1 1938, Articles divers (1938-1940). Le seul espoir (juin 1938)
1 tre de l’Europe ; mission pratique et symbolique. Au cours des derniers mois, il semble bien que nous l’ayions redécouvert
2 lus jamais le rôle unique et décisif qu’il jouait au temps du Saint-Empire. Mais alors l’aspect symbolique de la mission c
3 artout des signes de réveil. J’en ai relevé trois au début de cet article, bien minimes il est vrai, mais assez nets et as
4 s en plus à développer la conscience démocratique au sens suisse de leurs adhérents : on revient au fédéralisme tel que no
5 ue au sens suisse de leurs adhérents : on revient au fédéralisme tel que nous sommes chargés de le défendre, et qui s’oppo
6 es chargés de le défendre, et qui s’oppose autant au particularisme étroit qu’à cette forme antisuisse de centralisation q
7 ême si nous ruinons le pays pour la perfectionner au maximum. Ce qui sauvera la Suisse, c’est la conscience de son destin
2 1938, Articles divers (1938-1940). Souvenir d’Esztergom (juin 1938)
8 u’on me permette de recopier ici des notes prises au retour de ce petit voyage ; il est resté merveilleusement vivant dans
9 e aussi, et très belle). Nous inscrivons nos noms au charbon sur le mur chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai fouille
10 ne à la longue-vue et rêve qu’il y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en blanc arrive
3 1938, Articles divers (1938-1940). « Comment libérer l’État de la tyrannie de l’Argent ? » (10 juin 1938)
11 du règne de la finance totalitaire (libéralisme) au règne de l’État totalitaire, par une logique dont la rigueur montre a
12 de toute autorité politique, celle-ci appartenant au gouvernement proprement dit, émanation des communes fédérées et des p
13 anisateur, de l’État et de la Nation, qui conduit au désordre flagrant des démocraties, et à cette fixation brutale du mêm
14 , et vous savez que je n’entends pas le spirituel au sens évanescent des libéraux, mais bien comme une action, tant publiq
15 , plus riche et plus noble que l’action politique au sens présent du terme. » e. Ce mot a été ajouté à la main dans l’exe
4 1938, Articles divers (1938-1940). Le Relèvement de l’Allemagne (1918-1938) par Albert Rivaud (28 octobre 1938)
16 rtes. En 1914, la guerre a éclaté et l’Allemagne, au terme du conflit, n’a rien obtenu. En 1938, la guerre n’a pas éclaté,
17 els étaient les salaires de base ? Les polémiques au sujet des salaires russes nous ont rendus méfiants, à juste titre. De
5 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse de Denis de Rougemont, lauréat du prix Rambert 1938 (novembre 1938)
18 nez garde ! prenez garde ! Voici que la nuit cède au jour ! » Et en effet, le 20 au soir — à peine plus tôt que je ne l’av
19 i que la nuit cède au jour ! » Et en effet, le 20 au soir — à peine plus tôt que je ne l’avais prévu — j’inscrivais ce ter
20 ulait que les esprits turbulents allassent mettre au service de l’étranger une humeur belliqueuse qui, Dieu merci, ne trou
21 er, cela n’a jamais fait tort, bien au contraire, au sens patriotique de nos ancêtres. Et il se peut que de nos jours, où
6 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse à l’enquête « Littérature et christianisme » (20 novembre 1938)
22 hnique. Elles sont un service ; elles ne sont pas au service d’une cause ou d’un parti, fût-il baptisé « chrétien ». (Je p
23 vains de la Réforme, nous aimerions nous comparer au Jean-Baptiste du fameux retable de Grünewald à Colmar : nos œuvres ne
7 1939, Articles divers (1938-1940). Quel est le rôle de l’Université dans le pays ? (1939)
24 rait-ce de distribuer de l’instruction, de vendre au poids des connaissances techniques, grâce auxquelles l’étudiant se ve
25 d’une instruction : des possibilités de culture, au sens le plus large possible. Cela englobe, évidemment, une certaine s
26 et de conversations interminables, — ces stations au café de la Rotonde, ce n’est pas le moment de les oublier ! — la vie
27 de notre drame. Ils nous voyaient passer, cheveux au vent, des foulards rouges négligemment noués autour du cou, avec des
8 1939, Articles divers (1938-1940). Le protestantisme créateur de personnes (1939)
28 rgon philosophique, peuvent apparaître byzantines au grand public. Il n’en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de
29 principe de tyrannie. Ce mouvement d’arrachement au sacré sombre, à l’empire des morts, ce mouvement de dissolution de la
30 s communautés (les thiases) comparables à la cité au sens moderne. Alors que la tribu était liée par des liens d’origine —
31 se à l’État qu’à la manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien de
32 oppose plus à son action d’unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fera son cime
33 à. Leur chef n’est pas terrestre : il s’est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terres
34 ar Celui qui les engage à son service, et engagés au service du prochain dans la mesure précisément où ils se sentent libé
35 de l’Église et de l’Empire temporel, recréa, tout au long du Moyen Âge, une sorte de communauté sacrée, de société sacrale
36 à cette seconde déviation que succomba la société au Moyen Âge. « L’homme médiéval, écrit Burckhardt, ne se connaissait pl
37 ouvent cités comme les premiers types d’individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieuse entre la
38 onne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même du sujet. Qu’on m’entende bien : je ne prétends pas annexer
39 stant, qui puisse être qualifié de personnaliste, au sens précis où je l’entends. Diversité des Églises, fédération de ce
40 e Louis le Grand », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’homme qui dit : « l’État, c’est moi », la France synchron
41 aire. Qu’il s’agisse de la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la résistance au centralisme des H
42 calvinisme et qui devient l’âme de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’agisse des Provinces-Unies des Pay
43 , avec large autonomie des communes à la base, et au sommet, contrôle du pouvoir royal par un organe plus ou moins inspiré
44 Empire et contre Rome, et cela se vérifie souvent au xvie siècle. Mais je maintiens que la cause profonde de la tendance
45 spectacle de l’Europe contemporaine donne raison au réformateur. Et je ne crois pas être infidèle à sa pensée en y ajouta
46 t communs à ces régimes : leur opposition brutale au christianisme, dès qu’ils sont assez forts pour lever le masque, et l
47 e le spirituel et le temporel n’y était pas faite au bon endroit, ou mal faite, ou pas faite du tout. Il en résultait, dan
48 n, les morts. Voilà pourquoi elle est intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut même pas s’y conve
49 e l’Église pour des fins politiques, c’est-à-dire au césaropapisme. Si le mot d’ordre « Suisse chrétienne » doit être lanc
50 e autonome, mais aussi solidaire. Ceci nous amène au second point : quelle est la condition faite à la personne dans les p
51 ette manière de créer des personnalités s’appelle au vrai : caporalisation. La personne ainsi comprise n’est plus rien qu’
52 nne ainsi comprise n’est plus rien qu’une persona au sens romain, un rôle, un masque, une fonction extérieure, c’est-à-dir
53 que de nous conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine déviation de notre morale, un certain culte de
54 elle, devant Dieu c’est zéro. Et si l’on se borne au social, il faut prévoir que ces personnalités, ces caractères bien tr
55 deux mots, la conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe,
56 e, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme politique. Ceci nous charge d’une responsabilité devant l’H
57 talitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux la théologie réformée. Il nous reste à prendre au sérieux la
58 iter à appuyer certaines revendications conformes au Décalogue. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le sens d
59 » 2. Texte intégral d’une conférence prononcée au mois de janvier 1939 à Bâle, Neuchâtel, Lausanne et Genève. l. Roug
9 1939, Articles divers (1938-1940). Le théâtre communautaire en Suisse (1939)
60 théâtre. Serait-ce que le paysage lui-même invite au jeu, avec ses décors partout suspendus, pans de forêts, portants de r
61 premier chef ? Je ne sais ; et m’en tiendrai donc au seul problème du théâtre actuel. Nous voyons naître l’ère des masses
62 s collectivistes, et la pièce à trois personnages au jeu sacral et militaire. Tout récemment, le chef d’un des États voisi
63 e collectiviste symbolise les conflits politiques au sein des foules des grandes nations. Or, nous n’avons pas de grandes
64 es plus marquantes de notre histoire, l’on trouve au premier rang la figure populaire de Nicolas de Flue. Sujet digne d’in
65 grand, c’est parce qu’un jour il a tout sacrifié au salut de la communauté. Le paradoxe central d’une pièce sur Nicolas,
66 rs mixtes de premier ordre à La Chaux-de-Fonds et au Locle ; un chœur d’enfants dans la région de Neuchâtel ; enfin un pet
67 scène commandera le mouvement général du drame : au premier acte, Nicolas quitte le monde, il s’élève donc du plan 2 au p
68 icolas quitte le monde, il s’élève donc du plan 2 au plan 3. Au deuxième acte, le monde vient à lui : les chœurs gravissen
69 te le monde, il s’élève donc du plan 2 au plan 3. Au deuxième acte, le monde vient à lui : les chœurs gravissent et redesc
70 descendent les escaliers qui conduisent du plan 1 au plan 3. Au troisième acte, Nicolas sacrifie sa solitude pour le salut
71 les escaliers qui conduisent du plan 1 au plan 3. Au troisième acte, Nicolas sacrifie sa solitude pour le salut des Suisse
72 pour le salut des Suisses : il descend du plan 3 au plan 2. Deux mots à propos de la musique. On a défini le Festspiel su
73 s dans toutes les classes, du pêcheur d’Auvernier au docteur en droit ; fanfaristes de La Chaux-de-Fonds ; dames cousant d
10 1939, Articles divers (1938-1940). Un quart d’heure avec M. Denis de Rougemont : Hitler, grand-prêtre de l’Allemagne (11 janvier 1939)
74 coup de projecteur fait apparaître un petit homme au sourire extatique. Et tandis que cet homme s’avance lentement, en sal
75 ’amour, le râle d’une nation possédée par l’homme au sourire extasié. Mais cet homme lui-même, qu’en pensez-vous ? Je ne l
76 ule chaîne de SS le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu très
77 es mineurs de la Sarre ont voté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’est pas en parlant d’hystérie qu’on peut comprendre
78 nt sacré. Et ce n’est pas la soif d’une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté l’Autriche dans les bras du Führe
79 stres, ne satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulions croire à la
11 1939, Articles divers (1938-1940). Qui est Hitler ? (24 février 1939)
80 euple parlait du Roi avant la révolution de 1789. Au panégyrique et à la caricature, j’opposerai ici un témoignage limité,
81 îne de miliciens le séparait de la foule. J’étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût descendu très
82 nce, que cela ne compte guère en pareil cas. Tout au plus pourrait-on dire que s’il était très intelligent, il n’aurait sa
83 ’individu. Il ne s’appartient plus, il appartient au rêve de tous. Il n’a plus de qualités propres, de vices ou de vertus,
84 e sont réalisées — non pas au nom du Christ, mais au nom des idoles, au nom de la race aryenne, de l’orgueil germanique, e
12 1939, Articles divers (1938-1940). Il y a toujours des directeurs de conscience en Occident (juin 1939)
85 Et les psychanalystes : c’est pratiquement limité au très petit nombre de personnes qui sont en mesure de les payer. Seule
86 alors que par vanité ou par orgueil, de sorte qu’ au fond, au lieu d’aider l’homme, je cherche à me faire admirer de lui »
87 elle ou telle situation complexe où il se trouve, au but final et simple assigné à sa vie. Or nous voyons au xxe siècle p
88 final et simple assigné à sa vie. Or nous voyons au xxe siècle plusieurs « orthodoxies » se constituer, toutes destinées
89 ée, la plénitude universelle : Dieu tout en tous. Au regard d’une telle foi, toute autre « fin » paraît trop courte. Viser
90 tre « fin » paraît trop courte. Viser ailleurs qu’ au soleil, c’est toujours tirer sur des hommes. Mais je n’entends pas pa
91 retour à une église, et encore moins d’un retour au christianisme. Ce serait émettre un non-sens. La foi est toujours en
92 e nous dirige vers l’Esprit qui dit : « Viens ! » au terme de l’Apocalypse. Et c’est ce mouvement-là qui crée l’Église qua
13 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue vu par Denis de Rougemont (8 juillet 1939)
93 x hommes penchés sur une liasse de papier mettent au monde une œuvre nouvelle. Un seul coup d’œil et on les reconnaît : pu
94 pianos, encombrés de manuscrits tiennent conseil au centre de la pièce. Des livres envahissent des placards. Une rangée d
95 a représentée à l’Exposition de Zurich et offerte au public suisse par le canton de Neuchâtel. Il y a quelque chose de pro
96 ient ennuyeux et lourd, car il ne faut pas songer au talent des acteurs pour sauver un texte si besoin est… Et pourquoi do
97 ’est Nicolas de Flue. Il évolue du plan inférieur au plan supérieur et entraîne avec lui un des composants du spectacle, s
98 e particularité. Les chœurs avanceront, monteront au premier « étage » à moins qu’ils ne descendent du ciel vers la terre,
14 1939, Articles divers (1938-1940). Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)
99 . Tout invite à un entretien parfait. Tout, jusqu’ au Journal d’André Gide, un fort volume de treize cents pages qui vient
100 l sait « penser avec ses mains ». ⁂ Mais revenons au jardin de la NRF, où je suis venue lui parler de l’amour, ou plutôt d
101 erniers livres, tous liés à l’actualité. Je songe au Journal d’un intellectuel en chômage, et surtout au Journal d’Allemag
102 Journal d’un intellectuel en chômage, et surtout au Journal d’Allemagne qui fut accueilli avec une telle faveur par tous
103 es religieuses du mythe, à passion et mysticisme, au mythe dans la littérature, à l’amour et la guerre, ont été trouvés en
104 ser une question. Mais non, le voici qui reprend. Au début, je ne songeais qu’au problème individuel de l’amour et du mari
105 le voici qui reprend. Au début, je ne songeais qu’ au problème individuel de l’amour et du mariage. C’est en creusant les c
106 r lequel les érudits eux-mêmes sont en désaccord, au point de renoncer à toute explication. Mais vous avez sans doute une
107 irectement des relations individuelles des amants au fait collectif de la guerre. Mais on peut — en usant ici du concept n
108 hie des mœurs aboutit alors fatalement à une mise au pas faute de laquelle toute vie serait impossible. C’est ce qui se pr
109 ritable signification des questions qui se posent au niveau le plus profond a été négligée aussi bien par le marxisme que
15 1939, Articles divers (1938-1940). Comment j’ai écrit Nicolas de Flue (3 novembre 1939)
110 la nouvelle de l’entrevue décisive de Munich. Or, au soir de ce jour me parvint par hasard un livre sur la vie de Nicolas
111 omme a osé, quand tout était perdu, croire encore au miracle et l’accomplir ! Le message de l’ermite du Ranft prenait en c
112 foi de Nicolas domine les temps. Elle vit encore au cœur des Suisses. Elle est encore le grand symbole de notre Confédéra
16 1939, Articles divers (1938-1940). Pourquoi nous sommes là (décembre 1939)
113 ple dépendent de sa grandeur physique, de sa mise au pas militaire, de son arrogance étatique. Nous sommes ici à patauger
17 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue : naissance d’un drame (Noël 1939)
114 dernier, au milieu de l’après-midi, je fus appelé au téléphone par un ami. Était-ce la guerre qu’on attendait d’une heure
115 cisif de notre histoire, un grand drame religieux au seuil de la Réforme, — et déjà des dialogues esquissés, ces relations
116 faites par des pèlerins montés seuls ou en troupe au Ranft… Quelque chose se dessine dans l’espace : la cellule silencieus
117 ns l’espace : la cellule silencieuse de l’ermite, au centre, et tout autour le jeu bruyant du monde, et ces deux files de
118 nel miracle du don de la paix, toujours immérité… Au matin, la pièce était faite. Non pas écrite, bien entendu, mais tout
119 se autour d’un seul personnage important. Revenir au théâtre grec, avec son chœur mobile prenant part à l’action. C’était
120 liturgique. Protestant, je songeai tout de suite au style lyrique monumental des prophètes et des psalmistes. Nul autre n
121 la fois à la déclamation d’un chœur en marche et au dialogue, forcément sans nuances, de personnages quasi mythiques. Tou
122 onnages quasi mythiques. Tout cela créait l’appel au musicien… Sans un instant d’hésitation, je m’adressai à Honegger. En
123 fut terminé. Mois heureux, où le temps s’écoulait au rythme même de l’œuvre en marche. L’accord du musicien et de l’auteur
124 histoire pour apporter un témoignage assez précis au vieux débat de l’inspiration. On voit la part déterminante que l’occa
125 siste, c’est celui du hasard apparent qui présida au recoupement de deux séries de faits sans aucun lien… Quel sera le des
126 le proie de l’horreur désirée — prêtant l’oreille au martelant galop du cheval roux de notre Apocalypse — parmi nous, foul
127 nous, colombe en ce tumulte — miraculeuse ! Jusqu’ au jour incertain où nous pourrons chanter ce final entonné par tous les
128 Unissez-vous à l’éclat des fanfares Vous tous, au loin, et quiconque entendra : Louez la paix, mémorable victoire !
18 1940, Articles divers (1938-1940). L’homme au poignard enguirlandé (1940)
129 L’homme au poignard enguirlandé (1940)au Oui, je veux opposer la Suisse de Ma
130 L’homme au poignard enguirlandé (1940) au Oui, je veux opposer la Suisse de Manuel à l’Helvétie des manuels 
131 sang violent, et quand les lansquenets trichaient au jeu mortel, quand les canons détruisaient l’art des armes, on rentrai
132 cessé de provoquer la mort. Dans toute son œuvre, au cœur de son lyrisme, elle tient le lieu de la passion d’amour, et c’e
133 dure exactitude : face au danger. Leur Suisse est au sommet de son élan vers la conquête et la richesse ; au comble de sa
134 met de son élan vers la conquête et la richesse ; au comble de sa gloire, et de son risque. Elle n’a jamais été moins neut
135 mais nous préférons aujourd’hui l’éloge de la vie au grand air. Et tout se passe comme si le souci de l’hygiène, et celui
136 ces tableaux, et Manuel n’est pas un « artiste » au sens moderne et bien suspect du terme. Un beau jour, fatigué de signe
137 elui qu’il joignait à son monogramme, enguirlandé au coin de ses tableaux ; ce sera l’arme réelle du guerrier suisse, sign
138 nt enfin l’Église et sa réforme, courant toujours au plus pressé, au plus vivant, Manuel se fait théologien ; puis, après
139 e et sa réforme, courant toujours au plus pressé, au plus vivant, Manuel se fait théologien ; puis, après la victoire, hom
140 tard que j’oubliais de citer sa devise, inscrite au coin de quelques-uns de ses dessins : N.K.A.W., ce qui veut dire : « 
141 wüssen). Comme pour s’excuser, comme s’il croyait au fond qu’on devrait tout savoir, et que pourtant… C’est la passion de
142 pour la dernière fois à la Diète de Baden. Du 1er au 12 avril, il assiste chaque jour aux séances du Conseil de Berne. Le
143 de banneret. Le 20 avril, il n’est plus. « Pareil au cierge qui se consume d’autant plus vite qu’il a mieux éclairé — écri
144 Schwyzerdegen », qui demeure sa vraie signature. au . Rougemont Denis de, « L’homme au poignard enguirlandé », Vingt-Huit
145 ie signature. au. Rougemont Denis de, « L’homme au poignard enguirlandé », Vingt-Huit écrivains de la Suisse romande, Ne
19 1940, Articles divers (1938-1940). Les Suisses sont-ils « à la hauteur » de la Suisse ? (20 janvier 1940)
146 stupide, le visage en plein soleil, et regardait au hasard devant lui. Ô abîme ! les Alpes étaient le spectacle, le spect
20 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. I : Les voix que rien n’arrête (24 février 1940)
147 oque, on ne pouvait en effet conquérir un pays qu’ au moyen d’une armée, et les armées n’ont jamais occupé autre chose que
148 fications les mieux conçues ne serviront de rien, au jour choisi par l’attaquant, parce que des centres vitaux du pays, le
149 ne conscience claire et forte. Elles nous mettent au défi de produire le « pourquoi » de notre défense et de notre volonté
150 iers articles à la « critique », pour ne pas dire au dégonflage de ces clichés. Ce n’est pas pour le stérile plaisir de dé
21 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. II : Sommes-nous libres ? (2 mars 1940)
151 rgeois. Je n’oublie pas que Goethe écrivait cela au xviiie siècle. Les petits tyrans dont il parle étaient peut-être alo
152 bversif. Ils exigent toujours des choses simples. Au besoin, ils les simplifient terriblement. C’est ainsi que certaine do
153 t Vinet qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut de la pente… ae. Rougemont Denis de, « La Suisse que nous dev
22 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. III : Pourquoi nous devons rester neutres (9 mars 1940)
154 Que valent les justifications qu’on nous propose, au regard des bouleversements historiques dont la guerre actuelle est le
155 tique de l’Europe entière. » Et j’en arrive, ici, au centre même de tout ce que je voulais dire dans cette série d’article
156 e voudrais marquer d’une devise ce point central. Au Moyen Âge la noblesse représentait une charge autant qu’un privilège,
23 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. IV : Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)
157 réaliser, d’une manière qui le rende exemplaire, au sens littéral de ce mot. Profitons de notre paix matérielle pour le p
24 1940, Articles divers (1938-1940). Le petit nuage (avril 1940)
158 Le petit nuage (avril 1940)ah Au mois d’août de l’année dernière, le jour du pacte germano-soviétique,
159 certain nombre de mes amis la phrase suivante : «  Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre le
160 Il passera, et nous serons encore une fois assis au café des Deux Magots. La vie reprendra. Cela paraît irréel. » La seco
161 énorme, à son tour, n’est qu’un tout petit nuage, au regard du Règlement des comptes universels que sera notre jugement au
162 nt des comptes universels que sera notre jugement au dernier jour de tous les temps. Karl Barth nous le disait l’autre jou
163 uver, lorsque le Malin en personne nous accusera, au Jugement dernier. Voilà les dimensions réelles que le chrétien se doi
25 1940, Articles divers (1938-1940). D’un journal d’attente (pages démodées) (avril 1940)
164 a l’hiver, et la guerre qui revient nous avertir, au seuil de ce printemps quelle dénature. Envies d’écrire, sans contenus
165 perdu sa sève active et livré les masses affamées au délire totalitaire. Il me semble aujourd’hui qu’au contraire, la vrai
166 nt un monde mécanique (radio, capital, urbanisme) au sein duquel la plus « active » des cultures perd ses prises et son ef
167 a solution qui sera donnée en fait à ce problème, au cours des mois ou des années qui viennent. Paris, 21 avril 1939 Une n
168 re qui s’en voit revêtue. 26 avril 1939 Une heure au café avec un romancier, ex-leader du Front populaire. Découragé, désa
169 . Déshérités aussi, qui ne retrouvent l’espoir qu’ au seuil des catastrophes générales. Et j’en connais qui ne parviennent
170 és apparemment désordonnées, de phrases entendues au passage, d’infinis croisements d’existences étrangères. Paris propose
171 acun livre son vrai combat. 21 mai 1939 Promenade au Bois avec V. O. que j’ai été prendre chez Adrienne Monnier — où elle
172 venue, dominant tout. Des trompettes solennelles au début, et maintenant, planante et pure, une voix de femme se détache…
26 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure sévère (juin 1940)
173 e », tant par en haut que par en bas. La croyance au Progrès nous a mis des œillères. Et quand soudain la route normale se
174 ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sait pas le reconnaître, fût-il aussi mal déguisé qu’un
175 i nul effort spirituel ne les oriente, aboutiront au despotisme de l’État. Et contre tout l’« économisme » de son temps, i
176 ont pas su imaginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait de main d’homme. Mea culpa des militaristes, qui n’ont pas
177 idéaux et réalités, est pulvérisé par les bombes. Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre la
27 1940, Articles divers (1938-1940). Au peuple suisse ! (22 juillet 1940)
178 Au peuple suisse ! (22 juillet 1940)ak Au cœur de la révolution europ
179 Au peuple suisse ! (22 juillet 1940)ak Au cœur de la révolution européenne, la Suisse est réduite à elle-même.
180 Des hommes auxquels on fasse crédit pour résoudre au fur et à mesure les problèmes qui vont se poser. Des hommes qui prouv
181 t promis leur appui. ak. Rougemont Denis de, «  Au peuple suisse ! », Tribune de Lausanne, Lausanne, 22 juillet 1940, p.
28 1940, Articles divers (1938-1940). Autocritique de la Suisse (août 1940)
182 ance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa d
183 s…10) Or l’opposition gauche-droite est étrangère au génie de la Suisse. Son origine parlementaire le prouve : rien de moi
184 -on se dire encore « de droite » ou « de gauche » au lendemain de la guerre d’Espagne et du Pacte germano-russe ? Les Espa
185 s organismes centraux ne deviennent centralistes ( au mauvais sens) que par la faute des fonctionnaires qui s’y incrustent,
186 s fixes, tandis que moins d’un tiers est consacré au but de l’œuvre. Je vois une revue d’art et de littérature consacrer d
187 t Vinet qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut de la pente… 6. Cultures. — C’est quand on doute de soi qu’on a
188 n a peur du voisin. Les Romands qui se rétractent au seul mot de germanisme ne sont pas ceux qui sauront illustrer la Suis
29 1940, Articles divers (1938-1940). Henri le Vert ou l’âme alémanique (1940)
189 contient, depuis le vieux brochet moussu qui nage au fond de ses lacs jusqu’aux aigles qui planent sur ses glaciers. Combi
190 leurs accents !… Et tout est bon et beau et cher au cœur, — car c’est la patrie. Qu’il est donc réjouissant que tous les
30 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure de la Suisse (1er août 1940)
191 rté, certes, mais de la liberté menacée, conquise au prix des plus grands sacrifices, toujours sauvée, envers et contre to
192 corporation) qui a rassemblé les premiers Suisses au xiiie siècle. C’est l’esprit de résistance locale organisée, la prép
193 les devants pour le forcer à se décider. Donnons au monde un grand exemple de solidarité pratique : voilà notre meilleure
194 il faut que la paix le maintienne et le développe au maximum. Prenons un cas concret : Si nous parvenons à supprimer le ch
195 ront compris, et qui le prouveront, travailleront au salut du pays. Mais ceux qui s’obstineraient à accuser « les autres »
31 1940, Articles divers (1938-1940). Un fondateur de la Ligue du Gothard part pour quatre mois aux États-Unis : M. Denis de Rougemont nous dit… (23 août 1940)
196 eprésenter la Suisse d’aujourd’hui. Et travailler au bien de la Suisse. Le comité directeur de la Ligue est formé de dix h
197 est vous dire que nous voulons mettre la jeunesse au service du pays. À côté de ce comité directeur existe une sorte de sé
198 achons, vous le voyez, une très grande importance au fait d’avoir la jeunesse avec nous. C’est que nous nous sommes rendu
199 ilités… ou qu’on l’éloigne de la scène politique. Au surplus, il a bien voulu nous faire les déclarations qui suivent. »
32 1940, Articles divers (1938-1940). La Ligue du Gothard : raisons d’espérer (13 septembre 1940)
200 is réponses que nous versons à titre de documents au débat et que nous faisons suivre des remarques et conclusions qu’elle