1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 teurs de ce livre étonnant, le plus profond qu’on puisse imaginer, aient le courage de le lui reprocher. La piété même que vou
2 récit, donne à l’œuvre une grandeur poétique, un pouvoir d’inquiéter presque morbide au jugement de certains, mais aussi, pour
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
3 étien ». Car on n’est pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, mais il faut le devenir. Et le problème, alors, devient c
4 il l’accepte ; mais dans cette mesure même, il se peut qu’il cesse d’être humain. Car l’homme n’a d’existence proprement hum
5 nc le mystère : s’il n’y a pas de chemin, nous ne pouvons marcher, mais si nous ne marchons pas, il n’y a pas de chemin. La foi
6 me de ce monde, c’est croire donc que cette forme peut être transformée. — à vrai dire, en vertu du paradoxe le plus fou. No
7 i dire, en vertu du paradoxe le plus fou. Nous ne pouvons agir « qu’en vertu de l’absurde » ; mais cela seul donne un sens à no
8 ans le même temps qu’elles nous privaient de tout pouvoir , s’évanouissent et meurent aux pages des livres. L’action de l’homme
9 nt alors notre chemin et notre loi. Ainsi nous ne pouvons connaître que ce que nous prophétisons. Le chrétien marche dans la nu
10 is d’un monde sur lequel il devrait régner. Seule peut l’en délivrer la Parole prophétique qui lui advient comme un appel da
11 de Dieu, dans la confiance et l’inquiétude, — on pourrait dire, dans une sorte d’humour — dans l’aventure de celui que rien ne
12 abstraction, c’est-à-dire quelque chose que nous pouvons imaginer sans pour autant nous transformer, et c’est bien la définiti
13 able de l’éternité avec notre durée, et l’on n’en peut n’en dire sinon qu’il s’est produit, et qu’il peut se produire sans q
14 eut n’en dire sinon qu’il s’est produit, et qu’il peut se produire sans que rien y prépare. « Car Dieu peut tout à tout inst
15 t se produire sans que rien y prépare. « Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi »10. Si nous vivions
16 e sait, dans l’instant de la foi, où par grâce il peut rompre ce lien. « Si vous voulez interroger, interrogez ! », mais la
17 acte. Et son temps n’est plus son péché, mais on pourrait dire : sa patience. Car il se tient où Dieu l’a mis, et ce n’est plus
18 era jamais à rien entreprendre. Même si le succès pouvait réjouir le monde entier, il ne sert de rien au héros ; car le héros n
19 utume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourrait -il faire un acte ? Car l’acte est décision, rupture, isolation, quand
20 ité des autres dans l’ensemble. Comment cet homme pourrait -il faire un acte ? Car l’acte est immédiat, création et initiation, c
21 spérer. Il faudrait donc… la créer ? « L’homme ne peut faire qu’une seule chose en toute sobriété, c’est l’absolu »17. Entre
22 lleurs, une rupture de tout drame humain que nous pussions prévoir, désirer et décrire ; une rupture et une vision. La présence
23 prophétiser « en vertu de l’absurde ». L’homme ne peut être déterminé que par son Dieu ou par « le monde », il faut choisir.
24 nostalgie. C’est pourquoi le temps de Kierkegaard peut connaître une rédemption par l’acte, quand celui de Schopenhauer s’év
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
25 u’il y en a une. Alice au Pays des Merveilles On peut penser que notre langue est plus malade que n’était le latin à l’époq
26 u. Mais surtout, ils n’ont plus un sens auquel on puisse se référer et qui fixe vraiment l’usage : un sens commun. La plupart
27 ment au hasard, chacun joue sa partie comme il le peut , sans souci de la règle commune, et la terreur domine cette anarchie,
28 assez simples à débrouiller dans la pratique, et pourraient définir utilement le parti, si seulement chacun de ces mots avait le
29 eurs sens variés, un sens prépondérant sur lequel puisse se faire l’accord. Or, sans parler des 29 sens que Littré donne, pour
30 ution signifiera selon les cas : émeute, prise de pouvoir légal, désordre et anarchie, établissement d’une dictature militaire,
31 goûter une œuvre rigoureuse ou novatrice, et qui pourrait servir de norme ou de repère, a tout au plus triplé, et c’est sans do
32 le est à tout le moins vérifiable. Par contre, on peut très nettement constater le déficit que représente pour la culture, l
33 journaux est vague, impropre, sans saveur et sans pouvoir d’évocation active du vrai. Il habitue des millions de lecteurs au re
34 aines. Nous vivons à l’âge des mots d’ordre. L’on peut penser que c’est une espèce de progrès sur l’âge des clichés bourgeoi
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
35 r la matière économique ; qu’ainsi lestée, elle a pu se mettre en marche et agir au niveau du réel ; que son but primitif
36 demeurez sceptique : Staline, après vingt ans de pouvoir des Soviets, annonce une constitution qui renforce encore l’étatisme,
37 ’on parle de communisme ? Où le prendre ? En quoi peut résider l’identité d’une doctrine qui prétend justifier théoriquement
38 SDN puis l’entrée dans cet organisme ? Tout cela peut s’expliquer, je l’entends bien, par des nécessités pratiques et conti
39 droit de déterminer le tout de l’homme, et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et fait de l’homme qui s’
40 iste, aussi bien que pour le chrétien, l’homme ne pourra trouver sa plénitude et se « regagner totalement »43 qu’à la faveur d
41 siècle, — soit la pensée, par une action45 qui ne peut être que révolutionnaire. Et cependant l’opposition de Marx et de l’a
42 e, que dans la mesure où la mentalité de l’époque peut être qualifiée — et se qualifie elle-même — de spiritualiste, au sens
43 icature, mais ses ravages sont déjà tels qu’on ne peut plus songer à rétablir la vérité par des moyens purement spirituels.
44 bsolument à concevoir que les dogmes théologiques puissent figurer la théorie d’une pratique49. Le christianisme n’est pas un pr
45 orance ou leur aveuglement quant au devoir, et au pouvoir , de l’homme transformé par la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile,
46 tion personnelle, au sens total de l’Évangile, ne peut donc se traduire, si elle s’est faite, que par une action du chrétien
47 létarienne. Déviation grossière, dira-t-on ; mais pouvait -elle être évitée ? Marx n’avait-il pas dit qu’il fallait commencer pa
48 révoltes politiques : il eût revêtu les formes du pouvoir déposé51 et renvoyant à des temps plus paisibles l’évangélisation — s
49 érieur ». Or si le marxisme a réussi cela, s’il a pu paraître cela, c’est dans la mesure où le christianisme, aux yeux des
50 ord, et le monde par lui. Or une telle volonté ne peut conduire qu’à l’excès du matérialisme, non point par la malice de Sta
51 au-delà de ce temps, est éternel, et par là même peut être immédiatement présent dans notre cœur56 alors que l’eschaton mar
52 — cent ans, mille ans ou deux-mille ans ? — et ne peut exister hic et nunc. Comment l’opposition radicale de ces deux fins,
53 oi je lui montre un homme libéré, tandis qu’il ne peut me montrer que quelques conditions préliminaires d’une libération tou
54 venir en aide à son prochain, mais encore rien ne peut le satisfaire de ce qu’il obtient, par cet effort, s’il compare ce mi
55 nécessaire dans tous les domaines où son activité peut se développer57. Mais le marxiste, quelles que soient la souffrance e
56 identiquement une volonté de changer tout ce qui peut l’être ; mais aussi, cela suppose certains moyens d’action qui ne sau
57 tanés de son Parti et de sa classe. Ainsi Staline peut justifier en bonne doctrine « dialectique » ses négations actuelles d
58 ct. Tout cela repose sur un fait unique, que nous pouvons formuler simplement : la fin dernière du chrétien est présente en cha
59 un avenir absolument hétérogène aux actions qu’il peut faire aujourd’hui, dans un ordre non socialiste. Par où l’on voit qu’
60 ntéressent pratiquement ? Ils me disent : « On ne peut pas tout faire ! Quand beaucoup d’hommes seront changés, beaucoup de
61 e de la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut apparaître plus historiquement défini et localisé : je n’en donnerai
62 alors, quel point de vue constructif le chrétien peut -il soutenir, s’il ne veut pas rester l’objecteur que j’ai dit ? Un pr
63 on totalitaire des gouvernants n’avait pas encore pu s’affirmer comme elle le fit sous Louis XIV, nous constatons que la p
64 charisme » dont nous sommes responsables. Nous ne pouvons donc pas approuver une forme d’État qui, par définition, contredit to
65 n ai mentionné plusieurs autres —, un chrétien ne peut pas approuver, comme chrétien, la forme politique du communisme63. Il
66 x et du marxisme, c’est de n’avoir pas su, ou pas pu opposer au mensonge spiritualiste, la vérité du spirituel. Nous n’avo
67 u droit. 44. Au sens le plus large du terme, qui peut désigner aussi bien la « société sans classes » de Marx, que le « Roy
68 réveil piétiste. 47. « L’armée de la critique ne peut évidemment remplacer la critique des armes » (Marx, Critique de le ph
69 En particulier, dans les Thèses sur Feuerbach. On peut y lire une phrase qui prouve que Marx ne prétendait nullement néglige
70 tivité humaine, ou transformation personnelle, ne peut être rationnellement comprise que comme une activité révolutionnaire.
71 Dieu est nécessairement inadéquate en soi, et ne peut être qu’un renvoi à la Révélation seule parfaite, à Jésus-Christ. La
72 tenu et à son but. Elle ne présente rien que l’on puisse comparer, fût-ce le plus superficiellement, à un programme théorique
73 r que des facteurs très essentiels de l’être même peuvent varier selon les milieux et la nature des institutions. (Ainsi le bes
74 i le besoin prétendu « primordial » de propriété, peut très bien être anéanti chez l’homme par un régime communiste.) Que re
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
75 mission que rien en eux ne semblait préparer. On peut le dire sans paradoxe : Israël n’eût pas eu d’histoire sans la promes
76 vu, ce qu’aucun autre peuple au monde n’a jamais pu seulement imaginer, ce qui ne répond à nul besoin historiquement déte
77 er l’évolution immanente d’un peuple, telle qu’on peut vraisemblablement la styliser et la chiffrer, c’est-à-dire, telle qu’
78 e vocation et d’un destin, hors de laquelle on ne peut rien comprendre de ce qui touche à la nation des Juifs. Destin nomade
79 ès qu’Israël cesse de croire à ce que ses yeux ne peuvent voir, et qui pourtant fait toute sa grandeur, c’est la révolte du des
80 t comme l’exemple à peu près idéal de ce que l’on peut nommer (d’un terme d’ailleurs emprunté à l’antiquité hellénique) la m
81 nsée, si belle ou si féconde qu’elle soit, qui ne puisse être consacrée au ministère sacerdotal du peuple élu. Idole, tout ce
82 nos serviteurs en sont persuadés comme nous : on peut apprendre de leur bouche les règles de la conduite de notre vie, et q
83 pauvre, mais fidèle Un homme du xxe siècle ne peut , me semble-t-il, qu’éprouver une sorte d’effroi au spectacle d’un ord
84 de toute base commune, en viennent à ne plus même pouvoir communiquer, ni s’animer les uns les autres, chacun se refermant sur
85 sez clairement défini par la comparaison que l’on peut faire de notre richesse anarchique, et rendue presque vaine par ses e
86 i nous a donné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrions -nous, sans impiété, ne nous pas efforcer de les observer très religie
87 observer très religieusement ? Et quelle conduite peut être plus juste, plus excellente et plus sainte, que celle dont ce so
88 nivers est l’auteur… Quelle forme de gouvernement peut donc être plus parfaite que la nôtre, et quels plus grands honneurs p
89 faite que la nôtre, et quels plus grands honneurs peut -on rendre à Dieu, puisque nous sommes toujours préparés à nous acquit
90 s métamorphoses des dieux païens. Si bien qu’on a pu dire75 que l’Ancien Testament était la vraie Antiquité des peuples de
91 n79 — est réellement inamissible, c’est-à-dire ne peut être perdue, même si celui qui en est l’objet s’y oppose de toutes se
92 ires, sur Rom. II, 26.) Le sort du monde, et l’on pourrait même dire : la date de son salut final, dépend ainsi de la conversion
93 mple. Il reste que la chrétienté non seulement ne pourra jamais se désintéresser du sort des Juifs, éternellement lié au sien
94 ationalistes. Le drame est bien plus vaste que ne peuvent le concevoir nos polémiques. Et son issue ne dépend ni de nous seuls,
95 s n’aient eu quelque commerce avec des étrangers. Peut -il y avoir rien de plus exact pour exempter des races tout mélange av
96 mélange avec d’autres, puisque nos sacrificateurs peuvent , par des pièces si authentiques, prouver leur descente de père en fil
97 vent de tous droits civiques les personnes qui ne peuvent prouver par les registres la pureté de leurs origines : c’est que l’e
98 après la mort de Jésus-Christ. Je suis heureux de pouvoir donner ci-après un développement qui n’avait pas sa place dans mon li
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
99 iquent très étroitement les uns les autres, et ne peuvent être mieux saisis que dans l’unique et perpétuelle question que nous
100 tenir le libre arbitre religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’aurait l’homme de contribuer à son salut par ses efforts et ses œu
101 rs, dans ce Traité ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la violence l
102 e — quoique involontaire, je le suppose — dont il pouvait en l’occurrence, l’accabler. On ne saurait souligner trop fortement c
103 aphysicien, que Luther nie le libre arbitre. Ceci pourrait suffire et doit suffire en droit, à réfuter l’objection d’un moderne,
104 r beaucoup trop difficile à concevoir, pour qu’on puisse écarter cette objection par un simple rappel de l’ordre dans lequel l
105 ec un partisan du « serf arbitre » luthérien. (On peut admettre qu’un tel dialogue se déroule même à l’intérieur de la pensé
106 n homme qui veut croire…) Dialogue Car Dieu peut tout à tout instant. C’est là la santé de la foi. Kierkegaard Une
107 cience et la prescience éternelle de Dieu, qui ne peut faillir à sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’oppose. Que devien
108 s’il le faut ! L. — Tu crois donc détenir un tel pouvoir  ? C. M. — Il me suffit de vouloir l’affirmer. L. — Soit, c’est une
109 Comment la chair tuerait-elle l’Esprit ? Elle ne peut tuer que l’idée fausse qu’elle s’en formait… Mais tu affirmes que si
110 s de l’éternité ? Les philosophes et la raison ne peuvent l’imaginer que morte. Mais la Bible nous dit qu’elle est la Vie, et q
111 ant », croire que sa volonté — qui a tout prévu — peut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’homme, sans que rien s
112 r cette erreur des plus grossières ?… C. M. — On peut aussi nier l’éternité, et affirmer que seul existe notre temps. Dans
113 refuse, en vertu d’une décision pure. Discuter ne peut nous conduire qu’au seuil de cette décision. Et nous n’aurons pas dia
114 nous n’aurons pas dialogué en vain, si nous avons pu dégager l’alternative du libre arbitre, telle qu’elle se pose dans le
115 la pure grâce jusque dans son sérieux dernier, on peut soutenir que l’homme possède au moins « un faible libre arbitre »34 d
116 re faculté de vouloir, mais nie seulement qu’elle puisse suffire à nous obtenir le salut, étant elle-même soumise au mal. Tout
117 eure une pure et simple absurdité. Mais alors, on peut se demander si ceux qui refusent le christianisme échappent vraiment
118 tes de l’homme, jusqu’aux questions dernières que peut envisager notre pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint, dès
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
119 res, un commun dénominateur d’erreur, que nous ne pourrions définir qu’en sortant du plan sur lequel ils voulaient nous faire pre
120 aient nous faire prendre parti. C’est ainsi qu’on peut distinguer, dans l’idéalisme et dans le réalisme, ou dans le rational
121 ment ce sentiment de bonne conscience que nous ne pouvons plus éprouver en présence de la plupart des philosophies de naguère e
122 s nous sentons repoussés par quelque chose qui ne peut être facilement nommé, parce que cela affecte, peut-être, notre tout.
123 ait proclamé, lui aussi, son autarchie, et qu’il puisse se donner des lois qui ne tiennent plus compte de la crise du monde,
124 tion ; au contraire, elle tourne à ses dépens. On peut continuer la métaphore et dire que la pensée dont nous souffrons est
125 donne-t-elle pas exactement cette impression ? Ne pourrions -nous la caractériser maintenant par un seul mot, qui exprime à la foi
126 ependant, si le désordre du monde est réel, il se peut qu’il provienne, précisément, d’actualisations partielles des philoso
127 monde plus d’actualité que nos philosophies n’en peuvent concevoir. Et s’il y a du désordre, c’est que ces philosophies sont t
128 tat d’équilibre entre le microbe et la maladie ne peut mener qu’à une consomption lente, ou à des accidents violents, catast
129 ⁂ Mais cette réalité salutaire, cet acte, comment pourrions -nous maintenant en rendre compte ? Nous ne disons pas : comment pourr
130 t en rendre compte ? Nous ne disons pas : comment pourrions -nous le définir, nous disons seulement — et littéralement — comment p
131 ous disons seulement — et littéralement — comment pourrions -nous faire comprendre de quoi il s’agit ? Nous allons être obligés ic
132 impersonnel.) L’acte, étant immédiat au sujet, ne peut pas, sans cesser d’être acte, être posé en face de l’acteur. On ne pe
133 d’être acte, être posé en face de l’acteur. On ne peut pas photographier un acte, et donner ensuite la description de la pho
134 on de la photo comme la description d’un acte. On pourrait dire tout au plus (métaphoriquement) que l’acte révélé par le cliché,
135 aussitôt le dynamisme. La réflexion sur l’acte ne pouvant intervenir qu’a posteriori, elle n’est, en réalité, qu’une réflexion
136 que l’analyse philosophique est avec celui qui ne peut pas sauter. Et c’est peut-être cela précisément que la sagesse vulgai
137 typique par sa forme même, et qui, par ailleurs, peut éclairer notre débat : « L’éthique ne commence pas dans une ignorance
138 est le mystère même. Cela n’entraîne pas qu’on ne puisse rien dire des réactions psychologiques à l’acte « as it’s known as »,
139 n intérieure, d’indivision entre le vouloir et le pouvoir . On pourrait presque dire que c’est la sensation de l’unité, ou, plus
140 , d’indivision entre le vouloir et le pouvoir. On pourrait presque dire que c’est la sensation de l’unité, ou, plus exactement,
141 es (méthodologiques) de notre position. ⁂ Nous ne pouvons faire comprendre la véritable valeur d’une philosophie de l’acte qu’e
142 médiats. Car nous croyons en avoir assez dit pour pouvoir affirmer qu’il n’y a pas de transition entre l’acte et ses effets. C’
143 , sans qu’il y ait pour cela de « médiation ». On pourrait dire, paradoxalement : il n’y a de transition que par l’acte, mais l’
144 e qu’il y a de plus actuel ·dans l’acte. Ce qui a pu tromper sur ce point, c’est précisément que, la pensée étant la plus
145 donnera un bon exemple. En tant qu’activité, elle peut se définir par l’invention de l’abstrait, c’est-à-dire de l’homogénéi
146 ille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne peut pas y renoncer sans briser son ressort. Remarquons que cet attachemen
147 ffet, de tous les seuils irrationnels que l’homme puisse passer, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la vie. Or, ce
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
148 n monopole privé) qu’il est à craindre qu’elle ne puisse s’accomplir isolément. Seul le redressement radical et général d’un r
149 mensonge. Il s’agit en attendant que la question puisse être attaquée et résolue de front — de tourner la difficulté en remon
150 ion que continuera à leur fournir la presse. Elle pourrait être une sorte d’école permanente des lecteurs de journaux ; 3° une p
151 r ailleurs l’occasion d’un échange de vues qui ne peut être que fructueux pour tous. Nous faisons un appel pressant auprès d
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
152 du langage, de la culture, et de la politique, on peut être à peu près certain que ces deux messieurs défendent en réalité l
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
153 et justifiés dans toutes les sous-préfectures. Ce pouvoir contagieux est, bien sûr, tout à l’honneur des écrivains qui savent l
154 s’imaginait, naïvement et confortablement, qu’on peut écrire n’importe quoi, sans ce que cela porte à conséquences, ce roma
155 de leurs loisirs improductifs. Une telle crise ne peut être résolue par des mesures de propagande, ni par des lois plus ou m
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
156 Que décrire, sinon ce qui s’écroule — et cela ne peut pas donner les éléments d’un art, si l’art est une construction. Il s
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
157 e donc qu’on m’explique la tactique. En quoi cela peut -il consister ? Aucune idée. L’angoisse m’étreint. Je suis comme un en
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
158 s grand-chose. Encore faut-il savoir comment on y peut « vivre » ? C’est à cette question judicieuse que j’ai voulu répondre
159 que de décrire un précédent, d’affirmer que cela peut se faire, que cela s’est fait, qu’il y a là un bonheur… 22 septembre
160 e ne sais plus ce que j’attendais, ni ce que j’ai pu rêver de ce pays. Il est très pauvre, sec et lumineux. Toutes les nua
161 e guéridons et d’aquarelles, de telle sorte qu’on puisse y travailler. Nous faisons l’inventaire minutieux et le plan d’arrang
162 mes éreintés et couverts de poussière. Mais on va pouvoir respirer. 25 septembre 1934 La traduction d’un considérable ouvrage a
163 lques légumes de leurs cultures, qu’ils n’ont pas pu vendre au marché. Cependant, ils se considèrent comme des privilégiés
164 a boucherie, du lait verdi. C’est à peine si l’on peut marcher à pied sec dans les passages étroits. Sur les seuils, des gro
165 tière et de l’arrêt des autocars. Pittoresque, on peut le dire… 8 octobre 1934 Du rôle pratique de la raison. Je vois la mi
166 me, de l’autre côté de la colline du sud, où nous pourrons acheter une provision d’« œillades ». C’est leur gros raisin bleu. No
167 é. Et très conscients d’une supériorité qu’ils ne peuvent attribuer au rang social ni au salaire, c’est évident, mais seulement
168 toujours l’heure des mauvaises nostalgies. ? Qui pourrait nous écrire une histoire des inventions de l’insomnie ? Ne serait-ce
169 ponsabilité des accidents qui leur arrivent. Cela peut agacer dans le détail. C’est assez sage dans l’ensemble. Ils seraient
170 leur sens est différent, en dépit de ce que l’on pourrait déduire, dans le fait, d’une discussion raisonnable, c’est-à-dire tru
171 truit au sein des conventions communes. Un chacun peut en être, et juger comme il veut. Le droit de se tromper, et de trompe
172 dans les 40 à 50. Et une fois qu’ils sont là, on peut parler de tout… J’irai d’autant plus volontiers que, devant parler mo
173 e possible. S’il en est bien ainsi, me dis-je, on peut redouter que ces hommes ne sachent pas faire la distinction entre le
174 ait l’autre jour : Ah, monsieur le pasteur, si on pouvait entrer par-derrière, par la porte de la sacristie, on viendrait bien 
175 s on est lâches ! — Et chez eux, les voyez-vous ? Pouvez -vous discuter avec eux ? — Guère. Là encore, ce sont surtout les femm
176 e nous sommes trop orgueilleux ? » En général, on peut dire que les communistes sont les plus intelligents du village. Ce so
177 parole pour expliquer, le plus simplement que je pus , que le problème fasciste est un problème avant tout national ; qu’il
178 s particuliers à ce pays, et qu’en tout cas il ne peut pas se poser de la même façon en France. Je conclus que la seule mani
179 en donnant toutes les précisions qu’un collégien puisse désirer.) R. me disait aussi : En somme, vous n’êtes pas un vrai chôm
180 ange de mon pantalon. Ce n’est pas avec ça que je pourrais faire une carrière dans le monde, à supposer que l’envie m’en prenne.
181 que je compte dire dans mon journal, c’est qu’on peut être très content d’un sort matériel très médiocre. Ce n’est pas nouv
182 st pas aussi romantique et excitant que mon titre pourrait le faire croire. L’intéressant à mon point de vue, c’est de montrer u
183 ments religieux, de rancunes, de souvenirs… On ne peut guère imaginer d’imbroglio passionnel plus idéalement favorable à l’a
184 des plus beaux complexes que le diable ait jamais pu concevoir pour dresser les humains les uns contre les autres. Et qui,
185 mains les uns contre les autres. Et qui, ou quoi, pourrait nous en guérir ? — Commençons par nous avouer, passons outre à nos vi
186 tre argent, depuis quatre ans que vous l’avez, le pouvoir  ! » L’autre se dégage et s’en va, un peu triste, ou peut-être gêné. E
187 Méridional du type sérieux, un de ces hommes qui pourraient sauver sa région de la totale décrépitude où l’ont laissée les radica
188 té, dont la seule dignité est d’avoir foi dans le pouvoir d’une pensée droite, — on se demande par quelle rancune vaguement dém
189 t de ses intérêts véritables. Mais c’est qu’il ne peut pas les exprimer très aisément. Question de langage. Revenez voir ces
190 des ou ne servaient que de débarras —, et rien ne pouvait nous faire soupçonner cette présence à côté. Hier matin, la mère Cali
191  » Ils n’auront plus à languir bien longtemps. On peut dire que la chose est sûre. Et on l’entend ! Trois fois par jour, le
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
192 on patriotarde sur l’Alsace-Lorraine : Vous avez pu germaniser nos plaines Mais notre cœur — vous ne l’aurez jamais !
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
193 éter lors d’un séjour allemand au cours duquel je pus observer mainte fois l’extraordinaire popularité du bonhomme Peter Sc
194 , aux regards de la convoitise, « opaque »36. Que pouvais -je tirer de tout cela ? Rien qu’une évidence assez pauvre : l’ombre e
195 lyse. Mais avant d’en venir à cette extrémité, on pouvait essayer d’un pédantisme moins barbare. Je rédigeai la note qui suit,
196 onne son ombre contre une bourse magique, d’où il pourra tirer un or inépuisable. Désormais riche, mais privé d’ombre, il se c
197 fond avec tous les vagabondages qu’il imagine. Il peut même retrouver une espèce d’activité, purement descriptive il est vra
198 ie spirituelle, il n’est pas de lieux séparés, on peut toujours passer de l’un à l’autre par quelque ruse de la métamorphose
199 coup sûr que du tout ? Ceci dit, la psychanalyse peut nous donner des descriptions utiles, et quelques « trucs » d’observat
200 anormal au point de vue social et moral, celui-là peut être considéré comme anormal dans sa vie sexuelle »37. Nous venons de
201 hl est le type même de l’inadapté, — celui qui ne peut « trouver sa place au soleil », et qui ne subsiste dans la compagnie
202 ces, mais aussi quelques fois, hostiles. (Et cela peut être comme une première influence de ce qu’on nommera chez un malade,
203 ns, et même à des Nordiques qu’à des Méridionaux, pourrions -nous ajouter avec toutes les réserves qu’on voudra, mais en nous souv
204 qu’une fable à ce point célèbre dans un peuple ne pouvait exprimer qu’un fait humain élémentaire. J’étais déçu de le voir se ré
205 e. Je traduis ce fragment littéralement : « On ne peut comparer la Liquor vitae dans l’homme à autre chose qu’à une ombre su
206 arle Chamisso vers la fin de son conte. Voilà qui peut situer enfin le vrai problème39. La créativité : c’est à quoi se ramè
207 ue du seul fait qu’elle est une image physique du pouvoir créateur spirituel. Comme on peut le voir par l’examen de la pudeur.
208 physique du pouvoir créateur spirituel. Comme on peut le voir par l’examen de la pudeur. Ne serait-ce point pour la raison
209 hibe une excessive sincérité dans ses écrits. (Il peut être d’ailleurs, au sens courant du mot, le plus « pudibond » des bou
210 secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on possède, c’est naturel ; mais non du tout qu’on
211 tout, comme un peu en avant de lui-même, là où il peut dominer sa vie et la construire avec tout son instinct à l’image d’un
212 le d’une fille du peuple. Mais Andersen, comme on pouvait s’y attendre, fait dominer l’aspect « spirituel » du mythe. Son conte
213 outefois par ceci qu’il l’a fait, témoignant d’un pouvoir d’invention dont la nouveauté reste entière. Et j’y songe : ce Schlem
214 i : adapté au milieu social. Qui ne voit ce qu’on pourrait tirer de cette « vérité d’expérience » si l’on voulait en faire une r
215 en menacent les conformismes totalitaires ? On ne peut accepter une « vérité » de ce genre qu’en insistant sur le contraire 
216 enre qu’en insistant sur le contraire : l’anormal peut être créateur d’un nouveau type de rapports sociaux, c’est-à-dire d’u
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
217 même consterné. J’affirme avec vivacité que ça ne peut pas aller. Il faut tout recommencer. Finalement l’on décide d’envoyer
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
218 mbre de lignes actuellement exploitées. Mais j’ai pu constater dans plusieurs départements de l’Ouest qu’il n’est plus guè
219 Je commence à connaître leurs coutumes : rien ne pouvait modifier plus rapidement et plus profondément « la coutume » de la Fr
220 rtait l’uniforme de l’État, partout la même. Vous pouviez parcourir vingt fois la France de part en part sans remarquer que les
221 s d’écrire. Car ou bien l’on écrit ce que l’on ne peut pas faire, et c’est l’aveu d’une faiblesse ou d’une ambition excessiv
222 oyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imaginer, dans les antres rédactionnels. Je dis les antres. De toute
223 Denis de Rougemont vient d’illustrer ce que l’on peut appeler sa « doctrine », en nous donnant, sous le titre de Journal d’
224 ’observations et de jugements. Il y montre ce que peut avoir de quotidien cet effort de restauration morale — et sociale — q
18 1937, Articles divers (1936-1938). « Subjectivité et transcendance », Lettre de M. Denis de Rougemont (décembre 1937)
225 d en comble. Je ne pense pas que la transcendance puisse jamais être « simplement la nature ». Voyez chez Goethe, chez Tolstoï
226 transcendance, la nature devient divinité (et ne peut pas ne pas le devenir). Pour ma part, je ne conçois pas de relation c
19 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
227 ersaires ». Il leur demande ensuite de prendre le pouvoir . Mais avant de prendre le pouvoir, il faut convaincre, sinon l’on se
228 e de prendre le pouvoir. Mais avant de prendre le pouvoir , il faut convaincre, sinon l’on se verra contraint d’exercer cette di
229 , il ajoute en parlant de leurs auteurs : « On ne peut que les suivre et les approuver. » En somme, il se rangerait à nos cô
230 son vœu final : « Qu’ils s’emparent hardiment du pouvoir dans cet État, et, en manifestant la noblesse de leur caractère, nous
20 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
231 d’une perspective de bonheur dans laquelle il ne pouvait voir le vrai tout de son existence singulière. (Que d’autres y cherch
232 de partie de la nuit. Georg Brandes raconte qu’on pouvait le voir, de la rue, arpenter longuement les pièces illuminées de ses
233 t disposer une écritoire et du papier, de façon à pouvoir noter, au cours de son interminable promenade, les phrases qu’il vena
234 semblable au prince Hamlet — autre Danois ! — il put mourir certain d’avoir accompli sa mission, ce fut l’attaque qu’il me
235 uvre — se rapporte à ce seul problème : « comment peut -on devenir chrétien ». Car on ne naît pas chrétien, et même on ne peu
236 ien ». Car on ne naît pas chrétien, et même on ne peut pas l’être, il faut sans cesse le devenir, et le devenir dans l’insta
237 sistent cependant, s’aperçoivent que l’entreprise pourrait être mortellement compromettante. Aussi l’histoire de la pensée n’est
238 à ce qu’il voulait. Il n’a jamais cru que sa mort pourrait entraver son action, il a compris qu’elle faisait partie de son actio
239 -être utile d’insister sur deux caractères qui ne peuvent manquer de frapper, de retenir ou de repousser le lecteur non prévenu
240 -à-dire de l’incarnation de Dieu en Christ. On ne peut pas le comprendre : on le souffre. On l’aime, on l’injurie, on se déb
241 atteste ce fait capital que la pensée humaine ne peut être irrémédiable. Tous les autres, sauf Empédocle et Nietzsche, ont
242 de nature à tromper le lecteur mille manières. On peut se laisser prendre à la fantaisie baroque de certaines paraboles, de
243 temps — c’est là son dépit amoureux — Kierkegaard peut enfin parler avec un sérieux total, dont l’écrivain d’aujourd’hui n’a
244 t l’existence même des églises allemandes. Nul ne peut mesurer aujourd’hui le développement promis à l’influence de Kierkega
245 t agitées. Sur une pierre de cimetière danois, on peut lire cette inscription nue : « Le Solitaire ». Le rire et la passion
21 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
246 nt qu’on ne s’est pas avoué devant les autres, on peut toujours s’estimer singulier, c’est-à-dire supérieur à la masse. Et c
247 n minimum de confort ou d’aisance matérielle pour pouvoir réfléchir, se poser des problèmes nouveaux, créer… D’où résulterait q
248 ’ont rien, il faut donner du confort, afin qu’ils puissent concevoir d’autres buts à leur existence que la recherche d’un gain p
249 de l’amour, parce rien ne s’est produit, rien ne peut se produire, pour tant de mauvaises raisons qui sont plus fortes que
250 e au mépris de soi-même et de l’utilité. Car elle peut devenir le fait dominateur. En vérité, il n’y a pas de faits grands o
251 Quand tu l’auras connu et accepté — tu es seul à pouvoir le connaître — lève-toi et regarde les choses, les gestes incongrus e