1 1938, Articles divers (1938-1940). Le seul espoir (juin 1938)
1 a été grand). Enfin M. Motta lui-même l’a définie en quelques phrases lapidaires dans sa dernière déclaration aux chambres
2 pas non plus le « soldat politique » qui n’a plus en lui-même de principe d’existence, et qui n’est rien qu’un rouage de l
3 ues. Tout ce qui s’est fait de réel et de valable en Occident fut l’œuvre de ces hommes doublement responsables devant leu
4 Europe. Et voilà pourquoi nous sommes neutres. ⁂ En aucune heure de notre histoire, nous n’avons éprouvé une telle nécess
5 ⁂ Je vois un peu partout des signes de réveil. J’ en ai relevé trois au début de cet article, bien minimes il est vrai, ma
6 il est vrai, mais assez nets et assez neufs. Il y en a d’autres, très typiques, dans l’attitude de nos syndicats, qui tend
7 nous voulons rester cela, et le devenir de mieux en mieux, que nous serons grands devant l’Europe, parce que nous serons
8 l’Europe, et une nation divisée contre elle-même en trois races et trois langues, si ce n’est quatre. Dès lors, quelle fo
9 nations qui nous entourent ? Nous serons dépecés en trois Anschluss. Ce n’est donc pas un « idéal fumeux » que j’oppose à
10 s Suisses, c’est de rester et de devenir de mieux en mieux le seul espoir de l’Europe déchirée. a. Rougemont Denis de,
2 1938, Articles divers (1938-1940). Souvenir d’Esztergom (juin 1938)
11 n 1938)b J’avais lu quelques-uns de ses poèmes en traduction. Je savais qu’il était le chef de file du groupe le plus v
12 sier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’il fait beau temps, l’horizon es
13 agine, tout a de belles couleurs, le poète sourit en lui-même, il y a une enfance dans l’air… ⁂ N’est-ce pas cela, la vrai
3 1938, Articles divers (1938-1940). Le Relèvement de l’Allemagne (1918-1938) par Albert Rivaud (28 octobre 1938)
14 ons plus ou moins fidèles et tronquées qu’on nous en offre. Car M. Rivaud a le grand mérite d’avoir situé le développement
15 slovaquie. Le dénouement a été différent, certes. En 1914, la guerre a éclaté et l’Allemagne, au terme du conflit, n’a rie
16 ’Allemagne, au terme du conflit, n’a rien obtenu. En 1938, la guerre n’a pas éclaté, et l’Allemagne a tout obtenu. Les par
17 btenu. Les partisans de la résistance à tout prix en déduiront que l’on a eu tort d’aller à Munich. Mais on peut leur fair
18 nombre des sociétés anonymes a été réduit de 9634 en 1932 à 7204 en 1936, et que le nombre des « petites sociétés » est to
19 étés anonymes a été réduit de 9634 en 1932 à 7204 en 1936, et que le nombre des « petites sociétés » est tombé de 6632 à 3
20 and il parle des méthodes nazies d’usage interne, en politique et en économie. M. Rivaud ne cache pas l’admiration que lui
21 méthodes nazies d’usage interne, en politique et en économie. M. Rivaud ne cache pas l’admiration que lui inspirent les A
22 es méthodes l’antithèse exacte de ce qui se passe en France. Et l’on en vient à se demander si ce n’est pas surtout le sou
23 hèse exacte de ce qui se passe en France. Et l’on en vient à se demander si ce n’est pas surtout le souci de faire la leço
4 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse de Denis de Rougemont, lauréat du prix Rambert 1938 (novembre 1938)
24 le latin. Mais il n’est plus question de reculer. En publiant mon Journal , je suis entré dans la voie des aveux. J’ai mê
25 te qu’à persévérer, et c’est ce que je vais faire en vous contant les circonstances dans lesquelles je reçus l’annonce du
26 même jusqu’à dire, dans mon livre, qu’elles sont en état de crise aiguë. Il me semblait que les hommes de la cité actuell
27 e temps l’instruction publique mettait tout homme en état de lire des livres, sinon de les comprendre. D’où sont nés quant
28 es démagogies d’ailleurs les plus contradictoires en apparences. Tout mon effort se portait donc à distinguer, et dans la
29 déclarer récemment que du seul fait que je vivais en France, j’avais « rompu » avec mes origines. Vous avez fait justice d
30 e générosité ait contribué à resserrer ces liens, en me procurant une soirée comme celle-ci, c’est assez — sans compter to
31 z — sans compter tout le reste — pour que je vous en exprime ici ma plus profonde reconnaissance. 1. Et non plus mercena
32 écompenser l’auteur du Journal d’un intellectuel en chômage .
5 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse à l’enquête « Littérature et christianisme » (20 novembre 1938)
33 n de l’artiste chrétien doit être de se maintenir en état de service pendant qu’il crée. Je suis d’accord avec Mauriac : l
34 a foi au sein du monde réel. Elles ne valent rien en elles-mêmes, hors de leur qualité technique. Elles sont un service ;
35 er avec les mains , le Journal d’un intellectuel en chômage , et les autres écrits de Rougemont en sont parmi les plus im
36 el en chômage , et les autres écrits de Rougemont en sont parmi les plus importants témoignages. »
6 1939, Articles divers (1938-1940). Quel est le rôle de l’Université dans le pays ? (1939)
37 echniques, grâce auxquelles l’étudiant se verrait en mesure de gagner maigrement sa vie dans une profession libérale ? On
38 inissions par transformer notre existence entière en un théâtre. Dans cette ville dont les places et les rues sont si pare
39 t voilà qui me donne à penser qu’il n’y avait pas en jeu, dans tout cela, rien qu’une innocente fantaisie. Il y avait peut
40 assez loin. … Ne serait-ce pas notre rôle actuel, en Suisse, de maintenir cette tradition du romantisme et des féconds loi
7 1939, Articles divers (1938-1940). Le protestantisme créateur de personnes (1939)
41 on vous ait paru curieuse, ou peut-être grave, ou en tout cas digne de réflexion, car c’est à elle précisément que je me p
42 trouver confiance en soi, que je devrais répondre en exaltant ici le protestantisme créateur de personnalités, ou défenseu
43 ute la suite l’ont fait voir aux plus optimistes. En Russie, en Allemagne, en Italie, l’attaque est déjà déclenchée. Elle
44 e l’ont fait voir aux plus optimistes. En Russie, en Allemagne, en Italie, l’attaque est déjà déclenchée. Elle nous attein
45 oir aux plus optimistes. En Russie, en Allemagne, en Italie, l’attaque est déjà déclenchée. Elle nous atteint déjà par con
46 uvent apparaître byzantines au grand public. Il n’ en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de la personne humaine »
47 l’Empire, tout homme n’est pas une persona, il s’ en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de la pop
48 main du mot personne. Je le traduirais volontiers en langage moderne par le terme de milicien ou de soldat politique. Nous
49 fait faillite. Quelle sera la nouvelle société ? En ce point de l’évolution, dans cette angoisse, deux solutions paraisse
50 ue, qu’un acte vînt transformer cette possibilité en une vision immédiate et dynamique. Et ce fait, c’est l’événement cent
51 ux, leurs hiérarchies, leurs assemblées. Ceux qui en deviennent membres y reçoivent une assistance matérielle, mais ils y
52 , lui aussi, se trouve être à la fois autonome et en relation. Ainsi le mot avec son sens nouveau, et la réalité sociale d
53 que tendait à opprimer la liberté de la personne, en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagements séculiers, co
54 lque peu analogue à celle des débuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’individu ne tarde pas à se manifester. Ce
55 olte, c’est la Renaissance. Elle apparaît d’abord en Italie, un siècle au moins avant la Réforme. Et l’on peut la caractér
56 que désignent ces termes sont présentes, et sont en conflit à l’époque de la Réforme. Essayons de les dégager sommairemen
57 pose même pas. Les Églises locales s’organiseront en fédérations, délégueront des députés à des synodes, et il n’y aura pa
58 mes et solidaires. Elles ont leur véritable unité en Christ, et dans la communion des saints. Ici-bas, l’Église nous appar
59 e cet homme, l’isole, mais en même temps le remet en communication avec son prochain. Ainsi la dignité de chaque individu
60 ntaminé les formes et structures politiques. Nous en verrons quelques exemples. Quelle fut donc la traduction politique de
61 Charles-Quint, chez un Philippe II d’Espagne, et en France dans le parti des Guise, dans la Ligue. Plus tard, c’est ce mê
62 Mais dès que le parti protestant relève la tête, en tous pays, nous le voyons adopter une politique toute différente. Il
63 qui explique à la fois le respect des diversités en politique, et le respect des personnes dans la vie privée. L’un entra
64 pement des vocations chez leurs élèves… Mais je m’ en voudrais d’insister sur cet exemple qui me ferait la part trop belle.
65 eur. Et je ne crois pas être infidèle à sa pensée en y ajoutant cette précision : ce n’est pas la forme d’un État qui comp
66 Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue : condition de l’Église et cond
67 différences, qui ne le voit, s’atténuent d’année en année. Ce qu’il nous importe de souligner ce soir, ce sont deux trait
68 i, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, la distinction entre l’Ég
69 is, les causes de ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, la distinction entre l’Église et l’É
70 ux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à Rome et en Espagne, la distinction entre l’Église et l’État n’avait jamais été é
71 n endroit, ou mal faite, ou pas faite du tout. Il en résultait, dans le peuple, le sentiment que l’État et l’Église formai
72 conscientes de leur mission. Dans un essai publié en 1928, et intitulé L’Espagne invertébrée, le grand écrivain espagnol O
73 ’Italie et à l’Espagne catholiques, alors qu’il n’ en existe point qui se soit développé en pays « calvinistes » ou simplem
74 ors qu’il n’en existe point qui se soit développé en pays « calvinistes » ou simplement influencés par des éléments calvin
75 idère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certains qui se de
76 us n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certains qui se demandent enco
77 droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes, comme certains qui se demandent encore, par exemple, s
78 e droite, alors qu’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous avons maintenant à nous défendre, dans cette guerr
79 ort, il faut en premier lieu vaincre l’adversaire en soi-même, et pour cela, savoir le dépister. Connaître la religion tot
80 re condition pour éviter chez nous, pendant qu’il en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître
81 te l’autorité spirituelle. Il se transforme alors en une religion politique, ou encore en une politique d’allure religieus
82 sforme alors en une religion politique, ou encore en une politique d’allure religieuse. Et d’autant plus que la religion q
83 à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appeler à une instance supérieure à l’État, puisque c’est lui qui l’a
84 eprenons une des catégories que nous définissions en débutant. La religion politique, ou la politique religieuse du fascis
85 une Suisse dont les citoyens seraient chrétiens. En attendant, sachons maintenir, et étendons plus que jamais la distinct
86 de l’Église et ceux de l’État. Beaucoup de choses en dépendent, pour l’avenir immédiat ! Et enfin, sur le plan politique,
87 e bien compris le paradoxe vivant que représente, en chacun de nous, la personne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager
88 nne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté, l’homme autonome, mais aussi solidaire. Ceci nous
89 es jeunes soldats politiques dressés à l’héroïsme en masse, à l’héroïsme collectif — le plus facile ! —, mais qui n’ont pl
90 re, des personnes librement solidaires, telles qu’ en forme l’éthique protestante. Seulement, il faut que cette force reste
91 mée, même quand elle cesse d’être vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités. Cela constitue dans la cité de
92 ractère, bref, sa personnalité, car bien d’autres en ont autant qui ne sont pas pour cela en prison. Ce qu’on lui reproche
93 d’autres en ont autant qui ne sont pas pour cela en prison. Ce qu’on lui reproche, ce que l’on ne peut pas tolérer, c’est
94 d’une telle clairvoyance. Il est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mises au point. J’ai tenté
95 ssayé de vous montrer que sa doctrine représente, en sa pureté, le centre et l’axe même de la notion chrétienne de la pers
96 ne de la personne, à la fois libre et engagée. Il en résulte alors que la Réforme, et spécialement sa tendance calviniste,
97 mme tant d’autres, mais bien qu’elle doit marquer en toute clarté certaines limites, et, d’autre part, qu’elle ne doit pas
98 ne : transformons nos démocraties individualistes en démocraties vraiment personnalistes. Et surtout, n’oublions jamais qu
99 ais que l’ennemi qui se dresse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, en nous, chez nous, par
100 en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, en nous, chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien e
101 ’autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte en lui-même. Car un ennemi visible et extérieur, ce n’est jamais que l’i
8 1939, Articles divers (1938-1940). Le théâtre communautaire en Suisse (1939)
102 Le théâtre communautaire en Suisse (1939)y La Suisse est sans doute le pays où l’on joue le pl
103 rait rechercher l’origine de ce besoin d’activité en groupe que le théâtre satisfait au premier chef ? Je ne sais ; et m’e
104 tre satisfait au premier chef ? Je ne sais ; et m’ en tiendrai donc au seul problème du théâtre actuel. Nous voyons naître
105 , qui peuplent et animent de grands espaces, tout en concentrant l’attention sur un ou deux personnages dominants, les aut
106 choral est de beaucoup le plus facile à recruter en Suisse, et particulièrement dans le canton de Neuchâtel, qui m’a dema
107 éressant article d’Édouard Combe sur le Festspiel en Suisse, dans La Suisse qui chante, 1932). Cette formule me paraît plu
108 de la manière dont Arthur Honegger l’a compris : en artisan non moins qu’en génie créateur. Le travail de préparation et
109 ur Honegger l’a compris : en artisan non moins qu’ en génie créateur. Le travail de préparation et de répétition de ce spec
110 es les classes, du pêcheur d’Auvernier au docteur en droit ; fanfaristes de La Chaux-de-Fonds ; dames cousant des costumes
111 dégage de notre effort : nulle part, ailleurs qu’ en Suisse, il n’eût été possible d’imaginer et de réaliser un spectacle
112 . Rougemont Denis de, « Le théâtre communautaire en Suisse », La Suisse vue à travers l’Exposition nationale, vol. II, Zu
9 1939, Articles divers (1938-1940). Un quart d’heure avec M. Denis de Rougemont : Hitler, grand-prêtre de l’Allemagne (11 janvier 1939)
113 ur de huit mois dans une grande ville d’Allemagne en 1935-1936. Que valaient ces impressions ? Quand je suis revenu, je n’
114 rité essentielle. C’est celle que votre livre met en évidence : que le fait hitlérien est un fait religieux. Oui. Cela a é
115 ne vous est-elle apparue dès que vous êtes arrivé en Allemagne ? Je crois l’avoir discernée peu à peu, mais assez vite. Ce
116 Il m’a répondu : « Allez écouter le Führer, nous en reparlerons ensuite ». Est-ce donc une révélation que de voir Hitler 
117 er ? Ce qui est une révélation, ce qui, du moins, en a été une pour moi, c’est de voir quels liens unissent Hitler à une f
118 ique. Et tandis que cet homme s’avance lentement, en saluant d’un geste épiscopal, quarante mille bras se lèvent, et le to
119 e au sourire extasié. Mais cet homme lui-même, qu’ en pensez-vous ? Je ne l’ai vu que le jour dont je vous parle. Je l’ai v
120 oté leur rattachement au IIIe Reich. Ce n’est pas en parlant d’hystérie qu’on peut comprendre le phénomène fondamental de
121 e France le récit de la journée où j’ai vu Hitler en communion avec son peuple, je n’ai ajouté que ceci en conclusion : « 
122 ommunion avec son peuple, je n’ai ajouté que ceci en conclusion : « Chrétiens, retournez aux catacombes ! Vos cérémonies m
10 1939, Articles divers (1938-1940). Qui est Hitler ? (24 février 1939)
123 a pas grande importance, que cela ne compte guère en pareil cas. Tout au plus pourrait-on dire que s’il était très intelli
124 mboliques de l’Allemand moyen. Il ne possède rien en propre, matériellement, et ne détient aucun pouvoir précis, aucun por
125 fait par lui. Le seul trait qui me frappe encore en lui, si je le regarde en psychologue, c’est la surhumaine énergie qu’
126 ait qui me frappe encore en lui, si je le regarde en psychologue, c’est la surhumaine énergie qu’il développe pendant un d
127 cratiques lorsqu’ils se trouvent, comme à Munich, en tête-à-tête avec cet homme-symbole ! Il est clair que le phénomène Hi
128 ésistance sérieuse qu’ait rencontrée l’hitlérisme en Allemagne n’est autre que la résistance des Églises chrétiennes. Le s
11 1939, Articles divers (1938-1940). Il y a toujours des directeurs de conscience en Occident (juin 1939)
129 Il y a toujours des directeurs de conscience en Occident (juin 1939)q r I. La première partie de votre questi
130 limité au très petit nombre de personnes qui sont en mesure de les payer. Seules les directrices de magazines féminins me
131 Mon principal directeur de conscience, qui mourut en 1855, écrivait : « Si l’on veut réellement conduire un homme à un but
132 rs… Pour aider réellement un homme, il faut que j’ en sache davantage que lui, mais il faut avant tout que je sache ce qu’i
133 dre l’homme là où il est », et ensuite, il doit «  en savoir davantage que lui », c’est-à-dire qu’il doit connaître un but
134 e le baron de Crac ne pouvait pas sortir du puits en se tirant par les cheveux, aussi vrai nous est-il impossible de nous
135 e vie créée, la plénitude universelle : Dieu tout en tous. Au regard d’une telle foi, toute autre « fin » paraît trop cour
136 e serait émettre un non-sens. La foi est toujours en avant, elle s’élance vers les « choses espérées ». Elle nous dirige v
137 ête] Il y a toujours des directeurs de conscience en Occident », Volontés, Paris, juin 1939, p. 49-52. r. Réponse à une e
12 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue vu par Denis de Rougemont (8 juillet 1939)
138 s reconnaît : puissant, massif, les cheveux noirs en bataille, le geste large et le sourire généreux, voici Honegger, le m
139 gée de pipes — toutes espèces et toutes tailles — en disent long sur la méditation qui a conduit à maturité des chefs-d’œu
140 colas de Flue , la nouvelle œuvre qu’Honegger met en musique sur un texte de Denis de Rougemont. Elle sera représentée à l
141 Mais par contre cette limitation oblige à creuser en profondeur. Tout ce qui est inutile devient ennuyeux et lourd, car il
142 amatique. Outre ces dispositions techniques, vous en avez certainement pris pour faire du texte une suite s’adaptant à l’a
143 rtainement, quand Nicolas de Flue parle, il parle en slogans, si on peut dire ainsi. Ses paroles sont très concentrées et
144 l parle souvent, c’est Nicolas de Flue. On le met en vedette par des lumières et les autres composants restent dans la pén
145 spectacle. Exactement. Et j’ai composé ma musique en tenant compte de cette particularité. Les chœurs avanceront, monteron
146 guement sur les thèmes toujours riches de la mise en scène, du jeu d’acteurs, des réactions de la foule. Ce que Denis de R
147 œuvre saine et forte. C’est aussi l’inquiétude d’ en connaître les résultats. Qu’ils se rassurent ! Quand on a œuvré avec
13 1939, Articles divers (1938-1940). Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)
148 rait-on s’imaginer, en effet, l’ex-« intellectuel en chômage », qui traîna ses méditations et sa machine à écrire de la Ve
149 s méditations et sa machine à écrire de la Vendée en Languedoc, et de la province à Paris, installé dans ses meubles, avec
150 suspension et des draperies qui lui appartinssent en propre ?… Le voici à Paris pour ma chance et fort Parisien, à ce qu’i
151 sincères que peu répandues, ce jeune écrivain est en passe de se faire dans la littérature une place bien à lui et qui n’e
152 ’actualité. Je songe au Journal d’un intellectuel en chômage, et surtout au Journal d’Allemagne qui fut accueilli avec une
153 s, répond Denis de Rougemont avec ce demi-sourire en coin qui fait son charme. Mon dernier livre me paraît au contraire co
154 urtout à cet aspect de la question que j’ai songé en me mettant à l’œuvre. J’ai voulu d’abord faire un livre court traitan
155 a conception du mariage. Les idées me sont venues en travaillant. Les livres que j’ai lus m’ont mis sur la piste d’une lia
156 térature, à l’amour et la guerre, ont été trouvés en cours de route. Mais les hypothèses historiques que j’y développe ne
157 hors d’elles. Denis de Rougemont parle lentement, en pensant ce qu’il dit. Parfois s’établissent entre nous des silences q
158 oblème individuel de l’amour et du mariage. C’est en creusant les conceptions sociologiques, peut-être sous l’influence du
159 ais de ce qui est sacré dans la sociologie, que j’ en suis arrivé à envisager les problèmes collectifs. Tristan symbolise l
160 un problème sur lequel les érudits eux-mêmes sont en désaccord, au point de renoncer à toute explication. Mais vous avez s
161 e les troubadours, fleurissait dans le Languedoc, en Provence, dans une partie de l’Espagne et de l’Italie, le mouvement c
162 Italie, le mouvement cathare. D’après ce que nous en savons, il comportait des notions tout à fait comparables à celles de
163 fin d’y voir clair avant de passer à la synthèse. En écrivant L’Amour et l’Occident, vous avez réhabilité les problèmes de
164 ittérature sérieuse. Il est rare, en effet, qu’on en ait parlé en France comme de problèmes sérieux, acquiesce l’écrivain.
165 rieuse. Il est rare, en effet, qu’on en ait parlé en France comme de problèmes sérieux, acquiesce l’écrivain. Mais il en v
166 problèmes sérieux, acquiesce l’écrivain. Mais il en va différemment dans d’autres pays. Les traductions de mon livre mont
167 examiner impartialement « son » problème. Comment en êtes-vous venu à envisager le parallélisme entre la guerre et l’amour
168 ts au fait collectif de la guerre. Mais on peut — en usant ici du concept nouvellement consacré d’« inconscient collectif 
169 iologie, bien qu’ayant vécu un drame personnel, n’ en ont pas moins exercé sur la nation entière une influence qui se fait
170 te vie serait impossible. C’est ce qui se produit en Allemagne ou en Russie. C’est en ce sens que mon livre est actuel. Je
171 possible. C’est ce qui se produit en Allemagne ou en Russie. C’est en ce sens que mon livre est actuel. Je n’ai pas choisi
172 e qui se produit en Allemagne ou en Russie. C’est en ce sens que mon livre est actuel. Je n’ai pas choisi ce qu’on appelle
173 urgeoise. Et cette négligence se venge maintenant en suscitant des mouvements passionnels, tel l’hitlérisme. En homme prud
174 ant des mouvements passionnels, tel l’hitlérisme. En homme prudent. Denis de Rougemont me recommande pour terminer d’insis
175 on interview avant la publication. Saurait-on lui en vouloir de marquer une si grande méfiance à l’égard des journalistes 
176 à l’égard des journalistes ? Pour ma part, je lui en veux d’autant moins que c’est chez lui qu’il me reçoit, un chez-lui t
14 1939, Articles divers (1938-1940). Comment j’ai écrit Nicolas de Flue (3 novembre 1939)
177 imensions de la Halle des Fêtes à Zurich. C’était en septembre 1938. L’Europe entière allait mobiliser. Vous vous souvenez
178 complir ! Le message de l’ermite du Ranft prenait en ce soir-là des résonances monumentales. Cette petite scène de Stans,
179 d symbole de notre Confédération et de sa mission en Europe. Plus que jamais, dans ces heures sérieuses, plus que jamais e
15 1939, Articles divers (1938-1940). Pourquoi nous sommes là (décembre 1939)
180 , de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’ en fait, si nous sommes là, ce n’est pas pour défendre des fromages, des
181 enir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’ en prenons pas conscience, je ne donne pas lourd de notre indépendance.
16 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue : naissance d’un drame (Noël 1939)
182 e n’avais pas de sujet, et je défiais quiconque d’ en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène don
183 e sujet, et je défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu le
184 je demandai trois jours « pour réfléchir », et n’ en fis rien. J’étais certain qu’avant le terme, la catastrophe réglerait
185 relations faites par des pèlerins montés seuls ou en troupe au Ranft… Quelque chose se dessine dans l’espace : la cellule
186 s’accorder à la fois à la déclamation d’un chœur en marche et au dialogue, forcément sans nuances, de personnages quasi m
187 n instant d’hésitation, je m’adressai à Honegger. En trois mois, tout fut terminé. Mois heureux, où le temps s’écoulait au
188 où le temps s’écoulait au rythme même de l’œuvre en marche. L’accord du musicien et de l’auteur était si parfaitement pré
189 , certains traits mélodiques que j’avais inventés en composant mes chœurs et mes récitatifs, — et que je m’étais bien gard
190 (scène de Zurich, chœurs et fanfares disponibles en pays neuchâtelois). On devine aussi à quelles nécessités intimes répo
191 Parmi nous, peuple, parmi nous — parmi la foule en lourd tumulte avant le jour — aveugle proie de l’horreur désirée — pr
192 er sur le cœur de violence — apaise-nous, colombe en ce tumulte — miraculeuse ! Jusqu’au jour incertain où nous pourrons c
193 par tous les chœurs du drame : Éclatez, éclatez en cris de joie ! Oui, tous en chœur, levez-vous et chantez ! Dans l
194 : Éclatez, éclatez en cris de joie ! Oui, tous en chœur, levez-vous et chantez ! Dans la paix que notre Dieu nous env
17 1940, Articles divers (1938-1940). L’homme au poignard enguirlandé (1940)
195 tait pas de ton temps ! On allait faire la guerre en Italie pour le plaisir d’un sang violent, et quand les lansquenets tr
196 ta gueule n’est fendue !… Tu t’es creusé un trou en terre comme un cochon dans son fumier !… Ô toi mon doux petit faiseur
197 ieux muselés que ces ours du duc de Milan ramenés en laisse, après Novare, par-dessus les Alpes, jusqu’à Berne. Quant à qu
198 Manuel Deutsch. C’est un autre guerrier qui parle en ses Tragiques d’une nuit Où l’Amour et la Mort troquèrent leurs flamb
199 eutre, moins confinée dans ses moyennes, ni moins en garde contre les tentations de la grandeur. Elle est sérieuse parce q
200 aux, car avec le temps tu le retrouveras ; donnes- en une part à sept et même à huit, car tu ne sais pas quel malheur peut
201 elui de l’épargne dans tous les domaines, tuaient en nous le sens métaphysique… ⁂ Sobre dans la plus libre fantaisie, mais
202  paysages » ou des « vues » que l’« Art » dissout en impressions, et que la photo durcit et fixe comme nul regard vivant n
203 crie son indignation dans un furieux poème, et s’ en revient à Berne pour y faire la Réforme. Il écrira d’abord des jeux d
204 échismes illustrés, tout comme sa Danse des morts en était un. Le premier jeu se termine sur ce vers : Amen. Scellé avec
205 u tous les métiers », ce n’est pas un éloge, il s’ en faut, c’est plutôt une manière de lui refuser cette considération bou
18 1940, Articles divers (1938-1940). Mission spéciale (1940)
206 rer progressivement. La guerre actuelle, quels qu’ en soient les fauteurs, se trouve être dans son principe la guerre la pl
207 évidence. Et c’est cela que nous avons à défendre en défendant notre patrie : le seul avenir possible de l’Europe. Le seul
208 , de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’ en fait, si nous sommes là, ce n’est pas pour défendre d’abord notre fam
19 1940, Articles divers (1938-1940). D’un certain cafard helvétique (janvier 1940)
209 mmes qui se battent, par exemple, sont moralement en meilleure forme que ceux qui, à l’arrière, essaient de s’amuser. Par
210 les fonctions militaires me mettent journellement en rapport avec des hommes civils ou mobilisés, aux quatre coins de la S
211 sont pleins de projets et d’espoirs, qui ont cru en septembre 1939 que notre mobilisation allait ouvrir des possibilités
212 édent, — et qui, après trois ou quatre mois, sont en train comme on dit de se dégonfler. Pourquoi ? Parce que nous sommes
213 ins des esprits « trop » entreprenants. Nous nous en méfions en vertu d’un instinct démocratique tout à fait sain à l’orig
214 e, je le répète. Mais quand cet instinct dégénère en mauvaise volonté inconsciente à l’endroit de tout ce qui dépasse une
215 yens ; bien modeste, mais il faut commencer. Et j’ en profite pour dire, ici, à tous ceux qui veulent faire quelque chose —
216 siasme est tombé, l’heure est venue d’une reprise en main, d’un regroupement pour un nouveau départ. Secouer notre train-t
20 1940, Articles divers (1938-1940). Les Suisses sont-ils « à la hauteur » de la Suisse ? (20 janvier 1940)
217 de privilèges considérables, il s’agirait de nous en rendre dignes, avant même que de les défendre. Le seul moyen de conse
218 e, après tout, c’est de le mériter. Et de prouver en fait que l’on est seul à pouvoir l’exercer dignement. Or, nous chanto
219 ntons nos glaciers qui touchent aux deux, et nous en retirons d’importants bénéfices, mais nous oublions trop souvent que
220 te, la caravane en plein effort sur les glaciers. En avant donc, pour mériter cette Suisse qui nous fut donnée ! ab. Ro
21 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. I : Les voix que rien n’arrête (24 février 1940)
221 tiques et officiels ? Figurez-vous que vous êtes, en cet instant, devant un poste de radio, et que j’arrête tout exprès le
222 a face de l’Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et naguère encore, il suffisait à une natio
223 trichienne et tchécoslovaque. L’armée ne vient qu’ en dernier lieu, quand le principal a été fait par les agents secrets et
224 ament une doctrine politique tout à fait nouvelle en Europe. Ils prétendent que les nations « n’ont pas toutes les mêmes d
225 ar d’autres traités plus anciens, qui se trouvent en contradiction avec l’évolution récente de l’Histoire. Elle proclame q
226 re, si nous osons encore le proclamer, et si nous en gardons une conscience claire et forte. Elles nous mettent au défi de
227 é scolaire, officielle ou journalistique, et pour en dégager enfin la vocation concrète de la Suisse. 5. Voir La Coopér
22 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. II : Sommes-nous libres ? (2 mars 1940)
228 ont un modèle pour l’Europe. » Oui, certes. Mais, en fait, que sont devenues ces libertés illustres et antiques, ces privi
229 ’on nous envie ? Avons-nous bien le droit de nous en vanter encore, et suffit-il de s’en vanter pour qu’elles subsistent ?
230 droit de nous en vanter encore, et suffit-il de s’ en vanter pour qu’elles subsistent ? La liberté n’est pas seulement un p
231 t que les privilèges politiques, si le peuple qui en jouit ne sait pas les mériter par ses manières d’être et de penser.
232 ommes libres ! Ayons le courage de le reconnaître en toute franchise : la Suisse actuelle est un pays où l’on a peu de « v
233 nt, et que les libertés qu’il s’agit de défendre, en ce mois de mars 1940, sont avant tout nos libertés poli­tiques. Je ré
234 vont pas sans les autres, et toute notre histoire en témoigne. « Une politique de liberté ne peut être faite que par des e
235 nt les ennemis intérieurs de notre liberté ? Je n’ en désignerai ici que deux, qui vous paraîtront peut-être assez inattend
236 e dans la politique. Un mot encore, pendant que j’ en suis à ronchonner. (La prochaine fois, nous parlerons d’une manière «
237 on, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’ en doutons pas, est du côté de la tyrannie. » C’est Vinet qui parlait ai
23 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. III : Pourquoi nous devons rester neutres (9 mars 1940)
238 centrale nous exposerait à de trop grands dangers en cas de guerre, enfin, parce que notre diversité raciale et religieuse
239 nous, Suisses. Nos voisins n’ont aucune raison d’ en tenir compte, bien au contraire. Dire : nous sommes neutres uniquemen
240 é à la parole jurée, le nom l’indique, et surtout en allemand : Eid-Genossenschaft, communauté de ceux qui ont fait sermen
241 t de l’impartialité morale, qui put jouer un rôle en 1914-1918 lorsque le fameux « fossé » séparait Welches et Suisses all
242 à répondre à ceux qui nous demanderaient d’entrer en guerre ? Ni l’argument des réalistes, ni celui des juristes, ni celui
243 n la considère comme une mesure d’intérêt général en Europe. Rester neutres au nom d’un traité signé à Vienne il y a plus
244 érêts de la politique de l’Europe entière. » Et j’ en arrive, ici, au centre même de tout ce que je voulais dire dans cette
245 rdonné à la charge ; il n’avait d’autre but que d’ en faciliter l’exercice. C’est pourquoi l’on disait : Noblesse oblige. D
24 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. IV : Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)
246 eux encore, sa vocation. C’est très facile à dire en quelques mots. La vocation actuelle et historique de la Suisse, c’est
247 ue notre Suisse ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à l’Europe, sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects de n
248 ulons la sauvegarder, car on ne se défend bien qu’ en attaquant. Mais d’autre part on ne saurait attaquer avec succès que s
249 ’ont pas tort. Une vocation n’est jamais inscrite en clair dans les faits matériels. Il faut savoir l’y déchiffrer, et cel
250 us peine de divaguer dans l’utopie — mais il doit en partir justement, aller au-delà, et dans un sens qui ne peut être rév
251 ur nous tous de reconnaître la vocation suisse, d’ en revêtir la charge, d’en être les porteurs. Travaillons tout d’abord à
252 tre la vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’ en être les porteurs. Travaillons tout d’abord à la défendre, c’est-à-di
253 r d’une action de la Suisse auprès de ses voisins en guerre. Ce n’est pas encore une mobilisation spirituelle que je récla
254 arons-nous à dire très haut, dès que l’occasion s’ en montrera, ce que nous aurons à dire à nos voisins, forts que nous som
255 ns de l’ouvrage bien fait, digne d’être exposé et en bonne place, comme un modèle valable pour l’Europe de demain. Voilà u
256 est la Suisse. Il nous reste surtout à développer en profondeur ce que j’appellerai le sens fédéraliste intime, qui suppos
257 lupart des critiques auxquelles j’ai dû me livrer en débutant perdront leur légitimité. Si nous refusons de considérer le
258 ement, avec plus de générosité. Alors nous serons en état de mesurer la vraie grandeur des événements actuels, la vraie gr
25 1940, Articles divers (1938-1940). Le petit nuage (avril 1940)
259 ers, lettres et papiers personnels, je les ai mis en lieu sûr et j’ai sorti mes uniformes pour les aérer. Secundo, j’ai en
260 un léger vent d’avant-printemps suffit à dissiper en cinq minutes ? Qu’est-ce que cela au regard de la menace énorme qui d
261 où Dieu seul pourra nous sauver, lorsque le Malin en personne nous accusera, au Jugement dernier. Voilà les dimensions rée
262 œuré, il vient de démissionner (la scène se passe en 1935) et il s’attend à être abattu par l’un de ces anciens amis. Réfu
26 1940, Articles divers (1938-1940). D’un journal d’attente (pages démodées) (avril 1940)
263 dont il s’est emparé, à condition qu’on lui donne en échange quelque autre territoire ou colonie. Aujourd’hui, c’est le vo
264 elleront. On constatera l’année prochaine (s’il y en a une) que cette période de menaces de guerre aura vu concevoir moins
265 constances m’empêchent de m’absorber dans l’œuvre en cours, c’est un esprit d’autocritique qui prend la place, en moi, de
266 ’est un esprit d’autocritique qui prend la place, en moi, de l’effort créateur. J’imagine un recueil de Contredits où je r
267 es dictateurs y lancent leurs machines de culture en série… De même, sous l’influence des événements récents (état de sièg
268 le contre-pied de mon Journal d’un intellectuel en chômage , et d’insister désormais davantage sur les valeurs d’opposit
269 a loué de « penser près de la vie ». Hélas ! je n’ en suis que trop près, — et surtout de la vie des autres ! On voudrait p
270 s propres ouvrages ? Neutralisera-t-il son action en montrant lui-même ses points faibles, ou, au contraire, lui donnera-t
271 démocratie dépend de la solution qui sera donnée en fait à ce problème, au cours des mois ou des années qui viennent. Par
272 eux phénomène : tout se transpose dans mon esprit en problèmes de langage. Il est sans cesse question d’achat et de vente,
273 perdent leur personnalité, c’est la matière qui s’ en voit revêtue. 26 avril 1939 Une heure au café avec un romancier, ex-l
274 sive, ambitions délirantes, et le tréponème, et j’ en passe… Qui est fou, qui ne l’est pas ? » Il me dit hésiter souvent su
275 résistants » qui n’ont rien à sauver, et qui ne s’ en montrent que plus « durs ». Cet excité croit-il vraiment à ses idées 
276 t : son peuple tchèque.) Historien futur ! — s’il en reste — tels étaient les propos amers qui se tenaient dans le Paris d
277 entre ces deux ardeurs montées jusqu’à la haine ? En Suisse, 2 mai 1939 Combien oseraient avouer que cette menace leur ren
278 poir qu’au seuil des catastrophes générales. Et j’ en connais qui ne parviennent à leur régime normal de vie (comme un mote
279 apable est si profond, peut-être si normal, que j’ en viens à me demander si toutes nos crises ne seraient pas machinées pa
280 feront à coup sûr… La guerre qui vient n’augmente en nous ni le courage ni la peur, mais plutôt un certain cynisme. Peut-ê
281 un silence de catacombes. Centre du monde ! Il s’ en va, coudoyant la foule et traversant les lieux publics, avec cette gr
282 où elle s’était fait montrer les fameuses photos en couleur d’écrivains français et étrangers — et José Ortega y Gasset.
283 l’esprit. 24 mai 1939 Avant-hier, nous trouvâmes en rentrant une prodigieuse gerbe de roses rouges que V. O. envoyait à m
284 du, et qu’il séquestre, s’il n’y avait que du mal en lui, nous n’aurions pas de haine ni d’amertume : on ne hait pas les c
285 tons bien qu’ils nous excluent dans l’intention d’ en abuser. Ainsi l’Europe, en d’autres temps, avait haï les sans-culotte
286 ent dans l’intention d’en abuser. Ainsi l’Europe, en d’autres temps, avait haï les sans-culottes avec passion, quand ils n
287 éclairé par ce néon rouge ou bleuâtre qui sera, n’ en doutons pas, l’éclairage de l’enfer… Les clients : demi-luxe et demi-
288 ulu ressembler aux trois ou quatre types de stars en vogue. Nanties de chiens qui sentent eux-mêmes le patchouli et qu’ell
289 ment, sans cesse, je serais heureux sans cesse et en tout lieu ! Si tout dépendait d’un avenir assez lointain et assez glo
27 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure sévère (juin 1940)
290 ussir pour persévérer. » Or cette espèce est rare en Suisse, comme dans tous les petits pays où l’ère bourgeoise, ère du «
291 cision, nous opposions le scepticisme de qui ne s’ en laisse pas conter, et connaît toutes les ruses de toutes les propagan
292 ar rapport à nos sécurités. Cette inconscience, j’ en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus
293 nce, j’en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sait pas le reconna
294 l aussi mal déguisé qu’un grenadier tombé du ciel en parachute pour jouer l’ange protecteur. À l’origine de notre aveuglem
295 u malgré tout nous aime. Si nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions eu « des yeux pour
296 re sévère. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d’un
297 mière de ces questions, il n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la seconde, il pressent bien qu’on ne pourrait
298 on, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’ en doutons pas, est du côté de la tyrannie. » Et qu’il suffise enfin d’u
299 nanciers » dont une fraction minime aurait suffi, en d’autres temps, à supprimer toutes les questions sociales. Et cela no
300 les questions sociales. Et cela non pas seulement en Suisse, mais dans tous les pays de l’Europe ; non seulement sur le pl
301 lon notre justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités élémentaires sont dures. Elles ne sont pas
302 nt pouvoir conserver des privilèges hérités, tout en admirant et soutenant des chefs brutaux qui les bernaient pour mieux
303 donc commises ces millions de femmes et d’enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir
304 n’accorde un concordat qu’à celui qui se déclare en faillite. L’aveu suppose un sens des valeurs spirituelles aussi préci
305 s qui l’engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avis aux Suisses. Les Suisses ont quelque chose à
306 ef délai de grâce dont je parlais aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — et c’est fini — dont je parlais aux Suisse
307 ier — et c’est fini — dont je parlais aux Suisses en janvier de cette année — et cela fait déjà cinq mois passés8. Ce déla
308 de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans le fracas des chars
309 and on ne sait même plus qui a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en forçant l’illusion ; un peupl
310 ui a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en forçant l’illusion ; un peuple neutre, en avouant le ré
311 Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en forçant l’illusion ; un peuple neutre, en avouant le réel. Avouer ses
312 dopant, en forçant l’illusion ; un peuple neutre, en avouant le réel. Avouer ses fautes est une libération dont l’homme so
313 re, bonne pour des spectateurs… Pourtant, si nous en triomphons, elle nous donnera la force de préparer l’avenir. Il est d
314 est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de l
315 ait logique, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’à en tirer les conclusions9. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, po
28 1940, Articles divers (1938-1940). Au peuple suisse ! (22 juillet 1940)
316 qui menaçaient d’emporter leur État : d’une part en déclarant leur volonté de se défendre par les armes, d’autre part en
317 olonté de se défendre par les armes, d’autre part en se montrant capables de créer, eux aussi, un ordre neuf, à leur maniè
29 1940, Articles divers (1938-1940). Autocritique de la Suisse (août 1940)
318 à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’il n’a pas
319 qu’il n’a pas toujours bien compris. Elle exclut en principe toute doctrine unitaire, et suppose donc la connaissance trè
320 veut durer et surtout, si l’on prétend se donner en exemple. 1. Clarifions notre langage ! — Puisque le fédéralisme est u
321 , nomment « fédéral » ce qui procède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est di
322 ni de droite. Car sous l’opposition, indéfendable en théorie, des centralistes et des régionalistes, ce qui se cache en ré
323 -à-dire quelque chose d’absolument inviable s’ils en restent là, ou de radicalement antisuisse s’ils progressent. Les « li
324 lle est antifédéraliste. Tout parti politique est en puissance un petit État totalitaire et unifié, qui voudrait bien tout
325 es Espagnols se sont entretués pendant trois ans, en toute sincérité et en tout héroïsme, au nom d’une droite et d’une gau
326 ntretués pendant trois ans, en toute sincérité et en tout héroïsme, au nom d’une droite et d’une gauche extrémistes qui, d
327 ela tient à la paresse d’esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les organismes centraux ne deviennent central
328 on, la passion du bien-être matériel. Sa pente, n’ en doutons pas, est du côté de la tyrannie. » C’est Vinet qui parlait ai
329 iner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’ en souviennent, et que nos conformistes ne l’oublient pas ! 8. Intoléran
330 marquer la ressemblance entre ce qu’ils détestent en Suisse et ce qu’ils admirent au-dehors…) 9. Notre naïveté. — Elle écl
331 . De ce point de vue, nous ne sommes plus neutres en fait, nous sommes en guerre parce que victimes d’une agression systém
332 nous ne sommes plus neutres en fait, nous sommes en guerre parce que victimes d’une agression systématique et quotidienne
333 ’on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-je, fortifier nos frontières ? L
334 es géographes, plus sobres, définissent la Suisse en ces termes : « Une dépression entre deux chaînes de montagnes. » Renv
335 on Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis, en détournant ce verset de son sens spirituel, c’est toujours un blasphè
336 politique reposerait sur une faute de français, j’ en suis fâché. Ce n’est pas éternelle qu’il convient de dire, mais perpé
337 saurait désigner l’attitude adoptée par la Suisse en politique. De plus, la Suisse n’est devenue neutre qu’à partir d’un c
338 est éternel ne commence pas à un certain moment, en 1648 ou en 1815 par exemple. Tout ce qui commence à un certain moment
339 l ne commence pas à un certain moment, en 1648 ou en 1815 par exemple. Tout ce qui commence à un certain moment, dans l’hi
340 ndance, même matérielle. Nos réalistes — toujours en retard d’une guerre, d’une époque — ont récemment découvert qu’un dip
341 de chou qui, sûre de son inviolabilité, vitupère en style de cabaret une grande puissance européenne, comme s’il s’agissa
342 ats du prix Gottfried Keller 1940, publie, réunis en un volume, une série d’articles et de conférences dont il indique, da
343 nt il indique, dans son avertissement, le propos, en ces termes : “Ils sont tous nés d’un même souci de la personne et de
344 e livre, qui tend avant tout à nous faire rentrer en nous-mêmes, est une œuvre forte, un appel viril à la réflexion, un av
345 enir. Nous sommes donc particulièrement heureux d’ en présenter à nos lecteurs, à titre de spécimen, le dernier chapitre :
30 1940, Articles divers (1938-1940). Henri le Vert ou l’âme alémanique (1940)
346 oit si peu lu chez nous, si mal connu, et qu’il n’ en existe à cette heure qu’une seule et unique édition. Car ce n’est pas
347 à merveille compensé par la confiance plus naïve en la vie que manifestent par exemple les grands romans de Jérémie Gotth
31 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure de la Suisse (1er août 1940)
348 tre mission confédérale, et notre volonté de nous en rendre dignes. Mais voici le message du 1er août de cette année : le
349 ut, grâce à un sens communautaire qui doit rester en exemple à l’Europe. C’est l’esprit de liberté des communes du Gothard
350 seule fois dans l’histoire la Suisse a succombé : en 1798. Les causes de cette défaite sont bien connues, elles nous avert
351 a vaincre n’est pas d’un homme sage. » (Napoléon, en 1802.) L’idée suisse renaissait, contre toute espérance. Un tel passé
352 ois supérieures, et qu’elle ne s’est maintenue qu’ en acceptant la lutte même sans espoir. Un siècle de sécurité et de conf
353 toujours maintenue. Mais on ne se défend bien qu’ en attaquant. On ne maintient un héritage qu’en travaillant à l’enrichir
354 n qu’en attaquant. On ne maintient un héritage qu’ en travaillant à l’enrichir. Ainsi la Suisse ne survivra aux révolutions
355 voisées. Eh bien ! sachons transformer ce vestige en germe d’une Europe nouvelle, réconciliée avec elle-même et tolérante 
356 tendre que le voisin se décide, mais au contraire en prenant les devants pour le forcer à se décider. Donnons au monde un
357 à, pour notre défense militaire, des mesures qui, en d’autres temps, eussent passé pour révolutionnaires : la caisse de co
358 ou le fait de payer des impôts quadruplés. Ils n’ en représentent pas moins la condition première de toute rénovation prat
359 es. Si mes lecteurs les approuvent et les mettent en pratique aussitôt, ils auront célébré, mieux que par l’éloquence la p
32 1940, Articles divers (1938-1940). Un fondateur de la Ligue du Gothard part pour quatre mois aux États-Unis : M. Denis de Rougemont nous dit… (23 août 1940)
360 de la notice suivante : « M. Denis de Rougemont s’ en va. Telle est la nouvelle dont on parlait sous le couvert depuis quel
361 “Ligue du Gothard”. Non, M. Denis de Rougemont s’ en va en Amérique parce qu’il vient d’être chargé par la fondation “Pro
362 e du Gothard”. Non, M. Denis de Rougemont s’en va en Amérique parce qu’il vient d’être chargé par la fondation “Pro Helvet
363 dont la musique est d’Arthur Honegger, sera jouée en oratorio, c’est-à-dire dans sa partition réduite pour un récitant, à
364 s à l’œuvre tout d’abord sur le terrain cantonal, en bonne fédéraliste qu’elle s’affirme. »
33 1940, Articles divers (1938-1940). La Ligue du Gothard : raisons d’espérer (13 septembre 1940)
365 s. Duttweiler ne nous a pas donné un sou, quoi qu’ en dise une certaine presse qui ne se défend plus qu’à coup de calomnies
366 où il nous fait part de la nouvelle de son envoi en mission de trois mois aux États-Unis, afin d’y prendre contact avec l