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’ont méconnue prenant prétexte de la Loi, cette «
ombre
des biens à venir. » (Héb. 10, 1), pour repousser le Christ, qui étai
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ur du raisin foulé monte de la cour, et remplit l’
ombre
bleue sous le tilleul immense et les lauriers. Un grand vase jaune br
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liens. Le mas au flanc de la colline, déjà dans l’
ombre
, paraissait désert. Nous nous sommes assis sur la terrasse, au pied d
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cide peut-être, puisque le monde n’y porte plus d’
ombres
. Je me souviens de ces nuits de Paris, pleines d’appels fugitifs, ass
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gination de Chamisso ; il déclare avoir perdu son
ombre
. Le second romantisme bat son plein. On a vu bien des fous Chez Tieck
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iété plus sérieusement troublante. « L’homme sans
ombre
» rôdait depuis longtemps dans les régions obscures de la légende pop
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s’en étonnera. Tel est le calcul de l’homme sans
ombre
. Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’est donc avouer u
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ience moderne le mythe de l’homme qui a perdu son
ombre
, sous les traits pathétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De
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sthal, et compris mal l’intrigue de la Femme sans
ombre
. Je voyais une actrice parcourir la scène en hurlant : elle tirait ap
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ès soi un grand morceau d’étoffe qui figurait son
ombre
et l’embarrassait fort. Aux entractes, on parlait de Freud. La musiqu
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le livre qui me parut splendide… Qu’est-ce qu’une
ombre
? me demandais-je. Quelque chose d’assez méprisable. Les Latins la ri
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pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que l’
ombre
de lui-même ! ») Mais je vois bien qu’ils exagèrent : si nous étions
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ions de purs esprits, nous ne projetterions pas d’
ombre
. L’ombre est la preuve humiliante de la chair — humiliante pour ceux,
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urs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’
ombre
est la preuve humiliante de la chair — humiliante pour ceux, du moins
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bles. Voilà pourquoi, pensais-je, ils méprisent l’
ombre
, et la mésestiment gravement. Mais encore ? Ils en ont tous une, et s
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tout cela ? Rien qu’une évidence assez pauvre : l’
ombre
est le fait, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mou
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l n’était tout de même pas mort d’avoir perdu son
ombre
… Il était même si vivant, et sa présence si gênante, que je tentai de
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c’est par là qu’il le tient. Peter lui donne son
ombre
contre une bourse magique, d’où il pourra tirer un or inépuisable. Dé
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un or inépuisable. Désormais riche, mais privé d’
ombre
, il se croit le maître du monde. Point du tout : on se moque de lui.
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Oui, je le savais depuis longtemps, il n’a pas d’
ombre
! » Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’est plus loin
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ds qu’il rencontre, transparent dirait-on, — sans
ombre
! Voilà, peut-être, une première indication. Elle paraîtra sans doute
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Liquor vitae dans l’homme à autre chose qu’à une
ombre
sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’homme et se forme d’après l
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utre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (
ombre
) vient de l’homme et se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor
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près lui : telle est aussi la Liquor, qui est « l’
ombre
intérieure. » Une lecture plus poussée de Paracelse devait bientôt m’
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notre mythe : la transparence, c’est l’absence d’
ombre
, donc de secret. Or le secret « sacré » étant le lieu de la créativit
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réativité dans la personne, celui qui a perdu son
ombre
, se promène parmi les hommes avec l’angoisse de voir révélée au grand
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les richesses du désir. Et l’homme a retrouvé son
ombre
. Suite et fin de la fable Peter Schlemihl nous apparaît mainten
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’une femme stérile, l’impératrice qui a perdu son
ombre
et qui emprunte celle d’une fille du peuple. Mais Andersen, comme on
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r l’aspect « spirituel » du mythe. Son conte de l’
Ombre
, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se détacher
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ues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’
ombre
de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non p
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notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une
ombre
qui a perdu son homme, cette fois, mais non pas ses charmes profonds.
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rofonds. C’est le siècle où je vis qui n’a plus d’
ombre
, et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait même plus écrire
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e d’auteurs célèbres qui ont traité le mythe de l’
ombre
perdue dans leurs romans, pièces, ou contes fantastiques. Notons qu’e
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ent plutôt vers l’aspect individuel du mythe de l’
ombre
, rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exemple). Barr
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Barrès s’en réjouit. Il va jusqu’à soutenir que l’
ombre
perdue serait le symbole de la patrie (française) perdue par Chamisso
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uvelle normalité. 38. Dans le conte intitulé « l’
Ombre
», Andersen raconte comment un philosophe « Venant des froides région
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du Nord » et voyageant aux pays chauds, perd son
ombre
à force de rêver d’une jeune femme qu’il perçoit de sa fenêtre. « Mai
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ut passé, il vit à sa grande joie qu’une nouvelle
ombre
partant de ses pieds commençait à croître lorsqu’il se promenait dans
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Rougemont Denis de, « Chamisso et le Mythe de l’
Ombre
perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, mai–juin 1937, p. 282‑291.
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partout cette humide lumière blanche qui met des
ombres
si légères, vertes et bleues, sur les murailles rosées. La maison com
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pénétrante odeur de laurier. On distingue dans l’
ombre
des amas de branchages, des outils et des treilles pour la pêche aux
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blanc et vert. Des chiens surgissent des coins d’
ombre
, aboient horriblement, tournent autour de moi, me flairent avec angoi
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ens qui reviennent, et pas une âme. « Vallée de l’
ombre
de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » Jamais plus que dans