1
, une condition vitale de notre existence même. ⁂
Je
vois un peu partout des signes de réveil. J’en ai relevé trois au déb
2
e. ⁂ Je vois un peu partout des signes de réveil.
J’
en ai relevé trois au début de cet article, bien minimes il est vrai,
3
recréée selon son génie. De cette action urgente,
je
ne puis ici qu’indiquer la ligne générale. Notre force, à nous Suisse
4
triche est éclatant ; il l’est même trop pour que
j’
insiste… 2° nous ne pouvons devenir qu’une des plus petites nations de
5
chluss. Ce n’est donc pas un « idéal fumeux » que
j’
oppose à la tentation d’un nationalisme helvétique. Je lui oppose la c
6
pose à la tentation d’un nationalisme helvétique.
Je
lui oppose la condition même de notre droit à l’existence. Notre seu
7
Souvenir d’Esztergom (juin 1938)b
J’
avais lu quelques-uns de ses poèmes en traduction. Je savais qu’il éta
8
vais lu quelques-uns de ses poèmes en traduction.
Je
savais qu’il était le chef de file du groupe le plus vivant des écriv
9
e temps le plus européen par la culture. Des amis
me
proposèrent de l’aller voir à Esztergom, où il passe les étés. J’eus
10
e l’aller voir à Esztergom, où il passe les étés.
J’
eus ce bonheur de découvrir une terre et une race par ses poètes. La p
11
ngroise était une grande liberté lumineuse ; tout
m’
accueillait, êtres et paysages, dans une vaste hospitalité qui était c
12
italité qui était celle de l’été même dont Babits
me
faisait les honneurs… Qu’on me permette de recopier ici des notes pri
13
é même dont Babits me faisait les honneurs… Qu’on
me
permette de recopier ici des notes prises au retour de ce petit voyag
14
oyage ; il est resté merveilleusement vivant dans
ma
mémoire, et je ne puis plus séparer sa vision de ce que m’évoque le n
15
resté merveilleusement vivant dans ma mémoire, et
je
ne puis plus séparer sa vision de ce que m’évoque le nom de Michel Ba
16
e, et je ne puis plus séparer sa vision de ce que
m’
évoque le nom de Michel Babits. ⁂ Esztergom est la plus vieille capita
17
t la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila,
me
dit-on, y régna. Aujourd’hui c’est la résidence du Prince Primat. Au-
18
le la plaine à la longue-vue et rêve qu’il y est,
je
grimpe au cerisier sauvage, derrière la maison, un peintre tout en bl
19
sordre qu’on nomme l’ordre totalitaire. Telle est
mon
« utopie » : c’est la solution pratique proposée par l’Ordre nouveau.
20
on spirituelle au premier chef, et vous savez que
je
n’entends pas le spirituel au sens évanescent des libéraux, mais bien
21
matrice. Mais ce n’est pas sur ces voies que vous
m’
interrogez, je crois. c. Rougemont Denis de, « Comment libérer l’Ét
22
ce n’est pas sur ces voies que vous m’interrogez,
je
crois. c. Rougemont Denis de, « Comment libérer l’État de la tyran
23
ivra. La première partie de ce gros ouvrage est à
mon
sens la plus sérieuse et la plus riche d’enseignements. C’est un hist
24
rs, Après tant d’éloges, une prudence élémentaire
me
commanderait de me taire : quoi que je dise, je ne pourrai que brouil
25
oges, une prudence élémentaire me commanderait de
me
taire : quoi que je dise, je ne pourrai que brouiller le cliché trop
26
lémentaire me commanderait de me taire : quoi que
je
dise, je ne pourrai que brouiller le cliché trop flatteur que Rivier
27
e me commanderait de me taire : quoi que je dise,
je
ne pourrai que brouiller le cliché trop flatteur que Rivier vient de
28
is il n’est plus question de reculer. En publiant
mon
Journal , je suis entré dans la voie des aveux. J’ai même confessé c
29
s question de reculer. En publiant mon Journal ,
je
suis entré dans la voie des aveux. J’ai même confessé certaines de me
30
Journal , je suis entré dans la voie des aveux.
J’
ai même confessé certaines de mes superstitions. Il ne me reste qu’à p
31
a voie des aveux. J’ai même confessé certaines de
mes
superstitions. Il ne me reste qu’à persévérer, et c’est ce que je vai
32
me confessé certaines de mes superstitions. Il ne
me
reste qu’à persévérer, et c’est ce que je vais faire en vous contant
33
. Il ne me reste qu’à persévérer, et c’est ce que
je
vais faire en vous contant les circonstances dans lesquelles je reçus
34
en vous contant les circonstances dans lesquelles
je
reçus l’annonce du prix Rambert. Depuis quelques mois, je m’étais ent
35
l’annonce du prix Rambert. Depuis quelques mois,
je
m’étais entièrement retiré dans l’élaboration d’un ouvrage intitulé
36
annonce du prix Rambert. Depuis quelques mois, je
m’
étais entièrement retiré dans l’élaboration d’un ouvrage intitulé L’A
37
on d’un ouvrage intitulé L’Amour et l’Occident .
Je
partais d’une réflexion passionnée sur le mythe de la passion, la lég
38
secrète, qui est le combat du Jour et de la Nuit.
J’
espérais terminer mon livre aux alentours du 21 juin, date du solstice
39
combat du Jour et de la Nuit. J’espérais terminer
mon
livre aux alentours du 21 juin, date du solstice d’été, triomphe sola
40
Et en effet, le 20 au soir — à peine plus tôt que
je
ne l’avais prévu — j’inscrivais ce terrible mot : FIN au bas d’un man
41
soir — à peine plus tôt que je ne l’avais prévu —
j’
inscrivais ce terrible mot : FIN au bas d’un manuscrit considérable. L
42
le fois de l’année l’admirable Tristan de Wagner.
J’
obtins, comme par hasard, les deux dernières places libres. Or voici q
43
ères places libres. Or voici qu’à l’heure même où
je
terminais mon livre, vous décidiez de me donner votre prix. Et la let
44
ibres. Or voici qu’à l’heure même où je terminais
mon
livre, vous décidiez de me donner votre prix. Et la lettre qui me l’a
45
même où je terminais mon livre, vous décidiez de
me
donner votre prix. Et la lettre qui me l’annonçait portait la date fa
46
écidiez de me donner votre prix. Et la lettre qui
me
l’annonçait portait la date fatidique du 21. Comment ne pas voir dans
47
is, le Journal et l’ Amour . Et peut-être ainsi
mon
travail, tout au moins par sa quantité, sera-t-il un peu moins indign
48
que insistance dans le Journal , c’est celui que
je
nommais le « problème des gens ». Problème des relations des hommes e
49
uteur et de son public. Or vous n’ignorez pas que
mon
souci tout helvétique de dire le vrai, fût-il désobligeant, m’amenait
50
helvétique de dire le vrai, fût-il désobligeant,
m’
amenait à reconnaître que ces relations ne sont pas bonnes, de nos jou
51
e ces relations ne sont pas bonnes, de nos jours.
J’
allais même jusqu’à dire, dans mon livre, qu’elles sont en état de cri
52
s, de nos jours. J’allais même jusqu’à dire, dans
mon
livre, qu’elles sont en état de crise aiguë. Il me semblait que les h
53
n livre, qu’elles sont en état de crise aiguë. Il
me
semblait que les hommes de la cité actuelle ont bien du mal à communi
54
e sort de vivre tous ensemble dans les villes. Il
me
semblait aussi que le langage des écrivains était devenu, ou était re
55
eurs les plus contradictoires en apparences. Tout
mon
effort se portait donc à distinguer, et dans la mesure de mes moyens
56
e portait donc à distinguer, et dans la mesure de
mes
moyens et dans mon champ, à dissiper ces malentendus et leurs causes.
57
stinguer, et dans la mesure de mes moyens et dans
mon
champ, à dissiper ces malentendus et leurs causes. Le reste de votre
58
lentendus et leurs causes. Le reste de votre jury
m’
inciterait à croire que j’y ai partiellement réussi : car enfin, vous
59
Le reste de votre jury m’inciterait à croire que
j’
y ai partiellement réussi : car enfin, vous les jeunes, mes cadets ou
60
artiellement réussi : car enfin, vous les jeunes,
mes
cadets ou mes contemporains, vous êtes le vrai public d’un livre comm
61
éussi : car enfin, vous les jeunes, mes cadets ou
mes
contemporains, vous êtes le vrai public d’un livre comme le Journal
62
ère rejoindre avant tout autre. Et c’est pourquoi
j’
ose voir dans votre décision le signe d’une entente réalisée — et atte
63
! — entre un auteur et son public. Cet aspect de
mon
« problème des gens », vous l’avez résolu d’une manière que, pour ma
64
us l’avez résolu d’une manière que, pour ma part,
je
ne saurais qualifier que d’idéale ! Dois-je vous avouer que rien ne m
65
part, je ne saurais qualifier que d’idéale ! Dois-
je
vous avouer que rien ne me préparait à l’espérer ? Vous êtes Vaudois,
66
er que d’idéale ! Dois-je vous avouer que rien ne
me
préparait à l’espérer ? Vous êtes Vaudois, et pourtant vous couronnez
67
ut devoir déclarer récemment que du seul fait que
je
vivais en France, j’avais « rompu » avec mes origines. Vous avez fait
68
cemment que du seul fait que je vivais en France,
j’
avais « rompu » avec mes origines. Vous avez fait justice de cette cal
69
t que je vivais en France, j’avais « rompu » avec
mes
origines. Vous avez fait justice de cette calomnie, avec tout l’éclat
70
Et ce n’est pas le moindre titre que vous ayez à
ma
reconnaissance. Une vieille tradition helvétique voulait que les espr
71
s comme Ramuz, qui représentent la Suisse en soi,
j’
entends la Suisse dans la réalité vivante d’un de ses cantons ; des ho
72
dans cette tradition — celle d’un Constant — que
je
me suis trouvé rangé, un peu par la force des choses, par atavisme au
73
ns cette tradition — celle d’un Constant — que je
me
suis trouvé rangé, un peu par la force des choses, par atavisme autan
74
es choses, par atavisme autant que par goût. Mais
je
tiens à le souligner : je ne puis y espérer quelque succès qu’à la se
75
tant que par goût. Mais je tiens à le souligner :
je
ne puis y espérer quelque succès qu’à la seule condition de garder av
76
énérosité ait contribué à resserrer ces liens, en
me
procurant une soirée comme celle-ci, c’est assez — sans compter tout
77
est assez — sans compter tout le reste — pour que
je
vous en exprime ici ma plus profonde reconnaissance. 1. Et non plus
78
r tout le reste — pour que je vous en exprime ici
ma
plus profonde reconnaissance. 1. Et non plus mercenaire, faut-il le
79
t différentes. Mais elles n’ont pas le même sens.
Je
m’explique. Il n’y a pas une manière chrétienne et une manière athée
80
ifférentes. Mais elles n’ont pas le même sens. Je
m’
explique. Il n’y a pas une manière chrétienne et une manière athée de
81
maintenir en état de service pendant qu’il crée.
Je
suis d’accord avec Mauriac : le seul problème est de « purifier la so
82
t de lui et de son œuvre comme il Lui plait. Mais
je
m’aperçois que ce point de vue est sans doute typiquement protestant
83
e lui et de son œuvre comme il Lui plait. Mais je
m’
aperçois que ce point de vue est sans doute typiquement protestant (bi
84
ause ou d’un parti, fût-il baptisé « chrétien ». (
Je
parle idéalement : nous avons nous aussi une pénible « littérature pr
85
déserts du monde. « Il faut qu’il croisse et que
je
diminue. » Et nous dirions de notre public ce que disait de son malad
86
ait de son malade le calviniste Ambroise Paré : «
Je
le pansay. Dieu le guarit. » Nous ne saurions « guérir » personne. On
87
qu’un diagnostic exact de l’humain, c’est-à-dire,
je
le répète : une expression vraiment totale et sans réserve de l’homme
88
ion libérale ? On le croit souvent. Pour ma part,
je
ne l’ai jamais cru, et aujourd’hui moins que jamais. Ce n’est pas à l
89
moins que jamais. Ce n’est pas à l’Université que
j’
appris ce qu’il faut savoir pour vivre la vie dite sérieuse. Ce qui fa
90
s le savez bien : ce sont des trucs de métier, si
j’
ose dire, des trucs que l’on n’apprend qu’à l’expérience. Or l’Univers
91
Nous attendons de l’Université tout autre chose.
Je
puis le dire à sa louange : ce que j’ai reçu d’elle, de plus précieux
92
utre chose. Je puis le dire à sa louange : ce que
j’
ai reçu d’elle, de plus précieux, c’est ce qu’elle m’a donné sans le v
93
i reçu d’elle, de plus précieux, c’est ce qu’elle
m’
a donné sans le vouloir : une atmosphère, un milieu de vie, et bien au
94
e demeurerait privée de sa plus émouvante saveur.
Je
sais : toutes les générations ont cru qu’elles étaient la dernière à
95
e, parce qu’elle était horriblement surréaliste !
J’
ignore si les volées qui ont suivi ont été aussi folles que nous, et s
96
s c’est avec plus de tendresse que de remords que
je
me rappelle, ce soir, ces folies-là. Nous vivions dans une sorte d’eu
97
’est avec plus de tendresse que de remords que je
me
rappelle, ce soir, ces folies-là. Nous vivions dans une sorte d’eupho
98
fête collectif et prolongé… Pendant des mois, ai-
je
dit, car il fallait d’abord choisir la pièce, puis la préparer, la jo
99
a préparer, la jouer, la promener pour la rejouer
je
ne sais combien de fois, un peu plus chaque année. Mais le plus beau,
100
elques-uns, pourtant, s’y brûlèrent. Et voilà qui
me
donne à penser qu’il n’y avait pas en jeu, dans tout cela, rien qu’un
101
ontre… Mais ceci c’est une autre histoire, et qui
m’
entraînerait assez loin. … Ne serait-ce pas notre rôle actuel, en Suis
102
risé ou condamné comme un péché envers l’État. Il
m’
a semblé que cette petite morale du loisir ne serait pas déplacée ce s
103
e protestantisme créateur de personnes (1939)l
Je
souhaite que beaucoup d’entre vous2, apercevant le titre de cette con
104
ette conférence, aient ressenti quelque méfiance.
Je
souhaite que beaucoup aient tenu le petit raisonnement que voici : Po
105
bien signifier cette contradiction affligeante ?
Je
serais heureux que la question vous ait paru curieuse, ou peut-être g
106
ne de réflexion, car c’est à elle précisément que
je
me propose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant
107
de réflexion, car c’est à elle précisément que je
me
propose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’homme devant Die
108
gloire peut-être intempestive ? Le problème est,
je
crois, d’autant plus actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui su
109
ée, à ce désir de retrouver confiance en soi, que
je
devrais répondre en exaltant ici le protestantisme créateur de person
110
éfenseur d’une certaine dignité humaine. Eh bien,
je
ne vois aucune raison de décevoir une telle attente. Mais attention !
111
oques que risquent d’entraîner de telles notions,
me
paraissent revêtir une importance particulière pour notre pensée réfo
112
onque, si l’on veut éviter les pires malentendus.
Je
ne reprendrai pas ici les distinctions théoriques que l’on a proposée
113
oposées entre individu, personne et personnalité.
Je
préfère illustrer ces notions par des exemples historiques susceptibl
114
archie. À ce moment, se produit fatalement ce que
j’
appellerais un sentiment de vide social. C’est une sorte d’angoisse di
115
rtant de rappeler ce sens romain du mot personne.
Je
le traduirais volontiers en langage moderne par le terme de milicien
116
ques, races, contraintes sacrées. C’est là ce que
j’
appellerai une communauté régressive. L’autre possibilité de communaut
117
mis et préparé le triomphe du christianisme. Mais
je
demeure persuadé que la seule possibilité d’une communauté progressiv
118
Église primitive, du point de vue sociologique où
je
me place ici ? C’est une communauté spirituelle formée d’un grand nom
119
ise primitive, du point de vue sociologique où je
me
place ici ? C’est une communauté spirituelle formée d’un grand nombre
120
caractériser par quelques traits qui rappelleront
ma
description de la Grèce individualiste. L’individu de la Renaissance
121
forme. Nous touchons au cœur même du sujet. Qu’on
m’
entende bien : je ne prétends pas annexer ici la Réforme à la cause pe
122
ons au cœur même du sujet. Qu’on m’entende bien :
je
ne prétends pas annexer ici la Réforme à la cause personnaliste. Bien
123
rme à la cause personnaliste. Bien au contraire :
je
vais essayer de vous montrer ce que pourrait être et devrait être un
124
e Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici,
je
dirai que l’œuvre de Calvin a consisté essentiellement à restaurer la
125
e à la définition de la personne. À tel point que
je
dirais volontiers que la définition protestante de la personne, c’est
126
et dont l’actualité vous frappera certainement. «
Je
promets, dit le pasteur, de servir la Seigneurie et le peuple de tell
127
neurie et le peuple de telle manière que par cela
je
ne sois nullement empêché de rendre à Dieu le service que je lui dois
128
nullement empêché de rendre à Dieu le service que
je
lui dois par ma vocation. » C’est à ma connaissance le seul texte con
129
é de rendre à Dieu le service que je lui dois par
ma
vocation. » C’est à ma connaissance le seul texte constitutionnel exi
130
ervice que je lui dois par ma vocation. » C’est à
ma
connaissance le seul texte constitutionnel existant, qui puisse être
131
être qualifié de personnaliste, au sens précis où
je
l’entends. Diversité des Églises, fédération de ces diversités, mult
132
ienne de l’Église et des vocations personnelles ?
Je
n’hésite pas à le dire : c’est le fédéralisme. Cette thèse pourra par
133
se au pas » par l’homme qui dit : « l’État, c’est
moi
», la France synchronisée, centralisée, déjà presque totalitaire, et
134
et cela se vérifie souvent au xvie siècle. Mais
je
maintiens que la cause profonde de la tendance fédéraliste protestant
135
veloppement des vocations chez leurs élèves… Mais
je
m’en voudrais d’insister sur cet exemple qui me ferait la part trop b
136
oppement des vocations chez leurs élèves… Mais je
m’
en voudrais d’insister sur cet exemple qui me ferait la part trop bell
137
s je m’en voudrais d’insister sur cet exemple qui
me
ferait la part trop belle. Contentons-nous de le poser comme un repèr
138
ntentons-nous de le poser comme un repère. Ce que
je
voulais dégager, c’est que la doctrine réformée prédispose les peuple
139
erté bien tempérée et pour durer longuement. » Il
me
semble que le spectacle de l’Europe contemporaine donne raison au réf
140
ope contemporaine donne raison au réformateur. Et
je
ne crois pas être infidèle à sa pensée en y ajoutant cette précision
141
e masque, et leur mépris de la personne. Voici, à
mon
avis, les causes de ces deux phénomènes. En Russie, en Allemagne, à R
142
on nomme la théocratie. Les trois autres pays que
je
viens de nommer souffraient, eux aussi, à des degrés divers, et pour
143
, on comprendra sans peine le fait suivant qui, à
ma
connaissance, n’a jamais été signalé : c’est qu’il existe une forme d
144
ettre une confrontation utile des deux doctrines.
Je
dis bien utile, et non pas simplement intéressante. Je ne fais pas ic
145
s bien utile, et non pas simplement intéressante.
Je
ne fais pas ici, vous le sentez bien, une description désintéressée e
146
rs régimes également soutenables dans l’abstrait.
Je
considère l’esprit totalitaire comme une menace terrible pour notre c
147
tre civilisation et plus encore pour nos Églises.
Je
considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en
148
nacent en permanence notre morale de la personne.
Je
vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de tirer des concl
149
rsonne. Je vais le montrer par deux exemples dont
j’
essaierai de tirer des conclusions pratiques. Quelle est la condition
150
s du monde, d’une défense spirituelle du pays. Et
je
suis le premier à l’approuver. Mais lorsque l’on fonde cette défense
151
ividualiste. Un dernier exemple vous fera sentir,
je
crois, toute l’importance pratique de cette distinction entre personn
152
t, la distinction entre personne et personnalité.
Je
ne vois aucune raison de lui laisser le bénéfice exclusif d’une telle
153
, la conclusion de cette série de mises au point.
J’
ai tenté de situer la Réforme dans l’évolution de l’Europe, puis dans
154
tion de l’Europe, puis dans les conflits actuels.
J’
ai essayé de vous montrer que sa doctrine représente, en sa pureté, le
155
fière devise des vieux huguenots : « Tant plus à
me
frapper l’on s’amuse, tant plus de marteaux l’on y use. » 2. Texte
156
groupe que le théâtre satisfait au premier chef ?
Je
ne sais ; et m’en tiendrai donc au seul problème du théâtre actuel. N
157
éâtre satisfait au premier chef ? Je ne sais ; et
m’
en tiendrai donc au seul problème du théâtre actuel. Nous voyons naîtr
158
notre Confédération et de chacun de nos cantons.
J’
essaierai de concrétiser ce point de vue par l’exemple d’un drame que
159
iser ce point de vue par l’exemple d’un drame que
j’
ai conçu plus ou moins consciemment selon ces directives. J’ai cherché
160
plus ou moins consciemment selon ces directives.
J’
ai cherché tout d’abord un sujet qui fît intervenir des forces individ
161
duelles mais engagées dans une communauté réelle.
J’
ai cherché, en second lieu, à tenir compte des conditions de fait qui
162
d lieu, à tenir compte des conditions de fait qui
m’
étaient imposées par l’occasion de la représentation — il s’agissait d
163
Et voici, quelque peu schématisée, la solution où
je
suis parvenu. Parmi les forces individuelles les plus marquantes de n
164
ire de cette donnée propose un nouveau paradoxe :
je
dispose d’une scène de 30 mètres de largeur, qui ne peut être occupée
165
particulièrement dans le canton de Neuchâtel, qui
m’
a demandé d’écrire ce drame. Il existe en effet chez nous des chœurs m
166
nte : le chœur « Sine Nomine », à Neuchâtel même.
J’
utiliserai donc, pour mon drame, une masse chorale qui représentera le
167
mine », à Neuchâtel même. J’utiliserai donc, pour
mon
drame, une masse chorale qui représentera le Monde, et qui agira sur
168
le degré inférieur de la scène à trois plans dont
j’
ai vu le projet. Une masse plus réduite agira sur le degré médian, de
169
, dans La Suisse qui chante, 1932). Cette formule
me
paraît plus collectiviste que communautaire. Elle présente par ailleu
170
et trop vastes, qui accaparent toute l’attention.
Je
suis donc parti du texte lui-même, du mouvement intérieur du dialogue
171
’est plus décorative, mais proprement dramatique.
Je
ne saurais trop me féliciter de la manière dont Arthur Honegger l’a c
172
e, mais proprement dramatique. Je ne saurais trop
me
féliciter de la manière dont Arthur Honegger l’a compris : en artisan
173
tacle est d’ailleurs venu justifier le calcul que
je
viens d’esquisser. Cinq-cents personnes, dans les diverses régions de
174
ndamment de cette valeur — et c’est bien cela qui
me
permet d’invoquer un exemple aussi personnel ! — une leçon se dégage
175
t fédéralistes, de ce théâtre communautaire qu’il
m’
a paru intéressant d’énumérer. Je suis persuadé que sa formule est cel
176
munautaire qu’il m’a paru intéressant d’énumérer.
Je
suis persuadé que sa formule est celle de l’avenir de notre scène.
177
ier 1939)n o Voici le livre le plus actuel que
j’
aie lu sur l’Allemagne hitlérienne. Il y a pourtant deux ans qu’il a é
178
l a été écrit. Son auteur, M. Denis de Rougemont,
me
dit pourquoi il a attendu ce temps pour le publier. C’est un journal
179
ndu ce temps pour le publier. C’est un journal où
j’
ai noté pour moi-même mes impressions sur ce que je voyais et sur ce q
180
lier. C’est un journal où j’ai noté pour moi-même
mes
impressions sur ce que je voyais et sur ce que j’entendais, pendant u
181
’ai noté pour moi-même mes impressions sur ce que
je
voyais et sur ce que j’entendais, pendant un séjour de huit mois dans
182
es impressions sur ce que je voyais et sur ce que
j’
entendais, pendant un séjour de huit mois dans une grande ville d’Alle
183
n 1935-1936. Que valaient ces impressions ? Quand
je
suis revenu, je n’étais pas sûr qu’elles n’eussent pas décrit des asp
184
valaient ces impressions ? Quand je suis revenu,
je
n’étais pas sûr qu’elles n’eussent pas décrit des aspects passagers d
185
ers du régime. Les choses vont peut-être changer,
me
disais-je. Pour savoir si j’avais observé, sur l’Allemagne, une vérit
186
ime. Les choses vont peut-être changer, me disais-
je
. Pour savoir si j’avais observé, sur l’Allemagne, une vérité durable,
187
t peut-être changer, me disais-je. Pour savoir si
j’
avais observé, sur l’Allemagne, une vérité durable, il fallait attendr
188
lemagne, une vérité durable, il fallait attendre.
J’
ai attendu. La vérité durable avait chance, alors, d’apparaître comme
189
e apparue dès que vous êtes arrivé en Allemagne ?
Je
crois l’avoir discernée peu à peu, mais assez vite. Cependant, elle n
190
is assez vite. Cependant, elle ne s’est imposée à
moi
que le jour où j’ai assisté à un discours du Führer, en présence de 4
191
ndant, elle ne s’est imposée à moi que le jour où
j’
ai assisté à un discours du Führer, en présence de 40 000 personnes. M
192
e 40 000 personnes. Mais, ce jour-là, ce fut pour
moi
foudroyant. Je me souviens qu’avant de me rendre à cette réunion, j’a
193
es. Mais, ce jour-là, ce fut pour moi foudroyant.
Je
me souviens qu’avant de me rendre à cette réunion, j’avais dit à quel
194
Mais, ce jour-là, ce fut pour moi foudroyant. Je
me
souviens qu’avant de me rendre à cette réunion, j’avais dit à quelqu’
195
t pour moi foudroyant. Je me souviens qu’avant de
me
rendre à cette réunion, j’avais dit à quelqu’un : « Vous y croyez, vo
196
e souviens qu’avant de me rendre à cette réunion,
j’
avais dit à quelqu’un : « Vous y croyez, vous, à l’âme collective ? Es
197
chez les individus charriés par une foule ? » Il
m’
a répondu : « Allez écouter le Führer, nous en reparlerons ensuite ».
198
e révélation, ce qui, du moins, en a été une pour
moi
, c’est de voir quels liens unissent Hitler à une foule à laquelle il
199
t Wessel Lied, comme un cantique. C’est alors que
j’
ai compris. Je me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestat
200
comme un cantique. C’est alors que j’ai compris.
Je
me croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique.
201
mme un cantique. C’est alors que j’ai compris. Je
me
croyais à un meeting de masses, à quelque manifestation politique. Ma
202
t la grande cérémonie sacrale d’une religion dont
je
me sentais écrasé. L’âme des masses, oui, j’ai compris alors ce que c
203
a grande cérémonie sacrale d’une religion dont je
me
sentais écrasé. L’âme des masses, oui, j’ai compris alors ce que c’ét
204
dont je me sentais écrasé. L’âme des masses, oui,
j’
ai compris alors ce que c’était : j’ai entendu son râle d’amour, le râ
205
masses, oui, j’ai compris alors ce que c’était :
j’
ai entendu son râle d’amour, le râle d’une nation possédée par l’homme
206
sié. Mais cet homme lui-même, qu’en pensez-vous ?
Je
ne l’ai vu que le jour dont je vous parle. Je l’ai vu de près, à la s
207
u’en pensez-vous ? Je ne l’ai vu que le jour dont
je
vous parle. Je l’ai vu de près, à la sortie de la réunion, debout dan
208
s ? Je ne l’ai vu que le jour dont je vous parle.
Je
l’ai vu de près, à la sortie de la réunion, debout dans sa voiture qu
209
. Une seule chaîne de SS le séparait de la foule.
J’
étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût desce
210
occasions analogues. Voilà le principal de ce que
je
sais sur Hitler. Vous pouvez réfléchir là-dessus. Quelles sont vos pr
211
e religion sont réservés à d’autres catastrophes.
J’
achève votre raisonnement : puisqu’il n’y a pas d’attentats contre Hit
212
ses décomposées par des siècles d’individualisme.
J’
ai reçu récemment d’Allemagne une lettre qui ne dit rien d’autre que c
213
gne une lettre qui ne dit rien d’autre que ce que
je
viens de vous exposer brièvement. Elle est d’un jeune national-social
214
ent. Elle est d’un jeune national-socialiste, qui
m’
explique d’abord que le régime hitlérien est né de la pauvreté et du m
215
ratique, si ce n’est un grand effort moral. Quand
j’
ai envoyé à des amis de France le récit de la journée où j’ai vu Hitle
216
yé à des amis de France le récit de la journée où
j’
ai vu Hitler en communion avec son peuple, je n’ai ajouté que ceci en
217
e où j’ai vu Hitler en communion avec son peuple,
je
n’ai ajouté que ceci en conclusion : « Chrétiens, retournez aux catac
218
que la foi. Mais la vraie lutte commence là. » Et
je
crois toujours que le problème est là : c’est celui d’une renaissance
219
ution de 1789. Au panégyrique et à la caricature,
j’
opposerai ici un témoignage limité, mais authentique. J’ai entendu Hit
220
serai ici un témoignage limité, mais authentique.
J’
ai entendu Hitler pendant une heure et demie, à peu de distance de sa
221
ure et demie, à peu de distance de sa tribune, et
je
l’ai vu à la sortie de cette « manifestation monstre », — de ce culte
222
eule chaîne de miliciens le séparait de la foule.
J’
étais au premier rang, à deux mètres de lui. Un bon tireur l’eût desce
223
occasions analogues. Voilà le principal de ce que
je
sais sur Hitler. Vous pouvez réfléchir là-dessus… On demande souvent
224
ssus… On demande souvent s’il est intelligent. Il
me
semble que cela n’a pas grande importance, que cela ne compte guère e
225
tés propres, de vices ou de vertus, comme vous et
moi
; il n’a que les vertus symboliques de l’Allemand moyen. Il ne possèd
226
« celui qu’on ne peut pas définir ». Celui, comme
je
le disais, qui n’est rien et qui est tout. Un lieu de passage des for
227
e de ce qui s’est fait par lui. Le seul trait qui
me
frappe encore en lui, si je le regarde en psychologue, c’est la surhu
228
ui. Le seul trait qui me frappe encore en lui, si
je
le regarde en psychologue, c’est la surhumaine énergie qu’il développ
229
ence), que les prophètes de Jéhovah. Hitler est à
mes
yeux le type du faux prophète, celui qui annonce aux hommes le règne
230
que notre foi. La contre-épreuve de ce jugement,
je
la vois dans deux faits frappants : le premier, c’est que la seule ré
231
personnel » du Führer pour dix ans. Cas unique, à
ma
connaissance, et qui revêt une signification extraordinaire dans sa s
232
os réponses. D’accord avec votre jugement global,
je
ne le suis guère avec votre description. La direction de conscience e
233
contacts personnels, non d’influence collective.
J’
écarte donc de votre liste les journalistes, les meneurs, les savants
234
s goûts supposés du public). Parmi les écrivains,
je
ne retiens que ceux qui répondent sérieusement et par principe aux le
235
yer. Seules les directrices de magazines féminins
me
paraissent exercer une activité précise de direction morale, par cons
236
êtres et de pasteurs que vous énumérez. II.
Mon
principal directeur de conscience, qui mourut en 1855, écrivait : « S
237
ours… Pour aider réellement un homme, il faut que
j’
en sache davantage que lui, mais il faut avant tout que je sache ce qu
238
he davantage que lui, mais il faut avant tout que
je
sache ce qu’il sait. Sinon mon savoir supérieur ne lui servira de rie
239
faut avant tout que je sache ce qu’il sait. Sinon
mon
savoir supérieur ne lui servira de rien. Si je persiste cependant à f
240
n mon savoir supérieur ne lui servira de rien. Si
je
persiste cependant à faire valoir ma science, ce n’est plus alors que
241
de rien. Si je persiste cependant à faire valoir
ma
science, ce n’est plus alors que par vanité ou par orgueil, de sorte
242
il, de sorte qu’au fond, au lieu d’aider l’homme,
je
cherche à me faire admirer de lui ». (Kierkegaard) Qu’est-ce en effet
243
qu’au fond, au lieu d’aider l’homme, je cherche à
me
faire admirer de lui ». (Kierkegaard) Qu’est-ce en effet que diriger
244
de nos idéaux : car eux aussi sont dans le puits.
Je
ne connais pas de doctrine universelle, d’universalisme concevable, d
245
soleil, c’est toujours tirer sur des hommes. Mais
je
n’entends pas parler d’un retour à une église, et encore moins d’un r
246
prenne de l’eau de la vie, gratuitement. » 3.
Je
ne puis ici que déclarer, sans démonstration, que le fait de la plura
247
. Notre Nicolas de Flue comprend trois parties,
j’
hésite à dire trois actes tant notre travail diffère du genre purement
248
ment théâtral, répond Denis de Rougemont à une de
mes
questions. Et ces différences sont ? Il a fallu se plier aux conditio
249
t les autres composants restent dans la pénombre…
Je
précise encore que la salle est ouverte, et que la légende sera plus
250
sera plus collective qu’individuelle. Maintenant,
je
me tourne du côté d’Arthur Honegger qui a suivi, la pipe à la bouche,
251
a plus collective qu’individuelle. Maintenant, je
me
tourne du côté d’Arthur Honegger qui a suivi, la pipe à la bouche, no
252
che, notre conversation. Et la musique ? D’abord,
je
vous dirai qu’il y a 30 parties musicales et que le choral du premier
253
xemple forme le centre même de l’action. Ensuite,
je
puis vous préciser que l’orchestre n’aura que les cuivres. Si je comp
254
éciser que l’orchestre n’aura que les cuivres. Si
je
comprends bien, les chœurs seront l’acteur numéro 1 du spectacle. Exa
255
nt l’acteur numéro 1 du spectacle. Exactement. Et
j’
ai composé ma musique en tenant compte de cette particularité. Les chœ
256
uméro 1 du spectacle. Exactement. Et j’ai composé
ma
musique en tenant compte de cette particularité. Les chœurs avanceron
257
s domicile, ou plutôt aux innombrables domiciles,
me
reçut à la NRF. Pourrait-on s’imaginer, en effet, l’ex-« intellectuel
258
appartinssent en propre ?… Le voici à Paris pour
ma
chance et fort Parisien, à ce qu’il me semble. Entre deux averses de
259
Paris pour ma chance et fort Parisien, à ce qu’il
me
semble. Entre deux averses de cet été inclément, nous pouvons profite
260
mains ». ⁂ Mais revenons au jardin de la NRF, où
je
suis venue lui parler de l’amour, ou plutôt de L’Amour et l’Occident,
261
t de L’Amour et l’Occident, son dernier livre. Si
ma
question ne vous paraît pas trop indiscrète, je voudrais savoir ce qu
262
i ma question ne vous paraît pas trop indiscrète,
je
voudrais savoir ce qui vous a poussé à écrire ce livre, si différent
263
de vos derniers livres, tous liés à l’actualité.
Je
songe au Journal d’un intellectuel en chômage, et surtout au Journal
264
avec ce demi-sourire en coin qui fait son charme.
Mon
dernier livre me paraît au contraire comme plus actuel que beaucoup d
265
re en coin qui fait son charme. Mon dernier livre
me
paraît au contraire comme plus actuel que beaucoup d’autres. La crise
266
et c’est surtout à cet aspect de la question que
j’
ai songé en me mettant à l’œuvre. J’ai voulu d’abord faire un livre co
267
out à cet aspect de la question que j’ai songé en
me
mettant à l’œuvre. J’ai voulu d’abord faire un livre court traitant d
268
question que j’ai songé en me mettant à l’œuvre.
J’
ai voulu d’abord faire un livre court traitant du mythe de Tristan et
269
décadence de la conception du mariage. Les idées
me
sont venues en travaillant. Les livres que j’ai lus m’ont mis sur la
270
ées me sont venues en travaillant. Les livres que
j’
ai lus m’ont mis sur la piste d’une liaison du mythe de Tristan avec l
271
nt venues en travaillant. Les livres que j’ai lus
m’
ont mis sur la piste d’une liaison du mythe de Tristan avec la traditi
272
urs de route. Mais les hypothèses historiques que
j’
y développe ne sont pas indispensables à l’essence du livre qui pourra
273
Parfois s’établissent entre nous des silences qui
me
font dire qu’il a fini et que je dois poser une question. Mais non, l
274
des silences qui me font dire qu’il a fini et que
je
dois poser une question. Mais non, le voici qui reprend. Au début, je
275
estion. Mais non, le voici qui reprend. Au début,
je
ne songeais qu’au problème individuel de l’amour et du mariage. C’est
276
mais de ce qui est sacré dans la sociologie, que
j’
en suis arrivé à envisager les problèmes collectifs. Tristan symbolise
277
vient, selon vous, cette conception de l’amour ?
J’
ai cherché ce qui lui ressemblait le plus, et j’ai trouvé que c’était
278
? J’ai cherché ce qui lui ressemblait le plus, et
j’
ai trouvé que c’était la poésie des troubadours. Quant à savoir d’où v
279
ux tout à fait récents, publiés en même temps que
mon
livre, l’ont établi avec certitude pour un bon tiers d’entre eux. C’e
280
oute une série d’analogies dans l’expression, que
j’
ai fondé mon raisonnement. Qui pourrait laisser penser qu’avant le xii
281
rie d’analogies dans l’expression, que j’ai fondé
mon
raisonnement. Qui pourrait laisser penser qu’avant le xiie siècle on
282
savait pas ce que c’était que la passion, ne puis-
je
m’empêcher de compléter. Je ne le crois pas, réplique Denis de Rougem
283
ait pas ce que c’était que la passion, ne puis-je
m’
empêcher de compléter. Je ne le crois pas, réplique Denis de Rougemont
284
e la passion, ne puis-je m’empêcher de compléter.
Je
ne le crois pas, réplique Denis de Rougemont. La passion a des racine
285
st pas de synthèse possible entre Éros et Agapè ?
J’
ai tenté une esquisse de synthèse à la fin de mon livre, en partant de
286
? J’ai tenté une esquisse de synthèse à la fin de
mon
livre, en partant des mystiques. Je traiterai ce problème plus à fond
287
à la fin de mon livre, en partant des mystiques.
Je
traiterai ce problème plus à fond dans un second volume, que je prépa
288
e problème plus à fond dans un second volume, que
je
prépare actuellement. Pour commencer, j’ai voulu marquer les deux cas
289
ume, que je prépare actuellement. Pour commencer,
j’
ai voulu marquer les deux cas extrêmes de l’amour, afin d’y voir clair
290
fféremment dans d’autres pays. Les traductions de
mon
livre montrent que l’étranger s’intéresse à une étude où l’on parle d
291
’amour sans ironie comme sans sentimentalisme. Et
j’
ai surtout rencontré la faveur du public féminin content de voir exami
292
ager le parallélisme entre la guerre et l’amour ?
Je
ne peux me retenir plus longtemps de poser cette question qui me brûl
293
allélisme entre la guerre et l’amour ? Je ne peux
me
retenir plus longtemps de poser cette question qui me brûlait la lang
294
etenir plus longtemps de poser cette question qui
me
brûlait la langue depuis le début de notre entretien, lequel prend de
295
ure de conversation amicale à bâtons rompus, tant
je
me sens de plain-pied avec cet auteur si peu imbu de sa personne. Mon
296
de conversation amicale à bâtons rompus, tant je
me
sens de plain-pied avec cet auteur si peu imbu de sa personne. Mon in
297
-pied avec cet auteur si peu imbu de sa personne.
Mon
interlocuteur rejette tout de suite une objection possible : Il va sa
298
t en Allemagne ou en Russie. C’est en ce sens que
mon
livre est actuel. Je n’ai pas choisi ce qu’on appelle communément un
299
ussie. C’est en ce sens que mon livre est actuel.
Je
n’ai pas choisi ce qu’on appelle communément un sujet d’actualité, pa
300
pelle communément un sujet d’actualité, parce que
je
crois que la véritable signification des questions qui se posent au n
301
’hitlérisme. En homme prudent. Denis de Rougemont
me
recommande pour terminer d’insister sur le fait qu’il n’a pas voulu f
302
d’historien. Même si les historiens trouvent que
j’
ai tort sur un point particulier, précise-t-il, cela m’est indifférent
303
tort sur un point particulier, précise-t-il, cela
m’
est indifférent. Les faits que je rapporte servent davantage à illustr
304
écise-t-il, cela m’est indifférent. Les faits que
je
rapporte servent davantage à illustrer ma thèse qu’à la prouver. ⁂ Ma
305
its que je rapporte servent davantage à illustrer
ma
thèse qu’à la prouver. ⁂ Mais sans doute cette précaution lui paraît-
306
récaution lui paraît-elle insuffisante, puisqu’il
me
demande de revoir son interview avant la publication. Saurait-on lui
307
fiance à l’égard des journalistes ? Pour ma part,
je
lui en veux d’autant moins que c’est chez lui qu’il me reçoit, un che
308
i en veux d’autant moins que c’est chez lui qu’il
me
reçoit, un chez-lui tout provisoire, puisqu’il loge présentement dans
309
Comment
j’
ai écrit Nicolas de Flue (3 novembre 1939)w Je cherchais un sujet d
310
j’ai écrit Nicolas de Flue (3 novembre 1939)w
Je
cherchais un sujet dramatique digne des vastes dimensions de la Halle
311
trevue décisive de Munich. Or, au soir de ce jour
me
parvint par hasard un livre sur la vie de Nicolas de Flue. Et je tomb
312
hasard un livre sur la vie de Nicolas de Flue. Et
je
tombai sur le récit de la Diète de Stans, c’est-à-dire sur le récit m
313
urope d’aujourd’hui. Il n’y avait plus à hésiter.
Je
tenais enfin le grand sujet. La pièce fut écrite, le musicien trouvé
314
e M. Jean Kiehl.) Beaucoup d’entre eux sont comme
moi
, mobilisés. Remercions l’armée de leur avoir accordé les congés néces
315
core le pays. w. Rougemont Denis de, « Comment
j’
ai écrit Nicolas de Flue », Le Radio, Lausanne, 3 novembre 1939, p. 1
316
llon du haut Jura. Et la neige fond dans la boue.
Je
débouche entre deux sapins pleureurs, enveloppé dans une toile de ten
317
dans une toile de tente raidie par l’humidité. Et
je
constate que mes hommes ont cessé de creuser leur trou de mitrailleus
318
e tente raidie par l’humidité. Et je constate que
mes
hommes ont cessé de creuser leur trou de mitrailleuse : ils préfèrent
319
, mornes et ronchonneurs, à la lisière d’un bois.
J’
essaie de les réconforter. Silence, réprobation muette. Je prends une
320
de les réconforter. Silence, réprobation muette.
Je
prends une pioche et tape deux coups : la terre gicle sur mes joues g
321
ne pioche et tape deux coups : la terre gicle sur
mes
joues glacées et sur mon casque. Les hommes me regardent, et ils ne r
322
ups : la terre gicle sur mes joues glacées et sur
mon
casque. Les hommes me regardent, et ils ne rient même pas. L’un d’eux
323
r mes joues glacées et sur mon casque. Les hommes
me
regardent, et ils ne rient même pas. L’un d’eux entre ses dents : « O
324
s, vous avez bien raison de vous le demander ! Et
je
me le demande encore, devant ce papier blanc : pourquoi sommes-nous l
325
vous avez bien raison de vous le demander ! Et je
me
le demande encore, devant ce papier blanc : pourquoi sommes-nous là,
326
tte mission, si nous n’en prenons pas conscience,
je
ne donne pas lourd de notre indépendance. Lt D. de Rougemont III/20.
327
embre de l’an dernier, au milieu de l’après-midi,
je
fus appelé au téléphone par un ami. Était-ce la guerre qu’on attendai
328
it Munich, c’était la paix, cela n’arrangeait pas
mes
affaires. Car voici ce qui m’était arrivé. Deux semaines auparavant,
329
a n’arrangeait pas mes affaires. Car voici ce qui
m’
était arrivé. Deux semaines auparavant, à Venise, j’écoutais Honegger
330
était arrivé. Deux semaines auparavant, à Venise,
j’
écoutais Honegger dirigeant son Nocturne dans le théâtre goldonien de
331
octurne dans le théâtre goldonien de la Fenice et
je
me disais une fois de plus : j’écrirai quelque chose pour cet homme-l
332
urne dans le théâtre goldonien de la Fenice et je
me
disais une fois de plus : j’écrirai quelque chose pour cet homme-là.
333
n de la Fenice et je me disais une fois de plus :
j’
écrirai quelque chose pour cet homme-là. Sur quoi la guerre fit un pas
334
cina tout entendement. C’est à ce moment que l’on
m’
offrit d’écrire une pièce pour l’Exposition de Zurich. Je ris un peu d
335
t d’écrire une pièce pour l’Exposition de Zurich.
Je
ris un peu de tant de flegme… L’Exposition, d’abord, n’aurait pas lie
336
Exposition, d’abord, n’aurait pas lieu ; ensuite,
j’
allais mettre mon casque ; enfin je n’avais pas de sujet, et je défiai
337
ord, n’aurait pas lieu ; ensuite, j’allais mettre
mon
casque ; enfin je n’avais pas de sujet, et je défiais quiconque d’en
338
ieu ; ensuite, j’allais mettre mon casque ; enfin
je
n’avais pas de sujet, et je défiais quiconque d’en trouver un, en Sui
339
re mon casque ; enfin je n’avais pas de sujet, et
je
défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occ
340
, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont
j’
avais vu les plans. On insista, je demandai trois jours « pour réfléch
341
orme scène dont j’avais vu les plans. On insista,
je
demandai trois jours « pour réfléchir », et n’en fis rien. J’étais ce
342
trois jours « pour réfléchir », et n’en fis rien.
J’
étais certain qu’avant le terme, la catastrophe réglerait tout. Sur qu
343
églerait tout. Sur quoi, le coup de téléphone que
j’
ai dit, et toute la vie qui se reprend à vivre, les délais à courir, l
344
reprend à vivre, les délais à courir, le sujet à
me
fuir… Le soir même, rentrant de voyage, ma femme m’apporte un livre q
345
ujet à me fuir… Le soir même, rentrant de voyage,
ma
femme m’apporte un livre qu’on lui a prêté : une biographie de Nicola
346
fuir… Le soir même, rentrant de voyage, ma femme
m’
apporte un livre qu’on lui a prêté : une biographie de Nicolas de Flue
347
arie de Gourlet4. Genre édifiant, hagiographique.
Je
parcours distraitement quelques pages. Ce Nicolas ne m’avait jamais p
348
cours distraitement quelques pages. Ce Nicolas ne
m’
avait jamais paru très excitant : souvenir d’école primaire, c’est tou
349
e primaire, c’est tout dire. Mais tout d’un coup,
me
voilà pris ! Je découvre une vie d’homme réel, un siècle décisif de n
350
t tout dire. Mais tout d’un coup, me voilà pris !
Je
découvre une vie d’homme réel, un siècle décisif de notre histoire, u
351
, impitoyablement. Dans l’obscurité et la fièvre,
je
perçois mille correspondances. Cette Diète de Stans où le message de
352
ndu, mais tout entière organisée et déployée dans
mon
esprit. Elle ne s’est guère modifiée depuis lors. Dès les premiers in
353
miers instants, le paradoxe technique de ce drame
m’
était clairement apparu : il s’agissait de peupler une scène immense a
354
e recouru à l’inspiration liturgique. Protestant,
je
songeai tout de suite au style lyrique monumental des prophètes et de
355
’appel au musicien… Sans un instant d’hésitation,
je
m’adressai à Honegger. En trois mois, tout fut terminé. Mois heureux,
356
pel au musicien… Sans un instant d’hésitation, je
m’
adressai à Honegger. En trois mois, tout fut terminé. Mois heureux, où
357
t de l’auteur était si parfaitement préétabli que
je
ne fus pas étonné de retrouver, dans la partition d’Honegger, certain
358
tition d’Honegger, certains traits mélodiques que
j’
avais inventés en composant mes chœurs et mes récitatifs, — et que je
359
aits mélodiques que j’avais inventés en composant
mes
chœurs et mes récitatifs, — et que je m’étais bien gardé de lui chant
360
s que j’avais inventés en composant mes chœurs et
mes
récitatifs, — et que je m’étais bien gardé de lui chanter ! On sait l
361
composant mes chœurs et mes récitatifs, — et que
je
m’étais bien gardé de lui chanter ! On sait la suite : tout était prê
362
mposant mes chœurs et mes récitatifs, — et que je
m’
étais bien gardé de lui chanter ! On sait la suite : tout était prêt,
363
vint détruire ce qu’avait engendré Munich. Ainsi
ma
pièce, née d’un croisement fortuit d’une série de petits faits privés
364
e jour, le sort même de la paix qu’elle chantait.
Je
vous ai raconté cette histoire pour apporter un témoignage assez préc
365
el sera le destin de ce drame ? Celui de la paix,
je
le répète. Joignons alors notre prière à celle du peuple suisse, invo
366
ctoire ! Alléluia ! Alléluia ! Alléluia ! 4.
Je
saisis l’occasion de signaler une autre biographie de Nicolas, Bruder
367
L’homme au poignard enguirlandé (1940)au Oui,
je
veux opposer la Suisse de Manuel à l’Helvétie des manuels ! Et qu’imp
368
en terre comme un cochon dans son fumier !… Ô toi
mon
doux petit faiseur de rimes, je te tire une crotte sur le nez, trois
369
fumier !… Ô toi mon doux petit faiseur de rimes,
je
te tire une crotte sur le nez, trois dans ta barbe !15 » Mais nous vo
370
e même rythme de vie — vient mêler sa guirlande à
mes
images, comme la devise du tableau, tandis que je songe à la vie de N
371
es images, comme la devise du tableau, tandis que
je
songe à la vie de Nicolas Manuel Deutsch. C’est un autre guerrier qui
372
nt menacé, ce n’est point la jeunesse et l’amour,
je
ne sais quel printemps platonicien, c’est la vie savoureuse et forte
373
re dans la plus libre fantaisie, mais énergique :
je
ne cesse d’admirer chez Manuel la plupart des vertus qui nous manquen
374
e nul regard vivant n’a jamais rien perçu. ⁂ Mais
je
m’attarde à ces tableaux, et Manuel n’est pas un « artiste » au sens
375
ul regard vivant n’a jamais rien perçu. ⁂ Mais je
m’
attarde à ces tableaux, et Manuel n’est pas un « artiste » au sens mod
376
éologien ; puis, après la victoire, homme d’État.
Je
vois ainsi l’unité de sa vie dans la recherche d’une forme et d’un se
377
ève de peindre le sérieux de ce fantastique. Mais
je
m’aperçois un peu tard que j’oubliais de citer sa devise, inscrite au
378
de peindre le sérieux de ce fantastique. Mais je
m’
aperçois un peu tard que j’oubliais de citer sa devise, inscrite au co
379
e fantastique. Mais je m’aperçois un peu tard que
j’
oubliais de citer sa devise, inscrite au coin de quelques-uns de ses d
380
C’est la passion de la Renaissance, si l’on veut.
Je
crois plutôt que c’est encore l’angoisse avide d’une unité de sens sp
381
i, à l’arrière, essaient de s’amuser. Par contre,
je
ne connais rien de plus démoralisant que le sentiment d’être entravé
382
vent exposés aujourd’hui les petits pays neutres.
Mes
nouvelles fonctions militaires me mettent journellement en rapport av
383
pays neutres. Mes nouvelles fonctions militaires
me
mettent journellement en rapport avec des hommes civils ou mobilisés,
384
s d’une de nos plus précieuses qualités civiques,
j’
entends du sentiment de solidarité, d’équipe, et de virile entraide, q
385
stinct démocratique tout à fait sain à l’origine,
je
le répète. Mais quand cet instinct dégénère en mauvaise volonté incon
386
moyens ; bien modeste, mais il faut commencer. Et
j’
en profite pour dire, ici, à tous ceux qui veulent faire quelque chose
387
e de manuels, — et en même temps un peu d’argent,
je
crois. Tant pis pour les manuels et tant mieux pour l’argent. Mais il
388
supposent de pareils avantages ? Chaque fois que
je
vous entends vanter notre nature « incomparable », je ne puis m’empêc
389
ous entends vanter notre nature « incomparable »,
je
ne puis m’empêcher de songer, avec une horrible malice, à certain pas
390
vanter notre nature « incomparable », je ne puis
m’
empêcher de songer, avec une horrible malice, à certain passage de Hug
391
du haut du Pilate le panorama de nos Alpes. Qu’on
me
permette de le citer ici comme une sorte de parabole : C’était un en
392
s et magnifiques, pleines de la grandeur de Dieu.
Je
me suis retourné, me demandant à quel être supérieur et choisi la nat
393
t magnifiques, pleines de la grandeur de Dieu. Je
me
suis retourné, me demandant à quel être supérieur et choisi la nature
394
ines de la grandeur de Dieu. Je me suis retourné,
me
demandant à quel être supérieur et choisi la nature servait ce mervei
395
te l’esplanade était sauvage, abrupte et déserte.
Je
n’oublierai cela de ma vie. Dans une anfractuosité du rocher, assis l
396
uvage, abrupte et déserte. Je n’oublierai cela de
ma
vie. Dans une anfractuosité du rocher, assis les jambes pendantes sur
397
ient le spectacle, le spectateur était un crétin.
Je
me suis perdu dans cette effrayante antithèse : l’homme opposé à la n
398
t le spectacle, le spectateur était un crétin. Je
me
suis perdu dans cette effrayante antithèse : l’homme opposé à la natu
399
omme dans sa posture la plus misérable… Eh bien,
je
ne dis pas que le peuple suisse représente dans son ensemble « la pos
400
e « la posture la plus misérable de l’homme ». Et
je
suis loin de penser que nous sommes des crétins ! Je dis seulement qu
401
suis loin de penser que nous sommes des crétins !
Je
dis seulement qu’en face de cette nature dans son attitude superbe, i
402
en cet instant, devant un poste de radio, et que
j’
arrête tout exprès le petit trait lumineux du cadran sur l’un de ces e
403
la voix de l’Europe moderne. Que nous dit-elle ?
J’
essaierai de l’interpréter. Depuis une dizaine d’années, et plus préci
404
d’une légitimité indiscutable. La propagande dont
je
parle dit autre chose : elle dit que certains États modernes n’ont pa
405
ses toutes faites et de clichés patriotiques. Que
mes
lecteurs ne s’étonnent donc pas trop si je consacre mes premiers arti
406
. Que mes lecteurs ne s’étonnent donc pas trop si
je
consacre mes premiers articles à la « critique », pour ne pas dire au
407
cteurs ne s’étonnent donc pas trop si je consacre
mes
premiers articles à la « critique », pour ne pas dire au dégonflage d
408
e stérile plaisir de démolir. Bien au contraire !
Mon
entreprise serait inutile, si nous ne cherchions pas ensemble, et sur
409
valent la peine d’être affirmées sans rhétorique.
Je
vous ai parlé déjà de notre « nature »5. Je vous parlerai la semaine
410
ique. Je vous ai parlé déjà de notre « nature »5.
Je
vous parlerai la semaine prochaine de nos fameuses « libertés », puis
411
leurs commérages et de leurs préjugés bourgeois.
Je
n’oublie pas que Goethe écrivait cela au xviiie siècle. Les petits t
412
ées. Sur le plan de la morale, c’est pire encore.
Je
ne vais pas refaire ici, après tant d’autres, le procès de notre mora
413
s, le procès de notre moralisme intolérant. Qu’il
me
suffise de remarquer que si nous étions plus chrétiens, nous serions
414
e notre voisin et le mystère de son existence. On
me
dira peut-être que ces considérations n’ont pas grande importance, ac
415
s 1940, sont avant tout nos libertés politiques.
Je
répondrai que nos libertés politiques ne sauraient subsister et garde
416
nger, pour les armées de la Révolution française.
Je
voudrais insister sur ce point : si nous perdons le sens et le goût d
417
ls sont les ennemis intérieurs de notre liberté ?
Je
n’en désignerai ici que deux, qui vous paraîtront peut-être assez ina
418
paresse d’esprit et l’égalitarisme. Voici ce que
j’
entends par la paresse d’esprit : les Suisses jouissent d’une instruct
419
mme dans la politique. Un mot encore, pendant que
j’
en suis à ronchonner. (La prochaine fois, nous parlerons d’une manière
420
pas au sérieux, c’est que nous restons mobilisés.
Je
ne discuterai même pas ici l’argument de l’impartialité morale, qui p
421
à justifier notre refus de « payer notre part ».
Je
ne dis pas que ces arguments ne valent plus rien. Je dis seulement qu
422
ne dis pas que ces arguments ne valent plus rien.
Je
dis seulement qu’ils ne représentent plus une raison suffisante de s’
423
in réellement vital. Si maintenant et malgré tout
j’
affirme que la Suisse a le devoir de rester neutre, ce ne peut donc êt
424
ntérêts de la politique de l’Europe entière. » Et
j’
en arrive, ici, au centre même de tout ce que je voulais dire dans cet
425
t j’en arrive, ici, au centre même de tout ce que
je
voulais dire dans cette série d’articles : le seul moyen réel et réal
426
sponsables vis-à-vis de la communauté européenne.
Je
voudrais marquer d’une devise ce point central. Au Moyen Âge la noble
427
oblige, neutralité oblige ! À quoi ? C’est ce que
je
préciserai dans un dernier article, sur la vocation de la Suisse et s
428
n spéciale » (16 mars 1940)ag Il est temps que
je
définisse ce que j’appelle la mission de la Suisse, ou mieux encore,
429
s 1940)ag Il est temps que je définisse ce que
j’
appelle la mission de la Suisse, ou mieux encore, sa vocation. C’est t
430
u fédéralisme. Ces deux aspects de notre vocation
me
paraissent inséparables. Il faut répandre l’idée fédéraliste, si nous
431
. De par notre situation de fait, nous sommes, si
je
puis dire, pratiquement condamnés à l’idéalisme. Mais beaucoup de bon
432
nous et en dehors de nos frontières. Si quelqu’un
me
dit que pour sa part, il ne voit pas par quels moyens il pourrait y c
433
it pas par quels moyens il pourrait y contribuer,
je
lui demanderai d’aider au moins ceux qui se trouveraient mieux placés
434
n’est pas encore une mobilisation spirituelle que
je
réclame, c’est plutôt une mise de piquet. Soyons prêts à répondre à t
435
plus précise que notre vocation européenne : mais
je
le répète, l’une suppose l’autre, et la soutient. Je laisserai de côt
436
le répète, l’une suppose l’autre, et la soutient.
Je
laisserai de côté ici l’aspect politique — au sens étroit — du problè
437
’aspect politique — au sens étroit — du problème.
J’
estime que le fédéralisme est tout d’abord une réalité morale, et même
438
s reste surtout à développer en profondeur ce que
j’
appellerai le sens fédéraliste intime, qui suppose toute une morale, t
439
rité ; c’est toute l’éthique fédéraliste. Faut-il
me
résumer ? Ce sera vite fait. Je n’ai développé dans mes articles qu’u
440
éraliste. Faut-il me résumer ? Ce sera vite fait.
Je
n’ai développé dans mes articles qu’une seule idée : c’est que la Sui
441
sumer ? Ce sera vite fait. Je n’ai développé dans
mes
articles qu’une seule idée : c’est que la Suisse que nous devons défe
442
nsable. Une seule idée… Mais si nous l’acceptons,
je
suis certain que la plupart des critiques auxquelles j’ai dû me livre
443
s certain que la plupart des critiques auxquelles
j’
ai dû me livrer en débutant perdront leur légitimité. Si nous refusons
444
n que la plupart des critiques auxquelles j’ai dû
me
livrer en débutant perdront leur légitimité. Si nous refusons de cons
445
ée dernière, le jour du pacte germano-soviétique,
j’
ai fait deux choses. Primo, j’ai bouclé mes dossiers, lettres et papie
446
germano-soviétique, j’ai fait deux choses. Primo,
j’
ai bouclé mes dossiers, lettres et papiers personnels, je les ai mis e
447
étique, j’ai fait deux choses. Primo, j’ai bouclé
mes
dossiers, lettres et papiers personnels, je les ai mis en lieu sûr et
448
uclé mes dossiers, lettres et papiers personnels,
je
les ai mis en lieu sûr et j’ai sorti mes uniformes pour les aérer. Se
449
papiers personnels, je les ai mis en lieu sûr et
j’
ai sorti mes uniformes pour les aérer. Secundo, j’ai envoyé à un certa
450
rsonnels, je les ai mis en lieu sûr et j’ai sorti
mes
uniformes pour les aérer. Secundo, j’ai envoyé à un certain nombre de
451
j’ai sorti mes uniformes pour les aérer. Secundo,
j’
ai envoyé à un certain nombre de mes amis la phrase suivante : « Au pl
452
érer. Secundo, j’ai envoyé à un certain nombre de
mes
amis la phrase suivante : « Au plus fort de la persécution entreprise
453
un petit nuage, il passera. » La semaine passée,
je
reçois une lettre de « quelque part dans le Proche-Orient », et une a
454
rient », et une autre des États-Unis. La première
me
dit : « Le petit nuage n’est pas passé. Il passera, et nous serons en
455
a vie reprendra. Cela paraît irréel. » La seconde
me
dit : « Le petit nuage passera, oui… et nous avec ! » Selon l’humeur
456
ra, oui… et nous avec ! » Selon l’humeur du jour,
je
donne raison à l’une ou à l’autre de ces lettres6. Pas d’importance.
457
nes. « C’est un petit nuage, il passera. » Ce mot
me
fut comme parole d’Évangile quand je le lus l’année dernière. Et je n
458
ra. » Ce mot me fut comme parole d’Évangile quand
je
le lus l’année dernière. Et je ne me trompais guère, vous allez le vo
459
e d’Évangile quand je le lus l’année dernière. Et
je
ne me trompais guère, vous allez le voir. Voici ce que je viens de tr
460
angile quand je le lus l’année dernière. Et je ne
me
trompais guère, vous allez le voir. Voici ce que je viens de trouver
461
trompais guère, vous allez le voir. Voici ce que
je
viens de trouver dans un livre interdit (mais je ne pense pas que ce
462
je viens de trouver dans un livre interdit (mais
je
ne pense pas que ce soit à cause de ce passage). L’auteur est l’un de
463
nsupportable le sombre avenir de son pays. « Dans
mon
désespoir, j’eus recours à l’Évangile qu’on trouve sur toutes les tab
464
sombre avenir de son pays. « Dans mon désespoir,
j’
eus recours à l’Évangile qu’on trouve sur toutes les tables de nuit de
465
ve sur toutes les tables de nuit de ces hospices.
Je
le feuilletai et mon premier regard tomba sur cette parole consolante
466
bles de nuit de ces hospices. Je le feuilletai et
mon
premier regard tomba sur cette parole consolante : Ils ne continueron
467
tous. » Plt D. de Rougemont 6. Bien entendu, si
je
suis vivant après cette guerre, j’espère que j’aurai mieux à faire qu
468
en entendu, si je suis vivant après cette guerre,
j’
espère que j’aurai mieux à faire qu’à me rasseoir à la terrasse des De
469
i je suis vivant après cette guerre, j’espère que
j’
aurai mieux à faire qu’à me rasseoir à la terrasse des Deux Magots. a
470
e guerre, j’espère que j’aurai mieux à faire qu’à
me
rasseoir à la terrasse des Deux Magots. ah. Rougemont Denis de, « L
471
’eux-mêmes quelques instantanés révélateurs. Pour
moi
, j’ai renoncé à me chercher, à me vérifier curieusement. Mon vrai dés
472
mêmes quelques instantanés révélateurs. Pour moi,
j’
ai renoncé à me chercher, à me vérifier curieusement. Mon vrai désir s
473
instantanés révélateurs. Pour moi, j’ai renoncé à
me
chercher, à me vérifier curieusement. Mon vrai désir serait de me don
474
élateurs. Pour moi, j’ai renoncé à me chercher, à
me
vérifier curieusement. Mon vrai désir serait de me donner, à peu près
475
enoncé à me chercher, à me vérifier curieusement.
Mon
vrai désir serait de me donner, à peu près dans le sens où l’on dirai
476
e vérifier curieusement. Mon vrai désir serait de
me
donner, à peu près dans le sens où l’on dirait : quoi que je sois, l’
477
à peu près dans le sens où l’on dirait : quoi que
je
sois, l’on verra bien ce que cela peut « donner » à l’usage. C’est fa
478
e d’une action vraiment totale et engageante, que
je
commence ici, pour la première fois, une espèce de journal d’attente,
479
ie de l’auteur qu’elle choisit. Mais aujourd’hui,
je
ne puis que subir le temps brutal des événements. Ils mènent le jeu,
480
al des événements. Ils mènent le jeu, jusque dans
mes
pensées. Désorganisent la méditation. Et me contraignent à n’écrire q
481
dans mes pensées. Désorganisent la méditation. Et
me
contraignent à n’écrire que des fragments. Le « journaliste » est l’h
482
… C’est le coup de force d’Albanie. — Voyez-vous,
me
dit-il, pour nous autres, qu’est-ce que cela fait, ceux qui gouvernen
483
us laisse travailler. Qu’est-ce que cela change ?
J’
ai semé et taillé comme chaque année. Ils n’ont qu’à faire la guerre p
484
n’ont qu’à faire la guerre pour leurs histoires !
Moi
je sais ce que c’est, je l’ai faite la guerre. Mais cette fois-ci, j’
485
t qu’à faire la guerre pour leurs histoires ! Moi
je
sais ce que c’est, je l’ai faite la guerre. Mais cette fois-ci, j’ai
486
pour leurs histoires ! Moi je sais ce que c’est,
je
l’ai faite la guerre. Mais cette fois-ci, j’ai tout semé comme d’habi
487
est, je l’ai faite la guerre. Mais cette fois-ci,
j’
ai tout semé comme d’habitude, et on verra ! — Croyez-vous donc qu’ils
488
i c’est eux qui gouvernent ? — Ils ne peuvent pas
m’
empêcher de travailler ! J’ai tout semé comme les autres années… Monsi
489
? — Ils ne peuvent pas m’empêcher de travailler !
J’
ai tout semé comme les autres années… Monsieur Turc promène un regard
490
t d’un coup, son regard s’assombrit : — Ha ! mais
je
vais vous dire : si les Italiens débarquent ici, moi, j’ammpoisonne t
491
vais vous dire : si les Italiens débarquent ici,
moi
, j’ammpoisonne tout le pays ! Je ne sais comment il s’y prendra, mais
492
vous dire : si les Italiens débarquent ici, moi,
j’
ammpoisonne tout le pays ! Je ne sais comment il s’y prendra, mais voi
493
débarquent ici, moi, j’ammpoisonne tout le pays !
Je
ne sais comment il s’y prendra, mais voilà qui s’appelle un beau redr
494
tional ! 11 avril 1939 Monsieur Turc a semé, mais
moi
, je n’arrive même pas à défricher le champ d’un gros ouvrage projeté.
495
l ! 11 avril 1939 Monsieur Turc a semé, mais moi,
je
n’arrive même pas à défricher le champ d’un gros ouvrage projeté. Tou
496
ant. 15 avril 1939 Pour peu que les circonstances
m’
empêchent de m’absorber dans l’œuvre en cours, c’est un esprit d’autoc
497
939 Pour peu que les circonstances m’empêchent de
m’
absorber dans l’œuvre en cours, c’est un esprit d’autocritique qui pre
498
t un esprit d’autocritique qui prend la place, en
moi
, de l’effort créateur. J’imagine un recueil de Contredits où je réfut
499
qui prend la place, en moi, de l’effort créateur.
J’
imagine un recueil de Contredits où je réfuterais mes précédents ouvra
500
t créateur. J’imagine un recueil de Contredits où
je
réfuterais mes précédents ouvrages… Penser avec les mains , par exe
501
imagine un recueil de Contredits où je réfuterais
mes
précédents ouvrages… Penser avec les mains , par exemple : j’accusa
502
ouvrages… Penser avec les mains , par exemple :
j’
accusais la culture moderne de s’être « distinguée » abusivement du pe
503
vré les masses affamées au délire totalitaire. Il
me
semble aujourd’hui qu’au contraire, la vraie conscience de la vie ne
504
ents (état de siège proclamé par toute l’Europe),
je
suis tenté de prendre le contre-pied de mon Journal d’un intellectue
505
rope), je suis tenté de prendre le contre-pied de
mon
Journal d’un intellectuel en chômage , et d’insister désormais davan
506
elle est des Catacombes, et non pas du Forum. On
m’
a loué de « penser près de la vie ». Hélas ! je n’en suis que trop prè
507
On m’a loué de « penser près de la vie ». Hélas !
je
n’en suis que trop près, — et surtout de la vie des autres ! On voudr
508
certaines distances, — celles-là mêmes que, dans
mon
Journal , je me félicitais d’avoir vu s’abolir… 16 avril 1939 Quest
509
ances, — celles-là mêmes que, dans mon Journal ,
je
me félicitais d’avoir vu s’abolir… 16 avril 1939 Question. Dans quel
510
es, — celles-là mêmes que, dans mon Journal , je
me
félicitais d’avoir vu s’abolir… 16 avril 1939 Question. Dans quelle
511
ondé. Une journée de reprise à Paris. Et ce soir,
me
voici [venu] assister à un débat, dans un cercle privé, sur la politi
512
nce. Tandis que des experts échangent leurs vues,
je
constate un curieux phénomène : tout se transpose dans mon esprit en
513
ate un curieux phénomène : tout se transpose dans
mon
esprit en problèmes de langage. Il est sans cesse question d’achat et
514
l est sans cesse question d’achat et de vente, et
je
remarque que l’acheteur et le vendeur sont nécessairement deux person
515
ême à un objet matériel indifférencié. À peine ai-
je
noté ceci, qu’un des experts se met à parler de la « personnalité » d
516
us réalistes, selon l’urgence des événements. — «
Je
suis en pleine cure morale, me dit-il, après quatre ans de fièvre. Ma
517
es événements. — « Je suis en pleine cure morale,
me
dit-il, après quatre ans de fièvre. Mais je découvre qu’aujourd’hui,
518
rale, me dit-il, après quatre ans de fièvre. Mais
je
découvre qu’aujourd’hui, dans la vie politique ou intellectuelle, plu
519
essive, ambitions délirantes, et le tréponème, et
j’
en passe… Qui est fou, qui ne l’est pas ? » Il me dit hésiter souvent
520
j’en passe… Qui est fou, qui ne l’est pas ? » Il
me
dit hésiter souvent sur ce point, — et me donne un éclair d’hésitatio
521
? » Il me dit hésiter souvent sur ce point, — et
me
donne un éclair d’hésitation… 27 avril 1939 L’un me dit : — « Pourquo
522
donne un éclair d’hésitation… 27 avril 1939 L’un
me
dit : — « Pourquoi vous inquiéter ? Quand la guerre sera là, il sera
523
ale ; vrai tout autant qu’elle est probable. Suis-
je
aux prises avec deux tempéraments irréductibles ? Ou bien suffirait-i
524
s ». Cet excité croit-il vraiment à ses idées ? —
Je
pense bien, me dit-on. Il n’hésiterait pas à faire tuer pour elles se
525
croit-il vraiment à ses idées ? — Je pense bien,
me
dit-on. Il n’hésiterait pas à faire tuer pour elles ses meilleurs ami
526
qui se tenaient dans le Paris du printemps 1939.
M’
absoudras-tu de n’avoir su prendre parti entre ces deux ardeurs montée
527
espoir qu’au seuil des catastrophes générales. Et
j’
en connais qui ne parviennent à leur régime normal de vie (comme un mo
528
capable est si profond, peut-être si normal, que
j’
en viens à me demander si toutes nos crises ne seraient pas machinées
529
si profond, peut-être si normal, que j’en viens à
me
demander si toutes nos crises ne seraient pas machinées par nous-même
530
par nous-mêmes, dans notre inconscient collectif.
Je
puis l’avouer parce que je suis un écrivain. Il est admis que ces gen
531
inconscient collectif. Je puis l’avouer parce que
je
suis un écrivain. Il est admis que ces gens-là ont le droit de dire —
532
tranger et voyageur sur la terre », ainsi pensais-
je
d’autres fois, dans ces périodes de nomadisme involontaire. Aujourd’h
533
périodes de nomadisme involontaire. Aujourd’hui,
je
songe plutôt à quelque état de mobilisation permanente, préventive… M
534
ns l’autobus, une petite bourgeoise assise devant
moi
s’écrie, voyant s’abattre une pluie d’orage sur la Concorde : « Et mo
535
’abattre une pluie d’orage sur la Concorde : « Et
moi
qui ai oublié mon masque à gaz ! C’était pourtant l’heure H ! » 14 ma
536
d’orage sur la Concorde : « Et moi qui ai oublié
mon
masque à gaz ! C’était pourtant l’heure H ! » 14 mai 1939 La grande v
537
e consacrée dans les rues, les cafés, les métros.
Je
le vois sortant de cette église ouverte, où passe le bruit des autobu
538
bat. 21 mai 1939 Promenade au Bois avec V. O. que
j’
ai été prendre chez Adrienne Monnier — où elle s’était fait montrer le
539
gieuse gerbe de roses rouges que V. O. envoyait à
ma
femme. Plantée au milieu du studio, dans un gros pot de grès, elle rè
540
epuis des mois ? Serait-ce à cause de la menace ?
Je
ne le crois pas. S’il n’y avait pas un bien, dans ce régime, un bien
541
s armées régulières. 7 juin 1939 Ce restaurant où
j’
achève de déjeuner — rive droite — est le type même du restaurant « mo
542
rée, malgré la ville environnante, à la campagne…
Je
suis seul et je pense à un bonheur promis, ce revoir qui est pour dem
543
ille environnante, à la campagne… Je suis seul et
je
pense à un bonheur promis, ce revoir qui est pour demain. Et voici qu
544
pour demain. Et voici que soudain, un « à venir »
m’
est rendu, un rythme heureux du temps, pour vingt-quatre heures, une p
545
monde, et l’entretien de son attente ardente ? Si
j’
y croyais vraiment, sans cesse, je serais heureux sans cesse et en tou
546
te ardente ? Si j’y croyais vraiment, sans cesse,
je
serais heureux sans cesse et en tout lieu ! Si tout dépendait d’un av
547
bable — un nouveau serpent de mer des dictateurs,
je
mets ici un point final à ce journal de petite attente. Il faut juger
548
retrouvé, dans l’instant d’un espoir qui fut pour
moi
la parabole salutaire ! Substance présente des choses espérées ! Qu’e
549
stes réfléchis maîtres d’eux-mêmes, et objectifs.
Je
dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des
550
affreux pour être vrai. » À certain document que
je
ne puis nommer, d’une atterrante précision, nous opposions le sceptic
551
par rapport à nos sécurités. Cette inconscience,
j’
en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plu
552
son imprévision systématique des maux prochains.
J’
écris ceci pendant la bataille de France. Est-il trop tard pour répéte
553
esprits partout ailleurs irréductiblement divers,
je
répète qu’elle est écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. No
554
nt sur le capital ou caisse de compensation, — et
je
ne prends là que de petits exemples7… Nous avons critiqué sans merci
555
elque chose à faire, quelque chose de précis, que
je
veux dire à temps. Ils sont encore à l’écart de la guerre, et peut-êt
556
t-ils. Ils ont encore ce bref délai de grâce dont
je
parlais aux Hollandais, en novembre de l’an dernier — et c’est fini —
557
n novembre de l’an dernier — et c’est fini — dont
je
parlais aux Suisses en janvier de cette année — et cela fait déjà cin
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contre nos goûts, nos sympathies et nos passions.
Je
ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’il vaut quelqu
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ions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais
je
sais que s’il vaut quelque chose, ce sera grâce à l’action personnell
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’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais
ma
Parole ne passera point. » Voilà la base et le point fixe que nulle p
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t. On trouvera de l’argent pour 40 chars, mais si
je
demande qu’on double un budget culturel, on me répondra que je veux r
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si je demande qu’on double un budget culturel, on
me
répondra que je veux ruiner le pays. 8. Voir mon livre Mission ou d
563
’on double un budget culturel, on me répondra que
je
veux ruiner le pays. 8. Voir mon livre Mission ou démission de la S
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me répondra que je veux ruiner le pays. 8. Voir
mon
livre Mission ou démission de la Suisse (« La bataille de la cultur
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fait Paul Reynaud devant le Sénat à l’instant où
j’
écris ceci. aj. Rougemont Denis de, « L’heure sévère », Neue Schweiz
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ique de la Suisse (août 1940)am an Nul pays, à
ma
connaissance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde qu
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nt, chez nous, « fédéralistes », ne sont souvent,
je
le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la
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t que des réactionnaires inconséquents : tant que
je
ne les aurai pas vu refuser l’argent de l’État, je ne pourrai pas pre
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e ne les aurai pas vu refuser l’argent de l’État,
je
ne pourrai pas prendre au sérieux leurs convictions « fédéralistes »
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ons les plus conservateurs sont souvent ceux qui,
me
dit-on, se gênent le moins…10) Or l’opposition gauche-droite est étra
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t celui des gogos enragés. 4. Paresse d’esprit. —
Je
parle ici par expérience : rien n’oblige un bureau de Berne à faire d
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s aucune vie digne de ce nom. Quelques exemples :
Je
vois dans le budget d’une œuvre destinée à soutenir telle branche de
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moins d’un tiers est consacré au but de l’œuvre.
Je
vois une revue d’art et de littérature consacrer des milliers de fran
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nne, on lui répond que les temps sont difficiles.
Je
vois que dans le budget moyen d’un ouvrier suisse, le cadre matériel
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es ressources, proportion réellement exorbitante.
Je
vois des gens qui hésitent entre deux types de salles de bain, l’une
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ils recevaient : elle leur coûtait 10 fr. par an.
Je
vois enfin que toute notre politique est alourdie et comme paralysée
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et ordre, traduisant cette échelle de valeurs. Et
je
conclus : « Si quelque chose aujourd’hui menace la liberté, ce n’est
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formistes ne l’oublient pas ! 8. Intolérance. — À
mon
avis, un fédéralisme sain doit se montrer radicalement intolérant env
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des motifs d’un bandit tout prêt à l’assommer. Or
je
connais une certaine propagande qui nous tape sur le crâne, littérale
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ntre les principes mêmes qui fondent notre État. (
Je
me garderai bien de donner ici un autre exemple que celui de la propa
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e les principes mêmes qui fondent notre État. (Je
me
garderai bien de donner ici un autre exemple que celui de la propagan
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défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-
je
, fortifier nos frontières ? L’intégrité du territoire serait-elle plu
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ceux qui sont froids ou bouillants seront mangés.
Je
demande à voir ce qui vaut le mieux. Il ne faut pas parler de neutral
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tre expulsion violente hors du Royaume de Dieu. «
Je
vous vomirai », dit le Christ. Si c’est vis-à-vis de la guerre des a
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e politique reposerait sur une faute de français,
j’
en suis fâché. Ce n’est pas éternelle qu’il convient de dire, mais per
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ait naguère à ses voisins un homme dont Anastasie
m’
a fait oublier le nom.) De même pour la neutralité « perpétuelle » : c
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pectueux des décisions de nos autorités suprêmes,
j’
ai donc le droit de condamner ouvertement des régimes étrangers qui at
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uent ouvertement le nôtre. Et qu’on ne vienne pas
me
dire qu’une pareille attitude peut compromettre notre indépendance :
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patriote suisse ne dit pas : « Plutôt renoncer à
ma
liberté d’opinion que de risquer des ennuis avec une légation. » Il d
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d’idées générales que de compétences économiques.
Je
connais tel professeur d’Université, tel écrivain, tel philanthrope,
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imides et la vertu des audacieux. 10. Peut-être
me
croira-t-on si je déclare, après la page qu’on vient de lire, que je
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des audacieux. 10. Peut-être me croira-t-on si
je
déclare, après la page qu’on vient de lire, que je n’ai pas d’ambitio
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e déclare, après la page qu’on vient de lire, que
je
n’ai pas d’ambitions politiques ! 11. Intéressante précision du lang
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mort à l’interdiction de proclamer des sottises.
Je
m’excuse de tant de lourdeur dans la précision, mais je m’avance ici
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rt à l’interdiction de proclamer des sottises. Je
m’
excuse de tant de lourdeur dans la précision, mais je m’avance ici sur
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xcuse de tant de lourdeur dans la précision, mais
je
m’avance ici sur un terrain miné. Je sais d’ailleurs ce que je risque
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se de tant de lourdeur dans la précision, mais je
m’
avance ici sur un terrain miné. Je sais d’ailleurs ce que je risque. C
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cision, mais je m’avance ici sur un terrain miné.
Je
sais d’ailleurs ce que je risque. Ce qui me permet d’approuver pleine
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ci sur un terrain miné. Je sais d’ailleurs ce que
je
risque. Ce qui me permet d’approuver pleinement cette déclaration de
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miné. Je sais d’ailleurs ce que je risque. Ce qui
me
permet d’approuver pleinement cette déclaration de Spitteler : « N’es
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Henri le Vert ou l’âme alémanique (1940)al
Je
dois ma première découverte de l’atmosphère suisse allemande à un cou
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i le Vert ou l’âme alémanique (1940)al Je dois
ma
première découverte de l’atmosphère suisse allemande à un cours de ré
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blé, dans une nature moins douce, mais plus drue.
Je
m’étais bien promis d’y retourner, et c’est encore la mobilisation qu
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, dans une nature moins douce, mais plus drue. Je
m’
étais bien promis d’y retourner, et c’est encore la mobilisation qui m
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’y retourner, et c’est encore la mobilisation qui
m’
y ramène. Si je vous confie que mes premiers loisirs de militaire ont
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t c’est encore la mobilisation qui m’y ramène. Si
je
vous confie que mes premiers loisirs de militaire ont été consacrés à
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obilisation qui m’y ramène. Si je vous confie que
mes
premiers loisirs de militaire ont été consacrés à la lecture du grand
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ottfried Keller intitulé Henri le Vert, c’est que
je
dois à cette œuvre célèbre ma seconde découverte de l’âme alémanique.
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le Vert, c’est que je dois à cette œuvre célèbre
ma
seconde découverte de l’âme alémanique. Il est à peine croyable que c
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pâture, mais c’est encore, et c’est surtout, pour
moi
, la meilleure expression de l’esprit suisse allemand. Courez demain m
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et l’amitié suppose une connaissance mutuelle, et
je
ne sais rien qui puisse nous donner, comme ce roman de Gottfried Kell
612
ui les distingue de nous autres Romands. Et quand
je
parle de lyrisme, je n’entends pas ce sentimentalisme vague et un peu
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ous autres Romands. Et quand je parle de lyrisme,
je
n’entends pas ce sentimentalisme vague et un peu lourd qui met tant d
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allemande, et de la fantaisie d’Henri le Vert. On
me
dira que je vais chercher bien haut, et dans une œuvre exceptionnelle
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t de la fantaisie d’Henri le Vert. On me dira que
je
vais chercher bien haut, et dans une œuvre exceptionnelle, mon modèle
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cher bien haut, et dans une œuvre exceptionnelle,
mon
modèle du Suisse allemand… Oh, bien sûr, ils ne sont pas tous des Got
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, oui, dans sa vie apparemment banale. Depuis que
j’
ai lu Henri le Vert, j’entends tout autre chose dans les chants suisse
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remment banale. Depuis que j’ai lu Henri le Vert,
j’
entends tout autre chose dans les chants suisses allemands que cette f
619
e fameuse lourdeur sentimentale un peu scolaire ;
je
distingue une malice un peu brusque, un élan, une saveur populaire et
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est délivré de son sérieux massif. Et alors, dans
mon
enthousiasme, j’évoque Berne, avec sa force calme et ses maisons aux
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sérieux massif. Et alors, dans mon enthousiasme,
j’
évoque Berne, avec sa force calme et ses maisons aux puissantes assise
622
e duc de Milan et ramenés par-dessus les Alpes, —
j’
évoque le dynamisme américain des Zurichois, la vieille culture patiné
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on sacré, dans le souvenir de Nicolas de Flue. Et
je
me dis que la Providence nous veut vraiment du bien, à nous les Suiss
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sacré, dans le souvenir de Nicolas de Flue. Et je
me
dis que la Providence nous veut vraiment du bien, à nous les Suisses,
625
les grands romans de Jérémie Gotthelf. Et puisque
j’
ai parlé de fédéralisme, permettez-moi de terminer par une petite cita
626
. Et puisque j’ai parlé de fédéralisme, permettez-
moi
de terminer par une petite citation qui prouvera aux plus ombrageux d
627
e, et rendons-nous plus dignes d’elle ! Comment ?
Je
voudrais vous le montrer sans phrases ronflantes, par des mots simple
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comblera une lacune dans notre défense nationale.
Je
conjure donc les patrons de consentir une réduction de leur profit, m
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y va de la liberté future de leur entreprise. Et
je
conjure les ouvriers de consentir des réductions de salaire, si cela
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e voisin et disons-lui : vous étiez de gauche, et
moi
de droite, mais aujourd’hui nous sommes de Suisse, l’un comme l’autre
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et utilisables. Elles ne sont pas originales. Il
me
suffit qu’elles soient chrétiennes. Si mes lecteurs les approuvent et
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les. Il me suffit qu’elles soient chrétiennes. Si
mes
lecteurs les approuvent et les mettent en pratique aussitôt, ils auro
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nis de Rougemont nous dit… (23 août 1940)ap aq
J’
ai tenté de retarder mon départ de quelques mois, sinon de quelques se
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it… (23 août 1940)ap aq J’ai tenté de retarder
mon
départ de quelques mois, sinon de quelques semaines… ; mais c’était i
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it impossible. Pendant les quatre mois que durera
mon
voyage, je suivrai de loin l’évolution de la « Ligue du Gothard » qui
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e. Pendant les quatre mois que durera mon voyage,
je
suivrai de loin l’évolution de la « Ligue du Gothard » qui est mon id
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in l’évolution de la « Ligue du Gothard » qui est
mon
idée et celle de mon ami Spoerri, de Zurich, et à laquelle je tiens.
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« Ligue du Gothard » qui est mon idée et celle de
mon
ami Spoerri, de Zurich, et à laquelle je tiens. Elle suit d’ailleurs
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elle de mon ami Spoerri, de Zurich, et à laquelle
je
tiens. Elle suit d’ailleurs son chemin malgré les torrents d’injures
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éfection, en dépit de ce qu’on a dit. D’ailleurs,
je
viens de terminer deux brochures qui vont paraître prochainement et q
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d : raisons d’espérer (13 septembre 1940)as at
Je
comprends vos questions. J’y ai répondu dans une brochure qui va para
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ptembre 1940)as at Je comprends vos questions.
J’
y ai répondu dans une brochure qui va paraître sur la Ligue. Il faut f