1 1938, Articles divers (1938-1940). Le seul espoir (juin 1938)
1 péennes. Il est probable que le Gothard ne jouera plus jamais le rôle unique et décisif qu’il jouait au temps du Saint-Empir
2 é dans ses droits égoïstes. Mais ce n’est pas non plus le « soldat politique » qui n’a plus en lui-même de principe d’existe
3 ’est pas non plus le « soldat politique » qui n’a plus en lui-même de principe d’existence, et qui n’est rien qu’un rouage d
4 n qu’un rouage de l’État. Enfin la personne n’est plus une simple idée. C’est la réalité paradoxale et dynamique de l’homme
5 aladie du sentiment occidental se révèle beaucoup plus dangereuse pour notre État que l’anarchie ancienne. Elle tend à nier
6 ralisation qui s’appelle le nationalisme. Mais le plus gros effort s’esquisse à peine. Ce sera la tâche de la nouvelle génér
7 ouvelle génération que de le mener à chef dans le plus court délai. Car il y va de l’existence même de notre État, et au-del
8 faire face à la menace totalitaire, nous essayons plus ou moins sérieusement de devenir nous aussi une nation, notre compte
9 qu’un État qui a perdu sa raison d’être y survive plus de quelques années. L’exemple de l’Autriche est éclatant ; il l’est m
10 j’insiste… 2° nous ne pouvons devenir qu’une des plus petites nations de l’Europe, et une nation divisée contre elle-même e
2 1938, Articles divers (1938-1940). Souvenir d’Esztergom (juin 1938)
11 e savais qu’il était le chef de file du groupe le plus vivant des écrivains de Hongrie, — le plus profondément magyar de sen
12 upe le plus vivant des écrivains de Hongrie, — le plus profondément magyar de sensibilité, et en même temps le plus européen
13 dément magyar de sensibilité, et en même temps le plus européen par la culture. Des amis me proposèrent de l’aller voir à Es
14 illeusement vivant dans ma mémoire, et je ne puis plus séparer sa vision de ce que m’évoque le nom de Michel Babits. ⁂ Eszte
15 voque le nom de Michel Babits. ⁂ Esztergom est la plus vieille capitale de la Hongrie. Attila, me dit-on, y régna. Aujourd’h
3 1938, Articles divers (1938-1940). « Comment libérer l’État de la tyrannie de l’Argent ? » (10 juin 1938)
16 M. de Rougemont souhaite “une action spirituelle” plus forte, plus riche et plus noble que l’action politique au sens présen
17 ont souhaite “une action spirituelle” plus forte, plus riche et plus noble que l’action politique au sens présent du terme. 
18 une action spirituelle” plus forte, plus riche et plus noble que l’action politique au sens présent du terme. » e. Ce mot a
4 1938, Articles divers (1938-1940). Le Relèvement de l’Allemagne (1918-1938) par Albert Rivaud (28 octobre 1938)
19 lire avant de lire Mein Kampf ou les traductions plus ou moins fidèles et tronquées qu’on nous en offre. Car M. Rivaud a le
20 mière partie de ce gros ouvrage est à mon sens la plus sérieuse et la plus riche d’enseignements. C’est un historique de l’A
21 ros ouvrage est à mon sens la plus sérieuse et la plus riche d’enseignements. C’est un historique de l’Allemagne d’avant-gue
22 ien, puisque vingt ans plus tard, l’Allemagne est plus forte que jamais, et atteint ses objectifs sans coup férir. Dans la s
23 s. Mais alors, il faudrait citer ses sources avec plus de minutie, et quand on donne un chiffre, donner aussi les moyens de
24 nseignements fournis sur l’économie paysanne sont plus précis, et paraissent autoriser mieux le terme de « socialisme agrair
25 superficiel et souvent inexact : défaut d’autant plus curieux que c’est essentiellement au nom de sa foi catholique que l’a
5 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse de Denis de Rougemont, lauréat du prix Rambert 1938 (novembre 1938)
26 uit praesentia famam, dit le latin. Mais il n’est plus question de reculer. En publiant mon Journal , je suis entré dans la
27 au jour ! » Et en effet, le 20 au soir — à peine plus tôt que je ne l’avais prévu — j’inscrivais ce terrible mot : FIN au b
28 même vérité vécue ; qu’ils sont souvent d’autant plus seuls qu’ils se voient contraints par le sort de vivre tous ensemble
29 ement exploités par les démagogies d’ailleurs les plus contradictoires en apparences. Tout mon effort se portait donc à dist
30 ronnez un ancien bellettrien, — ce qui est encore plus digne de louange. Enfin, vous êtes des Suisses de Suisse, et vous cou
31 oi n’y aurait-il pas de nos jours, sous une forme plus pacifique1, des écrivains qui renoueraient cette tradition ? Quelques
32 ion de garder avec la Suisse réelle les liens les plus étroits. Que votre générosité ait contribué à resserrer ces liens, en
33 out le reste — pour que je vous en exprime ici ma plus profonde reconnaissance. 1. Et non plus mercenaire, faut-il le préc
34 ici ma plus profonde reconnaissance. 1. Et non plus mercenaire, faut-il le préciser ? h. Rougemont Denis de, « Réponse
6 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse à l’enquête « Littérature et christianisme » (20 novembre 1938)
35 eule la révèle : — et à partir de là ne se posent plus que des problèmes d’ordre technique. Nous autres écrivains de la Réfo
36 le vocable “personnalistes”. On trouve là un des plus authentiques essais de construction de notre temps. Politique de la
37 les autres écrits de Rougemont en sont parmi les plus importants témoignages. »
7 1939, Articles divers (1938-1940). Quel est le rôle de l’Université dans le pays ? (1939)
38 ruction : des possibilités de culture, au sens le plus large possible. Cela englobe, évidemment, une certaine somme de conna
39 ent à rien, sinon à voir et à sentir comme jamais plus nous ne le ferons plus tard, la couleur de nos pierres après la pluie
40 mais sans quoi notre vie demeurerait privée de sa plus émouvante saveur. Je sais : toutes les générations ont cru qu’elles é
41 il serait décent de le souhaiter. Mais c’est avec plus de tendresse que de remords que je me rappelle, ce soir, ces folies-l
42 our la rejouer je ne sais combien de fois, un peu plus chaque année. Mais le plus beau, c’était que nous finissions par tran
43 ombien de fois, un peu plus chaque année. Mais le plus beau, c’était que nous finissions par transformer notre existence ent
44 e scène perpétuelle. Les bons bourgeois n’étaient plus , à nos yeux, que des sortes de figurants, ignorant tout du sens réel
45 Une espèce de recherche inconsciente de réalités plus vivantes, de drames plus vrais que ceux dont nous faisions la montre…
46 inconsciente de réalités plus vivantes, de drames plus vrais que ceux dont nous faisions la montre… Mais ceci c’est une autr
8 1939, Articles divers (1938-1940). Le protestantisme créateur de personnes (1939)
47 ntempestive ? Le problème est, je crois, d’autant plus actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église, et sur la
48 e septembre et toute la suite l’ont fait voir aux plus optimistes. En Russie, en Allemagne, en Italie, l’attaque est déjà dé
49 ral elle doit y incarner, de nos jours sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’individu. Contrairement à ce que peut n
50 n se veut autonome et conscient. La définition la plus noble de l’individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’
51 se d’où naît l’appel à une communauté nouvelle et plus solide, où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent
52 atie, sa police, fonctionnera d’ailleurs d’autant plus facilement qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’individus d
53 d’ailleurs d’autant plus facilement qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’individus déracinés, n’offrant plus de r
54 ’à une poussière d’individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous voyez qu’entre individualisme et dict
55 y a de l’un à l’autre un lien de cause à effet ou plus exactement, de succession fatale. L’individu ne s’oppose à l’État qu’
56 qu’à la manière dont le vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’é
57 vide s’oppose au plein : plus le vide est absolu, plus l’appel est puissant. À bien des égards, l’étatisme ne fait qu’acheve
58 s subsistants, divise pour régner, atomise encore plus la société, afin qu’aucune structure organique ne s’oppose plus à son
59 é, afin qu’aucune structure organique ne s’oppose plus à son action d’unification, de « mise au pas ». C’est avec la poussiè
60 stalgique du retour à la nature, d’une fraternité plus charnelle, d’une communion avec la masse dans le mystère des origines
61 et enthousiaste d’un au-delà libérateur. Ce n’est plus le rêve du retour aux origines, c’est le rêve d’un avenir éternel, d’
62 c de cette religion d’État, confondu avec l’échec plus général d’une société bureaucratisée, qui a permis et préparé le trio
63 le passé ni sur des origines communes. « Il n’y a plus ni Juif ni Grec », écrit saint Paul. Elles ne tiennent compte ni de l
64 au Ciel à la droite de Dieu. Leurs ambitions non plus ne sont pas terrestres, car ce qu’elles attendent, c’est la fin des t
65 servir que de se distinguer. Et ce n’est pas non plus la persona du droit romain, puisque l’homme qui a une vocation possèd
66 mme médiéval, écrit Burckhardt, ne se connaissait plus que comme race, peuple, parti, corporation, famille ou sous tout autr
67 êt d’un tel problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités
68 guenots ; ou de nos jours, bien que d’une manière plus vague, des États-Unis d’Amérique et de l’Empire anglais avec ses libr
69 u sommet, contrôle du pouvoir royal par un organe plus ou moins inspiré du stathoudérat hollandais. Et n’est-ce pas le hugue
70 vaut rien par lui-même, dit Calvin, mais il vaut plus que tout, plus que l’État lui-même, dans certains cas, par le fait de
71 lui-même, dit Calvin, mais il vaut plus que tout, plus que l’État lui-même, dans certains cas, par le fait de sa vocation. C
72 dant il marque une préférence, mais de l’ordre le plus général. C’est lorsqu’il écrit : « Le meilleur état de gouvernement e
73 rtugal. (On ose à peine parler des Tchèques, déjà plus qu’à moitié colonisés.) En face de ce groupement hétérogène quant à l
74 régimes qu’ils venaient d’abattre, mais beaucoup plus rigoureusement, car la religion dont ils étaient les chefs était une
75 me une menace terrible pour notre civilisation et plus encore pour nos Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit
76 e pour nos Églises. Je considère que nous n’avons plus le droit de l’étudier en curieux, en théoriciens ou en opportunistes,
77 e l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les plus secrètes complicités qu’il a su ménager dans nos cœurs. Pour rester f
78 en une politique d’allure religieuse. Et d’autant plus que la religion qu’il adopte est, comme dans le cas des fascismes et
79 on dont les buts purement terrestres ne divergent plus du tout des buts de la politique, et même se confondent avec eux. Alo
80 e, et même se confondent avec eux. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne p
81 fondent avec eux. Alors il n’y a plus de recours, plus de pardon à espérer : la communauté spirituelle ne peut pas en appele
82 ourquoi elle est intolérante au suprême degré, et plus qu’intolérante : on ne peut même pas s’y convertir ! Si l’on n’a pas
83 ersion spirituelle, à partir de laquelle il n’y a plus ni Juifs ni Grecs. Elle ne demande pas : que crois-tu ? qu’espères-tu
84 ens. En attendant, sachons maintenir, et étendons plus que jamais la distinction strictement calviniste entre les droits de
85 s rouages de l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transcende et limite son pouvoir, il n’y a plus a
86 té qui transcende et limite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours de l’individu à l’absolu divin, donc il n’y a plus aucu
87 urs de l’individu à l’absolu divin, donc il n’y a plus aucune liberté. Tous les abus de pouvoir deviennent possibles. Certes
88 caporalisation. La personne ainsi comprise n’est plus rien qu’une persona au sens romain, un rôle, un masque, une fonction
89 l’héroïsme en masse, à l’héroïsme collectif — le plus facile ! —, mais qui n’ont plus d’héroïsme civique. Militarisation d’
90 me collectif — le plus facile ! —, mais qui n’ont plus d’héroïsme civique. Militarisation d’un peuple ! C’est le contraire,
91 einte d’une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement été formé par une éducation et une
92 faits le prouvent, sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont rep
93 éter la fière devise des vieux huguenots : « Tant plus à me frapper l’on s’amuse, tant plus de marteaux l’on y use. » 2.
94 ots : « Tant plus à me frapper l’on s’amuse, tant plus de marteaux l’on y use. » 2. Texte intégral d’une conférence prono
9 1939, Articles divers (1938-1940). Le théâtre communautaire en Suisse (1939)
95 La Suisse est sans doute le pays où l’on joue le plus de théâtre. Serait-ce que le paysage lui-même invite au jeu, avec ses
96 nt de vue par l’exemple d’un drame que j’ai conçu plus ou moins consciemment selon ces directives. J’ai cherché tout d’abord
97 suis parvenu. Parmi les forces individuelles les plus marquantes de notre histoire, l’on trouve au premier rang la figure p
98 r chance, que l’élément choral est de beaucoup le plus facile à recruter en Suisse, et particulièrement dans le canton de Ne
99 n petit ensemble d’excellents amateurs de musique plus savante : le chœur « Sine Nomine », à Neuchâtel même. J’utiliserai do
100 e à trois plans dont j’ai vu le projet. Une masse plus réduite agira sur le degré médian, de concert avec le chœur d’enfants
101 Suisse qui chante, 1932). Cette formule me paraît plus collectiviste que communautaire. Elle présente par ailleurs un gros d
102 osphère qui appelle l’action du héros. Elle n’est plus décorative, mais proprement dramatique. Je ne saurais trop me félicit
103 re. Ce sont les conditions proprement suisses, et plus précisément fédéralistes, de ce théâtre communautaire qu’il m’a paru
10 1939, Articles divers (1938-1940). Un quart d’heure avec M. Denis de Rougemont : Hitler, grand-prêtre de l’Allemagne (11 janvier 1939)
104 lemagne (11 janvier 1939)n o Voici le livre le plus actuel que j’aie lu sur l’Allemagne hitlérienne. Il y a pourtant deux
105 nt par la faute de ses ministres, ne satisfaisait plus depuis bien longtemps au besoin de croire de la majorité du peuple. N
11 1939, Articles divers (1938-1940). Qui est Hitler ? (24 février 1939)
106 , que cela ne compte guère en pareil cas. Tout au plus pourrait-on dire que s’il était très intelligent, il n’aurait sans do
107 ce et de force collective. Un tel génie ne compte plus en tant qu’individu. Il ne s’appartient plus, il appartient au rêve d
108 mpte plus en tant qu’individu. Il ne s’appartient plus , il appartient au rêve de tous. Il n’a plus de qualités propres, de v
109 tient plus, il appartient au rêve de tous. Il n’a plus de qualités propres, de vices ou de vertus, comme vous et moi ; il n’
110 se manifester qu’autant que l’individu ne compte plus , comme tel, n’est que le support ou le médium d’une puissance qui éch
12 1939, Articles divers (1938-1940). Il y a toujours des directeurs de conscience en Occident (juin 1939)
111 ste cependant à faire valoir ma science, ce n’est plus alors que par vanité ou par orgueil, de sorte qu’au fond, au lieu d’a
112 endent régir le tout de l’homme. Elles ne peuvent plus compter que sur la force brutale pour se faire avouer comme « vérités
113 ire embrassant le tout de l’homme, ne déformerait plus les consciences, mais au contraire contribuerait à les susciter, à le
13 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue vu par Denis de Rougemont (8 juillet 1939)
114 s larges fenêtres regardent un des boulevards les plus bruyants de Montmartre, deux hommes penchés sur une liasse de papier
115 néreux, voici Honegger, le musicien. À ses côtés, plus réticent, plus replié sur lui-même, le regard intelligent et un visag
116 onegger, le musicien. À ses côtés, plus réticent, plus replié sur lui-même, le regard intelligent et un visage buriné par de
117 une œuvre suisse, faite par un des musiciens les plus célèbres de son temps — suisse, ne l’oublions pas — et par un des écr
118 , ne l’oublions pas — et par un des écrivains les plus intelligents de sa génération. Neuchâtelois de naissance — et d’origi
119 que la salle est ouverte, et que la légende sera plus collective qu’individuelle. Maintenant, je me tourne du côté d’Arthur
14 1939, Articles divers (1938-1940). Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)
120 e légèrement pédant. Denis de Rougemont anime les plus arides méditations et donne des ailes à la plus austère exégèse. Peut
121 s plus arides méditations et donne des ailes à la plus austère exégèse. Peut-être est-ce parce qu’il sait « penser avec ses
122 e. Mon dernier livre me paraît au contraire comme plus actuel que beaucoup d’autres. La crise du mariage est un des problème
123 res. La crise du mariage est un des problèmes les plus brûlants de la société d’aujourd’hui, et c’est surtout à cet aspect d
124 uence du Collège de sociologie, et en partant non plus des relations économiques, mais de ce qui est sacré dans la sociologi
125 l’amour ? J’ai cherché ce qui lui ressemblait le plus , et j’ai trouvé que c’était la poésie des troubadours. Quant à savoir
126 ature qui ne fait que refaire éternellement, avec plus ou moins de succès, le roman de Tristan et Iseut. Vous soutenez cette
127 n partant des mystiques. Je traiterai ce problème plus à fond dans un second volume, que je prépare actuellement. Pour comme
128 ntre la guerre et l’amour ? Je ne peux me retenir plus longtemps de poser cette question qui me brûlait la langue depuis le
129 i les peuples qui aiment l’amour. Les peuples les plus guerriers sont l’Espagne et la France ; l’Allemagne ne vient que loin
130 d. Quand les formes se disloquent, le mythe n’est plus un mythe, mais une réaction antisociale ; l’anarchie des mœurs abouti
131 fication des questions qui se posent au niveau le plus profond a été négligée aussi bien par le marxisme que par l’économie
15 1939, Articles divers (1938-1940). Comment j’ai écrit Nicolas de Flue (3 novembre 1939)
132 oportions de l’Europe d’aujourd’hui. Il n’y avait plus à hésiter. Je tenais enfin le grand sujet. La pièce fut écrite, le mu
133 e notre Confédération et de sa mission en Europe. Plus que jamais, dans ces heures sérieuses, plus que jamais elle doit se f
134 rope. Plus que jamais, dans ces heures sérieuses, plus que jamais elle doit se faire entendre. Grâce aux organisateurs de l’
16 1939, Articles divers (1938-1940). Pourquoi nous sommes là (décembre 1939)
135 ntralisateurs et gigantesques. C’est la guerre la plus antisuisse de toute l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace.
136 pour nous la pire menace. Mais en même temps, la plus belle promesse ! Maintenant, la preuve est faite, attestée par le san
137 ien que nous — peut-être mieux ! Ce n’est pas non plus pour protéger nos « lacs d’azur » et nos « glaciers sublimes ». (Cert
17 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue : naissance d’un drame (Noël 1939)
138 icolas sauve la paix à la onzième heure, ce n’est plus un souvenir de manuel, c’est le Munich des Suisses, c’est l’éternel m
18 1940, Articles divers (1938-1940). L’homme au poignard enguirlandé (1940)
139 ère dans un chant débordant d’injures : « Tu mens plus largement que ta gueule n’est fendue !… Tu t’es creusé un trou en ter
140 qu’à Berne. Quant à quitter la guerre il n’y faut plus songer, ce serait quitter du même pas la planète… ⁂ Un vers du temps
141 de sa nouvelle aventure. Pourquoi les hommes les plus vivants de cette époque où la vie s’exaspère ont-ils fait à la mort,
142 ent en nous le sens métaphysique… ⁂ Sobre dans la plus libre fantaisie, mais énergique : je ne cesse d’admirer chez Manuel l
143 érations » qui ne laissent enfin subsister que la plus discutable envie de peindre… ⁂ Son réalisme ne fait pas d’histoires,
144 bord des jeux de carnaval qui sont en vérité bien plus que des satires « contre le pape et sa séquelle » : des catéchismes i
145 squ’ayant dominé son art, il entrevoit une action plus urgente. Poète satirique ou guerrier, architecte ou négociateur, à qu
146 enfin l’Église et sa réforme, courant toujours au plus pressé, au plus vivant, Manuel se fait théologien ; puis, après la vi
147 t sa réforme, courant toujours au plus pressé, au plus vivant, Manuel se fait théologien ; puis, après la victoire, homme d’
148 ù la nécessité d’agir sur la cité. Si la cité n’a plus de vraies mesures, c’est l’Église qui doit les refaire. Qu’elle s’y r
149 n père de six enfants ; que cet artiste, l’un des plus grands de son pays, fut aussi le plus raisonnable parmi les chefs de
150 e, l’un des plus grands de son pays, fut aussi le plus raisonnable parmi les chefs de la Réformation. L’année même où pour d
151 dans sa charge de banneret. Le 20 avril, il n’est plus . « Pareil au cierge qui se consume d’autant plus vite qu’il a mieux é
152 plus. « Pareil au cierge qui se consume d’autant plus vite qu’il a mieux éclairé — écrit un chroniqueur du temps —, notre b
19 1940, Articles divers (1938-1940). Mission spéciale (1940)
153 e problème des minorités. Or ce problème n’existe plus chez nous ; notre fédéralisme séculaire l’a résolu par le droit et le
154 rs, se trouve être dans son principe la guerre la plus antisuisse de l’histoire. C’est donc pour nous la pire menace. Mais e
155 c pour nous la pire menace. Mais en même temps la plus belle promesse ! Maintenant la preuve est faite, attestée par le sang
20 1940, Articles divers (1938-1940). D’un certain cafard helvétique (janvier 1940)
156 t affirmées. Chose curieuse, c’est dans le civil, plus qu’à l’armée, que se manifeste cette tendance à tout faire « rentrer
157 quel ordre d’action. C’est le revers d’une de nos plus précieuses qualités civiques, j’entends du sentiment de solidarité, d
158 entation dictatoriale. Nous nous méfions beaucoup plus que nos voisins des esprits « trop » entreprenants. Nous nous en méfi
159 édération ne pourra vivre que si les citoyens les plus conscients de sa mission historique et actuelle trouvent les moyens d
160 eux qui veulent faire quelque chose — et ils sont plus nombreux que jamais — ; ne vous laissez pas engluer par les sceptique
21 1940, Articles divers (1938-1940). Les Suisses sont-ils « à la hauteur » de la Suisse ? (20 janvier 1940)
161 nts de leur céder la place ? Sommes-nous vraiment plus dignes et plus conscients que d’autres des « charges » que supposent
162 er la place ? Sommes-nous vraiment plus dignes et plus conscients que d’autres des « charges » que supposent de pareils avan
163 posé à la nature ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, je ne d
164 itude la plus superbe, l’homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, je ne dis pas que le peuple suisse représente da
165 isse représente dans son ensemble « la posture la plus misérable de l’homme ». Et je suis loin de penser que nous sommes des
22 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. I : Les voix que rien n’arrête (24 février 1940)
166 vons hermétiquement fermé toutes les fissures, et plus rien ne passe. Murailles naturelles, Alpes, fleuves, Jura ; larges ha
167 en ne passe. Sommes-nous bien sûrs que réellement plus rien ne passe ? Certes, toutes ces barrières doivent suffire et suffi
168 d’assaut et les armées d’envahissement. Mais les plus épaisses murailles ne peuvent arrêter certaines voix, voix insinuante
169 de l’interpréter. Depuis une dizaine d’années, et plus précisément depuis 1933, la face de l’Europe a changé. Il est temps d
170 . Or voici que depuis quelques années, ce ne sont plus les armées qui conquièrent un pays. Mais c’est d’abord la propagande.
171 pays. Mais c’est d’abord la propagande. Ce n’est plus le territoire qu’on cherche à envahir, mais c’est en premier lieu la
172 s, ont été créés, eux aussi, par d’autres traités plus anciens, qui se trouvent en contradiction avec l’évolution récente de
173 pace vital, elle déclare donc que ces États n’ont plus de « raison d’être historique ». Pour peu qu’elle arrive à le faire c
174 l s’agit maintenant d’y répondre. Nous ne pouvons plus nous contenter de déclarer que notre Confédération fut « autrefois »
23 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. II : Sommes-nous libres ? (2 mars 1940)
175 héritage « politique ». Mais rien ne se déprécie plus rapidement que les privilèges politiques, si le peuple qui en jouit n
176 En vérité, derrière leurs murailles, ils ne sont plus esclaves que de leurs lois et de leurs coutumes, de leurs commérages
177 tains que pour autant le jugement de Goethe n’est plus du tout valable de nos jours ? Sommes-nous bien certains que la tyran
178 ? Sommes-nous bien certains que les Suisses sont, plus que d’autres, libérés des préjugés bourgeois ? Sommes-nous bien certa
179 pas, ne se parlent pas, et souvent ne se saluent plus  ! On dirait presque qu’ils croient que l’autre, celui qui pense diffé
180 Qu’il me suffise de remarquer que si nous étions plus chrétiens, nous serions beaucoup plus tolérants dans ce domaine, nous
181 nous étions plus chrétiens, nous serions beaucoup plus tolérants dans ce domaine, nous aurions beaucoup plus de liberté dans
182 tolérants dans ce domaine, nous aurions beaucoup plus de liberté dans nos jugements, nous respecterions beaucoup mieux les
183 r leur valeur concrète que si nous conquérons une plus grande liberté morale et intellectuelle. Car les unes ne vont pas san
184 que les Suisses du xviiie siècle ne jouissaient plus d’une véritable liberté intérieure qu’ils ont été une proie facile po
185 instruction publique remarquable, mais ils ont la plus grande méfiance à l’endroit de la véritable culture. Ils ont horreur
186 t, lui aussi, une forme de paresse d’esprit, bien plus encore qu’une forme de l’envie, comme on l’a peut-être trop dit. Autr
187 ent démocratique dans l’effacement volontaire des plus grands Suisses de ce temps-là. Mais aujourd’hui, l’égalitarisme hérit
188 ’hui, l’égalitarisme hérité du xixe siècle n’est plus qu’une dégénérescence de cet instinct démocratique. Il veut tout unif
189 ir se distinguer. Pourquoi ? Parce que c’est bien plus simple, et plus facile de tout ramener à des mesures médiocres et uni
190 . Pourquoi ? Parce que c’est bien plus simple, et plus facile de tout ramener à des mesures médiocres et uniformes. C’est bi
191 à des mesures médiocres et uniformes. C’est bien plus simple et plus facile que de tenir compte des vivantes complexités, d
192 médiocres et uniformes. C’est bien plus simple et plus facile que de tenir compte des vivantes complexités, des vocations in
24 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. III : Pourquoi nous devons rester neutres (9 mars 1940)
193 part ». Je ne dis pas que ces arguments ne valent plus rien. Je dis seulement qu’ils ne représentent plus une raison suffisa
194 lus rien. Je dis seulement qu’ils ne représentent plus une raison suffisante de s’abstenir, et d’autre part, qu’ils n’ont pl
195 ante de s’abstenir, et d’autre part, qu’ils n’ont plus guère de force convaincante pour nos voisins, et par suite, ne sont p
196 vaincante pour nos voisins, et par suite, ne sont plus pour nous cette garantie morale dont nous avons un besoin réellement
197 neutres au nom d’un traité signé à Vienne il y a plus de cent ans, soit ! Mais il ne faudrait pas retenir de ce traité uniq
198 rité ; car le texte dit autre chose, dit beaucoup plus  : « Les Puissances signataires de la déclaration du 20 mars 1815 reco
25 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. IV : Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)
199 de gens s’imaginent que les petites raisons sont plus réalistes que les grandes. Beaucoup de gens s’imaginent que les réali
200 nt que les réalités matérielles et pratiques sont plus sérieuses que les réalités spirituelles, qu’ils traitent volontiers d
201 es gens-là se trompent lourdement, et aujourd’hui plus qu’à toute autre époque. Car il est clair que la guerre actuelle est
202 tre. Notre vocation intérieure est pour le moment plus précise que notre vocation européenne : mais je le répète, l’une supp
203 Et c’est sur ce plan décisif qu’il nous reste le plus à faire. Il nous reste, par exemple, à découvrir toute notre histoire
204 spéciale devant l’Europe, nous apprendrons à voir plus grand, et par suite à penser plus librement, avec plus de générosité.
205 rendrons à voir plus grand, et par suite à penser plus librement, avec plus de générosité. Alors nous serons en état de mesu
206 grand, et par suite à penser plus librement, avec plus de générosité. Alors nous serons en état de mesurer la vraie grandeur
207 ui peut nous y attendre. Et parce que nous serons plus conscients de ce que nous avons à donner, nous serons mieux armés pou
26 1940, Articles divers (1938-1940). Le petit nuage (avril 1940)
208 tain nombre de mes amis la phrase suivante : « Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre les chr
27 1940, Articles divers (1938-1940). D’un journal d’attente (pages démodées) (avril 1940)
209 ussitôt mis en œuvre… C’est qu’aucune œuvre n’est plus concevable quand l’avenir immédiat ne l’est plus. Toute création dema
210 plus concevable quand l’avenir immédiat ne l’est plus . Toute création demande une vacance, un espace qui ne soit mesuré et
211 re humaine, tout acte humain, et même parfois les plus élémentaires, exigent et supposent un avenir. Nous l’oublions souvent
212 que (radio, capital, urbanisme) au sein duquel la plus « active » des cultures perd ses prises et son efficace. En vérité, c
213 ou, au contraire, lui donnera-t-il une efficacité plus pénétrante ? Problème d’une portée générale, dans un monde où s’insta
214 cidé à « reconsidérer » le monde sous des aspects plus réalistes, selon l’urgence des événements. — « Je suis en pleine cure
215 urd’hui, dans la vie politique ou intellectuelle, plus personne n’est vraiment d’aplomb. Nervosité, hystérie, fatigue excess
216 int se laisser surprendre. » C’est qu’il ne croit plus à la paix. Tous les deux ont de bonnes raisons. Car il est vrai que l
217 n’ont rien à sauver, et qui ne s’en montrent que plus « durs ». Cet excité croit-il vraiment à ses idées ? — Je pense bien,
218 cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus courageux ? Mais non. Ils sont tout seuls devant leur papier blanc. L
219 udain considéré comme la situation spirituelle la plus extraordinaire du siècle ! Il est des êtres et des drames dont la vér
220 les démons s’éveillent sur son passage, il n’y a plus nulle part d’indifférence possible ! Ici, le Christ reste le Scandale
221 de toute amertume, c’est un bien que nous n’avons plus , c’est un amour perdu, allé ailleurs. Mais qu’il existe encore ailleu
222 tre heures, une plénitude de l’attente. D’ici là, plus rien ne comptera que par rapport à ce plaisir qui vient. Et les ennui
223 vient. Et les ennuis, et l’ennui même, ne seront plus que les petits retards où s’alimente le désir. Les délais de ce genre
28 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure sévère (juin 1940)
224 échis maîtres d’eux-mêmes, et objectifs. Je dirai plus  : ce qu’il nous faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes qui
225 rialisme modéré du dernier siècle. Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce qui nous dépasse », tant par en haut que par
226  : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sait pas le reconnaître, fût-il aussi mal dég
227 fusé pendant cent ans d’envisager ? Pourtant, les plus grands hommes du dernier siècle furent unanimes à prévoir le destin q
228 r la conscience européenne : vous y trouverez les plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement mécon
229 us grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez les témoignages convergents de
230 verez les témoignages convergents des esprits les plus opposés, unanimes dans la critique du « réalisme » de leur temps, et
231 ies mêmes, nous voilà condamnés, de la manière la plus tragi-comique, à sacrifier notre prospérité, notre confort et nos pro
232 fusé les sacrifices qu’eût entraînés un règlement plus juste des relations sociales et internationales, pour avoir refusé ob
233 ces mille fois pires, inévitables et stériles. Le plus étrange est que ces sacrifices se révèlent parfaitement « possibles »
234 hons des raisons d’espérer. Mais nul espoir n’est plus possible, sachons-le, si nous refusons maintenant encore d’envisager
235 en fuite sur les routes de France ? Nous n’avons plus qu’un seul espoir — quelle que soit l’issue de la guerre : obtenir po
236 de dire la vérité que les peuples en guerre n’ont plus le pouvoir de reconnaître, dans le fracas des chars, sous les bombard
237 rs, sous les bombardements, quand on ne sait même plus qui a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en f
238 traires des autres, en face, nous paraissent bien plus effrayantes, et qu’ils triomphent tout de même, ou à cause de cela mê
239 t qu’il était logique, inévitable, et qu’il n’y a plus qu’à en tirer les conclusions9. Mais nous ne sommes pas neutres pour
240 aux et réalités, est pulvérisé par les bombes. Au plus fort de la persécution entreprise par Julien l’Apostat contre la chré
241 té démesurée des choses, nous sommes réduits à ne plus espérer qu’au nom de l’unique nécessaire : « L’amour parfait bannit l
29 1940, Articles divers (1938-1940). Au peuple suisse ! (22 juillet 1940)
242 ndre la Suisse et pour la rénover. Ils ne croient plus aux plans, aux promesses faciles. Ils veulent une méthode neuve d’act
243 ures de personnalités appartenant aux milieux les plus divers, et qui nous ont promis leur appui. ak. Rougemont Denis de,
30 1940, Articles divers (1938-1940). Autocritique de la Suisse (août 1940)
244 940)am an Nul pays, à ma connaissance, n’a été plus souvent expliqué à lui-même et au monde que la Suisse. C’est qu’il en
245 t au monde que la Suisse. C’est qu’il en a besoin plus que nul autre. Sa devise est un paradoxe qu’il n’a pas toujours bien
246 nécessité de l’union centrale auraient peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes, dans son sens étymolo
247 ubsides et les allocations ; mais les cantons les plus conservateurs sont souvent ceux qui, me dit-on, se gênent le moins…10
248 ment, importé d’Amérique à une époque récente, et plus ou moins contaminé par les mœurs politiques françaises. L’idée même d
249 r, assouplir, traduire : ce ne n’est pas beaucoup plus difficile ; c’est beaucoup plus intéressant ; et c’est utile. Si, pra
250 ’est pas beaucoup plus difficile ; c’est beaucoup plus intéressant ; et c’est utile. Si, pratiquement, la plupart des bureau
251 nue dans le confort et la prudence. Ne dites donc plus  : « Nous sommes opposés par principe à tout ce qui vient de Berne — s
252 otre vie est parfait, mais il n’encadrera bientôt plus aucune vie digne de ce nom. Quelques exemples : Je vois dans le budge
253 logement, vêtement, mobilier, assurances) absorbe plus de la moitié des ressources, proportion réellement exorbitante. Je vo
254 bles, s’ils parlent en connaissance de cause. (Le plus souvent, d’ailleurs, ils se contentent de ne pas remarquer la ressemb
255 st moins impartial qu’il ne semble. Ne commettons plus l’imprudence capitale du monsieur qui s’enquiert « objectivement » de
256 sieurs années. De ce point de vue, nous ne sommes plus neutres en fait, nous sommes en guerre parce que victimes d’une agres
257 rontières ? L’intégrité du territoire serait-elle plus importante de nos jours que l’intégrité de la conscience nationale ?
258 , et le Rhin, ce fossé… Oui, mais les géographes, plus sobres, définissent la Suisse en ces termes : « Une dépression entre
259 le pire, et même la réalisation prochaine de nos plus lointaines ambitions. Or prévoir, c’est aussi se préparer, peser le p
260 que du Méridional : « Toujours à gauche, mais pas plus loin. » Pourquoi est-ce comique ? Parce que l’histoire et la politiqu
261 iècle dernier, où, en effet, la politique n’était plus guère qu’une annexe des affaires. Rien de plus dangereusement utopiqu
262 que le réalisme d’avant-hier. Notre époque n’est plus celle du grand commerce ; ni même de la grande industrie (réalisme d’
263 s changes, la consommation. Ces chefs montrent la plus parfaite indifférence à l’égard des fameuses « nécessités techniques 
264 comprenne que le souci de son économie ne saurait plus servir d’excuse à l’absence de vues politiques. On demande à un gouve
265 iplomates qui fassent une politique, et qui aient plus d’idées générales que de compétences économiques. Je connais tel prof
266 l’étranger — officiellement ou non — avec combien plus d’efficacité que les meilleurs spécialistes formés par les bureaux de
31 1940, Articles divers (1938-1940). Henri le Vert ou l’âme alémanique (1940)
267 éclatants. Tout paraissait, dans ce pays, un peu plus large que chez nous, plus largement assis et attablé, dans une nature
268 t, dans ce pays, un peu plus large que chez nous, plus largement assis et attablé, dans une nature moins douce, mais plus dr
269 sis et attablé, dans une nature moins douce, mais plus drue. Je m’étais bien promis d’y retourner, et c’est encore la mobili
270 in matin chez un libraire ou à la bibliothèque la plus proche, et demandez la traduction de ce gros livre. Vous commettrez u
271 mais une espèce de saveur primitive, une manière plus confiante et plus joyeuse d’accepter la vie instinctive, un peu plus
272 e saveur primitive, une manière plus confiante et plus joyeuse d’accepter la vie instinctive, un peu plus de musique, un peu
273 lus joyeuse d’accepter la vie instinctive, un peu plus de musique, un peu moins de scrupules, un peu plus d’énergie et moins
274 lus de musique, un peu moins de scrupules, un peu plus d’énergie et moins d’esprit critique. Ce sont ces nuances-là qui donn
275 eller ou des Henri le Vert. Tous les Français non plus ne sont pas des Pascal, tous les Allemands ne sont pas des Goethe — l
276 , se trouve à merveille compensé par la confiance plus naïve en la vie que manifestent par exemple les grands romans de Jéré
277 terminer par une petite citation qui prouvera aux plus ombrageux des régionalistes romands qu’un Suisse allemand n’est pas n
278 toute espèce, mâles et femelles, ne saurait être plus content que ces hommes avec leur chère petite patrie et les milliers
32 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure de la Suisse (1er août 1940)
279 gères. Jamais notre existence indépendante ne fut plus gravement mise en question. Jamais donc, il ne fut plus urgent de pro
280 ravement mise en question. Jamais donc, il ne fut plus urgent de proclamer nos raisons d’être, notre mission confédérale, et
281 mais de la liberté menacée, conquise au prix des plus grands sacrifices, toujours sauvée, envers et contre tout, grâce à un
282 dons la Suisse digne d’elle-même, et rendons-nous plus dignes d’elle ! Comment ? Je voudrais vous le montrer sans phrases ro
283 confort. C’est tout. Le but commun ne fut jamais plus clair. C’est le maintien et la rénovation de la Suisse : l’un ne va p
284 nt jamais qu’une partie de la vérité. N’attendons plus que ceux de l’autre bord fassent les premiers pas et disent le premie
285 re. Les sacrifices de cette nature sont peut-être plus durs, pour beaucoup, que les restrictions matérielles, ou le fait de
286 ils auront célébré, mieux que par l’éloquence la plus émue, ce premier jour d’une année décisive pour notre Confédération.
33 1940, Articles divers (1938-1940). Un fondateur de la Ligue du Gothard part pour quatre mois aux États-Unis : M. Denis de Rougemont nous dit… (23 août 1940)
287 cteur de la Ligue est formé de dix hommes dont le plus jeune a 26 ans et le plus âgé 44. C’est vous dire que nous voulons me
288 é de dix hommes dont le plus jeune a 26 ans et le plus âgé 44. C’est vous dire que nous voulons mettre la jeunesse au servic
34 1940, Articles divers (1938-1940). La Ligue du Gothard : raisons d’espérer (13 septembre 1940)
289 oite, alliés aux syndicats par leurs éléments les plus vivants, et nous travaillons à la réconciliation des syndicats et des
290 i qu’en dise une certaine presse qui ne se défend plus qu’à coup de calomnies. Ni les « Éléphants », ni aucune organisation.