1 1941, Articles divers (1941-1946). Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)
1 Reynold et l’ avenir de la Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’
2 Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’auteur de
3 Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’auteur de Co
4 Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’auteur de Conscience de la Suisse
5 e (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’ auteur de Conscience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’aven
6 Le grand service que nous aura rendu l’auteur de Conscience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédi
7 ervice que nous aura rendu l’auteur de Conscience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédiat de ce pays
8 ice que nous aura rendu l’auteur de Conscience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédiat de ce pays un
9 rendu l’auteur de Conscience de la Suisse, c’est d’ avoir osé porter sur l’avenir immédiat de ce pays un jugement pessimis
10 cience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’ avenir immédiat de ce pays un jugement pessimiste. Les plus graves fai
11 e, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédiat de ce pays un jugement pessimiste. Les plus graves faiblesses, morales e
12 venir immédiat de ce pays un jugement pessimiste. Les plus graves faiblesses, morales et matérielles, dans le domaine de la
13 s graves faiblesses, morales et matérielles, dans le domaine de la « défense spirituelle » comme dans celui de la défense
14 iblesses, morales et matérielles, dans le domaine de la « défense spirituelle » comme dans celui de la défense du territoi
15 esses, morales et matérielles, dans le domaine de la « défense spirituelle » comme dans celui de la défense du territoire,
16 ne de la « défense spirituelle » comme dans celui de la défense du territoire, proviennent chez nous d’une incapacité cong
17 de la « défense spirituelle » comme dans celui de la défense du territoire, proviennent chez nous d’une incapacité congéni
18 e la défense du territoire, proviennent chez nous d’ une incapacité congénitale à prévoir le pire, à l’admettre, et à se pr
19 chez nous d’une incapacité congénitale à prévoir le pire, à l’admettre, et à se préparer en conséquence. Nous n’avons pas
20 d’une incapacité congénitale à prévoir le pire, à l’ admettre, et à se préparer en conséquence. Nous n’avons pas encore su
21 n conséquence. Nous n’avons pas encore su prendre le tempo de ce xxe siècle. C’est que nous sommes devenus un peuple de b
22 ence. Nous n’avons pas encore su prendre le tempo de ce xxe siècle. C’est que nous sommes devenus un peuple de bourgeois.
23 siècle. C’est que nous sommes devenus un peuple de bourgeois. L’ère de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de
24 t que nous sommes devenus un peuple de bourgeois. L’ ère de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’im
25 nous sommes devenus un peuple de bourgeois. L’ère de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imaginat
26 s sommes devenus un peuple de bourgeois. L’ère de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imagination
27 de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos
28 la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’ absence d’imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos can
29 oisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’ imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos cantons une e
30 ence d’imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos cantons une existence condamnée ailleurs par des faits que
31 imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos cantons une existence condamnée ailleurs par des faits que je n’a
32 illeurs par des faits que je n’ai pas à rappeler. La faiblesse du bourgeois réside dans son refus de prendre au sérieux ce
33 . La faiblesse du bourgeois réside dans son refus de prendre au sérieux ce qui l’étonne. « Trop beau pour être vrai », dis
34 éside dans son refus de prendre au sérieux ce qui l’ étonne. « Trop beau pour être vrai », disait-il au siècle dernier ; et
35 t comme par en bas, traduit un seul et même refus de voir le monde tel qu’il est : pécheur et racheté, condamné et sauvé.
36 par en bas, traduit un seul et même refus de voir le monde tel qu’il est : pécheur et racheté, condamné et sauvé. Qui ne c
37 le. Qui ne croit pas au pardon ne saurait mesurer les profondeurs et les puissances du mal. Et c’est pourquoi les chrétiens
38 s au pardon ne saurait mesurer les profondeurs et les puissances du mal. Et c’est pourquoi les chrétiens seuls savent recon
39 deurs et les puissances du mal. Et c’est pourquoi les chrétiens seuls savent reconnaître les démons et déjouer à temps leur
40 t pourquoi les chrétiens seuls savent reconnaître les démons et déjouer à temps leurs calculs. Reynold a le courage d’envis
41 émons et déjouer à temps leurs calculs. Reynold a le courage d’envisager — de regarder en plein visage — ce qui nous ruine
42 jouer à temps leurs calculs. Reynold a le courage d’ envisager — de regarder en plein visage — ce qui nous ruine. Non qu’il
43 leurs calculs. Reynold a le courage d’envisager — de regarder en plein visage — ce qui nous ruine. Non qu’il soit pessimis
44 il soit pessimiste par tempérament — ce n’est pas l’ impression qu’il donne, pas du tout — mais il est simplement lucide. I
45 est simplement lucide. Il a su voir plus loin que le bout de la Suisse. Il a su voir l’Europe en pleine révolution. Il a m
46 lement lucide. Il a su voir plus loin que le bout de la Suisse. Il a su voir l’Europe en pleine révolution. Il a montré l’
47 ent lucide. Il a su voir plus loin que le bout de la Suisse. Il a su voir l’Europe en pleine révolution. Il a montré l’un
48 plus loin que le bout de la Suisse. Il a su voir l’ Europe en pleine révolution. Il a montré l’un des premiers, chez nous,
49 on. Il a montré l’un des premiers, chez nous, que la vraie fin, même inconsciente de l’étatisme disciplinaire, dépourvu d’
50 s, chez nous, que la vraie fin, même inconsciente de l’étatisme disciplinaire, dépourvu d’idéal directeur, n’était autre q
51 chez nous, que la vraie fin, même inconsciente de l’ étatisme disciplinaire, dépourvu d’idéal directeur, n’était autre que
52 nconsciente de l’étatisme disciplinaire, dépourvu d’ idéal directeur, n’était autre que la mise au pas du pays, sa mise en
53 re, dépourvu d’idéal directeur, n’était autre que la mise au pas du pays, sa mise en marche vers le nihilisme — ou l’annex
54 ue la mise au pas du pays, sa mise en marche vers le nihilisme — ou l’annexion. « Faire du socialisme, écrit-il, c’est fai
55 du pays, sa mise en marche vers le nihilisme — ou l’ annexion. « Faire du socialisme, écrit-il, c’est faire la moitié du na
56 ion. « Faire du socialisme, écrit-il, c’est faire la moitié du national-socialisme. » Certes, on peut lui répondre que fai
57 faire du nationalisme, c’est faire l’autre moitié de ce tout. Mais enfin, l’important c’est que chacun commence par dire l
58 ’est faire l’autre moitié de ce tout. Mais enfin, l’ important c’est que chacun commence par dire la vérité dans son patois
59 n, l’important c’est que chacun commence par dire la vérité dans son patois, et celui de Reynold est « de droite ». Le mie
60 ence par dire la vérité dans son patois, et celui de Reynold est « de droite ». Le mien passa souvent pour être de « gauch
61 vérité dans son patois, et celui de Reynold est «  de droite ». Le mien passa souvent pour être de « gauche », comme si je
62 st « de droite ». Le mien passa souvent pour être de « gauche », comme si je croyais encore aux vaines distinctions qui ch
63 s encore aux vaines distinctions qui chatouillent les politiciens ! Laissons tout cela et avançons ! La claire vision d’un
64 es politiciens ! Laissons tout cela et avançons ! La claire vision d’un but commun et d’un péril qui se désigne lui-même c
65 Laissons tout cela et avançons ! La claire vision d’ un but commun et d’un péril qui se désigne lui-même comme total (ou to
66 et avançons ! La claire vision d’un but commun et d’ un péril qui se désigne lui-même comme total (ou totalitaire) doit bie
67 Allons-y viribus unitis ! Car cela est clair : ni les gauches ni les droites seules, ni les catholiques ni les protestants
68 s unitis ! Car cela est clair : ni les gauches ni les droites seules, ni les catholiques ni les protestants seuls ne pourro
69 clair : ni les gauches ni les droites seules, ni les catholiques ni les protestants seuls ne pourront rien faire chez nous
70 ches ni les droites seules, ni les catholiques ni les protestants seuls ne pourront rien faire chez nous. S’ils veulent res
71 diversités se fédèrent au service du pays. Quand le temps presse, comme aujourd’hui, l’on voit ce qui compte, et c’est ce
72 u pays. Quand le temps presse, comme aujourd’hui, l’ on voit ce qui compte, et c’est cela qui unit. Pour le reste, si série
73 voit ce qui compte, et c’est cela qui unit. Pour le reste, si sérieux soit-il, on en reparlera plus tard. Faisons d’abord
74 orte qu’il y ait un « plus tard ». En campagne, le jour de la capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, « 
75 il y ait un « plus tard ». En campagne, le jour de la capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold
76 y ait un « plus tard ». En campagne, le jour de la capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et
77 tard ». En campagne, le jour de la capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir de la S
78 d ». En campagne, le jour de la capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir de la Suis
79 pitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de , « Reynold et l’avenir de la Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold,
80 Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’ avenir de la Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librai
81 a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir de la Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie de l’
82 a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir de la Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie de l’Uni
83 ommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie de l’Université, 1941, p. 123-125.
84 age à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie de l’ Université, 1941, p. 123-125.
2 1941, Articles divers (1941-1946). Trois paraboles (1er octobre 1941)
85 Trois paraboles (1er octobre 1941)b I. À la porte du jardin Il y a mille chambres au Palais, mille lits pour y
86 es, et sa pudeur est dévoilée, ô folle ! Mais lui les trouve et s’en revêt : voiles de nuit. Elle a passé tout près, ne l’a
87 olle ! Mais lui les trouve et s’en revêt : voiles de nuit. Elle a passé tout près, ne l’a pas vu. C’est pourtant le désir
88 evêt : voiles de nuit. Elle a passé tout près, ne l’ a pas vu. C’est pourtant le désir qui les presse, et l’amour appelant
89 a passé tout près, ne l’a pas vu. C’est pourtant le désir qui les presse, et l’amour appelant l’amour aux chambres vides,
90 près, ne l’a pas vu. C’est pourtant le désir qui les presse, et l’amour appelant l’amour aux chambres vides, dans la sonor
91 as vu. C’est pourtant le désir qui les presse, et l’ amour appelant l’amour aux chambres vides, dans la sonorité glaciale d
92 tant le désir qui les presse, et l’amour appelant l’ amour aux chambres vides, dans la sonorité glaciale des appartements d
93 l’amour appelant l’amour aux chambres vides, dans la sonorité glaciale des appartements du Pouvoir. Lui, la voyant passer,
94 norité glaciale des appartements du Pouvoir. Lui, la voyant passer, s’offusque, ou c’est le désir qui l’aveugle ? Elle est
95 voir. Lui, la voyant passer, s’offusque, ou c’est le désir qui l’aveugle ? Elle est nue, ses jambes ont fui. — Toi qui con
96 voyant passer, s’offusque, ou c’est le désir qui l’ aveugle ? Elle est nue, ses jambes ont fui. — Toi qui connais le maîtr
97 le est nue, ses jambes ont fui. — Toi qui connais le maître du palais, dis-moi s’il vit, s’il règne encore aux solitudes.
98 e aux solitudes. Car sinon, tu m’entends, je suis le Prince ! Et quelle est la femme égarée qui ne voudrait aimer le Princ
99 , tu m’entends, je suis le Prince ! Et quelle est la femme égarée qui ne voudrait aimer le Prince de ces Lieux ? — Mais on
100 quelle est la femme égarée qui ne voudrait aimer le Prince de ces Lieux ? — Mais on m’appelle, écoute, la voix venait du
101 t la femme égarée qui ne voudrait aimer le Prince de ces Lieux ? — Mais on m’appelle, écoute, la voix venait du parc ? — E
102 rince de ces Lieux ? — Mais on m’appelle, écoute, la voix venait du parc ? — Es-tu bien sûr que c’était une voix ? Ils y c
103 bien sûr que c’était une voix ? Ils y couraient. La nuit pleuvait dans les futaies épaisses, et les herbes sauvages fouet
104 une voix ? Ils y couraient. La nuit pleuvait dans les futaies épaisses, et les herbes sauvages fouettaient les jambes nues.
105 t. La nuit pleuvait dans les futaies épaisses, et les herbes sauvages fouettaient les jambes nues. Au fond du parc, près de
106 aies épaisses, et les herbes sauvages fouettaient les jambes nues. Au fond du parc, près de la porte démolie, là où les mur
107 ttaient les jambes nues. Au fond du parc, près de la porte démolie, là où les murs ne cachent plus que les abords désertiq
108 Au fond du parc, près de la porte démolie, là où les murs ne cachent plus que les abords désertiques de la ville, ils se s
109 porte démolie, là où les murs ne cachent plus que les abords désertiques de la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans l
110 s murs ne cachent plus que les abords désertiques de la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais dis
111 urs ne cachent plus que les abords désertiques de la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais dispar
112 abords désertiques de la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais disparu, les jardins dévastés, il
113 de la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais disparu, les jardins dévastés, il est vêtu des voile
114 le, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais disparu, les jardins dévastés, il est vêtu des voiles, elle tr
115  ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais disparu, les jardins dévastés, il est vêtu des voiles, elle tremble nue. — Où se c
116 cacher encore ? dit-elle. — Dans tes voiles. — Tu les as pris. — Viens dans mes bras, ma fille. II. Le marché de l’aube
117 as pris. — Viens dans mes bras, ma fille. II. Le marché de l’aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le pe
118 — Viens dans mes bras, ma fille. II. Le marché de l’aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marcha
119 iens dans mes bras, ma fille. II. Le marché de l’ aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marchand
120 ma fille. II. Le marché de l’aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prê
121 II. Le marché de l’aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prêtre orient
122 be — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit la p
123 ierre de tes vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit la plus terne, il était
124 vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit la plus terne, il était triste et pr
125 petit marchand à la barbiche de prêtre oriental. L’ homme choisit la plus terne, il était triste et présomptueux. À mesure
126 à la barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit la plus terne, il était triste et présomptueux. À mesure qu’avec les ann
127 il était triste et présomptueux. À mesure qu’avec les années, il se persuadait que sa pierre était bonne, étant bien celle
128 adait que sa pierre était bonne, étant bien celle de ses vœux, la pierre se mit à luire davantage ; et davantage encore il
129 pierre était bonne, étant bien celle de ses vœux, la pierre se mit à luire davantage ; et davantage encore il l’aimait, pl
130 se mit à luire davantage ; et davantage encore il l’ aimait, plus il luttait contre la vie, plus il vivait. Un soir, émerve
131 antage encore il l’aimait, plus il luttait contre la vie, plus il vivait. Un soir, émerveillé de la revoir, il dit : — Je
132 ontre la vie, plus il vivait. Un soir, émerveillé de la revoir, il dit : — Je suis un homme heureux, j’ai su choisir la pi
133 re la vie, plus il vivait. Un soir, émerveillé de la revoir, il dit : — Je suis un homme heureux, j’ai su choisir la pierr
134 dit : — Je suis un homme heureux, j’ai su choisir la pierre de mes vœux, car seul j’ai deviné le cher secret de son éclat.
135 suis un homme heureux, j’ai su choisir la pierre de mes vœux, car seul j’ai deviné le cher secret de son éclat. Et mainte
136 oisir la pierre de mes vœux, car seul j’ai deviné le cher secret de son éclat. Et maintenant, ma pierre, luis de ton propr
137 de mes vœux, car seul j’ai deviné le cher secret de son éclat. Et maintenant, ma pierre, luis de ton propre éclat ! Qu’un
138 cret de son éclat. Et maintenant, ma pierre, luis de ton propre éclat ! Qu’une fois au moins je te contemple en mon repos.
139 je te contemple en mon repos. Elle s’éteignit. Il la jeta dans le brasier cendreux. Pendant la nuit — grande était sa doul
140 le en mon repos. Elle s’éteignit. Il la jeta dans le brasier cendreux. Pendant la nuit — grande était sa douleur — la pier
141 nit. Il la jeta dans le brasier cendreux. Pendant la nuit — grande était sa douleur — la pierre se mit à luire sous la cen
142 reux. Pendant la nuit — grande était sa douleur — la pierre se mit à luire sous la cendre, et le grand feu flamba soudain
143 était sa douleur — la pierre se mit à luire sous la cendre, et le grand feu flamba soudain toute la pièce. Il dit à sa pi
144 eur — la pierre se mit à luire sous la cendre, et le grand feu flamba soudain toute la pièce. Il dit à sa pierre : — Ô ma
145 s la cendre, et le grand feu flamba soudain toute la pièce. Il dit à sa pierre : — Ô ma pierre, luis dans le feu ! Je ne p
146 ce. Il dit à sa pierre : — Ô ma pierre, luis dans le feu ! Je ne puis te toucher, mais la chaleur est bonne. Tout un hiver
147 e, luis dans le feu ! Je ne puis te toucher, mais la chaleur est bonne. Tout un hiver, il vécut de ce feu. Le printemps vi
148 ais la chaleur est bonne. Tout un hiver, il vécut de ce feu. Le printemps vint. — Aurai-je encore besoin du feu ? Je repre
149 eur est bonne. Tout un hiver, il vécut de ce feu. Le printemps vint. — Aurai-je encore besoin du feu ? Je reprendrai ma pi
150 eu ? Je reprendrai ma pierre et me reposerai dans la fraîcheur de son éclat. Il la prit. Elle était brûlée. — L’hiver a fa
151 ndrai ma pierre et me reposerai dans la fraîcheur de son éclat. Il la prit. Elle était brûlée. — L’hiver a fait son temps,
152 t me reposerai dans la fraîcheur de son éclat. Il la prit. Elle était brûlée. — L’hiver a fait son temps, songea-t-il, dan
153 ur de son éclat. Il la prit. Elle était brûlée. —  L’ hiver a fait son temps, songea-t-il, dans ma vie. Pour la deuxième foi
154 ma vie. Pour la deuxième fois, il alla au marché de l’aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche d
155 vie. Pour la deuxième fois, il alla au marché de l’ aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de p
156 ième fois, il alla au marché de l’aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souvi
157 il alla au marché de l’aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souviens de ta
158 l’aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’ homme à barbiche de prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il choisit
159 la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il choisit la plus éclatante.
160 dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il choisit la plus éclatante. Et vois : quand il était h
161 prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il choisit la plus éclatante. Et vois : quand il était heureux, elle luisait d’une
162 e. Et vois : quand il était heureux, elle luisait d’ une froide splendeur, et quand il était triste, elle était consolante.
163 tait l’autre qu’il prenait alors entre ses mains, la pierre du vœu triste et présomptueux de sa jeunesse. Et il pleurait.
164 es mains, la pierre du vœu triste et présomptueux de sa jeunesse. Et il pleurait. Une troisième fois, il se leva pour alle
165 e troisième fois, il se leva pour aller au marché de l’aube. — Tu n’as plus rien, lui dit le petit vieillard, je ne te ven
166 roisième fois, il se leva pour aller au marché de l’ aube. — Tu n’as plus rien, lui dit le petit vieillard, je ne te vendra
167 au marché de l’aube. — Tu n’as plus rien, lui dit le petit vieillard, je ne te vendrai rien à crédit. Tu possèdes ta Vie,
168 ge ? Voici, l’une des deux pierres sera ta pierre de Mort, si tu la choisis seule, et ne veux plus souffrir. III. Le co
169 ne des deux pierres sera ta pierre de Mort, si tu la choisis seule, et ne veux plus souffrir. III. Le coup de pistolet
170 choisis seule, et ne veux plus souffrir. III. Le coup de pistolet Évidemment, je n’aurais pas dû entrer. On fait de
171 Évidemment, je n’aurais pas dû entrer. On fait de ces bêtises, par négligence, croit-on. Bref, je suis entré, c’était j
172 des escaliers partout, un labyrinthe. Je suivais les tapis rouges, et les lampes rouges, comme lorsqu’on choisit une coule
173 t, un labyrinthe. Je suivais les tapis rouges, et les lampes rouges, comme lorsqu’on choisit une couleur au jeu de cartes,
174 ouges, comme lorsqu’on choisit une couleur au jeu de cartes, rouge ou noir. J’arrive à la salle de lecture. Il n’y avait q
175 uleur au jeu de cartes, rouge ou noir. J’arrive à la salle de lecture. Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur l
176 jeu de cartes, rouge ou noir. J’arrive à la salle de lecture. Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur les tables
177 a salle de lecture. Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur les tables, et tout le monde lisait. Je dis : — Est-
178 Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur les tables, et tout le monde lisait. Je dis : — Est-elle ici ? Quelqu’un
179 monde lisait. Je dis : — Est-elle ici ? Quelqu’un l’ a-t-il vue ? Ils me regardent d’un air vexé. Un valet s’approche rapid
180 e ici ? Quelqu’un l’a-t-il vue ? Ils me regardent d’ un air vexé. Un valet s’approche rapidement et me dit à voix basse : —
181 lle y est évidemment. Mais je rappelle à Monsieur la règle du club : Ni Questions Ni Réponses. Je ne savais plus que dire,
182 is dit que : Fine day to day, c’eût été une sorte de question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller
183 ne day to day, c’eût été une sorte de question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mai
184 e sorte de question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces coulo
185 ion ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces couloirs. Et je ne vo
186 sez ces couloirs. Et je ne voulais pas être mis à la porte ! Naturellement, j’aurais dû pousser la première porte venue, s
187 ser, et je serais sorti comme j’étais entré. Mais le fait est que je pensais à sortir, et par la bonne porte. Voilà la fau
188 Mais le fait est que je pensais à sortir, et par la bonne porte. Voilà la faute. L’inévitable se produisit au bout de que
189 je pensais à sortir, et par la bonne porte. Voilà la faute. L’inévitable se produisit au bout de quelques heures. J’étais
190 à sortir, et par la bonne porte. Voilà la faute. L’ inévitable se produisit au bout de quelques heures. J’étais épuisé, j’
191 urde, pourquoi ménager quoi que ce soit ? C’était la question par excellence ! Le résumé de toutes mes erreurs, si vous vo
192 ue ce soit ? C’était la question par excellence ! Le résumé de toutes mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte du b
193  ? C’était la question par excellence ! Le résumé de toutes mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte du bureau dire
194 de toutes mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte du bureau directorial. J’entre comme un fou et je crie : — Pour
195 l. J’entre comme un fou et je crie : — Pourquoi ? Le directeur était assis face à la porte et me regardait comme s’il n’av
196 ie : — Pourquoi ? Le directeur était assis face à la porte et me regardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous somm
197 es yeux et me rejoignait par-derrière, je ne puis l’ expliquer autrement. D’une certaine manière, c’était mon propre, regar
198 t par-derrière, je ne puis l’expliquer autrement. D’ une certaine manière, c’était mon propre, regard qui traversait ses ye
199 yeux et revenait sur ma nuque. À l’instant où je l’ ai compris, il a tiré. — Eh bien oui, je suis là, dit-elle. (Je tenais
200 elle. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait de la fièvre.) Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous ét
201 e. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait de la fièvre.) Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étion
202 Nous étions couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle délire et j’ai cette balle dans le cœur. Et
203 la va durer. Elle délire et j’ai cette balle dans le cœur. Et voici que maintenant, je ne puis plus poser de questions. Ca
204 r. Et voici que maintenant, je ne puis plus poser de questions. Car si vous me dites que c’est une vraie balle que j’ai da
205 me dites que c’est une vraie balle que j’ai dans le cœur, il est évident que je suis mort. Et si vous me dites que la bal
206 évident que je suis mort. Et si vous me dites que la balle n’est pas plus réelle que ce qui s’est passé dans la maison, vo
207 n’est pas plus réelle que ce qui s’est passé dans la maison, vous supprimez à la fois toutes les questions possibles et do
208 é dans la maison, vous supprimez à la fois toutes les questions possibles et donc toute possibilité de réponse à quoi que c
209 les questions possibles et donc toute possibilité de réponse à quoi que ce soit. Laissez-moi donc seul. C’est mon ordre. E
210 royez pas, je vais tirer ! b. Rougemont Denis de , « Trois paraboles », Lettres françaises, Buenos Aires, 1 octobre 194
3 1942, Articles divers (1941-1946). La leçon de l’armée suisse (4 mars 1942)
211 La leçon de l’armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914
212 La leçon de l’armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914, l’emper
213 La leçon de l’ armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914, l’empereur
214 çon de l’armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914, l’empereur Guillaume II fit une visite au gouvernemen
215 rmée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914, l’empereur Guillaume II fit une visite au gouvernement suisse.
216 se (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914, l’ empereur Guillaume II fit une visite au gouvernement suisse. Au cours
217 en ; mais si nous vous attaquions avec un million d’ hommes, que feriez-vous ? » — « Chacun de nous tirerait deux fois », r
218 million d’hommes, que feriez-vous ? » — « Chacun de nous tirerait deux fois », répondit calmement le soldat. Le Kaiser pr
219 de nous tirerait deux fois », répondit calmement le soldat. Le Kaiser préféra passer par la Belgique. La Suisse est l’un
220 rerait deux fois », répondit calmement le soldat. Le Kaiser préféra passer par la Belgique. La Suisse est l’un des pays qu
221 calmement le soldat. Le Kaiser préféra passer par la Belgique. La Suisse est l’un des pays qui a le mieux résolu l’urgent
222 soldat. Le Kaiser préféra passer par la Belgique. La Suisse est l’un des pays qui a le mieux résolu l’urgent problème de l
223 ar la Belgique. La Suisse est l’un des pays qui a le mieux résolu l’urgent problème de la défense de la démocratie, sans t
224 La Suisse est l’un des pays qui a le mieux résolu l’ urgent problème de la défense de la démocratie, sans toutefois tomber
225 des pays qui a le mieux résolu l’urgent problème de la défense de la démocratie, sans toutefois tomber dans une mobilisat
226 s pays qui a le mieux résolu l’urgent problème de la défense de la démocratie, sans toutefois tomber dans une mobilisation
227 e mieux résolu l’urgent problème de la défense de la démocratie, sans toutefois tomber dans une mobilisation totalitaire.
228 s tomber dans une mobilisation totalitaire. Voici les faits : Avec une population de 4 millions et demi d’habitants, la Sui
229 otalitaire. Voici les faits : Avec une population de 4 millions et demi d’habitants, la Suisse a une armée de 600 000 homm
230 faits : Avec une population de 4 millions et demi d’ habitants, la Suisse a une armée de 600 000 hommes. Un habitant sur 7
231 une population de 4 millions et demi d’habitants, la Suisse a une armée de 600 000 hommes. Un habitant sur 7 est un soldat
232 llions et demi d’habitants, la Suisse a une armée de 600 000 hommes. Un habitant sur 7 est un soldat. La même proportion d
233 600 000 hommes. Un habitant sur 7 est un soldat. La même proportion donnerait aux États-Unis une armée de 20 millions d’h
234 ême proportion donnerait aux États-Unis une armée de 20 millions d’hommes. Mais nulle part les coutumes et les institution
235 donnerait aux États-Unis une armée de 20 millions d’ hommes. Mais nulle part les coutumes et les institutions ne sont plus
236 ne armée de 20 millions d’hommes. Mais nulle part les coutumes et les institutions ne sont plus démocratiques qu’en Suisse,
237 illions d’hommes. Mais nulle part les coutumes et les institutions ne sont plus démocratiques qu’en Suisse, et nulle part l
238 nt plus démocratiques qu’en Suisse, et nulle part l’ armée n’est plus populaire et ne fait aussi partie de la vie nationale
239 rmée n’est plus populaire et ne fait aussi partie de la vie nationale qu’en Suisse. Depuis que les communes suisses se lib
240 e n’est plus populaire et ne fait aussi partie de la vie nationale qu’en Suisse. Depuis que les communes suisses se libérè
241 rtie de la vie nationale qu’en Suisse. Depuis que les communes suisses se libérèrent pour la première fois de la domination
242 munes suisses se libérèrent pour la première fois de la domination médiévale des seigneurs, leur armée a été un groupement
243 es suisses se libérèrent pour la première fois de la domination médiévale des seigneurs, leur armée a été un groupement de
244 ale des seigneurs, leur armée a été un groupement de citoyens libres, possédant chacun ses propres armes et portant fièrem
245 insi qu’on peut souvent voir un paysan, assis sur le seuil de sa porte, polissant et graissant son fusil après le tir du d
246 n peut souvent voir un paysan, assis sur le seuil de sa porte, polissant et graissant son fusil après le tir du dimanche,
247 sa porte, polissant et graissant son fusil après le tir du dimanche, — spectacle que vous ne verrez nulle part ailleurs d
248 tacle que vous ne verrez nulle part ailleurs dans le monde. Cette habitude remonte au Moyen Âge germanique. À cette époque
249 remonte au Moyen Âge germanique. À cette époque, l’ « homme libre », — celui qui n’était pas un serf, — se distinguait par
250 un serf, — se distinguait par ce fait : il avait le droit de porter des armes. Les Suisses considèrent leurs armes comme
251 — se distinguait par ce fait : il avait le droit de porter des armes. Les Suisses considèrent leurs armes comme un symbol
252 ce fait : il avait le droit de porter des armes. Les Suisses considèrent leurs armes comme un symbole de leur liberté. Les
253 Suisses considèrent leurs armes comme un symbole de leur liberté. Les libertés civiques et l’esprit militaire n’ont jamai
254 ent leurs armes comme un symbole de leur liberté. Les libertés civiques et l’esprit militaire n’ont jamais été en contradic
255 symbole de leur liberté. Les libertés civiques et l’ esprit militaire n’ont jamais été en contradiction. Depuis les temps l
256 litaire n’ont jamais été en contradiction. Depuis les temps les plus anciens, les Suisses étaient libres parce qu’ils étaie
257 ont jamais été en contradiction. Depuis les temps les plus anciens, les Suisses étaient libres parce qu’ils étaient forts,
258 contradiction. Depuis les temps les plus anciens, les Suisses étaient libres parce qu’ils étaient forts, et ils étaient for
259 et ils étaient forts parce qu’ils étaient libres. La possession par chaque citoyen de ses propres armes, montre d’une faço
260 étaient libres. La possession par chaque citoyen de ses propres armes, montre d’une façon concrète que l’État lui fait co
261 n par chaque citoyen de ses propres armes, montre d’ une façon concrète que l’État lui fait confiance. Imaginez ce qui arri
262 es propres armes, montre d’une façon concrète que l’ État lui fait confiance. Imaginez ce qui arriverait dans certains État
263 en proie à des luttes sociales ou politiques, si les soldats démobilisés avaient le droit d’emporter chez eux leurs armes
264 ou politiques, si les soldats démobilisés avaient le droit d’emporter chez eux leurs armes et leurs munitions ! En France,
265 ques, si les soldats démobilisés avaient le droit d’ emporter chez eux leurs armes et leurs munitions ! En France, après l’
266 leurs armes et leurs munitions ! En France, après l’ Armistice, on offrit cent-mille francs aux soldats, en échange de leur
267 offrit cent-mille francs aux soldats, en échange de leurs fusils, par crainte d’une révolution. Hitler fit désarmer ses p
268 soldats, en échange de leurs fusils, par crainte d’ une révolution. Hitler fit désarmer ses propres troupes de choc, après
269 volution. Hitler fit désarmer ses propres troupes de choc, après l’épuration du 30 juin 1934, leur laissant seulement un p
270 r fit désarmer ses propres troupes de choc, après l’ épuration du 30 juin 1934, leur laissant seulement un poignard décorat
271 4, leur laissant seulement un poignard décoratif. La possession par chacun de ses propres armes a également une importance
272 t un poignard décoratif. La possession par chacun de ses propres armes a également une importance technique qui n’est null
273 e technique qui n’est nullement à négliger. C’est le seul moyen d’assurer une mobilisation ultrarapide. Et c’est la défens
274 i n’est nullement à négliger. C’est le seul moyen d’ assurer une mobilisation ultrarapide. Et c’est la défense la plus adéq
275 d’assurer une mobilisation ultrarapide. Et c’est la défense la plus adéquate contre les parachutistes. Une coutume médiév
276 une mobilisation ultrarapide. Et c’est la défense la plus adéquate contre les parachutistes. Une coutume médiévale est dev
277 pide. Et c’est la défense la plus adéquate contre les parachutistes. Une coutume médiévale est devenue, ainsi, la méthode l
278 tistes. Une coutume médiévale est devenue, ainsi, la méthode la plus moderne de défense. C’est la clé de l’organisation de
279 coutume médiévale est devenue, ainsi, la méthode la plus moderne de défense. C’est la clé de l’organisation de l’armée su
280 le est devenue, ainsi, la méthode la plus moderne de défense. C’est la clé de l’organisation de l’armée suisse et le secre
281 nsi, la méthode la plus moderne de défense. C’est la clé de l’organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité
282 méthode la plus moderne de défense. C’est la clé de l’organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’arm
283 thode la plus moderne de défense. C’est la clé de l’ organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée
284 oderne de défense. C’est la clé de l’organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée est un lien non
285 rne de défense. C’est la clé de l’organisation de l’ armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée est un lien non se
286 est la clé de l’organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée est un lien non seulement entre les
287 de l’organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée est un lien non seulement entre les individus,
288 de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’ armée est un lien non seulement entre les individus, mais aussi entre
289 pularité… L’armée est un lien non seulement entre les individus, mais aussi entre les classes. La Suisse n’a pas d’école ré
290 n seulement entre les individus, mais aussi entre les classes. La Suisse n’a pas d’école réservée aux officiers. Tous les h
291 ntre les individus, mais aussi entre les classes. La Suisse n’a pas d’école réservée aux officiers. Tous les hommes de 20
292 , mais aussi entre les classes. La Suisse n’a pas d’ école réservée aux officiers. Tous les hommes de 20 ans, propres au se
293 isse n’a pas d’école réservée aux officiers. Tous les hommes de 20 ans, propres au service militaire vont à la même école.
294 s d’école réservée aux officiers. Tous les hommes de 20 ans, propres au service militaire vont à la même école. Là le pays
295 es de 20 ans, propres au service militaire vont à la même école. Là le paysan a comme compagnon de chambre l’étudiant, l’o
296 res au service militaire vont à la même école. Là le paysan a comme compagnon de chambre l’étudiant, l’ouvrier le fils de
297 t à la même école. Là le paysan a comme compagnon de chambre l’étudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant les troi
298 école. Là le paysan a comme compagnon de chambre l’ étudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant les trois mois que
299 e paysan a comme compagnon de chambre l’étudiant, l’ ouvrier le fils de son patron. Pendant les trois mois que dure l’entra
300 comme compagnon de chambre l’étudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant les trois mois que dure l’entraînement, o
301 ompagnon de chambre l’étudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant les trois mois que dure l’entraînement, on a le t
302 tudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant les trois mois que dure l’entraînement, on a le temps de reconnaître la v
303 ls de son patron. Pendant les trois mois que dure l’ entraînement, on a le temps de reconnaître la valeur réelle et les fai
304 dant les trois mois que dure l’entraînement, on a le temps de reconnaître la valeur réelle et les faiblesses de son voisin
305 trois mois que dure l’entraînement, on a le temps de reconnaître la valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de se f
306 dure l’entraînement, on a le temps de reconnaître la valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de se faire des amitié
307 on a le temps de reconnaître la valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de se faire des amitiés. Une égalité complè
308 de reconnaître la valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de se faire des amitiés. Une égalité complète existe dans
309 la valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de se faire des amitiés. Une égalité complète existe dans les baraquemen
310 ire des amitiés. Une égalité complète existe dans les baraquements. Cet entraînement intensif renvoie les hommes à la vie c
311 s baraquements. Cet entraînement intensif renvoie les hommes à la vie civile, bronzés, endurcis et chargés d’expérience que
312 s. Cet entraînement intensif renvoie les hommes à la vie civile, bronzés, endurcis et chargés d’expérience que la vie pais
313 mes à la vie civile, bronzés, endurcis et chargés d’ expérience que la vie paisible des villes ou des villages ne leur aura
314 le, bronzés, endurcis et chargés d’expérience que la vie paisible des villes ou des villages ne leur aurait pas donné en d
315 dix ans. Ces 3 mois sont un puissant tonique pour la jeunesse suisse et la durée relativement courte de l’entraînement per
316 nt un puissant tonique pour la jeunesse suisse et la durée relativement courte de l’entraînement permet à chaque recrue de
317 a jeunesse suisse et la durée relativement courte de l’entraînement permet à chaque recrue de retrouver à son retour sa pl
318 eunesse suisse et la durée relativement courte de l’ entraînement permet à chaque recrue de retrouver à son retour sa place
319 t courte de l’entraînement permet à chaque recrue de retrouver à son retour sa place dans la vie civile. L’insuffisance te
320 ue recrue de retrouver à son retour sa place dans la vie civile. L’insuffisance technique résultant d’une si brève période
321 trouver à son retour sa place dans la vie civile. L’ insuffisance technique résultant d’une si brève période de service est
322 la vie civile. L’insuffisance technique résultant d’ une si brève période de service est compensée par un entraînement annu
323 isance technique résultant d’une si brève période de service est compensée par un entraînement annuel. La vie civile égale
324 service est compensée par un entraînement annuel. La vie civile également apporte au citadin de fréquents contacts avec le
325 nnuel. La vie civile également apporte au citadin de fréquents contacts avec les affaires militaires. Dans chaque village,
326 ent apporte au citadin de fréquents contacts avec les affaires militaires. Dans chaque village, dans chaque club de tir, on
327 militaires. Dans chaque village, dans chaque club de tir, on voit des « cercles d’amis » pour officiers et sous-officiers.
328 e, dans chaque club de tir, on voit des « cercles d’ amis » pour officiers et sous-officiers. L’officier suisse est, dans l
329 ercles d’amis » pour officiers et sous-officiers. L’ officier suisse est, dans la plupart des cas, un civil, comme tout le
330 art des cas, un civil, comme tout le monde. Entre les manœuvres annuelles, il consacre quelques heures par semaine à ses de
331 voirs militaires. Un capitaine, par exemple, dans la vie civile, surveille sa compagnie : il sait toujours où ses hommes h
332 pagnie : il sait toujours où ses hommes habitent. L’ habitude veut qu’ils lui envoient leurs bons vœux de Nouvel An, auxque
333 habitude veut qu’ils lui envoient leurs bons vœux de Nouvel An, auxquels il répond toujours. Plusieurs de ces hommes vont
334 Nouvel An, auxquels il répond toujours. Plusieurs de ces hommes vont vers lui pour lui demander un conseil ou pour les aid
335 ont vers lui pour lui demander un conseil ou pour les aider à trouver du travail. Tous le considèrent comme le chef d’une f
336 seil ou pour les aider à trouver du travail. Tous le considèrent comme le chef d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Comman
337 r à trouver du travail. Tous le considèrent comme le chef d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en
338 ver du travail. Tous le considèrent comme le chef d’ une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en Suisse a
339 . Tous le considèrent comme le chef d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en Suisse a prévu dès 193
340 dèrent comme le chef d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que la
341 d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que la prochaine guerre ne s
342 ne famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’ armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que la prochaine guerre ne sera
343 t de l’armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que la prochaine guerre ne serait pas une guerre de « fronts », et qu’une dé
344 que la prochaine guerre ne serait pas une guerre de « fronts », et qu’une défense en profondeur devait être organisée, co
345 locale et soigneusement équipés. C’est ainsi que les Suisses retournent à leur ancienne tradition de faire la guerre. Chaq
346 les Suisses retournent à leur ancienne tradition de faire la guerre. Chaque canton a son propre système de défense, selon
347 ses retournent à leur ancienne tradition de faire la guerre. Chaque canton a son propre système de défense, selon sa topog
348 ire la guerre. Chaque canton a son propre système de défense, selon sa topographie et ses ressources. Des petits corps d’a
349 a topographie et ses ressources. Des petits corps d’ armée surgissent en certains points pour défendre les profondes vallée
350 armée surgissent en certains points pour défendre les profondes vallées et pour barrer le paysage des gorges étroites. Si l
351 our défendre les profondes vallées et pour barrer le paysage des gorges étroites. Si l’ennemi est trop puissant, des renfo
352 et pour barrer le paysage des gorges étroites. Si l’ ennemi est trop puissant, des renforcements sont demandés aux voisins,
353 ivant des plans préétablis. Nous trouvons ainsi à la base de l’organisation militaire, les mêmes facteurs qui déterminent
354 s plans préétablis. Nous trouvons ainsi à la base de l’organisation militaire, les mêmes facteurs qui déterminent la struc
355 lans préétablis. Nous trouvons ainsi à la base de l’ organisation militaire, les mêmes facteurs qui déterminent la structur
356 vons ainsi à la base de l’organisation militaire, les mêmes facteurs qui déterminent la structure politique du pays : auton
357 ion militaire, les mêmes facteurs qui déterminent la structure politique du pays : autonomie locale et entraide. La moitié
358 politique du pays : autonomie locale et entraide. La moitié de l’armée est composée de divisions mobiles régulières. Le re
359 du pays : autonomie locale et entraide. La moitié de l’armée est composée de divisions mobiles régulières. Le reste consis
360 pays : autonomie locale et entraide. La moitié de l’ armée est composée de divisions mobiles régulières. Le reste consiste
361 le et entraide. La moitié de l’armée est composée de divisions mobiles régulières. Le reste consiste en garnisons et en fo
362 mée est composée de divisions mobiles régulières. Le reste consiste en garnisons et en forts pour défendre les principaux
363 e consiste en garnisons et en forts pour défendre les principaux passages des Alpes. Ce sont des brigades de montagne, cons
364 incipaux passages des Alpes. Ce sont des brigades de montagne, constituées par des spécialistes du ski et de l’alpinisme,
365 tagne, constituées par des spécialistes du ski et de l’alpinisme, et des brigades indépendantes pour défendre les frontièr
366 ne, constituées par des spécialistes du ski et de l’ alpinisme, et des brigades indépendantes pour défendre les frontières.
367 isme, et des brigades indépendantes pour défendre les frontières. Ces troupes de couverture connaissent les positions prépa
368 ndantes pour défendre les frontières. Ces troupes de couverture connaissent les positions préparées à la frontière, parce
369 frontières. Ces troupes de couverture connaissent les positions préparées à la frontière, parce qu’elles les ont fortifiées
370 couverture connaissent les positions préparées à la frontière, parce qu’elles les ont fortifiées de leurs propres mains.
371 ositions préparées à la frontière, parce qu’elles les ont fortifiées de leurs propres mains. À la première alerte, les homm
372 à la frontière, parce qu’elles les ont fortifiées de leurs propres mains. À la première alerte, les hommes endossent leurs
373 ées de leurs propres mains. À la première alerte, les hommes endossent leurs uniformes et vont à leurs postes. Les machines
374 endossent leurs uniformes et vont à leurs postes. Les machines et les canons anti-tanks sont prêts. Les magasins de munitio
375 uniformes et vont à leurs postes. Les machines et les canons anti-tanks sont prêts. Les magasins de munitions et de vivres
376 Les machines et les canons anti-tanks sont prêts. Les magasins de munitions et de vivres ont été cachés dans les rochers. E
377 et les canons anti-tanks sont prêts. Les magasins de munitions et de vivres ont été cachés dans les rochers. En 1939, la d
378 ti-tanks sont prêts. Les magasins de munitions et de vivres ont été cachés dans les rochers. En 1939, la disposition de ce
379 ins de munitions et de vivres ont été cachés dans les rochers. En 1939, la disposition de ces troupes de couverture, qui pr
380 vivres ont été cachés dans les rochers. En 1939, la disposition de ces troupes de couverture, qui précéda la mobilisation
381 cachés dans les rochers. En 1939, la disposition de ces troupes de couverture, qui précéda la mobilisation générale de ci
382 s rochers. En 1939, la disposition de ces troupes de couverture, qui précéda la mobilisation générale de cinq jours, se fi
383 osition de ces troupes de couverture, qui précéda la mobilisation générale de cinq jours, se fit en quelques heures, le lo
384 couverture, qui précéda la mobilisation générale de cinq jours, se fit en quelques heures, le long de toutes les frontièr
385 urs, se fit en quelques heures, le long de toutes les frontières de la Suisse. Les gardes-frontière prennent position à que
386 quelques heures, le long de toutes les frontières de la Suisse. Les gardes-frontière prennent position à quelques kilomètr
387 lques heures, le long de toutes les frontières de la Suisse. Les gardes-frontière prennent position à quelques kilomètres
388 s, le long de toutes les frontières de la Suisse. Les gardes-frontière prennent position à quelques kilomètres de leurs pro
389 frontière prennent position à quelques kilomètres de leurs propres maisons. Ils savent ce qu’ils défendent. Il n’est pas b
390 s savent ce qu’ils défendent. Il n’est pas besoin de leur faire des discours. L’un de ceux qui écrivit cet article fut mob
391 n’est pas besoin de leur faire des discours. L’un de ceux qui écrivit cet article fut mobilisé en 1939, à un poste-frontiè
392 amp, à 3000 pieds au-dessous, et parfois attraper le clair reflet d’une robe d’été et imaginer qu’il reconnaissait ses enf
393 s au-dessous, et parfois attraper le clair reflet d’ une robe d’été et imaginer qu’il reconnaissait ses enfants. De telles
394 s, et parfois attraper le clair reflet d’une robe d’ été et imaginer qu’il reconnaissait ses enfants. De telles choses comp
395 ’été et imaginer qu’il reconnaissait ses enfants. De telles choses comptent dans la guerre. Mais une petite armée peut-ell
396 ssait ses enfants. De telles choses comptent dans la guerre. Mais une petite armée peut-elle défendre avec succès un pays
397 ux équipé ? Le premier acte du « blitzkrieg » est d’ empêcher la mobilisation du pays que l’on veut envahir. Les partenaire
398 Le premier acte du « blitzkrieg » est d’empêcher la mobilisation du pays que l’on veut envahir. Les partenaires de l’Axe
399 rieg » est d’empêcher la mobilisation du pays que l’ on veut envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres
400 er la mobilisation du pays que l’on veut envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorgan
401 on du pays que l’on veut envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorganiser les commun
402 du pays que l’on veut envahir. Les partenaires de l’ Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorganiser les communica
403 envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorganiser les communications ferroviaires. Mai
404 partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorganiser les communications ferroviaires. Mais l’armée s
405 rtenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres de l’ air et désorganiser les communications ferroviaires. Mais l’armée suis
406 vent devenir les maîtres de l’air et désorganiser les communications ferroviaires. Mais l’armée suisse a été mobilisée depu
407 ésorganiser les communications ferroviaires. Mais l’ armée suisse a été mobilisée depuis 1939 et les distances sont si peti
408 ais l’armée suisse a été mobilisée depuis 1939 et les distances sont si petites que les troupes peuvent être déplacées sans
409 depuis 1939 et les distances sont si petites que les troupes peuvent être déplacées sans l’aide des voies ferrées. La seco
410 tites que les troupes peuvent être déplacées sans l’ aide des voies ferrées. La seconde phase du « blitzkrieg » est la trou
411 s ferrées. La seconde phase du « blitzkrieg » est la trouée du territoire derrière les lignes. Cela serait-il possible en
412 blitzkrieg » est la trouée du territoire derrière les lignes. Cela serait-il possible en Suisse ? Il y a autant de centres
413 Cela serait-il possible en Suisse ? Il y a autant de centres de résistance qu’il y a de cantons ou de villes, autant de ba
414 -il possible en Suisse ? Il y a autant de centres de résistance qu’il y a de cantons ou de villes, autant de bases de défe
415 Il y a autant de centres de résistance qu’il y a de cantons ou de villes, autant de bases de défense qu’il y a de défilés
416 de centres de résistance qu’il y a de cantons ou de villes, autant de bases de défense qu’il y a de défilés et de montagn
417 istance qu’il y a de cantons ou de villes, autant de bases de défense qu’il y a de défilés et de montagnes. Chaque village
418 u’il y a de cantons ou de villes, autant de bases de défense qu’il y a de défilés et de montagnes. Chaque village de la Su
419 u de villes, autant de bases de défense qu’il y a de défilés et de montagnes. Chaque village de la Suisse est devenu un fo
420 utant de bases de défense qu’il y a de défilés et de montagnes. Chaque village de la Suisse est devenu un fort, ses entrée
421 il y a de défilés et de montagnes. Chaque village de la Suisse est devenu un fort, ses entrées fermées par des barricades
422 y a de défilés et de montagnes. Chaque village de la Suisse est devenu un fort, ses entrées fermées par des barricades et
423 n fort, ses entrées fermées par des barricades et les maisons transformées en des forteresses en miniature. Vous ouvrez la
424 mées en des forteresses en miniature. Vous ouvrez la porte de quelque grenier et vous vous trouvez en face d’un canon anti
425 es forteresses en miniature. Vous ouvrez la porte de quelque grenier et vous vous trouvez en face d’un canon anti-tank, pr
426 protégé par un mur en ciment. Une poussée rapide de divisions motorisées pourrait seulement se faire en évitant les villa
427 motorisées pourrait seulement se faire en évitant les villages et en passant à travers les forêts ou les pâturages. Mais le
428 e en évitant les villages et en passant à travers les forêts ou les pâturages. Mais les routes sont minées. Les fleuves, le
429 es villages et en passant à travers les forêts ou les pâturages. Mais les routes sont minées. Les fleuves, les vallées et l
430 ssant à travers les forêts ou les pâturages. Mais les routes sont minées. Les fleuves, les vallées et les gorges sont proté
431 ts ou les pâturages. Mais les routes sont minées. Les fleuves, les vallées et les gorges sont protégés par des canons caché
432 urages. Mais les routes sont minées. Les fleuves, les vallées et les gorges sont protégés par des canons cachés dans les pa
433 s routes sont minées. Les fleuves, les vallées et les gorges sont protégés par des canons cachés dans les parois rocheuses.
434 s gorges sont protégés par des canons cachés dans les parois rocheuses. Dans chaque « compartiment » du territoire suisse,
435 ans chaque « compartiment » du territoire suisse, l’ ennemi aurait à développer une attaque en règle. Il ne serait nullemen
436 attaque en règle. Il ne serait nullement question d’ avancer rapidement comme dans les plaines de Flandre ou en Pologne. Le
437 ullement question d’avancer rapidement comme dans les plaines de Flandre ou en Pologne. Les deux premières années de la vic
438 stion d’avancer rapidement comme dans les plaines de Flandre ou en Pologne. Les deux premières années de la victoire allem
439 comme dans les plaines de Flandre ou en Pologne. Les deux premières années de la victoire allemande ont renforcé la volont
440 Flandre ou en Pologne. Les deux premières années de la victoire allemande ont renforcé la volonté des Suisses de se défen
441 andre ou en Pologne. Les deux premières années de la victoire allemande ont renforcé la volonté des Suisses de se défendre
442 ères années de la victoire allemande ont renforcé la volonté des Suisses de se défendre. Le contact entre les hommes et le
443 ire allemande ont renforcé la volonté des Suisses de se défendre. Le contact entre les hommes et le sol, entre l’armée et
444 t renforcé la volonté des Suisses de se défendre. Le contact entre les hommes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre
445 onté des Suisses de se défendre. Le contact entre les hommes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre le présent et les
446 es de se défendre. Le contact entre les hommes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre le présent et les traditions h
447 dre. Le contact entre les hommes et le sol, entre l’ armée et le peuple, entre le présent et les traditions historiques, s’
448 tact entre les hommes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre le présent et les traditions historiques, s’est vu raff
449 mmes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre le présent et les traditions historiques, s’est vu raffermi par cette lo
450 , entre l’armée et le peuple, entre le présent et les traditions historiques, s’est vu raffermi par cette longue période de
451 iques, s’est vu raffermi par cette longue période de mobilisation. La Suisse fut épargnée au printemps 1940 uniquement par
452 affermi par cette longue période de mobilisation. La Suisse fut épargnée au printemps 1940 uniquement parce que ses voisin
453 et parce qu’il était celui qui a, dans ses mains, le Gothard. Les 4/5e du trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par
454 il était celui qui a, dans ses mains, le Gothard. Les 4/5e du trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par le Gothard o
455 s ses mains, le Gothard. Les 4/5e du trafic entre l’ Allemagne et l’Italie se font par le Gothard ou le Simplon. Ces tunnel
456 Gothard. Les 4/5e du trafic entre l’Allemagne et l’ Italie se font par le Gothard ou le Simplon. Ces tunnels sont puissamm
457 trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par le Gothard ou le Simplon. Ces tunnels sont puissamment minés. Beaucoup d
458 l’Allemagne et l’Italie se font par le Gothard ou le Simplon. Ces tunnels sont puissamment minés. Beaucoup d’hommes ont ju
459 lon. Ces tunnels sont puissamment minés. Beaucoup d’ hommes ont juré de les faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe
460 ont puissamment minés. Beaucoup d’hommes ont juré de les faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe le sait, l’Axe co
461 puissamment minés. Beaucoup d’hommes ont juré de les faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe le sait, l’Axe connaî
462 mes ont juré de les faire sauter au premier signe d’ invasion. L’Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense
463 de les faire sauter au premier signe d’invasion. L’ Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne d
464 s faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Goth
465 auter au premier signe d’invasion. L’Axe le sait, l’ Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Gothard a été
466 ne d’invasion. L’Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Gothard a été déclarée comme lign
467 L’Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Gothard a été déclarée comme ligne de retraite n
468 t, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Gothard a été déclarée comme ligne de retraite nationale. Ce
469 e. La ligne du Gothard a été déclarée comme ligne de retraite nationale. Certaines unités de l’armée doivent ralentir la p
470 mme ligne de retraite nationale. Certaines unités de l’armée doivent ralentir la pénétration des frontières, d’autres doiv
471 ligne de retraite nationale. Certaines unités de l’ armée doivent ralentir la pénétration des frontières, d’autres doivent
472 ale. Certaines unités de l’armée doivent ralentir la pénétration des frontières, d’autres doivent défendre les vallées par
473 tration des frontières, d’autres doivent défendre les vallées partant du Gothard. Les Suisses pourraient tenir, sans espére
474 doivent défendre les vallées partant du Gothard. Les Suisses pourraient tenir, sans espérer toutefois une victoire, mais i
475 utefois une victoire, mais ils sauveront du moins l’ honneur du pays. Des extraits d’un récent discours prononcé à Berne pa
476 auveront du moins l’honneur du pays. Des extraits d’ un récent discours prononcé à Berne par un colonel, devant un grand pu
477 ne par un colonel, devant un grand public, montre l’ état d’esprit actuel de la Suisse. Le vrai Confédéré est celui qui ne
478 nt un grand public, montre l’état d’esprit actuel de la Suisse. Le vrai Confédéré est celui qui ne questionne jamais pour
479 un grand public, montre l’état d’esprit actuel de la Suisse. Le vrai Confédéré est celui qui ne questionne jamais pour ce
480 lic, montre l’état d’esprit actuel de la Suisse. Le vrai Confédéré est celui qui ne questionne jamais pour ce qui a trait
481 ui qui ne questionne jamais pour ce qui a trait à la défense du sol quand cela est raisonnable. À ceux qui demandent : « P
482 : « Pourquoi ces sacrifices ? », il répond : « Ni la famine, ni la guerre, ni l’exil ne pourront être évités si nous gémis
483 es sacrifices ? », il répond : « Ni la famine, ni la guerre, ni l’exil ne pourront être évités si nous gémissons sans lutt
484 ? », il répond : « Ni la famine, ni la guerre, ni l’ exil ne pourront être évités si nous gémissons sans lutter. » La liber
485 ront être évités si nous gémissons sans lutter. » La liberté individuelle ne pourra survivre dans un État qui ne défend pa
486 qui ne défend pas son indépendance. Mais au-delà de tout calcul de gain ou de perte, il y a des valeurs morales. Il y a l
487 pas son indépendance. Mais au-delà de tout calcul de gain ou de perte, il y a des valeurs morales. Il y a l’idée fédéralis
488 épendance. Mais au-delà de tout calcul de gain ou de perte, il y a des valeurs morales. Il y a l’idée fédéraliste que nous
489 n ou de perte, il y a des valeurs morales. Il y a l’ idée fédéraliste que nous devons conserver comme un héritage à nos des
490 être adoré comme un Dieu. c. Rougemont Denis de , « La leçon de l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche
491 adoré comme un Dieu. c. Rougemont Denis de, «  La leçon de l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche-Orien
492 me un Dieu. c. Rougemont Denis de, « La leçon de l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche-Orient, Alexan
493 un Dieu. c. Rougemont Denis de, « La leçon de l’ armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche-Orient, Alexandri
494 e, « La leçon de l’armée suisse », Journal suisse d’ Égypte et du Proche-Orient, Alexandrie, 4 mars 1942, p. 1.
4 1943, Articles divers (1941-1946). Angérone (mars 1943)
495 vigilantis est. Sénèque En pleine polémique avec le mystère, il arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de l’amour
496 e polémique avec le mystère, il arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de l’amour une ou plusieurs définitions. Ah 
497 il arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de l’amour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer l’amo
498 arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de l’ amour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer l’amour
499 plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer l’ amour assez pour ne jamais avoir recours à ces remèdes, car définir l’
500 e jamais avoir recours à ces remèdes, car définir l’ amour ce n’est point le connaître, mais limiter sa part dans notre vie
501 à ces remèdes, car définir l’amour ce n’est point le connaître, mais limiter sa part dans notre vie, et nul amour ne peut
502 rice anxieuse. Mais il est une manière imaginable de parler de l’amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de p
503 use. Mais il est une manière imaginable de parler de l’amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où
504 . Mais il est une manière imaginable de parler de l’ amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où l’i
505 aginable de parler de l’amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où l’indicible jette par moments u
506 ur sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où l’indicible jette par moments une espèce d’émotion ou de g
507  : c’est de former quelques rythmes de phrases où l’ indicible jette par moments une espèce d’émotion ou de gêne, non qu’il
508 rases où l’indicible jette par moments une espèce d’ émotion ou de gêne, non qu’il soit dit ni même décrit par allusions ou
509 dicible jette par moments une espèce d’émotion ou de gêne, non qu’il soit dit ni même décrit par allusions ou par symboles
510 souveraine est annoncée par certain frémissement de l’assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute élo
511 uveraine est annoncée par certain frémissement de l’ assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute éloque
512 ain frémissement de l’assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par
513 sement de l’assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par l’amour q
514 oche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par l’ amour qui la rend fleurissante. Mais l’amour même est chose du silence
515 éloquence est amoureuse, excitée par l’amour qui la rend fleurissante. Mais l’amour même est chose du silence. Cela dont
516 xcitée par l’amour qui la rend fleurissante. Mais l’ amour même est chose du silence. Cela dont je ne puis parler sans l’of
517 hose du silence. Cela dont je ne puis parler sans l’ offenser dans sa grandeur, c’est ce qui m’enflamme à parler. Rien ne p
518 ce qui m’enflamme à parler. Rien ne peut être dit de l’amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si toutef
519 qui m’enflamme à parler. Rien ne peut être dit de l’ amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si toutefois
520 ’amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’ amour, si toutefois quelque chose est vraiment dite. La Fable nous app
521 ur, si toutefois quelque chose est vraiment dite. La Fable nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’un mutisme
522 ment dite. La Fable nous apprend à sa manière que l’ amour est le lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on
523 a Fable nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on croit qu’el
524 nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’ un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on croit qu’elle avait
525 u Silence : on croit qu’elle avait sa statue dans le temple de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la
526 : on croit qu’elle avait sa statue dans le temple de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Vol
527 n croit qu’elle avait sa statue dans le temple de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Volupi
528 le de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours de ce colloq
529 upté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours de ce colloque. La Volu
530 e la déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours de ce colloque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’imaginatio
531 ie. Promenons-nous aux alentours de ce colloque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’imagination active du désir
532 x alentours de ce colloque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’imagination active du désir qui lentement s’appr
533 oque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’ imagination active du désir qui lentement s’approche de son terme. Qua
534 gination active du désir qui lentement s’approche de son terme. Quand le désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il le ren
535 ésir qui lentement s’approche de son terme. Quand le désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive m
536 s’approche de son terme. Quand le désir s’empare d’ un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que le désir s
537 and le désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que le désir se manifeste tout d’abord par
538 il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que le désir se manifeste tout d’abord par ce mutisme. À tel point que l’hom
539 este tout d’abord par ce mutisme. À tel point que l’ homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esp
540 ce mutisme. À tel point que l’homme ne retrouvera l’ usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volu
541 me. À tel point que l’homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté sera
542 À tel point que l’homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté serait
543 ’homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté serait un phénomène analo
544 vera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’ esprit se libère. La volupté serait un phénomène analogue à celui de l
545 arole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté serait un phénomène analogue à celui de l’hypnose : un état d
546 . La volupté serait un phénomène analogue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des
547 a volupté serait un phénomène analogue à celui de l’ hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des fa
548 phénomène analogue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet
549 nomène analogue à celui de l’hypnose : un état de l’ âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet un
550 alogue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet unique et d
551 gue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou de l’ esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet unique et dans
552 se : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet unique et dans une seule pensée — l’
553 s vers un objet unique et dans une seule pensée — l’ identification, par la conquête chez l’un, par l’abandon chez l’autre.
554 et dans une seule pensée — l’identification, par la conquête chez l’un, par l’abandon chez l’autre. Que cette hypnose soi
555 l’identification, par la conquête chez l’un, par l’ abandon chez l’autre. Que cette hypnose soit en quelque mesure — celle
556 Que cette hypnose soit en quelque mesure — celle de l’esprit — indépendante de l’instinct, c’est ce qu’induisent à suppos
557 e cette hypnose soit en quelque mesure — celle de l’ esprit — indépendante de l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer
558 quelque mesure — celle de l’esprit — indépendante de l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer les deux observations su
559 lque mesure — celle de l’esprit — indépendante de l’ instinct, c’est ce qu’induisent à supposer les deux observations suiva
560 e de l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer les deux observations suivantes : l’extrême concentration de l’attention
561 sent à supposer les deux observations suivantes : l’ extrême concentration de l’attention sur un objet non corporel, œuvre
562 observations suivantes : l’extrême concentration de l’attention sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée d’un ord
563 servations suivantes : l’extrême concentration de l’ attention sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée d’un ordre
564 sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée d’ un ordre difficile, peut échouer comme par court-circuit dans le plais
565 ficile, peut échouer comme par court-circuit dans le plaisir ; tandis qu’un débauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volup
566 le plaisir ; tandis qu’un débauché vulgaire gémit d’ avoir perdu la volupté. L’homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfi
567 andis qu’un débauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volupté. L’homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’a
568 ébauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volupté. L’ homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’aime que cela 
569 yeux. (Certaines heures, soirs, aubes, passages.) L’ ivresse naissante des amants, c’est le silence qui s’établit entre eux
570 passages.) L’ivresse naissante des amants, c’est le silence qui s’établit entre eux. L’approche des yeux, dès qu’ils ont
571 amants, c’est le silence qui s’établit entre eux. L’ approche des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le regard de l’autre :
572 L’approche des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le regard de l’autre : sentiment comparable au vertige. Le jugement peut
573 e des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le regard de l’autre : sentiment comparable au vertige. Le jugement peut rester li
574 ard de l’autre : sentiment comparable au vertige. Le jugement peut rester libre, mais il semble que l’âme s’extériorise et
575 Le jugement peut rester libre, mais il semble que l’ âme s’extériorise et tombe sans fin dans le regard unique. Durant cert
576 le que l’âme s’extériorise et tombe sans fin dans le regard unique. Durant certaines secondes, elle dépasse le temps, s’ap
577 d unique. Durant certaines secondes, elle dépasse le temps, s’approche des bords d’une immobilité sans fond où elle se pen
578 ndes, elle dépasse le temps, s’approche des bords d’ une immobilité sans fond où elle se penche… Maintenant un seul œil est
579 s lentement mouvantes, — un seul œil par où toute l’ âme regarde et supplie avec une impérieuse tendresse. De plus près enc
580 ec une impérieuse tendresse. De plus près encore, l’ œil vient à perdre toute expression, regard absolu de l’angoisse. Si l
581 il vient à perdre toute expression, regard absolu de l’angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment, les voici vacillants comme
582 vient à perdre toute expression, regard absolu de l’ angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment, les voici vacillants comme hor
583 solu de l’angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment, les voici vacillants comme hors d’eux-mêmes. Alors il lui saisit la tête
584 arte à ce moment, les voici vacillants comme hors d’ eux-mêmes. Alors il lui saisit la tête entre ses bras, et la contemple
585 lants comme hors d’eux-mêmes. Alors il lui saisit la tête entre ses bras, et la contemple. Et il la nomme dans sa pensée,
586 s. Alors il lui saisit la tête entre ses bras, et la contemple. Et il la nomme dans sa pensée, comme s’il doutait… Adolesc
587 it la tête entre ses bras, et la contemple. Et il la nomme dans sa pensée, comme s’il doutait… Adolescence ! Le charme du
588 ans sa pensée, comme s’il doutait… Adolescence ! Le charme du désir est celui du silence : il éloigne sans fin le terme.
589 désir est celui du silence : il éloigne sans fin le terme. Tu n’entends que ce qui s’interrompt. Tu ne sais rien que tu n
590 u ne sais rien que tu ne perdes. Car ce n’est pas le savoir que tu veux, mais la divine connaissance du présent. Or cette
591 des. Car ce n’est pas le savoir que tu veux, mais la divine connaissance du présent. Or cette connaissance est interdite.
592 nt. Or cette connaissance est interdite. Et c’est l’ approche du viol de l’interdit qui impose aux amants leur silence, fas
593 ssance est interdite. Et c’est l’approche du viol de l’interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de l’horre
594 nce est interdite. Et c’est l’approche du viol de l’ interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de l’horreur
595 t qui impose aux amants leur silence, fascination de l’horreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du dé
596 ui impose aux amants leur silence, fascination de l’ horreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du désir
597 lence, fascination de l’horreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une b
598 ce, fascination de l’horreur sacrée, attirance de l’ effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une brus
599 orreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une brusque rumeur de vagues a
600 nce de l’effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une brusque rumeur de vagues affrontées et hostiles
601 du désir, la possession a fait une brusque rumeur de vagues affrontées et hostiles. Maintenant, l’onde lisse et basse d’un
602 eur de vagues affrontées et hostiles. Maintenant, l’ onde lisse et basse d’un temps nouveau nous environne. Ceux qui n’aime
603 es et hostiles. Maintenant, l’onde lisse et basse d’ un temps nouveau nous environne. Ceux qui n’aiment point la femme qu’i
604 s nouveau nous environne. Ceux qui n’aiment point la femme qu’ils viennent de posséder, leur silence meurt à cette minute
605 avardent. Tristesse platonicienne C’est dans l’ accomplissement du plus violent amour qu’il nous est accordé de concev
606 ment du plus violent amour qu’il nous est accordé de concevoir un absolu, mais sous la forme de l’inaccessible. Atteintes
607 ous est accordé de concevoir un absolu, mais sous la forme de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance
608 ccordé de concevoir un absolu, mais sous la forme de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir,
609 rdé de concevoir un absolu, mais sous la forme de l’ inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir, su
610 sous la forme de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, É
611 me de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en
612 de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en co
613 s enfin les limites de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en couronne un désespoir glacial
614 ne un désespoir glacial : vous n’irez pas au-delà de votre union. Ô silence des astres ! Fondues nos âmes ? Deux corps s’e
615 âmes ? Deux corps s’endorment dans leur paix, et l’ être enfin comblé ne sait plus où se prendre. Il se ramène en soi, se
616 ne en soi, se divise en ses ombres. Ainsi passent les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorpho
617 se divise en ses ombres. Ainsi passent les heures d’ avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indici
618 e en ses ombres. Ainsi passent les heures d’avant l’ aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lu
619 es. Ainsi passent les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille p
620 nt les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à f
621 les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’ âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à fait
622 s d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à fait, et ses y
623 i s’éveille parfois tout à fait, et ses yeux dans le noir imaginent. Une étreinte qui s’égalerait à l’Infini. Se fondre en
624 le noir imaginent. Une étreinte qui s’égalerait à l’ Infini. Se fondre en un seul être, mais que cet être accède ensuite au
625 tre, mais que cet être accède ensuite au commerce de ses semblables, qu’à son tour il les aime, les possède ! Ainsi par un
626 e au commerce de ses semblables, qu’à son tour il les aime, les possède ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la s
627 rce de ses semblables, qu’à son tour il les aime, les possède ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la splendeur a
628 ur il les aime, les possède ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la splendeur amoureuse, par mille étreintes suc
629 de ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la splendeur amoureuse, par mille étreintes successives il s’élève à la
630 use, par mille étreintes successives il s’élève à la jouissance imaginaire et désespérément consciente de l’Être. L’aube p
631 jouissance imaginaire et désespérément consciente de l’Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénom
632 issance imaginaire et désespérément consciente de l’ Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme
633 imaginaire et désespérément consciente de l’Être. L’ aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un reg
634 désespérément consciente de l’Être. L’aube point. L’ esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un regard. Un corps
635 de l’Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un regard. Un corps auprès du mien respire, m
636 aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un regard. Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante
637 L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’ un regard. Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante de l’incom
638 Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante de l’incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais
639 corps auprès du mien respire, mémoire pesante de l’ incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais dan
640 l’incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite de l’étreinte, n’est-ce point le
641 as au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite de l’étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais n
642 au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite de l’ étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais nous
643 dans cette défaite de l’étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais nous chercherons ? Au terme de
644 désert que désormais nous chercherons ? Au terme de la fuite, nous ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et no
645 sert que désormais nous chercherons ? Au terme de la fuite, nous ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et nous
646 possible fascinant. Et nous vivrons dès lors dans le vertige de nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que
647 scinant. Et nous vivrons dès lors dans le vertige de nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que la joie et
648 lors dans le vertige de nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que la joie et la douleur. Dans le vertige
649 ruire au contact de cet infini, plus puissant que la joie et la douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, se
650 ntact de cet infini, plus puissant que la joie et la douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, sensible à ce
651 ni, plus puissant que la joie et la douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui l’ép
652 issant que la joie et la douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui l’éprouve jusqu
653 nir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui l’ éprouve jusqu’à l’épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’a
654 solu, sensible à celui seul qui l’éprouve jusqu’à l’ épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt
655 à celui seul qui l’éprouve jusqu’à l’épouvante : l’ être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt à l’instant o
656 à l’épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt à l’instant où il naît. Tout notre platonisme
657 ’épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’ amour, et qui meurt à l’instant où il naît. Tout notre platonisme éch
658 nt où il naît. Tout notre platonisme échoue dans l’ instant de l’étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de sig
659 aît. Tout notre platonisme échoue dans l’instant de l’étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de signe. On voi
660 . Tout notre platonisme échoue dans l’instant de l’ étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de signe. On voit s
661 choue dans l’instant de l’étreinte dénouée. Alors l’ amour, dirait-on, change de signe. On voit soudain que le désir était
662 treinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de signe. On voit soudain que le désir était le dialogue des corps, tand
663 , dirait-on, change de signe. On voit soudain que le désir était le dialogue des corps, tandis que le plaisir est solitair
664 ange de signe. On voit soudain que le désir était le dialogue des corps, tandis que le plaisir est solitaire, instant où l
665 le désir était le dialogue des corps, tandis que le plaisir est solitaire, instant où les amants sont le plus séparés, ar
666 , tandis que le plaisir est solitaire, instant où les amants sont le plus séparés, arrachés, retirés en soi. Alors paraisse
667 plaisir est solitaire, instant où les amants sont le plus séparés, arrachés, retirés en soi. Alors paraissent la conscienc
668 parés, arrachés, retirés en soi. Alors paraissent la conscience, et le sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous somme
669 etirés en soi. Alors paraissent la conscience, et le sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous sommes deux. Il n’y a
670 Alors paraissent la conscience, et le sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous sommes deux. Il n’y a que deux philos
671 a que deux philosophies : celle du désir et celle de l’acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle du silence et
672 ue deux philosophies : celle du désir et celle de l’ acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle du silence et ce
673 a que deux doctrines : celle du silence et celle de la parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomp
674 que deux doctrines : celle du silence et celle de la parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit
675 ctrines : celle du silence et celle de la parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est le
676 e de la parole. La négation du désir amoureux par l’ acte même qui l’accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’inf
677 La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’ accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’infinie contradicti
678 r amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’infinie contradiction que nous souffro
679 i l’accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte
680 ’accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’ infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte re
681 l, de l’infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil d
682 tradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’ acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera
683 nous souffrons. Le désir divinise, l’acte rend à l’ humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sé
684 frons. Le désir divinise, l’acte rend à l’humain. L’ amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sérieuse. Qu
685 acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment
686 e rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’ amour qui sera notre tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment deu
687 tons ce temple où dorment deux idoles, et parlons le langage du Jour. d. Rougemont Denis de, « Angérone », VVV, New Yo
688 arlons le langage du Jour. d. Rougemont Denis de , « Angérone », VVV, New York, mars 1943, p. 69-70.
5 1943, Articles divers (1941-1946). La gloire (mars 1943)
689 La gloire (mars 1943)e (Nous le connaissions un peu, et pensions le c
690 La gloire (mars 1943)e (Nous le connaissions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses papi
691 43)e (Nous le connaissions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien di
692 le connaissions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fa
693 ions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fallait certe
694 nnaître. La lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant l’
695 rent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant l’ on demeure surpris. C’est que tout, dans ses livres, — surtout les plu
696 rpris. C’est que tout, dans ses livres, — surtout les plus sincères — semblait exclure les préoccupations que trahit son jo
697 s, — surtout les plus sincères — semblait exclure les préoccupations que trahit son journal intime. Peut-être le secret d’u
698 upations que trahit son journal intime. Peut-être le secret d’une différence aussi curieuse est-il caché dans les passages
699 ue trahit son journal intime. Peut-être le secret d’ une différence aussi curieuse est-il caché dans les passages de ces ca
700 d’une différence aussi curieuse est-il caché dans les passages de ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragme
701 nce aussi curieuse est-il caché dans les passages de ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragments de dates
702 es de ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragments de dates diverses, l’on ne verra point se dégager de co
703 que nous allons transcrire ici. De ces fragments de dates diverses, l’on ne verra point se dégager de conclusions tout à
704 anscrire ici. De ces fragments de dates diverses, l’ on ne verra point se dégager de conclusions tout à fait claires : il y
705 de dates diverses, l’on ne verra point se dégager de conclusions tout à fait claires : il y a trop de contradictions. Mais
706 de conclusions tout à fait claires : il y a trop de contradictions. Mais c’est ce qui peut intéresser. Une attitude aussi
707 attitude aussi profondément ambiguë, vis-à-vis de la gloire, n’est pas sans entretenir les plus curieux malentendus entre
708 vis-à-vis de la gloire, n’est pas sans entretenir les plus curieux malentendus entre un auteur et ses lecteurs. Or il se pe
709 auteur et ses lecteurs. Or il se peut que ce soit l’ attitude de la plupart des écrivains modernes.) J’ai vécu pour la glo
710 es lecteurs. Or il se peut que ce soit l’attitude de la plupart des écrivains modernes.) J’ai vécu pour la gloire — dit l
711 plupart des écrivains modernes.) J’ai vécu pour la gloire — dit le prince André — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’es
712 ivains modernes.) J’ai vécu pour la gloire — dit le prince André — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’amour
713 a gloire — dit le prince André — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir de lui être u
714 é — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’ amour du prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louang
715 la gloire, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu p
716 , si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour les a
717 ’amour du prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour les autres, et mon existen
718 et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour les autres, et mon existence est perdue, perdue sans retour ; depuis que
719 is pour moi, je vis pour moi, je suis plus calme… Les autres, c’est le prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’app
720 s pour moi, je suis plus calme… Les autres, c’est le prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’appelez, le prochain
721 plus calme… Les autres, c’est le prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’appelez, le prochain, cette grande sour
722 le prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’ appelez, le prochain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le pr
723 , comme la princesse Marie et toi vous l’appelez, le prochain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le prochain, le
724 vous l’appelez, le prochain, cette grande source d’ iniquité et de mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de K
725 z, le prochain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rê
726 chain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de co
727 grande source d’iniquité et de mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bien
728 uité et de mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï, La G
729 al ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la
730 ais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m’
731 sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m’avait sédui
732 , que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m’avait séduit par sa mauvaise humeur
733 s de combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m’avait séduit par sa mauvaise humeur. En la copia
734 te page m’avait séduit par sa mauvaise humeur. En la copiant, je n’y vois plus que sophismes. Non, la gloire, ce n’est pas
735 la copiant, je n’y vois plus que sophismes. Non, la gloire, ce n’est pas l’amour mais au contraire le mépris du prochain.
736 plus que sophismes. Non, la gloire, ce n’est pas l’ amour mais au contraire le mépris du prochain. Le Prince André n’a pas
737 la gloire, ce n’est pas l’amour mais au contraire le mépris du prochain. Le Prince André n’a pas trouvé de prochains, car
738 l’amour mais au contraire le mépris du prochain. Le Prince André n’a pas trouvé de prochains, car il n’a cherché qu’un pu
739 épris du prochain. Le Prince André n’a pas trouvé de prochains, car il n’a cherché qu’un public. C’est le public qui donne
740 prochains, car il n’a cherché qu’un public. C’est le public qui donne la gloire à celui qui le méprise assez pour le flatt
741 a cherché qu’un public. C’est le public qui donne la gloire à celui qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que la pr
742 . C’est le public qui donne la gloire à celui qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que la princesse Marie, qui a v
743 donne la gloire à celui qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que la princesse Marie, qui a vraiment aimé son proch
744 qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que la princesse Marie, qui a vraiment aimé son prochain, n’en n’a pas reçu
745 i a vraiment aimé son prochain, n’en n’a pas reçu de gloire et n’en demandait point. Aussi ne pense-t-elle pas qu’elle a «
746 se-t-elle pas qu’elle a « perdu sa vie ». Liszt à la fin d’un concert triomphal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je su
747 le pas qu’elle a « perdu sa vie ». Liszt à la fin d’ un concert triomphal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je suis le s
748 phal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je suis le serviteur du public, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne la
749 ic, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne la gloire. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort de se rendre a
750 ’est à cela qu’on donne la gloire. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort de se rendre antipathiques. Jamais la fo
751 e. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort de se rendre antipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que l’on a
752 risquent fort de se rendre antipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de la gloire même e
753 ipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que l’ on affiche un amour de la gloire même excessif pour le talent qu’on a.
754 foule n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de la gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pou
755 le n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de la gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pour g
756 affiche un amour de la gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pour glorieux que ceux qui prennent
757 e la gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pour glorieux que ceux qui prennent le soin de parler
758 glorieux que ceux qui prennent le soin de parler de leur gloire. Chateaubriand eut de la gloire, mais non Stendhal. Madam
759 soin de parler de leur gloire. Chateaubriand eut de la gloire, mais non Stendhal. Madame de Staël en eut, mais non Consta
760 in de parler de leur gloire. Chateaubriand eut de la gloire, mais non Stendhal. Madame de Staël en eut, mais non Constant
761 onstant (comme écrivain). Or personne ne lit plus Les Martyrs ni Corinne, et tout le monde croit aimer La Chartreuse et Ado
762 Martyrs ni Corinne, et tout le monde croit aimer La Chartreuse et Adolphe. Mais ce jugement sur le talent, changé du tout
763 er La Chartreuse et Adolphe. Mais ce jugement sur le talent, changé du tout, n’entraîne pas que l’on change le jugement su
764 sur le talent, changé du tout, n’entraîne pas que l’ on change le jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’e
765 t, changé du tout, n’entraîne pas que l’on change le jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’entends que s
766 t, n’entraîne pas que l’on change le jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa
767 ne pas que l’on change le jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa grandeur n
768 tends que son pouvoir et sa grandeur ne dépendent d’ aucune raison, et paraissent même n’en point souffrir. Fama crescit eu
769 entia famam. Toute gloire est donc aliénée. Celle d’ un Chateaubriand n’est pas à lui, ni à son œuvre, mais au public qui l
770 est pas à lui, ni à son œuvre, mais au public qui la lui prête parce que d’abord l’auteur s’y est prêté. Quant à moi, je s
771 mais au public qui la lui prête parce que d’abord l’ auteur s’y est prêté. Quant à moi, je suis trop égoïste pour me laisse
772 non point tel que me désire leur goût sentimental de « l’Art ». Mais comme tout se complique et se retourne ! Celui qui ve
773 oint tel que me désire leur goût sentimental de «  l’ Art ». Mais comme tout se complique et se retourne ! Celui qui veut la
774 tout se complique et se retourne ! Celui qui veut la gloire, est-ce qu’il manquerait d’orgueil ? Serait-il plus humble que
775 Celui qui veut la gloire, est-ce qu’il manquerait d’ orgueil ? Serait-il plus humble que moi ? Et l’orgueilleux que je suis
776 it d’orgueil ? Serait-il plus humble que moi ? Et l’ orgueilleux que je suis, ne donne-t-il pas une preuve d’amour à son au
777 eilleux que je suis, ne donne-t-il pas une preuve d’ amour à son audience en exigeant d’elle plus de noblesse ? Dire : je n
778 pas une preuve d’amour à son audience en exigeant d’ elle plus de noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire : je v
779 ve d’amour à son audience en exigeant d’elle plus de noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire : je vous néglige,
780 geant d’elle plus de noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez la gloire pour
781 re, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez la gloire pour prix d’une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous
782 vous néglige, vous qui donnez la gloire pour prix d’ une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous aime, puisque je vou
783 vulgaires que vous n’êtes. Celui qui ne veut pas la gloire telle que la donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’
784 n’êtes. Celui qui ne veut pas la gloire telle que la donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut la gloire te
785 pas la gloire telle que la donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut la gloire telle que lui seul serait c
786 ne foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut la gloire telle que lui seul serait capable de se la décerner ? L’idée
787 veut la gloire telle que lui seul serait capable de se la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de
788 la gloire telle que lui seul serait capable de se la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Ren
789 que lui seul serait capable de se la décerner ? L’ idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glori
790 erait capable de se la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui q
791 it capable de se la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui
792 L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en différant, bien p
793 ’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en différant, bien plus
794 différant, bien plus qu’en excellant. C’est donc l’ individu qui se distingue, — n’importe où. (Crimes commis pour s’acqué
795 e, — n’importe où. (Crimes commis pour s’acquérir la gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloi
796 commis pour s’acquérir la gloire, fréquents dans l’ Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte
797 gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social
798 réquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le
799 uents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le co
800 xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’ une sorte de maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du
801 .) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’
802 c né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’
803 rte de maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci
804 de maladie du sens social. C’est le contraire de l’ amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni
805 ocial. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’ individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni même conscience du vo
806 re de l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni même conscience du voisin qu’il pourrait aid
807 conscience du voisin qu’il pourrait aider (c’est le prochain), mais seulement du voisin qu’il peut utiliser. Il cherche d
808 er. Il cherche des admirateurs, des confirmateurs de son être. C’est que l’acte de s’écarter d’une communion ou d’une comm
809 rateurs, des confirmateurs de son être. C’est que l’ acte de s’écarter d’une communion ou d’une communauté, écarte aussi de
810 , des confirmateurs de son être. C’est que l’acte de s’écarter d’une communion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, e
811 ateurs de son être. C’est que l’acte de s’écarter d’ une communion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, et l’on éprouv
812 C’est que l’acte de s’écarter d’une communion ou d’ une communauté, écarte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin d
813 d’une communion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme
814 nion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, et l’ on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme en communio
815 nauté, écarte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme en communion active avec les h
816 rte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme en communion active avec les hommes qui
817 aire confirmer. Un homme en communion active avec les hommes qui l’entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car l
818 Un homme en communion active avec les hommes qui l’ entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car la gloire est c
819 mes qui l’entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excell
820 rent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excellence, à son ran
821 la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’ excellence, à son rang et selon ses astres. Ainsi les héros et les roi
822 excellence, à son rang et selon ses astres. Ainsi les héros et les rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne d
823 son rang et selon ses astres. Ainsi les héros et les rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien
824 elon ses astres. Ainsi les héros et les rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien. Et ce qu’ils
825 res. Ainsi les héros et les rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien. Et ce qu’ils donnent fa
826 e demandent rien. Et ce qu’ils donnent fait toute la renommée du peuple. (Aujourd’hui c’est l’inverse qu’on observe ; c’es
827 t toute la renommée du peuple. (Aujourd’hui c’est l’ inverse qu’on observe ; c’est ce que donne la foule qui fait la gloire
828 ’est l’inverse qu’on observe ; c’est ce que donne la foule qui fait la gloire d’un homme.) La gloire antique était virile,
829 on observe ; c’est ce que donne la foule qui fait la gloire d’un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Ale
830  ; c’est ce que donne la foule qui fait la gloire d’ un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exe
831 ue donne la foule qui fait la gloire d’un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exemplaire, plus
832 ’un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exemplaire, plus beau que tous, plus fort et plus heur
833 c’est une rumeur, c’est une publicité, une espèce d’ inflation provisoire. Elle n’est pas grande, mais exagérée, mobile, ne
834 ssentie comme flatteuse. C’est donc quelque chose de vulgaire. De fait, je ne connais pas de gloire moderne dont on ne pui
835 flatteuse. C’est donc quelque chose de vulgaire. De fait, je ne connais pas de gloire moderne dont on ne puisse démontrer
836 que chose de vulgaire. De fait, je ne connais pas de gloire moderne dont on ne puisse démontrer par quels moyens elle fut
837 quels moyens elle fut acquise : toujours au prix d’ une vulgarité. (Zones de bassesse chez d’Annunzio ; c’est là, non pas
838 cquise : toujours au prix d’une vulgarité. (Zones de bassesse chez d’Annunzio ; c’est là, non pas dans la beauté de son œu
839 au prix d’une vulgarité. (Zones de bassesse chez d’ Annunzio ; c’est là, non pas dans la beauté de son œuvre, que s’est co
840 bassesse chez d’Annunzio ; c’est là, non pas dans la beauté de son œuvre, que s’est constituée sa gloire.) Et cependant, j
841 hez d’Annunzio ; c’est là, non pas dans la beauté de son œuvre, que s’est constituée sa gloire.) Et cependant, je me suis
842 rer une gloire qui ne m’ennuierait pas. Non point la leur, mais celle que je pourrais rejoindre, telle que je la connais d
843 ais celle que je pourrais rejoindre, telle que je la connais depuis toujours, moi seul. Un dieu n’a pas besoin d’adorateur
844 depuis toujours, moi seul. Un dieu n’a pas besoin d’ adorateurs pour rayonner et se réjouir de son être. Oui, c’est bien là
845 s besoin d’adorateurs pour rayonner et se réjouir de son être. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et la vraie gloi
846 ner et se réjouir de son être. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ?
847 ouir de son être. Oui, c’est bien là le privilège d’ un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ? Il y a là qu
848 re. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a
849 ège d’un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’ incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas
850 st-ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’
851 ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’inv
852  ? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’inverse. Mais ne sera
853 quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’inverse. Mais ne serait-ce pas aus
854 le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’ inverse. Mais ne serait-ce pas aussi le meilleur moyen de sauver son i
855 à peu près l’inverse. Mais ne serait-ce pas aussi le meilleur moyen de sauver son incognito en se donnant l’air, préciséme
856 se. Mais ne serait-ce pas aussi le meilleur moyen de sauver son incognito en se donnant l’air, précisément, d’y renoncer ?
857 lleur moyen de sauver son incognito en se donnant l’ air, précisément, d’y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle co
858 r son incognito en se donnant l’air, précisément, d’ y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère le droit d’êtr
859 l’air, précisément, d’y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup
860 ir, précisément, d’y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup en
861 ncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse : l’e
862 tre avantage de la gloire : elle confère le droit d’ être banal. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse : l’expérience
863 al. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse : l’ expérience intime de la gloire précède toujours sa manifestation. L’a
864 coup en abusent… Hypothèse : l’expérience intime de la gloire précède toujours sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rie
865 p en abusent… Hypothèse : l’expérience intime de la gloire précède toujours sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien p
866 de la gloire précède toujours sa manifestation. L’ ambitieux ne vaut rien pour la gloire. Il ne peut aboutir qu’au succès
867 sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien pour la gloire. Il ne peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de la
868 e. Il ne peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’ empire de la comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on pui
869 peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de la comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on puisse avoue
870 t aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de la comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer s
871 reste sous l’empire de la comparaison. Beaucoup d’ hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer sa vanité, ou bien ils croi
872 é, ou bien ils croient que ce serait naïf ; et si l’ on avoue son orgueil, ils croient que c’est par vanité. Je suis homme 
873 tors, orgueilleux, etc. Quel avantage à feindre ? La plus sotte vanité étant assurément d’essayer de faire croire qu’on n’
874 à feindre ? La plus sotte vanité étant assurément d’ essayer de faire croire qu’on n’en a point. Si l’on condamne sa propre
875 ? La plus sotte vanité étant assurément d’essayer de faire croire qu’on n’en a point. Si l’on condamne sa propre vanité, l
876 d’essayer de faire croire qu’on n’en a point. Si l’ on condamne sa propre vanité, le mieux pour s’en débarrasser serait d’
877 n’en a point. Si l’on condamne sa propre vanité, le mieux pour s’en débarrasser serait d’en parler ouvertement. Comme un
878 pre vanité, le mieux pour s’en débarrasser serait d’ en parler ouvertement. Comme un menteur qui dirait : « Je vous avertis
879 structif et amusant. Je veux ma gloire, et je ne l’ avoue jamais, — je fais le modeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne v
880 eux ma gloire, et je ne l’avoue jamais, — je fais le modeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la gloire pour vou
881 , et je ne l’avoue jamais, — je fais le modeste — d’ où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la gloire pour vous éblouir, vo
882 odeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la gloire pour vous éblouir, vous que j’aime et qui me connaissez. Vous
883 ue je suis, et si vous appreniez un jour que j’ai de la gloire, que sauriez-vous alors d’essentiel que dès maintenant vous
884 je suis, et si vous appreniez un jour que j’ai de la gloire, que sauriez-vous alors d’essentiel que dès maintenant vous ne
885 our que j’ai de la gloire, que sauriez-vous alors d’ essentiel que dès maintenant vous ne sachiez ? Ou c’est que vous vous
886 e croyez point par vous-mêmes — et je ne veux pas l’ erreur. Ou bien veux-je cette erreur-là ? Certes — mais non comme une
887 je veux cela. Qu’est-ce donc que « gloire », dont la prononciation, pour peu d’emphase que j’y prête, me fait venir les la
888 c que « gloire », dont la prononciation, pour peu d’ emphase que j’y prête, me fait venir les larmes aux yeux ? Gloire et l
889 , pour peu d’emphase que j’y prête, me fait venir les larmes aux yeux ? Gloire et lumière, gloire ou mystère, gloire et mor
890 ord clamé, ou cet instant plutôt qui est au seuil de sa résolution fondamentale — quel est ce seuil, et que nous ouvrent,
891 est ce seuil, et que nous ouvrent, sur quel ciel, les symphonies ? Je n’ose pas dire que je veux être Dieu. Ce serait là, p
892 eux être Dieu. Ce serait là, pourtant, ma vérité, la vérité de mon mensonge. Est-ce à cause que mon nom est : mensonge, qu
893 ieu. Ce serait là, pourtant, ma vérité, la vérité de mon mensonge. Est-ce à cause que mon nom est : mensonge, que je voudr
894 cause que mon nom est : mensonge, que je voudrais la gloire et ne sais pas pourquoi ? Ou n’ose pas savoir pourquoi… Ce que
895 ue je n’ose pas savoir est angoisse. Angoisse est le nom du secret que je sers sans oser le servir, parce que je sais que
896 goisse est le nom du secret que je sers sans oser le servir, parce que je sais que son nom est mensonge, et que c’est moi
897 s’oppose à ma gloire, et qui me sauve malgré moi de mon triomphe. Il n’y a qu’un seul Dieu, celui qui dit Je suis. Ce ser
898 a tout, et tout sera. Ainsi, ô Dieu, délivrez-moi de la gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire ! 1938
899 out, et tout sera. Ainsi, ô Dieu, délivrez-moi de la gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire ! 1938
900 a gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire ! 1938 e. Rougemont Denis de, « La gloire », VVV, New Yor
901 re comme la gloire ! 1938 e. Rougemont Denis de , « La gloire », VVV, New York, mars 1943, p. 71-73.
902 me la gloire ! 1938 e. Rougemont Denis de, «  La gloire », VVV, New York, mars 1943, p. 71-73.
6 1943, Articles divers (1941-1946). Rhétorique américaine (juin-juillet 1943)
903 Rhétorique américaine (juin-juillet 1943)f g L’ Amérique m’a fait prendre conscience de bien des choses qui allaient d
904 943)f g L’Amérique m’a fait prendre conscience de bien des choses qui allaient de soi dans notre Europe, et qui me sont
905 e c’est leur contraire, ici, qui va de soi. Parmi la douzaine de bouquins que j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Jou
906 contraire, ici, qui va de soi. Parmi la douzaine de bouquins que j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Journal d’André
907 armi la douzaine de bouquins que j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Journal d’André Gide. Chaque fois que j’en relis
908 ouquins que j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Journal d’André Gide. Chaque fois que j’en relis quelques pages, je s
909 j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Journal d’ André Gide. Chaque fois que j’en relis quelques pages, je suis frappé
910 que j’en relis quelques pages, je suis frappé par le souci qu’y montre Gide d’une écriture durable et d’une œuvre d’avenir
911 ges, je suis frappé par le souci qu’y montre Gide d’ une écriture durable et d’une œuvre d’avenir. Il n’accepte de rompre a
912 souci qu’y montre Gide d’une écriture durable et d’ une œuvre d’avenir. Il n’accepte de rompre avec une tradition que pour
913 montre Gide d’une écriture durable et d’une œuvre d’ avenir. Il n’accepte de rompre avec une tradition que pour en fonder u
914 ure durable et d’une œuvre d’avenir. Il n’accepte de rompre avec une tradition que pour en fonder une nouvelle, qui se rév
915 e nouvelle, qui se révélera sans doute conforme à la tradition de la langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’inc
916 ui se révélera sans doute conforme à la tradition de la langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’inclure l’actual
917 se révélera sans doute conforme à la tradition de la langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’inclure l’actualité
918 conforme à la tradition de la langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’inclure l’actualité dans un ouvrage, parce
919 a langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’ inclure l’actualité dans un ouvrage, parce que c’est elle qui risque d
920 à son génie le plus vivace. Gide craint d’inclure l’ actualité dans un ouvrage, parce que c’est elle qui risque de vieillir
921 dans un ouvrage, parce que c’est elle qui risque de vieillir en premier lieu. Ce souci, cette arrière-pensée, sont étrang
922 Ce souci, cette arrière-pensée, sont étrangers à la littérature américaine, trop jeune pour craindre les atteintes du tem
923 littérature américaine, trop jeune pour craindre les atteintes du temps. On n’écrit pas un livre pour qu’il dure, en Améri
924 ur qu’il frappe et qu’il agisse, au maximum, dans le plus court délai. Signe de santé d’une culture. Le journaliste est l’
925 isse, au maximum, dans le plus court délai. Signe de santé d’une culture. Le journaliste est l’homme pour qui le lendemain
926 maximum, dans le plus court délai. Signe de santé d’ une culture. Le journaliste est l’homme pour qui le lendemain n’existe
927 e plus court délai. Signe de santé d’une culture. Le journaliste est l’homme pour qui le lendemain n’existe pas, remarquai
928 Signe de santé d’une culture. Le journaliste est l’ homme pour qui le lendemain n’existe pas, remarquait encore André Gide
929 ’une culture. Le journaliste est l’homme pour qui le lendemain n’existe pas, remarquait encore André Gide. Dans ce sens él
930 e. Dans ce sens élargi du mot, mais en retirant à l’ épithète toute qualité dépréciative, on pourrait appeler journalistes
931 tive, on pourrait appeler journalistes bon nombre d’ excellents auteurs américains. Ils n’y verraient, à juste titre, aucun
932 n’y verraient, à juste titre, aucun reproche. Car l’ Amérique a fait du journalisme un art par une révolution trop ignorée
933 ournalisme un art par une révolution trop ignorée de l’Europe. Un art qui n’exclut pas une poésie très drue, et qui possèd
934 nalisme un art par une révolution trop ignorée de l’ Europe. Un art qui n’exclut pas une poésie très drue, et qui possède u
935 rès drue, et qui possède une rhétorique, un « art de persuader » étrangement efficace. La connaissance de ses règles techn
936 ue, un « art de persuader » étrangement efficace. La connaissance de ses règles techniques permet de pénétrer certains sec
937 persuader » étrangement efficace. La connaissance de ses règles techniques permet de pénétrer certains secrets de la litté
938 . La connaissance de ses règles techniques permet de pénétrer certains secrets de la littérature contemporaine de ce pays.
939 es techniques permet de pénétrer certains secrets de la littérature contemporaine de ce pays. Secrets de style et de compo
940 techniques permet de pénétrer certains secrets de la littérature contemporaine de ce pays. Secrets de style et de composit
941 certains secrets de la littérature contemporaine de ce pays. Secrets de style et de composition. La rhétorique française
942 la littérature contemporaine de ce pays. Secrets de style et de composition. La rhétorique française veut qu’un discours,
943 ure contemporaine de ce pays. Secrets de style et de composition. La rhétorique française veut qu’un discours, un essai ou
944 e de ce pays. Secrets de style et de composition. La rhétorique française veut qu’un discours, un essai ou un simple artic
945 verbales, qui créent une atmosphère ou orientent l’ esprit. La rhétorique américaine écarte ces prudences et ces cérémonie
946 qui créent une atmosphère ou orientent l’esprit. La rhétorique américaine écarte ces prudences et ces cérémonies. Elle co
947 . Elle considère comme un poids mort nos formules de présentation ou de congé. Un article de magazine américain commence p
948 mme un poids mort nos formules de présentation ou de congé. Un article de magazine américain commence presque obligatoirem
949 formules de présentation ou de congé. Un article de magazine américain commence presque obligatoirement par une anecdote
950 ement par une anecdote étonnante, une énumération de faits bruts, ou quelques chiffres impressionnants. C’est la Catch Phr
951 ruts, ou quelques chiffres impressionnants. C’est la Catch Phrase, la phrase-qui-attrape et qui vous jette de but en blanc
952 chiffres impressionnants. C’est la Catch Phrase, la phrase-qui-attrape et qui vous jette de but en blanc dans l’humanité
953 h Phrase, la phrase-qui-attrape et qui vous jette de but en blanc dans l’humanité vive du sujet, saisi par son côté sensat
954 ui-attrape et qui vous jette de but en blanc dans l’ humanité vive du sujet, saisi par son côté sensationnel. L’article ens
955 é vive du sujet, saisi par son côté sensationnel. L’ article ensuite ne se déroulera pas suivant un plan logique, mais suiv
956 roulera pas suivant un plan logique, mais suivant la ligne de plus immédiate efficacité. Là où l’écrivain français cherche
957 vant la ligne de plus immédiate efficacité. Là où l’ écrivain français cherche à vous convaincre par la rigueur ou l’élégan
958 l’écrivain français cherche à vous convaincre par la rigueur ou l’élégance de ses déductions, l’écrivain américain cherche
959 nçais cherche à vous convaincre par la rigueur ou l’ élégance de ses déductions, l’écrivain américain cherche à vous entraî
960 he à vous convaincre par la rigueur ou l’élégance de ses déductions, l’écrivain américain cherche à vous entraîner par la
961 e par la rigueur ou l’élégance de ses déductions, l’ écrivain américain cherche à vous entraîner par la dramatisation (Dram
962 l’écrivain américain cherche à vous entraîner par la dramatisation (Dramatizing) de sa matière. Le style français triomphe
963 vous entraîner par la dramatisation (Dramatizing) de sa matière. Le style français triomphe dans la litote et le raccourci
964 par la dramatisation (Dramatizing) de sa matière. Le style français triomphe dans la litote et le raccourci, le style amér
965 g) de sa matière. Le style français triomphe dans la litote et le raccourci, le style américain dans l’effet de choc ou d’
966 ère. Le style français triomphe dans la litote et le raccourci, le style américain dans l’effet de choc ou d’accumulation
967 français triomphe dans la litote et le raccourci, le style américain dans l’effet de choc ou d’accumulation lyrique. L’un
968 a litote et le raccourci, le style américain dans l’ effet de choc ou d’accumulation lyrique. L’un s’attache à la construct
969 et le raccourci, le style américain dans l’effet de choc ou d’accumulation lyrique. L’un s’attache à la construction stat
970 ourci, le style américain dans l’effet de choc ou d’ accumulation lyrique. L’un s’attache à la construction statique, l’aut
971 choc ou d’accumulation lyrique. L’un s’attache à la construction statique, l’autre au rythme. L’esprit français tend à dé
972 he à la construction statique, l’autre au rythme. L’ esprit français tend à dégager l’essentiel, l’esprit américain à l’eng
973 autre au rythme. L’esprit français tend à dégager l’ essentiel, l’esprit américain à l’engager dans le concret, à le sensib
974 me. L’esprit français tend à dégager l’essentiel, l’ esprit américain à l’engager dans le concret, à le sensibiliser, à l’i
975 tend à dégager l’essentiel, l’esprit américain à l’ engager dans le concret, à le sensibiliser, à l’illustrer. L’anecdote
976 l’essentiel, l’esprit américain à l’engager dans le concret, à le sensibiliser, à l’illustrer. L’anecdote révélatrice, le
977 l’esprit américain à l’engager dans le concret, à le sensibiliser, à l’illustrer. L’anecdote révélatrice, le Human Touch,
978 à l’engager dans le concret, à le sensibiliser, à l’ illustrer. L’anecdote révélatrice, le Human Touch, sont régulièrement
979 ans le concret, à le sensibiliser, à l’illustrer. L’ anecdote révélatrice, le Human Touch, sont régulièrement préférés par
980 sibiliser, à l’illustrer. L’anecdote révélatrice, le Human Touch, sont régulièrement préférés par un directeur de revue am
981 uch, sont régulièrement préférés par un directeur de revue américaine à la « formule heureuse » condensant et généralisant
982 t préférés par un directeur de revue américaine à la « formule heureuse » condensant et généralisant des observations que
983 » condensant et généralisant des observations que l’ on néglige de rapporter en détail. Au séminaire de Short Stories (hist
984 et généralisant des observations que l’on néglige de rapporter en détail. Au séminaire de Short Stories (histoires brèves,
985 l’on néglige de rapporter en détail. Au séminaire de Short Stories (histoires brèves, nouvelles) d’une grande université a
986 re de Short Stories (histoires brèves, nouvelles) d’ une grande université américaine, on enseigne aux étudiants à éviter t
987 expression « intellectuelle » du réel, à cultiver l’ expression concrète ou sensorielle. N’écrivez pas : « John entra dans
988 ou sensorielle. N’écrivez pas : « John entra dans la banque. » Mais décrivez la sensation qu’il éprouve au moment où ses s
989 as : « John entra dans la banque. » Mais décrivez la sensation qu’il éprouve au moment où ses semelles-crêpe marquent d’un
990 éprouve au moment où ses semelles-crêpe marquent d’ une empreinte poussiéreuse le moelleux tapis du hall d’entrée, etc. Ex
991 elles-crêpe marquent d’une empreinte poussiéreuse le moelleux tapis du hall d’entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode d
992 empreinte poussiéreuse le moelleux tapis du hall d’ entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode d’expression qui donnerait,
993 tapis du hall d’entrée, etc. Exemple caricatural d’ un mode d’expression qui donnerait, avec beaucoup de talent, une page
994 hall d’entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode d’ expression qui donnerait, avec beaucoup de talent, une page de Faulkne
995 qui donnerait, avec beaucoup de talent, une page de Faulkner, un poème ; avec moins de talent, un long roman. De cet ouvr
996 lent, une page de Faulkner, un poème ; avec moins de talent, un long roman. De cet ouvrage, la critique américaine ne dira
997 , un poème ; avec moins de talent, un long roman. De cet ouvrage, la critique américaine ne dira pas souvent : c’est bien
998 c moins de talent, un long roman. De cet ouvrage, la critique américaine ne dira pas souvent : c’est bien écrit, mais plut
999 crit, mais plutôt : c’est effective, agissant. Et d’ une idée l’on ne demandera pas seulement qu’elle soit juste, mais qu’e
1000 plutôt : c’est effective, agissant. Et d’une idée l’ on ne demandera pas seulement qu’elle soit juste, mais qu’elle soit in
1001 donne une littérature plus apte qu’aucune autre à l’ expression du dynamisme aventureux de notre siècle. Entre la sensation
1002 cune autre à l’expression du dynamisme aventureux de notre siècle. Entre la sensation et le sensationnel, elle fait preuve
1003 on du dynamisme aventureux de notre siècle. Entre la sensation et le sensationnel, elle fait preuve d’un incomparable pouv
1004 aventureux de notre siècle. Entre la sensation et le sensationnel, elle fait preuve d’un incomparable pouvoir d’émotion. M
1005 la sensation et le sensationnel, elle fait preuve d’ un incomparable pouvoir d’émotion. Mais elle attend encore son style i
1006 onnel, elle fait preuve d’un incomparable pouvoir d’ émotion. Mais elle attend encore son style intellectuel. J’ai tenté de
1007 attend encore son style intellectuel. J’ai tenté de définir deux attitudes. Comment juger ? De la littérature qui veut ag
1008 tenté de définir deux attitudes. Comment juger ? De la littérature qui veut agir dans l’immédiat, ou de celle qui se préo
1009 nté de définir deux attitudes. Comment juger ? De la littérature qui veut agir dans l’immédiat, ou de celle qui se préoccu
1010 ment juger ? De la littérature qui veut agir dans l’ immédiat, ou de celle qui se préoccupe davantage de durer, laquelle a
1011 la littérature qui veut agir dans l’immédiat, ou de celle qui se préoccupe davantage de durer, laquelle a le plus de chan
1012 ’immédiat, ou de celle qui se préoccupe davantage de durer, laquelle a le plus de chance d’avenir dans le monde où nous al
1013 e qui se préoccupe davantage de durer, laquelle a le plus de chance d’avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en
1014 préoccupe davantage de durer, laquelle a le plus de chance d’avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en sais ri
1015 davantage de durer, laquelle a le plus de chance d’ avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en sais rien. Mais j
1016 durer, laquelle a le plus de chance d’avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en sais rien. Mais je suis sûr que
1017 entrer ? Je n’en sais rien. Mais je suis sûr que l’ écrivain français et l’écrivain américain ont beaucoup à apprendre l’u
1018 rien. Mais je suis sûr que l’écrivain français et l’ écrivain américain ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Ils m’app
1019 ’écrivain américain ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Ils m’apparaissent complémentaires comme la virilité et la f
1020 l’autre. Ils m’apparaissent complémentaires comme la virilité et la féminité, la couleur et le dessin, la poussée vitale e
1021 apparaissent complémentaires comme la virilité et la féminité, la couleur et le dessin, la poussée vitale et la retenue fo
1022 complémentaires comme la virilité et la féminité, la couleur et le dessin, la poussée vitale et la retenue formelle. Et j’
1023 s comme la virilité et la féminité, la couleur et le dessin, la poussée vitale et la retenue formelle. Et j’entrevois les
1024 virilité et la féminité, la couleur et le dessin, la poussée vitale et la retenue formelle. Et j’entrevois les plus fécond
1025 té, la couleur et le dessin, la poussée vitale et la retenue formelle. Et j’entrevois les plus féconds échanges entre ces
1026 sée vitale et la retenue formelle. Et j’entrevois les plus féconds échanges entre ces deux principes de toute civilisation,
1027 es plus féconds échanges entre ces deux principes de toute civilisation, que polarisent nos deux littératures : tradition
1028 et actualité, mise en ordre et mise en mouvement. De leur alliance naît la Liberté. f. Rougemont Denis de, « Rhétorique
1029 ordre et mise en mouvement. De leur alliance naît la Liberté. f. Rougemont Denis de, « Rhétorique américaine », Fontain
1030 r alliance naît la Liberté. f. Rougemont Denis de , « Rhétorique américaine », Fontaine, Alger, juin–juillet 1943, p. 15
1031 Fontaine, Alger, juin–juillet 1943, p. 15-17. g. L’ édition numérique se fonde sur la réédition de 1945, p. 2-4.
1032 3, p. 15-17. g. L’édition numérique se fonde sur la réédition de 1945, p. 2-4.
1033 g. L’édition numérique se fonde sur la réédition de 1945, p. 2-4.
7 1943, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)
1034 Mémoire de l’Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)h
1035 Mémoire de l’ Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)h
1036 Mémoire de l’Europe : Fragments d’ un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)h I. — Le bon vieux
1037 nal des Mauvais Temps (septembre 1943)h I. —  Le bon vieux temps présent Paris, 17 mars 1939 Le Führer a passé la
1038 e bon vieux temps présent Paris, 17 mars 1939 Le Führer a passé la nuit au Hradschin Après Vienne, avec Prague, c’es
1039 présent Paris, 17 mars 1939 Le Führer a passé la nuit au Hradschin Après Vienne, avec Prague, c’est une Europe qui v
1040 qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis
1041 mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais
1042 nt, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais les vrais paradis seront
1043 és le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais les vrais paradis seront toujours perdus : ils naissent à l’heure où on l
1044 s paradis seront toujours perdus : ils naissent à l’ heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et R
1045 nt toujours perdus : ils naissent à l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vie
1046 ils naissent à l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à
1047 l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’heure où somb
1048 rs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous l’uniform
1049 ue, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’ heure où sombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les vois s
1050 Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous l’ uniforme barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éter
1051 ombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, apr
1052 e barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans u
1053 vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’ un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirant
1054 ever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’ été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délic
1055 ts dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après l’ orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme l
1056 r éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme les secondes voi
1057 déchirante et délicieuse comme les secondes voix de Schumann. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastr
1058 nn. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe e
1059 Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en n
1060 in même de la catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en nos mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux
1061 n « bon vieux temps » de plus, tout près de nous… Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé,
1062 temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Ma
1063 s ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Mais déjà, pour b
1064 , dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’ avait vu. Mais déjà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement l’a
1065 jà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement l’ avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Pe
1066 p d’entre nous, ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un co
1067 , ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encor
1068 notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’ un coup, est encore plus proche : c’est l’an passé, c’est avant-hier,
1069 u, tout d’un coup, est encore plus proche : c’est l’ an passé, c’est avant-hier, peut-être même est-ce — aujourd’hui ? Mais
1070 is oui, peut-être vivons-nous, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de s
1071 tre vivons-nous, ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une lib
1072 derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’el
1073 ours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’ une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’elle était n
1074 parce qu’elle était notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis,
1075 tait notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs pe
1076 manière toute naturelle de respirer et de penser, d’ aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels… C
1077 le de respirer et de penser, d’aller et venir, et d’ entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels… Combien de temps encor
1078 enir nos soucis, nos plaisirs personnels… Combien de temps encore, combien de semaines pourrons-nous goûter ce répit, et s
1079 sirs personnels… Combien de temps encore, combien de semaines pourrons-nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeon
1080 ns une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrang
1081 leront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrange et brutale, où ces formes de vie
1082 sé dans une ère étrange et brutale, où ces formes de vie qui sont encore les nôtres ne peuvent plus apprivoiser le destin.
1083 ont encore les nôtres ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous d
1084 s ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il
1085 sursaut nous dresse à résister, il faudra changer le rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les
1086 ésister, il faudra changer le rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime
1087 nger le rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles
1088 ier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté
1089 der tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans les pays se
1090 ’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans les pays seulement où elles sévissent, mais aussi bien c
1091 s dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans les pays seulement où elles sévissent, mais aussi bien chez les voisins q
1092 eulement où elles sévissent, mais aussi bien chez les voisins qu’elles secouent d’un défi grossier. La liberté ne peut surv
1093 ais aussi bien chez les voisins qu’elles secouent d’ un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car ell
1094 les voisins qu’elles secouent d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car elle est vraiment comme
1095 d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car elle est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où l
1096 le est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où l’ on circule avec aisance, gardant parfois l’arrière-conscience d’un mir
1097 eux où l’on circule avec aisance, gardant parfois l’ arrière-conscience d’un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n
1098 vec aisance, gardant parfois l’arrière-conscience d’ un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’atmos
1099 lle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’ atmosphère, par le charme qu’elle fait régner. Des lois adroites et hu
1100 œuvre d’art qui n’agit que par l’atmosphère, par le charme qu’elle fait régner. Des lois adroites et humaines ne suffiron
1101 s lois adroites et humaines ne suffiront jamais à l’ assurer : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui
1102 r : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui naît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’une
1103 mat sentimental, cette espèce de naturel qui naît d’ une entente tacite, d’une confiance, presque d’une insouciance… C’est
1104 espèce de naturel qui naît d’une entente tacite, d’ une confiance, presque d’une insouciance… C’est tout cela que vient de
1105 ît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’ une insouciance… C’est tout cela que vient de mettre en question l’usu
1106 … C’est tout cela que vient de mettre en question l’ usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’
1107 tion l’usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’ a mis en question, et qu’il nous force au réalisme à sa manière, le ch
1108 on, et qu’il nous force au réalisme à sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’é
1109 i qui s’éveille et goûte encore quelques instants les délices d’un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève d
1110 lle et goûte encore quelques instants les délices d’ un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève dispense, le
1111 Mais il sait bien que c’est fini. Brève dispense, le temps d’un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolume
1112 ait bien que c’est fini. Brève dispense, le temps d’ un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans l
1113 Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans le grand jour du siècle mécanique, accepter pour un temps sa loi, en pré
1114 réservant, s’il se peut, dans nos cœurs, ce droit d’ aimer, cette bonté humaine plus inutile que jamais, dominatrice et baf
1115 natrice et bafouée. II. — Le dernier printemps de la paix En Suisse, 2 mai 1939 Combien oseraient avouer que cette m
1116 rice et bafouée. II. — Le dernier printemps de la paix En Suisse, 2 mai 1939 Combien oseraient avouer que cette mena
1117 oseraient avouer que cette menace leur rend enfin le goût de vivre ? Privilégiés qui n’éprouvent de désir pour leurs biens
1118 t avouer que cette menace leur rend enfin le goût de vivre ? Privilégiés qui n’éprouvent de désir pour leurs biens qu’à la
1119 in le goût de vivre ? Privilégiés qui n’éprouvent de désir pour leurs biens qu’à la veille de les perdre. Déshérités aussi
1120 és qui n’éprouvent de désir pour leurs biens qu’à la veille de les perdre. Déshérités aussi, qui ne re­trouvent l’espoir q
1121 prouvent de désir pour leurs biens qu’à la veille de les perdre. Déshérités aussi, qui ne re­trouvent l’espoir qu’au seuil
1122 uvent de désir pour leurs biens qu’à la veille de les perdre. Déshérités aussi, qui ne re­trouvent l’espoir qu’au seuil des
1123 les perdre. Déshérités aussi, qui ne re­trouvent l’ espoir qu’au seuil des catastrophes générales. Et j’en connais qui ne
1124 n connais qui ne parviennent à leur régime normal de vie (comme un moteur prend son régime normal à tant à l’heure) que da
1125 (comme un moteur prend son régime normal à tant à l’ heure) que dans le drame et le bouleversement des habitudes où l’énerg
1126 rend son régime normal à tant à l’heure) que dans le drame et le bouleversement des habitudes où l’énergie s’enlise. Ce be
1127 ime normal à tant à l’heure) que dans le drame et le bouleversement des habitudes où l’énergie s’enlise. Ce besoin d’être
1128 ns le drame et le bouleversement des habitudes où l’ énergie s’enlise. Ce besoin d’être provoqué pour montrer de quoi l’on
1129 nt des habitudes où l’énergie s’enlise. Ce besoin d’ être provoqué pour montrer de quoi l’on est capable est si profond, pe
1130 s’enlise. Ce besoin d’être provoqué pour montrer de quoi l’on est capable est si profond, peut-être si normal, que j’en v
1131 e. Ce besoin d’être provoqué pour montrer de quoi l’ on est capable est si profond, peut-être si normal, que j’en viens à m
1132 -mêmes, dans notre inconscient collectif. Je puis l’ avouer parce que je suis un écrivain, Il est admis que ces gens-là ont
1133 uis un écrivain, Il est admis que ces gens-là ont le droit de dire — pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’h
1134 rivain, Il est admis que ces gens-là ont le droit de dire — pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme de l
1135 admis que ces gens-là ont le droit de dire — pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue de cynism
1136 pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’ homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont p
1137 soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus cour
1138 lagement général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus courage
1139 t général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus courageux ? Ma
1140 qui ferait taxer l’homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus courageux ? Mais non. Ils so
1141 on. Ils sont tout seuls devant leur papier blanc. Les réactions à leur parole seront lointaines, ou même ils ne les connaît
1142 s à leur parole seront lointaines, ou même ils ne les connaîtront jamais… Paris, 12 mai 1939 Quatrième changement de domici
1143 t jamais… Paris, 12 mai 1939 Quatrième changement de domicile depuis le début de cette année. « Étranger et voyageur sur l
1144 mai 1939 Quatrième changement de domicile depuis le début de cette année. « Étranger et voyageur sur la terre », ainsi pe
1145 Quatrième changement de domicile depuis le début de cette année. « Étranger et voyageur sur la terre », ainsi pensais-je
1146 début de cette année. « Étranger et voyageur sur la terre », ainsi pensais-je d’autres fois, dans ces périodes de nomadis
1147 ainsi pensais-je d’autres fois, dans ces périodes de nomadisme involontaire. Aujourd’hui, je songe plutôt à quelque état d
1148 aire. Aujourd’hui, je songe plutôt à quelque état de mobilisation permanente, préventive… Militarisation de nos pensées, d
1149 bilisation permanente, préventive… Militarisation de nos pensées, de nos images. Hier, dans l’autobus, une petite dame ass
1150 nente, préventive… Militarisation de nos pensées, de nos images. Hier, dans l’autobus, une petite dame assise devant moi s
1151 isation de nos pensées, de nos images. Hier, dans l’ autobus, une petite dame assise devant moi s’écrie, voyant s’abattre u
1152 se devant moi s’écrie, voyant s’abattre une pluie d’ orage sur la Concorde : « Et moi qui ai oublié mon masque à gaz ! C’ét
1153 i s’écrie, voyant s’abattre une pluie d’orage sur la Concorde : « Et moi qui ai oublié mon masque à gaz ! C’était pourtant
1154 qui ai oublié mon masque à gaz ! C’était pourtant l’ heure ! » 14 mai 1939 La grande ville traversée dans la fatigue d’un s
1155 à gaz ! C’était pourtant l’heure ! » 14 mai 1939 La grande ville traversée dans la fatigue d’un soir pluvieux. Paris, sou
1156 re ! » 14 mai 1939 La grande ville traversée dans la fatigue d’un soir pluvieux. Paris, souffrance des visages et des corp
1157 ai 1939 La grande ville traversée dans la fatigue d’ un soir pluvieux. Paris, souffrance des visages et des corps, exercice
1158 ance des visages et des corps, exercice perpétuel de charité dans une atmosphère exténuante, hâte, érotisme, énervement. P
1159 otisme, énervement. Paris soudain considéré comme la situation spirituelle la plus extraordinaire du siècle ! Il est des ê
1160 soudain considéré comme la situation spirituelle la plus extraordinaire du siècle ! Il est des êtres et des drames dont l
1161 e du siècle ! Il est des êtres et des drames dont la vérité n’apparaît que dans cet environnement de lueurs fuyantes, d’ac
1162 t la vérité n’apparaît que dans cet environnement de lueurs fuyantes, d’activités apparemment désordonnées, de phrases ent
1163 ît que dans cet environnement de lueurs fuyantes, d’ activités apparemment désordonnées, de phrases entendues au passage, d
1164 s fuyantes, d’activités apparemment désordonnées, de phrases entendues au passage, d’infinis croisements d’existences étra
1165 nt désordonnées, de phrases entendues au passage, d’ infinis croisements d’existences étrangères. Paris propose une liberté
1166 rases entendues au passage, d’infinis croisements d’ existences étrangères. Paris propose une liberté et un danger, une rév
1167 e une liberté et un danger, une révélation totale de l’humain dans tous ses risques matériels et spirituels, impossible ai
1168 ne liberté et un danger, une révélation totale de l’ humain dans tous ses risques matériels et spirituels, impossible aille
1169 ques matériels et spirituels, impossible ailleurs de nos jours, et peut-être à toute autre époque. Imaginer là-dessus un l
1170 ù tout serait avoué, horreur et charme, à travers la vision d’un saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les caf
1171 ait avoué, horreur et charme, à travers la vision d’ un saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés, les mé
1172 sion d’un saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés, les métros. Je le vois sortant de cette église ouver
1173 saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés, les métros. Je le vois sortant de cette église ouverte, où pas
1174 ivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés, les métros. Je le vois sortant de cette église ouverte, où passe le bruit
1175 onsacrée dans les rues, les cafés, les métros. Je le vois sortant de cette église ouverte, où passe le bruit des autobus ;
1176 s rues, les cafés, les métros. Je le vois sortant de cette église ouverte, où passe le bruit des autobus ; ou bien de ce t
1177 le vois sortant de cette église ouverte, où passe le bruit des autobus ; ou bien de ce temple, un samedi soir, où la Saint
1178 ouverte, où passe le bruit des autobus ; ou bien de ce temple, un samedi soir, où la Sainte-Cène est partagée dans un sil
1179 utobus ; ou bien de ce temple, un samedi soir, où la Sainte-Cène est partagée dans un silence de catacombes. Centre du mon
1180 r, où la Sainte-Cène est partagée dans un silence de catacombes. Centre du monde ! Il s’en va, coudoyant la foule et trave
1181 tacombes. Centre du monde ! Il s’en va, coudoyant la foule et traversant les lieux publics avec cette grande Question qu’i
1182 de ! Il s’en va, coudoyant la foule et traversant les lieux publics avec cette grande Question qu’il porte dans son être, e
1183 stion qu’il porte dans son être, et qui est aussi la grande réponse ; et les démons s’éveillent sur son passage, il n’y a
1184 son être, et qui est aussi la grande réponse ; et les démons s’éveillent sur son passage, il n’y a plus nulle part d’indiff
1185 eillent sur son passage, il n’y a plus nulle part d’ indifférence possible ! Ici, le Christ reste le Scandale, l’Autre, l’A
1186 a plus nulle part d’indifférence possible ! Ici, le Christ reste le Scandale, l’Autre, l’Amour qui bouleverse le monde et
1187 rt d’indifférence possible ! Ici, le Christ reste le Scandale, l’Autre, l’Amour qui bouleverse le monde et fait surgir des
1188 ible ! Ici, le Christ reste le Scandale, l’Autre, l’ Amour qui bouleverse le monde et fait surgir des quotidiennes apparenc
1189 este le Scandale, l’Autre, l’Amour qui bouleverse le monde et fait surgir des quotidiennes apparences l’être tou­chant, bi
1190 monde et fait surgir des quotidiennes apparences l’ être tou­chant, bizarre ou monstrueux que chacun de nous dissimule. Al
1191 ’être tou­chant, bizarre ou monstrueux que chacun de nous dissimule. Alors, on verrait le réel, alors on cesserait de haïr
1192 x que chacun de nous dissimule. Alors, on verrait le réel, alors on cesserait de haïr, ou d’être déçu par l’amour, ou de s
1193 le. Alors, on verrait le réel, alors on cesserait de haïr, ou d’être déçu par l’amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui g
1194 n verrait le réel, alors on cesserait de haïr, ou d’ être déçu par l’amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui glissent au t
1195 l, alors on cesserait de haïr, ou d’être déçu par l’ amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui glissent au travers de propos
1196 cesserait de haïr, ou d’être déçu par l’amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui glissent au travers de propos superficiel
1197 ravers de propos superficiellement passionnés… Et l’ on cesserait aussi de redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans
1198 rficiellement passionnés… Et l’on cesserait aussi de redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans la paix, là où chacun
1199 t passionnés… Et l’on cesserait aussi de redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans la paix, là où chacun livre son v
1200 esserait aussi de redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans la paix, là où chacun livre son vrai combat. III. — P
1201 e redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans la paix, là où chacun livre son vrai combat. III. — Pendant la batail
1202 ù chacun livre son vrai combat. III. — Pendant la bataille des Flandres En Suisse, 24 mai 1940. Poste militaire à la
1203 dres En Suisse, 24 mai 1940. Poste militaire à la frontière Écouté la radio : opéra de Mozart. Et dans une seule bouffé
1204 4 mai 1940. Poste militaire à la frontière Écouté la radio : opéra de Mozart. Et dans une seule bouffée, toutes ces nuits
1205 militaire à la frontière Écouté la radio : opéra de Mozart. Et dans une seule bouffée, toutes ces nuits de Vienne, élégan
1206 zart. Et dans une seule bouffée, toutes ces nuits de Vienne, élégantes passions égarées, musique aux jardins jusqu’à l’aub
1207 tes passions égarées, musique aux jardins jusqu’à l’ aube… Un quart de tour, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est l
1208 ées, musique aux jardins jusqu’à l’aube… Un quart de tour, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est la fin d’un commun
1209 rdins jusqu’à l’aube… Un quart de tour, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est la fin d’un communiqué, régions perdu
1210 ns jusqu’à l’aube… Un quart de tour, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est la fin d’un communiqué, régions perdues
1211 our, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est la fin d’un communiqué, régions perdues encore, régions perdues dans le
1212 uvelles de la bataille des Flandres, c’est la fin d’ un communiqué, régions perdues encore, régions perdues dans le passé e
1213 qué, régions perdues encore, régions perdues dans le passé et territoires envahis. Le passé, le présent réduits se rétréci
1214 ons perdues dans le passé et territoires envahis. Le passé, le présent réduits se rétrécissent vers la catastrophe. Il n’e
1215 s dans le passé et territoires envahis. Le passé, le présent réduits se rétrécissent vers la catastrophe. Il n’est plus d’
1216 Le passé, le présent réduits se rétrécissent vers la catastrophe. Il n’est plus d’autre issue que la nuit, mais viendra-t-
1217 e rétrécissent vers la catastrophe. Il n’est plus d’ autre issue que la nuit, mais viendra-t-elle après ma mort ou avec ell
1218 s la catastrophe. Il n’est plus d’autre issue que la nuit, mais viendra-t-elle après ma mort ou avec elle ? Si c’est avant
1219 personne ne peut agir. » C’est quelque part dans l’ Évangile. Ou faudra-t-il enterrer nos secrets, pour d’autres qui peut-
1220 d’autres qui peut-être ne viendront jamais ? Car la carte des pays libres, hier encore presque aussi vaste que la terre,
1221 pays libres, hier encore presque aussi vaste que la terre, se rétrécit de jour en jour et d’heure en heure, à chaque fois
1222 ore presque aussi vaste que la terre, se rétrécit de jour en jour et d’heure en heure, à chaque fois que j’allume cet œil
1223 aste que la terre, se rétrécit de jour en jour et d’ heure en heure, à chaque fois que j’allume cet œil vert — pays perdus,
1224 Vaudrait-il mieux qu’alors ? Saurions-nous mieux le vivre, augmenté du souvenir de sa perte ? Mais le passé ne reviendra
1225 aurions-nous mieux le vivre, augmenté du souvenir de sa perte ? Mais le passé ne reviendra jamais, ce bon vieux temps que
1226 le vivre, augmenté du souvenir de sa perte ? Mais le passé ne reviendra jamais, ce bon vieux temps que je sentais présent
1227 que je sentais présent — un an déjà ! comme dans les chansons — même si la guerre était gagnée, même si demain nous devons
1228 — un an déjà ! comme dans les chansons — même si la guerre était gagnée, même si demain nous devons vivre encore… À quoi
1229 ous devons vivre encore… À quoi pensent-ils, ceux de la bataille ? Ont-ils de ces retours soudains vers des moments de ten
1230 devons vivre encore… À quoi pensent-ils, ceux de la bataille ? Ont-ils de ces retours soudains vers des moments de tendre
1231 À quoi pensent-ils, ceux de la bataille ? Ont-ils de ces retours soudains vers des moments de tendresse banale ? Ils devie
1232 Ont-ils de ces retours soudains vers des moments de tendresse banale ? Ils deviendraient fous de révolte… Ils en ont, ils
1233 ents de tendresse banale ? Ils deviendraient fous de révolte… Ils en ont, ils en ont sûrement quand ils s’endorment épuisé
1234 re encore ! ils en ont au réveil, affreux bonheur d’ une illusion rapide, où suis-je ? Déjà tout recommence, sans relâche,
1235 qui est vrai, nous allons en désordre au réveil. La mort, le désespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de l’unique
1236 vrai, nous allons en désordre au réveil. La mort, le désespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de l’unique nécessair
1237 réveil. La mort, le désespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de l’unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de
1238 e désespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de l’unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de la radio produisi
1239 ésespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de l’ unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de la radio produisit d
1240 reconnaissance de l’unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de la radio produisit durant cette guerre une conséquen
1241 l’unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de la radio produisit durant cette guerre une conséquence fort imprévue 
1242 unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de la radio produisit durant cette guerre une conséquence fort imprévue : e
1243 erre une conséquence fort imprévue : elle empêcha les hommes de se rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleve
1244 nséquence fort imprévue : elle empêcha les hommes de se rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleversements q
1245 vue : elle empêcha les hommes de se rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux
1246  : elle empêcha les hommes de se rendre compte de l’ ampleur et de la rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux moi
1247 ha les hommes de se rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux mois de mai et d
1248 les hommes de se rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux mois de mai et de j
1249 ité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux mois de mai et de juin 1940, on entendait répéter constamment : « Je viens d’
1250 uleversements qu’ils vivaient. Aux mois de mai et de juin 1940, on entendait répéter constamment : « Je viens d’écouter la
1251 40, on entendait répéter constamment : « Je viens d’ écouter la radio. Rien de nouveau, toujours les mêmes histoires, pas d
1252 endait répéter constamment : « Je viens d’écouter la radio. Rien de nouveau, toujours les mêmes histoires, pas de décision
1253 ens d’écouter la radio. Rien de nouveau, toujours les mêmes histoires, pas de décision… » Le monde était en train de change
1254 ien de nouveau, toujours les mêmes histoires, pas de décision… » Le monde était en train de changer de face d’un jour à l’
1255 toujours les mêmes histoires, pas de décision… » Le monde était en train de changer de face d’un jour à l’autre, mais on
1256 de décision… » Le monde était en train de changer de face d’un jour à l’autre, mais on le regardait d’heure en heure, de t
1257 ion… » Le monde était en train de changer de face d’ un jour à l’autre, mais on le regardait d’heure en heure, de trop près
1258 n de changer de face d’un jour à l’autre, mais on le regardait d’heure en heure, de trop près, on ne le voyait pas… V.
1259 de face d’un jour à l’autre, mais on le regardait d’ heure en heure, de trop près, on ne le voyait pas… V. — Lisbonne
1260 à l’autre, mais on le regardait d’heure en heure, de trop près, on ne le voyait pas… V. — Lisbonne 10 septembre 1940
1261 e regardait d’heure en heure, de trop près, on ne le voyait pas… V. — Lisbonne 10 septembre 1940 Blanche et bleue da
1262 sbonne 10 septembre 1940 Blanche et bleue dans l’ immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claqu
1263 mbre 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquants et ses rues d
1264 e 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquants et ses rues débo
1265 ses drapeaux claquants et ses rues débouchant sur le ciel, la ville aux sept collines oublie la guerre, oublie l’Europe. D
1266 aux claquants et ses rues débouchant sur le ciel, la ville aux sept collines oublie la guerre, oublie l’Europe. Dans quatr
1267 nt sur le ciel, la ville aux sept collines oublie la guerre, oublie l’Europe. Dans quatre jours, nous embarquons pour l’Am
1268 ville aux sept collines oublie la guerre, oublie l’ Europe. Dans quatre jours, nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici,
1269 l’Europe. Dans quatre jours, nous embarquons pour l’ Amérique. Mais ici, je fais le serment d’opposer une stricte mémoire à
1270 ous embarquons pour l’Amérique. Mais ici, je fais le serment d’opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la
1271 ons pour l’Amérique. Mais ici, je fais le serment d’ opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la Vie, toujo
1272 e fais le serment d’opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la Vie, toujours pressée d’imaginer un monde
1273 ser une stricte mémoire à la candeur intarissable de la Vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore cont
1274 une stricte mémoire à la candeur intarissable de la Vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore continu
1275 candeur intarissable de la Vie, toujours pressée d’ imaginer un monde où tout peut encore continuer. J’ai vu la civilisati
1276 r un monde où tout peut encore continuer. J’ai vu la civilisation frappée au cœur, je l’ai vue chanceler, je sais qu’elle
1277 nuer. J’ai vu la civilisation frappée au cœur, je l’ ai vue chanceler, je sais qu’elle peut mourir. J’ai vu la France, comm
1278 e chanceler, je sais qu’elle peut mourir. J’ai vu la France, comme un homme qui vient de tomber sur la tête, qui se relève
1279 la France, comme un homme qui vient de tomber sur la tête, qui se relève, se tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t
1280 vre ? A-t-il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu l’ Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre en
1281 il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le dém
1282 ait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne de cendre et d’ esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le
1283 ’ai vu l’Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai
1284 sprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse,
1285 de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des he
1286 iaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonné
1287 ue et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées
1288 rhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’ invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées du Nord, et
1289 andonnées du Nord, et que nos paysans s’efforcent d’ arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître les
1290 ’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bas
1291 renaître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève autour du massif
1292 rt, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’ une liberté qui ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons-nous,
1293 ole d’une liberté qui ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons-nous, car tout peut périr. Nous qui sommes encore ép
1294 ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce ! VI. — Souvenir de la paix française En Amérique, novemb
1295 dons pas notre délai de grâce ! VI. — Souvenir de la paix française En Amérique, novembre 1940 Périgny… C’était bien
1296 s pas notre délai de grâce ! VI. — Souvenir de la paix française En Amérique, novembre 1940 Périgny… C’était bien ce
1297 était bien ce nom-là ? Un long village en bordure de la route. D’un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre el
1298 it bien ce nom-là ? Un long village en bordure de la route. D’un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre elles
1299 nom-là ? Un long village en bordure de la route. D’ un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre elles s’élevaie
1300 n long village en bordure de la route. D’un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre elles s’élevaient à peine d
1301 te. D’un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre elles s’élevaient à peine d’un étage au-dessus des champs de
1302 une vallée, de l’autre elles s’élevaient à peine d’ un étage au-dessus des champs de roses et des blés, au bord du plateau
1303 élevaient à peine d’un étage au-dessus des champs de roses et des blés, au bord du plateau de la Brie. Je montais vers Pér
1304 s champs de roses et des blés, au bord du plateau de la Brie. Je montais vers Périgny par un sentier fort raide entre les
1305 hamps de roses et des blés, au bord du plateau de la Brie. Je montais vers Périgny par un sentier fort raide entre les ron
1306 tais vers Périgny par un sentier fort raide entre les ronces, aboutissant à de vieux escaliers. Une seule rangée de maisons
1307 entier fort raide entre les ronces, aboutissant à de vieux escaliers. Une seule rangée de maisons à traverser, et l’on par
1308 boutissant à de vieux escaliers. Une seule rangée de maisons à traverser, et l’on parvient à la grand-rue : comme elle est
1309 iers. Une seule rangée de maisons à traverser, et l’ on parvient à la grand-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoise
1310 rangée de maisons à traverser, et l’on parvient à la grand-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassent p
1311 n parvient à la grand-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge
1312 à la grand-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ ardoises ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge, patinée
1313 est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge, patinées par les vents. Rares sont l
1314 es ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’ âge, patinées par les vents. Rares sont les boutiques, et même les caf
1315 les façades nues, brunies par l’âge, patinées par les vents. Rares sont les boutiques, et même les cafés. Et s’il passe une
1316 ies par l’âge, patinées par les vents. Rares sont les boutiques, et même les cafés. Et s’il passe une auto, c’est une de ce
1317 par les vents. Rares sont les boutiques, et même les cafés. Et s’il passe une auto, c’est une de ces voitures branlantes q
1318 même les cafés. Et s’il passe une auto, c’est une de ces voitures branlantes qui semblent ne pouvoir rouler que sur les ro
1319 branlantes qui semblent ne pouvoir rouler que sur les routes écartées, d’une ferme au marché le plus proche. Nulle part au
1320 nt ne pouvoir rouler que sur les routes écartées, d’ une ferme au marché le plus proche. Nulle part au monde la vie n’appar
1321 ue sur les routes écartées, d’une ferme au marché le plus proche. Nulle part au monde la vie n’apparaît si discrète, si pa
1322 rme au marché le plus proche. Nulle part au monde la vie n’apparaît si discrète, si pacifique et séculaire. Ce pays-là n’e
1323 ié des tons et des lignes humaines, humilité sous la douceur du ciel, retrait des âmes dans leur destin. Je longeais cette
1324 tin. Je longeais cette rue silencieuse, imaginant d’ y vivre un jour dans une fermette aux volets pâles, sans adresse, au r
1325 ermette aux volets pâles, sans adresse, au ras de la plaine. Un peu avant la sortie du village, la rue bifurque : une rout
1326 , sans adresse, au ras de la plaine. Un peu avant la sortie du village, la rue bifurque : une route prend à droite, vers l
1327 de la plaine. Un peu avant la sortie du village, la rue bifurque : une route prend à droite, vers la plaine, escortée de
1328 la rue bifurque : une route prend à droite, vers la plaine, escortée de quelques maisons ; l’autre s’incline lentement ve
1329 ne route prend à droite, vers la plaine, escortée de quelques maisons ; l’autre s’incline lentement vers la vallée, dans l
1330 elques maisons ; l’autre s’incline lentement vers la vallée, dans les vergers. Je m’étais arrêté à cet endroit, hésitant s
1331 l’autre s’incline lentement vers la vallée, dans les vergers. Je m’étais arrêté à cet endroit, hésitant sur le chemin à pr
1332 rs. Je m’étais arrêté à cet endroit, hésitant sur le chemin à prendre. Et soudain, je vis à mes pieds, tracé à la craie su
1333 prendre. Et soudain, je vis à mes pieds, tracé à la craie sur le sol, un grand cercle entourant une inscription en lettre
1334 soudain, je vis à mes pieds, tracé à la craie sur le sol, un grand cercle entourant une inscription en lettres capitales b
1335 x du village, silence des rues vides ouvertes sur le ciel et sur les blés. J’étais là fasciné comme par la découverte d’un
1336 ilence des rues vides ouvertes sur le ciel et sur les blés. J’étais là fasciné comme par la découverte d’un secret de pudeu
1337 iel et sur les blés. J’étais là fasciné comme par la découverte d’un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce vill
1338 blés. J’étais là fasciné comme par la découverte d’ un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce village aux volets
1339 is là fasciné comme par la découverte d’un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce village aux volets clos. Imagi
1340 e d’un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce village aux volets clos. Imaginant une idylle muette. Celui qui re
1341 trouve personne. Mais ses outils sont là, contre le mur. Il reprend le chemin de son champ. En passant au carrefour, il s
1342 ais ses outils sont là, contre le mur. Il reprend le chemin de son champ. En passant au carrefour, il s’est dit : « Peut-ê
1343 tils sont là, contre le mur. Il reprend le chemin de son champ. En passant au carrefour, il s’est dit : « Peut-être est-el
1344 : « Peut-être est-elle à Mandres, c’est donc jour de marché. » Il a écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage
1345 l a écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’ usage du pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moindre signe
1346 s. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage du pays, l’ intimité des choses de toujours. Et le moindre signe suffît. Je suis r
1347 a rejoint l’usage du pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moindre signe suffît. Je suis redescendu vers la vall
1348 ge du pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moindre signe suffît. Je suis redescendu vers la vallée de l’Yerre, q
1349 le moindre signe suffît. Je suis redescendu vers la vallée de l’Yerre, qui coule entre des saules et des peupliers blancs
1350 e signe suffît. Je suis redescendu vers la vallée de l’Yerre, qui coule entre des saules et des peupliers blancs. Il faisa
1351 igne suffît. Je suis redescendu vers la vallée de l’ Yerre, qui coule entre des saules et des peupliers blancs. Il faisait
1352 t des peupliers blancs. Il faisait lourd et doux, le goudron de la route sentait plus fort que les champs de roses, et des
1353 iers blancs. Il faisait lourd et doux, le goudron de la route sentait plus fort que les champs de roses, et des nuages noi
1354 s blancs. Il faisait lourd et doux, le goudron de la route sentait plus fort que les champs de roses, et des nuages noirs
1355 oux, le goudron de la route sentait plus fort que les champs de roses, et des nuages noirs traînaient sur les vergers. J’ai
1356 dron de la route sentait plus fort que les champs de roses, et des nuages noirs traînaient sur les vergers. J’ai su, plus
1357 amps de roses, et des nuages noirs traînaient sur les vergers. J’ai su, plus tard, que ce jour-là, j’avais fait mes adieux
1358 s tard, que ce jour-là, j’avais fait mes adieux à la France. VII. — Mémoire de l’Europe 1943 Je ne savais pas que to
1359 is fait mes adieux à la France. VII. — Mémoire de l’Europe 1943 Je ne savais pas que tout était si près là-bas. J’ét
1360 fait mes adieux à la France. VII. — Mémoire de l’ Europe 1943 Je ne savais pas que tout était si près là-bas. J’étais
1361 étais baigné. J’étais fondé. Et je marchais parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l
1362 is parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’é
1363 séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’ on ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces
1364 numents que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’ écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers un
1365 ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers une place plantée
1366 s qui tournaient doucement vers une place plantée d’ arbres et déserte, aux rendez-vous manqués où je me retrouvais… « Je t
1367 etrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit. L’ Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était pro
1368 . J’aime ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’ amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être
1369 ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être présent q
1370 urope était patrie d’amour. Le silence attendait, l’ absence était profonde, et chaque être présent questionnait, répondait
1371 , et chaque être présent questionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obs
1372 questionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la con
1373 ée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la contemplation jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps
1374 ne obscure, ou bien dans la contemplation jalouse d’ un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et not
1375 e d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait
1376 jà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fre
1377 ion la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’une journée q
1378 au silence. La force était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’une journée qui se liait aux autres… (Quand ta forc
1379 e était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’ une journée qui se liait aux autres… (Quand ta force devient visible,
1380 res… (Quand ta force devient visible, c’est comme le sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va). La force était mémoire
1381 le sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va). La force était mémoire et allusion, elle était ce vieil arbre tenace. El
1382 ion, elle était ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en
1383 t ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle
1384 ait la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Q
1385 ceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’ un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me
1386 ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que
1387 é d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe e
1388 ’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’ amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est
1389 pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’ Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su
1390 Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’ Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant
1391 souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et
1392 n vie tant de passé, et garder tant de morts dans la présence, elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’avenir.
1393 nt de morts dans la présence, elle ne cessera pas d’ engendrer. Elle a maîtrise d’avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémo
1394 elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’ avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe », Revue de l
1395 Elle a maîtrise d’avenir. h. Rougemont Denis de , « Mémoire de l’Europe », Revue de la pensée française, New York, sep
1396 se d’avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe », Revue de la pensée française, New York, septembre 1943, p
1397 d’avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’ Europe », Revue de la pensée française, New York, septembre 1943, p. 2
1398 ougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe », Revue de la pensée française, New York, septembre 1943, p. 22-29.
1399 emont Denis de, « Mémoire de l’Europe », Revue de la pensée française, New York, septembre 1943, p. 22-29.
8 1944, Articles divers (1941-1946). Un peuple se révèle dans le malheur (février 1944)
1400 Un peuple se révèle dans le malheur (février 1944)k Autrefois et naguère encore, avant l’occup
1401 rier 1944)k Autrefois et naguère encore, avant l’ occupation allemande, les étrangers qui n’avaient pas voyagé en France
1402 et naguère encore, avant l’occupation allemande, les étrangers qui n’avaient pas voyagé en France, ou ceux qui n’avaient v
1403 as voyagé en France, ou ceux qui n’avaient vu que les lieux de plaisir de la capitale, connaissaient et jugeaient la France
1404 en France, ou ceux qui n’avaient vu que les lieux de plaisir de la capitale, connaissaient et jugeaient la France par ses
1405 ou ceux qui n’avaient vu que les lieux de plaisir de la capitale, connaissaient et jugeaient la France par ses vedettes. À
1406 ceux qui n’avaient vu que les lieux de plaisir de la capitale, connaissaient et jugeaient la France par ses vedettes. À le
1407 laisir de la capitale, connaissaient et jugeaient la France par ses vedettes. À leurs yeux, tout Français devait ressemble
1408 s yeux, tout Français devait ressembler aux types d’ humanité que représentaient dans le monde les acteurs à succès, les éc
1409 bler aux types d’humanité que représentaient dans le monde les acteurs à succès, les écrivains célèbres, les modèles des g
1410 types d’humanité que représentaient dans le monde les acteurs à succès, les écrivains célèbres, les modèles des grands cout
1411 eprésentaient dans le monde les acteurs à succès, les écrivains célèbres, les modèles des grands couturiers, ou même les ch
1412 nde les acteurs à succès, les écrivains célèbres, les modèles des grands couturiers, ou même les chefs cuisiniers des palac
1413 èbres, les modèles des grands couturiers, ou même les chefs cuisiniers des palaces internationaux. Le mot Français évoquait
1414 les chefs cuisiniers des palaces internationaux. Le mot Français évoquait aussitôt l’image d’une moustache à la Menjou et
1415 internationaux. Le mot Français évoquait aussitôt l’ image d’une moustache à la Menjou et d’une boutonnière fleurie, d’un s
1416 ionaux. Le mot Français évoquait aussitôt l’image d’ une moustache à la Menjou et d’une boutonnière fleurie, d’un sourire c
1417 nçais évoquait aussitôt l’image d’une moustache à la Menjou et d’une boutonnière fleurie, d’un sourire charmeur à la Charl
1418 t aussitôt l’image d’une moustache à la Menjou et d’ une boutonnière fleurie, d’un sourire charmeur à la Charles Boyer, l’a
1419 ustache à la Menjou et d’une boutonnière fleurie, d’ un sourire charmeur à la Charles Boyer, l’aimable scepticisme d’un Ana
1420 ’une boutonnière fleurie, d’un sourire charmeur à la Charles Boyer, l’aimable scepticisme d’un Anatole France, l’élégance
1421 leurie, d’un sourire charmeur à la Charles Boyer, l’ aimable scepticisme d’un Anatole France, l’élégance d’une ligne parisi
1422 harmeur à la Charles Boyer, l’aimable scepticisme d’ un Anatole France, l’élégance d’une ligne parisienne, l’étiquette d’un
1423 Boyer, l’aimable scepticisme d’un Anatole France, l’ élégance d’une ligne parisienne, l’étiquette d’un bourgogne fameux pré
1424 mable scepticisme d’un Anatole France, l’élégance d’ une ligne parisienne, l’étiquette d’un bourgogne fameux présenté par l
1425 natole France, l’élégance d’une ligne parisienne, l’ étiquette d’un bourgogne fameux présenté par le maître d’hôtel. Tout c
1426 e, l’élégance d’une ligne parisienne, l’étiquette d’ un bourgogne fameux présenté par le maître d’hôtel. Tout cela c’était
1427 e, l’étiquette d’un bourgogne fameux présenté par le maître d’hôtel. Tout cela c’était le cliché « France ». C’était charm
1428 présenté par le maître d’hôtel. Tout cela c’était le cliché « France ». C’était charmant, c’était piquant, indéfinissablem
1429 c’était piquant, indéfinissablement féminin comme le sont la plupart des vedettes. Mais où était dans tout cela le vrai pe
1430 lupart des vedettes. Mais où était dans tout cela le vrai peuple de la vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est l
1431 ttes. Mais où était dans tout cela le vrai peuple de la vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le pl
1432 s. Mais où était dans tout cela le vrai peuple de la vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le plus
1433 vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le plus affreux de son Histoire qui le révèle au monde, aujou
1434 e ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le plus affreux de son Histoire qui le révèle au monde, aujourd’hui, dan
1435 guère invisible, c’est le malheur le plus affreux de son Histoire qui le révèle au monde, aujourd’hui, dans sa véritable g
1436 st le malheur le plus affreux de son Histoire qui le révèle au monde, aujourd’hui, dans sa véritable grandeur. Les journau
1437 u monde, aujourd’hui, dans sa véritable grandeur. Les journaux qui nous apportent des nouvelles de la résistance à l’intéri
1438 ur. Les journaux qui nous apportent des nouvelles de la résistance à l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de
1439 Les journaux qui nous apportent des nouvelles de la résistance à l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de Fra
1440 i nous apportent des nouvelles de la résistance à l’ intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits
1441 l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits et les témoignages qui ont été publiés secrètemen
1442 du pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits et les témoignages qui ont été publiés secrètement par les mou
1443 nous parlent du peuple de France ; les récits et les témoignages qui ont été publiés secrètement par les mouvements de rés
1444 s témoignages qui ont été publiés secrètement par les mouvements de résistance et qui parviennent sous nos yeux nous parlen
1445 ui ont été publiés secrètement par les mouvements de résistance et qui parviennent sous nos yeux nous parlent du peuple de
1446 parviennent sous nos yeux nous parlent du peuple de France ; et les films composés à Hollywood ou à Londres sur l’organis
1447 us nos yeux nous parlent du peuple de France ; et les films composés à Hollywood ou à Londres sur l’organisation de la rési
1448 t les films composés à Hollywood ou à Londres sur l’ organisation de la résistance à Paris ou en province, ne nous montrent
1449 posés à Hollywood ou à Londres sur l’organisation de la résistance à Paris ou en province, ne nous montrent encore que le
1450 és à Hollywood ou à Londres sur l’organisation de la résistance à Paris ou en province, ne nous montrent encore que le peu
1451 Paris ou en province, ne nous montrent encore que le peuple de France, pour la première fois. Le peuple anonyme, le peuple
1452 n province, ne nous montrent encore que le peuple de France, pour la première fois. Le peuple anonyme, le peuple unanime,
1453 e que le peuple de France, pour la première fois. Le peuple anonyme, le peuple unanime, le peuple sans vedettes et le voic
1454 France, pour la première fois. Le peuple anonyme, le peuple unanime, le peuple sans vedettes et le voici enfin devenu la v
1455 mière fois. Le peuple anonyme, le peuple unanime, le peuple sans vedettes et le voici enfin devenu la vraie vedette, malgr
1456 me, le peuple unanime, le peuple sans vedettes et le voici enfin devenu la vraie vedette, malgré lui, de la France et de s
1457 le peuple sans vedettes et le voici enfin devenu la vraie vedette, malgré lui, de la France et de sa résistance. J’ai vu
1458 voici enfin devenu la vraie vedette, malgré lui, de la France et de sa résistance. J’ai vu à New York la plupart de ces f
1459 ici enfin devenu la vraie vedette, malgré lui, de la France et de sa résistance. J’ai vu à New York la plupart de ces film
1460 enu la vraie vedette, malgré lui, de la France et de sa résistance. J’ai vu à New York la plupart de ces films qui emprunt
1461 runtent leur sujet à certains épisodes véridiques de la lutte contre l’envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assi
1462 tent leur sujet à certains épisodes véridiques de la lutte contre l’envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assignm
1463 à certains épisodes véridiques de la lutte contre l’ envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assignment in Brittany,
1464 de la lutte contre l’envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assignment in Brittany, et je cite au hasard, il y en a
1465 lutte contre l’envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assignment in Brittany, et je cite au hasard, il y en a tan
1466 rittany, et je cite au hasard, il y en a tant. Je les ai vus avec des amis, tantôt américains, tantôt français. Les Françai
1467 vec des amis, tantôt américains, tantôt français. Les Français critiquaient beaucoup. Le décor était inexact, les situation
1468 tôt français. Les Français critiquaient beaucoup. Le décor était inexact, les situations pas toujours vraisemblables, les
1469 is critiquaient beaucoup. Le décor était inexact, les situations pas toujours vraisemblables, les traîtres trop conventionn
1470 xact, les situations pas toujours vraisemblables, les traîtres trop conventionnels, et finalement l’inévitable raid de comm
1471 , les traîtres trop conventionnels, et finalement l’ inévitable raid de commandos sauvait tout le monde comme dans les cont
1472 p conventionnels, et finalement l’inévitable raid de commandos sauvait tout le monde comme dans les contes de fées. Mais j
1473 aid de commandos sauvait tout le monde comme dans les contes de fées. Mais je regardais mes amis du coin de l’œil : en crit
1474 andos sauvait tout le monde comme dans les contes de fées. Mais je regardais mes amis du coin de l’œil : en critiquant, il
1475 ette pudeur. Quant aux Américains, ils exultaient de confiance, en crescendo, jusqu’à la « Marseillaise » finale. On peut
1476 ls exultaient de confiance, en crescendo, jusqu’à la « Marseillaise » finale. On peut penser tout ce que l’on veut de ces
1477 Marseillaise » finale. On peut penser tout ce que l’ on veut de ces films, du pire au bien ; j’en retiens pour ma part qu’i
1478 se » finale. On peut penser tout ce que l’on veut de ces films, du pire au bien ; j’en retiens pour ma part qu’ils nous pr
1479 retiens pour ma part qu’ils nous présentent enfin le petit peuple français comme le grand héros de la France. Soudain, l’é
1480 s présentent enfin le petit peuple français comme le grand héros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité
1481 fin le petit peuple français comme le grand héros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille
1482 le petit peuple français comme le grand héros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que
1483 nçais comme le grand héros de la France. Soudain, l’ étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que l’Europe mais const
1484 éros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’ une vérité aussi vieille que l’Europe mais constamment méconnue ou nié
1485 tranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que l’ Europe mais constamment méconnue ou niée, et souvent par la faute des
1486 mais constamment méconnue ou niée, et souvent par la faute des élites parisiennes : le peuple de France est grave, ou plus
1487 et souvent par la faute des élites parisiennes : le peuple de France est grave, ou plus exactement il est sérieux. Il n’e
1488 t par la faute des élites parisiennes : le peuple de France est grave, ou plus exactement il est sérieux. Il n’est pas ava
1489 t cela qu’en second lieu, et comme par luxe. Dans le fond et d’abord, il est sérieux, plus qu’aucun autre peuple dont j’ai
1490 rieux, plus qu’aucun autre peuple dont j’aie vécu la vie. Seulement, il est sérieux sans pose, avec pudeur, préférant affe
1491 érieux sans pose, avec pudeur, préférant affecter la blague et le scepticisme plutôt que de paraître exagérer sa peine. Ca
1492 ose, avec pudeur, préférant affecter la blague et le scepticisme plutôt que de paraître exagérer sa peine. Car il pense d’
1493 t affecter la blague et le scepticisme plutôt que de paraître exagérer sa peine. Car il pense d’instinct, comme Talleyrand
1494 t que de paraître exagérer sa peine. Car il pense d’ instinct, comme Talleyrand, que « ce qui est exagéré n’est pas sérieux
1495 est exagéré n’est pas sérieux ». Ce qui me frappe le plus, dans les films que je citais, et dans les témoignages directs v
1496 est pas sérieux ». Ce qui me frappe le plus, dans les films que je citais, et dans les témoignages directs venus de France
1497 pe le plus, dans les films que je citais, et dans les témoignages directs venus de France sur la lutte contre les nazis, c’
1498 dans les témoignages directs venus de France sur la lutte contre les nazis, c’est l’absence de grands gestes théâtraux, l
1499 nages directs venus de France sur la lutte contre les nazis, c’est l’absence de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à
1500 us de France sur la lutte contre les nazis, c’est l’ absence de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à l’éloquence tra
1501 ce sur la lutte contre les nazis, c’est l’absence de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à l’éloquence traditionnell
1502 azis, c’est l’absence de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à l’éloquence traditionnelle, le refus même de se compl
1503 ce de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à l’ éloquence traditionnelle, le refus même de se complaire dans le lyrism
1504 x, la sourdine mise à l’éloquence traditionnelle, le refus même de se complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est
1505 mise à l’éloquence traditionnelle, le refus même de se complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire
1506 raditionnelle, le refus même de se complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’hér
1507 le, le refus même de se complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’héroïsme popul
1508 le refus même de se complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’héroïsme populair
1509 lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’héroïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif s’es
1510 la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’héroïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif s’est révélé fa
1511 catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’ héroïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif s’est révélé face
1512 gard vif s’est révélé face au danger. Il manquait d’ armes, il lutte avec sa dignité impénétrable aux tentations de la Brut
1513 lutte avec sa dignité impénétrable aux tentations de la Brute. On avait dit aux jeunes nazis qu’ils allaient conquérir un
1514 te avec sa dignité impénétrable aux tentations de la Brute. On avait dit aux jeunes nazis qu’ils allaient conquérir un pay
1515 ux jeunes nazis qu’ils allaient conquérir un pays de bavards, de coquettes et de politiciens véreux. Après quelques semain
1516 zis qu’ils allaient conquérir un pays de bavards, de coquettes et de politiciens véreux. Après quelques semaines en territ
1517 ent conquérir un pays de bavards, de coquettes et de politiciens véreux. Après quelques semaines en territoire conquis, l’
1518 x. Après quelques semaines en territoire conquis, l’ Allemand s’est senti dominé par une force étrange et qui l’intimidait 
1519 d s’est senti dominé par une force étrange et qui l’ intimidait : le regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce
1520 ominé par une force étrange et qui l’intimidait : le regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce jugement préci
1521 e étrange et qui l’intimidait : le regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien
1522 trange et qui l’intimidait : le regard sérieux de l’ homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plu
1523 ui l’intimidait : le regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plus insupport
1524 l’intimidait : le regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plus insupportabl
1525 récis et humain, bien plus insupportable que tous les cris de haines. Ils ne savaient pas cela, les jeunes Allemands, on ne
1526 humain, bien plus insupportable que tous les cris de haines. Ils ne savaient pas cela, les jeunes Allemands, on ne leur av
1527 ous les cris de haines. Ils ne savaient pas cela, les jeunes Allemands, on ne leur avait jamais parlé du vrai peuple de la
1528 nds, on ne leur avait jamais parlé du vrai peuple de la vraie France. Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec u
1529 , on ne leur avait jamais parlé du vrai peuple de la vraie France. Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec une
1530 rai peuple de la vraie France. Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec une rage panique ; ils continuent, mais
1531 a vraie France. Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec une rage panique ; ils continuent, mais ils se savent b
1532 ls ont rencontré ce regard… k. Rougemont Denis de , « Un peuple se révèle dans le malheur », Fontaine, Alger, février 19
1533 . Rougemont Denis de, « Un peuple se révèle dans le malheur », Fontaine, Alger, février 1944, p. 353-354.
9 1944, Articles divers (1941-1946). Ars prophetica, ou D’un langage qui ne veut pas être clair (hiver 1944)
1534 Ars prophetica, ou D’ un langage qui ne veut pas être clair (hiver 1944)j Un critique. J
1535 j Un critique. J’ai lu vos deux dialogues sur la carte postale6, je les aime bien… Enfin il n’est pas exact que je les
1536 i lu vos deux dialogues sur la carte postale6, je les aime bien… Enfin il n’est pas exact que je les aime bien. Ils m’irrit
1537 je les aime bien… Enfin il n’est pas exact que je les aime bien. Ils m’irritent et m’agacent. Mais je ne les oublie pas.7
1538 ime bien. Ils m’irritent et m’agacent. Mais je ne les oublie pas.7 L’auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il
1539 itent et m’agacent. Mais je ne les oublie pas.7 L’ auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il me semble parfois
1540 ’agacent. Mais je ne les oublie pas.7 L’auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’e
1541 lie pas.7 L’auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’est pas de louange préférable
1542 a plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’est pas de louange préférable à celle-ci qu’on me fasse grief de mes écrits. J’y
1543 ouange préférable à celle-ci qu’on me fasse grief de mes écrits. J’y voudrais voir la preuve d’une certaine grièveté qu’il
1544 n me fasse grief de mes écrits. J’y voudrais voir la preuve d’une certaine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d
1545 grief de mes écrits. J’y voudrais voir la preuve d’ une certaine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d’une bless
1546 ine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d’ une blessure… Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’une
1547 ls présentent, comme cela se dit d’une blessure… Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’une exagération de m
1548 Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’ une exagération de ma critique… Ce qui me gênait, je crois, c’est qu’à
1549 oui… Mais ne tirez pas argument d’une exagération de ma critique… Ce qui me gênait, je crois, c’est qu’à mon sens vous n’ê
1550 u’à mon sens vous n’êtes pas encore assez clair. L’ auteur. Et pourquoi je vous prie, être clair ? Vous n’allez pas me dir
1551 , être clair ? Vous n’allez pas me dire que c’est la bonne manière de se faire comprendre ? Le critique. On voudrait être
1552 us n’allez pas me dire que c’est la bonne manière de se faire comprendre ? Le critique. On voudrait être sûr que vous vou
1553 c’est la bonne manière de se faire comprendre ? Le critique. On voudrait être sûr que vous vous comprenez assez. L’aute
1554 voudrait être sûr que vous vous comprenez assez. L’ auteur. Assez pour quoi ? C. Assez pour n’être point la dupe de vos p
1555 ur. Assez pour quoi ? C. Assez pour n’être point la dupe de vos phrases. Écrire, et surtout en français, ce n’est pas jou
1556 z pour quoi ? C. Assez pour n’être point la dupe de vos phrases. Écrire, et surtout en français, ce n’est pas jouer du vi
1557 t en français, ce n’est pas jouer du violon. Tout d’ un coup vous le prenez à double corde, et l’on distingue mal les passa
1558 ce n’est pas jouer du violon. Tout d’un coup vous le prenez à double corde, et l’on distingue mal les passages, vous chang
1559 Tout d’un coup vous le prenez à double corde, et l’ on distingue mal les passages, vous changez de ton et l’on voudrait sa
1560 s le prenez à double corde, et l’on distingue mal les passages, vous changez de ton et l’on voudrait savoir que vous le sav
1561 et l’on distingue mal les passages, vous changez de ton et l’on voudrait savoir que vous le savez… Il me semble que vous
1562 istingue mal les passages, vous changez de ton et l’ on voudrait savoir que vous le savez… Il me semble que vous manquez de
1563 s changez de ton et l’on voudrait savoir que vous le savez… Il me semble que vous manquez de méchanceté pour vos idées. El
1564 que vous le savez… Il me semble que vous manquez de méchanceté pour vos idées. Elles vous séduisent de loin et quand vous
1565 e méchanceté pour vos idées. Elles vous séduisent de loin et quand vous nous les présentez, elles ont déjà votre complicit
1566 . Elles vous séduisent de loin et quand vous nous les présentez, elles ont déjà votre complicité, je ne sais quel air de pa
1567 es ont déjà votre complicité, je ne sais quel air de passion, un peu trop tôt — qui nous surprend… A. N’est-ce pas toujou
1568 avouable ? C. Certes, mais il faudrait composer les entrées. Il faudrait nous persuader que vos goûts sont bien des raiso
1569 ces raisons sont les nôtres. Ou bien vous faites de la poésie, et alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous nous p
1570 s raisons sont les nôtres. Ou bien vous faites de la poésie, et alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous nous parl
1571 jouez sur des surprises, ou bien vous nous parlez d’ idées, et dans ce cas, il faut que nous pensions à chaque instant : « 
1572 t que nous pensions à chaque instant : « j’allais le dire ! » Mais ne mêlez pas tout, sinon l’on soupçonnera quelque trich
1573 ’allais le dire ! » Mais ne mêlez pas tout, sinon l’ on soupçonnera quelque tricherie. A. Voulez-vous que nous parlions de
1574 lque tricherie. A. Voulez-vous que nous parlions de la clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs
1575 e tricherie. A. Voulez-vous que nous parlions de la clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs du
1576 té ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs du sujet de mes deux précédents dialogues. C. Du moins sere
1577 que cela nous ramènera dans les environs du sujet de mes deux précédents dialogues. C. Du moins serez-vous en garde contr
1578 tre obscurité ? A. C’est justement ce parti pris de clarté que je voudrais proposer maintenant à votre réflexion méfiante
1579 er maintenant à votre réflexion méfiante. Si vous le permettez, je m’offrirai le ridicule de défendre mon propre point de
1580 ion méfiante. Si vous le permettez, je m’offrirai le ridicule de défendre mon propre point de vue. Il se peut que cette ma
1581 . Si vous le permettez, je m’offrirai le ridicule de défendre mon propre point de vue. Il se peut que cette maladresse m’e
1582 ste nous sommes entre nous et vous n’abuserez pas de mes aveux… D’autant qu’ils seront probablement exagérés. C. Que de p
1583 tant qu’ils seront probablement exagérés. C. Que de précautions ! Vous êtes en train d’imiter ce héros de je ne sais quel
1584 récautions ! Vous êtes en train d’imiter ce héros de je ne sais quel album de Toepffer, qui feint de feindre afin de mieux
1585 train d’imiter ce héros de je ne sais quel album de Toepffer, qui feint de feindre afin de mieux dissimuler. — Qu’est-ce
1586 s de je ne sais quel album de Toepffer, qui feint de feindre afin de mieux dissimuler. — Qu’est-ce qu’être clair, à votre
1587 ’est-ce qu’être clair, à votre avis ? A. Dès que l’ on pose cette question, il me semble qu’on se voit condamné à des répo
1588 s ou plates ou mystérieuses. Ne serait-ce pas que la clarté n’est qu’une convention de langage ? J’entends : un mot de pas
1589 rait-ce pas que la clarté n’est qu’une convention de langage ? J’entends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce de s
1590 qu’une convention de langage ? J’entends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… C. Hé
1591 nvention de langage ? J’entends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… C. Hé quoi ! v
1592 ntion de langage ? J’entends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… C. Hé quoi ! vous
1593 ends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… C. Hé quoi ! vous savez bien que tout not
1594 e de la tribu, ou une espèce de style garanti par l’ usage… C. Hé quoi ! vous savez bien que tout notre langage est un sys
1595 ntifique, qui se distingue du langage courant par le souci de contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode
1596 qui se distingue du langage courant par le souci de contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode d’expres
1597 e contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode d’expression possible. C. Précisément je souhaitais de vou
1598 es conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode d’ expression possible. C. Précisément je souhaitais de vous voir choisi
1599 xpression possible. C. Précisément je souhaitais de vous voir choisir entre un langage franchement poétique et ce langage
1600 es ! Mais il faudrait s’entendre tout d’abord sur la nécessité de cette clarté. Pour ma part je ne saurais concevoir ni re
1601 faudrait s’entendre tout d’abord sur la nécessité de cette clarté. Pour ma part je ne saurais concevoir ni respecter d’aut
1602 Pour ma part je ne saurais concevoir ni respecter d’ autre nécessité en général que celle qu’impose la fin de toute pensée.
1603 d’autre nécessité en général que celle qu’impose la fin de toute pensée. C. Restons, si vous le voulez, sur le plan du l
1604 e nécessité en général que celle qu’impose la fin de toute pensée. C. Restons, si vous le voulez, sur le plan du langage.
1605 pose la fin de toute pensée. C. Restons, si vous le voulez, sur le plan du langage. N’est-ce pas la cohérence des raisons
1606 s le voulez, sur le plan du langage. N’est-ce pas la cohérence des raisons et à la fois l’exact ajustement de ces raisons
1607 ’est-ce pas la cohérence des raisons et à la fois l’ exact ajustement de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de
1608 rence des raisons et à la fois l’exact ajustement de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de l’expression ? A.
1609 et à la fois l’exact ajustement de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de l’expression ? A. Oui, dans un mond
1610 tement de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de l’expression ? A. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire
1611 de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de l’expression ? A. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans le
1612 ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de l’ expression ? A. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans le mo
1613 . Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans le monde du discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme
1614 sien, c’est-à-dire dans le monde du discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours
1615 à-dire dans le monde du discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin der
1616 ire dans le monde du discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin derniè
1617 e ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin dernière d’un discours n’est autre que la cohérence, la vérité el
1618 somme qu’une méthode du discours. La fin dernière d’ un discours n’est autre que la cohérence, la vérité elle-même s’y trou
1619 rs. La fin dernière d’un discours n’est autre que la cohérence, la vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de
1620 nière d’un discours n’est autre que la cohérence, la vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de l’enchaînement
1621 ence, la vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de l’enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours car
1622 rité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de l’enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours cartésien n’a
1623 é elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de l’ enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours cartésien n’a pas
1624 que de l’enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours cartésien n’a pas de fin qui lui soit transcendante. Il part
1625 ses. Autrement dit, le discours cartésien n’a pas de fin qui lui soit transcendante. Il part de ce qu’il suppose clair et
1626 ’a pas de fin qui lui soit transcendante. Il part de ce qu’il suppose clair et facile, et sa marche est une déduction. La
1627 clair et facile, et sa marche est une déduction. La convention d’un tel langage, est que tout est donné au départ, et qu’
1628 le, et sa marche est une déduction. La convention d’ un tel langage, est que tout est donné au départ, et qu’il s’agit de n
1629 est que tout est donné au départ, et qu’il s’agit de ne rien introduire dans la chaîne des arguments qui n’ait été d’abord
1630 épart, et qu’il s’agit de ne rien introduire dans la chaîne des arguments qui n’ait été d’abord jaugé, chiffré, et défini
1631 chiffré, et défini en termes simples. À mon tour de me défier d’une convention aussi commode. C. Il me semble qu’il faut
1632 défini en termes simples. À mon tour de me défier d’ une convention aussi commode. C. Il me semble qu’il faut y voir une g
1633 l me semble qu’il faut y voir une garantie contre les illusions de la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatien
1634 ’il faut y voir une garantie contre les illusions de la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’une all
1635 faut y voir une garantie contre les illusions de la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’une allure
1636 ontre les illusions de la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’une allure aussi scrupuleuse, mais c’
1637 que flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’ une allure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper
1638 ’une allure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper et de tromper. A. Pour moi, je crains une duperie
1639 ure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper et de tromper. A. Pour moi, je crains une duperie moins n
1640 euse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper et de tromper. A. Pour moi, je crains une duperie moins naïve dans la mode
1641 Pour moi, je crains une duperie moins naïve dans la modestie cartésienne. Car enfin où prend-on dans le monde rien qui so
1642 modestie cartésienne. Car enfin où prend-on dans le monde rien qui soit « clair, simple et facile » en soi ? Le monde dan
1643 ien qui soit « clair, simple et facile » en soi ? Le monde dans lequel nous vivons et parlons n’est-il pas, comme l’a dit
1644 lequel nous vivons et parlons n’est-il pas, comme l’ a dit un Russe « le monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme
1645 et parlons n’est-il pas, comme l’a dit un Russe «  le monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes l
1646 s n’est-il pas, comme l’a dit un Russe « le monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même,
1647 ’est-il pas, comme l’a dit un Russe « le monde de l’ imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même, le
1648 monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’ écrit Descartes lui-même, le monde des choses « mal compassées » ? L’a
1649 n résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même, le monde des choses « mal compassées » ? L’application d’une raison sans
1650 ui-même, le monde des choses « mal compassées » ? L’ application d’une raison sans parti pris à ce monde tel qu’il est donn
1651 nde des choses « mal compassées » ? L’application d’ une raison sans parti pris à ce monde tel qu’il est donné, n’a-t-elle
1652 ’il est donné, n’a-t-elle pas pour effet immédiat de multiplier le mystère et les absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me
1653 n’a-t-elle pas pour effet immédiat de multiplier le mystère et les absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors
1654 s pour effet immédiat de multiplier le mystère et les absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors si le cartésia
1655 és logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors si le cartésianisme ne nous a pas trompés une fois pour toutes, à l’origine
1656 sme ne nous a pas trompés une fois pour toutes, à l’ origine, en décrétant — au nom de quoi, je vous en prie ? — la clarté
1657 n décrétant — au nom de quoi, je vous en prie ? —  la clarté et la simplicité d’un certain nombre de postulats abstraits. M
1658 au nom de quoi, je vous en prie ? — la clarté et la simplicité d’un certain nombre de postulats abstraits. Ma méfiance po
1659 i, je vous en prie ? — la clarté et la simplicité d’ un certain nombre de postulats abstraits. Ma méfiance porte sur l’arri
1660 — la clarté et la simplicité d’un certain nombre de postulats abstraits. Ma méfiance porte sur l’arrière-pensée qui prési
1661 bre de postulats abstraits. Ma méfiance porte sur l’ arrière-pensée qui présida au choix de ces données dites premières. En
1662 e porte sur l’arrière-pensée qui présida au choix de ces données dites premières. Encore n’est-il pas exact de recourir ic
1663 onnées dites premières. Encore n’est-il pas exact de recourir ici à l’expression d’arrière-pensée. C’est sans doute une « 
1664 ères. Encore n’est-il pas exact de recourir ici à l’ expression d’arrière-pensée. C’est sans doute une « arrière-image » qu
1665 n’est-il pas exact de recourir ici à l’expression d’ arrière-pensée. C’est sans doute une « arrière-image » qu’il faudrait
1666 audrait dire. C. Ne serait-il pas trop cartésien de vous demander de préciser ? A. J’essaierai de le faire par un exempl
1667 Ne serait-il pas trop cartésien de vous demander de préciser ? A. J’essaierai de le faire par un exemple. La méthode inv
1668 en de vous demander de préciser ? A. J’essaierai de le faire par un exemple. La méthode inventée par Descartes est donc d
1669 de vous demander de préciser ? A. J’essaierai de le faire par un exemple. La méthode inventée par Descartes est donc deve
1670 ser ? A. J’essaierai de le faire par un exemple. La méthode inventée par Descartes est donc devenue celle de la science.
1671 ode inventée par Descartes est donc devenue celle de la science. C’est elle dont usent nos physiciens, chimistes et mathém
1672 inventée par Descartes est donc devenue celle de la science. C’est elle dont usent nos physiciens, chimistes et mathémati
1673 n. Mais comment obtiennent-ils ces formules ? Par l’ examen des nombres qui résument leurs expériences, dira-t-on. Je n’en
1674 dira-t-on. Je n’en crois rien. Ouvrez un ouvrage de science : vous y trouverez au terme de chaque analyse un certain nomb
1675 un ouvrage de science : vous y trouverez au terme de chaque analyse un certain nombre de phrases traduisant les résultats
1676 erez au terme de chaque analyse un certain nombre de phrases traduisant les résultats acquis. Or ces phrases ont été chois
1677 e analyse un certain nombre de phrases traduisant les résultats acquis. Or ces phrases ont été choisies par le savant en ve
1678 ltats acquis. Or ces phrases ont été choisies par le savant en vertu d’une double exigence : d’une part elles doivent perm
1679 ble exigence : d’une part elles doivent permettre de permettre de passer, par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose
1680 : d’une part elles doivent permettre de permettre de passer, par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la
1681 permettre de permettre de passer, par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la formule mathématique ; d’a
1682 espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la formule mathématique ; d’autre part, et voilà qui est remarquable, il
1683 composent un discours cohérent sur des propriétés de la matière. Et ce discours n’est qu’un certain système d’images. S’il
1684 posent un discours cohérent sur des propriétés de la matière. Et ce discours n’est qu’un certain système d’images. S’il se
1685 tière. Et ce discours n’est qu’un certain système d’ images. S’il se distingue du parler quotidien, c’est avant tout par ce
1686 r cette cohérence, c’est-à-dire par cette volonté d’ exclure les sens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi les loi
1687 hérence, c’est-à-dire par cette volonté d’exclure les sens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi les lois formulées
1688 ens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi les lois formulées par la science, ces modèles d’expression claire, se ré
1689 adictoires des mots. Ainsi les lois formulées par la science, ces modèles d’expression claire, se réfèrent en réalité à de
1690 si les lois formulées par la science, ces modèles d’ expression claire, se réfèrent en réalité à des formes courantes du la
1691 réalité à des formes courantes du langage, vidées de leurs sens particuliers. Ce procédé est sans danger quand il est appl
1692 procédé est sans danger quand il est appliqué par les savants, la science légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière de
1693 ans danger quand il est appliqué par les savants, la science légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière de parler du ré
1694 nce légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière de parler du réel, et sans cesse corrigée par les faits. Mais où je crie
1695 ère de parler du réel, et sans cesse corrigée par les faits. Mais où je crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou l
1696 s cesse corrigée par les faits. Mais où je crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou l’essayiste, séduits par la c
1697 aits. Mais où je crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou l’essayiste, séduits par la clarté axiomatique, prétend
1698 crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou l’ essayiste, séduits par la clarté axiomatique, prétendent partir de vér
1699 t quand le philosophe ou l’essayiste, séduits par la clarté axiomatique, prétendent partir de vérités élémentaires qui ne
1700 uits par la clarté axiomatique, prétendent partir de vérités élémentaires qui ne sont autres que des abstractions opérées
1701 utres que des abstractions opérées sur nos formes de langage. Je voudrais dire cela plus simplement… La tricherie d’une dé
1702 e langage. Je voudrais dire cela plus simplement… La tricherie d’une déduction claire consiste en ce qu’elle prétend parti
1703 voudrais dire cela plus simplement… La tricherie d’ une déduction claire consiste en ce qu’elle prétend partir d’un nombre
1704 tion claire consiste en ce qu’elle prétend partir d’ un nombre limité de faits acquis, quand le tout, quand la fin nous éch
1705 e en ce qu’elle prétend partir d’un nombre limité de faits acquis, quand le tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il
1706 partir d’un nombre limité de faits acquis, quand le tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il était licite, et même
1707 mbre limité de faits acquis, quand le tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il était licite, et même possible, de pa
1708 pent ! Comme s’il était licite, et même possible, de partir de certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignor
1709 me s’il était licite, et même possible, de partir de certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignore méthodiq
1710 même possible, de partir de certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignore méthodiquement l’ensemble dont i
1711 me possible, de partir de certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignore méthodiquement l’ensemble dont ils d
1712 s déclarer connus, quand on ignore méthodiquement l’ ensemble dont ils dépendent et qui est leur seule mesure. C. J’avoue
1713 vous pouviez me montrer chez Descartes un exemple de ce recours aux formes du langage courant. A. Prenons la 3e règle de
1714 ecours aux formes du langage courant. A. Prenons la 3e règle de sa méthode : « Conduire par ordre mes pensées en commença
1715 ormes du langage courant. A. Prenons la 3e règle de sa méthode : « Conduire par ordre mes pensées en commençant par les o
1716  Conduire par ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître. » Voilà qui pa
1717 ar ordre mes pensées en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître. » Voilà qui paraît clair,
1718 en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître. » Voilà qui paraît clair, j’entends conforme
1719 mun. Je distingue pourtant, derrière ce jugement, la plus étrange illusion de l’esprit : c’est une maxime populaire. On la
1720 t, derrière ce jugement, la plus étrange illusion de l’esprit : c’est une maxime populaire. On la tient pour tellement évi
1721 derrière ce jugement, la plus étrange illusion de l’ esprit : c’est une maxime populaire. On la tient pour tellement éviden
1722 sion de l’esprit : c’est une maxime populaire. On la tient pour tellement évidente que son rappel, au cours d’une discussi
1723 pour tellement évidente que son rappel, au cours d’ une discussion, figure presque une insolence. Cette maxime affirme en
1724 sque une insolence. Cette maxime affirme en effet la nécessité générale de « commencer par le commencement ». Descartes qu
1725 tte maxime affirme en effet la nécessité générale de « commencer par le commencement ». Descartes qui vient d’assimiler sa
1726 en effet la nécessité générale de « commencer par le commencement ». Descartes qui vient d’assimiler sans sourciller la si
1727 mencer par le commencement ». Descartes qui vient d’ assimiler sans sourciller la simplicité d’un objet avec l’aisance à le
1728 . Descartes qui vient d’assimiler sans sourciller la simplicité d’un objet avec l’aisance à le connaître — c’est encore un
1729 i vient d’assimiler sans sourciller la simplicité d’ un objet avec l’aisance à le connaître — c’est encore un tour du langa
1730 ler sans sourciller la simplicité d’un objet avec l’ aisance à le connaître — c’est encore un tour du langage — ne va pas r
1731 rciller la simplicité d’un objet avec l’aisance à le connaître — c’est encore un tour du langage — ne va pas reculer devan
1732 pas reculer devant cet autre exploit : poser que le plus simple est aussi le plus proche, et qu’il faut commencer par là.
1733 utre exploit : poser que le plus simple est aussi le plus proche, et qu’il faut commencer par là. C’est sans doute le plus
1734 et qu’il faut commencer par là. C’est sans doute le plus mauvais tour qu’on ait joué aux écrivains d’idées ! Commencer pa
1735 le plus mauvais tour qu’on ait joué aux écrivains d’ idées ! Commencer par le commencement ! Aller du simple au compliqué !
1736 on ait joué aux écrivains d’idées ! Commencer par le commencement ! Aller du simple au compliqué ! Que cela paraît plein d
1737 er du simple au compliqué ! Que cela paraît plein de bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte po
1738 u compliqué ! Que cela paraît plein de bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte postale ! S’il e
1739 e cela paraît plein de bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte postale ! S’il est une chose que
1740 de bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte postale ! S’il est une chose que l’expérience humain
1741 magnifique carte postale ! S’il est une chose que l’ expérience humaine me paraît avoir établie — je dirais : pour l’éterni
1742 umaine me paraît avoir établie — je dirais : pour l’ éternité ! — c’est bien qu’il faut toujours commencer par la fin, par
1743  ! — c’est bien qu’il faut toujours commencer par la fin, par la vision totale, par la révélation des fins dernières. On n
1744 ien qu’il faut toujours commencer par la fin, par la vision totale, par la révélation des fins dernières. On ne peut conna
1745 s commencer par la fin, par la vision totale, par la révélation des fins dernières. On ne peut connaître les parties que p
1746 vélation des fins dernières. On ne peut connaître les parties que par le tout, et non l’inverse. C. J’observe une fois de
1747 rnières. On ne peut connaître les parties que par le tout, et non l’inverse. C. J’observe une fois de plus avec curiosité
1748 eut connaître les parties que par le tout, et non l’ inverse. C. J’observe une fois de plus avec curiosité le glissement q
1749 se. C. J’observe une fois de plus avec curiosité le glissement qui s’opère dans vos propos : je vois que vous allez passe
1750 ans vous interrompre davantage aux développements d’ une pensée qui m’est curieusement étrangère. Vous parliez d’une vision
1751 ée qui m’est curieusement étrangère. Vous parliez d’ une vision totale ?… A. L’expression vous apparaît privée de sens ? M
1752 trangère. Vous parliez d’une vision totale ?… A. L’ expression vous apparaît privée de sens ? Mesurez donc, une bonne fois
1753 n totale ?… A. L’expression vous apparaît privée de sens ? Mesurez donc, une bonne fois, toute l’ampleur de ma déraison.
1754 vée de sens ? Mesurez donc, une bonne fois, toute l’ ampleur de ma déraison. Laissez-moi parler sans contrainte mon sabir e
1755 s ? Mesurez donc, une bonne fois, toute l’ampleur de ma déraison. Laissez-moi parler sans contrainte mon sabir eschatologi
1756 inte mon sabir eschatologique. Je disais donc que la déduction cartésienne travaille sur des cartes postales. Elle dispose
1757 re ses repères, et puis s’ébranle à reculons vers l’ inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu d’évidences. On conçoit d
1758 res, et puis s’ébranle à reculons vers l’inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu d’évidences. On conçoit dès lors qu’e
1759 rs l’inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu d’ évidences. On conçoit dès lors qu’elle se meuve avec tellement de préc
1760 conçoit dès lors qu’elle se meuve avec tellement de précautions, vérifiant à chaque pas le chemin parcouru : elle ignore
1761 tellement de précautions, vérifiant à chaque pas le chemin parcouru : elle ignore tout de son but et tiendrait même pour
1762 chaque pas le chemin parcouru : elle ignore tout de son but et tiendrait même pour une prévention fâcheuse la croyance qu
1763 ut et tiendrait même pour une prévention fâcheuse la croyance que ce but existe en tout état de cause. Pour moi, c’est pre
1764 cheuse la croyance que ce but existe en tout état de cause. Pour moi, c’est presque le contraire. Voilà : — Je sais que je
1765 te en tout état de cause. Pour moi, c’est presque le contraire. Voilà : — Je sais que je suis dans la nuit. Je ne puis mar
1766 le contraire. Voilà : — Je sais que je suis dans la nuit. Je ne puis marcher que dans la confusion. Mais, si je marche ce
1767 je suis dans la nuit. Je ne puis marcher que dans la confusion. Mais, si je marche cependant, c’est qu’à certains moments
1768 he cependant, c’est qu’à certains moments j’ai vu le but. — J’ai cru le voir… C’est une vision illuminante, instantanée, d
1769 qu’à certains moments j’ai vu le but. — J’ai cru le voir… C’est une vision illuminante, instantanée, dont la trace ne tar
1770 … C’est une vision illuminante, instantanée, dont la trace ne tarde pas à s’évanouir dans mes yeux Cela suffit pourtant à
1771 yeux Cela suffit pourtant à guider quelques pas. Les autres, je les risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pr
1772 it pourtant à guider quelques pas. Les autres, je les risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, so
1773 ider quelques pas. Les autres, je les risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’esp
1774 s. Les autres, je les risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision
1775 utres, je les risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouve
1776 es, je les risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouvelée
1777 a nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’ espoir d’une vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma dém
1778 la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’ une vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma démarche, et
1779 utenu par l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais
1780 l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà le sens, l’ orientation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne
1781 e vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne peut la compre
1782 e, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne peut la comprendre qu’à partir de son but. Il est très juste qu’elle paraisse
1783 but. Il est très juste qu’elle paraisse absurde à l’ observateur raisonnable. C. Le propre d’une vision pareille, c’est qu
1784 paraisse absurde à l’observateur raisonnable. C. Le propre d’une vision pareille, c’est qu’elle est incommunicable, j’ima
1785 bsurde à l’observateur raisonnable. C. Le propre d’ une vision pareille, c’est qu’elle est incommunicable, j’imagine ? A.
1786 eux dire à sa plénitude instantanée qui décourage l’ analyse. Vous ne donnerez pas la sensation du blanc en décrivant les s
1787 née qui décourage l’analyse. Vous ne donnerez pas la sensation du blanc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi le
1788 e donnerez pas la sensation du blanc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s
1789 nc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument
1790 vant les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicabl
1791 t les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable,
1792 uleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable, et évident. I
1793 urs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable, et évident. Il n
1794 er sans fin cette forme significative du tout, et de chaque partie dans le tout. Bien entendu, je ne puis avancer aucun ex
1795 e significative du tout, et de chaque partie dans le tout. Bien entendu, je ne puis avancer aucun exemple d’une telle perf
1796 t. Bien entendu, je ne puis avancer aucun exemple d’ une telle perfection. Mais il fallait indiquer cette limite pour éclai
1797 r cette limite pour éclairer — précisément — tout l’ entre-deux, la pénombre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces d
1798 pour éclairer — précisément — tout l’entre-deux, la pénombre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces de langage. Ram
1799 er — précisément — tout l’entre-deux, la pénombre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces de langage. Ramenons-les po
1800 mbre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces de langage. Ramenons-les pour simplifier à deux modes d’expression égale
1801 vois maintenant deux espèces de langage. Ramenons- les pour simplifier à deux modes d’expression également rigoureuse et pou
1802 angage. Ramenons-les pour simplifier à deux modes d’ expression également rigoureuse et pourtant exclusifs l’un de l’autre.
1803 n également rigoureuse et pourtant exclusifs l’un de l’autre. Le premier serait la loi scientifique. Ses conventions sont
1804 tant exclusifs l’un de l’autre. Le premier serait la loi scientifique. Ses conventions sont la clarté et l’absence de cont
1805 serait la loi scientifique. Ses conventions sont la clarté et l’absence de contradiction. La seconde forme d’expression,
1806 i scientifique. Ses conventions sont la clarté et l’ absence de contradiction. La seconde forme d’expression, ce serait cel
1807 ique. Ses conventions sont la clarté et l’absence de contradiction. La seconde forme d’expression, ce serait celle dont j’
1808 é et l’absence de contradiction. La seconde forme d’ expression, ce serait celle dont j’essayais de vous faire pressentir l
1809 rme d’expression, ce serait celle dont j’essayais de vous faire pressentir la limite, en parlant d’un langage inexplicable
1810 it celle dont j’essayais de vous faire pressentir la limite, en parlant d’un langage inexplicable et pourtant évident. C’e
1811 is de vous faire pressentir la limite, en parlant d’ un langage inexplicable et pourtant évident. C’est peut-être le verbe
1812 inexplicable et pourtant évident. C’est peut-être le verbe impliquer qui distinguera le mieux cette forme-là de la premièr
1813 ’est peut-être le verbe impliquer qui distinguera le mieux cette forme-là de la première, dont l’office est évidemment d’e
1814 impliquer qui distinguera le mieux cette forme-là de la première, dont l’office est évidemment d’expliquer. Oui, cette opp
1815 uera le mieux cette forme-là de la première, dont l’ office est évidemment d’expliquer. Oui, cette opposition va nous aider
1816 e-là de la première, dont l’office est évidemment d’ expliquer. Oui, cette opposition va nous aider : impliquer le réel com
1817 . Oui, cette opposition va nous aider : impliquer le réel comme tel, et non pas expliquer certaines manières de le réduire
1818 omme tel, et non pas expliquer certaines manières de le réduire aux exigences d’un discours cohérent — voilà sans doute le
1819 e tel, et non pas expliquer certaines manières de le réduire aux exigences d’un discours cohérent — voilà sans doute le rô
1820 er certaines manières de le réduire aux exigences d’ un discours cohérent — voilà sans doute le rôle du langage parabolique
1821 igences d’un discours cohérent — voilà sans doute le rôle du langage parabolique… De là vient son obscurité. Parler en par
1822 voilà sans doute le rôle du langage parabolique… De là vient son obscurité. Parler en paraboles, c’est tenter d’exprimer
1823 son obscurité. Parler en paraboles, c’est tenter d’ exprimer un fait ou des idées, en tenant compte du tout qui les englob
1824 n fait ou des idées, en tenant compte du tout qui les englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de les définir autrement
1825 les englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de les définir autrement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi l’on
1826 s englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de les définir autrement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi l’on tend
1827 trement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi l’ on tend. Le langage cartésien ou scientifique cherche à réduire les fa
1828 en vue de cette fin dernière vers quoi l’on tend. Le langage cartésien ou scientifique cherche à réduire les faits ou les
1829 ngage cartésien ou scientifique cherche à réduire les faits ou les idées à quelques éléments isolés de mesure. Il s’organis
1830 en ou scientifique cherche à réduire les faits ou les idées à quelques éléments isolés de mesure. Il s’organise tout nature
1831 les faits ou les idées à quelques éléments isolés de mesure. Il s’organise tout naturellement en discours, en phrases liée
1832 urellement en discours, en phrases liées par voie de conséquence. Mais si je parle en paraboles, je n’ai souci que d’une c
1833 Mais si je parle en paraboles, je n’ai souci que d’ une certaine orientation. C’est à partir du terme, encore une fois, qu
1834 on. C’est à partir du terme, encore une fois, que les contradictions s’éclairent et se résolvent, et non pas à partir d’élé
1835 s’éclairent et se résolvent, et non pas à partir d’ éléments que j’aurais distingués dès le départ. Une parabole se compre
1836 s à partir d’éléments que j’aurais distingués dès le départ. Une parabole se comprend par la fin. Comme l’expédition de Co
1837 ngués dès le départ. Une parabole se comprend par la fin. Comme l’expédition de Colomb partant pour reconnaître une Amériq
1838 épart. Une parabole se comprend par la fin. Comme l’ expédition de Colomb partant pour reconnaître une Amérique de vision.
1839 rabole se comprend par la fin. Comme l’expédition de Colomb partant pour reconnaître une Amérique de vision. Et cette fin,
1840 n de Colomb partant pour reconnaître une Amérique de vision. Et cette fin, ce terme, ce télos, tous les hiatus, toutes les
1841 de vision. Et cette fin, ce terme, ce télos, tous les hiatus, toutes les obscurités, tous les paralogismes du langage doive
1842 fin, ce terme, ce télos, tous les hiatus, toutes les obscurités, tous les paralogismes du langage doivent l’indiquer comme
1843 los, tous les hiatus, toutes les obscurités, tous les paralogismes du langage doivent l’indiquer comme au-delà d’eux-mêmes…
1844 curités, tous les paralogismes du langage doivent l’ indiquer comme au-delà d’eux-mêmes… ce que ne sauraient faire des argu
1845 ismes du langage doivent l’indiquer comme au-delà d’ eux-mêmes… ce que ne sauraient faire des arguments toujours fondés sur
1846 nt faire des arguments toujours fondés sur ce qui les précède. Voilà pourquoi le discours d’un prophète est le contraire d’
1847 urs fondés sur ce qui les précède. Voilà pourquoi le discours d’un prophète est le contraire d’un discours. L’événement se
1848 ur ce qui les précède. Voilà pourquoi le discours d’ un prophète est le contraire d’un discours. L’événement seul lui rendr
1849 ède. Voilà pourquoi le discours d’un prophète est le contraire d’un discours. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi
1850 urquoi le discours d’un prophète est le contraire d’ un discours. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi la parabole
1851 urs d’un prophète est le contraire d’un discours. L’ événement seul lui rendra sa raison. Ainsi la parabole est une énigme
1852 urs. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi la parabole est une énigme dont le sens est dans la vision. C. Comment
1853 sa raison. Ainsi la parabole est une énigme dont le sens est dans la vision. C. Comment expliquez-vous le plaisir que je
1854 la parabole est une énigme dont le sens est dans la vision. C. Comment expliquez-vous le plaisir que je prends à la lect
1855 ns est dans la vision. C. Comment expliquez-vous le plaisir que je prends à la lecture de certaines paraboles dont le sen
1856 Comment expliquez-vous le plaisir que je prends à la lecture de certaines paraboles dont le sens eschatologique m’échappe,
1857 liquez-vous le plaisir que je prends à la lecture de certaines paraboles dont le sens eschatologique m’échappe, je le supp
1858 e prends à la lecture de certaines paraboles dont le sens eschatologique m’échappe, je le suppose, absolument ? A. Je dem
1859 raboles dont le sens eschatologique m’échappe, je le suppose, absolument ? A. Je demandais un jour à une petite-fille pou
1860 ples, sachant qu’ils ne comprendraient pas. Voici la réponse qu’elle me fit : Jésus racontait des histoires pour qu’ils s’
1861 ils s’en souviennent mieux plus tard. C’est comme les noix qui ont une coquille très dure. On peut les emporter sans qu’ell
1862 les noix qui ont une coquille très dure. On peut les emporter sans qu’elles se gâtent, et quand on a faim, on les ouvre.
1863 r sans qu’elles se gâtent, et quand on a faim, on les ouvre. C. Encore une petite question, voulez-vous ? Qui a le droit d
1864 . Encore une petite question, voulez-vous ? Qui a le droit de parler en paraboles, et d’être obscur à la manière des proph
1865 une petite question, voulez-vous ? Qui a le droit de parler en paraboles, et d’être obscur à la manière des prophètes ? A
1866 -vous ? Qui a le droit de parler en paraboles, et d’ être obscur à la manière des prophètes ? A. Le droit ? Personne, bien
1867 et d’être obscur à la manière des prophètes ? A. Le droit ? Personne, bien sûr ! Personne n’a aucun droit de ce genre, si
1868 t ? Personne, bien sûr ! Personne n’a aucun droit de ce genre, si l’on nomme droit la garantie formelle d’un usage. Mais i
1869 en sûr ! Personne n’a aucun droit de ce genre, si l’ on nomme droit la garantie formelle d’un usage. Mais il arrive assez s
1870 n’a aucun droit de ce genre, si l’on nomme droit la garantie formelle d’un usage. Mais il arrive assez souvent que l’on o
1871 e genre, si l’on nomme droit la garantie formelle d’ un usage. Mais il arrive assez souvent que l’on oublie les grandes et
1872 elle d’un usage. Mais il arrive assez souvent que l’ on oublie les grandes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de p
1873 age. Mais il arrive assez souvent que l’on oublie les grandes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de parler seuleme
1874 on oublie les grandes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de parler seulement selon le droit et la décence, en tou
1875 andes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de parler seulement selon le droit et la décence, en toute clarté. Il ar
1876 ’il y a de se taire, ou de parler seulement selon le droit et la décence, en toute clarté. Il arrive que certains furieux,
1877 e taire, ou de parler seulement selon le droit et la décence, en toute clarté. Il arrive que certains furieux, je ne sais
1878 es ou esprits relâchés, s’abandonnent aux hasards de tricheries qui les flattent. Ils appellent cela poésie. On peut toute
1879 chés, s’abandonnent aux hasards de tricheries qui les flattent. Ils appellent cela poésie. On peut toutefois imaginer une a
1880 ie. On peut toutefois imaginer une autre attitude de l’être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C
1881 On peut toutefois imaginer une autre attitude de l’ être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C’es
1882 e autre attitude de l’être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’homme qui a
1883 e que la question du droit ne se pose plus. C’est l’ attitude de l’homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru vo
1884 estion du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru voir, et qui
1885 ion du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’ homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru voir, et qui vou
1886 cru voir, et qui voudrait retrouver sa vision et la faire pressentir à d’autres hommes. Une vision ne se transmet pas, c’
1887 tres hommes. Une vision ne se transmet pas, c’est le contraire d’une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’esprit da
1888 Une vision ne se transmet pas, c’est le contraire d’ une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’esprit dans une certai
1889 le contraire d’une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’esprit dans une certaine orientation au moyen de mots et d
1890 e d’une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’ esprit dans une certaine orientation au moyen de mots et de phrases qu
1891 dans une certaine orientation au moyen de mots et de phrases qui puissent, comme par une ironie, être compris en soi et da
1892 tre compris en soi et dans leur lettre, mais dont le sens dernier ne puisse être aperçu sous un angle de vision quelconque
1893 sens dernier ne puisse être aperçu sous un angle de vision quelconque. Je dis que l’homme qui a vu quelque chose doit par
1894 çu sous un angle de vision quelconque. Je dis que l’ homme qui a vu quelque chose doit parler la langue des prophètes et co
1895 is que l’homme qui a vu quelque chose doit parler la langue des prophètes et composer des paraboles. Si ses prophéties son
1896 il n’en est pas moins un prophète. Mais alors on le jugera selon sa fin. Vous m’avouerez que dans ces conditions il faut
1897 vouerez que dans ces conditions il faut une sorte de naïveté très singulière pour endosser le risque d’être obscur. Passe
1898 ne sorte de naïveté très singulière pour endosser le risque d’être obscur. Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait
1899 e naïveté très singulière pour endosser le risque d’ être obscur. Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin
1900 dosser le risque d’être obscur. Passe encore pour l’ homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de
1901 e risque d’être obscur. Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa visio
1902 Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est
1903 ncore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des vis
1904 e Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des visions moins illustres
1905 qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des visions moins illustres, qui n’em
1906 la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des visions moins illustres, qui n’embrassent pas
1907 des visions moins illustres, qui n’embrassent pas le monde de haut en bas, dans un fulgurant inventaire. Je parle de visio
1908 ut en bas, dans un fulgurant inventaire. Je parle de visions furtives qui sont à celle de l’apôtre comme le Petit Monde au
1909 re. Je parle de visions furtives qui sont à celle de l’apôtre comme le Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de
1910 Je parle de visions furtives qui sont à celle de l’ apôtre comme le Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de la
1911 sions furtives qui sont à celle de l’apôtre comme le Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de la Fin, mais signe
1912 e Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de la Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles et signific
1913 etit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de la Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles et significati
1914 lles et significatives… Certes celui qui pourrait les fixer retrouverait toute l’Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à
1915 s celui qui pourrait les fixer retrouverait toute l’ Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à partir d’une vertèbre isolée
1916 xer retrouverait toute l’Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à partir d’une vertèbre isolée. Mais l’oubli vient avec l
1917 ’Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à partir d’ une vertèbre isolée. Mais l’oubli vient avec le premier doute… Petites
1918 préhistoire à partir d’une vertèbre isolée. Mais l’ oubli vient avec le premier doute… Petites visions des hommes de peu d
1919 avec le premier doute… Petites visions des hommes de peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession
1920 Petites visions des hommes de peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissan
1921 ites visions des hommes de peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance,
1922 sions des hommes de peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance, — il n
1923 foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance, — il n’en faut pourtant pas dava
1924 e la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance, — il n’en faut pourtant pas davantage pour nous
1925 nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance, — il n’en faut pourtant pas davantage pour nous réduire au
1926 ge pour nous réduire au parler prophétique. C’est le même risque, et ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles de J
1927 rophétique. C’est le même risque, et ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont
1928 le même risque, et ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont été justifiés dans
1929 ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont été justifiés dans leur délire, mai
1930 as la même grandeur… Les « sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont été justifiés dans leur délire, mais un prophèt
1931 iés dans leur délire, mais un prophète des choses d’ ici-bas, un prophète sans mission divine, quelle défense osera-t-il pr
1932 ris. 7. Quatre « dialogues » paraîtront au début de l’ouvrage Doctrine fabuleuse , publié en 1947. j. Rougemont Denis
1933 . 7. Quatre « dialogues » paraîtront au début de l’ ouvrage Doctrine fabuleuse , publié en 1947. j. Rougemont Denis de,
1934 fabuleuse , publié en 1947. j. Rougemont Denis de , «  Ars prophetica, ou D’un langage qui ne veut pas être clair », Hém
1935 7. j. Rougemont Denis de, «  Ars prophetica, ou D’ un langage qui ne veut pas être clair », Hémisphères, New York, hiver
10 1944, Articles divers (1941-1946). L’attitude personnaliste (octobre 1944)
1936 L’ attitude personnaliste (octobre 1944)l La lecture des journaux clan
1937 L’attitude personnaliste (octobre 1944)l La lecture des journaux clandestins parus en France montre que les idées
1938 s journaux clandestins parus en France montre que les idées personnalistes avaient fait leur chemin dans l’élite de la Rési
1939 dées personnalistes avaient fait leur chemin dans l’ élite de la Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou d’une pr
1940 sonnalistes avaient fait leur chemin dans l’élite de la Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou d’une prise de c
1941 nalistes avaient fait leur chemin dans l’élite de la Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou d’une prise de cons
1942 r chemin dans l’élite de la Résistance. S’agit-il d’ une influence directe, ou d’une prise de conscience spontanée devant l
1943 Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou d’ une prise de conscience spontanée devant la leçon des faits, nous le s
1944 te, ou d’une prise de conscience spontanée devant la leçon des faits, nous le saurons un jour. Mais il est clair dès maint
1945 science spontanée devant la leçon des faits, nous le saurons un jour. Mais il est clair dès maintenant que les circonstanc
1946 ons un jour. Mais il est clair dès maintenant que les circonstances sont enfin devenues favorables pour une action plus lar
1947 ables pour une action plus large et constructive. Les événements eux-mêmes se sont chargés de faire la critique de tant d’i
1948 ructive. Les événements eux-mêmes se sont chargés de faire la critique de tant d’incohérences au sein desquelles le França
1949 Les événements eux-mêmes se sont chargés de faire la critique de tant d’incohérences au sein desquelles le Français moyen
1950 ts eux-mêmes se sont chargés de faire la critique de tant d’incohérences au sein desquelles le Français moyen pensait pouv
1951 êmes se sont chargés de faire la critique de tant d’ incohérences au sein desquelles le Français moyen pensait pouvoir vivr
1952 ritique de tant d’incohérences au sein desquelles le Français moyen pensait pouvoir vivre impunément, jusqu’à ce que Hitle
1953 prendre avantage. Devant un monde à reconstruire, les grandes questions peuvent et doivent être reposées. Allons-nous rebât
1954 et doivent être reposées. Allons-nous rebâtir sur les valeurs d’une philosophie de l’Objet (qui était celle du capitalisme
1955 tre reposées. Allons-nous rebâtir sur les valeurs d’ une philosophie de l’Objet (qui était celle du capitalisme et des dive
1956 ns-nous rebâtir sur les valeurs d’une philosophie de l’Objet (qui était celle du capitalisme et des divers « planisme »),
1957 nous rebâtir sur les valeurs d’une philosophie de l’ Objet (qui était celle du capitalisme et des divers « planisme »), ou
1958 isme »), ou bien allons-nous faire une société où les objets soient remis au service de l’homme qui crée et qui se veut res
1959 une société où les objets soient remis au service de l’homme qui crée et qui se veut responsable ? Si nous choisissons la
1960 société où les objets soient remis au service de l’ homme qui crée et qui se veut responsable ? Si nous choisissons la sec
1961 esponsable ? Si nous choisissons la seconde voie, la doctrine du personnalisme s’impose à l’attention sérieuse. Les jeunes
1962 nde voie, la doctrine du personnalisme s’impose à l’ attention sérieuse. Les jeunes gens qui prenaient conscience de leur r
1963 du personnalisme s’impose à l’attention sérieuse. Les jeunes gens qui prenaient conscience de leur responsabilité intellect
1964 érieuse. Les jeunes gens qui prenaient conscience de leur responsabilité intellectuelle et civique vers 1930, en France, s
1965 rs 1930, en France, se trouvaient confrontés avec les dilemmes suivants : droite ou gauche, capitalisme ou socialisme, indi
1966 es leur paraissaient faux, périmés ou illusoires. Les forces politiques en apparence les plus opposées se trouvaient agir e
1967 ou illusoires. Les forces politiques en apparence les plus opposées se trouvaient agir en fait dans le même sens : elles te
1968 les plus opposées se trouvaient agir en fait dans le même sens : elles tendaient toutes à dépersonnaliser l’homme, à le ré
1969 e sens : elles tendaient toutes à dépersonnaliser l’ homme, à le réduire à un agrégat de réflexes conditionnés par l’État,
1970 les tendaient toutes à dépersonnaliser l’homme, à le réduire à un agrégat de réflexes conditionnés par l’État, le Parti et
1971 épersonnaliser l’homme, à le réduire à un agrégat de réflexes conditionnés par l’État, le Parti et les statisticiens. Sur
1972 réduire à un agrégat de réflexes conditionnés par l’ État, le Parti et les statisticiens. Sur le plan philosophique, la sit
1973 à un agrégat de réflexes conditionnés par l’État, le Parti et les statisticiens. Sur le plan philosophique, la situation n
1974 de réflexes conditionnés par l’État, le Parti et les statisticiens. Sur le plan philosophique, la situation n’était pas me
1975 et les statisticiens. Sur le plan philosophique, la situation n’était pas meilleure. Là encore, la personne humaine se vo
1976 e, la situation n’était pas meilleure. Là encore, la personne humaine se voyait attaquée, disséquée, réduite de plus en pl
1977 it attaquée, disséquée, réduite de plus en plus à l’ irresponsabilité. La psychologie freudienne ne voyait en elle qu’un îl
1978 ée, réduite de plus en plus à l’irresponsabilité. La psychologie freudienne ne voyait en elle qu’un îlot précaire perdu da
1979 ne voyait en elle qu’un îlot précaire perdu dans l’ océan de l’inconscient. D’autres s’appliquaient à la réduire à des dét
1980 it en elle qu’un îlot précaire perdu dans l’océan de l’inconscient. D’autres s’appliquaient à la réduire à des déterminism
1981 en elle qu’un îlot précaire perdu dans l’océan de l’ inconscient. D’autres s’appliquaient à la réduire à des déterminismes
1982 océan de l’inconscient. D’autres s’appliquaient à la réduire à des déterminismes biologiques, ou sociologiques, ou économi
1983 ues, ou économiques. Que devenait dans tout cela, le droit imprescriptible d’un homme à dire je, à dire moi, à se considér
1984 devenait dans tout cela, le droit imprescriptible d’ un homme à dire je, à dire moi, à se considérer comme une cause effici
1985 oint des objets — fussent-ils aussi abstraits que les fameuses « forces économiques » — mais de l’homme, mesure de toutes c
1986 ts que les fameuses « forces économiques » — mais de l’homme, mesure de toutes choses. La grande question était donc : qu’
1987 que les fameuses « forces économiques » — mais de l’ homme, mesure de toutes choses. La grande question était donc : qu’est
1988 « forces économiques » — mais de l’homme, mesure de toutes choses. La grande question était donc : qu’est-ce que l’homme 
1989 ues » — mais de l’homme, mesure de toutes choses. La grande question était donc : qu’est-ce que l’homme ? Sur quelle notio
1990 es. La grande question était donc : qu’est-ce que l’ homme ? Sur quelle notion centrale de son humanité devons-nous recentr
1991 u’est-ce que l’homme ? Sur quelle notion centrale de son humanité devons-nous recentrer le monde ? Les institutions doiven
1992 on centrale de son humanité devons-nous recentrer le monde ? Les institutions doivent être fondées sur une notion compréhe
1993 de son humanité devons-nous recentrer le monde ? Les institutions doivent être fondées sur une notion compréhensive de l’h
1994 doivent être fondées sur une notion compréhensive de l’homme, sinon elles agissent contre l’homme. Or l’individu, sur lequ
1995 vent être fondées sur une notion compréhensive de l’ homme, sinon elles agissent contre l’homme. Or l’individu, sur lequel
1996 réhensive de l’homme, sinon elles agissent contre l’ homme. Or l’individu, sur lequel voulait se fonder la démocratie d’un
1997 l’homme, sinon elles agissent contre l’homme. Or l’ individu, sur lequel voulait se fonder la démocratie d’un siècle derni
1998 omme. Or l’individu, sur lequel voulait se fonder la démocratie d’un siècle dernier, et le soldat politique sur lequel a v
1999 ividu, sur lequel voulait se fonder la démocratie d’ un siècle dernier, et le soldat politique sur lequel a voulu se fonder
2000 t se fonder la démocratie d’un siècle dernier, et le soldat politique sur lequel a voulu se fonder le totalitarisme de ce
2001 le soldat politique sur lequel a voulu se fonder le totalitarisme de ce siècle, ne sont pas des hommes complets. L’indivi
2002 que sur lequel a voulu se fonder le totalitarisme de ce siècle, ne sont pas des hommes complets. L’individu n’a que des dr
2003 me de ce siècle, ne sont pas des hommes complets. L’ individu n’a que des droits, le soldat politique que des devoirs. Le p
2004 s hommes complets. L’individu n’a que des droits, le soldat politique que des devoirs. Le premier est un pur concept, le s
2005 econd est un simple objet. À ces deux mutilations de la notion d’homme, les jeunes intellectuels français opposèrent la no
2006 nd est un simple objet. À ces deux mutilations de la notion d’homme, les jeunes intellectuels français opposèrent la notio
2007 simple objet. À ces deux mutilations de la notion d’ homme, les jeunes intellectuels français opposèrent la notion de perso
2008 jet. À ces deux mutilations de la notion d’homme, les jeunes intellectuels français opposèrent la notion de personne. Quell
2009 mme, les jeunes intellectuels français opposèrent la notion de personne. Quelles que fussent les prémisses religieuses ou
2010 eunes intellectuels français opposèrent la notion de personne. Quelles que fussent les prémisses religieuses ou métaphysiq
2011 sèrent la notion de personne. Quelles que fussent les prémisses religieuses ou métaphysiques des diverses tendances personn
2012 es, tous s’entendaient fort bien sur des formules de ce genre : les institutions doivent être au service de l’homme, et no
2013 endaient fort bien sur des formules de ce genre : les institutions doivent être au service de l’homme, et non l’inverse : —
2014 genre : les institutions doivent être au service de l’homme, et non l’inverse : — la liberté ne cesse d’être un mot creux
2015 nre : les institutions doivent être au service de l’ homme, et non l’inverse : — la liberté ne cesse d’être un mot creux qu
2016 utions doivent être au service de l’homme, et non l’ inverse : — la liberté ne cesse d’être un mot creux que dans un ordre
2017 être au service de l’homme, et non l’inverse : — la liberté ne cesse d’être un mot creux que dans un ordre souple, qui re
2018 l’homme, et non l’inverse : — la liberté ne cesse d’ être un mot creux que dans un ordre souple, qui respecte la diversité
2019 mot creux que dans un ordre souple, qui respecte la diversité des vocations ; — là où l’homme veut être total, l’État ne
2020 qui respecte la diversité des vocations ; — là où l’ homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. Un certain n
2021 des vocations ; — là où l’homme veut être total, l’ État ne sera jamais totalitaire. Un certain nombre de mots-clés se ret
2022 tat ne sera jamais totalitaire. Un certain nombre de mots-clés se retrouvent dans tous les ouvrages publiés par les person
2023 rtain nombre de mots-clés se retrouvent dans tous les ouvrages publiés par les personnalistes : vocation, risque, engagemen
2024 se retrouvent dans tous les ouvrages publiés par les personnalistes : vocation, risque, engagement, responsabilité, commun
2025 osophes s’étaient intitulés « personnalistes » ou l’ avaient été avant la lettre : Leibnitz, Kant, Renouvier, ou de nos jou
2026 titulés « personnalistes » ou l’avaient été avant la lettre : Leibnitz, Kant, Renouvier, ou de nos jours un William Stern,
2027 é avant la lettre : Leibnitz, Kant, Renouvier, ou de nos jours un William Stern, un Keyserling, un C. G. Jung, et l’école
2028 n William Stern, un Keyserling, un C. G. Jung, et l’ école californienne de The Personalist. Mais la caractéristique du mou
2029 yserling, un C. G. Jung, et l’école californienne de The Personalist. Mais la caractéristique du mouvement personnaliste f
2030 et l’école californienne de The Personalist. Mais la caractéristique du mouvement personnaliste français fut, dès le début
2031 ique du mouvement personnaliste français fut, dès le début, de considérer sa doctrine comme le fondement immédiat d’une ac
2032 uvement personnaliste français fut, dès le début, de considérer sa doctrine comme le fondement immédiat d’une action polit
2033 ut, dès le début, de considérer sa doctrine comme le fondement immédiat d’une action politique, d’une économie, d’un régim
2034 onsidérer sa doctrine comme le fondement immédiat d’ une action politique, d’une économie, d’un régime social, et même d’un
2035 mme le fondement immédiat d’une action politique, d’ une économie, d’un régime social, et même d’une esthétique. C’est pour
2036 immédiat d’une action politique, d’une économie, d’ un régime social, et même d’une esthétique. C’est pourquoi je ne saura
2037 ique, d’une économie, d’un régime social, et même d’ une esthétique. C’est pourquoi je ne saurais mieux décrire la doctrine
2038 tique. C’est pourquoi je ne saurais mieux décrire la doctrine du personnalisme qu’en indiquant certaines des tentatives d’
2039 nnalisme qu’en indiquant certaines des tentatives d’ action les plus typiques qu’elle inspira avant cette guerre. Un serv
2040 qu’en indiquant certaines des tentatives d’action les plus typiques qu’elle inspira avant cette guerre. Un service civil
2041 Les premiers manifestes et volumes publiés par le mouvement n’apportaient pas les blue-prints d’une société idéale, mai
2042 olumes publiés par le mouvement n’apportaient pas les blue-prints d’une société idéale, mais quelques principes d’action. C
2043 ar le mouvement n’apportaient pas les blue-prints d’ une société idéale, mais quelques principes d’action. Car il s’agissai
2044 nts d’une société idéale, mais quelques principes d’ action. Car il s’agissait pour les personnalistes d’un changement spir
2045 elques principes d’action. Car il s’agissait pour les personnalistes d’un changement spirituel d’abord, les changements ins
2046 action. Car il s’agissait pour les personnalistes d’ un changement spirituel d’abord, les changements institutionnels n’aya
2047 personnalistes d’un changement spirituel d’abord, les changements institutionnels n’ayant de valeur à leurs yeux que s’ils
2048 d’abord, les changements institutionnels n’ayant de valeur à leurs yeux que s’ils traduisaient réellement une attitude no
2049 ils traduisaient réellement une attitude nouvelle de l’homme aux prises avec le destin d’un siècle nouveau. Alors que la p
2050 traduisaient réellement une attitude nouvelle de l’ homme aux prises avec le destin d’un siècle nouveau. Alors que la plup
2051 une attitude nouvelle de l’homme aux prises avec le destin d’un siècle nouveau. Alors que la plupart des révolutionnaires
2052 ude nouvelle de l’homme aux prises avec le destin d’ un siècle nouveau. Alors que la plupart des révolutionnaires de droite
2053 ouveau. Alors que la plupart des révolutionnaires de droite ou de gauche édifiaient des plans abstraits et se bornaient pr
2054 que la plupart des révolutionnaires de droite ou de gauche édifiaient des plans abstraits et se bornaient pratiquement à
2055 ndiquer des réformes isolées ou matérielles comme l’ abolition du Parlement, des salaires plus élevés, la nationalisation d
2056 abolition du Parlement, des salaires plus élevés, la nationalisation des grandes industries, les personnalistes affirmaien
2057 levés, la nationalisation des grandes industries, les personnalistes affirmaient la nécessité d’une révolution plus profond
2058 randes industries, les personnalistes affirmaient la nécessité d’une révolution plus profonde : révolution dans la manière
2059 ries, les personnalistes affirmaient la nécessité d’ une révolution plus profonde : révolution dans la manière de poser les
2060 d’une révolution plus profonde : révolution dans la manière de poser les problèmes, avant de prétendre leur donner telle
2061 lution plus profonde : révolution dans la manière de poser les problèmes, avant de prétendre leur donner telle ou telle so
2062 us profonde : révolution dans la manière de poser les problèmes, avant de prétendre leur donner telle ou telle solution imm
2063 tion immédiate, utopique ou opportuniste. Prenons le problème du prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa l’insti
2064 opportuniste. Prenons le problème du prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa l’institution d’un service civil ob
2065 te. Prenons le problème du prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa l’institution d’un service civil obligatoire,
2066 prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa l’ institution d’un service civil obligatoire, répartissant sur l’ensembl
2067 e groupe de l’Ordre nouveau proposa l’institution d’ un service civil obligatoire, répartissant sur l’ensemble de la popula
2068 d’un service civil obligatoire, répartissant sur l’ ensemble de la population le travail industriel non différencié. Penda
2069 ce civil obligatoire, répartissant sur l’ensemble de la population le travail industriel non différencié. Pendant un an ou
2070 civil obligatoire, répartissant sur l’ensemble de la population le travail industriel non différencié. Pendant un an ou pl
2071 ire, répartissant sur l’ensemble de la population le travail industriel non différencié. Pendant un an ou plus, tous les c
2072 riel non différencié. Pendant un an ou plus, tous les citoyens travailleraient dans les usines, au lieu de faire une année
2073 n ou plus, tous les citoyens travailleraient dans les usines, au lieu de faire une année de caserne. Les avantages de ce se
2074 aient dans les usines, au lieu de faire une année de caserne. Les avantages de ce service civil seraient triples : 1) Just
2075 es usines, au lieu de faire une année de caserne. Les avantages de ce service civil seraient triples : 1) Justice sociale.
2076 lieu de faire une année de caserne. Les avantages de ce service civil seraient triples : 1) Justice sociale. La classe pro
2077 vice civil seraient triples : 1) Justice sociale. La classe prolétarienne serait relevée de son fardeau à vie. 2) Économie
2078 e sociale. La classe prolétarienne serait relevée de son fardeau à vie. 2) Économie. La hantise du salaire ne serait plus
2079 serait relevée de son fardeau à vie. 2) Économie. La hantise du salaire ne serait plus le seul mobile du travailleur, et l
2080 2) Économie. La hantise du salaire ne serait plus le seul mobile du travailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par le
2081 ne serait plus le seul mobile du travailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par le service civil serait mise par l’Ét
2082 t plus le seul mobile du travailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par le service civil serait mise par l’État à la d
2083 ravailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par le service civil serait mise par l’État à la disposition des libres entr
2084 ’œuvre créée par le service civil serait mise par l’ État à la disposition des libres entreprises, syndicats ou coopérative
2085 éée par le service civil serait mise par l’État à la disposition des libres entreprises, syndicats ou coopératives, qui ju
2086 oopératives, qui justifieraient leur utilité pour le bien commun. 3) Perfectionnement technique. Nul n’aurait plus intérêt
2087 technique. Nul n’aurait plus intérêt à paralyser l’ invention, puisqu’elle ne créerait plus de chômage technologique. Les
2088 ralyser l’invention, puisqu’elle ne créerait plus de chômage technologique. Les industriels hochèrent la tête. Ils ne croy
2089 u’elle ne créerait plus de chômage technologique. Les industriels hochèrent la tête. Ils ne croyaient pas qu’un simple civi
2090 chômage technologique. Les industriels hochèrent la tête. Ils ne croyaient pas qu’un simple civil pourrait du jour au len
2091 jour au lendemain se transformer en bon manœuvre. Les politiciens déclarèrent le projet utopique et d’ailleurs néfaste : il
2092 rmer en bon manœuvre. Les politiciens déclarèrent le projet utopique et d’ailleurs néfaste : il risquait de résoudre un co
2093 ojet utopique et d’ailleurs néfaste : il risquait de résoudre un conflit que leur tactique cherchait au contraire à rendre
2094 à rendre plus aigu. Conformément à leur doctrine, les personnalistes répondirent par un engagement personnel. Ils tentèrent
2095 pratique, à petite échelle. Dans plusieurs usines de la région parisienne, ils se firent embaucher par groupes, comme manœ
2096 tique, à petite échelle. Dans plusieurs usines de la région parisienne, ils se firent embaucher par groupes, comme manœuvr
2097 res. Au bout de trois jours, dans une manufacture de brosses à dents, l’un d’eux battit le record de production de l’ateli
2098 rs, dans une manufacture de brosses à dents, l’un d’ eux battit le record de production de l’atelier. Il était éditeur de s
2099 manufacture de brosses à dents, l’un d’eux battit le record de production de l’atelier. Il était éditeur de son métier, et
2100 e de brosses à dents, l’un d’eux battit le record de production de l’atelier. Il était éditeur de son métier, et si peu ad
2101 dents, l’un d’eux battit le record de production de l’atelier. Il était éditeur de son métier, et si peu adroit de ses ma
2102 nts, l’un d’eux battit le record de production de l’ atelier. Il était éditeur de son métier, et si peu adroit de ses mains
2103 cord de production de l’atelier. Il était éditeur de son métier, et si peu adroit de ses mains qu’il assurait être le seul
2104 Il était éditeur de son métier, et si peu adroit de ses mains qu’il assurait être le seul officier de réserve français qu
2105 et si peu adroit de ses mains qu’il assurait être le seul officier de réserve français qui se fût jamais blessé avec son p
2106 de ses mains qu’il assurait être le seul officier de réserve français qui se fût jamais blessé avec son propre sabre ! Les
2107 qui se fût jamais blessé avec son propre sabre ! Les pionniers du service civil donnèrent leur salaire aux ouvriers qu’ils
2108 « relevé », leur assurant ainsi quelques semaines de vacances payées, à un moment où cette institution n’existait pas enco
2109 ette institution n’existait pas encore en France. L’ expérience, dans l’ensemble, réussit brillamment. Je me suis étendu su
2110 existait pas encore en France. L’expérience, dans l’ ensemble, réussit brillamment. Je me suis étendu sur cet exemple uniqu
2111 e suis étendu sur cet exemple unique pour décrire le climat de l’effort personnaliste. Il est clair que l’institution du s
2112 ndu sur cet exemple unique pour décrire le climat de l’effort personnaliste. Il est clair que l’institution du service civ
2113 sur cet exemple unique pour décrire le climat de l’ effort personnaliste. Il est clair que l’institution du service civil
2114 limat de l’effort personnaliste. Il est clair que l’ institution du service civil supposait une refonte générale de l’écono
2115 n du service civil supposait une refonte générale de l’économie, et notamment une discrimination très précise entre le tra
2116 u service civil supposait une refonte générale de l’ économie, et notamment une discrimination très précise entre le travai
2117 t notamment une discrimination très précise entre le travail quantitatif (ou « parcellaire ») et le travail qualitatif ou
2118 re le travail quantitatif (ou « parcellaire ») et le travail qualitatif ou créateur. Le premier devait être entièrement so
2119 er devait être entièrement socialisé, et régi par l’ État, qui assurerait d’autre part la distribution d’un minimum vital g
2120 , et régi par l’État, qui assurerait d’autre part la distribution d’un minimum vital gratuit pour tous. Le second devait r
2121 État, qui assurerait d’autre part la distribution d’ un minimum vital gratuit pour tous. Le second devait rester libre, et
2122 tuit pour tous. Le second devait rester libre, et d’ autant plus qu’il recevrait l’aide gratuite du service civil. L’État l
2123 it rester libre, et d’autant plus qu’il recevrait l’ aide gratuite du service civil. L’État lui-même se trouverait réduit a
2124 qu’il recevrait l’aide gratuite du service civil. L’ État lui-même se trouverait réduit au rôle précis et limité d’agence d
2125 ême se trouverait réduit au rôle précis et limité d’ agence de statistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus
2126 ouverait réduit au rôle précis et limité d’agence de statistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus social,
2127 rôle précis et limité d’agence de statistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus social, au profit des entr
2128 limité d’agence de statistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus social, au profit des entreprises libres
2129 mité d’agence de statistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus social, au profit des entreprises libres et
2130 entreprises libres et des groupes coopératifs. La notion de groupe L’un des traits marquants du mouvement personnali
2131 s libres et des groupes coopératifs. La notion de groupe L’un des traits marquants du mouvement personnaliste, c’est
2132 mouvement personnaliste, c’est son insistance sur la nécessité des groupes autonomes et organiques. Elle coïncide avec la
2133 oupes autonomes et organiques. Elle coïncide avec la découverte la plus importante de notre siècle : celle de l’être-en-re
2134 s et organiques. Elle coïncide avec la découverte la plus importante de notre siècle : celle de l’être-en-relations. Que c
2135 le coïncide avec la découverte la plus importante de notre siècle : celle de l’être-en-relations. Que ce soit dans le doma
2136 uverte la plus importante de notre siècle : celle de l’être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de la physique ou ce
2137 rte la plus importante de notre siècle : celle de l’ être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de la physique ou celui
2138  : celle de l’être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de la physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, e
2139 l’être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de la physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, en politique
2140 être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de la physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, en politique, e
2141 e ce soit dans le domaine de la physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, en politique, en économie, les meill
2142 e soit dans le domaine de la physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, en politique, en économie, les meilleur
2143 gie, en mathématiques, en politique, en économie, les meilleurs esprits de ce temps sont parvenus à des conclusions analogu
2144 en politique, en économie, les meilleurs esprits de ce temps sont parvenus à des conclusions analogues : il n’est possibl
2145 s à des conclusions analogues : il n’est possible de parler de réalité, de mesure, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe
2146 nclusions analogues : il n’est possible de parler de réalité, de mesure, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe donné de
2147 alogues : il n’est possible de parler de réalité, de mesure, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe donné de forces. L’ho
2148 ’est possible de parler de réalité, de mesure, ou d’ efficacité, qu’au sein d’un groupe donné de forces. L’homme, par exemp
2149 re, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe donné de forces. L’homme, par exemple, n’est réel que dans une communauté ni t
2150 ficacité, qu’au sein d’un groupe donné de forces. L’ homme, par exemple, n’est réel que dans une communauté ni trop étroite
2151 yé dans une collectivité informe, il sera frustré de toute possibilité de se faire entendre ou d’agir personnellement. Il
2152 ité informe, il sera frustré de toute possibilité de se faire entendre ou d’agir personnellement. Il n’existe vraiment com
2153 stré de toute possibilité de se faire entendre ou d’ agir personnellement. Il n’existe vraiment comme personne que dans un
2154 xiste vraiment comme personne que dans un cadre à la mesure humaine, dans un groupe : entreprise ou commune, patrie locale
2155 ise ou commune, patrie locale ou cercle invisible d’ esprits apparentés dans le monde entier. Mais cette image d’un univers
2156 ale ou cercle invisible d’esprits apparentés dans le monde entier. Mais cette image d’un univers composé de groupements au
2157 apparentés dans le monde entier. Mais cette image d’ un univers composé de groupements autonomes en perpétuelle interaction
2158 nde entier. Mais cette image d’un univers composé de groupements autonomes en perpétuelle interaction n’a pas encore été t
2159 s institutions. Nos nations sont restées au stade de la classification des corps simples par Mendeleïev, quand nous en som
2160 nstitutions. Nos nations sont restées au stade de la classification des corps simples par Mendeleïev, quand nous en sommes
2161 es par Mendeleïev, quand nous en sommes au siècle de la physique quantique. La paresse d’esprit et l’inertie ont laissé se
2162 par Mendeleïev, quand nous en sommes au siècle de la physique quantique. La paresse d’esprit et l’inertie ont laissé se co
2163 ous en sommes au siècle de la physique quantique. La paresse d’esprit et l’inertie ont laissé se constituer au xxe siècle
2164 es au siècle de la physique quantique. La paresse d’ esprit et l’inertie ont laissé se constituer au xxe siècle des cadres
2165 de la physique quantique. La paresse d’esprit et l’ inertie ont laissé se constituer au xxe siècle des cadres démesurés,
2166 siècle des cadres démesurés, simplifiés jusqu’à la démence et rigides comme elle, qui pèsent lourdement sur nos activité
2167 me elle, qui pèsent lourdement sur nos activités. L’ État centralisé et sa bureaucratie abstraite tendent à détruire les gr
2168 é et sa bureaucratie abstraite tendent à détruire les groupes organiques, à leur imposer en dépit du bon sens des frontière
2169 régime uniforme. C’est pourquoi, se plaçant dans la ligne des forces les plus actives, sinon les plus spectaculaires du s
2170 est pourquoi, se plaçant dans la ligne des forces les plus actives, sinon les plus spectaculaires du siècle, le personnalis
2171 dans la ligne des forces les plus actives, sinon les plus spectaculaires du siècle, le personnalisme se déclara fédéralist
2172 actives, sinon les plus spectaculaires du siècle, le personnalisme se déclara fédéraliste, ou « pluraliste ». Au centre un
2173 ou « pluraliste ». Au centre unique, étendant sur l’ économie, la vie politique et les coutumes d’un pays le carcan géométr
2174 ste ». Au centre unique, étendant sur l’économie, la vie politique et les coutumes d’un pays le carcan géométrique de ses
2175 que, étendant sur l’économie, la vie politique et les coutumes d’un pays le carcan géométrique de ses décrets, le personnal
2176 sur l’économie, la vie politique et les coutumes d’ un pays le carcan géométrique de ses décrets, le personnalisme opposai
2177 nomie, la vie politique et les coutumes d’un pays le carcan géométrique de ses décrets, le personnalisme opposait les foye
2178 e et les coutumes d’un pays le carcan géométrique de ses décrets, le personnalisme opposait les foyers rayonnants de créat
2179 s d’un pays le carcan géométrique de ses décrets, le personnalisme opposait les foyers rayonnants de création locale : ent
2180 étrique de ses décrets, le personnalisme opposait les foyers rayonnants de création locale : entreprise et commune à la bas
2181 , le personnalisme opposait les foyers rayonnants de création locale : entreprise et commune à la base, librement fédérées
2182 ants de création locale : entreprise et commune à la base, librement fédérées par bassins naturels, par-dessus les frontiè
2183 brement fédérées par bassins naturels, par-dessus les frontières nationales, au besoin. Je donnerai deux exemples des consé
2184 eux exemples des conséquences pratiques découlant de cette attitude doctrinale. Dès 1937, l’Ordre nouveau avait dénoncé l’
2185 ctrinale. Dès 1937, l’Ordre nouveau avait dénoncé l’ organisation hypercentralisée de l’armée française, copiée sur la cent
2186 eau avait dénoncé l’organisation hypercentralisée de l’armée française, copiée sur la centralisation politique de la natio
2187 avait dénoncé l’organisation hypercentralisée de l’ armée française, copiée sur la centralisation politique de la nation.
2188 hypercentralisée de l’armée française, copiée sur la centralisation politique de la nation. La France avait des frontières
2189 française, copiée sur la centralisation politique de la nation. La France avait des frontières rigides et un centre unique
2190 nçaise, copiée sur la centralisation politique de la nation. La France avait des frontières rigides et un centre unique, P
2191 iée sur la centralisation politique de la nation. La France avait des frontières rigides et un centre unique, Paris. Entre
2192 ntières rigides et un centre unique, Paris. Entre les deux, le vide, l’espace abstrait. Les personnalistes proposaient au c
2193 gides et un centre unique, Paris. Entre les deux, le vide, l’espace abstrait. Les personnalistes proposaient au contraire
2194 un centre unique, Paris. Entre les deux, le vide, l’ espace abstrait. Les personnalistes proposaient au contraire un systèm
2195 aris. Entre les deux, le vide, l’espace abstrait. Les personnalistes proposaient au contraire un système de foyers de résis
2196 ersonnalistes proposaient au contraire un système de foyers de résistance élevés dans toute la profondeur du pays, et une
2197 tes proposaient au contraire un système de foyers de résistance élevés dans toute la profondeur du pays, et une mobilisati
2198 système de foyers de résistance élevés dans toute la profondeur du pays, et une mobilisation fortement décentralisée. C’ét
2199 isation fortement décentralisée. C’était en somme le système militaire de la Suisse, traduisant un régime fédéraliste. Les
2200 entralisée. C’était en somme le système militaire de la Suisse, traduisant un régime fédéraliste. Les événements de 1940 e
2201 ralisée. C’était en somme le système militaire de la Suisse, traduisant un régime fédéraliste. Les événements de 1940 et t
2202 e de la Suisse, traduisant un régime fédéraliste. Les événements de 1940 et toute l’évolution ultérieure de la guerre ont a
2203 traduisant un régime fédéraliste. Les événements de 1940 et toute l’évolution ultérieure de la guerre ont amplement confi
2204 gime fédéraliste. Les événements de 1940 et toute l’ évolution ultérieure de la guerre ont amplement confirmé ces vues. L’U
2205 vénements de 1940 et toute l’évolution ultérieure de la guerre ont amplement confirmé ces vues. L’Underground, dans plusie
2206 ements de 1940 et toute l’évolution ultérieure de la guerre ont amplement confirmé ces vues. L’Underground, dans plusieurs
2207 ure de la guerre ont amplement confirmé ces vues. L’ Underground, dans plusieurs pays, en a glorieusement confirmé l’effica
2208 dans plusieurs pays, en a glorieusement confirmé l’ efficacité. Les groupes personnalistes critiquaient également la press
2209 s pays, en a glorieusement confirmé l’efficacité. Les groupes personnalistes critiquaient également la presse en France. Vé
2210 Les groupes personnalistes critiquaient également la presse en France. Vénale, pauvre en informations, ou mensongère, elle
2211 ations, ou mensongère, elle ne reflétait plus que l’ anarchie capitaliste, non le pays réel. Que faire contre ce mal, sans
2212 ne reflétait plus que l’anarchie capitaliste, non le pays réel. Que faire contre ce mal, sans capitaux énormes ? Les perso
2213 Que faire contre ce mal, sans capitaux énormes ? Les personnalistes organisèrent des « clubs de presse ». Dans chaque quar
2214 mes ? Les personnalistes organisèrent des « clubs de presse ». Dans chaque quartier de grande ville, dans chaque commune,
2215 ent des « clubs de presse ». Dans chaque quartier de grande ville, dans chaque commune, des correspondants devaient groupe
2216 i transmettre des informations vraies (celles que la presse passait sous silence), lui révéler les secrets de la vénalité
2217 que la presse passait sous silence), lui révéler les secrets de la vénalité des grands journaux, et recueillir une documen
2218 se passait sous silence), lui révéler les secrets de la vénalité des grands journaux, et recueillir une documentation loca
2219 passait sous silence), lui révéler les secrets de la vénalité des grands journaux, et recueillir une documentation locale
2220 umentation locale précise et humaine. Un bulletin de liaison alimentait les clubs. Tout était préparé pour sa transmission
2221 ise et humaine. Un bulletin de liaison alimentait les clubs. Tout était préparé pour sa transmission en cas de crise révolu
2222 s. Tout était préparé pour sa transmission en cas de crise révolutionnaire ou d’invasion, Les Clubs de presse personnalist
2223 a transmission en cas de crise révolutionnaire ou d’ invasion, Les Clubs de presse personnalistes fournirent ainsi le premi
2224 on en cas de crise révolutionnaire ou d’invasion, Les Clubs de presse personnalistes fournirent ainsi le premier modèle des
2225 de crise révolutionnaire ou d’invasion, Les Clubs de presse personnalistes fournirent ainsi le premier modèle des publicat
2226 ainsi le premier modèle des publications fameuses de l’Underground. État présent et avenir du mouvement À la veille
2227 si le premier modèle des publications fameuses de l’ Underground. État présent et avenir du mouvement À la veille de
2228 ound. État présent et avenir du mouvement À la veille de la guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les impl
2229 tat présent et avenir du mouvement À la veille de la guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les implications d
2230 présent et avenir du mouvement À la veille de la guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les implications de s
2231 avenir du mouvement À la veille de la guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les implications de sa doctrine
2232 a guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les implications de sa doctrine dans les plans les plus divers. Il était
2233 onnalisme avait réussi à dégager les implications de sa doctrine dans les plans les plus divers. Il était prêt à déclenche
2234 si à dégager les implications de sa doctrine dans les plans les plus divers. Il était prêt à déclencher une action en profo
2235 er les implications de sa doctrine dans les plans les plus divers. Il était prêt à déclencher une action en profondeur d’ab
2236 profondeur d’abord, puis publique. Une trentaine de volumes, deux revues, un hebdomadaire, des bulletins, brochures et tr
2237 tins, brochures et tracts, répandaient ses idées. Les nazis avaient délégué leur représentant en France, Abetz, au soin d’o
2238 légué leur représentant en France, Abetz, au soin d’ observer de très près ce développement inquiétant. Mais les personnali
2239 représentant en France, Abetz, au soin d’observer de très près ce développement inquiétant. Mais les personnalistes mesura
2240 er de très près ce développement inquiétant. Mais les personnalistes mesuraient sans illusions les obstacles qui leur barra
2241 Mais les personnalistes mesuraient sans illusions les obstacles qui leur barraient encore la route. Ils souffraient tout d’
2242 illusions les obstacles qui leur barraient encore la route. Ils souffraient tout d’abord d’une qualité et d’un défaut bien
2243 ent encore la route. Ils souffraient tout d’abord d’ une qualité et d’un défaut bien typiquement français : le sérieux et l
2244 te. Ils souffraient tout d’abord d’une qualité et d’ un défaut bien typiquement français : le sérieux et l’excès d’idées ne
2245 ualité et d’un défaut bien typiquement français : le sérieux et l’excès d’idées neuves. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à le
2246 défaut bien typiquement français : le sérieux et l’ excès d’idées neuves. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à leur action : le
2247 bien typiquement français : le sérieux et l’excès d’ idées neuves. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à leur action : les grands
2248 çais : le sérieux et l’excès d’idées neuves. Hors d’ eux-mêmes s’opposaient à leur action : les grands intérêts capitaliste
2249 es. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à leur action : les grands intérêts capitalistes, les politiciens démagogues, l’insoucian
2250 à leur action : les grands intérêts capitalistes, les politiciens démagogues, l’insouciance générale à la veille d’un désas
2251 ntérêts capitalistes, les politiciens démagogues, l’ insouciance générale à la veille d’un désastre prévisible, les préjugé
2252 politiciens démagogues, l’insouciance générale à la veille d’un désastre prévisible, les préjugés de droite et de gauche,
2253 ns démagogues, l’insouciance générale à la veille d’ un désastre prévisible, les préjugés de droite et de gauche, le manque
2254 ce générale à la veille d’un désastre prévisible, les préjugés de droite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de p
2255 la veille d’un désastre prévisible, les préjugés de droite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de pression coll
2256 un désastre prévisible, les préjugés de droite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de pression collectifs. Il va
2257 prévisible, les préjugés de droite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de pression collectifs. Il valait mieux
2258 e, les préjugés de droite et de gauche, le manque d’ argent et de moyens de pression collectifs. Il valait mieux attendre e
2259 gés de droite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de pression collectifs. Il valait mieux attendre encore un tem
2260 ite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de pression collectifs. Il valait mieux attendre encore un temps, plutôt
2261 valait mieux attendre encore un temps, plutôt que de s’engager dans une propagande trop coûteuse pour rester pure. Au rest
2262 pagande trop coûteuse pour rester pure. Au reste, la doctrine personnaliste impliquait un progrès organique, forcément len
2263 progrès organique, forcément lent. Il s’agissait de gagner des hommes, un à un, non des masses. La guerre et l’invasion o
2264 it de gagner des hommes, un à un, non des masses. La guerre et l’invasion obligèrent le mouvement à « disparaître ». Dans
2265 des hommes, un à un, non des masses. La guerre et l’ invasion obligèrent le mouvement à « disparaître ». Dans l’intervalle
2266 on des masses. La guerre et l’invasion obligèrent le mouvement à « disparaître ». Dans l’intervalle entre l’armistice de j
2267 n obligèrent le mouvement à « disparaître ». Dans l’ intervalle entre l’armistice de juin 1940 et la suppression de toute e
2268 vement à « disparaître ». Dans l’intervalle entre l’ armistice de juin 1940 et la suppression de toute expression libre par
2269 isparaître ». Dans l’intervalle entre l’armistice de juin 1940 et la suppression de toute expression libre par Vichy, la r
2270 ns l’intervalle entre l’armistice de juin 1940 et la suppression de toute expression libre par Vichy, la revue Esprit vi
2271 entre l’armistice de juin 1940 et la suppression de toute expression libre par Vichy, la revue Esprit vit son tirage qu
2272 suppression de toute expression libre par Vichy, la revue Esprit vit son tirage quintupler en quelques mois. Puis elle
2273 pler en quelques mois. Puis elle fut interdite, à la suite d’un article contre Pétain, son directeur et plusieurs de ses r
2274 uelques mois. Puis elle fut interdite, à la suite d’ un article contre Pétain, son directeur et plusieurs de ses rédacteurs
2275 article contre Pétain, son directeur et plusieurs de ses rédacteurs emprisonnés. Nul autre mouvement ne me paraît mieux ap
2276 eux apte à inspirer ceux qui demandent un monde à la mesure de l’homme, non plus à celle des monstres nés de son anxiété,
2277 inspirer ceux qui demandent un monde à la mesure de l’homme, non plus à celle des monstres nés de son anxiété, de sa pare
2278 spirer ceux qui demandent un monde à la mesure de l’ homme, non plus à celle des monstres nés de son anxiété, de sa paresse
2279 ure de l’homme, non plus à celle des monstres nés de son anxiété, de sa paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple : l
2280 non plus à celle des monstres nés de son anxiété, de sa paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple : le bassin houille
2281 des monstres nés de son anxiété, de sa paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux
2282 és de son anxiété, de sa paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux de la Sarre co
2283 paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux de la Sarre coupé en deux par une fron
2284 8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux de la Sarre coupé en deux par une frontière correspondant aux langues.
2285 8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux de la Sarre coupé en deux par une frontière correspondant aux langues. l.
2286 e correspondant aux langues. l. Rougemont Denis de , « L’attitude personnaliste », Le Monde libre, New York, Montréal, oc
2287 espondant aux langues. l. Rougemont Denis de, «  L’ attitude personnaliste », Le Monde libre, New York, Montréal, octobre
2288 Rougemont Denis de, « L’attitude personnaliste », Le Monde libre, New York, Montréal, octobre 1944, p. 69-72.
11 1944, Articles divers (1941-1946). Quelle guerre cruelle (octobre-novembre 1944)
2289 démocrate et le second totalitaire. On peut aussi les nommer Pierre et Paul, ou moi et l’autre, ou nous et l’ennemi : car «
2290 mer Pierre et Paul, ou moi et l’autre, ou nous et l’ ennemi : car « la seule chose qui importe est de gagner la guerre ». L
2291 l, ou moi et l’autre, ou nous et l’ennemi : car «  la seule chose qui importe est de gagner la guerre ». Là-dessus, nous to
2292 t l’ennemi : car « la seule chose qui importe est de gagner la guerre ». Là-dessus, nous tombons d’accord. Mais sur le sen
2293  : car « la seule chose qui importe est de gagner la guerre ». Là-dessus, nous tombons d’accord. Mais sur le sens des mots
2294 rre ». Là-dessus, nous tombons d’accord. Mais sur le sens des mots gagner la guerre, je trouve très peu d’accord autour de
2295 ombons d’accord. Mais sur le sens des mots gagner la guerre, je trouve très peu d’accord autour de moi. Si j’essayais de m
2296 ve très peu d’accord autour de moi. Si j’essayais de m’entendre d’abord ? Et de comprendre, s’il se peut, la question que
2297 de moi. Si j’essayais de m’entendre d’abord ? Et de comprendre, s’il se peut, la question que cette guerre pose et ne peu
2298 ntendre d’abord ? Et de comprendre, s’il se peut, la question que cette guerre pose et ne peut résoudre. ⁂ Par dépit, par
2299 résoudre. ⁂ Par dépit, par fatigue, ou par esprit de polémique, beaucoup de penseurs ont estimé depuis cent ans que les ré
2300 aucoup de penseurs ont estimé depuis cent ans que les réalités économiques étaient plus fortes que l’esprit et que ses choi
2301 les réalités économiques étaient plus fortes que l’ esprit et que ses choix. Or ces réalités ne faisaient que traduire en
2302 ltats et non pas causes. Car il n’y a pas d’abord la loi de l’offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos dem
2303 t non pas causes. Car il n’y a pas d’abord la loi de l’offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes,
2304 on pas causes. Car il n’y a pas d’abord la loi de l’ offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, sel
2305 es. Car il n’y a pas d’abord la loi de l’offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, selon nos rêve
2306 Car il n’y a pas d’abord la loi de l’offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, selon nos rêves e
2307 n nos rêves et nos passions. Il n’y a pas d’abord les machines puis une société qui doit subir leurs lois, mais il y a d’ab
2308 s, mais il y a d’abord des hommes qui choisissent de construire des machines plutôt que d’avoir faim, ou de chercher la sa
2309 choisissent de construire des machines plutôt que d’ avoir faim, ou de chercher la sagesse, ou de prier devant un symbole a
2310 nstruire des machines plutôt que d’avoir faim, ou de chercher la sagesse, ou de prier devant un symbole ancestral. Il n’y
2311 machines plutôt que d’avoir faim, ou de chercher la sagesse, ou de prier devant un symbole ancestral. Il n’y a pas d’abor
2312 t que d’avoir faim, ou de chercher la sagesse, ou de prier devant un symbole ancestral. Il n’y a pas d’abord les faits et
2313 devant un symbole ancestral. Il n’y a pas d’abord les faits et puis l’humanité qu’ils guident ou blessent, mais il y a d’ab
2314 ancestral. Il n’y a pas d’abord les faits et puis l’ humanité qu’ils guident ou blessent, mais il y a d’abord l’humanité cr
2315 é qu’ils guident ou blessent, mais il y a d’abord l’ humanité créatrice ou malade, et puis des faits qui expriment avec un
2316 ce génie ou cette maladie. (Postérité, je rougis de tant de platitudes, mais de mon temps on les taxait de paradoxes.) Ai
2317 (Postérité, je rougis de tant de platitudes, mais de mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle :
2318 ougis de tant de platitudes, mais de mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe de voi
2319 nt de platitudes, mais de mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe de voir qu’elle
2320 s de mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe de voir qu’elle se passe d’abord en c
2321 e mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe de voir qu’elle se passe d’abord en chac
2322 adoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe de voir qu’elle se passe d’abord en chacun de nous, et qu’elle figure da
2323 mporte de voir qu’elle se passe d’abord en chacun de nous, et qu’elle figure dans son ensemble la crise d’un conflit psych
2324 acun de nous, et qu’elle figure dans son ensemble la crise d’un conflit psychologique de proportions mondiales, de portée
2325 ous, et qu’elle figure dans son ensemble la crise d’ un conflit psychologique de proportions mondiales, de portée séculaire
2326 son ensemble la crise d’un conflit psychologique de proportions mondiales, de portée séculaire. ⁂ Lorsqu’un individu refo
2327 n conflit psychologique de proportions mondiales, de portée séculaire. ⁂ Lorsqu’un individu refoule pendant longtemps ses
2328 lle, intuitive, etc. et se réduit théoriquement à la raison commune, il arrive que les facultés exilées dans son inconscie
2329 théoriquement à la raison commune, il arrive que les facultés exilées dans son inconscient se révoltent soudain et l’attaq
2330 lées dans son inconscient se révoltent soudain et l’ attaquent en force, par une espèce d’éruption volcanique nommée névros
2331 t soudain et l’attaquent en force, par une espèce d’ éruption volcanique nommée névrose. Alors l’homme se croit menacé par
2332 spèce d’éruption volcanique nommée névrose. Alors l’ homme se croit menacé par ce qu’il appelle des esprits. Il est victime
2333 par ce qu’il appelle des esprits. Il est victime de terreurs inexplicables. Des cauchemars envahissent sa vie quotidienne
2334 s. Des cauchemars envahissent sa vie quotidienne, le persécutent et lui rendent l’existence impossible. Il se persuade que
2335 sa vie quotidienne, le persécutent et lui rendent l’ existence impossible. Il se persuade que des forces absolument distinc
2336 se persuade que des forces absolument distinctes de son être l’attaquent avec une férocité sans précédent. Il devient ali
2337 que des forces absolument distinctes de son être l’ attaquent avec une férocité sans précédent. Il devient aliéné, c’est-à
2338 nt. Il devient aliéné, c’est-à-dire qu’il devient la proie d’un autre. Un médecin qu’il jugera très brutal et hostile lui
2339 vient aliéné, c’est-à-dire qu’il devient la proie d’ un autre. Un médecin qu’il jugera très brutal et hostile lui suggère a
2340 alors que cet « autre » n’est en fait qu’une part de lui-même. S’il comprend cela et s’il le croit, le malade guérira peut
2341 ’une part de lui-même. S’il comprend cela et s’il le croit, le malade guérira peut-être. Sinon, il faudra l’enfermer dans
2342 de lui-même. S’il comprend cela et s’il le croit, le malade guérira peut-être. Sinon, il faudra l’enfermer dans une camiso
2343 it, le malade guérira peut-être. Sinon, il faudra l’ enfermer dans une camisole de force. Il ne fera plus de mal, mais il r
2344 re. Sinon, il faudra l’enfermer dans une camisole de force. Il ne fera plus de mal, mais il restera fou. Au Moyen Âge, on
2345 ermer dans une camisole de force. Il ne fera plus de mal, mais il restera fou. Au Moyen Âge, on disait qu’un tel homme éta
2346 e, on disait qu’un tel homme était possédé, et on l’ exorcisait par des cérémonies souvent efficaces. Au xixe siècle, on d
2347 s. Au xixe siècle, on disait qu’il était fou, et l’ on essayait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à la raison, p
2348 disait qu’il était fou, et l’on essayait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à la raison, par des procédés contra
2349 sait qu’il était fou, et l’on essayait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à la raison, par des procédés contraign
2350 u, et l’on essayait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à la raison, par des procédés contraignants. En cas d’éche
2351 et l’on essayait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à la raison, par des procédés contraignants. En cas d’échec,
2352 ait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à la raison, par des procédés contraignants. En cas d’échec, on le mettait
2353 la raison, par des procédés contraignants. En cas d’ échec, on le mettait derrière des barreaux. La guerre actuelle est une
2354 ar des procédés contraignants. En cas d’échec, on le mettait derrière des barreaux. La guerre actuelle est une névrose col
2355 cas d’échec, on le mettait derrière des barreaux. La guerre actuelle est une névrose collective que nous sommes en train d
2356 ollective que nous sommes en train de traiter par les méthodes les plus propres à l’aggraver, après l’avoir provoquée : les
2357 nous sommes en train de traiter par les méthodes les plus propres à l’aggraver, après l’avoir provoquée : les méthodes du
2358 in de traiter par les méthodes les plus propres à l’ aggraver, après l’avoir provoquée : les méthodes du siècle dernier, ra
2359 les méthodes les plus propres à l’aggraver, après l’ avoir provoquée : les méthodes du siècle dernier, rationalistes ou pun
2360 s propres à l’aggraver, après l’avoir provoquée : les méthodes du siècle dernier, rationalistes ou punitives. Le malade, c’
2361 es du siècle dernier, rationalistes ou punitives. Le malade, c’est l’humanité. La partie consciente de l’humanité se voit
2362 ier, rationalistes ou punitives. Le malade, c’est l’ humanité. La partie consciente de l’humanité se voit attaquée par des
2363 listes ou punitives. Le malade, c’est l’humanité. La partie consciente de l’humanité se voit attaquée par des figures de c
2364 Le malade, c’est l’humanité. La partie consciente de l’humanité se voit attaquée par des figures de cauchemar qui symbolis
2365 malade, c’est l’humanité. La partie consciente de l’ humanité se voit attaquée par des figures de cauchemar qui symbolisent
2366 te de l’humanité se voit attaquée par des figures de cauchemar qui symbolisent un inconscient trop longtemps opprimé, nié,
2367 ngtemps opprimé, nié, laissé inculte9. On a tenté de raisonner cet inconscient et de le forcer à se tenir tranquille. Priv
2368 ulte9. On a tenté de raisonner cet inconscient et de le forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens de s’exprimer à sa m
2369 e9. On a tenté de raisonner cet inconscient et de le forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens de s’exprimer à sa mani
2370 ient et de le forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens de s’exprimer à sa manière, affolé par nos arguments, il n’a p
2371 le forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens de s’exprimer à sa manière, affolé par nos arguments, il n’a plus trouvé
2372 ère, affolé par nos arguments, il n’a plus trouvé d’ autre issue que dans une révolte explosive. Le cauchemar envahit la pl
2373 uvé d’autre issue que dans une révolte explosive. Le cauchemar envahit la planète. L’humanité comme aliénée se flagella et
2374 dans une révolte explosive. Le cauchemar envahit la planète. L’humanité comme aliénée se flagella et se meurtrit : elle f
2375 volte explosive. Le cauchemar envahit la planète. L’ humanité comme aliénée se flagella et se meurtrit : elle fait la guerr
2376 me aliénée se flagella et se meurtrit : elle fait la guerre. Exactement, elle se la fait. Elle ne tardera pas à tomber épu
2377 urtrit : elle fait la guerre. Exactement, elle se la fait. Elle ne tardera pas à tomber épuisée et à se passer la camisole
2378 le ne tardera pas à tomber épuisée et à se passer la camisole de force d’un régime d’ordre pour incurables : ce sera la pa
2379 a pas à tomber épuisée et à se passer la camisole de force d’un régime d’ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé
2380 omber épuisée et à se passer la camisole de force d’ un régime d’ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé vaudrait
2381 e et à se passer la camisole de force d’un régime d’ ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé vaudrait mieux. ⁂ Ce
2382 rce d’un régime d’ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé vaudrait mieux. ⁂ Ces remarques m’amènent à une propos
2383 régime d’ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé vaudrait mieux. ⁂ Ces remarques m’amènent à une proposition que
2384 je voudrais défendre et illustrer dans une série d’ écrits à venir : il est temps que la pensée politique rejoigne la psyc
2385 ans une série d’écrits à venir : il est temps que la pensée politique rejoigne la psychologie contemporaine. Depuis quatr
2386 r : il est temps que la pensée politique rejoigne la psychologie contemporaine. Depuis quatre ans, nous essayons de mener
2387 contemporaine. Depuis quatre ans, nous essayons de mener la guerre psychologique10 à l’instar des nazis qui l’avaient in
2388 raine. Depuis quatre ans, nous essayons de mener la guerre psychologique10 à l’instar des nazis qui l’avaient inventée. A
2389 ous essayons de mener la guerre psychologique10 à l’ instar des nazis qui l’avaient inventée. Au seuil de la paix, il est t
2390 a guerre psychologique10 à l’instar des nazis qui l’ avaient inventée. Au seuil de la paix, il est temps de chercher au moi
2391 instar des nazis qui l’avaient inventée. Au seuil de la paix, il est temps de chercher au moins les principes d’une politi
2392 tar des nazis qui l’avaient inventée. Au seuil de la paix, il est temps de chercher au moins les principes d’une politique
2393 aient inventée. Au seuil de la paix, il est temps de chercher au moins les principes d’une politique psychologique. Je ne
2394 uil de la paix, il est temps de chercher au moins les principes d’une politique psychologique. Je ne parle pas de propagand
2395 , il est temps de chercher au moins les principes d’ une politique psychologique. Je ne parle pas de propagande : celle-ci
2396 es d’une politique psychologique. Je ne parle pas de propagande : celle-ci n’est qu’une tactique de bombardement. La polit
2397 as de propagande : celle-ci n’est qu’une tactique de bombardement. La politique que j’imagine serait une cure. Mais avant
2398 : celle-ci n’est qu’une tactique de bombardement. La politique que j’imagine serait une cure. Mais avant de l’entreprendre
2399 ique que j’imagine serait une cure. Mais avant de l’ entreprendre, il nous faudrait un diagnostic. Tentons d’en indiquer le
2400 eprendre, il nous faudrait un diagnostic. Tentons d’ en indiquer les premiers éléments. Si cette génération n’a pas le cour
2401 es premiers éléments. Si cette génération n’a pas le courage de s’avouer plus profondément qu’aucune autre, il ne faut en
2402 éléments. Si cette génération n’a pas le courage de s’avouer plus profondément qu’aucune autre, il ne faut en attendre ri
2403 ment qu’aucune autre, il ne faut en attendre rien de bon, ni rien de grand, ni rien de vrai. Essayons une autoanalyse. C’e
2404 utre, il ne faut en attendre rien de bon, ni rien de grand, ni rien de vrai. Essayons une autoanalyse. C’est notre chance
2405 n attendre rien de bon, ni rien de grand, ni rien de vrai. Essayons une autoanalyse. C’est notre chance peut-être unique.
2406 analyse. C’est notre chance peut-être unique. 1. La guerre nous plaît. Toutes ses victimes le nient, et presque tous ceux
2407 ue. 1. La guerre nous plaît. Toutes ses victimes le nient, et presque tous ceux qu’elle fait vivre. Je dis que la guerre
2408 presque tous ceux qu’elle fait vivre. Je dis que la guerre nous plaît inconsciemment. Autrement, elle serait impossible.
2409 ait impossible. Tous, nous sommes contre, et nous la faisons tous : expliquez cela. — « Ce sont les autres. » Mais ils le
2410 ous la faisons tous : expliquez cela. — « Ce sont les autres. » Mais ils le disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le dro
2411 xpliquez cela. — « Ce sont les autres. » Mais ils le disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de le dire. » Somme
2412 s ils le disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de le dire. » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nou
2413 disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de le dire. » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait en
2414 ent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de le dire. » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquê
2415 n’ont pas le droit de le dire. » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquête avant de partir ? Sommes-
2416 nt pas le droit de le dire. » Sommes-nous sûrs de l’ avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquête avant de partir ? Sommes-nou
2417 nd cela serait, ce ne serait pas grand-chose. Car la guerre ne résulte pas d’une opération légale ou d’une enquête scienti
2418 ait pas grand-chose. Car la guerre ne résulte pas d’ une opération légale ou d’une enquête scientifique, mais elle ressembl
2419 a guerre ne résulte pas d’une opération légale ou d’ une enquête scientifique, mais elle ressemble à une colère, à une pert
2420 ue, mais elle ressemble à une colère, à une perte de patience ou de maîtrise de soi, à la réaction automatique d’un mystér
2421 essemble à une colère, à une perte de patience ou de maîtrise de soi, à la réaction automatique d’un mystérieux sens de l’
2422 ne colère, à une perte de patience ou de maîtrise de soi, à la réaction automatique d’un mystérieux sens de l’honneur bles
2423 à une perte de patience ou de maîtrise de soi, à la réaction automatique d’un mystérieux sens de l’honneur blessé. Flamme
2424 ou de maîtrise de soi, à la réaction automatique d’ un mystérieux sens de l’honneur blessé. Flamme aveuglante, vague de sa
2425 i, à la réaction automatique d’un mystérieux sens de l’honneur blessé. Flamme aveuglante, vague de sang, terreur froide, o
2426 à la réaction automatique d’un mystérieux sens de l’ honneur blessé. Flamme aveuglante, vague de sang, terreur froide, ou g
2427 ens de l’honneur blessé. Flamme aveuglante, vague de sang, terreur froide, ou goût du suicide. Ne me parlez pas de droits,
2428 reur froide, ou goût du suicide. Ne me parlez pas de droits, vous n’y avez pas pensé. Nous avons « fait notre devoir » et
2429 as pensé. Nous avons « fait notre devoir » et pas de question. Je dis que la guerre nous plaît. Elle arrange bien des chos
2430 ait notre devoir » et pas de question. Je dis que la guerre nous plaît. Elle arrange bien des choses. Elle ajourne nos vra
2431 hoses. Elle ajourne nos vrais conflits. Elle tire de nous ce que la paix n’en tirait plus. Elle offre l’avantage incompara
2432 urne nos vrais conflits. Elle tire de nous ce que la paix n’en tirait plus. Elle offre l’avantage incomparable de sanction
2433 nous ce que la paix n’en tirait plus. Elle offre l’ avantage incomparable de sanctionner notre acquittement par contumace.
2434 n tirait plus. Elle offre l’avantage incomparable de sanctionner notre acquittement par contumace. Elle est le grand non-l
2435 ionner notre acquittement par contumace. Elle est le grand non-lieu de millions d’hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s
2436 ttement par contumace. Elle est le grand non-lieu de millions d’hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s land où l’on n’es
2437 contumace. Elle est le grand non-lieu de millions d’ hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s land où l’on n’est plus respo
2438 Elle est le grand non-lieu de millions d’hommes —  le non-lieu —, ce vrai no man’s land où l’on n’est plus responsable de s
2439 ’hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s land où l’ on n’est plus responsable de soi. La guerre ancienne était une chance
2440 vrai no man’s land où l’on n’est plus responsable de soi. La guerre ancienne était une chance offerte à l’instinct combati
2441 man’s land où l’on n’est plus responsable de soi. La guerre ancienne était une chance offerte à l’instinct combatif ; c’ét
2442 oi. La guerre ancienne était une chance offerte à l’ instinct combatif ; c’était l’affaire des mâles, le jeu des coqs ornés
2443 ne chance offerte à l’instinct combatif ; c’était l’ affaire des mâles, le jeu des coqs ornés pour l’occasion de leurs plus
2444 ’instinct combatif ; c’était l’affaire des mâles, le jeu des coqs ornés pour l’occasion de leurs plus belles plumes. La gu
2445 t l’affaire des mâles, le jeu des coqs ornés pour l’ occasion de leurs plus belles plumes. La guerre actuelle a perdu ces a
2446 des mâles, le jeu des coqs ornés pour l’occasion de leurs plus belles plumes. La guerre actuelle a perdu ces attraits. To
2447 rnés pour l’occasion de leurs plus belles plumes. La guerre actuelle a perdu ces attraits. Tout le monde la fait, en salop
2448 erre actuelle a perdu ces attraits. Tout le monde la fait, en salopette, en kaki, ou en tablier. Dans la plupart des cas,
2449 , ou en tablier. Dans la plupart des cas, loin de le combler, elle déçoit l’instinct combatif : comptez qu’une fraction tr
2450 plupart des cas, loin de le combler, elle déçoit l’ instinct combatif : comptez qu’une fraction très réduite de l’humanité
2451 t combatif : comptez qu’une fraction très réduite de l’humanité — presque totalement mobilisée — combat en fait sur les ch
2452 ombatif : comptez qu’une fraction très réduite de l’ humanité — presque totalement mobilisée — combat en fait sur les champ
2453 presque totalement mobilisée — combat en fait sur les champs de bataille. Seule une fraction de cette fraction connaît le c
2454 alement mobilisée — combat en fait sur les champs de bataille. Seule une fraction de cette fraction connaît le corps à cor
2455 it sur les champs de bataille. Seule une fraction de cette fraction connaît le corps à corps, la bataille d’hommes. Qu’aim
2456 lle. Seule une fraction de cette fraction connaît le corps à corps, la bataille d’hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans la
2457 ction de cette fraction connaît le corps à corps, la bataille d’hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans la guerre, que nous
2458 te fraction connaît le corps à corps, la bataille d’ hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans la guerre, que nous soyons civil
2459 bataille d’hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans la guerre, que nous soyons civils ou combattants ? C’est l’état d’except
2460 re, que nous soyons civils ou combattants ? C’est l’ état d’exception proclamé dans la nation entière et dans tous les doma
2461 battants ? C’est l’état d’exception proclamé dans la nation entière et dans tous les domaines. Ainsi la guerre devient pou
2462 tion proclamé dans la nation entière et dans tous les domaines. Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent de la fête c
2463 a nation entière et dans tous les domaines. Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent de la fête chez les peuples anc
2464 s les domaines. Ainsi la guerre devient pour nous l’ équivalent de la fête chez les peuples anciens, elle en possède les at
2465 s. Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent de la fête chez les peuples anciens, elle en possède les attributs les p
2466 Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent de la fête chez les peuples anciens, elle en possède les attributs les plus
2467 re devient pour nous l’équivalent de la fête chez les peuples anciens, elle en possède les attributs les plus aisément reco
2468 la fête chez les peuples anciens, elle en possède les attributs les plus aisément reconnaissables : les lois sont suspendue
2469 es peuples anciens, elle en possède les attributs les plus aisément reconnaissables : les lois sont suspendues, les budgets
2470 les attributs les plus aisément reconnaissables : les lois sont suspendues, les budgets sans limites, les passions collecti
2471 ément reconnaissables : les lois sont suspendues, les budgets sans limites, les passions collectives déchaînées, le déguise
2472 s lois sont suspendues, les budgets sans limites, les passions collectives déchaînées, le déguisement de rigueur, le sacrif
2473 ans limites, les passions collectives déchaînées, le déguisement de rigueur, le sacrifice humain légal, et les valeurs mor
2474 s passions collectives déchaînées, le déguisement de rigueur, le sacrifice humain légal, et les valeurs morales changent d
2475 ollectives déchaînées, le déguisement de rigueur, le sacrifice humain légal, et les valeurs morales changent de signe : tu
2476 isement de rigueur, le sacrifice humain légal, et les valeurs morales changent de signe : tu tueras, tu voleras, tu diras d
2477 ice humain légal, et les valeurs morales changent de signe : tu tueras, tu voleras, tu diras de faux témoignages avec honn
2478 angent de signe : tu tueras, tu voleras, tu diras de faux témoignages avec honneur. Je parle d’état d’exception comme on d
2479 diras de faux témoignages avec honneur. Je parle d’ état d’exception comme on dirait état de siège, état de grâce. Et les
2480 comme on dirait état de siège, état de grâce. Et les trois ne sont point sans rapports. Comme la fête chez les primitifs,
2481 . Et les trois ne sont point sans rapports. Comme la fête chez les primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’humani
2482 s ne sont point sans rapports. Comme la fête chez les primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’humanité moderne. El
2483 sans rapports. Comme la fête chez les primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fourni
2484 . Comme la fête chez les primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fournit la seule exc
2485 z les primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fournit la seule excuse que notre espri
2486 es primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’ humanité moderne. Elle nous fournit la seule excuse que notre esprit p
2487 Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fournit la seule excuse que notre esprit puisse accepter pour suspendre le cours
2488 e que notre esprit puisse accepter pour suspendre le cours d’une existence de plus en plus conforme aux prévisions des gra
2489 re esprit puisse accepter pour suspendre le cours d’ une existence de plus en plus conforme aux prévisions des grandes comp
2490 us conforme aux prévisions des grandes compagnies d’ assurances. (Quelle fête immense faudrait-il à ce siècle pour lui fair
2491 it-il à ce siècle pour lui faire oublier son goût de la guerre ! Quel drame nouveau, pour remplacer, sur la scène vide, l’
2492 il à ce siècle pour lui faire oublier son goût de la guerre ! Quel drame nouveau, pour remplacer, sur la scène vide, l’Enn
2493 guerre ! Quel drame nouveau, pour remplacer, sur la scène vide, l’Ennemi déchu ?) C’est pourquoi la paix nous angoisse au
2494 drame nouveau, pour remplacer, sur la scène vide, l’ Ennemi déchu ?) C’est pourquoi la paix nous angoisse au moins autant q
2495 r la scène vide, l’Ennemi déchu ?) C’est pourquoi la paix nous angoisse au moins autant qu’elle nous attire. Pourtant vien
2496 oins autant qu’elle nous attire. Pourtant viendra la paix, bientôt. Et ce sera peut-être pour des siècles. (Il y aura trop
2497 sera peut-être pour des siècles. (Il y aura trop d’ avions du même côté.) Mais comment l’homme compensera-t-il le manque d
2498 y aura trop d’avions du même côté.) Mais comment l’ homme compensera-t-il le manque de guerres ? Nous avons tout prévu con
2499 même côté.) Mais comment l’homme compensera-t-il le manque de guerres ? Nous avons tout prévu contre un futur Hitler, rie
2500 .) Mais comment l’homme compensera-t-il le manque de guerres ? Nous avons tout prévu contre un futur Hitler, rien contre s
2501 er, rien contre son absence, autant que je sache. Le seul type d’héroïsme que l’Occident ait su concevoir (depuis qu’on n’
2502 re son absence, autant que je sache. Le seul type d’ héroïsme que l’Occident ait su concevoir (depuis qu’on n’allume plus d
2503 autant que je sache. Le seul type d’héroïsme que l’ Occident ait su concevoir (depuis qu’on n’allume plus de bûchers pour
2504 dent ait su concevoir (depuis qu’on n’allume plus de bûchers pour les chrétiens et qu’ils tolèrent les hérétiques), c’est
2505 evoir (depuis qu’on n’allume plus de bûchers pour les chrétiens et qu’ils tolèrent les hérétiques), c’est la mort sous les
2506 de bûchers pour les chrétiens et qu’ils tolèrent les hérétiques), c’est la mort sous les balles pour la Patrie ou pour le
2507 rétiens et qu’ils tolèrent les hérétiques), c’est la mort sous les balles pour la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a
2508 ’ils tolèrent les hérétiques), c’est la mort sous les balles pour la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a plus de guerr
2509 s hérétiques), c’est la mort sous les balles pour la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a plus de guerres, qui fera le
2510 st la mort sous les balles pour la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a plus de guerres, qui fera les héros ? Qui réve
2511 la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a plus de guerres, qui fera les héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? P
2512 parti. Mais s’il n’y a plus de guerres, qui fera les héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ?
2513 s de guerres, qui fera les héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ? Jamais l’humanité ne fut m
2514 sens du sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ? Jamais l’ humanité ne fut moins préparée pour la paix, car jamais elle ne fut pl
2515 oi ? Jamais l’humanité ne fut moins préparée pour la paix, car jamais elle ne fut plus dépourvue de respect pour les vertu
2516 ur la paix, car jamais elle ne fut plus dépourvue de respect pour les vertus que l’esprit seul sait pousser jusqu’au parox
2517 jamais elle ne fut plus dépourvue de respect pour les vertus que l’esprit seul sait pousser jusqu’au paroxysme. Et comment
2518 fut plus dépourvue de respect pour les vertus que l’ esprit seul sait pousser jusqu’au paroxysme. Et comment vivre, s’il n’
2519 u’au paroxysme. Et comment vivre, s’il n’y a plus de paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous le nions tous, et c’est norma
2520 Et comment vivre, s’il n’y a plus de paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous le nions tous, et c’est normal. Mais je propo
2521 a plus de paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous le nions tous, et c’est normal. Mais je propose un test précis. Pourquoi
2522 est précis. Pourquoi tant de réticences à décider le désarmement général, total et définitif de tous les peuples, appuyé p
2523 écider le désarmement général, total et définitif de tous les peuples, appuyé par une interdiction absolue de fabriquer de
2524 e désarmement général, total et définitif de tous les peuples, appuyé par une interdiction absolue de fabriquer des armes e
2525 les peuples, appuyé par une interdiction absolue de fabriquer des armes et d’enseigner à s’en servir ? Je ne sais pas mie
2526 ne interdiction absolue de fabriquer des armes et d’ enseigner à s’en servir ? Je ne sais pas mieux que la plupart ce qui r
2527 sais pas mieux que la plupart ce qui résulterait d’ une décision de ce genre, mais je sais que la plupart résistent à prio
2528 que la plupart ce qui résulterait d’une décision de ce genre, mais je sais que la plupart résistent à priori à cette idée
2529 vois des moustaches qui tremblent avant même que la bouche ne s’ouvre. Et cependant, ils ne sont guère capables de me don
2530 s’ouvre. Et cependant, ils ne sont guère capables de me donner sur-le-champ, avec calme, de bonnes raisons bien étudiées d
2531 e capables de me donner sur-le-champ, avec calme, de bonnes raisons bien étudiées d’un tel refus. C’est un refus instincti
2532 hamp, avec calme, de bonnes raisons bien étudiées d’ un tel refus. C’est un refus instinctif, comme ils disent. Et c’est to
2533 lais leur faire dire. (Il leur reste à me traiter de défaitiste.) Une politique qui négligerait le fait que la guerre nous
2534 ter de défaitiste.) Une politique qui négligerait le fait que la guerre nous plaît pour des raisons profondes, cette polit
2535 tiste.) Une politique qui négligerait le fait que la guerre nous plaît pour des raisons profondes, cette politique serait
2536 isons profondes, cette politique serait incapable de rien conduire, ni de rien prévoir d’autre que d’astucieux traités de
2537 e politique serait incapable de rien conduire, ni de rien prévoir d’autre que d’astucieux traités de commerce que la proch
2538 it incapable de rien conduire, ni de rien prévoir d’ autre que d’astucieux traités de commerce que la prochaine guerre annu
2539 de rien conduire, ni de rien prévoir d’autre que d’ astucieux traités de commerce que la prochaine guerre annulerait. 2. H
2540 i de rien prévoir d’autre que d’astucieux traités de commerce que la prochaine guerre annulerait. 2. Hitler. — Nous penson
2541 r d’autre que d’astucieux traités de commerce que la prochaine guerre annulerait. 2. Hitler. — Nous pensons qu’Hitler est
2542 tler est un monstre avec lequel nous n’avons rien de commun. Il s’agit de le détruire avant toute autre tâche. Point de vu
2543 vec lequel nous n’avons rien de commun. Il s’agit de le détruire avant toute autre tâche. Point de vue indispensable pour
2544 lequel nous n’avons rien de commun. Il s’agit de le détruire avant toute autre tâche. Point de vue indispensable pour gag
2545 tre tâche. Point de vue indispensable pour gagner la guerre. Point de vue stérile et désastreux dès qu’il s’agit de la pai
2546 int de vue stérile et désastreux dès qu’il s’agit de la paix. Hitler n’est pas en dehors de l’humanité, mais en elle. Bien
2547 de vue stérile et désastreux dès qu’il s’agit de la paix. Hitler n’est pas en dehors de l’humanité, mais en elle. Bien pl
2548 s’agit de la paix. Hitler n’est pas en dehors de l’ humanité, mais en elle. Bien plus, il n’est pas seulement devant nous,
2549 devant nous, mais en nous. Il était en nous avons d’ être contre nous. C’est en nous-mêmes d’abord qu’il se dresse contre n
2550 ’abord qu’il se dresse contre nous. Et quand nous l’ aurons tué, il nous occupera sans coup férir si nous n’admettons pas q
2551 férir si nous n’admettons pas qu’il est une part de nous, la part du diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. So
2552 nous n’admettons pas qu’il est une part de nous, la part du diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. Son aventur
2553 se taira d’ici peu. Son aventure prendra fin dans la catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit tr
2554 prendra fin dans la catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que
2555 a catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrieron
2556 atastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’ homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrierons a
2557 e cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout l’ univers, voici que nous nous écrierons avec une stupéfaction mêlée de
2558 e nous nous écrierons avec une stupéfaction mêlée de honte : — Comme il était petit ! Il n’était grand, comme Satan lui-mê
2559 tit ! Il n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du
2560  ! Il n’était grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du si
2561 t grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du siècle, Hitler
2562 que de la grandeur de nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du siècle, Hitler aura joué le rôle d’un person
2563 réalité psychologique du siècle, Hitler aura joué le rôle d’un personnage de rêve d’angoisse. Ce rêve collectif a modelé n
2564 psychologique du siècle, Hitler aura joué le rôle d’ un personnage de rêve d’angoisse. Ce rêve collectif a modelé notre his
2565 siècle, Hitler aura joué le rôle d’un personnage de rêve d’angoisse. Ce rêve collectif a modelé notre histoire, mais il é
2566 Hitler aura joué le rôle d’un personnage de rêve d’ angoisse. Ce rêve collectif a modelé notre histoire, mais il était d’a
2567 modelé notre histoire, mais il était d’abord dans l’ ombre de nos âmes. On a remarqué que dans un cauchemar, ce qui nous te
2568 otre histoire, mais il était d’abord dans l’ombre de nos âmes. On a remarqué que dans un cauchemar, ce qui nous terrifie n
2569 auchemar, ce qui nous terrifie n’est pas toujours l’ aspect du personnage en scène, qui peut être emprunté à la réalité la
2570 du personnage en scène, qui peut être emprunté à la réalité la plus banale, mais c’est plutôt l’intensité de la passion h
2571 age en scène, qui peut être emprunté à la réalité la plus banale, mais c’est plutôt l’intensité de la passion hostile ou c
2572 té à la réalité la plus banale, mais c’est plutôt l’ intensité de la passion hostile ou criminelle dont il nous paraît anim
2573 ité la plus banale, mais c’est plutôt l’intensité de la passion hostile ou criminelle dont il nous paraît animé. Il se cha
2574 la plus banale, mais c’est plutôt l’intensité de la passion hostile ou criminelle dont il nous paraît animé. Il se charge
2575 ont il nous paraît animé. Il se charge à nos yeux d’ une puissance de terreur dont nous n’avions sans doute jamais eu l’exp
2576 ît animé. Il se charge à nos yeux d’une puissance de terreur dont nous n’avions sans doute jamais eu l’expérience. Et pour
2577 e terreur dont nous n’avions sans doute jamais eu l’ expérience. Et pourtant c’est une part de nous-mêmes qui machine cette
2578 amais eu l’expérience. Et pourtant c’est une part de nous-mêmes qui machine cette brusque épouvante, ramassant dans un ges
2579 forme, une atmosphère, tout ce que nous refusions d’ admettre en nous. Le cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas de ref
2580 e, tout ce que nous refusions d’admettre en nous. Le cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas de refuser un instinct ou
2581 us. Le cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas de refuser un instinct ou quelque tentation pour les supprimer. Il s’agi
2582 de refuser un instinct ou quelque tentation pour les supprimer. Il s’agit de les utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyon
2583 u quelque tentation pour les supprimer. Il s’agit de les utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyons certains qu’ils vont r
2584 uelque tentation pour les supprimer. Il s’agit de les utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyons certains qu’ils vont reven
2585 pour les supprimer. Il s’agit de les utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyons certains qu’ils vont revenir en force, sou
2586 en force, sous un déguisement séduisant, ou sous la forme d’un monstre archaïque. L’ogre à la petite moustache est l’un d
2587 , sous un déguisement séduisant, ou sous la forme d’ un monstre archaïque. L’ogre à la petite moustache est l’un de ces mon
2588 duisant, ou sous la forme d’un monstre archaïque. L’ ogre à la petite moustache est l’un de ces monstres. Nous en verrons b
2589 ou sous la forme d’un monstre archaïque. L’ogre à la petite moustache est l’un de ces monstres. Nous en verrons bien d’aut
2590 archaïque. L’ogre à la petite moustache est l’un de ces monstres. Nous en verrons bien d’autres, si nous nous contentons
2591 en verrons bien d’autres, si nous nous contentons de lutter contre les signes extérieurs du mal, sans essayer d’en modifie
2592 ’autres, si nous nous contentons de lutter contre les signes extérieurs du mal, sans essayer d’en modifier les causes dans
2593 contre les signes extérieurs du mal, sans essayer d’ en modifier les causes dans nous-mêmes11. Mais ceci pose un problème n
2594 nes extérieurs du mal, sans essayer d’en modifier les causes dans nous-mêmes11. Mais ceci pose un problème nouveau : le pro
2595 ous-mêmes11. Mais ceci pose un problème nouveau : le problème de la religion. 3. Il faut une religion pour le peuple. Ente
2596 Mais ceci pose un problème nouveau : le problème de la religion. 3. Il faut une religion pour le peuple. Entendons : pour
2597 is ceci pose un problème nouveau : le problème de la religion. 3. Il faut une religion pour le peuple. Entendons : pour qu
2598 lème de la religion. 3. Il faut une religion pour le peuple. Entendons : pour qu’un peuple subsiste. Toute la sociologie m
2599 le. Entendons : pour qu’un peuple subsiste. Toute la sociologie moderne le prouve. À son défaut, Hitler l’aurait fait voir
2600 u’un peuple subsiste. Toute la sociologie moderne le prouve. À son défaut, Hitler l’aurait fait voir par le moyen de cette
2601 ociologie moderne le prouve. À son défaut, Hitler l’ aurait fait voir par le moyen de cette religion synthétique (comme le
2602 ouve. À son défaut, Hitler l’aurait fait voir par le moyen de cette religion synthétique (comme le caoutchouc) qu’est le n
2603 on défaut, Hitler l’aurait fait voir par le moyen de cette religion synthétique (comme le caoutchouc) qu’est le national-s
2604 par le moyen de cette religion synthétique (comme le caoutchouc) qu’est le national-socialisme. Je ne parle pas ici du chr
2605 religion synthétique (comme le caoutchouc) qu’est le national-socialisme. Je ne parle pas ici du christianisme, mais de la
2606 lisme. Je ne parle pas ici du christianisme, mais de la religion en général, comme phénomène humain, cause et produit de t
2607 me. Je ne parle pas ici du christianisme, mais de la religion en général, comme phénomène humain, cause et produit de tout
2608 général, comme phénomène humain, cause et produit de toute communauté vivante. Je parle d’un instinct aussi fondamental et
2609 et produit de toute communauté vivante. Je parle d’ un instinct aussi fondamental et naturel que la sexualité. Il est inco
2610 le d’un instinct aussi fondamental et naturel que la sexualité. Il est incontestable que le rationalisme12 a déprimé depui
2611 aturel que la sexualité. Il est incontestable que le rationalisme12 a déprimé depuis des siècles le sens religieux des Occ
2612 ue le rationalisme12 a déprimé depuis des siècles le sens religieux des Occidentaux. Car non content de combattre et d’éva
2613 des Occidentaux. Car non content de combattre et d’ évacuer les coutumes religieuses périmées (c’était son droit et son de
2614 entaux. Car non content de combattre et d’évacuer les coutumes religieuses périmées (c’était son droit et son devoir), il s
2615 coutumes nouvelles (en ceci protestant, mais sans la foi). Or les coutumes religieuses quelles qu’elles soient, sacrifices
2616 velles (en ceci protestant, mais sans la foi). Or les coutumes religieuses quelles qu’elles soient, sacrifices, fêtes, orgi
2617 ines morales ou mystiques, prières ou rites, sont les moyens qu’a trouvé l’homme pour capter ses puissances obscures et les
2618 es, prières ou rites, sont les moyens qu’a trouvé l’ homme pour capter ses puissances obscures et les ordonner à des fins t
2619 vé l’homme pour capter ses puissances obscures et les ordonner à des fins tantôt pratiques, tantôt transcendantales. Canaux
2620 ales. Canaux exutoires ou écluses, elles assurent la circulation entre l’inconscient collectif et l’activité quotidienne.
2621 s ou écluses, elles assurent la circulation entre l’ inconscient collectif et l’activité quotidienne. Condamnez-les et vous
2622 t la circulation entre l’inconscient collectif et l’ activité quotidienne. Condamnez-les et vous créerez une sécheresse gén
2623 nt collectif et l’activité quotidienne. Condamnez- les et vous créerez une sécheresse générale, nécessairement suivie d’une
2624 ez une sécheresse générale, nécessairement suivie d’ une rupture de digues et de l’interruption catastrophique des forces s
2625 sse générale, nécessairement suivie d’une rupture de digues et de l’interruption catastrophique des forces sombres de la c
2626 nécessairement suivie d’une rupture de digues et de l’interruption catastrophique des forces sombres de la cité. La raiso
2627 cessairement suivie d’une rupture de digues et de l’ interruption catastrophique des forces sombres de la cité. La raison p
2628 l’interruption catastrophique des forces sombres de la cité. La raison peut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas
2629 interruption catastrophique des forces sombres de la cité. La raison peut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas le
2630 ion catastrophique des forces sombres de la cité. La raison peut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas les enchaîn
2631 eut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas les enchaîner. Si elle détruit tous les moyens connus de les apprivoiser,
2632 e ne peut pas les enchaîner. Si elle détruit tous les moyens connus de les apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse
2633 enchaîner. Si elle détruit tous les moyens connus de les apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveau
2634 haîner. Si elle détruit tous les moyens connus de les apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveaux, e
2635 les moyens connus de les apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveaux, elle fait lever des monstres
2636 s apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveaux, elle fait lever des monstres autour de nous. Imagino
2637 nt soudain, nous attaquaient, exigeaient que nous les adorions : leur révolte serait notre carence. Le rationalisme régnant
2638 les adorions : leur révolte serait notre carence. Le rationalisme régnant peut produire des avions en masse et par ce moye
2639 s avions en masse et par ce moyen-là venir à bout d’ Hitler ; mais il ne pourra prévenir la multiplication prochaine d’autr
2640 enir à bout d’Hitler ; mais il ne pourra prévenir la multiplication prochaine d’autres symptômes de la même névrose. Tout
2641 ir la multiplication prochaine d’autres symptômes de la même névrose. Tout porte à croire que nous allons entrer dans une
2642 la multiplication prochaine d’autres symptômes de la même névrose. Tout porte à croire que nous allons entrer dans une ère
2643 orte à croire que nous allons entrer dans une ère de religions aberrantes. Ou, comme le dit une grande légende indienne, d
2644 r dans une ère de religions aberrantes. Ou, comme le dit une grande légende indienne, dans l’ère de l’Accroissement des Mo
2645 u, comme le dit une grande légende indienne, dans l’ ère de l’Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumat
2646 me le dit une grande légende indienne, dans l’ère de l’Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies
2647 le dit une grande légende indienne, dans l’ère de l’ Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies le
2648 enne, dans l’ère de l’Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies les plus grossières sont destinée
2649 Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies les plus grossières sont destinées à susciter dans l’ap
2650 Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies les plus grossières sont destinées à susciter dans l’après-guerre l’entho
2651 es plus grossières sont destinées à susciter dans l’ après-guerre l’enthousiasme éperdu des foules. Et les calculs politiqu
2652 res sont destinées à susciter dans l’après-guerre l’ enthousiasme éperdu des foules. Et les calculs politiques les plus sai
2653 après-guerre l’enthousiasme éperdu des foules. Et les calculs politiques les plus sains des réalistes et des experts seront
2654 asme éperdu des foules. Et les calculs politiques les plus sains des réalistes et des experts seront vidés d’un coup par ce
2655 s sains des réalistes et des experts seront vidés d’ un coup par ces lames de fond. Certains intellectuels incrimineront al
2656 des experts seront vidés d’un coup par ces lames de fond. Certains intellectuels incrimineront alors l’instinct religieux
2657 fond. Certains intellectuels incrimineront alors l’ instinct religieux, cette « survivance ». Et nous lirons encore des jé
2658 vance ». Et nous lirons encore des jérémiades sur le déclin de l’esprit et l’abandon des grands principes. « C’est inconce
2659 t nous lirons encore des jérémiades sur le déclin de l’esprit et l’abandon des grands principes. « C’est inconcevable ! »
2660 ous lirons encore des jérémiades sur le déclin de l’ esprit et l’abandon des grands principes. « C’est inconcevable ! » opi
2661 ncore des jérémiades sur le déclin de l’esprit et l’ abandon des grands principes. « C’est inconcevable ! » opineront-ils,
2662 rincipes. « C’est inconcevable ! » opineront-ils, les bras au ciel. Mais c’est très simple. Un homme qui meurt de faim mang
2663 ciel. Mais c’est très simple. Un homme qui meurt de faim mange n’importe quoi pour tromper sa faim, faute de mieux. La ra
2664 mporte quoi pour tromper sa faim, faute de mieux. La raison n’ose pas dire qu’il a tort d’avoir faim. Dira-t-elle qu’il a
2665 e de mieux. La raison n’ose pas dire qu’il a tort d’ avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? De tro
2666 ’il a tort d’avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’ avoir soif de religion ? De tromper cet instinct rendu furieux par des
2667 avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? De tromper cet instinct rendu furieux par des siècles de p
2668 ra-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? De tromper cet instinct rendu furieux par des siècles de privation ? Ell
2669 romper cet instinct rendu furieux par des siècles de privation ? Elle dénoncera vainement des délires collectifs dont elle
2670 elle sera la première responsable, aussi vrai que le régime de la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frel
2671 la première responsable, aussi vrai que le régime de la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frelaté, en Am
2672 première responsable, aussi vrai que le régime de la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frelaté, en Améri
2673 ime de la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frelaté, en Amérique. ⁂ Je ne demande pas que des sorciers n
2674 de la prohibition fut responsable des méfaits de l’ alcool frelaté, en Amérique. ⁂ Je ne demande pas que des sorciers ni m
2675 pas que des sorciers ni même des prêtres dirigent l’ État : c’est le péril qu’il faudrait conjurer. Mais je pense qu’il est
2676 ciers ni même des prêtres dirigent l’État : c’est le péril qu’il faudrait conjurer. Mais je pense qu’il est temps de renon
2677 faudrait conjurer. Mais je pense qu’il est temps de renoncer à la vieille politique de l’équilibre des grandes puissances
2678 urer. Mais je pense qu’il est temps de renoncer à la vieille politique de l’équilibre des grandes puissances nationales et
2679 u’il est temps de renoncer à la vieille politique de l’équilibre des grandes puissances nationales et des trusts : elle ne
2680 l est temps de renoncer à la vieille politique de l’ équilibre des grandes puissances nationales et des trusts : elle ne pe
2681 tionales et des trusts : elle ne peut plus saisir les éléments de notre conflit. Il est temps de nous orienter vers une pol
2682 es trusts : elle ne peut plus saisir les éléments de notre conflit. Il est temps de nous orienter vers une politique d’équ
2683 aisir les éléments de notre conflit. Il est temps de nous orienter vers une politique d’équilibre des grandes puissances p
2684 Il est temps de nous orienter vers une politique d’ équilibre des grandes puissances psychologiques, dans les masses, à l’
2685 libre des grandes puissances psychologiques, dans les masses, à l’échelle du globe. Et s’il faut des experts autour du tapi
2686 des puissances psychologiques, dans les masses, à l’ échelle du globe. Et s’il faut des experts autour du tapis vert, qu’on
2687 appelle des psychiatres plutôt que des banquiers. L’ argent ne chasse pas les démons. 9. Instincts, forces considérées co
2688 plutôt que des banquiers. L’argent ne chasse pas les démons. 9. Instincts, forces considérées comme anarchiques, subvers
2689 s, races inférieures, besoins religieux qualifiés de superstitions. 10. L’expression psychological warfare est devenue co
2690 esoins religieux qualifiés de superstitions. 10. L’ expression psychological warfare est devenue courante dans les pays de
2691 n psychological warfare est devenue courante dans les pays de langue anglaise. 11. Type d’argument que l’on peut opposer à
2692 ogical warfare est devenue courante dans les pays de langue anglaise. 11. Type d’argument que l’on peut opposer à ce qui
2693 rante dans les pays de langue anglaise. 11. Type d’ argument que l’on peut opposer à ce qui précède, afin de tuer dans l’œ
2694 pays de langue anglaise. 11. Type d’argument que l’ on peut opposer à ce qui précède, afin de tuer dans l’œuf toute tentat
2695 peut opposer à ce qui précède, afin de tuer dans l’ œuf toute tentative d’analyse féconde : « Avouez tout de même que nos
2696 précède, afin de tuer dans l’œuf toute tentative d’ analyse féconde : « Avouez tout de même que nos régimes actuels, si im
2697 tes, en politique, il s’agira toujours, au mieux, de moindres maux. Mais la question est de savoir si le prétendu moindre
2698 ’agira toujours, au mieux, de moindres maux. Mais la question est de savoir si le prétendu moindre mal que l’on défend n’e
2699 au mieux, de moindres maux. Mais la question est de savoir si le prétendu moindre mal que l’on défend n’est pas simplemen
2700 moindres maux. Mais la question est de savoir si le prétendu moindre mal que l’on défend n’est pas simplement un premier
2701 tion est de savoir si le prétendu moindre mal que l’ on défend n’est pas simplement un premier stade du pire. La chute sera
2702 nd n’est pas simplement un premier stade du pire. La chute serait-elle un moindre mal que la fracture qui en résulte ? La
2703 du pire. La chute serait-elle un moindre mal que la fracture qui en résulte ? La maladie mortelle, un moindre mal que la
2704 e un moindre mal que la fracture qui en résulte ? La maladie mortelle, un moindre mal que la mort qui la termine ? 12. Le
2705 résulte ? La maladie mortelle, un moindre mal que la mort qui la termine ? 12. Les méfaits de la psychologie rationaliste
2706 maladie mortelle, un moindre mal que la mort qui la termine ? 12. Les méfaits de la psychologie rationaliste ont été pat
2707 un moindre mal que la mort qui la termine ? 12. Les méfaits de la psychologie rationaliste ont été patents dans la morale
2708 mal que la mort qui la termine ? 12. Les méfaits de la psychologie rationaliste ont été patents dans la morale sexuelle e
2709 que la mort qui la termine ? 12. Les méfaits de la psychologie rationaliste ont été patents dans la morale sexuelle et l
2710 la psychologie rationaliste ont été patents dans la morale sexuelle et la conception du mariage au siècle dernier ; ou lo
2711 aliste ont été patents dans la morale sexuelle et la conception du mariage au siècle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’a
2712 riage au siècle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’ apprécier le rôle du sacré, l’âme collective, la création artistique,
2713 cle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’apprécier le rôle du sacré, l’âme collective, la création artistique, l’importance
2714 orsqu’il s’agissait d’apprécier le rôle du sacré, l’ âme collective, la création artistique, l’importance relative de l’arg
2715 t d’apprécier le rôle du sacré, l’âme collective, la création artistique, l’importance relative de l’argent et du travail,
2716 sacré, l’âme collective, la création artistique, l’ importance relative de l’argent et du travail, les dogmes chrétiens, e
2717 ve, la création artistique, l’importance relative de l’argent et du travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemo
2718 la création artistique, l’importance relative de l’ argent et du travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont
2719 l’importance relative de l’argent et du travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont Denis de, « Quelle guerre
2720 dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont Denis de , « Quelle guerre cruelle », L’Arche, Alger, octobre–novembre 1944, p.
2721 . Rougemont Denis de, « Quelle guerre cruelle », L’ Arche, Alger, octobre–novembre 1944, p. 69-78.
12 1945, Articles divers (1941-1946). Présentation du tarot (printemps 1945)
2722 )n 1. Origines Tarot, tarok ou taroc, est le nom donné par les Italiens à l’une des figures du paquet de 78 cartes
2723 es Tarot, tarok ou taroc, est le nom donné par les Italiens à l’une des figures du paquet de 78 cartes tel qu’il existai
2724 né par les Italiens à l’une des figures du paquet de 78 cartes tel qu’il existait au xiiie siècle. Ce nom fut attribué pa
2725 xistait au xiiie siècle. Ce nom fut attribué par la suite à l’ensemble du jeu. Un des premiers témoignages historiques qu
2726 xiiie siècle. Ce nom fut attribué par la suite à l’ ensemble du jeu. Un des premiers témoignages historiques que l’on poss
2727 jeu. Un des premiers témoignages historiques que l’ on possède sur le tarot remonte à 1393. Cette année-là, Jacquemin Grin
2728 iers témoignages historiques que l’on possède sur le tarot remonte à 1393. Cette année-là, Jacquemin Gringonneur, peintre
2729 , dessina et enlumina des cartes pour Charles VI, le roi fou, liant ainsi le tarot à l’un des moments les plus violemment
2730 s cartes pour Charles VI, le roi fou, liant ainsi le tarot à l’un des moments les plus violemment poétiques de l’histoire
2731 roi fou, liant ainsi le tarot à l’un des moments les plus violemment poétiques de l’histoire de France. Ces cartes à fond
2732 à l’un des moments les plus violemment poétiques de l’histoire de France. Ces cartes à fond doré, à bord d’argent, ne por
2733 l’un des moments les plus violemment poétiques de l’ histoire de France. Ces cartes à fond doré, à bord d’argent, ne porten
2734 ments les plus violemment poétiques de l’histoire de France. Ces cartes à fond doré, à bord d’argent, ne portent ni inscri
2735 istoire de France. Ces cartes à fond doré, à bord d’ argent, ne portent ni inscriptions ni nombres, et s’inspirent de modèl
2736 ortent ni inscriptions ni nombres, et s’inspirent de modèles vénitiens. Dix-sept d’entre elles sont conservées à la Biblio
2737 nitiens. Dix-sept d’entre elles sont conservées à la Bibliothèque Nationale. D’un autre jeu, faussement attribué à Mantegn
2738 lles sont conservées à la Bibliothèque Nationale. D’ un autre jeu, faussement attribué à Mantegna, et daté de 1400, subsist
2739 utre jeu, faussement attribué à Mantegna, et daté de 1400, subsistent aujourd’hui quatre exemplaires de 50 cartes chacun.
2740 e 1400, subsistent aujourd’hui quatre exemplaires de 50 cartes chacun. Ce jeu se compose de cinq séries de 10 cartes, nomm
2741 xemplaires de 50 cartes chacun. Ce jeu se compose de cinq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses
2742 0 cartes chacun. Ce jeu se compose de cinq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses, les Arts libé
2743 u se compose de cinq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Sy
2744 cinq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste.
2745 nq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Mi
2746 s de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Michel-Ange
2747 tes, nommées les Conditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Michel-Ange est suppos
2748 nditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Michel-Ange est supposé avoir inventé un
2749 la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Michel-Ange est supposé avoir inventé un jeu de taro
2750 ste. Michel-Ange est supposé avoir inventé un jeu de tarot pour enseigner l’arithmétique. Et Gargantua jouait au « Tarau »
2751 posé avoir inventé un jeu de tarot pour enseigner l’ arithmétique. Et Gargantua jouait au « Tarau » selon Rabelais. Au xve
2752 uait au « Tarau » selon Rabelais. Au xve siècle, l’ invention de l’imprimerie multiplia les cartes en circulation, mais ju
2753 rau » selon Rabelais. Au xve siècle, l’invention de l’imprimerie multiplia les cartes en circulation, mais jusqu’au xviii
2754  » selon Rabelais. Au xve siècle, l’invention de l’ imprimerie multiplia les cartes en circulation, mais jusqu’au xviiie
2755 ve siècle, l’invention de l’imprimerie multiplia les cartes en circulation, mais jusqu’au xviiie siècle, le tarot n’est g
2756 tes en circulation, mais jusqu’au xviiie siècle, le tarot n’est guère connu que chez les princes et chez les gipsys, tout
2757 iiie siècle, le tarot n’est guère connu que chez les princes et chez les gipsys, tout en haut de l’échelle sociale et tout
2758 ot n’est guère connu que chez les princes et chez les gipsys, tout en haut de l’échelle sociale et tout en bas, passe-temps
2759 chez les princes et chez les gipsys, tout en haut de l’échelle sociale et tout en bas, passe-temps noble et magique ou rit
2760 z les princes et chez les gipsys, tout en haut de l’ échelle sociale et tout en bas, passe-temps noble et magique ou rituel
2761 ut en bas, passe-temps noble et magique ou rituel de science maudite, et prêtant aux abus les plus puérils ou les plus dém
2762 ou rituel de science maudite, et prêtant aux abus les plus puérils ou les plus démoniaques, bien entendu. L’origine du taro
2763 maudite, et prêtant aux abus les plus puérils ou les plus démoniaques, bien entendu. L’origine du tarot est obscure. Vers
2764 us puérils ou les plus démoniaques, bien entendu. L’ origine du tarot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle, l’occu
2765 ien entendu. L’origine du tarot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle, l’occultiste suisse Court de Gébelin émit l
2766 ot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle, l’ occultiste suisse Court de Gébelin émit l’hypothèse que le tarot dériv
2767 lieu du xviiie siècle, l’occultiste suisse Court de Gébelin émit l’hypothèse que le tarot dérivait du Livre de Toth, livr
2768 siècle, l’occultiste suisse Court de Gébelin émit l’ hypothèse que le tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’Égy
2769 iste suisse Court de Gébelin émit l’hypothèse que le tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’Égypte. Mais il cru
2770 n émit l’hypothèse que le tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouver les éq
2771 e le tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouver les équivalents dans une in
2772 e tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’ Égypte. Mais il crut aussi en retrouver les équivalents dans une inscr
2773 acré de l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouver les équivalents dans une inscription chinoise, datant de 1120, et dans le
2774 équivalents dans une inscription chinoise, datant de 1120, et dans les tablettes hindoues représentant les avatars de Vish
2775 une inscription chinoise, datant de 1120, et dans les tablettes hindoues représentant les avatars de Vishnu. L’origine égyp
2776 1120, et dans les tablettes hindoues représentant les avatars de Vishnu. L’origine égyptienne du tarot est soutenue par Ett
2777 s les tablettes hindoues représentant les avatars de Vishnu. L’origine égyptienne du tarot est soutenue par Etteilla, dont
2778 ttes hindoues représentant les avatars de Vishnu. L’ origine égyptienne du tarot est soutenue par Etteilla, dont nous allon
2779 utenue par Etteilla, dont nous allons parler, par d’ Odoucet son premier disciple, et par Éliphas Levi. Elle a été contesté
2780 ttribue au tarot une origine hindoue ; et ce sont les gipsys, selon lui (et d’ailleurs aussi selon Lévi) qui l’auraient tra
2781 s, selon lui (et d’ailleurs aussi selon Lévi) qui l’ auraient transmis à l’Europe. Mais on sait que le peuple tzigane ne vi
2782 leurs aussi selon Lévi) qui l’auraient transmis à l’ Europe. Mais on sait que le peuple tzigane ne vint en Europe qu’en 141
2783 l’auraient transmis à l’Europe. Mais on sait que le peuple tzigane ne vint en Europe qu’en 1417 sous la conduite du « Duc
2784 peuple tzigane ne vint en Europe qu’en 1417 sous la conduite du « Duc d’Égypte » ; et qu’on lui suppose une ascendance hi
2785 ascendance hindoue. Or nous possédons des cartes de tarot plus anciennes, comme on vient de le voir. Les origines du taro
2786 cartes de tarot plus anciennes, comme on vient de le voir. Les origines du tarot, selon nous, se perdent littéralement dan
2787 tarot plus anciennes, comme on vient de le voir. Les origines du tarot, selon nous, se perdent littéralement dans la nuit
2788 tarot, selon nous, se perdent littéralement dans la nuit des temps. Nous soutiendrons cette thèse au paragraphe 5. 2.
2789 2. Etteilla (1750-1810, environ) Nous lisons le jugement suivant sur Etteilla dans un petit ouvrage intitulé Le Nouve
2790 ivant sur Etteilla dans un petit ouvrage intitulé Le Nouvel Etteilla (Paris 1922) : Cet auteur, en rendant justice au gén
2791 ) : Cet auteur, en rendant justice au génie et à la science de Court de Gébelin, terrassa ce que ce grave antiquaire avai
2792 teur, en rendant justice au génie et à la science de Court de Gébelin, terrassa ce que ce grave antiquaire avait transcrit
2793 rendant justice au génie et à la science de Court de Gébelin, terrassa ce que ce grave antiquaire avait transcrit dans son
2794 après un amateur qui, lui-même, n’avait pu copier l’ art de tirer les cartes, dont il est question, que d’après sa cuisiniè
2795 un amateur qui, lui-même, n’avait pu copier l’art de tirer les cartes, dont il est question, que d’après sa cuisinière. I
2796 r qui, lui-même, n’avait pu copier l’art de tirer les cartes, dont il est question, que d’après sa cuisinière. Il était pe
2797 sa cuisinière. Il était perruquier et se nommait de son vrai nom, Alliette. Il redécouvrit le tarot pendant la seconde mo
2798 nommait de son vrai nom, Alliette. Il redécouvrit le tarot pendant la seconde moitié du xviiie siècle. Sa prose est vague
2799 , ses interprétations sont hasardeuses, mais il a le mérite d’en avoir proposées. Ses disciples, dont le plus grand fut Él
2800 rprétations sont hasardeuses, mais il a le mérite d’ en avoir proposées. Ses disciples, dont le plus grand fut Éliphas Lévi
2801 mérite d’en avoir proposées. Ses disciples, dont le plus grand fut Éliphas Lévi (l’abbé Alphonse Louis Constant), ne se p
2802 s disciples, dont le plus grand fut Éliphas Lévi ( l’ abbé Alphonse Louis Constant), ne se privent pas de dénoncer ses erreu
2803 ’abbé Alphonse Louis Constant), ne se privent pas de dénoncer ses erreurs, mais se montrent enclins aux mêmes complaisance
2804 clins aux mêmes complaisances interprétatives que le maître. La lecture de leurs textes est généralement exaspérante, à ca
2805 êmes complaisances interprétatives que le maître. La lecture de leurs textes est généralement exaspérante, à cause de leur
2806 isances interprétatives que le maître. La lecture de leurs textes est généralement exaspérante, à cause de leur propension
2807 oquement. En voici un exemple : Etteilla a placé le Fou à la fin du jeu, c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21
2808 En voici un exemple : Etteilla a placé le Fou à la fin du jeu, c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21 la figur
2809 c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21 la figure qu’il nomme le Despote africain, qui n’est autre que l’arcane
2810 e 78, et a mis au nombre 21 la figure qu’il nomme le Despote africain, qui n’est autre que l’arcane 7, 1e Chariot… Mais en
2811 il nomme le Despote africain, qui n’est autre que l’ arcane 7, 1e Chariot… Mais en fait cette lame n’a pas de nombre autre
2812 ne 7, 1e Chariot… Mais en fait cette lame n’a pas de nombre autre que le zéro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin d
2813 is en fait cette lame n’a pas de nombre autre que le zéro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin de l’alphabet hébreu…
2814 mbre autre que le zéro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin de l’alphabet hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ains
2815 e zéro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin de l’alphabet hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le ve
2816 éro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin de l’ alphabet hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le verro
2817 ppartient à la lettre Schin de l’alphabet hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le verrons. Etteilla place
2818 reu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le verrons. Etteilla place le Fou sous le nombre 78 qui est enfin notre
2819 ssi 22, ainsi que nous le verrons. Etteilla place le Fou sous le nombre 78 qui est enfin notre zéro, et voici son intéress
2820 i que nous le verrons. Etteilla place le Fou sous le nombre 78 qui est enfin notre zéro, et voici son intéressante analyse
2821 fin notre zéro, et voici son intéressante analyse de ce nombre. (Elie Alta, Le Tarot égyptien, ou Etteilla restitué, Vichy
2822 on intéressante analyse de ce nombre. (Elie Alta, Le Tarot égyptien, ou Etteilla restitué, Vichy, 1922.) On peut juger d’
2823 . 0 = 78 = (77) = 21 = 22 = (20) = 0. Telles sont les brimades que doit subir le débutant dans l’étude du tarot. 3. Vari
2824 (20) = 0. Telles sont les brimades que doit subir le débutant dans l’étude du tarot. 3. Variations Selon les pays et
2825 sont les brimades que doit subir le débutant dans l’ étude du tarot. 3. Variations Selon les pays et les temps : quan
2826 dans l’étude du tarot. 3. Variations Selon les pays et les temps : quant au dessin des cartes, et quant à leur inter
2827 e du tarot. 3. Variations Selon les pays et les temps : quant au dessin des cartes, et quant à leur interprétation, l
2828 essin des cartes, et quant à leur interprétation, les variations paraissent avoir été aussi nombreuses que les familles d’e
2829 iations paraissent avoir été aussi nombreuses que les familles d’esprits, les hérésies chrétiennes, ou les écoles marxistes
2830 ssent avoir été aussi nombreuses que les familles d’ esprits, les hérésies chrétiennes, ou les écoles marxistes. Non moins
2831 été aussi nombreuses que les familles d’esprits, les hérésies chrétiennes, ou les écoles marxistes. Non moins valables. Ca
2832 familles d’esprits, les hérésies chrétiennes, ou les écoles marxistes. Non moins valables. Car le tarot représente le Mond
2833 ou les écoles marxistes. Non moins valables. Car le tarot représente le Monde : on peut le voir de plus d’une façon. A) P
2834 stes. Non moins valables. Car le tarot représente le Monde : on peut le voir de plus d’une façon. A) Pays. Citons Elie Alt
2835 ables. Car le tarot représente le Monde : on peut le voir de plus d’une façon. A) Pays. Citons Elie Alta : Etteilla a com
2836 rot représente le Monde : on peut le voir de plus d’ une façon. A) Pays. Citons Elie Alta : Etteilla a composé un jeu dans
2837 lie Alta : Etteilla a composé un jeu dans lequel les figures des arcanes majeurs ont été déplacées ou transformées. Seuls
2838 majeurs ont été déplacées ou transformées. Seuls les arcanes mineurs sont exacts, mais malgré ces changements on peut se s
2839 ts, mais malgré ces changements on peut se servir de son jeu. Il est préférable d’employer les suivants, mais en numérotan
2840 s on peut se servir de son jeu. Il est préférable d’ employer les suivants, mais en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le
2841 e servir de son jeu. Il est préférable d’employer les suivants, mais en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le tarot de Mar
2842 rable d’employer les suivants, mais en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le tarot de Marseille où les arcanes majeurs son
2843 ants, mais en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le tarot de Marseille où les arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot s
2844 s en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le tarot de Marseille où les arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot suisse de
2845 les arcanes mineurs : 1. Le tarot de Marseille où les arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot suisse de Schaffhouse ; 3.
2846 Marseille où les arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot suisse de Schaffhouse ; 3. Le tarot italien où seulement deux a
2847 arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot suisse de Schaffhouse ; 3. Le tarot italien où seulement deux arcanes sont diff
2848 t exacts ; 2. Le tarot suisse de Schaffhouse ; 3. Le tarot italien où seulement deux arcanes sont différents : (a) Le pape
2849 n où seulement deux arcanes sont différents : (a) Le pape qui est remplacé par Jupiter, ce qui est la même chose, car Jupi
2850 Le pape qui est remplacé par Jupiter, ce qui est la même chose, car Jupiter étant symboliquement principe de vie, fait fo
2851 chose, car Jupiter étant symboliquement principe de vie, fait fonction de Dieu dans l’Humanité ; (b) La papesse, remplacé
2852 ant symboliquement principe de vie, fait fonction de Dieu dans l’Humanité ; (b) La papesse, remplacée par Junon qui est l’
2853 ement principe de vie, fait fonction de Dieu dans l’ Humanité ; (b) La papesse, remplacée par Junon qui est l’espace ou san
2854 vie, fait fonction de Dieu dans l’Humanité ; (b) La papesse, remplacée par Junon qui est l’espace ou sanctuaire de la vie
2855 ité ; (b) La papesse, remplacée par Junon qui est l’ espace ou sanctuaire de la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tar
2856 emplacée par Junon qui est l’espace ou sanctuaire de la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui es
2857 lacée par Junon qui est l’espace ou sanctuaire de la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui est e
2858 est l’espace ou sanctuaire de la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui est entièrement défiguré
2859 tuaire de la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui est entièrement défiguré, mais qui peut égale
2860 la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui est entièrement défiguré, mais qui peut également serv
2861 is qui peut également servir en tenant compte que les Bâtons sont remplacés par les Carreaux ; les Épées par les Piques et
2862 n tenant compte que les Bâtons sont remplacés par les Carreaux ; les Épées par les Piques et les Deniers par les Trèfles. E
2863 que les Bâtons sont remplacés par les Carreaux ; les Épées par les Piques et les Deniers par les Trèfles. En France nous t
2864 s sont remplacés par les Carreaux ; les Épées par les Piques et les Deniers par les Trèfles. En France nous trouvons diffic
2865 és par les Carreaux ; les Épées par les Piques et les Deniers par les Trèfles. En France nous trouvons difficilement le tar
2866 aux ; les Épées par les Piques et les Deniers par les Trèfles. En France nous trouvons difficilement le tarot de Marseille.
2867 es Trèfles. En France nous trouvons difficilement le tarot de Marseille. La Maison Grimaud l’a remplacé par le tarot itali
2868 s. En France nous trouvons difficilement le tarot de Marseille. La Maison Grimaud l’a remplacé par le tarot italien ; celu
2869 ous trouvons difficilement le tarot de Marseille. La Maison Grimaud l’a remplacé par le tarot italien ; celui de Schaffhou
2870 cilement le tarot de Marseille. La Maison Grimaud l’ a remplacé par le tarot italien ; celui de Schaffhouse ne se trouve qu
2871 de Marseille. La Maison Grimaud l’a remplacé par le tarot italien ; celui de Schaffhouse ne se trouve qu’en Suisse, de mê
2872 Grimaud l’a remplacé par le tarot italien ; celui de Schaffhouse ne se trouve qu’en Suisse, de même celui de Francfort en
2873 affhouse ne se trouve qu’en Suisse, de même celui de Francfort en Allemagne ; ils n’ont pas droit d’entrée en France. Quan
2874 i de Francfort en Allemagne ; ils n’ont pas droit d’ entrée en France. Quant à celui d’Etteilla, on le trouve partout. (E. 
2875 n’ont pas droit d’entrée en France. Quant à celui d’ Etteilla, on le trouve partout. (E. Alta, op. cit., p. 27). B) Dessin
2876 d’entrée en France. Quant à celui d’Etteilla, on le trouve partout. (E. Alta, op. cit., p. 27). B) Dessin. La plupart de
2877 jeux qu’on trouve aujourd’hui en circulation (si l’ on peut dire, car leur vente est interdite dans de nombreux pays), s’i
2878 l’on peut dire, car leur vente est interdite dans de nombreux pays), s’inspirent de modèles du xviiie siècle avec plus ou
2879 est interdite dans de nombreux pays), s’inspirent de modèles du xviiie siècle avec plus ou moins de fidélité. Défaut cour
2880 t de modèles du xviiie siècle avec plus ou moins de fidélité. Défaut courant : une simplification intempérante des symbol
2881 n intempérante des symboles. Comparez par exemple les cartes que nous reproduisons à la suite de cet article, les unes selo
2882 que nous reproduisons à la suite de cet article, les unes selon Court de Gébelin, les autres selon des modèles plus ancien
2883 s à la suite de cet article, les unes selon Court de Gébelin, les autres selon des modèles plus anciens, restitués par l’é
2884 de cet article, les unes selon Court de Gébelin, les autres selon des modèles plus anciens, restitués par l’érudition. Et
2885 res selon des modèles plus anciens, restitués par l’ érudition. Et depuis Court de Gébelin, la décadence s’est accentuée. O
2886 ciens, restitués par l’érudition. Et depuis Court de Gébelin, la décadence s’est accentuée. On trouve même aujourd’hui des
2887 tués par l’érudition. Et depuis Court de Gébelin, la décadence s’est accentuée. On trouve même aujourd’hui des cartes de t
2888 accentuée. On trouve même aujourd’hui des cartes de tarot à figures redoublées (tête en haut et tête en bas) à l’instar d
2889 igures redoublées (tête en haut et tête en bas) à l’ instar du jeu de cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si l’on
2890 s (tête en haut et tête en bas) à l’instar du jeu de cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si l’on sait que l’inter
2891 e cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si l’ on sait que l’interprétation de chaque lame ou arcane majeur peut être
2892 ne. C’est un abus inqualifiable, si l’on sait que l’ interprétation de chaque lame ou arcane majeur peut être profondément
2893 inqualifiable, si l’on sait que l’interprétation de chaque lame ou arcane majeur peut être profondément différente selon
2894 ajeur peut être profondément différente selon que la carte apparaît dans le jeu droite ou renversée. Il en résulte aussi q
2895 ément différente selon que la carte apparaît dans le jeu droite ou renversée. Il en résulte aussi que le manque de place,
2896 jeu droite ou renversée. Il en résulte aussi que le manque de place, dans le cas d’une figure doublée, oblige le dessinat
2897 e ou renversée. Il en résulte aussi que le manque de place, dans le cas d’une figure doublée, oblige le dessinateur à expu
2898 Il en résulte aussi que le manque de place, dans le cas d’une figure doublée, oblige le dessinateur à expulser de la cart
2899 résulte aussi que le manque de place, dans le cas d’ une figure doublée, oblige le dessinateur à expulser de la carte les s
2900 e place, dans le cas d’une figure doublée, oblige le dessinateur à expulser de la carte les symboles qu’il juge superflus
2901 figure doublée, oblige le dessinateur à expulser de la carte les symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’imm
2902 gure doublée, oblige le dessinateur à expulser de la carte les symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’immort
2903 lée, oblige le dessinateur à expulser de la carte les symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’immortalité dans
2904 carte les symboles qu’il juge superflus (tel que l’ oiseau de l’immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou les lettre
2905 s symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou les lettres T-A-R-O
2906 ymboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’ immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou les lettres T-A-R-O et
2907 superflus (tel que l’oiseau de l’immortalité dans l’ arcane 17, petit exemple, ou les lettres T-A-R-O et J-H-V-H dans l’arc
2908 l’immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou les lettres T-A-R-O et J-H-V-H dans l’arcane 10, c’est-à-dire simplement
2909 t exemple, ou les lettres T-A-R-O et J-H-V-H dans l’ arcane 10, c’est-à-dire simplement le sens de la lame — Taro ou Rota —
2910 J-H-V-H dans l’arcane 10, c’est-à-dire simplement le sens de la lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudr
2911 dans l’arcane 10, c’est-à-dire simplement le sens de la lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudrait cons
2912 s l’arcane 10, c’est-à-dire simplement le sens de la lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudrait conseil
2913 simplement le sens de la lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudrait conseiller au lecteur de détruire r
2914 ent le sens de la lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudrait conseiller au lecteur de détruire radicale
2915 Dieu — Jahvé). On voudrait conseiller au lecteur de détruire radicalement tout jeu de ce genre sur lequel il pourrait met
2916 ller au lecteur de détruire radicalement tout jeu de ce genre sur lequel il pourrait mettre la main, si l’on ne craignait
2917 out jeu de ce genre sur lequel il pourrait mettre la main, si l’on ne craignait de donner à ces contrefaçons la valeur tou
2918 e genre sur lequel il pourrait mettre la main, si l’ on ne craignait de donner à ces contrefaçons la valeur tout accidentel
2919 il pourrait mettre la main, si l’on ne craignait de donner à ces contrefaçons la valeur tout accidentelle qui s’attache a
2920 si l’on ne craignait de donner à ces contrefaçons la valeur tout accidentelle qui s’attache aux raretés monstrueuses. C) S
2921 des lames reproduites ci-après quelques exemples d’ interprétations fort diverses : il serait aisé (et désirable) de les m
2922 ons fort diverses : il serait aisé (et désirable) de les multiplier à propos de ces mêmes cartes. Peut-être alors une cert
2923 fort diverses : il serait aisé (et désirable) de les multiplier à propos de ces mêmes cartes. Peut-être alors une certaine
2924 en nombre infini, ainsi qu’on en pourra juger par l’ examen du tableau suivant. En effet, chacune des lames du tarot (arcan
2925 une planète 2. un signe du zodiaque 3. une lettre de l’alphabet hébreu (sens exotérique et sens ésotérique) 4. un nombre (
2926 planète 2. un signe du zodiaque 3. une lettre de l’ alphabet hébreu (sens exotérique et sens ésotérique) 4. un nombre (int
2927 et sens ésotérique) 4. un nombre (interprété par la Cabbale) 5. un élément (selon l’alchimie) 6. une couleur 7. une note
2928 (interprété par la Cabbale) 5. un élément (selon l’ alchimie) 6. une couleur 7. une note de musique 8. un nom à quoi l’occ
2929 ent (selon l’alchimie) 6. une couleur 7. une note de musique 8. un nom à quoi l’occultiste Lenain a cru pouvoir ajouter :
2930 e couleur 7. une note de musique 8. un nom à quoi l’ occultiste Lenain a cru pouvoir ajouter : 9. un jour 10. une heure 11.
2931 . un degré 12. un génie 13. un verset des psaumes de David et les psychanalystes modernes : 14. une des quatre facultés (p
2932 2. un génie 13. un verset des psaumes de David et les psychanalystes modernes : 14. une des quatre facultés (pensée, intuit
2933 tion, sentiment, sensation) 15. un des archétypes de l’inconscient collectif. De plus, ces significations sont organisées
2934 n, sentiment, sensation) 15. un des archétypes de l’ inconscient collectif. De plus, ces significations sont organisées en
2935 thmes, et non pas simplement juxtaposées. Prenons l’ exemple des lettres. D’après Elie Alta (et donc Etteilla), « les Égypt
2936 lettres. D’après Elie Alta (et donc Etteilla), «  les Égyptiens ont attaché à chaque carte des 22 atouts majeurs une lettre
2937 é à chaque carte des 22 atouts majeurs une lettre de l’alphabet hébreu… Ces lettres ont apporté avec elles les signatures
2938 chaque carte des 22 atouts majeurs une lettre de l’ alphabet hébreu… Ces lettres ont apporté avec elles les signatures cél
2939 phabet hébreu… Ces lettres ont apporté avec elles les signatures célestes. Il y a 7 lettres appelées doubles qui figurent l
2940 s. Il y a 7 lettres appelées doubles qui figurent le monde des planètes ; puis 12 lettres dites simples qui figurent les 1
2941 ètes ; puis 12 lettres dites simples qui figurent les 12 signes du zodiaque que parcourt le soleil pendant les 4 saisons. E
2942 i figurent les 12 signes du zodiaque que parcourt le soleil pendant les 4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites les
2943 signes du zodiaque que parcourt le soleil pendant les 4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites les 3 Mères, qui sont a
2944 t le soleil pendant les 4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites les 3 Mères, qui sont attachées à nos trois cartes ma
2945 les 4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites les 3 Mères, qui sont attachées à nos trois cartes majeures : l’Homme (Le
2946 qui sont attachées à nos trois cartes majeures : l’ Homme (Le Bateleur), le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec
2947 attachées à nos trois cartes majeures : l’Homme ( Le Bateleur), le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec les carte
2948 os trois cartes majeures : l’Homme (Le Bateleur), le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec les cartes modernes
2949 rtes majeures : l’Homme (Le Bateleur), le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec les cartes modernes Les interpr
2950 le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec les cartes modernes Les interprètes contemporains diffèrent d’une mani
2951 4. Correspondances avec les cartes modernes Les interprètes contemporains diffèrent d’une manière décourageante quant
2952 dernes Les interprètes contemporains diffèrent d’ une manière décourageante quant au parallélisme à établir entre les qu
2953 courageante quant au parallélisme à établir entre les quatre couleurs des tarots et les quatre couleurs du jeu de cartes mo
2954 à établir entre les quatre couleurs des tarots et les quatre couleurs du jeu de cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’é
2955 couleurs des tarots et les quatre couleurs du jeu de cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’étude du lecteur les hypoth
2956 du jeu de cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’ étude du lecteur les hypothèses suivantes : Selon A. E. White (Key to
2957 derne. Bornons-nous à livrer à l’étude du lecteur les hypothèses suivantes : Selon A. E. White (Key to the Tarot) : les Bât
2958 uivantes : Selon A. E. White (Key to the Tarot) : les Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœur
2959 White (Key to the Tarot) : les Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trè
2960 arot) : les Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers =
2961 s Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques
2962 arot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les t
2963 Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Fr
2964 jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Francfort : Bâ
2965 les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Francfort : Bâtons = Carrea
2966 les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Francfort : Bâtons = Carreaux Coupes = Cœ
2967 es = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Francfort : Bâtons = Carreaux Coupes = Cœurs Épées = Piques
2968 èfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Francfort : Bâtons = Carreaux Coupes = Cœurs Épées = Piques Deniers =
2969 Épées = Pique = Terre Deniers = Cœur = Feu Selon le Dr Elizabeth Whitney (Tarot, private publication in Spring 1942) : Bâ
2970 rs = Pique = Sensation = Terre Enfin, selon R. M. de Marinis (dans un ouvrage à paraître en 1945) : Bâtons = Trèfle = Sexu
2971 nsée = Feu Il semblerait, à lire cette liste, que les arcanes représentent, grosso modo, les autorités religieuses et socia
2972 liste, que les arcanes représentent, grosso modo, les autorités religieuses et sociales au Moyen Âge, et quelques-unes des
2973 Âge, et quelques-unes des situations élémentaires de l’existence, signifiées par allégories. Il n’en est rien. Tout est sy
2974 , et quelques-unes des situations élémentaires de l’ existence, signifiées par allégories. Il n’en est rien. Tout est symbo
2975 légories. Il n’en est rien. Tout est symbole dans le Tarot, jusqu’au moindre détail, si le dessin est exact. Et ces symbol
2976 ymbole dans le Tarot, jusqu’au moindre détail, si le dessin est exact. Et ces symboles, à l’examen d’une attention qui con
2977 étail, si le dessin est exact. Et ces symboles, à l’ examen d’une attention qui consent à se laisser docilement absorber, n
2978 le dessin est exact. Et ces symboles, à l’examen d’ une attention qui consent à se laisser docilement absorber, ne tardent
2979 ont tantôt hiératiques, tantôt dramatiques, comme le sont les symboles de nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcane
2980 ôt hiératiques, tantôt dramatiques, comme le sont les symboles de nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcanes majeurs
2981 s, tantôt dramatiques, comme le sont les symboles de nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcanes majeurs est une app
2982 mme le sont les symboles de nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcanes majeurs est une apparition, un grand rêve fi
2983 grand rêve fixé, et peut être analysé à ce titre. Les figures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nou
2984 ixé, et peut être analysé à ce titre. Les figures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaiss
2985 , et peut être analysé à ce titre. Les figures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent
2986 re analysé à ce titre. Les figures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de vé
2987 analysé à ce titre. Les figures de la papesse, de l’ empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de vérit
2988 titre. Les figures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archét
2989 tre. Les figures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétype
2990 ures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétypes de l’incon
2991 s de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’ Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétypes de l’inconsci
2992 la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétypes de l’inconscient, dans leur immobilité insondab
2993 nous apparaissent comme de véritables Archétypes de l’inconscient, dans leur immobilité insondable et infiniment allusive
2994 us apparaissent comme de véritables Archétypes de l’ inconscient, dans leur immobilité insondable et infiniment allusive. C
2995 insondable et infiniment allusive. Cependant que la Roue de Fortune, le, Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée s
2996 ble et infiniment allusive. Cependant que la Roue de Fortune, le, Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont de g
2997 iment allusive. Cependant que la Roue de Fortune, le , Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont de grands événem
2998 ant que la Roue de Fortune, le, Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont de grands événements psychiques et cos
2999 Roue de Fortune, le, Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont de grands événements psychiques et cosmiques, tan
3000 gement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont de grands événements psychiques et cosmiques, tantôt clichés dans leur m
3001 ues et cosmiques, tantôt clichés dans leur moment d’ extrême tension, tantôt largement résumés de leur naissance à leurs po
3002 oment d’extrême tension, tantôt largement résumés de leur naissance à leurs possibles conclusions. Nous pouvons donc consi
3003 ssibles conclusions. Nous pouvons donc considérer les arcanes majeurs du tarot comme un véritable Alphabet de la grande poé
3004 anes majeurs du tarot comme un véritable Alphabet de la grande poésie universelle. Leur attribuer un auteur, une date fixe
3005 s majeurs du tarot comme un véritable Alphabet de la grande poésie universelle. Leur attribuer un auteur, une date fixe, u
3006 un usage limité, serait méconnaître leur nature. Les arcanes sont issus de la nuit des Mères, et de l’Underground éternel.
3007 t méconnaître leur nature. Les arcanes sont issus de la nuit des Mères, et de l’Underground éternel. Peut-être même faudra
3008 éconnaître leur nature. Les arcanes sont issus de la nuit des Mères, et de l’Underground éternel. Peut-être même faudrait-
3009 . Les arcanes sont issus de la nuit des Mères, et de l’Underground éternel. Peut-être même faudrait-il voir dans les lames
3010 es arcanes sont issus de la nuit des Mères, et de l’ Underground éternel. Peut-être même faudrait-il voir dans les lames le
3011 und éternel. Peut-être même faudrait-il voir dans les lames les plus anciennes les signes d’un langage secret, communiquant
3012 l. Peut-être même faudrait-il voir dans les lames les plus anciennes les signes d’un langage secret, communiquant sous la f
3013 audrait-il voir dans les lames les plus anciennes les signes d’un langage secret, communiquant sous la forme anodine d’un j
3014 voir dans les lames les plus anciennes les signes d’ un langage secret, communiquant sous la forme anodine d’un jeu, les do
3015 les signes d’un langage secret, communiquant sous la forme anodine d’un jeu, les doctrines manichéennes de la secte des ca
3016 angage secret, communiquant sous la forme anodine d’ un jeu, les doctrines manichéennes de la secte des cathares ou albigeo
3017 ret, communiquant sous la forme anodine d’un jeu, les doctrines manichéennes de la secte des cathares ou albigeois, persécu
3018 orme anodine d’un jeu, les doctrines manichéennes de la secte des cathares ou albigeois, persécutée par l’inquisition. (La
3019 e anodine d’un jeu, les doctrines manichéennes de la secte des cathares ou albigeois, persécutée par l’inquisition. (La cr
3020 a secte des cathares ou albigeois, persécutée par l’ inquisition. (La croisade contre les albigeois commença en 1209.) Les
3021 ares ou albigeois, persécutée par l’inquisition. ( La croisade contre les albigeois commença en 1209.) Les troubadours cath
3022 persécutée par l’inquisition. (La croisade contre les albigeois commença en 1209.) Les troubadours cathares, initiateurs de
3023 croisade contre les albigeois commença en 1209.) Les troubadours cathares, initiateurs de toute la poésie occidentale, aur
3024 a en 1209.) Les troubadours cathares, initiateurs de toute la poésie occidentale, auraient pris le maquis dans plusieurs p
3025 .) Les troubadours cathares, initiateurs de toute la poésie occidentale, auraient pris le maquis dans plusieurs pays, mais
3026 urs de toute la poésie occidentale, auraient pris le maquis dans plusieurs pays, mais n’auraient pas cessé de répandre leu
3027 is dans plusieurs pays, mais n’auraient pas cessé de répandre leur croyance et leur sagesse par l’entremise des tireurs de
3028 ssé de répandre leur croyance et leur sagesse par l’ entremise des tireurs de cartes. Cette hypothèse a été formulée par le
3029 yance et leur sagesse par l’entremise des tireurs de cartes. Cette hypothèse a été formulée par le grand indianiste Heinri
3030 urs de cartes. Cette hypothèse a été formulée par le grand indianiste Heinrich Zimmer, dont nous traduisons ci-après quelq
3031 uisons ci-après quelques pages remarquables sur «  Le Fou ». 6. De l’usage des tarots Nous avons pris l’habitude de c
3032 quelques pages remarquables sur « Le Fou ». 6. De l’usage des tarots Nous avons pris l’habitude de considérer les ta
3033 lques pages remarquables sur « Le Fou ». 6. De l’ usage des tarots Nous avons pris l’habitude de considérer les tarot
3034 ». 6. De l’usage des tarots Nous avons pris l’ habitude de considérer les tarots avant tout comme un moyen de divinat
3035 l’usage des tarots Nous avons pris l’habitude de considérer les tarots avant tout comme un moyen de divination de l’av
3036 arots Nous avons pris l’habitude de considérer les tarots avant tout comme un moyen de divination de l’avenir. Si l’on e
3037 e considérer les tarots avant tout comme un moyen de divination de l’avenir. Si l’on en croit les plus récents travaux, ce
3038 es tarots avant tout comme un moyen de divination de l’avenir. Si l’on en croit les plus récents travaux, ceux en particul
3039 tarots avant tout comme un moyen de divination de l’ avenir. Si l’on en croit les plus récents travaux, ceux en particulier
3040 tout comme un moyen de divination de l’avenir. Si l’ on en croit les plus récents travaux, ceux en particulier du professeu
3041 moyen de divination de l’avenir. Si l’on en croit les plus récents travaux, ceux en particulier du professeur Tassin, de Co
3042 ravaux, ceux en particulier du professeur Tassin, de Columbia, et de Paul Foster Case, le tarot aurait été, originellement
3043 particulier du professeur Tassin, de Columbia, et de Paul Foster Case, le tarot aurait été, originellement, une méthode de
3044 seur Tassin, de Columbia, et de Paul Foster Case, le tarot aurait été, originellement, une méthode de psychothérapie compa
3045 le tarot aurait été, originellement, une méthode de psychothérapie comparable à notre psychanalyse. Ses lames seraient en
3046 psychanalyse. Ses lames seraient en vérité autant de thèmes de méditations prolongées — la cure ou yoga durait plusieurs a
3047 se. Ses lames seraient en vérité autant de thèmes de méditations prolongées — la cure ou yoga durait plusieurs années — et
3048 rité autant de thèmes de méditations prolongées — la cure ou yoga durait plusieurs années — et marqueraient les étapes d’u
3049 ou yoga durait plusieurs années — et marqueraient les étapes d’une « voie hermétique » aboutissant à la réalisation intime
3050 ait plusieurs années — et marqueraient les étapes d’ une « voie hermétique » aboutissant à la réalisation intime du Grand Œ
3051 es étapes d’une « voie hermétique » aboutissant à la réalisation intime du Grand Œuvre des alchimistes. Il s’agirait de pa
3052 time du Grand Œuvre des alchimistes. Il s’agirait de passer, à travers ce yoga, de l’illusion à la réalité, et des choses
3053 istes. Il s’agirait de passer, à travers ce yoga, de l’illusion à la réalité, et des choses telles qu’elles nous apparaiss
3054 es. Il s’agirait de passer, à travers ce yoga, de l’ illusion à la réalité, et des choses telles qu’elles nous apparaissent
3055 ait de passer, à travers ce yoga, de l’illusion à la réalité, et des choses telles qu’elles nous apparaissent aux choses t
3056 ous apparaissent aux choses telles qu’elles sont. Les 22 arcanes décriraient l’histoire de l’homme qui part dans la vie com
3057 telles qu’elles sont. Les 22 arcanes décriraient l’ histoire de l’homme qui part dans la vie comme un Fol (arcane zéro) et
3058 elles sont. Les 22 arcanes décriraient l’histoire de l’homme qui part dans la vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à
3059 es sont. Les 22 arcanes décriraient l’histoire de l’ homme qui part dans la vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à la
3060 s décriraient l’histoire de l’homme qui part dans la vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à la connaissance de soi et
3061 ns la vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à la connaissance de soi et du Monde (arcane 21) en passant par tous les s
3062 un Fol (arcane zéro) et aboutit à la connaissance de soi et du Monde (arcane 21) en passant par tous les stades du dévelop
3063 e soi et du Monde (arcane 21) en passant par tous les stades du développement collectif, puis individuel, de la psyché huma
3064 ades du développement collectif, puis individuel, de la psyché humaine. Chacune des cartes était utilisée par l’étudiant
3065 s du développement collectif, puis individuel, de la psyché humaine. Chacune des cartes était utilisée par l’étudiant en
3066 é humaine. Chacune des cartes était utilisée par l’ étudiant en occultisme comme sujet de méditations et de contemplation,
3067 utilisée par l’étudiant en occultisme comme sujet de méditations et de contemplation, au cours d’exercices poursuivis aux
3068 diant en occultisme comme sujet de méditations et de contemplation, au cours d’exercices poursuivis aux fins d’arriver à l
3069 ujet de méditations et de contemplation, au cours d’ exercices poursuivis aux fins d’arriver à l’illumination. L’avantage p
3070 plation, au cours d’exercices poursuivis aux fins d’ arriver à l’illumination. L’avantage particulier de cette technique, c
3071 cours d’exercices poursuivis aux fins d’arriver à l’ illumination. L’avantage particulier de cette technique, comparée à d’
3072 s poursuivis aux fins d’arriver à l’illumination. L’ avantage particulier de cette technique, comparée à d’autres, résidait
3073 ’arriver à l’illumination. L’avantage particulier de cette technique, comparée à d’autres, résidait dans le fait qu’elle c
3074 tte technique, comparée à d’autres, résidait dans le fait qu’elle combinait plusieurs modes d’entraînement dans une seule
3075 it dans le fait qu’elle combinait plusieurs modes d’ entraînement dans une seule activité. Ainsi, tandis que l’étudiant app
3076 nement dans une seule activité. Ainsi, tandis que l’ étudiant apprenait les symboles, il s’exerçait inconsciemment à la con
3077 activité. Ainsi, tandis que l’étudiant apprenait les symboles, il s’exerçait inconsciemment à la concentration, à la visua
3078 nait les symboles, il s’exerçait inconsciemment à la concentration, à la visualisation, à l’exactitude, à l’analyse et à l
3079 l s’exerçait inconsciemment à la concentration, à la visualisation, à l’exactitude, à l’analyse et à la synthèse, à l’éval
3080 iemment à la concentration, à la visualisation, à l’ exactitude, à l’analyse et à la synthèse, à l’évaluation des couleurs
3081 centration, à la visualisation, à l’exactitude, à l’ analyse et à la synthèse, à l’évaluation des couleurs et des formes, e
3082 a visualisation, à l’exactitude, à l’analyse et à la synthèse, à l’évaluation des couleurs et des formes, et surtout il en
3083 , à l’exactitude, à l’analyse et à la synthèse, à l’ évaluation des couleurs et des formes, et surtout il entraînait cette
3084 ulté maîtresse qui établit des corrélations entre les idées abstraites. Le schème d’études était en général le suivant : l’
3085 blit des corrélations entre les idées abstraites. Le schème d’études était en général le suivant : l’étudiant commençait p
3086 orrélations entre les idées abstraites. Le schème d’ études était en général le suivant : l’étudiant commençait par la cont
3087 s abstraites. Le schème d’études était en général le suivant : l’étudiant commençait par la contemplation d’une carte isol
3088 Le schème d’études était en général le suivant : l’ étudiant commençait par la contemplation d’une carte isolée, puis il l
3089 en général le suivant : l’étudiant commençait par la contemplation d’une carte isolée, puis il la reliait graduellement à
3090 vant : l’étudiant commençait par la contemplation d’ une carte isolée, puis il la reliait graduellement à d’autres cartes,
3091 par la contemplation d’une carte isolée, puis il la reliait graduellement à d’autres cartes, disposées autour de la premi
3092 ication peut suffire à faire entrevoir au lecteur l’ importance réelle du tarot, indépendamment des usages pittoresques, se
3093 des usages pittoresques, secondaires, dérivés, et le plus souvent charlatanesques, dont les modernes ont cru pouvoir se re
3094 dérivés, et le plus souvent charlatanesques, dont les modernes ont cru pouvoir se rendre maîtres. Terminons sur une anecdot
3095 ir se rendre maîtres. Terminons sur une anecdote. Le lendemain de la libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché
3096 maîtres. Terminons sur une anecdote. Le lendemain de la libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché aux forces a
3097 tres. Terminons sur une anecdote. Le lendemain de la libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché aux forces amér
3098 s sur une anecdote. Le lendemain de la libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché aux forces américaines, et so
3099 anecdote. Le lendemain de la libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché aux forces américaines, et son ami Andr
3100 André Lhote, furent les premiers à pénétrer dans le Palais du Luxembourg, abandonné la veille par les Allemands. Au milie
3101 pénétrer dans le Palais du Luxembourg, abandonné la veille par les Allemands. Au milieu du désordre indescriptible de la
3102 le Palais du Luxembourg, abandonné la veille par les Allemands. Au milieu du désordre indescriptible de la salle du Sénat,
3103 s Allemands. Au milieu du désordre indescriptible de la salle du Sénat, meubles brisés, papiers épars, une table au tapis
3104 llemands. Au milieu du désordre indescriptible de la salle du Sénat, meubles brisés, papiers épars, une table au tapis ver
3105 ne table au tapis vert était seule restée debout. Les deux peintres s’étant approchés y virent « jetées comme par la main d
3106 res s’étant approchés y virent « jetées comme par la main du destin » une séquence de lames de tarot. Dernier message des
3107 jetées comme par la main du destin » une séquence de lames de tarot. Dernier message des occupants. Message suspect, ajout
3108 mme par la main du destin » une séquence de lames de tarot. Dernier message des occupants. Message suspect, ajouterons-nou
3109 Message suspect, ajouterons-nous : il s’agissait de cartes allemandes portant au lieu des coupes, bâtons, deniers, épées 
3110 œurs, des cloches, des feuilles et des glands. Le Fou, arcane 0 a) Interprétation d’Elie Alta d’après Etteilla :
3111 lands. Le Fou, arcane 0 a) Interprétation d’ Elie Alta d’après Etteilla : Le grelot de la Folie s’adapte indist
3112 Interprétation d’Elie Alta d’après Etteilla : Le grelot de la Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de not
3113 tion d’Elie Alta d’après Etteilla : Le grelot de la Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne.
3114 n d’Elie Alta d’après Etteilla : Le grelot de la Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne. La
3115 relot de la Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne. La surface entière du globe (le 0) n’est que
3116 Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne. La surface entière du globe (le 0) n’est que le théâtre
3117 distinctement à tous les anneaux de notre chaîne. La surface entière du globe (le 0) n’est que le théâtre de nos extravaga
3118 aux de notre chaîne. La surface entière du globe ( le 0) n’est que le théâtre de nos extravagances. Retraçons d’ailleurs au
3119 îne. La surface entière du globe (le 0) n’est que le théâtre de nos extravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l
3120 face entière du globe (le 0) n’est que le théâtre de nos extravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l’emblème d’
3121 ravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l’ emblème d’un voyageur, qui symbolise l’homme. Cette vie n’est qu’un co
3122 . Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l’emblème d’ un voyageur, qui symbolise l’homme. Cette vie n’est qu’un court trajet
3123 ux du sage l’emblème d’un voyageur, qui symbolise l’ homme. Cette vie n’est qu’un court trajet dont nous pouvons adoucir le
3124 ’est qu’un court trajet dont nous pouvons adoucir les peines en nous comportant d’après les plus saines aspirations du rayo
3125 ons adoucir les peines en nous comportant d’après les plus saines aspirations du rayon divin qui nous anime. Synonymes : Dr
3126 distraction, nullité, vain. b) Interprétation de E. Whitney, d’après diverses traditions : Vue sous un certain ang
3127 es traditions : Vue sous un certain angle (si l’ on place l’arcane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’inco
3128 ns : Vue sous un certain angle (si l’on place l’ arcane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’inconscience, d
3129 e sous un certain angle (si l’on place l’arcane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’inconscience, des occasion
3130 arcane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’inconscience, des occasions manquées, de la vie d’illusion. Le Fou,
3131 ane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’ inconscience, des occasions manquées, de la vie d’illusion. Le Fou, da
3132 image de l’inconscience, des occasions manquées, de la vie d’illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans ré
3133 age de l’inconscience, des occasions manquées, de la vie d’illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans résis
3134 l’inconscience, des occasions manquées, de la vie d’ illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans résistance,
3135 ce, des occasions manquées, de la vie d’illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans résistance, la vie vécue
3136 , de la vie d’illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans résistance, la vie vécue au niveau animal. Rien n’
3137 ns ce sens, est la passion subie sans résistance, la vie vécue au niveau animal. Rien n’a été appris ou gagné par la trave
3138 u niveau animal. Rien n’a été appris ou gagné par la traversée du Jeu. La vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui l’a v
3139 n’a été appris ou gagné par la traversée du Jeu. La vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi la somme
3140 eu. La vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui l’ a vécue. Aussi la somme de ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l
3141 cet homme, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi la somme de ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l’angle de A. E. W
3142 e, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi la somme de ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l’angle de A. E. Waite, le
3143 omme de ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l’ angle de A. E. Waite, le Fou est un homme richement habillé, portant u
3144 ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l’angle de A. E. Waite, le Fou est un homme richement habillé, portant une rose
3145 sé est-elle zéro. Vu sous l’angle de A. E. Waite, le Fou est un homme richement habillé, portant une rose à la main, et qu
3146 st un homme richement habillé, portant une rose à la main, et qui s’arrête au bord d’un précipice pour contempler l’espace
3147 i s’arrête au bord d’un précipice pour contempler l’ espace au-dessous et au-dessus de lui. L’abîme ne lui inspire pas de t
3148 pour contempler l’espace au-dessous et au-dessus de lui. L’abîme ne lui inspire pas de terreur. Son visage est plein d’in
3149 ntempler l’espace au-dessous et au-dessus de lui. L’ abîme ne lui inspire pas de terreur. Son visage est plein d’intelligen
3150 s et au-dessus de lui. L’abîme ne lui inspire pas de terreur. Son visage est plein d’intelligence, de rêve et d’attente. C
3151 lui inspire pas de terreur. Son visage est plein d’ intelligence, de rêve et d’attente. C’est un prince de l’autre monde e
3152 de terreur. Son visage est plein d’intelligence, de rêve et d’attente. C’est un prince de l’autre monde en voyage ici-bas
3153 . Son visage est plein d’intelligence, de rêve et d’ attente. C’est un prince de l’autre monde en voyage ici-bas. Sous cet
3154 telligence, de rêve et d’attente. C’est un prince de l’autre monde en voyage ici-bas. Sous cet aspect, il est la conscienc
3155 monde en voyage ici-bas. Sous cet aspect, il est la conscience individuelle libérée de l’illusion, et poursuivant sa rout
3156 aspect, il est la conscience individuelle libérée de l’illusion, et poursuivant sa route sans craindre les dangers que cou
3157 ect, il est la conscience individuelle libérée de l’ illusion, et poursuivant sa route sans craindre les dangers que court
3158 l’illusion, et poursuivant sa route sans craindre les dangers que court l’homme collectif ou purement instinctif. Plus peti
3159 vant sa route sans craindre les dangers que court l’ homme collectif ou purement instinctif. Plus petit que le petit, plus
3160 collectif ou purement instinctif. Plus petit que le petit, plus grand que le grand, tenu pour néant par la raison et le m
3161 stinctif. Plus petit que le petit, plus grand que le grand, tenu pour néant par la raison et le monde, symbolisé par le ce
3162 tit, plus grand que le grand, tenu pour néant par la raison et le monde, symbolisé par le cercle, il est l’expression de l
3163 nd que le grand, tenu pour néant par la raison et le monde, symbolisé par le cercle, il est l’expression de la volonté d’i
3164 ur néant par la raison et le monde, symbolisé par le cercle, il est l’expression de la volonté d’individuation dans l’homm
3165 ison et le monde, symbolisé par le cercle, il est l’ expression de la volonté d’individuation dans l’homme. Du point de vue
3166 nde, symbolisé par le cercle, il est l’expression de la volonté d’individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, ce
3167 , symbolisé par le cercle, il est l’expression de la volonté d’individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, cette
3168 par le cercle, il est l’expression de la volonté d’ individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, cette quête n’es
3169 t l’expression de la volonté d’individuation dans l’ homme. Du point de vue de l’égo, cette quête n’est que folie et non-se
3170 nté d’individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, cette quête n’est que folie et non-sens. c) Interprétation
3171 d’individuation dans l’homme. Du point de vue de l’ égo, cette quête n’est que folie et non-sens. c) Interprétation mo
3172 folie et non-sens. c) Interprétation moderne de B. McM. Hazard (résumé) La clef 0 doit exprimer un état de prépar
3173 rprétation moderne de B. McM. Hazard (résumé) La clef 0 doit exprimer un état de préparation, avant la conscience et l
3174 zard (résumé) La clef 0 doit exprimer un état de préparation, avant la conscience et l’individuation. Les symboles de
3175 lef 0 doit exprimer un état de préparation, avant la conscience et l’individuation. Les symboles de la carte le confirment
3176 er un état de préparation, avant la conscience et l’ individuation. Les symboles de la carte le confirment : le grand solei
3177 paration, avant la conscience et l’individuation. Les symboles de la carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à
3178 nt la conscience et l’individuation. Les symboles de la carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à droite, con
3179 la conscience et l’individuation. Les symboles de la carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à droite, contie
3180 ence et l’individuation. Les symboles de la carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à droite, contient toutes
3181 duation. Les symboles de la carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à droite, contient toutes les couleurs du
3182 d soleil blanc, en haut à droite, contient toutes les couleurs du spectre encore indifférenciées ; la couleur jaune du fond
3183 les couleurs du spectre encore indifférenciées ; la couleur jaune du fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respi
3184 ifférenciées ; la couleur jaune du fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint
3185 érenciées ; la couleur jaune du fond est celle de l’ intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint com
3186 a couleur jaune du fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternell
3187 ouleur jaune du fond est celle de l’intellect, de l’ air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternelle J
3188 jaune du fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternelle Jeunesse
3189 ne du fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternelle Jeunesse, p
3190 lle de l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer d
3191 la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’ Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer dans l’abîme de la manifestation
3192 comme l’Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer dans l’ abîme de la manifestation terrestre. Il porte les deux symboles fémini
3193 Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer dans l’abîme de la manifestation terrestre. Il porte les deux symboles féminin et mas
3194 rnelle Jeunesse, prête à pénétrer dans l’abîme de la manifestation terrestre. Il porte les deux symboles féminin et mascul
3195 s l’abîme de la manifestation terrestre. Il porte les deux symboles féminin et masculin : ses cheveux clairs dénotent la co
3196 féminin et masculin : ses cheveux clairs dénotent la conscience (par opposition à l’inconscient). Sa robe blanche (pureté)
3197 x clairs dénotent la conscience (par opposition à l’ inconscient). Sa robe blanche (pureté) porte autour du col les lettres
3198 nt). Sa robe blanche (pureté) porte autour du col les lettres du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de Dieu, J
3199 r du col les lettres du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de Dieu, J H V H. Par-dessus cette robe, il porte l
3200 du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de Dieu, J H V H. Par-dessus cette robe, il porte la cape noire de l’ign
3201 de Dieu, J H V H. Par-dessus cette robe, il porte la cape noire de l’ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée
3202 H. Par-dessus cette robe, il porte la cape noire de l’ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles ver
3203 Par-dessus cette robe, il porte la cape noire de l’ ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts
3204 be, il porte la cape noire de l’ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts — la nature créatric
3205 ape noire de l’ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts — la nature créatrice — et de disques
3206 orance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts — la nature créatrice — et de disques jaunes sur lesque
3207 ouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts — la nature créatrice — et de disques jaunes sur lesquels sont brodées des
3208 ornée de trèfles verts — la nature créatrice — et de disques jaunes sur lesquels sont brodées des roues rouges à 8 rayons,
3209 nt brodées des roues rouges à 8 rayons, annonçant l’ accomplissement futur, l’intégration et la conscience individuelle. Le
3210 es à 8 rayons, annonçant l’accomplissement futur, l’ intégration et la conscience individuelle. Les arcanes majeurs qui sui
3211 nonçant l’accomplissement futur, l’intégration et la conscience individuelle. Les arcanes majeurs qui suivent montrent ce
3212 tur, l’intégration et la conscience individuelle. Les arcanes majeurs qui suivent montrent ce qu’il adviendra du Fou à mesu
3213 qu’il adviendra du Fou à mesure qu’il traversera les collines, vallées et montagnes indiquées dans le fond de cette carte,
3214 les collines, vallées et montagnes indiquées dans le fond de cette carte, jusqu’à ce qu’il revienne au grand soleil ou « P
3215 ines, vallées et montagnes indiquées dans le fond de cette carte, jusqu’à ce qu’il revienne au grand soleil ou « Père » do
3216 t, ou animal, ou même abstraction, dans une suite de symboles qui expriment d’abord les archétypes de l’homme collectif, p
3217 dans une suite de symboles qui expriment d’abord les archétypes de l’homme collectif, puis les symboles plus subjectifs de
3218 de symboles qui expriment d’abord les archétypes de l’homme collectif, puis les symboles plus subjectifs de l’homme indiv
3219 symboles qui expriment d’abord les archétypes de l’ homme collectif, puis les symboles plus subjectifs de l’homme individu
3220 d’abord les archétypes de l’homme collectif, puis les symboles plus subjectifs de l’homme individualisé. d) Interprétat
3221 omme collectif, puis les symboles plus subjectifs de l’homme individualisé. d) Interprétation de Heinrich Zimmer (extr
3222 e collectif, puis les symboles plus subjectifs de l’ homme individualisé. d) Interprétation de Heinrich Zimmer (extrait
3223 s de l’homme individualisé. d) Interprétation de Heinrich Zimmer (extraite d’un ouvrage posthume, non encore publié)
3224 d) Interprétation de Heinrich Zimmer (extraite d’ un ouvrage posthume, non encore publié) Dernière carte de la série
3225 ge posthume, non encore publié) Dernière carte de la série de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qu
3226 posthume, non encore publié) Dernière carte de la série de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui l
3227 non encore publié) Dernière carte de la série de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui la relie à
3228 core publié) Dernière carte de la série de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui la relie à une de
3229 arte de la série de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui la relie à une des couleurs… Cette figure s
3230 e de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui la relie à une des couleurs… Cette figure solitaire montre
3231 ule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui la relie à une des couleurs… Cette figure solitaire montre un vagabond e
3232 olitaire montre un vagabond errant sans but, avec la démarche d’un fou… et un regard qui perce toutes choses sans s’arrête
3233 tre un vagabond errant sans but, avec la démarche d’ un fou… et un regard qui perce toutes choses sans s’arrêter à aucune.
3234 qui perce toutes choses sans s’arrêter à aucune. ( Le Fou) exprime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parv
3235 choses sans s’arrêter à aucune. (Le Fou) exprime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de
3236 . (Le Fou) exprime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de l’initiation. Semblable à un fo
3237 exprime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de l’initiation. Semblable à un fou, à un men
3238 rime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’ Est) parvenu au terme de l’initiation. Semblable à un fou, à un mendia
3239 sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de l’initiation. Semblable à un fou, à un mendiant, à un hors-caste : ca
3240 e (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de l’ initiation. Semblable à un fou, à un mendiant, à un hors-caste : car c
3241 n mendiant, à un hors-caste : car c’est ainsi que le saint, l’homme parfait, doit apparaître aux yeux des autres. Il s’est
3242 , à un hors-caste : car c’est ainsi que le saint, l’ homme parfait, doit apparaître aux yeux des autres. Il s’est libéré de
3243 aux yeux des autres. Il s’est libéré des systèmes de castes, des hiérarchies sociales. Il n’a plus besoin de la puissance
3244 tes, des hiérarchies sociales. Il n’a plus besoin de la puissance terrestre (les épées) ; des sacrements, rites et prêtres
3245 , des hiérarchies sociales. Il n’a plus besoin de la puissance terrestre (les épées) ; des sacrements, rites et prêtres de
3246 es. Il n’a plus besoin de la puissance terrestre ( les épées) ; des sacrements, rites et prêtres des religions établies (les
3247 rements, rites et prêtres des religions établies ( les coupes) ; des biens qu’on peut acheter et vendre (les deniers) ; du s
3248 coupes) ; des biens qu’on peut acheter et vendre ( les deniers) ; du sol et du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, n
3249 ter et vendre (les deniers) ; du sol et du foyer ( les bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il est la carte anonyme.
3250 s) ; du sol et du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’ attaches, ni de nom. Il est la carte anonyme. Il n’est qu’un fol erran
3251 du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il est la carte anonyme. Il n’est qu’un fol errant. Comment a-t-
3252 âtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il est la carte anonyme. Il n’est qu’un fol errant. Comment a-t-il atteint le s
3253 Il n’est qu’un fol errant. Comment a-t-il atteint le stade suprême, bien au-dessus des rois, des reines, des as, des cheva
3254 s valets, au-dessus des 21 symboles qui décrivent la hiérarchie des essences et des sphères surhumaines ? En passant à tra
3255 re pris par un seul… Ayant accompli son être dans la coïncidence des contraires, pour lui l’univers ambiant perd son poids
3256 être dans la coïncidence des contraires, pour lui l’ univers ambiant perd son poids. Sa réalité visible et tangible continu
3257 on poids. Sa réalité visible et tangible continue d’ exister, mais elle a perdu son pouvoir magique. Voici l’expérience du
3258 ter, mais elle a perdu son pouvoir magique. Voici l’ expérience du Fou : le monde extérieur n’a pas plus de signification r
3259 son pouvoir magique. Voici l’expérience du Fou : le monde extérieur n’a pas plus de signification réelle que l’ego, dont
3260 périence du Fou : le monde extérieur n’a pas plus de signification réelle que l’ego, dont il s’est débarrassé depuis longt
3261 xtérieur n’a pas plus de signification réelle que l’ ego, dont il s’est débarrassé depuis longtemps. L’une et l’autre sont
3262 ébarrassé depuis longtemps. L’une et l’autre sont les illusions qui s’interposent entre l’homme et son essence divine innée
3263 ’autre sont les illusions qui s’interposent entre l’ homme et son essence divine innée… Le fol errant n’a ni famille, ni po
3264 posent entre l’homme et son essence divine innée… Le fol errant n’a ni famille, ni possessions, ni lieu où reposer sa tête
3265 reposer sa tête. Cependant, il ne se sent frustré de rien de tout cela. Il est en union avec l’Univers, sa vraie maison. L
3266 sa tête. Cependant, il ne se sent frustré de rien de tout cela. Il est en union avec l’Univers, sa vraie maison. L’univers
3267 rustré de rien de tout cela. Il est en union avec l’ Univers, sa vraie maison. L’univers participe à sa nature même. D’autr
3268 Il est en union avec l’Univers, sa vraie maison. L’ univers participe à sa nature même. D’autre part, le divin, dans son e
3269 univers participe à sa nature même. D’autre part, le divin, dans son essence transcendantale, au-delà de tout changement o
3270 divin, dans son essence transcendantale, au-delà de tout changement ou forme, se trouve être aussi son essence propre. Ca
3271 trouve être aussi son essence propre. Car il est la coincidentia oppositorum. La forme suprême de cette union est Dieu, d
3272 e propre. Car il est la coincidentia oppositorum. La forme suprême de cette union est Dieu, déployant constamment son esse
3273 est la coincidentia oppositorum. La forme suprême de cette union est Dieu, déployant constamment son essence dans les aspe
3274 est Dieu, déployant constamment son essence dans les aspects de l’univers et de ses créatures, et cependant restant le « D
3275 éployant constamment son essence dans les aspects de l’univers et de ses créatures, et cependant restant le « Dieu caché »
3276 oyant constamment son essence dans les aspects de l’ univers et de ses créatures, et cependant restant le « Dieu caché », d
3277 ment son essence dans les aspects de l’univers et de ses créatures, et cependant restant le « Dieu caché », deus abscondit
3278 univers et de ses créatures, et cependant restant le « Dieu caché », deus absconditus, éternellement… Le fol errant voit e
3279 « Dieu caché », deus absconditus, éternellement… Le fol errant voit en toutes choses la manifestation de Dieu, c’est-à-di
3280 ternellement… Le fol errant voit en toutes choses la manifestation de Dieu, c’est-à-dire de lui-même, et en même temps il
3281 fol errant voit en toutes choses la manifestation de Dieu, c’est-à-dire de lui-même, et en même temps il voit à travers to
3282 tes choses la manifestation de Dieu, c’est-à-dire de lui-même, et en même temps il voit à travers toutes les choses : elle
3283 i-même, et en même temps il voit à travers toutes les choses : elles ne sont que néant, elles ne sont qu’un mirage, il les
3284 ne sont que néant, elles ne sont qu’un mirage, il les a dépassées… Il est le mendiant qui possède l’univers, et toutes ses
3285 ne sont qu’un mirage, il les a dépassées… Il est le mendiant qui possède l’univers, et toutes ses richesses, qui ne sont
3286 l les a dépassées… Il est le mendiant qui possède l’ univers, et toutes ses richesses, qui ne sont rien d’autre que le dépl
3287 nivers, et toutes ses richesses, qui ne sont rien d’ autre que le déploiement de sa propre nature. Vous pourrez donc le tra
3288 outes ses richesses, qui ne sont rien d’autre que le déploiement de sa propre nature. Vous pourrez donc le traiter de fou.
3289 sses, qui ne sont rien d’autre que le déploiement de sa propre nature. Vous pourrez donc le traiter de fou. Il l’est en ef
3290 éploiement de sa propre nature. Vous pourrez donc le traiter de fou. Il l’est en effet, mais il n’est pas un lunatique que
3291 de sa propre nature. Vous pourrez donc le traiter de fou. Il l’est en effet, mais il n’est pas un lunatique quelconque, un
3292 e nature. Vous pourrez donc le traiter de fou. Il l’ est en effet, mais il n’est pas un lunatique quelconque, un idiot ou u
3293 as un lunatique quelconque, un idiot ou un simple d’ esprit. C’est ce qu’il paraît. Si quelque étranger aux habits sales et
3294 e, entrait chez vous et vous tapait gentiment sur l’ épaule en murmurant à votre oreille : « Je suis le Père, et le Fils, e
3295 l’épaule en murmurant à votre oreille : « Je suis le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, s
3296 murmurant à votre oreille : « Je suis le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, sans plus d’e
3297 votre oreille : « Je suis le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, sans plus d’enquête, le c
3298 t-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, sans plus d’ enquête, le conduiraient tranquillement à l’asile. C’est pourquoi le p
3299 » — la plupart d’entre vous, sans plus d’enquête, le conduiraient tranquillement à l’asile. C’est pourquoi le parfait init
3300 plus d’enquête, le conduiraient tranquillement à l’ asile. C’est pourquoi le parfait initié ne condescend pas à desserrer
3301 uiraient tranquillement à l’asile. C’est pourquoi le parfait initié ne condescend pas à desserrer ses lèvres et à révéler
3302 ondescend pas à desserrer ses lèvres et à révéler le scandaleux secret de sa perfection. Dans la sagesse du Saint-Esprit i
3303 rrer ses lèvres et à révéler le scandaleux secret de sa perfection. Dans la sagesse du Saint-Esprit incarné, il passe, étr
3304 véler le scandaleux secret de sa perfection. Dans la sagesse du Saint-Esprit incarné, il passe, étranger, silencieux. Étan
3305 toutes choses, il ne lui reste plus qu’à feindre de n’être rien. Et de même, il convient que la séquence des arcanes, grâ
3306 indre de n’être rien. Et de même, il convient que la séquence des arcanes, grâce aux symboles graphiques desquels nous son
3307 ux symboles graphiques desquels nous sont dévolus l’ initiation et l’accomplissement, apparaisse simplement comme une série
3308 hiques desquels nous sont dévolus l’initiation et l’ accomplissement, apparaisse simplement comme une série de cartes à jou
3309 plissement, apparaisse simplement comme une série de cartes à jouer plutôt bizarres et démodées… Le Parfait sous l’aspect
3310 ie de cartes à jouer plutôt bizarres et démodées… Le Parfait sous l’aspect d’un fol errant, a dépassé la possibilité d’êtr
3311 ouer plutôt bizarres et démodées… Le Parfait sous l’ aspect d’un fol errant, a dépassé la possibilité d’être aucune des réa
3312 ôt bizarres et démodées… Le Parfait sous l’aspect d’ un fol errant, a dépassé la possibilité d’être aucune des réalités par
3313 Parfait sous l’aspect d’un fol errant, a dépassé la possibilité d’être aucune des réalités particulières exprimées par le
3314 ’aspect d’un fol errant, a dépassé la possibilité d’ être aucune des réalités particulières exprimées par les quatre couleu
3315 e aucune des réalités particulières exprimées par les quatre couleurs et les arcanes. C’est pourquoi, prenons garde, s’il n
3316 articulières exprimées par les quatre couleurs et les arcanes. C’est pourquoi, prenons garde, s’il nous advient jamais de r
3317 pourquoi, prenons garde, s’il nous advient jamais de rencontrer quelqu’un qui ne soit rien, ni homme d’affaires, ni profes
3318 en, ni homme d’affaires, ni professeur, ni garçon d’ ascenseur, — quelqu’un qui ne professe aucune profession, un spirituel
3319 mploi, un vagabond cosmique. Prenons bien garde à la manière dont nous le traiterons ! Il se pourrait qu’il soit le Saint-
3320 smique. Prenons bien garde à la manière dont nous le traiterons ! Il se pourrait qu’il soit le Saint-Esprit incarné, le Ch
3321 nt nous le traiterons ! Il se pourrait qu’il soit le Saint-Esprit incarné, le Christ errant de nouveau parmi les hommes Et
3322 l se pourrait qu’il soit le Saint-Esprit incarné, le Christ errant de nouveau parmi les hommes Et de plus, s’il y condesce
3323 Esprit incarné, le Christ errant de nouveau parmi les hommes Et de plus, s’il y condescendait, il pourrait bien être capabl
3324 il y condescendait, il pourrait bien être capable de nous révéler le dernier mot sur les symboles du tarot ! La Roue d
3325 n être capable de nous révéler le dernier mot sur les symboles du tarot ! La Roue de Fortune, arcane 10 a) Interpr
3326 er le dernier mot sur les symboles du tarot ! La Roue de Fortune, arcane 10 a) Interprétation d’Elie Alta, d’aprè
3327 rnier mot sur les symboles du tarot ! La Roue de Fortune, arcane 10 a) Interprétation d’Elie Alta, d’après Etteil
3328 Roue de Fortune, arcane 10 a) Interprétation d’ Elie Alta, d’après Etteilla : La lettre Iod se rapporte à la plupa
3329 nterprétation d’Elie Alta, d’après Etteilla : La lettre Iod se rapporte à la plupart des idées du nombre 10. Elle a le
3330 porte à la plupart des idées du nombre 10. Elle a le sens de main, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manife
3331 la plupart des idées du nombre 10. Elle a le sens de main, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manifestation
3332 t des idées du nombre 10. Elle a le sens de main, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manifestation qui va se
3333 ombre 10. Elle a le sens de main, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manifestation qui va se produire, la pot
3334 in, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manifestation qui va se produire, la potentialité d’un événement. Idé
3335 le symbolise la manifestation qui va se produire, la potentialité d’un événement. Idée d’eau, de liquide. Astrologie. La
3336 manifestation qui va se produire, la potentialité d’ un événement. Idée d’eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison d
3337 se produire, la potentialité d’un événement. Idée d’ eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison de Mercure. On y consi
3338 uire, la potentialité d’un événement. Idée d’eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison de Mercure. On y considère la
3339 n événement. Idée d’eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison de Mercure. On y considère la santé, si l’absent se po
3340 d’eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison de Mercure. On y considère la santé, si l’absent se porte bien… On deman
3341 gie. La Vierge, maison de Mercure. On y considère la santé, si l’absent se porte bien… On demande quant à la femme si elle
3342 e, maison de Mercure. On y considère la santé, si l’ absent se porte bien… On demande quant à la femme si elle est impudiqu
3343 té, si l’absent se porte bien… On demande quant à la femme si elle est impudique. Figure. Elle représente une roue sur so
3344 le représente une roue sur son axe, elle entraîne d’ un côté un singe, un lapin ou un diable, et de l’autre côté un homme.
3345 îne d’un côté un singe, un lapin ou un diable, et de l’autre côté un homme. Elle nous indique simplement le mouvement de l
3346 autre côté un homme. Elle nous indique simplement le mouvement de la vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx
3347 homme. Elle nous indique simplement le mouvement de la vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx placé au somm
3348 mme. Elle nous indique simplement le mouvement de la vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet
3349 dique simplement le mouvement de la vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet de la roue, figure
3350 de la vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet de la roue, figure la loi universelle des tran
3351 ègnes, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet de la roue, figure la loi universelle des transmutations matérielles ou
3352 es, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet de la roue, figure la loi universelle des transmutations matérielles ou phy
3353 née. Le sphinx placé au sommet de la roue, figure la loi universelle des transmutations matérielles ou physiques… Celui qu
3354 ce, végétation, production. b) Interprétation de B. McM. Hasard (résumé) : La clef 10 termine le cycle collectif et
3355 b) Interprétation de B. McM. Hasard (résumé) : La clef 10 termine le cycle collectif et inaugure le cycle individuel. A
3356 e B. McM. Hasard (résumé) : La clef 10 termine le cycle collectif et inaugure le cycle individuel. Aux 4 coins de la ca
3357 La clef 10 termine le cycle collectif et inaugure le cycle individuel. Aux 4 coins de la carte, les figures symboliques —
3358 ctif et inaugure le cycle individuel. Aux 4 coins de la carte, les figures symboliques — un homme, ou ange, un lion, un ta
3359 f et inaugure le cycle individuel. Aux 4 coins de la carte, les figures symboliques — un homme, ou ange, un lion, un taure
3360 ure le cycle individuel. Aux 4 coins de la carte, les figures symboliques — un homme, ou ange, un lion, un taureau, un aigl
3361 ange, un lion, un taureau, un aigle — signifient les 4 divisions du cosmos auxquelles faisaient allusion les 4 lettres I H
3362 divisions du cosmos auxquelles faisaient allusion les 4 lettres I H V H brodées sur la robe du Fou, et représentent les 4 s
3363 saient allusion les 4 lettres I H V H brodées sur la robe du Fou, et représentent les 4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (
3364 H V H brodées sur la robe du Fou, et représentent les 4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (Aquarius) est l’Air (Verseau, Gém
3365 , et représentent les 4 signes fixes du zodiaque. L’ Ange (Aquarius) est l’Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ; l’Aigle (Scorp
3366 4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (Aquarius) est l’ Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ; l’Aigle (Scorpion) est l’Eau (Scorpi
3367 Aquarius) est l’Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ; l’ Aigle (Scorpion) est l’Eau (Scorpion, Poissons, Cancer) ; le Taureau (
3368 rseau, Gémeaux, Balance) ; l’Aigle (Scorpion) est l’ Eau (Scorpion, Poissons, Cancer) ; le Taureau (Taureau) est la Terre (
3369 corpion) est l’Eau (Scorpion, Poissons, Cancer) ; le Taureau (Taureau) est la Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) ; le Lio
3370 ion, Poissons, Cancer) ; le Taureau (Taureau) est la Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) ; le Lion (Lion) est le Feu (Lion
3371 eau) est la Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) ; le Lion (Lion) est le Feu (Lion, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 pa
3372 Taureau, Vierge, Capricorne) ; le Lion (Lion) est le Feu (Lion, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 parties de l’homme :
3373 est le Feu (Lion, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 parties de l’homme : Corps (Terre), Émotions (Eau), Intelligence (A
3374 ion, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 parties de l’homme : Corps (Terre), Émotions (Eau), Intelligence (Air), Esprit (
3375 , Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 parties de l’ homme : Corps (Terre), Émotions (Eau), Intelligence (Air), Esprit (Feu
3376 Émotions (Eau), Intelligence (Air), Esprit (Feu), les 4 emblèmes chérubiniques dans Ézéchiel, les 4 évangélistes et leurs e
3377 Feu), les 4 emblèmes chérubiniques dans Ézéchiel, les 4 évangélistes et leurs emblèmes, les 4 rivières du Paradis, et le Té
3378 s Ézéchiel, les 4 évangélistes et leurs emblèmes, les 4 rivières du Paradis, et le Tétragramme. Ces 4 symboles cosmiques so
3379 et leurs emblèmes, les 4 rivières du Paradis, et le Tétragramme. Ces 4 symboles cosmiques sont entourés de nuages de temp
3380 tragramme. Ces 4 symboles cosmiques sont entourés de nuages de tempête suggérant les luttes nécessaires pour arriver à les
3381 Ces 4 symboles cosmiques sont entourés de nuages de tempête suggérant les luttes nécessaires pour arriver à les harmonise
3382 ques sont entourés de nuages de tempête suggérant les luttes nécessaires pour arriver à les harmoniser dans le Grand Œuvre.
3383 e suggérant les luttes nécessaires pour arriver à les harmoniser dans le Grand Œuvre. Cependant le fond bleu pâle du ciel i
3384 es nécessaires pour arriver à les harmoniser dans le Grand Œuvre. Cependant le fond bleu pâle du ciel indique que la paix
3385 r à les harmoniser dans le Grand Œuvre. Cependant le fond bleu pâle du ciel indique que la paix spirituelle s’établira fin
3386 . Cependant le fond bleu pâle du ciel indique que la paix spirituelle s’établira finalement quand les tensions entre les é
3387 e la paix spirituelle s’établira finalement quand les tensions entre les éléments seront équilibrées. Au centre de la carte
3388 le s’établira finalement quand les tensions entre les éléments seront équilibrées. Au centre de la carte, un large cercle o
3389 entre les éléments seront équilibrées. Au centre de la carte, un large cercle orangé indique que le Grand Œuvre est une a
3390 tre les éléments seront équilibrées. Au centre de la carte, un large cercle orangé indique que le Grand Œuvre est une acti
3391 e de la carte, un large cercle orangé indique que le Grand Œuvre est une activité solaire. Trois cercles concentriques s’y
3392 re, Fils. Au milieu, une roue à 8 rayons signifie la manifestation parfaite, résultant du mouvement de 2 roues de 4 rayons
3393 la manifestation parfaite, résultant du mouvement de 2 roues de 4 rayons tournant en sens inverse l’une de l’autre : équil
3394 ation parfaite, résultant du mouvement de 2 roues de 4 rayons tournant en sens inverse l’une de l’autre : équilibre entre
3395 roues de 4 rayons tournant en sens inverse l’une de l’autre : équilibre entre les aspects positifs et négatifs des 4 inst
3396 n sens inverse l’une de l’autre : équilibre entre les aspects positifs et négatifs des 4 instruments (bâtons, épées, coupes
3397 tons, épées, coupes, deniers), c’est-à-dire entre l’ évolution et l’involution. L’une des roues porte les signes alchimique
3398 upes, deniers), c’est-à-dire entre l’évolution et l’ involution. L’une des roues porte les signes alchimiques du Mercure (I
3399 ’évolution et l’involution. L’une des roues porte les signes alchimiques du Mercure (Intellect) ; Sel (Corps) ; Soufre (Esp
3400 Dissolution (Émotions). L’autre roue ne porte pas de signes, mais il se peut qu’elle en ait porté autrefois. À l’extrémité
3401 mais il se peut qu’elle en ait porté autrefois. À l’ extrémité de chacun des rayons de la première roue est placée une des
3402 eut qu’elle en ait porté autrefois. À l’extrémité de chacun des rayons de la première roue est placée une des lettres du m
3403 rté autrefois. À l’extrémité de chacun des rayons de la première roue est placée une des lettres du mot T A R O, qui doit
3404 des lettres du mot T A R O, qui doit se lire dans le sens des aiguilles d’une montre. À l’extrémité de chacun des rayons d
3405  R O, qui doit se lire dans le sens des aiguilles d’ une montre. À l’extrémité de chacun des rayons de la seconde roue, son
3406 e lire dans le sens des aiguilles d’une montre. À l’ extrémité de chacun des rayons de la seconde roue, sont les lettres Yo
3407 le sens des aiguilles d’une montre. À l’extrémité de chacun des rayons de la seconde roue, sont les lettres Yod, Heh, Vav,
3408 d’une montre. À l’extrémité de chacun des rayons de la seconde roue, sont les lettres Yod, Heh, Vav, Heh, qui doivent êtr
3409 ité de chacun des rayons de la seconde roue, sont les lettres Yod, Heh, Vav, Heh, qui doivent être lues en sens inverse des
3410 i doivent être lues en sens inverse des aiguilles d’ une montre, étant hébraïques. La division quaternaire du cosmos se ret
3411 rse des aiguilles d’une montre, étant hébraïques. La division quaternaire du cosmos se retrouve ici au plus bas niveau de
3412 aire du cosmos se retrouve ici au plus bas niveau de la conscience, encore solaire et collective (symboles abstraits). Aut
3413 e du cosmos se retrouve ici au plus bas niveau de la conscience, encore solaire et collective (symboles abstraits). Autour
3414 ire et collective (symboles abstraits). Autour de la roue, trois symboles concrets : le Serpent, le Sphinx, l’Anubis, repr
3415 ts). Autour de la roue, trois symboles concrets : le Serpent, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de la conscience
3416 de la roue, trois symboles concrets : le Serpent, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de la conscience collective
3417 trois symboles concrets : le Serpent, le Sphinx, l’ Anubis, représentent le niveau de la conscience collective humaine. Le
3418 s : le Serpent, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de la conscience collective humaine. Le Serpent est jaune (act
3419 pent, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de la conscience collective humaine. Le Serpent est jaune (activité de l
3420 t, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de la conscience collective humaine. Le Serpent est jaune (activité de l’in
3421 nt le niveau de la conscience collective humaine. Le Serpent est jaune (activité de l’intellect) dirigé vers le bas (invol
3422 ollective humaine. Le Serpent est jaune (activité de l’intellect) dirigé vers le bas (involution dans la matière) et ondul
3423 ective humaine. Le Serpent est jaune (activité de l’ intellect) dirigé vers le bas (involution dans la matière) et ondulant
3424 t est jaune (activité de l’intellect) dirigé vers le bas (involution dans la matière) et ondulant (action vibratoire de l’
3425 l’intellect) dirigé vers le bas (involution dans la matière) et ondulant (action vibratoire de l’intellect créateur). L’A
3426 n dans la matière) et ondulant (action vibratoire de l’intellect créateur). L’Anubis, ou Hermanubis, mi-loup mi-homme, col
3427 ans la matière) et ondulant (action vibratoire de l’ intellect créateur). L’Anubis, ou Hermanubis, mi-loup mi-homme, coloré
3428 lant (action vibratoire de l’intellect créateur). L’ Anubis, ou Hermanubis, mi-loup mi-homme, coloré en rouge (désir), s’él
3429 i-loup mi-homme, coloré en rouge (désir), s’élève de la matière et évolue vers le Père : c’est l’homme qui s’éveille des p
3430 oup mi-homme, coloré en rouge (désir), s’élève de la matière et évolue vers le Père : c’est l’homme qui s’éveille des prof
3431 uge (désir), s’élève de la matière et évolue vers le Père : c’est l’homme qui s’éveille des profondeurs, et qui commence à
3432 lève de la matière et évolue vers le Père : c’est l’ homme qui s’éveille des profondeurs, et qui commence à monter vers l’a
3433 le des profondeurs, et qui commence à monter vers l’ appel du Sphinx, symbole de l’homme parfait ou conscient et individual
3434 commence à monter vers l’appel du Sphinx, symbole de l’homme parfait ou conscient et individualisé. Le Sphinx est bleu (sp
3435 mence à monter vers l’appel du Sphinx, symbole de l’ homme parfait ou conscient et individualisé. Le Sphinx est bleu (spiri
3436 de l’homme parfait ou conscient et individualisé. Le Sphinx est bleu (spiritualisé, re-né) et porte sur la tête des orneme
3437 phinx est bleu (spiritualisé, re-né) et porte sur la tête des ornements noirs et blancs : équilibre des contradictions. Il
3438 t blancs : équilibre des contradictions. Il tient l’ épée de la discrimination. Son corps est mi-féminin, mi-léonin, hermap
3439 s : équilibre des contradictions. Il tient l’épée de la discrimination. Son corps est mi-féminin, mi-léonin, hermaphrodite
3440 équilibre des contradictions. Il tient l’épée de la discrimination. Son corps est mi-féminin, mi-léonin, hermaphrodite, é
3441 liographie sommaire Antoine Court de Gébelin : Le Monde primitif (volume VIII) : Du jeu des tarots, Paris, 1781. Ettei
3442 jeu des tarots, Paris, 1781. Etteilla : Manière de se récréer avec le jeu de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985
3443 ris, 1781. Etteilla : Manière de se récréer avec le jeu de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Tho
3444 81. Etteilla : Manière de se récréer avec le jeu de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Thot. M.
3445 de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Thot. M. M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine de
3446 nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Thot. M. M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine de l’esprit,
3447 Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Thot. M. M. D’ Odoucet : Science des signes, ou médecine de l’esprit, connue sous le
3448 M. M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine de l’esprit, connue sous le nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793.
3449 M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine de l’ esprit, connue sous le nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793. Wil
3450 des signes, ou médecine de l’esprit, connue sous le nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts
3451 gnes, ou médecine de l’esprit, connue sous le nom d’ art de tirer les cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts and Sp
3452 ou médecine de l’esprit, connue sous le nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts and Speculat
3453 ne de l’esprit, connue sous le nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts and Speculations conce
3454 rds, London, 1848. Éliphas Lévi : Dogme et rituel de la haute magie, 1860 — Clefs majeures et clavicules de Salomon, 1895.
3455 , London, 1848. Éliphas Lévi : Dogme et rituel de la haute magie, 1860 — Clefs majeures et clavicules de Salomon, 1895. —
3456 haute magie, 1860 — Clefs majeures et clavicules de Salomon, 1895. — Le Grand Arcane, 1898. — Transcendental Magic, New Y
3457 Clefs majeures et clavicules de Salomon, 1895. — Le Grand Arcane, 1898. — Transcendental Magic, New York, 1938. Romain Me
3458  : Tarot, Paris, 1870. Papus (Gérard Encausse) : Le Tarot divinatoire ou tarot des bohémiens, Paris, 1885. Arthur Edward
3459 arot, London, 1922. Elie Alta (Gervais Bouchet) : Le Tarot Égyptien, Vichy, 1922. Oswald Wirth : Le Tarot des imagiers du
3460  : Le Tarot Égyptien, Vichy, 1922. Oswald Wirth : Le Tarot des imagiers du Moyen Âge, 1927. Paul Foster Case : An introduc
3461 b of New York City, 1942.) n. Rougemont Denis de , « Présentation du tarot », Hémisphères, New York, 1945, p. 31-43.
13 1945, Articles divers (1941-1946). Les règles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)
3462 Les règles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est
3463 Les règles du jeu dans l’ art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’art de persuader. L
3464 gles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’art de persuader. L’ignorance ou l’abus en ont fait
3465 ’art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’ art de persuader. L’ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art
3466 omanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’art de persuader. L’ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art de par
3467 4-1945)i La rhétorique est l’art de persuader. L’ ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art de parler pour ne ri
3468 rhétorique est l’art de persuader. L’ignorance ou l’ abus en ont fait aujourd’hui l’art de parler pour ne rien dire. Rhétor
3469 er. L’ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’ art de parler pour ne rien dire. Rhétorique est devenue synonyme d’élo
3470 ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art de parler pour ne rien dire. Rhétorique est devenue synonyme d’éloquence
3471 our ne rien dire. Rhétorique est devenue synonyme d’ éloquence creuse et de clichés. J’en parlerai dans un tout autre sens.
3472 orique est devenue synonyme d’éloquence creuse et de clichés. J’en parlerai dans un tout autre sens. Je voudrais désigner
3473 t autre sens. Je voudrais désigner par rhétorique l’ ensemble des règles du jeu dans l’art. Feraient partie de la rhétoriqu
3474 par rhétorique l’ensemble des règles du jeu dans l’ art. Feraient partie de la rhétorique des éléments aussi divers que le
3475 ble des règles du jeu dans l’art. Feraient partie de la rhétorique des éléments aussi divers que les lois de composition d
3476 des règles du jeu dans l’art. Feraient partie de la rhétorique des éléments aussi divers que les lois de composition d’un
3477 ie de la rhétorique des éléments aussi divers que les lois de composition d’un tableau, et sa limitation par le cadre ; les
3478 rhétorique des éléments aussi divers que les lois de composition d’un tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois de
3479 éléments aussi divers que les lois de composition d’ un tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois de l’harmonie et
3480 de composition d’un tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois de l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicau
3481 ion d’un tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois de l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéra
3482 tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois de l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; l
3483 leau, et sa limitation par le cadre ; les lois de l’ harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; les
3484 adre ; les lois de l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; les conventions de l’opéra et de la
3485 ontrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; les conventions de l’opéra et de la danse ; les personnages constants du
3486 genres musicaux et littéraires ; les conventions de l’opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les o
3487 nres musicaux et littéraires ; les conventions de l’ opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouve
3488 ux et littéraires ; les conventions de l’opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouvertures, lev
3489 et littéraires ; les conventions de l’opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouvertures, levers
3490 res ; les conventions de l’opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouvertures, levers de rideau,
3491 la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouvertures, levers de rideau, préfaces, finales, épilogues et points
3492 ges constants du théâtre ; les ouvertures, levers de rideau, préfaces, finales, épilogues et points d’orgue ; la règle des
3493 de rideau, préfaces, finales, épilogues et points d’ orgue ; la règle des trois unités ; les transitions, récitatifs, coups
3494 préfaces, finales, épilogues et points d’orgue ; la règle des trois unités ; les transitions, récitatifs, coups de théâtr
3495 s et points d’orgue ; la règle des trois unités ; les transitions, récitatifs, coups de théâtre et contrastes ménagés ; le
3496 trois unités ; les transitions, récitatifs, coups de théâtre et contrastes ménagés ; le nombre fixe des syllabes dans un v
3497 itatifs, coups de théâtre et contrastes ménagés ; le nombre fixe des syllabes dans un vers et des vers dans un sonnet ; le
3498 yllabes dans un vers et des vers dans un sonnet ; les rimes et les césures, — bref, toutes les conventions acceptées en com
3499 un vers et des vers dans un sonnet ; les rimes et les césures, — bref, toutes les conventions acceptées en commun par les a
3500 sonnet ; les rimes et les césures, — bref, toutes les conventions acceptées en commun par les artistes et leur public. Tout
3501 f, toutes les conventions acceptées en commun par les artistes et leur public. Tout cela faisait l’Art, aux grandes époques
3502 ar les artistes et leur public. Tout cela faisait l’ Art, aux grandes époques. Artiste était celui qui, de ces règles, sava
3503 rt, aux grandes époques. Artiste était celui qui, de ces règles, savait tirer sa liberté. L’inspiration passait par ces ca
3504 elui qui, de ces règles, savait tirer sa liberté. L’ inspiration passait par ces canaux et se communiquait par eux. Les règ
3505 assait par ces canaux et se communiquait par eux. Les règles étant connues, amateurs et critiques disposaient d’une mesure
3506 étant connues, amateurs et critiques disposaient d’ une mesure commune avec le créateur. Ils pouvaient estimer la bienfact
3507 t critiques disposaient d’une mesure commune avec le créateur. Ils pouvaient estimer la bienfacture d’une œuvre, et faire
3508 e commune avec le créateur. Ils pouvaient estimer la bienfacture d’une œuvre, et faire la part de l’invention par déductio
3509 le créateur. Ils pouvaient estimer la bienfacture d’ une œuvre, et faire la part de l’invention par déduction de la coutume
3510 ient estimer la bienfacture d’une œuvre, et faire la part de l’invention par déduction de la coutume. Presque tous ces cri
3511 imer la bienfacture d’une œuvre, et faire la part de l’invention par déduction de la coutume. Presque tous ces critères ef
3512 r la bienfacture d’une œuvre, et faire la part de l’ invention par déduction de la coutume. Presque tous ces critères effac
3513 re, et faire la part de l’invention par déduction de la coutume. Presque tous ces critères effacés ou perdus, notre époque
3514 et faire la part de l’invention par déduction de la coutume. Presque tous ces critères effacés ou perdus, notre époque ne
3515 ffacés ou perdus, notre époque ne sait plus juger d’ une œuvre. Elle tient la rhétorique et ses figures pour arbitraires, a
3516 époque ne sait plus juger d’une œuvre. Elle tient la rhétorique et ses figures pour arbitraires, artificielles, non contra
3517 rtificielles, non contraignantes. (Et sans doute, le sont-elles devenues.) Mais dès l’instant où les règles d’un jeu cesse
3518 (Et sans doute, le sont-elles devenues.) Mais dès l’ instant où les règles d’un jeu cessent d’être respectées comme absolue
3519 e, le sont-elles devenues.) Mais dès l’instant où les règles d’un jeu cessent d’être respectées comme absolues, qui pourrai
3520 elles devenues.) Mais dès l’instant où les règles d’ un jeu cessent d’être respectées comme absolues, qui pourrait désigner
3521 Mais dès l’instant où les règles d’un jeu cessent d’ être respectées comme absolues, qui pourrait désigner le gagnant ? Tri
3522 respectées comme absolues, qui pourrait désigner le gagnant ? Tricher même n’a plus aucun charme. Si vous vous soumettez
3523 concentrer votre esprit pendant plusieurs minutes de recherches intenses ; les témoins avertis sauront immédiatement si vo
3524 endant plusieurs minutes de recherches intenses ; les témoins avertis sauront immédiatement si vous avez bien ou mal fait,
3525 escient, si vous avez inventé quelque chose. Ôtez les règles, et ce même déplacement devient le type du geste indifférent.
3526 . Ôtez les règles, et ce même déplacement devient le type du geste indifférent. Dans le principe, et dans les hautes époqu
3527 cement devient le type du geste indifférent. Dans le principe, et dans les hautes époques, la rhétorique au sens large, et
3528 e du geste indifférent. Dans le principe, et dans les hautes époques, la rhétorique au sens large, et ses règles, sont stri
3529 nt. Dans le principe, et dans les hautes époques, la rhétorique au sens large, et ses règles, sont strictement non arbitra
3530 res. Elles traduisent des relations constitutives de notre corps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance
3531 isent des relations constitutives de notre corps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respirati
3532 nt des relations constitutives de notre corps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respiration,
3533 utives de notre corps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respiration, des nuits et des saison
3534 orps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’ alternance de la respiration, des nuits et des saisons, sont nécessair
3535 syché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respiration, des nuits et des saisons, sont nécessaires à notre vi
3536 hé et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respiration, des nuits et des saisons, sont nécessaires à notre vie,
3537 des saisons, sont nécessaires à notre vie, comme les cadences et les contrastes composés sont vitaux pour nos œuvres d’art
3538 nt nécessaires à notre vie, comme les cadences et les contrastes composés sont vitaux pour nos œuvres d’art. Au surplus, le
3539 s contrastes composés sont vitaux pour nos œuvres d’ art. Au surplus, les figures de la rhétorique considérées dans toute l
3540 és sont vitaux pour nos œuvres d’art. Au surplus, les figures de la rhétorique considérées dans toute la variété des arts,
3541 ux pour nos œuvres d’art. Au surplus, les figures de la rhétorique considérées dans toute la variété des arts, ne sont pas
3542 pour nos œuvres d’art. Au surplus, les figures de la rhétorique considérées dans toute la variété des arts, ne sont pas sa
3543 s figures de la rhétorique considérées dans toute la variété des arts, ne sont pas sans correspondances avec les formes ré
3544 é des arts, ne sont pas sans correspondances avec les formes régulières dont le rêve compose ses drames. Il se peut même qu
3545 s correspondances avec les formes régulières dont le rêve compose ses drames. Il se peut même que ces figures ne soient, à
3546 mes. Il se peut même que ces figures ne soient, à l’ origine au moins, que l’affleurement ou que la fixation des archétypes
3547 ces figures ne soient, à l’origine au moins, que l’ affleurement ou que la fixation des archétypes de l’inconscient, tels
3548 , à l’origine au moins, que l’affleurement ou que la fixation des archétypes de l’inconscient, tels qu’un Jung put les ret
3549 l’affleurement ou que la fixation des archétypes de l’inconscient, tels qu’un Jung put les retrouver dans les symboles de
3550 affleurement ou que la fixation des archétypes de l’ inconscient, tels qu’un Jung put les retrouver dans les symboles des r
3551 archétypes de l’inconscient, tels qu’un Jung put les retrouver dans les symboles des religions et des magies, spontanément
3552 conscient, tels qu’un Jung put les retrouver dans les symboles des religions et des magies, spontanément réapparus au cours
3553 , spontanément réapparus au cours des âges et sur les points les plus divers de la planète. Les romantiques allemands l’ont
3554 ent réapparus au cours des âges et sur les points les plus divers de la planète. Les romantiques allemands l’ont soupçonné 
3555 cours des âges et sur les points les plus divers de la planète. Les romantiques allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul inv
3556 urs des âges et sur les points les plus divers de la planète. Les romantiques allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul invoqu
3557 et sur les points les plus divers de la planète. Les romantiques allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul invoque la « rhétor
3558 s divers de la planète. Les romantiques allemands l’ ont soupçonné : Jean-Paul invoque la « rhétorique des rêves ». Mais c’
3559 ues allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul invoque la « rhétorique des rêves ». Mais c’est Baudelaire qui touche le vrai po
3560 que des rêves ». Mais c’est Baudelaire qui touche le vrai point, lorsque, risquant un assemblage de mots qui devait paraît
3561 he le vrai point, lorsque, risquant un assemblage de mots qui devait paraître, de son temps, le plus scandaleusement parad
3562 squant un assemblage de mots qui devait paraître, de son temps, le plus scandaleusement paradoxal, il n’hésite pas à nous
3563 mblage de mots qui devait paraître, de son temps, le plus scandaleusement paradoxal, il n’hésite pas à nous parler des art
3564 oxal, il n’hésite pas à nous parler des artifices d’ une « rhétorique profonde ». Au milieu du xviiie siècle, trois phéno
3565 iie siècle, trois phénomènes curieux sollicitent l’ attention : l’enseignement de la rhétorique entre en décadence, cepend
3566 rois phénomènes curieux sollicitent l’attention : l’ enseignement de la rhétorique entre en décadence, cependant que le jou
3567 curieux sollicitent l’attention : l’enseignement de la rhétorique entre en décadence, cependant que le journalisme fait s
3568 rieux sollicitent l’attention : l’enseignement de la rhétorique entre en décadence, cependant que le journalisme fait son
3569 e la rhétorique entre en décadence, cependant que le journalisme fait son apparition, et que la réalité quotidienne s’intr
3570 nt que le journalisme fait son apparition, et que la réalité quotidienne s’introduit dans les romans. Conjonction lourde d
3571 n, et que la réalité quotidienne s’introduit dans les romans. Conjonction lourde de présages. Quelques années plus tard écl
3572 e s’introduit dans les romans. Conjonction lourde de présages. Quelques années plus tard éclate la Terreur, balayant les s
3573 rde de présages. Quelques années plus tard éclate la Terreur, balayant les symboles sacrés, les rites sociaux et les cérém
3574 ques années plus tard éclate la Terreur, balayant les symboles sacrés, les rites sociaux et les cérémonies dont l’élite a p
3575 éclate la Terreur, balayant les symboles sacrés, les rites sociaux et les cérémonies dont l’élite a perdu le sens, pour in
3576 alayant les symboles sacrés, les rites sociaux et les cérémonies dont l’élite a perdu le sens, pour instaurer le culte dépo
3577 sacrés, les rites sociaux et les cérémonies dont l’ élite a perdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison.
3578 es sociaux et les cérémonies dont l’élite a perdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans
3579 nies dont l’élite a perdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans les arts vint au siècle
3580 perdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans les arts vint au siècle suivant. Elle auss
3581 rdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans les arts vint au siècle suivant. Elle aussi f
3582 , pour instaurer le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans les arts vint au siècle suivant. Elle aussi fit la chass
3583 le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans les arts vint au siècle suivant. Elle aussi fit la chasse aux « ci-devant
3584 s les arts vint au siècle suivant. Elle aussi fit la chasse aux « ci-devants » : genres établis, situations convenues, rim
3585 rimes, unités, précautions oratoires et procédés de composition. Mais elle alla plus loin. Elle déclara que la rhétorique
3586 ition. Mais elle alla plus loin. Elle déclara que la rhétorique en tant que telle était mauvaise, insincère, et contraire
3587 e telle était mauvaise, insincère, et contraire à l’ inspiration libre. Dans ses recettes magiques et artifices profonds, e
3588 lle ne vit que recettes et artifices, et commanda de les éliminer. De ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à l’ins
3589 ne vit que recettes et artifices, et commanda de les éliminer. De ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à l’inspira
3590 cettes et artifices, et commanda de les éliminer. De ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à l’inspiration pure, co
3591 De ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à l’ inspiration pure, comme la colombe de Kant qui s’imagine qu’elle voler
3592 s clichés1. Abandonné à l’inspiration pure, comme la colombe de Kant qui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, l’
3593 Abandonné à l’inspiration pure, comme la colombe de Kant qui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, l’artiste cru
3594 de Kant qui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, l’artiste crut qu’il irait loin… Il tomba dans « la réalité »,
3595 ui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, l’ artiste crut qu’il irait loin… Il tomba dans « la réalité », coupa ses
3596 l’artiste crut qu’il irait loin… Il tomba dans «  la réalité », coupa ses ailes et se fit romancier ou paysagiste d’après
3597 et se fit romancier ou paysagiste d’après nature. Le sociologue et le photographe l’observaient d’un œil ironique. La nai
3598 er ou paysagiste d’après nature. Le sociologue et le photographe l’observaient d’un œil ironique. La naissance, le triomp
3599 e d’après nature. Le sociologue et le photographe l’ observaient d’un œil ironique. La naissance, le triomphe et le déclin
3600 re. Le sociologue et le photographe l’observaient d’ un œil ironique. La naissance, le triomphe et le déclin du roman comm
3601 le photographe l’observaient d’un œil ironique. La naissance, le triomphe et le déclin du roman comme genre littéraire,
3602 e l’observaient d’un œil ironique. La naissance, le triomphe et le déclin du roman comme genre littéraire, illustrent à m
3603 d’un œil ironique. La naissance, le triomphe et le déclin du roman comme genre littéraire, illustrent à merveille ces br
3604 illustrent à merveille ces brèves indications sur l’ office de la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origi
3605 t à merveille ces brèves indications sur l’office de la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du rom
3606 merveille ces brèves indications sur l’office de la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du roman
3607 èves indications sur l’office de la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte
3608 ations sur l’office de la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte. La socié
3609 ons sur l’office de la rhétorique et le danger de l’ écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte. La société
3610 fice de la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte. La société primitive a
3611 rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’ origine du roman est dans le conte. La société primitive a des mythes,
3612 ’écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte. La société primitive a des mythes, courts récits mémorables de
3613 la légère. L’origine du roman est dans le conte. La société primitive a des mythes, courts récits mémorables destinés à f
3614 récits mémorables destinés à fixer des événements de l’âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et d’aventures très sim
3615 its mémorables destinés à fixer des événements de l’ âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et d’aventures très simple
3616 des événements de l’âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et d’aventures très simples. Le mythe se développe en lég
3617 l’âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et d’ aventures très simples. Le mythe se développe en légende, et la légend
3618 n jeu de personnages et d’aventures très simples. Le mythe se développe en légende, et la légende sacrée convoie un enseig
3619 rès simples. Le mythe se développe en légende, et la légende sacrée convoie un enseignement religieux. L’épopée perpétue e
3620 légende sacrée convoie un enseignement religieux. L’ épopée perpétue ensuite le souvenir des héros de la tribu. Mais à mesu
3621 enseignement religieux. L’épopée perpétue ensuite le souvenir des héros de la tribu. Mais à mesure que les dieux prennent
3622 . L’épopée perpétue ensuite le souvenir des héros de la tribu. Mais à mesure que les dieux prennent figure d’hommes, que l
3623 ’épopée perpétue ensuite le souvenir des héros de la tribu. Mais à mesure que les dieux prennent figure d’hommes, que les
3624 souvenir des héros de la tribu. Mais à mesure que les dieux prennent figure d’hommes, que les statues se mettent à ressembl
3625 ribu. Mais à mesure que les dieux prennent figure d’ hommes, que les statues se mettent à ressembler aux hommes, que l’homm
3626 esure que les dieux prennent figure d’hommes, que les statues se mettent à ressembler aux hommes, que l’homme devient de pl
3627 s statues se mettent à ressembler aux hommes, que l’ homme devient de plus en plus son propre centre et son sujet d’étonnem
3628 nt de plus en plus son propre centre et son sujet d’ étonnement favori, le mythe se rapproche de l’histoire. Il gagne en in
3629 n propre centre et son sujet d’étonnement favori, le mythe se rapproche de l’histoire. Il gagne en intérêt tout ce qu’il p
3630 sujet d’étonnement favori, le mythe se rapproche de l’histoire. Il gagne en intérêt tout ce qu’il perd en magie. Naît alo
3631 jet d’étonnement favori, le mythe se rapproche de l’ histoire. Il gagne en intérêt tout ce qu’il perd en magie. Naît alors
3632 n intérêt tout ce qu’il perd en magie. Naît alors le récit en prose, illustration de vérités morales communes à l’élite d’
3633 magie. Naît alors le récit en prose, illustration de vérités morales communes à l’élite d’une société donnée. Nous avons f
3634 prose, illustration de vérités morales communes à l’ élite d’une société donnée. Nous avons fait, en quelques lignes, tout
3635 llustration de vérités morales communes à l’élite d’ une société donnée. Nous avons fait, en quelques lignes, tout le chemi
3636 donnée. Nous avons fait, en quelques lignes, tout le chemin qui sépare les premiers chapitres de la genèse d’un roman comm
3637 tout le chemin qui sépare les premiers chapitres de la genèse d’un roman comme L’Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un
3638 ut le chemin qui sépare les premiers chapitres de la genèse d’un roman comme L’Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un rê
3639 in qui sépare les premiers chapitres de la genèse d’ un roman comme L’Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un rêve éveillé
3640 premiers chapitres de la genèse d’un roman comme L’ Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un rêve éveillé, donné pour tel
3641 tres de la genèse d’un roman comme L’Astrée. Mais L’ Astrée n’est encore qu’un rêve éveillé, donné pour tel par son auteur.
3642 veillé, donné pour tel par son auteur. C’est avec La Princesse de Clèves que l’on atteint la phase critique où la féerie c
3643 son auteur. C’est avec La Princesse de Clèves que l’ on atteint la phase critique où la féerie cède à l’observation, la vér
3644 ’est avec La Princesse de Clèves que l’on atteint la phase critique où la féerie cède à l’observation, la vérité créée, au
3645 e de Clèves que l’on atteint la phase critique où la féerie cède à l’observation, la vérité créée, aux données vraisemblab
3646 ’on atteint la phase critique où la féerie cède à l’ observation, la vérité créée, aux données vraisemblables. À cet instan
3647 phase critique où la féerie cède à l’observation, la vérité créée, aux données vraisemblables. À cet instant naît le roman
3648 e, aux données vraisemblables. À cet instant naît le roman moderne. À partir du xviiie siècle, le roman se sépare volonta
3649 aît le roman moderne. À partir du xviiie siècle, le roman se sépare volontairement du conte. Aussitôt, on le voit se gonf
3650 n se sépare volontairement du conte. Aussitôt, on le voit se gonfler de psychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique,
3651 irement du conte. Aussitôt, on le voit se gonfler de psychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique, de documentation.
3652 . Aussitôt, on le voit se gonfler de psychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique, de documentation. Commence alors l
3653 on le voit se gonfler de psychologie, de lyrisme, d’ histoire, de politique, de documentation. Commence alors l’inflation r
3654 e gonfler de psychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique, de documentation. Commence alors l’inflation romanesque, d
3655 sychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique, de documentation. Commence alors l’inflation romanesque, dont le plus gr
3656 e, de politique, de documentation. Commence alors l’ inflation romanesque, dont le plus grand spéculateur s’appelle Balzac.
3657 tion. Commence alors l’inflation romanesque, dont le plus grand spéculateur s’appelle Balzac. Avec lui, après lui plus enc
3658 ’appelle Balzac. Avec lui, après lui plus encore, le roman tourne à l’« étude » du réel, quand le conte, la légende, et mê
3659 vec lui, après lui plus encore, le roman tourne à l’ « étude » du réel, quand le conte, la légende, et même l’épopée, étaie
3660 ore, le roman tourne à l’« étude » du réel, quand le conte, la légende, et même l’épopée, étaient créations pures de l’ima
3661 man tourne à l’« étude » du réel, quand le conte, la légende, et même l’épopée, étaient créations pures de l’imagination.
3662 de » du réel, quand le conte, la légende, et même l’ épopée, étaient créations pures de l’imagination. Et l’on ne sait plus
3663 égende, et même l’épopée, étaient créations pures de l’imagination. Et l’on ne sait plus si le roman est une pseudo-scienc
3664 nde, et même l’épopée, étaient créations pures de l’ imagination. Et l’on ne sait plus si le roman est une pseudo-science o
3665 pée, étaient créations pures de l’imagination. Et l’ on ne sait plus si le roman est une pseudo-science ou un faux art. Reg
3666 s pures de l’imagination. Et l’on ne sait plus si le roman est une pseudo-science ou un faux art. Regardons de plus près c
3667 ou un faux art. Regardons de plus près ce passage de l’invention réelle au réalisme allégué. Le terroriste détruit ce qui
3668 un faux art. Regardons de plus près ce passage de l’ invention réelle au réalisme allégué. Le terroriste détruit ce qui sou
3669 assage de l’invention réelle au réalisme allégué. Le terroriste détruit ce qui soutenait l’envol de l’imagination libremen
3670 e allégué. Le terroriste détruit ce qui soutenait l’ envol de l’imagination librement vraie : il détruit les figures conven
3671 é. Le terroriste détruit ce qui soutenait l’envol de l’imagination librement vraie : il détruit les figures convenues, les
3672 Le terroriste détruit ce qui soutenait l’envol de l’ imagination librement vraie : il détruit les figures convenues, les ri
3673 vol de l’imagination librement vraie : il détruit les figures convenues, les rites constants de l’illusion, dont le conteur
3674 brement vraie : il détruit les figures convenues, les rites constants de l’illusion, dont le conteur connaissait les pouvoi
3675 étruit les figures convenues, les rites constants de l’illusion, dont le conteur connaissait les pouvoirs. Il ne lui reste
3676 uit les figures convenues, les rites constants de l’ illusion, dont le conteur connaissait les pouvoirs. Il ne lui reste po
3677 onvenues, les rites constants de l’illusion, dont le conteur connaissait les pouvoirs. Il ne lui reste pour appui que la r
3678 stants de l’illusion, dont le conteur connaissait les pouvoirs. Il ne lui reste pour appui que la réalité telle qu’il la vo
3679 sait les pouvoirs. Il ne lui reste pour appui que la réalité telle qu’il la voit. Mais cette réalité — c’est-à-dire : l’ex
3680 e lui reste pour appui que la réalité telle qu’il la voit. Mais cette réalité — c’est-à-dire : l’extérieur — ne peut fourn
3681 u’il la voit. Mais cette réalité — c’est-à-dire : l’ extérieur — ne peut fournir que des objets à exprimer, non pas des moy
3682 nir que des objets à exprimer, non pas des moyens d’ expression. Mieux on l’imite et plus on s’écarte de l’art. Avec une in
3683 primer, non pas des moyens d’expression. Mieux on l’ imite et plus on s’écarte de l’art. Avec une incroyable étourderie, ce
3684 ’expression. Mieux on l’imite et plus on s’écarte de l’art. Avec une incroyable étourderie, certains demandent alors un « 
3685 pression. Mieux on l’imite et plus on s’écarte de l’ art. Avec une incroyable étourderie, certains demandent alors un « art
3686 tains demandent alors un « art vivant ». Comme si les règles d’un jeu devaient être vivantes ! Plus personne ne pourrait jo
3687 dent alors un « art vivant ». Comme si les règles d’ un jeu devaient être vivantes ! Plus personne ne pourrait jouer2. Le j
3688 être vivantes ! Plus personne ne pourrait jouer2. Le jeu ne sera vivant et passionnant qu’à la mesure de la fixité même de
3689 jouer2. Le jeu ne sera vivant et passionnant qu’à la mesure de la fixité même de ses règles indiscutées. L’art consistait
3690 jeu ne sera vivant et passionnant qu’à la mesure de la fixité même de ses règles indiscutées. L’art consistait jadis à do
3691 u ne sera vivant et passionnant qu’à la mesure de la fixité même de ses règles indiscutées. L’art consistait jadis à donne
3692 t et passionnant qu’à la mesure de la fixité même de ses règles indiscutées. L’art consistait jadis à donner sens aux prop
3693 sure de la fixité même de ses règles indiscutées. L’ art consistait jadis à donner sens aux propositions de la vie. Ses règ
3694 t consistait jadis à donner sens aux propositions de la vie. Ses règles émergeaient de la nature profonde, elles prolongea
3695 onsistait jadis à donner sens aux propositions de la vie. Ses règles émergeaient de la nature profonde, elles prolongeaien
3696 ux propositions de la vie. Ses règles émergeaient de la nature profonde, elles prolongeaient la nature naturante, au lieu
3697 propositions de la vie. Ses règles émergeaient de la nature profonde, elles prolongeaient la nature naturante, au lieu de
3698 eaient de la nature profonde, elles prolongeaient la nature naturante, au lieu de copier la nature naturée. Et la psyché r
3699 longeaient la nature naturante, au lieu de copier la nature naturée. Et la psyché réinventait un réel significatif. Commen
3700 aturante, au lieu de copier la nature naturée. Et la psyché réinventait un réel significatif. Comment rejoindrait-on le se
3701 tait un réel significatif. Comment rejoindrait-on le sens profond des choses et des événements de la vie, en décalquant le
3702 t-on le sens profond des choses et des événements de la vie, en décalquant le désordre varié des objets ou des sentiments 
3703 n le sens profond des choses et des événements de la vie, en décalquant le désordre varié des objets ou des sentiments ? P
3704 choses et des événements de la vie, en décalquant le désordre varié des objets ou des sentiments ? Par l’extérieur on ne r
3705 désordre varié des objets ou des sentiments ? Par l’ extérieur on ne rejoint que l’insignifiance observable. C’est ce qui v
3706 es sentiments ? Par l’extérieur on ne rejoint que l’ insignifiance observable. C’est ce qui va se produire après Balzac. Le
3707 rvable. C’est ce qui va se produire après Balzac. Le roman pousse deux branches d’importance inégale. La première est la m
3708 duire après Balzac. Le roman pousse deux branches d’ importance inégale. La première est la monographie : Adolphe, Obermann
3709 ux branches d’importance inégale. La première est la monographie : Adolphe, Obermann, Dominique. Ces récits intéressent le
3710 lphe, Obermann, Dominique. Ces récits intéressent le lecteur s’il se retrouve dans le héros. La part de l’art y est réduit
3711 cits intéressent le lecteur s’il se retrouve dans le héros. La part de l’art y est réduite à celle du style. L’autre branc
3712 essent le lecteur s’il se retrouve dans le héros. La part de l’art y est réduite à celle du style. L’autre branche sera ce
3713 e lecteur s’il se retrouve dans le héros. La part de l’art y est réduite à celle du style. L’autre branche sera celle du r
3714 ecteur s’il se retrouve dans le héros. La part de l’ art y est réduite à celle du style. L’autre branche sera celle du réal
3715 lle du réalisme social. C’est là que va triompher la terreur, se déchaîner la chasse impitoyable aux artifices de la fabul
3716 ’est là que va triompher la terreur, se déchaîner la chasse impitoyable aux artifices de la fabulation. Maintenant, le rom
3717 se déchaîner la chasse impitoyable aux artifices de la fabulation. Maintenant, le romancier prétend décrire. Il s’excuse
3718 déchaîner la chasse impitoyable aux artifices de la fabulation. Maintenant, le romancier prétend décrire. Il s’excuse d’i
3719 yable aux artifices de la fabulation. Maintenant, le romancier prétend décrire. Il s’excuse d’imaginer. Il ambitionne de c
3720 tenant, le romancier prétend décrire. Il s’excuse d’ imaginer. Il ambitionne de conformer son art aux « lois de la vie », n
3721 nd décrire. Il s’excuse d’imaginer. Il ambitionne de conformer son art aux « lois de la vie », non plus aux procédés du co
3722 er. Il ambitionne de conformer son art aux « lois de la vie », non plus aux procédés du conte. « Le roman, dit M. Jaloux,
3723 Il ambitionne de conformer son art aux « lois de la vie », non plus aux procédés du conte. « Le roman, dit M. Jaloux, ne
3724 is de la vie », non plus aux procédés du conte. «  Le roman, dit M. Jaloux, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes de
3725 oman, dit M. Jaloux, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes de la vie. » Cette proposition des plus étranges est reçue
3726 loux, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes de la vie. » Cette proposition des plus étranges est reçue sans le moind
3727 x, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes de la vie. » Cette proposition des plus étranges est reçue sans le moindre
3728 ette proposition des plus étranges est reçue sans le moindre étonnement par la critique moderne et par le grand public. El
3729 étranges est reçue sans le moindre étonnement par la critique moderne et par le grand public. Elle rend compte de l’insign
3730 moindre étonnement par la critique moderne et par le grand public. Elle rend compte de l’insignifiance, au sens littéral d
3731 moderne et par le grand public. Elle rend compte de l’insignifiance, au sens littéral de ce terme, où devait choir fatale
3732 derne et par le grand public. Elle rend compte de l’ insignifiance, au sens littéral de ce terme, où devait choir fatalemen
3733 rend compte de l’insignifiance, au sens littéral de ce terme, où devait choir fatalement le roman dès qu’il refusa d’être
3734 littéral de ce terme, où devait choir fatalement le roman dès qu’il refusa d’être fable. Tout l’intérêt du conte, effecti
3735 devait choir fatalement le roman dès qu’il refusa d’ être fable. Tout l’intérêt du conte, effectivement, tenait aux convent
3736 ment le roman dès qu’il refusa d’être fable. Tout l’ intérêt du conte, effectivement, tenait aux conventions qu’il savait m
3737 ait aux conventions qu’il savait mettre en œuvre. Le conte multipliait les rencontres fortuites, les coïncidences opportun
3738 u’il savait mettre en œuvre. Le conte multipliait les rencontres fortuites, les coïncidences opportunes. Sa rapidité folle
3739 e. Le conte multipliait les rencontres fortuites, les coïncidences opportunes. Sa rapidité folle – par rapport à la vie rée
3740 ces opportunes. Sa rapidité folle – par rapport à la vie réelle – tenait l’auditeur en haleine ; son rythme était autorité
3741 dité folle – par rapport à la vie réelle – tenait l’ auditeur en haleine ; son rythme était autorité. Les événements extrao
3742 ’auditeur en haleine ; son rythme était autorité. Les événements extraordinaires qu’il présentait, portaient les sentiments
3743 ments extraordinaires qu’il présentait, portaient les sentiments jusqu’au sublime, proposaient des types de vie haute, et r
3744 entiments jusqu’au sublime, proposaient des types de vie haute, et réveillaient des forces endormies. Le conte était le li
3745 vie haute, et réveillaient des forces endormies. Le conte était le libre déploiement des réalités mêmes de l’âme, qu’il d
3746 réveillaient des forces endormies. Le conte était le libre déploiement des réalités mêmes de l’âme, qu’il décrivait en per
3747 nte était le libre déploiement des réalités mêmes de l’âme, qu’il décrivait en personnages selon certains procédés et figu
3748 était le libre déploiement des réalités mêmes de l’ âme, qu’il décrivait en personnages selon certains procédés et figures
3749 rtains procédés et figures surgis des profondeurs de l’être, identiques à ceux du rêve, et crus comme tels avec reconnaiss
3750 ins procédés et figures surgis des profondeurs de l’ être, identiques à ceux du rêve, et crus comme tels avec reconnaissanc
3751 us comme tels avec reconnaissance, au double sens de l’expression. Mais que se passe-t-il lorsque le romancier nous fait s
3752 comme tels avec reconnaissance, au double sens de l’ expression. Mais que se passe-t-il lorsque le romancier nous fait savo
3753 s de l’expression. Mais que se passe-t-il lorsque le romancier nous fait savoir qu’il a mis dans son livre ce qui est, et
3754 ivre ce qui est, et non plus ce qu’il a inventé ? L’ abandon de la rhétorique entraîne deux séries de conséquences qui se r
3755 i est, et non plus ce qu’il a inventé ? L’abandon de la rhétorique entraîne deux séries de conséquences qui se révèlent ég
3756 st, et non plus ce qu’il a inventé ? L’abandon de la rhétorique entraîne deux séries de conséquences qui se révèlent égale
3757 ? L’abandon de la rhétorique entraîne deux séries de conséquences qui se révèlent également ruineuses. 1°) — Le romancier
3758 uences qui se révèlent également ruineuses. 1°) — Le romancier moderne a perdu l’autorité magique du conteur. Il s’est pri
3759 ent ruineuses. 1°) — Le romancier moderne a perdu l’ autorité magique du conteur. Il s’est privé volontairement du bénéfice
3760 onteur. Il s’est privé volontairement du bénéfice de « l’art de persuader » traditionnel. Quand, par exemple, le conteur d
3761 r. Il s’est privé volontairement du bénéfice de «  l’ art de persuader » traditionnel. Quand, par exemple, le conteur débuta
3762 s’est privé volontairement du bénéfice de « l’art de persuader » traditionnel. Quand, par exemple, le conteur débutait par
3763 de persuader » traditionnel. Quand, par exemple, le conteur débutait par la formule « Il y avait une fois… », il créait a
3764 nnel. Quand, par exemple, le conteur débutait par la formule « Il y avait une fois… », il créait aussitôt chez l’auditeur
3765 « Il y avait une fois… », il créait aussitôt chez l’ auditeur un état très particulier de réceptivité et de créance. On sav
3766 aussitôt chez l’auditeur un état très particulier de réceptivité et de créance. On savait qu’un jeu commençait, amusant ou
3767 diteur un état très particulier de réceptivité et de créance. On savait qu’un jeu commençait, amusant ou profond, et signi
3768 ofond, et significatif. On croyait tout : c’était le jeu. Le jeu ne tolère pas de scepticisme. Observez un enfant quand il
3769 t significatif. On croyait tout : c’était le jeu. Le jeu ne tolère pas de scepticisme. Observez un enfant quand il attend
3770 oyait tout : c’était le jeu. Le jeu ne tolère pas de scepticisme. Observez un enfant quand il attend « l’histoire ». Dès q
3771 scepticisme. Observez un enfant quand il attend «  l’ histoire ». Dès que la formule consacrée tombe des lèvres de la grande
3772 un enfant quand il attend « l’histoire ». Dès que la formule consacrée tombe des lèvres de la grande personne, l’enfant ch
3773  ». Dès que la formule consacrée tombe des lèvres de la grande personne, l’enfant change de visage, l’état second paraît.
3774 Dès que la formule consacrée tombe des lèvres de la grande personne, l’enfant change de visage, l’état second paraît. C’e
3775 consacrée tombe des lèvres de la grande personne, l’ enfant change de visage, l’état second paraît. C’est l’état passionné
3776 des lèvres de la grande personne, l’enfant change de visage, l’état second paraît. C’est l’état passionné d’attente où naî
3777 de la grande personne, l’enfant change de visage, l’ état second paraît. C’est l’état passionné d’attente où naît l’illusio
3778 ant change de visage, l’état second paraît. C’est l’ état passionné d’attente où naît l’illusion romanesque. Il a suffi des
3779 age, l’état second paraît. C’est l’état passionné d’ attente où naît l’illusion romanesque. Il a suffi des mots rituels pou
3780 paraît. C’est l’état passionné d’attente où naît l’ illusion romanesque. Il a suffi des mots rituels pour suspendre le sen
3781 esque. Il a suffi des mots rituels pour suspendre le sens critique, et voici le plaisir extrême : Peau d’âne va lui être c
3782 rituels pour suspendre le sens critique, et voici le plaisir extrême : Peau d’âne va lui être conté. Mais si vous alliez d
3783 sens critique, et voici le plaisir extrême : Peau d’ âne va lui être conté. Mais si vous alliez dire au même enfant, avant
3784 alliez dire au même enfant, avant de lui raconter la même histoire, que cela s’est passé tout à l’heure, dans la rue, il f
3785 ter la même histoire, que cela s’est passé tout à l’ heure, dans la rue, il ferait aussitôt mille objections. Il vous juger
3786 stoire, que cela s’est passé tout à l’heure, dans la rue, il ferait aussitôt mille objections. Il vous jugerait avec toute
3787 tôt mille objections. Il vous jugerait avec toute la sévérité que les enfants réservent aux adultes futiles. Au siècle pas
3788 ions. Il vous jugerait avec toute la sévérité que les enfants réservent aux adultes futiles. Au siècle passé, les conteurs
3789 s réservent aux adultes futiles. Au siècle passé, les conteurs populaires et certains des meilleurs écrivains avaient encor
3790 ns des meilleurs écrivains avaient encore coutume de débuter par des phrases stéréotypées : « Par une belle matinée de nov
3791 es phrases stéréotypées : « Par une belle matinée de novembre, un voyageur vêtu d’un macfarlane gris chevauchait sur la ro
3792 r une belle matinée de novembre, un voyageur vêtu d’ un macfarlane gris chevauchait sur la route qui va de N… à X… » (Fenim
3793 oyageur vêtu d’un macfarlane gris chevauchait sur la route qui va de N… à X… » (Fenimore Cooper, j’imagine). Ou bien c’éta
3794 n macfarlane gris chevauchait sur la route qui va de N… à X… » (Fenimore Cooper, j’imagine). Ou bien c’était une lente des
3795 ne lente description des lieux, introduisant dans l’ atmosphère du récit. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d
3796 lieux, introduisant dans l’atmosphère du récit. ( Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaien
3797 ntroduisant dans l’atmosphère du récit. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaient encore
3798 oduisant dans l’atmosphère du récit. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaient encore une
3799 s l’atmosphère du récit. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaient encore une règle éléme
3800 . (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’ avertissement retenaient encore une règle élémentaire : marquer le déb
3801 retenaient encore une règle élémentaire : marquer le début du jeu par un signal convenu, isoler de la vie courante la part
3802 uer le début du jeu par un signal convenu, isoler de la vie courante la partie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionn
3803 le début du jeu par un signal convenu, isoler de la vie courante la partie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionne d
3804 par un signal convenu, isoler de la vie courante la partie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionne d’imiter la vie,
3805 , isoler de la vie courante la partie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionne d’imiter la vie, qui ne commence et ne
3806 rtie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionne d’ imiter la vie, qui ne commence et ne finit jamais. Force lui est donc
3807 e. Mais le romancier réaliste ambitionne d’imiter la vie, qui ne commence et ne finit jamais. Force lui est donc d’entrer
3808 e commence et ne finit jamais. Force lui est donc d’ entrer comme par hasard, au milieu d’une situation, d’une atmosphère,
3809 trer comme par hasard, au milieu d’une situation, d’ une atmosphère, ou même d’une phrase, « N’importe où et n’importe comm
3810 milieu d’une situation, d’une atmosphère, ou même d’ une phrase, « N’importe où et n’importe comment » — c’est à quoi vise
3811 uoi vise son effort. « Gontran sortit son briquet de nacre, alluma une cigarette blonde et consulta l’indicateur. » Il s’a
3812 de nacre, alluma une cigarette blonde et consulta l’ indicateur. » Il s’agit de me faire croire que c’est vrai. Il faut don
3813 ette blonde et consulta l’indicateur. » Il s’agit de me faire croire que c’est vrai. Il faut donc me fournir des preuves e
3814 i aussi, ou quelque chose qui ressemble à cela. «  La vraie vie », je la connais autant que cet auteur. Je me méfie, et bie
3815 chose qui ressemble à cela. « La vraie vie », je la connais autant que cet auteur. Je me méfie, et bientôt discute. Et pl
3816 auteur. Je me méfie, et bientôt discute. Et plus l’ auteur paraît désireux de me convaincre — au lieu de s’abandonner à so
3817 bientôt discute. Et plus l’auteur paraît désireux de me convaincre — au lieu de s’abandonner à son rythme d’images — plus
3818 convaincre — au lieu de s’abandonner à son rythme d’ images — plus j’exige un récit vraisemblable. À la limite, il serait i
3819 d’images — plus j’exige un récit vraisemblable. À la limite, il serait impossible qu’un lecteur tombe jamais d’accord avec
3820 possible qu’un lecteur tombe jamais d’accord avec l’ auteur. Car il n’est pas deux expériences humaines superposables. Et j
3821 renoncerais à la mienne pour faire crédit à celle de l’écrivain que si, d’abord, il renonçait à démontrer, et m’entraînait
3822 oncerais à la mienne pour faire crédit à celle de l’ écrivain que si, d’abord, il renonçait à démontrer, et m’entraînait pa
3823 ’un sens, valable et vérifiable en soi. 2°) — Par la suppression des cérémonies d’introduction et de sortie3, le romancier
3824 e en soi. 2°) — Par la suppression des cérémonies d’ introduction et de sortie3, le romancier moderne veut créer l’illusion
3825 r la suppression des cérémonies d’introduction et de sortie3, le romancier moderne veut créer l’illusion du réel quotidien
3826 sion des cérémonies d’introduction et de sortie3, le romancier moderne veut créer l’illusion du réel quotidien. Pourtant i
3827 on et de sortie3, le romancier moderne veut créer l’ illusion du réel quotidien. Pourtant il ne dispose que de mots, quoi q
3828 ion du réel quotidien. Pourtant il ne dispose que de mots, quoi qu’il fasse. Ce dernier artifice paraît le gêner d’autant
3829 ots, quoi qu’il fasse. Ce dernier artifice paraît le gêner d’autant qu’il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome de l
3830 er artifice paraît le gêner d’autant qu’il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome de la critique moderne : un roman n
3831 artifice paraît le gêner d’autant qu’il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome de la critique moderne : un roman ne d
3832 gêner d’autant qu’il essaie de le faire oublier. D’ où cet axiome de la critique moderne : un roman ne doit pas être « écr
3833 qu’il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome de la critique moderne : un roman ne doit pas être « écrit ». Tous ces e
3834 il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome de la critique moderne : un roman ne doit pas être « écrit ». Tous ces effo
3835 t pas être « écrit ». Tous ces efforts trahissent le curieux embarras de ne pouvoir faire entrer dans un livre des personn
3836 . Tous ces efforts trahissent le curieux embarras de ne pouvoir faire entrer dans un livre des personnages grandeur nature
3837 er dans un livre des personnages grandeur nature. La volonté d’éliminer toutes les conventions narratives, pour peu d’exig
3838 livre des personnages grandeur nature. La volonté d’ éliminer toutes les conventions narratives, pour peu d’exigence qu’on
3839 ges grandeur nature. La volonté d’éliminer toutes les conventions narratives, pour peu d’exigence qu’on y mette, aboutit à
3840 miner toutes les conventions narratives, pour peu d’ exigence qu’on y mette, aboutit à faire du roman quelque chose d’inter
3841 n y mette, aboutit à faire du roman quelque chose d’ interminable, et quelque chose de méthodiquement insignifiant. Quelque
3842 an quelque chose d’interminable, et quelque chose de méthodiquement insignifiant. Quelque chose qui n’en finit plus, car l
3843 ignifiant. Quelque chose qui n’en finit plus, car la vie ne met jamais de point final. Il y a jeu quand les conséquences s
3844 ose qui n’en finit plus, car la vie ne met jamais de point final. Il y a jeu quand les conséquences s’épuisent avec le der
3845 ie ne met jamais de point final. Il y a jeu quand les conséquences s’épuisent avec le dernier coup ; mais le sérieux de la
3846 nséquences s’épuisent avec le dernier coup ; mais le sérieux de la vie est, par définition, le domaine des conséquences in
3847 s’épuisent avec le dernier coup ; mais le sérieux de la vie est, par définition, le domaine des conséquences indéfinies. L
3848 puisent avec le dernier coup ; mais le sérieux de la vie est, par définition, le domaine des conséquences indéfinies. L’hé
3849  ; mais le sérieux de la vie est, par définition, le domaine des conséquences indéfinies. L’hésitation du romancier modern
3850 finition, le domaine des conséquences indéfinies. L’ hésitation du romancier moderne à terminer son livre par une décision
3851 ier moderne à terminer son livre par une décision de l’esprit ou par un artifice de rhétorique, telle est la source impure
3852 moderne à terminer son livre par une décision de l’ esprit ou par un artifice de rhétorique, telle est la source impure du
3853 e par une décision de l’esprit ou par un artifice de rhétorique, telle est la source impure du roman-fleuve. La longueur d
3854 sprit ou par un artifice de rhétorique, telle est la source impure du roman-fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre e
3855 ique, telle est la source impure du roman-fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre est l’expression de l’embarras d’un
3856 impure du roman-fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre est l’expression de l’embarras d’un écrivain qui s’est privé
3857 -fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre est l’ expression de l’embarras d’un écrivain qui s’est privé des secours de
3858 ongueur des ouvrages de ce genre est l’expression de l’embarras d’un écrivain qui s’est privé des secours de l’art. D’aill
3859 ueur des ouvrages de ce genre est l’expression de l’ embarras d’un écrivain qui s’est privé des secours de l’art. D’ailleur
3860 vrages de ce genre est l’expression de l’embarras d’ un écrivain qui s’est privé des secours de l’art. D’ailleurs cet allon
3861 mbarras d’un écrivain qui s’est privé des secours de l’art. D’ailleurs cet allongement, trop souvent excessif pour l’intér
3862 rras d’un écrivain qui s’est privé des secours de l’ art. D’ailleurs cet allongement, trop souvent excessif pour l’intérêt
3863 leurs cet allongement, trop souvent excessif pour l’ intérêt romanesque, sera toujours insuffisant pour égaler la durée rée
3864 romanesque, sera toujours insuffisant pour égaler la durée réelle d’une vie. Quelque chose de méthodiquement insignifiant.
3865 toujours insuffisant pour égaler la durée réelle d’ une vie. Quelque chose de méthodiquement insignifiant. Car la-vie-tell
3866 r égaler la durée réelle d’une vie. Quelque chose de méthodiquement insignifiant. Car la-vie-telle-qu’elle-est ne signifie
3867 , c’est elle qu’on veut reproduire en multipliant les observations exactes et les personnages quelconques. Et c’est au nom
3868 oduire en multipliant les observations exactes et les personnages quelconques. Et c’est au nom de cette fidélité à la vie q
3869 quelconques. Et c’est au nom de cette fidélité à la vie que M. Jules Romains va s’interdire, dit-il — « les enchaînements
3870 e que M. Jules Romains va s’interdire, dit-il — «  les enchaînements arbitraires et le picaresque », les rencontres qu’on ne
3871 dire, dit-il — « les enchaînements arbitraires et le picaresque », les rencontres qu’on ne voit pas dans la réalité, bref,
3872 les enchaînements arbitraires et le picaresque », les rencontres qu’on ne voit pas dans la réalité, bref, tous recours au «
3873 caresque », les rencontres qu’on ne voit pas dans la réalité, bref, tous recours au « hasard qui fait trop bien les choses
3874 bref, tous recours au « hasard qui fait trop bien les choses ». J’extrais ces propositions de la préface aux Hommes de bonn
3875 rop bien les choses ». J’extrais ces propositions de la préface aux Hommes de bonne volonté, bon témoignage sur l’opinion
3876 bien les choses ». J’extrais ces propositions de la préface aux Hommes de bonne volonté, bon témoignage sur l’opinion moy
3877 extrais ces propositions de la préface aux Hommes de bonne volonté, bon témoignage sur l’opinion moyenne du grand public c
3878 e aux Hommes de bonne volonté, bon témoignage sur l’ opinion moyenne du grand public contemporain, le morceau n’étant visib
3879 r l’opinion moyenne du grand public contemporain, le morceau n’étant visiblement qu’une captatio benevolentiae où l’auteur
3880 tant visiblement qu’une captatio benevolentiae où l’ auteur se montre attentif à ne promettre rien qu’il ne sache attendu.
3881 tif à ne promettre rien qu’il ne sache attendu. «  Le roman, écrit encore M. Romains, ne connaît pas de vraies servitudes.
3882 Le roman, écrit encore M. Romains, ne connaît pas de vraies servitudes. Ce qui diminue peut-être pour le roman comme genre
3883 vraies servitudes. Ce qui diminue peut-être pour le roman comme genre les occasions d’acquérir un mérite esthétique supér
3884 e qui diminue peut-être pour le roman comme genre les occasions d’acquérir un mérite esthétique supérieur… mais ce qui en t
3885 peut-être pour le roman comme genre les occasions d’ acquérir un mérite esthétique supérieur… mais ce qui en tout cas lui i
3886 e supérieur… mais ce qui en tout cas lui interdit de cultiver les conventions. » Ceci corrigerait donc cela ? M. Romains c
3887 mais ce qui en tout cas lui interdit de cultiver les conventions. » Ceci corrigerait donc cela ? M. Romains connaît bien s
3888 ? M. Romains connaît bien son public. Il sait que l’ absence de conventions sera tenue pour avantage, et compensera, aux ye
3889 ns connaît bien son public. Il sait que l’absence de conventions sera tenue pour avantage, et compensera, aux yeux de ses
3890 ge, et compensera, aux yeux de ses contemporains, l’ absence de mérite esthétique. (Alors que la première absence est en ré
3891 pensera, aux yeux de ses contemporains, l’absence de mérite esthétique. (Alors que la première absence est en réalité la c
3892 ue. (Alors que la première absence est en réalité la cause immédiate de la seconde.) Parlant encore de son propre roman, M
3893 remière absence est en réalité la cause immédiate de la seconde.) Parlant encore de son propre roman, M. Romains ajoute :
3894 la cause immédiate de la seconde.) Parlant encore de son propre roman, M. Romains ajoute : « Le lecteur se demandera : où
3895 encore de son propre roman, M. Romains ajoute : «  Le lecteur se demandera : où cela va-t-il ? Des personnages se perdent… 
3896 pour se justifier, n’en va-t-il pas de même dans la vie ? Les romans traditionnels « préoccupés qu’ils sont, au nom des v
3897 justifier, n’en va-t-il pas de même dans la vie ? Les romans traditionnels « préoccupés qu’ils sont, au nom des vieilles rè
3898 éoccupés qu’ils sont, au nom des vieilles règles, de commencer et de finir le jeu avec les mêmes cartes », échouent à expr
3899 sont, au nom des vieilles règles, de commencer et de finir le jeu avec les mêmes cartes », échouent à exprimer ce désordre
3900 nom des vieilles règles, de commencer et de finir le jeu avec les mêmes cartes », échouent à exprimer ce désordre, ce déco
3901 lles règles, de commencer et de finir le jeu avec les mêmes cartes », échouent à exprimer ce désordre, ce décousu, ces inco
3902 s inconséquences du sort… Bien sûr. Mais pourquoi les romans devraient-ils exprimer tout cela ? Et d’ailleurs, comment le p
3903 t-ils exprimer tout cela ? Et d’ailleurs, comment le pourraient-ils ? Si longs qu’ils soient, ils seront toujours trop cou
3904 toujours trop courts pour imiter sans conventions le décousu de la vie réelle. Avouer l’ambition d’écrire un livre en se c
3905 op courts pour imiter sans conventions le décousu de la vie réelle. Avouer l’ambition d’écrire un livre en se conformant a
3906 courts pour imiter sans conventions le décousu de la vie réelle. Avouer l’ambition d’écrire un livre en se conformant aux
3907 s conventions le décousu de la vie réelle. Avouer l’ ambition d’écrire un livre en se conformant aux « lois de la vie », c’
3908 ns le décousu de la vie réelle. Avouer l’ambition d’ écrire un livre en se conformant aux « lois de la vie », c’est doublem
3909 ion d’écrire un livre en se conformant aux « lois de la vie », c’est doublement tricher : avec la vie, et surtout avec l’a
3910 d’écrire un livre en se conformant aux « lois de la vie », c’est doublement tricher : avec la vie, et surtout avec l’art.
3911 lois de la vie », c’est doublement tricher : avec la vie, et surtout avec l’art. Cette tricherie généralisée doit amener,
3912 doublement tricher : avec la vie, et surtout avec l’ art. Cette tricherie généralisée doit amener, nécessairement, la disso
3913 richerie généralisée doit amener, nécessairement, la dissolution du roman dans le documentaire plus ou moins commenté. Où
3914 ner, nécessairement, la dissolution du roman dans le documentaire plus ou moins commenté. Où l’art, d’ailleurs, reparaîtra
3915 n dans le documentaire plus ou moins commenté. Où l’ art, d’ailleurs, reparaîtra bientôt avec les conventions, plutôt frust
3916 té. Où l’art, d’ailleurs, reparaîtra bientôt avec les conventions, plutôt frustes mais fixes, du découpage, du montage, et
3917 frustes mais fixes, du découpage, du montage, et de la présentation dramatisée. Ces conditions, dans une vue commerciale,
3918 ustes mais fixes, du découpage, du montage, et de la présentation dramatisée. Ces conditions, dans une vue commerciale, so
3919 commerciale, sont très jalousement maintenues par les « producers », éditeurs et directeurs de magazines à grand tirage. L
3920 ues par les « producers », éditeurs et directeurs de magazines à grand tirage. Le genre proprement romanesque s’éteindra
3921 teurs et directeurs de magazines à grand tirage. Le genre proprement romanesque s’éteindra dans le même temps que l’ère b
3922 . Le genre proprement romanesque s’éteindra dans le même temps que l’ère bourgeoise et pour avoir commis la même erreur :
3923 ment romanesque s’éteindra dans le même temps que l’ ère bourgeoise et pour avoir commis la même erreur : qui était de croi
3924 e temps que l’ère bourgeoise et pour avoir commis la même erreur : qui était de croire les conventions « conventionnelles 
3925 e et pour avoir commis la même erreur : qui était de croire les conventions « conventionnelles » au sens dépréciatif de l’
3926 avoir commis la même erreur : qui était de croire les conventions « conventionnelles » au sens dépréciatif de l’épithète. C
3927 ventions « conventionnelles » au sens dépréciatif de l’épithète. Ces légèretés ne pardonnent pas. Une contre-épreuve de no
3928 tions « conventionnelles » au sens dépréciatif de l’ épithète. Ces légèretés ne pardonnent pas. Une contre-épreuve de notre
3929 s légèretés ne pardonnent pas. Une contre-épreuve de notre diagnostic nous sera fournie par le succès du roman policier. J
3930 épreuve de notre diagnostic nous sera fournie par le succès du roman policier. Je ne pense pas qu’on puisse expliquer ce s
3931 on puisse expliquer ce succès par un intérêt pour le crime, qui serait particulier à notre époque. Le roman policier est p
3932 le crime, qui serait particulier à notre époque. Le roman policier est populaire parce qu’il demeure le seul genre défini
3933 roman policier est populaire parce qu’il demeure le seul genre défini, obéissant aux lois d’une rhétorique précise. C’est
3934 demeure le seul genre défini, obéissant aux lois d’ une rhétorique précise. C’est un jeu, et un jeu serré, qui ne tolère a
3935 gnante. Ses personnages sont constants comme ceux de la Commedia dell’arte, ou ceux des cartes et des échecs : le détectiv
3936 nte. Ses personnages sont constants comme ceux de la Commedia dell’arte, ou ceux des cartes et des échecs : le détective é
3937 dia dell’arte, ou ceux des cartes et des échecs : le détective élégant, volontiers philosophe, l’agent de police bonne bru
3938 cs : le détective élégant, volontiers philosophe, l’ agent de police bonne brute ou puits de sagesse populaire ; la femme à
3939 détective élégant, volontiers philosophe, l’agent de police bonne brute ou puits de sagesse populaire ; la femme à bijoux,
3940 hilosophe, l’agent de police bonne brute ou puits de sagesse populaire ; la femme à bijoux, comtesse de palaces ; le valet
3941 olice bonne brute ou puits de sagesse populaire ; la femme à bijoux, comtesse de palaces ; le valet de chambre silencieux
3942 e sagesse populaire ; la femme à bijoux, comtesse de palaces ; le valet de chambre silencieux et astucieux, etc. La situat
3943 ulaire ; la femme à bijoux, comtesse de palaces ; le valet de chambre silencieux et astucieux, etc. La situation, donnée d
3944 le valet de chambre silencieux et astucieux, etc. La situation, donnée d’entrée de jeu, se résout complètement à la fin du
3945 ilencieux et astucieux, etc. La situation, donnée d’ entrée de jeu, se résout complètement à la fin du livre, et ne comport
3946 et astucieux, etc. La situation, donnée d’entrée de jeu, se résout complètement à la fin du livre, et ne comporte qu’un n
3947 donnée d’entrée de jeu, se résout complètement à la fin du livre, et ne comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de
3948 la fin du livre, et ne comporte qu’un nombre fini d’ éléments. Le lieu de l’action est circonscrit : c’est généralement une
3949 vre, et ne comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de l’action est circonscrit : c’est généralement une maison dont
3950 ne comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de l’action est circonscrit : c’est généralement une maison dont il semb
3951 comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de l’ action est circonscrit : c’est généralement une maison dont il semble
3952 e n’ait pu y entrer ni en sortir, et qui contient le problème sous forme de cadavre. Parfois, ce n’est qu’une chambre4. To
3953 u’une chambre4. Toutes ces conditions satisfont à l’ excellente définition du jeu proposée par J. Huizinga5 : une action do
3954 u jeu proposée par J. Huizinga5 : une action dont le début et la fin sont nettement marqués, qui a lieu dans un espace net
3955 ée par J. Huizinga5 : une action dont le début et la fin sont nettement marqués, qui a lieu dans un espace nettement délim
3956 atiales et temporelles, à des règles indiscutées. Le roman policier passionne dans la mesure même où il tient compte des r
3957 les indiscutées. Le roman policier passionne dans la mesure même où il tient compte des règles, soit pour les appliquer av
3958 ure même où il tient compte des règles, soit pour les appliquer avec une perfection classique, soit pour y introduire quelq
3959 t pour y introduire quelque ingénieuse variation. La fixité même des règles fondamentales permet de mesurer l’invention de
3960 n. La fixité même des règles fondamentales permet de mesurer l’invention de chaque auteur, et les progrès du genre. Une gr
3961 é même des règles fondamentales permet de mesurer l’ invention de chaque auteur, et les progrès du genre. Une grande partie
3962 ègles fondamentales permet de mesurer l’invention de chaque auteur, et les progrès du genre. Une grande partie de l’intérê
3963 ermet de mesurer l’invention de chaque auteur, et les progrès du genre. Une grande partie de l’intérêt que l’amateur apport
3964 uteur, et les progrès du genre. Une grande partie de l’intérêt que l’amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient a
3965 ur, et les progrès du genre. Une grande partie de l’ intérêt que l’amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient au r
3966 grès du genre. Une grande partie de l’intérêt que l’ amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient au raffinement ou
3967 rande partie de l’intérêt que l’amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient au raffinement ou à la complication cr
3968 e de l’intérêt que l’amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient au raffinement ou à la complication croissante de
3969 ecture de ces ouvrages, tient au raffinement ou à la complication croissante des règles. (Le lecteur de romans policiers d
3970 ment ou à la complication croissante des règles. ( Le lecteur de romans policiers devient très vite un spécialiste.) Et cet
3971 a complication croissante des règles. (Le lecteur de romans policiers devient très vite un spécialiste.) Et cette rhétoriq
3972 spécialiste.) Et cette rhétorique ne manquera pas d’ exercer son pouvoir créateur de communauté : des clubs de fanatiques d
3973 ue ne manquera pas d’exercer son pouvoir créateur de communauté : des clubs de fanatiques du roman policier se sont fondés
3974 er son pouvoir créateur de communauté : des clubs de fanatiques du roman policier se sont fondés un peu partout. La vogue
3975 du roman policier se sont fondés un peu partout. La vogue actuelle du roman historique pourrait être invoquée, elle aussi
3976 ique pourrait être invoquée, elle aussi, bien que l’ exemple soit moins pur et moins frappant. Le roman historique garde le
3977 n que l’exemple soit moins pur et moins frappant. Le roman historique garde le bénéfice du cadre : son action circonscrite
3978 pur et moins frappant. Le roman historique garde le bénéfice du cadre : son action circonscrite par définition, est isolé
3979 par définition, est isolée du réel quotidien par l’ éloignement dans le temps. Mais l’impureté du genre, c’est qu’il peut
3980 t isolée du réel quotidien par l’éloignement dans le temps. Mais l’impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de la cré
3981 l quotidien par l’éloignement dans le temps. Mais l’ impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de la crédibilité intrin
3982 s l’impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de la crédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’autorité tout
3983 ’impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de la crédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’autorité tout ex
3984 asser de la crédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’autorité tout extérieure du fait accompli. Cette possibil
3985 rédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’ autorité tout extérieure du fait accompli. Cette possibilité de triche
3986 ut extérieure du fait accompli. Cette possibilité de tricherie est voisine de celle qui consiste à forcer la vraisemblance
3987 ompli. Cette possibilité de tricherie est voisine de celle qui consiste à forcer la vraisemblance par une accumulation de
3988 cherie est voisine de celle qui consiste à forcer la vraisemblance par une accumulation de faits observables. Le roman mo
3989 te à forcer la vraisemblance par une accumulation de faits observables. Le roman mourra donc, comme sont mortes la tragéd
3990 lance par une accumulation de faits observables. Le roman mourra donc, comme sont mortes la tragédie classique et les chr
3991 rvables. Le roman mourra donc, comme sont mortes la tragédie classique et les chroniques en vers. Il mourra pour avoir ép
3992 donc, comme sont mortes la tragédie classique et les chroniques en vers. Il mourra pour avoir épuisé ses possibilités form
3993 s possibilités formelles, et pour avoir poursuivi la chimère d’une liberté sans condition. Quelques phénomènes extérieurs
3994 tés formelles, et pour avoir poursuivi la chimère d’ une liberté sans condition. Quelques phénomènes extérieurs viendront p
3995 ié, dès sa naissance, aux conceptions bourgeoises de la vie, soit qu’il les décrivît d’abord, soit qu’ensuite il n’utilisâ
3996 dès sa naissance, aux conceptions bourgeoises de la vie, soit qu’il les décrivît d’abord, soit qu’ensuite il n’utilisât q
3997 aux conceptions bourgeoises de la vie, soit qu’il les décrivît d’abord, soit qu’ensuite il n’utilisât que leurs tabous comm
3998 ite il n’utilisât que leurs tabous comme ressorts de l’action, ou qu’enfin il se fît un prestige de les contredire et mine
3999 il n’utilisât que leurs tabous comme ressorts de l’ action, ou qu’enfin il se fît un prestige de les contredire et miner.
4000 ts de l’action, ou qu’enfin il se fît un prestige de les contredire et miner. Tout cela ne durera plus que le temps de liq
4001 de l’action, ou qu’enfin il se fît un prestige de les contredire et miner. Tout cela ne durera plus que le temps de liquide
4002 contredire et miner. Tout cela ne durera plus que le temps de liquider un héritage saccagé par la guerre actuelle et par l
4003 e et miner. Tout cela ne durera plus que le temps de liquider un héritage saccagé par la guerre actuelle et par l’avènemen
4004 que le temps de liquider un héritage saccagé par la guerre actuelle et par l’avènement des masses. La révolution que nous
4005 un héritage saccagé par la guerre actuelle et par l’ avènement des masses. La révolution que nous vivons déclassera la plup
4006 la guerre actuelle et par l’avènement des masses. La révolution que nous vivons déclassera la plupart des objets dont le r
4007 nous vivons déclassera la plupart des objets dont le roman faisait toute son « étude ». Mais le besoin de lire des fables
4008 s dont le roman faisait toute son « étude ». Mais le besoin de lire des fables ne s’éteindra pas pour si peu ; et moins en
4009 roman faisait toute son « étude ». Mais le besoin de lire des fables ne s’éteindra pas pour si peu ; et moins encore, le b
4010 ne s’éteindra pas pour si peu ; et moins encore, le besoin d’en conter. L’imaginaire, délivré du souci d’une vraisemblanc
4011 ndra pas pour si peu ; et moins encore, le besoin d’ en conter. L’imaginaire, délivré du souci d’une vraisemblance insignif
4012 si peu ; et moins encore, le besoin d’en conter. L’ imaginaire, délivré du souci d’une vraisemblance insignifiante ou stat
4013 esoin d’en conter. L’imaginaire, délivré du souci d’ une vraisemblance insignifiante ou statistique, retrouvera l’usage pro
4014 emblance insignifiante ou statistique, retrouvera l’ usage proprement « fabuleux », le pouvoir créateur des formes fixes et
4015 ique, retrouvera l’usage proprement « fabuleux », le pouvoir créateur des formes fixes et la dialectique des symboles. Le
4016 buleux », le pouvoir créateur des formes fixes et la dialectique des symboles. Le conteur, renonçant à imiter la vie, la r
4017 des formes fixes et la dialectique des symboles. Le conteur, renonçant à imiter la vie, la récréera ; et renonçant à prou
4018 ique des symboles. Le conteur, renonçant à imiter la vie, la récréera ; et renonçant à prouver qu’il dit vrai, aussitôt se
4019 symboles. Le conteur, renonçant à imiter la vie, la récréera ; et renonçant à prouver qu’il dit vrai, aussitôt se verra r
4020 ouver qu’il dit vrai, aussitôt se verra restituer les prestiges de la persuasion. Notre monde retentit d’événements incroya
4021 t vrai, aussitôt se verra restituer les prestiges de la persuasion. Notre monde retentit d’événements incroyables et pourt
4022 rai, aussitôt se verra restituer les prestiges de la persuasion. Notre monde retentit d’événements incroyables et pourtant
4023 prestiges de la persuasion. Notre monde retentit d’ événements incroyables et pourtant mortellement réels. Les faits les p
4024 ments incroyables et pourtant mortellement réels. Les faits les plus flagrants du siècle défient nos imaginations. Seul un
4025 oyables et pourtant mortellement réels. Les faits les plus flagrants du siècle défient nos imaginations. Seul un art délira
4026 le défient nos imaginations. Seul un art délirant de fantaisie a su préfigurer le rythme de nos catastrophes. Les dessins
4027 Seul un art délirant de fantaisie a su préfigurer le rythme de nos catastrophes. Les dessins animés de Walt Disney jouaien
4028 t délirant de fantaisie a su préfigurer le rythme de nos catastrophes. Les dessins animés de Walt Disney jouaient dans le
4029 ie a su préfigurer le rythme de nos catastrophes. Les dessins animés de Walt Disney jouaient dans le registre du fou rire p
4030 le rythme de nos catastrophes. Les dessins animés de Walt Disney jouaient dans le registre du fou rire populaire avec l’in
4031 . Les dessins animés de Walt Disney jouaient dans le registre du fou rire populaire avec l’instinct sadique et le goût des
4032 aient dans le registre du fou rire populaire avec l’ instinct sadique et le goût des orgies de destruction que devait tradu
4033 du fou rire populaire avec l’instinct sadique et le goût des orgies de destruction que devait traduire, quelques années p
4034 ire avec l’instinct sadique et le goût des orgies de destruction que devait traduire, quelques années plus tard, la guerre
4035 n que devait traduire, quelques années plus tard, la guerre totale. Ne fût-ce que pour rester au niveau de nos épreuves et
4036 t-ce que pour rester au niveau de nos épreuves et de nos désastres réels, l’art de demain va revenir au jeu des amplificat
4037 niveau de nos épreuves et de nos désastres réels, l’ art de demain va revenir au jeu des amplifications, raccourcis et mira
4038 de nos épreuves et de nos désastres réels, l’art de demain va revenir au jeu des amplifications, raccourcis et miracles q
4039 cations, raccourcis et miracles qui constituaient la rhétorique des contes. Il ne rejoindra le sens vrai de nos vies qu’en
4040 tuaient la rhétorique des contes. Il ne rejoindra le sens vrai de nos vies qu’en se livrant à la logique profonde des symb
4041 étorique des contes. Il ne rejoindra le sens vrai de nos vies qu’en se livrant à la logique profonde des symboles et des m
4042 indra le sens vrai de nos vies qu’en se livrant à la logique profonde des symboles et des mythes de l’âme. Tout porte à te
4043 à la logique profonde des symboles et des mythes de l’âme. Tout porte à tenir pour probable que les grandes œuvres narrat
4044 la logique profonde des symboles et des mythes de l’ âme. Tout porte à tenir pour probable que les grandes œuvres narrative
4045 es de l’âme. Tout porte à tenir pour probable que les grandes œuvres narratives qui vont naître au lendemain de cette guerr
4046 es œuvres narratives qui vont naître au lendemain de cette guerre, se rapprocheront des types de libre création, des parab
4047 emain de cette guerre, se rapprocheront des types de libre création, des paraboles que furent en d’autres temps Gargantua,
4048 Crusoe, ou Gulliver, monstrueux dessins animés où l’ homme n’a pas cessé de reconnaître son image la plus convaincante. 1
4049 onstrueux dessins animés où l’homme n’a pas cessé de reconnaître son image la plus convaincante. 1. La dialectique de la
4050 où l’homme n’a pas cessé de reconnaître son image la plus convaincante. 1. La dialectique de la Terreur et de la Rhétori
4051 reconnaître son image la plus convaincante. 1. La dialectique de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand
4052 n image la plus convaincante. 1. La dialectique de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean
4053 mage la plus convaincante. 1. La dialectique de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Pau
4054 onvaincante. 1. La dialectique de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié e
4055 aincante. 1. La dialectique de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié en F
4056 alectique de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié en France sous l’occupat
4057 et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié en France sous l’occupation : Les Fleurs de Tarb
4058 rand livre de Jean Paulhan, publié en France sous l’ occupation : Les Fleurs de Tarbes. 2. Ce cauchemar est fort bien décr
4059 ean Paulhan, publié en France sous l’occupation : Les Fleurs de Tarbes. 2. Ce cauchemar est fort bien décrit par Lewis Car
4060 , publié en France sous l’occupation : Les Fleurs de Tarbes. 2. Ce cauchemar est fort bien décrit par Lewis Carroll dans
4061 hemar est fort bien décrit par Lewis Carroll dans la scène de la partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, l
4062 fort bien décrit par Lewis Carroll dans la scène de la partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maille
4063 rt bien décrit par Lewis Carroll dans la scène de la partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets
4064 crit par Lewis Carroll dans la scène de la partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets et les bou
4065 wis Carroll dans la scène de la partie de croquet d’ Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets et les boules sont vi
4066 de la partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets et les boules sont vivants et ne cessent de se
4067 de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets et les boules sont vivants et ne cessent de se déplacer. 3.
4068 ice in Wonderland où les arceaux, les maillets et les boules sont vivants et ne cessent de se déplacer. 3. Coup de sifflet
4069 maillets et les boules sont vivants et ne cessent de se déplacer. 3. Coup de sifflet donné par l’arbitre, appel d’un des
4070 nt vivants et ne cessent de se déplacer. 3. Coup de sifflet donné par l’arbitre, appel d’un des joueurs à son partenaire,
4071 ent de se déplacer. 3. Coup de sifflet donné par l’ arbitre, appel d’un des joueurs à son partenaire, disposition des pion
4072 r. 3. Coup de sifflet donné par l’arbitre, appel d’ un des joueurs à son partenaire, disposition des pions ; trois coups f
4073 aire, disposition des pions ; trois coups frappés d’ avance, lever de rideau ; l’ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau
4074 n des pions ; trois coups frappés d’avance, lever de rideau ; l’ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procé
4075 ; trois coups frappés d’avance, lever de rideau ; l’ ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procédés identiqu
4076 s frappés d’avance, lever de rideau ; l’ouverture d’ un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procédés identiques annoncent
4077 vance, lever de rideau ; l’ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procédés identiques annoncent la terminais
4078 u tableau, etc. Des procédés identiques annoncent la terminaison du jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites
4079 cédés identiques annoncent la terminaison du jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de sortie
4080 annoncent la terminaison du jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de sortie relatifs à un es
4081 n du jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de sortie relatifs à un espace ou à un temps sacré.
4082 la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites d’ entrée et de sortie relatifs à un espace ou à un temps sacré. 4. Voir
4083 ans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de sortie relatifs à un espace ou à un temps sacré. 4. Voir Roger Caill
4084 ace ou à un temps sacré. 4. Voir Roger Caillois, Le Roman policier, Buenos Aires, 1941. 5. Voir J. Huizinga, Homo Ludens
4085 omo Ludens, Amsterdam, 1939. i. Rougemont Denis de , « Les règles du jeu dans l’art romanesque », Renaissance, New York,
4086 dens, Amsterdam, 1939. i. Rougemont Denis de, «  Les règles du jeu dans l’art romanesque », Renaissance, New York, 1944–19
4087 i. Rougemont Denis de, « Les règles du jeu dans l’ art romanesque », Renaissance, New York, 1944–1945, p. 275-283.
14 1946, Articles divers (1941-1946). Contribution à l’étude du coup de foudre (1946)
4088 Contribution à l’ étude du coup de foudre (1946)o Un regard dans un regard et les voi
4089 de foudre (1946)o Un regard dans un regard et les voilà fixés, cloués sur place, comme le coq est cloué sur la ligne de
4090 egard et les voilà fixés, cloués sur place, comme le coq est cloué sur la ligne de craie tirée devant son bec. Ce serait t
4091 xés, cloués sur place, comme le coq est cloué sur la ligne de craie tirée devant son bec. Ce serait trop bête si ce n’étai
4092 és sur place, comme le coq est cloué sur la ligne de craie tirée devant son bec. Ce serait trop bête si ce n’était trop be
4093 p bête si ce n’était trop beau. Mais rien ne sert de n’y pas croire. C’est un fait, nous l’avons subi, et nous avons tous
4094 en ne sert de n’y pas croire. C’est un fait, nous l’ avons subi, et nous avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant de
4095 us avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant de sincérité, nous semblait-il, qu’un croyant décrivant sa conversion en
4096 ant décrivant sa conversion en termes de grâce et de prédestination. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point
4097 de grâce et de prédestination. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point de mettre en doute son caractère de d
4098 et de prédestination. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point de mettre en doute son caractère de destinée
4099 nation. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne l’ est point de mettre en doute son caractère de destinée fatale. Cette e
4100 s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point de mettre en doute son caractère de destinée fatale. Cette espèce de pas
4101 l ne l’est point de mettre en doute son caractère de destinée fatale. Cette espèce de passivité que l’on allègue, ne serai
4102 te son caractère de destinée fatale. Cette espèce de passivité que l’on allègue, ne serait-elle point un alibi ? Je ne par
4103 de destinée fatale. Cette espèce de passivité que l’ on allègue, ne serait-elle point un alibi ? Je ne parle que du vrai co
4104 lle point un alibi ? Je ne parle que du vrai coup de fondre, celui qui est suivi d’incendie. Car pour ceux que l’on attend
4105 e que du vrai coup de fondre, celui qui est suivi d’ incendie. Car pour ceux que l’on attend, que l’on appelle, ils ne sont
4106 celui qui est suivi d’incendie. Car pour ceux que l’ on attend, que l’on appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’
4107 vi d’incendie. Car pour ceux que l’on attend, que l’ on appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’aura d’un cœur or
4108 attend, que l’on appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’aura d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que l
4109 n appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’ aura d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que l’on croise, entr
4110 le, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’aura d’ un cœur orageux. Aux portières d’un train que l’on croise, entre cieux
4111 leur dans l’aura d’un cœur orageux. Aux portières d’ un train que l’on croise, entre cieux stations de métro, dans la foule
4112 a d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que l’ on croise, entre cieux stations de métro, dans la foule où se cherchen
4113 d’un train que l’on croise, entre cieux stations de métro, dans la foule où se cherchent des yeux — ils se détournent aus
4114 l’on croise, entre cieux stations de métro, dans la foule où se cherchent des yeux — ils se détournent aussitôt que frapp
4115 Mais non, si c’était vrai, j’aurais su t’arrêter. Le monde entier en eût été changé à l’instant même, sans que nul ne s’en
4116 -là. Je disais à ce romancier (l’un des meilleurs de l’Allemagne d’alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute un
4117 . Je disais à ce romancier (l’un des meilleurs de l’ Allemagne d’alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute une a
4118 à ce romancier (l’un des meilleurs de l’Allemagne d’ alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute une astucieuse in
4119 r (l’un des meilleurs de l’Allemagne d’alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute une astucieuse invention de Do
4120 de foudre est sans doute une astucieuse invention de Don Juan pour impressionner ses victimes. Il en a tant parlé, et vous
4121 tant parlé, et vous autres après lui, que toutes les femmes qui vont le rencontrer y pensent, épiant les plus légers mouve
4122 autres après lui, que toutes les femmes qui vont le rencontrer y pensent, épiant les plus légers mouvements que cette app
4123 s femmes qui vont le rencontrer y pensent, épiant les plus légers mouvements que cette apparition fait naître en elles. Trè
4124 apparition fait naître en elles. Très facile que de les persuader, une fois si bien intéressées ! Car rien ne flatte comm
4125 parition fait naître en elles. Très facile que de les persuader, une fois si bien intéressées ! Car rien ne flatte comme l’
4126 is si bien intéressées ! Car rien ne flatte comme l’ idée que l’on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’idée seul
4127 intéressées ! Car rien ne flatte comme l’idée que l’ on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’idée seule a fait to
4128 mme l’idée que l’on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’idée seule a fait tous ces ravages, et non pas quelque
4129 l’on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’ idée seule a fait tous ces ravages, et non pas quelque dieu, ni le Des
4130 ait tous ces ravages, et non pas quelque dieu, ni le Destin. Il n’y aurait jamais de coup de fondre sans ce désir que vous
4131 quelque dieu, ni le Destin. Il n’y aurait jamais de coup de fondre sans ce désir que vous entretenez par vos romans… Mais
4132 dieu, ni le Destin. Il n’y aurait jamais de coup de fondre sans ce désir que vous entretenez par vos romans… Mais ce n’es
4133 tenez par vos romans… Mais ce n’est pas assez que d’ une complaisance acquise. Il faut encore une rencontre ménagée à la re
4134 e acquise. Il faut encore une rencontre ménagée à la ressemblance du rêve : toute une cérémonie, avec ses rôles prescrits,
4135 e par un héraut, sa lenteur imposante interdisant la fuite. Admirez l’appareil inexorable qui circonvient les rencontres f
4136 a lenteur imposante interdisant la fuite. Admirez l’ appareil inexorable qui circonvient les rencontres fameuses : Tristan
4137 te. Admirez l’appareil inexorable qui circonvient les rencontres fameuses : Tristan devant la cour d’Irlande est reçu par l
4138 convient les rencontres fameuses : Tristan devant la cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étique
4139 les rencontres fameuses : Tristan devant la cour d’ Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étiquette. Sie
4140 s : Tristan devant la cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qu
4141 cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon l’ usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avancent l’un vers
4142 nde est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’ étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avancent l’un vers l’autre, d
4143 Brunehilde qui s’avancent l’un vers l’autre, dans la scène du hanap, ce sont des officiants… Tout se passe comme si les de
4144 p, ce sont des officiants… Tout se passe comme si les deux amants se trouvaient désignés non par un sort aveugle, mais au c
4145 és non par un sort aveugle, mais au contraire par la profonde convenance des rôles qu’ils tiennent dans la société, sous l
4146 rofonde convenance des rôles qu’ils tiennent dans la société, sous l’égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan t
4147 e des rôles qu’ils tiennent dans la société, sous l’ égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan triche, une fois d
4148 ue cela se produise à l’improviste, comme au coin d’ un bois… Il me vient une image dont la netteté pourra faire excuser le
4149 mme au coin d’un bois… Il me vient une image dont la netteté pourra faire excuser le prosaïsme : le coup de foudre, en dép
4150 nt une image dont la netteté pourra faire excuser le prosaïsme : le coup de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas l’
4151 nt la netteté pourra faire excuser le prosaïsme : le coup de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas l’instantané, il
4152 up de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas l’ instantané, il veut la pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce d
4153 de son nom, ne souffre pas l’instantané, il veut la pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce de gêne me vint, le sen
4154 la pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce de gêne me vint, le sentiment de mal tomber. Il me sembla que mes propos
4155 que je parlais ainsi, une espèce de gêne me vint, le sentiment de mal tomber. Il me sembla que mes propos touchaient mon i
4156 s ainsi, une espèce de gêne me vint, le sentiment de mal tomber. Il me sembla que mes propos touchaient mon interlocuteur
4157 embla que mes propos touchaient mon interlocuteur d’ une manière un peu trop personnelle, et comment dire ? — qu’il savait
4158 conclure pour ou contre vos théories. ⁂ Au début de 1933, au moment où Hitler arrivait au pouvoir, on m’offrit de donner
4159 moment où Hitler arrivait au pouvoir, on m’offrit de donner des conférences à Budapest. Le président de l’organisation qui
4160 on m’offrit de donner des conférences à Budapest. Le président de l’organisation qui m’invitait était un grand banquier, a
4161 e donner des conférences à Budapest. Le président de l’organisation qui m’invitait était un grand banquier, ami des lettre
4162 onner des conférences à Budapest. Le président de l’ organisation qui m’invitait était un grand banquier, ami des lettres.
4163 , ami des lettres. Il vint m’attendre au débarqué de l’avion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. No
4164 mi des lettres. Il vint m’attendre au débarqué de l’ avion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. Nous
4165 de l’avion et me conduisit à sa demeure. C’était l’ heure du déjeuner. Nous causions depuis quelques instants dans sa bibl
4166 depuis quelques instants dans sa bibliothèque, où d’ un coup d’œil furtif j’avais remarqué mes livres, lorsque sa femme ent
4167 es livres, lorsque sa femme entra en nous saluant d’ une mélodieuse formule hongroise. La présentation faite, cette dame no
4168 nous saluant d’une mélodieuse formule hongroise. La présentation faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur de pêc
4169 se. La présentation faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur de pêche dont on vide trois verres d’un seul trait,
4170 faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur de pêche dont on vide trois verres d’un seul trait, en se regardant dans
4171 tuelle liqueur de pêche dont on vide trois verres d’ un seul trait, en se regardant dans les yeux. Je me sentis pâlir viole
4172 rois verres d’un seul trait, en se regardant dans les yeux. Je me sentis pâlir violemment. Nous passons à table. Mon hôte b
4173 utie n’importe quoi sur cette traversée en avion… Le banquier comprend très bien cela. Il parle beaucoup pour me réconfort
4174 el public j’aurai, et quelles personnes me prient de leur réserver un dîner : bref, vous vous rappelez ce qu’était la Hong
4175 r un dîner : bref, vous vous rappelez ce qu’était la Hongrie, cette hospitalité incomparable, cette liberté lyrique dans l
4176 pitalité incomparable, cette liberté lyrique dans les relations… Mais rien n’y fait. Je ne puis avaler une seule bouchée. E
4177 ne puis avaler une seule bouchée. Est-ce vraiment l’ effet de l’avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cet
4178 avaler une seule bouchée. Est-ce vraiment l’effet de l’avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cette fois-
4179 ler une seule bouchée. Est-ce vraiment l’effet de l’ avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cette fois-ci
4180 ’aperçois, et cette fois-ci non sans terreur, que la femme du banquier, elle aussi, n’a presque pas touché aux mets servis
4181 le aussi, n’a presque pas touché aux mets servis. Le déjeuner se termine toutefois sans que mon hôte ait paru remarquer qu
4182 aise est contagieux. Il bavarde encore en prenant le café, puis s’excuse d’avoir à regagner sa banque : d’ailleurs sa femm
4183 bavarde encore en prenant le café, puis s’excuse d’ avoir à regagner sa banque : d’ailleurs sa femme me promènera dans Bud
4184 femme me promènera dans Buda, et me fera visiter le Musée, — à ce soir ! Il s’en va, très satisfait de lui, et de moi aus
4185 e Musée, — à ce soir ! Il s’en va, très satisfait de lui, et de moi aussi, je crois. Nous voici seuls. Silence. Silence en
4186 à ce soir ! Il s’en va, très satisfait de lui, et de moi aussi, je crois. Nous voici seuls. Silence. Silence encore dans l
4187 s. Nous voici seuls. Silence. Silence encore dans la voiture qu’elle conduit avec une expression concentrée, presque rageu
4188 sion concentrée, presque rageuse. Nous traversons les grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du D
4189 sque rageuse. Nous traversons les grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces rue
4190 use. Nous traversons les grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de B
4191 grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de Buda qui montent sur les f
4192 s sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de Buda qui montent sur les flancs d’un énorme rocher en pleine ville, q
4193 Danube, puis ces ruelles de Buda qui montent sur les flancs d’un énorme rocher en pleine ville, que domine la statue de sa
4194 is ces ruelles de Buda qui montent sur les flancs d’ un énorme rocher en pleine ville, que domine la statue de saint Geller
4195 cs d’un énorme rocher en pleine ville, que domine la statue de saint Geller, les bras en croix. Elle arrête la voiture prè
4196 orme rocher en pleine ville, que domine la statue de saint Geller, les bras en croix. Elle arrête la voiture près d’une ba
4197 eine ville, que domine la statue de saint Geller, les bras en croix. Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc pub
4198 que domine la statue de saint Geller, les bras en croix . Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc public, descend,
4199 e de saint Geller, les bras en croix. Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc public, descend, s’éloigne dans l
4200 r, les bras en croix. Elle arrête la voiture près d’ une barrière de parc public, descend, s’éloigne dans la neige bien gel
4201 croix. Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc public, descend, s’éloigne dans la neige bien gelée où ses pas,
4202 barrière de parc public, descend, s’éloigne dans la neige bien gelée où ses pas, lentement s’enfoncent et se marquent. Je
4203 ses pas, lentement s’enfoncent et se marquent. Je la rejoins. Alors d’un geste elle désigne la ville à nos pieds : « — Mon
4204 s’enfoncent et se marquent. Je la rejoins. Alors d’ un geste elle désigne la ville à nos pieds : « — Mon mari m’a demandé
4205 ent. Je la rejoins. Alors d’un geste elle désigne la ville à nos pieds : « — Mon mari m’a demandé de vous montrer Budapest
4206 e la ville à nos pieds : « — Mon mari m’a demandé de vous montrer Budapest. Voilà, c’est Budapest. » Il n’y a rien d’autre
4207 Budapest. Voilà, c’est Budapest. » Il n’y a rien d’ autre à dire. Nous remontons en voiture et descendons vers la ville. S
4208 ire. Nous remontons en voiture et descendons vers la ville. Soudain, je me suis décidé et j’articule : « — Vous n’avez rie
4209 se dans un restaurant ? — Bonne idée », fait-elle d’ une voix basse, sans me regarder. Nous voici attablés devant des sandw
4210 ttablés devant des sandwiches au caviar rouge. Et le tour recommence. Même jeu qu’au déjeuner. Ni l’un ni l’autre ne pouvo
4211 i l’un ni l’autre ne pouvons toucher à rien. Tout d’ un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de la table, je m’arrêt
4212 en. Tout d’un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme
4213 d’un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme cela —
4214 un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme cela — je
4215 ais le tour de la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme cela — je me suis retenu de lui toucher l’épau
4216 s bras en arrière, comme cela — je me suis retenu de lui toucher l’épaule — et je m’entends prononcer : — Puisqu’il faut q
4217 re, comme cela — je me suis retenu de lui toucher l’ épaule — et je m’entends prononcer : — Puisqu’il faut que cela soit, e
4218 ce fut ainsi, durant tout mon séjour à Budapest. L’ après-midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’ava
4219 tout mon séjour à Budapest. L’après-midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’avais mes conférences ou
4220 midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’avais mes conférences ou un dîner. Et je passais le reste de
4221 ’avais mes conférences ou un dîner. Et je passais le reste de la nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nomm
4222 s conférences ou un dîner. Et je passais le reste de la nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria.
4223 onférences ou un dîner. Et je passais le reste de la nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria. Je
4224 ais le reste de la nuit dans un bar, en compagnie d’ un peintre réfugié, nommé Maria. Je l’avais connu quelques années aupa
4225 n compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria. Je l’ avais connu quelques années auparavant dans un groupe politique, à Ber
4226 groupe politique, à Berlin, que je fréquentais à l’ insu de ma femme. J’étais dans un état d’exaltation extrême, à peu prè
4227 politique, à Berlin, que je fréquentais à l’insu de ma femme. J’étais dans un état d’exaltation extrême, à peu près incap
4228 entais à l’insu de ma femme. J’étais dans un état d’ exaltation extrême, à peu près incapable de dormir, sauf quelques heur
4229 n état d’exaltation extrême, à peu près incapable de dormir, sauf quelques heures pendant la matinée. Nous parlions avec m
4230 incapable de dormir, sauf quelques heures pendant la matinée. Nous parlions avec mon ami d’art, de religion, de politique,
4231 es pendant la matinée. Nous parlions avec mon ami d’ art, de religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et
4232 ant la matinée. Nous parlions avec mon ami d’art, de religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et pas du
4233 e. Nous parlions avec mon ami d’art, de religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et pas du tout de mes
4234 es perspectives du nouveau régime, et pas du tout de mes après-midi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme nous sor
4235 , et pas du tout de mes après-midi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une é
4236 u tout de mes après-midi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une édition du
4237 , Maria et moi, une édition du matin nous apprend l’ incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à Berlin, et
4238 n nous apprend l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à Berlin, et prends congé de mon ami qui se mont
4239 end l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à Berlin, et prends congé de mon ami qui se montrait fort i
4240 de rentrer le jour même à Berlin, et prends congé de mon ami qui se montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait de quoi
4241 nds congé de mon ami qui se montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait de quoi d’ailleurs, j’étais inscrit, à cette épo
4242 se montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait de quoi d’ailleurs, j’étais inscrit, à cette époque, au parti communiste
4243 ue, au parti communiste dissident. Je m’informe : l’ avion part à 10 heures du matin. Mais il faut que je la revoie une der
4244 on part à 10 heures du matin. Mais il faut que je la revoie une dernière fois. Je prendrai donc l’express du soir. J’arriv
4245 je la revoie une dernière fois. Je prendrai donc l’ express du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre
4246 rendrai donc l’express du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’atte
4247 ress du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presq
4248 oir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presque sévère
4249 grave et presque sévère. Moi, je ne pensais qu’à la situation politique. Nous nous mettons à table, je l’interroge avec n
4250 ituation politique. Nous nous mettons à table, je l’ interroge avec nervosité sur les événements de l’avant-veille. Elle ré
4251 ettons à table, je l’interroge avec nervosité sur les événements de l’avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? — Av
4252 je l’interroge avec nervosité sur les événements de l’avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? — Avec qui m’as-tu
4253 l’interroge avec nervosité sur les événements de l’ avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? — Avec qui m’as-tu tr
4254 ? — Avec qui m’as-tu trompée ? dit-elle enfin. Je la regarde longuement, bien en face. Aucun doute n’est possible. Elle sa
4255 le. Elle sait. Monsieur, je puis garder un secret d’ État, vous le savez, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent supporter
4256 . Monsieur, je puis garder un secret d’État, vous le savez, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent supporter un mensonge
4257 secret d’État, vous le savez, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent supporter un mensonge dans leur vie intime. J’ai tou
4258 leur vie intime. J’ai tout avoué sans me chercher d’ excuse. Et comme elle se taisait encore, je lui ai demandé comment ell
4259 m’a tendu une lettre par avion, arrivée pour moi le matin même et qu’elle avait ouverte par crainte d’un malheur. Quelque
4260 e matin même et qu’elle avait ouverte par crainte d’ un malheur. Quelques lignes sur une feuille portant l’en-tête d’un bar
4261 malheur. Quelques lignes sur une feuille portant l’ en-tête d’un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite
4262 Quelques lignes sur une feuille portant l’en-tête d’ un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nou
4263 lignes sur une feuille portant l’en-tête d’un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nouvelles, j
4264 Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nouvelles, je suis inquiet, je n’oublierai jamais les nuits extra
4265 nouvelles, je suis inquiet, je n’oublierai jamais les nuits extraordinaires que nous avons encore pu passer ensemble, à la
4266 aires que nous avons encore pu passer ensemble, à la veille de ce cataclysme. » La lettre était signée Maria. — Un vrai dr
4267 nous avons encore pu passer ensemble, à la veille de ce cataclysme. » La lettre était signée Maria. — Un vrai drame du des
4268 passer ensemble, à la veille de ce cataclysme. » La lettre était signée Maria. — Un vrai drame du destin ! fis-je après u
4269 Un vrai drame du destin ! fis-je après un moment. Le type même du Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais le destin aveugl
4270 e même du Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais le destin aveugle qui présida aux fastes de votre rencontre, ne perd-il
4271 es… Mais le destin aveugle qui présida aux fastes de votre rencontre, ne perd-il pas un peu de son mystère si l’on songe q
4272 encontre, ne perd-il pas un peu de son mystère si l’ on songe que la femme du banquier était lectrice de romans — et sans d
4273 rd-il pas un peu de son mystère si l’on songe que la femme du banquier était lectrice de romans — et sans doute de vos pro
4274 ’on songe que la femme du banquier était lectrice de romans — et sans doute de vos propres romans ?… Et ce coup de foudre,
4275 banquier était lectrice de romans — et sans doute de vos propres romans ?… Et ce coup de foudre, n’est-il pas tombé d’un c
4276 omans ?… Et ce coup de foudre, n’est-il pas tombé d’ un ciel qu’il convient de nommer Littérature ? o. Rougemont Denis d
4277 udre, n’est-il pas tombé d’un ciel qu’il convient de nommer Littérature ? o. Rougemont Denis de, « Contribution à l’étu
4278 ent de nommer Littérature ? o. Rougemont Denis de , « Contribution à l’étude du coup de foudre », Formes et Couleurs, La
4279 ture ? o. Rougemont Denis de, « Contribution à l’ étude du coup de foudre », Formes et Couleurs, Lausanne, 1946, p. 1-4.
15 1946, Articles divers (1941-1946). Penser avec les mains (janvier 1946)
4280 er avec les mains (janvier 1946)p Il est temps de proclamer vaine toute œuvre qui laisse son auteur intact, et son lect
4281 main, qui ne te pousse pas hors de toi-même, dans le scandale ou dans la joie de ta vocation créatrice. Trop de penseurs i
4282 se pas hors de toi-même, dans le scandale ou dans la joie de ta vocation créatrice. Trop de penseurs inoffensifs secrètent
4283 ors de toi-même, dans le scandale ou dans la joie de ta vocation créatrice. Trop de penseurs inoffensifs secrètent des phi
4284 le ou dans la joie de ta vocation créatrice. Trop de penseurs inoffensifs secrètent des philosophies correctes, trop de dr
4285 ensifs secrètent des philosophies correctes, trop de drames inoffensifs se nouent par jeu dans nos romans, trop de scribes
4286 offensifs se nouent par jeu dans nos romans, trop de scribes inoffensifs nous singent la fureur ou la révolte, l’indulgenc
4287 romans, trop de scribes inoffensifs nous singent la fureur ou la révolte, l’indulgence ou la paix distinguée. Inoffensifs
4288 de scribes inoffensifs nous singent la fureur ou la révolte, l’indulgence ou la paix distinguée. Inoffensifs tous ceux do
4289 inoffensifs nous singent la fureur ou la révolte, l’ indulgence ou la paix distinguée. Inoffensifs tous ceux dont l’œuvre n
4290 singent la fureur ou la révolte, l’indulgence ou la paix distinguée. Inoffensifs tous ceux dont l’œuvre n’est pas ce lieu
4291 ou la paix distinguée. Inoffensifs tous ceux dont l’ œuvre n’est pas ce lieu de combat sans merci où quelque chose qu’il ne
4292 ffensifs tous ceux dont l’œuvre n’est pas ce lieu de combat sans merci où quelque chose qu’il ne peut plus fuir attaque l’
4293 où quelque chose qu’il ne peut plus fuir attaque l’ auteur et tout ce qu’il reflète d’une ambiance domestiquée. Il est gra
4294 us fuir attaque l’auteur et tout ce qu’il reflète d’ une ambiance domestiquée. Il est grand temps que la pensée redevienne
4295 ’une ambiance domestiquée. Il est grand temps que la pensée redevienne ce qu’elle est en réalité : dangereuse pour le pens
4296 ienne ce qu’elle est en réalité : dangereuse pour le penseur, et transformatrice du réel. « Là où je crée, là je suis vrai
4297 ux cette distinction : il y a des hommes qui sont l’ orgueil de notre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre
4298 istinction : il y a des hommes qui sont l’orgueil de notre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. I
4299 otre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a des hommes qui créent, d’autres qui enregistrent
4300 nt, d’autres qui enregistrent : il ne faudra plus les confondre. Il y a Pascal et Goethe, Dostoïevski et Kierkegaard, — il
4301 oethe, Dostoïevski et Kierkegaard, — il y a aussi les fins lettrés, les bons esprits, les professeurs, pour lesquels la pen
4302 et Kierkegaard, — il y a aussi les fins lettrés, les bons esprits, les professeurs, pour lesquels la pensée est un art d’a
4303  il y a aussi les fins lettrés, les bons esprits, les professeurs, pour lesquels la pensée est un art d’agrément, un hérita
4304 les bons esprits, les professeurs, pour lesquels la pensée est un art d’agrément, un héritage, une carrière libérale, ou
4305 s professeurs, pour lesquels la pensée est un art d’ agrément, un héritage, une carrière libérale, ou un capital bien placé
4306 l bien placé. Cerveaux sans mains ! et qui jugent de haut, mais de loin, et toujours après coup, la multitude des mains sa
4307 Cerveaux sans mains ! et qui jugent de haut, mais de loin, et toujours après coup, la multitude des mains sans cerveau qui
4308 nt de haut, mais de loin, et toujours après coup, la multitude des mains sans cerveau qui travaillent sans fin par le mond
4309 s mains sans cerveau qui travaillent sans fin par le monde, peinant peut-être en pure perte, si ce n’est pour notre perte
4310 est pour notre perte à tous. Or, ces gens forment l’ opinion, sans aucun doute, et ils le savent. Toute l’opinion du monde
4311 gens forment l’opinion, sans aucun doute, et ils le savent. Toute l’opinion du monde en est à peu près là, que la pensée
4312 pinion, sans aucun doute, et ils le savent. Toute l’ opinion du monde en est à peu près là, que la pensée ne peut venir qu’
4313 oute l’opinion du monde en est à peu près là, que la pensée ne peut venir qu’à la remorque d’événements qui n’ont cure de
4314 t à peu près là, que la pensée ne peut venir qu’à la remorque d’événements qui n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’on co
4315 là, que la pensée ne peut venir qu’à la remorque d’ événements qui n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’on confond la pen
4316 enir qu’à la remorque d’événements qui n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’on confond la pensée avec l’usage inoffensif
4317 vénements qui n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’ on confond la pensée avec l’usage inoffensif de ce que des créateurs o
4318 n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’on confond la pensée avec l’usage inoffensif de ce que des créateurs ont pensé, au
4319 ses arrêts. C’est que l’on confond la pensée avec l’ usage inoffensif de ce que des créateurs ont pensé, au prix de leur vi
4320 ue l’on confond la pensée avec l’usage inoffensif de ce que des créateurs ont pensé, au prix de leur vie souvent, et toujo
4321 ujours par un acte initiateur et révolutionnaire. Les uns pensent, dit-on, les autres agissent ! Mais la vraie condition de
4322 teur et révolutionnaire. Les uns pensent, dit-on, les autres agissent ! Mais la vraie condition de l’homme, c’est de penser
4323 s uns pensent, dit-on, les autres agissent ! Mais la vraie condition de l’homme, c’est de penser avec les mains. p. Rou
4324 on, les autres agissent ! Mais la vraie condition de l’homme, c’est de penser avec les mains. p. Rougemont Denis de, « 
4325 les autres agissent ! Mais la vraie condition de l’ homme, c’est de penser avec les mains. p. Rougemont Denis de, « Pen
4326 ssent ! Mais la vraie condition de l’homme, c’est de penser avec les mains. p. Rougemont Denis de, « Penser avec les ma
4327 t de penser avec les mains. p. Rougemont Denis de , « Penser avec les mains », Cahiers de la saison, Genève, janvier 194
4328 mont Denis de, « Penser avec les mains », Cahiers de la saison, Genève, janvier 1946, p. 1.
4329 t Denis de, « Penser avec les mains », Cahiers de la saison, Genève, janvier 1946, p. 1.
16 1946, Articles divers (1941-1946). Les quatre libertés (30 mars 1946)
4330 Les quatre libertés (30 mars 1946)q Les Quatre Libertés ont figuré le
4331 Les quatre libertés (30 mars 1946)q Les Quatre Libertés ont figuré le but de guerre idéal des Nations unies,
4332 (30 mars 1946)q Les Quatre Libertés ont figuré le but de guerre idéal des Nations unies, comme elles restent l’idéal of
4333 s 1946)q Les Quatre Libertés ont figuré le but de guerre idéal des Nations unies, comme elles restent l’idéal officiel
4334 erre idéal des Nations unies, comme elles restent l’ idéal officiel de la paix. Mais j’ai remarqué qu’assez peu de personne
4335 tions unies, comme elles restent l’idéal officiel de la paix. Mais j’ai remarqué qu’assez peu de personnes sont capables d
4336 ns unies, comme elles restent l’idéal officiel de la paix. Mais j’ai remarqué qu’assez peu de personnes sont capables de l
4337 remarqué qu’assez peu de personnes sont capables de les énumérer. Il semble qu’on se soit battu « pour » quelque chose qu
4338 marqué qu’assez peu de personnes sont capables de les énumérer. Il semble qu’on se soit battu « pour » quelque chose qui n’
4339 ait pas trop clair, ni bien facile à retenir dans l’ esprit… Vous rappelez-vous ? C’était Roosevelt qui les avait énoncées
4340 sprit… Vous rappelez-vous ? C’était Roosevelt qui les avait énoncées le premier au début de 1942 dans son discours sur l’ét
4341 sevelt qui les avait énoncées le premier au début de 1942 dans son discours sur l’état de l’Union : « freedom of speech, f
4342 le premier au début de 1942 dans son discours sur l’ état de l’Union : « freedom of speech, freedom of religion, freedom fr
4343 ier au début de 1942 dans son discours sur l’état de l’Union : « freedom of speech, freedom of religion, freedom from want
4344 au début de 1942 dans son discours sur l’état de l’ Union : « freedom of speech, freedom of religion, freedom from want, f
4345 un peu malaisément dans notre langue par liberté de parole et de religion, libération de la misère et de la crainte. Donc
4346 sément dans notre langue par liberté de parole et de religion, libération de la misère et de la crainte. Donc les Nations
4347 par liberté de parole et de religion, libération de la misère et de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la gue
4348 r liberté de parole et de religion, libération de la misère et de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la guerre
4349 parole et de religion, libération de la misère et de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la guerre, il est temp
4350 ole et de religion, libération de la misère et de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la guerre, il est temps d
4351 de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la guerre, il est temps de nous demander quel est l’état présent des lib
4352 Nations unies ayant gagné la guerre, il est temps de nous demander quel est l’état présent des libertés qui faisaient l’en
4353 la guerre, il est temps de nous demander quel est l’ état présent des libertés qui faisaient l’enjeu de la lutte. La deuxiè
4354 uel est l’état présent des libertés qui faisaient l’ enjeu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, para
4355 l’état présent des libertés qui faisaient l’enjeu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, paraît en bo
4356 tat présent des libertés qui faisaient l’enjeu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, paraît en bonne
4357 enjeu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les pays récemmen
4358 eu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les pays récemment l
4359 du culte ou de la religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les pays récemment libérés, de même qu’en Russie sovié
4360 religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les pays récemment libérés, de même qu’en Russie soviétique et au Japon.
4361 Russie soviétique et au Japon. On brûle encore, à l’ occasion, quelques églises protestantes au Mexique, mais dans l’ensemb
4362 elques églises protestantes au Mexique, mais dans l’ ensemble la situation n’est pas mauvaise. J’ignore d’ailleurs si ce pr
4363 ses protestantes au Mexique, mais dans l’ensemble la situation n’est pas mauvaise. J’ignore d’ailleurs si ce progrès doit
4364 ailleurs si ce progrès doit être attribué à moins de fanatisme de la part des masses religieuses, ou à plus d’indifférence
4365 isme de la part des masses religieuses, ou à plus d’ indifférence de la part des masses « éclairées », comme disent leurs c
4366 urs chefs. Quant aux trois autres libertés, voici le tableau : la liberté de parole se voit partout mise en échec par des
4367 ant aux trois autres libertés, voici le tableau : la liberté de parole se voit partout mise en échec par des censures offi
4368 is autres libertés, voici le tableau : la liberté de parole se voit partout mise en échec par des censures officielles ou
4369 hec par des censures officielles ou commerciales, la misère règne, la police règne, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dan
4370 res officielles ou commerciales, la misère règne, la police règne, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dans la peur les uns
4371 ommerciales, la misère règne, la police règne, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dans la peur les uns des autres. Quant à
4372 ce règne, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dans la peur les uns des autres. Quant à la Bombe, elle a multiplié par 20 00
4373 , et les vainqueurs eux-mêmes vivent dans la peur les uns des autres. Quant à la Bombe, elle a multiplié par 20 000 au moin
4374 s vivent dans la peur les uns des autres. Quant à la Bombe, elle a multiplié par 20 000 au moins la liberté de craindre le
4375 à la Bombe, elle a multiplié par 20 000 au moins la liberté de craindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent,
4376 , elle a multiplié par 20 000 au moins la liberté de craindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent, non sans r
4377 tiplié par 20 000 au moins la liberté de craindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent, non sans raison, les g
4378 instant. Tout cela, nous disent, non sans raison, les gouvernants, n’est que le résultat déplorable, mais fatal, de la guer
4379 sent, non sans raison, les gouvernants, n’est que le résultat déplorable, mais fatal, de la guerre. (Étrange activité qui
4380 ts, n’est que le résultat déplorable, mais fatal, de la guerre. (Étrange activité qui « fatalement » prolonge ou aggrave l
4381 n’est que le résultat déplorable, mais fatal, de la guerre. (Étrange activité qui « fatalement » prolonge ou aggrave les
4382 e activité qui « fatalement » prolonge ou aggrave les tyrannies qu’elle avait pour seul but d’écraser. Mais ceci est une au
4383 aggrave les tyrannies qu’elle avait pour seul but d’ écraser. Mais ceci est une autre histoire.) Ma génération est-elle don
4384 lle s’est épuisé à combattre ? Doit-elle accepter de se passer d’au moins trois libertés sur quatre, avec l’espoir que ses
4385 isé à combattre ? Doit-elle accepter de se passer d’ au moins trois libertés sur quatre, avec l’espoir que ses enfants les
4386 passer d’au moins trois libertés sur quatre, avec l’ espoir que ses enfants les recevront plus tard — données par qui ? Som
4387 ibertés sur quatre, avec l’espoir que ses enfants les recevront plus tard — données par qui ? Sommes-nous voués à l’esclava
4388 plus tard — données par qui ? Sommes-nous voués à l’ esclavage d’État par nécessité matérielle ? On m’en voudra de ces ques
4389 données par qui ? Sommes-nous voués à l’esclavage d’ État par nécessité matérielle ? On m’en voudra de ces questions, parce
4390 d’État par nécessité matérielle ? On m’en voudra de ces questions, parce qu’elles ne paraissent comporter que des réponse
4391 porter que des réponses amères et humiliantes, si l’ on reste au niveau des faits, des dures nécessités, des ruines. Or le
4392 u des faits, des dures nécessités, des ruines. Or le rappel des fameuses Quatre Libertés nous y rabat impitoyablement par
4393 Quatre Libertés nous y rabat impitoyablement par la comparaison qu’il nous oblige à faire de l’idéal et du présent. Je pr
4394 ment par la comparaison qu’il nous oblige à faire de l’idéal et du présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut
4395 t par la comparaison qu’il nous oblige à faire de l’ idéal et du présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut êt
4396 immédiatement changé : notre idéal, en attendant le reste. Je propose que nous remplacions la revendication des quatre li
4397 tendant le reste. Je propose que nous remplacions la revendication des quatre libertés, pour le moment inaccessibles, par
4398 acions la revendication des quatre libertés, pour le moment inaccessibles, par une affirmation unique de Liberté indivisib
4399 moment inaccessibles, par une affirmation unique de Liberté indivisible, qu’il ne dépend que de nous de saisir à l’instan
4400 nique de Liberté indivisible, qu’il ne dépend que de nous de saisir à l’instant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a qu
4401 Liberté indivisible, qu’il ne dépend que de nous de saisir à l’instant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a que « la »
4402 ant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a que «  la  » liberté, ou non. Je le prouverai par une parabole. Je connais certa
4403 libertés. Il n’y a que « la » liberté, ou non. Je le prouverai par une parabole. Je connais certains hommes qui jouissent
4404 s voisins ; « deux » : ils reçoivent gratuitement les secours de la religion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à s
4405 « deux » : ils reçoivent gratuitement les secours de la religion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccupe
4406 eux » : ils reçoivent gratuitement les secours de la religion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccuper d
4407 reçoivent gratuitement les secours de la religion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccuper de leur subsi
4408 hoix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccuper de leur subsistance ; « quatre » ils sont solidement protégés contre tou
4409 quatre » ils sont solidement protégés contre tous les périls extérieurs. Ce sont les détenus des prisons américaines. (On l
4410 otégés contre tous les périls extérieurs. Ce sont les détenus des prisons américaines. (On leur donne même des séances de c
4411 sons américaines. (On leur donne même des séances de cinéma le samedi soir.) La liberté ne peut pas être détaillée ni débi
4412 caines. (On leur donne même des séances de cinéma le samedi soir.) La liberté ne peut pas être détaillée ni débitée en tra
4413 donne même des séances de cinéma le samedi soir.) La liberté ne peut pas être détaillée ni débitée en tranches : elle est
4414 Elle ne peut pas non plus être donnée. Elle exige d’ être affirmée sur le champ, et coûte que coûte, quels que soient les o
4415 plus être donnée. Elle exige d’être affirmée sur le champ, et coûte que coûte, quels que soient les obstacles. Il y aura
4416 ur le champ, et coûte que coûte, quels que soient les obstacles. Il y aura toujours des obstacles. Ceux qui ont peur d’être
4417 y aura toujours des obstacles. Ceux qui ont peur d’ être libres en feront leurs prétextes comme l’ont fait les Allemands s
4418 eur d’être libres en feront leurs prétextes comme l’ ont fait les Allemands sous l’hitlérisme. La liberté fondamentale dont
4419 libres en feront leurs prétextes comme l’ont fait les Allemands sous l’hitlérisme. La liberté fondamentale dont tout dépend
4420 urs prétextes comme l’ont fait les Allemands sous l’ hitlérisme. La liberté fondamentale dont tout dépend, c’est celle de s
4421 comme l’ont fait les Allemands sous l’hitlérisme. La liberté fondamentale dont tout dépend, c’est celle de se « réaliser p
4422 iberté fondamentale dont tout dépend, c’est celle de se « réaliser personnellement ». Or nous ne pourrons jamais la recevo
4423 ser personnellement ». Or nous ne pourrons jamais la recevoir d’autrui. Sans elle les autres libertés ne comptent guère. P
4424 llement ». Or nous ne pourrons jamais la recevoir d’ autrui. Sans elle les autres libertés ne comptent guère. Par elle seul
4425 e pourrons jamais la recevoir d’autrui. Sans elle les autres libertés ne comptent guère. Par elle seule, elles peuvent être
4426 ar elle seule, elles peuvent être conquises. Nous l’ affirmons et nous le démontrons par notre lutte contre toutes les « né
4427 peuvent être conquises. Nous l’affirmons et nous le démontrons par notre lutte contre toutes les « nécessités » qui s’y o
4428 nous le démontrons par notre lutte contre toutes les « nécessités » qui s’y opposent sans relâche. Et cette lutte est touj
4429 ne fait que commencer. Mais si nous décidons que les obstacles à l’exercice de notre liberté sont fatals, nécessaires et s
4430 mencer. Mais si nous décidons que les obstacles à l’ exercice de notre liberté sont fatals, nécessaires et surhumains, auss
4431 s si nous décidons que les obstacles à l’exercice de notre liberté sont fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous l
4432 fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous les rendrons tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et l’État aura
4433 t nous les rendrons tels, aussitôt nous cesserons d’ être libres. Et l’État aura tous les droits, puisque nous lui laissero
4434 s tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et l’ État aura tous les droits, puisque nous lui laisserons tous les devoir
4435 nous cesserons d’être libres. Et l’État aura tous les droits, puisque nous lui laisserons tous les devoirs. Ce qu’il nous f
4436 tous les droits, puisque nous lui laisserons tous les devoirs. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas d’abord un monde bien arran
4437 nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer le prix de la liberté, qui sera toujours : payer de sa personne. Un homm
4438 mmes libres, si nous sommes prêts à payer le prix de la liberté, qui sera toujours : payer de sa personne. Un homme libre,
4439 s libres, si nous sommes prêts à payer le prix de la liberté, qui sera toujours : payer de sa personne. Un homme libre, c’
4440 le prix de la liberté, qui sera toujours : payer de sa personne. Un homme libre, c’est un homme courageux, non pas un hom
4441 omme courageux, non pas un homme qui aurait reçu ( de qui ?) trois ou quatre ou trente-six libertés. On entend dire : « X…
4442 tés. On entend dire : « X… est un esprit libre. » De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’État, ni de la Révolution, ni des S
4443 n esprit libre. » De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et
4444 sprit libre. » De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’ État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et sur
4445 . » De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas de
4446 De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas de le
4447 e l’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient de sa vis
4448 ’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient de sa vision
4449 des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient de sa vision seule et de son courage de lu
4450 a Démocratie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient de sa vision seule et de son courage de lutter pour la joindre.
4451 tie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient de sa vision seule et de son courage de lutter pour la joindre. Lénine,
4452 leurs experts. Il la tient de sa vision seule et de son courage de lutter pour la joindre. Lénine, sous le tsarisme, étai
4453 Il la tient de sa vision seule et de son courage de lutter pour la joindre. Lénine, sous le tsarisme, était plus libre qu
4454 sa vision seule et de son courage de lutter pour la joindre. Lénine, sous le tsarisme, était plus libre qu’un fonctionnai
4455 n courage de lutter pour la joindre. Lénine, sous le tsarisme, était plus libre qu’un fonctionnaire sous Staline. Et Georg
4456 ait plus libre qu’un citoyen américain qui tourne le bouton de sa radio. Ils combattaient. q. Rougemont Denis de, « Les
4457 ibre qu’un citoyen américain qui tourne le bouton de sa radio. Ils combattaient. q. Rougemont Denis de, « Les quatre li
4458 sa radio. Ils combattaient. q. Rougemont Denis de , « Les quatre libertés », Le Figaro littéraire, Paris, 30 mars 1946,
4459 io. Ils combattaient. q. Rougemont Denis de, «  Les quatre libertés », Le Figaro littéraire, Paris, 30 mars 1946, p. 1.
4460 q. Rougemont Denis de, « Les quatre libertés », Le Figaro littéraire, Paris, 30 mars 1946, p. 1.
17 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)
4461 Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)r Le xxe sièc
4462 Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)r Le xxe siècle est en train de d
4463 tomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)r Le xxe siècle est en train de découvrir ce qu’on savait depuis un certa
4464 on n’avait jamais très bien compris, à savoir que la terre est ronde. D’où il résulte, entre autres conséquences, que si v
4465 ès bien compris, à savoir que la terre est ronde. D’ où il résulte, entre autres conséquences, que si vous tirez devant vou
4466 vous avec une arme assez puissante, vous recevrez le projectile dans le dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelq
4467 assez puissante, vous recevrez le projectile dans le dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelque chose d’importan
4468 rochain tour. Cette figure signifie quelque chose d’ important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous
4469 gnifie quelque chose d’important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairem
4470 a bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’ échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fu
4471 nt, si nos moyens passent à l’échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des pr
4472 ssent à l’échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à
4473 ire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ;
4474 che servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion
4475 s villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents
4476 ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la
4477 provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’ avion à la guerre des continents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-ell
4478 ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-elle ? À la g
4479 ns ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-elle ? À la guerre planétaire, c’est-à-dire :
4480 inents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-elle ? À la guerre planétaire, c’est-à-dire : à une guerre qui nous atteint tous,
4481 ous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me parai
4482 s ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir
4483 e faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir êtr
4484 que donnée, me paraissent pouvoir être mesurées à la portée des armes connues dans cette époque. (Vous avez ici les prémic
4485 s armes connues dans cette époque. (Vous avez ici les prémices d’une théorie sociologique flambant neuve.) À l’arme planéta
4486 es dans cette époque. (Vous avez ici les prémices d’ une théorie sociologique flambant neuve.) À l’arme planétaire correspo
4487 ces d’une théorie sociologique flambant neuve.) À l’ arme planétaire correspond donc une communauté universelle, qui relègu
4488 pond donc une communauté universelle, qui relègue les nations au rang de simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques
4489 auté universelle, qui relègue les nations au rang de simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques instants dans ce j
4490 ues instants dans ce jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée p
4491 ts dans ce jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et
4492 jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout te
4493 tant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme
4494 symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme objet ron
4495 Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’ Unité considérée partout et de tout temps comme objet rond, pomme, sph
4496 Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce so
4497 temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre d’ or, que ce soit l’Univers, ou l’Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes s
4498 rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce soit l’ Univers, ou l’Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le mi
4499 sphère ou sceptre d’or, que ce soit l’Univers, ou l’ Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répon
4500 ptre d’or, que ce soit l’Univers, ou l’Empire, ou l’ atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocos
4501 e ce soit l’Univers, ou l’Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre s
4502 mpire, ou l’atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive à digérer et
4503 il aura fait une révolution bien plus grande que la Renaissance. Il semble que la dernière guerre, j’entends celle de 39-
4504 Il semble que la dernière guerre, j’entends celle de 39-45, a beaucoup fait pour éveiller dans les nations le sentiment de
4505 elle de 39-45, a beaucoup fait pour éveiller dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette pl
4506 5, a beaucoup fait pour éveiller dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie
4507 fait pour éveiller dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonnie
4508 dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montm
4509 ations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, int
4510 elativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, direc
4511 hine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie courante d
4512 ntmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie courante des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’A
4513 des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en sub
4514 habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’ Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit
4515 ues Nord, Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins dire
4516 a moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins directs, mais pourtant notables : les Français eussent m
4517 es effets moins directs, mais pourtant notables : les Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si les cargos alliés n
4518 Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si les cargos alliés n’avaient été trop occupés dans le Pacifique. Les Angla
4519 les cargos alliés n’avaient été trop occupés dans le Pacifique. Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solida
4520 iés n’avaient été trop occupés dans le Pacifique. Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solidarité pratique d
4521 Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solidarité pratique des différentes parties du globe est un fait dure
4522 matérielle. Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit, il nous faudra probablement passer par une étape intermédiaire
4523 ermédiaire, qui est celle du fait psychologique : la formation d’une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas d
4524 ui est celle du fait psychologique : la formation d’ une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous
4525 nscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existenc
4526 fides ou flatteuses qui perdent pointe et sens si l’ on se déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien
4527 l’on se déplace un peu, disons à quelques heures d’ avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux
4528 , disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux restent intraduisibles
4529 s d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux restent intraduisibles pour qui ne peut y aller v
4530 mission ne se promène pas, ne voit rien, n’a pas de temps à perdre. C’est un raid. Nous n’apprendrons rien. Cependant qu’
4531 ous n’apprendrons rien. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leur
4532 n. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que l
4533 u’un beau jour le paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que les Noirs se se
4534 ne pourront plus boucler leurs comptes parce que les Noirs se seront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mine
4535 ront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, p
4536  ; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, parce que les péons d’Argentine se seront en
4537 auront plus de viande pendant des mois, parce que les péons d’Argentine se seront enfin organisés contre les grands estanci
4538 s de viande pendant des mois, parce que les péons d’ Argentine se seront enfin organisés contre les grands estancieros. Vou
4539 éons d’Argentine se seront enfin organisés contre les grands estancieros. Vous pourrez toujours essayer d’expliquer aux vic
4540 grands estancieros. Vous pourrez toujours essayer d’ expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute du député
4541 pourrez toujours essayer d’expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute du député local ni de « l’hypocris
4542 rrez toujours essayer d’expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute du député local ni de « l’hypocrisie
4543 pliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute du député local ni de « l’hypocrisie américaine ». Que faire ?
4544 rise que ce n’est pas la faute du député local ni de « l’hypocrisie américaine ». Que faire ? Tout le monde ne peut pas to
4545 que ce n’est pas la faute du député local ni de «  l’ hypocrisie américaine ». Que faire ? Tout le monde ne peut pas tout sa
4546 avoir, encore moins tout voir et tout comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent p
4547 moins tout voir et tout comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terre
4548 ut comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psyc
4549 problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psychologiquement inex
4550 quement inexplorées. Hic sunt leones inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’
4551 nes inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe. Et pourtant nous sommes d
4552 s géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvri
4553 Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ce
4554 en Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’ Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ces l
4555 ient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pour se demander : Comment peut-on être Français ?) Je parlai
4556 der : Comment peut-on être Français ?) Je parlais d’ une conscience planétaire. C’est sa nécessité qu’il faut d’abord senti
4557 cessité qu’il faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt la presse et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, so
4558 faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt la presse et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges
4559 ord sentir. Et qu’aussitôt la presse et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques
4560 aussitôt la presse et la radio, le cinéma surtout l’ éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’
4561 sse et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est p
4562 cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est pas une question d’i
4563 opagent, sous de larges rubriques créant un appel d’ air. Ce n’est pas une question d’information d’abord, vous m’entendez,
4564 créant un appel d’air. Ce n’est pas une question d’ information d’abord, vous m’entendez, mais de sens, de vision, d’ouver
4565 tion d’information d’abord, vous m’entendez, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais 
4566 formation d’abord, vous m’entendez, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d
4567 ’abord, vous m’entendez, mais de sens, de vision, d’ ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une
4568 m’entendez, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de
4569 entendez, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’ esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de poé
4570 t à peine, je dirais : c’est d’abord une question de poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous nos écrivains, ceux que je vo
4571 i tous nos écrivains, ceux que je vois manifester le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont pré
4572 rivains, ceux que je vois manifester le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux
4573 je vois manifester le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint
4574 le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’An
4575 sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anaba
4576 ieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre gr
4577 deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur
4578 x poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de l’ Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur pro
4579 rose et dans leurs longs versets, quel qu’en soit le sujet allégué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé
4580 gué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé d’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, l
4581 avons pour la première fois senti, sous le drapé d’ un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur vi
4582 sous le drapé d’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me
4583 ’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me dire que j’oubl
4584 français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’ Asie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me dire que j’oubliai
4585 s riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me dire que j’oubliais ce gra
4586 ous alliez me dire que j’oubliais ce grand joueur de Boule que fut « Saint-Ex ». À Dieu ne plaise que j’oublie jamais celu
4587 que j’oublie jamais celui qui le premier me parla de la Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime !… r. Rouge
4588 j’oublie jamais celui qui le premier me parla de la Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime !… r. Rougemon
4589 celui qui le premier me parla de la Planète comme d’ un amour et d’une souffrance intime !… r. Rougemont Denis de, « Dia
4590 remier me parla de la Planète comme d’un amour et d’ une souffrance intime !… r. Rougemont Denis de, « Dialogues sur la
4591 d’une souffrance intime !… r. Rougemont Denis de , « Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire », Pour la
4592 time !… r. Rougemont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire », Pour la Victoire, New York,
4593 ont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire », Pour la Victoire, New York, 30 mars 1946, p. 1-2
4594 la bombe atomique : La pensée planétaire », Pour la Victoire, New York, 30 mars 1946, p. 1-2.
18 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)
4595 Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)s Parmi tous l
4596 Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)s Parmi tous les projets de contrô
4597 Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)s Parmi tous les projets de contrôle de la Bo
4598 a paix ou la bombe (20 avril 1946)s Parmi tous les projets de contrôle de la Bombe que l’on a suggérés depuis six mois,
4599 bombe (20 avril 1946)s Parmi tous les projets de contrôle de la Bombe que l’on a suggérés depuis six mois, j’en retien
4600 vril 1946)s Parmi tous les projets de contrôle de la Bombe que l’on a suggérés depuis six mois, j’en retiens deux : 1.
4601 l 1946)s Parmi tous les projets de contrôle de la Bombe que l’on a suggérés depuis six mois, j’en retiens deux : 1. Don
4602 armi tous les projets de contrôle de la Bombe que l’ on a suggérés depuis six mois, j’en retiens deux : 1. Donner la Bombe
4603 és depuis six mois, j’en retiens deux : 1. Donner la Bombe aux petits pays pour qu’ils soient protégés contre les grands.
4604 ux petits pays pour qu’ils soient protégés contre les grands. Ces derniers fourniraient ainsi la preuve par neuf de leurs b
4605 ontre les grands. Ces derniers fourniraient ainsi la preuve par neuf de leurs bonnes intentions. 2. Donner la Bombe au gou
4606 es derniers fourniraient ainsi la preuve par neuf de leurs bonnes intentions. 2. Donner la Bombe au gouvernement mondial,
4607 ve par neuf de leurs bonnes intentions. 2. Donner la Bombe au gouvernement mondial, pour faire la police des nations. Deux
4608 nner la Bombe au gouvernement mondial, pour faire la police des nations. Deux chambres universelles seraient élues, l’une
4609 hambres universelles seraient élues, l’une formée de délégués des États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le mod
4610 lues, l’une formée de délégués des États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajus
4611 États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajuster.) Le cabinet que ces chambres é
4612 euples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ ajuster.) Le cabinet que ces chambres éliraient compterait les ministè
4613 prends le modèle courant. Il faudrait l’ajuster.) Le cabinet que ces chambres éliraient compterait les ministères suivants
4614 Le cabinet que ces chambres éliraient compterait les ministères suivants : Bombe et Répression des États, Échange des mati
4615 des recherches scientifiques, Défense des droits de la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnable, comme
4616 s recherches scientifiques, Défense des droits de la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnable, comme vou
4617 de la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnable, comme vous le voyez. On trouverait mieux, en s’appliquan
4618 planétaires. (Rien que de raisonnable, comme vous le voyez. On trouverait mieux, en s’appliquant.) Mais il n’y a que les i
4619 verait mieux, en s’appliquant.) Mais il n’y a que les idées pratiques et raisonnables que l’on traite de folies, à l’âge où
4620 n’y a que les idées pratiques et raisonnables que l’ on traite de folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à l
4621 s idées pratiques et raisonnables que l’on traite de folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande gé
4622 ques et raisonnables que l’on traite de folies, à l’ âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la pr
4623 aisonnables que l’on traite de folies, à l’âge où l’ on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la prochaine e
4624 on traite de folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la prochaine et irrévocablement
4625 , à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la prochaine et irrévocablement dernière guerre civ
4626 pare dans le monde entier, à la demande générale, la prochaine et irrévocablement dernière guerre civile du genre humain.
4627 choueront. On en rira. On n’en rira même pas : on les négligera simplement. On passera aux affaires courantes : équilibrer
4628 t. On passera aux affaires courantes : équilibrer les budgets de guerre, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne soit
4629 a aux affaires courantes : équilibrer les budgets de guerre, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible da
4630 pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible dans les populations et chez beaucoup de bons esprits, mais une paralysie sans
4631 écédent s’est emparée des volontés. Vous-même, je le sens, je ne vous ai pas convaincue. Vous pensez que j’ai exagéré. Vou
4632 géré. Vous pensez que j’ai cédé au goût américain de la sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays
4633 é. Vous pensez que j’ai cédé au goût américain de la sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays qu
4634 cain de la sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays que la première Bombe vient d’être construit
4635 i, c’est dans ce pays que la première Bombe vient d’ être construite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure de ce que
4636 être construite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure de ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce
4637 ruite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure de ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’hom
4638 gérée sans doute et dépassant la mesure de ce que l’ on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’homme l’a mis
4639 assant la mesure de ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens de
4640 nnaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’ homme l’a mise là. Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l
4641 t avant le 6 août, elle est là, parce que l’homme l’ a mise là. Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l’esprit
4642 là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admett
4643 , parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admettons
4644 Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l’ esprit devant la mort… Mais admettons que j’ai exagéré : c’était fatal
4645 la mesure peut se rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admettons que j’ai exagéré : c’était fatal. Écrire, c’est
4646 t mettre en forme, donc condenser, donc augmenter la réalité de l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer
4647 forme, donc condenser, donc augmenter la réalité de l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les trai
4648 rme, donc condenser, donc augmenter la réalité de l’ objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits
4649 ondenser, donc augmenter la réalité de l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits ou phénomèn
4650 enser, donc augmenter la réalité de l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits ou phénomènes
4651 de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits ou phénomènes que l’on veut dégager. Admettons que les armées
4652 oujours « exagérer » les traits ou phénomènes que l’ on veut dégager. Admettons que les armées retiennent une bonne partie
4653 u phénomènes que l’on veut dégager. Admettons que les armées retiennent une bonne partie de leur utilité au service des nat
4654 ettons que les armées retiennent une bonne partie de leur utilité au service des nations et de leur vertu d’ordre. Admetto
4655 partie de leur utilité au service des nations et de leur vertu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. A
4656 r utilité au service des nations et de leur vertu d’ ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. Admettons que l
4657 ’elles arrivent encore à se battre. Admettons que la Bombe soit moins puissante que les savants autorisés ne l’affirment.
4658 . Admettons que la Bombe soit moins puissante que les savants autorisés ne l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas de raz-
4659 soit moins puissante que les savants autorisés ne l’ affirment. Admettons qu’il n’y ait pas de raz-de-marée, ni d’autres ac
4660 risés ne l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas de raz-de-marée, ni d’autres accidents d’ampleur continentale. Admettons
4661 ’y ait pas de raz-de-marée, ni d’autres accidents d’ ampleur continentale. Admettons que notre globe dure longtemps encore,
4662 ons que notre globe dure longtemps encore, et que la guerre militaire y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée d’une a
4663 mps encore, et que la guerre militaire y prospère d’ autant mieux qu’elle sera dotée d’une arme de plus. Admettons que l’on
4664 aire y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée d’ une arme de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, se
4665 elle sera dotée d’une arme de plus. Admettons que l’ on invente une parade à la Bombe, selon l’axiome des militaires, sans
4666 de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, selon l’axiome des militaires, sans oublier que leur expérienc
4667 ons que l’on invente une parade à la Bombe, selon l’ axiome des militaires, sans oublier que leur expérience démontre qu’on
4668 tain pourcentage des coups tirés… Pensez-vous que les effets de la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai
4669 ntage des coups tirés… Pensez-vous que les effets de la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai prévus ?
4670 ge des coups tirés… Pensez-vous que les effets de la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai prévus ? La
4671 ets de la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre
4672 seront très différents de ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin
4673 e ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’ agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins
4674 e j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine,
4675 ’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine, le
4676 ra pire, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’or
4677 , l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » a
4678 ’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’ humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » auss
4679 longue, la fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » aussi énigmatique, et sans témoins.
4680 té non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ ordre » aussi énigmatique, et sans témoins. Je reconnais volontiers qu
4681 ce processus peut se poursuivre assez longtemps. Les choses ne se passeront peut-être pas de la manière soudaine et dramat
4682 ngtemps. Les choses ne se passeront peut-être pas de la manière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m
4683 emps. Les choses ne se passeront peut-être pas de la manière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m’in
4684 manière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de
4685 ière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’ antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de lig
4686 oût de l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de lignes pures, parce que nos choix ne sont pas
4687 cline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de lignes pures, parce que nos choix ne sont pas si francs, et que nos c
4688 chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce d’ organisation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’où sortiront
4689 isation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’ où sortiront quelques vœux incolores. Il est évident que les nations s
4690 iront quelques vœux incolores. Il est évident que les nations souveraines s’en moqueront. Il est évident que l’une d’entre
4691 que l’une d’entre elles, Bombe en main, essaiera d’ imposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il e
4692 ombe en main, essaiera d’imposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il est évident que les peuples s
4693 mposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il est évident que les peuples se révolteront contre cett
4694 ser sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il est évident que les peuples se révolteront contre cette n
4695 . (Inutile même de la nommer.) Il est évident que les peuples se révolteront contre cette nation et son régime, tôt ou tard
4696 et son régime, tôt ou tard. Il est évident que si l’ on continue à penser comme on pense aujourd’hui, cela finira dans l’ex
4697 nser comme on pense aujourd’hui, cela finira dans l’ explosion totale. Et il est évident que la grande majorité des hommes
4698 ra dans l’explosion totale. Et il est évident que la grande majorité des hommes se refuse à ces évidences. On nous ressass
4699 fuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouvernement mondial ». Est
4700 . Est-ce qu’on lui demande si elle est prête pour la mort ? L’humanité, ce sont des gens comme vous et moi. Quand vous me
4701 u’on lui demande si elle est prête pour la mort ? L’ humanité, ce sont des gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’e
4702 Quand vous me dites qu’elle n’est pas prête pour la paix, cela veut dire que vous d’abord, vous refusez de faire le choix
4703 ix, cela veut dire que vous d’abord, vous refusez de faire le choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais
4704 veut dire que vous d’abord, vous refusez de faire le choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais en refus
4705 que vous d’abord, vous refusez de faire le choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais en refusant de ch
4706 e vous d’abord, vous refusez de faire le choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais en refusant de chois
4707 que ses moyens vous déplaisent. Mais en refusant de choisir la paix, vous votez tacitement pour la mort, et vous en rende
4708 yens vous déplaisent. Mais en refusant de choisir la paix, vous votez tacitement pour la mort, et vous en rendez responsab
4709 nt de choisir la paix, vous votez tacitement pour la mort, et vous en rendez responsable. Tout tient à chacun de nous. Et
4710 t vous en rendez responsable. Tout tient à chacun de nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher
4711 t nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je p
4712 ous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je pour
4713 arrive. C’est ma santé. Dès mon premier écrit sur les choses politiques, j’ai posé le principe du pessimisme actif. Et comm
4714 remier écrit sur les choses politiques, j’ai posé le principe du pessimisme actif. Et comment ne m’y tiendrais-je pas, qua
4715 omment ne m’y tiendrais-je pas, quand je sais que l’ enjeu n’est point de ceux que la défaite, mais la désertion seule puis
4716 ais-je pas, quand je sais que l’enjeu n’est point de ceux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ?
4717 quand je sais que l’enjeu n’est point de ceux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ? Je me rappe
4718 l’enjeu n’est point de ceux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ? Je me rappelle cette voix, d
4719 e ? Je me rappelle cette voix, dans Isaïe, criant de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle,
4720 nt de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répon
4721 de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu 
4722 e, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aus
4723 que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aussi.
4724 e la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aussi. » Je n’ai p
4725 dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : «  Le matin vient et la nuit aussi. » Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les
4726 ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aussi. » Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations de la Bi
4727 matin vient et la nuit aussi. » Je n’ai pas fini d’ aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me dire
4728 la nuit aussi. » Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu
4729  » Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu dans tout ce
4730 Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu dans tout cela 
4731 us réponde ? S’il permet que nous fassions sauter la Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil 
4732 Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil », il nous attend. s. Rougemont Denis de, « Dialog
4733 in d’œil », il nous attend. s. Rougemont Denis de , « Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour la V
4734 attend. s. Rougemont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour la Victoire, New York, 2
4735 ont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour la Victoire, New York, 20 avril 1946, p. 1-2
4736 e, « Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour la Victoire, New York, 20 avril 1946, p. 1-2.
4737 r la bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour la Victoire, New York, 20 avril 1946, p. 1-2.
19 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum (27 avril 1946)
4738 Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum (27 avril 1946)t — Un dernier mot.
4739 1946)t — Un dernier mot. (Et dire que j’allais l’ oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De
4740 n dernier mot. (Et dire que j’allais l’oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc pa
4741 e n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc parliez-vous dans vos cinq dialogues précédents ? Faut-il p
4742 monde ? — J’étais sérieux. Je prenais au sérieux les événements qui nous menacent à bout portant. La fin des armées, par e
4743 les événements qui nous menacent à bout portant. La fin des armées, par exemple. Mais cela ne serait rien encore, quoi qu
4744 quoi qu’en pensent quelques généraux. Je parlais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’e
4745 oi qu’en pensent quelques généraux. Je parlais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’est
4746 est là sans doute votre manière paradoxale, comme de coutume, d’avouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ont p
4747 doute votre manière paradoxale, comme de coutume, d’ avouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans v
4748 vouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ ont pensé, sans vous le dire ? Il est bien naturel que l’événement d’H
4749 z. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans vous le dire ? Il est bien naturel que l’événement d’Hiroshima nous ait jetés
4750 ensé, sans vous le dire ? Il est bien naturel que l’ événement d’Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d
4751 ous le dire ? Il est bien naturel que l’événement d’ Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’Ap
4752 it jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’ Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne se passe. Dieu soit lo
4753 ns repris nos sens. Certains pressentent déjà que la Bombe est en train de se dégonfler, pour ainsi dire. Après tout, nous
4754 onfler, pour ainsi dire. Après tout, nous devions le prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des gaz. Tout l
4755 ns le prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des gaz. Tout le monde s’y préparait, vous rappelez-vous ? Dan
4756 e s’y préparait, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leu
4757 t, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales d’ Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leur boîte à mas
4758 toutes les capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bien,
4759 avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bien, la guerre des gaz n’a pas eu lieu, parce que tout le monde en avait une
4760 r bleue, et que personne, même pas Hitler, n’a eu le courage de commencer. À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trou
4761 que personne, même pas Hitler, n’a eu le courage de commencer. À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve pas la r
4762 le courage de commencer. À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve pas la raison bien forte, en vérité. Hitler n’a
4763 us forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve pas la raison bien forte, en vérité. Hitler n’a pas eu recours aux gaz, c’es
4764 entendu. Mais pensez-vous qu’une timidité subite l’ ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre humanité ? Simplement, il
4765 dité subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre humanité ? Simplement, il a fait son calcul. Les Alliés pouvaie
4766 otre humanité ? Simplement, il a fait son calcul. Les Alliés pouvaient riposter, et la valeur militaire de cette arme était
4767 ait son calcul. Les Alliés pouvaient riposter, et la valeur militaire de cette arme était loin de compenser, même à ses ye
4768 Alliés pouvaient riposter, et la valeur militaire de cette arme était loin de compenser, même à ses yeux, le risque moral
4769 te arme était loin de compenser, même à ses yeux, le risque moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas de la Bombe est dif
4770 ême à ses yeux, le risque moral qu’il eût couru à l’ employer. Le cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle sup
4771 ux, le risque moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la p
4772 risque moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibil
4773 que moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité
4774 est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité de riposter, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’
4775 Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité de riposter, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’une bataille dé
4776 té de riposter, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’une bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l
4777 poster, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’ une bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresse
4778 ôle d’une bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent en géné
4779 ille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent en général d’une rap
4780 e décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’ agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent en général d’une rapide
4781 r éventuel. Car nos scrupules naissent en général d’ une rapide évaluation des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de
4782 tion des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punit
4783 nces fâcheuses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’ emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. I
4784 euses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est don
4785 es, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est donc c
4786 Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est donc clair qu’on l’emploiera, au risque d
4787 s de punition à redouter. Il est donc clair qu’on l’ emploiera, au risque de faire sauter la Terre. — Alors, pourquoi dites
4788 lair qu’on l’emploiera, au risque de faire sauter la Terre. — Alors, pourquoi dites-vous : la Bombe n’est pas dangereuse ?
4789 e sauter la Terre. — Alors, pourquoi dites-vous : la Bombe n’est pas dangereuse ? — Pour une raison très simple. La Bombe
4790 t pas dangereuse ? — Pour une raison très simple. La Bombe est un objet. Les objets ne sont jamais dangereux. Ce qui est d
4791 ur une raison très simple. La Bombe est un objet. Les objets ne sont jamais dangereux. Ce qui est dangereux, horriblement,
4792 gereux. Ce qui est dangereux, horriblement, c’est l’ homme. C’est lui qui a fait la Bombe, et c’est lui seul qui se prépare
4793 horriblement, c’est l’homme. C’est lui qui a fait la Bombe, et c’est lui seul qui se prépare à l’employer. Quand je vois q
4794 fait la Bombe, et c’est lui seul qui se prépare à l’ employer. Quand je vois qu’on nomme des comités pour la retenir ! Comm
4795 loyer. Quand je vois qu’on nomme des comités pour la retenir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée de mauvaises int
4796 enir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la
4797 e du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est d’ un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longu
4798 uvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans to
4799 ntions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la press
4800 ons ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la presse,
4801 un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’ on discute à longueur de colonne, dans toute la presse, est la plus be
4802 contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histo
4803 ue l’on discute à longueur de colonne, dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bie
4804 à longueur de colonne, dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on
4805 dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet ob
4806 s toute la presse, est la plus belle absurdité de l’ Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet objet
4807 elle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’
4808 urdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’ on parle ? Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’un coup
4809 Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’ un coup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser l
4810 cet objet inerte ? C’est comme si tout d’un coup l’ on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases d
4811 tout d’un coup l’on se jetait sur une chaise pour l’ empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tran
4812 oup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’ aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, ell
4813 ait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien,
4814 e chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est cla
4815 r d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle se tiendra bie
4816 te dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’ histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça
4817 ’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de
4818 stoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’ homme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de l’A
4819 mme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis
4820 ça, c’est une autre question. — C’est la question de l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe
4821 e question. — C’est la question de l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe nous menace et no
4822 stion de l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’ éviter depuis que la Bombe nous menace et nous tente à la fois. Et voi
4823 est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe nous menace et nous tente à la fois. Et voilà bien le progrès l
4824 ous menace et nous tente à la fois. Et voilà bien le progrès le plus sensationnel du siècle. — Un progrès ? — Oui, j’appel
4825 et nous tente à la fois. Et voilà bien le progrès le plus sensationnel du siècle. — Un progrès ? — Oui, j’appelle ainsi to
4826 nous oblige à y faire face. t. Rougemont Denis de , « Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum », Pour la Victoir
4827 e face. t. Rougemont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum », Pour la Victoire, New York, 27 avri
4828 ues sur la bombe atomique : Post-scriptum », Pour la Victoire, New York, 27 avril 1946, p. 1-2.
20 1946, Articles divers (1941-1946). Faut-il rentrer ? (4 mai 1946)
4829 n). Que Bernanos s’est écrié : Mais partez donc ! la Terre est vaste ! Que d’autres ont protesté que ce débat était antipa
4830 , ou anticommuniste, que sais-je. On m’écrit cela de Paris et l’on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne
4831 muniste, que sais-je. On m’écrit cela de Paris et l’ on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne pas comprend
4832 t cela de Paris et l’on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne pas comprendre la réalité européenne en gén
4833 bien de rentrer, sous peine de ne pas comprendre la réalité européenne en général, et française en particulier. Je pourra
4834 rançaise en particulier. Je pourrais me contenter de répondre : c’est plutôt vous qui devriez sortir, sous peine de ne pas
4835 i devriez sortir, sous peine de ne pas comprendre la réalité mondiale. Après tout, il y a quarante millions de Français, s
4836 té mondiale. Après tout, il y a quarante millions de Français, sur deux-mille-millions d’habitants de la Planète, non moin
4837 nte millions de Français, sur deux-mille-millions d’ habitants de la Planète, non moins réels, guère moins accablés de prob
4838 de Français, sur deux-mille-millions d’habitants de la Planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais
4839 Français, sur deux-mille-millions d’habitants de la Planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais je
4840 la Planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais je ne cherche pas à m’en tirer par une réplique, même
4841 e cherche pas à m’en tirer par une réplique, même de bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au série
4842 lique, même de bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres
4843 de bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n
4844 la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n’y inviteraient. Je m’interroge. Je reprends la qu
4845 des n’y inviteraient. Je m’interroge. Je reprends la question dans les termes où elle est posée : faut-il partir ? (Peut-o
4846 ent. Je m’interroge. Je reprends la question dans les termes où elle est posée : faut-il partir ? (Peut-on partir serait un
4847 habite, pour quelques semaines encore, du côté où les jeunes Européens devraient aller s’il s’agissait pour eux de partir.
4848 uropéens devraient aller s’il s’agissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’
4849 aller s’il s’agissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesur
4850 gissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imag
4851 sait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’ Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imagine
4852 ue et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imaginer. Cela se discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solutio
4853 et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imaginer. Cela se discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solution, q
4854 en mesure de les imaginer. Cela se discuterait à l’ infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et d’« essayer
4855 ait à l’infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’ aller voir, et d’« essayer » le pays comme un nouveau costume. Et je m
4856 l n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et d’ « essayer » le pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le prob
4857 solution, qui est d’aller voir, et d’« essayer » le pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le problème est mal p
4858 e pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le problème est mal posé. Il ne s’agit ni de partir ni de rester, au sen
4859 dis que le problème est mal posé. Il ne s’agit ni de partir ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit simple
4860 oblème est mal posé. Il ne s’agit ni de partir ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement de circu
4861 git ni de partir ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement de circuler. Ce n’est pas très facile,
4862 sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement de circuler. Ce n’est pas très facile, pratiquement ? Mais partir, ou re
4863 facile, pratiquement ? Mais partir, ou rester, ne le sont pas non plus, apparemment, puisqu’on pose le problème. Supposez
4864 le sont pas non plus, apparemment, puisqu’on pose le problème. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise.
4865 pose le problème. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni
4866 ise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni de choisir une terre et ses morts contre le Globe et ses vivants ; ni de
4867 ’agit ni de choisir une terre et ses morts contre le Globe et ses vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’exil
4868 et ses morts contre le Globe et ses vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’exil par principe ou dégoût. Il s
4869 ts contre le Globe et ses vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’exil par principe ou dégoût. Il s’agit simpl
4870 vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’ exil par principe ou dégoût. Il s’agit simplement de vivre au xxe siè
4871 exil par principe ou dégoût. Il s’agit simplement de vivre au xxe siècle, en tenant compte des réalités que nous avons cr
4872 lités que nous avons créées ou laissé s’imposer ; de la rapidité des transports, par exemple. Combien peu d’hommes d’aujou
4873 és que nous avons créées ou laissé s’imposer ; de la rapidité des transports, par exemple. Combien peu d’hommes d’aujourd’
4874 rapidité des transports, par exemple. Combien peu d’ hommes d’aujourd’hui vivent leur temps, et se trouvent pratiquement en
4875 des transports, par exemple. Combien peu d’hommes d’ aujourd’hui vivent leur temps, et se trouvent pratiquement en mesure d
4876 leur temps, et se trouvent pratiquement en mesure de le vivre ! Combien encore sont-ils du Moyen Âge, ou du bourgeois et l
4877 r temps, et se trouvent pratiquement en mesure de le vivre ! Combien encore sont-ils du Moyen Âge, ou du bourgeois et lent
4878 bourgeois et lent xixe siècle ! Serait-ce manque d’ imagination ? Certes, il en faut une dose non ordinaire pour se rendre
4879 ne dose non ordinaire pour se rendre contemporain d’ un monde qui change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu le rêver
4880 change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu le rêver. C’est cela, et c’est aussi le cauchemar des visas. Si cette fo
4881 Verne n’a pu le rêver. C’est cela, et c’est aussi le cauchemar des visas. Si cette folie furieuse et inutile ne régnait pa
4882 ette folie furieuse et inutile ne régnait pas sur le monde d’après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en t
4883 e furieuse et inutile ne régnait pas sur le monde d’ après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en termes sim
4884 utile ne régnait pas sur le monde d’après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en termes simples : on verrai
4885 ples : on verrait vite que c’est un faux dilemme. Le fait est là : nous allons en dix heures de Lisbonne à New York, de Ne
4886 lemme. Le fait est là : nous allons en dix heures de Lisbonne à New York, de New York au Pacifique. Un très long voyage au
4887 nous allons en dix heures de Lisbonne à New York, de New York au Pacifique. Un très long voyage aujourd’hui nous ramènerai
4888 jourd’hui nous ramènerait nécessairement au point de départ, après un petit tour da planète. Nous changeons de continent c
4889 t, après un petit tour da planète. Nous changeons de continent comme on part en week-end. Le mot partir a donc changé de s
4890 changeons de continent comme on part en week-end. Le mot partir a donc changé de sens. Il a perdu son aura dramatique. Plu
4891 on part en week-end. Le mot partir a donc changé de sens. Il a perdu son aura dramatique. Plus question de couper les pon
4892 ns. Il a perdu son aura dramatique. Plus question de couper les ponts, de brûler les pénates, et autres rites attestant de
4893 erdu son aura dramatique. Plus question de couper les ponts, de brûler les pénates, et autres rites attestant devant les mâ
4894 ra dramatique. Plus question de couper les ponts, de brûler les pénates, et autres rites attestant devant les mânes des an
4895 que. Plus question de couper les ponts, de brûler les pénates, et autres rites attestant devant les mânes des ancêtres un c
4896 ler les pénates, et autres rites attestant devant les mânes des ancêtres un choix farouche, irrévocable. Se déplacer devien
4897 nir après quelque temps, comme on prend un billet d’ aller et retour. La poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs
4898 emps, comme on prend un billet d’aller et retour. La poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs a vécu. Mais ce qu
4899 d’aller et retour. La poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs a vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître par
4900 peut naître parmi nous, c’est un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de
4901 t naître parmi nous, c’est un amour plus large de l’ humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la
4902 t un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil pl
4903 n amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus
4904 ception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité de
4905 tion de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des ê
4906 a curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des êtres et des coutumes. Aimez votre terre et quittez-
4907 uriosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des êtres et des coutumes. Aimez votre terre et quittez-la.
4908 res et des coutumes. Aimez votre terre et quittez- la . Quittez-la trois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’ari
4909 outumes. Aimez votre terre et quittez-la. Quittez- la trois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’arithmétique du
4910 ois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’ arithmétique du cœur. Le nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc
4911 ois et quatre fois, selon l’arithmétique du cœur. Le nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment. Le pays
4912 e pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment. Le paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de la meilleure manièr
4913 amais vraiment. Le paysan n’aime que sa terre, ne l’ aime donc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et l
4914 Le paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. I
4915 paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. Il f
4916 onc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut ce
4917 meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut cesser de trouv
4918 . Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, grif
4919 aimer. Il faut cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez do
4920 l faut cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez donc, allez
4921 cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez donc, allez voir,
4922 allez voir, et aimez. Puis choisissez. Revenez si le cœur vous en dit. Mais je sais bien qu’il y a les visas. N’acceptons
4923 le cœur vous en dit. Mais je sais bien qu’il y a les visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de la démence national
4924 es visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de la démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une camp
4925 visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de la démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une campagn
4926 cident tardif de la démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une campagne mondiale pour la suppression de
4927 oblème humain. Lançons une campagne mondiale pour la suppression des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêc
4928 campagne mondiale pour la suppression des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècl
4929 e ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les
4930 nismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à
4931 daleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répon
4932 eux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’ habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre
4933 empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’ user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi ser
4934 nt de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi servent ce
4935 ècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons 
4936 nts à nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on les justifier ? Ils n’ont pas arrêté un seu
4937 servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on les justifier ? Ils n’ont pas arrêté un seul espion, tout en causant la p
4938 n’ont pas arrêté un seul espion, tout en causant la perte des milliers d’innocents. Ils rendent vains les progrès matérie
4939 eul espion, tout en causant la perte des milliers d’ innocents. Ils rendent vains les progrès matériels dont notre basse ép
4940 perte des milliers d’innocents. Ils rendent vains les progrès matériels dont notre basse époque pourrait encore s’enorgueil
4941 rait encore s’enorgueillir. Ils représentent dans l’ esprit des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-
4942 llir. Ils représentent dans l’esprit des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-nous, comme des mouton
4943 des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-nous, comme des moutons, sans qu’une voix ne proteste ? u
4944 s qu’une voix ne proteste ? u. Rougemont Denis de , « Faut-il rentrer ? », Pour la Victoire, New York, 4 mai 1946, p. 1-
4945 Rougemont Denis de, « Faut-il rentrer ? », Pour la Victoire, New York, 4 mai 1946, p. 1-2.
21 1946, Articles divers (1941-1946). « Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)
4946 « Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 m
4947 « Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)w
4948 mont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’ Europe en Amérique » (16 mai 1946)w x M. de Rougemont est rentré d’
4949  » (16 mai 1946)w x M. de Rougemont est rentré d’ Amérique. Il nous en parle simplement, avec ce sens de l’équilibre et
4950 érique. Il nous en parle simplement, avec ce sens de l’équilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le
4951 que. Il nous en parle simplement, avec ce sens de l’ équilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le pr
4952 parle simplement, avec ce sens de l’équilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le prochain aussi, c
4953 rle simplement, avec ce sens de l’équilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le prochain aussi, ce
4954 uilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent l’ empreinte. Le prochain aussi, ce Vivre en Amérique que Stock publier
4955 la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le prochain aussi, ce Vivre en Amérique que Stock publiera cet automne
4956 . Nous questionnons : Dites-nous quels sentiments le contact avec la civilisation américaine éveille chez un Européen ? En
4957 ons : Dites-nous quels sentiments le contact avec la civilisation américaine éveille chez un Européen ? En arrivant là-bas
4958 eille chez un Européen ? En arrivant là-bas, on a l’ impression très nette de pénétrer dans une autre civilisation. Une imp
4959 En arrivant là-bas, on a l’impression très nette de pénétrer dans une autre civilisation. Une impression beaucoup plus fo
4960 eaucoup plus forte que celle qu’éveillent en nous les livres ou même le cinéma. Un sentiment qui dure : pour moi, il a duré
4961 que celle qu’éveillent en nous les livres ou même le cinéma. Un sentiment qui dure : pour moi, il a duré pendant six ans.
4962 duré pendant six ans. Ceci est surtout vrai pour les mœurs, leur détail. Les jugements moraux y sont très différents de ce
4963 eci est surtout vrai pour les mœurs, leur détail. Les jugements moraux y sont très différents de ceux de l’Europe. Là-bas,
4964 tail. Les jugements moraux y sont très différents de ceux de l’Europe. Là-bas, certaines choses vont de soi ; chez nous, e
4965 s jugements moraux y sont très différents de ceux de l’Europe. Là-bas, certaines choses vont de soi ; chez nous, elles par
4966 ugements moraux y sont très différents de ceux de l’ Europe. Là-bas, certaines choses vont de soi ; chez nous, elles parais
4967 izarres. En France, par exemple, il était bien vu de tricher avec le fisc ; on s’en vantait. En Amérique, la chose est mal
4968 ce, par exemple, il était bien vu de tricher avec le fisc ; on s’en vantait. En Amérique, la chose est mal vue. Les gens t
4969 cher avec le fisc ; on s’en vantait. En Amérique, la chose est mal vue. Les gens trichent peut-être, mais je n’en suis pas
4970 s’en vantait. En Amérique, la chose est mal vue. Les gens trichent peut-être, mais je n’en suis pas persuadé. L’Américain
4971 ichent peut-être, mais je n’en suis pas persuadé. L’ Américain s’achète une bonne conscience en payant son dû à l’État. J’a
4972 s’achète une bonne conscience en payant son dû à l’ État. J’admire beaucoup son sens civique. Quand le citoyen est discipl
4973 l’État. J’admire beaucoup son sens civique. Quand le citoyen est discipliné, il n’a pas pour autant l’amour du règlement c
4974 le citoyen est discipliné, il n’a pas pour autant l’ amour du règlement comme en Suisse… J’ai aussi été sensible à une sort
4975 me en Suisse… J’ai aussi été sensible à une sorte de loufoquerie de la vie américaine. Parfois, on a l’impression que les
4976 ’ai aussi été sensible à une sorte de loufoquerie de la vie américaine. Parfois, on a l’impression que les gens sont un pe
4977 aussi été sensible à une sorte de loufoquerie de la vie américaine. Parfois, on a l’impression que les gens sont un peu f
4978 e loufoquerie de la vie américaine. Parfois, on a l’ impression que les gens sont un peu fous… Ils chantent dans la rue, vo
4979 la vie américaine. Parfois, on a l’impression que les gens sont un peu fous… Ils chantent dans la rue, vous posent les ques
4980 que les gens sont un peu fous… Ils chantent dans la rue, vous posent les questions les plus indiscrètes, entrent chez vou
4981 n peu fous… Ils chantent dans la rue, vous posent les questions les plus indiscrètes, entrent chez vous sans frapper, vous
4982 s chantent dans la rue, vous posent les questions les plus indiscrètes, entrent chez vous sans frapper, vous déclarent sans
4983 ez vous sans frapper, vous déclarent sans ambages le montant de leur revenu. Cinq minutes après avoir fait votre connaissa
4984 s frapper, vous déclarent sans ambages le montant de leur revenu. Cinq minutes après avoir fait votre connaissance, ils vo
4985 appellent par votre prénom et vous invitent pour le prochain week-end. Aux États-Unis, l’étranger est accueilli avec beau
4986 vitent pour le prochain week-end. Aux États-Unis, l’ étranger est accueilli avec beaucoup de gentillesse. Les Américains lu
4987 anger est accueilli avec beaucoup de gentillesse. Les Américains lui font crédit. En Europe, par contre, les liaisons, si e
4988 méricains lui font crédit. En Europe, par contre, les liaisons, si elles sont plus rares, sont plus solides et profondes. O
4989 s camarade ; tout cela glisse, change, glisse… Et l’ inverse ? Quels sont, chez l’Américain, les sentiments éveillés par la
4990 , change, glisse… Et l’inverse ? Quels sont, chez l’ Américain, les sentiments éveillés par la civilisation européenne ? Il
4991 sse… Et l’inverse ? Quels sont, chez l’Américain, les sentiments éveillés par la civilisation européenne ? Il importe de di
4992 nt, chez l’Américain, les sentiments éveillés par la civilisation européenne ? Il importe de distinguer entre plusieurs cl
4993 illés par la civilisation européenne ? Il importe de distinguer entre plusieurs classes d’Américains. Ceux qui ont connu l
4994 Il importe de distinguer entre plusieurs classes d’ Américains. Ceux qui ont connu l’Europe et qui y ont vécu, se distingu
4995 lusieurs classes d’Américains. Ceux qui ont connu l’ Europe et qui y ont vécu, se distinguent par une sorte de snobisme eur
4996 e et qui y ont vécu, se distinguent par une sorte de snobisme européen, surtout au point de vue culture, où ils ont d’aill
4997 petite minorité qui affectionne particulièrement la France et la Suisse. L’Américain moyen, qui connaît notre continent p
4998 ité qui affectionne particulièrement la France et la Suisse. L’Américain moyen, qui connaît notre continent par les journa
4999 ectionne particulièrement la France et la Suisse. L’ Américain moyen, qui connaît notre continent par les journaux, nous ju
5000 ’Américain moyen, qui connaît notre continent par les journaux, nous juge assez mal, nous considère comme un pays très comp
5001 mal, nous considère comme un pays très compliqué de gens assez méchants qui se disputent pour des choses mystérieuses, qu
5002 sont toujours sur leurs ergots ; des gens en qui l’ on ne peut pas avoir une grande confiance… Ils voient l’Europe un peu
5003 e peut pas avoir une grande confiance… Ils voient l’ Europe un peu comme nous voyions les Balkans avant la guerre. Et puis,
5004 ce… Ils voient l’Europe un peu comme nous voyions les Balkans avant la guerre. Et puis, ils ont un peu peur de nous ; ils c
5005 urope un peu comme nous voyions les Balkans avant la guerre. Et puis, ils ont un peu peur de nous ; ils craignent que nous
5006 ans avant la guerre. Et puis, ils ont un peu peur de nous ; ils craignent que nous ne soyons une source permanente de déso
5007 raignent que nous ne soyons une source permanente de désordres et de troubles. Tous les nationalismes européens les effrai
5008 s ne soyons une source permanente de désordres et de troubles. Tous les nationalismes européens les effraient. De même qu’
5009 urce permanente de désordres et de troubles. Tous les nationalismes européens les effraient. De même qu’il y a en Europe un
5010 et de troubles. Tous les nationalismes européens les effraient. De même qu’il y a en Europe un grand sentiment de supérior
5011 t. De même qu’il y a en Europe un grand sentiment de supériorité à cause de notre culture, l’inverse existe chez les Améri
5012 entiment de supériorité à cause de notre culture, l’ inverse existe chez les Américains au point de vue du civisme et de la
5013 é à cause de notre culture, l’inverse existe chez les Américains au point de vue du civisme et de la politique. Ils ont le
5014 chez les Américains au point de vue du civisme et de la politique. Ils ont le sentiment d’être decent. Leur opinion est qu
5015 z les Américains au point de vue du civisme et de la politique. Ils ont le sentiment d’être decent. Leur opinion est que l
5016 int de vue du civisme et de la politique. Ils ont le sentiment d’être decent. Leur opinion est que les Européens ne sont,
5017 civisme et de la politique. Ils ont le sentiment d’ être decent. Leur opinion est que les Européens ne sont, eux, pas très
5018 le sentiment d’être decent. Leur opinion est que les Européens ne sont, eux, pas très decent, qualité qu’un jeune citoyen
5019 eux, pas très decent, qualité qu’un jeune citoyen de là-bas expliquait en ces termes : « Être decent, c’est tenir sa parol
5020 sa parole et se tenir propre soi-même »… Quant à la masse du centre du pays, elle ne connaît rien de notre continent ; so
5021 la masse du centre du pays, elle ne connaît rien de notre continent ; souvent, elle ignore même que la Suisse existe. Un
5022 e notre continent ; souvent, elle ignore même que la Suisse existe. Un GI m’a récemment déclaré : « La Suisse ? Quand est-
5023 la Suisse existe. Un GI m’a récemment déclaré : «  La Suisse ? Quand est-ce que nous avons bien pu libérer ça ? C’est si pe
5024 bien pu libérer ça ? C’est si petit ! » Par souci de précision, j’ajouterai que je ne connais que l’Amérique la moins éloi
5025 i de précision, j’ajouterai que je ne connais que l’ Amérique la moins éloignée de l’Europe. Si de New York vous passez dan
5026 ion, j’ajouterai que je ne connais que l’Amérique la moins éloignée de l’Europe. Si de New York vous passez dans le Middle
5027 ue je ne connais que l’Amérique la moins éloignée de l’Europe. Si de New York vous passez dans le Middlewest, ou en Califo
5028 je ne connais que l’Amérique la moins éloignée de l’ Europe. Si de New York vous passez dans le Middlewest, ou en Californi
5029 que l’Amérique la moins éloignée de l’Europe. Si de New York vous passez dans le Middlewest, ou en Californie, ou à La No
5030 gnée de l’Europe. Si de New York vous passez dans le Middlewest, ou en Californie, ou à La Nouvelle-Orléans, vous ne manqu
5031 passez dans le Middlewest, ou en Californie, ou à La Nouvelle-Orléans, vous ne manquez pas d’observer de fortes nuances da
5032 ie, ou à La Nouvelle-Orléans, vous ne manquez pas d’ observer de fortes nuances dans la civilisation. New York constitue un
5033 Nouvelle-Orléans, vous ne manquez pas d’observer de fortes nuances dans la civilisation. New York constitue un excellent
5034 ne manquez pas d’observer de fortes nuances dans la civilisation. New York constitue un excellent poste d’observation, pa
5035 vilisation. New York constitue un excellent poste d’ observation, parce que ses habitants y viennent de partout, de toutes
5036 n, parce que ses habitants y viennent de partout, de toutes les Amériques et de tous les continents. New York résume un pe
5037 ue ses habitants y viennent de partout, de toutes les Amériques et de tous les continents. New York résume un peu les États
5038 y viennent de partout, de toutes les Amériques et de tous les continents. New York résume un peu les États-Unis… Mais un j
5039 nt de partout, de toutes les Amériques et de tous les continents. New York résume un peu les États-Unis… Mais un jugement d
5040 et de tous les continents. New York résume un peu les États-Unis… Mais un jugement d’ensemble est impossible. On peut à peu
5041 rk résume un peu les États-Unis… Mais un jugement d’ ensemble est impossible. On peut à peu près tout dire sur l’Amérique :
5042 est impossible. On peut à peu près tout dire sur l’ Amérique : ça sera toujours juste quelque part. Je ne cesse personnell
5043 s juste quelque part. Je ne cesse personnellement de me battre contre cette affirmation européenne selon laquelle tout est
5044 s. Au contraire, ce pays est celui des contrastes les plus violents. ⁂ Pensez-vous qu’à l’issue de cette dernière guerre, o
5045 contrastes les plus violents. ⁂ Pensez-vous qu’à l’ issue de cette dernière guerre, on puisse affirmer que le centre de gr
5046 tes les plus violents. ⁂ Pensez-vous qu’à l’issue de cette dernière guerre, on puisse affirmer que le centre de gravité du
5047 de cette dernière guerre, on puisse affirmer que le centre de gravité du monde s’est déplacé en Amérique ? Très nettement
5048 dernière guerre, on puisse affirmer que le centre de gravité du monde s’est déplacé en Amérique ? Très nettement. Vue de N
5049 e s’est déplacé en Amérique ? Très nettement. Vue de New York, l’Europe constitue une espèce de glacis ou s’affrontent le
5050 cé en Amérique ? Très nettement. Vue de New York, l’ Europe constitue une espèce de glacis ou s’affrontent le monde anglo-s
5051 t. Vue de New York, l’Europe constitue une espèce de glacis ou s’affrontent le monde anglo-saxon et le monde russe. On a f
5052 pe constitue une espèce de glacis ou s’affrontent le monde anglo-saxon et le monde russe. On a fortement l’impression de l
5053 de glacis ou s’affrontent le monde anglo-saxon et le monde russe. On a fortement l’impression de l’existence de deux pôles
5054 nde anglo-saxon et le monde russe. On a fortement l’ impression de l’existence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et l
5055 on et le monde russe. On a fortement l’impression de l’existence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et la Russie. Cet
5056 et le monde russe. On a fortement l’impression de l’ existence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et la Russie. Cette
5057 russe. On a fortement l’impression de l’existence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et la Russie. Cette impression e
5058 rtement l’impression de l’existence de deux pôles d’ attraction : l’Amérique et la Russie. Cette impression est une réalité
5059 ssion de l’existence de deux pôles d’attraction : l’ Amérique et la Russie. Cette impression est une réalité. Quant à notre
5060 stence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et la Russie. Cette impression est une réalité. Quant à notre continent, il
5061 otre continent, il est considéré comme une espèce de champ de bataille en puissance. Cela change toutes les perspectives.
5062 hamp de bataille en puissance. Cela change toutes les perspectives. Le problème France-Allemagne n’a aujourd’hui plus grand
5063 n puissance. Cela change toutes les perspectives. Le problème France-Allemagne n’a aujourd’hui plus grande importance ; il
5064 ’a aujourd’hui plus grande importance ; il a cédé le pas au problème Amérique-URSS. Et que pensent les Américains des Russ
5065 le pas au problème Amérique-URSS. Et que pensent les Américains des Russes ? L’opinion est extrêmement mélangée. En généra
5066 -URSS. Et que pensent les Américains des Russes ? L’ opinion est extrêmement mélangée. En général, les hommes d’affaires vo
5067 ? L’opinion est extrêmement mélangée. En général, les hommes d’affaires voudraient que ce monde lointain s’ouvre. Le présid
5068 est extrêmement mélangée. En général, les hommes d’ affaires voudraient que ce monde lointain s’ouvre. Le président de la
5069 ffaires voudraient que ce monde lointain s’ouvre. Le président de la Chambre de commerce américaine est allé en Russie ten
5070 aient que ce monde lointain s’ouvre. Le président de la Chambre de commerce américaine est allé en Russie tenir des discou
5071 nt que ce monde lointain s’ouvre. Le président de la Chambre de commerce américaine est allé en Russie tenir des discours
5072 onde lointain s’ouvre. Le président de la Chambre de commerce américaine est allé en Russie tenir des discours capitaliste
5073 ours capitalistes… D’autres gens voudraient faire la guerre à la Russie sans plus attendre, en se servant de la bombe atom
5074 istes… D’autres gens voudraient faire la guerre à la Russie sans plus attendre, en se servant de la bombe atomique, etc. M
5075 rre à la Russie sans plus attendre, en se servant de la bombe atomique, etc. Moscou, qui a toujours eu cette espèce de « c
5076 à la Russie sans plus attendre, en se servant de la bombe atomique, etc. Moscou, qui a toujours eu cette espèce de « comp
5077 ique, etc. Moscou, qui a toujours eu cette espèce de « complexe d’assiégement », se referme trop sur elle-même. Il est dif
5078 cou, qui a toujours eu cette espèce de « complexe d’ assiégement », se referme trop sur elle-même. Il est difficile de la c
5079 , se referme trop sur elle-même. Il est difficile de la comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectue
5080 e referme trop sur elle-même. Il est difficile de la comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle
5081 sur elle-même. Il est difficile de la comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ? La vie scie
5082 Il est difficile de la comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ? La vie scientifique est trè
5083 est difficile de la comprendre de l’autre côté de l’ Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ? La vie scientifique est très r
5084 de la comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’ Amérique intellectuelle ? La vie scientifique est très remarquable ; l
5085 côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ? La vie scientifique est très remarquable ; l’énergie atomique en est la
5086 elle ? La vie scientifique est très remarquable ; l’ énergie atomique en est la preuve. La civilisation américaine devient
5087 est très remarquable ; l’énergie atomique en est la preuve. La civilisation américaine devient de plus en plus une civili
5088 emarquable ; l’énergie atomique en est la preuve. La civilisation américaine devient de plus en plus une civilisation scie
5089 s une civilisation scientifique, par opposition à la civilisation plus littéraire, philosophique ou juridique de l’Europe.
5090 ation plus littéraire, philosophique ou juridique de l’Europe. Dans les écoles américaines, on enseigne aux enfants combie
5091 on plus littéraire, philosophique ou juridique de l’ Europe. Dans les écoles américaines, on enseigne aux enfants combien d
5092 ire, philosophique ou juridique de l’Europe. Dans les écoles américaines, on enseigne aux enfants combien de calories, de v
5093 oles américaines, on enseigne aux enfants combien de calories, de vitamines sont nécessaires à leur organisme. Tout le mon
5094 nes, on enseigne aux enfants combien de calories, de vitamines sont nécessaires à leur organisme. Tout le monde a, là-bas,
5095 saires à leur organisme. Tout le monde a, là-bas, le plus grand respect pour les experts en n’importe quoi. Au point de vu
5096 ut le monde a, là-bas, le plus grand respect pour les experts en n’importe quoi. Au point de vue littéraire et philosophiqu
5097 vue littéraire et philosophique, je ne vois rien de très neuf qui se soit développé pendant la guerre ou après. Entre 191
5098 s rien de très neuf qui se soit développé pendant la guerre ou après. Entre 1918 et 1939, l’Amérique a connu une grande pé
5099 é pendant la guerre ou après. Entre 1918 et 1939, l’ Amérique a connu une grande période littéraire. Je ne distingue actuel
5100 iode littéraire. Je ne distingue actuellement pas d’ école nouvelle. Les jeunes écrivains gardent un œil ouvert sur l’Europ
5101 e ne distingue actuellement pas d’école nouvelle. Les jeunes écrivains gardent un œil ouvert sur l’Europe. C’est toujours d
5102 e. Les jeunes écrivains gardent un œil ouvert sur l’ Europe. C’est toujours de là que vient l’initiative. Ce qu’ils ont de
5103 ardent un œil ouvert sur l’Europe. C’est toujours de là que vient l’initiative. Ce qu’ils ont de plus que nous, c’est un g
5104 vert sur l’Europe. C’est toujours de là que vient l’ initiative. Ce qu’ils ont de plus que nous, c’est un grand art du repo
5105 e plus que nous, c’est un grand art du reportage, de la description. Ils ont indiscutablement créé le style du grand repor
5106 lus que nous, c’est un grand art du reportage, de la description. Ils ont indiscutablement créé le style du grand reportag
5107 de la description. Ils ont indiscutablement créé le style du grand reportage. Je connais quelques jeunes poètes, pas du t
5108 t un lyrisme très violent et très coloré… Quant à l’ Amérique sociale… Socialement parlant, l’ouvrier américain est un bour
5109 Quant à l’Amérique sociale… Socialement parlant, l’ ouvrier américain est un bourgeois. Il a sa voiture, sa maison ou un a
5110 aison ou un appartement avec salle de bains. Dans les grandes villes, on remarque de la misère. Certains quartiers sont trè
5111 le de bains. Dans les grandes villes, on remarque de la misère. Certains quartiers sont très tristes. La conscience politi
5112 de bains. Dans les grandes villes, on remarque de la misère. Certains quartiers sont très tristes. La conscience politique
5113 la misère. Certains quartiers sont très tristes. La conscience politique de la classe ouvrière, si vivante chez nous, est
5114 rtiers sont très tristes. La conscience politique de la classe ouvrière, si vivante chez nous, est presque inexistante là-
5115 ers sont très tristes. La conscience politique de la classe ouvrière, si vivante chez nous, est presque inexistante là-bas
5116 ivante chez nous, est presque inexistante là-bas. Les grèves peuvent être violentes, mais cela ne veut pas dire que l’on so
5117 nt être violentes, mais cela ne veut pas dire que l’ on soit de droite ou de gauche. On fait la grève pour des raisons pure
5118 olentes, mais cela ne veut pas dire que l’on soit de droite ou de gauche. On fait la grève pour des raisons purement prati
5119 cela ne veut pas dire que l’on soit de droite ou de gauche. On fait la grève pour des raisons purement pratiques et non a
5120 ire que l’on soit de droite ou de gauche. On fait la grève pour des raisons purement pratiques et non au nom du marxisme…
5121 non au nom du marxisme… En conclusion, une « cure d’ Amérique » est profitable à l’Européen ? Absolument ! Ce que je souhai
5122 clusion, une « cure d’Amérique » est profitable à l’ Européen ? Absolument ! Ce que je souhaite, c’est qu’on envoie le plus
5123 solument ! Ce que je souhaite, c’est qu’on envoie le plus grand nombre possible d’Européens outre-Atlantique pour y vivre
5124 c’est qu’on envoie le plus grand nombre possible d’ Européens outre-Atlantique pour y vivre une ou deux années et inversem
5125 une ou deux années et inversement. Je ne vois pas d’ hostilité possible entre les deux continents — qui se complètent admir
5126 sement. Je ne vois pas d’hostilité possible entre les deux continents — qui se complètent admirablement. Les différences so
5127 eux continents — qui se complètent admirablement. Les différences sont fortes, certes ; mais elles sont tout à fait concili
5128 tes ; mais elles sont tout à fait conciliables. À l’ Amérique, nous pouvons apporter beaucoup de raffinement et un sens des
5129 raffinement et un sens des valeurs spirituelles. Les Américains nous apportent la franchise dans la vie, la liberté d’allu
5130 leurs spirituelles. Les Américains nous apportent la franchise dans la vie, la liberté d’allure et beaucoup de gentillesse
5131 . Les Américains nous apportent la franchise dans la vie, la liberté d’allure et beaucoup de gentillesse. Telle est la « l
5132 éricains nous apportent la franchise dans la vie, la liberté d’allure et beaucoup de gentillesse. Telle est la « leçon d’A
5133 us apportent la franchise dans la vie, la liberté d’ allure et beaucoup de gentillesse. Telle est la « leçon d’Amérique » q
5134 té d’allure et beaucoup de gentillesse. Telle est la « leçon d’Amérique » que nous a donnée M. Denis de Rougemont. En conc
5135 et beaucoup de gentillesse. Telle est la « leçon d’ Amérique » que nous a donnée M. Denis de Rougemont. En conclusion, dis
5136 t qu’a cinquante pour cent… w. Rougemont Denis de , « [Entretien] Le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe e
5137 our cent… w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique », L’Il
5138 w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique », L’Illustré, La
5139 tien] Le centre de gravité du monde s’est déplacé d’ Europe en Amérique », L’Illustré, Lausanne, 16 mai 1946, p. 5 et 23.
5140 té du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique », L’ Illustré, Lausanne, 16 mai 1946, p. 5 et 23. x. Propos recueillis par
5141 os recueillis par Georges Gygax et introduits par la note suivante : « Un écrivain nous est revenu. Il nous est revenu de
5142 « Un écrivain nous est revenu. Il nous est revenu de la lointaine et si proche Amérique, emportant avec lui, pour nous le
5143 n écrivain nous est revenu. Il nous est revenu de la lointaine et si proche Amérique, emportant avec lui, pour nous le com
5144 si proche Amérique, emportant avec lui, pour nous le communiquer avec la belle générosité des gens d’esprit, un riche mess
5145 emportant avec lui, pour nous le communiquer avec la belle générosité des gens d’esprit, un riche message gonflé de réalit
5146 le communiquer avec la belle générosité des gens d’ esprit, un riche message gonflé de réalités souvent insoupçonnées. M.
5147 rosité des gens d’esprit, un riche message gonflé de réalités souvent insoupçonnées. M. Denis de Rougemont est rentré d’Am
5148 t insoupçonnées. M. Denis de Rougemont est rentré d’ Amérique. Pas pour longtemps, puisqu’il se prépare déjà à repartir à l
5149 longtemps, puisqu’il se prépare déjà à repartir à la découverte de ce continent qui, à lui seul, constitue un monde. Quell
5150 squ’il se prépare déjà à repartir à la découverte de ce continent qui, à lui seul, constitue un monde. Quelle merveilleuse
5151 lleuse exploration pour qui sait respecter, après l’ avoir établi, le contact avec le réel, contact de la pensée qui, s’il
5152 on pour qui sait respecter, après l’avoir établi, le contact avec le réel, contact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne
5153 respecter, après l’avoir établi, le contact avec le réel, contact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne pas du contact d
5154 l’avoir établi, le contact avec le réel, contact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne pas du contact des sens, conduit
5155 avoir établi, le contact avec le réel, contact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne pas du contact des sens, conduit à l
5156 e s’accompagne pas du contact des sens, conduit à l’ insondable gouffre de l’abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu l’Am
5157 contact des sens, conduit à l’insondable gouffre de l’abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu l’Amérique. Il ne s’est p
5158 ntact des sens, conduit à l’insondable gouffre de l’ abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu l’Amérique. Il ne s’est pas
5159 re de l’abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu l’ Amérique. Il ne s’est pas borné à la survoler : il l’a pénétrée, il s’
5160 , lui, a vécu l’Amérique. Il ne s’est pas borné à la survoler : il l’a pénétrée, il s’est mêlé à elle, il s’est donné à so
5161 mérique. Il ne s’est pas borné à la survoler : il l’ a pénétrée, il s’est mêlé à elle, il s’est donné à son expérience créa
5162 elle, il s’est donné à son expérience créatrice. L’ auteur de Politique de la personne , de Penser avec les mains (quel
5163 s’est donné à son expérience créatrice. L’auteur de Politique de la personne , de Penser avec les mains (quel beau tit
5164 son expérience créatrice. L’auteur de Politique de la personne , de Penser avec les mains (quel beau titre, solide, pu
5165 n expérience créatrice. L’auteur de Politique de la personne , de Penser avec les mains (quel beau titre, solide, puiss
5166 réatrice. L’auteur de Politique de la personne , de Penser avec les mains (quel beau titre, solide, puissant, élégant c
5167 nt, élégant comme une voile au vent), du Journal d’ un intellectuel en chômage , de L’Amour et l’Occident , de tant d’aut
5168 vent), du Journal d’un intellectuel en chômage , de L’Amour et l’Occident , de tant d’autres œuvres auxquelles sa person
5169 ), du Journal d’un intellectuel en chômage , de L’ Amour et l’Occident , de tant d’autres œuvres auxquelles sa personnali
5170 nal d’un intellectuel en chômage , de L’Amour et l’ Occident , de tant d’autres œuvres auxquelles sa personnalité a imprim
5171 llectuel en chômage , de L’Amour et l’Occident , de tant d’autres œuvres auxquelles sa personnalité a imprimé son sceau d
5172 es auxquelles sa personnalité a imprimé son sceau de vie, de foi et de vérité, doit être classé à l’opposé absolu de tout
5173 elles sa personnalité a imprimé son sceau de vie, de foi et de vérité, doit être classé à l’opposé absolu de tout ce qui p
5174 ersonnalité a imprimé son sceau de vie, de foi et de vérité, doit être classé à l’opposé absolu de tout ce qui porte en so
5175 u de vie, de foi et de vérité, doit être classé à l’ opposé absolu de tout ce qui porte en soi le germe de la superficialit
5176 et de vérité, doit être classé à l’opposé absolu de tout ce qui porte en soi le germe de la superficialité. Et Dieu seul
5177 ssé à l’opposé absolu de tout ce qui porte en soi le germe de la superficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les
5178 pposé absolu de tout ce qui porte en soi le germe de la superficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les contours
5179 sé absolu de tout ce qui porte en soi le germe de la superficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les contours de
5180 me de la superficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les contours de ce mot « superficiel », qui gouverne le mond
5181 erficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les contours de ce mot « superficiel », qui gouverne le monde ! Bien avan
5182 Et Dieu seul est capable de dessiner les contours de ce mot « superficiel », qui gouverne le monde ! Bien avant la sanglan
5183 contours de ce mot « superficiel », qui gouverne le monde ! Bien avant la sanglante tragédie, Denis de Rougemont, dans so
5184 superficiel », qui gouverne le monde ! Bien avant la sanglante tragédie, Denis de Rougemont, dans son Journal d’Allemagne
5185 e tragédie, Denis de Rougemont, dans son Journal d’ Allemagne , définissait le national-socialisme, « phénomène à la fois
5186 mont, dans son Journal d’Allemagne , définissait le national-socialisme, « phénomène à la fois mythique et mystique ». N’
5187 érité aux nations qui s’apprêtaient joyeusement à la chute dans l’abîme : « Personne et pensée ne sont point séparables, e
5188 ons qui s’apprêtaient joyeusement à la chute dans l’ abîme : « Personne et pensée ne sont point séparables, et toutes deux
5189 s deux ne sont possibles que dans cet acte unique d’ obéissance qui s’appelle l’amour du prochain »…
5190 e dans cet acte unique d’obéissance qui s’appelle l’ amour du prochain »…
22 1946, Articles divers (1941-1946). Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe (16 mai 1946)
5191 Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe (16 mai 1946)v Jeune Amérique,
5192 Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe (16 mai 1946)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie de
5193 Histoire de singes ou deux secrets de l’ Europe (16 mai 1946)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie de l’a
5194 1946)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie de l’avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé du poids des tradi
5195 46)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie de l’ avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé du poids des traditio
5196 que, vieille Europe. Patrie de l’avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé du poids des traditions et querelles anc
5197 , vieille Europe. Patrie de l’avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé du poids des traditions et querelles ancest
5198 querelles ancestrales qui tournent en rond. C’est la rumeur du xxe siècle. Elle a cours en Europe au moins autant qu’aill
5199 moins autant qu’ailleurs. Elle risquerait parfois de nous frapper d’une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’
5200 ailleurs. Elle risquerait parfois de nous frapper d’ une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’abandon aux prét
5201 le risquerait parfois de nous frapper d’une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’abandon aux prétendues fatal
5202 us frapper d’une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’abandon aux prétendues fatalités de l’Histoire. Mais il
5203 e sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’ abandon aux prétendues fatalités de l’Histoire. Mais il n’est point de
5204 de nous tenter d’abandon aux prétendues fatalités de l’Histoire. Mais il n’est point de fatalité pour l’homme qui ne recul
5205 nous tenter d’abandon aux prétendues fatalités de l’ Histoire. Mais il n’est point de fatalité pour l’homme qui ne recule p
5206 dues fatalités de l’Histoire. Mais il n’est point de fatalité pour l’homme qui ne recule pas devant sa liberté, et qui acc
5207 l’Histoire. Mais il n’est point de fatalité pour l’ homme qui ne recule pas devant sa liberté, et qui accepte les risques
5208 i ne recule pas devant sa liberté, et qui accepte les risques de son choix. Laissons l’Histoire telle qu’on la simplifie en
5209 pas devant sa liberté, et qui accepte les risques de son choix. Laissons l’Histoire telle qu’on la simplifie en courbes as
5210 et qui accepte les risques de son choix. Laissons l’ Histoire telle qu’on la simplifie en courbes ascendantes et descendant
5211 ues de son choix. Laissons l’Histoire telle qu’on la simplifie en courbes ascendantes et descendantes. Tout peut encore se
5212 cendantes. Tout peut encore se renverser, et plus d’ une fois, dans les destins de collectivités aussi complexes que celles
5213 eut encore se renverser, et plus d’une fois, dans les destins de collectivités aussi complexes que celles que je viens de c
5214 e renverser, et plus d’une fois, dans les destins de collectivités aussi complexes que celles que je viens de citer. Je n’
5215 que je viens de citer. Je n’entends pas attaquer les jeunes puissances, ni faire l’apologie du vieillissement. Mais j’empr
5216 ends pas attaquer les jeunes puissances, ni faire l’ apologie du vieillissement. Mais j’emprunterai à des recherches récent
5217 rches récentes deux résultats qui prennent figure de paraboles : ils me paraissent propres à nous persuader de la fécondit
5218 oles : ils me paraissent propres à nous persuader de la fécondité de certaines valeurs que l’Europe a promues patiemment e
5219 s : ils me paraissent propres à nous persuader de la fécondité de certaines valeurs que l’Europe a promues patiemment et q
5220 raissent propres à nous persuader de la fécondité de certaines valeurs que l’Europe a promues patiemment et qu’elle illust
5221 ersuader de la fécondité de certaines valeurs que l’ Europe a promues patiemment et qu’elle illustre encore aux yeux du mon
5222 illustre encore aux yeux du monde. Je veux parler de la « mémoire » et de l’« expérience historique », qui est celle des é
5223 ustre encore aux yeux du monde. Je veux parler de la « mémoire » et de l’« expérience historique », qui est celle des épre
5224 eux du monde. Je veux parler de la « mémoire » et de l’« expérience historique », qui est celle des épreuves et des échecs
5225 du monde. Je veux parler de la « mémoire » et de l’ « expérience historique », qui est celle des épreuves et des échecs. L
5226 ique », qui est celle des épreuves et des échecs. L’ étude des singes et de leur attristante psychologie nous révèle que ce
5227 des épreuves et des échecs. L’étude des singes et de leur attristante psychologie nous révèle que ces faux ancêtres ne son
5228 que ces faux ancêtres ne sont guère inférieurs à l’ homme sous le rapport de l’intelligence ! Leur malheur est qu’ils n’on
5229 ont guère inférieurs à l’homme sous le rapport de l’ intelligence ! Leur malheur est qu’ils n’ont aucune mémoire. Ils se vo
5230 ucune mémoire. Ils se voient obligés chaque matin de reconstruire leur monde, de l’apprendre à nouveau et de réinventer le
5231 obligés chaque matin de reconstruire leur monde, de l’apprendre à nouveau et de réinventer les gestes élémentaires. Ce tr
5232 ligés chaque matin de reconstruire leur monde, de l’ apprendre à nouveau et de réinventer les gestes élémentaires. Ce trava
5233 onstruire leur monde, de l’apprendre à nouveau et de réinventer les gestes élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise
5234 monde, de l’apprendre à nouveau et de réinventer les gestes élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise et les condamne
5235 de réinventer les gestes élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise et les condamne à rester singes. Il les réduit à i
5236 er les gestes élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise et les condamne à rester singes. Il les réduit à imiter, là où
5237 élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise et les condamne à rester singes. Il les réduit à imiter, là où nous sommes c
5238 he les épuise et les condamne à rester singes. Il les réduit à imiter, là où nous sommes capables d’innover en tirant les l
5239 l les réduit à imiter, là où nous sommes capables d’ innover en tirant les leçons d’expériences de la veille. Singe est cel
5240 r, là où nous sommes capables d’innover en tirant les leçons d’expériences de la veille. Singe est celui qui doit refaire c
5241 us sommes capables d’innover en tirant les leçons d’ expériences de la veille. Singe est celui qui doit refaire chaque jour
5242 bles d’innover en tirant les leçons d’expériences de la veille. Singe est celui qui doit refaire chaque jour le chemin per
5243 s d’innover en tirant les leçons d’expériences de la veille. Singe est celui qui doit refaire chaque jour le chemin perdu
5244 lle. Singe est celui qui doit refaire chaque jour le chemin perdu pendant la nuit, faute de repères, faute d’un passé viva
5245 doit refaire chaque jour le chemin perdu pendant la nuit, faute de repères, faute d’un passé vivant, et faute de traditio
5246 in perdu pendant la nuit, faute de repères, faute d’ un passé vivant, et faute de traditions instrumentales. Il s’imagine q
5247 magine qu’il invente sans cesse. Il ne croit qu’à l’ actualité, aux nouvelles toutes chaudes, à la dernière tactique, et ne
5248 es, à la dernière tactique, et ne fait que singer d’ antiques découvertes. À propos de ces mêmes créatures, une expérience
5249 parabole du siècle. Cela se passe on Russie, dans l’ école de Pavlov, auteur de célèbres travaux sur les réflexes condition
5250 du siècle. Cela se passe on Russie, dans l’école de Pavlov, auteur de célèbres travaux sur les réflexes conditionnés des
5251 e passe on Russie, dans l’école de Pavlov, auteur de célèbres travaux sur les réflexes conditionnés des chiens. Ses discip
5252 l’école de Pavlov, auteur de célèbres travaux sur les réflexes conditionnés des chiens. Ses disciples ont passé des chiens
5253 sé des chiens aux singes. On prend dix singes, on les range dans une chambre, le long d’une des parois. À l’autre extrémité
5254 prend dix singes, on les range dans une chambre, le long d’une des parois. À l’autre extrémité de la pièce se dresse un g
5255 ix singes, on les range dans une chambre, le long d’ une des parois. À l’autre extrémité de la pièce se dresse un grand meu
5256 re, le long d’une des parois. À l’autre extrémité de la pièce se dresse un grand meuble à tiroirs. Dans les tiroirs on a m
5257 le long d’une des parois. À l’autre extrémité de la pièce se dresse un grand meuble à tiroirs. Dans les tiroirs on a mis
5258 a pièce se dresse un grand meuble à tiroirs. Dans les tiroirs on a mis des bananes. Sur un signal donné par une sirène, les
5259 des bananes. Sur un signal donné par une sirène, les singes sont lâchés dans la chambre. Ils découvrent bientôt les tiroir
5260 donné par une sirène, les singes sont lâchés dans la chambre. Ils découvrent bientôt les tiroirs, ils les ouvrent et dévor
5261 nt lâchés dans la chambre. Ils découvrent bientôt les tiroirs, ils les ouvrent et dévorent les bananes. On répète le manège
5262 chambre. Ils découvrent bientôt les tiroirs, ils les ouvrent et dévorent les bananes. On répète le manège un grand nombre
5263 bientôt les tiroirs, ils les ouvrent et dévorent les bananes. On répète le manège un grand nombre de fois, pour habituer l
5264 ls les ouvrent et dévorent les bananes. On répète le manège un grand nombre de fois, pour habituer les animaux à courir ve
5265 les bananes. On répète le manège un grand nombre de fois, pour habituer les animaux à courir vers le meuble au signal. Ap
5266 le manège un grand nombre de fois, pour habituer les animaux à courir vers le meuble au signal. Après un certain temps d’i
5267 de fois, pour habituer les animaux à courir vers le meuble au signal. Après un certain temps d’interruption, on ramène le
5268 vers le meuble au signal. Après un certain temps d’ interruption, on ramène les sujets dans la même chambre. La sirène hur
5269 Après un certain temps d’interruption, on ramène les sujets dans la même chambre. La sirène hurle, les singes se précipite
5270 n temps d’interruption, on ramène les sujets dans la même chambre. La sirène hurle, les singes se précipitent, arrachent l
5271 ption, on ramène les sujets dans la même chambre. La sirène hurle, les singes se précipitent, arrachent les tiroirs — et l
5272 les sujets dans la même chambre. La sirène hurle, les singes se précipitent, arrachent les tiroirs — et les trouvent vides.
5273 irène hurle, les singes se précipitent, arrachent les tiroirs — et les trouvent vides. La plupart de ces animaux montrent a
5274 singes se précipitent, arrachent les tiroirs — et les trouvent vides. La plupart de ces animaux montrent alors les signes e
5275 t vides. La plupart de ces animaux montrent alors les signes extérieurs de la crise de nerfs, du « nervous break down » le
5276 ces animaux montrent alors les signes extérieurs de la crise de nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’
5277 s animaux montrent alors les signes extérieurs de la crise de nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’Eur
5278 montrent alors les signes extérieurs de la crise de nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’Européen, qu
5279 s de la crise de nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’Européen, que vingt siècles d’histoire accoutumè
5280 , du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’ Européen, que vingt siècles d’histoire accoutumèrent à trouver le tiro
5281 plus caractérisé ! L’Européen, que vingt siècles d’ histoire accoutumèrent à trouver le tiroir vide neuf fois sur dix, réa
5282 vingt siècles d’histoire accoutumèrent à trouver le tiroir vide neuf fois sur dix, réagit d’une toute autre manière. Il v
5283 trouver le tiroir vide neuf fois sur dix, réagit d’ une toute autre manière. Il vient de le prouver pendant six ans. Il se
5284 ix, réagit d’une toute autre manière. Il vient de le prouver pendant six ans. Il se souvient — non pas de ces épreuves-là
5285 prouver pendant six ans. Il se souvient — non pas de ces épreuves-là précisément, car on n’avait jamais rien vu de pareil
5286 ves-là précisément, car on n’avait jamais rien vu de pareil — mais de quelque chose de plus profond, qui définit la condit
5287 t, car on n’avait jamais rien vu de pareil — mais de quelque chose de plus profond, qui définit la condition humaine. S’ag
5288 ais de quelque chose de plus profond, qui définit la condition humaine. S’agirait-il d’une sorte de méfiance ? Disons plut
5289 d, qui définit la condition humaine. S’agirait-il d’ une sorte de méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété devant le destin.
5290 it la condition humaine. S’agirait-il d’une sorte de méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété devant le destin. Il se souvi
5291 girait-il d’une sorte de méfiance ? Disons plutôt d’ une sobriété devant le destin. Il se souvient que tout peut arriver, m
5292 de méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété devant le destin. Il se souvient que tout peut arriver, même le pire. Il presse
5293 estin. Il se souvient que tout peut arriver, même le pire. Il pressent que le sort, la science, le monde moderne et sa pro
5294 tout peut arriver, même le pire. Il pressent que le sort, la science, le monde moderne et sa prospérité ne sont pas les g
5295 t arriver, même le pire. Il pressent que le sort, la science, le monde moderne et sa prospérité ne sont pas les garants in
5296 ême le pire. Il pressent que le sort, la science, le monde moderne et sa prospérité ne sont pas les garants infaillibles d
5297 ce, le monde moderne et sa prospérité ne sont pas les garants infaillibles d’un bonheur qui lui serait dû. L’échec pour lui
5298 a prospérité ne sont pas les garants infaillibles d’ un bonheur qui lui serait dû. L’échec pour lui — guerre, privations, r
5299 ants infaillibles d’un bonheur qui lui serait dû. L’ échec pour lui — guerre, privations, retards — n’est pas une déception
5300 ’est pas une déception totalement scandaleuse qui le laisserait tout béant sur l’absurde, car une obscure sagesse en lui s
5301 ment scandaleuse qui le laisserait tout béant sur l’ absurde, car une obscure sagesse en lui s’y attendait ; elle le tenait
5302 r une obscure sagesse en lui s’y attendait ; elle le tenait prêt à subir en souplesse les mécomptes, à vrai dire normaux,
5303 endait ; elle le tenait prêt à subir en souplesse les mécomptes, à vrai dire normaux, de l’optimisme automatique conditionn
5304 en souplesse les mécomptes, à vrai dire normaux, de l’optimisme automatique conditionné par la publicité et les sirènes d
5305 souplesse les mécomptes, à vrai dire normaux, de l’ optimisme automatique conditionné par la publicité et les sirènes du p
5306 rmaux, de l’optimisme automatique conditionné par la publicité et les sirènes du progrès. Et c’est pourquoi il tiendra le
5307 misme automatique conditionné par la publicité et les sirènes du progrès. Et c’est pourquoi il tiendra le coup. v. Rouge
5308 sirènes du progrès. Et c’est pourquoi il tiendra le coup. v. Rougemont Denis de, « Histoire de singes ou deux secrets
5309 ourquoi il tiendra le coup. v. Rougemont Denis de , « Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe », Servir, Lausanne
5310 dra le coup. v. Rougemont Denis de, « Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe », Servir, Lausanne, 16 mai 1946,
5311 nt Denis de, « Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe », Servir, Lausanne, 16 mai 1946, p. 1.
5312 Denis de, « Histoire de singes ou deux secrets de l’ Europe », Servir, Lausanne, 16 mai 1946, p. 1.
23 1946, Articles divers (1941-1946). La pensée planétaire (30 mai 1946)
5313 La pensée planétaire (30 mai 1946)y Le xxe siècle est en train de dé
5314 La pensée planétaire (30 mai 1946)y Le xxe siècle est en train de découvrir ce qu’on savait depuis un certa
5315 on n’avait jamais très bien compris, à savoir que la terre est ronde. D’où il résulte, entre autres conséquences, que si v
5316 ès bien compris, à savoir que la terre est ronde. D’ où il résulte, entre autres conséquences, que si vous tirez devant vou
5317 vous avec une arme assez puissante vous recevrez le projectile dans le dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelq
5318 assez puissante vous recevrez le projectile dans le dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelque chose d’importan
5319 rochain tour. Cette figure signifie quelque chose d’ important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous
5320 gnifie quelque chose d’important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairem
5321 a bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’ échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fu
5322 nt, si nos moyens passent à l’échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des pr
5323 ssent à l’échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à
5324 ire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ;
5325 che servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion
5326 s villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents
5327 ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la
5328 provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’ avion à la guerre des continents. Voici la Bombe. À quoi servira-t-ell
5329 ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la Bombe. À quoi servira-t-elle ? À la g
5330 ns ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la Bombe. À quoi servira-t-elle ? À la guerre planétaire, c’est-à-dire à
5331 inents. Voici la Bombe. À quoi servira-t-elle ? À la guerre planétaire, c’est-à-dire à une guerre qui nous atteint tous, e
5332 ous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me parai
5333 s ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir
5334 e faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir êtr
5335 que donnée, me paraissent pouvoir être mesurées à la portée des armes connues dans cette époque. (Vous avez ici les prémic
5336 s armes connues dans cette époque. (Vous avez ici les prémices d’une théorie sociologique flambant neuve !) À l’arme planét
5337 es dans cette époque. (Vous avez ici les prémices d’ une théorie sociologique flambant neuve !) À l’arme planétaire corresp
5338 es d’une théorie sociologique flambant neuve !) À l’ arme planétaire correspond donc une communauté universelle, qui relègu
5339 pond donc une communauté universelle, qui relègue les nations au rang de simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques
5340 auté universelle, qui relègue les nations au rang de simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques instants dans ce j
5341 ues instants dans ce jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée p
5342 ts dans ce jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et
5343 jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout te
5344 tant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme
5345 symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme objet ron
5346 Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’ Unité considérée partout et de tout temps comme objet rond, pomme, sph
5347 Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce so
5348 temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre d’ or, que ce soit l’Univers ou l’Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se
5349 rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce soit l’ Univers ou l’Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le micr
5350 sphère ou sceptre d’or, que ce soit l’Univers ou l’ Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond
5351 ceptre d’or, que ce soit l’Univers ou l’Empire ou l’ Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocos
5352 que ce soit l’Univers ou l’Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre s
5353 Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive à digérer et
5354 il aura fait une révolution bien plus grande que la Renaissance. Il semble que la dernière guerre a beaucoup fait pour év
5355 ernière guerre a beaucoup fait pour éveiller dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette pl
5356 re a beaucoup fait pour éveiller dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie
5357 fait pour éveiller dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonnie
5358 dans les nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montm
5359 ations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, int
5360 elativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, direc
5361 hine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie courante d
5362 ntmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie courante des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’A
5363 des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en sub
5364 habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’ Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit
5365 ues Nord, Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins dire
5366 a moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins directs, mais pourtant notables : les Français eussent m
5367 es effets moins directs, mais pourtant notables : les Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si les cargos alliés n
5368 Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si les cargos alliés n’avaient pas été trop occupés dans le Pacifique. Les A
5369 cargos alliés n’avaient pas été trop occupés dans le Pacifique. Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solida
5370 n’avaient pas été trop occupés dans le Pacifique. Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solidarité pratique d
5371 Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solidarité pratique des différentes parties du globe est un fait dure
5372 matérielle. Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit, il nous faudra probablement passer par une étape intermédiaire
5373 ermédiaire, qui est celle du fait psychologique : la formation d’une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas d
5374 ui est celle du fait psychologique : la formation d’ une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous
5375 nscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existenc
5376 fides ou flatteuses qui perdent pointe et sens si l’ on se déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien
5377 l’on se déplace un peu, disons à quelques heures d’ avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux
5378 , disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux restent intraduisibles
5379 s d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux restent intraduisibles pour qui ne peut y aller v
5380 mission ne se promène pas, ne voit rien, n’a pas de temps à perdre. C’est un raid. Nous n’apprendrons rien. Cependant qu’
5381 ous n’apprendrons rien. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leur
5382 n. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que l
5383 u’un beau jour le paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que les Noirs se se
5384 ne pourront plus boucler leurs comptes parce que les Noirs se seront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mine
5385 ront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, p
5386  ; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, parce que les péons d’Argentine se seront en
5387 auront plus de viande pendant des mois, parce que les péons d’Argentine se seront enfin organisés contre les grands « estan
5388 s de viande pendant des mois, parce que les péons d’ Argentine se seront enfin organisés contre les grands « estancieros ».
5389 éons d’Argentine se seront enfin organisés contre les grands « estancieros ». Vous pourrez toujours essayer d’expliquer aux
5390 ds « estancieros ». Vous pourrez toujours essayer d’ expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute des déput
5391 pourrez toujours essayer d’expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute des députés ni de l’« hypocrisie a
5392 rrez toujours essayer d’expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute des députés ni de l’« hypocrisie amér
5393 pliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute des députés ni de l’« hypocrisie américaine »… Que faire ? Tout
5394 la crise que ce n’est pas la faute des députés ni de l’« hypocrisie américaine »… Que faire ? Tout le monde ne peut pas to
5395 crise que ce n’est pas la faute des députés ni de l’ « hypocrisie américaine »… Que faire ? Tout le monde ne peut pas tout
5396 out savoir, encore moins tout voir et comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent p
5397 core moins tout voir et comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terre
5398 et comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psyc
5399 problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psychologiquement inex
5400 ent inexplorées. « Hic sunt leones » inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’
5401 s » inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe, « ici vivent les lions ».
5402 s géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous
5403 Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous sommes destinés
5404 en Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’ Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous sommes destinés à d
5405 marges de leurs cartes de l’Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ces
5406 ient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pour se demander : Comment peut-on être Français ?) Je parlai
5407 der : Comment peut-on être Français ?) Je parlais d’ une conscience planétaire. C’est sa nécessité qu’il faut d’abord senti
5408 cessité qu’il faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt la presse, et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, s
5409 faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt la presse, et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges
5410 rd sentir. Et qu’aussitôt la presse, et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques
5411 ussitôt la presse, et la radio, le cinéma surtout l’ éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’
5412 se, et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est p
5413 cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est pas une question d’i
5414 opagent, sous de larges rubriques créant un appel d’ air. Ce n’est pas une question d’information d’abord, qu’on m’entende
5415 créant un appel d’air. Ce n’est pas une question d’ information d’abord, qu’on m’entende bien, mais de sens, de vision, d’
5416 d’information d’abord, qu’on m’entende bien, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais 
5417 tion d’abord, qu’on m’entende bien, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d
5418 d, qu’on m’entende bien, mais de sens, de vision, d’ ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une
5419 ntende bien, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de
5420 nde bien, mais de sens, de vision, d’ouverture de l’ esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de poé
5421 t à peine, je dirais : c’est d’abord une question de poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous les écrivains français, ceux
5422 estion de poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous les écrivains français, ceux que je vois manifester le sentiment le plus
5423 s écrivains français, ceux que je vois manifester le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont pré
5424 rançais, ceux que je vois manifester le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux
5425 je vois manifester le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint
5426 le sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’An
5427 sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anaba
5428 ieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre gr
5429 deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur
5430 x poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de l’ Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur pro
5431 rose et dans leurs longs versets, quel qu’en soit le sujet allégué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé
5432 gué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé d’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, l
5433 avons pour la première fois senti, sous le drapé d’ un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur vi
5434 sous le drapé d’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de
5435 ’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur
5436 français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’ Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur de
5437 s riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur de Boule q
5438 ’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur de Boule que fut « Saint-Ex »13, le premier qui me pa
5439 ent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur de Boule que fut « Saint-Ex »13, le premier qui me parla de la Planète c
5440 e que fut « Saint-Ex »13, le premier qui me parla de la Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime ? Sinon qu’il
5441 ue fut « Saint-Ex »13, le premier qui me parla de la Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime ? Sinon qu’il fut
5442  »13, le premier qui me parla de la Planète comme d’ un amour et d’une souffrance intime ? Sinon qu’il fut lui aussi un poè
5443 er qui me parla de la Planète comme d’un amour et d’ une souffrance intime ? Sinon qu’il fut lui aussi un poète, en prose e
5444 action, en vision créatrice. 13. Saint-Exupéry, l’ auteur de Vol de Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de,
5445 n vision créatrice. 13. Saint-Exupéry, l’auteur de Vol de Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, « La pen
5446 n créatrice. 13. Saint-Exupéry, l’auteur de Vol de Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, « La pensée pla
5447 . 13. Saint-Exupéry, l’auteur de Vol de Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, « La pensée planétaire »,
5448 Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de , « La pensée planétaire », Servir, Lausanne, 30 mai 1946, p. 1.
5449 t de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, «  La pensée planétaire », Servir, Lausanne, 30 mai 1946, p. 1.
24 1946, Articles divers (1941-1946). La fin du monde (juin 1946)
5450 La fin du monde (juin 1946)aa Æternitas non est temporis successio s
5451 uccessio sine fine, sed nunc stans. Parmi toutes les libertés que la pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condit
5452 e, sed nunc stans. Parmi toutes les libertés que la pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condition, elle imagin
5453 rtés que la pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condition, elle imagine des idées qui détruisent l’homme, l’on
5454 condition, elle imagine des idées qui détruisent l’ homme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l
5455 n, elle imagine des idées qui détruisent l’homme, l’ on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de
5456 qui détruisent l’homme, l’on rencontre sans trop d’ effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette i
5457 uisent l’homme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’ idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détr
5458 l’homme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l
5459 omme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’ homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’id
5460 re sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’ idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qu
5461 trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qui pense
5462 op d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de l’ homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qui pensez,
5463 l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’ idée que vous, et qui pensez, un jour ne serez plus, un jour serez un
5464 serez un mort. Si « macabre » désigne assez bien l’ étrangeté de la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire
5465 rt. Si « macabre » désigne assez bien l’étrangeté de la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre
5466 Si « macabre » désigne assez bien l’étrangeté de la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre mo
5467 des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditati
5468 e saurait en aucun cas se dire de sa propre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditation que je poursuis
5469 opre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditation que je poursuis entre ces phrases, dans cette matinée b
5470 e mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditation que je poursuis entre ces phrases, dans cette matinée blan
5471 ’arrête avant midi, pour moi ? Je ne sens pas que l’ idée soit tragique : elle m’appartient, je puis en disposer, feindre a
5472 nt, je puis en disposer, feindre assez facilement d’ en rire. Elle n’est pas plus forte que moi. Peut-être même n’est-elle
5473 moi. Peut-être même n’est-elle qu’une ruse cousue de fil blanc de ma vitalité : la seule pensée que mon souffle puisse, da
5474 e même n’est-elle qu’une ruse cousue de fil blanc de ma vitalité : la seule pensée que mon souffle puisse, dans quelques i
5475 qu’une ruse cousue de fil blanc de ma vitalité : la seule pensée que mon souffle puisse, dans quelques instants, s’arrête
5476 oisse — nous y pensons bien plus que nous n’osons le croire, sans doute ne pensons-nous qu’à elle — mais nous n’avons jama
5477 er notre mort. Contester là-dessus serait fournir l’ aveu d’une impuissance à comprendre le mot penser dans son sens fort.
5478 e mort. Contester là-dessus serait fournir l’aveu d’ une impuissance à comprendre le mot penser dans son sens fort. Car pen
5479 ait fournir l’aveu d’une impuissance à comprendre le mot penser dans son sens fort. Car penser sa mort réellement, ce sera
5480 e serait aussitôt mourir. Peut-être avons-nous là le seul critère d’une perfection intellectuelle, et l’on conçoit que son
5481 t mourir. Peut-être avons-nous là le seul critère d’ une perfection intellectuelle, et l’on conçoit que son application ne
5482 seul critère d’une perfection intellectuelle, et l’ on conçoit que son application ne puisse être ni rapportée ni répétée.
5483 t tragiques, c’est-à-dire sans appel. Ontologie de la fin Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle si
5484 ragiques, c’est-à-dire sans appel. Ontologie de la fin Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle situa
5485 gie de la fin Pour que nous apparaisse parfois l’ étrangeté d’une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’
5486 n Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’ une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’une instance
5487 aisse parfois l’étrangeté d’une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’une instance mystérieuse aimante not
5488 e mystérieuse aimante notre méditation et qu’elle la fixe sur cela que le naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si
5489 notre méditation et qu’elle la fixe sur cela que le naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si nous restons impuissa
5490 nous restons impuissants à penser notre mort dans le vif, ce phénomène doit normalement être aperçu comme négligeable ; et
5491 aperçu comme négligeable ; et s’y attarder serait le fait d’une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à l’utopie deva
5492 omme négligeable ; et s’y attarder serait le fait d’ une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à l’utopie devant ma mo
5493 ’une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à l’ utopie devant ma mort. De là vient que l’humanité, dans son ensemble,
5494 atuite. Ma nature crie à l’utopie devant ma mort. De là vient que l’humanité, dans son ensemble, résiste instinctivement à
5495 e crie à l’utopie devant ma mort. De là vient que l’ humanité, dans son ensemble, résiste instinctivement à la pensée de la
5496 ité, dans son ensemble, résiste instinctivement à la pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bie
5497 son ensemble, résiste instinctivement à la pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’
5498 ensemble, résiste instinctivement à la pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’app
5499 ste instinctivement à la pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’applique à la disq
5500 la pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre
5501 pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre ab
5502 orces de la « réaliser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre abstraite et lointaine, à la chasser à tout
5503 ser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre abstraite et lointaine, à la chasser à tout jamais dans un fut
5504 squalifier, à la rendre abstraite et lointaine, à la chasser à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi
5505 asser à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l
5506 er à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de l’ homme, ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’ho
5507 s dans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’homme meurt. Pour
5508 ans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi de l’ humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’homme meurt. Pourquo
5509 l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’ homme meurt. Pourquoi suis-je donc ici à remuer ces choses ? Il est vr
5510 ici à remuer ces choses ? Il est vrai que ce sont les seules dont l’intérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le t
5511 choses ? Il est vrai que ce sont les seules dont l’ intérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le temps va toujour
5512 ce sont les seules dont l’intérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le temps va toujours dans le même sens : ver
5513 seules dont l’intérêt grandisse avec le temps, si l’ on admet que le temps va toujours dans le même sens : vers sa fin. Mai
5514 ntérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le temps va toujours dans le même sens : vers sa fin. Mais c’est une mau
5515 emps, si l’on admet que le temps va toujours dans le même sens : vers sa fin. Mais c’est une mauvaise raison. Depuis qu’il
5516 aise raison. Depuis qu’il court ainsi, mesuré par les saisons régulières, le temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous av
5517 l court ainsi, mesuré par les saisons régulières, le temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’
5518 mps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et d
5519 bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’ homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et de sa liberté, s
5520 on but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et de sa liberté, s’il voyait à l’œil nu, leur sens dernie
5521 e savait un jour ce qu’il en est de son destin et de sa liberté, s’il voyait à l’œil nu, leur sens dernier et l’enjeu véri
5522 est de son destin et de sa liberté, s’il voyait à l’ œil nu, leur sens dernier et l’enjeu véritable de ses choix, à qui rev
5523 rté, s’il voyait à l’œil nu, leur sens dernier et l’ enjeu véritable de ses choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ?
5524 l’œil nu, leur sens dernier et l’enjeu véritable de ses choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste o
5525 l’enjeu véritable de ses choix, à qui reviendrait l’ empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne ra
5526 éritable de ses choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne raillerait
5527 choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ? À l’ Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne raillerait pas avec moins d
5528 de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne raillerait pas avec moins d’envie le débauché, dont il faudra
5529 eune Homme ? Le sage ne raillerait pas avec moins d’ envie le débauché, dont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée,
5530 me ? Le sage ne raillerait pas avec moins d’envie le débauché, dont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée, l’impuis
5531 vie le débauché, dont il faudrait encore plaindre l’ arrière-pensée, l’impuissance à choisir sans retour. Vivre est impur,
5532 ont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée, l’ impuissance à choisir sans retour. Vivre est impur, qu’on sache ou non
5533 retour. Vivre est impur, qu’on sache ou non où va la vie, et c’est pourquoi les bonnes raisons n’expliquent pas notre réal
5534 u’on sache ou non où va la vie, et c’est pourquoi les bonnes raisons n’expliquent pas notre réalité, mais seulement ce qui
5535 pliquent pas notre réalité, mais seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du mond
5536 éalité, mais seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; to
5537 is seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’
5538 seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’eff
5539 ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier
5540 ensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’ être pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutralise. D’
5541 leures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’ effort entier de notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise
5542 u monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience,
5543 e pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience, d’une menace,
5544 efois l’effort entier de notre vie la neutralise. D’ où vient alors cette prise de conscience, d’une menace, mais aussi de
5545 lise. D’où vient alors cette prise de conscience, d’ une menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve l’homme à penser c
5546 tte prise de conscience, d’une menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ? D’où
5547 prise de conscience, d’une menace, mais aussi de l’ incapacité où se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ? D’où vi
5548 e menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve l’ homme à penser concrètement sa fin ? D’où vient qu’imperceptible encor
5549 se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ? D’ où vient qu’imperceptible encore au plus grand nombre, à tous les lett
5550 imperceptible encore au plus grand nombre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée de la catastrophe s’acclimate lentemen
5551 lus grand nombre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée de la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sin
5552 nombre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée de la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la F
5553 bre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée de la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin
5554 la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’ où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a
5555 he s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’éc
5556 s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’écrir
5557 ’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui pourrait suspendr
5558 , sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui pourrait suspendre i
5559 nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’ écrire ces pages et qui pourrait suspendre ici ma phrase, me jetant da
5560 , me jetant dans mon jugement ? S’il nous vient à l’ idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est l
5561 tant dans mon jugement ? S’il nous vient à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise
5562 l nous vient à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous ave
5563 e mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste. La
5564 e, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en
5565 c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en so
5566 ise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l’ atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu
5567 ffleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu’aux yeux de c
5568 s avertit de la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu’aux yeux de ceux qu’une r
5569 de ceux qu’une réalité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mai
5570 éalité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle en
5571 ité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encor
5572 inait. Sans la vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nou
5573 e, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là comme
5574 que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là comme en
5575 ent. Nous sommes là comme en rêve, empêtrés, dans le sentiment d’une urgence que nous ne parvenons pas à distinguer avec d
5576 mes là comme en rêve, empêtrés, dans le sentiment d’ une urgence que nous ne parvenons pas à distinguer avec des yeux bien
5577 er avec des yeux bien dessillés. C’est assez pour l’ angoisse et trop peu pour agir. Ainsi le grand décret de crise qui sév
5578 ssez pour l’angoisse et trop peu pour agir. Ainsi le grand décret de crise qui sévit au cœur de ce siècle n’est qu’une pre
5579 isse et trop peu pour agir. Ainsi le grand décret de crise qui sévit au cœur de ce siècle n’est qu’une première parole, am
5580 Ainsi le grand décret de crise qui sévit au cœur de ce siècle n’est qu’une première parole, ambiguë, de la Fin. Une premi
5581 ce siècle n’est qu’une première parole, ambiguë, de la Fin. Une première demande d’informer. Non pas encore l’Arrêt derni
5582 siècle n’est qu’une première parole, ambiguë, de la Fin. Une première demande d’informer. Non pas encore l’Arrêt dernier,
5583 parole, ambiguë, de la Fin. Une première demande d’ informer. Non pas encore l’Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement
5584 . Une première demande d’informer. Non pas encore l’ Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement qui nous fait accéder à la
5585 is déjà ce ralentissement qui nous fait accéder à la conscience obscure d’un danger proche, — ce crépuscule qui est peut-ê
5586 ent qui nous fait accéder à la conscience obscure d’ un danger proche, — ce crépuscule qui est peut-être une aube, et la fr
5587 e, — ce crépuscule qui est peut-être une aube, et la frange de cet éclat qui doit consumer toute chair. Dans cette lueur s
5588 épuscule qui est peut-être une aube, et la frange de cet éclat qui doit consumer toute chair. Dans cette lueur suspecte, r
5589 chair. Dans cette lueur suspecte, risque un jour d’ apparaître la face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, cer
5590 cette lueur suspecte, risque un jour d’apparaître la face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, certains, ont en
5591 pecte, risque un jour d’apparaître la face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, certains, ont entrevu et tenté
5592 te, risque un jour d’apparaître la face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, certains, ont entrevu et tenté de
5593 par intermittence, certains, ont entrevu et tenté de juger les buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du se
5594 mittence, certains, ont entrevu et tenté de juger les buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notr
5595 ins, ont entrevu et tenté de juger les buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation
5596 e notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, quel est son r
5597 ns de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’ origine, quel est son rêve ? La grandeur ? Nous avons détruit toute me
5598 le est sa fin, dès l’origine, quel est son rêve ? La grandeur ? Nous avons détruit toute mesure, et plus rien n’est grand
5599 etit, mais toute chose sans répit nous provoque à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barriè
5600 ute chose sans répit nous provoque à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barrières destinées
5601 e à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barrières destinées à protéger sa course. L’amour ?
5602 La liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barrières destinées à protéger sa course. L’amour ? La solidarité ? C
5603 ière de barrières destinées à protéger sa course. L’ amour ? La solidarité ? Ce sont des idéaux de ligues, des mots qu’on n
5604 rrières destinées à protéger sa course. L’amour ? La solidarité ? Ce sont des idéaux de ligues, des mots qu’on n’ose plus
5605 rse. L’amour ? La solidarité ? Ce sont des idéaux de ligues, des mots qu’on n’ose plus employer qu’au dessert. La richesse
5606 des mots qu’on n’ose plus employer qu’au dessert. La richesse ? Voici qu’elle n’est plus à la portée des mains humaines, e
5607 dessert. La richesse ? Voici qu’elle n’est plus à la portée des mains humaines, elle n’est plus qu’un symbole chiffré dési
5608 es lointaines. Toutefois, elle reste liée au rêve d’ activité qui tourmente l’Occident depuis des siècles. Mais ce rêve, à
5609 elle reste liée au rêve d’activité qui tourmente l’ Occident depuis des siècles. Mais ce rêve, à son tour se trouble ; il
5610 se trouble ; il faiblit, il ne couvre plus toute l’ étendue de la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conq
5611 e ; il faiblit, il ne couvre plus toute l’étendue de la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mai
5612 il faiblit, il ne couvre plus toute l’étendue de la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mais s
5613 conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mais seulement d’assurer la vie du plus grand nombre contr
5614 e volonté n’est plus de conquérir, mais seulement d’ assurer la vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiqu
5615 n’est plus de conquérir, mais seulement d’assurer la vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiques des Hér
5616 ment d’assurer la vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiques des Héros ou des grands Névrosés. Un doute
5617 epuis peu. Nous essayons, mais en phrases banales de moralistes tardivement ressaisis, d’évaluer les conquêtes futures. Si
5618 ases banales de moralistes tardivement ressaisis, d’ évaluer les conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (
5619 es de moralistes tardivement ressaisis, d’évaluer les conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (Si le temps
5620 uer les conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (Si le temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et le
5621 utures. Signe évident que nous les redoutons. (Si le temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et le monde entier s’org
5622 e temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et le monde entier s’organise à ce niveau de vie moyenne qui paraît offrir
5623 se à ce niveau de vie moyenne qui paraît offrir à la mort, comme à tout acte créateur, le moins de chances. Un vaste systè
5624 aît offrir à la mort, comme à tout acte créateur, le moins de chances. Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes no
5625 r à la mort, comme à tout acte créateur, le moins de chances. Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes nos activit
5626 e créateur, le moins de chances. Un vaste système d’ assurances s’étend sur toutes nos activités : plans et pactes, statist
5627 tes nos activités : plans et pactes, statistiques de l’imprévu, eugénisme et longévité, clercs au pas ou stérilisés, guerr
5628 nos activités : plans et pactes, statistiques de l’ imprévu, eugénisme et longévité, clercs au pas ou stérilisés, guerre h
5629 ngévité, clercs au pas ou stérilisés, guerre hors la loi, sécurité d’abord. Nous apprenons à vivre, et non plus à mourir :
5630 : cet effort est contre nature. Il naît au déclin de la vie, et fatalement se retourne contre elle. Nous voulons échapper
5631 et effort est contre nature. Il naît au déclin de la vie, et fatalement se retourne contre elle. Nous voulons échapper au
5632 apper au temps, à sa menace, mais c’est peut-être le meilleur ou le seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fi
5633 à sa menace, mais c’est peut-être le meilleur ou le seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car
5634 mais c’est peut-être le meilleur ou le seul moyen d’ anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut qu
5635 le meilleur ou le seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondial
5636 seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondiale que nous tenton
5637 fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’ assurance mondiale que nous tentons d’organiser, aménage notre ruine c
5638 se peut que l’assurance mondiale que nous tentons d’ organiser, aménage notre ruine collective : lorsque la terre entière s
5639 ganiser, aménage notre ruine collective : lorsque la terre entière soumise au seul pouvoir du chiffre dépendra d’une centr
5640 tière soumise au seul pouvoir du chiffre dépendra d’ une centrale unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse les comm
5641 re dépendra d’une centrale unique, il suffira que l’ Ange de la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous
5642 ndra d’une centrale unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons
5643 a d’une centrale unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pr
5644 unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pris au dépourvu, c
5645 e de la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pris au dépourvu, comme nulle autre génération.
5646 vu, comme nulle autre génération. Car, tandis que le temps s’écoule, à mesure que sa fin s’approche, notre foi diminue, no
5647 proche, notre foi diminue, notre attente faiblit. La primitive Église, au début de notre ère, vivait dans la pensée de la
5648 re attente faiblit. La primitive Église, au début de notre ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous
5649 mitive Église, au début de notre ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir él
5650 ise, au début de notre ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir éliminer cet
5651 , au début de notre ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir éliminer cette
5652 ons cru pouvoir éliminer cette dimension tragique de notre vie, voici qu’un destin ironique se charge de l’approfondir. No
5653 notre vie, voici qu’un destin ironique se charge de l’approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la
5654 tre vie, voici qu’un destin ironique se charge de l’ approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la pre
5655 stin ironique se charge de l’approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la première fois dans l’histo
5656 notre œuvre elle-même. Pour la première fois dans l’ histoire du monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une dest
5657 s dans l’histoire du monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos bud
5658 ’histoire du monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de
5659 u monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’ une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nat
5660 ons calculer le prix de revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertis
5661 calculer le prix de revient d’une destruction de l’ humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissem
5662 prix de revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre
5663 evient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre refuge es
5664 struction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre refuge est dans la masse
5665 ionale. Avertissement Votre refuge est dans la masse et son Histoire. Vous vous dites en secret qu’elle ne peut pas
5666 pas mourir, et il est vrai qu’elle ne possède pas de vie réelle, et ne peut donc penser sa fin, ni rien. Elle ne peut être
5667 fin, ni rien. Elle ne peut être en soi pensée, et l’ homme en elle reste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la F
5668 pensée, et l’homme en elle reste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la Fin le pense. Et c’est là son tragique e
5669 ste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la Fin le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce
5670 eu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la Fin le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce qui es
5671 r où la Fin le pense. Et c’est là son tragique et l’ humour de la Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la prése
5672 in le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la présence étern
5673 le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la présence éternell
5674 Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la présence éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à
5675 réel, tout ce qui manifeste la présence éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous l’
5676 l, tout ce qui manifeste la présence éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous l’app
5677 ce éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens d’ éternité à vos singeries, vous l’appelez exagéré, démesuré. Écoutez-mo
5678 ui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous l’ appelez exagéré, démesuré. Écoutez-moi : s’il se trouvait que le monde
5679 éré, démesuré. Écoutez-moi : s’il se trouvait que le monde réellement fût perdu, quel que soit le désir que vous avez qu’i
5680 que le monde réellement fût perdu, quel que soit le désir que vous avez qu’il dure, et la persuasion où vous vous entrete
5681 el que soit le désir que vous avez qu’il dure, et la persuasion où vous vous entretenez qu’il durera toujours autant que v
5682 a toujours autant que vous ? S’il se trouvait que la vérité actuelle fût totalement démesurée ? Qui périrait dans la honte
5683 elle fût totalement démesurée ? Qui périrait dans la honte et la rage ? Ceux qui croient encore aux mesures et cherchent l
5684 alement démesurée ? Qui périrait dans la honte et la rage ? Ceux qui croient encore aux mesures et cherchent leur appui da
5685 t encore aux mesures et cherchent leur appui dans l’ illusion tomberont en grand nombre dans le vide. Mais ceux qui auront
5686 ui dans l’illusion tomberont en grand nombre dans le vide. Mais ceux qui auront vu, et qui auront cru leurs yeux, retrouve
5687 , et qui auront cru leurs yeux, retrouveront dans la tempête la coutume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte la m
5688 ront cru leurs yeux, retrouveront dans la tempête la coutume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte la mort n’est p
5689 ume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte la mort n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’au
5690 tes. Car celui seul qui accepte la mort n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se déf
5691 ui accepte la mort n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se défendre, mais seulement
5692 n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se défendre, mais seulement à se révéler tels
5693 révéler tels qu’ils sont, où qu’ils soient. Plus d’ évasions spirituelles. L’homme fuyant la Terre où le diable sévit, se
5694 , où qu’ils soient. Plus d’évasions spirituelles. L’ homme fuyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs
5695 ent. Plus d’évasions spirituelles. L’homme fuyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et découvre que
5696 évasions spirituelles. L’homme fuyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et découvre que Dieu y est
5697 uyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et découvre que Dieu y est plus dangereux encore, d’une autr
5698 et découvre que Dieu y est plus dangereux encore, d’ une autre sorte, fulgurante. Péripétie La scène du monde vient d
5699 e, d’une autre sorte, fulgurante. Péripétie La scène du monde vient de passer à une vaste conversation de la mort, s
5700 du monde vient de passer à une vaste conversation de la mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de popula
5701 monde vient de passer à une vaste conversation de la mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de populace
5702 e passer à une vaste conversation de la mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de populace et de parole r
5703 e conversation de la mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de populace et de parole rapide. Peut-être le
5704 ur les places et dans les grands cafés, aux lieux de populace et de parole rapide. Peut-être le soleil éteint se promène-t
5705 t dans les grands cafés, aux lieux de populace et de parole rapide. Peut-être le soleil éteint se promène-t-il depuis quel
5706 lieux de populace et de parole rapide. Peut-être le soleil éteint se promène-t-il depuis quelques instants dans un ciel s
5707 si facilement glisser, tout se trouver changé, et les hommes poursuivre leur discours, pénétrant dans l’horreur sans mémoir
5708 s hommes poursuivre leur discours, pénétrant dans l’ horreur sans mémoire ? Il faut croire, aujourd’hui, que cela se peut.
5709 peut. Cela s’est produit comme un rêve, ou comme la colère soudain là, ou le printemps, ou chaque soir la nuit. (Une prem
5710 comme un rêve, ou comme la colère soudain là, ou le printemps, ou chaque soir la nuit. (Une première lampe s’est allumée.
5711 olère soudain là, ou le printemps, ou chaque soir la nuit. (Une première lampe s’est allumée. Quelqu’un dit : « Elle est l
5712 dit : « Elle est là ».) Premier jugement, par la lumière La fin du monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant,
5713 est là ».) Premier jugement, par la lumière La fin du monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant, les regardait
5714 u monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant, les regardait sans indulgence, puis se remettait à marcher, conservant la
5715 dulgence, puis se remettait à marcher, conservant la même proximité méprisante… Mais la majorité sut garder l’air de ne pa
5716 er, conservant la même proximité méprisante… Mais la majorité sut garder l’air de ne pas croire à sa mort proche, — cet ai
5717 proximité méprisante… Mais la majorité sut garder l’ air de ne pas croire à sa mort proche, — cet air petit. On en reviendr
5718 ité méprisante… Mais la majorité sut garder l’air de ne pas croire à sa mort proche, — cet air petit. On en reviendrait bi
5719 proche, — cet air petit. On en reviendrait bien, de cette fin du monde ! Car sinon tout apparaissait d’une indécence inex
5720 cette fin du monde ! Car sinon tout apparaissait d’ une indécence inexprimable. Depuis bientôt mille ans, l’An Mil était p
5721 indécence inexprimable. Depuis bientôt mille ans, l’ An Mil était passé — « et toutes ses prières perdues ! » — mais ils sa
5722 prix de cela justement qu’il n’était point permis d’ imaginer. Celui dont les belles manières sont apprises souffre mal qu’
5723 qu’il n’était point permis d’imaginer. Celui dont les belles manières sont apprises souffre mal qu’on y passe outre, — et t
5724 asse outre, — et très peu d’entre eux possédaient la pleine assurance de l’être. L’Institut de l’opinion planétaire publia
5725 s peu d’entre eux possédaient la pleine assurance de l’être. L’Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résult
5726 eu d’entre eux possédaient la pleine assurance de l’ être. L’Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résultats
5727 re eux possédaient la pleine assurance de l’être. L’ Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résultats d’une e
5728 édaient la pleine assurance de l’être. L’Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résultats d’une enquête-écla
5729 ient la pleine assurance de l’être. L’Institut de l’ opinion planétaire publia les premiers résultats d’une enquête-éclair 
5730 ’opinion planétaire publia les premiers résultats d’ une enquête-éclair : il s’agissait d’une névrose collective, d’une pou
5731 rs résultats d’une enquête-éclair : il s’agissait d’ une névrose collective, d’une poussée subite de l’instinct de mort. On
5732 -éclair : il s’agissait d’une névrose collective, d’ une poussée subite de l’instinct de mort. On proposait une cure des ma
5733 it d’une névrose collective, d’une poussée subite de l’instinct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalis
5734 d’une névrose collective, d’une poussée subite de l’ instinct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalisati
5735 se collective, d’une poussée subite de l’instinct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalisation des écol
5736 inct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalisation des écoles de psychanalyse. Un théologien répondit :
5737 cure des masses et la nationalisation des écoles de psychanalyse. Un théologien répondit : — L’affection de la chair, c’e
5738 coles de psychanalyse. Un théologien répondit : — L’ affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Fre
5739 chanalyse. Un théologien répondit : — L’affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux
5740 nalyse. Un théologien répondit : — L’affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux. I
5741 ogien répondit : — L’affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux. Il entendait par
5742 ’affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul l’ a vu bien avant Freud, et mieux. Il entendait par « chair » le tout de
5743 avant Freud, et mieux. Il entendait par « chair » le tout de l’homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est poi
5744 eud, et mieux. Il entendait par « chair » le tout de l’homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est point que n
5745 , et mieux. Il entendait par « chair » le tout de l’ homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est point que nous
5746 âme comprises. Et ce n’est point que nous aimions la mort comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne la chair, c’es
5747 comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne la chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est la vie
5748 u’affectionne la chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui con
5749 e la chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mo
5750 a chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort
5751 ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. N
5752 détourne de la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. Nous sommes tout simple
5753 la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. I
5754 le que vous la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. Il sera port
5755 era porté aussi bien sur votre élan vital que sur l’ élan mortel. Car il ne vient pas de nous, mais d’En Face. Ici le futur
5756 l’élan mortel. Car il ne vient pas de nous, mais d’ En Face. Ici le futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’u
5757 Car il ne vient pas de nous, mais d’En Face. Ici le futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant
5758 ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant le présent. Ici le temps dit oui pour la première fois à l’instant qui l
5759 tait pour nous qu’un recul devant le présent. Ici le temps dit oui pour la première fois à l’instant qui le juge et l’acco
5760 mps dit oui pour la première fois à l’instant qui le juge et l’accomplit, — notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus
5761 pour la première fois à l’instant qui le juge et l’ accomplit, — notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’insta
5762 — notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui,
5763 notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’ instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui, se
5764 it pour nous qu’un refus de l’instant éternel. Et l’ Histoire tout entière dans l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de t
5765 ’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’ acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. Comme il parla
5766 t éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. Comme il parlait enco
5767 tière dans l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. Comme il parlait encore, une lueur d’aube apparut et
5768 ns l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. Comme il parlait encore, une lueur d’aube apparut et grandit a
5769 ous les jours. Comme il parlait encore, une lueur d’ aube apparut et grandit autour d’eux. Toutes choses replongées dans la
5770 ncore, une lueur d’aube apparut et grandit autour d’ eux. Toutes choses replongées dans la stupeur originelle, toutes créat
5771 andit autour d’eux. Toutes choses replongées dans la stupeur originelle, toutes créatures livrées d’un seul coup à la viol
5772 inelle, toutes créatures livrées d’un seul coup à la violence de l’acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur just
5773 es créatures livrées d’un seul coup à la violence de l’acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur justification, l
5774 créatures livrées d’un seul coup à la violence de l’ acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur justification, leur
5775 raître enfin leur justification, leur être. Voici l’ instant où les hommes s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis
5776 leur justification, leur être. Voici l’instant où les hommes s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis se tournaient
5777 , vers une Absence douloureuse, — alors que c’est la seule Présence qui est terrible en sa splendeur et difficile à suppor
5778 errible en sa splendeur et difficile à supporter, le seul Amour apparaissant qui menace d’être insoutenable : il nous trou
5779 supporter, le seul Amour apparaissant qui menace d’ être insoutenable : il nous trouve sans préparation. L’on ne s’était d
5780 e insoutenable : il nous trouve sans préparation. L’ on ne s’était défendu que de l’autre côté, du côté de ce monde mal fai
5781 uve sans préparation. L’on ne s’était défendu que de l’autre côté, du côté de ce monde mal fait… Parut un soleil nouveau.
5782 de mal fait… Parut un soleil nouveau. Et ceux qui le voyaient prenaient un visage neuf, leurs yeux devenaient forts et s’a
5783 f, leurs yeux devenaient forts et s’attendaient à l’ éclat d’une lueur encore plus vive. Par degré le Grand Jour éclatait,
5784 yeux devenaient forts et s’attendaient à l’éclat d’ une lueur encore plus vive. Par degré le Grand Jour éclatait, toujours
5785 à l’éclat d’une lueur encore plus vive. Par degré le Grand Jour éclatait, toujours plus vaste et blanc dans l’univers enti
5786 Jour éclatait, toujours plus vaste et blanc dans l’ univers entier. Ils se sont tout d’abord sentis gênés, balourds, ne sa
5787 ds, ne sachant trop quelle contenance prendre. Et la lumière ne cesse de grandir. Ils tombent déjà par rangs entiers, aveu
5788 quelle contenance prendre. Et la lumière ne cesse de grandir. Ils tombent déjà par rangs entiers, aveuglés et cloués sur p
5789 r rangs entiers, aveuglés et cloués sur place par l’ évidence de l’amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de mar
5790 iers, aveuglés et cloués sur place par l’évidence de l’amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de marcher, riant
5791 s, aveuglés et cloués sur place par l’évidence de l’ amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de marcher, riant de
5792 amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de marcher, riant de joie aux paliers du matin, s’avançant vers Midi ave
5793 elques-uns cependant continuent de marcher, riant de joie aux paliers du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel de ce
5794 e aux paliers du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent le
5795 rs du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers
5796 vançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agr
5797 s Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agrandissement
5798 idi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agrandissement de
5799 ui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites
5800 Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’ agrandissement de la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où to
5801 utinrent les derniers soleils et l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où tout ce qui voit éc
5802 nrent les derniers soleils et l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où tout ce qui voit éclai
5803 l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où tout ce qui voit éclaire aussi, où tout œil rend ce
5804 laire aussi, où tout œil rend ce qu’il reçoit, où le grand jour est tout en tous. Ce premier Jugement fut la Salutation.
5805 nd jour est tout en tous. Ce premier Jugement fut la Salutation. Second jugement ou sommation Voici le principe du s
5806 utation. Second jugement ou sommation Voici le principe du second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son e
5807 rincipe du second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son
5808 second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son choix, cri
5809 limite de son expression, et chaque homme forcé à l’ extrémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout e
5810 n expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout entière dans
5811 aque homme forcé à l’extrémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout entière dans ce cri, réponse uni
5812 rcé à l’extrémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout entière dans ce cri, réponse unique à l’étern
5813 rémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout entière dans ce cri, réponse unique à l’éternelle sommat
5814 roféra tout entière dans ce cri, réponse unique à l’ éternelle sommation, somme absolue de ses journées et de ses nuits, de
5815 nse unique à l’éternelle sommation, somme absolue de ses journées et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son
5816 nelle sommation, somme absolue de ses journées et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses ref
5817 n, somme absolue de ses journées et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses ave
5818 e ses journées et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa t
5819 et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est
5820 , de ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est ainsi que fut
5821 es et de ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée l’inc
5822 de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée l’incomparable qualité de
5823 ts, de sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée l’ incomparable qualité de son péché et mesuré le degré d’être de son êtr
5824 est ainsi que fut déclarée l’incomparable qualité de son péché et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il l’avait lib
5825 rée l’incomparable qualité de son péché et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivan
5826 omparable qualité de son péché et mesuré le degré d’ être de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’exam
5827 le qualité de son péché et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’examen des
5828 é et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il l’ avait librement fait en le vivant. L’examen des raisons de survivre et
5829 e de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’examen des raisons de survivre et leur introduction au titr
5830 re tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’ examen des raisons de survivre et leur introduction au titre de l’éter
5831 librement fait en le vivant. L’examen des raisons de survivre et leur introduction au titre de l’éternité occupèrent moins
5832 raisons de survivre et leur introduction au titre de l’éternité occupèrent moins de temps qu’on n’imagine. La procédure ét
5833 sons de survivre et leur introduction au titre de l’ éternité occupèrent moins de temps qu’on n’imagine. La procédure était
5834 roduction au titre de l’éternité occupèrent moins de temps qu’on n’imagine. La procédure était, en effet, des plus simples
5835 ernité occupèrent moins de temps qu’on n’imagine. La procédure était, en effet, des plus simples. — Témoignez, disait-on,
5836 effet, des plus simples. — Témoignez, disait-on, de la vie que vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les sages
5837 fet, des plus simples. — Témoignez, disait-on, de la vie que vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les sages rép
5838 e vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les sages répondaient : — Nul ne possède vraiment que ce qu’il peut donne
5839 était bien ce qu’on faisait. Ainsi tous connurent la mort, mais les uns renaissaient au sein de leur plus grande frayeur,
5840 qu’on faisait. Ainsi tous connurent la mort, mais les uns renaissaient au sein de leur plus grande frayeur, les autres sous
5841 renaissaient au sein de leur plus grande frayeur, les autres sous les traits consolés du Désir. La plupart hésitaient en pr
5842 sein de leur plus grande frayeur, les autres sous les traits consolés du Désir. La plupart hésitaient en présence de la ban
5843 és du Désir. La plupart hésitaient en présence de la banalité soudain flagrante de leurs vœux, et, finalement, murmuraient
5844 ient en présence de la banalité soudain flagrante de leurs vœux, et, finalement, murmuraient d’une voix faible : — Vous sa
5845 grante de leurs vœux, et, finalement, murmuraient d’ une voix faible : — Vous savez sans doute mieux que moi. Ils renaîtrai
5846 que moi. Ils renaîtraient plantes heureuses, par l’ effet de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules,
5847 . Ils renaîtraient plantes heureuses, par l’effet de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules, le corp
5848 t de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules, le corps en paix, mais le visage affreusement nu. Il dés
5849 é. Un homme vint, comme viennent les somnambules, le corps en paix, mais le visage affreusement nu. Il désirait un palais
5850 viennent les somnambules, le corps en paix, mais le visage affreusement nu. Il désirait un palais vide à la mesure de sa
5851 age affreusement nu. Il désirait un palais vide à la mesure de sa tristesse. Il devint donc une tristesse errante, emprunt
5852 sement nu. Il désirait un palais vide à la mesure de sa tristesse. Il devint donc une tristesse errante, empruntant la for
5853 Il devint donc une tristesse errante, empruntant la forme des joies qu’il rencontrait ; et son désir ainsi fut exaucé. Un
5854 qui s’approche avec son parapluie mal fermé sous le bras, et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de la plus ferven
5855 as, et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de la plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau
5856 et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de la plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau de
5857 onie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau de paille ?14 « Qu’il voudrait subsister dans ce moment du choix qu’on l
5858 aintenant, bien plus violent qu’il n’a jamais osé l’ imaginer. Car, dit-il, au sein d’un tel choix, je m’approche insondabl
5859 sein d’un tel choix, je m’approche insondablement de Celui qui d’un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis d’un vertige
5860 choix, je m’approche insondablement de Celui qui d’ un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours
5861 qui d’un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis d’ un vertige à ce discours d’une furieuse démesure, mais il y eut alors
5862 Nous fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours d’ une furieuse démesure, mais il y eut alors comme un silence qui s’impo
5863 ce qui s’imposa sur nous et jusqu’assez haut dans les cieux, en sorte que plus haut, régnant seul et purifié, l’on put ente
5864 en sorte que plus haut, régnant seul et purifié, l’ on put entendre le choral d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que
5865 haut, régnant seul et purifié, l’on put entendre le choral d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était tr
5866 nant seul et purifié, l’on put entendre le choral d’ une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était très grand.)
5867 omme était très grand.) Troisième jugement, ou le pardon Toute chose a son lieu, maintenant, toute chair a son temps
5868 air a son temps, tout esprit son essor. Et chacun de nous accède au destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession de s
5869 acun de nous accède au destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession de soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans la c
5870 destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession de soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans la consommation de tout son
5871 sion de soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans la consommation de tout son être, au faîte inconcevable du désir comblé,
5872 , à son enfer ou à son ciel, dans la consommation de tout son être, au faîte inconcevable du désir comblé, et comblé pour
5873 aîte inconcevable du désir comblé, et comblé pour l’ éternité. « Mais l’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui
5874 u désir comblé, et comblé pour l’éternité. « Mais l’ Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Vien
5875 lé, et comblé pour l’éternité. « Mais l’Esprit et l’ Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens ! à celui
5876 entend dise : Viens ! à celui qui porte avec soi la rétribution de nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres.
5877 Viens ! à celui qui porte avec soi la rétribution de nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvr
5878 — elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’ œuvre du Pardon. « Et que celui qui a soif vienne, que celui qui veut
5879 elui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout e
5880 i qui a soif vienne, que celui qui veut prenne de l’ eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est
5881 a soif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est gratui
5882 oif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est gratuit.
5883 ....................... Et c’est alors que toutes les voix des justes confondues clameront l’harmonie violente et bienheure
5884 e toutes les voix des justes confondues clameront l’ harmonie violente et bienheureuse du mot sacrement de toute la créatio
5885 armonie violente et bienheureuse du mot sacrement de toute la création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puis
5886 iolente et bienheureuse du mot sacrement de toute la création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, — l
5887 ment de toute la création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, — l’Amen du Temps qui s’agenouille et s
5888 e monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, —  l’ Amen du Temps qui s’agenouille et s’abîme éternellement. 14. Søren
5889 rd, d’après une caricature. aa. Rougemont Denis de , « La fin du monde », Fontaine, Paris, juin 1946, p. 7-16.
5890 après une caricature. aa. Rougemont Denis de, «  La fin du monde », Fontaine, Paris, juin 1946, p. 7-16.
25 1946, Articles divers (1941-1946). Deux lettres sur le gouvernement mondial (4 juin 1946)
5891 Deux lettres sur le gouvernement mondial (4 juin 1946)z I. Problème curieux que pose
5892 (4 juin 1946)z I. Problème curieux que pose le gouvernement mondial Vous me dites que ce n’est point par mauvaise
5893 ficulté que nous éprouvons tous. Un cabinet privé de ministère des Affaires étrangères nous paraît comme puni et humilié ;
5894 paraît comme puni et humilié ; et sans ministère de la Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or, le gouvernement mo
5895 raît comme puni et humilié ; et sans ministère de la Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or, le gouvernement mondi
5896 s ministère de la Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or, le gouvernement mondial devrait se passer de ces deux mi
5897 a Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or, le gouvernement mondial devrait se passer de ces deux ministères, en ver
5898 ux. Or, le gouvernement mondial devrait se passer de ces deux ministères, en vertu de sa définition. De plus, comment imag
5899 ition. De plus, comment imaginer un pouvoir digne de ce nom, s’il ne trouvait personne en face de lui avec qui échanger de
5900 personne à menacer ? Personne à qui répondre que l’ honneur du pays est en jeu, qu’on ne cédera plus d’une ligne, etc. ? P
5901 ’honneur du pays est en jeu, qu’on ne cédera plus d’ une ligne, etc. ? Pour tout dire, pas de voisins, donc personne à qui
5902 dera plus d’une ligne, etc. ? Pour tout dire, pas de voisins, donc personne à qui faire la guerre ? À quoi cela ressembler
5903 t dire, pas de voisins, donc personne à qui faire la guerre ? À quoi cela ressemblerait-il ? Les nations et leurs gouverne
5904 faire la guerre ? À quoi cela ressemblerait-il ? Les nations et leurs gouvernements ne se posent qu’en s’opposant. C’est l
5905 ouvernements ne se posent qu’en s’opposant. C’est la menace extérieure qui « cimente leur unité », qui « galvanise leur én
5906 e », et qui provoque ces magnifiques mouvements «  d’ union sacrée » où chacun s’écria dans sa langue « right or wrong, my c
5907 s sa langue « right or wrong, my country ! » Mais le gouvernement mondial, où trouvera-t-il cet Autre indispensable à son
5908 on prestige ? Je parie que vous venez de penser à la planète Mars, et à une guerre possible contre les Martiens ? Ne me di
5909 la planète Mars, et à une guerre possible contre les Martiens ? Ne me dites pas non : votre première idée a été de suppose
5910 ? Ne me dites pas non : votre première idée a été de supposer une guerre. Et cela pour essayer de vous mieux représenter c
5911 été de supposer une guerre. Et cela pour essayer de vous mieux représenter ce qu’un pouvoir planétaire pourrait bien fair
5912 r ce qu’un pouvoir planétaire pourrait bien faire de ses dix doigts… Pas de nations sans guerres avec d’autres nations. Je
5913 étaire pourrait bien faire de ses dix doigts… Pas de nations sans guerres avec d’autres nations. Je perdrais mon temps et
5914 n temps et le vôtre à fonder en logique, et, dans l’ Histoire, cette relation que le premier venu peut détecter dans sa con
5915 et sans autre instrument qu’un peu de sincérité. Les nations produisent les guerres, les guerres produisent les nations, e
5916 nt qu’un peu de sincérité. Les nations produisent les guerres, les guerres produisent les nations, et les unes sans les aut
5917 de sincérité. Les nations produisent les guerres, les guerres produisent les nations, et les unes sans les autres ne seraie
5918 ns produisent les guerres, les guerres produisent les nations, et les unes sans les autres ne seraient pas imaginables. Si
5919 s guerres, les guerres produisent les nations, et les unes sans les autres ne seraient pas imaginables. Si vous me dites ma
5920 guerres produisent les nations, et les unes sans les autres ne seraient pas imaginables. Si vous me dites maintenant que c
5921 vous ne voyez pas — car il supposerait une sorte de nation unique, sans voisins, donc sans guerre possible — cela revient
5922 s guerre possible — cela revient à dire que c’est la paix elle-même que vous ne voyez pas. Je dis vous, et je m’en excuse.
5923 dis vous, et je m’en excuse. Vous représentez ici l’ humanité. Notre condition malheureuse veut que nous ne sachions imagin
5924 on malheureuse veut que nous ne sachions imaginer le bien que par contraste avec un mal dont nous souffrons. Autrement, le
5925 raste avec un mal dont nous souffrons. Autrement, le bien — ou la paix — n’est à nos yeux qu’une fumée, une abstraction, c
5926 mal dont nous souffrons. Autrement, le bien — ou la paix — n’est à nos yeux qu’une fumée, une abstraction, c’est-à-dire,
5927 ée, une abstraction, c’est-à-dire, soyons francs, le comble de l’ennui, si ce n’est pas une « utopie dangereuse »… À propo
5928 straction, c’est-à-dire, soyons francs, le comble de l’ennui, si ce n’est pas une « utopie dangereuse »… À propos de cette
5929 action, c’est-à-dire, soyons francs, le comble de l’ ennui, si ce n’est pas une « utopie dangereuse »… À propos de cette de
5930 tte dernière expression, avez-vous remarqué qu’on l’ emploie de préférence pour dénigrer des projets de paix ? Pour qui son
5931 re expression, avez-vous remarqué qu’on l’emploie de préférence pour dénigrer des projets de paix ? Pour qui sont-ils donc
5932 l’emploie de préférence pour dénigrer des projets de paix ? Pour qui sont-ils donc si dangereux ? Avez-vous également rema
5933 c si dangereux ? Avez-vous également remarqué que les militaires qui prennent la plume (comme ils disent) ont coutume de dé
5934 galement remarqué que les militaires qui prennent la plume (comme ils disent) ont coutume de dénoncer sous le nom d’« élém
5935 prennent la plume (comme ils disent) ont coutume de dénoncer sous le nom d’« élément de désordre » les partisans de la pa
5936 e (comme ils disent) ont coutume de dénoncer sous le nom d’« élément de désordre » les partisans de la paix en général ? C
5937 e ils disent) ont coutume de dénoncer sous le nom d’ « élément de désordre » les partisans de la paix en général ? Ces gens
5938 ) ont coutume de dénoncer sous le nom d’« élément de désordre » les partisans de la paix en général ? Ces gens-là leur par
5939 de dénoncer sous le nom d’« élément de désordre » les partisans de la paix en général ? Ces gens-là leur paraissent, évidem
5940 us le nom d’« élément de désordre » les partisans de la paix en général ? Ces gens-là leur paraissent, évidemment, d’une m
5941 le nom d’« élément de désordre » les partisans de la paix en général ? Ces gens-là leur paraissent, évidemment, d’une mora
5942 énéral ? Ces gens-là leur paraissent, évidemment, d’ une moralité douteuse. Quant aux lance-flammes et aux bombardiers lour
5943 bombardiers lourds, et quant à ceux qui donneront le signal de les utiliser au service des nations, gouvernants tout d’abo
5944 s lourds, et quant à ceux qui donneront le signal de les utiliser au service des nations, gouvernants tout d’abord et géné
5945 ourds, et quant à ceux qui donneront le signal de les utiliser au service des nations, gouvernants tout d’abord et généraux
5946 out d’abord et généraux ensuite, ils représentent les « éléments d’ordre », à n’en pas douter. Il suffit de voir l’état pré
5947 généraux ensuite, ils représentent les « éléments d’ ordre », à n’en pas douter. Il suffit de voir l’état présent de l’Euro
5948  éléments d’ordre », à n’en pas douter. Il suffit de voir l’état présent de l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre é
5949 s d’ordre », à n’en pas douter. Il suffit de voir l’ état présent de l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le
5950 n’en pas douter. Il suffit de voir l’état présent de l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le pire désordre i
5951 n pas douter. Il suffit de voir l’état présent de l’ Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le pire désordre imag
5952 tat présent de l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le pire désordre imaginable à notre époque ; et que ceux
5953 ’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le pire désordre imaginable à notre époque ; et que ceux qui la tenaient
5954 ordre imaginable à notre époque ; et que ceux qui la tenaient encore pour une nécessité, voire pour une vertu, étaient les
5955 pour une nécessité, voire pour une vertu, étaient les véritables éléments de désordre ; et que l’utopie la plus dangereuse
5956 e pour une vertu, étaient les véritables éléments de désordre ; et que l’utopie la plus dangereuse était la théorie de la
5957 ient les véritables éléments de désordre ; et que l’ utopie la plus dangereuse était la théorie de la souveraineté sans lim
5958 véritables éléments de désordre ; et que l’utopie la plus dangereuse était la théorie de la souveraineté sans limites des
5959 sordre ; et que l’utopie la plus dangereuse était la théorie de la souveraineté sans limites des nations. C’était trop sim
5960 que l’utopie la plus dangereuse était la théorie de la souveraineté sans limites des nations. C’était trop simple. Un col
5961 e l’utopie la plus dangereuse était la théorie de la souveraineté sans limites des nations. C’était trop simple. Un colone
5962 ites des nations. C’était trop simple. Un colonel de cavalerie à qui vous fîtes imprudemment lire ma lettre sur la mort de
5963 à qui vous fîtes imprudemment lire ma lettre sur la mort de la guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atom
5964 ous fîtes imprudemment lire ma lettre sur la mort de la guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atomique, m’
5965 fîtes imprudemment lire ma lettre sur la mort de la guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atomique, m’écr
5966 e sur la mort de la guerre militaire par suite de l’ invention de la bombe atomique, m’écrit que je suis un primaire. Il m’
5967 t de la guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atomique, m’écrit que je suis un primaire. Il m’assure que «
5968 e la guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atomique, m’écrit que je suis un primaire. Il m’assure que « à
5969 é que nous savions nous battre », ce qui est bien la preuve que j’ai tort, et d’ailleurs de n’importe quoi. Il ajoute que
5970 i est bien la preuve que j’ai tort, et d’ailleurs de n’importe quoi. Il ajoute que ma lettre, dans sa forme, est « netteme
5971 sa forme, est « nettement péjorative vis-à-vis de l’ armée, de la cavalerie en particulier », bref que je suis un « élément
5972 est « nettement péjorative vis-à-vis de l’armée, de la cavalerie en particulier », bref que je suis un « élément de désor
5973 t « nettement péjorative vis-à-vis de l’armée, de la cavalerie en particulier », bref que je suis un « élément de désordre
5974 e en particulier », bref que je suis un « élément de désordre ». Ce colonel m’a donné une idée. En reposant sa lettre je m
5975 reposant sa lettre je me suis écrié : « Vivement la Bombe ! Suprême élément d’ordre ! » Et ne croyez pas que je plaisanta
5976 uis écrié : « Vivement la Bombe ! Suprême élément d’ ordre ! » Et ne croyez pas que je plaisantais. Car la Bombe seule peut
5977 rdre ! » Et ne croyez pas que je plaisantais. Car la Bombe seule peut nous débarrasser des armées, des souverainetés natio
5978 sser des armées, des souverainetés nationales, et de l’anarchie qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que la Bombe
5979 r des armées, des souverainetés nationales, et de l’ anarchie qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que la Bombe pe
5980 ales, et de l’anarchie qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que la Bombe peut nous délivrer de deux manières : so
5981 qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que la Bombe peut nous délivrer de deux manières : soit en faisant sauter le
5982 a planète. Je dis que la Bombe peut nous délivrer de deux manières : soit en faisant sauter le tout, soit en nous forçant
5983 élivrer de deux manières : soit en faisant sauter le tout, soit en nous forçant d’ici peu à fédérer les hommes au-delà des
5984 le tout, soit en nous forçant d’ici peu à fédérer les hommes au-delà des nations. Vous cherchiez l’Autre contre qui s’unir 
5985 vous fallait une menace planétaire pour provoquer l’ union sacrée du genre humain ? Eh bien, madame, si j’ose le dire : vou
5986 acrée du genre humain ? Eh bien, madame, si j’ose le dire : vous êtes servie. II. L’État-nation Non, je n’en veux pa
5987 dame, si j’ose le dire : vous êtes servie. II. L’ État-nation Non, je n’en veux pas un instant à votre ami le colonel
5988 n Non, je n’en veux pas un instant à votre ami le colonel. Dites-lui que je respecte la cavalerie : elle a fait ses pre
5989 à votre ami le colonel. Dites-lui que je respecte la cavalerie : elle a fait ses preuves sous Murat. Mais revenons au xxe
5990 preuves sous Murat. Mais revenons au xxe siècle. L’ idée que les nations puissent perdre leur souveraineté et leurs armées
5991 s Murat. Mais revenons au xxe siècle. L’idée que les nations puissent perdre leur souveraineté et leurs armées, vous attri
5992 eurs armées, vous attriste visiblement. Vous avez l’ impression que la civilisation et la culture y perdraient quelque chos
5993 attriste visiblement. Vous avez l’impression que la civilisation et la culture y perdraient quelque chose de précieux. No
5994 nt. Vous avez l’impression que la civilisation et la culture y perdraient quelque chose de précieux. Nous serions tous fon
5995 lisation et la culture y perdraient quelque chose de précieux. Nous serions tous fondus dans un magma informe de races, de
5996 x. Nous serions tous fondus dans un magma informe de races, de langues, de religions et de coutumes, et toutes les différe
5997 rions tous fondus dans un magma informe de races, de langues, de religions et de coutumes, et toutes les différences qui f
5998 ondus dans un magma informe de races, de langues, de religions et de coutumes, et toutes les différences qui font le goût
5999 gma informe de races, de langues, de religions et de coutumes, et toutes les différences qui font le goût de la vie s’évan
6000 e langues, de religions et de coutumes, et toutes les différences qui font le goût de la vie s’évanouiraient sous vos beaux
6001 t de coutumes, et toutes les différences qui font le goût de la vie s’évanouiraient sous vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je
6002 tumes, et toutes les différences qui font le goût de la vie s’évanouiraient sous vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je n’appel
6003 es, et toutes les différences qui font le goût de la vie s’évanouiraient sous vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je n’appelle
6004 s vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je n’appelle pas le chaos. Je cherche un moyen de l’éviter, ou plutôt d’en sortir un peu,
6005 s. Je n’appelle pas le chaos. Je cherche un moyen de l’éviter, ou plutôt d’en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien e
6006 Je n’appelle pas le chaos. Je cherche un moyen de l’ éviter, ou plutôt d’en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien enga
6007 chaos. Je cherche un moyen de l’éviter, ou plutôt d’ en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien engagés. Ce sont les gue
6008 peu, car nous y sommes déjà bien engagés. Ce sont les guerres qui le produisent. Et ce sont les nations qui produisent les
6009 sommes déjà bien engagés. Ce sont les guerres qui le produisent. Et ce sont les nations qui produisent les guerres… Mais j
6010 Ce sont les guerres qui le produisent. Et ce sont les nations qui produisent les guerres… Mais je vois que ce mot de nation
6011 produisent. Et ce sont les nations qui produisent les guerres… Mais je vois que ce mot de nation a créé entre nous une équi
6012 i produisent les guerres… Mais je vois que ce mot de nation a créé entre nous une équivoque. Il a deux sens bien différent
6013 parlé que du mauvais, jusqu’ici, parce que c’est de beaucoup le plus courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a de
6014 u mauvais, jusqu’ici, parce que c’est de beaucoup le plus courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a de précieux da
6015 e que c’est de beaucoup le plus courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a de précieux dans les nations, ce qui fai
6016 ue c’est de beaucoup le plus courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a de précieux dans les nations, ce qui fait le
6017 courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a de précieux dans les nations, ce qui fait leur véritable originalité, n’
6018 de les distinguer. Ce qu’il y a de précieux dans les nations, ce qui fait leur véritable originalité, n’est pas défini par
6019 effet, supprimez ces trois éléments qui composent l’ idée moderne de nation, et les nations réelles subsisteront intactes,
6020 z ces trois éléments qui composent l’idée moderne de nation, et les nations réelles subsisteront intactes, comme membres d
6021 éments qui composent l’idée moderne de nation, et les nations réelles subsisteront intactes, comme membres du corps de l’hu
6022 les subsisteront intactes, comme membres du corps de l’humanité, comme foyers de rayonnement, et comme communauté de gens
6023 subsisteront intactes, comme membres du corps de l’ humanité, comme foyers de rayonnement, et comme communauté de gens app
6024 omme membres du corps de l’humanité, comme foyers de rayonnement, et comme communauté de gens apparentés, soit par leurs t
6025 comme foyers de rayonnement, et comme communauté de gens apparentés, soit par leurs traditions, soit par leurs idéaux, c’
6026 destin ou par choix. Croyez-vous sérieusement que les Français cesseront de parler français, de créer leur culture, et d’ha
6027 oyez-vous sérieusement que les Français cesseront de parler français, de créer leur culture, et d’habiter paisiblement leu
6028 nt que les Français cesseront de parler français, de créer leur culture, et d’habiter paisiblement leur terre, si la Franc
6029 ont de parler français, de créer leur culture, et d’ habiter paisiblement leur terre, si la France renonce un beau jour, en
6030 culture, et d’habiter paisiblement leur terre, si la France renonce un beau jour, en même temps que toutes les autres nati
6031 ce renonce un beau jour, en même temps que toutes les autres nations, à son armée, à ses douaniers et à son ministère des A
6032 ffaires étrangères ? Et ne pensez-vous pas que si le gouvernement français n’a plus rien d’autre à faire qu’administrer le
6033 pas que si le gouvernement français n’a plus rien d’ autre à faire qu’administrer le pays, il sera un meilleur gouvernement
6034 çais n’a plus rien d’autre à faire qu’administrer le pays, il sera un meilleur gouvernement ? (Je vous pose ces questions
6035 vos craintes vagues.) Ce qui détruit aujourd’hui les nations, dans le sens valable et fécond de ce mot, c’est qu’elles ten
6036 es.) Ce qui détruit aujourd’hui les nations, dans le sens valable et fécond de ce mot, c’est qu’elles tendent à se confond
6037 d’hui les nations, dans le sens valable et fécond de ce mot, c’est qu’elles tendent à se confondre avec l’État, et c’est l
6038 e mot, c’est qu’elles tendent à se confondre avec l’ État, et c’est la volonté qu’ont les États-nations ainsi formés, de se
6039 lles tendent à se confondre avec l’État, et c’est la volonté qu’ont les États-nations ainsi formés, de se rendre autarciqu
6040 confondre avec l’État, et c’est la volonté qu’ont les États-nations ainsi formés, de se rendre autarciques en vue d’une gue
6041 la volonté qu’ont les États-nations ainsi formés, de se rendre autarciques en vue d’une guerre possible, soit qu’ils redou
6042 ons ainsi formés, de se rendre autarciques en vue d’ une guerre possible, soit qu’ils redoutent ou souhaitent cette éventua
6043 qu’ils redoutent ou souhaitent cette éventualité. L’ État détruit nécessairement l’originalité d’une nation, lorsqu’il prét
6044 cette éventualité. L’État détruit nécessairement l’ originalité d’une nation, lorsqu’il prétend réglementer ses énergies d
6045 lité. L’État détruit nécessairement l’originalité d’ une nation, lorsqu’il prétend réglementer ses énergies d’après un modè
6046 ergies d’après un modèle uniforme, qu’il s’agisse d’ une nation latine ou anglo-saxonne, socialiste ou capitaliste. Ce modè
6047 e, socialiste ou capitaliste. Ce modèle est celui de l’État totalitaire, qui est l’état de guerre en permanence. Ainsi l’e
6048 socialiste ou capitaliste. Ce modèle est celui de l’ État totalitaire, qui est l’état de guerre en permanence. Ainsi l’enne
6049 e modèle est celui de l’État totalitaire, qui est l’ état de guerre en permanence. Ainsi l’ennemi des nations c’est l’État 
6050 e est celui de l’État totalitaire, qui est l’état de guerre en permanence. Ainsi l’ennemi des nations c’est l’État ; et le
6051 re, qui est l’état de guerre en permanence. Ainsi l’ ennemi des nations c’est l’État ; et leur sauvegarde serait le gouvern
6052 e en permanence. Ainsi l’ennemi des nations c’est l’ État ; et leur sauvegarde serait le gouvernement mondial. Ceux qui pen
6053 nations c’est l’État ; et leur sauvegarde serait le gouvernement mondial. Ceux qui pensent que c’est tout le contraire pr
6054 ernement mondial. Ceux qui pensent que c’est tout le contraire prennent le mot patrie dans le sens de nation, le mot natio
6055 qui pensent que c’est tout le contraire prennent le mot patrie dans le sens de nation, le mot nation dans le sens d’État,
6056 est tout le contraire prennent le mot patrie dans le sens de nation, le mot nation dans le sens d’État, le mot État dans l
6057 le contraire prennent le mot patrie dans le sens de nation, le mot nation dans le sens d’État, le mot État dans le sens d
6058 re prennent le mot patrie dans le sens de nation, le mot nation dans le sens d’État, le mot État dans le sens de souverain
6059 patrie dans le sens de nation, le mot nation dans le sens d’État, le mot État dans le sens de souverain, dont ils font fin
6060 ans le sens de nation, le mot nation dans le sens d’ État, le mot État dans le sens de souverain, dont ils font finalement
6061 ens de nation, le mot nation dans le sens d’État, le mot État dans le sens de souverain, dont ils font finalement un dieu,
6062 mot nation dans le sens d’État, le mot État dans le sens de souverain, dont ils font finalement un dieu, créant d’horribl
6063 ion dans le sens d’État, le mot État dans le sens de souverain, dont ils font finalement un dieu, créant d’horribles confu
6064 uverain, dont ils font finalement un dieu, créant d’ horribles confusions d’idées, qui se terminent en carnages périodiques
6065 finalement un dieu, créant d’horribles confusions d’ idées, qui se terminent en carnages périodiques. Autre exemple. Pourqu
6066 es. Autre exemple. Pourquoi n’est-il question que de « nationaliser » tout ce qui peut l’être à l’intérieur des frontières
6067 question que de « nationaliser » tout ce qui peut l’ être à l’intérieur des frontières, au lieu de multiplier les échanges
6068 que de « nationaliser » tout ce qui peut l’être à l’ intérieur des frontières, au lieu de multiplier les échanges internati
6069 l’intérieur des frontières, au lieu de multiplier les échanges internationaux, comme le bon sens et l’économie l’indiquerai
6070 de multiplier les échanges internationaux, comme le bon sens et l’économie l’indiqueraient ? C’est parce que certains pay
6071 les échanges internationaux, comme le bon sens et l’ économie l’indiqueraient ? C’est parce que certains pays ont préféré p
6072 s internationaux, comme le bon sens et l’économie l’ indiqueraient ? C’est parce que certains pays ont préféré payer le pri
6073 ? C’est parce que certains pays ont préféré payer le prix exorbitant de l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de
6074 ertains pays ont préféré payer le prix exorbitant de l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la guerre, e
6075 ains pays ont préféré payer le prix exorbitant de l’ autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la guerre, en s
6076 ayer le prix exorbitant de l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la guerre, en se liant à des économies
6077 itant de l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’ état de faire la guerre, en se liant à des économies voisines. Mais re
6078 e l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la guerre, en se liant à des économies voisines. Mais remarquez
6079 cie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la guerre, en se liant à des économies voisines. Mais remarquez l’hypocr
6080 se liant à des économies voisines. Mais remarquez l’ hypocrisie du terme « nationaliser ». On n’ose pas dire « étatiser ».
6081 ut encore tirer parti du prestige qui s’attache à l’ idée de nation… En fait, on étatise la nation. Que penser de ces États
6082 re tirer parti du prestige qui s’attache à l’idée de nation… En fait, on étatise la nation. Que penser de ces États-nation
6083 s’attache à l’idée de nation… En fait, on étatise la nation. Que penser de ces États-nations, de plus en plus nombreux, qu
6084 nation… En fait, on étatise la nation. Que penser de ces États-nations, de plus en plus nombreux, qui se referment sur eux
6085 êmes et sur leur budget militaire, qui se bardent de protections à la frontière, comme autrefois, en attendant que la Bomb
6086 budget militaire, qui se bardent de protections à la frontière, comme autrefois, en attendant que la Bombe vienne volatili
6087 à la frontière, comme autrefois, en attendant que la Bombe vienne volatiliser leurs centres vifs en une seconde, négligean
6088 ser leurs centres vifs en une seconde, négligeant les armées purement décoratives ? Vous me direz que la France, par exempl
6089 s armées purement décoratives ? Vous me direz que la France, par exemple, est entrée dans la voie de l’étatisme parce qu’e
6090 direz que la France, par exemple, est entrée dans la voie de l’étatisme parce qu’elle veut la justice sociale, et que cela
6091 e la France, par exemple, est entrée dans la voie de l’étatisme parce qu’elle veut la justice sociale, et que cela n’a rie
6092 a France, par exemple, est entrée dans la voie de l’ étatisme parce qu’elle veut la justice sociale, et que cela n’a rien à
6093 rée dans la voie de l’étatisme parce qu’elle veut la justice sociale, et que cela n’a rien à voir avec la préparation à la
6094 justice sociale, et que cela n’a rien à voir avec la préparation à la guerre. Sans doute, mais je parlais moins des motifs
6095 et que cela n’a rien à voir avec la préparation à la guerre. Sans doute, mais je parlais moins des motifs que des effets i
6096 ais moins des motifs que des effets inéluctables. Le désir de justice sociale est une noble passion, la socialisation de l
6097 des motifs que des effets inéluctables. Le désir de justice sociale est une noble passion, la socialisation de l’industri
6098 e désir de justice sociale est une noble passion, la socialisation de l’industrie est une mesure économique partiellement
6099 e sociale est une noble passion, la socialisation de l’industrie est une mesure économique partiellement souhaitable, mais
6100 ociale est une noble passion, la socialisation de l’ industrie est une mesure économique partiellement souhaitable, mais je
6101 e partiellement souhaitable, mais je ne leur vois de commun, à priori, que trois syllabes. Cependant l’on revendique la so
6102 e commun, à priori, que trois syllabes. Cependant l’ on revendique la socialisation parce qu’elle contient ces trois syllab
6103 ri, que trois syllabes. Cependant l’on revendique la socialisation parce qu’elle contient ces trois syllabes sacrées, et l
6104 e qu’elle contient ces trois syllabes sacrées, et l’ on traite de fasciste celui qui demande à voir. (La prochaine fois que
6105 ntient ces trois syllabes sacrées, et l’on traite de fasciste celui qui demande à voir. (La prochaine fois que vous oserez
6106 ’on traite de fasciste celui qui demande à voir. ( La prochaine fois que vous oserez me dire que le Social Register de New
6107 r. (La prochaine fois que vous oserez me dire que le Social Register de New York n’est qu’un Bottin mondain, je vous dénon
6108 n’est qu’un Bottin mondain, je vous dénonce dans L’ Humanité.) Vous sentez que je ne prends parti ni pour ni contre la soc
6109 s sentez que je ne prends parti ni pour ni contre la socialisation, je note seulement qu’on prend parti sans en savoir plu
6110 lus que moi, et à cause de trois syllabes. Et que l’ on confond socialisation et nationalisation pour masquer le fait qu’il
6111 ond socialisation et nationalisation pour masquer le fait qu’il s’agit d’une étatisation. Je n’en ai qu’au cadre national.
6112 nationalisation pour masquer le fait qu’il s’agit d’ une étatisation. Je n’en ai qu’au cadre national. Introduisez dans cet
6113 ntroduisez dans cette broyeuse automatique qu’est l’ État-nation de la démocratie ou marxisme, des idées libérales ou du pl
6114 s cette broyeuse automatique qu’est l’État-nation de la démocratie ou marxisme, des idées libérales ou du planisme, ou mêm
6115 ette broyeuse automatique qu’est l’État-nation de la démocratie ou marxisme, des idées libérales ou du planisme, ou même u
6116 bérales ou du planisme, ou même une belle passion de la justice sociale, le résultat sera le même : à l’autre bout, vous o
6117 ales ou du planisme, ou même une belle passion de la justice sociale, le résultat sera le même : à l’autre bout, vous obti
6118 ou même une belle passion de la justice sociale, le résultat sera le même : à l’autre bout, vous obtiendrez du totalitari
6119 e passion de la justice sociale, le résultat sera le même : à l’autre bout, vous obtiendrez du totalitarisme en bâtons et
6120 btiendrez du totalitarisme en bâtons et une grêle de coups. Je suis sérieux. Le socialisme, non pas en soi, mais construit
6121 en bâtons et une grêle de coups. Je suis sérieux. Le socialisme, non pas en soi, mais construit dans le cadre national con
6122 e socialisme, non pas en soi, mais construit dans le cadre national conduit nécessairement à l’État totalitaire, donc à l’
6123 t dans le cadre national conduit nécessairement à l’ État totalitaire, donc à l’état de guerre larvé ou déclaré, qui est le
6124 nduit nécessairement à l’État totalitaire, donc à l’ état de guerre larvé ou déclaré, qui est le pire des crimes sociaux. O
6125 écessairement à l’État totalitaire, donc à l’état de guerre larvé ou déclaré, qui est le pire des crimes sociaux. On ne so
6126 donc à l’état de guerre larvé ou déclaré, qui est le pire des crimes sociaux. On ne sortira de ce cercle vicieux qu’en sup
6127 qui est le pire des crimes sociaux. On ne sortira de ce cercle vicieux qu’en supprimant ce qui permet la guerre, ou la pro
6128 ce cercle vicieux qu’en supprimant ce qui permet la guerre, ou la provoque, c’est-à-dire en désintégrant le carcan des Ét
6129 ieux qu’en supprimant ce qui permet la guerre, ou la provoque, c’est-à-dire en désintégrant le carcan des États-nations. P
6130 rre, ou la provoque, c’est-à-dire en désintégrant le carcan des États-nations. Par quel moyen ? En remettant le soin de di
6131 des États-nations. Par quel moyen ? En remettant le soin de diriger les affaires internationales à des hommes qui ne repr
6132 ts-nations. Par quel moyen ? En remettant le soin de diriger les affaires internationales à des hommes qui ne représentent
6133 Par quel moyen ? En remettant le soin de diriger les affaires internationales à des hommes qui ne représentent pas les nat
6134 ernationales à des hommes qui ne représentent pas les nations, mais l’humanité. Car ceux-là seuls seront qualifiés pour arb
6135 hommes qui ne représentent pas les nations, mais l’ humanité. Car ceux-là seuls seront qualifiés pour arbitrer. Autrement
6136 ifiés pour arbitrer. Autrement ce n’est qu’un jeu de force, et le premier qui tire aura gagné, quel que soit le mordant de
6137 et le premier qui tire aura gagné, quel que soit le mordant de l’infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pa
6138 ier qui tire aura gagné, quel que soit le mordant de l’infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’adversa
6139 qui tire aura gagné, quel que soit le mordant de l’ infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’adversaire
6140 agné, quel que soit le mordant de l’infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’adversaires à combattre à
6141 ue soit le mordant de l’infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’adversaires à combattre à 2000 kilomèt
6142 ie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’ adversaires à combattre à 2000 kilomètres à la ronde, sauf s’il saute
6143 pas d’adversaires à combattre à 2000 kilomètres à la ronde, sauf s’il saute à cheval par-dessus toute l’Allemagne ou l’océ
6144 ronde, sauf s’il saute à cheval par-dessus toute l’ Allemagne ou l’océan. (Mettez-lui bien cela dans la tête.) z. Roug
6145 il saute à cheval par-dessus toute l’Allemagne ou l’ océan. (Mettez-lui bien cela dans la tête.) z. Rougemont Denis de,
6146 ’Allemagne ou l’océan. (Mettez-lui bien cela dans la tête.) z. Rougemont Denis de, « Deux lettres sur le gouvernement
6147 i bien cela dans la tête.) z. Rougemont Denis de , « Deux lettres sur le gouvernement mondial », Mondes, Paris, 4 juin
6148 e.) z. Rougemont Denis de, « Deux lettres sur le gouvernement mondial », Mondes, Paris, 4 juin 1946, p. 1 et 3.
26 1946, Articles divers (1941-1946). L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)
6149 L’ Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet
6150 L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)ab Pendant
6151 L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)ab Pendant que vous
6152 Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)ab Pendant que vous avez encore quelques Am
6153 avez encore quelques Américains en France, et que l’ Amérique encore me tient par tout ce que je viens d’y vivre en six ann
6154 Amérique encore me tient par tout ce que je viens d’ y vivre en six années, livrons-nous au petit jeu de société mondiale q
6155 ’y vivre en six années, livrons-nous au petit jeu de société mondiale qu’est la comparaison des peuples deux à deux. Jeu p
6156 rons-nous au petit jeu de société mondiale qu’est la comparaison des peuples deux à deux. Jeu plus sérieux d’ailleurs qu’i
6157 grandes questions du siècle est sans doute celle de ne point laisser nos moyens matériels de transport distancer la consc
6158 te celle de ne point laisser nos moyens matériels de transport distancer la conscience humaine, trop étroitement liée aux
6159 isser nos moyens matériels de transport distancer la conscience humaine, trop étroitement liée aux cadres nationaux. Com
6160 tionaux. Comment ils accueillent un étranger Le grand bourgeois de Paris et ses fils, lorsqu’ils rencontrent une tête
6161 ils accueillent un étranger Le grand bourgeois de Paris et ses fils, lorsqu’ils rencontrent une tête nouvelle, ne souri
6162 guère. Ils tendent une main précise, accompagnée d’ un regard qui jauge cet adversaire ou ce partenaire possible. Qui va p
6163 venaient de tirer une invisible fermeture éclair. L’ Américain s’ouvre, au contraire, comme sa bouche sur des dents éclatan
6164 r enfin libre cours à ses puissances instinctives de cordialité et d’hospitalité. Comment ils deviennent amis À la d
6165 rs à ses puissances instinctives de cordialité et d’ hospitalité. Comment ils deviennent amis À la deuxième rencontre
6166 mis À la deuxième rencontre, ou tout de suite, l’ Américain vous dit votre prénom, vous raconte sa vie sentimentale et l
6167 votre prénom, vous raconte sa vie sentimentale et l’ état de ses affaires, enfin vous invite pour un week-end. Pendant ving
6168 rénom, vous raconte sa vie sentimentale et l’état de ses affaires, enfin vous invite pour un week-end. Pendant vingt ans,
6169 vous invite pour un week-end. Pendant vingt ans, le Français vous dira Monsieur, fera l’impossible pour vous cacher sa ri
6170 t vingt ans, le Français vous dira Monsieur, fera l’ impossible pour vous cacher sa richesse s’il est riche, sa pauvreté s’
6171 agissantes. Personne n’a plus, et mieux écrit sur l’ amitié que les moralistes français, de Montaigne à Paul Valéry. Tandis
6172 ersonne n’a plus, et mieux écrit sur l’amitié que les moralistes français, de Montaigne à Paul Valéry. Tandis qu’en Amériqu
6173 x écrit sur l’amitié que les moralistes français, de Montaigne à Paul Valéry. Tandis qu’en Amérique, il vous arrive souven
6174 ry. Tandis qu’en Amérique, il vous arrive souvent de vous sentir seul au monde en connaissant tout le monde. La rançon d’u
6175 entir seul au monde en connaissant tout le monde. La rançon d’une intimité trop rapide et superficielle, c’est la facilité
6176 au monde en connaissant tout le monde. La rançon d’ une intimité trop rapide et superficielle, c’est la facilité avec laqu
6177 ’une intimité trop rapide et superficielle, c’est la facilité avec laquelle cette intimité s’évapore. On se voit tous les
6178 aquelle cette intimité s’évapore. On se voit tous les jours pendant quelques semaines, puis plus du tout pendant un an. Et
6179 qu’on est devenu, on rit, on boit, on ne s’étonne de rien, tout glisse et passe, il y a tant d’êtres sur la terre, tant de
6180 étonne de rien, tout glisse et passe, il y a tant d’ êtres sur la terre, tant de hasards, tant de manières de vivre, de bon
6181 en, tout glisse et passe, il y a tant d’êtres sur la terre, tant de hasards, tant de manières de vivre, de bonnes et de ma
6182 s sur la terre, tant de hasards, tant de manières de vivre, de bonnes et de mauvaises fortunes, par chance… Le sourire lar
6183 erre, tant de hasards, tant de manières de vivre, de bonnes et de mauvaises fortunes, par chance… Le sourire large des Amé
6184 hasards, tant de manières de vivre, de bonnes et de mauvaises fortunes, par chance… Le sourire large des Américains dissi
6185 , de bonnes et de mauvaises fortunes, par chance… Le sourire large des Américains dissimule leur vraie tragédie : la solit
6186 ge des Américains dissimule leur vraie tragédie : la solitude. Comment ils s’unissent et se divisentac En France, i
6187 s’unissent et se divisentac En France, il y a les catholiques et les laïques, c’est simple ; mais il y a d’autre part t
6188 visentac En France, il y a les catholiques et les laïques, c’est simple ; mais il y a d’autre part trente-six partis et
6189 dances et nuances politiques. En Amérique, il y a les républicains et les démocrates, c’est simple ; mais il y a d’autre pa
6190 litiques. En Amérique, il y a les républicains et les démocrates, c’est simple ; mais il y a d’autre part trente-six « stoc
6191  ; mais il y a d’autre part trente-six « stocks » d’ immigrants, et trente-six églises différentes, sous-églises, sectes et
6192 jadis ou naguère par des réfugiés religieux. Mais les Américains changent facilement d’église, selon leur domicile ou leur
6193 eligieux. Mais les Américains changent facilement d’ église, selon leur domicile ou leur cercle d’amis, tandis que le Franç
6194 ment d’église, selon leur domicile ou leur cercle d’ amis, tandis que le Français donne l’impression qu’il ne changerait pa
6195 n leur domicile ou leur cercle d’amis, tandis que le Français donne l’impression qu’il ne changerait pas plus de parti que
6196 s donne l’impression qu’il ne changerait pas plus de parti que de passé. Comment ils inventent Un ingénieur français
6197 ression qu’il ne changerait pas plus de parti que de passé. Comment ils inventent Un ingénieur français, débarquant
6198 ew York, déclare que son pays vient de construire l’ avion le plus rapide du monde. L’industrie française a tenu le coup, e
6199 déclare que son pays vient de construire l’avion le plus rapide du monde. L’industrie française a tenu le coup, elle se r
6200 nt de construire l’avion le plus rapide du monde. L’ industrie française a tenu le coup, elle se remonte même si rapidement
6201 lus rapide du monde. L’industrie française a tenu le coup, elle se remonte même si rapidement qu’elle bat déjà l’américain
6202 le se remonte même si rapidement qu’elle bat déjà l’ américaine sur le terrain le plus favorable à cette dernière. Mais tou
6203 e si rapidement qu’elle bat déjà l’américaine sur le terrain le plus favorable à cette dernière. Mais tout compte fait, l’
6204 ment qu’elle bat déjà l’américaine sur le terrain le plus favorable à cette dernière. Mais tout compte fait, l’avion le pl
6205 avorable à cette dernière. Mais tout compte fait, l’ avion le plus rapide du monde n’existe qu’à un seul exemplaire. Et pen
6206 à cette dernière. Mais tout compte fait, l’avion le plus rapide du monde n’existe qu’à un seul exemplaire. Et pendant qu’
6207 ’existe qu’à un seul exemplaire. Et pendant qu’on le construisait, l’Amérique a produit quelques milliers d’appareils plus
6208 eul exemplaire. Et pendant qu’on le construisait, l’ Amérique a produit quelques milliers d’appareils plus lourds et plus l
6209 struisait, l’Amérique a produit quelques milliers d’ appareils plus lourds et plus lents, qui n’ont d’autre avantage que de
6210 d’appareils plus lourds et plus lents, qui n’ont d’ autre avantage que de fonctionner sur toutes les grandes lignes du mon
6211 rds et plus lents, qui n’ont d’autre avantage que de fonctionner sur toutes les grandes lignes du monde. Curieuse impatien
6212 nt d’autre avantage que de fonctionner sur toutes les grandes lignes du monde. Curieuse impatience du génie français : il i
6213  : il invente sans relâche, et cent fois plus que le génie américain ; mais aussitôt il généralise son invention, son prot
6214 un stade atteint et dépassé, c’est comme si tous les avions de série étaient déjà faits ; il en est fatigué d’avance, et p
6215 tteint et dépassé, c’est comme si tous les avions de série étaient déjà faits ; il en est fatigué d’avance, et passe à l’i
6216 s de série étaient déjà faits ; il en est fatigué d’ avance, et passe à l’invention suivante. Vue d’Amérique, l’Europe appa
6217 jà faits ; il en est fatigué d’avance, et passe à l’ invention suivante. Vue d’Amérique, l’Europe apparaît comme une petite
6218 ué d’avance, et passe à l’invention suivante. Vue d’ Amérique, l’Europe apparaît comme une petite région de la planète prop
6219 et passe à l’invention suivante. Vue d’Amérique, l’ Europe apparaît comme une petite région de la planète proprement stupé
6220 érique, l’Europe apparaît comme une petite région de la planète proprement stupéfiante par la densité de ses inventions, t
6221 que, l’Europe apparaît comme une petite région de la planète proprement stupéfiante par la densité de ses inventions, tand
6222 e région de la planète proprement stupéfiante par la densité de ses inventions, tandis que l’Amérique vue d’Europe stupéfi
6223 la planète proprement stupéfiante par la densité de ses inventions, tandis que l’Amérique vue d’Europe stupéfie par sa pr
6224 ante par la densité de ses inventions, tandis que l’ Amérique vue d’Europe stupéfie par sa production standardisée. C’est q
6225 sité de ses inventions, tandis que l’Amérique vue d’ Europe stupéfie par sa production standardisée. C’est que l’Européen s
6226 tupéfie par sa production standardisée. C’est que l’ Européen s’ennuie plus vite et supporte moins de s’ennuyer. Tandis que
6227 e l’Européen s’ennuie plus vite et supporte moins de s’ennuyer. Tandis que l’Américain se contente plus longtemps des même
6228 s vite et supporte moins de s’ennuyer. Tandis que l’ Américain se contente plus longtemps des mêmes idées, des mêmes types
6229 e plus longtemps des mêmes idées, des mêmes types d’ appareils, parce qu’il les utilise vraiment, parce qu’il en vit, et qu
6230 s idées, des mêmes types d’appareils, parce qu’il les utilise vraiment, parce qu’il en vit, et qu’il ne spécule pas à leur
6231 spécule pas à leur sujet. Comment ils prennent la vie Le Français est profondément sérieux, c’est même à mon avis l’
6232 s à leur sujet. Comment ils prennent la vie Le Français est profondément sérieux, c’est même à mon avis l’espèce d’h
6233 s est profondément sérieux, c’est même à mon avis l’ espèce d’homme la plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons,
6234 fondément sérieux, c’est même à mon avis l’espèce d’ homme la plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons, son théâ
6235 t sérieux, c’est même à mon avis l’espèce d’homme la plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons, son théâtre d’av
6236 même à mon avis l’espèce d’homme la plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons, son théâtre d’avant-guerre, ses r
6237 e à mon avis l’espèce d’homme la plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons, son théâtre d’avant-guerre, ses roma
6238 e la planète. Cependant ses chansons, son théâtre d’ avant-guerre, ses romans à succès et ses produits d’exportation, humai
6239 avant-guerre, ses romans à succès et ses produits d’ exportation, humains ou commerciaux, le font passer pour plus léger qu
6240 s produits d’exportation, humains ou commerciaux, le font passer pour plus léger que l’air. Il a fallu le général de Gaull
6241 u commerciaux, le font passer pour plus léger que l’ air. Il a fallu le général de Gaulle et les récits de la Résistance po
6242 font passer pour plus léger que l’air. Il a fallu le général de Gaulle et les récits de la Résistance pour que certains Am
6243 ger que l’air. Il a fallu le général de Gaulle et les récits de la Résistance pour que certains Américains pressentent enfi
6244 ir. Il a fallu le général de Gaulle et les récits de la Résistance pour que certains Américains pressentent enfin que la F
6245 Il a fallu le général de Gaulle et les récits de la Résistance pour que certains Américains pressentent enfin que la Fran
6246 our que certains Américains pressentent enfin que la France est le pays du sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, de
6247 ns Américains pressentent enfin que la France est le pays du sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, des provinciaux
6248 enfin que la France est le pays du sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus de noir — « le noir,
6249 in que la France est le pays du sérieux sobre, de l’ intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus de noir — « le noir, la
6250 l’intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus de noir — « le noir, la couleur nationale ! » s’écrie un personnage de G
6251 eance réaliste, des provinciaux vêtus de noir — «  le noir, la couleur nationale ! » s’écrie un personnage de Giraudoux — s
6252 liste, des provinciaux vêtus de noir — « le noir, la couleur nationale ! » s’écrie un personnage de Giraudoux — sans parle
6253 r, la couleur nationale ! » s’écrie un personnage de Giraudoux — sans parler des débats sur la laïcité ou les écoles confe
6254 sonnage de Giraudoux — sans parler des débats sur la laïcité ou les écoles confessionnelles. L’Américain lui, passe encore
6255 audoux — sans parler des débats sur la laïcité ou les écoles confessionnelles. L’Américain lui, passe encore en Europe pour
6256 ts sur la laïcité ou les écoles confessionnelles. L’ Américain lui, passe encore en Europe pour un Anglo-Saxon puritain du
6257 ur dix, bien plus près du Méridional par son goût de l’exagération — Tartarin serait bien épaté — son humeur communicative
6258 dix, bien plus près du Méridional par son goût de l’ exagération — Tartarin serait bien épaté — son humeur communicative, e
6259 son insouciance lyrique. Ses chansons déchirantes de sentimentalisme ne traduisent que ses rêveries, dans un style emprunt
6260 exuelle me paraît fort peu romantique. On compare les salaires en toute simplicité, on divorce pour des questions de cuisin
6261 n toute simplicité, on divorce pour des questions de cuisine, on se console vite, on n’admet pas la jalousie. Le « réalism
6262 ns de cuisine, on se console vite, on n’admet pas la jalousie. Le « réalisme terre-à-terre » des Américains dans ce domain
6263 , on se console vite, on n’admet pas la jalousie. Le « réalisme terre-à-terre » des Américains dans ce domaine, présente u
6264 s dans ce domaine, présente un tel contraste avec les mœurs des Européens qu’on perd l’espoir de jamais faire comprendre le
6265 contraste avec les mœurs des Européens qu’on perd l’ espoir de jamais faire comprendre les uns aux autres. L’ordre des vale
6266 avec les mœurs des Européens qu’on perd l’espoir de jamais faire comprendre les uns aux autres. L’ordre des valeurs moral
6267 ns qu’on perd l’espoir de jamais faire comprendre les uns aux autres. L’ordre des valeurs morales me semble s’inverser lors
6268 ir de jamais faire comprendre les uns aux autres. L’ ordre des valeurs morales me semble s’inverser lorsqu’on passe d’un co
6269 eurs morales me semble s’inverser lorsqu’on passe d’ un continent à l’autre. Un seul exemple : en Europe, la longue durée d
6270 continent à l’autre. Un seul exemple : en Europe, la longue durée d’une liaison l’officialise presque ; en Amérique, c’est
6271 tre. Un seul exemple : en Europe, la longue durée d’ une liaison l’officialise presque ; en Amérique, c’est elle qui fait s
6272 xemple : en Europe, la longue durée d’une liaison l’ officialise presque ; en Amérique, c’est elle qui fait scandale. Se qu
6273 En Europe, terre des cathédrales, on demande à Le Corbusier de bâtir des églises en verre et en ciment : je me souviens
6274 terre des cathédrales, on demande à Le Corbusier de bâtir des églises en verre et en ciment : je me souviens du temple pr
6275 t en ciment : je me souviens du temple protestant de Drancy, et de vingt églises en style aérodynamique construites par le
6276 je me souviens du temple protestant de Drancy, et de vingt églises en style aérodynamique construites par les Allemands av
6277 gt églises en style aérodynamique construites par les Allemands avant Hitler, ou par les Suisses ou par les Hollandais. Mai
6278 onstruites par les Allemands avant Hitler, ou par les Suisses ou par les Hollandais. Mais en Amérique, on copie le gothique
6279 Allemands avant Hitler, ou par les Suisses ou par les Hollandais. Mais en Amérique, on copie le gothique, tant pour les égl
6280 ou par les Hollandais. Mais en Amérique, on copie le gothique, tant pour les églises que pour les universités. On pousse l
6281 Mais en Amérique, on copie le gothique, tant pour les églises que pour les universités. On pousse le raffinement jusqu’à co
6282 copie le gothique, tant pour les églises que pour les universités. On pousse le raffinement jusqu’à construire le chœur en
6283 r les églises que pour les universités. On pousse le raffinement jusqu’à construire le chœur en style roman, et la nef en
6284 ités. On pousse le raffinement jusqu’à construire le chœur en style roman, et la nef en style ogival ; jusqu’à reproduire
6285 nt jusqu’à construire le chœur en style roman, et la nef en style ogival ; jusqu’à reproduire les tours non terminées des
6286 n, et la nef en style ogival ; jusqu’à reproduire les tours non terminées des cathédrales européennes. Et les résidences lu
6287 urs non terminées des cathédrales européennes. Et les résidences luxueuses de la campagne ou de la ville sont régulièrement
6288 hédrales européennes. Et les résidences luxueuses de la campagne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de
6289 rales européennes. Et les résidences luxueuses de la campagne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de st
6290 es. Et les résidences luxueuses de la campagne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de s
6291 Et les résidences luxueuses de la campagne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de styl
6292 gne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de style Renaissance, de style hollandais ou es
6293 la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de style Renaissance, de style hollandais ou espagnol… P
6294 égulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de style Renaissance, de style hollandais ou espagnol… Par contre, les c
6295 ns le Sud — de style Tudor, de style Renaissance, de style hollandais ou espagnol… Par contre, les cottages américains ont
6296 nce, de style hollandais ou espagnol… Par contre, les cottages américains ont infiniment plus d’originalité, de diversité e
6297 ntre, les cottages américains ont infiniment plus d’ originalité, de diversité et d’élégance, que les maisons bourgeoises e
6298 ges américains ont infiniment plus d’originalité, de diversité et d’élégance, que les maisons bourgeoises en France. Quant
6299 nt infiniment plus d’originalité, de diversité et d’ élégance, que les maisons bourgeoises en France. Quant aux gratte-ciel
6300 us d’originalité, de diversité et d’élégance, que les maisons bourgeoises en France. Quant aux gratte-ciel, l’ère en est bi
6301 ons bourgeoises en France. Quant aux gratte-ciel, l’ ère en est bien passée. Sauf à New York, ils ne sont pas rentables.
6302 ntables. Comment ils sont scrupuleux ou non L’ Américain ne pardonne pas une erreur de 2 cents dans un compte, mais s
6303 ou non L’Américain ne pardonne pas une erreur de 2 cents dans un compte, mais se trompe joyeusement d’un pays quand il
6304 cents dans un compte, mais se trompe joyeusement d’ un pays quand il bombarde, d’un siècle quand il cite l’histoire, d’un
6305 e trompe joyeusement d’un pays quand il bombarde, d’ un siècle quand il cite l’histoire, d’un ordre spirituel quand il crit
6306 pays quand il bombarde, d’un siècle quand il cite l’ histoire, d’un ordre spirituel quand il critique un livre. Ce qu’il ne
6307 l bombarde, d’un siècle quand il cite l’histoire, d’ un ordre spirituel quand il critique un livre. Ce qu’il ne tolère pas,
6308 critique un livre. Ce qu’il ne tolère pas, c’est le mensonge, et là précisément où le Français le considère comme allant
6309 lère pas, c’est le mensonge, et là précisément où le Français le considère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de l’É
6310 est le mensonge, et là précisément où le Français le considère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de l’État. Quand v
6311 cisément où le Français le considère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de l’État. Quand vous entrez en Amérique, on
6312 idère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de l’ État. Quand vous entrez en Amérique, on vous demande de remplir des qu
6313 t. Quand vous entrez en Amérique, on vous demande de remplir des questionnaires comportant des questions de ce genre : « B
6314 mplir des questionnaires comportant des questions de ce genre : « Buvez-vous ? Modérément ? À l’excès ? Fumez-vous ? Avez-
6315 tions de ce genre : « Buvez-vous ? Modérément ? À l’ excès ? Fumez-vous ? Avez-vous d’autres vices ? Êtes-vous partisan de
6316 s ? Avez-vous d’autres vices ? Êtes-vous partisan de doctrines tendant au renversement des institutions américaines ? » Vo
6317 on vous laissera entrer. Mais si vous dites sous la foi du serment, que vous ne l’êtes pas, et que votre vie plus tard pr
6318 si vous dites sous la foi du serment, que vous ne l’ êtes pas, et que votre vie plus tard prouve que vous l’êtes, l’amende
6319 s pas, et que votre vie plus tard prouve que vous l’ êtes, l’amende ou la peine de prison seront triplées. Tout repose ici
6320 t que votre vie plus tard prouve que vous l’êtes, l’ amende ou la peine de prison seront triplées. Tout repose ici sur la p
6321 vie plus tard prouve que vous l’êtes, l’amende ou la peine de prison seront triplées. Tout repose ici sur la parole donnée
6322 tard prouve que vous l’êtes, l’amende ou la peine de prison seront triplées. Tout repose ici sur la parole donnée, seul fo
6323 ne de prison seront triplées. Tout repose ici sur la parole donnée, seul fondement d’une réelle démocratie. Comment ils
6324 t repose ici sur la parole donnée, seul fondement d’ une réelle démocratie. Comment ils se battent Voici le contraste
6325 le démocratie. Comment ils se battent Voici le contraste le plus profond entre l’Ancien et le Nouveau Monde : leur m
6326 . Comment ils se battent Voici le contraste le plus profond entre l’Ancien et le Nouveau Monde : leur manière de réa
6327 ttent Voici le contraste le plus profond entre l’ Ancien et le Nouveau Monde : leur manière de réagir à la souffrance. P
6328 ci le contraste le plus profond entre l’Ancien et le Nouveau Monde : leur manière de réagir à la souffrance. Prenons l’exe
6329 entre l’Ancien et le Nouveau Monde : leur manière de réagir à la souffrance. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le
6330 en et le Nouveau Monde : leur manière de réagir à la souffrance. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le Français, él
6331 : leur manière de réagir à la souffrance. Prenons l’ exemple de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dul
6332 ière de réagir à la souffrance. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dulce et deco
6333 e de réagir à la souffrance. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dulce et decorum
6334 r à la souffrance. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dulce et decorum est pro p
6335 france. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dulce et decorum est pro patria mori,
6336 e de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’ idée que dulce et decorum est pro patria mori, accepte de se faire tue
6337 que dulce et decorum est pro patria mori, accepte de se faire tuer non point par fanatisme, religieux, comme le Japonais,
6338 re tuer non point par fanatisme, religieux, comme le Japonais, ni par esprit quasi sportif comme l’Américain, mais par une
6339 me le Japonais, ni par esprit quasi sportif comme l’ Américain, mais par une sorte de fatalisme inconscient. (Je ne parle p
6340 asi sportif comme l’Américain, mais par une sorte de fatalisme inconscient. (Je ne parle pas du héros, mais du troupier mo
6341 uis des siècles, et qu’on ne peut pas y échapper. L’ Américain, bien au contraire, considère la souffrance et la mort comme
6342 happer. L’Américain, bien au contraire, considère la souffrance et la mort comme des accidents insensés, que rien au monde
6343 in, bien au contraire, considère la souffrance et la mort comme des accidents insensés, que rien au monde ne peut rendre a
6344 monde ne peut rendre acceptables ou justifiables. L’ idée que la souffrance puisse devenir féconde ne l’effleure pas, tandi
6345 ut rendre acceptables ou justifiables. L’idée que la souffrance puisse devenir féconde ne l’effleure pas, tandis qu’elle r
6346 ’idée que la souffrance puisse devenir féconde ne l’ effleure pas, tandis qu’elle règne sur notre inconscient, résidu des p
6347 ésidu des plus solennelles traditions religieuses de l’Occident. C’est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’enn
6348 du des plus solennelles traditions religieuses de l’ Occident. C’est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’ennemi
6349 ditions religieuses de l’Occident. C’est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’ennemi, tandis que les Américains
6350 cident. C’est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’ennemi, tandis que les Américains s’assurent d’abord — quitt
6351 C’est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’ennemi, tandis que les Américains s’assurent d’abord — quitte à pay
6352 est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’ ennemi, tandis que les Américains s’assurent d’abord — quitte à payer
6353 çais avancent sous le feu de l’ennemi, tandis que les Américains s’assurent d’abord — quitte à payer le prix qu’il faut en
6354 es Américains s’assurent d’abord — quitte à payer le prix qu’il faut en matériel — que les batteries d’en face ont été écr
6355 itte à payer le prix qu’il faut en matériel — que les batteries d’en face ont été écrasées. Cette folie apparente de l’Euro
6356 e prix qu’il faut en matériel — que les batteries d’ en face ont été écrasées. Cette folie apparente de l’Européen dénote u
6357 d’en face ont été écrasées. Cette folie apparente de l’Européen dénote un certain degré de spiritualité, car l’esprit se n
6358 n face ont été écrasées. Cette folie apparente de l’ Européen dénote un certain degré de spiritualité, car l’esprit se nour
6359 e apparente de l’Européen dénote un certain degré de spiritualité, car l’esprit se nourrit de sacrifices. Tandis que le bo
6360 péen dénote un certain degré de spiritualité, car l’ esprit se nourrit de sacrifices. Tandis que le bon sens américain trah
6361 in degré de spiritualité, car l’esprit se nourrit de sacrifices. Tandis que le bon sens américain trahit une certaine igno
6362 car l’esprit se nourrit de sacrifices. Tandis que le bon sens américain trahit une certaine ignorance des conditions premi
6363 t une certaine ignorance des conditions premières de la vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie m
6364 ne certaine ignorance des conditions premières de la vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie même
6365 e des conditions premières de la vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie même, et pour les autres,
6366 remières de la vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie même, et pour les autres, c’est l’inverse.
6367 la vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie même, et pour les autres, c’est l’inverse. Je compare
6368 ituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie même, et pour les autres, c’est l’inverse. Je compare et vous lai
6369 èrent les raisons de vivre à la vie même, et pour les autres, c’est l’inverse. Je compare et vous laisse juger. Ce n’est pa
6370 de vivre à la vie même, et pour les autres, c’est l’ inverse. Je compare et vous laisse juger. Ce n’est pas simple. Et cela
6371 e choquer ? Que voulez-vous, j’ai deux amours. Or l’ amour rend parfois plus lucide que l’être aimé ne le souhaite. ab.
6372 x amours. Or l’amour rend parfois plus lucide que l’ être aimé ne le souhaite. ab. Rougemont Denis de, « L’Américain cr
6373 amour rend parfois plus lucide que l’être aimé ne le souhaite. ab. Rougemont Denis de, « L’Américain croit à la vie, l
6374 être aimé ne le souhaite. ab. Rougemont Denis de , « L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre », Te
6375 imé ne le souhaite. ab. Rougemont Denis de, «  L’ Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre », Temps pr
6376 ab. Rougemont Denis de, « L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre », Temps présent, Paris, 19 jui
6377 Rougemont Denis de, « L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre », Temps présent, Paris, 19 juillet 194
6378 Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre », Temps présent, Paris, 19 juillet 1946, p. 1-2. ac. Sous-tit
6379 p. 1-2. ac. Sous-titre manifestement oublié par la rédaction, et rajouté par nous sur la base du texte paru dans Vivre
6380 oublié par la rédaction, et rajouté par nous sur la base du texte paru dans Vivre en Amérique (chapitre 4), livre édité
6381 e édité un an plus tard chez Stock. ad. Depuis «  L’ ordre des valeurs morales… » : lecture incertaine, aucune copie correc
27 1946, Articles divers (1941-1946). Réponse à l’enquête « Les travaux des écrivains » (24 août 1946)
6382 Réponse à l’ enquête « Les travaux des écrivains » (24 août 1946)ae J’ai un cert
6383 Réponse à l’enquête «  Les travaux des écrivains » (24 août 1946)ae J’ai un certain nombre d’
6384 ains » (24 août 1946)ae J’ai un certain nombre d’ ouvrages qui vont paraître en même temps, ce qu’explique aisément ma l
6385 temps, ce qu’explique aisément ma longue absence de six ans. D’abord, chez Stock : Vivre en Amérique . C’est un recueil
6386 hez Stock : Vivre en Amérique . C’est un recueil de tous mes articles sur les États-Unis, parus dans Carrefour , Le Fig
6387 rique . C’est un recueil de tous mes articles sur les États-Unis, parus dans Carrefour , Le Figaro , Le Littéraire et le
6388 cles sur les États-Unis, parus dans Carrefour , Le Figaro , Le Littéraire et le Journal de Genève . Chez Gallimard : me
6389 États-Unis, parus dans Carrefour , Le Figaro , Le Littéraire et le Journal de Genève . Chez Gallimard : mes Lettres s
6390 s dans Carrefour , Le Figaro , Le Littéraire et le Journal de Genève . Chez Gallimard : mes Lettres sur la bombe atomi
6391 efour , Le Figaro , Le Littéraire et le Journal de Genève . Chez Gallimard : mes Lettres sur la bombe atomique , qui pa
6392 nal de Genève . Chez Gallimard : mes Lettres sur la bombe atomique , qui paraissent simultanément dans huit pays et en se
6393 dans huit pays et en sept langues différentes. La Part du diable , dont deux versions différentes parurent à New York e
6394 k en 1940 af et en 1944. Il s’agit, bien entendu, de la version définitive. Les Personnes du drame . Ce sont des essais
6395 n 1940 af et en 1944. Il s’agit, bien entendu, de la version définitive. Les Personnes du drame . Ce sont des essais sur
6396 s’agit, bien entendu, de la version définitive. Les Personnes du drame . Ce sont des essais sur Goethe, Kierkegaard, Kafk
6397 erkegaard, Kafka, Luther, Gide, Ramuz, Claudel et les romantiques allemands. Enfin, Doctrine fabuleuse . J’y travaille dep
6398 euse . J’y travaille depuis vingt ans et voudrais la voir sortir pour mon quarantième anniversaire. D’autre part, quelques
6399 e anniversaire. D’autre part, quelques rééditions d’ ouvrages qui, à cause de leur faible tirage et des circonstances où il
6400 és. Chez Albin Michel, Penser avec les mains et le Journal d’un intellectuel en chômage . Aux Éditions « Je sers » : P
6401 in Michel, Penser avec les mains et le Journal d’ un intellectuel en chômage . Aux Éditions « Je sers » : Politique de
6402 n chômage . Aux Éditions « Je sers » : Politique de la personne , qui, publié il y a douze ans, obtint un vif succès en H
6403 hômage . Aux Éditions « Je sers » : Politique de la personne , qui, publié il y a douze ans, obtint un vif succès en Holl
6404 ccès en Hollande, où il joua un certain rôle dans la naissance du parti travailliste. Je préfère ne point vous parler des
6405 J’en ai environ dix-huit ! ae. Rougemont Denis de , « [Réponse à une enquête] Les travaux des écrivains », Le Figaro lit
6406 e. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête] Les travaux des écrivains », Le Figaro littéraire, Paris, 24 août 1946, p
6407 ponse à une enquête] Les travaux des écrivains », Le Figaro littéraire, Paris, 24 août 1946, p. 2. af. La première versio
6408 ris, 24 août 1946, p. 2. af. La première version de cet ouvrage est parue en 1942, et non en 1940.
28 1946, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)
6409 Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)ah Je n
6410 Mémoire de l’ Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)ah Je ne s
6411 étais baigné. J’étais fondé. Et je marchais parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l
6412 is parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’é
6413 séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’ on ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces
6414 numents que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’ écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers un
6415 ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers une place plantée
6416 s qui tournaient doucement vers une place plantée d’ arbres et déserte, aux rendez-vous manqués où je me retrouvais… « Je t
6417 etrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit. L’ Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était pro
6418 . J’aime ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’ amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être
6419 ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être présent q
6420 urope était patrie d’amour. Le silence attendait, l’ absence était profonde, et chaque être présent questionnait, répondait
6421 , et chaque être présent questionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obs
6422 questionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la con
6423 ée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la contemplation jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps
6424 ne obscure, ou bien dans la contemplation jalouse d’ un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et not
6425 e d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait
6426 jà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fre
6427 ion la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’une journée q
6428 au silence. La force était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’une journée qui se liait aux autres… (Quand ta forc
6429 e était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’ une journée qui se liait aux autres… (Quand ta force devient visible,
6430 res… (Quand ta force devient visible, c’est comme le sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va !) La force était mémoir
6431 e sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va !) La force était mémoire et allusion. Elle était ce vieil arbre tenace. El
6432 ion. Elle était ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en
6433 t ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle
6434 ait la douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… ⁂
6435 ceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’ un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… ⁂ Quand je m
6436 ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce qu
6437 é d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe
6438 ’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’ amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est
6439 udeurs de l’amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est l’ Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su
6440 Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’ Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant
6441 souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et
6442 n vie tant de passé, et garder tant de morts dans la présence, elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’avenir.
6443 nt de morts dans la présence, elle ne cessera pas d’ engendrer. Elle a maîtrise d’avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémo
6444 elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’ avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe (écrit en Amé
6445 Elle a maîtrise d’avenir. ah. Rougemont Denis de , « Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) », Suisse contemp
6446 se d’avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) », Suisse contemporaine, Lausan
6447 d’avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’ Europe (écrit en Amérique, en 1943) », Suisse contemporaine, Lausanne,
29 1946, Articles divers (1941-1946). En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation : ce que l’on entendait sur le paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre 1946)
6448 1940, j’ai vu chanceler une civilisation : ce que l’ on entendait sur le paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre
6449 eler une civilisation : ce que l’on entendait sur le paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre 1946)ag Lisbonne
6450 Lisbonne, 8 septembre 1940 Blanche et bleue dans l’ immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claqu
6451 mbre 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquant et ses rues dé
6452 e 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquant et ses rues débou
6453 ses drapeaux claquant et ses rues débouchant sur le ciel, la ville aux sent collines renie la guerre, oublie l’Europe. Da
6454 eaux claquant et ses rues débouchant sur le ciel, la ville aux sent collines renie la guerre, oublie l’Europe. Dans quelqu
6455 ant sur le ciel, la ville aux sent collines renie la guerre, oublie l’Europe. Dans quelques heures nous embarquons pour l’
6456 a ville aux sent collines renie la guerre, oublie l’ Europe. Dans quelques heures nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici
6457 Europe. Dans quelques heures nous embarquons pour l’ Amérique. Mais ici je fais le serment d’opposer une stricte mémoire à
6458 nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici je fais le serment d’opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la
6459 uons pour l’Amérique. Mais ici je fais le serment d’ opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la vie, toujo
6460 e fais le serment d’opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la vie, toujours pressée d’imaginer un monde
6461 ser une stricte mémoire à la candeur intarissable de la vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore cont
6462 une stricte mémoire à la candeur intarissable de la vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore continu
6463 candeur intarissable de la vie, toujours pressée d’ imaginer un monde où tout peut encore continuer. Je viens de voir une
6464 iens de voir une civilisation frappée au cœur, je l’ ai vue chanceler, j’ai vu qu’elle peut mourir. Durant cette traversée
6465 le peut mourir. Durant cette traversée en autocar de Genève aux Pyrénées, pendant deux jours, j’ai vu la France toute pare
6466 Genève aux Pyrénées, pendant deux jours, j’ai vu la France toute pareille à un homme qui vient de tomber sur la tête : il
6467 toute pareille à un homme qui vient de tomber sur la tête : il se relève, se tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t
6468 vre ? A-t-il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu l’ Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre en
6469 il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le dém
6470 ait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne de cendre et d’ esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le
6471 ’ai vu l’Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai
6472 sprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse,
6473 de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des he
6474 iaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonné
6475 ue et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées
6476 rhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’ invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées du Nord et
6477 bandonnées du Nord et que nos paysans s’efforcent d’ arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître les
6478 ’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bas
6479 renaître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève, nuit et jour, a
6480 rd, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’ une liberté qui ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons-nous,
6481 ole d’une liberté qui ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons-nous, car tout peut périr. Nous qui sommes encore ép
6482 ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce ! À bord de l’Exeter, 11 septembre 1940 Les derniers barrages t
6483 , ne perdons pas notre délai de grâce ! À bord de l’ Exeter, 11 septembre 1940 Les derniers barrages traversés, la passerel
6484 de grâce ! À bord de l’Exeter, 11 septembre 1940 Les derniers barrages traversés, la passerelle relevée, et nos papiers en
6485 1 septembre 1940 Les derniers barrages traversés, la passerelle relevée, et nos papiers enfin déposés chez le purser, nous
6486 erelle relevée, et nos papiers enfin déposés chez le purser, nous n’avons plus devant nous qu’un océan sans douanes ! Dix
6487 s, dix jours durant lesquels on peut imaginer que la police renoncera au viol de notre vie privée. Pourtant, certains des
6488 on peut imaginer que la police renoncera au viol de notre vie privée. Pourtant, certains des passagers gardent encore l’a
6489 . Pourtant, certains des passagers gardent encore l’ air de s’attendre au pire, tandis qu’ils font leur premier tour de pon
6490 tant, certains des passagers gardent encore l’air de s’attendre au pire, tandis qu’ils font leur premier tour de pont. Ils
6491 dre au pire, tandis qu’ils font leur premier tour de pont. Ils se rappellent sans doute ce Polonais, tiré, jeté par la pol
6492 rappellent sans doute ce Polonais, tiré, jeté par la police franquiste hors du train qui sifflait déjà pour le départ vers
6493 e franquiste hors du train qui sifflait déjà pour le départ vers la frontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de la
6494 rs du train qui sifflait déjà pour le départ vers la frontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de la liberté. Car t
6495 frontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de la liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous venons de passer, e
6496 ontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de la liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous venons de passer, en q
6497 ètres — du Portugal et de la liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous venons de passer, en quatre jours de voyage, s
6498 policier. Nous venons de passer, en quatre jours de voyage, sept contrôles différents de douane et de police. Secondés pa
6499 quatre jours de voyage, sept contrôles différents de douane et de police. Secondés par la chance, nous n’y avons passé, si
6500 de voyage, sept contrôles différents de douane et de police. Secondés par la chance, nous n’y avons passé, si je compte bi
6501 s différents de douane et de police. Secondés par la chance, nous n’y avons passé, si je compte bien, guère plus de 22 heu
6502 us n’y avons passé, si je compte bien, guère plus de 22 heures, mais le total normal est d’au moins 30, m’affirme-t-on, et
6503 si je compte bien, guère plus de 22 heures, mais le total normal est d’au moins 30, m’affirme-t-on, et les « accidents »
6504 guère plus de 22 heures, mais le total normal est d’ au moins 30, m’affirme-t-on, et les « accidents » sont fréquents. Para
6505 otal normal est d’au moins 30, m’affirme-t-on, et les « accidents » sont fréquents. Paradoxe du siècle où tout est fait pou
6506 Paradoxe du siècle où tout est fait pour réduire l’ homme à l’anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa d
6507 du siècle où tout est fait pour réduire l’homme à l’ anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa différence
6508 t est fait pour réduire l’homme à l’anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa différence personnelle, cep
6509 l’homme à l’anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa différence personnelle, cependant qu’on lui demand
6510 nyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa différence personnelle, cependant qu’on lui demande à chaque pas d
6511 onnelle, cependant qu’on lui demande à chaque pas de prouver son identité. Or plus il en proteste et moins il s’en assure.
6512 s il en proteste et moins il s’en assure. Plus il la chiffre et moins il la ressent. Et plus il la démontre à coups de doc
6513 ns il s’en assure. Plus il la chiffre et moins il la ressent. Et plus il la démontre à coups de documents, moins il se rec
6514 il la chiffre et moins il la ressent. Et plus il la démontre à coups de documents, moins il se reconnaît dans le portrait
6515 ins il la ressent. Et plus il la démontre à coups de documents, moins il se reconnaît dans le portrait simplifié que la po
6516 à coups de documents, moins il se reconnaît dans le portrait simplifié que la police en compose à toutes fins menaçantes.
6517 ns il se reconnaît dans le portrait simplifié que la police en compose à toutes fins menaçantes. Songeons aussi que ces pr
6518 aussi que ces procédés s’appliquent précisément à l’ émigrant, à celui qui s’éloigne de ses bases, des réflexes de son mili
6519 t précisément à l’émigrant, à celui qui s’éloigne de ses bases, des réflexes de son milieu, de tout ce qui allait de soi a
6520 à celui qui s’éloigne de ses bases, des réflexes de son milieu, de tout ce qui allait de soi autour de lui et l’assurait
6521 éloigne de ses bases, des réflexes de son milieu, de tout ce qui allait de soi autour de lui et l’assurait quotidiennement
6522 eu, de tout ce qui allait de soi autour de lui et l’ assurait quotidiennement, inconsciemment, qu’il était bien réel et bie
6523 lui-même… En mer, nuit du 12 au 13 septembre 1940 Les derniers bateaux de la dernière ligne reliant l’Europe à l’Amérique o
6524 t du 12 au 13 septembre 1940 Les derniers bateaux de la dernière ligne reliant l’Europe à l’Amérique ont tous des noms en
6525 Les derniers bateaux de la dernière ligne reliant l’ Europe à l’Amérique ont tous des noms en « Ex » : Exeter, Excalibur, E
6526 s bateaux de la dernière ligne reliant l’Europe à l’ Amérique ont tous des noms en « Ex » : Exeter, Excalibur, Excambion. E
6527 lionnaires, ex-princes, vers leur exil. Mais moi, de quoi pourrais-je bien être l’ex ? Ni fugitif, ni juif, ni riche, ni d
6528 eur exil. Mais moi, de quoi pourrais-je bien être l’ ex ? Ni fugitif, ni juif, ni riche, ni détrôné, et ne pouvant me récla
6529 riche, ni détrôné, et ne pouvant me réclamer que d’ une « mission de conférences » (prétexte évidemment peu convaincant) j
6530 né, et ne pouvant me réclamer que d’une « mission de conférences » (prétexte évidemment peu convaincant) je fais figure d’
6531 étexte évidemment peu convaincant) je fais figure d’ ex-voyageur normal. Touriste des catastrophes, scandaleux personnage,
6532 te des catastrophes, scandaleux personnage, comme le serait un témoin vivant même aux colloques des fantômes… Je crois bie
6533 Je crois bien que cette image m’est venue à cause d’ une conversation entendue sur le pont cette nuit même. L’heure était f
6534 est venue à cause d’une conversation entendue sur le pont cette nuit même. L’heure était fort tardive et propice aux aveux
6535 onversation entendue sur le pont cette nuit même. L’ heure était fort tardive et propice aux aveux. V., ex-cagoulard, ayant
6536 ns verve comment ses camarades et lui-même, avant la guerre, organisaient des dépôts de mitraillettes dans certaines rues
6537 ui-même, avant la guerre, organisaient des dépôts de mitraillettes dans certaines rues stratégiques de Paris, T., ex-milit
6538 de mitraillettes dans certaines rues stratégiques de Paris, T., ex-militant de la gauche, lui répondit avec un demi-sourir
6539 aines rues stratégiques de Paris, T., ex-militant de la gauche, lui répondit avec un demi-sourire et sans retirer son mégo
6540 es rues stratégiques de Paris, T., ex-militant de la gauche, lui répondit avec un demi-sourire et sans retirer son mégot,
6541 ec un demi-sourire et sans retirer son mégot, que de l’autre côté on savait tout cela, et qu’au surplus, on en faisait aut
6542 deux ex-adversaires, leurs astucieux préparatifs de guerre civile n’auraient été troublés que par l’attaque intempestive
6543 de guerre civile n’auraient été troublés que par l’ attaque intempestive des nazis. Contre ceux-là, il semblerait qu’on eû
6544 , il semblerait qu’on eût moins brillamment prévu les choses… De fait, les étrangers sont toujours surprenants. On ne s’ent
6545 ait qu’on eût moins brillamment prévu les choses… De fait, les étrangers sont toujours surprenants. On ne s’entend vraimen
6546 eût moins brillamment prévu les choses… De fait, les étrangers sont toujours surprenants. On ne s’entend vraiment bien qu’
6547 ns du même peuple. 17 septembre 1940 Chaque soir, les passagers se pressent devant la porte de la cabine du capitaine, avec
6548 940 Chaque soir, les passagers se pressent devant la porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. T
6549 e soir, les passagers se pressent devant la porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’h
6550 oir, les passagers se pressent devant la porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’heur
6551 t devant la porte de la cabine du capitaine, avec l’ espoir d’entendre la radio. Tout à l’heure comme j’essayais de me fauf
6552 la porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir d’ entendre la radio. Tout à l’heure comme j’essayais de me faufiler, R.
6553 la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’heure comme j’essayais de me faufiler, R. s’extrait d
6554 itaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’ heure comme j’essayais de me faufiler, R. s’extrait du groupe, me cède
6555 ntendre la radio. Tout à l’heure comme j’essayais de me faufiler, R. s’extrait du groupe, me cède sa place, et je l’entend
6556 , R. s’extrait du groupe, me cède sa place, et je l’ entends dire à sa femme qui attendait un peu en arrière : « Rien de no
6557 eu en arrière : « Rien de nouveau, c’est toujours les mêmes petites histoires… » Depuis des mois, c’est ce que répètent dix
6558 des mois, c’est ce que répètent dix fois par jour les usagers de la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais no
6559 est ce que répètent dix fois par jour les usagers de la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regar
6560 ce que répètent dix fois par jour les usagers de la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardio
6561 pètent dix fois par jour les usagers de la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop
6562 r jour les usagers de la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop près : d’heure en
6563 e monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop près : d’heure en heure, nous n’avons rien vu. C’e
6564 gé de face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop près : d’heure en heure, nous n’avons rien vu. C’est après coup,
6565 nos yeux, mais nous le regardions de trop près : d’ heure en heure, nous n’avons rien vu. C’est après coup, en nous retour
6566 coup, en nous retournant, que nous avons entrevu l’ ampleur et la rapidité des événements. Il a dit : « Rien de nouveau, r
6567 s retournant, que nous avons entrevu l’ampleur et la rapidité des événements. Il a dit : « Rien de nouveau, rien d’importa
6568 es événements. Il a dit : « Rien de nouveau, rien d’ important… » Mais je crois avoir entendu dans le ronron nasillard qui
6569 n d’important… » Mais je crois avoir entendu dans le ronron nasillard qui sortait de la petite chambre : « 165 avions alle
6570 voir entendu dans le ronron nasillard qui sortait de la petite chambre : « 165 avions allemands ont été abattus sur Londre
6571 r entendu dans le ronron nasillard qui sortait de la petite chambre : « 165 avions allemands ont été abattus sur Londres. 
6572 ont été abattus sur Londres. » Et c’est peut-être la nouvelle la plus importante de la guerre. Car tout tient aux Anglais,
6573 tus sur Londres. » Et c’est peut-être la nouvelle la plus importante de la guerre. Car tout tient aux Anglais, et si ce bu
6574 Et c’est peut-être la nouvelle la plus importante de la guerre. Car tout tient aux Anglais, et si ce bulletin dit vrai, le
6575 c’est peut-être la nouvelle la plus importante de la guerre. Car tout tient aux Anglais, et si ce bulletin dit vrai, les A
6576 ut tient aux Anglais, et si ce bulletin dit vrai, les Anglais tiennent. L’autre jour à Lisbonne une lady me disait : « Nous
6577 aux chefs français trop cartésiens qui ont admis la défaite sur sa définition, — avant qu’elle fût définitive. 18 septemb
6578 fût définitive. 18 septembre 1940 Comment prévoir l’ issue de cette guerre, lorsqu’on a remarqué qu’elle n’oppose plus que
6579 nitive. 18 septembre 1940 Comment prévoir l’issue de cette guerre, lorsqu’on a remarqué qu’elle n’oppose plus que deux nat
6580 tre qui ne sait pas être vaincue, mais qui perd ? Les Allemands, en effet, même victorieux, se plaignent encore comme des v
6581 rieux, se plaignent encore comme des victimes. Et les Anglais, même battus, se comportent en propriétaires de droit divin d
6582 lais, même battus, se comportent en propriétaires de droit divin de la victoire en général. La seule solution « possible »
6583 us, se comportent en propriétaires de droit divin de la victoire en général. La seule solution « possible » serait donc la
6584 se comportent en propriétaires de droit divin de la victoire en général. La seule solution « possible » serait donc la vi
6585 étaires de droit divin de la victoire en général. La seule solution « possible » serait donc la victoire anglaise. 19 sept
6586 néral. La seule solution « possible » serait donc la victoire anglaise. 19 septembre 1940 Un journaliste américain, qui re
6587 tembre 1940 Un journaliste américain, qui revient de Paris, s’appuie au bastingage, près de moi, et me dit en crachant dan
6588 stingage, près de moi, et me dit en crachant dans l’ eau entre chaque phrase : « Il y a des gens, des Parisiens, qui trouve
6589  Il y a des gens, des Parisiens, qui trouvent que les Boches sont corrects… Well… Quand un gangster de Chicago vous prend v
6590 les Boches sont corrects… Well… Quand un gangster de Chicago vous prend votre portefeuille, il vous donne quelquefois cinq
6591 orrect, isn’t he ? » À mon tour, j’ai craché dans l’ eau, pour marquer mon approbation. 20 septembre 1940, en rade de New Y
6592 rquer mon approbation. 20 septembre 1940, en rade de New York Je me suis éveillé dans ma cabine moite avec le sentiment qu
6593 York Je me suis éveillé dans ma cabine moite avec le sentiment que tout était changé autour de moi. Eh oui ! des verdures
6594 verdures proches défilaient au hublot ! Couru sur le pont. Nous sommes dans les passes de l’Hudson. Une brume de chaleur t
6595 t au hublot ! Couru sur le pont. Nous sommes dans les passes de l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives.
6596  ! Couru sur le pont. Nous sommes dans les passes de l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives. Je ne m’at
6597 Couru sur le pont. Nous sommes dans les passes de l’ Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives. Je ne m’atten
6598 ous sommes dans les passes de l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives. Je ne m’attendais pas à la nature
6599 e l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives. Je ne m’attendais pas à la nature américaine, à la voir la pre
6600 opicale bleuit les rives. Je ne m’attendais pas à la nature américaine, à la voir la première et de si près, avant les gra
6601 . Je ne m’attendais pas à la nature américaine, à la voir la première et de si près, avant les gratte-ciel, la statue… Je
6602 à la nature américaine, à la voir la première et de si près, avant les gratte-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensa
6603 caine, à la voir la première et de si près, avant les gratte-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensation d’un paysage p
6604 la première et de si près, avant les gratte-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensation d’un paysage plus étranger, ma
6605 ant les gratte-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensation d’un paysage plus étranger, mais plus étrangement accueilla
6606 e-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensation d’ un paysage plus étranger, mais plus étrangement accueillant. Tous ces
6607 . Et comme on aime une terre qui s’approche, avec l’ immense sécurité du continent qu’on imagine au-delà de ces falaises or
6608 mense sécurité du continent qu’on imagine au-delà de ces falaises orangées, frangées de forêts d’un vert sombre de luxueus
6609 magine au-delà de ces falaises orangées, frangées de forêts d’un vert sombre de luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit
6610 delà de ces falaises orangées, frangées de forêts d’ un vert sombre de luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit et se peup
6611 ses orangées, frangées de forêts d’un vert sombre de luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit et se peuple de mâts. Au so
6612 e forêts d’un vert sombre de luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit et se peuple de mâts. Au sommet d’une falaise qui f
6613 use tapisserie… La rivière s’élargit et se peuple de mâts. Au sommet d’une falaise qui fuit obliquement éclate une longue
6614 rivière s’élargit et se peuple de mâts. Au sommet d’ une falaise qui fuit obliquement éclate une longue façade claire et ne
6615 emière rue américaine ! Nous approchons. Tournant la tête vers l’avant, un peu au-dessus de la poupe, je viens de voir un
6616 éricaine ! Nous approchons. Tournant la tête vers l’ avant, un peu au-dessus de la poupe, je viens de voir un groupe de tou
6617 . Tournant la tête vers l’avant, un peu au-dessus de la poupe, je viens de voir un groupe de tours serrées, presque diapha
6618 ournant la tête vers l’avant, un peu au-dessus de la poupe, je viens de voir un groupe de tours serrées, presque diaphanes
6619 au-dessus de la poupe, je viens de voir un groupe de tours serrées, presque diaphanes dans la brume — Manhattan, comme une
6620 n groupe de tours serrées, presque diaphanes dans la brume — Manhattan, comme une prémonition qui serait vérifiée à l’inst
6621 érifiée à l’instant même ! ag. Rougemont Denis de , « En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation », Le Figaro littérair
6622 « En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation », Le Figaro littéraire, Paris, 21 septembre 1946, p. 1 et 4.