1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)d Aucun ouvrage ne se passe mieu
2 Max Brod, Le Royaume enchanté de l’ amour (1936)d Aucun ouvrage ne se passe mieux de préface qu’un bon
3 passe mieux de préface qu’un bon roman. Pourtant la réussite de Max Brod n’est pas seulement de l’ordre romanesque : elle
4 nt la réussite de Max Brod n’est pas seulement de l’ ordre romanesque : elle est d’avoir mêlé à un beau drame d’amour le so
5 e : elle est d’avoir mêlé à un beau drame d’amour le souvenir et davantage, la présence d’un être vrai, qui apporte à tout
6 à un beau drame d’amour le souvenir et davantage, la présence d’un être vrai, qui apporte à toute l’œuvre une émouvante pr
7 , la présence d’un être vrai, qui apporte à toute l’ œuvre une émouvante précision. Le personnage de Garta, dont le lecteur
8 apporte à toute l’œuvre une émouvante précision. Le personnage de Garta, dont le lecteur ne tardera pas à voir qu’il figu
9 émouvante précision. Le personnage de Garta, dont le lecteur ne tardera pas à voir qu’il figure la conscience exigeante, e
10 ont le lecteur ne tardera pas à voir qu’il figure la conscience exigeante, et comme le juge incorruptible et amical du hér
11 ir qu’il figure la conscience exigeante, et comme le juge incorruptible et amical du héros et de son débat, ce personnage
12 : Franz Kafka. De cet esprit incomparable — qu’on l’ entende aux deux sens du terme —, un seul ouvrage a paru en français22
13 ançais22. Ce serait assez pour donner une idée de l’ ordre de grandeur spirituelle et de la singularité de l’œuvre entière.
14 une idée de l’ordre de grandeur spirituelle et de la singularité de l’œuvre entière. Mais bien peu en ont eu connaissance,
15 e de grandeur spirituelle et de la singularité de l’ œuvre entière. Mais bien peu en ont eu connaissance, et moins encore s
16 réserve. Une sorte de stupéfaction respectueuse ; le mutisme de l’homme qui s’est senti touché dans une région de l’être d
17 orte de stupéfaction respectueuse ; le mutisme de l’ homme qui s’est senti touché dans une région de l’être dont il ignorai
18 l’homme qui s’est senti touché dans une région de l’ être dont il ignorait presque l’existence, et qui demande un peu de te
19 ans une région de l’être dont il ignorait presque l’ existence, et qui demande un peu de temps pour formuler sa réaction, v
20 temps pour formuler sa réaction, voilà sans doute l’ explication qu’il faut donner à l’espèce de résistance que rencontre K
21 oilà sans doute l’explication qu’il faut donner à l’ espèce de résistance que rencontre Kafka parmi nous. Rien ne me paraît
22 Kafka parmi nous. Rien ne me paraît plus propre à la réduire que le détour auquel a recouru Max Brod ; la biographie roman
23 s. Rien ne me paraît plus propre à la réduire que le détour auquel a recouru Max Brod ; la biographie romanesque, l’approc
24 réduire que le détour auquel a recouru Max Brod ; la biographie romanesque, l’approche vivante de la personne même de Kafk
25 el a recouru Max Brod ; la biographie romanesque, l’ approche vivante de la personne même de Kafka dans ce qu’elle eut de q
26 ; la biographie romanesque, l’approche vivante de la personne même de Kafka dans ce qu’elle eut de quotidien et de très si
27 ifice gratuit. Vieux Pragois lui aussi, Brod fut l’ ami le plus intime de Franz Kafka. C’est lui qui s’est chargé de publi
28 gratuit. Vieux Pragois lui aussi, Brod fut l’ami le plus intime de Franz Kafka. C’est lui qui s’est chargé de publier ses
29 grande part inédites, et que Kafka lui-même, par l’ excès d’un scrupule à la fois artistique et religieux, souhaitait que
30 à la fois artistique et religieux, souhaitait que l’ on détruisît. Max Brod s’est expliqué sur ce point délicat dans une no
31 liqué sur ce point délicat dans une note jointe à l’ édition posthume du Procès : je doute que les lecteurs de ce livre éto
32 nte à l’édition posthume du Procès : je doute que les lecteurs de ce livre étonnant, le plus profond qu’on puisse imaginer,
33 : je doute que les lecteurs de ce livre étonnant, le plus profond qu’on puisse imaginer, aient le courage de le lui reproc
34 ant, le plus profond qu’on puisse imaginer, aient le courage de le lui reprocher. La piété même que voue Max Brod à la mém
35 rofond qu’on puisse imaginer, aient le courage de le lui reprocher. La piété même que voue Max Brod à la mémoire de son am
36 e imaginer, aient le courage de le lui reprocher. La piété même que voue Max Brod à la mémoire de son ami le retint d’entr
37 té même que voue Max Brod à la mémoire de son ami le retint d’entreprendre au lendemain de la mort de Kafka sa biographie
38 son ami le retint d’entreprendre au lendemain de la mort de Kafka sa biographie objective. Mais par une sorte de compensa
39 on tout inconsciente, c’est au désir de prolonger le merveilleux dialogue interrompu que l’auteur du Royaume enchanté attr
40 prolonger le merveilleux dialogue interrompu que l’ auteur du Royaume enchanté attribue aujourd’hui l’inspiration de ce ro
41 l’auteur du Royaume enchanté attribue aujourd’hui l’ inspiration de ce roman. Sachons-lui gré d’accorder par là même, à un
42 d’accorder par là même, à un public plus étendu, l’ avance nécessaire, le gage tout humain dont certains lecteurs ont beso
43 me, à un public plus étendu, l’avance nécessaire, le gage tout humain dont certains lecteurs ont besoin, pour se risquer à
44 quer à découvrir un génie tellement « étranger »… Le récit de Max Brod est librement imaginé. Toutefois le personnage de G
45 écit de Max Brod est librement imaginé. Toutefois le personnage de Garta, ses propos, sa vision du monde, ses expériences
46 onde, ses expériences et préoccupations sociales, les lectures qu’il fait à son ami, la brève idylle de Weimar… tout cela c
47 ions sociales, les lectures qu’il fait à son ami, la brève idylle de Weimar… tout cela compose une description exacte de l
48 imar… tout cela compose une description exacte de la jeunesse de Kafka. Quelques faits et deux ou trois dates suffiront dé
49 aquit à Prague en 1883. Il passa dans cette ville la plus grande partie de sa vie. Docteur en droit, il travailla d’abord
50 les, puis d’une compagnie d’assurances ouvrières. Le travail manuel l’attirait ; il s’essaya dans un atelier de menuiserie
51 mpagnie d’assurances ouvrières. Le travail manuel l’ attirait ; il s’essaya dans un atelier de menuiserie, puis dans une en
52 nombre de récits. Mais on trouva dans ses papiers les manuscrits presque complets de trois romans : Le Procès, Le Château,
53 les manuscrits presque complets de trois romans : Le Procès, Le Château, et Amérique. Le regard qu’il y porte sur le monde
54 its presque complets de trois romans : Le Procès, Le Château, et Amérique. Le regard qu’il y porte sur le monde est d’une
55 rois romans : Le Procès, Le Château, et Amérique. Le regard qu’il y porte sur le monde est d’une précision proprement ango
56 Château, et Amérique. Le regard qu’il y porte sur le monde est d’une précision proprement angoissante. Il considère notre
57 ndent et masquent à peine une foncière absurdité. L’ état d’extrême lucidité que suscite en nous cette vision ressemble à s
58 ar. Mais alors que tant de poètes s’efforçaient à la même époque de délirer méthodiquement, et de brouiller tous les plans
59 e de délirer méthodiquement, et de brouiller tous les plans du réel à seule fin de s’en évader — durant le temps de leur iv
60 plans du réel à seule fin de s’en évader — durant le temps de leur ivresse tout au moins — Kafka nous ramène sans cesse, a
61 sans cesse, avec une sorte d’humour inflexible, à la conscience la plus sobre de notre humaine condition. On dirait qu’il
62 ec une sorte d’humour inflexible, à la conscience la plus sobre de notre humaine condition. On dirait qu’il incite ses hér
63 dirait qu’il incite ses héros à pratiquer contre la vie bourgeoise une espèce de « grève perlée » : c’est à force de cons
64 orce de conscience, de naturel, d’exactitude dans l’ exercice de leurs tâches banales et de leurs relations sociales, qu’il
65 ns sociales, qu’ils en découvrent et en dénoncent l’ impossibilité foncière. À serrer de si près le réel, on le convainc ra
66 ent l’impossibilité foncière. À serrer de si près le réel, on le convainc rapidement de monstruosité et de scandale métaph
67 ibilité foncière. À serrer de si près le réel, on le convainc rapidement de monstruosité et de scandale métaphysique. Et d
68 Et dès lors tout devient étrangement signifiant, le fait divers s’agrandit peu à peu aux proportions d’une parabole de l’
69 andit peu à peu aux proportions d’une parabole de l’ existence. Ou bien c’est le contraire : partant d’un fait inexplicable
70 ions d’une parabole de l’existence. Ou bien c’est le contraire : partant d’un fait inexplicable et monstrueux23 survenu da
71 un fait inexplicable et monstrueux23 survenu dans la vie de son héros, Kafka nous amène à penser que le détail de l’existe
72 a vie de son héros, Kafka nous amène à penser que le détail de l’existence banale, et le sentiment d’étrangeté qui parfois
73 héros, Kafka nous amène à penser que le détail de l’ existence banale, et le sentiment d’étrangeté qui parfois l’accompagne
74 à penser que le détail de l’existence banale, et le sentiment d’étrangeté qui parfois l’accompagne en sourdine s’explique
75 e banale, et le sentiment d’étrangeté qui parfois l’ accompagne en sourdine s’expliquent de la manière la plus logique sitô
76 parfois l’accompagne en sourdine s’expliquent de la manière la plus logique sitôt qu’on les rapporte à un fait initial my
77 accompagne en sourdine s’expliquent de la manière la plus logique sitôt qu’on les rapporte à un fait initial mystérieux et
78 liquent de la manière la plus logique sitôt qu’on les rapporte à un fait initial mystérieux et d’apparence extravagante. De
79 rence extravagante. Derrière cette psychologie de l’ angoisse quotidienne, l’on pressent chez Kafka des intentions morales,
80 ière cette psychologie de l’angoisse quotidienne, l’ on pressent chez Kafka des intentions morales, une philosophie, et la
81 Kafka des intentions morales, une philosophie, et la recherche au moins d’une théologie. Tout cela, qui n’est pas exprimé
82 trahi par certaines bizarreries du récit, donne à l’ œuvre une grandeur poétique, un pouvoir d’inquiéter presque morbide au
83 mais aussi, pour qui sait comprendre, salutaire… Les lectures favorites et les préoccupations sociales de « Garta », telle
84 comprendre, salutaire… Les lectures favorites et les préoccupations sociales de « Garta », telles que nous les décrit Max
85 ccupations sociales de « Garta », telles que nous les décrit Max Brod, aideront à deviner la nature assez rare du dessein s
86 que nous les décrit Max Brod, aideront à deviner la nature assez rare du dessein secret de Kafka. Sa passion de l’absolu
87 ez rare du dessein secret de Kafka. Sa passion de l’ absolu moral et religieux, sa psychologie de l’angoisse dérivent sans
88 de l’absolu moral et religieux, sa psychologie de l’ angoisse dérivent sans doute de Kierkegaard, qu’il fut l’un des premie
89 ’utilité, d’éducation des forces spirituelles par l’ activité pratique et sociale, volonté qui se manifeste tout au long de
90 este tout au long de son existence, et qui devait l’ amener entre autres, à son projet de participation au jeune mouvement
91 sans doute assez pour faire entrevoir au lecteur l’ arrière-plan et les prolongements de l’aventure du « vieux Pragois »,
92 pour faire entrevoir au lecteur l’arrière-plan et les prolongements de l’aventure du « vieux Pragois », héros non tout à fa
93 au lecteur l’arrière-plan et les prolongements de l’ aventure du « vieux Pragois », héros non tout à fait imaginaire, lui a
94 ait imaginaire, lui aussi, du Royaume enchanté de l’ amour. 22. Le Procès, roman traduit de l’allemand par A. Vialatte.
95 lui aussi, du Royaume enchanté de l’amour. 22. Le Procès, roman traduit de l’allemand par A. Vialatte. Deux autres réci
96 té de l’amour. 22. Le Procès, roman traduit de l’ allemand par A. Vialatte. Deux autres récits de Kafka ont été publiés
97 . Deux autres récits de Kafka ont été publiés par la Nouvelle Revue française  : La Métamorphose et Le Terrier. 23. Par
98 t été publiés par la Nouvelle Revue française  : La Métamorphose et Le Terrier. 23. Par exemple : la métamorphose subite
99 a Nouvelle Revue française  : La Métamorphose et Le Terrier. 23. Par exemple : la métamorphose subite d’un jeune homme e
100 La Métamorphose et Le Terrier. 23. Par exemple : la métamorphose subite d’un jeune homme en une bête innommable et même i
101 une bête innommable et même indescriptible (dans La Métamorphose). Ou encore : l’inculpation inexplicable qui pèse sur le
102 ndescriptible (dans La Métamorphose). Ou encore : l’ inculpation inexplicable qui pèse sur le héros du Procès. d. Rougemo
103 encore : l’inculpation inexplicable qui pèse sur le héros du Procès. d. Rougemont Denis de, Brod Max, « [Préface] Max B
104 ugemont Denis de, Brod Max, « [Préface] Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour  », dans Le Royaume enchanté de l’amour,
105 Max, « [Préface] Max Brod, Le Royaume enchanté de l’ amour  », dans Le Royaume enchanté de l’amour, Paris, Édition « Je ser
106 Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour  », dans Le Royaume enchanté de l’amour, Paris, Édition « Je sers », 1936, p. 9-1
107 chanté de l’amour  », dans Le Royaume enchanté de l’ amour, Paris, Édition « Je sers », 1936, p. 9-12.
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
108 Forme et transformation, ou l’ acte selon Kierkegaard (janvier 1936)c « Toute mon activité d’auteu
109 Car on n’est pas chrétien, et même on ne peut pas l’ être, mais il faut le devenir. Et le problème, alors, devient celui de
110 tien, et même on ne peut pas l’être, mais il faut le devenir. Et le problème, alors, devient celui de l’acte, c’est-à-dire
111 n ne peut pas l’être, mais il faut le devenir. Et le problème, alors, devient celui de l’acte, c’est-à-dire de la création
112 devenir. Et le problème, alors, devient celui de l’ acte, c’est-à-dire de la création d’une possibilité nouvelle, sans pré
113 , alors, devient celui de l’acte, c’est-à-dire de la création d’une possibilité nouvelle, sans précédent. Y a-t-il des act
114 té nouvelle, sans précédent. Y a-t-il des actes ? L’ homme d’aujourd’hui ne le croit pas. Il croit aux lois, et il se veut
115 nt. Y a-t-il des actes ? L’homme d’aujourd’hui ne le croit pas. Il croit aux lois, et il se veut déterminé. Or il l’est da
116 Il croit aux lois, et il se veut déterminé. Or il l’ est dans la mesure exacte où il l’accepte ; mais dans cette mesure mêm
117 x lois, et il se veut déterminé. Or il l’est dans la mesure exacte où il l’accepte ; mais dans cette mesure même, il se pe
118 éterminé. Or il l’est dans la mesure exacte où il l’ accepte ; mais dans cette mesure même, il se peut qu’il cesse d’être h
119 e même, il se peut qu’il cesse d’être humain. Car l’ homme n’a d’existence proprement humaine que lorsqu’il participe à la
120 ence proprement humaine que lorsqu’il participe à la transformation du monde. Autrement, il est animal, et soumis à la for
121 n du monde. Autrement, il est animal, et soumis à la forme des choses, — à la commune dégradation. Ceux qui ne croient pas
122 est animal, et soumis à la forme des choses, — à la commune dégradation. Ceux qui ne croient pas à l’acte, c’est qu’ils n
123 la commune dégradation. Ceux qui ne croient pas à l’ acte, c’est qu’ils ne connaissent plus aucun chemin. Comment marcher,
124 on appelle ainsi leur anxiété. En vérité, toutes les démonstrations savantes qu’on nous a faites depuis un siècle pour nou
125 s a faites depuis un siècle pour nous prouver que l’ acte est impossible et que le tout de l’homme est soumis au calcul, to
126 our nous prouver que l’acte est impossible et que le tout de l’homme est soumis au calcul, tout cet effort des sciences et
127 ouver que l’acte est impossible et que le tout de l’ homme est soumis au calcul, tout cet effort des sciences et des sociol
128 ciences et des sociologies établit à grands frais l’ évidence du désespoir : l’homme moderne a perdu « le chemin ». Je sui
129 établit à grands frais l’évidence du désespoir : l’ homme moderne a perdu « le chemin ». Je suis le chemin, la vérité et
130 évidence du désespoir : l’homme moderne a perdu «  le chemin ». Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit le Christ. 1
131 : l’homme moderne a perdu « le chemin ». Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit le Christ. 1. La vérité est le che
132 oderne a perdu « le chemin ». Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit le Christ. 1. La vérité est le chemin Chr
133 u « le chemin ». Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit le Christ. 1. La vérité est le chemin Christ est la Vé
134 n ». Je suis le chemin, la vérité et la vie, dit le Christ. 1. La vérité est le chemin Christ est la Vérité dans ce
135 chemin, la vérité et la vie, dit le Christ. 1. La vérité est le chemin Christ est la Vérité dans ce sens qu’être la
136 rité et la vie, dit le Christ. 1. La vérité est le chemin Christ est la Vérité dans ce sens qu’être la vérité est la
137 rist. 1. La vérité est le chemin Christ est la Vérité dans ce sens qu’être la vérité est la seule explication vraie
138 min Christ est la Vérité dans ce sens qu’être la vérité est la seule explication vraie de la vérité… Être la vérité, c
139 est la Vérité dans ce sens qu’être la vérité est la seule explication vraie de la vérité… Être la vérité, c’est connaître
140 ’être la vérité est la seule explication vraie de la vérité… Être la vérité, c’est connaître la vérité, et le Christ n’aur
141 est la seule explication vraie de la vérité… Être la vérité, c’est connaître la vérité, et le Christ n’aurait jamais connu
142 aie de la vérité… Être la vérité, c’est connaître la vérité, et le Christ n’aurait jamais connu la vérité s’il n’avait pas
143 té… Être la vérité, c’est connaître la vérité, et le Christ n’aurait jamais connu la vérité s’il n’avait pas été la vérité
144 tre la vérité, et le Christ n’aurait jamais connu la vérité s’il n’avait pas été la vérité ; et nul homme ne connaît davan
145 urait jamais connu la vérité s’il n’avait pas été la vérité ; et nul homme ne connaît davantage de vérité qu’il n’en incar
146 ntage de vérité qu’il n’en incarne.3 Voici donc le mystère : s’il n’y a pas de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si
147 si nous ne marchons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet seule de franchir ce cercle enchanté où nou
148 de franchir ce cercle enchanté où nous maintient l’ argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La foi au Christ
149 enchanté où nous maintient l’argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La foi au Christ est la condition néces
150 ient l’argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La foi au Christ est la condition nécessaire et suffisante de
151 ument du démon — le serpent qui se mord la queue. La foi au Christ est la condition nécessaire et suffisante de tout acte
152 erpent qui se mord la queue. La foi au Christ est la condition nécessaire et suffisante de tout acte véritable, de toute m
153 marche, de toute création, de toute victoire sur la Nécessité. « Je suis le chemin ». Mais un chemin n’est un chemin que
154 on, de toute victoire sur la Nécessité. « Je suis le chemin ». Mais un chemin n’est un chemin que si on y marche4. Sinon i
155 inon il n’est qu’un point de vue ; ou bien encore le lieu d’un pur possible, et sur ces lieux règne le désespoir. Il nous
156 le lieu d’un pur possible, et sur ces lieux règne le désespoir. Il nous faut donc agir, si nous voulons la vérité, agir en
157 ésespoir. Il nous faut donc agir, si nous voulons la vérité, agir en vérité, c’est-à-dire agir dans le Christ. La possibil
158 la vérité, agir en vérité, c’est-à-dire agir dans le Christ. La possibilité de l’acte est identique à sa nécessité. Il n’y
159 agir en vérité, c’est-à-dire agir dans le Christ. La possibilité de l’acte est identique à sa nécessité. Il n’y a donc auc
160 est-à-dire agir dans le Christ. La possibilité de l’ acte est identique à sa nécessité. Il n’y a donc aucun acte possible,
161 possible, aucun acte vrai et vivant en dehors de la foi au Christ. Mais croire au Christ, c’est croire au Paradoxe de l’i
162 ais croire au Christ, c’est croire au Paradoxe de l’ incarnation, c’est croire que Dieu a revêtu la forme de ce monde, c’es
163 de l’incarnation, c’est croire que Dieu a revêtu la forme de ce monde, c’est croire donc que cette forme peut être transf
164 transformée. — à vrai dire, en vertu du paradoxe le plus fou. Nous ne pouvons agir « qu’en vertu de l’absurde » ; mais ce
165 e plus fou. Nous ne pouvons agir « qu’en vertu de l’ absurde » ; mais cela seul donne un sens à nos vies. Alors les règles,
166  ; mais cela seul donne un sens à nos vies. Alors les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même
167 seul donne un sens à nos vies. Alors les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même temps qu’el
168 sens à nos vies. Alors les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privai
169 morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de tout pouvoir, s’évanouissent et
170 , s’évanouissent et meurent aux pages des livres. L’ action de l’homme devient aussi la vérité ; et la norme de toutes les
171 sent et meurent aux pages des livres. L’action de l’ homme devient aussi la vérité ; et la norme de toutes les normes. Au p
172 ges des livres. L’action de l’homme devient aussi la vérité ; et la norme de toutes les normes. Au premier pas que nous fa
173 L’action de l’homme devient aussi la vérité ; et la norme de toutes les normes. Au premier pas que nous faisons dans notr
174 e devient aussi la vérité ; et la norme de toutes les normes. Au premier pas que nous faisons dans notre nuit, voici que le
175 r pas que nous faisons dans notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les perspectives se dégagent. Et nous allons
176 notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et que les perspectives se dégagent. Et nous allons connaître maintenant que seu
177 ent. Et nous allons connaître maintenant que seul l’ acte de foi est création, transformation, nouveauté pure dans le monde
178 est création, transformation, nouveauté pure dans le monde, vocation et personne éternelle, prophétie de l’éternité qui vi
179 nde, vocation et personne éternelle, prophétie de l’ éternité qui vient à nous. 2. Il n’est d’action que prophétique
180 ophétique Qu’est-ce que prophétiser sinon dire la Parole qui détermine notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que dan
181 dire la Parole qui détermine notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi n’existe que dans l’acte, e
182 notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi n’existe que dans l’acte, et cet acte devient alors notre
183 enir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi n’existe que dans l’acte, et cet acte devient alors notre chemin
184 st dite que dans la foi, la foi n’existe que dans l’ acte, et cet acte devient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous
185 e pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche dans la nuit en créant sa lumière et son chemin5, lum
186 ce que nous prophétisons. Le chrétien marche dans la nuit en créant sa lumière et son chemin5, lumière qui n’est pas sa lu
187 min toujours imprévisible, certitude que devinent les pas, chemin qui se dérobe au doute et à l’orgueil, mais que parfois l
188 inent les pas, chemin qui se dérobe au doute et à l’ orgueil, mais que parfois la prophétie fait briller devant lui comme u
189 dérobe au doute et à l’orgueil, mais que parfois la prophétie fait briller devant lui comme un éclair. « Sachez qu’à l’or
190 briller devant lui comme un éclair. « Sachez qu’à l’ origine, — lit-on dans un dialogue de Kassner6 — toutes les créatures,
191 e, — lit-on dans un dialogue de Kassner6 — toutes les créatures, le Soleil, la Terre, la Lune, les plantes, les animaux et
192 s un dialogue de Kassner6 — toutes les créatures, le Soleil, la Terre, la Lune, les plantes, les animaux et les pierres pa
193 ue de Kassner6 — toutes les créatures, le Soleil, la Terre, la Lune, les plantes, les animaux et les pierres parlaient et
194 ner6 — toutes les créatures, le Soleil, la Terre, la Lune, les plantes, les animaux et les pierres parlaient et prophétisa
195 utes les créatures, le Soleil, la Terre, la Lune, les plantes, les animaux et les pierres parlaient et prophétisaient, pare
196 tures, le Soleil, la Terre, la Lune, les plantes, les animaux et les pierres parlaient et prophétisaient, pareils aux proph
197 l, la Terre, la Lune, les plantes, les animaux et les pierres parlaient et prophétisaient, pareils aux prophètes. C’est de
198 qui dans sa fin possède son commencement ». Mais l’ homme déchu de son origine éternelle a perdu la vision de sa fin. Le v
199 is l’homme déchu de son origine éternelle a perdu la vision de sa fin. Le voici prisonnier des formes et des nombres, escl
200 on origine éternelle a perdu la vision de sa fin. Le voici prisonnier des formes et des nombres, esclave des lois d’un mon
201 un monde sur lequel il devrait régner. Seule peut l’ en délivrer la Parole prophétique qui lui advient comme un appel dans
202 equel il devrait régner. Seule peut l’en délivrer la Parole prophétique qui lui advient comme un appel dans les ténèbres.
203 e prophétique qui lui advient comme un appel dans les ténèbres. Certains reçoivent l’ordre de parler, et c’est là leur acti
204 me un appel dans les ténèbres. Certains reçoivent l’ ordre de parler, et c’est là leur action, leur prophétie et leur salut
205 tion, leur prophétie et leur salut. Cependant que les hommes les frappent sur la bouche. Kierkegaard fut de ces croyants, d
206 prophétie et leur salut. Cependant que les hommes les frappent sur la bouche. Kierkegaard fut de ces croyants, dont la voca
207 salut. Cependant que les hommes les frappent sur la bouche. Kierkegaard fut de ces croyants, dont la vocation prophétique
208 la bouche. Kierkegaard fut de ces croyants, dont la vocation prophétique pareille à celle des hommes de Dieu qui se lèven
209 lle à celle des hommes de Dieu qui se lèvent sous l’ Ancienne Alliance, se confond avec la parole qui les conduira au marty
210 lèvent sous l’Ancienne Alliance, se confond avec la parole qui les conduira au martyre. La Parole dite est leur chemin, l
211 ’Ancienne Alliance, se confond avec la parole qui les conduira au martyre. La Parole dite est leur chemin, leur vérité et l
212 nfond avec la parole qui les conduira au martyre. La Parole dite est leur chemin, leur vérité et leur vie dans ce monde ;
213 vérité et leur vie dans ce monde ; ils meurent de l’ avoir dite, et n’ont pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ;
214 ent de l’avoir dite, et n’ont pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons-nous, n’est pas celui de c
215 nous, n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question demeure : comment agir, et comment transformer, c’est-à-dire
216 comment transformer, c’est-à-dire comment obéir à la Parole qui prophétise ? Le chemin est imprévisible. Ce que nous conna
217 à-dire comment obéir à la Parole qui prophétise ? Le chemin est imprévisible. Ce que nous connaissons, c’est pourtant son
218 connaissons, c’est pourtant son point de départ. Le chemin commence à tout homme qui se met en devoir d’obéir à l’ordre q
219 mence à tout homme qui se met en devoir d’obéir à l’ ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe qui, à n’impor
220 n’importe quelle règle d’action chrétienne, — ose la mettre en pratique. L’action que tu introduiras ainsi dans la réalité
221 d’action chrétienne, — ose la mettre en pratique. L’ action que tu introduiras ainsi dans la réalité portera la marque de l
222 pratique. L’action que tu introduiras ainsi dans la réalité portera la marque de l’absolu : c’est la marque de tout ce qu
223 que tu introduiras ainsi dans la réalité portera la marque de l’absolu : c’est la marque de tout ce qui est véritablement
224 duiras ainsi dans la réalité portera la marque de l’ absolu : c’est la marque de tout ce qui est véritablement chrétien (Jo
225 la réalité portera la marque de l’absolu : c’est la marque de tout ce qui est véritablement chrétien (Journal). Vends ton
226 ritablement chrétien (Journal). Vends ton bien et le donne aux pauvres, par exemple, ou si tu ne possèdes pas de bien, ces
227 si tu ne possèdes pas de bien, cesse d’en désirer la possession, et vis comme un chrétien : au jour le jour, sans assuranc
228 la possession, et vis comme un chrétien : au jour le jour, sans assurances et sans préparation, à la grâce de Dieu, dans l
229 r le jour, sans assurances et sans préparation, à la grâce de Dieu, dans la confiance et l’inquiétude, — on pourrait dire,
230 ces et sans préparation, à la grâce de Dieu, dans la confiance et l’inquiétude, — on pourrait dire, dans une sorte d’humou
231 aration, à la grâce de Dieu, dans la confiance et l’ inquiétude, — on pourrait dire, dans une sorte d’humour — dans l’avent
232  on pourrait dire, dans une sorte d’humour — dans l’ aventure de celui que rien ne protège et la prudence de celui qui écou
233 — dans l’aventure de celui que rien ne protège et la prudence de celui qui écoute, dans le tourment et dans la joie d’une
234 protège et la prudence de celui qui écoute, dans le tourment et dans la joie d’une découverte quotidienne du chemin, — to
235 nce de celui qui écoute, dans le tourment et dans la joie d’une découverte quotidienne du chemin, — ton chemin, sur lequel
236 on chemin, sur lequel tu es seul, parce qu’il est la parole de ta vie, sa mesure et sa vocation, son risque à chaque insta
237 secret du risque. 3. Nous n’avons pas à suivre le chemin, mais bien à l’inventer à chaque pas Tant que nous considér
238 Nous n’avons pas à suivre le chemin, mais bien à l’ inventer à chaque pas Tant que nous considérons le Christ avec des
239 nventer à chaque pas Tant que nous considérons le Christ avec des yeux de moralistes, comme une personnalité morale de
240 premier plan qu’il ne resterait plus qu’à imiter, l’ acte demeure un pur possible, un modèle d’acte, une abstraction, c’est
241 sans pour autant nous transformer, et c’est bien la définition de « l’inactuel ». Se conformer à ce pieux idéal, non seul
242 ous transformer, et c’est bien la définition de «  l’ inactuel ». Se conformer à ce pieux idéal, non seulement ce n’est poin
243 oint agir, non seulement c’est limiter par avance le rôle de la foi, c’est-à-dire refuser la foi, mais c’est peut-être sim
244 non seulement c’est limiter par avance le rôle de la foi, c’est-à-dire refuser la foi, mais c’est peut-être simplement « s
245 ar avance le rôle de la foi, c’est-à-dire refuser la foi, mais c’est peut-être simplement « singer » un modèle flatteur et
246 flatteur et rassurant. Et pourquoi ? Parce que «  le chemin » est invisible tant qu’on n’y est pas engagé. Parce que c’est
247 y est pas engagé. Parce que c’est un blasphème de l’ homme pieux, du moraliste, que de prétendre imiter le modèle que ses y
248 omme pieux, du moraliste, que de prétendre imiter le modèle que ses yeux voient et que sa chair perçoit (à la lecture des
249 le que ses yeux voient et que sa chair perçoit (à la lecture des évangiles par exemple) au lieu d’écouter l’ordre, au lieu
250 ture des évangiles par exemple) au lieu d’écouter l’ ordre, au lieu de croire et de faire un pas dans la nuit, sur ce « che
251 ’ordre, au lieu de croire et de faire un pas dans la nuit, sur ce « chemin » qui est le Christ présent. Il y a abîmes entr
252 re un pas dans la nuit, sur ce « chemin » qui est le Christ présent. Il y a abîmes entre ces deux exigences : l’abîme entr
253 présent. Il y a abîmes entre ces deux exigences : l’ abîme entre les mérites humains et la grâce, l’abîme entre l’imitation
254 a abîmes entre ces deux exigences : l’abîme entre les mérites humains et la grâce, l’abîme entre l’imitation et l’acte, l’a
255 exigences : l’abîme entre les mérites humains et la grâce, l’abîme entre l’imitation et l’acte, l’abîme entre la religion
256  : l’abîme entre les mérites humains et la grâce, l’ abîme entre l’imitation et l’acte, l’abîme entre la religion et la foi
257 re les mérites humains et la grâce, l’abîme entre l’ imitation et l’acte, l’abîme entre la religion et la foi — entre le te
258 humains et la grâce, l’abîme entre l’imitation et l’ acte, l’abîme entre la religion et la foi — entre le temps et l’instan
259 et la grâce, l’abîme entre l’imitation et l’acte, l’ abîme entre la religion et la foi — entre le temps et l’instant créate
260 ’abîme entre l’imitation et l’acte, l’abîme entre la religion et la foi — entre le temps et l’instant créateur —, entre la
261 imitation et l’acte, l’abîme entre la religion et la foi — entre le temps et l’instant créateur —, entre la forme et la tr
262 acte, l’abîme entre la religion et la foi — entre le temps et l’instant créateur —, entre la forme et la transformation. I
263 e entre la religion et la foi — entre le temps et l’ instant créateur —, entre la forme et la transformation. Il ne faut pa
264 i — entre le temps et l’instant créateur —, entre la forme et la transformation. Il ne faut pas commencer par l’imitation,
265 temps et l’instant créateur —, entre la forme et la transformation. Il ne faut pas commencer par l’imitation, mais par la
266 t la transformation. Il ne faut pas commencer par l’ imitation, mais par la grâce. L’imitation suivra comme un fruit de la
267 l ne faut pas commencer par l’imitation, mais par la grâce. L’imitation suivra comme un fruit de la reconnaissance… Tout c
268 pas commencer par l’imitation, mais par la grâce. L’ imitation suivra comme un fruit de la reconnaissance… Tout commence pa
269 ar la grâce. L’imitation suivra comme un fruit de la reconnaissance… Tout commence par la joie d’être aimé — et ensuite vi
270 un fruit de la reconnaissance… Tout commence par la joie d’être aimé — et ensuite vient l’effort de plaire, constamment e
271 mmence par la joie d’être aimé — et ensuite vient l’ effort de plaire, constamment exalté par la certitude que l’on est aim
272 vient l’effort de plaire, constamment exalté par la certitude que l’on est aimé maintenant, et même si l’effort échoue »8
273 e plaire, constamment exalté par la certitude que l’ on est aimé maintenant, et même si l’effort échoue »8. Parce qu’il est
274 ertitude que l’on est aimé maintenant, et même si l’ effort échoue »8. Parce qu’il est aimé maintenant, aller maintenant, p
275 qu’il est aimé maintenant, aller maintenant, par la foi, sur ce chemin qui commence à ses pas, — c’est là le destin du ch
276 sur ce chemin qui commence à ses pas, — c’est là le destin du chrétien, c’est son « impossible » destin, le seul acte pos
277 tin du chrétien, c’est son « impossible » destin, le seul acte possible à l’homme. Et c’est l’acte que Dieu initie. 4.
278 on « impossible » destin, le seul acte possible à l’ homme. Et c’est l’acte que Dieu initie. 4. « Par rapport à l’absolu
279 destin, le seul acte possible à l’homme. Et c’est l’ acte que Dieu initie. 4. « Par rapport à l’absolu, il n’existe qu’u
280 est l’acte que Dieu initie. 4. « Par rapport à l’ absolu, il n’existe qu’un seul temps : le présent »9 Nous ne conna
281 apport à l’absolu, il n’existe qu’un seul temps : le présent »9 Nous ne connaissons rien du Christ, du « chemin », en
282 ssons rien du Christ, du « chemin », en dehors de l’ acte de foi qui, supprimant toute distance historique, nous rend conte
283 nous rend contemporains de Son incarnation. Ainsi l’ acte de foi détruit le temps où il a lieu mais comme la plénitude détr
284 s de Son incarnation. Ainsi l’acte de foi détruit le temps où il a lieu mais comme la plénitude détruit le relatif. Il est
285 e de foi détruit le temps où il a lieu mais comme la plénitude détruit le relatif. Il est ce contact impensable de l’étern
286 emps où il a lieu mais comme la plénitude détruit le relatif. Il est ce contact impensable de l’éternité avec notre durée,
287 truit le relatif. Il est ce contact impensable de l’ éternité avec notre durée, et l’on n’en peut n’en dire sinon qu’il s’e
288 act impensable de l’éternité avec notre durée, et l’ on n’en peut n’en dire sinon qu’il s’est produit, et qu’il peut se pro
289 re. « Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi »10. Si nous vivions dans l’obéissance et dans la foi
290 eu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi »10. Si nous vivions dans l’obéissance et dans la foi, il n’y aur
291 t là la santé de la foi »10. Si nous vivions dans l’ obéissance et dans la foi, il n’y aurait ni passé ni futur, mais le Jo
292 oi »10. Si nous vivions dans l’obéissance et dans la foi, il n’y aurait ni passé ni futur, mais le Jour éternel de la prés
293 ans la foi, il n’y aurait ni passé ni futur, mais le Jour éternel de la présence à Dieu et à soi-même régnerait sur le mon
294 aurait ni passé ni futur, mais le Jour éternel de la présence à Dieu et à soi-même régnerait sur le monde et l’unité du ge
295 de la présence à Dieu et à soi-même régnerait sur le monde et l’unité du genre humain. Si nous vivons dans l’obéissance et
296 ce à Dieu et à soi-même régnerait sur le monde et l’ unité du genre humain. Si nous vivons dans l’obéissance et dans la foi
297 e et l’unité du genre humain. Si nous vivons dans l’ obéissance et dans la foi, l’histoire s’arrêterait comme l’Aspiration
298 humain. Si nous vivons dans l’obéissance et dans la foi, l’histoire s’arrêterait comme l’Aspiration d’un homme saisi par
299 Si nous vivons dans l’obéissance et dans la foi, l’ histoire s’arrêterait comme l’Aspiration d’un homme saisi par la beaut
300 nce et dans la foi, l’histoire s’arrêterait comme l’ Aspiration d’un homme saisi par la beauté, et le temps immobile s’abîm
301 rrêterait comme l’Aspiration d’un homme saisi par la beauté, et le temps immobile s’abîmerait dans l’amen éternel. Æternit
302 e l’Aspiration d’un homme saisi par la beauté, et le temps immobile s’abîmerait dans l’amen éternel. Æternitas non est tem
303 la beauté, et le temps immobile s’abîmerait dans l’ amen éternel. Æternitas non est temporis successio sine fine, sed nunc
304 est temporis successio sine fine, sed nunc stans. L’ éternité a marché sur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais n
305 ine fine, sed nunc stans. L’éternité a marché sur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais nous avons refusé l’étern
306 c stans. L’éternité a marché sur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais nous avons refusé l’éternel et nous lui pr
307 rnité a marché sur la terre : ainsi le Christ est le chemin. Mais nous avons refusé l’éternel et nous lui préférons nos vi
308 i le Christ est le chemin. Mais nous avons refusé l’ éternel et nous lui préférons nos vies : c’est pourquoi nous vivons da
309 férons nos vies : c’est pourquoi nous vivons dans l’ Histoire, et dans l’absence, ou dans la nostalgie des temps qui vienne
310 est pourquoi nous vivons dans l’Histoire, et dans l’ absence, ou dans la nostalgie des temps qui viennent ; c’est pourquoi
311 ivons dans l’Histoire, et dans l’absence, ou dans la nostalgie des temps qui viennent ; c’est pourquoi nous n’avons plus d
312 ; c’est pourquoi nous n’avons plus d’être que par la foi, « substance des choses espérées », et c’est pourquoi la Parole,
313 ubstance des choses espérées », et c’est pourquoi la Parole, parmi nous, n’est que promesse et vigilante prophétie de l’in
314 ous, n’est que promesse et vigilante prophétie de l’ invisible. De Séir, une voix crie au prophète11 : « Sentinelle, que di
315 crie au prophète11 : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu 
316 que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi !
317 e la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? —  La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! Si vous vou
318 e dis-tu de la nuit ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! Si vous voulez interroger, interrogez
319  ? — La sentinelle a répondu : Le matin vient, et la nuit aussi ! Si vous voulez interroger, interrogez ; convertissez-vou
320 er, interrogez ; convertissez-vous et revenez ! » La forme du monde est durée, et c’est la forme du péché, du refus de l’i
321 revenez ! » La forme du monde est durée, et c’est la forme du péché, du refus de l’instant éternel12, — le temps, la succe
322 st durée, et c’est la forme du péché, du refus de l’ instant éternel12, — le temps, la succession et le désir. C’est le ret
323 orme du péché, du refus de l’instant éternel12, —  le temps, la succession et le désir. C’est le retard de l’acte et le ret
324 ché, du refus de l’instant éternel12, — le temps, la succession et le désir. C’est le retard de l’acte et le retrait de Di
325 l’instant éternel12, — le temps, la succession et le désir. C’est le retard de l’acte et le retrait de Dieu, c’est le dout
326 l12, — le temps, la succession et le désir. C’est le retard de l’acte et le retrait de Dieu, c’est le doute qui s’interpos
327 ps, la succession et le désir. C’est le retard de l’ acte et le retrait de Dieu, c’est le doute qui s’interpose entre le sa
328 cession et le désir. C’est le retard de l’acte et le retrait de Dieu, c’est le doute qui s’interpose entre le savoir et le
329 le retard de l’acte et le retrait de Dieu, c’est le doute qui s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est la lâchet
330 ait de Dieu, c’est le doute qui s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’homme qui se repose sur
331 c’est le doute qui s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’homme qui se repose sur ses œuvres et
332 s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’homme qui se repose sur ses œuvres et qui les juge : son
333 tre le savoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’ homme qui se repose sur ses œuvres et qui les juge : son alliance avec
334 té de l’homme qui se repose sur ses œuvres et qui les juge : son alliance avec le serpent. De quelles étranges et secrètes
335 ur ses œuvres et qui les juge : son alliance avec le serpent. De quelles étranges et secrètes façons le temps est lié au p
336 e serpent. De quelles étranges et secrètes façons le temps est lié au péché, le pécheur seul le sait, dans l’instant de la
337 ges et secrètes façons le temps est lié au péché, le pécheur seul le sait, dans l’instant de la foi, où par grâce il peut
338 façons le temps est lié au péché, le pécheur seul le sait, dans l’instant de la foi, où par grâce il peut rompre ce lien.
339 s est lié au péché, le pécheur seul le sait, dans l’ instant de la foi, où par grâce il peut rompre ce lien. « Si vous voul
340 péché, le pécheur seul le sait, dans l’instant de la foi, où par grâce il peut rompre ce lien. « Si vous voulez interroger
341 « Si vous voulez interroger, interrogez ! », mais la réponse est : « Convertissez-vous ! » À la lumière jaillie de l’acte
342 , mais la réponse est : « Convertissez-vous ! » À la lumière jaillie de l’acte de la foi, le mystère du temps se dévoile ;
343 : « Convertissez-vous ! » À la lumière jaillie de l’ acte de la foi, le mystère du temps se dévoile ; mais un temps nouveau
344 tissez-vous ! » À la lumière jaillie de l’acte de la foi, le mystère du temps se dévoile ; mais un temps nouveau prend son
345 ous ! » À la lumière jaillie de l’acte de la foi, le mystère du temps se dévoile ; mais un temps nouveau prend son cours,
346 et sa mesure est plus mystérieuse encore. Voici : le pécheur pardonné vit dans le temps comme à contre-courant de sa durée
347 euse encore. Voici : le pécheur pardonné vit dans le temps comme à contre-courant de sa durée, vit d’acte en acte. Et son
348 rrait dire : sa patience. Car il se tient où Dieu l’ a mis, et ce n’est plus une dérive. Il vit dans la forme du monde, mai
349 l’a mis, et ce n’est plus une dérive. Il vit dans la forme du monde, mais il est ce qui la transforme. Vertige de la « vie
350 Il vit dans la forme du monde, mais il est ce qui la transforme. Vertige de la « vie chrétienne », cette histoire de Dieu
351 nde, mais il est ce qui la transforme. Vertige de la « vie chrétienne », cette histoire de Dieu dans le temps, cette histo
352 a « vie chrétienne », cette histoire de Dieu dans le temps, cette histoire de l’éternité ! « Il suffit d’un courage pureme
353 histoire de Dieu dans le temps, cette histoire de l’ éternité ! « Il suffit d’un courage purement humain pour renoncer le t
354 suffit d’un courage purement humain pour renoncer le temps afin de gagner l’éternité : car je la gagne et ne puis plus de
355 ment humain pour renoncer le temps afin de gagner l’ éternité : car je la gagne et ne puis plus de toute éternité la renonc
356 oncer le temps afin de gagner l’éternité : car je la gagne et ne puis plus de toute éternité la renoncer ; et c’est le par
357 car je la gagne et ne puis plus de toute éternité la renoncer ; et c’est le paradoxe ; mais il faut un courage paradoxal e
358 uis plus de toute éternité la renoncer ; et c’est le paradoxe ; mais il faut un courage paradoxal et humble pour embrasser
359 aut un courage paradoxal et humble pour embrasser le temps en vertu de l’absurde 13. Et ce courage est celui de la foi. Pa
360 xal et humble pour embrasser le temps en vertu de l’ absurde 13. Et ce courage est celui de la foi. Par la foi Abraham ne p
361 vertu de l’absurde 13. Et ce courage est celui de la foi. Par la foi Abraham ne perdit point Isaac ; c’est par la foi d’ab
362 bsurde 13. Et ce courage est celui de la foi. Par la foi Abraham ne perdit point Isaac ; c’est par la foi d’abord qu’il le
363 la foi Abraham ne perdit point Isaac ; c’est par la foi d’abord qu’il le reçut »14. 5. Le temps de l’acte est renaissa
364 rdit point Isaac ; c’est par la foi d’abord qu’il le reçut »14. 5. Le temps de l’acte est renaissance, initiation Le
365 ’est par la foi d’abord qu’il le reçut »14. 5. Le temps de l’acte est renaissance, initiation Les deux moments réels
366 foi d’abord qu’il le reçut »14. 5. Le temps de l’ acte est renaissance, initiation Les deux moments réels d’une vie d
367 Le temps de l’acte est renaissance, initiation Les deux moments réels d’une vie d’homme, s’il est vrai que Dieu Seul est
368 me, s’il est vrai que Dieu Seul est réel, ce sont la naissance et la mort, parce qu’ils sont des actes de Dieu. Entre la n
369 i que Dieu Seul est réel, ce sont la naissance et la mort, parce qu’ils sont des actes de Dieu. Entre la naissance et la m
370 mort, parce qu’ils sont des actes de Dieu. Entre la naissance et la mort — ou plutôt puisque l’acte est à contre-courant
371 ils sont des actes de Dieu. Entre la naissance et la mort — ou plutôt puisque l’acte est à contre-courant de la durée : en
372 Entre la naissance et la mort — ou plutôt puisque l’ acte est à contre-courant de la durée : entre la mort et la naissance
373 ou plutôt puisque l’acte est à contre-courant de la durée : entre la mort et la naissance — toute la réalité de l’homme e
374 e l’acte est à contre-courant de la durée : entre la mort et la naissance — toute la réalité de l’homme est dans son acte.
375 t à contre-courant de la durée : entre la mort et la naissance — toute la réalité de l’homme est dans son acte. Tout acte
376 la durée : entre la mort et la naissance — toute la réalité de l’homme est dans son acte. Tout acte est Passage et tensio
377 tre la mort et la naissance — toute la réalité de l’ homme est dans son acte. Tout acte est Passage et tension, — passage d
378 e. Tout acte est Passage et tension, — passage de la mort à la vie, tension entre ce qui résiste et ce qui crée, victoire
379 te est Passage et tension, — passage de la mort à la vie, tension entre ce qui résiste et ce qui crée, victoire de la Paro
380 entre ce qui résiste et ce qui crée, victoire de la Parole sur la chair, autorité de la personne sur l’anarchie et sur la
381 résiste et ce qui crée, victoire de la Parole sur la chair, autorité de la personne sur l’anarchie et sur la loi individue
382 , victoire de la Parole sur la chair, autorité de la personne sur l’anarchie et sur la loi individuelle. C’est ici qu’on t
383 Parole sur la chair, autorité de la personne sur l’ anarchie et sur la loi individuelle. C’est ici qu’on touche au mystère
384 ir, autorité de la personne sur l’anarchie et sur la loi individuelle. C’est ici qu’on touche au mystère, sans lequel tout
385 e, sans lequel tout serait absurde : acte détruit le temps, puisqu’il est dans le même instant et la mort et la vie des êt
386 surde : acte détruit le temps, puisqu’il est dans le même instant et la mort et la vie des êtres qu’il promet à l’existenc
387 t le temps, puisqu’il est dans le même instant et la mort et la vie des êtres qu’il promet à l’existence ; mais détruisant
388 puisqu’il est dans le même instant et la mort et la vie des êtres qu’il promet à l’existence ; mais détruisant le temps,
389 ant et la mort et la vie des êtres qu’il promet à l’ existence ; mais détruisant le temps, il le recrée et le rédime puisqu
390 tres qu’il promet à l’existence ; mais détruisant le temps, il le recrée et le rédime puisqu’il lui rend une Mesure et un
391 omet à l’existence ; mais détruisant le temps, il le recrée et le rédime puisqu’il lui rend une Mesure et un rythme en le
392 tence ; mais détruisant le temps, il le recrée et le rédime puisqu’il lui rend une Mesure et un rythme en le liant au dest
393 ime puisqu’il lui rend une Mesure et un rythme en le liant au destin personnel. Ainsi l’acte absolu serait création absolu
394 un rythme en le liant au destin personnel. Ainsi l’ acte absolu serait création absolue, mais un acte de l’homme n’est jam
395 e absolu serait création absolue, mais un acte de l’ homme n’est jamais qu’une rédemption. Distinction de théologien, et qu
396 . Distinction de théologien, et qui veut prévenir l’ orgueil. Mais la vision de celui qui agit n’est point un jugement des
397 théologien, et qui veut prévenir l’orgueil. Mais la vision de celui qui agit n’est point un jugement des résultats, — des
398 elle n’est pas davantage appréciation des causes. L’ acte n’est jamais conséquence, il est toujours initiation. La vision d
399 t jamais conséquence, il est toujours initiation. La vision de celui qui agit est tout entière absorbée par l’instant, par
400 n de celui qui agit est tout entière absorbée par l’ instant, par le passage de ce qui meurt à ce qui nait, — par le réel.
401 agit est tout entière absorbée par l’instant, par le passage de ce qui meurt à ce qui nait, — par le réel. « Celui qui doi
402 r le passage de ce qui meurt à ce qui nait, — par le réel. « Celui qui doit agir, s’il veut juger de soi selon le succès q
403 Celui qui doit agir, s’il veut juger de soi selon le succès qu’il remporte, n’arrivera jamais à rien entreprendre. Même si
404 e, n’arrivera jamais à rien entreprendre. Même si le succès pouvait réjouir le monde entier, il ne sert de rien au héros ;
405 n entreprendre. Même si le succès pouvait réjouir le monde entier, il ne sert de rien au héros ; car le héros n’a connu so
406 e monde entier, il ne sert de rien au héros ; car le héros n’a connu son succès que lorsque tout était fini ; et ce n’est
407 e lorsque tout était fini ; et ce n’est point par le succès qu’il fut héros, mais par son entreprise »15. Le temps de l’ac
408 cès qu’il fut héros, mais par son entreprise »15. Le temps de l’acte vient s’inscrire sur les traits du visage héroïque. D
409 t héros, mais par son entreprise »15. Le temps de l’ acte vient s’inscrire sur les traits du visage héroïque. Dans cette ch
410 rise »15. Le temps de l’acte vient s’inscrire sur les traits du visage héroïque. Dans cette chair qui doit vieillir, la ten
411 age héroïque. Dans cette chair qui doit vieillir, la tension de la mort et de la vie a mis des marques victorieuses. Qu’es
412 Dans cette chair qui doit vieillir, la tension de la mort et de la vie a mis des marques victorieuses. Qu’est-ce que la pe
413 ir qui doit vieillir, la tension de la mort et de la vie a mis des marques victorieuses. Qu’est-ce que la personne ? C’est
414 vie a mis des marques victorieuses. Qu’est-ce que la personne ? C’est la vision et le visage du héros, sa vision contre so
415 s victorieuses. Qu’est-ce que la personne ? C’est la vision et le visage du héros, sa vision contre son visage, sa vision
416 s. Qu’est-ce que la personne ? C’est la vision et le visage du héros, sa vision contre son visage, sa vision qui crée son
417 contre son visage, sa vision qui crée son visage. Le visage appartient au temps, mais la vision à la parole dont elle proc
418 e son visage. Le visage appartient au temps, mais la vision à la parole dont elle procède, et si la face d’un homme est be
419 . Le visage appartient au temps, mais la vision à la parole dont elle procède, et si la face d’un homme est belle, c’est p
420 is la vision à la parole dont elle procède, et si la face d’un homme est belle, c’est parce qu’elle est un acte et un dest
421 qu’elle est un acte et un destin, une initiale de l’ histoire, une effigie de la Parole créatrice. 6. Le contraire de l’
422 estin, une initiale de l’histoire, une effigie de la Parole créatrice. 6. Le contraire de l’acte, c’est le désespoir
423 stoire, une effigie de la Parole créatrice. 6. Le contraire de l’acte, c’est le désespoir Nous savons tous cela, com
424 gie de la Parole créatrice. 6. Le contraire de l’ acte, c’est le désespoir Nous savons tous cela, comme nous savons q
425 le créatrice. 6. Le contraire de l’acte, c’est le désespoir Nous savons tous cela, comme nous savons qu’il faut mour
426 r : sans y croire. À vrai dire, nous avons toutes les raisons d’en douter, s’il est vrai que le doute est révolte, et qu’il
427 toutes les raisons d’en douter, s’il est vrai que le doute est révolte, et qu’il faut pour se l’avouer la joie qui naît de
428 i que le doute est révolte, et qu’il faut pour se l’ avouer la joie qui naît de l’acte de la foi. Lorsque Kierkegaard écriv
429 doute est révolte, et qu’il faut pour se l’avouer la joie qui naît de l’acte de la foi. Lorsque Kierkegaard écrivit son tr
430 t qu’il faut pour se l’avouer la joie qui naît de l’ acte de la foi. Lorsque Kierkegaard écrivit son traité de la Maladie m
431 ut pour se l’avouer la joie qui naît de l’acte de la foi. Lorsque Kierkegaard écrivit son traité de la Maladie mortelle 16
432 la foi. Lorsque Kierkegaard écrivit son traité de la Maladie mortelle 16, il venait justement de dépasser cette illusion d
433 usion du désespoir, qui consiste à s’imaginer que l’ acte est puissance de l’homme : d’où l’impossibilité de l’oser. Celui
434 consiste à s’imaginer que l’acte est puissance de l’ homme : d’où l’impossibilité de l’oser. Celui que la foi vint saisir s
435 aginer que l’acte est puissance de l’homme : d’où l’ impossibilité de l’oser. Celui que la foi vint saisir sait maintenant
436 st puissance de l’homme : d’où l’impossibilité de l’ oser. Celui que la foi vint saisir sait maintenant que l’acte est le c
437 homme : d’où l’impossibilité de l’oser. Celui que la foi vint saisir sait maintenant que l’acte est le contraire du désesp
438 Celui que la foi vint saisir sait maintenant que l’ acte est le contraire du désespoir. Mais il le sait d’une tout autre f
439 la foi vint saisir sait maintenant que l’acte est le contraire du désespoir. Mais il le sait d’une tout autre façon que le
440 que l’acte est le contraire du désespoir. Mais il le sait d’une tout autre façon que le désespéré ne l’imagine. Parce que
441 spoir. Mais il le sait d’une tout autre façon que le désespéré ne l’imagine. Parce que le rapport du désespoir à l’acte n’
442 e sait d’une tout autre façon que le désespéré ne l’ imagine. Parce que le rapport du désespoir à l’acte n’est pas seulemen
443 re façon que le désespéré ne l’imagine. Parce que le rapport du désespoir à l’acte n’est pas seulement renversement, mais
444 ne l’imagine. Parce que le rapport du désespoir à l’ acte n’est pas seulement renversement, mais création irréversible. Et
445 ment, mais création irréversible. Et cela tient à la nature de l’acte, — mieux encore : à son origine. Cela tient à l’abso
446 éation irréversible. Et cela tient à la nature de l’ acte, — mieux encore : à son origine. Cela tient à l’absolu de la Pers
447 cte, — mieux encore : à son origine. Cela tient à l’ absolu de la Personne qui l’initie. Le désespéré, le douteur, ou simpl
448 encore : à son origine. Cela tient à l’absolu de la Personne qui l’initie. Le désespéré, le douteur, ou simplement l’homm
449 origine. Cela tient à l’absolu de la Personne qui l’ initie. Le désespéré, le douteur, ou simplement l’homme dépourvu de fo
450 ela tient à l’absolu de la Personne qui l’initie. Le désespéré, le douteur, ou simplement l’homme dépourvu de foi, l’homme
451 absolu de la Personne qui l’initie. Le désespéré, le douteur, ou simplement l’homme dépourvu de foi, l’homme détendu, vagu
452 l’initie. Le désespéré, le douteur, ou simplement l’ homme dépourvu de foi, l’homme détendu, vague et fiévreux qui peuple n
453 e douteur, ou simplement l’homme dépourvu de foi, l’ homme détendu, vague et fiévreux qui peuple nos cités, l’homme sans vi
454 détendu, vague et fiévreux qui peuple nos cités, l’ homme sans visage et sans prochain, — sans vocation ! — s’imagine que
455 sans prochain, — sans vocation ! — s’imagine que l’ acte viendra comme un sursaut de joie, comme une révolte, comme une af
456 une affirmation désespérée de son orgueil, comme la preuve enfin de son moi, — mais il sait bien qu’il n’en a pas, ou que
457 t pas et qu’il ne croit à aucun acte. Il vit dans le désir et dans la nostalgie, et son regard n’est pas une vision dans u
458 croit à aucun acte. Il vit dans le désir et dans la nostalgie, et son regard n’est pas une vision dans un visage, mais un
459 ans un visage, mais une manière de loucher vers «  les autres », une chaîne qui le lie à la coutume du bourg ou de la classe
460 re de loucher vers « les autres », une chaîne qui le lie à la coutume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourrait
461 cher vers « les autres », une chaîne qui le lie à la coutume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourrait-il faire
462 une chaîne qui le lie à la coutume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourrait-il faire un acte ? Car l’acte est
463 Comment cet homme pourrait-il faire un acte ? Car l’ acte est décision, rupture, isolation, quand l’être même du désespéré
464 ar l’acte est décision, rupture, isolation, quand l’ être même du désespéré consiste dans ses liens, dans sa croyance à la
465 spéré consiste dans ses liens, dans sa croyance à la réalité des liens et de la masse, à la réalité des autres dans l’ense
466 ns, dans sa croyance à la réalité des liens et de la masse, à la réalité des autres dans l’ensemble. Comment cet homme pou
467 croyance à la réalité des liens et de la masse, à la réalité des autres dans l’ensemble. Comment cet homme pourrait-il fai
468 iens et de la masse, à la réalité des autres dans l’ ensemble. Comment cet homme pourrait-il faire un acte ? Car l’acte est
469 Comment cet homme pourrait-il faire un acte ? Car l’ acte est immédiat, création et initiation, c’est-à-dire sobriété pure,
470 t initiation, c’est-à-dire sobriété pure, — quand l’ être même du désespéré est calcul, préméditation, sensualité et envie…
471 calcul, préméditation, sensualité et envie… Ainsi l’ acte absolu qu’il imagine serait sa mort, — et c’est pourquoi il n’y c
472 c’est pourquoi il n’y croit pas. Nul n’échappe à la forme du monde. Mais la subir, c’est justement désespérer. Il faudrai
473 roit pas. Nul n’échappe à la forme du monde. Mais la subir, c’est justement désespérer. Il faudrait donc… la créer ? « L’h
474 ir, c’est justement désespérer. Il faudrait donc… la créer ? « L’homme ne peut faire qu’une seule chose en toute sobriété,
475 tement désespérer. Il faudrait donc… la créer ? «  L’ homme ne peut faire qu’une seule chose en toute sobriété, c’est l’abso
476 faire qu’une seule chose en toute sobriété, c’est l’ absolu »17. Entre le désespéré et l’absolu, il y a tout ce romantisme
477 hose en toute sobriété, c’est l’absolu »17. Entre le désespéré et l’absolu, il y a tout ce romantisme qui veut que l’acte
478 briété, c’est l’absolu »17. Entre le désespéré et l’ absolu, il y a tout ce romantisme qui veut que l’acte soit puissance e
479 l’absolu, il y a tout ce romantisme qui veut que l’ acte soit puissance et jouissance, il y a ce moi de désir qui veut que
480 t jouissance, il y a ce moi de désir qui veut que l’ acte — l’instant ! — soit durée… Mais l’absolu qui vient jucher nos vi
481 nce, il y a ce moi de désir qui veut que l’acte — l’ instant ! — soit durée… Mais l’absolu qui vient jucher nos vies nous m
482 veut que l’acte — l’instant ! — soit durée… Mais l’ absolu qui vient jucher nos vies nous meut parce qu’il est un ordre, u
483 , désirer et décrire ; une rupture et une vision. La présence de l’absolu dans la sobriété parfaite et insensible de l’ins
484 crire ; une rupture et une vision. La présence de l’ absolu dans la sobriété parfaite et insensible de l’instant, c’est l’o
485 pture et une vision. La présence de l’absolu dans la sobriété parfaite et insensible de l’instant, c’est l’obéissance à la
486 absolu dans la sobriété parfaite et insensible de l’ instant, c’est l’obéissance à la Parole de Dieu, — la prophétie dans l
487 briété parfaite et insensible de l’instant, c’est l’ obéissance à la Parole de Dieu, — la prophétie dans l’immédiat. Que s’
488 et insensible de l’instant, c’est l’obéissance à la Parole de Dieu, — la prophétie dans l’immédiat. Que s’est-il donc pas
489 nstant, c’est l’obéissance à la Parole de Dieu, —  la prophétie dans l’immédiat. Que s’est-il donc passé ? Me voici seul su
490 éissance à la Parole de Dieu, — la prophétie dans l’ immédiat. Que s’est-il donc passé ? Me voici seul sur le chemin ; mais
491 diat. Que s’est-il donc passé ? Me voici seul sur le chemin ; mais je vois des visages fraternels où s’agitait la foule co
492 mais je vois des visages fraternels où s’agitait la foule confuse et menaçante. Nous ne voyons aucun visage ailleurs que
493 te. Nous ne voyons aucun visage ailleurs que dans l’ acte d’aimer. 7. Toute vocation est sans précédent Car elle est
494 Car elle est prophétie justement ! — et c’est de la seule prophétie que relèvent la réalité et le sérieux, le risque et l
495 t ! — et c’est de la seule prophétie que relèvent la réalité et le sérieux, le risque et la splendeur d’une vie d’homme. L
496 de la seule prophétie que relèvent la réalité et le sérieux, le risque et la splendeur d’une vie d’homme. L’homme se dist
497 prophétie que relèvent la réalité et le sérieux, le risque et la splendeur d’une vie d’homme. L’homme se distingue du sin
498 e relèvent la réalité et le sérieux, le risque et la splendeur d’une vie d’homme. L’homme se distingue du singe en ce qu’i
499 eux, le risque et la splendeur d’une vie d’homme. L’ homme se distingue du singe en ce qu’il prophétise, uniquement, et dès
500 singe en ce qu’il prophétise, uniquement, et dès l’ origine. C’est pourquoi l’homme a un visage et une vision, ce que n’on
501 ise, uniquement, et dès l’origine. C’est pourquoi l’ homme a un visage et une vision, ce que n’ont pas les animaux ; c’est
502 homme a un visage et une vision, ce que n’ont pas les animaux ; c’est pourquoi l’homme est héroïque. Il faut noter ici un t
503 on, ce que n’ont pas les animaux ; c’est pourquoi l’ homme est héroïque. Il faut noter ici un trait bien remarquable : Kier
504 articulier de son destin qui qualifie précisément la vocation : l’invraisemblable. Ses plus amers reproches au « christian
505 son destin qui qualifie précisément la vocation : l’ invraisemblable. Ses plus amers reproches au « christianisme de la chr
506 e. Ses plus amers reproches au « christianisme de la chrétienté », à cette « inconcevable illusion des sens », ne s’adress
507 on des sens », ne s’adressent-ils pas justement à la « vraisemblance » doctrinale d’une religion mise à la portée de « la
508  vraisemblance » doctrinale d’une religion mise à la portée de « la masse », alors que la foi véritable est celle du solit
509 » doctrinale d’une religion mise à la portée de «  la masse », alors que la foi véritable est celle du solitaire que plus r
510 igion mise à la portée de « la masse », alors que la foi véritable est celle du solitaire que plus rien ne soutient, hors
511 elle du solitaire que plus rien ne soutient, hors la foi ? « Celui qui ne renonce pas à la vraisemblance n’entre jamais en
512 tient, hors la foi ? « Celui qui ne renonce pas à la vraisemblance n’entre jamais en relation avec Dieu. L’audace religieu
513 aisemblance n’entre jamais en relation avec Dieu. L’ audace religieuse, à plus forte raison l’audace chrétienne, est au-del
514 ec Dieu. L’audace religieuse, à plus forte raison l’ audace chrétienne, est au-delà de toute vraisemblance, là où préciséme
515 au-delà de toute vraisemblance, là où précisément l’ on renonce à la vraisemblance »19. Parce qu’il faut créer le chemin, n
516 e vraisemblance, là où précisément l’on renonce à la vraisemblance »19. Parce qu’il faut créer le chemin, non pas le suivr
517 ce à la vraisemblance »19. Parce qu’il faut créer le chemin, non pas le suivre ; parce que l’acte est initiateur ; parce q
518 ce »19. Parce qu’il faut créer le chemin, non pas le suivre ; parce que l’acte est initiateur ; parce que la dignité de l’
519 ut créer le chemin, non pas le suivre ; parce que l’ acte est initiateur ; parce que la dignité de l’homme est de marcher d
520 vre ; parce que l’acte est initiateur ; parce que la dignité de l’homme est de marcher dans l’invisible et de prophétiser
521 e l’acte est initiateur ; parce que la dignité de l’ homme est de marcher dans l’invisible et de prophétiser « en vertu de
522 rce que la dignité de l’homme est de marcher dans l’ invisible et de prophétiser « en vertu de l’absurde ». L’homme ne peut
523 dans l’invisible et de prophétiser « en vertu de l’ absurde ». L’homme ne peut être déterminé que par son Dieu ou par « le
524 ible et de prophétiser « en vertu de l’absurde ». L’ homme ne peut être déterminé que par son Dieu ou par « le monde », il
525 ne peut être déterminé que par son Dieu ou par «  le monde », il faut choisir. Il faut être un chrétien ou un bourgeois. L
526 hoisir. Il faut être un chrétien ou un bourgeois. Le bourgeois est sans vocation, il ne croit pas à l’acte et il meurt au
527 Le bourgeois est sans vocation, il ne croit pas à l’ acte et il meurt au hasard, sans avoir rencontré personne ni soi-même2
528 oir rencontré personne ni soi-même20. Il vit dans la forme du monde : et ce n’est point qu’elle soit pour lui réelle, elle
529 qu’elle soit pour lui réelle, elle est seulement la moins invraisemblable. Mais le chrétien qui marche dans la nouveauté
530 elle est seulement la moins invraisemblable. Mais le chrétien qui marche dans la nouveauté ne prend mesure que de ce qu’il
531 invraisemblable. Mais le chrétien qui marche dans la nouveauté ne prend mesure que de ce qu’il transforme. Sa connaissance
532 . Sa connaissance est acte et vision prophétique. La mesure du temps de sa vie réside dans la seule vocation qu’il incarne
533 hétique. La mesure du temps de sa vie réside dans la seule vocation qu’il incarne. Sur le chemin qui commence à ses pas, i
534 réside dans la seule vocation qu’il incarne. Sur le chemin qui commence à ses pas, il ne meurt jamais par surprise : et c
535 par surprise : et ce n’est point qu’il ait connu le jour et l’heure, mais il connaît l’instant, s’il vit de Parole. À cau
536 se : et ce n’est point qu’il ait connu le jour et l’ heure, mais il connaît l’instant, s’il vit de Parole. À cause de l’ins
537 ’il ait connu le jour et l’heure, mais il connaît l’ instant, s’il vit de Parole. À cause de l’instant éternel, « le héros
538 connaît l’instant, s’il vit de Parole. À cause de l’ instant éternel, « le héros meurt toujours avant qu’il ne meure »21. C
539 il vit de Parole. À cause de l’instant éternel, «  le héros meurt toujours avant qu’il ne meure »21. C’est le secret dernie
540 os meurt toujours avant qu’il ne meure »21. C’est le secret dernier de l’acte, et le sceau de l’amour chrétien. 3. App
541 nt qu’il ne meure »21. C’est le secret dernier de l’ acte, et le sceau de l’amour chrétien. 3. Apprentissage du christi
542 meure »21. C’est le secret dernier de l’acte, et le sceau de l’amour chrétien. 3. Apprentissage du christianisme. 4.
543 C’est le secret dernier de l’acte, et le sceau de l’ amour chrétien. 3. Apprentissage du christianisme. 4. Dans ce sen
544 Apprentissage du christianisme. 4. Dans ce sens, la catégorie récemment « découverte » par les psychologues de ce qui « s
545 e sens, la catégorie récemment « découverte » par les psychologues de ce qui « se fait se faisant » est une antilogie chrét
546 premier chef, et non pas hindoue, comme certains l’ ont voulu croire. Chez les hindous, elle n’est encore qu’une forme de
547 hindoue, comme certains l’ont voulu croire. Chez les hindous, elle n’est encore qu’une forme de l’agitation humaine. Pour
548 ez les hindous, elle n’est encore qu’une forme de l’ agitation humaine. Pour le chrétien seul elle signifie une transformat
549 encore qu’une forme de l’agitation humaine. Pour le chrétien seul elle signifie une transformation effective. Ou mieux en
550 e transformation effective. Ou mieux encore, pour l’ hindou, cette catégorie suppose la primauté d’un Esprit sans contenu ;
551 ux encore, pour l’hindou, cette catégorie suppose la primauté d’un Esprit sans contenu ; pour le chrétien, la primauté d’u
552 ppose la primauté d’un Esprit sans contenu ; pour le chrétien, la primauté d’une personne. 5. « Ta Parole est une lampe à
553 auté d’un Esprit sans contenu ; pour le chrétien, la primauté d’une personne. 5. « Ta Parole est une lampe à mes pieds, u
554 sentier » 6. Die Chimäre, trad. française dans les Éléments de la grandeur humaine (NRF). 7. « Le prophète se lève et t
555 Die Chimäre, trad. française dans les Éléments de la grandeur humaine (NRF). 7. « Le prophète se lève et tombe avec sa mi
556 les Éléments de la grandeur humaine (NRF). 7. «  Le prophète se lève et tombe avec sa mission » (Karl Barth). Il n’a pas
557 en ne serait plus ridicule que de tenter de faire la psychologie d’un prophète, ou bien alors elle se réduirait à la gramm
558 d’un prophète, ou bien alors elle se réduirait à la grammaire et à la syntaxe particulière de son message. 8. Journal.
559 bien alors elle se réduirait à la grammaire et à la syntaxe particulière de son message. 8. Journal. « L’imitation suiv
560 taxe particulière de son message. 8. Journal. «  L’ imitation suivra », en allemand, « Die Nachfolge wird nachfolgen ». 9
561 Isaïe 21, 11. 12. Lorsque Schopenhauer écrit : «  Le temps n’a pas son origine dans les choses, mais dans le sujet connais
562 hauer écrit : « Le temps n’a pas son origine dans les choses, mais dans le sujet connaissant », nous retrouvons cette défin
563 ps n’a pas son origine dans les choses, mais dans le sujet connaissant », nous retrouvons cette définition du temps comme
564 trouvons cette définition du temps comme refus de l’ instant et de l’obéissance immédiate à la Parole. La ressemblance est
565 éfinition du temps comme refus de l’instant et de l’ obéissance immédiate à la Parole. La ressemblance est seulement formel
566 refus de l’instant et de l’obéissance immédiate à la Parole. La ressemblance est seulement formelle. Le temps dont souffre
567 instant et de l’obéissance immédiate à la Parole. La ressemblance est seulement formelle. Le temps dont souffre Kierkegaar
568 a Parole. La ressemblance est seulement formelle. Le temps dont souffre Kierkegaard est engendré par la lâcheté du pécheur
569 e temps dont souffre Kierkegaard est engendré par la lâcheté du pécheur, tandis que le temps de Schopenhauer est « l’idéal
570 st engendré par la lâcheté du pécheur, tandis que le temps de Schopenhauer est « l’idéalité » du sujet connaissant, — une
571 écheur, tandis que le temps de Schopenhauer est «  l’ idéalité » du sujet connaissant, — une chimère spiritualiste, une nost
572 mère spiritualiste, une nostalgie. C’est pourquoi le temps de Kierkegaard peut connaître une rédemption par l’acte, quand
573 de Kierkegaard peut connaître une rédemption par l’ acte, quand celui de Schopenhauer s’évanouit en pure absence. 13. K.
574 . K. entend : en vertu de ce paradoxe impensable, l’ Incarnation historique de Dieu. Pas de réponse rationnelle au « Cur De
575 lme. 14. Crainte et tremblement. 15. Actes de l’ amour. 16. Traduction française sous le titre de Traité du désespoir.
576 Actes de l’amour. 16. Traduction française sous le titre de Traité du désespoir. C’est une laïcisation ! Kierkegaard se
577 st une laïcisation ! Kierkegaard se rapportait de la façon la plus précise à Jean XI. 4. 17. Richtet selbst. 18. Ibid.
578 ïcisation ! Kierkegaard se rapportait de la façon la plus précise à Jean XI. 4. 17. Richtet selbst. 18. Ibid. 19. Tou
579 Richtet selbst. 18. Ibid. 19. Toutefois dans le Journal des années 1846 à 1848, on trouve de nombreuses notations de
580 ue sa consigne est de « tenir bon en souffrant ». Le presbytère de campagne serait une solution commode, surtout en regard
581 it trop bien que lui vaudront ses attaques contre l’ Église établie. 20. Ce qui est particulièrement affligeant dans l’exi
582 20. Ce qui est particulièrement affligeant dans l’ existence du bourgeois c’est qu’elle est entièrement déterminée jusqu’
583 c’est qu’elle est entièrement déterminée jusqu’à la mort, mais que la mort survient comme une absurdité, la première dans
584 entièrement déterminée jusqu’à la mort, mais que la mort survient comme une absurdité, la première dans l’histoire du bou
585 rt survient comme une absurdité, la première dans l’ histoire du bourgeois, mais décisive. À une enquête dont le sujet étai
586 e du bourgeois, mais décisive. À une enquête dont le sujet était : La rencontre la plus importante de votre vie ? M. Cléme
587 ais décisive. À une enquête dont le sujet était : La rencontre la plus importante de votre vie ? M. Clément Vautel qui per
588 À une enquête dont le sujet était : La rencontre la plus importante de votre vie ? M. Clément Vautel qui personnifie de n
589  ? M. Clément Vautel qui personnifie de nos jours le Bourgeois, répondit avec une pertinence géniale : « Je n’ai jamais re
590 Rougemont Denis de, « Forme et transformation, ou l’ acte selon Kierkegaard », Hermès, Bruxelles-Paris, janvier 1936, p. 83
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
591 ent qu’ils vous assourdissent. Ils ne suivent pas la règle du jeu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il y en a une. Al
592 nser que notre langue est plus malade que n’était le latin à l’époque de la Renaissance24. Le latin de Bembo et de Sadolet
593 tre langue est plus malade que n’était le latin à l’ époque de la Renaissance24. Le latin de Bembo et de Sadolet était enco
594 st plus malade que n’était le latin à l’époque de la Renaissance24. Le latin de Bembo et de Sadolet était encore une rhéto
595 n’était le latin à l’époque de la Renaissance24. Le latin de Bembo et de Sadolet était encore une rhétorique des lieux co
596 — mais forme encore et convention admise par tous les clercs européens. On ne saurait en dire autant du langage de nos bons
597 rivains. Car non seulement il est mal entendu par la grande masse des lecteurs ordinaires, disons des lecteurs de journaux
598 une foule de dialectes ésotériques. Non seulement l’ écrivain moderne use d’une langue dont le lecteur moyen trouve parfait
599 eulement l’écrivain moderne use d’une langue dont le lecteur moyen trouve parfaitement normal de déclarer que « c’est du l
600 philosophiques, que de théories politiques. Ainsi les mots n’ont plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse
601 de théories politiques. Ainsi les mots n’ont plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse — cela s’est vu en
602 ques. Ainsi les mots n’ont plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse — cela s’est vu en d’autres siècles. I
603 plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse — cela s’est vu en d’autres siècles. Ils n’ont plus le même sen
604 cela s’est vu en d’autres siècles. Ils n’ont plus le même sens pour les divers partis intellectuels — c’est plus nouveau.
605 ’autres siècles. Ils n’ont plus le même sens pour les divers partis intellectuels — c’est plus nouveau. Mais surtout, ils n
606 auquel on puisse se référer et qui fixe vraiment l’ usage : un sens commun. La plupart des débats qui nous occupent, qu’il
607 ique, de religion ou de littérature, nous offrent l’ image d’un jeu dont les différents partenaires changent la règle à leu
608 e littérature, nous offrent l’image d’un jeu dont les différents partenaires changent la règle à leur fantaisie, chacun cro
609 d’un jeu dont les différents partenaires changent la règle à leur fantaisie, chacun croyant gagner à sa façon, et que les
610 ntaisie, chacun croyant gagner à sa façon, et que les autres trichent ou font défaut. N’est-ce pas la partie de croquet dan
611 les autres trichent ou font défaut. N’est-ce pas la partie de croquet dans Alice au pays des merveilles ? Les boules étai
612 ie de croquet dans Alice au pays des merveilles ? Les boules étaient des hérissons vivants, et les soldats s’arc-boutaient
613 es ? Les boules étaient des hérissons vivants, et les soldats s’arc-boutaient sur le sol pour former des arceaux vivants. Q
614 ssons vivants, et les soldats s’arc-boutaient sur le sol pour former des arceaux vivants. Quand Alice avait réussi à mettr
615 à mettre en boule son hérisson, et se préparait à le frapper avec la tête du héron, celui-ci tordait son long cou et la re
616 e son hérisson, et se préparait à le frapper avec la tête du héron, celui-ci tordait son long cou et la regardait d’un air
617 a tête du héron, celui-ci tordait son long cou et la regardait d’un air d’ahurissement profond. Quand elle l’avait remis e
618 rdait d’un air d’ahurissement profond. Quand elle l’ avait remis en position, c’était le hérisson qui se déroulait et coura
619 nd. Quand elle l’avait remis en position, c’était le hérisson qui se déroulait et courait dans la haie voisine. Si par has
620 tait le hérisson qui se déroulait et courait dans la haie voisine. Si par hasard la boule et le maillet restaient en place
621 it et courait dans la haie voisine. Si par hasard la boule et le maillet restaient en place, c’était alors l’arceau-soldat
622 t dans la haie voisine. Si par hasard la boule et le maillet restaient en place, c’était alors l’arceau-soldat qui se leva
623 e et le maillet restaient en place, c’était alors l’ arceau-soldat qui se levait et s’en allait un peu plus loin. Tandis qu
624 evait et s’en allait un peu plus loin. Tandis que la Reine, au comble de la fureur, parcourait le terrain en hurlant au ha
625 peu plus loin. Tandis que la Reine, au comble de la fureur, parcourait le terrain en hurlant au hasard son cri de guerre 
626 que la Reine, au comble de la fureur, parcourait le terrain en hurlant au hasard son cri de guerre : « Qu’on lui coupe la
627 t au hasard son cri de guerre : « Qu’on lui coupe la tête ! » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes
628 forment au hasard, chacun joue sa partie comme il le peut, sans souci de la règle commune, et la terreur domine cette anar
629 un joue sa partie comme il le peut, sans souci de la règle commune, et la terreur domine cette anarchie, distribuant des c
630 me il le peut, sans souci de la règle commune, et la terreur domine cette anarchie, distribuant des condamnations d’autant
631 xcessives d’ailleurs que personne ne se soucie de les mettre à exécution25. « Vous n’avez pas idée, conclut Alice, combien
632 des choses vivantes. » ⁂ Prenons cinq mots parmi les plus fréquents dans le langage et les écrits de notre temps : esprit,
633 ⁂ Prenons cinq mots parmi les plus fréquents dans le langage et les écrits de notre temps : esprit, révolution, liberté, o
634 mots parmi les plus fréquents dans le langage et les écrits de notre temps : esprit, révolution, liberté, ordre, patrie. V
635 esprit, révolution, liberté, ordre, patrie. Voilà les instruments du jeu philosophique, ou politique que nous sommes en tra
636 écrivains ou lecteurs, citoyens ou hommes d’État. Les uns tiennent le parti de l’esprit et les autres celui de l’ordre, les
637 eurs, citoyens ou hommes d’État. Les uns tiennent le parti de l’esprit et les autres celui de l’ordre, les uns le parti de
638 ns ou hommes d’État. Les uns tiennent le parti de l’ esprit et les autres celui de l’ordre, les uns le parti de la révoluti
639 d’État. Les uns tiennent le parti de l’esprit et les autres celui de l’ordre, les uns le parti de la révolution, les autre
640 nnent le parti de l’esprit et les autres celui de l’ ordre, les uns le parti de la révolution, les autres celui de la patri
641 parti de l’esprit et les autres celui de l’ordre, les uns le parti de la révolution, les autres celui de la patrie… Les uns
642 l’esprit et les autres celui de l’ordre, les uns le parti de la révolution, les autres celui de la patrie… Les uns voudra
643 les autres celui de l’ordre, les uns le parti de la révolution, les autres celui de la patrie… Les uns voudraient la libe
644 ui de l’ordre, les uns le parti de la révolution, les autres celui de la patrie… Les uns voudraient la liberté dans l’ordre
645 ns le parti de la révolution, les autres celui de la patrie… Les uns voudraient la liberté dans l’ordre, ou la révolution
646 de la révolution, les autres celui de la patrie… Les uns voudraient la liberté dans l’ordre, ou la révolution par l’esprit
647 les autres celui de la patrie… Les uns voudraient la liberté dans l’ordre, ou la révolution par l’esprit, ou un esprit pat
648 de la patrie… Les uns voudraient la liberté dans l’ ordre, ou la révolution par l’esprit, ou un esprit patriotique, ou une
649 e… Les uns voudraient la liberté dans l’ordre, ou la révolution par l’esprit, ou un esprit patriotique, ou une patrie spir
650 ent la liberté dans l’ordre, ou la révolution par l’ esprit, ou un esprit patriotique, ou une patrie spirituelle… Tandis qu
651 patrie spirituelle… Tandis que d’autres opposent l’ esprit à la révolution, l’ordre à la liberté, ou encore les patries de
652 rituelle… Tandis que d’autres opposent l’esprit à la révolution, l’ordre à la liberté, ou encore les patries de l’ordre à
653 s que d’autres opposent l’esprit à la révolution, l’ ordre à la liberté, ou encore les patries de l’ordre à la patrie de la
654 tres opposent l’esprit à la révolution, l’ordre à la liberté, ou encore les patries de l’ordre à la patrie de la révolutio
655 à la révolution, l’ordre à la liberté, ou encore les patries de l’ordre à la patrie de la révolution… Toutes ces combinais
656 n, l’ordre à la liberté, ou encore les patries de l’ ordre à la patrie de la révolution… Toutes ces combinaisons et ces per
657 à la liberté, ou encore les patries de l’ordre à la patrie de la révolution… Toutes ces combinaisons et ces permutations
658 , ou encore les patries de l’ordre à la patrie de la révolution… Toutes ces combinaisons et ces permutations seraient néan
659 raient néanmoins assez simples à débrouiller dans la pratique, et pourraient définir utilement le parti, si seulement chac
660 dans la pratique, et pourraient définir utilement le parti, si seulement chacun de ces mots avait le même sens pour tout l
661 t le parti, si seulement chacun de ces mots avait le même sens pour tout le monde. Ou, parmi plusieurs sens variés, un sen
662 t chacun de ces mots avait le même sens pour tout le monde. Ou, parmi plusieurs sens variés, un sens prépondérant sur lequ
663 , un sens prépondérant sur lequel puisse se faire l’ accord. Or, sans parler des 29 sens que Littré donne, pour le seul mot
664 r, sans parler des 29 sens que Littré donne, pour le seul mot : esprit, si j’interroge au hasard ceux qui veulent défendre
665 j’interroge au hasard ceux qui veulent défendre «  l’ esprit » contre les menaces dites matérialistes, je constate qu’on ent
666 ard ceux qui veulent défendre « l’esprit » contre les menaces dites matérialistes, je constate qu’on entend par ce mot tant
667 istes, je constate qu’on entend par ce mot tantôt l’ intelligence, tantôt le Saint-Esprit, tantôt le luxe des délicats, tan
668 n entend par ce mot tantôt l’intelligence, tantôt le Saint-Esprit, tantôt le luxe des délicats, tantôt les facultés créatr
669 ôt l’intelligence, tantôt le Saint-Esprit, tantôt le luxe des délicats, tantôt les facultés créatrices de l’homme, ou enco
670 Saint-Esprit, tantôt le luxe des délicats, tantôt les facultés créatrices de l’homme, ou encore une sagesse asiatique, ou u
671 e des délicats, tantôt les facultés créatrices de l’ homme, ou encore une sagesse asiatique, ou une mentalité de classe ou
672 e, ou une mentalité de classe ou simplement toute la culture et ses produits. Une simple équivoque sémantique dresse parfo
673 bourgeoise ; pour l’autre, présence effective de la pensée et de la foi à nos misères, activité concrète et créatrice, et
674 ur l’autre, présence effective de la pensée et de la foi à nos misères, activité concrète et créatrice, et garantie contre
675 ctivité concrète et créatrice, et garantie contre les préjugés intéressés. « Voyez, gémit Alice, l’arceau sous lequel je do
676 re les préjugés intéressés. « Voyez, gémit Alice, l’ arceau sous lequel je dois passer se promène à l’autre bout du jeu et
677 mène à l’autre bout du jeu et j’aurais dû croquer le hérisson de la Reine s’il ne s’était mis à courir juste au moment où
678 bout du jeu et j’aurais dû croquer le hérisson de la Reine s’il ne s’était mis à courir juste au moment où j’allais jouer.
679 Mais là, aux neuf sens très précis que nous donne le dictionnaire, il nous faut ajouter une dizaine de sens parfois contra
680 izaine de sens parfois contradictoires, créés par la crise actuelle et très mal distingués les uns des autres par la plupa
681 réés par la crise actuelle et très mal distingués les uns des autres par la plupart de ceux qui les prononcent. Ainsi révol
682 ués les uns des autres par la plupart de ceux qui les prononcent. Ainsi révolution signifiera selon les cas : émeute, prise
683 les prononcent. Ainsi révolution signifiera selon les cas : émeute, prise de pouvoir légal, désordre et anarchie, établisse
684 de mesures économiques, trans­mutation de toutes les valeurs morales, etc. Et tous ces sens se chevauchent pour former dan
685 Et tous ces sens se chevauchent pour former dans l’ esprit des polémistes les plus étranges surimpressions26. La liberté s
686 vauchent pour former dans l’esprit des polémistes les plus étranges surimpressions26. La liberté sera invoquée par la concu
687 es polémistes les plus étranges surimpressions26. La liberté sera invoquée par la concurrence et l’oppression capitalistes
688 es surimpressions26. La liberté sera invoquée par la concurrence et l’oppression capitalistes, par les intellectuels anarc
689 6. La liberté sera invoquée par la concurrence et l’ oppression capitalistes, par les intellectuels anarchistes ou libéraux
690 la concurrence et l’oppression capitalistes, par les intellectuels anarchistes ou libéraux, par la presse d’opposition, pa
691 ar les intellectuels anarchistes ou libéraux, par la presse d’opposition, par Staline qui fait taire cette presse au nom d
692 par Staline qui fait taire cette presse au nom de la Révolution, par Hitler dénonçant le Diktat de Versailles, par l’Itali
693 sse au nom de la Révolution, par Hitler dénonçant le Diktat de Versailles, par l’Italie partant à la conquête de l’Éthiopi
694 par Hitler dénonçant le Diktat de Versailles, par l’ Italie partant à la conquête de l’Éthiopie, etc. L’ordre sera tantôt l
695 t le Diktat de Versailles, par l’Italie partant à la conquête de l’Éthiopie, etc. L’ordre sera tantôt le statu quo, si abs
696 Versailles, par l’Italie partant à la conquête de l’ Éthiopie, etc. L’ordre sera tantôt le statu quo, si absurde soit-il, t
697 ’Italie partant à la conquête de l’Éthiopie, etc. L’ ordre sera tantôt le statu quo, si absurde soit-il, tantôt la dictatur
698 conquête de l’Éthiopie, etc. L’ordre sera tantôt le statu quo, si absurde soit-il, tantôt la dictature brutale et arbitra
699 a tantôt le statu quo, si absurde soit-il, tantôt la dictature brutale et arbitraire, plus rarement la revendication d’un
700 la dictature brutale et arbitraire, plus rarement la revendication d’un équilibre vrai, d’une hiérarchie naturelle et féco
701 naturelle et féconde. Et quant au mot patrie, on le voit confondu, dans les discours et les articles de journaux, avec ét
702 Et quant au mot patrie, on le voit confondu, dans les discours et les articles de journaux, avec état, nation, mystique rac
703 patrie, on le voit confondu, dans les discours et les articles de journaux, avec état, nation, mystique raciale, peuple et
704 et coutumes, ou terre natale, clocher, etc. D’où l’ embrouillamini de la politique et des partis, et la confusion meurtriè
705 re natale, clocher, etc. D’où l’embrouillamini de la politique et des partis, et la confusion meurtrière de termes dangere
706 ’embrouillamini de la politique et des partis, et la confusion meurtrière de termes dangereusement chargés de passion et d
707 er et aggraver cette crise du sens des mots et de la sémantique vivante. D’une part la somme des échanges écrits ou verbau
708 des mots et de la sémantique vivante. D’une part la somme des échanges écrits ou verbaux a crû depuis la Renaissance dans
709 somme des échanges écrits ou verbaux a crû depuis la Renaissance dans des proportions formidables. D’autre part, le public
710 e dans des proportions formidables. D’autre part, le public capable de goûter une œuvre rigoureuse ou novatrice, et qui po
711 Péguy n’ont guère eu davantage de lecteurs durant la période de leur vie ou paraissaient leurs œuvres capitales. Et je dou
712 scartes n’en convainquit de son vivant. Cependant les journaux du soir à cinq-cent-mille exemplaires et la radio atteignent
713 journaux du soir à cinq-cent-mille exemplaires et la radio atteignent des millions d’auditeurs. Dans cette disproportion i
714 s. Dans cette disproportion impressionnante entre l’ aire de la vraie culture créatrice et régulatrice et l’aire des sous-p
715 tte disproportion impressionnante entre l’aire de la vraie culture créatrice et régulatrice et l’aire des sous-produits st
716 e de la vraie culture créatrice et régulatrice et l’ aire des sous-produits standardisés de la culture de consommation, on
717 trice et l’aire des sous-produits standardisés de la culture de consommation, on aperçoit la raison immédiate de la crise
718 rdisés de la culture de consommation, on aperçoit la raison immédiate de la crise actuelle du langage. La presse, la radio
719 consommation, on aperçoit la raison immédiate de la crise actuelle du langage. La presse, la radio, l’éloquence politique
720 raison immédiate de la crise actuelle du langage. La presse, la radio, l’éloquence politique et les ouvrages populaires à
721 diate de la crise actuelle du langage. La presse, la radio, l’éloquence politique et les ouvrages populaires à grand tirag
722 a crise actuelle du langage. La presse, la radio, l’ éloquence politique et les ouvrages populaires à grand tirage, voilà t
723 ge. La presse, la radio, l’éloquence politique et les ouvrages populaires à grand tirage, voilà tout un domaine que l’écriv
724 ulaires à grand tirage, voilà tout un domaine que l’ écrivain digne du nom ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pa
725 e culturelle » préparait peu à peu un public pour les auteurs du niveau supérieur. Cette accession démocratique des grandes
726 Cette accession démocratique des grandes masses à la vie de l’esprit me paraît tout à fait improbable dans l’état actuel d
727 ssion démocratique des grandes masses à la vie de l’ esprit me paraît tout à fait improbable dans l’état actuel du régime.
728 ble dans l’état actuel du régime. Elle est à tout le moins vérifiable. Par contre, on peut très nettement constater le déf
729 ble. Par contre, on peut très nettement constater le déficit que représente pour la culture, la création de ces grandes zo
730 ettement constater le déficit que représente pour la culture, la création de ces grandes zones d’échanges incontrôlés. Ces
731 stater le déficit que représente pour la culture, la création de ces grandes zones d’échanges incontrôlés. Ces échanges en
732 ges en effet aboutissent rapidement à démonétiser les mots. Le vocabulaire des journaux est vague, impropre, sans saveur et
733 et aboutissent rapidement à démonétiser les mots. Le vocabulaire des journaux est vague, impropre, sans saveur et sans pou
734 faits, des choses, ou des idées. Il flatte ainsi la paresse de l’esprit, décourage le sens critique, décontenance les exp
735 oses, ou des idées. Il flatte ainsi la paresse de l’ esprit, décourage le sens critique, décontenance les expressions les p
736 Il flatte ainsi la paresse de l’esprit, décourage le sens critique, décontenance les expressions les plus concrètes. Ainsi
737 ’esprit, décourage le sens critique, décontenance les expressions les plus concrètes. Ainsi les mots perdent leur force et
738 ge le sens critique, décontenance les expressions les plus concrètes. Ainsi les mots perdent leur force et leur délicatesse
739 tenance les expressions les plus concrètes. Ainsi les mots perdent leur force et leur délicatesse d’appel. Et les bons écri
740 erdent leur force et leur délicatesse d’appel. Et les bons écrivains, qui n’ont pas d’autres armes, se voient privés de tou
741 istant. Et leurs conseils paraissent obscurs dans la mesure où ils se veulent scrupuleux. C’est pourquoi la plupart renonc
742 formel et précis, dont ils sont seuls à connaître les règles. (Encore ne sont-ils guère d’accord pour enregistrer les réuss
743 ncore ne sont-ils guère d’accord pour enregistrer les réussites ou les tricheries !) Leur style devient de plus en plus « e
744 guère d’accord pour enregistrer les réussites ou les tricheries !) Leur style devient de plus en plus « exquis » et par su
745 re une volonté d’action bientôt jugée vulgaire. ⁂ La civilisation occidentale aurait-elle donc des fins dernières à quoi e
746 donc des fins dernières à quoi elle tend ? Quand le peuple d’Israël oublie sa vocation et se détourne de l’Éternel son Di
747 ple d’Israël oublie sa vocation et se détourne de l’ Éternel son Dieu, il perd aussi le sens des noms et bientôt sa langue
748 se détourne de l’Éternel son Dieu, il perd aussi le sens des noms et bientôt sa langue délire : « Il prononce des paroles
749 des paroles vaines, des serments faux ! » s’écrie le prophète Osée. Quand les clercs de la Cour de Rome cessent d’être les
750 serments faux ! » s’écrie le prophète Osée. Quand les clercs de la Cour de Rome cessent d’être les dociles instruments de l
751 ! » s’écrie le prophète Osée. Quand les clercs de la Cour de Rome cessent d’être les dociles instruments de la vocation ca
752 uand les clercs de la Cour de Rome cessent d’être les dociles instruments de la vocation catholique, pour devenir de raffin
753 de Rome cessent d’être les dociles instruments de la vocation catholique, pour devenir de raffinés rhéteurs, ils perdent l
754 iment dans des langues nouvelles, au détriment de l’ unité sacrée. Ainsi toujours : pour peu que le sens des fins vienne à
755 de l’unité sacrée. Ainsi toujours : pour peu que le sens des fins vienne à faiblir et que la mesure commune cesse d’être
756 peu que le sens des fins vienne à faiblir et que la mesure commune cesse d’être effectivement perçue et observée, l’on as
757 ne cesse d’être effectivement perçue et observée, l’ on assiste à la même dégradation des instruments de la culture : — d’u
758 effectivement perçue et observée, l’on assiste à la même dégradation des instruments de la culture : — d’une part les écr
759 assiste à la même dégradation des instruments de la culture : — d’une part les écrivains se mettent à raffiner l’expressi
760 tion des instruments de la culture : — d’une part les écrivains se mettent à raffiner l’expression propre de chaque chose s
761 — d’une part les écrivains se mettent à raffiner l’ expression propre de chaque chose séparée, au détriment de l’expressio
762 n propre de chaque chose séparée, au détriment de l’ expression générale, d’autre part, la grande masse des usagers de la l
763 détriment de l’expression générale, d’autre part, la grande masse des usagers de la langue cesse d’exercer aucun contrôle
764 ale, d’autre part, la grande masse des usagers de la langue cesse d’exercer aucun contrôle sur son parler, qu’elle ne soum
765 elle ne soumet plus à un but unanime. Si bien que les écrivains ne sont plus compris du peuple, et que la langue vulgaire s
766 écrivains ne sont plus compris du peuple, et que la langue vulgaire s’encombre d’équivoques, de confusions et de malenten
767 confusions et de malentendus parfois tragiques : l’ oubli des fins dernières entraîne nécessairement la ruine de la commun
768 ’oubli des fins dernières entraîne nécessairement la ruine de la communauté, par le seul fait qu’il ruine le langage. Cet
769 ins dernières entraîne nécessairement la ruine de la communauté, par le seul fait qu’il ruine le langage. Cette absence d
770 îne nécessairement la ruine de la communauté, par le seul fait qu’il ruine le langage. Cette absence d’un principe commun
771 ne de la communauté, par le seul fait qu’il ruine le langage. Cette absence d’un principe communautaire vivant et puissan
772 unautaire vivant et puissant dans nos vies, c’est le drame de la civilisation, de la culture, de la cité modernes. Tous le
773 vant et puissant dans nos vies, c’est le drame de la civilisation, de la culture, de la cité modernes. Tous les hommes de
774 s nos vies, c’est le drame de la civilisation, de la culture, de la cité modernes. Tous les hommes de ce temps, s’ils ont
775 st le drame de la civilisation, de la culture, de la cité modernes. Tous les hommes de ce temps, s’ils ont quelque conscie
776 isation, de la culture, de la cité modernes. Tous les hommes de ce temps, s’ils ont quelque conscience, souffrent obscuréme
777 sont ensemble et ils sont seuls. Ils sont pressés les uns contre les autres et étrangers. Ils échangent des paroles en plus
778 t ils sont seuls. Ils sont pressés les uns contre les autres et étrangers. Ils échangent des paroles en plus grand nombre q
779 te. « Paroles vaines, serments faux ! » Or, quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un
780 quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son ê
781 e, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’ amitié humaine qui se détruit. ⁂ Telle est l’inquiétude des masses. El
782 ’est l’amitié humaine qui se détruit. ⁂ Telle est l’ inquiétude des masses. Elle n’est pas d’abord matérielle, elle est d’a
783 , elle est d’abord cette inquiétude du cœur et de l’ esprit qui naît de la mort des amitiés. Plus angoissante encore, elle
784 tte inquiétude du cœur et de l’esprit qui naît de la mort des amitiés. Plus angoissante encore, elle règne innommée et pan
785 encore, elle règne innommée et panique partout où l’ amitié humaine n’a jamais rien noué, rien engagé, rien sacrifié, là où
786 gé, rien sacrifié, là où elle n’a pas même laissé les traces d’une coutume ancestrale : dans les villes. Mais ce que l’homm
787 laissé les traces d’une coutume ancestrale : dans les villes. Mais ce que l’homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fa
788 coutume ancestrale : dans les villes. Mais ce que l’ homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fait à sa place, et contr
789 les villes. Mais ce que l’homme ne fait pas pour l’ homme, le diable le fait à sa place, et contre l’homme qu’il séduit et
790 es. Mais ce que l’homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’homme qu’il séduit et qu’il tr
791 e que l’homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’homme qu’il séduit et qu’il trompe. Cett
792 l’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’ homme qu’il séduit et qu’il trompe. Cette fin commune, cet idéal commu
793 déal commun que nous devions servir ensemble dans la fraternité que crée l’œuvre unanime, nous les cherchions en vain, et
794 vions servir ensemble dans la fraternité que crée l’ œuvre unanime, nous les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la
795 dans la fraternité que crée l’œuvre unanime, nous les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a fait
796 vre unanime, nous les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a faite. C’est une faim, une soif, un
797 s les cherchions en vain, et sans le savoir, dans la cité qu’on nous a faite. C’est une faim, une soif, une nostalgie que
798 Mais quelqu’un s’en est aperçu. Quelqu’un a formé le projet de tromper cette faim et cette soif. Au païen ignorant du vrai
799 im et cette soif. Au païen ignorant du vrai Dieu, les prêtres donnent des idoles faites à l’image des terreurs de l’homme.
800 rai Dieu, les prêtres donnent des idoles faites à l’ image des terreurs de l’homme. Dans le culte de ces images, le peuple
801 nnent des idoles faites à l’image des terreurs de l’ homme. Dans le culte de ces images, le peuple croit trouver son unité,
802 es faites à l’image des terreurs de l’homme. Dans le culte de ces images, le peuple croit trouver son unité, et il y retro
803 terreurs de l’homme. Dans le culte de ces images, le peuple croit trouver son unité, et il y retrouve en effet le symbole
804 roit trouver son unité, et il y retrouve en effet le symbole agrandi d’un désespoir qu’il sent vivre dans tous les cœurs.
805 agrandi d’un désespoir qu’il sent vivre dans tous les cœurs. L’homme d’aujourd’hui méprise les religions. Il sait ce qu’il
806 n désespoir qu’il sent vivre dans tous les cœurs. L’ homme d’aujourd’hui méprise les religions. Il sait ce qu’il faut pense
807 ans tous les cœurs. L’homme d’aujourd’hui méprise les religions. Il sait ce qu’il faut penser des prêtres et des sorciers.
808 t des sorciers. On lui donnera donc autre chose : les mêmes choses sous d’autres noms, des mystiques et des dictateurs. Les
809 s d’autres noms, des mystiques et des dictateurs. Les lieux communs sont morts et embaumés : déjà, on leur fait des musées.
810 publicitaires, mots d’ordre politiques, tels sont les ersatz pitoyables que nous proposent l’Argent et l’État. Gîovinezza !
811 els sont les ersatz pitoyables que nous proposent l’ Argent et l’État. Gîovinezza ! Tod den Juden ! Nous ferons mieux que l
812 ersatz pitoyables que nous proposent l’Argent et l’ État. Gîovinezza ! Tod den Juden ! Nous ferons mieux que l’Amérique !
813 îovinezza ! Tod den Juden ! Nous ferons mieux que l’ Amérique ! Achetez français ! Passez vos vacances à la mer ! C’est ave
814 érique ! Achetez français ! Passez vos vacances à la mer ! C’est avec ça qu’on fait les bons fascistes, les bons nazis, le
815 vos vacances à la mer ! C’est avec ça qu’on fait les bons fascistes, les bons nazis, les vertueux komsomols, les petits bo
816 er ! C’est avec ça qu’on fait les bons fascistes, les bons nazis, les vertueux komsomols, les petits bourgeois disciplinés.
817 ça qu’on fait les bons fascistes, les bons nazis, les vertueux komsomols, les petits bourgeois disciplinés. C’est ce confor
818 ascistes, les bons nazis, les vertueux komsomols, les petits bourgeois disciplinés. C’est ce conformisme enthousiaste qui t
819 ennes, quel que soit leur régime politique. Ainsi la mesure n’est plus cette loi qui vit en l’homme réel et personnel, cet
820 . Ainsi la mesure n’est plus cette loi qui vit en l’ homme réel et personnel, cette alliance du peuple avec sa vocation qui
821 e alliance du peuple avec sa vocation qui faisait la grandeur des cultures authentiques. Elle est devenue la loi inexorabl
822 ndeur des cultures authentiques. Elle est devenue la loi inexorable et mécanique qui plie l’individu à des calculs de mass
823 t devenue la loi inexorable et mécanique qui plie l’ individu à des calculs de masses, à des disciplines extérieures, à des
824 ieures, à des ambitions inhumaines. Nous vivons à l’ âge des mots d’ordre. L’on peut penser que c’est une espèce de progrès
825 inhumaines. Nous vivons à l’âge des mots d’ordre. L’ on peut penser que c’est une espèce de progrès sur l’âge des clichés b
826 n peut penser que c’est une espèce de progrès sur l’ âge des clichés bourgeois. Mais si les mots d’ordre sont faux ? Si l’o
827 progrès sur l’âge des clichés bourgeois. Mais si les mots d’ordre sont faux ? Si l’ordre qu’ils imposent est arbitraire, o
828 ourgeois. Mais si les mots d’ordre sont faux ? Si l’ ordre qu’ils imposent est arbitraire, ou s’il ne mise que sur l’indign
829 imposent est arbitraire, ou s’il ne mise que sur l’ indignité humaine ? Et si la propagande et la publicité qui ont pris l
830 s’il ne mise que sur l’indignité humaine ? Et si la propagande et la publicité qui ont pris la place des lieux communs sp
831 sur l’indignité humaine ? Et si la propagande et la publicité qui ont pris la place des lieux communs spirituels et effec
832 Et si la propagande et la publicité qui ont pris la place des lieux communs spirituels et effectifs ne nous ordonnent qu’
833 onnent qu’à des fins provisoires ou dégradantes : l’ État totalitaire, et la richesse matérielle ? Que vaut alors cette com
834 ovisoires ou dégradantes : l’État totalitaire, et la richesse matérielle ? Que vaut alors cette communauté de réflexes et
835 nos défaites intimes, de nos dénis d’humanité, —  le contraire absolu de la culture, si la culture est justement la part a
836 de nos dénis d’humanité, — le contraire absolu de la culture, si la culture est justement la part active que prend l’homme
837 humanité, — le contraire absolu de la culture, si la culture est justement la part active que prend l’homme à tout ce qui
838 absolu de la culture, si la culture est justement la part active que prend l’homme à tout ce qui est création dans la natu
839 la culture est justement la part active que prend l’ homme à tout ce qui est création dans la nature, dans l’histoire, dans
840 que prend l’homme à tout ce qui est création dans la nature, dans l’histoire, dans la vie de l’esprit ? 24. Extrait d’u
841 e à tout ce qui est création dans la nature, dans l’ histoire, dans la vie de l’esprit ? 24. Extrait d’un ouvrage intitu
842 st création dans la nature, dans l’histoire, dans la vie de l’esprit ? 24. Extrait d’un ouvrage intitulé Penser avec l
843 n dans la nature, dans l’histoire, dans la vie de l’ esprit ? 24. Extrait d’un ouvrage intitulé Penser avec les mains ,
844 ec les mains , à paraître chez Albin Michel. 25. Les injures et les marques de mépris hautain dont se gratinent les poètes
845 à paraître chez Albin Michel. 25. Les injures et les marques de mépris hautain dont se gratinent les poètes, les essayiste
846 t les marques de mépris hautain dont se gratinent les poètes, les essayistes et les politiciens modernes, avec une fureur s
847 s de mépris hautain dont se gratinent les poètes, les essayistes et les politiciens modernes, avec une fureur sans exemple
848 n dont se gratinent les poètes, les essayistes et les politiciens modernes, avec une fureur sans exemple dans l’histoire de
849 ciens modernes, avec une fureur sans exemple dans l’ histoire de la culture, trahissent en somme l’impuissance pratique de
850 , avec une fureur sans exemple dans l’histoire de la culture, trahissent en somme l’impuissance pratique de notre langue.
851 ans l’histoire de la culture, trahissent en somme l’ impuissance pratique de notre langue. Si les mots « portaient » réelle
852 somme l’impuissance pratique de notre langue. Si les mots « portaient » réellement, les écrivains seraient moins excités,
853 tre langue. Si les mots « portaient » réellement, les écrivains seraient moins excités, moins excessifs. La Terreur qui règ
854 crivains seraient moins excités, moins excessifs. La Terreur qui règne en permanence dans les revues d’avant-garde est le
855 xcessifs. La Terreur qui règne en permanence dans les revues d’avant-garde est le signe d’une rupture de contact, d’un impu
856 e en permanence dans les revues d’avant-garde est le signe d’une rupture de contact, d’un impuissant dépit, d’un profond p
857 d’un impuissant dépit, d’un profond pessimisme de la pensée qui désespère d’atteindre et de mouvoir effectivement les homm
858 désespère d’atteindre et de mouvoir effectivement les hommes. Cas de Nietzsche, des surréalistes, etc. Ce sont des êtres is
859 Contrairement à ce qui se passe normalement dans les cas d’homonymie ou de polysémie. Ainsi l’on ne risque pas de confondr
860 t dans les cas d’homonymie ou de polysémie. Ainsi l’ on ne risque pas de confondre le vol à la tire et le vol plané dans la
861 polysémie. Ainsi l’on ne risque pas de confondre le vol à la tire et le vol plané dans la conversation courante ; tandis
862 e. Ainsi l’on ne risque pas de confondre le vol à la tire et le vol plané dans la conversation courante ; tandis que les d
863 on ne risque pas de confondre le vol à la tire et le vol plané dans la conversation courante ; tandis que les débats polit
864 e confondre le vol à la tire et le vol plané dans la conversation courante ; tandis que les débats politiques ou électorau
865 plané dans la conversation courante ; tandis que les débats politiques ou électoraux abondent en confusion de cette espèce
866 en confusion de cette espèce et s’en nourrissent. L’ opération fameuse qui consiste à additionner les casseroles et les har
867 t. L’opération fameuse qui consiste à additionner les casseroles et les haricots est à la base de l’éloquence démagogique.
868 euse qui consiste à additionner les casseroles et les haricots est à la base de l’éloquence démagogique. e. Rougemont Den
869 additionner les casseroles et les haricots est à la base de l’éloquence démagogique. e. Rougemont Denis de, « Décadence
870 r les casseroles et les haricots est à la base de l’ éloquence démagogique. e. Rougemont Denis de, « Décadence des lieux
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
871 Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)u Variations du communisme Opp
872 Changer la vie ou changer l’ homme ? (1937)u Variations du communisme Opposez les dogmes ch
873 (1937)u Variations du communisme Opposez les dogmes chrétiens aux axiomes de Marx et d’Engels, les communistes vou
874 dogmes chrétiens aux axiomes de Marx et d’Engels, les communistes vous répondront, non sans apparence d’à-propos, que l’opé
875 us répondront, non sans apparence d’à-propos, que l’ opération les laisse indifférents : ils sont sur le plan de l’histoire
876 t, non sans apparence d’à-propos, que l’opération les laisse indifférents : ils sont sur le plan de l’histoire, non des vér
877 les laisse indifférents : ils sont sur le plan de l’ histoire, non des vérités éternelles. Placez-vous donc sur ce plan his
878 ez en URSS par exemple. Constatez, comme beaucoup l’ ont fait (qui sont sans aucun doute les plus honnêtes), que la dictatu
879 me beaucoup l’ont fait (qui sont sans aucun doute les plus honnêtes), que la dictature de Staline se rapproche des régimes
880 qui sont sans aucun doute les plus honnêtes), que la dictature de Staline se rapproche des régimes fascistes. Essayez d’en
881 des régimes fascistes. Essayez d’en conclure que le communisme c’est cela, s’il se confond, comme on nous l’affirmait, av
882 unisme c’est cela, s’il se confond, comme on nous l’ affirmait, avec ses effets historiques. On vous répond que vous vous t
883 n’entendez rien au « devenir dialectique », dont la dictature actuelle n’est qu’un stade nécessaire mais provisoire. Vous
884 pprendrez qu’elle fut inventée par Hegel, qui eut le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur
885 u’elle fut inventée par Hegel, qui eut le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête : q
886 entée par Hegel, qui eut le tort de la fonder sur l’ Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête : que le génie de
887 e la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête : que le génie de Marx l’a remise sur ses pieds en
888 ur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête : que le génie de Marx l’a remise sur ses pieds en la fondant su
889 e qui était proprement la poser sur la tête : que le génie de Marx l’a remise sur ses pieds en la fondant sur la matière é
890 ement la poser sur la tête : que le génie de Marx l’ a remise sur ses pieds en la fondant sur la matière économique ; qu’ai
891 que le génie de Marx l’a remise sur ses pieds en la fondant sur la matière économique ; qu’ainsi lestée, elle a pu se met
892 e Marx l’a remise sur ses pieds en la fondant sur la matière économique ; qu’ainsi lestée, elle a pu se mettre en marche e
893 du réel ; que son but primitif était de détruire l’ État au profit de l’homme concret, non sans avoir d’abord renforcé cet
894 ut primitif était de détruire l’État au profit de l’ homme concret, non sans avoir d’abord renforcé cet État jusqu’à l’extr
895 non sans avoir d’abord renforcé cet État jusqu’à l’ extrême qu’on nomme dictature ; et qu’enfin cette dictature disparaîtr
896 ure disparaîtra nécessairement, d’elle-même, avec les derniers opposants. Vous pensiez être dans l’histoire, dans le réel :
897 ec les derniers opposants. Vous pensiez être dans l’ histoire, dans le réel : on vous invite maintenant à n’en pas croire v
898 pposants. Vous pensiez être dans l’histoire, dans le réel : on vous invite maintenant à n’en pas croire vos yeux, qui voie
899 ets, annonce une constitution qui renforce encore l’ étatisme, et ne parle même plus de sa suppression future. Au contraire
900 arlent. On vous répond que c’est une nécessité de la tactique, dûment prévue d’ailleurs par les dialecticiens. Alors, peut
901 sité de la tactique, dûment prévue d’ailleurs par les dialecticiens. Alors, peut-être, vous commencez à entrevoir ce que si
902 oir ce que signifie : dialectique. C’est en fait, l’ obéissance au parti, l’obéissance aveugle à Staline, dépositaire uniqu
903 ialectique. C’est en fait, l’obéissance au parti, l’ obéissance aveugle à Staline, dépositaire unique de la doctrine. Quitt
904 éissance aveugle à Staline, dépositaire unique de la doctrine. Quitter le plan des vérités éternelles pour entrer dans le
905 aline, dépositaire unique de la doctrine. Quitter le plan des vérités éternelles pour entrer dans le plan de l’histoire, c
906 r le plan des vérités éternelles pour entrer dans le plan de l’histoire, cela signifiait donc, précisément, renoncer à la
907 es vérités éternelles pour entrer dans le plan de l’ histoire, cela signifiait donc, précisément, renoncer à la vérité, et
908 re, cela signifiait donc, précisément, renoncer à la vérité, et ne croire plus qu’à la tactique d’un dictateur, lequel cha
909 ent, renoncer à la vérité, et ne croire plus qu’à la tactique d’un dictateur, lequel changera la vérité tous les six mois.
910 qu’à la tactique d’un dictateur, lequel changera la vérité tous les six mois. Mais alors de quoi donc parle-t-on lorsqu’o
911 ue d’un dictateur, lequel changera la vérité tous les six mois. Mais alors de quoi donc parle-t-on lorsqu’on parle de commu
912 onc parle-t-on lorsqu’on parle de communisme ? Où le prendre ? En quoi peut résider l’identité d’une doctrine qui prétend
913 communisme ? Où le prendre ? En quoi peut résider l’ identité d’une doctrine qui prétend justifier théoriquement, à quelque
914 er théoriquement, à quelques années d’intervalle, la démocratie des Soviets, puis la dictature de Staline ; le pacifisme à
915 ées d’intervalle, la démocratie des Soviets, puis la dictature de Staline ; le pacifisme à tout prix des débuts et l’impér
916 ratie des Soviets, puis la dictature de Staline ; le pacifisme à tout prix des débuts et l’impérialisme actuel (si mal dég
917 Staline ; le pacifisme à tout prix des débuts et l’ impérialisme actuel (si mal déguisé par la IIIe Internationale) ; la l
918 buts et l’impérialisme actuel (si mal déguisé par la IIIe Internationale) ; la lutte contre l’État, et en même temps, le c
919 uel (si mal déguisé par la IIIe Internationale) ; la lutte contre l’État, et en même temps, le capitalisme d’État de Lénin
920 isé par la IIIe Internationale) ; la lutte contre l’ État, et en même temps, le capitalisme d’État de Lénine ; l’expropriat
921 nale) ; la lutte contre l’État, et en même temps, le capitalisme d’État de Lénine ; l’expropriation des patrons en 1918, p
922 en même temps, le capitalisme d’État de Lénine ; l’ expropriation des patrons en 1918, puis la restauration de la propriét
923 énine ; l’expropriation des patrons en 1918, puis la restauration de la propriété privée en 1933 ; la suppression de l’hér
924 tion des patrons en 1918, puis la restauration de la propriété privée en 1933 ; la suppression de l’héritage puis son réta
925 la restauration de la propriété privée en 1933 ; la suppression de l’héritage puis son rétablissement ; l’antimilitarisme
926 e la propriété privée en 1933 ; la suppression de l’ héritage puis son rétablissement ; l’antimilitarisme et la création en
927 ppression de l’héritage puis son rétablissement ; l’ antimilitarisme et la création enthousiaste d’une armée abondamment po
928 ge puis son rétablissement ; l’antimilitarisme et la création enthousiaste d’une armée abondamment pourvue de maréchaux ;
929 te d’une armée abondamment pourvue de maréchaux ; l’ égalité sociale absolue puis la course aux salaires et aux grades ; la
930 vue de maréchaux ; l’égalité sociale absolue puis la course aux salaires et aux grades ; la ruine de la famille puis sa ré
931 solue puis la course aux salaires et aux grades ; la ruine de la famille puis sa réfection systématique ; la critique acer
932 a course aux salaires et aux grades ; la ruine de la famille puis sa réfection systématique ; la critique acerbe de la SDN
933 ne de la famille puis sa réfection systématique ; la critique acerbe de la SDN puis l’entrée dans cet organisme ? Tout cel
934 sa réfection systématique ; la critique acerbe de la SDN puis l’entrée dans cet organisme ? Tout cela peut s’expliquer, je
935 systématique ; la critique acerbe de la SDN puis l’ entrée dans cet organisme ? Tout cela peut s’expliquer, je l’entends b
936 ns cet organisme ? Tout cela peut s’expliquer, je l’ entends bien, par des nécessités pratiques et contingentes, et je n’ai
937 d’intellectuels défendre ces manœuvres au nom de la doctrine, et les justifier à tout coup (avec léger retard sur l’événe
938 défendre ces manœuvres au nom de la doctrine, et les justifier à tout coup (avec léger retard sur l’événement !) par des n
939 les justifier à tout coup (avec léger retard sur l’ événement !) par des nécessités dites « dialectiques »… Les communiste
940 ent !) par des nécessités dites « dialectiques »… Les communistes sincères comprendront-ils que cette méthode figure aux ye
941 balance » (Pascal). Je m’en voudrais d’exploiter l’ équivoque. Mais il fallait au moins rappeler son existence, sous peine
942 son existence, sous peine de tomber aussitôt dans les pièges grossiers qu’elle nous tend. (Pièges dans lesquels tombent les
943 qu’elle nous tend. (Pièges dans lesquels tombent les neuf dixièmes des adversaires du marxisme — et combien de marxistes e
944 tes eux-mêmes !) Si maintenant j’essaie de saisir l’ identité foncière et la continuité de l’attitude communiste, au traver
945 ntenant j’essaie de saisir l’identité foncière et la continuité de l’attitude communiste, au travers des contradictions vi
946 de saisir l’identité foncière et la continuité de l’ attitude communiste, au travers des contradictions violentes de ses té
947 en fin de compte, une grande volonté invariable : la volonté de changer le monde. Or une telle volonté ne saurait prendre
948 grande volonté invariable : la volonté de changer le monde. Or une telle volonté ne saurait prendre son élan que dans le s
949 elle volonté ne saurait prendre son élan que dans le sentiment insupportable d’un défaut inhérent au monde. Connaître qu’i
950 onc transformer toutes choses, tel est, je crois, l’ acte initial mais aussi la passion constante du communiste conscient e
951 ses, tel est, je crois, l’acte initial mais aussi la passion constante du communiste conscient et conséquent. C’est ce mou
952 t profond qui légitime, à ses yeux tout au moins, les détours les plus tortueux, mettons les détours dialectiques, de l’act
953 i légitime, à ses yeux tout au moins, les détours les plus tortueux, mettons les détours dialectiques, de l’action du parti
954 au moins, les détours les plus tortueux, mettons les détours dialectiques, de l’action du parti communiste41. La « cause »
955 us tortueux, mettons les détours dialectiques, de l’ action du parti communiste41. La « cause » justifie les moyens… Mais a
956 dialectiques, de l’action du parti communiste41. La « cause » justifie les moyens… Mais alors, comment ne pas voir que ce
957 tion du parti communiste41. La « cause » justifie les moyens… Mais alors, comment ne pas voir que ce mouvement présente, da
958 ir que ce mouvement présente, dans sa forme, avec le mouvement du chrétien (qui est sa lutte contre le péché) les plus fra
959 le mouvement du chrétien (qui est sa lutte contre le péché) les plus frappantes analogies ? Sur ce plan seul, il m’apparaî
960 nt du chrétien (qui est sa lutte contre le péché) les plus frappantes analogies ? Sur ce plan seul, il m’apparaît qu’une co
961 m’apparaît qu’une confrontation soit possible. L’ homme d’abord, ou le monde d’abord ? Le marxiste, tout comme le chr
962 nfrontation soit possible. L’homme d’abord, ou le monde d’abord ? Le marxiste, tout comme le chrétien, a reconnu que
963 ble. L’homme d’abord, ou le monde d’abord ? Le marxiste, tout comme le chrétien, a reconnu que l’homme n’existe pas
964 ou le monde d’abord ? Le marxiste, tout comme le chrétien, a reconnu que l’homme n’existe pas isolément, qu’il est un
965 e marxiste, tout comme le chrétien, a reconnu que l’ homme n’existe pas isolément, qu’il est un être « en relation », qu’il
966  », qu’il est lié à une société42. Mais encore, à l’ instar du chrétien, le marxiste croit que la société présente n’a pas
967 e société42. Mais encore, à l’instar du chrétien, le marxiste croit que la société présente n’a pas le droit de déterminer
968 re, à l’instar du chrétien, le marxiste croit que la société présente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’homme, e
969 le marxiste croit que la société présente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle e
970 a société présente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-
971 résente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’ homme, et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et fa
972 le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et fait de l’homme q
973 Car elle est divisée contre elle-même, et fait de l’ homme qui s’abandonne à elle un être antinomique, « divisé », et comme
974 aliéné » de ce qu’il y a de plus humain en lui. À la découverte de « cette aliénation de soi », qui selon Marx serait le f
975  cette aliénation de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes les sociétés passées, y compris le communisme primitif
976 de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes les sociétés passées, y compris le communisme primitif, correspond formel
977 le fait de toutes les sociétés passées, y compris le communisme primitif, correspond formellement, dans le diagnostic chré
978 ommunisme primitif, correspond formellement, dans le diagnostic chrétien, la reconnaissance d’une corruption fondamentale,
979 espond formellement, dans le diagnostic chrétien, la reconnaissance d’une corruption fondamentale, qui est le péché origin
980 nnaissance d’une corruption fondamentale, qui est le péché originel. Il s’ensuit que pour le marxiste, aussi bien que pour
981 , qui est le péché originel. Il s’ensuit que pour le marxiste, aussi bien que pour le chrétien, l’homme ne pourra trouver
982 ’ensuit que pour le marxiste, aussi bien que pour le chrétien, l’homme ne pourra trouver sa plénitude et se « regagner tot
983 our le marxiste, aussi bien que pour le chrétien, l’ homme ne pourra trouver sa plénitude et se « regagner totalement »43 q
984 sa plénitude et se « regagner totalement »43 qu’à la faveur d’une économie44 radicalement renouvelée. Une réaction semblab
985 emblable — toujours dans sa forme — dressera donc le chrétien et le marxiste contre toute espèce de statisme, contre toute
986 ours dans sa forme — dressera donc le chrétien et le marxiste contre toute espèce de statisme, contre toute spéculation id
987 ger quelque chose, — à lutter efficacement contre le mal universel. Cette volonté fondamentale de transformation, je la tr
988 Cette volonté fondamentale de transformation, je la trouve formulée et résumée, de part et d’autre, par deux propositions
989 ement claires qui, tout en affirmant avec vigueur la nécessité d’un « changement », et d’un changement pratique, concret,
990 , quant aux voies et moyens qu’elles préconisent. La 2e thèse de Marx sur Feuerbach affirme : Les philosophes n’ont fait
991 ent. La 2e thèse de Marx sur Feuerbach affirme : Les philosophes n’ont fait jusqu’ici qu’interpréter diversement le monde 
992 s n’ont fait jusqu’ici qu’interpréter diversement le monde ; or il s’agit maintenant de le transformer. Et l’apôtre Paul
993 diversement le monde ; or il s’agit maintenant de le transformer. Et l’apôtre Paul écrit dans sa Lettre aux Romains (12,
994  ; or il s’agit maintenant de le transformer. Et l’ apôtre Paul écrit dans sa Lettre aux Romains (12, 2) : Ne vous confor
995 s à ce siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre sens, afin que vous discerniez quelle est la
996 e votre sens, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Dans les deux
997 Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Dans les deux cas, il s’agit du même mot : transformer ; et il s’agit de trans
998 sformer ; et il s’agit de transformer en tant que l’ on est proprement humain (c’est-à-dire en tant que l’on obéit à l’Espr
999 n est proprement humain (c’est-à-dire en tant que l’ on obéit à l’Esprit, pour Paul, et en tant que l’on fait la révolution
1000 ent humain (c’est-à-dire en tant que l’on obéit à l’ Esprit, pour Paul, et en tant que l’on fait la révolution, pour Marx).
1001 l’on obéit à l’Esprit, pour Paul, et en tant que l’ on fait la révolution, pour Marx). Il s’agit donc d’action. Il s’agit
1002 t à l’Esprit, pour Paul, et en tant que l’on fait la révolution, pour Marx). Il s’agit donc d’action. Il s’agit d’attester
1003 l s’agit donc d’action. Il s’agit d’attester soit la foi, par une réalisation des volontés de Dieu, contrariant celles du
1004 tés de Dieu, contrariant celles du siècle, — soit la pensée, par une action45 qui ne peut être que révolutionnaire. Et cep
1005 ui ne peut être que révolutionnaire. Et cependant l’ opposition de Marx et de l’apôtre éclate en ceci : que Paul veut trans
1006 ionnaire. Et cependant l’opposition de Marx et de l’ apôtre éclate en ceci : que Paul veut transformer l’homme d’abord — et
1007 apôtre éclate en ceci : que Paul veut transformer l’ homme d’abord — et le monde par lui — tandis que Marx veut transformer
1008  : que Paul veut transformer l’homme d’abord — et le monde par lui — tandis que Marx veut transformer le monde d’abord, — 
1009 monde par lui — tandis que Marx veut transformer le monde d’abord, — et l’homme par lui. C’est sur le fait de cette oppos
1010 que Marx veut transformer le monde d’abord, — et l’ homme par lui. C’est sur le fait de cette opposition centrale qu’il im
1011 le monde d’abord, — et l’homme par lui. C’est sur le fait de cette opposition centrale qu’il importe d’être bien au clair,
1012 n centrale qu’il importe d’être bien au clair, si l’ on veut comprendre pourquoi la pratique et les fins du communisme cont
1013 e bien au clair, si l’on veut comprendre pourquoi la pratique et les fins du communisme contredisent radicalement la prati
1014 , si l’on veut comprendre pourquoi la pratique et les fins du communisme contredisent radicalement la pratique et les fins
1015 les fins du communisme contredisent radicalement la pratique et les fins du christianisme, dont elles dérivent d’ailleurs
1016 mmunisme contredisent radicalement la pratique et les fins du christianisme, dont elles dérivent d’ailleurs obscurément, ma
1017 nels, abandonnées aux seules lois du Temps. De la polémique antispiritualiste à la doctrine marxiste On ne répétera
1018 du Temps. De la polémique antispiritualiste à la doctrine marxiste On ne répétera jamais assez que la doctrine orig
1019 trine marxiste On ne répétera jamais assez que la doctrine originelle de Marx est avant tout la mise en forme d’une pol
1020 que la doctrine originelle de Marx est avant tout la mise en forme d’une polémique. Elle est, très consciemment, condition
1021 ue. Elle est, très consciemment, conditionnée par la situation de l’Europe occidentale vers le milieu du xixe siècle, et
1022 ès consciemment, conditionnée par la situation de l’ Europe occidentale vers le milieu du xixe siècle, et par la volonté d
1023 née par la situation de l’Europe occidentale vers le milieu du xixe siècle, et par la volonté de la changer. En particuli
1024 ccidentale vers le milieu du xixe siècle, et par la volonté de la changer. En particulier, elle n’est « matérialiste », a
1025 s le milieu du xixe siècle, et par la volonté de la changer. En particulier, elle n’est « matérialiste », au sens vulgair
1026 ’est « matérialiste », au sens vulgaire, que dans la mesure où la mentalité de l’époque peut être qualifiée — et se qualif
1027 aliste », au sens vulgaire, que dans la mesure où la mentalité de l’époque peut être qualifiée — et se qualifie elle-même
1028 s vulgaire, que dans la mesure où la mentalité de l’ époque peut être qualifiée — et se qualifie elle-même — de spiritualis
1029 se qualifie elle-même — de spiritualiste, au sens le plus contestable du terme. Quelle était, du point de vue religieux, l
1030 u terme. Quelle était, du point de vue religieux, la situation qui se présentait à Marx ? C’était celle de la Restauration
1031 ation qui se présentait à Marx ? C’était celle de la Restauration. Professeurs et bourgeois libéraux, grands patrons du ca
1032 ant en Angleterre et en Allemagne, théologiens de l’ école hégélienne, ou adversaires du christianisme, tous, dans un commu
1033 ssaient entendre, par leur attitude pratique, que la religion concerne « l’homme intérieur » et rien que lui. C’était une
1034 eur attitude pratique, que la religion concerne «  l’ homme intérieur » et rien que lui. C’était une « affaire privée » ; et
1035 ait une « affaire privée » ; et Marx n’a fait que le constater. Elle n’empêchait nullement de faire des affaires. Ni d’opp
1036 it nullement de faire des affaires. Ni d’opprimer les ouvriers. Ni d’appeler justice, au besoin, ce qui était utile aux maî
1037 stice, au besoin, ce qui était utile aux maîtres. La religion ne semblait plus gêner personne46. Elle sanctionnait et prot
1038 gêner personne46. Elle sanctionnait et protégeait l’ ordre établi. Elle traduisait cet établissement même, et non plus ce q
1039 uisait cet établissement même, et non plus ce qui l’ eût jugé. Marx ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à la
1040 l’eût jugé. Marx ne perd pas son temps à dénoncer l’ erreur qui est à la base d’une pareille imposture : il la sait trop pr
1041 perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à la base d’une pareille imposture : il la sait trop profondément enraciné
1042 r qui est à la base d’une pareille imposture : il la sait trop profondément enracinée dans l’homme pour être atteinte par
1043 ure : il la sait trop profondément enracinée dans l’ homme pour être atteinte par une simple critique philosophique47. Or c
1044 losophique47. Or cette critique philosophique est la seule arme dont il disposerait sur le plan de l’« esprit », car il es
1045 la seule arme dont il disposerait sur le plan de l’ « esprit », car il est incroyant. D’ailleurs, ce n’est pas l’« esprit 
1046 », car il est incroyant. D’ailleurs, ce n’est pas l’ « esprit » qu’il veut sauver, mais l’homme, que les spiritualistes aba
1047 ce n’est pas l’« esprit » qu’il veut sauver, mais l’ homme, que les spiritualistes abandonnent à un sort toujours plus inhu
1048 l’« esprit » qu’il veut sauver, mais l’homme, que les spiritualistes abandonnent à un sort toujours plus inhumain. Il lui f
1049 recourir à un autre ordre d’arguments : ceux que l’ on dit « matérialistes ». Ce seront d’une part la violence prolétarien
1050 l’on dit « matérialistes ». Ce seront d’une part la violence prolétarienne, d’autre part la « science » infaillible des l
1051 ’une part la violence prolétarienne, d’autre part la « science » infaillible des lois de l’évolution économique, qu’il for
1052 autre part la « science » infaillible des lois de l’ évolution économique, qu’il formule. Je résume et je simplifie ce proc
1053 fie ce processus : ceux qui prétendent réformer «  l’ intérieur » se gardent bien de toucher à l’extérieur. Marx dira donc,
1054 rmer « l’intérieur » se gardent bien de toucher à l’ extérieur. Marx dira donc, contre eux, qu’il faut d’abord transformer
1055 donc, contre eux, qu’il faut d’abord transformer l’ extérieur — et le reste suivra nécessairement. Pour sauver le reste —
1056 , qu’il faut d’abord transformer l’extérieur — et le reste suivra nécessairement. Pour sauver le reste — disons : la cultu
1057 — et le reste suivra nécessairement. Pour sauver le reste — disons : la culture, l’esprit, et l’âme si l’on y tient — il
1058 a nécessairement. Pour sauver le reste — disons : la culture, l’esprit, et l’âme si l’on y tient — il faut commencer par l
1059 ment. Pour sauver le reste — disons : la culture, l’ esprit, et l’âme si l’on y tient — il faut commencer par le nier. L’« 
1060 uver le reste — disons : la culture, l’esprit, et l’ âme si l’on y tient — il faut commencer par le nier. L’« esprit » du b
1061 este — disons : la culture, l’esprit, et l’âme si l’ on y tient — il faut commencer par le nier. L’« esprit » du bourgeois
1062 et l’âme si l’on y tient — il faut commencer par le nier. L’« esprit » du bourgeois spiritualiste n’est qu’une caricature
1063 si l’on y tient — il faut commencer par le nier. L’ « esprit » du bourgeois spiritualiste n’est qu’une caricature, mais se
1064 nt déjà tels qu’on ne peut plus songer à rétablir la vérité par des moyens purement spirituels. Au mensonge spiritualiste,
1065 t spirituels. Au mensonge spiritualiste, opposons l’ argument frappant d’un matérialisme polémique : nous l’appellerons mat
1066 ument frappant d’un matérialisme polémique : nous l’ appellerons matérialisme dialectique, pour indiquer qu’il n’est que pr
1067 instrumental, qu’il doit servir au bout du compte la vérité ­­— laquelle contient aussi l’« esprit » — bref qu’il n’est en
1068 t du compte la vérité ­­— laquelle contient aussi l’ « esprit » — bref qu’il n’est en somme qu’une tactique. Faisons de néc
1069 ons de nécessité vertu. Proposons-nous de changer les choses et leurs rapports, de changer « le monde », c’est-à-dire les r
1070 hanger les choses et leurs rapports, de changer «  le monde », c’est-à-dire les rapports économiques et sociaux. Et s’il no
1071 s rapports, de changer « le monde », c’est-à-dire les rapports économiques et sociaux. Et s’il nous reste encore du temps,
1072 s’il nous reste encore du temps, nous changerons l’ homme. D’ailleurs, peut-être suffit-il de changer le cadre matériel po
1073 homme. D’ailleurs, peut-être suffit-il de changer le cadre matériel pour que le contenu se transforme ? N’a-t-on pas démon
1074 e suffit-il de changer le cadre matériel pour que le contenu se transforme ? N’a-t-on pas démontré déjà que la culture, pa
1075 nu se transforme ? N’a-t-on pas démontré déjà que la culture, par exemple, n’est qu’un « reflet » du processus économique 
1076 e prend à son jeu polémique. Ce ne fut guère qu’à la fin de sa carrière que son ami Engels en découvrit le danger. « Marx
1077 in de sa carrière que son ami Engels en découvrit le danger. « Marx et moi — écrit-il en 1890 — nous sommes peut-être resp
1078 disciples ont insisté plus qu’il ne convenait sur les facteurs économiques. Nous étions forcés d’insister sur leur caractèr
1079 fondamental, par opposition à nos adversaires qui le niaient, et nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’occasion de rendr
1080 ires qui le niaient, et nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’occasion de rendre justice aux autres facteurs. » De la
1081 niaient, et nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’ occasion de rendre justice aux autres facteurs. » De la doctrine ma
1082 on de rendre justice aux autres facteurs. » De la doctrine marxiste à la tactique stalinienne En effet, de ce « mens
1083 x autres facteurs. » De la doctrine marxiste à la tactique stalinienne En effet, de ce « mensonge » opportuniste qu’
1084 n effet, de ce « mensonge » opportuniste qu’était le matérialisme polémique, promu par un glissement inévitable au rang de
1085 table au rang de doctrine du parti, devait sortir la « vérité » tactique du matérialisme vulgaire, celui que la presse bou
1086 té » tactique du matérialisme vulgaire, celui que la presse bourgeoise a si beau jeu d’attaquer aujourd’hui — encore qu’el
1087 beau jeu d’attaquer aujourd’hui — encore qu’elle le pratique elle-même sans vergogne, tout en le niant pour les besoins d
1088 elle le pratique elle-même sans vergogne, tout en le niant pour les besoins de sa cause. Ce matérialisme vulgaire, que Mar
1089 ue elle-même sans vergogne, tout en le niant pour les besoins de sa cause. Ce matérialisme vulgaire, que Marx avait tout d’
1090 u exactement symétrique de celui des idéalistes : la croyance que si l’on change l’ordre des choses, on change automatique
1091 ique de celui des idéalistes : la croyance que si l’ on change l’ordre des choses, on change automatiquement la réalité hum
1092 i des idéalistes : la croyance que si l’on change l’ ordre des choses, on change automatiquement la réalité humaine. Obligé
1093 nge l’ordre des choses, on change automatiquement la réalité humaine. Obligé par ses adversaires à proclamer la primauté d
1094 é humaine. Obligé par ses adversaires à proclamer la primauté du matériel, Marx ne se rendit pas compte qu’il allait décha
1095 rreur non moins grave que celle des défenseurs de l’ esprit pur : l’erreur qui porte l’homme à croire que la cause de tous
1096 grave que celle des défenseurs de l’esprit pur : l’ erreur qui porte l’homme à croire que la cause de tous ses malheurs es
1097 s défenseurs de l’esprit pur : l’erreur qui porte l’ homme à croire que la cause de tous ses malheurs est dans les choses,
1098 rit pur : l’erreur qui porte l’homme à croire que la cause de tous ses malheurs est dans les choses, et non dans lui. (Il
1099 croire que la cause de tous ses malheurs est dans les choses, et non dans lui. (Il n’en fut pas conscient, et pourtant il e
1100 nsable, nous reviendrons plus tard sur ce point.) Le peuple — et la bourgeoisie donc ! — répète que l’habit ne fait pas le
1101 viendrons plus tard sur ce point.) Le peuple — et la bourgeoisie donc ! — répète que l’habit ne fait pas le moine, et que
1102 Le peuple — et la bourgeoisie donc ! — répète que l’ habit ne fait pas le moine, et que l’argent ne fait pas le bonheur. Pr
1103 urgeoisie donc ! — répète que l’habit ne fait pas le moine, et que l’argent ne fait pas le bonheur. Pratiquement, il croit
1104 — répète que l’habit ne fait pas le moine, et que l’ argent ne fait pas le bonheur. Pratiquement, il croit dur comme fer qu
1105 ne fait pas le moine, et que l’argent ne fait pas le bonheur. Pratiquement, il croit dur comme fer que l’habit fait le moi
1106 bonheur. Pratiquement, il croit dur comme fer que l’ habit fait le moine et que l’argent fait le bonheur. Marx vient lui ex
1107 iquement, il croit dur comme fer que l’habit fait le moine et que l’argent fait le bonheur. Marx vient lui expliquer en 15
1108 it dur comme fer que l’habit fait le moine et que l’ argent fait le bonheur. Marx vient lui expliquer en 15 volumes — dont
1109 er que l’habit fait le moine et que l’argent fait le bonheur. Marx vient lui expliquer en 15 volumes — dont on a fait des
1110 Marx vient lui démontrer que ceux qui prétendent le contraire, et qui prêchent que l’argent ne fait pas le bonheur, sont
1111 qui prétendent le contraire, et qui prêchent que l’ argent ne fait pas le bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui on
1112 ntraire, et qui prêchent que l’argent ne fait pas le bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui ont l’argent et qui veu
1113 bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui ont l’ argent et qui veulent le garder — justement parce qu’il fait leur bonh
1114 des exploiteurs, qui ont l’argent et qui veulent le garder — justement parce qu’il fait leur bonheur ! Alors, il n’y a pl
1115 ors, il n’y a plus qu’une seule voie : instituons le plan quinquennal, créons une industrie puissante, faisons mieux que l
1116 créons une industrie puissante, faisons mieux que l’ Amérique, devenons encore plus riches, car l’argent distribué aux mass
1117 que l’Amérique, devenons encore plus riches, car l’ argent distribué aux masses ne manque pas de créer du bonheur. Pour ré
1118 nheur. Pour réussir, il faut une discipline. Pour la maintenir, il faut un dictateur. Libre aux bourgeois, aux scrupuleux,
1119 e lui-même de s’indigner : il faut ce qu’il faut. L’ étatisme dictatorial contredit la doctrine de Marx ? Qu’importe, puisq
1120 t ce qu’il faut. L’étatisme dictatorial contredit la doctrine de Marx ? Qu’importe, puisque le but final est la richesse,
1121 ntredit la doctrine de Marx ? Qu’importe, puisque le but final est la richesse, mère du bonheur. N’est-ce pas là ce que vo
1122 ne de Marx ? Qu’importe, puisque le but final est la richesse, mère du bonheur. N’est-ce pas là ce que voulait Marx ? Résu
1123 que voulait Marx ? Résumons : Marx n’a pas voulu le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités de la polémique d’une part
1124 Marx n’a pas voulu le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités de la polémique d’une part, — et sa définition de l’homme
1125 le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités de la polémique d’une part, — et sa définition de l’homme concret, purement
1126 de la polémique d’une part, — et sa définition de l’ homme concret, purement social, d’autre part, l’ont amené à mettre l’a
1127 e l’homme concret, purement social, d’autre part, l’ ont amené à mettre l’accent sur les facteurs matérialistes. C’est cet
1128 rement social, d’autre part, l’ont amené à mettre l’ accent sur les facteurs matérialistes. C’est cet accent que « les mass
1129 , d’autre part, l’ont amené à mettre l’accent sur les facteurs matérialistes. C’est cet accent que « les masses » ont senti
1130 es facteurs matérialistes. C’est cet accent que «  les masses » ont senti, parce que tout les y prédisposait. Le résultat, c
1131 cent que « les masses » ont senti, parce que tout les y prédisposait. Le résultat, c’est l’URSS de Staline, régime dont je
1132 s » ont senti, parce que tout les y prédisposait. Le résultat, c’est l’URSS de Staline, régime dont je voudrais bien qu’on
1133 e que tout les y prédisposait. Le résultat, c’est l’ URSS de Staline, régime dont je voudrais bien qu’on me démontre en quo
1134 ontre en quoi il diffère du fascisme, dans ce que le fascisme a de plus oppressif pour l’homme et pour sa liberté. L’at
1135 dans ce que le fascisme a de plus oppressif pour l’ homme et pour sa liberté. L’attitude chrétienne devant le « monde »
1136 lus oppressif pour l’homme et pour sa liberté. L’ attitude chrétienne devant le « monde » On parle avec raison de « d
1137 pour sa liberté. L’attitude chrétienne devant le « monde » On parle avec raison de « doctrine » marxiste, d’« idéol
1138 ire une confusion irrémédiable que de parler dans le même sens d’une « doctrine » du christianisme. Le chrétien, et surtou
1139 le même sens d’une « doctrine » du christianisme. Le chrétien, et surtout le protestant, répugne absolument à concevoir qu
1140 trine » du christianisme. Le chrétien, et surtout le protestant, répugne absolument à concevoir que les dogmes théologique
1141 le protestant, répugne absolument à concevoir que les dogmes théologiques puissent figurer la théorie d’une pratique49. Le
1142 voir que les dogmes théologiques puissent figurer la théorie d’une pratique49. Le christianisme n’est pas un programme ; n
1143 ues puissent figurer la théorie d’une pratique49. Le christianisme n’est pas un programme ; ni, comme le disent certains p
1144 christianisme n’est pas un programme ; ni, comme le disent certains primaires marxistes, une « idéologie » ; ni une tacti
1145 attitude totale. (Je dirais bien totalitaire, si le mot n’avait été pareillement perverti par les caricatures séculières
1146 , si le mot n’avait été pareillement perverti par les caricatures séculières de la révolution chrétienne.) La vie et la pen
1147 lement perverti par les caricatures séculières de la révolution chrétienne.) La vie et la pensée chrétiennes, en effet, se
1148 icatures séculières de la révolution chrétienne.) La vie et la pensée chrétiennes, en effet, se réfèrent à chaque instant
1149 éculières de la révolution chrétienne.) La vie et la pensée chrétiennes, en effet, se réfèrent à chaque instant à ce qui d
1150 , se réfèrent à chaque instant à ce qui détermine le tout de l’homme : son origine, sa fin, et sa mission présente. Le chr
1151 nt à chaque instant à ce qui détermine le tout de l’ homme : son origine, sa fin, et sa mission présente. Le chrétien sait
1152 me : son origine, sa fin, et sa mission présente. Le chrétien sait qu’il vient de Dieu, le Créateur ; qu’il va vers le Roy
1153 n présente. Le chrétien sait qu’il vient de Dieu, le Créateur ; qu’il va vers le Royaume de Dieu, le Réconciliateur ; et q
1154 qu’il vient de Dieu, le Créateur ; qu’il va vers le Royaume de Dieu, le Réconciliateur ; et qu’il a pour mission actuelle
1155 , le Créateur ; qu’il va vers le Royaume de Dieu, le Réconciliateur ; et qu’il a pour mission actuelle d’obéir à une Parol
1156 tuelle d’obéir à une Parole qui est Jésus-Christ, le Médiateur. Mais cette Parole juge « le monde » qui l’a rejetée. Elle
1157 us-Christ, le Médiateur. Mais cette Parole juge «  le monde » qui l’a rejetée. Elle ne sauve que ceux d’entre les hommes qu
1158 édiateur. Mais cette Parole juge « le monde » qui l’ a rejetée. Elle ne sauve que ceux d’entre les hommes qui refusent tota
1159 » qui l’a rejetée. Elle ne sauve que ceux d’entre les hommes qui refusent totalement ce monde et s’attendent totalement au
1160 ume. Ce refus, cette attente active50 constituent la révolution la plus radicale qui soit, disons mieux : la seule radical
1161 cette attente active50 constituent la révolution la plus radicale qui soit, disons mieux : la seule radicale. Et toutes l
1162 olution la plus radicale qui soit, disons mieux : la seule radicale. Et toutes les autres, dans notre Occident troublé par
1163 soit, disons mieux : la seule radicale. Et toutes les autres, dans notre Occident troublé par un message qu’il méconnaît, n
1164 oublé par un message qu’il méconnaît, ne sont que les reflets énigmatiques de cet événement primordial — ses succédanés tem
1165 ordial — ses succédanés temporels, en dérive vers le néant. « Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transf
1166 … » Cela ne signifie pas, pour un chrétien, que «  le monde » soit abandonné. Cela ne signifie pas qu’une fois opérée cette
1167 fois opérée cette transformation personnelle que l’ on nomme la conversion, le chrétien n’ait plus qu’à attendre, et à sub
1168 e cette transformation personnelle que l’on nomme la conversion, le chrétien n’ait plus qu’à attendre, et à subir en gémis
1169 rmation personnelle que l’on nomme la conversion, le chrétien n’ait plus qu’à attendre, et à subir en gémissant les lois d
1170 n’ait plus qu’à attendre, et à subir en gémissant les lois d’un monde qu’il condamne ! Car alors, où serait son refus ? Et
1171 ormisme triomphant ? C’est bien là ce que pensent les marxistes, mais c’est aussi où apparaît leur erreur initiale sur l’ho
1172 c’est aussi où apparaît leur erreur initiale sur l’ homme. Leur ignorance ou leur aveuglement quant au devoir, et au pouvo
1173 ur aveuglement quant au devoir, et au pouvoir, de l’ homme transformé par la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile, est un
1174 devoir, et au pouvoir, de l’homme transformé par la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé de
1175 et au pouvoir, de l’homme transformé par la foi. L’ homme nouveau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il
1176 mme transformé par la foi. L’homme nouveau, selon l’ Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il est orienté autrement,
1177 a changé de sens. Il est orienté autrement, comme l’ indique le mot conversion. Obéissant à la Parole que Dieu lui adresse,
1178 e sens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mot conversion. Obéissant à la Parole que Dieu lui adresse, il reconn
1179 t, comme l’indique le mot conversion. Obéissant à la Parole que Dieu lui adresse, il reconnaît du même coup l’origine et l
1180 e que Dieu lui adresse, il reconnaît du même coup l’ origine et le but de sa vie : il connaît dès lors son péché, tout ce q
1181 i adresse, il reconnaît du même coup l’origine et le but de sa vie : il connaît dès lors son péché, tout ce qui l’écartait
1182 vie : il connaît dès lors son péché, tout ce qui l’ écartait de sa voie. Mais il se connaît du même coup responsable à l’e
1183 ie. Mais il se connaît du même coup responsable à l’ endroit du monde. Car si le monde s’est livré à l’injustice et au déso
1184 ême coup responsable à l’endroit du monde. Car si le monde s’est livré à l’injustice et au désordre, c’est par la faute de
1185 l’endroit du monde. Car si le monde s’est livré à l’ injustice et au désordre, c’est par la faute de l’homme, qui était son
1186 est livré à l’injustice et au désordre, c’est par la faute de l’homme, qui était son roi, et qui a trahi. Et tout péché in
1187 l’injustice et au désordre, c’est par la faute de l’ homme, qui était son roi, et qui a trahi. Et tout péché individuel rép
1188 ute. Ainsi : conscience du péché, connaissance de la fin et de l’origine, obligation d’agir pour racheter le mal commis, s
1189 conscience du péché, connaissance de la fin et de l’ origine, obligation d’agir pour racheter le mal commis, sont trois mom
1190 et de l’origine, obligation d’agir pour racheter le mal commis, sont trois moments indivisibles de la « transformation »
1191 le mal commis, sont trois moments indivisibles de la « transformation » dont parle Paul. L’un n’est pas concevable, sérieu
1192 utre. « Toute droite connaissance de Dieu naît de l’ obéissance », écrit Calvin. Et que serait une obéissance qui ne se man
1193 rait une obéissance qui ne se manifesterait pas ? La transformation personnelle, au sens total de l’Évangile, ne peut donc
1194 ? La transformation personnelle, au sens total de l’ Évangile, ne peut donc se traduire, si elle s’est faite, que par une a
1195 st faite, que par une action du chrétien : contre le monde dans sa forme présente, et pour le monde restauré dans la Prome
1196 : contre le monde dans sa forme présente, et pour le monde restauré dans la Promesse. Il faut aller plus loin que cette af
1197 sa forme présente, et pour le monde restauré dans la Promesse. Il faut aller plus loin que cette affirmation tout évidente
1198 ue cette affirmation tout évidente. Non seulement l’ homme converti devient transformateur du monde — ou sinon il n’est pas
1199 as converti — mais encore toute transformation de la forme actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet d’une conversion
1200 e la forme actuelle des choses, qui ne serait pas l’ effet d’une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chrétien,
1201 Voilà qui paraîtra plus scandaleux. Et cependant l’ Évangile est formel : « Que servirait à un homme de gagner le monde, s
1202 est formel : « Que servirait à un homme de gagner le monde, s’il perdait son âme ? » Son âme, c’est-à-dire la conscience d
1203 e, s’il perdait son âme ? » Son âme, c’est-à-dire la conscience de son origine et de sa fin, du sens même de son action, d
1204 ns pas de vérités « purement théologiques » comme le dirait un incroyant. Que servirait à l’homme, tel que le voit le chré
1205 s » comme le dirait un incroyant. Que servirait à l’ homme, tel que le voit le chrétien, de sauver sa vie matérielle et mor
1206 it un incroyant. Que servirait à l’homme, tel que le voit le chrétien, de sauver sa vie matérielle et morale, d’échapper à
1207 croyant. Que servirait à l’homme, tel que le voit le chrétien, de sauver sa vie matérielle et morale, d’échapper à la guer
1208 sauver sa vie matérielle et morale, d’échapper à la guerre, à la misère, à l’oppression, s’il ignore ou refuse « la seule
1209 e matérielle et morale, d’échapper à la guerre, à la misère, à l’oppression, s’il ignore ou refuse « la seule chose nécess
1210 et morale, d’échapper à la guerre, à la misère, à l’ oppression, s’il ignore ou refuse « la seule chose nécessaire », le se
1211 a misère, à l’oppression, s’il ignore ou refuse «  la seule chose nécessaire », le seul gage du salut total ? Alors, va-t-o
1212 l ignore ou refuse « la seule chose nécessaire », le seul gage du salut total ? Alors, va-t-on, si l’on est converti, lais
1213 le seul gage du salut total ? Alors, va-t-on, si l’ on est converti, laisser le monde aller son train, et les guerres se d
1214 l ? Alors, va-t-on, si l’on est converti, laisser le monde aller son train, et les guerres se déchaîner, et les chômeurs m
1215 st converti, laisser le monde aller son train, et les guerres se déchaîner, et les chômeurs mourir de faim ? Ce serait prou
1216 aller son train, et les guerres se déchaîner, et les chômeurs mourir de faim ? Ce serait prouver qu’on n’est pas converti.
1217 t pas converti. J’agirai donc, toutefois non pour le monde, et non pour sauver quelque bien, mais parce que je me sais res
1218 je ne puis supporter mon péché et ses effets dans le monde réel où vivent les hommes — où meurent les hommes. Reproches
1219 péché et ses effets dans le monde réel où vivent les hommes — où meurent les hommes. Reproches réciproques que s’adress
1220 s le monde réel où vivent les hommes — où meurent les hommes. Reproches réciproques que s’adressent les chrétiens et les
1221 hommes. Reproches réciproques que s’adressent les chrétiens et les marxistes Telle étant donc la conception chrétien
1222 ches réciproques que s’adressent les chrétiens et les marxistes Telle étant donc la conception chrétienne de l’homme, se
1223 es chrétiens et les marxistes Telle étant donc la conception chrétienne de l’homme, seul responsable du mal qui est dan
1224 s Telle étant donc la conception chrétienne de l’ homme, seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra qu
1225 de l’homme, seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra que l’état d’esprit marxiste lui apparaisse néce
1226 e du mal qui est dans le monde, on comprendra que l’ état d’esprit marxiste lui apparaisse nécessairement borné. Je me serv
1227 nécessairement borné. Je me servirai d’une image. L’ enfant qui rate son coup, ou qui se heurte contre un meuble, se fâche
1228 u qui se heurte contre un meuble, se fâche contre les choses et les rend responsables. Il croit que c’est elles qu’il faut
1229 e contre un meuble, se fâche contre les choses et les rend responsables. Il croit que c’est elles qu’il faut changer. Il ba
1230 croit que c’est elles qu’il faut changer. Il bat la table, comme Xerxès faisait battre l’Hellespont. C’est ce préjugé inf
1231 ger. Il bat la table, comme Xerxès faisait battre l’ Hellespont. C’est ce préjugé infantile que le marxisme devait consolid
1232 ttre l’Hellespont. C’est ce préjugé infantile que le marxisme devait consolider dans la conscience prolétarienne. Déviatio
1233 infantile que le marxisme devait consolider dans la conscience prolétarienne. Déviation grossière, dira-t-on ; mais pouva
1234 it-il pas dit qu’il fallait commencer par changer l’ ordre matériel, l’ordre des choses, et que les hommes ensuite deviendr
1235 l fallait commencer par changer l’ordre matériel, l’ ordre des choses, et que les hommes ensuite deviendraient plus habiles
1236 nger l’ordre matériel, l’ordre des choses, et que les hommes ensuite deviendraient plus habiles à s’entendre et à vivre heu
1237 biles à s’entendre et à vivre heureux ? « Changer la vie », criait l’enfant Rimbaud ! Et les intellectuels de gauche repre
1238 e et à vivre heureux ? « Changer la vie », criait l’ enfant Rimbaud ! Et les intellectuels de gauche reprennent aujourd’hui
1239 « Changer la vie », criait l’enfant Rimbaud ! Et les intellectuels de gauche reprennent aujourd’hui cette devise, pour l’o
1240 gauche reprennent aujourd’hui cette devise, pour l’ opposer au « spiritualisme » autant qu’à la routine et au cynisme des
1241 , pour l’opposer au « spiritualisme » autant qu’à la routine et au cynisme des conservateurs. Saint Paul n’a pas cette tra
1242 cette tragique naïveté. Il ne se fâche pas contre l’ Empire romain, et ne désigne pas sa destruction comme premier objectif
1243 on comme premier objectif aux chrétiens. Pourtant l’ Empire leur ôte toute liberté, et bientôt leur ôtera la vie ! Ne faut-
1244 ire leur ôte toute liberté, et bientôt leur ôtera la vie ! Ne faut-il pas « aller au plus pressé », sauver d’abord sa peau
1245 plus pressé », sauver d’abord sa peau, renverser les tyrans ? Ainsi parlent le bon sens, et le marxisme. Mais si l’Apôtre
1246 ord sa peau, renverser les tyrans ? Ainsi parlent le bon sens, et le marxisme. Mais si l’Apôtre avait placé la lutte sur c
1247 verser les tyrans ? Ainsi parlent le bon sens, et le marxisme. Mais si l’Apôtre avait placé la lutte sur ce terrain que l’
1248 insi parlent le bon sens, et le marxisme. Mais si l’ Apôtre avait placé la lutte sur ce terrain que l’on dit réaliste, à su
1249 ens, et le marxisme. Mais si l’Apôtre avait placé la lutte sur ce terrain que l’on dit réaliste, à supposer que le « parti
1250 l’Apôtre avait placé la lutte sur ce terrain que l’ on dit réaliste, à supposer que le « parti chrétien » eût triomphé, ri
1251 ce terrain que l’on dit réaliste, à supposer que le « parti chrétien » eût triomphé, rien ne l’eût empêché de subir le so
1252 r que le « parti chrétien » eût triomphé, rien ne l’ eût empêché de subir le sort fatal des révoltes politiques : il eût re
1253 en » eût triomphé, rien ne l’eût empêché de subir le sort fatal des révoltes politiques : il eût revêtu les formes du pouv
1254 ort fatal des révoltes politiques : il eût revêtu les formes du pouvoir déposé51 et renvoyant à des temps plus paisibles l’
1255 déposé51 et renvoyant à des temps plus paisibles l’ évangélisation — sa raison d’être — il se fût consacré aux tâches plus
1256 lus urgentes : donner du pain et des spectacles à la foule. Mais Paul était apôtre et non pas dictateur. C’est pourquoi so
1257 st encore prêché. Il annonçait aux hommes non pas la haine et le cynisme — qui appartiennent à la forme du monde — mais la
1258 êché. Il annonçait aux hommes non pas la haine et le cynisme — qui appartiennent à la forme du monde — mais la nouvelle, a
1259 pas la haine et le cynisme — qui appartiennent à la forme du monde — mais la nouvelle, absolument nouvelle, venant d’aill
1260 me — qui appartiennent à la forme du monde — mais la nouvelle, absolument nouvelle, venant d’ailleurs, d’au-delà de ce mon
1261 nne vivante et de son amour éternel. Il annonçait l’ homme changé. Trop beau tout cela ! Trop beau pour être vrai, dit le m
1262 op beau tout cela ! Trop beau pour être vrai, dit le marxiste. (Chrétien, changé, je suis encore assez « vieil homme » pou
1263 changé, je suis encore assez « vieil homme » pour le comprendre.) Sur quoi repose cette transformation dont vous parlez ?
1264 e, et qu’elle m’ordonne d’ignorer. Je ne vois pas les effets d’une telle foi dans l’histoire de notre Occident52. Si je n’a
1265 r. Je ne vois pas les effets d’une telle foi dans l’ histoire de notre Occident52. Si je n’ai pas votre foi, je ne les vois
1266 notre Occident52. Si je n’ai pas votre foi, je ne les vois pas. Je vois une Église établie, opprimant toutes les dissidence
1267 pas. Je vois une Église établie, opprimant toutes les dissidences, pactisant avec les puissants, soutenant partout les régi
1268 opprimant toutes les dissidences, pactisant avec les puissants, soutenant partout les régimes rétrogrades et prêchant la r
1269 , pactisant avec les puissants, soutenant partout les régimes rétrogrades et prêchant la résignation. C’est vraiment trop f
1270 enant partout les régimes rétrogrades et prêchant la résignation. C’est vraiment trop facile de se mettre en règle avec sa
1271 le avec sa mauvaise conscience, en prétextant que l’ intérieur importe seul, et que le « pain de vie » suffit à nourrir l’h
1272 n prétextant que l’intérieur importe seul, et que le « pain de vie » suffit à nourrir l’homme ! Peut-être suffit-il à vous
1273 seul, et que le « pain de vie » suffit à nourrir l’ homme ! Peut-être suffit-il à vous nourrir, personnellement, mais ce n
1274 sonnellement, mais ce n’est pas cela qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire
1275 ’est pas cela qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire à notre honte, à nous c
1276 rime la misère, qui empêche la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire à notre honte, à nous chrétiens : ces reproch
1277 empêche la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire à notre honte, à nous chrétiens : ces reproches apparaissent jus
1278 hrétiens : ces reproches apparaissent justifiés à la grande masse des travailleurs. Si le marxisme a provoqué parmi les « 
1279 justifiés à la grande masse des travailleurs. Si le marxisme a provoqué parmi les « exploités » un tel soulèvement d’espé
1280 des travailleurs. Si le marxisme a provoqué parmi les « exploités » un tel soulèvement d’espérances, de telles vagues d’adh
1281 c’est qu’il s’est trouvé seul à protester contre le monde tel qu’il va. On dira : c’est d’abord qu’il a su rejeter sur l’
1282 a. On dira : c’est d’abord qu’il a su rejeter sur l’ oppression capitaliste, trop réelle, tout le malheur inhérent à l’exis
1283 r sur l’oppression capitaliste, trop réelle, tout le malheur inhérent à l’existence, tout le malheur dont en vérité le péc
1284 italiste, trop réelle, tout le malheur inhérent à l’ existence, tout le malheur dont en vérité le péché de chacun est respo
1285 lle, tout le malheur inhérent à l’existence, tout le malheur dont en vérité le péché de chacun est responsable. L’observat
1286 ent à l’existence, tout le malheur dont en vérité le péché de chacun est responsable. L’observation est juste ; elle est i
1287 ont en vérité le péché de chacun est responsable. L’ observation est juste ; elle est insuffisante. Ce qui explique en dern
1288 insuffisante. Ce qui explique en dernier ressort le succès « religieux » du marxisme, c’est sa volonté proclamée, concrèt
1289 immédiate, de changer tout ; et non pas seulement l’ « esprit » ou l’« intérieur ». Or si le marxisme a réussi cela, s’il a
1290 anger tout ; et non pas seulement l’« esprit » ou l’ « intérieur ». Or si le marxisme a réussi cela, s’il a pu paraître cel
1291 seulement l’« esprit » ou l’« intérieur ». Or si le marxisme a réussi cela, s’il a pu paraître cela, c’est dans la mesure
1292 réussi cela, s’il a pu paraître cela, c’est dans la mesure où le christianisme, aux yeux des masses, n’a plus osé se mont
1293 s’il a pu paraître cela, c’est dans la mesure où le christianisme, aux yeux des masses, n’a plus osé se montrer chrétien.
1294 sses, n’a plus osé se montrer chrétien. C’est que le sel a perdu sa saveur, et son amertume salutaire. C’est que la seule
1295 u sa saveur, et son amertume salutaire. C’est que la seule espérance véritable et certaine n’a plus été prêchée au monde a
1296 attaque assez gênante et bouleversante. C’est que l’ « esprit » qui devait être l’agent du changement total, perpétuel et s
1297 eversante. C’est que l’« esprit » qui devait être l’ agent du changement total, perpétuel et seul réel, est devenu le gardi
1298 ngement total, perpétuel et seul réel, est devenu le gardien des conformismes, ou du moins n’a pas su, par excès de pruden
1299 s n’a pas su, par excès de prudence, empêcher que les foules le considèrent comme tel. Les chrétiens sont bien plus respons
1300 u, par excès de prudence, empêcher que les foules le considèrent comme tel. Les chrétiens sont bien plus responsables des
1301 empêcher que les foules le considèrent comme tel. Les chrétiens sont bien plus responsables des succès de Marx auprès des f
1302 nsables des succès de Marx auprès des foules, que le marxisme n’est responsable du déclin des Églises dans le monde modern
1303 isme n’est responsable du déclin des Églises dans le monde moderne. C’est pourquoi les reproches du marxiste au chrétien s
1304 des Églises dans le monde moderne. C’est pourquoi les reproches du marxiste au chrétien sont humainement bien plus valables
1305 isciples (que ce soit en paroles ou en actes). Si les chrétiens gardaient une conscience plus fidèle, partant plus douloure
1306 e ce fait, je crois qu’ils éviteraient d’attaquer le marxisme dans les mêmes termes que la réaction. Mais ceci dit, et mai
1307 is qu’ils éviteraient d’attaquer le marxisme dans les mêmes termes que la réaction. Mais ceci dit, et maintenu, il reste qu
1308 d’attaquer le marxisme dans les mêmes termes que la réaction. Mais ceci dit, et maintenu, il reste qu’en doctrine, et ind
1309 doctrine, et indépendamment de toutes nos fautes, l’ objection marxiste ne vaut rien, alors que l’objection chrétienne est
1310 tes, l’objection marxiste ne vaut rien, alors que l’ objection chrétienne est imparable. Quand un marxiste me reproche de m
1311 angement tout spirituel, et qui n’affecte en rien le cours des choses, je suis fondé à lui répondre : « Ton reproche s’adr
1312 eté, à mon absence de foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’a pas
1313 bsence de foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’a pas impunément,
1314 foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’ a pas impunément, et si on l’a, cela se voit, des choses changent. Ce
1315 ose inquiète”, on ne l’a pas impunément, et si on l’ a, cela se voit, des choses changent. Ce que tu me reproches, c’est, e
1316 e n’être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc à le devenir davantage, quand tu croyais réfuter ma religion. Ton athéisme
1317 d’aventure, pour un dialecticien ! Si tu dis que le chrétien est celui qui ne fait rien, tu prouves simplement que tu ign
1318  : vous n’êtes pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, dès l’origine doctrinale, intrinsèquement, et dans la mesure
1319 pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, dès l’ origine doctrinale, intrinsèquement, et dans la mesure exacte où l’on
1320 ès l’origine doctrinale, intrinsèquement, et dans la mesure exacte où l’on est un marxiste convaincu, non point dans la me
1321 ale, intrinsèquement, et dans la mesure exacte où l’ on est un marxiste convaincu, non point dans la mesure où l’on trahit
1322 où l’on est un marxiste convaincu, non point dans la mesure où l’on trahit le marxisme, on fait une erreur fatale, irrévoc
1323 n marxiste convaincu, non point dans la mesure où l’ on trahit le marxisme, on fait une erreur fatale, irrévocable, aujourd
1324 onvaincu, non point dans la mesure où l’on trahit le marxisme, on fait une erreur fatale, irrévocable, aujourd’hui manifes
1325 e, irrévocable, aujourd’hui manifeste. Erreur sur l’ homme et sa mission cosmique. Erreur sur la personne — dans mon vocabu
1326 ur sur l’homme et sa mission cosmique. Erreur sur la personne — dans mon vocabulaire. Ma critique porte sur l’essentiel du
1327 nne — dans mon vocabulaire. Ma critique porte sur l’ essentiel du marxisme, alors que la critique marxiste porte sur un chr
1328 ique porte sur l’essentiel du marxisme, alors que la critique marxiste porte sur un christianisme dénaturé. Et l’essentiel
1329 marxiste porte sur un christianisme dénaturé. Et l’ essentiel du marxisme, je le répète, c’est sa volonté de changer le mo
1330 tianisme dénaturé. Et l’essentiel du marxisme, je le répète, c’est sa volonté de changer le monde, le monde d’abord, et no
1331 rxisme, je le répète, c’est sa volonté de changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’homme d’abord, et le monde par
1332 le répète, c’est sa volonté de changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’homme d’abord, et le monde par lui. Or un
1333 de changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’ homme d’abord, et le monde par lui. Or une telle volonté ne peut condu
1334 le monde d’abord, et non pas l’homme d’abord, et le monde par lui. Or une telle volonté ne peut conduire qu’à l’excès du
1335 r lui. Or une telle volonté ne peut conduire qu’à l’ excès du matérialisme, non point par la malice de Staline, mais par l’
1336 duire qu’à l’excès du matérialisme, non point par la malice de Staline, mais par l’effet des conditions physiques et spiri
1337 sme, non point par la malice de Staline, mais par l’ effet des conditions physiques et spirituelles de l’homme en ce qu’ell
1338 effet des conditions physiques et spirituelles de l’ homme en ce qu’elles ont d’irréductibles à toute détermination sociale
1339 ermination sociale ou historique imaginable, dans le passé, le présent ou l’avenir53. Le problème des fins dernières :
1340 sociale ou historique imaginable, dans le passé, le présent ou l’avenir53. Le problème des fins dernières : Royaume de
1341 storique imaginable, dans le passé, le présent ou l’ avenir53. Le problème des fins dernières : Royaume de Dieu ou parad
1342 able, dans le passé, le présent ou l’avenir53. Le problème des fins dernières : Royaume de Dieu ou paradis terrestre ?
1343 ivoque grossière dissipée en principe, au lieu de la véritable décision. Certains, frappés comme je le suis, par les resse
1344 la véritable décision. Certains, frappés comme je le suis, par les ressemblances formelles indiscutables que présentent la
1345 décision. Certains, frappés comme je le suis, par les ressemblances formelles indiscutables que présentent la volonté du vr
1346 semblances formelles indiscutables que présentent la volonté du vrai chrétien et celle du communiste militant, ont tenté l
1347 rétien et celle du communiste militant, ont tenté la synthèse pratique des deux croyances, qu’ils estimaient complémentair
1348 complémentaires. D’autres, plus nombreux qu’on ne le pense, souhaitent au moins et appellent cette synthèse, paraissant re
1349 malheur pour leur foi, ou pour son « succès », si l’ on ne parvient pas à l’opérer. Dans la jeunesse universitaire chinoise
1350 ou pour son « succès », si l’on ne parvient pas à l’ opérer. Dans la jeunesse universitaire chinoise et japonaise, le probl
1351 uccès », si l’on ne parvient pas à l’opérer. Dans la jeunesse universitaire chinoise et japonaise, le problème se posait a
1352 la jeunesse universitaire chinoise et japonaise, le problème se posait avec urgence, aux environs de 1933, de réunir dans
1353 s de 1933, de réunir dans un même enthousiasme, «  les deux Karl », c’est-à-dire Barth et Marx !54 C’est ici qu’une critique
1354 nt théologique se révèle seule capable de marquer les limites existant en fait, et les distinctions décisives. La pratique
1355 pable de marquer les limites existant en fait, et les distinctions décisives. La pratique du communisme n’est justiciable,
1356 existant en fait, et les distinctions décisives. La pratique du communisme n’est justiciable, en soi, que d’une critique
1357 nomique, historique, etc.55 Et je ne vois pas que le chrétien comme tel ait des lumières particulières sur ces sujets, qui
1358 oir technique. Mais ce qui tombe directement sous le coup de la seule critique théologique, ce sont les buts derniers du c
1359 ue. Mais ce qui tombe directement sous le coup de la seule critique théologique, ce sont les buts derniers du communisme e
1360 le coup de la seule critique théologique, ce sont les buts derniers du communisme et les postulats qu’il suppose. Qu’on me
1361 gique, ce sont les buts derniers du communisme et les postulats qu’il suppose. Qu’on me permette ici d’être un peu schémati
1362 schématique pour plus de clarté. Il me paraît que l’ opposition finale entre la croyance marxiste et la foi personnelle du
1363 larté. Il me paraît que l’opposition finale entre la croyance marxiste et la foi personnelle du chrétien suffit à explique
1364 l’opposition finale entre la croyance marxiste et la foi personnelle du chrétien suffit à expliquer tout le reste. Le comm
1365 i personnelle du chrétien suffit à expliquer tout le reste. Le communisme prépare un paradis terrestre, le paradis tempore
1366 lle du chrétien suffit à expliquer tout le reste. Le communisme prépare un paradis terrestre, le paradis temporel de l’hom
1367 este. Le communisme prépare un paradis terrestre, le paradis temporel de l’homme ; le christianisme prépare un Royaume éte
1368 pare un paradis terrestre, le paradis temporel de l’ homme ; le christianisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui de
1369 radis terrestre, le paradis temporel de l’homme ; le christianisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui de Dieu, non
1370 n Royaume éternel, qui sera celui de Dieu, non de la Terre. Tous deux sont eschatologiques, en ce sens qu’ils rapportent l
1371 lation, d’une longue passion temporelle. Et c’est la « foi », substance des choses espérées, qui permet seule de supporter
1372 es choses espérées, qui permet seule de supporter les maux que l’on endure au nom du but dernier. (Le chrétien chante sur s
1373 érées, qui permet seule de supporter les maux que l’ on endure au nom du but dernier. (Le chrétien chante sur son bûcher, l
1374 les maux que l’on endure au nom du but dernier. ( Le chrétien chante sur son bûcher, le komsomol accepte un salaire de fam
1375 but dernier. (Le chrétien chante sur son bûcher, le komsomol accepte un salaire de famine s’il faut cela pour sauver l’UR
1376 e un salaire de famine s’il faut cela pour sauver l’ URSS.) Mais l’eschaton chrétien est au-delà de ce temps, est éternel,
1377 e famine s’il faut cela pour sauver l’URSS.) Mais l’ eschaton chrétien est au-delà de ce temps, est éternel, et par là même
1378 immédiatement présent dans notre cœur56 alors que l’ eschaton marxiste, temporel, s’enfuit dans un futur indéfini, — cent a
1379 e ans ? — et ne peut exister hic et nunc. Comment l’ opposition radicale de ces deux fins, la temporelle et l’éternelle, va
1380 . Comment l’opposition radicale de ces deux fins, la temporelle et l’éternelle, va-t-elle maintenant se manifester dans no
1381 ition radicale de ces deux fins, la temporelle et l’ éternelle, va-t-elle maintenant se manifester dans notre siècle ? Le p
1382 elle maintenant se manifester dans notre siècle ? Le phénomène de la « conversion » le fait bien voir. Un homme qui se con
1383 se manifester dans notre siècle ? Le phénomène de la « conversion » le fait bien voir. Un homme qui se convertit au christ
1384 notre siècle ? Le phénomène de la « conversion » le fait bien voir. Un homme qui se convertit au christianisme, c’est un
1385 tianisme, c’est un homme qui reçoit et qui saisit la Révélation en Personne. Et du coup le Royaume est au-dedans de lui. C
1386 qui saisit la Révélation en Personne. Et du coup le Royaume est au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître de sa vi
1387 oyaume est au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d’ailleurs, mai
1388 Cet homme n’est plus le maître de sa vie. Il est l’ agent d’une vocation venue d’ailleurs, mais pour lui seul et ici-bas,
1389 s, et qui anime désormais ses gestes et sa pensée la plus intime. Dès maintenant sa personne est recréée. Dès maintenant,
1390 créée. Dès maintenant, elle entre en conflit avec le monde et ses formes mauvaises. Dès maintenant, elle porte témoignage
1391 faveur du fait accompli d’une révolution humaine. Le chrétien converti commence donc par la fin que visait l’espérance com
1392 n humaine. Le chrétien converti commence donc par la fin que visait l’espérance communiste. Il possède déjà l’essentiel, q
1393 tien converti commence donc par la fin que visait l’ espérance communiste. Il possède déjà l’essentiel, que Marx voyait au
1394 ue visait l’espérance communiste. Il possède déjà l’ essentiel, que Marx voyait au terme de l’histoire : la personne. Et al
1395 ède déjà l’essentiel, que Marx voyait au terme de l’ histoire : la personne. Et alors, il attaque le monde ! Mais un homme
1396 sentiel, que Marx voyait au terme de l’histoire : la personne. Et alors, il attaque le monde ! Mais un homme qui se conver
1397 de l’histoire : la personne. Et alors, il attaque le monde ! Mais un homme qui se convertit au communisme ne se rattache p
1398 pas à une Présence actuelle. Il fait un pari dont l’ objet n’est pas accessible aujourd’hui. Il mise son action immédiate s
1399 ion immédiate sur un fait qui n’est pas accompli, l’ histoire n’ayant jamais connu de réalisation de communisme. Ainsi, des
1400 réalisation de communisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réalist
1401 nisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est l’ utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends bien :
1402 , c’est le marxiste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends bien : le chrétien véritable
1403 qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends bien : le chrétien véritable…) Le marxiste dit :
1404 e chrétien qui est le réaliste. (J’entends bien : le chrétien véritable…) Le marxiste dit : « Je ne table pas sur une foi
1405 aliste. (J’entends bien : le chrétien véritable…) Le marxiste dit : « Je ne table pas sur une foi dans l’invisible, mais s
1406 marxiste dit : « Je ne table pas sur une foi dans l’ invisible, mais sur des faits concrets qu’il faut changer. Chaque réfo
1407 tion réalisée, me montre dès maintenant un peu de la réalité de mes espérances. » Mais l’espérance finale du communisme, c
1408 nt un peu de la réalité de mes espérances. » Mais l’ espérance finale du communisme, c’est la libération de l’homme. Et moi
1409 s. » Mais l’espérance finale du communisme, c’est la libération de l’homme. Et moi je lui montre un homme libéré, tandis q
1410 ance finale du communisme, c’est la libération de l’ homme. Et moi je lui montre un homme libéré, tandis qu’il ne peut me m
1411 autre différence, non moins radicale et urgente. Le chrétien converti a déjà l’essentiel : par là même, il se voit contra
1412 radicale et urgente. Le chrétien converti a déjà l’ essentiel : par là même, il se voit contraint à chaque instant de tran
1413 sait qu’il est membre d’un corps qui porte toutes les marques du péché. Il est alors en face du monde, et au nom même de sa
1414 en face du monde, et au nom même de sa foi, dans la posture d’un révolutionnaire permanent. Non seulement il se voit cont
1415 en aide à son prochain, mais encore rien ne peut le satisfaire de ce qu’il obtient, par cet effort, s’il compare ce mieux
1416 it qu’il a reçu en Christ. Il possède en lui-même la mesure d’une perpétuelle transformation, nécessaire dans tous les dom
1417 perpétuelle transformation, nécessaire dans tous les domaines où son activité peut se développer57. Mais le marxiste, quel
1418 maines où son activité peut se développer57. Mais le marxiste, quelles que soient la souffrance et la colère qu’il éprouve
1419 évelopper57. Mais le marxiste, quelles que soient la souffrance et la colère qu’il éprouve devant les injustices présentes
1420 le marxiste, quelles que soient la souffrance et la colère qu’il éprouve devant les injustices présentes, du fait qu’il c
1421 t la souffrance et la colère qu’il éprouve devant les injustices présentes, du fait qu’il croit que l’intérêt de l’homme es
1422 les injustices présentes, du fait qu’il croit que l’ intérêt de l’homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoi
1423 s présentes, du fait qu’il croit que l’intérêt de l’ homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être socia
1424 que l’intérêt de l’homme est seul en jeu — et de l’ homme tel qu’il le conçoit, être social — se verra fatalement neutrali
1425 l’homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être social — se verra fatalement neutralisé dans son effort
1426 e verra fatalement neutralisé dans son effort par les gains peu à peu obtenus. Une balance s’établit entre les intérêts soc
1427 ns peu à peu obtenus. Une balance s’établit entre les intérêts sociaux présents et le désir d’aller au-delà, d’aller jusqu’
1428 s’établit entre les intérêts sociaux présents et le désir d’aller au-delà, d’aller jusqu’à l’accomplissement final. Car c
1429 ents et le désir d’aller au-delà, d’aller jusqu’à l’ accomplissement final. Car cet accomplissement, ou plénitude, n’est ja
1430 s qu’un futur théorique, — si passionnée que soit l’ espérance du marxiste — et non pas une présence exigeante et totalemen
1431 nce exigeante et totalement animatrice. C’est ici la raison profonde des déviations dites « réformistes » ou « étatistes »
1432 iations dites « réformistes » ou « étatistes » de la révolution matérialiste. Pour qu’une telle pesanteur ne gagne pas san
1433 u’une telle pesanteur ne gagne pas sans cesse sur les élans révolutionnaires spasmodiques qui agitent l’humanité (comme en
1434 s élans révolutionnaires spasmodiques qui agitent l’ humanité (comme en 1789 et en 1917), il faudrait que l’homme soit déli
1435 anité (comme en 1789 et en 1917), il faudrait que l’ homme soit délivré de son péché, « changé », sorti du plan, précisémen
1436 péché, « changé », sorti du plan, précisément, où le marxisme le maintient. Moyens d’action du chrétien et du marxiste
1437 ngé », sorti du plan, précisément, où le marxisme le maintient. Moyens d’action du chrétien et du marxiste Préparer
1438 s d’action du chrétien et du marxiste Préparer le royaume de l’homme, ou témoigner par des actes visibles en faveur du
1439 chrétien et du marxiste Préparer le royaume de l’ homme, ou témoigner par des actes visibles en faveur du retour d’un Ro
1440 tiquement une volonté de changer tout ce qui peut l’ être ; mais aussi, cela suppose certains moyens d’action qui ne saurai
1441 se certains moyens d’action qui ne sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin seule justifie les moyens58. La fi
1442 ens d’action qui ne sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin seule justifie les moyens58. La fin, ou le télos
1443 ne sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin seule justifie les moyens58. La fin, ou le télos de l’action du c
1444 mêmes dans les deux cas, si la fin seule justifie les moyens58. La fin, ou le télos de l’action du chrétien, c’est le royau
1445 deux cas, si la fin seule justifie les moyens58. La fin, ou le télos de l’action du chrétien, c’est le royaume de justice
1446 si la fin seule justifie les moyens58. La fin, ou le télos de l’action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour
1447 ule justifie les moyens58. La fin, ou le télos de l’ action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour. Tout acte
1448 a fin, ou le télos de l’action du chrétien, c’est le royaume de justice et d’amour. Tout acte qui contredirait, dans le pr
1449 tice et d’amour. Tout acte qui contredirait, dans le présent, la loi d’amour et de justice, même s’il était commis au nom
1450 our. Tout acte qui contredirait, dans le présent, la loi d’amour et de justice, même s’il était commis au nom des intérêts
1451 ce, même s’il était commis au nom des intérêts de l’ Église chrétienne, détruirait en fait cette Église en tant qu’elle vit
1452 es membres, et non pas dans un ciel abstrait. Car le gage de l’action chrétienne n’est pas futur, mais éternel et donc pré
1453 et non pas dans un ciel abstrait. Car le gage de l’ action chrétienne n’est pas futur, mais éternel et donc présent. Si, p
1454 ur, mais éternel et donc présent. Si, pour sauver le futur de l’Église, je désobéis dans le présent, je perds tout du même
1455 rnel et donc présent. Si, pour sauver le futur de l’ Église, je désobéis dans le présent, je perds tout du même coup, prése
1456 our sauver le futur de l’Église, je désobéis dans le présent, je perds tout du même coup, présent, futur, éternité. Je cru
1457 même coup, présent, futur, éternité. Je crucifie le Christ et je m’oppose à son retour. Il n’est donc pas d’« opportunism
1458 s d’« opportunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyens du chrétien doivent être aussi purs que sa fin. Tout autre est
1459 oivent être aussi purs que sa fin. Tout autre est le cas du marxiste. N’ayant pas derrière lui de modèle accompli, ni en l
1460 Présence souveraine, il se sent libre d’appliquer les moyens qu’il juge adéquats aux intérêts momentanés de son Parti et de
1461 ime son étatisme totalitaire en arguant que c’est le seul moyen d’accéder à un stade économique plus favorable au développ
1462 ien conséquents, et que leur indignation traduise la vraie volonté du marxisme, plutôt qu’un reste d’humanisme libéral. Le
1463 marxisme, plutôt qu’un reste d’humanisme libéral. Le fait est que la grosse majorité des communistes suit Staline. D’où il
1464 qu’un reste d’humanisme libéral. Le fait est que la grosse majorité des communistes suit Staline. D’où il résulte à l’évi
1465 é des communistes suit Staline. D’où il résulte à l’ évidence que pour la grosse majorité des communistes, le mensonge, la
1466 it Staline. D’où il résulte à l’évidence que pour la grosse majorité des communistes, le mensonge, la haine, l’oppression,
1467 ence que pour la grosse majorité des communistes, le mensonge, la haine, l’oppression, l’hypocrisie suprême nommée « raiso
1468 la grosse majorité des communistes, le mensonge, la haine, l’oppression, l’hypocrisie suprême nommée « raison d’État », e
1469 majorité des communistes, le mensonge, la haine, l’ oppression, l’hypocrisie suprême nommée « raison d’État », et jusqu’à
1470 communistes, le mensonge, la haine, l’oppression, l’ hypocrisie suprême nommée « raison d’État », et jusqu’à la guerre s’il
1471 isie suprême nommée « raison d’État », et jusqu’à la guerre s’il le faut, sont des moyens parfaitement acceptables en tant
1472 mmée « raison d’État », et jusqu’à la guerre s’il le faut, sont des moyens parfaitement acceptables en tant qu’ils servent
1473 s parfaitement acceptables en tant qu’ils servent le progrès prolétarien, et préparent un avenir conforme à la doctrine59.
1474 ès prolétarien, et préparent un avenir conforme à la doctrine59. Que leur importe une « faute » personnelle et actuelle, p
1475 il n’y a pas de salut présent ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux de toute façon, mais pour les descendants de
1476 alut n’est pas pour eux de toute façon, mais pour les descendants de leurs descendants ? C’est ainsi qu’on a vu Zinoviev, p
1477 noviev, par « fidélité » au Parti, c’est-à-dire à l’ avenir du Parti, proférer des aveux mensongers qu’il croyait tactiquem
1478 au parti communiste ou de militer en sa faveur : l’ alternative où il se place est sans issue. Car ou bien il accepte les
1479 l se place est sans issue. Car ou bien il accepte les disciplines d’action que lui impose son parti, et qui comportent la h
1480 ction que lui impose son parti, et qui comportent la haine et le mensonge : mais alors pour sauver le monde, il perd sa ra
1481 i impose son parti, et qui comportent la haine et le mensonge : mais alors pour sauver le monde, il perd sa raison d’être
1482 la haine et le mensonge : mais alors pour sauver le monde, il perd sa raison d’être personnelle, et renie justement cette
1483 stement cette foi qu’il croyait mieux servir dans le communisme ; ou bien il tâche de n’agir qu’en chrétien ; mais alors i
1484 , un « trotzkyste » ou un « saboteur », et à tout le moins un militant suspect. Tout cela repose sur un fait unique, que n
1485 it unique, que nous pouvons formuler simplement : la fin dernière du chrétien est présente en chacun de ses actes, ou bien
1486 acun de ses actes, ou bien n’est pas ; tandis que la fin dernière du marxiste est un avenir absolument hétérogène aux acti
1487 aujourd’hui, dans un ordre non socialiste. Par où l’ on voit qu’en dépit du langage, la transcendance de la foi chrétienne
1488 ialiste. Par où l’on voit qu’en dépit du langage, la transcendance de la foi chrétienne se manifeste ici et maintenant et
1489 voit qu’en dépit du langage, la transcendance de la foi chrétienne se manifeste ici et maintenant et engage le tout de l’
1490 rétienne se manifeste ici et maintenant et engage le tout de l’homme ; tandis que l’immanence de la croyance marxiste renv
1491 manifeste ici et maintenant et engage le tout de l’ homme ; tandis que l’immanence de la croyance marxiste renvoie sans ce
1492 ntenant et engage le tout de l’homme ; tandis que l’ immanence de la croyance marxiste renvoie sans cesse le fait humain to
1493 ge le tout de l’homme ; tandis que l’immanence de la croyance marxiste renvoie sans cesse le fait humain total dans un ave
1494 anence de la croyance marxiste renvoie sans cesse le fait humain total dans un avenir indéfini, et n’engage que certaines
1495 défini, et n’engage que certaines dispositions de l’ être, celles-là précisément que l’avenir socialiste, la société sans c
1496 dispositions de l’être, celles-là précisément que l’ avenir socialiste, la société sans classes, doit supprimer ! Le marxis
1497 e, celles-là précisément que l’avenir socialiste, la société sans classes, doit supprimer ! Le marxiste croit que le bien
1498 aliste, la société sans classes, doit supprimer ! Le marxiste croit que le bien sort du mal ; le chrétien sait que le bien
1499 s classes, doit supprimer ! Le marxiste croit que le bien sort du mal ; le chrétien sait que le bien naît du parfait. D
1500 mer ! Le marxiste croit que le bien sort du mal ; le chrétien sait que le bien naît du parfait. D’une conséquence polit
1501 it que le bien sort du mal ; le chrétien sait que le bien naît du parfait. D’une conséquence politique de la foi Je
1502 aît du parfait. D’une conséquence politique de la foi Je m’adresserai maintenant aux chrétiens déclarés. J’en vois b
1503 ens déclarés. J’en vois beaucoup qui estiment que la transformation de l’homme importe seule, puisqu’elle est, en effet, l
1504 is beaucoup qui estiment que la transformation de l’ homme importe seule, puisqu’elle est, en effet, l’essentiel, et le but
1505 l’homme importe seule, puisqu’elle est, en effet, l’ essentiel, et le but de tout autre changement. J’en vois beaucoup qui
1506 seule, puisqu’elle est, en effet, l’essentiel, et le but de tout autre changement. J’en vois beaucoup qui jugent que l’act
1507 tre changement. J’en vois beaucoup qui jugent que l’ action personnelle de charité et de sacrifice, pour le mieux-être du p
1508 tion personnelle de charité et de sacrifice, pour le mieux-être du prochain, suffit à compléter, si je puis dire, l’action
1509 du prochain, suffit à compléter, si je puis dire, l’ action proprement religieuse. Et j’entends bien que les sacrifices qu’
1510 tion proprement religieuse. Et j’entends bien que les sacrifices qu’ils font ne sont pas seulement « spirituels », entraîne
1511 ntraînent des risques financiers, et même parfois l’ abandon de tous biens et d’intérêts humains très chers. Mais je demand
1512 bres du Mouvement des Groupes, qui représentent à l’ heure actuelle le christianisme le plus « activiste ». Pourquoi refuse
1513 des Groupes, qui représentent à l’heure actuelle le christianisme le plus « activiste ». Pourquoi refusent-ils de s’occup
1514 représentent à l’heure actuelle le christianisme le plus « activiste ». Pourquoi refusent-ils de s’occuper de politique ?
1515 oup de problèmes se poseront autrement… » Je veux les croire. Ils courent au plus pressé. Mais le marxiste aussi me tenait
1516 veux les croire. Ils courent au plus pressé. Mais le marxiste aussi me tenait ce raisonnement, pour justifier une action t
1517 t inverse. Je pense qu’il faut aller plus loin60. La déviation matérialiste du marxisme ne doit pas seulement nous inciter
1518 s : elle doit nous avertir de corriger sans trêve la déviation spiritualiste qui menace notre vie chrétienne, et qui est l
1519 liste qui menace notre vie chrétienne, et qui est la cause certaine des succès du marxisme. Tant que les chrétiens ne comp
1520 a cause certaine des succès du marxisme. Tant que les chrétiens ne comprendront pas que leur foi doit se manifester sur tou
1521 ront pas que leur foi doit se manifester sur tous les plans de l’activité humaine, y compris le plan politique, ils ne répo
1522 leur foi doit se manifester sur tous les plans de l’ activité humaine, y compris le plan politique, ils ne répondront pas a
1523 r tous les plans de l’activité humaine, y compris le plan politique, ils ne répondront pas au défi du marxisme, qui s’en t
1524 tique chrétienne, déduite une fois pour toutes de la théologie. Mais je crois que le christianisme, aussitôt qu’il se mani
1525 is pour toutes de la théologie. Mais je crois que le christianisme, aussitôt qu’il se manifeste en vérité, entre en confli
1526 ructures politiques, et contribue, par son action la plus intime, à la création d’autres formes. Il importe de savoir lesq
1527 s, et contribue, par son action la plus intime, à la création d’autres formes. Il importe de savoir lesquelles, et de les
1528 es formes. Il importe de savoir lesquelles, et de les préparer consciemment. Sinon nous laisserons le champ libre à toutes
1529 les préparer consciemment. Sinon nous laisserons le champ libre à toutes les entreprises désespérées qui passionnent les
1530 nt. Sinon nous laisserons le champ libre à toutes les entreprises désespérées qui passionnent les masses incroyantes. Il se
1531 outes les entreprises désespérées qui passionnent les masses incroyantes. Il se pose là, me semble-t-il, une question de so
1532 une question de solidarité, qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut apparaître plus histor
1533 é, qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut apparaître plus historiquement défini et localis
1534 monde sait, ou pressent au moins, ce que signifie la menace totalitaire, qu’elle soit fasciste ou soviétique : c’est la « 
1535 aire, qu’elle soit fasciste ou soviétique : c’est la « mise au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant
1536 : c’est la « mise au pas » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que matériels, au service de l’É
1537 ies, tant spirituels que matériels, au service de l’ État déifié. Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’Empire
1538 Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’ Empire romain au premier âge du christianisme, telle que nous l’évoqui
1539 n au premier âge du christianisme, telle que nous l’ évoquions plus haut. Toutefois, l’un des facteurs au moins s’est modif
1540 des facteurs au moins s’est modifié notablement : les chrétiens ne forment plus des groupuscules obscurs, ils ont constitué
1541 chrétiennes. Tout cela se trouve mis au défi par l’ exigence totalitaire, comme le prouve le spectacle de l’Allemagne. L’É
1542 uve mis au défi par l’exigence totalitaire, comme le prouve le spectacle de l’Allemagne. L’État nouveau veut qu’on l’adore
1543 défi par l’exigence totalitaire, comme le prouve le spectacle de l’Allemagne. L’État nouveau veut qu’on l’adore, sinon dé
1544 ence totalitaire, comme le prouve le spectacle de l’ Allemagne. L’État nouveau veut qu’on l’adore, sinon déjà dans des form
1545 ire, comme le prouve le spectacle de l’Allemagne. L’ État nouveau veut qu’on l’adore, sinon déjà dans des formes religieuse
1546 ectacle de l’Allemagne. L’État nouveau veut qu’on l’ adore, sinon déjà dans des formes religieuses, du moins dans des forme
1547 ents du Décalogue, et au devoir d’amour chrétien. Le conflit est inévitable. Suffira-t-il dès lors de se laisser persécute
1548 persécuter ? N’avons-nous rien à faire qu’à subir le martyre ? Ou qu’à revêtir vis-à-vis de l’État une attitude d’objecteu
1549 à subir le martyre ? Ou qu’à revêtir vis-à-vis de l’ État une attitude d’objecteurs de conscience ? N’avons-nous rien que n
1550 sées sont pour une part, peut-être capitale, dans le malheur universel qui vient ? Or toute attente passive, si courageuse
1551 passive, si courageuse qu’elle soit, devient dans le cas présent une complicité. L’État totalitaire ne saurait s’instaurer
1552 soit, devient dans le cas présent une complicité. L’ État totalitaire ne saurait s’instaurer contre l’opinion générale. Cel
1553 L’État totalitaire ne saurait s’instaurer contre l’ opinion générale. Celle-ci se laisse séduire par les seuls constructeu
1554 ’opinion générale. Celle-ci se laisse séduire par les seuls constructeurs. Mais alors, quel point de vue constructif le chr
1555 cteurs. Mais alors, quel point de vue constructif le chrétien peut-il soutenir, s’il ne veut pas rester l’objecteur que j’
1556 hrétien peut-il soutenir, s’il ne veut pas rester l’ objecteur que j’ai dit ? Un protestant, et je précise : un calviniste,
1557 e, doit être ici en mesure de répondre. De toutes les églises chrétiennes, l’église calviniste est en effet la plus antitot
1558 e de répondre. De toutes les églises chrétiennes, l’ église calviniste est en effet la plus antitotalitaire par essence. Je
1559 ses chrétiennes, l’église calviniste est en effet la plus antitotalitaire par essence. Je ne rappelle qu’en passant les dr
1560 litaire par essence. Je ne rappelle qu’en passant les dragonnades et les guerres de religion qui les précèdent : on sait as
1561 . Je ne rappelle qu’en passant les dragonnades et les guerres de religion qui les précèdent : on sait assez que ce fut la l
1562 nt les dragonnades et les guerres de religion qui les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte d’une royauté déjà « to
1563 gion qui les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte d’une royauté déjà « totalitaire » contre des groupes, loyalist
1564 abusif de déduire d’une situation déterminée par la persécution brutale, que les églises calvinistes défendaient alors, p
1565 uation déterminée par la persécution brutale, que les églises calvinistes défendaient alors, par principe, un régime fédéra
1566 François Ier, c’est-à-dire jusqu’à une époque où la passion totalitaire des gouvernants n’avait pas encore pu s’affirmer
1567 nants n’avait pas encore pu s’affirmer comme elle le fit sous Louis XIV, nous constatons que la première discipline que se
1568 statons que la première discipline que se donnent les églises calvinistes revêt une forme consciemment fédérative61. Or il
1569 ’agit plus ici de contingences historiques. C’est le fond même de la doctrine calviniste qui s’exprime par cette structure
1570 e contingences historiques. C’est le fond même de la doctrine calviniste qui s’exprime par cette structure. L’importance a
1571 ine calviniste qui s’exprime par cette structure. L’ importance attachée par Calvin à la notion de vocation personnelle suf
1572 tte structure. L’importance attachée par Calvin à la notion de vocation personnelle suffit à expliquer ce processus. À une
1573 nd nécessairement une organisation fédéraliste de l’ Église, et même de l’État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent tou
1574 organisation fédéraliste de l’Église, et même de l’ État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une so
1575 e, et même de l’État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une société théocratique, mais bien une so
1576 tat. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une société théocratique, mais bien une société de type fédé
1577 is bien une société de type fédératif, respectant les diversités, voulues par Dieu, dans l’unité spirituelle. Et les suites
1578 respectant les diversités, voulues par Dieu, dans l’ unité spirituelle. Et les suites de cette création sont encore visible
1579 s, voulues par Dieu, dans l’unité spirituelle. Et les suites de cette création sont encore visibles aujourd’hui : nulle par
1580 ion sont encore visibles aujourd’hui : nulle part l’ esprit totalitaire n’a trouvé moins de complicité et plus de résistanc
1581 omplicité et plus de résistance déclarée que dans les pays calvinistes, où la notion de l’autonomie des groupes reste vivac
1582 stance déclarée que dans les pays calvinistes, où la notion de l’autonomie des groupes reste vivace (Angleterre, Écosse, S
1583 ée que dans les pays calvinistes, où la notion de l’ autonomie des groupes reste vivace (Angleterre, Écosse, Suisse, Hollan
1584 leterre, Écosse, Suisse, Hollande). En Allemagne, la lutte des églises contre l’emprise morale de l’État fut menée, on le
1585 lande). En Allemagne, la lutte des églises contre l’ emprise morale de l’État fut menée, on le sait, par Karl Barth : c’est
1586 , la lutte des églises contre l’emprise morale de l’ État fut menée, on le sait, par Karl Barth : c’est-à-dire par un calvi
1587 s contre l’emprise morale de l’État fut menée, on le sait, par Karl Barth : c’est-à-dire par un calviniste… Je ne voudrais
1588 par un calviniste… Je ne voudrais pas restreindre la portée de ce fait en l’opposant, comme il serait facile, à l’esprit u
1589 voudrais pas restreindre la portée de ce fait en l’ opposant, comme il serait facile, à l’esprit unitaire et impérial qui
1590 ce fait en l’opposant, comme il serait facile, à l’ esprit unitaire et impérial qui anime l’Église de Rome. Le grand souci
1591 facile, à l’esprit unitaire et impérial qui anime l’ Église de Rome. Le grand souci d’œcuménisme, que nous voyons gagner to
1592 unitaire et impérial qui anime l’Église de Rome. Le grand souci d’œcuménisme, que nous voyons gagner toutes les églises,
1593 souci d’œcuménisme, que nous voyons gagner toutes les églises, est une promesse à laquelle nous devons croire de toute la f
1594 e promesse à laquelle nous devons croire de toute la force de notre foi. Aussi ne veux-je tirer de mon exemple qu’une conc
1595 diversité, toute autonomie spirituelle au sein de la communauté. Il y va de notre tout, personnel, mais aussi de la valeur
1596 . Il y va de notre tout, personnel, mais aussi de la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût
1597 notre tout, personnel, mais aussi de la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût-ce que pour
1598 ais aussi de la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût-ce que pour cette seule raison — et j
1599 valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût-ce que pour cette seule raison — et j’en ai mention
1600 n chrétien ne peut pas approuver, comme chrétien, la forme politique du communisme63. Il lui faut donc en préparer une aut
1601 autre, et prendre enfin parti, positivement, dans l’ immense lutte qui va mettre aux prises l’étatisme totalitaire et le fé
1602 nt, dans l’immense lutte qui va mettre aux prises l’ étatisme totalitaire et le fédéralisme libre. Responsabilité des ch
1603 ui va mettre aux prises l’étatisme totalitaire et le fédéralisme libre. Responsabilité des chrétiens vis-à-vis des marx
1604 s chrétiens vis-à-vis des marxistes On connaît la « croisade antimarxiste » qu’organise dans le monde entier la panique
1605 aît la « croisade antimarxiste » qu’organise dans le monde entier la panique des capitalismes. Cette croisade a pour vraie
1606 e antimarxiste » qu’organise dans le monde entier la panique des capitalismes. Cette croisade a pour vraie devise : divide
1607  : dividendes d’abord ! Mais elle entend utiliser le spirituel comme masque. Elle entraîne beaucoup de braves gens au serv
1608 e une valeur de pères de famille. C’est en vérité la croisade du matérialisme hypocrite contre le matérialisme généreux. C
1609 rité la croisade du matérialisme hypocrite contre le matérialisme généreux. C’est aussi la croisade des fascismes contre l
1610 rite contre le matérialisme généreux. C’est aussi la croisade des fascismes contre leur frère, le stalinisme : une guerre
1611 ussi la croisade des fascismes contre leur frère, le stalinisme : une guerre de religions qui ne sont pas les nôtres. Je p
1612 rends ici parti contre une telle entreprise, pour les mêmes raisons, mais aggravées, qui me faisaient prendre parti contre
1613 aggravées, qui me faisaient prendre parti contre le régime communiste. On nous donne à choisir entre deux sortes de matér
1614 à choisir entre deux sortes de matérialisme. Mais le communisme, au moins, voulait changer le monde… Contre les arguments
1615 me. Mais le communisme, au moins, voulait changer le monde… Contre les arguments démagogiques de nos croisés, je répète, a
1616 nisme, au moins, voulait changer le monde… Contre les arguments démagogiques de nos croisés, je répète, après Berdiaev, apr
1617 croisés, je répète, après Berdiaev, après Gide : la « vérité » du communisme résulte de la trahison du christianisme par
1618 rès Gide : la « vérité » du communisme résulte de la trahison du christianisme par la chrétienté. Toutes les aspirations v
1619 nisme résulte de la trahison du christianisme par la chrétienté. Toutes les aspirations valables et généreuses du marxisme
1620 ahison du christianisme par la chrétienté. Toutes les aspirations valables et généreuses du marxisme sont autant d’essais d
1621 s chrétiennes égarées, déformées, ou « mises sous le boisseau par les chrétiens ». Cela est vrai même de l’aspiration tota
1622 arées, déformées, ou « mises sous le boisseau par les chrétiens ». Cela est vrai même de l’aspiration totalitaire, qui est
1623 isseau par les chrétiens ». Cela est vrai même de l’ aspiration totalitaire, qui est monstrueuse dans ses formes actuelles,
1624 actuelles, mais qui traduit encore, obscurément, l’ aspiration d’un Occident jadis chrétien, vers une économie sauvée : le
1625 cident jadis chrétien, vers une économie sauvée : le Royaume où Dieu est « tout en tous ». Si les églises chrétiennes ont
1626 vée : le Royaume où Dieu est « tout en tous ». Si les églises chrétiennes ont à souffrir demain par le fait d’un État tyran
1627 les églises chrétiennes ont à souffrir demain par le fait d’un État tyrannique, il faut qu’elles sachent qu’elles en sont
1628 elles sachent qu’elles en sont responsables, dans la mesure où elles cédèrent, jadis, aux tentations théocratiques ou sécu
1629 s, aux tentations théocratiques ou séculières. Si la culture et si nos libertés civiques sont brimées, par le fait d’une d
1630 ure et si nos libertés civiques sont brimées, par le fait d’une doctrine et d’un État « matérialistes », il faut savoir qu
1631 atérialistes », il faut savoir que nous en sommes les responsables, dans la mesure où nous cultivons un esprit détaché du r
1632 savoir que nous en sommes les responsables, dans la mesure où nous cultivons un esprit détaché du réel, une liberté abste
1633 l, une liberté abstentionniste et inféconde. Tout le mal vient de notre esprit. C’est à lui de faire pénitence, car c’étai
1634 primauté salutaire. Mais il faut aussi repartir. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu o
1635 su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérité du spirituel. Nous n’avons pas à nous dresser contre la « véri
1636 spirituel. Nous n’avons pas à nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contre une vérité orpheline, coupée des li
1637 ne vérité orpheline, coupée des liens vivants qui l’ attachaient en Dieu à ses fins et à ses origines. Mais nous devons pro
1638 ins et à ses origines. Mais nous devons proclamer la vérité parfaite dont nous avons, nous les premiers, dévié. « Malheur
1639 é. « Malheur à moi si je n’évangélise ! », disait l’ Apôtre. Malheur à moi si je refuse de réaliser l’Évangile dans tous le
1640 l’Apôtre. Malheur à moi si je refuse de réaliser l’ Évangile dans tous les domaines de la vie. La seule lutte efficace con
1641 moi si je refuse de réaliser l’Évangile dans tous les domaines de la vie. La seule lutte efficace contre le matérialisme, c
1642 de réaliser l’Évangile dans tous les domaines de la vie. La seule lutte efficace contre le matérialisme, c’est la lutte q
1643 iser l’Évangile dans tous les domaines de la vie. La seule lutte efficace contre le matérialisme, c’est la lutte qu’il nou
1644 omaines de la vie. La seule lutte efficace contre le matérialisme, c’est la lutte qu’il nous faut mener contre la tentatio
1645 eule lutte efficace contre le matérialisme, c’est la lutte qu’il nous faut mener contre la tentation spiritualiste. 41.
1646 isme, c’est la lutte qu’il nous faut mener contre la tentation spiritualiste. 41. « Le communisme n’est pas pour nous u
1647 mener contre la tentation spiritualiste. 41. «  Le communisme n’est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal…
1648 ive être créé, un idéal… Nous appelons communisme le mouvement effectif qui supprimera la réalité présente. Les conditions
1649 s communisme le mouvement effectif qui supprimera la réalité présente. Les conditions de ce mouvement sont données par cet
1650 ment effectif qui supprimera la réalité présente. Les conditions de ce mouvement sont données par cette situation » (Marx,
1651 tsche Ideologie). 42. « Nous sommes tous membres les uns des autres » (Rom., 12, 5). D’autre part, Marx n’a pas cessé de c
1652 5). D’autre part, Marx n’a pas cessé de critiquer l’ « individu isolé et abstrait » (Thèses sur Feuerbach). 43. Marx, Crit
1653  » (Thèses sur Feuerbach). 43. Marx, Critique de la philosophie hégélienne du droit. 44. Au sens le plus large du terme,
1654 la philosophie hégélienne du droit. 44. Au sens le plus large du terme, qui peut désigner aussi bien la « société sans c
1655 plus large du terme, qui peut désigner aussi bien la « société sans classes » de Marx, que le « Royaume de Dieu » chrétien
1656 ssi bien la « société sans classes » de Marx, que le « Royaume de Dieu » chrétien. 45. « Dans la pratique, l’homme doit p
1657 que le « Royaume de Dieu » chrétien. 45. « Dans la pratique, l’homme doit prouver la vérité de sa pensée, c’est-à-dire s
1658 aume de Dieu » chrétien. 45. « Dans la pratique, l’ homme doit prouver la vérité de sa pensée, c’est-à-dire sa réalité et
1659 en. 45. « Dans la pratique, l’homme doit prouver la vérité de sa pensée, c’est-à-dire sa réalité et sa puissance concrète
1660 alité et sa puissance concrète. Réalité ou non de la pensée humaine isolée du domaine pratique, c’est querelle de pure sco
1661 ue » (Marx, 2e thèse sur Feuerbach). De même pour le chrétien, la foi sans les œuvres n’est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et
1662 e thèse sur Feuerbach). De même pour le chrétien, la foi sans les œuvres n’est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n
1663 Feuerbach). De même pour le chrétien, la foi sans les œuvres n’est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n’a jamais dit
1664 our le chrétien, la foi sans les œuvres n’est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n’a jamais dit autre chose, contra
1665 ations de polémistes ignorants, ou qui jouent sur les deux sens du mot œuvres (œuvres pies et action concrète). 46. Je par
1666 action concrète). 46. Je parle, bien entendu, de la religion telle que Marx la voyait, telle qu’elle lui apparaissait dan
1667 arle, bien entendu, de la religion telle que Marx la voyait, telle qu’elle lui apparaissait dans le corps social. Je n’oub
1668 rx la voyait, telle qu’elle lui apparaissait dans le corps social. Je n’oublie pas que la même époque a vu le grand réveil
1669 aissait dans le corps social. Je n’oublie pas que la même époque a vu le grand réveil piétiste. 47. « L’armée de la criti
1670 s social. Je n’oublie pas que la même époque a vu le grand réveil piétiste. 47. « L’armée de la critique ne peut évidemme
1671 même époque a vu le grand réveil piétiste. 47. «  L’ armée de la critique ne peut évidemment remplacer la critique des arme
1672 a vu le grand réveil piétiste. 47. « L’armée de la critique ne peut évidemment remplacer la critique des armes » (Marx,
1673 armée de la critique ne peut évidemment remplacer la critique des armes » (Marx, Critique de le philosophie hégélienne). I
1674 placer la critique des armes » (Marx, Critique de le philosophie hégélienne). Il faut en user, certes, mais elle ne suffit
1675 ne suffit pas. « Être radical consiste à attaquer le mal dans la racine. Mais la racine, c’est pour l’homme même » (Id., i
1676 s. « Être radical consiste à attaquer le mal dans la racine. Mais la racine, c’est pour l’homme même » (Id., ibid.). C’est
1677 l consiste à attaquer le mal dans la racine. Mais la racine, c’est pour l’homme même » (Id., ibid.). C’est-à-dire l’homme
1678 le mal dans la racine. Mais la racine, c’est pour l’ homme même » (Id., ibid.). C’est-à-dire l’homme concret, produit socia
1679 st pour l’homme même » (Id., ibid.). C’est-à-dire l’ homme concret, produit social selon Marx, et non pas créature spiritue
1680 irituelle et charnelle. 48. En particulier, dans les Thèses sur Feuerbach. On peut y lire une phrase qui prouve que Marx n
1681 prouve que Marx ne prétendait nullement négliger les facteurs humains personnels, sans quoi le matérialisme ne serait pas
1682 gliger les facteurs humains personnels, sans quoi le matérialisme ne serait pas « dialectique ». « La coïncidence de la mo
1683 le matérialisme ne serait pas « dialectique ». «  La coïncidence de la modification des circonstances et de la modificatio
1684 e serait pas « dialectique ». « La coïncidence de la modification des circonstances et de la modification de l’activité hu
1685 idence de la modification des circonstances et de la modification de l’activité humaine, ou transformation personnelle, ne
1686 cation des circonstances et de la modification de l’ activité humaine, ou transformation personnelle, ne peut être rationne
1687 e activité révolutionnaire. » Phrase importante à l’ extrême ! Mais combien oubliée par le communiste moyen de nos jours !
1688 importante à l’extrême ! Mais combien oubliée par le communiste moyen de nos jours ! 49. Selon Karl Barth, par exemple, l
1689 e nos jours ! 49. Selon Karl Barth, par exemple, la dogmatique n’est qu’une question perpétuelle, une autocritique si l’o
1690 qu’une question perpétuelle, une autocritique si l’ on veut, que l’Église s’adresse à elle-même, et qui a pour fonction de
1691 n perpétuelle, une autocritique si l’on veut, que l’ Église s’adresse à elle-même, et qui a pour fonction de corriger sans
1692 our fonction de corriger sans cesse, de rectifier le message annoncé par la prédication et par les sacrements. C’est un ac
1693 r sans cesse, de rectifier le message annoncé par la prédication et par les sacrements. C’est un acte d’obéissance, et c’e
1694 fier le message annoncé par la prédication et par les sacrements. C’est un acte d’obéissance, et c’est aussi un acte d’humi
1695 inadéquate en soi, et ne peut être qu’un renvoi à la Révélation seule parfaite, à Jésus-Christ. La « doctrine » n’est ains
1696 i à la Révélation seule parfaite, à Jésus-Christ. La « doctrine » n’est ainsi qu’une mesure critique que l’Église prend de
1697 doctrine » n’est ainsi qu’une mesure critique que l’ Église prend de son message sous le rapport de sa fidélité à son fonde
1698 n contenu et à son but. Elle ne présente rien que l’ on puisse comparer, fût-ce le plus superficiellement, à un programme t
1699 ne présente rien que l’on puisse comparer, fût-ce le plus superficiellement, à un programme théorique qu’il s’agirait main
1700 qu’il s’agirait maintenant d’appliquer. En bref, la doctrine chrétienne, si l’on veut établir un parallèle — sans doute d
1701 d’appliquer. En bref, la doctrine chrétienne, si l’ on veut établir un parallèle — sans doute dangereux — ce serait la Per
1702 r un parallèle — sans doute dangereux — ce serait la Personne vivante de Jésus-Christ, et non pas la théologie, simple aut
1703 t la Personne vivante de Jésus-Christ, et non pas la théologie, simple autocritique de l’Église et du message que l’on prê
1704 , et non pas la théologie, simple autocritique de l’ Église et du message que l’on prêche dans l’Église. 50. « S’attendre
1705 simple autocritique de l’Église et du message que l’ on prêche dans l’Église. 50. « S’attendre à… » veut dire ici : « tend
1706 ue de l’Église et du message que l’on prêche dans l’ Église. 50. « S’attendre à… » veut dire ici : « tendre vers… » 51. M
1707 tin par des moyens légaux, il est vrai, mais avec les mêmes inconvénients. Certes il y a des lois de l’histoire en ce sens
1708 es mêmes inconvénients. Certes il y a des lois de l’ histoire en ce sens qu’on retrouve les mêmes mécanismes partout où l’e
1709 des lois de l’histoire en ce sens qu’on retrouve les mêmes mécanismes partout où l’esprit démissionne ! 52. « Je ne vois
1710 ns qu’on retrouve les mêmes mécanismes partout où l’ esprit démissionne ! 52. « Je ne vois jamais le christianisme devenir
1711 ù l’esprit démissionne ! 52. « Je ne vois jamais le christianisme devenir révolutionnaire ! » S’exclamait naguère Jean Gu
1712 ! » S’exclamait naguère Jean Guéhenno (Union pour la Vérité, 22 mars 1930). À quoi un socialiste allemand, le professeur H
1713 té, 22 mars 1930). À quoi un socialiste allemand, le professeur Hans Mühlestein, rétorquait : « Toutes les révolutions de
1714 professeur Hans Mühlestein, rétorquait : « Toutes les révolutions de l’histoire de l’Occident, sont sorties de la religion
1715 lestein, rétorquait : « Toutes les révolutions de l’ histoire de l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Toute
1716 quait : « Toutes les révolutions de l’histoire de l’ Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Toute autre cause es
1717 ions de l’histoire de l’Occident, sont sorties de la religion chrétienne. Toute autre cause est secondaire. » Et Henri de
1718 ’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tient à l’ absence du christianisme. » Je note ici, à l’appui des dires de de Man
1719 nt à l’absence du christianisme. » Je note ici, à l’ appui des dires de de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon a ét
1720 » Je note ici, à l’appui des dires de de Man, que le mouvement syndicaliste au Japon a été fondé par un chrétien, Kagawa.
1721 ndé par un chrétien, Kagawa. 53. Je ne dis pas «  les conditions physiques et spirituelles en ce qu’elles ont de permanent 
1722 les en ce qu’elles ont de permanent », car alors, le marxiste me ferait observer que des facteurs très essentiels de l’êtr
1723 rait observer que des facteurs très essentiels de l’ être même peuvent varier selon les milieux et la nature des institutio
1724 ès essentiels de l’être même peuvent varier selon les milieux et la nature des institutions. (Ainsi le besoin prétendu « pr
1725 e l’être même peuvent varier selon les milieux et la nature des institutions. (Ainsi le besoin prétendu « primordial » de
1726 les milieux et la nature des institutions. (Ainsi le besoin prétendu « primordial » de propriété, peut très bien être anéa
1727  » de propriété, peut très bien être anéanti chez l’ homme par un régime communiste.) Que reste-t-il dans l’être humain d’a
1728 me par un régime communiste.) Que reste-t-il dans l’ être humain d’absolument irréductible à toute transformation sociale ?
1729 ent irréductible à toute transformation sociale ? La mort physique et le péché. Mais aussi : la qualité, la fonction créat
1730 oute transformation sociale ? La mort physique et le péché. Mais aussi : la qualité, la fonction créatrice de l’esprit. En
1731 iale ? La mort physique et le péché. Mais aussi : la qualité, la fonction créatrice de l’esprit. En somme, tout l’essentie
1732 rt physique et le péché. Mais aussi : la qualité, la fonction créatrice de l’esprit. En somme, tout l’essentiel ! — Je dis
1733 Mais aussi : la qualité, la fonction créatrice de l’ esprit. En somme, tout l’essentiel ! — Je dis que toute doctrine qui n
1734 la fonction créatrice de l’esprit. En somme, tout l’ essentiel ! — Je dis que toute doctrine qui ne tient pas compte d’une
1735 e de ces conditions conduit nécessairement soit à l’ idéalisme, soit à son renversement matérialiste. Le stalinisme totalit
1736 ’idéalisme, soit à son renversement matérialiste. Le stalinisme totalitaire résulte nécessairement d’une conception de l’h
1737 itaire résulte nécessairement d’une conception de l’ homme purement social, qui néglige la fonction spirituelle (créatrice)
1738 onception de l’homme purement social, qui néglige la fonction spirituelle (créatrice), et la pesanteur du péché. Tandis qu
1739 i néglige la fonction spirituelle (créatrice), et la pesanteur du péché. Tandis qu’à l’inverse, on ne saurait établir que
1740 créatrice), et la pesanteur du péché. Tandis qu’à l’ inverse, on ne saurait établir que la sécularisation du christianisme
1741 Tandis qu’à l’inverse, on ne saurait établir que la sécularisation du christianisme résulte nécessairement de l’Évangile 
1742 sation du christianisme résulte nécessairement de l’ Évangile ! 54. Déclaration d’un étudiant chinois au congrès mondial d
1743 ation d’un étudiant chinois au congrès mondial de la Fédération des étudiants chrétiens. (Cf. Student World, automne 1933.
1744 (Cf. Student World, automne 1933.) 55. Telle que l’ ont opérée par exemple un Werner Sombart, un de Man, et en France, le
1745 emple un Werner Sombart, un de Man, et en France, le groupe de l’Ordre nouveau. (Cf. en particulier la Révolution nécessai
1746 le groupe de l’Ordre nouveau. (Cf. en particulier la Révolution nécessaire, par Aron et Dandieu, et sa critique de la noti
1747 écessaire, par Aron et Dandieu, et sa critique de la notion d’échange chez Marx.) 56. « Les pharisiens lui ayant demandé
1748 ritique de la notion d’échange chez Marx.) 56. «  Les pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, Jésu
1749  Les pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, Jésus leur répondit : Le Royaume de Dieu ne vient pa
1750 endrait le Royaume de Dieu, Jésus leur répondit : Le Royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards et l’on
1751 Royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards et l’on ne dira pas : il est ici, ou bien : il est là ! Car v
1752 ne vient pas de manière à frapper les regards et l’ on ne dira pas : il est ici, ou bien : il est là ! Car voici que le Ro
1753 : il est ici, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume de Dieu est au-dedans de vous ! » (Luc, 17, 20-25.) 57. Je p
1754 de vous ! » (Luc, 17, 20-25.) 57. Je parle ici, l’ on m’entend bien, de ce que doit être un chrétien conséquent. Il est t
1755 s certaines activités, celles-là précisément dont le marxisme a dû faire sa spécialité, en vertu de notre carence : la pol
1756 faire sa spécialité, en vertu de notre carence : la politique, nos affaires, nos intérêts dits matériels, et ceux des aut
1757 matériels, et ceux des autres ! Exemple typique : l’ auteur d’un des cantiques les plus pieux du recueil anglais, sir John
1758 s ! Exemple typique : l’auteur d’un des cantiques les plus pieux du recueil anglais, sir John Browning, est le même homme q
1759 pieux du recueil anglais, sir John Browning, est le même homme qui contraignit la Chine, sous la menace des canons, à s’o
1760 John Browning, est le même homme qui contraignit la Chine, sous la menace des canons, à s’ouvrir au commerce de l’opium.
1761 est le même homme qui contraignit la Chine, sous la menace des canons, à s’ouvrir au commerce de l’opium. Un tel fait don
1762 s la menace des canons, à s’ouvrir au commerce de l’ opium. Un tel fait donne raison en apparence à la critique marxiste. E
1763 l’opium. Un tel fait donne raison en apparence à la critique marxiste. En vérité, il ne donne tort qu’à l’homme, non à la
1764 itique marxiste. En vérité, il ne donne tort qu’à l’ homme, non à la foi dont l’homme refuse les ordres. 58. Je prends l’e
1765 . En vérité, il ne donne tort qu’à l’homme, non à la foi dont l’homme refuse les ordres. 58. Je prends l’expression dans
1766 il ne donne tort qu’à l’homme, non à la foi dont l’ homme refuse les ordres. 58. Je prends l’expression dans ce sens, qui
1767 rt qu’à l’homme, non à la foi dont l’homme refuse les ordres. 58. Je prends l’expression dans ce sens, qui n’est pas le se
1768 oi dont l’homme refuse les ordres. 58. Je prends l’ expression dans ce sens, qui n’est pas le sens jésuite courant : que l
1769 e prends l’expression dans ce sens, qui n’est pas le sens jésuite courant : que la fin seule doit indiquer les moyens just
1770 sens, qui n’est pas le sens jésuite courant : que la fin seule doit indiquer les moyens justes qui la préparent. Et non pa
1771 jésuite courant : que la fin seule doit indiquer les moyens justes qui la préparent. Et non pas justifier des moyens qui s
1772 la fin seule doit indiquer les moyens justes qui la préparent. Et non pas justifier des moyens qui seraient en soi contra
1773 ifier des moyens qui seraient en soi contraires à la justice, — ou à l’essence de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas ic
1774 i seraient en soi contraires à la justice, — ou à l’ essence de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas ici à l’imagerie polé
1775 soi contraires à la justice, — ou à l’essence de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas ici à l’imagerie polémique des bou
1776 ce de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas ici à l’ imagerie polémique des bourgeois, aux yeux desquels tout bolcheviste e
1777 ls tout bolcheviste est un criminel en puissance. Les communistes représentent chez nous, en général, l’élite de leur class
1778 s communistes représentent chez nous, en général, l’ élite de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs, d’hypocrites,
1779 z nous, en général, l’élite de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs, d’hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant qu’
1780 es, etc. Mais je dis qu’en tant qu’ils approuvent la politique de Staline et ses moyens, connus de tous, ils approuvent le
1781 ine et ses moyens, connus de tous, ils approuvent le mensonge (affaire Zinoviev), l’hypocrisie (entrée dans la SDN), l’opp
1782 s, ils approuvent le mensonge (affaire Zinoviev), l’ hypocrisie (entrée dans la SDN), l’oppression (déportation des paysans
1783 nge (affaire Zinoviev), l’hypocrisie (entrée dans la SDN), l’oppression (déportation des paysans, des écrivains), la haine
1784 ire Zinoviev), l’hypocrisie (entrée dans la SDN), l’ oppression (déportation des paysans, des écrivains), la haine de class
1785 ression (déportation des paysans, des écrivains), la haine de classe (prêchée par Marx) et la guerre (pour peu qu’elle soi
1786 ivains), la haine de classe (prêchée par Marx) et la guerre (pour peu qu’elle soit censée défendre l’URSS). 60. Je n’ente
1787 la guerre (pour peu qu’elle soit censée défendre l’ URSS). 60. Je n’entends pas porter ici un jugement quelconque sur les
1788 entends pas porter ici un jugement quelconque sur les groupes dits d’Oxford. Je ne les cite qu’au seul titre d’exemple topi
1789 t quelconque sur les groupes dits d’Oxford. Je ne les cite qu’au seul titre d’exemple topique. 61. Le rédacteur de cette «
1790 les cite qu’au seul titre d’exemple topique. 61. Le rédacteur de cette « discipline » paraît avoir été le pasteur Antoine
1791 édacteur de cette « discipline » paraît avoir été le pasteur Antoine de Chandieu, mais l’intervention personnelle de Calvi
1792 ît avoir été le pasteur Antoine de Chandieu, mais l’ intervention personnelle de Calvin dans l’élaboration du document ne f
1793 u, mais l’intervention personnelle de Calvin dans l’ élaboration du document ne fait pas de doute. « C’est, dit F. de Schic
1794 on démocratique, fédérative et parlementaire. » À la base de tout, il y a l’église locale, ou paroisse. Ces églises se féd
1795 ive et parlementaire. » À la base de tout, il y a l’ église locale, ou paroisse. Ces églises se fédèrent par région. L’inst
1796 ou paroisse. Ces églises se fédèrent par région. L’ instance d’appel est « la cour suprême du synode national ». (John Vié
1797 se fédèrent par région. L’instance d’appel est «  la cour suprême du synode national ». (John Viénot, Histoire de la Réfor
1798 e du synode national ». (John Viénot, Histoire de la Réforme française, I, p. 271.) 62. C’est-à-dire : fondée sur la noti
1799 çaise, I, p. 271.) 62. C’est-à-dire : fondée sur la notion de vocation. 63. L’URSS est le seul État totalement totalitai
1800 t-à-dire : fondée sur la notion de vocation. 63. L’ URSS est le seul État totalement totalitaire, disait récemment Victor
1801 fondée sur la notion de vocation. 63. L’URSS est le seul État totalement totalitaire, disait récemment Victor Serge, écri
1802 on en Sibérie. u. Rougemont Denis de, « Changer la vie ou changer l’homme ? », Le Communisme et les chrétiens, Paris, Pl
1803 Rougemont Denis de, « Changer la vie ou changer l’ homme ? », Le Communisme et les chrétiens, Paris, Plon, 1937, p. 203-2
1804 enis de, « Changer la vie ou changer l’homme ? », Le Communisme et les chrétiens, Paris, Plon, 1937, p. 203-233.
1805 r la vie ou changer l’homme ? », Le Communisme et les chrétiens, Paris, Plon, 1937, p. 203-233.
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
1806 ocation et destin d’Israël (1937)v Sens de «  l’ histoire » d’Israël Un prophète, a écrit Karl Barth, est un homme s
1807 s nul besoin d’en rien connaître pour reconnaître la portée de son message puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’eût
1808 econnaître la portée de son message puisque c’est le message de Dieu. Jérémie n’eût été qu’un berger bègue si l’Éternel n’
1809 de Dieu. Jérémie n’eût été qu’un berger bègue si l’ Éternel n’avait parlé par lui. Voici qui est digne de remarque : le se
1810 parlé par lui. Voici qui est digne de remarque : le seul détail précis que rapporte la Bible à son sujet, c’est cette dif
1811 de remarque : le seul détail précis que rapporte la Bible à son sujet, c’est cette difficulté à s’exprimer. Non seulement
1812 r. Non seulement rien d’historiquement notable ne le prédestinait à jouer le rôle d’un grand prophète, — les psychologues
1813 historiquement notable ne le prédestinait à jouer le rôle d’un grand prophète, — les psychologues s’y épuiseront — mais en
1814 édestinait à jouer le rôle d’un grand prophète, —  les psychologues s’y épuiseront — mais encore il y avait cet obstacle, et
1815 cet obstacle, et celui-là précisément qui paraît le plus décisif, à vues humaines, s’agissant d’un homme appelé au minist
1816 nes, s’agissant d’un homme appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi de son peuple, — peup
1817 nistère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’ est aussi de son peuple, — peuple entre tous prophétique. Ce qui est v
1818 peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai de la biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai de l
1819 . Ce qui est vrai de la biographie d’un homme que l’ Éternel choisit n’est pas moins vrai de l’histoire profane des Juifs,
1820 mme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai de l’ histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi d’une mission que rien
1821 ion que rien en eux ne semblait préparer. On peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas eu d’histoire sans la promesse
1822 ns paradoxe : Israël n’eût pas eu d’histoire sans la promesse que Dieu fit à Abraham. Cette tribu « se lève et tombe » ave
1823 à Abraham. Cette tribu « se lève et tombe » avec la mission qu’elle incarne : « Préparer les voies du Seigneur », espérer
1824 be » avec la mission qu’elle incarne : « Préparer les voies du Seigneur », espérer et prêcher le Messie, attendre activemen
1825 parer les voies du Seigneur », espérer et prêcher le Messie, attendre activement l’invisible et plus que cela : le jamais
1826 espérer et prêcher le Messie, attendre activement l’ invisible et plus que cela : le jamais vu, ce qu’aucun autre peuple au
1827 ttendre activement l’invisible et plus que cela : le jamais vu, ce qu’aucun autre peuple au monde n’a jamais pu seulement
1828 ne répond à nul besoin historiquement déterminé… L’ histoire, au sens hégélien ou tainien, ou matérialiste-dialectique, se
1829 -dialectique, se donne pour tâche de reconstituer l’ évolution immanente d’un peuple, telle qu’on peut vraisemblablement la
1830 e d’un peuple, telle qu’on peut vraisemblablement la styliser et la chiffrer, c’est-à-dire, telle qu’elle fut déterminée p
1831 telle qu’on peut vraisemblablement la styliser et la chiffrer, c’est-à-dire, telle qu’elle fut déterminée par des facteurs
1832 te. Que nous apprend une science de cet ordre sur le destin auquel étaient promises les infimes tribus nomades qui constit
1833 e cet ordre sur le destin auquel étaient promises les infimes tribus nomades qui constituaient, aux origines, la nation jui
1834 s tribus nomades qui constituaient, aux origines, la nation juive ? Une similitude facile nous permet de l’imaginer : l’hi
1835 tion juive ? Une similitude facile nous permet de l’ imaginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que le
1836 Une similitude facile nous permet de l’imaginer : l’ histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Isr
1837 le nous permet de l’imaginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avait p
1838 ire n’a pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût évolué d’une autre
1839 d’hui, avec une persistance bien remarquable tous les traits caractéristiques de la coutume pastorale des temps d’Abraham.
1840 n remarquable tous les traits caractéristiques de la coutume pastorale des temps d’Abraham. Nous ne possédons pas un rense
1841 nt conservateur, qui a pesé jusqu’à nos jours sur les habitants du désert. Désignée entre mille, sans raison. Ou sans autre
1842 ance étonnante à construire et à conquérir… Ainsi les annales d’Israël sont celles d’une puissance imprévue et humainement
1843 que nous connaissons de leur « histoire » — mais le mot prend ici un sens nouveau — c’est la suite des gestes de Dieu don
1844 » — mais le mot prend ici un sens nouveau — c’est la suite des gestes de Dieu dont ils ne furent que les instruments. Mais
1845 a suite des gestes de Dieu dont ils ne furent que les instruments. Mais les instruments indociles ! Ce qui est à eux, dans
1846 Dieu dont ils ne furent que les instruments. Mais les instruments indociles ! Ce qui est à eux, dans ces annales, c’est ce
1847 Ce qui est à eux, dans ces annales, c’est ce qui les rabat à leur destin, ce sont leurs révoltes constantes, leurs faux pa
1848 Et toute leur grandeur est à Dieu, c’est-à-dire à la vocation qui les arrache, malgré eux, à ce destin de très piètre enve
1849 andeur est à Dieu, c’est-à-dire à la vocation qui les arrache, malgré eux, à ce destin de très piètre envergure. Foi et
1850 de très piètre envergure. Foi et idolâtrie La considération du conflit séculaire que décrit l’Ancien Testament nous
1851 La considération du conflit séculaire que décrit l’ Ancien Testament nous ramène avec une insistance innombrable et vraime
1852 lle on ne peut rien comprendre de ce qui touche à la nation des Juifs. Destin nomade, vocation messianique. Destin visible
1853 ion invisible et triomphante : celle que prêchent les prophètes au peuple et qui seule l’élève, l’assemble et donne un sens
1854 que prêchent les prophètes au peuple et qui seule l’ élève, l’assemble et donne un sens à la vie de chacun. Ce peuple errai
1855 ent les prophètes au peuple et qui seule l’élève, l’ assemble et donne un sens à la vie de chacun. Ce peuple errait sans « 
1856 qui seule l’élève, l’assemble et donne un sens à la vie de chacun. Ce peuple errait sans « fin » dans le désert, sans but
1857 vie de chacun. Ce peuple errait sans « fin » dans le désert, sans but jusqu’à ce que Dieu l’élise. Désormais sa voie est f
1858 in » dans le désert, sans but jusqu’à ce que Dieu l’ élise. Désormais sa voie est fixée, mais ce n’est plus sa « propre » v
1859 voie. Il vient de Dieu, il va vers Dieu, et c’est la loi de Dieu qui l’y conduit. C’est pourquoi son télos (sa fin dernièr
1860 ieu, il va vers Dieu, et c’est la loi de Dieu qui l’ y conduit. C’est pourquoi son télos (sa fin dernière), est transcendan
1861 n son essence, comme Dieu, et comme Dieu objet de la foi seule. De la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nouvel
1862 mme Dieu, et comme Dieu objet de la foi seule. De la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nouvelles, et qui jouer
1863 Dieu objet de la foi seule. De la foi, et non de la vue ! Catégories absolument nouvelles, et qui joueront un rôle déterm
1864 uvelles, et qui joueront un rôle déterminant dans l’ éthique de l’Occident, même sous les noms paganisés d’idéalisme et de
1865 ui joueront un rôle déterminant dans l’éthique de l’ Occident, même sous les noms paganisés d’idéalisme et de réalisme au s
1866 terminant dans l’éthique de l’Occident, même sous les noms paganisés d’idéalisme et de réalisme au sens courant. Mais le co
1867 d’idéalisme et de réalisme au sens courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’est en somme qu’un autre aspect du c
1868 t de réalisme au sens courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de la v
1869 au sens courant. Mais le conflit de la foi et de la vue n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et du
1870 e n’est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et du destin. Il fait comprendre l’esprit de révolte qui tou
1871 t de la vocation et du destin. Il fait comprendre l’ esprit de révolte qui tourmenta sans fin les douze tribus. Car un but
1872 rendre l’esprit de révolte qui tourmenta sans fin les douze tribus. Car un but invisible aux mortels est une menace et une
1873 au moins autant qu’une promesse. Une menace pour les « intérêts immédiats » qui se voient par trop négligés au profit d’on
1874 Et une angoisse contre laquelle il est fatal que l’ on cherche à se protéger par quelque chose de visible et de tangible.
1875 ar quelque chose de visible et de tangible. Ainsi les Hébreux se rebellent, ils fuient dans le culte des faux dieux, rassur
1876 . Ainsi les Hébreux se rebellent, ils fuient dans le culte des faux dieux, rassurants parce que « faits de main d’homme »…
1877 es reviennent pour railler durement ces idoles et les traîtres qui les adorent : Mon peuple consulte son bois Et c’est s
1878 r railler durement ces idoles et les traîtres qui les adorent : Mon peuple consulte son bois Et c’est son bâton qui lui
1879 n bois Et c’est son bâton qui lui parle ! Car l’ esprit de prostitution égare Et ils se prostituent loin de leur Dieu
1880 ir, et qui pourtant fait toute sa grandeur, c’est la révolte du destin profane contre la vocation libératrice. Et de même
1881 andeur, c’est la révolte du destin profane contre la vocation libératrice. Et de même que cette révolte, et ce destin, et
1882 ce besoin de voir, sont symbolisés au concret par les statues des idoles étrangères — car c’est le voisin qu’on imite lorsq
1883 par les statues des idoles étrangères — car c’est le voisin qu’on imite lorsqu’on doute de sa vocation — de même cette voc
1884 doute de sa vocation — de même cette vocation et la foi qu’elle implique ont un symbole, unique et univoque : l’Arche de
1885 lle implique ont un symbole, unique et univoque : l’ Arche de l’Alliance présente au sein du peuple, aussi nommée arche du
1886 e ont un symbole, unique et univoque : l’Arche de l’ Alliance présente au sein du peuple, aussi nommée arche du témoignage,
1887 nommée arche du témoignage, parce qu’elle atteste les volontés de Dieu, les conditions de son alliance. La mesure Dan
1888 nage, parce qu’elle atteste les volontés de Dieu, les conditions de son alliance. La mesure Dans l’Arche sont les Tab
1889 ontés de Dieu, les conditions de son alliance. La mesure Dans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mes
1890 conditions de son alliance. La mesure Dans l’ Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’e
1891 e son alliance. La mesure Dans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui ra
1892 . La mesure Dans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à la f
1893 mesure Dans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à la fois l’or
1894 ans l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à la fois l’origine et la
1895 sure » sacrée : c’est elle qui rappelle à la fois l’ origine et la fin du peuple en tant qu’il est un « nouveau » peuple, é
1896  : c’est elle qui rappelle à la fois l’origine et la fin du peuple en tant qu’il est un « nouveau » peuple, élu par Dieu e
1897 aissé au hasard, tout est « mesuré » et jugé dans la perspective de la fin assignée à toute la nation : l’Éternel Dieu et
1898 out est « mesuré » et jugé dans la perspective de la fin assignée à toute la nation : l’Éternel Dieu et son service. Ainsi
1899 gé dans la perspective de la fin assignée à toute la nation : l’Éternel Dieu et son service. Ainsi l’Arche de l’Alliance n
1900 erspective de la fin assignée à toute la nation : l’ Éternel Dieu et son service. Ainsi l’Arche de l’Alliance nous apparaît
1901 la nation : l’Éternel Dieu et son service. Ainsi l’ Arche de l’Alliance nous apparaît comme l’exemple à peu près idéal de
1902 : l’Éternel Dieu et son service. Ainsi l’Arche de l’ Alliance nous apparaît comme l’exemple à peu près idéal de ce que l’on
1903 . Ainsi l’Arche de l’Alliance nous apparaît comme l’ exemple à peu près idéal de ce que l’on peut nommer (d’un terme d’aill
1904 paraît comme l’exemple à peu près idéal de ce que l’ on peut nommer (d’un terme d’ailleurs emprunté à l’antiquité helléniqu
1905 ’on peut nommer (d’un terme d’ailleurs emprunté à l’ antiquité hellénique) la mesure d’une civilisation, le canon d’une cul
1906 rme d’ailleurs emprunté à l’antiquité hellénique) la mesure d’une civilisation, le canon d’une culture et d’un ordre socia
1907 tiquité hellénique) la mesure d’une civilisation, le canon d’une culture et d’un ordre social, le principe initial et fina
1908 ion, le canon d’une culture et d’un ordre social, le principe initial et final régulateur et en même temps animateur de to
1909 l régulateur et en même temps animateur de toutes les œuvres d’une nation, tant matérielles que politiques et spirituelles6
1910 ant matérielles que politiques et spirituelles65. L’ histoire des civilisations nous offre certes d’autres exemples assez g
1911 en et aztèque, Chine des grandes dynasties.) Mais la mesure des tribus hébraïques se distingue de toutes les autres en ce
1912 sure des tribus hébraïques se distingue de toutes les autres en ce qu’elle est une vocation adressée par un Dieu personnel,
1913 el, unique, éternel, transcendant. Elle n’est pas le produit normal d’une évolution historique fécondée et cristallisée pa
1914 évolution historique fécondée et cristallisée par l’ intervention d’un grand chef. Elle est donc plus « totalitaire » que t
1915 retrait ou de dépassement. Aucun refuge « loin de la face de l’Éternel ». Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu
1916 de dépassement. Aucun refuge « loin de la face de l’ Éternel ». Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éter
1917 loin de la face de l’Éternel ». Parce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience f
1918 ce qu’elle est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’ Éternel, la Loi est la conscience finale du peuple hébreu. Et parce qu
1919 est la loi de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est l
1920 de Dieu, et que ce Dieu est l’Éternel, la Loi est la conscience finale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de Di
1921 nce finale du peuple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de Dieu — qui définit la vérité —, elle porte en elle la règle pe
1922 Et parce qu’elle est la loi de Dieu — qui définit la vérité —, elle porte en elle la règle permanente de toute action et d
1923 ieu — qui définit la vérité —, elle porte en elle la règle permanente de toute action et de toute pensée. Vraie mesure don
1924 ie mesure donc, et parfaitement commune. On porte l’ Arche au-devant des armées, dans la guerre, comme le symbole de l’unit
1925 mune. On porte l’Arche au-devant des armées, dans la guerre, comme le symbole de l’unité du peuple, mais son usage est int
1926 Arche au-devant des armées, dans la guerre, comme le symbole de l’unité du peuple, mais son usage est interdit pendant les
1927 t des armées, dans la guerre, comme le symbole de l’ unité du peuple, mais son usage est interdit pendant les guerres civil
1928 té du peuple, mais son usage est interdit pendant les guerres civiles : c’est que la mesure est indivisible. Dieu est au ci
1929 interdit pendant les guerres civiles : c’est que la mesure est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et
1930 est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et les prêtres sont là pour veiller sur l’Alliance. Et si ces
1931 le. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et les prêtres sont là pour veiller sur l’Alliance. Et si ces « clercs » vie
1932 la terre, et les prêtres sont là pour veiller sur l’ Alliance. Et si ces « clercs » viennent à trahir, cédant à leur pencha
1933 hant immémorial et bien connu, s’ils oublient que le Dieu qu’ils servent est un Dieu qui se nomme « jaloux », les Prophète
1934 ’ils servent est un Dieu qui se nomme « jaloux », les Prophètes se lèvent contre eux et dénoncent leur idolâtrie66. Remarqu
1935 eux et dénoncent leur idolâtrie66. Remarquons que la notion d’idolâtrie déborde ici singulièrement le culte des images d’o
1936 la notion d’idolâtrie déborde ici singulièrement le culte des images d’où elle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui n’
1937 on d’un autre bien. Idole tout ce qui détourne de la seule vocation. Idole toute action ou pensée, si belle ou si féconde
1938 euple élu. Idole, tout ce qui n’est pas ordonné à la fin que les prophètes annoncent sans relâche. Mais la pire des idolât
1939 Idole, tout ce qui n’est pas ordonné à la fin que les prophètes annoncent sans relâche. Mais la pire des idolâtries, c’est
1940 in que les prophètes annoncent sans relâche. Mais la pire des idolâtries, c’est celle qui prend pour objet de son culte la
1941 es, c’est celle qui prend pour objet de son culte la mesure même, la Loi en soi, abstraite des fins pour lesquelles elle e
1942 qui prend pour objet de son culte la mesure même, la Loi en soi, abstraite des fins pour lesquelles elle existe. C’est l’i
1943 raite des fins pour lesquelles elle existe. C’est l’ idolâtrie qui consiste à soumettre l’homme à la « lettre » d’une légis
1944 xiste. C’est l’idolâtrie qui consiste à soumettre l’ homme à la « lettre » d’une législation divine, mais dont l’homme s’es
1945 st l’idolâtrie qui consiste à soumettre l’homme à la « lettre » d’une législation divine, mais dont l’homme s’est emparé,
1946 la « lettre » d’une législation divine, mais dont l’ homme s’est emparé, et dont il fait sa chose, oubliant son Auteur. C’e
1947 it sa chose, oubliant son Auteur. C’est alors que la lettre tue l’homme, au lieu de le secourir en incarnant l’esprit. Et
1948 ubliant son Auteur. C’est alors que la lettre tue l’ homme, au lieu de le secourir en incarnant l’esprit. Et c’est à cette
1949 C’est alors que la lettre tue l’homme, au lieu de le secourir en incarnant l’esprit. Et c’est à cette ultime tentation que
1950 tue l’homme, au lieu de le secourir en incarnant l’ esprit. Et c’est à cette ultime tentation que devaient succomber les p
1951 t à cette ultime tentation que devaient succomber les plus grands rigoristes, les savants docteurs de la Loi, ceux que le p
1952 ue devaient succomber les plus grands rigoristes, les savants docteurs de la Loi, ceux que le peuple honorait à peu près co
1953 s plus grands rigoristes, les savants docteurs de la Loi, ceux que le peuple honorait à peu près comme on le fit plus tard
1954 oristes, les savants docteurs de la Loi, ceux que le peuple honorait à peu près comme on le fit plus tard des Pères de l’É
1955 , ceux que le peuple honorait à peu près comme on le fit plus tard des Pères de l’Église, des évêques et des cardinaux : l
1956 Pères de l’Église, des évêques et des cardinaux : les pharisiens. Condamnant au nom de la Loi celui-là même qui l’avait don
1957 cardinaux : les pharisiens. Condamnant au nom de la Loi celui-là même qui l’avait donnée, tuant en Jésus-Christ au nom de
1958 ns. Condamnant au nom de la Loi celui-là même qui l’ avait donnée, tuant en Jésus-Christ au nom de la lettre, celui dont ce
1959 i l’avait donnée, tuant en Jésus-Christ au nom de la lettre, celui dont cette lettre préparait la venue, et qui seul lui d
1960 m de la lettre, celui dont cette lettre préparait la venue, et qui seul lui donnait son sens… ⁂ Rien ne me paraît plus pro
1961 t plus propre à confirmer cette interprétation de la Loi, comme mesure du peuple hébreu, qu’un texte que je trouve dans le
1962 du peuple hébreu, qu’un texte que je trouve dans le plus grand des historiens profanes des Juifs : Josèphe. « Notre légis
1963 ïse), écrit-il dans sa Réponse à Appion 67, a été le seul dont les actions et les paroles ont été conformes. » Car il n’a
1964 l dans sa Réponse à Appion 67, a été le seul dont les actions et les paroles ont été conformes. » Car il n’a pas seulement
1965 se à Appion 67, a été le seul dont les actions et les paroles ont été conformes. » Car il n’a pas seulement formulé des loi
1966 le conformité, parce que rien n’est si capable de la faire naître et de l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments de
1967 ue rien n’est si capable de la faire naître et de l’ entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, e
1968 e la faire naître et de l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’être élevés dans une mê
1969 l’entretenir, que d’avoir les mêmes sentiments de la grandeur de Dieu, et d’être élevés dans une même manière de vivre, et
1970 re élevés dans une même manière de vivre, et dans les mêmes coutumes ; car on n’entend point parmi nous parler diversement
1971 parler diversement de Dieu, comme il arrive parmi les autres peuples, non seulement entre les personnes du commun qui disen
1972 ive parmi les autres peuples, non seulement entre les personnes du commun qui disent chacun au hasard ce qui leur vient dan
1973 ui disent chacun au hasard ce qui leur vient dans l’ esprit ; mais entre les philosophes… Nous croyons que Dieu voit tout c
1974 sard ce qui leur vient dans l’esprit ; mais entre les philosophes… Nous croyons que Dieu voit tout ce qui se passe dans le
1975 s croyons que Dieu voit tout ce qui se passe dans le monde. Nos femmes et nos serviteurs en sont persuadés comme nous : on
1976 dés comme nous : on peut apprendre de leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent
1977  : on peut apprendre de leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et que toutes nos actions doivent avoir pour o
1978 t matériel, aussi fanatiquement lié et suspendu à l’ invisible. Le moderne en ressent comme une offense à cette liberté cré
1979 ussi fanatiquement lié et suspendu à l’invisible. Le moderne en ressent comme une offense à cette liberté créatrice dans l
1980 d’inventions négligées, méprisées ! Nous adorons la Vie et le Progrès, le foisonnement et la diversité, et toute mesure n
1981 ons négligées, méprisées ! Nous adorons la Vie et le Progrès, le foisonnement et la diversité, et toute mesure ne serait à
1982 s, méprisées ! Nous adorons la Vie et le Progrès, le foisonnement et la diversité, et toute mesure ne serait à nos yeux qu
1983 adorons la Vie et le Progrès, le foisonnement et la diversité, et toute mesure ne serait à nos yeux qu’une occasion de dé
1984 t à nos yeux qu’une occasion de dépassement… Oui, la Richesse est notre dernier dieu, et c’est peut-être le secret de l’ex
1985 chesse est notre dernier dieu, et c’est peut-être le secret de l’expansion, mais aussi de l’anarchie finale de notre cultu
1986 tre dernier dieu, et c’est peut-être le secret de l’ expansion, mais aussi de l’anarchie finale de notre culture moderne. C
1987 peut-être le secret de l’expansion, mais aussi de l’ anarchie finale de notre culture moderne. Culture dont les éléments pr
1988 hie finale de notre culture moderne. Culture dont les éléments progressivement désunis, puis coupés de toute base commune,
1989 t à ne plus même pouvoir communiquer, ni s’animer les uns les autres, chacun se refermant sur sa spécialité, se forgeant un
1990 lus même pouvoir communiquer, ni s’animer les uns les autres, chacun se refermant sur sa spécialité, se forgeant une langue
1991 et convoquant enfin, à grands frais d’inventions, la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dispersion du gen
1992 nds frais d’inventions, la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui
1993 vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouve posé à toute civ
1994 de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouve posé à toute civilisation, et d’une manière trè
1995 ute civilisation, et d’une manière très urgente à la nôtre, est assez clairement défini par la comparaison que l’on peut f
1996 gente à la nôtre, est assez clairement défini par la comparaison que l’on peut faire de notre richesse anarchique, et rend
1997 st assez clairement défini par la comparaison que l’ on peut faire de notre richesse anarchique, et rendue presque vaine pa
1998 ique, et rendue presque vaine par ses excès, avec la pauvreté pleine de sens et de grandeur qu’imposait la Loi d’Israël. C
1999 auvreté pleine de sens et de grandeur qu’imposait la Loi d’Israël. Ce que l’on perd et ce que l’on gagne à sacrifier à une
2000 t de grandeur qu’imposait la Loi d’Israël. Ce que l’ on perd et ce que l’on gagne à sacrifier à une « mesure », voilà ce do
2001 osait la Loi d’Israël. Ce que l’on perd et ce que l’ on gagne à sacrifier à une « mesure », voilà ce dont l’exemple juif no
2002 gagne à sacrifier à une « mesure », voilà ce dont l’ exemple juif nous permettra mieux que tout autre de juger. Que devient
2003 eux que tout autre de juger. Que devient en effet la culture, dans un monde où n’est tolérée que « la seule chose nécessai
2004 la culture, dans un monde où n’est tolérée que «  la seule chose nécessaire ? » L’homme qui a une vocation n’est pas bon
2005 ’est tolérée que « la seule chose nécessaire ? » L’ homme qui a une vocation n’est pas bon à autre chose. Israël portait d
2006 s bon à autre chose. Israël portait dans son sein l’ avenir religieux du monde. Dès qu’il était tenté de s’oublier dans les
2007 du monde. Dès qu’il était tenté de s’oublier dans les voies vulgaires des autres peuples, une sorte de génie sombre lui mon
2008 s peuples, une sorte de génie sombre lui montrait l’ envers de toute chose, et avec des accents d’amère ironie, proclamait
2009 t avec des accents d’amère ironie, proclamait que la justice à l’ancienne manière ne devait jamais être sacrifiée.68 Ain
2010 cents d’amère ironie, proclamait que la justice à l’ ancienne manière ne devait jamais être sacrifiée.68 Ainsi toute tent
2011 it assimilée à une révolte d’orgueil contre Dieu. La culture d’Israël sera pauvre à raison même de sa pureté. Sa pauvreté
2012 uvre à raison même de sa pureté. Sa pauvreté sera la condition de sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble l
2013 andeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas la richesse, mais
2014 c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas l
2015 esure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eux-mêmes ma
2016 ce qui la dépasse. Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eux-mêmes mais les moyens mesu
2017 pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eux-mêmes mais les moyens mesurés par la fin. C’est pourquo
2018 lité. Ce ne sont pas les moyens en eux-mêmes mais les moyens mesurés par la fin. C’est pourquoi sa pauvreté même garantit l
2019 s moyens en eux-mêmes mais les moyens mesurés par la fin. C’est pourquoi sa pauvreté même garantit la fidélité de la cultu
2020 la fin. C’est pourquoi sa pauvreté même garantit la fidélité de la culture du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit
2021 pourquoi sa pauvreté même garantit la fidélité de la culture du peuple hébreu. C’est une ascèse : il s’agit de détruire en
2022 ce qui comblerait trop tôt, ou trop humainement, la grande attente messianique. Point d’abstractions : c’est que le culte
2023 nte messianique. Point d’abstractions : c’est que le culte qu’il faut rendre au Dieu vivant est une obéissance directe « e
2024 ité ». Or abstraire, c’est d’abord s’abstraire de l’ immédiat. Et c’est aussi, dans une certaine mesure, douter… Ainsi donc
2025 ans une certaine mesure, douter… Ainsi donc, pour l’ Hébreu, se borner au concret, c’est rester fidèle à la Loi. D’ailleurs
2026 breu, se borner au concret, c’est rester fidèle à la Loi. D’ailleurs son langage même s’ordonne dès l’origine à cette voca
2027 la Loi. D’ailleurs son langage même s’ordonne dès l’ origine à cette vocation supérieure ; dénué de termes abstraits, impro
2028 its, impropre à toute métaphysique69 il contraint les auteurs sacrés à l’invention de métaphores qui enrobent les notions l
2029 métaphysique69 il contraint les auteurs sacrés à l’ invention de métaphores qui enrobent les notions les plus hautes dans
2030 s sacrés à l’invention de métaphores qui enrobent les notions les plus hautes dans un vêtement quotidien ; on dirait : un v
2031 ’invention de métaphores qui enrobent les notions les plus hautes dans un vêtement quotidien ; on dirait : un vêtement de t
2032 hètes, a-t-il besoin de philosophes ? — est ainsi l’ aspect négatif d’une splendeur poétique inégalée. (La poésie de l’Occi
2033 spect négatif d’une splendeur poétique inégalée. ( La poésie de l’Occident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera
2034 d’une splendeur poétique inégalée. (La poésie de l’ Occident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera biblique ou
2035 La poésie de l’Occident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera biblique ou grecque, sublime dans la mesure où la
2036 re où elle sera biblique ou grecque, sublime dans la mesure où la synthèse des deux traditions sera dominée par l’élément
2037 ra biblique ou grecque, sublime dans la mesure où la synthèse des deux traditions sera dominée par l’élément biblique.) Se
2038 la synthèse des deux traditions sera dominée par l’ élément biblique.) Seuls les grands discours prophétiques, parmi tous
2039 tions sera dominée par l’élément biblique.) Seuls les grands discours prophétiques, parmi tous les chants de la terre, ont
2040 euls les grands discours prophétiques, parmi tous les chants de la terre, ont réellement rythmé l’action et vérifié l’étymo
2041 s discours prophétiques, parmi tous les chants de la terre, ont réellement rythmé l’action et vérifié l’étymologie grecque
2042 ous les chants de la terre, ont réellement rythmé l’ action et vérifié l’étymologie grecque de poésie, qui est agir. Point
2043 terre, ont réellement rythmé l’action et vérifié l’ étymologie grecque de poésie, qui est agir. Point d’arts figuratifs ou
2044 est agir. Point d’arts figuratifs ou imaginatifs. La loi les interdit par le deuxième et le troisième commandement. « Tu n
2045 r. Point d’arts figuratifs ou imaginatifs. La loi les interdit par le deuxième et le troisième commandement. « Tu ne te fer
2046 e représentation des choses qui sont en haut dans les cieux, en bas sur la terre, et dans les eaux plus bas que la terre. »
2047 hoses qui sont en haut dans les cieux, en bas sur la terre, et dans les eaux plus bas que la terre. » Cela condamne toute
2048 haut dans les cieux, en bas sur la terre, et dans les eaux plus bas que la terre. » Cela condamne toute espèce d’art plasti
2049 n bas sur la terre, et dans les eaux plus bas que la terre. » Cela condamne toute espèce d’art plastique. « Tu n’auras pas
2050 s d’autres dieux devant ma face » — cela condamne la mythologie et la fabulation, où les Aryens puisent leur art de trompe
2051 devant ma face » — cela condamne la mythologie et la fabulation, où les Aryens puisent leur art de tromper et de se satisf
2052 cela condamne la mythologie et la fabulation, où les Aryens puisent leur art de tromper et de se satisfaire d’illusions. P
2053 ’illusions. Point de science purement technique : la sagesse de Salomon n’est pas une connaissance des « causes » mais bie
2054 ignatures » naturelles. Elle ne veut pas utiliser les choses, mais distinguer en elles les intentions divines, pour les off
2055 pas utiliser les choses, mais distinguer en elles les intentions divines, pour les offrir en holocauste spirituel au Créate
2056 distinguer en elles les intentions divines, pour les offrir en holocauste spirituel au Créateur70. Enfin, remarque encore
2057 l au Créateur70. Enfin, remarque encore Renan : «  L’ esprit prophétique, et les institutions qui en naissent, au moins virt
2058 emarque encore Renan : « L’esprit prophétique, et les institutions qui en naissent, au moins virtuellement, interdisaient l
2059 n naissent, au moins virtuellement, interdisaient le développement commercial71 et industriel. » Que reste-t-il de ce que
2060 tes, science, industrie, tout cela est sacrifié à la seule chose nécessaire : l’accomplissement d’une vocation spirituelle
2061 t cela est sacrifié à la seule chose nécessaire : l’ accomplissement d’une vocation spirituelle. Et les moyens de cet accom
2062 l’accomplissement d’une vocation spirituelle. Et les moyens de cet accomplissement sont les moyens les plus élémentaires q
2063 tuelle. Et les moyens de cet accomplissement sont les moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’écri
2064 les moyens de cet accomplissement sont les moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’écriture, la pa
2065 ssement sont les moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’écriture, la parole et l’action, — la tra
2066 us élémentaires que les hommes ont de commercer : l’ écriture, la parole et l’action, — la tradition, la prophétie, la guer
2067 res que les hommes ont de commercer : l’écriture, la parole et l’action, — la tradition, la prophétie, la guerre… Mais cet
2068 ommes ont de commercer : l’écriture, la parole et l’ action, — la tradition, la prophétie, la guerre… Mais cet extrême dénu
2069 commercer : l’écriture, la parole et l’action, —  la tradition, la prophétie, la guerre… Mais cet extrême dénuement, ce ré
2070 ’écriture, la parole et l’action, — la tradition, la prophétie, la guerre… Mais cet extrême dénuement, ce résidu d’exclusi
2071 parole et l’action, — la tradition, la prophétie, la guerre… Mais cet extrême dénuement, ce résidu d’exclusions fanatiques
2072 clusions fanatiques, se trouve sauver et garantir la possession de ce que notre Occident lui-même a défini comme le bien s
2073 de ce que notre Occident lui-même a défini comme le bien souverain : l’harmonie dans le dynamisme, le Sens général de la
2074 ident lui-même a défini comme le bien souverain : l’ harmonie dans le dynamisme, le Sens général de la vie. Si l’on admet q
2075 défini comme le bien souverain : l’harmonie dans le dynamisme, le Sens général de la vie. Si l’on admet que la destinatio
2076 le bien souverain : l’harmonie dans le dynamisme, le Sens général de la vie. Si l’on admet que la destination de toute cul
2077 l’harmonie dans le dynamisme, le Sens général de la vie. Si l’on admet que la destination de toute culture, c’est de conc
2078 dans le dynamisme, le Sens général de la vie. Si l’ on admet que la destination de toute culture, c’est de concentrer les
2079 sme, le Sens général de la vie. Si l’on admet que la destination de toute culture, c’est de concentrer les puissances de l
2080 destination de toute culture, c’est de concentrer les puissances de la nature et de la société dans les, mains de l’homme r
2081 te culture, c’est de concentrer les puissances de la nature et de la société dans les, mains de l’homme responsable, et do
2082 t de concentrer les puissances de la nature et de la société dans les, mains de l’homme responsable, et dont l’esprit conn
2083 les puissances de la nature et de la société dans les , mains de l’homme responsable, et dont l’esprit connaît un but auquel
2084 de la nature et de la société dans les, mains de l’ homme responsable, et dont l’esprit connaît un but auquel il dédie tou
2085 é dans les, mains de l’homme responsable, et dont l’ esprit connaît un but auquel il dédie toutes ses œuvres, l’on voit que
2086 connaît un but auquel il dédie toutes ses œuvres, l’ on voit que la culture la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu,
2087 auquel il dédie toutes ses œuvres, l’on voit que la culture la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la
2088 dédie toutes ses œuvres, l’on voit que la culture la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus conven
2089 pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus convenable aux fins suprêmes de l’esprit. Toutefois, non tant à
2090 fut aussi la plus convenable aux fins suprêmes de l’ esprit. Toutefois, non tant à cause de sa pauvreté même, qu’à cause de
2091 n tant à cause de sa pauvreté même, qu’à cause de l’ absolu de sa mesure, et de la promesse qu’elle portait. ⁂ Revenons enc
2092 même, qu’à cause de l’absolu de sa mesure, et de la promesse qu’elle portait. ⁂ Revenons encore à Josèphe : Quant à ce q
2093 it. ⁂ Revenons encore à Josèphe : Quant à ce que l’ on nous reproche comme un grand défaut, de ne nous point étudier à inv
2094 tudier à inventer des choses nouvelles, soit dans les arts, ou dans le langage, au lieu que les autres peuples méritent bea
2095 des choses nouvelles, soit dans les arts, ou dans le langage, au lieu que les autres peuples méritent beaucoup de louange
2096 it dans les arts, ou dans le langage, au lieu que les autres peuples méritent beaucoup de louange d’y apporter de continuel
2097 à vertu et prudence, de demeurer constamment dans l’ observation des lois et des coutumes de nos ancêtres, parce que c’est
2098 l n’y a que celles qui n’ont pas cet avantage que l’ on soit obligé de changer, lorsque l’expérience fait connaître le beso
2099 avantage que l’on soit obligé de changer, lorsque l’ expérience fait connaître le besoin d’en corriger les défauts. Ainsi,
2100 é de changer, lorsque l’expérience fait connaître le besoin d’en corriger les défauts. Ainsi, comme nous ne doutons point
2101 expérience fait connaître le besoin d’en corriger les défauts. Ainsi, comme nous ne doutons point que ce ne soit Dieu qui n
2102 que ce ne soit Dieu qui nous a donné ces lois par l’ entremise de Moïse, pourrions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer
2103 rions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer de les observer très religieusement ? Et quelle conduite peut être plus just
2104 s sainte, que celle dont ce souverain Monarque de l’ univers est l’auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être plus
2105 celle dont ce souverain Monarque de l’univers est l’ auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être plus parfaite que
2106 de gouvernement peut donc être plus parfaite que la nôtre, et quels plus grands honneurs peut-on rendre à Dieu, puisque n
2107 e, et que toutes choses ne sont pas mieux réglées le jour d’une fête solennelle, qu’elles le sont toujours parmi nous ?
2108 x réglées le jour d’une fête solennelle, qu’elles le sont toujours parmi nous ? Chute d’Israël Tout était suspendu
2109 ous ? Chute d’Israël Tout était suspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue à la promesse messianique donnée p
2110 uspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue à la promesse messianique donnée par Dieu dès les temps primitifs72. Mais
2111 due à la promesse messianique donnée par Dieu dès les temps primitifs72. Mais cette promesse, enfin, s’est incarnée. Et les
2112 2. Mais cette promesse, enfin, s’est incarnée. Et les juifs l’ont méconnue prenant prétexte de la Loi, cette « ombre des bi
2113 tte promesse, enfin, s’est incarnée. Et les juifs l’ ont méconnue prenant prétexte de la Loi, cette « ombre des biens à ven
2114 . Et les juifs l’ont méconnue prenant prétexte de la Loi, cette « ombre des biens à venir. » (Héb. 10, 1), pour repousser
2115 des biens à venir. » (Héb. 10, 1), pour repousser le Christ, qui était « l’esprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lo
2116 éb. 10, 1), pour repousser le Christ, qui était «  l’ esprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi est « accomp
2117 ur repousser le Christ, qui était « l’esprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le
2118 t, qui était « l’esprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le dit Jésus-Christ lui
2119 sprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’e
2120 la Loi. Dès lors, la Loi est « accomplie » comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’est d’une double manière : parce
2121 lie » comme le dit Jésus-Christ lui-même, et elle l’ est d’une double manière : parce qu’elle a abouti — le Messie est venu
2122 t d’une double manière : parce qu’elle a abouti — le Messie est venu — et parce qu’elle a perdu son sens en condamnant cel
2123 ette Alliance, et ce sont ceux qui adorent encore l’ ancienne Loi, « déclarée vieillie », qui sont maintenant les idolâtres
2124 e Loi, « déclarée vieillie », qui sont maintenant les idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’a pas cru à sa victoi
2125 qui sont maintenant les idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’a pas cru à sa victoire, et qui repousse la nouvel
2126 f, qui n’a pas cru à sa victoire, et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-à-dire la Nouvelle Alliance, est aujourd’hui l
2127 et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-à-dire la Nouvelle Alliance, est aujourd’hui le peuple sans mesure, sans limite
2128 ’est-à-dire la Nouvelle Alliance, est aujourd’hui le peuple sans mesure, sans limites et sans foyer. Sans espérance, il cr
2129 es qui ne viendront pas… Héritage d’Israël Le christianisme par sa nature même, brisait avec le nationalisme exclus
2130 Le christianisme par sa nature même, brisait avec le nationalisme exclusif du judaïsme et assumait une mission de portée u
2131 verselle. Il revendiquait toutefois en même temps l’ héritage d’Israël, et l’attraction qu’il exerçait venait non des princ
2132 t toutefois en même temps l’héritage d’Israël, et l’ attraction qu’il exerçait venait non des principes généraux de la pens
2133 ’il exerçait venait non des principes généraux de la pensée hellénistique, mais de la pure tradition hébraïque, représenté
2134 ipes généraux de la pensée hellénistique, mais de la pure tradition hébraïque, représentée par la Loi et les Prophètes. L’
2135 s de la pure tradition hébraïque, représentée par la Loi et les Prophètes. L’Église primitive se regardait comme le second
2136 re tradition hébraïque, représentée par la Loi et les Prophètes. L’Église primitive se regardait comme le second Israël, l’
2137 braïque, représentée par la Loi et les Prophètes. L’ Église primitive se regardait comme le second Israël, l’héritière du R
2138 se primitive se regardait comme le second Israël, l’ héritière du Royaume promis au Peuple de Dieu. Aussi conserva-t-elle à
2139 conciliable opposition dont s’était nourrie toute la tradition judaïque. C’est précisément ce sens de la continuité histor
2140 tradition judaïque. C’est précisément ce sens de la continuité historique et de la solidarité sociale qui distingua l’égl
2141 isément ce sens de la continuité historique et de la solidarité sociale qui distingua l’église chrétienne des religions à
2142 torique et de la solidarité sociale qui distingua l’ église chrétienne des religions à mystères et des autres cultes orient
2143 ette époque, et qui fit d’elle dès son apparition la seule rivale véritable et la seule remplaçante possible de la religio
2144 e dès son apparition la seule rivale véritable et la seule remplaçante possible de la religion officielle de l’Empire73.
2145 ale véritable et la seule remplaçante possible de la religion officielle de l’Empire73. Ces quelques lignes de Dawson me
2146 remplaçante possible de la religion officielle de l’ Empire73. Ces quelques lignes de Dawson me paraissent définir en racc
2147 gnes de Dawson me paraissent définir en raccourci le double héritage que l’Église et l’Europe ont repris des mains d’Israë
2148 ssent définir en raccourci le double héritage que l’ Église et l’Europe ont repris des mains d’Israël : héritage divin de l
2149 r en raccourci le double héritage que l’Église et l’ Europe ont repris des mains d’Israël : héritage divin de l’« élection
2150 ont repris des mains d’Israël : héritage divin de l’ « élection collective », d’une part, — car la postérité d’Abraham, apr
2151 n de l’« élection collective », d’une part, — car la postérité d’Abraham, après le Christ, c’est l’ensemble de tous les cr
2152 , d’une part, — car la postérité d’Abraham, après le Christ, c’est l’ensemble de tous les croyants, gentils ou Juifs conve
2153 ar la postérité d’Abraham, après le Christ, c’est l’ ensemble de tous les croyants, gentils ou Juifs convertis, donc l’Égli
2154 braham, après le Christ, c’est l’ensemble de tous les croyants, gentils ou Juifs convertis, donc l’Église — héritage humain
2155 us les croyants, gentils ou Juifs convertis, donc l’ Église — héritage humain, d’autre part, de cette notion de la mesure «
2156 héritage humain, d’autre part, de cette notion de la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’Église — m
2157 n de la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’Église — mais dont les déviations et perversions ravage
2158 « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’ Église — mais dont les déviations et perversions ravagent l’Europe dep
2159 evait assurer la grandeur de l’Église — mais dont les déviations et perversions ravagent l’Europe depuis le xviie siècle,
2160 mais dont les déviations et perversions ravagent l’ Europe depuis le xviie siècle, et menacent aujourd’hui de la détruire
2161 éviations et perversions ravagent l’Europe depuis le xviie siècle, et menacent aujourd’hui de la détruire74. Il ne saurai
2162 puis le xviie siècle, et menacent aujourd’hui de la détruire74. Il ne saurait être question de retracer ici dans son ense
2163 t être question de retracer ici dans son ensemble l’ évolution des éléments culturels et civilisateurs qui survécurent à la
2164 ents culturels et civilisateurs qui survécurent à la chute d’Israël, au moins aussi fondamentaux pour l’Occident que la ra
2165 chute d’Israël, au moins aussi fondamentaux pour l’ Occident que la raison des Grecs et l’ordre des Romains. Il m’appartie
2166 , au moins aussi fondamentaux pour l’Occident que la raison des Grecs et l’ordre des Romains. Il m’appartient seulement de
2167 entaux pour l’Occident que la raison des Grecs et l’ ordre des Romains. Il m’appartient seulement de préciser en quelques t
2168 partient seulement de préciser en quelques traits le sens que prend l’héritage d’Israël pour la foi chrétienne protestante
2169 de préciser en quelques traits le sens que prend l’ héritage d’Israël pour la foi chrétienne protestante. On sait le rôle
2170 traits le sens que prend l’héritage d’Israël pour la foi chrétienne protestante. On sait le rôle joué dans la Réforme par
2171 sraël pour la foi chrétienne protestante. On sait le rôle joué dans la Réforme par le retour à l’Ancien Testament et aux t
2172 chrétienne protestante. On sait le rôle joué dans la Réforme par le retour à l’Ancien Testament et aux traditions prophéti
2173 estante. On sait le rôle joué dans la Réforme par le retour à l’Ancien Testament et aux traditions prophétiques. Mais sait
2174 sait le rôle joué dans la Réforme par le retour à l’ Ancien Testament et aux traditions prophétiques. Mais sait-on à quel p
2175 is sait-on à quel point tout cela vit encore dans les églises évangéliques de nos jours ? Dès les bancs de « l’école du dim
2176 dans les églises évangéliques de nos jours ? Dès les bancs de « l’école du dimanche », tout jeune protestant est nourri au
2177 es évangéliques de nos jours ? Dès les bancs de «  l’ école du dimanche », tout jeune protestant est nourri aux sources même
2178 seph vendu par ses frères, Jonas dans sa baleine, l’ ânesse de Balaam, David et Jonathan, Absalon pris par les cheveux, le
2179 se de Balaam, David et Jonathan, Absalon pris par les cheveux, le jeune Samuel appelé trois fois par Jéhovah, — que ce soit
2180 David et Jonathan, Absalon pris par les cheveux, le jeune Samuel appelé trois fois par Jéhovah, — que ce soit histoire ou
2181 ages lui sont incomparablement plus familiers que les métamorphoses des dieux païens. Si bien qu’on a pu dire75 que l’Ancie
2182 s des dieux païens. Si bien qu’on a pu dire75 que l’ Ancien Testament était la vraie Antiquité des peuples de l’Europe prot
2183 en qu’on a pu dire75 que l’Ancien Testament était la vraie Antiquité des peuples de l’Europe protestante. Mais il y a bien
2184 Testament était la vraie Antiquité des peuples de l’ Europe protestante. Mais il y a bien davantage que cet arrière-plan po
2185 e morale parfois scandaleusement antibourgeoise ! Le thème de la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuv
2186 fois scandaleusement antibourgeoise ! Le thème de la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus
2187 ement antibourgeoise ! Le thème de la vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la
2188 le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensibilité spirituelle » d’un réformé. Le
2189 lu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensibilité spirituelle » d’un réformé. Le « peuple élu » Le
2190 t la « sensibilité spirituelle » d’un réformé. Le « peuple élu » Le simple fait que le calvinisme ait été dès le déb
2191 irituelle » d’un réformé. Le « peuple élu » Le simple fait que le calvinisme ait été dès le début une église minorit
2192 formé. Le « peuple élu » Le simple fait que le calvinisme ait été dès le début une église minoritaire, en butte à la
2193 » Le simple fait que le calvinisme ait été dès le début une église minoritaire, en butte à la persécution, ne suffit pa
2194 é dès le début une église minoritaire, en butte à la persécution, ne suffit pas à expliquer les ressemblances si souvent s
2195 butte à la persécution, ne suffit pas à expliquer les ressemblances si souvent signalées entre le sort des tribus dispersée
2196 quer les ressemblances si souvent signalées entre le sort des tribus dispersées et celui du « petit troupeau » longtemps c
2197 etit troupeau » longtemps chassé de son pays ; ni les ressemblances entre les formes d’activité et d’attitude sociale adopt
2198 s chassé de son pays ; ni les ressemblances entre les formes d’activité et d’attitude sociale adoptées par les deux « natio
2199 mes d’activité et d’attitude sociale adoptées par les deux « nations »76. Ce qui est déterminant pour cette analogie, ce qu
2200 gie, ce qui lui donne son seul sens acceptable et la situe dans son ordre réel, c’est que, dans les deux cas, la persécuti
2201 et la situe dans son ordre réel, c’est que, dans les deux cas, la persécution et l’isolement minoritaire sont considérés c
2202 ans son ordre réel, c’est que, dans les deux cas, la persécution et l’isolement minoritaire sont considérés comme « normau
2203 , c’est que, dans les deux cas, la persécution et l’ isolement minoritaire sont considérés comme « normaux » : ils exprimen
2204 sont considérés comme « normaux » : ils expriment le destin spirituel, dans un monde incrédule et rebelle, de ceux que Die
2205 lise. En vertu de cette « élection » dont ils ont l’ assurance d’être l’objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi, le
2206 ette « élection » dont ils ont l’assurance d’être l’ objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi, les calvinistes, dès
2207 d’être l’objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi, les calvinistes, dès la fin du xvie siècle, se considèrent comm
2208 ’objet, par une grâce périlleuse, et dans la foi, les calvinistes, dès la fin du xvie siècle, se considèrent comme chargés
2209 périlleuse, et dans la foi, les calvinistes, dès la fin du xvie siècle, se considèrent comme chargés d’une mission au se
2210 nde pécheur que Dieu n’abandonne pas. De même que la loi de Moïse maintenait le peuple juif, malgré le péché, dans une éco
2211 donne pas. De même que la loi de Moïse maintenait le peuple juif, malgré le péché, dans une économie provisoirement vivabl
2212 la loi de Moïse maintenait le peuple juif, malgré le péché, dans une économie provisoirement vivable et propre à entreteni
2213 mie provisoirement vivable et propre à entretenir l’ attente active du Messie, de même l’éthique charismatique77 des calvin
2214 à entretenir l’attente active du Messie, de même l’ éthique charismatique77 des calvinistes les amène à la conception d’un
2215 de même l’éthique charismatique77 des calvinistes les amène à la conception d’une intendance des biens terrestres, dont ils
2216 hique charismatique77 des calvinistes les amène à la conception d’une intendance des biens terrestres, dont ils auraient à
2217 des biens terrestres, dont ils auraient à assumer l’ office : usant de ces richesses « comme n’en usant pas », au nom et pa
2218 richesses « comme n’en usant pas », au nom et par la charge du Seigneur qui est venu, et qui doit revenir. Telle est sans
2219 t venu, et qui doit revenir. Telle est sans doute la racine authentique du puritanisme qui apparaît dans le courant du xvi
2220 cine authentique du puritanisme qui apparaît dans le courant du xviie siècle. Max Weber, dans une thèse célèbre, a souten
2221 dans une thèse célèbre, a soutenu que c’était là l’ origine du capitalisme moderne et de ses principales valeurs éthiques.
2222 les valeurs éthiques. Mais Sombart lui répond que le capitalisme est plus ancien, et qu’il est d’origine judaïque78. Ce n’
2223 qu’il est d’origine judaïque78. Ce n’est pas ici le lieu de prendre parti entre ces deux explications d’un phénomène écon
2224 e retiens que l’une et l’autre hypothèse rattache le capitalisme à des attitudes religieuses, d’où serait partie l’impulsi
2225 e à des attitudes religieuses, d’où serait partie l’ impulsion, attitudes analogues en ceci tout au moins qu’elles mettent
2226 analogues en ceci tout au moins qu’elles mettent l’ accent sur le fait de l’élection. Il est curieux de noter que le paral
2227 ceci tout au moins qu’elles mettent l’accent sur le fait de l’élection. Il est curieux de noter que le parallélisme se po
2228 au moins qu’elles mettent l’accent sur le fait de l’ élection. Il est curieux de noter que le parallélisme se poursuit même
2229 e fait de l’élection. Il est curieux de noter que le parallélisme se poursuit même, — et peut-être surtout — dans les dévi
2230 e se poursuit même, — et peut-être surtout — dans les déviations qualifiées que subirent l’éthique juive et l’éthique purit
2231 out — dans les déviations qualifiées que subirent l’ éthique juive et l’éthique puritaine, à mesure qu’elles « réussissaien
2232 ations qualifiées que subirent l’éthique juive et l’ éthique puritaine, à mesure qu’elles « réussissaient ». Le spiritualis
2233 e puritaine, à mesure qu’elles « réussissaient ». Le spiritualisme transcendant des Juifs d’Orient au contact des coutumes
2234 , se mue peu à peu en son contraire exact : c’est le matérialisme jouisseur et cynique que les nazis reprochent aux Juifs
2235  : c’est le matérialisme jouisseur et cynique que les nazis reprochent aux Juifs allemands capitalistes, avec d’autant plus
2236 que cette attitude provocante fut souvent prise à l’ étranger pour un trait de caractère germanique. Mais c’est aussi l’int
2237 n trait de caractère germanique. Mais c’est aussi l’ intellectualisme stérilisant, l’esprit d’abstraction inhumaine et chim
2238 Mais c’est aussi l’intellectualisme stérilisant, l’ esprit d’abstraction inhumaine et chimérique, au surplus troublé de se
2239 rique, au surplus troublé de sentimentalisme, que l’ on dénonce à droite chez les auteurs d’origine juive, mais qui ont ces
2240 e sentimentalisme, que l’on dénonce à droite chez les auteurs d’origine juive, mais qui ont cessé de croire à la mission de
2241 s d’origine juive, mais qui ont cessé de croire à la mission de leur peuple, et qui exercent désormais à vide les facultés
2242 de leur peuple, et qui exercent désormais à vide les facultés psychologiques fortement développées dans leur race par des
2243 ppées dans leur race par des siècles d’attente de l’ invisible. De même, l’ascétisme vigoureux, le pessimisme actif des pur
2244 ar des siècles d’attente de l’invisible. De même, l’ ascétisme vigoureux, le pessimisme actif des puritains anglais, cédant
2245 e de l’invisible. De même, l’ascétisme vigoureux, le pessimisme actif des puritains anglais, cédant aux tentations du succ
2246 ès immédiat et contrôlable, s’est transformé dans le Nouveau Monde d’une part en volonté de puissance abstraite (les fonda
2247 nde d’une part en volonté de puissance abstraite ( les fondateurs des trusts au siècle dernier), d’autre part en utilitarism
2248 otale perte de conscience des fins religieuses de l’ éthique puritaine, et transformant en tyrannie absurde ce qui était à
2249 t transformant en tyrannie absurde ce qui était à l’ origine une attitude d’obéissance à la foi, et de renoncement à soi-mê
2250 qui était à l’origine une attitude d’obéissance à la foi, et de renoncement à soi-même. Corruptio optimi pessima… La vo
2251 oncement à soi-même. Corruptio optimi pessima… La vocation collective Ces quelques indications, qui appelleraient d’
2252 indications, qui appelleraient d’ailleurs toutes les nuances qu’on imagine, nous amènent au problème central que pose à la
2253 gine, nous amènent au problème central que pose à la pensée d’un protestant, et particulièrement d’un calviniste, l’exempl
2254 protestant, et particulièrement d’un calviniste, l’ exemple d’Israël et de sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin
2255 viniste, l’exemple d’Israël et de sa chute. Toute la théologie éthique de Calvin est centrée sur la vocation : vocation du
2256 te la théologie éthique de Calvin est centrée sur la vocation : vocation du « petit troupeau » ou de l’Église ; vocation p
2257 a vocation : vocation du « petit troupeau » ou de l’ Église ; vocation personnelle de chaque membre de l’Église. Or, Israël
2258 Église ; vocation personnelle de chaque membre de l’ Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trahi sa mission et s’es
2259 e chaque membre de l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trahi sa mission et s’est livré à son destin. Sa disper
2260 et s’est livré à son destin. Sa dispersion en est le châtiment. Serait-il donc possible de perdre sa vocation ? Et que dev
2261 de perdre sa vocation ? Et que devient celui qui la trahit, soit qu’il rejette ses ordres, soit qu’il la prenne pour idol
2262 trahit, soit qu’il rejette ses ordres, soit qu’il la prenne pour idole, refusant d’en reconnaître la vraie fin lorsqu’elle
2263 l la prenne pour idole, refusant d’en reconnaître la vraie fin lorsqu’elle lui apparaît incarnée ? Est-il rejeté à tout ja
2264 mais ? Une vocation est-elle donc « amissible » ? Le refus de l’homme serait-il donc capable de modifier un arrêt éternel,
2265 ocation est-elle donc « amissible » ? Le refus de l’ homme serait-il donc capable de modifier un arrêt éternel, alors que D
2266 problème n’est pas gratuit : il touche au cœur de la foi réformée. Or c’est lui justement que traite saint Paul au chapitr
2267 justement que traite saint Paul au chapitre XI de l’ Épître aux Romains. Et sans doute ce texte illumine aussi profondément
2268 te illumine aussi profondément qu’il est possible le mystère dernier d’Israël. « Je demande maintenant : Dieu a-t-il rejet
2269  ? Non certes, car je suis moi-même israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté s
2270 moi-même israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu d’a
2271 « Israël n’a point obtenu ce qu’il cherche : mais les élus l’ont obtenu et les autres ont été endurcis » (v. 7). Ainsi, « c
2272 n’a point obtenu ce qu’il cherche : mais les élus l’ ont obtenu et les autres ont été endurcis » (v. 7). Ainsi, « c’est par
2273 ce qu’il cherche : mais les élus l’ont obtenu et les autres ont été endurcis » (v. 7). Ainsi, « c’est par suite de la faut
2274 té endurcis » (v. 7). Ainsi, « c’est par suite de la faute des enfants d’Israël que le salut est parvenu aux païens, afin
2275 st par suite de la faute des enfants d’Israël que le salut est parvenu aux païens, afin d’exciter leur propre émulation »
2276 propre émulation » (v. 11). En tuant leur Messie, les Juifs ont forcé les Apôtres à prêcher le message aux gentils, ils ont
2277 v. 11). En tuant leur Messie, les Juifs ont forcé les Apôtres à prêcher le message aux gentils, ils ont perdu le bénéfice n
2278 Messie, les Juifs ont forcé les Apôtres à prêcher le message aux gentils, ils ont perdu le bénéfice national, comme exclus
2279 s à prêcher le message aux gentils, ils ont perdu le bénéfice national, comme exclusif, de la Révélation. Mais c’est ici q
2280 nt perdu le bénéfice national, comme exclusif, de la Révélation. Mais c’est ici que saint Paul indique le mystérieux renve
2281 Révélation. Mais c’est ici que saint Paul indique le mystérieux renversement des rôles au dernier jour : « Or, si leur fau
2282 ôles au dernier jour : « Or, si leur faute a fait la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, qu
2283 ait la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, que ne fera pas leur complet relèvement ! » (v.
2284 se : c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’ endurcissement jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée (dans
2285 l est tombée dans l’endurcissement jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée (dans l’Église) ; et ainsi tout Israë
2286 à ce que la totalité des païens soit entrée (dans l’ Église) ; et ainsi tout Israël sera sauvé » (v. 25-26) … « Car les don
2287 ainsi tout Israël sera sauvé » (v. 25-26) … « Car les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » (v. 29). Hoc est verbum
2288 sraël sera sauvé » (v. 25-26) … « Car les dons et l’ appel de Dieu sont irrévocables » (v. 29). Hoc est verbum praeclarum 
2289 os de ce dernier verset, dans son Commentaire sur l’ Épître aux Romains. Et Calvin dit du même verset que c’est « une fort
2290 rset que c’est « une fort belle sentence ». Ainsi la vocation, du moins cette vocation79 — est réellement inamissible, c’e
2291 ire ne peut être perdue, même si celui qui en est l’ objet s’y oppose de toutes ses forces ! Car sa révolte même se trouve
2292 ses forces ! Car sa révolte même se trouve servir les desseins éternels de Dieu. Elle étend à l’humanité entière le bénéfic
2293 ervir les desseins éternels de Dieu. Elle étend à l’ humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’il a reçue, cependant q
2294 éternels de Dieu. Elle étend à l’humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’il a reçue, cependant que son destin final
2295 u. Elle étend à l’humanité entière le bénéfice de la Promesse qu’il a reçue, cependant que son destin final demeure entre
2296 çue, cependant que son destin final demeure entre les mains du plus secret conseil de Dieu. « Quant à moi, écrit Calvin, j’
2297 oi, écrit Calvin, j’étends ce nom d’Israël à tout le peuple de Dieu, en ce sens, après que les gentils seront entrés dedan
2298 l à tout le peuple de Dieu, en ce sens, après que les gentils seront entrés dedans (l’Église), lors les Juifs aussi se reti
2299 sens, après que les gentils seront entrés dedans ( l’ Église), lors les Juifs aussi se retirant de leur révoltement, se rang
2300 les gentils seront entrés dedans (l’Église), lors les Juifs aussi se retirant de leur révoltement, se rangeront à l’obéissa
2301 i se retirant de leur révoltement, se rangeront à l’ obéissance de la foi… toutefois que les Juifs tiendront le premier lie
2302 leur révoltement, se rangeront à l’obéissance de la foi… toutefois que les Juifs tiendront le premier lieu, comme étant l
2303 rangeront à l’obéissance de la foi… toutefois que les Juifs tiendront le premier lieu, comme étant les enfants aînés en la
2304 les Juifs tiendront le premier lieu, comme étant les enfants aînés en la maison de Dieu. » (Commentaires, sur Rom. II, 26.
2305 le premier lieu, comme étant les enfants aînés en la maison de Dieu. » (Commentaires, sur Rom. II, 26.) Le sort du monde,
2306 aison de Dieu. » (Commentaires, sur Rom. II, 26.) Le sort du monde, et l’on pourrait même dire : la date de son salut fina
2307 mentaires, sur Rom. II, 26.) Le sort du monde, et l’ on pourrait même dire : la date de son salut final, dépend ainsi de la
2308 .) Le sort du monde, et l’on pourrait même dire : la date de son salut final, dépend ainsi de la conversion des Juifs. Et
2309 ire : la date de son salut final, dépend ainsi de la conversion des Juifs. Et ceci nous révèle la plus profonde raison des
2310 i de la conversion des Juifs. Et ceci nous révèle la plus profonde raison des sentiments « ambivalents », comme dirait Fre
2311 s », comme dirait Freud, qu’ont eus de tout temps les chrétiens à l’égard du peuple d’Israël. Tout dépend de lui, et il ref
2312 d’Israël. Tout dépend de lui, et il refuse ! D’où la haine sourde, et en même temps le respect religieux qu’on lui porte.
2313 l refuse ! D’où la haine sourde, et en même temps le respect religieux qu’on lui porte. Peut-être n’est-il pas excessif de
2314 xcessif de voir dans cette passion contradictoire le secret des soudaines explosions de rancune qui apparurent périodiquem
2315 ne sais si cette explication vaudrait encore pour l’ antisémitisme des hitlériens, qui n’en serait en tout cas que le plus
2316 e des hitlériens, qui n’en serait en tout cas que le plus impur exemple. Il reste que la chrétienté non seulement ne pourr
2317 tout cas que le plus impur exemple. Il reste que la chrétienté non seulement ne pourra jamais se désintéresser du sort de
2318 e se doit de juger Israël autrement que ne fait «  le monde ». Ce n’est pas au nom d’intérêts passagers que nous avons à pr
2319 à prendre position, mais au nom des promesses de la foi, et dans une perspective missionnaire qui réduit à leurs justes p
2320 issionnaire qui réduit à leurs justes proportions les thèses des politiques nationalistes. Le drame est bien plus vaste que
2321 portions les thèses des politiques nationalistes. Le drame est bien plus vaste que ne peuvent le concevoir nos polémiques.
2322 stes. Le drame est bien plus vaste que ne peuvent le concevoir nos polémiques. Et son issue ne dépend ni de nous seuls, ni
2323 dépend ni de nous seuls, ni d’eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de nos rich
2324 ls, ni d’eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci, les Juifs sont cela, ils se sont emparés de nos richesses, etc. Mais de q
2325 richesses, etc. Mais de quels biens se préoccupe le croyant ? Leur faute a fait la richesse du monde. Et cette richesse s
2326 biens se préoccupe le croyant ? Leur faute a fait la richesse du monde. Et cette richesse s’appelle le salut. 64. Il fa
2327 la richesse du monde. Et cette richesse s’appelle le salut. 64. Il faut bien voir que le « racisme » juif n’est justifi
2328 s’appelle le salut. 64. Il faut bien voir que le « racisme » juif n’est justifié à l’origine que par la vocation spiri
2329 ien voir que le « racisme » juif n’est justifié à l’ origine que par la vocation spirituelle de ce peuple. Il n’est pas du
2330 racisme » juif n’est justifié à l’origine que par la vocation spirituelle de ce peuple. Il n’est pas du tout biologique. I
2331 ce peuple. Il n’est pas du tout biologique. Il ne le devient qu’accessoirement, à mesure que l’on prend les « signes » de
2332 Il ne le devient qu’accessoirement, à mesure que l’ on prend les « signes » de la vocation pour des réalités valables en e
2333 evient qu’accessoirement, à mesure que l’on prend les « signes » de la vocation pour des réalités valables en elles-mêmes.
2334 rement, à mesure que l’on prend les « signes » de la vocation pour des réalités valables en elles-mêmes. Mais sans doute c
2335 ns doute ce glissement fatal s’est-il dessiné dès le début, à mesure que l’on codifiait les relations des « élus » et des
2336 fatal s’est-il dessiné dès le début, à mesure que l’ on codifiait les relations des « élus » et des « gentils ». On sait à
2337 dessiné dès le début, à mesure que l’on codifiait les relations des « élus » et des « gentils ». On sait à quel point cette
2338 sait à quel point cette codification fut poussée. L’ historien juif Josèphe écrit dans sa Réponse à Appion (I, 2) qu’un reg
2339 artenant aux familles des prêtres) était tenu par les sacrificateurs. « Et ils n’en épousaient point qui aient été captives
2340 Que si quelqu’un manque d’observer cet ordre, on le sépare de l’autel, sans qu’il lui soit plus permis de faire aucune de
2341 u’un manque d’observer cet ordre, on le sépare de l’ autel, sans qu’il lui soit plus permis de faire aucune des fonctions s
2342 ons sacerdotales. » — Il est curieux de noter que les lois racistes hitlériennes privent de tous droits civiques les person
2343 stes hitlériennes privent de tous droits civiques les personnes qui ne peuvent prouver par les registres la pureté de leurs
2344 civiques les personnes qui ne peuvent prouver par les registres la pureté de leurs origines : c’est que l’exercice des droi
2345 ersonnes qui ne peuvent prouver par les registres la pureté de leurs origines : c’est que l’exercice des droits civiques e
2346 registres la pureté de leurs origines : c’est que l’ exercice des droits civiques est bien une sorte de « sacerdoce » natio
2347 orte de « sacerdoce » national. On voit ainsi que l’ eugénisme n’est pas le seul motif de la législation raciste. 65. Sur
2348 national. On voit ainsi que l’eugénisme n’est pas le seul motif de la législation raciste. 65. Sur l’importance capitale
2349 ainsi que l’eugénisme n’est pas le seul motif de la législation raciste. 65. Sur l’importance capitale de cette notion d
2350 le seul motif de la législation raciste. 65. Sur l’ importance capitale de cette notion de commune mesure pour toute cultu
2351 ns un volume intitulé Penser avec les mains , où l’ on trouvera un raccourci de la présente étude. Du point de vue de l’hi
2352 avec les mains , où l’on trouvera un raccourci de la présente étude. Du point de vue de l’histoire du peuple juif, ce racc
2353 accourci de la présente étude. Du point de vue de l’ histoire du peuple juif, ce raccourci souffre, entre autres, d’une trè
2354 très grave lacune en ce qu’il paraît conclure sur l’ abandon final d’Israël à son destin, après la mort de Jésus-Christ. Je
2355 sur l’abandon final d’Israël à son destin, après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de pouvoir donner ci-après un d
2356 ent qui n’avait pas sa place dans mon livre. 66. La rédaction des livres mosaïques est attribuée par Wellhausen et son éc
2357 es disciples des grands prophètes. Ce serait donc le prophétisme, c’est-à-dire l’élément le plus finaliste de la religion
2358 ètes. Ce serait donc le prophétisme, c’est-à-dire l’ élément le plus finaliste de la religion d’Israël qui aurait donné au
2359 erait donc le prophétisme, c’est-à-dire l’élément le plus finaliste de la religion d’Israël qui aurait donné au peuple l’e
2360 isme, c’est-à-dire l’élément le plus finaliste de la religion d’Israël qui aurait donné au peuple l’expression légale de s
2361 e la religion d’Israël qui aurait donné au peuple l’ expression légale de sa commune mesure : le Décalogue. Ainsi la fin cr
2362 peuple l’expression légale de sa commune mesure : le Décalogue. Ainsi la fin crée ses moyens. Cette hypothèse est aujourd’
2363 légale de sa commune mesure : le Décalogue. Ainsi la fin crée ses moyens. Cette hypothèse est aujourd’hui démodée. On revi
2364 e hypothèse est aujourd’hui démodée. On revient à la conception ancienne : un chef hébreu — celui que la Bible appelle Moï
2365 conception ancienne : un chef hébreu — celui que la Bible appelle Moïse — aurait bel et bien donné les rudiments de la Lo
2366 la Bible appelle Moïse — aurait bel et bien donné les rudiments de la Loi au peuple juif dès la sortie d’Égypte. Les prophè
2367 Moïse — aurait bel et bien donné les rudiments de la Loi au peuple juif dès la sortie d’Égypte. Les prophètes seraient alo
2368 donné les rudiments de la Loi au peuple juif dès la sortie d’Égypte. Les prophètes seraient alors ceux qui rappellent le
2369 de la Loi au peuple juif dès la sortie d’Égypte. Les prophètes seraient alors ceux qui rappellent le peuple au culte du vr
2370 Les prophètes seraient alors ceux qui rappellent le peuple au culte du vrai Dieu — contre les prêtres des dieux étrangers
2371 ppellent le peuple au culte du vrai Dieu — contre les prêtres des dieux étrangers — mais aussi ceux qui dénoncent les excès
2372 s dieux étrangers — mais aussi ceux qui dénoncent les excès du légalisme. 67. Livre II, chap. VI, trad. d’Arnaud d’Andilly
2373 istoire du peuple d’Israël, t. II, p. 265. 69. «  L’ embarras de l’hébreu pour expliquer les notions philosophiques les plu
2374 ple d’Israël, t. II, p. 265. 69. « L’embarras de l’ hébreu pour expliquer les notions philosophiques les plus simples, dan
2375 265. 69. « L’embarras de l’hébreu pour expliquer les notions philosophiques les plus simples, dans le Livre de Job, dans l
2376 ’hébreu pour expliquer les notions philosophiques les plus simples, dans le Livre de Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque c
2377 les notions philosophiques les plus simples, dans le Livre de Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque chose de surprenant. L’
2378 ques les plus simples, dans le Livre de Job, dans l’ Ecclésiaste, est quelque chose de surprenant. L’image physique qui, da
2379 s l’Ecclésiaste, est quelque chose de surprenant. L’ image physique qui, dans les langues sémitiques, est encore à fleur de
2380 e chose de surprenant. L’image physique qui, dans les langues sémitiques, est encore à fleur de sol, obscurcit la déduction
2381 sémitiques, est encore à fleur de sol, obscurcit la déduction abstraite… » (Renan, op. cit., I, p. 49). Où Renan voit un
2382 p. 49). Où Renan voit un obscurcissement, je vois le gage d’une vive actualité, ou efficacité, du langage des clercs, iden
2383 oque avec Salomon, par Albert-Marie Schmidt, dans la revue Hic et Nunc , n° 9-10. 71. Des études plus récentes semblent
2384 ier jugement de Renan. Mais il reste valable pour la période primitive. 72. Abraham déjà, et les prophètes, ont vu « le j
2385 pour la période primitive. 72. Abraham déjà, et les prophètes, ont vu « le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’auteur de
2386 ve. 72. Abraham déjà, et les prophètes, ont vu «  le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’auteur de l’Épître aux Hébreux (c
2387 es, ont vu « le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’ auteur de l’Épître aux Hébreux (chap. II) insistent fortement sur cett
2388  le jour du Seigneur ». Saint Paul et l’auteur de l’ Épître aux Hébreux (chap. II) insistent fortement sur cette unicité de
2389 hap. II) insistent fortement sur cette unicité de la Révélation. C’est un grand lieu commun de la théologie réformée que d
2390 é de la Révélation. C’est un grand lieu commun de la théologie réformée que de voir dans l’Ancien Testament l’histoire du
2391 commun de la théologie réformée que de voir dans l’ Ancien Testament l’histoire du Christ avant qu’il vienne, dans les Pro
2392 ogie réformée que de voir dans l’Ancien Testament l’ histoire du Christ avant qu’il vienne, dans les Prophètes, des Apôtres
2393 ent l’histoire du Christ avant qu’il vienne, dans les Prophètes, des Apôtres avant le Christ, dans les Apôtres, des Prophèt
2394 ’il vienne, dans les Prophètes, des Apôtres avant le Christ, dans les Apôtres, des Prophètes après le Christ. Ainsi la Bib
2395 les Prophètes, des Apôtres avant le Christ, dans les Apôtres, des Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible n’a pas d’autr
2396 le Christ, dans les Apôtres, des Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible n’a pas d’autre sens que de désigner l’Incarna
2397 les Apôtres, des Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible n’a pas d’autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son
2398 nsi la Bible n’a pas d’autre sens que de désigner l’ Incarnation qui est son centre, au-delà d’elle-même. Tolle Christum e
2399 er : De servo arbitrio.) 73. Christopher Dawson, Les Origines de l’Europe et de la civilisation européenne, trad. français
2400 bitrio.) 73. Christopher Dawson, Les Origines de l’ Europe et de la civilisation européenne, trad. française, chez Rieder,
2401 hristopher Dawson, Les Origines de l’Europe et de la civilisation européenne, trad. française, chez Rieder, 1934, p. 43.
2402 ançaise, chez Rieder, 1934, p. 43. 74. Sitôt que la mesure cesse d’être transcendante, devient humaine, contingente et pa
2403 ant plus totale, se veut encore totalitaire, on a l’ État-nation-Police de type fasciste ou stalinien. Bien entendu, il ser
2404 sponsable de ce qui n’est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire. 75. Cf. Ramuz. 76. Par exemple : cohé
2405 ’autres auteurs, tels que Labriola, font remonter le phénomène capitaliste à l’« accumulation » de richesses des couvents
2406 abriola, font remonter le phénomène capitaliste à l’ « accumulation » de richesses des couvents anglais au Moyen Âge, et au
2407 couvents anglais au Moyen Âge, et aux banques de l’ Italie du Nord. Les responsabilités se partageraient donc équitablemen
2408 au Moyen Âge, et aux banques de l’Italie du Nord. Les responsabilités se partageraient donc équitablement entre les trois r
2409 bilités se partageraient donc équitablement entre les trois religions ! 79. Calvin, toujours soucieux de ne pas spéculer a
2410 rs soucieux de ne pas spéculer arbitrairement sur les textes, note en effet cette restriction : « Et aussi ne faut-il pas e
2411 celle par laquelle Dieu a adopté en son alliance la postérité d’Abraham : vu que le propos était nommément et spécialemen
2412 é en son alliance la postérité d’Abraham : vu que le propos était nommément et spécialement d’icelle vocation. » (Commenta
2413 gemont Denis de, « Vocation et destin d’Israël », Les Juifs, Paris, Plon, 1937, p. 143-165.
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
2414 gnore Luther en France serait exagérer, mais dans le sens contraire de celui qu’on imagine. Car on fait pis que de l’ignor
2415 re de celui qu’on imagine. Car on fait pis que de l’ ignorer et même que de le méconnaître : on prétend, sans l’avoir jamai
2416 . Car on fait pis que de l’ignorer et même que de le méconnaître : on prétend, sans l’avoir jamais lu, savoir qui il fut,
2417 et même que de le méconnaître : on prétend, sans l’ avoir jamais lu, savoir qui il fut, qui il est. Certains ont parcouru
2418 oir qui il fut, qui il est. Certains ont parcouru les Propos de table, présentés au public français comme un ouvrage capita
2419 contradictions. Est-ce avec cela que s’est faite la Réforme ? D’autres, moins exigeants, n’hésitent pas à soutenir que Lu
2420 nir que Luther fut un démagogue, un exploiteur de l’ éternel ressentiment de la race allemande contre la civilisation romai
2421 gogue, un exploiteur de l’éternel ressentiment de la race allemande contre la civilisation romaine. On a poussé la bouffon
2422 ’éternel ressentiment de la race allemande contre la civilisation romaine. On a poussé la bouffonnerie jusqu’à cet excès g
2423 mande contre la civilisation romaine. On a poussé la bouffonnerie jusqu’à cet excès grandiose d’assimiler Luther et M. Hit
2424 iose d’assimiler Luther et M. Hitler, par goût de la rime sans doute. Pour l’opinion moyenne sur Luther, je crois que la p
2425 t M. Hitler, par goût de la rime sans doute. Pour l’ opinion moyenne sur Luther, je crois que la phrase suivante en donne u
2426 . Pour l’opinion moyenne sur Luther, je crois que la phrase suivante en donne une juste idée : « En somme, qu’est-ce que L
2427 ion du livre d’un critique littéraire connu, dont les revues n’hésitèrent pas lorsqu’il parut (en 1936) à louer la mesure e
2428 ’hésitèrent pas lorsqu’il parut (en 1936) à louer la mesure et la sérieuse information théologique… Ceci dit, il est juste
2429 as lorsqu’il parut (en 1936) à louer la mesure et la sérieuse information théologique… Ceci dit, il est juste d’insister s
2430 héologique… Ceci dit, il est juste d’insister sur la grande valeur des travaux de quelques spécialistes français qui, au n
2431 quelques spécialistes français qui, au niveau de la haute culture, ont largement sauvé l’honneur de leur pays. Je pense a
2432 u niveau de la haute culture, ont largement sauvé l’ honneur de leur pays. Je pense aux ouvrages publiés par MM. Henri Stro
2433 son, pour ne rien dire — mais cela va de soi — de l’ activité des professeurs de dogmatique luthérienne ou d’histoire de l’
2434 sseurs de dogmatique luthérienne ou d’histoire de l’ Église dans les trois facultés françaises de théologie protestante. Il
2435 atique luthérienne ou d’histoire de l’Église dans les trois facultés françaises de théologie protestante. Il n’en reste pas
2436 héologie protestante. Il n’en reste pas moins que l’ ignorance ou la méconnaissance courantes à l’égard de Luther, jointes
2437 tante. Il n’en reste pas moins que l’ignorance ou la méconnaissance courantes à l’égard de Luther, jointes aux diverses ca
2438 ies recueillies par des biographes amateurs, et à l’ action de la polémique catholique (Denifle, Maritain, Grisar), mettent
2439 ies par des biographes amateurs, et à l’action de la polémique catholique (Denifle, Maritain, Grisar), mettent le public f
2440 e catholique (Denifle, Maritain, Grisar), mettent le public français en état d’infériorité assez grave, ne fût-ce que sur
2441 riorité assez grave, ne fût-ce que sur le plan de la culture générale. Car ignorer ou méconnaître Luther, c’est ignorer ou
2442 onnaître un des deux ou trois moments décisifs de la tradition fondamentale de l’Occident, c’est s’interdire de rien compr
2443 moments décisifs de la tradition fondamentale de l’ Occident, c’est s’interdire de rien comprendre à la grande discussion
2444 ’Occident, c’est s’interdire de rien comprendre à la grande discussion millénaire, à la grande tension spirituelle dans la
2445 n comprendre à la grande discussion millénaire, à la grande tension spirituelle dans laquelle l’Europe a puisé son dynamis
2446 re, à la grande tension spirituelle dans laquelle l’ Europe a puisé son dynamisme créateur. Tension dont le débat du libre
2447 rope a puisé son dynamisme créateur. Tension dont le débat du libre arbitre, opposant Érasme à Luther, permet de définir s
2448 Érasme à Luther, permet de définir symboliquement les pôles : pensée « pure » et pensée « engagée », ou encore attitude du
2449 ion qui, sur le plan théologique, ou mieux : dans la totalité de l’être, revient à celle d’un christianisme qui se met au
2450 plan théologique, ou mieux : dans la totalité de l’ être, revient à celle d’un christianisme qui se met au service de l’hu
2451 celle d’un christianisme qui se met au service de l’ humain (j’entends bien de l’humain purifié, « divinisé » par les effor
2452 se met au service de l’humain (j’entends bien de l’ humain purifié, « divinisé » par les efforts de la religion s’ajoutant
2453 ntends bien de l’humain purifié, « divinisé » par les efforts de la religion s’ajoutant à ceux de la raison), et d’un chris
2454 l’humain purifié, « divinisé » par les efforts de la religion s’ajoutant à ceux de la raison), et d’un christianisme absol
2455 r les efforts de la religion s’ajoutant à ceux de la raison), et d’un christianisme absolu, qu’on déclare volontiers « inh
2456 o C’est sans doute dans cette perspective que le lecteur, peu familiarisé avec la pensée luthérienne, parviendra le pl
2457 perspective que le lecteur, peu familiarisé avec la pensée luthérienne, parviendra le plus aisément à saisir l’importance
2458 amiliarisé avec la pensée luthérienne, parviendra le plus aisément à saisir l’importance centrale du traité que nous publi
2459 luthérienne, parviendra le plus aisément à saisir l’ importance centrale du traité que nous publions : je le vois au centre
2460 ortance centrale du traité que nous publions : je le vois au centre du débat occidental par excellence, mais au centre, au
2461 idental par excellence, mais au centre, aussi, de la Réforme, et de l’effort dogmatique de Luther30. On croit d’abord à un
2462 ence, mais au centre, aussi, de la Réforme, et de l’ effort dogmatique de Luther30. On croit d’abord à un pamphlet, encore
2463 e que son volume matériel soit bien écrasant pour le genre. Mais on s’aperçoit sans tarder que la discussion avec Érasme e
2464 pour le genre. Mais on s’aperçoit sans tarder que la discussion avec Érasme et sa Diatribe (souvent personnifiée), n’est e
2465 iatribe (souvent personnifiée), n’est en fait que le support apparent d’une réflexion de plus vaste envergure, d’un témoig
2466 lle, excité (bien plutôt que « désarmé » comme il le dit aux premières pages) par les procédés de l’humaniste et du scepti
2467 ésarmé » comme il le dit aux premières pages) par les procédés de l’humaniste et du sceptique que se vantait d’être Érasme,
2468 l le dit aux premières pages) par les procédés de l’ humaniste et du sceptique que se vantait d’être Érasme, Luther en vien
2469 che, à ressaisir et reposer avec puissance toutes les affirmations fondamentales de la Réforme : justification par la foi,
2470 uissance toutes les affirmations fondamentales de la Réforme : justification par la foi, qui est don gratuit et œuvre de D
2471 s fondamentales de la Réforme : justification par la foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul ; opposition de cette
2472 Dieu seul ; opposition de cette justice de Dieu à la justice des hommes et de leurs œuvres ; opposition de la grâce à la n
2473 ice des hommes et de leurs œuvres ; opposition de la grâce à la nature, selon les termes de l’Apôtre ; opposition de la Pa
2474 mes et de leurs œuvres ; opposition de la grâce à la nature, selon les termes de l’Apôtre ; opposition de la Parole vivant
2475 uvres ; opposition de la grâce à la nature, selon les termes de l’Apôtre ; opposition de la Parole vivante à la tradition c
2476 tion de la grâce à la nature, selon les termes de l’ Apôtre ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée ; sen
2477 ure, selon les termes de l’Apôtre ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale e
2478 s de l’Apôtre ; opposition de la Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un no
2479 Parole vivante à la tradition codifiée ; sens de la décision totale entre un oui et un non absolus, et refus de tout moye
2480 erme ou médiation plus ou moins rationnelle entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ;
2481 lle entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la foi et du Prince de ce monde ; nécessité du témoignage, et du témoign
2482 témoignage, et du témoignage fidèle, certifié par l’ Esprit et la Bible, et constituant la véritable « action » de l’homme
2483 et du témoignage fidèle, certifié par l’Esprit et la Bible, et constituant la véritable « action » de l’homme entre les ma
2484 certifié par l’Esprit et la Bible, et constituant la véritable « action » de l’homme entre les mains de Dieu. Tels sont le
2485 Bible, et constituant la véritable « action » de l’ homme entre les mains de Dieu. Tels sont les thèmes qu’illustre cet ou
2486 stituant la véritable « action » de l’homme entre les mains de Dieu. Tels sont les thèmes qu’illustre cet ouvrage. S’ils n’
2487 n » de l’homme entre les mains de Dieu. Tels sont les thèmes qu’illustre cet ouvrage. S’ils n’y sont pas traités en forme,
2488 du mot, mais qu’ils s’impliquent très étroitement les uns les autres, et ne peuvent être mieux saisis que dans l’unique et
2489 mais qu’ils s’impliquent très étroitement les uns les autres, et ne peuvent être mieux saisis que dans l’unique et perpétue
2490 autres, et ne peuvent être mieux saisis que dans l’ unique et perpétuelle question que nous posent toutes les pages de la
2491 ue et perpétuelle question que nous posent toutes les pages de la Bible. Ils renvoient tous à une réalité dont ils ne sont
2492 elle question que nous posent toutes les pages de la Bible. Ils renvoient tous à une réalité dont ils ne sont que les refl
2493 renvoient tous à une réalité dont ils ne sont que les reflets, diversement réfractés par nos mots. Ils renvoient tous à la
2494 ment réfractés par nos mots. Ils renvoient tous à la question du Christ : « … et toi, maintenant, crois-tu cela ? » — Si t
2495 « … et toi, maintenant, crois-tu cela ? » — Si tu le crois, si tu as reçu la foi, il n’est plus rien de « difficile » dans
2496 crois-tu cela ? » — Si tu le crois, si tu as reçu la foi, il n’est plus rien de « difficile » dans les assertions de Luthe
2497 la foi, il n’est plus rien de « difficile » dans les assertions de Luther, ni dans sa négation joyeuse du libre arbitre. S
2498 arbitre. Ses coups violents n’ébranlent plus que le « vieil homme », celui qu’il nous faut dépouiller. Folie pour les
2499 , celui qu’il nous faut dépouiller. Folie pour les sages Mais il s’en faut de presque tout que les grandes thèses pau
2500 es sages Mais il s’en faut de presque tout que les grandes thèses pauliniennes de la Réforme soient acceptées (ou simple
2501 esque tout que les grandes thèses pauliniennes de la Réforme soient acceptées (ou simplement connues !) par nos contempora
2502 s. Il s’en faut de beaucoup, de presque tout, que les arguments d’un Érasme nous apparaissent comme autant de sophismes. No
2503 ent comme autant de sophismes. Non seulement tous les humanistes — des marxistes aux vieux libéraux — y applaudissent ouver
2504 pplaudissent ouvertement, mais encore jusque chez les chrétiens, ces arguments se voient réinventés, admis, parfois même pr
2505 e voient réinventés, admis, parfois même prêchés. Le laïcisme moraliste n’en a pas du tout le monopole : tout catholique s
2506 prêchés. Le laïcisme moraliste n’en a pas du tout le monopole : tout catholique se doit, en bonne logique, de les faire si
2507 e : tout catholique se doit, en bonne logique, de les faire siens, puisqu’il croit au mérite des œuvres ; et tous les prote
2508 s, puisqu’il croit au mérite des œuvres ; et tous les protestants qui jugent encore que Calvin et Luther ont fait leur temp
2509 e Paul, bien plus ancien — tous ceux qui tiennent la prédestination pour un dogme immoral ou périmé ; ceux qui traduisent
2510 mmoral ou périmé ; ceux qui traduisent « Paix sur la terre aux hommes que Dieu agrée » par « Paix aux hommes de bonne volo
2511 ec Érasme et son armée de grands docteurs de tous les siècles, pour soutenir le libre arbitre religieux, c’est-à-dire le po
2512 rands docteurs de tous les siècles, pour soutenir le libre arbitre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’aurait l’homme de
2513 soutenir le libre arbitre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’aurait l’homme de contribuer à son salut par ses efforts e
2514 itre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’aurait l’ homme de contribuer à son salut par ses efforts et ses œuvres morales.
2515 Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une certitu
2516 qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’ élan génial, la violence loyale d’une certitude pesante, vraiment « gr
2517 r en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence loyale d’une certitude pesante, vraiment « grave », d’une di
2518 i va droit au point décisif, envisage honnêtement les objections, donne à la thèse adverse toutes ses chances, non sans iro
2519 sif, envisage honnêtement les objections, donne à la thèse adverse toutes ses chances, non sans ironie toutefois, et sait
2520 nie toutefois, et sait enfin conférer à son choix la force et la simplicité d’une constatation évidente. D’un point de vue
2521 s, et sait enfin conférer à son choix la force et la simplicité d’une constatation évidente. D’un point de vue purement es
2522 r assez flagrantes, pour qu’un lecteur qui refuse l’ essentiel soit tout de même attiré et subjugué par le style, par le to
2523 ssentiel soit tout de même attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. (Nous ne savons que trop bien, nous m
2524 tout de même attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ouvrage. (Nous ne savons que trop bien, nous modernes, sépar
2525 me attiré et subjugué par le style, par le ton de l’ ouvrage. (Nous ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond
2526 s ne savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme, admirer l’une quand nous condamnons l’autre, et vic
2527 que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme, admirer l’une quand nous condamnons l’autre, et vice versa.) M
2528 lleurs du chef d’un grand mouvement (comme dirait le jargon d’aujourd’hui), tout est fait, dans notre Traité, pour heurter
2529 st fait, dans notre Traité, pour heurter de front le lecteur incroyant, ou celui qui ne partage pas la foi de Paul et des
2530 le lecteur incroyant, ou celui qui ne partage pas la foi de Paul et des Apôtres. D’abord, le langage scolastique, qui n’es
2531 rtage pas la foi de Paul et des Apôtres. D’abord, le langage scolastique, qui n’est pas proprement luthérien, mais que Lut
2532 t obligé d’utiliser pour débrouiller et supprimer les faux problèmes où la Diatribe voulait l’embarrasser31. Ensuite, ce re
2533 ur débrouiller et supprimer les faux problèmes où la Diatribe voulait l’embarrasser31. Ensuite, ce refus total, ou mieux,
2534 pprimer les faux problèmes où la Diatribe voulait l’ embarrasser31. Ensuite, ce refus total, ou mieux, cette négligence tra
2535 (Un tel homme est bien trop vivant pour faire de la psychologie ; trop engagé dans le réel pour prendre au sérieux ses re
2536 t pour faire de la psychologie ; trop engagé dans le réel pour prendre au sérieux ses reflets dans la conscience du specta
2537 le réel pour prendre au sérieux ses reflets dans la conscience du spectateur.) Ce qui ne manquera pas de faire crier au d
2538 faire crier au dogmatisme. Tout se passe ici « à l’ intérieur » du christianisme, de l’Église. L’humanisme laïque, autonom
2539 passe ici « à l’intérieur » du christianisme, de l’ Église. L’humanisme laïque, autonome, est simplement nié, comme une ab
2540 « à l’intérieur » du christianisme, de l’Église. L’ humanisme laïque, autonome, est simplement nié, comme une absurdité, u
2541 nié, comme une absurdité, une contradiction dans les termes. C’est à Érasme, en tant que théologien, que Luther s’applique
2542 que Luther s’applique à répondre ; et c’est même la plus dure ironie — quoique involontaire, je le suppose — dont il pouv
2543 me la plus dure ironie — quoique involontaire, je le suppose — dont il pouvait en l’occurrence, l’accabler. On ne saurait
2544 involontaire, je le suppose — dont il pouvait en l’ occurrence, l’accabler. On ne saurait souligner trop fortement ce trai
2545 je le suppose — dont il pouvait en l’occurrence, l’ accabler. On ne saurait souligner trop fortement ce trait : c’est enco
2546 en philosophe ou en métaphysicien, que Luther nie le libre arbitre. Ceci pourrait suffire et doit suffire en droit, à réfu
2547 rrait suffire et doit suffire en droit, à réfuter l’ objection d’un moderne, l’objection parfaitement anachronique, mais qu
2548 ire en droit, à réfuter l’objection d’un moderne, l’ objection parfaitement anachronique, mais que je sais inévitable, et q
2549 à affirmer que Luther est « déterministe ». Mais le sérieux théologique est chose trop rare, et pour beaucoup trop diffic
2550 e écarter cette objection par un simple rappel de l’ ordre dans lequel le Traité fut pensé. Je tenterai donc d’esquisser, t
2551 ction par un simple rappel de l’ordre dans lequel le Traité fut pensé. Je tenterai donc d’esquisser, tout au moins, le dia
2552 nsé. Je tenterai donc d’esquisser, tout au moins, le dialogue d’une « conscience moderne », douée d’exigence spirituelle,
2553 ’un tel dialogue se déroule même à l’intérieur de la pensée d’un homme qui veut croire…) Dialogue Car Dieu peut tout
2554 ue Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard Une conscience moderne. — Selon Luthe
2555 eu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard Une conscience moderne. — Selon Luther, nous n’av
2556 selon sa prévision. Luther ne pose pas seulement l’ omnipotence, mais l’omniscience et la prescience éternelle de Dieu, qu
2557 Luther ne pose pas seulement l’omnipotence, mais l’ omniscience et la prescience éternelle de Dieu, qui ne peut faillir à
2558 as seulement l’omnipotence, mais l’omniscience et la prescience éternelle de Dieu, qui ne peut faillir à sa promesse, et a
2559 erons plus ! Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur a été désigné par un arbitre qui ne tient pas compte de nos
2560 oits ! Un luthérien. — Mais connais-tu seulement les vraies règles du jeu ? Qui t’a fait croire que ta vie était une parti
2561 que ta vie était une partie à jouer entre toi et le monde, par exemple ; ou encore entre l’individu et le Sort, cette ido
2562 re toi et le monde, par exemple ; ou encore entre l’ individu et le Sort, cette idole païenne ? C. M. — J’ai besoin de le
2563 onde, par exemple ; ou encore entre l’individu et le Sort, cette idole païenne ? C. M. — J’ai besoin de le croire pour ag
2564 rt, cette idole païenne ? C. M. — J’ai besoin de le croire pour agir. L. — Mais qu’est-ce qu’agir ? Est-ce vraiment toi
2565 e ta science ne s’occupe-t-elle pas, justement, à les découvrir ? Au besoin, à les inventer ? C. M. — Certes, mais ma dign
2566 le pas, justement, à les découvrir ? Au besoin, à les inventer ? C. M. — Certes, mais ma dignité consiste à lutter contre
2567 à lutter contre de telles forces, une fois que je les ai reconnues ; à m’affirmer dans mon autonomie par un acte qui crée m
2568 qui crée ma liberté, par un acte de révolte, s’il le faut ! L. — Tu crois donc détenir un tel pouvoir ? C. M. — Il me su
2569 un tel pouvoir ? C. M. — Il me suffit de vouloir l’ affirmer. L. — Soit, c’est une hypothèse de travail… Pour moi, je cro
2570 e de travail… Pour moi, je crois que Dieu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de nos actions passées, présentes, f
2571 vail… Pour moi, je crois que Dieu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de nos actions passées, présentes, futures ;
2572 moi, je crois que Dieu connaît la fin, la somme, la valeur absolue de nos actions passées, présentes, futures ; car elles
2573 passées, présentes, futures ; car elles sont dans le temps, Dieu dans l’éternité qui est avant le temps, qui est en lui, e
2574 futures ; car elles sont dans le temps, Dieu dans l’ éternité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore apr
2575 dans le temps, Dieu dans l’éternité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore après lui. Au regard de Dieu
2576 gard de Dieu, donc, « tout est accompli », depuis la mort du Christ sur la croix. Non seulement prévu, mais accompli ! C.
2577 tout est accompli », depuis la mort du Christ sur la croix. Non seulement prévu, mais accompli ! C. M. — Si c’était vrai,
2578 core nier ce Dieu, qui prétend voir plus loin que le terme de mes actions, ce qui, avouons-le, les ridiculise complètement
2579 loin que le terme de mes actions, ce qui, avouons- le , les ridiculise complètement et les rend vaines en fin de compte : ca
2580 que le terme de mes actions, ce qui, avouons-le, les ridiculise complètement et les rend vaines en fin de compte : car je
2581 e qui, avouons-le, les ridiculise complètement et les rend vaines en fin de compte : car je sens, malgré tout, que je les f
2582 fin de compte : car je sens, malgré tout, que je les fais librement, et tu viens me dire qu’elles sont prévues ! Et prévue
2583 tzsche a proclamé qu’il avait fait. L. — Comment le temps tuerait-il l’Éternel ? Comment la chair tuerait-elle l’Esprit ?
2584 ’il avait fait. L. — Comment le temps tuerait-il l’ Éternel ? Comment la chair tuerait-elle l’Esprit ? Elle ne peut tuer q
2585 — Comment le temps tuerait-il l’Éternel ? Comment la chair tuerait-elle l’Esprit ? Elle ne peut tuer que l’idée fausse qu’
2586 rait-il l’Éternel ? Comment la chair tuerait-elle l’ Esprit ? Elle ne peut tuer que l’idée fausse qu’elle s’en formait… Mai
2587 air tuerait-elle l’Esprit ? Elle ne peut tuer que l’ idée fausse qu’elle s’en formait… Mais tu affirmes que si Dieu prévoit
2588 tu es alors dispensé d’agir, et que ce n’est plus la peine de faire aucun effort. C’est peut-être mal raisonner. Si ton ef
2589 ton effort aussi était prévu ? Pourrais-tu ne pas le fournir ? Et si tu décidais : « je suis, donc Dieu n’est pas ! »32 qu
2590 ui t’assurerait que cet acte de révolte échappe à l’ éternelle prévision ? Qui t’assurerait qu’en prononçant ces mots, tu n
2591 ant ces mots, tu ne prononcerais pas sur toi-même l’ arrêt éternel de Dieu te rejetant vers le néant, en sorte que Dieu, vr
2592 toi-même l’arrêt éternel de Dieu te rejetant vers le néant, en sorte que Dieu, vraiment, n’existe plus pour toi ? Fermer l
2593 e Dieu, vraiment, n’existe plus pour toi ? Fermer les yeux sur une réalité, ce n’est pas la supprimer en fait. Mais c’est p
2594 i ? Fermer les yeux sur une réalité, ce n’est pas la supprimer en fait. Mais c’est peut-être se priver de son secours, ou
2595 est peut-être se priver de son secours, ou encore la transformer en une menace obscure… Il y a une double prédestination :
2596 double prédestination : l’une au salut, l’autre à la damnation. Être damné, ne serait-ce pas justement être rivé au temps
2597 justement être rivé au temps sans fin, et refuser l’ éternité qui vient nous délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps es
2598 eauté, de création ! Ton éternité immobile, c’est l’ image même de la mort. L. — Que savons-nous de l’éternité ? Les philo
2599 on ! Ton éternité immobile, c’est l’image même de la mort. L. — Que savons-nous de l’éternité ? Les philosophes et la rai
2600 l’image même de la mort. L. — Que savons-nous de l’ éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer que mort
2601 de la mort. L. — Que savons-nous de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bib
2602 ue savons-nous de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’ell
2603 ternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’ imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que
2604 t la raison ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort
2605 ner que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve q
2606 n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’ éternité est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui nous dit qu’e
2607 que ? Qui nous dit qu’elle n’est pas au contraire la source de tout acte et de toute création, une invention totale et per
2608 totale et perpétuelle, une actualité permanente, la seule chose qui change quelque chose au déroulement calculable du tem
2609 se au déroulement calculable du temps, quand elle le touche dans l’instant (dans un « atome » de temps, comme l’écrit Paul
2610 nt calculable du temps, quand elle le touche dans l’ instant (dans un « atome » de temps, comme l’écrit Paul) ?33 Qui t’ass
2611 dans l’instant (dans un « atome » de temps, comme l’ écrit Paul) ?33 Qui t’assure que notre raison tout attachée à notre ch
2612 ? C’est un mystère plus profond que notre vie, et la raison n’est qu’un faible élément de notre vie. C’est un mystère que
2613 faible élément de notre vie. C’est un mystère que le croyant pressent et vit au seul moment de la prière. « Demandez et l’
2614 que le croyant pressent et vit au seul moment de la prière. « Demandez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui nous
2615 et vit au seul moment de la prière. « Demandez et l’ on vous donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le cro
2616 la prière. « Demandez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a
2617 a », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu éternellement, adresse à Dieu
2618 t-il pas ce paradoxe et ce mystère : croire que «  l’ Éternel est vivant », croire que sa volonté — qui a tout prévu — peut
2619 peut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’ homme, sans que rien soit changé de ce qu’a décidé Dieu, de ce qu’il d
2620 de ce qu’il décide ou de ce qu’il décidera ? Car l’ Éternel ne connaît pas de « temps », il n’est pas lié comme nous à une
2621 ire, nos divers temps et successions procèdent de l’ Éternel et lui sont liés : nous venons de lui, nous retournons à lui,
2622 ui, nous retournons à lui, il est en nous lorsque l’ Esprit dit : la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous f
2623 nons à lui, il est en nous lorsque l’Esprit dit : la Parole dans notre cœur. Quelle étrange illusion nous ferait croire qu
2624 ge illusion nous ferait croire qu’une décision de l’ Éternel est une décision dans le passé ! Quand c’est elle seule qui dé
2625 u’une décision de l’Éternel est une décision dans le passé ! Quand c’est elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que
2626 t notre crainte du « fatalisme » ne reposent pas, le plus souvent, sur cette erreur des plus grossières ?… C. M. — On peu
2627 es plus grossières ?… C. M. — On peut aussi nier l’ éternité, et affirmer que seul existe notre temps. Dans ce cas, tu n’a
2628 — On ne prouve rien de ce qui est essentiel ; on l’ accepte ou on le refuse, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peu
2629 rien de ce qui est essentiel ; on l’accepte ou on le refuse, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peut nous conduire
2630 ns pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’ alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pose dans les termes ex
2631 tive du libre arbitre, telle qu’elle se pose dans les termes extrêmes où elle revêt sa vraie réalité : c’est l’Éternel qui
2632 s extrêmes où elle revêt sa vraie réalité : c’est l’ Éternel qui commande — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficultés in
2633 s là de difficultés intellectuelles. Il n’y a que la résistance acharnée du « vieil homme », et les prétextes toujours trè
2634 que la résistance acharnée du « vieil homme », et les prétextes toujours très moraux, et même très pieux, qu’invoque notre
2635 révolte… Réalité radicale du problème Dans l’ Église, une fois acceptés le Credo et son fondement, qui est la Parole
2636 e du problème Dans l’Église, une fois acceptés le Credo et son fondement, qui est la Parole dite en nous par l’Esprit e
2637 fois acceptés le Credo et son fondement, qui est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, — or, ce
2638 son fondement, qui est la Parole dite en nous par l’ Esprit et attestée par l’Écriture, — or, cette Parole est Christ lui-m
2639 Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’ Écriture, — or, cette Parole est Christ lui-même, — il me paraît que l
2640 te Parole est Christ lui-même, — il me paraît que l’ opinion de Luther n’est pas sujette à de sérieuses objections. Et la d
2641 r n’est pas sujette à de sérieuses objections. Et la démonstration purement biblique qu’on en trouvera dans ce traité, mal
2642 s exégétiques discutables, suffit à établir, pour le chrétien, la vérité d’un paradoxe que Luther n’a pas inventé, mais qu
2643 discutables, suffit à établir, pour le chrétien, la vérité d’un paradoxe que Luther n’a pas inventé, mais qui est au cœur
2644 her n’a pas inventé, mais qui est au cœur même de l’ Évangile. L’apôtre Paul l’a formulé avant toute « tradition ecclésiast
2645 inventé, mais qui est au cœur même de l’Évangile. L’ apôtre Paul l’a formulé avant toute « tradition ecclésiastique » ; et
2646 qui est au cœur même de l’Évangile. L’apôtre Paul l’ a formulé avant toute « tradition ecclésiastique » ; et tous les Pères
2647 vant toute « tradition ecclésiastique » ; et tous les Pères et tous les siècles dont se réclame Érasme n’y changeront rien 
2648 tion ecclésiastique » ; et tous les Pères et tous les siècles dont se réclame Érasme n’y changeront rien : « Travaillez à v
2649 emblement, puisque c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire » (Phil. 2, 12-13). C’est parce que Dieu fait tou
2650 sque c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire » (Phil. 2, 12-13). C’est parce que Dieu fait tout que nous dev
2651 fait tout que nous devons agir, selon qu’il nous l’ a commandé. C’est parce que Dieu a tout prévu que nous avons en lui, e
2652 tout prévu que nous avons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à celui qui ose aller jusqu’aux extr
2653 ît qu’à celui qui ose aller jusqu’aux extrêmes de la connaissance de soi-même et de la connaissance de la foi. Luther insi
2654 aux extrêmes de la connaissance de soi-même et de la connaissance de la foi. Luther insiste sur cet « extrémisme » évangél
2655 connaissance de soi-même et de la connaissance de la foi. Luther insiste sur cet « extrémisme » évangélique, que les sophi
2656 r insiste sur cet « extrémisme » évangélique, que les sophistes n’étaient que trop portés à corriger et à « humaniser », au
2657 orriger et à « humaniser », au risque d’« évacuer la Croix ». Tant qu’on n’a pas envisagé la doctrine de la pure grâce jus
2658 « évacuer la Croix ». Tant qu’on n’a pas envisagé la doctrine de la pure grâce jusque dans son sérieux dernier, on peut so
2659 oix ». Tant qu’on n’a pas envisagé la doctrine de la pure grâce jusque dans son sérieux dernier, on peut soutenir que l’ho
2660 ue dans son sérieux dernier, on peut soutenir que l’ homme possède au moins « un faible libre arbitre »34 dans les choses d
2661 ssède au moins « un faible libre arbitre »34 dans les choses du salut. Mais que le Christ ait dû mourir — cet acte extrême
2662 re arbitre »34 dans les choses du salut. Mais que le Christ ait dû mourir — cet acte extrême — pour nous sauver, fait voir
2663 e liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et à l’ inverse, il faut oser descendre jusqu’au fond de la connaissance du pé
2664 ’inverse, il faut oser descendre jusqu’au fond de la connaissance du péché pour voir qu’il n’y a de liberté possible que d
2665 our voir qu’il n’y a de liberté possible que dans la grâce que Dieu nous fait. Toute l’argumentation de Luther vise le mom
2666 sible que dans la grâce que Dieu nous fait. Toute l’ argumentation de Luther vise le moment de la décision, et néglige les
2667 u nous fait. Toute l’argumentation de Luther vise le moment de la décision, et néglige les moyens termes où voulait se com
2668 Toute l’argumentation de Luther vise le moment de la décision, et néglige les moyens termes où voulait se complaire Érasme
2669 Luther vise le moment de la décision, et néglige les moyens termes où voulait se complaire Érasme. Le problème du salut es
2670 les moyens termes où voulait se complaire Érasme. Le problème du salut est un problème de vie ou de mort. Or il est seul e
2671 e de vie ou de mort. Or il est seul en cause pour le théologien. Et tout est clair lorsque l’on a compris que Luther ne ni
2672 use pour le théologien. Et tout est clair lorsque l’ on a compris que Luther ne nie pas du tout notre faculté de vouloir, m
2673 e seulement qu’elle puisse suffire à nous obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout le reste est psychologie,
2674 ir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout le reste est psychologie, littérature et scolastique. Il n’en reste pas
2675 olastique. Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de la raison — cette folle, comme le répète Luther — ce que nous nommons ic
2676 ins qu’aux yeux de la raison — cette folle, comme le répète Luther — ce que nous nommons ici un paradoxe demeure une pure
2677 s alors, on peut se demander si ceux qui refusent le christianisme échappent vraiment à la difficulté ; ou si, au contrair
2678 ui refusent le christianisme échappent vraiment à la difficulté ; ou si, au contraire, ils ne la retrouvent pas, mais dans
2679 ent à la difficulté ; ou si, au contraire, ils ne la retrouvent pas, mais dans un plan où elle reste insoluble. Érasme éta
2680 me était encore catholique ; son humanisme mesuré l’ empêche de voir le vrai tragique du débat. Mais le plus grand des adve
2681 tholique ; son humanisme mesuré l’empêche de voir le vrai tragique du débat. Mais le plus grand des adversaires du christi
2682 l’empêche de voir le vrai tragique du débat. Mais le plus grand des adversaires du christianisme dans les temps modernes,
2683 plus grand des adversaires du christianisme dans les temps modernes, Nietzsche, aboutit à un dilemme qui me paraît corresp
2684 e, terme à terme, à celui que Luther et Paul — et l’ Évangile — posent à notre foi. C’est qu’il a poussé comme Luther, jusq
2685 oussé comme Luther, jusqu’aux extrêmes limites de l’ homme, jusqu’aux questions dernières que peut envisager notre pensée.
2686 ager notre pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’ étreint, dès lors que « Dieu est mort » ou qu’il l’a « tué », il imagi
2687 ’étreint, dès lors que « Dieu est mort » ou qu’il l’ a « tué », il imagine le Retour éternel. Et comme ce Retour éternel pa
2688  Dieu est mort » ou qu’il l’a « tué », il imagine le Retour éternel. Et comme ce Retour éternel paraît exclure toute liber
2689 xclure toute liberté humaine, il se met à prêcher l’ amor fati, l’adhésion volontaire et joyeuse à la fatalité inéluctable.
2690 liberté humaine, il se met à prêcher l’amor fati, l’ adhésion volontaire et joyeuse à la fatalité inéluctable. C’est dans c
2691 r l’amor fati, l’adhésion volontaire et joyeuse à la fatalité inéluctable. C’est dans cette volonté de reconnaître notre t
2692 irresponsabilité, qu’il croit trouver et regagner la dignité suprême de l’homme sans Dieu. Être libre, c’est vouloir l’éte
2693 l croit trouver et regagner la dignité suprême de l’ homme sans Dieu. Être libre, c’est vouloir l’éternité de son destin. (
2694 e de l’homme sans Dieu. Être libre, c’est vouloir l’ éternité de son destin. (Pour le chrétien, c’est accepter en acte l’ét
2695 re, c’est vouloir l’éternité de son destin. (Pour le chrétien, c’est accepter en acte l’éternelle prévision du Dieu qui sa
2696 destin. (Pour le chrétien, c’est accepter en acte l’ éternelle prévision du Dieu qui sauve.) La similitude étonnante du par
2697 en acte l’éternelle prévision du Dieu qui sauve.) La similitude étonnante du paradoxe luthérien et du paradoxe nietzschéen
2698 vérité, c’est bien du même problème qu’il s’agit. Le seul problème, dès qu’on en vient à une épreuve radicale de la vie. A
2699 ème, dès qu’on en vient à une épreuve radicale de la vie. Au « tu dois » des chrétiens, qui est prononcé par Dieu, Nietzsc
2700 iens, qui est prononcé par Dieu, Nietzsche oppose le « je veux » de l’homme divinisé. Puis, à l’existence de Dieu, il oppo
2701 oncé par Dieu, Nietzsche oppose le « je veux » de l’ homme divinisé. Puis, à l’existence de Dieu, il oppose sa propre exist
2702 ppose le « je veux » de l’homme divinisé. Puis, à l’ existence de Dieu, il oppose sa propre existence35. Mais la difficulté
2703 ce de Dieu, il oppose sa propre existence35. Mais la difficulté fondamentale que posent les rapports de notre volonté et d
2704 nce35. Mais la difficulté fondamentale que posent les rapports de notre volonté et de l’éternité souveraine, demeure entièr
2705 le que posent les rapports de notre volonté et de l’ éternité souveraine, demeure entière. La différence, c’est que Nietzsc
2706 nté et de l’éternité souveraine, demeure entière. La différence, c’est que Nietzsche nous propose d’adorer un Destin muet,
2707 muet, tandis que nous adorons une Providence dont la Parole vivante s’est incarnée : « Emmanuel ! » — Dieu avec nous !
2708 rnée : « Emmanuel ! » — Dieu avec nous ! 30. À la proposition qu’on lui faisait, en 1587, d’éditer ses œuvres complètes
2709 faisait, en 1587, d’éditer ses œuvres complètes, le réformateur répondit : « Je ne reconnais aucun de mes livres pour adé
2710 de mes livres pour adéquat, si ce n’est peut-être le de servo arbitrio et le Catéchisme. » 31. Luther avertit à chaque fo
2711 at, si ce n’est peut-être le de servo arbitrio et le Catéchisme. » 31. Luther avertit à chaque fois : « nécessité conditi
2712 absolue, comme ils disent », et ce ils désigne «  les sophistes », c’est-à-dire les scolastiques. 32. Comme l’anarchiste B
2713 et ce ils désigne « les sophistes », c’est-à-dire les scolastiques. 32. Comme l’anarchiste Bakounine. 33. I Cor. 15, 52.
2714 stes », c’est-à-dire les scolastiques. 32. Comme l’ anarchiste Bakounine. 33. I Cor. 15, 52. Les traductions françaises
2715 omme l’anarchiste Bakounine. 33. I Cor. 15, 52. Les traductions françaises donnent en général : « Nous serons transformés
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
2716 L’ Acte comme point de départ (1936-1937)a b Nous partons de l’impress
2717 point de départ (1936-1937)a b Nous partons de l’ impression qu’il existe, entre certains systèmes qu’on a coutume d’opp
2718 systèmes qu’on a coutume d’opposer très nettement les uns aux autres, un commun dénominateur d’erreur, que nous ne pourrion
2719 re parti. C’est ainsi qu’on peut distinguer, dans l’ idéalisme et dans le réalisme, ou dans le rationalisme et dans le prag
2720 i qu’on peut distinguer, dans l’idéalisme et dans le réalisme, ou dans le rationalisme et dans le pragmatisme, etc., un en
2721 er, dans l’idéalisme et dans le réalisme, ou dans le rationalisme et dans le pragmatisme, etc., un ensemble de supposition
2722 dans le réalisme, ou dans le rationalisme et dans le pragmatisme, etc., un ensemble de suppositions communes qui nous para
2723 ppositions communes qui nous paraissent renfermer la véritable raison de rejeter l’un et l’autre système, sans plus nous a
2724 tacher à combattre leurs erreurs respectives dans le plan sur lequel ils s’opposent. Cette impossibilité de prendre parti
2725 « changement de plan »), qui seule nous restitue l’ unité de vision, la plénitude de volonté et en quelque sorte la bonne
2726 an »), qui seule nous restitue l’unité de vision, la plénitude de volonté et en quelque sorte la bonne conscience nécessai
2727 sion, la plénitude de volonté et en quelque sorte la bonne conscience nécessaire à toute œuvre constructive. Les quelques
2728 conscience nécessaire à toute œuvre constructive. Les quelques pages qui suivent n’ont d’autre but que d’en indiquer le pri
2729 s qui suivent n’ont d’autre but que d’en indiquer le principe de permanente actualité. C’est précisément ce sentiment de b
2730 es se présentent à nous. Avant même d’en pénétrer le détail et d’en critiquer la structure propre, nous nous sentons repou
2731 nt même d’en pénétrer le détail et d’en critiquer la structure propre, nous nous sentons repoussés par quelque chose qui n
2732 e parfaite qui nous semble absurde. Il semble que l’ esprit ait proclamé, lui aussi, son autarchie, et qu’il puisse se donn
2733 se donner des lois qui ne tiennent plus compte de la crise du monde, et de celle de l’esprit dans ce monde. L’esprit s’est
2734 plus compte de la crise du monde, et de celle de l’ esprit dans ce monde. L’esprit s’est dégagé des coordonnées du moment,
2735 du monde, et de celle de l’esprit dans ce monde. L’ esprit s’est dégagé des coordonnées du moment, c’est dire que son exer
2736 nous trouver diminués dans notre énergie totale. La pensée n’est plus le moteur de l’action ; au contraire, elle tourne à
2737 s dans notre énergie totale. La pensée n’est plus le moteur de l’action ; au contraire, elle tourne à ses dépens. On peut
2738 énergie totale. La pensée n’est plus le moteur de l’ action ; au contraire, elle tourne à ses dépens. On peut continuer la
2739 aire, elle tourne à ses dépens. On peut continuer la métaphore et dire que la pensée dont nous souffrons est une pensée dé
2740 épens. On peut continuer la métaphore et dire que la pensée dont nous souffrons est une pensée débrayée. Un moteur débrayé
2741 ntative d’embrayage serait immédiatement fatale à la machine, et ferait voler en éclats les engrenages. La merveilleuse su
2742 nt fatale à la machine, et ferait voler en éclats les engrenages. La merveilleuse subtilité d’une certaine pensée critique,
2743 achine, et ferait voler en éclats les engrenages. La merveilleuse subtilité d’une certaine pensée critique, aujourd’hui, n
2744 s exactement cette impression ? Ne pourrions-nous la caractériser maintenant par un seul mot, qui exprime à la fois son ma
2745 que de coordonnées, d’une part, et, d’autre part, le sentiment de division et de diminution qu’elle favorise en nous : ce
2746 s au sens temporel, mais au sens de rupture entre la pensée et l’acte. ⁂ Que la pensée moderne repose sur un postulat d’in
2747 porel, mais au sens de rupture entre la pensée et l’ acte. ⁂ Que la pensée moderne repose sur un postulat d’inactualité, il
2748 sens de rupture entre la pensée et l’acte. ⁂ Que la pensée moderne repose sur un postulat d’inactualité, il suffit, pour
2749 de se demander un instant ce qui arriverait dans le cas contraire. Si notre monde tient encore debout, c’est que les phil
2750 re. Si notre monde tient encore debout, c’est que les philosophies qui le partagent restent gratuites, relativistes et inac
2751 ent encore debout, c’est que les philosophies qui le partagent restent gratuites, relativistes et inactuelles dans leur en
2752 , relativistes et inactuelles dans leur ensemble. Le « libéralisme » idéaliste, ce « laisser passer, laisser faire », supp
2753 te, ce « laisser passer, laisser faire », suppose le débrayage de la pensée, sinon nous vivrions dans la plus effroyable a
2754 passer, laisser faire », suppose le débrayage de la pensée, sinon nous vivrions dans la plus effroyable anarchie matériel
2755 débrayage de la pensée, sinon nous vivrions dans la plus effroyable anarchie matérielle. On nous dira que, cependant, si
2756 rchie matérielle. On nous dira que, cependant, si le désordre du monde est réel, il se peut qu’il provienne, précisément,
2757 es que nous repoussons ? Nous serions mal venus à le nier. Si le monde dure, c’est-à-dire se renouvelle, c’est qu’il y a d
2758 repoussons ? Nous serions mal venus à le nier. Si le monde dure, c’est-à-dire se renouvelle, c’est qu’il y a dans le monde
2759 c’est-à-dire se renouvelle, c’est qu’il y a dans le monde plus d’actualité que nos philosophies n’en peuvent concevoir. E
2760 moins inopérantes que souvent elles ne voudraient l’ être. Mais, chose étrange, la raison pour laquelle le désordre n’est p
2761 elles ne voudraient l’être. Mais, chose étrange, la raison pour laquelle le désordre n’est pas total, c’est la raison mêm
2762 tre. Mais, chose étrange, la raison pour laquelle le désordre n’est pas total, c’est la raison même de ce désordre : c’est
2763 pour laquelle le désordre n’est pas total, c’est la raison même de ce désordre : c’est la rupture entre la pensée et l’ac
2764 otal, c’est la raison même de ce désordre : c’est la rupture entre la pensée et l’acte, rupture qui, d’une part, amorce l’
2765 ison même de ce désordre : c’est la rupture entre la pensée et l’acte, rupture qui, d’une part, amorce l’anarchie, d’autre
2766 ce désordre : c’est la rupture entre la pensée et l’ acte, rupture qui, d’une part, amorce l’anarchie, d’autre part, la fre
2767 pensée et l’acte, rupture qui, d’une part, amorce l’ anarchie, d’autre part, la freine et la prive pour le moment de virule
2768 qui, d’une part, amorce l’anarchie, d’autre part, la freine et la prive pour le moment de virulence. Cet état d’équilibre
2769 rt, amorce l’anarchie, d’autre part, la freine et la prive pour le moment de virulence. Cet état d’équilibre entre le micr
2770 narchie, d’autre part, la freine et la prive pour le moment de virulence. Cet état d’équilibre entre le microbe et la mala
2771 e moment de virulence. Cet état d’équilibre entre le microbe et la maladie ne peut mener qu’à une consomption lente, ou à
2772 rulence. Cet état d’équilibre entre le microbe et la maladie ne peut mener qu’à une consomption lente, ou à des accidents
2773 rophiques. Un tel diagnostic indique par lui-même la thérapeutique que nous voudrions proposer, et qui serait un traitemen
2774 oposer, et qui serait un traitement préventif par l’ actualisation, c’est-à-dire par l’effort et la volonté de confondre l’
2775 t préventif par l’actualisation, c’est-à-dire par l’ effort et la volonté de confondre l’opération propre de la pensée avec
2776 par l’actualisation, c’est-à-dire par l’effort et la volonté de confondre l’opération propre de la pensée avec l’acte qui
2777 st-à-dire par l’effort et la volonté de confondre l’ opération propre de la pensée avec l’acte qui la certifie1. À vrai dir
2778 et la volonté de confondre l’opération propre de la pensée avec l’acte qui la certifie1. À vrai dire, cet effort et cette
2779 de confondre l’opération propre de la pensée avec l’ acte qui la certifie1. À vrai dire, cet effort et cette volonté sont d
2780 e l’opération propre de la pensée avec l’acte qui la certifie1. À vrai dire, cet effort et cette volonté sont déjà présent
2781 nté sont déjà présents, avant toute analyse, dans le sentiment que nous disions tout à l’heure éprouver en face d’une conc
2782 nalyse, dans le sentiment que nous disions tout à l’ heure éprouver en face d’une conception purement critique, ou idéalist
2783 rement critique, ou idéaliste, ou relativiste, de l’ activité du philosophe. ⁂ Mais cette réalité salutaire, cet acte, comm
2784 pte ? Nous ne disons pas : comment pourrions-nous le définir, nous disons seulement — et littéralement — comment pourrions
2785 en vérité, il n’y a pas pour nous de problème de l’ acte mais il y a problème de ce qui s’oppose à l’acte. (En d’autres te
2786 l’acte mais il y a problème de ce qui s’oppose à l’ acte. (En d’autres termes, il n’y a pas de problème de la personne, ma
2787 (En d’autres termes, il n’y a pas de problème de la personne, mais bien des « choses », de l’impersonnel.) L’acte, étant
2788 lème de la personne, mais bien des « choses », de l’ impersonnel.) L’acte, étant immédiat au sujet, ne peut pas, sans cesse
2789 nne, mais bien des « choses », de l’impersonnel.) L’ acte, étant immédiat au sujet, ne peut pas, sans cesser d’être acte, ê
2790 as, sans cesser d’être acte, être posé en face de l’ acteur. On ne peut pas photographier un acte, et donner ensuite la des
2791 peut pas photographier un acte, et donner ensuite la description de la photo comme la description d’un acte. On pourrait d
2792 hier un acte, et donner ensuite la description de la photo comme la description d’un acte. On pourrait dire tout au plus (
2793 t donner ensuite la description de la photo comme la description d’un acte. On pourrait dire tout au plus (métaphoriquemen
2794 pourrait dire tout au plus (métaphoriquement) que l’ acte révélé par le cliché, c’est l’éclair de magnésium dont la photo c
2795 au plus (métaphoriquement) que l’acte révélé par le cliché, c’est l’éclair de magnésium dont la photo constitue l’un des
2796 riquement) que l’acte révélé par le cliché, c’est l’ éclair de magnésium dont la photo constitue l’un des effets. Quant à l
2797 é par le cliché, c’est l’éclair de magnésium dont la photo constitue l’un des effets. Quant à la scène représentée par la
2798 dont la photo constitue l’un des effets. Quant à la scène représentée par la photo, elle n’est plus qu’un objectif, inact
2799 l’un des effets. Quant à la scène représentée par la photo, elle n’est plus qu’un objectif, inactuel en soi, et problémati
2800 ion importante introduite par M. Gabriel Marcel à la fin de son article intitulé : Existence et objectivité. M. Marcel dis
2801 tence et objectivité. M. Marcel distingue « entre les données susceptibles de fournir la matière d’un problème, données qui
2802 ingue « entre les données susceptibles de fournir la matière d’un problème, données qui sont par là même objectives, et ce
2803 objectives, et celles sur lesquelles il faut que l’ esprit s’appuie pour poser un problème quelconque ». L’acte, tel que n
2804 rit s’appuie pour poser un problème quelconque ». L’ acte, tel que nous l’entendons, est évidemment une donnée de ce deuxiè
2805 er un problème quelconque ». L’acte, tel que nous l’ entendons, est évidemment une donnée de ce deuxième type, la donnée pa
2806 s, est évidemment une donnée de ce deuxième type, la donnée par excellence. En réalité, toute définition s’appuie sur une
2807 irait Heidegger. Toute tentative de définition de l’ acte lui-même supposerait un arrêt, un retour sur l’acte, c’est-à-dire
2808 acte lui-même supposerait un arrêt, un retour sur l’ acte, c’est-à-dire un retour contre l’acte, qui en neutraliserait auss
2809 retour sur l’acte, c’est-à-dire un retour contre l’ acte, qui en neutraliserait aussitôt le dynamisme. La réflexion sur l’
2810 our contre l’acte, qui en neutraliserait aussitôt le dynamisme. La réflexion sur l’acte ne pouvant intervenir qu’a posteri
2811 cte, qui en neutraliserait aussitôt le dynamisme. La réflexion sur l’acte ne pouvant intervenir qu’a posteriori, elle n’es
2812 aliserait aussitôt le dynamisme. La réflexion sur l’ acte ne pouvant intervenir qu’a posteriori, elle n’est, en réalité, qu
2813 ori, elle n’est, en réalité, qu’une réflexion sur les effets de l’acte. Si, au moment de sauter, l’athlète essaie de défini
2814 t, en réalité, qu’une réflexion sur les effets de l’ acte. Si, au moment de sauter, l’athlète essaie de définir le saut, il
2815 ur les effets de l’acte. Si, au moment de sauter, l’ athlète essaie de définir le saut, il ne sautera pas. Tous ceux qui on
2816 au moment de sauter, l’athlète essaie de définir le saut, il ne sautera pas. Tous ceux qui ont pratiqué un minimum de cul
2817 ture physique connaissent ce genre d’échec. C’est la conscience défaillante qui refuse l’obstacle. Il ne reste alors qu’à
2818 échec. C’est la conscience défaillante qui refuse l’ obstacle. Il ne reste alors qu’à se consoler par la certitude que l’an
2819 ’obstacle. Il ne reste alors qu’à se consoler par la certitude que l’analyse philosophique est avec celui qui ne peut pas
2820 reste alors qu’à se consoler par la certitude que l’ analyse philosophique est avec celui qui ne peut pas sauter. Et c’est
2821 s sauter. Et c’est peut-être cela précisément que la sagesse vulgaire appelle « prendre les choses avec philosophie »… Cec
2822 isément que la sagesse vulgaire appelle « prendre les choses avec philosophie »… Ceci nous amène à constater que : 1° Si on
2823 s amène à constater que : 1° Si on ne part pas de l’ acte, on ne part pas du tout. 2° Si on ne part pas tout de suite, on
2824 ne part pas tout de suite, on ne partira jamais. Le jeu des mots traduit ici le jeu des faits. Impossible de parler de l’
2825 on ne partira jamais. Le jeu des mots traduit ici le jeu des faits. Impossible de parler de l’acte dans un langage arrêté
2826 uit ici le jeu des faits. Impossible de parler de l’ acte dans un langage arrêté ou détendu. Tout discours sur l’acte conti
2827 s un langage arrêté ou détendu. Tout discours sur l’ acte contiendra nécessairement des mots tels que « départ », « partir 
2828  partir » et « tout de suite ». Tout discours sur l’ acte manifestera ce trouble, cette vibration, cette « nouveauté » déco
2829 ion, cette « nouveauté » déconcertante qui révèle la proximité de la réalité créante. Force nous est de reconnaître qu’un
2830 veauté » déconcertante qui révèle la proximité de la réalité créante. Force nous est de reconnaître qu’un tel discours, da
2831 nous est de reconnaître qu’un tel discours, dans l’ état de notre philosophie, paraîtra peu philosophique. Personne, mieux
2832 té essentielle, et d’apparence scandaleuse, entre l’ expression et l’existence. Bornons-nous à citer de lui une phrase bien
2833 et d’apparence scandaleuse, entre l’expression et l’ existence. Bornons-nous à citer de lui une phrase bien typique par sa
2834 qui, par ailleurs, peut éclairer notre débat : «  L’ éthique ne commence pas dans une ignorance qu’il faudrait muer en savo
2835 réalisation. » Nous dirions en d’autres termes : l’ acte n’est pas un problème, mais une donnée initiale, le seul donné qu
2836 n’est pas un problème, mais une donnée initiale, le seul donné qui se donne à soi-même. Or, cette donnée, d’une part, n’e
2837 donnée, d’une part, n’est pas réductible à ce qui la précède, d’autre part, n’est pas épuisée par l’analyse de ses effets.
2838 i la précède, d’autre part, n’est pas épuisée par l’ analyse de ses effets. L’acte est à la fois créateur, et transcendant
2839 t, n’est pas épuisée par l’analyse de ses effets. L’ acte est à la fois créateur, et transcendant à sa création. Il est cré
2840 ion. Il est créateur en ceci qu’il introduit dans les choses un rapport nouveau instituant une situation irréversible ; et
2841 e rapport nouveau on ne trouvera rien d’autre que la matière d’une problématique nouvelle, un donné, ou plutôt un « abando
2842 erminations objectives, et s’offrant à son tour à l’ éclair bouleversant d’un nouvel acte. Il n’y a eu d’acte que dans le p
2843 ant d’un nouvel acte. Il n’y a eu d’acte que dans le présent, dans l’instant créateur, dans ce contact entre l’éternité et
2844 cte. Il n’y a eu d’acte que dans le présent, dans l’ instant créateur, dans ce contact entre l’éternité et le temps, qui es
2845 t, dans l’instant créateur, dans ce contact entre l’ éternité et le temps, qui est le mystère même. Cela n’entraîne pas qu’
2846 ant créateur, dans ce contact entre l’éternité et le temps, qui est le mystère même. Cela n’entraîne pas qu’on ne puisse r
2847 ce contact entre l’éternité et le temps, qui est le mystère même. Cela n’entraîne pas qu’on ne puisse rien dire des réact
2848 e puisse rien dire des réactions psychologiques à l’ acte « as it’s known as », réactions qui, elles, se manifestent dans u
2849 manifestent dans une certaine durée de vibration. Le sentiment qui accompagne l’acte, c’est le sentiment d’indivision inté
2850 e durée de vibration. Le sentiment qui accompagne l’ acte, c’est le sentiment d’indivision intérieure, d’indivision entre l
2851 ration. Le sentiment qui accompagne l’acte, c’est le sentiment d’indivision intérieure, d’indivision entre le vouloir et l
2852 iment d’indivision intérieure, d’indivision entre le vouloir et le pouvoir. On pourrait presque dire que c’est la sensatio
2853 sion intérieure, d’indivision entre le vouloir et le pouvoir. On pourrait presque dire que c’est la sensation de l’unité,
2854 et le pouvoir. On pourrait presque dire que c’est la sensation de l’unité, ou, plus exactement, de son accomplissement. C’
2855 n pourrait presque dire que c’est la sensation de l’ unité, ou, plus exactement, de son accomplissement. C’est l’euphorie d
2856 u, plus exactement, de son accomplissement. C’est l’ euphorie de celui qui éprouve simultanément la résistance d’un objet e
2857 est l’euphorie de celui qui éprouve simultanément la résistance d’un objet et la victoire sur cette résistance. Moment mys
2858 éprouve simultanément la résistance d’un objet et la victoire sur cette résistance. Moment mystérieux entre tous, où le ma
2859 ette résistance. Moment mystérieux entre tous, où le maximum de risque s’identifie au maximum de sécurité, dans la conscie
2860 e risque s’identifie au maximum de sécurité, dans la conscience de celui qui agit. Nous appellerions volontiers cet instan
2861 ui agit. Nous appellerions volontiers cet instant le saint des saints de la réalité humaine, le lieu de la pureté, si la «
2862 ons volontiers cet instant le saint des saints de la réalité humaine, le lieu de la pureté, si la « pureté du cœur », comm
2863 nstant le saint des saints de la réalité humaine, le lieu de la pureté, si la « pureté du cœur », comme le veut Kierkegaar
2864 aint des saints de la réalité humaine, le lieu de la pureté, si la « pureté du cœur », comme le veut Kierkegaard, c’est le
2865 s de la réalité humaine, le lieu de la pureté, si la « pureté du cœur », comme le veut Kierkegaard, c’est le vouloir uniqu
2866 ieu de la pureté, si la « pureté du cœur », comme le veut Kierkegaard, c’est le vouloir unique, unifiant l’être vivant et
2867 ureté du cœur », comme le veut Kierkegaard, c’est le vouloir unique, unifiant l’être vivant et le confondant un instant av
2868 ut Kierkegaard, c’est le vouloir unique, unifiant l’ être vivant et le confondant un instant avec l’objet de son désir. On
2869 ’est le vouloir unique, unifiant l’être vivant et le confondant un instant avec l’objet de son désir. On comprendra peut-ê
2870 nt l’être vivant et le confondant un instant avec l’ objet de son désir. On comprendra peut-être mieux maintenant le reproc
2871 n désir. On comprendra peut-être mieux maintenant le reproche d’inactualité essentielle que nous adressions dès le début à
2872 d’inactualité essentielle que nous adressions dès le début à certains systèmes par ailleurs fort divers, mais dont l’exerc
2873 ains systèmes par ailleurs fort divers, mais dont l’ exercice se trouve être lié à une division préalable de notre être, pa
2874 devenir historique, ou encore à une autonomie de la raison critique. Division qui a pour effet, généralement, de volatili
2875 on qui a pour effet, généralement, de volatiliser les points d’application de notre volonté, de relativiser tout effort cré
2876 r tout effort créateur, enfin de « dés-orienter » l’ activité spécifique de la pensée. L’acte, étant essentiellement l’affi
2877 nfin de « dés-orienter » l’activité spécifique de la pensée. L’acte, étant essentiellement l’affirmation simultanée de l’u
2878 és-orienter » l’activité spécifique de la pensée. L’ acte, étant essentiellement l’affirmation simultanée de l’un et du div
2879 fique de la pensée. L’acte, étant essentiellement l’ affirmation simultanée de l’un et du divers, affirmation absurde en la
2880 philosophique sera amené, par son jeu logique, à l’ éliminer ou à la disqualifier. À moins qu’il n’en parte, comme de la r
2881 era amené, par son jeu logique, à l’éliminer ou à la disqualifier. À moins qu’il n’en parte, comme de la réalité centrale,
2882 disqualifier. À moins qu’il n’en parte, comme de la réalité centrale, impensable et qui permet de penser. Nous voudrions
2883 otre position. ⁂ Nous ne pouvons faire comprendre la véritable valeur d’une philosophie de l’acte qu’en montrant comment s
2884 mprendre la véritable valeur d’une philosophie de l’ acte qu’en montrant comment ses caractères principaux, tels que nous v
2885 es caractères principaux, tels que nous venons de les indiquer, se retrouvent — comme reflétés — dans ses effets immédiats.
2886 voir affirmer qu’il n’y a pas de transition entre l’ acte et ses effets. C’est l’acte lui-même qui se trouve être transitif
2887 s de transition entre l’acte et ses effets. C’est l’ acte lui-même qui se trouve être transitif et novateur, sans qu’il y a
2888 , paradoxalement : il n’y a de transition que par l’ acte, mais l’acte est le contraire d’une transition. Avant de passer à
2889 ent : il n’y a de transition que par l’acte, mais l’ acte est le contraire d’une transition. Avant de passer à l’examen de
2890 y a de transition que par l’acte, mais l’acte est le contraire d’une transition. Avant de passer à l’examen de ses effets,
2891 le contraire d’une transition. Avant de passer à l’ examen de ses effets, rappelons encore deux caractéristiques de l’acte
2892 effets, rappelons encore deux caractéristiques de l’ acte, impliquées d’ailleurs dans ce qui précède, et que nous allons ut
2893 , et que nous allons utiliser. La première, c’est la violence de l’acte. Quand on descend au fond de la notion de force, o
2894 llons utiliser. La première, c’est la violence de l’ acte. Quand on descend au fond de la notion de force, on est obligé de
2895 a violence de l’acte. Quand on descend au fond de la notion de force, on est obligé de faire appel à l’idée de choc, de ru
2896 a notion de force, on est obligé de faire appel à l’ idée de choc, de rupture, en un mot de violence (voir à cet égard Sore
2897 n’y a pas d’évolution créatrice sans révolution. L’ acte sera donc agonique. D’autre part, l’acte implique un élan vers, p
2898 olution. L’acte sera donc agonique. D’autre part, l’ acte implique un élan vers, pour reprendre l’expression du Dr Minkowsk
2899 art, l’acte implique un élan vers, pour reprendre l’ expression du Dr Minkowski. L’acte est l’éclatement d’une tension orie
2900 ers, pour reprendre l’expression du Dr Minkowski. L’ acte est l’éclatement d’une tension orientée ; il est donc aussi inten
2901 eprendre l’expression du Dr Minkowski. L’acte est l’ éclatement d’une tension orientée ; il est donc aussi intention. Il n’
2902 ci que nous retrouvons, sous un aspect dynamique, la distinction esprit-matière que nous avions écartée tout d’abord. L’ac
2903 rit-matière que nous avions écartée tout d’abord. L’ acte créateur sépare la lumière des ténèbres. Son caractère dichotomiq
2904 ions écartée tout d’abord. L’acte créateur sépare la lumière des ténèbres. Son caractère dichotomique n’est pas isolé de s
2905 e son caractère agonique. Ce n’est pas à dire que la lumière et les ténèbres soient données avant l’acte, car sinon il ne
2906 e agonique. Ce n’est pas à dire que la lumière et les ténèbres soient données avant l’acte, car sinon il ne serait pas créa
2907 e la lumière et les ténèbres soient données avant l’ acte, car sinon il ne serait pas créateur, c’est-à-dire qu’il ne serai
2908 créateur, c’est-à-dire qu’il ne serait pas acte. L’ acte n’a qu’un point d’application, le chaos, la discorde, le non-être
2909 t pas acte. L’acte n’a qu’un point d’application, le chaos, la discorde, le non-être, ou ce qui tend à y revenir. Ce qui e
2910 . L’acte n’a qu’un point d’application, le chaos, la discorde, le non-être, ou ce qui tend à y revenir. Ce qui est nouveau
2911 qu’un point d’application, le chaos, la discorde, le non-être, ou ce qui tend à y revenir. Ce qui est nouveau, ce n’est pa
2912 end à y revenir. Ce qui est nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est l’ordre. L’acte est si étroitement lié à ses effets q
2913 qui est nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est l’ ordre. L’acte est si étroitement lié à ses effets qu’on ne saurait hum
2914 nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est l’ordre. L’ acte est si étroitement lié à ses effets qu’on ne saurait humainement
2915 ent lié à ses effets qu’on ne saurait humainement le séparer du premier d’entre eux, qui est l’affirmation de la personnal
2916 nement le séparer du premier d’entre eux, qui est l’ affirmation de la personnalité. Nous définissons la personne comme l’i
2917 du premier d’entre eux, qui est l’affirmation de la personnalité. Nous définissons la personne comme l’individu qui se sa
2918 ’affirmation de la personnalité. Nous définissons la personne comme l’individu qui se sait et se veut engagé dans le confl
2919 personnalité. Nous définissons la personne comme l’ individu qui se sait et se veut engagé dans le conflit créateur. Mais
2920 mme l’individu qui se sait et se veut engagé dans le conflit créateur. Mais en s’affirmant, c’est-à-dire en changeant de p
2921 , c’est-à-dire en changeant de plan, en allant de l’ angoisse à la création, de l’impasse du désordre à l’ordre nouveau, la
2922 e en changeant de plan, en allant de l’angoisse à la création, de l’impasse du désordre à l’ordre nouveau, la personnalité
2923 e plan, en allant de l’angoisse à la création, de l’ impasse du désordre à l’ordre nouveau, la personnalité accentue encore
2924 tion, de l’impasse du désordre à l’ordre nouveau, la personnalité accentue encore la tension. Le nouvel état du conflit es
2925 l’ordre nouveau, la personnalité accentue encore la tension. Le nouvel état du conflit est plus aigu que l’ancien. Au fur
2926 veau, la personnalité accentue encore la tension. Le nouvel état du conflit est plus aigu que l’ancien. Au fur et à mesure
2927 sion. Le nouvel état du conflit est plus aigu que l’ ancien. Au fur et à mesure qu’elle se libère, la personnalité se risqu
2928 e l’ancien. Au fur et à mesure qu’elle se libère, la personnalité se risque de plus en plus. C’est pourquoi les époques de
2929 nnalité se risque de plus en plus. C’est pourquoi les époques de conciliation sont des époques de décadence. Le salut n’est
2930 es de conciliation sont des époques de décadence. Le salut n’est jamais dans le repli, dans le refus du conflit concret. L
2931 époques de décadence. Le salut n’est jamais dans le repli, dans le refus du conflit concret. L’invention de l’homme « int
2932 adence. Le salut n’est jamais dans le repli, dans le refus du conflit concret. L’invention de l’homme « intérieur » suppos
2933 dans le repli, dans le refus du conflit concret. L’ invention de l’homme « intérieur » suppose et permet celle du « robot 
2934 dans le refus du conflit concret. L’invention de l’ homme « intérieur » suppose et permet celle du « robot » d’affaires. L
2935 suppose et permet celle du « robot » d’affaires. L’ autisme est un fléchissement de la personnalité. D’une manière général
2936 t » d’affaires. L’autisme est un fléchissement de la personnalité. D’une manière générale, l’acte personnel revêtira donc
2937 ement de la personnalité. D’une manière générale, l’ acte personnel revêtira donc deux aspects, symbolisant les pôles de ce
2938 personnel revêtira donc deux aspects, symbolisant les pôles de cette tension qui constitue le ressort de l’activité elle-mê
2939 bolisant les pôles de cette tension qui constitue le ressort de l’activité elle-même. D’un côté, il y aura une joie créatr
2940 ôles de cette tension qui constitue le ressort de l’ activité elle-même. D’un côté, il y aura une joie créatrice, une consc
2941 e créatrice, une conscience de libération qui est la jouissance spécifiquement humaine. De l’autre côté, on trouvera une é
2942 aits. D’un côté, un champ plus libre conquis pour l’ esprit, de l’autre une pression accrue sur l’inerte. Risque par conséq
2943 pour l’esprit, de l’autre une pression accrue sur l’ inerte. Risque par conséquent accru aussi, puisque la tentation de l’i
2944 nerte. Risque par conséquent accru aussi, puisque la tentation de l’inertie augmentera en raison même de la plus grande do
2945 r conséquent accru aussi, puisque la tentation de l’ inertie augmentera en raison même de la plus grande docilité de l’iner
2946 ntation de l’inertie augmentera en raison même de la plus grande docilité de l’inerte. Il est plus difficile d’échapper au
2947 tera en raison même de la plus grande docilité de l’ inerte. Il est plus difficile d’échapper au prestige du positivisme et
2948 à prières. Il est plus difficile de maintenir sur le qui-vive un empire qu’une cité étroite. En effet, à l’intérieur même
2949 i-vive un empire qu’une cité étroite. En effet, à l’ intérieur même de l’empire, s’établit un danger qu’ignorent les pays d
2950 une cité étroite. En effet, à l’intérieur même de l’ empire, s’établit un danger qu’ignorent les pays de marche. Le sentime
2951 même de l’empire, s’établit un danger qu’ignorent les pays de marche. Le sentiment de la sécurité, de l’ennui, du vide, tra
2952 établit un danger qu’ignorent les pays de marche. Le sentiment de la sécurité, de l’ennui, du vide, traduit un fléchisseme
2953 r qu’ignorent les pays de marche. Le sentiment de la sécurité, de l’ennui, du vide, traduit un fléchissement de la tension
2954 s pays de marche. Le sentiment de la sécurité, de l’ ennui, du vide, traduit un fléchissement de la tension. L’adoration de
2955 de l’ennui, du vide, traduit un fléchissement de la tension. L’adoration de l’abstrait, c’est-à-dire de la formule, l’inv
2956 du vide, traduit un fléchissement de la tension. L’ adoration de l’abstrait, c’est-à-dire de la formule, l’invention de l’
2957 it un fléchissement de la tension. L’adoration de l’ abstrait, c’est-à-dire de la formule, l’invention de l’acte gratuit, c
2958 nsion. L’adoration de l’abstrait, c’est-à-dire de la formule, l’invention de l’acte gratuit, c’est-à-dire de l’acte sans p
2959 ration de l’abstrait, c’est-à-dire de la formule, l’ invention de l’acte gratuit, c’est-à-dire de l’acte sans point d’appui
2960 trait, c’est-à-dire de la formule, l’invention de l’ acte gratuit, c’est-à-dire de l’acte sans point d’appui et sans orient
2961 e, l’invention de l’acte gratuit, c’est-à-dire de l’ acte sans point d’appui et sans orientation, autrement dit de l’acte i
2962 int d’appui et sans orientation, autrement dit de l’ acte impossible, sont des exemples de ce fléchissement. La tentation d
2963 mpossible, sont des exemples de ce fléchissement. La tentation de l’acte gratuit n’est qu’une forme moderne de la tentatio
2964 des exemples de ce fléchissement. La tentation de l’ acte gratuit n’est qu’une forme moderne de la tentation de l’inerte. C
2965 n de l’acte gratuit n’est qu’une forme moderne de la tentation de l’inerte. C’est un vertige de la personnalité consécutif
2966 uit n’est qu’une forme moderne de la tentation de l’ inerte. C’est un vertige de la personnalité consécutif au relâchement
2967 de la tentation de l’inerte. C’est un vertige de la personnalité consécutif au relâchement de la tension et à la perte du
2968 e de la personnalité consécutif au relâchement de la tension et à la perte du sentiment du risque véritable. À côté de la
2969 lité consécutif au relâchement de la tension et à la perte du sentiment du risque véritable. À côté de la réalité de la pe
2970 perte du sentiment du risque véritable. À côté de la réalité de la personne, une autre réalité immédiate à l’acte, c’est é
2971 ment du risque véritable. À côté de la réalité de la personne, une autre réalité immédiate à l’acte, c’est évidemment la c
2972 ité de la personne, une autre réalité immédiate à l’ acte, c’est évidemment la connaissance. Non seulement la pensée est ac
2973 utre réalité immédiate à l’acte, c’est évidemment la connaissance. Non seulement la pensée est acte, mais elle est ce qu’i
2974 , c’est évidemment la connaissance. Non seulement la pensée est acte, mais elle est ce qu’il y a de plus actuel ·dans l’ac
2975 , mais elle est ce qu’il y a de plus actuel ·dans l’ acte. Ce qui a pu tromper sur ce point, c’est précisément que, la pens
2976 a pu tromper sur ce point, c’est précisément que, la pensée étant la plus immédiate des mises en ordre, la raison est tent
2977 ce point, c’est précisément que, la pensée étant la plus immédiate des mises en ordre, la raison est tentée de confondre
2978 ensée étant la plus immédiate des mises en ordre, la raison est tentée de confondre cet ordre même, qui n’est qu’un effet,
2979 ondre cet ordre même, qui n’est qu’un effet, avec le dynamisme qui en est cause. Ce dynamisme propre de la pensée créatric
2980 ynamisme qui en est cause. Ce dynamisme propre de la pensée créatrice, c’est cela que nous appelons sa faculté dichotomiqu
2981 t cela que nous appelons sa faculté dichotomique. La science nous en donnera un bon exemple. En tant qu’activité, elle peu
2982 le. En tant qu’activité, elle peut se définir par l’ invention de l’abstrait, c’est-à-dire de l’homogénéité mathématique. E
2983 activité, elle peut se définir par l’invention de l’ abstrait, c’est-à-dire de l’homogénéité mathématique. Elle apparaît ai
2984 ir par l’invention de l’abstrait, c’est-à-dire de l’ homogénéité mathématique. Elle apparaît ainsi comme un va-et-vient du
2985 pparaît ainsi comme un va-et-vient du « donné » à l’ abstrait. (Conflit de l’identité et de la réalité, voir Meyerson). Il
2986 a-et-vient du « donné » à l’abstrait. (Conflit de l’ identité et de la réalité, voir Meyerson). Il n’y a de paradoxe épisté
2987 onné » à l’abstrait. (Conflit de l’identité et de la réalité, voir Meyerson). Il n’y a de paradoxe épistémologique que pou
2988 oxe épistémologique que pour qui refuse d’aborder le problème de la connaissance à partir de l’acte. Mais, au contraire, l
2989 ique que pour qui refuse d’aborder le problème de la connaissance à partir de l’acte. Mais, au contraire, la science, cons
2990 border le problème de la connaissance à partir de l’ acte. Mais, au contraire, la science, considérée maintenant comme monu
2991 naissance à partir de l’acte. Mais, au contraire, la science, considérée maintenant comme monument ou système de règles, n
2992 e qu’un aspect provisoirement favorable du chaos. La vérité scientifique est dans l’abstrait ; la science-faite rejoint le
2993 vorable du chaos. La vérité scientifique est dans l’ abstrait ; la science-faite rejoint le donné. Mais cela n’est vrai que
2994 aos. La vérité scientifique est dans l’abstrait ; la science-faite rejoint le donné. Mais cela n’est vrai que pour le sava
2995 ue est dans l’abstrait ; la science-faite rejoint le donné. Mais cela n’est vrai que pour le savant seulement au moment où
2996 e rejoint le donné. Mais cela n’est vrai que pour le savant seulement au moment où il crée ; pour les autres hommes, la sc
2997 r le savant seulement au moment où il crée ; pour les autres hommes, la science se traduit par une économie d’énergie et de
2998 nt au moment où il crée ; pour les autres hommes, la science se traduit par une économie d’énergie et de pensée, d’où cett
2999 onomie d’énergie et de pensée, d’où cette zone où l’ homme marche sur de l’art humain en toute sécurité et en plein automat
3000 pensée, d’où cette zone où l’homme marche sur de l’ art humain en toute sécurité et en plein automatisme (exemple : les gr
3001 toute sécurité et en plein automatisme (exemple : les grandes villes). Le progrès scientifique accroît sans cesse ce risque
3002 plein automatisme (exemple : les grandes villes). Le progrès scientifique accroît sans cesse ce risque d’automatisme, ranç
3003 oît sans cesse ce risque d’automatisme, rançon de la conquête2. À tous les étages et dans tous les domaines de l’effort de
3004 que d’automatisme, rançon de la conquête2. À tous les étages et dans tous les domaines de l’effort de pensée nous retrouvon
3005 n de la conquête2. À tous les étages et dans tous les domaines de l’effort de pensée nous retrouvons ce risque, né du carac
3006 2. À tous les étages et dans tous les domaines de l’ effort de pensée nous retrouvons ce risque, né du caractère ordonnateu
3007 rouvons ce risque, né du caractère ordonnateur de l’ activité humaine. Ainsi dans l’organisation du travail. La machine ten
3008 ère ordonnateur de l’activité humaine. Ainsi dans l’ organisation du travail. La machine tend à détruire l’artisanat, c’est
3009 té humaine. Ainsi dans l’organisation du travail. La machine tend à détruire l’artisanat, c’est-à-dire la zone du travail
3010 ganisation du travail. La machine tend à détruire l’ artisanat, c’est-à-dire la zone du travail manuel où l’œuvre garde un
3011 machine tend à détruire l’artisanat, c’est-à-dire la zone du travail manuel où l’œuvre garde un caractère plus ou moins ne
3012 isanat, c’est-à-dire la zone du travail manuel où l’ œuvre garde un caractère plus ou moins net de totalité. En d’autres te
3013 lus ou moins net de totalité. En d’autres termes, la machine sépare le travail qualifié, qu’elle repousse vers l’activité
3014 e totalité. En d’autres termes, la machine sépare le travail qualifié, qu’elle repousse vers l’activité spirituelle, du tr
3015 sépare le travail qualifié, qu’elle repousse vers l’ activité spirituelle, du travail non qualifié, où l’homme ne joue plus
3016 activité spirituelle, du travail non qualifié, où l’ homme ne joue plus qu’un rôle d’exécuteur. Remarquons que la machine n
3017 joue plus qu’un rôle d’exécuteur. Remarquons que la machine n’est que le prolongement d’un schéma mathématique, et qu’ell
3018 d’exécuteur. Remarquons que la machine n’est que le prolongement d’un schéma mathématique, et qu’elle est elle-même prolo
3019 hématique, et qu’elle est elle-même prolongée par la rationalisation. Nous avons là un exemple saisissant de la progressio
3020 alisation. Nous avons là un exemple saisissant de la progression par dichotomie. Progression réelle, créant un double risq
3021 le, créant un double risque non moins réel, ou si l’ on veut, une double tentation. Car, d’une part, renoncer à la machine
3022 une double tentation. Car, d’une part, renoncer à la machine ce serait en quelque sorte renoncer au sens même de l’activit
3023 serait en quelque sorte renoncer au sens même de l’ activité humaine ; mais, d’autre part, la domination de la machine ser
3024 même de l’activité humaine ; mais, d’autre part, la domination de la machine serait le résultat fatal du renoncement à la
3025 té humaine ; mais, d’autre part, la domination de la machine serait le résultat fatal du renoncement à la valeur éthique d
3026 d’autre part, la domination de la machine serait le résultat fatal du renoncement à la valeur éthique de la science en ta
3027 machine serait le résultat fatal du renoncement à la valeur éthique de la science en tant qu’acte (tentation à laquelle no
3028 ultat fatal du renoncement à la valeur éthique de la science en tant qu’acte (tentation à laquelle nous condamne à céder l
3029 ’acte (tentation à laquelle nous condamne à céder l’ expérimentalisme positiviste). Un troisième exemple de tension et d’ac
3030 exemple de tension et d’acte nous est fourni par l’ homme considéré du point de vue social. D’un côté, nous trouvons l’att
3031 du point de vue social. D’un côté, nous trouvons l’ attachement de l’homme à la terre, à la famille, à la race, à l’ambian
3032 social. D’un côté, nous trouvons l’attachement de l’ homme à la terre, à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’hom
3033 un côté, nous trouvons l’attachement de l’homme à la terre, à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne peut
3034 s trouvons l’attachement de l’homme à la terre, à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne peut pas y renon
3035 ttachement de l’homme à la terre, à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne peut pas y renoncer sans brise
3036 de l’homme à la terre, à la famille, à la race, à l’ ambiance sociale. L’homme ne peut pas y renoncer sans briser son resso
3037 e, à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’ homme ne peut pas y renoncer sans briser son ressort. Remarquons que c
3038 r son ressort. Remarquons que cet attachement est la marque de l’humanité. Mais, d’autre part, l’homme n’existe personnell
3039 . Remarquons que cet attachement est la marque de l’ humanité. Mais, d’autre part, l’homme n’existe personnellement qu’auta
3040 est la marque de l’humanité. Mais, d’autre part, l’ homme n’existe personnellement qu’autant qu’il s’affirme en acte. Quan
3041 eur humaine, c’est à une société de personnes que l’ on pense. L’homme n’atteint l’universel qu’à travers le personnel. Ori
3042 c’est à une société de personnes que l’on pense. L’ homme n’atteint l’universel qu’à travers le personnel. Originalité écl
3043 té de personnes que l’on pense. L’homme n’atteint l’ universel qu’à travers le personnel. Originalité éclatante, inoubliabl
3044 pense. L’homme n’atteint l’universel qu’à travers le personnel. Originalité éclatante, inoubliable, paradoxale, de la soci
3045 riginalité éclatante, inoubliable, paradoxale, de la société humaine, qui lui permet de se dépasser elle-même. L’homme con
3046 humaine, qui lui permet de se dépasser elle-même. L’ homme concret, l’homme vivant, l’homme en acte est l’affirmation d’une
3047 permet de se dépasser elle-même. L’homme concret, l’ homme vivant, l’homme en acte est l’affirmation d’une tension permanen
3048 asser elle-même. L’homme concret, l’homme vivant, l’ homme en acte est l’affirmation d’une tension permanente entre ces deu
3049 omme concret, l’homme vivant, l’homme en acte est l’ affirmation d’une tension permanente entre ces deux pôles de l’amour :
3050 d’une tension permanente entre ces deux pôles de l’ amour : l’attachement à la diversité concrète, et l’actualisation de l
3051 sion permanente entre ces deux pôles de l’amour : l’ attachement à la diversité concrète, et l’actualisation de l’universel
3052 entre ces deux pôles de l’amour : l’attachement à la diversité concrète, et l’actualisation de l’universel par la charité
3053 amour : l’attachement à la diversité concrète, et l’ actualisation de l’universel par la charité personnaliste. ⁂ Pour évit
3054 nt à la diversité concrète, et l’actualisation de l’ universel par la charité personnaliste. ⁂ Pour éviter un malentendu es
3055 é concrète, et l’actualisation de l’universel par la charité personnaliste. ⁂ Pour éviter un malentendu essentiel, nous te
3056 tiel, nous tenons à souligner encore en terminant le caractère d’instantanéité de l’acte créateur. Nous affirmons ainsi ce
3057 core en terminant le caractère d’instantanéité de l’ acte créateur. Nous affirmons ainsi ce qui nous paraît spécifique de l
3058 affirmons ainsi ce qui nous paraît spécifique de l’ effort et de la pensée humaine. La pensée créatrice est donc l’acte le
3059 i ce qui nous paraît spécifique de l’effort et de la pensée humaine. La pensée créatrice est donc l’acte le plus pur et le
3060 t spécifique de l’effort et de la pensée humaine. La pensée créatrice est donc l’acte le plus pur et le plus humain. Mais
3061 e la pensée humaine. La pensée créatrice est donc l’ acte le plus pur et le plus humain. Mais comment va se présenter à nos
3062 nsée humaine. La pensée créatrice est donc l’acte le plus pur et le plus humain. Mais comment va se présenter à nos yeux c
3063 a pensée créatrice est donc l’acte le plus pur et le plus humain. Mais comment va se présenter à nos yeux ce qui n’est pas
3064 présenter à nos yeux ce qui n’est pas immédiat à l’ acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés à nier la réalité de t
3065 ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés à nier la réalité de toute médiation ? Assurément l’évidence de l’acte, non seu
3066 à nier la réalité de toute médiation ? Assurément l’ évidence de l’acte, non seulement prime tout pour nous, mais constitue
3067 ité de toute médiation ? Assurément l’évidence de l’ acte, non seulement prime tout pour nous, mais constitue, comme nous l
3068 prime tout pour nous, mais constitue, comme nous l’ avons dit, le point de départ nécessaire, la supra-rationalité la plus
3069 our nous, mais constitue, comme nous l’avons dit, le point de départ nécessaire, la supra-rationalité la plus favorable à
3070 nous l’avons dit, le point de départ nécessaire, la supra-rationalité la plus favorable à l’édification de toute construc
3071 point de départ nécessaire, la supra-rationalité la plus favorable à l’édification de toute construction humaine, même et
3072 essaire, la supra-rationalité la plus favorable à l’ édification de toute construction humaine, même et surtout rationnelle
3073 elle. Mais si nous rejetons toute médiation entre l’ acte et ses manifestations humaines, nous ne saurions écarter la réali
3074 manifestations humaines, nous ne saurions écarter la réalité des résistances à cette activité. Ce n’est que dans certains
3075 n’est que dans certains domaines très étroits de la pensée que ces résistances sont assez nettement brisées pour conférer
3076 nces sont assez nettement brisées pour conférer à la création issue de l’acte comme une forme d’éternité. Partout ailleurs
3077 ment brisées pour conférer à la création issue de l’ acte comme une forme d’éternité. Partout ailleurs, les résistances son
3078 cte comme une forme d’éternité. Partout ailleurs, les résistances sont étroitement mêlées à toutes les manifestations d’act
3079 les résistances sont étroitement mêlées à toutes les manifestations d’activité. La médiation ne se manifeste pour nous que
3080 nt mêlées à toutes les manifestations d’activité. La médiation ne se manifeste pour nous que sous forme de résistance. Il
3081 ésistances plus ou moins favorables au ressort de l’ activité, comme certains climats ou certains pays se prêtent mieux au
3082 mais ce ne sont jamais que des résistances. Entre les deux pôles de la tension, il n’y a ni identité, ni égalité, justement
3083 mais que des résistances. Entre les deux pôles de la tension, il n’y a ni identité, ni égalité, justement parce que l’un d
3084 ité, justement parce que l’un d’entre eux attache l’ homme aux autres formes de la vie, tandis que le second affirme la tra
3085 d’entre eux attache l’homme aux autres formes de la vie, tandis que le second affirme la transcendance de l’acte. Étant o
3086 es formes de la vie, tandis que le second affirme la transcendance de l’acte. Étant orientée vers l’acte, la tension humai
3087 tandis que le second affirme la transcendance de l’ acte. Étant orientée vers l’acte, la tension humaine ne saurait donc c
3088 e la transcendance de l’acte. Étant orientée vers l’ acte, la tension humaine ne saurait donc considérer toute médiation qu
3089 nscendance de l’acte. Étant orientée vers l’acte, la tension humaine ne saurait donc considérer toute médiation que comme
3090 istance à son effort immédiat, ou, pour reprendre l’ expression vigoureuse de Kierkegaard, comme « un attentat métaphysique
3091 rkegaard, comme « un attentat métaphysique contre l’ éthique ». Il faut, certes, que l’homme trouve des points d’appui et g
3092 physique contre l’éthique ». Il faut, certes, que l’ homme trouve des points d’appui et garde une participation avec ce qui
3093 ais cette nécessité ne reprend sa valeur que dans la tension active dirigée tout entière vers l’affirmation du personnalis
3094 dans la tension active dirigée tout entière vers l’ affirmation du personnalisme. Dans les divers ordres de l’activité hum
3095 entière vers l’affirmation du personnalisme. Dans les divers ordres de l’activité humaine, l’acte instantané ne fera brille
3096 ation du personnalisme. Dans les divers ordres de l’ activité humaine, l’acte instantané ne fera briller son éclair que bie
3097 me. Dans les divers ordres de l’activité humaine, l’ acte instantané ne fera briller son éclair que bien rarement. Les conf
3098 ané ne fera briller son éclair que bien rarement. Les conflits contre le temps, contre l’espace, contre la matière, qui rep
3099 son éclair que bien rarement. Les conflits contre le temps, contre l’espace, contre la matière, qui reprennent ici en tant
3100 en rarement. Les conflits contre le temps, contre l’ espace, contre la matière, qui reprennent ici en tant que résistance à
3101 conflits contre le temps, contre l’espace, contre la matière, qui reprennent ici en tant que résistance à l’effort une sor
3102 ière, qui reprennent ici en tant que résistance à l’ effort une sorte de réalité indépendante, ne donnent que rarement l’oc
3103 de réalité indépendante, ne donnent que rarement l’ occasion d’une victoire évidente ; mais dans tous les domaines de l’ac
3104 occasion d’une victoire évidente ; mais dans tous les domaines de l’activité humaine la pensée dichotomique maintiendra cet
3105 ictoire évidente ; mais dans tous les domaines de l’ activité humaine la pensée dichotomique maintiendra cette volonté : li
3106 mais dans tous les domaines de l’activité humaine la pensée dichotomique maintiendra cette volonté : libérer la personnali
3107 dichotomique maintiendra cette volonté : libérer la personnalité, dégager l’instantanéité de l’acte. 1. Ce qui ne signi
3108 cette volonté : libérer la personnalité, dégager l’ instantanéité de l’acte. 1. Ce qui ne signifie pas du tout que la pe
3109 bérer la personnalité, dégager l’instantanéité de l’ acte. 1. Ce qui ne signifie pas du tout que la pensée doive être sou
3110 e l’acte. 1. Ce qui ne signifie pas du tout que la pensée doive être soumise à l’action — bien au contraire ! — mais que
3111 ie pas du tout que la pensée doive être soumise à l’ action — bien au contraire ! — mais que le risque de penser est actuel
3112 umise à l’action — bien au contraire ! — mais que le risque de penser est actuel (D. R.). 2. Je retrouve dans les papier
3113 penser est actuel (D. R.). 2. Je retrouve dans les papiers posthumes d’Arnaud Dandieu quelques lignes qui me paraissent
3114 opres à éclairer ce dernier paragraphe (D. R.). «  Le seuil qui sépare le prélogique du logique, où est-il donc ? Le point
3115 dernier paragraphe (D. R.). « Le seuil qui sépare le prélogique du logique, où est-il donc ? Le point est d’importance car
3116 sépare le prélogique du logique, où est-il donc ? Le point est d’importance car il nous éclairera un peu sur la nature int
3117 est d’importance car il nous éclairera un peu sur la nature intime de l’acte créateur, dans la mesure où elle est saisissa
3118 il nous éclairera un peu sur la nature intime de l’ acte créateur, dans la mesure où elle est saisissable. En effet, de to
3119 peu sur la nature intime de l’acte créateur, dans la mesure où elle est saisissable. En effet, de tous les seuils irration
3120 mesure où elle est saisissable. En effet, de tous les seuils irrationnels que l’homme puisse passer, c’est sans doute le se
3121 le. En effet, de tous les seuils irrationnels que l’ homme puisse passer, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la
3122 nnels que l’homme puisse passer, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la vie. Or, ce seuil, comme le montre clair
3123 er, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la vie. Or, ce seuil, comme le montre clairement M. Lévy-Bruhl, notammen
3124 qui ne lui coûte pas la vie. Or, ce seuil, comme le montre clairement M. Lévy-Bruhl, notamment dans la conférence qu’il a
3125 e montre clairement M. Lévy-Bruhl, notamment dans la conférence qu’il a faite à Oxford, le 19 mai 1931, il le passe chaque
3126 amment dans la conférence qu’il a faite à Oxford, le 19 mai 1931, il le passe chaque fois qu’il pense, encore que peut-êtr
3127 érence qu’il a faite à Oxford, le 19 mai 1931, il le passe chaque fois qu’il pense, encore que peut-être l’acte de penser,
3128 sse chaque fois qu’il pense, encore que peut-être l’ acte de penser, au sens plein et cartésien du mot, soit infiniment plu
3129 n, il est indispensable de marquer très fortement l’ influence qu’exerce ce seuil sur toute la vie humaine et, probablement
3130 ortement l’influence qu’exerce ce seuil sur toute la vie humaine et, probablement, sur la vie en général. Cela est d’autan
3131 il sur toute la vie humaine et, probablement, sur la vie en général. Cela est d’autant plus nécessaire que de même que la
3132 Cela est d’autant plus nécessaire que de même que la science a longtemps refusé de faire entrer dans ses constructions le
3133 mps refusé de faire entrer dans ses constructions le principe de Carnot, et qu’elle n’a accepté l’irréversibilité qu’il re
3134 ons le principe de Carnot, et qu’elle n’a accepté l’ irréversibilité qu’il recèle, que pour en tourner l’irrationalité fonc
3135 irréversibilité qu’il recèle, que pour en tourner l’ irrationalité foncière à l’aide d’une loi statistique, de même la méth
3136 e, que pour en tourner l’irrationalité foncière à l’ aide d’une loi statistique, de même la méthode sociologique qui a cond
3137 foncière à l’aide d’une loi statistique, de même la méthode sociologique qui a conduit à la découverte de la véritable na
3138 , de même la méthode sociologique qui a conduit à la découverte de la véritable nature de la mentalité prélogique, hésite
3139 ode sociologique qui a conduit à la découverte de la véritable nature de la mentalité prélogique, hésite à faire la part d
3140 conduit à la découverte de la véritable nature de la mentalité prélogique, hésite à faire la part de l’orientation humaine
3141 nature de la mentalité prélogique, hésite à faire la part de l’orientation humaine qui s’exprime par une affirmation crois
3142 a mentalité prélogique, hésite à faire la part de l’ orientation humaine qui s’exprime par une affirmation croissante de la
3143 e qui s’exprime par une affirmation croissante de la discontinuité explosive sous forme d’individualisation ou de création
3144 de création intellectuelle. Notre science n’est à l’ aise que dans le continu et elle fait surgir le discontinu qu’elle mul
3145 llectuelle. Notre science n’est à l’aise que dans le continu et elle fait surgir le discontinu qu’elle multiplie par son p
3146 à l’aise que dans le continu et elle fait surgir le discontinu qu’elle multiplie par son progrès même. Elle ne connaît qu
3147 aît que du probable et, en tant qu’acte, elle est l’ improbabilité essentielle. Paradoxe que M. Meyerson a décrit sous le n
3148 sentielle. Paradoxe que M. Meyerson a décrit sous le nom de paradoxe épistémologique. » (Arnaud Dandieu). a. Rougemont
3149 . » (Arnaud Dandieu). a. Rougemont Denis de, «  L’ Acte comme point de départ », Recherches philosophiques, Paris, 1936–1
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
3150 ons des Clubs de presse (30 janvier 1937)f g Les raisons Chacun sait et éprouve chaque jour, que l’état des dépenda
3151 aisons Chacun sait et éprouve chaque jour, que l’ état des dépendances financières ou des partisanneries politiques qui
3152 ou des partisanneries politiques qui est celui de la presse française, rend à peu près impossibles une documentation objec
3153 cumentation objective et une information sincère. Le procès de la presse n’est plus à faire. Sa réforme pose tant de probl
3154 bjective et une information sincère. Le procès de la presse n’est plus à faire. Sa réforme pose tant de problèmes et entra
3155 nt de problèmes et entraîne de telles incidences ( les dangers d’une information d’État : Tass ou DNB sont aussi graves que
3156 dre qu’elle ne puisse s’accomplir isolément. Seul le redressement radical et général d’un régime économique où règne aujou
3157 néral d’un régime économique où règne aujourd’hui l’ argent, libérera l’information. Ce n’est qu’en attaquant l’ensemble de
3158 conomique où règne aujourd’hui l’argent, libérera l’ information. Ce n’est qu’en attaquant l’ensemble des trusts qu’on atte
3159 libérera l’information. Ce n’est qu’en attaquant l’ ensemble des trusts qu’on atteindra celui des journaux. Le but L
3160 des trusts qu’on atteindra celui des journaux. Le but L’objet des « Clubs de presse », en même temps que de préparer
3161 qu’on atteindra celui des journaux. Le but L’ objet des « Clubs de presse », en même temps que de préparer et d’accé
3162 ournir dès à présent à tous ceux qui en éprouvent le pressant besoin, les premiers éléments d’une information honnête, et
3163 onditions et aux méthodes aujourd’hui faussées de la grande presse imprimée. Le principe Ce sont les mêmes procédés
3164 urd’hui faussées de la grande presse imprimée. Le principe Ce sont les mêmes procédés techniques (imprimerie, grand
3165 grande presse imprimée. Le principe Ce sont les mêmes procédés techniques (imprimerie, grand tirage, publicité, centr
3166 ge, publicité, centralisation, etc.) qui ont fait le succès de la presse moderne, qui font aujourd’hui son servage. « L’im
3167 , centralisation, etc.) qui ont fait le succès de la presse moderne, qui font aujourd’hui son servage. « L’imprimé » qui é
3168 esse moderne, qui font aujourd’hui son servage. «  L’ imprimé » qui était, il y a trente ans, synonyme dans l’opinion popula
3169 imé » qui était, il y a trente ans, synonyme dans l’ opinion populaire, de vérité, est devenu pour le public, synonyme de m
3170 s l’opinion populaire, de vérité, est devenu pour le public, synonyme de mensonge. Il s’agit en attendant que la question
3171 synonyme de mensonge. Il s’agit en attendant que la question puisse être attaquée et résolue de front — de tourner la dif
3172 se être attaquée et résolue de front — de tourner la difficulté en remontant à la source, en renouvelant le mode primitif
3173 e front — de tourner la difficulté en remontant à la source, en renouvelant le mode primitif de l’information, l’informati
3174 fficulté en remontant à la source, en renouvelant le mode primitif de l’information, l’information directe, personnelle et
3175 t à la source, en renouvelant le mode primitif de l’ information, l’information directe, personnelle et orale. Déjà aujourd
3176 en renouvelant le mode primitif de l’information, l’ information directe, personnelle et orale. Déjà aujourd’hui, devant la
3177 e, personnelle et orale. Déjà aujourd’hui, devant la carence ou la subversion de l’information officielle, chercher à obte
3178 et orale. Déjà aujourd’hui, devant la carence ou la subversion de l’information officielle, chercher à obtenir, par des c
3179 ujourd’hui, devant la carence ou la subversion de l’ information officielle, chercher à obtenir, par des contacts personnel
3180 ée qui se crée spontanément, d’établir dans toute la France, un vaste réseau entre les hommes de bonne volonté. Les org
3181 ablir dans toute la France, un vaste réseau entre les hommes de bonne volonté. Les organismes On constitue, dans le p
3182 aste réseau entre les hommes de bonne volonté. Les organismes On constitue, dans le plus grand nombre possible de loc
3183 volonté. Les organismes On constitue, dans le plus grand nombre possible de localités un « Club de presse ». Les ad
3184 mbre possible de localités un « Club de presse ». Les adhérents se réunissent une fois par semaine, pour recevoir et apport
3185 t une fois par semaine, pour recevoir et apporter les éléments de cette nouvelle forme d’informations. Le travail est centr
3186 éléments de cette nouvelle forme d’informations. Le travail est centralisé par un « Comité central des informations », si
3187 que semaine un bulletin dactylographié condensant les résultats acquis. Il s’établit ainsi, en quelque sorte, un double cou
3188 ainsi, en quelque sorte, un double courant entre la base et le sommet, qui, après recoupements et vérifications, permet d
3189 quelque sorte, un double courant entre la base et le sommet, qui, après recoupements et vérifications, permet d’élaborer u
3190 e matière définitive. Il convient de préciser que le bulletin n’est pas distribué. Il est adressé personnellement et confi
3191 ement au président responsable de chaque club qui le communique à ses adhérents. Ceux-ci ne sont pas de simples lecteurs p
3192 actifs, qui participent à une œuvre commune, dans le cadre du Club privé dont ils acceptent les statuts. Il faut encore aj
3193 e, dans le cadre du Club privé dont ils acceptent les statuts. Il faut encore ajouter que le « Comité central d’information
3194 acceptent les statuts. Il faut encore ajouter que le « Comité central d’informations » qui rédige le bulletin, n’a pas seu
3195 e le « Comité central d’informations » qui rédige le bulletin, n’a pas seulement à sa disposition les renseignements que l
3196 e le bulletin, n’a pas seulement à sa disposition les renseignements que lui fournissent les clubs de base. Composé lui-mêm
3197 isposition les renseignements que lui fournissent les clubs de base. Composé lui-même de journalistes, d’économistes, de fi
3198 s, de financiers, de militants, il utilise toutes les Informations directes dans les agences, les rédactions, le parlement,
3199 il utilise toutes les Informations directes dans les agences, les rédactions, le parlement, les syndicats, les milieux fin
3200 outes les Informations directes dans les agences, les rédactions, le parlement, les syndicats, les milieux financiers… Par
3201 ations directes dans les agences, les rédactions, le parlement, les syndicats, les milieux financiers… Par la diversité de
3202 s dans les agences, les rédactions, le parlement, les syndicats, les milieux financiers… Par la diversité de sa composition
3203 ces, les rédactions, le parlement, les syndicats, les milieux financiers… Par la diversité de sa composition professionnell
3204 ement, les syndicats, les milieux financiers… Par la diversité de sa composition professionnelle, par l’étendue de ses ram
3205 diversité de sa composition professionnelle, par l’ étendue de ses ramifications, il vise à ne délaisser aucune source, à
3206 e délaisser aucune source, à tenir compte de tous les points de vue. Le programme Le bulletin se divise en trois part
3207 rce, à tenir compte de tous les points de vue. Le programme Le bulletin se divise en trois parties 1° une partie pol
3208 pte de tous les points de vue. Le programme Le bulletin se divise en trois parties 1° une partie politique positive 
3209 appréciations, sur chacun des faits importants de la semaine. Cette première partie doit donner aux membres des clubs, une
3210 sorte de revue de presse commentée. On y relèvera les contradictions et les déformations de la grande presse ou de la press
3211 se commentée. On y relèvera les contradictions et les déformations de la grande presse ou de la presse d’opinion, en donnan
3212 elèvera les contradictions et les déformations de la grande presse ou de la presse d’opinion, en donnant chaque fois les r
3213 ons et les déformations de la grande presse ou de la presse d’opinion, en donnant chaque fois les raisons politiques ou fi
3214 ou de la presse d’opinion, en donnant chaque fois les raisons politiques ou financières de telle campagne et aussi de tel s
3215 hérents, des moyens de comprendre et de redresser la documentation que continuera à leur fournir la presse. Elle pourrait
3216 er la documentation que continuera à leur fournir la presse. Elle pourrait être une sorte d’école permanente des lecteurs
3217 eurs de journaux ; 3° une partie documentaire sur la presse. Tout en cherchant à remédier à l’action néfaste de la presse
3218 ire sur la presse. Tout en cherchant à remédier à l’ action néfaste de la presse imprimée en se plaçant hors de son domaine
3219 out en cherchant à remédier à l’action néfaste de la presse imprimée en se plaçant hors de son domaine, les « Clubs » n’ou
3220 resse imprimée en se plaçant hors de son domaine, les « Clubs » n’oublient pas que la réforme organique de la presse est le
3221 de son domaine, les « Clubs » n’oublient pas que la réforme organique de la presse est le but final. Dans cette partie, o
3222 lubs » n’oublient pas que la réforme organique de la presse est le but final. Dans cette partie, on réunira petit à petit,
3223 ent pas que la réforme organique de la presse est le but final. Dans cette partie, on réunira petit à petit, une documenta
3224 nira petit à petit, une documentation précise sur la structure et le mécanisme de la presse. Soit en signalant toutes les
3225 it, une documentation précise sur la structure et le mécanisme de la presse. Soit en signalant toutes les modifications da
3226 ation précise sur la structure et le mécanisme de la presse. Soit en signalant toutes les modifications dans la commandite
3227 mécanisme de la presse. Soit en signalant toutes les modifications dans la commandite, la direction, la tendance, etc. des
3228 . Soit en signalant toutes les modifications dans la commandite, la direction, la tendance, etc. des journaux existants ;
3229 lant toutes les modifications dans la commandite, la direction, la tendance, etc. des journaux existants ; soit par des ét
3230 s modifications dans la commandite, la direction, la tendance, etc. des journaux existants ; soit par des études plus géné
3231 xistants ; soit par des études plus générales sur les problèmes financiers, professionnels, législatifs, que pose la réform
3232 financiers, professionnels, législatifs, que pose la réforme de la presse. Dès à présent, de tels documents facilitent aux
3233 ofessionnels, législatifs, que pose la réforme de la presse. Dès à présent, de tels documents facilitent aux adhérents l’o
3234 ésent, de tels documents facilitent aux adhérents l’ objet de la partie numéro 2 du bulletin : savoir lire avec le minimum
3235 els documents facilitent aux adhérents l’objet de la partie numéro 2 du bulletin : savoir lire avec le minimum de duperie,
3236 la partie numéro 2 du bulletin : savoir lire avec le minimum de duperie, une presse truquée. L’esprit Il est évident
3237 vec le minimum de duperie, une presse truquée. L’ esprit Il est évident que la portée d’une telle entreprise dépend d
3238 presse truquée. L’esprit Il est évident que la portée d’une telle entreprise dépend de la valeur professionnelle et
3239 nt que la portée d’une telle entreprise dépend de la valeur professionnelle et morale et de l’honnêteté intellectuelle de
3240 pend de la valeur professionnelle et morale et de l’ honnêteté intellectuelle de ses réalisateurs. Le côté confidentiel et
3241 e l’honnêteté intellectuelle de ses réalisateurs. Le côté confidentiel et privé de la méthode rend la question particulièr
3242 es réalisateurs. Le côté confidentiel et privé de la méthode rend la question particulièrement importante. L’expérience se
3243 Le côté confidentiel et privé de la méthode rend la question particulièrement importante. L’expérience seule permettra au
3244 ode rend la question particulièrement importante. L’ expérience seule permettra aux adhérents des clubs de vérifier le séri
3245 ule permettra aux adhérents des clubs de vérifier le sérieux et l’indépendance du bulletin. Toutefois les adhérents trouve
3246 aux adhérents des clubs de vérifier le sérieux et l’ indépendance du bulletin. Toutefois les adhérents trouveront au départ
3247 sérieux et l’indépendance du bulletin. Toutefois les adhérents trouveront au départ une première garantie dans les groupem
3248 s trouveront au départ une première garantie dans les groupements qui ont pris l’initiative de la création et du fonctionne
3249 emière garantie dans les groupements qui ont pris l’ initiative de la création et du fonctionnement des clubs de presse. Le
3250 dans les groupements qui ont pris l’initiative de la création et du fonctionnement des clubs de presse. Les « Clubs de pre
3251 réation et du fonctionnement des clubs de presse. Les « Clubs de presse » sont fondés et dirigés par Denis de Rougemont et
3252 Esprit . Ceux-ci n’entendent nullement impliquer la ligne politique propre des mouvements auxquels ils appartiennent, dan
3253 e veut être qu’une œuvre stricte d’information, à l’ exclusivité de tout commentaire et de tout jugement. Mais ils s’engage
3254 re et de tout jugement. Mais ils s’engagent, dans les « clubs de presse », à défendre les principes qui leur sont communs :
3255 ngagent, dans les « clubs de presse », à défendre les principes qui leur sont communs : primauté de la personne humaine, re
3256 les principes qui leur sont communs : primauté de la personne humaine, respect de la vérité et lutte contre la tyrannie de
3257 uns : primauté de la personne humaine, respect de la vérité et lutte contre la tyrannie de l’argent. Louis E. Galey, Jacqu
3258 nne humaine, respect de la vérité et lutte contre la tyrannie de l’argent. Louis E. Galey, Jacques Madaule, Jean Maze, R.-
3259 spect de la vérité et lutte contre la tyrannie de l’ argent. Louis E. Galey, Jacques Madaule, Jean Maze, R.-Philippe Millet
3260 gemont Denis de, « Formons des clubs de presse », La Flèche, Paris, 30 janvier 1937, p. 2. g. Précédé de la notice suivan
3261 che, Paris, 30 janvier 1937, p. 2. g. Précédé de la notice suivante : « Nous présentons ci-dessous à tous nos camarades e
3262 ns ci-dessous à tous nos camarades et lecteurs de La Flèche le manifeste des clubs de presse en formation. À l’heure où la
3263 ous à tous nos camarades et lecteurs de La Flèche le manifeste des clubs de presse en formation. À l’heure où la grande pr
3264 le manifeste des clubs de presse en formation. À l’ heure où la grande presse française se constitue chaque jour davantage
3265 te des clubs de presse en formation. À l’heure où la grande presse française se constitue chaque jour davantage en trusts,
3266 ses mensonges et ses trahisons. Il faut passer à l’ action. Sur un terrain parfaitement précis et limité, celui de l’infor
3267 n terrain parfaitement précis et limité, celui de l’ information, nous avons pensé que nous devions collaborer avec des cam
3268 organisations. Ce sera certainement par ailleurs l’ occasion d’un échange de vues qui ne peut être que fructueux pour tous
3269 tistes ou non frontistes, pour qu’ils comprennent l’ intérêt exceptionnel que présente la formation des clubs, pour qu’ils
3270 s comprennent l’intérêt exceptionnel que présente la formation des clubs, pour qu’ils y collaborent activement, pour que d
3271 calité, si éloignée, si peu importante soit-elle, le club de presse dont ils seront les instigateurs devienne rapidement u
3272 ante soit-elle, le club de presse dont ils seront les instigateurs devienne rapidement un organisme craint et respecté. À l
3273 nne rapidement un organisme craint et respecté. À l’ heure où l’Argent-roi investit complètement la presse française, à l’h
3274 ent un organisme craint et respecté. À l’heure où l’ Argent-roi investit complètement la presse française, à l’heure où Hav
3275 . À l’heure où l’Argent-roi investit complètement la presse française, à l’heure où Havas règne, à l’heure où la diffusion
3276 -roi investit complètement la presse française, à l’ heure où Havas règne, à l’heure où la diffusion de la pensée par le pa
3277 la presse française, à l’heure où Havas règne, à l’ heure où la diffusion de la pensée par le papier, le film et la radio
3278 française, à l’heure où Havas règne, à l’heure où la diffusion de la pensée par le papier, le film et la radio n’a jamais
3279 eure où Havas règne, à l’heure où la diffusion de la pensée par le papier, le film et la radio n’a jamais été si grande, n
3280 règne, à l’heure où la diffusion de la pensée par le papier, le film et la radio n’a jamais été si grande, nous sommes obl
3281 heure où la diffusion de la pensée par le papier, le film et la radio n’a jamais été si grande, nous sommes obligés de rev
3282 diffusion de la pensée par le papier, le film et la radio n’a jamais été si grande, nous sommes obligés de revenir à une
3283 de revenir à une forme antique de transmission : l’ information orale. C’est la seule possible aujourd’hui. Camarades, si
3284 ique de transmission : l’information orale. C’est la seule possible aujourd’hui. Camarades, si vous voulez savoir, aidez-n
3285 Pour tous renseignements, adressez provisoirement les lettres à La Flèche, 7, rue de la Michodière, en mettant dans le coin
3286 eignements, adressez provisoirement les lettres à La Flèche, 7, rue de la Michodière, en mettant dans le coin la mention :
3287 Flèche, 7, rue de la Michodière, en mettant dans le coin la mention : clubs de presse.) »
3288 7, rue de la Michodière, en mettant dans le coin la mention : clubs de presse.) »
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
3289 À qui la liberté ? (5 mars 1937)h Tout le monde parle de la culture et de l
3290 iberté ? (5 mars 1937)h Tout le monde parle de la culture et de la défense de la culture. C’est qu’on ne sait plus ce q
3291 1937)h Tout le monde parle de la culture et de la défense de la culture. C’est qu’on ne sait plus ce que signifie cultu
3292 le monde parle de la culture et de la défense de la culture. C’est qu’on ne sait plus ce que signifie culture. C’est que
3293 n ne sait plus ce que signifie culture. C’est que la culture est en pleine crise, et que cette crise ne sévit plus seuleme
3294 , et que cette crise ne sévit plus seulement dans les élites, mais se manifeste dans la vie publique, et dans les couches p
3295 seulement dans les élites, mais se manifeste dans la vie publique, et dans les couches profondes de la nation. Je dis que
3296 , mais se manifeste dans la vie publique, et dans les couches profondes de la nation. Je dis que la crise de la culture est
3297 la vie publique, et dans les couches profondes de la nation. Je dis que la crise de la culture est dans la rue. Je dis que
3298 ns les couches profondes de la nation. Je dis que la crise de la culture est dans la rue. Je dis que la culture fait le tr
3299 es profondes de la nation. Je dis que la crise de la culture est dans la rue. Je dis que la culture fait le trottoir. Et q
3300 ation. Je dis que la crise de la culture est dans la rue. Je dis que la culture fait le trottoir. Et que c’est la politiqu
3301 a crise de la culture est dans la rue. Je dis que la culture fait le trottoir. Et que c’est la politique qui s’est chargée
3302 lture est dans la rue. Je dis que la culture fait le trottoir. Et que c’est la politique qui s’est chargée de réglementer
3303 dis que la culture fait le trottoir. Et que c’est la politique qui s’est chargée de réglementer à sa manière la prostituti
3304 que qui s’est chargée de réglementer à sa manière la prostitution des mots-clés, des lieux communs fondamentaux sur lesque
3305 ux communs fondamentaux sur lesquelles s’édifiait la culture. M. de la Rocque défend ce qu’il appelle « la primauté de l’e
3306 ulture. M. de la Rocque défend ce qu’il appelle «  la primauté de l’esprit ». Il fait placarder des affiches « Pour la défe
3307 a Rocque défend ce qu’il appelle « la primauté de l’ esprit ». Il fait placarder des affiches « Pour la défense de la liber
3308 l’esprit ». Il fait placarder des affiches « Pour la défense de la liberté ». M. Vaillant-Couturier publie un manifeste in
3309 fait placarder des affiches « Pour la défense de la liberté ». M. Vaillant-Couturier publie un manifeste intitulé Au serv
3310 turier publie un manifeste intitulé Au service de l’ esprit, où il est question à chaque page de défendre la liberté. Dans
3311 rit, où il est question à chaque page de défendre la liberté. Dans l’état présent du langage, de la culture, et de la poli
3312 estion à chaque page de défendre la liberté. Dans l’ état présent du langage, de la culture, et de la politique, on peut êt
3313 re la liberté. Dans l’état présent du langage, de la culture, et de la politique, on peut être à peu près certain que ces
3314 s l’état présent du langage, de la culture, et de la politique, on peut être à peu près certain que ces deux messieurs déf
3315 rtain que ces deux messieurs défendent en réalité le contraire de l’esprit et de la liberté, c’est-à-dire qu’ils défendent
3316 ux messieurs défendent en réalité le contraire de l’ esprit et de la liberté, c’est-à-dire qu’ils défendent l’un et l’autre
3317 fendent en réalité le contraire de l’esprit et de la liberté, c’est-à-dire qu’ils défendent l’un et l’autre un régime d’ét
3318 un régime d’étatisme oppressif et de dictature de l’ économique. Le résultat de ces pratiques ne se fera pas attendre, et l
3319 atisme oppressif et de dictature de l’économique. Le résultat de ces pratiques ne se fera pas attendre, et l’on en voit dé
3320 ltat de ces pratiques ne se fera pas attendre, et l’ on en voit déjà les premiers signes : parlez de la liberté, posez-vous
3321 l’on en voit déjà les premiers signes : parlez de la liberté, posez-vous en défenseur de cet idéal permanent de la Révolut
3322 posez-vous en défenseur de cet idéal permanent de la Révolution humaine, vous passerez bientôt pour fasciste. On dit que l
3323 , vous passerez bientôt pour fasciste. On dit que les mots n’ont plus de sens. Ce serait trop beau, ce serait trop facile,
3324 trop beau, ce serait trop facile, ce serait enfin la trêve des démagogues. En réalité, les mots prennent tous les sens qu’
3325 serait enfin la trêve des démagogues. En réalité, les mots prennent tous les sens qu’on veut dans la bouche des politiciens
3326 es démagogues. En réalité, les mots prennent tous les sens qu’on veut dans la bouche des politiciens. Ils prennent de préfé
3327 , les mots prennent tous les sens qu’on veut dans la bouche des politiciens. Ils prennent de préférence un sens contraire
3328 ennent de préférence un sens contraire à celui de l’ usage courant. (Staline dit : « Je ne suis pas un dictateur » ; Mussol
3329 « Je ne suis pas un dictateur » ; Mussolini fait la conquête de l’Éthiopie au nom de ce qu’il appelle sa liberté, etc.) M
3330 as un dictateur » ; Mussolini fait la conquête de l’ Éthiopie au nom de ce qu’il appelle sa liberté, etc.) Mais ils prennen
3331 t aussi toutes sortes de sens intermédiaires dans la bouche de nos députés et journalistes, qui flétrissent (à droite) ou
3332 i flétrissent (à droite) ou approuvent (à gauche) les lois sociales parce qu’ils les qualifient de socialistes, et qui appr
3333 rouvent (à gauche) les lois sociales parce qu’ils les qualifient de socialistes, et qui approuveraient (à droite), ou flétr
3334 ouveraient (à droite), ou flétriraient (à gauche) les mêmes lois si on les qualifiait de fascistes. Alors qu’elles sont, en
3335 , ou flétriraient (à gauche) les mêmes lois si on les qualifiait de fascistes. Alors qu’elles sont, en fait, l’un et l’autr
3336 s. Alors qu’elles sont, en fait, l’un et l’autre. La politique actuelle s’occupe bien moins des faits que des mystiques do
3337 s mots. Ces mots suffirent longtemps à départager les opinions réelles : on disait liberté à gauche, patrie et autorité à d
3338 berté à gauche, patrie et autorité à droite. Mais la surenchère politicienne en est venue à ce point que, par une double d
3339 à droite ; patrie, autorité et liberté à gauche. La politique a prostitué le langage. La culture n’a pas été assez forte
3340 ité et liberté à gauche. La politique a prostitué le langage. La culture n’a pas été assez forte pour interdire cette pros
3341 té à gauche. La politique a prostitué le langage. La culture n’a pas été assez forte pour interdire cette prostitution. Il
3342 r interdire cette prostitution. Il en résulte que la culture qui joue tant sur le sens des mots et sur leur acception comm
3343 n. Il en résulte que la culture qui joue tant sur le sens des mots et sur leur acception commune, se trouve ruinée par la
3344 sur leur acception commune, se trouve ruinée par la politique. Et que la politique, qui a tourné en mystique, parle pour
3345 ommune, se trouve ruinée par la politique. Et que la politique, qui a tourné en mystique, parle pour ne rien dire ou pour
3346 n se demande pourquoi, dans de telles conditions, l’ on s’obstinerait encore à écrire, à parler, si par hasard on est de bo
3347 n’est pas de problème culturel qui ne dépende de la politique. Cela revient à écrire, si l’on me comprend, pour éduquer l
3348 épende de la politique. Cela revient à écrire, si l’ on me comprend, pour éduquer la méfiance du lecteur. h. Rougemont D
3349 vient à écrire, si l’on me comprend, pour éduquer la méfiance du lecteur. h. Rougemont Denis de, « À qui la liberté ? »
3350 nce du lecteur. h. Rougemont Denis de, « À qui la liberté ? », À nous la liberté, Paris, 5 mars 1937, p. 10.
3351 ougemont Denis de, « À qui la liberté ? », À nous la liberté, Paris, 5 mars 1937, p. 10.
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
3352 Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)i Je n’apprendrai rien à person
3353 Je n’apprendrai rien à personne en affirmant que le roman est le plus « contagieux » de nos genres littéraires, j’entends
3354 rai rien à personne en affirmant que le roman est le plus « contagieux » de nos genres littéraires, j’entends celui qui ex
3355 os genres littéraires, j’entends celui qui exerce l’ influence la plus directe et la plus intime sur nos mœurs, sur notre v
3356 ttéraires, j’entends celui qui exerce l’influence la plus directe et la plus intime sur nos mœurs, sur notre vie privée. S
3357 s celui qui exerce l’influence la plus directe et la plus intime sur nos mœurs, sur notre vie privée. Songez aux plus gran
3358 x plus avilies, à ces jeunes gens qui choisissent le néant et la folie avec Ivan Karamazov, comme d’autres s’étaient suici
3359 es, à ces jeunes gens qui choisissent le néant et la folie avec Ivan Karamazov, comme d’autres s’étaient suicidés après We
3360 de Balzac ; aux boursiers dont Stendhal enfièvre l’ ambition ; aux jeunes bourgeois qui se défont à rechercher leur « Temp
3361 à rechercher leur « Temps perdu » ; enfin, à tous les adultères que le roman à trois personnages, genre français par excell
3362 « Temps perdu » ; enfin, à tous les adultères que le roman à trois personnages, genre français par excellence, a provoqués
3363 excellence, a provoqués et justifiés dans toutes les sous-préfectures. Ce pouvoir contagieux est, bien sûr, tout à l’honne
3364 ures. Ce pouvoir contagieux est, bien sûr, tout à l’ honneur des écrivains qui savent le communiquer à leur œuvre, et des l
3365 en sûr, tout à l’honneur des écrivains qui savent le communiquer à leur œuvre, et des lecteurs assez ardents pour le subir
3366 à leur œuvre, et des lecteurs assez ardents pour le subir autrement qu’en imagination. Et rien n’est plus légitime, voire
3367 voire désirable, que cette contagion pratique de l’ art, tant qu’il s’agit véritablement d’art, tant qu’il s’agit, pour un
3368 , tant qu’il s’agit, pour un auteur, d’influencer le public par des moyens choisis, et de lui transmettre une certaine vis
3369 onde plus profonde, plus riche et plus vraie, que la vision banale de la vie quotidienne. Il est très bon que le romancier
3370 plus riche et plus vraie, que la vision banale de la vie quotidienne. Il est très bon que le romancier et ses romans agiss
3371 banale de la vie quotidienne. Il est très bon que le romancier et ses romans agissent, de cette manière intime et souterra
3372 ls à dire ? Dans quel sens entendent-ils agir sur les mœurs de leurs contemporains ? Ils prétendent faire de pures et simpl
3373 tendent faire de pures et simples descriptions de la Vie (avec majuscule). Ils ne redoutent rien tant que l’œuvre à thèse.
3374 (avec majuscule). Ils ne redoutent rien tant que l’ œuvre à thèse. Ils se défendent de toutes leurs forces d’avoir une mét
3375 ndant, leur influence n’est pas moins grande, sur la vie privée du lecteur. Ils ne veulent rien dire, mais, pourtant, ils
3376 udrait imposer, se contentent d’un opportunisme à la petite semaine, et ménagent les opinions plutôt que les intérêts de l
3377 ’un opportunisme à la petite semaine, et ménagent les opinions plutôt que les intérêts de leurs électeurs. Cet opportunisme
3378 tite semaine, et ménagent les opinions plutôt que les intérêts de leurs électeurs. Cet opportunisme à courte vue caractéris
3379 t opportunisme à courte vue caractérise très bien le romancier bourgeois. Refuser toute espèce de thèse, cela signifie sim
3380 hèse, cela signifie simplement ménager et flatter le lecteur, la conscience bourgeoise du lecteur, ou plus précisément de
3381 ignifie simplement ménager et flatter le lecteur, la conscience bourgeoise du lecteur, ou plus précisément de la lectrice,
3382 nce bourgeoise du lecteur, ou plus précisément de la lectrice, car en France, paraît-il, ce sont les femmes qui lisent et
3383 de la lectrice, car en France, paraît-il, ce sont les femmes qui lisent et qui se passionnent pour les romans. Ainsi, à for
3384 les femmes qui lisent et qui se passionnent pour les romans. Ainsi, à force de ménager les préjugés moraux et immoraux, à
3385 onnent pour les romans. Ainsi, à force de ménager les préjugés moraux et immoraux, à force de flatter les instincts les plu
3386 s préjugés moraux et immoraux, à force de flatter les instincts les plus faciles à flatter, à force de ne vouloir rien affi
3387 aux et immoraux, à force de flatter les instincts les plus faciles à flatter, à force de ne vouloir rien affirmer de trop v
3388 e trop réellement révolutionnaire et constructif, le « romancier à succès », de nos jours, est devenu un simple reflet de
3389 s », de nos jours, est devenu un simple reflet de la conscience bourgeoise moyenne. Il ne fait que traduire les humeurs, l
3390 ience bourgeoise moyenne. Il ne fait que traduire les humeurs, les goûts, les craintes et les vapeurs du bourgeois sensible
3391 ise moyenne. Il ne fait que traduire les humeurs, les goûts, les craintes et les vapeurs du bourgeois sensible, il ne cherc
3392 . Il ne fait que traduire les humeurs, les goûts, les craintes et les vapeurs du bourgeois sensible, il ne cherche pas à le
3393 traduire les humeurs, les goûts, les craintes et les vapeurs du bourgeois sensible, il ne cherche pas à les combattre, à l
3394 apeurs du bourgeois sensible, il ne cherche pas à les combattre, à les transformer, à les dissiper au nom d’un idéal person
3395 is sensible, il ne cherche pas à les combattre, à les transformer, à les dissiper au nom d’un idéal personnel, et moins enc
3396 cherche pas à les combattre, à les transformer, à les dissiper au nom d’un idéal personnel, et moins encore au nom d’un idé
3397 istes — fait de notre romancier, tout simplement, le propagandiste des goûts de sa classe. Rien n’est plus dangereusement
3398 u’un écrivain qui n’ose pas affirmer sa tendance. La contagion du roman réaliste ou psychologique actuel s’exerce uniqueme
3399 dantes et de leurs coutumes. Il n’est que de voir l’ importance démesurée que nos romanciers attachent à la description des
3400 portance démesurée que nos romanciers attachent à la description des vêtements, des ameublements, des marques d’autos, et
3401 e cigarettes (Paul Reboux) de leurs personnages ! Le romancier bourgeois qui s’imaginait, naïvement et confortablement, qu
3402 st condamné lui-même, en fait, à ne plus être que l’ agent de publicité — plus ou moins bénévole — des fournisseurs d’une c
3403 rnisseurs d’une certaine classe. Ce romancier, et la culture qu’il représente, on comprend que la jeunesse actuelle ne mar
3404 , et la culture qu’il représente, on comprend que la jeunesse actuelle ne marche plus pour les défendre. La crise du livre
3405 rend que la jeunesse actuelle ne marche plus pour les défendre. La crise du livre, dont tout le monde parle, c’est d’abord
3406 unesse actuelle ne marche plus pour les défendre. La crise du livre, dont tout le monde parle, c’est d’abord la crise du r
3407 du livre, dont tout le monde parle, c’est d’abord la crise du roman, et du roman fait à l’usage des bourgeois, de leurs lo
3408 est d’abord la crise du roman, et du roman fait à l’ usage des bourgeois, de leurs loisirs improductifs. Une telle crise ne
3409 des lois plus ou moins astucieuses. C’est toutes les bases de la culture actuelle qui sont en crise. Faites-nous des œuvre
3410 s ou moins astucieuses. C’est toutes les bases de la culture actuelle qui sont en crise. Faites-nous des œuvres qui affirm
3411 Rougemont Denis de, « Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque », À nous la liberté, Paris, 13 mars 1937, p. 10
3412 ublicitaires ou la contagion romanesque », À nous la liberté, Paris, 13 mars 1937, p. 10.
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
3413 n a très vivement critiqué le dernier chapitre de l’ Histoire de la littérature française de Thibaudetk : celui qui est con
3414 ent critiqué le dernier chapitre de l’Histoire de la littérature française de Thibaudetk : celui qui est consacré à l’aprè
3415 rançaise de Thibaudetk : celui qui est consacré à l’ après-guerre. II est vrai que beaucoup de noms y sont omis, que beauco
3416 petites histoires de leur milieu… »). On a dit : le chapitre est bâclé. Je me demande si l’époque méritait mieux. Époque
3417 n a dit : le chapitre est bâclé. Je me demande si l’ époque méritait mieux. Époque bâclée, elle aussi, littérature bâclée,
3418 e bâclée, elle aussi, littérature bâclée, surtout la romanesque. Jamais on ne l’avait vu et constaté aussi nettement qu’à
3419 ature bâclée, surtout la romanesque. Jamais on ne l’ avait vu et constaté aussi nettement qu’à la lecture de ce bilan désin
3420 on ne l’avait vu et constaté aussi nettement qu’à la lecture de ce bilan désinvolte. Au lendemain de la guerre, la product
3421 a lecture de ce bilan désinvolte. Au lendemain de la guerre, la production écrite des hommes qui revenaient du front — 20
3422 e ce bilan désinvolte. Au lendemain de la guerre, la production écrite des hommes qui revenaient du front — 20 à 35 ans —
3423 s — connut un véritable boom commercial. « À nous la liberté ! » s’écriait cette génération : elle ignorait apparemment qu
3424 cette génération : elle ignorait apparemment que la liberté est une conquête, et non pas une facilité. Tout concourait d’
3425 toute une génération tuée à remplacer. Il y avait l’ inflation, et la prospérité des nouveaux riches, une avidité de sensat
3426 tion tuée à remplacer. Il y avait l’inflation, et la prospérité des nouveaux riches, une avidité de sensations, une libéra
3427 bération érotique, des mécènes américains… Ce fut la grande Permission, la Permission perpétuelle — jusqu’à la crise de 19
3428 mécènes américains… Ce fut la grande Permission, la Permission perpétuelle — jusqu’à la crise de 1930. Il nous en reste u
3429 e Permission, la Permission perpétuelle — jusqu’à la crise de 1930. Il nous en reste une génération de gloires rapides et
3430 ampleur, des « noms » qu’un seul livre imposa, et l’ on acceptait les suivants parce que c’était commode, et parce que les
3431 noms » qu’un seul livre imposa, et l’on acceptait les suivants parce que c’était commode, et parce que les critiques sont a
3432 suivants parce que c’était commode, et parce que les critiques sont admirablement disciplinés. (D’ailleurs, tous se connai
3433  : auteurs, critiques et éditeurs ; pratiquement, la franchise n’est pas possible.) De ces années, et de celles de la cris
3434 est pas possible.) De ces années, et de celles de la crise qui les suit, on ne retiendra guère que les bizarreries les plu
3435 ble.) De ces années, et de celles de la crise qui les suit, on ne retiendra guère que les bizarreries les plus aiguës : Coc
3436 la crise qui les suit, on ne retiendra guère que les bizarreries les plus aiguës : Cocteau, Max Jacob, les premiers surréa
3437 s suit, on ne retiendra guère que les bizarreries les plus aiguës : Cocteau, Max Jacob, les premiers surréalistes composero
3438 blement une anthologie de « mineurs » qui prendra le charme d’un style, et très vite, une patine rassurante. Quant au roma
3439 , son premier historien, ne tente d’en sauver que les plus gros morceaux — au poids — les « romans-cycles ». Le roman-cycle
3440 en sauver que les plus gros morceaux — au poids — les « romans-cycles ». Le roman-cycle, c’est, semble-t-il, la solution qu
3441 gros morceaux — au poids — les « romans-cycles ». Le roman-cycle, c’est, semble-t-il, la solution qu’adoptent naturellemen
3442 ans-cycles ». Le roman-cycle, c’est, semble-t-il, la solution qu’adoptent naturellement les écrivains lassés de l’improvis
3443 emble-t-il, la solution qu’adoptent naturellement les écrivains lassés de l’improvisation et du bâclé. Au lieu de chercher
3444 qu’adoptent naturellement les écrivains lassés de l’ improvisation et du bâclé. Au lieu de chercher la densité, en profonde
3445 l’improvisation et du bâclé. Au lieu de chercher la densité, en profondeur, ils trouvent plus commode de donner en surfac
3446 ndir un personnage jusqu’au type, ils multiplient les personnages. Au lieu de marquer d’une empreinte durable un moment don
3447 arquer d’une empreinte durable un moment donné de l’ histoire sociale, ils s’étalent dans la durée et vagabondent à travers
3448 t donné de l’histoire sociale, ils s’étalent dans la durée et vagabondent à travers les générations. Notons qu’ils s’attar
3449 s’étalent dans la durée et vagabondent à travers les générations. Notons qu’ils s’attardent presque tous aux générations d
3450 ent presque tous aux générations d’avant-guerre : le temps de leur jeunesse, remarque Thibaudet. Et il attribue ce phénomè
3451 . Et il attribue ce phénomène de « refoulement de la durée vers l’amont » à l’incertitude du lendemain (et du présent), à
3452 ue ce phénomène de « refoulement de la durée vers l’ amont » à l’incertitude du lendemain (et du présent), à la nécessité c
3453 ène de « refoulement de la durée vers l’amont » à l’ incertitude du lendemain (et du présent), à la nécessité croissante de
3454 » à l’incertitude du lendemain (et du présent), à la nécessité croissante de vivre sur ses réserves, enfin à une crise et
3455 s réserves, enfin à une crise et à une carence de la création. Malgré ces difficultés, conclut-il, on ne saurait guère do
3456 ultés, conclut-il, on ne saurait guère douter que le super-cycle de ces sept romans-cycles (Martin du Gard, Duhamel, Franc
3457 rancis, Lacretelle, Chardonne, Romains, Béhaine), le Tour de France des romanciers cyclistes, ne reste un trait capital de
3458 omanciers cyclistes, ne reste un trait capital de l’ histoire du roman, du paysage, du roman, pour cette tranche de siècle
3459 roman, pour cette tranche de siècle que meublera la génération de 1914. Il est caractéristique que le livre de Thibaudet
3460 a génération de 1914. Il est caractéristique que le livre de Thibaudet se termine sur une note pessimiste, et sur l’expre
3461 baudet se termine sur une note pessimiste, et sur l’ expression de « dégradation de la littérature, au sens où les physicie
3462 ssimiste, et sur l’expression de « dégradation de la littérature, au sens où les physiciens s’intéressent à la dégradation
3463 on de « dégradation de la littérature, au sens où les physiciens s’intéressent à la dégradation de l’énergie ». Mais cette
3464 rature, au sens où les physiciens s’intéressent à la dégradation de l’énergie ». Mais cette dégradation littéraire, après
3465 les physiciens s’intéressent à la dégradation de l’ énergie ». Mais cette dégradation littéraire, après tout, ne fait que
3466 éraire, après tout, ne fait que traduire celle de la société. Tous ces romans-cycles sont, en effet, des procès-verbaux de
3467 tion du monde bourgeois : de Proust à Lacretelle, les salons se défont, les classes se mêlent, les propriétés sont vendues
3468 s : de Proust à Lacretelle, les salons se défont, les classes se mêlent, les propriétés sont vendues aux enchères ou rachet
3469 lle, les salons se défont, les classes se mêlent, les propriétés sont vendues aux enchères ou rachetées par une coucherie,
3470 dues aux enchères ou rachetées par une coucherie, les fils renient leurs pères, les hommes leur sexe, les personnes leur id
3471 par une coucherie, les fils renient leurs pères, les hommes leur sexe, les personnes leur identité. Comment imaginer la na
3472 s fils renient leurs pères, les hommes leur sexe, les personnes leur identité. Comment imaginer la naissance, d’une grande
3473 xe, les personnes leur identité. Comment imaginer la naissance, d’une grande œuvre romanesque dans un pareil état social ?
3474 uvre romanesque dans un pareil état social ? Tous les chefs-d’œuvre du genre, au xixe siècle, étaient issus d’une société
3475 taient issus d’une société solidement établie, où les types étaient fixes et stables, et les relations codifiées, tyranniqu
3476 tablie, où les types étaient fixes et stables, et les relations codifiées, tyranniques : il y avait encore intérêt à passer
3477 non ce qui s’écroule — et cela ne peut pas donner les éléments d’un art, si l’art est une construction. Il semble bien que
3478 cela ne peut pas donner les éléments d’un art, si l’ art est une construction. Il semble bien que la littérature la plus ré
3479 si l’art est une construction. Il semble bien que la littérature la plus récente s’oriente déjà vers d’autres formes. Les
3480 e construction. Il semble bien que la littérature la plus récente s’oriente déjà vers d’autres formes. Les gros romans soc
3481 plus récente s’oriente déjà vers d’autres formes. Les gros romans sociaux de huit-cents pages que nous assènent les Céline,
3482 ans sociaux de huit-cents pages que nous assènent les Céline, Aragon ou Plisnier sont bien plus des pamphlets que des roman
3483 etrouvent un public. Il semble, d’autre part, que les documentaires entremêlés de réflexions et de jugements personnels, co
3484 ons et de jugements personnels, comme par exemple les derniers livres d’Henri Petit et de Marius Richard soient promis à de
3485 s profonds. Nous avons à refaire un inventaire de l’ homme, préparation modeste et nécessaire à une littérature vraiment pe
3486 e, « Vers une littérature personnaliste », À nous la liberté, Paris, 20 mars 1937, p. 10. k. Rougemont a rendu compte de
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
3487 C’est jeune (10 avril 1937)l L’ ironie est parfois la meilleure des prudences. C’est la conclusion que
3488 st jeune (10 avril 1937)l L’ironie est parfois la meilleure des prudences. C’est la conclusion que je tire d’un article
3489 nie est parfois la meilleure des prudences. C’est la conclusion que je tire d’un article de M. Vandérem (dans Candide) où
3490 ire d’un article de M. Vandérem (dans Candide) où la critique des critiques actuels que j’avais esquissée, ici même, se tr
3491 à mon aise et que je néglige un peu cavalièrement les contingences. Si j’étais plus avancé dans la vie — écrit-il —, je me
3492 nt les contingences. Si j’étais plus avancé dans la vie — écrit-il —, je me rendrais compte de tous les aléas que représe
3493 a vie — écrit-il —, je me rendrais compte de tous les aléas que représenteraient pour la critique un chambardement de ce ge
3494 ompte de tous les aléas que représenteraient pour la critique un chambardement de ce genre. Ce serait toute une série de n
3495 demandant des mois. On ne saurait mieux dire que le mal est aussi grave que je l’indiquais. Et si l’on en doutait encore,
3496 rait mieux dire que le mal est aussi grave que je l’ indiquais. Et si l’on en doutait encore, c’est M. Fernandez qui me fou
3497 le mal est aussi grave que je l’indiquais. Et si l’ on en doutait encore, c’est M. Fernandez qui me fournirait le plus sav
3498 tait encore, c’est M. Fernandez qui me fournirait le plus savoureux argument. Dans sa chronique littéraire de Marianne, il
3499 rce au public ». Car, précisait-il, « on sait que la force, en ces matières, cela veut dire surtout la chance et la tactiq
3500 la force, en ces matières, cela veut dire surtout la chance et la tactique, il me semble que le talent de M. Amoux est sup
3501 ces matières, cela veut dire surtout la chance et la tactique, il me semble que le talent de M. Amoux est supérieur à sa t
3502 urtout la chance et la tactique, il me semble que le talent de M. Amoux est supérieur à sa tactique ». Faut-il être jeune,
3503 t-il être jeune, tout de même, et peu avancé dans la vie, pour s’ébahir, comme je le fais, d’une… « constatation » de cet
3504 t peu avancé dans la vie, pour s’ébahir, comme je le fais, d’une… « constatation » de cet ordre ! Comprenez-vous ce qu’ell
3505 lle déclare avec tant de naturel ? Sentez-vous, à la lire, quelque chose qui s’agite en vous, entre le rire, l’inquiétude,
3506 la lire, quelque chose qui s’agite en vous, entre le rire, l’inquiétude, et le dégoût ? Partagez-vous ma naïveté ? Et M. F
3507 quelque chose qui s’agite en vous, entre le rire, l’ inquiétude, et le dégoût ? Partagez-vous ma naïveté ? Et M. Fernandez,
3508 s’agite en vous, entre le rire, l’inquiétude, et le dégoût ? Partagez-vous ma naïveté ? Et M. Fernandez, qu’en pensait-il
3509 e œuvre, de croire qu’on a quelque chose à dire ; le but de l’écrivain, c’est de s’imposer avec force au Public. Et cela d
3510 e croire qu’on a quelque chose à dire ; le but de l’ écrivain, c’est de s’imposer avec force au Public. Et cela demande de
3511 ’imposer avec force au Public. Et cela demande de la tactique ! Je le vois bien. Je supplie donc qu’on m’explique la tacti
3512 ce au Public. Et cela demande de la tactique ! Je le vois bien. Je supplie donc qu’on m’explique la tactique. En quoi cela
3513 Je le vois bien. Je supplie donc qu’on m’explique la tactique. En quoi cela peut-il consister ? Aucune idée. L’angoisse m’
3514 ue. En quoi cela peut-il consister ? Aucune idée. L’ angoisse m’étreint. Je suis comme un enfant devant le mystère de « la
3515 ngoisse m’étreint. Je suis comme un enfant devant le mystère de « la vie… ». Profitant de mon innocence, que j’espère d’ai
3516 t. Je suis comme un enfant devant le mystère de «  la vie… ». Profitant de mon innocence, que j’espère d’ailleurs provisoir
3517 ieillirai — je voudrais dire ceci à M. Vandérem : la « réinstallation complète » dont nous parlions ne demandera pas seule
3518 chose de beaucoup plus dangereux et difficile que l’ avancement dans la vie : quelque chose que nous autres appelons, dans
3519 plus dangereux et difficile que l’avancement dans la vie : quelque chose que nous autres appelons, dans ce journal, une ré
3520 appelons, dans ce journal, une révolution. Quand les clercs en sont arrivés — et l’élite — à subordonner leur mission à la
3521 révolution. Quand les clercs en sont arrivés — et l’ élite — à subordonner leur mission à la « tactique » du succès commerc
3522 rivés — et l’élite — à subordonner leur mission à la « tactique » du succès commercial, c’est le moment de fourrer les pie
3523 ion à la « tactique » du succès commercial, c’est le moment de fourrer les pieds dans le plat et d’éclabousser les convive
3524 du succès commercial, c’est le moment de fourrer les pieds dans le plat et d’éclabousser les convives. Nous ferons notre p
3525 ercial, c’est le moment de fourrer les pieds dans le plat et d’éclabousser les convives. Nous ferons notre pain nous-mêmes
3526 e fourrer les pieds dans le plat et d’éclabousser les convives. Nous ferons notre pain nous-mêmes. l. Rougemont Denis de
3527 l. Rougemont Denis de, « C’est jeune », À nous la liberté, Paris, 10 avril 1937, p. 10.
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
3528 ecret dès longtemps. Je voudrais bien n’avoir pas l’ air trop romantique : mes dernières années de Paris m’avaient appris q
3529 s m’avaient appris que cette ville, au moins pour la jeunesse sans argent, est la ville des gérants ignobles et des concie
3530 ville, au moins pour la jeunesse sans argent, est la ville des gérants ignobles et des concierges, des lieux-sombres-et-po
3531 des lieux-sombres-et-populeux où il faut pénétrer l’ âme basse et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent : « A
3532 es-et-populeux où il faut pénétrer l’âme basse et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent : « Allons-nous-en »
3533 aut pénétrer l’âme basse et la petite enveloppe à la main. Tant d’autres disent : « Allons-nous-en », et restent faute d’i
3534 . Et pourtant il suffit de bien peu pour partir : la France a des milliers de maisons vides. Dites autour de vous que vous
3535 pays. Il est très pauvre, sec et lumineux. Toutes les nuances du gris, herbes, pierres, oliviers, et quelques touches de ve
3536 les premières pentes des Cévennes, où commencent les châtaigneraies. Au sud, on voit un coin de plaine entre des collines
3537 vettes étagées, quelques cyprès en silhouette sur les crêtes, et des toits de ce rose émouvant des tuiles romaines sous un
3538 ciel doux. Au nord, derrière notre maison, c’est le rocher, la montagne brûlée. La maison : une ancienne magnanerie, très
3539 Au nord, derrière notre maison, c’est le rocher, la montagne brûlée. La maison : une ancienne magnanerie, très haute, aux
3540 otre maison, c’est le rocher, la montagne brûlée. La maison : une ancienne magnanerie, très haute, aux murs de gros moello
3541 revêtus. Il y a trois pièces au premier étage, où l’ on entre de plain-pied par-derrière. Au-dessous, c’est une grande remi
3542 grande remise. Au second quatre petites chambres. Le tout encombré de fauteuils, de chaises de velours, tables rondes et o
3543 uge. La plupart des fenêtres donnent au midi dans le branchage bleu d’un tilleul. Au bord de la terrasse, une fontaine abo
3544 i dans le branchage bleu d’un tilleul. Au bord de la terrasse, une fontaine abondante coule dans un fort grand bassin rect
3545 fort grand bassin rectangulaire aux eaux sombres. La maison du jardinier ferme la cour sur la droite, derrière des palmier
3546 re aux eaux sombres. La maison du jardinier ferme la cour sur la droite, derrière des palmiers et des lauriers. Très haute
3547 sombres. La maison du jardinier ferme la cour sur la droite, derrière des palmiers et des lauriers. Très haute aussi, blan
3548 anchie, presque sans fenêtres. Un voile vert clôt la porte d’entrée, où l’on accède par quelques marches et un balcon de p
3549 enêtres. Un voile vert clôt la porte d’entrée, où l’ on accède par quelques marches et un balcon de pierre. L’on descend pa
3550 cède par quelques marches et un balcon de pierre. L’ on descend par d’étroits escaliers aux quatre autres terrasses du jard
3551 ux quatre autres terrasses du jardin, étagées sur le versant nord d’un vallon qui vient mourir à notre hauteur sur la droi
3552 d’un vallon qui vient mourir à notre hauteur sur la droite, tandis que le versant sud, avec ses restanques touffues d’oli
3553 mourir à notre hauteur sur la droite, tandis que le versant sud, avec ses restanques touffues d’oliviers, ferme l’horizon
3554 d, avec ses restanques touffues d’oliviers, ferme l’ horizon immédiat. Au sud-est, nous avons une échappée sur la fin de la
3555 immédiat. Au sud-est, nous avons une échappée sur la fin de la vallée, la rivière et la plaine. La petite ville reste invi
3556 Au sud-est, nous avons une échappée sur la fin de la vallée, la rivière et la plaine. La petite ville reste invisible, mas
3557 nous avons une échappée sur la fin de la vallée, la rivière et la plaine. La petite ville reste invisible, massée au pied
3558 e échappée sur la fin de la vallée, la rivière et la plaine. La petite ville reste invisible, massée au pied des rochers,
3559 sur la fin de la vallée, la rivière et la plaine. La petite ville reste invisible, massée au pied des rochers, en retrait
3560 gare, un coup de trompe d’auto, des cris de coq. L’ odeur du raisin foulé monte de la cour, et remplit l’ombre bleue sous
3561 des cris de coq. L’odeur du raisin foulé monte de la cour, et remplit l’ombre bleue sous le tilleul immense et les laurier
3562 deur du raisin foulé monte de la cour, et remplit l’ ombre bleue sous le tilleul immense et les lauriers. Un grand vase jau
3563 é monte de la cour, et remplit l’ombre bleue sous le tilleul immense et les lauriers. Un grand vase jaune brille au bord d
3564 remplit l’ombre bleue sous le tilleul immense et les lauriers. Un grand vase jaune brille au bord du bassin. Le reflet de
3565 rs. Un grand vase jaune brille au bord du bassin. Le reflet de l’eau tremble au plafond et sur les murs verdâtres de la ch
3566 vase jaune brille au bord du bassin. Le reflet de l’ eau tremble au plafond et sur les murs verdâtres de la chambre où j’éc
3567 sin. Le reflet de l’eau tremble au plafond et sur les murs verdâtres de la chambre où j’écris. Et voilà mon petit exercice
3568 u tremble au plafond et sur les murs verdâtres de la chambre où j’écris. Et voilà mon petit exercice de rentrée terminé :
3569 on petit exercice de rentrée terminé : « Décrivez la maison de vos vacances… » Ajoutons que le jardinier s’appelle Simard,
3570 écrivez la maison de vos vacances… » Ajoutons que le jardinier s’appelle Simard, sa femme Marguerite, son chien basset Per
3571 lle sorte qu’on puisse y travailler. Nous faisons l’ inventaire minutieux et le plan d’arrangement actuel de chacune des pi
3572 ravailler. Nous faisons l’inventaire minutieux et le plan d’arrangement actuel de chacune des pièces du premier, avant de
3573 actuel de chacune des pièces du premier, avant de les vider et de transporter leur contenu à l’étage supérieur. 23 septembr
3574 ant de les vider et de transporter leur contenu à l’ étage supérieur. 23 septembre 1934 Maintenant les murs sont nus : d’un
3575 à l’étage supérieur. 23 septembre 1934 Maintenant les murs sont nus : d’un joli vert bleu très clair. Le carreau rouge a ét
3576 s murs sont nus : d’un joli vert bleu très clair. Le carreau rouge a été débarrassé du tapis. J’ai dressé ma table sur des
3577 et des chaises de paille trouvées dans un coin de la remise, où les chaises brodées, les guéridons et le dessus de cheminé
3578 de paille trouvées dans un coin de la remise, où les chaises brodées, les guéridons et le dessus de cheminée — vingt-deux
3579 ans un coin de la remise, où les chaises brodées, les guéridons et le dessus de cheminée — vingt-deux pièces dûment recensé
3580 remise, où les chaises brodées, les guéridons et le dessus de cheminée — vingt-deux pièces dûment recensées — ont été les
3581 ée — vingt-deux pièces dûment recensées — ont été les remplacer. Seul vestige des splendeurs bourgeoises de ce salon : un l
3582 e. Mais on va pouvoir respirer. 25 septembre 1934 La traduction d’un considérable ouvrage allemand nous permettra de passe
3583 ois mois ou quatre sans trop de soucis matériels. La vie paraît assez peu chère. Mais bien trop chère encore pour les gens
3584 assez peu chère. Mais bien trop chère encore pour les gens du pays. Les petites entreprises qui leur donnaient du travail f
3585 ais bien trop chère encore pour les gens du pays. Les petites entreprises qui leur donnaient du travail font faillite l’une
3586 r : nos voisins n’ont sur leur table, quand on va les voir à midi, que des châtaignes, des olives, des radis et quelques lé
3587 considèrent comme des privilégiés, cela se sent à la manière dont ils nous parlent de quelques familles des environs qui n
3588 t de quelques familles des environs qui n’ont pas la ressource d’un jardin, ou qui ne « savent pas y faire ». (Légère nuan
3589 iale chez Simard). Nos hôtes nous avaient signalé la famille d’un mineur retraité, dont la femme fait des journées. Consid
3590 ent signalé la famille d’un mineur retraité, dont la femme fait des journées. Considérant que richesse oblige — car je gag
3591 eu près 1.000 francs par mois — nous avons engagé la mère Calixte pour donner un coup de main le matin et faire les lessiv
3592 ngagé la mère Calixte pour donner un coup de main le matin et faire les lessives. C’est une toute petite vieille noueuse,
3593 xte pour donner un coup de main le matin et faire les lessives. C’est une toute petite vieille noueuse, à la sagesse senten
3594 ssives. C’est une toute petite vieille noueuse, à la sagesse sentencieuse et imagée. Étonnamment active. Bonne protestante
3595 nnamment active. Bonne protestante et qui tient à le dire. Sa cordialité demeure digne, trait notable à partir des Cévenne
3596 ou de force, c’est certain, nous saurons tout sur les gens de la ville… 5 octobre 1934 Petite cité tassée à la base d’une p
3597 c’est certain, nous saurons tout sur les gens de la ville… 5 octobre 1934 Petite cité tassée à la base d’une paroi de roc
3598 de la ville… 5 octobre 1934 Petite cité tassée à la base d’une paroi de rocher et le long d’une rivière rapide qui débouc
3599 te cité tassée à la base d’une paroi de rocher et le long d’une rivière rapide qui débouche d’une gorge étroite, cité coul
3600 paraît en ruine, prouve sa vie par ses odeurs et la saleté de ses ruelles. Un ruisseau coule au milieu du pavé, charriant
3601 arriant des ordures, des papiers, du sang près de la boucherie, du lait verdi. C’est à peine si l’on peut marcher à pied s
3602 de la boucherie, du lait verdi. C’est à peine si l’ on peut marcher à pied sec dans les passages étroits. Sur les seuils,
3603 ’est à peine si l’on peut marcher à pied sec dans les passages étroits. Sur les seuils, des groupes de femmes en noir jacas
3604 marcher à pied sec dans les passages étroits. Sur les seuils, des groupes de femmes en noir jacassent pendant des heures. D
3605 enfants en sarraus noirs jouent au football dans le ruisseau avec un torchon de papier d’emballage. Pas un de ces petits
3606 it beau et fin mais incroyablement crasseux. Vers la gare, il y a bien un parc municipal, le jardin d’un couvent désaffect
3607 eux. Vers la gare, il y a bien un parc municipal, le jardin d’un couvent désaffecté, mais je n’y vois jamais que des vieil
3608 s jamais que des vieillards en pantoufles. Devant le parc, un mail couvert d’une épaisse couche de poussière : là, de nouv
3609 upçon qui m’est venu en maintes autres régions de la France : les provinciaux ignorent obstinément, peut-être même haïssen
3610 est venu en maintes autres régions de la France : les provinciaux ignorent obstinément, peut-être même haïssent la couleur
3611 aux ignorent obstinément, peut-être même haïssent la couleur verte, le soleil, la nature, la propreté. Ils aiment le noir.
3612 nément, peut-être même haïssent la couleur verte, le soleil, la nature, la propreté. Ils aiment le noir. Avec fanatisme. J
3613 t-être même haïssent la couleur verte, le soleil, la nature, la propreté. Ils aiment le noir. Avec fanatisme. J’observe au
3614 haïssent la couleur verte, le soleil, la nature, la propreté. Ils aiment le noir. Avec fanatisme. J’observe aussi qu’ils
3615 te, le soleil, la nature, la propreté. Ils aiment le noir. Avec fanatisme. J’observe aussi qu’ils s’arrangent pour vivre p
3616 aussi qu’ils s’arrangent pour vivre plus mal que la population des faubourgs des grandes villes. Le goût de « la vie sain
3617 e la population des faubourgs des grandes villes. Le goût de « la vie saine » et du grand air, vous ne le trouverez que da
3618 on des faubourgs des grandes villes. Le goût de «  la vie saine » et du grand air, vous ne le trouverez que dans la « banli
3619 goût de « la vie saine » et du grand air, vous ne le trouverez que dans la « banlieue rouge » de Paris, d’ailleurs importé
3620  » et du grand air, vous ne le trouverez que dans la « banlieue rouge » de Paris, d’ailleurs importé d’URSS, et récemment.
3621 dit qu’ici trois maisons seulement, sur 200, ont l’ eau courante. Les femmes vont avec des cruches à la fontaine qui coule
3622 s maisons seulement, sur 200, ont l’eau courante. Les femmes vont avec des cruches à la fontaine qui coule son filet sur la
3623 ’eau courante. Les femmes vont avec des cruches à la fontaine qui coule son filet sur la grande place, juste à côté de la
3624 des cruches à la fontaine qui coule son filet sur la grande place, juste à côté de la pissotière et de l’arrêt des autocar
3625 le son filet sur la grande place, juste à côté de la pissotière et de l’arrêt des autocars. Pittoresque, on peut le dire…
3626 grande place, juste à côté de la pissotière et de l’ arrêt des autocars. Pittoresque, on peut le dire… 8 octobre 1934 Du r
3627 et de l’arrêt des autocars. Pittoresque, on peut le dire… 8 octobre 1934 Du rôle pratique de la raison. Je vois la misèr
3628 peut le dire… 8 octobre 1934 Du rôle pratique de la raison. Je vois la misère qui règne dans tous ces foyers, et qui les
3629 obre 1934 Du rôle pratique de la raison. Je vois la misère qui règne dans tous ces foyers, et qui les détruit. Je vois ce
3630 la misère qui règne dans tous ces foyers, et qui les détruit. Je vois ces enfants sales abandonnés par leurs parents aux h
3631 sales abandonnés par leurs parents aux hasards de la rue, qui valent bien ceux de la famille, mais aussi aux hasards de l’
3632 ts aux hasards de la rue, qui valent bien ceux de la famille, mais aussi aux hasards de l’éducation primaire, bienfaisante
3633 ien ceux de la famille, mais aussi aux hasards de l’ éducation primaire, bienfaisante en principe il est vrai, mais tristem
3634 te, étroite, appauvrissante en fait. Je vois tous les espoirs et toutes les « assurances » de cette population balayée péri
3635 sante en fait. Je vois tous les espoirs et toutes les « assurances » de cette population balayée périodiquement par la fail
3636  » de cette population balayée périodiquement par la faillite des entreprises où elle travaille, ou par quelque décret d’É
3637 travaille, ou par quelque décret d’État. Je vois le chômage s’étendre et s’installer, comme se sont installés dans ces vi
3638 stallés dans ces villages malsains et mal soignés la tuberculose, l’alcoolisme et la misère héréditaire. Mais je vois d’au
3639 villages malsains et mal soignés la tuberculose, l’ alcoolisme et la misère héréditaire. Mais je vois d’autre part, en par
3640 ns et mal soignés la tuberculose, l’alcoolisme et la misère héréditaire. Mais je vois d’autre part, en parcourant la feuil
3641 ditaire. Mais je vois d’autre part, en parcourant la feuille locale, qu’il naît encore pas mal d’enfants dans ces foyers q
3642 ’enfants dans ces foyers que tout menace. Faisons la part des « accidents », des « imprudences ». Il reste encore une marg
3643 des risques, de confiance obscurément accordée à l’ instinct ou à « la Vie », ou à la solidarité de l’espèce humaine, malg
3644 onfiance obscurément accordée à l’instinct ou à «  la Vie », ou à la solidarité de l’espèce humaine, malgré tout. Pourtant
3645 ément accordée à l’instinct ou à « la Vie », ou à la solidarité de l’espèce humaine, malgré tout. Pourtant c’est bien ici
3646 l’instinct ou à « la Vie », ou à la solidarité de l’ espèce humaine, malgré tout. Pourtant c’est bien ici le peuple « raiso
3647 èce humaine, malgré tout. Pourtant c’est bien ici le peuple « raisonnable » qu’on donne en exemple aux barbares de l’Europ
3648 sonnable » qu’on donne en exemple aux barbares de l’ Europe centrale. Le peuple qui sait calculer, faire son budget, bourre
3649 nne en exemple aux barbares de l’Europe centrale. Le peuple qui sait calculer, faire son budget, bourrer le bas de laine e
3650 uple qui sait calculer, faire son budget, bourrer le bas de laine et nourrir la bouteille aux pièces de dix sous. Une chos
3651 re son budget, bourrer le bas de laine et nourrir la bouteille aux pièces de dix sous. Une chose est claire : faire des en
3652 s. Une chose est claire : faire des enfants, dans les conditions actuelles, c’est défier le bon sens et la raison pratique.
3653 ants, dans les conditions actuelles, c’est défier le bon sens et la raison pratique. C’est s’en remettre à quelque espoir
3654 conditions actuelles, c’est défier le bon sens et la raison pratique. C’est s’en remettre à quelque espoir vague et profon
3655 à quelque espoir vague et profond. Or tout ce que l’ État nous apprend, par le moyen de l’école primaire entre autres, ridi
3656 profond. Or tout ce que l’État nous apprend, par le moyen de l’école primaire entre autres, ridiculise et ruine ce genre
3657 tout ce que l’État nous apprend, par le moyen de l’ école primaire entre autres, ridiculise et ruine ce genre d’espoirs. Q
3658 ruine ce genre d’espoirs. Qui voudrait condamner l’ usage pratique de la raison ? Simplement je constate qu’en fait, et da
3659 poirs. Qui voudrait condamner l’usage pratique de la raison ? Simplement je constate qu’en fait, et dans ce pays tel qu’il
3660 nstate qu’en fait, et dans ce pays tel qu’il est, la morale rationnelle et les mesures qu’elle propose, ce n’est guère que
3661 s ce pays tel qu’il est, la morale rationnelle et les mesures qu’elle propose, ce n’est guère que le rêve des vieux célibat
3662 t les mesures qu’elle propose, ce n’est guère que le rêve des vieux célibataires assez fortunés, ou ascètes. Ceux qui n’on
3663 nt plus besoin de calculer, ceux-là calculent. Et les autres acceptent leurs risques, c’est-à-dire acceptent de vivre, malg
3664 risques, c’est-à-dire acceptent de vivre, malgré l’ État laïque qui leur conseille plutôt l’épargne. 15 octobre 1934 On a
3665 e, malgré l’État laïque qui leur conseille plutôt l’ épargne. 15 octobre 1934 On a terminé les vendanges, et la récolte des
3666 le plutôt l’épargne. 15 octobre 1934 On a terminé les vendanges, et la récolte des figues d’été. (Les figues d’hiver appara
3667 e. 15 octobre 1934 On a terminé les vendanges, et la récolte des figues d’été. (Les figues d’hiver apparaissent déjà, plus
3668 é les vendanges, et la récolte des figues d’été. ( Les figues d’hiver apparaissent déjà, plus petites et toujours vertes ; o
3669 ent déjà, plus petites et toujours vertes ; on ne les mange pas). Simard nous a indiqué une ferme, de l’autre côté de la co
3670 mard nous a indiqué une ferme, de l’autre côté de la colline du sud, où nous pourrons acheter une provision d’« œillades »
3671 ommes allés hier au soir. Des hauteurs, on voyait la plaine rose et violacée entre des monticules pointus tout frisés d’ol
3672 sés d’oliviers, un paysage de primitifs italiens. Le mas au flanc de la colline, déjà dans l’ombre, paraissait désert. Nou
3673 paysage de primitifs italiens. Le mas au flanc de la colline, déjà dans l’ombre, paraissait désert. Nous nous sommes assis
3674 taliens. Le mas au flanc de la colline, déjà dans l’ ombre, paraissait désert. Nous nous sommes assis sur la terrasse, au p
3675 re, paraissait désert. Nous nous sommes assis sur la terrasse, au pied d’un grand micocoulier. Bientôt un chien furieux su
3676 d micocoulier. Bientôt un chien furieux surgit de la maison, suivi d’une grande femme en noir. C’est la propriétaire, Mada
3677 a maison, suivi d’une grande femme en noir. C’est la propriétaire, Madame Turc. Elle nous fait entrer. Pour la vente du ra
3678 iétaire, Madame Turc. Elle nous fait entrer. Pour la vente du raisin, il faut attendre sa fille qui va rentrer des champs,
3679 va rentrer des champs, où elle travaille jusqu’à la nuit tombée. Nous sommes dans une cuisine de ferme mais la fermière n
3680 ombée. Nous sommes dans une cuisine de ferme mais la fermière nous reçoit comme une « dame », ou plutôt un peu mieux, avec
3681 de réserve et d’attentions. On parle du domaine. Les deux femmes le dirigent seules depuis la mort de M. Turc. Elles ont u
3682 ’attentions. On parle du domaine. Les deux femmes le dirigent seules depuis la mort de M. Turc. Elles ont un peu de peine
3683 omaine. Les deux femmes le dirigent seules depuis la mort de M. Turc. Elles ont un peu de peine avec les ouvriers. Il para
3684 a mort de M. Turc. Elles ont un peu de peine avec les ouvriers. Il paraît qu’on en trouve de moins en moins. — « Mais, lui
3685 rouve de moins en moins. — « Mais, lui dis-je, et les chômeurs ? On m’a dit qu’il y en a 400 à A ? » La mère, vivement : « 
3686 es chômeurs ? On m’a dit qu’il y en a 400 à A ? » La mère, vivement : « Jamais je n’ai engagé de chômeurs, Monsieur, c’est
3687 ur moi-même, Madame… » Elle sourit à son tour, de l’ air de dire : Oh, vous, ce n’est pas la même chose. Elle a sans doute
3688 n tour, de l’air de dire : Oh, vous, ce n’est pas la même chose. Elle a sans doute entendu parler de nous. Rien à faire :
3689 de nous. Rien à faire : je suis un « monsieur ». La fille rentre : une forte femme, environ 35 ans, un peu masculine. Ell
3690 ron 35 ans, un peu masculine. Elle nous conduit à la chambre de conserve des raisins. Pendant qu’elle fait la pesée : « C’
3691 bre de conserve des raisins. Pendant qu’elle fait la pesée : « C’est pour qui, Monsieur, sans indiscrétion ? » Je dis mon
3692 re auxquelles je collabore, en effet. — Vous avez le temps de lire beaucoup ? — Oh, on le prend. Comme nous ne voyons jama
3693 — Vous avez le temps de lire beaucoup ? — Oh, on le prend. Comme nous ne voyons jamais personne… (En France, cela étonne.
3694 ations. Leur niveau de culture, fort au-dessus de la moyenne, ne m’étonne guère, s’agissant de protestantes. Ce ne sont pa
3695 al d’exception. Combien y a-t-il de classes entre la bourgeoisie des villes et le prolétariat ? L’opposition que veulent v
3696 -il de classes entre la bourgeoisie des villes et le prolétariat ? L’opposition que veulent voir les marxistes entre bourg
3697 tre la bourgeoisie des villes et le prolétariat ? L’ opposition que veulent voir les marxistes entre bourgeois, ou maîtres,
3698 et le prolétariat ? L’opposition que veulent voir les marxistes entre bourgeois, ou maîtres, et prolétaires ou serviteurs,
3699 ois, ou maîtres, et prolétaires ou serviteurs, je la trouve fausse dans tous les cas concrets, dès que je sors des très gr
3700 ires ou serviteurs, je la trouve fausse dans tous les cas concrets, dès que je sors des très grandes villes et de leur cari
3701 illes et de leur caricature de société. — Simard, le jardinier, est à demi métayer. Est-ce un prolétaire ? Il serait vexé
3702 ayer. Est-ce un prolétaire ? Il serait vexé qu’on le lui dise. Il s’estime fort au-dessus d’un mineur retraité, par exempl
3703 fort au-dessus d’un mineur retraité, par exemple. Les instituteurs d’A… ? Ils sont du peuple. Oui, mais bourgeois par leur
3704 uple. Oui, mais bourgeois par leur profession. Et les Calixte ? Prolétaires sans doute, mais d’une tout autre espèce, on di
3705 autre espèce, on dirait même d’une autre race que les métayers catholiques de la montagne qu’on voit venir à A… pour le mar
3706 d’une autre race que les métayers catholiques de la montagne qu’on voit venir à A… pour le marché. Et très conscients d’u
3707 oliques de la montagne qu’on voit venir à A… pour le marché. Et très conscients d’une supériorité qu’ils ne peuvent attrib
3708 ion. En vérité, ce qui compte dans ce pays, c’est la religion — celle des ancêtres, tout au moins ! — l’éducation et le mé
3709 religion — celle des ancêtres, tout au moins ! —  l’ éducation et le métier. C’est cela qui crée des groupes, des couches,
3710 le des ancêtres, tout au moins ! — l’éducation et le métier. C’est cela qui crée des groupes, des couches, des différences
3711 différences et des affinités, au moins autant que les conditions économiques. On ne comprend rien à la réalité sociale de c
3712 les conditions économiques. On ne comprend rien à la réalité sociale de ce canton si l’on fait abstraction de tout cela do
3713 omprend rien à la réalité sociale de ce canton si l’ on fait abstraction de tout cela dont le marxisme, justement, se doit
3714 canton si l’on fait abstraction de tout cela dont le marxisme, justement, se doit de ne pas tenir compte. Un communiste tr
3715 it de ne pas tenir compte. Un communiste traitera les dames Turc de « koulaks » et tout sera dit. Le marxisme part de stati
3716 a les dames Turc de « koulaks » et tout sera dit. Le marxisme part de statistiques et de relations numériques (salaires, p
3717 stime donc scientifique. Il ne part pas de ce que les hommes veulent être, ni de la conscience globale qu’ils ont de leur é
3718 part pas de ce que les hommes veulent être, ni de la conscience globale qu’ils ont de leur état (et c’est pourtant le prin
3719 lobale qu’ils ont de leur état (et c’est pourtant le principal, pratiquement et moralement, c’est ce qui règle le jeu des
3720 l, pratiquement et moralement, c’est ce qui règle le jeu des relations humaines et les opinions politiques). Le marxisme t
3721 est ce qui règle le jeu des relations humaines et les opinions politiques). Le marxisme traite tout cela de nuances vaines,
3722 s relations humaines et les opinions politiques). Le marxisme traite tout cela de nuances vaines, d’illusions, voire de « 
3723 ns, voire de « mystification ». Il part de ce que les hommes sont malgré eux, du point de vue abstrait et inhumain de la St
3724 lgré eux, du point de vue abstrait et inhumain de la Statistique. Et il prétend fonder là-dessus non seulement des mesures
3725 morale, un art et une métaphysique ! Problème de la politique actuelle : sera-t-elle l’affaire du meilleur statisticien,
3726 ! Problème de la politique actuelle : sera-t-elle l’ affaire du meilleur statisticien, ou au contraire de l’homme le plus h
3727 aire du meilleur statisticien, ou au contraire de l’ homme le plus humain ? Sera-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle
3728 meilleur statisticien, ou au contraire de l’homme le plus humain ? Sera-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle est véc
3729 e l’homme le plus humain ? Sera-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle est vécue et voulue par les hommes réels et con
3730 la réalité telle qu’elle est vécue et voulue par les hommes réels et concrets, ou bien sur la réalité telle qu’elle est ch
3731 lue par les hommes réels et concrets, ou bien sur la réalité telle qu’elle est chiffrable, inévitable, impersonnelle ? 2 n
3732 ersonnelle ? 2 novembre 1934 Minuit. J’ai terminé la tâche de la journée. Ma femme dort, dans la chambre dont je vois la p
3733 2 novembre 1934 Minuit. J’ai terminé la tâche de la journée. Ma femme dort, dans la chambre dont je vois la porte entrebâ
3734 rminé la tâche de la journée. Ma femme dort, dans la chambre dont je vois la porte entrebâillée. Une dernière bûche fume,
3735 rnée. Ma femme dort, dans la chambre dont je vois la porte entrebâillée. Une dernière bûche fume, il fait presque froid. D
3736 e, il fait presque froid. Dans ce silence vide de la nuit campagnarde, me voici seul encore éveillé, les yeux bien ouverts
3737 a nuit campagnarde, me voici seul encore éveillé, les yeux bien ouverts, l’esprit clair. Clarté d’un minuit solitaire, veil
3738 voici seul encore éveillé, les yeux bien ouverts, l’ esprit clair. Clarté d’un minuit solitaire, veillée trop lucide peut-ê
3739 solitaire, veillée trop lucide peut-être, puisque le monde n’y porte plus d’ombres. Je me souviens de ces nuits de Paris,
3740 ces veillées fiévreuses, assiégées. Est-ce que je les regrette ? Est-ce que l’heure de la nuit où l’on ne dort pas n’est pa
3741 ssiégées. Est-ce que je les regrette ? Est-ce que l’ heure de la nuit où l’on ne dort pas n’est pas toujours l’heure des ma
3742 st-ce que je les regrette ? Est-ce que l’heure de la nuit où l’on ne dort pas n’est pas toujours l’heure des mauvaises nos
3743 e les regrette ? Est-ce que l’heure de la nuit où l’ on ne dort pas n’est pas toujours l’heure des mauvaises nostalgies. ?
3744 de la nuit où l’on ne dort pas n’est pas toujours l’ heure des mauvaises nostalgies. ? Qui pourrait nous écrire une histoir
3745 urrait nous écrire une histoire des inventions de l’ insomnie ? Ne serait-ce pas tout simplement l’histoire de la naissance
3746 de l’insomnie ? Ne serait-ce pas tout simplement l’ histoire de la naissance de nos démons ? La nuit ne pose pas de questi
3747  ? Ne serait-ce pas tout simplement l’histoire de la naissance de nos démons ? La nuit ne pose pas de questions immédiates
3748 lement l’histoire de la naissance de nos démons ? La nuit ne pose pas de questions immédiates. C’est pourquoi, dans cette
3749 is sans prochain, à cette heure ou mes frères (?) les hommes sont plus éloignés que jamais ? « La nuit est faite pour dormi
3750 (?) les hommes sont plus éloignés que jamais ? «  La nuit est faite pour dormir », me disait un gardien de l’ordre qui m’a
3751 est faite pour dormir », me disait un gardien de l’ ordre qui m’avait surpris sur les quais de la Seine, au plus profond d
3752 ait un gardien de l’ordre qui m’avait surpris sur les quais de la Seine, au plus profond d’une contemplation des eaux noctu
3753 n de l’ordre qui m’avait surpris sur les quais de la Seine, au plus profond d’une contemplation des eaux nocturnes. Ma pol
3754 e opposerais-je, quelle arrière-pensée rode ici ? La mauvaise habitude de penser « librement » ? Le goût des chimères préc
3755  ? La mauvaise habitude de penser « librement » ? Le goût des chimères précises ? 10 novembre 1934 Observations nouvelles
3756 ses ? 10 novembre 1934 Observations nouvelles sur les gens. — Je vais chez les Calixte. On nous a dit que la mère a la grip
3757 servations nouvelles sur les gens. — Je vais chez les Calixte. On nous a dit que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisin
3758 ns. — Je vais chez les Calixte. On nous a dit que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une voisine. Ell
3759 ais chez les Calixte. On nous a dit que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une voisine. Elles se plai
3760 n nous a dit que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une voisine. Elles se plaignent du froid. Le four
3761 t que la mère a la grippe. Je trouve à la cuisine la fille et une voisine. Elles se plaignent du froid. Le fourneau est ro
3762 ille et une voisine. Elles se plaignent du froid. Le fourneau est rouge, mais la porte donne au nord-ouest, d’où vient le
3763 e plaignent du froid. Le fourneau est rouge, mais la porte donne au nord-ouest, d’où vient le vent le plus glacial, depuis
3764 ge, mais la porte donne au nord-ouest, d’où vient le vent le plus glacial, depuis des siècles, et en tout cas depuis longt
3765 la porte donne au nord-ouest, d’où vient le vent le plus glacial, depuis des siècles, et en tout cas depuis longtemps ava
3766 es siècles, et en tout cas depuis longtemps avant la construction de cette maison… On n’y avait pas pensé ? Je passe au fo
3767 ambre obscure mais qui me paraît propre et sobre. La mère Calixte est au lit, un gros édredon ramassé sur le ventre, les p
3768 e Calixte est au lit, un gros édredon ramassé sur le ventre, les pieds découverts, un foulard noir sur les épaules, et je
3769 st au lit, un gros édredon ramassé sur le ventre, les pieds découverts, un foulard noir sur les épaules, et je crois bien s
3770 ventre, les pieds découverts, un foulard noir sur les épaules, et je crois bien sa blouse noire aussi. Elle me dit qu’elle
3771 assez mal. On devait lui retirer son linge toutes les deux heures. Quand elle sortait sa main du lit, cela fumait. « Vous a
3772 it sa main du lit, cela fumait. « Vous avez eu de la fièvre ! » Elle ne sait pas. Elle ne veut pas de médecin. Sa fille di
3773 fille dit : « Elle ne voulait même plus toucher à la viande, pensez ! Il ne faut pas croire que la viande soit un si bon r
3774 r à la viande, pensez ! Il ne faut pas croire que la viande soit un si bon remède comme on le dit. Je lui ai fait du poule
3775 oire que la viande soit un si bon remède comme on le dit. Je lui ai fait du poulet, elle n’y avait pas goût. Alors j’ai pe
3776 lui faire du bouillon de poulet, ça lui a fait de l’ avantage. Voyez ! Ce n’est pas vrai que la viande est si bonne pour le
3777 fait de l’avantage. Voyez ! Ce n’est pas vrai que la viande est si bonne pour les malades. » Elle accepte de venir faire u
3778 Ce n’est pas vrai que la viande est si bonne pour les malades. » Elle accepte de venir faire une lessive à la maison pour r
3779 ades. » Elle accepte de venir faire une lessive à la maison pour remplacer sa mère. Nous manquons de corde pour étendre le
3780 acer sa mère. Nous manquons de corde pour étendre le linge ; elle imagine de le mettre à sécher sur des buissons de ronce.
3781 de corde pour étendre le linge ; elle imagine de le mettre à sécher sur des buissons de ronce. Tous les mouchoirs sont pl
3782 e mettre à sécher sur des buissons de ronce. Tous les mouchoirs sont plus ou moins déchirés quand on va les récolter. « Voy
3783 mouchoirs sont plus ou moins déchirés quand on va les récolter. « Voyez-vous ! c’est qu’il a fait un vent cette nuit ! » 11
3784 re générale, ils ne sont pas conscients de porter la responsabilité des accidents qui leur arrivent. Cela peut agacer dans
3785 ccidents qui leur arrivent. Cela peut agacer dans le détail. C’est assez sage dans l’ensemble. Ils seraient moins pauvres,
3786 peut agacer dans le détail. C’est assez sage dans l’ ensemble. Ils seraient moins pauvres, moins malades, etc., s’ils étaie
3787 ’ils étaient plus « pratiques » comme on dit dans la bourgeoisie — où l’on s’imagine bien à tort que les gens du peuple so
3788 pratiques » comme on dit dans la bourgeoisie — où l’ on s’imagine bien à tort que les gens du peuple sont spécialement adro
3789 a bourgeoisie — où l’on s’imagine bien à tort que les gens du peuple sont spécialement adroits de leurs mains, débrouillard
3790 des états parce qu’ils ont cassé deux assiettes. La mère Calixte, qui casse tout ce que l’on veut, a coutume de dire en c
3791 assiettes. La mère Calixte, qui casse tout ce que l’ on veut, a coutume de dire en constatant le mal : « Voyez-vous ! je cr
3792 ce que l’on veut, a coutume de dire en constatant le mal : « Voyez-vous ! je croyais la tenir cette assiette ! » De telle
3793 en constatant le mal : « Voyez-vous ! je croyais la tenir cette assiette ! » De telle manière qu’on entend bien que c’est
3794 que rien au monde dépend de nous. Ceci vaut pour les femmes, qui sont la part la plus civilisée de la population. Ce sont
3795 pend de nous. Ceci vaut pour les femmes, qui sont la part la plus civilisée de la population. Ce sont elles qui gagnent ce
3796 nous. Ceci vaut pour les femmes, qui sont la part la plus civilisée de la population. Ce sont elles qui gagnent ce qu’il f
3797 les femmes, qui sont la part la plus civilisée de la population. Ce sont elles qui gagnent ce qu’il faut, elles qui travai
3798 qui décident, elles qui lisent, elles qui vont à l’ église ou au temple, ou n’y vont pas, elles qui savent. Pour les homme
3799 u temple, ou n’y vont pas, elles qui savent. Pour les hommes, c’est tout autre chose. Ils sont éloquents et naïfs, revendic
3800 icaces. La plupart ne font rien, ou « travaillent le mazet », ce qui n’est rien. Les femmes vont à la filature — la derniè
3801 , ou « travaillent le mazet », ce qui n’est rien. Les femmes vont à la filature — la dernière qui marche encore — et gagnen
3802 le mazet », ce qui n’est rien. Les femmes vont à la filature — la dernière qui marche encore — et gagnent leurs 7 francs
3803 gagnent leurs 7 francs par jour. Pendant ce temps les hommes sont sur la place et protestent contre le gouvernement. Ce son
3804 cs par jour. Pendant ce temps les hommes sont sur la place et protestent contre le gouvernement. Ce sont les radicaux et l
3805 les hommes sont sur la place et protestent contre le gouvernement. Ce sont les radicaux et les socialistes. Les commerçant
3806 ace et protestent contre le gouvernement. Ce sont les radicaux et les socialistes. Les commerçants sont souvent réactionnai
3807 t contre le gouvernement. Ce sont les radicaux et les socialistes. Les commerçants sont souvent réactionnaires et se mêlent
3808 rnement. Ce sont les radicaux et les socialistes. Les commerçants sont souvent réactionnaires et se mêlent peu à ceux de la
3809 souvent réactionnaires et se mêlent peu à ceux de la place. Enfin ceux qui sont occupés par l’imprimerie du journal local,
3810 ceux de la place. Enfin ceux qui sont occupés par l’ imprimerie du journal local, par les garages ou à la Mairie, sont comm
3811 nt occupés par l’imprimerie du journal local, par les garages ou à la Mairie, sont communistes et mènent les affaires du pa
3812 imprimerie du journal local, par les garages ou à la Mairie, sont communistes et mènent les affaires du pays. Ils vont à t
3813 arages ou à la Mairie, sont communistes et mènent les affaires du pays. Ils vont à toutes les conférences, prennent la paro
3814 et mènent les affaires du pays. Ils vont à toutes les conférences, prennent la parole au Cercle d’hommes, citent des livres
3815 pays. Ils vont à toutes les conférences, prennent la parole au Cercle d’hommes, citent des livres sur la politique. 12 nov
3816 parole au Cercle d’hommes, citent des livres sur la politique. 12 novembre 1934 J’ai relevé quelques chiffres dans un ouv
3817 vé quelques chiffres dans un ouvrage sur A…, dû à la plume d’un de ses pasteurs à la retraite. En 1570, le mûrier, importé
3818 rage sur A…, dû à la plume d’un de ses pasteurs à la retraite. En 1570, le mûrier, importé de Chine, fait son apparition d
3819 lume d’un de ses pasteurs à la retraite. En 1570, le mûrier, importé de Chine, fait son apparition dans le Midi. État du p
3820 ûrier, importé de Chine, fait son apparition dans le Midi. État du pays en 1820 : douze filatures, deux fabriques de chape
3821 mportant de produits soyeux manufacturés. Lors de la dédicace du nouveau temple, en 1822, quinze mille protestants accoure
3822 1822, quinze mille protestants accourent de toute la contrée pour suivre des cérémonies dont leurs descendants parlent enc
3823 temple chaque dimanche. Je complète : vers 1900, la soie artificielle fait son apparition dans la vallée du Rhône. Fondat
3824 00, la soie artificielle fait son apparition dans la vallée du Rhône. Fondation des grandes usines de la région lyonnaise.
3825 vallée du Rhône. Fondation des grandes usines de la région lyonnaise. Apparition du grand capital. État du pays en 1935 :
3826 ours par semaine à une centaine d’ouvrières, dont le salaire moyen est de 7 francs par jour. Faillite de la dernière bonne
3827 e de la dernière bonnetterie, ces derniers jours. Le tiers des maisons est en ruines, — tout le centre. On croirait une vi
3828 jours. Le tiers des maisons est en ruines, — tout le centre. On croirait une ville bombardée, 2300 habitants. Cent personn
3829 ée, 2300 habitants. Cent personnes au culte. Dans la campagne environnante, une maison sur dix habitée. Dès 1934, la soie
3830 vironnante, une maison sur dix habitée. Dès 1934, la soie japonaise a fait son apparition sur le marché lyonnais. Faillite
3831 1934, la soie japonaise a fait son apparition sur le marché lyonnais. Faillite de plusieurs des grosses entreprises de soi
3832 urs des grosses entreprises de soie artificielle. Le cycle normal du progrès capitaliste est clos. Lyon a drainé toute la
3833 progrès capitaliste est clos. Lyon a drainé toute la richesse indigène de ce département. Et cette richesse à son tour va
3834 tement. Et cette richesse à son tour va reprendre le chemin de l’Orient, d’où vint autrefois le mûrier. Question : Que res
3835 tte richesse à son tour va reprendre le chemin de l’ Orient, d’où vint autrefois le mûrier. Question : Que reste-t-il pour
3836 rendre le chemin de l’Orient, d’où vint autrefois le mûrier. Question : Que reste-t-il pour entreprendre ici une révolutio
3837 on constructive ? 21 novembre 1934 Leur langage. La mère Calixte devait faire notre lessive la semaine prochaine. Elle vi
3838 ngage. La mère Calixte devait faire notre lessive la semaine prochaine. Elle vient s’excuser : « Qui sait, Madame, j’aimer
3839 jour ça vous préférerait ? » (En prononçant tous les e muets). Simart, à propos de la récente baisse des salaires à la fil
3840 prononçant tous les e muets). Simart, à propos de la récente baisse des salaires à la filature : « Je vous dis, c’est mira
3841 art, à propos de la récente baisse des salaires à la filature : « Je vous dis, c’est miraculeux ce qu’on leur donne ! Sept
3842 après tout. Tradition laïque.) L’autre jour, dans l’ autocar, une femme dont j’ai cru comprendre qu’elle tient un petit hôt
3843 jamais fait ce rapprochement ? Ce petit fait, si l’ on y réfléchit, résume un drame. Ce drame est celui du langage dans no
3844 notre société présente. Et c’est encore une fois le drame de la culture. Qu’on ne croie pas que j’exagère. Je ne tire de
3845 té présente. Et c’est encore une fois le drame de la culture. Qu’on ne croie pas que j’exagère. Je ne tire de ce fait, à v
3846 ce fait, à vrai dire minuscule, qu’une évidence. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels,
3847 rivons, nous autres intellectuels, éveillent dans l’ esprit populaire des harmoniques que nous ne savons plus prévoir. Litt
3848 s que nous ne savons plus prévoir. Littéralement, les mots n’ont plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraie
3849 plus prévoir. Littéralement, les mots n’ont plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraient lui parler. Le p
3850 téralement, les mots n’ont plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraient lui parler. Le petit exemple que j
3851 le peuple et pour ceux qui voudraient lui parler. Le petit exemple que je viens de citer, c’est une espèce de calembour qu
3852 i ne joue que sur des sons. Mais il est clair que le sens des termes dont nous usons doit subir des métamorphoses non moin
3853 es vocables dont nous pensions qu’ils exprimaient les lieux communs sur quoi repose, tacitement, la vie sociale, sont aujou
3854 nt les lieux communs sur quoi repose, tacitement, la vie sociale, sont aujourd’hui vidés de leur signification à la fois s
3855 symbolique et précise. Ils n’éveillent plus chez l’ homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts, que chez nous. L
3856 cise. Ils n’éveillent plus chez l’homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts, que chez nous. Leur résonance senti
3857 nt plus chez l’homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts, que chez nous. Leur résonance sentimentale est différe
3858 rquoi leur sens est différent, en dépit de ce que l’ on pourrait déduire, dans le fait, d’une discussion raisonnable, c’est
3859 t, en dépit de ce que l’on pourrait déduire, dans le fait, d’une discussion raisonnable, c’est-à-dire truquée, avec tel ou
3860 tel ou tel ouvrier. On pensera que de tout temps la traduction du langage surveillé des écrivains dans le langage parlé d
3861 raduction du langage surveillé des écrivains dans le langage parlé du peuple fut affectée de malentendus de ce genre. Voir
3862 e fut affectée de malentendus de ce genre. Voire. Le peuple ne lisait pas, avant l’école de Guizot. Le « public », c’était
3863 e ce genre. Voire. Le peuple ne lisait pas, avant l’ école de Guizot. Le « public », c’était la noblesse, et les bourgeois
3864 Le peuple ne lisait pas, avant l’école de Guizot. Le « public », c’était la noblesse, et les bourgeois imitant la noblesse
3865 , avant l’école de Guizot. Le « public », c’était la noblesse, et les bourgeois imitant la noblesse. Le vrai peuple les co
3866 de Guizot. Le « public », c’était la noblesse, et les bourgeois imitant la noblesse. Le vrai peuple les comprenait dans la
3867  », c’était la noblesse, et les bourgeois imitant la noblesse. Le vrai peuple les comprenait dans la seule mesure de l’uti
3868 a noblesse, et les bourgeois imitant la noblesse. Le vrai peuple les comprenait dans la seule mesure de l’utile. L’Église
3869 les bourgeois imitant la noblesse. Le vrai peuple les comprenait dans la seule mesure de l’utile. L’Église faisait le trait
3870 t la noblesse. Le vrai peuple les comprenait dans la seule mesure de l’utile. L’Église faisait le trait d’union, l’Église
3871 rai peuple les comprenait dans la seule mesure de l’ utile. L’Église faisait le trait d’union, l’Église gardienne du sens c
3872 e les comprenait dans la seule mesure de l’utile. L’ Église faisait le trait d’union, l’Église gardienne du sens concret de
3873 dans la seule mesure de l’utile. L’Église faisait le trait d’union, l’Église gardienne du sens concret des lieux communs.
3874 re de l’utile. L’Église faisait le trait d’union, l’ Église gardienne du sens concret des lieux communs. Aujourd’hui ces do
3875 mmuns. Aujourd’hui ces données sont bouleversées. L’ instruction publique et la Presse répandent sinon le goût, du moins la
3876 nées sont bouleversées. L’instruction publique et la Presse répandent sinon le goût, du moins la pratique quotidienne de l
3877 instruction publique et la Presse répandent sinon le goût, du moins la pratique quotidienne de la lecture. Le public s’éte
3878 ue et la Presse répandent sinon le goût, du moins la pratique quotidienne de la lecture. Le public s’étend au hasard. Il n
3879 inon le goût, du moins la pratique quotidienne de la lecture. Le public s’étend au hasard. Il ne constitue plus un corps l
3880 , du moins la pratique quotidienne de la lecture. Le public s’étend au hasard. Il ne constitue plus un corps limité, éduqu
3881 . Un chacun peut en être, et juger comme il veut. Le droit de se tromper, et de tromper grâce au langage, est un des droit
3882 oits imprescriptibles que se trouve avoir décrété la Convention. Bref, il n’est plus de mesure commune : ni l’Église, ni l
3883 ntion. Bref, il n’est plus de mesure commune : ni l’ Église, ni la Culture, ni l’École qui prétend les remplacer, n’ont plu
3884 il n’est plus de mesure commune : ni l’Église, ni la Culture, ni l’École qui prétend les remplacer, n’ont plus d’autorité
3885 e mesure commune : ni l’Église, ni la Culture, ni l’ École qui prétend les remplacer, n’ont plus d’autorité sur l’esprit de
3886 i l’Église, ni la Culture, ni l’École qui prétend les remplacer, n’ont plus d’autorité sur l’esprit de la lettre. Aussi bie
3887 prétend les remplacer, n’ont plus d’autorité sur l’ esprit de la lettre. Aussi bien nous parlons au hasard, pour ne pas di
3888 remplacer, n’ont plus d’autorité sur l’esprit de la lettre. Aussi bien nous parlons au hasard, pour ne pas dire dans le v
3889 ien nous parlons au hasard, pour ne pas dire dans le vide (il vaudrait mieux que ce soit le vide, dans bien des cas), quel
3890 dire dans le vide (il vaudrait mieux que ce soit le vide, dans bien des cas), quels que soient nos efforts vers la rigueu
3891 bien des cas), quels que soient nos efforts vers la rigueur et vers l’adaptation de notre style à notre action. On serait
3892 ls que soient nos efforts vers la rigueur et vers l’ adaptation de notre style à notre action. On serait même tenté d’estim
3893 notre action. On serait même tenté d’estimer que la plus grande rigueur entraîne la moindre efficacité, et l’inverse. Par
3894 nté d’estimer que la plus grande rigueur entraîne la moindre efficacité, et l’inverse. Par où l’on voit que le contraire d
3895 grande rigueur entraîne la moindre efficacité, et l’ inverse. Par où l’on voit que le contraire de la « vie spirituelle »,
3896 raîne la moindre efficacité, et l’inverse. Par où l’ on voit que le contraire de la « vie spirituelle », c’est « le public 
3897 re efficacité, et l’inverse. Par où l’on voit que le contraire de la « vie spirituelle », c’est « le public ». Cette vie s
3898 t l’inverse. Par où l’on voit que le contraire de la « vie spirituelle », c’est « le public ». Cette vie spirituelle et ce
3899 e le contraire de la « vie spirituelle », c’est «  le public ». Cette vie spirituelle et ce public nous posent des exigence
3900 tradictoires. Or, de ces deux antagonistes, c’est l’ esprit qui sera vaincu. Non point qu’il s’avilisse partout ni qu’il se
3901 partout ni qu’il se laisse toujours persuader par la tentation du succès. Mais simplement on ne l’entend plus, il n’agit p
3902 par la tentation du succès. Mais simplement on ne l’ entend plus, il n’agit plus. Ce qu’on « entend », c’est l’absence de l
3903 plus, il n’agit plus. Ce qu’on « entend », c’est l’ absence de l’esprit, c’est l’appel aux instincts, aux intérêts urgents
3904 git plus. Ce qu’on « entend », c’est l’absence de l’ esprit, c’est l’appel aux instincts, aux intérêts urgents, presque tou
3905 on « entend », c’est l’absence de l’esprit, c’est l’ appel aux instincts, aux intérêts urgents, presque toujours contraires
3906 de compte, aux intérêts réels… 1er décembre 1934 Le pasteur m’a convoqué aux entretiens qu’il organise le samedi soir, da
3907 asteur m’a convoqué aux entretiens qu’il organise le samedi soir, dans une salle attenante au temple, pour les hommes de s
3908 di soir, dans une salle attenante au temple, pour les hommes de sa paroisse. « C’est le seul moyen de les avoir, me dit-il.
3909 u temple, pour les hommes de sa paroisse. « C’est le seul moyen de les avoir, me dit-il. Comme vous l’aurez remarqué, il n
3910 s hommes de sa paroisse. « C’est le seul moyen de les avoir, me dit-il. Comme vous l’aurez remarqué, il n’en vient qu’une d
3911 le seul moyen de les avoir, me dit-il. Comme vous l’ aurez remarqué, il n’en vient qu’une dizaine au culte. C’est trop comp
3912 sur un sujet neutre, nous en avons toujours dans les 40 à 50. Et une fois qu’ils sont là, on peut parler de tout… J’irai d
3913 achevaient de boire leur tasse de café au fond de la salle, dans un coin arrangé en cabinet de lecture. Journaux et illust
3914 cture. Journaux et illustrés, quelques livres sur la table. Puis on s’est assis sur des chaises alignées, pour entendre le
3915 est assis sur des chaises alignées, pour entendre le « conférencier »27. J’ai reconnu deux facteurs, le libraire, le quinc
3916 e « conférencier »27. J’ai reconnu deux facteurs, le libraire, le quincaillier, un adjoint de la mairie, quelques retraité
3917 ier »27. J’ai reconnu deux facteurs, le libraire, le quincaillier, un adjoint de la mairie, quelques retraités qui « trava
3918 eurs, le libraire, le quincaillier, un adjoint de la mairie, quelques retraités qui « travaillent le mazet » dans nos para
3919 e la mairie, quelques retraités qui « travaillent le mazet » dans nos parages, un ou deux cultivateurs, les trois institut
3920 azet » dans nos parages, un ou deux cultivateurs, les trois instituteurs. Le pasteur a lu quelques passages de l’Écriture.
3921 un ou deux cultivateurs, les trois instituteurs. Le pasteur a lu quelques passages de l’Écriture. Après quoi le sujet a é
3922 nstituteurs. Le pasteur a lu quelques passages de l’ Écriture. Après quoi le sujet a été introduit par l’un des instituteur
3923 a lu quelques passages de l’Écriture. Après quoi le sujet a été introduit par l’un des instituteurs. Il s’agissait de « l
3924 uit par l’un des instituteurs. Il s’agissait de «  l’ histoire de notre département ». La discussion n’a vraiment démarré qu
3925 ’agissait de « l’histoire de notre département ». La discussion n’a vraiment démarré que lorsqu’on s’est mis à parler d’au
3926 ose que du sujet, c’est-à-dire d’un peu tout : de l’ enseignement, des journaux, des traditions et anecdotes locales. Discu
3927 necdotes locales. Discussion n’est d’ailleurs pas le mot : c’étaient surtout des questions, des affirmations de partis pri
3928 és locales, provoquant chaque fois de gros rires. L’ homme du peuple — et je pense qu’il en va de même du bourgeois peu cul
3929 es répétitions n’ont d’autre but que de laisser à l’ esprit le temps de se « figurer » ce qui est dit. (C’est seulement de
3930 tions n’ont d’autre but que de laisser à l’esprit le temps de se « figurer » ce qui est dit. (C’est seulement de la langue
3931 e « figurer » ce qui est dit. (C’est seulement de la langue des écrivains français qu’il est exact de dire, avec tous les
3932 vains français qu’il est exact de dire, avec tous les manuels, qu’elle est une langue de discussion, parce que toujours ell
3933 gue de discussion, parce que toujours elle vise à la formule décisive, et ne s’accorde le droit de dire chaque chose qu’un
3934 elle vise à la formule décisive, et ne s’accorde le droit de dire chaque chose qu’une seule fois, de la façon la plus éco
3935 droit de dire chaque chose qu’une seule fois, de la façon la plus économique et la plus claire28. Or, cette langue d’écha
3936 dire chaque chose qu’une seule fois, de la façon la plus économique et la plus claire28. Or, cette langue d’échanges dial
3937 une seule fois, de la façon la plus économique et la plus claire28. Or, cette langue d’échanges dialectiques rapides se tr
3938 ques rapides se trouve par là même inefficace sur le « peuple ». Elle manque de durée. Évitant méticuleusement les reprise
3939  ». Elle manque de durée. Évitant méticuleusement les reprises, les retours, elle s’accorde très mal au rythme de la réflex
3940 e de durée. Évitant méticuleusement les reprises, les retours, elle s’accorde très mal au rythme de la réflexion spontanée,
3941 les retours, elle s’accorde très mal au rythme de la réflexion spontanée, qui est « péguyste » et non « classique ». Écriv
3942 t non « classique ». Écrivains inutilisables dans la mesure où ils veulent être de bons écrivains français.) — Que de bonn
3943 écrivains français.) — Que de bonne volonté chez les hommes de ce Cercle ! comme ils s’appliquent à comprendre, comme ils
3944 choses, amicalement ; de partager avec eux ce que l’ on sait ! Je pense aux auditoires bourgeois, à leurs airs entendus, à
3945 t cela met entre celui qui parle et son public ! ( Le « conférencier » en tournée se présente comme un séducteur, c’est la
3946 en tournée se présente comme un séducteur, c’est la loi du genre, et cela rend les échanges bien pauvres…) Quand nous nou
3947 un séducteur, c’est la loi du genre, et cela rend les échanges bien pauvres…) Quand nous nous sommes levés pour sortir, le
3948 uvres…) Quand nous nous sommes levés pour sortir, le facteur ronflait, le front sur un dossier de chaise. Il s’est relevé,
3949 us sommes levés pour sortir, le facteur ronflait, le front sur un dossier de chaise. Il s’est relevé, s’est frotté les yeu
3950 dossier de chaise. Il s’est relevé, s’est frotté les yeux, est sorti tout tranquillement. J’ai parlé avec plusieurs jeunes
3951 ns politiques, dans ce cercle ? — Il y a de tout. Le quincaillier est royaliste, un des instituteurs est objecteur de cons
3952 re. Il paraît que ça chauffe certains soirs. Mais le pasteur préside et on le respecte : 40 ans ; genre ancien combattant 
3953 ffe certains soirs. Mais le pasteur préside et on le respecte : 40 ans ; genre ancien combattant ; « très large », dit-on.
3954 t-on. Et « il cause bien ». 16 décembre 1934 À N… la mairie est tout entière communiste. Ceux des habitants qui ne le sont
3955 out entière communiste. Ceux des habitants qui ne le sont pas ne savent pas trop ce qu’ils sont, à part les châtelains. Il
3956 ont pas ne savent pas trop ce qu’ils sont, à part les châtelains. Ils votent radical ou socialiste, et se font battre à pla
3957 ture, régulièrement. Mais faut-il donc penser que les communistes, eux, savent pourquoi ils le sont, et connaissent le marx
3958 ser que les communistes, eux, savent pourquoi ils le sont, et connaissent le marxisme ? On m’avait dit : ce n’est pas cela
3959 eux, savent pourquoi ils le sont, et connaissent le marxisme ? On m’avait dit : ce n’est pas cela du tout, vous verrez. Ê
3960 ans ce pays, c’est tout simplement être à gauche, le plus à gauche possible. S’il en est bien ainsi, me dis-je, on peut re
3961 peut redouter que ces hommes ne sachent pas faire la distinction entre le marxisme et l’anarchie. D’autre part, sauront-il
3962 hommes ne sachent pas faire la distinction entre le marxisme et l’anarchie. D’autre part, sauront-ils s’opposer au dictat
3963 ent pas faire la distinction entre le marxisme et l’ anarchie. D’autre part, sauront-ils s’opposer au dictateur qui se prés
3964 oser au dictateur qui se présentera un jour comme l’ homme de gauche à poigne ? J’ai questionné à ce sujet quelqu’un qui co
3965 à ce sujet quelqu’un qui connaît bien son monde. La vie même de cet homme consiste en effet à connaître intimement le plu
3966 et homme consiste en effet à connaître intimement le plus grand nombre de familles de N., leurs circonstances matérielles,
3967 eurs traditions et leurs rancunes — c’est souvent la même chose — leurs idées sur la vie, sur la mort, sur le mariage. Et
3968 s — c’est souvent la même chose — leurs idées sur la vie, sur la mort, sur le mariage. Et quand je dis que sa vie consiste
3969 uvent la même chose — leurs idées sur la vie, sur la mort, sur le mariage. Et quand je dis que sa vie consiste à connaître
3970 chose — leurs idées sur la vie, sur la mort, sur le mariage. Et quand je dis que sa vie consiste à connaître ces choses,
3971 consiste à connaître ces choses, il faut prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’homme dont je parle n’est pas
3972 connaître ces choses, il faut prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’homme dont je parle n’est pas un enquêteur
3973 e ces choses, il faut prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’homme dont je parle n’est pas un enquêteur, simple
3974 t prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’ homme dont je parle n’est pas un enquêteur, simple curieux ou spectate
3975 s, quelqu’un qui a pour mission de leur enseigner le sens dernier des circonstances de leur vie. C’est le pasteur. Sa paro
3976 sens dernier des circonstances de leur vie. C’est le pasteur. Sa paroisse comprend les villages de N. et de V. où il habit
3977 leur vie. C’est le pasteur. Sa paroisse comprend les villages de N. et de V. où il habite. V., c’est un vieux nid d’aigle,
3978 , une pierraille couronnant des hauteurs ventées. Les rues sont étroites et caillouteuses, pleines d’odeurs dès que le vent
3979 roites et caillouteuses, pleines d’odeurs dès que le vent cesse de les balayer. Nous sommes installés au presbytère sur un
3980 teuses, pleines d’odeurs dès que le vent cesse de les balayer. Nous sommes installés au presbytère sur une galerie d’où l’o
3981 mmes installés au presbytère sur une galerie d’où l’ on domine un ample paysage horizontal. La plaine est à nos pieds, des
3982 rie d’où l’on domine un ample paysage horizontal. La plaine est à nos pieds, des Cévennes grises au nord jusqu’à l’horizon
3983 à nos pieds, des Cévennes grises au nord jusqu’à l’ horizon des collines vers Uzès, où quelques ruines de castels et quelq
3984 e castels et quelques cheminées d’usines grattent le bas d’un grand ciel jaune. On distingue à peine le village de N. parm
3985 e bas d’un grand ciel jaune. On distingue à peine le village de N. parmi les rangées de peupliers : il faut suivre des yeu
3986 aune. On distingue à peine le village de N. parmi les rangées de peupliers : il faut suivre des yeux la route noire pour dé
3987 es rangées de peupliers : il faut suivre des yeux la route noire pour découvrir enfin l’amas brunâtre des maisons au-desso
3988 ivre des yeux la route noire pour découvrir enfin l’ amas brunâtre des maisons au-dessous d’une tache blanche dans un pré,
3989 -dessous d’une tache blanche dans un pré, qui est le château. Joie de voir un pays dans son ensemble, dans son unité natur
3990 et ancienne. Une même patine de crépuscule réunit les champs, les arbres, les maisons. Dans ces maisons, il y a donc des co
3991 Une même patine de crépuscule réunit les champs, les arbres, les maisons. Dans ces maisons, il y a donc des communistes. J
3992 tine de crépuscule réunit les champs, les arbres, les maisons. Dans ces maisons, il y a donc des communistes. Je demande au
3993 gens que je connais si bien ? C’est difficile de les classer et je n’aime pas beaucoup ça… Il y en a de toutes sortes, bie
3994 Il y en a de toutes sortes, bien sûr, et plus on les voit de près… — Je comprends qu’il soit difficile de parler en généra
3995 dire, oui et non. — Enfin, viennent-ils au temple le dimanche ? — Ça non. D’ailleurs, communistes ou pas, les hommes d’ici
3996 anche ? — Ça non. D’ailleurs, communistes ou pas, les hommes d’ici ne viennent guère au culte. Ce n’est pas l’envie qui man
3997 es d’ici ne viennent guère au culte. Ce n’est pas l’ envie qui manque, mais ils ont peur. C’est toujours la question de la
3998 vie qui manque, mais ils ont peur. C’est toujours la question de la place à traverser. — ??? — Oui, vous savez que nos tem
3999 mais ils ont peur. C’est toujours la question de la place à traverser. — ??? — Oui, vous savez que nos temples du Midi so
4000 os temples du Midi sont construits en général sur la place du village. En face ou à côté, il y a les cafés, les terrasses
4001 ur la place du village. En face ou à côté, il y a les cafés, les terrasses sous les platanes, et le dimanche matin, les hom
4002 du village. En face ou à côté, il y a les cafés, les terrasses sous les platanes, et le dimanche matin, les hommes y vont
4003 e ou à côté, il y a les cafés, les terrasses sous les platanes, et le dimanche matin, les hommes y vont boire leur pastis.
4004 a les cafés, les terrasses sous les platanes, et le dimanche matin, les hommes y vont boire leur pastis. Si l’on va au cu
4005 errasses sous les platanes, et le dimanche matin, les hommes y vont boire leur pastis. Si l’on va au culte, il faut défiler
4006 he matin, les hommes y vont boire leur pastis. Si l’ on va au culte, il faut défiler devant les terrasses, c’est gênant. Un
4007 stis. Si l’on va au culte, il faut défiler devant les terrasses, c’est gênant. Un homme me disait l’autre jour : Ah, monsie
4008 t. Un homme me disait l’autre jour : Ah, monsieur le pasteur, si on pouvait entrer par-derrière, par la porte de la sacris
4009 e pasteur, si on pouvait entrer par-derrière, par la porte de la sacristie, on viendrait bien ! Mais on est lâches ! — Et
4010 i on pouvait entrer par-derrière, par la porte de la sacristie, on viendrait bien ! Mais on est lâches ! — Et chez eux, le
4011 ndrait bien ! Mais on est lâches ! — Et chez eux, les voyez-vous ? Pouvez-vous discuter avec eux ? — Guère. Là encore, ce s
4012 er avec eux ? — Guère. Là encore, ce sont surtout les femmes qu’on voit. Eux sont au travail, ou au café. — Pourquoi n’irie
4013 fficile ! Moi, ça ne me gênerait pas. Mais eux on les étonnerait, et surtout ils y sont entre eux. Je n’ai aucune envie d’a
4014 ont entre eux. Je n’ai aucune envie d’aller faire l’ intrus ou le bon apôtre. Si c’était possible, ce serait épatant, je ne
4015 x. Je n’ai aucune envie d’aller faire l’intrus ou le bon apôtre. Si c’était possible, ce serait épatant, je ne dis pas. Ma
4016 atiquement, je vous assure, c’est difficile. — Et les salutistes ? — Ils ont un uniforme. C’est classé. On les connaît… — A
4017 utistes ? — Ils ont un uniforme. C’est classé. On les connaît… — Alors, quand les voyez-vous ? — Surtout à l’occasion des c
4018 rme. C’est classé. On les connaît… — Alors, quand les voyez-vous ? — Surtout à l’occasion des conférences que j’organise. V
4019 naît… — Alors, quand les voyez-vous ? — Surtout à l’ occasion des conférences que j’organise. Vous avez déjà parlé dans des
4020 déjà parlé dans des cercles d’hommes. Vous voyez le genre. — Et les communistes y viennent ? — Bien sûr, le maire en tête
4021 s des cercles d’hommes. Vous voyez le genre. — Et les communistes y viennent ? — Bien sûr, le maire en tête. Et ils discute
4022 re. — Et les communistes y viennent ? — Bien sûr, le maire en tête. Et ils discutent, et même très bien. Je me rappelle pa
4023 en. Je me rappelle par exemple une discussion sur l’ incroyance. L’orateur avait dit que la différence entre les chrétiens
4024 elle par exemple une discussion sur l’incroyance. L’ orateur avait dit que la différence entre les chrétiens et les incroya
4025 cussion sur l’incroyance. L’orateur avait dit que la différence entre les chrétiens et les incroyants, ce n’est que pas le
4026 ance. L’orateur avait dit que la différence entre les chrétiens et les incroyants, ce n’est que pas les chrétiens se condui
4027 vait dit que la différence entre les chrétiens et les incroyants, ce n’est que pas les chrétiens se conduisent mieux que le
4028 les chrétiens et les incroyants, ce n’est que pas les chrétiens se conduisent mieux que les autres, mais c’est qu’ils se co
4029 est que pas les chrétiens se conduisent mieux que les autres, mais c’est qu’ils se confient en Dieu, et qu’ils attendent to
4030 ils se confient en Dieu, et qu’ils attendent tous les ordres de lui. À la fin, un des communistes se lève et résume le déba
4031 eu, et qu’ils attendent tous les ordres de lui. À la fin, un des communistes se lève et résume le débat : « En somme, dit-
4032 i. À la fin, un des communistes se lève et résume le débat : « En somme, dit-il, si nous ne croyons pas en Dieu, nous autr
4033 trop orgueilleux ? » En général, on peut dire que les communistes sont les plus intelligents du village. Ce sont eux, et eu
4034 En général, on peut dire que les communistes sont les plus intelligents du village. Ce sont eux, et eux seuls, qui proposen
4035 réformes pratiques, qui demandent qu’on installe l’ eau et l’électricité dans les maisons, etc. C’est l’élément réveillé e
4036 pratiques, qui demandent qu’on installe l’eau et l’ électricité dans les maisons, etc. C’est l’élément réveillé et entrepr
4037 andent qu’on installe l’eau et l’électricité dans les maisons, etc. C’est l’élément réveillé et entreprenant de la populati
4038 eau et l’électricité dans les maisons, etc. C’est l’ élément réveillé et entreprenant de la population. — Mais savent-ils c
4039 etc. C’est l’élément réveillé et entreprenant de la population. — Mais savent-ils ce que c’est, le marxisme ? — Ils essai
4040 de la population. — Mais savent-ils ce que c’est, le marxisme ? — Ils essaient ; peut-être plus qu’on ne croirait. J’en co
4041 eurs qui lisent des brochures de vulgarisation de la doctrine. Ils me posent quelquefois des questions. Mais ce n’est pas
4042 quelquefois des questions. Mais ce n’est pas par la lecture qu’ils viennent au parti. L’affaire, pour eux, c’est d’abord
4043 ’est pas par la lecture qu’ils viennent au parti. L’ affaire, pour eux, c’est d’abord de se grouper afin d’entreprendre que
4044 , de résister aux gros propriétaires qui tiennent la région, et de leur imposer des mesures de progrès, de bon sens… — Au
4045 ses, d’où viennent-ils ? — Pour la plupart — tous les chefs en tous cas —, ce sont de petits propriétaires ou des ouvriers
4046 ls savent que je suis de leur côté, en gros, dans les questions locales où il faut prendre position. Quant à la doctrine, c
4047 ions locales où il faut prendre position. Quant à la doctrine, c’est difficile à discuter, d’abord parce qu’ils la connais
4048 c’est difficile à discuter, d’abord parce qu’ils la connaissent mal, ensuite et surtout parce qu’elle ne joue pratiquemen
4049 er raisonnablement. Mais rien ne se présente pour les soutenir. Ils vont au parti communiste parce qu’il n’y a rien d’autre
4050 d’autre et personne d’autre… Ce seraient souvent les meilleures têtes du pays, et on les laisse devenir les « mauvaises tê
4051 aient souvent les meilleures têtes du pays, et on les laisse devenir les « mauvaises têtes ». 17 décembre 1934 Le grand tor
4052 eilleures têtes du pays, et on les laisse devenir les « mauvaises têtes ». 17 décembre 1934 Le grand tort des chrétiens, c’
4053 devenir les « mauvaises têtes ». 17 décembre 1934 Le grand tort des chrétiens, c’est qu’ils prennent au sérieux l’incroyan
4054 t des chrétiens, c’est qu’ils prennent au sérieux l’ incroyance de leurs contemporains. Au fond, ils en ont peur. Or ils de
4055 nteux, honteux d’une foi qu’il n’a pas ! Car s’il l’ avait, il n’aurait plus de honte à la confesser devant les hommes ; et
4056 s ! Car s’il l’avait, il n’aurait plus de honte à la confesser devant les hommes ; et s’il a honte, c’est qu’il ne craint
4057 , il n’aurait plus de honte à la confesser devant les hommes ; et s’il a honte, c’est qu’il ne craint pas Dieu, mais qu’il
4058 qu’il n’est pas un des leurs… Je voudrais définir le croyant véritable : celui qui sait qu’il ne croit pas aux dieux du mo
4059 ait qu’il ne croit pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment le prouve-t-il ? Tout simplement en témoignant, en an
4060 pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment le prouve-t-il ? Tout simplement en témoignant, en annonçant aux hommes
4061 simplement en témoignant, en annonçant aux hommes la vérité et le chemin. Point n’est besoin d’actions extraordinaires, su
4062 témoignant, en annonçant aux hommes la vérité et le chemin. Point n’est besoin d’actions extraordinaires, surhumaines : s
4063 mieux. 12 janvier 1935 Ces cochons-là ! — Simard le jardinier s’est fait une forte entaille au doigt en travaillant. Ce g
4064 é d’ordinaire, en est tout pâle. Je vais discuter le coup avec lui pour le ravigoter. C’est un de ces Méridionaux qui ne c
4065 tout pâle. Je vais discuter le coup avec lui pour le ravigoter. C’est un de ces Méridionaux qui ne connaît pas de meilleur
4066 dionaux qui ne connaît pas de meilleur remède que la parlotte. Tout de suite, c’est la question des assurances qu’il abord
4067 leur remède que la parlotte. Tout de suite, c’est la question des assurances qu’il aborde avec autorité, tout en tenant so
4068 utorité, tout en tenant son doigt blessé droit en l’ air, dans une attitude doctorale. La question des assurances est une q
4069 essé droit en l’air, dans une attitude doctorale. La question des assurances est une question complexe, comme toutes les q
4070 ssurances est une question complexe, comme toutes les questions capitales. Les gens d’ici ne gagnent presque rien. (Lui, pa
4071 n complexe, comme toutes les questions capitales. Les gens d’ici ne gagnent presque rien. (Lui, par exemple, si je l’en cro
4072 ne gagnent presque rien. (Lui, par exemple, si je l’ en crois, n’a guère vendu depuis un mois que pour 50 francs de légumes
4073 depuis un mois que pour 50 francs de légumes. Or la vente des produits de son jardin est son seul moyen de gagner). Carré
4074 en de gagner). Carré sur son tabouret de cuisine, le doigt en l’air, il passe en revue les compagnies d’assurances — et an
4075 ). Carré sur son tabouret de cuisine, le doigt en l’ air, il passe en revue les compagnies d’assurances — et analogues — av
4076 de cuisine, le doigt en l’air, il passe en revue les compagnies d’assurances — et analogues — avec lesquelles il est en co
4077 compte. Je dis compagnies d’assurances, mais lui les nomme plus couramment « ces cochons-là ». Ces cochons-là sont donc au
4078 en totalise sept pour son compte, et sa dame fait le petit appoint. Elle s’est « coupé » la jambe, cela fait bien cinq ans
4079 dame fait le petit appoint. Elle s’est « coupé » la jambe, cela fait bien cinq ans déjà, et « touche » pour cette jambe c
4080 claré que tout allait bien, c’est-à-dire qu’ils «  l’ ont diminuée à 17 sous par jour ». Pour se venger, il leur a retiré so
4081 venger, il leur a retiré son assurance à lui, et l’ a passée à d’autres. Il reste par bonheur : les assurances sociales, v
4082 et l’a passée à d’autres. Il reste par bonheur : les assurances sociales, vie, décès, « avec doublage », vieillesse, accid
4083 re très compliquée de capitalisation-loterie, qui l’ excite particulièrement. Tout cela rend plus ou moins. Dans certains c
4084 re. « Ce cochon-là » n’a pas répondu, et pourtant la lettre était recommandée. Alors il a été voir « une personne encore p
4085 illé d’écrire une nouvelle lettre recommandée « à la charge du destinataire ». Eh bien, qu’est-ce que vous croyez ? Répons
4086 Eh bien, qu’est-ce que vous croyez ? Réponse dans les quatre jours ! ah, ils sont comme ça ! Mais voilà que la personne com
4087 re jours ! ah, ils sont comme ça ! Mais voilà que la personne compétente lui dit : « Ce cochon-là t’a refait de 299 francs
4088 cochon-là t’a refait de 299 francs, consulte voir le barème ! » Il a fallu récrire deux fois pour obtenir gain de cause. E
4089 50 francs. Autrement, vous savez ce qui se passe, les employés là-bas, au ministère, ils mettent l’argent dans leur poche.
4090 e, les employés là-bas, au ministère, ils mettent l’ argent dans leur poche. — Tous les mas et mazets des environs sont hab
4091 ère, ils mettent l’argent dans leur poche. — Tous les mas et mazets des environs sont habités par des retraités, des pensio
4092 ités, des pensionnés, des assurés qui vivent dans la rouspétance contre ces « cochons-là » et dans la crainte de la vieill
4093 e contre ces « cochons-là » et dans la crainte de la vieillesse. On travaille pour ne rien gagner, à cause de la mévente c
4094 sse. On travaille pour ne rien gagner, à cause de la mévente croissante, on vit sur le dos de l’État, on suit des enterrem
4095 ner, à cause de la mévente croissante, on vit sur le dos de l’État, on suit des enterrements, on se brouille avec ses enfa
4096 se de la mévente croissante, on vit sur le dos de l’ État, on suit des enterrements, on se brouille avec ses enfants pour d
4097 ne croit plus ni à Dieu ni à diable et à peine à la politique, l’hiver est « pourri », la « pulmonie » fait des ravages,
4098 ni à Dieu ni à diable et à peine à la politique, l’ hiver est « pourri », la « pulmonie » fait des ravages, et ces cochons
4099 t à peine à la politique, l’hiver est « pourri », la « pulmonie » fait des ravages, et ces cochons-là vous diminuent. Sima
4100 s-là vous diminuent. Simard m’explique encore que les gens s’en vont d’ici pour travailler à la ville. C’est comme partout.
4101 re que les gens s’en vont d’ici pour travailler à la ville. C’est comme partout. Bon. Alors les catholiques descendent de
4102 iller à la ville. C’est comme partout. Bon. Alors les catholiques descendent de la montagne et viennent prendre la place. «
4103 partout. Bon. Alors les catholiques descendent de la montagne et viennent prendre la place. « On les appelle ici les illet
4104 ues descendent de la montagne et viennent prendre la place. « On les appelle ici les illettrés. Ça veut dire que c’est des
4105 de la montagne et viennent prendre la place. « On les appelle ici les illettrés. Ça veut dire que c’est des gens arriérés,
4106 t viennent prendre la place. « On les appelle ici les illettrés. Ça veut dire que c’est des gens arriérés, quoi. Ils n’ont
4107 que c’est des gens arriérés, quoi. Ils n’ont pas l’ instruction comme nous autres. » Arriérés, illettrés. Je n’en suis plu
4108 lus au temps où j’approuvais certains « Éloges de l’ ignorance » plus sentimentaux d’ailleurs que machiavéliques. Je sais q
4109 entaux d’ailleurs que machiavéliques. Je sais que l’ ignorance — oui, au sens de l’école primaire — est un mal qu’il faudra
4110 liques. Je sais que l’ignorance — oui, au sens de l’ école primaire — est un mal qu’il faudrait guérir. Mais je ne puis m’e
4111 t-être moins bas que ces « assurés ». Ce peuple à la retraite qui meurt en rouspétant contre les bureaucrates ne sait plus
4112 uple à la retraite qui meurt en rouspétant contre les bureaucrates ne sait plus bien ce qu’il craint davantage : de la vie
4113 ne sait plus bien ce qu’il craint davantage : de la vie qui ne rapporte plus, ou de la mort qui rapporte « en doublage »…
4114 davantage : de la vie qui ne rapporte plus, ou de la mort qui rapporte « en doublage »… 20 janvier 1935 Superstition. — C
4115 e écrit : « Il ne croit à rien excepté ce qui est le moins croyable, étant superstitieux sur tout plein d’objets. » Malcha
4116  : il n’échappe aux jésuites que pour tomber dans le fétichisme : le franc sacré, les idées à majuscules, toucher du bois,
4117 aux jésuites que pour tomber dans le fétichisme : le franc sacré, les idées à majuscules, toucher du bois, la bouteille de
4118 pour tomber dans le fétichisme : le franc sacré, les idées à majuscules, toucher du bois, la bouteille de champagne brisée
4119 c sacré, les idées à majuscules, toucher du bois, la bouteille de champagne brisée contre la coque des bateaux neufs, etc.
4120 du bois, la bouteille de champagne brisée contre la coque des bateaux neufs, etc. Un geste résume toute la situation : c’
4121 que des bateaux neufs, etc. Un geste résume toute la situation : c’est celui du coiffeur fameux, premier gagnant de la Lot
4122 ’est celui du coiffeur fameux, premier gagnant de la Loterie nationale, s’inclinant sur la tombe du Soldat inconnu. Juste
4123 gagnant de la Loterie nationale, s’inclinant sur la tombe du Soldat inconnu. Juste hommage au collègue, au gagnant d’une
4124 collègue, au gagnant d’une autre loterie ! Toute la grande presse en a parlé. Personne ne rit. Léon Bloy rugit dans sa to
4125 rugit dans sa tombe. 3 février 1935 Déclassé. —  L’ intellectuel l’est toujours. C’est qu’il est d’une classe particulière
4126 tombe. 3 février 1935 Déclassé. — L’intellectuel l’ est toujours. C’est qu’il est d’une classe particulière, dispersée com
4127 il est d’une classe particulière, dispersée comme les Juifs le sont chez les gentils. Pourquoi ne l’ai-je compris vraiment
4128 ne classe particulière, dispersée comme les Juifs le sont chez les gentils. Pourquoi ne l’ai-je compris vraiment qu’à la f
4129 ticulière, dispersée comme les Juifs le sont chez les gentils. Pourquoi ne l’ai-je compris vraiment qu’à la faveur de ce ch
4130 e les Juifs le sont chez les gentils. Pourquoi ne l’ ai-je compris vraiment qu’à la faveur de ce chômage ? C’est qu’il m’a
4131 entils. Pourquoi ne l’ai-je compris vraiment qu’à la faveur de ce chômage ? C’est qu’il m’a fallu m’éloigner de cette ambi
4132 fallu m’éloigner de cette ambiance bourgeoise où l’ on a convenu de cacher cela — de cacher ce fait que l’intellectuel en
4133 a convenu de cacher cela — de cacher ce fait que l’ intellectuel en tant que tel est un hors-classe, un être à part, auque
4134 à part, auquel on ne croit pas. (D’où sans doute l’ angoisse qui pousse tant d’écrivains à gagner de l’argent, à entrer à
4135 ’angoisse qui pousse tant d’écrivains à gagner de l’ argent, à entrer à l’Académie, voire à jouer un rôle politique : pour
4136 tant d’écrivains à gagner de l’argent, à entrer à l’ Académie, voire à jouer un rôle politique : pour faire figure, pour ac
4137 re, pour acquérir une situation bien définie dans le corps social). Nous sommes méprisés dans la mesure où nous sommes int
4138 dans le corps social). Nous sommes méprisés dans la mesure où nous sommes intellectuels, et acceptés — ou utilisés — dans
4139 s intellectuels, et acceptés — ou utilisés — dans la mesure où nous réussissons à nous faire passer pour des bourgeois ou
4140 at. 17 février 1935 Cercle d’hommes. — Hier soir le sujet de l’entretien était le problème de l’autorité. La discussion d
4141 er 1935 Cercle d’hommes. — Hier soir le sujet de l’ entretien était le problème de l’autorité. La discussion dévia bientôt
4142 hommes. — Hier soir le sujet de l’entretien était le problème de l’autorité. La discussion dévia bientôt vers le fascisme.
4143 soir le sujet de l’entretien était le problème de l’ autorité. La discussion dévia bientôt vers le fascisme. Un beau chaos
4144 t de l’entretien était le problème de l’autorité. La discussion dévia bientôt vers le fascisme. Un beau chaos de partis pr
4145 e de l’autorité. La discussion dévia bientôt vers le fascisme. Un beau chaos de partis pris, d’erreurs de faits et de form
4146 de faits et de formules électorales ! Je demandai la parole pour expliquer, le plus simplement que je pus, que le problème
4147 ectorales ! Je demandai la parole pour expliquer, le plus simplement que je pus, que le problème fasciste est un problème
4148 our expliquer, le plus simplement que je pus, que le problème fasciste est un problème avant tout national ; qu’il s’est p
4149 ays, et qu’en tout cas il ne peut pas se poser de la même façon en France. Je conclus que la seule manière de prévenir uti
4150 poser de la même façon en France. Je conclus que la seule manière de prévenir utilement un fascisme, ce n’était pas de co
4151 tilement un fascisme, ce n’était pas de condamner les Italiens et leurs admirateurs français, position négative, paresseuse
4152 e, et donc faible, mais d’essayer de résoudre « à la française » le problème de l’autorité, tel que le posent cinquante an
4153 le, mais d’essayer de résoudre « à la française » le problème de l’autorité, tel que le posent cinquante années de démocra
4154 yer de résoudre « à la française » le problème de l’ autorité, tel que le posent cinquante années de démocratie parlementai
4155 la française » le problème de l’autorité, tel que le posent cinquante années de démocratie parlementaire, et toute une tra
4156 e libertés. Bref, un petit sermon élémentaire sur le thème « liberté oblige ». Au sortir de la réunion, je surprends cette
4157 ire sur le thème « liberté oblige ». Au sortir de la réunion, je surprends cette phrase d’un homme, dans la cour, tandis q
4158 union, je surprends cette phrase d’un homme, dans la cour, tandis qu’il donne du feu à son copain : Pour moi, c’est un fas
4159 es raisons il prend ou ne prend point parti. Mais l’ électeur veut qu’on soit pour ou contre, et il se méfie par principe d
4160 osition fondamentale. Peut-être ferais-je bien, à l’ avenir, si j’écris quelque chose sur le fascisme ou sur les soviets, d
4161 je bien, à l’avenir, si j’écris quelque chose sur le fascisme ou sur les soviets, de mettre en épigraphe à mon article : J
4162 , si j’écris quelque chose sur le fascisme ou sur les soviets, de mettre en épigraphe à mon article : Je suis contre. Sinon
4163 mon article : Je suis contre. Sinon, pour peu que l’ article expose le pour et le contre, quelle que soit d’ailleurs ma con
4164 suis contre. Sinon, pour peu que l’article expose le pour et le contre, quelle que soit d’ailleurs ma conclusion, on me cl
4165 . Sinon, pour peu que l’article expose le pour et le contre, quelle que soit d’ailleurs ma conclusion, on me classera fasc
4166 me classera fasciste ou communiste. Et pourtant, la mission de l’écrivain n’est-elle pas justement d’éduquer le lecteur,
4167 asciste ou communiste. Et pourtant, la mission de l’ écrivain n’est-elle pas justement d’éduquer le lecteur, j’entends de l
4168 de l’écrivain n’est-elle pas justement d’éduquer le lecteur, j’entends de l’amener à réfléchir sur les raisons de ses par
4169 pas justement d’éduquer le lecteur, j’entends de l’ amener à réfléchir sur les raisons de ses partis pris ? Mars 1935 (à M
4170 le lecteur, j’entends de l’amener à réfléchir sur les raisons de ses partis pris ? Mars 1935 (à Marseille) J’ai parlé à R.
4171 le) J’ai parlé à R. de mon projet de publier sous le titre de Journal d’un intellectuel en chômage , ces pages que je sui
4172 rédiger à temps perdu. Il est assez sceptique sur le résultat de cette entreprise. Pour des raisons que je devine plus sen
4173 des raisons que je devine plus sentimentales que les arguments qu’il m’oppose… — Tout ce que le lecteur demande, c’est qu’
4174 s que les arguments qu’il m’oppose… — Tout ce que le lecteur demande, c’est qu’on lui raconte une histoire, me dit R. — Ma
4175 , me dit R. — Mais si je raconte mon histoire ? —  Le lecteur veut des histoires inventées. — Mais si je lui dis que j’inve
4176 vous met en question, cela vous invite à comparer les situations… À cause de la solidarité humaine, probablement. — (Voilà
4177 vous invite à comparer les situations… À cause de la solidarité humaine, probablement. — (Voilà pourquoi l’on trouvera san
4178 lidarité humaine, probablement. — (Voilà pourquoi l’ on trouvera sans doute, indiscret, de ma part, ce journal. Un tel juge
4179 el jugement ne serait pas très franc, d’ailleurs. L’ indiscrétion, en soi, ne gêne pas beaucoup de gens, au contraire. Ce q
4180 de gens, au contraire. Ce qui gêne, c’est plutôt la vérité telle quelle, surtout la vérité sur une situation matérielle.
4181 êne, c’est plutôt la vérité telle quelle, surtout la vérité sur une situation matérielle. Il est entendu qu’on ne doit pas
4182 ropos, précisément, est de montrer, entre autres, la décadence de ce tabou. Je trouve moins indiscret de parler en public
4183 e tant d’autres, de mes amours, en donnant toutes les précisions qu’un collégien puisse désirer.) R. me disait aussi : En s
4184 ous n’êtes pas un vrai chômeur, puisque vous avez la possibilité de travailler. — Je me suis fait moi-même cette objection
4185 on. Il est clair qu’un intellectuel aura toujours la possibilité de travailler, pour autant que son vrai travail est de pe
4186 utant que son vrai travail est de penser. Mais je l’ appelle chômeur, faute d’autre terme, s’il n’a plus la possibilité de
4187 pelle chômeur, faute d’autre terme, s’il n’a plus la possibilité de s’assurer un gagne-pain régulier par son travail, s’il
4188 plus d’emploi, et ne sait plus de quoi sera fait le lendemain. — Admettez que cela ne vous empêche pas de vivre assez bie
4189 atisfait de votre situation. Ce n’est fichtre pas le cas des vrais chômeurs ! — Ah, c’est vrai, je suis bien content, malg
4190 s pas du tout à être un « vrai chômeur », je vous l’ assure ! D’ailleurs j’ai déjà dit que cela me serait pratiquement impo
4191 ue sans ressources. Mais d’autre part, est-ce que le fait que je suis heureux suffit à me nourrir et à me vêtir ? Vous n’a
4192 nourrir et à me vêtir ? Vous n’avez qu’à regarder la frange de mon pantalon. Ce n’est pas avec ça que je pourrais faire un
4193 s avec ça que je pourrais faire une carrière dans le monde, à supposer que l’envie m’en prenne. Tout ce que je compte dire
4194 faire une carrière dans le monde, à supposer que l’ envie m’en prenne. Tout ce que je compte dire dans mon journal, c’est
4195 ssi romantique et excitant que mon titre pourrait le faire croire. L’intéressant à mon point de vue, c’est de montrer une
4196 excitant que mon titre pourrait le faire croire. L’ intéressant à mon point de vue, c’est de montrer une fois que c’est vr
4197 ’est vrai, et de montrer comment c’est vrai, dans le détail… ⁂ Cette conversation avec R. m’a rendu attentif à un fait qui
4198 n fait qui m’apparaît soudain fondamental ; c’est l’ affectivité quasi insupportable qui s’attache aujourd’hui à l’argent,
4199 é quasi insupportable qui s’attache aujourd’hui à l’ argent, et qui se mêle en particulier à tout échange d’idées sur la ri
4200 se mêle en particulier à tout échange d’idées sur la richesse, la pauvreté ou le chômage. Mélange extraordinairement irrit
4201 rticulier à tout échange d’idées sur la richesse, la pauvreté ou le chômage. Mélange extraordinairement irritable de mauva
4202 t échange d’idées sur la richesse, la pauvreté ou le chômage. Mélange extraordinairement irritable de mauvaise conscience,
4203 ’imbroglio passionnel plus idéalement favorable à l’ apparition de délires subits de la pensée ou des sentiments. Aigreur e
4204 ent favorable à l’apparition de délires subits de la pensée ou des sentiments. Aigreur et nervosité qui révèlent surtout u
4205 estions. Plusieurs générations de bourgeoisie, et la crise de cette bourgeoisie ont accouché d’un des plus beaux complexes
4206 ie ont accouché d’un des plus beaux complexes que le diable ait jamais pu concevoir pour dresser les humains les uns contr
4207 ue le diable ait jamais pu concevoir pour dresser les humains les uns contre les autres. Et qui, ou quoi, pourrait nous en
4208 ait jamais pu concevoir pour dresser les humains les uns contre les autres. Et qui, ou quoi, pourrait nous en guérir ? — C
4209 concevoir pour dresser les humains les uns contre les autres. Et qui, ou quoi, pourrait nous en guérir ? — Commençons par n
4210 uer, passons outre à nos vieilles pudeurs : c’est le début de la cure. Ensuite il faudra essayer de réviser nos préjugés e
4211 outre à nos vieilles pudeurs : c’est le début de la cure. Ensuite il faudra essayer de réviser nos préjugés en fonction d
4212 aire une hiérarchie éthique, et de rendre ainsi à l’ argent son rôle mineur de moyen, d’impur et simple moyen… 31 mars 1935
4213 — Je lis dans un journal socialiste du Midi, sous la rubrique « La vie régionale », qui chaque jour m’apporte d’inénarrabl
4214 un journal socialiste du Midi, sous la rubrique «  La vie régionale », qui chaque jour m’apporte d’inénarrables sujets de m
4215 ur m’apporte d’inénarrables sujets de méditation, le petit communiqué que voici : Bouillargues. — Les « exclus » vieux tr
4216 le petit communiqué que voici : Bouillargues. —  Les « exclus » vieux travailleurs. Demain dimanche, à 10 heures, sera d
4217 let 1930 29 . Tous ceux qui ne bénéficient pas de la loi des assurances sociales ont intérêt à assister à la conférence. L
4218 des assurances sociales ont intérêt à assister à la conférence. L’organisation lutte afin de faire accorder une retraite
4219 sociales ont intérêt à assister à la conférence. L’ organisation lutte afin de faire accorder une retraite aux vieux. Unis
4220 der une retraite aux vieux. Unissez-vous, activez la propagande afin que satisfaction soit donnée aux légitimes revendicat
4221 donnée aux légitimes revendications des vieux ! «  L’ organisation lutte… Unissez-vous ! Activez la propagande ! » Ô merveil
4222  ! « L’organisation lutte… Unissez-vous ! Activez la propagande ! » Ô merveille du pathos révolutionnaire ! ô gloire de la
4223 merveille du pathos révolutionnaire ! ô gloire de la phraséologie marxiste ! Ô triomphe des mots d’ordre sur l’inertie des
4224 ologie marxiste ! Ô triomphe des mots d’ordre sur l’ inertie des masses, l’égoïsme des petits bourgeois, l’obscurantisme cl
4225 iomphe des mots d’ordre sur l’inertie des masses, l’ égoïsme des petits bourgeois, l’obscurantisme clérical — la conférence
4226 ertie des masses, l’égoïsme des petits bourgeois, l’ obscurantisme clérical — la conférence est à 10 heures, dimanche matin
4227 des petits bourgeois, l’obscurantisme clérical — la conférence est à 10 heures, dimanche matin… — et les oligarchies réac
4228 conférence est à 10 heures, dimanche matin… — et les oligarchies réactionnaires ! Ô liberté, égalité, fraternité, Déclarat
4229 des droits de l’homme ! Il est venu, il est venu le jour que la Volonté populaire appelait de tous ses espoirs ! Mais que
4230 de l’homme ! Il est venu, il est venu le jour que la Volonté populaire appelait de tous ses espoirs ! Mais que dis-je le j
4231 re appelait de tous ses espoirs ! Mais que dis-je le jour ! C’est l’heure même qui va sonner : demain dimanche, sur le cou
4232 ous ses espoirs ! Mais que dis-je le jour ! C’est l’ heure même qui va sonner : demain dimanche, sur le coup de dix heures,
4233 l’heure même qui va sonner : demain dimanche, sur le coup de dix heures, le grand mot qui résume cent années d’efforts, de
4234 ner : demain dimanche, sur le coup de dix heures, le grand mot qui résume cent années d’efforts, de luttes, de sacrifices
4235 ce grand mot sera prononcé, proclamé, acclamé par les travailleurs de Bouillargues, prouvant à la face du monde que nos mil
4236 par les travailleurs de Bouillargues, prouvant à la face du monde que nos militants héroïques n’ont pas perdu leur peine
4237 olique mot d’ordre sera donné comme un soufflet à la Réaction insolente : « Place aux Vieux ! » — On se demande s’il est a
4238 se demande s’il est au monde un seul pays, hormis la France, où cette phrase soit possible. Où les partis qui se disent « 
4239 rmis la France, où cette phrase soit possible. Où les partis qui se disent « avancés » osent le proposer comme objectif de
4240 le. Où les partis qui se disent « avancés » osent le proposer comme objectif de « lutte ». Où la publication d’un communiq
4241 osent le proposer comme objectif de « lutte ». Où la publication d’un communiqué de ce genre ne soit pas accueillie par un
4242 une traînée de rigolade irrépressible dans toutes les couches de la population, « laborieuse » ou « réactionnaire ». À la p
4243 rigolade irrépressible dans toutes les couches de la population, « laborieuse » ou « réactionnaire ». À la prochaine enquê
4244 opulation, « laborieuse » ou « réactionnaire ». À la prochaine enquête sur l’état politique de la France, je me promets de
4245 ou « réactionnaire ». À la prochaine enquête sur l’ état politique de la France, je me promets de répondre par cette simpl
4246 ». À la prochaine enquête sur l’état politique de la France, je me promets de répondre par cette simple déclaration : « La
4247 mets de répondre par cette simple déclaration : «  La France est un pays comblé qui a résolu tous les problèmes économiques
4248 « La France est un pays comblé qui a résolu tous les problèmes économiques urgents. La preuve en est fournie par ces phras
4249 a résolu tous les problèmes économiques urgents. La preuve en est fournie par ces phrases cueillies dans un journal révol
4250 ases cueillies dans un journal révolutionnaire : ‟ L’ organisation lutte afin de faire accorder une retraite aux vieux. Unis
4251 der une retraite aux vieux. Unissez-vous, activez la propagande, afin que satisfaction soit donnée aux légitimes revendica
4252 cations des vieux !” Quand on en est à cela, dans les partis d’extrême gauche, c’est que l’état social est à peu près parad
4253 cela, dans les partis d’extrême gauche, c’est que l’ état social est à peu près paradisiaque. » J’ajouterais peut-être ceci
4254 voue tous ses enthousiasmes aux soins que réclame la vieillesse. Notre opinion publique, à en croire les journaux, est act
4255 a vieillesse. Notre opinion publique, à en croire les journaux, est actuellement dominée par le souci des élections académi
4256 croire les journaux, est actuellement dominée par le souci des élections académiques et des retraites aux sexagénaires. N’
4257 as beau, rassurant, émouvant, dans une Europe que l’ on croyait en proie aux brutales jeunesses bottées ? » 25 avril 1935
4258 ses bottées ? » 25 avril 1935 Communisme. — Dans la petite librairie grande ouverte sur la rue principale, je parcours, c
4259 me. — Dans la petite librairie grande ouverte sur la rue principale, je parcours, comme chaque jour, la plupart des journa
4260 bonhomme au nez violacé traîne ses pantoufles par la boutique et grogne sans arrêt. Il interpelle assez grossièrement la p
4261 gne sans arrêt. Il interpelle assez grossièrement la patronne qui ne répond pas. C’est un habitué, il est comme ça. Il fau
4262 d pas. C’est un habitué, il est comme ça. Il faut le laisser frapper le sol de sa canne et redresser sa casquette pour pon
4263 itué, il est comme ça. Il faut le laisser frapper le sol de sa canne et redresser sa casquette pour ponctuer ses raisonnem
4264 ntelligent. — Vous avez mon Huma ? — Bou die ! je les ai toutes vendues, Monsieur Dumas ! (C’est jour de foire). — Allons,
4265 (C’est jour de foire). — Allons, tant mieux, fait l’ homme. Et si des fois on vous en demande de trop, vous n’avez qu’à don
4266 n’avez qu’à donner la mienne, vous savez. Plus on la lit… Ce généreux apôtre de la cause va sortir, lorsque le vieux gâteu
4267 vous savez. Plus on la lit… Ce généreux apôtre de la cause va sortir, lorsque le vieux gâteux l’arrête sur le seuil. « Et
4268 Ce généreux apôtre de la cause va sortir, lorsque le vieux gâteux l’arrête sur le seuil. « Et alors, mon bon, c’est toi qu
4269 re de la cause va sortir, lorsque le vieux gâteux l’ arrête sur le seuil. « Et alors, mon bon, c’est toi qu’on va mettre à
4270 e va sortir, lorsque le vieux gâteux l’arrête sur le seuil. « Et alors, mon bon, c’est toi qu’on va mettre à la mairie ? »
4271 « Et alors, mon bon, c’est toi qu’on va mettre à la mairie ? » L’homme au visage maigre fait un geste réticent. Le vieux
4272 on bon, c’est toi qu’on va mettre à la mairie ? » L’ homme au visage maigre fait un geste réticent. Le vieux le tient par l
4273 L’homme au visage maigre fait un geste réticent. Le vieux le tient par la manche et lui martèle de sa canne le bout des s
4274 au visage maigre fait un geste réticent. Le vieux le tient par la manche et lui martèle de sa canne le bout des souliers :
4275 gre fait un geste réticent. Le vieux le tient par la manche et lui martèle de sa canne le bout des souliers : « Tu m’enten
4276 le tient par la manche et lui martèle de sa canne le bout des souliers : « Tu m’entends ? Nous ôtres, nous allons vous pas
4277 s ôtres, nous allons vous passer à tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit l’homme, si vous y arrivez, c’est bien votre droit
4278 ous passer à tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit l’ homme, si vous y arrivez, c’est bien votre droit ! — Notre droit ? Peu
4279 (Il glousse d’un air malin). — On sait bien, dit le communiste, que vous avez toujours soutenu les gros qui pressent les
4280 dit le communiste, que vous avez toujours soutenu les gros qui pressent les petits ! — Les gros ! mon bon. Mais c’est donc
4281 vous avez toujours soutenu les gros qui pressent les petits ! — Les gros ! mon bon. Mais c’est donc vous, qui nous pressez
4282 ours soutenu les gros qui pressent les petits ! —  Les gros ! mon bon. Mais c’est donc vous, qui nous pressez toute notre ar
4283 ez toute notre argent, depuis quatre ans que vous l’ avez, le pouvoir ! » L’autre se dégage et s’en va, un peu triste, ou p
4284 notre argent, depuis quatre ans que vous l’avez, le pouvoir ! » L’autre se dégage et s’en va, un peu triste, ou peut-être
4285 e ces deux hommes, je n’hésite pas : je vote pour le communiste. C’est un Méridional du type sérieux, un de ces hommes qui
4286 de ces hommes qui pourraient sauver sa région de la totale décrépitude où l’ont laissée les radicaux et les créatures de
4287 ient sauver sa région de la totale décrépitude où l’ ont laissée les radicaux et les créatures de Bouisson, dont mon alcool
4288 région de la totale décrépitude où l’ont laissée les radicaux et les créatures de Bouisson, dont mon alcoolique fait parti
4289 tale décrépitude où l’ont laissée les radicaux et les créatures de Bouisson, dont mon alcoolique fait partie. Voilà l’aspec
4290 Bouisson, dont mon alcoolique fait partie. Voilà l’ aspect local et personnel de la question, sur le plan des prochaines é
4291 fait partie. Voilà l’aspect local et personnel de la question, sur le plan des prochaines élections municipales. Mais il y
4292 . Simple question de tempérament. Peut-être aussi le communiste n’est-il pas encore parvenu à « mettre de côté » autant qu
4293 encore parvenu à « mettre de côté » autant qu’il le voudrait. Mais ce n’est pas sûr. Je sais bien une douzaine de ses cam
4294 une douzaine de ses camarades qui comptent parmi les mieux rentés de ce pays. Faut-il donc penser que les partis expriment
4295 mieux rentés de ce pays. Faut-il donc penser que les partis expriment tout simplement des attitudes morales différentes ?
4296 i avais acheté, innocemment, le dernier numéro de l’ Huma. De la haine et encore de la haine, quelques mensonges grossiers,
4297 eté, innocemment, le dernier numéro de l’Huma. De la haine et encore de la haine, quelques mensonges grossiers, le truquag
4298 ernier numéro de l’Huma. De la haine et encore de la haine, quelques mensonges grossiers, le truquage habituel des titres,
4299 encore de la haine, quelques mensonges grossiers, le truquage habituel des titres, une sauce aigre où nagent de grandes vé
4300 ujours bonnes à dire, mais mal dites. J’accepte à la rigueur cette division du monde en gros et en petits, si c’est le seu
4301 division du monde en gros et en petits, si c’est le seul moyen pratique de faire valoir les droits élémentaires d’une par
4302 , si c’est le seul moyen pratique de faire valoir les droits élémentaires d’une partie de la population. Mais quelle trahis
4303 re valoir les droits élémentaires d’une partie de la population. Mais quelle trahison des « petits » représente alors ce j
4304 ésente alors ce journal ! Leur seule force contre les capitalistes et surtout contre leurs suppôts, ces retraités radicaux
4305 traités radicaux ou socialistes, ce serait d’être le parti de la vérité et du bon sens. Ils auraient avec eux tous les hom
4306 caux ou socialistes, ce serait d’être le parti de la vérité et du bon sens. Ils auraient avec eux tous les hommes — bourge
4307 vérité et du bon sens. Ils auraient avec eux tous les hommes — bourgeois ou intellectuels — qui détestent la politique et l
4308 mmes — bourgeois ou intellectuels — qui détestent la politique et la combine électorale. Au lieu de quoi on pervertit les
4309 ou intellectuels — qui détestent la politique et la combine électorale. Au lieu de quoi on pervertit les révoltes les mie
4310 combine électorale. Au lieu de quoi on pervertit les révoltes les mieux justifiées, on les étourdit de mensonges, on les a
4311 torale. Au lieu de quoi on pervertit les révoltes les mieux justifiées, on les étourdit de mensonges, on les abreuve d’une
4312 n pervertit les révoltes les mieux justifiées, on les étourdit de mensonges, on les abreuve d’une prose abstraite, brutale
4313 ieux justifiées, on les étourdit de mensonges, on les abreuve d’une prose abstraite, brutale — eux qui le sont si peu ! — e
4314 abreuve d’une prose abstraite, brutale — eux qui le sont si peu ! — et si possible, plus médiocre que celle des grands jo
4315 tion. On leur impose une mystique confectionnée à l’ usage des moujiks… Quel est l’homme sain qui oserait affirmer que ce q
4316 que confectionnée à l’usage des moujiks… Quel est l’ homme sain qui oserait affirmer que ce quotidien lamentable, hérissé d
4317 able, hérissé de clichés hargneux, travaille pour le bien de ses lecteurs ? Si l’on prend au sérieux le sort qui est fait
4318 neux, travaille pour le bien de ses lecteurs ? Si l’ on prend au sérieux le sort qui est fait aux ouvriers — ce n’est pas l
4319 e bien de ses lecteurs ? Si l’on prend au sérieux le sort qui est fait aux ouvriers — ce n’est pas le cas des intellectuel
4320 le sort qui est fait aux ouvriers — ce n’est pas le cas des intellectuels qui « adhèrent » aux disciplines staliniennes e
4321 s staliniennes en haine d’une société qu’ils sont les seuls à croire encore « chrétienne » — il faut bien dire que le parti
4322 ire encore « chrétienne » — il faut bien dire que le parti communiste est une sinistre trahison des pauvres hommes. Beauco
4323 inistre trahison des pauvres hommes. Beaucoup, je le sais, résistent à l’intoxication, mais cela prouve simplement, une fo
4324 pauvres hommes. Beaucoup, je le sais, résistent à l’ intoxication, mais cela prouve simplement, une fois de plus, que l’hom
4325 ais cela prouve simplement, une fois de plus, que l’ homme du peuple ne comprend pas profondément ce qu’on lui donne à lire
4326 est sans rapport réel avec cette situation. Mais les intellectuels, dont le métier est de comprendre, dont le métier est d
4327 vec cette situation. Mais les intellectuels, dont le métier est de comprendre, dont le métier est de vouloir la vérité, do
4328 llectuels, dont le métier est de comprendre, dont le métier est de vouloir la vérité, dont la seule dignité est d’avoir fo
4329 est de comprendre, dont le métier est de vouloir la vérité, dont la seule dignité est d’avoir foi dans le pouvoir d’une p
4330 re, dont le métier est de vouloir la vérité, dont la seule dignité est d’avoir foi dans le pouvoir d’une pensée droite, — 
4331 érité, dont la seule dignité est d’avoir foi dans le pouvoir d’une pensée droite, — on se demande par quelle rancune vague
4332 viennent à s’imaginer qu’ils défendent eux aussi les « petits » en défendant ces exploiteurs de la bassesse et du mensonge
4333 si les « petits » en défendant ces exploiteurs de la bassesse et du mensonge en service commandé. L’homme à la veste bleue
4334 e la bassesse et du mensonge en service commandé. L’ homme à la veste bleue, je le comprends et je l’aime dans son effort m
4335 sse et du mensonge en service commandé. L’homme à la veste bleue, je le comprends et je l’aime dans son effort maladroit e
4336 en service commandé. L’homme à la veste bleue, je le comprends et je l’aime dans son effort maladroit et réel. Mais dans l
4337 . L’homme à la veste bleue, je le comprends et je l’ aime dans son effort maladroit et réel. Mais dans la mesure où je l’ai
4338 aime dans son effort maladroit et réel. Mais dans la mesure où je l’aime, ils me dégoûtent. 28 avril 1935 Réflexion de « 
4339 fort maladroit et réel. Mais dans la mesure où je l’ aime, ils me dégoûtent. 28 avril 1935 Réflexion de « personnaliste ».
4340 28 avril 1935 Réflexion de « personnaliste ». —  Le peuple tel qu’on le voit paraît tout ignorant de ses intérêts véritab
4341 exion de « personnaliste ». — Le peuple tel qu’on le voit paraît tout ignorant de ses intérêts véritables. Mais c’est qu’i
4342 intérêts véritables. Mais c’est qu’il ne peut pas les exprimer très aisément. Question de langage. Revenez voir ces mêmes h
4343 e j’ai dit, revenez deux fois, vingt fois, prenez- les sur le fait au détour d’une phrase maladroite, rendez-les attentifs a
4344 it, revenez deux fois, vingt fois, prenez-les sur le fait au détour d’une phrase maladroite, rendez-les attentifs au sens
4345 le fait au détour d’une phrase maladroite, rendez- les attentifs au sens de leurs clichés. Mieux encore, parlez-leur de leur
4346 e de sensé, de vécu, de réel, — et qui renversera les conclusions cyniques des partisans de la dictature. Ils vous diront d
4347 versera les conclusions cyniques des partisans de la dictature. Ils vous diront d’abord que le fond de leur vie, c’est l’e
4348 sans de la dictature. Ils vous diront d’abord que le fond de leur vie, c’est l’ennui. Ils expliqueront presque toujours ce
4349 ous diront d’abord que le fond de leur vie, c’est l’ ennui. Ils expliqueront presque toujours cet ennui par les conditions
4350 . Ils expliqueront presque toujours cet ennui par les conditions du travail créées depuis la guerre dans les campagnes : no
4351 ennui par les conditions du travail créées depuis la guerre dans les campagnes : nomadisme des employés et ouvriers, impos
4352 onditions du travail créées depuis la guerre dans les campagnes : nomadisme des employés et ouvriers, impossibilité de « su
4353 isé, de s’attacher à ce qu’on fait ; nécessité où l’ on se trouve de bâcler son ouvrage, pour gagner de quoi vivre, tentati
4354 ondition. Ils vous diront aussi qu’ils n’ont plus le cœur à leur ouvrage, quand ils savent que les résultats sont à la mer
4355 plus le cœur à leur ouvrage, quand ils savent que les résultats sont à la merci soit d’un trust, soit d’un syndicat d’incap
4356 uvrage, quand ils savent que les résultats sont à la merci soit d’un trust, soit d’un syndicat d’incapables. Ils vous diro
4357 t d’un syndicat d’incapables. Ils vous diront que le mal vient de l’État — et cela veut dire : de ceux qui font les lois s
4358 d’incapables. Ils vous diront que le mal vient de l’ État — et cela veut dire : de ceux qui font les lois sans rien savoir
4359 de l’État — et cela veut dire : de ceux qui font les lois sans rien savoir des situations locales. Parfois ils proposeront
4360 s proposeront quelque réforme pratique : faire de la place aux jeunes en abaissant la limite d’âge dans les chemins de fer
4361 tique : faire de la place aux jeunes en abaissant la limite d’âge dans les chemins de fer et l’administration ; faire des
4362 lace aux jeunes en abaissant la limite d’âge dans les chemins de fer et l’administration ; faire des lois régionales pour l
4363 issant la limite d’âge dans les chemins de fer et l’ administration ; faire des lois régionales pour la viticulture ; mettr
4364 l’administration ; faire des lois régionales pour la viticulture ; mettre en commun les terres d’un petit village ; vendre
4365 régionales pour la viticulture ; mettre en commun les terres d’un petit village ; vendre le vin du pays dans les épiceries
4366 en commun les terres d’un petit village ; vendre le vin du pays dans les épiceries du pays, lesquelles ne vendent que des
4367 s d’un petit village ; vendre le vin du pays dans les épiceries du pays, lesquelles ne vendent que des succédanés fabriqués
4368 frique et des produits chimiques (« que vous avez la gorge brûlante après un verre »). Enfin ils se plaindront de ce que,
4369 laisir. On n’est plus fier d’en être, on approuve la jeunesse qui délaisse la terre pour la ville. (« C’est mort, ici ! »
4370 r d’en être, on approuve la jeunesse qui délaisse la terre pour la ville. (« C’est mort, ici ! » — phrase entendue un peu
4371 n approuve la jeunesse qui délaisse la terre pour la ville. (« C’est mort, ici ! » — phrase entendue un peu partout dans l
4372 rt, ici ! » — phrase entendue un peu partout dans la province). Et puis « leur » politique, parlez-moi de « leurs combines
4373 ’en tiendra aux clichés du journal. On n’aura pas le temps ni le courage, ni même l’idée de pousser plus loin, d’aborder d
4374 aux clichés du journal. On n’aura pas le temps ni le courage, ni même l’idée de pousser plus loin, d’aborder des réalités.
4375 al. On n’aura pas le temps ni le courage, ni même l’ idée de pousser plus loin, d’aborder des réalités. Donc, par amour du
4376 s plus ses assemblées, ce n’est pas lui. Écoutons les observations que formulent des individus pris à part, dans leur vie c
4377 e concrète. Je constate qu’elles vont toutes dans le sens de ce que proposent les personnalistes : autonomie de la région
4378 lles vont toutes dans le sens de ce que proposent les personnalistes : autonomie de la région naturelle, communalisme, synd
4379 e que proposent les personnalistes : autonomie de la région naturelle, communalisme, syndicats locaux, rajeunissement des
4380 oyens de circuler et de s’instruire, résistance à l’ état tentaculaire. (Quant à la lutte contre le capitalisme, tout le mo
4381 ruire, résistance à l’état tentaculaire. (Quant à la lutte contre le capitalisme, tout le monde en est, ou feint d’en être
4382 e à l’état tentaculaire. (Quant à la lutte contre le capitalisme, tout le monde en est, ou feint d’en être ; c’est bien mo
4383 pes d’hommes nouveaux, jeunes et sortis de toutes les classes, d’exprimer ce que taisent les journaux, les orateurs et les
4384 de toutes les classes, d’exprimer ce que taisent les journaux, les orateurs et les affiches — et qui est la volonté réelle
4385 classes, d’exprimer ce que taisent les journaux, les orateurs et les affiches — et qui est la volonté réelle des travaille
4386 imer ce que taisent les journaux, les orateurs et les affiches — et qui est la volonté réelle des travailleurs, trahis par
4387 urnaux, les orateurs et les affiches — et qui est la volonté réelle des travailleurs, trahis par le langage politicien. La
4388 st la volonté réelle des travailleurs, trahis par le langage politicien. La dictature est la seule solution de ceux qui re
4389 s travailleurs, trahis par le langage politicien. La dictature est la seule solution de ceux qui refusent d’éduquer le peu
4390 rahis par le langage politicien. La dictature est la seule solution de ceux qui refusent d’éduquer le peuple. Dictature ou
4391 la seule solution de ceux qui refusent d’éduquer le peuple. Dictature ou éducation, voilà le dilemme du xxe siècle. La d
4392 ’éduquer le peuple. Dictature ou éducation, voilà le dilemme du xxe siècle. La dictature est très facile. Elle n’a qu’un
4393 re ou éducation, voilà le dilemme du xxe siècle. La dictature est très facile. Elle n’a qu’un argument très puissant cont
4394 classe, sur quels intérêts ? — Nous comptons sur l’ effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites-vous. Mais rien d
4395 ntérêts ? — Nous comptons sur l’effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites-vous. Mais rien d’autre n’est vrai… 6
4396 s-vous. Mais rien d’autre n’est vrai… 6 mai 1935 La mort et les cérémonies dans le Gard. — La maison de Simard recèle un
4397 s rien d’autre n’est vrai… 6 mai 1935 La mort et les cérémonies dans le Gard. — La maison de Simard recèle un effrayant se
4398 vrai… 6 mai 1935 La mort et les cérémonies dans le Gard. — La maison de Simard recèle un effrayant secret qu’on m’avait
4399 i 1935 La mort et les cérémonies dans le Gard. —  La maison de Simard recèle un effrayant secret qu’on m’avait laissé igno
4400 e. Nous apprenons son existence en même temps que l’ imminence de sa mort — et voici qui éveillera peut-être des réflexions
4401 éveillera peut-être des réflexions fécondes dans l’ esprit du lecteur philosophe. Déjà huit mois que nous sommes ici, et c
4402 et combien de fois ne sommes-nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur logis — nous avion
4403 tout leur logis — nous avions cru comprendre que les autres pièces étaient vides ou ne servaient que de débarras —, et rie
4404 ire soupçonner cette présence à côté. Hier matin, la mère Calixte arrive tout agitée : « Madame se meurt ! s’écrie-t-elle.
4405 se meurt ! s’écrie-t-elle. C’est Madame Bastide, la belle-mère. — Qu’a-t-elle ? — Oh, elle m’a bien reconnue, mais elle v
4406 uit, vous savez, elle est toute chargée, bou die, l’ estomac et tout. — Mais les Simard ne m’avaient jamais parlé d’elle !
4407 toute chargée, bou die, l’estomac et tout. — Mais les Simard ne m’avaient jamais parlé d’elle ! — Peuchère ! ils languissai
4408 parlé d’elle ! — Peuchère ! ils languissaient de l’ emballer, la vieille ! » Ils n’auront plus à languir bien longtemps. O
4409 e ! — Peuchère ! ils languissaient de l’emballer, la vieille ! » Ils n’auront plus à languir bien longtemps. On peut dire
4410 t plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’entend ! Trois fois par jour, le bruit d’effr
4411 gtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’ entend ! Trois fois par jour, le bruit d’effroyables discussions nous
4412 e est sûre. Et on l’entend ! Trois fois par jour, le bruit d’effroyables discussions nous parvient de la cuisine des Simar
4413 bruit d’effroyables discussions nous parvient de la cuisine des Simard. Un beau-frère est arrivé, et on partage. C’est to
4414 é, et on partage. C’est toujours assez compliqué. La nuit, par un dernier respect pour la moribonde qu’ils veillent à tour
4415 z compliqué. La nuit, par un dernier respect pour la moribonde qu’ils veillent à tour de rôle, ils sont venus discuter dan
4416 lent à tour de rôle, ils sont venus discuter dans la remise qui est au-dessous de notre chambre, et leurs éclats de voix n
4417 ence : sans auto, sans argent, sans amis proches, la solitude devient un isolement. Il y a « les gens », bien sûr. C’est i
4418 oches, la solitude devient un isolement. Il y a «  les gens », bien sûr. C’est instructif. Mais le désir de s’instruire a de
4419 a « les gens », bien sûr. C’est instructif. Mais le désir de s’instruire a des limites. Déjà les relations se stabilisent
4420 Mais le désir de s’instruire a des limites. Déjà les relations se stabilisent, les « courtes habitudes » épuisent leur ver
4421 a des limites. Déjà les relations se stabilisent, les « courtes habitudes » épuisent leur vertu. C’est le moment de lever s
4422 « courtes habitudes » épuisent leur vertu. C’est le moment de lever son camp. Plus tard, peut-être, quand toutes ces mais
4423 de se plaindre des villes, où ils s’incrustent — la province deviendra vivable. La révolution sera faite. Nous reviendron
4424 ils s’incrustent — la province deviendra vivable. La révolution sera faite. Nous reviendrons… — Demain, il faut remettre e
4425 reviendrons… — Demain, il faut remettre en place les aquarelles, les guéridons et les dessus de cheminée. Après-demain, no
4426 Demain, il faut remettre en place les aquarelles, les guéridons et les dessus de cheminée. Après-demain, nous partons. Nous
4427 emettre en place les aquarelles, les guéridons et les dessus de cheminée. Après-demain, nous partons. Nous fuyons. 27. Mo
4428 . 27. Monsieur X… « orateur distingué », disait la convocation. 28. La stratégie qu’inaugurèrent les généraux de la Rév
4429  orateur distingué », disait la convocation. 28. La stratégie qu’inaugurèrent les généraux de la Révolution, et qui fut c
4430 la convocation. 28. La stratégie qu’inaugurèrent les généraux de la Révolution, et qui fut celle de Bonaparte, n’est en so
4431 28. La stratégie qu’inaugurèrent les généraux de la Révolution, et qui fut celle de Bonaparte, n’est en somme que l’appli
4432 et qui fut celle de Bonaparte, n’est en somme que l’ application du style français à la chose militaire. 29. Ils ont donc
4433 st en somme que l’application du style français à la chose militaire. 29. Ils ont donc au moins 66 ans aujourd’hui, où l’
4434 29. Ils ont donc au moins 66 ans aujourd’hui, où l’ article paraît. m. Rougemont Denis de, «  Journal d’un intellectuel
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
4435 Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)n Pour lutter contre le fascisme, les c
4436 ittérature (17 avril 1937)n Pour lutter contre le fascisme, les communistes paraissent avoir compris qu’il faut défendr
4437 7 avril 1937)n Pour lutter contre le fascisme, les communistes paraissent avoir compris qu’il faut défendre la culture.
4438 stes paraissent avoir compris qu’il faut défendre la culture. Le malheur est qu’ils n’envisagent pour cette défense que de
4439 ent avoir compris qu’il faut défendre la culture. Le malheur est qu’ils n’envisagent pour cette défense que des moyens fas
4440 r cette défense que des moyens fascistes. « Toute la littérature sociale-démocrate — écrit Lénine en 1905 déjà ! — doit de
4441 tion totalitaire ; dans un discours aux cadets de l’ Académie de l’Armée rouge, il s’écrie : « Chez nous, dans les circonst
4442 re ; dans un discours aux cadets de l’Académie de l’ Armée rouge, il s’écrie : « Chez nous, dans les circonstances actuelle
4443 de l’Armée rouge, il s’écrie : « Chez nous, dans les circonstances actuelles, les cadres décident de tout ! » Compris ? Ce
4444  : « Chez nous, dans les circonstances actuelles, les cadres décident de tout ! » Compris ? Ces deux phrases sont tirées d’
4445 d’un choix de propos de Lénine et de Staline Sur la littérature et l’art. Disons tout de suite que le Père des peuples n’
4446 pos de Lénine et de Staline Sur la littérature et l’ art. Disons tout de suite que le Père des peuples n’a fourni pour sa p
4447 la littérature et l’art. Disons tout de suite que le Père des peuples n’a fourni pour sa part qu’une dizaine de pages (sur
4448 e par sa veuve : « En Russie, Ilitch ne goûta pas l’ art nouveau, qui lui demeurait étranger. » Il préférait de beaucoup à
4449 étranger. » Il préférait de beaucoup à Maïakovski le « Salut au 17e » : Salut, salut à vous, braves soldats du 17e… ou e
4450 , salut à vous, braves soldats du 17e… ou encore la chanson patriotarde sur l’Alsace-Lorraine : Vous avez pu germaniser
4451 ats du 17e… ou encore la chanson patriotarde sur l’ Alsace-Lorraine : Vous avez pu germaniser nos plaines Mais notre cœ
4452 ermaniser nos plaines Mais notre cœur — vous ne l’ aurez jamais ! Dans un article de 1922, il loue cependant un poème de
4453 , il loue cependant un poème de Maïakovski contre les bureaucrates. Je n’appartiens pas, dit-il, aux admirateurs de son ta
4454 tratif. Dans son poème, il raille impitoyablement les réunions et se moque des communistes qui ne font que siéger et siéger
4455 siéger encore. Je ne sais ce qu’il faut penser de la poésie, mais pour ce qui est de la politique, je m’en porte garant, c
4456 faut penser de la poésie, mais pour ce qui est de la politique, je m’en porte garant, c’est parfaitement vrai. Voilà qui
4457 , c’est parfaitement vrai. Voilà qui donne toute la mesure (la dernière phrase surtout) de Lénine « fondateur de la nouve
4458 dernière phrase surtout) de Lénine « fondateur de la nouvelle culture ». Au moins, c’est franc, sans prétention, et cela r
4459 moins, c’est franc, sans prétention, et cela rend l’ homme plutôt sympathique. Mais, en 1935, le ton des « dirigeants » a b
4460 a rend l’homme plutôt sympathique. Mais, en 1935, le ton des « dirigeants » a bien changé. Voici ce qu’écrit, à cette date
4461 » a bien changé. Voici ce qu’écrit, à cette date, le Père des peuples, sur le même Maïakovski : Il a été et il demeure le
4462 qu’écrit, à cette date, le Père des peuples, sur le même Maïakovski : Il a été et il demeure le poète le meilleur, le pl
4463 sur le même Maïakovski : Il a été et il demeure le poète le meilleur, le plus talentueux de notre époque soviétique. L’i
4464 ême Maïakovski : Il a été et il demeure le poète le meilleur, le plus talentueux de notre époque soviétique. L’indifféren
4465 i : Il a été et il demeure le poète le meilleur, le plus talentueux de notre époque soviétique. L’indifférence à sa mémoi
4466 r, le plus talentueux de notre époque soviétique. L’ indifférence à sa mémoire et à ses œuvres est un crime. Vous reconnai
4467 et à ses œuvres est un crime. Vous reconnaissez le ton du policier, et du fonctionnaire arrivé. « L’indifférence à ses œ
4468 le ton du policier, et du fonctionnaire arrivé. «  L’ indifférence à ses œuvres est un crime. » Heureusement pour lui que Lé
4469 st déjà mort et momifié ! Je ne sais quelle était l’ intention des éditeurs communistes de ce choix. Il en ressort à l’évid
4470 éditeurs communistes de ce choix. Il en ressort à l’ évidence que les « idées » de Lénine sur la littérature étaient en gén
4471 istes de ce choix. Il en ressort à l’évidence que les « idées » de Lénine sur la littérature étaient en général saines, ban
4472 sort à l’évidence que les « idées » de Lénine sur la littérature étaient en général saines, banales, un peu courtes, et qu
4473 re et d’attardé, ou de brutalement primaire, pour le planifier à l’échelle de son empire national-socialiste. À nous de re
4474 , ou de brutalement primaire, pour le planifier à l’ échelle de son empire national-socialiste. À nous de relever la vraie
4475 son empire national-socialiste. À nous de relever la vraie défense de la culture, et d’une culture créatrice, novatrice, c
4476 socialiste. À nous de relever la vraie défense de la culture, et d’une culture créatrice, novatrice, contre ses fossoyeurs
4477 totalitaires, et contre ce distributeur de prix à l’ Académie de l’Armée rouge, l’homme des « cadres qui décident de tout »
4478 et contre ce distributeur de prix à l’Académie de l’ Armée rouge, l’homme des « cadres qui décident de tout ». n. Rougem
4479 stributeur de prix à l’Académie de l’Armée rouge, l’ homme des « cadres qui décident de tout ». n. Rougemont Denis de, «
4480 ». n. Rougemont Denis de, « Lénine, Staline et la littérature », À nous la liberté, Paris, 17 avril 1937, p. 10.
4481 de, « Lénine, Staline et la littérature », À nous la liberté, Paris, 17 avril 1937, p. 10.
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
4482 Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)p L’énigme Vers 1813,
4483 Chamisso et le Mythe de l’ Ombre perdue (mai-juin 1937)p L’énigme Vers 1813, un personnag
4484 le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)p L’ énigme Vers 1813, un personnage assez hagard aborde l’imagination d
4485 e Vers 1813, un personnage assez hagard aborde l’ imagination de Chamisso ; il déclare avoir perdu son ombre. Le second
4486 feste une anxiété plus sérieusement troublante. «  L’ homme sans ombre » rôdait depuis longtemps dans les régions obscures d
4487 L’homme sans ombre » rôdait depuis longtemps dans les régions obscures de la légende populaire. S’il se risque à paraître d
4488 ait depuis longtemps dans les régions obscures de la légende populaire. S’il se risque à paraître devant Chamisso, c’est p
4489 aître devant Chamisso, c’est peut-être poussé par l’ envie d’être enfin deviné, expliqué. Chamisso est français de naissanc
4490 ntricité du sort a fait de lui un poète allemand. Les autres ont toujours cru à cette fable, mais dirait-on, sans le savoir
4491 toujours cru à cette fable, mais dirait-on, sans le savoir. Chamisso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’homme sa
4492 le savoir. Chamisso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au
4493 hamisso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’ homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’e
4494 t le premier saisi par ce frisson d’absurdité que l’ on baptise inspiration lorsqu’il excite ou crée, chez celui qui l’épro
4495 piration lorsqu’il excite ou crée, chez celui qui l’ éprouve, le désir de s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que
4496 rsqu’il excite ou crée, chez celui qui l’éprouve, le désir de s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso in
4497 celui qui l’éprouve, le désir de s’en délivrer en l’ exprimant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit dans la conscience
4498 ant. Et c’est ainsi que Chamisso introduisit dans la conscience moderne le mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous le
4499 e Chamisso introduisit dans la conscience moderne le mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques e
4500 ntroduisit dans la conscience moderne le mythe de l’ homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du c
4501 e le mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De Chamisso à
4502 êle une assez opaque science, sans détriment pour le mystère, qui reste entier. Cependant, à voir tant d’auteurs s’exercer
4503 ntier. Cependant, à voir tant d’auteurs s’exercer l’ imagination sur un sujet qui défie l’expérience, l’on s’étonne qu’aucu
4504 rs s’exercer l’imagination sur un sujet qui défie l’ expérience, l’on s’étonne qu’aucun d’entre eux n’ait songé à se justif
4505 ’imagination sur un sujet qui défie l’expérience, l’ on s’étonne qu’aucun d’entre eux n’ait songé à se justifier. L’on s’ét
4506 qu’aucun d’entre eux n’ait songé à se justifier. L’ on s’étonne qu’aucun non plus n’ait essayé de formuler le symbole enfe
4507 étonne qu’aucun non plus n’ait essayé de formuler le symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce pudeur d’artistes ? Pudeur t
4508 n’ait essayé de formuler le symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce pudeur d’artistes ? Pudeur tout court ? Ou faut-il c
4509 eurs contes sans jamais se poser de questions sur le sens d’un tel accident — dont à vrai dire les suites sont assez pitto
4510 sur le sens d’un tel accident — dont à vrai dire les suites sont assez pittoresques pour qu’un « poète » — au sens banal d
4511 e » — au sens banal du terme — préfère en ignorer la cause ? L’on s’étonne enfin de ce lien entre le domaine germanique et
4512 ns banal du terme — préfère en ignorer la cause ? L’ on s’étonne enfin de ce lien entre le domaine germanique et l’expressi
4513 r la cause ? L’on s’étonne enfin de ce lien entre le domaine germanique et l’expression littéraire du mythe : Chamisso, An
4514 e enfin de ce lien entre le domaine germanique et l’ expression littéraire du mythe : Chamisso, Andersen, Hofmannsthal, et
4515 , Hofmannsthal, et bien d’autres imitateurs, dont le moindre n’est pas Hoffmann… ⁂ L’énigme commença de m’inquiéter lors d
4516 imitateurs, dont le moindre n’est pas Hoffmann… ⁂ L’ énigme commença de m’inquiéter lors d’un séjour allemand au cours duqu
4517 emand au cours duquel je pus observer mainte fois l’ extraordinaire popularité du bonhomme Peter Schlemihl. Je fus à l’Opér
4518 popularité du bonhomme Peter Schlemihl. Je fus à l’ Opéra. On y donnait du Strauss. Je ne connaissais pas le livret d’Hofm
4519 a. On y donnait du Strauss. Je ne connaissais pas le livret d’Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue de la Femme sans omb
4520 sais pas le livret d’Hofmannsthal, et compris mal l’ intrigue de la Femme sans ombre. Je voyais une actrice parcourir la sc
4521 vret d’Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue de la Femme sans ombre. Je voyais une actrice parcourir la scène en hurlant
4522 Femme sans ombre. Je voyais une actrice parcourir la scène en hurlant : elle tirait après soi un grand morceau d’étoffe qu
4523 grand morceau d’étoffe qui figurait son ombre et l’ embarrassait fort. Aux entractes, on parlait de Freud. La musique m’en
4524 rassait fort. Aux entractes, on parlait de Freud. La musique m’ennuyait, indéfinie. Plus tard je lus le livre qui me parut
4525 a musique m’ennuyait, indéfinie. Plus tard je lus le livre qui me parut splendide… Qu’est-ce qu’une ombre ? me demandais-j
4526 e demandais-je. Quelque chose d’assez méprisable. Les Latins la ridiculisent. C’est pour eux l’irréalité même. (« Il n’est
4527 -je. Quelque chose d’assez méprisable. Les Latins la ridiculisent. C’est pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que l
4528 sable. Les Latins la ridiculisent. C’est pour eux l’ irréalité même. (« Il n’est plus que l’ombre de lui-même ! ») Mais je
4529 t pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que l’ ombre de lui-même ! ») Mais je vois bien qu’ils exagèrent : si nous ét
4530 purs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ ombre est la preuve humiliante de la chair — humiliante pour ceux, du
4531 s, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante de la chair — humiliante pour ceux, du moins qui, p
4532 pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante de la chair — humiliante pour ceux, du moins qui, plaçant la Raison dans le
4533 air — humiliante pour ceux, du moins qui, plaçant la Raison dans le monde des dieux, voudraient bien être pris pour des ge
4534 e pour ceux, du moins qui, plaçant la Raison dans le monde des dieux, voudraient bien être pris pour des gens raisonnables
4535 nables. Voilà pourquoi, pensais-je, ils méprisent l’ ombre, et la mésestiment gravement. Mais encore ? Ils en ont tous une,
4536 à pourquoi, pensais-je, ils méprisent l’ombre, et la mésestiment gravement. Mais encore ? Ils en ont tous une, et s’entend
4537 u plaisir que dispense un corps. Ils prisent fort la « transparence », mais tolèrent très bien cette chair, — oui, même ce
4538 là qui déplorent qu’elle se fasse, aux regards de la convoitise, « opaque »36. Que pouvais-je tirer de tout cela ? Rien qu
4539 e tout cela ? Rien qu’une évidence assez pauvre : l’ ombre est le fait, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’es
4540 ? Rien qu’une évidence assez pauvre : l’ombre est le fait, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mourir, et
4541 vant, et sa présence si gênante, que je tentai de le contraindre, quoi qu’il arrive, aux suprêmes aveux. Il y avait la psy
4542 quoi qu’il arrive, aux suprêmes aveux. Il y avait la psychanalyse. Mais avant d’en venir à cette extrémité, on pouvait ess
4543 ssayer d’un pédantisme moins barbare. Je rédigeai la note qui suit, en m’appliquant à écarter les conseils de pitié que me
4544 igeai la note qui suit, en m’appliquant à écarter les conseils de pitié que me dictait mon cœur. Signalement de Peter Sc
4545 Peter Schlemihl Peter est un naïf : il croit à la fortune. Il croit surtout qu’elle seule assure à l’homme une dignité.
4546 fortune. Il croit surtout qu’elle seule assure à l’ homme une dignité. C’est un bourgeois de la plus dangereuse espèce, le
4547 sure à l’homme une dignité. C’est un bourgeois de la plus dangereuse espèce, le bourgeois pauvre qui envie les bourgeois r
4548 C’est un bourgeois de la plus dangereuse espèce, le bourgeois pauvre qui envie les bourgeois riches. D’où vient le sentim
4549 dangereuse espèce, le bourgeois pauvre qui envie les bourgeois riches. D’où vient le sentiment qu’il a d’être inférieur. L
4550 pauvre qui envie les bourgeois riches. D’où vient le sentiment qu’il a d’être inférieur. Le diable sait cela : c’est par l
4551 D’où vient le sentiment qu’il a d’être inférieur. Le diable sait cela : c’est par là qu’il le tient. Peter lui donne son o
4552 férieur. Le diable sait cela : c’est par là qu’il le tient. Peter lui donne son ombre contre une bourse magique, d’où il p
4553 Désormais riche, mais privé d’ombre, il se croit le maître du monde. Point du tout : on se moque de lui. Comblé, le voici
4554 onde. Point du tout : on se moque de lui. Comblé, le voici plus qu’avant inadmissible. Le complexe d’infériorité à peine d
4555 lui. Comblé, le voici plus qu’avant inadmissible. Le complexe d’infériorité à peine défait par la fortune subite, se renou
4556 ble. Le complexe d’infériorité à peine défait par la fortune subite, se renoue, cette fois-ci sans remède. Il ne tarde pas
4557 au délire de persécution. Tout effraye Peter, et le moleste en mille manières. Les jeux des enfants dans la rue, les vale
4558 t effraye Peter, et le moleste en mille manières. Les jeux des enfants dans la rue, les valets qui le servent, les femmes q
4559 este en mille manières. Les jeux des enfants dans la rue, les valets qui le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout l
4560 mille manières. Les jeux des enfants dans la rue, les valets qui le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière
4561 Les jeux des enfants dans la rue, les valets qui le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière du jour, et m
4562 s enfants dans la rue, les valets qui le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière du jour, et même la clarté
4563 i le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière du jour, et même la clarté de la lune. Il recherche la solitu
4564 il rencontre, surtout la lumière du jour, et même la clarté de la lune. Il recherche la solitude pour y mener des réflexio
4565 surtout la lumière du jour, et même la clarté de la lune. Il recherche la solitude pour y mener des réflexions désespérée
4566 jour, et même la clarté de la lune. Il recherche la solitude pour y mener des réflexions désespérées. Souvent il éclate e
4567 ions désespérées. Souvent il éclate en sanglots à l’ idée du plus simple bonheur, — de ce bonheur dont tous les autres semb
4568 du plus simple bonheur, — de ce bonheur dont tous les autres semblent détenir le secret, jalousement, méchamment, contre lu
4569 ce bonheur dont tous les autres semblent détenir le secret, jalousement, méchamment, contre lui ! Un secret, ce l’est bie
4570 lousement, méchamment, contre lui ! Un secret, ce l’ est bien pour eux, comme toutes les choses trop naturelles que l’on po
4571 ! Un secret, ce l’est bien pour eux, comme toutes les choses trop naturelles que l’on possède. Peter, lui, le connaît, mais
4572 eux, comme toutes les choses trop naturelles que l’ on possède. Peter, lui, le connaît, mais, parce qu’il l’a vendu. (Ne c
4573 ses trop naturelles que l’on possède. Peter, lui, le connaît, mais, parce qu’il l’a vendu. (Ne connaît-on que ce qui vient
4574 ossède. Peter, lui, le connaît, mais, parce qu’il l’ a vendu. (Ne connaît-on que ce qui vient à manquer ? Et perd-on ce que
4575 on que ce qui vient à manquer ? Et perd-on ce que l’ on connaît, comme Adam et Ève l’innocence ?) Schlemihl est donc le typ
4576 Et perd-on ce que l’on connaît, comme Adam et Ève l’ innocence ?) Schlemihl est donc le type classique de l’homme qui perd
4577 mme Adam et Ève l’innocence ?) Schlemihl est donc le type classique de l’homme qui perd le contact social. L’or même ne su
4578 ocence ?) Schlemihl est donc le type classique de l’ homme qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir t
4579 hl est donc le type classique de l’homme qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous les contacts.
4580 classique de l’homme qui perd le contact social. L’ or même ne suffit pas à rétablir tous les contacts. Ou plutôt il les é
4581 t social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous les contacts. Ou plutôt il les établit en apparences, mais dirait-on, san
4582 it pas à rétablir tous les contacts. Ou plutôt il les établit en apparences, mais dirait-on, sans réciprocité. La moindre é
4583 en apparences, mais dirait-on, sans réciprocité. La moindre épreuve trahit cette fêlure : on aime Schlemihl pour tout ce
4584 pour tout ce qu’il a, qui n’est pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel est le rapport social le
4585 st pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel est le rapport social le plus réel ? Admettons que ce
4586 s femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel est le rapport social le plus réel ? Admettons que ce soit le mariage surtou
4587 endu, qui le devinent. Quel est le rapport social le plus réel ? Admettons que ce soit le mariage surtout pour ce philisti
4588 pport social le plus réel ? Admettons que ce soit le mariage surtout pour ce philistin-là. Toutes les ruses de Peter échou
4589 t le mariage surtout pour ce philistin-là. Toutes les ruses de Peter échouent devant cet obstacle dernier. Il a beau n’alle
4590 au n’aller que de nuit aux rendez-vous avec Mina. Le jour venu de signer le contrat, devant témoins, lorsque son imposture
4591 aux rendez-vous avec Mina. Le jour venu de signer le contrat, devant témoins, lorsque son imposture éclate au grand soleil
4592 Mina s’écrie : « Oh ! mon pressentiment ! Oui, je le savais depuis longtemps, il n’a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un t
4593 a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’est plus loin de sa pensée. Sa vision du monde serai
4594 un philistin sans exigences, et qui veut croire à la vertu, — s’il n’y avait, au centre de lui-même, cette absence. En tou
4595 f en ce je ne sais quoi qui n’est rien et devient l’ essentiel, notre philistin méconnu se voit chassé de la communauté des
4596 entiel, notre philistin méconnu se voit chassé de la communauté des siens. Et par sa faute ! c’est là son amertume. Ici in
4597 sa faute ! c’est là son amertume. Ici intervient l’ évasion. Il achète — par économie — une paire de bottes usagées. Mais
4598 ottes usagées. Mais voilà bien sa chance, ce sont les bottes de sept lieues ! Désormais il échappe à la vie, au voisinage e
4599 es bottes de sept lieues ! Désormais il échappe à la vie, au voisinage et au dialogue. Son existence réelle se confond ave
4600 alogue. Son existence réelle se confond avec tous les vagabondages qu’il imagine. Il peut même retrouver une espèce d’activ
4601 écanique : il dresse un vaste catalogue de toutes les plantes de la terre. C’est à cela qu’il s’occupe en Thébaïde, quand n
4602 resse un vaste catalogue de toutes les plantes de la terre. C’est à cela qu’il s’occupe en Thébaïde, quand nous perdons sa
4603 ve d’interprétation Je reproche pour ma part à la psychanalyse de flatter notre propension à localiser les symboles. Ca
4604 chanalyse de flatter notre propension à localiser les symboles. Car, pour la vie spirituelle, il n’est pas de lieux séparés
4605 re propension à localiser les symboles. Car, pour la vie spirituelle, il n’est pas de lieux séparés, on peut toujours pass
4606 ours passer de l’un à l’autre par quelque ruse de la métamorphose, qui est la vie même de la vie. Et pourquoi dire dès lor
4607 utre par quelque ruse de la métamorphose, qui est la vie même de la vie. Et pourquoi dire dès lors : ceci est cause de cel
4608 e ruse de la métamorphose, qui est la vie même de la vie. Et pourquoi dire dès lors : ceci est cause de cela ? Quand l’inv
4609 oi dire dès lors : ceci est cause de cela ? Quand l’ inverse est au moins aussi probable. Et quand rien ne dépend à coup sû
4610 rien ne dépend à coup sûr que du tout ? Ceci dit, la psychanalyse peut nous donner des descriptions utiles, et quelques « 
4611 xuelle »37. Nous venons de voir que Schlemihl est le type même de l’inadapté, — celui qui ne peut « trouver sa place au so
4612 venons de voir que Schlemihl est le type même de l’ inadapté, — celui qui ne peut « trouver sa place au soleil », et qui n
4613 ver sa place au soleil », et qui ne subsiste dans la compagnie de ses semblables que par un subterfuge toujours menacé. D’
4614 rration maximum. Pour confirmer notre soupçon sur la nature de cette aberration, il conviendrait de rappeler ici que Peter
4615 conviendrait de rappeler ici que Peter parvient à la cacher à tous sauf aux deux femmes qu’il voudrait épouser. Mais n’all
4616 it épouser. Mais n’allons pas conclure trop vite. Les états d’âme d’un malade ou d’un fou diffèrent-ils essentiellement des
4617 s à se muer en leur contraire ? Plus précisément, l’ état de Peter Schlemihl n’est-il pas comparable à celui d’un esprit et
4618 e à celui d’un esprit et d’un corps sains après «  l’ amour » ? Durant quelques moments, l’homme éprouve une sensation de vi
4619 ains après « l’amour » ? Durant quelques moments, l’ homme éprouve une sensation de vide, de légèreté et en même temps de l
4620 tait un peu en arrière des choses, lent à démêler le monde où il revient, et qui l’accable de présences bizarres, ou douce
4621 es, lent à démêler le monde où il revient, et qui l’ accable de présences bizarres, ou douces, mais aussi quelques fois, ho
4622 ence de ce qu’on nommera chez un malade, folie de la persécution). Il arrive aussi que cet homme se sente trop lucide, per
4623 , perçant toutes choses à jour, et lui-même, d’où l’ impression qu’il a d’être mal défendu contre les regards qu’il rencont
4624 où l’impression qu’il a d’être mal défendu contre les regards qu’il rencontre, transparent dirait-on, — sans ombre ! Voilà,
4625 s Méridionaux, pourrions-nous ajouter avec toutes les réserves qu’on voudra, mais en nous souvenant de la question que nous
4626 réserves qu’on voudra, mais en nous souvenant de la question que nous posait l’origine germanique du mythe38. Dès le débu
4627 en nous souvenant de la question que nous posait l’ origine germanique du mythe38. Dès le début, j’avais pressenti qu’une
4628 nous posait l’origine germanique du mythe38. Dès le début, j’avais pressenti qu’une fable à ce point célèbre dans un peup
4629 er qu’un fait humain élémentaire. J’étais déçu de le voir se réduire à quelque chose d’aussi précis, et que mille préjugés
4630 asard à cette époque, vint heureusement me donner la clé d’une interprétation autrement riche et inquiétante. Je traduis c
4631 ce fragment littéralement : « On ne peut comparer la Liquor vitae dans l’homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi,
4632 ment : « On ne peut comparer la Liquor vitae dans l’ homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vien
4633 tae dans l’homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’homme et se forme d’après lui : te
4634 une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’ homme et se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor, qui est « l
4635 l’homme et se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor, qui est « l’ombre intérieure. » Une lecture plus poussée de P
4636 ’après lui : telle est aussi la Liquor, qui est «  l’ ombre intérieure. » Une lecture plus poussée de Paracelse devait bient
4637 bien d’autres choses curieuses et profondes, que la portée de ce passage était en vérité beaucoup plus vaste que tout ce
4638 plus vaste que tout ce que permettait d’imaginer l’ obtus physiologisme de ce siècle. La « Liquor vitae », selon Paracelse
4639 it d’imaginer l’obtus physiologisme de ce siècle. La « Liquor vitae », selon Paracelse, c’est en effet le principe d’activ
4640 « Liquor vitae », selon Paracelse, c’est en effet le principe d’activité vitale répandu dans tous nos organes. Elle figure
4641 vitale répandu dans tous nos organes. Elle figure le « miroir auquel la nature se regarde en nous. » Elle est ainsi l’agen
4642 tous nos organes. Elle figure le « miroir auquel la nature se regarde en nous. » Elle est ainsi l’agent microcosmique, la
4643 el la nature se regarde en nous. » Elle est ainsi l’ agent microcosmique, la puissance même de notre créativité dans tous l
4644 en nous. » Elle est ainsi l’agent microcosmique, la puissance même de notre créativité dans tous les ordres. Elle est ce
4645 , la puissance même de notre créativité dans tous les ordres. Elle est ce qu’il y a de plus noble dans le corps tout entier
4646 ordres. Elle est ce qu’il y a de plus noble dans le corps tout entier et dans l’homme. » Je la rapproche alors de ce Selb
4647 a de plus noble dans le corps tout entier et dans l’ homme. » Je la rapproche alors de ce Selbst (ou soi-même) dont parle C
4648 e dans le corps tout entier et dans l’homme. » Je la rapproche alors de ce Selbst (ou soi-même) dont parle Chamisso vers l
4649 ce Selbst (ou soi-même) dont parle Chamisso vers la fin de son conte. Voilà qui peut situer enfin le vrai problème39. La
4650 la fin de son conte. Voilà qui peut situer enfin le vrai problème39. La créativité : c’est à quoi se ramène tout ce qui e
4651 . Voilà qui peut situer enfin le vrai problème39. La créativité : c’est à quoi se ramène tout ce qui est vraiment grave da
4652 out ce qui est vraiment grave dans notre vie ; et la fameuse « question sexuelle » ne tire son importance démesurée que du
4653 ique du pouvoir créateur spirituel. Comme on peut le voir par l’examen de la pudeur. Ne serait-ce point pour la raison qu’
4654 oir créateur spirituel. Comme on peut le voir par l’ examen de la pudeur. Ne serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup
4655 spirituel. Comme on peut le voir par l’examen de la pudeur. Ne serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’êtres la c
4656 ar l’examen de la pudeur. Ne serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’êtres la créativité paraît avoir son siège da
4657 it-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’êtres la créativité paraît avoir son siège dans le seul sexe, que la pudeur s’
4658 d’êtres la créativité paraît avoir son siège dans le seul sexe, que la pudeur s’est localisée là ? Ne serait-ce point pour
4659 ité paraît avoir son siège dans le seul sexe, que la pudeur s’est localisée là ? Ne serait-ce point pour cette raison que
4660 sée là ? Ne serait-ce point pour cette raison que l’ homme cherche à le dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les
4661 -ce point pour cette raison que l’homme cherche à le dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les deux fils de Noé
4662 e dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les deux fils de Noé couvrirent la nudité de leur père ivre en marchant v
4663 de sacré, et que les deux fils de Noé couvrirent la nudité de leur père ivre en marchant vers lui à reculons ? Mais chez
4664 ivre en marchant vers lui à reculons ? Mais chez l’ homme qui parvient à la conscience de sa mission spirituelle, le centr
4665 lui à reculons ? Mais chez l’homme qui parvient à la conscience de sa mission spirituelle, le centre de la créativité para
4666 rvient à la conscience de sa mission spirituelle, le centre de la créativité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans le
4667 onscience de sa mission spirituelle, le centre de la créativité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans le cœur. La pud
4668 e centre de la créativité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans le cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée, les se
4669 tivité paraît se déplacer dans le cerveau ou dans le cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée, les sentiments. On parle
4670 raît se déplacer dans le cerveau ou dans le cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée, les sentiments. On parle « d’étala
4671 rveau ou dans le cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée, les sentiments. On parle « d’étalage impudique » lorsqu’un au
4672 ns le cœur. La pudeur aussitôt affecte la pensée, les sentiments. On parle « d’étalage impudique » lorsqu’un auteur exhibe
4673 (Il peut être d’ailleurs, au sens courant du mot, le plus « pudibond » des bourgeois : un Amiel). Cependant ces remarques
4674 . Cependant ces remarques n’expliquent pas encore l’ essentiel. Que l’on cache son secret le plus profond, le plus sacré, q
4675 emarques n’expliquent pas encore l’essentiel. Que l’ on cache son secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir
4676 pas encore l’essentiel. Que l’on cache son secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on
4677 ntiel. Que l’on cache son secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on possède, c’est na
4678 on secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on possède, c’est naturel ; mais non du tou
4679 le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’ on possède, c’est naturel ; mais non du tout qu’on en ait honte, sembl
4680 tout qu’on en ait honte, semble-t-il. En vérité, la mauvaise pudeur provient de ce que le corps et l’âme se distinguent d
4681 En vérité, la mauvaise pudeur provient de ce que le corps et l’âme se distinguent de plus en plus, et cessent d’être refl
4682 la mauvaise pudeur provient de ce que le corps et l’ âme se distinguent de plus en plus, et cessent d’être reflets l’un de
4683 et cessent d’être reflets l’un de l’autre. Alors le corps a honte de sa pensée, et celle-ci des désirs de son corps — com
4684 ssement sans amour, ou d’un amour qui se refuse à l’ étreinte. Et pourquoi la pudeur cesse-t-elle d’exister — normalement —
4685 ’un amour qui se refuse à l’étreinte. Et pourquoi la pudeur cesse-t-elle d’exister — normalement — quand deux êtres s’aime
4686 rmalement — quand deux êtres s’aiment ? Parce que le sexe reprend alors sa « propriété » symbolique. (Ce qui est douteux,
4687 , m’est étranger). Revenons alors à notre mythe : la transparence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or le secret «
4688 nons alors à notre mythe : la transparence, c’est l’ absence d’ombre, donc de secret. Or le secret « sacré » étant le lieu
4689 ence, c’est l’absence d’ombre, donc de secret. Or le secret « sacré » étant le lieu de la créativité dans la personne, cel
4690 bre, donc de secret. Or le secret « sacré » étant le lieu de la créativité dans la personne, celui qui a perdu son ombre,
4691 e secret. Or le secret « sacré » étant le lieu de la créativité dans la personne, celui qui a perdu son ombre, se promène
4692 ret « sacré » étant le lieu de la créativité dans la personne, celui qui a perdu son ombre, se promène parmi les hommes av
4693 ne, celui qui a perdu son ombre, se promène parmi les hommes avec l’angoisse de voir révélée au grand jour non son secret,
4694 perdu son ombre, se promène parmi les hommes avec l’ angoisse de voir révélée au grand jour non son secret, mais justement
4695 élée au grand jour non son secret, mais justement l’ absence en lui de son secret, sa transparence : spirituellement, ou de
4696 e autre sorte, il n’est plus un homme créateur. À l’ inverse, la chasteté (spirituelle ou corporelle) rénove en l’homme son
4697 te, il n’est plus un homme créateur. À l’inverse, la chasteté (spirituelle ou corporelle) rénove en l’homme son élan vers
4698 la chasteté (spirituelle ou corporelle) rénove en l’ homme son élan vers le monde. Elle le porte au-devant de tout, comme u
4699 le ou corporelle) rénove en l’homme son élan vers le monde. Elle le porte au-devant de tout, comme un peu en avant de lui-
4700 e) rénove en l’homme son élan vers le monde. Elle le porte au-devant de tout, comme un peu en avant de lui-même, là où il
4701 vant de lui-même, là où il peut dominer sa vie et la construire avec tout son instinct à l’image d’une vision de l’esprit.
4702 sa vie et la construire avec tout son instinct à l’ image d’une vision de l’esprit. (L’esprit seul voit) Le corps et l’âme
4703 avec tout son instinct à l’image d’une vision de l’ esprit. (L’esprit seul voit) Le corps et l’âme chantent alors dans l’u
4704 son instinct à l’image d’une vision de l’esprit. ( L’ esprit seul voit) Le corps et l’âme chantent alors dans l’unisson de l
4705 ge d’une vision de l’esprit. (L’esprit seul voit) Le corps et l’âme chantent alors dans l’unisson de la chasteté. L’esprit
4706 ion de l’esprit. (L’esprit seul voit) Le corps et l’ âme chantent alors dans l’unisson de la chasteté. L’esprit offensif et
4707 seul voit) Le corps et l’âme chantent alors dans l’ unisson de la chasteté. L’esprit offensif et joyeux, le corps qui se s
4708 e corps et l’âme chantent alors dans l’unisson de la chasteté. L’esprit offensif et joyeux, le corps qui se sent « plein d
4709 âme chantent alors dans l’unisson de la chasteté. L’ esprit offensif et joyeux, le corps qui se sent « plein dans sa peau »
4710 sson de la chasteté. L’esprit offensif et joyeux, le corps qui se sent « plein dans sa peau », partagent les richesses du
4711 rps qui se sent « plein dans sa peau », partagent les richesses du désir. Et l’homme a retrouvé son ombre. Suite et fin
4712 s sa peau », partagent les richesses du désir. Et l’ homme a retrouvé son ombre. Suite et fin de la fable Peter Schle
4713 l’homme a retrouvé son ombre. Suite et fin de la fable Peter Schlemihl nous apparaît maintenant une émouvante et tr
4714 nant une émouvante et très précise description de l’ individu romantique, dans ce qu’il a de démissionnaire, d’impuissant à
4715 qu’il a de démissionnaire, d’impuissant à saisir le monde pour le former à son image40, et d’évasif devant sa vocation :
4716 missionnaire, d’impuissant à saisir le monde pour le former à son image40, et d’évasif devant sa vocation : le mystère de
4717 r à son image40, et d’évasif devant sa vocation : le mystère de l’incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les trait
4718 0, et d’évasif devant sa vocation : le mystère de l’ incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les traits physiques et
4719 l’incarnation. Chamisso a donné à son Peter tous les traits physiques et moraux de ce que l’on appellera plus tard le vagu
4720 ter tous les traits physiques et moraux de ce que l’ on appellera plus tard le vague à l’âme, — qui est aussi bien le vague
4721 ques et moraux de ce que l’on appellera plus tard le vague à l’âme, — qui est aussi bien le vague au corps… Le roman d’Hof
4722 aux de ce que l’on appellera plus tard le vague à l’ âme, — qui est aussi bien le vague au corps… Le roman d’Hoffmannsthal
4723 plus tard le vague à l’âme, — qui est aussi bien le vague au corps… Le roman d’Hoffmannsthal — contre-épreuve — décrit le
4724 à l’âme, — qui est aussi bien le vague au corps… Le roman d’Hoffmannsthal — contre-épreuve — décrit le tourment d’une fem
4725 e roman d’Hoffmannsthal — contre-épreuve — décrit le tourment d’une femme stérile, l’impératrice qui a perdu son ombre et
4726 épreuve — décrit le tourment d’une femme stérile, l’ impératrice qui a perdu son ombre et qui emprunte celle d’une fille du
4727 rsen, comme on pouvait s’y attendre, fait dominer l’ aspect « spirituel » du mythe. Son conte de l’Ombre, c’est le symbole
4728 ner l’aspect « spirituel » du mythe. Son conte de l’ Ombre, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se dét
4729 spirituel » du mythe. Son conte de l’Ombre, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se détacher de l’aute
4730 mythe. Son conte de l’Ombre, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se détacher de l’auteur pour prendr
4731 puissance de création qui vient à se détacher de l’ auteur pour prendre corps dans l’œuvre poétique. Et le poème ensuite —
4732 à se détacher de l’auteur pour prendre corps dans l’ œuvre poétique. Et le poème ensuite — plus beau et plus vivant que l’i
4733 teur pour prendre corps dans l’œuvre poétique. Et le poème ensuite — plus beau et plus vivant que l’individu qui l’a conçu
4734 t le poème ensuite — plus beau et plus vivant que l’ individu qui l’a conçu comme porté au-delà de lui-même par l’attrait p
4735 ite — plus beau et plus vivant que l’individu qui l’ a conçu comme porté au-delà de lui-même par l’attrait puissant d’un dé
4736 qui l’a conçu comme porté au-delà de lui-même par l’ attrait puissant d’un désir — reviendra s’asservir le poète… ⁂ C’est u
4737 ttrait puissant d’un désir — reviendra s’asservir le poète… ⁂ C’est une des gloires du romantisme allemand que d’avoir su
4738 ires du romantisme allemand que d’avoir su élever les faiblesses de l’homme, et quelques-unes de ses plus folles illusions,
4739 allemand que d’avoir su élever les faiblesses de l’ homme, et quelques-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur du
4740 et quelques-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur du mythe, et de la Fable, plus profondément vrais que la vie.
4741 us folles illusions, à la hauteur du mythe, et de la Fable, plus profondément vrais que la vie. (Plus riches d’enseignemen
4742 ythe, et de la Fable, plus profondément vrais que la vie. (Plus riches d’enseignements concrets, et d’invites à la métamor
4743 s riches d’enseignements concrets, et d’invites à la métamorphose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est le paradoxe
4744 phose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est le paradoxe génial, l’audace comme malgré soi re-créatrice d’un Chamisso
4745 rme ce qui nous défait, c’est le paradoxe génial, l’ audace comme malgré soi re-créatrice d’un Chamisso. Les amateurs d’abs
4746 dace comme malgré soi re-créatrice d’un Chamisso. Les amateurs d’absurdités lyriques, j’en suis parfois, devraient se garde
4747 t à leur coutume qu’une « fantaisie gratuite » de l’ art. Nul doute que l’art de Chamisso ne signifie. Il y suffit d’ailleu
4748 ne « fantaisie gratuite » de l’art. Nul doute que l’ art de Chamisso ne signifie. Il y suffit d’ailleurs qu’il soit vraimen
4749 son image, il en diffère toutefois par ceci qu’il l’ a fait, témoignant d’un pouvoir d’invention dont la nouveauté reste en
4750 ’a fait, témoignant d’un pouvoir d’invention dont la nouveauté reste entière. Et j’y songe : ce Schlemihl éternel, ce symb
4751 ieues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais
4752 te fois, mais non pas ses charmes profonds. C’est le siècle où je vis qui n’a plus d’ombre, et c’est pour lui que je garde
4753 s, il veut du vraisemblable ! Il est retombé dans le roman insignifiant. P.-S. Je n’ai pas voulu alourdir cette esquisse
4754 ut un appareil de références bibliographiques. On les trouve d’ailleurs réunies dans le Don Juan d’Otto Rank (Stock). Cet é
4755 graphiques. On les trouve d’ailleurs réunies dans le Don Juan d’Otto Rank (Stock). Cet érudit psychanalyste ne recense pas
4756 ne cinquantaine d’auteurs célèbres qui ont traité le mythe de l’ombre perdue dans leurs romans, pièces, ou contes fantasti
4757 ine d’auteurs célèbres qui ont traité le mythe de l’ ombre perdue dans leurs romans, pièces, ou contes fantastiques. Notons
4758 français. Encore ceux-ci s’orientent plutôt vers l’ aspect individuel du mythe de l’ombre, rejoignant le mythe voisin du d
4759 ntent plutôt vers l’aspect individuel du mythe de l’ ombre, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exemple).
4760 aspect individuel du mythe de l’ombre, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exemple). Barrès, dans ses Ca
4761 par exemple). Barrès, dans ses Cahiers, recueille la lettre d’un descendant français de Chamisso, selon lequel l’idée de P
4762 ’un descendant français de Chamisso, selon lequel l’ idée de Peter Schlemihl aurait été donnée à son auteur par un de ses p
4763 un de ses parents, au cours d’un séjour à Paris. L’ origine du conte célèbre serait donc bien française, et Barrès s’en ré
4764 t Barrès s’en réjouit. Il va jusqu’à soutenir que l’ ombre perdue serait le symbole de la patrie (française) perdue par Cha
4765 Il va jusqu’à soutenir que l’ombre perdue serait le symbole de la patrie (française) perdue par Chamisso. Les documents r
4766 soutenir que l’ombre perdue serait le symbole de la patrie (française) perdue par Chamisso. Les documents réunis par Rank
4767 ole de la patrie (française) perdue par Chamisso. Les documents réunis par Rank — et que j’ignorais d’ailleurs au moment où
4768 e nationaliste. Rank insiste longuement, comme je l’ ai fait, sur l’antiquité nordique du mythe, auquel se rattachent de tr
4769 Rank insiste longuement, comme je l’ai fait, sur l’ antiquité nordique du mythe, auquel se rattachent de très nombreuses c
4770 je convoite se fait opaque, par cela même que je le convoite… », A. Gide : Les Nouvelles Nourritures. 37. Freud : Trois
4771 e, par cela même que je le convoite… », A. Gide : Les Nouvelles Nourritures. 37. Freud : Trois essais sur la théorie de la
4772 velles Nourritures. 37. Freud : Trois essais sur la théorie de la sexualité. La définition du normal est donc ici : adapt
4773 ures. 37. Freud : Trois essais sur la théorie de la sexualité. La définition du normal est donc ici : adapté au milieu so
4774 ud : Trois essais sur la théorie de la sexualité. La définition du normal est donc ici : adapté au milieu social. Qui ne v
4775 ourrait tirer de cette « vérité d’expérience » si l’ on voulait en faire une règle, comme nous en menacent les conformismes
4776 oulait en faire une règle, comme nous en menacent les conformismes totalitaires ? On ne peut accepter une « vérité » de ce
4777 er une « vérité » de ce genre qu’en insistant sur le contraire : l’anormal peut être créateur d’un nouveau type de rapport
4778  » de ce genre qu’en insistant sur le contraire : l’ anormal peut être créateur d’un nouveau type de rapports sociaux, c’es
4779 c’est-à-dire d’une nouvelle normalité. 38. Dans le conte intitulé « l’Ombre », Andersen raconte comment un philosophe « 
4780 nouvelle normalité. 38. Dans le conte intitulé «  l’ Ombre », Andersen raconte comment un philosophe « Venant des froides r
4781 ne femme qu’il perçoit de sa fenêtre. « Mais dans les climats chauds, les choses croissent très vite, et après qu’une semai
4782 it de sa fenêtre. « Mais dans les climats chauds, les choses croissent très vite, et après qu’une semaine eut passé, il vit
4783 commençait à croître lorsqu’il se promenait dans le soleil. » Ici donc, pas de fixation morbide, comme dans Schlemihl. Au
4784 xation morbide, comme dans Schlemihl. Aussi bien, le diable n’est-il pas dans l’affaire, cette fois-ci. 39. Selon Paracel
4785 chlemihl. Aussi bien, le diable n’est-il pas dans l’ affaire, cette fois-ci. 39. Selon Paracelse toujours, l’élément sexue
4786 re, cette fois-ci. 39. Selon Paracelse toujours, l’ élément sexuel se distingue de la Liquor vitae « comme l’écume d’une s
4787 acelse toujours, l’élément sexuel se distingue de la Liquor vitae « comme l’écume d’une soupe ». La créativité se purifie
4788 nt sexuel se distingue de la Liquor vitae « comme l’ écume d’une soupe ». La créativité se purifie donc en le localisant. I
4789 de la Liquor vitae « comme l’écume d’une soupe ». La créativité se purifie donc en le localisant. Il paraît alors que le f
4790 e d’une soupe ». La créativité se purifie donc en le localisant. Il paraît alors que le freudisme ne s’occupe que de l’écu
4791 urifie donc en le localisant. Il paraît alors que le freudisme ne s’occupe que de l’écume d’une soupe ! (ou bien l’appelle
4792 paraît alors que le freudisme ne s’occupe que de l’ écume d’une soupe ! (ou bien l’appelle-t-il libido ?). 40. Ces traits
4793 ne s’occupe que de l’écume d’une soupe ! (ou bien l’ appelle-t-il libido ?). 40. Ces traits ne sauraient définir qu’un asp
4794 bien d’autres, et de tout contraire parfois : que l’ on songe à Hegel, à Fichte, à Schlegel. p. Rougemont Denis de, « Cha
4795 Schlegel. p. Rougemont Denis de, « Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, mai–juin 19
4796 p. Rougemont Denis de, « Chamisso et le Mythe de l’ Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, mai–juin 1937, p. 282‑2
4797 s de, « Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, mai–juin 1937, p. 282‑291.
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
4798 novembre 1933 Mon domaine, c’est ce que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’ai trouvé d
4799 ne, c’est ce que j’ai sous la main. Voici d’abord la table que je me suis fabriquée : j’ai trouvé dans le chai deux trétea
4800 table que je me suis fabriquée : j’ai trouvé dans le chai deux tréteaux et deux planches bien rabotées ; j’ai dressé cela
4801 planches bien rabotées ; j’ai dressé cela devant la fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces du jardin. Quand je l
4802  ; j’ai dressé cela devant la fenêtre ouverte sur les verdures encore vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la c
4803 verdures encore vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls,
4804 vivaces du jardin. Quand je lève le nez, je vois la cour de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du p
4805 r de terre battue à l’ombre de ses deux tilleuls, la margelle du puits à gauche, où repose une vieille chatte, le chai à d
4806 du puits à gauche, où repose une vieille chatte, le chai à droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager,
4807 une vieille chatte, le chai à droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager, de chaque côté d’une allée bo
4808 lle chatte, le chai à droite. Au-delà de la cour, les planches incultes du potager, de chaque côté d’une allée bordée de ro
4809 er, de chaque côté d’une allée bordée de rosiers. L’ allée aboutit à une porte de bois à deux battants, à demi cachée par d
4810 osent de tous côtés ce jardin de curé qui a juste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, un ciel la
4811 côtés ce jardin de curé qui a juste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, un ciel lavé, tissé d’oi
4812 uste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà, un ciel lavé, tissé d’oiseaux, et parfois traversé par
4813 , et de petites dunes broussailleuses qui ferment l’ horizon bas. Peu de terre et beaucoup de ciel, et partout cette humide
4814 met des ombres si légères, vertes et bleues, sur les murailles rosées. La maison compte deux chambres au rez-de-chaussée,
4815 ères, vertes et bleues, sur les murailles rosées. La maison compte deux chambres au rez-de-chaussée, séparées de la cuisin
4816 pte deux chambres au rez-de-chaussée, séparées de la cuisine par un couloir dallé. À l’étage, où l’on parvient par un peti
4817 e, séparées de la cuisine par un couloir dallé. À l’ étage, où l’on parvient par un petit escalier qui prend au fond de la
4818 de la cuisine par un couloir dallé. À l’étage, où l’ on parvient par un petit escalier qui prend au fond de la cuisine, deu
4819 rvient par un petit escalier qui prend au fond de la cuisine, deux autres chambres assez vastes et presque vides, auxquell
4820 hambres assez vastes et presque vides, auxquelles le toit sert de plafond. Très peu de meubles, comme j’aime. Des murs bla
4821 et gai, oui vraiment plus gai qu’ascétique. Dans le chai, à la porte un peu trop basse, règne une pénétrante odeur de lau
4822 i vraiment plus gai qu’ascétique. Dans le chai, à la porte un peu trop basse, règne une pénétrante odeur de laurier. On di
4823 ne pénétrante odeur de laurier. On distingue dans l’ ombre des amas de branchages, des outils et des treilles pour la pêche
4824 as de branchages, des outils et des treilles pour la pêche aux crevettes. Je me suis procuré un petit tonneau de vin blanc
4825 me suis procuré un petit tonneau de vin blanc de l’ île. C’est un clairet assez acide, qui laisse peut-être un léger goût
4826 qui laisse peut-être un léger goût iodé, au moins l’ on est tenté de l’imaginer : la vigne croît ici au ras d’un sol sablon
4827 re un léger goût iodé, au moins l’on est tenté de l’ imaginer : la vigne croît ici au ras d’un sol sablonneux que l’on fume
4828 oût iodé, au moins l’on est tenté de l’imaginer : la vigne croît ici au ras d’un sol sablonneux que l’on fume avec du vare
4829 la vigne croît ici au ras d’un sol sablonneux que l’ on fume avec du varech. De l’île, du village, de la mer, je ne veux ri
4830 n sol sablonneux que l’on fume avec du varech. De l’ île, du village, de la mer, je ne veux rien dire encore : je laisse to
4831 ’on fume avec du varech. De l’île, du village, de la mer, je ne veux rien dire encore : je laisse tout cela se mêler à ma
4832 ore : je laisse tout cela se mêler à ma vie, dans l’ heureux étourdissement de la lumière maritime. Pour mes pensées, je le
4833 mêler à ma vie, dans l’heureux étourdissement de la lumière maritime. Pour mes pensées, je les occupe en attendant à de p
4834 ment de la lumière maritime. Pour mes pensées, je les occupe en attendant à de petits exercices formels, sans nul rapport a
4835 six jours que nous sommes arrivés, je n’ai lu que les Règles de Descartes, comme on ferait un mot croisé, pour tuer le temp
4836 scartes, comme on ferait un mot croisé, pour tuer le temps avant un rendez-vous. 19 novembre 1933 Premiers contacts avec
4837 ez-vous. 19 novembre 1933 Premiers contacts avec les gens. — Le village se termine au bout de notre jardin. Passé la porte
4838 novembre 1933 Premiers contacts avec les gens. — Le village se termine au bout de notre jardin. Passé la porte, on enfile
4839 village se termine au bout de notre jardin. Passé la porte, on enfile une petite rue toute blanche qui contourne la panse
4840 enfile une petite rue toute blanche qui contourne la panse de l’église, et aboutit à la place principale. Au milieu de cet
4841 etite rue toute blanche qui contourne la panse de l’ église, et aboutit à la place principale. Au milieu de cette place, qu
4842 qui contourne la panse de l’église, et aboutit à la place principale. Au milieu de cette place, qui est un vaste rectangl
4843 place, qui est un vaste rectangle de terre jaune, les habitants plantèrent à la Révolution un arbre de la Liberté. Cet orme
4844 tangle de terre jaune, les habitants plantèrent à la Révolution un arbre de la Liberté. Cet orme est devenu gigantesque, m
4845 habitants plantèrent à la Révolution un arbre de la Liberté. Cet orme est devenu gigantesque, majestueux exemplaire dans
4846 dans sa symétrie architecturale. Il domine toutes les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le
4847 e architecturale. Il domine toutes les maisons et le clocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans
4848 ocher. Il est seul au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans le style rom antique, avec tous ses détails et toute so
4849 l au-dessus du pays. Je voudrais le dessiner dans le style rom antique, avec tous ses détails et toute son opulence, frisé
4850 e une perruque du grand siècle. De trois côtés de la place généralement vide, les maisons s’alignent en ordre modeste, pei
4851 le. De trois côtés de la place généralement vide, les maisons s’alignent en ordre modeste, peintes en tons clairs et simple
4852 en tons clairs et simples, blanc, jaune ou vert. La couleur des volets s’harmonise avec chaque façade d’une manière subti
4853 ne manière subtile et précise qui en dit long sur l’ âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je veux retenir pour
4854 en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’ impression que je veux retenir pour le moment des gens d’ici. Elle cor
4855 cret. C’est l’impression que je veux retenir pour le moment des gens d’ici. Elle corrige la mauvaise humeur que m’a donnée
4856 tenir pour le moment des gens d’ici. Elle corrige la mauvaise humeur que m’a donnée notre épicière. Car il faut bien, héla
4857 épicière. Car il faut bien, hélas, commencer par l’ épicière, quand on aborde le village où l’on va vivre. Celle-ci est én
4858 hélas, commencer par l’épicière, quand on aborde le village où l’on va vivre. Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle a de
4859 cer par l’épicière, quand on aborde le village où l’ on va vivre. Celle-ci est énorme et goutteuse. Elle a des douleurs dan
4860 est énorme et goutteuse. Elle a des douleurs dans les jambes, et m’en parle d’abord, pour me mettre en confiance. Je sens b
4861 bien qu’elle veut me faire causer avant de fixer le prix du chou-fleur, des enveloppes jaunes, du peloton de ficelle et d
4862 lo de riz. Mes vêtements, citadins mais râpés, ne la renseignent pas clairement. Et que penser d’un « Parisien » qui manif
4863 nt. Et que penser d’un « Parisien » qui manifeste l’ intention de rester ici tout l’hiver ? — C’est plutôt en été qu’on vie
4864 en » qui manifeste l’intention de rester ici tout l’ hiver ? — C’est plutôt en été qu’on vient chez nous, me fait-elle prud
4865 chez nous, me fait-elle prudemment observer. — Je le sais bien, madame Aujard, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’
4866 m’en demander davantage. Et moi, je recule devant l’ entreprise de lui expliquer la nature de mon travail. « Écrire », qu’e
4867 i, je recule devant l’entreprise de lui expliquer la nature de mon travail. « Écrire », qu’est-ce que cela signifie ? Écri
4868 rire », qu’est-ce que cela signifie ? Écrire pour les journaux, sans doute, mais il n’y en a pas tant à raconter sur ce pay
4869 s il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays… Je l’ ai laissée en plein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les c
4870 lein mystère. Elle a dû en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence, le nez sur leurs sabots, que je s
4871 ment avec les clients qui attendaient en silence, le nez sur leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n’a pas toujo
4872 ence, le nez sur leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n’a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver elle fait pe
4873 le fait peu de réserves de produits alimentaires, les habitants n’achetant guère autre chose que de la mercerie, des lainag
4874 les habitants n’achetant guère autre chose que de la mercerie, des lainages et des épices. Alors il faut aller de l’autre
4875 es épices. Alors il faut aller de l’autre côté de la place, chez Mélie. Ce n’est pas simple d’éviter d’être vu par l’une,
4876 , entrant chez l’autre. Mais c’est prudent, on me l’ a dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, e
4877 eront pas leurs prix pour garder un client, elles les augmenteront bien plutôt pour le punir d’avoir été en face. Sans comp
4878 n client, elles les augmenteront bien plutôt pour le punir d’avoir été en face. Sans compter qu’on n’aime pas être accueil
4879 Sans compter qu’on n’aime pas être accueilli par la réprobation sournoise d’une épicière. 21 novembre 1933 Le bureau de p
4880 bation sournoise d’une épicière. 21 novembre 1933 Le bureau de poste. — Trois mètres sur trois, et grille épaisse au milie
4881 sur trois, et grille épaisse au milieu. Derrière la grille, le long visage de Pédenaud. J’ai l’impression que je lui gâte
4882 et grille épaisse au milieu. Derrière la grille, le long visage de Pédenaud. J’ai l’impression que je lui gâte la vie. Tr
4883 rière la grille, le long visage de Pédenaud. J’ai l’ impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il
4884 ge de Pédenaud. J’ai l’impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il me voit venir avec une grande
4885 i l’impression que je lui gâte la vie. Trois fois la semaine au moins, il me voit venir avec une grande enveloppe contenan
4886 — Non. — Est-ce un imprimé ? — Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? — Si, il y a d
4887 à la machine. — Est-ce qu’il n’y a rien d’écrit à la main ? — Si, il y a des corrections écrites à la main. Pédenaud relit
4888 la main ? — Si, il y a des corrections écrites à la main. Pédenaud relit pour la nième fois son tarif, fait son calcul su
4889 orrections écrites à la main. Pédenaud relit pour la nième fois son tarif, fait son calcul sur un bout de papier, et concl
4890 t pas aller. Il faut tout recommencer. Finalement l’ on décide d’envoyer le manuscrit comme échantillon sans valeur. Port :
4891 out recommencer. Finalement l’on décide d’envoyer le manuscrit comme échantillon sans valeur. Port : quatre francs soixant
4892 aleur. Port : quatre francs soixante-quinze. Dans l’ après-midi, tandis que j’écris à ma table, j’entends grincer la porte
4893 tandis que j’écris à ma table, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’
4894 able, j’entends grincer la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours : elle me tend une
4895 tification officielle d’avoir à verser sans délai la somme de Fr. 67.25 restant due sur l’envoi de ce matin. En effet, Péd
4896 sans délai la somme de Fr. 67.25 restant due sur l’ envoi de ce matin. En effet, Pédenaud, qui a voulu en avoir le cœur ne
4897 e matin. En effet, Pédenaud, qui a voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone au chef-lieu. Son sup
4898 rcé « d’y aller de sa poche ». Me voilà courant à l’ autobus pour arrêter le courrier. L’autobus vient de partir. Il faut t
4899 oche ». Me voilà courant à l’autobus pour arrêter le courrier. L’autobus vient de partir. Il faut téléphoner au chef-lieu,
4900 ilà courant à l’autobus pour arrêter le courrier. L’ autobus vient de partir. Il faut téléphoner au chef-lieu, faire rouvri
4901 téléphoner au chef-lieu, faire rouvrir au passage le sac postal, discuter passionnément, trouver une formule d’apaisement
4902 rouver une formule d’apaisement qui ménage toutes les susceptibilités, et finalement ne rien payer de plus. Je note ceci pa
4903 ne assez typique du malentendu qui apparaît entre les gens d’ici et moi dès qu’il s’agit de mon travail et de ses condition
4904 nuis sans gravité, bien sûr. Mais quel drame dans la vie d’un buraliste de recette auxiliaire ! Depuis lors, il rougit et
4905 des lessives. En été ils pêchent des palourdes et les vendent aux baigneurs. Bien entendu, je n’arrive pas à savoir combien
4906 agère, même pour un riche. Je me sens rejeté dans la catégorie bourgeoise. Ma bonne conscience de pauvre n’aura pas duré b
4907 as duré bien longtemps. 16 décembre 1933 Derrière la même pile d’assiettes où je crois avoir déjà dit que j’avais trouvé d
4908 e, j’ai déniché ce matin une édition populaire de La Naissance du jour, de Colette. Je n’avais pas encore lu ce livre. Il
4909 vais pas encore lu ce livre. Il est exactement de l’ espèce que j’aime, et l’un des plus charmants dans cette espèce, mais
4910 e raison très précise et qui n’a rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’édition que j’ai sous les yeux
4911 ui n’a rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’édition que j’ai sous les yeux, je lis ceci : « … ils dé
4912 voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’ édition que j’ai sous les yeux, je lis ceci : « … ils déménagent… comm
4913 ttéraire. À la page 43 de l’édition que j’ai sous les yeux, je lis ceci : « … ils déménagent… comme les puces d’un hérisson
4914 les yeux, je lis ceci : « … ils déménagent… comme les puces d’un hérisson mort. » Cette phrase a fait dans mon esprit ce qu
4915 mon compte, j’en ai pris sept sur mon pyjama dans l’ espace de deux minutes, ce qui doit constituer une sorte de record. D’
4916 ituer une sorte de record. D’autres sautaient sur le couvre-pied. D’autres sur le plancher. Je n’en menais pas large. Comm
4917 autres sautaient sur le couvre-pied. D’autres sur le plancher. Je n’en menais pas large. Comme la mère Renaud était venue
4918 sur le plancher. Je n’en menais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas p
4919 large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il es
4920 voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a beau porter un nombre excessi
4921 petit hérisson était venu se mettre en boule dans la plate-bande qui borde la maison, sous ma fenêtre. Il soufflait très v
4922 se mettre en boule dans la plate-bande qui borde la maison, sous ma fenêtre. Il soufflait très vite, il avait l’air malad
4923 e. Il soufflait très vite, il avait l’air malade. Le lendemain nous le trouvions mort. Et je l’avais oublié là, sans sépul
4924 ès vite, il avait l’air malade. Le lendemain nous le trouvions mort. Et je l’avais oublié là, sans sépulture, caché sous d
4925 alade. Le lendemain nous le trouvions mort. Et je l’ avais oublié là, sans sépulture, caché sous des feuillages brunis. Si
4926 caché sous des feuillages brunis. Si j’ajoute que la porte d’entrée joint mal le seuil, tout s’explique sans peine désorma
4927 unis. Si j’ajoute que la porte d’entrée joint mal le seuil, tout s’explique sans peine désormais, grâce à la phrase de Col
4928 il, tout s’explique sans peine désormais, grâce à la phrase de Colette. Je rapporte cette anecdote parce qu’elle comporte
4929 necdote parce qu’elle comporte une conclusion qui la dépasse d’ailleurs notablement et qui me paraît assez frappante. Voic
4930 s, je viens de trouver dans un ouvrage littéraire la solution d’une question précise. Grâce à Colette, je sais maintenant
4931 l’air de rien, mais je vois là comme un symbole. Les livres devraient être utiles. 23 décembre 1933 J’écris ceci sur une t
4932 933 J’écris ceci sur une table de café. À travers la vitrine, je vois le vieux port de cette vieille ville, la plus proche
4933 une table de café. À travers la vitrine, je vois le vieux port de cette vieille ville, la plus proche de notre île, et où
4934 ne, je vois le vieux port de cette vieille ville, la plus proche de notre île, et où nous devons encore passer deux heures
4935 ous devons encore passer deux heures en attendant le départ de l’autobus pour Taillefer. Nous sommes attablés ici depuis u
4936 core passer deux heures en attendant le départ de l’ autobus pour Taillefer. Nous sommes attablés ici depuis un bon moment
4937 epuis un bon moment déjà, tout contents de revoir le va-et-vient d’un lieu public, de lire les journaux de Paris et de fum
4938 e revoir le va-et-vient d’un lieu public, de lire les journaux de Paris et de fumer des cigarettes américaines au goût de m
4939 es américaines au goût de miel, introuvables dans l’ île. Pendant que ma femme lit des hebdomadaires, je vais renouer le fi
4940 e ma femme lit des hebdomadaires, je vais renouer le fil de ce journal. Tout d’abord, j’ai à constater l’échec de notre pr
4941 fil de ce journal. Tout d’abord, j’ai à constater l’ échec de notre première tentative d’autonomie. Je ne suis pas arrivé à
4942 z vite ce qu’il nous fallait pour subsister après l’ épuisement de notre réserve. J’ai travaillé beaucoup, mais je ne serai
4943 uand on n’a plus rien. Pour celui qui vit au jour le jour, il s’agit essentiellement d’éviter les lacunes de cette sorte.
4944 jour le jour, il s’agit essentiellement d’éviter les lacunes de cette sorte. (Ce que l’on nomme « difficultés de trésoreri
4945 ment d’éviter les lacunes de cette sorte. (Ce que l’ on nomme « difficultés de trésorerie » dans les affaires, devient ici,
4946 que l’on nomme « difficultés de trésorerie » dans les affaires, devient ici, évidemment, un obstacle absolu.) Assuré au moi
4947 au moins de quelque argent à venir, j’ai accepté l’ invitation d’un ami qui nous offre de passer trois semaines chez lui.
4948 bite à une petite journée de voyage de notre île. La leçon pratique de cette première expérience de deux mois, c’est que l
4949 cette première expérience de deux mois, c’est que la liberté ne s’improvise pas. Qu’il faut la conquérir avec méthode, et
4950 est que la liberté ne s’improvise pas. Qu’il faut la conquérir avec méthode, et organiser à l’avance un plan d’attaque, pr
4951 il faut la conquérir avec méthode, et organiser à l’ avance un plan d’attaque, prévoyant à un jour près la date d’arrivée d
4952 vance un plan d’attaque, prévoyant à un jour près la date d’arrivée des renforts. Je ne suis pas trop fier de ma retraite
4953 s de, «  Journal d’un intellectuel en chômage  », La Revue du dimanche, supplément hebdomadaire de la Revue de Lausanne ,
4954 La Revue du dimanche, supplément hebdomadaire de la Revue de Lausanne , Lausanne, 25 juillet 1937, p. 1. r. Précédé de l
4955 , Lausanne, 25 juillet 1937, p. 1. r. Précédé de la note suivante : « Par les soins de la Guilde du Livre, à Lausanne, pa
4956 37, p. 1. r. Précédé de la note suivante : « Par les soins de la Guilde du Livre, à Lausanne, paraîtra très prochainement
4957 Précédé de la note suivante : « Par les soins de la Guilde du Livre, à Lausanne, paraîtra très prochainement un ouvrage d
4958 ès prochainement un ouvrage de notre compatriote, l’ excellent écrivain neuchâtelois Denis de Rougement : Journal d’un int
4959 : Journal d’un intellectuel en chômage . Grâce à la complaisance du directeur de la Guilde, M. A. Mermoud, nous sommes en
4960 chômage . Grâce à la complaisance du directeur de la Guilde, M. A. Mermoud, nous sommes en mesure d’offrir à nos lecteurs
4961 ud, nous sommes en mesure d’offrir à nos lecteurs la primeur de quelques pages de ce livre. Dans ces pages, l’auteur peint
4962 ur de quelques pages de ce livre. Dans ces pages, l’ auteur peint notamment le milieu où il s’est retiré, une petite île ve
4963 e livre. Dans ces pages, l’auteur peint notamment le milieu où il s’est retiré, une petite île vendéenne. »
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
4964 Il faut parler des « autocars ». Je ne sais si l’ on se doute à Paris de l’importance des autocars et des transformation
4965 utocars ». Je ne sais si l’on se doute à Paris de l’ importance des autocars et des transformations qu’ils sont en train de
4966 ansformations qu’ils sont en train de causer dans la vie provinciale. Je n’ai pas compté le nombre de lignes actuellement
4967 auser dans la vie provinciale. Je n’ai pas compté le nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai pu constater dans
4968 j’ai pu constater dans plusieurs départements de l’ Ouest qu’il n’est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une
4969 t modifier plus rapidement et plus profondément «  la coutume » de la France rurale. Mais ce n’est pas encore assez dire :
4970 rapidement et plus profondément « la coutume » de la France rurale. Mais ce n’est pas encore assez dire : l’autocar modifi
4971 nce rurale. Mais ce n’est pas encore assez dire : l’ autocar modifie complètement le mode de contact entre le voyageur et l
4972 ncore assez dire : l’autocar modifie complètement le mode de contact entre le voyageur et la province. Naguère encore, qua
4973 car modifie complètement le mode de contact entre le voyageur et la province. Naguère encore, quand on n’avait que les che
4974 plètement le mode de contact entre le voyageur et la province. Naguère encore, quand on n’avait que les chemins de fer, to
4975 la province. Naguère encore, quand on n’avait que les chemins de fer, tout convergeait vers Paris, non seulement du fait d’
4976 viaire centralisée, mais encore sentimentalement. Le confort relatif des grandes lignes indiquait qu’on allait à Paris ou
4977 ait qu’on allait à Paris ou qu’on en venait. Tout le reste n’était que tortillards cahotants, jamais à l’heure, où l’on se
4978 reste n’était que tortillards cahotants, jamais à l’ heure, où l’on se sentait relégué à l’écart de la « vraie » circulatio
4979 t que tortillards cahotants, jamais à l’heure, où l’ on se sentait relégué à l’écart de la « vraie » circulation. Et l’on n
4980 s, jamais à l’heure, où l’on se sentait relégué à l’ écart de la « vraie » circulation. Et l’on ne voyait guère que des gar
4981 l’heure, où l’on se sentait relégué à l’écart de la « vraie » circulation. Et l’on ne voyait guère que des gares, ce qu’i
4982 relégué à l’écart de la « vraie » circulation. Et l’ on ne voyait guère que des gares, ce qu’il y a de plus attristant dans
4983 plus attristant dans chaque village. Aujourd’hui, les stations d’autocars sont sur la place principale. C’est de là qu’on p
4984 ge. Aujourd’hui, les stations d’autocars sont sur la place principale. C’est de là qu’on part au milieu d’une grande afflu
4985 rrive à grands sons de trompe, c’est enfin ce que l’ on voit le mieux de chaque pays. La voie ferrée était une sorte d’insu
4986 ands sons de trompe, c’est enfin ce que l’on voit le mieux de chaque pays. La voie ferrée était une sorte d’insulte à la v
4987 t enfin ce que l’on voit le mieux de chaque pays. La voie ferrée était une sorte d’insulte à la vie locale ; elle la trave
4988 pays. La voie ferrée était une sorte d’insulte à la vie locale ; elle la traversait abstraitement, sans la voir, sans ten
4989 était une sorte d’insulte à la vie locale ; elle la traversait abstraitement, sans la voir, sans tenir compte de ses circ
4990 e locale ; elle la traversait abstraitement, sans la voir, sans tenir compte de ses circonstances. Sur ses bords ne vivait
4991 s ne vivait qu’une population nomade, qui portait l’ uniforme de l’État, partout la même. Vous pouviez parcourir vingt fois
4992 ’une population nomade, qui portait l’uniforme de l’ État, partout la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de
4993 nomade, qui portait l’uniforme de l’État, partout la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de part en part san
4994 artout la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de part en part sans remarquer que les gens qui l’habitent ne
4995 fois la France de part en part sans remarquer que les gens qui l’habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une p
4996 e de part en part sans remarquer que les gens qui l’ habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à un
4997 r que les gens qui l’habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à une autre, ce n’est pas seulement
4998 ’une province à une autre, ce n’est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons qui faisait,
4999 l’une des raisons qui faisait, si facilement nier la subsistance des « petites patries » dans la nation abstraitement unif
5000 nier la subsistance des « petites patries » dans la nation abstraitement unifiée ? La ligne d’autocar fait partie du pays
5001 patries » dans la nation abstraitement unifiée ? La ligne d’autocar fait partie du pays. Elle en épouse la géographie phy
5002 gne d’autocar fait partie du pays. Elle en épouse la géographie physique mais aussi humaine. Elle quitte à tout propos la
5003 que mais aussi humaine. Elle quitte à tout propos la route nationale pour des chemins secondaires ou des ruelles à peine p
5004 econdaires ou des ruelles à peine plus larges que la voiture. Mais aussi elle tient compte des rythmes de la vie locale, d
5005 ture. Mais aussi elle tient compte des rythmes de la vie locale, du calendrier des marées, de l’heure matinale des foires,
5006 es de la vie locale, du calendrier des marées, de l’ heure matinale des foires, dans les districts ruraux, et ailleurs de l
5007 des marées, de l’heure matinale des foires, dans les districts ruraux, et ailleurs de l’entrée et de la sortie des usines
5008 foires, dans les districts ruraux, et ailleurs de l’ entrée et de la sortie des usines ou des écoles. La simple intention d
5009 s districts ruraux, et ailleurs de l’entrée et de la sortie des usines ou des écoles. La simple intention d’utiliser ce mo
5010 ’entrée et de la sortie des usines ou des écoles. La simple intention d’utiliser ce moyen de transport vous met en contact
5011 pour obtenir un minimum de précisions concernant l’ heure du prochain départ et la destination des diverses voitures qui s
5012 écisions concernant l’heure du prochain départ et la destination des diverses voitures qui stationnent, sur la place… Et q
5013 nation des diverses voitures qui stationnent, sur la place… Et que dire maintenant du voyage lui-même ? C’est une résurrec
5014 C’est une résurrection de ce que Vigny pleurait, la poésie des diligences, mais aérée. C’est fait d’une foule d’incidents
5015 vif, et qui change de tête plusieurs fois pendant le trajet, de coups de main aux voyageurs chargés de paquets ou d’un jeu
5016 et admiré, d’arrêts et de détours imprévus — car les chauffeurs acceptent volontiers toutes sortes de petites commissions
5017 nt rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entr’ouverte un instant à la fille de l’auberge écartée qui
5018 à dire par la portière entr’ouverte un instant à la fille de l’auberge écartée qui attend le passage du car, les cheveux
5019 la portière entr’ouverte un instant à la fille de l’ auberge écartée qui attend le passage du car, les cheveux au vent, sur
5020 nstant à la fille de l’auberge écartée qui attend le passage du car, les cheveux au vent, sur le bord de la route. Rien n’
5021 e l’auberge écartée qui attend le passage du car, les cheveux au vent, sur le bord de la route. Rien n’est plus sympathique
5022 ttend le passage du car, les cheveux au vent, sur le bord de la route. Rien n’est plus sympathique qu’un conducteur de car
5023 ssage du car, les cheveux au vent, sur le bord de la route. Rien n’est plus sympathique qu’un conducteur de car. Cela tien
5024 unes gaillards solides et gais, et qui ont toutes les raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est moderne, c’est
5025 es et gais, et qui ont toutes les raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est moderne, c’est sportif, cela vous
5026 i ont toutes les raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est moderne, c’est sportif, cela vous pose dans l’espr
5027 c’est moderne, c’est sportif, cela vous pose dans l’ esprit des populations, on se sent maître à bord de sa puissante machi
5028 se sent maître à bord de sa puissante machine, et l’ on bénéficie de ces petites faveurs que les femmes ont toujours accord
5029 ine, et l’on bénéficie de ces petites faveurs que les femmes ont toujours accordées à ceux qui commandent et disposent, ne
5030 que pour une heure, de leur vie. Oui, voilà bien les hommes avec lesquels je rêverais d’entreprendre une belle révolution,
5031 entreprendre une belle révolution, qui rajeunisse la France : ils ont la bonne humeur, le dynamisme, le sens pratique et l
5032 le révolution, qui rajeunisse la France : ils ont la bonne humeur, le dynamisme, le sens pratique et la rapidité d’esprit
5033 i rajeunisse la France : ils ont la bonne humeur, le dynamisme, le sens pratique et la rapidité d’esprit que les bourgeois
5034 a France : ils ont la bonne humeur, le dynamisme, le sens pratique et la rapidité d’esprit que les bourgeois, qui en sont
5035 a bonne humeur, le dynamisme, le sens pratique et la rapidité d’esprit que les bourgeois, qui en sont dépourvus, attribuen
5036 sme, le sens pratique et la rapidité d’esprit que les bourgeois, qui en sont dépourvus, attribuent par erreur au « peuple »
5037 par erreur au « peuple » en général. Sans compter les moyens techniques dont ils disposent et qui seraient décisifs lors d’
5038 rapide. Mais loin de moi ces ambitions : ceux qui les ont n’en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me r
5039 t de conversation que j’aurais dû noter plus tôt. Le monsieur rencontré dans l’autocar de Taillefer voulait savoir quel ét
5040 ais dû noter plus tôt. Le monsieur rencontré dans l’ autocar de Taillefer voulait savoir quel était mon métier. Et quand j’
5041 je n’étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessus le marché, il s’écria : « Ah ! cher monsieur, je vous envie ! Vous avez
5042 envie ! Vous avez un rôle magnifique à jouer dans la société. Vous avez le temps de réfléchir et de nous faire part de vos
5043 ôle magnifique à jouer dans la société. Vous avez le temps de réfléchir et de nous faire part de vos lumières, et sans vou
5044 normal, mettons qu’un fonctionnaire c’était pour le flatter, et cela tient aux circonstances mêmes qui l’ont mis dans le
5045 latter, et cela tient aux circonstances mêmes qui l’ ont mis dans le cas d’écrire. Car ou bien l’on écrit ce que l’on ne pe
5046 tient aux circonstances mêmes qui l’ont mis dans le cas d’écrire. Car ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, e
5047 s qui l’ont mis dans le cas d’écrire. Car ou bien l’ on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faibless
5048 ns le cas d’écrire. Car ou bien l’on écrit ce que l’ on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambitio
5049 ’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’ aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessive, deux choses qui comp
5050 ition excessive, deux choses qui compliquent fort la vie, je crois ; ou bien l’on écrit des choses intelligentes, et c’est
5051 s qui compliquent fort la vie, je crois ; ou bien l’ on écrit des choses intelligentes, et c’est encore l’aveu d’une inadap
5052 n écrit des choses intelligentes, et c’est encore l’ aveu d’une inadaptation cruelle aux mœurs et coutumes de ce temps ; on
5053 uelle aux mœurs et coutumes de ce temps ; on bien l’ on écrit simplement pour gagner sa chienne de vie, et c’est le bon moy
5054 implement pour gagner sa chienne de vie, et c’est le bon moyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imagine
5055 chienne de vie, et c’est le bon moyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imaginer, dans les antres rédac
5056 e vie, et c’est le bon moyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imaginer, dans les antres rédactionnels.
5057 ère la plus honteuse qui se puisse imaginer, dans les antres rédactionnels. Je dis les antres. De toute façon, un écrivain
5058 e imaginer, dans les antres rédactionnels. Je dis les antres. De toute façon, un écrivain est par nature un empêtré. Et voi
5059 , un écrivain est par nature un empêtré. Et voilà le paradoxe et l’injustice : c’est qu’on attend, qu’on exige même de ces
5060 st par nature un empêtré. Et voilà le paradoxe et l’ injustice : c’est qu’on attend, qu’on exige même de ces gens-là des ve
5061 me de ces gens-là des vertus au-dessus du commun, la révélation de secrets qui suffiraient à rendre heureux les plus indig
5062 ation de secrets qui suffiraient à rendre heureux les plus indignes, et ingénieux les plus balourds, enfin je ne sais quell
5063 à rendre heureux les plus indignes, et ingénieux les plus balourds, enfin je ne sais quelle supériorité humaine, quel luxe
5064 ne, quel luxe d’énergie ou d’invention qui, s’ils les possédaient vraiment, feraient de leurs détenteurs non point des écri
5065 quand vous aurez compris cela, vous cesserez, je le crains, d’envier ma condition… s. Rougemont Denis de, « Extraits d
5066 aits de… Journal d’un intellectuel en chômage  », Le Journal, 15 août 1937, p. 2. t. Précédé de la notice suivante : « Br
5067 », Le Journal, 15 août 1937, p. 2. t. Précédé de la notice suivante : « Brillant essayiste dans deux ouvrages déjà remarq
5068 ], M. Denis de Rougemont vient d’illustrer ce que l’ on peut appeler sa « doctrine », en nous donnant, sous le titre de Jou
5069 ut appeler sa « doctrine », en nous donnant, sous le titre de Journal d’un intellectuel en chômage, un recueil de réflexio
5070 ale — qui s’impose aux nouvelles générations. Par les menues expériences d’une vie diminuée et matériellement difficile, M.
5071 t tracer un tableau très vivant et très nuancé de la province française, ainsi qu’en témoigne cet extrait. »
18 1937, Articles divers (1936-1938). « Subjectivité et transcendance », Lettre de M. Denis de Rougemont (décembre 1937)
5072 x Pourquoi voulez-vous — ou veulent-ils — que la philosophie se purifie de théologie ? La théologie vaut bien la scien
5073 ls — que la philosophie se purifie de théologie ? La théologie vaut bien la science. C’est même une science bien moins var
5074 se purifie de théologie ? La théologie vaut bien la science. C’est même une science bien moins variable que les sciences
5075 e. C’est même une science bien moins variable que les sciences dites exactes, dont les fondements sont renversés tous les v
5076 ins variable que les sciences dites exactes, dont les fondements sont renversés tous les vingt ans de fond en comble. Je ne
5077 exactes, dont les fondements sont renversés tous les vingt ans de fond en comble. Je ne pense pas que la transcendance pui
5078 vingt ans de fond en comble. Je ne pense pas que la transcendance puisse jamais être « simplement la nature ». Voyez chez
5079 la transcendance puisse jamais être « simplement la nature ». Voyez chez Goethe, chez Tolstoï, chez Nietzsche : dans la m
5080 chez Goethe, chez Tolstoï, chez Nietzsche : dans la mesure où elle est un élément de transcendance, la nature devient div
5081 a mesure où elle est un élément de transcendance, la nature devient divinité (et ne peut pas ne pas le devenir). Pour ma p
5082 la nature devient divinité (et ne peut pas ne pas le devenir). Pour ma part, je ne conçois pas de relation concrète à la t
5083 ma part, je ne conçois pas de relation concrète à la transcendance où manquerait le sentiment du divin, du sacré. Mais vot
5084 elation concrète à la transcendance où manquerait le sentiment du divin, du sacré. Mais votre communication nous oriente u
5085 us oriente utilement vers une nouvelle analyse de la transcendance dans son rapport aux puissances de l’imagination et non
5086 transcendance dans son rapport aux puissances de l’ imagination et non seulement dans son rapport à l’éthique. w. Rouge
5087 l’imagination et non seulement dans son rapport à l’ éthique. w. Rougemont Denis de, « Lettre de M. Denis de Rougemont »
5088 « Lettre de M. Denis de Rougemont », Bulletin de la Société française de philosophie, Paris, décembre 1937, p. 204. x. L
5089 , décembre 1937, p. 204. x. Lettre publiée parmi les réactions à la conférence de Jean Wahl, « Subjectivité et transcendan
5090 p. 204. x. Lettre publiée parmi les réactions à la conférence de Jean Wahl, « Subjectivité et transcendance ».
19 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
5091 adversaires ». Il leur demande ensuite de prendre le pouvoir. Mais avant de prendre le pouvoir, il faut convaincre, sinon
5092 uite de prendre le pouvoir. Mais avant de prendre le pouvoir, il faut convaincre, sinon l’on se verra contraint d’exercer
5093 de prendre le pouvoir, il faut convaincre, sinon l’ on se verra contraint d’exercer cette dictature que l’on se proposait
5094 se verra contraint d’exercer cette dictature que l’ on se proposait justement de combattre, et qui est celle de l’État tot
5095 osait justement de combattre, et qui est celle de l’ État totalitaire. Or, pour convaincre, il faut entre autres dissiper l
5096 r, pour convaincre, il faut entre autres dissiper les malentendus, désarmer autant que possible les adversaires, donc discu
5097 per les malentendus, désarmer autant que possible les adversaires, donc discuter. Au surplus, je ne sais pas si le terme d’
5098 res, donc discuter. Au surplus, je ne sais pas si le terme d’adversaire convient à M. Pierre Beausire. Il approuve notre r
5099 te en parlant de leurs auteurs : « On ne peut que les suivre et les approuver. » En somme, il se rangerait à nos côtés pour
5100 de leurs auteurs : « On ne peut que les suivre et les approuver. » En somme, il se rangerait à nos côtés pour l’essentiel d
5101 ver. » En somme, il se rangerait à nos côtés pour l’ essentiel de ce que nous avons dit dans notre numéro spécial81. S’il n
5102 C’est au nom du personnalisme. Mais qu’est-ce que le personnalisme ? « C’est l’amour abstrait de l’humanité. » Erreur tota
5103 me. Mais qu’est-ce que le personnalisme ? « C’est l’ amour abstrait de l’humanité. » Erreur totale et malentendu maximum. S
5104 ue le personnalisme ? « C’est l’amour abstrait de l’ humanité. » Erreur totale et malentendu maximum. S’il fallait à tout p
5105 tendu maximum. S’il fallait à tout prix reprendre les termes choisis par M. Beausire lui-même pour définir notre attitude,
5106 lui-même pour définir notre attitude, je dirais : Le personnalisme, c’est l’amour concret des hommes réels. Ce n’est pas «
5107 tre attitude, je dirais : Le personnalisme, c’est l’ amour concret des hommes réels. Ce n’est pas « la bonté, la charité (v
5108 l’amour concret des hommes réels. Ce n’est pas «  la bonté, la charité (vertus toutes passives et féminines) » (au sentime
5109 oncret des hommes réels. Ce n’est pas « la bonté, la charité (vertus toutes passives et féminines) » (au sentiment de l’au
5110 toutes passives et féminines) » (au sentiment de l’ auteur), mais c’est, au contraire, la volonté d’agir dans le sens de c
5111 sentiment de l’auteur), mais c’est, au contraire, la volonté d’agir dans le sens de ce qui libère en l’homme les forces de
5112 mais c’est, au contraire, la volonté d’agir dans le sens de ce qui libère en l’homme les forces de résistance et de créat
5113 a volonté d’agir dans le sens de ce qui libère en l’ homme les forces de résistance et de création, systématiquement déprim
5114 é d’agir dans le sens de ce qui libère en l’homme les forces de résistance et de création, systématiquement déprimées par l
5115 ce et de création, systématiquement déprimées par les tyrannies que l’on sait. Mais tout ceci nous maintiendrait encore dan
5116 systématiquement déprimées par les tyrannies que l’ on sait. Mais tout ceci nous maintiendrait encore dans le seul plan « 
5117 it. Mais tout ceci nous maintiendrait encore dans le seul plan « moral » où M. Beausire nous situe, par un réflexe bien ro
5118 r un réflexe bien romand ; (qu’il me pardonne !). Le personnalisme est bien plus qu’une morale, s’il en suppose une. Il es
5119 morale, s’il en suppose une. Il est, à mon sens, la tradition centrale de l’Occident, l’élément civilisateur de notre civ
5120 une. Il est, à mon sens, la tradition centrale de l’ Occident, l’élément civilisateur de notre civilisation, le caractère s
5121 à mon sens, la tradition centrale de l’Occident, l’ élément civilisateur de notre civilisation, le caractère spécifique de
5122 nt, l’élément civilisateur de notre civilisation, le caractère spécifique de la pensée et de la vie des hommes qui ont fai
5123 de notre civilisation, le caractère spécifique de la pensée et de la vie des hommes qui ont fait l’Europe et qui veulent l
5124 ation, le caractère spécifique de la pensée et de la vie des hommes qui ont fait l’Europe et qui veulent la maintenir. Et
5125 de la pensée et de la vie des hommes qui ont fait l’ Europe et qui veulent la maintenir. Et l’individualisme et les collect
5126 e des hommes qui ont fait l’Europe et qui veulent la maintenir. Et l’individualisme et les collectivismes ne sont que les
5127 ont fait l’Europe et qui veulent la maintenir. Et l’ individualisme et les collectivismes ne sont que les déviations complé
5128 qui veulent la maintenir. Et l’individualisme et les collectivismes ne sont que les déviations complémentaires et périodiq
5129 ’individualisme et les collectivismes ne sont que les déviations complémentaires et périodiques de cette ligne de plus gran
5130 odiques de cette ligne de plus grande efficacité. Le mouvement personnaliste ne s’est constitué comme tel, et n’a pris ce
5131 comme tel, et n’a pris ce nom, que parce que dans l’ Europe actuelle se déchaînent des puissances de mort, spirituelles et
5132 matérielles, radicalement contraires au génie de l’ Occident. Ces puissances nous ont obligés, par leurs menaces instantes
5133 ctive de ce qui, depuis nos origines, n’était que le sous-entendu de tous nos efforts créateurs. Cette prise de conscience
5134 nscience active s’est effectuée diversement selon les milieux et les groupes. En France, elle s’est traduite surtout en ter
5135 s’est effectuée diversement selon les milieux et les groupes. En France, elle s’est traduite surtout en termes catholiques
5136 en termes surtout protestants ; en Espagne, avant l’ invasion des idéologies totalitaires, en termes proches de l’anarchism
5137 des idéologies totalitaires, en termes proches de l’ anarchisme, etc. Comme l’Europe, le personnalisme est essentiellement
5138 es, en termes proches de l’anarchisme, etc. Comme l’ Europe, le personnalisme est essentiellement pluraliste, c’est-à-dire 
5139 mes proches de l’anarchisme, etc. Comme l’Europe, le personnalisme est essentiellement pluraliste, c’est-à-dire : fédérali
5140 pluraliste, c’est-à-dire : fédéraliste. Il exalte les différences en ce qu’elles ont de créateur. Il veut une organisation
5141 lles ont de créateur. Il veut une organisation de la cité qui leur permette de s’exprimer. Telle est la forme que revêt « 
5142 a cité qui leur permette de s’exprimer. Telle est la forme que revêt « la charité personnaliste », pour reprendre une form
5143 tte de s’exprimer. Telle est la forme que revêt «  la charité personnaliste », pour reprendre une formule d’Arnaud Dandieu
5144 d Dandieu (qui d’ailleurs était nietzschéen). Que le christianisme vrai revive dans ce mouvement, je serais mal venu à le
5145 ai revive dans ce mouvement, je serais mal venu à le nier. En tant que protestant personnaliste, je tiens que seule la foi
5146 que protestant personnaliste, je tiens que seule la foi réelle — celle qui agit, et non celle qui endort — donne à notre
5147 tude son sens dernier. Beaucoup de mes camarades, la majorité même, ne partagent pas cette certitude. Ils en ont d’autres,
5148 n ont d’autres, que je crois insuffisantes, et je le leur dis en toute franchise. Du moins ne tiennent-ils pas le christia
5149 en toute franchise. Du moins ne tiennent-ils pas le christianisme dont je parle pour une niaiserie sentimentale. À défaut
5150 arle pour une niaiserie sentimentale. À défaut de la foi, ils connaissent l’Histoire, et savent de quoi l’Europe s’est fai
5151 sentimentale. À défaut de la foi, ils connaissent l’ Histoire, et savent de quoi l’Europe s’est faite. Pierre Beausire ne c
5152 oi, ils connaissent l’Histoire, et savent de quoi l’ Europe s’est faite. Pierre Beausire ne craint pas de proclamer que « s
5153 erre Beausire ne craint pas de proclamer que « si l’ on veut parler à des hommes, et non à des enfants, il faut renoncer à
5154 et non à des enfants, il faut renoncer à invoquer le Christ ». Je ne craindrai pas de lui répondre que ce n’est pas là par
5155 ment du pouvoir dans cet État, et, en manifestant la noblesse de leur caractère, nous délivrent du triste spectacle que no
5156 délivrent du triste spectacle que nous avons sous les yeux. » Car la noblesse qu’il nous suppose, purement « morale », sent
5157 ste spectacle que nous avons sous les yeux. » Car la noblesse qu’il nous suppose, purement « morale », sentimentale, idéal
5158  », sentimentale, idéaliste, ne saurait suffire à la tâche. « Le peuple a besoin — nous dit l’auteur — de chefs d’une souv
5159 tale, idéaliste, ne saurait suffire à la tâche. «  Le peuple a besoin — nous dit l’auteur — de chefs d’une souveraine digni
5160 ffire à la tâche. « Le peuple a besoin — nous dit l’ auteur — de chefs d’une souveraine dignité, d’une intelligence froide
5161 d’un jugement droit. » Où trouve-t-on cela ? Dans les livres de Nietzsche. Mais non pas encore dans l’Histoire ? Si ce n’es
5162 les livres de Nietzsche. Mais non pas encore dans l’ Histoire ? Si ce n’est pas une utopie de plus, un refuge pour les faib
5163 i ce n’est pas une utopie de plus, un refuge pour les faibles et les sceptiques, pour ceux qui craignent de se perdre en s’
5164 une utopie de plus, un refuge pour les faibles et les sceptiques, pour ceux qui craignent de se perdre en s’engageant, et p
5165 aignent de se perdre en s’engageant, et préfèrent la littérature ; si ce n’est pas une manière de « grève perlée » que de
5166 une manière de « grève perlée » que de n’accepter la lutte que dans ces termes ; si cet idéal est possible, si Beausire co
5167 un, qu’il nous amène ce précieux renfort, et nous le saluerons d’un vivat ! Nous saurons très bien nous entendre avec tous
5168 eux qui veulent sauver non point nos âmes — c’est l’ affaire de Dieu seul — mais bien la possibilité de vivre et de créer s
5169 s âmes — c’est l’affaire de Dieu seul — mais bien la possibilité de vivre et de créer sa vérité — bonne ou mauvaise — cont
5170 t de créer sa vérité — bonne ou mauvaise — contre les fous totalitaires de droite ou de gauche, leurs guerres et leurs cult
5171 d’État. 80. Voir numéro du 1er décembre 1937 : Le Personnalisme en Suisse. 81. La réserve indiquée sur « le Suisse »,
5172 décembre 1937 : Le Personnalisme en Suisse. 81. La réserve indiquée sur « le Suisse », auquel Beausire croit que je croi
5173 nalisme en Suisse. 81. La réserve indiquée sur «  le Suisse », auquel Beausire croit que je crois, résulte d’un malentendu
5174 e je crois, résulte d’un malentendu. Je crois à «  l’ idée suisse » telle que l’exprime Liehburg. Idée qui exclut l’existenc
5175 alentendu. Je crois à « l’idée suisse » telle que l’ exprime Liehburg. Idée qui exclut l’existence d’un type suisse racial,
5176 e » telle que l’exprime Liehburg. Idée qui exclut l’ existence d’un type suisse racial, ou « national » au sens unitaire. J
5177 tional » au sens unitaire. Je ne crois même pas à l’ homo alpinus, création polémique de Ramuz. y. Rougemont Denis de, « 
20 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
5178 n 1813. Son père avait passé son enfance à garder les moutons dans la plaine du Jutland. Un jour, accablé par la misère, il
5179 avait passé son enfance à garder les moutons dans la plaine du Jutland. Un jour, accablé par la misère, il était monté sur
5180 s dans la plaine du Jutland. Un jour, accablé par la misère, il était monté sur un tertre et il avait maudit le Dieu Tout-
5181 , il était monté sur un tertre et il avait maudit le Dieu Tout-Puissant qui le laissait mourir de faim. Ce blasphème assom
5182 rtre et il avait maudit le Dieu Tout-Puissant qui le laissait mourir de faim. Ce blasphème assombrit sa vie, et la révélat
5183 mourir de faim. Ce blasphème assombrit sa vie, et la révélation qu’en eut plus tard Søren fut décisive pour son développem
5184 t décisive pour son développement religieux. Mais le défi jeté à Dieu sembla porter bonheur au père de Kierkegaard. Il dev
5185 e sa fortune, il ne voulut tirer nul intérêt : il la confia à l’un de ses frères, pour éviter d’avoir affaire aux banques,
5186 d’avoir affaire aux banques, et lorsqu’il mourut, l’ on s’aperçut qu’il n’en restait que 200 francs. Cette fortune provenai
5187 rtune provenait d’une malédiction, pensait-il. Il l’ avait donc dilapidée sans compter, mais surtout en dons généreux. À 27
5188 le de 18 ans, Régine Olsen. Tout le monde connaît le drame de ces fiançailles douloureusement rompues au bout d’un an. L’i
5189 nçailles douloureusement rompues au bout d’un an. L’ idée que Kierkegaard s’était formée du mariage était trop absolue pour
5190 absolue pour comporter une réalisation pratique. Le « tout ou rien » qui est sa devise devait fatalement le conduire au r
5191 out ou rien » qui est sa devise devait fatalement le conduire au refus d’une perspective de bonheur dans laquelle il ne po
5192 ctive de bonheur dans laquelle il ne pouvait voir le vrai tout de son existence singulière. (Que d’autres y cherchent des
5193 ture, il partit pour Berlin où il désirait suivre les cours de Schelling. Il y demeura quelques mois, puis il revint à Cope
5194 ort, en 1835. Il travaillait une grande partie de la nuit. Georg Brandes raconte qu’on pouvait le voir, de la rue, arpente
5195 e de la nuit. Georg Brandes raconte qu’on pouvait le voir, de la rue, arpenter longuement les pièces illuminées de ses vas
5196 . Georg Brandes raconte qu’on pouvait le voir, de la rue, arpenter longuement les pièces illuminées de ses vastes appartem
5197 n pouvait le voir, de la rue, arpenter longuement les pièces illuminées de ses vastes appartements. Dans chaque chambre il
5198 ir noter, au cours de son interminable promenade, les phrases qu’il venait de composer tout en marchant. À l’aube, il s’acc
5199 ases qu’il venait de composer tout en marchant. À l’ aube, il s’accordait quelque répit, errait sur les quais déserts du po
5200 l’aube, il s’accordait quelque répit, errait sur les quais déserts du port, ou gagnait les forêts qui avoisinent la capita
5201 errait sur les quais déserts du port, ou gagnait les forêts qui avoisinent la capitale. Puis il se remettait à écrire. Ver
5202 rts du port, ou gagnait les forêts qui avoisinent la capitale. Puis il se remettait à écrire. Vers midi, on le voyait parc
5203 ale. Puis il se remettait à écrire. Vers midi, on le voyait parcourir les rues les plus animées de la ville, parlant, rian
5204 ttait à écrire. Vers midi, on le voyait parcourir les rues les plus animées de la ville, parlant, riant et discutant avec l
5205 crire. Vers midi, on le voyait parcourir les rues les plus animées de la ville, parlant, riant et discutant avec les bourge
5206 le voyait parcourir les rues les plus animées de la ville, parlant, riant et discutant avec les bourgeois, avec des jeune
5207 ées de la ville, parlant, riant et discutant avec les bourgeois, avec des jeunes filles, avec des balayeurs, avec le petit
5208 avec des jeunes filles, avec des balayeurs, avec le petit peuple qu’il aimait par-dessus tout. Tout le monde, à Copenhagu
5209 ongs. Mais on savait aussi que cet original était le plus grand écrivain de son pays. Sa première œuvre eut un immense suc
5210 Sa première œuvre eut un immense succès : c’était l’ Alternative, qu’il publia en 1843. La même année parurent deux autres
5211 ès : c’était l’Alternative, qu’il publia en 1843. La même année parurent deux autres ouvrages, signés de pseudonymes (La R
5212 rent deux autres ouvrages, signés de pseudonymes ( La Répétition, Crainte et Tremblement) et deux recueils de Discours édif
5213 e son nom. Mais à mesure qu’il faisait mieux voir le fond chrétien de sa pensée, le public s’écarta, effrayé. Et lorsqu’en
5214 faisait mieux voir le fond chrétien de sa pensée, le public s’écarta, effrayé. Et lorsqu’en 1831, il se mit à attaquer ave
5215 , il se mit à attaquer avec une extrême violence, le christianisme officiel et ses évêques, il se vit abandonné dans la pl
5216 officiel et ses évêques, il se vit abandonné dans la plus complète solitude qu’ait sans doute jamais connue un grand espri
5217 nue un grand esprit. Un an plus tard, accablé par la lutte qu’il menait seul contre tous, il tombait d’épuisement au cours
5218 ’épuisement au cours d’une promenade en ville. On le transporta à l’hôpital où il mourut paisiblement en disant à son seul
5219 ours d’une promenade en ville. On le transporta à l’ hôpital où il mourut paisiblement en disant à son seul ami, le pasteur
5220 il mourut paisiblement en disant à son seul ami, le pasteur Boesen : « Salue tous les hommes de tua part, je les aimais b
5221 à son seul ami, le pasteur Boesen : « Salue tous les hommes de tua part, je les aimais bien, tous… » Le seul événement ext
5222 Boesen : « Salue tous les hommes de tua part, je les aimais bien, tous… » Le seul événement extérieur de sa vie avait été
5223 s hommes de tua part, je les aimais bien, tous… » Le seul événement extérieur de sa vie avait été la rupture de ses fiança
5224 » Le seul événement extérieur de sa vie avait été la rupture de ses fiançailles. Mais l’acte qui résume toute son œuvre, c
5225 vie avait été la rupture de ses fiançailles. Mais l’ acte qui résume toute son œuvre, cet acte après lequel, semblable au p
5226 ourir certain d’avoir accompli sa mission, ce fut l’ attaque qu’il mena contre l’Église établie et contre dix-huit siècles
5227 li sa mission, ce fut l’attaque qu’il mena contre l’ Église établie et contre dix-huit siècles de chrétienté officielle — a
5228 siècles de chrétienté officielle — attaque contre le « monde chrétien » au nom du Christ des évangiles. ⁂ Toute mon activi
5229 r on ne naît pas chrétien, et même on ne peut pas l’ être, il faut sans cesse le devenir, et le devenir dans l’instant de l
5230 et même on ne peut pas l’être, il faut sans cesse le devenir, et le devenir dans l’instant de la foi, qui est l’instant de
5231 eut pas l’être, il faut sans cesse le devenir, et le devenir dans l’instant de la foi, qui est l’instant de l’acte d’obéis
5232 il faut sans cesse le devenir, et le devenir dans l’ instant de la foi, qui est l’instant de l’acte d’obéissance. Cessons d
5233 cesse le devenir, et le devenir dans l’instant de la foi, qui est l’instant de l’acte d’obéissance. Cessons de prendre le
5234 , et le devenir dans l’instant de la foi, qui est l’ instant de l’acte d’obéissance. Cessons de prendre le christianisme « 
5235 ir dans l’instant de la foi, qui est l’instant de l’ acte d’obéissance. Cessons de prendre le christianisme « à bon marché 
5236 nstant de l’acte d’obéissance. Cessons de prendre le christianisme « à bon marché », comme les évêques. Pensée centrale de
5237 prendre le christianisme « à bon marché », comme les évêques. Pensée centrale de l’œuvre énorme de Kierkegaard (40 volumes
5238 n marché », comme les évêques. Pensée centrale de l’ œuvre énorme de Kierkegaard (40 volumes en douze années). Pensée qu’il
5239 . Pensée qu’il défendit et qu’il servit de toutes les forces de son génie universel de poète, de philosophe, d’ironiste et
5240 confort moral, témoignage, discours académiques. L’ évêque Nynster venait de mourir, comblé d’honneurs et de gloire mondai
5241 t de gloire mondaine. Sur sa tombe son successeur le qualifia, selon l’usage, de « grand témoin de la vérité ». Kierkegaar
5242 e. Sur sa tombe son successeur le qualifia, selon l’ usage, de « grand témoin de la vérité ». Kierkegaard écrivit alors un
5243 le qualifia, selon l’usage, de « grand témoin de la vérité ». Kierkegaard écrivit alors un article indigné, qui provoqua
5244 né, qui provoqua un énorme scandale. Il décrivait la vie de Nynster. Était-ce celle d’un témoin de la vérité ? Non, s’écri
5245 la vie de Nynster. Était-ce celle d’un témoin de la vérité ? Non, s’écriait Kierkegaard : Un témoin de la vérité, c’est
5246 rité ? Non, s’écriait Kierkegaard : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est familière avec toute espèce de
5247 rd : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est familière avec toute espèce de souffrance, … un homme qui tém
5248 spèce de souffrance, … un homme qui témoigne dans le dénuement, la misère et l’humiliation, méconnu, déteste, insulté, baf
5249 rance, … un homme qui témoigne dans le dénuement, la misère et l’humiliation, méconnu, déteste, insulté, bafoué — un homme
5250 omme qui témoigne dans le dénuement, la misère et l’ humiliation, méconnu, déteste, insulté, bafoué — un homme qui est flag
5251 s enfin — car c’est bien d’un véritable témoin de la vérité qu’on nous parle — et puis enfin crucifié, décapité, brûlé ou
5252 ié, décapité, brûlé ou rôti sur un gril, jeté par le bourreau dans un endroit écarté, sans être enterré. Voilà un témoin d
5253 oit écarté, sans être enterré. Voilà un témoin de la vérité, sa vie et son existence, sa mort et son enterrement, et l’évê
5254 et son existence, sa mort et son enterrement, et l’ évêque Nynster, nous dit-on, fut un des vrais témoins de la vérité ! E
5255 Nynster, nous dit-on, fut un des vrais témoins de la vérité ! En vérité, il y a quelque chose de plus contraire au christi
5256 et c’est de jouer au christianisme, d’en écarter les dangers, et de jouer ensuite au jeu que l’évêque Nynster était un tém
5257 arter les dangers, et de jouer ensuite au jeu que l’ évêque Nynster était un témoin de la vérité. Cas symbolique aux yeux
5258 te au jeu que l’évêque Nynster était un témoin de la vérité. Cas symbolique aux yeux de Kierkegaard. Il fallait un rappel
5259 e aux yeux de Kierkegaard. Il fallait un rappel à l’ ordre. Il le devint lui-même, de tout son être. Et il savait ce que ce
5260 e Kierkegaard. Il fallait un rappel à l’ordre. Il le devint lui-même, de tout son être. Et il savait ce que cela devait lu
5261 . Et il savait ce que cela devait lui coûter. Car le monde ne tolère jamais la passion spirituelle qui se déclare dans sa
5262 devait lui coûter. Car le monde ne tolère jamais la passion spirituelle qui se déclare dans sa pureté. La plupart des gen
5263 fin de semaine, comme on fait un peu d’ordre dans l’ appartement, reculent bientôt devant l’énormité — l’absence de normes
5264 ordre dans l’appartement, reculent bientôt devant l’ énormité — l’absence de normes — de la vie telle qu’ils la découvrent.
5265 appartement, reculent bientôt devant l’énormité — l’ absence de normes — de la vie telle qu’ils la découvrent. Ils se rendo
5266 ntôt devant l’énormité — l’absence de normes — de la vie telle qu’ils la découvrent. Ils se rendorment, ou bien édifient d
5267 té — l’absence de normes — de la vie telle qu’ils la découvrent. Ils se rendorment, ou bien édifient des systèmes (qu’ils
5268 Ceux qui persistent cependant, s’aperçoivent que l’ entreprise pourrait être mortellement compromettante. Aussi l’histoire
5269 pourrait être mortellement compromettante. Aussi l’ histoire de la pensée n’est-elle peut-être que la chronique de ses ret
5270 mortellement compromettante. Aussi l’histoire de la pensée n’est-elle peut-être que la chronique de ses retraites éloquen
5271 l’histoire de la pensée n’est-elle peut-être que la chronique de ses retraites éloquentes. Très peu vont jusqu’au bout de
5272 nt jusqu’au bout de leur emportement. L’un, c’est la mort accidentelle, l’autre, la folie qui l’abat. Un seul, je crois, p
5273 ement. L’un, c’est la mort accidentelle, l’autre, la folie qui l’abat. Un seul, je crois, parvint dans l’intégrité de sa f
5274 c’est la mort accidentelle, l’autre, la folie qui l’ abat. Un seul, je crois, parvint dans l’intégrité de sa force à une mo
5275 folie qui l’abat. Un seul, je crois, parvint dans l’ intégrité de sa force à une mort que toute son œuvre provoquait et qui
5276 ui vaincue par une telle victime, lui révéla dans les derniers instants le vrai sens, la valeur de destin de la pensée qui
5277 le victime, lui révéla dans les derniers instants le vrai sens, la valeur de destin de la pensée qui aboutissait là. Conte
5278 i révéla dans les derniers instants le vrai sens, la valeur de destin de la pensée qui aboutissait là. Contempler dans sa
5279 ers instants le vrai sens, la valeur de destin de la pensée qui aboutissait là. Contempler dans sa mort la « fin » de sa p
5280 ensée qui aboutissait là. Contempler dans sa mort la « fin » de sa passion et l’accomplissement de sa foi, tel fut le sort
5281 ntempler dans sa mort la « fin » de sa passion et l’ accomplissement de sa foi, tel fut le sort de Kierkegaard, son incomme
5282 a passion et l’accomplissement de sa foi, tel fut le sort de Kierkegaard, son incommensurable grandeur. Un acharnement san
5283 ble grandeur. Un acharnement sans pareil à forcer l’ esprit sur l’obstacle du désespoir et de l’absurdité de l’existence ;
5284 Un acharnement sans pareil à forcer l’esprit sur l’ obstacle du désespoir et de l’absurdité de l’existence ; toute une vie
5285 forcer l’esprit sur l’obstacle du désespoir et de l’ absurdité de l’existence ; toute une vie tendue vers l’impossible, tou
5286 sur l’obstacle du désespoir et de l’absurdité de l’ existence ; toute une vie tendue vers l’impossible, toute une œuvre de
5287 urdité de l’existence ; toute une vie tendue vers l’ impossible, toute une œuvre de sarcasmes précis contre les innombrable
5288 sible, toute une œuvre de sarcasmes précis contre les innombrables tentations d’une religion qui n’est pas Dieu ; et soudai
5289 que ce soit mauvais, ce que j’ai dit, mais je ne l’ ai dit que pour l’écarter, et pour arriver à Alléluia ! Alléluia ! All
5290 is, ce que j’ai dit, mais je ne l’ai dit que pour l’ écarter, et pour arriver à Alléluia ! Alléluia ! Alléluia !82 Deux d
5291 lléluia ! Alléluia !82 Deux documents éclairent le mystère de ce triomphe, le sens dernier de cette vie et de cette mort
5292 ux documents éclairent le mystère de ce triomphe, le sens dernier de cette vie et de cette mort. Le premier est de Kierkeg
5293 tte mort. Le premier est de Kierkegaard : Forcer les hommes à être attentifs et à juger, c’est exactement prendre le chemi
5294 re attentifs et à juger, c’est exactement prendre le chemin du vrai martyre. Un vrai martyr n’a jamais eu recours à la vio
5295 i martyre. Un vrai martyr n’a jamais eu recours à la violence, il combat à l’aide de son impuissance. Il force les hommes
5296 , il combat à l’aide de son impuissance. Il force les hommes à être attentifs. Ah ! Dieu sait s’ils deviennent attentifs, i
5297 s. Ah ! Dieu sait s’ils deviennent attentifs, ils le tuent. Mais c’est là ce qu’il voulait. Il n’a jamais cru que sa mort
5298 c sa mort !83 On trouve le second document dans le journal de l’hôpital où vint mourir Kierkegaard (c’est un interne qui
5299 On trouve le second document dans le journal de l’ hôpital où vint mourir Kierkegaard (c’est un interne qui transcrit les
5300 ourir Kierkegaard (c’est un interne qui transcrit les déclarations du malade) : Il tient sa maladie pour mortelle. Sa mort
5301 aladie pour mortelle. Sa mort serait nécessaire à l’ action à laquelle il a consacré toutes ses forces spirituelles et tout
5302 alors affaiblie. Au contraire sa mort donnera de la force à son attaque, et lui assurera, pense-t-il, la victoire.84 ⁂
5303 force à son attaque, et lui assurera, pense-t-il, la victoire.84 ⁂ De cette œuvre considérable, il ne saurait être quest
5304 rait être question, ici, de résumer ne fût-ce que les thèmes directeurs. Il faut y aller voir dans ses livres traduits, et
5305 ut y aller voir dans ses livres traduits, et dans l’ étude monumentale que Jean Wahl publie ces jours-ci. Mais il sera peut
5306 nt manquer de frapper, de retenir ou de repousser le lecteur non prévenu : la « difficulté » de Kierkegaard et sa dialecti
5307 retenir ou de repousser le lecteur non prévenu : la « difficulté » de Kierkegaard et sa dialectique du sérieux et de l’ir
5308 de Kierkegaard et sa dialectique du sérieux et de l’ ironie. Kierkegaard est difficile parce qu’il est simple. « La pureté
5309 erkegaard est difficile parce qu’il est simple. «  La pureté du cœur, c’est de vouloir une seule chose », écrit-il. Mais ce
5310 s désirs. Il est désespéré, mais c’est à cause de la foi. Et s’il espère, c’est « en vertu de l’absurde », c’est-à-dire de
5311 se de la foi. Et s’il espère, c’est « en vertu de l’ absurde », c’est-à-dire de l’incarnation de Dieu en Christ. On ne peut
5312 c’est « en vertu de l’absurde », c’est-à-dire de l’ incarnation de Dieu en Christ. On ne peut pas le comprendre : on le so
5313 e l’incarnation de Dieu en Christ. On ne peut pas le comprendre : on le souffre. On l’aime, on l’injurie, on se débat sous
5314 Dieu en Christ. On ne peut pas le comprendre : on le souffre. On l’aime, on l’injurie, on se débat sous son regard, on arg
5315 On ne peut pas le comprendre : on le souffre. On l’ aime, on l’injurie, on se débat sous son regard, on argumente contre s
5316 pas le comprendre : on le souffre. On l’aime, on l’ injurie, on se débat sous son regard, on argumente contre sa souffranc
5317 tte capitulation. On n’étudie pas Kierkegaard, on l’ attrape comme une maladie. Cet homme sécrète un poison salutaire, dont
5318 sécrète un poison salutaire, dont nul ne trouvera l’ antidote : qu’il en soit mort, atteste ce fait capital que la pensée h
5319 : qu’il en soit mort, atteste ce fait capital que la pensée humaine ne peut être irrémédiable. Tous les autres, sauf Empéd
5320 la pensée humaine ne peut être irrémédiable. Tous les autres, sauf Empédocle et Nietzsche, ont refusé de signer de leur san
5321 e et Nietzsche, ont refusé de signer de leur sang le pacte qui lie le penseur à Méphisto : expérimentateurs qui se ménagen
5322 nt refusé de signer de leur sang le pacte qui lie le penseur à Méphisto : expérimentateurs qui se ménagent un dernier reto
5323 énagent un dernier retour, guerriers qui déposent les armes avant la décision mortelle. Concession, la raison de Pascal, et
5324 er retour, guerriers qui déposent les armes avant la décision mortelle. Concession, la raison de Pascal, et lors même qu’i
5325 les armes avant la décision mortelle. Concession, la raison de Pascal, et lors même qu’il y renonce : concession, la pitié
5326 ascal, et lors même qu’il y renonce : concession, la pitié parfois presque sadique de Dostoievsky. Oui, même ceux-là ! Mêm
5327 là ! Même ces deux-là qui sont allés si loin dans la passion de l’absolu chrétien, mais seul Kierkegaard en est mort. Une
5328 deux-là qui sont allés si loin dans la passion de l’ absolu chrétien, mais seul Kierkegaard en est mort. Une pureté presque
5329 icité conquise aux dépens de tout ce qui soutient l’ homme contre Dieu. Et cependant, dans le pire désespoir, jamais de déf
5330 soutient l’homme contre Dieu. Et cependant, dans le pire désespoir, jamais de défi, ni d’« hybris ». Pureté du chrétien,
5331 ieux » de Kierkegaard, il est de nature à tromper le lecteur mille manières. On peut se laisser prendre à la fantaisie bar
5332 teur mille manières. On peut se laisser prendre à la fantaisie baroque de certaines paraboles, de certaines ironies polémi
5333 ’aperçoit qu’elles nous jettent en plein drame de l’ existence. Kierkegaard déconsidère le sérieux « humain », par l’ironie
5334 ein drame de l’existence. Kierkegaard déconsidère le sérieux « humain », par l’ironie de l’éternité. L’éternité, pour lui,
5335 ierkegaard déconsidère le sérieux « humain », par l’ ironie de l’éternité. L’éternité, pour lui, est une ironie sur le temp
5336 éconsidère le sérieux « humain », par l’ironie de l’ éternité. L’éternité, pour lui, est une ironie sur le temps, à laquell
5337 e sérieux « humain », par l’ironie de l’éternité. L’ éternité, pour lui, est une ironie sur le temps, à laquelle le temps f
5338 ternité. L’éternité, pour lui, est une ironie sur le temps, à laquelle le temps finira bien par succomber. Mais, ayant tué
5339 pour lui, est une ironie sur le temps, à laquelle le temps finira bien par succomber. Mais, ayant tué en lui toute autre v
5340 t tué en lui toute autre vanité que celle de haïr le temps — c’est là son dépit amoureux — Kierkegaard peut enfin parler a
5341 ard peut enfin parler avec un sérieux total, dont l’ écrivain d’aujourd’hui n’a même plus l’idée. Un de nos meilleurs auteu
5342 otal, dont l’écrivain d’aujourd’hui n’a même plus l’ idée. Un de nos meilleurs auteurs déclarait récemment que le palais de
5343 de nos meilleurs auteurs déclarait récemment que le palais de Versailles manque de sérieux. C’était bien vu. Mais notre a
5344 eux, est seul important, mais tant de gens « font les importants ». Où est la différence ? C’est que le sérieux vrai est en
5345 mais tant de gens « font les importants ». Où est la différence ? C’est que le sérieux vrai est en définitive dans le seul
5346 es importants ». Où est la différence ? C’est que le sérieux vrai est en définitive dans le seul acte de foi, qui jette su
5347 C’est que le sérieux vrai est en définitive dans le seul acte de foi, qui jette sur nos sérieux, poses et amusettes (ou «
5348 infiniment pire qu’une ironie. Car peut-être que l’ acte de foi n’existe pas, n’est qu’une figure de rhétorique pieuse, un
5349 ique pieuse, une illusion, un mythe, un saut dans le vide, etc. Et alors il n’y a plus nulle part de « vrai » sérieux. Mai
5350 ieux dans ma vie tant que je n’ai pas trouvé dans la foi, ou mieux : tant que la foi — qui est don de Dieu — ne m’a trouvé
5351 n’ai pas trouvé dans la foi, ou mieux : tant que la foi — qui est don de Dieu — ne m’a trouvé. Kierkegaard a eu trois des
5352 pirituelles. La première est littéraire : ce sont les dramaturges et les poètes du Nord, dont le plus grand nom est Ibsen.
5353 mière est littéraire : ce sont les dramaturges et les poètes du Nord, dont le plus grand nom est Ibsen. La seconde philosop
5354 sont les dramaturges et les poètes du Nord, dont le plus grand nom est Ibsen. La seconde philosophique : l’école « existe
5355 s grand nom est Ibsen. La seconde philosophique : l’ école « existentielle » d’Allemagne, avec Martin Heidegger et Karl Jas
5356 egger et Karl Jaspers. La troisième théologique : l’ école dialectique, qui sous l’impulsion de Karl Barth est en train de
5357 sième théologique : l’école dialectique, qui sous l’ impulsion de Karl Barth est en train de sauver l’honneur et l’existenc
5358 l’impulsion de Karl Barth est en train de sauver l’ honneur et l’existence même des églises allemandes. Nul ne peut mesure
5359 de Karl Barth est en train de sauver l’honneur et l’ existence même des églises allemandes. Nul ne peut mesurer aujourd’hui
5360 lises allemandes. Nul ne peut mesurer aujourd’hui le développement promis à l’influence de Kierkegaard sur notre temps : o
5361 eut mesurer aujourd’hui le développement promis à l’ influence de Kierkegaard sur notre temps : on le redécouvre après cent
5362 à l’influence de Kierkegaard sur notre temps : on le redécouvre après cent ans, on le traduit partout, on publie sur son œ
5363 notre temps : on le redécouvre après cent ans, on le traduit partout, on publie sur son œuvre des centaines d’ouvrages et
5364 ges et d’articles. Ce qui est certain, c’est qu’à la différence de Nietzsche, personne ne parviendra jamais à « utiliser »
5365 itiques et temporelles. Il se dresse, au seuil de l’ époque comme la plus formidable accusation vivante contre nos lâchetés
5366 orelles. Il se dresse, au seuil de l’époque comme la plus formidable accusation vivante contre nos lâchetés collectivistes
5367 re danois, on peut lire cette inscription nue : «  Le Solitaire ». Le rire et la passion sévère, le ricanement puissant et
5368 ut lire cette inscription nue : « Le Solitaire ». Le rire et la passion sévère, le ricanement puissant et le message d’amo
5369 te inscription nue : « Le Solitaire ». Le rire et la passion sévère, le ricanement puissant et le message d’amour de Kierk
5370 : « Le Solitaire ». Le rire et la passion sévère, le ricanement puissant et le message d’amour de Kierkegaard traversent n
5371 e et la passion sévère, le ricanement puissant et le message d’amour de Kierkegaard traversent notre âge comme cette pierr
5372 ur silence d’éternité. 82. « Alléluia » : Louez l’ Éternel. Kierkegaard avait aussi noté, peu de jours auparavant : « Il
5373 sme, une seule tâche comparable à la mienne. Dans la ‟chrétienté”, elle apparaît pour la première fois. Je le sais, je sai
5374 étienté”, elle apparaît pour la première fois. Je le sais, je sais aussi ce qu’il m’en a coûté, ce que j’ai souffert, je p
5375 qu’il m’en a coûté, ce que j’ai souffert, je puis l’ exprimer par cette seule phrase : ‟Je ne fus pas comme les autres” ».
5376 mer par cette seule phrase : ‟Je ne fus pas comme les autres” ». 83. Point de vue explicatif sur mon activité d’auteur (1
21 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
5377 sont peu de chose », s’écrie Bossuet (Sermon sur la mort, 22 mars 1662). Que dirions-nous alors du sort fait à celui qui
5378 er aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire que l’ homme en général est peu de chose, n’est pas trop humiliant pour qui s
5379 ur qui se flatte d’une image de soi composée dans la solitude : tant qu’on ne s’est pas avoué devant les autres, on peut t
5380 a solitude : tant qu’on ne s’est pas avoué devant les autres, on peut toujours s’estimer singulier, c’est-à-dire supérieur
5381 urs s’estimer singulier, c’est-à-dire supérieur à la masse. Et ce n’est pas encore franchement s’avouer que de se comparer
5382 s’avouer que de se comparer aux seuls humains que le métier ou notre rang social nous met en mesure d’approcher. L’épreuve
5383 notre rang social nous met en mesure d’approcher. L’ épreuve décisive est celle que l’on subit au contact de voisins que ri
5384 ure d’approcher. L’épreuve décisive est celle que l’ on subit au contact de voisins que rien en nous, que rien dans notre v
5385 Ce n’est qu’au prix d’un désordre social — selon les préjugés du régime établi — que ces rencontres deviennent possibles,
5386 t à la fois se reconnaître en vérité et rejoindre l’ humanité. Chômage. — On dit souvent qu’il faut à l’homme un minimum
5387 umanité. Chômage. — On dit souvent qu’il faut à l’ homme un minimum de confort ou d’aisance matérielle pour pouvoir réflé
5388  intellectuel » au chômage absolu, c’est-à-dire à l’ arrêt de la pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel es
5389 el » au chômage absolu, c’est-à-dire à l’arrêt de la pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel est ce certai
5390 t-à-dire à l’arrêt de la pensée, tout au moins de la pensée créatrice. Mais quel est ce certain degré ? À quel niveau plac
5391  ? À quel niveau placer cette limite inférieure ? La question paraît insoluble dès qu’on la pose dans le concret d’une vie
5392 férieure ? La question paraît insoluble dès qu’on la pose dans le concret d’une vie connue. Prenons deux hommes qui furent
5393 question paraît insoluble dès qu’on la pose dans le concret d’une vie connue. Prenons deux hommes qui furent tous deux de
5394 mes qui ont écrit chacun une vingtaine de volumes l’ espace de dix ans : Kierkegaard et Nietzsche. Le premier était riche e
5395 il ne lui restait plus même une chemise entière : les morceaux du bras avant servi à rapiécer les épaules et le plastron. L
5396 ère : les morceaux du bras avant servi à rapiécer les épaules et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite de professeur
5397 aux du bras avant servi à rapiécer les épaules et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite de professeur servait à paye
5398 vant servi à rapiécer les épaules et le plastron. Le peu d’argent de sa retraite de professeur servait à payer ses logeuse
5399 seur servait à payer ses logeuses successives, et les remèdes contre ses effroyables maux de tête. De plus, il était à demi
5400 sent concevoir d’autres buts à leur existence que la recherche d’un gain précaire. Mais à ceux qui ont quelque chose, il f
5401 ceux qui ont quelque chose, il faut rappeler que la recherche du confort est ce qui s’oppose le plus radicalement à toute
5402 r que la recherche du confort est ce qui s’oppose le plus radicalement à toute culture véritable. Île de R. — La nuit !
5403 calement à toute culture véritable. Île de R. —  La nuit ! Je l’avais oubliée à Paris. La nuit des villes n’est pas cette
5404 ute culture véritable. Île de R. — La nuit ! Je l’ avais oubliée à Paris. La nuit des villes n’est pas cette mort opaque
5405 Île de R. — La nuit ! Je l’avais oubliée à Paris. La nuit des villes n’est pas cette mort opaque dont il faut redouter je
5406 ge et circulante, pleine de rumeurs, comparable à la fièvre. Plus lucide souvent que les jours. Ici, tout repose complètem
5407 , comparable à la fièvre. Plus lucide souvent que les jours. Ici, tout repose complètement. Un silence implacable et mat en
5408 omplètement. Un silence implacable et mat enserre l’ homme qui chemine sur la route incertaine, au milieu des menaces origi
5409 implacable et mat enserre l’homme qui chemine sur la route incertaine, au milieu des menaces originelles. Par temps clair,
5410 milieu des menaces originelles. Par temps clair, les étoiles sont très grosses et molles au-dessus du jardin. Mais il arri
5411 et molles au-dessus du jardin. Mais il arrive que le noir soit compact. Je me dirige à peu près le long de l’allée unique,
5412 soit compact. Je me dirige à peu près le long de l’ allée unique, entre les rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou de la
5413 irige à peu près le long de l’allée unique, entre les rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’o
5414 e unique, entre les rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici le
5415 re les rosiers. Je trouve, à tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici les rues du vil
5416 ve, à tâtons, le verrou de la porte du fond, dans l’ odeur des lauriers épais. Voici les rues du village, illuminées comme
5417 e du fond, dans l’odeur des lauriers épais. Voici les rues du village, illuminées comme un décor blanc et vert. Des chiens
5418 soudain en gémissant. J’ai des lettres à porter à l’ autobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et l’écho
5419 utobus. Il faut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et l’écho de mes pas contre les murs des maisons mortes. Je me
5420 aut s’éloigner du village. De nouveau le noir, et l’ écho de mes pas contre les murs des maisons mortes. Je me glisse dans
5421 . De nouveau le noir, et l’écho de mes pas contre les murs des maisons mortes. Je me glisse dans le hangar de la grosse voi
5422 re les murs des maisons mortes. Je me glisse dans le hangar de la grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’à ce que je renc
5423 es maisons mortes. Je me glisse dans le hangar de la grosse voiture et tâte ses flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ouver
5424 re et tâte ses flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ ouverture de la boîte aux lettres. De loin, le village apparaît fantas
5425 flancs jusqu’à ce que je rencontre l’ouverture de la boîte aux lettres. De loin, le village apparaît fantastique : les bec
5426 tre l’ouverture de la boîte aux lettres. De loin, le village apparaît fantastique : les becs de gaz, très bas, éclairent q
5427 ttres. De loin, le village apparaît fantastique : les becs de gaz, très bas, éclairent quelques façades blanches, carrés et
5428 arrés et rectangles détachés violemment au bas de l’ énorme nuit. On ne voit que ces figures géométriques, dominées par le
5429 e voit que ces figures géométriques, dominées par le clocher à toit plat, et des fragments de silhouettes d’arbres devant
5430 , et des fragments de silhouettes d’arbres devant les maisons. La rumeur de la mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouve
5431 ments de silhouettes d’arbres devant les maisons. La rumeur de la mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouveau cet étran
5432 ouettes d’arbres devant les maisons. La rumeur de la mer arrive par bouffées. Puis c’est de nouveau cet étrange écho des p
5433 nouveau cet étrange écho des pas, si proche dans les rues vides, et les mêmes chiens qui reviennent, et pas une âme. « Val
5434 e écho des pas, si proche dans les rues vides, et les mêmes chiens qui reviennent, et pas une âme. « Vallée de l’ombre de l
5435 hiens qui reviennent, et pas une âme. « Vallée de l’ ombre de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » Jamais plus que
5436 eviennent, et pas une âme. « Vallée de l’ombre de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » Jamais plus que dans cette
5437 e de l’ombre de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » Jamais plus que dans cette nuit. Fin de séjour à A… (Gard)
5438 Gard). — Tout est en place. Je garderai toutefois le plan d’aménagement et de décoration des trois chambres du premier éta
5439 ois chambres du premier étage, on ne sait jamais… Les vingt-deux pièces du dessus de cheminée ont été replacées au millimèt
5440 llimètre, dans une symétrie impeccable. Mais tout l’ effet de notre labeur risque d’être détruit par une odieuse malice du
5441 deuxième un lourd sommier pour en faire un divan. L’ escalier est étroit. La descente s’était opérée sans trop de mal lors
5442 er pour en faire un divan. L’escalier est étroit. La descente s’était opérée sans trop de mal lors de notre arrivée. Mais
5443 rs de notre arrivée. Mais nous n’avions pas prévu la remontée ! Épuisés par une demi-heure d’efforts haletants, qui n’ont
5444 ’efforts haletants, qui n’ont abouti qu’à coincer le sommier au tournant, entre la balustrade et les parois de la cage d’e
5445 abouti qu’à coincer le sommier au tournant, entre la balustrade et les parois de la cage d’escalier — au surplus fortement
5446 er le sommier au tournant, entre la balustrade et les parois de la cage d’escalier — au surplus fortement rayées — nous avo
5447 au tournant, entre la balustrade et les parois de la cage d’escalier — au surplus fortement rayées — nous avons couru impl
5448 plus fortement rayées — nous avons couru implorer l’ aide de Simard. « Ce cochon-là » refuse, prétextant une hernie ; sa fe
5449 sa jambe « coupée ». (Bonne occasion pourtant de la décrocher un peu pour toucher davantage à l’assurance !) Il a bien fa
5450 t de la décrocher un peu pour toucher davantage à l’ assurance !) Il a bien fallu se rendre à l’évidence : ce sommier impla
5451 tage à l’assurance !) Il a bien fallu se rendre à l’ évidence : ce sommier implacable restera dans l’escalier comme témoin
5452 à l’évidence : ce sommier implacable restera dans l’ escalier comme témoin des bouleversements que nous avons infligés à la
5453 oin des bouleversements que nous avons infligés à la maison. Pas question d’aller quérir du renfort à A. Il faut encore bo
5454 ler quérir du renfort à A. Il faut encore boucler les valises, descendre mes caisses de livres à la gare, etc., et le train
5455 er les valises, descendre mes caisses de livres à la gare, etc., et le train part dans une heure. Quand la propriétaire re
5456 scendre mes caisses de livres à la gare, etc., et le train part dans une heure. Quand la propriétaire reviendra pour l’été
5457 are, etc., et le train part dans une heure. Quand la propriétaire reviendra pour l’été, elle se heurtera à ce sommier monu
5458 s une heure. Quand la propriétaire reviendra pour l’ été, elle se heurtera à ce sommier monumental dans sa pose scandale et
5459 te des « gens » en général — quand je ne fais que les jauger d’un regard — et sympathie violente, « élan vers », dès que mo
5460 n visage, au corps et aux vêtements, aux mains, à l’ attitude distraite et vraie d’un être isolé près de moi. Je prends le
5461 e et vraie d’un être isolé près de moi. Je prends le métro, malgré l’odeur de buanderie et ce relent de fauves de certains
5462 tre isolé près de moi. Je prends le métro, malgré l’ odeur de buanderie et ce relent de fauves de certains parfums de femme
5463 garder des êtres et vivre un moment auprès d’eux, le temps de trois stations, le temps d’imaginer une rencontre, un échang
5464 moment auprès d’eux, le temps de trois stations, le temps d’imaginer une rencontre, un échange spontané, une de ces décou
5465 lescent — et sûrement ce serait bien autre chose… La femme descend sans se retourner ; l’homme déplie un journal que je n’
5466 autre chose… La femme descend sans se retourner ; l’ homme déplie un journal que je n’aime pas, qu’il a peut-être acheté to
5467 plus pourquoi j’ai eu ce fort désir soudain, dans le métro, de tutoyer mes compagnons de route. Était-ce envie de donner o
5468 le maintenant que j’écris, que c’est profondément le même mouvement, l’amour. La même déception de l’amour, parce rien ne
5469 ’écris, que c’est profondément le même mouvement, l’ amour. La même déception de l’amour, parce rien ne s’est produit, rien
5470 ue c’est profondément le même mouvement, l’amour. La même déception de l’amour, parce rien ne s’est produit, rien ne peut
5471 le même mouvement, l’amour. La même déception de l’ amour, parce rien ne s’est produit, rien ne peut se produire, pour tan
5472 es que nous tous. — Et alors, dira-t-on : « Faire la révolution ! » — Ce substitut, ce renvoi aux calendes de la Grande Co
5473 ion ! » — Ce substitut, ce renvoi aux calendes de la Grande Communication… Montparnasse. — Stupidité triste, parfois ins
5474 , « bagnoles », « Paris-Soir », « on se défend… » La grosse petite bonne qui tire sa robe à fleurs sur le quai désert du m
5475 grosse petite bonne qui tire sa robe à fleurs sur le quai désert du métro, enfin un être vrai. Conclusion. — S’occuper d
5476 uper des « petits-faits-vrais » vaut mieux que de les ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir à les ignorer avec force
5477 faits-vrais » vaut mieux que de les ignorer. Mais l’ excellent, c’est de parvenir à les ignorer avec force, une fois qu’on
5478 es ignorer. Mais l’excellent, c’est de parvenir à les ignorer avec force, une fois qu’on les a bien connus, dans leur réali
5479 parvenir à les ignorer avec force, une fois qu’on les a bien connus, dans leur réalité sordide. Un petit fait vrai vaut plu
5480 embrassée avec force au mépris de soi-même et de l’ utilité. Car elle peut devenir le fait dominateur. En vérité, il n’y a
5481 e soi-même et de l’utilité. Car elle peut devenir le fait dominateur. En vérité, il n’y a pas de faits grands ou petits en
5482 u près digne de ce nom, un fait qui commande tous les autres et qui est la mesure de tout. Quand tu l’auras connu et accept
5483 , un fait qui commande tous les autres et qui est la mesure de tout. Quand tu l’auras connu et accepté — tu es seul à pouv
5484 les autres et qui est la mesure de tout. Quand tu l’ auras connu et accepté — tu es seul à pouvoir le connaître — lève-toi
5485 u l’auras connu et accepté — tu es seul à pouvoir le connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes incongrus et m
5486 seul à pouvoir le connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes incongrus et mécaniques des autres : écoute bien c
5487 ir le connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes incongrus et mécaniques des autres : écoute bien ce qu’ils dis
5488 s autres : écoute bien ce qu’ils disent à travers les paroles qu’ils croient dire : essaie de les comprendre quand ils se p
5489 avers les paroles qu’ils croient dire : essaie de les comprendre quand ils se plaignent ou quand ils rient : tu ne verras,
5490 qui est plus fort que toi. Car il est tout ce que le monde attend, attend de toute éternité pour aujourd’hui et de toi seu
5491 hez son beau-frère. Il était adversaire du prêt à l’ intérêt, condamné par l’église primitive. Il donnait à qui voulait. Ap
5492 tait adversaire du prêt à l’intérêt, condamné par l’ église primitive. Il donnait à qui voulait. Après sa mort, on s’aperçu
5493 on s’aperçut qu’il ne restait que 250 francs dans le coffre. aa. Rougemont Denis de, « Nouvelles pages du Journal d’un i