1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 l’espèce de résistance que rencontre Kafka parmi nous . Rien ne me paraît plus propre à la réduire que le détour auquel a re
2 ne précision proprement angoissante. Il considère notre vie quotidienne, mais avec une minutie telle qu’on ne tarde pas à pre
3 qu’on ne tarde pas à pressentir que la plupart de nos démarches sous-entendent et masquent à peine une foncière absurdité.
4 surdité. L’état d’extrême lucidité que suscite en nous cette vision ressemble à s’y méprendre à un cauchemar. Mais alors que
5 nt le temps de leur ivresse tout au moins — Kafka nous ramène sans cesse, avec une sorte d’humour inflexible, à la conscienc
6 mour inflexible, à la conscience la plus sobre de notre humaine condition. On dirait qu’il incite ses héros à pratiquer contr
7 strueux23 survenu dans la vie de son héros, Kafka nous amène à penser que le détail de l’existence banale, et le sentiment d
8 préoccupations sociales de « Garta », telles que nous les décrit Max Brod, aideront à deviner la nature assez rare du desse
9 e manifeste tout au long de son existence, et qui devait l’amener entre autres, à son projet de participation au jeune mouveme
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
10 janvier 1936)c « Toute mon activité d’auteur —  nous dit Kierkegaard — se rapporte à ce seul problème : comment devenir ch
11 vérité, toutes les démonstrations savantes qu’on nous a faites depuis un siècle pour nous prouver que l’acte est impossible
12 avantes qu’on nous a faites depuis un siècle pour nous prouver que l’acte est impossible et que le tout de l’homme est soumi
13 Voici donc le mystère : s’il n’y a pas de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de che
14 a pas de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet
15 ons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet seule de franchir ce cercle enchanté où nous maintient l’argum
16 us permet seule de franchir ce cercle enchanté où nous maintient l’argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La f
17 possible, et sur ces lieux règne le désespoir. Il nous faut donc agir, si nous voulons la vérité, agir en vérité, c’est-à-di
18 ux règne le désespoir. Il nous faut donc agir, si nous voulons la vérité, agir en vérité, c’est-à-dire agir dans le Christ.
19 — à vrai dire, en vertu du paradoxe le plus fou. Nous ne pouvons agir « qu’en vertu de l’absurde » ; mais cela seul donne u
20 u de l’absurde » ; mais cela seul donne un sens à nos vies. Alors les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’a
21 es. Alors les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de tout po
22 nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de tout pouvoir, s’évanouissent et meurent aux pages des li
23 la norme de toutes les normes. Au premier pas que nous faisons dans notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les per
24 les normes. Au premier pas que nous faisons dans notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les perspectives se dégage
25 s’éclaire et que les perspectives se dégagent. Et nous allons connaître maintenant que seul l’acte de foi est création, tran
26 ne éternelle, prophétie de l’éternité qui vient à nous . 2. Il n’est d’action que prophétique Qu’est-ce que prophétiser
27 ue prophétiser sinon dire la Parole qui détermine notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi n’existe q
28 existe que dans l’acte, et cet acte devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous
29 l’acte, et cet acte devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le
30 te devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche
31 e loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche dans la nuit en créant sa lumière et
32 ombres, esclave des lois d’un monde sur lequel il devrait régner. Seule peut l’en délivrer la Parole prophétique qui lui advien
33 pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre , disons-nous, n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question
34 e7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons- nous , n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question demeure : co
35 i prophétise ? Le chemin est imprévisible. Ce que nous connaissons, c’est pourtant son point de départ. Le chemin commence à
36 rt. Le chemin commence à tout homme qui se met en devoir d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe q
37 sécurité, cachée au plus secret du risque. 3. Nous n’avons pas à suivre le chemin, mais bien à l’inventer à chaque pas
38 , mais bien à l’inventer à chaque pas Tant que nous considérons le Christ avec des yeux de moralistes, comme une personna
39 , une abstraction, c’est-à-dire quelque chose que nous pouvons imaginer sans pour autant nous transformer, et c’est bien la
40 chose que nous pouvons imaginer sans pour autant nous transformer, et c’est bien la définition de « l’inactuel ». Se confor
41 il n’existe qu’un seul temps : le présent »9 Nous ne connaissons rien du Christ, du « chemin », en dehors de l’acte de
42 de foi qui, supprimant toute distance historique, nous rend contemporains de Son incarnation. Ainsi l’acte de foi détruit le
43 . Il est ce contact impensable de l’éternité avec notre durée, et l’on n’en peut n’en dire sinon qu’il s’est produit, et qu’i
44 tout instant. C’est là la santé de la foi »10. Si nous vivions dans l’obéissance et dans la foi, il n’y aurait ni passé ni f
45 erait sur le monde et l’unité du genre humain. Si nous vivons dans l’obéissance et dans la foi, l’histoire s’arrêterait comm
46 ur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquo
47 st le chemin. Mais nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’Histoire,
48 nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’Histoire, et dans l’absence,
49 l et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’Histoire, et dans l’absence, ou dans la nostalgie des t
50 nostalgie des temps qui viennent ; c’est pourquoi nous n’avons plus d’être que par la foi, « substance des choses espérées »
51 es espérées », et c’est pourquoi la Parole, parmi nous , n’est que promesse et vigilante prophétie de l’invisible. De Séir, u
52 i meurt à ce qui nait, — par le réel. « Celui qui doit agir, s’il veut juger de soi selon le succès qu’il remporte, n’arrive
53 s traits du visage héroïque. Dans cette chair qui doit vieillir, la tension de la mort et de la vie a mis des marques victor
54 6. Le contraire de l’acte, c’est le désespoir Nous savons tous cela, comme nous savons qu’il faut mourir : sans y croire
55 ’est le désespoir Nous savons tous cela, comme nous savons qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai dire, nous avons tou
56 s qu’il faut mourir : sans y croire. À vrai dire, nous avons toutes les raisons d’en douter, s’il est vrai que le doute est
57 oi, l’homme détendu, vague et fiévreux qui peuple nos cités, l’homme sans visage et sans prochain, — sans vocation ! — s’im
58 nt ! — soit durée… Mais l’absolu qui vient jucher nos vies nous meut parce qu’il est un ordre, une Parole reçue d’ailleurs,
59 it durée… Mais l’absolu qui vient jucher nos vies nous meut parce qu’il est un ordre, une Parole reçue d’ailleurs, une ruptu
60 d’ailleurs, une rupture de tout drame humain que nous pussions prévoir, désirer et décrire ; une rupture et une vision. La
61 rnels où s’agitait la foule confuse et menaçante. Nous ne voyons aucun visage ailleurs que dans l’acte d’aimer. 7. Toute
62 ans les choses, mais dans le sujet connaissant », nous retrouvons cette définition du temps comme refus de l’instant et de l
63 votre vie ? M. Clément Vautel qui personnifie de nos jours le Bourgeois, répondit avec une pertinence géniale : « Je n’ai
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
64 Alice au Pays des Merveilles On peut penser que notre langue est plus malade que n’était le latin à l’époque de la Renaissa
65 péens. On ne saurait en dire autant du langage de nos bons écrivains. Car non seulement il est mal entendu par la grande ma
66 usage : un sens commun. La plupart des débats qui nous occupent, qu’il s’agisse de politique, de religion ou de littérature,
67 isse de politique, de religion ou de littérature, nous offrent l’image d’un jeu dont les différents partenaires changent la
68 de guerre : « Qu’on lui coupe la tête ! » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déforment au hasa
69 e la tête ! » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déforment au hasard, chacun joue sa partie co
70  » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déforment au hasard, chacun joue sa partie comme il le p
71 s plus fréquents dans le langage et les écrits de notre temps : esprit, révolution, liberté, ordre, patrie. Voilà les instrum
72 nstruments du jeu philosophique, ou politique que nous sommes en train de jouer, écrivains ou lecteurs, citoyens ou hommes d
73 fois l’un contre l’autre deux hommes qui auraient « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esprit signifie éva
74 e, présence effective de la pensée et de la foi à nos misères, activité concrète et créatrice, et garantie contre les préju
75 és. « Voyez, gémit Alice, l’arceau sous lequel je dois passer se promène à l’autre bout du jeu et j’aurais dû croquer le hér
76 sser se promène à l’autre bout du jeu et j’aurais croquer le hérisson de la Reine s’il ne s’était mis à courir juste au
77 évolution. Mais là, aux neuf sens très précis que nous donne le dictionnaire, il nous faut ajouter une dizaine de sens parfo
78 ns très précis que nous donne le dictionnaire, il nous faut ajouter une dizaine de sens parfois contradictoires, créés par l
79 un principe communautaire vivant et puissant dans nos vies, c’est le drame de la civilisation, de la culture, de la cité mo
80 l trompe. Cette fin commune, cet idéal commun que nous devions servir ensemble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime,
81 mpe. Cette fin commune, cet idéal commun que nous devions servir ensemble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime, nous les
82 mble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime, nous les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a
83 ns en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a faite. C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes,
84 C’est une faim, une soif, une nostalgie que tous nos gestes, à notre insu, trahissent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Que
85 m, une soif, une nostalgie que tous nos gestes, à notre insu, trahissent. Mais quelqu’un s’en est aperçu. Quelqu’un a formé l
86 is été vivants pour cette génération sans but. On nous en donnera donc de nouveaux fabriqués à notre mesure, — et quelle mis
87 . On nous en donnera donc de nouveaux fabriqués à notre mesure, — et quelle misérable mesure ! « Slogans » publicitaires, mot
88 e politiques, tels sont les ersatz pitoyables que nous proposent l’Argent et l’État. Gîovinezza ! Tod den Juden ! Nous feron
89 l’Argent et l’État. Gîovinezza ! Tod den Juden ! Nous ferons mieux que l’Amérique ! Achetez français ! Passez vos vacances
90 ciplines extérieures, à des ambitions inhumaines. Nous vivons à l’âge des mots d’ordre. L’on peut penser que c’est une espèc
91 lace des lieux communs spirituels et effectifs ne nous ordonnent qu’à des fins provisoires ou dégradantes : l’État totalitai
92 exes et d’obsession ? N’est-elle pas une somme de nos défaites intimes, de nos dénis d’humanité, — le contraire absolu de l
93 st-elle pas une somme de nos défaites intimes, de nos dénis d’humanité, — le contraire absolu de la culture, si la culture
94 re, trahissent en somme l’impuissance pratique de notre langue. Si les mots « portaient » réellement, les écrivains seraient
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
95 communisme c’est cela, s’il se confond, comme on nous l’affirmait, avec ses effets historiques. On vous répond que vous vou
96 tomber aussitôt dans les pièges grossiers qu’elle nous tend. (Pièges dans lesquels tombent les neuf dixièmes des adversaires
97 l’argument frappant d’un matérialisme polémique : nous l’appellerons matérialisme dialectique, pour indiquer qu’il n’est que
98 r qu’il n’est que provisoire, instrumental, qu’il doit servir au bout du compte la vérité ­­— laquelle contient aussi l’« es
99 e tactique. Faisons de nécessité vertu. Proposons- nous de changer les choses et leurs rapports, de changer « le monde », c’e
100 dire les rapports économiques et sociaux. Et s’il nous reste encore du temps, nous changerons l’homme. D’ailleurs, peut-être
101 s et sociaux. Et s’il nous reste encore du temps, nous changerons l’homme. D’ailleurs, peut-être suffit-il de changer le cad
102 rit le danger. « Marx et moi — écrit-il en 1890 — nous sommes peut-être responsables de ce que parfois nos disciples ont ins
103 s sommes peut-être responsables de ce que parfois nos disciples ont insisté plus qu’il ne convenait sur les facteurs économ
104 qu’il ne convenait sur les facteurs économiques. Nous étions forcés d’insister sur leur caractère fondamental, par oppositi
105 sur leur caractère fondamental, par opposition à nos adversaires qui le niaient, et nous n’eûmes pas toujours le temps ni
106 r opposition à nos adversaires qui le niaient, et nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’occasion de rendre justice aux aut
107 issement inévitable au rang de doctrine du parti, devait sortir la « vérité » tactique du matérialisme vulgaire, celui que la
108 pas conscient, et pourtant il en est responsable, nous reviendrons plus tard sur ce point.) Le peuple — et la bourgeoisie do
109 x : la seule radicale. Et toutes les autres, dans notre Occident troublé par un message qu’il méconnaît, ne sont que les refl
110 s, où serait son refus ? Et quelle preuve aurions- nous de sa transformation ? Une mauvaise humeur résignée ? Une simple réti
111 omme. Leur ignorance ou leur aveuglement quant au devoir , et au pouvoir, de l’homme transformé par la foi. L’homme nouveau, se
112 erait pas l’effet d’une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chrétien, qu’une réforme sans grande portée. Voilà q
113 sa pensée, de sa vie corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas de vérités « purement théologiques » comme le dirait u
114 spont. C’est ce préjugé infantile que le marxisme devait consolider dans la conscience prolétarienne. Déviation grossière, dir
115 et non pas dictateur. C’est pourquoi son message nous est encore prêché. Il annonçait aux hommes non pas la haine et le cyn
116 pas les effets d’une telle foi dans l’histoire de notre Occident52. Si je n’ai pas votre foi, je ne les vois pas. Je vois une
117 a guerre, qui change le monde ! Il faut le dire à notre honte, à nous chrétiens : ces reproches apparaissent justifiés à la g
118 hange le monde ! Il faut le dire à notre honte, à nous chrétiens : ces reproches apparaissent justifiés à la grande masse de
119 ante et bouleversante. C’est que l’« esprit » qui devait être l’agent du changement total, perpétuel et seul réel, est devenu
120 reste qu’en doctrine, et indépendamment de toutes nos fautes, l’objection marxiste ne vaut rien, alors que l’objection chré
121 te que ce n’est pas sa faute, à ce marxiste, mais notre faute, et tout d’abord la mienne.) Par contre, quand je reproche au m
122 ières : Royaume de Dieu ou paradis terrestre ? Nous arrivons maintenant, toute équivoque grossière dissipée en principe,
123 par là même peut être immédiatement présent dans notre cœur56 alors que l’eschaton marxiste, temporel, s’enfuit dans un futu
124 ternelle, va-t-elle maintenant se manifester dans notre siècle ? Le phénomène de la « conversion » le fait bien voir. Un homm
125 rétien qui tienne, et tous les moyens du chrétien doivent être aussi purs que sa fin. Tout autre est le cas du marxiste. N’ayan
126 suspect. Tout cela repose sur un fait unique, que nous pouvons formuler simplement : la fin dernière du chrétien est présent
127 que l’avenir socialiste, la société sans classes, doit supprimer ! Le marxiste croit que le bien sort du mal ; le chrétien s
128 loin60. La déviation matérialiste du marxisme ne doit pas seulement nous inciter à des condamnations toutes théoriques : el
129 on matérialiste du marxisme ne doit pas seulement nous inciter à des condamnations toutes théoriques : elle doit nous averti
130 iter à des condamnations toutes théoriques : elle doit nous avertir de corriger sans trêve la déviation spiritualiste qui me
131 à des condamnations toutes théoriques : elle doit nous avertir de corriger sans trêve la déviation spiritualiste qui menace
132 sans trêve la déviation spiritualiste qui menace notre vie chrétienne, et qui est la cause certaine des succès du marxisme.
133 ue les chrétiens ne comprendront pas que leur foi doit se manifester sur tous les plans de l’activité humaine, y compris le
134 esquelles, et de les préparer consciemment. Sinon nous laisserons le champ libre à toutes les entreprises désespérées qui pa
135 qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut apparaître plus historiquement défini et localisé : je
136 ciste ou soviétique : c’est la « mise au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que matériel
137 se au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que matériels, au service de l’État déifié. Cet
138 romain au premier âge du christianisme, telle que nous l’évoquions plus haut. Toutefois, l’un des facteurs au moins s’est mo
139 s’opposent aux commandements du Décalogue, et au devoir d’amour chrétien. Le conflit est inévitable. Suffira-t-il dès lors de
140 -t-il dès lors de se laisser persécuter ? N’avons- nous rien à faire qu’à subir le martyre ? Ou qu’à revêtir vis-à-vis de l’É
141 une attitude d’objecteurs de conscience ? N’avons- nous rien que nous-mêmes à sauver, alors que nos erreurs passées sont pour
142 vons-nous rien que nous-mêmes à sauver, alors que nos erreurs passées sont pour une part, peut-être capitale, dans le malhe
143 t ? Un protestant, et je précise : un calviniste, doit être ici en mesure de répondre. De toutes les églises chrétiennes, l’
144 ors, par principe, un régime fédéraliste. Mais si nous remontons plus haut, jusqu’au règne de François Ier, c’est-à-dire jus
145 e pu s’affirmer comme elle le fit sous Louis XIV, nous constatons que la première discipline que se donnent les églises calv
146 ’Église de Rome. Le grand souci d’œcuménisme, que nous voyons gagner toutes les églises, est une promesse à laquelle nous de
147 r toutes les églises, est une promesse à laquelle nous devons croire de toute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer
148 tes les églises, est une promesse à laquelle nous devons croire de toute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon
149 laquelle nous devons croire de toute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon exemple qu’une conclusion que je c
150 out chrétien, à quelque église qu’il appartienne. Nous avons tous reçu de Dieu un appel strictement personnel, un « charisme
151 appel strictement personnel, un « charisme » dont nous sommes responsables. Nous ne pouvons donc pas approuver une forme d’É
152 l, un « charisme » dont nous sommes responsables. Nous ne pouvons donc pas approuver une forme d’État qui, par définition, c
153 spirituelle au sein de la communauté. Il y va de notre tout, personnel, mais aussi de la valeur de la communauté pour tous l
154 linisme : une guerre de religions qui ne sont pas les nôtres . Je prends ici parti contre une telle entreprise, pour les mêmes rais
155 ent prendre parti contre le régime communiste. On nous donne à choisir entre deux sortes de matérialisme. Mais le communisme
156 er le monde… Contre les arguments démagogiques de nos croisés, je répète, après Berdiaev, après Gide : la « vérité » du com
157 théocratiques ou séculières. Si la culture et si nos libertés civiques sont brimées, par le fait d’une doctrine et d’un Ét
158 t d’un État « matérialistes », il faut savoir que nous en sommes les responsables, dans la mesure où nous cultivons un espri
159 ous en sommes les responsables, dans la mesure où nous cultivons un esprit détaché du réel, une liberté abstentionniste et i
160 bstentionniste et inféconde. Tout le mal vient de notre esprit. C’est à lui de faire pénitence, car c’était lui qui devait té
161 est à lui de faire pénitence, car c’était lui qui devait témoigner de sa primauté salutaire. Mais il faut aussi repartir. La t
162 u mensonge spiritualiste, la vérité du spirituel. Nous n’avons pas à nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contr
163 liste, la vérité du spirituel. Nous n’avons pas à nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contre une vérité orphel
164 haient en Dieu à ses fins et à ses origines. Mais nous devons proclamer la vérité parfaite dont nous avons, nous les premier
165 t en Dieu à ses fins et à ses origines. Mais nous devons proclamer la vérité parfaite dont nous avons, nous les premiers, dévi
166 ais nous devons proclamer la vérité parfaite dont nous avons, nous les premiers, dévié. « Malheur à moi si je n’évangélise !
167 ons proclamer la vérité parfaite dont nous avons, nous les premiers, dévié. « Malheur à moi si je n’évangélise ! », disait l
168 cace contre le matérialisme, c’est la lutte qu’il nous faut mener contre la tentation spiritualiste. 41. « Le communisme
169 ritualiste. 41. « Le communisme n’est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons communisme le mo
170 . « Le communisme n’est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons communisme le mouvement effectif q
171 pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons communisme le mouvement effectif qui supprimera la réalité p
172 te situation » (Marx, Deutsche Ideologie). 42. «  Nous sommes tous membres les uns des autres » (Rom., 12, 5). D’autre part,
173 Dieu » chrétien. 45. « Dans la pratique, l’homme doit prouver la vérité de sa pensée, c’est-à-dire sa réalité et sa puissan
174 ! Mais combien oubliée par le communiste moyen de nos jours ! 49. Selon Karl Barth, par exemple, la dogmatique n’est qu’un
175 57. Je parle ici, l’on m’entend bien, de ce que doit être un chrétien conséquent. Il est trop clair que nous restons, tous
176 tre un chrétien conséquent. Il est trop clair que nous restons, tous tant que nous sommes, bien en arrière de notre vocation
177 Il est trop clair que nous restons, tous tant que nous sommes, bien en arrière de notre vocation. La plupart de nos trahison
178 ns, tous tant que nous sommes, bien en arrière de notre vocation. La plupart de nos trahisons viennent de ceci : que nous n’a
179 bien en arrière de notre vocation. La plupart de nos trahisons viennent de ceci : que nous n’acceptons pas de tout soumett
180 a plupart de nos trahisons viennent de ceci : que nous n’acceptons pas de tout soumettre aux volontés de Dieu. Nous réservon
181 ptons pas de tout soumettre aux volontés de Dieu. Nous réservons certaines activités, celles-là précisément dont le marxisme
182 tivités, celles-là précisément dont le marxisme a faire sa spécialité, en vertu de notre carence : la politique, nos af
183 le marxisme a dû faire sa spécialité, en vertu de notre carence : la politique, nos affaires, nos intérêts dits matériels, et
184 ialité, en vertu de notre carence : la politique, nos affaires, nos intérêts dits matériels, et ceux des autres ! Exemple t
185 tu de notre carence : la politique, nos affaires, nos intérêts dits matériels, et ceux des autres ! Exemple typique : l’aut
186 st pas le sens jésuite courant : que la fin seule doit indiquer les moyens justes qui la préparent. Et non pas justifier des
187 l en puissance. Les communistes représentent chez nous , en général, l’élite de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
188 u’il consiste uniquement dans sa mission ; ou, si nous traduisons littéralement cette expression, à vrai dire très courante
189 uée : « Il se lève et il tombe avec sa mission. » Nous ne savons rien du reste de sa vie, et n’avons nul besoin d’en rien co
190 aphiques, économiques, etc.), ou formulables dans notre langage plus ou moins naïvement positiviste. Que nous apprend une sci
191 langage plus ou moins naïvement positiviste. Que nous apprend une science de cet ordre sur le destin auquel étaient promise
192 origines, la nation juive ? Une similitude facile nous permet de l’imaginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de su
193 d’une autre sorte que tant de tribus d’Arabie qui nous offrent encore aujourd’hui, avec une persistance bien remarquable tou
194 ques de la coutume pastorale des temps d’Abraham. Nous ne possédons pas un renseignement d’ordre profane, qui nous explique
195 ssédons pas un renseignement d’ordre profane, qui nous explique pourquoi cette tribu-là échappa au destin monotone, exceptio
196 ceptionnellement conservateur, qui a pesé jusqu’à nos jours sur les habitants du désert. Désignée entre mille, sans raison.
197 ente aux conditions médiocres des Hébreux. Ce que nous connaissons de leur « histoire » — mais le mot prend ici un sens nouv
198 u conflit séculaire que décrit l’Ancien Testament nous ramène avec une insistance innombrable et vraiment grandiose à cette
199 Dieu et son service. Ainsi l’Arche de l’Alliance nous apparaît comme l’exemple à peu près idéal de ce que l’on peut nommer
200 s et spirituelles65. L’histoire des civilisations nous offre certes d’autres exemples assez grandioses de communes mesures r
201 t l’esprit. Et c’est à cette ultime tentation que devaient succomber les plus grands rigoristes, les savants docteurs de la Loi,
202 nd des historiens profanes des Juifs : Josèphe. «  Notre législateur (Moïse), écrit-il dans sa Réponse à Appion 67, a été le s
203 onnues de tous. Cette connaissance produit parmi nous une admirable conformité, parce que rien n’est si capable de la faire
204 les mêmes coutumes ; car on n’entend point parmi nous parler diversement de Dieu, comme il arrive parmi les autres peuples,
205 vient dans l’esprit ; mais entre les philosophes… Nous croyons que Dieu voit tout ce qui se passe dans le monde. Nos femmes
206 que Dieu voit tout ce qui se passe dans le monde. Nos femmes et nos serviteurs en sont persuadés comme nous : on peut appre
207 tout ce qui se passe dans le monde. Nos femmes et nos serviteurs en sont persuadés comme nous : on peut apprendre de leur b
208 femmes et nos serviteurs en sont persuadés comme nous  : on peut apprendre de leur bouche les règles de la conduite de notre
209 endre de leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pour objet de plaire à D
210 règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pour objet de plaire à Dieu. Une culture pa
211 conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pour objet de plaire à Dieu. Une culture pauvre, mais fidèl
212 nge-t-il, que d’inventions négligées, méprisées ! Nous adorons la Vie et le Progrès, le foisonnement et la diversité, et tou
213 ment et la diversité, et toute mesure ne serait à nos yeux qu’une occasion de dépassement… Oui, la Richesse est notre derni
214 une occasion de dépassement… Oui, la Richesse est notre dernier dieu, et c’est peut-être le secret de l’expansion, mais aussi
215 e l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale de notre culture moderne. Culture dont les éléments progressivement désunis, p
216 civilisation, et d’une manière très urgente à la nôtre , est assez clairement défini par la comparaison que l’on peut faire d
217 défini par la comparaison que l’on peut faire de notre richesse anarchique, et rendue presque vaine par ses excès, avec la p
218 er à une « mesure », voilà ce dont l’exemple juif nous permettra mieux que tout autre de juger. Que devient en effet la cult
219 proclamait que la justice à l’ancienne manière ne devait jamais être sacrifiée.68 Ainsi toute tentative de culture profane s
220 rcial71 et industriel. » Que reste-t-il de ce que nous nommons culture ? Philosophie, beaux-arts, fictions écrites, science,
221 trouve sauver et garantir la possession de ce que notre Occident lui-même a défini comme le bien souverain : l’harmonie dans
222 Revenons encore à Josèphe : Quant à ce que l’on nous reproche comme un grand défaut, de ne nous point étudier à inventer d
223 e l’on nous reproche comme un grand défaut, de ne nous point étudier à inventer des choses nouvelles, soit dans les arts, ou
224 e louange d’y apporter de continuels changements, nous attribuons au contraire à vertu et prudence, de demeurer constamment
225 nt dans l’observation des lois et des coutumes de nos ancêtres, parce que c’est une preuve qu’elles ont été parfaitement bi
226 le besoin d’en corriger les défauts. Ainsi, comme nous ne doutons point que ce ne soit Dieu qui nous a donné ces lois par l’
227 mme nous ne doutons point que ce ne soit Dieu qui nous a donné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrions-nous, sans impié
228 onné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrions- nous , sans impiété, ne nous pas efforcer de les observer très religieuseme
229 remise de Moïse, pourrions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer de les observer très religieusement ? Et quelle conduite
230 gouvernement peut donc être plus parfaite que la nôtre , et quels plus grands honneurs peut-on rendre à Dieu, puisque nous so
231 us grands honneurs peut-on rendre à Dieu, puisque nous sommes toujours préparés à nous acquitter du culte que nous lui devon
232 e à Dieu, puisque nous sommes toujours préparés à nous acquitter du culte que nous lui devons ; que nos Sacrificateurs sont
233 s toujours préparés à nous acquitter du culte que nous lui devons ; que nos Sacrificateurs sont établis pour veiller sans ce
234 s préparés à nous acquitter du culte que nous lui devons  ; que nos Sacrificateurs sont établis pour veiller sans cesse à ce qu
235 nous acquitter du culte que nous lui devons ; que nos Sacrificateurs sont établis pour veiller sans cesse à ce qu’il ne se
236 fête solennelle, qu’elles le sont toujours parmi nous  ? Chute d’Israël Tout était suspendu à la Loi, qui était elle-
237 de cette notion de la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’Église — mais dont les déviations et pervers
238 cela vit encore dans les églises évangéliques de nos jours ? Dès les bancs de « l’école du dimanche », tout jeune protesta
239 et par la charge du Seigneur qui est venu, et qui doit revenir. Telle est sans doute la racine authentique du puritanisme qu
240 ient d’ailleurs toutes les nuances qu’on imagine, nous amènent au problème central que pose à la pensée d’un protestant, et
241 dépend ainsi de la conversion des Juifs. Et ceci nous révèle la plus profonde raison des sentiments « ambivalents », comme
242 vertu d’un décret de Dieu, mais encore qu’elle se doit de juger Israël autrement que ne fait « le monde ». Ce n’est pas au n
243 e ». Ce n’est pas au nom d’intérêts passagers que nous avons à prendre position, mais au nom des promesses de la foi, et dan
244 e est bien plus vaste que ne peuvent le concevoir nos polémiques. Et son issue ne dépend ni de nous seuls, ni d’eux seuls.
245 voir nos polémiques. Et son issue ne dépend ni de nous seuls, ni d’eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs sont c
246 ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de nos richesses, etc. Mais de quels biens se préoccupe le croyant ? Leur fa
247 ter des races tout mélange avec d’autres, puisque nos sacrificateurs peuvent, par des pièces si authentiques, prouver leur
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
248 ment à saisir l’importance centrale du traité que nous publions : je le vois au centre du débat occidental par excellence, m
249 sis que dans l’unique et perpétuelle question que nous posent toutes les pages de la Bible. Ils renvoient tous à une réalité
250 e sont que les reflets, diversement réfractés par nos mots. Ils renvoient tous à la question du Christ : « … et toi, mainte
251 branlent plus que le « vieil homme », celui qu’il nous faut dépouiller. Folie pour les sages Mais il s’en faut de pres
252 me soient acceptées (ou simplement connues !) par nos contemporains, même chrétiens. Il s’en faut de beaucoup, de presque t
253 p, de presque tout, que les arguments d’un Érasme nous apparaissent comme autant de sophismes. Non seulement tous les humani
254 en a pas du tout le monopole : tout catholique se doit , en bonne logique, de les faire siens, puisqu’il croit au mérite des
255 té ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une cert
256 subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. ( Nous ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme,
257 ton de l’ouvrage. (Nous ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme, admirer l’une quand nous conda
258 séparer le fond de la forme, admirer l’une quand nous condamnons l’autre, et vice versa.) Mais une fois reconnue cette maît
259 ait le jargon d’aujourd’hui), tout est fait, dans notre Traité, pour heurter de front le lecteur incroyant, ou celui qui ne p
260 er nie le libre arbitre. Ceci pourrait suffire et doit suffire en droit, à réfuter l’objection d’un moderne, l’objection par
261 egaard Une conscience moderne. — Selon Luther, nous n’avons aucune liberté, car en réalité, Dieu a tout prévu, et rien n’
262 uquel nul obstacle ne s’oppose. Que devient alors notre effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus ! Nous refuso
263 ent alors notre effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus ! Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur
264 Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus ! Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur a été désigné par un arb
265 désigné par un arbitre qui ne tient pas compte de nos exploits ! Un luthérien. — Mais connais-tu seulement les vraies règl
266 eu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de nos actions passées, présentes, futures ; car elles sont dans le temps, D
267 u temps sans fin, et refuser l’éternité qui vient nous délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant, et plein de n
268 , c’est l’image même de la mort. L. — Que savons- nous de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer qu
269 on ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux
270 Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éternité est
271 t que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éternité est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui
272 é est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui nous dit qu’elle n’est pas au contraire la source de tout acte et de toute
273 e temps, comme l’écrit Paul) ?33 Qui t’assure que notre raison tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est const
274 ?33 Qui t’assure que notre raison tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est constituée, soit capable de concev
275 e que notre raison tout attachée à notre chair, à notre temps où elle s’est constituée, soit capable de concevoir ce paradoxe
276 eule actuelle ? C’est un mystère plus profond que notre vie, et la raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un m
277 e vie, et la raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un mystère que le croyant pressent et vit au seul moment d
278 ndez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu éternel
279 connaît pas de « temps », il n’est pas lié comme nous à une succession. Mais au contraire, nos divers temps et successions
280 é comme nous à une succession. Mais au contraire, nos divers temps et successions procèdent de l’Éternel et lui sont liés :
281 essions procèdent de l’Éternel et lui sont liés : nous venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit
282 l’Éternel et lui sont liés : nous venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit : la Parole dan
283 s venons de lui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit : la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illu
284 est en nous lorsque l’Esprit dit : la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu’une décision de l
285 a Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu’une décision de l’Éternel est une décision dans le p
286 ans le passé ! Quand c’est elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que nos objections « philosophiques » et notre crain
287 elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que nos objections « philosophiques » et notre crainte du « fatalisme » ne re
288 ! Est-ce que nos objections « philosophiques » et notre crainte du « fatalisme » ne reposent pas, le plus souvent, sur cette
289 ussi nier l’éternité, et affirmer que seul existe notre temps. Dans ce cas, tu n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de c
290 e, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peut nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dialogué
291 t nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative
292 cision. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pos
293 jours très moraux, et même très pieux, qu’invoque notre révolte… Réalité radicale du problème Dans l’Église, une fois a
294 Credo et son fondement, qui est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or, cette Parole est Chris
295 il. 2, 12-13). C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu a to
296 , 12-13). C’est parce que Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu a tout prév
297 Dieu fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’a commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui
298 a commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à c
299 dans les choses du salut. Mais que le Christ ait mourir — cet acte extrême — pour nous sauver, fait voir que nous n’av
300 le Christ ait dû mourir — cet acte extrême — pour nous sauver, fait voir que nous n’avons aucune liberté, par nous-mêmes, da
301 et acte extrême — pour nous sauver, fait voir que nous n’avons aucune liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et à l’inve
302 nous n’avons aucune liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et à l’inverse, il faut oser descendre jusqu’au fond de la con
303 a de liberté possible que dans la grâce que Dieu nous fait. Toute l’argumentation de Luther vise le moment de la décision,
304 sque l’on a compris que Luther ne nie pas du tout notre faculté de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à nous
305 loir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à nous obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout le reste est p
306 on — cette folle, comme le répète Luther — ce que nous nommons ici un paradoxe demeure une pure et simple absurdité. Mais al
307 lui que Luther et Paul — et l’Évangile — posent à notre foi. C’est qu’il a poussé comme Luther, jusqu’aux extrêmes limites de
308 jusqu’aux questions dernières que peut envisager notre pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint, dès lors que « Dieu
309 luctable. C’est dans cette volonté de reconnaître notre totale irresponsabilité, qu’il croit trouver et regagner la dignité s
310 n vient à une épreuve radicale de la vie. Au « tu dois  » des chrétiens, qui est prononcé par Dieu, Nietzsche oppose le « je
311 ifficulté fondamentale que posent les rapports de notre volonté et de l’éternité souveraine, demeure entière. La différence,
312 meure entière. La différence, c’est que Nietzsche nous propose d’adorer un Destin muet, tandis que nous adorons une Providen
313 nous propose d’adorer un Destin muet, tandis que nous adorons une Providence dont la Parole vivante s’est incarnée : « Emma
314 vante s’est incarnée : « Emmanuel ! » — Dieu avec nous  ! 30. À la proposition qu’on lui faisait, en 1587, d’éditer ses œu
315 Les traductions françaises donnent en général : «  Nous serons transformés en un instant, en un clin d’œil… » 34. Modiculum
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
316 L’Acte comme point de départ (1936-1937)a b Nous partons de l’impression qu’il existe, entre certains systèmes qu’on a
317 aux autres, un commun dénominateur d’erreur, que nous ne pourrions définir qu’en sortant du plan sur lequel ils voulaient n
318 ir qu’en sortant du plan sur lequel ils voulaient nous faire prendre parti. C’est ainsi qu’on peut distinguer, dans l’idéali
319 e, etc., un ensemble de suppositions communes qui nous paraissent renfermer la véritable raison de rejeter l’un et l’autre s
320 son de rejeter l’un et l’autre système, sans plus nous attacher à combattre leurs erreurs respectives dans le plan sur leque
321 ssibilité de prendre parti entre deux erreurs qui nous semblent organiquement liées, créant pratiquement une impasse absolue
322 t liées, créant pratiquement une impasse absolue, nous contraint à une conception proprement révolutionnaire (ou « changemen
323 utionnaire (ou « changement de plan »), qui seule nous restitue l’unité de vision, la plénitude de volonté et en quelque sor
324 précisément ce sentiment de bonne conscience que nous ne pouvons plus éprouver en présence de la plupart des philosophies d
325 et d’aujourd’hui, telles qu’elles se présentent à nous . Avant même d’en pénétrer le détail et d’en critiquer la structure pr
326 le détail et d’en critiquer la structure propre, nous nous sentons repoussés par quelque chose qui ne peut être facilement
327 étail et d’en critiquer la structure propre, nous nous sentons repoussés par quelque chose qui ne peut être facilement nommé
328 ilement nommé, parce que cela affecte, peut-être, notre tout. Nos analyses ne nous donnent en elles-mêmes et d’une façon préc
329 é, parce que cela affecte, peut-être, notre tout. Nos analyses ne nous donnent en elles-mêmes et d’une façon précise rien d
330 a affecte, peut-être, notre tout. Nos analyses ne nous donnent en elles-mêmes et d’une façon précise rien de suffisant pour
331 pour justifier ce mouvement de refus global. Mais nous sentons qu’elles entraînent en nous un état de division intérieure. E
332 global. Mais nous sentons qu’elles entraînent en nous un état de division intérieure. Elles opèrent dans un monde dépourvu
333 nt dans un monde dépourvu de correspondances avec notre situation concrète. Ce n’est pas leur abstraction qui nous inquiète,
334 ation concrète. Ce n’est pas leur abstraction qui nous inquiète, loin de là, c’est bien plutôt leur autonomie parfaite qui n
335 là, c’est bien plutôt leur autonomie parfaite qui nous semble absurde. Il semble que l’esprit ait proclamé, lui aussi, son a
336 us à rien, concrètement. D’où ce sentiment, quand nous voulons penser telle idéologie, de nous trouver diminués dans notre é
337 nt, quand nous voulons penser telle idéologie, de nous trouver diminués dans notre énergie totale. La pensée n’est plus le m
338 er telle idéologie, de nous trouver diminués dans notre énergie totale. La pensée n’est plus le moteur de l’action ; au contr
339 continuer la métaphore et dire que la pensée dont nous souffrons est une pensée débrayée. Un moteur débrayé n’en ronfle que
340 le pas exactement cette impression ? Ne pourrions- nous la caractériser maintenant par un seul mot, qui exprime à la fois son
341 de division et de diminution qu’elle favorise en nous  : ce mot serait celui d’inactualité, entendu, non pas au sens tempore
342 stant ce qui arriverait dans le cas contraire. Si notre monde tient encore debout, c’est que les philosophies qui le partagen
343 faire », suppose le débrayage de la pensée, sinon nous vivrions dans la plus effroyable anarchie matérielle. On nous dira qu
344 s dans la plus effroyable anarchie matérielle. On nous dira que, cependant, si le désordre du monde est réel, il se peut qu’
345 d’actualisations partielles des philosophies que nous repoussons ? Nous serions mal venus à le nier. Si le monde dure, c’es
346 partielles des philosophies que nous repoussons ? Nous serions mal venus à le nier. Si le monde dure, c’est-à-dire se renouv
347 ’est qu’il y a dans le monde plus d’actualité que nos philosophies n’en peuvent concevoir. Et s’il y a du désordre, c’est q
348 gnostic indique par lui-même la thérapeutique que nous voudrions proposer, et qui serait un traitement préventif par l’actua
349 sents, avant toute analyse, dans le sentiment que nous disions tout à l’heure éprouver en face d’une conception purement cri
350 te réalité salutaire, cet acte, comment pourrions- nous maintenant en rendre compte ? Nous ne disons pas : comment pourrions-
351 ment pourrions-nous maintenant en rendre compte ? Nous ne disons pas : comment pourrions-nous le définir, nous disons seulem
352 e compte ? Nous ne disons pas : comment pourrions- nous le définir, nous disons seulement — et littéralement — comment pourri
353 e disons pas : comment pourrions-nous le définir, nous disons seulement — et littéralement — comment pourrions-nous faire co
354 seulement — et littéralement — comment pourrions- nous faire comprendre de quoi il s’agit ? Nous allons être obligés ici d’a
355 urrions-nous faire comprendre de quoi il s’agit ? Nous allons être obligés ici d’avoir recours à une méthode rigoureusement
356 sorte négative. Car, en vérité, il n’y a pas pour nous de problème de l’acte mais il y a problème de ce qui s’oppose à l’act
357 bjectif, inactuel en soi, et problématique. Qu’on nous permette de reprendre ici une distinction importante introduite par M
358 r poser un problème quelconque ». L’acte, tel que nous l’entendons, est évidemment une donnée de ce deuxième type, la donnée
359 lle « prendre les choses avec philosophie »… Ceci nous amène à constater que : 1° Si on ne part pas de l’acte, on ne part pa
360 révèle la proximité de la réalité créante. Force nous est de reconnaître qu’un tel discours, dans l’état de notre philosoph
361 de reconnaître qu’un tel discours, dans l’état de notre philosophie, paraîtra peu philosophique. Personne, mieux que Kierkega
362 leuse, entre l’expression et l’existence. Bornons- nous à citer de lui une phrase bien typique par sa forme même, et qui, par
363 a forme même, et qui, par ailleurs, peut éclairer notre débat : « L’éthique ne commence pas dans une ignorance qu’il faudrait
364 , mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Nous dirions en d’autres termes : l’acte n’est pas un problème, mais une d
365 e sécurité, dans la conscience de celui qui agit. Nous appellerions volontiers cet instant le saint des saints de la réalité
366 ntenant le reproche d’inactualité essentielle que nous adressions dès le début à certains systèmes par ailleurs fort divers,
367 ce se trouve être lié à une division préalable de notre être, par exemple à une objectivation du corps — de mon corps — ou à
368 ement, de volatiliser les points d’application de notre volonté, de relativiser tout effort créateur, enfin de « dés-orienter
369 ité centrale, impensable et qui permet de penser. Nous voudrions dégager ici, à titre d’exemple, quelques-unes des conséquen
370 elques-unes des conséquences (méthodologiques) de notre position. ⁂ Nous ne pouvons faire comprendre la véritable valeur d’un
371 nséquences (méthodologiques) de notre position. ⁂ Nous ne pouvons faire comprendre la véritable valeur d’une philosophie de
372 trant comment ses caractères principaux, tels que nous venons de les indiquer, se retrouvent — comme reflétés — dans ses eff
373 — comme reflétés — dans ses effets immédiats. Car nous croyons en avoir assez dit pour pouvoir affirmer qu’il n’y a pas de t
374 impliquées d’ailleurs dans ce qui précède, et que nous allons utiliser. La première, c’est la violence de l’acte. Quand on d
375 s aussi une nouvelle mise en ordre. C’est ici que nous retrouvons, sous un aspect dynamique, la distinction esprit-matière q
376 pect dynamique, la distinction esprit-matière que nous avions écartée tout d’abord. L’acte créateur sépare la lumière des té
377 re eux, qui est l’affirmation de la personnalité. Nous définissons la personne comme l’individu qui se sait et se veut engag
378 sme propre de la pensée créatrice, c’est cela que nous appelons sa faculté dichotomique. La science nous en donnera un bon e
379 nous appelons sa faculté dichotomique. La science nous en donnera un bon exemple. En tant qu’activité, elle peut se définir
380 s et dans tous les domaines de l’effort de pensée nous retrouvons ce risque, né du caractère ordonnateur de l’activité humai
381 e est elle-même prolongée par la rationalisation. Nous avons là un exemple saisissant de la progression par dichotomie. Prog
382 la science en tant qu’acte (tentation à laquelle nous condamne à céder l’expérimentalisme positiviste). Un troisième exempl
383 viste). Un troisième exemple de tension et d’acte nous est fourni par l’homme considéré du point de vue social. D’un côté, n
384 omme considéré du point de vue social. D’un côté, nous trouvons l’attachement de l’homme à la terre, à la famille, à la race
385 onnaliste. ⁂ Pour éviter un malentendu essentiel, nous tenons à souligner encore en terminant le caractère d’instantanéité d
386 le caractère d’instantanéité de l’acte créateur. Nous affirmons ainsi ce qui nous paraît spécifique de l’effort et de la pe
387 é de l’acte créateur. Nous affirmons ainsi ce qui nous paraît spécifique de l’effort et de la pensée humaine. La pensée créa
388 et le plus humain. Mais comment va se présenter à nos yeux ce qui n’est pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous n’allons pa
389 x ce qui n’est pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés à nier la réalité de toute médiation ? Assur
390 évidence de l’acte, non seulement prime tout pour nous , mais constitue, comme nous l’avons dit, le point de départ nécessair
391 ement prime tout pour nous, mais constitue, comme nous l’avons dit, le point de départ nécessaire, la supra-rationalité la p
392 ion humaine, même et surtout rationnelle. Mais si nous rejetons toute médiation entre l’acte et ses manifestations humaines,
393 tion entre l’acte et ses manifestations humaines, nous ne saurions écarter la réalité des résistances à cette activité. Ce n
394 ons d’activité. La médiation ne se manifeste pour nous que sous forme de résistance. Il y a assurément des résistances plus
395 1. Ce qui ne signifie pas du tout que la pensée doive être soumise à l’action — bien au contraire ! — mais que le risque de
396 où est-il donc ? Le point est d’importance car il nous éclairera un peu sur la nature intime de l’acte créateur, dans la mes
397 ’individualisation ou de création intellectuelle. Notre science n’est à l’aise que dans le continu et elle fait surgir le dis
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
398 s importants de la semaine. Cette première partie doit donner aux membres des clubs, une suite de « matières premières » off
399 1937, p. 2. g. Précédé de la notice suivante : «  Nous présentons ci-dessous à tous nos camarades et lecteurs de La Flèche l
400 ce suivante : « Nous présentons ci-dessous à tous nos camarades et lecteurs de La Flèche le manifeste des clubs de presse e
401 itement précis et limité, celui de l’information, nous avons pensé que nous devions collaborer avec des camarades venant d’a
402 ité, celui de l’information, nous avons pensé que nous devions collaborer avec des camarades venant d’autres organisations.
403 celui de l’information, nous avons pensé que nous devions collaborer avec des camarades venant d’autres organisations. Ce sera
404 de vues qui ne peut être que fructueux pour tous. Nous faisons un appel pressant auprès de tous nos amis, frontistes ou non
405 us. Nous faisons un appel pressant auprès de tous nos amis, frontistes ou non frontistes, pour qu’ils comprennent l’intérêt
406 er, le film et la radio n’a jamais été si grande, nous sommes obligés de revenir à une forme antique de transmission : l’inf
407 ourd’hui. Camarades, si vous voulez savoir, aidez- nous  ! (Pour tous renseignements, adressez provisoirement les lettres à La
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
408 s sortes de sens intermédiaires dans la bouche de nos députés et journalistes, qui flétrissent (à droite) ou approuvent (à
409 h. Rougemont Denis de, « À qui la liberté ? », À nous la liberté, Paris, 5 mars 1937, p. 10.
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
410 irmant que le roman est le plus « contagieux » de nos genres littéraires, j’entends celui qui exerce l’influence la plus di
411 l’influence la plus directe et la plus intime sur nos mœurs, sur notre vie privée. Songez aux plus grands romanciers, songe
412 plus directe et la plus intime sur nos mœurs, sur notre vie privée. Songez aux plus grands romanciers, songez à leurs meilleu
413 raine, tant qu’ils ont quelque chose à dire. Mais nos romanciers d’après-guerre, qu’ont-ils à dire ? Dans quel sens entende
414 ire et constructif, le « romancier à succès », de nos jours, est devenu un simple reflet de la conscience bourgeoise moyenn
415 ne fut jamais celle des grands artistes — fait de notre romancier, tout simplement, le propagandiste des goûts de sa classe.
416 . Il n’est que de voir l’importance démesurée que nos romanciers attachent à la description des vêtements, des ameublements
417 de la culture actuelle qui sont en crise. Faites- nous des œuvres qui affirment, qui combattent, qui militent en faveur d’un
418 t, qui militent en faveur d’un ordre vrai, donnez- nous des romans qui riment à quelque chose, il n’y aura plus de crise du l
419 ers publicitaires ou la contagion romanesque », À nous la liberté, Paris, 13 mars 1937, p. 10.
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
420 que beaucoup de noms y sont omis, que beaucoup de nos gloires y sont traitées cavalièrement (Maurois-Mauriac : « manque de
421 35 ans — connut un véritable boom commercial. « À nous la liberté ! » s’écriait cette génération : elle ignorait apparemment
422 ission perpétuelle — jusqu’à la crise de 1930. Il nous en reste une génération de gloires rapides et sans ampleur, des « nom
423 . Les gros romans sociaux de huit-cents pages que nous assènent les Céline, Aragon ou Plisnier sont bien plus des pamphlets
424 à des succès moins tapageurs, mais plus profonds. Nous avons à refaire un inventaire de l’homme, préparation modeste et néce
425 nis de, « Vers une littérature personnaliste », À nous la liberté, Paris, 20 mars 1937, p. 10. k. Rougemont a rendu compte
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
426 Marianne, il reprochait tout récemment à l’un de nos bons écrivains, M. Arnoux, de n’avoir pas su s’imposer « avec assez d
427 M. Vandérem : la « réinstallation complète » dont nous parlions ne demandera pas seulement des mois, ni même des années ou d
428 que l’avancement dans la vie : quelque chose que nous autres appelons, dans ce journal, une révolution. Quand les clercs en
429 pieds dans le plat et d’éclabousser les convives. Nous ferons notre pain nous-mêmes. l. Rougemont Denis de, « C’est jeune
430 e plat et d’éclabousser les convives. Nous ferons notre pain nous-mêmes. l. Rougemont Denis de, « C’est jeune », À nous la
431 mes. l. Rougemont Denis de, « C’est jeune », À nous la liberté, Paris, 10 avril 1937, p. 10.
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
432 les romaines sous un ciel doux. Au nord, derrière notre maison, c’est le rocher, la montagne brûlée. La maison : une ancienne
433 ur le versant nord d’un vallon qui vient mourir à notre hauteur sur la droite, tandis que le versant sud, avec ses restanques
434 d’oliviers, ferme l’horizon immédiat. Au sud-est, nous avons une échappée sur la fin de la vallée, la rivière et la plaine.
435 sible, massée au pied des rochers, en retrait sur notre gauche. À peine s’il nous en vient quelques rumeurs de gare, un coup
436 ochers, en retrait sur notre gauche. À peine s’il nous en vient quelques rumeurs de gare, un coup de trompe d’auto, des cris
437 relles, de telle sorte qu’on puisse y travailler. Nous faisons l’inventaire minutieux et le plan d’arrangement actuel de cha
438 endeloques de verre taillé. Fascinant, ce lustre. Nous sommes éreintés et couverts de poussière. Mais on va pouvoir respirer
439 La traduction d’un considérable ouvrage allemand nous permettra de passer trois mois ou quatre sans trop de soucis matériel
440 trevois déjà ce qu’ils appellent ici se nourrir : nos voisins n’ont sur leur table, quand on va les voir à midi, que des ch
441 s privilégiés, cela se sent à la manière dont ils nous parlent de quelques familles des environs qui n’ont pas la ressource
442 égère nuance de supériorité sociale chez Simard). Nos hôtes nous avaient signalé la famille d’un mineur retraité, dont la f
443 ce de supériorité sociale chez Simard). Nos hôtes nous avaient signalé la famille d’un mineur retraité, dont la femme fait d
444 — car je gagne à peu près 1.000 francs par mois — nous avons engagé la mère Calixte pour donner un coup de main le matin et
445 Mais bavarde ! De gré ou de force, c’est certain, nous saurons tout sur les gens de la ville… 5 octobre 1934 Petite cité tas
446 ue espoir vague et profond. Or tout ce que l’État nous apprend, par le moyen de l’école primaire entre autres, ridiculise et
447 et toujours vertes ; on ne les mange pas). Simard nous a indiqué une ferme, de l’autre côté de la colline du sud, où nous po
448 e ferme, de l’autre côté de la colline du sud, où nous pourrons acheter une provision d’« œillades ». C’est leur gros raisin
449 sion d’« œillades ». C’est leur gros raisin bleu. Nous y sommes allés hier au soir. Des hauteurs, on voyait la plaine rose e
450 la colline, déjà dans l’ombre, paraissait désert. Nous nous sommes assis sur la terrasse, au pied d’un grand micocoulier. Bi
451 lline, déjà dans l’ombre, paraissait désert. Nous nous sommes assis sur la terrasse, au pied d’un grand micocoulier. Bientôt
452 en noir. C’est la propriétaire, Madame Turc. Elle nous fait entrer. Pour la vente du raisin, il faut attendre sa fille qui v
453 champs, où elle travaille jusqu’à la nuit tombée. Nous sommes dans une cuisine de ferme mais la fermière nous reçoit comme u
454 sommes dans une cuisine de ferme mais la fermière nous reçoit comme une « dame », ou plutôt un peu mieux, avec une politesse
455 engagé de chômeurs, Monsieur, c’est un principe. Nous ne voulons que des ouvriers honnêtes. Pensez donc, deux femmes seules
456 a même chose. Elle a sans doute entendu parler de nous . Rien à faire : je suis un « monsieur ». La fille rentre : une forte
457 rte femme, environ 35 ans, un peu masculine. Elle nous conduit à la chambre de conserve des raisins. Pendant qu’elle fait la
458 temps de lire beaucoup ? — Oh, on le prend. Comme nous ne voyons jamais personne… (En France, cela étonne.) 16 octobre 1934
459 tion de tout cela dont le marxisme, justement, se doit de ne pas tenir compte. Un communiste traitera les dames Turc de « ko
460 l’heure des mauvaises nostalgies. ? Qui pourrait nous écrire une histoire des inventions de l’insomnie ? Ne serait-ce pas t
461 pas tout simplement l’histoire de la naissance de nos démons ? La nuit ne pose pas de questions immédiates. C’est pourquoi,
462 lles sur les gens. — Je vais chez les Calixte. On nous a dit que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une
463 re aussi. Elle me dit qu’elle a été assez mal. On devait lui retirer son linge toutes les deux heures. Quand elle sortait sa m
464 e une lessive à la maison pour remplacer sa mère. Nous manquons de corde pour étendre le linge ; elle imagine de le mettre à
465 grand tort de croire que rien au monde dépend de nous . Ceci vaut pour les femmes, qui sont la part la plus civilisée de la
466 relevé quelques chiffres dans un ouvrage sur A…, à la plume d’un de ses pasteurs à la retraite. En 1570, le mûrier, im
467 ? 21 novembre 1934 Leur langage. La mère Calixte devait faire notre lessive la semaine prochaine. Elle vient s’excuser : « Qu
468 1934 Leur langage. La mère Calixte devait faire notre lessive la semaine prochaine. Elle vient s’excuser : « Qui sait, Mada
469 sume un drame. Ce drame est celui du langage dans notre société présente. Et c’est encore une fois le drame de la culture. Qu
470 rai dire minuscule, qu’une évidence. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dan
471 qu’une évidence. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dans l’esprit populair
472 e. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dans l’esprit populaire des harmoniqu
473 llent dans l’esprit populaire des harmoniques que nous ne savons plus prévoir. Littéralement, les mots n’ont plus le même se
474 ns. Mais il est clair que le sens des termes dont nous usons doit subir des métamorphoses non moins effarantes. Travail, lib
475 est clair que le sens des termes dont nous usons doit subir des métamorphoses non moins effarantes. Travail, liberté ou uni
476 ion, richesse et pauvreté, tous ces vocables dont nous pensions qu’ils exprimaient les lieux communs sur quoi repose, tacite
477 le les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts, que chez nous . Leur résonance sentimentale est différente, et c’est pourquoi leur s
478 d’autorité sur l’esprit de la lettre. Aussi bien nous parlons au hasard, pour ne pas dire dans le vide (il vaudrait mieux q
479 oit le vide, dans bien des cas), quels que soient nos efforts vers la rigueur et vers l’adaptation de notre style à notre a
480 s efforts vers la rigueur et vers l’adaptation de notre style à notre action. On serait même tenté d’estimer que la plus gran
481 la rigueur et vers l’adaptation de notre style à notre action. On serait même tenté d’estimer que la plus grande rigueur ent
482 « le public ». Cette vie spirituelle et ce public nous posent des exigences dont il faut admirer qu’elles soient aussi exact
483 tant. Mais pour une causerie sur un sujet neutre, nous en avons toujours dans les 40 à 50. Et une fois qu’ils sont là, on pe
484 lques retraités qui « travaillent le mazet » dans nos parages, un ou deux cultivateurs, les trois instituteurs. Le pasteur
485 es instituteurs. Il s’agissait de « l’histoire de notre département ». La discussion n’a vraiment démarré que lorsqu’on s’est
486 e, et cela rend les échanges bien pauvres…) Quand nous nous sommes levés pour sortir, le facteur ronflait, le front sur un d
487 cela rend les échanges bien pauvres…) Quand nous nous sommes levés pour sortir, le facteur ronflait, le front sur un dossie
488 es d’odeurs dès que le vent cesse de les balayer. Nous sommes installés au presbytère sur une galerie d’où l’on domine un am
489 mine un ample paysage horizontal. La plaine est à nos pieds, des Cévennes grises au nord jusqu’à l’horizon des collines ver
490 paroissiens. Mais s’ils sont communistes, ils ne doivent tout de même pas faire partie de votre église, pratiquement ? — C’est
491 la place à traverser. — ??? — Oui, vous savez que nos temples du Midi sont construits en général sur la place du village. E
492 lève et résume le débat : « En somme, dit-il, si nous ne croyons pas en Dieu, nous autres, ce serait que nous sommes trop o
493 En somme, dit-il, si nous ne croyons pas en Dieu, nous autres, ce serait que nous sommes trop orgueilleux ? » En général, on
494 e croyons pas en Dieu, nous autres, ce serait que nous sommes trop orgueilleux ? » En général, on peut dire que les communis
495 s contemporains. Au fond, ils en ont peur. Or ils devraient n’avoir peur que de Dieu, et des vocations bouleversantes qu’il arriv
496 es vocations bouleversantes qu’il arrive que Dieu nous adresse. C’est un comique profond, lugubre et déprimant que celui du
497 rire des dieux du monde est assez héroïque, dans notre monde, pour qu’il soit vain de chercher mieux. 12 janvier 1935 Ces c
498 arriérés, quoi. Ils n’ont pas l’instruction comme nous autres. » Arriérés, illettrés. Je n’en suis plus au temps où j’approu
499 une situation bien définie dans le corps social). Nous sommes méprisés dans la mesure où nous sommes intellectuels, et accep
500 s social). Nous sommes méprisés dans la mesure où nous sommes intellectuels, et acceptés — ou utilisés — dans la mesure où n
501 ls, et acceptés — ou utilisés — dans la mesure où nous réussissons à nous faire passer pour des bourgeois ou des défenseurs
502 u utilisés — dans la mesure où nous réussissons à nous faire passer pour des bourgeois ou des défenseurs du prolétariat. 17
503 son copain : Pour moi, c’est un fasciste ! Toutes nos confusions politiques résumées dans cette petite phrase ! Je me dis :
504 une situation matérielle. Il est entendu qu’on ne doit pas parler de « questions matérielles » dans une société distinguée.
505 uns contre les autres. Et qui, ou quoi, pourrait nous en guérir ? — Commençons par nous avouer, passons outre à nos vieille
506 quoi, pourrait nous en guérir ? — Commençons par nous avouer, passons outre à nos vieilles pudeurs : c’est le début de la c
507 r ? — Commençons par nous avouer, passons outre à nos vieilles pudeurs : c’est le début de la cure. Ensuite il faudra essay
508 de la cure. Ensuite il faudra essayer de réviser nos préjugés en fonction du vrai but de notre vie, de nous refaire une hi
509 e réviser nos préjugés en fonction du vrai but de notre vie, de nous refaire une hiérarchie éthique, et de rendre ainsi à l’a
510 préjugés en fonction du vrai but de notre vie, de nous refaire une hiérarchie éthique, et de rendre ainsi à l’argent son rôl
511 de Bouillargues, prouvant à la face du monde que nos militants héroïques n’ont pas perdu leur peine depuis 89 ! Oui, dis-j
512 nthousiasmes aux soins que réclame la vieillesse. Notre opinion publique, à en croire les journaux, est actuellement dominée
513 sa canne le bout des souliers : « Tu m’entends ? Nous ôtres, nous allons vous passer à tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit
514 bout des souliers : « Tu m’entends ? Nous ôtres, nous allons vous passer à tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit l’homme, si
515 me, si vous y arrivez, c’est bien votre droit ! —  Notre droit ? Peuchère, c’est notre devoir ! (Il glousse d’un air malin). —
516 ien votre droit ! — Notre droit ? Peuchère, c’est notre devoir ! (Il glousse d’un air malin). — On sait bien, dit le communis
517 tre droit ! — Notre droit ? Peuchère, c’est notre devoir  ! (Il glousse d’un air malin). — On sait bien, dit le communiste, que
518 ! — Les gros ! mon bon. Mais c’est donc vous, qui nous pressez toute notre argent, depuis quatre ans que vous l’avez, le pou
519 bon. Mais c’est donc vous, qui nous pressez toute notre argent, depuis quatre ans que vous l’avez, le pouvoir ! » L’autre se
520 ile. Elle n’a qu’un argument très puissant contre nous  : sur qui et sur quoi tablez-vous ? nous dit-elle, sur quelle classe,
521 t contre nous : sur qui et sur quoi tablez-vous ? nous dit-elle, sur quelle classe, sur quels intérêts ? — Nous comptons sur
522 t-elle, sur quelle classe, sur quels intérêts ? —  Nous comptons sur l’effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites-v
523 et qu’on m’avait laissé ignorer : une belle-mère. Nous apprenons son existence en même temps que l’imminence de sa mort — et
524 ’esprit du lecteur philosophe. Déjà huit mois que nous sommes ici, et combien de fois ne sommes-nous pas entrés dans la gran
525 que nous sommes ici, et combien de fois ne sommes- nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur
526 entrés dans la grande cuisine qui était, pensions- nous , tout leur logis — nous avions cru comprendre que les autres pièces é
527 isine qui était, pensions-nous, tout leur logis —  nous avions cru comprendre que les autres pièces étaient vides ou ne serva
528 e servaient que de débarras —, et rien ne pouvait nous faire soupçonner cette présence à côté. Hier matin, la mère Calixte a
529 fois par jour, le bruit d’effroyables discussions nous parvient de la cuisine des Simard. Un beau-frère est arrivé, et on pa
530 nus discuter dans la remise qui est au-dessous de notre chambre, et leurs éclats de voix nous ont plusieurs fois réveillés. 1
531 dessous de notre chambre, et leurs éclats de voix nous ont plusieurs fois réveillés. 18 mai 1935 … Et un beau jour, plus moy
532 ince deviendra vivable. La révolution sera faite. Nous reviendrons… — Demain, il faut remettre en place les aquarelles, les
533 uéridons et les dessus de cheminée. Après-demain, nous partons. Nous fuyons. 27. Monsieur X… « orateur distingué », disait
534 s dessus de cheminée. Après-demain, nous partons. Nous fuyons. 27. Monsieur X… « orateur distingué », disait la convocatio
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
535 sociale-démocrate — écrit Lénine en 1905 déjà ! —  doit devenir une littérature de Parti. » Et Staline fait écho, trente ans
536 l’Académie de l’Armée rouge, il s’écrie : « Chez nous , dans les circonstances actuelles, les cadres décident de tout ! » Co
537 sur l’Alsace-Lorraine : Vous avez pu germaniser nos plaines Mais notre cœur — vous ne l’aurez jamais ! Dans un article
538 ine : Vous avez pu germaniser nos plaines Mais notre cœur — vous ne l’aurez jamais ! Dans un article de 1922, il loue cep
539 meure le poète le meilleur, le plus talentueux de notre époque soviétique. L’indifférence à sa mémoire et à ses œuvres est un
540 à l’échelle de son empire national-socialiste. À nous de relever la vraie défense de la culture, et d’une culture créatrice
541 enis de, « Lénine, Staline et la littérature », À nous la liberté, Paris, 17 avril 1937, p. 10.
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
542 même ! ») Mais je vois bien qu’ils exagèrent : si nous étions de purs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ombre es
543 u’ils exagèrent : si nous étions de purs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante de la
544 e évidence assez pauvre : l’ombre est le fait, en nous , de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, et cet infortuné
545 e assez pauvre : l’ombre est le fait, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, et cet infortuné Schlemihl
546 sais quoi qui n’est rien et devient l’essentiel, notre philistin méconnu se voit chassé de la communauté des siens. Et par s
547 e. C’est à cela qu’il s’occupe en Thébaïde, quand nous perdons sa trace. Résumons : complexe d’infériorité, délire de perséc
548 eproche pour ma part à la psychanalyse de flatter notre propension à localiser les symboles. Car, pour la vie spirituelle, il
549 sûr que du tout ? Ceci dit, la psychanalyse peut nous donner des descriptions utiles, et quelques « trucs » d’observation.
550 considéré comme anormal dans sa vie sexuelle »37. Nous venons de voir que Schlemihl est le type même de l’inadapté, — celui
551 acé. D’une incompatibilité sociale aussi absolue, nous devrions déduire, semble-t-il, une aberration maximum. Pour confirmer
552 D’une incompatibilité sociale aussi absolue, nous devrions déduire, semble-t-il, une aberration maximum. Pour confirmer notre so
553 mble-t-il, une aberration maximum. Pour confirmer notre soupçon sur la nature de cette aberration, il conviendrait de rappele
554 e à des Nordiques qu’à des Méridionaux, pourrions- nous ajouter avec toutes les réserves qu’on voudra, mais en nous souvenant
555 er avec toutes les réserves qu’on voudra, mais en nous souvenant de la question que nous posait l’origine germanique du myth
556 voudra, mais en nous souvenant de la question que nous posait l’origine germanique du mythe38. Dès le début, j’avais pressen
557 térieure. » Une lecture plus poussée de Paracelse devait bientôt m’apprendre, avec bien d’autres choses curieuses et profondes
558 t le principe d’activité vitale répandu dans tous nos organes. Elle figure le « miroir auquel la nature se regarde en nous.
559 figure le « miroir auquel la nature se regarde en nous . » Elle est ainsi l’agent microcosmique, la puissance même de notre c
560 ainsi l’agent microcosmique, la puissance même de notre créativité dans tous les ordres. Elle est ce qu’il y a de plus noble
561 uoi se ramène tout ce qui est vraiment grave dans notre vie ; et la fameuse « question sexuelle » ne tire son importance déme
562 ce qui, en moi, m’est étranger). Revenons alors à notre mythe : la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or
563 e. Suite et fin de la fable Peter Schlemihl nous apparaît maintenant une émouvante et très précise description de l’in
564 nvites à la métamorphose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est le paradoxe génial, l’audace comme malgré soi re-créatr
565 mateurs d’absurdités lyriques, j’en suis parfois, devraient se garder d’affadir une telle œuvre, n’y admirant à leur coutume qu’u
566 bole en bottes de sept lieues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son hom
567 ience » si l’on voulait en faire une règle, comme nous en menacent les conformismes totalitaires ? On ne peut accepter une «
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
568 ce beau vertige de liberté. Depuis six jours que nous sommes arrivés, je n’ai lu que les Règles de Descartes, comme on fera
569 avec les gens. — Le village se termine au bout de notre jardin. Passé la porte, on enfile une petite rue toute blanche qui co
570 i. Elle corrige la mauvaise humeur que m’a donnée notre épicière. Car il faut bien, hélas, commencer par l’épicière, quand on
571 l’hiver ? — C’est plutôt en été qu’on vient chez nous , me fait-elle prudemment observer. — Je le sais bien, madame Aujard,
572 ce pays… Je l’ai laissée en plein mystère. Elle a en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence, le
573 à verser sans délai la somme de Fr. 67.25 restant due sur l’envoi de ce matin. En effet, Pédenaud, qui a voulu en avoir le
574 trait de lumière. Lundi dernier, au petit matin, nous nous sommes réveillés couverts de puces. J’exagère à peine : pour mon
575 t de lumière. Lundi dernier, au petit matin, nous nous sommes réveillés couverts de puces. J’exagère à peine : pour mon comp
576 mon pyjama dans l’espace de deux minutes, ce qui doit constituer une sorte de record. D’autres sautaient sur le couvre-pied
577 enais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomèn
578 e la mère Renaud était venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on
579 beau porter un nombre excessif de jupons, cela ne devrait pas suffire à rendre vraisemblable une hypothèse à ce point injurieus
580 ble une hypothèse à ce point injurieuse. Pourtant nous n’en trouvions pas d’autres. Or, peu de jours auparavant, un petit hé
581 it très vite, il avait l’air malade. Le lendemain nous le trouvions mort. Et je l’avais oublié là, sans sépulture, caché sou
582 ise. Grâce à Colette, je sais maintenant pourquoi notre chambre était pleine de puces. Cela n’a l’air de rien, mais je vois l
583 ien, mais je vois là comme un symbole. Les livres devraient être utiles. 23 décembre 1933 J’écris ceci sur une table de café. À t
584 ux port de cette vieille ville, la plus proche de notre île, et où nous devons encore passer deux heures en attendant le dépa
585 vieille ville, la plus proche de notre île, et où nous devons encore passer deux heures en attendant le départ de l’autobus
586 le ville, la plus proche de notre île, et où nous devons encore passer deux heures en attendant le départ de l’autobus pour Ta
587 attendant le départ de l’autobus pour Taillefer. Nous sommes attablés ici depuis un bon moment déjà, tout contents de revoi
588 ournal. Tout d’abord, j’ai à constater l’échec de notre première tentative d’autonomie. Je ne suis pas arrivé à gagner assez
589 e ne suis pas arrivé à gagner assez vite ce qu’il nous fallait pour subsister après l’épuisement de notre réserve. J’ai trav
590 nous fallait pour subsister après l’épuisement de notre réserve. J’ai travaillé beaucoup, mais je ne serai pas payé avant un
591 t à venir, j’ai accepté l’invitation d’un ami qui nous offre de passer trois semaines chez lui. Il habite à une petite journ
592 lui. Il habite à une petite journée de voyage de notre île. La leçon pratique de cette première expérience de deux mois, c’e
593 usanne, paraîtra très prochainement un ouvrage de notre compatriote, l’excellent écrivain neuchâtelois Denis de Rougement :
594 aisance du directeur de la Guilde, M. A. Mermoud, nous sommes en mesure d’offrir à nos lecteurs la primeur de quelques pages
595 , M. A. Mermoud, nous sommes en mesure d’offrir à nos lecteurs la primeur de quelques pages de ce livre. Dans ces pages, l’
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
596 me rappelle un bout de conversation que j’aurais noter plus tôt. Le monsieur rencontré dans l’autocar de Taillefer vou
597 la société. Vous avez le temps de réfléchir et de nous faire part de vos lumières, et sans vous, où irions-nous donc, nous q
598 ire part de vos lumières, et sans vous, où irions- nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ? » — Comptez, monsieur, lui
599 vos lumières, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ? » — Comptez, monsieur, lui dis-je, qu
600 s milliardaires ou des saints. Croyez-moi, ce que nous vous donnons, c’est justement ce qui nous manque, et quand vous aurez
601 ce que nous vous donnons, c’est justement ce qui nous manque, et quand vous aurez compris cela, vous cesserez, je le crains
602 trer ce que l’on peut appeler sa « doctrine », en nous donnant, sous le titre de Journal d’un intellectuel en chômage, un re
18 1937, Articles divers (1936-1938). « Subjectivité et transcendance », Lettre de M. Denis de Rougemont (décembre 1937)
603 ment du divin, du sacré. Mais votre communication nous oriente utilement vers une nouvelle analyse de la transcendance dans
19 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
604 rsaire convient à M. Pierre Beausire. Il approuve notre réaction (qu’il dit « parfaitement justifiée ») ; et quand il énumère
605 « parfaitement justifiée ») ; et quand il énumère nos réclamations, il ajoute en parlant de leurs auteurs : « On ne peut qu
606 e et les approuver. » En somme, il se rangerait à nos côtés pour l’essentiel de ce que nous avons dit dans notre numéro spé
607 rangerait à nos côtés pour l’essentiel de ce que nous avons dit dans notre numéro spécial81. S’il nous attaque, c’est sur d
608 és pour l’essentiel de ce que nous avons dit dans notre numéro spécial81. S’il nous attaque, c’est sur des points que nous n’
609 nous avons dit dans notre numéro spécial81. S’il nous attaque, c’est sur des points que nous n’avons pas abordés, et sur de
610 al81. S’il nous attaque, c’est sur des points que nous n’avons pas abordés, et sur des thèses que je souhaite qu’aucun de no
611 és, et sur des thèses que je souhaite qu’aucun de nous ne soutienne jamais. Précisons. ⁂ « Au nom de quel principe s’insurge
612 mes choisis par M. Beausire lui-même pour définir notre attitude, je dirais : Le personnalisme, c’est l’amour concret des hom
613 s par les tyrannies que l’on sait. Mais tout ceci nous maintiendrait encore dans le seul plan « moral » où M. Beausire nous
614 encore dans le seul plan « moral » où M. Beausire nous situe, par un réflexe bien romand ; (qu’il me pardonne !). Le personn
615 centrale de l’Occident, l’élément civilisateur de notre civilisation, le caractère spécifique de la pensée et de la vie des h
616 contraires au génie de l’Occident. Ces puissances nous ont obligés, par leurs menaces instantes et brutales, à prendre une c
617 à prendre une conscience active de ce qui, depuis nos origines, n’était que le sous-entendu de tous nos efforts créateurs.
618 nos origines, n’était que le sous-entendu de tous nos efforts créateurs. Cette prise de conscience active s’est effectuée d
619 rmes catholiques et en termes proudhoniens ; chez nous , en termes surtout protestants ; en Espagne, avant l’invasion des idé
620 celle qui agit, et non celle qui endort — donne à notre attitude son sens dernier. Beaucoup de mes camarades, la majorité mêm
621 et, en manifestant la noblesse de leur caractère, nous délivrent du triste spectacle que nous avons sous les yeux. » Car la
622 caractère, nous délivrent du triste spectacle que nous avons sous les yeux. » Car la noblesse qu’il nous suppose, purement «
623 nous avons sous les yeux. » Car la noblesse qu’il nous suppose, purement « morale », sentimentale, idéaliste, ne saurait suf
624 aurait suffire à la tâche. « Le peuple a besoin —  nous dit l’auteur — de chefs d’une souveraine dignité, d’une intelligence
625 aît de tels chefs, ou désire en devenir un, qu’il nous amène ce précieux renfort, et nous le saluerons d’un vivat ! Nous sau
626 enir un, qu’il nous amène ce précieux renfort, et nous le saluerons d’un vivat ! Nous saurons très bien nous entendre avec t
627 écieux renfort, et nous le saluerons d’un vivat ! Nous saurons très bien nous entendre avec tous ceux qui veulent sauver non
628 le saluerons d’un vivat ! Nous saurons très bien nous entendre avec tous ceux qui veulent sauver non point nos âmes — c’est
629 endre avec tous ceux qui veulent sauver non point nos âmes — c’est l’affaire de Dieu seul — mais bien la possibilité de viv
20 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
630 n pratique. Le « tout ou rien » qui est sa devise devait fatalement le conduire au refus d’une perspective de bonheur dans laq
631 st des évangiles. ⁂ Toute mon activité d’auteur — nous dit-il dans son Point de vue explicatif sur mon œuvre — se rapporte à
632 est bien d’un véritable témoin de la vérité qu’on nous parle — et puis enfin crucifié, décapité, brûlé ou rôti sur un gril,
633 sa mort et son enterrement, et l’évêque Nynster, nous dit-on, fut un des vrais témoins de la vérité ! En vérité, il y a que
634 -même, de tout son être. Et il savait ce que cela devait lui coûter. Car le monde ne tolère jamais la passion spirituelle qui
635 Mais cette seule chose nécessaire s’oppose à tous nos conformismes, et même à nos plus hauts désirs. Il est désespéré, mais
636 saire s’oppose à tous nos conformismes, et même à nos plus hauts désirs. Il est désespéré, mais c’est à cause de la foi. Et
637 émiques. Et tout d’un coup on s’aperçoit qu’elles nous jettent en plein drame de l’existence. Kierkegaard déconsidère le sér
638 crivain d’aujourd’hui n’a même plus l’idée. Un de nos meilleurs auteurs déclarait récemment que le palais de Versailles man
639 rsailles manque de sérieux. C’était bien vu. Mais notre auteur était-il sérieux lui-même en écrivant cela, ou bien faisait-il
640 éfinitive dans le seul acte de foi, qui jette sur nos sérieux, poses et amusettes (ou « plaisirs » comme on dit non sans gr
641 loppement promis à l’influence de Kierkegaard sur notre temps : on le redécouvre après cent ans, on le traduit partout, on pu
642 omme la plus formidable accusation vivante contre nos lâchetés collectivistes, nos compromis spirituels, nos passions court
643 ation vivante contre nos lâchetés collectivistes, nos compromis spirituels, nos passions courtes et agitées. Sur une pierre
644 âchetés collectivistes, nos compromis spirituels, nos passions courtes et agitées. Sur une pierre de cimetière danois, on p
645 t et le message d’amour de Kierkegaard traversent notre âge comme cette pierre et ce mot gravé qui ne cessent de nous accuser
646 me cette pierre et ce mot gravé qui ne cessent de nous accuser dans leur silence d’éternité. 82. « Alléluia » : Louez l’Ét
21 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
647 t (Sermon sur la mort, 22 mars 1662). Que dirions- nous alors du sort fait à celui qui doit se montrer aux hommes tel qu’il e
648 . Que dirions-nous alors du sort fait à celui qui doit se montrer aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire que l’homme en
649 de se comparer aux seuls humains que le métier ou notre rang social nous met en mesure d’approcher. L’épreuve décisive est ce
650 seuls humains que le métier ou notre rang social nous met en mesure d’approcher. L’épreuve décisive est celle que l’on subi
651 que l’on subit au contact de voisins que rien en nous , que rien dans notre vie n’attendait et ne prévoyait. Ce n’est qu’au
652 ontact de voisins que rien en nous, que rien dans notre vie n’attendait et ne prévoyait. Ce n’est qu’au prix d’un désordre so
653 ans une symétrie impeccable. Mais tout l’effet de notre labeur risque d’être détruit par une odieuse malice du sort. Nous avi
654 ue d’être détruit par une odieuse malice du sort. Nous avions descendu du deuxième un lourd sommier pour en faire un divan.
655 descente s’était opérée sans trop de mal lors de notre arrivée. Mais nous n’avions pas prévu la remontée ! Épuisés par une d
656 érée sans trop de mal lors de notre arrivée. Mais nous n’avions pas prévu la remontée ! Épuisés par une demi-heure d’efforts
657 a cage d’escalier — au surplus fortement rayées — nous avons couru implorer l’aide de Simard. « Ce cochon-là » refuse, préte
658 s l’escalier comme témoin des bouleversements que nous avons infligés à la maison. Pas question d’aller quérir du renfort à
659 ant de mauvaises raisons qui sont plus fortes que nous tous. — Et alors, dira-t-on : « Faire la révolution ! » — Ce substitu