1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 bon roman. Pourtant la réussite de Max Brod n’est pas seulement de l’ordre romanesque : elle est d’avoir mêlé à un beau dra
2 e personnage de Garta, dont le lecteur ne tardera pas à voir qu’il figure la conscience exigeante, et comme le juge incorru
3 cable. Encore faut-il montrer que ce détour n’est pas un artifice gratuit. Vieux Pragois lui aussi, Brod fut l’ami le plus
4 ienne, mais avec une minutie telle qu’on ne tarde pas à pressentir que la plupart de nos démarches sous-entendent et masque
5 he au moins d’une théologie. Tout cela, qui n’est pas exprimé mais voilé et seulement trahi par certaines bizarreries du ré
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
6 oblème : comment devenir chrétien ». Car on n’est pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, mais il faut le devenir. Et
7  ». Car on n’est pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, mais il faut le devenir. Et le problème, alors, devient celui
8 -il des actes ? L’homme d’aujourd’hui ne le croit pas . Il croit aux lois, et il se veut déterminé. Or il l’est dans la mesu
9 , — à la commune dégradation. Ceux qui ne croient pas à l’acte, c’est qu’ils ne connaissent plus aucun chemin. Comment marc
10 plus aucun chemin. Comment marcher, s’il n’existe pas de chemin ? disent-ils dans leur suffisance — car on appelle ainsi le
11 rist n’aurait jamais connu la vérité s’il n’avait pas été la vérité ; et nul homme ne connaît davantage de vérité qu’il n’e
12 en incarne.3 Voici donc le mystère : s’il n’y a pas de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il
13 nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas , il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet seule de franch
14 s marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de chemin. La foi au Christ nous permet seule de franchir ce cercle e
15 té ; et la norme de toutes les normes. Au premier pas que nous faisons dans notre nuit, voici que le chemin s’éclaire et qu
16 éant sa lumière et son chemin5, lumière qui n’est pas sa lumière, chemin toujours imprévisible, certitude que devinent les
17 toujours imprévisible, certitude que devinent les pas , chemin qui se dérobe au doute et à l’orgueil, mais que parfois la pr
18 ce monde ; ils meurent de l’avoir dite, et n’ont pas d’autre tâche7. Le chemin est imprévisible ; le nôtre, disons-nous, n
19 n est imprévisible ; le nôtre, disons-nous, n’est pas celui de ces prophètes. Cependant la question demeure : comment agir,
20 ne aux pauvres, par exemple, ou si tu ne possèdes pas de bien, cesse d’en désirer la possession, et vis comme un chrétien :
21 chée au plus secret du risque. 3. Nous n’avons pas à suivre le chemin, mais bien à l’inventer à chaque pas Tant que n
22 suivre le chemin, mais bien à l’inventer à chaque pas Tant que nous considérons le Christ avec des yeux de moralistes, c
23 ue « le chemin » est invisible tant qu’on n’y est pas engagé. Parce que c’est un blasphème de l’homme pieux, du moraliste,
24 écouter l’ordre, au lieu de croire et de faire un pas dans la nuit, sur ce « chemin » qui est le Christ présent. Il y a abî
25 , entre la forme et la transformation. Il ne faut pas commencer par l’imitation, mais par la grâce. L’imitation suivra comm
26 ant, par la foi, sur ce chemin qui commence à ses pas , — c’est là le destin du chrétien, c’est son « impossible » destin, l
27 ement des résultats, — des créatures ; elle n’est pas davantage appréciation des causes. L’acte n’est jamais conséquence, i
28 Parce que le rapport du désespoir à l’acte n’est pas seulement renversement, mais création irréversible. Et cela tient à l
29 nfin de son moi, — mais il sait bien qu’il n’en a pas , ou que son moi est désespoir, c’est-à-dire qu’il n’y croit pas et qu
30 n moi est désespoir, c’est-à-dire qu’il n’y croit pas et qu’il ne croit à aucun acte. Il vit dans le désir et dans la nosta
31 e désir et dans la nostalgie, et son regard n’est pas une vision dans un visage, mais une manière de loucher vers « les aut
32 serait sa mort, — et c’est pourquoi il n’y croit pas . Nul n’échappe à la forme du monde. Mais la subir, c’est justement dé
33 i l’homme a un visage et une vision, ce que n’ont pas les animaux ; c’est pourquoi l’homme est héroïque. Il faut noter ici
34 oncevable illusion des sens », ne s’adressent-ils pas justement à la « vraisemblance » doctrinale d’une religion mise à la
35 ne soutient, hors la foi ? « Celui qui ne renonce pas à la vraisemblance n’entre jamais en relation avec Dieu. L’audace rel
36 blance »19. Parce qu’il faut créer le chemin, non pas le suivre ; parce que l’acte est initiateur ; parce que la dignité de
37 eois. Le bourgeois est sans vocation, il ne croit pas à l’acte et il meurt au hasard, sans avoir rencontré personne ni soi-
38 n qu’il incarne. Sur le chemin qui commence à ses pas , il ne meurt jamais par surprise : et ce n’est point qu’il ait connu
39 une antilogie chrétienne au premier chef, et non pas hindoue, comme certains l’ont voulu croire. Chez les hindous, elle n’
40 e et tombe avec sa mission » (Karl Barth). Il n’a pas de biographie. Rien ne serait plus ridicule que de tenter de faire la
41 12. Lorsque Schopenhauer écrit : « Le temps n’a pas son origine dans les choses, mais dans le sujet connaissant », nous r
42 oxe impensable, l’Incarnation historique de Dieu. Pas de réponse rationnelle au « Cur Deux Homo ? » de saint Anselme. 14.
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
43 s lieux communs (décembre 1936)e Je ne trouve pas ce jeu juste du tout, dit Alice. Ils se disputent tous tellement qu’i
44 llement qu’ils vous assourdissent. Ils ne suivent pas la règle du jeu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il y en a une.
45 ne suivent pas la règle du jeu et je ne sais même pas s’ils savent qu’il y en a une. Alice au Pays des Merveilles On peut
46 que les autres trichent ou font défaut. N’est-ce pas la partie de croquet dans Alice au pays des merveilles ? Les boules é
47 soucie de les mettre à exécution25. « Vous n’avez pas idée, conclut Alice, combien c’est affolant de jouer avec des choses
48 n domaine que l’écrivain digne du nom ne contrôle pas , ne forme pas, n’atteint même pas. On a dit que cette « seconde zone
49 l’écrivain digne du nom ne contrôle pas, ne forme pas , n’atteint même pas. On a dit que cette « seconde zone culturelle » p
50 nom ne contrôle pas, ne forme pas, n’atteint même pas . On a dit que cette « seconde zone culturelle » préparait peu à peu u
51 catesse d’appel. Et les bons écrivains, qui n’ont pas d’autres armes, se voient privés de tous moyens d’agir. Leurs coups n
52 d’agir. Leurs coups ne portent plus, ne marquent pas dans ce magma inconsistant. Et leurs conseils paraissent obscurs dans
53 . ⁂ Telle est l’inquiétude des masses. Elle n’est pas d’abord matérielle, elle est d’abord cette inquiétude du cœur et de l
54 noué, rien engagé, rien sacrifié, là où elle n’a pas même laissé les traces d’une coutume ancestrale : dans les villes. Ma
55 le : dans les villes. Mais ce que l’homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’homme qu’il s
56 ommunauté de réflexes et d’obsession ? N’est-elle pas une somme de nos défaites intimes, de nos dénis d’humanité, — le cont
57 d’homonymie ou de polysémie. Ainsi l’on ne risque pas de confondre le vol à la tire et le vol plané dans la conversation co
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
58 , dans le réel : on vous invite maintenant à n’en pas croire vos yeux, qui voient Staline, mais à croire une prophétie. Cep
59 nécessités pratiques et contingentes, et je n’ai pas à porter, ici, un jugement d’allure politique. Mais ce qui est grave,
60 -ils que cette méthode figure aux yeux de qui n’a pas leur « foi », nécessairement, un simple opportunisme ? Que sert alors
61 use » justifie les moyens… Mais alors, comment ne pas voir que ce mouvement présente, dans sa forme, avec le mouvement du c
62 comme le chrétien, a reconnu que l’homme n’existe pas isolément, qu’il est un être « en relation », qu’il est lié à une soc
63 en, le marxiste croit que la société présente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car ell
64 t de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas . Car elle est divisée contre elle-même, et fait de l’homme qui s’aban
65 elle, et contre toute activité qui ne concourrait pas , d’une façon ou d’une autre, à transformer, à changer quelque chose,
66 a Lettre aux Romains (12, 2) : Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de
67 même, et non plus ce qui l’eût jugé. Marx ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à la base d’une pareille impost
68 rit », car il est incroyant. D’ailleurs, ce n’est pas l’« esprit » qu’il veut sauver, mais l’homme, que les spiritualistes
69 riel pour que le contenu se transforme ? N’a-t-on pas démontré déjà que la culture, par exemple, n’est qu’un « reflet » du
70 à nos adversaires qui le niaient, et nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’occasion de rendre justice aux autres facteurs
71 st dans les choses, et non dans lui. (Il n’en fut pas conscient, et pourtant il en est responsable, nous reviendrons plus t
72 a bourgeoisie donc ! — répète que l’habit ne fait pas le moine, et que l’argent ne fait pas le bonheur. Pratiquement, il cr
73 bit ne fait pas le moine, et que l’argent ne fait pas le bonheur. Pratiquement, il croit dur comme fer que l’habit fait le
74 e contraire, et qui prêchent que l’argent ne fait pas le bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui ont l’argent et qui
75 ches, car l’argent distribué aux masses ne manque pas de créer du bonheur. Pour réussir, il faut une discipline. Pour la ma
76 final est la richesse, mère du bonheur. N’est-ce pas là ce que voulait Marx ? Résumons : Marx n’a pas voulu le matérialism
77 pas là ce que voulait Marx ? Résumons : Marx n’a pas voulu le matérialisme vulgaire. Mais les nécessités de la polémique d
78 théorie d’une pratique49. Le christianisme n’est pas un programme ; ni, comme le disent certains primaires marxistes, une
79 els, en dérive vers le néant. « Ne vous conformez pas à ce siècle présent, mais soyez transformés… » Cela ne signifie pas,
80 ésent, mais soyez transformés… » Cela ne signifie pas , pour un chrétien, que « le monde » soit abandonné. Cela ne signifie
81 que « le monde » soit abandonné. Cela ne signifie pas qu’une fois opérée cette transformation personnelle que l’on nomme la
82 la « transformation » dont parle Paul. L’un n’est pas concevable, sérieusement, sans l’autre. « Toute droite connaissance d
83 que serait une obéissance qui ne se manifesterait pas  ? La transformation personnelle, au sens total de l’Évangile, ne peut
84 vient transformateur du monde — ou sinon il n’est pas converti — mais encore toute transformation de la forme actuelle des
85 on de la forme actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet d’une conversion des hommes, ne doit être aux yeux du chrétie
86 a vie corporelle ! Précisons, car nous ne parlons pas de vérités « purement théologiques » comme le dirait un incroyant. Qu
87 rs mourir de faim ? Ce serait prouver qu’on n’est pas converti. J’agirai donc, toutefois non pour le monde, et non pour sau
88 nce envers Dieu qui m’a transformé. Si je n’avais pas cette reconnaissance, ce serait que j’ignore mon salut. Mais si je co
89 ; mais pouvait-elle être évitée ? Marx n’avait-il pas dit qu’il fallait commencer par changer l’ordre matériel, l’ordre des
90 e et au cynisme des conservateurs. Saint Paul n’a pas cette tragique naïveté. Il ne se fâche pas contre l’Empire romain, et
91 ul n’a pas cette tragique naïveté. Il ne se fâche pas contre l’Empire romain, et ne désigne pas sa destruction comme premie
92 e fâche pas contre l’Empire romain, et ne désigne pas sa destruction comme premier objectif aux chrétiens. Pourtant l’Empir
93 iberté, et bientôt leur ôtera la vie ! Ne faut-il pas « aller au plus pressé », sauver d’abord sa peau, renverser les tyran
94 ctacles à la foule. Mais Paul était apôtre et non pas dictateur. C’est pourquoi son message nous est encore prêché. Il anno
95 us est encore prêché. Il annonçait aux hommes non pas la haine et le cynisme — qui appartiennent à la forme du monde — mais
96 ormation en Christ, venu au monde. Il n’annonçait pas un futur hypothétique, au nom d’une théorie ardue, mais une présence
97 efuse, et qu’elle m’ordonne d’ignorer. Je ne vois pas les effets d’une telle foi dans l’histoire de notre Occident52. Si je
98 i dans l’histoire de notre Occident52. Si je n’ai pas votre foi, je ne les vois pas. Je vois une Église établie, opprimant
99 ident52. Si je n’ai pas votre foi, je ne les vois pas . Je vois une Église établie, opprimant toutes les dissidences, pactis
100 il à vous nourrir, personnellement, mais ce n’est pas cela qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change le mon
101 , concrète et immédiate, de changer tout ; et non pas seulement l’« esprit » ou l’« intérieur ». Or si le marxisme a réussi
102 venu le gardien des conformismes, ou du moins n’a pas su, par excès de prudence, empêcher que les foules le considèrent com
103 sie, à ma lâcheté, à mon absence de foi, mais non pas du tout à la foi. Car la foi, dit Luther, est ‟une chose inquiète”, o
104 , dit Luther, est ‟une chose inquiète”, on ne l’a pas impunément, et si on l’a, cela se voit, des choses changent. Ce que t
105 Ce que tu me reproches, c’est, en fait, de n’être pas assez chrétien ! Tu m’incites donc à le devenir davantage, quand tu c
106 tout du christianisme. » (Je répète que ce n’est pas sa faute, à ce marxiste, mais notre faute, et tout d’abord la mienne.
107 e sa déviation matérialiste actuelle, je ne passe pas à côté de ce qui est essentiel chez Marx. Je ne critique pas une erre
108 de ce qui est essentiel chez Marx. Je ne critique pas une erreur contingente. Je ne dis pas : vous n’êtes pas assez marxist
109 ne critique pas une erreur contingente. Je ne dis pas  : vous n’êtes pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, dès l’ori
110 e erreur contingente. Je ne dis pas : vous n’êtes pas assez marxistes ! Je dis : dès le départ, dès l’origine doctrinale, i
111 nté de changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’homme d’abord, et le monde par lui. Or une telle volonté ne peut co
112 foi, ou pour son « succès », si l’on ne parvient pas à l’opérer. Dans la jeunesse universitaire chinoise et japonaise, le
113 que, économique, historique, etc.55 Et je ne vois pas que le chrétien comme tel ait des lumières particulières sur ces suje
114 mme qui se convertit au communisme ne se rattache pas à une Présence actuelle. Il fait un pari dont l’objet n’est pas acces
115 ence actuelle. Il fait un pari dont l’objet n’est pas accessible aujourd’hui. Il mise son action immédiate sur un fait qui
116 l mise son action immédiate sur un fait qui n’est pas accompli, l’histoire n’ayant jamais connu de réalisation de communism
117 étien véritable…) Le marxiste dit : « Je ne table pas sur une foi dans l’invisible, mais sur des faits concrets qu’il faut
118 sionnée que soit l’espérance du marxiste — et non pas une présence exigeante et totalement animatrice. C’est ici la raison
119 atérialiste. Pour qu’une telle pesanteur ne gagne pas sans cesse sur les élans révolutionnaires spasmodiques qui agitent l’
120 nt qu’elle vit dans chacun de ses membres, et non pas dans un ciel abstrait. Car le gage de l’action chrétienne n’est pas f
121 bstrait. Car le gage de l’action chrétienne n’est pas futur, mais éternel et donc présent. Si, pour sauver le futur de l’Ég
122 Christ et je m’oppose à son retour. Il n’est donc pas d’« opportunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyens du chrétie
123 a fin. Tout autre est le cas du marxiste. N’ayant pas derrière lui de modèle accompli, ni en lui de Présence souveraine, il
124  faute » personnelle et actuelle, puisqu’il n’y a pas de salut présent ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux de t
125 salut présent ni éternel, puisque le salut n’est pas pour eux de toute façon, mais pour les descendants de leurs descendan
126 st présente en chacun de ses actes, ou bien n’est pas  ; tandis que la fin dernière du marxiste est un avenir absolument hét
127 tends bien que les sacrifices qu’ils font ne sont pas seulement « spirituels », entraînent des risques financiers, et même
128 ssent pratiquement ? Ils me disent : « On ne peut pas tout faire ! Quand beaucoup d’hommes seront changés, beaucoup de prob
129 60. La déviation matérialiste du marxisme ne doit pas seulement nous inciter à des condamnations toutes théoriques : elle d
130 marxisme. Tant que les chrétiens ne comprendront pas que leur foi doit se manifester sur tous les plans de l’activité huma
131 e, y compris le plan politique, ils ne répondront pas au défi du marxisme, qui s’en trouvera justifié pour autant. Je ne cr
132 i s’en trouvera justifié pour autant. Je ne crois pas à une politique chrétienne, déduite une fois pour toutes de la théolo
133 soit fasciste ou soviétique : c’est la « mise au pas  » de nos vies et de tous les aspects de nos vies, tant spirituels que
134 u service de l’État déifié. Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’Empire romain au premier âge du christianism
135 ructif le chrétien peut-il soutenir, s’il ne veut pas rester l’objecteur que j’ai dit ? Un protestant, et je précise : un c
136 il est vrai, mais réfractaires à certaine mise au pas . Il serait peut-être abusif de déduire d’une situation déterminée par
137 où la passion totalitaire des gouvernants n’avait pas encore pu s’affirmer comme elle le fit sous Louis XIV, nous constaton
138 aliste de l’Église, et même de l’État. Calvin n’a pas fondé, comme le répètent tous les manuels, une société théocratique,
139  : c’est-à-dire par un calviniste… Je ne voudrais pas restreindre la portée de ce fait en l’opposant, comme il serait facil
140 nt nous sommes responsables. Nous ne pouvons donc pas approuver une forme d’État qui, par définition, contredit toute diver
141 mentionné plusieurs autres —, un chrétien ne peut pas approuver, comme chrétien, la forme politique du communisme63. Il lui
142 stalinisme : une guerre de religions qui ne sont pas les nôtres. Je prends ici parti contre une telle entreprise, pour les
143 tragédie de Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérité du spiritu
144 Marx et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérité du spirituel. Nous n’
145 iritualiste, la vérité du spirituel. Nous n’avons pas à nous dresser contre la « vérité » déviée de Marx, contre une vérité
146 ation spiritualiste. 41. « Le communisme n’est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons commun
147 es autres » (Rom., 12, 5). D’autre part, Marx n’a pas cessé de critiquer l’« individu isolé et abstrait » (Thèses sur Feuer
148 me pour le chrétien, la foi sans les œuvres n’est pas la foi (Jacq., 2, 26). Et Luther même n’a jamais dit autre chose, con
149 ui apparaissait dans le corps social. Je n’oublie pas que la même époque a vu le grand réveil piétiste. 47. « L’armée de l
150 ne). Il faut en user, certes, mais elle ne suffit pas . « Être radical consiste à attaquer le mal dans la racine. Mais la ra
151 ’homme concret, produit social selon Marx, et non pas créature spirituelle et charnelle. 48. En particulier, dans les Thès
152 s personnels, sans quoi le matérialisme ne serait pas « dialectique ». « La coïncidence de la modification des circonstance
153 erait la Personne vivante de Jésus-Christ, et non pas la théologie, simple autocritique de l’Église et du message que l’on
154 ici : « tendre vers… » 51. Ma supposition n’est pas toute gratuite : elle s’est réalisée plus tard sous Constantin par de
155 re qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie, cela tient à l’absence du christianisme. » Je
156 été fondé par un chrétien, Kagawa. 53. Je ne dis pas « les conditions physiques et spirituelles en ce qu’elles ont de perm
157 de manière à frapper les regards et l’on ne dira pas  : il est ici, ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume de Dieu
158 trahisons viennent de ceci : que nous n’acceptons pas de tout soumettre aux volontés de Dieu. Nous réservons certaines acti
159 8. Je prends l’expression dans ce sens, qui n’est pas le sens jésuite courant : que la fin seule doit indiquer les moyens j
160 diquer les moyens justes qui la préparent. Et non pas justifier des moyens qui seraient en soi contraires à la justice, — o
161 à l’essence de la fin souhaitée. 59. Je ne cède pas ici à l’imagerie polémique des bourgeois, aux yeux desquels tout bolc
162 général, l’élite de leur classe. Je ne les traite pas de menteurs, d’hypocrites, etc. Mais je dis qu’en tant qu’ils approuv
163 e soit censée défendre l’URSS). 60. Je n’entends pas porter ici un jugement quelconque sur les groupes dits d’Oxford. Je n
164 de Calvin dans l’élaboration du document ne fait pas de doute. « C’est, dit F. de Schickler, une constitution très serrée
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
165 biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai de l’histoire profane des Juifs, porteurs eux aussi d’une
166 rer. On peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas eu d’histoire sans la promesse que Dieu fit à Abraham. Cette tribu « 
167 facile nous permet de l’imaginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avai
168 de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avait pas été « élu », eût évolué d’une autre sorte que tant de tribus d’Arabie
169 pastorale des temps d’Abraham. Nous ne possédons pas un renseignement d’ordre profane, qui nous explique pourquoi cette tr
170 in, ce sont leurs révoltes constantes, leurs faux pas , leurs accès d’incroyance. Et toute leur grandeur est à Dieu, c’est-à
171 sonnel, unique, éternel, transcendant. Elle n’est pas le produit normal d’une évolution historique fécondée et cristallisée
172 esure humainement concevable, puisqu’elle ne tire pas son origine de circonstances ou de personnes nécessairement imparfait
173 lle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui n’est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus d’obéissance, et imagination d’u
174 acerdotal du peuple élu. Idole, tout ce qui n’est pas ordonné à la fin que les prophètes annoncent sans relâche. Mais la pi
175 ns et les paroles ont été conformes. » Car il n’a pas seulement formulé des lois justes, complètes et très détaillées, mais
176 nécessaire ? » L’homme qui a une vocation n’est pas bon à autre chose. Israël portait dans son sein l’avenir religieux du
177 est grand, c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne
178 la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eux-mêmes
179 est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens en eux-mêmes mais les moyens mesurés par la fin. C’est pou
180 me et le troisième commandement. « Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation des choses qui sont en haut dan
181 ndamne toute espèce d’art plastique. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » — cela condamne la mythologie et la f
182 purement technique : la sagesse de Salomon n’est pas une connaissance des « causes » mais bien des « signatures » naturell
183 bien des « signatures » naturelles. Elle ne veut pas utiliser les choses, mais distinguer en elles les intentions divines,
184 en établies, puisqu’il n’y a que celles qui n’ont pas cet avantage que l’on soit obligé de changer, lorsque l’expérience fa
185 e de Moïse, pourrions-nous, sans impiété, ne nous pas efforcer de les observer très religieusement ? Et quelle conduite peu
186 ui y soit contraire, et que toutes choses ne sont pas mieux réglées le jour d’une fête solennelle, qu’elles le sont toujour
187 idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’a pas cru à sa victoire, et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-à-dire l
188 l se fait précurseur des messies qui ne viendront pas … Héritage d’Israël Le christianisme par sa nature même, brisai
189 minoritaire, en butte à la persécution, ne suffit pas à expliquer les ressemblances si souvent signalées entre le sort des
190 n au sein d’un monde pécheur que Dieu n’abandonne pas . De même que la loi de Moïse maintenait le peuple juif, malgré le péc
191 ffice : usant de ces richesses « comme n’en usant pas  », au nom et par la charge du Seigneur qui est venu, et qui doit reve
192 cien, et qu’il est d’origine judaïque78. Ce n’est pas ici le lieu de prendre parti entre ces deux explications d’un phénomè
193 nomène économique que par ailleurs personne — non pas même Marx, quoi qu’on en pense souvent — n’a su définir clairement. M
194 nt sa naissance et ses œuvres ? Ce problème n’est pas gratuit : il touche au cœur de la foi réformée. Or c’est lui justemen
195 oindrissement la richesse des païens, que ne fera pas leur complet relèvement ! » (v. 12). « En effet, je ne veux pas, frèr
196 et relèvement ! » (v. 12). « En effet, je ne veux pas , frères, que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne présumiez
197 ect religieux qu’on lui porte. Peut-être n’est-il pas excessif de voir dans cette passion contradictoire le secret des soud
198 raël autrement que ne fait « le monde ». Ce n’est pas au nom d’intérêts passagers que nous avons à prendre position, mais a
199 ar la vocation spirituelle de ce peuple. Il n’est pas du tout biologique. Il ne le devient qu’accessoirement, à mesure que
200 e » national. On voit ainsi que l’eugénisme n’est pas le seul motif de la législation raciste. 65. Sur l’importance capita
201 voir donner ci-après un développement qui n’avait pas sa place dans mon livre. 66. La rédaction des livres mosaïques est a
202 des Prophètes après le Christ. Ainsi la Bible n’a pas d’autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, au-del
203 religions ! 79. Calvin, toujours soucieux de ne pas spéculer arbitrairement sur les textes, note en effet cette restricti
204 n effet cette restriction : « Et aussi ne faut-il pas entendre ceci de toute vocation, mais de celle par laquelle Dieu a ad
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
205 a Réforme ? D’autres, moins exigeants, n’hésitent pas à soutenir que Luther fut un démagogue, un exploiteur de l’éternel re
206 ue littéraire connu, dont les revues n’hésitèrent pas lorsqu’il parut (en 1936) à louer la mesure et la sérieuse informatio
207 rançaises de théologie protestante. Il n’en reste pas moins que l’ignorance ou la méconnaissance courantes à l’égard de Lut
208 es thèmes qu’illustre cet ouvrage. S’ils n’y sont pas traités en forme, c’est qu’ils ne constituent pas un système, au sens
209 pas traités en forme, c’est qu’ils ne constituent pas un système, au sens philosophique du mot, mais qu’ils s’impliquent tr
210 arfois même prêchés. Le laïcisme moraliste n’en a pas du tout le monopole : tout catholique se doit, en bonne logique, de l
211 ont le lecteur incroyant, ou celui qui ne partage pas la foi de Paul et des Apôtres. D’abord, le langage scolastique, qui n
212 ôtres. D’abord, le langage scolastique, qui n’est pas proprement luthérien, mais que Luther est obligé d’utiliser pour débr
213 la conscience du spectateur.) Ce qui ne manquera pas de faire crier au dogmatisme. Tout se passe ici « à l’intérieur » du
214 l’Église fidèle, en prédicateur responsable, non pas en philosophe ou en métaphysicien, que Luther nie le libre arbitre. C
215 n n’arrive que selon sa prévision. Luther ne pose pas seulement l’omnipotence, mais l’omniscience et la prescience éternell
216 ’agir ? Est-ce vraiment toi qui agis ? Ou n’es-tu pas toi-même agi par de puissantes forces sociales, historiques et économ
217 économiques ? Toute ta science ne s’occupe-t-elle pas , justement, à les découvrir ? Au besoin, à les inventer ? C. M. — Ce
218 Si ton effort aussi était prévu ? Pourrais-tu ne pas le fournir ? Et si tu décidais : « je suis, donc Dieu n’est pas ! »32
219  ? Et si tu décidais : « je suis, donc Dieu n’est pas  ! »32 qui t’assurerait que cet acte de révolte échappe à l’éternelle
220 ait qu’en prononçant ces mots, tu ne prononcerais pas sur toi-même l’arrêt éternel de Dieu te rejetant vers le néant, en so
221 r toi ? Fermer les yeux sur une réalité, ce n’est pas la supprimer en fait. Mais c’est peut-être se priver de son secours,
222 l’autre à la damnation. Être damné, ne serait-ce pas justement être rivé au temps sans fin, et refuser l’éternité qui vien
223 mmobile, de statique ? Qui nous dit qu’elle n’est pas au contraire la source de tout acte et de toute création, une inventi
224 omesse, une prière précise et instante, ne vit-il pas ce paradoxe et ce mystère : croire que « l’Éternel est vivant », croi
225 u de ce qu’il décidera ? Car l’Éternel ne connaît pas de « temps », il n’est pas lié comme nous à une succession. Mais au c
226 r l’Éternel ne connaît pas de « temps », il n’est pas lié comme nous à une succession. Mais au contraire, nos divers temps
227 s » et notre crainte du « fatalisme » ne reposent pas , le plus souvent, sur cette erreur des plus grossières ?… C. M. — On
228 e qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du libre arb
229 t l’Éternel qui commande — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficultés intellectuelles. Il n’y a que la résistance acharné
230 ême, — il me paraît que l’opinion de Luther n’est pas sujette à de sérieuses objections. Et la démonstration purement bibli
231 chrétien, la vérité d’un paradoxe que Luther n’a pas inventé, mais qui est au cœur même de l’Évangile. L’apôtre Paul l’a f
232 au risque d’« évacuer la Croix ». Tant qu’on n’a pas envisagé la doctrine de la pure grâce jusque dans son sérieux dernier
233 st clair lorsque l’on a compris que Luther ne nie pas du tout notre faculté de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse s
234 ologie, littérature et scolastique. Il n’en reste pas moins qu’aux yeux de la raison — cette folle, comme le répète Luther
235 culté ; ou si, au contraire, ils ne la retrouvent pas , mais dans un plan où elle reste insoluble. Érasme était encore catho
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
236 pondances avec notre situation concrète. Ce n’est pas leur abstraction qui nous inquiète, loin de là, c’est bien plutôt leu
237 ine pensée critique, aujourd’hui, ne donne-t-elle pas exactement cette impression ? Ne pourrions-nous la caractériser maint
238 : ce mot serait celui d’inactualité, entendu, non pas au sens temporel, mais au sens de rupture entre la pensée et l’acte.
239 trange, la raison pour laquelle le désordre n’est pas total, c’est la raison même de ce désordre : c’est la rupture entre l
240 nous maintenant en rendre compte ? Nous ne disons pas  : comment pourrions-nous le définir, nous disons seulement — et litté
241 quelque sorte négative. Car, en vérité, il n’y a pas pour nous de problème de l’acte mais il y a problème de ce qui s’oppo
242 s’oppose à l’acte. (En d’autres termes, il n’y a pas de problème de la personne, mais bien des « choses », de l’impersonne
243 sonnel.) L’acte, étant immédiat au sujet, ne peut pas , sans cesser d’être acte, être posé en face de l’acteur. On ne peut p
244 e acte, être posé en face de l’acteur. On ne peut pas photographier un acte, et donner ensuite la description de la photo c
245 ’athlète essaie de définir le saut, il ne sautera pas . Tous ceux qui ont pratiqué un minimum de culture physique connaissen
246 ’analyse philosophique est avec celui qui ne peut pas sauter. Et c’est peut-être cela précisément que la sagesse vulgaire a
247 eci nous amène à constater que : 1° Si on ne part pas de l’acte, on ne part pas du tout. 2° Si on ne part pas tout de suit
248 que : 1° Si on ne part pas de l’acte, on ne part pas du tout. 2° Si on ne part pas tout de suite, on ne partira jamais. L
249 l’acte, on ne part pas du tout. 2° Si on ne part pas tout de suite, on ne partira jamais. Le jeu des mots traduit ici le j
250 ut éclairer notre débat : « L’éthique ne commence pas dans une ignorance qu’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir
251  » Nous dirions en d’autres termes : l’acte n’est pas un problème, mais une donnée initiale, le seul donné qui se donne à s
252 e à soi-même. Or, cette donnée, d’une part, n’est pas réductible à ce qui la précède, d’autre part, n’est pas épuisée par l
253 ductible à ce qui la précède, d’autre part, n’est pas épuisée par l’analyse de ses effets. L’acte est à la fois créateur, e
254 e temps, qui est le mystère même. Cela n’entraîne pas qu’on ne puisse rien dire des réactions psychologiques à l’acte « as
255 avoir assez dit pour pouvoir affirmer qu’il n’y a pas de transition entre l’acte et ses effets. C’est l’acte lui-même qui s
256 ot de violence (voir à cet égard Sorel). Il n’y a pas d’évolution créatrice sans révolution. L’acte sera donc agonique. D’a
257 orientée ; il est donc aussi intention. Il n’est pas seulement agonique, mais encore ordonnateur. C’est un conflit et une
258 re des ténèbres. Son caractère dichotomique n’est pas isolé de son caractère agonique. Ce n’est pas à dire que la lumière e
259 est pas isolé de son caractère agonique. Ce n’est pas à dire que la lumière et les ténèbres soient données avant l’acte, ca
260 ient données avant l’acte, car sinon il ne serait pas créateur, c’est-à-dire qu’il ne serait pas acte. L’acte n’a qu’un poi
261 serait pas créateur, c’est-à-dire qu’il ne serait pas acte. L’acte n’a qu’un point d’application, le chaos, la discorde, le
262 ui tend à y revenir. Ce qui est nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est l’ordre. L’acte est si étroitement lié à ses effet
263 à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne peut pas y renoncer sans briser son ressort. Remarquons que cet attachement es
264 s comment va se présenter à nos yeux ce qui n’est pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés à nier l
265 pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amenés à nier la réalité de toute médiation ? Assurément l’évide
266 ppui et garde une participation avec ce qui n’est pas personnel. Mais cette nécessité ne reprend sa valeur que dans la tens
267 ’instantanéité de l’acte. 1. Ce qui ne signifie pas du tout que la pensée doive être soumise à l’action — bien au contrai
268 passer, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la vie. Or, ce seuil, comme le montre clairement M. Lévy-Bruhl, notam
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
269 ve. Il convient de préciser que le bulletin n’est pas distribué. Il est adressé personnellement et confidentiellement au pr
270 ui le communique à ses adhérents. Ceux-ci ne sont pas de simples lecteurs passifs, mais des membres actifs, qui participent
271 tral d’informations » qui rédige le bulletin, n’a pas seulement à sa disposition les renseignements que lui fournissent les
272 ant hors de son domaine, les « Clubs » n’oublient pas que la réforme organique de la presse est le but final. Dans cette pa
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
273 onomique. Le résultat de ces pratiques ne se fera pas attendre, et l’on en voit déjà les premiers signes : parlez de la lib
274 i de l’usage courant. (Staline dit : « Je ne suis pas un dictateur » ; Mussolini fait la conquête de l’Éthiopie au nom de c
275 politique a prostitué le langage. La culture n’a pas été assez forte pour interdire cette prostitution. Il en résulte que
276 e tout d’abord. Écrivons pour montrer qu’il n’est pas de problème politique plus urgent que celui des mots ; et qu’il n’est
277 e plus urgent que celui des mots ; et qu’il n’est pas de problème culturel qui ne dépende de la politique. Cela revient à é
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
278 s marxistes.) Et, cependant, leur influence n’est pas moins grande, sur la vie privée du lecteur. Ils ne veulent rien dire,
279 d’une manière anarchique — tout en prétendant ne pas vouloir influencer, ils ressemblent beaucoup à ces gouvernements libé
280 les vapeurs du bourgeois sensible, il ne cherche pas à les combattre, à les transformer, à les dissiper au nom d’un idéal
281 ngereusement tendancieux qu’un écrivain qui n’ose pas affirmer sa tendance. La contagion du roman réaliste ou psychologique
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
282 paremment que la liberté est une conquête, et non pas une facilité. Tout concourait d’ailleurs à faire passer cette erreur
283 es et éditeurs ; pratiquement, la franchise n’est pas possible.) De ces années, et de celles de la crise qui les suit, on n
284 décrire, sinon ce qui s’écroule — et cela ne peut pas donner les éléments d’un art, si l’art est une construction. Il sembl
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
285 l’un de nos bons écrivains, M. Arnoux, de n’avoir pas su s’imposer « avec assez de force au public ». Car, précisait-il, « 
286 lation complète » dont nous parlions ne demandera pas seulement des mois, ni même des années ou des siècles, mais quelque c
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
287 en secret dès longtemps. Je voudrais bien n’avoir pas l’air trop romantique : mes dernières années de Paris m’avaient appri
288 cherchez une, et vous en trouverez pour rien, ou pas grand-chose. Encore faut-il savoir comment on y peut « vivre » ? C’es
289 j’ai voulu répondre. Peut-être mon récit n’a-t-il pas d’autre but que de décrire un précédent, d’affirmer que cela peut se
290 quelques légumes de leurs cultures, qu’ils n’ont pas pu vendre au marché. Cependant, ils se considèrent comme des privilég
291 rlent de quelques familles des environs qui n’ont pas la ressource d’un jardin, ou qui ne « savent pas y faire ». (Légère n
292 pas la ressource d’un jardin, ou qui ne « savent pas y faire ». (Légère nuance de supériorité sociale chez Simard). Nos hô
293 e ruisseau avec un torchon de papier d’emballage. Pas un de ces petits visages qui ne soit beau et fin mais incroyablement
294 n parcourant la feuille locale, qu’il naît encore pas mal d’enfants dans ces foyers que tout menace. Faisons la part des « 
295 plus petites et toujours vertes ; on ne les mange pas ). Simard nous a indiqué une ferme, de l’autre côté de la colline du s
296 à son tour, de l’air de dire : Oh, vous, ce n’est pas la même chose. Elle a sans doute entendu parler de nous. Rien à faire
297 orieuse, peu ou point de gains depuis des années. Pas de relations. Leur niveau de culture, fort au-dessus de la moyenne, n
298 nne guère, s’agissant de protestantes. Ce ne sont pas des bourgeoises, certes, et pourtant elles en sont encore à estimer q
299 raison, leur énergie sérieuse, cette façon de ne pas se plaindre de son sort… Pourtant, il y en a peu de cette espèce, sem
300 l. On n’en parle jamais. Mais elles ne paraissent pas du tout se considérer comme un type social d’exception. Combien y a-t
301 t cela dont le marxisme, justement, se doit de ne pas tenir compte. Un communiste traitera les dames Turc de « koulaks » et
302 ofits). Il s’estime donc scientifique. Il ne part pas de ce que les hommes veulent être, ni de la conscience globale qu’ils
303 e ? Est-ce que l’heure de la nuit où l’on ne dort pas n’est pas toujours l’heure des mauvaises nostalgies. ? Qui pourrait n
304 que l’heure de la nuit où l’on ne dort pas n’est pas toujours l’heure des mauvaises nostalgies. ? Qui pourrait nous écrire
305 toire des inventions de l’insomnie ? Ne serait-ce pas tout simplement l’histoire de la naissance de nos démons ? La nuit ne
306 e de la naissance de nos démons ? La nuit ne pose pas de questions immédiates. C’est pourquoi, dans cette heure suspendue,
307 ant la construction de cette maison… On n’y avait pas pensé ? Je passe au fond, dans une chambre obscure mais qui me paraît
308 ait. « Vous avez eu de la fièvre ! » Elle ne sait pas . Elle ne veut pas de médecin. Sa fille dit : « Elle ne voulait même p
309 u de la fièvre ! » Elle ne sait pas. Elle ne veut pas de médecin. Sa fille dit : « Elle ne voulait même plus toucher à la v
310 ême plus toucher à la viande, pensez ! Il ne faut pas croire que la viande soit un si bon remède comme on le dit. Je lui ai
311 le dit. Je lui ai fait du poulet, elle n’y avait pas goût. Alors j’ai pensé lui faire du bouillon de poulet, ça lui a fait
312 et, ça lui a fait de l’avantage. Voyez ! Ce n’est pas vrai que la viande est si bonne pour les malades. » Elle accepte de v
313 novembre 1934 D’une manière générale, ils ne sont pas conscients de porter la responsabilité des accidents qui leur arriven
314 les qui vont à l’église ou au temple, ou n’y vont pas , elles qui savent. Pour les hommes, c’est tout autre chose. Ils sont
315 e une fois le drame de la culture. Qu’on ne croie pas que j’exagère. Je ne tire de ce fait, à vrai dire minuscule, qu’une é
316 lentendus de ce genre. Voire. Le peuple ne lisait pas , avant l’école de Guizot. Le « public », c’était la noblesse, et les
317 ettre. Aussi bien nous parlons au hasard, pour ne pas dire dans le vide (il vaudrait mieux que ce soit le vide, dans bien d
318 et anecdotes locales. Discussion n’est d’ailleurs pas le mot : c’étaient surtout des questions, des affirmations de partis
319 s peu cultivé, et sans doute de tout ce qui n’est pas « intellectuel » — ne « discute » pas à proprement parler. Son langag
320 e qui n’est pas « intellectuel » — ne « discute » pas à proprement parler. Son langage en tout cas s’y prête mal, soit à ca
321 ère communiste. Ceux des habitants qui ne le sont pas ne savent pas trop ce qu’ils sont, à part les châtelains. Ils votent
322 . Ceux des habitants qui ne le sont pas ne savent pas trop ce qu’ils sont, à part les châtelains. Ils votent radical ou soc
323 nnaissent le marxisme ? On m’avait dit : ce n’est pas cela du tout, vous verrez. Être communiste dans ce pays, c’est tout s
324 is-je, on peut redouter que ces hommes ne sachent pas faire la distinction entre le marxisme et l’anarchie. D’autre part, s
325 s le plus actif : car l’homme dont je parle n’est pas un enquêteur, simple curieux ou spectateur. C’est bien plutôt un cons
326 ien ? C’est difficile de les classer et je n’aime pas beaucoup ça… Il y en a de toutes sortes, bien sûr, et plus on les voi
327 ils sont communistes, ils ne doivent tout de même pas faire partie de votre église, pratiquement ? — C’est-à-dire, oui et n
328 e dimanche ? — Ça non. D’ailleurs, communistes ou pas , les hommes d’ici ne viennent guère au culte. Ce n’est pas l’envie qu
329 hommes d’ici ne viennent guère au culte. Ce n’est pas l’envie qui manque, mais ils ont peur. C’est toujours la question de
330 t au travail, ou au café. — Pourquoi n’iriez-vous pas au café avec eux ? — C’est difficile ! Moi, ça ne me gênerait pas. Ma
331 eux ? — C’est difficile ! Moi, ça ne me gênerait pas . Mais eux on les étonnerait, et surtout ils y sont entre eux. Je n’ai
332 Si c’était possible, ce serait épatant, je ne dis pas . Mais pratiquement, je vous assure, c’est difficile. — Et les salutis
333 tre les chrétiens et les incroyants, ce n’est que pas les chrétiens se conduisent mieux que les autres, mais c’est qu’ils s
334 le débat : « En somme, dit-il, si nous ne croyons pas en Dieu, nous autres, ce serait que nous sommes trop orgueilleux ? »
335 e posent quelquefois des questions. Mais ce n’est pas par la lecture qu’ils viennent au parti. L’affaire, pour eux, c’est d
336 nne, en fait de doctrine. En réalité, ils ne sont pas plus marxistes que moi. Ils veulent avant tout vivre et travailler ra
337 du chrétien honteux, honteux d’une foi qu’il n’a pas  ! Car s’il l’avait, il n’aurait plus de honte à la confesser devant l
338 s hommes ; et s’il a honte, c’est qu’il ne craint pas Dieu, mais qu’il croit au jugement des incroyants, tout en s’imaginan
339 t des incroyants, tout en s’imaginant qu’il n’est pas un des leurs… Je voudrais définir le croyant véritable : celui qui sa
340 croyant véritable : celui qui sait qu’il ne croit pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment le prouve-t-il ? Tout s
341 goter. C’est un de ces Méridionaux qui ne connaît pas de meilleur remède que la parlotte. Tout de suite, c’est la question
342 francs pour son beau-frère. « Ce cochon-là » n’a pas répondu, et pourtant la lettre était recommandée. Alors il a été voir
343 dire que c’est des gens arriérés, quoi. Ils n’ont pas l’instruction comme nous autres. » Arriérés, illettrés. Je n’en suis
344 n hors-classe, un être à part, auquel on ne croit pas . (D’où sans doute l’angoisse qui pousse tant d’écrivains à gagner de
345 ticuliers à ce pays, et qu’en tout cas il ne peut pas se poser de la même façon en France. Je conclus que la seule manière
346 ère de prévenir utilement un fascisme, ce n’était pas de condamner les Italiens et leurs admirateurs français, position nég
347 Et pourtant, la mission de l’écrivain n’est-elle pas justement d’éduquer le lecteur, j’entends de l’amener à réfléchir sur
348 que j’invente mon histoire ? — Il ne vous croira pas , vous ne savez pas mentir. — Mais pourquoi n’aime-t-on pas ce qui est
349 histoire ? — Il ne vous croira pas, vous ne savez pas mentir. — Mais pourquoi n’aime-t-on pas ce qui est vrai ? — Parce que
350 ne savez pas mentir. — Mais pourquoi n’aime-t-on pas ce qui est vrai ? — Parce que c’est gênant. Cela oblige à conclure, u
351 de ma part, ce journal. Un tel jugement ne serait pas très franc, d’ailleurs. L’indiscrétion, en soi, ne gêne pas beaucoup
352 ranc, d’ailleurs. L’indiscrétion, en soi, ne gêne pas beaucoup de gens, au contraire. Ce qui gêne, c’est plutôt la vérité t
353 ituation matérielle. Il est entendu qu’on ne doit pas parler de « questions matérielles » dans une société distinguée. Vous
354 que de cela. Oui, mais d’une façon générale, non pas personnelle. Seulement, il se trouve que mon propos, précisément, est
355 parler en public de ma pauvreté — qui ne me gêne pas moralement — moins indiscret de parler d’argent que de parler, comme
356 irer.) R. me disait aussi : En somme, vous n’êtes pas un vrai chômeur, puisque vous avez la possibilité de travailler. — Je
357 le lendemain. — Admettez que cela ne vous empêche pas de vivre assez bien, à votre idée. Vous avez l’air très satisfait de
358 ès satisfait de votre situation. Ce n’est fichtre pas le cas des vrais chômeurs ! — Ah, c’est vrai, je suis bien content, m
359 n content, malgré tout. — Alors, vous n’êtes donc pas un vrai chômeur. — Mais je ne tiens pas du tout à être un « vrai chôm
360 êtes donc pas un vrai chômeur. — Mais je ne tiens pas du tout à être un « vrai chômeur », je vous l’assure ! D’ailleurs j’a
361 uement impossible, sauf gâtisme précoce. Ce n’est pas un mal, je pense, si je suis heureux, bien que sans ressources. Mais
362 qu’à regarder la frange de mon pantalon. Ce n’est pas avec ça que je pourrais faire une carrière dans le monde, à supposer
363 ontent d’un sort matériel très médiocre. Ce n’est pas nouveau. Et il faut bien reconnaître que ce n’est pas aussi romantiqu
364 nouveau. Et il faut bien reconnaître que ce n’est pas aussi romantique et excitant que mon titre pourrait le faire croire.
365 de juillet 1930 29 . Tous ceux qui ne bénéficient pas de la loi des assurances sociales ont intérêt à assister à la confére
366 a face du monde que nos militants héroïques n’ont pas perdu leur peine depuis 89 ! Oui, dis-je, ce symbolique mot d’ordre s
367 a publication d’un communiqué de ce genre ne soit pas accueillie par une traînée de rigolade irrépressible dans toutes les
368 iques et des retraites aux sexagénaires. N’est-ce pas beau, rassurant, émouvant, dans une Europe que l’on croyait en proie
369 lle assez grossièrement la patronne qui ne répond pas . C’est un habitué, il est comme ça. Il faut le laisser frapper le sol
370 eut-être gêné. Entre ces deux hommes, je n’hésite pas  : je vote pour le communiste. C’est un Méridional du type sérieux, un
371 mpérament. Peut-être aussi le communiste n’est-il pas encore parvenu à « mettre de côté » autant qu’il le voudrait. Mais ce
372 de côté » autant qu’il le voudrait. Mais ce n’est pas sûr. Je sais bien une douzaine de ses camarades qui comptent parmi le
373 ieux le sort qui est fait aux ouvriers — ce n’est pas le cas des intellectuels qui « adhèrent » aux disciplines stalinienne
374 e fois de plus, que l’homme du peuple ne comprend pas profondément ce qu’on lui donne à lire ou à entendre. Il comprend sa
375 à entendre. Il comprend sa situation, et ne voit pas que son journal est sans rapport réel avec cette situation. Mais les
376 ses intérêts véritables. Mais c’est qu’il ne peut pas les exprimer très aisément. Question de langage. Revenez voir ces mêm
377 prendre. Dans une assemblée populaire, on ne dira pas un mot de tout cela, on s’en tiendra aux clichés du journal. On n’aur
378 on s’en tiendra aux clichés du journal. On n’aura pas le temps ni le courage, ni même l’idée de pousser plus loin, d’aborde
379 peuple, n’écoutons plus ses assemblées, ce n’est pas lui. Écoutons les observations que formulent des individus pris à par
380 ous sommes ici, et combien de fois ne sommes-nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur log
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
381 vouée par sa veuve : « En Russie, Ilitch ne goûta pas l’art nouveau, qui lui demeurait étranger. » Il préférait de beaucoup
382 akovski contre les bureaucrates. Je n’appartiens pas , dit-il, aux admirateurs de son talent poétique, bien que je reconnai
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
383 t bien d’autres imitateurs, dont le moindre n’est pas Hoffmann… ⁂ L’énigme commença de m’inquiéter lors d’un séjour alleman
384 Opéra. On y donnait du Strauss. Je ne connaissais pas le livret d’Hofmannsthal, et compris mal l’intrigue de la Femme sans
385 ous étions de purs esprits, nous ne projetterions pas d’ombre. L’ombre est la preuve humiliante de la chair — humiliante po
386 , et cet infortuné Schlemihl n’était tout de même pas mort d’avoir perdu son ombre… Il était même si vivant, et sa présence
387 se renoue, cette fois-ci sans remède. Il ne tarde pas à tourner au délire de persécution. Tout effraye Peter, et le moleste
388 e qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous les contacts. Ou plutôt il les établit en apparences,
389 on aime Schlemihl pour tout ce qu’il a, qui n’est pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel est le r
390 ment ! Oui, je le savais depuis longtemps, il n’a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’est p
391 symboles. Car, pour la vie spirituelle, il n’est pas de lieux séparés, on peut toujours passer de l’un à l’autre par quelq
392 deux femmes qu’il voudrait épouser. Mais n’allons pas conclure trop vite. Les états d’âme d’un malade ou d’un fou diffèrent
393 ent des états d’âme d’un homme sain ? Ne sont-ils pas plutôt de simples fixations d’états qui, normalement, ne tarderaient
394 ixations d’états qui, normalement, ne tarderaient pas à se muer en leur contraire ? Plus précisément, l’état de Peter Schle
395 s précisément, l’état de Peter Schlemihl n’est-il pas comparable à celui d’un esprit et d’un corps sains après « l’amour » 
396 : un Amiel). Cependant ces remarques n’expliquent pas encore l’essentiel. Que l’on cache son secret le plus profond, le plu
397 pt lieues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, ma
398 ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non pas ses charmes profonds. C’est le siècle où je vis qui n’a plus d’ombre,
399 etombé dans le roman insignifiant. P.-S. Je n’ai pas voulu alourdir cette esquisse de tout un appareil de références bibli
400 Rank (Stock). Cet érudit psychanalyste ne recense pas moins d’une cinquantaine d’auteurs célèbres qui ont traité le mythe d
401 orsqu’il se promenait dans le soleil. » Ici donc, pas de fixation morbide, comme dans Schlemihl. Aussi bien, le diable n’es
402 me dans Schlemihl. Aussi bien, le diable n’est-il pas dans l’affaire, cette fois-ci. 39. Selon Paracelse toujours, l’éléme
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
403 vêtements, citadins mais râpés, ne la renseignent pas clairement. Et que penser d’un « Parisien » qui manifeste l’intention
404 Je le sais bien, madame Aujard, mais je ne viens pas pour mes vacances ! J’ai du travail chez moi, des tas de choses à écr
405 chez moi, des tas de choses à écrire… Elle n’ose pas m’en demander davantage. Et moi, je recule devant l’entreprise de lui
406 e pour les journaux, sans doute, mais il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays… Je l’ai laissée en plein mystère. Elle a
407 urs sabots, que je sois sorti. La mère Aujard n’a pas toujours ce qu’on voudrait. En hiver elle fait peu de réserves de pro
408 de l’autre côté de la place, chez Mélie. Ce n’est pas simple d’éviter d’être vu par l’une, entrant chez l’autre. Mais c’est
409 t prudent, on me l’a dit. Car elles ne baisseront pas leurs prix pour garder un client, elles les augmenteront bien plutôt
410 ir d’avoir été en face. Sans compter qu’on n’aime pas être accueilli par la réprobation sournoise d’une épicière. 21 novemb
411 consterné. J’affirme avec vivacité que ça ne peut pas aller. Il faut tout recommencer. Finalement l’on décide d’envoyer le
412 me tend une formule de télégramme, mais ce n’est pas un télégramme, c’est une notification officielle d’avoir à verser san
413 vendent aux baigneurs. Bien entendu, je n’arrive pas à savoir combien ce petit commerce lui rapporte, « ça dépend des anné
414 bourgeoise. Ma bonne conscience de pauvre n’aura pas duré bien longtemps. 16 décembre 1933 Derrière la même pile d’assiett
415 e de La Naissance du jour, de Colette. Je n’avais pas encore lu ce livre. Il est exactement de l’espèce que j’aime, et l’un
416 re-pied. D’autres sur le plancher. Je n’en menais pas large. Comme la mère Renaud était venue nous voir la veille, nous ne
417 ait venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a beau porter un n
418 ter un nombre excessif de jupons, cela ne devrait pas suffire à rendre vraisemblable une hypothèse à ce point injurieuse. P
419 ce point injurieuse. Pourtant nous n’en trouvions pas d’autres. Or, peu de jours auparavant, un petit hérisson était venu s
420 notre première tentative d’autonomie. Je ne suis pas arrivé à gagner assez vite ce qu’il nous fallait pour subsister après
421 éserve. J’ai travaillé beaucoup, mais je ne serai pas payé avant un mois. Or, un mois, ou même une semaine, cela compte qua
422 de deux mois, c’est que la liberté ne s’improvise pas . Qu’il faut la conquérir avec méthode, et organiser à l’avance un pla
423 r près la date d’arrivée des renforts. Je ne suis pas trop fier de ma retraite stratégique, mais tout de même bien décidé à
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
424 train de causer dans la vie provinciale. Je n’ai pas compté le nombre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai pu cons
425 « la coutume » de la France rurale. Mais ce n’est pas encore assez dire : l’autocar modifie complètement le mode de contact
426 ans remarquer que les gens qui l’habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à une autre, ce n’est pa
427 orte, et que d’une province à une autre, ce n’est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons
428 t pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons qui faisait, si facilement nier la subsistance d
429 commandations ; et ils sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entr’ouverte un instant à la fille d
430 moi ces ambitions : ceux qui les ont n’en parlent pas , dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci me rappelle un bout de co
431 crire. Car ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessive, d
18 1937, Articles divers (1936-1938). « Subjectivité et transcendance », Lettre de M. Denis de Rougemont (décembre 1937)
432 tous les vingt ans de fond en comble. Je ne pense pas que la transcendance puisse jamais être « simplement la nature ». Voy
433 scendance, la nature devient divinité (et ne peut pas ne pas le devenir). Pour ma part, je ne conçois pas de relation concr
434 ce, la nature devient divinité (et ne peut pas ne pas le devenir). Pour ma part, je ne conçois pas de relation concrète à l
435 s ne pas le devenir). Pour ma part, je ne conçois pas de relation concrète à la transcendance où manquerait le sentiment du
19 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
436 dversaires, donc discuter. Au surplus, je ne sais pas si le terme d’adversaire convient à M. Pierre Beausire. Il approuve n
437 us attaque, c’est sur des points que nous n’avons pas abordés, et sur des thèses que je souhaite qu’aucun de nous ne soutie
438 c’est l’amour concret des hommes réels. Ce n’est pas « la bonté, la charité (vertus toutes passives et féminines) » (au se
439 de mes camarades, la majorité même, ne partagent pas cette certitude. Ils en ont d’autres, que je crois insuffisantes, et
440 dis en toute franchise. Du moins ne tiennent-ils pas le christianisme dont je parle pour une niaiserie sentimentale. À déf
441 i l’Europe s’est faite. Pierre Beausire ne craint pas de proclamer que « si l’on veut parler à des hommes, et non à des enf
442 renoncer à invoquer le Christ ». Je ne craindrai pas de lui répondre que ce n’est pas là parler en homme, ni en enfant, ma
443 Je ne craindrai pas de lui répondre que ce n’est pas là parler en homme, ni en enfant, mais en adolescent impénitent. ⁂ Je
444 -on cela ? Dans les livres de Nietzsche. Mais non pas encore dans l’Histoire ? Si ce n’est pas une utopie de plus, un refug
445 Mais non pas encore dans l’Histoire ? Si ce n’est pas une utopie de plus, un refuge pour les faibles et les sceptiques, pou
446 ageant, et préfèrent la littérature ; si ce n’est pas une manière de « grève perlée » que de n’accepter la lutte que dans c
447 u « national » au sens unitaire. Je ne crois même pas à l’homo alpinus, création polémique de Ramuz. y. Rougemont Denis d
20 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
448 omment peut-on devenir chrétien ». Car on ne naît pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, il faut sans cesse le deveni
449 . Car on ne naît pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, il faut sans cesse le devenir, et le devenir dans l’instant d
450 dans une confusion impensable, et n’en conçoivent pas de malaise. D’autres, qui s’essaient à penser en fin de semaine, comm
451 innombrables tentations d’une religion qui n’est pas Dieu ; et soudain, sur son lit de mort, cette phrase : Je ne pense p
452 sur son lit de mort, cette phrase : Je ne pense pas que ce soit mauvais, ce que j’ai dit, mais je ne l’ai dit que pour l’
453 re de l’incarnation de Dieu en Christ. On ne peut pas le comprendre : on le souffre. On l’aime, on l’injurie, on se débat s
454 rend et il refuse cette capitulation. On n’étudie pas Kierkegaard, on l’attrape comme une maladie. Cet homme sécrète un poi
455 ironie. Car peut-être que l’acte de foi n’existe pas , n’est qu’une figure de rhétorique pieuse, une illusion, un mythe, un
456 acte existe-t-il, quelque part, et alors il n’y a pas de vrai sérieux dans ma vie tant que je n’ai pas trouvé dans la foi,
457 pas de vrai sérieux dans ma vie tant que je n’ai pas trouvé dans la foi, ou mieux : tant que la foi — qui est don de Dieu
458 aussi noté, peu de jours auparavant : « Il n’y a pas eu, durant mille-huit-cents ans de christianisme, une seule tâche com
459 is l’exprimer par cette seule phrase : ‟Je ne fus pas comme les autres” ». 83. Point de vue explicatif sur mon activité d
21 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
460 re que l’homme en général est peu de chose, n’est pas trop humiliant pour qui se flatte d’une image de soi composée dans la
461 i composée dans la solitude : tant qu’on ne s’est pas avoué devant les autres, on peut toujours s’estimer singulier, c’est-
462 r, c’est-à-dire supérieur à la masse. Et ce n’est pas encore franchement s’avouer que de se comparer aux seuls humains que
463 l’avais oubliée à Paris. La nuit des villes n’est pas cette mort opaque dont il faut redouter je ne sais quelle invisible e
464 du village. De nouveau le noir, et l’écho de mes pas contre les murs des maisons mortes. Je me glisse dans le hangar de la
465 ffées. Puis c’est de nouveau cet étrange écho des pas , si proche dans les rues vides, et les mêmes chiens qui reviennent, e
466 ues vides, et les mêmes chiens qui reviennent, et pas une âme. « Vallée de l’ombre de la mort… étranger et voyageur sur la
467 de mal lors de notre arrivée. Mais nous n’avions pas prévu la remontée ! Épuisés par une demi-heure d’efforts haletants, q
468 leversements que nous avons infligés à la maison. Pas question d’aller quérir du renfort à A. Il faut encore boucler les va
469 tourner ; l’homme déplie un journal que je n’aime pas , qu’il a peut-être acheté tout par hasard, comme il m’arrive à moi au
470 je pense à autre chose, à quelque chose qui n’est pas d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourquoi j’ai eu ce fort désir so
471 ue dix grandes idées discutables. Mais n’oublions pas qu’il vaut moins qu’un grand fait vrai, comme serait, par exemple, un
472 t devenir le fait dominateur. En vérité, il n’y a pas de faits grands ou petits en soi et par comparaison. Il y a dans chaq