1 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
1 osophiques, que de théories politiques. Ainsi les mots n’ont plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse — cel
2 uerre : « Qu’on lui coupe la tête ! » — Ainsi nos mots se déforment entre nos mains, nos problèmes se déforment au hasard, c
3 jouer avec des choses vivantes. » ⁂ Prenons cinq mots parmi les plus fréquents dans le langage et les écrits de notre temps
4 ir utilement le parti, si seulement chacun de ces mots avait le même sens pour tout le monde. Ou, parmi plusieurs sens varié
5 parler des 29 sens que Littré donne, pour le seul mot  : esprit, si j’interroge au hasard ceux qui veulent défendre « l’espr
6 es matérialistes, je constate qu’on entend par ce mot tantôt l’intelligence, tantôt le Saint-Esprit, tantôt le luxe des dél
7 ’une hiérarchie naturelle et féconde. Et quant au mot patrie, on le voit confondu, dans les discours et les articles de jou
8 court à créer et aggraver cette crise du sens des mots et de la sémantique vivante. D’une part la somme des échanges écrits
9 en effet aboutissent rapidement à démonétiser les mots . Le vocabulaire des journaux est vague, impropre, sans saveur et sans
10 nce les expressions les plus concrètes. Ainsi les mots perdent leur force et leur délicatesse d’appel. Et les bons écrivains
11 me l’impuissance pratique de notre langue. Si les mots « portaient » réellement, les écrivains seraient moins excités, moins
2 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
12 et parfait. Dans les deux cas, il s’agit du même mot  : transformer ; et il s’agit de transformer en tant que l’on est prop
13 titude totale. (Je dirais bien totalitaire, si le mot n’avait été pareillement perverti par les caricatures séculières de l
14 ens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mot conversion. Obéissant à la Parole que Dieu lui adresse, il reconnaît
15 tes ignorants, ou qui jouent sur les deux sens du mot œuvres (œuvres pies et action concrète). 46. Je parle, bien entendu,
3 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
16 e nous connaissons de leur « histoire » — mais le mot prend ici un sens nouveau — c’est la suite des gestes de Dieu dont il
4 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
17 stituent pas un système, au sens philosophique du mot , mais qu’ils s’impliquent très étroitement les uns les autres, et ne
18 nt que les reflets, diversement réfractés par nos mots . Ils renvoient tous à la question du Christ : « … et toi, maintenant,
19 prévision ? Qui t’assurerait qu’en prononçant ces mots , tu ne prononcerais pas sur toi-même l’arrêt éternel de Dieu te rejet
5 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
20 rions-nous la caractériser maintenant par un seul mot , qui exprime à la fois son manque de coordonnées, d’une part, et, d’a
21 on et de diminution qu’elle favorise en nous : ce mot serait celui d’inactualité, entendu, non pas au sens temporel, mais a
22 s tout de suite, on ne partira jamais. Le jeu des mots traduit ici le jeu des faits. Impossible de parler de l’acte dans un
23 discours sur l’acte contiendra nécessairement des mots tels que « départ », « partir » et « tout de suite ». Tout discours s
24 e faire appel à l’idée de choc, de rupture, en un mot de violence (voir à cet égard Sorel). Il n’y a pas d’évolution créatr
25 e l’acte de penser, au sens plein et cartésien du mot , soit infiniment plus difficile et plus rare qu’on ne se figure commu
6 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
26 us passerez bientôt pour fasciste. On dit que les mots n’ont plus de sens. Ce serait trop beau, ce serait trop facile, ce se
27 it enfin la trêve des démagogues. En réalité, les mots prennent tous les sens qu’on veut dans la bouche des politiciens. Ils
28 ger aux faits. Or, ces mystiques reposent sur des mots . Ces mots suffirent longtemps à départager les opinions réelles : on
29 its. Or, ces mystiques reposent sur des mots. Ces mots suffirent longtemps à départager les opinions réelles : on disait lib
30 ulte que la culture qui joue tant sur le sens des mots et sur leur acception commune, se trouve ruinée par la politique. Et
31 s de problème politique plus urgent que celui des mots  ; et qu’il n’est pas de problème culturel qui ne dépende de la politi
7 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
32 fait, à vrai dire minuscule, qu’une évidence. Les mots que nous disons ou que nous écrivons, nous autres intellectuels, évei
33 e nous ne savons plus prévoir. Littéralement, les mots n’ont plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraient lu
34 dotes locales. Discussion n’est d’ailleurs pas le mot  : c’étaient surtout des questions, des affirmations de partis pris ou
35 nsiste à connaître ces choses, il faut prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’homme dont je parle n’est pas un e
36 ain dimanche, sur le coup de dix heures, le grand mot qui résume cent années d’efforts, de luttes, de sacrifices et d’éloqu
37 oif de Justice et de passion libertaire, ce grand mot sera prononcé, proclamé, acclamé par les travailleurs de Bouillargues
38 . Dans une assemblée populaire, on ne dira pas un mot de tout cela, on s’en tiendra aux clichés du journal. On n’aura pas l
8 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
39 its. (Il peut être d’ailleurs, au sens courant du mot , le plus « pudibond » des bourgeois : un Amiel). Cependant ces remarq
9 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
40 u que les Règles de Descartes, comme on ferait un mot croisé, pour tuer le temps avant un rendez-vous. 19 novembre 1933 Pr
10 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
41 ions ; et ils sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entr’ouverte un instant à la fille de l’auberg
11 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
42 ard traversent notre âge comme cette pierre et ce mot gravé qui ne cessent de nous accuser dans leur silence d’éternité.