1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 ence la plus sobre de notre humaine condition. On dirait qu’il incite ses héros à pratiquer contre la vie bourgeoise une espèc
2 et à tant d’égards exclusives… Il y aurait fort à dire là-dessus… Mais en voilà sans doute assez pour faire entrevoir au lec
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
3 er 1936)c « Toute mon activité d’auteur — nous dit Kierkegaard — se rapporte à ce seul problème : comment devenir chréti
4 n. Comment marcher, s’il n’existe pas de chemin ? disent -ils dans leur suffisance — car on appelle ainsi leur anxiété. En véri
5 hemin ». Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit le Christ. 1. La vérité est le chemin Christ est la Vérité dans
6 lors les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de tout pouvoir, s’
7 ue prophétique Qu’est-ce que prophétiser sinon dire la Parole qui détermine notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que
8 qui détermine notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi n’existe que dans l’acte, et cet acte devient
9 la parole qui les conduira au martyre. La Parole dite est leur chemin, leur vérité et leur vie dans ce monde ; ils meurent
10 t leur vie dans ce monde ; ils meurent de l’avoir dite , et n’ont pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre,
11 re tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons -nous, n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question demeure
12 dans la confiance et l’inquiétude, — on pourrait dire , dans une sorte d’humour — dans l’aventure de celui que rien ne protè
13 éternité avec notre durée, et l’on n’en peut n’en dire sinon qu’il s’est produit, et qu’il peut se produire sans que rien y
14 , une voix crie au prophète11 : « Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a
15 ntinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nui
16 son temps n’est plus son péché, mais on pourrait dire  : sa patience. Car il se tient où Dieu l’a mis, et ce n’est plus une
17 se faire pasteur de campagne, par exemple. C’est, dit -il, que sa consigne est de « tenir bon en souffrant ». Le presbytère
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
18 1936)e Je ne trouve pas ce jeu juste du tout, dit Alice. Ils se disputent tous tellement qu’ils vous assourdissent. Ils
19 e par tous les clercs européens. On ne saurait en dire autant du langage de nos bons écrivains. Car non seulement il est mal
20 endu par la grande masse des lecteurs ordinaires, disons des lecteurs de journaux, mais encore il s’est divisé en une foule de
21 veulent défendre « l’esprit » contre les menaces dites matérialistes, je constate qu’on entend par ce mot tantôt l’intellige
22 t au plus triplé, et c’est sans doute encore trop dire . Racine avait un millier d’auditeurs ; Valéry, Claudel, Gide, Péguy n
23 trôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. On a dit que cette « seconde zone culturelle » préparait peu à peu un public p
24 paroles en plus grand nombre que jamais, et ne se disent rien qui compte. « Paroles vaines, serments faux ! » Or, quand la par
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
25 éger retard sur l’événement !) par des nécessités dites « dialectiques »… Les communistes sincères comprendront-ils que cette
26 urir à un autre ordre d’arguments : ceux que l’on dit « matérialistes ». Ce seront d’une part la violence prolétarienne, d’
27  » se gardent bien de toucher à l’extérieur. Marx dira donc, contre eux, qu’il faut d’abord transformer l’extérieur — et le
28 ste suivra nécessairement. Pour sauver le reste — disons  : la culture, l’esprit, et l’âme si l’on y tient — il faut commencer
29 ristianisme n’est pas un programme ; ni, comme le disent certains primaires marxistes, une « idéologie » ; ni une tactique, ce
30 tôt d’une attitude. Et d’une attitude totale. (Je dirais bien totalitaire, si le mot n’avait été pareillement perverti par les
31 stituent la révolution la plus radicale qui soit, disons mieux : la seule radicale. Et toutes les autres, dans notre Occident
32 pas de vérités « purement théologiques » comme le dirait un incroyant. Que servirait à l’homme, tel que le voit le chrétien, d
33 la conscience prolétarienne. Déviation grossière, dira-t -on ; mais pouvait-elle être évitée ? Marx n’avait-il pas dit qu’il fa
34 is pouvait-elle être évitée ? Marx n’avait-il pas dit qu’il fallait commencer par changer l’ordre matériel, l’ordre des cho
35 ôtre avait placé la lutte sur ce terrain que l’on dit réaliste, à supposer que le « parti chrétien » eût triomphé, rien ne
36 . Trop beau tout cela ! Trop beau pour être vrai, dit le marxiste. (Chrétien, changé, je suis encore assez « vieil homme »
37 pêche la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire à notre honte, à nous chrétiens : ces reproches apparaissent justifié
38 seul à protester contre le monde tel qu’il va. On dira  : c’est d’abord qu’il a su rejeter sur l’oppression capitaliste, trop
39 dans les mêmes termes que la réaction. Mais ceci dit , et maintenu, il reste qu’en doctrine, et indépendamment de toutes no
40 e foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’a pas impunément, et si on
41  ! Drôle d’aventure, pour un dialecticien ! Si tu dis que le chrétien est celui qui ne fait rien, tu prouves simplement que
42 Je ne critique pas une erreur contingente. Je ne dis pas : vous n’êtes pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, dès l
43 ne dis pas : vous n’êtes pas assez marxistes ! Je dis  : dès le départ, dès l’origine doctrinale, intrinsèquement, et dans l
44 ntends bien : le chrétien véritable…) Le marxiste dit  : « Je ne table pas sur une foi dans l’invisible, mais sur des faits
45 rice. C’est ici la raison profonde des déviations dites « réformistes » ou « étatistes » de la révolution matérialiste. Pour
46 -être du prochain, suffit à compléter, si je puis dire , l’action proprement religieuse. Et j’entends bien que les sacrifices
47 tre eux s’en désintéressent pratiquement ? Ils me disent  : « On ne peut pas tout faire ! Quand beaucoup d’hommes seront changé
48 nir, s’il ne veut pas rester l’objecteur que j’ai dit  ? Un protestant, et je précise : un calviniste, doit être ici en mesu
49 s, dévié. « Malheur à moi si je n’évangélise ! », disait l’Apôtre. Malheur à moi si je refuse de réaliser l’Évangile dans tous
50 la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n’a jamais dit autre chose, contrairement aux affirmations de polémistes ignorants,
51 ce du christianisme. » Je note ici, à l’appui des dires de de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon a été fondé par un
52 n a été fondé par un chrétien, Kagawa. 53. Je ne dis pas « les conditions physiques et spirituelles en ce qu’elles ont de
53 ce de l’esprit. En somme, tout l’essentiel ! — Je dis que toute doctrine qui ne tient pas compte d’une de ces conditions co
54 t pas de manière à frapper les regards et l’on ne dira pas : il est ici, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume de D
55 arence : la politique, nos affaires, nos intérêts dits matériels, et ceux des autres ! Exemple typique : l’auteur d’un des c
56 raite pas de menteurs, d’hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant qu’ils approuvent la politique de Staline et ses moyens, c
57 porter ici un jugement quelconque sur les groupes dits d’Oxford. Je ne les cite qu’au seul titre d’exemple topique. 61. Le
58 ration du document ne fait pas de doute. « C’est, dit F. de Schickler, une constitution très serrée en toutes ses parties,
59 . L’URSS est le seul État totalement totalitaire, disait récemment Victor Serge, écrivain communiste d’opposition, au retour d
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
60 que rien en eux ne semblait préparer. On peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas eu d’histoire sans la promesse que D
61 , non seulement entre les personnes du commun qui disent chacun au hasard ce qui leur vient dans l’esprit ; mais entre les phi
62 s les plus hautes dans un vêtement quotidien ; on dirait  : un vêtement de travail. Cette « pauvreté » philosophique — mais qua
63 Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’est d’une double manière : parce qu’
64 n Commentaire sur l’Épître aux Romains. Et Calvin dit du même verset que c’est « une fort belle sentence ». Ainsi la vocati
65 II, 26.) Le sort du monde, et l’on pourrait même dire  : la date de son salut final, dépend ainsi de la conversion des Juifs
66 onde raison des sentiments « ambivalents », comme dirait Freud, qu’ont eus de tout temps les chrétiens à l’égard du peuple d’I
67 ue ne dépend ni de nous seuls, ni d’eux seuls. On dit  : les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de no
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
68 té du serf arbitre (1937)o Luther inconnu Dire qu’on ignore Luther en France serait exagérer, mais dans le sens cont
69 sure et la sérieuse information théologique… Ceci dit , il est juste d’insister sur la grande valeur des travaux de quelques
70 fessés MM. Jean Baruzi et E. Gilson, pour ne rien dire — mais cela va de soi — de l’activité des professeurs de dogmatique l
71 , excité (bien plutôt que « désarmé » comme il le dit aux premières pages) par les procédés de l’humaniste et du sceptique
72 re que Calvin et Luther ont fait leur temps — que dire de Paul, bien plus ancien — tous ceux qui tiennent la prédestination
73 it d’ailleurs du chef d’un grand mouvement (comme dirait le jargon d’aujourd’hui), tout est fait, dans notre Traité, pour heur
74 é tout, que je les fais librement, et tu viens me dire qu’elles sont prévues ! Et prévues par un Dieu éternel, qui alors se
75 nement ! Il faudra donc choisir : Dieu ou moi. Je dirai  : moi. Dussè-je tuer Dieu, comme Nietzsche a proclamé qu’il avait fai
76 peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qu
77 quelque chose d’immobile, de statique ? Qui nous dit qu’elle n’est pas au contraire la source de tout acte et de toute cré
78 de la prière. « Demandez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Die
79 retournons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit  : la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croi
80 ptés le Credo et son fondement, qui est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or, cette Parole e
81 té conditionnelle et nécessité absolue, comme ils disent  », et ce ils désigne « les sophistes », c’est-à-dire les scolastiques
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
82 rit s’est dégagé des coordonnées du moment, c’est dire que son exercice n’engage plus à rien, concrètement. D’où ce sentimen
83 e à ses dépens. On peut continuer la métaphore et dire que la pensée dont nous souffrons est une pensée débrayée. Un moteur
84 s la plus effroyable anarchie matérielle. On nous dira que, cependant, si le désordre du monde est réel, il se peut qu’il pr
85 , avant toute analyse, dans le sentiment que nous disions tout à l’heure éprouver en face d’une conception purement critique, o
86 rrions-nous maintenant en rendre compte ? Nous ne disons pas : comment pourrions-nous le définir, nous disons seulement — et l
87 ons pas : comment pourrions-nous le définir, nous disons seulement — et littéralement — comment pourrions-nous faire comprendr
88 photo comme la description d’un acte. On pourrait dire tout au plus (métaphoriquement) que l’acte révélé par le cliché, c’es
89 e type, sur un de ces « a priori de fait », comme dirait Heidegger. Toute tentative de définition de l’acte lui-même supposera
90 s dans un savoir qui exige sa réalisation. » Nous dirions en d’autres termes : l’acte n’est pas un problème, mais une donnée in
91 re même. Cela n’entraîne pas qu’on ne puisse rien dire des réactions psychologiques à l’acte « as it’s known as », réactions
92 tre le vouloir et le pouvoir. On pourrait presque dire que c’est la sensation de l’unité, ou, plus exactement, de son accomp
93 effets immédiats. Car nous croyons en avoir assez dit pour pouvoir affirmer qu’il n’y a pas de transition entre l’acte et s
94 ’il y ait pour cela de « médiation ». On pourrait dire , paradoxalement : il n’y a de transition que par l’acte, mais l’acte
95 s isolé de son caractère agonique. Ce n’est pas à dire que la lumière et les ténèbres soient données avant l’acte, car sinon
96 out pour nous, mais constitue, comme nous l’avons dit , le point de départ nécessaire, la supra-rationalité la plus favorabl
8 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
97 e, et dans les couches profondes de la nation. Je dis que la crise de la culture est dans la rue. Je dis que la culture fai
98 is que la crise de la culture est dans la rue. Je dis que la culture fait le trottoir. Et que c’est la politique qui s’est
99 humaine, vous passerez bientôt pour fasciste. On dit que les mots n’ont plus de sens. Ce serait trop beau, ce serait trop
100 ns contraire à celui de l’usage courant. (Staline dit  : « Je ne suis pas un dictateur » ; Mussolini fait la conquête de l’É
101 longtemps à départager les opinions réelles : on disait liberté à gauche, patrie et autorité à droite. Mais la surenchère pol
102 enue à ce point que, par une double démagogie, on dit aujourd’hui liberté et autorité à droite ; patrie, autorité et libert
103 que, qui a tourné en mystique, parle pour ne rien dire ou pour dire autre chose que ce qu’elle dit. On se demande pourquoi,
104 urné en mystique, parle pour ne rien dire ou pour dire autre chose que ce qu’elle dit. On se demande pourquoi, dans de telle
105 rien dire ou pour dire autre chose que ce qu’elle dit . On se demande pourquoi, dans de telles conditions, l’on s’obstinerai
9 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
106 e et souterraine, tant qu’ils ont quelque chose à dire . Mais nos romanciers d’après-guerre, qu’ont-ils à dire ? Dans quel se
107 Mais nos romanciers d’après-guerre, qu’ont-ils à dire  ? Dans quel sens entendent-ils agir sur les mœurs de leurs contempora
108 sur la vie privée du lecteur. Ils ne veulent rien dire , mais, pourtant, ils disent ! En d’autres termes, ils influencent au
109 ur. Ils ne veulent rien dire, mais, pourtant, ils disent  ! En d’autres termes, ils influencent au hasard, gratuitement, d’une
10 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
110 és aux petites histoires de leur milieu… »). On a dit  : le chapitre est bâclé. Je me demande si l’époque méritait mieux. Ép
11 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
111 complète demandant des mois. On ne saurait mieux dire que le mal est aussi grave que je l’indiquais. Et si l’on en doutait
112 aire une œuvre, de croire qu’on a quelque chose à dire  ; le but de l’écrivain, c’est de s’imposer avec force au Public. Et c
12 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
113 e et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent  : « Allons-nous-en », et restent faute d’imagination. Et pourtant il
114 rtir : la France a des milliers de maisons vides. Dites autour de vous que vous en cherchez une, et vous en trouverez pour ri
115 mment active. Bonne protestante et qui tient à le dire . Sa cordialité demeure digne, trait notable à partir des Cévennes. Ma
116 s, d’ailleurs importé d’URSS, et récemment. On me dit qu’ici trois maisons seulement, sur 200, ont l’eau courante. Les femm
117 de l’arrêt des autocars. Pittoresque, on peut le dire … 8 octobre 1934 Du rôle pratique de la raison. Je vois la misère qui
118 qu’on en trouve de moins en moins. — « Mais, lui dis -je, et les chômeurs ? On m’a dit qu’il y en a 400 à A ? » La mère, vi
119 s. — « Mais, lui dis-je, et les chômeurs ? On m’a dit qu’il y en a 400 à A ? » La mère, vivement : « Jamais je n’ai engagé
120 me, Madame… » Elle sourit à son tour, de l’air de dire  : Oh, vous, ce n’est pas la même chose. Elle a sans doute entendu par
121 ’est pour qui, Monsieur, sans indiscrétion ? » Je dis mon nom. — Est-ce que vous écrivez des articles ? J’en ai lu signés d
122 st-ce un prolétaire ? Il serait vexé qu’on le lui dise . Il s’estime fort au-dessus d’un mineur retraité, par exemple. Les in
123 ires sans doute, mais d’une tout autre espèce, on dirait même d’une autre race que les métayers catholiques de la montagne qu’
124 aitera les dames Turc de « koulaks » et tout sera dit . Le marxisme part de statistiques et de relations numériques (salaire
125 ue jamais ? « La nuit est faite pour dormir », me disait un gardien de l’ordre qui m’avait surpris sur les quais de la Seine,
126 r les gens. — Je vais chez les Calixte. On nous a dit que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une voisi
127 , et je crois bien sa blouse noire aussi. Elle me dit qu’elle a été assez mal. On devait lui retirer son linge toutes les d
128 e sait pas. Elle ne veut pas de médecin. Sa fille dit  : « Elle ne voulait même plus toucher à la viande, pensez ! Il ne fau
129 e que la viande soit un si bon remède comme on le dit . Je lui ai fait du poulet, elle n’y avait pas goût. Alors j’ai pensé
130 , etc., s’ils étaient plus « pratiques » comme on dit dans la bourgeoisie — où l’on s’imagine bien à tort que les gens du p
131 te, qui casse tout ce que l’on veut, a coutume de dire en constatant le mal : « Voyez-vous ! je croyais la tenir cette assie
132 nte baisse des salaires à la filature : « Je vous dis , c’est miraculeux ce qu’on leur donne ! Sept francs par jour ! » (Il
133 ire minuscule, qu’une évidence. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, éveillent dans l’esp
134 e. Aussi bien nous parlons au hasard, pour ne pas dire dans le vide (il vaudrait mieux que ce soit le vide, dans bien des ca
135 paroisse. « C’est le seul moyen de les avoir, me dit -il. Comme vous l’aurez remarqué, il n’en vient qu’une dizaine au cult
136 à l’esprit le temps de se « figurer » ce qui est dit . (C’est seulement de la langue des écrivains français qu’il est exact
137 langue des écrivains français qu’il est exact de dire , avec tous les manuels, qu’elle est une langue de discussion, parce q
138 la formule décisive, et ne s’accorde le droit de dire chaque chose qu’une seule fois, de la façon la plus économique et la
139 dulgents — leurs bons rires quand l’un ou l’autre dit une bêtise ou bafouille — et comme on a envie de leur expliquer des c
140 0 ans ; genre ancien combattant ; « très large », dit -on. Et « il cause bien ». 16 décembre 1934 À N… la mairie est tout en
141 le sont, et connaissent le marxisme ? On m’avait dit  : ce n’est pas cela du tout, vous verrez. Être communiste dans ce pay
142 lus à gauche possible. S’il en est bien ainsi, me dis -je, on peut redouter que ces hommes ne sachent pas faire la distincti
143 la vie, sur la mort, sur le mariage. Et quand je dis que sa vie consiste à connaître ces choses, il faut prendre le mot da
144 que c’est que ces communistes. — Voilà. Que vous dire de gens que je connais si bien ? C’est difficile de les classer et je
145 r devant les terrasses, c’est gênant. Un homme me disait l’autre jour : Ah, monsieur le pasteur, si on pouvait entrer par-derr
146 re. Si c’était possible, ce serait épatant, je ne dis pas. Mais pratiquement, je vous assure, c’est difficile. — Et les sal
147 une discussion sur l’incroyance. L’orateur avait dit que la différence entre les chrétiens et les incroyants, ce n’est que
148 munistes se lève et résume le débat : « En somme, dit -il, si nous ne croyons pas en Dieu, nous autres, ce serait que nous s
149 s sommes trop orgueilleux ? » En général, on peut dire que les communistes sont les plus intelligents du village. Ce sont eu
150 ou plutôt à leur incroyance. Tout de même, on se dit souvent que ces hommes mériteraient mieux que ce qu’on leur donne, en
151 analogues — avec lesquelles il est en compte. Je dis compagnies d’assurances, mais lui les nomme plus couramment « ces coc
152 me ça ! Mais voilà que la personne compétente lui dit  : « Ce cochon-là t’a refait de 299 francs, consulte voir le barème ! 
153 itiques résumées dans cette petite phrase ! Je me dis  : c’est bien ma faute. J’ai de nouveau parlé en intellectuel. En homm
154 demande, c’est qu’on lui raconte une histoire, me dit R. — Mais si je raconte mon histoire ? — Le lecteur veut des histoire
155 ur veut des histoires inventées. — Mais si je lui dis que j’invente mon histoire ? — Il ne vous croira pas, vous ne savez p
156 atérielles » dans une société distinguée. Vous me direz qu’on ne parle guère que de cela. Oui, mais d’une façon générale, non
157 précisions qu’un collégien puisse désirer.) R. me disait aussi : En somme, vous n’êtes pas un vrai chômeur, puisque vous avez
158 hômeur », je vous l’assure ! D’ailleurs j’ai déjà dit que cela me serait pratiquement impossible, sauf gâtisme précoce. Ce
159 er que l’envie m’en prenne. Tout ce que je compte dire dans mon journal, c’est qu’on peut être très content d’un sort matéri
160 populaire appelait de tous ses espoirs ! Mais que dis -je le jour ! C’est l’heure même qui va sonner : demain dimanche, sur
161 ïques n’ont pas perdu leur peine depuis 89 ! Oui, dis -je, ce symbolique mot d’ordre sera donné comme un soufflet à la Réact
162 cette phrase soit possible. Où les partis qui se disent « avancés » osent le proposer comme objectif de « lutte ». Où la publ
163 veux et intelligent. — Vous avez mon Huma ? — Bou die  ! je les ai toutes vendues, Monsieur Dumas ! (C’est jour de foire). —
164 ns vous passer à tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit l’homme, si vous y arrivez, c’est bien votre droit ! — Notre droit ?
165 ir ! (Il glousse d’un air malin). — On sait bien, dit le communiste, que vous avez toujours soutenu les gros qui pressent l
166 nt de grandes vérités brutales, toujours bonnes à dire , mais mal dites. J’accepte à la rigueur cette division du monde en gr
167 érités brutales, toujours bonnes à dire, mais mal dites . J’accepte à la rigueur cette division du monde en gros et en petits,
168 uls à croire encore « chrétienne » — il faut bien dire que le parti communiste est une sinistre trahison des pauvres hommes.
169 e langage. Revenez voir ces mêmes hommes que j’ai dit , revenez deux fois, vingt fois, prenez-les sur le fait au détour d’un
170 cyniques des partisans de la dictature. Ils vous diront d’abord que le fond de leur vie, c’est l’ennui. Ils expliqueront pres
171 ion perpétuelle de changer de condition. Ils vous diront aussi qu’ils n’ont plus le cœur à leur ouvrage, quand ils savent que
172 trust, soit d’un syndicat d’incapables. Ils vous diront que le mal vient de l’État — et cela veut dire : de ceux qui font les
173 y comprendre. Dans une assemblée populaire, on ne dira pas un mot de tout cela, on s’en tiendra aux clichés du journal. On n
174 tre nous : sur qui et sur quoi tablez-vous ? nous dit -elle, sur quelle classe, sur quels intérêts ? — Nous comptons sur l’e
175 l’effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites -vous. Mais rien d’autre n’est vrai… 6 mai 1935 La mort et les cérémo
176 tte nuit, vous savez, elle est toute chargée, bou die , l’estomac et tout. — Mais les Simard ne m’avaient jamais parlé d’ell
177 s n’auront plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’entend ! Trois fois par jour, le bruit
178 fuyons. 27. Monsieur X… « orateur distingué », disait la convocation. 28. La stratégie qu’inaugurèrent les généraux de la
13 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
179 Lénine et de Staline Sur la littérature et l’art. Disons tout de suite que le Père des peuples n’a fourni pour sa part qu’une
14 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
180 . Les autres ont toujours cru à cette fable, mais dirait -on, sans le savoir. Chamisso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul d
181 cts. Ou plutôt il les établit en apparences, mais dirait -on, sans réciprocité. La moindre épreuve trahit cette fêlure : on aim
182 phose, qui est la vie même de la vie. Et pourquoi dire dès lors : ceci est cause de cela ? Quand l’inverse est au moins auss
183 uand rien ne dépend à coup sûr que du tout ? Ceci dit , la psychanalyse peut nous donner des descriptions utiles, et quelque
184 u contre les regards qu’il rencontre, transparent dirait -on, — sans ombre ! Voilà, peut-être, une première indication. Elle pa
15 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
185 De l’île, du village, de la mer, je ne veux rien dire encore : je laisse tout cela se mêler à ma vie, dans l’heureux étourd
186 ue façade d’une manière subtile et précise qui en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je veux r
187 trant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’a dit . Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, elles
188 e la même pile d’assiettes où je crois avoir déjà dit que j’avais trouvé deux ouvrages traitant de mon île, j’ai déniché ce
16 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
189 la France rurale. Mais ce n’est pas encore assez dire  : l’autocar modifie complètement le mode de contact entre le voyageur
190 es voitures qui stationnent, sur la place… Et que dire maintenant du voyage lui-même ? C’est une résurrection de ce que Vign
191 et ils sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entr’ouverte un instant à la fille de l’auberge écart
192 es ambitions : ceux qui les ont n’en parlent pas, dit -on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle un bout de convers
193 lait savoir quel était mon métier. Et quand j’eus dit que je n’en avais aucun, et que je n’étais qu’un écrivain, et chômeur
194 oyons plus aux curés ? » — Comptez, monsieur, lui dis -je, qu’un écrivain a bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme
195 uisse imaginer, dans les antres rédactionnels. Je dis les antres. De toute façon, un écrivain est par nature un empêtré. Et
17 1937, Articles divers (1936-1938). « Subjectivité et transcendance », Lettre de M. Denis de Rougemont (décembre 1937)
196 une science bien moins variable que les sciences dites exactes, dont les fondements sont renversés tous les vingt ans de fon
18 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
197 ierre Beausire. Il approuve notre réaction (qu’il dit « parfaitement justifiée ») ; et quand il énumère nos réclamations, i
198 à nos côtés pour l’essentiel de ce que nous avons dit dans notre numéro spécial81. S’il nous attaque, c’est sur des points
199 Beausire lui-même pour définir notre attitude, je dirais  : Le personnalisme, c’est l’amour concret des hommes réels. Ce n’est
200 autres, que je crois insuffisantes, et je le leur dis en toute franchise. Du moins ne tiennent-ils pas le christianisme don
201 t suffire à la tâche. « Le peuple a besoin — nous dit l’auteur — de chefs d’une souveraine dignité, d’une intelligence froi
19 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
202 ansporta à l’hôpital où il mourut paisiblement en disant à son seul ami, le pasteur Boesen : « Salue tous les hommes de tua pa
203 s évangiles. ⁂ Toute mon activité d’auteur — nous dit -il dans son Point de vue explicatif sur mon œuvre — se rapporte à ce
204 ort et son enterrement, et l’évêque Nynster, nous dit -on, fut un des vrais témoins de la vérité ! En vérité, il y a quelque
205 Je ne pense pas que ce soit mauvais, ce que j’ai dit , mais je ne l’ai dit que pour l’écarter, et pour arriver à Alléluia !
206 ce soit mauvais, ce que j’ai dit, mais je ne l’ai dit que pour l’écarter, et pour arriver à Alléluia ! Alléluia ! Alléluia 
207 et toute son œuvre d’écrivain… S’il reste en vie, dit -il, il poursuivra sa lutte religieuse, mais il craint qu’elle ne soit
208 eux, poses et amusettes (ou « plaisirs » comme on dit non sans grandiloquence à propos de choses si peu plaisantes en génér
20 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
209 face. — « C’est une entreprise hardie que d’aller dire aux hommes qu’ils sont peu de chose », s’écrie Bossuet (Sermon sur la
210 e Bossuet (Sermon sur la mort, 22 mars 1662). Que dirions -nous alors du sort fait à celui qui doit se montrer aux hommes tel qu
211 se montrer aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire que l’homme en général est peu de chose, n’est pas trop humiliant pou
212 n vérité et rejoindre l’humanité. Chômage. — On dit souvent qu’il faut à l’homme un minimum de confort ou d’aisance matér
213 s qui sont plus fortes que nous tous. — Et alors, dira-t -on : « Faire la révolution ! » — Ce substitut, ce renvoi aux calendes
214 et mécaniques des autres : écoute bien ce qu’ils disent à travers les paroles qu’ils croient dire : essaie de les comprendre
215 u’ils disent à travers les paroles qu’ils croient dire  : essaie de les comprendre quand ils se plaignent ou quand ils rient