1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 igeante, et comme le juge incorruptible et amical du héros et de son débat, ce personnage a vécu dans ce siècle, où son no
2 prit incomparable — qu’on l’entende aux deux sens du terme —, un seul ouvrage a paru en français22. Ce serait assez pour d
3 délicat dans une note jointe à l’édition posthume du Procès : je doute que les lecteurs de ce livre étonnant, le plus prof
4 r le merveilleux dialogue interrompu que l’auteur du Royaume enchanté attribue aujourd’hui l’inspiration de ce roman. Sach
5 ois le personnage de Garta, ses propos, sa vision du monde, ses expériences et préoccupations sociales, les lectures qu’il
6 œuvre, il était déjà condamné par une tuberculose du larynx dont il mourut à Vienne en 1924. Il n’avait publié de son viva
7 er méthodiquement, et de brouiller tous les plans du réel à seule fin de s’en évader — durant le temps de leur ivresse tou
8 oilé et seulement trahi par certaines bizarreries du récit, donne à l’œuvre une grandeur poétique, un pouvoir d’inquiéter
9 Max Brod, aideront à deviner la nature assez rare du dessein secret de Kafka. Sa passion de l’absolu moral et religieux, s
10 l’arrière-plan et les prolongements de l’aventure du « vieux Pragois », héros non tout à fait imaginaire, lui aussi, du Ro
11 s », héros non tout à fait imaginaire, lui aussi, du Royaume enchanté de l’amour. 22. Le Procès, roman traduit de l’all
12 l’inculpation inexplicable qui pèse sur le héros du Procès. d. Rougemont Denis de, Brod Max, « [Préface] Max Brod, Le R
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
13 maine que lorsqu’il participe à la transformation du monde. Autrement, il est animal, et soumis à la forme des choses, — à
14 des sociologies établit à grands frais l’évidence du désespoir : l’homme moderne a perdu « le chemin ». Je suis le chemin
15 r ce cercle enchanté où nous maintient l’argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La foi au Christ est la cond
16 ment et dans la joie d’une découverte quotidienne du chemin, — ton chemin, sur lequel tu es seul, parce qu’il est la parol
17 nt visible, et sa sécurité, cachée au plus secret du risque. 3. Nous n’avons pas à suivre le chemin, mais bien à l’inve
18 é. Parce que c’est un blasphème de l’homme pieux, du moraliste, que de prétendre imiter le modèle que ses yeux voient et q
19 emin qui commence à ses pas, — c’est là le destin du chrétien, c’est son « impossible » destin, le seul acte possible à l’
20 emps : le présent »9 Nous ne connaissons rien du Christ, du « chemin », en dehors de l’acte de foi qui, supprimant tou
21 résent »9 Nous ne connaissons rien du Christ, du « chemin », en dehors de l’acte de foi qui, supprimant toute distance
22 u et à soi-même régnerait sur le monde et l’unité du genre humain. Si nous vivons dans l’obéissance et dans la foi, l’hist
23 rogez ; convertissez-vous et revenez ! » La forme du monde est durée, et c’est la forme du péché, du refus de l’instant ét
24  » La forme du monde est durée, et c’est la forme du péché, du refus de l’instant éternel12, — le temps, la succession et
25 e du monde est durée, et c’est la forme du péché, du refus de l’instant éternel12, — le temps, la succession et le désir.
26 a lumière jaillie de l’acte de la foi, le mystère du temps se dévoile ; mais un temps nouveau prend son cours, et sa mesur
27 et ce n’est plus une dérive. Il vit dans la forme du monde, mais il est ce qui la transforme. Vertige de la « vie chrétien
28 e temps de l’acte vient s’inscrire sur les traits du visage héroïque. Dans cette chair qui doit vieillir, la tension de la
29 ce que la personne ? C’est la vision et le visage du héros, sa vision contre son visage, sa vision qui crée son visage. Le
30 6, il venait justement de dépasser cette illusion du désespoir, qui consiste à s’imaginer que l’acte est puissance de l’ho
31 aisir sait maintenant que l’acte est le contraire du désespoir. Mais il le sait d’une tout autre façon que le désespéré ne
32 e le désespéré ne l’imagine. Parce que le rapport du désespoir à l’acte n’est pas seulement renversement, mais création ir
33  les autres », une chaîne qui le lie à la coutume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourrait-il faire un acte ?
34 t décision, rupture, isolation, quand l’être même du désespéré consiste dans ses liens, dans sa croyance à la réalité des
35 , c’est-à-dire sobriété pure, — quand l’être même du désespéré est calcul, préméditation, sensualité et envie… Ainsi l’act
36 urquoi il n’y croit pas. Nul n’échappe à la forme du monde. Mais la subir, c’est justement désespérer. Il faudrait donc… l
37 splendeur d’une vie d’homme. L’homme se distingue du singe en ce qu’il prophétise, uniquement, et dès l’origine. C’est pou
38  la masse », alors que la foi véritable est celle du solitaire que plus rien ne soutient, hors la foi ? « Celui qui ne ren
39 ntré personne ni soi-même20. Il vit dans la forme du monde : et ce n’est point qu’elle soit pour lui réelle, elle est seul
40 issance est acte et vision prophétique. La mesure du temps de sa vie réside dans la seule vocation qu’il incarne. Sur le c
41 e sceau de l’amour chrétien. 3. Apprentissage du christianisme. 4. Dans ce sens, la catégorie récemment « découverte 
42 e Nachfolge wird nachfolgen ». 9. Apprentissage du christianisme. 10. Traité du désespoir, trad. Gateau, p. 105. 11.
43 9. Apprentissage du christianisme. 10. Traité du désespoir, trad. Gateau, p. 105. 11. Isaïe 21, 11. 12. Lorsque Scho
44 t connaissant », nous retrouvons cette définition du temps comme refus de l’instant et de l’obéissance immédiate à la Paro
45 t souffre Kierkegaard est engendré par la lâcheté du pécheur, tandis que le temps de Schopenhauer est « l’idéalité » du su
46 s que le temps de Schopenhauer est « l’idéalité » du sujet connaissant, — une chimère spiritualiste, une nostalgie. C’est
47 16. Traduction française sous le titre de Traité du désespoir. C’est une laïcisation ! Kierkegaard se rapportait de la fa
48 est particulièrement affligeant dans l’existence du bourgeois c’est qu’elle est entièrement déterminée jusqu’à la mort, m
49 comme une absurdité, la première dans l’histoire du bourgeois, mais décisive. À une enquête dont le sujet était : La renc
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
50 décembre 1936)e Je ne trouve pas ce jeu juste du tout, dit Alice. Ils se disputent tous tellement qu’ils vous assourdi
51 s vous assourdissent. Ils ne suivent pas la règle du jeu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il y en a une. Alice au Pa
52 es clercs européens. On ne saurait en dire autant du langage de nos bons écrivains. Car non seulement il est mal entendu p
53 rouve parfaitement normal de déclarer que « c’est du latin » pour ses oreilles, mais encore il existe autant de ces latins
54 risson, et se préparait à le frapper avec la tête du héron, celui-ci tordait son long cou et la regardait d’un air d’ahuri
55 on, liberté, ordre, patrie. Voilà les instruments du jeu philosophique, ou politique que nous sommes en train de jouer, éc
56 … ⁂ Tout concourt à créer et aggraver cette crise du sens des mots et de la sémantique vivante. D’une part la somme des éc
57 convainquit de son vivant. Cependant les journaux du soir à cinq-cent-mille exemplaires et la radio atteignent des million
58 aperçoit la raison immédiate de la crise actuelle du langage. La presse, la radio, l’éloquence politique et les ouvrages p
59 irage, voilà tout un domaine que l’écrivain digne du nom ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. On a dit que c
60  » préparait peu à peu un public pour les auteurs du niveau supérieur. Cette accession démocratique des grandes masses à l
61 paraît tout à fait improbable dans l’état actuel du régime. Elle est à tout le moins vérifiable. Par contre, on peut très
62 e, sans saveur et sans pouvoir d’évocation active du vrai. Il habitue des millions de lecteurs au rendu approximatif des f
63 nérale, où leurs paroles ne sont plus distinguées du bavardage quotidien. Ils se retirent dans leurs appartements. Écrire
64 e. Si bien que les écrivains ne sont plus compris du peuple, et que la langue vulgaire s’encombre d’équivoques, de confusi
65 ord matérielle, elle est d’abord cette inquiétude du cœur et de l’esprit qui naît de la mort des amitiés. Plus angoissante
66 omper cette faim et cette soif. Au païen ignorant du vrai Dieu, les prêtres donnent des idoles faites à l’image des terreu
67 vit en l’homme réel et personnel, cette alliance du peuple avec sa vocation qui faisait la grandeur des cultures authenti
68 enis de, « Décadence des lieux communs », Cahiers du Sud, Marseille, décembre 1936, p. 898-905.
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
69 vie ou changer l’homme ? (1937)u Variations du communisme Opposez les dogmes chrétiens aux axiomes de Marx et d’E
70 historiques. On vous répond que vous vous trompez du tout au tout ; que vous n’entendez rien au « devenir dialectique », d
71 , elle a pu se mettre en marche et agir au niveau du réel ; que son but primitif était de détruire l’État au profit de l’h
72 esquels tombent les neuf dixièmes des adversaires du marxisme — et combien de marxistes eux-mêmes !) Si maintenant j’essai
73 s, l’acte initial mais aussi la passion constante du communiste conscient et conséquent. C’est ce mouvement profond qui lé
74 ux, mettons les détours dialectiques, de l’action du parti communiste41. La « cause » justifie les moyens… Mais alors, com
75 vement présente, dans sa forme, avec le mouvement du chrétien (qui est sa lutte contre le péché) les plus frappantes analo
76 est lié à une société42. Mais encore, à l’instar du chrétien, le marxiste croit que la société présente n’a pas le droit
77 gréable et parfait. Dans les deux cas, il s’agit du même mot : transformer ; et il s’agit de transformer en tant que l’on
78 lisation des volontés de Dieu, contrariant celles du siècle, — soit la pensée, par une action45 qui ne peut être que révol
79 veut comprendre pourquoi la pratique et les fins du communisme contredisent radicalement la pratique et les fins du chris
80 contredisent radicalement la pratique et les fins du christianisme, dont elles dérivent d’ailleurs obscurément, mais coupé
81 leurs liens éternels, abandonnées aux seules lois du Temps. De la polémique antispiritualiste à la doctrine marxiste
82 situation de l’Europe occidentale vers le milieu du xixe siècle, et par la volonté de la changer. En particulier, elle n
83 e — de spiritualiste, au sens le plus contestable du terme. Quelle était, du point de vue religieux, la situation qui se p
84 sens le plus contestable du terme. Quelle était, du point de vue religieux, la situation qui se présentait à Marx ? C’éta
85 Professeurs et bourgeois libéraux, grands patrons du capitalisme naissant en Angleterre et en Allemagne, théologiens de l’
86 théologiens de l’école hégélienne, ou adversaires du christianisme, tous, dans un commun accord, enseignaient ou laissaien
87 ent — il faut commencer par le nier. L’« esprit » du bourgeois spiritualiste n’est qu’une caricature, mais ses ravages son
88 économiques et sociaux. Et s’il nous reste encore du temps, nous changerons l’homme. D’ailleurs, peut-être suffit-il de ch
89 e la culture, par exemple, n’est qu’un « reflet » du processus économique ? On voit ainsi comment Marx lui-même se prend à
90 par un glissement inévitable au rang de doctrine du parti, devait sortir la « vérité » tactique du matérialisme vulgaire,
91 ne du parti, devait sortir la « vérité » tactique du matérialisme vulgaire, celui que la presse bourgeoise a si beau jeu d
92 bligé par ses adversaires à proclamer la primauté du matériel, Marx ne se rendit pas compte qu’il allait déchaîner un préj
93 rgent distribué aux masses ne manque pas de créer du bonheur. Pour réussir, il faut une discipline. Pour la maintenir, il
94 porte, puisque le but final est la richesse, mère du bonheur. N’est-ce pas là ce que voulait Marx ? Résumons : Marx n’a pa
95 oudrais bien qu’on me démontre en quoi il diffère du fascisme, dans ce que le fascisme a de plus oppressif pour l’homme et
96 ue de parler dans le même sens d’une « doctrine » du christianisme. Le chrétien, et surtout le protestant, répugne absolum
97 nt à la Parole que Dieu lui adresse, il reconnaît du même coup l’origine et le but de sa vie : il connaît dès lors son péc
98 ce qui l’écartait de sa voie. Mais il se connaît du même coup responsable à l’endroit du monde. Car si le monde s’est liv
99 l se connaît du même coup responsable à l’endroit du monde. Car si le monde s’est livré à l’injustice et au désordre, c’es
100 répète et aggrave cette faute. Ainsi : conscience du péché, connaissance de la fin et de l’origine, obligation d’agir pour
101 traduire, si elle s’est faite, que par une action du chrétien : contre le monde dans sa forme présente, et pour le monde r
102 seulement l’homme converti devient transformateur du monde — ou sinon il n’est pas converti — mais encore toute transforma
103 ’une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chrétien, qu’une réforme sans grande portée. Voilà qui paraîtra plus
104 à-dire la conscience de son origine et de sa fin, du sens même de son action, de sa pensée, de sa vie corporelle ! Préciso
105 efuse « la seule chose nécessaire », le seul gage du salut total ? Alors, va-t-on, si l’on est converti, laisser le monde
106 parce que je me sais responsable personnellement du désordre établi. J’agirai par reconnaissance envers Dieu qui m’a tran
107 onception chrétienne de l’homme, seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra que l’état d’esprit marxiste
108 es révoltes politiques : il eût revêtu les formes du pouvoir déposé51 et renvoyant à des temps plus paisibles l’évangélisa
109 se fût consacré aux tâches plus urgentes : donner du pain et des spectacles à la foule. Mais Paul était apôtre et non pas
110 aine et le cynisme — qui appartiennent à la forme du monde — mais la nouvelle, absolument nouvelle, venant d’ailleurs, d’a
111 plique en dernier ressort le succès « religieux » du marxisme, c’est sa volonté proclamée, concrète et immédiate, de chang
112 e. C’est que l’« esprit » qui devait être l’agent du changement total, perpétuel et seul réel, est devenu le gardien des c
113 réel, est devenu le gardien des conformismes, ou du moins n’a pas su, par excès de prudence, empêcher que les foules le c
114 rès des foules, que le marxisme n’est responsable du déclin des Églises dans le monde moderne. C’est pourquoi les reproche
115 ns le monde moderne. C’est pourquoi les reproches du marxiste au chrétien sont humainement bien plus valables que ceux du
116 tien sont humainement bien plus valables que ceux du chrétien au marxiste. En gros : si Marx se trompe et réussit, c’est p
117 à ma lâcheté, à mon absence de foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on n
118 t rien, tu prouves simplement que tu ignores tout du christianisme. » (Je répète que ce n’est pas sa faute, à ce marxiste,
119 on vocabulaire. Ma critique porte sur l’essentiel du marxisme, alors que la critique marxiste porte sur un christianisme d
120 rte sur un christianisme dénaturé. Et l’essentiel du marxisme, je le répète, c’est sa volonté de changer le monde, le mond
121 r une telle volonté ne peut conduire qu’à l’excès du matérialisme, non point par la malice de Staline, mais par l’effet de
122 formelles indiscutables que présentent la volonté du vrai chrétien et celle du communiste militant, ont tenté la synthèse
123 e présentent la volonté du vrai chrétien et celle du communiste militant, ont tenté la synthèse pratique des deux croyance
124 fait, et les distinctions décisives. La pratique du communisme n’est justiciable, en soi, que d’une critique politique, é
125 e critique théologique, ce sont les buts derniers du communisme et les postulats qu’il suppose. Qu’on me permette ici d’êt
126 entre la croyance marxiste et la foi personnelle du chrétien suffit à expliquer tout le reste. Le communisme prépare un p
127 eçoit et qui saisit la Révélation en Personne. Et du coup le Royaume est au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître
128 lité de mes espérances. » Mais l’espérance finale du communisme, c’est la libération de l’homme. Et moi je lui montre un h
129 st membre d’un corps qui porte toutes les marques du péché. Il est alors en face du monde, et au nom même de sa foi, dans
130 re qu’il éprouve devant les injustices présentes, du fait qu’il croit que l’intérêt de l’homme est seul en jeu — et de l’h
131 r théorique, — si passionnée que soit l’espérance du marxiste — et non pas une présence exigeante et totalement animatrice
132 omme soit délivré de son péché, « changé », sorti du plan, précisément, où le marxisme le maintient. Moyens d’action du
133 , où le marxisme le maintient. Moyens d’action du chrétien et du marxiste Préparer le royaume de l’homme, ou témoign
134 e le maintient. Moyens d’action du chrétien et du marxiste Préparer le royaume de l’homme, ou témoigner par des acte
135 fie les moyens58. La fin, ou le télos de l’action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour. Tout acte qui contr
136 glise, je désobéis dans le présent, je perds tout du même coup, présent, futur, éternité. Je crucifie le Christ et je m’op
137 tunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyens du chrétien doivent être aussi purs que sa fin. Tout autre est le cas du
138 être aussi purs que sa fin. Tout autre est le cas du marxiste. N’ayant pas derrière lui de modèle accompli, ni en lui de P
139 doctrine « dialectique » ses négations actuelles du but final de Marx. Il légitime son étatisme totalitaire en arguant qu
140 stade économique plus favorable au développement du socialisme. Je vois beaucoup de marxistes s’en indigner mais je doute
141 et que leur indignation traduise la vraie volonté du marxisme, plutôt qu’un reste d’humanisme libéral. Le fait est que la
142 ar « fidélité » au Parti, c’est-à-dire à l’avenir du Parti, proférer des aveux mensongers qu’il croyait tactiquement utile
143 ous pouvons formuler simplement : la fin dernière du chrétien est présente en chacun de ses actes, ou bien n’est pas ; tan
144 s, ou bien n’est pas ; tandis que la fin dernière du marxiste est un avenir absolument hétérogène aux actions qu’il peut f
145 it supprimer ! Le marxiste croit que le bien sort du mal ; le chrétien sait que le bien naît du parfait. D’une conséque
146 n sort du mal ; le chrétien sait que le bien naît du parfait. D’une conséquence politique de la foi Je m’adresserai
147 le de charité et de sacrifice, pour le mieux-être du prochain, suffit à compléter, si je puis dire, l’action proprement re
148 attitude ? Et je pense en particulier aux membres du Mouvement des Groupes, qui représentent à l’heure actuelle le christi
149 faut aller plus loin60. La déviation matérialiste du marxisme ne doit pas seulement nous inciter à des condamnations toute
150 rétienne, et qui est la cause certaine des succès du marxisme. Tant que les chrétiens ne comprendront pas que leur foi doi
151 le plan politique, ils ne répondront pas au défi du marxisme, qui s’en trouvera justifié pour autant. Je ne crois pas à u
152 rappeler celle de l’Empire romain au premier âge du christianisme, telle que nous l’évoquions plus haut. Toutefois, l’un
153 l’adore, sinon déjà dans des formes religieuses, du moins dans des formes qui s’opposent aux commandements du Décalogue,
154 dans des formes qui s’opposent aux commandements du Décalogue, et au devoir d’amour chrétien. Le conflit est inévitable.
155 pas approuver, comme chrétien, la forme politique du communisme63. Il lui faut donc en préparer une autre, et prendre enfi
156 de pères de famille. C’est en vérité la croisade du matérialisme hypocrite contre le matérialisme généreux. C’est aussi l
157 épète, après Berdiaev, après Gide : la « vérité » du communisme résulte de la trahison du christianisme par la chrétienté.
158 a « vérité » du communisme résulte de la trahison du christianisme par la chrétienté. Toutes les aspirations valables et g
159 té. Toutes les aspirations valables et généreuses du marxisme sont autant d’essais de sauvetage de vérités chrétiennes éga
160 ans la mesure où nous cultivons un esprit détaché du réel, une liberté abstentionniste et inféconde. Tout le mal vient de
161 is il faut aussi repartir. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spir
162 s pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérité du spirituel. Nous n’avons pas à nous dresser contre la « vérité » dévié
163 43. Marx, Critique de la philosophie hégélienne du droit. 44. Au sens le plus large du terme, qui peut désigner aussi b
164 e hégélienne du droit. 44. Au sens le plus large du terme, qui peut désigner aussi bien la « société sans classes » de Ma
165 crète. Réalité ou non de la pensée humaine isolée du domaine pratique, c’est querelle de pure scolastique » (Marx, 2e thès
166 mistes ignorants, ou qui jouent sur les deux sens du mot œuvres (œuvres pies et action concrète). 46. Je parle, bien ente
167 la théologie, simple autocritique de l’Église et du message que l’on prêche dans l’Église. 50. « S’attendre à… » veut di
168 pas de socialisme en Asie, cela tient à l’absence du christianisme. » Je note ici, à l’appui des dires de de Man, que le m
169 fonction spirituelle (créatrice), et la pesanteur du péché. Tandis qu’à l’inverse, on ne saurait établir que la sécularisa
170 erse, on ne saurait établir que la sécularisation du christianisme résulte nécessairement de l’Évangile ! 54. Déclaration
171 ique : l’auteur d’un des cantiques les plus pieux du recueil anglais, sir John Browning, est le même homme qui contraignit
172 rvention personnelle de Calvin dans l’élaboration du document ne fait pas de doute. « C’est, dit F. de Schickler, une cons
173 région. L’instance d’appel est « la cour suprême du synode national ». (John Viénot, Histoire de la Réforme française, I,
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
174 appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi de son peuple, — peuple entre tous prophétique.
175 la mission qu’elle incarne : « Préparer les voies du Seigneur », espérer et prêcher le Messie, attendre activement l’invis
176 r, qui a pesé jusqu’à nos jours sur les habitants du désert. Désignée entre mille, sans raison. Ou sans autre raison, peut
177 nvergure. Foi et idolâtrie La considération du conflit séculaire que décrit l’Ancien Testament nous ramène avec une
178 oi et de la vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et du destin. Il fait comprendre l’esprit de r
179 e qu’un autre aspect du conflit de la vocation et du destin. Il fait comprendre l’esprit de révolte qui tourmenta sans fin
180 pourtant fait toute sa grandeur, c’est la révolte du destin profane contre la vocation libératrice. Et de même que cette r
181 ce présente au sein du peuple, aussi nommée arche du témoignage, parce qu’elle atteste les volontés de Dieu, les condition
182 t elle qui rappelle à la fois l’origine et la fin du peuple en tant qu’il est un « nouveau » peuple, élu par Dieu et « mis
183 eu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de Dieu — qui définit la v
184 mées, dans la guerre, comme le symbole de l’unité du peuple, mais son usage est interdit pendant les guerres civiles : c’e
185 ne puisse être consacrée au ministère sacerdotal du peuple élu. Idole, tout ce qui n’est pas ordonné à la fin que les pro
186 rmer cette interprétation de la Loi, comme mesure du peuple hébreu, qu’un texte que je trouve dans le plus grand des histo
187 autres peuples, non seulement entre les personnes du commun qui disent chacun au hasard ce qui leur vient dans l’esprit ;
188 . Une culture pauvre, mais fidèle Un homme du xxe siècle ne peut, me semble-t-il, qu’éprouver une sorte d’effroi a
189 iction de la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouve posé à toute civilisation, et
190 . Israël portait dans son sein l’avenir religieux du monde. Dès qu’il était tenté de s’oublier dans les voies vulgaires de
191 pauvreté même garantit la fidélité de la culture du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit de détruire en germe tout
192 voit que la culture la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus convenable aux fins suprêmes de l’es
193 ue nous sommes toujours préparés à nous acquitter du culte que nous lui devons ; que nos Sacrificateurs sont établis pour
194 ature même, brisait avec le nationalisme exclusif du judaïsme et assumait une mission de portée universelle. Il revendiqua
195 se regardait comme le second Israël, l’héritière du Royaume promis au Peuple de Dieu. Aussi conserva-t-elle à l’égard du
196 éliques de nos jours ? Dès les bancs de « l’école du dimanche », tout jeune protestant est nourri aux sources mêmes du jud
197 out jeune protestant est nourri aux sources mêmes du judaïsme préchrétien. C’est là sa Fable, sa mythologie. Goliath, Jose
198 ibourgeoise ! Le thème de la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensib
199 lées entre le sort des tribus dispersées et celui du « petit troupeau » longtemps chassé de son pays ; ni les ressemblance
200 euse, et dans la foi, les calvinistes, dès la fin du xvie siècle, se considèrent comme chargés d’une mission au sein d’un
201 t vivable et propre à entretenir l’attente active du Messie, de même l’éthique charismatique77 des calvinistes les amène à
202 « comme n’en usant pas », au nom et par la charge du Seigneur qui est venu, et qui doit revenir. Telle est sans doute la r
203 venir. Telle est sans doute la racine authentique du puritanisme qui apparaît dans le courant du xviie siècle. Max Weber,
204 tique du puritanisme qui apparaît dans le courant du xviie siècle. Max Weber, dans une thèse célèbre, a soutenu que c’éta
205 thèse célèbre, a soutenu que c’était là l’origine du capitalisme moderne et de ses principales valeurs éthiques. Mais Somb
206 ctif des puritains anglais, cédant aux tentations du succès immédiat et contrôlable, s’est transformé dans le Nouveau Mond
207 de Calvin est centrée sur la vocation : vocation du « petit troupeau » ou de l’Église ; vocation personnelle de chaque me
208 ier jour : « Or, si leur faute a fait la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, que ne fera pa
209 mmentaire sur l’Épître aux Romains. Et Calvin dit du même verset que c’est « une fort belle sentence ». Ainsi la vocation,
210 t « une fort belle sentence ». Ainsi la vocation, du moins cette vocation79 — est réellement inamissible, c’est-à-dire ne
211 dant que son destin final demeure entre les mains du plus secret conseil de Dieu. « Quant à moi, écrit Calvin, j’étends ce
212 Dieu. » (Commentaires, sur Rom. II, 26.) Le sort du monde, et l’on pourrait même dire : la date de son salut final, dépen
213 é non seulement ne pourra jamais se désintéresser du sort des Juifs, éternellement lié au sien en vertu d’un décret de Die
214 occupe le croyant ? Leur faute a fait la richesse du monde. Et cette richesse s’appelle le salut. 64. Il faut bien voir
215 a vocation spirituelle de ce peuple. Il n’est pas du tout biologique. Il ne le devient qu’accessoirement, à mesure que l’o
216 l’on trouvera un raccourci de la présente étude. Du point de vue de l’histoire du peuple juif, ce raccourci souffre, entr
217 la présente étude. Du point de vue de l’histoire du peuple juif, ce raccourci souffre, entre autres, d’une très grave lac
218 ient alors ceux qui rappellent le peuple au culte du vrai Dieu — contre les prêtres des dieux étrangers — mais aussi ceux
219 rangers — mais aussi ceux qui dénoncent les excès du légalisme. 67. Livre II, chap. VI, trad. d’Arnaud d’Andilly. 68. R
220 , trad. d’Arnaud d’Andilly. 68. Renan, Histoire du peuple d’Israël, t. II, p. 265. 69. « L’embarras de l’hébreu pour ex
221 vois le gage d’une vive actualité, ou efficacité, du langage des clercs, identique à celui des bergers. 70. Voir sur ce p
222 Abraham déjà, et les prophètes, ont vu « le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’auteur de l’Épître aux Hébreux (chap. II)
223 ée que de voir dans l’Ancien Testament l’histoire du Christ avant qu’il vienne, dans les Prophètes, des Apôtres avant le C
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
224 Luther, Traité du serf arbitre (1937)o Luther inconnu Dire qu’on ignore Luther
225 a voulu se marier. » J’extrais cette déclaration du livre d’un critique littéraire connu, dont les revues n’hésitèrent pa
226 isé son dynamisme créateur. Tension dont le débat du libre arbitre, opposant Érasme à Luther, permet de définir symbolique
227  pure » et pensée « engagée », ou encore attitude du « spectateur » et attitude du « témoin ». Opposition qui, sur le plan
228 ou encore attitude du « spectateur » et attitude du « témoin ». Opposition qui, sur le plan théologique, ou mieux : dans
229 » parce qu’il attribue tout à Dieu. Importance du De servo arbitrio C’est sans doute dans cette perspective que le
230 a le plus aisément à saisir l’importance centrale du traité que nous publions : je le vois au centre du débat occidental p
231 u traité que nous publions : je le vois au centre du débat occidental par excellence, mais au centre, aussi, de la Réforme
232 emières pages) par les procédés de l’humaniste et du sceptique que se vantait d’être Érasme, Luther en vient, de proche en
233 ns rationnelle entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et
234 les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoignage fidèle
235 eu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoignage fidèle, certifié par l’Esprit et la Bibl
236 Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoignage fidèle, certifié par l’Esprit et la Bible, et constituant
237 constituent pas un système, au sens philosophique du mot, mais qu’ils s’impliquent très étroitement les uns les autres, et
238 és par nos mots. Ils renvoient tous à la question du Christ : « … et toi, maintenant, crois-tu cela ? » — Si tu le crois,
239 assertions de Luther, ni dans sa négation joyeuse du libre arbitre. Ses coups violents n’ébranlent plus que le « vieil hom
240 is même prêchés. Le laïcisme moraliste n’en a pas du tout le monopole : tout catholique se doit, en bonne logique, de les
241 eur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une certitude pesan
242 connue cette maîtrise, qu’on attendait d’ailleurs du chef d’un grand mouvement (comme dirait le jargon d’aujourd’hui), tou
243 prendre au sérieux ses reflets dans la conscience du spectateur.) Ce qui ne manquera pas de faire crier au dogmatisme. Tou
244 u dogmatisme. Tout se passe ici « à l’intérieur » du christianisme, de l’Église. L’humanisme laïque, autonome, est simplem
245 », douée d’exigence spirituelle, avec un partisan du « serf arbitre » luthérien. (On peut admettre qu’un tel dialogue se d
246 en. — Mais connais-tu seulement les vraies règles du jeu ? Qui t’a fait croire que ta vie était une partie à jouer entre t
247 Dieu, donc, « tout est accompli », depuis la mort du Christ sur la croix. Non seulement prévu, mais accompli ! C. M. — Si
248 in, et refuser l’éternité qui vient nous délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant, et plein de nouveauté, de
249 ui change quelque chose au déroulement calculable du temps, quand elle le touche dans l’instant (dans un « atome » de temp
250 os objections « philosophiques » et notre crainte du « fatalisme » ne reposent pas, le plus souvent, sur cette erreur des
251 é en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pose dans les termes extrêmes où elle
252 ellectuelles. Il n’y a que la résistance acharnée du « vieil homme », et les prétextes toujours très moraux, et même très
253 ux, qu’invoque notre révolte… Réalité radicale du problème Dans l’Église, une fois acceptés le Credo et son fondemen
254 ins « un faible libre arbitre »34 dans les choses du salut. Mais que le Christ ait dû mourir — cet acte extrême — pour nou
255 t oser descendre jusqu’au fond de la connaissance du péché pour voir qu’il n’y a de liberté possible que dans la grâce que
256 ermes où voulait se complaire Érasme. Le problème du salut est un problème de vie ou de mort. Or il est seul en cause pour
257 lair lorsque l’on a compris que Luther ne nie pas du tout notre faculté de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse suff
258 manisme mesuré l’empêche de voir le vrai tragique du débat. Mais le plus grand des adversaires du christianisme dans les t
259 ique du débat. Mais le plus grand des adversaires du christianisme dans les temps modernes, Nietzsche, aboutit à un dilemm
260 ien, c’est accepter en acte l’éternelle prévision du Dieu qui sauve.) La similitude étonnante du paradoxe luthérien et du
261 ision du Dieu qui sauve.) La similitude étonnante du paradoxe luthérien et du paradoxe nietzschéen ne saurait être ramenée
262 La similitude étonnante du paradoxe luthérien et du paradoxe nietzschéen ne saurait être ramenée à quelque influence inco
263 en moins à une coïncidence. En vérité, c’est bien du même problème qu’il s’agit. Le seul problème, dès qu’on en vient à un
264 Luther Martin, « [Préface] Martin Luther, Traité du serf arbitre  », dans Traité du serf arbitre, trad. Rougemont Denis d
265 in Luther, Traité du serf arbitre  », dans Traité du serf arbitre, trad. Rougemont Denis de, Paris, Éditions « Je sers »,
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
266 reur, que nous ne pourrions définir qu’en sortant du plan sur lequel ils voulaient nous faire prendre parti. C’est ainsi q
267 des lois qui ne tiennent plus compte de la crise du monde, et de celle de l’esprit dans ce monde. L’esprit s’est dégagé d
268 s ce monde. L’esprit s’est dégagé des coordonnées du moment, c’est dire que son exercice n’engage plus à rien, concrètemen
269 elle. On nous dira que, cependant, si le désordre du monde est réel, il se peut qu’il provienne, précisément, d’actualisat
270 philosophies n’en peuvent concevoir. Et s’il y a du désordre, c’est que ces philosophies sont tout de même moins inopéran
271 ique, ou idéaliste, ou relativiste, de l’activité du philosophe. ⁂ Mais cette réalité salutaire, cet acte, comment pourrio
272  : 1° Si on ne part pas de l’acte, on ne part pas du tout. 2° Si on ne part pas tout de suite, on ne partira jamais. Le j
273 ité humaine, le lieu de la pureté, si la « pureté du cœur », comme le veut Kierkegaard, c’est le vouloir unique, unifiant
274 le de notre être, par exemple à une objectivation du corps — de mon corps — ou à une objectivation du devenir historique,
275 du corps — de mon corps — ou à une objectivation du devenir historique, ou encore à une autonomie de la raison critique.
276 sentiellement l’affirmation simultanée de l’un et du divers, affirmation absurde en langage rationnel, tout système philos
277 mplique un élan vers, pour reprendre l’expression du Dr Minkowski. L’acte est l’éclatement d’une tension orientée ; il est
278 es effets qu’on ne saurait humainement le séparer du premier d’entre eux, qui est l’affirmation de la personnalité. Nous d
279 allant de l’angoisse à la création, de l’impasse du désordre à l’ordre nouveau, la personnalité accentue encore la tensio
280 nalité accentue encore la tension. Le nouvel état du conflit est plus aigu que l’ancien. Au fur et à mesure qu’elle se lib
281 e salut n’est jamais dans le repli, dans le refus du conflit concret. L’invention de l’homme « intérieur » suppose et perm
282 de l’homme « intérieur » suppose et permet celle du « robot » d’affaires. L’autisme est un fléchissement de la personnali
283 rte. Il est plus difficile d’échapper au prestige du positivisme et du néo-pragmatisme qu’à celui du moulin à prières. Il
284 ifficile d’échapper au prestige du positivisme et du néo-pragmatisme qu’à celui du moulin à prières. Il est plus difficile
285 e du positivisme et du néo-pragmatisme qu’à celui du moulin à prières. Il est plus difficile de maintenir sur le qui-vive
286 marche. Le sentiment de la sécurité, de l’ennui, du vide, traduit un fléchissement de la tension. L’adoration de l’abstra
287 écutif au relâchement de la tension et à la perte du sentiment du risque véritable. À côté de la réalité de la personne, u
288 âchement de la tension et à la perte du sentiment du risque véritable. À côté de la réalité de la personne, une autre réal
289 matique. Elle apparaît ainsi comme un va-et-vient du « donné » à l’abstrait. (Conflit de l’identité et de la réalité, voir
290 aurait être qu’un aspect provisoirement favorable du chaos. La vérité scientifique est dans l’abstrait ; la science-faite
291 l’effort de pensée nous retrouvons ce risque, né du caractère ordonnateur de l’activité humaine. Ainsi dans l’organisatio
292 de l’activité humaine. Ainsi dans l’organisation du travail. La machine tend à détruire l’artisanat, c’est-à-dire la zone
293 tend à détruire l’artisanat, c’est-à-dire la zone du travail manuel où l’œuvre garde un caractère plus ou moins net de tot
294 ié, qu’elle repousse vers l’activité spirituelle, du travail non qualifié, où l’homme ne joue plus qu’un rôle d’exécuteur.
295 domination de la machine serait le résultat fatal du renoncement à la valeur éthique de la science en tant qu’acte (tentat
296 n et d’acte nous est fourni par l’homme considéré du point de vue social. D’un côté, nous trouvons l’attachement de l’homm
297 on active dirigée tout entière vers l’affirmation du personnalisme. Dans les divers ordres de l’activité humaine, l’acte i
298 tantanéité de l’acte. 1. Ce qui ne signifie pas du tout que la pensée doive être soumise à l’action — bien au contraire 
299 aphe (D. R.). « Le seuil qui sépare le prélogique du logique, où est-il donc ? Le point est d’importance car il nous éclai
300 être l’acte de penser, au sens plein et cartésien du mot, soit infiniment plus difficile et plus rare qu’on ne se figure c
301 ltiplie par son progrès même. Elle ne connaît que du probable et, en tant qu’acte, elle est l’improbabilité essentielle. P
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
302 ui participent à une œuvre commune, dans le cadre du Club privé dont ils acceptent les statuts. Il faut encore ajouter que
303 itent aux adhérents l’objet de la partie numéro 2 du bulletin : savoir lire avec le minimum de duperie, une presse truquée
304 es clubs de vérifier le sérieux et l’indépendance du bulletin. Toutefois les adhérents trouveront au départ une première g
305 ments qui ont pris l’initiative de la création et du fonctionnement des clubs de presse. Les « Clubs de presse » sont fond
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
306 page de défendre la liberté. Dans l’état présent du langage, de la culture, et de la politique, on peut être à peu près c
307 re, si l’on me comprend, pour éduquer la méfiance du lecteur. h. Rougemont Denis de, « À qui la liberté ? », À nous la
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
308 hoisis, et de lui transmettre une certaine vision du monde plus profonde, plus riche et plus vraie, que la vision banale d
309 fluence n’est pas moins grande, sur la vie privée du lecteur. Ils ne veulent rien dire, mais, pourtant, ils disent ! En d’
310 r et flatter le lecteur, la conscience bourgeoise du lecteur, ou plus précisément de la lectrice, car en France, paraît-il
311 s humeurs, les goûts, les craintes et les vapeurs du bourgeois sensible, il ne cherche pas à les combattre, à les transfor
312 qui n’ose pas affirmer sa tendance. La contagion du roman réaliste ou psychologique actuel s’exerce uniquement au profit
313 tuelle ne marche plus pour les défendre. La crise du livre, dont tout le monde parle, c’est d’abord la crise du roman, et
314 dont tout le monde parle, c’est d’abord la crise du roman, et du roman fait à l’usage des bourgeois, de leurs loisirs imp
315 monde parle, c’est d’abord la crise du roman, et du roman fait à l’usage des bourgeois, de leurs loisirs improductifs. Un
316 riment à quelque chose, il n’y aura plus de crise du livre. i. Rougemont Denis de, « Romanciers publicitaires ou la con
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
317 e, la production écrite des hommes qui revenaient du front — 20 à 35 ans — connut un véritable boom commercial. « À nous l
318 lement les écrivains lassés de l’improvisation et du bâclé. Au lieu de chercher la densité, en profondeur, ils trouvent pl
319 lement de la durée vers l’amont » à l’incertitude du lendemain (et du présent), à la nécessité croissante de vivre sur ses
320 e vers l’amont » à l’incertitude du lendemain (et du présent), à la nécessité croissante de vivre sur ses réserves, enfin
321 yclistes, ne reste un trait capital de l’histoire du roman, du paysage, du roman, pour cette tranche de siècle que meubler
322 ne reste un trait capital de l’histoire du roman, du paysage, du roman, pour cette tranche de siècle que meublera la génér
323 trait capital de l’histoire du roman, du paysage, du roman, pour cette tranche de siècle que meublera la génération de 191
324 sont, en effet, des procès-verbaux de dissolution du monde bourgeois : de Proust à Lacretelle, les salons se défont, les c
325 ns un pareil état social ? Tous les chefs-d’œuvre du genre, au xixe siècle, étaient issus d’une société solidement établi
326 que des romans, des essais illustrés d’exemples : du coup, ils retrouvent un public. Il semble, d’autre part, que les docu
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
327 te — à subordonner leur mission à la « tactique » du succès commercial, c’est le moment de fourrer les pieds dans le plat
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
328 très pauvre, sec et lumineux. Toutes les nuances du gris, herbes, pierres, oliviers, et quelques touches de vert humide a
329 arelles, sous-bois et marines. Quelques tapis sur du carreau rouge. La plupart des fenêtres donnent au midi dans le branch
330 bassin rectangulaire aux eaux sombres. La maison du jardinier ferme la cour sur la droite, derrière des palmiers et des l
331 r d’étroits escaliers aux quatre autres terrasses du jardin, étagées sur le versant nord d’un vallon qui vient mourir à no
332 n coup de trompe d’auto, des cris de coq. L’odeur du raisin foulé monte de la cour, et remplit l’ombre bleue sous le tille
333 e plan d’arrangement actuel de chacune des pièces du premier, avant de les vider et de transporter leur contenu à l’étage
334 leu très clair. Le carreau rouge a été débarrassé du tapis. J’ai dressé ma table sur des tréteaux. Il ne reste qu’un grand
335 chère. Mais bien trop chère encore pour les gens du pays. Les petites entreprises qui leur donnaient du travail font fail
336 pays. Les petites entreprises qui leur donnaient du travail font faillite l’une après l’autre. Il y a 400 chômeurs pour u
337 lieu du pavé, charriant des ordures, des papiers, du sang près de la boucherie, du lait verdi. C’est à peine si l’on peut
338 dures, des papiers, du sang près de la boucherie, du lait verdi. C’est à peine si l’on peut marcher à pied sec dans les pa
339 es grandes villes. Le goût de « la vie saine » et du grand air, vous ne le trouverez que dans la « banlieue rouge » de Par
340 rs. Pittoresque, on peut le dire… 8 octobre 1934 Du rôle pratique de la raison. Je vois la misère qui règne dans tous ces
341 indiqué une ferme, de l’autre côté de la colline du sud, où nous pourrons acheter une provision d’« œillades ». C’est leu
342 Madame Turc. Elle nous fait entrer. Pour la vente du raisin, il faut attendre sa fille qui va rentrer des champs, où elle
343 tesse pleine de réserve et d’attentions. On parle du domaine. Les deux femmes le dirigent seules depuis la mort de M. Turc
344 n n’en parle jamais. Mais elles ne paraissent pas du tout se considérer comme un type social d’exception. Combien y a-t-il
345 té, par exemple. Les instituteurs d’A… ? Ils sont du peuple. Oui, mais bourgeois par leur profession. Et les Calixte ? Pro
346  ». Il part de ce que les hommes sont malgré eux, du point de vue abstrait et inhumain de la Statistique. Et il prétend fo
347 de la politique actuelle : sera-t-elle l’affaire du meilleur statisticien, ou au contraire de l’homme le plus humain ? Se
348 isine la fille et une voisine. Elles se plaignent du froid. Le fourneau est rouge, mais la porte donne au nord-ouest, d’où
349 outes les deux heures. Quand elle sortait sa main du lit, cela fumait. « Vous avez eu de la fièvre ! » Elle ne sait pas. E
350 un si bon remède comme on le dit. Je lui ai fait du poulet, elle n’y avait pas goût. Alors j’ai pensé lui faire du bouill
351 le n’y avait pas goût. Alors j’ai pensé lui faire du bouillon de poulet, ça lui a fait de l’avantage. Voyez ! Ce n’est pas
352 isie — où l’on s’imagine bien à tort que les gens du peuple sont spécialement adroits de leurs mains, débrouillards et ple
353 ace. Enfin ceux qui sont occupés par l’imprimerie du journal local, par les garages ou à la Mairie, sont communistes et mè
354 a Mairie, sont communistes et mènent les affaires du pays. Ils vont à toutes les conférences, prennent la parole au Cercle
355 de Chine, fait son apparition dans le Midi. État du pays en 1820 : douze filatures, deux fabriques de chapeaux, 5000 habi
356 produits soyeux manufacturés. Lors de la dédicace du nouveau temple, en 1822, quinze mille protestants accourent de toute
357 e artificielle fait son apparition dans la vallée du Rhône. Fondation des grandes usines de la région lyonnaise. Apparitio
358 grandes usines de la région lyonnaise. Apparition du grand capital. État du pays en 1935 : Dix-sept filatures fermées. La
359 gion lyonnaise. Apparition du grand capital. État du pays en 1935 : Dix-sept filatures fermées. La dernière fournit encore
360 ept filatures fermées. La dernière fournit encore du travail cinq jours par semaine à une centaine d’ouvrières, dont le sa
361 entreprises de soie artificielle. Le cycle normal du progrès capitaliste est clos. Lyon a drainé toute la richesse indigèn
362 y réfléchit, résume un drame. Ce drame est celui du langage dans notre société présente. Et c’est encore une fois le dram
363 que et précise. Ils n’éveillent plus chez l’homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts, que chez nous. Leur réso
364 vrier. On pensera que de tout temps la traduction du langage surveillé des écrivains dans le langage parlé du peuple fut a
365 age surveillé des écrivains dans le langage parlé du peuple fut affectée de malentendus de ce genre. Voire. Le peuple ne l
366 lise faisait le trait d’union, l’Église gardienne du sens concret des lieux communs. Aujourd’hui ces données sont boulever
367 on publique et la Presse répandent sinon le goût, du moins la pratique quotidienne de la lecture. Le public s’étend au has
368 ’il se laisse toujours persuader par la tentation du succès. Mais simplement on ne l’entend plus, il n’agit plus. Ce qu’on
369 ue lorsqu’on s’est mis à parler d’autre chose que du sujet, c’est-à-dire d’un peu tout : de l’enseignement, des journaux,
370 es, provoquant chaque fois de gros rires. L’homme du peuple — et je pense qu’il en va de même du bourgeois peu cultivé, et
371 homme du peuple — et je pense qu’il en va de même du bourgeois peu cultivé, et sans doute de tout ce qui n’est pas « intel
372 rnée se présente comme un séducteur, c’est la loi du genre, et cela rend les échanges bien pauvres…) Quand nous nous somme
373 le marxisme ? On m’avait dit : ce n’est pas cela du tout, vous verrez. Être communiste dans ce pays, c’est tout simplemen
374 raverser. — ??? — Oui, vous savez que nos temples du Midi sont construits en général sur la place du village. En face ou à
375 s du Midi sont construits en général sur la place du village. En face ou à côté, il y a les cafés, les terrasses sous les
376 re que les communistes sont les plus intelligents du village. Ce sont eux, et eux seuls, qui proposent des réformes pratiq
377 d’autre… Ce seraient souvent les meilleures têtes du pays, et on les laisse devenir les « mauvaises têtes ». 17 décembre 1
378 n comique profond, lugubre et déprimant que celui du chrétien honteux, honteux d’une foi qu’il n’a pas ! Car s’il l’avait,
379 ble : celui qui sait qu’il ne croit pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment le prouve-t-il ? Tout simplement en
380 extraordinaires, surhumaines : se rire des dieux du monde est assez héroïque, dans notre monde, pour qu’il soit vain de c
381 , décès, « avec doublage », vieillesse, accidents du travail, incendie et une histoire très compliquée de capitalisation-l
382 de même quelque chose, mais bou Diou ! ça demande du raisonnement. Par exemple, il a écrit au ministre — au ministre du Tr
383 Par exemple, il a écrit au ministre — au ministre du Travail — pour avoir une pension de 5000 francs pour son beau-frère.
384 ire une nouvelle lettre recommandée « à la charge du destinataire ». Eh bien, qu’est-ce que vous croyez ? Réponse dans les
385 eux sur tout plein d’objets. » Malchance affreuse du peuple français : il n’échappe aux jésuites que pour tomber dans le f
386 : le franc sacré, les idées à majuscules, toucher du bois, la bouteille de champagne brisée contre la coque des bateaux ne
387 Un geste résume toute la situation : c’est celui du coiffeur fameux, premier gagnant de la Loterie nationale, s’inclinant
388 de la Loterie nationale, s’inclinant sur la tombe du Soldat inconnu. Juste hommage au collègue, au gagnant d’une autre lot
389 faire passer pour des bourgeois ou des défenseurs du prolétariat. 17 février 1935 Cercle d’hommes. — Hier soir le sujet d
390 rase d’un homme, dans la cour, tandis qu’il donne du feu à son copain : Pour moi, c’est un fasciste ! Toutes nos confusion
391 donc pas un vrai chômeur. — Mais je ne tiens pas du tout à être un « vrai chômeur », je vous l’assure ! D’ailleurs j’ai d
392 audra essayer de réviser nos préjugés en fonction du vrai but de notre vie, de nous refaire une hiérarchie éthique, et de
393 e aux vieux ! — Je lis dans un journal socialiste du Midi, sous la rubrique « La vie régionale », qui chaque jour m’apport
394 ssez-vous ! Activez la propagande ! » Ô merveille du pathos révolutionnaire ! ô gloire de la phraséologie marxiste ! Ô tri
395 travailleurs de Bouillargues, prouvant à la face du monde que nos militants héroïques n’ont pas perdu leur peine depuis 8
396 : je vote pour le communiste. C’est un Méridional du type sérieux, un de ces hommes qui pourraient sauver sa région de la
397 l y a bien d’autres aspects. Ces deux hommes sont du même niveau social, sans doute parents, de mœurs et de langage pareil
398 mal dites. J’accepte à la rigueur cette division du monde en gros et en petits, si c’est le seul moyen pratique de faire
399 listes, ce serait d’être le parti de la vérité et du bon sens. Ils auraient avec eux tous les hommes — bourgeois ou intell
400 prouve simplement, une fois de plus, que l’homme du peuple ne comprend pas profondément ce qu’on lui donne à lire ou à en
401  » en défendant ces exploiteurs de la bassesse et du mensonge en service commandé. L’homme à la veste bleue, je le compren
402 ont presque toujours cet ennui par les conditions du travail créées depuis la guerre dans les campagnes : nomadisme des em
403 mun les terres d’un petit village ; vendre le vin du pays dans les épiceries du pays, lesquelles ne vendent que des succéd
404 illage ; vendre le vin du pays dans les épiceries du pays, lesquelles ne vendent que des succédanés fabriqués dans des « c
405 un mot de tout cela, on s’en tiendra aux clichés du journal. On n’aura pas le temps ni le courage, ni même l’idée de pous
406 lus loin, d’aborder des réalités. Donc, par amour du peuple, n’écoutons plus ses assemblées, ce n’est pas lui. Écoutons le
407 peuple. Dictature ou éducation, voilà le dilemme du xxe siècle. La dictature est très facile. Elle n’a qu’un argument tr
408 a peut-être des réflexions fécondes dans l’esprit du lecteur philosophe. Déjà huit mois que nous sommes ici, et combien de
409 le de Bonaparte, n’est en somme que l’application du style français à la chose militaire. 29. Ils ont donc au moins 66 an
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
410 t au 17e » : Salut, salut à vous, braves soldats du 17e… ou encore la chanson patriotarde sur l’Alsace-Lorraine : Vous
411 longtemps, je n’avais éprouvé un pareil plaisir, du point de vue politique et administratif. Dans son poème, il raille im
412 es œuvres est un crime. Vous reconnaissez le ton du policier, et du fonctionnaire arrivé. « L’indifférence à ses œuvres e
413 crime. Vous reconnaissez le ton du policier, et du fonctionnaire arrivé. « L’indifférence à ses œuvres est un crime. » H
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
414 ais de naissance et d’éducation. Une excentricité du sort a fait de lui un poète allemand. Les autres ont toujours cru à c
415 u son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De Chamisso à Hofmannsthal, plusieurs ont re
416 pittoresques pour qu’un « poète » — au sens banal du terme — préfère en ignorer la cause ? L’on s’étonne enfin de ce lien
417 le domaine germanique et l’expression littéraire du mythe : Chamisso, Andersen, Hofmannsthal, et bien d’autres imitateurs
418 observer mainte fois l’extraordinaire popularité du bonhomme Peter Schlemihl. Je fus à l’Opéra. On y donnait du Strauss.
419 e Peter Schlemihl. Je fus à l’Opéra. On y donnait du Strauss. Je ne connaissais pas le livret d’Hofmannsthal, et compris m
420 ve humiliante de la chair — humiliante pour ceux, du moins qui, plaçant la Raison dans le monde des dieux, voudraient bien
421 Ils en ont tous une, et s’entendent à tirer parti du plaisir que dispense un corps. Ils prisent fort la « transparence »,
422 riche, mais privé d’ombre, il se croit le maître du monde. Point du tout : on se moque de lui. Comblé, le voici plus qu’a
423 vé d’ombre, il se croit le maître du monde. Point du tout : on se moque de lui. Comblé, le voici plus qu’avant inadmissibl
424 t, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière du jour, et même la clarté de la lune. Il recherche la solitude pour y m
425 sespérées. Souvent il éclate en sanglots à l’idée du plus simple bonheur, — de ce bonheur dont tous les autres semblent dé
426 de ? Rien n’est plus loin de sa pensée. Sa vision du monde serait exactement celle d’un philistin sympathique, d’un philis
427 plexe d’infériorité, délire de persécution, perte du contact social, sentiment de culpabilité, besoin d’évasion, activité
428 probable. Et quand rien ne dépend à coup sûr que du tout ? Ceci dit, la psychanalyse peut nous donner des descriptions ut
429 la question que nous posait l’origine germanique du mythe38. Dès le début, j’avais pressenti qu’une fable à ce point célè
430 n sexuelle » ne tire son importance démesurée que du seul fait qu’elle est une image physique du pouvoir créateur spiritue
431 e que du seul fait qu’elle est une image physique du pouvoir créateur spirituel. Comme on peut le voir par l’examen de la
432 écrits. (Il peut être d’ailleurs, au sens courant du mot, le plus « pudibond » des bourgeois : un Amiel). Cependant ces re
433 éation que l’on possède, c’est naturel ; mais non du tout qu’on en ait honte, semble-t-il. En vérité, la mauvaise pudeur p
434 t « plein dans sa peau », partagent les richesses du désir. Et l’homme a retrouvé son ombre. Suite et fin de la fable
435 perdu son ombre et qui emprunte celle d’une fille du peuple. Mais Andersen, comme on pouvait s’y attendre, fait dominer l’
436 s’y attendre, fait dominer l’aspect « spirituel » du mythe. Son conte de l’Ombre, c’est le symbole de la puissance de créa
437 ndra s’asservir le poète… ⁂ C’est une des gloires du romantisme allemand que d’avoir su élever les faiblesses de l’homme,
438 s-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur du mythe, et de la Fable, plus profondément vrais que la vie. (Plus rich
439 plus écrire sa Fable, il n’en veut plus, il veut du vraisemblable ! Il est retombé dans le roman insignifiant. P.-S. Je
440 ux-ci s’orientent plutôt vers l’aspect individuel du mythe de l’ombre, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant p
441 l du mythe de l’ombre, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exemple). Barrès, dans ses Cahiers, recueille
442 parents, au cours d’un séjour à Paris. L’origine du conte célèbre serait donc bien française, et Barrès s’en réjouit. Il
443 ent, comme je l’ai fait, sur l’antiquité nordique du mythe, auquel se rattachent de très nombreuses coutumes populaires, a
444 ais sur la théorie de la sexualité. La définition du normal est donc ici : adapté au milieu social. Qui ne voit ce qu’on p
445 omment un philosophe « Venant des froides régions du Nord » et voyageant aux pays chauds, perd son ombre à force de rêver
446 aient définir qu’un aspect, à vrai dire fréquent, du romantisme allemand qui en a montré bien d’autres, et de tout contrai
447 isso et le Mythe de l’Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, mai–juin 1937, p. 282‑291.
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
448 a fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’omb
449 attue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du puits à gauche, où repose une vieille chatte, le chai à droite. Au-de
450 droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager, de chaque côté d’une allée bordée de rosiers. L’allée abouti
451 ici au ras d’un sol sablonneux que l’on fume avec du varech. De l’île, du village, de la mer, je ne veux rien dire encore 
452 ablonneux que l’on fume avec du varech. De l’île, du village, de la mer, je ne veux rien dire encore : je laisse tout cela
453 les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans le style rom antique, avec tous se
454 s et toute son opulence, frisé comme une perruque du grand siècle. De trois côtés de la place généralement vide, les maiso
455 ’elle veut me faire causer avant de fixer le prix du chou-fleur, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et du kilo d
456 xer le prix du chou-fleur, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et du kilo de riz. Mes vêtements, citadins mais râ
457 , des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et du kilo de riz. Mes vêtements, citadins mais râpés, ne la renseignent pa
458 rd, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’ai du travail chez moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas m’en dem
459 ue j’écris à ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours :
460 ceci parce que c’est un petit signe assez typique du malentendu qui apparaît entre les gens d’ici et moi dès qu’il s’agit
461 hé ce matin une édition populaire de La Naissance du jour, de Colette. Je n’avais pas encore lu ce livre. Il est exactemen
462 veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a beau porter un nombre excessif de jupo
463 Journal d’un intellectuel en chômage  », La Revue du dimanche, supplément hebdomadaire de la Revue de Lausanne , Lausanne,
464 e la note suivante : « Par les soins de la Guilde du Livre, à Lausanne, paraîtra très prochainement un ouvrage de notre co
465 intellectuel en chômage . Grâce à la complaisance du directeur de la Guilde, M. A. Mermoud, nous sommes en mesure d’offrir
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
466 e fer, tout convergeait vers Paris, non seulement du fait d’une organisation ferroviaire centralisée, mais encore sentimen
467 aitement unifiée ? La ligne d’autocar fait partie du pays. Elle en épouse la géographie physique mais aussi humaine. Elle
468 i elle tient compte des rythmes de la vie locale, du calendrier des marées, de l’heure matinale des foires, dans les distr
469 tenir un minimum de précisions concernant l’heure du prochain départ et la destination des diverses voitures qui stationne
470 stationnent, sur la place… Et que dire maintenant du voyage lui-même ? C’est une résurrection de ce que Vigny pleurait, la
471 fille de l’auberge écartée qui attend le passage du car, les cheveux au vent, sur le bord de la route. Rien n’est plus sy
472 on exige même de ces gens-là des vertus au-dessus du commun, la révélation de secrets qui suffiraient à rendre heureux les
473 remarqués : Penser avec les mains et Politique du personnalisme [sic], M. Denis de Rougemont vient d’illustrer ce que
18 1937, Articles divers (1936-1938). « Subjectivité et transcendance », Lettre de M. Denis de Rougemont (décembre 1937)
474 ète à la transcendance où manquerait le sentiment du divin, du sacré. Mais votre communication nous oriente utilement vers
475 ranscendance où manquerait le sentiment du divin, du sacré. Mais votre communication nous oriente utilement vers une nouve
19 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
476 uffisantes, et je le leur dis en toute franchise. Du moins ne tiennent-ils pas le christianisme dont je parle pour une nia
477 t à son vœu final : « Qu’ils s’emparent hardiment du pouvoir dans cet État, et, en manifestant la noblesse de leur caractè
478 ant la noblesse de leur caractère, nous délivrent du triste spectacle que nous avons sous les yeux. » Car la noblesse qu’i
479 guerres et leurs cultes d’État. 80. Voir numéro du 1er décembre 1937 : Le Personnalisme en Suisse. 81. La réserve indiq
20 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
480 é son enfance à garder les moutons dans la plaine du Jutland. Un jour, accablé par la misère, il était monté sur un tertre
481 a de terrifiant, et une belle aisance matérielle. Du secret, il tira une partie de son œuvre : son analyse du désespoir co
482 et, il tira une partie de son œuvre : son analyse du désespoir considéré comme une révolte contre Dieu. De sa fortune, il
483 ut d’un an. L’idée que Kierkegaard s’était formée du mariage était trop absolue pour comporter une réalisation pratique. L
484 aque chambre il faisait disposer une écritoire et du papier, de façon à pouvoir noter, au cours de son interminable promen
485 rdait quelque répit, errait sur les quais déserts du port, ou gagnait les forêts qui avoisinent la capitale. Puis il se re
486 ment sans pareil à forcer l’esprit sur l’obstacle du désespoir et de l’absurdité de l’existence ; toute une vie tendue ver
487 fs et à juger, c’est exactement prendre le chemin du vrai martyre. Un vrai martyr n’a jamais eu recours à la violence, il
488 (c’est un interne qui transcrit les déclarations du malade) : Il tient sa maladie pour mortelle. Sa mort serait nécessai
489 a « difficulté » de Kierkegaard et sa dialectique du sérieux et de l’ironie. Kierkegaard est difficile parce qu’il est si
490 est difficile parce qu’il est simple. « La pureté du cœur, c’est de vouloir une seule chose », écrit-il. Mais cette seule
491 ésespoir, jamais de défi, ni d’« hybris ». Pureté du chrétien, non du surhomme. Quant au « sérieux » de Kierkegaard, il es
492 de défi, ni d’« hybris ». Pureté du chrétien, non du surhomme. Quant au « sérieux » de Kierkegaard, il est de nature à tro
493 ittéraire : ce sont les dramaturges et les poètes du Nord, dont le plus grand nom est Ibsen. La seconde philosophique : l’
21 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
494 Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)aa Note pour une
495 ur la mort, 22 mars 1662). Que dirions-nous alors du sort fait à celui qui doit se montrer aux hommes tel qu’il est ? S’en
496 au prix d’un désordre social — selon les préjugés du régime établi — que ces rencontres deviennent possibles, se multiplie
497 tait plus même une chemise entière : les morceaux du bras avant servi à rapiécer les épaules et le plastron. Le peu d’arge
498 culture. — À ceux qui n’ont rien, il faut donner du confort, afin qu’ils puissent concevoir d’autres buts à leur existenc
499 quelque chose, il faut rappeler que la recherche du confort est ce qui s’oppose le plus radicalement à toute culture véri
500 les étoiles sont très grosses et molles au-dessus du jardin. Mais il arrive que le noir soit compact. Je me dirige à peu p
501 siers. Je trouve, à tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici les rues du village, ill
502 , dans l’odeur des lauriers épais. Voici les rues du village, illuminées comme un décor blanc et vert. Des chiens surgisse
503 lettres à porter à l’autobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et l’écho de mes pas contre les murs des
504 d’aménagement et de décoration des trois chambres du premier étage, on ne sait jamais… Les vingt-deux pièces du dessus de
505 r étage, on ne sait jamais… Les vingt-deux pièces du dessus de cheminée ont été replacées au millimètre, dans une symétrie
506 beur risque d’être détruit par une odieuse malice du sort. Nous avions descendu du deuxième un lourd sommier pour en faire
507 une odieuse malice du sort. Nous avions descendu du deuxième un lourd sommier pour en faire un divan. L’escalier est étro
508 infligés à la maison. Pas question d’aller quérir du renfort à A. Il faut encore boucler les valises, descendre mes caisse
509 ! Fuyons, fuyons ! (Été à Paris). Impossibilité du libre-échange humain. — Considération irritée et décevante des « gens
510 onne qui tire sa robe à fleurs sur le quai désert du métro, enfin un être vrai. Conclusion. — S’occuper des « petits-fai
511 liquide, chez son beau-frère. Il était adversaire du prêt à l’intérêt, condamné par l’église primitive. Il donnait à qui v
512 ffre. aa. Rougemont Denis de, « Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage  », Existences, Saint-Hilaire-du