1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 que rencontre Kafka parmi nous. Rien ne me paraît plus propre à la réduire que le détour auquel a recouru Max Brod ; la biog
2 tuit. Vieux Pragois lui aussi, Brod fut l’ami le plus intime de Franz Kafka. C’est lui qui s’est chargé de publier ses œuvr
3 e doute que les lecteurs de ce livre étonnant, le plus profond qu’on puisse imaginer, aient le courage de le lui reprocher.
4 chons-lui gré d’accorder par là même, à un public plus étendu, l’avance nécessaire, le gage tout humain dont certains lecteu
5 it à Prague en 1883. Il passa dans cette ville la plus grande partie de sa vie. Docteur en droit, il travailla d’abord au se
6 une sorte d’humour inflexible, à la conscience la plus sobre de notre humaine condition. On dirait qu’il incite ses héros à
7 ompagne en sourdine s’expliquent de la manière la plus logique sitôt qu’on les rapporte à un fait initial mystérieux et d’ap
8 ainement à son admiration pour Goethe. Rien n’est plus suggestif que cette rencontre en un seul homme de deux influences aus
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
9 croient pas à l’acte, c’est qu’ils ne connaissent plus aucun chemin. Comment marcher, s’il n’existe pas de chemin ? disent-i
10 ansformée. — à vrai dire, en vertu du paradoxe le plus fou. Nous ne pouvons agir « qu’en vertu de l’absurde » ; mais cela se
11 chaque instant visible, et sa sécurité, cachée au plus secret du risque. 3. Nous n’avons pas à suivre le chemin, mais bie
12 nnalité morale de premier plan qu’il ne resterait plus qu’à imiter, l’acte demeure un pur possible, un modèle d’acte, une ab
13 temps qui viennent ; c’est pourquoi nous n’avons plus d’être que par la foi, « substance des choses espérées », et c’est po
14 n temps nouveau prend son cours, et sa mesure est plus mystérieuse encore. Voici : le pécheur pardonné vit dans le temps com
15 sa durée, vit d’acte en acte. Et son temps n’est plus son péché, mais on pourrait dire : sa patience. Car il se tient où Di
16 nce. Car il se tient où Dieu l’a mis, et ce n’est plus une dérive. Il vit dans la forme du monde, mais il est ce qui la tran
17 de gagner l’éternité : car je la gagne et ne puis plus de toute éternité la renoncer ; et c’est le paradoxe ; mais il faut u
18 précisément la vocation : l’invraisemblable. Ses plus amers reproches au « christianisme de la chrétienté », à cette « inco
19 s que la foi véritable est celle du solitaire que plus rien ne soutient, hors la foi ? « Celui qui ne renonce pas à la vrais
20 ais en relation avec Dieu. L’audace religieuse, à plus forte raison l’audace chrétienne, est au-delà de toute vraisemblance,
21 Barth). Il n’a pas de biographie. Rien ne serait plus ridicule que de tenter de faire la psychologie d’un prophète, ou bien
22 sation ! Kierkegaard se rapportait de la façon la plus précise à Jean XI. 4. 17. Richtet selbst. 18. Ibid. 19. Toutefoi
23 une enquête dont le sujet était : La rencontre la plus importante de votre vie ? M. Clément Vautel qui personnifie de nos jo
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
24 s Merveilles On peut penser que notre langue est plus malade que n’était le latin à l’époque de la Renaissance24. Le latin
25 que de théories politiques. Ainsi les mots n’ont plus le même sens pour les intellectuels et pour la masse — cela s’est vu
26 se — cela s’est vu en d’autres siècles. Ils n’ont plus le même sens pour les divers partis intellectuels — c’est plus nouvea
27 sens pour les divers partis intellectuels — c’est plus nouveau. Mais surtout, ils n’ont plus un sens auquel on puisse se réf
28 els — c’est plus nouveau. Mais surtout, ils n’ont plus un sens auquel on puisse se référer et qui fixe vraiment l’usage : un
29 arceau-soldat qui se levait et s’en allait un peu plus loin. Tandis que la Reine, au comble de la fureur, parcourait le terr
30 anarchie, distribuant des condamnations d’autant plus excessives d’ailleurs que personne ne se soucie de les mettre à exécu
31 choses vivantes. » ⁂ Prenons cinq mots parmi les plus fréquents dans le langage et les écrits de notre temps : esprit, révo
32 hent pour former dans l’esprit des polémistes les plus étranges surimpressions26. La liberté sera invoquée par la concurrenc
33 it-il, tantôt la dictature brutale et arbitraire, plus rarement la revendication d’un équilibre vrai, d’une hiérarchie natur
34 pourrait servir de norme ou de repère, a tout au plus triplé, et c’est sans doute encore trop dire. Racine avait un millier
35 sont sérieusement compris et discuté par beaucoup plus de personnes que Descartes n’en convainquit de son vivant. Cependant
36 e sens critique, décontenance les expressions les plus concrètes. Ainsi les mots perdent leur force et leur délicatesse d’ap
37 vés de tous moyens d’agir. Leurs coups ne portent plus , ne marquent pas dans ce magma inconsistant. Et leurs conseils parais
38 u d’une rumeur générale, où leurs paroles ne sont plus distinguées du bavardage quotidien. Ils se retirent dans leurs appart
39 ur eux que tromper un besoin d’expression qui n’a plus de mission réelle. C’est un jeu formel et précis, dont ils sont seuls
40 aucun contrôle sur son parler, qu’elle ne soumet plus à un but unanime. Si bien que les écrivains ne sont plus compris du p
41 un but unanime. Si bien que les écrivains ne sont plus compris du peuple, et que la langue vulgaire s’encombre d’équivoques,
42 autres et étrangers. Ils échangent des paroles en plus grand nombre que jamais, et ne se disent rien qui compte. « Paroles v
43 Or, quand la parole se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de so
44 r et de l’esprit qui naît de la mort des amitiés. Plus angoissante encore, elle règne innommée et panique partout où l’amiti
45 soit leur régime politique. Ainsi la mesure n’est plus cette loi qui vit en l’homme réel et personnel, cette alliance du peu
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
46 eaucoup l’ont fait (qui sont sans aucun doute les plus honnêtes), que la dictature de Staline se rapproche des régimes fasci
47 qui renforce encore l’étatisme, et ne parle même plus de sa suppression future. Au contraire, il fait fusiller ceux qui en
48 , précisément, renoncer à la vérité, et ne croire plus qu’à la tactique d’un dictateur, lequel changera la vérité tous les s
49 gitime, à ses yeux tout au moins, les détours les plus tortueux, mettons les détours dialectiques, de l’action du parti comm
50 u chrétien (qui est sa lutte contre le péché) les plus frappantes analogies ? Sur ce plan seul, il m’apparaît qu’une confron
51 qualifie elle-même — de spiritualiste, au sens le plus contestable du terme. Quelle était, du point de vue religieux, la sit
52 était utile aux maîtres. La religion ne semblait plus gêner personne46. Elle sanctionnait et protégeait l’ordre établi. Ell
53 i. Elle traduisait cet établissement même, et non plus ce qui l’eût jugé. Marx ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui
54 les spiritualistes abandonnent à un sort toujours plus inhumain. Il lui faudra donc recourir à un autre ordre d’arguments :
55 re, mais ses ravages sont déjà tels qu’on ne peut plus songer à rétablir la vérité par des moyens purement spirituels. Au me
56 ables de ce que parfois nos disciples ont insisté plus qu’il ne convenait sur les facteurs économiques. Nous étions forcés d
57 des résumés — qu’il a raison de croire cela. Bien plus , Marx vient lui démontrer que ceux qui prétendent le contraire, et qu
58 t parce qu’il fait leur bonheur ! Alors, il n’y a plus qu’une seule voie : instituons le plan quinquennal, créons une indust
59 te, faisons mieux que l’Amérique, devenons encore plus riches, car l’argent distribué aux masses ne manque pas de créer du b
60 tte attente active50 constituent la révolution la plus radicale qui soit, disons mieux : la seule radicale. Et toutes les au
61 e que l’on nomme la conversion, le chrétien n’ait plus qu’à attendre, et à subir en gémissant les lois d’un monde qu’il cond
62 le monde restauré dans la Promesse. Il faut aller plus loin que cette affirmation tout évidente. Non seulement l’homme conve
63 ne réforme sans grande portée. Voilà qui paraîtra plus scandaleux. Et cependant l’Évangile est formel : « Que servirait à un
64 s choses, et que les hommes ensuite deviendraient plus habiles à s’entendre et à vivre heureux ? « Changer la vie », criait
65 tôt leur ôtera la vie ! Ne faut-il pas « aller au plus pressé », sauver d’abord sa peau, renverser les tyrans ? Ainsi parlen
66 rmes du pouvoir déposé51 et renvoyant à des temps plus paisibles l’évangélisation — sa raison d’être — il se fût consacré au
67 sa raison d’être — il se fût consacré aux tâches plus urgentes : donner du pain et des spectacles à la foule. Mais Paul éta
68 ure où le christianisme, aux yeux des masses, n’a plus osé se montrer chrétien. C’est que le sel a perdu sa saveur, et son a
69 que la seule espérance véritable et certaine n’a plus été prêchée au monde avec une force d’attaque assez gênante et boulev
70 le considèrent comme tel. Les chrétiens sont bien plus responsables des succès de Marx auprès des foules, que le marxisme n’
71 hes du marxiste au chrétien sont humainement bien plus valables que ceux du chrétien au marxiste. En gros : si Marx se tromp
72 actes). Si les chrétiens gardaient une conscience plus fidèle, partant plus douloureuse de ce fait, je crois qu’ils éviterai
73 ens gardaient une conscience plus fidèle, partant plus douloureuse de ce fait, je crois qu’ils éviteraient d’attaquer le mar
74 ces, qu’ils estimaient complémentaires. D’autres, plus nombreux qu’on ne le pense, souhaitent au moins et appellent cette sy
75 on me permette ici d’être un peu schématique pour plus de clarté. Il me paraît que l’opposition finale entre la croyance mar
76 le Royaume est au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d’ailleurs,
77 et qui anime désormais ses gestes et sa pensée la plus intime. Dès maintenant sa personne est recréée. Dès maintenant, elle
78 est le seul moyen d’accéder à un stade économique plus favorable au développement du socialisme. Je vois beaucoup de marxist
79 présentent à l’heure actuelle le christianisme le plus « activiste ». Pourquoi refusent-ils de s’occuper de politique ? Comm
80 t autrement… » Je veux les croire. Ils courent au plus pressé. Mais le marxiste aussi me tenait ce raisonnement, pour justif
81 ne action tout inverse. Je pense qu’il faut aller plus loin60. La déviation matérialiste du marxisme ne doit pas seulement n
82 tures politiques, et contribue, par son action la plus intime, à la création d’autres formes. Il importe de savoir lesquelle
83 Parfois aussi le devoir chrétien peut apparaître plus historiquement défini et localisé : je n’en donnerai qu’un seul exemp
84 âge du christianisme, telle que nous l’évoquions plus haut. Toutefois, l’un des facteurs au moins s’est modifié notablement
85 st modifié notablement : les chrétiens ne forment plus des groupuscules obscurs, ils ont constitué des églises visibles (et
86 chrétiennes, l’église calviniste est en effet la plus antitotalitaire par essence. Je ne rappelle qu’en passant les dragonn
87 pe, un régime fédéraliste. Mais si nous remontons plus haut, jusqu’au règne de François Ier, c’est-à-dire jusqu’à une époque
88 forme consciemment fédérative61. Or il ne s’agit plus ici de contingences historiques. C’est le fond même de la doctrine ca
89 rit totalitaire n’a trouvé moins de complicité et plus de résistance déclarée que dans les pays calvinistes, où la notion de
90 philosophie hégélienne du droit. 44. Au sens le plus large du terme, qui peut désigner aussi bien la « société sans classe
91 présente rien que l’on puisse comparer, fût-ce le plus superficiellement, à un programme théorique qu’il s’agirait maintenan
92 Exemple typique : l’auteur d’un des cantiques les plus pieux du recueil anglais, sir John Browning, est le même homme qui co
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
93 t obstacle, et celui-là précisément qui paraît le plus décisif, à vues humaines, s’agissant d’un homme appelé au ministère d
94 her le Messie, attendre activement l’invisible et plus que cela : le jamais vu, ce qu’aucun autre peuple au monde n’a jamais
95 omiques, etc.), ou formulables dans notre langage plus ou moins naïvement positiviste. Que nous apprend une science de cet o
96 nous permet de l’imaginer : l’histoire n’a pas la plus petite raison de supposer que le peuple d’Israël, s’il n’avait pas ét
97 élise. Désormais sa voie est fixée, mais ce n’est plus sa « propre » voie. Il vient de Dieu, il va vers Dieu, et c’est la lo
98 ulement tout geste, mais toute pensée. Rien n’est plus neutre ou laissé au hasard, tout est « mesuré » et jugé dans la persp
99 par l’intervention d’un grand chef. Elle est donc plus « totalitaire » que toute mesure humainement concevable, puisqu’elle
100 cette ultime tentation que devaient succomber les plus grands rigoristes, les savants docteurs de la Loi, ceux que le peuple
101 ui seul lui donnait son sens… ⁂ Rien ne me paraît plus propre à confirmer cette interprétation de la Loi, comme mesure du pe
102 peuple hébreu, qu’un texte que je trouve dans le plus grand des historiens profanes des Juifs : Josèphe. « Notre législateu
103 is coupés de toute base commune, en viennent à ne plus même pouvoir communiquer, ni s’animer les uns les autres, chacun se r
104 ention de métaphores qui enrobent les notions les plus hautes dans un vêtement quotidien ; on dirait : un vêtement de travai
105 les cieux, en bas sur la terre, et dans les eaux plus bas que la terre. » Cela condamne toute espèce d’art plastique. « Tu
106 moyens de cet accomplissement sont les moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’écriture, la parole
107 ie toutes ses œuvres, l’on voit que la culture la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus convenable
108 vre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus convenable aux fins suprêmes de l’esprit. Toutefois, non tant à cause
109 rès religieusement ? Et quelle conduite peut être plus juste, plus excellente et plus sainte, que celle dont ce souverain Mo
110 sement ? Et quelle conduite peut être plus juste, plus excellente et plus sainte, que celle dont ce souverain Monarque de l’
111 conduite peut être plus juste, plus excellente et plus sainte, que celle dont ce souverain Monarque de l’univers est l’auteu
112 teur… Quelle forme de gouvernement peut donc être plus parfaite que la nôtre, et quels plus grands honneurs peut-on rendre à
113 ut donc être plus parfaite que la nôtre, et quels plus grands honneurs peut-on rendre à Dieu, puisque nous sommes toujours p
114 elle mesure, fondant ainsi un nouvel Israël. Bien plus , il est lui-même cette mesure, cette Alliance, et ce sont ceux qui ad
115 égende, ces personnages lui sont incomparablement plus familiers que les métamorphoses des dieux païens. Si bien qu’on a pu
116 thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensibilité spirituelle » d’un réformé. Le « peu
117 s. Mais Sombart lui répond que le capitalisme est plus ancien, et qu’il est d’origine judaïque78. Ce n’est pas ici le lieu d
118 t aux Juifs allemands capitalistes, avec d’autant plus d’amertume que cette attitude provocante fut souvent prise à l’étrang
119 t que son destin final demeure entre les mains du plus secret conseil de Dieu. « Quant à moi, écrit Calvin, j’étends ce nom
120 e la conversion des Juifs. Et ceci nous révèle la plus profonde raison des sentiments « ambivalents », comme dirait Freud, q
121 es hitlériens, qui n’en serait en tout cas que le plus impur exemple. Il reste que la chrétienté non seulement ne pourra jam
122 s des politiques nationalistes. Le drame est bien plus vaste que ne peuvent le concevoir nos polémiques. Et son issue ne dép
123 dre, on le sépare de l’autel, sans qu’il lui soit plus permis de faire aucune des fonctions sacerdotales. » — Il est curieux
124 it donc le prophétisme, c’est-à-dire l’élément le plus finaliste de la religion d’Israël qui aurait donné au peuple l’expres
125 reu pour expliquer les notions philosophiques les plus simples, dans le Livre de Job, dans l’Ecclésiaste, est quelque chose
126 la revue Hic et Nunc , n° 9-10. 71. Des études plus récentes semblent infirmer en partie ce dernier jugement de Renan. Ma
127 ent humaine, contingente et partielle, et n’étant plus totale, se veut encore totalitaire, on a l’État-nation-Police de type
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
128 liarisé avec la pensée luthérienne, parviendra le plus aisément à saisir l’importance centrale du traité que nous publions :
129 bsolus, et refus de tout moyen terme ou médiation plus ou moins rationnelle entre les règnes en guerre ouverte du Dieu de la
130 — Si tu le crois, si tu as reçu la foi, il n’est plus rien de « difficile » dans les assertions de Luther, ni dans sa négat
131 du libre arbitre. Ses coups violents n’ébranlent plus que le « vieil homme », celui qu’il nous faut dépouiller. Folie po
132 ther ont fait leur temps — que dire de Paul, bien plus ancien — tous ceux qui tiennent la prédestination pour un dogme immor
133 e Luther s’applique à répondre ; et c’est même la plus dure ironie — quoique involontaire, je le suppose — dont il pouvait e
134 pose. Que devient alors notre effort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus ! Nous refusons de jouer si, d’avance,
135 ffort ? Il ne sert plus de rien. Nous n’en ferons plus  ! Nous refusons de jouer si, d’avance, le vainqueur a été désigné par
136 préférerais encore nier ce Dieu, qui prétend voir plus loin que le terme de mes actions, ce qui, avouons-le, les ridiculise
137 out, tu es alors dispensé d’agir, et que ce n’est plus la peine de faire aucun effort. C’est peut-être mal raisonner. Si ton
138 s le néant, en sorte que Dieu, vraiment, n’existe plus pour toi ? Fermer les yeux sur une réalité, ce n’est pas la supprimer
139 d’une éternité seule actuelle ? C’est un mystère plus profond que notre vie, et la raison n’est qu’un faible élément de not
140 otre crainte du « fatalisme » ne reposent pas, le plus souvent, sur cette erreur des plus grossières ?… C. M. — On peut aus
141 posent pas, le plus souvent, sur cette erreur des plus grossières ?… C. M. — On peut aussi nier l’éternité, et affirmer que
142 mpêche de voir le vrai tragique du débat. Mais le plus grand des adversaires du christianisme dans les temps modernes, Nietz
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
143 e raison de rejeter l’un et l’autre système, sans plus nous attacher à combattre leurs erreurs respectives dans le plan sur
144 sentiment de bonne conscience que nous ne pouvons plus éprouver en présence de la plupart des philosophies de naguère et d’a
145 t qu’il puisse se donner des lois qui ne tiennent plus compte de la crise du monde, et de celle de l’esprit dans ce monde. L
146 s du moment, c’est dire que son exercice n’engage plus à rien, concrètement. D’où ce sentiment, quand nous voulons penser te
147 minués dans notre énergie totale. La pensée n’est plus le moteur de l’action ; au contraire, elle tourne à ses dépens. On pe
148 ébrayé n’en ronfle que mieux, d’ailleurs, et fait plus de bruit qu’en « prise ». Il arrive même qu’il tourne si vite que tou
149 brayage de la pensée, sinon nous vivrions dans la plus effroyable anarchie matérielle. On nous dira que, cependant, si le dé
150 dire se renouvelle, c’est qu’il y a dans le monde plus d’actualité que nos philosophies n’en peuvent concevoir. Et s’il y a
151 a description d’un acte. On pourrait dire tout au plus (métaphoriquement) que l’acte révélé par le cliché, c’est l’éclair de
152 t à la scène représentée par la photo, elle n’est plus qu’un objectif, inactuel en soi, et problématique. Qu’on nous permett
153 esque dire que c’est la sensation de l’unité, ou, plus exactement, de son accomplissement. C’est l’euphorie de celui qui épr
154 encore la tension. Le nouvel état du conflit est plus aigu que l’ancien. Au fur et à mesure qu’elle se libère, la personnal
155 et en mécanismes tout faits. D’un côté, un champ plus libre conquis pour l’esprit, de l’autre une pression accrue sur l’ine
156 tion de l’inertie augmentera en raison même de la plus grande docilité de l’inerte. Il est plus difficile d’échapper au pres
157 me de la plus grande docilité de l’inerte. Il est plus difficile d’échapper au prestige du positivisme et du néo-pragmatisme
158 ragmatisme qu’à celui du moulin à prières. Il est plus difficile de maintenir sur le qui-vive un empire qu’une cité étroite.
159 point, c’est précisément que, la pensée étant la plus immédiate des mises en ordre, la raison est tentée de confondre cet o
160 e du travail manuel où l’œuvre garde un caractère plus ou moins net de totalité. En d’autres termes, la machine sépare le tr
161 elle, du travail non qualifié, où l’homme ne joue plus qu’un rôle d’exécuteur. Remarquons que la machine n’est que le prolon
162 e humaine. La pensée créatrice est donc l’acte le plus pur et le plus humain. Mais comment va se présenter à nos yeux ce qui
163 ensée créatrice est donc l’acte le plus pur et le plus humain. Mais comment va se présenter à nos yeux ce qui n’est pas immé
164 int de départ nécessaire, la supra-rationalité la plus favorable à l’édification de toute construction humaine, même et surt
165 de résistance. Il y a assurément des résistances plus ou moins favorables au ressort de l’activité, comme certains climats
166 u sens plein et cartésien du mot, soit infiniment plus difficile et plus rare qu’on ne se figure communément. Avant de cherc
167 rtésien du mot, soit infiniment plus difficile et plus rare qu’on ne se figure communément. Avant de chercher à répondre à c
168 blement, sur la vie en général. Cela est d’autant plus nécessaire que de même que la science a longtemps refusé de faire ent
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
169 information sincère. Le procès de la presse n’est plus à faire. Sa réforme pose tant de problèmes et entraîne de telles inci
170 lonté. Les organismes On constitue, dans le plus grand nombre possible de localités un « Club de presse ». Les adhéren
171 etc. des journaux existants ; soit par des études plus générales sur les problèmes financiers, professionnels, législatifs,
172 tue chaque jour davantage en trusts, il ne suffit plus de dénoncer ses mensonges et ses trahisons. Il faut passer à l’action
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
173 de la défense de la culture. C’est qu’on ne sait plus ce que signifie culture. C’est que la culture est en pleine crise, et
174 est en pleine crise, et que cette crise ne sévit plus seulement dans les élites, mais se manifeste dans la vie publique, et
175 bientôt pour fasciste. On dit que les mots n’ont plus de sens. Ce serait trop beau, ce serait trop facile, ce serait enfin
176 our montrer qu’il n’est pas de problème politique plus urgent que celui des mots ; et qu’il n’est pas de problème culturel q
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
177 rien à personne en affirmant que le roman est le plus « contagieux » de nos genres littéraires, j’entends celui qui exerce
178 raires, j’entends celui qui exerce l’influence la plus directe et la plus intime sur nos mœurs, sur notre vie privée. Songez
179 elui qui exerce l’influence la plus directe et la plus intime sur nos mœurs, sur notre vie privée. Songez aux plus grands ro
180 e sur nos mœurs, sur notre vie privée. Songez aux plus grands romanciers, songez à leurs meilleurs lecteurs, aux plus crédul
181 omanciers, songez à leurs meilleurs lecteurs, aux plus crédules, aux plus avilies, à ces jeunes gens qui choisissent le néan
182 leurs meilleurs lecteurs, aux plus crédules, aux plus avilies, à ces jeunes gens qui choisissent le néant et la folie avec
183 subir autrement qu’en imagination. Et rien n’est plus légitime, voire désirable, que cette contagion pratique de l’art, tan
184 t de lui transmettre une certaine vision du monde plus profonde, plus riche et plus vraie, que la vision banale de la vie qu
185 ettre une certaine vision du monde plus profonde, plus riche et plus vraie, que la vision banale de la vie quotidienne. Il e
186 aine vision du monde plus profonde, plus riche et plus vraie, que la vision banale de la vie quotidienne. Il est très bon qu
187 lecteur, la conscience bourgeoise du lecteur, ou plus précisément de la lectrice, car en France, paraît-il, ce sont les fem
188 et immoraux, à force de flatter les instincts les plus faciles à flatter, à force de ne vouloir rien affirmer de trop volont
189 propagandiste des goûts de sa classe. Rien n’est plus dangereusement tendancieux qu’un écrivain qui n’ose pas affirmer sa t
190 romancier s’est condamné lui-même, en fait, à ne plus être que l’agent de publicité — plus ou moins bénévole — des fourniss
191 n fait, à ne plus être que l’agent de publicité — plus ou moins bénévole — des fournisseurs d’une certaine classe. Ce romanc
192 e, on comprend que la jeunesse actuelle ne marche plus pour les défendre. La crise du livre, dont tout le monde parle, c’est
193 ue par des mesures de propagande, ni par des lois plus ou moins astucieuses. C’est toutes les bases de la culture actuelle q
194 es romans qui riment à quelque chose, il n’y aura plus de crise du livre. i. Rougemont Denis de, « Romanciers publicitair
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
195 it, on ne retiendra guère que les bizarreries les plus aiguës : Cocteau, Max Jacob, les premiers surréalistes composeront tr
196 n premier historien, ne tente d’en sauver que les plus gros morceaux — au poids — les « romans-cycles ». Le roman-cycle, c’e
197 chercher la densité, en profondeur, ils trouvent plus commode de donner en surface une impression de masse construite. Au l
198 passer outre aux conventions. Mais quand il n’y a plus de convention ? Lorsque tout est brouillé, lorsque tout est permis ?
199 onstruction. Il semble bien que la littérature la plus récente s’oriente déjà vers d’autres formes. Les gros romans sociaux
200 assènent les Céline, Aragon ou Plisnier sont bien plus des pamphlets que des romans, des essais illustrés d’exemples : du co
201 soient promis à des succès moins tapageurs, mais plus profonds. Nous avons à refaire un inventaire de l’homme, préparation
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
202 n peu cavalièrement les contingences. Si j’étais plus avancé dans la vie — écrit-il —, je me rendrais compte de tous les al
203 t encore, c’est M. Fernandez qui me fournirait le plus savoureux argument. Dans sa chronique littéraire de Marianne, il repr
204 es ou des siècles, mais quelque chose de beaucoup plus dangereux et difficile que l’avancement dans la vie : quelque chose q
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
205 d) Arrivés hier matin, par Nîmes. Déjà je ne sais plus ce que j’attendais, ni ce que j’ai pu rêver de ce pays. Il est très p
206 me. J’observe aussi qu’ils s’arrangent pour vivre plus mal que la population des faubourgs des grandes villes. Le goût de « 
207 taires assez fortunés, ou ascètes. Ceux qui n’ont plus besoin de calculer, ceux-là calculent. Et les autres acceptent leurs
208 ues d’été. (Les figues d’hiver apparaissent déjà, plus petites et toujours vertes ; on ne les mange pas). Simard nous a indi
209 lleur statisticien, ou au contraire de l’homme le plus humain ? Sera-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle est vécue et
210 trop lucide peut-être, puisque le monde n’y porte plus d’ombres. Je me souviens de ces nuits de Paris, pleines d’appels fugi
211 , à cette heure ou mes frères (?) les hommes sont plus éloignés que jamais ? « La nuit est faite pour dormir », me disait un
212 qui m’avait surpris sur les quais de la Seine, au plus profond d’une contemplation des eaux nocturnes. Ma police personnelle
213 porte donne au nord-ouest, d’où vient le vent le plus glacial, depuis des siècles, et en tout cas depuis longtemps avant la
214 de médecin. Sa fille dit : « Elle ne voulait même plus toucher à la viande, pensez ! Il ne faut pas croire que la viande soi
215 ur des buissons de ronce. Tous les mouchoirs sont plus ou moins déchirés quand on va les récolter. « Voyez-vous ! c’est qu’i
216 moins pauvres, moins malades, etc., s’ils étaient plus « pratiques » comme on dit dans la bourgeoisie — où l’on s’imagine bi
217 s. Ceci vaut pour les femmes, qui sont la part la plus civilisée de la population. Ce sont elles qui gagnent ce qu’il faut,
218 prit populaire des harmoniques que nous ne savons plus prévoir. Littéralement, les mots n’ont plus le même sens pour le peup
219 avons plus prévoir. Littéralement, les mots n’ont plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraient lui parler. L
220 à la fois symbolique et précise. Ils n’éveillent plus chez l’homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts, que chez
221 ure. Le public s’étend au hasard. Il ne constitue plus un corps limité, éduqué, instruit au sein des conventions communes. U
222 rouve avoir décrété la Convention. Bref, il n’est plus de mesure commune : ni l’Église, ni la Culture, ni l’École qui préten
223 ture, ni l’École qui prétend les remplacer, n’ont plus d’autorité sur l’esprit de la lettre. Aussi bien nous parlons au hasa
224 tre action. On serait même tenté d’estimer que la plus grande rigueur entraîne la moindre efficacité, et l’inverse. Par où l
225 ntation du succès. Mais simplement on ne l’entend plus , il n’agit plus. Ce qu’on « entend », c’est l’absence de l’esprit, c’
226 s. Mais simplement on ne l’entend plus, il n’agit plus . Ce qu’on « entend », c’est l’absence de l’esprit, c’est l’appel aux
227 sont là, on peut parler de tout… J’irai d’autant plus volontiers que, devant parler moi-même, dans quelques jours, au cercl
228 re chaque chose qu’une seule fois, de la façon la plus économique et la plus claire28. Or, cette langue d’échanges dialectiq
229 seule fois, de la façon la plus économique et la plus claire28. Or, cette langue d’échanges dialectiques rapides se trouve
230 ce pays, c’est tout simplement être à gauche, le plus à gauche possible. S’il en est bien ainsi, me dis-je, on peut redoute
231 homme consiste en effet à connaître intimement le plus grand nombre de familles de N., leurs circonstances matérielles, leur
232 es choses, il faut prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’homme dont je parle n’est pas un enquêteur, simple curi
233 coup ça… Il y en a de toutes sortes, bien sûr, et plus on les voit de près… — Je comprends qu’il soit difficile de parler en
234 énéral, on peut dire que les communistes sont les plus intelligents du village. Ce sont eux, et eux seuls, qui proposent des
235 e c’est, le marxisme ? — Ils essaient ; peut-être plus qu’on ne croirait. J’en connais plusieurs qui lisent des brochures de
236 en fait de doctrine. En réalité, ils ne sont pas plus marxistes que moi. Ils veulent avant tout vivre et travailler raisonn
237 foi qu’il n’a pas ! Car s’il l’avait, il n’aurait plus de honte à la confesser devant les hommes ; et s’il a honte, c’est qu
238 e dis compagnies d’assurances, mais lui les nomme plus couramment « ces cochons-là ». Ces cochons-là sont donc au nombre de
239 ie, qui l’excite particulièrement. Tout cela rend plus ou moins. Dans certains cas, bien entendu, il s’agit même d’y aller d
240 mandée. Alors il a été voir « une personne encore plus compétente » que lui Simard, et cette personne lui a conseillé d’écri
241 enfants pour des questions d’argent, on ne croit plus ni à Dieu ni à diable et à peine à la politique, l’hiver est « pourri
242 nous autres. » Arriérés, illettrés. Je n’en suis plus au temps où j’approuvais certains « Éloges de l’ignorance » plus sent
243 ù j’approuvais certains « Éloges de l’ignorance » plus sentimentaux d’ailleurs que machiavéliques. Je sais que l’ignorance —
244 urt en rouspétant contre les bureaucrates ne sait plus bien ce qu’il craint davantage : de la vie qui ne rapporte plus, ou d
245 u’il craint davantage : de la vie qui ne rapporte plus , ou de la mort qui rapporte « en doublage »… 20 janvier 1935 Superst
246 orales ! Je demandai la parole pour expliquer, le plus simplement que je pus, que le problème fasciste est un problème avant
247 cette entreprise. Pour des raisons que je devine plus sentimentales que les arguments qu’il m’oppose… — Tout ce que le lect
248 l’appelle chômeur, faute d’autre terme, s’il n’a plus la possibilité de s’assurer un gagne-pain régulier par son travail, s
249 un gagne-pain régulier par son travail, s’il n’a plus d’emploi, et ne sait plus de quoi sera fait le lendemain. — Admettez
250 r son travail, s’il n’a plus d’emploi, et ne sait plus de quoi sera fait le lendemain. — Admettez que cela ne vous empêche p
251 On ne peut guère imaginer d’imbroglio passionnel plus idéalement favorable à l’apparition de délires subits de la pensée ou
252 crise de cette bourgeoisie ont accouché d’un des plus beaux complexes que le diable ait jamais pu concevoir pour dresser le
253 p, vous n’avez qu’à donner la mienne, vous savez. Plus on la lit… Ce généreux apôtre de la cause va sortir, lorsque le vieux
254 tale — eux qui le sont si peu ! — et si possible, plus médiocre que celle des grands journaux d’information. On leur impose
255 de condition. Ils vous diront aussi qu’ils n’ont plus le cœur à leur ouvrage, quand ils savent que les résultats sont à la
256 se plaindront de ce que, dans leur pays, il n’y a plus de vie, d’initiative, de vrai plaisir. On n’est plus fier d’en être,
257 s de vie, d’initiative, de vrai plaisir. On n’est plus fier d’en être, on approuve la jeunesse qui délaisse la terre pour la
258 le temps ni le courage, ni même l’idée de pousser plus loin, d’aborder des réalités. Donc, par amour du peuple, n’écoutons p
259 s réalités. Donc, par amour du peuple, n’écoutons plus ses assemblées, ce n’est pas lui. Écoutons les observations que formu
260 êts ? — Nous comptons sur l’effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites-vous. Mais rien d’autre n’est vrai… 6 mai 1
261 saient de l’emballer, la vieille ! » Ils n’auront plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l
262 rs fois réveillés. 18 mai 1935 … Et un beau jour, plus moyen d’échapper à cette humiliante évidence : sans auto, sans argent
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
263 Il a été et il demeure le poète le meilleur, le plus talentueux de notre époque soviétique. L’indifférence à sa mémoire et
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
264 z Fouqué. Celui-ci pourtant manifeste une anxiété plus sérieusement troublante. « L’homme sans ombre » rôdait depuis longtem
265 songé à se justifier. L’on s’étonne qu’aucun non plus n’ait essayé de formuler le symbole enfermé dans le mythe. Serait-ce
266 ent. C’est pour eux l’irréalité même. (« Il n’est plus que l’ombre de lui-même ! ») Mais je vois bien qu’ils exagèrent : si
267 e à l’homme une dignité. C’est un bourgeois de la plus dangereuse espèce, le bourgeois pauvre qui envie les bourgeois riches
268 nt du tout : on se moque de lui. Comblé, le voici plus qu’avant inadmissible. Le complexe d’infériorité à peine défait par l
269 pérées. Souvent il éclate en sanglots à l’idée du plus simple bonheur, — de ce bonheur dont tous les autres semblent détenir
270 u, qui le devinent. Quel est le rapport social le plus réel ? Admettons que ce soit le mariage surtout pour ce philistin-là.
271 ste-t-il à un tel homme ? Le suicide ? Rien n’est plus loin de sa pensée. Sa vision du monde serait exactement celle d’un ph
272 iaque (ou universitaire-érudite)… Nul doute n’est plus permis : Schlemihl est schizoïde. Chamisso, heureusement pour lui, n’
273 ne tarderaient pas à se muer en leur contraire ? Plus précisément, l’état de Peter Schlemihl n’est-il pas comparable à celu
274 une première indication. Elle paraîtra sans doute plus probante à des adolescents qu’à des adultes, à des mélancoliques qu’à
275 quor, qui est « l’ombre intérieure. » Une lecture plus poussée de Paracelse devait bientôt m’apprendre, avec bien d’autres c
276 la portée de ce passage était en vérité beaucoup plus vaste que tout ce que permettait d’imaginer l’obtus physiologisme de
277 peut être d’ailleurs, au sens courant du mot, le plus « pudibond » des bourgeois : un Amiel). Cependant ces remarques n’exp
278 encore l’essentiel. Que l’on cache son secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on possè
279 el. Que l’on cache son secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on possède, c’est naturel
280 rituellement, ou de quelque autre sorte, il n’est plus un homme créateur. À l’inverse, la chasteté (spirituelle ou corporell
281 orps dans l’œuvre poétique. Et le poème ensuite — plus beau et plus vivant que l’individu qui l’a conçu comme porté au-delà
282 uvre poétique. Et le poème ensuite — plus beau et plus vivant que l’individu qui l’a conçu comme porté au-delà de lui-même p
283 es faiblesses de l’homme, et quelques-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur du mythe, et de la Fable, plus profond
284 illusions, à la hauteur du mythe, et de la Fable, plus profondément vrais que la vie. (Plus riches d’enseignements concrets,
285 de la Fable, plus profondément vrais que la vie. ( Plus riches d’enseignements concrets, et d’invites à la métamorphose). Met
286 armes profonds. C’est le siècle où je vis qui n’a plus d’ombre, et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait même plu
287 t pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait même plus écrire sa Fable, il n’en veut plus, il veut du vraisemblable ! Il est
288 l ne sait même plus écrire sa Fable, il n’en veut plus , il veut du vraisemblable ! Il est retombé dans le roman insignifiant
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
289 anchers rudes. Décor candide et gai, oui vraiment plus gai qu’ascétique. Dans le chai, à la porte un peu trop basse, règne u
290 st exactement de l’espèce que j’aime, et l’un des plus charmants dans cette espèce, mais ce n’est point pour cela que j’en p
291 venue nous voir la veille, nous ne cherchâmes pas plus loin la cause du phénomène. Il est vrai qu’on a beau porter un nombre
292 je vois le vieux port de cette vieille ville, la plus proche de notre île, et où nous devons encore passer deux heures en a
293 is, ou même une semaine, cela compte quand on n’a plus rien. Pour celui qui vit au jour le jour, il s’agit essentiellement d
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
294 ans plusieurs départements de l’Ouest qu’il n’est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou même trois
295 nnaître leurs coutumes : rien ne pouvait modifier plus rapidement et plus profondément « la coutume » de la France rurale. M
296 mes : rien ne pouvait modifier plus rapidement et plus profondément « la coutume » de la France rurale. Mais ce n’est pas en
297 ur des chemins secondaires ou des ruelles à peine plus larges que la voiture. Mais aussi elle tient compte des rythmes de la
298 veux au vent, sur le bord de la route. Rien n’est plus sympathique qu’un conducteur de car. Cela tient évidemment à leur mét
299 lle un bout de conversation que j’aurais dû noter plus tôt. Le monsieur rencontré dans l’autocar de Taillefer voulait savoir
300 ns vous, où irions-nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ? » — Comptez, monsieur, lui dis-je, qu’un écrivain a bien
301 ieur, lui dis-je, qu’un écrivain a bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonctionnaire c’ét
302 ie, et c’est le bon moyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imaginer, dans les antres rédactionnels. Je di
303 n de secrets qui suffiraient à rendre heureux les plus indignes, et ingénieux les plus balourds, enfin je ne sais quelle sup
304 endre heureux les plus indignes, et ingénieux les plus balourds, enfin je ne sais quelle supériorité humaine, quel luxe d’én
18 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
305 (qu’il me pardonne !). Le personnalisme est bien plus qu’une morale, s’il en suppose une. Il est, à mon sens, la tradition
19 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
306 e. Vers midi, on le voyait parcourir les rues les plus animées de la ville, parlant, riant et discutant avec les bourgeois,
307 s. Mais on savait aussi que cet original était le plus grand écrivain de son pays. Sa première œuvre eut un immense succès :
308 iciel et ses évêques, il se vit abandonné dans la plus complète solitude qu’ait sans doute jamais connue un grand esprit. Un
309 e s’oppose à tous nos conformismes, et même à nos plus hauts désirs. Il est désespéré, mais c’est à cause de la foi. Et s’il
310 eux total, dont l’écrivain d’aujourd’hui n’a même plus l’idée. Un de nos meilleurs auteurs déclarait récemment que le palais
311 the, un saut dans le vide, etc. Et alors il n’y a plus nulle part de « vrai » sérieux. Mais peut-être aussi cet acte existe-
312 nt les dramaturges et les poètes du Nord, dont le plus grand nom est Ibsen. La seconde philosophique : l’école « existentiel
313 lles. Il se dresse, au seuil de l’époque comme la plus formidable accusation vivante contre nos lâchetés collectivistes, nos
20 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
314 cond était si pauvre, au moment où il écrivit ses plus grandes œuvres qu’il ne lui restait plus même une chemise entière : l
315 ivit ses plus grandes œuvres qu’il ne lui restait plus même une chemise entière : les morceaux du bras avant servi à rapiéce
316 ue la recherche du confort est ce qui s’oppose le plus radicalement à toute culture véritable. Île de R. — La nuit ! Je l’
317 lante, pleine de rumeurs, comparable à la fièvre. Plus lucide souvent que les jours. Ici, tout repose complètement. Un silen
318 mort… étranger et voyageur sur la terre… » Jamais plus que dans cette nuit. Fin de séjour à A… (Gard). — Tout est en place
319 hose qui n’est pas d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourquoi j’ai eu ce fort désir soudain, dans le métro, de tutoyer mes
320 produire, pour tant de mauvaises raisons qui sont plus fortes que nous tous. — Et alors, dira-t-on : « Faire la révolution !
321 ans leur réalité sordide. Un petit fait vrai vaut plus que dix grandes idées discutables. Mais n’oublions pas qu’il vaut moi
322 is qu’un appel à devenir toi-même ce fait qui est plus fort que toi. Car il est tout ce que le monde attend, attend de toute