1
aume enchanté de l’amour (1936)d Aucun ouvrage
ne
se passe mieux de préface qu’un bon roman. Pourtant la réussite de Ma
2
qu’un bon roman. Pourtant la réussite de Max Brod
n’
est pas seulement de l’ordre romanesque : elle est d’avoir mêlé à un b
3
récision. Le personnage de Garta, dont le lecteur
ne
tardera pas à voir qu’il figure la conscience exigeante, et comme le
4
, ce personnage a vécu dans ce siècle, où son nom
ne
cessera de grandir : Franz Kafka. De cet esprit incomparable — qu’on
5
e résistance que rencontre Kafka parmi nous. Rien
ne
me paraît plus propre à la réduire que le détour auquel a recouru Max
6
ommunicable. Encore faut-il montrer que ce détour
n’
est pas un artifice gratuit. Vieux Pragois lui aussi, Brod fut l’ami
7
ose du larynx dont il mourut à Vienne en 1924. Il
n’
avait publié de son vivant qu’un petit nombre de récits. Mais on trouv
8
ie quotidienne, mais avec une minutie telle qu’on
ne
tarde pas à pressentir que la plupart de nos démarches sous-entendent
9
echerche au moins d’une théologie. Tout cela, qui
n’
est pas exprimé mais voilé et seulement trahi par certaines bizarrerie
10
s certainement à son admiration pour Goethe. Rien
n’
est plus suggestif que cette rencontre en un seul homme de deux influe
11
eul problème : comment devenir chrétien ». Car on
n’
est pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, mais il faut le deven
12
chrétien ». Car on n’est pas chrétien, et même on
ne
peut pas l’être, mais il faut le devenir. Et le problème, alors, devi
13
édent. Y a-t-il des actes ? L’homme d’aujourd’hui
ne
le croit pas. Il croit aux lois, et il se veut déterminé. Or il l’est
14
il se peut qu’il cesse d’être humain. Car l’homme
n’
a d’existence proprement humaine que lorsqu’il participe à la transfor
15
des choses, — à la commune dégradation. Ceux qui
ne
croient pas à l’acte, c’est qu’ils ne connaissent plus aucun chemin.
16
n. Ceux qui ne croient pas à l’acte, c’est qu’ils
ne
connaissent plus aucun chemin. Comment marcher, s’il n’existe pas de
17
naissent plus aucun chemin. Comment marcher, s’il
n’
existe pas de chemin ? disent-ils dans leur suffisance — car on appell
18
a vérité, c’est connaître la vérité, et le Christ
n’
aurait jamais connu la vérité s’il n’avait pas été la vérité ; et nul
19
et le Christ n’aurait jamais connu la vérité s’il
n’
avait pas été la vérité ; et nul homme ne connaît davantage de vérité
20
ité s’il n’avait pas été la vérité ; et nul homme
ne
connaît davantage de vérité qu’il n’en incarne.3 Voici donc le myst
21
et nul homme ne connaît davantage de vérité qu’il
n’
en incarne.3 Voici donc le mystère : s’il n’y a pas de chemin, nous
22
’il n’en incarne.3 Voici donc le mystère : s’il
n’
y a pas de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons p
23
donc le mystère : s’il n’y a pas de chemin, nous
ne
pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de chemin
24
de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si nous
ne
marchons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet se
25
pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il
n’
y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet seule de franchir ce c
26
Nécessité. « Je suis le chemin ». Mais un chemin
n’
est un chemin que si on y marche4. Sinon il n’est qu’un point de vue ;
27
min n’est un chemin que si on y marche4. Sinon il
n’
est qu’un point de vue ; ou bien encore le lieu d’un pur possible, et
28
bilité de l’acte est identique à sa nécessité. Il
n’
y a donc aucun acte possible, aucun acte vrai et vivant en dehors de l
29
vrai dire, en vertu du paradoxe le plus fou. Nous
ne
pouvons agir « qu’en vertu de l’absurde » ; mais cela seul donne un s
30
rophétie de l’éternité qui vient à nous. 2. Il
n’
est d’action que prophétique Qu’est-ce que prophétiser sinon dire l
31
arole qui détermine notre avenir ? Mais la Parole
n’
est dite que dans la foi, la foi n’existe que dans l’acte, et cet acte
32
Mais la Parole n’est dite que dans la foi, la foi
n’
existe que dans l’acte, et cet acte devient alors notre chemin et notr
33
vient alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous
ne
pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche da
34
en créant sa lumière et son chemin5, lumière qui
n’
est pas sa lumière, chemin toujours imprévisible, certitude que devine
35
e dans ce monde ; ils meurent de l’avoir dite, et
n’
ont pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons-
36
chemin est imprévisible ; le nôtre, disons-nous,
n’
est pas celui de ces prophètes. Cependant la question demeure : commen
37
devoir d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de Dieu, —
n’
importe où et n’importe qui, à n’importe quel ordre reçu, et sans null
38
à l’ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’importe où et
n’
importe qui, à n’importe quel ordre reçu, et sans nulle préparation.
39
eçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe qui, à
n’
importe quel ordre reçu, et sans nulle préparation. « Comment un homm
40
me devient-il chrétien ? Tout simplement : prends
n’
importe quelle règle d’action chrétienne, — ose la mettre en pratique.
41
en et le donne aux pauvres, par exemple, ou si tu
ne
possèdes pas de bien, cesse d’en désirer la possession, et vis comme
42
orte d’humour — dans l’aventure de celui que rien
ne
protège et la prudence de celui qui écoute, dans le tourment et dans
43
rité, cachée au plus secret du risque. 3. Nous
n’
avons pas à suivre le chemin, mais bien à l’inventer à chaque pas T
44
mme une personnalité morale de premier plan qu’il
ne
resterait plus qu’à imiter, l’acte demeure un pur possible, un modèle
45
. Se conformer à ce pieux idéal, non seulement ce
n’
est point agir, non seulement c’est limiter par avance le rôle de la f
46
Parce que « le chemin » est invisible tant qu’on
n’
y est pas engagé. Parce que c’est un blasphème de l’homme pieux, du mo
47
éateur —, entre la forme et la transformation. Il
ne
faut pas commencer par l’imitation, mais par la grâce. L’imitation su
48
e Dieu initie. 4. « Par rapport à l’absolu, il
n’
existe qu’un seul temps : le présent »9 Nous ne connaissons rien d
49
’existe qu’un seul temps : le présent »9 Nous
ne
connaissons rien du Christ, du « chemin », en dehors de l’acte de foi
50
mpensable de l’éternité avec notre durée, et l’on
n’
en peut n’en dire sinon qu’il s’est produit, et qu’il peut se produire
51
de l’éternité avec notre durée, et l’on n’en peut
n’
en dire sinon qu’il s’est produit, et qu’il peut se produire sans que
52
nous vivions dans l’obéissance et dans la foi, il
n’
y aurait ni passé ni futur, mais le Jour éternel de la présence à Dieu
53
lgie des temps qui viennent ; c’est pourquoi nous
n’
avons plus d’être que par la foi, « substance des choses espérées », e
54
érées », et c’est pourquoi la Parole, parmi nous,
n’
est que promesse et vigilante prophétie de l’invisible. De Séir, une v
55
ant de sa durée, vit d’acte en acte. Et son temps
n’
est plus son péché, mais on pourrait dire : sa patience. Car il se tie
56
patience. Car il se tient où Dieu l’a mis, et ce
n’
est plus une dérive. Il vit dans la forme du monde, mais il est ce qui
57
ps afin de gagner l’éternité : car je la gagne et
ne
puis plus de toute éternité la renoncer ; et c’est le paradoxe ; mais
58
e courage est celui de la foi. Par la foi Abraham
ne
perdit point Isaac ; c’est par la foi d’abord qu’il le reçut »14.
59
serait création absolue, mais un acte de l’homme
n’
est jamais qu’une rédemption. Distinction de théologien, et qui veut p
60
venir l’orgueil. Mais la vision de celui qui agit
n’
est point un jugement des résultats, — des créatures ; elle n’est pas
61
un jugement des résultats, — des créatures ; elle
n’
est pas davantage appréciation des causes. L’acte n’est jamais conséqu
62
est pas davantage appréciation des causes. L’acte
n’
est jamais conséquence, il est toujours initiation. La vision de celui
63
veut juger de soi selon le succès qu’il remporte,
n’
arrivera jamais à rien entreprendre. Même si le succès pouvait réjouir
64
si le succès pouvait réjouir le monde entier, il
ne
sert de rien au héros ; car le héros n’a connu son succès que lorsque
65
ntier, il ne sert de rien au héros ; car le héros
n’
a connu son succès que lorsque tout était fini ; et ce n’est point par
66
nu son succès que lorsque tout était fini ; et ce
n’
est point par le succès qu’il fut héros, mais par son entreprise »15.
67
l le sait d’une tout autre façon que le désespéré
ne
l’imagine. Parce que le rapport du désespoir à l’acte n’est pas seule
68
agine. Parce que le rapport du désespoir à l’acte
n’
est pas seulement renversement, mais création irréversible. Et cela ti
69
reuve enfin de son moi, — mais il sait bien qu’il
n’
en a pas, ou que son moi est désespoir, c’est-à-dire qu’il n’y croit p
70
ou que son moi est désespoir, c’est-à-dire qu’il
n’
y croit pas et qu’il ne croit à aucun acte. Il vit dans le désir et da
71
espoir, c’est-à-dire qu’il n’y croit pas et qu’il
ne
croit à aucun acte. Il vit dans le désir et dans la nostalgie, et son
72
dans le désir et dans la nostalgie, et son regard
n’
est pas une vision dans un visage, mais une manière de loucher vers «
73
il imagine serait sa mort, — et c’est pourquoi il
n’
y croit pas. Nul n’échappe à la forme du monde. Mais la subir, c’est j
74
a mort, — et c’est pourquoi il n’y croit pas. Nul
n’
échappe à la forme du monde. Mais la subir, c’est justement désespérer
75
ésespérer. Il faudrait donc… la créer ? « L’homme
ne
peut faire qu’une seule chose en toute sobriété, c’est l’absolu »17.
76
où s’agitait la foule confuse et menaçante. Nous
ne
voyons aucun visage ailleurs que dans l’acte d’aimer. 7. Toute voc
77
ourquoi l’homme a un visage et une vision, ce que
n’
ont pas les animaux ; c’est pourquoi l’homme est héroïque. Il faut not
78
é de vocation18. C’est qu’il parle sa vocation et
ne
s’en distingue jamais. Cependant il est hors de doute qu’il eut consc
79
té », à cette « inconcevable illusion des sens »,
ne
s’adressent-ils pas justement à la « vraisemblance » doctrinale d’une
80
oi véritable est celle du solitaire que plus rien
ne
soutient, hors la foi ? « Celui qui ne renonce pas à la vraisemblance
81
plus rien ne soutient, hors la foi ? « Celui qui
ne
renonce pas à la vraisemblance n’entre jamais en relation avec Dieu.
82
i ? « Celui qui ne renonce pas à la vraisemblance
n’
entre jamais en relation avec Dieu. L’audace religieuse, à plus forte
83
de prophétiser « en vertu de l’absurde ». L’homme
ne
peut être déterminé que par son Dieu ou par « le monde », il faut cho
84
un bourgeois. Le bourgeois est sans vocation, il
ne
croit pas à l’acte et il meurt au hasard, sans avoir rencontré person
85
soi-même20. Il vit dans la forme du monde : et ce
n’
est point qu’elle soit pour lui réelle, elle est seulement la moins in
86
le. Mais le chrétien qui marche dans la nouveauté
ne
prend mesure que de ce qu’il transforme. Sa connaissance est acte et
87
incarne. Sur le chemin qui commence à ses pas, il
ne
meurt jamais par surprise : et ce n’est point qu’il ait connu le jour
88
ses pas, il ne meurt jamais par surprise : et ce
n’
est point qu’il ait connu le jour et l’heure, mais il connaît l’instan
89
nt éternel, « le héros meurt toujours avant qu’il
ne
meure »21. C’est le secret dernier de l’acte, et le sceau de l’amour
90
rtains l’ont voulu croire. Chez les hindous, elle
n’
est encore qu’une forme de l’agitation humaine. Pour le chrétien seul
91
lève et tombe avec sa mission » (Karl Barth). Il
n’
a pas de biographie. Rien ne serait plus ridicule que de tenter de fai
92
on » (Karl Barth). Il n’a pas de biographie. Rien
ne
serait plus ridicule que de tenter de faire la psychologie d’un proph
93
11. 12. Lorsque Schopenhauer écrit : « Le temps
n’
a pas son origine dans les choses, mais dans le sujet connaissant », n
94
eois, répondit avec une pertinence géniale : « Je
n’
ai jamais rencontré personne ». 21. Crainte et tremblement. c. Rou
95
cadence des lieux communs (décembre 1936)e Je
ne
trouve pas ce jeu juste du tout, dit Alice. Ils se disputent tous tel
96
ent tous tellement qu’ils vous assourdissent. Ils
ne
suivent pas la règle du jeu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il
97
dissent. Ils ne suivent pas la règle du jeu et je
ne
sais même pas s’ils savent qu’il y en a une. Alice au Pays des Mervei
98
peut penser que notre langue est plus malade que
n’
était le latin à l’époque de la Renaissance24. Le latin de Bembo et de
99
nvention admise par tous les clercs européens. On
ne
saurait en dire autant du langage de nos bons écrivains. Car non seul
100
iques, que de théories politiques. Ainsi les mots
n’
ont plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse — cela s
101
la masse — cela s’est vu en d’autres siècles. Ils
n’
ont plus le même sens pour les divers partis intellectuels — c’est plu
102
llectuels — c’est plus nouveau. Mais surtout, ils
n’
ont plus un sens auquel on puisse se référer et qui fixe vraiment l’us
103
façon, et que les autres trichent ou font défaut.
N’
est-ce pas la partie de croquet dans Alice au pays des merveilles ? Le
104
d’autant plus excessives d’ailleurs que personne
ne
se soucie de les mettre à exécution25. « Vous n’avez pas idée, conclu
105
ne se soucie de les mettre à exécution25. « Vous
n’
avez pas idée, conclut Alice, combien c’est affolant de jouer avec des
106
j’aurais dû croquer le hérisson de la Reine s’il
ne
s’était mis à courir juste au moment où j’allais jouer. » ⁂ Tout le m
107
illier d’auditeurs ; Valéry, Claudel, Gide, Péguy
n’
ont guère eu davantage de lecteurs durant la période de leur vie ou pa
108
cuté par beaucoup plus de personnes que Descartes
n’
en convainquit de son vivant. Cependant les journaux du soir à cinq-ce
109
voilà tout un domaine que l’écrivain digne du nom
ne
contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas. On a dit que cette «
110
aine que l’écrivain digne du nom ne contrôle pas,
ne
forme pas, n’atteint même pas. On a dit que cette « seconde zone cult
111
ivain digne du nom ne contrôle pas, ne forme pas,
n’
atteint même pas. On a dit que cette « seconde zone culturelle » prépa
112
r délicatesse d’appel. Et les bons écrivains, qui
n’
ont pas d’autres armes, se voient privés de tous moyens d’agir. Leurs
113
voient privés de tous moyens d’agir. Leurs coups
ne
portent plus, ne marquent pas dans ce magma inconsistant. Et leurs co
114
tous moyens d’agir. Leurs coups ne portent plus,
ne
marquent pas dans ce magma inconsistant. Et leurs conseils paraissent
115
au milieu d’une rumeur générale, où leurs paroles
ne
sont plus distinguées du bavardage quotidien. Ils se retirent dans le
116
retirent dans leurs appartements. Écrire dès lors
n’
est pour eux que tromper un besoin d’expression qui n’a plus de missio
117
t pour eux que tromper un besoin d’expression qui
n’
a plus de mission réelle. C’est un jeu formel et précis, dont ils sont
118
nt ils sont seuls à connaître les règles. (Encore
ne
sont-ils guère d’accord pour enregistrer les réussites ou les tricher
119
d’exercer aucun contrôle sur son parler, qu’elle
ne
soumet plus à un but unanime. Si bien que les écrivains ne sont plus
120
plus à un but unanime. Si bien que les écrivains
ne
sont plus compris du peuple, et que la langue vulgaire s’encombre d’é
121
t des paroles en plus grand nombre que jamais, et
ne
se disent rien qui compte. « Paroles vaines, serments faux ! » Or, qu
122
ux ! » Or, quand la parole se détruit, quand elle
n’
est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque cho
123
étruit. ⁂ Telle est l’inquiétude des masses. Elle
n’
est pas d’abord matérielle, elle est d’abord cette inquiétude du cœur
124
e innommée et panique partout où l’amitié humaine
n’
a jamais rien noué, rien engagé, rien sacrifié, là où elle n’a pas mêm
125
rien noué, rien engagé, rien sacrifié, là où elle
n’
a pas même laissé les traces d’une coutume ancestrale : dans les ville
126
ancestrale : dans les villes. Mais ce que l’homme
ne
fait pas pour l’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’homm
127
és : déjà, on leur fait des musées. Ou pire : ils
n’
ont jamais été vivants pour cette génération sans but. On nous en donn
128
l que soit leur régime politique. Ainsi la mesure
n’
est plus cette loi qui vit en l’homme réel et personnel, cette allianc
129
i l’ordre qu’ils imposent est arbitraire, ou s’il
ne
mise que sur l’indignité humaine ? Et si la propagande et la publicit
130
a place des lieux communs spirituels et effectifs
ne
nous ordonnent qu’à des fins provisoires ou dégradantes : l’État tota
131
ors cette communauté de réflexes et d’obsession ?
N’
est-elle pas une somme de nos défaites intimes, de nos dénis d’humanit
132
s les cas d’homonymie ou de polysémie. Ainsi l’on
ne
risque pas de confondre le vol à la tire et le vol plané dans la conv
133
que vous vous trompez du tout au tout ; que vous
n’
entendez rien au « devenir dialectique », dont la dictature actuelle n
134
devenir dialectique », dont la dictature actuelle
n’
est qu’un stade nécessaire mais provisoire. Vous voilà rejeté sur le p
135
toire, dans le réel : on vous invite maintenant à
n’
en pas croire vos yeux, qui voient Staline, mais à croire une prophéti
136
e constitution qui renforce encore l’étatisme, et
ne
parle même plus de sa suppression future. Au contraire, il fait fusil
137
fiait donc, précisément, renoncer à la vérité, et
ne
croire plus qu’à la tactique d’un dictateur, lequel changera la vérit
138
r des nécessités pratiques et contingentes, et je
n’
ai pas à porter, ici, un jugement d’allure politique. Mais ce qui est
139
ront-ils que cette méthode figure aux yeux de qui
n’
a pas leur « foi », nécessairement, un simple opportunisme ? Que sert
140
ue sert alors de discuter, de confronter ? « Rien
ne
sera juste à cette balance » (Pascal). Je m’en voudrais d’exploiter l
141
volonté de changer le monde. Or une telle volonté
ne
saurait prendre son élan que dans le sentiment insupportable d’un déf
142
cause » justifie les moyens… Mais alors, comment
ne
pas voir que ce mouvement présente, dans sa forme, avec le mouvement
143
te, tout comme le chrétien, a reconnu que l’homme
n’
existe pas isolément, qu’il est un être « en relation », qu’il est lié
144
rétien, le marxiste croit que la société présente
n’
a pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Ca
145
pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et
ne
le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et fait de l’homm
146
arxiste, aussi bien que pour le chrétien, l’homme
ne
pourra trouver sa plénitude et se « regagner totalement »43 qu’à la f
147
achée et inactuelle, et contre toute activité qui
ne
concourrait pas, d’une façon ou d’une autre, à transformer, à changer
148
de Marx sur Feuerbach affirme : Les philosophes
n’
ont fait jusqu’ici qu’interpréter diversement le monde ; or il s’agit
149
Paul écrit dans sa Lettre aux Romains (12, 2) :
Ne
vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés par le
150
du siècle, — soit la pensée, par une action45 qui
ne
peut être que révolutionnaire. Et cependant l’opposition de Marx et d
151
ue antispiritualiste à la doctrine marxiste On
ne
répétera jamais assez que la doctrine originelle de Marx est avant to
152
ar la volonté de la changer. En particulier, elle
n’
est « matérialiste », au sens vulgaire, que dans la mesure où la menta
153
que lui. C’était une « affaire privée » ; et Marx
n’
a fait que le constater. Elle n’empêchait nullement de faire des affai
154
rivée » ; et Marx n’a fait que le constater. Elle
n’
empêchait nullement de faire des affaires. Ni d’opprimer les ouvriers.
155
soin, ce qui était utile aux maîtres. La religion
ne
semblait plus gêner personne46. Elle sanctionnait et protégeait l’ord
156
ssement même, et non plus ce qui l’eût jugé. Marx
ne
perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à la base d’une pareil
157
’« esprit », car il est incroyant. D’ailleurs, ce
n’
est pas l’« esprit » qu’il veut sauver, mais l’homme, que les spiritua
158
le nier. L’« esprit » du bourgeois spiritualiste
n’
est qu’une caricature, mais ses ravages sont déjà tels qu’on ne peut p
159
caricature, mais ses ravages sont déjà tels qu’on
ne
peut plus songer à rétablir la vérité par des moyens purement spiritu
160
ons matérialisme dialectique, pour indiquer qu’il
n’
est que provisoire, instrumental, qu’il doit servir au bout du compte
161
laquelle contient aussi l’« esprit » — bref qu’il
n’
est en somme qu’une tactique. Faisons de nécessité vertu. Proposons-no
162
adre matériel pour que le contenu se transforme ?
N’
a-t-on pas démontré déjà que la culture, par exemple, n’est qu’un « re
163
on pas démontré déjà que la culture, par exemple,
n’
est qu’un « reflet » du processus économique ? On voit ainsi comment M
164
nt Marx lui-même se prend à son jeu polémique. Ce
ne
fut guère qu’à la fin de sa carrière que son ami Engels en découvrit
165
que parfois nos disciples ont insisté plus qu’il
ne
convenait sur les facteurs économiques. Nous étions forcés d’insister
166
osition à nos adversaires qui le niaient, et nous
n’
eûmes pas toujours le temps ni l’occasion de rendre justice aux autres
167
rsaires à proclamer la primauté du matériel, Marx
ne
se rendit pas compte qu’il allait déchaîner un préjugé absurde, une e
168
alheurs est dans les choses, et non dans lui. (Il
n’
en fut pas conscient, et pourtant il en est responsable, nous reviendr
169
e — et la bourgeoisie donc ! — répète que l’habit
ne
fait pas le moine, et que l’argent ne fait pas le bonheur. Pratiqueme
170
que l’habit ne fait pas le moine, et que l’argent
ne
fait pas le bonheur. Pratiquement, il croit dur comme fer que l’habit
171
endent le contraire, et qui prêchent que l’argent
ne
fait pas le bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui ont l’argen
172
stement parce qu’il fait leur bonheur ! Alors, il
n’
y a plus qu’une seule voie : instituons le plan quinquennal, créons un
173
re plus riches, car l’argent distribué aux masses
ne
manque pas de créer du bonheur. Pour réussir, il faut une discipline.
174
ue le but final est la richesse, mère du bonheur.
N’
est-ce pas là ce que voulait Marx ? Résumons : Marx n’a pas voulu le m
175
t-ce pas là ce que voulait Marx ? Résumons : Marx
n’
a pas voulu le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités de la polémi
176
rer la théorie d’une pratique49. Le christianisme
n’
est pas un programme ; ni, comme le disent certains primaires marxiste
177
de totale. (Je dirais bien totalitaire, si le mot
n’
avait été pareillement perverti par les caricatures séculières de la r
178
te Parole juge « le monde » qui l’a rejetée. Elle
ne
sauve que ceux d’entre les hommes qui refusent totalement ce monde et
179
Occident troublé par un message qu’il méconnaît,
ne
sont que les reflets énigmatiques de cet événement primordial — ses s
180
succédanés temporels, en dérive vers le néant. «
Ne
vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés… » Cel
181
ce siècle présent, mais soyez transformés… » Cela
ne
signifie pas, pour un chrétien, que « le monde » soit abandonné. Cela
182
n chrétien, que « le monde » soit abandonné. Cela
ne
signifie pas qu’une fois opérée cette transformation personnelle que
183
onnelle que l’on nomme la conversion, le chrétien
n’
ait plus qu’à attendre, et à subir en gémissant les lois d’un monde qu
184
es de la « transformation » dont parle Paul. L’un
n’
est pas concevable, sérieusement, sans l’autre. « Toute droite connais
185
», écrit Calvin. Et que serait une obéissance qui
ne
se manifesterait pas ? La transformation personnelle, au sens total d
186
rmation personnelle, au sens total de l’Évangile,
ne
peut donc se traduire, si elle s’est faite, que par une action du chr
187
rti devient transformateur du monde — ou sinon il
n’
est pas converti — mais encore toute transformation de la forme actuel
188
ansformation de la forme actuelle des choses, qui
ne
serait pas l’effet d’une conversion des hommes, ne doit être aux yeux
189
e serait pas l’effet d’une conversion des hommes,
ne
doit être aux yeux du chrétien, qu’une réforme sans grande portée. Vo
190
ensée, de sa vie corporelle ! Précisons, car nous
ne
parlons pas de vérités « purement théologiques » comme le dirait un i
191
chômeurs mourir de faim ? Ce serait prouver qu’on
n’
est pas converti. J’agirai donc, toutefois non pour le monde, et non p
192
onnaissance envers Dieu qui m’a transformé. Si je
n’
avais pas cette reconnaissance, ce serait que j’ignore mon salut. Mais
193
gnore mon salut. Mais si je connais mon salut, je
ne
puis supporter mon péché et ses effets dans le monde réel où vivent l
194
dira-t-on ; mais pouvait-elle être évitée ? Marx
n’
avait-il pas dit qu’il fallait commencer par changer l’ordre matériel,
195
utine et au cynisme des conservateurs. Saint Paul
n’
a pas cette tragique naïveté. Il ne se fâche pas contre l’Empire romai
196
rs. Saint Paul n’a pas cette tragique naïveté. Il
ne
se fâche pas contre l’Empire romain, et ne désigne pas sa destruction
197
té. Il ne se fâche pas contre l’Empire romain, et
ne
désigne pas sa destruction comme premier objectif aux chrétiens. Pour
198
ôte toute liberté, et bientôt leur ôtera la vie !
Ne
faut-il pas « aller au plus pressé », sauver d’abord sa peau, renvers
199
oser que le « parti chrétien » eût triomphé, rien
ne
l’eût empêché de subir le sort fatal des révoltes politiques : il eût
200
leur transformation en Christ, venu au monde. Il
n’
annonçait pas un futur hypothétique, au nom d’une théorie ardue, mais
201
raison refuse, et qu’elle m’ordonne d’ignorer. Je
ne
vois pas les effets d’une telle foi dans l’histoire de notre Occident
202
le foi dans l’histoire de notre Occident52. Si je
n’
ai pas votre foi, je ne les vois pas. Je vois une Église établie, oppr
203
de notre Occident52. Si je n’ai pas votre foi, je
ne
les vois pas. Je vois une Église établie, opprimant toutes les dissid
204
uffit-il à vous nourrir, personnellement, mais ce
n’
est pas cela qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change
205
mesure où le christianisme, aux yeux des masses,
n’
a plus osé se montrer chrétien. C’est que le sel a perdu sa saveur, et
206
’est que la seule espérance véritable et certaine
n’
a plus été prêchée au monde avec une force d’attaque assez gênante et
207
t devenu le gardien des conformismes, ou du moins
n’
a pas su, par excès de prudence, empêcher que les foules le considèren
208
succès de Marx auprès des foules, que le marxisme
n’
est responsable du déclin des Églises dans le monde moderne. C’est pou
209
amment de toutes nos fautes, l’objection marxiste
ne
vaut rien, alors que l’objection chrétienne est imparable. Quand un m
210
contenter d’un changement tout spirituel, et qui
n’
affecte en rien le cours des choses, je suis fondé à lui répondre : «
211
la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on
ne
l’a pas impunément, et si on l’a, cela se voit, des choses changent.
212
ngent. Ce que tu me reproches, c’est, en fait, de
n’
être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc à le devenir davantage, qu
213
cticien ! Si tu dis que le chrétien est celui qui
ne
fait rien, tu prouves simplement que tu ignores tout du christianisme
214
gnores tout du christianisme. » (Je répète que ce
n’
est pas sa faute, à ce marxiste, mais notre faute, et tout d’abord la
215
u marxisme sa déviation matérialiste actuelle, je
ne
passe pas à côté de ce qui est essentiel chez Marx. Je ne critique pa
216
pas à côté de ce qui est essentiel chez Marx. Je
ne
critique pas une erreur contingente. Je ne dis pas : vous n’êtes pas
217
rx. Je ne critique pas une erreur contingente. Je
ne
dis pas : vous n’êtes pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, d
218
pas une erreur contingente. Je ne dis pas : vous
n’
êtes pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, dès l’origine doctr
219
’abord, et le monde par lui. Or une telle volonté
ne
peut conduire qu’à l’excès du matérialisme, non point par la malice d
220
nt complémentaires. D’autres, plus nombreux qu’on
ne
le pense, souhaitent au moins et appellent cette synthèse, paraissant
221
appellent cette synthèse, paraissant redouter je
ne
sais quel malheur pour leur foi, ou pour son « succès », si l’on ne p
222
ur pour leur foi, ou pour son « succès », si l’on
ne
parvient pas à l’opérer. Dans la jeunesse universitaire chinoise et j
223
distinctions décisives. La pratique du communisme
n’
est justiciable, en soi, que d’une critique politique, économique, his
224
e politique, économique, historique, etc.55 Et je
ne
vois pas que le chrétien comme tel ait des lumières particulières sur
225
i, — cent ans, mille ans ou deux-mille ans ? — et
ne
peut exister hic et nunc. Comment l’opposition radicale de ces deux f
226
u coup le Royaume est au-dedans de lui. Cet homme
n’
est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d’ai
227
de ! Mais un homme qui se convertit au communisme
ne
se rattache pas à une Présence actuelle. Il fait un pari dont l’objet
228
e Présence actuelle. Il fait un pari dont l’objet
n’
est pas accessible aujourd’hui. Il mise son action immédiate sur un fa
229
hui. Il mise son action immédiate sur un fait qui
n’
est pas accompli, l’histoire n’ayant jamais connu de réalisation de co
230
te sur un fait qui n’est pas accompli, l’histoire
n’
ayant jamais connu de réalisation de communisme. Ainsi, des deux, c’es
231
: le chrétien véritable…) Le marxiste dit : « Je
ne
table pas sur une foi dans l’invisible, mais sur des faits concrets q
232
t moi je lui montre un homme libéré, tandis qu’il
ne
peut me montrer que quelques conditions préliminaires d’une libératio
233
de venir en aide à son prochain, mais encore rien
ne
peut le satisfaire de ce qu’il obtient, par cet effort, s’il compare
234
ent final. Car cet accomplissement, ou plénitude,
n’
est jamais qu’un futur théorique, — si passionnée que soit l’espérance
235
olution matérialiste. Pour qu’une telle pesanteur
ne
gagne pas sans cesse sur les élans révolutionnaires spasmodiques qui
236
aussi, cela suppose certains moyens d’action qui
ne
sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin seule justifie
237
ciel abstrait. Car le gage de l’action chrétienne
n’
est pas futur, mais éternel et donc présent. Si, pour sauver le futur
238
rucifie le Christ et je m’oppose à son retour. Il
n’
est donc pas d’« opportunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyen
239
rs que sa fin. Tout autre est le cas du marxiste.
N’
ayant pas derrière lui de modèle accompli, ni en lui de Présence souve
240
une « faute » personnelle et actuelle, puisqu’il
n’
y a pas de salut présent ni éternel, puisque le salut n’est pas pour e
241
pas de salut présent ni éternel, puisque le salut
n’
est pas pour eux de toute façon, mais pour les descendants de leurs de
242
x servir dans le communisme ; ou bien il tâche de
n’
agir qu’en chrétien ; mais alors il devient un opposant, un « trotzkys
243
tien est présente en chacun de ses actes, ou bien
n’
est pas ; tandis que la fin dernière du marxiste est un avenir absolum
244
le fait humain total dans un avenir indéfini, et
n’
engage que certaines dispositions de l’être, celles-là précisément que
245
Et j’entends bien que les sacrifices qu’ils font
ne
sont pas seulement « spirituels », entraînent des risques financiers,
246
ésintéressent pratiquement ? Ils me disent : « On
ne
peut pas tout faire ! Quand beaucoup d’hommes seront changés, beaucou
247
lus loin60. La déviation matérialiste du marxisme
ne
doit pas seulement nous inciter à des condamnations toutes théoriques
248
ne des succès du marxisme. Tant que les chrétiens
ne
comprendront pas que leur foi doit se manifester sur tous les plans d
249
ctivité humaine, y compris le plan politique, ils
ne
répondront pas au défi du marxisme, qui s’en trouvera justifié pour a
250
xisme, qui s’en trouvera justifié pour autant. Je
ne
crois pas à une politique chrétienne, déduite une fois pour toutes de
251
aître plus historiquement défini et localisé : je
n’
en donnerai qu’un seul exemple, que je crois actuel entre tous. Tout l
252
els, au service de l’État déifié. Cette situation
n’
est pas sans rappeler celle de l’Empire romain au premier âge du chris
253
u moins s’est modifié notablement : les chrétiens
ne
forment plus des groupuscules obscurs, ils ont constitué des églises
254
Suffira-t-il dès lors de se laisser persécuter ?
N’
avons-nous rien à faire qu’à subir le martyre ? Ou qu’à revêtir vis-à-
255
l’État une attitude d’objecteurs de conscience ?
N’
avons-nous rien que nous-mêmes à sauver, alors que nos erreurs passées
256
le cas présent une complicité. L’État totalitaire
ne
saurait s’instaurer contre l’opinion générale. Celle-ci se laisse séd
257
ue constructif le chrétien peut-il soutenir, s’il
ne
veut pas rester l’objecteur que j’ai dit ? Un protestant, et je préci
258
en effet la plus antitotalitaire par essence. Je
ne
rappelle qu’en passant les dragonnades et les guerres de religion qui
259
époque où la passion totalitaire des gouvernants
n’
avait pas encore pu s’affirmer comme elle le fit sous Louis XIV, nous
260
revêt une forme consciemment fédérative61. Or il
ne
s’agit plus ici de contingences historiques. C’est le fond même de la
261
édéraliste de l’Église, et même de l’État. Calvin
n’
a pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une société théocrati
262
les aujourd’hui : nulle part l’esprit totalitaire
n’
a trouvé moins de complicité et plus de résistance déclarée que dans l
263
r Karl Barth : c’est-à-dire par un calviniste… Je
ne
voudrais pas restreindre la portée de ce fait en l’opposant, comme il
264
vons croire de toute la force de notre foi. Aussi
ne
veux-je tirer de mon exemple qu’une conclusion que je crois valable p
265
« charisme » dont nous sommes responsables. Nous
ne
pouvons donc pas approuver une forme d’État qui, par définition, cont
266
communauté pour tous les hommes qui la composent.
Ne
fût-ce que pour cette seule raison — et j’en ai mentionné plusieurs a
267
j’en ai mentionné plusieurs autres —, un chrétien
ne
peut pas approuver, comme chrétien, la forme politique du communisme6
268
rère, le stalinisme : une guerre de religions qui
ne
sont pas les nôtres. Je prends ici parti contre une telle entreprise,
269
tir. La tragédie de Marx et du marxisme, c’est de
n’
avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérité d
270
songe spiritualiste, la vérité du spirituel. Nous
n’
avons pas à nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contre u
271
, nous les premiers, dévié. « Malheur à moi si je
n’
évangélise ! », disait l’Apôtre. Malheur à moi si je refuse de réalise
272
a tentation spiritualiste. 41. « Le communisme
n’
est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons
273
ns des autres » (Rom., 12, 5). D’autre part, Marx
n’
a pas cessé de critiquer l’« individu isolé et abstrait » (Thèses sur
274
De même pour le chrétien, la foi sans les œuvres
n’
est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n’a jamais dit autre cho
275
s n’est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même
n’
a jamais dit autre chose, contrairement aux affirmations de polémistes
276
qu’elle lui apparaissait dans le corps social. Je
n’
oublie pas que la même époque a vu le grand réveil piétiste. 47. « L’
277
nd réveil piétiste. 47. « L’armée de la critique
ne
peut évidemment remplacer la critique des armes » (Marx, Critique de
278
e hégélienne). Il faut en user, certes, mais elle
ne
suffit pas. « Être radical consiste à attaquer le mal dans la racine.
279
ch. On peut y lire une phrase qui prouve que Marx
ne
prétendait nullement négliger les facteurs humains personnels, sans q
280
urs humains personnels, sans quoi le matérialisme
ne
serait pas « dialectique ». « La coïncidence de la modification des c
281
’activité humaine, ou transformation personnelle,
ne
peut être rationnellement comprise que comme une activité révolutionn
282
49. Selon Karl Barth, par exemple, la dogmatique
n’
est qu’une question perpétuelle, une autocritique si l’on veut, que l’
283
sur Dieu est nécessairement inadéquate en soi, et
ne
peut être qu’un renvoi à la Révélation seule parfaite, à Jésus-Christ
284
n seule parfaite, à Jésus-Christ. La « doctrine »
n’
est ainsi qu’une mesure critique que l’Église prend de son message sou
285
à son fondement, à son contenu et à son but. Elle
ne
présente rien que l’on puisse comparer, fût-ce le plus superficiellem
286
t dire ici : « tendre vers… » 51. Ma supposition
n’
est pas toute gratuite : elle s’est réalisée plus tard sous Constantin
287
ismes partout où l’esprit démissionne ! 52. « Je
ne
vois jamais le christianisme devenir révolutionnaire ! » S’exclamait
288
secondaire. » Et Henri de Man : « Je crois qu’il
n’
y a jamais eu de tentative révolutionnaire qui n’ait été d’origine chr
289
n’y a jamais eu de tentative révolutionnaire qui
n’
ait été d’origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, ce
290
ionnaire qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il
n’
y a pas de socialisme en Asie, cela tient à l’absence du christianisme
291
apon a été fondé par un chrétien, Kagawa. 53. Je
ne
dis pas « les conditions physiques et spirituelles en ce qu’elles ont
292
out l’essentiel ! — Je dis que toute doctrine qui
ne
tient pas compte d’une de ces conditions conduit nécessairement soit
293
la pesanteur du péché. Tandis qu’à l’inverse, on
ne
saurait établir que la sécularisation du christianisme résulte nécess
294
de Dieu, Jésus leur répondit : Le Royaume de Dieu
ne
vient pas de manière à frapper les regards et l’on ne dira pas : il e
295
ient pas de manière à frapper les regards et l’on
ne
dira pas : il est ici, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume
296
part de nos trahisons viennent de ceci : que nous
n’
acceptons pas de tout soumettre aux volontés de Dieu. Nous réservons c
297
n apparence à la critique marxiste. En vérité, il
ne
donne tort qu’à l’homme, non à la foi dont l’homme refuse les ordres.
298
es. 58. Je prends l’expression dans ce sens, qui
n’
est pas le sens jésuite courant : que la fin seule doit indiquer les m
299
ce, — ou à l’essence de la fin souhaitée. 59. Je
ne
cède pas ici à l’imagerie polémique des bourgeois, aux yeux desquels
300
chez nous, en général, l’élite de leur classe. Je
ne
les traite pas de menteurs, d’hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant
301
peu qu’elle soit censée défendre l’URSS). 60. Je
n’
entends pas porter ici un jugement quelconque sur les groupes dits d’O
302
ment quelconque sur les groupes dits d’Oxford. Je
ne
les cite qu’au seul titre d’exemple topique. 61. Le rédacteur de cet
303
sonnelle de Calvin dans l’élaboration du document
ne
fait pas de doute. « C’est, dit F. de Schickler, une constitution trè
304
« Il se lève et il tombe avec sa mission. » Nous
ne
savons rien du reste de sa vie, et n’avons nul besoin d’en rien conna
305
ion. » Nous ne savons rien du reste de sa vie, et
n’
avons nul besoin d’en rien connaître pour reconnaître la portée de son
306
message puisque c’est le message de Dieu. Jérémie
n’
eût été qu’un berger bègue si l’Éternel n’avait parlé par lui. Voici q
307
Jérémie n’eût été qu’un berger bègue si l’Éternel
n’
avait parlé par lui. Voici qui est digne de remarque : le seul détail
308
imer. Non seulement rien d’historiquement notable
ne
le prédestinait à jouer le rôle d’un grand prophète, — les psychologu
309
de la biographie d’un homme que l’Éternel choisit
n’
est pas moins vrai de l’histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi
310
porteurs eux aussi d’une mission que rien en eux
ne
semblait préparer. On peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas e
311
préparer. On peut le dire sans paradoxe : Israël
n’
eût pas eu d’histoire sans la promesse que Dieu fit à Abraham. Cette t
312
: le jamais vu, ce qu’aucun autre peuple au monde
n’
a jamais pu seulement imaginer, ce qui ne répond à nul besoin historiq
313
au monde n’a jamais pu seulement imaginer, ce qui
ne
répond à nul besoin historiquement déterminé… L’histoire, au sens hég
314
ude facile nous permet de l’imaginer : l’histoire
n’
a pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n
315
e raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il
n’
avait pas été « élu », eût évolué d’une autre sorte que tant de tribus
316
de la coutume pastorale des temps d’Abraham. Nous
ne
possédons pas un renseignement d’ordre profane, qui nous explique pou
317
issance imprévue et humainement imprévisible, qui
ne
fut jamais immanente aux conditions médiocres des Hébreux. Ce que nou
318
veau — c’est la suite des gestes de Dieu dont ils
ne
furent que les instruments. Mais les instruments indociles ! Ce qui e
319
’une vocation et d’un destin, hors de laquelle on
ne
peut rien comprendre de ce qui touche à la nation des Juifs. Destin n
320
ieu l’élise. Désormais sa voie est fixée, mais ce
n’
est plus sa « propre » voie. Il vient de Dieu, il va vers Dieu, et c’e
321
s courant. Mais le conflit de la foi et de la vue
n’
est en somme qu’un autre aspect du conflit de la vocation et du destin
322
» qui se voient par trop négligés au profit d’on
ne
sait quel futur. Et une angoisse contre laquelle il est fatal que l’o
323
t dès qu’Israël cesse de croire à ce que ses yeux
ne
peuvent voir, et qui pourtant fait toute sa grandeur, c’est la révolt
324
non seulement tout geste, mais toute pensée. Rien
n’
est plus neutre ou laissé au hasard, tout est « mesuré » et jugé dans
325
eu personnel, unique, éternel, transcendant. Elle
n’
est pas le produit normal d’une évolution historique fécondée et crist
326
toute mesure humainement concevable, puisqu’elle
ne
tire pas son origine de circonstances ou de personnes nécessairement
327
es nécessairement imparfaites ou partielles. Elle
ne
laisse aucune contingence, ni aucune possibilité de retrait ou de dép
328
d’où elle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui
n’
est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus d’obéissance, et imaginat
329
pensée, si belle ou si féconde qu’elle soit, qui
ne
puisse être consacrée au ministère sacerdotal du peuple élu. Idole, t
330
tère sacerdotal du peuple élu. Idole, tout ce qui
n’
est pas ordonné à la fin que les prophètes annoncent sans relâche. Mai
331
a venue, et qui seul lui donnait son sens… ⁂ Rien
ne
me paraît plus propre à confirmer cette interprétation de la Loi, com
332
ctions et les paroles ont été conformes. » Car il
n’
a pas seulement formulé des lois justes, complètes et très détaillées,
333
rmi nous une admirable conformité, parce que rien
n’
est si capable de la faire naître et de l’entretenir, que d’avoir les
334
ère de vivre, et dans les mêmes coutumes ; car on
n’
entend point parmi nous parler diversement de Dieu, comme il arrive pa
335
re pauvre, mais fidèle Un homme du xxe siècle
ne
peut, me semble-t-il, qu’éprouver une sorte d’effroi au spectacle d’u
336
le foisonnement et la diversité, et toute mesure
ne
serait à nos yeux qu’une occasion de dépassement… Oui, la Richesse es
337
puis coupés de toute base commune, en viennent à
ne
plus même pouvoir communiquer, ni s’animer les uns les autres, chacun
338
Que devient en effet la culture, dans un monde où
n’
est tolérée que « la seule chose nécessaire ? » L’homme qui a une voc
339
chose nécessaire ? » L’homme qui a une vocation
n’
est pas bon à autre chose. Israël portait dans son sein l’avenir relig
340
e, proclamait que la justice à l’ancienne manière
ne
devait jamais être sacrifiée.68 Ainsi toute tentative de culture pr
341
omble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce
n’
est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eu
342
e. Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce
ne
sont pas les moyens en eux-mêmes mais les moyens mesurés par la fin.
343
ar le deuxième et le troisième commandement. « Tu
ne
te feras pas d’image taillée, ni de représentation des choses qui son
344
Cela condamne toute espèce d’art plastique. « Tu
n’
auras pas d’autres dieux devant ma face » — cela condamne la mythologi
345
cience purement technique : la sagesse de Salomon
n’
est pas une connaissance des « causes » mais bien des « signatures » n
346
s » mais bien des « signatures » naturelles. Elle
ne
veut pas utiliser les choses, mais distinguer en elles les intentions
347
que l’on nous reproche comme un grand défaut, de
ne
nous point étudier à inventer des choses nouvelles, soit dans les art
348
les ont été parfaitement bien établies, puisqu’il
n’
y a que celles qui n’ont pas cet avantage que l’on soit obligé de chan
349
ent bien établies, puisqu’il n’y a que celles qui
n’
ont pas cet avantage que l’on soit obligé de changer, lorsque l’expéri
350
soin d’en corriger les défauts. Ainsi, comme nous
ne
doutons point que ce ne soit Dieu qui nous a donné ces lois par l’ent
351
éfauts. Ainsi, comme nous ne doutons point que ce
ne
soit Dieu qui nous a donné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrio
352
entremise de Moïse, pourrions-nous, sans impiété,
ne
nous pas efforcer de les observer très religieusement ? Et quelle con
353
s sont établis pour veiller sans cesse à ce qu’il
ne
se fasse rien qui y soit contraire, et que toutes choses ne sont pas
354
e rien qui y soit contraire, et que toutes choses
ne
sont pas mieux réglées le jour d’une fête solennelle, qu’elles le son
355
les idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui
n’
a pas cru à sa victoire, et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-à-d
356
ans Messie, il se fait précurseur des messies qui
ne
viendront pas… Héritage d’Israël Le christianisme par sa natur
357
cle, et menacent aujourd’hui de la détruire74. Il
ne
saurait être question de retracer ici dans son ensemble l’évolution d
358
ne église minoritaire, en butte à la persécution,
ne
suffit pas à expliquer les ressemblances si souvent signalées entre l
359
d’une mission au sein d’un monde pécheur que Dieu
n’
abandonne pas. De même que la loi de Moïse maintenait le peuple juif,
360
assumer l’office : usant de ces richesses « comme
n’
en usant pas », au nom et par la charge du Seigneur qui est venu, et q
361
lus ancien, et qu’il est d’origine judaïque78. Ce
n’
est pas ici le lieu de prendre parti entre ces deux explications d’un
362
non pas même Marx, quoi qu’on en pense souvent —
n’
a su définir clairement. Mais je retiens que l’une et l’autre hypothès
363
ès avant sa naissance et ses œuvres ? Ce problème
n’
est pas gratuit : il touche au cœur de la foi réformée. Or c’est lui j
364
ostérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin. Dieu
n’
a point rejeté son peuple qu’il a connu d’avance » (c’est-à-dire préde
365
prédestiné) (Rom., II, 1-2). Cependant, « Israël
n’
a point obtenu ce qu’il cherche : mais les élus l’ont obtenu et les au
366
leur amoindrissement la richesse des païens, que
ne
fera pas leur complet relèvement ! » (v. 12). « En effet, je ne veux
367
ur complet relèvement ! » (v. 12). « En effet, je
ne
veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne p
368
s, que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous
ne
présumiez trop de votre sagesse : c’est qu’une partie d’Israël est to
369
tion79 — est réellement inamissible, c’est-à-dire
ne
peut être perdue, même si celui qui en est l’objet s’y oppose de tout
370
s le respect religieux qu’on lui porte. Peut-être
n’
est-il pas excessif de voir dans cette passion contradictoire le secre
371
ne qui apparurent périodiquement au Moyen Âge. Je
ne
sais si cette explication vaudrait encore pour l’antisémitisme des hi
372
t encore pour l’antisémitisme des hitlériens, qui
n’
en serait en tout cas que le plus impur exemple. Il reste que la chrét
373
exemple. Il reste que la chrétienté non seulement
ne
pourra jamais se désintéresser du sort des Juifs, éternellement lié a
374
ore qu’elle se doit de juger Israël autrement que
ne
fait « le monde ». Ce n’est pas au nom d’intérêts passagers que nous
375
ger Israël autrement que ne fait « le monde ». Ce
n’
est pas au nom d’intérêts passagers que nous avons à prendre position,
376
s nationalistes. Le drame est bien plus vaste que
ne
peuvent le concevoir nos polémiques. Et son issue ne dépend ni de nou
377
peuvent le concevoir nos polémiques. Et son issue
ne
dépend ni de nous seuls, ni d’eux seuls. On dit : les Juifs sont ceci
378
64. Il faut bien voir que le « racisme » juif
n’
est justifié à l’origine que par la vocation spirituelle de ce peuple.
379
que par la vocation spirituelle de ce peuple. Il
n’
est pas du tout biologique. Il ne le devient qu’accessoirement, à mesu
380
de ce peuple. Il n’est pas du tout biologique. Il
ne
le devient qu’accessoirement, à mesure que l’on prend les « signes »
381
tres) était tenu par les sacrificateurs. « Et ils
n’
en épousaient point qui aient été captives, de peur qu’elles n’aient e
382
nt point qui aient été captives, de peur qu’elles
n’
aient eu quelque commerce avec des étrangers. Peut-il y avoir rien de
383
privent de tous droits civiques les personnes qui
ne
peuvent prouver par les registres la pureté de leurs origines : c’est
384
cerdoce » national. On voit ainsi que l’eugénisme
n’
est pas le seul motif de la législation raciste. 65. Sur l’importance
385
x de pouvoir donner ci-après un développement qui
n’
avait pas sa place dans mon livre. 66. La rédaction des livres mosaïq
386
es, des Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible
n’
a pas d’autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, a
387
te, devient humaine, contingente et partielle, et
n’
étant plus totale, se veut encore totalitaire, on a l’État-nation-Poli
388
it absurde de rendre Israël responsable de ce qui
n’
est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire. 75. Cf.
389
ois religions ! 79. Calvin, toujours soucieux de
ne
pas spéculer arbitrairement sur les textes, note en effet cette restr
390
tes, note en effet cette restriction : « Et aussi
ne
faut-il pas entendre ceci de toute vocation, mais de celle par laquel
391
est faite la Réforme ? D’autres, moins exigeants,
n’
hésitent pas à soutenir que Luther fut un démagogue, un exploiteur de
392
e d’un critique littéraire connu, dont les revues
n’
hésitèrent pas lorsqu’il parut (en 1936) à louer la mesure et la série
393
’ont professés MM. Jean Baruzi et E. Gilson, pour
ne
rien dire — mais cela va de soi — de l’activité des professeurs de do
394
facultés françaises de théologie protestante. Il
n’
en reste pas moins que l’ignorance ou la méconnaissance courantes à l’
395
ublic français en état d’infériorité assez grave,
ne
fût-ce que sur le plan de la culture générale. Car ignorer ou méconna
396
vec Érasme et sa Diatribe (souvent personnifiée),
n’
est en fait que le support apparent d’une réflexion de plus vaste enve
397
ls sont les thèmes qu’illustre cet ouvrage. S’ils
n’
y sont pas traités en forme, c’est qu’ils ne constituent pas un systèm
398
S’ils n’y sont pas traités en forme, c’est qu’ils
ne
constituent pas un système, au sens philosophique du mot, mais qu’ils
399
mpliquent très étroitement les uns les autres, et
ne
peuvent être mieux saisis que dans l’unique et perpétuelle question q
400
Bible. Ils renvoient tous à une réalité dont ils
ne
sont que les reflets, diversement réfractés par nos mots. Ils renvoie
401
la ? » — Si tu le crois, si tu as reçu la foi, il
n’
est plus rien de « difficile » dans les assertions de Luther, ni dans
402
tion joyeuse du libre arbitre. Ses coups violents
n’
ébranlent plus que le « vieil homme », celui qu’il nous faut dépouille
403
dmis, parfois même prêchés. Le laïcisme moraliste
n’
en a pas du tout le monopole : tout catholique se doit, en bonne logiq
404
ugué par le style, par le ton de l’ouvrage. (Nous
ne
savons que trop bien, nous modernes, séparer le fond de la forme, adm
405
urter de front le lecteur incroyant, ou celui qui
ne
partage pas la foi de Paul et des Apôtres. D’abord, le langage scolas
406
des Apôtres. D’abord, le langage scolastique, qui
n’
est pas proprement luthérien, mais que Luther est obligé d’utiliser po
407
reflets dans la conscience du spectateur.) Ce qui
ne
manquera pas de faire crier au dogmatisme. Tout se passe ici « à l’in
408
— dont il pouvait en l’occurrence, l’accabler. On
ne
saurait souligner trop fortement ce trait : c’est encore en théologie
409
d Une conscience moderne. — Selon Luther, nous
n’
avons aucune liberté, car en réalité, Dieu a tout prévu, et rien n’arr
410
berté, car en réalité, Dieu a tout prévu, et rien
n’
arrive que selon sa prévision. Luther ne pose pas seulement l’omnipote
411
, et rien n’arrive que selon sa prévision. Luther
ne
pose pas seulement l’omnipotence, mais l’omniscience et la prescience
412
niscience et la prescience éternelle de Dieu, qui
ne
peut faillir à sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’oppose. Que d
413
eut faillir à sa promesse, et auquel nul obstacle
ne
s’oppose. Que devient alors notre effort ? Il ne sert plus de rien. N
414
ne s’oppose. Que devient alors notre effort ? Il
ne
sert plus de rien. Nous n’en ferons plus ! Nous refusons de jouer si,
415
lors notre effort ? Il ne sert plus de rien. Nous
n’
en ferons plus ! Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur a é
416
ce, le vainqueur a été désigné par un arbitre qui
ne
tient pas compte de nos exploits ! Un luthérien. — Mais connais-tu s
417
st-ce qu’agir ? Est-ce vraiment toi qui agis ? Ou
n’
es-tu pas toi-même agi par de puissantes forces sociales, historiques
418
es, historiques et économiques ? Toute ta science
ne
s’occupe-t-elle pas, justement, à les découvrir ? Au besoin, à les in
419
l ? Comment la chair tuerait-elle l’Esprit ? Elle
ne
peut tuer que l’idée fausse qu’elle s’en formait… Mais tu affirmes qu
420
voit tout, tu es alors dispensé d’agir, et que ce
n’
est plus la peine de faire aucun effort. C’est peut-être mal raisonner
421
er. Si ton effort aussi était prévu ? Pourrais-tu
ne
pas le fournir ? Et si tu décidais : « je suis, donc Dieu n’est pas !
422
ournir ? Et si tu décidais : « je suis, donc Dieu
n’
est pas ! »32 qui t’assurerait que cet acte de révolte échappe à l’éte
423
? Qui t’assurerait qu’en prononçant ces mots, tu
ne
prononcerais pas sur toi-même l’arrêt éternel de Dieu te rejetant ver
424
etant vers le néant, en sorte que Dieu, vraiment,
n’
existe plus pour toi ? Fermer les yeux sur une réalité, ce n’est pas l
425
us pour toi ? Fermer les yeux sur une réalité, ce
n’
est pas la supprimer en fait. Mais c’est peut-être se priver de son se
426
une au salut, l’autre à la damnation. Être damné,
ne
serait-ce pas justement être rivé au temps sans fin, et refuser l’éte
427
nous de l’éternité ? Les philosophes et la raison
ne
peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la V
428
ble nous dit qu’elle est la Vie, et que notre vie
n’
est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éternité est quelque
429
se d’immobile, de statique ? Qui nous dit qu’elle
n’
est pas au contraire la source de tout acte et de toute création, une
430
mystère plus profond que notre vie, et la raison
n’
est qu’un faible élément de notre vie. C’est un mystère que le croyant
431
m de sa promesse, une prière précise et instante,
ne
vit-il pas ce paradoxe et ce mystère : croire que « l’Éternel est viv
432
il décide ou de ce qu’il décidera ? Car l’Éternel
ne
connaît pas de « temps », il n’est pas lié comme nous à une successio
433
a ? Car l’Éternel ne connaît pas de « temps », il
n’
est pas lié comme nous à une succession. Mais au contraire, nos divers
434
hilosophiques » et notre crainte du « fatalisme »
ne
reposent pas, le plus souvent, sur cette erreur des plus grossières ?
435
rmer que seul existe notre temps. Dans ce cas, tu
n’
as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce qui est essentiel ; on l
436
temps. Dans ce cas, tu n’as rien prouvé. L. — On
ne
prouve rien de ce qui est essentiel ; on l’accepte ou on le refuse, e
437
le refuse, en vertu d’une décision pure. Discuter
ne
peut nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pa
438
s conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous
n’
aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du
439
: c’est l’Éternel qui commande — ou c’est moi. Il
n’
y a pas là de difficultés intellectuelles. Il n’y a que la résistance
440
l n’y a pas là de difficultés intellectuelles. Il
n’
y a que la résistance acharnée du « vieil homme », et les prétextes to
441
lui-même, — il me paraît que l’opinion de Luther
n’
est pas sujette à de sérieuses objections. Et la démonstration puremen
442
r le chrétien, la vérité d’un paradoxe que Luther
n’
a pas inventé, mais qui est au cœur même de l’Évangile. L’apôtre Paul
443
Pères et tous les siècles dont se réclame Érasme
n’
y changeront rien : « Travaillez à votre salut avec crainte et tremble
444
ons en lui, et en lui seul, la liberté. Mais cela
n’
apparaît qu’à celui qui ose aller jusqu’aux extrêmes de la connaissanc
445
cet « extrémisme » évangélique, que les sophistes
n’
étaient que trop portés à corriger et à « humaniser », au risque d’« é
446
r », au risque d’« évacuer la Croix ». Tant qu’on
n’
a pas envisagé la doctrine de la pure grâce jusque dans son sérieux de
447
te extrême — pour nous sauver, fait voir que nous
n’
avons aucune liberté, par nous-mêmes, dans notre péché. Et à l’inverse
448
fond de la connaissance du péché pour voir qu’il
n’
y a de liberté possible que dans la grâce que Dieu nous fait. Toute l’
449
tout est clair lorsque l’on a compris que Luther
ne
nie pas du tout notre faculté de vouloir, mais nie seulement qu’elle
450
e est psychologie, littérature et scolastique. Il
n’
en reste pas moins qu’aux yeux de la raison — cette folle, comme le ré
451
aiment à la difficulté ; ou si, au contraire, ils
ne
la retrouvent pas, mais dans un plan où elle reste insoluble. Érasme
452
du paradoxe luthérien et du paradoxe nietzschéen
ne
saurait être ramenée à quelque influence inconsciente, encore bien mo
453
œuvres complètes, le réformateur répondit : « Je
ne
reconnais aucun de mes livres pour adéquat, si ce n’est peut-être le
454
reconnais aucun de mes livres pour adéquat, si ce
n’
est peut-être le de servo arbitrio et le Catéchisme. » 31. Luther ave
455
autres, un commun dénominateur d’erreur, que nous
ne
pourrions définir qu’en sortant du plan sur lequel ils voulaient nous
456
uvre constructive. Les quelques pages qui suivent
n’
ont d’autre but que d’en indiquer le principe de permanente actualité.
457
isément ce sentiment de bonne conscience que nous
ne
pouvons plus éprouver en présence de la plupart des philosophies de n
458
nous nous sentons repoussés par quelque chose qui
ne
peut être facilement nommé, parce que cela affecte, peut-être, notre
459
cela affecte, peut-être, notre tout. Nos analyses
ne
nous donnent en elles-mêmes et d’une façon précise rien de suffisant
460
correspondances avec notre situation concrète. Ce
n’
est pas leur abstraction qui nous inquiète, loin de là, c’est bien plu
461
autarchie, et qu’il puisse se donner des lois qui
ne
tiennent plus compte de la crise du monde, et de celle de l’esprit da
462
oordonnées du moment, c’est dire que son exercice
n’
engage plus à rien, concrètement. D’où ce sentiment, quand nous voulon
463
ver diminués dans notre énergie totale. La pensée
n’
est plus le moteur de l’action ; au contraire, elle tourne à ses dépen
464
ffrons est une pensée débrayée. Un moteur débrayé
n’
en ronfle que mieux, d’ailleurs, et fait plus de bruit qu’en « prise »
465
lité d’une certaine pensée critique, aujourd’hui,
ne
donne-t-elle pas exactement cette impression ? Ne pourrions-nous la c
466
ne donne-t-elle pas exactement cette impression ?
Ne
pourrions-nous la caractériser maintenant par un seul mot, qui exprim
467
ns le monde plus d’actualité que nos philosophies
n’
en peuvent concevoir. Et s’il y a du désordre, c’est que ces philosoph
468
tout de même moins inopérantes que souvent elles
ne
voudraient l’être. Mais, chose étrange, la raison pour laquelle le dé
469
hose étrange, la raison pour laquelle le désordre
n’
est pas total, c’est la raison même de ce désordre : c’est la rupture
470
t état d’équilibre entre le microbe et la maladie
ne
peut mener qu’à une consomption lente, ou à des accidents violents, c
471
pourrions-nous maintenant en rendre compte ? Nous
ne
disons pas : comment pourrions-nous le définir, nous disons seulement
472
et en quelque sorte négative. Car, en vérité, il
n’
y a pas pour nous de problème de l’acte mais il y a problème de ce qui
473
ce qui s’oppose à l’acte. (En d’autres termes, il
n’
y a pas de problème de la personne, mais bien des « choses », de l’imp
474
l’impersonnel.) L’acte, étant immédiat au sujet,
ne
peut pas, sans cesser d’être acte, être posé en face de l’acteur. On
475
er d’être acte, être posé en face de l’acteur. On
ne
peut pas photographier un acte, et donner ensuite la description de l
476
. Quant à la scène représentée par la photo, elle
n’
est plus qu’un objectif, inactuel en soi, et problématique. Qu’on nous
477
it aussitôt le dynamisme. La réflexion sur l’acte
ne
pouvant intervenir qu’a posteriori, elle n’est, en réalité, qu’une ré
478
’acte ne pouvant intervenir qu’a posteriori, elle
n’
est, en réalité, qu’une réflexion sur les effets de l’acte. Si, au mom
479
e sauter, l’athlète essaie de définir le saut, il
ne
sautera pas. Tous ceux qui ont pratiqué un minimum de culture physiqu
480
conscience défaillante qui refuse l’obstacle. Il
ne
reste alors qu’à se consoler par la certitude que l’analyse philosoph
481
de que l’analyse philosophique est avec celui qui
ne
peut pas sauter. Et c’est peut-être cela précisément que la sagesse v
482
hie »… Ceci nous amène à constater que : 1° Si on
ne
part pas de l’acte, on ne part pas du tout. 2° Si on ne part pas tou
483
onstater que : 1° Si on ne part pas de l’acte, on
ne
part pas du tout. 2° Si on ne part pas tout de suite, on ne partira
484
pas de l’acte, on ne part pas du tout. 2° Si on
ne
part pas tout de suite, on ne partira jamais. Le jeu des mots traduit
485
du tout. 2° Si on ne part pas tout de suite, on
ne
partira jamais. Le jeu des mots traduit ici le jeu des faits. Impossi
486
u philosophique. Personne, mieux que Kierkegaard,
n’
a su montrer cette complicité essentielle, et d’apparence scandaleuse,
487
ailleurs, peut éclairer notre débat : « L’éthique
ne
commence pas dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais d
488
ation. » Nous dirions en d’autres termes : l’acte
n’
est pas un problème, mais une donnée initiale, le seul donné qui se do
489
e donne à soi-même. Or, cette donnée, d’une part,
n’
est pas réductible à ce qui la précède, d’autre part, n’est pas épuisé
490
pas réductible à ce qui la précède, d’autre part,
n’
est pas épuisée par l’analyse de ses effets. L’acte est à la fois créa
491
transcendant parce que dans ce rapport nouveau on
ne
trouvera rien d’autre que la matière d’une problématique nouvelle, un
492
tour à l’éclair bouleversant d’un nouvel acte. Il
n’
y a eu d’acte que dans le présent, dans l’instant créateur, dans ce co
493
ernité et le temps, qui est le mystère même. Cela
n’
entraîne pas qu’on ne puisse rien dire des réactions psychologiques à
494
ui est le mystère même. Cela n’entraîne pas qu’on
ne
puisse rien dire des réactions psychologiques à l’acte « as it’s know
495
à l’éliminer ou à la disqualifier. À moins qu’il
n’
en parte, comme de la réalité centrale, impensable et qui permet de pe
496
ences (méthodologiques) de notre position. ⁂ Nous
ne
pouvons faire comprendre la véritable valeur d’une philosophie de l’a
497
ns en avoir assez dit pour pouvoir affirmer qu’il
n’
y a pas de transition entre l’acte et ses effets. C’est l’acte lui-mêm
498
édiation ». On pourrait dire, paradoxalement : il
n’
y a de transition que par l’acte, mais l’acte est le contraire d’une t
499
n un mot de violence (voir à cet égard Sorel). Il
n’
y a pas d’évolution créatrice sans révolution. L’acte sera donc agoniq
500
ension orientée ; il est donc aussi intention. Il
n’
est pas seulement agonique, mais encore ordonnateur. C’est un conflit
501
lumière des ténèbres. Son caractère dichotomique
n’
est pas isolé de son caractère agonique. Ce n’est pas à dire que la lu
502
que n’est pas isolé de son caractère agonique. Ce
n’
est pas à dire que la lumière et les ténèbres soient données avant l’a
503
énèbres soient données avant l’acte, car sinon il
ne
serait pas créateur, c’est-à-dire qu’il ne serait pas acte. L’acte n’
504
non il ne serait pas créateur, c’est-à-dire qu’il
ne
serait pas acte. L’acte n’a qu’un point d’application, le chaos, la d
505
ur, c’est-à-dire qu’il ne serait pas acte. L’acte
n’
a qu’un point d’application, le chaos, la discorde, le non-être, ou ce
506
u ce qui tend à y revenir. Ce qui est nouveau, ce
n’
est pas le désordre, c’est l’ordre. L’acte est si étroitement lié à se
507
L’acte est si étroitement lié à ses effets qu’on
ne
saurait humainement le séparer du premier d’entre eux, qui est l’affi
508
ciliation sont des époques de décadence. Le salut
n’
est jamais dans le repli, dans le refus du conflit concret. L’inventio
509
ce fléchissement. La tentation de l’acte gratuit
n’
est qu’une forme moderne de la tentation de l’inerte. C’est un vertige
510
aison est tentée de confondre cet ordre même, qui
n’
est qu’un effet, avec le dynamisme qui en est cause. Ce dynamisme prop
511
e l’identité et de la réalité, voir Meyerson). Il
n’
y a de paradoxe épistémologique que pour qui refuse d’aborder le probl
512
e maintenant comme monument ou système de règles,
ne
saurait être qu’un aspect provisoirement favorable du chaos. La vérit
513
it ; la science-faite rejoint le donné. Mais cela
n’
est vrai que pour le savant seulement au moment où il crée ; pour les
514
spirituelle, du travail non qualifié, où l’homme
ne
joue plus qu’un rôle d’exécuteur. Remarquons que la machine n’est que
515
qu’un rôle d’exécuteur. Remarquons que la machine
n’
est que le prolongement d’un schéma mathématique, et qu’elle est elle-
516
famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme
ne
peut pas y renoncer sans briser son ressort. Remarquons que cet attac
517
marque de l’humanité. Mais, d’autre part, l’homme
n’
existe personnellement qu’autant qu’il s’affirme en acte. Quand on par
518
une société de personnes que l’on pense. L’homme
n’
atteint l’universel qu’à travers le personnel. Originalité éclatante,
519
n. Mais comment va se présenter à nos yeux ce qui
n’
est pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés à
520
qui n’est pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous
n’
allons pas être amenés à nier la réalité de toute médiation ? Assuréme
521
entre l’acte et ses manifestations humaines, nous
ne
saurions écarter la réalité des résistances à cette activité. Ce n’es
522
r la réalité des résistances à cette activité. Ce
n’
est que dans certains domaines très étroits de la pensée que ces résis
523
outes les manifestations d’activité. La médiation
ne
se manifeste pour nous que sous forme de résistance. Il y a assurémen
524
se prêtent mieux au personnalisme social, mais ce
ne
sont jamais que des résistances. Entre les deux pôles de la tension,
525
sistances. Entre les deux pôles de la tension, il
n’
y a ni identité, ni égalité, justement parce que l’un d’entre eux atta
526
e. Étant orientée vers l’acte, la tension humaine
ne
saurait donc considérer toute médiation que comme une résistance à so
527
ts d’appui et garde une participation avec ce qui
n’
est pas personnel. Mais cette nécessité ne reprend sa valeur que dans
528
ce qui n’est pas personnel. Mais cette nécessité
ne
reprend sa valeur que dans la tension active dirigée tout entière ver
529
s ordres de l’activité humaine, l’acte instantané
ne
fera briller son éclair que bien rarement. Les conflits contre le tem
530
nce à l’effort une sorte de réalité indépendante,
ne
donnent que rarement l’occasion d’une victoire évidente ; mais dans t
531
é, dégager l’instantanéité de l’acte. 1. Ce qui
ne
signifie pas du tout que la pensée doive être soumise à l’action — bi
532
homme puisse passer, c’est sans doute le seul qui
ne
lui coûte pas la vie. Or, ce seuil, comme le montre clairement M. Lév
533
soit infiniment plus difficile et plus rare qu’on
ne
se figure communément. Avant de chercher à répondre à cette question,
534
s constructions le principe de Carnot, et qu’elle
n’
a accepté l’irréversibilité qu’il recèle, que pour en tourner l’irrati
535
tion ou de création intellectuelle. Notre science
n’
est à l’aise que dans le continu et elle fait surgir le discontinu qu’
536
tinu qu’elle multiplie par son progrès même. Elle
ne
connaît que du probable et, en tant qu’acte, elle est l’improbabilité
537
t une information sincère. Le procès de la presse
n’
est plus à faire. Sa réforme pose tant de problèmes et entraîne de tel
538
d’un monopole privé) qu’il est à craindre qu’elle
ne
puisse s’accomplir isolément. Seul le redressement radical et général
539
aujourd’hui l’argent, libérera l’information. Ce
n’
est qu’en attaquant l’ensemble des trusts qu’on atteindra celui des jo
540
finitive. Il convient de préciser que le bulletin
n’
est pas distribué. Il est adressé personnellement et confidentiellemen
541
e club qui le communique à ses adhérents. Ceux-ci
ne
sont pas de simples lecteurs passifs, mais des membres actifs, qui pa
542
central d’informations » qui rédige le bulletin,
n’
a pas seulement à sa disposition les renseignements que lui fournissen
543
le, par l’étendue de ses ramifications, il vise à
ne
délaisser aucune source, à tenir compte de tous les points de vue.
544
en se plaçant hors de son domaine, les « Clubs »
n’
oublient pas que la réforme organique de la presse est le but final. D
545
s Madaule et Emmanuel Mounier d’ Esprit . Ceux-ci
n’
entendent nullement impliquer la ligne politique propre des mouvements
546
xquels ils appartiennent, dans une entreprise qui
ne
veut être qu’une œuvre stricte d’information, à l’exclusivité de tout
547
se constitue chaque jour davantage en trusts, il
ne
suffit plus de dénoncer ses mensonges et ses trahisons. Il faut passe
548
par ailleurs l’occasion d’un échange de vues qui
ne
peut être que fructueux pour tous. Nous faisons un appel pressant aup
549
n de la pensée par le papier, le film et la radio
n’
a jamais été si grande, nous sommes obligés de revenir à une forme ant
550
lture et de la défense de la culture. C’est qu’on
ne
sait plus ce que signifie culture. C’est que la culture est en pleine
551
a culture est en pleine crise, et que cette crise
ne
sévit plus seulement dans les élites, mais se manifeste dans la vie p
552
ure de l’économique. Le résultat de ces pratiques
ne
se fera pas attendre, et l’on en voit déjà les premiers signes : parl
553
sserez bientôt pour fasciste. On dit que les mots
n’
ont plus de sens. Ce serait trop beau, ce serait trop facile, ce serai
554
e à celui de l’usage courant. (Staline dit : « Je
ne
suis pas un dictateur » ; Mussolini fait la conquête de l’Éthiopie au
555
. La politique a prostitué le langage. La culture
n’
a pas été assez forte pour interdire cette prostitution. Il en résulte
556
a politique, qui a tourné en mystique, parle pour
ne
rien dire ou pour dire autre chose que ce qu’elle dit. On se demande
557
roblème tout d’abord. Écrivons pour montrer qu’il
n’
est pas de problème politique plus urgent que celui des mots ; et qu’i
558
litique plus urgent que celui des mots ; et qu’il
n’
est pas de problème culturel qui ne dépende de la politique. Cela revi
559
ots ; et qu’il n’est pas de problème culturel qui
ne
dépende de la politique. Cela revient à écrire, si l’on me comprend,
560
ou la contagion romanesque (13 mars 1937)i Je
n’
apprendrai rien à personne en affirmant que le roman est le plus « con
561
our le subir autrement qu’en imagination. Et rien
n’
est plus légitime, voire désirable, que cette contagion pratique de l’
562
ples descriptions de la Vie (avec majuscule). Ils
ne
redoutent rien tant que l’œuvre à thèse. Ils se défendent de toutes l
563
auteurs marxistes.) Et, cependant, leur influence
n’
est pas moins grande, sur la vie privée du lecteur. Ils ne veulent rie
564
s moins grande, sur la vie privée du lecteur. Ils
ne
veulent rien dire, mais, pourtant, ils disent ! En d’autres termes, i
565
nt, d’une manière anarchique — tout en prétendant
ne
pas vouloir influencer, ils ressemblent beaucoup à ces gouvernements
566
instincts les plus faciles à flatter, à force de
ne
vouloir rien affirmer de trop volontaire, de trop positif, de trop ré
567
le reflet de la conscience bourgeoise moyenne. Il
ne
fait que traduire les humeurs, les goûts, les craintes et les vapeurs
568
craintes et les vapeurs du bourgeois sensible, il
ne
cherche pas à les combattre, à les transformer, à les dissiper au nom
569
re au nom d’un idéal révolutionnaire cohérent. Il
n’
a qu’une crainte : celle de passer pour autre chose qu’un « pur artist
570
thèse, pour un propagandiste. Cette crainte — qui
ne
fut jamais celle des grands artistes — fait de notre romancier, tout
571
nt, le propagandiste des goûts de sa classe. Rien
n’
est plus dangereusement tendancieux qu’un écrivain qui n’ose pas affir
572
lus dangereusement tendancieux qu’un écrivain qui
n’
ose pas affirmer sa tendance. La contagion du roman réaliste ou psycho
573
des classes possédantes et de leurs coutumes. Il
n’
est que de voir l’importance démesurée que nos romanciers attachent à
574
, naïvement et confortablement, qu’on peut écrire
n’
importe quoi, sans ce que cela porte à conséquences, ce romancier s’es
575
ce romancier s’est condamné lui-même, en fait, à
ne
plus être que l’agent de publicité — plus ou moins bénévole — des fou
576
représente, on comprend que la jeunesse actuelle
ne
marche plus pour les défendre. La crise du livre, dont tout le monde
577
s, de leurs loisirs improductifs. Une telle crise
ne
peut être résolue par des mesures de propagande, ni par des lois plus
578
ez-nous des romans qui riment à quelque chose, il
n’
y aura plus de crise du livre. i. Rougemont Denis de, « Romanciers
579
térature bâclée, surtout la romanesque. Jamais on
ne
l’avait vu et constaté aussi nettement qu’à la lecture de ce bilan dé
580
ritiques et éditeurs ; pratiquement, la franchise
n’
est pas possible.) De ces années, et de celles de la crise qui les sui
581
années, et de celles de la crise qui les suit, on
ne
retiendra guère que les bizarreries les plus aiguës : Cocteau, Max Ja
582
est curieux que Thibaudet, son premier historien,
ne
tente d’en sauver que les plus gros morceaux — au poids — les « roman
583
création. Malgré ces difficultés, conclut-il, on
ne
saurait guère douter que le super-cycle de ces sept romans-cycles (Ma
584
ine), le Tour de France des romanciers cyclistes,
ne
reste un trait capital de l’histoire du roman, du paysage, du roman,
585
». Mais cette dégradation littéraire, après tout,
ne
fait que traduire celle de la société. Tous ces romans-cycles sont, e
586
rêt à passer outre aux conventions. Mais quand il
n’
y a plus de convention ? Lorsque tout est brouillé, lorsque tout est p
587
s ? Que décrire, sinon ce qui s’écroule — et cela
ne
peut pas donner les éléments d’un art, si l’art est une construction.
588
e réinstallation complète demandant des mois. On
ne
saurait mieux dire que le mal est aussi grave que je l’indiquais. Et
589
mment à l’un de nos bons écrivains, M. Arnoux, de
n’
avoir pas su s’imposer « avec assez de force au public ». Car, précisa
590
ivant cela ? Dans quelle illusion ai-je vécu ? Ce
n’
est rien d’écrire, de faire une œuvre, de croire qu’on a quelque chose
591
la « réinstallation complète » dont nous parlions
ne
demandera pas seulement des mois, ni même des années ou des siècles,
592
désirée en secret dès longtemps. Je voudrais bien
n’
avoir pas l’air trop romantique : mes dernières années de Paris m’avai
593
euse que j’ai voulu répondre. Peut-être mon récit
n’
a-t-il pas d’autre but que de décrire un précédent, d’affirmer que cel
594
À… (Gard) Arrivés hier matin, par Nîmes. Déjà je
ne
sais plus ce que j’attendais, ni ce que j’ai pu rêver de ce pays. Il
595
tapis. J’ai dressé ma table sur des tréteaux. Il
ne
reste qu’un grand canapé de velours ponceau et des chaises de paille
596
ce qu’ils appellent ici se nourrir : nos voisins
n’
ont sur leur table, quand on va les voir à midi, que des châtaignes, d
597
dis et quelques légumes de leurs cultures, qu’ils
n’
ont pas pu vendre au marché. Cependant, ils se considèrent comme des p
598
ous parlent de quelques familles des environs qui
n’
ont pas la ressource d’un jardin, ou qui ne « savent pas y faire ». (L
599
ns qui n’ont pas la ressource d’un jardin, ou qui
ne
« savent pas y faire ». (Légère nuance de supériorité sociale chez Si
600
ier d’emballage. Pas un de ces petits visages qui
ne
soit beau et fin mais incroyablement crasseux. Vers la gare, il y a b
601
cipal, le jardin d’un couvent désaffecté, mais je
n’
y vois jamais que des vieillards en pantoufles. Devant le parc, un mai
602
Le goût de « la vie saine » et du grand air, vous
ne
le trouverez que dans la « banlieue rouge » de Paris, d’ailleurs impo
603
le rationnelle et les mesures qu’elle propose, ce
n’
est guère que le rêve des vieux célibataires assez fortunés, ou ascète
604
célibataires assez fortunés, ou ascètes. Ceux qui
n’
ont plus besoin de calculer, ceux-là calculent. Et les autres accepten
605
issent déjà, plus petites et toujours vertes ; on
ne
les mange pas). Simard nous a indiqué une ferme, de l’autre côté de l
606
en a 400 à A ? » La mère, vivement : « Jamais je
n’
ai engagé de chômeurs, Monsieur, c’est un principe. Nous ne voulons qu
607
gé de chômeurs, Monsieur, c’est un principe. Nous
ne
voulons que des ouvriers honnêtes. Pensez donc, deux femmes seules !
608
ourit à son tour, de l’air de dire : Oh, vous, ce
n’
est pas la même chose. Elle a sans doute entendu parler de nous. Rien
609
de lire beaucoup ? — Oh, on le prend. Comme nous
ne
voyons jamais personne… (En France, cela étonne.) 16 octobre 1934 Co
610
niveau de culture, fort au-dessus de la moyenne,
ne
m’étonne guère, s’agissant de protestantes. Ce ne sont pas des bourge
611
ne m’étonne guère, s’agissant de protestantes. Ce
ne
sont pas des bourgeoises, certes, et pourtant elles en sont encore à
612
eur raison, leur énergie sérieuse, cette façon de
ne
pas se plaindre de son sort… Pourtant, il y en a peu de cette espèce,
613
t, il y en a peu de cette espèce, semble-t-il. On
n’
en parle jamais. Mais elles ne paraissent pas du tout se considérer co
614
ce, semble-t-il. On n’en parle jamais. Mais elles
ne
paraissent pas du tout se considérer comme un type social d’exception
615
rché. Et très conscients d’une supériorité qu’ils
ne
peuvent attribuer au rang social ni au salaire, c’est évident, mais s
616
u moins autant que les conditions économiques. On
ne
comprend rien à la réalité sociale de ce canton si l’on fait abstract
617
tout cela dont le marxisme, justement, se doit de
ne
pas tenir compte. Un communiste traitera les dames Turc de « koulaks
618
alue, profits). Il s’estime donc scientifique. Il
ne
part pas de ce que les hommes veulent être, ni de la conscience globa
619
, veillée trop lucide peut-être, puisque le monde
n’
y porte plus d’ombres. Je me souviens de ces nuits de Paris, pleines d
620
regrette ? Est-ce que l’heure de la nuit où l’on
ne
dort pas n’est pas toujours l’heure des mauvaises nostalgies. ? Qui p
621
Est-ce que l’heure de la nuit où l’on ne dort pas
n’
est pas toujours l’heure des mauvaises nostalgies. ? Qui pourrait nous
622
crire une histoire des inventions de l’insomnie ?
Ne
serait-ce pas tout simplement l’histoire de la naissance de nos démon
623
’histoire de la naissance de nos démons ? La nuit
ne
pose pas de questions immédiates. C’est pourquoi, dans cette heure su
624
ngtemps avant la construction de cette maison… On
n’
y avait pas pensé ? Je passe au fond, dans une chambre obscure mais qu
625
cela fumait. « Vous avez eu de la fièvre ! » Elle
ne
sait pas. Elle ne veut pas de médecin. Sa fille dit : « Elle ne voula
626
s avez eu de la fièvre ! » Elle ne sait pas. Elle
ne
veut pas de médecin. Sa fille dit : « Elle ne voulait même plus touch
627
lle ne veut pas de médecin. Sa fille dit : « Elle
ne
voulait même plus toucher à la viande, pensez ! Il ne faut pas croire
628
oulait même plus toucher à la viande, pensez ! Il
ne
faut pas croire que la viande soit un si bon remède comme on le dit.
629
e comme on le dit. Je lui ai fait du poulet, elle
n’
y avait pas goût. Alors j’ai pensé lui faire du bouillon de poulet, ça
630
e poulet, ça lui a fait de l’avantage. Voyez ! Ce
n’
est pas vrai que la viande est si bonne pour les malades. » Elle accep
631
! » 11 novembre 1934 D’une manière générale, ils
ne
sont pas conscients de porter la responsabilité des accidents qui leu
632
Leur dignité est de subir sans se tourmenter. Ils
ne
se mettront jamais dans des états parce qu’ils ont cassé deux assiett
633
isent, elles qui vont à l’église ou au temple, ou
n’
y vont pas, elles qui savent. Pour les hommes, c’est tout autre chose.
634
naïfs, revendicateurs et inefficaces. La plupart
ne
font rien, ou « travaillent le mazet », ce qui n’est rien. Les femmes
635
ne font rien, ou « travaillent le mazet », ce qui
n’
est rien. Les femmes vont à la filature — la dernière qui marche encor
636
un espécialiste, rappelle-toi ! Si tu oublies, tu
n’
auras qu’à te rappeler épicerie. » Épicerie pour spécialiste, vous n’a
637
peler épicerie. » Épicerie pour spécialiste, vous
n’
auriez jamais fait ce rapprochement ? Ce petit fait, si l’on y réfléch
638
est encore une fois le drame de la culture. Qu’on
ne
croie pas que j’exagère. Je ne tire de ce fait, à vrai dire minuscule
639
la culture. Qu’on ne croie pas que j’exagère. Je
ne
tire de ce fait, à vrai dire minuscule, qu’une évidence. Les mots que
640
dans l’esprit populaire des harmoniques que nous
ne
savons plus prévoir. Littéralement, les mots n’ont plus le même sens
641
s ne savons plus prévoir. Littéralement, les mots
n’
ont plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraient lui p
642
viens de citer, c’est une espèce de calembour qui
ne
joue que sur des sons. Mais il est clair que le sens des termes dont
643
ignification à la fois symbolique et précise. Ils
n’
éveillent plus chez l’homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dég
644
ctée de malentendus de ce genre. Voire. Le peuple
ne
lisait pas, avant l’école de Guizot. Le « public », c’était la nobles
645
ne de la lecture. Le public s’étend au hasard. Il
ne
constitue plus un corps limité, éduqué, instruit au sein des conventi
646
e se trouve avoir décrété la Convention. Bref, il
n’
est plus de mesure commune : ni l’Église, ni la Culture, ni l’École qu
647
la Culture, ni l’École qui prétend les remplacer,
n’
ont plus d’autorité sur l’esprit de la lettre. Aussi bien nous parlons
648
a lettre. Aussi bien nous parlons au hasard, pour
ne
pas dire dans le vide (il vaudrait mieux que ce soit le vide, dans bi
649
er par la tentation du succès. Mais simplement on
ne
l’entend plus, il n’agit plus. Ce qu’on « entend », c’est l’absence d
650
u succès. Mais simplement on ne l’entend plus, il
n’
agit plus. Ce qu’on « entend », c’est l’absence de l’esprit, c’est l’a
651
avoir, me dit-il. Comme vous l’aurez remarqué, il
n’
en vient qu’une dizaine au culte. C’est trop compromettant. Mais pour
652
l’histoire de notre département ». La discussion
n’
a vraiment démarré que lorsqu’on s’est mis à parler d’autre chose que
653
, des traditions et anecdotes locales. Discussion
n’
est d’ailleurs pas le mot : c’étaient surtout des questions, des affir
654
urgeois peu cultivé, et sans doute de tout ce qui
n’
est pas « intellectuel » — ne « discute » pas à proprement parler. Son
655
doute de tout ce qui n’est pas « intellectuel » —
ne
« discute » pas à proprement parler. Son langage en tout cas s’y prêt
656
ons pressées. Or cette lenteur et ces répétitions
n’
ont d’autre but que de laisser à l’esprit le temps de se « figurer » c
657
que toujours elle vise à la formule décisive, et
ne
s’accorde le droit de dire chaque chose qu’une seule fois, de la faço
658
t tout entière communiste. Ceux des habitants qui
ne
le sont pas ne savent pas trop ce qu’ils sont, à part les châtelains.
659
communiste. Ceux des habitants qui ne le sont pas
ne
savent pas trop ce qu’ils sont, à part les châtelains. Ils votent rad
660
et connaissent le marxisme ? On m’avait dit : ce
n’
est pas cela du tout, vous verrez. Être communiste dans ce pays, c’est
661
ainsi, me dis-je, on peut redouter que ces hommes
ne
sachent pas faire la distinction entre le marxisme et l’anarchie. D’a
662
le sens le plus actif : car l’homme dont je parle
n’
est pas un enquêteur, simple curieux ou spectateur. C’est bien plutôt
663
st responsable de connaître ces gens mieux qu’ils
ne
se connaissent eux-mêmes, quelqu’un qui a pour mission de leur enseig
664
is si bien ? C’est difficile de les classer et je
n’
aime pas beaucoup ça… Il y en a de toutes sortes, bien sûr, et plus on
665
ses paroissiens. Mais s’ils sont communistes, ils
ne
doivent tout de même pas faire partie de votre église, pratiquement ?
666
D’ailleurs, communistes ou pas, les hommes d’ici
ne
viennent guère au culte. Ce n’est pas l’envie qui manque, mais ils on
667
, les hommes d’ici ne viennent guère au culte. Ce
n’
est pas l’envie qui manque, mais ils ont peur. C’est toujours la quest
668
voit. Eux sont au travail, ou au café. — Pourquoi
n’
iriez-vous pas au café avec eux ? — C’est difficile ! Moi, ça ne me gê
669
as au café avec eux ? — C’est difficile ! Moi, ça
ne
me gênerait pas. Mais eux on les étonnerait, et surtout ils y sont en
670
s étonnerait, et surtout ils y sont entre eux. Je
n’
ai aucune envie d’aller faire l’intrus ou le bon apôtre. Si c’était po
671
pôtre. Si c’était possible, ce serait épatant, je
ne
dis pas. Mais pratiquement, je vous assure, c’est difficile. — Et les
672
férence entre les chrétiens et les incroyants, ce
n’
est que pas les chrétiens se conduisent mieux que les autres, mais c’e
673
et résume le débat : « En somme, dit-il, si nous
ne
croyons pas en Dieu, nous autres, ce serait que nous sommes trop orgu
674
marxisme ? — Ils essaient ; peut-être plus qu’on
ne
croirait. J’en connais plusieurs qui lisent des brochures de vulgaris
675
Ils me posent quelquefois des questions. Mais ce
n’
est pas par la lecture qu’ils viennent au parti. L’affaire, pour eux,
676
connaissent mal, ensuite et surtout parce qu’elle
ne
joue pratiquement aucun rôle dans leur action, et qu’elle n’a rien ch
677
tiquement aucun rôle dans leur action, et qu’elle
n’
a rien changé à leur croyance ou plutôt à leur incroyance. Tout de mêm
678
leur donne, en fait de doctrine. En réalité, ils
ne
sont pas plus marxistes que moi. Ils veulent avant tout vivre et trav
679
ut vivre et travailler raisonnablement. Mais rien
ne
se présente pour les soutenir. Ils vont au parti communiste parce qu’
680
outenir. Ils vont au parti communiste parce qu’il
n’
y a rien d’autre et personne d’autre… Ce seraient souvent les meilleur
681
rains. Au fond, ils en ont peur. Or ils devraient
n’
avoir peur que de Dieu, et des vocations bouleversantes qu’il arrive q
682
elui du chrétien honteux, honteux d’une foi qu’il
n’
a pas ! Car s’il l’avait, il n’aurait plus de honte à la confesser dev
683
ux d’une foi qu’il n’a pas ! Car s’il l’avait, il
n’
aurait plus de honte à la confesser devant les hommes ; et s’il a hont
684
devant les hommes ; et s’il a honte, c’est qu’il
ne
craint pas Dieu, mais qu’il croit au jugement des incroyants, tout en
685
ugement des incroyants, tout en s’imaginant qu’il
n’
est pas un des leurs… Je voudrais définir le croyant véritable : celui
686
finir le croyant véritable : celui qui sait qu’il
ne
croit pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment le prouve-t-i
687
nnonçant aux hommes la vérité et le chemin. Point
n’
est besoin d’actions extraordinaires, surhumaines : se rire des dieux
688
our le ravigoter. C’est un de ces Méridionaux qui
ne
connaît pas de meilleur remède que la parlotte. Tout de suite, c’est
689
me toutes les questions capitales. Les gens d’ici
ne
gagnent presque rien. (Lui, par exemple, si je l’en crois, n’a guère
690
resque rien. (Lui, par exemple, si je l’en crois,
n’
a guère vendu depuis un mois que pour 50 francs de légumes. Or la vent
691
5000 francs pour son beau-frère. « Ce cochon-là »
n’
a pas répondu, et pourtant la lettre était recommandée. Alors il a été
692
ns la crainte de la vieillesse. On travaille pour
ne
rien gagner, à cause de la mévente croissante, on vit sur le dos de l
693
avec ses enfants pour des questions d’argent, on
ne
croit plus ni à Dieu ni à diable et à peine à la politique, l’hiver e
694
veut dire que c’est des gens arriérés, quoi. Ils
n’
ont pas l’instruction comme nous autres. » Arriérés, illettrés. Je n’e
695
tion comme nous autres. » Arriérés, illettrés. Je
n’
en suis plus au temps où j’approuvais certains « Éloges de l’ignorance
696
maire — est un mal qu’il faudrait guérir. Mais je
ne
puis m’empêcher de penser que ces « illettrés » sont peut-être moins
697
e qui meurt en rouspétant contre les bureaucrates
ne
sait plus bien ce qu’il craint davantage : de la vie qui ne rapporte
698
us bien ce qu’il craint davantage : de la vie qui
ne
rapporte plus, ou de la mort qui rapporte « en doublage »… 20 janvier
699
ition. — C’est de Casanova que Ligne écrit : « Il
ne
croit à rien excepté ce qui est le moins croyable, étant superstitieu
700
ets. » Malchance affreuse du peuple français : il
n’
échappe aux jésuites que pour tomber dans le fétichisme : le franc sac
701
rie ! Toute la grande presse en a parlé. Personne
ne
rit. Léon Bloy rugit dans sa tombe. 3 février 1935 Déclassé. — L’int
702
omme les Juifs le sont chez les gentils. Pourquoi
ne
l’ai-je compris vraiment qu’à la faveur de ce chômage ? C’est qu’il m
703
tel est un hors-classe, un être à part, auquel on
ne
croit pas. (D’où sans doute l’angoisse qui pousse tant d’écrivains à
704
rmes particuliers à ce pays, et qu’en tout cas il
ne
peut pas se poser de la même façon en France. Je conclus que la seule
705
ule manière de prévenir utilement un fascisme, ce
n’
était pas de condamner les Italiens et leurs admirateurs français, pos
706
qui veut savoir pour quelles raisons il prend ou
ne
prend point parti. Mais l’électeur veut qu’on soit pour ou contre, et
707
par principe de celui qui distingue et nuance. On
ne
tiendra jamais assez compte de cette opposition fondamentale. Peut-êt
708
communiste. Et pourtant, la mission de l’écrivain
n’
est-elle pas justement d’éduquer le lecteur, j’entends de l’amener à r
709
s si je lui dis que j’invente mon histoire ? — Il
ne
vous croira pas, vous ne savez pas mentir. — Mais pourquoi n’aime-t-o
710
ente mon histoire ? — Il ne vous croira pas, vous
ne
savez pas mentir. — Mais pourquoi n’aime-t-on pas ce qui est vrai ? —
711
ra pas, vous ne savez pas mentir. — Mais pourquoi
n’
aime-t-on pas ce qui est vrai ? — Parce que c’est gênant. Cela oblige
712
ndiscret, de ma part, ce journal. Un tel jugement
ne
serait pas très franc, d’ailleurs. L’indiscrétion, en soi, ne gêne pa
713
s très franc, d’ailleurs. L’indiscrétion, en soi,
ne
gêne pas beaucoup de gens, au contraire. Ce qui gêne, c’est plutôt la
714
ur une situation matérielle. Il est entendu qu’on
ne
doit pas parler de « questions matérielles » dans une société disting
715
dans une société distinguée. Vous me direz qu’on
ne
parle guère que de cela. Oui, mais d’une façon générale, non pas pers
716
ndiscret de parler en public de ma pauvreté — qui
ne
me gêne pas moralement — moins indiscret de parler d’argent que de pa
717
sse désirer.) R. me disait aussi : En somme, vous
n’
êtes pas un vrai chômeur, puisque vous avez la possibilité de travaill
718
s je l’appelle chômeur, faute d’autre terme, s’il
n’
a plus la possibilité de s’assurer un gagne-pain régulier par son trav
719
urer un gagne-pain régulier par son travail, s’il
n’
a plus d’emploi, et ne sait plus de quoi sera fait le lendemain. — Adm
720
ulier par son travail, s’il n’a plus d’emploi, et
ne
sait plus de quoi sera fait le lendemain. — Admettez que cela ne vous
721
quoi sera fait le lendemain. — Admettez que cela
ne
vous empêche pas de vivre assez bien, à votre idée. Vous avez l’air t
722
avez l’air très satisfait de votre situation. Ce
n’
est fichtre pas le cas des vrais chômeurs ! — Ah, c’est vrai, je suis
723
je suis bien content, malgré tout. — Alors, vous
n’
êtes donc pas un vrai chômeur. — Mais je ne tiens pas du tout à être u
724
, vous n’êtes donc pas un vrai chômeur. — Mais je
ne
tiens pas du tout à être un « vrai chômeur », je vous l’assure ! D’ai
725
pratiquement impossible, sauf gâtisme précoce. Ce
n’
est pas un mal, je pense, si je suis heureux, bien que sans ressources
726
heureux suffit à me nourrir et à me vêtir ? Vous
n’
avez qu’à regarder la frange de mon pantalon. Ce n’est pas avec ça que
727
’avez qu’à regarder la frange de mon pantalon. Ce
n’
est pas avec ça que je pourrais faire une carrière dans le monde, à su
728
très content d’un sort matériel très médiocre. Ce
n’
est pas nouveau. Et il faut bien reconnaître que ce n’est pas aussi ro
729
t pas nouveau. Et il faut bien reconnaître que ce
n’
est pas aussi romantique et excitant que mon titre pourrait le faire c
730
ntiments religieux, de rancunes, de souvenirs… On
ne
peut guère imaginer d’imbroglio passionnel plus idéalement favorable
731
60 ans au mois de juillet 1930 29 . Tous ceux qui
ne
bénéficient pas de la loi des assurances sociales ont intérêt à assis
732
nt à la face du monde que nos militants héroïques
n’
ont pas perdu leur peine depuis 89 ! Oui, dis-je, ce symbolique mot d’
733
». Où la publication d’un communiqué de ce genre
ne
soit pas accueillie par une traînée de rigolade irrépressible dans to
734
ns académiques et des retraites aux sexagénaires.
N’
est-ce pas beau, rassurant, émouvant, dans une Europe que l’on croyait
735
Il interpelle assez grossièrement la patronne qui
ne
répond pas. C’est un habitué, il est comme ça. Il faut le laisser fra
736
. Et si des fois on vous en demande de trop, vous
n’
avez qu’à donner la mienne, vous savez. Plus on la lit… Ce généreux ap
737
ste, ou peut-être gêné. Entre ces deux hommes, je
n’
hésite pas : je vote pour le communiste. C’est un Méridional du type s
738
ion de tempérament. Peut-être aussi le communiste
n’
est-il pas encore parvenu à « mettre de côté » autant qu’il le voudrai
739
ettre de côté » autant qu’il le voudrait. Mais ce
n’
est pas sûr. Je sais bien une douzaine de ses camarades qui comptent p
740
au sérieux le sort qui est fait aux ouvriers — ce
n’
est pas le cas des intellectuels qui « adhèrent » aux disciplines stal
741
mplement, une fois de plus, que l’homme du peuple
ne
comprend pas profondément ce qu’on lui donne à lire ou à entendre. Il
742
lire ou à entendre. Il comprend sa situation, et
ne
voit pas que son journal est sans rapport réel avec cette situation.
743
rant de ses intérêts véritables. Mais c’est qu’il
ne
peut pas les exprimer très aisément. Question de langage. Revenez voi
744
hanger de condition. Ils vous diront aussi qu’ils
n’
ont plus le cœur à leur ouvrage, quand ils savent que les résultats so
745
in du pays dans les épiceries du pays, lesquelles
ne
vendent que des succédanés fabriqués dans des « caves centrales » ave
746
n ils se plaindront de ce que, dans leur pays, il
n’
y a plus de vie, d’initiative, de vrai plaisir. On n’est plus fier d’e
747
a plus de vie, d’initiative, de vrai plaisir. On
n’
est plus fier d’en être, on approuve la jeunesse qui délaisse la terre
748
politique, parlez-moi de « leurs combines » — il
n’
y a rien à y comprendre. Dans une assemblée populaire, on ne dira pas
749
à y comprendre. Dans une assemblée populaire, on
ne
dira pas un mot de tout cela, on s’en tiendra aux clichés du journal.
750
cela, on s’en tiendra aux clichés du journal. On
n’
aura pas le temps ni le courage, ni même l’idée de pousser plus loin,
751
’aborder des réalités. Donc, par amour du peuple,
n’
écoutons plus ses assemblées, ce n’est pas lui. Écoutons les observati
752
our du peuple, n’écoutons plus ses assemblées, ce
n’
est pas lui. Écoutons les observations que formulent des individus pri
753
feint d’en être ; c’est bien moins concret qu’il
ne
semble.) Conclusion : il appartient à des équipes d’hommes nouveaux,
754
u xxe siècle. La dictature est très facile. Elle
n’
a qu’un argument très puissant contre nous : sur qui et sur quoi table
755
humains. C’est peu, dites-vous. Mais rien d’autre
n’
est vrai… 6 mai 1935 La mort et les cérémonies dans le Gard. — La mai
756
huit mois que nous sommes ici, et combien de fois
ne
sommes-nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nou
757
comprendre que les autres pièces étaient vides ou
ne
servaient que de débarras —, et rien ne pouvait nous faire soupçonner
758
vides ou ne servaient que de débarras —, et rien
ne
pouvait nous faire soupçonner cette présence à côté. Hier matin, la m
759
ée, bou die, l’estomac et tout. — Mais les Simard
ne
m’avaient jamais parlé d’elle ! — Peuchère ! ils languissaient de l’e
760
s languissaient de l’emballer, la vieille ! » Ils
n’
auront plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sû
761
de la Révolution, et qui fut celle de Bonaparte,
n’
est en somme que l’application du style français à la chose militaire.
762
l faut défendre la culture. Le malheur est qu’ils
n’
envisagent pour cette défense que des moyens fascistes. « Toute la lit
763
art. Disons tout de suite que le Père des peuples
n’
a fourni pour sa part qu’une dizaine de pages (sur 150) relatives surt
764
chement avouée par sa veuve : « En Russie, Ilitch
ne
goûta pas l’art nouveau, qui lui demeurait étranger. » Il préférait d
765
u germaniser nos plaines Mais notre cœur — vous
ne
l’aurez jamais ! Dans un article de 1922, il loue cependant un poème
766
poème de Maïakovski contre les bureaucrates. Je
n’
appartiens pas, dit-il, aux admirateurs de son talent poétique, bien q
767
étence dans ce domaine. Mais depuis longtemps, je
n’
avais éprouvé un pareil plaisir, du point de vue politique et administ
768
ment les réunions et se moque des communistes qui
ne
font que siéger et siéger encore. Je ne sais ce qu’il faut penser de
769
istes qui ne font que siéger et siéger encore. Je
ne
sais ce qu’il faut penser de la poésie, mais pour ce qui est de la po
770
pour lui que Lénine est déjà mort et momifié ! Je
ne
sais quelle était l’intention des éditeurs communistes de ce choix. I
771
l’expérience, l’on s’étonne qu’aucun d’entre eux
n’
ait songé à se justifier. L’on s’étonne qu’aucun non plus n’ait essayé
772
é à se justifier. L’on s’étonne qu’aucun non plus
n’
ait essayé de formuler le symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce pud
773
hal, et bien d’autres imitateurs, dont le moindre
n’
est pas Hoffmann… ⁂ L’énigme commença de m’inquiéter lors d’un séjour
774
hl. Je fus à l’Opéra. On y donnait du Strauss. Je
ne
connaissais pas le livret d’Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue d
775
iculisent. C’est pour eux l’irréalité même. (« Il
n’
est plus que l’ombre de lui-même ! ») Mais je vois bien qu’ils exagère
776
exagèrent : si nous étions de purs esprits, nous
ne
projetterions pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante de la cha
777
a chair, c’est mourir, et cet infortuné Schlemihl
n’
était tout de même pas mort d’avoir perdu son ombre… Il était même si
778
subite, se renoue, cette fois-ci sans remède. Il
ne
tarde pas à tourner au délire de persécution. Tout effraye Peter, et
779
r, lui, le connaît, mais, parce qu’il l’a vendu. (
Ne
connaît-on que ce qui vient à manquer ? Et perd-on ce que l’on connaî
780
de l’homme qui perd le contact social. L’or même
ne
suffit pas à rétablir tous les contacts. Ou plutôt il les établit en
781
ure : on aime Schlemihl pour tout ce qu’il a, qui
n’
est pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel e
782
r échouent devant cet obstacle dernier. Il a beau
n’
aller que de nuit aux rendez-vous avec Mina. Le jour venu de signer le
783
entiment ! Oui, je le savais depuis longtemps, il
n’
a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’
784
Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien
n’
est plus loin de sa pensée. Sa vision du monde serait exactement celle
785
exigences, et qui veut croire à la vertu, — s’il
n’
y avait, au centre de lui-même, cette absence. En tout pareil aux autr
786
absence. En tout pareil aux autres, sauf en ce je
ne
sais quoi qui n’est rien et devient l’essentiel, notre philistin méco
787
pareil aux autres, sauf en ce je ne sais quoi qui
n’
est rien et devient l’essentiel, notre philistin méconnu se voit chass
788
té maniaque (ou universitaire-érudite)… Nul doute
n’
est plus permis : Schlemihl est schizoïde. Chamisso, heureusement pour
789
l est schizoïde. Chamisso, heureusement pour lui,
n’
en savait rien. Il savait peut-être autre chose. Tentative d’interp
790
er les symboles. Car, pour la vie spirituelle, il
n’
est pas de lieux séparés, on peut toujours passer de l’un à l’autre pa
791
nverse est au moins aussi probable. Et quand rien
ne
dépend à coup sûr que du tout ? Ceci dit, la psychanalyse peut nous d
792
emihl est le type même de l’inadapté, — celui qui
ne
peut « trouver sa place au soleil », et qui ne subsiste dans la compa
793
ui ne peut « trouver sa place au soleil », et qui
ne
subsiste dans la compagnie de ses semblables que par un subterfuge to
794
sauf aux deux femmes qu’il voudrait épouser. Mais
n’
allons pas conclure trop vite. Les états d’âme d’un malade ou d’un fou
795
essentiellement des états d’âme d’un homme sain ?
Ne
sont-ils pas plutôt de simples fixations d’états qui, normalement, ne
796
ôt de simples fixations d’états qui, normalement,
ne
tarderaient pas à se muer en leur contraire ? Plus précisément, l’éta
797
ire ? Plus précisément, l’état de Peter Schlemihl
n’
est-il pas comparable à celui d’un esprit et d’un corps sains après «
798
ti qu’une fable à ce point célèbre dans un peuple
ne
pouvait exprimer qu’un fait humain élémentaire. J’étais déçu de le vo
799
ante. Je traduis ce fragment littéralement : « On
ne
peut comparer la Liquor vitae dans l’homme à autre chose qu’à une omb
800
s notre vie ; et la fameuse « question sexuelle »
ne
tire son importance démesurée que du seul fait qu’elle est une image
801
Comme on peut le voir par l’examen de la pudeur.
Ne
serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’êtres la créativité p
802
le seul sexe, que la pudeur s’est localisée là ?
Ne
serait-ce point pour cette raison que l’homme cherche à le dissimuler
803
es bourgeois : un Amiel). Cependant ces remarques
n’
expliquent pas encore l’essentiel. Que l’on cache son secret le plus p
804
: spirituellement, ou de quelque autre sorte, il
n’
est plus un homme créateur. À l’inverse, la chasteté (spirituelle ou c
805
s, devraient se garder d’affadir une telle œuvre,
n’
y admirant à leur coutume qu’une « fantaisie gratuite » de l’art. Nul
806
tuite » de l’art. Nul doute que l’art de Chamisso
ne
signifie. Il y suffit d’ailleurs qu’il soit vraiment un art — tout ef
807
tes de sept lieues qui traverse encore notre vie,
n’
est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cett
808
s charmes profonds. C’est le siècle où je vis qui
n’
a plus d’ombre, et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait mê
809
mbre, et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il
ne
sait même plus écrire sa Fable, il n’en veut plus, il veut du vraisem
810
a pitié. Il ne sait même plus écrire sa Fable, il
n’
en veut plus, il veut du vraisemblable ! Il est retombé dans le roman
811
est retombé dans le roman insignifiant. P.-S. Je
n’
ai pas voulu alourdir cette esquisse de tout un appareil de références
812
uan d’Otto Rank (Stock). Cet érudit psychanalyste
ne
recense pas moins d’une cinquantaine d’auteurs célèbres qui ont trait
813
qu’en dehors du domaine germanique et anglais, il
ne
relève que deux ou trois auteurs français. Encore ceux-ci s’orientent
814
ormal est donc ici : adapté au milieu social. Qui
ne
voit ce qu’on pourrait tirer de cette « vérité d’expérience » si l’on
815
us en menacent les conformismes totalitaires ? On
ne
peut accepter une « vérité » de ce genre qu’en insistant sur le contr
816
bide, comme dans Schlemihl. Aussi bien, le diable
n’
est-il pas dans l’affaire, cette fois-ci. 39. Selon Paracelse toujour
817
n le localisant. Il paraît alors que le freudisme
ne
s’occupe que de l’écume d’une soupe ! (ou bien l’appelle-t-il libido
818
ou bien l’appelle-t-il libido ?). 40. Ces traits
ne
sauraient définir qu’un aspect, à vrai dire fréquent, du romantisme a
819
n de curé qui a juste la largeur de la maison. On
ne
voit rien que le ciel au-delà, un ciel lavé, tissé d’oiseaux, et parf
820
ec du varech. De l’île, du village, de la mer, je
ne
veux rien dire encore : je laisse tout cela se mêler à ma vie, dans l
821
rté. Depuis six jours que nous sommes arrivés, je
n’
ai lu que les Règles de Descartes, comme on ferait un mot croisé, pour
822
kilo de riz. Mes vêtements, citadins mais râpés,
ne
la renseignent pas clairement. Et que penser d’un « Parisien » qui ma
823
server. — Je le sais bien, madame Aujard, mais je
ne
viens pas pour mes vacances ! J’ai du travail chez moi, des tas de ch
824
ravail chez moi, des tas de choses à écrire… Elle
n’
ose pas m’en demander davantage. Et moi, je recule devant l’entreprise
825
e ? Écrire pour les journaux, sans doute, mais il
n’
y en a pas tant à raconter sur ce pays… Je l’ai laissée en plein mystè
826
r leurs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard
n’
a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver elle fait peu de réserves d
827
réserves de produits alimentaires, les habitants
n’
achetant guère autre chose que de la mercerie, des lainages et des épi
828
aller de l’autre côté de la place, chez Mélie. Ce
n’
est pas simple d’éviter d’être vu par l’une, entrant chez l’autre. Mai
829
tre. Mais c’est prudent, on me l’a dit. Car elles
ne
baisseront pas leurs prix pour garder un client, elles les augmentero
830
le punir d’avoir été en face. Sans compter qu’on
n’
aime pas être accueilli par la réprobation sournoise d’une épicière. 2
831
? — Non. C’est tapé à la machine. — Est-ce qu’il
n’
y a rien d’écrit à la main ? — Si, il y a des corrections écrites à la
832
ui-même consterné. J’affirme avec vivacité que ça
ne
peut pas aller. Il faut tout recommencer. Finalement l’on décide d’en
833
: elle me tend une formule de télégramme, mais ce
n’
est pas un télégramme, c’est une notification officielle d’avoir à ver
834
ménage toutes les susceptibilités, et finalement
ne
rien payer de plus. Je note ceci parce que c’est un petit signe assez
835
es et les vendent aux baigneurs. Bien entendu, je
n’
arrive pas à savoir combien ce petit commerce lui rapporte, « ça dépen
836
tégorie bourgeoise. Ma bonne conscience de pauvre
n’
aura pas duré bien longtemps. 16 décembre 1933 Derrière la même pile d
837
populaire de La Naissance du jour, de Colette. Je
n’
avais pas encore lu ce livre. Il est exactement de l’espèce que j’aime
838
’un des plus charmants dans cette espèce, mais ce
n’
est point pour cela que j’en parle ici. C’est pour une raison très pré
839
le ici. C’est pour une raison très précise et qui
n’
a rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’édition q
840
sur le couvre-pied. D’autres sur le plancher. Je
n’
en menais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la vei
841
mère Renaud était venue nous voir la veille, nous
ne
cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a b
842
a beau porter un nombre excessif de jupons, cela
ne
devrait pas suffire à rendre vraisemblable une hypothèse à ce point i
843
ne hypothèse à ce point injurieuse. Pourtant nous
n’
en trouvions pas d’autres. Or, peu de jours auparavant, un petit héris
844
rappante. Voici : pour la première fois depuis je
ne
sais combien d’années, je viens de trouver dans un ouvrage littéraire
845
ourquoi notre chambre était pleine de puces. Cela
n’
a l’air de rien, mais je vois là comme un symbole. Les livres devraien
846
échec de notre première tentative d’autonomie. Je
ne
suis pas arrivé à gagner assez vite ce qu’il nous fallait pour subsis
847
e notre réserve. J’ai travaillé beaucoup, mais je
ne
serai pas payé avant un mois. Or, un mois, ou même une semaine, cela
848
n mois, ou même une semaine, cela compte quand on
n’
a plus rien. Pour celui qui vit au jour le jour, il s’agit essentielle
849
ère expérience de deux mois, c’est que la liberté
ne
s’improvise pas. Qu’il faut la conquérir avec méthode, et organiser à
850
à un jour près la date d’arrivée des renforts. Je
ne
suis pas trop fier de ma retraite stratégique, mais tout de même bien
851
t 1937)s t Il faut parler des « autocars ». Je
ne
sais si l’on se doute à Paris de l’importance des autocars et des tra
852
nt en train de causer dans la vie provinciale. Je
n’
ai pas compté le nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai p
853
ater dans plusieurs départements de l’Ouest qu’il
n’
est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou mêm
854
de l’Ouest qu’il n’est plus guère de « pays » qui
ne
soit desservi par une ou deux ou même trois compagnies de transports
855
es. Je commence à connaître leurs coutumes : rien
ne
pouvait modifier plus rapidement et plus profondément « la coutume »
856
ément « la coutume » de la France rurale. Mais ce
n’
est pas encore assez dire : l’autocar modifie complètement le mode de
857
voyageur et la province. Naguère encore, quand on
n’
avait que les chemins de fer, tout convergeait vers Paris, non seuleme
858
allait à Paris ou qu’on en venait. Tout le reste
n’
était que tortillards cahotants, jamais à l’heure, où l’on se sentait
859
ué à l’écart de la « vraie » circulation. Et l’on
ne
voyait guère que des gares, ce qu’il y a de plus attristant dans chaq
860
tenir compte de ses circonstances. Sur ses bords
ne
vivait qu’une population nomade, qui portait l’uniforme de l’État, pa
861
n part sans remarquer que les gens qui l’habitent
ne
sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à une autre, ce
862
même sorte, et que d’une province à une autre, ce
n’
est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des r
863
re, ce n’est pas seulement le paysage qui change.
N’
était-ce pas là l’une des raisons qui faisait, si facilement nier la s
864
rce recommandations ; et ils sont rares, ceux qui
n’
ont pas deux mots à dire par la portière entr’ouverte un instant à la
865
es cheveux au vent, sur le bord de la route. Rien
n’
est plus sympathique qu’un conducteur de car. Cela tient évidemment à
866
urs accordées à ceux qui commandent et disposent,
ne
fût-ce que pour une heure, de leur vie. Oui, voilà bien les hommes av
867
Mais loin de moi ces ambitions : ceux qui les ont
n’
en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle
868
ceux qui les ont n’en parlent pas, dit-on. Et je
ne
suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle un bout de conversation que j’a
869
quel était mon métier. Et quand j’eus dit que je
n’
en avais aucun, et que je n’étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessu
870
uand j’eus dit que je n’en avais aucun, et que je
n’
étais qu’un écrivain, et chômeur par-dessus le marché, il s’écria : «
871
ères, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui
ne
croyons plus aux curés ? » — Comptez, monsieur, lui dis-je, qu’un écr
872
cas d’écrire. Car ou bien l’on écrit ce que l’on
ne
peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition exc
873
ndignes, et ingénieux les plus balourds, enfin je
ne
sais quelle supériorité humaine, quel luxe d’énergie ou d’invention q
874
enversés tous les vingt ans de fond en comble. Je
ne
pense pas que la transcendance puisse jamais être « simplement la nat
875
de transcendance, la nature devient divinité (et
ne
peut pas ne pas le devenir). Pour ma part, je ne conçois pas de relat
876
dance, la nature devient divinité (et ne peut pas
ne
pas le devenir). Pour ma part, je ne conçois pas de relation concrète
877
ne peut pas ne pas le devenir). Pour ma part, je
ne
conçois pas de relation concrète à la transcendance où manquerait le
878
Pierre Beausire80 demande aux personnalistes « de
ne
point perdre leur temps et leurs forces à discuter avec leurs adversa
879
le les adversaires, donc discuter. Au surplus, je
ne
sais pas si le terme d’adversaire convient à M. Pierre Beausire. Il a
880
ons, il ajoute en parlant de leurs auteurs : « On
ne
peut que les suivre et les approuver. » En somme, il se rangerait à n
881
S’il nous attaque, c’est sur des points que nous
n’
avons pas abordés, et sur des thèses que je souhaite qu’aucun de nous
882
t sur des thèses que je souhaite qu’aucun de nous
ne
soutienne jamais. Précisons. ⁂ « Au nom de quel principe s’insurgent-
883
lisme, c’est l’amour concret des hommes réels. Ce
n’
est pas « la bonté, la charité (vertus toutes passives et féminines) »
884
ntenir. Et l’individualisme et les collectivismes
ne
sont que les déviations complémentaires et périodiques de cette ligne
885
lus grande efficacité. Le mouvement personnaliste
ne
s’est constitué comme tel, et n’a pris ce nom, que parce que dans l’E
886
nt personnaliste ne s’est constitué comme tel, et
n’
a pris ce nom, que parce que dans l’Europe actuelle se déchaînent des
887
conscience active de ce qui, depuis nos origines,
n’
était que le sous-entendu de tous nos efforts créateurs. Cette prise d
888
ier. Beaucoup de mes camarades, la majorité même,
ne
partagent pas cette certitude. Ils en ont d’autres, que je crois insu
889
s, et je le leur dis en toute franchise. Du moins
ne
tiennent-ils pas le christianisme dont je parle pour une niaiserie se
890
ent de quoi l’Europe s’est faite. Pierre Beausire
ne
craint pas de proclamer que « si l’on veut parler à des hommes, et no
891
ants, il faut renoncer à invoquer le Christ ». Je
ne
craindrai pas de lui répondre que ce n’est pas là parler en homme, ni
892
ist ». Je ne craindrai pas de lui répondre que ce
n’
est pas là parler en homme, ni en enfant, mais en adolescent impéniten
893
ni en enfant, mais en adolescent impénitent. ⁂ Je
ne
sais trop quelle dose d’ironie M. Beausire joint à son vœu final : «
894
se, purement « morale », sentimentale, idéaliste,
ne
saurait suffire à la tâche. « Le peuple a besoin — nous dit l’auteur
895
sche. Mais non pas encore dans l’Histoire ? Si ce
n’
est pas une utopie de plus, un refuge pour les faibles et les sceptiqu
896
s’engageant, et préfèrent la littérature ; si ce
n’
est pas une manière de « grève perlée » que de n’accepter la lutte que
897
n’est pas une manière de « grève perlée » que de
n’
accepter la lutte que dans ces termes ; si cet idéal est possible, si
898
isse racial, ou « national » au sens unitaire. Je
ne
crois même pas à l’homo alpinus, création polémique de Ramuz. y. Ro
899
comme une révolte contre Dieu. De sa fortune, il
ne
voulut tirer nul intérêt : il la confia à l’un de ses frères, pour év
900
anques, et lorsqu’il mourut, l’on s’aperçut qu’il
n’
en restait que 200 francs. Cette fortune provenait d’une malédiction,
901
fus d’une perspective de bonheur dans laquelle il
ne
pouvait voir le vrai tout de son existence singulière. (Que d’autres
902
me : « comment peut-on devenir chrétien ». Car on
ne
naît pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, il faut sans cesse
903
rétien ». Car on ne naît pas chrétien, et même on
ne
peut pas l’être, il faut sans cesse le devenir, et le devenir dans l’
904
lque chose de plus contraire au christianisme que
n’
importe quelle hérésie, et c’est de jouer au christianisme, d’en écart
905
avait ce que cela devait lui coûter. Car le monde
ne
tolère jamais la passion spirituelle qui se déclare dans sa pureté. L
906
des gens vivent dans une confusion impensable, et
n’
en conçoivent pas de malaise. D’autres, qui s’essaient à penser en fin
907
ent compromettante. Aussi l’histoire de la pensée
n’
est-elle peut-être que la chronique de ses retraites éloquentes. Très
908
re les innombrables tentations d’une religion qui
n’
est pas Dieu ; et soudain, sur son lit de mort, cette phrase : Je ne
909
soudain, sur son lit de mort, cette phrase : Je
ne
pense pas que ce soit mauvais, ce que j’ai dit, mais je ne l’ai dit q
910
pas que ce soit mauvais, ce que j’ai dit, mais je
ne
l’ai dit que pour l’écarter, et pour arriver à Alléluia ! Alléluia !
911
prendre le chemin du vrai martyre. Un vrai martyr
n’
a jamais eu recours à la violence, il combat à l’aide de son impuissan
912
ils le tuent. Mais c’est là ce qu’il voulait. Il
n’
a jamais cru que sa mort pourrait entraver son action, il a compris qu
913
isait partie de son action, oui, que cette action
ne
commencerait vraiment qu’avec sa mort !83 On trouve le second docum
914
uivra sa lutte religieuse, mais il craint qu’elle
ne
soit alors affaiblie. Au contraire sa mort donnera de la force à son
915
a victoire.84 ⁂ De cette œuvre considérable, il
ne
saurait être question, ici, de résumer ne fût-ce que les thèmes direc
916
ble, il ne saurait être question, ici, de résumer
ne
fût-ce que les thèmes directeurs. Il faut y aller voir dans ses livre
917
eut-être utile d’insister sur deux caractères qui
ne
peuvent manquer de frapper, de retenir ou de repousser le lecteur non
918
est-à-dire de l’incarnation de Dieu en Christ. On
ne
peut pas le comprendre : on le souffre. On l’aime, on l’injurie, on s
919
nt on se rend et il refuse cette capitulation. On
n’
étudie pas Kierkegaard, on l’attrape comme une maladie. Cet homme sécr
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. Cet homme sécrète un poison salutaire, dont nul
ne
trouvera l’antidote : qu’il en soit mort, atteste ce fait capital que
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rt, atteste ce fait capital que la pensée humaine
ne
peut être irrémédiable. Tous les autres, sauf Empédocle et Nietzsche,
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c un sérieux total, dont l’écrivain d’aujourd’hui
n’
a même plus l’idée. Un de nos meilleurs auteurs déclarait récemment qu
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re qu’une ironie. Car peut-être que l’acte de foi
n’
existe pas, n’est qu’une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un
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ie. Car peut-être que l’acte de foi n’existe pas,
n’
est qu’une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un mythe, un sau
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un mythe, un saut dans le vide, etc. Et alors il
n’
y a plus nulle part de « vrai » sérieux. Mais peut-être aussi cet acte
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i cet acte existe-t-il, quelque part, et alors il
n’
y a pas de vrai sérieux dans ma vie tant que je n’ai pas trouvé dans l
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n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie tant que je
n’
ai pas trouvé dans la foi, ou mieux : tant que la foi — qui est don de
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u mieux : tant que la foi — qui est don de Dieu —
ne
m’a trouvé. Kierkegaard a eu trois descendances spirituelles. La prem
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r et l’existence même des églises allemandes. Nul
ne
peut mesurer aujourd’hui le développement promis à l’influence de Kie
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, c’est qu’à la différence de Nietzsche, personne
ne
parviendra jamais à « utiliser » Kierkegaard pour des fins politiques
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notre âge comme cette pierre et ce mot gravé qui
ne
cessent de nous accuser dans leur silence d’éternité. 82. « Allélui
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avait aussi noté, peu de jours auparavant : « Il
n’
y a pas eu, durant mille-huit-cents ans de christianisme, une seule tâ
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, je puis l’exprimer par cette seule phrase : ‟Je
ne
fus pas comme les autres” ». 83. Point de vue explicatif sur mon ac
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dre dire que l’homme en général est peu de chose,
n’
est pas trop humiliant pour qui se flatte d’une image de soi composée
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age de soi composée dans la solitude : tant qu’on
ne
s’est pas avoué devant les autres, on peut toujours s’estimer singuli
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ngulier, c’est-à-dire supérieur à la masse. Et ce
n’
est pas encore franchement s’avouer que de se comparer aux seuls humai
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voisins que rien en nous, que rien dans notre vie
n’
attendait et ne prévoyait. Ce n’est qu’au prix d’un désordre social —
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n en nous, que rien dans notre vie n’attendait et
ne
prévoyait. Ce n’est qu’au prix d’un désordre social — selon les préju
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en dans notre vie n’attendait et ne prévoyait. Ce
n’
est qu’au prix d’un désordre social — selon les préjugés du régime éta
940
oment où il écrivit ses plus grandes œuvres qu’il
ne
lui restait plus même une chemise entière : les morceaux du bras avan
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demi aveugle… Confort et culture. — À ceux qui
n’
ont rien, il faut donner du confort, afin qu’ils puissent concevoir d’
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! Je l’avais oubliée à Paris. La nuit des villes
n’
est pas cette mort opaque dont il faut redouter je ne sais quelle invi
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st pas cette mort opaque dont il faut redouter je
ne
sais quelle invisible et brusque vie tout près. Nuit des villes, roug
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s détachés violemment au bas de l’énorme nuit. On
ne
voit que ces figures géométriques, dominées par le clocher à toit pla
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écoration des trois chambres du premier étage, on
ne
sait jamais… Les vingt-deux pièces du dessus de cheminée ont été repl
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sans trop de mal lors de notre arrivée. Mais nous
n’
avions pas prévu la remontée ! Épuisés par une demi-heure d’efforts ha
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uisés par une demi-heure d’efforts haletants, qui
n’
ont abouti qu’à coincer le sommier au tournant, entre la balustrade et
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e et décevante des « gens » en général — quand je
ne
fais que les jauger d’un regard — et sympathie violente, « élan vers
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s se retourner ; l’homme déplie un journal que je
n’
aime pas, qu’il a peut-être acheté tout par hasard, comme il m’arrive
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sors, je pense à autre chose, à quelque chose qui
n’
est pas d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourquoi j’ai eu ce fort d
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, à quelque chose qui n’est pas d’ici. Et déjà je
ne
comprends plus pourquoi j’ai eu ce fort désir soudain, dans le métro,
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l’amour. La même déception de l’amour, parce rien
ne
s’est produit, rien ne peut se produire, pour tant de mauvaises raiso
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ion de l’amour, parce rien ne s’est produit, rien
ne
peut se produire, pour tant de mauvaises raisons qui sont plus fortes
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vaut plus que dix grandes idées discutables. Mais
n’
oublions pas qu’il vaut moins qu’un grand fait vrai, comme serait, par
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le peut devenir le fait dominateur. En vérité, il
n’
y a pas de faits grands ou petits en soi et par comparaison. Il y a da
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re quand ils se plaignent ou quand ils rient : tu
ne
verras, tu n’entendras et tu ne comprendras jamais qu’un appel à deve
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e plaignent ou quand ils rient : tu ne verras, tu
n’
entendras et tu ne comprendras jamais qu’un appel à devenir toi-même c
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nd ils rient : tu ne verras, tu n’entendras et tu
ne
comprendras jamais qu’un appel à devenir toi-même ce fait qui est plu
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à qui voulait. Après sa mort, on s’aperçut qu’il
ne
restait que 250 francs dans le coffre. aa. Rougemont Denis de, « No