1 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
1 ’ont méconnue prenant prétexte de la Loi, cette «  ombre des biens à venir. » (Héb. 10, 1), pour repousser le Christ, qui étai
2 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
2 ur du raisin foulé monte de la cour, et remplit l’ ombre bleue sous le tilleul immense et les lauriers. Un grand vase jaune br
3 liens. Le mas au flanc de la colline, déjà dans l’ ombre , paraissait désert. Nous nous sommes assis sur la terrasse, au pied d
4 cide peut-être, puisque le monde n’y porte plus d’ ombres . Je me souviens de ces nuits de Paris, pleines d’appels fugitifs, ass
3 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
5 Chamisso et le Mythe de l’ Ombre perdue (mai-juin 1937)p L’énigme Vers 1813, un personnage ass
6 gination de Chamisso ; il déclare avoir perdu son ombre . Le second romantisme bat son plein. On a vu bien des fous Chez Tieck
7 iété plus sérieusement troublante. « L’homme sans ombre  » rôdait depuis longtemps dans les régions obscures de la légende pop
8 s’en étonnera. Tel est le calcul de l’homme sans ombre . Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’est donc avouer u
9 ience moderne le mythe de l’homme qui a perdu son ombre , sous les traits pathétiques et naïfs du célèbre Peter Schlemihl. De
10 sthal, et compris mal l’intrigue de la Femme sans ombre . Je voyais une actrice parcourir la scène en hurlant : elle tirait ap
11 ès soi un grand morceau d’étoffe qui figurait son ombre et l’embarrassait fort. Aux entractes, on parlait de Freud. La musiqu
12 le livre qui me parut splendide… Qu’est-ce qu’une ombre  ? me demandais-je. Quelque chose d’assez méprisable. Les Latins la ri
13 pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que l’ ombre de lui-même ! ») Mais je vois bien qu’ils exagèrent : si nous étions
14 ions de purs esprits, nous ne projetterions pas d’ ombre . L’ombre est la preuve humiliante de la chair — humiliante pour ceux,
15 urs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ ombre est la preuve humiliante de la chair — humiliante pour ceux, du moins
16 bles. Voilà pourquoi, pensais-je, ils méprisent l’ ombre , et la mésestiment gravement. Mais encore ? Ils en ont tous une, et s
17 tout cela ? Rien qu’une évidence assez pauvre : l’ ombre est le fait, en nous, de notre chair. Mais perdre sa chair, c’est mou
18 l n’était tout de même pas mort d’avoir perdu son ombre … Il était même si vivant, et sa présence si gênante, que je tentai de
19 c’est par là qu’il le tient. Peter lui donne son ombre contre une bourse magique, d’où il pourra tirer un or inépuisable. Dé
20 un or inépuisable. Désormais riche, mais privé d’ ombre , il se croit le maître du monde. Point du tout : on se moque de lui.
21 Oui, je le savais depuis longtemps, il n’a pas d’ ombre  ! » Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’est plus loin
22 ds qu’il rencontre, transparent dirait-on, — sans ombre  ! Voilà, peut-être, une première indication. Elle paraîtra sans doute
23 Liquor vitae dans l’homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’homme et se forme d’après l
24 utre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle ( ombre ) vient de l’homme et se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor
25 près lui : telle est aussi la Liquor, qui est « l’ ombre intérieure. » Une lecture plus poussée de Paracelse devait bientôt m’
26 notre mythe : la transparence, c’est l’absence d’ ombre , donc de secret. Or le secret « sacré » étant le lieu de la créativit
27 réativité dans la personne, celui qui a perdu son ombre , se promène parmi les hommes avec l’angoisse de voir révélée au grand
28 les richesses du désir. Et l’homme a retrouvé son ombre . Suite et fin de la fable Peter Schlemihl nous apparaît mainten
29 ’une femme stérile, l’impératrice qui a perdu son ombre et qui emprunte celle d’une fille du peuple. Mais Andersen, comme on
30 r l’aspect « spirituel » du mythe. Son conte de l’ Ombre , c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se détacher
31 ues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non p
32 notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non pas ses charmes profonds.
33 rofonds. C’est le siècle où je vis qui n’a plus d’ ombre , et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait même plus écrire
34 e d’auteurs célèbres qui ont traité le mythe de l’ ombre perdue dans leurs romans, pièces, ou contes fantastiques. Notons qu’e
35 ent plutôt vers l’aspect individuel du mythe de l’ ombre , rejoignant le mythe voisin du double. (Maupassant par exemple). Barr
36 Barrès s’en réjouit. Il va jusqu’à soutenir que l’ ombre perdue serait le symbole de la patrie (française) perdue par Chamisso
37 uvelle normalité. 38. Dans le conte intitulé « l’ Ombre  », Andersen raconte comment un philosophe « Venant des froides région
38 du Nord » et voyageant aux pays chauds, perd son ombre à force de rêver d’une jeune femme qu’il perçoit de sa fenêtre. « Mai
39 ut passé, il vit à sa grande joie qu’une nouvelle ombre partant de ses pieds commençait à croître lorsqu’il se promenait dans
40 Rougemont Denis de, « Chamisso et le Mythe de l’ Ombre perdue », Les Cahiers du Sud, Marseille, mai–juin 1937, p. 282‑291.
4 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
41 partout cette humide lumière blanche qui met des ombres si légères, vertes et bleues, sur les murailles rosées. La maison com
42 pénétrante odeur de laurier. On distingue dans l’ ombre des amas de branchages, des outils et des treilles pour la pêche aux
5 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
43 blanc et vert. Des chiens surgissent des coins d’ ombre , aboient horriblement, tournent autour de moi, me flairent avec angoi
44 ens qui reviennent, et pas une âme. « Vallée de l’ ombre de la mort… étranger et voyageur sur la terre… » Jamais plus que dans