1 1938, Articles divers (1938-1940). Le seul espoir (juin 1938)
1 l’Europe, la garde montée autour de cette réalité qui définit l’homme d’Occident : la réalité de la personne et des institu
2 ais ce n’est pas non plus le « soldat politique » qui n’a plus en lui-même de principe d’existence, et qui n’est rien qu’un
3 n’a plus en lui-même de principe d’existence, et qui n’est rien qu’un rouage de l’État. Enfin la personne n’est plus une s
4 est la réalité paradoxale et dynamique de l’homme qui a fait la civilisation et la grandeur réelle de l’Occident : l’homme
5 igarchies de financiers et de démagogues. Tout ce qui s’est fait de réel et de valable en Occident fut l’œuvre de ces homme
6 ret de l’Europe, de sa vraie force et des valeurs qui l’ont créée. Gardienne des cols pour les nations, gardienne de la doc
7 u de reprendre pleine conscience de cette mission qui est notre raison d’être. À la période de déviation dans le sens indiv
8 deux derniers siècles, succède depuis la guerre — qui fut une guerre des masses — une ère de déviation dans le sens collect
9 mission. Elle tend à nier l’existence de tout ce qui ne serait pas une grande nation monolithique, fondée sur l’unité — to
10 taire est une puissante négation du seul principe qui tienne rassemblés nos cantons, et de l’idéal commun qui nous a fédéré
11 enne rassemblés nos cantons, et de l’idéal commun qui nous a fédérés. Jamais, depuis le xiiie siècle, nous n’avons encouru
12 très typiques, dans l’attitude de nos syndicats, qui tendent de plus en plus à développer la conscience démocratique au se
13 me tel que nous sommes chargés de le défendre, et qui s’oppose autant au particularisme étroit qu’à cette forme antisuisse
14 oit qu’à cette forme antisuisse de centralisation qui s’appelle le nationalisme. Mais le plus gros effort s’esquisse à pein
15 il n’est pas d’exemple dans l’Histoire qu’un État qui a perdu sa raison d’être y survive plus de quelques années. L’exemple
16 quelle force opposerons-nous aux grandes nations qui nous entourent ? Nous serons dépecés en trois Anschluss. Ce n’est don
17 sérieuse est d’ordre spirituel. Les « réalistes » qui voudraient le nier trahissent et ruinent notre grandeur et notre espo
18 e pires ennemis. Ce n’est pas une armée motorisée qui nous sauvera de l’attaque de nos voisins, même si nous ruinons le pay
19 nons le pays pour la perfectionner au maximum. Ce qui sauvera la Suisse, c’est la conscience de son destin européen. C’est
2 1938, Articles divers (1938-1940). Souvenir d’Esztergom (juin 1938)
20 it, êtres et paysages, dans une vaste hospitalité qui était celle de l’été même dont Babits me faisait les honneurs… Qu’on
21 out à fait dans le ciel, là où doivent vivre ceux qui « chantent ». L’après-midi est immense. Nous buvons des vins dorés et
3 1938, Articles divers (1938-1940). « Comment libérer l’État de la tyrannie de l’Argent ? » (10 juin 1938)
22 tée de sa capacité ; administrant les entreprises qui échappent par leurs dimensions mêmes à la souveraineté communale, tel
23 c’est-à-dire d’une dichotomie rigoureuse entre ce qui relève de l’exécution technique et ce qui relève de l’opinion et de l
24 ntre ce qui relève de l’exécution technique et ce qui relève de l’opinion et de la création, toujours personnelle. C’est la
25 et de l’organisateur, de l’État et de la Nation, qui conduit au désordre flagrant des démocraties, et à cette fixation bru
26 bien comme une action, tant publique que secrète, qui mobilise le tout de l’homme, et qui seule est transformatrice. Mais c
27 que secrète, qui mobilise le tout de l’homme, et qui seule est transformatrice. Mais ce n’est pas sur ces voies que vous m
4 1938, Articles divers (1938-1940). Le Relèvement de l’Allemagne (1918-1938) par Albert Rivaud (28 octobre 1938)
28 sme à l’intérieur du développement pangermaniste, qui a précédé Hitler, qui le soutient, et qui peut-être lui survivra. La
29 éveloppement pangermaniste, qui a précédé Hitler, qui le soutient, et qui peut-être lui survivra. La première partie de ce
30 aniste, qui a précédé Hitler, qui le soutient, et qui peut-être lui survivra. La première partie de ce gros ouvrage est à m
31 sur le détail de ces chapitres et sur l’intention qui préside à la « description » qu’ils nous offrent. Certes, il est mala
32 rs, il semble qu’au contraire, ce sont les trusts qui ont absorbé les petites sociétés. Méfions-nous d’un certain abus du t
33 umé de Mein Kampf reste flou : on ne sait trop ce qui est dit par Hitler et ce qui est du cru de l’auteur. Enfin, le chapit
34 : on ne sait trop ce qui est dit par Hitler et ce qui est du cru de l’auteur. Enfin, le chapitre sur les Églises et la reli
35 l voit dans ces méthodes l’antithèse exacte de ce qui se passe en France. Et l’on en vient à se demander si ce n’est pas su
36 ouci de faire la leçon aux Français « de gauche » qui a poussé M. Rivaud à étudier l’exemple allemand. Ce travers est parti
5 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse de Denis de Rougemont, lauréat du prix Rambert 1938 (novembre 1938)
37 dans nos vies, détient une signification secrète, qui est le combat du Jour et de la Nuit. J’espérais terminer mon livre au
38 us décidiez de me donner votre prix. Et la lettre qui me l’annonçait portait la date fatidique du 21. Comment ne pas voir d
39 nd honneur que vous lui faites… ⁂ L’un des thèmes qui reviennent avec quelque insistance dans le Journal , c’est celui que
40 ns, et vous couronnez un ancien bellettrien, — ce qui est encore plus digne de louange. Enfin, vous êtes des Suisses de Sui
41 e au service de l’étranger une humeur belliqueuse qui , Dieu merci, ne trouvait pas à s’exercer dans nos cantons paisibles.
42 rs, sous une forme plus pacifique1, des écrivains qui renoueraient cette tradition ? Quelques années de service étranger, c
43 culture. Il faut d’abord des hommes comme Ramuz, qui représentent la Suisse en soi, j’entends la Suisse dans la réalité vi
44 réalité vivante d’un de ses cantons ; des hommes qui , à force d’être Vaudois avec génie, soient des valeurs européennes. M
45 peut-être faut-il ensuite, et à côté, des hommes qui essaient de représenter l’idée de la Suisse au regard de l’Europe ; d
46 e de la Suisse au regard de l’Europe ; des hommes qui soient des Suisses par cela même qu’ils essaient d’être des Européens
6 1938, Articles divers (1938-1940). Réponse à l’enquête « Littérature et christianisme » (20 novembre 1938)
47 , son métier, sa réussite ou ses défauts. Mais ce qui agira sur le lecteur, en fin de compte — et supposé que l’œuvre soit
48 vue de l’art, donc transparente — c’est l’esprit qui animait l’auteur. Un roman ne peut « servir » que si l’auteur l’a fai
49 a fait dans un esprit de service. Or tout service qui n’est pas le service du Dieu vivant se trouve devenir une servitude.
50 l ne saurait les prévoir, puisque c’est Dieu seul qui convertit les hommes. L’unique préoccupation de l’artiste chrétien do
51 lmar : nos œuvres ne seront jamais que cette main qui désigne le Christ, au-dessus des déserts du monde. « Il faut qu’il cr
7 1939, Articles divers (1938-1940). Quel est le rôle de l’Université dans le pays ? (1939)
52 l faut savoir pour vivre la vie dite sérieuse. Ce qui fait que l’on gagne sa vie, ou qu’on supporte de ne la point gagner,
53 r ! — la vie nocturne de l’étudiant, des lectures qui ne servent à rien, des promenades qui ne mènent à rien, sinon à voir
54 es lectures qui ne servent à rien, des promenades qui ne mènent à rien, sinon à voir et à sentir comme jamais plus nous ne
55 horriblement surréaliste ! J’ignore si les volées qui ont suivi ont été aussi folles que nous, et s’il serait décent de le
56 es et des nuits que nous imaginions orgiaques, et qui étaient simplement lyriques. Durant des mois d’hiver, notre vie tourn
57 ? Quelques-uns, pourtant, s’y brûlèrent. Et voilà qui me donne à penser qu’il n’y avait pas en jeu, dans tout cela, rien qu
58 la montre… Mais ceci c’est une autre histoire, et qui m’entraînerait assez loin. … Ne serait-ce pas notre rôle actuel, en S
59 te tradition du romantisme et des féconds loisirs qui a fait la gloire d’une Heidelberg, d’une Tubingue, et de tant d’autre
60 moderne une de ces vérités qu’il méconnaît, mais qui lui survivra sans doute : c’est que la culture n’a jamais prospéré qu
8 1939, Articles divers (1938-1940). Le protestantisme créateur de personnes (1939)
61 t, je crois, d’autant plus actuel que les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Église, et sur la civilisation dite chrétien
62 édifiants. Déconcertés par l’ampleur de l’attaque qui se prépare contre le monde chrétien, beaucoup, jusque parmi les incro
63 ersonnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui a pris pour tâche de démêler ces notions et de fonder sur elles un or
64 otions d’individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux comment se situe la Réforme dans l’é
65 hellénisme. L’individu, c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui, de ce fait
66 d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et qui , de ce fait même, se distingue du groupe naturel, et s’isole. Le grou
67 qu’elle adore, c’est ce qu’elle craint, c’est ce qui la terrorise. Une société ainsi formée a pour caractère distinctif l’
68 tif l’intolérance radicale. (On ne discute pas ce qui est sacré.) De plus, elle est radicalement grégaire et xénophobe. Mai
69 ord douter, et c’est bientôt se révolter. L’homme qui raisonne, c’est l’homme qui cherche à échapper à la terreur originell
70 se révolter. L’homme qui raisonne, c’est l’homme qui cherche à échapper à la terreur originelle, aux liens sacrés du group
71 peut-on rapprocher cette tendance morale de celle qui poussa les physiciens de la Grèce à créer la notion d’atome, les phil
72 ide, où l’individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’État sa puissance matérielle. C’est Rome alors, c’
73 térielle. C’est Rome alors, c’est l’Empire romain qui nous donnera le symbole éternel de cette réaction collective. La vict
74 bloc puissant vis-à-vis de l’extérieur ; un bloc qui prend l’allure d’une armée. Le vice d’un tel système, c’est qu’il sté
75 embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’homme qui n’existe que par son rôle social, par sa fonction dans la cité. C’est
76 ial, par sa fonction dans la cité. C’est celui-là qui sera nommé juridiquement la persona. Ce mot qui désignait à l’origine
77 à qui sera nommé juridiquement la persona. Ce mot qui désignait à l’origine le masque de l’acteur, signifiera bientôt le « 
78 persona, il s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui forment les deux tiers de la population, ne sont pas des personnes, p
79 rés : c’est une régression vers la barbarie, mais qui flatte les instincts et les passions, et satisfait le rêve nostalgiqu
80 spoir d’une société d’un type absolument nouveau, qui ne soit pas fondée sur les contraintes du passé, ni sur des lois, mai
81 ’échec plus général d’une société bureaucratisée, qui a permis et préparé le triomphe du christianisme. Mais je demeure per
82 locaux, leurs hiérarchies, leurs assemblées. Ceux qui en deviennent membres y reçoivent une assistance matérielle, mais ils
83 ocial nouveau. Prenons le cas social de l’esclave qui devient chrétien. Alors que l’État romain lui déniait toute activité
84 , il se produit un phénomène parallèle : le païen qui se convertit se voit d’une part racheté de son péché ; et d’autre par
85 , une vocation. Il devient le serviteur du Maître qui le libère. Ainsi, spirituellement et socialement, l’Église est une co
86 socialement, l’Église est une communauté d’hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les engage à
87 nt à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les engage à son service, et engagés au service du prochain dans la m
88 plus la persona du droit romain, puisque l’homme qui a une vocation possède une dignité indépendante de son rôle social. C
89 é le terme romain de persona. C’est ce même terme qui va servir aux premiers philosophes chrétiens à désigner la réalité de
90 ’époque de la Réformation et dans le sujet précis qui nous occupe. L’Église des premiers siècles a repris peu à peu l’hérit
91 Et l’on peut la caractériser par quelques traits qui rappelleront ma description de la Grèce individualiste. L’individu de
92 individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propres aux dogmes sacrés de la collectivité. Il r
93 collective et contre la révolte de l’individu, ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les devoirs de la personne
94 dèle de la pure Parole de Dieu. » Du point de vue qui nous intéresse ici, je dirai que l’œuvre de Calvin a consisté essenti
95 chacun. Mais il ajoute une restriction mémorable, qui figure en particulier dans le serment des pasteurs de Genève, et dont
96 naissance le seul texte constitutionnel existant, qui puisse être qualifié de personnaliste, au sens précis où je l’entends
97 ux questions suivantes : quels furent les régimes qui persécutèrent la Réforme ? Et quelle fut l’action historique des homm
98 e, dans la Ligue. Plus tard, c’est ce même esprit qui obtiendra que Louis XIV révoque l’édit de Nantes, au nom du mot d’ord
99 ’est-à-dire la France « mise au pas » par l’homme qui dit : « l’État, c’est moi », la France synchronisée, centralisée, déj
100 sse de la Transylvanie convertie au calvinisme et qui devient l’âme de la résistance au centralisme des Habsbourg, qu’il s’
101 rat hollandais. Et n’est-ce pas le huguenot Sully qui , le premier, sous Henry IV, conçut le « Grand Dessein » d’une fédérat
102 Réforme a triomphé surtout dans les petits États qui éprouvaient le besoin de se fédérer contre l’Empire et contre Rome, e
103 ement spirituel. C’est bien le même état d’esprit qui explique à la fois le respect des diversités en politique, et le resp
104 s pouvons le vérifier d’une autre manière encore. Qui dit respect des personnes, dit préoccupation de les éduquer. Et vous
105 Mais je m’en voudrais d’insister sur cet exemple qui me ferait la part trop belle. Contentons-nous de le poser comme un re
106 in de la communauté. Ainsi le citoyen calviniste, qui vit profondément et quotidiennement cette doctrine peut-il comprendre
107 cette précision : ce n’est pas la forme d’un État qui compte, mais bien la condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de
108 s le mieux départager les deux groupes de régimes qui s’affrontent aujourd’hui. Le premier groupe est celui des nations qui
109 ourd’hui. Le premier groupe est celui des nations qui respectent l’Église et la personne. Nous y trouvons des formes de gou
110 s notre sujet, ensuite parce que ces différences, qui ne le voit, s’atténuent d’année en année. Ce qu’il nous importe de so
111 nsables, on comprendra sans peine le fait suivant qui , à ma connaissance, n’a jamais été signalé : c’est qu’il existe une f
112 spagne catholiques, alors qu’il n’en existe point qui se soit développé en pays « calvinistes » ou simplement influencés pa
113 n théoriciens ou en opportunistes, comme certains qui se demandent encore, par exemple, s’il est de gauche ou de droite, al
114 ons maintenant à nous défendre, dans cette guerre qui nous est déclarée. Or le meilleur, le seul moyen de se défendre — sur
115 nous, pendant qu’il en est temps, des déviations qui feraient le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’homme fascist
116 iste, c’est définir du même coup certains dangers qui menacent en permanence notre morale de la personne. Je vais le montre
117 e instance supérieure à l’État, puisque c’est lui qui l’a créée pour ses seules fins, et qu’il n’existe rien au-delà. Pour
118 errées depuis des millénaires, jamais passées, et qui réclament encore du sang, des morts, des cortèges funèbres, des cérém
119 gubres, d’hallucinants sabbats de nègres blancs ! Qui oserait encore nous soutenir que ce délire représente l’ordre ? Qui n
120 nous soutenir que ce délire représente l’ordre ? Qui ne voit qu’une telle religion hait mortellement la foi chrétienne, to
121 ants et vigilants, même et surtout sur des points qui paraissent actuellement de peu d’importance. Par exemple : partout où
122 étienne », défions-nous d’un certain enthousiasme qui nous ferait tomber à pieds joints dans la fatale confusion du tempore
123 e fédéralisme, seule doctrine politique existante qui soit radicalement contraire à la doctrine totalitaire. Le fédéralisme
124 édéralisme, ce n’est pas seulement un pour tous — qui serait une devise fasciste — ce n’est pas seulement tous pour un — qu
125 fasciste — ce n’est pas seulement tous pour un — qui serait individualiste —, c’est l’équilibre vivant des deux termes. Ce
126 —, c’est l’équilibre vivant des deux termes. Ceux qui disent : « Centralisons tout », et ceux qui disent : « chacun pour so
127 Ceux qui disent : « Centralisons tout », et ceux qui disent : « chacun pour soi », prouvent ainsi les uns et les autres, q
128 résente, en chacun de nous, la personne : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté, l’homme autono
129 et cet État ne reconnaissant plus aucune autorité qui transcende et limite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours de l’in
130 petits Führer — mais c’est l’État et sa mystique qui les créent. On ne leur laisse d’initiative que dans les cadres qu’on
131 à l’héroïsme collectif — le plus facile ! —, mais qui n’ont plus d’héroïsme civique. Militarisation d’un peuple ! C’est le
132 ésidu, l’empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement été formé par une éd
133 r un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement été formé par une éducation et une ambiance protestante.
134 une sorte de nationalisme huguenot, de ces hommes qui sont simplement « sortis » du protestantisme… Certes, nous pouvons no
135 sa personnalité, car bien d’autres en ont autant qui ne sont pas pour cela en prison. Ce qu’on lui reproche, ce que l’on n
136 a personne, c’est-à-dire sa vocation particulière qui est de prêcher l’Évangile. — Vous voyez que le Führer sait parfaiteme
137 istes. Et surtout, n’oublions jamais que l’ennemi qui se dresse devant nous, c’est en nous tout d’abord que nous devons le
138 èce de croisade intérieure. Le chrétien est celui qui n’a pas d’autre ennemi à craindre que l’ennemi qu’il porte en lui-mêm
139 repris conscience de notre force véritable, celle qui ne vient pas de nous, de nos « personnalités », mais de nos vocations
9 1939, Articles divers (1938-1940). Le théâtre communautaire en Suisse (1939)
140 es concertées, nécessite et provoque une réaction qui trouverait sur la scène son lieu privilégié ? Serait-ce enfin dans le
141 us ne sommes pas une grande nation. La seule voie qui nous reste ouverte est celle d’un théâtre de groupes — non d’individu
142 es directives. J’ai cherché tout d’abord un sujet qui fît intervenir des forces individuelles mais engagées dans une commun
143 econd lieu, à tenir compte des conditions de fait qui m’étaient imposées par l’occasion de la représentation — il s’agissai
144 vue, et les ressources disponibles dans le canton qui devait prendre la charge du spectacle. Et voici, quelque peu schémati
145 , sa tension créatrice, réside donc dans ce fait, qui rappelle notre devise confédérale : un seul peut être utile à tous. L
146 : je dispose d’une scène de 30 mètres de largeur, qui ne peut être occupée que par une foule, mais en même temps, l’action
147 aire. D’où la nécessité de recourir à des chœurs, qui peuplent et animent de grands espaces, tout en concentrant l’attentio
148 tion eschylienne du problème tout à fait analogue qui se posait lors des Jeux olympiques.) Or, il se trouve, par chance, qu
149 et particulièrement dans le canton de Neuchâtel, qui m’a demandé d’écrire ce drame. Il existe en effet chez nous des chœur
150 tiliserai donc, pour mon drame, une masse chorale qui représentera le Monde, et qui agira sur le degré inférieur de la scèn
151 , une masse chorale qui représentera le Monde, et qui agira sur le degré inférieur de la scène à trois plans dont j’ai vu l
152 s chœurs gravissent et redescendent les escaliers qui conduisent du plan 1 au plan 3. Au troisième acte, Nicolas sacrifie s
153 Combe sur le Festspiel en Suisse, dans La Suisse qui chante, 1932). Cette formule me paraît plus collectiviste que communa
154 léments spectaculaires trop lents et trop vastes, qui accaparent toute l’attention. Je suis donc parti du texte lui-même, d
155 sique intervient soit pour souligner le sentiment qui se dégage d’un dialogue, soit pour créer une atmosphère qui appelle l
156 age d’un dialogue, soit pour créer une atmosphère qui appelle l’action du héros. Elle n’est plus décorative, mais propremen
157 dépendamment de cette valeur — et c’est bien cela qui me permet d’invoquer un exemple aussi personnel ! — une leçon se déga
10 1939, Articles divers (1938-1940). Un quart d’heure avec M. Denis de Rougemont : Hitler, grand-prêtre de l’Allemagne (11 janvier 1939)
158 st-ce donc une révélation que de voir Hitler ? Ce qui est une révélation, ce qui, du moins, en a été une pour moi, c’est de
159 ue de voir Hitler ? Ce qui est une révélation, ce qui , du moins, en a été une pour moi, c’est de voir quels liens unissent
160 le. Essayez de vous représenter une salle immense qui est soudain plongée dans la pénombre, tandis qu’un coup de projecteur
161 heil commence. Et cela dure plusieurs minutes, ce qui est très long, jusqu’à ce que commence le chant du Horst Wessel Lied,
162 e ces Allemands célébraient. C’était une liturgie qui se déroulait, c’était la grande cérémonie sacrale d’une religion dont
163 à la sortie de la réunion, debout dans sa voiture qui longeait très lentement une rue étroite. Une seule chaîne de SS le sé
164 réflexions ? C’est qu’on ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui
165 qu’on ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60
166 i est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois qui est le rêve de 60 millions d’hommes. On tire sur un tyran, ou sur un
167 soif d’une tyrannie, au sens politique et légal, qui a jeté l’Autriche dans les bras du Führer. Mais c’est l’attraction pa
168 lisme. J’ai reçu récemment d’Allemagne une lettre qui ne dit rien d’autre que ce que je viens de vous exposer brièvement. E
169 èvement. Elle est d’un jeune national-socialiste, qui m’explique d’abord que le régime hitlérien est né de la pauvreté et d
170 né de la pauvreté et du malheur de son pays — ce qui est très juste. Mais il ajoute : « La pauvreté et le malheur ne peuve
171 lque chose. Nous avons été reconnaissants à celui qui nous apportait cette possibilité de croire. Le christianisme, probabl
172 et peut-être réussirons-nous à y croire. » Voilà qui dit bien où est la force de l’Allemagne nouvelle. Quelle force croyez
173 st là : c’est celui d’une renaissance spirituelle qui ne peut se faire sans une foi. n. Rougemont Denis de, « [Entretien
11 1939, Articles divers (1938-1940). Qui est Hitler ? (24 février 1939)
174 Qui est Hitler ? (24 février 1939)p La grande majorité des Français pe
175 ensent que le Führer est un végétarien belliqueux qui ressemble à Charlie Chaplin et qui est doué d’une voix de stentor fan
176 ien belliqueux qui ressemble à Charlie Chaplin et qui est doué d’une voix de stentor fanatique, particulièrement désagréabl
177 monstre », — de ce culte — debout dans sa voiture qui longeait très lentement une rue étroite, mal éclairée. Une seule chaî
178 ans un certain sens, bien précis : c’est un homme qui a su pressentir l’inconsciente angoisse de son peuple, et incarner à
179 ne peut pas définir ». Celui, comme je le disais, qui n’est rien et qui est tout. Un lieu de passage des forces de l’Histoi
180 r ». Celui, comme je le disais, qui n’est rien et qui est tout. Un lieu de passage des forces de l’Histoire, le catalyseur
181 orces de l’Histoire, le catalyseur de ces forces, qui sont là dressées devant vous, suscitées et coalisées par sa parole br
182 us pourriez le supprimer sans rien détruire de ce qui s’est fait par lui. Le seul trait qui me frappe encore en lui, si je
183 ruire de ce qui s’est fait par lui. Le seul trait qui me frappe encore en lui, si je le regarde en psychologue, c’est la su
184 n’est que le support ou le médium d’une puissance qui échappe à nos psychologies. Voilà de quoi déconcerter nos hommes d’Ét
185 ses, de leur âme humiliée, misérable et déçue, et qui cherchait partout des raisons de croire et d’espérer, des raisons de
186 er est à mes yeux le type du faux prophète, celui qui annonce aux hommes le règne de l’Homme fort, et non la gloire du Dieu
187 r pour dix ans. Cas unique, à ma connaissance, et qui revêt une signification extraordinaire dans sa simplicité. Mieux que
188 tre histoire confuse. p. Rougemont Denis de, «  Qui est Hitler ? », L’Hebdomadaire du temps présent, Paris, 24 février 19
12 1939, Articles divers (1938-1940). Il y a toujours des directeurs de conscience en Occident (juin 1939)
189 ’ailleurs que par le truchement de vulgarisateurs qui les trahissent), et les éditeurs (qui s’efforcent plutôt de refléter
190 garisateurs qui les trahissent), et les éditeurs ( qui s’efforcent plutôt de refléter que de guider les goûts supposés du pu
191 lic). Parmi les écrivains, je ne retiens que ceux qui répondent sérieusement et par principe aux lettres de lecteurs : un G
192 iquement limité au très petit nombre de personnes qui sont en mesure de les payer. Seules les directrices de magazines fémi
193 ur réalité singulière, une à une. Cette solution, qui consiste à supprimer brutalement les données du problème, est d’aille
194 II. Mon principal directeur de conscience, qui mourut en 1855, écrivait : « Si l’on veut réellement conduire un homm
195 e Kierkegaard : le directeur de conscience, celui qui veut « aider » son prochain, doit d’abord « prendre l’homme là où il
196 out le monde est d’accord pour le souhaiter. Mais qui peut « inventer » une orthodoxie ? Et surtout « universaliste » ? Il
197 partialité, donc sachant tout sans expérience, et qui , vainqueur du temps, verrait d’un seul regard nos origines et nos fin
198 ce que les orthodoxies que vous condamnez : parti qui veut se faire aussi grand que le tout. Que ce soit le parti de la Rai
199 ns le plan terrestre, dans l’homme. Seul un point qui serait au-delà de notre monde pourrait devenir le point de convergenc
200 choses espérées ». Elle nous dirige vers l’Esprit qui dit : « Viens ! » au terme de l’Apocalypse. Et c’est ce mouvement-là
201 u terme de l’Apocalypse. Et c’est ce mouvement-là qui crée l’Église quand il entraîne « deux ou trois » d’entre nous ; l’Ég
202 s » d’entre nous ; l’Église : la seule communauté qui ait son fondement au-delà du monde, dans l’Éternel qu’elle espère et
203 ’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! Et que celui qui entend dise : Viens. Que celui qui a soif vienne, que celui qui veut
204 ! Et que celui qui entend dise : Viens. Que celui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuite
205 e : Viens. Que celui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuitement. » 3. Je ne puis ici
13 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue vu par Denis de Rougemont (8 juillet 1939)
206 de longues méditations, voici Denis de Rougemont qui abandonne pour quelques semaines la bure du philosophe pour revêtir l
207 toutes tailles — en disent long sur la méditation qui a conduit à maturité des chefs-d’œuvre comme : Les Cris du Monde, Dav
208 se plier aux conditions données par la scène, ce qui restreint sensiblement la liberté d’un auteur. Mais par contre cette
209 imitation oblige à creuser en profondeur. Tout ce qui est inutile devient ennuyeux et lourd, car il ne faut pas songer au t
210 très concentrées et expriment une vérité massive qui doit frapper le public… D’ailleurs certaines de ces formules ont un s
211 ais comment faites-vous pour isoler le personnage qui parle, car de la place du public on ne voit pas très bien qui a la pa
212 ar de la place du public on ne voit pas très bien qui a la parole ? C’est fort simple, un seul parle souvent, c’est Nicolas
213 aintenant, je me tourne du côté d’Arthur Honegger qui a suivi, la pipe à la bouche, notre conversation. Et la musique ? D’a
14 1939, Articles divers (1938-1940). Du mythe de Tristan et Iseut à l’hitlérisme (14 juillet 1939)
214 iner, en effet, l’ex-« intellectuel en chômage », qui traîna ses méditations et sa machine à écrire de la Vendée en Langued
215 ses meubles, avec une suspension et des draperies qui lui appartinssent en propre ?… Le voici à Paris pour ma chance et for
216 n lieu ordonné et aménagé avec goût comme tout ce qui touche à la maison de la rue Sébastien-Bottin. Une tonnelle verte inv
217 ’André Gide, un fort volume de treize cents pages qui vient de paraître dans la collection de la Pléiade et qui, posé sur l
218 t de paraître dans la collection de la Pléiade et qui , posé sur la table, imprime à notre rencontre la note de la maison. ⁂
219 faire dans la littérature une place bien à lui et qui n’est pas des moindres. Ce fils de la libre Suisse, qui a hérité de l
220 est pas des moindres. Ce fils de la libre Suisse, qui a hérité de la conscience et du sérieux de ceux de sa race, qui s’att
221 e la conscience et du sérieux de ceux de sa race, qui s’attelle aux problèmes avec conviction, pour ne les lâcher qu’à la f
222 de en même temps une ironie affectueuse et amusée qui allège ce que ses sujets et sa manière risqueraient d’avoir de légère
223 paraît pas trop indiscrète, je voudrais savoir ce qui vous a poussé à écrire ce livre, si différent par son caractère intem
224 uel en chômage, et surtout au Journal d’Allemagne qui fut accueilli avec une telle faveur par tous ceux qui pensent libreme
225 fut accueilli avec une telle faveur par tous ceux qui pensent librement. Toutes les questions sont indiscrètes, répond Deni
226 d Denis de Rougemont avec ce demi-sourire en coin qui fait son charme. Mon dernier livre me paraît au contraire comme plus
227 e ne sont pas indispensables à l’essence du livre qui pourrait se concevoir en dehors d’elles. Denis de Rougemont parle len
228 it. Parfois s’établissent entre nous des silences qui me font dire qu’il a fini et que je dois poser une question. Mais non
229 ue je dois poser une question. Mais non, le voici qui reprend. Au début, je ne songeais qu’au problème individuel de l’amou
230 nt non plus des relations économiques, mais de ce qui est sacré dans la sociologie, que j’en suis arrivé à envisager les pr
231 us, cette conception de l’amour ? J’ai cherché ce qui lui ressemblait le plus, et j’ai trouvé que c’était la poésie des tro
232 ns l’expression, que j’ai fondé mon raisonnement. Qui pourrait laisser penser qu’avant le xiie siècle on ne savait pas ce
233 hi, elle se répand à travers toute la littérature qui ne fait que refaire éternellement, avec plus ou moins de succès, le r
234 vous avez réhabilité les problèmes de la passion qui n’étaient pas jusqu’à présent objet de littérature sérieuse. Il est r
235 me retenir plus longtemps de poser cette question qui me brûlait la langue depuis le début de notre entretien, lequel prend
236 u avec des règles, un commencement et une fin, ce qui est la définition même du jeu. Certes, on ne peut pas passer directem
237 être des peuples guerriers sont aussi les peuples qui aiment l’amour. Les peuples les plus guerriers sont l’Espagne et la F
238 moins exercé sur la nation entière une influence qui se fait sentir aujourd’hui. Vous voulez parler de l’hitlérisme ? Il y
239 de laquelle toute vie serait impossible. C’est ce qui se produit en Allemagne ou en Russie. C’est en ce sens que mon livre
240 rois que la véritable signification des questions qui se posent au niveau le plus profond a été négligée aussi bien par le
241 puisqu’il loge présentement dans un clair studio qui lui a été prêté par un de ses confrères en matière de « journal ». La
15 1939, Articles divers (1938-1940). Comment j’ai écrit Nicolas de Flue (3 novembre 1939)
242 par le gros bout de la lunette du temps, la voilà qui s’agrandissait aux proportions de l’Europe d’aujourd’hui. Il n’y avai
243 intention par les acteurs, choristes et musiciens qui s’étaient préparés pour Zurich. (Compagnie de la Saint-Grégoire, Chor
16 1939, Articles divers (1938-1940). Pourquoi nous sommes là (décembre 1939)
244 sommes-nous là, — quelque part, — loin de tout ce qui faisait notre vie ? Il faudrait essayer de répondre. L’homme n’est pa
245 e aboutit à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec
246 as notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est c
247 , notre confort et nos hôtels. D’autres — on sait qui — feraient marcher tout cela aussi bien que nous — peut-être mieux !
248 . D’autres se sont chargés d’arrêter les brigands qui voulaient profiter de sa faiblesse. Nous sommes chargés de la défendr
17 1939, Articles divers (1938-1940). Nicolas de Flue : naissance d’un drame (Noël 1939)
249 cela n’arrangeait pas mes affaires. Car voici ce qui m’était arrivé. Deux semaines auparavant, à Venise, j’écoutais Honegg
250 je défiais quiconque d’en trouver un, en Suisse, qui fût de taille à occuper l’énorme scène dont j’avais vu les plans. On
251 e coup de téléphone que j’ai dit, et toute la vie qui se reprend à vivre, les délais à courir, le sujet à me fuir… Le soir
252 nt du monde, et ces deux files de pèlerins, l’une qui descend à droite, l’autre qui vient de la gauche, — il faudrait une s
253 de pèlerins, l’une qui descend à droite, l’autre qui vient de la gauche, — il faudrait une scène à étages… C’est justement
254 , dans notre tradition, cette violente simplicité qui peut s’accorder à la fois à la déclamation d’un chœur en marche et au
255 es répondait cet appel du dehors. Mais le mystère qui subsiste, c’est celui du hasard apparent qui présida au recoupement d
256 tère qui subsiste, c’est celui du hasard apparent qui présida au recoupement de deux séries de faits sans aucun lien… Quel
18 1940, Articles divers (1938-1940). L’homme au poignard enguirlandé (1940)
257 e Nicolas Manuel Deutsch. C’est un autre guerrier qui parle en ses Tragiques d’une nuit Où l’Amour et la Mort troquèrent le
258 anne, ou fille à lansquenets, c’est toujours elle qui le rejoint ou qu’il poursuit ; dans les métamorphoses de sa vie : tou
259 d’« assurés ». Sérieuse et impétueuse, comme ceux qui savent que la vie n’est pas le but de la vie, qu’elle ne mérite pas d
260 te pas de majuscule, et qu’elle est quelque chose qui doit brûler, flamber, et non pas rapporter du trois pour cent. Sérieu
261 s rapporter du trois pour cent. Sérieuse comme ce qui compte avec la mort, comme ce qui compte avec l’esprit, — avec la pro
262 rieuse comme ce qui compte avec la mort, comme ce qui compte avec l’esprit, — avec la profondeur et la hauteur sans quoi to
263 mps platonicien, c’est la vie savoureuse et forte qui figure à leurs yeux le train normal de l’homme. Leur œuvre illustre l
264 cesse d’admirer chez Manuel la plupart des vertus qui nous manquent. Böcklin manque de sobriété, Hodler aussi. D’où l’espèc
265 obriété, Hodler aussi. D’où l’espèce de niaiserie qui affecte essentiellement les solennelles démonstrations d’Art du premi
266  : un imaginatif, mais sans excitation ; un homme qui prend les choses telles qu’elles sont, ni vulgaires ni belles en soi,
267 ons perdu par une longue suite de « libérations » qui ne laissent enfin subsister que la plus discutable envie de peindre…
268 les ou spirituelles, à la volée d’une imagination qui se soucie d’abord de composer. Entre une épaule et une arcade, vous d
269 marques de l’usage, et dominée par quelques Alpes qui sont des vagues à peine figées dans leur élan. Une Suisse réelle, et
270 i, c’est la terre des hommes, vue par les yeux de qui l’habite et l’utilise, et non point des « paysages » ou des « vues »
271 a Réforme. Il écrira d’abord des jeux de carnaval qui sont en vérité bien plus que des satires « contre le pape et sa séque
272 Amen. Scellé avec le poignard suisse16. Et voilà qui résume toute sa vie. Car ce poignard, c’était déjà celui qu’il joigna
273 ère de lui refuser cette considération bourgeoise qui s’attache aux carrières monotones. Mais la grandeur d’un Manuel, et d
274 que, est d’avoir su conduire leur vie vers un but qui transcende toutes nos activités. Fougueux et appliqué dans sa peintur
275 e unité de rythme et de vision au sein d’un monde qui perdait ses mesures. Et quand le lieu du grand débat devient enfin l’
276 a cité n’a plus de vraies mesures, c’est l’Église qui doit les refaire. Qu’elle s’y refuse, il faut la réformer. Après quoi
277 oin de quelques-uns de ses dessins : N.K.A.W., ce qui veut dire : « Personne ne peut tout savoir » (Nieman kan alls wüssen)
278 t. Le 20 avril, il n’est plus. « Pareil au cierge qui se consume d’autant plus vite qu’il a mieux éclairé — écrit un chroni
279 eau brûlant et éclatant. Survint alors la maladie qui nous l’arrache dans sa 46e année. » Le seul autoportrait qui subsiste
280 arrache dans sa 46e année. » Le seul autoportrait qui subsiste de lui nous montre, à la fin de sa vie, un regard doux et pe
281 aigu de malade, peint avec la véracité d’un homme qui sait exactement ce que vaut une vie d’homme devant Dieu. 15. Vers d
282 se terminent par la mention du « Schwyzerdegen », qui demeure sa vraie signature. au. Rougemont Denis de, « L’homme au po
19 1940, Articles divers (1938-1940). Mission spéciale (1940)
283 outissent à la guerre. Ce n’est pas notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec
284 as notre orgueil qui l’imagine, ce sont les faits qui nous obligent à le reconnaître avec une tragique évidence. Et c’est c
285 re indépendance, et telle est la mission spéciale qui justifie notre neutralité. av. Rougemont Denis de, « Mission spéci
20 1940, Articles divers (1938-1940). D’un certain cafard helvétique (janvier 1940)
286 l’action. Et non pas les distractions. Les hommes qui se battent, par exemple, sont moralement en meilleure forme que ceux
287 mple, sont moralement en meilleure forme que ceux qui , à l’arrière, essaient de s’amuser. Par contre, je ne connais rien de
288 vils ou mobilisés, aux quatre coins de la Suisse, qui voudraient travailler pour leur pays, qui sont pleins de projets et d
289 Suisse, qui voudraient travailler pour leur pays, qui sont pleins de projets et d’espoirs, qui ont cru en septembre 1939 qu
290 ur pays, qui sont pleins de projets et d’espoirs, qui ont cru en septembre 1939 que notre mobilisation allait ouvrir des po
291 d’action morale et nationale sans précédent, — et qui , après trois ou quatre mois, sont en train comme on dit de se dégonfl
292 r. Pourquoi ? Parce que nous sommes un petit pays qui se méfie des grandes entreprises, ou simplement des enthousiasmes. Pa
293 assion égalitaire (inconnue de l’ancienne Suisse) qui a pour effet de déprimer l’initiative originale, les vocations trop n
294 xcité. Certain sentiment suisse répugne à tout ce qui lui paraît vouloir se distinguer, dans n’importe quel ordre d’action.
295 t de solidarité, d’équipe, et de virile entraide, qui a forgé notre fédération, et l’a préservée jusqu’ici de la tentation
296 vaise volonté inconsciente à l’endroit de tout ce qui dépasse une très moyenne ardeur, c’est le moment de réagir vertement.
297 ncer. Et j’en profite pour dire, ici, à tous ceux qui veulent faire quelque chose — et ils sont plus nombreux que jamais — 
298 s sceptiques et les faux réalistes, par tous ceux qui ne savent prendre au sérieux que les petites tâches immédiates, perda
21 1940, Articles divers (1938-1940). Les Suisses sont-ils « à la hauteur » de la Suisse ? (20 janvier 1940)
299 ntons nos lacs d’azur, nous chantons nos glaciers qui touchent aux deux, et nous en retirons d’importants bénéfices, mais n
300 ltière beauté menace sans cesse d’écraser l’homme qui voudrait simplement s’y complaire, et qui oublie qu’on peut aussi l’y
301 l’homme qui voudrait simplement s’y complaire, et qui oublie qu’on peut aussi l’y comparer. Être Suisse, ce n’est pas un « 
302 hie distante du spectateur, touriste ou hôtelier, qui suit d’en bas, à la lunette, la caravane en plein effort sur les glac
303 laciers. En avant donc, pour mériter cette Suisse qui nous fut donnée ! ab. Rougemont Denis de, « Les Suisses sont-ils “
22 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. I : Les voix que rien n’arrête (24 février 1940)
304 , pièces chargées et, derrière tout cela, l’armée qui guette et qui travaille encore dans les forêts, dans les ravins et da
305 ées et, derrière tout cela, l’armée qui guette et qui travaille encore dans les forêts, dans les ravins et dans les champs
306 s neigeux ; et derrière l’armée, un peuple entier qui guette, et qui travaille lui aussi jour et nuit, dans les bureaux et
307 derrière l’armée, un peuple entier qui guette, et qui travaille lui aussi jour et nuit, dans les bureaux et les usines — po
308 x comparables à ces sifflements pleins de mystère qui circulent au-dessus de l’Europe et que, parfois, quand vous cherchez
309 ecrets que rien ne saurait empêcher de passer, et qui peut-être vont nous apporter des nouvelles beaucoup moins rassurantes
310 à la main l’intégrité du sol de la patrie, voilà qui ne faisait pas de question. Il n’y avait pas d’autre raison à cherche
311 epuis quelques années, ce ne sont plus les armées qui conquièrent un pays. Mais c’est d’abord la propagande. Ce n’est plus
312 és, eux aussi, par d’autres traités plus anciens, qui se trouvent en contradiction avec l’évolution récente de l’Histoire.
313 englobe, comme par hasard, tous les pays voisins qui sont trop petits pour se défendre seuls. Au nom de ce concept d’espac
314 forcent, non sans brutalité, à « dire » enfin ce qui naguère allait sans dire, à dire pourquoi nous voulons que notre sol
315 On n’a pas le droit de mourir pour quelque chose qui ne fournit pas des raisons de vivre. Notre serment nous engage donc a
316 s phrases habituelles, certaines réalités solides qui valent la peine d’être affirmées sans rhétorique. Je vous ai parlé dé
23 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. II : Sommes-nous libres ? (2 mars 1940)
317 au prix de leur héroïsme civique et militaire, et qui sont un modèle pour l’Europe. » Oui, certes. Mais, en fait, que sont
318 ement que les privilèges politiques, si le peuple qui en jouit ne sait pas les mériter par ses manières d’être et de penser
319 dirait presque qu’ils croient que l’autre, celui qui pense différemment, doit être un type dangereux ou très méchant. Ceci
320 sens et le goût de la liberté quotidienne, celle qui se manifeste dans la diversité infinie des manières de penser et de v
321 notre liberté ? Je n’en désignerai ici que deux, qui vous paraîtront peut-être assez inattendus. Ce sont la paresse d’espr
322 la véritable culture. Ils ont horreur de tout ce qui leur paraît « compliqué ». Ils jugent suspect tout ce qui ne rentre p
323 paraît « compliqué ». Ils jugent suspect tout ce qui ne rentre pas à première vue dans des catégories moyennes et bien con
324 g. Il persécute à petits coups d’épingles tout ce qui « paraît » vouloir se distinguer. Pourquoi ? Parce que c’est bien plu
325 ns pas, est du côté de la tyrannie. » C’est Vinet qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut de la pente… ae. Rou
24 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. III : Pourquoi nous devons rester neutres (9 mars 1940)
326 reux, à regarder notre neutralité comme une chose qui irait de soi, qui aurait existé de tout temps, sans commencement ni f
327 otre neutralité comme une chose qui irait de soi, qui aurait existé de tout temps, sans commencement ni fin imaginables, qu
328 tout temps, sans commencement ni fin imaginables, qui nous serait due sans discussion et même sans contrepartie, et qui rep
329 due sans discussion et même sans contrepartie, et qui représenterait, en somme, un privilège de droit divin. Nous savons qu
330 la guerre actuelle est le signe ? Pour certains, qui se disent réalistes, si nous sommes neutres, c’est uniquement en vert
331 allemand : Eid-Genossenschaft, communauté de ceux qui ont fait serment. Mais ici encore, il nous faut bien voir que cette r
332 es de ne point utiliser le passage par la Suisse, qui les découvrirait sur leur flanc. Mais cette raison dite d’équilibre s
333 même pas ici l’argument de l’impartialité morale, qui put jouer un rôle en 1914-1918 lorsque le fameux « fossé » séparait W
334 s unanimes… Que reste-t-il donc à répondre à ceux qui nous demanderaient d’entrer en guerre ? Ni l’argument des réalistes,
335 tre, ce ne peut donc être qu’au nom d’une réalité qui ne sera ni matérielle ni légale, mais spirituelle au premier chef ; a
336 e faudrait pas retenir de ce traité uniquement ce qui nous semblerait y garantir notre sécurité ; car le texte dit autre ch
25 1940, Articles divers (1938-1940). La Suisse que nous devons défendre. IV : Notre « mission spéciale » (16 mars 1940)
337 Suisse vis-à-vis de l’Europe, nombreux sont ceux qui crient à l’utopie. Beaucoup de gens s’imaginent que les petites raiso
338 pos de la neutralité, ce sont les faits eux-mêmes qui nous invitent à prendre une attitude active vis-à-vis de l’Europe. Ce
339 e active vis-à-vis de l’Europe. Ce sont les faits qui rendent insuffisantes nos justifications par l’intérêt. De par notre
340 ire. Ils prétendent tenir compte uniquement de ce qui est inscrit dans nos nécessités, dans notre situation géographique et
341 elle. Et ils affirment que dans toutes ces choses qui peuvent être vues et touchées, nos Alpes, la petitesse de notre terri
342 ns par un acte de l’esprit. L’individu ou le pays qui se reconnaît une vocation doit sans nul doute partir des faits — sous
343 partir justement, aller au-delà, et dans un sens qui ne peut être révélé que par sa foi. Maintenant donc, il s’agit pour n
344 ntribuer, je lui demanderai d’aider au moins ceux qui se trouveraient mieux placés dans ce combat, et d’être prêt à leur po
345 u’il serait imprudent de préciser trop vite, mais qui naîtront sans aucun doute, ici ou là, dans la mesure où nous les appe
346 s prêts à répondre à tout appel, même balbutiant, qui se ferait entendre. Préparons-nous à dire très haut, dès que l’occasi
347 cles. Et surtout, ne dénigrons pas les tentatives qui se feraient jour dans ce sens, comme nous avons trop souvent dénigré
348 , c’est-à-dire à le mieux réaliser, d’une manière qui le rende exemplaire, au sens littéral de ce mot. Profitons de notre p
349 beaucoup mieux nos confédérés suisses allemands, qui savent souvent tellement mieux que nous ce qu’est la Suisse. Il nous
350 r ce que j’appellerai le sens fédéraliste intime, qui suppose toute une morale, toute une manière de vivre et de penser. Co
351 tes postales et des discours, n’est pas la Suisse qui se vante de ses beautés, de ses libertés et de sa neutralité, mais bi
352 libertés et de sa neutralité, mais bien la Suisse qui sait reconnaître dans ces privilèges les signes d’une mission dont el
353 des événements actuels, la vraie grandeur du rôle qui peut nous y attendre. Et parce que nous serons plus conscients de ce
26 1940, Articles divers (1938-1940). Le petit nuage (avril 1940)
354 u à l’autre de ces lettres6. Pas d’importance. Ce qui est important, c’est la certitude « qu’il passera ». Que sont nos pet
355 Qu’est-ce que cela au regard de la menace énorme qui domine l’Europe d’aujourd’hui ? Eh bien, cette menace énorme, à son t
27 1940, Articles divers (1938-1940). D’un journal d’attente (pages démodées) (avril 1940)
356 d’attente (pages démodées) (avril 1940)ai Ceux qui tiennent un journal intime sont d’ordinaire des êtres qui se cherchen
357 nent un journal intime sont d’ordinaire des êtres qui se cherchent, ou qui, pour mieux se posséder, fixent d’eux-mêmes quel
358 e sont d’ordinaire des êtres qui se cherchent, ou qui , pour mieux se posséder, fixent d’eux-mêmes quelques instantanés révé
359 èce de paix que nous laissa l’hiver, et la guerre qui revient nous avertir, au seuil de ce printemps quelle dénature. Envie
360 sans signification, ou plutôt ne signifiant rien qui puisse être aussitôt mis en œuvre… C’est qu’aucune œuvre n’est plus c
361 us. Toute création demande une vacance, un espace qui ne soit mesuré et un temps qui ne soit rythmé que par les lois intime
362 vacance, un espace qui ne soit mesuré et un temps qui ne soit rythmé que par les lois intimes du sujet fascinant. Chaque œu
363 ou colonie. Aujourd’hui, c’est le voleur lui-même qui « rapporte contre récompense ». 8 avril 1939 Monsieur Turc a été mari
364 , pour nous autres, qu’est-ce que cela fait, ceux qui gouvernent ? Ça peut bien être des Allemands, ou des Anglais, ou tout
365 isseront tranquilles, les fascistes, si c’est eux qui gouvernent ? — Ils ne peuvent pas m’empêcher de travailler ! J’ai tou
366 s ! Je ne sais comment il s’y prendra, mais voilà qui s’appelle un beau redressement national ! 11 avril 1939 Monsieur Turc
367 l’œuvre en cours, c’est un esprit d’autocritique qui prend la place, en moi, de l’effort créateur. J’imagine un recueil de
368 ne s’est maintenue que chez les écrivains savants qui , à force d’ascèse intellectuelle et de raffinements affectifs, ont su
369 aute de la culture que celle des hasards anonymes qui organisent un monde mécanique (radio, capital, urbanisme) au sein duq
370 on efficace. En vérité, ce ne sont pas les clercs qui ont trahi, mais plutôt les chrétiens indignes de leur nom : ils ont l
371  ? Le sort de la démocratie dépend de la solution qui sera donnée en fait à ce problème, au cours des mois ou des années qu
372 it à ce problème, au cours des mois ou des années qui viennent. Paris, 21 avril 1939 Une nuit blanche dans un train bondé.
373 entes, mais non pas l’acheté et le vendu. L’homme qui agit (achète ou vend) est défini par son action, revêt un rôle, devie
374 un rôle, devient une persona ; tandis que l’homme qui subit un acte (qu’il soit acheté ou vendu) se voit assimilé par le la
375 ommes perdent leur personnalité, c’est la matière qui s’en voit revêtue. 26 avril 1939 Une heure au café avec un romancier,
376 tions délirantes, et le tréponème, et j’en passe… Qui est fou, qui ne l’est pas ? » Il me dit hésiter souvent sur ce point,
377 tes, et le tréponème, et j’en passe… Qui est fou, qui ne l’est pas ? » Il me dit hésiter souvent sur ce point, — et me donn
378 est des stratèges de Café du Commerce — généraux qui n’ont rien à commander —, il est des « résistants » qui n’ont rien à
379 ont rien à commander —, il est des « résistants » qui n’ont rien à sauver, et qui ne s’en montrent que plus « durs ». Cet e
380 st des « résistants » qui n’ont rien à sauver, et qui ne s’en montrent que plus « durs ». Cet excité croit-il vraiment à se
381 les ses meilleurs amis. (On entend : les Français qui l’ont accueilli comme émigré.) Mais lui, l’émigré, l’excité, le belli
382 ! — s’il en reste — tels étaient les propos amers qui se tenaient dans le Paris du printemps 1939. M’absoudras-tu de n’avoi
383 ce leur rend enfin le goût de vivre ? Privilégiés qui n’éprouvent de désir pour leurs biens qu’à la veille de les perdre. D
384 s qu’à la veille de les perdre. Déshérités aussi, qui ne retrouvent l’espoir qu’au seuil des catastrophes générales. Et j’e
385 seuil des catastrophes générales. Et j’en connais qui ne parviennent à leur régime normal de vie (comme un moteur prend son
386 droit de dire — pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il pens
387 onnaîtront jamais… 6 mai 1939 Ce ne sont pas ceux qui la feront qui peuvent avoir peur de la guerre. Car avoir peur d’un ac
388 ais… 6 mai 1939 Ce ne sont pas ceux qui la feront qui peuvent avoir peur de la guerre. Car avoir peur d’un accident, c’est
389 s et déjà, de tout avenir imaginable, — pour ceux qui la feront à coup sûr… La guerre qui vient n’augmente en nous ni le co
390 , — pour ceux qui la feront à coup sûr… La guerre qui vient n’augmente en nous ni le courage ni la peur, mais plutôt un cer
391 t-être aussi une certaine modestie de l’individu, qui se voit concrètement réduit à sa juste et minime importance. Paris, 1
392 ttre une pluie d’orage sur la Concorde : « Et moi qui ai oublié mon masque à gaz ! C’était pourtant l’heure H ! » 14 mai 19
393 horreur et charme, à travers la vision d’un saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés, les métros. Je le
394 tte grande Question qu’il porte dans son être, et qui est aussi la grande Réponse ; et les démons s’éveillent sur son passa
395 ci, le Christ reste le Scandale, l’Autre, l’Amour qui bouleverse le monde et fait surgir des quotidiennes apparences l’être
396 e déçu par l’amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui glissent au travers de propos superficiellement passionnés… Et l’on c
397 din des Plantes, et du dernier livre de Huizinga, qui nous parvint hier de Hollande. Nous échangeons des nouvelles de nos a
398 ment, qu’il ne soit pas perdu pour tous, c’est ce qui rend sa perte insupportable à qui croyait le posséder. Nos haines… Po
399 tous, c’est ce qui rend sa perte insupportable à qui croyait le posséder. Nos haines… Pourquoi la haine, par exemple, de t
400 es… Pourquoi la haine, par exemple, de tel régime qui nous menace depuis des mois ? Serait-ce à cause de la menace ? Je ne
401 che et trop éclairé par ce néon rouge ou bleuâtre qui sera, n’en doutons pas, l’éclairage de l’enfer… Les clients : demi-lu
402 Les clients : demi-luxe et demi-monde. Des femmes qui ont voulu ressembler aux trois ou quatre types de stars en vogue. Nan
403 quatre types de stars en vogue. Nanties de chiens qui sentent eux-mêmes le patchouli et qu’elles disposent sur la banquette
404 ns l’enthousiasme, déchirant les voiles, du salut qui nous est promis ! 9 juin 1939 « Notre Führer fait une politique d’art
405 ique d’artiste ! », a proclamé M. Goebbels. Voilà qui définit l’idée de l’Art que peut concevoir un petit-bourgeois alleman
406 s seul et je pense à un bonheur promis, ce revoir qui est pour demain. Et voici que soudain, un « à venir » m’est rendu, un
407 lus rien ne comptera que par rapport à ce plaisir qui vient. Et les ennuis, et l’ennui même, ne seront plus que les petits
408 pour mesurer l’importance relative des événements qui nous font les gros yeux. Joie du temps retrouvé, dans l’instant d’un
409 oie du temps retrouvé, dans l’instant d’un espoir qui fut pour moi la parabole salutaire ! Substance présente des choses es
410 e, quand le seul terme redoutable est le Jugement qui nous délivrera ? Eh quoi ! suffisait-il d’y penser ? Non, mais il suf
28 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure sévère (juin 1940)
411 faut, ce sont des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et qui agissent conformément à la maxime du Taciturne : « Pas
412 des pessimistes actifs. Des hommes qui pensent et qui agissent conformément à la maxime du Taciturne : « Pas n’est besoin d
413 ècle. Nous ne savons plus prendre au sérieux « ce qui nous dépasse », tant par en haut que par en bas. La croyance au Progr
414 nous avertissait de certains dangers formidables qui menaçaient l’existence même de l’héritage européen, nous répondions :
415 rante précision, nous opposions le scepticisme de qui ne s’en laisse pas conter, et connaît toutes les ruses de toutes les
416 . Cette inconscience, j’en dirai la cause : celui qui ne croit pas en Dieu ne sait pas non plus croire au diable, et ne sai
417 n stupide et irritante, n’est-ce pas, aux yeux de qui refuse d’envisager la vie comme une totalité orientée par l’esprit. L
418 ernier siècle furent unanimes à prévoir le destin qui maintenant nous surprend. Nous avons eu bien assez de prophètes. Nous
419 us y trouverez les plus grands noms de la pensée, qui furent aussi les plus cyniquement méconnus. Vous y trouverez les témo
420 ps, et dans la prédiction des maux à venir — ceux qui fondent sur nous aujourd’hui. Quoi de commun entre un Burckhardt, un
421 bourgeoises, et leur vision précise du châtiment qui s’abattra nécessairement sur l’Occident, si celui-ci persiste à ne pr
422 Burckhardt sur les « terribles simplificateurs », qui viendront imposer à l’Europe d’impitoyables dictatures militaires au
423 le du confort, et l’idole du progrès — ce progrès qui ne sait rien que répéter comme une horloge parlante : « Tout s’arrang
424 nationales, pour avoir refusé obstinément tout ce qui lésait si peu que ce soit notre confort, notre profit, nos égoïsmes d
425 de défense nationale, nous acceptons des mesures qui , hier encore, passaient pour folles, démagogiques, impensables et imp
426 utopies subversives » certaines réformes sociales qui eussent été dix fois ou vingt fois moins coûteuses que celles qu’entr
427 fets aux yeux de tous. Mea culpa des pacifistes, qui n’ont pas su imaginer le mal parce qu’ils croyaient au bien fait de m
428 fait de main d’homme. Mea culpa des militaristes, qui n’ont pas su imaginer un autre bien que la défense toute matérielle d
429 es vicié dans son principe ; ou la conquête, mais qui tue ce qu’elle conquiert. Mea culpa des gens de droite, qui croyaient
430 qu’elle conquiert. Mea culpa des gens de droite, qui croyaient pouvoir conserver des privilèges hérités, tout en admirant
431 , tout en admirant et soutenant des chefs brutaux qui les bernaient pour mieux les détrousser au bout du compte. Mea culpa
432 ils excitaient les masses. Mea culpa des Suisses, qui voulaient profiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaig
433 nt profiter des avantages de la folie moderne, et qui se plaignent aujourd’hui de devoir payer leur part minime dans la ban
434 nqueroute européenne. Mea culpa des clairvoyants, qui dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment
435 s, qui dénoncèrent le mal dans leurs écrits, mais qui se tinrent apparemment pour satisfaits de leur succès de librairie :
436 ope un statut sursitaire, une espèce de concordat qui nous laisserait la possibilité de rebâtir. Mais on n’accorde un conco
437 ebâtir. Mais on n’accorde un concordat qu’à celui qui se déclare en faillite. L’aveu suppose un sens des valeurs spirituell
438 ses. Avis à la génération sportive, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avi
439 e, aux réalistes qui l’engendrèrent, aux libéraux qui ne peuvent en croire leurs yeux. Avis aux Suisses. Les Suisses ont qu
440 ous les bombardements, quand on ne sait même plus qui a été tué. Un peuple en guerre sauve son moral en se dopant, en força
441 même. Il est dur de reconnaître que ce châtiment, qui nous atteint aussi, est mérité ; et qu’il était logique, inévitable,
442 , ce sera grâce à l’action personnelle des hommes qui auront su répudier les illusions flatteuses de l’ère bourgeoise. Car
443 re bourgeoise. Car ceux-là seuls sauront alors ce qui mérite d’être sauvé ou recréé. Non pas le droit et la justice dont se
444 us le payons maintenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’el
445 tenant, une fois pour toutes. Ce qui comptera, ce qui vaudra toujours, l’Écriture nous l’apprend lorsqu’elle dit : « Le cie
446 aire encore ? Quelle était l’assurance d’éternité qui permettait à Athanase de dire : c’est un petit nuage, il passera ? La
29 1940, Articles divers (1938-1940). Au peuple suisse ! (22 juillet 1940)
447 nditions nos ancêtres ont pu surmonter les crises qui menaçaient d’emporter leur État : d’une part en déclarant leur volont
448 et du travail. Partout, chaque jour, des citoyens qui hier encore se croyaient adversaires, découvrent qu’ils sont prêts à
449 it pour résoudre au fur et à mesure les problèmes qui vont se poser. Des hommes qui prouvent, par leur seule réunion, qu’il
450 esure les problèmes qui vont se poser. Des hommes qui prouvent, par leur seule réunion, qu’ils sont assez indépendants pour
451 uvent s’unir dans leurs diversités. Que tous ceux qui sont las des querelles partisanes, que tous ceux qui viennent d’être
452 sont las des querelles partisanes, que tous ceux qui viennent d’être démobilisés et qui sont prêts à faire du neuf, que to
453 que tous ceux qui viennent d’être démobilisés et qui sont prêts à faire du neuf, que tous les aînés qui voient clair, que
454 ui sont prêts à faire du neuf, que tous les aînés qui voient clair, que tous les jeunes qui veulent être guidés viennent av
455 s les aînés qui voient clair, que tous les jeunes qui veulent être guidés viennent avec nous pour travailler. Nous n’avons
456 lités appartenant aux milieux les plus divers, et qui nous ont promis leur appui. ak. Rougemont Denis de, « Au peuple su
30 1940, Articles divers (1938-1940). Autocritique de la Suisse (août 1940)
457 — Puisque le fédéralisme est une forme politique qui suppose l’équilibre vivant entre les droits de chaque région et ses d
458 il est absurde de nommer « fédéraliste » un parti qui n’a d’autre programme que la défense des intérêts locaux contre le ce
459 éfense des intérêts locaux contre le centre. Ceux qui se disent, chez nous, « fédéralistes », ne sont souvent, je le crains
460 le crains, que des nationalistes cantonaux. Ceux qui insistent sur la nécessité de l’union centrale auraient peut-être plu
461 alistes, ou régionalistes, nomment « fédéral » ce qui procède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à comb
462 ue leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette confusion verbale, symb
463 combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pourra ! Cette confusion verbale, symbolique de tant d’autres, est à
464 e leur opposition. Ils se font un programme de ce qui ne saurait être que la maladie individualiste ou la maladie collectiv
465 héorie, des centralistes et des régionalistes, ce qui se cache en réalité, c’est l’opposition gauche-droite. Les radicaux c
466 icaux centralisateurs ne sont que des socialistes qui s’ignorent ; ceux-ci à leur tour ne sont que des totalitaires timorés
467 t les particuliers, propriétaires ou industriels, qui mendient la « manne fédérale », les subsides et les allocations ; mai
468 cantons les plus conservateurs sont souvent ceux qui , me dit-on, se gênent le moins…10) Or l’opposition gauche-droite est
469 en puissance un petit État totalitaire et unifié, qui voudrait bien tout régler à sa guise, et qui se condamne, ridiculemen
470 fié, qui voudrait bien tout régler à sa guise, et qui se condamne, ridiculement, à avoir des idées sur tout. Les seuls part
471 , au nom d’une droite et d’une gauche extrémistes qui , dès « l’affaire » liquidée, ont démasqué leur fructueuse entente… Ma
472 tinuent à reprocher à nos socialistes un étatisme qui , en réalité, fait partie de tout programme fasciste ; nos marxistes c
473 ens, mais c’est pour dénoncer les antihitlériens, qui se trouvent d’ailleurs être les mêmes. (« Réactionnaires et capitalis
474 e, cela tient à la paresse d’esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les organismes centraux ne deviennent cent
475 mauvais sens) que par la faute des fonctionnaires qui s’y incrustent, et dont l’intelligence politique s’atténue dans le co
476 us : « Nous sommes opposés par principe à tout ce qui vient de Berne — sauf les crédits. » Mais dites : « Nous voulons des
477 de rien. 5. Notre matérialisme. — Le pire danger qui nous menace : nous avons renversé l’échelle des valeurs. Le cadre mat
478 oportion réellement exorbitante. Je vois des gens qui hésitent entre deux types de salles de bain, l’une coûtant 300 fr. de
479 in, l’une coûtant 300 fr. de plus que l’autre, et qui se désabonnent « vu la crise » de la seule revue qu’ils recevaient :
480 ns pas, est du côté de la tyrannie. » C’est Vinet qui parlait ainsi, il y a longtemps, tout au haut de la pente… 6. Culture
481 doute de soi qu’on a peur du voisin. Les Romands qui se rétractent au seul mot de germanisme ne sont pas ceux qui sauront
482 actent au seul mot de germanisme ne sont pas ceux qui sauront illustrer la Suisse romande, donc la défendre. Rousseau, Cons
483 influence totalitaire ou unitaire. Exemple : ceux qui , chez nous, font profession d’admirer la méthode d’un dictateur qui a
484 nt profession d’admirer la méthode d’un dictateur qui a pu écrire : « L’État, c’est l’âme de l’âme », voilà des drôles de f
485 de prudence » prises à l’égard de la presse — par qui de droit — et qui consistent à ménager non seulement la chèvre et le
486 es à l’égard de la presse — par qui de droit — et qui consistent à ménager non seulement la chèvre et le chou, ce qui est h
487 à ménager non seulement la chèvre et le chou, ce qui est humain, mais encore l’agneau… et le loup, ce qui est moins impart
488 est humain, mais encore l’agneau… et le loup, ce qui est moins impartial qu’il ne semble. Ne commettons plus l’imprudence
489 commettons plus l’imprudence capitale du monsieur qui s’enquiert « objectivement » des motifs d’un bandit tout prêt à l’ass
490 l’assommer. Or je connais une certaine propagande qui nous tape sur le crâne, littéralement, et cela depuis plusieurs année
491 matique et quotidienne contre les principes mêmes qui fondent notre État. (Je me garderai bien de donner ici un autre exemp
492 t la tiédeur… Mais voici nos voisins belligérants qui viennent nous dire : « Ceux qui ne sont ni froids ni bouillants seron
493 sins belligérants qui viennent nous dire : « Ceux qui ne sont ni froids ni bouillants seront vomis. » Qu’est-ce que cela si
494 est-ce que cela signifie, pratiquement ? Que ceux qui sont froids ou bouillants seront mangés. Je demande à voir ce qui vau
495 ou bouillants seront mangés. Je demande à voir ce qui vaut le mieux. Il ne faut pas parler de neutralité en général, dans l
496 ar tout dépend de ceci : vis-à-vis de quoi, ou de qui , est-on tiède, est-on neutre ? Si c’est vis-à-vis du Christ, la parol
497 es proverbes généraux certaines paroles du Christ qui n’ont de sens que par rapport à sa Personne, à son Royaume, à son Éte
498 rnité » d’une décision humaine ? Apprenons donc à qui de droit que nul État humain n’est éternel ; que la Suisse est un Éta
499 partir d’un certain moment de son histoire. Or ce qui est éternel ne commence pas à un certain moment, en 1648 ou en 1815 p
500 n moment, en 1648 ou en 1815 par exemple. Tout ce qui commence à un certain moment, dans l’histoire, cessera aussi nécessai
501 ure, étant donnée la nature des guerres modernes, qui sont d’abord des guerres morales, des guerres de propagande. Quand un
502 iciellement et publiquement la prétention de ceux qui voulaient « neutraliser » de cette manière notre opinion. En tant que
503 it de condamner ouvertement des régimes étrangers qui attaquent ouvertement le nôtre. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’une
504 imposer leurs « lois fatales ». Ce sont les chefs qui dictent les prix, les cours des changes, la consommation. Ces chefs m
505 onseillers commerciaux. On demande des diplomates qui fassent une politique, et qui aient plus d’idées générales que de com
506 ande des diplomates qui fassent une politique, et qui aient plus d’idées générales que de compétences économiques. Je conna
507 n des choses de la SDN et de la chose européenne, qui nous représenteraient à l’étranger — officiellement ou non — avec com
508 ain miné. Je sais d’ailleurs ce que je risque. Ce qui me permet d’approuver pleinement cette déclaration de Spitteler : « N
509 ectacle grotesque que celui d’une feuille de chou qui , sûre de son inviolabilité, vitupère en style de cabaret une grande p
510 e mission dans l’Europe d’aujourd’hui.” Ce livre, qui tend avant tout à nous faire rentrer en nous-mêmes, est une œuvre for
511 de le faire) à la valeur capitale de cet ouvrage, qui a paru aux Éditions de la Baconnière-Boudry-Neuchâtel. »
31 1940, Articles divers (1938-1940). Henri le Vert ou l’âme alémanique (1940)
512 is d’y retourner, et c’est encore la mobilisation qui m’y ramène. Si je vous confie que mes premiers loisirs de militaire o
513 ose une connaissance mutuelle, et je ne sais rien qui puisse nous donner, comme ce roman de Gottfried Keller, le sentiment
514 Suisses allemands. Le secret d’un certain lyrisme qui les distingue de nous autres Romands. Et quand je parle de lyrisme, j
515 ends pas ce sentimentalisme vague et un peu lourd qui met tant de points d’orgue dans les couplets d’un Männerchor, mais un
516 t moins d’esprit critique. Ce sont ces nuances-là qui donnent le ton de la bonne chanson suisse allemande, et de la fantais
517 pas des Goethe — loin de là… Et cependant, celui qui a compris Pascal, ou Goethe, ou Gottfried Keller, il a découvert du m
518 un élan, une saveur populaire et lyrique, tout ce qui fait le meilleur fonds du Suisse allemand dès qu’il est délivré de so
519 e et ses maisons aux puissantes assises, ses ours qui furent conquis sur le duc de Milan et ramenés par-dessus les Alpes, —
520 le culture patinée des Bâlois, la Suisse centrale qui mène encore une existence patriarcale autour du Saint-Gothard, notre
521 us a permis de réunir des qualités et des défauts qui se complètent si heureusement : la rouspétance du Suisse romand et la
522 permettez-moi de terminer par une petite citation qui prouvera aux plus ombrageux des régionalistes romands qu’un Suisse al
523 qu’elle contient, depuis le vieux brochet moussu qui nage au fond de ses lacs jusqu’aux aigles qui planent sur ses glacier
524 ssu qui nage au fond de ses lacs jusqu’aux aigles qui planent sur ses glaciers. Combien d’espèces de gens grouillent dans c
32 1940, Articles divers (1938-1940). L’heure de la Suisse (1er août 1940)
525 t des siècles, l’équilibre entre les grands États qui entouraient la Suisse fut notre garantie d’indépendance. Cet équilibr
526 ns ses deux mots : liberté, solidarité. Deux mots qui furent pour nos ancêtres autre chose que des mots flatteurs : des rai
527 ers et contre tout, grâce à un sens communautaire qui doit rester en exemple à l’Europe. C’est l’esprit de liberté des comm
528 it de coopération, de syndicat ou de corporation) qui a rassemblé les premiers Suisses au xiiie siècle. C’est l’esprit de
529 a préparation minutieuse et la discipline civique qui ont gagné la bataille de Morgarten contre une « division cuirassée »
530 t l’esprit de sacrifice de quelques-uns pour tous qui a sauvé la Suisse à Saint-Jacques sur la Birse, malgré l’anéantisseme
531 s ne sauraient surprendre et démoraliser que ceux qui ont oublié comment la Suisse s’est faite, et à quel prix elle s’est t
532 es que si elle croit à son avenir, à sa mission — qui seule la rend indispensable aux autres peuples de l’Europe. Le chef-d
533 i déjà, pour notre défense militaire, des mesures qui , en d’autres temps, eussent passé pour révolutionnaires : la caisse d
534 n de grands travaux, nous aurons donné un exemple qui peut féconder l’avenir : exemple d’ordre humain librement édifié. Que
535 prennent ceci : chaque chômeur, dans les semaines qui viennent, représentera non seulement un scandale humain, mais une men
536 ition première de toute rénovation pratique. Ceux qui l’auront compris, et qui le prouveront, travailleront au salut du pay
537 énovation pratique. Ceux qui l’auront compris, et qui le prouveront, travailleront au salut du pays. Mais ceux qui s’obstin
538 veront, travailleront au salut du pays. Mais ceux qui s’obstineraient à accuser « les autres » de tout le mal qui se fait d
539 ineraient à accuser « les autres » de tout le mal qui se fait dans le monde, travailleraient au contraire à notre perte à t
33 1940, Articles divers (1938-1940). Un fondateur de la Ligue du Gothard part pour quatre mois aux États-Unis : M. Denis de Rougemont nous dit… (23 août 1940)
540 ai de loin l’évolution de la « Ligue du Gothard » qui est mon idée et celle de mon ami Spoerri, de Zurich, et à laquelle je
541 . D’ailleurs, je viens de terminer deux brochures qui vont paraître prochainement et qui expliquent les desseins de notre g
542 deux brochures qui vont paraître prochainement et qui expliquent les desseins de notre groupement : réunir — non point dans
543 nous nous défendons de vouloir l’être jamais — ce qui doit logiquement représenter la Suisse d’aujourd’hui. Et travailler a
544 sorte de sénat composé de personnes d’expérience qui seront là pour nous conseiller. Aujourd’hui, la « Ligue du Gothard »
545 formées de représentants de tous les groupements qui ne sont pas des partis. Nous attachons, vous le voyez, une très grand
546 parlait sous le couvert depuis quelques jours et qui vient d’être rendue officielle. N’y voyons pas, comme certains se hât
547 hâteloises de l’Exposition nationale de Zurich et qui ne put être représentée, la guerre ayant éclaté quelques jours avant
548 plus, il a bien voulu nous faire les déclarations qui suivent. » ar. La rédaction conclut les déclarations de Rougemont de
549 Gothard” a reçu de nombreuses lettres de citoyens qui s’intéressent à elles et à ses desseins. Nous le croyons volontiers e
34 1940, Articles divers (1938-1940). La Ligue du Gothard : raisons d’espérer (13 septembre 1940)
550 s vos questions. J’y ai répondu dans une brochure qui va paraître sur la Ligue. Il faut faire confiance à des hommes jeunes
551 e. Il faut faire confiance à des hommes jeunes et qui forment une équipe. Passons sur le passé. Nous sommes anticapitaliste
552 parer par canton une organisation professionnelle qui est la première mesure à prendre, si l’on veut sauver le pays. Oui, c
553 es, plusieurs d’entre nous sont « marqués », mais qui ne l’est pas, s’il a fait quelque chose ? Comme le dit la Lutte syndi
554 donné un sou, quoi qu’en dise une certaine presse qui ne se défend plus qu’à coup de calomnies. Ni les « Éléphants », ni au
555 tout d’abord l’opinion de M. Denis de Rougemont à qui nous avions exprimé notre étonnement. Par une brève lettre datée du 1