1 1938, Articles divers (1938-1940). Le seul espoir (juin 1938)
1 l espoir (juin 1938)a La mission historique de notre Confédération, c’est de garder libres pour tous, les cols du centre d
2 e. Au cours des derniers mois, il semble bien que nous l’ayions redécouverte. Liehburg l’a décrite dans ses drames. Les pers
3 on profondément renouvelées. Le signe physique de notre mission, c’était la défense des cols, cœur physique de l’Europe médié
4 œur physique de l’Europe médiévale. Désormais, il nous appartient de proclamer la signification spirituelle de cette même et
5 sion bourgeoise ; c’est le citoyen responsable de nos démocraties modernes dans la mesure où ces démocraties méritent encor
6 odiques. Or il se trouve que la devise antique de notre Confédération est précisément la devise du personnalisme véritable, l
7 e du génie propre de l’Europe. Et voilà pourquoi nous sommes neutres. ⁂ En aucune heure de notre histoire, nous n’avons épr
8 ourquoi nous sommes neutres. ⁂ En aucune heure de notre histoire, nous n’avons éprouvé une telle nécessité de prendre ou de r
9 mes neutres. ⁂ En aucune heure de notre histoire, nous n’avons éprouvé une telle nécessité de prendre ou de reprendre pleine
10 rendre pleine conscience de cette mission qui est notre raison d’être. À la période de déviation dans le sens individualiste
11 ccidental se révèle beaucoup plus dangereuse pour notre État que l’anarchie ancienne. Elle tend à nier notre mission. Elle te
12 re État que l’anarchie ancienne. Elle tend à nier notre mission. Elle tend à nier l’existence de tout ce qui ne serait pas un
13 e négation du seul principe qui tienne rassemblés nos cantons, et de l’idéal commun qui nous a fédérés. Jamais, depuis le x
14 rassemblés nos cantons, et de l’idéal commun qui nous a fédérés. Jamais, depuis le xiiie siècle, nous n’avons encouru un t
15 nous a fédérés. Jamais, depuis le xiiie siècle, nous n’avons encouru un tel péril. Jamais la conscience impérieuse des rai
16 e elle l’est aujourd’hui, une condition vitale de notre existence même. ⁂ Je vois un peu partout des signes de réveil. J’en a
17 en a d’autres, très typiques, dans l’attitude de nos syndicats, qui tendent de plus en plus à développer la conscience dém
18 urs adhérents : on revient au fédéralisme tel que nous sommes chargés de le défendre, et qui s’oppose autant au particularis
19 s court délai. Car il y va de l’existence même de notre État, et au-delà : de l’espoir d’une Europe recréée selon son génie.
20 te, je ne puis ici qu’indiquer la ligne générale. Notre force, à nous Suisses fédérés, n’est pas dans le nationalisme ! Nous
21 ici qu’indiquer la ligne générale. Notre force, à nous Suisses fédérés, n’est pas dans le nationalisme ! Nous ne sommes pas
22 Suisses fédérés, n’est pas dans le nationalisme ! Nous ne sommes pas une nation ; ni trois nations ; ni même vingt-deux peti
23 ois nations ; ni même vingt-deux petites nations. Nous sommes une Confédération de communautés régionales. C’est dans la mes
24 e communautés régionales. C’est dans la mesure où nous voulons rester cela, et le devenir de mieux en mieux, que nous serons
25 rester cela, et le devenir de mieux en mieux, que nous serons grands devant l’Europe, parce que nous serons l’avenir de l’Eu
26 que nous serons grands devant l’Europe, parce que nous serons l’avenir de l’Europe. Si, pour faire face à la menace totalita
27 ope. Si, pour faire face à la menace totalitaire, nous essayons plus ou moins sérieusement de devenir nous aussi une nation,
28 us essayons plus ou moins sérieusement de devenir nous aussi une nation, notre compte sera vite réglé. Car : 1° nous perdron
29 ns sérieusement de devenir nous aussi une nation, notre compte sera vite réglé. Car : 1° nous perdrons notre raison d’être, e
30 ne nation, notre compte sera vite réglé. Car : 1°  nous perdrons notre raison d’être, et il n’est pas d’exemple dans l’Histoi
31 re compte sera vite réglé. Car : 1° nous perdrons notre raison d’être, et il n’est pas d’exemple dans l’Histoire qu’un État q
32 atant ; il l’est même trop pour que j’insiste… 2°  nous ne pouvons devenir qu’une des plus petites nations de l’Europe, et un
33 e n’est quatre. Dès lors, quelle force opposerons- nous aux grandes nations qui nous entourent ? Nous serons dépecés en trois
34 lle force opposerons-nous aux grandes nations qui nous entourent ? Nous serons dépecés en trois Anschluss. Ce n’est donc pas
35 ons-nous aux grandes nations qui nous entourent ? Nous serons dépecés en trois Anschluss. Ce n’est donc pas un « idéal fumeu
36 me helvétique. Je lui oppose la condition même de notre droit à l’existence. Notre seule force est dans notre idéal personna
37 la condition même de notre droit à l’existence. Notre seule force est dans notre idéal personnaliste, et donc fédéraliste.
38 droit à l’existence. Notre seule force est dans notre idéal personnaliste, et donc fédéraliste. Notre seule force sérieuse
39 s notre idéal personnaliste, et donc fédéraliste. Notre seule force sérieuse est d’ordre spirituel. Les « réalistes » qui vou
40 es » qui voudraient le nier trahissent et ruinent notre grandeur et notre espoir. La Suisse n’a pas de pires ennemis. Ce n’es
41 t le nier trahissent et ruinent notre grandeur et notre espoir. La Suisse n’a pas de pires ennemis. Ce n’est pas une armée mo
42 res ennemis. Ce n’est pas une armée motorisée qui nous sauvera de l’attaque de nos voisins, même si nous ruinons le pays pou
43 armée motorisée qui nous sauvera de l’attaque de nos voisins, même si nous ruinons le pays pour la perfectionner au maximu
44 nous sauvera de l’attaque de nos voisins, même si nous ruinons le pays pour la perfectionner au maximum. Ce qui sauvera la S
45 c’est la conscience de son destin européen. C’est notre effort pour nous élever au niveau de cette destinée. Et c’est l’affir
46 e de son destin européen. C’est notre effort pour nous élever au niveau de cette destinée. Et c’est l’affirmation tenace et
47 ’affirmation tenace et convaincue de l’avenir que nous incarnons aux yeux des peuples d’Occident. Notre seul espoir, à nous
48 e nous incarnons aux yeux des peuples d’Occident. Notre seul espoir, à nous Suisses, c’est de rester et de devenir de mieux e
49 yeux des peuples d’Occident. Notre seul espoir, à nous Suisses, c’est de rester et de devenir de mieux en mieux le seul espo
2 1938, Articles divers (1938-1940). Souvenir d’Esztergom (juin 1938)
50 re violacée à l’horizon — chez les Tchèques déjà. Nous allons aux bains, car c’est dans la piscine que nous devons rencontre
51 s allons aux bains, car c’est dans la piscine que nous devons rencontrer le poète. Cheveux noirs d’aigle collés sur son larg
52 ur son large front, belle carrure ruisselante, il nous sourit, dans l’eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensem
53 ourit, dans l’eau jusqu’à mi-corps, mythologique. Nous sortons ensemble de la petite ville aux rues de terre brûlante, aux m
54 jaunes, basses, ville sans ombre, sans arbres, et nous montons vers la maison du poète, sur un coteau de vignes. Trois chamb
55 ceux qui « chantent ». L’après-midi est immense. Nous buvons des vins dorés et doux que nous verse Ilonka Babits (elle est
56 t immense. Nous buvons des vins dorés et doux que nous verse Ilonka Babits (elle est poète aussi, et très belle). Nous inscr
57 nka Babits (elle est poète aussi, et très belle). Nous inscrivons nos noms au charbon sur le mur chaulé, Gachot prend des ph
58 est poète aussi, et très belle). Nous inscrivons nos noms au charbon sur le mur chaulé, Gachot prend des photos, Gyergyai
3 1938, Articles divers (1938-1940). « Comment libérer l’État de la tyrannie de l’Argent ? » (10 juin 1938)
59 la tyrannie de l’Argent ? » (10 juin 1938)c d Nous sommes en train de passer du règne de la finance totalitaire (libéral
60 entre autres — qu’est la guerre totale, cancer de notre « paix ». Il n’y a de liberté possible pour les communes et les perso
61 l s’agit d’une dichotomie, rationnelle, mais dont nous discuterons la possibilité humaine — entre un gouvernement issu des g
4 1938, Articles divers (1938-1940). Le Relèvement de l’Allemagne (1918-1938) par Albert Rivaud (28 octobre 1938)
62 ment brûlante et immédiate. Le livre de M. Rivaud nous y aidera. Il faut le lire avant de lire Mein Kampf ou les traductions
63 ductions plus ou moins fidèles et tronquées qu’on nous en offre. Car M. Rivaud a le grand mérite d’avoir situé le développem
64 cture prend une actualité vraiment bouleversante. Nous venons d’assister à la répétition du coup de juillet 1914. Mêmes manœ
65 ion des esprits, système économique et financier. Nous aurions beaucoup de réserves à formuler sur le détail de ces chapitre
66 intention qui préside à la « description » qu’ils nous offrent. Certes, il est malaisé de se renseigner exactement sur le fo
67 ase ? Les polémiques au sujet des salaires russes nous ont rendus méfiants, à juste titre. De même, page 364, on nous dit d’
68 us méfiants, à juste titre. De même, page 364, on nous dit d’abord que « l’organisation nationale-socialiste a permis de sup
69 sts qui ont absorbé les petites sociétés. Méfions- nous d’un certain abus du terme de « socialisme », trop fréquent chez les
5 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse de Denis de Rougemont, lauréat du prix Rambert 1938 (novembre 1938)
70 l n’ignore que ce mythe, demeuré si puissant dans nos vies, détient une signification secrète, qui est le combat du Jour et
71 onnaître que ces relations ne sont pas bonnes, de nos jours. J’allais même jusqu’à dire, dans mon livre, qu’elles sont en é
72 qui, Dieu merci, ne trouvait pas à s’exercer dans nos cantons paisibles. Pourquoi n’y aurait-il pas de nos jours, sous une
73 cantons paisibles. Pourquoi n’y aurait-il pas de nos jours, sous une forme plus pacifique1, des écrivains qui renoueraient
74 t tort, bien au contraire, au sens patriotique de nos ancêtres. Et il se peut que de nos jours, où la Suisse apparaît de pl
75 patriotique de nos ancêtres. Et il se peut que de nos jours, où la Suisse apparaît de plus en plus comme le symbole d’une E
6 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse à l’enquête « Littérature et christianisme » (20 novembre 1938)
76 t-il baptisé « chrétien ». (Je parle idéalement : nous avons nous aussi une pénible « littérature protestante » d’édificatio
77 é « chrétien ». (Je parle idéalement : nous avons nous aussi une pénible « littérature protestante » d’édification.) Elles s
78 posent plus que des problèmes d’ordre technique. Nous autres écrivains de la Réforme, nous aimerions nous comparer au Jean-
79 e technique. Nous autres écrivains de la Réforme, nous aimerions nous comparer au Jean-Baptiste du fameux retable de Grünewa
80 us autres écrivains de la Réforme, nous aimerions nous comparer au Jean-Baptiste du fameux retable de Grünewald à Colmar : n
81 aptiste du fameux retable de Grünewald à Colmar : nos œuvres ne seront jamais que cette main qui désigne le Christ, au-dess
82 . « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » Et nous dirions de notre public ce que disait de son malade le calviniste Amb
83 l croisse et que je diminue. » Et nous dirions de notre public ce que disait de son malade le calviniste Ambroise Paré : « Je
84 Ambroise Paré : « Je le pansay. Dieu le guarit. » Nous ne saurions « guérir » personne. On ne nous demande qu’un diagnostic
85 it. » Nous ne saurions « guérir » personne. On ne nous demande qu’un diagnostic exact de l’humain, c’est-à-dire, je le répèt
86 sque toujours par d’autres voies que celles qu’il nous plaisait d’imaginer… j. Rougemont Denis de, « Littérature et chris
87 n des plus authentiques essais de construction de notre temps. Politique de la personne , Penser avec les mains , le Journ
7 1939, Articles divers (1938-1940). Quel est le rôle de l’Université dans le pays ? (1939)
88 même barbare de le lui reprocher un seul instant. Nous attendons de l’Université tout autre chose. Je puis le dire à sa loua
89 rien, sinon à voir et à sentir comme jamais plus nous ne le ferons plus tard, la couleur de nos pierres après la pluie, et
90 s plus nous ne le ferons plus tard, la couleur de nos pierres après la pluie, et l’odeur du lac immobile… Tout cela peut se
91 les raisons du monde de condamner, mais sans quoi notre vie demeurerait privée de sa plus émouvante saveur. Je sais : toutes
92 étaient la dernière à cultiver le romantisme. La nôtre se crut la première, parce qu’elle était horriblement surréaliste ! J
93 les volées qui ont suivi ont été aussi folles que nous , et s’il serait décent de le souhaiter. Mais c’est avec plus de tendr
94 mords que je me rappelle, ce soir, ces folies-là. Nous vivions dans une sorte d’euphorie constante, coupée de somnolences, d
95 de bois — et d’accès d’enthousiasme pathétiques ! Nous passions des soirées et des nuits que nous imaginions orgiaques, et q
96 ques ! Nous passions des soirées et des nuits que nous imaginions orgiaques, et qui étaient simplement lyriques. Durant des
97 ent simplement lyriques. Durant des mois d’hiver, notre vie tournoyait dans l’atmosphère des « Théâtrales » — curieux terme,
98 plus chaque année. Mais le plus beau, c’était que nous finissions par transformer notre existence entière en un théâtre. Dan
99 beau, c’était que nous finissions par transformer notre existence entière en un théâtre. Dans cette ville dont les places et
100 les rues sont si pareilles à des décors, la nuit, nous avions l’impression de circuler sur une scène perpétuelle. Les bons b
101 perpétuelle. Les bons bourgeois n’étaient plus, à nos yeux, que des sortes de figurants, ignorant tout du sens réel de notr
102 ortes de figurants, ignorant tout du sens réel de notre drame. Ils nous voyaient passer, cheveux au vent, des foulards rouges
103 s, ignorant tout du sens réel de notre drame. Ils nous voyaient passer, cheveux au vent, des foulards rouges négligemment no
104 ales d’insomnies et des restes de fard aux joues. Nous dansions autour d’une flamme invisible à tout autre qu’à nous, et don
105 s autour d’une flamme invisible à tout autre qu’à nous , et dont nous n’étions même pas toujours sûrs qu’elle fût réelle — ma
106 flamme invisible à tout autre qu’à nous, et dont nous n’étions même pas toujours sûrs qu’elle fût réelle — mais qu’importai
107 plus vivantes, de drames plus vrais que ceux dont nous faisions la montre… Mais ceci c’est une autre histoire, et qui m’entr
108 qui m’entraînerait assez loin. … Ne serait-ce pas notre rôle actuel, en Suisse, de maintenir cette tradition du romantisme et
109 s chants… d’une autre espèce ? Ne serait-ce pas à nous de maintenir et d’illustrer aux yeux du monde moderne une de ces véri
8 1939, Articles divers (1938-1940). Le protestantisme créateur de personnes (1939)
110 ur infinie de la personnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont la
111 ersonnalité ? Comment passer de notre théologie à notre histoire ? Qu’est-ce que cette personnalité dont la valeur varie si c
112 dont tant d’auteurs non protestants ou incroyants nous font une gloire peut-être intempestive ? Le problème est, je crois, d
113 e, en Italie, l’attaque est déjà déclenchée. Elle nous atteint déjà par contrecoup, et il est sage de s’attendre à bien pire
114 rempart contre la barbarie, c’est le moment pour nous de préciser comment, pourquoi, dans quel esprit surtout le protestant
115 raissent revêtir une importance particulière pour notre pensée réformée. Car il se trouve que nous passons, nous protestants,
116 pour notre pensée réformée. Car il se trouve que nous passons, nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la pers
117 nsée réformée. Car il se trouve que nous passons, nous protestants, tantôt pour les fermes soutiens de la personnalité, tant
118 dangereux individualistes. C’est donc vraiment de nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à
119 nos affaires qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à dire, peut-être même avant quiconque, si l’on veu
120 qu’il s’agit dans cette discussion. Nous y avons notre mot à dire, peut-être même avant quiconque, si l’on veut éviter les p
121 mples historiques susceptibles de faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons comment sont apparues dans
122 e faire image. Si nous remontons aux origines, si nous cherchons comment sont apparues dans l’Histoire les notions d’individ
123 et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux comment se situe la Réforme dans l’évolution de l’Europ
124 et quel principe central elle doit y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Contrai
125 s d’abord l’individu. Contrairement à ce que peut nous faire croire une certaine polémique réactionnaire, l’individu n’est p
126 scient. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connais-toi
127 us est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connais-toi toi-même, c’est-à-dire : prends conscience de ton e
128 elle. C’est Rome alors, c’est l’Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction collective. La victoire
129 gide, devait fatalement triompher d’une Grèce que nous dirions « atomisée ». Le vide social créé par l’individualisme est to
130 par le terme de milicien ou de soldat politique. Nous allons le voir se transformer substantiellement dans le vocabulaire c
131 bulaire chrétien. Car voici le moment décisif de notre histoire. La Grèce individualiste a triomphé de la communauté barbare
132 nt donc comme des paradoxes vivants, et cependant nous savons bien que leur libération et leur service ne sont nullement con
133 dans leur genèse historique, les maîtres mots de notre conception occidentale de l’homme : l’individu et la personne. Et vou
134 me chrétien. Ces bases étant posées, faisons dans nos pensées un petit saut de quelques siècles, pour retomber tout à la fo
135 que de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église des premiers siècles a repris peu à peu l’héritage d
136 e les premiers types d’individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’indi
137 irs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même du sujet. Qu’on m’entende bien : je ne prétends
138 ont admis d’être présentés comme des novateurs. «  Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions per
139 dmis d’être présentés comme des novateurs. « Nous nous sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personne
140 s sommes efforcés, écrit Calvin, de ne pas mettre nos opinions personnelles à la place de l’exposition simple et fidèle de
141 de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre de Calvin a consisté essentiellem
142 t dans la communion des saints. Ici-bas, l’Église nous apparaît, selon les propres termes de Calvin, dans la diversité « des
143 que Dieu attribue à chaque homme. Notez bien que nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne : à la fois libre
144 te contaminé les formes et structures politiques. Nous en verrons quelques exemples. Quelle fut donc la traduction politique
145 confusion des pouvoirs politiques et spirituels, nous les trouvons chez un Charles-Quint, chez un Philippe II d’Espagne, et
146 le parti protestant relève la tête, en tous pays, nous le voyons adopter une politique toute différente. Il ne tombe jamais
147 de défense constituées par les huguenots ; ou de nos jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique e
148 de de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre proprement spirituel. C’est bien le même état d’es
149 un entraîne l’autre, l’un ne va pas sans l’autre. Nous pouvons le vérifier d’une autre manière encore. Qui dit respect des p
150 mple qui me ferait la part trop belle. Contentons- nous de le poser comme un repère. Ce que je voulais dégager, c’est que la
151 es telles que l’individu et la personne, abordons notre siècle et l’histoire présente. Car en définitive, c’est de cela qu’il
152 ise, et l’idée de l’homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue : condition de l’Église et condition
153 ondition de l’Église et condition de l’homme, que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affron
154 s nations qui respectent l’Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates que possible :
155 ces trois États : d’abord parce que ce n’est pas notre sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent
156 e le voit, s’atténuent d’année en année. Ce qu’il nous importe de souligner ce soir, ce sont deux traits évidemment communs
157 eurs », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la
158 », ne saurait être que l’absolutisme. Or, si nous nous rappelons que le calvinisme a toujours maintenu avec rigueur la disti
159 à fait différente : une espèce d’individualisme. Nous aurons l’occasion d’y revenir tout à l’heure. Car en effet, une oppos
160 talité totalitaire et la mentalité calviniste, va nous permettre une confrontation utile des deux doctrines. Je dis bien uti
161 esprit totalitaire comme une menace terrible pour notre civilisation et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n
162 rible pour notre civilisation et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en
163 et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en o
164 u’il est du diable, et que c’est en chrétiens que nous avons maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est décl
165 ue c’est en chrétiens que nous avons maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le
166 maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — surtout
167 plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs. Pour rester fort, il faut en premier lieu vaincre l’adversaire
168 ire, c’est la première condition pour éviter chez nous , pendant qu’il en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’
169 coup certains dangers qui menacent en permanence notre morale de la personne. Je vais le montrer par deux exemples dont j’es
170 elle communauté, reprenons une des catégories que nous définissions en débutant. La religion politique, ou la politique reli
171 nts sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représente l’ordre ? Qui ne voit qu’une telle
172 e futur éternel, le rachat du péché d’origine ? À nous maintenant de rester vigilants, exigeants et vigilants, même et surto
173 e. Par exemple : partout où l’on exalte ici, chez nous , la vertu régénératrice du sang et le culte des morts sacrés, même s’
174 elque chose qu’il ne faut pas laisser grandir. On nous parle, avec les meilleures intentions du monde, d’une défense spiritu
175 e sur la notion de « Suisse chrétienne », défions- nous d’un certain enthousiasme qui nous ferait tomber à pieds joints dans
176 nne », défions-nous d’un certain enthousiasme qui nous ferait tomber à pieds joints dans la fatale confusion du temporel et
177 s de comprendre une bonne fois le sens profond de notre fédéralisme, seule doctrine politique existante qui soit radicalement
178 s le paradoxe vivant que représente, en chacun de nous , la personne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant
179 rté, l’homme autonome, mais aussi solidaire. Ceci nous amène au second point : quelle est la condition faite à la personne d
180 ’indique, d’une véritable civilisation. Qu’allons- nous opposer à cela ? Tout simplement, la force préventive, inattaquable t
181 s, pour peu qu’il vienne à s’accentuer, risque de nous conduire un jour par une voie directe au fascisme, une certaine dévia
182 ie directe au fascisme, une certaine déviation de notre morale, un certain culte de la personnalité en soi, un certain indivi
183 soi, un certain individualisme, risquent aussi de nous y conduire, cette fois-ci, d’une manière indirecte, du simple fait qu
184 re indirecte, du simple fait qu’ils affaiblissent nos résistances spirituelles. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe
185 issent nos résistances spirituelles. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certain
186 s. C’est ici de nos vertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions-nous d’une certaine manière trop humaine de prôner ou
187 ertus mêmes qu’il importe de nous méfier. Méfions- nous d’une certaine manière trop humaine de prôner ou de laisser prôner le
188 ôner le protestantisme créateur de personnalités. Notre danger intime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertu
189 ime et permanent, c’est le moralisme, le culte de nos vertus utilisées pour des fins purement humaines. À force de louer la
190 d’individualités et de caractères bien trempés », nous courons le risque d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’hom
191 mme d’abord. À force de louer ses effets humains, nous risquons de trahir sa cause divine. N’oublions pas que la personnalit
192 simplement « sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir que la foi réformée, même quand elle cesse d’êtr
193  sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons nous réjouir que la foi réformée, même quand elle cesse d’être vivante, la
194 bien trempés, se feront de plus en plus rares si nous laissons tarir les sources vives de la Réforme. Et puis, une personna
195 tendance calviniste, est appelée à figurer, dans notre siècle, le type même de la sûre doctrine de résistance au paganisme p
196 ctrine de résistance au paganisme politique. Ceci nous charge d’une responsabilité devant l’Histoire. Que devons-nous faire
197 ’une responsabilité devant l’Histoire. Que devons- nous faire pour nous montrer à peu près dignes d’une telle charge ? Simple
198 ité devant l’Histoire. Que devons-nous faire pour nous montrer à peu près dignes d’une telle charge ? Simplement, mais aussi
199 e de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux la théologie réformée. Il nous reste à prendre
200 s ont repris au sérieux la théologie réformée. Il nous reste à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’homme et de l’Ét
201 c chrétien. Or il se trouve qu’ici et maintenant, notre situation ressemble fort à celle qu’eut à résoudre la Réforme. Calvin
202 ’une position non point centriste, mais centrale. Nous , de même, reprenons le combat contre l’esprit collectiviste, mais aus
203 viations humanistes de la personne : transformons nos démocraties individualistes en démocraties vraiment personnalistes. E
204 oublions jamais que l’ennemi qui se dresse devant nous , c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, en nous, chez
205 que l’ennemi qui se dresse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, en nous, chez nous, par une
206 resse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le vaincre, en nous, chez nous, par une espèce de croisade int
207 nous tout d’abord que nous devons le vaincre, en nous , chez nous, par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est ce
208 d’abord que nous devons le vaincre, en nous, chez nous , par une espèce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a
209 cœur. Alors seulement, purifiés et lucides, quand nous aurons repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient
210 t lucides, quand nous aurons repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalit
211 notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous , de nos « personnalités », mais de nos vocations — de nos personnes —
212 rce véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations — de nos personnes —, nous p
213 nt pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations — de nos personnes —, nous pourrons répéter la fière devise
214 nos « personnalités », mais de nos vocations — de nos personnes —, nous pourrons répéter la fière devise des vieux huguenot
215 és », mais de nos vocations — de nos personnes —, nous pourrons répéter la fière devise des vieux huguenots : « Tant plus à
9 1939, Articles divers (1938-1940). Le théâtre communautaire en Suisse (1939)
216 nd des Alpes ? Serait-ce plutôt que le sérieux de nos mœurs, notre fameuse méfiance du décorum et des attitudes concertées,
217 s ? Serait-ce plutôt que le sérieux de nos mœurs, notre fameuse méfiance du décorum et des attitudes concertées, nécessite et
218 tiendrai donc au seul problème du théâtre actuel. Nous voyons naître l’ère des masses sur les ruines de l’individualisme, et
219 iques au sein des foules des grandes nations. Or, nous n’avons pas de grandes villes, et nous ne sommes pas une grande natio
220 tions. Or, nous n’avons pas de grandes villes, et nous ne sommes pas une grande nation. La seule voie qui nous reste ouverte
221 e sommes pas une grande nation. La seule voie qui nous reste ouverte est celle d’un théâtre de groupes — non d’individus, ni
222 s — correspondant à la structure communautaire de notre Confédération et de chacun de nos cantons. J’essaierai de concrétiser
223 munautaire de notre Confédération et de chacun de nos cantons. J’essaierai de concrétiser ce point de vue par l’exemple d’u
224 i les forces individuelles les plus marquantes de notre histoire, l’on trouve au premier rang la figure populaire de Nicolas
225 créatrice, réside donc dans ce fait, qui rappelle notre devise confédérale : un seul peut être utile à tous. La traduction sp
226 emandé d’écrire ce drame. Il existe en effet chez nous des chœurs mixtes de premier ordre à La Chaux-de-Fonds et au Locle ;
227 inq-cents personnes, dans les diverses régions de notre canton, se mirent de grand cœur à la tâche : acteurs amateurs recruté
228 xemple aussi personnel ! — une leçon se dégage de notre effort : nulle part, ailleurs qu’en Suisse, il n’eût été possible d’i
229 persuadé que sa formule est celle de l’avenir de notre scène. y. Rougemont Denis de, « Le théâtre communautaire en Suisse
10 1939, Articles divers (1938-1940). Un quart d’heure avec M. Denis de Rougemont : Hitler, grand-prêtre de l’Allemagne (11 janvier 1939)
230 e ? » Il m’a répondu : « Allez écouter le Führer, nous en reparlerons ensuite ». Est-ce donc une révélation que de voir Hitl
231 térieurs. La raison profonde d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulion
232 d’un mouvement comme le nôtre est irrationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque cho
233 ationnelle. Nous voulions croire à quelque chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à ce
234 ue chose, nous voulions vivre pour quelque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité
235 chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire. Le christianisme, probablement
236 mps au besoin de croire de la majorité du peuple. Nous voulions croire à la mission du peuple allemand. Nous voulions croire
237 voulions croire à la mission du peuple allemand. Nous voulions croire à l’immortalité du peuple et peut-être réussirons-nou
238 à l’immortalité du peuple et peut-être réussirons- nous à y croire. » Voilà qui dit bien où est la force de l’Allemagne nouve
11 1939, Articles divers (1938-1940). Qui est Hitler ? (24 février 1939)
239 upport ou le médium d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Voilà de quoi déconcerter nos hommes d’État démocratiqu
240 ppe à nos psychologies. Voilà de quoi déconcerter nos hommes d’État démocratiques lorsqu’ils se trouvent, comme à Munich, e
241 rgueil germanique, et de la foi nationaliste. Or, nous savons par l’Ancien Testament que les prophètes de Baal faisaient les
242 , et non la gloire du Dieu vivant. C’est pourquoi notre vraie défense contre lui ne peut être que notre foi. La contre-épreuv
243 i notre vraie défense contre lui ne peut être que notre foi. La contre-épreuve de ce jugement, je la vois dans deux faits fra
244 e le Troisième Reich. C’est un signe de Dieu dans notre histoire confuse. p. Rougemont Denis de, « Qui est Hitler ? », L’H
12 1939, Articles divers (1938-1940). Il y a toujours des directeurs de conscience en Occident (juin 1939)
245 lème, est d’ailleurs la conséquence nécessaire de notre anarchie morale. Et cette anarchie résulte elle-même de la multiplici
246 donc à cette question : pour quelles fins vivons- nous  ? Car cela seul peut définir la voie à suivre, l’orthodoxie. Point de
247 ouve, au but final et simple assigné à sa vie. Or nous voyons au xxe siècle plusieurs « orthodoxies » se constituer, toutes
248 qui, vainqueur du temps, verrait d’un seul regard nos origines et nos fins dernières, d’où nous venons, où nous allons… À s
249 u temps, verrait d’un seul regard nos origines et nos fins dernières, d’où nous venons, où nous allons… À son défaut, tout
250 l regard nos origines et nos fins dernières, d’où nous venons, où nous allons… À son défaut, tout universalisme imaginé par
251 gines et nos fins dernières, d’où nous venons, où nous allons… À son défaut, tout universalisme imaginé par nos cerveaux ser
252 ons… À son défaut, tout universalisme imaginé par nos cerveaux sera frappé du même vice que les orthodoxies que vous condam
253 du puits en se tirant par les cheveux, aussi vrai nous est-il impossible de nous hausser jusqu’à l’universel avec l’aide de
254 les cheveux, aussi vrai nous est-il impossible de nous hausser jusqu’à l’universel avec l’aide de nos idéaux : car eux aussi
255 e nous hausser jusqu’à l’universel avec l’aide de nos idéaux : car eux aussi sont dans le puits. Je ne connais pas de doctr
256 elle, d’universalisme concevable, descriptible, à notre portée et à notre disposition, c’est-à-dire ayant son fondement dans
257 sme concevable, descriptible, à notre portée et à notre disposition, c’est-à-dire ayant son fondement dans le plan terrestre,
258 dans l’homme. Seul un point qui serait au-delà de notre monde pourrait devenir le point de convergence de tous nos actes et d
259 pourrait devenir le point de convergence de tous nos actes et de tous nos espoirs. Mais alors, c’est un objet de foi, car
260 point de convergence de tous nos actes et de tous nos espoirs. Mais alors, c’est un objet de foi, car il échappe aux prises
261 est un objet de foi, car il échappe aux prises de notre esprit non moins qu’à celles de nos sens. Ainsi la foi chrétienne est
262 x prises de notre esprit non moins qu’à celles de nos sens. Ainsi la foi chrétienne est universaliste dans son élan et dans
263 elle s’élance vers les « choses espérées ». Elle nous dirige vers l’Esprit qui dit : « Viens ! » au terme de l’Apocalypse.
264 glise quand il entraîne « deux ou trois » d’entre nous  ; l’Église : la seule communauté qui ait son fondement au-delà du mon
13 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue vu par Denis de Rougemont (8 juillet 1939)
265 sance — et d’origine. Bel exemple de fédéralisme. Notre Nicolas de Flue comprend trois parties, j’hésite à dire trois actes
266 d trois parties, j’hésite à dire trois actes tant notre travail diffère du genre purement théâtral, répond Denis de Rougemont
267 Arthur Honegger qui a suivi, la pipe à la bouche, notre conversation. Et la musique ? D’abord, je vous dirai qu’il y a 30 par
268 s qu’ils ne descendent du ciel vers la terre, car nous avons appelé « ciel » la partie supérieure de la scène, là où se trou
14 1939, Articles divers (1938-1940). Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)
269 semble. Entre deux averses de cet été inclément, nous pouvons profiter du petit jardin de la NRF. C’est un lieu ordonné et
270 e la Pléiade et qui, posé sur la table, imprime à notre rencontre la note de la maison. ⁂ Que dire de Denis de Rougemont ? À
271 pensant ce qu’il dit. Parfois s’établissent entre nous des silences qui me font dire qu’il a fini et que je dois poser une q
272 de l’Italie, le mouvement cathare. D’après ce que nous en savons, il comportait des notions tout à fait comparables à celles
273 stion qui me brûlait la langue depuis le début de notre entretien, lequel prend de plus en plus figure de conversation amical
15 1939, Articles divers (1938-1940). Comment j’ai écrit Nicolas de Flue (3 novembre 1939)
274 c’est-à-dire sur le récit même de la journée que nous venions de vivre ! C’était la même menace, la même attente au bord du
275 es monumentales. Cette petite scène de Stans, que nous avions coutume de voir dans le lointain de notre histoire, par le gro
276 e nous avions coutume de voir dans le lointain de notre histoire, par le gros bout de la lunette du temps, la voilà qui s’agr
277 osition de Zurich. Mais le mois de septembre 1939 nous apporta la catastrophe que septembre 1938 avait su écarter. C’était l
278 colas et du message fraternel que le drame allait nous redire. Et cependant nous n’avons pas perdu courage. La foi de Nicola
279 nel que le drame allait nous redire. Et cependant nous n’avons pas perdu courage. La foi de Nicolas domine les temps. Elle v
280 des Suisses. Elle est encore le grand symbole de notre Confédération et de sa mission en Europe. Plus que jamais, dans ces h
16 1939, Articles divers (1938-1940). Pourquoi nous sommes là (décembre 1939)
281 Pourquoi nous sommes là (décembre 1939)x Il neige de gros flocons humides sur un
282 encore, devant ce papier blanc : pourquoi sommes- nous là, — quelque part, — loin de tout ce qui faisait notre vie ? Il faud
283 là, — quelque part, — loin de tout ce qui faisait notre vie ? Il faudrait essayer de répondre. L’homme n’est pas né pour fair
284 mise au pas militaire, de son arrogance étatique. Nous sommes ici à patauger parce que les peuples autour de nous font la gu
285 es ici à patauger parce que les peuples autour de nous font la guerre, et s’ils la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su, co
286 s la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su, comme nous les Suisses, se fédérer progressivement au lieu de s’unifier brutalem
287 s antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintena
288 puisque l’autre aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le recon
289 otre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela q
290 tre avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons à défendre : le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu
291 ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, ce n’est pas pour défendre des fromages, des conseils d’ad
292 ndre des fromages, des conseils d’administration, notre confort et nos hôtels. D’autres — on sait qui — feraient marcher tout
293 , des conseils d’administration, notre confort et nos hôtels. D’autres — on sait qui — feraient marcher tout cela aussi bie
294 t qui — feraient marcher tout cela aussi bien que nous — peut-être mieux ! Ce n’est pas non plus pour protéger nos « lacs d’
295 -être mieux ! Ce n’est pas non plus pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la
296 pas non plus pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». (Certain ministre de la propagande se chargera
297 rès volontiers de ce travail de Heimatschutz.) Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsabl
298 us sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsables, depuis des siècles, devant l’Europe. D’autres se
299 brigands qui voulaient profiter de sa faiblesse. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor,
300 d’affirmer sa santé, et de sauver son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en prenons pas conscience, je ne
301 son avenir. Si nous trahissons cette mission, si nous n’en prenons pas conscience, je ne donne pas lourd de notre indépenda
302 prenons pas conscience, je ne donne pas lourd de notre indépendance. Lt D. de Rougemont III/20. x. Rougemont Denis de, « 
303 mont III/20. x. Rougemont Denis de, « Pourquoi nous sommes là », La DAC, Berne, décembre 1939, p. 1.
17 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue : naissance d’un drame (Noël 1939)
304 omme-là. Sur quoi la guerre fit un pas lourd dans notre Europe, et cette approche assourdissante fascina tout entendement. C’
305 couvre une vie d’homme réel, un siècle décisif de notre histoire, un grand drame religieux au seuil de la Réforme, — et déjà
306 tes et des psalmistes. Nul autre ne possède, dans notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’accorder à la fois à
307  ? Celui de la paix, je le répète. Joignons alors notre prière à celle du peuple suisse, invoquant du fond des vallées l’inte
308 nd des vallées l’intervention de Nicolas : Parmi nous , peuple, parmi nous — parmi la foule en lourd tumulte avant le jour —
309 ervention de Nicolas : Parmi nous, peuple, parmi nous — parmi la foule en lourd tumulte avant le jour — aveugle proie de l’
310 nt l’oreille au martelant galop du cheval roux de notre Apocalypse — parmi nous, foule, parmi nous. Descends ! clémente et p
311 galop du cheval roux de notre Apocalypse — parmi nous , foule, parmi nous. Descends ! clémente et pacificatrice — ô voix pa
312 ux de notre Apocalypse — parmi nous, foule, parmi nous . Descends ! clémente et pacificatrice — ô voix pareille à la rosée !
313 — Viens te poser sur le cœur de violence — apaise- nous , colombe en ce tumulte — miraculeuse ! Jusqu’au jour incertain où nou
314 umulte — miraculeuse ! Jusqu’au jour incertain où nous pourrons chanter ce final entonné par tous les chœurs du drame : Écl
315 chœur, levez-vous et chantez ! Dans la paix que notre Dieu nous envoie Oui, tous, encor, jubilez et riez ! Battez des m
316 z-vous et chantez ! Dans la paix que notre Dieu nous envoie Oui, tous, encor, jubilez et riez ! Battez des mains, peup
18 1940, Articles divers (1938-1940). L’homme au poignard enguirlandé (1940)
317 crotte sur le nez, trois dans ta barbe !15 » Mais nous voici mieux muselés que ces ours du duc de Milan ramenés en laisse, a
318 ils fait à la mort, dans leurs rêves, la part que nous fîmes à l’amour ? Urs Graf, Holbein, Hans Kluber, Grünewald, et tant
319 nté ont prêché sur le thème du memento mori, mais nous préférons aujourd’hui l’éloge de la vie au grand air. Et tout se pass
320 i de l’épargne dans tous les domaines, tuaient en nous le sens métaphysique… ⁂ Sobre dans la plus libre fantaisie, mais éner
321 e d’admirer chez Manuel la plupart des vertus qui nous manquent. Böcklin manque de sobriété, Hodler aussi. D’où l’espèce de
322 architecture théologique, c’est à peu près ce que nous avons perdu par une longue suite de « libérations » qui ne laissent e
323 bien moins encore ces planches de minéralogie que nous bariolent les peintres d’Alpe. Ce qu’il peint, lui, c’est la terre de
324 édie « à la gloire de Dieu ». ⁂ Quand on dit chez nous de quelqu’un « qu’il a fait un peu tous les métiers », ce n’est pas u
325 nduire leur vie vers un but qui transcende toutes nos activités. Fougueux et appliqué dans sa peinture, Manuel n’hésite pas
326 mieux éclairé — écrit un chroniqueur du temps —, notre banneret Manuel apparut parmi nous comme un flambeau brûlant et éclat
327 r du temps —, notre banneret Manuel apparut parmi nous comme un flambeau brûlant et éclatant. Survint alors la maladie qui n
328 brûlant et éclatant. Survint alors la maladie qui nous l’arrache dans sa 46e année. » Le seul autoportrait qui subsiste de l
329 année. » Le seul autoportrait qui subsiste de lui nous montre, à la fin de sa vie, un regard doux et perspicace, un visage a
19 1940, Articles divers (1938-1940). Mission spéciale (1940)
330 des minorités. Or ce problème n’existe plus chez nous  ; notre fédéralisme séculaire l’a résolu par le droit et le fait, sur
331 norités. Or ce problème n’existe plus chez nous ; notre fédéralisme séculaire l’a résolu par le droit et le fait, sur des bas
332 un esprit de solidarité que symbolise exactement notre maxime confédérale : un pour tous, mais aussi tous pour un. Nous somm
333 fédérale : un pour tous, mais aussi tous pour un. Nous sommes ici, mobilisés, parce que les peuples autour de nous se font l
334 s ici, mobilisés, parce que les peuples autour de nous se font la guerre ; et s’ils la font, c’est parce qu’ils n’ont pas su
335 la plus antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais en même temps la plus belle promesse ! Maintenan
336 les autres aboutissent à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le recon
337 otre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est cela q
338 tre avec une tragique évidence. Et c’est cela que nous avons à défendre en défendant notre patrie : le seul avenir possible
339 c’est cela que nous avons à défendre en défendant notre patrie : le seul avenir possible de l’Europe. Le seul lieu où cet ave
340 ou d’idéalisme. Il s’agit de voir qu’en fait, si nous sommes là, ce n’est pas pour défendre d’abord notre fameux confort mo
341 ous sommes là, ce n’est pas pour défendre d’abord notre fameux confort moderne. Ce n’est pas seulement pour protéger nos « la
342 ort moderne. Ce n’est pas seulement pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». Si nous sommes là, c’es
343 as seulement pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». Si nous sommes là, c’est pour exécuter la miss
344 « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». Si nous sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsabl
345 us sommes là, c’est pour exécuter la mission dont nous sommes responsables depuis des siècles, depuis les temps du Saint-Emp
346 s des siècles, depuis les temps du Saint-Empire : notre mission vis-à-vis de l’Europe. Nous sommes chargés de la défendre con
347 int-Empire : notre mission vis-à-vis de l’Europe. Nous sommes chargés de la défendre contre elle-même, de garder son trésor,
348 anté, et de sauver son avenir. Tel est le sens de notre indépendance, et telle est la mission spéciale qui justifie notre neu
349 ce, et telle est la mission spéciale qui justifie notre neutralité. av. Rougemont Denis de, « Mission spéciale », Nos libe
350 av. Rougemont Denis de, « Mission spéciale », Nos libertés : bréviaire du citoyen, Lausanne, F. Rouge, 1940, p. 62-63.
20 1940, Articles divers (1938-1940). D’un certain cafard helvétique (janvier 1940)
351 s et d’espoirs, qui ont cru en septembre 1939 que notre mobilisation allait ouvrir des possibilités d’action morale et nation
352 omme on dit de se dégonfler. Pourquoi ? Parce que nous sommes un petit pays qui se méfie des grandes entreprises, ou simplem
353 , ou simplement des enthousiasmes. Parce que chez nous , depuis le xixe siècle, règne une passion égalitaire (inconnue de l’
354 rte quel ordre d’action. C’est le revers d’une de nos plus précieuses qualités civiques, j’entends du sentiment de solidari
355 ité, d’équipe, et de virile entraide, qui a forgé notre fédération, et l’a préservée jusqu’ici de la tentation dictatoriale.
356 préservée jusqu’ici de la tentation dictatoriale. Nous nous méfions beaucoup plus que nos voisins des esprits « trop » entre
357 rvée jusqu’ici de la tentation dictatoriale. Nous nous méfions beaucoup plus que nos voisins des esprits « trop » entreprena
358 dictatoriale. Nous nous méfions beaucoup plus que nos voisins des esprits « trop » entreprenants. Nous nous en méfions en v
359 e nos voisins des esprits « trop » entreprenants. Nous nous en méfions en vertu d’un instinct démocratique tout à fait sain
360 voisins des esprits « trop » entreprenants. Nous nous en méfions en vertu d’un instinct démocratique tout à fait sain à l’o
361 éagir vertement. C’est le moment de proclamer que notre Confédération ne pourra vivre que si les citoyens les plus conscients
362 C’est justement parce qu’il y a ces obstacles que nous devons agir et réagir. Quand le premier enthousiasme est tombé, l’heu
363 d’un regroupement pour un nouveau départ. Secouer notre train-train, notre inertie, c’est notre tâche patriotique. Plt D. de
364 our un nouveau départ. Secouer notre train-train, notre inertie, c’est notre tâche patriotique. Plt D. de Rougemont. Adjudan
365 . Secouer notre train-train, notre inertie, c’est notre tâche patriotique. Plt D. de Rougemont. Adjudance générale de l’Armé
21 1940, Articles divers (1938-1940). Les Suisses sont-ils « à la hauteur » de la Suisse ? (20 janvier 1940)
366 nt. Mais il y a sans doute autre chose à tirer de nos « privilèges », si nous voulons les préserver. Neutralité et beautés
367 ute autre chose à tirer de nos « privilèges », si nous voulons les préserver. Neutralité et beautés naturelles ont été trop
368 s », comme chacun sait… Qu’on y prenne garde : si nous sommes neutres, si nos Alpes sont belles et nos glaciers « sublimes »
369 Qu’on y prenne garde : si nous sommes neutres, si nos Alpes sont belles et nos glaciers « sublimes », il n’y a pas là de qu
370 nous sommes neutres, si nos Alpes sont belles et nos glaciers « sublimes », il n’y a pas là de quoi nous vanter. D’abord,
371 os glaciers « sublimes », il n’y a pas là de quoi nous vanter. D’abord, ce n’est pas notre faute. Car vraiment, nous ne somm
372 pas là de quoi nous vanter. D’abord, ce n’est pas notre faute. Car vraiment, nous ne sommes pour rien, nous autres Suisses du
373 D’abord, ce n’est pas notre faute. Car vraiment, nous ne sommes pour rien, nous autres Suisses du xxe siècle, dans notre h
374 re faute. Car vraiment, nous ne sommes pour rien, nous autres Suisses du xxe siècle, dans notre histoire et notre géographi
375 ur rien, nous autres Suisses du xxe siècle, dans notre histoire et notre géographie. Ensuite, si nous bénéficions de privilè
376 es Suisses du xxe siècle, dans notre histoire et notre géographie. Ensuite, si nous bénéficions de privilèges considérables,
377 s notre histoire et notre géographie. Ensuite, si nous bénéficions de privilèges considérables, il s’agirait de nous en rend
378 ions de privilèges considérables, il s’agirait de nous en rendre dignes, avant même que de les défendre. Le seul moyen de co
379 l’on est seul à pouvoir l’exercer dignement. Or, nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaciers qui touchent aux
380 à pouvoir l’exercer dignement. Or, nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaciers qui touchent aux deux, et nou
381 cer dignement. Or, nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaciers qui touchent aux deux, et nous en retirons d’im
382 Or, nous chantons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaciers qui touchent aux deux, et nous en retirons d’importants béné
383 s chantons nos glaciers qui touchent aux deux, et nous en retirons d’importants bénéfices, mais nous oublions trop souvent q
384 et nous en retirons d’importants bénéfices, mais nous oublions trop souvent que tout cela précisément peut tenter certains
385 que tout cela précisément peut tenter certains de nos voisins… Ne seraient-ils pas aussi capables que nous de chanter et de
386 s voisins… Ne seraient-ils pas aussi capables que nous de chanter et de gagner de l’argent, si nous étions contraints de leu
387 que nous de chanter et de gagner de l’argent, si nous étions contraints de leur céder la place ? Sommes-nous vraiment plus
388 étions contraints de leur céder la place ? Sommes- nous vraiment plus dignes et plus conscients que d’autres des « charges »
389 vantages ? Chaque fois que je vous entends vanter notre nature « incomparable », je ne puis m’empêcher de songer, avec une ho
390 Hugo contemplant du haut du Pilate le panorama de nos Alpes. Qu’on me permette de le citer ici comme une sorte de parabole 
391 rable de l’homme ». Et je suis loin de penser que nous sommes des crétins ! Je dis seulement qu’en face de cette nature dans
392 ers. En avant donc, pour mériter cette Suisse qui nous fut donnée ! ab. Rougemont Denis de, « Les Suisses sont-ils “à la
22 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. I : Les voix que rien n’arrête (24 février 1940)
393 La Suisse que nous devons défendre. I : Les voix que rien n’arrête (24 février 1940)ac a
394 voix que rien n’arrête (24 février 1940)ac ad Nous sommes là, nous sommes prêts. Nous avons élevé autour de ce pays une
395 ’arrête (24 février 1940)ac ad Nous sommes là, nous sommes prêts. Nous avons élevé autour de ce pays une barrière. Nous a
396 1940)ac ad Nous sommes là, nous sommes prêts. Nous avons élevé autour de ce pays une barrière. Nous avons creusé un foss
397 Nous avons élevé autour de ce pays une barrière. Nous avons creusé un fossé. Nous avons hermétiquement fermé toutes les fis
398 ce pays une barrière. Nous avons creusé un fossé. Nous avons hermétiquement fermé toutes les fissures, et plus rien ne passe
399 clus dans ses sécurités. Et rien ne passe. Sommes- nous bien sûrs que réellement plus rien ne passe ? Certes, toutes ces barr
400 nt ces parasites gênants ? Pourquoi ne tenterions- nous pas, une fois pour toutes, de déchiffrer ces messages secrets que rie
401 saurait empêcher de passer, et qui peut-être vont nous apporter des nouvelles beaucoup moins rassurantes que les discours pa
402 du cadran sur l’un de ces endroits indéfinis d’où nous vient l’inquiétante voix. Le son s’amplifie, se précise. C’est la voi
403 e précise. C’est la voix de l’Europe moderne. Que nous dit-elle ? J’essaierai de l’interpréter. Depuis une dizaine d’années,
404 33, la face de l’Europe a changé. Il est temps de nous en rendre compte. Autrefois, et naguère encore, il suffisait à une na
405 ns la langue de l’envahisseur. Voici alors ce que nous disent ces voix européennes que rien n’arrête : elles nous demandent
406 nt ces voix européennes que rien n’arrête : elles nous demandent à nous les Suisses, si nous avons encore une raison d’être,
407 éennes que rien n’arrête : elles nous demandent à nous les Suisses, si nous avons encore une raison d’être, si nous osons en
408 ête : elles nous demandent à nous les Suisses, si nous avons encore une raison d’être, si nous osons encore le proclamer, et
409 isses, si nous avons encore une raison d’être, si nous osons encore le proclamer, et si nous en gardons une conscience clair
410 d’être, si nous osons encore le proclamer, et si nous en gardons une conscience claire et forte. Elles nous mettent au défi
411 en gardons une conscience claire et forte. Elles nous mettent au défi de produire le « pourquoi » de notre défense et de no
412 us mettent au défi de produire le « pourquoi » de notre défense et de notre volonté d’autonomie. Elles nous forcent, non sans
413 e produire le « pourquoi » de notre défense et de notre volonté d’autonomie. Elles nous forcent, non sans brutalité, à « dire
414 re défense et de notre volonté d’autonomie. Elles nous forcent, non sans brutalité, à « dire » enfin ce qui naguère allait s
415 ce qui naguère allait sans dire, à dire pourquoi nous voulons que notre sol n’appartienne qu’à nous seuls, à nous Suisses.
416 llait sans dire, à dire pourquoi nous voulons que notre sol n’appartienne qu’à nous seuls, à nous Suisses. Elles nous demande
417 uoi nous voulons que notre sol n’appartienne qu’à nous seuls, à nous Suisses. Elles nous demandent quelle est la Suisse que
418 ns que notre sol n’appartienne qu’à nous seuls, à nous Suisses. Elles nous demandent quelle est la Suisse que nous sommes dé
419 ppartienne qu’à nous seuls, à nous Suisses. Elles nous demandent quelle est la Suisse que nous sommes décidés à défendre. Vo
420 es. Elles nous demandent quelle est la Suisse que nous sommes décidés à défendre. Voilà le défi que nous adresse l’Europe mo
421 nous sommes décidés à défendre. Voilà le défi que nous adresse l’Europe moderne. Il s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne
422 urope moderne. Il s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter de déclarer que notre Confédération fu
423 git maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter de déclarer que notre Confédération fut « autrefois » voulu
424 us ne pouvons plus nous contenter de déclarer que notre Confédération fut « autrefois » voulue par Dieu, il nous faut nous de
425 nfédération fut « autrefois » voulue par Dieu, il nous faut nous demander, maintenant, si vraiment Dieu la veut encore. Nous
426 n fut « autrefois » voulue par Dieu, il nous faut nous demander, maintenant, si vraiment Dieu la veut encore. Nous avons fai
427 der, maintenant, si vraiment Dieu la veut encore. Nous avons fait serment, le 2 septembre, de défendre la Suisse jusqu’à la
428 ien, il serait fou de mourir pour une Suisse dont nous ne serions pas sûrs qu’elle a le droit et le devoir d’exister, devant
429 ue chose qui ne fournit pas des raisons de vivre. Notre serment nous engage donc aussi à prendre une conscience sérieuse des
430 e fournit pas des raisons de vivre. Notre serment nous engage donc aussi à prendre une conscience sérieuse des raisons de vi
431 sérieuse des raisons de vivre de la Suisse, et de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Il nous faut tout d’abord écar
432 de nos raisons de vivre en tant que Suisses. Il nous faut tout d’abord écarter un certain nombre de fausses raisons et d’i
433 au contraire ! Mon entreprise serait inutile, si nous ne cherchions pas ensemble, et surtout si nous ne trouvions pas, par-
434 si nous ne cherchions pas ensemble, et surtout si nous ne trouvions pas, par-dessous les grandes phrases habituelles, certai
435 firmées sans rhétorique. Je vous ai parlé déjà de notre « nature »5. Je vous parlerai la semaine prochaine de nos fameuses « 
436 ture »5. Je vous parlerai la semaine prochaine de nos fameuses « libertés », puis de notre « neutralité ». Et ce sera pour
437 e prochaine de nos fameuses « libertés », puis de notre « neutralité ». Et ce sera pour découvrir le sens positif de ces term
438 anvier. ac. Rougemont Denis de, « La Suisse que nous devons défendre I : Les voix que rien n’arrête », La Coopération, Bâl
439 on du 20 janvier a suscité beaucoup d’intérêt. On nous a suggéré de différents côtés qu’il impliquait une suite, une partie
440 ve”. C’est à cette demande que veut bien répondre notre collaborateur. »
23 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. II : Sommes-nous libres ? (2 mars 1940)
441 La Suisse que nous devons défendre. II : Sommes-nous libres ? (2 mars 1940)ae « Nous
442 La Suisse que nous devons défendre. II : Sommes- nous libres ? (2 mars 1940)ae « Nous défendrons nos libertés, répétons-
443 e. II : Sommes-nous libres ? (2 mars 1940)ae «  Nous défendrons nos libertés, répétons-nous dans nos discours patriotiques
444 ous libres ? (2 mars 1940)ae « Nous défendrons nos libertés, répétons-nous dans nos discours patriotiques, — ces liberté
445 40)ae « Nous défendrons nos libertés, répétons- nous dans nos discours patriotiques, — ces libertés que nos pères nous ont
446  Nous défendrons nos libertés, répétons-nous dans nos discours patriotiques, — ces libertés que nos pères nous ont acquises
447 ans nos discours patriotiques, — ces libertés que nos pères nous ont acquises au prix de leur héroïsme civique et militaire
448 scours patriotiques, — ces libertés que nos pères nous ont acquises au prix de leur héroïsme civique et militaire, et qui so
449 s et antiques, ces privilèges démocratiques qu’on nous envie ? Avons-nous bien le droit de nous en vanter encore, et suffit-
450 privilèges démocratiques qu’on nous envie ? Avons- nous bien le droit de nous en vanter encore, et suffit-il de s’en vanter p
451 es qu’on nous envie ? Avons-nous bien le droit de nous en vanter encore, et suffit-il de s’en vanter pour qu’elles subsisten
452 on devait renverser un peu plus tard. Mais sommes- nous bien certains que pour autant le jugement de Goethe n’est plus du tou
453 jugement de Goethe n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes-nous bien certains que la tyrannie de l’opinion publiq
454 n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes- nous bien certains que la tyrannie de l’opinion publique vaut mieux que ce
455 ue vaut mieux que celle des aristocrates ? Sommes- nous bien certains que les Suisses sont, plus que d’autres, libérés des pr
456 d’autres, libérés des préjugés bourgeois ? Sommes- nous bien certains, enfin, qu’il a suffi à nos pères de s’affranchir un jo
457 Sommes-nous bien certains, enfin, qu’il a suffi à nos pères de s’affranchir un jour pour que nous ayons le droit de répéter
458 uffi à nos pères de s’affranchir un jour pour que nous ayons le droit de répéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons
459 ue nous ayons le droit de répéter à tout jamais : nous sommes libres ! Ayons le courage de le reconnaître en toute franchise
460 eries, ou simplement les idées imprévues. Certes, nous avons peu de polémiques personnelles : mais c’est peut-être moins par
461 ce. Les adversaires politiques ou religieux, chez nous , ne se fréquentent pas, ne se parlent pas, et souvent ne se saluent p
462 as refaire ici, après tant d’autres, le procès de notre moralisme intolérant. Qu’il me suffise de remarquer que si nous étion
463 intolérant. Qu’il me suffise de remarquer que si nous étions plus chrétiens, nous serions beaucoup plus tolérants dans ce d
464 e de remarquer que si nous étions plus chrétiens, nous serions beaucoup plus tolérants dans ce domaine, nous aurions beaucou
465 serions beaucoup plus tolérants dans ce domaine, nous aurions beaucoup plus de liberté dans nos jugements, nous respecterio
466 maine, nous aurions beaucoup plus de liberté dans nos jugements, nous respecterions beaucoup mieux les façons de vivre de n
467 ions beaucoup plus de liberté dans nos jugements, nous respecterions beaucoup mieux les façons de vivre de notre voisin et l
468 specterions beaucoup mieux les façons de vivre de notre voisin et le mystère de son existence. On me dira peut-être que ces c
469 éfendre, en ce mois de mars 1940, sont avant tout nos libertés poli­tiques. Je répondrai que nos libertés politiques ne sau
470 t tout nos libertés poli­tiques. Je répondrai que nos libertés politiques ne sauraient subsister et garder leur valeur conc
471 t subsister et garder leur valeur concrète que si nous conquérons une plus grande liberté morale et intellectuelle. Car les
472 ar les unes ne vont pas sans les autres, et toute notre histoire en témoigne. « Une politique de liberté ne peut être faite q
473 eure et l’intérieure, ont toujours été liées dans notre histoire. C’est parce que les premiers Suisses avaient la passion de
474 française. Je voudrais insister sur ce point : si nous perdons le sens et le goût de la liberté quotidienne, celle qui se ma
475 rsité infinie des manières de penser et de vivre, nos libertés politiques ne pourront subsister longtemps, et alors c’en se
476 liberté vis-à-vis de l’étranger, c’est-à-dire de notre indépendance nationale. Il ne suffit donc pas de protéger notre indép
477 ance nationale. Il ne suffit donc pas de protéger notre indépendance par des fortifications. C’est l’intérieur du pays qu’il
478 s fortifications. C’est l’intérieur du pays qu’il nous faut maintenant fortifier, moralement, si nous voulons que notre armé
479 il nous faut maintenant fortifier, moralement, si nous voulons que notre armée défende quelque chose de valable. Or, quels s
480 tenant fortifier, moralement, si nous voulons que notre armée défende quelque chose de valable. Or, quels sont les ennemis in
481 valable. Or, quels sont les ennemis intérieurs de notre liberté ? Je n’en désignerai ici que deux, qui vous paraîtront peut-ê
482 ue certaine doctrine totalitaire a pu passer chez nous , pendant longtemps, pour un « rempart contre le bolchévisme ». Pourqu
483 jugement libre, toute véritable liberté d’esprit. Notre « égalitarisme » est, lui aussi, une forme de paresse d’esprit, bien
484 ocations infiniment diverses — celles que suppose notre fédéralisme, dans la vie quotidienne comme dans la politique. Un mot
485 t que j’en suis à ronchonner. (La prochaine fois, nous parlerons d’une manière « positive », c’est promis !) « Si quelque ch
486 pente… ae. Rougemont Denis de, « La Suisse que nous devons défendre II : Sommes-nous libres ? », La Coopération, Bâle, 2
487 « La Suisse que nous devons défendre II : Sommes- nous libres ? », La Coopération, Bâle, 2 mars 1940, p. 2.
24 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. III : Pourquoi nous devons rester neutres (9 mars 1940)
488 La Suisse que nous devons défendre. III : Pourquoi nous devons rester neutres (9 mars 19
489 a Suisse que nous devons défendre. III : Pourquoi nous devons rester neutres (9 mars 1940)af Comment justifions-nous, dan
490 ter neutres (9 mars 1940)af Comment justifions- nous , dans cette guerre-ci, aux yeux de l’Europe et à nos propres yeux, no
491 , dans cette guerre-ci, aux yeux de l’Europe et à nos propres yeux, notre situation privilégiée de neutres ? Il semble que
492 e-ci, aux yeux de l’Europe et à nos propres yeux, notre situation privilégiée de neutres ? Il semble que depuis quelques anné
493 e neutres ? Il semble que depuis quelques années, nous avons renoncé, et c’est heureux, à regarder notre neutralité comme un
494 nous avons renoncé, et c’est heureux, à regarder notre neutralité comme une chose qui irait de soi, qui aurait existé de tou
495 temps, sans commencement ni fin imaginables, qui nous serait due sans discussion et même sans contrepartie, et qui représen
496 senterait, en somme, un privilège de droit divin. Nous savons que la neutralité est une conception menacée ; qu’elle est en
497 le pousse toujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devons la justifier, sous peine de passer pour des lâches, ou des tiè
498 inconscients. Que valent les justifications qu’on nous propose, au regard des bouleversements historiques dont la guerre act
499 igne ? Pour certains, qui se disent réalistes, si nous sommes neutres, c’est uniquement en vertu de nécessités toutes matéri
500 ertu de nécessités toutes matérielles : parce que nous sommes un trop petit pays, parce que notre situation géographique cen
501 rce que nous sommes un trop petit pays, parce que notre situation géographique centrale nous exposerait à de trop grands dang
502 , parce que notre situation géographique centrale nous exposerait à de trop grands dangers en cas de guerre, enfin, parce qu
503 grands dangers en cas de guerre, enfin, parce que notre diversité raciale et religieuse risquerait d’entraîner la dislocation
504 ligieuse risquerait d’entraîner la dislocation de notre fédération, si nous venions à prendre parti. Notons que cet argument
505 ’entraîner la dislocation de notre fédération, si nous venions à prendre parti. Notons que cet argument de la nécessité n’es
506 ment de la nécessité n’est guère valable que pour nous , Suisses. Nos voisins n’ont aucune raison d’en tenir compte, bien au
507 ssité n’est guère valable que pour nous, Suisses. Nos voisins n’ont aucune raison d’en tenir compte, bien au contraire. Dir
508 ison d’en tenir compte, bien au contraire. Dire : nous sommes neutres uniquement parce que nous sommes trop faibles pour fai
509 . Dire : nous sommes neutres uniquement parce que nous sommes trop faibles pour faire la guerre, c’est induire nos voisins d
510 trop faibles pour faire la guerre, c’est induire nos voisins dans la tentation de profiter de cette faiblesse. Vient ensui
511 te faiblesse. Vient ensuite l’argument juridique. Nous devons rester neutres, nous dit-on, parce que les traités nous y forc
512 l’argument juridique. Nous devons rester neutres, nous dit-on, parce que les traités nous y forcent. Et certes, aux yeux d’u
513 ester neutres, nous dit-on, parce que les traités nous y forcent. Et certes, aux yeux d’un chrétien et d’un Suisse, les trai
514 de ceux qui ont fait serment. Mais ici encore, il nous faut bien voir que cette raison a peu de poids en dehors de nos front
515 voir que cette raison a peu de poids en dehors de nos frontières. Enfin, l’on donne parfois une justification militaire à n
516 l’on donne parfois une justification militaire à notre neutralité : il serait de l’intérêt des puissances belligérantes de n
517 peut tomber d’un jour à l’autre. Et la preuve que nous ne la prenons pas au sérieux, c’est que nous restons mobilisés. Je ne
518 que nous ne la prenons pas au sérieux, c’est que nous restons mobilisés. Je ne discuterai même pas ici l’argument de l’impa
519 parait Welches et Suisses allemands. Aujourd’hui, nous sommes unanimes… Que reste-t-il donc à répondre à ceux qui nous deman
520 animes… Que reste-t-il donc à répondre à ceux qui nous demanderaient d’entrer en guerre ? Ni l’argument des réalistes, ni ce
521 i celui des stratèges, ne suffiraient à justifier notre refus de « payer notre part ». Je ne dis pas que ces arguments ne val
522 ne suffiraient à justifier notre refus de « payer notre part ». Je ne dis pas que ces arguments ne valent plus rien. Je dis s
523 u’ils n’ont plus guère de force convaincante pour nos voisins, et par suite, ne sont plus pour nous cette garantie morale d
524 pour nos voisins, et par suite, ne sont plus pour nous cette garantie morale dont nous avons un besoin réellement vital. Si
525 ne sont plus pour nous cette garantie morale dont nous avons un besoin réellement vital. Si maintenant et malgré tout j’affi
526 bien mal la défendre que de la défendre au nom de nos seuls intérêts, car elle ne peut et ne doit subsister qu’au nom de l’
527 Suisse rend un sens et un poids aux arguments que nous jugions tout à l’heure insuffisants. Notre position géographique, par
528 nts que nous jugions tout à l’heure insuffisants. Notre position géographique, par exemple, est un péril certain si l’on ne s
529 age dès qu’on la considère dans la perspective de notre mission médiatrice. De même, la garantie légale de notre neutralité n
530 ission médiatrice. De même, la garantie légale de notre neutralité n’est qu’un chiffon de papier, si l’on veut y voir simplem
531 r, si l’on veut y voir simplement une garantie de nos privilèges. Mais elle devient notre meilleure sûreté dès qu’on la con
532 une garantie de nos privilèges. Mais elle devient notre meilleure sûreté dès qu’on la considère comme une mesure d’intérêt gé
533 udrait pas retenir de ce traité uniquement ce qui nous semblerait y garantir notre sécurité ; car le texte dit autre chose,
534 aité uniquement ce qui nous semblerait y garantir notre sécurité ; car le texte dit autre chose, dit beaucoup plus : « Les Pu
535 les : le seul moyen réel et réaliste de conserver nos privilèges, c’est de les considérer dorénavant comme des charges, don
536 les considérer dorénavant comme des charges, dont nous sommes responsables vis-à-vis de la communauté européenne. Je voudrai
537 st pourquoi l’on disait : Noblesse oblige. Disons- nous pareillement que tous nos privilèges, même naturels, n’ont d’autre se
538 oblesse oblige. Disons-nous pareillement que tous nos privilèges, même naturels, n’ont d’autre sens et d’autre raison d’êtr
539 ’ont d’autre sens et d’autre raison d’être que de nous permettre d’accomplir notre mission spéciale de Suisses. Disons-nous
540 e raison d’être que de nous permettre d’accomplir notre mission spéciale de Suisses. Disons-nous donc : Beauté du sol oblige,
541 complir notre mission spéciale de Suisses. Disons- nous donc : Beauté du sol oblige, liberté oblige, neutralité oblige ! À qu
542 la vocation de la Suisse et ses conséquences pour nous tous. af. Rougemont Denis de, « La Suisse que nous devons défendre
543 tous. af. Rougemont Denis de, « La Suisse que nous devons défendre III : Pourquoi nous devons rester neutres », La Coopé
544 La Suisse que nous devons défendre III : Pourquoi nous devons rester neutres », La Coopération, Bâle, 9 mars 1940, p. 1-2.
25 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. IV : Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)
545 La Suisse que nous devons défendre. IV : Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)ag
546 La Suisse que nous devons défendre. IV : Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)ag Il est temps que je définiss
547 , et seule base possible et solide de la paix que nous espérons. C’est très facile à dire, et ce n’est pas très neuf, en app
548 ncipe du fédéralisme ? Le défendre, c’est d’abord nous défendre, certes, mais c’est aussi le répandre au-dehors, le propager
549 répandre au-dehors, le propager, et préparer par nos études, par nos initiatives, par certaines prises de position peut-êt
550 ors, le propager, et préparer par nos études, par nos initiatives, par certaines prises de position peut-être, les bases de
551 rer, c’est le réaliser, ici et maintenant et dans nos vies, à l’intérieur de nos frontières. C’est faire que notre Suisse a
552 et maintenant et dans nos vies, à l’intérieur de nos frontières. C’est faire que notre Suisse ait vraiment le droit de s’o
553 à l’intérieur de nos frontières. C’est faire que notre Suisse ait vraiment le droit de s’offrir en exemple à l’Europe, sur l
554 , sur le plan du fédéralisme. Ces deux aspects de notre vocation me paraissent inséparables. Il faut répandre l’idée fédérali
555 parables. Il faut répandre l’idée fédéraliste, si nous voulons la sauvegarder, car on ne se défend bien qu’en attaquant. Mai
556 aliste. Épargnés jusqu’ici par les bombardements, nous sommes engagés comme les autres dans le conflit spirituel. Chose étra
557 conflit spirituel. Chose étrange, sur ce plan-là, nous combattons en tant que neutres, justement ! Affirmer la mission de no
558 t que neutres, justement ! Affirmer la mission de notre neutralité, voilà notre rôle stratégique dans cette bataille des doct
559  ! Affirmer la mission de notre neutralité, voilà notre rôle stratégique dans cette bataille des doctrines. Nous l’avons cons
560 le stratégique dans cette bataille des doctrines. Nous l’avons constaté, à propos de la neutralité, ce sont les faits eux-mê
561 de la neutralité, ce sont les faits eux-mêmes qui nous invitent à prendre une attitude active vis-à-vis de l’Europe. Ce sont
562 rope. Ce sont les faits qui rendent insuffisantes nos justifications par l’intérêt. De par notre situation de fait, nous so
563 fisantes nos justifications par l’intérêt. De par notre situation de fait, nous sommes, si je puis dire, pratiquement condamn
564 ns par l’intérêt. De par notre situation de fait, nous sommes, si je puis dire, pratiquement condamnés à l’idéalisme. Mais b
565 enir compte uniquement de ce qui est inscrit dans nos nécessités, dans notre situation géographique et matérielle. Et ils a
566 t de ce qui est inscrit dans nos nécessités, dans notre situation géographique et matérielle. Et ils affirment que dans toute
567 tes ces choses qui peuvent être vues et touchées, nos Alpes, la petitesse de notre territoire, et nos difficultés économiqu
568 être vues et touchées, nos Alpes, la petitesse de notre territoire, et nos difficultés économiques, ils n’aperçoivent nulleme
569 , nos Alpes, la petitesse de notre territoire, et nos difficultés économiques, ils n’aperçoivent nullement l’indication d’u
570 é que par sa foi. Maintenant donc, il s’agit pour nous tous de reconnaître la vocation suisse, d’en revêtir la charge, d’en
571 ndre, c’est-à-dire à la faire connaître autour de nous et en dehors de nos frontières. Si quelqu’un me dit que pour sa part,
572 la faire connaître autour de nous et en dehors de nos frontières. Si quelqu’un me dit que pour sa part, il ne voit pas par
573 nt sans aucun doute, ici ou là, dans la mesure où nous les appellerons, où nous les croirons justes et nécessaires. Peut-êtr
574 ou là, dans la mesure où nous les appellerons, où nous les croirons justes et nécessaires. Peut-être est-il encore trop tôt
575 ême balbutiant, qui se ferait entendre. Préparons- nous à dire très haut, dès que l’occasion s’en montrera, ce que nous auron
576 ès haut, dès que l’occasion s’en montrera, ce que nous aurons à dire à nos voisins, forts que nous sommes d’une expérience f
577 casion s’en montrera, ce que nous aurons à dire à nos voisins, forts que nous sommes d’une expérience fédéraliste de six si
578 e que nous aurons à dire à nos voisins, forts que nous sommes d’une expérience fédéraliste de six siècles. Et surtout, ne dé
579 ntatives qui se feraient jour dans ce sens, comme nous avons trop souvent dénigré l’essai de la Société des Nations. Essayon
580 tions. Essayons au contraire de les améliorer, si nous les jugeons maladroites. Travaillons aussi, c’est le deuxième point,
581 llons aussi, c’est le deuxième point, à illustrer notre fédéralisme, c’est-à-dire à le mieux réaliser, d’une manière qui le r
582 mplaire, au sens littéral de ce mot. Profitons de notre paix matérielle pour le parfaire et pour l’approfondir, jusque dans l
583 e et pour l’approfondir, jusque dans le détail de nos vies, en sorte que cette réduction d’Europe fédérée qu’est la Suisse
584 ’attendre que la paix s’approche pour s’y mettre. Notre vocation intérieure est pour le moment plus précise que notre vocatio
585 on intérieure est pour le moment plus précise que notre vocation européenne : mais je le répète, l’une suppose l’autre, et la
586 e spirituelle. Et c’est sur ce plan décisif qu’il nous reste le plus à faire. Il nous reste, par exemple, à découvrir toute
587 plan décisif qu’il nous reste le plus à faire. Il nous reste, par exemple, à découvrir toute notre histoire, ou nos histoire
588 re. Il nous reste, par exemple, à découvrir toute notre histoire, ou nos histoires diverses, si curieusement défigurées et af
589 par exemple, à découvrir toute notre histoire, ou nos histoires diverses, si curieusement défigurées et affadies par les ma
590 sement défigurées et affadies par les manuels. Il nous reste à connaître beaucoup mieux nos confédérés suisses allemands, qu
591 manuels. Il nous reste à connaître beaucoup mieux nos confédérés suisses allemands, qui savent souvent tellement mieux que
592 allemands, qui savent souvent tellement mieux que nous ce qu’est la Suisse. Il nous reste surtout à développer en profondeur
593 tellement mieux que nous ce qu’est la Suisse. Il nous reste surtout à développer en profondeur ce que j’appellerai le sens
594 fférente, lui reconnaître le droit de différer de nous  ; le comprendre jusqu’à la limite du possible comme il se comprend lu
595 icles qu’une seule idée : c’est que la Suisse que nous devons défendre n’est pas la Suisse des manuels, des cartes postales
596 ont elle est responsable. Une seule idée… Mais si nous l’acceptons, je suis certain que la plupart des critiques auxquelles
597 e livrer en débutant perdront leur légitimité. Si nous refusons de considérer le fait d’être Suisses comme une espèce de fil
598 fait d’être Suisses comme une espèce de filon, si nous le considérons tout au contraire comme une mission spéciale devant l’
599 raire comme une mission spéciale devant l’Europe, nous apprendrons à voir plus grand, et par suite à penser plus librement,
600 er plus librement, avec plus de générosité. Alors nous serons en état de mesurer la vraie grandeur des événements actuels, l
601 ments actuels, la vraie grandeur du rôle qui peut nous y attendre. Et parce que nous serons plus conscients de ce que nous a
602 ur du rôle qui peut nous y attendre. Et parce que nous serons plus conscients de ce que nous avons à donner, nous serons mie
603 t parce que nous serons plus conscients de ce que nous avons à donner, nous serons mieux armés pour défendre la Suisse où Di
604 ns plus conscients de ce que nous avons à donner, nous serons mieux armés pour défendre la Suisse où Dieu nous veut à son se
605 erons mieux armés pour défendre la Suisse où Dieu nous veut à son service. ag. Rougemont Denis de, « La Suisse que nous d
606 rvice. ag. Rougemont Denis de, « La Suisse que nous devons défendre IV : Notre ‟mission spéciale” », La Coopération, Bâle
607 nis de, « La Suisse que nous devons défendre IV : Notre ‟mission spéciale” », La Coopération, Bâle, 16 mars 1940, p. 2.
26 1940, Articles divers (1938-1940). Le petit nuage (avril 1940)
608 « Le petit nuage n’est pas passé. Il passera, et nous serons encore une fois assis au café des Deux Magots. La vie reprendr
609 econde me dit : « Le petit nuage passera, oui… et nous avec ! » Selon l’humeur du jour, je donne raison à l’une ou à l’autre
610 t, c’est la certitude « qu’il passera ». Que sont nos petits accès de découragement, ces brumes qu’un léger vent d’avant-pr
611 gard du Règlement des comptes universels que sera notre jugement au dernier jour de tous les temps. Karl Barth nous le disait
612 ent au dernier jour de tous les temps. Karl Barth nous le disait l’autre jour à Tavannes : comme chrétiens, nous n’avons à r
613 disait l’autre jour à Tavannes : comme chrétiens, nous n’avons à redouter que le Prince de tous les démons, et non pas tel o
614 ous les démons, et non pas tel ou tel démon qu’il nous délègue de temps à autre. Le combat que nous devrons peut-être engage
615 u’il nous délègue de temps à autre. Le combat que nous devrons peut-être engager militairement contre l’un de ces petits per
616 si « total » qu’il soit, ne saurait figurer pour nous qu’un exercice, une première escarmouche, un entraînement pour le « c
617 ment pour le « combat final » où Dieu seul pourra nous sauver, lorsque le Malin en personne nous accusera, au Jugement derni
618 pourra nous sauver, lorsque le Malin en personne nous accusera, au Jugement dernier. Voilà les dimensions réelles que le ch
619 e sont pas démesurées. Elles doivent au contraire nous donner la vraie mesure de nos soucis, de nos misérables cafards, de n
620 ivent au contraire nous donner la vraie mesure de nos soucis, de nos misérables cafards, de nos craintes dérisoires et mesq
621 ire nous donner la vraie mesure de nos soucis, de nos misérables cafards, de nos craintes dérisoires et mesquines. « C’est
622 sure de nos soucis, de nos misérables cafards, de nos craintes dérisoires et mesquines. « C’est un petit nuage, il passera.
27 1940, Articles divers (1938-1940). D’un journal d’attente (pages démodées) (avril 1940)
623 vres, mais surtout : — entre l’espèce de paix que nous laissa l’hiver, et la guerre qui revient nous avertir, au seuil de ce
624 que nous laissa l’hiver, et la guerre qui revient nous avertir, au seuil de ce printemps quelle dénature. Envies d’écrire, s
625 ité, à la terre ocrée, sous les pins. Pendant que nous choisissons ensemble quelques choux-fleurs — « N’allez pas couper les
626 s ! Il faut les cuire avec, c’est succulent ! » — nous entendons la TSF monologuer dans sa petite maison blanche aux volets
627 de force d’Albanie. — Voyez-vous, me dit-il, pour nous autres, qu’est-ce que cela fait, ceux qui gouvernent ? Ça peut bien ê
628 nglais, ou tout ce que vous voudrez, pourvu qu’on nous laisse travailler. Qu’est-ce que cela change ? J’ai semé et taillé co
629 lus élémentaires, exigent et supposent un avenir. Nous l’oublions souvent, dans notre vie individuelle. Les statistiques nou
630 upposent un avenir. Nous l’oublions souvent, dans notre vie individuelle. Les statistiques nous le rappelleront. On constater
631 nt, dans notre vie individuelle. Les statistiques nous le rappelleront. On constatera l’année prochaine (s’il y en a une) qu
632 affinements affectifs, ont su capter le secret de notre existence ; cependant que les masses, créées par des puissances inhum
633 si normal, que j’en viens à me demander si toutes nos crises ne seraient pas machinées par nous-mêmes, dans notre inconscie
634 es ne seraient pas machinées par nous-mêmes, dans notre inconscient collectif. Je puis l’avouer parce que je suis un écrivain
635 ont à coup sûr… La guerre qui vient n’augmente en nous ni le courage ni la peur, mais plutôt un certain cynisme. Peut-être a
636 isation permanente, préventive… Militarisation de nos pensées, de nos images ! Hier, dans l’autobus, une petite bourgeoise
637 te, préventive… Militarisation de nos pensées, de nos images ! Hier, dans l’autobus, une petite bourgeoise assise devant mo
638 matériels et spirituels, impossibles ailleurs de nos jours, et, peut-être, à toute autre époque. Imaginer là-dessus un liv
639 être touchant, bizarre et pitoyable que chacun de nous dissimule. Alors on verrait le réel, alors on cesserait de haïr, ou d
640 — et José Ortega y Gasset. Il y a trois semaines, nous étions ensemble à Orléans, pour la représentation de la Jeanne d’Arc
641 des Plantes, et du dernier livre de Huizinga, qui nous parvint hier de Hollande. Nous échangeons des nouvelles de nos amis c
642 e de Huizinga, qui nous parvint hier de Hollande. Nous échangeons des nouvelles de nos amis communs d’Argentine, d’Angleterr
643 ier de Hollande. Nous échangeons des nouvelles de nos amis communs d’Argentine, d’Angleterre, d’Autriche, de Roumanie : la
644 vant la nuit de l’esprit. 24 mai 1939 Avant-hier, nous trouvâmes en rentrant une prodigieuse gerbe de roses rouges que V. O.
645 té même, comme la Passion despotique et fervente. Nous sentons bien qu’elle marquera tout ce printemps dans notre souvenir,
646 tons bien qu’elle marquera tout ce printemps dans notre souvenir, le dernier printemps de la paix… 5 juin 1939 L’origine de t
647 temps de la paix… 5 juin 1939 L’origine de toutes nos haines, l’origine de toute amertume, c’est un bien que nous n’avons p
648 s, l’origine de toute amertume, c’est un bien que nous n’avons plus, c’est un amour perdu, allé ailleurs. Mais qu’il existe
649 sa perte insupportable à qui croyait le posséder. Nos haines… Pourquoi la haine, par exemple, de tel régime qui nous menace
650 Pourquoi la haine, par exemple, de tel régime qui nous menace depuis des mois ? Serait-ce à cause de la menace ? Je ne le cr
651 ’y avait pas un bien, dans ce régime, un bien que nous avons perdu, et qu’il séquestre, s’il n’y avait que du mal en lui, no
652 u’il séquestre, s’il n’y avait que du mal en lui, nous n’aurions pas de haine ni d’amertume : on ne hait pas les catastrophe
653 phes, les incendies et les tremblements de terre. Notre amertume et notre indignation devant le phénomène totalitaire naissen
654 s et les tremblements de terre. Notre amertume et notre indignation devant le phénomène totalitaire naissent d’un désir secre
655 ce de dépit amoureux de la révolution manquée par nous , mais séduite et violée par le voisin ; d’une nostalgie de cette comm
656 e communauté qu’ils disent avoir réinventée, dont nous ne sommes pas, et dont nous sentons bien qu’ils nous excluent dans l’
657 voir réinventée, dont nous ne sommes pas, et dont nous sentons bien qu’ils nous excluent dans l’intention d’en abuser. Ainsi
658 s ne sommes pas, et dont nous sentons bien qu’ils nous excluent dans l’intention d’en abuser. Ainsi l’Europe, en d’autres te
659 ’enthousiasme, déchirant les voiles, du salut qui nous est promis ! 9 juin 1939 « Notre Führer fait une politique d’artiste 
660 les, du salut qui nous est promis ! 9 juin 1939 «  Notre Führer fait une politique d’artiste ! », a proclamé M. Goebbels. Voil
661 ds où s’alimente le désir. Les délais de ce genre nous sont-ils mesurés par la qualité de notre espoir ? Mais quel espoir, a
662 ce genre nous sont-ils mesurés par la qualité de notre espoir ? Mais quel espoir, alors, pourrait rythmer toute la durée de
663 espoir, alors, pourrait rythmer toute la durée de notre vie, jusqu’à la mort, — sinon l’espoir d’un rendez-vous au-delà du mo
664 ssez lointain et assez glorieux pour disqualifier nos soucis, tout serait à chaque instant libre et allègre, ouvert sur la
665 … À l’œuvre donc, advienne que pourra ! Que l’été nous apporte — c’est probable — un nouveau serpent de mer des dictateurs,
666 nal à ce journal de petite attente. Il faut juger notre vie par sa Fin, pour mesurer l’importance relative des événements qui
667 mesurer l’importance relative des événements qui nous font les gros yeux. Joie du temps retrouvé, dans l’instant d’un espoi
668 uand le seul terme redoutable est le Jugement qui nous délivrera ? Eh quoi ! suffisait-il d’y penser ? Non, mais il suffira
28 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure sévère (juin 1940)
669 sur l’état de leurs nerfs. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis maî
670 s. Sans intérêt. Ce qu’il nous faut à l’heure que nous vivons, ce sont des pessimistes réfléchis maîtres d’eux-mêmes, et obj
671 eux-mêmes, et objectifs. Je dirai plus : ce qu’il nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et qui a
672 existence brutalement condamnée par cette guerre. Nous avons trop longtemps vécu dans l’atmosphère rassurante créée par le m
673 éée par le matérialisme modéré du dernier siècle. Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce qui nous dépasse », tant par e
674 . Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce qui nous dépasse », tant par en haut que par en bas. La croyance au Progrès no
675 ar en haut que par en bas. La croyance au Progrès nous a mis des œillères. Et quand soudain la route normale se trouve barré
676 male se trouve barrée ou coupée par un précipice, nous voici piteusement indignés. Pourtant le précipice était prévu. Mais e
677 l y croire. Or le matérialisme modéré dans lequel nous étions installés nous mettait hors d’état d’imaginer à la fois le sub
678 rialisme modéré dans lequel nous étions installés nous mettait hors d’état d’imaginer à la fois le sublime et le pire. « Tro
679 pire. « Trop beau pour être vrai », c’était un de nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait de certains dangers formidab
680 vrai », c’était un de nos proverbes. Et lorsqu’on nous avertissait de certains dangers formidables qui menaçaient l’existenc
681 naçaient l’existence même de l’héritage européen, nous répondions : « C’est trop affreux pour être vrai. » À certain documen
682 ue je ne puis nommer, d’une atterrante précision, nous opposions le scepticisme de qui ne s’en laisse pas conter, et connaît
683 nnaît toutes les ruses de toutes les propagandes. Nous nous prétendions « réalistes ». Nous étions simplement incapables d’i
684 toutes les ruses de toutes les propagandes. Nous nous prétendions « réalistes ». Nous étions simplement incapables d’imagin
685 propagandes. Nous nous prétendions « réalistes ». Nous étions simplement incapables d’imaginer quelque chose d’excessif par
686 d’imaginer quelque chose d’excessif par rapport à nos sécurités. Cette inconscience, j’en dirai la cause : celui qui ne cro
687 hute pour jouer l’ange protecteur. À l’origine de notre aveuglement, il y a notre incrédulité. Si Dieu existait, pleurons-nou
688 tecteur. À l’origine de notre aveuglement, il y a notre incrédulité. Si Dieu existait, pleurons-nous, il ne permettrait pas c
689 y a notre incrédulité. Si Dieu existait, pleurons- nous , il ne permettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous
690 tait, pleurons-nous, il ne permettrait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous aussi, et que Dieu malgré tout nous
691 rait pas cela ! Nous oublions que « cela », c’est nous aussi, et que Dieu malgré tout nous aime. Si nous avions su croire en
692 cela », c’est nous aussi, et que Dieu malgré tout nous aime. Si nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience
693 nous aussi, et que Dieu malgré tout nous aime. Si nous avions su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions
694 su croire en lui pendant le temps de sa patience, nous aurions eu « des yeux pour voir », et pour connaître les démons. Voic
695 Ouvrons les yeux et apprenons ce qu’il en est de notre châtiment. ⁂ L’Europe est en train de payer le prix d’un siècle d’aba
696 iation n’a nullement transformé les conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’optimisme du matér
697 conditions de notre bonheur, mais bien celles de notre malheur. Mais l’optimisme du matérialiste modéré ne veut prévoir que
698 urent unanimes à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le
699 à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir
700 surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous n’avons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué.
701 vons pas le droit de gémir que les avertissements nous ont manqué. Le dossier de ces avertissements est écrasant pour la con
702 rédiction des maux à venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre un Burckhardt, un Kierkegaard, un V
703 leurs de bourse et la « prosperity ». Kierkegaard nous décrit le règne de la masse comme celui des lâchetés individuelles ad
704 s, je répète qu’elle est écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé d’écoute
705 t écrasante. Elle supprime nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé d’écouter. Et maintenant il faut
706 me nos dernières excuses. Nous avons été avertis. Nous avons refusé d’écouter. Et maintenant il faut payer. Non point parce
707 u’il est juste dans son châtiment. Il faut payer. Nous adorions l’idole de la prospérité, et l’idole du confort, et l’idole
708 out s’arrangera. » Or aujourd’hui pour « sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique
709  » Or aujourd’hui pour « sauver » nos vies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier not
710 de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessités impérieuses d
711 plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessités impérieuses de la défense natio
712 e, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos progrès aux nécessités impérieuses de la défense nationale. Pour avoi
713 obstinément tout ce qui lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints
714 t ce qui lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints brutalement à
715 t si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints brutalement à des sacrific
716 e confort, notre profit, nos égoïsmes de nations, nous voici contraints brutalement à des sacrifices mille fois pires, inévi
717 itement « possibles ». Dès qu’il s’agit de sauver notre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous acceptons des mesur
718 otre peau, dès qu’il s’agit de défense nationale, nous acceptons des mesures qui, hier encore, passaient pour folles, démago
719 on, — et je ne prends là que de petits exemples7… Nous avons critiqué sans merci comme des « utopies subversives » certaines
720 teuses que celles qu’entraîne la guerre actuelle. Nous acceptons avec une belle discipline des « efforts financiers » dont u
721 lan des relations de peuple à peuple. Tout ce que nous jugions impossible quand il s’agissait du mieux vivre, nous le trouvo
722 ns impossible quand il s’agissait du mieux vivre, nous le trouvons parfaitement possible quand il s’agit du mieux mourir ou
723 ur et la guerre sont seules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi
724 ules capables d’obtenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous que
725 btenir de nous un dépassement de nos égoïsmes que nous refusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour
726 efusions à l’amour, pourquoi donc voulez-vous que nous ayons l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la g
727 e nous ayons l’amour, et la paix et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que nous méritons. Nous som
728 et la sécurité ? Nous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que nous méritons. Nous sommes payés et nous payons selon no
729 ous avons la peur et la guerre. Nous avons ce que nous méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre justice à nous
730 ur et la guerre. Nous avons ce que nous méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd
731 avons ce que nous méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure
732 méritons. Nous sommes payés et nous payons selon notre justice à nous. C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités
733 sommes payés et nous payons selon notre justice à nous . C’est aujourd’hui qu’on en mesure l’aune. Ces vérités élémentaires s
734 t encore qu’elles sont inopportunes, à l’heure où nous cherchons des raisons d’espérer. Mais nul espoir n’est plus possible,
735 is nul espoir n’est plus possible, sachons-le, si nous refusons maintenant encore d’envisager les causes du désastre. Envisa
736 astre. Envisager, c’est regarder en plein visage. Notre salut, le seul et le dernier possible — quelle que soit l’issue de la
737 quelle que soit l’issue de la guerre — dépend de notre capacité d’accepter des vérités dures. Car tout le mal est venu de le
738 et d’enfants en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’issue de la guerre
739 un statut sursitaire, une espèce de concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un concordat
740 un sens des valeurs spirituelles aussi précis que notre sens des chiffres, des quantités et des vitesses. Avis à la génératio
741 e — et cela fait déjà cinq mois passés8. Ce délai nous permet de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, d
742 és8. Ce délai nous permet de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en
743 t de comprendre, d’avouer nos fautes et celles de notre monde, de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouv
744 risoire, bonne pour des spectateurs… Pourtant, si nous en triomphons, elle nous donnera la force de préparer l’avenir. Il es
745 pectateurs… Pourtant, si nous en triomphons, elle nous donnera la force de préparer l’avenir. Il est dur de reconnaître ces
746 . Il est dur de reconnaître ces fautes, parce que nous en sommes les complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur d
747 s, parce que nous en sommes les complices, et que nous aimons les fautifs. Il est dur de les avouer, parce que les fautes co
748 ce que les fautes contraires des autres, en face, nous paraissent bien plus effrayantes, et qu’ils triomphent tout de même,
749 . Il est dur de reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et qu’il était logique, inévitable, et qu
750 l n’y a plus qu’à en tirer les conclusions9. Mais nous ne sommes pas neutres pour rien, pour le confort. Nous ne sommes pas
751 ne sommes pas neutres pour rien, pour le confort. Nous ne sommes pas neutres comme on est rentier. Nous sommes neutres en vu
752 Nous ne sommes pas neutres comme on est rentier. Nous sommes neutres en vue de l’avenir. C’est là notre mission spéciale, n
753 Nous sommes neutres en vue de l’avenir. C’est là notre mission spéciale, notre responsabilité devant l’Europe. Et cela suppo
754 vue de l’avenir. C’est là notre mission spéciale, notre responsabilité devant l’Europe. Et cela suppose un dur effort contre
755 nt l’Europe. Et cela suppose un dur effort contre nos goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir
756 . Et cela suppose un dur effort contre nos goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, ma
757 un dur effort contre nos goûts, nos sympathies et nos passions. Je ne sais pas ce que l’avenir vaudra, mais je sais que s’i
758 on pas le droit et la justice dont se réclamaient nos égoïsmes et celui des gouvernements : tout cela ne sera que ruines et
759 e laisser-aller et d’insouciance du prochain, car nous le payons maintenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui v
760 qui comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le ciel et la terre passeront, mais ma
761 es choses, par la brutalité démesurée des choses, nous sommes réduits à ne plus espérer qu’au nom de l’unique nécessaire : «
29 1940, Articles divers (1938-1940). Au peuple suisse ! (22 juillet 1940)
762 travail. Cette situation n’est pas nouvelle dans notre histoire. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands re
763 s nouvelle dans notre histoire. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements. Nous savons à que
764 re. Elle fut celle de nos grandes victoires et de nos grands renouvellements. Nous savons à quelles conditions nos ancêtres
765 andes victoires et de nos grands renouvellements. Nous savons à quelles conditions nos ancêtres ont pu surmonter les crises
766 renouvellements. Nous savons à quelles conditions nos ancêtres ont pu surmonter les crises qui menaçaient d’emporter leur É
767 omme aux heures héroïques, sachons voir et saisir notre chance ! Les événements se chargent de nous ouvrir les yeux. Depuis q
768 isir notre chance ! Les événements se chargent de nous ouvrir les yeux. Depuis quelques semaines, bien des préjugés tombent.
769 uis quelques semaines, bien des préjugés tombent. Nous avons découvert l’urgente nécessité de nous unir au-delà des partis,
770 bent. Nous avons découvert l’urgente nécessité de nous unir au-delà des partis, au-delà d’une gauche et d’une droite périmée
771 s bonnes volontés deviennent une volonté commune. Nous nous sommes donc groupés pour travailler. Venus de tous les points de
772 nes volontés deviennent une volonté commune. Nous nous sommes donc groupés pour travailler. Venus de tous les points de l’ho
773 tous les points de l’horizon politique, fidèles à nos amitiés, mais décidés à faire converger nos efforts, nous fondons la
774 les à nos amitiés, mais décidés à faire converger nos efforts, nous fondons la   Ligue du Gothard   Bastion naturel de la
775 tiés, mais décidés à faire converger nos efforts, nous fondons la   Ligue du Gothard   Bastion naturel de la Suisse, cœur
776 les jeunes qui veulent être guidés viennent avec nous pour travailler. Nous n’avons qu’un seul but : maintenir la Suisse, d
777 t être guidés viennent avec nous pour travailler. Nous n’avons qu’un seul but : maintenir la Suisse, dans le présent et pour
778 enir la Suisse, dans le présent et pour l’avenir. Nous ne vous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fie
779 ous promettons qu’un grand effort commun. Mais il nous rendra fiers d’être hommes, et d’être Suisses.   Ligue du Gothard S
780 Schauplatzgasse 23, Berne.   Dans quelques jours, nous publierons nos principes et buts d’action, les noms des membres du co
781 23, Berne.   Dans quelques jours, nous publierons nos principes et buts d’action, les noms des membres du comité, ainsi qu’
782 s appartenant aux milieux les plus divers, et qui nous ont promis leur appui. ak. Rougemont Denis de, « Au peuple suisse 
30 1940, Articles divers (1938-1940). Autocritique de la Suisse (août 1940)
783 l’on prétend se donner en exemple. 1. Clarifions notre langage ! — Puisque le fédéralisme est une forme politique qui suppos
784 locaux contre le centre. Ceux qui se disent, chez nous , « fédéralistes », ne sont souvent, je le crains, que des nationalist
785 de tant d’autres, est à la base de la plupart de nos conflits politiques, économiques, parlementaires. 2. Ni gauche ni dro
786 die individualiste ou la maladie collectiviste de notre État. À quand le parti de la santé fédéraliste ? Il ne sera ni de gau
787 arlementaire le prouve : rien de moins suisse que notre Parlement, importé d’Amérique à une époque récente, et plus ou moins
788 squé leur fructueuse entente… Mais rien n’y fait, notre presse continue, nos partis continuent, nos arguments ne changent pas
789 tente… Mais rien n’y fait, notre presse continue, nos partis continuent, nos arguments ne changent pas d’un demi-ton, nos p
790 it, notre presse continue, nos partis continuent, nos arguments ne changent pas d’un demi-ton, nos philofascistes continuen
791 ent, nos arguments ne changent pas d’un demi-ton, nos philofascistes continuent à reprocher à nos socialistes un étatisme q
792 -ton, nos philofascistes continuent à reprocher à nos socialistes un étatisme qui, en réalité, fait partie de tout programm
793 réalité, fait partie de tout programme fasciste ; nos marxistes continuent à se croire libertaires, etc. Seuls nos stalinie
794 es continuent à se croire libertaires, etc. Seuls nos staliniens ont cessé de dénoncer les hitlériens, mais c’est pour déno
795 Réactionnaires et capitalistes internationaux ».) Nos descendants diront de notre siècle qu’il fut celui des gogos enragés.
796 stes internationaux ».) Nos descendants diront de notre siècle qu’il fut celui des gogos enragés. 4. Paresse d’esprit. — Je p
797 décrets rigides ; rien ne l’empêche de respecter nos précieuses diversités, et de se mettre à leur service, comme il se do
798 le confort et la prudence. Ne dites donc plus : «  Nous sommes opposés par principe à tout ce qui vient de Berne — sauf les c
799 ent de Berne — sauf les crédits. » Mais dites : «  Nous voulons des fonctionnaires frais et dispos, capables d’imagination, d
800 aite. Mais autrement, elle ne servira de rien. 5. Notre matérialisme. — Le pire danger qui nous menace : nous avons renversé
801 rien. 5. Notre matérialisme. — Le pire danger qui nous menace : nous avons renversé l’échelle des valeurs. Le cadre matériel
802 matérialisme. — Le pire danger qui nous menace : nous avons renversé l’échelle des valeurs. Le cadre matériel de notre vie
803 versé l’échelle des valeurs. Le cadre matériel de notre vie est parfait, mais il n’encadrera bientôt plus aucune vie digne de
804 ur coûtait 10 fr. par an. Je vois enfin que toute notre politique est alourdie et comme paralysée par des soucis budgétaires
805 u germanisme, l’ont étudié et l’ont aimé. Ce sont nos meilleurs écrivains. 7. Tolérance. — Le fédéralisme véritable suppose
806 groupements restreints. Les petits cantons, chez nous , ont voix égale avec les grands, les catholiques avec les protestants
807 quer sans loyauté, dans n’importe quel domaine de notre vie, même « privée », c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases d
808 fédéralisme et ruiner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos conformistes ne l’oublient pa
809 isse. Que nos moralistes s’en souviennent, et que nos conformistes ne l’oublient pas ! 8. Intolérance. — À mon avis, un féd
810 totalitaire ou unitaire. Exemple : ceux qui, chez nous , font profession d’admirer la méthode d’un dictateur qui a pu écrire 
811 nt en Suisse et ce qu’ils admirent au-dehors…) 9. Notre naïveté. — Elle éclate dans certaines mesures « de prudence » prises
812 sommer. Or je connais une certaine propagande qui nous tape sur le crâne, littéralement, et cela depuis plusieurs années. De
813 cela depuis plusieurs années. De ce point de vue, nous ne sommes plus neutres en fait, nous sommes en guerre parce que victi
814 oint de vue, nous ne sommes plus neutres en fait, nous sommes en guerre parce que victimes d’une agression systématique et q
815 uotidienne contre les principes mêmes qui fondent notre État. (Je me garderai bien de donner ici un autre exemple que celui d
816 que celui de la propagande stalinienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc,
817 inienne.) Si l’on nous interdit de le dire, et de nous défendre en ripostant, pourquoi donc, demanderai-je, fortifier nos fr
818 ipostant, pourquoi donc, demanderai-je, fortifier nos frontières ? L’intégrité du territoire serait-elle plus importante de
819 rité du territoire serait-elle plus importante de nos jours que l’intégrité de la conscience nationale ? Celle-là conserve-
820 — Revenons à la géographie ! dit ce poète. Et de nous décrire une Suisse héroïque protégée par les Alpes, ce rempart, le Ju
821 ir ! 11. Neutralité. — Pendant l’hiver 1939-1940, nous avons pu lire dans les journaux cet avertissement sibyllin : « Tempér
822 ’inciter le public à des économies de charbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici nos voisins belligérants qui vien
823 rbon. On nous recommandait la tiédeur… Mais voici nos voisins belligérants qui viennent nous dire : « Ceux qui ne sont ni f
824 Mais voici nos voisins belligérants qui viennent nous dire : « Ceux qui ne sont ni froids ni bouillants seront vomis. » Qu’
825 c’est vis-à-vis du Christ, la parole évangélique nous apprend que cette neutralité est suprêmement désavantageuse : elle en
826 té est suprêmement désavantageuse : elle entraîne notre expulsion violente hors du Royaume de Dieu. « Je vous vomirai », dit
827 tageuse dans certains cas, dans la mesure où elle nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jugeons mauvais. (Reste à
828 ù elle nous exclut, précisément, d’un conflit que nous jugeons mauvais. (Reste à savoir si le conflit actuel est « mauvais »
829 ir si le conflit actuel est « mauvais ». Puis, si notre tiédeur suffira pour que le monstre de la guerre nous vomisse… Mais c
830 tiédeur suffira pour que le monstre de la guerre nous vomisse… Mais ceci est une autre histoire.) On ferait bien de ne pas
831 rosse sottise. 12. Neutralité « éternelle ». — On nous parle aujourd’hui de « neutralité éternelle », et l’on va même jusqu’
832 « neutralité éternelle », et l’on va même jusqu’à nous affirmer que cette « éternité » est la base officielle de notre polit
833 que cette « éternité » est la base officielle de notre politique. Dans ce cas, notre politique reposerait sur une faute de f
834 base officielle de notre politique. Dans ce cas, notre politique reposerait sur une faute de français, j’en suis fâché. Ce n
835 té « perpétuelle » : cela signifie simplement que nous refusons d’envisager son abandon, et que nous le refuserons aussi lon
836 que nous refusons d’envisager son abandon, et que nous le refuserons aussi longtemps que possible. Par exemple : tant que no
837 si longtemps que possible. Par exemple : tant que notre mission européenne ne sera pas accomplie. (L’Empire fédératif ?) Mais
838 même le pire, et même la réalisation prochaine de nos plus lointaines ambitions. Or prévoir, c’est aussi se préparer, peser
839 s faits. 14. Neutralité « morale ». — Les traités nous reconnaissent une neutralité politique et militaire. Ils nous obligen
840 issent une neutralité politique et militaire. Ils nous obligent aussi à la défendre intégralement. Mais ils ne nous imposent
841 nt aussi à la défendre intégralement. Mais ils ne nous imposent nullement une neutralité d’opinion. Renoncer au droit de nou
842 nt une neutralité d’opinion. Renoncer au droit de nous exprimer, ce n’est donc pas nous conformer aux exigences de la neutra
843 ncer au droit de nous exprimer, ce n’est donc pas nous conformer aux exigences de la neutralité. Ce peut être, dans certains
844 ’est tout simplement renoncer à une belle part de notre indépendance. C’est renoncer à nous défendre intégralement. Et c’est
845 elle part de notre indépendance. C’est renoncer à nous défendre intégralement. Et c’est enfin céder sur un point décisif pou
846 t. Et c’est enfin céder sur un point décisif pour notre indépendance future, étant donnée la nature des guerres modernes, qui
847 est neutre, on dit qu’elle est neutralisée. Taire nos opinions, aujourd’hui, ce n’est pas rester neutres, c’est accepter d’
848 ux qui voulaient « neutraliser » de cette manière notre opinion. En tant que citoyen suisse respectueux des décisions de nos
849 t que citoyen suisse respectueux des décisions de nos autorités suprêmes, j’ai donc le droit de condamner ouvertement des r
850 t des régimes étrangers qui attaquent ouvertement le nôtre . Et qu’on ne vienne pas me dire qu’une pareille attitude peut comprom
851 e dire qu’une pareille attitude peut compromettre notre indépendance : elle l’affirme au contraire ! Le devoir de l’armée est
852 armée est de garantir par la force l’intégrité de notre indépendance, et non pas seulement sa matérialité (le territoire). Le
853 condition de leur indépendance, même matérielle. Nos réalistes — toujours en retard d’une guerre, d’une époque — ont récem
854 ereusement utopique que le réalisme d’avant-hier. Notre époque n’est plus celle du grand commerce ; ni même de la grande indu
855 ni même de la grande industrie (réalisme d’hier). Notre époque est celle des religions politiques, sociales, nationales. Le c
856 s choses de la SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger — officiellement ou non — avec combien
857 uropéen, la Suisse pourrait et devrait jouer dans notre siècle une partie magnifique. Mais il faudrait que notre gouvernement
858 iècle une partie magnifique. Mais il faudrait que notre gouvernement comprenne ceci : La prudence est le vice des timides et
859 e et un malandrin. 12. Ceci ne veut pas dire que nous devons préférer la mort à l’interdiction de proclamer des sottises. J
860 ste catholique devenu national-socialiste. 14. «  Nous ne sommes pas gouvernés, nous sommes seulement administrés », répète
861 -socialiste. 14. « Nous ne sommes pas gouvernés, nous sommes seulement administrés », répète avec raison G. de Reynold. am
862 cercles concentriques, ils s’efforcent de situer notre mission dans l’Europe d’aujourd’hui.” Ce livre, qui tend avant tout à
863 e d’aujourd’hui.” Ce livre, qui tend avant tout à nous faire rentrer en nous-mêmes, est une œuvre forte, un appel viril à la
864 rtissement grave et clairvoyant quant à l’avenir. Nous sommes donc particulièrement heureux d’en présenter à nos lecteurs, à
865 es donc particulièrement heureux d’en présenter à nos lecteurs, à titre de spécimen, le dernier chapitre : “Autocritique de
866 de la Suisse”, désirant les rendre attentifs (car nous nous sentons pressés de le faire) à la valeur capitale de cet ouvrage
867 Suisse”, désirant les rendre attentifs (car nous nous sentons pressés de le faire) à la valeur capitale de cet ouvrage, qui
31 1940, Articles divers (1938-1940). Henri le Vert ou l’âme alémanique (1940)
868 sphère suisse allemande à un cours de répétition. Nous faisions des manœuvres dans la campagne bernoise. C’était l’été, nous
869 nœuvres dans la campagne bernoise. C’était l’été, nous traversions des vergers, des jardins et des fermes, dans la grande li
870 ormant dans des auberges inconnues des touristes, nous dans des cuisines accueillantes, où le confort moderne et le confort
871 aissait, dans ce pays, un peu plus large que chez nous , plus largement assis et attablé, dans une nature moins douce, mais p
872 à peine croyable que ce roman soit si peu lu chez nous , si mal connu, et qu’il n’en existe à cette heure qu’une seule et uni
873 naissance mutuelle, et je ne sais rien qui puisse nous donner, comme ce roman de Gottfried Keller, le sentiment de la réalit
874 secret d’un certain lyrisme qui les distingue de nous autres Romands. Et quand je parle de lyrisme, je n’entends pas ce sen
875 sa meilleure part, sans doute, celle qu’autrement nous n’eussions jamais soupçonnée, et que dorénavant nous saurons reconnaî
876 s n’eussions jamais soupçonnée, et que dorénavant nous saurons reconnaître ici ou là, d’une manière furtive mais parfois émo
877 ne existence patriarcale autour du Saint-Gothard, notre bastion sacré, dans le souvenir de Nicolas de Flue. Et je me dis que
878 e Nicolas de Flue. Et je me dis que la Providence nous veut vraiment du bien, à nous les Suisses, puisqu’elle nous a permis
879 s que la Providence nous veut vraiment du bien, à nous les Suisses, puisqu’elle nous a permis de réunir des qualités et des
880 vraiment du bien, à nous les Suisses, puisqu’elle nous a permis de réunir des qualités et des défauts qui se complètent si h
881 — la nervosité latine et la ténacité germanique ; notre ironie critique et leur humour. Et tout ce qu’il y a dans la culture
882 tulé Le Fanion des sept braves. Par les temps que nous vivons, une telle page prend une allure de véritable manifeste. La vo
883 enève ! Cette variété dans l’unité — Dieu veuille nous la conserver — voilà la véritable école de l’amitié ! Et quand une mê
32 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure de la Suisse (1er août 1940)
884 re les grands États qui entouraient la Suisse fut notre garantie d’indépendance. Cet équilibre vient d’être rompu. La Suisse
885 ses et par la contagion des idéologies nouvelles. Nous courons le risque d’être absorbés économiquement, divisés racialement
886 moralement par des influences étrangères. Jamais notre existence indépendante ne fut plus gravement mise en question. Jamais
887 . Jamais donc, il ne fut plus urgent de proclamer nos raisons d’être, notre mission confédérale, et notre volonté de nous e
888 fut plus urgent de proclamer nos raisons d’être, notre mission confédérale, et notre volonté de nous en rendre dignes. Mais
889 nos raisons d’être, notre mission confédérale, et notre volonté de nous en rendre dignes. Mais voici le message du 1er août d
890 e, notre mission confédérale, et notre volonté de nous en rendre dignes. Mais voici le message du 1er août de cette année :
891 message du 1er août de cette année : le péril où nous sommes peut devenir notre chance. Il nous sort de nous-mêmes et de no
892 ette année : le péril où nous sommes peut devenir notre chance. Il nous sort de nous-mêmes et de nos préjugés, il nous oblige
893 éril où nous sommes peut devenir notre chance. Il nous sort de nous-mêmes et de nos préjugés, il nous oblige à mesurer nos f
894 ir notre chance. Il nous sort de nous-mêmes et de nos préjugés, il nous oblige à mesurer nos forces vraies, il nous permet
895 Il nous sort de nous-mêmes et de nos préjugés, il nous oblige à mesurer nos forces vraies, il nous permet de nous unir mieux
896 êmes et de nos préjugés, il nous oblige à mesurer nos forces vraies, il nous permet de nous unir mieux que jamais pour la d
897 s, il nous oblige à mesurer nos forces vraies, il nous permet de nous unir mieux que jamais pour la défense et la rénovation
898 ge à mesurer nos forces vraies, il nous permet de nous unir mieux que jamais pour la défense et la rénovation de l’héritage
899 a défense et la rénovation de l’héritage que Dieu nous a confié. Nos raisons d’être tiennent dans ses deux mots : liberté, s
900 rénovation de l’héritage que Dieu nous a confié. Nos raisons d’être tiennent dans ses deux mots : liberté, solidarité. Deu
901  : liberté, solidarité. Deux mots qui furent pour nos ancêtres autre chose que des mots flatteurs : des raisons de vivre et
902 ts flatteurs : des raisons de vivre et de mourir. Notre histoire est celle de la liberté, certes, mais de la liberté menacée,
903 ’est l’esprit de liberté des communes du Gothard ( nous dirions aujourd’hui l’esprit de coopération, de syndicat ou de corpor
904 es sur la Birse, malgré l’anéantissement total de nos troupes. Une seule fois dans l’histoire la Suisse a succombé : en 179
905 causes de cette défaite sont bien connues, elles nous avertissent clairement : discorde politique, routine, recul de l’espr
906 issait, contre toute espérance. Un tel passé doit nous donner confiance pour le présent. Il nous montre que de tout temps, l
907 sé doit nous donner confiance pour le présent. Il nous montre que de tout temps, la Suisse a été menacée par des puissances
908 sans espoir. Un siècle de sécurité et de confort nous a fait oublier ces vérités. Aujourd’hui, elles nous parlent de nouvea
909 us a fait oublier ces vérités. Aujourd’hui, elles nous parlent de nouveau. Les menaces actuelles nous réveillent, et nous ra
910 es nous parlent de nouveau. Les menaces actuelles nous réveillent, et nous ramènent à notre loi normale ; la loi du risque e
911 ouveau. Les menaces actuelles nous réveillent, et nous ramènent à notre loi normale ; la loi du risque et de l’effort tenace
912 ces actuelles nous réveillent, et nous ramènent à notre loi normale ; la loi du risque et de l’effort tenace. Ces menaces ne
913 uples de l’Europe. Le chef-d’œuvre que représente notre démocratie fédérative — si différente des grandes démocraties « plout
914 ne survivance, au milieu de l’Europe totalitaire. Notre État fait un peu figure de parc national des anciennes libertés civiq
915 réconciliée avec elle-même et tolérante ! Sachons nous élever à la hauteur de l’idéal forgé par notre histoire. Rendons la S
916 ons nous élever à la hauteur de l’idéal forgé par notre histoire. Rendons la Suisse digne d’elle-même, et rendons-nous plus d
917 . Rendons la Suisse digne d’elle-même, et rendons- nous plus dignes d’elle ! Comment ? Je voudrais vous le montrer sans phras
918 mots simples, peut-être usés déjà, mais auxquels notre situation rend un pouvoir. Notre force est dans notre union. Or, pou
919 , mais auxquels notre situation rend un pouvoir. Notre force est dans notre union. Or, pour s’unir, il faut d’abord un but c
920 situation rend un pouvoir. Notre force est dans notre union. Or, pour s’unir, il faut d’abord un but commun. Il faut ensuit
921 tre, l’une rend l’autre possible. Les sacrifices, nous devons commencer par les faire chacun pour notre compte, c’est-à-dire
922 , nous devons commencer par les faire chacun pour notre compte, c’est-à-dire, sans attendre que le voisin se décide, mais au
923 e un grand exemple de solidarité pratique : voilà notre meilleure défense. Sacrifices matériels tout d’abord : nous avons con
924 eure défense. Sacrifices matériels tout d’abord : nous avons consenti déjà, pour notre défense militaire, des mesures qui, e
925 els tout d’abord : nous avons consenti déjà, pour notre défense militaire, des mesures qui, en d’autres temps, eussent passé
926 tion par exemple. Ce que la guerre sut obtenir de nous , il faut que la paix le maintienne et le développe au maximum. Prenon
927 développe au maximum. Prenons un cas concret : Si nous parvenons à supprimer le chômage dans le cadre des entreprises exista
928 antes, ou par la mise en train de grands travaux, nous aurons donné un exemple qui peut féconder l’avenir : exemple d’ordre
929 eulement un scandale humain, mais une menace pour notre indépendance, une proie facile pour certaines propagandes. À l’invers
930 ccasion de travail créée comblera une lacune dans notre défense nationale. Je conjure donc les patrons de consentir une réduc
931 s indispensables. Quand il y va de tout, oublions nos partis, car ils ne représenteront jamais qu’une partie de la vérité.
932 er mea culpa. Commençons une bonne fois, risquons- nous , allons chez le voisin et disons-lui : vous étiez de gauche, et moi d
933 iez de gauche, et moi de droite, mais aujourd’hui nous sommes de Suisse, l’un comme l’autre. Les sacrifices de cette nature
934 ait dans le monde, travailleraient au contraire à notre perte à tous. Ces remarques sont simples et utilisables. Elles ne son
935 s émue, ce premier jour d’une année décisive pour notre Confédération. ao. Rougemont Denis de, « L’heure de la Suisse », L
33 1940, Articles divers (1938-1940). Un fondateur de la Ligue du Gothard part pour quatre mois aux États-Unis : M. Denis de Rougemont nous dit… (23 août 1940)
936 uatre mois aux États-Unis : M. Denis de Rougemont nous dit… (23 août 1940)ap aq J’ai tenté de retarder mon départ de quel
937 e prochainement et qui expliquent les desseins de notre groupement : réunir — non point dans un parti, car nous nous défendon
938 roupement : réunir — non point dans un parti, car nous nous défendons de vouloir l’être jamais — ce qui doit logiquement rep
939 ment : réunir — non point dans un parti, car nous nous défendons de vouloir l’être jamais — ce qui doit logiquement représen
940 e a 26 ans et le plus âgé 44. C’est vous dire que nous voulons mettre la jeunesse au service du pays. À côté de ce comité di
941 posé de personnes d’expérience qui seront là pour nous conseiller. Aujourd’hui, la « Ligue du Gothard » est entrée dans une
942 e du Gothard » est entrée dans une phase active : nous sommes en pleine organisation des équipes cantonales formées de repré
943 tous les groupements qui ne sont pas des partis. Nous attachons, vous le voyez, une très grande importance au fait d’avoir
944 rande importance au fait d’avoir la jeunesse avec nous . C’est que nous nous sommes rendu compte que les hommes de 35 ans et
945 au fait d’avoir la jeunesse avec nous. C’est que nous nous sommes rendu compte que les hommes de 35 ans et moins ne sont pa
946 ait d’avoir la jeunesse avec nous. C’est que nous nous sommes rendu compte que les hommes de 35 ans et moins ne sont pas dan
947 e la scène politique. Au surplus, il a bien voulu nous faire les déclarations qui suivent. » ar. La rédaction conclut les d
948 yens qui s’intéressent à elles et à ses desseins. Nous le croyons volontiers et l’attendons à l’œuvre tout d’abord sur le te
34 1940, Articles divers (1938-1940). La Ligue du Gothard : raisons d’espérer (13 septembre 1940)
949 et qui forment une équipe. Passons sur le passé. Nous sommes anticapitalistes et antimarxistes, ni de gauche ni de droite,
950 syndicats par leurs éléments les plus vivants, et nous travaillons à la réconciliation des syndicats et des corporations, po
951 ut sauver le pays. Oui, certes, plusieurs d’entre nous sont « marqués », mais qui ne l’est pas, s’il a fait quelque chose ?
952 aison et de modifier ses positions. Duttweiler ne nous a pas donné un sou, quoi qu’en dise une certaine presse qui ne se déf
953 « Éléphants », ni aucune organisation. Le peu que nous avons, ce sont des dons personnels. Et nous cherchons, sûrs de trouve
954 u que nous avons, ce sont des dons personnels. Et nous cherchons, sûrs de trouver dans la mesure où nous sommes sûrs de la n
955 nous cherchons, sûrs de trouver dans la mesure où nous sommes sûrs de la nécessité de notre Ligue… Les partis ne veulent rie
956 la mesure où nous sommes sûrs de la nécessité de notre Ligue… Les partis ne veulent rien entendre. Mais le peuple répond. Ta
957 940, p. 3. at. Précédé de la notice suivante : «  Notre article sur la Ligue du Gothard dans le précédent numéro nous a valu
958 sur la Ligue du Gothard dans le précédent numéro nous a valu trois réponses que nous versons à titre de documents au débat
959 e précédent numéro nous a valu trois réponses que nous versons à titre de documents au débat et que nous faisons suivre des
960 nous versons à titre de documents au débat et que nous faisons suivre des remarques et conclusions qu’elles nous suggèrent.
961 sons suivre des remarques et conclusions qu’elles nous suggèrent. Voici tout d’abord l’opinion de M. Denis de Rougemont à qu
962 d’abord l’opinion de M. Denis de Rougemont à qui nous avions exprimé notre étonnement. Par une brève lettre datée du 18 aoû
963 e M. Denis de Rougemont à qui nous avions exprimé notre étonnement. Par une brève lettre datée du 18 août, où il nous fait pa
964 ent. Par une brève lettre datée du 18 août, où il nous fait part de la nouvelle de son envoi en mission de trois mois aux Ét
965 ntact avec les milieux suisses établis là-bas, il nous dit son sentiment sur la ligue du Gothard dont il est un membre de la