1
pas seulement de l’ordre romanesque : elle est d’
avoir
mêlé à un beau drame d’amour le souvenir et davantage, la présence d’
2
et amical du héros et de son débat, ce personnage
a
vécu dans ce siècle, où son nom ne cessera de grandir : Franz Kafka.
3
entende aux deux sens du terme —, un seul ouvrage
a
paru en français22. Ce serait assez pour donner une idée de l’ordre d
4
singularité de l’œuvre entière. Mais bien peu en
ont
eu connaissance, et moins encore se sont risqués à en parler. Rien d’
5
gularité de l’œuvre entière. Mais bien peu en ont
eu
connaissance, et moins encore se sont risqués à en parler. Rien d’éto
6
aît plus propre à la réduire que le détour auquel
a
recouru Max Brod ; la biographie romanesque, l’approche vivante de la
7
ante de la personne même de Kafka dans ce qu’elle
eut
de quotidien et de très simplement communicable. Encore faut-il montr
8
étonnant, le plus profond qu’on puisse imaginer,
aient
le courage de le lui reprocher. La piété même que voue Max Brod à la
9
saire, le gage tout humain dont certains lecteurs
ont
besoin, pour se risquer à découvrir un génie tellement « étranger »…
10
e du larynx dont il mourut à Vienne en 1924. Il n’
avait
publié de son vivant qu’un petit nombre de récits. Mais on trouva dan
11
mand par A. Vialatte. Deux autres récits de Kafka
ont
été publiés par la Nouvelle Revue française : La Métamorphose et Le
12
ion d’une possibilité nouvelle, sans précédent. Y
a-t
-il des actes ? L’homme d’aujourd’hui ne le croit pas. Il croit aux lo
13
se peut qu’il cesse d’être humain. Car l’homme n’
a
d’existence proprement humaine que lorsqu’il participe à la transform
14
té, toutes les démonstrations savantes qu’on nous
a
faites depuis un siècle pour nous prouver que l’acte est impossible e
15
s frais l’évidence du désespoir : l’homme moderne
a
perdu « le chemin ». Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit le
16
vérité, c’est connaître la vérité, et le Christ n’
aurait
jamais connu la vérité s’il n’avait pas été la vérité ; et nul homme
17
le Christ n’aurait jamais connu la vérité s’il n’
avait
pas été la vérité ; et nul homme ne connaît davantage de vérité qu’il
18
n’en incarne.3 Voici donc le mystère : s’il n’y
a
pas de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas,
19
ons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y
a
pas de chemin. La foi au Christ nous permet seule de franchir ce cerc
20
té de l’acte est identique à sa nécessité. Il n’y
a
donc aucun acte possible, aucun acte vrai et vivant en dehors de la f
21
Paradoxe de l’incarnation, c’est croire que Dieu
a
revêtu la forme de ce monde, c’est croire donc que cette forme peut ê
22
nt ». Mais l’homme déchu de son origine éternelle
a
perdu la vision de sa fin. Le voici prisonnier des formes et des nomb
23
rité et leur vie dans ce monde ; ils meurent de l’
avoir
dite, et n’ont pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nô
24
dans ce monde ; ils meurent de l’avoir dite, et n’
ont
pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons-nou
25
té, cachée au plus secret du risque. 3. Nous n’
avons
pas à suivre le chemin, mais bien à l’inventer à chaque pas Tant q
26
vivions dans l’obéissance et dans la foi, il n’y
aurait
ni passé ni futur, mais le Jour éternel de la présence à Dieu et à so
27
s successio sine fine, sed nunc stans. L’éternité
a
marché sur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais nous avons
28
terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais nous
avons
refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous
29
ie des temps qui viennent ; c’est pourquoi nous n’
avons
plus d’être que par la foi, « substance des choses espérées », et c’e
30
ntinelle, que dis-tu de la nuit ? — La sentinelle
a
répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! Si vous voulez interroge
31
ait dire : sa patience. Car il se tient où Dieu l’
a
mis, et ce n’est plus une dérive. Il vit dans la forme du monde, mais
32
ier, il ne sert de rien au héros ; car le héros n’
a
connu son succès que lorsque tout était fini ; et ce n’est point par
33
doit vieillir, la tension de la mort et de la vie
a
mis des marques victorieuses. Qu’est-ce que la personne ? C’est la vi
34
il faut mourir : sans y croire. À vrai dire, nous
avons
toutes les raisons d’en douter, s’il est vrai que le doute est révolt
35
enfin de son moi, — mais il sait bien qu’il n’en
a
pas, ou que son moi est désespoir, c’est-à-dire qu’il n’y croit pas e
36
quement, et dès l’origine. C’est pourquoi l’homme
a
un visage et une vision, ce que n’ont pas les animaux ; c’est pourquo
37
rquoi l’homme a un visage et une vision, ce que n’
ont
pas les animaux ; c’est pourquoi l’homme est héroïque. Il faut noter
38
noter ici un trait bien remarquable : Kierkegaard
a
très peu parlé de vocation18. C’est qu’il parle sa vocation et ne s’e
39
ngue jamais. Cependant il est hors de doute qu’il
eut
conscience de cet aspect particulier de son destin qui qualifie préci
40
ne croit pas à l’acte et il meurt au hasard, sans
avoir
rencontré personne ni soi-même20. Il vit dans la forme du monde : et
41
urt jamais par surprise : et ce n’est point qu’il
ait
connu le jour et l’heure, mais il connaît l’instant, s’il vit de Paro
42
remier chef, et non pas hindoue, comme certains l’
ont
voulu croire. Chez les hindous, elle n’est encore qu’une forme de l’a
43
ève et tombe avec sa mission » (Karl Barth). Il n’
a
pas de biographie. Rien ne serait plus ridicule que de tenter de fair
44
1. 12. Lorsque Schopenhauer écrit : « Le temps n’
a
pas son origine dans les choses, mais dans le sujet connaissant », no
45
is, répondit avec une pertinence géniale : « Je n’
ai
jamais rencontré personne ». 21. Crainte et tremblement. c. Rouge
46
eu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il y en
a
une. Alice au Pays des Merveilles On peut penser que notre langue es
47
ues, que de théories politiques. Ainsi les mots n’
ont
plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse — cela s’es
48
masse — cela s’est vu en d’autres siècles. Ils n’
ont
plus le même sens pour les divers partis intellectuels — c’est plus n
49
ectuels — c’est plus nouveau. Mais surtout, ils n’
ont
plus un sens auquel on puisse se référer et qui fixe vraiment l’usage
50
sol pour former des arceaux vivants. Quand Alice
avait
réussi à mettre en boule son hérisson, et se préparait à le frapper a
51
ait d’un air d’ahurissement profond. Quand elle l’
avait
remis en position, c’était le hérisson qui se déroulait et courait da
52
e se soucie de les mettre à exécution25. « Vous n’
avez
pas idée, conclut Alice, combien c’est affolant de jouer avec des cho
53
ilement le parti, si seulement chacun de ces mots
avait
le même sens pour tout le monde. Ou, parmi plusieurs sens variés, un
54
resse parfois l’un contre l’autre deux hommes qui
auraient
dû « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esprit signifie
55
dois passer se promène à l’autre bout du jeu et j’
aurais
dû croquer le hérisson de la Reine s’il ne s’était mis à courir juste
56
’une part la somme des échanges écrits ou verbaux
a
crû depuis la Renaissance dans des proportions formidables. D’autre p
57
ce, et qui pourrait servir de norme ou de repère,
a
tout au plus triplé, et c’est sans doute encore trop dire. Racine ava
58
plé, et c’est sans doute encore trop dire. Racine
avait
un millier d’auditeurs ; Valéry, Claudel, Gide, Péguy n’ont guère eu
59
lier d’auditeurs ; Valéry, Claudel, Gide, Péguy n’
ont
guère eu davantage de lecteurs durant la période de leur vie ou parai
60
iteurs ; Valéry, Claudel, Gide, Péguy n’ont guère
eu
davantage de lecteurs durant la période de leur vie ou paraissaient l
61
ontrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. On
a
dit que cette « seconde zone culturelle » préparait peu à peu un publ
62
délicatesse d’appel. Et les bons écrivains, qui n’
ont
pas d’autres armes, se voient privés de tous moyens d’agir. Leurs cou
63
pour eux que tromper un besoin d’expression qui n’
a
plus de mission réelle. C’est un jeu formel et précis, dont ils sont
64
tôt jugée vulgaire. ⁂ La civilisation occidentale
aurait
-elle donc des fins dernières à quoi elle tend ? Quand le peuple d’Isr
65
cité modernes. Tous les hommes de ce temps, s’ils
ont
quelque conscience, souffrent obscurément de leur séparation. Ils son
66
innommée et panique partout où l’amitié humaine n’
a
jamais rien noué, rien engagé, rien sacrifié, là où elle n’a pas même
67
en noué, rien engagé, rien sacrifié, là où elle n’
a
pas même laissé les traces d’une coutume ancestrale : dans les villes
68
vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous
a
faite. C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes, à
69
issent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Quelqu’un
a
formé le projet de tromper cette faim et cette soif. Au païen ignoran
70
: déjà, on leur fait des musées. Ou pire : ils n’
ont
jamais été vivants pour cette génération sans but. On nous en donnera
71
humaine ? Et si la propagande et la publicité qui
ont
pris la place des lieux communs spirituels et effectifs ne nous ordon
72
en URSS par exemple. Constatez, comme beaucoup l’
ont
fait (qui sont sans aucun doute les plus honnêtes), que la dictature
73
us apprendrez qu’elle fut inventée par Hegel, qui
eut
le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser s
74
ent la poser sur la tête : que le génie de Marx l’
a
remise sur ses pieds en la fondant sur la matière économique ; qu’ain
75
sur la matière économique ; qu’ainsi lestée, elle
a
pu se mettre en marche et agir au niveau du réel ; que son but primit
76
ire l’État au profit de l’homme concret, non sans
avoir
d’abord renforcé cet État jusqu’à l’extrême qu’on nomme dictature ; e
77
des nécessités pratiques et contingentes, et je n’
ai
pas à porter, ici, un jugement d’allure politique. Mais ce qui est gr
78
nt-ils que cette méthode figure aux yeux de qui n’
a
pas leur « foi », nécessairement, un simple opportunisme ? Que sert a
79
d’abord ? Le marxiste, tout comme le chrétien,
a
reconnu que l’homme n’existe pas isolément, qu’il est un être « en re
80
tien, le marxiste croit que la société présente n’
a
pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car
81
e Marx sur Feuerbach affirme : Les philosophes n’
ont
fait jusqu’ici qu’interpréter diversement le monde ; or il s’agit mai
82
e lui. C’était une « affaire privée » ; et Marx n’
a
fait que le constater. Elle n’empêchait nullement de faire des affair
83
sait cet établissement même, et non plus ce qui l’
eût
jugé. Marx ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à la bas
84
re matériel pour que le contenu se transforme ? N’
a-t
-on pas démontré déjà que la culture, par exemple, n’est qu’un « refle
85
être responsables de ce que parfois nos disciples
ont
insisté plus qu’il ne convenait sur les facteurs économiques. Nous ét
86
ition à nos adversaires qui le niaient, et nous n’
eûmes
pas toujours le temps ni l’occasion de rendre justice aux autres fact
87
rialisme vulgaire, celui que la presse bourgeoise
a
si beau jeu d’attaquer aujourd’hui — encore qu’elle le pratique elle-
88
s de sa cause. Ce matérialisme vulgaire, que Marx
avait
tout d’abord combattu48, est devenu, après lui, un mensonge absolu ex
89
Marx vient lui expliquer en 15 volumes — dont on
a
fait des résumés — qu’il a raison de croire cela. Bien plus, Marx vie
90
n 15 volumes — dont on a fait des résumés — qu’il
a
raison de croire cela. Bien plus, Marx vient lui démontrer que ceux q
91
le bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui
ont
l’argent et qui veulent le garder — justement parce qu’il fait leur b
92
ent parce qu’il fait leur bonheur ! Alors, il n’y
a
plus qu’une seule voie : instituons le plan quinquennal, créons une i
93
ce pas là ce que voulait Marx ? Résumons : Marx n’
a
pas voulu le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités de la polémiq
94
l’homme concret, purement social, d’autre part, l’
ont
amené à mettre l’accent sur les facteurs matérialistes. C’est cet acc
95
atérialistes. C’est cet accent que « les masses »
ont
senti, parce que tout les y prédisposait. Le résultat, c’est l’URSS d
96
i il diffère du fascisme, dans ce que le fascisme
a
de plus oppressif pour l’homme et pour sa liberté. L’attitude chré
97
totale. (Je dirais bien totalitaire, si le mot n’
avait
été pareillement perverti par les caricatures séculières de la révolu
98
le Royaume de Dieu, le Réconciliateur ; et qu’il
a
pour mission actuelle d’obéir à une Parole qui est Jésus-Christ, le M
99
iateur. Mais cette Parole juge « le monde » qui l’
a
rejetée. Elle ne sauve que ceux d’entre les hommes qui refusent total
100
nelle que l’on nomme la conversion, le chrétien n’
ait
plus qu’à attendre, et à subir en gémissant les lois d’un monde qu’il
101
Car alors, où serait son refus ? Et quelle preuve
aurions
-nous de sa transformation ? Une mauvaise humeur résignée ? Une simple
102
homme nouveau, selon l’Évangile, est un homme qui
a
changé de sens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mot conv
103
ar la faute de l’homme, qui était son roi, et qui
a
trahi. Et tout péché individuel répète et aggrave cette faute. Ainsi
104
li. J’agirai par reconnaissance envers Dieu qui m’
a
transformé. Si je n’avais pas cette reconnaissance, ce serait que j’i
105
naissance envers Dieu qui m’a transformé. Si je n’
avais
pas cette reconnaissance, ce serait que j’ignore mon salut. Mais si j
106
ira-t-on ; mais pouvait-elle être évitée ? Marx n’
avait
-il pas dit qu’il fallait commencer par changer l’ordre matériel, l’or
107
ine et au cynisme des conservateurs. Saint Paul n’
a
pas cette tragique naïveté. Il ne se fâche pas contre l’Empire romain
108
ent le bon sens, et le marxisme. Mais si l’Apôtre
avait
placé la lutte sur ce terrain que l’on dit réaliste, à supposer que l
109
it réaliste, à supposer que le « parti chrétien »
eût
triomphé, rien ne l’eût empêché de subir le sort fatal des révoltes p
110
que le « parti chrétien » eût triomphé, rien ne l’
eût
empêché de subir le sort fatal des révoltes politiques : il eût revêt
111
subir le sort fatal des révoltes politiques : il
eût
revêtu les formes du pouvoir déposé51 et renvoyant à des temps plus p
112
foi dans l’histoire de notre Occident52. Si je n’
ai
pas votre foi, je ne les vois pas. Je vois une Église établie, opprim
113
la grande masse des travailleurs. Si le marxisme
a
provoqué parmi les « exploités » un tel soulèvement d’espérances, de
114
monde tel qu’il va. On dira : c’est d’abord qu’il
a
su rejeter sur l’oppression capitaliste, trop réelle, tout le malheur
115
’« esprit » ou l’« intérieur ». Or si le marxisme
a
réussi cela, s’il a pu paraître cela, c’est dans la mesure où le chri
116
ntérieur ». Or si le marxisme a réussi cela, s’il
a
pu paraître cela, c’est dans la mesure où le christianisme, aux yeux
117
esure où le christianisme, aux yeux des masses, n’
a
plus osé se montrer chrétien. C’est que le sel a perdu sa saveur, et
118
’a plus osé se montrer chrétien. C’est que le sel
a
perdu sa saveur, et son amertume salutaire. C’est que la seule espéra
119
st que la seule espérance véritable et certaine n’
a
plus été prêchée au monde avec une force d’attaque assez gênante et b
120
devenu le gardien des conformismes, ou du moins n’
a
pas su, par excès de prudence, empêcher que les foules le considèrent
121
oi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’
a
pas impunément, et si on l’a, cela se voit, des choses changent. Ce q
122
e inquiète”, on ne l’a pas impunément, et si on l’
a
, cela se voit, des choses changent. Ce que tu me reproches, c’est, en
123
ysiques et spirituelles de l’homme en ce qu’elles
ont
d’irréductibles à toute détermination sociale ou historique imaginabl
124
du vrai chrétien et celle du communiste militant,
ont
tenté la synthèse pratique des deux croyances, qu’ils estimaient comp
125
tc.55 Et je ne vois pas que le chrétien comme tel
ait
des lumières particulières sur ces sujets, qui exigent un savoir tech
126
sur un fait qui n’est pas accompli, l’histoire n’
ayant
jamais connu de réalisation de communisme. Ainsi, des deux, c’est le
127
n moins radicale et urgente. Le chrétien converti
a
déjà l’essentiel : par là même, il se voit contraint à chaque instant
128
ompare ce mieux-être relatif au don parfait qu’il
a
reçu en Christ. Il possède en lui-même la mesure d’une perpétuelle tr
129
que sa fin. Tout autre est le cas du marxiste. N’
ayant
pas derrière lui de modèle accompli, ni en lui de Présence souveraine
130
« faute » personnelle et actuelle, puisqu’il n’y
a
pas de salut présent ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux
131
cendants de leurs descendants ? C’est ainsi qu’on
a
vu Zinoviev, par « fidélité » au Parti, c’est-à-dire à l’avenir du Pa
132
Mais je demande à ces chrétiens « changés » s’ils
ont
un souci suffisant des suites sociales et politiques qu’implique en f
133
ens ne forment plus des groupuscules obscurs, ils
ont
constitué des églises visibles (et même parfois trop visibles), organ
134
uffira-t-il dès lors de se laisser persécuter ? N’
avons
-nous rien à faire qu’à subir le martyre ? Ou qu’à revêtir vis-à-vis d
135
’État une attitude d’objecteurs de conscience ? N’
avons
-nous rien que nous-mêmes à sauver, alors que nos erreurs passées sont
136
utenir, s’il ne veut pas rester l’objecteur que j’
ai
dit ? Un protestant, et je précise : un calviniste, doit être ici en
137
poque où la passion totalitaire des gouvernants n’
avait
pas encore pu s’affirmer comme elle le fit sous Louis XIV, nous const
138
éraliste de l’Église, et même de l’État. Calvin n’
a
pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une société théocratiq
139
s aujourd’hui : nulle part l’esprit totalitaire n’
a
trouvé moins de complicité et plus de résistance déclarée que dans le
140
hrétien, à quelque église qu’il appartienne. Nous
avons
tous reçu de Dieu un appel strictement personnel, un « charisme » don
141
. Ne fût-ce que pour cette seule raison — et j’en
ai
mentionné plusieurs autres —, un chrétien ne peut pas approuver, comm
142
ntier la panique des capitalismes. Cette croisade
a
pour vraie devise : dividendes d’abord ! Mais elle entend utiliser le
143
est « tout en tous ». Si les églises chrétiennes
ont
à souffrir demain par le fait d’un État tyrannique, il faut qu’elles
144
r. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est de n’
avoir
pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérité du spi
145
nge spiritualiste, la vérité du spirituel. Nous n’
avons
pas à nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contre une vé
146
ous devons proclamer la vérité parfaite dont nous
avons
, nous les premiers, dévié. « Malheur à moi si je n’évangélise ! », di
147
des autres » (Rom., 12, 5). D’autre part, Marx n’
a
pas cessé de critiquer l’« individu isolé et abstrait » (Thèses sur F
148
n’est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n’
a
jamais dit autre chose, contrairement aux affirmations de polémistes
149
corps social. Je n’oublie pas que la même époque
a
vu le grand réveil piétiste. 47. « L’armée de la critique ne peut év
150
veut, que l’Église s’adresse à elle-même, et qui
a
pour fonction de corriger sans cesse, de rectifier le message annoncé
151
ondaire. » Et Henri de Man : « Je crois qu’il n’y
a
jamais eu de tentative révolutionnaire qui n’ait été d’origine chréti
152
» Et Henri de Man : « Je crois qu’il n’y a jamais
eu
de tentative révolutionnaire qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il
153
’y a jamais eu de tentative révolutionnaire qui n’
ait
été d’origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela
154
aire qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’y
a
pas de socialisme en Asie, cela tient à l’absence du christianisme. »
155
de de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon
a
été fondé par un chrétien, Kagawa. 53. Je ne dis pas « les condition
156
nditions physiques et spirituelles en ce qu’elles
ont
de permanent », car alors, le marxiste me ferait observer que des fac
157
f. Student World, automne 1933.) 55. Telle que l’
ont
opérée par exemple un Werner Sombart, un de Man, et en France, le gro
158
n d’échange chez Marx.) 56. « Les pharisiens lui
ayant
demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, Jésus leur répondit : Le
159
activités, celles-là précisément dont le marxisme
a
dû faire sa spécialité, en vertu de notre carence : la politique, nos
160
61. Le rédacteur de cette « discipline » paraît
avoir
été le pasteur Antoine de Chandieu, mais l’intervention personnelle d
161
Sens de « l’histoire » d’Israël Un prophète,
a
écrit Karl Barth, est un homme sans biographie. « Er steht und fallt
162
dire très courante en allemand et qui sans doute
a
perdu sa vertu pour une oreille habituée : « Il se lève et il tombe a
163
n. » Nous ne savons rien du reste de sa vie, et n’
avons
nul besoin d’en rien connaître pour reconnaître la portée de son mess
164
ssage puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’
eût
été qu’un berger bègue si l’Éternel n’avait parlé par lui. Voici qui
165
rémie n’eût été qu’un berger bègue si l’Éternel n’
avait
parlé par lui. Voici qui est digne de remarque : le seul détail préci
166
réparer. On peut le dire sans paradoxe : Israël n’
eût
pas eu d’histoire sans la promesse que Dieu fit à Abraham. Cette trib
167
On peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas
eu
d’histoire sans la promesse que Dieu fit à Abraham. Cette tribu « se
168
le jamais vu, ce qu’aucun autre peuple au monde n’
a
jamais pu seulement imaginer, ce qui ne répond à nul besoin historiqu
169
e facile nous permet de l’imaginer : l’histoire n’
a
pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’
170
raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’
avait
pas été « élu », eût évolué d’une autre sorte que tant de tribus d’Ar
171
le peuple d’Israël, s’il n’avait pas été « élu »,
eût
évolué d’une autre sorte que tant de tribus d’Arabie qui nous offrent
172
in monotone, exceptionnellement conservateur, qui
a
pesé jusqu’à nos jours sur les habitants du désert. Désignée entre mi
173
de même cette vocation et la foi qu’elle implique
ont
un symbole, unique et univoque : l’Arche de l’Alliance présente au se
174
. Condamnant au nom de la Loi celui-là même qui l’
avait
donnée, tuant en Jésus-Christ au nom de la lettre, celui dont cette l
175
ur (Moïse), écrit-il dans sa Réponse à Appion 67,
a
été le seul dont les actions et les paroles ont été conformes. » Car
176
67, a été le seul dont les actions et les paroles
ont
été conformes. » Car il n’a pas seulement formulé des lois justes, co
177
ions et les paroles ont été conformes. » Car il n’
a
pas seulement formulé des lois justes, complètes et très détaillées,
178
ois justes, complètes et très détaillées, mais il
a
veillé à ce qu’elles fussent connues de tous. Cette connaissance pro
179
able de la faire naître et de l’entretenir, que d’
avoir
les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’être élevés dans un
180
e de notre vie, et que toutes nos actions doivent
avoir
pour objet de plaire à Dieu. Une culture pauvre, mais fidèle U
181
que « la seule chose nécessaire ? » L’homme qui
a
une vocation n’est pas bon à autre chose. Israël portait dans son sei
182
« pauvreté » philosophique — mais quand un peuple
a
des prophètes, a-t-il besoin de philosophes ? — est ainsi l’aspect né
183
osophique — mais quand un peuple a des prophètes,
a-t
-il besoin de philosophes ? — est ainsi l’aspect négatif d’une splende
184
prophétiques, parmi tous les chants de la terre,
ont
réellement rythmé l’action et vérifié l’étymologie grecque de poésie,
185
ela condamne toute espèce d’art plastique. « Tu n’
auras
pas d’autres dieux devant ma face » — cela condamne la mythologie et
186
t les moyens les plus élémentaires que les hommes
ont
de commercer : l’écriture, la parole et l’action, — la tradition, la
187
r la possession de ce que notre Occident lui-même
a
défini comme le bien souverain : l’harmonie dans le dynamisme, le Sen
188
nos ancêtres, parce que c’est une preuve qu’elles
ont
été parfaitement bien établies, puisqu’il n’y a que celles qui n’ont
189
ont été parfaitement bien établies, puisqu’il n’y
a
que celles qui n’ont pas cet avantage que l’on soit obligé de changer
190
t bien établies, puisqu’il n’y a que celles qui n’
ont
pas cet avantage que l’on soit obligé de changer, lorsque l’expérienc
191
ous ne doutons point que ce ne soit Dieu qui nous
a
donné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrions-nous, sans impiété
192
e promesse, enfin, s’est incarnée. Et les juifs l’
ont
méconnue prenant prétexte de la Loi, cette « ombre des biens à venir.
193
t elle l’est d’une double manière : parce qu’elle
a
abouti — le Messie est venu — et parce qu’elle a perdu son sens en co
194
a abouti — le Messie est venu — et parce qu’elle
a
perdu son sens en condamnant celui qu’elle annonçait. Christ apporte
195
s idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’
a
pas cru à sa victoire, et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-à-di
196
ourci le double héritage que l’Église et l’Europe
ont
repris des mains d’Israël : héritage divin de l’« élection collective
197
les métamorphoses des dieux païens. Si bien qu’on
a
pu dire75 que l’Ancien Testament était la vraie Antiquité des peuples
198
peuple élu » Le simple fait que le calvinisme
ait
été dès le début une église minoritaire, en butte à la persécution, n
199
u église. En vertu de cette « élection » dont ils
ont
l’assurance d’être l’objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi,
200
n d’une intendance des biens terrestres, dont ils
auraient
à assumer l’office : usant de ces richesses « comme n’en usant pas »,
201
xviie siècle. Max Weber, dans une thèse célèbre,
a
soutenu que c’était là l’origine du capitalisme moderne et de ses pri
202
on pas même Marx, quoi qu’on en pense souvent — n’
a
su définir clairement. Mais je retiens que l’une et l’autre hypothèse
203
droite chez les auteurs d’origine juive, mais qui
ont
cessé de croire à la mission de leur peuple, et qui exercent désormai
204
de l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu,
a
trahi sa mission et s’est livré à son destin. Sa dispersion en est le
205
dernier d’Israël. « Je demande maintenant : Dieu
a-t
-il rejeté son peuple ? Non certes, car je suis moi-même israélite, de
206
térité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’
a
point rejeté son peuple qu’il a connu d’avance » (c’est-à-dire prédes
207
Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il
a
connu d’avance » (c’est-à-dire prédestiné) (Rom., II, 1-2). Cependant
208
rédestiné) (Rom., II, 1-2). Cependant, « Israël n’
a
point obtenu ce qu’il cherche : mais les élus l’ont obtenu et les aut
209
a point obtenu ce qu’il cherche : mais les élus l’
ont
obtenu et les autres ont été endurcis » (v. 7). Ainsi, « c’est par su
210
herche : mais les élus l’ont obtenu et les autres
ont
été endurcis » (v. 7). Ainsi, « c’est par suite de la faute des enfan
211
lation » (v. 11). En tuant leur Messie, les Juifs
ont
forcé les Apôtres à prêcher le message aux gentils, ils ont perdu le
212
les Apôtres à prêcher le message aux gentils, ils
ont
perdu le bénéfice national, comme exclusif, de la Révélation. Mais c’
213
t des rôles au dernier jour : « Or, si leur faute
a
fait la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des pa
214
humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’il
a
reçue, cependant que son destin final demeure entre les mains du plus
215
entiments « ambivalents », comme dirait Freud, qu’
ont
eus de tout temps les chrétiens à l’égard du peuple d’Israël. Tout dé
216
ments « ambivalents », comme dirait Freud, qu’ont
eus
de tout temps les chrétiens à l’égard du peuple d’Israël. Tout dépend
217
Ce n’est pas au nom d’intérêts passagers que nous
avons
à prendre position, mais au nom des promesses de la foi, et dans une
218
quels biens se préoccupe le croyant ? Leur faute
a
fait la richesse du monde. Et cette richesse s’appelle le salut. 6
219
acrificateurs. « Et ils n’en épousaient point qui
aient
été captives, de peur qu’elles n’aient eu quelque commerce avec des é
220
point qui aient été captives, de peur qu’elles n’
aient
eu quelque commerce avec des étrangers. Peut-il y avoir rien de plus
221
qui aient été captives, de peur qu’elles n’aient
eu
quelque commerce avec des étrangers. Peut-il y avoir rien de plus exa
222
mune mesure pour toute culture ou civilisation, j’
ai
donné de plus amples précisions dans un volume intitulé Penser avec
223
de pouvoir donner ci-après un développement qui n’
avait
pas sa place dans mon livre. 66. La rédaction des livres mosaïques e
224
ent le plus finaliste de la religion d’Israël qui
aurait
donné au peuple l’expression légale de sa commune mesure : le Décalog
225
chef hébreu — celui que la Bible appelle Moïse —
aurait
bel et bien donné les rudiments de la Loi au peuple juif dès la sorti
226
e primitive. 72. Abraham déjà, et les prophètes,
ont
vu « le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’auteur de l’Épître aux Hé
227
, des Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible n’
a
pas d’autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, au
228
étant plus totale, se veut encore totalitaire, on
a
l’État-nation-Police de type fasciste ou stalinien. Bien entendu, il
229
e toute vocation, mais de celle par laquelle Dieu
a
adopté en son alliance la postérité d’Abraham : vu que le propos étai
230
t même que de le méconnaître : on prétend, sans l’
avoir
jamais lu, savoir qui il fut, qui il est. Certains ont parcouru les P
231
amais lu, savoir qui il fut, qui il est. Certains
ont
parcouru les Propos de table, présentés au public français comme un o
232
race allemande contre la civilisation romaine. On
a
poussé la bouffonnerie jusqu’à cet excès grandiose d’assimiler Luther
233
: « En somme, qu’est-ce que Luther ? Un moine qui
a
voulu se marier. » J’extrais cette déclaration du livre d’un critique
234
stes français qui, au niveau de la haute culture,
ont
largement sauvé l’honneur de leur pays. Je pense aux ouvrages publiés
235
ohl, J. Vignaud et Lucien Febvre et aux cours, qu’
ont
professés MM. Jean Baruzi et E. Gilson, pour ne rien dire — mais cela
236
grande tension spirituelle dans laquelle l’Europe
a
puisé son dynamisme créateur. Tension dont le débat du libre arbitre,
237
tenant, crois-tu cela ? » — Si tu le crois, si tu
as
reçu la foi, il n’est plus rien de « difficile » dans les assertions
238
parfois même prêchés. Le laïcisme moraliste n’en
a
pas du tout le monopole : tout catholique se doit, en bonne logique,
239
rotestants qui jugent encore que Calvin et Luther
ont
fait leur temps — que dire de Paul, bien plus ancien — tous ceux qui
240
bre arbitre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’
aurait
l’homme de contribuer à son salut par ses efforts et ses œuvres moral
241
Une conscience moderne. — Selon Luther, nous n’
avons
aucune liberté, car en réalité, Dieu a tout prévu, et rien n’arrive q
242
nous n’avons aucune liberté, car en réalité, Dieu
a
tout prévu, et rien n’arrive que selon sa prévision. Luther ne pose p
243
Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur
a
été désigné par un arbitre qui ne tient pas compte de nos exploits !
244
ais-tu seulement les vraies règles du jeu ? Qui t’
a
fait croire que ta vie était une partie à jouer entre toi et le monde
245
vidu et le Sort, cette idole païenne ? C. M. — J’
ai
besoin de le croire pour agir. L. — Mais qu’est-ce qu’agir ? Est-ce
246
tter contre de telles forces, une fois que je les
ai
reconnues ; à m’affirmer dans mon autonomie par un acte qui crée ma l
247
dirai : moi. Dussè-je tuer Dieu, comme Nietzsche
a
proclamé qu’il avait fait. L. — Comment le temps tuerait-il l’Éterne
248
sè-je tuer Dieu, comme Nietzsche a proclamé qu’il
avait
fait. L. — Comment le temps tuerait-il l’Éternel ? Comment la chair
249
prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu
a
tout prévu éternellement, adresse à Dieu, au nom de sa promesse, une
250
Éternel est vivant », croire que sa volonté — qui
a
tout prévu — peut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’homm
251
ux de l’homme, sans que rien soit changé de ce qu’
a
décidé Dieu, de ce qu’il décide ou de ce qu’il décidera ? Car l’Étern
252
er que seul existe notre temps. Dans ce cas, tu n’
as
rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce qui est essentiel ; on l’a
253
conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’
aurons
pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du libre
254
n. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous
avons
pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pose dans
255
est l’Éternel qui commande — ou c’est moi. Il n’y
a
pas là de difficultés intellectuelles. Il n’y a que la résistance ach
256
y a pas là de difficultés intellectuelles. Il n’y
a
que la résistance acharnée du « vieil homme », et les prétextes toujo
257
le chrétien, la vérité d’un paradoxe que Luther n’
a
pas inventé, mais qui est au cœur même de l’Évangile. L’apôtre Paul l
258
i est au cœur même de l’Évangile. L’apôtre Paul l’
a
formulé avant toute « tradition ecclésiastique » ; et tous les Pères
259
ait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’
a
commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui, et
260
lon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu
a
tout prévu que nous avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais ce
261
mandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous
avons
en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à celui q
262
», au risque d’« évacuer la Croix ». Tant qu’on n’
a
pas envisagé la doctrine de la pure grâce jusque dans son sérieux der
263
»34 dans les choses du salut. Mais que le Christ
ait
dû mourir — cet acte extrême — pour nous sauver, fait voir que nous n
264
extrême — pour nous sauver, fait voir que nous n’
avons
aucune liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et à l’inverse, il
265
d de la connaissance du péché pour voir qu’il n’y
a
de liberté possible que dans la grâce que Dieu nous fait. Toute l’arg
266
our le théologien. Et tout est clair lorsque l’on
a
compris que Luther ne nie pas du tout notre faculté de vouloir, mais
267
— et l’Évangile — posent à notre foi. C’est qu’il
a
poussé comme Luther, jusqu’aux extrêmes limites de l’homme, jusqu’aux
268
treint, dès lors que « Dieu est mort » ou qu’il l’
a
« tué », il imagine le Retour éternel. Et comme ce Retour éternel par
269
L’Acte comme point de départ (1936-1937)
a
b Nous partons de l’impression qu’il existe, entre certains systèm
270
ssion qu’il existe, entre certains systèmes qu’on
a
coutume d’opposer très nettement les uns aux autres, un commun dénomi
271
re constructive. Les quelques pages qui suivent n’
ont
d’autre but que d’en indiquer le principe de permanente actualité. C’
272
e qui nous semble absurde. Il semble que l’esprit
ait
proclamé, lui aussi, son autarchie, et qu’il puisse se donner des loi
273
e quoi il s’agit ? Nous allons être obligés ici d’
avoir
recours à une méthode rigoureusement indirecte, et en quelque sorte n
274
en quelque sorte négative. Car, en vérité, il n’y
a
pas pour nous de problème de l’acte mais il y a problème de ce qui s’
275
ui s’oppose à l’acte. (En d’autres termes, il n’y
a
pas de problème de la personne, mais bien des « choses », de l’impers
276
appuie sur une donnée de ce type, sur un de ces «
a
priori de fait », comme dirait Heidegger. Toute tentative de définiti
277
La réflexion sur l’acte ne pouvant intervenir qu’
a
posteriori, elle n’est, en réalité, qu’une réflexion sur les effets d
278
définir le saut, il ne sautera pas. Tous ceux qui
ont
pratiqué un minimum de culture physique connaissent ce genre d’échec.
279
philosophique. Personne, mieux que Kierkegaard, n’
a
su montrer cette complicité essentielle, et d’apparence scandaleuse,
280
à l’éclair bouleversant d’un nouvel acte. Il n’y
a
eu d’acte que dans le présent, dans l’instant créateur, dans ce conta
281
l’éclair bouleversant d’un nouvel acte. Il n’y a
eu
d’acte que dans le présent, dans l’instant créateur, dans ce contact
282
rien dire des réactions psychologiques à l’acte «
as
it’s known as », réactions qui, elles, se manifestent dans une certai
283
réactions psychologiques à l’acte « as it’s known
as
», réactions qui, elles, se manifestent dans une certaine durée de vi
284
une autonomie de la raison critique. Division qui
a
pour effet, généralement, de volatiliser les points d’application de
285
— dans ses effets immédiats. Car nous croyons en
avoir
assez dit pour pouvoir affirmer qu’il n’y a pas de transition entre l
286
n avoir assez dit pour pouvoir affirmer qu’il n’y
a
pas de transition entre l’acte et ses effets. C’est l’acte lui-même q
287
tion ». On pourrait dire, paradoxalement : il n’y
a
de transition que par l’acte, mais l’acte est le contraire d’une tran
288
mot de violence (voir à cet égard Sorel). Il n’y
a
pas d’évolution créatrice sans révolution. L’acte sera donc agonique.
289
dynamique, la distinction esprit-matière que nous
avions
écartée tout d’abord. L’acte créateur sépare la lumière des ténèbres.
290
, c’est-à-dire qu’il ne serait pas acte. L’acte n’
a
qu’un point d’application, le chaos, la discorde, le non-être, ou ce
291
ce qu’il y a de plus actuel ·dans l’acte. Ce qui
a
pu tromper sur ce point, c’est précisément que, la pensée étant la pl
292
identité et de la réalité, voir Meyerson). Il n’y
a
de paradoxe épistémologique que pour qui refuse d’aborder le problème
293
elle-même prolongée par la rationalisation. Nous
avons
là un exemple saisissant de la progression par dichotomie. Progressio
294
rime tout pour nous, mais constitue, comme nous l’
avons
dit, le point de départ nécessaire, la supra-rationalité la plus favo
295
ances. Entre les deux pôles de la tension, il n’y
a
ni identité, ni égalité, justement parce que l’un d’entre eux attache
296
M. Lévy-Bruhl, notamment dans la conférence qu’il
a
faite à Oxford, le 19 mai 1931, il le passe chaque fois qu’il pense,
297
autant plus nécessaire que de même que la science
a
longtemps refusé de faire entrer dans ses constructions le principe d
298
constructions le principe de Carnot, et qu’elle n’
a
accepté l’irréversibilité qu’il recèle, que pour en tourner l’irratio
299
statistique, de même la méthode sociologique qui
a
conduit à la découverte de la véritable nature de la mentalité prélog
300
probabilité essentielle. Paradoxe que M. Meyerson
a
décrit sous le nom de paradoxe épistémologique. » (Arnaud Dandieu).
301
e paradoxe épistémologique. » (Arnaud Dandieu).
a
. Rougemont Denis de, « L’Acte comme point de départ », Recherches ph
302
rand tirage, publicité, centralisation, etc.) qui
ont
fait le succès de la presse moderne, qui font aujourd’hui son servage
303
entral d’informations » qui rédige le bulletin, n’
a
pas seulement à sa disposition les renseignements que lui fournissent
304
le campagne et aussi de tel silence. Cette partie
a
pour but de donner aux adhérents, des moyens de comprendre et de redr
305
rt une première garantie dans les groupements qui
ont
pris l’initiative de la création et du fonctionnement des clubs de pr
306
nt précis et limité, celui de l’information, nous
avons
pensé que nous devions collaborer avec des camarades venant d’autres
307
de la pensée par le papier, le film et la radio n’
a
jamais été si grande, nous sommes obligés de revenir à une forme anti
308
erez bientôt pour fasciste. On dit que les mots n’
ont
plus de sens. Ce serait trop beau, ce serait trop facile, ce serait e
309
atrie, autorité et liberté à gauche. La politique
a
prostitué le langage. La culture n’a pas été assez forte pour interdi
310
La politique a prostitué le langage. La culture n’
a
pas été assez forte pour interdire cette prostitution. Il en résulte
311
ruinée par la politique. Et que la politique, qui
a
tourné en mystique, parle pour ne rien dire ou pour dire autre chose
312
i par hasard on est de bonne foi et si de plus on
a
des choses précises à exprimer. Je réponds : écrivons pour poser ce p
313
trois personnages, genre français par excellence,
a
provoqués et justifiés dans toutes les sous-préfectures. Ce pouvoir c
314
cette manière intime et souterraine, tant qu’ils
ont
quelque chose à dire. Mais nos romanciers d’après-guerre, qu’ont-ils
315
se à dire. Mais nos romanciers d’après-guerre, qu’
ont
-ils à dire ? Dans quel sens entendent-ils agir sur les mœurs de leurs
316
thèse. Ils se défendent de toutes leurs forces d’
avoir
une métaphysique, une idéologie déterminée, des intentions morales, s
317
au nom d’un idéal révolutionnaire cohérent. Il n’
a
qu’une crainte : celle de passer pour autre chose qu’un « pur artiste
318
ous des romans qui riment à quelque chose, il n’y
aura
plus de crise du livre. i. Rougemont Denis de, « Romanciers public
319
e littérature personnaliste (20 mars 1937)j On
a
très vivement critiqué le dernier chapitre de l’Histoire de la littér
320
chés aux petites histoires de leur milieu… »). On
a
dit : le chapitre est bâclé. Je me demande si l’époque méritait mieux
321
ure bâclée, surtout la romanesque. Jamais on ne l’
avait
vu et constaté aussi nettement qu’à la lecture de ce bilan désinvolte
322
à passer outre aux conventions. Mais quand il n’y
a
plus de convention ? Lorsque tout est brouillé, lorsque tout est perm
323
succès moins tapageurs, mais plus profonds. Nous
avons
à refaire un inventaire de l’homme, préparation modeste et nécessaire
324
iberté, Paris, 20 mars 1937, p. 10. k. Rougemont
a
rendu compte de cet ouvrage dans Esprit de mars 1937.
325
ndide) où la critique des critiques actuels que j’
avais
esquissée, ici même, se trouve citée et commentée, et sans doute appr
326
ent à l’un de nos bons écrivains, M. Arnoux, de n’
avoir
pas su s’imposer « avec assez de force au public ». Car, précisait-il
327
pensait-il, écrivant cela ? Dans quelle illusion
ai
-je vécu ? Ce n’est rien d’écrire, de faire une œuvre, de croire qu’on
328
ien d’écrire, de faire une œuvre, de croire qu’on
a
quelque chose à dire ; le but de l’écrivain, c’est de s’imposer avec
329
sirée en secret dès longtemps. Je voudrais bien n’
avoir
pas l’air trop romantique : mes dernières années de Paris m’avaient a
330
trop romantique : mes dernières années de Paris m’
avaient
appris que cette ville, au moins pour la jeunesse sans argent, est la
331
ant il suffit de bien peu pour partir : la France
a
des milliers de maisons vides. Dites autour de vous que vous en cherc
332
vivre » ? C’est à cette question judicieuse que j’
ai
voulu répondre. Peut-être mon récit n’a-t-il pas d’autre but que de d
333
se que j’ai voulu répondre. Peut-être mon récit n’
a-t
-il pas d’autre but que de décrire un précédent, d’affirmer que cela p
334
à je ne sais plus ce que j’attendais, ni ce que j’
ai
pu rêver de ce pays. Il est très pauvre, sec et lumineux. Toutes les
335
viers, ferme l’horizon immédiat. Au sud-est, nous
avons
une échappée sur la fin de la vallée, la rivière et la plaine. La pet
336
d’un joli vert bleu très clair. Le carreau rouge
a
été débarrassé du tapis. J’ai dressé ma table sur des tréteaux. Il ne
337
ir. Le carreau rouge a été débarrassé du tapis. J’
ai
dressé ma table sur des tréteaux. Il ne reste qu’un grand canapé de v
338
e cheminée — vingt-deux pièces dûment recensées —
ont
été les remplacer. Seul vestige des splendeurs bourgeoises de ce salo
339
e qu’ils appellent ici se nourrir : nos voisins n’
ont
sur leur table, quand on va les voir à midi, que des châtaignes, des
340
s et quelques légumes de leurs cultures, qu’ils n’
ont
pas pu vendre au marché. Cependant, ils se considèrent comme des priv
341
s parlent de quelques familles des environs qui n’
ont
pas la ressource d’un jardin, ou qui ne « savent pas y faire ». (Légè
342
supériorité sociale chez Simard). Nos hôtes nous
avaient
signalé la famille d’un mineur retraité, dont la femme fait des journ
343
je gagne à peu près 1.000 francs par mois — nous
avons
engagé la mère Calixte pour donner un coup de main le matin et faire
344
ocher, de rivière et de vieilles tuiles romaines,
A
… qui de loin paraît en ruine, prouve sa vie par ses odeurs et la sale
345
n me dit qu’ici trois maisons seulement, sur 200,
ont
l’eau courante. Les femmes vont avec des cruches à la fontaine qui co
346
libataires assez fortunés, ou ascètes. Ceux qui n’
ont
plus besoin de calculer, ceux-là calculent. Et les autres acceptent l
347
ur conseille plutôt l’épargne. 15 octobre 1934 On
a
terminé les vendanges, et la récolte des figues d’été. (Les figues d’
348
ujours vertes ; on ne les mange pas). Simard nous
a
indiqué une ferme, de l’autre côté de la colline du sud, où nous pour
349
dirigent seules depuis la mort de M. Turc. Elles
ont
un peu de peine avec les ouvriers. Il paraît qu’on en trouve de moins
350
ins. — « Mais, lui dis-je, et les chômeurs ? On m’
a
dit qu’il y en a 400 à A ? » La mère, vivement : « Jamais je n’ai eng
351
i dis-je, et les chômeurs ? On m’a dit qu’il y en
a
400 à A ? » La mère, vivement : « Jamais je n’ai engagé de chômeurs,
352
, et les chômeurs ? On m’a dit qu’il y en a 400 à
A
? » La mère, vivement : « Jamais je n’ai engagé de chômeurs, Monsieur
353
n a 400 à A ? » La mère, vivement : « Jamais je n’
ai
engagé de chômeurs, Monsieur, c’est un principe. Nous ne voulons que
354
dire : Oh, vous, ce n’est pas la même chose. Elle
a
sans doute entendu parler de nous. Rien à faire : je suis un « monsie
355
om. — Est-ce que vous écrivez des articles ? J’en
ai
lu signés de ce nom-là. Et elle me cite une revue protestante et une
356
téraire auxquelles je collabore, en effet. — Vous
avez
le temps de lire beaucoup ? — Oh, on le prend. Comme nous ne voyons j
357
ne pas se plaindre de son sort… Pourtant, il y en
a
peu de cette espèce, semble-t-il. On n’en parle jamais. Mais elles ne
358
dérer comme un type social d’exception. Combien y
a-t
-il de classes entre la bourgeoisie des villes et le prolétariat ? L’o
359
mineur retraité, par exemple. Les instituteurs d’
A
… ? Ils sont du peuple. Oui, mais bourgeois par leur profession. Et le
360
ers catholiques de la montagne qu’on voit venir à
A
… pour le marché. Et très conscients d’une supériorité qu’ils ne peuve
361
veulent être, ni de la conscience globale qu’ils
ont
de leur état (et c’est pourtant le principal, pratiquement et moralem
362
itable, impersonnelle ? 2 novembre 1934 Minuit. J’
ai
terminé la tâche de la journée. Ma femme dort, dans la chambre dont j
363
r dormir », me disait un gardien de l’ordre qui m’
avait
surpris sur les quais de la Seine, au plus profond d’une contemplatio
364
sur les gens. — Je vais chez les Calixte. On nous
a
dit que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une v
365
vais chez les Calixte. On nous a dit que la mère
a
la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une voisine. Elles se p
366
mps avant la construction de cette maison… On n’y
avait
pas pensé ? Je passe au fond, dans une chambre obscure mais qui me pa
367
s bien sa blouse noire aussi. Elle me dit qu’elle
a
été assez mal. On devait lui retirer son linge toutes les deux heures
368
elle sortait sa main du lit, cela fumait. « Vous
avez
eu de la fièvre ! » Elle ne sait pas. Elle ne veut pas de médecin. Sa
369
sortait sa main du lit, cela fumait. « Vous avez
eu
de la fièvre ! » Elle ne sait pas. Elle ne veut pas de médecin. Sa fi
370
nde soit un si bon remède comme on le dit. Je lui
ai
fait du poulet, elle n’y avait pas goût. Alors j’ai pensé lui faire d
371
mme on le dit. Je lui ai fait du poulet, elle n’y
avait
pas goût. Alors j’ai pensé lui faire du bouillon de poulet, ça lui a
372
fait du poulet, elle n’y avait pas goût. Alors j’
ai
pensé lui faire du bouillon de poulet, ça lui a fait de l’avantage. V
373
’ai pensé lui faire du bouillon de poulet, ça lui
a
fait de l’avantage. Voyez ! Ce n’est pas vrai que la viande est si bo
374
nd on va les récolter. « Voyez-vous ! c’est qu’il
a
fait un vent cette nuit ! » 11 novembre 1934 D’une manière générale,
375
ne se mettront jamais dans des états parce qu’ils
ont
cassé deux assiettes. La mère Calixte, qui casse tout ce que l’on veu
376
La mère Calixte, qui casse tout ce que l’on veut,
a
coutume de dire en constatant le mal : « Voyez-vous ! je croyais la t
377
’on entend bien que c’est ainsi de tout, et qu’on
aurait
grand tort de croire que rien au monde dépend de nous. Ceci vaut pour
378
t des livres sur la politique. 12 novembre 1934 J’
ai
relevé quelques chiffres dans un ouvrage sur A…, dû à la plume d’un d
379
J’ai relevé quelques chiffres dans un ouvrage sur
A
…, dû à la plume d’un de ses pasteurs à la retraite. En 1570, le mûrie
380
ison sur dix habitée. Dès 1934, la soie japonaise
a
fait son apparition sur le marché lyonnais. Faillite de plusieurs des
381
ycle normal du progrès capitaliste est clos. Lyon
a
drainé toute la richesse indigène de ce département. Et cette richess
382
.) L’autre jour, dans l’autocar, une femme dont j’
ai
cru comprendre qu’elle tient un petit hôtel à Saint-Jean-du-Gard, exp
383
espécialiste, rappelle-toi ! Si tu oublies, tu n’
auras
qu’à te rappeler épicerie. » Épicerie pour spécialiste, vous n’auriez
384
ler épicerie. » Épicerie pour spécialiste, vous n’
auriez
jamais fait ce rapprochement ? Ce petit fait, si l’on y réfléchit, ré
385
ne savons plus prévoir. Littéralement, les mots n’
ont
plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraient lui parl
386
est un des droits imprescriptibles que se trouve
avoir
décrété la Convention. Bref, il n’est plus de mesure commune : ni l’É
387
Culture, ni l’École qui prétend les remplacer, n’
ont
plus d’autorité sur l’esprit de la lettre. Aussi bien nous parlons au
388
ux intérêts réels… 1er décembre 1934 Le pasteur m’
a
convoqué aux entretiens qu’il organise le samedi soir, dans une salle
389
mmes de sa paroisse. « C’est le seul moyen de les
avoir
, me dit-il. Comme vous l’aurez remarqué, il n’en vient qu’une dizaine
390
seul moyen de les avoir, me dit-il. Comme vous l’
aurez
remarqué, il n’en vient qu’une dizaine au culte. C’est trop compromet
391
is pour une causerie sur un sujet neutre, nous en
avons
toujours dans les 40 à 50. Et une fois qu’ils sont là, on peut parler
392
ans quelques jours, au cercle d’hommes de St-J. j’
ai
besoin de prendre contact. 3 décembre 1934 Soirée au « Cercle d’homm
393
alignées, pour entendre le « conférencier »27. J’
ai
reconnu deux facteurs, le libraire, le quincaillier, un adjoint de la
394
cultivateurs, les trois instituteurs. Le pasteur
a
lu quelques passages de l’Écriture. Après quoi le sujet a été introdu
395
lques passages de l’Écriture. Après quoi le sujet
a
été introduit par l’un des instituteurs. Il s’agissait de « l’histoir
396
’histoire de notre département ». La discussion n’
a
vraiment démarré que lorsqu’on s’est mis à parler d’autre chose que d
397
s pressées. Or cette lenteur et ces répétitions n’
ont
d’autre but que de laisser à l’esprit le temps de se « figurer » ce q
398
l’autre dit une bêtise ou bafouille — et comme on
a
envie de leur expliquer des choses, amicalement ; de partager avec eu
399
frotté les yeux, est sorti tout tranquillement. J’
ai
parlé avec plusieurs jeunes gens. Quelles opinions politiques, dans c
400
oi ils le sont, et connaissent le marxisme ? On m’
avait
dit : ce n’est pas cela du tout, vous verrez. Être communiste dans ce
401
tera un jour comme l’homme de gauche à poigne ? J’
ai
questionné à ce sujet quelqu’un qui connaît bien son monde. La vie mê
402
qu’ils ne se connaissent eux-mêmes, quelqu’un qui
a
pour mission de leur enseigner le sens dernier des circonstances de l
403
les classer et je n’aime pas beaucoup ça… Il y en
a
de toutes sortes, bien sûr, et plus on les voit de près… — Je compren
404
culte. Ce n’est pas l’envie qui manque, mais ils
ont
peur. C’est toujours la question de la place à traverser. — ??? — Oui
405
étonnerait, et surtout ils y sont entre eux. Je n’
ai
aucune envie d’aller faire l’intrus ou le bon apôtre. Si c’était poss
406
ure, c’est difficile. — Et les salutistes ? — Ils
ont
un uniforme. C’est classé. On les connaît… — Alors, quand les voyez-v
407
à l’occasion des conférences que j’organise. Vous
avez
déjà parlé dans des cercles d’hommes. Vous voyez le genre. — Et les c
408
xemple une discussion sur l’incroyance. L’orateur
avait
dit que la différence entre les chrétiens et les incroyants, ce n’est
409
quement aucun rôle dans leur action, et qu’elle n’
a
rien changé à leur croyance ou plutôt à leur incroyance. Tout de même
410
nir. Ils vont au parti communiste parce qu’il n’y
a
rien d’autre et personne d’autre… Ce seraient souvent les meilleures
411
ncroyance de leurs contemporains. Au fond, ils en
ont
peur. Or ils devraient n’avoir peur que de Dieu, et des vocations bou
412
ins. Au fond, ils en ont peur. Or ils devraient n’
avoir
peur que de Dieu, et des vocations bouleversantes qu’il arrive que Di
413
ui du chrétien honteux, honteux d’une foi qu’il n’
a
pas ! Car s’il l’avait, il n’aurait plus de honte à la confesser deva
414
eux, honteux d’une foi qu’il n’a pas ! Car s’il l’
avait
, il n’aurait plus de honte à la confesser devant les hommes ; et s’il
415
d’une foi qu’il n’a pas ! Car s’il l’avait, il n’
aurait
plus de honte à la confesser devant les hommes ; et s’il a honte, c’e
416
honte à la confesser devant les hommes ; et s’il
a
honte, c’est qu’il ne craint pas Dieu, mais qu’il croit au jugement d
417
sque rien. (Lui, par exemple, si je l’en crois, n’
a
guère vendu depuis un mois que pour 50 francs de légumes. Or la vente
418
r jour. Au dernier examen médical, ces cochons-là
ont
déclaré que tout allait bien, c’est-à-dire qu’ils « l’ont diminuée à
419
aré que tout allait bien, c’est-à-dire qu’ils « l’
ont
diminuée à 17 sous par jour ». Pour se venger, il leur a retiré son a
420
uée à 17 sous par jour ». Pour se venger, il leur
a
retiré son assurance à lui, et l’a passée à d’autres. Il reste par bo
421
enger, il leur a retiré son assurance à lui, et l’
a
passée à d’autres. Il reste par bonheur : les assurances sociales, vi
422
iou ! ça demande du raisonnement. Par exemple, il
a
écrit au ministre — au ministre du Travail — pour avoir une pension d
423
écrit au ministre — au ministre du Travail — pour
avoir
une pension de 5000 francs pour son beau-frère. « Ce cochon-là » n’a
424
00 francs pour son beau-frère. « Ce cochon-là » n’
a
pas répondu, et pourtant la lettre était recommandée. Alors il a été
425
et pourtant la lettre était recommandée. Alors il
a
été voir « une personne encore plus compétente » que lui Simard, et c
426
ompétente » que lui Simard, et cette personne lui
a
conseillé d’écrire une nouvelle lettre recommandée « à la charge du d
427
la personne compétente lui dit : « Ce cochon-là t’
a
refait de 299 francs, consulte voir le barème ! » Il a fallu récrire
428
ait de 299 francs, consulte voir le barème ! » Il
a
fallu récrire deux fois pour obtenir gain de cause. Et tout ça lui a
429
x fois pour obtenir gain de cause. Et tout ça lui
a
bien coûté 50 francs. Autrement, vous savez ce qui se passe, les empl
430
eut dire que c’est des gens arriérés, quoi. Ils n’
ont
pas l’instruction comme nous autres. » Arriérés, illettrés. Je n’en s
431
t d’une autre loterie ! Toute la grande presse en
a
parlé. Personne ne rit. Léon Bloy rugit dans sa tombe. 3 février 1935
432
les Juifs le sont chez les gentils. Pourquoi ne l’
ai
-je compris vraiment qu’à la faveur de ce chômage ? C’est qu’il m’a fa
433
ment qu’à la faveur de ce chômage ? C’est qu’il m’
a
fallu m’éloigner de cette ambiance bourgeoise où l’on a convenu de ca
434
u m’éloigner de cette ambiance bourgeoise où l’on
a
convenu de cacher cela — de cacher ce fait que l’intellectuel en tant
435
etite phrase ! Je me dis : c’est bien ma faute. J’
ai
de nouveau parlé en intellectuel. En homme qui veut savoir pour quell
436
ns de ses partis pris ? Mars 1935 (à Marseille) J’
ai
parlé à R. de mon projet de publier sous le titre de Journal d’un in
437
me, vous n’êtes pas un vrai chômeur, puisque vous
avez
la possibilité de travailler. — Je me suis fait moi-même cette object
438
cette objection. Il est clair qu’un intellectuel
aura
toujours la possibilité de travailler, pour autant que son vrai trava
439
je l’appelle chômeur, faute d’autre terme, s’il n’
a
plus la possibilité de s’assurer un gagne-pain régulier par son trava
440
er un gagne-pain régulier par son travail, s’il n’
a
plus d’emploi, et ne sait plus de quoi sera fait le lendemain. — Adme
441
« vrai chômeur », je vous l’assure ! D’ailleurs j’
ai
déjà dit que cela me serait pratiquement impossible, sauf gâtisme pré
442
eureux suffit à me nourrir et à me vêtir ? Vous n’
avez
qu’à regarder la frange de mon pantalon. Ce n’est pas avec ça que je
443
i, dans le détail… ⁂ Cette conversation avec R. m’
a
rendu attentif à un fait qui m’apparaît soudain fondamental ; c’est l
444
de bourgeoisie, et la crise de cette bourgeoisie
ont
accouché d’un des plus beaux complexes que le diable ait jamais pu co
445
ouché d’un des plus beaux complexes que le diable
ait
jamais pu concevoir pour dresser les humains les uns contre les autre
446
bénéficient pas de la loi des assurances sociales
ont
intérêt à assister à la conférence. L’organisation lutte afin de fair
447
à la face du monde que nos militants héroïques n’
ont
pas perdu leur peine depuis 89 ! Oui, dis-je, ce symbolique mot d’ord
448
déclaration : « La France est un pays comblé qui
a
résolu tous les problèmes économiques urgents. La preuve en est fourn
449
proprette, visage nerveux et intelligent. — Vous
avez
mon Huma ? — Bou die ! je les ai toutes vendues, Monsieur Dumas ! (C’
450
ligent. — Vous avez mon Huma ? — Bou die ! je les
ai
toutes vendues, Monsieur Dumas ! (C’est jour de foire). — Allons, tan
451
Et si des fois on vous en demande de trop, vous n’
avez
qu’à donner la mienne, vous savez. Plus on la lit… Ce généreux apôtre
452
lin). — On sait bien, dit le communiste, que vous
avez
toujours soutenu les gros qui pressent les petits ! — Les gros ! mon
453
toute notre argent, depuis quatre ans que vous l’
avez
, le pouvoir ! » L’autre se dégage et s’en va, un peu triste, ou peut-
454
nt sauver sa région de la totale décrépitude où l’
ont
laissée les radicaux et les créatures de Bouisson, dont mon alcooliqu
455
u… Il y a au fond tout autre chose. C’est moi qui
avais
acheté, innocemment, le dernier numéro de l’Huma. De la haine et enco
456
d’être le parti de la vérité et du bon sens. Ils
auraient
avec eux tous les hommes — bourgeois ou intellectuels — qui détestent
457
de vouloir la vérité, dont la seule dignité est d’
avoir
foi dans le pouvoir d’une pensée droite, — on se demande par quelle r
458
n de langage. Revenez voir ces mêmes hommes que j’
ai
dit, revenez deux fois, vingt fois, prenez-les sur le fait au détour
459
nger de condition. Ils vous diront aussi qu’ils n’
ont
plus le cœur à leur ouvrage, quand ils savent que les résultats sont
460
s d’Afrique et des produits chimiques (« que vous
avez
la gorge brûlante après un verre »). Enfin ils se plaindront de ce qu
461
s se plaindront de ce que, dans leur pays, il n’y
a
plus de vie, d’initiative, de vrai plaisir. On n’est plus fier d’en ê
462
itique, parlez-moi de « leurs combines » — il n’y
a
rien à y comprendre. Dans une assemblée populaire, on ne dira pas un
463
ela, on s’en tiendra aux clichés du journal. On n’
aura
pas le temps ni le courage, ni même l’idée de pousser plus loin, d’ab
464
xxe siècle. La dictature est très facile. Elle n’
a
qu’un argument très puissant contre nous : sur qui et sur quoi tablez
465
ison de Simard recèle un effrayant secret qu’on m’
avait
laissé ignorer : une belle-mère. Nous apprenons son existence en même
466
qui était, pensions-nous, tout leur logis — nous
avions
cru comprendre que les autres pièces étaient vides ou ne servaient qu
467
t-elle. C’est Madame Bastide, la belle-mère. — Qu’
a-t
-elle ? — Oh, elle m’a bien reconnue, mais elle va passer cette nuit,
468
tide, la belle-mère. — Qu’a-t-elle ? — Oh, elle m’
a
bien reconnue, mais elle va passer cette nuit, vous savez, elle est t
469
ou die, l’estomac et tout. — Mais les Simard ne m’
avaient
jamais parlé d’elle ! — Peuchère ! ils languissaient de l’emballer, l
470
languissaient de l’emballer, la vieille ! » Ils n’
auront
plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et
471
us de notre chambre, et leurs éclats de voix nous
ont
plusieurs fois réveillés. 18 mai 1935 … Et un beau jour, plus moyen d
472
r. C’est instructif. Mais le désir de s’instruire
a
des limites. Déjà les relations se stabilisent, les « courtes habitud
473
ar des colonies de jeunes gens — si jamais ils en
ont
assez de se plaindre des villes, où ils s’incrustent — la province de
474
du style français à la chose militaire. 29. Ils
ont
donc au moins 66 ans aujourd’hui, où l’article paraît. m. Rougemont
475
er contre le fascisme, les communistes paraissent
avoir
compris qu’il faut défendre la culture. Le malheur est qu’ils n’envis
476
t. Disons tout de suite que le Père des peuples n’
a
fourni pour sa part qu’une dizaine de pages (sur 150) relatives surto
477
chanson patriotarde sur l’Alsace-Lorraine : Vous
avez
pu germaniser nos plaines Mais notre cœur — vous ne l’aurez jamais
478
maniser nos plaines Mais notre cœur — vous ne l’
aurez
jamais ! Dans un article de 1922, il loue cependant un poème de Maïa
479
ence dans ce domaine. Mais depuis longtemps, je n’
avais
éprouvé un pareil plaisir, du point de vue politique et administratif
480
athique. Mais, en 1935, le ton des « dirigeants »
a
bien changé. Voici ce qu’écrit, à cette date, le Père des peuples, su
481
le Père des peuples, sur le même Maïakovski : Il
a
été et il demeure le poète le meilleur, le plus talentueux de notre é
482
ue Staline s’est chargé d’en extraire ce qu’elles
avaient
de réactionnaire et d’attardé, ou de brutalement primaire, pour le pl
483
ard aborde l’imagination de Chamisso ; il déclare
avoir
perdu son ombre. Le second romantisme bat son plein. On a vu bien des
484
son ombre. Le second romantisme bat son plein. On
a
vu bien des fous Chez Tieck et chez Fouqué. Celui-ci pourtant manifes
485
aissance et d’éducation. Une excentricité du sort
a
fait de lui un poète allemand. Les autres ont toujours cru à cette fa
486
sort a fait de lui un poète allemand. Les autres
ont
toujours cru à cette fable, mais dirait-on, sans le savoir. Chamisso,
487
ans la conscience moderne le mythe de l’homme qui
a
perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du célèbre Pete
488
Schlemihl. De Chamisso à Hofmannsthal, plusieurs
ont
repris cette histoire. Le dernier même y mêle une assez opaque scienc
489
’expérience, l’on s’étonne qu’aucun d’entre eux n’
ait
songé à se justifier. L’on s’étonne qu’aucun non plus n’ait essayé de
490
à se justifier. L’on s’étonne qu’aucun non plus n’
ait
essayé de formuler le symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce pudeur
491
es ? Pudeur tout court ? Ou faut-il croire qu’ils
ont
écrit leurs contes sans jamais se poser de questions sur le sens d’un
492
et la mésestiment gravement. Mais encore ? Ils en
ont
tous une, et s’entendent à tirer parti du plaisir que dispense un cor
493
fortuné Schlemihl n’était tout de même pas mort d’
avoir
perdu son ombre… Il était même si vivant, et sa présence si gênante,
494
s bourgeois riches. D’où vient le sentiment qu’il
a
d’être inférieur. Le diable sait cela : c’est par là qu’il le tient.
495
sède. Peter, lui, le connaît, mais, parce qu’il l’
a
vendu. (Ne connaît-on que ce qui vient à manquer ? Et perd-on ce que
496
tte fêlure : on aime Schlemihl pour tout ce qu’il
a
, qui n’est pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui le devinent
497
de Peter échouent devant cet obstacle dernier. Il
a
beau n’aller que de nuit aux rendez-vous avec Mina. Le jour venu de s
498
timent ! Oui, je le savais depuis longtemps, il n’
a
pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’e
499
gences, et qui veut croire à la vertu, — s’il n’y
avait
, au centre de lui-même, cette absence. En tout pareil aux autres, sau
500
oses à jour, et lui-même, d’où l’impression qu’il
a
d’être mal défendu contre les regards qu’il rencontre, transparent di
501
l’origine germanique du mythe38. Dès le début, j’
avais
pressenti qu’une fable à ce point célèbre dans un peuple ne pouvait e
502
aison qu’en beaucoup d’êtres la créativité paraît
avoir
son siège dans le seul sexe, que la pudeur s’est localisée là ? Ne se
503
ossède, c’est naturel ; mais non du tout qu’on en
ait
honte, semble-t-il. En vérité, la mauvaise pudeur provient de ce que
504
nt d’être reflets l’un de l’autre. Alors le corps
a
honte de sa pensée, et celle-ci des désirs de son corps — comme d’un
505
lieu de la créativité dans la personne, celui qui
a
perdu son ombre, se promène parmi les hommes avec l’angoisse de voir
506
u », partagent les richesses du désir. Et l’homme
a
retrouvé son ombre. Suite et fin de la fable Peter Schlemihl no
507
scription de l’individu romantique, dans ce qu’il
a
de démissionnaire, d’impuissant à saisir le monde pour le former à so
508
vocation : le mystère de l’incarnation. Chamisso
a
donné à son Peter tous les traits physiques et moraux de ce que l’on
509
e tourment d’une femme stérile, l’impératrice qui
a
perdu son ombre et qui emprunte celle d’une fille du peuple. Mais And
510
e — plus beau et plus vivant que l’individu qui l’
a
conçu comme porté au-delà de lui-même par l’attrait puissant d’un dés
511
’est une des gloires du romantisme allemand que d’
avoir
su élever les faiblesses de l’homme, et quelques-unes de ses plus fol
512
ar là que Chamisso s’est sauvé de lui-même : s’il
a
fait Schlemihl comme on sait, en grande partie à son image, il en dif
513
n image, il en diffère toutefois par ceci qu’il l’
a
fait, témoignant d’un pouvoir d’invention dont la nouveauté reste ent
514
n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui
a
perdu son homme, cette fois, mais non pas ses charmes profonds. C’est
515
charmes profonds. C’est le siècle où je vis qui n’
a
plus d’ombre, et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait mêm
516
t retombé dans le roman insignifiant. P.-S. Je n’
ai
pas voulu alourdir cette esquisse de tout un appareil de références b
517
s moins d’une cinquantaine d’auteurs célèbres qui
ont
traité le mythe de l’ombre perdue dans leurs romans, pièces, ou conte
518
Chamisso, selon lequel l’idée de Peter Schlemihl
aurait
été donnée à son auteur par un de ses parents, au cours d’un séjour à
519
nationaliste. Rank insiste longuement, comme je l’
ai
fait, sur l’antiquité nordique du mythe, auquel se rattachent de très
520
oses croissent très vite, et après qu’une semaine
eut
passé, il vit à sa grande joie qu’une nouvelle ombre partant de ses p
521
vrai dire fréquent, du romantisme allemand qui en
a
montré bien d’autres, et de tout contraire parfois : que l’on songe à
522
ébut de novembre 1933 Mon domaine, c’est ce que j’
ai
sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’ai
523
ici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’
ai
trouvé dans le chai deux tréteaux et deux planches bien rabotées ; j’
524
deux tréteaux et deux planches bien rabotées ; j’
ai
dressé cela devant la fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces
525
ncs enclosent de tous côtés ce jardin de curé qui
a
juste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, u
526
é. Depuis six jours que nous sommes arrivés, je n’
ai
lu que les Règles de Descartes, comme on ferait un mot croisé, pour t
527
gens d’ici. Elle corrige la mauvaise humeur que m’
a
donnée notre épicière. Car il faut bien, hélas, commencer par l’épici
528
va vivre. Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle
a
des douleurs dans les jambes, et m’en parle d’abord, pour me mettre e
529
ujard, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’
ai
du travail chez moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas m’en
530
ire pour les journaux, sans doute, mais il n’y en
a
pas tant à raconter sur ce pays… Je l’ai laissée en plein mystère. El
531
il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays… Je l’
ai
laissée en plein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les cli
532
r ce pays… Je l’ai laissée en plein mystère. Elle
a
dû en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence,
533
leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n’
a
pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver elle fait peu de réserves de
534
entrant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’
a
dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, el
535
lles les augmenteront bien plutôt pour le punir d’
avoir
été en face. Sans compter qu’on n’aime pas être accueilli par la répr
536
Derrière la grille, le long visage de Pédenaud. J’
ai
l’impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins,
537
Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’il n’y
a
rien d’écrit à la main ? — Si, il y a des corrections écrites à la ma
538
on calcul sur un bout de papier, et conclut que j’
ai
à payer 72 francs, pour un envoi, ce jour-là, d’une centaine de feuil
539
n télégramme, c’est une notification officielle d’
avoir
à verser sans délai la somme de Fr. 67.25 restant due sur l’envoi de
540
sur l’envoi de ce matin. En effet, Pédenaud, qui
a
voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone au
541
i de ce matin. En effet, Pédenaud, qui a voulu en
avoir
le cœur net, a pris des instructions par téléphone au chef-lieu. Son
542
ffet, Pédenaud, qui a voulu en avoir le cœur net,
a
pris des instructions par téléphone au chef-lieu. Son supérieur lui a
543
ons par téléphone au chef-lieu. Son supérieur lui
a
confirmé qu’un manuscrit s’affranchit comme une lettre. Il faut donc
544
. Pédenaud est mutilé de guerre. Il boite. On lui
a
donné cette recette auxiliaire à titre de dédommagement. Salaire : 28
545
-je tant à son guichet ?), mais s’il savait que j’
ai
dépensé près de 600 francs depuis trois semaines, il estimerait que j
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gorie bourgeoise. Ma bonne conscience de pauvre n’
aura
pas duré bien longtemps. 16 décembre 1933 Derrière la même pile d’ass
547
933 Derrière la même pile d’assiettes où je crois
avoir
déjà dit que j’avais trouvé deux ouvrages traitant de mon île, j’ai d
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pile d’assiettes où je crois avoir déjà dit que j’
avais
trouvé deux ouvrages traitant de mon île, j’ai déniché ce matin une é
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avais trouvé deux ouvrages traitant de mon île, j’
ai
déniché ce matin une édition populaire de La Naissance du jour, de Co
550
pulaire de La Naissance du jour, de Colette. Je n’
avais
pas encore lu ce livre. Il est exactement de l’espèce que j’aime, et
551
ici. C’est pour une raison très précise et qui n’
a
rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’édition qu
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tique littéraire. À la page 43 de l’édition que j’
ai
sous les yeux, je lis ceci : « … ils déménagent… comme les puces d’un
553
omme les puces d’un hérisson mort. » Cette phrase
a
fait dans mon esprit ce qu’on appelle un trait de lumière. Lundi dern
554
puces. J’exagère à peine : pour mon compte, j’en
ai
pris sept sur mon pyjama dans l’espace de deux minutes, ce qui doit c
555
lus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on
a
beau porter un nombre excessif de jupons, cela ne devrait pas suffire
556
ade. Le lendemain nous le trouvions mort. Et je l’
avais
oublié là, sans sépulture, caché sous des feuillages brunis. Si j’ajo
557
ais renouer le fil de ce journal. Tout d’abord, j’
ai
à constater l’échec de notre première tentative d’autonomie. Je ne su
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subsister après l’épuisement de notre réserve. J’
ai
travaillé beaucoup, mais je ne serai pas payé avant un mois. Or, un m
559
mois, ou même une semaine, cela compte quand on n’
a
plus rien. Pour celui qui vit au jour le jour, il s’agit essentiellem
560
lu.) Assuré au moins de quelque argent à venir, j’
ai
accepté l’invitation d’un ami qui nous offre de passer trois semaines
561
en train de causer dans la vie provinciale. Je n’
ai
pas compté le nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai pu
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nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’
ai
pu constater dans plusieurs départements de l’Ouest qu’il n’est plus
563
ois compagnies de transports locaux. Depuis que j’
ai
quitté Paris, j’ai bien utilisé une vingtaine de ces lignes. Je comme
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ransports locaux. Depuis que j’ai quitté Paris, j’
ai
bien utilisé une vingtaine de ces lignes. Je commence à connaître leu
565
yageur et la province. Naguère encore, quand on n’
avait
que les chemins de fer, tout convergeait vers Paris, non seulement du
566
e recommandations ; et ils sont rares, ceux qui n’
ont
pas deux mots à dire par la portière entr’ouverte un instant à la fil
567
néral de jeunes gaillards solides et gais, et qui
ont
toutes les raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est mod
568
n bénéficie de ces petites faveurs que les femmes
ont
toujours accordées à ceux qui commandent et disposent, ne fût-ce que
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belle révolution, qui rajeunisse la France : ils
ont
la bonne humeur, le dynamisme, le sens pratique et la rapidité d’espr
570
de. Mais loin de moi ces ambitions : ceux qui les
ont
n’en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappe
571
n. Ceci me rappelle un bout de conversation que j’
aurais
dû noter plus tôt. Le monsieur rencontré dans l’autocar de Taillefer
572
voulait savoir quel était mon métier. Et quand j’
eus
dit que je n’en avais aucun, et que je n’étais qu’un écrivain, et chô
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était mon métier. Et quand j’eus dit que je n’en
avais
aucun, et que je n’étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessus le mar
574
cria : « Ah ! cher monsieur, je vous envie ! Vous
avez
un rôle magnifique à jouer dans la société. Vous avez le temps de réf
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un rôle magnifique à jouer dans la société. Vous
avez
le temps de réfléchir et de nous faire part de vos lumières, et sans
576
» — Comptez, monsieur, lui dis-je, qu’un écrivain
a
bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’u
577
tter, et cela tient aux circonstances mêmes qui l’
ont
mis dans le cas d’écrire. Car ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut
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c’est justement ce qui nous manque, et quand vous
aurez
compris cela, vous cesserez, je le crains, d’envier ma condition… s
579
rvations et de jugements. Il y montre ce que peut
avoir
de quotidien cet effort de restauration morale — et sociale — qui s’i
580
erait à nos côtés pour l’essentiel de ce que nous
avons
dit dans notre numéro spécial81. S’il nous attaque, c’est sur des poi
581
’il nous attaque, c’est sur des points que nous n’
avons
pas abordés, et sur des thèses que je souhaite qu’aucun de nous ne so
582
écifique de la pensée et de la vie des hommes qui
ont
fait l’Europe et qui veulent la maintenir. Et l’individualisme et les
583
personnaliste ne s’est constitué comme tel, et n’
a
pris ce nom, que parce que dans l’Europe actuelle se déchaînent des p
584
aires au génie de l’Occident. Ces puissances nous
ont
obligés, par leurs menaces instantes et brutales, à prendre une consc
585
raliste. Il exalte les différences en ce qu’elles
ont
de créateur. Il veut une organisation de la cité qui leur permette de
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té même, ne partagent pas cette certitude. Ils en
ont
d’autres, que je crois insuffisantes, et je le leur dis en toute fran
587
tère, nous délivrent du triste spectacle que nous
avons
sous les yeux. » Car la noblesse qu’il nous suppose, purement « moral
588
liste, ne saurait suffire à la tâche. « Le peuple
a
besoin — nous dit l’auteur — de chefs d’une souveraine dignité, d’une
589
Kierkegaard naquit à Copenhague en 1813. Son père
avait
passé son enfance à garder les moutons dans la plaine du Jutland. Un
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par la misère, il était monté sur un tertre et il
avait
maudit le Dieu Tout-Puissant qui le laissait mourir de faim. Ce blasp
591
lasphème assombrit sa vie, et la révélation qu’en
eut
plus tard Søren fut décisive pour son développement religieux. Mais l
592
il la confia à l’un de ses frères, pour éviter d’
avoir
affaire aux banques, et lorsqu’il mourut, l’on s’aperçut qu’il n’en r
593
une provenait d’une malédiction, pensait-il. Il l’
avait
donc dilapidée sans compter, mais surtout en dons généreux. À 27 ans,
594
lus grand écrivain de son pays. Sa première œuvre
eut
un immense succès : c’était l’Alternative, qu’il publia en 1843. La m
595
e vit abandonné dans la plus complète solitude qu’
ait
sans doute jamais connue un grand esprit. Un an plus tard, accablé pa
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en, tous… » Le seul événement extérieur de sa vie
avait
été la rupture de ses fiançailles. Mais l’acte qui résume toute son œ
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Hamlet — autre Danois ! — il put mourir certain d’
avoir
accompli sa mission, ce fut l’attaque qu’il mena contre l’Église étab
598
héologien. Il se trouvait devant un monde où tout
avait
été brouille : sérieux et plaisanterie, valeurs éternelles et opportu
599
: Je ne pense pas que ce soit mauvais, ce que j’
ai
dit, mais je ne l’ai dit que pour l’écarter, et pour arriver à Allélu
600
ue ce soit mauvais, ce que j’ai dit, mais je ne l’
ai
dit que pour l’écarter, et pour arriver à Alléluia ! Alléluia ! Allél
601
endre le chemin du vrai martyre. Un vrai martyr n’
a
jamais eu recours à la violence, il combat à l’aide de son impuissanc
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chemin du vrai martyre. Un vrai martyr n’a jamais
eu
recours à la violence, il combat à l’aide de son impuissance. Il forc
603
ls le tuent. Mais c’est là ce qu’il voulait. Il n’
a
jamais cru que sa mort pourrait entraver son action, il a compris qu’
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cru que sa mort pourrait entraver son action, il
a
compris qu’elle faisait partie de son action, oui, que cette action n
605
a mort serait nécessaire à l’action à laquelle il
a
consacré toutes ses forces spirituelles et toute son œuvre d’écrivain
606
le. Tous les autres, sauf Empédocle et Nietzsche,
ont
refusé de signer de leur sang le pacte qui lie le penseur à Méphisto
607
aquelle le temps finira bien par succomber. Mais,
ayant
tué en lui toute autre vanité que celle de haïr le temps — c’est là s
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un sérieux total, dont l’écrivain d’aujourd’hui n’
a
même plus l’idée. Un de nos meilleurs auteurs déclarait récemment que
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mythe, un saut dans le vide, etc. Et alors il n’y
a
plus nulle part de « vrai » sérieux. Mais peut-être aussi cet acte ex
610
t acte existe-t-il, quelque part, et alors il n’y
a
pas de vrai sérieux dans ma vie tant que je n’ai pas trouvé dans la f
611
y a pas de vrai sérieux dans ma vie tant que je n’
ai
pas trouvé dans la foi, ou mieux : tant que la foi — qui est don de D
612
ux : tant que la foi — qui est don de Dieu — ne m’
a
trouvé. Kierkegaard a eu trois descendances spirituelles. La première
613
qui est don de Dieu — ne m’a trouvé. Kierkegaard
a
eu trois descendances spirituelles. La première est littéraire : ce s
614
ui est don de Dieu — ne m’a trouvé. Kierkegaard a
eu
trois descendances spirituelles. La première est littéraire : ce sont
615
82. « Alléluia » : Louez l’Éternel. Kierkegaard
avait
aussi noté, peu de jours auparavant : « Il n’y a pas eu, durant mille
616
it aussi noté, peu de jours auparavant : « Il n’y
a
pas eu, durant mille-huit-cents ans de christianisme, une seule tâche
617
si noté, peu de jours auparavant : « Il n’y a pas
eu
, durant mille-huit-cents ans de christianisme, une seule tâche compar
618
ère fois. Je le sais, je sais aussi ce qu’il m’en
a
coûté, ce que j’ai souffert, je puis l’exprimer par cette seule phras
619
is, je sais aussi ce qu’il m’en a coûté, ce que j’
ai
souffert, je puis l’exprimer par cette seule phrase : ‟Je ne fus pas
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prodigieux producteurs d’idées : deux hommes qui
ont
écrit chacun une vingtaine de volumes l’espace de dix ans : Kierkegaa
621
emi aveugle… Confort et culture. — À ceux qui n’
ont
rien, il faut donner du confort, afin qu’ils puissent concevoir d’aut
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la recherche d’un gain précaire. Mais à ceux qui
ont
quelque chose, il faut rappeler que la recherche du confort est ce qu
623
e culture véritable. Île de R. — La nuit ! Je l’
avais
oubliée à Paris. La nuit des villes n’est pas cette mort opaque dont
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avec angoisse, et fuient soudain en gémissant. J’
ai
des lettres à porter à l’autobus. Il faut s’éloigner du village. De n
625
amais plus que dans cette nuit. Fin de séjour à
A
… (Gard). — Tout est en place. Je garderai toutefois le plan d’aménage
626
mais… Les vingt-deux pièces du dessus de cheminée
ont
été replacées au millimètre, dans une symétrie impeccable. Mais tout
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être détruit par une odieuse malice du sort. Nous
avions
descendu du deuxième un lourd sommier pour en faire un divan. L’escal
628
ns trop de mal lors de notre arrivée. Mais nous n’
avions
pas prévu la remontée ! Épuisés par une demi-heure d’efforts haletant
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sés par une demi-heure d’efforts haletants, qui n’
ont
abouti qu’à coincer le sommier au tournant, entre la balustrade et le
630
e d’escalier — au surplus fortement rayées — nous
avons
couru implorer l’aide de Simard. « Ce cochon-là » refuse, prétextant
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un peu pour toucher davantage à l’assurance !) Il
a
bien fallu se rendre à l’évidence : ce sommier implacable restera dan
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scalier comme témoin des bouleversements que nous
avons
infligés à la maison. Pas question d’aller quérir du renfort à A. Il
633
e de ces découvertes frémissantes telles que j’en
ai
sans doute vécues, adolescent — et sûrement ce serait bien autre chos
634
’homme déplie un journal que je n’aime pas, qu’il
a
peut-être acheté tout par hasard, comme il m’arrive à moi aussi, mais
635
as d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourquoi j’
ai
eu ce fort désir soudain, dans le métro, de tutoyer mes compagnons de
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d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourquoi j’ai
eu
ce fort désir soudain, dans le métro, de tutoyer mes compagnons de ro
637
enir à les ignorer avec force, une fois qu’on les
a
bien connus, dans leur réalité sordide. Un petit fait vrai vaut plus
638
eut devenir le fait dominateur. En vérité, il n’y
a
pas de faits grands ou petits en soi et par comparaison. Il y a dans
639
s autres et qui est la mesure de tout. Quand tu l’
auras
connu et accepté — tu es seul à pouvoir le connaître — lève-toi et re
640
de toi seul — et c’est ta foi. 85. Kierkegaard
avait
déposé sa fortune, réalisée en argent liquide, chez son beau-frère. I