1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 si, Brod fut l’ami le plus intime de Franz Kafka. C’est lui qui s’est chargé de publier ses œuvres, pour une très grande part
2 par une sorte de compensation tout inconsciente, c’est au désir de prolonger le merveilleux dialogue interrompu que l’auteur
3 a vie bourgeoise une espèce de « grève perlée » : c’est à force de conscience, de naturel, d’exactitude dans l’exercice de le
4 roportions d’une parabole de l’existence. Ou bien c’est le contraire : partant d’un fait inexplicable et monstrueux23 survenu
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
5 ne dégradation. Ceux qui ne croient pas à l’acte, c’est qu’ils ne connaissent plus aucun chemin. Comment marcher, s’il n’exis
6 e explication vraie de la vérité… Être la vérité, c’est connaître la vérité, et le Christ n’aurait jamais connu la vérité s’i
7 ehors de la foi au Christ. Mais croire au Christ, c’est croire au Paradoxe de l’incarnation, c’est croire que Dieu a revêtu l
8 hrist, c’est croire au Paradoxe de l’incarnation, c’est croire que Dieu a revêtu la forme de ce monde, c’est croire donc que
9 st croire que Dieu a revêtu la forme de ce monde, c’est croire donc que cette forme peut être transformée. — à vrai dire, en
10 rlaient et prophétisaient, pareils aux prophètes. C’est de ce commencement que chaque chose tire sa force et son temps ; tout
11 énèbres. Certains reçoivent l’ordre de parler, et c’est là leur action, leur prophétie et leur salut. Cependant que les homme
12 chemin est imprévisible. Ce que nous connaissons, c’est pourtant son point de départ. Le chemin commence à tout homme qui se
13 i dans la réalité portera la marque de l’absolu : c’est la marque de tout ce qui est véritablement chrétien (Journal). Vends
14 ns imaginer sans pour autant nous transformer, et c’est bien la définition de « l’inactuel ». Se conformer à ce pieux idéal,
15 non seulement ce n’est point agir, non seulement c’est limiter par avance le rôle de la foi, c’est-à-dire refuser la foi, ma
16 rôle de la foi, c’est-à-dire refuser la foi, mais c’est peut-être simplement « singer » un modèle flatteur et rassurant. Et p
17 nvisible tant qu’on n’y est pas engagé. Parce que c’est un blasphème de l’homme pieux, du moraliste, que de prétendre imiter
18 r la foi, sur ce chemin qui commence à ses pas, —  c’est là le destin du chrétien, c’est son « impossible » destin, le seul ac
19 ence à ses pas, — c’est là le destin du chrétien, c’est son « impossible » destin, le seul acte possible à l’homme. Et c’est
20 ble » destin, le seul acte possible à l’homme. Et c’est l’acte que Dieu initie. 4. « Par rapport à l’absolu, il n’existe q
21 n y prépare. « Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi »10. Si nous vivions dans l’obéissance et dans
22 refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’Histoire, et dans l’absence, ou dans la n
23 ce, ou dans la nostalgie des temps qui viennent ; c’est pourquoi nous n’avons plus d’être que par la foi, « substance des cho
24 par la foi, « substance des choses espérées », et c’est pourquoi la Parole, parmi nous, n’est que promesse et vigilante proph
25 us et revenez ! » La forme du monde est durée, et c’est la forme du péché, du refus de l’instant éternel12, — le temps, la su
26 éternel12, — le temps, la succession et le désir. C’est le retard de l’acte et le retrait de Dieu, c’est le doute qui s’inter
27 C’est le retard de l’acte et le retrait de Dieu, c’est le doute qui s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est la lâc
28 e qui s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’homme qui se repose sur ses œuvres et qui les juge :
29 t ne puis plus de toute éternité la renoncer ; et c’est le paradoxe ; mais il faut un courage paradoxal et humble pour embras
30 a foi. Par la foi Abraham ne perdit point Isaac ; c’est par la foi d’abord qu’il le reçut »14. 5. Le temps de l’acte est r
31 rsonne sur l’anarchie et sur la loi individuelle. C’est ici qu’on touche au mystère, sans lequel tout serait absurde : acte d
32 marques victorieuses. Qu’est-ce que la personne ? C’est la vision et le visage du héros, sa vision contre son visage, sa visi
33 elle procède, et si la face d’un homme est belle, c’est parce qu’elle est un acte et un destin, une initiale de l’histoire, u
34 a Parole créatrice. 6. Le contraire de l’acte, c’est le désespoir Nous savons tous cela, comme nous savons qu’il faut m
35 l’acte absolu qu’il imagine serait sa mort, — et c’est pourquoi il n’y croit pas. Nul n’échappe à la forme du monde. Mais la
36 Nul n’échappe à la forme du monde. Mais la subir, c’est justement désespérer. Il faudrait donc… la créer ? « L’homme ne peut
37 peut faire qu’une seule chose en toute sobriété, c’est l’absolu »17. Entre le désespéré et l’absolu, il y a tout ce romantis
38 la sobriété parfaite et insensible de l’instant, c’est l’obéissance à la Parole de Dieu, — la prophétie dans l’immédiat. Que
39 cédent Car elle est prophétie justement ! — et c’est de la seule prophétie que relèvent la réalité et le sérieux, le risqu
40 e qu’il prophétise, uniquement, et dès l’origine. C’est pourquoi l’homme a un visage et une vision, ce que n’ont pas les anim
41 age et une vision, ce que n’ont pas les animaux ; c’est pourquoi l’homme est héroïque. Il faut noter ici un trait bien remarq
42 ble : Kierkegaard a très peu parlé de vocation18. C’est qu’il parle sa vocation et ne s’en distingue jamais. Cependant il est
43 le héros meurt toujours avant qu’il ne meure »21. C’est le secret dernier de l’acte, et le sceau de l’amour chrétien. 3.
44 sant, — une chimère spiritualiste, une nostalgie. C’est pourquoi le temps de Kierkegaard peut connaître une rédemption par l’
45 n française sous le titre de Traité du désespoir. C’est une laïcisation ! Kierkegaard se rapportait de la façon la plus préci
46 x pour se faire pasteur de campagne, par exemple. C’est , dit-il, que sa consigne est de « tenir bon en souffrant ». Le presby
47 ièrement affligeant dans l’existence du bourgeois c’est qu’elle est entièrement déterminée jusqu’à la mort, mais que la mort
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
48 oyen trouve parfaitement normal de déclarer que «  c’est du latin » pour ses oreilles, mais encore il existe autant de ces lat
49 même sens pour les divers partis intellectuels — c’est plus nouveau. Mais surtout, ils n’ont plus un sens auquel on puisse s
50 5. « Vous n’avez pas idée, conclut Alice, combien c’est affolant de jouer avec des choses vivantes. » ⁂ Prenons cinq mots par
51 mmes qui auraient dû « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esprit signifie évasion, spiritualisme et duperie bour
52 de norme ou de repère, a tout au plus triplé, et c’est sans doute encore trop dire. Racine avait un millier d’auditeurs ; Va
53 curs dans la mesure où ils se veulent scrupuleux. C’est pourquoi la plupart renoncent à enseigner au milieu d’une rumeur géné
54 soin d’expression qui n’a plus de mission réelle. C’est un jeu formel et précis, dont ils sont seuls à connaître les règles.
55 e communautaire vivant et puissant dans nos vies, c’est le drame de la civilisation, de la culture, de la cité modernes. Tous
56 n homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit. ⁂ Telle est l’inquiétude des masses.
57 sans le savoir, dans la cité qu’on nous a faite. C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes, à notre insu,
58 Achetez français ! Passez vos vacances à la mer ! C’est avec ça qu’on fait les bons fascistes, les bons nazis, les vertueux k
59 ueux komsomols, les petits bourgeois disciplinés. C’est ce conformisme enthousiaste qui tient lieu de conscience commune aux
60 ns à l’âge des mots d’ordre. L’on peut penser que c’est une espèce de progrès sur l’âge des clichés bourgeois. Mais si les mo
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
61 ascistes. Essayez d’en conclure que le communisme c’est cela, s’il se confond, comme on nous l’affirmait, avec ses effets his
62 fusiller ceux qui en parlent. On vous répond que c’est une nécessité de la tactique, dûment prévue d’ailleurs par les dialec
63 mencez à entrevoir ce que signifie : dialectique. C’est en fait, l’obéissance au parti, l’obéissance aveugle à Staline, dépos
64 gement d’allure politique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant d’intellectuels défendre ces manœuvres au nom de la doct
65 constante du communiste conscient et conséquent. C’est ce mouvement profond qui légitime, à ses yeux tout au moins, les déto
66 ansformer le monde d’abord, — et l’homme par lui. C’est sur le fait de cette opposition centrale qu’il importe d’être bien au
67 à mettre l’accent sur les facteurs matérialistes. C’est cet accent que « les masses » ont senti, parce que tout les y prédisp
68 , parce que tout les y prédisposait. Le résultat, c’est l’URSS de Staline, régime dont je voudrais bien qu’on me démontre en
69 serve mentale au sein du conformisme triomphant ? C’est bien là ce que pensent les marxistes, mais c’est aussi où apparaît le
70 C’est bien là ce que pensent les marxistes, mais c’est aussi où apparaît leur erreur initiale sur l’homme. Leur ignorance ou
71 e monde s’est livré à l’injustice et au désordre, c’est par la faute de l’homme, qui était son roi, et qui a trahi. Et tout p
72 les choses et les rend responsables. Il croit que c’est elles qu’il faut changer. Il bat la table, comme Xerxès faisait battr
73 table, comme Xerxès faisait battre l’Hellespont. C’est ce préjugé infantile que le marxisme devait consolider dans la consci
74 ule. Mais Paul était apôtre et non pas dictateur. C’est pourquoi son message nous est encore prêché. Il annonçait aux hommes
75 s régimes rétrogrades et prêchant la résignation. C’est vraiment trop facile de se mettre en règle avec sa mauvaise conscienc
76 ions enthousiastes, si aveuglement enthousiastes, c’est qu’il s’est trouvé seul à protester contre le monde tel qu’il va. On
77 protester contre le monde tel qu’il va. On dira : c’est d’abord qu’il a su rejeter sur l’oppression capitaliste, trop réelle,
78 nier ressort le succès « religieux » du marxisme, c’est sa volonté proclamée, concrète et immédiate, de changer tout ; et non
79 marxisme a réussi cela, s’il a pu paraître cela, c’est dans la mesure où le christianisme, aux yeux des masses, n’a plus osé
80 eux des masses, n’a plus osé se montrer chrétien. C’est que le sel a perdu sa saveur, et son amertume salutaire. C’est que la
81 sel a perdu sa saveur, et son amertume salutaire. C’est que la seule espérance véritable et certaine n’a plus été prêchée au
82 e force d’attaque assez gênante et bouleversante. C’est que l’« esprit » qui devait être l’agent du changement total, perpétu
83 able du déclin des Églises dans le monde moderne. C’est pourquoi les reproches du marxiste au chrétien sont humainement bien
84 marxiste. En gros : si Marx se trompe et réussit, c’est parce que Christ est mal prêché par ses disciples (que ce soit en par
85 oit, des choses changent. Ce que tu me reproches, c’est , en fait, de n’être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc à le deven
86 naturé. Et l’essentiel du marxisme, je le répète, c’est sa volonté de changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’homme
87 « les deux Karl », c’est-à-dire Barth et Marx !54 C’est ici qu’une critique proprement théologique se révèle seule capable de
88 tribulation, d’une longue passion temporelle. Et c’est la « foi », substance des choses espérées, qui permet seule de suppor
89 voir. Un homme qui se convertit au christianisme, c’est un homme qui reçoit et qui saisit la Révélation en Personne. Et du co
90 nu de réalisation de communisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réal
91 s deux, c’est le marxiste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends bien : le chrétien vérita
92 érances. » Mais l’espérance finale du communisme, c’est la libération de l’homme. Et moi je lui montre un homme libéré, tandi
93 une présence exigeante et totalement animatrice. C’est ici la raison profonde des déviations dites « réformistes » ou « état
94 s58. La fin, ou le télos de l’action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour. Tout acte qui contredirait, dans le
95 légitime son étatisme totalitaire en arguant que c’est le seul moyen d’accéder à un stade économique plus favorable au dével
96 mais pour les descendants de leurs descendants ? C’est ainsi qu’on a vu Zinoviev, par « fidélité » au Parti, c’est-à-dire à
97 otalitaire, qu’elle soit fasciste ou soviétique : c’est la « mise au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, ta
98 l ne s’agit plus ici de contingences historiques. C’est le fond même de la doctrine calviniste qui s’exprime par cette struct
99 e présentée comme une valeur de pères de famille. C’est en vérité la croisade du matérialisme hypocrite contre le matérialism
100 alisme hypocrite contre le matérialisme généreux. C’est aussi la croisade des fascismes contre leur frère, le stalinisme : un
101 et inféconde. Tout le mal vient de notre esprit. C’est à lui de faire pénitence, car c’était lui qui devait témoigner de sa
102 ssi repartir. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vé
103 . La seule lutte efficace contre le matérialisme, c’est la lutte qu’il nous faut mener contre la tentation spiritualiste.
104 de la pensée humaine isolée du domaine pratique, c’est querelle de pure scolastique » (Marx, 2e thèse sur Feuerbach). De mêm
105 à attaquer le mal dans la racine. Mais la racine, c’est pour l’homme même » (Id., ibid.). C’est-à-dire l’homme concret, produ
106 annoncé par la prédication et par les sacrements. C’est un acte d’obéissance, et c’est aussi un acte d’humilité ; car toute p
107 ar les sacrements. C’est un acte d’obéissance, et c’est aussi un acte d’humilité ; car toute parole humaine sur Dieu est néce
108 l’élaboration du document ne fait pas de doute. «  C’est , dit F. de Schickler, une constitution très serrée en toutes ses part
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
109 pour reconnaître la portée de son message puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’eût été qu’un berger bègue si l’Éternel
110 détail précis que rapporte la Bible à son sujet, c’est cette difficulté à s’exprimer. Non seulement rien d’historiquement no
111 toire » — mais le mot prend ici un sens nouveau — c’est la suite des gestes de Dieu dont ils ne furent que les instruments. M
112 s indociles ! Ce qui est à eux, dans ces annales, c’est ce qui les rabat à leur destin, ce sont leurs révoltes constantes, le
113 pre » voie. Il vient de Dieu, il va vers Dieu, et c’est la loi de Dieu qui l’y conduit. C’est pourquoi son télos (sa fin dern
114 rs Dieu, et c’est la loi de Dieu qui l’y conduit. C’est pourquoi son télos (sa fin dernière), est transcendant et mystérieux
115 les adorent : Mon peuple consulte son bois Et c’est son bâton qui lui parle ! Car l’esprit de prostitution égare Et i
116 ent voir, et qui pourtant fait toute sa grandeur, c’est la révolte du destin profane contre la vocation libératrice. Et de mê
117 ncret par les statues des idoles étrangères — car c’est le voisin qu’on imite lorsqu’on doute de sa vocation — de même cette
118 bles de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à la fois l’origine et la fin du peuple en tant qu’
119 uveau » peuple, élu par Dieu et « mis à part »64. C’est à elle que tout acte se réfère, et non seulement tout geste, mais tou
120 usage est interdit pendant les guerres civiles : c’est que la mesure est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la te
121 oncent sans relâche. Mais la pire des idolâtries, c’est celle qui prend pour objet de son culte la mesure même, la Loi en soi
122 , abstraite des fins pour lesquelles elle existe. C’est l’idolâtrie qui consiste à soumettre l’homme à la « lettre » d’une lé
123 é, et dont il fait sa chose, oubliant son Auteur. C’est alors que la lettre tue l’homme, au lieu de le secourir en incarnant
124 au lieu de le secourir en incarnant l’esprit. Et c’est à cette ultime tentation que devaient succomber les plus grands rigor
125 ment… Oui, la Richesse est notre dernier dieu, et c’est peut-être le secret de l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale d
126 a condition de sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas l
127 en eux-mêmes mais les moyens mesurés par la fin. C’est pourquoi sa pauvreté même garantit la fidélité de la culture du peupl
128 antit la fidélité de la culture du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit de détruire en germe tout ce qui comblerait tr
129 rande attente messianique. Point d’abstractions : c’est que le culte qu’il faut rendre au Dieu vivant est une obéissance dire
130 directe « en esprit et en vérité ». Or abstraire, c’est d’abord s’abstraire de l’immédiat. Et c’est aussi, dans une certaine
131 aire, c’est d’abord s’abstraire de l’immédiat. Et c’est aussi, dans une certaine mesure, douter… Ainsi donc, pour l’Hébreu, s
132 Ainsi donc, pour l’Hébreu, se borner au concret, c’est rester fidèle à la Loi. D’ailleurs son langage même s’ordonne dès l’o
133 i l’on admet que la destination de toute culture, c’est de concentrer les puissances de la nature et de la société dans les,
134 s lois et des coutumes de nos ancêtres, parce que c’est une preuve qu’elles ont été parfaitement bien établies, puisqu’il n’y
135 dont s’était nourrie toute la tradition judaïque. C’est précisément ce sens de la continuité historique et de la solidarité s
136 t, — car la postérité d’Abraham, après le Christ, c’est l’ensemble de tous les croyants, gentils ou Juifs convertis, donc l’É
137 nourri aux sources mêmes du judaïsme préchrétien. C’est là sa Fable, sa mythologie. Goliath, Joseph vendu par ses frères, Jon
138 sens acceptable et la situe dans son ordre réel, c’est que, dans les deux cas, la persécution et l’isolement minoritaire son
139 ntales, se mue peu à peu en son contraire exact : c’est le matérialisme jouisseur et cynique que les nazis reprochent aux Jui
140 anger pour un trait de caractère germanique. Mais c’est aussi l’intellectualisme stérilisant, l’esprit d’abstraction inhumain
141 ratuit : il touche au cœur de la foi réformée. Or c’est lui justement que traite saint Paul au chapitre XI de l’Épître aux Ro
142 et les autres ont été endurcis » (v. 7). Ainsi, «  c’est par suite de la faute des enfants d’Israël que le salut est parvenu a
143 national, comme exclusif, de la Révélation. Mais c’est ici que saint Paul indique le mystérieux renversement des rôles au de
144 eur que vous ne présumiez trop de votre sagesse : c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement jusqu’à ce qu
145 tre aux Romains. Et Calvin dit du même verset que c’est « une fort belle sentence ». Ainsi la vocation, du moins cette vocati
146 r par les registres la pureté de leurs origines : c’est que l’exercice des droits civiques est bien une sorte de « sacerdoce 
147 ent fortement sur cette unicité de la Révélation. C’est un grand lieu commun de la théologie réformée que de voir dans l’Anci
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
148 ture générale. Car ignorer ou méconnaître Luther, c’est ignorer ou méconnaître un des deux ou trois moments décisifs de la tr
149 isifs de la tradition fondamentale de l’Occident, c’est s’interdire de rien comprendre à la grande discussion millénaire, à l
150 ut à Dieu. Importance du De servo arbitrio C’est sans doute dans cette perspective que le lecteur, peu familiarisé ave
151 cet ouvrage. S’ils n’y sont pas traités en forme, c’est qu’ils ne constituent pas un système, au sens philosophique du mot, m
152 une absurdité, une contradiction dans les termes. C’est à Érasme, en tant que théologien, que Luther s’applique à répondre ;
153 théologien, que Luther s’applique à répondre ; et c’est même la plus dure ironie — quoique involontaire, je le suppose — dont
154 On ne saurait souligner trop fortement ce trait : c’est encore en théologien, en docteur de l’Église fidèle, en prédicateur r
155 Dialogue Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard Une conscience moderne. — Selon
156 — Il me suffit de vouloir l’affirmer. L. — Soit, c’est une hypothèse de travail… Pour moi, je crois que Dieu connaît la fin,
157 que ce n’est plus la peine de faire aucun effort. C’est peut-être mal raisonner. Si ton effort aussi était prévu ? Pourrais-t
158 réalité, ce n’est pas la supprimer en fait. Mais c’est peut-être se priver de son secours, ou encore la transformer en une m
159 e nouveauté, de création ! Ton éternité immobile, c’est l’image même de la mort. L. — Que savons-nous de l’éternité ? Les ph
160 xe ou ce scandale d’une éternité seule actuelle ? C’est un mystère plus profond que notre vie, et la raison n’est qu’un faibl
161 a raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un mystère que le croyant pressent et vit au seul moment de la prière
162 l’Éternel est une décision dans le passé ! Quand c’est elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que nos objections « ph
163 termes extrêmes où elle revêt sa vraie réalité : c’est l’Éternel qui commande — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficultés
164 vraie réalité : c’est l’Éternel qui commande — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficultés intellectuelles. Il n’y a que la
165 votre salut avec crainte et tremblement, puisque c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire » (Phil. 2, 12-13). C
166 n vous le vouloir et le faire » (Phil. 2, 12-13). C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a c
167 nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui, et en lui seul, la
168 her et Paul — et l’Évangile — posent à notre foi. C’est qu’il a poussé comme Luther, jusqu’aux extrêmes limites de l’homme, j
169 volontaire et joyeuse à la fatalité inéluctable. C’est dans cette volonté de reconnaître notre totale irresponsabilité, qu’i
170 dignité suprême de l’homme sans Dieu. Être libre, c’est vouloir l’éternité de son destin. (Pour le chrétien, c’est accepter e
171 loir l’éternité de son destin. (Pour le chrétien, c’est accepter en acte l’éternelle prévision du Dieu qui sauve.) La similit
172 , encore bien moins à une coïncidence. En vérité, c’est bien du même problème qu’il s’agit. Le seul problème, dès qu’on en vi
173 rnité souveraine, demeure entière. La différence, c’est que Nietzsche nous propose d’adorer un Destin muet, tandis que nous a
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
174 ur lequel ils voulaient nous faire prendre parti. C’est ainsi qu’on peut distinguer, dans l’idéalisme et dans le réalisme, ou
175 ’en indiquer le principe de permanente actualité. C’est précisément ce sentiment de bonne conscience que nous ne pouvons plus
176 s leur abstraction qui nous inquiète, loin de là, c’est bien plutôt leur autonomie parfaite qui nous semble absurde. Il sembl
177 L’esprit s’est dégagé des coordonnées du moment, c’est dire que son exercice n’engage plus à rien, concrètement. D’où ce sen
178 as contraire. Si notre monde tient encore debout, c’est que les philosophies qui le partagent restent gratuites, relativistes
179 er. Si le monde dure, c’est-à-dire se renouvelle, c’est qu’il y a dans le monde plus d’actualité que nos philosophies n’en pe
180 n’en peuvent concevoir. Et s’il y a du désordre, c’est que ces philosophies sont tout de même moins inopérantes que souvent
181 raison pour laquelle le désordre n’est pas total, c’est la raison même de ce désordre : c’est la rupture entre la pensée et l
182 pas total, c’est la raison même de ce désordre : c’est la rupture entre la pensée et l’acte, rupture qui, d’une part, amorce
183 étaphoriquement) que l’acte révélé par le cliché, c’est l’éclair de magnésium dont la photo constitue l’un des effets. Quant
184 de culture physique connaissent ce genre d’échec. C’est la conscience défaillante qui refuse l’obstacle. Il ne reste alors qu
185 ophique est avec celui qui ne peut pas sauter. Et c’est peut-être cela précisément que la sagesse vulgaire appelle « prendre
186 de vibration. Le sentiment qui accompagne l’acte, c’est le sentiment d’indivision intérieure, d’indivision entre le vouloir e
187 uloir et le pouvoir. On pourrait presque dire que c’est la sensation de l’unité, ou, plus exactement, de son accomplissement.
188 ité, ou, plus exactement, de son accomplissement. C’est l’euphorie de celui qui éprouve simultanément la résistance d’un obje
189 la « pureté du cœur », comme le veut Kierkegaard, c’est le vouloir unique, unifiant l’être vivant et le confondant un instant
190 y a pas de transition entre l’acte et ses effets. C’est l’acte lui-même qui se trouve être transitif et novateur, sans qu’il
191 récède, et que nous allons utiliser. La première, c’est la violence de l’acte. Quand on descend au fond de la notion de force
192 pas seulement agonique, mais encore ordonnateur. C’est un conflit et une rupture, mais aussi une nouvelle mise en ordre. C’e
193 e rupture, mais aussi une nouvelle mise en ordre. C’est ici que nous retrouvons, sous un aspect dynamique, la distinction esp
194 ir. Ce qui est nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est l’ordre. L’acte est si étroitement lié à ses effets qu’on ne saurait
195 ibère, la personnalité se risque de plus en plus. C’est pourquoi les époques de conciliation sont des époques de décadence. L
196 qu’une forme moderne de la tentation de l’inerte. C’est un vertige de la personnalité consécutif au relâchement de la tension
197 a personne, une autre réalité immédiate à l’acte, c’est évidemment la connaissance. Non seulement la pensée est acte, mais el
198 l ·dans l’acte. Ce qui a pu tromper sur ce point, c’est précisément que, la pensée étant la plus immédiate des mises en ordre
199 ause. Ce dynamisme propre de la pensée créatrice, c’est cela que nous appelons sa faculté dichotomique. La science nous en do
200 n parle de solidarité humaine, de valeur humaine, c’est à une société de personnes que l’on pense. L’homme n’atteint l’univer
201 es seuils irrationnels que l’homme puisse passer, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la vie. Or, ce seuil, comme l
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
202 offrant toute garantie ; 2° une partie critique. C’est une sorte de revue de presse commentée. On y relèvera les contradicti
203 me antique de transmission : l’information orale. C’est la seule possible aujourd’hui. Camarades, si vous voulez savoir, aide
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
204 rle de la culture et de la défense de la culture. C’est qu’on ne sait plus ce que signifie culture. C’est que la culture est
205 C’est qu’on ne sait plus ce que signifie culture. C’est que la culture est en pleine crise, et que cette crise ne sévit plus
206 e. Je dis que la culture fait le trottoir. Et que c’est la politique qui s’est chargée de réglementer à sa manière la prostit
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
207 dre. La crise du livre, dont tout le monde parle, c’est d’abord la crise du roman, et du roman fait à l’usage des bourgeois,
208 gande, ni par des lois plus ou moins astucieuses. C’est toutes les bases de la culture actuelle qui sont en crise. Faites-nou
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
209 au poids — les « romans-cycles ». Le roman-cycle, c’est , semble-t-il, la solution qu’adoptent naturellement les écrivains las
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
210 C’est jeune (10 avril 1937)l L’ironie est parfois la meilleure des prude
211 L’ironie est parfois la meilleure des prudences. C’est la conclusion que je tire d’un article de M. Vandérem (dans Candide)
212 que je l’indiquais. Et si l’on en doutait encore, c’est M. Fernandez qui me fournirait le plus savoureux argument. Dans sa ch
213 on a quelque chose à dire ; le but de l’écrivain, c’est de s’imposer avec force au Public. Et cela demande de la tactique ! J
214 r mission à la « tactique » du succès commercial, c’est le moment de fourrer les pieds dans le plat et d’éclabousser les conv
215 otre pain nous-mêmes. l. Rougemont Denis de, «  C’est jeune », À nous la liberté, Paris, 10 avril 1937, p. 10.
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
216 core faut-il savoir comment on y peut « vivre » ? C’est à cette question judicieuse que j’ai voulu répondre. Peut-être mon ré
217 ous un ciel doux. Au nord, derrière notre maison, c’est le rocher, la montagne brûlée. La maison : une ancienne magnanerie, t
218 ’on entre de plain-pied par-derrière. Au-dessous, c’est une grande remise. Au second quatre petites chambres. Le tout encombr
219 r un coup de main le matin et faire les lessives. C’est une toute petite vieille noueuse, à la sagesse sentencieuse et imagée
220 des Cévennes. Mais bavarde ! De gré ou de force, c’est certain, nous saurons tout sur les gens de la ville… 5 octobre 1934 P
221 ers, du sang près de la boucherie, du lait verdi. C’est à peine si l’on peut marcher à pied sec dans les passages étroits. Su
222 darité de l’espèce humaine, malgré tout. Pourtant c’est bien ici le peuple « raisonnable » qu’on donne en exemple aux barbare
223 faire des enfants, dans les conditions actuelles, c’est défier le bon sens et la raison pratique. C’est s’en remettre à quelq
224 , c’est défier le bon sens et la raison pratique. C’est s’en remettre à quelque espoir vague et profond. Or tout ce que l’Éta
225 us pourrons acheter une provision d’« œillades ». C’est leur gros raisin bleu. Nous y sommes allés hier au soir. Des hauteurs
226 t de la maison, suivi d’une grande femme en noir. C’est la propriétaire, Madame Turc. Elle nous fait entrer. Pour la vente du
227  : « Jamais je n’ai engagé de chômeurs, Monsieur, c’est un principe. Nous ne voulons que des ouvriers honnêtes. Pensez donc,
228 ers honnêtes. Pensez donc, deux femmes seules ! —  C’est que je suis chômeur moi-même, Madame… » Elle sourit à son tour, de l’
229 ve des raisins. Pendant qu’elle fait la pesée : «  C’est pour qui, Monsieur, sans indiscrétion ? » Je dis mon nom. — Est-ce qu
230 e peuvent attribuer au rang social ni au salaire, c’est évident, mais seulement à leur religion. En vérité, ce qui compte dan
231 religion. En vérité, ce qui compte dans ce pays, c’est la religion — celle des ancêtres, tout au moins ! — l’éducation et le
232 tres, tout au moins ! — l’éducation et le métier. C’est cela qui crée des groupes, des couches, des différences et des affini
233 la conscience globale qu’ils ont de leur état (et c’est pourtant le principal, pratiquement et moralement, c’est ce qui règle
234 ourtant le principal, pratiquement et moralement, c’est ce qui règle le jeu des relations humaines et les opinions politiques
235 ns ? La nuit ne pose pas de questions immédiates. C’est pourquoi, dans cette heure suspendue, il vaut mieux cesser de penser.
236 déchirés quand on va les récolter. « Voyez-vous ! c’est qu’il a fait un vent cette nuit ! » 11 novembre 1934 D’une manière gé
237 i leur arrivent. Cela peut agacer dans le détail. C’est assez sage dans l’ensemble. Ils seraient moins pauvres, moins malades
238 siette ! » De telle manière qu’on entend bien que c’est ainsi de tout, et qu’on aurait grand tort de croire que rien au monde
239 n’y vont pas, elles qui savent. Pour les hommes, c’est tout autre chose. Ils sont éloquents et naïfs, revendicateurs et inef
240 aisse des salaires à la filature : « Je vous dis, c’est miraculeux ce qu’on leur donne ! Sept francs par jour ! » (Il voulait
241 celui du langage dans notre société présente. Et c’est encore une fois le drame de la culture. Qu’on ne croie pas que j’exag
242 i parler. Le petit exemple que je viens de citer, c’est une espèce de calembour qui ne joue que sur des sons. Mais il est cla
243 s. Leur résonance sentimentale est différente, et c’est pourquoi leur sens est différent, en dépit de ce que l’on pourrait dé
244 voit que le contraire de la « vie spirituelle », c’est « le public ». Cette vie spirituelle et ce public nous posent des exi
245 nt contradictoires. Or, de ces deux antagonistes, c’est l’esprit qui sera vaincu. Non point qu’il s’avilisse partout ni qu’il
246 entend plus, il n’agit plus. Ce qu’on « entend », c’est l’absence de l’esprit, c’est l’appel aux instincts, aux intérêts urge
247 Ce qu’on « entend », c’est l’absence de l’esprit, c’est l’appel aux instincts, aux intérêts urgents, presque toujours contrai
248 ante au temple, pour les hommes de sa paroisse. «  C’est le seul moyen de les avoir, me dit-il. Comme vous l’aurez remarqué, i
249 remarqué, il n’en vient qu’une dizaine au culte. C’est trop compromettant. Mais pour une causerie sur un sujet neutre, nous
250 sprit le temps de se « figurer » ce qui est dit. ( C’est seulement de la langue des écrivains français qu’il est exact de dire
251 cier » en tournée se présente comme un séducteur, c’est la loi du genre, et cela rend les échanges bien pauvres…) Quand nous
252 tout, vous verrez. Être communiste dans ce pays, c’est tout simplement être à gauche, le plus à gauche possible. S’il en est
253 tés morales, leurs traditions et leurs rancunes — c’est souvent la même chose — leurs idées sur la vie, sur la mort, sur le m
254 t pas un enquêteur, simple curieux ou spectateur. C’est bien plutôt un conseiller, un donneur d’aide morale et parfois matéri
255 er le sens dernier des circonstances de leur vie. C’est le pasteur. Sa paroisse comprend les villages de N. et de V. où il ha
256 end les villages de N. et de V. où il habite. V., c’est un vieux nid d’aigle, une pierraille couronnant des hauteurs ventées.
257 onc des communistes. Je demande au pasteur ce que c’est que ces communistes. — Voilà. Que vous dire de gens que je connais si
258 à. Que vous dire de gens que je connais si bien ? C’est difficile de les classer et je n’aime pas beaucoup ça… Il y en a de t
259 n’est pas l’envie qui manque, mais ils ont peur. C’est toujours la question de la place à traverser. — ??? — Oui, vous savez
260 a au culte, il faut défiler devant les terrasses, c’est gênant. Un homme me disait l’autre jour : Ah, monsieur le pasteur, si
261 — Pourquoi n’iriez-vous pas au café avec eux ? — C’est difficile ! Moi, ça ne me gênerait pas. Mais eux on les étonnerait, e
262 je ne dis pas. Mais pratiquement, je vous assure, c’est difficile. — Et les salutistes ? — Ils ont un uniforme. C’est classé.
263 ile. — Et les salutistes ? — Ils ont un uniforme. C’est classé. On les connaît… — Alors, quand les voyez-vous ? — Surtout à l
264 hrétiens se conduisent mieux que les autres, mais c’est qu’ils se confient en Dieu, et qu’ils attendent tous les ordres de lu
265 lle l’eau et l’électricité dans les maisons, etc. C’est l’élément réveillé et entreprenant de la population. — Mais savent-il
266 renant de la population. — Mais savent-ils ce que c’est , le marxisme ? — Ils essaient ; peut-être plus qu’on ne croirait. J’e
267 re qu’ils viennent au parti. L’affaire, pour eux, c’est d’abord de se grouper afin d’entreprendre quelque chose, de résister
268 où il faut prendre position. Quant à la doctrine, c’est difficile à discuter, d’abord parce qu’ils la connaissent mal, ensuit
269  ». 17 décembre 1934 Le grand tort des chrétiens, c’est qu’ils prennent au sérieux l’incroyance de leurs contemporains. Au fo
270 ouleversantes qu’il arrive que Dieu nous adresse. C’est un comique profond, lugubre et déprimant que celui du chrétien honteu
271 la confesser devant les hommes ; et s’il a honte, c’est qu’il ne craint pas Dieu, mais qu’il croit au jugement des incroyants
272 vais discuter le coup avec lui pour le ravigoter. C’est un de ces Méridionaux qui ne connaît pas de meilleur remède que la pa
273 e meilleur remède que la parlotte. Tout de suite, c’est la question des assurances qu’il aborde avec autorité, tout en tenant
274 gens s’en vont d’ici pour travailler à la ville. C’est comme partout. Bon. Alors les catholiques descendent de la montagne e
275 n les appelle ici les illettrés. Ça veut dire que c’est des gens arriérés, quoi. Ils n’ont pas l’instruction comme nous autre
276 « en doublage »… 20 janvier 1935 Superstition. —  C’est de Casanova que Ligne écrit : « Il ne croit à rien excepté ce qui est
277 neufs, etc. Un geste résume toute la situation : c’est celui du coiffeur fameux, premier gagnant de la Loterie nationale, s’
278 1935 Déclassé. — L’intellectuel l’est toujours. C’est qu’il est d’une classe particulière, dispersée comme les Juifs le son
279 e compris vraiment qu’à la faveur de ce chômage ? C’est qu’il m’a fallu m’éloigner de cette ambiance bourgeoise où l’on a con
280 andis qu’il donne du feu à son copain : Pour moi, c’est un fasciste ! Toutes nos confusions politiques résumées dans cette pe
281 s résumées dans cette petite phrase ! Je me dis : c’est bien ma faute. J’ai de nouveau parlé en intellectuel. En homme qui ve
282 qu’il m’oppose… — Tout ce que le lecteur demande, c’est qu’on lui raconte une histoire, me dit R. — Mais si je raconte mon hi
283 uoi n’aime-t-on pas ce qui est vrai ? — Parce que c’est gênant. Cela oblige à conclure, une histoire vraie. Cela vous met en
284 pas beaucoup de gens, au contraire. Ce qui gêne, c’est plutôt la vérité telle quelle, surtout la vérité sur une situation ma
285 est fichtre pas le cas des vrais chômeurs ! — Ah, c’est vrai, je suis bien content, malgré tout. — Alors, vous n’êtes donc pa
286 nne. Tout ce que je compte dire dans mon journal, c’est qu’on peut être très content d’un sort matériel très médiocre. Ce n’e
287 e faire croire. L’intéressant à mon point de vue, c’est de montrer une fois que c’est vrai, et de montrer comment c’est vrai,
288 à mon point de vue, c’est de montrer une fois que c’est vrai, et de montrer comment c’est vrai, dans le détail… ⁂ Cette conve
289 er une fois que c’est vrai, et de montrer comment c’est vrai, dans le détail… ⁂ Cette conversation avec R. m’a rendu attentif
290 if à un fait qui m’apparaît soudain fondamental ; c’est l’affectivité quasi insupportable qui s’attache aujourd’hui à l’argen
291 us avouer, passons outre à nos vieilles pudeurs : c’est le début de la cure. Ensuite il faudra essayer de réviser nos préjugé
292 t de tous ses espoirs ! Mais que dis-je le jour ! C’est l’heure même qui va sonner : demain dimanche, sur le coup de dix heur
293 en est à cela, dans les partis d’extrême gauche, c’est que l’état social est à peu près paradisiaque. » J’ajouterais peut-êt
294 ssez grossièrement la patronne qui ne répond pas. C’est un habitué, il est comme ça. Il faut le laisser frapper le sol de sa
295 die ! je les ai toutes vendues, Monsieur Dumas ! ( C’est jour de foire). — Allons, tant mieux, fait l’homme. Et si des fois on
296 âteux l’arrête sur le seuil. « Et alors, mon bon, c’est toi qu’on va mettre à la mairie ? » L’homme au visage maigre fait un
297 la bande ! — Oh ! dit l’homme, si vous y arrivez, c’est bien votre droit ! — Notre droit ? Peuchère, c’est notre devoir ! (Il
298 ’est bien votre droit ! — Notre droit ? Peuchère, c’est notre devoir ! (Il glousse d’un air malin). — On sait bien, dit le co
299 pressent les petits ! — Les gros ! mon bon. Mais c’est donc vous, qui nous pressez toute notre argent, depuis quatre ans que
300 es, je n’hésite pas : je vote pour le communiste. C’est un Méridional du type sérieux, un de ces hommes qui pourraient sauver
301 de mœurs et de langage pareils. S’ils s’opposent, c’est que l’un est avare et légèrement maboul, l’autre énergique et assez s
302 serait nouveau… Il y a au fond tout autre chose. C’est moi qui avais acheté, innocemment, le dernier numéro de l’Huma. De la
303 cette division du monde en gros et en petits, si c’est le seul moyen pratique de faire valoir les droits élémentaires d’une
304 ît tout ignorant de ses intérêts véritables. Mais c’est qu’il ne peut pas les exprimer très aisément. Question de langage. Re
305 Ils vous diront d’abord que le fond de leur vie, c’est l’ennui. Ils expliqueront presque toujours cet ennui par les conditio
306 jeunesse qui délaisse la terre pour la ville. («  C’est mort, ici ! » — phrase entendue un peu partout dans la province). Et
307 lisme, tout le monde en est, ou feint d’en être ; c’est bien moins concret qu’il ne semble.) Conclusion : il appartient à des
308 omptons sur l’effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites-vous. Mais rien d’autre n’est vrai… 6 mai 1935 La mort et
309 tout agitée : « Madame se meurt ! s’écrie-t-elle. C’est Madame Bastide, la belle-mère. — Qu’a-t-elle ? — Oh, elle m’a bien re
310 Simard. Un beau-frère est arrivé, et on partage. C’est toujours assez compliqué. La nuit, par un dernier respect pour la mor
311 ient un isolement. Il y a « les gens », bien sûr. C’est instructif. Mais le désir de s’instruire a des limites. Déjà les rela
312 t, les « courtes habitudes » épuisent leur vertu. C’est le moment de lever son camp. Plus tard, peut-être, quand toutes ces m
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
313 ce qui est de la politique, je m’en porte garant, c’est parfaitement vrai. Voilà qui donne toute la mesure (la dernière phra
314 e « fondateur de la nouvelle culture ». Au moins, c’est franc, sans prétention, et cela rend l’homme plutôt sympathique. Mais
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
315 laire. S’il se risque à paraître devant Chamisso, c’est peut-être poussé par l’envie d’être enfin deviné, expliqué. Chamisso
316 ul de l’homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’est donc avouer un terrible secret ! Il arrive s
317 Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’est donc avouer un terrible secret ! Il arrive souvent qu’un étranger s’i
318 uve, le désir de s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit dans la conscience moderne le mythe de
319 e d’assez méprisable. Les Latins la ridiculisent. C’est pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que l’ombre de lui-même !
320 t, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, et cet infortuné Schlemihl n’était tout de même pas mort d’av
321 rtout qu’elle seule assure à l’homme une dignité. C’est un bourgeois de la plus dangereuse espèce, le bourgeois pauvre qui en
322 t qu’il a d’être inférieur. Le diable sait cela : c’est par là qu’il le tient. Peter lui donne son ombre contre une bourse ma
323 ssé de la communauté des siens. Et par sa faute ! c’est là son amertume. Ici intervient l’évasion. Il achète — par économie —
324 aste catalogue de toutes les plantes de la terre. C’est à cela qu’il s’occupe en Thébaïde, quand nous perdons sa trace. Résum
325 ce siècle. La « Liquor vitae », selon Paracelse, c’est en effet le principe d’activité vitale répandu dans tous nos organes.
326 situer enfin le vrai problème39. La créativité : c’est à quoi se ramène tout ce qui est vraiment grave dans notre vie ; et l
327 qui est le pouvoir de création que l’on possède, c’est naturel ; mais non du tout qu’on en ait honte, semble-t-il. En vérité
328 té » symbolique. (Ce qui est douteux, non propre, c’est ce qui, en moi, m’est étranger). Revenons alors à notre mythe : la tr
329 . Revenons alors à notre mythe : la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or le secret « sacré » étant le li
330 ect « spirituel » du mythe. Son conte de l’Ombre, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se détacher de l’a
331 ant d’un désir — reviendra s’asservir le poète… ⁂ C’est une des gloires du romantisme allemand que d’avoir su élever les faib
332 étamorphose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est le paradoxe génial, l’audace comme malgré soi re-créatrice d’un Chami
333 tion concertée, une mise en ordre, un sens donné… C’est par là que Chamisso s’est sauvé de lui-même : s’il a fait Schlemihl c
334 e, cette fois, mais non pas ses charmes profonds. C’est le siècle où je vis qui n’a plus d’ombre, et c’est pour lui que je ga
335 ’est le siècle où je vis qui n’a plus d’ombre, et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait même plus écrire sa Fable,
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
336 t 1937)q r Début de novembre 1933 Mon domaine, c’est ce que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabri
337 s procuré un petit tonneau de vin blanc de l’île. C’est un clairet assez acide, qui laisse peut-être un léger goût iodé, au m
338 e qui en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je veux retenir pour le moment des gens d’ici. Elle
339 ifeste l’intention de rester ici tout l’hiver ? — C’est plutôt en été qu’on vient chez nous, me fait-elle prudemment observer
340 r d’être vu par l’une, entrant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’a dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour g
341 une lettre ? — Non. — Est-ce un imprimé ? — Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? — Si
342 à ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours : elle me tend
343 e de télégramme, mais ce n’est pas un télégramme, c’est une notification officielle d’avoir à verser sans délai la somme de F
344 une lettre. Il faut donc que je m’exécute, sinon c’est lui qui sera forcé « d’y aller de sa poche ». Me voilà courant à l’au
345 ent ne rien payer de plus. Je note ceci parce que c’est un petit signe assez typique du malentendu qui apparaît entre les gen
346 mais ce n’est point pour cela que j’en parle ici. C’est pour une raison très précise et qui n’a rien à voir avec la critique
347 atique de cette première expérience de deux mois, c’est que la liberté ne s’improvise pas. Qu’il faut la conquérir avec métho
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
348 stations d’autocars sont sur la place principale. C’est de là qu’on part au milieu d’une grande affluence de badauds, c’est l
349 part au milieu d’une grande affluence de badauds, c’est là qu’on arrive à grands sons de trompe, c’est enfin ce que l’on voit
350 s, c’est là qu’on arrive à grands sons de trompe, c’est enfin ce que l’on voit le mieux de chaque pays. La voie ferrée était
351 lace… Et que dire maintenant du voyage lui-même ? C’est une résurrection de ce que Vigny pleurait, la poésie des diligences,
352 y pleurait, la poésie des diligences, mais aérée. C’est fait d’une foule d’incidents entrevus, que tout dispose à romancer ;
353 raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est moderne, c’est sportif, cela vous pose dans l’esprit des populations,
354 r le travail et de le faire bien : c’est moderne, c’est sportif, cela vous pose dans l’esprit des populations, on se sent maî
355 bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessive, deux choses qui c
356 ; ou bien l’on écrit des choses intelligentes, et c’est encore l’aveu d’une inadaptation cruelle aux mœurs et coutumes de ce
357 crit simplement pour gagner sa chienne de vie, et c’est le bon moyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imag
358 un empêtré. Et voilà le paradoxe et l’injustice : c’est qu’on attend, qu’on exige même de ces gens-là des vertus au-dessus du
359 des saints. Croyez-moi, ce que nous vous donnons, c’est justement ce qui nous manque, et quand vous aurez compris cela, vous
18 1937, Articles divers (1936-1938). « Subjectivité et transcendance », Lettre de M. Denis de Rougemont (décembre 1937)
360 de théologie ? La théologie vaut bien la science. C’est même une science bien moins variable que les sciences dites exactes,
19 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
361 t dans notre numéro spécial81. S’il nous attaque, c’est sur des points que nous n’avons pas abordés, et sur des thèses que je
362 principe s’insurgent-ils ? » demande M. Beausire. C’est au nom du personnalisme. Mais qu’est-ce que le personnalisme ? « C’es
363 nnalisme. Mais qu’est-ce que le personnalisme ? «  C’est l’amour abstrait de l’humanité. » Erreur totale et malentendu maximum
364 nir notre attitude, je dirais : Le personnalisme, c’est l’amour concret des hommes réels. Ce n’est pas « la bonté, la charité
365 et féminines) » (au sentiment de l’auteur), mais c’est , au contraire, la volonté d’agir dans le sens de ce qui libère en l’h
366 tous ceux qui veulent sauver non point nos âmes — c’est l’affaire de Dieu seul — mais bien la possibilité de vivre et de crée
20 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
367 ard. Il devint commerçant, amassa une fortune, et c’est ainsi que Kierkegaard reçut en héritage, après une sévère éducation p
368 d’autres y cherchent des raisons physiologiques ; c’est probable, et de peu de portée). Au lendemain de sa rupture, il partit
369 s’écriait Kierkegaard : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est familière avec toute espèce de souffrance, …
370 é, torturé, traîné en prison, et puis enfin — car c’est bien d’un véritable témoin de la vérité qu’on nous parle — et puis en
371 au christianisme que n’importe quelle hérésie, et c’est de jouer au christianisme, d’en écarter les dangers, et de jouer ensu
372 peu vont jusqu’au bout de leur emportement. L’un, c’est la mort accidentelle, l’autre, la folie qui l’abat. Un seul, je crois
373 : Forcer les hommes à être attentifs et à juger, c’est exactement prendre le chemin du vrai martyre. Un vrai martyr n’a jama
374 it s’ils deviennent attentifs, ils le tuent. Mais c’est là ce qu’il voulait. Il n’a jamais cru que sa mort pourrait entraver
375 journal de l’hôpital où vint mourir Kierkegaard ( c’est un interne qui transcrit les déclarations du malade) : Il tient sa m
376 cile parce qu’il est simple. « La pureté du cœur, c’est de vouloir une seule chose », écrit-il. Mais cette seule chose nécess
377 e à nos plus hauts désirs. Il est désespéré, mais c’est à cause de la foi. Et s’il espère, c’est « en vertu de l’absurde », c
378 ré, mais c’est à cause de la foi. Et s’il espère, c’est « en vertu de l’absurde », c’est-à-dire de l’incarnation de Dieu en C
379 i toute autre vanité que celle de haïr le temps — c’est là son dépit amoureux — Kierkegaard peut enfin parler avec un sérieux
380 s « font les importants ». Où est la différence ? C’est que le sérieux vrai est en définitive dans le seul acte de foi, qui j
381 nes d’ouvrages et d’articles. Ce qui est certain, c’est qu’à la différence de Nietzsche, personne ne parviendra jamais à « ut
21 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
382 age (avril 1938)aa Note pour une préface. — «  C’est une entreprise hardie que d’aller dire aux hommes qu’ils sont peu de
383 ent possibles, se multiplient : se « déclasser », c’est à la fois se reconnaître en vérité et rejoindre l’humanité. Chômage
384 ns. La rumeur de la mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouveau cet étrange écho des pas, si proche dans les rues vides, e
385 cevoir ? Il me semble maintenant que j’écris, que c’est profondément le même mouvement, l’amour. La même déception de l’amour
386 vaut mieux que de les ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir à les ignorer avec force, une fois qu’on les a bien connu
387 ute éternité pour aujourd’hui et de toi seul — et c’est ta foi. 85. Kierkegaard avait déposé sa fortune, réalisée en argent