui faudra donc recourir à un autr
171
ujours plus inhumain. Il lui faudra donc recourir
à
un autre ordre d’arguments : ceux que l’on dit « matérialistes ». Ce
172
former « l’intérieur » se gardent bien de toucher
à
l’extérieur. Marx dira donc, contre eux, qu’il faut d’abord transform
173
ravages sont déjà tels qu’on ne peut plus songer
à
rétablir la vérité par des moyens purement spirituels. Au mensonge sp
174
ue ? On voit ainsi comment Marx lui-même se prend
à
son jeu polémique. Ce ne fut guère qu’à la fin de sa carrière que son
175
se prend à son jeu polémique. Ce ne fut guère qu’
à
la fin de sa carrière que son ami Engels en découvrit le danger. « Ma
176
aux autres facteurs. » De la doctrine marxiste
à
la tactique stalinienne En effet, de ce « mensonge » opportuniste
177
nt la réalité humaine. Obligé par ses adversaires
à
proclamer la primauté du matériel, Marx ne se rendit pas compte qu’il
178
eurs de l’esprit pur : l’erreur qui porte l’homme
à
croire que la cause de tous ses malheurs est dans les choses, et non
179
ncret, purement social, d’autre part, l’ont amené
à
mettre l’accent sur les facteurs matérialistes. C’est cet accent que
180
ien, et surtout le protestant, répugne absolument
à
concevoir que les dogmes théologiques puissent figurer la théorie d’u
181
e et la pensée chrétiennes, en effet, se réfèrent
à
chaque instant à ce qui détermine le tout de l’homme : son origine, s
182
rétiennes, en effet, se réfèrent à chaque instant
à
ce qui détermine le tout de l’homme : son origine, sa fin, et sa miss
183
iateur ; et qu’il a pour mission actuelle d’obéir
à
une Parole qui est Jésus-Christ, le Médiateur. Mais cette Parole juge
184
en dérive vers le néant. « Ne vous conformez pas
à
ce siècle présent, mais soyez transformés… » Cela ne signifie pas, po
185
on nomme la conversion, le chrétien n’ait plus qu’
à
attendre, et à subir en gémissant les lois d’un monde qu’il condamne
186
version, le chrétien n’ait plus qu’à attendre, et
à
subir en gémissant les lois d’un monde qu’il condamne ! Car alors, où
187
ent, comme l’indique le mot conversion. Obéissant
à
la Parole que Dieu lui adresse, il reconnaît du même coup l’origine e
188
voie. Mais il se connaît du même coup responsable
à
l’endroit du monde. Car si le monde s’est livré à l’injustice et au d
189
à l’endroit du monde. Car si le monde s’est livré
à
l’injustice et au désordre, c’est par la faute de l’homme, qui était
190
cependant l’Évangile est formel : « Que servirait
à
un homme de gagner le monde, s’il perdait son âme ? » Son âme, c’est-
191
ues » comme le dirait un incroyant. Que servirait
à
l’homme, tel que le voit le chrétien, de sauver sa vie matérielle et
192
de sauver sa vie matérielle et morale, d’échapper
à
la guerre, à la misère, à l’oppression, s’il ignore ou refuse « la se
193
vie matérielle et morale, d’échapper à la guerre,
à
la misère, à l’oppression, s’il ignore ou refuse « la seule chose néc
194
e et morale, d’échapper à la guerre, à la misère,
à
l’oppression, s’il ignore ou refuse « la seule chose nécessaire », le
195
que les hommes ensuite deviendraient plus habiles
à
s’entendre et à vivre heureux ? « Changer la vie », criait l’enfant R
196
nsuite deviendraient plus habiles à s’entendre et
à
vivre heureux ? « Changer la vie », criait l’enfant Rimbaud ! Et les
197
se, pour l’opposer au « spiritualisme » autant qu’
à
la routine et au cynisme des conservateurs. Saint Paul n’a pas cette
198
cé la lutte sur ce terrain que l’on dit réaliste,
à
supposer que le « parti chrétien » eût triomphé, rien ne l’eût empêch
199
evêtu les formes du pouvoir déposé51 et renvoyant
à
des temps plus paisibles l’évangélisation — sa raison d’être — il se
200
plus urgentes : donner du pain et des spectacles
à
la foule. Mais Paul était apôtre et non pas dictateur. C’est pourquoi
201
on pas la haine et le cynisme — qui appartiennent
à
la forme du monde — mais la nouvelle, absolument nouvelle, venant d’a
202
ur importe seul, et que le « pain de vie » suffit
à
nourrir l’homme ! Peut-être suffit-il à vous nourrir, personnellement
203
» suffit à nourrir l’homme ! Peut-être suffit-il
à
vous nourrir, personnellement, mais ce n’est pas cela qui supprime la
204
la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire
à
notre honte, à nous chrétiens : ces reproches apparaissent justifiés
205
change le monde ! Il faut le dire à notre honte,
à
nous chrétiens : ces reproches apparaissent justifiés à la grande mas
206
chrétiens : ces reproches apparaissent justifiés
à
la grande masse des travailleurs. Si le marxisme a provoqué parmi les
207
ment enthousiastes, c’est qu’il s’est trouvé seul
à
protester contre le monde tel qu’il va. On dira : c’est d’abord qu’il
208
apitaliste, trop réelle, tout le malheur inhérent
à
l’existence, tout le malheur dont en vérité le péché de chacun est re
209
ffecte en rien le cours des choses, je suis fondé
à
lui répondre : « Ton reproche s’adresse à mon hypocrisie, à ma lâchet
210
s fondé à lui répondre : « Ton reproche s’adresse
à
mon hypocrisie, à ma lâcheté, à mon absence de foi, mais non pas du t
211
ndre : « Ton reproche s’adresse à mon hypocrisie,
à
ma lâcheté, à mon absence de foi, mais non pas du tout à la foi. Car
212
eproche s’adresse à mon hypocrisie, à ma lâcheté,
à
mon absence de foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Lu
213
cheté, à mon absence de foi, mais non pas du tout
à
la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’a p
214
de n’être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc
à
le devenir davantage, quand tu croyais réfuter ma religion. Ton athéi
215
tianisme. » (Je répète que ce n’est pas sa faute,
à
ce marxiste, mais notre faute, et tout d’abord la mienne.) Par contre
216
par lui. Or une telle volonté ne peut conduire qu’
à
l’excès du matérialisme, non point par la malice de Staline, mais par
217
les de l’homme en ce qu’elles ont d’irréductibles
à
toute détermination sociale ou historique imaginable, dans le passé,
218
, ou pour son « succès », si l’on ne parvient pas
à
l’opérer. Dans la jeunesse universitaire chinoise et japonaise, le pr
219
marxiste et la foi personnelle du chrétien suffit
à
expliquer tout le reste. Le communisme prépare un paradis terrestre,
220
en ce sens qu’ils rapportent leur accomplissement
à
un état dernier et invariable, à un terme futur et total, accessible
221
accomplissement à un état dernier et invariable,
à
un terme futur et total, accessible au travers d’une longue tribulati
222
qui se convertit au communisme ne se rattache pas
à
une Présence actuelle. Il fait un pari dont l’objet n’est pas accessi
223
à l’essentiel : par là même, il se voit contraint
à
chaque instant de transformer autour de lui ce qui s’oppose à son bie
224
tant de transformer autour de lui ce qui s’oppose
à
son bien souverain. S’il est chrétien, il sait qu’il est membre d’un
225
n seulement il se voit contraint de venir en aide
à
son prochain, mais encore rien ne peut le satisfaire de ce qu’il obti
226
ésents et le désir d’aller au-delà, d’aller jusqu’
à
l’accomplissement final. Car cet accomplissement, ou plénitude, n’est
227
r, éternité. Je crucifie le Christ et je m’oppose
à
son retour. Il n’est donc pas d’« opportunisme » chrétien qui tienne,
228
aire en arguant que c’est le seul moyen d’accéder
à
un stade économique plus favorable au développement du socialisme. Je
229
ité des communistes suit Staline. D’où il résulte
à
l’évidence que pour la grosse majorité des communistes, le mensonge,
230
crisie suprême nommée « raison d’État », et jusqu’
à
la guerre s’il le faut, sont des moyens parfaitement acceptables en t
231
grès prolétarien, et préparent un avenir conforme
à
la doctrine59. Que leur importe une « faute » personnelle et actuelle
232
Zinoviev, par « fidélité » au Parti, c’est-à-dire
à
l’avenir du Parti, proférer des aveux mensongers qu’il croyait tactiq
233
pposant, un « trotzkyste » ou un « saboteur », et
à
tout le moins un militant suspect. Tout cela repose sur un fait uniqu
234
sacrifice, pour le mieux-être du prochain, suffit
à
compléter, si je puis dire, l’action proprement religieuse. Et j’ente
235
et d’intérêts humains très chers. Mais je demande
à
ces chrétiens « changés » s’ils ont un souci suffisant des suites soc
236
embres du Mouvement des Groupes, qui représentent
à
l’heure actuelle le christianisme le plus « activiste ». Pourquoi ref
237
te du marxisme ne doit pas seulement nous inciter
à
des condamnations toutes théoriques : elle doit nous avertir de corri
238
en trouvera justifié pour autant. Je ne crois pas
à
une politique chrétienne, déduite une fois pour toutes de la théologi
239
ues, et contribue, par son action la plus intime,
à
la création d’autres formes. Il importe de savoir lesquelles, et de l
240
onsciemment. Sinon nous laisserons le champ libre
à
toutes les entreprises désespérées qui passionnent les masses incroya
241
anisées (parfois trop bien organisées). On parle,
à
tort ou à raison, d’États chrétiens, ou de nations, de forces, de civ
242
arfois trop bien organisées). On parle, à tort ou
à
raison, d’États chrétiens, ou de nations, de forces, de civilisation
243
lors de se laisser persécuter ? N’avons-nous rien
à
faire qu’à subir le martyre ? Ou qu’à revêtir vis-à-vis de l’État une
244
laisser persécuter ? N’avons-nous rien à faire qu’
à
subir le martyre ? Ou qu’à revêtir vis-à-vis de l’État une attitude d
245
s-nous rien à faire qu’à subir le martyre ? Ou qu’
à
revêtir vis-à-vis de l’État une attitude d’objecteurs de conscience ?
246
de conscience ? N’avons-nous rien que nous-mêmes
à
sauver, alors que nos erreurs passées sont pour une part, peut-être c
247
roupes, loyalistes il est vrai, mais réfractaires
à
certaine mise au pas. Il serait peut-être abusif de déduire d’une sit
248
usqu’au règne de François Ier, c’est-à-dire jusqu’
à
une époque où la passion totalitaire des gouvernants n’avait pas enco
249
cette structure. L’importance attachée par Calvin
à
la notion de vocation personnelle suffit à expliquer ce processus. À
250
Calvin à la notion de vocation personnelle suffit
à
expliquer ce processus. À une éthique charismatique62 correspond néce
251
tion personnelle suffit à expliquer ce processus.
À
une éthique charismatique62 correspond nécessairement une organisatio
252
de ce fait en l’opposant, comme il serait facile,
à
l’esprit unitaire et impérial qui anime l’Église de Rome. Le grand so
253
oyons gagner toutes les églises, est une promesse
à
laquelle nous devons croire de toute la force de notre foi. Aussi ne
254
nclusion que je crois valable pour tout chrétien,
à
quelque église qu’il appartienne. Nous avons tous reçu de Dieu un app
255
parti contre le régime communiste. On nous donne
à
choisir entre deux sortes de matérialisme. Mais le communisme, au moi
256
« tout en tous ». Si les églises chrétiennes ont
à
souffrir demain par le fait d’un État tyrannique, il faut qu’elles sa
257
féconde. Tout le mal vient de notre esprit. C’est
à
lui de faire pénitence, car c’était lui qui devait témoigner de sa pr
258
ualiste, la vérité du spirituel. Nous n’avons pas
à
nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contre une vérité o
259
oupée des liens vivants qui l’attachaient en Dieu
à
ses fins et à ses origines. Mais nous devons proclamer la vérité parf
260
s vivants qui l’attachaient en Dieu à ses fins et
à
ses origines. Mais nous devons proclamer la vérité parfaite dont nous
261
t nous avons, nous les premiers, dévié. « Malheur
à
moi si je n’évangélise ! », disait l’Apôtre. Malheur à moi si je refu
262
si je n’évangélise ! », disait l’Apôtre. Malheur
à
moi si je refuse de réaliser l’Évangile dans tous les domaines de la
263
mais elle ne suffit pas. « Être radical consiste
à
attaquer le mal dans la racine. Mais la racine, c’est pour l’homme mê
264
une activité révolutionnaire. » Phrase importante
à
l’extrême ! Mais combien oubliée par le communiste moyen de nos jours
265
autocritique si l’on veut, que l’Église s’adresse
à
elle-même, et qui a pour fonction de corriger sans cesse, de rectifie
266
t inadéquate en soi, et ne peut être qu’un renvoi
à
la Révélation seule parfaite, à Jésus-Christ. La « doctrine » n’est a
267
être qu’un renvoi à la Révélation seule parfaite,
à
Jésus-Christ. La « doctrine » n’est ainsi qu’une mesure critique que
268
end de son message sous le rapport de sa fidélité
à
son fondement, à son contenu et à son but. Elle ne présente rien que
269
e sous le rapport de sa fidélité à son fondement,
à
son contenu et à son but. Elle ne présente rien que l’on puisse compa
270
de sa fidélité à son fondement, à son contenu et
à
son but. Elle ne présente rien que l’on puisse comparer, fût-ce le pl
271
uisse comparer, fût-ce le plus superficiellement,
à
un programme théorique qu’il s’agirait maintenant d’appliquer. En bre
272
que l’on prêche dans l’Église. 50. « S’attendre
à
… » veut dire ici : « tendre vers… » 51. Ma supposition n’est pas tou
273
an Guéhenno (Union pour la Vérité, 22 mars 1930).
À
quoi un socialiste allemand, le professeur Hans Mühlestein, rétorquai
274
S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tient
à
l’absence du christianisme. » Je note ici, à l’appui des dires de de
275
ient à l’absence du christianisme. » Je note ici,
à
l’appui des dires de de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon a
276
t-il dans l’être humain d’absolument irréductible
à
toute transformation sociale ? La mort physique et le péché. Mais aus
277
une de ces conditions conduit nécessairement soit
à
l’idéalisme, soit à son renversement matérialiste. Le stalinisme tota
278
s conduit nécessairement soit à l’idéalisme, soit
à
son renversement matérialiste. Le stalinisme totalitaire résulte néce
279
(créatrice), et la pesanteur du péché. Tandis qu’
à
l’inverse, on ne saurait établir que la sécularisation du christianis
280
ndit : Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière
à
frapper les regards et l’on ne dira pas : il est ici, ou bien : il es
281
contraignit la Chine, sous la menace des canons,
à
s’ouvrir au commerce de l’opium. Un tel fait donne raison en apparenc
282
de l’opium. Un tel fait donne raison en apparence
à
la critique marxiste. En vérité, il ne donne tort qu’à l’homme, non à
283
critique marxiste. En vérité, il ne donne tort qu’
à
l’homme, non à la foi dont l’homme refuse les ordres. 58. Je prends
284
te. En vérité, il ne donne tort qu’à l’homme, non
à
la foi dont l’homme refuse les ordres. 58. Je prends l’expression da
285
stifier des moyens qui seraient en soi contraires
à
la justice, — ou à l’essence de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas
286
qui seraient en soi contraires à la justice, — ou
à
l’essence de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas ici à l’imagerie p
287
ence de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas ici
à
l’imagerie polémique des bourgeois, aux yeux desquels tout bolchevist
288
tion démocratique, fédérative et parlementaire. »
À
la base de tout, il y a l’église locale, ou paroisse. Ces églises se
289
que : le seul détail précis que rapporte la Bible
à
son sujet, c’est cette difficulté à s’exprimer. Non seulement rien d’
290
orte la Bible à son sujet, c’est cette difficulté
à
s’exprimer. Non seulement rien d’historiquement notable ne le prédest
291
rien d’historiquement notable ne le prédestinait
à
jouer le rôle d’un grand prophète, — les psychologues s’y épuiseront
292
celui-là précisément qui paraît le plus décisif,
à
vues humaines, s’agissant d’un homme appelé au ministère de la Parole
293
t pas eu d’histoire sans la promesse que Dieu fit
à
Abraham. Cette tribu « se lève et tombe » avec la mission qu’elle inc
294
’a jamais pu seulement imaginer, ce qui ne répond
à
nul besoin historiquement déterminé… L’histoire, au sens hégélien ou
295
exceptionnellement conservateur, qui a pesé jusqu’
à
nos jours sur les habitants du désert. Désignée entre mille, sans rai
296
aison, peut-être, que cette impuissance étonnante
à
construire et à conquérir… Ainsi les annales d’Israël sont celles d’u
297
, que cette impuissance étonnante à construire et
à
conquérir… Ainsi les annales d’Israël sont celles d’une puissance imp
298
ents. Mais les instruments indociles ! Ce qui est
à
eux, dans ces annales, c’est ce qui les rabat à leur destin, ce sont
299
t à eux, dans ces annales, c’est ce qui les rabat
à
leur destin, ce sont leurs révoltes constantes, leurs faux pas, leurs
300
rs accès d’incroyance. Et toute leur grandeur est
à
Dieu, c’est-à-dire à la vocation qui les arrache, malgré eux, à ce de
301
. Et toute leur grandeur est à Dieu, c’est-à-dire
à
la vocation qui les arrache, malgré eux, à ce destin de très piètre e
302
à-dire à la vocation qui les arrache, malgré eux,
à
ce destin de très piètre envergure. Foi et idolâtrie La considé
303
une insistance innombrable et vraiment grandiose
à
cette opposition fondamentale d’une vocation et d’un destin, hors de
304
uelle on ne peut rien comprendre de ce qui touche
à
la nation des Juifs. Destin nomade, vocation messianique. Destin visi
305
et qui seule l’élève, l’assemble et donne un sens
à
la vie de chacun. Ce peuple errait sans « fin » dans le désert, sans
306
rrait sans « fin » dans le désert, sans but jusqu’
à
ce que Dieu l’élise. Désormais sa voie est fixée, mais ce n’est plus
307
sse contre laquelle il est fatal que l’on cherche
à
se protéger par quelque chose de visible et de tangible. Ainsi les Hé
308
dolâtrie qui renaît dès qu’Israël cesse de croire
à
ce que ses yeux ne peuvent voir, et qui pourtant fait toute sa grande
309
» peuple, élu par Dieu et « mis à part »64. C’est
à
elle que tout acte se réfère, et non seulement tout geste, mais toute
310
» et jugé dans la perspective de la fin assignée
à
toute la nation : l’Éternel Dieu et son service. Ainsi l’Arche de l’A
311
l’on peut nommer (d’un terme d’ailleurs emprunté
à
l’antiquité hellénique) la mesure d’une civilisation, le canon d’une
312
ler sur l’Alliance. Et si ces « clercs » viennent
à
trahir, cédant à leur penchant immémorial et bien connu, s’ils oublie
313
e. Et si ces « clercs » viennent à trahir, cédant
à
leur penchant immémorial et bien connu, s’ils oublient que le Dieu qu
314
peuple élu. Idole, tout ce qui n’est pas ordonné
à
la fin que les prophètes annoncent sans relâche. Mais la pire des ido
315
elles elle existe. C’est l’idolâtrie qui consiste
à
soumettre l’homme à la « lettre » d’une législation divine, mais dont
316
’est l’idolâtrie qui consiste à soumettre l’homme
à
la « lettre » d’une législation divine, mais dont l’homme s’est empar
317
eu de le secourir en incarnant l’esprit. Et c’est
à
cette ultime tentation que devaient succomber les plus grands rigoris
318
donnait son sens… ⁂ Rien ne me paraît plus propre
à
confirmer cette interprétation de la Loi, comme mesure du peuple hébr
319
tre législateur (Moïse), écrit-il dans sa Réponse
à
Appion 67, a été le seul dont les actions et les paroles ont été conf
320
s, complètes et très détaillées, mais il a veillé
à
ce qu’elles fussent connues de tous. Cette connaissance produit parm
321
es nos actions doivent avoir pour objet de plaire
à
Dieu. Une culture pauvre, mais fidèle Un homme du xxe siècle
322
et matériel, aussi fanatiquement lié et suspendu
à
l’invisible. Le moderne en ressent comme une offense à cette liberté
323
nvisible. Le moderne en ressent comme une offense
à
cette liberté créatrice dans laquelle il met son orgueil. Que de rich
324
nement et la diversité, et toute mesure ne serait
à
nos yeux qu’une occasion de dépassement… Oui, la Richesse est notre d
325
s, puis coupés de toute base commune, en viennent
à
ne plus même pouvoir communiquer, ni s’animer les uns les autres, cha
326
ris de tout « sens » commun, et convoquant enfin,
à
grands frais d’inventions, la vieille malédiction de la tour de Babel
327
on du genre humain. Le dilemme qui se trouve posé
à
toute civilisation, et d’une manière très urgente à la nôtre, est ass
328
toute civilisation, et d’une manière très urgente
à
la nôtre, est assez clairement défini par la comparaison que l’on peu
329
i d’Israël. Ce que l’on perd et ce que l’on gagne
à
sacrifier à une « mesure », voilà ce dont l’exemple juif nous permett
330
Ce que l’on perd et ce que l’on gagne à sacrifier
à
une « mesure », voilà ce dont l’exemple juif nous permettra mieux que
331
ire ? » L’homme qui a une vocation n’est pas bon
à
autre chose. Israël portait dans son sein l’avenir religieux du monde
332
accents d’amère ironie, proclamait que la justice
à
l’ancienne manière ne devait jamais être sacrifiée.68 Ainsi toute t
333
te tentative de culture profane se voit assimilée
à
une révolte d’orgueil contre Dieu. La culture d’Israël sera pauvre à
334
ueil contre Dieu. La culture d’Israël sera pauvre
à
raison même de sa pureté. Sa pauvreté sera la condition de sa grandeu
335
Hébreu, se borner au concret, c’est rester fidèle
à
la Loi. D’ailleurs son langage même s’ordonne dès l’origine à cette v
336
ailleurs son langage même s’ordonne dès l’origine
à
cette vocation supérieure ; dénué de termes abstraits, impropre à tou
337
supérieure ; dénué de termes abstraits, impropre
à
toute métaphysique69 il contraint les auteurs sacrés à l’invention de
338
te métaphysique69 il contraint les auteurs sacrés
à
l’invention de métaphores qui enrobent les notions les plus hautes da
339
rites, science, industrie, tout cela est sacrifié
à
la seule chose nécessaire : l’accomplissement d’une vocation spiritue
340
de la promesse qu’elle portait. ⁂ Revenons encore
à
Josèphe : Quant à ce que l’on nous reproche comme un grand défaut, d
341
lle portait. ⁂ Revenons encore à Josèphe : Quant
à
ce que l’on nous reproche comme un grand défaut, de ne nous point étu
342
e comme un grand défaut, de ne nous point étudier
à
inventer des choses nouvelles, soit dans les arts, ou dans le langage
343
tinuels changements, nous attribuons au contraire
à
vertu et prudence, de demeurer constamment dans l’observation des loi
344
tre, et quels plus grands honneurs peut-on rendre
à
Dieu, puisque nous sommes toujours préparés à nous acquitter du culte
345
dre à Dieu, puisque nous sommes toujours préparés
à
nous acquitter du culte que nous lui devons ; que nos Sacrificateurs
346
crificateurs sont établis pour veiller sans cesse
à
ce qu’il ne se fasse rien qui y soit contraire, et que toutes choses
347
nous ? Chute d’Israël Tout était suspendu
à
la Loi, qui était elle-même suspendue à la promesse messianique donné
348
suspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue
à
la promesse messianique donnée par Dieu dès les temps primitifs72. Ma
349
enant prétexte de la Loi, cette « ombre des biens
à
venir. » (Héb. 10, 1), pour repousser le Christ, qui était « l’esprit
350
s. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’a pas cru
à
sa victoire, et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-à-dire la Nouv
351
e qui distingua l’église chrétienne des religions
à
mystères et des autres cultes orientaux de cette époque, et qui fit d
352
éments culturels et civilisateurs qui survécurent
à
la chute d’Israël, au moins aussi fondamentaux pour l’Occident que la
353
n sait le rôle joué dans la Réforme par le retour
à
l’Ancien Testament et aux traditions prophétiques. Mais sait-on à que
354
ment et aux traditions prophétiques. Mais sait-on
à
quel point tout cela vit encore dans les églises évangéliques de nos
355
été dès le début une église minoritaire, en butte
à
la persécution, ne suffit pas à expliquer les ressemblances si souven
356
ritaire, en butte à la persécution, ne suffit pas
à
expliquer les ressemblances si souvent signalées entre le sort des tr
357
ans une économie provisoirement vivable et propre
à
entretenir l’attente active du Messie, de même l’éthique charismatiqu
358
éthique charismatique77 des calvinistes les amène
à
la conception d’une intendance des biens terrestres, dont ils auraien
359
ntendance des biens terrestres, dont ils auraient
à
assumer l’office : usant de ces richesses « comme n’en usant pas », a
360
’une et l’autre hypothèse rattache le capitalisme
à
des attitudes religieuses, d’où serait partie l’impulsion, attitudes
361
subirent l’éthique juive et l’éthique puritaine,
à
mesure qu’elles « réussissaient ». Le spiritualisme transcendant des
362
e que cette attitude provocante fut souvent prise
à
l’étranger pour un trait de caractère germanique. Mais c’est aussi l’
363
plus troublé de sentimentalisme, que l’on dénonce
à
droite chez les auteurs d’origine juive, mais qui ont cessé de croire
364
urs d’origine juive, mais qui ont cessé de croire
à
la mission de leur peuple, et qui exercent désormais à vide les facul
365
mission de leur peuple, et qui exercent désormais
à
vide les facultés psychologiques fortement développées dans leur race
366
et transformant en tyrannie absurde ce qui était
à
l’origine une attitude d’obéissance à la foi, et de renoncement à soi
367
e qui était à l’origine une attitude d’obéissance
à
la foi, et de renoncement à soi-même. Corruptio optimi pessima… La
368
attitude d’obéissance à la foi, et de renoncement
à
soi-même. Corruptio optimi pessima… La vocation collective Ces
369
magine, nous amènent au problème central que pose
à
la pensée d’un protestant, et particulièrement d’un calviniste, l’exe
370
le peuple élu, a trahi sa mission et s’est livré
à
son destin. Sa dispersion en est le châtiment. Serait-il donc possibl
371
lorsqu’elle lui apparaît incarnée ? Est-il rejeté
à
tout jamais ? Une vocation est-elle donc « amissible » ? Le refus de
372
uant leur Messie, les Juifs ont forcé les Apôtres
à
prêcher le message aux gentils, ils ont perdu le bénéfice national, c
373
e d’Israël est tombée dans l’endurcissement jusqu’
à
ce que la totalité des païens soit entrée (dans l’Église) ; et ainsi
374
servir les desseins éternels de Dieu. Elle étend
à
l’humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’il a reçue, cependan
375
les mains du plus secret conseil de Dieu. « Quant
à
moi, écrit Calvin, j’étends ce nom d’Israël à tout le peuple de Dieu,
376
ant à moi, écrit Calvin, j’étends ce nom d’Israël
à
tout le peuple de Dieu, en ce sens, après que les gentils seront entr
377
ssi se retirant de leur révoltement, se rangeront
à
l’obéissance de la foi… toutefois que les Juifs tiendront le premier
378
st pas au nom d’intérêts passagers que nous avons
à
prendre position, mais au nom des promesses de la foi, et dans une pe
379
, et dans une perspective missionnaire qui réduit
à
leurs justes proportions les thèses des politiques nationalistes. Le
380
bien voir que le « racisme » juif n’est justifié
à
l’origine que par la vocation spirituelle de ce peuple. Il n’est pas
381
t biologique. Il ne le devient qu’accessoirement,
à
mesure que l’on prend les « signes » de la vocation pour des réalités
382
e glissement fatal s’est-il dessiné dès le début,
à
mesure que l’on codifiait les relations des « élus » et des « gentils
383
elations des « élus » et des « gentils ». On sait
à
quel point cette codification fut poussée. L’historien juif Josèphe é
384
e. L’historien juif Josèphe écrit dans sa Réponse
à
Appion (I, 2) qu’un registre des « femmes sacerdotales » (c’est-à-dir
385
u’il paraît conclure sur l’abandon final d’Israël
à
son destin, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de pouvoir
386
saïques est attribuée par Wellhausen et son école
à
des disciples des grands prophètes. Ce serait donc le prophétisme, c’
387
tte hypothèse est aujourd’hui démodée. On revient
à
la conception ancienne : un chef hébreu — celui que la Bible appelle
388
ique qui, dans les langues sémitiques, est encore
à
fleur de sol, obscurcit la déduction abstraite… » (Renan, op. cit., I
389
, ou efficacité, du langage des clercs, identique
à
celui des bergers. 70. Voir sur ce point : Colloque avec Salomon, pa
390
Labriola, font remonter le phénomène capitaliste
à
l’« accumulation » de richesses des couvents anglais au Moyen Âge, et
391
forme ? D’autres, moins exigeants, n’hésitent pas
à
soutenir que Luther fut un démagogue, un exploiteur de l’éternel ress
392
sation romaine. On a poussé la bouffonnerie jusqu’
à
cet excès grandiose d’assimiler Luther et M. Hitler, par goût de la r
393
revues n’hésitèrent pas lorsqu’il parut (en 1936)
à
louer la mesure et la sérieuse information théologique… Ceci dit, il
394
mnies recueillies par des biographes amateurs, et
à
l’action de la polémique catholique (Denifle, Maritain, Grisar), mett
395
l’Occident, c’est s’interdire de rien comprendre
à
la grande discussion millénaire, à la grande tension spirituelle dans
396
ien comprendre à la grande discussion millénaire,
à
la grande tension spirituelle dans laquelle l’Europe a puisé son dyna
397
n dont le débat du libre arbitre, opposant Érasme
à
Luther, permet de définir symboliquement les pôles : pensée « pure »
398
e, ou mieux : dans la totalité de l’être, revient
à
celle d’un christianisme qui se met au service de l’humain (j’entends
399
inisé » par les efforts de la religion s’ajoutant
à
ceux de la raison), et d’un christianisme absolu, qu’on déclare volon
400
volontiers « inhumain » parce qu’il attribue tout
à
Dieu. Importance du De servo arbitrio C’est sans doute dans ce
401
a pensée luthérienne, parviendra le plus aisément
à
saisir l’importance centrale du traité que nous publions : je le vois
402
l’effort dogmatique de Luther30. On croit d’abord
à
un pamphlet, encore que son volume matériel soit bien écrasant pour l
403
tre Érasme, Luther en vient, de proche en proche,
à
ressaisir et reposer avec puissance toutes les affirmations fondament
404
e Dieu seul ; opposition de cette justice de Dieu
à
la justice des hommes et de leurs œuvres ; opposition de la grâce à l
405
mes de l’Apôtre ; opposition de la Parole vivante
à
la tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un
406
toutes les pages de la Bible. Ils renvoient tous
à
une réalité dont ils ne sont que les reflets, diversement réfractés p
407
sement réfractés par nos mots. Ils renvoient tous
à
la question du Christ : « … et toi, maintenant, crois-tu cela ? » — S
408
à-dire le pouvoir qu’aurait l’homme de contribuer
à
son salut par ses efforts et ses œuvres morales. Que trouveront-ils,
409
cisif, envisage honnêtement les objections, donne
à
la thèse adverse toutes ses chances, non sans ironie toutefois, et sa
410
non sans ironie toutefois, et sait enfin conférer
à
son choix la force et la simplicité d’une constatation évidente. D’un
411
de faire crier au dogmatisme. Tout se passe ici «
à
l’intérieur » du christianisme, de l’Église. L’humanisme laïque, auto
412
surdité, une contradiction dans les termes. C’est
à
Érasme, en tant que théologien, que Luther s’applique à répondre ; et
413
me, en tant que théologien, que Luther s’applique
à
répondre ; et c’est même la plus dure ironie — quoique involontaire,
414
. Ceci pourrait suffire et doit suffire en droit,
à
réfuter l’objection d’un moderne, l’objection parfaitement anachroniq
415
que, mais que je sais inévitable, et qui consiste
à
affirmer que Luther est « déterministe ». Mais le sérieux théologique
416
chose trop rare, et pour beaucoup trop difficile
à
concevoir, pour qu’on puisse écarter cette objection par un simple ra
417
i veut croire…) Dialogue Car Dieu peut tout
à
tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard Une conscie
418
prescience éternelle de Dieu, qui ne peut faillir
à
sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’oppose. Que devient alors no
419
? Qui t’a fait croire que ta vie était une partie
à
jouer entre toi et le monde, par exemple ; ou encore entre l’individu
420
ute ta science ne s’occupe-t-elle pas, justement,
à
les découvrir ? Au besoin, à les inventer ? C. M. — Certes, mais ma
421
elle pas, justement, à les découvrir ? Au besoin,
à
les inventer ? C. M. — Certes, mais ma dignité consiste à lutter con
422
enter ? C. M. — Certes, mais ma dignité consiste
à
lutter contre de telles forces, une fois que je les ai reconnues ; à
423
telles forces, une fois que je les ai reconnues ;
à
m’affirmer dans mon autonomie par un acte qui crée ma liberté, par un
424
qui t’assurerait que cet acte de révolte échappe
à
l’éternelle prévision ? Qui t’assurerait qu’en prononçant ces mots, t
425
e double prédestination : l’une au salut, l’autre
à
la damnation. Être damné, ne serait-ce pas justement être rivé au tem
426
le est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort
à
ses yeux. Qui nous prouve que l’éternité est quelque chose d’immobile
427
) ?33 Qui t’assure que notre raison tout attachée
à
notre chair, à notre temps où elle s’est constituée, soit capable de
428
ure que notre raison tout attachée à notre chair,
à
notre temps où elle s’est constituée, soit capable de concevoir ce pa
429
sait que Dieu a tout prévu éternellement, adresse
à
Dieu, au nom de sa promesse, une prière précise et instante, ne vit-i
430
aît pas de « temps », il n’est pas lié comme nous
à
une succession. Mais au contraire, nos divers temps et successions pr
431
i sont liés : nous venons de lui, nous retournons
à
lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit : la Parole dans notre cœur.
432
paraît que l’opinion de Luther n’est pas sujette
à
de sérieuses objections. Et la démonstration purement biblique qu’on
433
quelques détails exégétiques discutables, suffit
à
établir, pour le chrétien, la vérité d’un paradoxe que Luther n’a pas
434
réclame Érasme n’y changeront rien : « Travaillez
à
votre salut avec crainte et tremblement, puisque c’est Dieu qui produ
435
en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’
à
celui qui ose aller jusqu’aux extrêmes de la connaissance de soi-même
436
ique, que les sophistes n’étaient que trop portés
à
corriger et à « humaniser », au risque d’« évacuer la Croix ». Tant q
437
sophistes n’étaient que trop portés à corriger et
à
« humaniser », au risque d’« évacuer la Croix ». Tant qu’on n’a pas e
438
une liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et
à
l’inverse, il faut oser descendre jusqu’au fond de la connaissance du
439
ouloir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire
à
nous obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout le reste
440
qui refusent le christianisme échappent vraiment
à
la difficulté ; ou si, au contraire, ils ne la retrouvent pas, mais d
441
nisme dans les temps modernes, Nietzsche, aboutit
à
un dilemme qui me paraît correspondre, terme à terme, à celui que Lut
442
ilemme qui me paraît correspondre, terme à terme,
à
celui que Luther et Paul — et l’Évangile — posent à notre foi. C’est
443
celui que Luther et Paul — et l’Évangile — posent
à
notre foi. C’est qu’il a poussé comme Luther, jusqu’aux extrêmes limi
444
l paraît exclure toute liberté humaine, il se met
à
prêcher l’amor fati, l’adhésion volontaire et joyeuse à la fatalité i
445
her l’amor fati, l’adhésion volontaire et joyeuse
à
la fatalité inéluctable. C’est dans cette volonté de reconnaître notr
446
t du paradoxe nietzschéen ne saurait être ramenée
à
quelque influence inconsciente, encore bien moins à une coïncidence.
447
quelque influence inconsciente, encore bien moins
à
une coïncidence. En vérité, c’est bien du même problème qu’il s’agit.
448
u’il s’agit. Le seul problème, dès qu’on en vient
à
une épreuve radicale de la vie. Au « tu dois » des chrétiens, qui est
449
oppose le « je veux » de l’homme divinisé. Puis,
à
l’existence de Dieu, il oppose sa propre existence35. Mais la difficu
450
carnée : « Emmanuel ! » — Dieu avec nous ! 30.
À
la proposition qu’on lui faisait, en 1587, d’éditer ses œuvres complè
451
l’un et l’autre système, sans plus nous attacher
à
combattre leurs erreurs respectives dans le plan sur lequel ils s’opp
452
pratiquement une impasse absolue, nous contraint
à
une conception proprement révolutionnaire (ou « changement de plan »)
453
t en quelque sorte la bonne conscience nécessaire
à
toute œuvre constructive. Les quelques pages qui suivent n’ont d’autr
454
e et d’aujourd’hui, telles qu’elles se présentent
à
nous. Avant même d’en pénétrer le détail et d’en critiquer la structu
455
moment, c’est dire que son exercice n’engage plus
à
rien, concrètement. D’où ce sentiment, quand nous voulons penser tell
456
le moteur de l’action ; au contraire, elle tourne
à
ses dépens. On peut continuer la métaphore et dire que la pensée dont
457
tentative d’embrayage serait immédiatement fatale
à
la machine, et ferait voler en éclats les engrenages. La merveilleuse
458
hies que nous repoussons ? Nous serions mal venus
à
le nier. Si le monde dure, c’est-à-dire se renouvelle, c’est qu’il y
459
e entre le microbe et la maladie ne peut mener qu’
à
une consomption lente, ou à des accidents violents, catastrophiques.
460
adie ne peut mener qu’à une consomption lente, ou
à
des accidents violents, catastrophiques. Un tel diagnostic indique pa
461
analyse, dans le sentiment que nous disions tout
à
l’heure éprouver en face d’une conception purement critique, ou idéal
462
it ? Nous allons être obligés ici d’avoir recours
à
une méthode rigoureusement indirecte, et en quelque sorte négative. C
463
de l’acte mais il y a problème de ce qui s’oppose
à
l’acte. (En d’autres termes, il n’y a pas de problème de la personne,
464
um dont la photo constitue l’un des effets. Quant
à
la scène représentée par la photo, elle n’est plus qu’un objectif, in
465
ction importante introduite par M. Gabriel Marcel
à
la fin de son article intitulé : Existence et objectivité. M. Marcel
466
lante qui refuse l’obstacle. Il ne reste alors qu’
à
se consoler par la certitude que l’analyse philosophique est avec cel
467
re les choses avec philosophie »… Ceci nous amène
à
constater que : 1° Si on ne part pas de l’acte, on ne part pas du tou
468
, entre l’expression et l’existence. Bornons-nous
à
citer de lui une phrase bien typique par sa forme même, et qui, par a
469
s une donnée initiale, le seul donné qui se donne
à
soi-même. Or, cette donnée, d’une part, n’est pas réductible à ce qui
470
r, cette donnée, d’une part, n’est pas réductible
à
ce qui la précède, d’autre part, n’est pas épuisée par l’analyse de s
471
s. L’acte est à la fois créateur, et transcendant
à
sa création. Il est créateur en ceci qu’il introduit dans les choses
472
velle, un donné, ou plutôt un « abandonné » livré
à
ses déterminations objectives, et s’offrant à son tour à l’éclair bou
473
vré à ses déterminations objectives, et s’offrant
à
son tour à l’éclair bouleversant d’un nouvel acte. Il n’y a eu d’acte
474
éterminations objectives, et s’offrant à son tour
à
l’éclair bouleversant d’un nouvel acte. Il n’y a eu d’acte que dans l
475
ne puisse rien dire des réactions psychologiques
à
l’acte « as it’s known as », réactions qui, elles, se manifestent dan
476
lité essentielle que nous adressions dès le début
à
certains systèmes par ailleurs fort divers, mais dont l’exercice se t
477
t divers, mais dont l’exercice se trouve être lié
à
une division préalable de notre être, par exemple à une objectivation
478
une division préalable de notre être, par exemple
à
une objectivation du corps — de mon corps — ou à une objectivation du
479
à une objectivation du corps — de mon corps — ou
à
une objectivation du devenir historique, ou encore à une autonomie de
480
ne objectivation du devenir historique, ou encore
à
une autonomie de la raison critique. Division qui a pour effet, génér
481
me philosophique sera amené, par son jeu logique,
à
l’éliminer ou à la disqualifier. À moins qu’il n’en parte, comme de l
482
sera amené, par son jeu logique, à l’éliminer ou
à
la disqualifier. À moins qu’il n’en parte, comme de la réalité centra
483
n jeu logique, à l’éliminer ou à la disqualifier.
À
moins qu’il n’en parte, comme de la réalité centrale, impensable et q
484
qui permet de penser. Nous voudrions dégager ici,
à
titre d’exemple, quelques-unes des conséquences (méthodologiques) de
485
st le contraire d’une transition. Avant de passer
à
l’examen de ses effets, rappelons encore deux caractéristiques de l’a
486
la notion de force, on est obligé de faire appel
à
l’idée de choc, de rupture, en un mot de violence (voir à cet égard S
487
pas isolé de son caractère agonique. Ce n’est pas
à
dire que la lumière et les ténèbres soient données avant l’acte, car
488
e chaos, la discorde, le non-être, ou ce qui tend
à
y revenir. Ce qui est nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est l’ordr
489
dre, c’est l’ordre. L’acte est si étroitement lié
à
ses effets qu’on ne saurait humainement le séparer du premier d’entre
490
ire en changeant de plan, en allant de l’angoisse
à
la création, de l’impasse du désordre à l’ordre nouveau, la personnal
491
’angoisse à la création, de l’impasse du désordre
à
l’ordre nouveau, la personnalité accentue encore la tension. Le nouve
492
prestige du positivisme et du néo-pragmatisme qu’
à
celui du moulin à prières. Il est plus difficile de maintenir sur le
493
ivisme et du néo-pragmatisme qu’à celui du moulin
à
prières. Il est plus difficile de maintenir sur le qui-vive un empire
494
qui-vive un empire qu’une cité étroite. En effet,
à
l’intérieur même de l’empire, s’établit un danger qu’ignorent les pay
495
nalité consécutif au relâchement de la tension et
à
la perte du sentiment du risque véritable. À côté de la réalité de la
496
alité de la personne, une autre réalité immédiate
à
l’acte, c’est évidemment la connaissance. Non seulement la pensée est
497
apparaît ainsi comme un va-et-vient du « donné »
à
l’abstrait. (Conflit de l’identité et de la réalité, voir Meyerson).
498
ce risque d’automatisme, rançon de la conquête2.
À
tous les étages et dans tous les domaines de l’effort de pensée nous
499
i dans l’organisation du travail. La machine tend
à
détruire l’artisanat, c’est-à-dire la zone du travail manuel où l’œuv
500
, une double tentation. Car, d’une part, renoncer
à
la machine ce serait en quelque sorte renoncer au sens même de l’acti
501
a machine serait le résultat fatal du renoncement
à
la valeur éthique de la science en tant qu’acte (tentation à laquelle
502
éthique de la science en tant qu’acte (tentation
à
laquelle nous condamne à céder l’expérimentalisme positiviste). Un tr
503
tant qu’acte (tentation à laquelle nous condamne
à
céder l’expérimentalisme positiviste). Un troisième exemple de tensio
504
D’un côté, nous trouvons l’attachement de l’homme
à
la terre, à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne p
505
ous trouvons l’attachement de l’homme à la terre,
à
la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne peut pas y re
506
’attachement de l’homme à la terre, à la famille,
à
la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne peut pas y renoncer sans br
507
t de l’homme à la terre, à la famille, à la race,
à
l’ambiance sociale. L’homme ne peut pas y renoncer sans briser son re
508
e de solidarité humaine, de valeur humaine, c’est
à
une société de personnes que l’on pense. L’homme n’atteint l’universe
509
e entre ces deux pôles de l’amour : l’attachement
à
la diversité concrète, et l’actualisation de l’universel par la chari
510
Pour éviter un malentendu essentiel, nous tenons
à
souligner encore en terminant le caractère d’instantanéité de l’acte
511
r et le plus humain. Mais comment va se présenter
à
nos yeux ce qui n’est pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous n’allon
512
se présenter à nos yeux ce qui n’est pas immédiat
à
l’acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés à nier la réalité d
513
l’acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés
à
nier la réalité de toute médiation ? Assurément l’évidence de l’acte,
514
écessaire, la supra-rationalité la plus favorable
à
l’édification de toute construction humaine, même et surtout rationne
515
us ne saurions écarter la réalité des résistances
à
cette activité. Ce n’est que dans certains domaines très étroits de l
516
tances sont assez nettement brisées pour conférer
à
la création issue de l’acte comme une forme d’éternité. Partout aille
517
ailleurs, les résistances sont étroitement mêlées
à
toutes les manifestations d’activité. La médiation ne se manifeste po
518
nsidérer toute médiation que comme une résistance
à
son effort immédiat, ou, pour reprendre l’expression vigoureuse de Ki
519
atière, qui reprennent ici en tant que résistance
à
l’effort une sorte de réalité indépendante, ne donnent que rarement l
520
ifie pas du tout que la pensée doive être soumise
à
l’action — bien au contraire ! — mais que le risque de penser est act
521
Dandieu quelques lignes qui me paraissent propres
à
éclairer ce dernier paragraphe (D. R.). « Le seuil qui sépare le prél
522
Bruhl, notamment dans la conférence qu’il a faite
à
Oxford, le 19 mai 1931, il le passe chaque fois qu’il pense, encore q
523
qu’on ne se figure communément. Avant de chercher
à
répondre à cette question, il est indispensable de marquer très forte
524
figure communément. Avant de chercher à répondre
à
cette question, il est indispensable de marquer très fortement l’infl
525
èle, que pour en tourner l’irrationalité foncière
à
l’aide d’une loi statistique, de même la méthode sociologique qui a c
526
ue, de même la méthode sociologique qui a conduit
à
la découverte de la véritable nature de la mentalité prélogique, hési
527
ritable nature de la mentalité prélogique, hésite
à
faire la part de l’orientation humaine qui s’exprime par une affirmat
528
u de création intellectuelle. Notre science n’est
à
l’aise que dans le continu et elle fait surgir le discontinu qu’elle
529
mation sincère. Le procès de la presse n’est plus
à
faire. Sa réforme pose tant de problèmes et entraîne de telles incide
530
graves que celles d’un monopole privé) qu’il est
à
craindre qu’elle ne puisse s’accomplir isolément. Seul le redressemen
531
réforme nécessaire, est de fournir dès à présent
à
tous ceux qui en éprouvent le pressant besoin, les premiers éléments
532
de front — de tourner la difficulté en remontant
à
la source, en renouvelant le mode primitif de l’information, l’inform
533
subversion de l’information officielle, chercher
à
obtenir, par des contacts personnels, des renseignements aux sources
534
un « Comité central des informations », siégeant
à
Paris, qui envoie chaque semaine un bulletin dactylographié condensan
535
dent responsable de chaque club qui le communique
à
ses adhérents. Ceux-ci ne sont pas de simples lecteurs passifs, mais
536
passifs, mais des membres actifs, qui participent
à
une œuvre commune, dans le cadre du Club privé dont ils acceptent les
537
tions » qui rédige le bulletin, n’a pas seulement
à
sa disposition les renseignements que lui fournissent les clubs de ba
538
elle, par l’étendue de ses ramifications, il vise
à
ne délaisser aucune source, à tenir compte de tous les points de vue.
539
ifications, il vise à ne délaisser aucune source,
à
tenir compte de tous les points de vue. Le programme Le bulleti
540
e et de redresser la documentation que continuera
à
leur fournir la presse. Elle pourrait être une sorte d’école permanen
541
tie documentaire sur la presse. Tout en cherchant
à
remédier à l’action néfaste de la presse imprimée en se plaçant hors
542
taire sur la presse. Tout en cherchant à remédier
à
l’action néfaste de la presse imprimée en se plaçant hors de son doma
543
le but final. Dans cette partie, on réunira petit
à
petit, une documentation précise sur la structure et le mécanisme de
544
ne veut être qu’une œuvre stricte d’information,
à
l’exclusivité de tout commentaire et de tout jugement. Mais ils s’eng
545
ais ils s’engagent, dans les « clubs de presse »,
à
défendre les principes qui leur sont communs : primauté de la personn
546
la notice suivante : « Nous présentons ci-dessous
à
tous nos camarades et lecteurs de La Flèche le manifeste des clubs de
547
he le manifeste des clubs de presse en formation.
À
l’heure où la grande presse française se constitue chaque jour davant
548
er ses mensonges et ses trahisons. Il faut passer
à
l’action. Sur un terrain parfaitement précis et limité, celui de l’in
549
ienne rapidement un organisme craint et respecté.
À
l’heure où l’Argent-roi investit complètement la presse française, à
550
nt-roi investit complètement la presse française,
à
l’heure où Havas règne, à l’heure où la diffusion de la pensée par le
551
nt la presse française, à l’heure où Havas règne,
à
l’heure où la diffusion de la pensée par le papier, le film et la rad
552
ais été si grande, nous sommes obligés de revenir
à
une forme antique de transmission : l’information orale. C’est la seu
553
nseignements, adressez provisoirement les lettres
à
La Flèche, 7, rue de la Michodière, en mettant dans le coin la mentio
554
À
qui la liberté ? (5 mars 1937)h Tout le monde parle de la culture
555
est la politique qui s’est chargée de réglementer
à
sa manière la prostitution des mots-clés, des lieux communs fondament
556
titulé Au service de l’esprit, où il est question
à
chaque page de défendre la liberté. Dans l’état présent du langage, d
557
ens. Ils prennent de préférence un sens contraire
à
celui de l’usage courant. (Staline dit : « Je ne suis pas un dictateu
558
de nos députés et journalistes, qui flétrissent (
à
droite) ou approuvent (à gauche) les lois sociales parce qu’ils les q
559
listes, qui flétrissent (à droite) ou approuvent (
à
gauche) les lois sociales parce qu’ils les qualifient de socialistes,
560
qualifient de socialistes, et qui approuveraient (
à
droite), ou flétriraient (à gauche) les mêmes lois si on les qualifia
561
t qui approuveraient (à droite), ou flétriraient (
à
gauche) les mêmes lois si on les qualifiait de fascistes. Alors qu’el
562
s que des mystiques dont on se sert pour masquer,
à
gauche et à droite, une impuissance profonde à rien changer aux faits
563
stiques dont on se sert pour masquer, à gauche et
à
droite, une impuissance profonde à rien changer aux faits. Or, ces my
564
r, à gauche et à droite, une impuissance profonde
à
rien changer aux faits. Or, ces mystiques reposent sur des mots. Ces
565
posent sur des mots. Ces mots suffirent longtemps
à
départager les opinions réelles : on disait liberté à gauche, patrie
566
partager les opinions réelles : on disait liberté
à
gauche, patrie et autorité à droite. Mais la surenchère politicienne
567
: on disait liberté à gauche, patrie et autorité
à
droite. Mais la surenchère politicienne en est venue à ce point que,
568
ite. Mais la surenchère politicienne en est venue
à
ce point que, par une double démagogie, on dit aujourd’hui liberté et
569
démagogie, on dit aujourd’hui liberté et autorité
à
droite ; patrie, autorité et liberté à gauche. La politique a prostit
570
t autorité à droite ; patrie, autorité et liberté
à
gauche. La politique a prostitué le langage. La culture n’a pas été a
571
s de telles conditions, l’on s’obstinerait encore
à
écrire, à parler, si par hasard on est de bonne foi et si de plus on
572
s conditions, l’on s’obstinerait encore à écrire,
à
parler, si par hasard on est de bonne foi et si de plus on a des chos
573
bonne foi et si de plus on a des choses précises
à
exprimer. Je réponds : écrivons pour poser ce problème tout d’abord.
574
urel qui ne dépende de la politique. Cela revient
à
écrire, si l’on me comprend, pour éduquer la méfiance du lecteur. h
575
méfiance du lecteur. h. Rougemont Denis de, «
À
qui la liberté ? », À nous la liberté, Paris, 5 mars 1937, p. 10.
576
h. Rougemont Denis de, « À qui la liberté ? »,
À
nous la liberté, Paris, 5 mars 1937, p. 10.
577
omanesque (13 mars 1937)i Je n’apprendrai rien
à
personne en affirmant que le roman est le plus « contagieux » de nos
578
privée. Songez aux plus grands romanciers, songez
à
leurs meilleurs lecteurs, aux plus crédules, aux plus avilies, à ces
579
rs lecteurs, aux plus crédules, aux plus avilies,
à
ces jeunes gens qui choisissent le néant et la folie avec Ivan Karama
580
e l’ambition ; aux jeunes bourgeois qui se défont
à
rechercher leur « Temps perdu » ; enfin, à tous les adultères que le
581
défont à rechercher leur « Temps perdu » ; enfin,
à
tous les adultères que le roman à trois personnages, genre français p
582
erdu » ; enfin, à tous les adultères que le roman
à
trois personnages, genre français par excellence, a provoqués et just
583
ctures. Ce pouvoir contagieux est, bien sûr, tout
à
l’honneur des écrivains qui savent le communiquer à leur œuvre, et de
584
l’honneur des écrivains qui savent le communiquer
à
leur œuvre, et des lecteurs assez ardents pour le subir autrement qu’
585
ime et souterraine, tant qu’ils ont quelque chose
à
dire. Mais nos romanciers d’après-guerre, qu’ont-ils à dire ? Dans qu
586
e. Mais nos romanciers d’après-guerre, qu’ont-ils
à
dire ? Dans quel sens entendent-ils agir sur les mœurs de leurs conte
587
ajuscule). Ils ne redoutent rien tant que l’œuvre
à
thèse. Ils se défendent de toutes leurs forces d’avoir une métaphysiq
588
pas vouloir influencer, ils ressemblent beaucoup
à
ces gouvernements libéraux qui, par crainte de s’imposer ou par ignor
589
faudrait imposer, se contentent d’un opportunisme
à
la petite semaine, et ménagent les opinions plutôt que les intérêts d
590
les intérêts de leurs électeurs. Cet opportunisme
à
courte vue caractérise très bien le romancier bourgeois. Refuser tout
591
à force de flatter les instincts les plus faciles
à
flatter, à force de ne vouloir rien affirmer de trop volontaire, de t
592
nt révolutionnaire et constructif, le « romancier
à
succès », de nos jours, est devenu un simple reflet de la conscience
593
vapeurs du bourgeois sensible, il ne cherche pas
à
les combattre, à les transformer, à les dissiper au nom d’un idéal pe
594
eois sensible, il ne cherche pas à les combattre,
à
les transformer, à les dissiper au nom d’un idéal personnel, et moins
595
e cherche pas à les combattre, à les transformer,
à
les dissiper au nom d’un idéal personnel, et moins encore au nom d’un
596
n « pur artiste », celle de passer pour un auteur
à
thèse, pour un propagandiste. Cette crainte — qui ne fut jamais celle
597
importance démesurée que nos romanciers attachent
à
la description des vêtements, des ameublements, des marques d’autos,
598
eut écrire n’importe quoi, sans ce que cela porte
à
conséquences, ce romancier s’est condamné lui-même, en fait, à ne plu
599
s, ce romancier s’est condamné lui-même, en fait,
à
ne plus être que l’agent de publicité — plus ou moins bénévole — des
600
c’est d’abord la crise du roman, et du roman fait
à
l’usage des bourgeois, de leurs loisirs improductifs. Une telle crise
601
’un ordre vrai, donnez-nous des romans qui riment
à
quelque chose, il n’y aura plus de crise du livre. i. Rougemont De
602
ciers publicitaires ou la contagion romanesque »,
À
nous la liberté, Paris, 13 mars 1937, p. 10.
603
française de Thibaudetk : celui qui est consacré
à
l’après-guerre. II est vrai que beaucoup de noms y sont omis, que bea
604
s on ne l’avait vu et constaté aussi nettement qu’
à
la lecture de ce bilan désinvolte. Au lendemain de la guerre, la prod
605
on écrite des hommes qui revenaient du front — 20
à
35 ans — connut un véritable boom commercial. « À nous la liberté ! »
606
à 35 ans — connut un véritable boom commercial. «
À
nous la liberté ! » s’écriait cette génération : elle ignorait appare
607
non pas une facilité. Tout concourait d’ailleurs
à
faire passer cette erreur pour une évidence. Il y avait des places vi
608
avait des places vides, toute une génération tuée
à
remplacer. Il y avait l’inflation, et la prospérité des nouveaux rich
609
nde Permission, la Permission perpétuelle — jusqu’
à
la crise de 1930. Il nous en reste une génération de gloires rapides
610
omène de « refoulement de la durée vers l’amont »
à
l’incertitude du lendemain (et du présent), à la nécessité croissante
611
t » à l’incertitude du lendemain (et du présent),
à
la nécessité croissante de vivre sur ses réserves, enfin à une crise
612
ssité croissante de vivre sur ses réserves, enfin
à
une crise et à une carence de la création. Malgré ces difficultés, c
613
e de vivre sur ses réserves, enfin à une crise et
à
une carence de la création. Malgré ces difficultés, conclut-il, on n
614
térature, au sens où les physiciens s’intéressent
à
la dégradation de l’énergie ». Mais cette dégradation littéraire, apr
615
aux de dissolution du monde bourgeois : de Proust
à
Lacretelle, les salons se défont, les classes se mêlent, les propriét
616
odifiées, tyranniques : il y avait encore intérêt
à
passer outre aux conventions. Mais quand il n’y a plus de convention
617
d’Henri Petit et de Marius Richard soient promis
à
des succès moins tapageurs, mais plus profonds. Nous avons à refaire
618
s moins tapageurs, mais plus profonds. Nous avons
à
refaire un inventaire de l’homme, préparation modeste et nécessaire à
619
ire de l’homme, préparation modeste et nécessaire
à
une littérature vraiment personnaliste. j. Rougemont Denis de, « V
620
Denis de, « Vers une littérature personnaliste »,
À
nous la liberté, Paris, 20 mars 1937, p. 10. k. Rougemont a rendu co
621
Vandérem est réaliste : il trouve que j’en prends
à
mon aise et que je néglige un peu cavalièrement les contingences. Si
622
de ce genre. Ce serait toute une série de notions
à
acquérir, d’opinions à se former, de classements à établir, bref une
623
toute une série de notions à acquérir, d’opinions
à
se former, de classements à établir, bref une réinstallation complète
624
acquérir, d’opinions à se former, de classements
à
établir, bref une réinstallation complète demandant des mois. On ne
625
téraire de Marianne, il reprochait tout récemment
à
l’un de nos bons écrivains, M. Arnoux, de n’avoir pas su s’imposer «
626
me semble que le talent de M. Amoux est supérieur
à
sa tactique ». Faut-il être jeune, tout de même, et peu avancé dans l
627
’elle déclare avec tant de naturel ? Sentez-vous,
à
la lire, quelque chose qui s’agite en vous, entre le rire, l’inquiétu
628
faire une œuvre, de croire qu’on a quelque chose
à
dire ; le but de l’écrivain, c’est de s’imposer avec force au Public.
629
ovisoire, — je vieillirai — je voudrais dire ceci
à
M. Vandérem : la « réinstallation complète » dont nous parlions ne de
630
. Quand les clercs en sont arrivés — et l’élite —
à
subordonner leur mission à la « tactique » du succès commercial, c’es
631
arrivés — et l’élite — à subordonner leur mission
à
la « tactique » du succès commercial, c’est le moment de fourrer les
632
mêmes. l. Rougemont Denis de, « C’est jeune »,
À
nous la liberté, Paris, 10 avril 1937, p. 10.
633
faut pénétrer l’âme basse et la petite enveloppe
à
la main. Tant d’autres disent : « Allons-nous-en », et restent faute
634
aut-il savoir comment on y peut « vivre » ? C’est
à
cette question judicieuse que j’ai voulu répondre. Peut-être mon réci
635
fait, qu’il y a là un bonheur… 22 septembre 1934.
À
… (Gard) Arrivés hier matin, par Nîmes. Déjà je ne sais plus ce que j’
636
de velours, tables rondes et ovaloïdes, guéridons
à
photos, meubles à musique — sans piano —, bibliothèques vitrées, cana
637
rondes et ovaloïdes, guéridons à photos, meubles
à
musique — sans piano —, bibliothèques vitrées, canapés, sofas, rideau
638
—, bibliothèques vitrées, canapés, sofas, rideaux
à
franges, tabourets brodés et objets d’art. Aux murs, plusieurs douzai
639
sur le versant nord d’un vallon qui vient mourir
à
notre hauteur sur la droite, tandis que le versant sud, avec ses rest
640
avant de les vider et de transporter leur contenu
à
l’étage supérieur. 23 septembre 1934 Maintenant les murs sont nus : d
641
oisins n’ont sur leur table, quand on va les voir
à
midi, que des châtaignes, des olives, des radis et quelques légumes d
642
e considèrent comme des privilégiés, cela se sent
à
la manière dont ils nous parlent de quelques familles des environs qu
643
lessives. C’est une toute petite vieille noueuse,
à
la sagesse sentencieuse et imagée. Étonnamment active. Bonne protesta
644
tonnamment active. Bonne protestante et qui tient
à
le dire. Sa cordialité demeure digne, trait notable à partir des Céve
645
dire. Sa cordialité demeure digne, trait notable
à
partir des Cévennes. Mais bavarde ! De gré ou de force, c’est certain
646
ns de la ville… 5 octobre 1934 Petite cité tassée
à
la base d’une paroi de rocher et le long d’une rivière rapide qui déb
647
du lait verdi. C’est à peine si l’on peut marcher
à
pied sec dans les passages étroits. Sur les seuils, des groupes de fe
648
des de joueurs de balle, dans un nuage… Cela tend
à
confirmer un soupçon qui m’est venu en maintes autres régions de la F
649
l’eau courante. Les femmes vont avec des cruches
à
la fontaine qui coule son filet sur la grande place, juste à côté de
650
on des risques, de confiance obscurément accordée
à
l’instinct ou à « la Vie », ou à la solidarité de l’espèce humaine, m
651
de confiance obscurément accordée à l’instinct ou
à
« la Vie », ou à la solidarité de l’espèce humaine, malgré tout. Pour
652
urément accordée à l’instinct ou à « la Vie », ou
à
la solidarité de l’espèce humaine, malgré tout. Pourtant c’est bien i
653
n sens et la raison pratique. C’est s’en remettre
à
quelque espoir vague et profond. Or tout ce que l’État nous apprend,
654
ui va rentrer des champs, où elle travaille jusqu’
à
la nuit tombée. Nous sommes dans une cuisine de ferme mais la fermièr
655
je, et les chômeurs ? On m’a dit qu’il y en a 400
à
A ? » La mère, vivement : « Jamais je n’ai engagé de chômeurs, Monsie
656
e je suis chômeur moi-même, Madame… » Elle sourit
à
son tour, de l’air de dire : Oh, vous, ce n’est pas la même chose. El
657
e. Elle a sans doute entendu parler de nous. Rien
à
faire : je suis un « monsieur ». La fille rentre : une forte femme, e
658
viron 35 ans, un peu masculine. Elle nous conduit
à
la chambre de conserve des raisins. Pendant qu’elle fait la pesée : «
659
ne.) 16 octobre 1934 Complexité des « Classes ».
À
quelle classe appartiennent ces deux femmes ? Je résume mes renseigne
660
geoises, certes, et pourtant elles en sont encore
à
estimer que chômeur est synonyme de vagabond dangereux. Elles font pa
661
aricature de société. — Simard, le jardinier, est
à
demi métayer. Est-ce un prolétaire ? Il serait vexé qu’on le lui dise
662
ayers catholiques de la montagne qu’on voit venir
à
A… pour le marché. Et très conscients d’une supériorité qu’ils ne peu
663
cial ni au salaire, c’est évident, mais seulement
à
leur religion. En vérité, ce qui compte dans ce pays, c’est la religi
664
e les conditions économiques. On ne comprend rien
à
la réalité sociale de ce canton si l’on fait abstraction de tout cela
665
d’humain, d’actif ? Ici où je suis sans prochain,
à
cette heure ou mes frères (?) les hommes sont plus éloignés que jamai
666
On nous a dit que la mère a la grippe. Je trouve
à
la cuisine la fille et une voisine. Elles se plaignent du froid. Le f
667
a fille dit : « Elle ne voulait même plus toucher
à
la viande, pensez ! Il ne faut pas croire que la viande soit un si bo
668
alades. » Elle accepte de venir faire une lessive
à
la maison pour remplacer sa mère. Nous manquons de corde pour étendre
669
pour étendre le linge ; elle imagine de le mettre
à
sécher sur des buissons de ronce. Tous les mouchoirs sont plus ou moi
670
dit dans la bourgeoisie — où l’on s’imagine bien
à
tort que les gens du peuple sont spécialement adroits de leurs mains,
671
es qui décident, elles qui lisent, elles qui vont
à
l’église ou au temple, ou n’y vont pas, elles qui savent. Pour les ho
672
nt le mazet », ce qui n’est rien. Les femmes vont
à
la filature — la dernière qui marche encore — et gagnent leurs 7 fran
673
ants sont souvent réactionnaires et se mêlent peu
à
ceux de la place. Enfin ceux qui sont occupés par l’imprimerie du jou
674
l’imprimerie du journal local, par les garages ou
à
la Mairie, sont communistes et mènent les affaires du pays. Ils vont
675
munistes et mènent les affaires du pays. Ils vont
à
toutes les conférences, prennent la parole au Cercle d’hommes, citent
676
levé quelques chiffres dans un ouvrage sur A…, dû
à
la plume d’un de ses pasteurs à la retraite. En 1570, le mûrier, impo
677
uvrage sur A…, dû à la plume d’un de ses pasteurs
à
la retraite. En 1570, le mûrier, importé de Chine, fait son apparitio
678
fournit encore du travail cinq jours par semaine
à
une centaine d’ouvrières, dont le salaire moyen est de 7 francs par j
679
sse indigène de ce département. Et cette richesse
à
son tour va reprendre le chemin de l’Orient, d’où vint autrefois le m
680
’excuser : « Qui sait, Madame, j’aimerais d’aller
à
Alès, quelle jour ça vous préférerait ? » (En prononçant tous les e m
681
imart, à propos de la récente baisse des salaires
à
la filature : « Je vous dis, c’est miraculeux ce qu’on leur donne ! S
682
j’ai cru comprendre qu’elle tient un petit hôtel
à
Saint-Jean-du-Gard, expliquait à sa voisine qui paraissait malade : «
683
t un petit hôtel à Saint-Jean-du-Gard, expliquait
à
sa voisine qui paraissait malade : « Tu demanderas bien un espécialis
684
iste, rappelle-toi ! Si tu oublies, tu n’auras qu’
à
te rappeler épicerie. » Épicerie pour spécialiste, vous n’auriez jama
685
rs la rigueur et vers l’adaptation de notre style
à
notre action. On serait même tenté d’estimer que la plus grande rigue
686
sujet neutre, nous en avons toujours dans les 40
à
50. Et une fois qu’ils sont là, on peut parler de tout… J’irai d’auta
687
sion n’a vraiment démarré que lorsqu’on s’est mis
à
parler d’autre chose que du sujet, c’est-à-dire d’un peu tout : de l’
688
partis pris ou des récits entremêlés d’allusions
à
des célébrités locales, provoquant chaque fois de gros rires. L’homme
689
ces répétitions n’ont d’autre but que de laisser
à
l’esprit le temps de se « figurer » ce qui est dit. (C’est seulement
690
angue de discussion, parce que toujours elle vise
à
la formule décisive, et ne s’accorde le droit de dire chaque chose qu
691
les hommes de ce Cercle ! comme ils s’appliquent
à
comprendre, comme ils sont vifs et peu timides, camarades, malicieux
692
ue l’on sait ! Je pense aux auditoires bourgeois,
à
leurs airs entendus, à leurs vagues sourires, à leurs timidités et au
693
aux auditoires bourgeois, à leurs airs entendus,
à
leurs vagues sourires, à leurs timidités et aux distances télescopiqu
694
, à leurs airs entendus, à leurs vagues sourires,
à
leurs timidités et aux distances télescopiques que tout cela met entr
695
alistes. Il vient aussi des communistes, de temps
à
autre. Il paraît que ça chauffe certains soirs. Mais le pasteur prési
696
», dit-on. Et « il cause bien ». 16 décembre 1934
À
N… la mairie est tout entière communiste. Ceux des habitants qui ne l
697
s votent radical ou socialiste, et se font battre
à
plate couture, régulièrement. Mais faut-il donc penser que les commun
698
mmuniste dans ce pays, c’est tout simplement être
à
gauche, le plus à gauche possible. S’il en est bien ainsi, me dis-je,
699
ays, c’est tout simplement être à gauche, le plus
à
gauche possible. S’il en est bien ainsi, me dis-je, on peut redouter
700
qui se présentera un jour comme l’homme de gauche
à
poigne ? J’ai questionné à ce sujet quelqu’un qui connaît bien son mo
701
omme l’homme de gauche à poigne ? J’ai questionné
à
ce sujet quelqu’un qui connaît bien son monde. La vie même de cet hom
702
monde. La vie même de cet homme consiste en effet
à
connaître intimement le plus grand nombre de familles de N., leurs ci
703
r le mariage. Et quand je dis que sa vie consiste
à
connaître ces choses, il faut prendre le mot dans le sens le plus act
704
domine un ample paysage horizontal. La plaine est
à
nos pieds, des Cévennes grises au nord jusqu’à l’horizon des collines
705
st à nos pieds, des Cévennes grises au nord jusqu’
à
l’horizon des collines vers Uzès, où quelques ruines de castels et qu
706
ont peur. C’est toujours la question de la place
à
traverser. — ??? — Oui, vous savez que nos temples du Midi sont const
707
ts en général sur la place du village. En face ou
à
côté, il y a les cafés, les terrasses sous les platanes, et le dimanc
708
onnaît… — Alors, quand les voyez-vous ? — Surtout
à
l’occasion des conférences que j’organise. Vous avez déjà parlé dans
709
Dieu, et qu’ils attendent tous les ordres de lui.
À
la fin, un des communistes se lève et résume le débat : « En somme, d
710
petits propriétaires ou des ouvriers travaillant
à
leur compte. — En somme, vous vous entendez bien avec eux ? — Ils sav
711
stions locales où il faut prendre position. Quant
à
la doctrine, c’est difficile à discuter, d’abord parce qu’ils la conn
712
re position. Quant à la doctrine, c’est difficile
à
discuter, d’abord parce qu’ils la connaissent mal, ensuite et surtout
713
rôle dans leur action, et qu’elle n’a rien changé
à
leur croyance ou plutôt à leur incroyance. Tout de même, on se dit so
714
qu’elle n’a rien changé à leur croyance ou plutôt
à
leur incroyance. Tout de même, on se dit souvent que ces hommes mérit
715
pas ! Car s’il l’avait, il n’aurait plus de honte
à
la confesser devant les hommes ; et s’il a honte, c’est qu’il ne crai
716
allait bien, c’est-à-dire qu’ils « l’ont diminuée
à
17 sous par jour ». Pour se venger, il leur a retiré son assurance à
717
». Pour se venger, il leur a retiré son assurance
à
lui, et l’a passée à d’autres. Il reste par bonheur : les assurances
718
leur a retiré son assurance à lui, et l’a passée
à
d’autres. Il reste par bonheur : les assurances sociales, vie, décès,
719
seillé d’écrire une nouvelle lettre recommandée «
à
la charge du destinataire ». Eh bien, qu’est-ce que vous croyez ? Rép
720
pour des questions d’argent, on ne croit plus ni
à
Dieu ni à diable et à peine à la politique, l’hiver est « pourri », l
721
questions d’argent, on ne croit plus ni à Dieu ni
à
diable et à peine à la politique, l’hiver est « pourri », la « pulmon
722
on ne croit plus ni à Dieu ni à diable et à peine
à
la politique, l’hiver est « pourri », la « pulmonie » fait des ravage
723
core que les gens s’en vont d’ici pour travailler
à
la ville. C’est comme partout. Bon. Alors les catholiques descendent
724
eut-être moins bas que ces « assurés ». Ce peuple
à
la retraite qui meurt en rouspétant contre les bureaucrates ne sait p
725
C’est de Casanova que Ligne écrit : « Il ne croit
à
rien excepté ce qui est le moins croyable, étant superstitieux sur to
726
er dans le fétichisme : le franc sacré, les idées
à
majuscules, toucher du bois, la bouteille de champagne brisée contre
727
gentils. Pourquoi ne l’ai-je compris vraiment qu’
à
la faveur de ce chômage ? C’est qu’il m’a fallu m’éloigner de cette a
728
sans doute l’angoisse qui pousse tant d’écrivains
à
gagner de l’argent, à entrer à l’Académie, voire à jouer un rôle poli
729
qui pousse tant d’écrivains à gagner de l’argent,
à
entrer à l’Académie, voire à jouer un rôle politique : pour faire fig
730
e tant d’écrivains à gagner de l’argent, à entrer
à
l’Académie, voire à jouer un rôle politique : pour faire figure, pour
731
gagner de l’argent, à entrer à l’Académie, voire
à
jouer un rôle politique : pour faire figure, pour acquérir une situat
732
ou utilisés — dans la mesure où nous réussissons
à
nous faire passer pour des bourgeois ou des défenseurs du prolétariat
733
s’est posé en Italie dans des termes particuliers
à
ce pays, et qu’en tout cas il ne peut pas se poser de la même façon e
734
use, et donc faible, mais d’essayer de résoudre «
à
la française » le problème de l’autorité, tel que le posent cinquante
735
un homme, dans la cour, tandis qu’il donne du feu
à
son copain : Pour moi, c’est un fasciste ! Toutes nos confusions poli
736
pposition fondamentale. Peut-être ferais-je bien,
à
l’avenir, si j’écris quelque chose sur le fascisme ou sur les soviets
737
scisme ou sur les soviets, de mettre en épigraphe
à
mon article : Je suis contre. Sinon, pour peu que l’article expose le
738
ement d’éduquer le lecteur, j’entends de l’amener
à
réfléchir sur les raisons de ses partis pris ? Mars 1935 (à Marseille
739
r sur les raisons de ses partis pris ? Mars 1935 (
à
Marseille) J’ai parlé à R. de mon projet de publier sous le titre de
740
partis pris ? Mars 1935 (à Marseille) J’ai parlé
à
R. de mon projet de publier sous le titre de Journal d’un intellectu
741
ômage , ces pages que je suis en train de rédiger
à
temps perdu. Il est assez sceptique sur le résultat de cette entrepri
742
est vrai ? — Parce que c’est gênant. Cela oblige
à
conclure, une histoire vraie. Cela vous met en question, cela vous in
743
raie. Cela vous met en question, cela vous invite
à
comparer les situations… À cause de la solidarité humaine, probableme
744
que cela ne vous empêche pas de vivre assez bien,
à
votre idée. Vous avez l’air très satisfait de votre situation. Ce n’e
745
s un vrai chômeur. — Mais je ne tiens pas du tout
à
être un « vrai chômeur », je vous l’assure ! D’ailleurs j’ai déjà dit
746
rt, est-ce que le fait que je suis heureux suffit
à
me nourrir et à me vêtir ? Vous n’avez qu’à regarder la frange de mon
747
e fait que je suis heureux suffit à me nourrir et
à
me vêtir ? Vous n’avez qu’à regarder la frange de mon pantalon. Ce n’
748
uffit à me nourrir et à me vêtir ? Vous n’avez qu’
à
regarder la frange de mon pantalon. Ce n’est pas avec ça que je pourr
749
que je pourrais faire une carrière dans le monde,
à
supposer que l’envie m’en prenne. Tout ce que je compte dire dans mon
750
mon titre pourrait le faire croire. L’intéressant
à
mon point de vue, c’est de montrer une fois que c’est vrai, et de mon
751
… ⁂ Cette conversation avec R. m’a rendu attentif
à
un fait qui m’apparaît soudain fondamental ; c’est l’affectivité quas
752
ité quasi insupportable qui s’attache aujourd’hui
à
l’argent, et qui se mêle en particulier à tout échange d’idées sur la
753
urd’hui à l’argent, et qui se mêle en particulier
à
tout échange d’idées sur la richesse, la pauvreté ou le chômage. Méla
754
d’imbroglio passionnel plus idéalement favorable
à
l’apparition de délires subits de la pensée ou des sentiments. Aigreu
755
rir ? — Commençons par nous avouer, passons outre
à
nos vieilles pudeurs : c’est le début de la cure. Ensuite il faudra e
756
efaire une hiérarchie éthique, et de rendre ainsi
à
l’argent son rôle mineur de moyen, d’impur et simple moyen… 31 mars 1
757
« exclus » vieux travailleurs. Demain dimanche,
à
10 heures, sera donnée une conférence au profit des vieux, hommes et
758
pas de la loi des assurances sociales ont intérêt
à
assister à la conférence. L’organisation lutte afin de faire accorder
759
oi des assurances sociales ont intérêt à assister
à
la conférence. L’organisation lutte afin de faire accorder une retrai
760
ois, l’obscurantisme clérical — la conférence est
à
10 heures, dimanche matin… — et les oligarchies réactionnaires ! Ô li
761
mé par les travailleurs de Bouillargues, prouvant
à
la face du monde que nos militants héroïques n’ont pas perdu leur pei
762
mbolique mot d’ordre sera donné comme un soufflet
à
la Réaction insolente : « Place aux Vieux ! » — On se demande s’il es
763
population, « laborieuse » ou « réactionnaire ».
À
la prochaine enquête sur l’état politique de la France, je me promets
764
times revendications des vieux !” Quand on en est
à
cela, dans les partis d’extrême gauche, c’est que l’état social est à
765
ue réclame la vieillesse. Notre opinion publique,
à
en croire les journaux, est actuellement dominée par le souci des éle
766
s fois on vous en demande de trop, vous n’avez qu’
à
donner la mienne, vous savez. Plus on la lit… Ce généreux apôtre de l
767
l. « Et alors, mon bon, c’est toi qu’on va mettre
à
la mairie ? » L’homme au visage maigre fait un geste réticent. Le vie
768
u m’entends ? Nous ôtres, nous allons vous passer
à
tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit l’homme, si vous y arrivez, c’es
769
e aussi le communiste n’est-il pas encore parvenu
à
« mettre de côté » autant qu’il le voudrait. Mais ce n’est pas sûr. J
770
gent de grandes vérités brutales, toujours bonnes
à
dire, mais mal dites. J’accepte à la rigueur cette division du monde
771
toujours bonnes à dire, mais mal dites. J’accepte
à
la rigueur cette division du monde en gros et en petits, si c’est le
772
mation. On leur impose une mystique confectionnée
à
l’usage des moujiks… Quel est l’homme sain qui oserait affirmer que c
773
nnes en haine d’une société qu’ils sont les seuls
à
croire encore « chrétienne » — il faut bien dire que le parti communi
774
s pauvres hommes. Beaucoup, je le sais, résistent
à
l’intoxication, mais cela prouve simplement, une fois de plus, que l’
775
e ne comprend pas profondément ce qu’on lui donne
à
lire ou à entendre. Il comprend sa situation, et ne voit pas que son
776
end pas profondément ce qu’on lui donne à lire ou
à
entendre. Il comprend sa situation, et ne voit pas que son journal es
777
ent démoniaque, et surtout vaine, ils en viennent
à
s’imaginer qu’ils défendent eux aussi les « petits » en défendant ces
778
sesse et du mensonge en service commandé. L’homme
à
la veste bleue, je le comprends et je l’aime dans son effort maladroi
779
n de faire tandis que vous causez, vous arriverez
à
leur tirer quelque chose de sensé, de vécu, de réel, — et qui renvers
780
« suivre » un effort bien localisé, de s’attacher
à
ce qu’on fait ; nécessité où l’on se trouve de bâcler son ouvrage, po
781
. Ils vous diront aussi qu’ils n’ont plus le cœur
à
leur ouvrage, quand ils savent que les résultats sont à la merci soit
782
ouvrage, quand ils savent que les résultats sont
à
la merci soit d’un trust, soit d’un syndicat d’incapables. Ils vous d
783
parlez-moi de « leurs combines » — il n’y a rien
à
y comprendre. Dans une assemblée populaire, on ne dira pas un mot de
784
moyens de circuler et de s’instruire, résistance
à
l’état tentaculaire. (Quant à la lutte contre le capitalisme, tout le
785
struire, résistance à l’état tentaculaire. (Quant
à
la lutte contre le capitalisme, tout le monde en est, ou feint d’en ê
786
cret qu’il ne semble.) Conclusion : il appartient
à
des équipes d’hommes nouveaux, jeunes et sortis de toutes les classes
787
n ne pouvait nous faire soupçonner cette présence
à
côté. Hier matin, la mère Calixte arrive tout agitée : « Madame se me
788
t de l’emballer, la vieille ! » Ils n’auront plus
à
languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’e
789
dernier respect pour la moribonde qu’ils veillent
à
tour de rôle, ils sont venus discuter dans la remise qui est au-desso
790
mai 1935 … Et un beau jour, plus moyen d’échapper
à
cette humiliante évidence : sans auto, sans argent, sans amis proches
791
’est en somme que l’application du style français
à
la chose militaire. 29. Ils ont donc au moins 66 ans aujourd’hui, où
792
ti. » Et Staline fait écho, trente ans plus tard,
à
cette déclaration totalitaire ; dans un discours aux cadets de l’Acad
793
Mais cela permet toutefois de comparer sa manière
à
celle de Lénine. Lénine affiche en littérature des goûts tantôt tradi
794
ui demeurait étranger. » Il préférait de beaucoup
à
Maïakovski le « Salut au 17e » : Salut, salut à vous, braves soldats
795
à Maïakovski le « Salut au 17e » : Salut, salut
à
vous, braves soldats du 17e… ou encore la chanson patriotarde sur l’
796
son talent poétique, bien que je reconnaisse tout
à
fait mon incompétence dans ce domaine. Mais depuis longtemps, je n’av
797
« dirigeants » a bien changé. Voici ce qu’écrit,
à
cette date, le Père des peuples, sur le même Maïakovski : Il a été e
798
ntueux de notre époque soviétique. L’indifférence
à
sa mémoire et à ses œuvres est un crime. Vous reconnaissez le ton du
799
époque soviétique. L’indifférence à sa mémoire et
à
ses œuvres est un crime. Vous reconnaissez le ton du policier, et du
800
ier, et du fonctionnaire arrivé. « L’indifférence
à
ses œuvres est un crime. » Heureusement pour lui que Lénine est déjà
801
s éditeurs communistes de ce choix. Il en ressort
à
l’évidence que les « idées » de Lénine sur la littérature étaient en
802
dé, ou de brutalement primaire, pour le planifier
à
l’échelle de son empire national-socialiste. À nous de relever la vra
803
er à l’échelle de son empire national-socialiste.
À
nous de relever la vraie défense de la culture, et d’une culture créa
804
s totalitaires, et contre ce distributeur de prix
à
l’Académie de l’Armée rouge, l’homme des « cadres qui décident de tou
805
Denis de, « Lénine, Staline et la littérature »,
À
nous la liberté, Paris, 17 avril 1937, p. 10.
806
obscures de la légende populaire. S’il se risque
à
paraître devant Chamisso, c’est peut-être poussé par l’envie d’être e
807
ui un poète allemand. Les autres ont toujours cru
à
cette fable, mais dirait-on, sans le savoir. Chamisso, lui, s’en éton
808
et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De Chamisso
à
Hofmannsthal, plusieurs ont repris cette histoire. Le dernier même y
809
e, l’on s’étonne qu’aucun d’entre eux n’ait songé
à
se justifier. L’on s’étonne qu’aucun non plus n’ait essayé de formule
810
re popularité du bonhomme Peter Schlemihl. Je fus
à
l’Opéra. On y donnait du Strauss. Je ne connaissais pas le livret d’H
811
Mais encore ? Ils en ont tous une, et s’entendent
à
tirer parti du plaisir que dispense un corps. Ils prisent fort la « t
812
Il y avait la psychanalyse. Mais avant d’en venir
à
cette extrémité, on pouvait essayer d’un pédantisme moins barbare. Je
813
re. Je rédigeai la note qui suit, en m’appliquant
à
écarter les conseils de pitié que me dictait mon cœur. Signalement
814
e Peter Schlemihl Peter est un naïf : il croit
à
la fortune. Il croit surtout qu’elle seule assure à l’homme une digni
815
la fortune. Il croit surtout qu’elle seule assure
à
l’homme une dignité. C’est un bourgeois de la plus dangereuse espèce,
816
enoue, cette fois-ci sans remède. Il ne tarde pas
à
tourner au délire de persécution. Tout effraye Peter, et le moleste e
817
exions désespérées. Souvent il éclate en sanglots
à
l’idée du plus simple bonheur, — de ce bonheur dont tous les autres s
818
qu’il l’a vendu. (Ne connaît-on que ce qui vient
à
manquer ? Et perd-on ce que l’on connaît, comme Adam et Ève l’innocen
819
i perd le contact social. L’or même ne suffit pas
à
rétablir tous les contacts. Ou plutôt il les établit en apparences, m
820
longtemps, il n’a pas d’ombre ! » Que reste-t-il
à
un tel homme ? Le suicide ? Rien n’est plus loin de sa pensée. Sa vis
821
d’un philistin sans exigences, et qui veut croire
à
la vertu, — s’il n’y avait, au centre de lui-même, cette absence. En
822
les bottes de sept lieues ! Désormais il échappe
à
la vie, au voisinage et au dialogue. Son existence réelle se confond
823
atalogue de toutes les plantes de la terre. C’est
à
cela qu’il s’occupe en Thébaïde, quand nous perdons sa trace. Résumon
824
tive d’interprétation Je reproche pour ma part
à
la psychanalyse de flatter notre propension à localiser les symboles.
825
art à la psychanalyse de flatter notre propension
à
localiser les symboles. Car, pour la vie spirituelle, il n’est pas de
826
de lieux séparés, on peut toujours passer de l’un
à
l’autre par quelque ruse de la métamorphose, qui est la vie même de l
827
l conviendrait de rappeler ici que Peter parvient
à
la cacher à tous sauf aux deux femmes qu’il voudrait épouser. Mais n’
828
it de rappeler ici que Peter parvient à la cacher
à
tous sauf aux deux femmes qu’il voudrait épouser. Mais n’allons pas c
829
ions d’états qui, normalement, ne tarderaient pas
à
se muer en leur contraire ? Plus précisément, l’état de Peter Schlemi
830
l’état de Peter Schlemihl n’est-il pas comparable
à
celui d’un esprit et d’un corps sains après « l’amour » ? Durant quel
831
mme s’il était un peu en arrière des choses, lent
à
démêler le monde où il revient, et qui l’accable de présences bizarre
832
homme se sente trop lucide, perçant toutes choses
à
jour, et lui-même, d’où l’impression qu’il a d’être mal défendu contr
833
ndication. Elle paraîtra sans doute plus probante
à
des adolescents qu’à des adultes, à des mélancoliques qu’à des sangui
834
tra sans doute plus probante à des adolescents qu’
à
des adultes, à des mélancoliques qu’à des sanguins, et même à des Nor
835
plus probante à des adolescents qu’à des adultes,
à
des mélancoliques qu’à des sanguins, et même à des Nordiques qu’à des
836
lescents qu’à des adultes, à des mélancoliques qu’
à
des sanguins, et même à des Nordiques qu’à des Méridionaux, pourrions
837
s, à des mélancoliques qu’à des sanguins, et même
à
des Nordiques qu’à des Méridionaux, pourrions-nous ajouter avec toute
838
ues qu’à des sanguins, et même à des Nordiques qu’
à
des Méridionaux, pourrions-nous ajouter avec toutes les réserves qu’o
839
e38. Dès le début, j’avais pressenti qu’une fable
à
ce point célèbre dans un peuple ne pouvait exprimer qu’un fait humain
840
n élémentaire. J’étais déçu de le voir se réduire
à
quelque chose d’aussi précis, et que mille préjugés, français surtout
841
que mille préjugés, français surtout, concourent
à
ridiculiser. Un fragment de Paracelse, lu par hasard à cette époque,
842
iculiser. Un fragment de Paracelse, lu par hasard
à
cette époque, vint heureusement me donner la clé d’une interprétation
843
On ne peut comparer la Liquor vitae dans l’homme
à
autre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’
844
rer la Liquor vitae dans l’homme à autre chose qu’
à
une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’homme et se forme
845
r enfin le vrai problème39. La créativité : c’est
à
quoi se ramène tout ce qui est vraiment grave dans notre vie ; et la
846
it-ce point pour cette raison que l’homme cherche
à
le dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les deux fils de N
847
la nudité de leur père ivre en marchant vers lui
à
reculons ? Mais chez l’homme qui parvient à la conscience de sa missi
848
s lui à reculons ? Mais chez l’homme qui parvient
à
la conscience de sa mission spirituelle, le centre de la créativité p
849
rassement sans amour, ou d’un amour qui se refuse
à
l’étreinte. Et pourquoi la pudeur cesse-t-elle d’exister — normalemen
850
t ce qui, en moi, m’est étranger). Revenons alors
à
notre mythe : la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secre
851
que autre sorte, il n’est plus un homme créateur.
À
l’inverse, la chasteté (spirituelle ou corporelle) rénove en l’homme
852
er sa vie et la construire avec tout son instinct
à
l’image d’une vision de l’esprit. (L’esprit seul voit) Le corps et l’
853
, dans ce qu’il a de démissionnaire, d’impuissant
à
saisir le monde pour le former à son image40, et d’évasif devant sa v
854
re, d’impuissant à saisir le monde pour le former
à
son image40, et d’évasif devant sa vocation : le mystère de l’incarna
855
n : le mystère de l’incarnation. Chamisso a donné
à
son Peter tous les traits physiques et moraux de ce que l’on appeller
856
oraux de ce que l’on appellera plus tard le vague
à
l’âme, — qui est aussi bien le vague au corps… Le roman d’Hoffmannsth
857
le symbole de la puissance de création qui vient
à
se détacher de l’auteur pour prendre corps dans l’œuvre poétique. Et
858
e, et quelques-unes de ses plus folles illusions,
à
la hauteur du mythe, et de la Fable, plus profondément vrais que la v
859
lus riches d’enseignements concrets, et d’invites
à
la métamorphose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est le parado
860
se garder d’affadir une telle œuvre, n’y admirant
à
leur coutume qu’une « fantaisie gratuite » de l’art. Nul doute que l’
861
a fait Schlemihl comme on sait, en grande partie
à
son image, il en diffère toutefois par ceci qu’il l’a fait, témoignan
862
equel l’idée de Peter Schlemihl aurait été donnée
à
son auteur par un de ses parents, au cours d’un séjour à Paris. L’ori
863
uteur par un de ses parents, au cours d’un séjour
à
Paris. L’origine du conte célèbre serait donc bien française, et Barr
864
en française, et Barrès s’en réjouit. Il va jusqu’
à
soutenir que l’ombre perdue serait le symbole de la patrie (française
865
rs au moment où j’écrivis cette étude — réduisent
à
néant cette fantaisie nationaliste. Rank insiste longuement, comme je
866
lusieurs siècles, voire d’un ou deux millénaires,
à
Chamisso. 36. « J’éprouve que chaque objet de cette terre que je c
867
s vite, et après qu’une semaine eut passé, il vit
à
sa grande joie qu’une nouvelle ombre partant de ses pieds commençait
868
ne nouvelle ombre partant de ses pieds commençait
à
croître lorsqu’il se promenait dans le soleil. » Ici donc, pas de fix
869
es, et de tout contraire parfois : que l’on songe
à
Hegel, à Fichte, à Schlegel. p. Rougemont Denis de, « Chamisso et l
870
tout contraire parfois : que l’on songe à Hegel,
à
Fichte, à Schlegel. p. Rougemont Denis de, « Chamisso et le Mythe d
871
raire parfois : que l’on songe à Hegel, à Fichte,
à
Schlegel. p. Rougemont Denis de, « Chamisso et le Mythe de l’Ombre
872
’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du puits
à
gauche, où repose une vieille chatte, le chai à droite. Au-delà de la
873
s à gauche, où repose une vieille chatte, le chai
à
droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager, de chaq
874
té d’une allée bordée de rosiers. L’allée aboutit
à
une porte de bois à deux battants, à demi cachée par des lauriers épa
875
e de rosiers. L’allée aboutit à une porte de bois
à
deux battants, à demi cachée par des lauriers épais. De hauts murs bl
876
llée aboutit à une porte de bois à deux battants,
à
demi cachée par des lauriers épais. De hauts murs blancs enclosent de
877
is traversé par un nuage rapide. En me retournant
à
droite, je vois par une autre fenêtre un coin de lande, et de petites
878
sée, séparées de la cuisine par un couloir dallé.
À
l’étage, où l’on parvient par un petit escalier qui prend au fond de
879
oui vraiment plus gai qu’ascétique. Dans le chai,
à
la porte un peu trop basse, règne une pénétrante odeur de laurier. On
880
x rien dire encore : je laisse tout cela se mêler
à
ma vie, dans l’heureux étourdissement de la lumière maritime. Pour me
881
ime. Pour mes pensées, je les occupe en attendant
à
de petits exercices formels, sans nul rapport avec ce beau vertige de
882
he qui contourne la panse de l’église, et aboutit
à
la place principale. Au milieu de cette place, qui est un vaste recta
883
ectangle de terre jaune, les habitants plantèrent
à
la Révolution un arbre de la Liberté. Cet orme est devenu gigantesque
884
ces ! J’ai du travail chez moi, des tas de choses
à
écrire… Elle n’ose pas m’en demander davantage. Et moi, je recule dev
885
s journaux, sans doute, mais il n’y en a pas tant
à
raconter sur ce pays… Je l’ai laissée en plein mystère. Elle a dû en
886
? — Non. — Est-ce un imprimé ? — Non. C’est tapé
à
la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? — Si, il y
887
é à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit
à
la main ? — Si, il y a des corrections écrites à la main. Pédenaud re
888
à la main ? — Si, il y a des corrections écrites
à
la main. Pédenaud relit pour la nième fois son tarif, fait son calcul
889
calcul sur un bout de papier, et conclut que j’ai
à
payer 72 francs, pour un envoi, ce jour-là, d’une centaine de feuille
890
nte-quinze. Dans l’après-midi, tandis que j’écris
à
ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Péd
891
gramme, c’est une notification officielle d’avoir
à
verser sans délai la somme de Fr. 67.25 restant due sur l’envoi de ce
892
forcé « d’y aller de sa poche ». Me voilà courant
à
l’autobus pour arrêter le courrier. L’autobus vient de partir. Il fau
893
ire ! Depuis lors, il rougit et transpire rien qu’
à
me voir entrer. Je cause un peu, pour me faire pardonner. Pédenaud es
894
dent aux baigneurs. Bien entendu, je n’arrive pas
à
savoir combien ce petit commerce lui rapporte, « ça dépend des années
895
considère comme riche (sinon dépenserais-je tant
à
son guichet ?), mais s’il savait que j’ai dépensé près de 600 francs
896
qui n’a rien à voir avec la critique littéraire.
À
la page 43 de l’édition que j’ai sous les yeux, je lis ceci : « … ils
897
e excessif de jupons, cela ne devrait pas suffire
à
rendre vraisemblable une hypothèse à ce point injurieuse. Pourtant no
898
pas suffire à rendre vraisemblable une hypothèse
à
ce point injurieuse. Pourtant nous n’en trouvions pas d’autres. Or, p
899
téraire la solution d’une question précise. Grâce
à
Colette, je sais maintenant pourquoi notre chambre était pleine de pu
900
renouer le fil de ce journal. Tout d’abord, j’ai
à
constater l’échec de notre première tentative d’autonomie. Je ne suis
901
ière tentative d’autonomie. Je ne suis pas arrivé
à
gagner assez vite ce qu’il nous fallait pour subsister après l’épuise
902
stacle absolu.) Assuré au moins de quelque argent
à
venir, j’ai accepté l’invitation d’un ami qui nous offre de passer tr
903
ffre de passer trois semaines chez lui. Il habite
à
une petite journée de voyage de notre île. La leçon pratique de cette
904
u’il faut la conquérir avec méthode, et organiser
à
l’avance un plan d’attaque, prévoyant à un jour près la date d’arrivé
905
organiser à l’avance un plan d’attaque, prévoyant
à
un jour près la date d’arrivée des renforts. Je ne suis pas trop fier
906
traite stratégique, mais tout de même bien décidé
à
renouveler ma tentative, dans un mois. q. Rougemont Denis de, « J
907
suivante : « Par les soins de la Guilde du Livre,
à
Lausanne, paraîtra très prochainement un ouvrage de notre compatriote
908
t : Journal d’un intellectuel en chômage . Grâce
à
la complaisance du directeur de la Guilde, M. A. Mermoud, nous sommes
909
de, M. A. Mermoud, nous sommes en mesure d’offrir
à
nos lecteurs la primeur de quelques pages de ce livre. Dans ces pages
910
ler des « autocars ». Je ne sais si l’on se doute
à
Paris de l’importance des autocars et des transformations qu’ils sont
911
utilisé une vingtaine de ces lignes. Je commence
à
connaître leurs coutumes : rien ne pouvait modifier plus rapidement e
912
relatif des grandes lignes indiquait qu’on allait
à
Paris ou qu’on en venait. Tout le reste n’était que tortillards cahot
913
e reste n’était que tortillards cahotants, jamais
à
l’heure, où l’on se sentait relégué à l’écart de la « vraie » circula
914
nts, jamais à l’heure, où l’on se sentait relégué
à
l’écart de la « vraie » circulation. Et l’on ne voyait guère que des
915
rande affluence de badauds, c’est là qu’on arrive
à
grands sons de trompe, c’est enfin ce que l’on voit le mieux de chaqu
916
ue pays. La voie ferrée était une sorte d’insulte
à
la vie locale ; elle la traversait abstraitement, sans la voir, sans
917
pas tous de la même sorte, et que d’une province
à
une autre, ce n’est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce p
918
ographie physique mais aussi humaine. Elle quitte
à
tout propos la route nationale pour des chemins secondaires ou des ru
919
’une foule d’incidents entrevus, que tout dispose
à
romancer ; de conversations absurdes et rapidement intimes, avec ce p
920
; et ils sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots
à
dire par la portière entr’ouverte un instant à la fille de l’auberge
921
ts à dire par la portière entr’ouverte un instant
à
la fille de l’auberge écartée qui attend le passage du car, les cheve
922
ue qu’un conducteur de car. Cela tient évidemment
à
leur métier. Ce sont en général de jeunes gaillards solides et gais,
923
tes faveurs que les femmes ont toujours accordées
à
ceux qui commandent et disposent, ne fût-ce que pour une heure, de le
924
eur, je vous envie ! Vous avez un rôle magnifique
à
jouer dans la société. Vous avez le temps de réfléchir et de nous fai
925
je, qu’un écrivain a bien deux fois plus de peine
à
vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonctionnaire c’était pour le
926
commun, la révélation de secrets qui suffiraient
à
rendre heureux les plus indignes, et ingénieux les plus balourds, enf
927
r ma part, je ne conçois pas de relation concrète
à
la transcendance où manquerait le sentiment du divin, du sacré. Mais
928
e l’imagination et non seulement dans son rapport
à
l’éthique. w. Rougemont Denis de, « Lettre de M. Denis de Rougemon
929
7, p. 204. x. Lettre publiée parmi les réactions
à
la conférence de Jean Wahl, « Subjectivité et transcendance ».
930
Réponse
à
Pierre Beausire (15 janvier 1938)y M. Pierre Beausire80 demande au
931
s « de ne point perdre leur temps et leurs forces
à
discuter avec leurs adversaires ». Il leur demande ensuite de prendre
932
je ne sais pas si le terme d’adversaire convient
à
M. Pierre Beausire. Il approuve notre réaction (qu’il dit « parfaitem
933
vre et les approuver. » En somme, il se rangerait
à
nos côtés pour l’essentiel de ce que nous avons dit dans notre numéro
934
Erreur totale et malentendu maximum. S’il fallait
à
tout prix reprendre les termes choisis par M. Beausire lui-même pour
935
plus qu’une morale, s’il en suppose une. Il est,
à
mon sens, la tradition centrale de l’Occident, l’élément civilisateur
936
obligés, par leurs menaces instantes et brutales,
à
prendre une conscience active de ce qui, depuis nos origines, n’était
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vrai revive dans ce mouvement, je serais mal venu
à
le nier. En tant que protestant personnaliste, je tiens que seule la
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— celle qui agit, et non celle qui endort — donne
à
notre attitude son sens dernier. Beaucoup de mes camarades, la majori
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craint pas de proclamer que « si l’on veut parler
à
des hommes, et non à des enfants, il faut renoncer à invoquer le Chri
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er que « si l’on veut parler à des hommes, et non
à
des enfants, il faut renoncer à invoquer le Christ ». Je ne craindrai
941
es hommes, et non à des enfants, il faut renoncer
à
invoquer le Christ ». Je ne craindrai pas de lui répondre que ce n’es
942
sais trop quelle dose d’ironie M. Beausire joint
à
son vœu final : « Qu’ils s’emparent hardiment du pouvoir dans cet Éta
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le », sentimentale, idéaliste, ne saurait suffire
à
la tâche. « Le peuple a besoin — nous dit l’auteur — de chefs d’une s
944
t que je crois, résulte d’un malentendu. Je crois
à
« l’idée suisse » telle que l’exprime Liehburg. Idée qui exclut l’exi
945
national » au sens unitaire. Je ne crois même pas
à
l’homo alpinus, création polémique de Ramuz. y. Rougemont Denis de,
946
ique de Ramuz. y. Rougemont Denis de, « Réponse
à
Pierre Beausire », Suisse romande, Morges, 15 janvier 1938, p. 182-18
947
Kierkegaard (février 1938)z Kierkegaard naquit
à
Copenhague en 1813. Son père avait passé son enfance à garder les mou
948
enhague en 1813. Son père avait passé son enfance
à
garder les moutons dans la plaine du Jutland. Un jour, accablé par la
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ur son développement religieux. Mais le défi jeté
à
Dieu sembla porter bonheur au père de Kierkegaard. Il devint commerça
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ne, il ne voulut tirer nul intérêt : il la confia
à
l’un de ses frères, pour éviter d’avoir affaire aux banques, et lorsq
951
idée sans compter, mais surtout en dons généreux.
À
27 ans, il terminait ses études de théologie, et se fiançait avec une
952
lling. Il y demeura quelques mois, puis il revint
à
Copenhague pour y mener une existence solitaire, jusqu’à sa mort, en
953
hague pour y mener une existence solitaire, jusqu’
à
sa mort, en 1835. Il travaillait une grande partie de la nuit. Georg
954
hrases qu’il venait de composer tout en marchant.
À
l’aube, il s’accordait quelque répit, errait sur les quais déserts du
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qui avoisinent la capitale. Puis il se remettait
à
écrire. Vers midi, on le voyait parcourir les rues les plus animées d
956
uple qu’il aimait par-dessus tout. Tout le monde,
à
Copenhague, connaissait sa silhouette, son grand chapeau, ses pantalo
957
ls de Discours édifiants, signés de son nom. Mais
à
mesure qu’il faisait mieux voir le fond chrétien de sa pensée, le pub
958
c s’écarta, effrayé. Et lorsqu’en 1831, il se mit
à
attaquer avec une extrême violence, le christianisme officiel et ses
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cours d’une promenade en ville. On le transporta
à
l’hôpital où il mourut paisiblement en disant à son seul ami, le past
960
a à l’hôpital où il mourut paisiblement en disant
à
son seul ami, le pasteur Boesen : « Salue tous les hommes de tua part
961
int de vue explicatif sur mon œuvre — se rapporte
à
ce seul problème : « comment peut-on devenir chrétien ». Car on ne na
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obéissance. Cessons de prendre le christianisme «
à
bon marché », comme les évêques. Pensée centrale de l’œuvre énorme de
963
que aux yeux de Kierkegaard. Il fallait un rappel
à
l’ordre. Il le devint lui-même, de tout son être. Et il savait ce que
964
nçoivent pas de malaise. D’autres, qui s’essaient
à
penser en fin de semaine, comme on fait un peu d’ordre dans l’apparte
965
l, je crois, parvint dans l’intégrité de sa force
à
une mort que toute son œuvre provoquait et qui vaincue par une telle
966
ommensurable grandeur. Un acharnement sans pareil
à
forcer l’esprit sur l’obstacle du désespoir et de l’absurdité de l’ex
967
e ne l’ai dit que pour l’écarter, et pour arriver
à
Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !82 Deux documents éclairent le myst
968
e premier est de Kierkegaard : Forcer les hommes
à
être attentifs et à juger, c’est exactement prendre le chemin du vrai
969
rkegaard : Forcer les hommes à être attentifs et
à
juger, c’est exactement prendre le chemin du vrai martyre. Un vrai ma
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rai martyre. Un vrai martyr n’a jamais eu recours
à
la violence, il combat à l’aide de son impuissance. Il force les homm
971
à l’aide de son impuissance. Il force les hommes
à
être attentifs. Ah ! Dieu sait s’ils deviennent attentifs, ils le tue
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maladie pour mortelle. Sa mort serait nécessaire
à
l’action à laquelle il a consacré toutes ses forces spirituelles et t
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ur mortelle. Sa mort serait nécessaire à l’action
à
laquelle il a consacré toutes ses forces spirituelles et toute son œu
974
faiblie. Au contraire sa mort donnera de la force
à
son attaque, et lui assurera, pense-t-il, la victoire.84 ⁂ De cette
975
it-il. Mais cette seule chose nécessaire s’oppose
à
tous nos conformismes, et même à nos plus hauts désirs. Il est désesp
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essaire s’oppose à tous nos conformismes, et même
à
nos plus hauts désirs. Il est désespéré, mais c’est à cause de la foi
977
e signer de leur sang le pacte qui lie le penseur
à
Méphisto : expérimentateurs qui se ménagent un dernier retour, guerri
978
t au « sérieux » de Kierkegaard, il est de nature
à
tromper le lecteur mille manières. On peut se laisser prendre à la fa
979
ecteur mille manières. On peut se laisser prendre
à
la fantaisie baroque de certaines paraboles, de certaines ironies pol
980
’éternité, pour lui, est une ironie sur le temps,
à
laquelle le temps finira bien par succomber. Mais, ayant tué en lui t
981
peut mesurer aujourd’hui le développement promis
à
l’influence de Kierkegaard sur notre temps : on le redécouvre après c
982
rages et d’articles. Ce qui est certain, c’est qu’
à
la différence de Nietzsche, personne ne parviendra jamais à « utilise
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rence de Nietzsche, personne ne parviendra jamais
à
« utiliser » Kierkegaard pour des fins politiques et temporelles. Il
984
ans de christianisme, une seule tâche comparable
à
la mienne. Dans la ‟chrétienté”, elle apparaît pour la première fois.
985
2 mars 1662). Que dirions-nous alors du sort fait
à
celui qui doit se montrer aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire
986
jours s’estimer singulier, c’est-à-dire supérieur
à
la masse. Et ce n’est pas encore franchement s’avouer que de se compa
987
’humanité. Chômage. — On dit souvent qu’il faut
à
l’homme un minimum de confort ou d’aisance matérielle pour pouvoir ré
988
« intellectuel » au chômage absolu, c’est-à-dire
à
l’arrêt de la pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel
989
ensée créatrice. Mais quel est ce certain degré ?
À
quel niveau placer cette limite inférieure ? La question paraît insol
990
hemise entière : les morceaux du bras avant servi
à
rapiécer les épaules et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite d
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peu d’argent de sa retraite de professeur servait
à
payer ses logeuses successives, et les remèdes contre ses effroyables
992
e ses effroyables maux de tête. De plus, il était
à
demi aveugle… Confort et culture. — À ceux qui n’ont rien, il faut
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il était à demi aveugle… Confort et culture. —
À
ceux qui n’ont rien, il faut donner du confort, afin qu’ils puissent
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ort, afin qu’ils puissent concevoir d’autres buts
à
leur existence que la recherche d’un gain précaire. Mais à ceux qui o
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istence que la recherche d’un gain précaire. Mais
à
ceux qui ont quelque chose, il faut rappeler que la recherche du conf
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confort est ce qui s’oppose le plus radicalement
à
toute culture véritable. Île de R. — La nuit ! Je l’avais oubliée à
997
table. Île de R. — La nuit ! Je l’avais oubliée
à
Paris. La nuit des villes n’est pas cette mort opaque dont il faut re
998
ouge et circulante, pleine de rumeurs, comparable
à
la fièvre. Plus lucide souvent que les jours. Ici, tout repose complè
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de l’allée unique, entre les rosiers. Je trouve,
à
tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’odeur des lauriers épai
1000
et fuient soudain en gémissant. J’ai des lettres
à
porter à l’autobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir
1001
t soudain en gémissant. J’ai des lettres à porter
à
l’autobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et l’éc
1002
gar de la grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’
à
ce que je rencontre l’ouverture de la boîte aux lettres. De loin, le
1003
ces figures géométriques, dominées par le clocher
à
toit plat, et des fragments de silhouettes d’arbres devant les maison
1004
Jamais plus que dans cette nuit. Fin de séjour
à
A… (Gard). — Tout est en place. Je garderai toutefois le plan d’aména
1005
mi-heure d’efforts haletants, qui n’ont abouti qu’
à
coincer le sommier au tournant, entre la balustrade et les parois de
1006
ant de la décrocher un peu pour toucher davantage
à
l’assurance !) Il a bien fallu se rendre à l’évidence : ce sommier im
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antage à l’assurance !) Il a bien fallu se rendre
à
l’évidence : ce sommier implacable restera dans l’escalier comme témo
1008
émoin des bouleversements que nous avons infligés
à
la maison. Pas question d’aller quérir du renfort à A. Il faut encore
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la maison. Pas question d’aller quérir du renfort
à
A. Il faut encore boucler les valises, descendre mes caisses de livre
1010
cler les valises, descendre mes caisses de livres
à
la gare, etc., et le train part dans une heure. Quand la propriétaire
1011
opriétaire reviendra pour l’été, elle se heurtera
à
ce sommier monumental dans sa pose scandale et ma réputation sera fai
1012
a réputation sera faite ! Fuyons, fuyons ! (Été
à
Paris). Impossibilité du libre-échange humain. — Considération irrité
1013
», dès que mon regard s’attache un peu longuement
à
un visage, au corps et aux vêtements, aux mains, à l’attitude distrai
1014
un visage, au corps et aux vêtements, aux mains,
à
l’attitude distraite et vraie d’un être isolé près de moi. Je prends
1015
ut-être acheté tout par hasard, comme il m’arrive
à
moi aussi, mais on se juge tout de même là-dessus… Je sors, je pense
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se juge tout de même là-dessus… Je sors, je pense
à
autre chose, à quelque chose qui n’est pas d’ici. Et déjà je ne compr
1017
même là-dessus… Je sors, je pense à autre chose,
à
quelque chose qui n’est pas d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourq
1018
défend… » La grosse petite bonne qui tire sa robe
à
fleurs sur le quai désert du métro, enfin un être vrai. Conclusion.
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les ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir
à
les ignorer avec force, une fois qu’on les a bien connus, dans leur r
1020
t. Quand tu l’auras connu et accepté — tu es seul
à
pouvoir le connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes inc
1021
entendras et tu ne comprendras jamais qu’un appel
à
devenir toi-même ce fait qui est plus fort que toi. Car il est tout c
1022
érêt, condamné par l’église primitive. Il donnait
à
qui voulait. Après sa mort, on s’aperçut qu’il ne restait que 250 fra