1 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
1 ouvenir et davantage, la présence d’un être vrai, qui apporte à toute l’œuvre une émouvante précision. Le personnage de Gar
2 stupéfaction respectueuse ; le mutisme de l’homme qui s’est senti touché dans une région de l’être dont il ignorait presque
3 e l’être dont il ignorait presque l’existence, et qui demande un peu de temps pour formuler sa réaction, voilà sans doute l
4 ut l’ami le plus intime de Franz Kafka. C’est lui qui s’est chargé de publier ses œuvres, pour une très grande part inédite
5 e l’existence banale, et le sentiment d’étrangeté qui parfois l’accompagne en sourdine s’expliquent de la manière la plus l
6 la recherche au moins d’une théologie. Tout cela, qui n’est pas exprimé mais voilé et seulement trahi par certaines bizarre
7 morbide au jugement de certains, mais aussi, pour qui sait comprendre, salutaire… Les lectures favorites et les préoccupati
8 elles par l’activité pratique et sociale, volonté qui se manifeste tout au long de son existence, et qui devait l’amener en
9 ui se manifeste tout au long de son existence, et qui devait l’amener entre autres, à son projet de participation au jeune
10 morphose). Ou encore : l’inculpation inexplicable qui pèse sur le héros du Procès. d. Rougemont Denis de, Brod Max, « [Pr
2 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
11 orme des choses, — à la commune dégradation. Ceux qui ne croient pas à l’acte, c’est qu’ils ne connaissent plus aucun chemi
12 ù nous maintient l’argument du démon — le serpent qui se mord la queue. La foi au Christ est la condition nécessaire et suf
13 s vies. Alors les règles, les morales et les lois qui nous disaient d’agir dans le même temps qu’elles nous privaient de to
14 on et personne éternelle, prophétie de l’éternité qui vient à nous. 2. Il n’est d’action que prophétique Qu’est-ce qu
15 Qu’est-ce que prophétiser sinon dire la Parole qui détermine notre avenir ? Mais la Parole n’est dite que dans la foi, l
16 nuit en créant sa lumière et son chemin5, lumière qui n’est pas sa lumière, chemin toujours imprévisible, certitude que dev
17 révisible, certitude que devinent les pas, chemin qui se dérobe au doute et à l’orgueil, mais que parfois la prophétie fait
18 it après ce commencement et bienheureux est celui qui dans sa fin possède son commencement ». Mais l’homme déchu de son ori
19 r. Seule peut l’en délivrer la Parole prophétique qui lui advient comme un appel dans les ténèbres. Certains reçoivent l’or
20 n prophétique pareille à celle des hommes de Dieu qui se lèvent sous l’Ancienne Alliance, se confond avec la parole qui les
21 us l’Ancienne Alliance, se confond avec la parole qui les conduira au martyre. La Parole dite est leur chemin, leur vérité
22 ansformer, c’est-à-dire comment obéir à la Parole qui prophétise ? Le chemin est imprévisible. Ce que nous connaissons, c’e
23 point de départ. Le chemin commence à tout homme qui se met en devoir d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’importe
24 qu’il reçoit de Dieu, — n’importe où et n’importe qui , à n’importe quel ordre reçu, et sans nulle préparation. « Comment u
25 a marque de l’absolu : c’est la marque de tout ce qui est véritablement chrétien (Journal). Vends ton bien et le donne aux
26 celui que rien ne protège et la prudence de celui qui écoute, dans le tourment et dans la joie d’une découverte quotidienne
27 t de faire un pas dans la nuit, sur ce « chemin » qui est le Christ présent. Il y a abîmes entre ces deux exigences : l’abî
28 nant, aller maintenant, par la foi, sur ce chemin qui commence à ses pas, — c’est là le destin du chrétien, c’est son « imp
29 Christ, du « chemin », en dehors de l’acte de foi qui , supprimant toute distance historique, nous rend contemporains de Son
30 et dans l’absence, ou dans la nostalgie des temps qui viennent ; c’est pourquoi nous n’avons plus d’être que par la foi, « 
31 d de l’acte et le retrait de Dieu, c’est le doute qui s’interpose entre le savoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’hom
32 avoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’homme qui se repose sur ses œuvres et qui les juge : son alliance avec le serpe
33 âcheté de l’homme qui se repose sur ses œuvres et qui les juge : son alliance avec le serpent. De quelles étranges et secrè
34 ve. Il vit dans la forme du monde, mais il est ce qui la transforme. Vertige de la « vie chrétienne », cette histoire de Di
35 , — passage de la mort à la vie, tension entre ce qui résiste et ce qui crée, victoire de la Parole sur la chair, autorité
36 mort à la vie, tension entre ce qui résiste et ce qui crée, victoire de la Parole sur la chair, autorité de la personne sur
37 qu’une rédemption. Distinction de théologien, et qui veut prévenir l’orgueil. Mais la vision de celui qui agit n’est point
38 veut prévenir l’orgueil. Mais la vision de celui qui agit n’est point un jugement des résultats, — des créatures ; elle n’
39 e, il est toujours initiation. La vision de celui qui agit est tout entière absorbée par l’instant, par le passage de ce qu
40 ière absorbée par l’instant, par le passage de ce qui meurt à ce qui nait, — par le réel. « Celui qui doit agir, s’il veut
41 ar l’instant, par le passage de ce qui meurt à ce qui nait, — par le réel. « Celui qui doit agir, s’il veut juger de soi se
42 e qui meurt à ce qui nait, — par le réel. « Celui qui doit agir, s’il veut juger de soi selon le succès qu’il remporte, n’a
43 r les traits du visage héroïque. Dans cette chair qui doit vieillir, la tension de la mort et de la vie a mis des marques v
44 du héros, sa vision contre son visage, sa vision qui crée son visage. Le visage appartient au temps, mais la vision à la p
45 t révolte, et qu’il faut pour se l’avouer la joie qui naît de l’acte de la foi. Lorsque Kierkegaard écrivit son traité de l
46 ustement de dépasser cette illusion du désespoir, qui consiste à s’imaginer que l’acte est puissance de l’homme : d’où l’im
47 son origine. Cela tient à l’absolu de la Personne qui l’initie. Le désespéré, le douteur, ou simplement l’homme dépourvu de
48 pourvu de foi, l’homme détendu, vague et fiévreux qui peuple nos cités, l’homme sans visage et sans prochain, — sans vocati
49 anière de loucher vers « les autres », une chaîne qui le lie à la coutume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourr
50 désespéré et l’absolu, il y a tout ce romantisme qui veut que l’acte soit puissance et jouissance, il y a ce moi de désir
51 t puissance et jouissance, il y a ce moi de désir qui veut que l’acte — l’instant ! — soit durée… Mais l’absolu qui vient j
52 l’acte — l’instant ! — soit durée… Mais l’absolu qui vient jucher nos vies nous meut parce qu’il est un ordre, une Parole
53 onscience de cet aspect particulier de son destin qui qualifie précisément la vocation : l’invraisemblable. Ses plus amers
54 que plus rien ne soutient, hors la foi ? « Celui qui ne renonce pas à la vraisemblance n’entre jamais en relation avec Die
55 lement la moins invraisemblable. Mais le chrétien qui marche dans la nouveauté ne prend mesure que de ce qu’il transforme.
56 ns la seule vocation qu’il incarne. Sur le chemin qui commence à ses pas, il ne meurt jamais par surprise : et ce n’est poi
57 cemment « découverte » par les psychologues de ce qui « se fait se faisant » est une antilogie chrétienne au premier chef,
58 ont ses attaques contre l’Église établie. 20. Ce qui est particulièrement affligeant dans l’existence du bourgeois c’est q
59 plus importante de votre vie ? M. Clément Vautel qui personnifie de nos jours le Bourgeois, répondit avec une pertinence g
3 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
60 n’ont plus un sens auquel on puisse se référer et qui fixe vraiment l’usage : un sens commun. La plupart des débats qui nou
61 t l’usage : un sens commun. La plupart des débats qui nous occupent, qu’il s’agisse de politique, de religion ou de littéra
62 le l’avait remis en position, c’était le hérisson qui se déroulait et courait dans la haie voisine. Si par hasard la boule
63 restaient en place, c’était alors l’arceau-soldat qui se levait et s’en allait un peu plus loin. Tandis que la Reine, au co
64 seul mot : esprit, si j’interroge au hasard ceux qui veulent défendre « l’esprit » contre les menaces dites matérialistes,
65 ue dresse parfois l’un contre l’autre deux hommes qui auraient dû « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esprit
66 tingués les uns des autres par la plupart de ceux qui les prononcent. Ainsi révolution signifiera selon les cas : émeute, p
67 libéraux, par la presse d’opposition, par Staline qui fait taire cette presse au nom de la Révolution, par Hitler dénonçant
68 e de goûter une œuvre rigoureuse ou novatrice, et qui pourrait servir de norme ou de repère, a tout au plus triplé, et c’es
69 leur délicatesse d’appel. Et les bons écrivains, qui n’ont pas d’autres armes, se voient privés de tous moyens d’agir. Leu
70 n’est pour eux que tromper un besoin d’expression qui n’a plus de mission réelle. C’est un jeu formel et précis, dont ils s
71 eur autorité et suscitent contre eux des révoltes qui s’expriment dans des langues nouvelles, au détriment de l’unité sacré
72 lus grand nombre que jamais, et ne se disent rien qui compte. « Paroles vaines, serments faux ! » Or, quand la parole se dé
73 n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détru
74 quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui se détruit. ⁂ Telle est l’inquiétude des masses. Elle n’est pas d’abo
75 t d’abord cette inquiétude du cœur et de l’esprit qui naît de la mort des amitiés. Plus angoissante encore, elle règne inno
76 is disciplinés. C’est ce conformisme enthousiaste qui tient lieu de conscience commune aux grandes masses européennes, quel
77 e politique. Ainsi la mesure n’est plus cette loi qui vit en l’homme réel et personnel, cette alliance du peuple avec sa vo
78 sonnel, cette alliance du peuple avec sa vocation qui faisait la grandeur des cultures authentiques. Elle est devenue la lo
79 . Elle est devenue la loi inexorable et mécanique qui plie l’individu à des calculs de masses, à des disciplines extérieure
80 ité humaine ? Et si la propagande et la publicité qui ont pris la place des lieux communs spirituels et effectifs ne nous o
81 tement la part active que prend l’homme à tout ce qui est création dans la nature, dans l’histoire, dans la vie de l’esprit
82 raient moins excités, moins excessifs. La Terreur qui règne en permanence dans les revues d’avant-garde est le signe d’une
83 ssant dépit, d’un profond pessimisme de la pensée qui désespère d’atteindre et de mouvoir effectivement les hommes. Cas de
84 des surréalistes, etc. Ce sont des êtres isolés, qui crient très fort parce qu’ils se sentent très loin de ceux qu’ils int
85 raitent comme des sourds. 26. Contrairement à ce qui se passe normalement dans les cas d’homonymie ou de polysémie. Ainsi
86 e espèce et s’en nourrissent. L’opération fameuse qui consiste à additionner les casseroles et les haricots est à la base d
4 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
87 ar exemple. Constatez, comme beaucoup l’ont fait ( qui sont sans aucun doute les plus honnêtes), que la dictature de Staline
88 : vous apprendrez qu’elle fut inventée par Hegel, qui eut le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la pos
89 el, qui eut le tort de la fonder sur l’Esprit, ce qui était proprement la poser sur la tête : que le génie de Marx l’a remi
90 ous invite maintenant à n’en pas croire vos yeux, qui voient Staline, mais à croire une prophétie. Cependant vous demeurez
91 de pouvoir des Soviets, annonce une constitution qui renforce encore l’étatisme, et ne parle même plus de sa suppression f
92 ssion future. Au contraire, il fait fusiller ceux qui en parlent. On vous répond que c’est une nécessité de la tactique, dû
93  ? En quoi peut résider l’identité d’une doctrine qui prétend justifier théoriquement, à quelques années d’intervalle, la d
94 ter, ici, un jugement d’allure politique. Mais ce qui est grave, c’est de voir tant d’intellectuels défendre ces manœuvres
95 rendront-ils que cette méthode figure aux yeux de qui n’a pas leur « foi », nécessairement, un simple opportunisme ? Que se
96 nscient et conséquent. C’est ce mouvement profond qui légitime, à ses yeux tout au moins, les détours les plus tortueux, me
97 te, dans sa forme, avec le mouvement du chrétien ( qui est sa lutte contre le péché) les plus frappantes analogies ? Sur ce
98 est divisée contre elle-même, et fait de l’homme qui s’abandonne à elle un être antinomique, « divisé », et comme « aliéné
99 . À la découverte de « cette aliénation de soi », qui selon Marx serait le fait de toutes les sociétés passées, y compris l
100 la reconnaissance d’une corruption fondamentale, qui est le péché originel. Il s’ensuit que pour le marxiste, aussi bien q
101 détachée et inactuelle, et contre toute activité qui ne concourrait pas, d’une façon ou d’une autre, à transformer, à chan
102 autre, par deux propositions parfaitement claires qui , tout en affirmant avec vigueur la nécessité d’un « changement », et
103 vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Dans les deux cas, il s’agit du même m
104 les du siècle, — soit la pensée, par une action45 qui ne peut être que révolutionnaire. Et cependant l’opposition de Marx e
105 le était, du point de vue religieux, la situation qui se présentait à Marx ? C’était celle de la Restauration. Professeurs
106 les ouvriers. Ni d’appeler justice, au besoin, ce qui était utile aux maîtres. La religion ne semblait plus gêner personne4
107 traduisait cet établissement même, et non plus ce qui l’eût jugé. Marx ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à
108 é. Marx ne perd pas son temps à dénoncer l’erreur qui est à la base d’une pareille imposture : il la sait trop profondément
109 le. Je résume et je simplifie ce processus : ceux qui prétendent réformer « l’intérieur » se gardent bien de toucher à l’ex
110 ère fondamental, par opposition à nos adversaires qui le niaient, et nous n’eûmes pas toujours le temps ni l’occasion de re
111 e celle des défenseurs de l’esprit pur : l’erreur qui porte l’homme à croire que la cause de tous ses malheurs est dans les
112 ela. Bien plus, Marx vient lui démontrer que ceux qui prétendent le contraire, et qui prêchent que l’argent ne fait pas le
113 émontrer que ceux qui prétendent le contraire, et qui prêchent que l’argent ne fait pas le bonheur, sont simplement des exp
114 pas le bonheur, sont simplement des exploiteurs, qui ont l’argent et qui veulent le garder — justement parce qu’il fait le
115 t simplement des exploiteurs, qui ont l’argent et qui veulent le garder — justement parce qu’il fait leur bonheur ! Alors,
116 nnes, en effet, se réfèrent à chaque instant à ce qui détermine le tout de l’homme : son origine, sa fin, et sa mission pré
117 u’il a pour mission actuelle d’obéir à une Parole qui est Jésus-Christ, le Médiateur. Mais cette Parole juge « le monde » q
118 le Médiateur. Mais cette Parole juge « le monde » qui l’a rejetée. Elle ne sauve que ceux d’entre les hommes qui refusent t
119 ejetée. Elle ne sauve que ceux d’entre les hommes qui refusent totalement ce monde et s’attendent totalement au Royaume. Ce
120 tive50 constituent la révolution la plus radicale qui soit, disons mieux : la seule radicale. Et toutes les autres, dans no
121 . L’homme nouveau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mot co
122 e sa vie : il connaît dès lors son péché, tout ce qui l’écartait de sa voie. Mais il se connaît du même coup responsable à
123 ce et au désordre, c’est par la faute de l’homme, qui était son roi, et qui a trahi. Et tout péché individuel répète et agg
124 st par la faute de l’homme, qui était son roi, et qui a trahi. Et tout péché individuel répète et aggrave cette faute. Ains
125 nce », écrit Calvin. Et que serait une obéissance qui ne se manifesterait pas ? La transformation personnelle, au sens tota
126 e transformation de la forme actuelle des choses, qui ne serait pas l’effet d’une conversion des hommes, ne doit être aux y
127 hrétien, qu’une réforme sans grande portée. Voilà qui paraîtra plus scandaleux. Et cependant l’Évangile est formel : « Que
128 e établi. J’agirai par reconnaissance envers Dieu qui m’a transformé. Si je n’avais pas cette reconnaissance, ce serait que
129 on chrétienne de l’homme, seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra que l’état d’esprit marxiste lui app
130 ement borné. Je me servirai d’une image. L’enfant qui rate son coup, ou qui se heurte contre un meuble, se fâche contre les
131 virai d’une image. L’enfant qui rate son coup, ou qui se heurte contre un meuble, se fâche contre les choses et les rend re
132 nçait aux hommes non pas la haine et le cynisme — qui appartiennent à la forme du monde — mais la nouvelle, absolument nouv
133 nourrir, personnellement, mais ce n’est pas cela qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change le monde ! Il f
134 t, mais ce n’est pas cela qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire à notre hont
135 la qui supprime la misère, qui empêche la guerre, qui change le monde ! Il faut le dire à notre honte, à nous chrétiens : c
136 observation est juste ; elle est insuffisante. Ce qui explique en dernier ressort le succès « religieux » du marxisme, c’es
137 gênante et bouleversante. C’est que l’« esprit » qui devait être l’agent du changement total, perpétuel et seul réel, est
138 e me contenter d’un changement tout spirituel, et qui n’affecte en rien le cours des choses, je suis fondé à lui répondre :
139 ialecticien ! Si tu dis que le chrétien est celui qui ne fait rien, tu prouves simplement que tu ignores tout du christiani
140 térialiste actuelle, je ne passe pas à côté de ce qui est essentiel chez Marx. Je ne critique pas une erreur contingente. J
141 el ait des lumières particulières sur ces sujets, qui exigent un savoir technique. Mais ce qui tombe directement sous le co
142 sujets, qui exigent un savoir technique. Mais ce qui tombe directement sous le coup de la seule critique théologique, ce s
143 me ; le christianisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui de Dieu, non de la Terre. Tous deux sont eschatologiques,
144 c’est la « foi », substance des choses espérées, qui permet seule de supporter les maux que l’on endure au nom du but dern
145 de la « conversion » le fait bien voir. Un homme qui se convertit au christianisme, c’est un homme qui reçoit et qui saisi
146 qui se convertit au christianisme, c’est un homme qui reçoit et qui saisit la Révélation en Personne. Et du coup le Royaume
147 it au christianisme, c’est un homme qui reçoit et qui saisit la Révélation en Personne. Et du coup le Royaume est au-dedans
148 nue d’ailleurs, mais pour lui seul et ici-bas, et qui anime désormais ses gestes et sa pensée la plus intime. Dès maintenan
149 ne. Et alors, il attaque le monde ! Mais un homme qui se convertit au communisme ne se rattache pas à une Présence actuelle
150 urd’hui. Il mise son action immédiate sur un fait qui n’est pas accompli, l’histoire n’ayant jamais connu de réalisation de
151 de communisme. Ainsi, des deux, c’est le marxiste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends
152 arxiste qui est l’utopiste ; et c’est le chrétien qui est le réaliste. (J’entends bien : le chrétien véritable…) Le marxist
153 à chaque instant de transformer autour de lui ce qui s’oppose à son bien souverain. S’il est chrétien, il sait qu’il est m
154 est chrétien, il sait qu’il est membre d’un corps qui porte toutes les marques du péché. Il est alors en face du monde, et
155 cesse sur les élans révolutionnaires spasmodiques qui agitent l’humanité (comme en 1789 et en 1917), il faudrait que l’homm
156 pose identiquement une volonté de changer tout ce qui peut l’être ; mais aussi, cela suppose certains moyens d’action qui n
157 mais aussi, cela suppose certains moyens d’action qui ne sauraient être les mêmes dans les deux cas, si la fin seule justif
158 c’est le royaume de justice et d’amour. Tout acte qui contredirait, dans le présent, la loi d’amour et de justice, même s’i
159 ur. Il n’est donc pas d’« opportunisme » chrétien qui tienne, et tous les moyens du chrétien doivent être aussi purs que sa
160 disciplines d’action que lui impose son parti, et qui comportent la haine et le mensonge : mais alors pour sauver le monde,
161 tenant aux chrétiens déclarés. J’en vois beaucoup qui estiment que la transformation de l’homme importe seule, puisqu’elle
162 but de tout autre changement. J’en vois beaucoup qui jugent que l’action personnelle de charité et de sacrifice, pour le m
163 particulier aux membres du Mouvement des Groupes, qui représentent à l’heure actuelle le christianisme le plus « activiste 
164 de corriger sans trêve la déviation spiritualiste qui menace notre vie chrétienne, et qui est la cause certaine des succès
165 spiritualiste qui menace notre vie chrétienne, et qui est la cause certaine des succès du marxisme. Tant que les chrétiens
166 tique, ils ne répondront pas au défi du marxisme, qui s’en trouvera justifié pour autant. Je ne crois pas à une politique c
167 champ libre à toutes les entreprises désespérées qui passionnent les masses incroyantes. Il se pose là, me semble-t-il, un
168 e là, me semble-t-il, une question de solidarité, qui est une forme de la charité. Parfois aussi le devoir chrétien peut ap
169 des formes religieuses, du moins dans des formes qui s’opposent aux commandements du Décalogue, et au devoir d’amour chrét
170 rt, peut-être capitale, dans le malheur universel qui vient ? Or toute attente passive, si courageuse qu’elle soit, devient
171 assant les dragonnades et les guerres de religion qui les précèdent : on sait assez que ce fut la lutte d’une royauté déjà
172 ues. C’est le fond même de la doctrine calviniste qui s’exprime par cette structure. L’importance attachée par Calvin à la
173 il serait facile, à l’esprit unitaire et impérial qui anime l’Église de Rome. Le grand souci d’œcuménisme, que nous voyons
174 us ne pouvons donc pas approuver une forme d’État qui , par définition, contredit toute diversité, toute autonomie spirituel
175 e la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût-ce que pour cette seule raison — et j’en ai ment
176 e enfin parti, positivement, dans l’immense lutte qui va mettre aux prises l’étatisme totalitaire et le fédéralisme libre.
177 ur frère, le stalinisme : une guerre de religions qui ne sont pas les nôtres. Je prends ici parti contre une telle entrepri
178 treprise, pour les mêmes raisons, mais aggravées, qui me faisaient prendre parti contre le régime communiste. On nous donne
179 . Cela est vrai même de l’aspiration totalitaire, qui est monstrueuse dans ses formes actuelles, mais qui traduit encore, o
180 i est monstrueuse dans ses formes actuelles, mais qui traduit encore, obscurément, l’aspiration d’un Occident jadis chrétie
181 . C’est à lui de faire pénitence, car c’était lui qui devait témoigner de sa primauté salutaire. Mais il faut aussi reparti
182 re une vérité orpheline, coupée des liens vivants qui l’attachaient en Dieu à ses fins et à ses origines. Mais nous devons
183 41. « Le communisme n’est pas pour nous un état qui doive être créé, un idéal… Nous appelons communisme le mouvement effe
184 l… Nous appelons communisme le mouvement effectif qui supprimera la réalité présente. Les conditions de ce mouvement sont d
185 ne du droit. 44. Au sens le plus large du terme, qui peut désigner aussi bien la « société sans classes » de Marx, que le
186 ment aux affirmations de polémistes ignorants, ou qui jouent sur les deux sens du mot œuvres (œuvres pies et action concrèt
187 s Thèses sur Feuerbach. On peut y lire une phrase qui prouve que Marx ne prétendait nullement négliger les facteurs humains
188 l’on veut, que l’Église s’adresse à elle-même, et qui a pour fonction de corriger sans cesse, de rectifier le message annon
189 u’il n’y a jamais eu de tentative révolutionnaire qui n’ait été d’origine chrétienne. S’il n’y a pas de socialisme en Asie,
190 e, tout l’essentiel ! — Je dis que toute doctrine qui ne tient pas compte d’une de ces conditions conduit nécessairement so
191 ment d’une conception de l’homme purement social, qui néglige la fonction spirituelle (créatrice), et la pesanteur du péché
192 eil anglais, sir John Browning, est le même homme qui contraignit la Chine, sous la menace des canons, à s’ouvrir au commer
193 ordres. 58. Je prends l’expression dans ce sens, qui n’est pas le sens jésuite courant : que la fin seule doit indiquer le
194 que la fin seule doit indiquer les moyens justes qui la préparent. Et non pas justifier des moyens qui seraient en soi con
195 qui la préparent. Et non pas justifier des moyens qui seraient en soi contraires à la justice, — ou à l’essence de la fin s
5 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
196 ression, à vrai dire très courante en allemand et qui sans doute a perdu sa vertu pour une oreille habituée : « Il se lève
197 r bègue si l’Éternel n’avait parlé par lui. Voici qui est digne de remarque : le seul détail précis que rapporte la Bible à
198 il y avait cet obstacle, et celui-là précisément qui paraît le plus décisif, à vues humaines, s’agissant d’un homme appelé
199 t d’un homme appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est aussi de son peuple, — peuple entre tous p
200 e son peuple, — peuple entre tous prophétique. Ce qui est vrai de la biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’est pas
201 ple au monde n’a jamais pu seulement imaginer, ce qui ne répond à nul besoin historiquement déterminé… L’histoire, au sens
202 uquel étaient promises les infimes tribus nomades qui constituaient, aux origines, la nation juive ? Une similitude facile
203 lué d’une autre sorte que tant de tribus d’Arabie qui nous offrent encore aujourd’hui, avec une persistance bien remarquabl
204 e possédons pas un renseignement d’ordre profane, qui nous explique pourquoi cette tribu-là échappa au destin monotone, exc
205 destin monotone, exceptionnellement conservateur, qui a pesé jusqu’à nos jours sur les habitants du désert. Désignée entre
206 e puissance imprévue et humainement imprévisible, qui ne fut jamais immanente aux conditions médiocres des Hébreux. Ce que
207 instruments. Mais les instruments indociles ! Ce qui est à eux, dans ces annales, c’est ce qui les rabat à leur destin, ce
208 es ! Ce qui est à eux, dans ces annales, c’est ce qui les rabat à leur destin, ce sont leurs révoltes constantes, leurs fau
209 r grandeur est à Dieu, c’est-à-dire à la vocation qui les arrache, malgré eux, à ce destin de très piètre envergure. Foi
210 hors de laquelle on ne peut rien comprendre de ce qui touche à la nation des Juifs. Destin nomade, vocation messianique. De
211 e : celle que prêchent les prophètes au peuple et qui seule l’élève, l’assemble et donne un sens à la vie de chacun. Ce peu
212 de Dieu, il va vers Dieu, et c’est la loi de Dieu qui l’y conduit. C’est pourquoi son télos (sa fin dernière), est transcen
213 n de la vue ! Catégories absolument nouvelles, et qui joueront un rôle déterminant dans l’éthique de l’Occident, même sous
214 du destin. Il fait comprendre l’esprit de révolte qui tourmenta sans fin les douze tribus. Car un but invisible aux mortels
215 messe. Une menace pour les « intérêts immédiats » qui se voient par trop négligés au profit d’on ne sait quel futur. Et une
216 pour railler durement ces idoles et les traîtres qui les adorent : Mon peuple consulte son bois Et c’est son bâton qui
217 Mon peuple consulte son bois Et c’est son bâton qui lui parle ! Car l’esprit de prostitution égare Et ils se prostitu
218 Cet « esprit de prostitution », cette idolâtrie qui renaît dès qu’Israël cesse de croire à ce que ses yeux ne peuvent voi
219 e de croire à ce que ses yeux ne peuvent voir, et qui pourtant fait toute sa grandeur, c’est la révolte du destin profane c
220 Loi. La Loi est la « mesure » sacrée : c’est elle qui rappelle à la fois l’origine et la fin du peuple en tant qu’il est un
221 ple hébreu. Et parce qu’elle est la loi de Dieu — qui définit la vérité —, elle porte en elle la règle permanente de toute
222 s oublient que le Dieu qu’ils servent est un Dieu qui se nomme « jaloux », les Prophètes se lèvent contre eux et dénoncent
223 ges d’où elle tire son nom. Elle embrasse tout ce qui n’est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus d’obéissance, et imagi
224 asse tout ce qui n’est pas foi, mais vue, tout ce qui est refus d’obéissance, et imagination d’un autre bien. Idole tout ce
225 ce, et imagination d’un autre bien. Idole tout ce qui détourne de la seule vocation. Idole toute action ou pensée, si belle
226 n ou pensée, si belle ou si féconde qu’elle soit, qui ne puisse être consacrée au ministère sacerdotal du peuple élu. Idole
227 inistère sacerdotal du peuple élu. Idole, tout ce qui n’est pas ordonné à la fin que les prophètes annoncent sans relâche.
228 relâche. Mais la pire des idolâtries, c’est celle qui prend pour objet de son culte la mesure même, la Loi en soi, abstrait
229 ns pour lesquelles elle existe. C’est l’idolâtrie qui consiste à soumettre l’homme à la « lettre » d’une législation divine
230 isiens. Condamnant au nom de la Loi celui-là même qui l’avait donnée, tuant en Jésus-Christ au nom de la lettre, celui dont
231 e, celui dont cette lettre préparait la venue, et qui seul lui donnait son sens… ⁂ Rien ne me paraît plus propre à confirme
232 ples, non seulement entre les personnes du commun qui disent chacun au hasard ce qui leur vient dans l’esprit ; mais entre
233 ersonnes du commun qui disent chacun au hasard ce qui leur vient dans l’esprit ; mais entre les philosophes… Nous croyons q
234 s philosophes… Nous croyons que Dieu voit tout ce qui se passe dans le monde. Nos femmes et nos serviteurs en sont persuadé
235 ions, la vieille malédiction de la tour de Babel, qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouve posé à to
236 qui est la dispersion du genre humain. Le dilemme qui se trouve posé à toute civilisation, et d’une manière très urgente à
237 érée que « la seule chose nécessaire ? » L’homme qui a une vocation n’est pas bon à autre chose. Israël portait dans son s
238 pauvreté sera la condition de sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépass
239 on de sa grandeur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas la riche
240 and, c’est ce qui comble la mesure, et non pas ce qui la dépasse. Ce n’est pas la richesse, mais la fidélité. Ce ne sont pa
241 e ascèse : il s’agit de détruire en germe tout ce qui comblerait trop tôt, ou trop humainement, la grande attente messianiq
242 nt les auteurs sacrés à l’invention de métaphores qui enrobent les notions les plus hautes dans un vêtement quotidien ; on
243 action et vérifié l’étymologie grecque de poésie, qui est agir. Point d’arts figuratifs ou imaginatifs. La loi les interdit
244 d’image taillée, ni de représentation des choses qui sont en haut dans les cieux, en bas sur la terre, et dans les eaux pl
245 nan : « L’esprit prophétique, et les institutions qui en naissent, au moins virtuellement, interdisaient le développement c
246 œuvres, l’on voit que la culture la plus pauvre, qui fut celle du peuple hébreu, fut aussi la plus convenable aux fins sup
247 itement bien établies, puisqu’il n’y a que celles qui n’ont pas cet avantage que l’on soit obligé de changer, lorsque l’exp
248 , comme nous ne doutons point que ce ne soit Dieu qui nous a donné ces lois par l’entremise de Moïse, pourrions-nous, sans
249 ur veiller sans cesse à ce qu’il ne se fasse rien qui y soit contraire, et que toutes choses ne sont pas mieux réglées le j
250 Chute d’Israël Tout était suspendu à la Loi, qui était elle-même suspendue à la promesse messianique donnée par Dieu d
251 venir. » (Héb. 10, 1), pour repousser le Christ, qui était « l’esprit » et la réalité finale de la Loi. Dès lors, la Loi e
252 ême cette mesure, cette Alliance, et ce sont ceux qui adorent encore l’ancienne Loi, « déclarée vieillie », qui sont mainte
253 ent encore l’ancienne Loi, « déclarée vieillie », qui sont maintenant les idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’a
254 ant les idolâtres. Voilà pourquoi le peuple juif, qui n’a pas cru à sa victoire, et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-
255 le peuple juif, qui n’a pas cru à sa victoire, et qui repousse la nouvelle mesure, c’est-à-dire la Nouvelle Alliance, est a
256 s. Sans Messie, il se fait précurseur des messies qui ne viendront pas… Héritage d’Israël Le christianisme par sa na
257 continuité historique et de la solidarité sociale qui distingua l’église chrétienne des religions à mystères et des autres
258 t des autres cultes orientaux de cette époque, et qui fit d’elle dès son apparition la seule rivale véritable et la seule r
259 art, de cette notion de la mesure « totalitaire » qui devait assurer la grandeur de l’Église — mais dont les déviations et
260 évolution des éléments culturels et civilisateurs qui survécurent à la chute d’Israël, au moins aussi fondamentaux pour l’O
261 a vocation et le thème du peuple élu sont de ceux qui émeuvent le plus profondément la « sensibilité spirituelle » d’un réf
262 e sociale adoptées par les deux « nations »76. Ce qui est déterminant pour cette analogie, ce qui lui donne son seul sens a
263 6. Ce qui est déterminant pour cette analogie, ce qui lui donne son seul sens acceptable et la situe dans son ordre réel, c
264 usant pas », au nom et par la charge du Seigneur qui est venu, et qui doit revenir. Telle est sans doute la racine authent
265 nom et par la charge du Seigneur qui est venu, et qui doit revenir. Telle est sans doute la racine authentique du puritanis
266 t sans doute la racine authentique du puritanisme qui apparaît dans le courant du xviie siècle. Max Weber, dans une thèse
267 e à droite chez les auteurs d’origine juive, mais qui ont cessé de croire à la mission de leur peuple, et qui exercent déso
268 t cessé de croire à la mission de leur peuple, et qui exercent désormais à vide les facultés psychologiques fortement dével
269 puritaine, et transformant en tyrannie absurde ce qui était à l’origine une attitude d’obéissance à la foi, et de renonceme
270 vocation collective Ces quelques indications, qui appelleraient d’ailleurs toutes les nuances qu’on imagine, nous amène
271 sonnelle de chaque membre de l’Église. Or, Israël qui était le peuple élu, a trahi sa mission et s’est livré à son destin.
272 ible de perdre sa vocation ? Et que devient celui qui la trahit, soit qu’il rejette ses ordres, soit qu’il la prenne pour i
273 , c’est-à-dire ne peut être perdue, même si celui qui en est l’objet s’y oppose de toutes ses forces ! Car sa révolte même
274 ire le secret des soudaines explosions de rancune qui apparurent périodiquement au Moyen Âge. Je ne sais si cette explicati
275 drait encore pour l’antisémitisme des hitlériens, qui n’en serait en tout cas que le plus impur exemple. Il reste que la ch
276 s de la foi, et dans une perspective missionnaire qui réduit à leurs justes proportions les thèses des politiques nationali
277 es sacrificateurs. « Et ils n’en épousaient point qui aient été captives, de peur qu’elles n’aient eu quelque commerce avec
278 nes privent de tous droits civiques les personnes qui ne peuvent prouver par les registres la pureté de leurs origines : c’
279 ureux de pouvoir donner ci-après un développement qui n’avait pas sa place dans mon livre. 66. La rédaction des livres mos
280 élément le plus finaliste de la religion d’Israël qui aurait donné au peuple l’expression légale de sa commune mesure : le
281 ortie d’Égypte. Les prophètes seraient alors ceux qui rappellent le peuple au culte du vrai Dieu — contre les prêtres des d
282 les prêtres des dieux étrangers — mais aussi ceux qui dénoncent les excès du légalisme. 67. Livre II, chap. VI, trad. d’Ar
283 est quelque chose de surprenant. L’image physique qui , dans les langues sémitiques, est encore à fleur de sol, obscurcit la
284 ’a pas d’autre sens que de désigner l’Incarnation qui est son centre, au-delà d’elle-même. Tolle Christum e scripturis, qui
285 serait absurde de rendre Israël responsable de ce qui n’est que « profanations » de la notion de mesure totalitaire. 75. C
6 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
286 ître : on prétend, sans l’avoir jamais lu, savoir qui il fut, qui il est. Certains ont parcouru les Propos de table, présen
287 étend, sans l’avoir jamais lu, savoir qui il fut, qui il est. Certains ont parcouru les Propos de table, présentés au publi
288 dée : « En somme, qu’est-ce que Luther ? Un moine qui a voulu se marier. » J’extrais cette déclaration du livre d’un critiq
289 eur des travaux de quelques spécialistes français qui , au niveau de la haute culture, ont largement sauvé l’honneur de leur
290 pectateur » et attitude du « témoin ». Opposition qui , sur le plan théologique, ou mieux : dans la totalité de l’être, revi
291 ité de l’être, revient à celle d’un christianisme qui se met au service de l’humain (j’entends bien de l’humain purifié, « 
292 éflexion de plus vaste envergure, d’un témoignage qui transcende toute dispute. Entraîné par sa fougue habituelle, excité (
293 entales de la Réforme : justification par la foi, qui est don gratuit et œuvre de Dieu seul ; opposition de cette justice d
294 it au mérite des œuvres ; et tous les protestants qui jugent encore que Calvin et Luther ont fait leur temps — que dire de
295 — que dire de Paul, bien plus ancien — tous ceux qui tiennent la prédestination pour un dogme immoral ou périmé ; ceux qui
296 estination pour un dogme immoral ou périmé ; ceux qui traduisent « Paix sur la terre aux hommes que Dieu agrée » par « Paix
297 s lors, dans ce Traité ? Une verdeur de polémique qui peut flatter en nous le goût du pittoresque ; l’élan génial, la viole
298 ment « grave », d’une dialectique sobre et têtue, qui va droit au point décisif, envisage honnêtement les objections, donne
299 chez Luther assez flagrantes, pour qu’un lecteur qui refuse l’essentiel soit tout de même attiré et subjugué par le style,
300 r heurter de front le lecteur incroyant, ou celui qui ne partage pas la foi de Paul et des Apôtres. D’abord, le langage sco
301 et des Apôtres. D’abord, le langage scolastique, qui n’est pas proprement luthérien, mais que Luther est obligé d’utiliser
302 ses reflets dans la conscience du spectateur.) Ce qui ne manquera pas de faire crier au dogmatisme. Tout se passe ici « à l
303 ent anachronique, mais que je sais inévitable, et qui consiste à affirmer que Luther est « déterministe ». Mais le sérieux
304 éroule même à l’intérieur de la pensée d’un homme qui veut croire…) Dialogue Car Dieu peut tout à tout instant. C’est
305 l’omniscience et la prescience éternelle de Dieu, qui ne peut faillir à sa promesse, et auquel nul obstacle ne s’oppose. Qu
306 avance, le vainqueur a été désigné par un arbitre qui ne tient pas compte de nos exploits ! Un luthérien. — Mais connais-t
307 s connais-tu seulement les vraies règles du jeu ? Qui t’a fait croire que ta vie était une partie à jouer entre toi et le m
308 L. — Mais qu’est-ce qu’agir ? Est-ce vraiment toi qui agis ? Ou n’es-tu pas toi-même agi par de puissantes forces sociales,
309 ues ; à m’affirmer dans mon autonomie par un acte qui crée ma liberté, par un acte de révolte, s’il le faut ! L. — Tu croi
310 ar elles sont dans le temps, Dieu dans l’éternité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore après lui. Au r
311 mps, Dieu dans l’éternité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore après lui. Au regard de Dieu, donc, « t
312 ernité qui est avant le temps, qui est en lui, et qui est encore après lui. Au regard de Dieu, donc, « tout est accompli »,
313 c’était vrai, je préférerais encore nier ce Dieu, qui prétend voir plus loin que le terme de mes actions, ce qui, avouons-l
314 nd voir plus loin que le terme de mes actions, ce qui , avouons-le, les ridiculise complètement et les rend vaines en fin de
315 es sont prévues ! Et prévues par un Dieu éternel, qui alors se joue de moi indignement ! Il faudra donc choisir : Dieu ou m
316 u décidais : « je suis, donc Dieu n’est pas ! »32 qui t’assurerait que cet acte de révolte échappe à l’éternelle prévision 
317 acte de révolte échappe à l’éternelle prévision ? Qui t’assurerait qu’en prononçant ces mots, tu ne prononcerais pas sur to
318 tre rivé au temps sans fin, et refuser l’éternité qui vient nous délivrer du temps ? C. M. — Mais mon temps est vivant, et
319 e, et que notre vie n’est qu’une mort à ses yeux. Qui nous prouve que l’éternité est quelque chose d’immobile, de statique 
320 rnité est quelque chose d’immobile, de statique ? Qui nous dit qu’elle n’est pas au contraire la source de tout acte et de
321 étuelle, une actualité permanente, la seule chose qui change quelque chose au déroulement calculable du temps, quand elle l
322 ns un « atome » de temps, comme l’écrit Paul) ?33 Qui t’assure que notre raison tout attachée à notre chair, à notre temps
323 Demandez et l’on vous donnera », dit le même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu ét
324 même Dieu qui nous prédestina ! Quand le croyant, qui sait que Dieu a tout prévu éternellement, adresse à Dieu, au nom de s
325 « l’Éternel est vivant », croire que sa volonté — qui a tout prévu — peut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’ho
326 e décision dans le passé ! Quand c’est elle seule qui définit notre présent ! Est-ce que nos objections « philosophiques »
327 u n’as rien prouvé. L. — On ne prouve rien de ce qui est essentiel ; on l’accepte ou on le refuse, en vertu d’une décision
328 où elle revêt sa vraie réalité : c’est l’Éternel qui commande — ou c’est moi. Il n’y a pas là de difficultés intellectuell
329 ise, une fois acceptés le Credo et son fondement, qui est la Parole dite en nous par l’Esprit et attestée par l’Écriture, —
330 té d’un paradoxe que Luther n’a pas inventé, mais qui est au cœur même de l’Évangile. L’apôtre Paul l’a formulé avant toute
331 t avec crainte et tremblement, puisque c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire » (Phil. 2, 12-13). C’est parc
332 seul, la liberté. Mais cela n’apparaît qu’à celui qui ose aller jusqu’aux extrêmes de la connaissance de soi-même et de la
333 bsurdité. Mais alors, on peut se demander si ceux qui refusent le christianisme échappent vraiment à la difficulté ; ou si,
334 s temps modernes, Nietzsche, aboutit à un dilemme qui me paraît correspondre, terme à terme, à celui que Luther et Paul — e
335 nvisager notre pensée. Pour échapper au nihilisme qui l’étreint, dès lors que « Dieu est mort » ou qu’il l’a « tué », il im
336 st accepter en acte l’éternelle prévision du Dieu qui sauve.) La similitude étonnante du paradoxe luthérien et du paradoxe
337 radicale de la vie. Au « tu dois » des chrétiens, qui est prononcé par Dieu, Nietzsche oppose le « je veux » de l’homme div
7 1937, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
338 tisme, etc., un ensemble de suppositions communes qui nous paraissent renfermer la véritable raison de rejeter l’un et l’au
339 impossibilité de prendre parti entre deux erreurs qui nous semblent organiquement liées, créant pratiquement une impasse ab
340 ment révolutionnaire (ou « changement de plan »), qui seule nous restitue l’unité de vision, la plénitude de volonté et en
341 re à toute œuvre constructive. Les quelques pages qui suivent n’ont d’autre but que d’en indiquer le principe de permanente
342 re, nous nous sentons repoussés par quelque chose qui ne peut être facilement nommé, parce que cela affecte, peut-être, not
343 situation concrète. Ce n’est pas leur abstraction qui nous inquiète, loin de là, c’est bien plutôt leur autonomie parfaite
344 de là, c’est bien plutôt leur autonomie parfaite qui nous semble absurde. Il semble que l’esprit ait proclamé, lui aussi,
345 son autarchie, et qu’il puisse se donner des lois qui ne tiennent plus compte de la crise du monde, et de celle de l’esprit
346 -nous la caractériser maintenant par un seul mot, qui exprime à la fois son manque de coordonnées, d’une part, et, d’autre
347 our s’en convaincre, de se demander un instant ce qui arriverait dans le cas contraire. Si notre monde tient encore debout,
348 e tient encore debout, c’est que les philosophies qui le partagent restent gratuites, relativistes et inactuelles dans leur
349 est la rupture entre la pensée et l’acte, rupture qui , d’une part, amorce l’anarchie, d’autre part, la freine et la prive p
350 la thérapeutique que nous voudrions proposer, et qui serait un traitement préventif par l’actualisation, c’est-à-dire par
351 ondre l’opération propre de la pensée avec l’acte qui la certifie1. À vrai dire, cet effort et cette volonté sont déjà prés
352 de problème de l’acte mais il y a problème de ce qui s’oppose à l’acte. (En d’autres termes, il n’y a pas de problème de l
353 bles de fournir la matière d’un problème, données qui sont par là même objectives, et celles sur lesquelles il faut que l’e
354 sur l’acte, c’est-à-dire un retour contre l’acte, qui en neutraliserait aussitôt le dynamisme. La réflexion sur l’acte ne p
355 de définir le saut, il ne sautera pas. Tous ceux qui ont pratiqué un minimum de culture physique connaissent ce genre d’éc
356 ce genre d’échec. C’est la conscience défaillante qui refuse l’obstacle. Il ne reste alors qu’à se consoler par la certitud
357 titude que l’analyse philosophique est avec celui qui ne peut pas sauter. Et c’est peut-être cela précisément que la sagess
358 ette vibration, cette « nouveauté » déconcertante qui révèle la proximité de la réalité créante. Force nous est de reconnaî
359 lui une phrase bien typique par sa forme même, et qui , par ailleurs, peut éclairer notre débat : « L’éthique ne commence pa
360 u’il faudrait muer en savoir, mais dans un savoir qui exige sa réalisation. » Nous dirions en d’autres termes : l’acte n’es
361 problème, mais une donnée initiale, le seul donné qui se donne à soi-même. Or, cette donnée, d’une part, n’est pas réductib
362 tte donnée, d’une part, n’est pas réductible à ce qui la précède, d’autre part, n’est pas épuisée par l’analyse de ses effe
363 ur, dans ce contact entre l’éternité et le temps, qui est le mystère même. Cela n’entraîne pas qu’on ne puisse rien dire de
364 logiques à l’acte « as it’s known as », réactions qui , elles, se manifestent dans une certaine durée de vibration. Le senti
365 ans une certaine durée de vibration. Le sentiment qui accompagne l’acte, c’est le sentiment d’indivision intérieure, d’indi
366 de son accomplissement. C’est l’euphorie de celui qui éprouve simultanément la résistance d’un objet et la victoire sur cet
367 maximum de sécurité, dans la conscience de celui qui agit. Nous appellerions volontiers cet instant le saint des saints de
368 e à une autonomie de la raison critique. Division qui a pour effet, généralement, de volatiliser les points d’application d
369 arte, comme de la réalité centrale, impensable et qui permet de penser. Nous voudrions dégager ici, à titre d’exemple, quel
370 entre l’acte et ses effets. C’est l’acte lui-même qui se trouve être transitif et novateur, sans qu’il y ait pour cela de «
371 istiques de l’acte, impliquées d’ailleurs dans ce qui précède, et que nous allons utiliser. La première, c’est la violence
372 cation, le chaos, la discorde, le non-être, ou ce qui tend à y revenir. Ce qui est nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est
373 orde, le non-être, ou ce qui tend à y revenir. Ce qui est nouveau, ce n’est pas le désordre, c’est l’ordre. L’acte est si é
374 it humainement le séparer du premier d’entre eux, qui est l’affirmation de la personnalité. Nous définissons la personne co
375 té. Nous définissons la personne comme l’individu qui se sait et se veut engagé dans le conflit créateur. Mais en s’affirma
376 x aspects, symbolisant les pôles de cette tension qui constitue le ressort de l’activité elle-même. D’un côté, il y aura un
377 une joie créatrice, une conscience de libération qui est la jouissance spécifiquement humaine. De l’autre côté, on trouver
378 est ce qu’il y a de plus actuel ·dans l’acte. Ce qui a pu tromper sur ce point, c’est précisément que, la pensée étant la
379 la raison est tentée de confondre cet ordre même, qui n’est qu’un effet, avec le dynamisme qui en est cause. Ce dynamisme p
380 re même, qui n’est qu’un effet, avec le dynamisme qui en est cause. Ce dynamisme propre de la pensée créatrice, c’est cela
381 n). Il n’y a de paradoxe épistémologique que pour qui refuse d’aborder le problème de la connaissance à partir de l’acte. M
382 , inoubliable, paradoxale, de la société humaine, qui lui permet de se dépasser elle-même. L’homme concret, l’homme vivant,
383 néité de l’acte créateur. Nous affirmons ainsi ce qui nous paraît spécifique de l’effort et de la pensée humaine. La pensée
384 umain. Mais comment va se présenter à nos yeux ce qui n’est pas immédiat à l’acte ? Est-ce que nous n’allons pas être amené
385 points d’appui et garde une participation avec ce qui n’est pas personnel. Mais cette nécessité ne reprend sa valeur que da
386 tre le temps, contre l’espace, contre la matière, qui reprennent ici en tant que résistance à l’effort une sorte de réalité
387 alité, dégager l’instantanéité de l’acte. 1. Ce qui ne signifie pas du tout que la pensée doive être soumise à l’action —
388 apiers posthumes d’Arnaud Dandieu quelques lignes qui me paraissent propres à éclairer ce dernier paragraphe (D. R.). « Le
389 clairer ce dernier paragraphe (D. R.). « Le seuil qui sépare le prélogique du logique, où est-il donc ? Le point est d’impo
390 e l’homme puisse passer, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la vie. Or, ce seuil, comme le montre clairement M.
391 loi statistique, de même la méthode sociologique qui a conduit à la découverte de la véritable nature de la mentalité prél
392 , hésite à faire la part de l’orientation humaine qui s’exprime par une affirmation croissante de la discontinuité explosiv
8 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
393 nces financières ou des partisanneries politiques qui est celui de la presse française, rend à peu près impossibles une doc
394 essaire, est de fournir dès à présent à tous ceux qui en éprouvent le pressant besoin, les premiers éléments d’une informat
395 e, grand tirage, publicité, centralisation, etc.) qui ont fait le succès de la presse moderne, qui font aujourd’hui son ser
396 tc.) qui ont fait le succès de la presse moderne, qui font aujourd’hui son servage. « L’imprimé » qui était, il y a trente
397 , qui font aujourd’hui son servage. « L’imprimé » qui était, il y a trente ans, synonyme dans l’opinion populaire, de vérit
398 contrôlant, en systématisant cette presse parlée qui se crée spontanément, d’établir dans toute la France, un vaste réseau
399 ité central des informations », siégeant à Paris, qui envoie chaque semaine un bulletin dactylographié condensant les résul
400 te, un double courant entre la base et le sommet, qui , après recoupements et vérifications, permet d’élaborer une matière d
401 iellement au président responsable de chaque club qui le communique à ses adhérents. Ceux-ci ne sont pas de simples lecteur
402 imples lecteurs passifs, mais des membres actifs, qui participent à une œuvre commune, dans le cadre du Club privé dont ils
403 ajouter que le « Comité central d’informations » qui rédige le bulletin, n’a pas seulement à sa disposition les renseignem
404 départ une première garantie dans les groupements qui ont pris l’initiative de la création et du fonctionnement des clubs d
405 s auxquels ils appartiennent, dans une entreprise qui ne veut être qu’une œuvre stricte d’information, à l’exclusivité de t
406 les « clubs de presse », à défendre les principes qui leur sont communs : primauté de la personne humaine, respect de la vé
407 ment par ailleurs l’occasion d’un échange de vues qui ne peut être que fructueux pour tous. Nous faisons un appel pressant
9 1937, Articles divers (1936-1938). À qui la liberté ? (5 mars 1937)
408 À qui la liberté ? (5 mars 1937)h Tout le monde parle de la culture et d
409 lture fait le trottoir. Et que c’est la politique qui s’est chargée de réglementer à sa manière la prostitution des mots-cl
410 es dans la bouche de nos députés et journalistes, qui flétrissent (à droite) ou approuvent (à gauche) les lois sociales par
411 es parce qu’ils les qualifient de socialistes, et qui approuveraient (à droite), ou flétriraient (à gauche) les mêmes lois
412 cette prostitution. Il en résulte que la culture qui joue tant sur le sens des mots et sur leur acception commune, se trou
413 uve ruinée par la politique. Et que la politique, qui a tourné en mystique, parle pour ne rien dire ou pour dire autre chos
414 es mots ; et qu’il n’est pas de problème culturel qui ne dépende de la politique. Cela revient à écrire, si l’on me compren
415 éfiance du lecteur. h. Rougemont Denis de, « À qui la liberté ? », À nous la liberté, Paris, 5 mars 1937, p. 10.
10 1937, Articles divers (1936-1938). Romanciers publicitaires ou la contagion romanesque (13 mars 1937)
416 ieux » de nos genres littéraires, j’entends celui qui exerce l’influence la plus directe et la plus intime sur nos mœurs, s
417 lus crédules, aux plus avilies, à ces jeunes gens qui choisissent le néant et la folie avec Ivan Karamazov, comme d’autres
418 me d’autres s’étaient suicidés après Werther ; ou qui entreprennent de gagner un million au sortir d’une lecture de Balzac 
419 endhal enfièvre l’ambition ; aux jeunes bourgeois qui se défont à rechercher leur « Temps perdu » ; enfin, à tous les adult
420 eux est, bien sûr, tout à l’honneur des écrivains qui savent le communiquer à leur œuvre, et des lecteurs assez ardents pou
421 ressemblent beaucoup à ces gouvernements libéraux qui , par crainte de s’imposer ou par ignorance de ce qu’il faudrait impos
422 ice, car en France, paraît-il, ce sont les femmes qui lisent et qui se passionnent pour les romans. Ainsi, à force de ménag
423 ance, paraît-il, ce sont les femmes qui lisent et qui se passionnent pour les romans. Ainsi, à force de ménager les préjugé
424 r à thèse, pour un propagandiste. Cette crainte — qui ne fut jamais celle des grands artistes — fait de notre romancier, to
425 st plus dangereusement tendancieux qu’un écrivain qui n’ose pas affirmer sa tendance. La contagion du roman réaliste ou psy
426 ux) de leurs personnages ! Le romancier bourgeois qui s’imaginait, naïvement et confortablement, qu’on peut écrire n’import
427 es. C’est toutes les bases de la culture actuelle qui sont en crise. Faites-nous des œuvres qui affirment, qui combattent,
428 ctuelle qui sont en crise. Faites-nous des œuvres qui affirment, qui combattent, qui militent en faveur d’un ordre vrai, do
429 t en crise. Faites-nous des œuvres qui affirment, qui combattent, qui militent en faveur d’un ordre vrai, donnez-nous des r
430 es-nous des œuvres qui affirment, qui combattent, qui militent en faveur d’un ordre vrai, donnez-nous des romans qui riment
431 en faveur d’un ordre vrai, donnez-nous des romans qui riment à quelque chose, il n’y aura plus de crise du livre. i. Rou
11 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
432 de la littérature française de Thibaudetk : celui qui est consacré à l’après-guerre. II est vrai que beaucoup de noms y son
433 ain de la guerre, la production écrite des hommes qui revenaient du front — 20 à 35 ans — connut un véritable boom commerci
434 ossible.) De ces années, et de celles de la crise qui les suit, on ne retiendra guère que les bizarreries les plus aiguës :
435 t très probablement une anthologie de « mineurs » qui prendra le charme d’un style, et très vite, une patine rassurante. Qu
436 , lorsque tout est permis ? Que décrire, sinon ce qui s’écroule — et cela ne peut pas donner les éléments d’un art, si l’ar
12 1937, Articles divers (1936-1938). C’est jeune (10 avril 1937)
437 Et si l’on en doutait encore, c’est M. Fernandez qui me fournirait le plus savoureux argument. Dans sa chronique littérair
438 e naturel ? Sentez-vous, à la lire, quelque chose qui s’agite en vous, entre le rire, l’inquiétude, et le dégoût ? Partagez
13 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
439 u jardin, étagées sur le versant nord d’un vallon qui vient mourir à notre hauteur sur la droite, tandis que le versant sud
440 re pour les gens du pays. Les petites entreprises qui leur donnaient du travail font faillite l’une après l’autre. Il y a 4
441 meurs pour une population de 2300 habitants. Ceux qui travaillent encore gagnent à peine de quoi se nourrir. Et j’entrevois
442 ls nous parlent de quelques familles des environs qui n’ont pas la ressource d’un jardin, ou qui ne « savent pas y faire ».
443 virons qui n’ont pas la ressource d’un jardin, ou qui ne « savent pas y faire ». (Légère nuance de supériorité sociale chez
444 imagée. Étonnamment active. Bonne protestante et qui tient à le dire. Sa cordialité demeure digne, trait notable à partir
445 e paroi de rocher et le long d’une rivière rapide qui débouche d’une gorge étroite, cité couleur de rocher, de rivière et d
446 er, de rivière et de vieilles tuiles romaines, A… qui de loin paraît en ruine, prouve sa vie par ses odeurs et la saleté de
447 papier d’emballage. Pas un de ces petits visages qui ne soit beau et fin mais incroyablement crasseux. Vers la gare, il y
448 , dans un nuage… Cela tend à confirmer un soupçon qui m’est venu en maintes autres régions de la France : les provinciaux i
449 e. Les femmes vont avec des cruches à la fontaine qui coule son filet sur la grande place, juste à côté de la pissotière et
450 Du rôle pratique de la raison. Je vois la misère qui règne dans tous ces foyers, et qui les détruit. Je vois ces enfants s
451 vois la misère qui règne dans tous ces foyers, et qui les détruit. Je vois ces enfants sales abandonnés par leurs parents a
452 andonnés par leurs parents aux hasards de la rue, qui valent bien ceux de la famille, mais aussi aux hasards de l’éducation
453 mple aux barbares de l’Europe centrale. Le peuple qui sait calculer, faire son budget, bourrer le bas de laine et nourrir l
454 e autres, ridiculise et ruine ce genre d’espoirs. Qui voudrait condamner l’usage pratique de la raison ? Simplement je cons
455 eux célibataires assez fortunés, ou ascètes. Ceux qui n’ont plus besoin de calculer, ceux-là calculent. Et les autres accep
456 t-à-dire acceptent de vivre, malgré l’État laïque qui leur conseille plutôt l’épargne. 15 octobre 1934 On a terminé les ven
457 our la vente du raisin, il faut attendre sa fille qui va rentrer des champs, où elle travaille jusqu’à la nuit tombée. Nous
458 ins. Pendant qu’elle fait la pesée : « C’est pour qui , Monsieur, sans indiscrétion ? » Je dis mon nom. — Est-ce que vous éc
459 nt, mais seulement à leur religion. En vérité, ce qui compte dans ce pays, c’est la religion — celle des ancêtres, tout au
460 au moins ! — l’éducation et le métier. C’est cela qui crée des groupes, des couches, des différences et des affinités, au m
461 e principal, pratiquement et moralement, c’est ce qui règle le jeu des relations humaines et les opinions politiques). Le m
462 à-dessus non seulement des mesures techniques, ce qui serait parfaitement légitime, mais une morale, un art et une métaphys
463 pas toujours l’heure des mauvaises nostalgies. ? Qui pourrait nous écrire une histoire des inventions de l’insomnie ? Ne s
464 te pour dormir », me disait un gardien de l’ordre qui m’avait surpris sur les quais de la Seine, au plus profond d’une cont
465 ? Je passe au fond, dans une chambre obscure mais qui me paraît propre et sobre. La mère Calixte est au lit, un gros édredo
466 scients de porter la responsabilité des accidents qui leur arrivent. Cela peut agacer dans le détail. C’est assez sage dans
467 qu’ils ont cassé deux assiettes. La mère Calixte, qui casse tout ce que l’on veut, a coutume de dire en constatant le mal :
468 monde dépend de nous. Ceci vaut pour les femmes, qui sont la part la plus civilisée de la population. Ce sont elles qui ga
469 la plus civilisée de la population. Ce sont elles qui gagnent ce qu’il faut, elles qui travaillent, elles qui décident, ell
470 n. Ce sont elles qui gagnent ce qu’il faut, elles qui travaillent, elles qui décident, elles qui lisent, elles qui vont à l
471 gnent ce qu’il faut, elles qui travaillent, elles qui décident, elles qui lisent, elles qui vont à l’église ou au temple, o
472 elles qui travaillent, elles qui décident, elles qui lisent, elles qui vont à l’église ou au temple, ou n’y vont pas, elle
473 lent, elles qui décident, elles qui lisent, elles qui vont à l’église ou au temple, ou n’y vont pas, elles qui savent. Pour
474 t à l’église ou au temple, ou n’y vont pas, elles qui savent. Pour les hommes, c’est tout autre chose. Ils sont éloquents e
475 art ne font rien, ou « travaillent le mazet », ce qui n’est rien. Les femmes vont à la filature — la dernière qui marche en
476 rien. Les femmes vont à la filature — la dernière qui marche encore — et gagnent leurs 7 francs par jour. Pendant ce temps
477 s et se mêlent peu à ceux de la place. Enfin ceux qui sont occupés par l’imprimerie du journal local, par les garages ou à
478 ve la semaine prochaine. Elle vient s’excuser : «  Qui sait, Madame, j’aimerais d’aller à Alès, quelle jour ça vous préférer
479 tel à Saint-Jean-du-Gard, expliquait à sa voisine qui paraissait malade : « Tu demanderas bien un espécialiste, rappelle-to
480 ont plus le même sens pour le peuple et pour ceux qui voudraient lui parler. Le petit exemple que je viens de citer, c’est
481 je viens de citer, c’est une espèce de calembour qui ne joue que sur des sons. Mais il est clair que le sens des termes do
482 commune : ni l’Église, ni la Culture, ni l’École qui prétend les remplacer, n’ont plus d’autorité sur l’esprit de la lettr
483 res. Or, de ces deux antagonistes, c’est l’esprit qui sera vaincu. Non point qu’il s’avilisse partout ni qu’il se laisse to
484 lier, un adjoint de la mairie, quelques retraités qui « travaillent le mazet » dans nos parages, un ou deux cultivateurs, l
485 u bourgeois peu cultivé, et sans doute de tout ce qui n’est pas « intellectuel » — ne « discute » pas à proprement parler.
486 laisser à l’esprit le temps de se « figurer » ce qui est dit. (C’est seulement de la langue des écrivains français qu’il e
487 rde très mal au rythme de la réflexion spontanée, qui est « péguyste » et non « classique ». Écrivains inutilisables dans l
488 ances télescopiques que tout cela met entre celui qui parle et son public ! (Le « conférencier » en tournée se présente com
489 e est tout entière communiste. Ceux des habitants qui ne le sont pas ne savent pas trop ce qu’ils sont, à part les châtelai
490 D’autre part, sauront-ils s’opposer au dictateur qui se présentera un jour comme l’homme de gauche à poigne ? J’ai questio
491 e à poigne ? J’ai questionné à ce sujet quelqu’un qui connaît bien son monde. La vie même de cet homme consiste en effet à
492 ur d’aide morale et parfois matérielle, quelqu’un qui est responsable de connaître ces gens mieux qu’ils ne se connaissent
493 eux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes, quelqu’un qui a pour mission de leur enseigner le sens dernier des circonstances de
494 isons au-dessous d’une tache blanche dans un pré, qui est le château. Joie de voir un pays dans son ensemble, dans son unit
495 ne viennent guère au culte. Ce n’est pas l’envie qui manque, mais ils ont peur. C’est toujours la question de la place à t
496 telligents du village. Ce sont eux, et eux seuls, qui proposent des réformes pratiques, qui demandent qu’on installe l’eau
497 eux seuls, qui proposent des réformes pratiques, qui demandent qu’on installe l’eau et l’électricité dans les maisons, etc
498 re plus qu’on ne croirait. J’en connais plusieurs qui lisent des brochures de vulgarisation de la doctrine. Ils me posent q
499 quelque chose, de résister aux gros propriétaires qui tiennent la région, et de leur imposer des mesures de progrès, de bon
500 Je voudrais définir le croyant véritable : celui qui sait qu’il ne croit pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment
501 ui sait qu’il ne croit pas aux dieux du monde, et qui le prouve. Comment le prouve-t-il ? Tout simplement en témoignant, en
502 ui pour le ravigoter. C’est un de ces Méridionaux qui ne connaît pas de meilleur remède que la parlotte. Tout de suite, c’e
503 stoire très compliquée de capitalisation-loterie, qui l’excite particulièrement. Tout cela rend plus ou moins. Dans certain
504 a bien coûté 50 francs. Autrement, vous savez ce qui se passe, les employés là-bas, au ministère, ils mettent l’argent dan
505 és par des retraités, des pensionnés, des assurés qui vivent dans la rouspétance contre ces « cochons-là » et dans la crain
506 bas que ces « assurés ». Ce peuple à la retraite qui meurt en rouspétant contre les bureaucrates ne sait plus bien ce qu’i
507 t plus bien ce qu’il craint davantage : de la vie qui ne rapporte plus, ou de la mort qui rapporte « en doublage »… 20 janv
508 e : de la vie qui ne rapporte plus, ou de la mort qui rapporte « en doublage »… 20 janvier 1935 Superstition. — C’est de C
509 que Ligne écrit : « Il ne croit à rien excepté ce qui est le moins croyable, étant superstitieux sur tout plein d’objets. »
510 quel on ne croit pas. (D’où sans doute l’angoisse qui pousse tant d’écrivains à gagner de l’argent, à entrer à l’Académie,
511 . J’ai de nouveau parlé en intellectuel. En homme qui veut savoir pour quelles raisons il prend ou ne prend point parti. Ma
512 r ou contre, et il se méfie par principe de celui qui distingue et nuance. On ne tiendra jamais assez compte de cette oppos
513 ez pas mentir. — Mais pourquoi n’aime-t-on pas ce qui est vrai ? — Parce que c’est gênant. Cela oblige à conclure, une hist
514 i, ne gêne pas beaucoup de gens, au contraire. Ce qui gêne, c’est plutôt la vérité telle quelle, surtout la vérité sur une
515 ns indiscret de parler en public de ma pauvreté — qui ne me gêne pas moralement — moins indiscret de parler d’argent que de
516 conversation avec R. m’a rendu attentif à un fait qui m’apparaît soudain fondamental ; c’est l’affectivité quasi insupporta
517 amental ; c’est l’affectivité quasi insupportable qui s’attache aujourd’hui à l’argent, et qui se mêle en particulier à tou
518 portable qui s’attache aujourd’hui à l’argent, et qui se mêle en particulier à tout échange d’idées sur la richesse, la pau
519 la pensée ou des sentiments. Aigreur et nervosité qui révèlent surtout un refoulement séculaire de ces questions. Plusieurs
520 dresser les humains les uns contre les autres. Et qui , ou quoi, pourrait nous en guérir ? — Commençons par nous avouer, pas
521 e du Midi, sous la rubrique « La vie régionale », qui chaque jour m’apporte d’inénarrables sujets de méditation, le petit c
522 de 60 ans au mois de juillet 1930 29 . Tous ceux qui ne bénéficient pas de la loi des assurances sociales ont intérêt à as
523 rs ! Mais que dis-je le jour ! C’est l’heure même qui va sonner : demain dimanche, sur le coup de dix heures, le grand mot
524 dimanche, sur le coup de dix heures, le grand mot qui résume cent années d’efforts, de luttes, de sacrifices et d’éloquence
525 nce, où cette phrase soit possible. Où les partis qui se disent « avancés » osent le proposer comme objectif de « lutte ».
526 mple déclaration : « La France est un pays comblé qui a résolu tous les problèmes économiques urgents. La preuve en est fou
527 éril fasciste est écarté d’emblée pour une nation qui dévoue tous ses enthousiasmes aux soins que réclame la vieillesse. No
528 êt. Il interpelle assez grossièrement la patronne qui ne répond pas. C’est un habitué, il est comme ça. Il faut le laisser
529 mmuniste, que vous avez toujours soutenu les gros qui pressent les petits ! — Les gros ! mon bon. Mais c’est donc vous, qui
530 its ! — Les gros ! mon bon. Mais c’est donc vous, qui nous pressez toute notre argent, depuis quatre ans que vous l’avez, l
531 t un Méridional du type sérieux, un de ces hommes qui pourraient sauver sa région de la totale décrépitude où l’ont laissée
532 s sûr. Je sais bien une douzaine de ses camarades qui comptent parmi les mieux rentés de ce pays. Faut-il donc penser que l
533 uveau… Il y a au fond tout autre chose. C’est moi qui avais acheté, innocemment, le dernier numéro de l’Huma. De la haine e
534 ux tous les hommes — bourgeois ou intellectuels — qui détestent la politique et la combine électorale. Au lieu de quoi on p
535 les abreuve d’une prose abstraite, brutale — eux qui le sont si peu ! — et si possible, plus médiocre que celle des grands
536 nnée à l’usage des moujiks… Quel est l’homme sain qui oserait affirmer que ce quotidien lamentable, hérissé de clichés harg
537 e ses lecteurs ? Si l’on prend au sérieux le sort qui est fait aux ouvriers — ce n’est pas le cas des intellectuels qui « a
538 ouvriers — ce n’est pas le cas des intellectuels qui « adhèrent » aux disciplines staliniennes en haine d’une société qu’i
539 er quelque chose de sensé, de vécu, de réel, — et qui renversera les conclusions cyniques des partisans de la dictature. Il
540 mal vient de l’État — et cela veut dire : de ceux qui font les lois sans rien savoir des situations locales. Parfois ils pr
541 ’est plus fier d’en être, on approuve la jeunesse qui délaisse la terre pour la ville. (« C’est mort, ici ! » — phrase ente
542 t les journaux, les orateurs et les affiches — et qui est la volonté réelle des travailleurs, trahis par le langage politic
543 icien. La dictature est la seule solution de ceux qui refusent d’éduquer le peuple. Dictature ou éducation, voilà le dilemm
544 ’a qu’un argument très puissant contre nous : sur qui et sur quoi tablez-vous ? nous dit-elle, sur quelle classe, sur quels
545 même temps que l’imminence de sa mort — et voici qui éveillera peut-être des réflexions fécondes dans l’esprit du lecteur
546 ne sommes-nous pas entrés dans la grande cuisine qui était, pensions-nous, tout leur logis — nous avions cru comprendre qu
547 r de rôle, ils sont venus discuter dans la remise qui est au-dessous de notre chambre, et leurs éclats de voix nous ont plu
548 qu’inaugurèrent les généraux de la Révolution, et qui fut celle de Bonaparte, n’est en somme que l’application du style fra
14 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
549 : « En Russie, Ilitch ne goûta pas l’art nouveau, qui lui demeurait étranger. » Il préférait de beaucoup à Maïakovski le « 
550 ablement les réunions et se moque des communistes qui ne font que siéger et siéger encore. Je ne sais ce qu’il faut penser
551 s ce qu’il faut penser de la poésie, mais pour ce qui est de la politique, je m’en porte garant, c’est parfaitement vrai.
552 ’en porte garant, c’est parfaitement vrai. Voilà qui donne toute la mesure (la dernière phrase surtout) de Lénine « fondat
553 l’Académie de l’Armée rouge, l’homme des « cadres qui décident de tout ». n. Rougemont Denis de, « Lénine, Staline et la
15 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
554 inspiration lorsqu’il excite ou crée, chez celui qui l’éprouve, le désir de s’en délivrer en l’exprimant. Et c’est ainsi q
555 it dans la conscience moderne le mythe de l’homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du célèbre Pe
556 z opaque science, sans détriment pour le mystère, qui reste entier. Cependant, à voir tant d’auteurs s’exercer l’imaginatio
557 nt d’auteurs s’exercer l’imagination sur un sujet qui défie l’expérience, l’on s’étonne qu’aucun d’entre eux n’ait songé à
558 : elle tirait après soi un grand morceau d’étoffe qui figurait son ombre et l’embarrassait fort. Aux entractes, on parlait
559 m’ennuyait, indéfinie. Plus tard je lus le livre qui me parut splendide… Qu’est-ce qu’une ombre ? me demandais-je. Quelque
560 ante de la chair — humiliante pour ceux, du moins qui , plaçant la Raison dans le monde des dieux, voudraient bien être pris
561 lèrent très bien cette chair, — oui, même ceux-là qui déplorent qu’elle se fasse, aux regards de la convoitise, « opaque »3
562 ’un pédantisme moins barbare. Je rédigeai la note qui suit, en m’appliquant à écarter les conseils de pitié que me dictait
563 de la plus dangereuse espèce, le bourgeois pauvre qui envie les bourgeois riches. D’où vient le sentiment qu’il a d’être in
564 res. Les jeux des enfants dans la rue, les valets qui le servent, les femmes qu’il rencontre, surtout la lumière du jour, e
565 ais, parce qu’il l’a vendu. (Ne connaît-on que ce qui vient à manquer ? Et perd-on ce que l’on connaît, comme Adam et Ève l
566 ) Schlemihl est donc le type classique de l’homme qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous les c
567 fêlure : on aime Schlemihl pour tout ce qu’il a, qui n’est pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui le devinent. Que
568 n’est pas lui. Ce sont les femmes, bien entendu, qui le devinent. Quel est le rapport social le plus réel ? Admettons que
569 in sympathique, d’un philistin sans exigences, et qui veut croire à la vertu, — s’il n’y avait, au centre de lui-même, cett
570 out pareil aux autres, sauf en ce je ne sais quoi qui n’est rien et devient l’essentiel, notre philistin méconnu se voit ch
571 un à l’autre par quelque ruse de la métamorphose, qui est la vie même de la vie. Et pourquoi dire dès lors : ceci est cause
572 etiens donc de Freud cette constatation : « Celui qui , dans un domaine quelconque, est considéré comme anormal au point de
573 Schlemihl est le type même de l’inadapté, — celui qui ne peut « trouver sa place au soleil », et qui ne subsiste dans la co
574 ui qui ne peut « trouver sa place au soleil », et qui ne subsiste dans la compagnie de ses semblables que par un subterfuge
575 sont-ils pas plutôt de simples fixations d’états qui , normalement, ne tarderaient pas à se muer en leur contraire ? Plus p
576 choses, lent à démêler le monde où il revient, et qui l’accable de présences bizarres, ou douces, mais aussi quelques fois,
577 se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor, qui est « l’ombre intérieure. » Une lecture plus poussée de Paracelse dev
578 nt parle Chamisso vers la fin de son conte. Voilà qui peut situer enfin le vrai problème39. La créativité : c’est à quoi se
579 9. La créativité : c’est à quoi se ramène tout ce qui est vraiment grave dans notre vie ; et la fameuse « question sexuelle
580 marchant vers lui à reculons ? Mais chez l’homme qui parvient à la conscience de sa mission spirituelle, le centre de la c
581 cache son secret le plus profond, le plus sacré, qui est le pouvoir de création que l’on possède, c’est naturel ; mais non
582 comme d’un embrassement sans amour, ou d’un amour qui se refuse à l’étreinte. Et pourquoi la pudeur cesse-t-elle d’exister
583 xe reprend alors sa « propriété » symbolique. (Ce qui est douteux, non propre, c’est ce qui, en moi, m’est étranger). Reven
584 olique. (Ce qui est douteux, non propre, c’est ce qui , en moi, m’est étranger). Revenons alors à notre mythe : la transpare
585 le lieu de la créativité dans la personne, celui qui a perdu son ombre, se promène parmi les hommes avec l’angoisse de voi
586 a chasteté. L’esprit offensif et joyeux, le corps qui se sent « plein dans sa peau », partagent les richesses du désir. Et
587 que l’on appellera plus tard le vague à l’âme, —  qui est aussi bien le vague au corps… Le roman d’Hoffmannsthal — contre-é
588 it le tourment d’une femme stérile, l’impératrice qui a perdu son ombre et qui emprunte celle d’une fille du peuple. Mais A
589 e stérile, l’impératrice qui a perdu son ombre et qui emprunte celle d’une fille du peuple. Mais Andersen, comme on pouvait
590 bre, c’est le symbole de la puissance de création qui vient à se détacher de l’auteur pour prendre corps dans l’œuvre poéti
591 ensuite — plus beau et plus vivant que l’individu qui l’a conçu comme porté au-delà de lui-même par l’attrait puissant d’un
592 d’invites à la métamorphose). Mettre en forme ce qui nous défait, c’est le paradoxe génial, l’audace comme malgré soi re-c
593 mihl éternel, ce symbole en bottes de sept lieues qui traverse encore notre vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une omb
594 vie, n’est-ce pas l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme, cette fois, mais non pas ses charmes profonds. C’e
595 s ses charmes profonds. C’est le siècle où je vis qui n’a plus d’ombre, et c’est pour lui que je garde ma pitié. Il ne sait
596 e pas moins d’une cinquantaine d’auteurs célèbres qui ont traité le mythe de l’ombre perdue dans leurs romans, pièces, ou c
597 du normal est donc ici : adapté au milieu social. Qui ne voit ce qu’on pourrait tirer de cette « vérité d’expérience » si l
598 ect, à vrai dire fréquent, du romantisme allemand qui en a montré bien d’autres, et de tout contraire parfois : que l’on so
16 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (25 juillet 1937)
599 blancs enclosent de tous côtés ce jardin de curé qui a juste la largeur de la maison. On ne voit rien que le ciel au-delà,
600 oin de lande, et de petites dunes broussailleuses qui ferment l’horizon bas. Peu de terre et beaucoup de ciel, et partout c
601 de ciel, et partout cette humide lumière blanche qui met des ombres si légères, vertes et bleues, sur les murailles rosées
602 À l’étage, où l’on parvient par un petit escalier qui prend au fond de la cuisine, deux autres chambres assez vastes et pre
603 vin blanc de l’île. C’est un clairet assez acide, qui laisse peut-être un léger goût iodé, au moins l’on est tenté de l’ima
604 la porte, on enfile une petite rue toute blanche qui contourne la panse de l’église, et aboutit à la place principale. Au
605 à la place principale. Au milieu de cette place, qui est un vaste rectangle de terre jaune, les habitants plantèrent à la
606 ec chaque façade d’une manière subtile et précise qui en dit long sur l’âme de ce peuple discret. C’est l’impression que je
607 t pas clairement. Et que penser d’un « Parisien » qui manifeste l’intention de rester ici tout l’hiver ? — C’est plutôt en
608 . Elle a dû en parler longuement avec les clients qui attendaient en silence, le nez sur leurs sabots, que je sois sorti. L
609 er la porte du jardin. C’est la femme de Pédenaud qui brandit un papier. J’accours : elle me tend une formule de télégramme
610 due sur l’envoi de ce matin. En effet, Pédenaud, qui a voulu en avoir le cœur net, a pris des instructions par téléphone a
611 e. Il faut donc que je m’exécute, sinon c’est lui qui sera forcé « d’y aller de sa poche ». Me voilà courant à l’autobus po
612 r passionnément, trouver une formule d’apaisement qui ménage toutes les susceptibilités, et finalement ne rien payer de plu
613 c’est un petit signe assez typique du malentendu qui apparaît entre les gens d’ici et moi dès qu’il s’agit de mon travail
614 parle ici. C’est pour une raison très précise et qui n’a rien à voir avec la critique littéraire. À la page 43 de l’éditio
615 sur mon pyjama dans l’espace de deux minutes, ce qui doit constituer une sorte de record. D’autres sautaient sur le couvre
616 était venu se mettre en boule dans la plate-bande qui borde la maison, sous ma fenêtre. Il soufflait très vite, il avait l’
617 te anecdote parce qu’elle comporte une conclusion qui la dépasse d’ailleurs notablement et qui me paraît assez frappante. V
618 nclusion qui la dépasse d’ailleurs notablement et qui me paraît assez frappante. Voici : pour la première fois depuis je ne
619 e, cela compte quand on n’a plus rien. Pour celui qui vit au jour le jour, il s’agit essentiellement d’éviter les lacunes d
620 rgent à venir, j’ai accepté l’invitation d’un ami qui nous offre de passer trois semaines chez lui. Il habite à une petite
17 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
621 nts de l’Ouest qu’il n’est plus guère de « pays » qui ne soit desservi par une ou deux ou même trois compagnies de transpor
622 Sur ses bords ne vivait qu’une population nomade, qui portait l’uniforme de l’État, partout la même. Vous pouviez parcourir
623 rance de part en part sans remarquer que les gens qui l’habitent ne sont pas tous de la même sorte, et que d’une province à
624 ce à une autre, ce n’est pas seulement le paysage qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons qui faisait, si facilemen
625 e qui change. N’était-ce pas là l’une des raisons qui faisait, si facilement nier la subsistance des « petites patries » da
626 in départ et la destination des diverses voitures qui stationnent, sur la place… Et que dire maintenant du voyage lui-même 
627 un luxueux fauteuil de cuir rouge ou bleu vif, et qui change de tête plusieurs fois pendant le trajet, de coups de main aux
628 c force recommandations ; et ils sont rares, ceux qui n’ont pas deux mots à dire par la portière entr’ouverte un instant à
629 uverte un instant à la fille de l’auberge écartée qui attend le passage du car, les cheveux au vent, sur le bord de la rout
630 n général de jeunes gaillards solides et gais, et qui ont toutes les raisons d’aimer le travail et de le faire bien : c’est
631 eurs que les femmes ont toujours accordées à ceux qui commandent et disposent, ne fût-ce que pour une heure, de leur vie. O
632 je rêverais d’entreprendre une belle révolution, qui rajeunisse la France : ils ont la bonne humeur, le dynamisme, le sens
633 atique et la rapidité d’esprit que les bourgeois, qui en sont dépourvus, attribuent par erreur au « peuple » en général. Sa
634 mpter les moyens techniques dont ils disposent et qui seraient décisifs lors d’une action rapide. Mais loin de moi ces ambi
635 ion rapide. Mais loin de moi ces ambitions : ceux qui les ont n’en parlent pas, dit-on. Et je ne suis qu’un écrivain. Ceci
636 lumières, et sans vous, où irions-nous donc, nous qui ne croyons plus aux curés ? » — Comptez, monsieur, lui dis-je, qu’un
637 le flatter, et cela tient aux circonstances mêmes qui l’ont mis dans le cas d’écrire. Car ou bien l’on écrit ce que l’on ne
638 aiblesse ou d’une ambition excessive, deux choses qui compliquent fort la vie, je crois ; ou bien l’on écrit des choses int
639 e bon moyen de traîner la misère la plus honteuse qui se puisse imaginer, dans les antres rédactionnels. Je dis les antres.
640 tus au-dessus du commun, la révélation de secrets qui suffiraient à rendre heureux les plus indignes, et ingénieux les plus
641 orité humaine, quel luxe d’énergie ou d’invention qui , s’ils les possédaient vraiment, feraient de leurs détenteurs non poi
642 moi, ce que nous vous donnons, c’est justement ce qui nous manque, et quand vous aurez compris cela, vous cesserez, je le c
643 cet effort de restauration morale — et sociale — qui s’impose aux nouvelles générations. Par les menues expériences d’une
18 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
644 que l’on se proposait justement de combattre, et qui est celle de l’État totalitaire. Or, pour convaincre, il faut entre a
645 u contraire, la volonté d’agir dans le sens de ce qui libère en l’homme les forces de résistance et de création, systématiq
646 e spécifique de la pensée et de la vie des hommes qui ont fait l’Europe et qui veulent la maintenir. Et l’individualisme et
647 et de la vie des hommes qui ont fait l’Europe et qui veulent la maintenir. Et l’individualisme et les collectivismes ne so
648 t brutales, à prendre une conscience active de ce qui , depuis nos origines, n’était que le sous-entendu de tous nos efforts
649 de créateur. Il veut une organisation de la cité qui leur permette de s’exprimer. Telle est la forme que revêt « la charit
650 e », pour reprendre une formule d’Arnaud Dandieu ( qui d’ailleurs était nietzschéen). Que le christianisme vrai revive dans
651 naliste, je tiens que seule la foi réelle — celle qui agit, et non celle qui endort — donne à notre attitude son sens derni
652 eule la foi réelle — celle qui agit, et non celle qui endort — donne à notre attitude son sens dernier. Beaucoup de mes cam
653 uge pour les faibles et les sceptiques, pour ceux qui craignent de se perdre en s’engageant, et préfèrent la littérature ;
654 us saurons très bien nous entendre avec tous ceux qui veulent sauver non point nos âmes — c’est l’affaire de Dieu seul — ma
655 ’idée suisse » telle que l’exprime Liehburg. Idée qui exclut l’existence d’un type suisse racial, ou « national » au sens u
19 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
656 n tertre et il avait maudit le Dieu Tout-Puissant qui le laissait mourir de faim. Ce blasphème assombrit sa vie, et la révé
657 ter une réalisation pratique. Le « tout ou rien » qui est sa devise devait fatalement le conduire au refus d’une perspectiv
658 les quais déserts du port, ou gagnait les forêts qui avoisinent la capitale. Puis il se remettait à écrire. Vers midi, on
659 it été la rupture de ses fiançailles. Mais l’acte qui résume toute son œuvre, cet acte après lequel, semblable au prince Ha
660 devenir, et le devenir dans l’instant de la foi, qui est l’instant de l’acte d’obéissance. Cessons de prendre le christian
661  ». Kierkegaard écrivit alors un article indigné, qui provoqua un énorme scandale. Il décrivait la vie de Nynster. Était-ce
662 lière avec toute espèce de souffrance, … un homme qui témoigne dans le dénuement, la misère et l’humiliation, méconnu, déte
663 ion, méconnu, déteste, insulté, bafoué — un homme qui est flagellé, torturé, traîné en prison, et puis enfin — car c’est bi
664 le monde ne tolère jamais la passion spirituelle qui se déclare dans sa pureté. La plupart des gens vivent dans une confus
665 ble, et n’en conçoivent pas de malaise. D’autres, qui s’essaient à penser en fin de semaine, comme on fait un peu d’ordre d
666 es systèmes (qu’ils se garderont d’habiter). Ceux qui persistent cependant, s’aperçoivent que l’entreprise pourrait être mo
667 un, c’est la mort accidentelle, l’autre, la folie qui l’abat. Un seul, je crois, parvint dans l’intégrité de sa force à une
668 orce à une mort que toute son œuvre provoquait et qui vaincue par une telle victime, lui révéla dans les derniers instants
669 ts le vrai sens, la valeur de destin de la pensée qui aboutissait là. Contempler dans sa mort la « fin » de sa passion et l
670 contre les innombrables tentations d’une religion qui n’est pas Dieu ; et soudain, sur son lit de mort, cette phrase : Je
671 ital où vint mourir Kierkegaard (c’est un interne qui transcrit les déclarations du malade) : Il tient sa maladie pour mor
672 ra peut-être utile d’insister sur deux caractères qui ne peuvent manquer de frapper, de retenir ou de repousser le lecteur
673 zsche, ont refusé de signer de leur sang le pacte qui lie le penseur à Méphisto : expérimentateurs qui se ménagent un derni
674 qui lie le penseur à Méphisto : expérimentateurs qui se ménagent un dernier retour, guerriers qui déposent les armes avant
675 eurs qui se ménagent un dernier retour, guerriers qui déposent les armes avant la décision mortelle. Concession, la raison
676 Dostoievsky. Oui, même ceux-là ! Même ces deux-là qui sont allés si loin dans la passion de l’absolu chrétien, mais seul Ki
677 est mort. Une pureté presque inhumaine, voilà ce qui définit sa grandeur. Une simplicité conquise aux dépens de tout ce qu
678 ur. Une simplicité conquise aux dépens de tout ce qui soutient l’homme contre Dieu. Et cependant, dans le pire désespoir, j
679 écrivant cela, ou bien faisait-il une phrase ? Ce qui est sérieux, est seul important, mais tant de gens « font les importa
680 vrai est en définitive dans le seul acte de foi, qui jette sur nos sérieux, poses et amusettes (ou « plaisirs » comme on d
681 u plaisantes en général), un « soupçon » d’ironie qui est infiniment pire qu’une ironie. Car peut-être que l’acte de foi n’
682 trouvé dans la foi, ou mieux : tant que la foi — qui est don de Dieu — ne m’a trouvé. Kierkegaard a eu trois descendances
683 . La troisième théologique : l’école dialectique, qui sous l’impulsion de Karl Barth est en train de sauver l’honneur et l’
684 œuvre des centaines d’ouvrages et d’articles. Ce qui est certain, c’est qu’à la différence de Nietzsche, personne ne parvi
685 sent notre âge comme cette pierre et ce mot gravé qui ne cessent de nous accuser dans leur silence d’éternité. 82. « Allé
20 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
686 662). Que dirions-nous alors du sort fait à celui qui doit se montrer aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire que l’homm
687 l est peu de chose, n’est pas trop humiliant pour qui se flatte d’une image de soi composée dans la solitude : tant qu’on n
688 le concret d’une vie connue. Prenons deux hommes qui furent tous deux de prodigieux producteurs d’idées : deux hommes qui
689 x de prodigieux producteurs d’idées : deux hommes qui ont écrit chacun une vingtaine de volumes l’espace de dix ans : Kierk
690 it à demi aveugle… Confort et culture. — À ceux qui n’ont rien, il faut donner du confort, afin qu’ils puissent concevoir
691 que la recherche d’un gain précaire. Mais à ceux qui ont quelque chose, il faut rappeler que la recherche du confort est c
692 faut rappeler que la recherche du confort est ce qui s’oppose le plus radicalement à toute culture véritable. Île de R.
693 ent. Un silence implacable et mat enserre l’homme qui chemine sur la route incertaine, au milieu des menaces originelles. P
694 i proche dans les rues vides, et les mêmes chiens qui reviennent, et pas une âme. « Vallée de l’ombre de la mort… étranger
695 ! Épuisés par une demi-heure d’efforts haletants, qui n’ont abouti qu’à coincer le sommier au tournant, entre la balustrade
696 Je sors, je pense à autre chose, à quelque chose qui n’est pas d’ici. Et déjà je ne comprends plus pourquoi j’ai eu ce for
697 peut se produire, pour tant de mauvaises raisons qui sont plus fortes que nous tous. — Et alors, dira-t-on : « Faire la ré
698 -Soir », « on se défend… » La grosse petite bonne qui tire sa robe à fleurs sur le quai désert du métro, enfin un être vrai
699 e vie d’homme à peu près digne de ce nom, un fait qui commande tous les autres et qui est la mesure de tout. Quand tu l’aur
700 e ce nom, un fait qui commande tous les autres et qui est la mesure de tout. Quand tu l’auras connu et accepté — tu es seul
701 ras jamais qu’un appel à devenir toi-même ce fait qui est plus fort que toi. Car il est tout ce que le monde attend, attend
702 êt, condamné par l’église primitive. Il donnait à qui voulait. Après sa mort, on s’aperçut qu’il ne restait que 250 francs