1
atique et symbolique. Au cours des derniers mois,
il
semble bien que nous l’ayions redécouverte. Liehburg l’a décrite dans
2
s sa dernière déclaration aux chambres fédérales.
Il
se peut que l’aspect pratique de cette mission ait perdu de son impor
3
e dans le système des communications européennes.
Il
est probable que le Gothard ne jouera plus jamais le rôle unique et d
4
e jouera plus jamais le rôle unique et décisif qu’
il
jouait au temps du Saint-Empire. Mais alors l’aspect symbolique de la
5
, cœur physique de l’Europe médiévale. Désormais,
il
nous appartient de proclamer la signification spirituelle de cette mê
6
té de la personne et des institutions fondées sur
elle
. ⁂ La personne, ce n’est pas l’individu enfermé dans ses droits égoïs
7
ue les déviations et les maladies périodiques. Or
il
se trouve que la devise antique de notre Confédération est précisémen
8
un ! Ainsi, dès l’origine, la Suisse s’affirme-t-
elle
comme la gardienne du secret de l’Europe, de sa vraie force et des va
9
dienne de la doctrine commune à tous les peuples,
elle
n’a pas d’autre rôle ni d’autre vocation. Elle n’est pas elle-même un
10
s, elle n’a pas d’autre rôle ni d’autre vocation.
Elle
n’est pas elle-même une nation, mais elle est davantage que cela : el
11
cation. Elle n’est pas elle-même une nation, mais
elle
est davantage que cela : elle est le lieu et la formule du génie prop
12
me une nation, mais elle est davantage que cela :
elle
est le lieu et la formule du génie propre de l’Europe. Et voilà pour
13
ngereuse pour notre État que l’anarchie ancienne.
Elle
tend à nier notre mission. Elle tend à nier l’existence de tout ce qu
14
narchie ancienne. Elle tend à nier notre mission.
Elle
tend à nier l’existence de tout ce qui ne serait pas une grande natio
15
la langue et de la force militaire. Par là même,
elle
s’attaque à la tradition créatrice de l’Occident, — et elle menace en
16
aque à la tradition créatrice de l’Occident, — et
elle
menace en premier lieu sa garde neutre. L’esprit totalitaire est une
17
se des raisons d’être de la Suisse n’a été, comme
elle
l’est aujourd’hui, une condition vitale de notre existence même. ⁂ Je
18
elevé trois au début de cet article, bien minimes
il
est vrai, mais assez nets et assez neufs. Il y en a d’autres, très ty
19
imes il est vrai, mais assez nets et assez neufs.
Il
y en a d’autres, très typiques, dans l’attitude de nos syndicats, qui
20
de le mener à chef dans le plus court délai. Car
il
y va de l’existence même de notre État, et au-delà : de l’espoir d’un
21
é. Car : 1° nous perdrons notre raison d’être, et
il
n’est pas d’exemple dans l’Histoire qu’un État qui a perdu sa raison
22
es années. L’exemple de l’Autriche est éclatant ;
il
l’est même trop pour que j’insiste… 2° nous ne pouvons devenir qu’une
23
ues-uns de ses poèmes en traduction. Je savais qu’
il
était le chef de file du groupe le plus vivant des écrivains de Hongr
24
is me proposèrent de l’aller voir à Esztergom, où
il
passe les étés. J’eus ce bonheur de découvrir une terre et une race p
25
i des notes prises au retour de ce petit voyage ;
il
est resté merveilleusement vivant dans ma mémoire, et je ne puis plus
26
s sur son large front, belle carrure ruisselante,
il
nous sourit, dans l’eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons
27
vins dorés et doux que nous verse Ilonka Babits (
elle
est poète aussi, et très belle). Nous inscrivons nos noms au charbon
28
gyai fouille la plaine à la longue-vue et rêve qu’
il
y est, je grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre
29
ntre tout en blanc arrive par les vignes, ah ! qu’
il
fait beau temps, l’horizon est aussi lointain qu’on l’imagine, tout a
30
u’est la guerre totale, cancer de notre « paix ».
Il
n’y a de liberté possible pour les communes et les personnes que sur
31
eau. Quant aux moyens d’y parvenir, de l’imposer,
ils
relèvent d’une action spirituelle au premier chef, et vous savez que
32
ici les positions de l’Ordre nouveau. On sait qu’
il
s’agit d’une dichotomie, rationnelle, mais dont nous discuterons la p
33
e livres sur la Russie soviétique ou stalinienne,
il
est temps que le public français commence à se renseigner sur la ques
34
t immédiate. Le livre de M. Rivaud nous y aidera.
Il
faut le lire avant de lire Mein Kampf ou les traductions plus ou moin
35
r l’intention qui préside à la « description » qu’
ils
nous offrent. Certes, il est malaisé de se renseigner exactement sur
36
à la « description » qu’ils nous offrent. Certes,
il
est malaisé de se renseigner exactement sur le fonctionnement d’un ré
37
peut corriger les chiffres officiels. Mais alors,
il
faudrait citer ses sources avec plus de minutie, et quand on donne un
38
indirecte de la production ». Mais par ailleurs,
il
semble qu’au contraire, ce sont les trusts qui ont absorbé les petite
39
toriser mieux le terme de « socialisme agraire ».
Il
faut recommander spécialement la lecture du chapitre sur le Reichsnäh
40
e Reichsnährstandg (office d’alimentation). Quand
il
parle des doctrines nazies, on doit reprocher à M. Rivaud de mêler tr
41
damne l’hitlérisme. Par ailleurs, en effet, quand
il
parle des méthodes nazies d’usage interne, en politique et en économi
42
ration que lui inspirent les Allemands : c’est qu’
il
voit dans ces méthodes l’antithèse exacte de ce qui se passe en Franc
43
critiques n’empêchent personne de lire ce livre !
Elles
n’ont pour but que de faciliter une lecture à tant d’égards urgente e
44
rale. Minuit praesentia famam, dit le latin. Mais
il
n’est plus question de reculer. En publiant mon Journal , je suis en
45
’ai même confessé certaines de mes superstitions.
Il
ne me reste qu’à persévérer, et c’est ce que je vais faire en vous co
46
on travail, tout au moins par sa quantité, sera-t-
il
un peu moins indigne du grand honneur que vous lui faites… ⁂ L’un des
47
ions de l’écrivain avec les hommes parmi lesquels
il
vit ; enfin des relations de l’auteur et de son public. Or vous n’ign
48
ue mon souci tout helvétique de dire le vrai, fût-
il
désobligeant, m’amenait à reconnaître que ces relations ne sont pas b
49
s. J’allais même jusqu’à dire, dans mon livre, qu’
elles
sont en état de crise aiguë. Il me semblait que les hommes de la cité
50
mon livre, qu’elles sont en état de crise aiguë.
Il
me semblait que les hommes de la cité actuelle ont bien du mal à comm
51
u mal à communier dans une même vérité vécue ; qu’
ils
sont souvent d’autant plus seuls qu’ils se voient contraints par le s
52
écue ; qu’ils sont souvent d’autant plus seuls qu’
ils
se voient contraints par le sort de vivre tous ensemble dans les vill
53
r le sort de vivre tous ensemble dans les villes.
Il
me semblait aussi que le langage des écrivains était devenu, ou était
54
ai public d’un livre comme le Journal , celui qu’
il
cherche et qu’il espère rejoindre avant tout autre. Et c’est pourquoi
55
vre comme le Journal , celui qu’il cherche et qu’
il
espère rejoindre avant tout autre. Et c’est pourquoi j’ose voir dans
56
r dans nos cantons paisibles. Pourquoi n’y aurait-
il
pas de nos jours, sous une forme plus pacifique1, des écrivains qui r
57
ontraire, au sens patriotique de nos ancêtres. Et
il
se peut que de nos jours, où la Suisse apparaît de plus en plus comme
58
e à venir, fédérant ses précieuses différences, —
il
se peut que ce service européen soit précisément dans la ligne d’une
59
t dans la ligne d’une vocation d’écrivain suisse.
Il
faut de tout pour faire une Suisse, surtout dans le plan de la cultur
60
e une Suisse, surtout dans le plan de la culture.
Il
faut d’abord des hommes comme Ramuz, qui représentent la Suisse en so
61
ient des valeurs européennes. Mais peut-être faut-
il
ensuite, et à côté, des hommes qui essaient de représenter l’idée de
62
es hommes qui soient des Suisses par cela même qu’
ils
essaient d’être des Européens. C’est dans cette tradition — celle d’u
63
reconnaissance. 1. Et non plus mercenaire, faut-
il
le préciser ? h. Rougemont Denis de, « Réponse de Denis de Rougemon
64
on pas que leurs données soient différentes. Mais
elles
n’ont pas le même sens. Je m’explique. Il n’y a pas une manière chrét
65
Mais elles n’ont pas le même sens. Je m’explique.
Il
n’y a pas une manière chrétienne et une manière athée de réussir une
66
oman, de même. Mais tout ce que fait un chrétien,
il
le dédie à la gloire de Dieu, et c’est là toute la différence. Dira-t
67
eu, et c’est là toute la différence. Dira-t-on qu’
elle
n’est guère visible ? En effet, elle ne l’est pas. Il n’y a de visibl
68
Dira-t-on qu’elle n’est guère visible ? En effet,
elle
ne l’est pas. Il n’y a de visible, dans un roman, que sa technique, s
69
’est guère visible ? En effet, elle ne l’est pas.
Il
n’y a de visible, dans un roman, que sa technique, son métier, sa réu
70
r chrétien n’a pas à se préoccuper des résultats.
Il
ne saurait les prévoir, puisque c’est Dieu seul qui convertit les hom
71
tre de se maintenir en état de service pendant qu’
il
crée. Je suis d’accord avec Mauriac : le seul problème est de « purif
72
dire mauvaise littérature. Aux yeux d’un croyant,
il
n’est pas de comparaison possible entre la situation du romancier chr
73
ensuite Dieu se sert de lui et de son œuvre comme
il
Lui plait. Mais je m’aperçois que ce point de vue est sans doute typi
74
t peut-être, dans une certaine mesure, pourquoi «
il
n’est pas question d’une littérature protestante ». En effet : le pro
75
que l’expression de sa foi au sein du monde réel.
Elles
ne valent rien en elles-mêmes, hors de leur qualité technique. Elles
76
n en elles-mêmes, hors de leur qualité technique.
Elles
sont un service ; elles ne sont pas au service d’une cause ou d’un pa
77
e leur qualité technique. Elles sont un service ;
elles
ne sont pas au service d’une cause ou d’un parti, fût-il baptisé « ch
78
ont pas au service d’une cause ou d’un parti, fût-
il
baptisé « chrétien ». (Je parle idéalement : nous avons nous aussi un
79
nible « littérature protestante » d’édification.)
Elles
sont encore une action de grâce, comme le Magnificat de Bach. Pour pr
80
igne le Christ, au-dessus des déserts du monde. «
Il
faut qu’il croisse et que je diminue. » Et nous dirions de notre publ
81
ist, au-dessus des déserts du monde. « Il faut qu’
il
croisse et que je diminue. » Et nous dirions de notre public ce que d
82
presque toujours par d’autres voies que celles qu’
il
nous plaisait d’imaginer… j. Rougemont Denis de, « Littérature et
83
s. Ce n’est pas à l’Université que j’appris ce qu’
il
faut savoir pour vivre la vie dite sérieuse. Ce qui fait que l’on gag
84
rience. Or l’Université ne saurait les donner. Et
il
serait bien sot, il serait même barbare de le lui reprocher un seul i
85
ité ne saurait les donner. Et il serait bien sot,
il
serait même barbare de le lui reprocher un seul instant. Nous attendo
86
Je puis le dire à sa louange : ce que j’ai reçu d’
elle
, de plus précieux, c’est ce qu’elle m’a donné sans le vouloir : une a
87
e j’ai reçu d’elle, de plus précieux, c’est ce qu’
elle
m’a donné sans le vouloir : une atmosphère, un milieu de vie, et bien
88
veur. Je sais : toutes les générations ont cru qu’
elles
étaient la dernière à cultiver le romantisme. La nôtre se crut la pre
89
omantisme. La nôtre se crut la première, parce qu’
elle
était horriblement surréaliste ! J’ignore si les volées qui ont suivi
90
qui ont suivi ont été aussi folles que nous, et s’
il
serait décent de le souhaiter. Mais c’est avec plus de tendresse que
91
tif et prolongé… Pendant des mois, ai-je dit, car
il
fallait d’abord choisir la pièce, puis la préparer, la jouer, la prom
92
rants, ignorant tout du sens réel de notre drame.
Ils
nous voyaient passer, cheveux au vent, des foulards rouges négligemme
93
, et dont nous n’étions même pas toujours sûrs qu’
elle
fût réelle — mais qu’importait ? Quelques-uns, pourtant, s’y brûlèren
94
s’y brûlèrent. Et voilà qui me donne à penser qu’
il
n’y avait pas en jeu, dans tout cela, rien qu’une innocente fantaisie
95
r aux yeux du monde moderne une de ces vérités qu’
il
méconnaît, mais qui lui survivra sans doute : c’est que la culture n’
96
méprisé ou condamné comme un péché envers l’État.
Il
m’a semblé que cette petite morale du loisir ne serait pas déplacée c
97
ir et de l’amitié. Vraiment, quel danger y aurait-
il
à faire l’éloge d’une certaine paresse dans une occasion de ce genre
98
e, ou en tout cas digne de réflexion, car c’est à
elle
précisément que je me propose de répondre ici. Comment passer du zéro
99
se, des Apôtres jusqu’à Luther. Devant le danger,
ils
serrent les rangs. Ils se mettent à compter leurs forces, à recenser
100
Luther. Devant le danger, ils serrent les rangs.
Ils
se mettent à compter leurs forces, à recenser tous leurs appuis. Et c
101
. Mais attention ! Cette interrogation pressante,
il
ne s’agit pas de lui offrir n’importe quelle réponse flatteuse ou app
102
euse ou approximative. Et ce besoin de certitude,
il
s’agit de la combler en vérité. La menace est sérieuse, les événement
103
emagne, en Italie, l’attaque est déjà déclenchée.
Elle
nous atteint déjà par contrecoup, et il est sage de s’attendre à bien
104
enchée. Elle nous atteint déjà par contrecoup, et
il
est sage de s’attendre à bien pire. C’est donc le moment ou jamais de
105
tions de personne, d’individu et de personnalité.
Il
existe un mouvement personnaliste qui a pris pour tâche de démêler ce
106
our tâche de démêler ces notions et de fonder sur
elles
un ordre social renouvelé. Des philosophes tels que Maritain du côté
107
e, peuvent apparaître byzantines au grand public.
Il
n’en reste pas moins que le mot d’ordre « Défense de la personne huma
108
ance particulière pour notre pensée réformée. Car
il
se trouve que nous passons, nous protestants, tantôt pour les fermes
109
dualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’
il
s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à dire, peut-êtr
110
l’évolution de l’Europe, et quel principe central
elle
doit y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’a
111
roi, que se rassemble la société primitive. Ce qu’
elle
adore, c’est ce qu’elle craint, c’est ce qui la terrorise. Une sociét
112
société primitive. Ce qu’elle adore, c’est ce qu’
elle
craint, c’est ce qui la terrorise. Une société ainsi formée a pour ca
113
e. (On ne discute pas ce qui est sacré.) De plus,
elle
est radicalement grégaire et xénophobe. Mais supposez maintenant qu’u
114
isent : on les considère comme des criminels, car
ils
ont profané l’élément sacré du groupe. On les expulse : voilà les pre
115
nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’
il
nous dit : Connais-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience de
116
trifuge, par rapport à la communauté d’origine, s’
il
se confond d’abord, soulignons-le, avec l’intelligence et la raison,
117
ison, ne tarde pas à affaiblir les liens sociaux.
Il
s’oriente vers l’anarchie. À ce moment, se produit fatalement ce que
118
nctionnera d’ailleurs d’autant plus facilement qu’
il
n’aura plus affaire qu’à une poussière d’individus déracinés, n’offra
119
e d’une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’
il
stérilise peu à peu toutes les initiatives vivantes, et qu’il finit p
120
peu à peu toutes les initiatives vivantes, et qu’
il
finit par s’effondrer sous le poids de son appareil dévorateur. Et ce
121
Dans l’Empire, tout homme n’est pas une persona,
il
s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de l
122
la population, ne sont pas des personnes, puisqu’
ils
ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est important de
123
ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État.
Il
est important de rappeler ce sens romain du mot personne. Je le tradu
124
de la communauté barbare du sang. Mais plus tard
elle
a sombré dans l’anarchie. Et à son tour, la Rome étatique s’écroule s
125
êve d’un avenir éternel, d’une révélation inouïe.
Il
s’agit donc de l’attente d’une communauté progressive. La réalisation
126
de la réaliser et de la faire sortir de l’utopie.
Il
fallut qu’un fait historique, qu’un acte vînt transformer cette possi
127
dées sur le passé ni sur des origines communes. «
Il
n’y a plus ni Juif ni Grec », écrit saint Paul. Elles ne tiennent com
128
l n’y a plus ni Juif ni Grec », écrit saint Paul.
Elles
ne tiennent compte ni de la race, ni des traditions, ni du rang socia
129
citoyens riches. Leur lien n’est pas terrestre :
il
est dans l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre : il s’est assis au
130
t dans l’au-delà. Leur chef n’est pas terrestre :
il
s’est assis au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne
131
itions non plus ne sont pas terrestres, car ce qu’
elles
attendent, c’est la fin des temps. Et cependant, ces communautés étra
132
t bel et bien les germes d’une société véritable.
Elles
ont leur organisation sociale, leurs chefs locaux, leurs hiérarchies,
133
mbres y reçoivent une assistance matérielle, mais
ils
y trouvent aussi des possibilités de servir leurs frères. Ils se voie
134
nt aussi des possibilités de servir leurs frères.
Ils
se voient donc libérés, et du même coup engagés dans un corps social
135
du et son rôle actif de persona. Spirituellement,
il
se produit un phénomène parallèle : le païen qui se convertit se voit
136
’une part racheté de son péché ; et d’autre part,
il
reçoit une mission nouvelle, une vocation. Il devient le serviteur du
137
rt, il reçoit une mission nouvelle, une vocation.
Il
devient le serviteur du Maître qui le libère. Ainsi, spirituellement
138
service du prochain dans la mesure précisément où
ils
se sentent libérés par leur foi dans le Christ, leur Maître. Ces homm
139
service ne sont nullement contradictoires, puisqu’
ils
traduisent deux aspects complémentaires d’une seule et même réalité :
140
chrétienne. Ce n’est pas l’individu grec, puisqu’
il
se soucie davantage de servir que de se distinguer. Et ce n’est pas n
141
endante de son rôle social. Comment le baptiser ?
Il
faut un mot nouveau. Ou plutôt non : c’est à un mot déjà connu que l’
142
a repris peu à peu l’héritage de l’Empire romain.
Elle
s’est peu à peu substituée aux cadres sclérosés du vieux régime. La c
143
acrée, de société sacrale d’allure collectiviste.
Il
fallait le prévoir. En effet, la personne chrétienne était une sorte
144
personne chrétienne était une sorte de paradoxe :
elle
unissait l’individu libre et la persona ou fonction sociale, dans un
145
manifester. Cette révolte, c’est la Renaissance.
Elle
apparaît d’abord en Italie, un siècle au moins avant la Réforme. Et l
146
ins propres aux dogmes sacrés de la collectivité.
Il
revendique le droit de discuter, c’est-à-dire le libre examen de tout
147
r, c’est-à-dire le libre examen de toutes choses.
Il
est assoiffé de gloire et de richesse, de sa propre gloire et de sa p
148
a propre gloire et de sa propre richesse, fussent-
elles
acquises aux dépens de sa famille et de sa cité, aux dépens même de l
149
sans responsabilité par rapport à la société. Qu’
il
s’agisse de libre examen, de crimes, de soif de gloire et de richesse
150
fanation que l’on opère. Du moins ces gestes sont-
ils
ressentis comme tels à cette époque. Or il est évident que cet indivi
151
sont-ils ressentis comme tels à cette époque. Or
il
est évident que cet individualisme est un retour du paganisme grec. M
152
ividualisme est un retour du paganisme grec. Mais
il
est non moins évident qu’il représente une réaction inévitable à la d
153
paganisme grec. Mais il est non moins évident qu’
il
représente une réaction inévitable à la déviation romaine de la commu
154
lvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi.
Ils
n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils ne paraissent même pas
155
oi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste,
ils
ne paraissent même pas avoir entrevu la possibilité ou l’intérêt d’un
156
possibilité ou l’intérêt d’un tel problème. Mais
ils
ne parlent pas non plus de l’individu ou de la collectivité, et cepen
157
fidélité de l’Église à la Parole de Dieu. Jamais
ils
n’ont admis d’être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes
158
t à restaurer la doctrine de l’Église, de même qu’
elle
a consisté accidentellement, sur le plan politique, à combattre sur d
159
, mais pour sauver l’Église véritable, car, écrit-
il
, « si personne n’allait au-devant pour rembarrer ces deux vices, tout
160
r les constitutions ecclésiastiques des villes où
il
avait une autorité immédiate, Strasbourg et Genève. Le problème ne se
161
ations, délégueront des députés à des synodes, et
il
n’y aura pas de pape pour unifier temporellement toutes ces cellules
162
s ces cellules vivantes, autonomes et solidaires.
Elles
ont leur véritable unité en Christ, et dans la communion des saints.
163
de l’homme chrétien, du membre de l’Église, mais
il
apporte une précision capitale à la définition de la personne. À tel
164
que individu est garantie non pas du seul fait qu’
il
existe physiquement, mais du fait qu’il peut incarner une volonté par
165
l fait qu’il existe physiquement, mais du fait qu’
il
peut incarner une volonté particulière de Dieu. Et dès lors, cet homm
166
as seulement le droit d’être respecté par l’État,
il
a surtout le devoir d’agir, en tant qu’il est chargé d’une responsabi
167
l’État, il a surtout le devoir d’agir, en tant qu’
il
est chargé d’une responsabilité unique dans la société, à sa juste pl
168
désobéissance. Calvin précise que l’État, quel qu’
il
soit, doit être obéi par chacun. Mais il ajoute une restriction mémor
169
quel qu’il soit, doit être obéi par chacun. Mais
il
ajoute une restriction mémorable, qui figure en particulier dans le s
170
plan strictement ecclésiastique, c’est vrai. Mais
il
était inévitable et normal que ce type de relations influençât peu à
171
peu forcée à certains historiens méticuleux. Mais
elle
devient presque évidente dès que l’on réfléchit aux deux questions su
172
princes. Et partout, les chefs protestants quand
ils
le purent, proposèrent au contraire des plans d’allure et d’intention
173
le voyons adopter une politique toute différente.
Il
ne tombe jamais dans le piège d’opposer à l’absolutisme romain un abs
174
e romain un absolutisme réformé. Au contraire. Qu’
il
s’agisse de la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’
175
de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’
il
s’agisse des Provinces-Unies des Pays-Bas ; qu’il s’agisse des fédéra
176
il s’agisse des Provinces-Unies des Pays-Bas ; qu’
il
s’agisse des fédérations de défense constituées par les huguenots ; o
177
buent à ces faits des causes politiques précises.
Ils
disent que la Réforme a triomphé surtout dans les petits États qui ép
178
homme ne vaut rien par lui-même, dit Calvin, mais
il
vaut plus que tout, plus que l’État lui-même, dans certains cas, par
179
t de sa vocation. C’est à cause de sa vocation qu’
il
est à la fois libre et engagé, autonome et pourtant responsable au se
180
ofondément et quotidiennement cette doctrine peut-
il
comprendre mieux que tout autre le paradoxe politique du fédéralisme
181
ire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’
il
s’agit. L’histoire n’est jamais qu’un tremplin pour mieux sauter en p
182
t jamais préoccupé de la forme des gouvernements.
Il
insiste à maintes reprises sur le fait que monarchies, oligarchies et
183
vent être obéies comme telles. Une fois cependant
il
marque une préférence, mais de l’ordre le plus général. C’est lorsqu’
184
ce, mais de l’ordre le plus général. C’est lorsqu’
il
écrit : « Le meilleur état de gouvernement est celui-là où il y a une
185
liberté bien tempérée et pour durer longuement. »
Il
me semble que le spectacle de l’Europe contemporaine donne raison au
186
e d’un État qui compte, mais bien la condition qu’
il
ménage à l’Église, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous
187
qu’il ménage à l’Église, et l’idée de l’homme qu’
il
suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue : condition d
188
i ne le voit, s’atténuent d’année en année. Ce qu’
il
nous importe de souligner ce soir, ce sont deux traits évidemment com
189
leur opposition brutale au christianisme, dès qu’
ils
sont assez forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne.
190
bon endroit, ou mal faite, ou pas faite du tout.
Il
en résultait, dans le peuple, le sentiment que l’État et l’Église for
191
oujours inconsciemment la structure du pouvoir qu’
elle
vient de renverser. Ainsi les jacobins se firent centralistes comme l
192
ler se firent césaropapistes comme les régimes qu’
ils
venaient d’abattre, mais beaucoup plus rigoureusement, car la religio
193
eaucoup plus rigoureusement, car la religion dont
ils
étaient les chefs était une religion de guerre, possédant toute la vi
194
« Fort différentes sur beaucoup de points, écrit-
il
, elles offrent ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux d’un
195
ort différentes sur beaucoup de points, écrit-il,
elles
offrent ceci de commun qu’elles souffrent toutes les deux d’un manque
196
points, écrit-il, elles offrent ceci de commun qu’
elles
souffrent toutes les deux d’un manque évident et permanent d’individu
197
endre que le destin de ces pays, du fait de ce qu’
il
nomme « l’absence des meilleurs », ne saurait être que l’absolutisme.
198
ion entre l’Église et l’État, et que d’autre part
il
a toujours favorisé le développement de la personne et donc la format
199
a connaissance, n’a jamais été signalé : c’est qu’
il
existe une forme de fascisme correspondant à la Russie orthodoxe, une
200
t à l’Italie et à l’Espagne catholiques, alors qu’
il
n’en existe point qui se soit développé en pays « calvinistes » ou si
201
par exemple, disparaît en tant qu’Église vivante,
il
reste dans le pays une empreinte césaropapiste, d’où l’État totalitai
202
rsque le calvinisme cesse d’être une foi vivante,
il
laisse derrière lui une empreinte tout à fait différente : une espèce
203
certains qui se demandent encore, par exemple, s’
il
est de gauche ou de droite, alors qu’il est du diable, et que c’est e
204
xemple, s’il est de gauche ou de droite, alors qu’
il
est du diable, et que c’est en chrétiens que nous avons maintenant à
205
eur, le seul moyen de se défendre — surtout quand
il
s’agit des choses de l’esprit — c’est de connaître l’adversaire afin
206
aître et de tuer les plus secrètes complicités qu’
il
a su ménager dans nos cœurs. Pour rester fort, il faut en premier lie
207
il a su ménager dans nos cœurs. Pour rester fort,
il
faut en premier lieu vaincre l’adversaire en soi-même, et pour cela,
208
mière condition pour éviter chez nous, pendant qu’
il
en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaît
209
toujours étroitement dépendante de l’attitude qu’
il
prend vis-à-vis de l’Église et du fait religieux en général. Un régim
210
ieux en général. Un régime est totalitaire lorsqu’
il
prétend centraliser radicalement tous les pouvoirs temporels et toute
211
uvoirs temporels et toute l’autorité spirituelle.
Il
se transforme alors en une religion politique, ou encore en une polit
212
e religieuse. Et d’autant plus que la religion qu’
il
adopte est, comme dans le cas des fascismes et du communisme, une rel
213
politique, et même se confondent avec eux. Alors
il
n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spiri
214
est lui qui l’a créée pour ses seules fins, et qu’
il
n’existe rien au-delà. Pour définir une telle communauté, reprenons u
215
la race, la tradition, les morts. Voilà pourquoi
elle
est intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut
216
illes sont passées » selon la parole de l’Apôtre.
Elle
n’admet pas la conversion spirituelle, à partir de laquelle il n’y a
217
s la conversion spirituelle, à partir de laquelle
il
n’y a plus ni Juifs ni Grecs. Elle ne demande pas : que crois-tu ? qu
218
rtir de laquelle il n’y a plus ni Juifs ni Grecs.
Elle
ne demande pas : que crois-tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : q
219
demande pas : que crois-tu ? qu’espères-tu ? mais
elle
demande : quels sont tes morts ? Religion du sang, religion de la ter
220
rice du sang et le culte des morts sacrés, même s’
il
s’agit, comme c’est le cas, de métaphores anodines, d’éloquence de ti
221
nnaître les premières racines de quelque chose qu’
il
ne faut pas laisser grandir. On nous parle, avec les meilleures inten
222
r soi », prouvent ainsi les uns et les autres, qu’
ils
n’ont pas encore bien compris le paradoxe vivant que représente, en c
223
cun de nous, la personne : l’homme qui sait ce qu’
il
doit engager tout en gardant sa liberté, l’homme autonome, mais aussi
224
ne autorité qui transcende et limite son pouvoir,
il
n’y a plus aucun recours de l’individu à l’absolu divin, donc il n’y
225
ucun recours de l’individu à l’absolu divin, donc
il
n’y a plus aucune liberté. Tous les abus de pouvoir deviennent possib
226
ative que dans les cadres qu’on leur a prescrits.
Elles
ne valent rien hors de là, par elles-mêmes. Cette manière de créer de
227
lement, la force préventive, inattaquable tant qu’
elle
reste pure, des personnes librement solidaires, telles qu’en forme l’
228
les qu’en forme l’éthique protestante. Seulement,
il
faut que cette force reste pure ! Car de même que le culte de la terr
229
ue le culte de la terre et des morts, pour peu qu’
il
vienne à s’accentuer, risque de nous conduire un jour par une voie di
230
is-ci, d’une manière indirecte, du simple fait qu’
ils
affaiblissent nos résistances spirituelles. C’est ici de nos vertus m
231
es spirituelles. C’est ici de nos vertus mêmes qu’
il
importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop huma
232
vons nous réjouir que la foi réformée, même quand
elle
cesse d’être vivante, laisse en se retirant beaucoup de personnalités
233
itaire. Mais du point de vue proprement chrétien,
il
faut alors rappeler que la personnalité, si grande soit-elle, devant
234
lors rappeler que la personnalité, si grande soit-
elle
, devant Dieu c’est zéro. Et si l’on se borne au social, il faut prévo
235
t Dieu c’est zéro. Et si l’on se borne au social,
il
faut prévoir que ces personnalités, ces caractères bien trempés, se f
236
i aussi, des personnalités énergiques, mais ce qu’
il
ne peut ni ne veut former, ce sont justement des personnes, des vocat
237
ses véritables adversaires, les seuls sérieux, et
il
le sait ! Si Niemöller est dans un camp de concentration, prisonnier
238
r le bénéfice exclusif d’une telle clairvoyance.
Il
est temps de tirer, en deux mots, la conclusion de cette série de mis
239
ienne de la personne, à la fois libre et engagée.
Il
en résulte alors que la Réforme, et spécialement sa tendance calvinis
240
nous ont repris au sérieux la théologie réformée.
Il
nous reste à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de
241
er un programme comme tant d’autres, mais bien qu’
elle
doit marquer en toute clarté certaines limites, et, d’autre part, qu’
242
te clarté certaines limites, et, d’autre part, qu’
elle
ne doit pas hésiter à appuyer certaines revendications conformes au D
243
», mais dans le sens du hic et nunc chrétien. Or
il
se trouve qu’ici et maintenant, notre situation ressemble fort à cell
244
n’a pas d’autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’
il
porte en lui-même. Car un ennemi visible et extérieur, ce n’est jamai
245
ivilégié ? Serait-ce enfin dans le fédéralisme qu’
il
faudrait rechercher l’origine de ce besoin d’activité en groupe que l
246
ierre d’une arène destinée à 400 000 spectateurs.
Il
est clair que de telles proportions anéantissent matériellement toute
247
nt imposées par l’occasion de la représentation —
il
s’agissait de l’Exposition nationale de 1939 — par les dimensions de
248
ce solitaire a été grand, c’est parce qu’un jour
il
a tout sacrifié au salut de la communauté. Le paradoxe central d’une
249
ogue qui se posait lors des Jeux olympiques.) Or,
il
se trouve, par chance, que l’élément choral est de beaucoup le plus f
250
de Neuchâtel, qui m’a demandé d’écrire ce drame.
Il
existe en effet chez nous des chœurs mixtes de premier ordre à La Cha
251
drame : au premier acte, Nicolas quitte le monde,
il
s’élève donc du plan 2 au plan 3. Au deuxième acte, le monde vient à
252
sacrifie sa solitude pour le salut des Suisses :
il
descend du plan 3 au plan 2. Deux mots à propos de la musique. On a d
253
e me paraît plus collectiviste que communautaire.
Elle
présente par ailleurs un gros défaut technique : il est très difficil
254
présente par ailleurs un gros défaut technique :
il
est très difficile de marier un bon texte à des éléments spectaculair
255
éer une atmosphère qui appelle l’action du héros.
Elle
n’est plus décorative, mais proprement dramatique. Je ne saurais trop
256
spendu à la veille des représentations de Zurich.
Il
est donc encore impossible d’estimer la valeur intrinsèque de ce dram
257
notre effort : nulle part, ailleurs qu’en Suisse,
il
n’eût été possible d’imaginer et de réaliser un spectacle de cette en
258
ment fédéralistes, de ce théâtre communautaire qu’
il
m’a paru intéressant d’énumérer. Je suis persuadé que sa formule est
259
llemagne hitlérienne. Il y a pourtant deux ans qu’
il
a été écrit. Son auteur, M. Denis de Rougemont, me dit pourquoi il a
260
on auteur, M. Denis de Rougemont, me dit pourquoi
il
a attendu ce temps pour le publier. C’est un journal où j’ai noté pou
261
ons ? Quand je suis revenu, je n’étais pas sûr qu’
elles
n’eussent pas décrit des aspects passagers du régime. Les choses vont
262
ais observé, sur l’Allemagne, une vérité durable,
il
fallait attendre. J’ai attendu. La vérité durable avait chance, alors
263
ux. Oui. Cela a été déjà beaucoup dit. N’importe.
Il
ne faut pas craindre de le répéter, et surtout de le faire bien compr
264
octrine : l’État ne sera maître de l’argent que s’
il
est maître des esprits. Un État totalitaire ne peut pas être totalita
265
otalitaire ne peut pas être totalitaire à moitié.
Il
lui faut la fameuse confiance, et une confiance disciplinée, à toute
266
ité sur l’âme de l’Allemagne hitlérienne vous est-
elle
apparue dès que vous êtes arrivé en Allemagne ? Je crois l’avoir disc
267
discernée peu à peu, mais assez vite. Cependant,
elle
ne s’est imposée à moi que le jour où j’ai assisté à un discours du F
268
lle chez les individus charriés par une foule ? »
Il
m’a répondu : « Allez écouter le Führer, nous en reparlerons ensuite
269
uels liens unissent Hitler à une foule à laquelle
il
parle. Essayez de vous représenter une salle immense qui est soudain
270
atastrophes. J’achève votre raisonnement : puisqu’
il
n’y a pas d’attentats contre Hitler, c’est qu’Hitler n’est ni un tyra
271
, l’économie, jouent leur rôle aussi. Évidemment,
il
sera toujours possible d’expliquer l’avènement, puis la montée d’Hitl
272
ais tout cela retrace le comment cela s’est fait.
Il
reste à trouver le pourquoi. Là-dessus, les réponses varient, mais ch
273
. Là-dessus, les réponses varient, mais chacune d’
elles
est toujours la même. Les marxistes vont répétant : « défense du capi
274
née qu’exerce une religion naissante, si basse qu’
elle
soit, sur les masses décomposées par des siècles d’individualisme. J’
275
e que ce que je viens de vous exposer brièvement.
Elle
est d’un jeune national-socialiste, qui m’explique d’abord que le rég
276
malheur de son pays — ce qui est très juste. Mais
il
ajoute : « La pauvreté et le malheur ne peuvent expliquer que des phé
277
ées, vos chants traînants, tout cela sera balayé.
Il
ne vous restera que la foi. Mais la vraie lutte commence là. » Et je
278
brutalités commises par les sous-ordres du parti,
il
arrive bien souvent qu’un Allemand dise : « Si le Führer savait cela,
279
pouvez réfléchir là-dessus… On demande souvent s’
il
est intelligent. Il me semble que cela n’a pas grande importance, que
280
-dessus… On demande souvent s’il est intelligent.
Il
me semble que cela n’a pas grande importance, que cela ne compte guèr
281
n pareil cas. Tout au plus pourrait-on dire que s’
il
était très intelligent, il n’aurait sans doute pas réussi à fanatiser
282
pourrait-on dire que s’il était très intelligent,
il
n’aurait sans doute pas réussi à fanatiser tout un peuple. Une certai
283
emblées par des passions élémentaires. Mais ce qu’
il
faut souligner, c’est qu’un « génie » n’a pas toujours besoin d’intel
284
Un tel génie ne compte plus en tant qu’individu.
Il
ne s’appartient plus, il appartient au rêve de tous. Il n’a plus de q
285
lus en tant qu’individu. Il ne s’appartient plus,
il
appartient au rêve de tous. Il n’a plus de qualités propres, de vices
286
s’appartient plus, il appartient au rêve de tous.
Il
n’a plus de qualités propres, de vices ou de vertus, comme vous et mo
287
opres, de vices ou de vertus, comme vous et moi ;
il
n’a que les vertus symboliques de l’Allemand moyen. Il ne possède rie
288
a que les vertus symboliques de l’Allemand moyen.
Il
ne possède rien en propre, matériellement, et ne détient aucun pouvoi
289
d’arbitrage entre les factions, et de prestige.)
Il
ne veut être appelé ni dictateur, ni maréchal, ni roi, ni président,
290
dictateur, ni maréchal, ni roi, ni président, et
il
insiste sur ce point. Il n’avait même pas d’état civil allemand lorsq
291
ni roi, ni président, et il insiste sur ce point.
Il
n’avait même pas d’état civil allemand lorsqu’on lui offrit le pouvoi
292
allemand lorsqu’on lui offrit le pouvoir. Qu’est-
il
donc ? Selon l’un des théoriciens du iiie Reich, il est « celui qu’o
293
donc ? Selon l’un des théoriciens du iiie Reich,
il
est « celui qu’on ne peut pas définir ». Celui, comme je le disais, q
294
de en psychologue, c’est la surhumaine énergie qu’
il
développe pendant un discours. Une énergie de cette nature, on sent t
295
Une énergie de cette nature, on sent très bien qu’
elle
n’appartient pas à l’individu, et même qu’elle ne saurait se manifest
296
qu’elle n’appartient pas à l’individu, et même qu’
elle
ne saurait se manifester qu’autant que l’individu ne compte plus, com
297
éconcerter nos hommes d’État démocratiques lorsqu’
ils
se trouvent, comme à Munich, en tête-à-tête avec cet homme-symbole !
298
à Munich, en tête-à-tête avec cet homme-symbole !
Il
est clair que le phénomène Hitler est d’ordre religieux, non politiqu
299
ion du rêve des masses, c’est uniquement parce qu’
il
a su répondre à l’attente angoissée de ces masses, de leur âme humili
300
s raisons de se dévouer corps et âme à un absolu.
Il
s’est donné pour l’Absolu, la Providence, le Destin des Allemands. Il
301
l’Absolu, la Providence, le Destin des Allemands.
Il
a fait des miracles et dit des prophéties — et elles se sont réalisée
302
Il a fait des miracles et dit des prophéties — et
elles
se sont réalisées — non pas au nom du Christ, mais au nom des idoles,
303
pe aux lettres de lecteurs : un Gide, un Claudel…
Ils
sont rares. Restent les médecins de famille : ce n’est pas nouveau. E
304
eut réellement conduire un homme à un but défini,
il
faut avant tout se préoccuper de le prendre là où il est, et commence
305
faut avant tout se préoccuper de le prendre là où
il
est, et commencer là. Voilà le secret de tout secours… Pour aider rée
306
de tout secours… Pour aider réellement un homme,
il
faut que j’en sache davantage que lui, mais il faut avant tout que je
307
e, il faut que j’en sache davantage que lui, mais
il
faut avant tout que je sache ce qu’il sait. Sinon mon savoir supérieu
308
e lui, mais il faut avant tout que je sache ce qu’
il
sait. Sinon mon savoir supérieur ne lui servira de rien. Si je persis
309
on prochain, doit d’abord « prendre l’homme là où
il
est », et ensuite, il doit « en savoir davantage que lui », c’est-à-d
310
ord « prendre l’homme là où il est », et ensuite,
il
doit « en savoir davantage que lui », c’est-à-dire qu’il doit connaît
311
« en savoir davantage que lui », c’est-à-dire qu’
il
doit connaître un but de vie meilleur. S’il est vrai que d’abord, il
312
re qu’il doit connaître un but de vie meilleur. S’
il
est vrai que d’abord, il s’agit de partir de l’homme réel (ce que ne
313
n but de vie meilleur. S’il est vrai que d’abord,
il
s’agit de partir de l’homme réel (ce que ne peuvent faire les meneurs
314
(ce que ne peuvent faire les meneurs de masses),
il
n’est pas moins vrai qu’en fin de compte, l’activité de directeur de
315
uve subordonnée à la connaissance d’un but auquel
il
faut conduire cet homme réel. La direction de conscience perd toute v
316
e direction, dès que l’on perd de vue les fins qu’
elle
doit servir. Tout se ramène donc à cette question : pour quelles fins
317
irecteur de conscience reparaît automatiquement ;
elle
consiste à relier l’homme réel, dans telle ou telle situation complex
318
e réel, dans telle ou telle situation complexe où
il
se trouve, au but final et simple assigné à sa vie. Or nous voyons au
319
destinées à surmonter l’anarchie individualiste.
Elles
se fondent sur une doctrine du Prolétariat, ou de la Race, ou de l’Em
320
u de la Race, ou de l’Empire, ou de la Nation, et
elles
entendent expressément subordonner toutes les activités de l’homme à
321
es activités de l’homme à ces fins-là. Mais comme
il
s’agit de fins partielles, n’embrassant qu’une partie de la conscienc
322
présentent autant d’usurpations, dès l’instant qu’
elles
prétendent régir le tout de l’homme. Elles ne peuvent plus compter qu
323
ant qu’elles prétendent régir le tout de l’homme.
Elles
ne peuvent plus compter que sur la force brutale pour se faire avouer
324
aire avouer comme « vérités » par leurs victimes.
Elles
agissent par coup de force sur les consciences ; elles leur imposent
325
agissent par coup de force sur les consciences ;
elles
leur imposent des déformations violentes et littéralement monstrueuse
326
» une orthodoxie ? Et surtout « universaliste » ?
Il
y faudrait un homme universel, nouvel Adam indemne et pur, libre de t
327
en se tirant par les cheveux, aussi vrai nous est-
il
impossible de nous hausser jusqu’à l’universel avec l’aide de nos idé
328
s espoirs. Mais alors, c’est un objet de foi, car
il
échappe aux prises de notre esprit non moins qu’à celles de nos sens.
329
des diversités confessionnelles et dogmatiques3.
Elle
est réellement totalitaire, parce qu’elle attend dans la prière et l’
330
iques3. Elle est réellement totalitaire, parce qu’
elle
attend dans la prière et l’obéissance la Rédemption de toute vie créé
331
mettre un non-sens. La foi est toujours en avant,
elle
s’élance vers les « choses espérées ». Elle nous dirige vers l’Esprit
332
vant, elle s’élance vers les « choses espérées ».
Elle
nous dirige vers l’Esprit qui dit : « Viens ! » au terme de l’Apocaly
333
Et c’est ce mouvement-là qui crée l’Église quand
il
entraîne « deux ou trois » d’entre nous ; l’Église : la seule communa
334
son fondement au-delà du monde, dans l’Éternel qu’
elle
espère et qu’elle prie, et vers lequel elle s’ouvre à l’infini. « Et
335
elà du monde, dans l’Éternel qu’elle espère et qu’
elle
prie, et vers lequel elle s’ouvre à l’infini. « Et l’Esprit et l’Épou
336
el qu’elle espère et qu’elle prie, et vers lequel
elle
s’ouvre à l’infini. « Et l’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! Et que
337
la signification, et cela dans la seule mesure où
ils
s’efforcent de le surmonter. q. Rougemont Denis de, « [Réponse à un
338
et en musique sur un texte de Denis de Rougemont.
Elle
sera représentée à l’Exposition de Zurich et offerte au public suisse
339
à une de mes questions. Et ces différences sont ?
Il
a fallu se plier aux conditions données par la scène, ce qui restrein
340
ce qui est inutile devient ennuyeux et lourd, car
il
ne faut pas songer au talent des acteurs pour sauver un texte si beso
341
onc un personnage central, c’est Nicolas de Flue.
Il
évolue du plan inférieur au plan supérieur et entraîne avec lui un de
342
sants du spectacle, soit la foule, soit le chœur.
Il
est l’axe autour duquel tourne cette légende dramatique. Outre ces di
343
tion ? Certainement, quand Nicolas de Flue parle,
il
parle en slogans, si on peut dire ainsi. Ses paroles sont très concen
344
nes de ces formules ont un sens général si net qu’
elles
prennent, de par leur esprit et leur forme, une actualité vivante. Ma
345
ceront, monteront au premier « étage » à moins qu’
ils
ne descendent du ciel vers la terre, car nous avons appelé « ciel » l
346
pas plus qu’Honegger n’avouent, c’est la joie qu’
ils
ont eue à créer une œuvre saine et forte. C’est aussi l’inquiétude d’
347
ssi l’inquiétude d’en connaître les résultats. Qu’
ils
se rassurent ! Quand on a œuvré avec son cœur et sa probité artistiqu
348
n de Nicolas de Flue le prouvera en même temps qu’
elle
donnera une grande leçon de tolérance et d’humanité. s. Rougemont
349
n et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)u v
Il
était juste que Denis de Rougemont, cet homme sans domicile, ou plutô
350
à Paris pour ma chance et fort Parisien, à ce qu’
il
me semble. Entre deux averses de cet été inclément, nous pouvons prof
351
a plus austère exégèse. Peut-être est-ce parce qu’
il
sait « penser avec ses mains ». ⁂ Mais revenons au jardin de la NRF,
352
ce du livre qui pourrait se concevoir en dehors d’
elles
. Denis de Rougemont parle lentement, en pensant ce qu’il dit. Parfois
353
is de Rougemont parle lentement, en pensant ce qu’
il
dit. Parfois s’établissent entre nous des silences qui me font dire q
354
ssent entre nous des silences qui me font dire qu’
il
a fini et que je dois poser une question. Mais non, le voici qui repr
355
mouvement cathare. D’après ce que nous en savons,
il
comportait des notions tout à fait comparables à celles des troubadou
356
des troubadours, la passion reçoit droit de cité.
Elle
peut s’exprimer dans le langage du mythe sous une forme voilée. Ce se
357
sous une forme voilée. Ce seuil une fois franchi,
elle
se répand à travers toute la littérature qui ne fait que refaire éter
358
nt répond : « C’est exact, en effet », on sent qu’
il
ne lui déplait pas de se faire le champion d’un paradoxe. Tristan aim
359
’un paradoxe. Tristan aime sa passion, explique-t-
il
. Il n’aime pas Iseut de charité, dans son être véritable. À la différ
360
paradoxe. Tristan aime sa passion, explique-t-il.
Il
n’aime pas Iseut de charité, dans son être véritable. À la différence
361
êtres ne peuvent s’aimer que dans l’atmosphère où
ils
se sont rencontrés. N’est-ce pas d’ailleurs le thème constant de tous
362
stant de tous les romanciers ? Ainsi, selon vous,
il
n’est pas de synthèse possible entre Éros et Agapè ? J’ai tenté une e
363
as jusqu’à présent objet de littérature sérieuse.
Il
est rare, en effet, qu’on en ait parlé en France comme de problèmes s
364
de problèmes sérieux, acquiesce l’écrivain. Mais
il
en va différemment dans d’autres pays. Les traductions de mon livre m
365
ur rejette tout de suite une objection possible :
Il
va sans dire qu’il convient dès l’abord d’écarter de ce parallélisme
366
suite une objection possible : Il va sans dire qu’
il
convient dès l’abord d’écarter de ce parallélisme la guerre moderne t
367
depuis 1915. Mais à l’époque de l’amour courtois
il
n’existait pas de distinction entre l’amour et la guerre. Le lansquen
368
; peu lui importaient les raisons pour lesquelles
il
se battait. La guerre constituait une espèce de jeu avec des règles,
369
ecommande pour terminer d’insister sur le fait qu’
il
n’a pas voulu faire œuvre d’historien. Même si les historiens trouven
370
que j’ai tort sur un point particulier, précise-t-
il
, cela m’est indifférent. Les faits que je rapporte servent davantage
371
er. ⁂ Mais sans doute cette précaution lui paraît-
elle
insuffisante, puisqu’il me demande de revoir son interview avant la p
372
e précaution lui paraît-elle insuffisante, puisqu’
il
me demande de revoir son interview avant la publication. Saurait-on l
373
lui en veux d’autant moins que c’est chez lui qu’
il
me reçoit, un chez-lui tout provisoire, puisqu’il loge présentement d
374
il me reçoit, un chez-lui tout provisoire, puisqu’
il
loge présentement dans un clair studio qui lui a été prêté par un de
375
issait aux proportions de l’Europe d’aujourd’hui.
Il
n’y avait plus à hésiter. Je tenais enfin le grand sujet. La pièce fu
376
erdu courage. La foi de Nicolas domine les temps.
Elle
vit encore au cœur des Suisses. Elle est encore le grand symbole de n
377
e les temps. Elle vit encore au cœur des Suisses.
Elle
est encore le grand symbole de notre Confédération et de sa mission e
378
amais, dans ces heures sérieuses, plus que jamais
elle
doit se faire entendre. Grâce aux organisateurs de l’émission nationa
379
ée de leur avoir accordé les congés nécessaires :
ils
auront tous conscience, lors de l’exécution, de servir encore le pays
380
Pourquoi nous sommes là (décembre 1939)x
Il
neige de gros flocons humides sur un vallon du haut Jura. Et la neige
381
ont cessé de creuser leur trou de mitrailleuse :
ils
préfèrent s’enfumer autour d’un feu de branches mortes, mornes et ron
382
es et sur mon casque. Les hommes me regardent, et
ils
ne rient même pas. L’un d’eux entre ses dents : « On se demande ce qu
383
e part, — loin de tout ce qui faisait notre vie ?
Il
faudrait essayer de répondre. L’homme n’est pas né pour faire n’impor
384
, slovaques ou ukrainiennes. Et pourquoi ne l’ont-
ils
pas su ? Parce que tous ils s’imaginaient — ou croyaient devoir s’ima
385
Et pourquoi ne l’ont-ils pas su ? Parce que tous
ils
s’imaginaient — ou croyaient devoir s’imaginer ! — que le bonheur et
386
e les peuples autour de nous font la guerre, et s’
ils
la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su, comme nous les Suisses, se
387
font la guerre, et s’ils la font, c’est parce qu’
ils
n’ont pas su, comme nous les Suisses, se fédérer progressivement au l
388
alement. Oui, cette guerre n’a pas d’autre sens :
elle
marque la faillite retentissante des systèmes centralisateurs et giga
389
u où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent.
Il
ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de
390
it pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme.
Il
s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, ce n’est pas pour défen
391
scend à droite, l’autre qui vient de la gauche, —
il
faudrait une scène à étages… C’est justement celle de Zurich ! Nuit b
392
ut entière organisée et déployée dans mon esprit.
Elle
ne s’est guère modifiée depuis lors. Dès les premiers instants, le pa
393
technique de ce drame m’était clairement apparu :
il
s’agissait de peupler une scène immense autour d’un seul personnage i
394
t évidemment la solution formelle. Encore fallait-
il
l’adapter à l’esprit chrétien du sujet. Un catholique eût sans doute
395
, à partir de ce jour, le sort même de la paix qu’
elle
chantait. Je vous ai raconté cette histoire pour apporter un témoigna
396
der Klaus, par Mlle de Segesser, avec l’espoir qu’
elle
soit bientôt traduite. C’est un excellent travail d’histoire revécue.
397
vétie des manuels ! Et qu’importe le calembour, s’
il
fait hésiter les corrects dans un pays trop ajusté. Ah ! Nicolas Manu
398
s Alpes, jusqu’à Berne. Quant à quitter la guerre
il
n’y faut plus songer, ce serait quitter du même pas la planète… ⁂ Un
399
rt. Dans toute son œuvre, au cœur de son lyrisme,
elle
tient le lieu de la passion d’amour, et c’est elle qu’il invite à la
400
lle tient le lieu de la passion d’amour, et c’est
elle
qu’il invite à la danse avec une fougue adolescente, une peur naïve,
401
t le lieu de la passion d’amour, et c’est elle qu’
il
invite à la danse avec une fougue adolescente, une peur naïve, un cou
402
paysanne, ou fille à lansquenets, c’est toujours
elle
qui le rejoint ou qu’il poursuit ; dans les métamorphoses de sa vie :
403
quenets, c’est toujours elle qui le rejoint ou qu’
il
poursuit ; dans les métamorphoses de sa vie : toujours vêtue aux coul
404
vivants de cette époque où la vie s’exaspère ont-
ils
fait à la mort, dans leurs rêves, la part que nous fîmes à l’amour ?
405
hesse ; au comble de sa gloire, et de son risque.
Elle
n’a jamais été moins neutre, moins confinée dans ses moyennes, ni moi
406
ns en garde contre les tentations de la grandeur.
Elle
est sérieuse parce qu’elle est menacée et menaçante ; parce qu’elle e
407
ations de la grandeur. Elle est sérieuse parce qu’
elle
est menacée et menaçante ; parce qu’elle est tout le contraire d’un p
408
parce qu’elle est menacée et menaçante ; parce qu’
elle
est tout le contraire d’un pays d’« assurés ». Sérieuse et impétueuse
409
savent que la vie n’est pas le but de la vie, qu’
elle
ne mérite pas de majuscule, et qu’elle est quelque chose qui doit brû
410
la vie, qu’elle ne mérite pas de majuscule, et qu’
elle
est quelque chose qui doit brûler, flamber, et non pas rapporter du t
411
ière que de demain rien n’est certain. Mais ce qu’
ils
sentent menacé, ce n’est point la jeunesse et l’amour, je ne sais que
412
rnes paraissent ignorer même l’existence, soit qu’
ils
rêvassent dans la couleur ou cernent brutalement des figures sans mys
413
itation ; un homme qui prend les choses telles qu’
elles
sont, ni vulgaires ni belles en soi, mais les compose avec une libert
414
Le sens des fins dernières et une facture, ce qu’
il
faut pour faire du grand art, pour composer des hommes et des paysage
415
⁂ Son réalisme ne fait pas d’histoires, parce qu’
il
n’est pas une polémique mais une acceptation des choses, à toutes fin
416
gie que nous bariolent les peintres d’Alpe. Ce qu’
il
peint, lui, c’est la terre des hommes, vue par les yeux de qui l’habi
417
gner d’un poignard ses tumultueuses compositions,
il
se joint aux guerriers du chevalier de Stein, va combattre à Novare e
418
et s’en revient à Berne pour y faire la Réforme.
Il
écrira d’abord des jeux de carnaval qui sont en vérité bien plus que
419
te sa vie. Car ce poignard, c’était déjà celui qu’
il
joignait à son monogramme, enguirlandé au coin de ses tableaux ; ce s
420
rtés ; et maintenant c’est le sceau des poèmes qu’
il
dédie « à la gloire de Dieu ». ⁂ Quand on dit chez nous de quelqu’un
421
ieu ». ⁂ Quand on dit chez nous de quelqu’un « qu’
il
a fait un peu tous les métiers », ce n’est pas un éloge, il s’en faut
422
un peu tous les métiers », ce n’est pas un éloge,
il
s’en faut, c’est plutôt une manière de lui refuser cette considératio
423
pinceaux et chevalet lorsqu’ayant dominé son art,
il
entrevoit une action plus urgente. Poète satirique ou guerrier, archi
424
négociateur, à quelle passion maîtresse ordonna-t-
il
sa vie ? Peut-être à la recréation d’une unité de rythme et de vision
425
mesures, c’est l’Église qui doit les refaire. Qu’
elle
s’y refuse, il faut la réformer. Après quoi l’on pourra rebâtir un Ét
426
’Église qui doit les refaire. Qu’elle s’y refuse,
il
faut la réformer. Après quoi l’on pourra rebâtir un État… ⁂ La sagess
427
où pour divertir Zwingli et ses savants collègues
il
leur envoie le manuscrit d’une satire contre la messe, on vante à Ber
428
n kan alls wüssen). Comme pour s’excuser, comme s’
il
croyait au fond qu’on devrait tout savoir, et que pourtant… C’est la
429
ère fois à la Diète de Baden. Du 1er au 12 avril,
il
assiste chaque jour aux séances du Conseil de Berne. Le 16, il est si
430
aque jour aux séances du Conseil de Berne. Le 16,
il
est signalé comme absent. Le 18 on le confirme dans sa charge de bann
431
confirme dans sa charge de banneret. Le 20 avril,
il
n’est plus. « Pareil au cierge qui se consume d’autant plus vite qu’i
432
il au cierge qui se consume d’autant plus vite qu’
il
a mieux éclairé — écrit un chroniqueur du temps —, notre banneret Man
433
s peuples autour de nous se font la guerre ; et s’
ils
la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su se fédérer progressivement.
434
font la guerre ; et s’ils la font, c’est parce qu’
ils
n’ont pas su se fédérer progressivement. La guerre actuelle, quels qu
435
u où cet avenir soit, d’ores et déjà, un présent.
Il
ne s’agit pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme. Il s’agit de
436
it pas de grands mots, de lyrisme ou d’idéalisme.
Il
s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, ce n’est pas pour défen
437
La DAC est un de ces moyens ; bien modeste, mais
il
faut commencer. Et j’en profite pour dire, ici, à tous ceux qui veule
438
à tous ceux qui veulent faire quelque chose — et
ils
sont plus nombreux que jamais — ; ne vous laissez pas engluer par les
439
Les Suisses sont-
ils
« à la hauteur » de la Suisse ? (20 janvier 1940)ab La Suisse est
440
touristique. C’est-à-dire trop haut et trop bas.
Il
est grand temps d’abandonner cette attitude que beaucoup d’étrangers,
441
s Alpes sont belles et nos glaciers « sublimes »,
il
n’y a pas là de quoi nous vanter. D’abord, ce n’est pas notre faute.
442
si nous bénéficions de privilèges considérables,
il
s’agirait de nous en rendre dignes, avant même que de les défendre. L
443
peut tenter certains de nos voisins… Ne seraient-
ils
pas aussi capables que nous de chanter et de gagner de l’argent, si n
444
n face de cette nature dans son attitude superbe,
il
s’agit d’être moralement « à la hauteur ». Non, ce n’est pas si facil
445
« filon ». C’est plutôt une « mission spéciale ».
Il
y faut aujourd’hui l’endurance, la longue audace et la maîtrise de so
446
e ! ab. Rougemont Denis de, « Les Suisses sont-
ils
“à la hauteur” de la Suisse ? », La Coopération, Bâle, 20 janvier 194
447
. C’est la voix de l’Europe moderne. Que nous dit-
elle
? J’essaierai de l’interpréter. Depuis une dizaine d’années, et plus
448
sément depuis 1933, la face de l’Europe a changé.
Il
est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et naguère encore, il
449
s en rendre compte. Autrefois, et naguère encore,
il
suffisait à une nation de déclarer son sol sacré, pour avoir le droit
450
la patrie, voilà qui ne faisait pas de question.
Il
n’y avait pas d’autre raison à chercher et à proclamer que cette rais
451
ropagandistes. Et que disent ces propagandistes ?
Ils
proclament une doctrine politique tout à fait nouvelle en Europe. Ils
452
octrine politique tout à fait nouvelle en Europe.
Ils
prétendent que les nations « n’ont pas toutes les mêmes droits à l’ex
453
ntiers que chaque État était voulu de Dieu, et qu’
il
jouissait par conséquent d’une légitimité indiscutable. La propagande
454
le. La propagande dont je parle dit autre chose :
elle
dit que certains États modernes n’ont pas été créés par Dieu, mais pa
455
par le traité de Versailles. Et c’est bien vrai.
Elle
dit aussi que d’autres États, et en particulier les petits États, ont
456
radiction avec l’évolution récente de l’Histoire.
Elle
proclame que les nations « jeunes » et « dynamiques » ont droit à un
457
endre seuls. Au nom de ce concept d’espace vital,
elle
déclare donc que ces États n’ont plus de « raison d’être historique »
458
plus de « raison d’être historique ». Pour peu qu’
elle
arrive à le faire croire, soit aux masses, soit plutôt à certains dir
459
s disent ces voix européennes que rien n’arrête :
elles
nous demandent à nous les Suisses, si nous avons encore une raison d’
460
i nous en gardons une conscience claire et forte.
Elles
nous mettent au défi de produire le « pourquoi » de notre défense et
461
de notre défense et de notre volonté d’autonomie.
Elles
nous forcent, non sans brutalité, à « dire » enfin ce qui naguère all
462
ol n’appartienne qu’à nous seuls, à nous Suisses.
Elles
nous demandent quelle est la Suisse que nous sommes décidés à défendr
463
Voilà le défi que nous adresse l’Europe moderne.
Il
s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter d
464
Confédération fut « autrefois » voulue par Dieu,
il
nous faut nous demander, maintenant, si vraiment Dieu la veut encore.
465
, de défendre la Suisse jusqu’à la mort. Eh bien,
il
serait fou de mourir pour une Suisse dont nous ne serions pas sûrs qu
466
pour une Suisse dont nous ne serions pas sûrs qu’
elle
a le droit et le devoir d’exister, devant Dieu. On n’a pas le droit d
467
et de nos raisons de vivre en tant que Suisses.
Il
nous faut tout d’abord écarter un certain nombre de fausses raisons e
468
intérêt. On nous a suggéré de différents côtés qu’
il
impliquait une suite, une partie “positive”. C’est à cette demande qu
469
bien le droit de nous en vanter encore, et suffit-
il
de s’en vanter pour qu’elles subsistent ? La liberté n’est pas seulem
470
anter encore, et suffit-il de s’en vanter pour qu’
elles
subsistent ? La liberté n’est pas seulement un privilège que l’on « h
471
l’on « hérite ». C’est une conquête perpétuelle.
Elle
est sans doute un héritage « politique ». Mais rien ne se déprécie pl
472
it Goethe, les Suisses se délivrèrent d’un tyran.
Ils
purent se croire libres un moment : mais le soleil fécond fit éclore
473
oppresseur un essaim de petits tyrans. À présent,
ils
continuent à répéter le vieux conte. On les entend dire, jusqu’à sati
474
ux conte. On les entend dire, jusqu’à satiété, qu’
ils
se sont affranchis un jour et qu’ils sont demeurés libres. En vérité,
475
satiété, qu’ils se sont affranchis un jour et qu’
ils
sont demeurés libres. En vérité, derrière leurs murailles, ils ne son
476
urés libres. En vérité, derrière leurs murailles,
ils
ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leur
477
it cela au xviiie siècle. Les petits tyrans dont
il
parle étaient peut-être alors les petites oligarchies que la Révoluti
478
bourgeois ? Sommes-nous bien certains, enfin, qu’
il
a suffi à nos pères de s’affranchir un jour pour que nous ayons le dr
479
souvent ne se saluent plus ! On dirait presque qu’
ils
croient que l’autre, celui qui pense différemment, doit être un type
480
tres, le procès de notre moralisme intolérant. Qu’
il
me suffise de remarquer que si nous étions plus chrétiens, nous serio
481
importance, actuellement, et que les libertés qu’
il
s’agit de défendre, en ce mois de mars 1940, sont avant tout nos libe
482
urs libertés sociales, civiles et quotidiennes qu’
ils
ont voulu se libérer du joug autrichien. Et c’est parce que les Suiss
483
saient plus d’une véritable liberté intérieure qu’
ils
ont été une proie facile pour l’étranger, pour les armées de la Révol
484
er, c’est-à-dire de notre indépendance nationale.
Il
ne suffit donc pas de protéger notre indépendance par des fortificati
485
des fortifications. C’est l’intérieur du pays qu’
il
nous faut maintenant fortifier, moralement, si nous voulons que notre
486
sent d’une instruction publique remarquable, mais
ils
ont la plus grande méfiance à l’endroit de la véritable culture. Ils
487
nde méfiance à l’endroit de la véritable culture.
Ils
ont horreur de tout ce qui leur paraît « compliqué ». Ils jugent susp
488
horreur de tout ce qui leur paraît « compliqué ».
Ils
jugent suspect tout ce qui ne rentre pas à première vue dans des caté
489
te ou gauche, ami de l’ordre ou esprit subversif.
Ils
exigent toujours des choses simples. Au besoin, ils les simplifient t
490
s exigent toujours des choses simples. Au besoin,
ils
les simplifient terriblement. C’est ainsi que certaine doctrine total
491
». Pourquoi ? Parce qu’on se contentait de dire :
elle
est pour l’ordre, les bolchévistes sont pour le désordre. Sans se dem
492
demander un seul instant de quelle espèce d’ordre
il
s’agissait. Or, prenons-y bien garde ! Cette passion maladive pour le
493
iaient des personnalités trop affichées, parce qu’
ils
craignaient qu’elles n’entraînassent le pays dans des aventures dicta
494
lités trop affichées, parce qu’ils craignaient qu’
elles
n’entraînassent le pays dans des aventures dictatoriales. Il y avait
495
’une dégénérescence de cet instinct démocratique.
Il
veut tout unifier, réglementer, centraliser. Il veut tout faire rentr
496
. Il veut tout unifier, réglementer, centraliser.
Il
veut tout faire rentrer dans le rang. Il persécute à petits coups d’é
497
raliser. Il veut tout faire rentrer dans le rang.
Il
persécute à petits coups d’épingles tout ce qui « paraît » vouloir se
498
es yeux, notre situation privilégiée de neutres ?
Il
semble que depuis quelques années, nous avons renoncé, et c’est heure
499
que la neutralité est une conception menacée ; qu’
elle
est en quelque sorte contre nature, car l’instinct normal de tout hom
500
té de ceux qui ont fait serment. Mais ici encore,
il
nous faut bien voir que cette raison a peu de poids en dehors de nos
501
une justification militaire à notre neutralité :
il
serait de l’intérêt des puissances belligérantes de ne point utiliser
502
s. Aujourd’hui, nous sommes unanimes… Que reste-t-
il
donc à répondre à ceux qui nous demanderaient d’entrer en guerre ? Ni
503
rguments ne valent plus rien. Je dis seulement qu’
ils
ne représentent plus une raison suffisante de s’abstenir, et d’autre
504
son suffisante de s’abstenir, et d’autre part, qu’
ils
n’ont plus guère de force convaincante pour nos voisins, et par suite
505
de la défendre au nom de nos seuls intérêts, car
elle
ne peut et ne doit subsister qu’au nom de l’intérêt de l’Europe entiè
506
s’attache qu’à l’aspect matériel des choses. Mais
elle
devient un avantage dès qu’on la considère dans la perspective de not
507
r simplement une garantie de nos privilèges. Mais
elle
devient notre meilleure sûreté dès qu’on la considère comme une mesur
508
gné à Vienne il y a plus de cent ans, soit ! Mais
il
ne faudrait pas retenir de ce traité uniquement ce qui nous semblerai
509
même le privilège était subordonné à la charge ;
il
n’avait d’autre but que d’en faciliter l’exercice. C’est pourquoi l’o
510
: Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)ag
Il
est temps que je définisse ce que j’appelle la mission de la Suisse,
511
cts de notre vocation me paraissent inséparables.
Il
faut répandre l’idée fédéraliste, si nous voulons la sauvegarder, car
512
plus sérieuses que les réalités spirituelles, qu’
ils
traitent volontiers d’idéologies fumeuses. Ces gens-là se trompent lo
513
et aujourd’hui plus qu’à toute autre époque. Car
il
est clair que la guerre actuelle est une guerre de doctrines et même
514
ligions. Des raisons spirituelles la dominent, et
il
s’agit de les prendre au sérieux si l’on veut rester réaliste. Épargn
515
eurs yeux, et par suite, ne veulent pas y croire.
Ils
prétendent tenir compte uniquement de ce qui est inscrit dans nos néc
516
ns notre situation géographique et matérielle. Et
ils
affirment que dans toutes ces choses qui peuvent être vues et touchée
517
notre territoire, et nos difficultés économiques,
ils
n’aperçoivent nullement l’indication d’une vocation européenne de la
518
on européenne de la Suisse. Dans un certain sens,
ils
n’ont pas tort. Une vocation n’est jamais inscrite en clair dans les
519
amais inscrite en clair dans les faits matériels.
Il
faut savoir l’y déchiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de l’
520
l’esprit. Tenir compte des faits ne suffit pas :
il
faut savoir leur donner un sens, leur ajouter un sens par un acte de
521
its — sous peine de divaguer dans l’utopie — mais
il
doit en partir justement, aller au-delà, et dans un sens qui ne peut
522
peut être révélé que par sa foi. Maintenant donc,
il
s’agit pour nous tous de reconnaître la vocation suisse, d’en revêtir
523
frontières. Si quelqu’un me dit que pour sa part,
il
ne voit pas par quels moyens il pourrait y contribuer, je lui demande
524
que pour sa part, il ne voit pas par quels moyens
il
pourrait y contribuer, je lui demanderai d’aider au moins ceux qui se
525
n d’état d’esprit et de préparation morale. Ce qu’
il
s’agit de créer, avant tout, c’est une disposition du sentiment publi
526
ublic favorable à des entreprises éventuelles, qu’
il
serait imprudent de préciser trop vite, mais qui naîtront sans aucun
527
les croirons justes et nécessaires. Peut-être est-
il
encore trop tôt pour mobiliser l’opinion en faveur d’une action de la
528
même spirituelle. Et c’est sur ce plan décisif qu’
il
nous reste le plus à faire. Il nous reste, par exemple, à découvrir t
529
ce plan décisif qu’il nous reste le plus à faire.
Il
nous reste, par exemple, à découvrir toute notre histoire, ou nos his
530
ieusement défigurées et affadies par les manuels.
Il
nous reste à connaître beaucoup mieux nos confédérés suisses allemand
531
ent tellement mieux que nous ce qu’est la Suisse.
Il
nous reste surtout à développer en profondeur ce que j’appellerai le
532
le comprendre jusqu’à la limite du possible comme
il
se comprend lui-même ; ne point rechercher l’union dans le compromis,
533
charité ; c’est toute l’éthique fédéraliste. Faut-
il
me résumer ? Ce sera vite fait. Je n’ai développé dans mes articles q
534
dans ces privilèges les signes d’une mission dont
elle
est responsable. Une seule idée… Mais si nous l’acceptons, je suis ce
535
: nubicula est, transibit, c’est un petit nuage,
il
passera. » La semaine passée, je reçois une lettre de « quelque part
536
emière me dit : « Le petit nuage n’est pas passé.
Il
passera, et nous serons encore une fois assis au café des Deux Magots
537
ce. Ce qui est important, c’est la certitude « qu’
il
passera ». Que sont nos petits accès de découragement, ces brumes qu’
538
e tous les démons, et non pas tel ou tel démon qu’
il
nous délègue de temps à autre. Le combat que nous devrons peut-être e
539
es petits personnages, ce combat, si « total » qu’
il
soit, ne saurait figurer pour nous qu’un exercice, une première escar
540
ions réelles que le chrétien se doit d’envisager.
Elles
ne sont pas démesurées. Elles doivent au contraire nous donner la vra
541
e doit d’envisager. Elles ne sont pas démesurées.
Elles
doivent au contraire nous donner la vraie mesure de nos soucis, de no
542
dérisoires et mesquines. « C’est un petit nuage,
il
passera. » Ce mot me fut comme parole d’Évangile quand je le lus l’an
543
un des chefs d’un parti que l’on devine ; écœuré,
il
vient de démissionner (la scène se passe en 1935) et il s’attend à êt
544
nt de démissionner (la scène se passe en 1935) et
il
s’attend à être abattu par l’un de ces anciens amis. Réfugié dans un
545
é dans un hôtel chrétien, un Christliches Hospiz,
il
sent peser sur lui d’une manière insupportable le sombre avenir de so
546
remier regard tomba sur cette parole consolante :
Ils
ne continueront pas toujours, car leur folie devient évidente aux yeu
547
crée son temps à soi, dans la vie de l’auteur qu’
elle
choisit. Mais aujourd’hui, je ne puis que subir le temps brutal des é
548
ne puis que subir le temps brutal des événements.
Ils
mènent le jeu, jusque dans mes pensées. Désorganisent la méditation.
549
chef d’État offre, dit-on, d’évacuer une île dont
il
s’est emparé, à condition qu’on lui donne en échange quelque autre te
550
c a été marin, puis contrebandier, puis douanier.
Il
cultive aujourd’hui un merveilleux jardin, dans un vallon bien abrité
551
urs — « N’allez pas couper les petites feuilles !
Il
faut les cuire avec, c’est succulent ! » — nous entendons la TSF mono
552
le coup de force d’Albanie. — Voyez-vous, me dit-
il
, pour nous autres, qu’est-ce que cela fait, ceux qui gouvernent ? Ça
553
change ? J’ai semé et taillé comme chaque année.
Ils
n’ont qu’à faire la guerre pour leurs histoires ! Moi je sais ce que
554
e d’habitude, et on verra ! — Croyez-vous donc qu’
ils
vous laisseront tranquilles, les fascistes, si c’est eux qui gouverne
555
s, les fascistes, si c’est eux qui gouvernent ? —
Ils
ne peuvent pas m’empêcher de travailler ! J’ai tout semé comme les au
556
, j’ammpoisonne tout le pays ! Je ne sais comment
il
s’y prendra, mais voilà qui s’appelle un beau redressement national !
557
rappelleront. On constatera l’année prochaine (s’
il
y en a une) que cette période de menaces de guerre aura vu concevoir
558
fondes. La guerre ne tue pas seulement pendant qu’
elle
sévit, et après ; mais aussi avant. 15 avril 1939 Pour peu que les ci
559
livré les masses affamées au délire totalitaire.
Il
me semble aujourd’hui qu’au contraire, la vraie conscience de la vie
560
mais plutôt les chrétiens indignes de leur nom :
ils
ont laissé trop de terrains en friche, que leur foi seule pouvait ens
561
d’opposition que sur celles de communauté. Car s’
il
n’est de communion vraie que dans la Vérité elle-même, cette Vérité d
562
eux des masses. Déjà, dans la moitié de l’Europe,
elle
est des Catacombes, et non pas du Forum. On m’a loué de « penser près
563
939 Question. Dans quelle mesure un écrivain a-t-
il
le droit, ou le devoir, de se montrer publiquement objectif vis-à-vis
564
is-à-vis de ses propres ouvrages ? Neutralisera-t-
il
son action en montrant lui-même ses points faibles, ou, au contraire,
565
s points faibles, ou, au contraire, lui donnera-t-
il
une efficacité plus pénétrante ? Problème d’une portée générale, dans
566
de l’opinion ». Dans quelle mesure un citoyen a-t-
il
le droit, ou le devoir, de se montrer publiquement objectif vis-à-vis
567
ranspose dans mon esprit en problèmes de langage.
Il
est sans cesse question d’achat et de vente, et je remarque que l’ach
568
ersona ; tandis que l’homme qui subit un acte (qu’
il
soit acheté ou vendu) se voit assimilé par le langage lui-même à un o
569
ements. — « Je suis en pleine cure morale, me dit-
il
, après quatre ans de fièvre. Mais je découvre qu’aujourd’hui, dans la
570
et j’en passe… Qui est fou, qui ne l’est pas ? »
Il
me dit hésiter souvent sur ce point, — et me donne un éclair d’hésita
571
ourquoi vous inquiéter ? Quand la guerre sera là,
il
sera temps d’y penser. » C’est qu’il ne croit pas à la guerre. Un sec
572
rre sera là, il sera temps d’y penser. » C’est qu’
il
ne croit pas à la guerre. Un second : « Comment penser à autre chose
573
est de ne point se laisser surprendre. » C’est qu’
il
ne croit plus à la paix. Tous les deux ont de bonnes raisons. Car il
574
la paix. Tous les deux ont de bonnes raisons. Car
il
est vrai que la guerre n’est pas fatale ; vrai tout autant qu’elle es
575
la guerre n’est pas fatale ; vrai tout autant qu’
elle
est probable. Suis-je aux prises avec deux tempéraments irréductibles
576
ux tempéraments irréductibles ? Ou bien suffirait-
il
, pour que les points de vue changent — et même s’échangent — que le p
577
et le second celle du matin ? 29 avril 1939 Comme
il
est des stratèges de Café du Commerce — généraux qui n’ont rien à com
578
Commerce — généraux qui n’ont rien à commander —,
il
est des « résistants » qui n’ont rien à sauver, et qui ne s’en montre
579
s’en montrent que plus « durs ». Cet excité croit-
il
vraiment à ses idées ? — Je pense bien, me dit-on. Il n’hésiterait pa
580
raiment à ses idées ? — Je pense bien, me dit-on.
Il
n’hésiterait pas à faire tuer pour elles ses meilleurs amis. (On ente
581
me dit-on. Il n’hésiterait pas à faire tuer pour
elles
ses meilleurs amis. (On entend : les Français qui l’ont accueilli com
582
e, et pire : l’homme dépourvu de tact, que disait-
il
: — La France aime tant la Paix qu’elle n’a pas hésité à sacrifier su
583
que disait-il : — La France aime tant la Paix qu’
elle
n’a pas hésité à sacrifier sur son autel un peuple ami. (Il entendait
584
hésité à sacrifier sur son autel un peuple ami. (
Il
entendait : son peuple tchèque.) Historien futur ! — s’il en reste —
585
dait : son peuple tchèque.) Historien futur ! — s’
il
en reste — tels étaient les propos amers qui se tenaient dans le Pari
586
. Je puis l’avouer parce que je suis un écrivain.
Il
est admis que ces gens-là ont le droit de dire — pour le soulagement
587
l’homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-
il
penser qu’ils sont plus courageux ? Mais non. Ils sont tout seuls dev
588
a rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’
ils
sont plus courageux ? Mais non. Ils sont tout seuls devant leur papie
589
-il penser qu’ils sont plus courageux ? Mais non.
Ils
sont tout seuls devant leur papier blanc. Les réactions à leur parole
590
éactions à leur parole seront lointaines, ou même
ils
ne les connaîtront jamais… 6 mai 1939 Ce ne sont pas ceux qui la fero
591
on spirituelle la plus extraordinaire du siècle !
Il
est des êtres et des drames dont la vérité n’apparaît que dans cet en
592
dans un silence de catacombes. Centre du monde !
Il
s’en va, coudoyant la foule et traversant les lieux publics, avec cet
593
les lieux publics, avec cette grande Question qu’
il
porte dans son être, et qui est aussi la grande Réponse ; et les démo
594
onse ; et les démons s’éveillent sur son passage,
il
n’y a plus nulle part d’indifférence possible ! Ici, le Christ reste
595
. que j’ai été prendre chez Adrienne Monnier — où
elle
s’était fait montrer les fameuses photos en couleur d’écrivains franç
596
ée au milieu du studio, dans un gros pot de grès,
elle
règne comme la Beauté même, comme la Passion despotique et fervente.
597
sion despotique et fervente. Nous sentons bien qu’
elle
marquera tout ce printemps dans notre souvenir, le dernier printemps
598
lus, c’est un amour perdu, allé ailleurs. Mais qu’
il
existe encore ailleurs, précisément, qu’il ne soit pas perdu pour tou
599
ais qu’il existe encore ailleurs, précisément, qu’
il
ne soit pas perdu pour tous, c’est ce qui rend sa perte insupportable
600
t-ce à cause de la menace ? Je ne le crois pas. S’
il
n’y avait pas un bien, dans ce régime, un bien que nous avons perdu,
601
ns ce régime, un bien que nous avons perdu, et qu’
il
séquestre, s’il n’y avait que du mal en lui, nous n’aurions pas de ha
602
bien que nous avons perdu, et qu’il séquestre, s’
il
n’y avait que du mal en lui, nous n’aurions pas de haine ni d’amertum
603
e voisin ; d’une nostalgie de cette communauté qu’
ils
disent avoir réinventée, dont nous ne sommes pas, et dont nous senton
604
nous ne sommes pas, et dont nous sentons bien qu’
ils
nous excluent dans l’intention d’en abuser. Ainsi l’Europe, en d’autr
605
, avait haï les sans-culottes avec passion, quand
ils
n’étaient encore qu’une troupe désordonnée, incapable — du moins le c
606
e chiens qui sentent eux-mêmes le patchouli et qu’
elles
disposent sur la banquette de velours grenat à côté du représentant c
607
es les apparences étaient vulgaires ! Au-dessus d’
elles
, à l’intérieur aussi, se fait entendre maintenant le chant profond et
608
imente le désir. Les délais de ce genre nous sont-
ils
mesurés par la qualité de notre espoir ? Mais quel espoir, alors, pou
609
ci un point final à ce journal de petite attente.
Il
faut juger notre vie par sa Fin, pour mesurer l’importance relative d
610
Jugement qui nous délivrera ? Eh quoi ! suffisait-
il
d’y penser ? Non, mais il suffira d’y croire. Il est dit : si tu croi
611
a ? Eh quoi ! suffisait-il d’y penser ? Non, mais
il
suffira d’y croire. Il est dit : si tu crois, tu vivras. ai. Rouge
612
-il d’y penser ? Non, mais il suffira d’y croire.
Il
est dit : si tu crois, tu vivras. ai. Rougemont Denis de, « D’un j
613
L’heure sévère (juin 1940)aj
Il
est des pessimistes par tempérament. Leurs propos ne renseignent pas
614
nt sur l’état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’
il
nous faut à l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchi
615
d’eux-mêmes, et objectifs. Je dirai plus : ce qu’
il
nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et
616
ant le précipice était prévu. Mais encore fallait-
il
y croire. Or le matérialisme modéré dans lequel nous étions installés
617
ire au diable, et ne sait pas le reconnaître, fût-
il
aussi mal déguisé qu’un grenadier tombé du ciel en parachute pour jou
618
tre incrédulité. Si Dieu existait, pleurons-nous,
il
ne permettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous auss
619
heure sévère. Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’
il
en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d
620
ndon à l’optimisme du Progrès. Pendant un siècle,
elle
fit la sourde oreille, avec un petit air entendu, quand certains lui
621
L’esprit prévoit le mal et tient compte du péché.
Il
sait que les inventions humaines peuvent être employées contre l’homm
622
le profit d’argent et l’augmentation du confort.
Il
refuse de se demander à quoi servira cet argent ou si le confort maté
623
n bien spirituel. À la première de ces questions,
il
n’oserait pas répondre en toute franchise ; et à la seconde, il press
624
as répondre en toute franchise ; et à la seconde,
il
pressent bien qu’on ne pourrait que répondre non. D’où sa myopie et s
625
. J’écris ceci pendant la bataille de France. Est-
il
trop tard pour répéter ces vérités élémentaires, que le sérieux des g
626
in d’adopter « une morale de commerçants », et qu’
il
sera vaincu par des ascètes féroces. Vinet prévoit que les libertés s
627
at. Et contre tout l’« économisme » de son temps,
il
ose écrire : « Si quelque chose aujourd’hui menace la liberté, ce n’e
628
doutons pas, est du côté de la tyrannie. » Et qu’
il
suffise enfin d’une allusion aux prophéties célèbres de Burckhardt su
629
ut ailleurs irréductiblement divers, je répète qu’
elle
est écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. Nous avons été av
630
iblement divers, je répète qu’elle est écrasante.
Elle
supprime nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons re
631
ertis. Nous avons refusé d’écouter. Et maintenant
il
faut payer. Non point parce que l’injustice triomphe, non point parce
632
s, mais au contraire parce que Dieu existe, et qu’
il
est juste dans son châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de
633
eu existe, et qu’il est juste dans son châtiment.
Il
faut payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et l’idole du con
634
es se révèlent parfaitement « possibles ». Dès qu’
il
s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, n
635
». Dès qu’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’
il
s’agit de défense nationale, nous acceptons des mesures qui, hier enc
636
peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand
il
s’agissait du mieux vivre, nous le trouvons parfaitement possible qua
637
vre, nous le trouvons parfaitement possible quand
il
s’agit du mieux mourir ou du mieux tuer. Eh bien si la peur et la gue
638
sure l’aune. Ces vérités élémentaires sont dures.
Elles
ne sont pas originales. Elles sont même grossières, et gênantes. Cert
639
ntaires sont dures. Elles ne sont pas originales.
Elles
sont même grossières, et gênantes. Certains diront encore qu’elles so
640
rossières, et gênantes. Certains diront encore qu’
elles
sont inopportunes, à l’heure où nous cherchons des raisons d’espérer.
641
t le mal est venu de les avoir refusées, avant qu’
elles
montrent leurs effets aux yeux de tous. Mea culpa des pacifistes, qu
642
fistes, qui n’ont pas su imaginer le mal parce qu’
ils
croyaient au bien fait de main d’homme. Mea culpa des militaristes, q
643
son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’
elle
conquiert. Mea culpa des gens de droite, qui croyaient pouvoir conser
644
se — que celui de l’ennemi fasciste contre lequel
ils
excitaient les masses. Mea culpa des Suisses, qui voulaient profiter
645
uelque chose de précis, que je veux dire à temps.
Ils
sont encore à l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils. Ils
646
à l’écart de la guerre, et peut-être y resteront-
ils
. Ils ont encore ce bref délai de grâce dont je parlais aux Hollandais
647
écart de la guerre, et peut-être y resteront-ils.
Ils
ont encore ce bref délai de grâce dont je parlais aux Hollandais, en
648
des spectateurs… Pourtant, si nous en triomphons,
elle
nous donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître
649
elle nous donnera la force de préparer l’avenir.
Il
est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les compl
650
es les complices, et que nous aimons les fautifs.
Il
est dur de les avouer, parce que les fautes contraires des autres, en
651
ace, nous paraissent bien plus effrayantes, et qu’
ils
triomphent tout de même, ou à cause de cela même. Il est dur de recon
652
triomphent tout de même, ou à cause de cela même.
Il
est dur de reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est
653
iment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et qu’
il
était logique, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’à en tirer les conc
654
érité ; et qu’il était logique, inévitable, et qu’
il
n’y a plus qu’à en tirer les conclusions9. Mais nous ne sommes pas ne
655
is pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’
il
vaut quelque chose, ce sera grâce à l’action personnelle des hommes q
656
vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’
elle
dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma Parole ne passera poin
657
: Nubicula est, transibit — c’est un petit nuage,
il
passera. Ce n’était pas là de l’optimisme. Athanase prévoyait qu’avec
658
ettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage,
il
passera ? La grandeur de cette heure sévère, c’est que par la force d
659
: « L’amour parfait bannit la crainte ». Quoi qu’
il
arrive. 7. Le budget annuel de la « défense spirituelle » de la Sui
660
on européenne, la Suisse est réduite à elle-même.
Elle
n’a pas d’autre garantie humaine que son armée, pas d’autre allié que
661
situation n’est pas nouvelle dans notre histoire.
Elle
fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements.
662
er encore se croyaient adversaires, découvrent qu’
ils
sont prêts à travailler ensemble, pour défendre la Suisse et pour la
663
mble, pour défendre la Suisse et pour la rénover.
Ils
ne croient plus aux plans, aux promesses faciles. Ils veulent une mét
664
ne croient plus aux plans, aux promesses faciles.
Ils
veulent une méthode neuve d’action et de pensée, une solidarité prati
665
’action et de pensée, une solidarité pratique. Et
ils
attendent des hommes nouveaux. Des hommes et non pas des programmes.
666
s hommes qui prouvent, par leur seule réunion, qu’
ils
sont assez indépendants pour mériter une confiance nouvelle. Il est t
667
indépendants pour mériter une confiance nouvelle.
Il
est temps que ces aspirations se réalisent et s’organisent. Il est te
668
que ces aspirations se réalisent et s’organisent.
Il
est temps que les bonnes volontés deviennent une volonté commune. Nou
669
e vous promettons qu’un grand effort commun. Mais
il
nous rendra fiers d’être hommes, et d’être Suisses. Ligue du Gotha
670
ué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’
il
en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’il n’a p
671
plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’
il
n’a pas toujours bien compris. Elle exclut en principe toute doctrine
672
un paradoxe qu’il n’a pas toujours bien compris.
Elle
exclut en principe toute doctrine unitaire, et suppose donc la connai
673
e chaque région et ses devoirs envers l’ensemble,
il
est absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre progra
674
tes, nomment « fédéral » ce qui procède de Berne.
Il
en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est
675
itable ne commence qu’au-delà de leur opposition.
Ils
se font un programme de ce qui ne saurait être que la maladie individ
676
État. À quand le parti de la santé fédéraliste ?
Il
ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous l’opposition, indéfendabl
677
’est-à-dire quelque chose d’absolument inviable s’
ils
en restent là, ou de radicalement antisuisse s’ils progressent. Les «
678
ls en restent là, ou de radicalement antisuisse s’
ils
progressent. Les « libéraux » et les conservateurs « fédéralistes » n
679
arti, d’ailleurs, est antisuisse, dans ce sens qu’
elle
est antifédéraliste. Tout parti politique est en puissance un petit É
680
actuels représentent des tendances trop vagues :
ils
ne pourront jamais s’entendre, ou n’obtiendront que des compromis inf
681
veut tout assimiler, tout juger et tout absorber.
Il
serait temps de se remettre à la Diète ! 3. Suite du précédent. — Com
682
aux ».) Nos descendants diront de notre siècle qu’
il
fut celui des gogos enragés. 4. Paresse d’esprit. — Je parle ici par
683
diversités, et de se mettre à leur service, comme
il
se doit. Prévoir des exceptions, tenir compte des faits locaux, adapt
684
leur sens fédéraliste, et révocables aussitôt qu’
ils
le perdent. » Si vous les obtenez, la révolution nationale dont certa
685
dont certains parlent sera faite. Mais autrement,
elle
ne servira de rien. 5. Notre matérialisme. — Le pire danger qui nous
686
Le cadre matériel de notre vie est parfait, mais
il
n’encadrera bientôt plus aucune vie digne de ce nom. Quelques exemple
687
désabonnent « vu la crise » de la seule revue qu’
ils
recevaient : elle leur coûtait 10 fr. par an. Je vois enfin que toute
688
la crise » de la seule revue qu’ils recevaient :
elle
leur coûtait 10 fr. par an. Je vois enfin que toute notre politique e
689
ôle que la minorité dans une vie fédérale saine :
elle
a droit à de plus grands égards, relativement, que la majorité. C’est
690
rôles de Suisses11. Je les estime intolérables, s’
ils
parlent en connaissance de cause. (Le plus souvent, d’ailleurs, ils s
691
naissance de cause. (Le plus souvent, d’ailleurs,
ils
se contentent de ne pas remarquer la ressemblance entre ce qu’ils dét
692
t de ne pas remarquer la ressemblance entre ce qu’
ils
détestent en Suisse et ce qu’ils admirent au-dehors…) 9. Notre naïvet
693
ance entre ce qu’ils détestent en Suisse et ce qu’
ils
admirent au-dehors…) 9. Notre naïveté. — Elle éclate dans certaines m
694
e qu’ils admirent au-dehors…) 9. Notre naïveté. —
Elle
éclate dans certaines mesures « de prudence » prises à l’égard de la
695
agneau… et le loup, ce qui est moins impartial qu’
il
ne semble. Ne commettons plus l’imprudence capitale du monsieur qui s
696
nos frontières ? L’intégrité du territoire serait-
elle
plus importante de nos jours que l’intégrité de la conscience nationa
697
de la conscience nationale ? Celle-là conserve-t-
elle
son sens quand celle-ci est déjà compromise ? 10. Poésie et prose. —
698
ssement sibyllin : « Température maximum : 18°. »
Il
s’agissait sans doute d’inciter le public à des économies de charbon.
699
t mangés. Je demande à voir ce qui vaut le mieux.
Il
ne faut pas parler de neutralité en général, dans l’absolu et dans l’
700
cette neutralité est suprêmement désavantageuse :
elle
entraîne notre expulsion violente hors du Royaume de Dieu. « Je vous
701
avantageuse dans certains cas, dans la mesure où
elle
nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jugeons mauvais. (Res
702
nçais, j’en suis fâché. Ce n’est pas éternelle qu’
il
convient de dire, mais perpétuelle. Se figure-t-on que l’homme a le d
703
onfédérés déclarèrent que leur alliance devait, s’
il
plaisait à Dieu, durer « éternellement ». C’était une manière d’affir
704
ternellement ». C’était une manière d’affirmer qu’
ils
la concluaient sans arrière-pensée. (Comparez avec certaines offres d
705
ns l’absolu une position relative, si légitime qu’
elle
soit, c’est se condamner à être sans cesse dépassé et ridiculisé par
706
onnaissent une neutralité politique et militaire.
Ils
nous obligent aussi à la défendre intégralement. Mais ils ne nous imp
707
obligent aussi à la défendre intégralement. Mais
ils
ne nous imposent nullement une neutralité d’opinion. Renoncer au droi
708
l’impuissance par l’adversaire, on ne dit pas qu’
elle
est neutre, on dit qu’elle est neutralisée. Taire nos opinions, aujou
709
aire, on ne dit pas qu’elle est neutre, on dit qu’
elle
est neutralisée. Taire nos opinions, aujourd’hui, ce n’est pas rester
710
e attitude peut compromettre notre indépendance :
elle
l’affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est de garantir par la
711
on que de risquer des ennuis avec une légation. »
Il
dit au contraire — il disait autrefois : « Plutôt la mort que l’escla
712
ennuis avec une légation. » Il dit au contraire —
il
disait autrefois : « Plutôt la mort que l’esclavage. »12 15. Diploma
713
d’imaginer et de voir grand. Bien au contraire :
ils
sont contraints de compenser leur petitesse physique par leur prestig
714
superstition des experts d’hier et d’avant-hier.
Ils
ont pensé, et prouvé par le fait, que la Technique ne saurait inspire
715
hnique ne saurait inspirer une politique, mais qu’
elle
peut au contraire servir à tout lorsqu’on l’y force — et en particuli
716
force — et en particulier à dominer les masses13.
Il
est temps que la Suisse comprenne que le souci de son économie ne sau
717
uer dans notre siècle une partie magnifique. Mais
il
faudrait que notre gouvernement comprenne ceci : La prudence est le v
718
cabaret une grande puissance européenne, comme s’
il
s’agissait d’une paisible élection municipale ! Si la censure accourt
719
! Si la censure accourt alors avec une muselière,
elle
accomplit un acte de décence. » 13. Cf. à ce sujet les vues très exa
720
lume, une série d’articles et de conférences dont
il
indique, dans son avertissement, le propos, en ces termes : “Ils sont
721
ns son avertissement, le propos, en ces termes : “
Ils
sont tous nés d’un même souci de la personne et de son rôle dans la c
722
sonne et de son rôle dans la communauté ; et tous
ils
s’adressent à des Suisses. Par une série de cercles concentriques, il
723
Suisses. Par une série de cercles concentriques,
ils
s’efforcent de situer notre mission dans l’Europe d’aujourd’hui.” Ce
724
élèbre ma seconde découverte de l’âme alémanique.
Il
est à peine croyable que ce roman soit si peu lu chez nous, si mal co
725
man soit si peu lu chez nous, si mal connu, et qu’
il
n’en existe à cette heure qu’une seule et unique édition. Car ce n’es
726
lle, mon modèle du Suisse allemand… Oh, bien sûr,
ils
ne sont pas tous des Gottfried Keller ou des Henri le Vert. Tous les
727
a compris Pascal, ou Goethe, ou Gottfried Keller,
il
a découvert du même coup quelque chose du mystère français, du mystèr
728
fait le meilleur fonds du Suisse allemand dès qu’
il
est délivré de son sérieux massif. Et alors, dans mon enthousiasme, j
729
veut vraiment du bien, à nous les Suisses, puisqu’
elle
nous a permis de réunir des qualités et des défauts qui se complètent
730
petite patrie et les milliers de bonnes choses qu’
elle
contient, depuis le vieux brochet moussu qui nage au fond de ses lacs
731
t beau et cher au cœur, — car c’est la patrie. Qu’
il
est donc réjouissant que tous les Suisses ne soient pas sortis du mêm
732
ntiments que nourrissent à son égard ses voisins,
elle
se voit menacée dans son autonomie par la force des choses et par la
733
fut plus gravement mise en question. Jamais donc,
il
ne fut plus urgent de proclamer nos raisons d’être, notre mission con
734
e péril où nous sommes peut devenir notre chance.
Il
nous sort de nous-mêmes et de nos préjugés, il nous oblige à mesurer
735
e. Il nous sort de nous-mêmes et de nos préjugés,
il
nous oblige à mesurer nos forces vraies, il nous permet de nous unir
736
ugés, il nous oblige à mesurer nos forces vraies,
il
nous permet de nous unir mieux que jamais pour la défense et la rénov
737
8. Les causes de cette défaite sont bien connues,
elles
nous avertissent clairement : discorde politique, routine, recul de l
738
à la Suisse un statut contraire à ses traditions,
il
déclara : « La nature a fait votre État fédératif. Vouloir la vaincre
739
passé doit nous donner confiance pour le présent.
Il
nous montre que de tout temps, la Suisse a été menacée par des puissa
740
ée par des puissances dix fois supérieures, et qu’
elle
ne s’est maintenue qu’en acceptant la lutte même sans espoir. Un sièc
741
ort nous a fait oublier ces vérités. Aujourd’hui,
elles
nous parlent de nouveau. Les menaces actuelles nous réveillent, et no
742
lié comment la Suisse s’est faite, et à quel prix
elle
s’est toujours maintenue. Mais on ne se défend bien qu’en attaquant.
743
isse ne survivra aux révolutions actuelles que si
elle
croit à son avenir, à sa mission — qui seule la rend indispensable au
744
digne d’elle-même, et rendons-nous plus dignes d’
elle
! Comment ? Je voudrais vous le montrer sans phrases ronflantes, par
745
otre force est dans notre union. Or, pour s’unir,
il
faut d’abord un but commun. Il faut ensuite sacrifier à ce but ses in
746
. Or, pour s’unir, il faut d’abord un but commun.
Il
faut ensuite sacrifier à ce but ses intérêts particuliers, ses préjug
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ar exemple. Ce que la guerre sut obtenir de nous,
il
faut que la paix le maintienne et le développe au maximum. Prenons un
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rtains cas, si cela peut éviter des débauchages :
il
y va de la liberté future de leur entreprise. Et je conjure les ouvri
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onner de l’emploi à beaucoup de leurs camarades :
il
y va de la liberté future des travailleurs. Mais les sacrifices matér
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rifices matériels ne suffisent pas. Comprenons qu’
il
est des sacrifices intellectuels non moins indispensables. Quand il y
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ces intellectuels non moins indispensables. Quand
il
y va de tout, oublions nos partis, car ils ne représenteront jamais q
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. Quand il y va de tout, oublions nos partis, car
ils
ne représenteront jamais qu’une partie de la vérité. N’attendons plus
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elles, ou le fait de payer des impôts quadruplés.
Ils
n’en représentent pas moins la condition première de toute rénovation
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tous. Ces remarques sont simples et utilisables.
Elles
ne sont pas originales. Il me suffit qu’elles soient chrétiennes. Si
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les et utilisables. Elles ne sont pas originales.
Il
me suffit qu’elles soient chrétiennes. Si mes lecteurs les approuvent
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es. Elles ne sont pas originales. Il me suffit qu’
elles
soient chrétiennes. Si mes lecteurs les approuvent et les mettent en
757
s approuvent et les mettent en pratique aussitôt,
ils
auront célébré, mieux que par l’éloquence la plus émue, ce premier jo
758
n ami Spoerri, de Zurich, et à laquelle je tiens.
Elle
suit d’ailleurs son chemin malgré les torrents d’injures dont elle a
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urs son chemin malgré les torrents d’injures dont
elle
a été abreuvée et vous pouvez être assuré qu’elle n’a enregistré jusq
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elle a été abreuvée et vous pouvez être assuré qu’
elle
n’a enregistré jusqu’à ce jour aucune défection, en dépit de ce qu’on
761
sses ne s’intéressaient pas aux affaires du pays.
Il
fallait se hâter de les grouper, sinon l’idéologie naziste ou l’idéol
762
. Denis de Rougemont s’en va en Amérique parce qu’
il
vient d’être chargé par la fondation “Pro Helvetia” d’une série de co
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destinées aux colonies suisses du Nouveau Monde.
Il
part également pour assister aux représentations de Nicolas de Flue
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représentations de Nicolas de Flue , l’œuvre qu’
il
écrivit pour les journées neuchâteloises de l’Exposition nationale de
765
u’on l’éloigne de la scène politique. Au surplus,
il
a bien voulu nous faire les déclarations qui suivent. » ar. La rédac
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ombreuses lettres de citoyens qui s’intéressent à
elles
et à ses desseins. Nous le croyons volontiers et l’attendons à l’œuvr
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sur le terrain cantonal, en bonne fédéraliste qu’
elle
s’affirme. »
768
u dans une brochure qui va paraître sur la Ligue.
Il
faut faire confiance à des hommes jeunes et qui forment une équipe. P
769
e nous sont « marqués », mais qui ne l’est pas, s’
il
a fait quelque chose ? Comme le dit la Lutte syndicale dans son derni
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e dit la Lutte syndicale dans son dernier numéro,
il
ne faut pas agir comme si personne n’était capable d’entendre raison
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us faisons suivre des remarques et conclusions qu’
elles
nous suggèrent. Voici tout d’abord l’opinion de M. Denis de Rougemont
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nement. Par une brève lettre datée du 18 août, où
il
nous fait part de la nouvelle de son envoi en mission de trois mois a
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contact avec les milieux suisses établis là-bas,
il
nous dit son sentiment sur la ligue du Gothard dont il est un membre
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us dit son sentiment sur la ligue du Gothard dont
il
est un membre de la première heure. »