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Reynold et
l’
avenir de la Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’
2
Reynold et l’avenir
de
la Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’auteur de
3
Reynold et l’avenir de
la
Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’auteur de Co
4
Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)a
Le
grand service que nous aura rendu l’auteur de Conscience de la Suisse
5
e (1941)a Le grand service que nous aura rendu
l’
auteur de Conscience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’aven
6
Le grand service que nous aura rendu l’auteur
de
Conscience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédi
7
ervice que nous aura rendu l’auteur de Conscience
de
la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédiat de ce pays
8
ice que nous aura rendu l’auteur de Conscience de
la
Suisse, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédiat de ce pays un
9
rendu l’auteur de Conscience de la Suisse, c’est
d’
avoir osé porter sur l’avenir immédiat de ce pays un jugement pessimis
10
cience de la Suisse, c’est d’avoir osé porter sur
l’
avenir immédiat de ce pays un jugement pessimiste. Les plus graves fai
11
e, c’est d’avoir osé porter sur l’avenir immédiat
de
ce pays un jugement pessimiste. Les plus graves faiblesses, morales e
12
venir immédiat de ce pays un jugement pessimiste.
Les
plus graves faiblesses, morales et matérielles, dans le domaine de la
13
s graves faiblesses, morales et matérielles, dans
le
domaine de la « défense spirituelle » comme dans celui de la défense
14
iblesses, morales et matérielles, dans le domaine
de
la « défense spirituelle » comme dans celui de la défense du territoi
15
esses, morales et matérielles, dans le domaine de
la
« défense spirituelle » comme dans celui de la défense du territoire,
16
ne de la « défense spirituelle » comme dans celui
de
la défense du territoire, proviennent chez nous d’une incapacité cong
17
de la « défense spirituelle » comme dans celui de
la
défense du territoire, proviennent chez nous d’une incapacité congéni
18
e la défense du territoire, proviennent chez nous
d’
une incapacité congénitale à prévoir le pire, à l’admettre, et à se pr
19
chez nous d’une incapacité congénitale à prévoir
le
pire, à l’admettre, et à se préparer en conséquence. Nous n’avons pas
20
d’une incapacité congénitale à prévoir le pire, à
l’
admettre, et à se préparer en conséquence. Nous n’avons pas encore su
21
n conséquence. Nous n’avons pas encore su prendre
le
tempo de ce xxe siècle. C’est que nous sommes devenus un peuple de b
22
ence. Nous n’avons pas encore su prendre le tempo
de
ce xxe siècle. C’est que nous sommes devenus un peuple de bourgeois.
23
siècle. C’est que nous sommes devenus un peuple
de
bourgeois. L’ère de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de
24
t que nous sommes devenus un peuple de bourgeois.
L’
ère de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’im
25
nous sommes devenus un peuple de bourgeois. L’ère
de
la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imaginat
26
s sommes devenus un peuple de bourgeois. L’ère de
la
bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imagination
27
de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et
de
l’absence d’imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos
28
la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de
l’
absence d’imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos can
29
oisie, ère du « confort moderne » et de l’absence
d’
imagination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos cantons une e
30
ence d’imagination réaliste, prolonge encore dans
la
vie de nos cantons une existence condamnée ailleurs par des faits que
31
imagination réaliste, prolonge encore dans la vie
de
nos cantons une existence condamnée ailleurs par des faits que je n’a
32
illeurs par des faits que je n’ai pas à rappeler.
La
faiblesse du bourgeois réside dans son refus de prendre au sérieux ce
33
. La faiblesse du bourgeois réside dans son refus
de
prendre au sérieux ce qui l’étonne. « Trop beau pour être vrai », dis
34
éside dans son refus de prendre au sérieux ce qui
l’
étonne. « Trop beau pour être vrai », disait-il au siècle dernier ; et
35
t comme par en bas, traduit un seul et même refus
de
voir le monde tel qu’il est : pécheur et racheté, condamné et sauvé.
36
par en bas, traduit un seul et même refus de voir
le
monde tel qu’il est : pécheur et racheté, condamné et sauvé. Qui ne c
37
le. Qui ne croit pas au pardon ne saurait mesurer
les
profondeurs et les puissances du mal. Et c’est pourquoi les chrétiens
38
s au pardon ne saurait mesurer les profondeurs et
les
puissances du mal. Et c’est pourquoi les chrétiens seuls savent recon
39
deurs et les puissances du mal. Et c’est pourquoi
les
chrétiens seuls savent reconnaître les démons et déjouer à temps leur
40
t pourquoi les chrétiens seuls savent reconnaître
les
démons et déjouer à temps leurs calculs. Reynold a le courage d’envis
41
émons et déjouer à temps leurs calculs. Reynold a
le
courage d’envisager — de regarder en plein visage — ce qui nous ruine
42
jouer à temps leurs calculs. Reynold a le courage
d’
envisager — de regarder en plein visage — ce qui nous ruine. Non qu’il
43
leurs calculs. Reynold a le courage d’envisager —
de
regarder en plein visage — ce qui nous ruine. Non qu’il soit pessimis
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il soit pessimiste par tempérament — ce n’est pas
l’
impression qu’il donne, pas du tout — mais il est simplement lucide. I
45
est simplement lucide. Il a su voir plus loin que
le
bout de la Suisse. Il a su voir l’Europe en pleine révolution. Il a m
46
lement lucide. Il a su voir plus loin que le bout
de
la Suisse. Il a su voir l’Europe en pleine révolution. Il a montré l’
47
ent lucide. Il a su voir plus loin que le bout de
la
Suisse. Il a su voir l’Europe en pleine révolution. Il a montré l’un
48
plus loin que le bout de la Suisse. Il a su voir
l’
Europe en pleine révolution. Il a montré l’un des premiers, chez nous,
49
on. Il a montré l’un des premiers, chez nous, que
la
vraie fin, même inconsciente de l’étatisme disciplinaire, dépourvu d’
50
s, chez nous, que la vraie fin, même inconsciente
de
l’étatisme disciplinaire, dépourvu d’idéal directeur, n’était autre q
51
chez nous, que la vraie fin, même inconsciente de
l’
étatisme disciplinaire, dépourvu d’idéal directeur, n’était autre que
52
nconsciente de l’étatisme disciplinaire, dépourvu
d’
idéal directeur, n’était autre que la mise au pas du pays, sa mise en
53
re, dépourvu d’idéal directeur, n’était autre que
la
mise au pas du pays, sa mise en marche vers le nihilisme — ou l’annex
54
ue la mise au pas du pays, sa mise en marche vers
le
nihilisme — ou l’annexion. « Faire du socialisme, écrit-il, c’est fai
55
du pays, sa mise en marche vers le nihilisme — ou
l’
annexion. « Faire du socialisme, écrit-il, c’est faire la moitié du na
56
ion. « Faire du socialisme, écrit-il, c’est faire
la
moitié du national-socialisme. » Certes, on peut lui répondre que fai
57
faire du nationalisme, c’est faire l’autre moitié
de
ce tout. Mais enfin, l’important c’est que chacun commence par dire l
58
’est faire l’autre moitié de ce tout. Mais enfin,
l’
important c’est que chacun commence par dire la vérité dans son patois
59
n, l’important c’est que chacun commence par dire
la
vérité dans son patois, et celui de Reynold est « de droite ». Le mie
60
ence par dire la vérité dans son patois, et celui
de
Reynold est « de droite ». Le mien passa souvent pour être de « gauch
61
vérité dans son patois, et celui de Reynold est «
de
droite ». Le mien passa souvent pour être de « gauche », comme si je
62
st « de droite ». Le mien passa souvent pour être
de
« gauche », comme si je croyais encore aux vaines distinctions qui ch
63
s encore aux vaines distinctions qui chatouillent
les
politiciens ! Laissons tout cela et avançons ! La claire vision d’un
64
es politiciens ! Laissons tout cela et avançons !
La
claire vision d’un but commun et d’un péril qui se désigne lui-même c
65
Laissons tout cela et avançons ! La claire vision
d’
un but commun et d’un péril qui se désigne lui-même comme total (ou to
66
et avançons ! La claire vision d’un but commun et
d’
un péril qui se désigne lui-même comme total (ou totalitaire) doit bie
67
Allons-y viribus unitis ! Car cela est clair : ni
les
gauches ni les droites seules, ni les catholiques ni les protestants
68
s unitis ! Car cela est clair : ni les gauches ni
les
droites seules, ni les catholiques ni les protestants seuls ne pourro
69
clair : ni les gauches ni les droites seules, ni
les
catholiques ni les protestants seuls ne pourront rien faire chez nous
70
ches ni les droites seules, ni les catholiques ni
les
protestants seuls ne pourront rien faire chez nous. S’ils veulent res
71
diversités se fédèrent au service du pays. Quand
le
temps presse, comme aujourd’hui, l’on voit ce qui compte, et c’est ce
72
u pays. Quand le temps presse, comme aujourd’hui,
l’
on voit ce qui compte, et c’est cela qui unit. Pour le reste, si série
73
voit ce qui compte, et c’est cela qui unit. Pour
le
reste, si sérieux soit-il, on en reparlera plus tard. Faisons d’abord
74
orte qu’il y ait un « plus tard ». En campagne,
le
jour de la capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, «
75
il y ait un « plus tard ». En campagne, le jour
de
la capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold
76
y ait un « plus tard ». En campagne, le jour de
la
capitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et
77
tard ». En campagne, le jour de la capitulation
de
la Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir de la S
78
d ». En campagne, le jour de la capitulation de
la
Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir de la Suis
79
pitulation de la Hollande. a. Rougemont Denis
de
, « Reynold et l’avenir de la Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold,
80
Hollande. a. Rougemont Denis de, « Reynold et
l’
avenir de la Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librai
81
a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir
de
la Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie de l’
82
a. Rougemont Denis de, « Reynold et l’avenir de
la
Suisse », Hommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie de l’Uni
83
ommage à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie
de
l’Université, 1941, p. 123-125.
84
age à Gonzague de Reynold, Fribourg, Librairie de
l’
Université, 1941, p. 123-125.
85
Trois paraboles (1er octobre 1941)b I. À
la
porte du jardin Il y a mille chambres au Palais, mille lits pour y
86
es, et sa pudeur est dévoilée, ô folle ! Mais lui
les
trouve et s’en revêt : voiles de nuit. Elle a passé tout près, ne l’a
87
olle ! Mais lui les trouve et s’en revêt : voiles
de
nuit. Elle a passé tout près, ne l’a pas vu. C’est pourtant le désir
88
evêt : voiles de nuit. Elle a passé tout près, ne
l’
a pas vu. C’est pourtant le désir qui les presse, et l’amour appelant
89
a passé tout près, ne l’a pas vu. C’est pourtant
le
désir qui les presse, et l’amour appelant l’amour aux chambres vides,
90
près, ne l’a pas vu. C’est pourtant le désir qui
les
presse, et l’amour appelant l’amour aux chambres vides, dans la sonor
91
as vu. C’est pourtant le désir qui les presse, et
l’
amour appelant l’amour aux chambres vides, dans la sonorité glaciale d
92
tant le désir qui les presse, et l’amour appelant
l’
amour aux chambres vides, dans la sonorité glaciale des appartements d
93
l’amour appelant l’amour aux chambres vides, dans
la
sonorité glaciale des appartements du Pouvoir. Lui, la voyant passer,
94
norité glaciale des appartements du Pouvoir. Lui,
la
voyant passer, s’offusque, ou c’est le désir qui l’aveugle ? Elle est
95
voir. Lui, la voyant passer, s’offusque, ou c’est
le
désir qui l’aveugle ? Elle est nue, ses jambes ont fui. — Toi qui con
96
voyant passer, s’offusque, ou c’est le désir qui
l’
aveugle ? Elle est nue, ses jambes ont fui. — Toi qui connais le maîtr
97
le est nue, ses jambes ont fui. — Toi qui connais
le
maître du palais, dis-moi s’il vit, s’il règne encore aux solitudes.
98
e aux solitudes. Car sinon, tu m’entends, je suis
le
Prince ! Et quelle est la femme égarée qui ne voudrait aimer le Princ
99
, tu m’entends, je suis le Prince ! Et quelle est
la
femme égarée qui ne voudrait aimer le Prince de ces Lieux ? — Mais on
100
quelle est la femme égarée qui ne voudrait aimer
le
Prince de ces Lieux ? — Mais on m’appelle, écoute, la voix venait du
101
t la femme égarée qui ne voudrait aimer le Prince
de
ces Lieux ? — Mais on m’appelle, écoute, la voix venait du parc ? — E
102
rince de ces Lieux ? — Mais on m’appelle, écoute,
la
voix venait du parc ? — Es-tu bien sûr que c’était une voix ? Ils y c
103
bien sûr que c’était une voix ? Ils y couraient.
La
nuit pleuvait dans les futaies épaisses, et les herbes sauvages fouet
104
une voix ? Ils y couraient. La nuit pleuvait dans
les
futaies épaisses, et les herbes sauvages fouettaient les jambes nues.
105
t. La nuit pleuvait dans les futaies épaisses, et
les
herbes sauvages fouettaient les jambes nues. Au fond du parc, près de
106
aies épaisses, et les herbes sauvages fouettaient
les
jambes nues. Au fond du parc, près de la porte démolie, là où les mur
107
ttaient les jambes nues. Au fond du parc, près de
la
porte démolie, là où les murs ne cachent plus que les abords désertiq
108
Au fond du parc, près de la porte démolie, là où
les
murs ne cachent plus que les abords désertiques de la ville, ils se s
109
porte démolie, là où les murs ne cachent plus que
les
abords désertiques de la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans l
110
s murs ne cachent plus que les abords désertiques
de
la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais dis
111
urs ne cachent plus que les abords désertiques de
la
ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais dispar
112
abords désertiques de la ville, ils se sont vus !
Le
jour naît dans la pluie. Le Palais disparu, les jardins dévastés, il
113
de la ville, ils se sont vus ! Le jour naît dans
la
pluie. Le Palais disparu, les jardins dévastés, il est vêtu des voile
114
le, ils se sont vus ! Le jour naît dans la pluie.
Le
Palais disparu, les jardins dévastés, il est vêtu des voiles, elle tr
115
! Le jour naît dans la pluie. Le Palais disparu,
les
jardins dévastés, il est vêtu des voiles, elle tremble nue. — Où se c
116
cacher encore ? dit-elle. — Dans tes voiles. — Tu
les
as pris. — Viens dans mes bras, ma fille. II. Le marché de l’aube
117
as pris. — Viens dans mes bras, ma fille. II.
Le
marché de l’aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le pe
118
— Viens dans mes bras, ma fille. II. Le marché
de
l’aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marcha
119
iens dans mes bras, ma fille. II. Le marché de
l’
aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marchand
120
ma fille. II. Le marché de l’aube — Choisis
la
pierre de tes vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prê
121
II. Le marché de l’aube — Choisis la pierre
de
tes vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prêtre orient
122
be — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait
le
petit marchand à la barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit la p
123
ierre de tes vœux, lui disait le petit marchand à
la
barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit la plus terne, il était
124
vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche
de
prêtre oriental. L’homme choisit la plus terne, il était triste et pr
125
petit marchand à la barbiche de prêtre oriental.
L’
homme choisit la plus terne, il était triste et présomptueux. À mesure
126
à la barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit
la
plus terne, il était triste et présomptueux. À mesure qu’avec les ann
127
il était triste et présomptueux. À mesure qu’avec
les
années, il se persuadait que sa pierre était bonne, étant bien celle
128
adait que sa pierre était bonne, étant bien celle
de
ses vœux, la pierre se mit à luire davantage ; et davantage encore il
129
pierre était bonne, étant bien celle de ses vœux,
la
pierre se mit à luire davantage ; et davantage encore il l’aimait, pl
130
se mit à luire davantage ; et davantage encore il
l’
aimait, plus il luttait contre la vie, plus il vivait. Un soir, émerve
131
antage encore il l’aimait, plus il luttait contre
la
vie, plus il vivait. Un soir, émerveillé de la revoir, il dit : — Je
132
ontre la vie, plus il vivait. Un soir, émerveillé
de
la revoir, il dit : — Je suis un homme heureux, j’ai su choisir la pi
133
re la vie, plus il vivait. Un soir, émerveillé de
la
revoir, il dit : — Je suis un homme heureux, j’ai su choisir la pierr
134
dit : — Je suis un homme heureux, j’ai su choisir
la
pierre de mes vœux, car seul j’ai deviné le cher secret de son éclat.
135
suis un homme heureux, j’ai su choisir la pierre
de
mes vœux, car seul j’ai deviné le cher secret de son éclat. Et mainte
136
oisir la pierre de mes vœux, car seul j’ai deviné
le
cher secret de son éclat. Et maintenant, ma pierre, luis de ton propr
137
de mes vœux, car seul j’ai deviné le cher secret
de
son éclat. Et maintenant, ma pierre, luis de ton propre éclat ! Qu’un
138
cret de son éclat. Et maintenant, ma pierre, luis
de
ton propre éclat ! Qu’une fois au moins je te contemple en mon repos.
139
je te contemple en mon repos. Elle s’éteignit. Il
la
jeta dans le brasier cendreux. Pendant la nuit — grande était sa doul
140
le en mon repos. Elle s’éteignit. Il la jeta dans
le
brasier cendreux. Pendant la nuit — grande était sa douleur — la pier
141
nit. Il la jeta dans le brasier cendreux. Pendant
la
nuit — grande était sa douleur — la pierre se mit à luire sous la cen
142
reux. Pendant la nuit — grande était sa douleur —
la
pierre se mit à luire sous la cendre, et le grand feu flamba soudain
143
était sa douleur — la pierre se mit à luire sous
la
cendre, et le grand feu flamba soudain toute la pièce. Il dit à sa pi
144
eur — la pierre se mit à luire sous la cendre, et
le
grand feu flamba soudain toute la pièce. Il dit à sa pierre : — Ô ma
145
s la cendre, et le grand feu flamba soudain toute
la
pièce. Il dit à sa pierre : — Ô ma pierre, luis dans le feu ! Je ne p
146
ce. Il dit à sa pierre : — Ô ma pierre, luis dans
le
feu ! Je ne puis te toucher, mais la chaleur est bonne. Tout un hiver
147
e, luis dans le feu ! Je ne puis te toucher, mais
la
chaleur est bonne. Tout un hiver, il vécut de ce feu. Le printemps vi
148
ais la chaleur est bonne. Tout un hiver, il vécut
de
ce feu. Le printemps vint. — Aurai-je encore besoin du feu ? Je repre
149
eur est bonne. Tout un hiver, il vécut de ce feu.
Le
printemps vint. — Aurai-je encore besoin du feu ? Je reprendrai ma pi
150
eu ? Je reprendrai ma pierre et me reposerai dans
la
fraîcheur de son éclat. Il la prit. Elle était brûlée. — L’hiver a fa
151
ndrai ma pierre et me reposerai dans la fraîcheur
de
son éclat. Il la prit. Elle était brûlée. — L’hiver a fait son temps,
152
t me reposerai dans la fraîcheur de son éclat. Il
la
prit. Elle était brûlée. — L’hiver a fait son temps, songea-t-il, dan
153
ur de son éclat. Il la prit. Elle était brûlée. —
L’
hiver a fait son temps, songea-t-il, dans ma vie. Pour la deuxième foi
154
ma vie. Pour la deuxième fois, il alla au marché
de
l’aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche d
155
vie. Pour la deuxième fois, il alla au marché de
l’
aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de p
156
ième fois, il alla au marché de l’aube. — Choisis
la
pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souvi
157
il alla au marché de l’aube. — Choisis la pierre
de
tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souviens de ta
158
l’aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit
l’
homme à barbiche de prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il choisit
159
la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche
de
prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il choisit la plus éclatante.
160
dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souviens
de
ta jeunesse. Il choisit la plus éclatante. Et vois : quand il était h
161
prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il choisit
la
plus éclatante. Et vois : quand il était heureux, elle luisait d’une
162
e. Et vois : quand il était heureux, elle luisait
d’
une froide splendeur, et quand il était triste, elle était consolante.
163
tait l’autre qu’il prenait alors entre ses mains,
la
pierre du vœu triste et présomptueux de sa jeunesse. Et il pleurait.
164
es mains, la pierre du vœu triste et présomptueux
de
sa jeunesse. Et il pleurait. Une troisième fois, il se leva pour alle
165
e troisième fois, il se leva pour aller au marché
de
l’aube. — Tu n’as plus rien, lui dit le petit vieillard, je ne te ven
166
roisième fois, il se leva pour aller au marché de
l’
aube. — Tu n’as plus rien, lui dit le petit vieillard, je ne te vendra
167
au marché de l’aube. — Tu n’as plus rien, lui dit
le
petit vieillard, je ne te vendrai rien à crédit. Tu possèdes ta Vie,
168
ge ? Voici, l’une des deux pierres sera ta pierre
de
Mort, si tu la choisis seule, et ne veux plus souffrir. III. Le co
169
ne des deux pierres sera ta pierre de Mort, si tu
la
choisis seule, et ne veux plus souffrir. III. Le coup de pistolet
170
choisis seule, et ne veux plus souffrir. III.
Le
coup de pistolet Évidemment, je n’aurais pas dû entrer. On fait de
171
Évidemment, je n’aurais pas dû entrer. On fait
de
ces bêtises, par négligence, croit-on. Bref, je suis entré, c’était j
172
des escaliers partout, un labyrinthe. Je suivais
les
tapis rouges, et les lampes rouges, comme lorsqu’on choisit une coule
173
t, un labyrinthe. Je suivais les tapis rouges, et
les
lampes rouges, comme lorsqu’on choisit une couleur au jeu de cartes,
174
ouges, comme lorsqu’on choisit une couleur au jeu
de
cartes, rouge ou noir. J’arrive à la salle de lecture. Il n’y avait q
175
uleur au jeu de cartes, rouge ou noir. J’arrive à
la
salle de lecture. Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur l
176
jeu de cartes, rouge ou noir. J’arrive à la salle
de
lecture. Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur les tables
177
a salle de lecture. Il n’y avait que des feuilles
de
papier blanc sur les tables, et tout le monde lisait. Je dis : — Est-
178
Il n’y avait que des feuilles de papier blanc sur
les
tables, et tout le monde lisait. Je dis : — Est-elle ici ? Quelqu’un
179
monde lisait. Je dis : — Est-elle ici ? Quelqu’un
l’
a-t-il vue ? Ils me regardent d’un air vexé. Un valet s’approche rapid
180
e ici ? Quelqu’un l’a-t-il vue ? Ils me regardent
d’
un air vexé. Un valet s’approche rapidement et me dit à voix basse : —
181
lle y est évidemment. Mais je rappelle à Monsieur
la
règle du club : Ni Questions Ni Réponses. Je ne savais plus que dire,
182
is dit que : Fine day to day, c’eût été une sorte
de
question ou de réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller
183
ne day to day, c’eût été une sorte de question ou
de
réponse. Je pensais que le mieux serait de m’en aller sans bruit. Mai
184
e sorte de question ou de réponse. Je pensais que
le
mieux serait de m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces coulo
185
ion ou de réponse. Je pensais que le mieux serait
de
m’en aller sans bruit. Mais vous connaissez ces couloirs. Et je ne vo
186
sez ces couloirs. Et je ne voulais pas être mis à
la
porte ! Naturellement, j’aurais dû pousser la première porte venue, s
187
ser, et je serais sorti comme j’étais entré. Mais
le
fait est que je pensais à sortir, et par la bonne porte. Voilà la fau
188
Mais le fait est que je pensais à sortir, et par
la
bonne porte. Voilà la faute. L’inévitable se produisit au bout de que
189
je pensais à sortir, et par la bonne porte. Voilà
la
faute. L’inévitable se produisit au bout de quelques heures. J’étais
190
à sortir, et par la bonne porte. Voilà la faute.
L’
inévitable se produisit au bout de quelques heures. J’étais épuisé, j’
191
urde, pourquoi ménager quoi que ce soit ? C’était
la
question par excellence ! Le résumé de toutes mes erreurs, si vous vo
192
ue ce soit ? C’était la question par excellence !
Le
résumé de toutes mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte du b
193
? C’était la question par excellence ! Le résumé
de
toutes mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte du bureau dire
194
de toutes mes erreurs, si vous voulez. Je trouve
la
porte du bureau directorial. J’entre comme un fou et je crie : — Pour
195
l. J’entre comme un fou et je crie : — Pourquoi ?
Le
directeur était assis face à la porte et me regardait comme s’il n’av
196
ie : — Pourquoi ? Le directeur était assis face à
la
porte et me regardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous somm
197
es yeux et me rejoignait par-derrière, je ne puis
l’
expliquer autrement. D’une certaine manière, c’était mon propre, regar
198
t par-derrière, je ne puis l’expliquer autrement.
D’
une certaine manière, c’était mon propre, regard qui traversait ses ye
199
yeux et revenait sur ma nuque. À l’instant où je
l’
ai compris, il a tiré. — Eh bien oui, je suis là, dit-elle. (Je tenais
200
elle. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait
de
la fièvre.) Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous ét
201
e. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait de
la
fièvre.) Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étion
202
Nous étions couchés chez nous. Je ne sais combien
de
temps cela va durer. Elle délire et j’ai cette balle dans le cœur. Et
203
la va durer. Elle délire et j’ai cette balle dans
le
cœur. Et voici que maintenant, je ne puis plus poser de questions. Ca
204
r. Et voici que maintenant, je ne puis plus poser
de
questions. Car si vous me dites que c’est une vraie balle que j’ai da
205
me dites que c’est une vraie balle que j’ai dans
le
cœur, il est évident que je suis mort. Et si vous me dites que la bal
206
évident que je suis mort. Et si vous me dites que
la
balle n’est pas plus réelle que ce qui s’est passé dans la maison, vo
207
n’est pas plus réelle que ce qui s’est passé dans
la
maison, vous supprimez à la fois toutes les questions possibles et do
208
é dans la maison, vous supprimez à la fois toutes
les
questions possibles et donc toute possibilité de réponse à quoi que c
209
les questions possibles et donc toute possibilité
de
réponse à quoi que ce soit. Laissez-moi donc seul. C’est mon ordre. E
210
royez pas, je vais tirer ! b. Rougemont Denis
de
, « Trois paraboles », Lettres françaises, Buenos Aires, 1 octobre 194
211
La
leçon de l’armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914
212
La leçon
de
l’armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914, l’emper
213
La leçon de
l’
armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914, l’empereur
214
çon de l’armée suisse (4 mars 1942)c Peu avant
la
guerre de 1914, l’empereur Guillaume II fit une visite au gouvernemen
215
rmée suisse (4 mars 1942)c Peu avant la guerre
de
1914, l’empereur Guillaume II fit une visite au gouvernement suisse.
216
se (4 mars 1942)c Peu avant la guerre de 1914,
l’
empereur Guillaume II fit une visite au gouvernement suisse. Au cours
217
en ; mais si nous vous attaquions avec un million
d’
hommes, que feriez-vous ? » — « Chacun de nous tirerait deux fois », r
218
million d’hommes, que feriez-vous ? » — « Chacun
de
nous tirerait deux fois », répondit calmement le soldat. Le Kaiser pr
219
de nous tirerait deux fois », répondit calmement
le
soldat. Le Kaiser préféra passer par la Belgique. La Suisse est l’un
220
rerait deux fois », répondit calmement le soldat.
Le
Kaiser préféra passer par la Belgique. La Suisse est l’un des pays qu
221
calmement le soldat. Le Kaiser préféra passer par
la
Belgique. La Suisse est l’un des pays qui a le mieux résolu l’urgent
222
soldat. Le Kaiser préféra passer par la Belgique.
La
Suisse est l’un des pays qui a le mieux résolu l’urgent problème de l
223
ar la Belgique. La Suisse est l’un des pays qui a
le
mieux résolu l’urgent problème de la défense de la démocratie, sans t
224
La Suisse est l’un des pays qui a le mieux résolu
l’
urgent problème de la défense de la démocratie, sans toutefois tomber
225
des pays qui a le mieux résolu l’urgent problème
de
la défense de la démocratie, sans toutefois tomber dans une mobilisat
226
s pays qui a le mieux résolu l’urgent problème de
la
défense de la démocratie, sans toutefois tomber dans une mobilisation
227
e mieux résolu l’urgent problème de la défense de
la
démocratie, sans toutefois tomber dans une mobilisation totalitaire.
228
s tomber dans une mobilisation totalitaire. Voici
les
faits : Avec une population de 4 millions et demi d’habitants, la Sui
229
otalitaire. Voici les faits : Avec une population
de
4 millions et demi d’habitants, la Suisse a une armée de 600 000 homm
230
faits : Avec une population de 4 millions et demi
d’
habitants, la Suisse a une armée de 600 000 hommes. Un habitant sur 7
231
une population de 4 millions et demi d’habitants,
la
Suisse a une armée de 600 000 hommes. Un habitant sur 7 est un soldat
232
llions et demi d’habitants, la Suisse a une armée
de
600 000 hommes. Un habitant sur 7 est un soldat. La même proportion d
233
600 000 hommes. Un habitant sur 7 est un soldat.
La
même proportion donnerait aux États-Unis une armée de 20 millions d’h
234
ême proportion donnerait aux États-Unis une armée
de
20 millions d’hommes. Mais nulle part les coutumes et les institution
235
donnerait aux États-Unis une armée de 20 millions
d’
hommes. Mais nulle part les coutumes et les institutions ne sont plus
236
ne armée de 20 millions d’hommes. Mais nulle part
les
coutumes et les institutions ne sont plus démocratiques qu’en Suisse,
237
illions d’hommes. Mais nulle part les coutumes et
les
institutions ne sont plus démocratiques qu’en Suisse, et nulle part l
238
nt plus démocratiques qu’en Suisse, et nulle part
l’
armée n’est plus populaire et ne fait aussi partie de la vie nationale
239
rmée n’est plus populaire et ne fait aussi partie
de
la vie nationale qu’en Suisse. Depuis que les communes suisses se lib
240
e n’est plus populaire et ne fait aussi partie de
la
vie nationale qu’en Suisse. Depuis que les communes suisses se libérè
241
rtie de la vie nationale qu’en Suisse. Depuis que
les
communes suisses se libérèrent pour la première fois de la domination
242
munes suisses se libérèrent pour la première fois
de
la domination médiévale des seigneurs, leur armée a été un groupement
243
es suisses se libérèrent pour la première fois de
la
domination médiévale des seigneurs, leur armée a été un groupement de
244
ale des seigneurs, leur armée a été un groupement
de
citoyens libres, possédant chacun ses propres armes et portant fièrem
245
insi qu’on peut souvent voir un paysan, assis sur
le
seuil de sa porte, polissant et graissant son fusil après le tir du d
246
n peut souvent voir un paysan, assis sur le seuil
de
sa porte, polissant et graissant son fusil après le tir du dimanche,
247
sa porte, polissant et graissant son fusil après
le
tir du dimanche, — spectacle que vous ne verrez nulle part ailleurs d
248
tacle que vous ne verrez nulle part ailleurs dans
le
monde. Cette habitude remonte au Moyen Âge germanique. À cette époque
249
remonte au Moyen Âge germanique. À cette époque,
l’
« homme libre », — celui qui n’était pas un serf, — se distinguait par
250
un serf, — se distinguait par ce fait : il avait
le
droit de porter des armes. Les Suisses considèrent leurs armes comme
251
— se distinguait par ce fait : il avait le droit
de
porter des armes. Les Suisses considèrent leurs armes comme un symbol
252
ce fait : il avait le droit de porter des armes.
Les
Suisses considèrent leurs armes comme un symbole de leur liberté. Les
253
Suisses considèrent leurs armes comme un symbole
de
leur liberté. Les libertés civiques et l’esprit militaire n’ont jamai
254
ent leurs armes comme un symbole de leur liberté.
Les
libertés civiques et l’esprit militaire n’ont jamais été en contradic
255
symbole de leur liberté. Les libertés civiques et
l’
esprit militaire n’ont jamais été en contradiction. Depuis les temps l
256
litaire n’ont jamais été en contradiction. Depuis
les
temps les plus anciens, les Suisses étaient libres parce qu’ils étaie
257
ont jamais été en contradiction. Depuis les temps
les
plus anciens, les Suisses étaient libres parce qu’ils étaient forts,
258
contradiction. Depuis les temps les plus anciens,
les
Suisses étaient libres parce qu’ils étaient forts, et ils étaient for
259
et ils étaient forts parce qu’ils étaient libres.
La
possession par chaque citoyen de ses propres armes, montre d’une faço
260
étaient libres. La possession par chaque citoyen
de
ses propres armes, montre d’une façon concrète que l’État lui fait co
261
n par chaque citoyen de ses propres armes, montre
d’
une façon concrète que l’État lui fait confiance. Imaginez ce qui arri
262
es propres armes, montre d’une façon concrète que
l’
État lui fait confiance. Imaginez ce qui arriverait dans certains État
263
en proie à des luttes sociales ou politiques, si
les
soldats démobilisés avaient le droit d’emporter chez eux leurs armes
264
ou politiques, si les soldats démobilisés avaient
le
droit d’emporter chez eux leurs armes et leurs munitions ! En France,
265
ques, si les soldats démobilisés avaient le droit
d’
emporter chez eux leurs armes et leurs munitions ! En France, après l’
266
leurs armes et leurs munitions ! En France, après
l’
Armistice, on offrit cent-mille francs aux soldats, en échange de leur
267
offrit cent-mille francs aux soldats, en échange
de
leurs fusils, par crainte d’une révolution. Hitler fit désarmer ses p
268
soldats, en échange de leurs fusils, par crainte
d’
une révolution. Hitler fit désarmer ses propres troupes de choc, après
269
volution. Hitler fit désarmer ses propres troupes
de
choc, après l’épuration du 30 juin 1934, leur laissant seulement un p
270
r fit désarmer ses propres troupes de choc, après
l’
épuration du 30 juin 1934, leur laissant seulement un poignard décorat
271
4, leur laissant seulement un poignard décoratif.
La
possession par chacun de ses propres armes a également une importance
272
t un poignard décoratif. La possession par chacun
de
ses propres armes a également une importance technique qui n’est null
273
e technique qui n’est nullement à négliger. C’est
le
seul moyen d’assurer une mobilisation ultrarapide. Et c’est la défens
274
i n’est nullement à négliger. C’est le seul moyen
d’
assurer une mobilisation ultrarapide. Et c’est la défense la plus adéq
275
d’assurer une mobilisation ultrarapide. Et c’est
la
défense la plus adéquate contre les parachutistes. Une coutume médiév
276
une mobilisation ultrarapide. Et c’est la défense
la
plus adéquate contre les parachutistes. Une coutume médiévale est dev
277
pide. Et c’est la défense la plus adéquate contre
les
parachutistes. Une coutume médiévale est devenue, ainsi, la méthode l
278
tistes. Une coutume médiévale est devenue, ainsi,
la
méthode la plus moderne de défense. C’est la clé de l’organisation de
279
coutume médiévale est devenue, ainsi, la méthode
la
plus moderne de défense. C’est la clé de l’organisation de l’armée su
280
le est devenue, ainsi, la méthode la plus moderne
de
défense. C’est la clé de l’organisation de l’armée suisse et le secre
281
nsi, la méthode la plus moderne de défense. C’est
la
clé de l’organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité
282
méthode la plus moderne de défense. C’est la clé
de
l’organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’arm
283
thode la plus moderne de défense. C’est la clé de
l’
organisation de l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée
284
oderne de défense. C’est la clé de l’organisation
de
l’armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée est un lien non
285
rne de défense. C’est la clé de l’organisation de
l’
armée suisse et le secret de sa popularité… L’armée est un lien non se
286
est la clé de l’organisation de l’armée suisse et
le
secret de sa popularité… L’armée est un lien non seulement entre les
287
de l’organisation de l’armée suisse et le secret
de
sa popularité… L’armée est un lien non seulement entre les individus,
288
de l’armée suisse et le secret de sa popularité…
L’
armée est un lien non seulement entre les individus, mais aussi entre
289
pularité… L’armée est un lien non seulement entre
les
individus, mais aussi entre les classes. La Suisse n’a pas d’école ré
290
n seulement entre les individus, mais aussi entre
les
classes. La Suisse n’a pas d’école réservée aux officiers. Tous les h
291
ntre les individus, mais aussi entre les classes.
La
Suisse n’a pas d’école réservée aux officiers. Tous les hommes de 20
292
, mais aussi entre les classes. La Suisse n’a pas
d’
école réservée aux officiers. Tous les hommes de 20 ans, propres au se
293
isse n’a pas d’école réservée aux officiers. Tous
les
hommes de 20 ans, propres au service militaire vont à la même école.
294
s d’école réservée aux officiers. Tous les hommes
de
20 ans, propres au service militaire vont à la même école. Là le pays
295
es de 20 ans, propres au service militaire vont à
la
même école. Là le paysan a comme compagnon de chambre l’étudiant, l’o
296
res au service militaire vont à la même école. Là
le
paysan a comme compagnon de chambre l’étudiant, l’ouvrier le fils de
297
t à la même école. Là le paysan a comme compagnon
de
chambre l’étudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant les troi
298
école. Là le paysan a comme compagnon de chambre
l’
étudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant les trois mois que
299
e paysan a comme compagnon de chambre l’étudiant,
l’
ouvrier le fils de son patron. Pendant les trois mois que dure l’entra
300
comme compagnon de chambre l’étudiant, l’ouvrier
le
fils de son patron. Pendant les trois mois que dure l’entraînement, o
301
ompagnon de chambre l’étudiant, l’ouvrier le fils
de
son patron. Pendant les trois mois que dure l’entraînement, on a le t
302
tudiant, l’ouvrier le fils de son patron. Pendant
les
trois mois que dure l’entraînement, on a le temps de reconnaître la v
303
ls de son patron. Pendant les trois mois que dure
l’
entraînement, on a le temps de reconnaître la valeur réelle et les fai
304
dant les trois mois que dure l’entraînement, on a
le
temps de reconnaître la valeur réelle et les faiblesses de son voisin
305
trois mois que dure l’entraînement, on a le temps
de
reconnaître la valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de se f
306
dure l’entraînement, on a le temps de reconnaître
la
valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de se faire des amitié
307
on a le temps de reconnaître la valeur réelle et
les
faiblesses de son voisin, de se faire des amitiés. Une égalité complè
308
de reconnaître la valeur réelle et les faiblesses
de
son voisin, de se faire des amitiés. Une égalité complète existe dans
309
la valeur réelle et les faiblesses de son voisin,
de
se faire des amitiés. Une égalité complète existe dans les baraquemen
310
ire des amitiés. Une égalité complète existe dans
les
baraquements. Cet entraînement intensif renvoie les hommes à la vie c
311
s baraquements. Cet entraînement intensif renvoie
les
hommes à la vie civile, bronzés, endurcis et chargés d’expérience que
312
s. Cet entraînement intensif renvoie les hommes à
la
vie civile, bronzés, endurcis et chargés d’expérience que la vie pais
313
mes à la vie civile, bronzés, endurcis et chargés
d’
expérience que la vie paisible des villes ou des villages ne leur aura
314
le, bronzés, endurcis et chargés d’expérience que
la
vie paisible des villes ou des villages ne leur aurait pas donné en d
315
dix ans. Ces 3 mois sont un puissant tonique pour
la
jeunesse suisse et la durée relativement courte de l’entraînement per
316
nt un puissant tonique pour la jeunesse suisse et
la
durée relativement courte de l’entraînement permet à chaque recrue de
317
a jeunesse suisse et la durée relativement courte
de
l’entraînement permet à chaque recrue de retrouver à son retour sa pl
318
eunesse suisse et la durée relativement courte de
l’
entraînement permet à chaque recrue de retrouver à son retour sa place
319
t courte de l’entraînement permet à chaque recrue
de
retrouver à son retour sa place dans la vie civile. L’insuffisance te
320
ue recrue de retrouver à son retour sa place dans
la
vie civile. L’insuffisance technique résultant d’une si brève période
321
trouver à son retour sa place dans la vie civile.
L’
insuffisance technique résultant d’une si brève période de service est
322
la vie civile. L’insuffisance technique résultant
d’
une si brève période de service est compensée par un entraînement annu
323
isance technique résultant d’une si brève période
de
service est compensée par un entraînement annuel. La vie civile égale
324
service est compensée par un entraînement annuel.
La
vie civile également apporte au citadin de fréquents contacts avec le
325
nnuel. La vie civile également apporte au citadin
de
fréquents contacts avec les affaires militaires. Dans chaque village,
326
ent apporte au citadin de fréquents contacts avec
les
affaires militaires. Dans chaque village, dans chaque club de tir, on
327
militaires. Dans chaque village, dans chaque club
de
tir, on voit des « cercles d’amis » pour officiers et sous-officiers.
328
e, dans chaque club de tir, on voit des « cercles
d’
amis » pour officiers et sous-officiers. L’officier suisse est, dans l
329
ercles d’amis » pour officiers et sous-officiers.
L’
officier suisse est, dans la plupart des cas, un civil, comme tout le
330
art des cas, un civil, comme tout le monde. Entre
les
manœuvres annuelles, il consacre quelques heures par semaine à ses de
331
voirs militaires. Un capitaine, par exemple, dans
la
vie civile, surveille sa compagnie : il sait toujours où ses hommes h
332
pagnie : il sait toujours où ses hommes habitent.
L’
habitude veut qu’ils lui envoient leurs bons vœux de Nouvel An, auxque
333
habitude veut qu’ils lui envoient leurs bons vœux
de
Nouvel An, auxquels il répond toujours. Plusieurs de ces hommes vont
334
Nouvel An, auxquels il répond toujours. Plusieurs
de
ces hommes vont vers lui pour lui demander un conseil ou pour les aid
335
ont vers lui pour lui demander un conseil ou pour
les
aider à trouver du travail. Tous le considèrent comme le chef d’une f
336
seil ou pour les aider à trouver du travail. Tous
le
considèrent comme le chef d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Comman
337
r à trouver du travail. Tous le considèrent comme
le
chef d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en
338
ver du travail. Tous le considèrent comme le chef
d’
une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en Suisse a
339
. Tous le considèrent comme le chef d’une famille
de
200 hommes. Le Haut-Commandement de l’armée en Suisse a prévu dès 193
340
dèrent comme le chef d’une famille de 200 hommes.
Le
Haut-Commandement de l’armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que la
341
d’une famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement
de
l’armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que la prochaine guerre ne s
342
ne famille de 200 hommes. Le Haut-Commandement de
l’
armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que la prochaine guerre ne sera
343
t de l’armée en Suisse a prévu dès 1930 déjà, que
la
prochaine guerre ne serait pas une guerre de « fronts », et qu’une dé
344
que la prochaine guerre ne serait pas une guerre
de
« fronts », et qu’une défense en profondeur devait être organisée, co
345
locale et soigneusement équipés. C’est ainsi que
les
Suisses retournent à leur ancienne tradition de faire la guerre. Chaq
346
les Suisses retournent à leur ancienne tradition
de
faire la guerre. Chaque canton a son propre système de défense, selon
347
ses retournent à leur ancienne tradition de faire
la
guerre. Chaque canton a son propre système de défense, selon sa topog
348
ire la guerre. Chaque canton a son propre système
de
défense, selon sa topographie et ses ressources. Des petits corps d’a
349
a topographie et ses ressources. Des petits corps
d’
armée surgissent en certains points pour défendre les profondes vallée
350
armée surgissent en certains points pour défendre
les
profondes vallées et pour barrer le paysage des gorges étroites. Si l
351
our défendre les profondes vallées et pour barrer
le
paysage des gorges étroites. Si l’ennemi est trop puissant, des renfo
352
et pour barrer le paysage des gorges étroites. Si
l’
ennemi est trop puissant, des renforcements sont demandés aux voisins,
353
ivant des plans préétablis. Nous trouvons ainsi à
la
base de l’organisation militaire, les mêmes facteurs qui déterminent
354
s plans préétablis. Nous trouvons ainsi à la base
de
l’organisation militaire, les mêmes facteurs qui déterminent la struc
355
lans préétablis. Nous trouvons ainsi à la base de
l’
organisation militaire, les mêmes facteurs qui déterminent la structur
356
vons ainsi à la base de l’organisation militaire,
les
mêmes facteurs qui déterminent la structure politique du pays : auton
357
ion militaire, les mêmes facteurs qui déterminent
la
structure politique du pays : autonomie locale et entraide. La moitié
358
politique du pays : autonomie locale et entraide.
La
moitié de l’armée est composée de divisions mobiles régulières. Le re
359
du pays : autonomie locale et entraide. La moitié
de
l’armée est composée de divisions mobiles régulières. Le reste consis
360
pays : autonomie locale et entraide. La moitié de
l’
armée est composée de divisions mobiles régulières. Le reste consiste
361
le et entraide. La moitié de l’armée est composée
de
divisions mobiles régulières. Le reste consiste en garnisons et en fo
362
mée est composée de divisions mobiles régulières.
Le
reste consiste en garnisons et en forts pour défendre les principaux
363
e consiste en garnisons et en forts pour défendre
les
principaux passages des Alpes. Ce sont des brigades de montagne, cons
364
incipaux passages des Alpes. Ce sont des brigades
de
montagne, constituées par des spécialistes du ski et de l’alpinisme,
365
tagne, constituées par des spécialistes du ski et
de
l’alpinisme, et des brigades indépendantes pour défendre les frontièr
366
ne, constituées par des spécialistes du ski et de
l’
alpinisme, et des brigades indépendantes pour défendre les frontières.
367
isme, et des brigades indépendantes pour défendre
les
frontières. Ces troupes de couverture connaissent les positions prépa
368
ndantes pour défendre les frontières. Ces troupes
de
couverture connaissent les positions préparées à la frontière, parce
369
frontières. Ces troupes de couverture connaissent
les
positions préparées à la frontière, parce qu’elles les ont fortifiées
370
couverture connaissent les positions préparées à
la
frontière, parce qu’elles les ont fortifiées de leurs propres mains.
371
ositions préparées à la frontière, parce qu’elles
les
ont fortifiées de leurs propres mains. À la première alerte, les homm
372
à la frontière, parce qu’elles les ont fortifiées
de
leurs propres mains. À la première alerte, les hommes endossent leurs
373
ées de leurs propres mains. À la première alerte,
les
hommes endossent leurs uniformes et vont à leurs postes. Les machines
374
endossent leurs uniformes et vont à leurs postes.
Les
machines et les canons anti-tanks sont prêts. Les magasins de munitio
375
uniformes et vont à leurs postes. Les machines et
les
canons anti-tanks sont prêts. Les magasins de munitions et de vivres
376
Les machines et les canons anti-tanks sont prêts.
Les
magasins de munitions et de vivres ont été cachés dans les rochers. E
377
et les canons anti-tanks sont prêts. Les magasins
de
munitions et de vivres ont été cachés dans les rochers. En 1939, la d
378
ti-tanks sont prêts. Les magasins de munitions et
de
vivres ont été cachés dans les rochers. En 1939, la disposition de ce
379
ins de munitions et de vivres ont été cachés dans
les
rochers. En 1939, la disposition de ces troupes de couverture, qui pr
380
vivres ont été cachés dans les rochers. En 1939,
la
disposition de ces troupes de couverture, qui précéda la mobilisation
381
cachés dans les rochers. En 1939, la disposition
de
ces troupes de couverture, qui précéda la mobilisation générale de ci
382
s rochers. En 1939, la disposition de ces troupes
de
couverture, qui précéda la mobilisation générale de cinq jours, se fi
383
osition de ces troupes de couverture, qui précéda
la
mobilisation générale de cinq jours, se fit en quelques heures, le lo
384
couverture, qui précéda la mobilisation générale
de
cinq jours, se fit en quelques heures, le long de toutes les frontièr
385
urs, se fit en quelques heures, le long de toutes
les
frontières de la Suisse. Les gardes-frontière prennent position à que
386
quelques heures, le long de toutes les frontières
de
la Suisse. Les gardes-frontière prennent position à quelques kilomètr
387
lques heures, le long de toutes les frontières de
la
Suisse. Les gardes-frontière prennent position à quelques kilomètres
388
s, le long de toutes les frontières de la Suisse.
Les
gardes-frontière prennent position à quelques kilomètres de leurs pro
389
frontière prennent position à quelques kilomètres
de
leurs propres maisons. Ils savent ce qu’ils défendent. Il n’est pas b
390
s savent ce qu’ils défendent. Il n’est pas besoin
de
leur faire des discours. L’un de ceux qui écrivit cet article fut mob
391
n’est pas besoin de leur faire des discours. L’un
de
ceux qui écrivit cet article fut mobilisé en 1939, à un poste-frontiè
392
amp, à 3000 pieds au-dessous, et parfois attraper
le
clair reflet d’une robe d’été et imaginer qu’il reconnaissait ses enf
393
s au-dessous, et parfois attraper le clair reflet
d’
une robe d’été et imaginer qu’il reconnaissait ses enfants. De telles
394
s, et parfois attraper le clair reflet d’une robe
d’
été et imaginer qu’il reconnaissait ses enfants. De telles choses comp
395
’été et imaginer qu’il reconnaissait ses enfants.
De
telles choses comptent dans la guerre. Mais une petite armée peut-ell
396
ssait ses enfants. De telles choses comptent dans
la
guerre. Mais une petite armée peut-elle défendre avec succès un pays
397
ux équipé ? Le premier acte du « blitzkrieg » est
d’
empêcher la mobilisation du pays que l’on veut envahir. Les partenaire
398
Le premier acte du « blitzkrieg » est d’empêcher
la
mobilisation du pays que l’on veut envahir. Les partenaires de l’Axe
399
rieg » est d’empêcher la mobilisation du pays que
l’
on veut envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres
400
er la mobilisation du pays que l’on veut envahir.
Les
partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorgan
401
on du pays que l’on veut envahir. Les partenaires
de
l’Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorganiser les commun
402
du pays que l’on veut envahir. Les partenaires de
l’
Axe peuvent devenir les maîtres de l’air et désorganiser les communica
403
envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir
les
maîtres de l’air et désorganiser les communications ferroviaires. Mai
404
partenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres
de
l’air et désorganiser les communications ferroviaires. Mais l’armée s
405
rtenaires de l’Axe peuvent devenir les maîtres de
l’
air et désorganiser les communications ferroviaires. Mais l’armée suis
406
vent devenir les maîtres de l’air et désorganiser
les
communications ferroviaires. Mais l’armée suisse a été mobilisée depu
407
ésorganiser les communications ferroviaires. Mais
l’
armée suisse a été mobilisée depuis 1939 et les distances sont si peti
408
ais l’armée suisse a été mobilisée depuis 1939 et
les
distances sont si petites que les troupes peuvent être déplacées sans
409
depuis 1939 et les distances sont si petites que
les
troupes peuvent être déplacées sans l’aide des voies ferrées. La seco
410
tites que les troupes peuvent être déplacées sans
l’
aide des voies ferrées. La seconde phase du « blitzkrieg » est la trou
411
s ferrées. La seconde phase du « blitzkrieg » est
la
trouée du territoire derrière les lignes. Cela serait-il possible en
412
blitzkrieg » est la trouée du territoire derrière
les
lignes. Cela serait-il possible en Suisse ? Il y a autant de centres
413
Cela serait-il possible en Suisse ? Il y a autant
de
centres de résistance qu’il y a de cantons ou de villes, autant de ba
414
-il possible en Suisse ? Il y a autant de centres
de
résistance qu’il y a de cantons ou de villes, autant de bases de défe
415
Il y a autant de centres de résistance qu’il y a
de
cantons ou de villes, autant de bases de défense qu’il y a de défilés
416
de centres de résistance qu’il y a de cantons ou
de
villes, autant de bases de défense qu’il y a de défilés et de montagn
417
istance qu’il y a de cantons ou de villes, autant
de
bases de défense qu’il y a de défilés et de montagnes. Chaque village
418
u’il y a de cantons ou de villes, autant de bases
de
défense qu’il y a de défilés et de montagnes. Chaque village de la Su
419
u de villes, autant de bases de défense qu’il y a
de
défilés et de montagnes. Chaque village de la Suisse est devenu un fo
420
utant de bases de défense qu’il y a de défilés et
de
montagnes. Chaque village de la Suisse est devenu un fort, ses entrée
421
il y a de défilés et de montagnes. Chaque village
de
la Suisse est devenu un fort, ses entrées fermées par des barricades
422
y a de défilés et de montagnes. Chaque village de
la
Suisse est devenu un fort, ses entrées fermées par des barricades et
423
n fort, ses entrées fermées par des barricades et
les
maisons transformées en des forteresses en miniature. Vous ouvrez la
424
mées en des forteresses en miniature. Vous ouvrez
la
porte de quelque grenier et vous vous trouvez en face d’un canon anti
425
es forteresses en miniature. Vous ouvrez la porte
de
quelque grenier et vous vous trouvez en face d’un canon anti-tank, pr
426
protégé par un mur en ciment. Une poussée rapide
de
divisions motorisées pourrait seulement se faire en évitant les villa
427
motorisées pourrait seulement se faire en évitant
les
villages et en passant à travers les forêts ou les pâturages. Mais le
428
e en évitant les villages et en passant à travers
les
forêts ou les pâturages. Mais les routes sont minées. Les fleuves, le
429
es villages et en passant à travers les forêts ou
les
pâturages. Mais les routes sont minées. Les fleuves, les vallées et l
430
ssant à travers les forêts ou les pâturages. Mais
les
routes sont minées. Les fleuves, les vallées et les gorges sont proté
431
ts ou les pâturages. Mais les routes sont minées.
Les
fleuves, les vallées et les gorges sont protégés par des canons caché
432
urages. Mais les routes sont minées. Les fleuves,
les
vallées et les gorges sont protégés par des canons cachés dans les pa
433
s routes sont minées. Les fleuves, les vallées et
les
gorges sont protégés par des canons cachés dans les parois rocheuses.
434
s gorges sont protégés par des canons cachés dans
les
parois rocheuses. Dans chaque « compartiment » du territoire suisse,
435
ans chaque « compartiment » du territoire suisse,
l’
ennemi aurait à développer une attaque en règle. Il ne serait nullemen
436
attaque en règle. Il ne serait nullement question
d’
avancer rapidement comme dans les plaines de Flandre ou en Pologne. Le
437
ullement question d’avancer rapidement comme dans
les
plaines de Flandre ou en Pologne. Les deux premières années de la vic
438
stion d’avancer rapidement comme dans les plaines
de
Flandre ou en Pologne. Les deux premières années de la victoire allem
439
comme dans les plaines de Flandre ou en Pologne.
Les
deux premières années de la victoire allemande ont renforcé la volont
440
Flandre ou en Pologne. Les deux premières années
de
la victoire allemande ont renforcé la volonté des Suisses de se défen
441
andre ou en Pologne. Les deux premières années de
la
victoire allemande ont renforcé la volonté des Suisses de se défendre
442
ères années de la victoire allemande ont renforcé
la
volonté des Suisses de se défendre. Le contact entre les hommes et le
443
ire allemande ont renforcé la volonté des Suisses
de
se défendre. Le contact entre les hommes et le sol, entre l’armée et
444
t renforcé la volonté des Suisses de se défendre.
Le
contact entre les hommes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre
445
onté des Suisses de se défendre. Le contact entre
les
hommes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre le présent et les
446
es de se défendre. Le contact entre les hommes et
le
sol, entre l’armée et le peuple, entre le présent et les traditions h
447
dre. Le contact entre les hommes et le sol, entre
l’
armée et le peuple, entre le présent et les traditions historiques, s’
448
tact entre les hommes et le sol, entre l’armée et
le
peuple, entre le présent et les traditions historiques, s’est vu raff
449
mmes et le sol, entre l’armée et le peuple, entre
le
présent et les traditions historiques, s’est vu raffermi par cette lo
450
, entre l’armée et le peuple, entre le présent et
les
traditions historiques, s’est vu raffermi par cette longue période de
451
iques, s’est vu raffermi par cette longue période
de
mobilisation. La Suisse fut épargnée au printemps 1940 uniquement par
452
affermi par cette longue période de mobilisation.
La
Suisse fut épargnée au printemps 1940 uniquement parce que ses voisin
453
et parce qu’il était celui qui a, dans ses mains,
le
Gothard. Les 4/5e du trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par
454
il était celui qui a, dans ses mains, le Gothard.
Les
4/5e du trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par le Gothard o
455
s ses mains, le Gothard. Les 4/5e du trafic entre
l’
Allemagne et l’Italie se font par le Gothard ou le Simplon. Ces tunnel
456
Gothard. Les 4/5e du trafic entre l’Allemagne et
l’
Italie se font par le Gothard ou le Simplon. Ces tunnels sont puissamm
457
trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par
le
Gothard ou le Simplon. Ces tunnels sont puissamment minés. Beaucoup d
458
l’Allemagne et l’Italie se font par le Gothard ou
le
Simplon. Ces tunnels sont puissamment minés. Beaucoup d’hommes ont ju
459
lon. Ces tunnels sont puissamment minés. Beaucoup
d’
hommes ont juré de les faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe
460
ont puissamment minés. Beaucoup d’hommes ont juré
de
les faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe le sait, l’Axe co
461
puissamment minés. Beaucoup d’hommes ont juré de
les
faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe le sait, l’Axe connaî
462
mes ont juré de les faire sauter au premier signe
d’
invasion. L’Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense
463
de les faire sauter au premier signe d’invasion.
L’
Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne d
464
s faire sauter au premier signe d’invasion. L’Axe
le
sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Goth
465
auter au premier signe d’invasion. L’Axe le sait,
l’
Axe connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Gothard a été
466
ne d’invasion. L’Axe le sait, l’Axe connaît aussi
le
plan suisse de défense. La ligne du Gothard a été déclarée comme lign
467
L’Axe le sait, l’Axe connaît aussi le plan suisse
de
défense. La ligne du Gothard a été déclarée comme ligne de retraite n
468
t, l’Axe connaît aussi le plan suisse de défense.
La
ligne du Gothard a été déclarée comme ligne de retraite nationale. Ce
469
e. La ligne du Gothard a été déclarée comme ligne
de
retraite nationale. Certaines unités de l’armée doivent ralentir la p
470
mme ligne de retraite nationale. Certaines unités
de
l’armée doivent ralentir la pénétration des frontières, d’autres doiv
471
ligne de retraite nationale. Certaines unités de
l’
armée doivent ralentir la pénétration des frontières, d’autres doivent
472
ale. Certaines unités de l’armée doivent ralentir
la
pénétration des frontières, d’autres doivent défendre les vallées par
473
tration des frontières, d’autres doivent défendre
les
vallées partant du Gothard. Les Suisses pourraient tenir, sans espére
474
doivent défendre les vallées partant du Gothard.
Les
Suisses pourraient tenir, sans espérer toutefois une victoire, mais i
475
utefois une victoire, mais ils sauveront du moins
l’
honneur du pays. Des extraits d’un récent discours prononcé à Berne pa
476
auveront du moins l’honneur du pays. Des extraits
d’
un récent discours prononcé à Berne par un colonel, devant un grand pu
477
ne par un colonel, devant un grand public, montre
l’
état d’esprit actuel de la Suisse. Le vrai Confédéré est celui qui ne
478
nt un grand public, montre l’état d’esprit actuel
de
la Suisse. Le vrai Confédéré est celui qui ne questionne jamais pour
479
un grand public, montre l’état d’esprit actuel de
la
Suisse. Le vrai Confédéré est celui qui ne questionne jamais pour ce
480
lic, montre l’état d’esprit actuel de la Suisse.
Le
vrai Confédéré est celui qui ne questionne jamais pour ce qui a trait
481
ui qui ne questionne jamais pour ce qui a trait à
la
défense du sol quand cela est raisonnable. À ceux qui demandent : « P
482
: « Pourquoi ces sacrifices ? », il répond : « Ni
la
famine, ni la guerre, ni l’exil ne pourront être évités si nous gémis
483
es sacrifices ? », il répond : « Ni la famine, ni
la
guerre, ni l’exil ne pourront être évités si nous gémissons sans lutt
484
? », il répond : « Ni la famine, ni la guerre, ni
l’
exil ne pourront être évités si nous gémissons sans lutter. » La liber
485
ront être évités si nous gémissons sans lutter. »
La
liberté individuelle ne pourra survivre dans un État qui ne défend pa
486
qui ne défend pas son indépendance. Mais au-delà
de
tout calcul de gain ou de perte, il y a des valeurs morales. Il y a l
487
pas son indépendance. Mais au-delà de tout calcul
de
gain ou de perte, il y a des valeurs morales. Il y a l’idée fédéralis
488
épendance. Mais au-delà de tout calcul de gain ou
de
perte, il y a des valeurs morales. Il y a l’idée fédéraliste que nous
489
n ou de perte, il y a des valeurs morales. Il y a
l’
idée fédéraliste que nous devons conserver comme un héritage à nos des
490
être adoré comme un Dieu. c. Rougemont Denis
de
, « La leçon de l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche
491
adoré comme un Dieu. c. Rougemont Denis de, «
La
leçon de l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche-Orien
492
me un Dieu. c. Rougemont Denis de, « La leçon
de
l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche-Orient, Alexan
493
un Dieu. c. Rougemont Denis de, « La leçon de
l’
armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche-Orient, Alexandri
494
e, « La leçon de l’armée suisse », Journal suisse
d’
Égypte et du Proche-Orient, Alexandrie, 4 mars 1942, p. 1.
495
vigilantis est. Sénèque En pleine polémique avec
le
mystère, il arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de l’amour
496
e polémique avec le mystère, il arrive à certains
de
s’oublier jusqu’à donner de l’amour une ou plusieurs définitions. Ah
497
il arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner
de
l’amour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer l’amo
498
arrive à certains de s’oublier jusqu’à donner de
l’
amour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer l’amour
499
plusieurs définitions. Ah ! puissions-nous aimer
l’
amour assez pour ne jamais avoir recours à ces remèdes, car définir l’
500
e jamais avoir recours à ces remèdes, car définir
l’
amour ce n’est point le connaître, mais limiter sa part dans notre vie
501
à ces remèdes, car définir l’amour ce n’est point
le
connaître, mais limiter sa part dans notre vie, et nul amour ne peut
502
rice anxieuse. Mais il est une manière imaginable
de
parler de l’amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de p
503
use. Mais il est une manière imaginable de parler
de
l’amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où
504
. Mais il est une manière imaginable de parler de
l’
amour sans malice : c’est de former quelques rythmes de phrases où l’i
505
aginable de parler de l’amour sans malice : c’est
de
former quelques rythmes de phrases où l’indicible jette par moments u
506
ur sans malice : c’est de former quelques rythmes
de
phrases où l’indicible jette par moments une espèce d’émotion ou de g
507
: c’est de former quelques rythmes de phrases où
l’
indicible jette par moments une espèce d’émotion ou de gêne, non qu’il
508
rases où l’indicible jette par moments une espèce
d’
émotion ou de gêne, non qu’il soit dit ni même décrit par allusions ou
509
dicible jette par moments une espèce d’émotion ou
de
gêne, non qu’il soit dit ni même décrit par allusions ou par symboles
510
souveraine est annoncée par certain frémissement
de
l’assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute élo
511
uveraine est annoncée par certain frémissement de
l’
assemblée des mots qui font la cour : le Roi s’approche. Toute éloque
512
ain frémissement de l’assemblée des mots qui font
la
cour : le Roi s’approche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par
513
sement de l’assemblée des mots qui font la cour :
le
Roi s’approche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par l’amour q
514
oche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par
l’
amour qui la rend fleurissante. Mais l’amour même est chose du silence
515
éloquence est amoureuse, excitée par l’amour qui
la
rend fleurissante. Mais l’amour même est chose du silence. Cela dont
516
xcitée par l’amour qui la rend fleurissante. Mais
l’
amour même est chose du silence. Cela dont je ne puis parler sans l’of
517
hose du silence. Cela dont je ne puis parler sans
l’
offenser dans sa grandeur, c’est ce qui m’enflamme à parler. Rien ne p
518
ce qui m’enflamme à parler. Rien ne peut être dit
de
l’amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si toutef
519
qui m’enflamme à parler. Rien ne peut être dit de
l’
amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si toutefois
520
’amour même, mais rien non plus n’est dit que par
l’
amour, si toutefois quelque chose est vraiment dite. La Fable nous app
521
ur, si toutefois quelque chose est vraiment dite.
La
Fable nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’un mutisme
522
ment dite. La Fable nous apprend à sa manière que
l’
amour est le lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on
523
a Fable nous apprend à sa manière que l’amour est
le
lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on croit qu’el
524
nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu
d’
un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on croit qu’elle avait
525
u Silence : on croit qu’elle avait sa statue dans
le
temple de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la
526
: on croit qu’elle avait sa statue dans le temple
de
la Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Vol
527
n croit qu’elle avait sa statue dans le temple de
la
Volupté. Et certains pensent qu’elle est la même que la déesse Volupi
528
le de la Volupté. Et certains pensent qu’elle est
la
même que la déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours de ce colloq
529
upté. Et certains pensent qu’elle est la même que
la
déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours de ce colloque. La Volu
530
e la déesse Volupie. Promenons-nous aux alentours
de
ce colloque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’imaginatio
531
ie. Promenons-nous aux alentours de ce colloque.
La
Volupté n’est pas le plaisir même, mais l’imagination active du désir
532
x alentours de ce colloque. La Volupté n’est pas
le
plaisir même, mais l’imagination active du désir qui lentement s’appr
533
oque. La Volupté n’est pas le plaisir même, mais
l’
imagination active du désir qui lentement s’approche de son terme. Qua
534
gination active du désir qui lentement s’approche
de
son terme. Quand le désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il le ren
535
ésir qui lentement s’approche de son terme. Quand
le
désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive m
536
s’approche de son terme. Quand le désir s’empare
d’
un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que le désir s
537
and le désir s’empare d’un homme, il arrive qu’il
le
rende muet. Il arrive même que le désir se manifeste tout d’abord par
538
il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que
le
désir se manifeste tout d’abord par ce mutisme. À tel point que l’hom
539
este tout d’abord par ce mutisme. À tel point que
l’
homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esp
540
ce mutisme. À tel point que l’homme ne retrouvera
l’
usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volu
541
me. À tel point que l’homme ne retrouvera l’usage
de
la parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté sera
542
À tel point que l’homme ne retrouvera l’usage de
la
parole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère. La volupté serait
543
’homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec
le
« terme » où l’esprit se libère. La volupté serait un phénomène analo
544
vera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où
l’
esprit se libère. La volupté serait un phénomène analogue à celui de l
545
arole qu’avec le « terme » où l’esprit se libère.
La
volupté serait un phénomène analogue à celui de l’hypnose : un état d
546
. La volupté serait un phénomène analogue à celui
de
l’hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des
547
a volupté serait un phénomène analogue à celui de
l’
hypnose : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des fa
548
phénomène analogue à celui de l’hypnose : un état
de
l’âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet
549
nomène analogue à celui de l’hypnose : un état de
l’
âme ou de l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet un
550
alogue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou
de
l’esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet unique et d
551
gue à celui de l’hypnose : un état de l’âme ou de
l’
esprit rétrécissant le champ des facultés vers un objet unique et dans
552
se : un état de l’âme ou de l’esprit rétrécissant
le
champ des facultés vers un objet unique et dans une seule pensée — l’
553
s vers un objet unique et dans une seule pensée —
l’
identification, par la conquête chez l’un, par l’abandon chez l’autre.
554
et dans une seule pensée — l’identification, par
la
conquête chez l’un, par l’abandon chez l’autre. Que cette hypnose soi
555
l’identification, par la conquête chez l’un, par
l’
abandon chez l’autre. Que cette hypnose soit en quelque mesure — celle
556
Que cette hypnose soit en quelque mesure — celle
de
l’esprit — indépendante de l’instinct, c’est ce qu’induisent à suppos
557
e cette hypnose soit en quelque mesure — celle de
l’
esprit — indépendante de l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer
558
quelque mesure — celle de l’esprit — indépendante
de
l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer les deux observations su
559
lque mesure — celle de l’esprit — indépendante de
l’
instinct, c’est ce qu’induisent à supposer les deux observations suiva
560
e de l’instinct, c’est ce qu’induisent à supposer
les
deux observations suivantes : l’extrême concentration de l’attention
561
sent à supposer les deux observations suivantes :
l’
extrême concentration de l’attention sur un objet non corporel, œuvre
562
observations suivantes : l’extrême concentration
de
l’attention sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée d’un ord
563
servations suivantes : l’extrême concentration de
l’
attention sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée d’un ordre
564
sur un objet non corporel, œuvre d’art ou pensée
d’
un ordre difficile, peut échouer comme par court-circuit dans le plais
565
ficile, peut échouer comme par court-circuit dans
le
plaisir ; tandis qu’un débauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volup
566
le plaisir ; tandis qu’un débauché vulgaire gémit
d’
avoir perdu la volupté. L’homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfi
567
andis qu’un débauché vulgaire gémit d’avoir perdu
la
volupté. L’homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’a
568
ébauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volupté.
L’
homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’aime que cela
569
yeux. (Certaines heures, soirs, aubes, passages.)
L’
ivresse naissante des amants, c’est le silence qui s’établit entre eux
570
passages.) L’ivresse naissante des amants, c’est
le
silence qui s’établit entre eux. L’approche des yeux, dès qu’ils ont
571
amants, c’est le silence qui s’établit entre eux.
L’
approche des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le regard de l’autre :
572
L’approche des yeux, dès qu’ils ont accepté tout
le
regard de l’autre : sentiment comparable au vertige. Le jugement peut
573
e des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le regard
de
l’autre : sentiment comparable au vertige. Le jugement peut rester li
574
ard de l’autre : sentiment comparable au vertige.
Le
jugement peut rester libre, mais il semble que l’âme s’extériorise et
575
Le jugement peut rester libre, mais il semble que
l’
âme s’extériorise et tombe sans fin dans le regard unique. Durant cert
576
le que l’âme s’extériorise et tombe sans fin dans
le
regard unique. Durant certaines secondes, elle dépasse le temps, s’ap
577
d unique. Durant certaines secondes, elle dépasse
le
temps, s’approche des bords d’une immobilité sans fond où elle se pen
578
ndes, elle dépasse le temps, s’approche des bords
d’
une immobilité sans fond où elle se penche… Maintenant un seul œil est
579
s lentement mouvantes, — un seul œil par où toute
l’
âme regarde et supplie avec une impérieuse tendresse. De plus près enc
580
ec une impérieuse tendresse. De plus près encore,
l’
œil vient à perdre toute expression, regard absolu de l’angoisse. Si l
581
il vient à perdre toute expression, regard absolu
de
l’angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment, les voici vacillants comme
582
vient à perdre toute expression, regard absolu de
l’
angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment, les voici vacillants comme hor
583
solu de l’angoisse. Si l’un s’écarte à ce moment,
les
voici vacillants comme hors d’eux-mêmes. Alors il lui saisit la tête
584
arte à ce moment, les voici vacillants comme hors
d’
eux-mêmes. Alors il lui saisit la tête entre ses bras, et la contemple
585
lants comme hors d’eux-mêmes. Alors il lui saisit
la
tête entre ses bras, et la contemple. Et il la nomme dans sa pensée,
586
s. Alors il lui saisit la tête entre ses bras, et
la
contemple. Et il la nomme dans sa pensée, comme s’il doutait… Adolesc
587
it la tête entre ses bras, et la contemple. Et il
la
nomme dans sa pensée, comme s’il doutait… Adolescence ! Le charme du
588
ans sa pensée, comme s’il doutait… Adolescence !
Le
charme du désir est celui du silence : il éloigne sans fin le terme.
589
désir est celui du silence : il éloigne sans fin
le
terme. Tu n’entends que ce qui s’interrompt. Tu ne sais rien que tu n
590
u ne sais rien que tu ne perdes. Car ce n’est pas
le
savoir que tu veux, mais la divine connaissance du présent. Or cette
591
des. Car ce n’est pas le savoir que tu veux, mais
la
divine connaissance du présent. Or cette connaissance est interdite.
592
nt. Or cette connaissance est interdite. Et c’est
l’
approche du viol de l’interdit qui impose aux amants leur silence, fas
593
ssance est interdite. Et c’est l’approche du viol
de
l’interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de l’horre
594
nce est interdite. Et c’est l’approche du viol de
l’
interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de l’horreur
595
t qui impose aux amants leur silence, fascination
de
l’horreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du dé
596
ui impose aux amants leur silence, fascination de
l’
horreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du désir
597
lence, fascination de l’horreur sacrée, attirance
de
l’effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une b
598
ce, fascination de l’horreur sacrée, attirance de
l’
effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une brus
599
orreur sacrée, attirance de l’effroi mortel. Dans
le
silence du désir, la possession a fait une brusque rumeur de vagues a
600
nce de l’effroi mortel. Dans le silence du désir,
la
possession a fait une brusque rumeur de vagues affrontées et hostiles
601
du désir, la possession a fait une brusque rumeur
de
vagues affrontées et hostiles. Maintenant, l’onde lisse et basse d’un
602
eur de vagues affrontées et hostiles. Maintenant,
l’
onde lisse et basse d’un temps nouveau nous environne. Ceux qui n’aime
603
es et hostiles. Maintenant, l’onde lisse et basse
d’
un temps nouveau nous environne. Ceux qui n’aiment point la femme qu’i
604
s nouveau nous environne. Ceux qui n’aiment point
la
femme qu’ils viennent de posséder, leur silence meurt à cette minute
605
avardent. Tristesse platonicienne C’est dans
l’
accomplissement du plus violent amour qu’il nous est accordé de concev
606
ment du plus violent amour qu’il nous est accordé
de
concevoir un absolu, mais sous la forme de l’inaccessible. Atteintes
607
ous est accordé de concevoir un absolu, mais sous
la
forme de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance
608
ccordé de concevoir un absolu, mais sous la forme
de
l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir,
609
rdé de concevoir un absolu, mais sous la forme de
l’
inaccessible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir, su
610
sous la forme de l’inaccessible. Atteintes enfin
les
limites de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, É
611
me de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites
de
la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en
612
de l’inaccessible. Atteintes enfin les limites de
la
puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en co
613
s enfin les limites de la puissance du désir, sur
la
solitude égarée du couple, Éros pose en couronne un désespoir glacial
614
ne un désespoir glacial : vous n’irez pas au-delà
de
votre union. Ô silence des astres ! Fondues nos âmes ? Deux corps s’e
615
âmes ? Deux corps s’endorment dans leur paix, et
l’
être enfin comblé ne sait plus où se prendre. Il se ramène en soi, se
616
ne en soi, se divise en ses ombres. Ainsi passent
les
heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorpho
617
se divise en ses ombres. Ainsi passent les heures
d’
avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indici
618
e en ses ombres. Ainsi passent les heures d’avant
l’
aube, dans le dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lu
619
es. Ainsi passent les heures d’avant l’aube, dans
le
dépaysement de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille p
620
nt les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement
de
l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à f
621
les heures d’avant l’aube, dans le dépaysement de
l’
âme et les métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à fait
622
s d’avant l’aube, dans le dépaysement de l’âme et
les
métamorphoses indicibles. Lui s’éveille parfois tout à fait, et ses y
623
i s’éveille parfois tout à fait, et ses yeux dans
le
noir imaginent. Une étreinte qui s’égalerait à l’Infini. Se fondre en
624
le noir imaginent. Une étreinte qui s’égalerait à
l’
Infini. Se fondre en un seul être, mais que cet être accède ensuite au
625
tre, mais que cet être accède ensuite au commerce
de
ses semblables, qu’à son tour il les aime, les possède ! Ainsi par un
626
e au commerce de ses semblables, qu’à son tour il
les
aime, les possède ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la s
627
rce de ses semblables, qu’à son tour il les aime,
les
possède ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant la splendeur a
628
ur il les aime, les possède ! Ainsi par une suite
de
vertiges, multipliant la splendeur amoureuse, par mille étreintes suc
629
de ! Ainsi par une suite de vertiges, multipliant
la
splendeur amoureuse, par mille étreintes successives il s’élève à la
630
use, par mille étreintes successives il s’élève à
la
jouissance imaginaire et désespérément consciente de l’Être. L’aube p
631
jouissance imaginaire et désespérément consciente
de
l’Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénom
632
issance imaginaire et désespérément consciente de
l’
Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme
633
imaginaire et désespérément consciente de l’Être.
L’
aube point. L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un reg
634
désespérément consciente de l’Être. L’aube point.
L’
esprit se tourne vers les choses et les dénomme d’un regard. Un corps
635
de l’Être. L’aube point. L’esprit se tourne vers
les
choses et les dénomme d’un regard. Un corps auprès du mien respire, m
636
aube point. L’esprit se tourne vers les choses et
les
dénomme d’un regard. Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante
637
L’esprit se tourne vers les choses et les dénomme
d’
un regard. Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante de l’incom
638
Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante
de
l’incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais
639
corps auprès du mien respire, mémoire pesante de
l’
incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais dan
640
l’incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà
de
nous-mêmes. Mais dans cette défaite de l’étreinte, n’est-ce point le
641
as au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite
de
l’étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais n
642
au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite de
l’
étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais nous
643
dans cette défaite de l’étreinte, n’est-ce point
le
souvenir du seul désert que désormais nous chercherons ? Au terme de
644
désert que désormais nous chercherons ? Au terme
de
la fuite, nous ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et no
645
sert que désormais nous chercherons ? Au terme de
la
fuite, nous ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et nous
646
possible fascinant. Et nous vivrons dès lors dans
le
vertige de nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que
647
scinant. Et nous vivrons dès lors dans le vertige
de
nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que la joie et
648
lors dans le vertige de nous détruire au contact
de
cet infini, plus puissant que la joie et la douleur. Dans le vertige
649
ruire au contact de cet infini, plus puissant que
la
joie et la douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, se
650
ntact de cet infini, plus puissant que la joie et
la
douleur. Dans le vertige de revenir toucher cet absolu, sensible à ce
651
ni, plus puissant que la joie et la douleur. Dans
le
vertige de revenir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui l’ép
652
issant que la joie et la douleur. Dans le vertige
de
revenir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui l’éprouve jusqu
653
nir toucher cet absolu, sensible à celui seul qui
l’
éprouve jusqu’à l’épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’a
654
solu, sensible à celui seul qui l’éprouve jusqu’à
l’
épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt
655
à celui seul qui l’éprouve jusqu’à l’épouvante :
l’
être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt à l’instant o
656
à l’épouvante : l’être que nous formons au sommet
de
l’amour, et qui meurt à l’instant où il naît. Tout notre platonisme
657
’épouvante : l’être que nous formons au sommet de
l’
amour, et qui meurt à l’instant où il naît. Tout notre platonisme éch
658
nt où il naît. Tout notre platonisme échoue dans
l’
instant de l’étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de sig
659
aît. Tout notre platonisme échoue dans l’instant
de
l’étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de signe. On voi
660
. Tout notre platonisme échoue dans l’instant de
l’
étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change de signe. On voit s
661
choue dans l’instant de l’étreinte dénouée. Alors
l’
amour, dirait-on, change de signe. On voit soudain que le désir était
662
treinte dénouée. Alors l’amour, dirait-on, change
de
signe. On voit soudain que le désir était le dialogue des corps, tand
663
, dirait-on, change de signe. On voit soudain que
le
désir était le dialogue des corps, tandis que le plaisir est solitair
664
ange de signe. On voit soudain que le désir était
le
dialogue des corps, tandis que le plaisir est solitaire, instant où l
665
le désir était le dialogue des corps, tandis que
le
plaisir est solitaire, instant où les amants sont le plus séparés, ar
666
, tandis que le plaisir est solitaire, instant où
les
amants sont le plus séparés, arrachés, retirés en soi. Alors paraisse
667
plaisir est solitaire, instant où les amants sont
le
plus séparés, arrachés, retirés en soi. Alors paraissent la conscienc
668
parés, arrachés, retirés en soi. Alors paraissent
la
conscience, et le sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous somme
669
etirés en soi. Alors paraissent la conscience, et
le
sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous sommes deux. Il n’y a
670
Alors paraissent la conscience, et le sérieux, et
la
réalité des vies au jour. Nous sommes deux. Il n’y a que deux philos
671
a que deux philosophies : celle du désir et celle
de
l’acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle du silence et
672
ue deux philosophies : celle du désir et celle de
l’
acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle du silence et ce
673
a que deux doctrines : celle du silence et celle
de
la parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomp
674
que deux doctrines : celle du silence et celle de
la
parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit
675
ctrines : celle du silence et celle de la parole.
La
négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est le
676
e de la parole. La négation du désir amoureux par
l’
acte même qui l’accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’inf
677
La négation du désir amoureux par l’acte même qui
l’
accomplit, c’est le signe physique, originel, de l’infinie contradicti
678
r amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est
le
signe physique, originel, de l’infinie contradiction que nous souffro
679
i l’accomplit, c’est le signe physique, originel,
de
l’infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte
680
’accomplit, c’est le signe physique, originel, de
l’
infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte re
681
l, de l’infinie contradiction que nous souffrons.
Le
désir divinise, l’acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil d
682
tradiction que nous souffrons. Le désir divinise,
l’
acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera
683
nous souffrons. Le désir divinise, l’acte rend à
l’
humain. L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sé
684
frons. Le désir divinise, l’acte rend à l’humain.
L’
amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sérieuse. Qu
685
acte rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil
de
l’amour qui sera notre tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment
686
e rend à l’humain. L’amour rêvé meurt au seuil de
l’
amour qui sera notre tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment deu
687
tons ce temple où dorment deux idoles, et parlons
le
langage du Jour. d. Rougemont Denis de, « Angérone », VVV, New Yo
688
arlons le langage du Jour. d. Rougemont Denis
de
, « Angérone », VVV, New York, mars 1943, p. 69-70.
689
La
gloire (mars 1943)e (Nous le connaissions un peu, et pensions le c
690
La gloire (mars 1943)e (Nous
le
connaissions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses papi
691
43)e (Nous le connaissions un peu, et pensions
le
connaître. La lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien di
692
le connaissions un peu, et pensions le connaître.
La
lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fa
693
ions un peu, et pensions le connaître. La lecture
de
ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fallait certe
694
nnaître. La lecture de ses papiers posthumes nous
le
révèle bien différent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant l’
695
rent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant
l’
on demeure surpris. C’est que tout, dans ses livres, — surtout les plu
696
rpris. C’est que tout, dans ses livres, — surtout
les
plus sincères — semblait exclure les préoccupations que trahit son jo
697
s, — surtout les plus sincères — semblait exclure
les
préoccupations que trahit son journal intime. Peut-être le secret d’u
698
upations que trahit son journal intime. Peut-être
le
secret d’une différence aussi curieuse est-il caché dans les passages
699
ue trahit son journal intime. Peut-être le secret
d’
une différence aussi curieuse est-il caché dans les passages de ces ca
700
d’une différence aussi curieuse est-il caché dans
les
passages de ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragme
701
nce aussi curieuse est-il caché dans les passages
de
ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragments de dates
702
es de ces cahiers que nous allons transcrire ici.
De
ces fragments de dates diverses, l’on ne verra point se dégager de co
703
que nous allons transcrire ici. De ces fragments
de
dates diverses, l’on ne verra point se dégager de conclusions tout à
704
anscrire ici. De ces fragments de dates diverses,
l’
on ne verra point se dégager de conclusions tout à fait claires : il y
705
de dates diverses, l’on ne verra point se dégager
de
conclusions tout à fait claires : il y a trop de contradictions. Mais
706
de conclusions tout à fait claires : il y a trop
de
contradictions. Mais c’est ce qui peut intéresser. Une attitude aussi
707
attitude aussi profondément ambiguë, vis-à-vis de
la
gloire, n’est pas sans entretenir les plus curieux malentendus entre
708
vis-à-vis de la gloire, n’est pas sans entretenir
les
plus curieux malentendus entre un auteur et ses lecteurs. Or il se pe
709
auteur et ses lecteurs. Or il se peut que ce soit
l’
attitude de la plupart des écrivains modernes.) J’ai vécu pour la glo
710
es lecteurs. Or il se peut que ce soit l’attitude
de
la plupart des écrivains modernes.) J’ai vécu pour la gloire — dit l
711
plupart des écrivains modernes.) J’ai vécu pour
la
gloire — dit le prince André — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’es
712
ivains modernes.) J’ai vécu pour la gloire — dit
le
prince André — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’amour
713
a gloire — dit le prince André — et qu’est-ce que
la
gloire, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir de lui être u
714
é — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi
l’
amour du prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louang
715
la gloire, si ce n’est aussi l’amour du prochain,
le
désir de lui être utile et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu p
716
, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir
de
lui être utile et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour les a
717
’amour du prochain, le désir de lui être utile et
de
mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour les autres, et mon existen
718
et de mériter ses louanges ? J’ai donc vécu pour
les
autres, et mon existence est perdue, perdue sans retour ; depuis que
719
is pour moi, je vis pour moi, je suis plus calme…
Les
autres, c’est le prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’app
720
s pour moi, je suis plus calme… Les autres, c’est
le
prochain, comme la princesse Marie et toi vous l’appelez, le prochain
721
plus calme… Les autres, c’est le prochain, comme
la
princesse Marie et toi vous l’appelez, le prochain, cette grande sour
722
le prochain, comme la princesse Marie et toi vous
l’
appelez, le prochain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le pr
723
, comme la princesse Marie et toi vous l’appelez,
le
prochain, cette grande source d’iniquité et de mal ! Le prochain, le
724
vous l’appelez, le prochain, cette grande source
d’
iniquité et de mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de K
725
z, le prochain, cette grande source d’iniquité et
de
mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rê
726
chain, cette grande source d’iniquité et de mal !
Le
prochain, le sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de co
727
grande source d’iniquité et de mal ! Le prochain,
le
sais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bien
728
uité et de mal ! Le prochain, le sais-tu, ce sont
les
paysans de Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï, La G
729
al ! Le prochain, le sais-tu, ce sont les paysans
de
Kiew, que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la
730
ais-tu, ce sont les paysans de Kiew, que tu rêves
de
combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m’
731
sont les paysans de Kiew, que tu rêves de combler
de
bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et la Paix.) Cette page m’avait sédui
732
, que tu rêves de combler de bienfaits. (Tolstoï,
La
Guerre et la Paix.) Cette page m’avait séduit par sa mauvaise humeur
733
s de combler de bienfaits. (Tolstoï, La Guerre et
la
Paix.) Cette page m’avait séduit par sa mauvaise humeur. En la copia
734
te page m’avait séduit par sa mauvaise humeur. En
la
copiant, je n’y vois plus que sophismes. Non, la gloire, ce n’est pas
735
la copiant, je n’y vois plus que sophismes. Non,
la
gloire, ce n’est pas l’amour mais au contraire le mépris du prochain.
736
plus que sophismes. Non, la gloire, ce n’est pas
l’
amour mais au contraire le mépris du prochain. Le Prince André n’a pas
737
la gloire, ce n’est pas l’amour mais au contraire
le
mépris du prochain. Le Prince André n’a pas trouvé de prochains, car
738
l’amour mais au contraire le mépris du prochain.
Le
Prince André n’a pas trouvé de prochains, car il n’a cherché qu’un pu
739
épris du prochain. Le Prince André n’a pas trouvé
de
prochains, car il n’a cherché qu’un public. C’est le public qui donne
740
prochains, car il n’a cherché qu’un public. C’est
le
public qui donne la gloire à celui qui le méprise assez pour le flatt
741
a cherché qu’un public. C’est le public qui donne
la
gloire à celui qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que la pr
742
. C’est le public qui donne la gloire à celui qui
le
méprise assez pour le flatter. Tandis que la princesse Marie, qui a v
743
donne la gloire à celui qui le méprise assez pour
le
flatter. Tandis que la princesse Marie, qui a vraiment aimé son proch
744
qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que
la
princesse Marie, qui a vraiment aimé son prochain, n’en n’a pas reçu
745
i a vraiment aimé son prochain, n’en n’a pas reçu
de
gloire et n’en demandait point. Aussi ne pense-t-elle pas qu’elle a «
746
se-t-elle pas qu’elle a « perdu sa vie ». Liszt à
la
fin d’un concert triomphal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je su
747
le pas qu’elle a « perdu sa vie ». Liszt à la fin
d’
un concert triomphal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je suis le s
748
phal, s’incline et prononce à mi-voix : « Je suis
le
serviteur du public, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne la
749
ic, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne
la
gloire. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort de se rendre a
750
’est à cela qu’on donne la gloire. Et ceux qui ne
la
briguent point risquent fort de se rendre antipathiques. Jamais la fo
751
e. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort
de
se rendre antipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que l’on a
752
risquent fort de se rendre antipathiques. Jamais
la
foule n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de la gloire même e
753
ipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que
l’
on affiche un amour de la gloire même excessif pour le talent qu’on a.
754
foule n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour
de
la gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pou
755
le n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de
la
gloire même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pour g
756
affiche un amour de la gloire même excessif pour
le
talent qu’on a. La foule ne tient pour glorieux que ceux qui prennent
757
e la gloire même excessif pour le talent qu’on a.
La
foule ne tient pour glorieux que ceux qui prennent le soin de parler
758
glorieux que ceux qui prennent le soin de parler
de
leur gloire. Chateaubriand eut de la gloire, mais non Stendhal. Madam
759
soin de parler de leur gloire. Chateaubriand eut
de
la gloire, mais non Stendhal. Madame de Staël en eut, mais non Consta
760
in de parler de leur gloire. Chateaubriand eut de
la
gloire, mais non Stendhal. Madame de Staël en eut, mais non Constant
761
onstant (comme écrivain). Or personne ne lit plus
Les
Martyrs ni Corinne, et tout le monde croit aimer La Chartreuse et Ado
762
Martyrs ni Corinne, et tout le monde croit aimer
La
Chartreuse et Adolphe. Mais ce jugement sur le talent, changé du tout
763
er La Chartreuse et Adolphe. Mais ce jugement sur
le
talent, changé du tout, n’entraîne pas que l’on change le jugement su
764
sur le talent, changé du tout, n’entraîne pas que
l’
on change le jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’e
765
t, changé du tout, n’entraîne pas que l’on change
le
jugement sur la gloire. La gloire est donc un mythe : j’entends que s
766
t, n’entraîne pas que l’on change le jugement sur
la
gloire. La gloire est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa
767
ne pas que l’on change le jugement sur la gloire.
La
gloire est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa grandeur n
768
tends que son pouvoir et sa grandeur ne dépendent
d’
aucune raison, et paraissent même n’en point souffrir. Fama crescit eu
769
entia famam. Toute gloire est donc aliénée. Celle
d’
un Chateaubriand n’est pas à lui, ni à son œuvre, mais au public qui l
770
est pas à lui, ni à son œuvre, mais au public qui
la
lui prête parce que d’abord l’auteur s’y est prêté. Quant à moi, je s
771
mais au public qui la lui prête parce que d’abord
l’
auteur s’y est prêté. Quant à moi, je suis trop égoïste pour me laisse
772
non point tel que me désire leur goût sentimental
de
« l’Art ». Mais comme tout se complique et se retourne ! Celui qui ve
773
oint tel que me désire leur goût sentimental de «
l’
Art ». Mais comme tout se complique et se retourne ! Celui qui veut la
774
tout se complique et se retourne ! Celui qui veut
la
gloire, est-ce qu’il manquerait d’orgueil ? Serait-il plus humble que
775
Celui qui veut la gloire, est-ce qu’il manquerait
d’
orgueil ? Serait-il plus humble que moi ? Et l’orgueilleux que je suis
776
it d’orgueil ? Serait-il plus humble que moi ? Et
l’
orgueilleux que je suis, ne donne-t-il pas une preuve d’amour à son au
777
eilleux que je suis, ne donne-t-il pas une preuve
d’
amour à son audience en exigeant d’elle plus de noblesse ? Dire : je n
778
pas une preuve d’amour à son audience en exigeant
d’
elle plus de noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire : je v
779
ve d’amour à son audience en exigeant d’elle plus
de
noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire : je vous néglige,
780
geant d’elle plus de noblesse ? Dire : je néglige
la
gloire, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez la gloire pour
781
re, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez
la
gloire pour prix d’une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous
782
vous néglige, vous qui donnez la gloire pour prix
d’
une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous aime, puisque je vou
783
vulgaires que vous n’êtes. Celui qui ne veut pas
la
gloire telle que la donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’
784
n’êtes. Celui qui ne veut pas la gloire telle que
la
donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut la gloire te
785
pas la gloire telle que la donne une foule à qui
la
flatte, n’est-ce pas qu’il veut la gloire telle que lui seul serait c
786
ne foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut
la
gloire telle que lui seul serait capable de se la décerner ? L’idée
787
veut la gloire telle que lui seul serait capable
de
se la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de
788
la gloire telle que lui seul serait capable de se
la
décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Ren
789
que lui seul serait capable de se la décerner ?
L’
idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glori
790
erait capable de se la décerner ? L’idée moderne
de
la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui q
791
it capable de se la décerner ? L’idée moderne de
la
gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui
792
L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on,
de
la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en différant, bien p
793
’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de
la
Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en différant, bien plus
794
différant, bien plus qu’en excellant. C’est donc
l’
individu qui se distingue, — n’importe où. (Crimes commis pour s’acqué
795
e, — n’importe où. (Crimes commis pour s’acquérir
la
gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloi
796
commis pour s’acquérir la gloire, fréquents dans
l’
Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte
797
gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.)
Le
besoin de la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social
798
réquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin
de
la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le
799
uents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de
la
gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le co
800
xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né
d’
une sorte de maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du
801
.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte
de
maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’
802
c né d’une sorte de maladie du sens social. C’est
le
contraire de l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’
803
rte de maladie du sens social. C’est le contraire
de
l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci
804
de maladie du sens social. C’est le contraire de
l’
amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni
805
ocial. C’est le contraire de l’amour du prochain.
L’
individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni même conscience du vo
806
re de l’amour du prochain. L’individu qui cherche
la
gloire n’a plus souci ni même conscience du voisin qu’il pourrait aid
807
conscience du voisin qu’il pourrait aider (c’est
le
prochain), mais seulement du voisin qu’il peut utiliser. Il cherche d
808
er. Il cherche des admirateurs, des confirmateurs
de
son être. C’est que l’acte de s’écarter d’une communion ou d’une comm
809
rateurs, des confirmateurs de son être. C’est que
l’
acte de s’écarter d’une communion ou d’une communauté, écarte aussi de
810
, des confirmateurs de son être. C’est que l’acte
de
s’écarter d’une communion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, e
811
ateurs de son être. C’est que l’acte de s’écarter
d’
une communion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, et l’on éprouv
812
C’est que l’acte de s’écarter d’une communion ou
d’
une communauté, écarte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin d
813
d’une communion ou d’une communauté, écarte aussi
de
soi, et l’on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme
814
nion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, et
l’
on éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme en communio
815
nauté, écarte aussi de soi, et l’on éprouve alors
le
besoin de se faire confirmer. Un homme en communion active avec les h
816
rte aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin
de
se faire confirmer. Un homme en communion active avec les hommes qui
817
aire confirmer. Un homme en communion active avec
les
hommes qui l’entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car l
818
Un homme en communion active avec les hommes qui
l’
entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car la gloire est c
819
mes qui l’entourent ne songerait pas à rechercher
la
gloire. Car la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excell
820
rent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car
la
gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excellence, à son ran
821
la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait
l’
excellence, à son rang et selon ses astres. Ainsi les héros et les roi
822
excellence, à son rang et selon ses astres. Ainsi
les
héros et les rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne d
823
son rang et selon ses astres. Ainsi les héros et
les
rois sont les auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien
824
elon ses astres. Ainsi les héros et les rois sont
les
auteurs de leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien. Et ce qu’ils
825
res. Ainsi les héros et les rois sont les auteurs
de
leur éclat. Ils donnent et ne demandent rien. Et ce qu’ils donnent fa
826
e demandent rien. Et ce qu’ils donnent fait toute
la
renommée du peuple. (Aujourd’hui c’est l’inverse qu’on observe ; c’es
827
t toute la renommée du peuple. (Aujourd’hui c’est
l’
inverse qu’on observe ; c’est ce que donne la foule qui fait la gloire
828
’est l’inverse qu’on observe ; c’est ce que donne
la
foule qui fait la gloire d’un homme.) La gloire antique était virile,
829
on observe ; c’est ce que donne la foule qui fait
la
gloire d’un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Ale
830
; c’est ce que donne la foule qui fait la gloire
d’
un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exe
831
ue donne la foule qui fait la gloire d’un homme.)
La
gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exemplaire, plus
832
’un homme.) La gloire antique était virile, comme
le
don. Alexandre exemplaire, plus beau que tous, plus fort et plus heur
833
c’est une rumeur, c’est une publicité, une espèce
d’
inflation provisoire. Elle n’est pas grande, mais exagérée, mobile, ne
834
ssentie comme flatteuse. C’est donc quelque chose
de
vulgaire. De fait, je ne connais pas de gloire moderne dont on ne pui
835
flatteuse. C’est donc quelque chose de vulgaire.
De
fait, je ne connais pas de gloire moderne dont on ne puisse démontrer
836
que chose de vulgaire. De fait, je ne connais pas
de
gloire moderne dont on ne puisse démontrer par quels moyens elle fut
837
quels moyens elle fut acquise : toujours au prix
d’
une vulgarité. (Zones de bassesse chez d’Annunzio ; c’est là, non pas
838
cquise : toujours au prix d’une vulgarité. (Zones
de
bassesse chez d’Annunzio ; c’est là, non pas dans la beauté de son œu
839
au prix d’une vulgarité. (Zones de bassesse chez
d’
Annunzio ; c’est là, non pas dans la beauté de son œuvre, que s’est co
840
bassesse chez d’Annunzio ; c’est là, non pas dans
la
beauté de son œuvre, que s’est constituée sa gloire.) Et cependant, j
841
hez d’Annunzio ; c’est là, non pas dans la beauté
de
son œuvre, que s’est constituée sa gloire.) Et cependant, je me suis
842
rer une gloire qui ne m’ennuierait pas. Non point
la
leur, mais celle que je pourrais rejoindre, telle que je la connais d
843
ais celle que je pourrais rejoindre, telle que je
la
connais depuis toujours, moi seul. Un dieu n’a pas besoin d’adorateur
844
depuis toujours, moi seul. Un dieu n’a pas besoin
d’
adorateurs pour rayonner et se réjouir de son être. Oui, c’est bien là
845
s besoin d’adorateurs pour rayonner et se réjouir
de
son être. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et la vraie gloi
846
ner et se réjouir de son être. Oui, c’est bien là
le
privilège d’un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ?
847
ouir de son être. Oui, c’est bien là le privilège
d’
un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ? Il y a là qu
848
re. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et
la
vraie gloire. Qu’est-ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a
849
ège d’un dieu. Et la vraie gloire. Qu’est-ce que
l’
incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas
850
st-ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a
de
la valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’
851
ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de
la
valeur ; on ne le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’inv
852
? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur ; on ne
le
sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près l’inverse. Mais ne sera
853
quelqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas.
La
gloire moderne, c’est à peu près l’inverse. Mais ne serait-ce pas aus
854
le sait pas. La gloire moderne, c’est à peu près
l’
inverse. Mais ne serait-ce pas aussi le meilleur moyen de sauver son i
855
à peu près l’inverse. Mais ne serait-ce pas aussi
le
meilleur moyen de sauver son incognito en se donnant l’air, préciséme
856
se. Mais ne serait-ce pas aussi le meilleur moyen
de
sauver son incognito en se donnant l’air, précisément, d’y renoncer ?
857
lleur moyen de sauver son incognito en se donnant
l’
air, précisément, d’y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle co
858
r son incognito en se donnant l’air, précisément,
d’
y renoncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère le droit d’êtr
859
l’air, précisément, d’y renoncer ? Autre avantage
de
la gloire : elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup
860
ir, précisément, d’y renoncer ? Autre avantage de
la
gloire : elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup en
861
ncer ? Autre avantage de la gloire : elle confère
le
droit d’être banal. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse : l’e
862
tre avantage de la gloire : elle confère le droit
d’
être banal. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse : l’expérience
863
al. Tant pis si beaucoup en abusent… Hypothèse :
l’
expérience intime de la gloire précède toujours sa manifestation. L’a
864
coup en abusent… Hypothèse : l’expérience intime
de
la gloire précède toujours sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rie
865
p en abusent… Hypothèse : l’expérience intime de
la
gloire précède toujours sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien p
866
de la gloire précède toujours sa manifestation.
L’
ambitieux ne vaut rien pour la gloire. Il ne peut aboutir qu’au succès
867
sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien pour
la
gloire. Il ne peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de la
868
e. Il ne peut aboutir qu’au succès. Il reste sous
l’
empire de la comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on pui
869
peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire
de
la comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on puisse avoue
870
t aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de
la
comparaison. Beaucoup d’hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer s
871
reste sous l’empire de la comparaison. Beaucoup
d’
hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer sa vanité, ou bien ils croi
872
é, ou bien ils croient que ce serait naïf ; et si
l’
on avoue son orgueil, ils croient que c’est par vanité. Je suis homme
873
tors, orgueilleux, etc. Quel avantage à feindre ?
La
plus sotte vanité étant assurément d’essayer de faire croire qu’on n’
874
à feindre ? La plus sotte vanité étant assurément
d’
essayer de faire croire qu’on n’en a point. Si l’on condamne sa propre
875
? La plus sotte vanité étant assurément d’essayer
de
faire croire qu’on n’en a point. Si l’on condamne sa propre vanité, l
876
d’essayer de faire croire qu’on n’en a point. Si
l’
on condamne sa propre vanité, le mieux pour s’en débarrasser serait d’
877
n’en a point. Si l’on condamne sa propre vanité,
le
mieux pour s’en débarrasser serait d’en parler ouvertement. Comme un
878
pre vanité, le mieux pour s’en débarrasser serait
d’
en parler ouvertement. Comme un menteur qui dirait : « Je vous avertis
879
structif et amusant. Je veux ma gloire, et je ne
l’
avoue jamais, — je fais le modeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne v
880
eux ma gloire, et je ne l’avoue jamais, — je fais
le
modeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la gloire pour vou
881
, et je ne l’avoue jamais, — je fais le modeste —
d’
où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la gloire pour vous éblouir, vo
882
odeste — d’où vient cette pudeur ? Je ne veux pas
la
gloire pour vous éblouir, vous que j’aime et qui me connaissez. Vous
883
ue je suis, et si vous appreniez un jour que j’ai
de
la gloire, que sauriez-vous alors d’essentiel que dès maintenant vous
884
je suis, et si vous appreniez un jour que j’ai de
la
gloire, que sauriez-vous alors d’essentiel que dès maintenant vous ne
885
our que j’ai de la gloire, que sauriez-vous alors
d’
essentiel que dès maintenant vous ne sachiez ? Ou c’est que vous vous
886
e croyez point par vous-mêmes — et je ne veux pas
l’
erreur. Ou bien veux-je cette erreur-là ? Certes — mais non comme une
887
je veux cela. Qu’est-ce donc que « gloire », dont
la
prononciation, pour peu d’emphase que j’y prête, me fait venir les la
888
c que « gloire », dont la prononciation, pour peu
d’
emphase que j’y prête, me fait venir les larmes aux yeux ? Gloire et l
889
, pour peu d’emphase que j’y prête, me fait venir
les
larmes aux yeux ? Gloire et lumière, gloire ou mystère, gloire et mor
890
ord clamé, ou cet instant plutôt qui est au seuil
de
sa résolution fondamentale — quel est ce seuil, et que nous ouvrent,
891
est ce seuil, et que nous ouvrent, sur quel ciel,
les
symphonies ? Je n’ose pas dire que je veux être Dieu. Ce serait là, p
892
eux être Dieu. Ce serait là, pourtant, ma vérité,
la
vérité de mon mensonge. Est-ce à cause que mon nom est : mensonge, qu
893
ieu. Ce serait là, pourtant, ma vérité, la vérité
de
mon mensonge. Est-ce à cause que mon nom est : mensonge, que je voudr
894
cause que mon nom est : mensonge, que je voudrais
la
gloire et ne sais pas pourquoi ? Ou n’ose pas savoir pourquoi… Ce que
895
ue je n’ose pas savoir est angoisse. Angoisse est
le
nom du secret que je sers sans oser le servir, parce que je sais que
896
goisse est le nom du secret que je sers sans oser
le
servir, parce que je sais que son nom est mensonge, et que c’est moi
897
s’oppose à ma gloire, et qui me sauve malgré moi
de
mon triomphe. Il n’y a qu’un seul Dieu, celui qui dit Je suis. Ce ser
898
a tout, et tout sera. Ainsi, ô Dieu, délivrez-moi
de
la gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire ! 1938
899
out, et tout sera. Ainsi, ô Dieu, délivrez-moi de
la
gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire ! 1938
900
a gloire ! Mais cette prière m’émeut encore comme
la
gloire ! 1938 e. Rougemont Denis de, « La gloire », VVV, New Yor
901
re comme la gloire ! 1938 e. Rougemont Denis
de
, « La gloire », VVV, New York, mars 1943, p. 71-73.
902
me la gloire ! 1938 e. Rougemont Denis de, «
La
gloire », VVV, New York, mars 1943, p. 71-73.
903
Rhétorique américaine (juin-juillet 1943)f g
L’
Amérique m’a fait prendre conscience de bien des choses qui allaient d
904
943)f g L’Amérique m’a fait prendre conscience
de
bien des choses qui allaient de soi dans notre Europe, et qui me sont
905
e c’est leur contraire, ici, qui va de soi. Parmi
la
douzaine de bouquins que j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Jou
906
contraire, ici, qui va de soi. Parmi la douzaine
de
bouquins que j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Journal d’André
907
armi la douzaine de bouquins que j’ai pu emporter
de
Paris, il y avait le Journal d’André Gide. Chaque fois que j’en relis
908
ouquins que j’ai pu emporter de Paris, il y avait
le
Journal d’André Gide. Chaque fois que j’en relis quelques pages, je s
909
j’ai pu emporter de Paris, il y avait le Journal
d’
André Gide. Chaque fois que j’en relis quelques pages, je suis frappé
910
que j’en relis quelques pages, je suis frappé par
le
souci qu’y montre Gide d’une écriture durable et d’une œuvre d’avenir
911
ges, je suis frappé par le souci qu’y montre Gide
d’
une écriture durable et d’une œuvre d’avenir. Il n’accepte de rompre a
912
souci qu’y montre Gide d’une écriture durable et
d’
une œuvre d’avenir. Il n’accepte de rompre avec une tradition que pour
913
montre Gide d’une écriture durable et d’une œuvre
d’
avenir. Il n’accepte de rompre avec une tradition que pour en fonder u
914
ure durable et d’une œuvre d’avenir. Il n’accepte
de
rompre avec une tradition que pour en fonder une nouvelle, qui se rév
915
e nouvelle, qui se révélera sans doute conforme à
la
tradition de la langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’inc
916
ui se révélera sans doute conforme à la tradition
de
la langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’inclure l’actual
917
se révélera sans doute conforme à la tradition de
la
langue, à son génie le plus vivace. Gide craint d’inclure l’actualité
918
conforme à la tradition de la langue, à son génie
le
plus vivace. Gide craint d’inclure l’actualité dans un ouvrage, parce
919
a langue, à son génie le plus vivace. Gide craint
d’
inclure l’actualité dans un ouvrage, parce que c’est elle qui risque d
920
à son génie le plus vivace. Gide craint d’inclure
l’
actualité dans un ouvrage, parce que c’est elle qui risque de vieillir
921
dans un ouvrage, parce que c’est elle qui risque
de
vieillir en premier lieu. Ce souci, cette arrière-pensée, sont étrang
922
Ce souci, cette arrière-pensée, sont étrangers à
la
littérature américaine, trop jeune pour craindre les atteintes du tem
923
littérature américaine, trop jeune pour craindre
les
atteintes du temps. On n’écrit pas un livre pour qu’il dure, en Améri
924
ur qu’il frappe et qu’il agisse, au maximum, dans
le
plus court délai. Signe de santé d’une culture. Le journaliste est l’
925
isse, au maximum, dans le plus court délai. Signe
de
santé d’une culture. Le journaliste est l’homme pour qui le lendemain
926
maximum, dans le plus court délai. Signe de santé
d’
une culture. Le journaliste est l’homme pour qui le lendemain n’existe
927
e plus court délai. Signe de santé d’une culture.
Le
journaliste est l’homme pour qui le lendemain n’existe pas, remarquai
928
Signe de santé d’une culture. Le journaliste est
l’
homme pour qui le lendemain n’existe pas, remarquait encore André Gide
929
’une culture. Le journaliste est l’homme pour qui
le
lendemain n’existe pas, remarquait encore André Gide. Dans ce sens él
930
e. Dans ce sens élargi du mot, mais en retirant à
l’
épithète toute qualité dépréciative, on pourrait appeler journalistes
931
tive, on pourrait appeler journalistes bon nombre
d’
excellents auteurs américains. Ils n’y verraient, à juste titre, aucun
932
n’y verraient, à juste titre, aucun reproche. Car
l’
Amérique a fait du journalisme un art par une révolution trop ignorée
933
ournalisme un art par une révolution trop ignorée
de
l’Europe. Un art qui n’exclut pas une poésie très drue, et qui possèd
934
nalisme un art par une révolution trop ignorée de
l’
Europe. Un art qui n’exclut pas une poésie très drue, et qui possède u
935
rès drue, et qui possède une rhétorique, un « art
de
persuader » étrangement efficace. La connaissance de ses règles techn
936
ue, un « art de persuader » étrangement efficace.
La
connaissance de ses règles techniques permet de pénétrer certains sec
937
persuader » étrangement efficace. La connaissance
de
ses règles techniques permet de pénétrer certains secrets de la litté
938
. La connaissance de ses règles techniques permet
de
pénétrer certains secrets de la littérature contemporaine de ce pays.
939
es techniques permet de pénétrer certains secrets
de
la littérature contemporaine de ce pays. Secrets de style et de compo
940
techniques permet de pénétrer certains secrets de
la
littérature contemporaine de ce pays. Secrets de style et de composit
941
certains secrets de la littérature contemporaine
de
ce pays. Secrets de style et de composition. La rhétorique française
942
la littérature contemporaine de ce pays. Secrets
de
style et de composition. La rhétorique française veut qu’un discours,
943
ure contemporaine de ce pays. Secrets de style et
de
composition. La rhétorique française veut qu’un discours, un essai ou
944
e de ce pays. Secrets de style et de composition.
La
rhétorique française veut qu’un discours, un essai ou un simple artic
945
verbales, qui créent une atmosphère ou orientent
l’
esprit. La rhétorique américaine écarte ces prudences et ces cérémonie
946
qui créent une atmosphère ou orientent l’esprit.
La
rhétorique américaine écarte ces prudences et ces cérémonies. Elle co
947
. Elle considère comme un poids mort nos formules
de
présentation ou de congé. Un article de magazine américain commence p
948
mme un poids mort nos formules de présentation ou
de
congé. Un article de magazine américain commence presque obligatoirem
949
formules de présentation ou de congé. Un article
de
magazine américain commence presque obligatoirement par une anecdote
950
ement par une anecdote étonnante, une énumération
de
faits bruts, ou quelques chiffres impressionnants. C’est la Catch Phr
951
ruts, ou quelques chiffres impressionnants. C’est
la
Catch Phrase, la phrase-qui-attrape et qui vous jette de but en blanc
952
chiffres impressionnants. C’est la Catch Phrase,
la
phrase-qui-attrape et qui vous jette de but en blanc dans l’humanité
953
h Phrase, la phrase-qui-attrape et qui vous jette
de
but en blanc dans l’humanité vive du sujet, saisi par son côté sensat
954
ui-attrape et qui vous jette de but en blanc dans
l’
humanité vive du sujet, saisi par son côté sensationnel. L’article ens
955
é vive du sujet, saisi par son côté sensationnel.
L’
article ensuite ne se déroulera pas suivant un plan logique, mais suiv
956
roulera pas suivant un plan logique, mais suivant
la
ligne de plus immédiate efficacité. Là où l’écrivain français cherche
957
vant la ligne de plus immédiate efficacité. Là où
l’
écrivain français cherche à vous convaincre par la rigueur ou l’élégan
958
l’écrivain français cherche à vous convaincre par
la
rigueur ou l’élégance de ses déductions, l’écrivain américain cherche
959
nçais cherche à vous convaincre par la rigueur ou
l’
élégance de ses déductions, l’écrivain américain cherche à vous entraî
960
he à vous convaincre par la rigueur ou l’élégance
de
ses déductions, l’écrivain américain cherche à vous entraîner par la
961
e par la rigueur ou l’élégance de ses déductions,
l’
écrivain américain cherche à vous entraîner par la dramatisation (Dram
962
l’écrivain américain cherche à vous entraîner par
la
dramatisation (Dramatizing) de sa matière. Le style français triomphe
963
vous entraîner par la dramatisation (Dramatizing)
de
sa matière. Le style français triomphe dans la litote et le raccourci
964
par la dramatisation (Dramatizing) de sa matière.
Le
style français triomphe dans la litote et le raccourci, le style amér
965
g) de sa matière. Le style français triomphe dans
la
litote et le raccourci, le style américain dans l’effet de choc ou d’
966
ère. Le style français triomphe dans la litote et
le
raccourci, le style américain dans l’effet de choc ou d’accumulation
967
français triomphe dans la litote et le raccourci,
le
style américain dans l’effet de choc ou d’accumulation lyrique. L’un
968
a litote et le raccourci, le style américain dans
l’
effet de choc ou d’accumulation lyrique. L’un s’attache à la construct
969
et le raccourci, le style américain dans l’effet
de
choc ou d’accumulation lyrique. L’un s’attache à la construction stat
970
ourci, le style américain dans l’effet de choc ou
d’
accumulation lyrique. L’un s’attache à la construction statique, l’aut
971
choc ou d’accumulation lyrique. L’un s’attache à
la
construction statique, l’autre au rythme. L’esprit français tend à dé
972
he à la construction statique, l’autre au rythme.
L’
esprit français tend à dégager l’essentiel, l’esprit américain à l’eng
973
autre au rythme. L’esprit français tend à dégager
l’
essentiel, l’esprit américain à l’engager dans le concret, à le sensib
974
me. L’esprit français tend à dégager l’essentiel,
l’
esprit américain à l’engager dans le concret, à le sensibiliser, à l’i
975
tend à dégager l’essentiel, l’esprit américain à
l’
engager dans le concret, à le sensibiliser, à l’illustrer. L’anecdote
976
l’essentiel, l’esprit américain à l’engager dans
le
concret, à le sensibiliser, à l’illustrer. L’anecdote révélatrice, le
977
l’esprit américain à l’engager dans le concret, à
le
sensibiliser, à l’illustrer. L’anecdote révélatrice, le Human Touch,
978
à l’engager dans le concret, à le sensibiliser, à
l’
illustrer. L’anecdote révélatrice, le Human Touch, sont régulièrement
979
ans le concret, à le sensibiliser, à l’illustrer.
L’
anecdote révélatrice, le Human Touch, sont régulièrement préférés par
980
sibiliser, à l’illustrer. L’anecdote révélatrice,
le
Human Touch, sont régulièrement préférés par un directeur de revue am
981
uch, sont régulièrement préférés par un directeur
de
revue américaine à la « formule heureuse » condensant et généralisant
982
t préférés par un directeur de revue américaine à
la
« formule heureuse » condensant et généralisant des observations que
983
» condensant et généralisant des observations que
l’
on néglige de rapporter en détail. Au séminaire de Short Stories (hist
984
et généralisant des observations que l’on néglige
de
rapporter en détail. Au séminaire de Short Stories (histoires brèves,
985
l’on néglige de rapporter en détail. Au séminaire
de
Short Stories (histoires brèves, nouvelles) d’une grande université a
986
re de Short Stories (histoires brèves, nouvelles)
d’
une grande université américaine, on enseigne aux étudiants à éviter t
987
expression « intellectuelle » du réel, à cultiver
l’
expression concrète ou sensorielle. N’écrivez pas : « John entra dans
988
ou sensorielle. N’écrivez pas : « John entra dans
la
banque. » Mais décrivez la sensation qu’il éprouve au moment où ses s
989
as : « John entra dans la banque. » Mais décrivez
la
sensation qu’il éprouve au moment où ses semelles-crêpe marquent d’un
990
éprouve au moment où ses semelles-crêpe marquent
d’
une empreinte poussiéreuse le moelleux tapis du hall d’entrée, etc. Ex
991
elles-crêpe marquent d’une empreinte poussiéreuse
le
moelleux tapis du hall d’entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode d
992
empreinte poussiéreuse le moelleux tapis du hall
d’
entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode d’expression qui donnerait,
993
tapis du hall d’entrée, etc. Exemple caricatural
d’
un mode d’expression qui donnerait, avec beaucoup de talent, une page
994
hall d’entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode
d’
expression qui donnerait, avec beaucoup de talent, une page de Faulkne
995
qui donnerait, avec beaucoup de talent, une page
de
Faulkner, un poème ; avec moins de talent, un long roman. De cet ouvr
996
lent, une page de Faulkner, un poème ; avec moins
de
talent, un long roman. De cet ouvrage, la critique américaine ne dira
997
, un poème ; avec moins de talent, un long roman.
De
cet ouvrage, la critique américaine ne dira pas souvent : c’est bien
998
c moins de talent, un long roman. De cet ouvrage,
la
critique américaine ne dira pas souvent : c’est bien écrit, mais plut
999
crit, mais plutôt : c’est effective, agissant. Et
d’
une idée l’on ne demandera pas seulement qu’elle soit juste, mais qu’e
1000
plutôt : c’est effective, agissant. Et d’une idée
l’
on ne demandera pas seulement qu’elle soit juste, mais qu’elle soit in
1001
donne une littérature plus apte qu’aucune autre à
l’
expression du dynamisme aventureux de notre siècle. Entre la sensation
1002
cune autre à l’expression du dynamisme aventureux
de
notre siècle. Entre la sensation et le sensationnel, elle fait preuve
1003
on du dynamisme aventureux de notre siècle. Entre
la
sensation et le sensationnel, elle fait preuve d’un incomparable pouv
1004
aventureux de notre siècle. Entre la sensation et
le
sensationnel, elle fait preuve d’un incomparable pouvoir d’émotion. M
1005
la sensation et le sensationnel, elle fait preuve
d’
un incomparable pouvoir d’émotion. Mais elle attend encore son style i
1006
onnel, elle fait preuve d’un incomparable pouvoir
d’
émotion. Mais elle attend encore son style intellectuel. J’ai tenté de
1007
attend encore son style intellectuel. J’ai tenté
de
définir deux attitudes. Comment juger ? De la littérature qui veut ag
1008
tenté de définir deux attitudes. Comment juger ?
De
la littérature qui veut agir dans l’immédiat, ou de celle qui se préo
1009
nté de définir deux attitudes. Comment juger ? De
la
littérature qui veut agir dans l’immédiat, ou de celle qui se préoccu
1010
ment juger ? De la littérature qui veut agir dans
l’
immédiat, ou de celle qui se préoccupe davantage de durer, laquelle a
1011
la littérature qui veut agir dans l’immédiat, ou
de
celle qui se préoccupe davantage de durer, laquelle a le plus de chan
1012
’immédiat, ou de celle qui se préoccupe davantage
de
durer, laquelle a le plus de chance d’avenir dans le monde où nous al
1013
e qui se préoccupe davantage de durer, laquelle a
le
plus de chance d’avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en
1014
préoccupe davantage de durer, laquelle a le plus
de
chance d’avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en sais ri
1015
davantage de durer, laquelle a le plus de chance
d’
avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en sais rien. Mais j
1016
durer, laquelle a le plus de chance d’avenir dans
le
monde où nous allons entrer ? Je n’en sais rien. Mais je suis sûr que
1017
entrer ? Je n’en sais rien. Mais je suis sûr que
l’
écrivain français et l’écrivain américain ont beaucoup à apprendre l’u
1018
rien. Mais je suis sûr que l’écrivain français et
l’
écrivain américain ont beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Ils m’app
1019
’écrivain américain ont beaucoup à apprendre l’un
de
l’autre. Ils m’apparaissent complémentaires comme la virilité et la f
1020
l’autre. Ils m’apparaissent complémentaires comme
la
virilité et la féminité, la couleur et le dessin, la poussée vitale e
1021
apparaissent complémentaires comme la virilité et
la
féminité, la couleur et le dessin, la poussée vitale et la retenue fo
1022
complémentaires comme la virilité et la féminité,
la
couleur et le dessin, la poussée vitale et la retenue formelle. Et j’
1023
s comme la virilité et la féminité, la couleur et
le
dessin, la poussée vitale et la retenue formelle. Et j’entrevois les
1024
virilité et la féminité, la couleur et le dessin,
la
poussée vitale et la retenue formelle. Et j’entrevois les plus fécond
1025
té, la couleur et le dessin, la poussée vitale et
la
retenue formelle. Et j’entrevois les plus féconds échanges entre ces
1026
sée vitale et la retenue formelle. Et j’entrevois
les
plus féconds échanges entre ces deux principes de toute civilisation,
1027
es plus féconds échanges entre ces deux principes
de
toute civilisation, que polarisent nos deux littératures : tradition
1028
et actualité, mise en ordre et mise en mouvement.
De
leur alliance naît la Liberté. f. Rougemont Denis de, « Rhétorique
1029
ordre et mise en mouvement. De leur alliance naît
la
Liberté. f. Rougemont Denis de, « Rhétorique américaine », Fontain
1030
r alliance naît la Liberté. f. Rougemont Denis
de
, « Rhétorique américaine », Fontaine, Alger, juin–juillet 1943, p. 15
1031
Fontaine, Alger, juin–juillet 1943, p. 15-17. g.
L’
édition numérique se fonde sur la réédition de 1945, p. 2-4.
1032
3, p. 15-17. g. L’édition numérique se fonde sur
la
réédition de 1945, p. 2-4.
1033
g. L’édition numérique se fonde sur la réédition
de
1945, p. 2-4.
1034
Mémoire
de
l’Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)h
1035
Mémoire de
l’
Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)h
1036
Mémoire de l’Europe : Fragments
d’
un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)h I. — Le bon vieux
1037
nal des Mauvais Temps (septembre 1943)h I. —
Le
bon vieux temps présent Paris, 17 mars 1939 Le Führer a passé la
1038
e bon vieux temps présent Paris, 17 mars 1939
Le
Führer a passé la nuit au Hradschin Après Vienne, avec Prague, c’es
1039
présent Paris, 17 mars 1939 Le Führer a passé
la
nuit au Hradschin Après Vienne, avec Prague, c’est une Europe qui v
1040
qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie
de
nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis
1041
mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie
de
tous ceux qu’a touchés le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais
1042
nt, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés
le
romantisme — encore un paradis perdu ! Mais les vrais paradis seront
1043
és le romantisme — encore un paradis perdu ! Mais
les
vrais paradis seront toujours perdus : ils naissent à l’heure où on l
1044
s paradis seront toujours perdus : ils naissent à
l’
heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et R
1045
nt toujours perdus : ils naissent à l’heure où on
les
perd. Souvenirs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vie
1046
ils naissent à l’heure où on les perd. Souvenirs
de
Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à
1047
l’heure où on les perd. Souvenirs de Salzbourg et
de
Prague, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à l’heure où somb
1048
rs de Salzbourg et de Prague, Mozart et Rilke, et
la
Vienne de Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous l’uniform
1049
ue, Mozart et Rilke, et la Vienne de Schubert — à
l’
heure où sombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je les vois s
1050
Schubert — à l’heure où sombrent des nations sous
l’
uniforme barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans la lueur éter
1051
ombrent des nations sous l’uniforme barbarie — je
les
vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, apr
1052
e barbarie — je les vois s’élever rayonnants dans
la
lueur éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans u
1053
vois s’élever rayonnants dans la lueur éternisée
d’
un soir d’été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirant
1054
ever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir
d’
été, après l’orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délic
1055
ts dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après
l’
orage, avant la nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme l
1056
r éternisée d’un soir d’été, après l’orage, avant
la
nuit, dans une gloire déchirante et délicieuse comme les secondes voi
1057
déchirante et délicieuse comme les secondes voix
de
Schumann. Un mythe nouveau prend son essor au sein même de la catastr
1058
nn. Un mythe nouveau prend son essor au sein même
de
la catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe e
1059
Un mythe nouveau prend son essor au sein même de
la
catastrophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en n
1060
in même de la catastrophe. Tout un âge, un climat
de
musiques, soudain se fixe en nos mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux
1061
n « bon vieux temps » de plus, tout près de nous…
Le
bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé,
1062
temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans
le
passé, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Ma
1063
s ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans
la
légende, si loin que nul, en vérité, ne l’avait vu. Mais déjà, pour b
1064
, dans la légende, si loin que nul, en vérité, ne
l’
avait vu. Mais déjà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement l’a
1065
jà, pour beaucoup d’entre nous, ce fut simplement
l’
avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Pe
1066
p d’entre nous, ce fut simplement l’avant-guerre,
les
souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un co
1067
, ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs
de
notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encor
1068
notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout
d’
un coup, est encore plus proche : c’est l’an passé, c’est avant-hier,
1069
u, tout d’un coup, est encore plus proche : c’est
l’
an passé, c’est avant-hier, peut-être même est-ce — aujourd’hui ? Mais
1070
is oui, peut-être vivons-nous, ici, dans ce Paris
de
mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de s
1071
tre vivons-nous, ici, dans ce Paris de mars 1939,
les
derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une lib
1072
derniers jours du bon vieux temps européen. Jours
de
sursis d’une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’el
1073
ours du bon vieux temps européen. Jours de sursis
d’
une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’elle était n
1074
parce qu’elle était notre manière toute naturelle
de
respirer et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis,
1075
tait notre manière toute naturelle de respirer et
de
penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs pe
1076
manière toute naturelle de respirer et de penser,
d’
aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels… C
1077
le de respirer et de penser, d’aller et venir, et
d’
entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels… Combien de temps encor
1078
enir nos soucis, nos plaisirs personnels… Combien
de
temps encore, combien de semaines pourrons-nous goûter ce répit, et s
1079
sirs personnels… Combien de temps encore, combien
de
semaines pourrons-nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeon
1080
ns une existence que nos fils appelleront douceur
de
vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrang
1081
leront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que
le
monde a glissé dans une ère étrange et brutale, où ces formes de vie
1082
sé dans une ère étrange et brutale, où ces formes
de
vie qui sont encore les nôtres ne peuvent plus apprivoiser le destin.
1083
ont encore les nôtres ne peuvent plus apprivoiser
le
destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous d
1084
s ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que
les
tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il
1085
sursaut nous dresse à résister, il faudra changer
le
rythme et rectifier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les
1086
ésister, il faudra changer le rythme et rectifier
la
tenue, bander tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime
1087
nger le rythme et rectifier la tenue, bander tous
les
ressorts, mobiliser les cœurs… C’est le crime des dictatures : elles
1088
ier la tenue, bander tous les ressorts, mobiliser
les
cœurs… C’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté
1089
der tous les ressorts, mobiliser les cœurs… C’est
le
crime des dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans les pays se
1090
’est le crime des dictatures : elles ne tuent pas
la
liberté dans les pays seulement où elles sévissent, mais aussi bien c
1091
s dictatures : elles ne tuent pas la liberté dans
les
pays seulement où elles sévissent, mais aussi bien chez les voisins q
1092
eulement où elles sévissent, mais aussi bien chez
les
voisins qu’elles secouent d’un défi grossier. La liberté ne peut surv
1093
ais aussi bien chez les voisins qu’elles secouent
d’
un défi grossier. La liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car ell
1094
les voisins qu’elles secouent d’un défi grossier.
La
liberté ne peut survivre à de tels chocs. Car elle est vraiment comme
1095
d’un défi grossier. La liberté ne peut survivre à
de
tels chocs. Car elle est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où l
1096
le est vraiment comme un rêve, un rêve heureux où
l’
on circule avec aisance, gardant parfois l’arrière-conscience d’un mir
1097
eux où l’on circule avec aisance, gardant parfois
l’
arrière-conscience d’un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n
1098
vec aisance, gardant parfois l’arrière-conscience
d’
un miracle. Elle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par l’atmos
1099
lle est encore une œuvre d’art qui n’agit que par
l’
atmosphère, par le charme qu’elle fait régner. Des lois adroites et hu
1100
œuvre d’art qui n’agit que par l’atmosphère, par
le
charme qu’elle fait régner. Des lois adroites et humaines ne suffiron
1101
s lois adroites et humaines ne suffiront jamais à
l’
assurer : il y faut ce climat sentimental, cette espèce de naturel qui
1102
r : il y faut ce climat sentimental, cette espèce
de
naturel qui naît d’une entente tacite, d’une confiance, presque d’une
1103
mat sentimental, cette espèce de naturel qui naît
d’
une entente tacite, d’une confiance, presque d’une insouciance… C’est
1104
espèce de naturel qui naît d’une entente tacite,
d’
une confiance, presque d’une insouciance… C’est tout cela que vient de
1105
ît d’une entente tacite, d’une confiance, presque
d’
une insouciance… C’est tout cela que vient de mettre en question l’usu
1106
… C’est tout cela que vient de mettre en question
l’
usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’
1107
tion l’usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il
l’
a mis en question, et qu’il nous force au réalisme à sa manière, le ch
1108
on, et qu’il nous force au réalisme à sa manière,
le
charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’é
1109
i qui s’éveille et goûte encore quelques instants
les
délices d’un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève d
1110
lle et goûte encore quelques instants les délices
d’
un rêve inachevé. Mais il sait bien que c’est fini. Brève dispense, le
1111
Mais il sait bien que c’est fini. Brève dispense,
le
temps d’un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolume
1112
ait bien que c’est fini. Brève dispense, le temps
d’
un peu se souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans l
1113
Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans
le
grand jour du siècle mécanique, accepter pour un temps sa loi, en pré
1114
réservant, s’il se peut, dans nos cœurs, ce droit
d’
aimer, cette bonté humaine plus inutile que jamais, dominatrice et baf
1115
natrice et bafouée. II. — Le dernier printemps
de
la paix En Suisse, 2 mai 1939 Combien oseraient avouer que cette m
1116
rice et bafouée. II. — Le dernier printemps de
la
paix En Suisse, 2 mai 1939 Combien oseraient avouer que cette mena
1117
oseraient avouer que cette menace leur rend enfin
le
goût de vivre ? Privilégiés qui n’éprouvent de désir pour leurs biens
1118
t avouer que cette menace leur rend enfin le goût
de
vivre ? Privilégiés qui n’éprouvent de désir pour leurs biens qu’à la
1119
in le goût de vivre ? Privilégiés qui n’éprouvent
de
désir pour leurs biens qu’à la veille de les perdre. Déshérités aussi
1120
és qui n’éprouvent de désir pour leurs biens qu’à
la
veille de les perdre. Déshérités aussi, qui ne retrouvent l’espoir q
1121
prouvent de désir pour leurs biens qu’à la veille
de
les perdre. Déshérités aussi, qui ne retrouvent l’espoir qu’au seuil
1122
uvent de désir pour leurs biens qu’à la veille de
les
perdre. Déshérités aussi, qui ne retrouvent l’espoir qu’au seuil des
1123
les perdre. Déshérités aussi, qui ne retrouvent
l’
espoir qu’au seuil des catastrophes générales. Et j’en connais qui ne
1124
n connais qui ne parviennent à leur régime normal
de
vie (comme un moteur prend son régime normal à tant à l’heure) que da
1125
(comme un moteur prend son régime normal à tant à
l’
heure) que dans le drame et le bouleversement des habitudes où l’énerg
1126
rend son régime normal à tant à l’heure) que dans
le
drame et le bouleversement des habitudes où l’énergie s’enlise. Ce be
1127
ime normal à tant à l’heure) que dans le drame et
le
bouleversement des habitudes où l’énergie s’enlise. Ce besoin d’être
1128
ns le drame et le bouleversement des habitudes où
l’
énergie s’enlise. Ce besoin d’être provoqué pour montrer de quoi l’on
1129
nt des habitudes où l’énergie s’enlise. Ce besoin
d’
être provoqué pour montrer de quoi l’on est capable est si profond, pe
1130
s’enlise. Ce besoin d’être provoqué pour montrer
de
quoi l’on est capable est si profond, peut-être si normal, que j’en v
1131
e. Ce besoin d’être provoqué pour montrer de quoi
l’
on est capable est si profond, peut-être si normal, que j’en viens à m
1132
-mêmes, dans notre inconscient collectif. Je puis
l’
avouer parce que je suis un écrivain, Il est admis que ces gens-là ont
1133
uis un écrivain, Il est admis que ces gens-là ont
le
droit de dire — pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’h
1134
rivain, Il est admis que ces gens-là ont le droit
de
dire — pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme de l
1135
admis que ces gens-là ont le droit de dire — pour
le
soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue de cynism
1136
pour le soulagement général — ce qui ferait taxer
l’
homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont p
1137
soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme
de
la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus cour
1138
lagement général — ce qui ferait taxer l’homme de
la
rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus courage
1139
t général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue
de
cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus courageux ? Ma
1140
qui ferait taxer l’homme de la rue de cynisme ou
de
lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus courageux ? Mais non. Ils so
1141
on. Ils sont tout seuls devant leur papier blanc.
Les
réactions à leur parole seront lointaines, ou même ils ne les connaît
1142
s à leur parole seront lointaines, ou même ils ne
les
connaîtront jamais… Paris, 12 mai 1939 Quatrième changement de domici
1143
t jamais… Paris, 12 mai 1939 Quatrième changement
de
domicile depuis le début de cette année. « Étranger et voyageur sur l
1144
mai 1939 Quatrième changement de domicile depuis
le
début de cette année. « Étranger et voyageur sur la terre », ainsi pe
1145
Quatrième changement de domicile depuis le début
de
cette année. « Étranger et voyageur sur la terre », ainsi pensais-je
1146
début de cette année. « Étranger et voyageur sur
la
terre », ainsi pensais-je d’autres fois, dans ces périodes de nomadis
1147
ainsi pensais-je d’autres fois, dans ces périodes
de
nomadisme involontaire. Aujourd’hui, je songe plutôt à quelque état d
1148
aire. Aujourd’hui, je songe plutôt à quelque état
de
mobilisation permanente, préventive… Militarisation de nos pensées, d
1149
bilisation permanente, préventive… Militarisation
de
nos pensées, de nos images. Hier, dans l’autobus, une petite dame ass
1150
nente, préventive… Militarisation de nos pensées,
de
nos images. Hier, dans l’autobus, une petite dame assise devant moi s
1151
isation de nos pensées, de nos images. Hier, dans
l’
autobus, une petite dame assise devant moi s’écrie, voyant s’abattre u
1152
se devant moi s’écrie, voyant s’abattre une pluie
d’
orage sur la Concorde : « Et moi qui ai oublié mon masque à gaz ! C’ét
1153
i s’écrie, voyant s’abattre une pluie d’orage sur
la
Concorde : « Et moi qui ai oublié mon masque à gaz ! C’était pourtant
1154
qui ai oublié mon masque à gaz ! C’était pourtant
l’
heure ! » 14 mai 1939 La grande ville traversée dans la fatigue d’un s
1155
à gaz ! C’était pourtant l’heure ! » 14 mai 1939
La
grande ville traversée dans la fatigue d’un soir pluvieux. Paris, sou
1156
re ! » 14 mai 1939 La grande ville traversée dans
la
fatigue d’un soir pluvieux. Paris, souffrance des visages et des corp
1157
ai 1939 La grande ville traversée dans la fatigue
d’
un soir pluvieux. Paris, souffrance des visages et des corps, exercice
1158
ance des visages et des corps, exercice perpétuel
de
charité dans une atmosphère exténuante, hâte, érotisme, énervement. P
1159
otisme, énervement. Paris soudain considéré comme
la
situation spirituelle la plus extraordinaire du siècle ! Il est des ê
1160
soudain considéré comme la situation spirituelle
la
plus extraordinaire du siècle ! Il est des êtres et des drames dont l
1161
e du siècle ! Il est des êtres et des drames dont
la
vérité n’apparaît que dans cet environnement de lueurs fuyantes, d’ac
1162
t la vérité n’apparaît que dans cet environnement
de
lueurs fuyantes, d’activités apparemment désordonnées, de phrases ent
1163
ît que dans cet environnement de lueurs fuyantes,
d’
activités apparemment désordonnées, de phrases entendues au passage, d
1164
s fuyantes, d’activités apparemment désordonnées,
de
phrases entendues au passage, d’infinis croisements d’existences étra
1165
nt désordonnées, de phrases entendues au passage,
d’
infinis croisements d’existences étrangères. Paris propose une liberté
1166
rases entendues au passage, d’infinis croisements
d’
existences étrangères. Paris propose une liberté et un danger, une rév
1167
e une liberté et un danger, une révélation totale
de
l’humain dans tous ses risques matériels et spirituels, impossible ai
1168
ne liberté et un danger, une révélation totale de
l’
humain dans tous ses risques matériels et spirituels, impossible aille
1169
ques matériels et spirituels, impossible ailleurs
de
nos jours, et peut-être à toute autre époque. Imaginer là-dessus un l
1170
ù tout serait avoué, horreur et charme, à travers
la
vision d’un saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les caf
1171
ait avoué, horreur et charme, à travers la vision
d’
un saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés, les mé
1172
sion d’un saint qui vivrait sa vie consacrée dans
les
rues, les cafés, les métros. Je le vois sortant de cette église ouver
1173
saint qui vivrait sa vie consacrée dans les rues,
les
cafés, les métros. Je le vois sortant de cette église ouverte, où pas
1174
ivrait sa vie consacrée dans les rues, les cafés,
les
métros. Je le vois sortant de cette église ouverte, où passe le bruit
1175
onsacrée dans les rues, les cafés, les métros. Je
le
vois sortant de cette église ouverte, où passe le bruit des autobus ;
1176
s rues, les cafés, les métros. Je le vois sortant
de
cette église ouverte, où passe le bruit des autobus ; ou bien de ce t
1177
le vois sortant de cette église ouverte, où passe
le
bruit des autobus ; ou bien de ce temple, un samedi soir, où la Saint
1178
ouverte, où passe le bruit des autobus ; ou bien
de
ce temple, un samedi soir, où la Sainte-Cène est partagée dans un sil
1179
utobus ; ou bien de ce temple, un samedi soir, où
la
Sainte-Cène est partagée dans un silence de catacombes. Centre du mon
1180
r, où la Sainte-Cène est partagée dans un silence
de
catacombes. Centre du monde ! Il s’en va, coudoyant la foule et trave
1181
tacombes. Centre du monde ! Il s’en va, coudoyant
la
foule et traversant les lieux publics avec cette grande Question qu’i
1182
de ! Il s’en va, coudoyant la foule et traversant
les
lieux publics avec cette grande Question qu’il porte dans son être, e
1183
stion qu’il porte dans son être, et qui est aussi
la
grande réponse ; et les démons s’éveillent sur son passage, il n’y a
1184
son être, et qui est aussi la grande réponse ; et
les
démons s’éveillent sur son passage, il n’y a plus nulle part d’indiff
1185
eillent sur son passage, il n’y a plus nulle part
d’
indifférence possible ! Ici, le Christ reste le Scandale, l’Autre, l’A
1186
a plus nulle part d’indifférence possible ! Ici,
le
Christ reste le Scandale, l’Autre, l’Amour qui bouleverse le monde et
1187
rt d’indifférence possible ! Ici, le Christ reste
le
Scandale, l’Autre, l’Amour qui bouleverse le monde et fait surgir des
1188
ible ! Ici, le Christ reste le Scandale, l’Autre,
l’
Amour qui bouleverse le monde et fait surgir des quotidiennes apparenc
1189
este le Scandale, l’Autre, l’Amour qui bouleverse
le
monde et fait surgir des quotidiennes apparences l’être touchant, bi
1190
monde et fait surgir des quotidiennes apparences
l’
être touchant, bizarre ou monstrueux que chacun de nous dissimule. Al
1191
’être touchant, bizarre ou monstrueux que chacun
de
nous dissimule. Alors, on verrait le réel, alors on cesserait de haïr
1192
x que chacun de nous dissimule. Alors, on verrait
le
réel, alors on cesserait de haïr, ou d’être déçu par l’amour, ou de s
1193
le. Alors, on verrait le réel, alors on cesserait
de
haïr, ou d’être déçu par l’amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui g
1194
n verrait le réel, alors on cesserait de haïr, ou
d’
être déçu par l’amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui glissent au t
1195
l, alors on cesserait de haïr, ou d’être déçu par
l’
amour, ou de s’inquiéter des rumeurs qui glissent au travers de propos
1196
cesserait de haïr, ou d’être déçu par l’amour, ou
de
s’inquiéter des rumeurs qui glissent au travers de propos superficiel
1197
ravers de propos superficiellement passionnés… Et
l’
on cesserait aussi de redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans
1198
rficiellement passionnés… Et l’on cesserait aussi
de
redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans la paix, là où chacun
1199
t passionnés… Et l’on cesserait aussi de redouter
la
guerre, parce qu’on la verrait dans la paix, là où chacun livre son v
1200
esserait aussi de redouter la guerre, parce qu’on
la
verrait dans la paix, là où chacun livre son vrai combat. III. — P
1201
e redouter la guerre, parce qu’on la verrait dans
la
paix, là où chacun livre son vrai combat. III. — Pendant la batail
1202
ù chacun livre son vrai combat. III. — Pendant
la
bataille des Flandres En Suisse, 24 mai 1940. Poste militaire à la
1203
dres En Suisse, 24 mai 1940. Poste militaire à
la
frontière Écouté la radio : opéra de Mozart. Et dans une seule bouffé
1204
4 mai 1940. Poste militaire à la frontière Écouté
la
radio : opéra de Mozart. Et dans une seule bouffée, toutes ces nuits
1205
militaire à la frontière Écouté la radio : opéra
de
Mozart. Et dans une seule bouffée, toutes ces nuits de Vienne, élégan
1206
zart. Et dans une seule bouffée, toutes ces nuits
de
Vienne, élégantes passions égarées, musique aux jardins jusqu’à l’aub
1207
tes passions égarées, musique aux jardins jusqu’à
l’
aube… Un quart de tour, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est l
1208
ées, musique aux jardins jusqu’à l’aube… Un quart
de
tour, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est la fin d’un commun
1209
rdins jusqu’à l’aube… Un quart de tour, nouvelles
de
la bataille des Flandres, c’est la fin d’un communiqué, régions perdu
1210
ns jusqu’à l’aube… Un quart de tour, nouvelles de
la
bataille des Flandres, c’est la fin d’un communiqué, régions perdues
1211
our, nouvelles de la bataille des Flandres, c’est
la
fin d’un communiqué, régions perdues encore, régions perdues dans le
1212
uvelles de la bataille des Flandres, c’est la fin
d’
un communiqué, régions perdues encore, régions perdues dans le passé e
1213
qué, régions perdues encore, régions perdues dans
le
passé et territoires envahis. Le passé, le présent réduits se rétréci
1214
ons perdues dans le passé et territoires envahis.
Le
passé, le présent réduits se rétrécissent vers la catastrophe. Il n’e
1215
s dans le passé et territoires envahis. Le passé,
le
présent réduits se rétrécissent vers la catastrophe. Il n’est plus d’
1216
Le passé, le présent réduits se rétrécissent vers
la
catastrophe. Il n’est plus d’autre issue que la nuit, mais viendra-t-
1217
e rétrécissent vers la catastrophe. Il n’est plus
d’
autre issue que la nuit, mais viendra-t-elle après ma mort ou avec ell
1218
s la catastrophe. Il n’est plus d’autre issue que
la
nuit, mais viendra-t-elle après ma mort ou avec elle ? Si c’est avant
1219
personne ne peut agir. » C’est quelque part dans
l’
Évangile. Ou faudra-t-il enterrer nos secrets, pour d’autres qui peut-
1220
d’autres qui peut-être ne viendront jamais ? Car
la
carte des pays libres, hier encore presque aussi vaste que la terre,
1221
pays libres, hier encore presque aussi vaste que
la
terre, se rétrécit de jour en jour et d’heure en heure, à chaque fois
1222
ore presque aussi vaste que la terre, se rétrécit
de
jour en jour et d’heure en heure, à chaque fois que j’allume cet œil
1223
aste que la terre, se rétrécit de jour en jour et
d’
heure en heure, à chaque fois que j’allume cet œil vert — pays perdus,
1224
Vaudrait-il mieux qu’alors ? Saurions-nous mieux
le
vivre, augmenté du souvenir de sa perte ? Mais le passé ne reviendra
1225
aurions-nous mieux le vivre, augmenté du souvenir
de
sa perte ? Mais le passé ne reviendra jamais, ce bon vieux temps que
1226
le vivre, augmenté du souvenir de sa perte ? Mais
le
passé ne reviendra jamais, ce bon vieux temps que je sentais présent
1227
que je sentais présent — un an déjà ! comme dans
les
chansons — même si la guerre était gagnée, même si demain nous devons
1228
— un an déjà ! comme dans les chansons — même si
la
guerre était gagnée, même si demain nous devons vivre encore… À quoi
1229
ous devons vivre encore… À quoi pensent-ils, ceux
de
la bataille ? Ont-ils de ces retours soudains vers des moments de ten
1230
devons vivre encore… À quoi pensent-ils, ceux de
la
bataille ? Ont-ils de ces retours soudains vers des moments de tendre
1231
À quoi pensent-ils, ceux de la bataille ? Ont-ils
de
ces retours soudains vers des moments de tendresse banale ? Ils devie
1232
Ont-ils de ces retours soudains vers des moments
de
tendresse banale ? Ils deviendraient fous de révolte… Ils en ont, ils
1233
ents de tendresse banale ? Ils deviendraient fous
de
révolte… Ils en ont, ils en ont sûrement quand ils s’endorment épuisé
1234
re encore ! ils en ont au réveil, affreux bonheur
d’
une illusion rapide, où suis-je ? Déjà tout recommence, sans relâche,
1235
qui est vrai, nous allons en désordre au réveil.
La
mort, le désespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de l’unique
1236
vrai, nous allons en désordre au réveil. La mort,
le
désespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de l’unique nécessair
1237
réveil. La mort, le désespoir en plein midi, — ou
la
reconnaissance de l’unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de
1238
e désespoir en plein midi, — ou la reconnaissance
de
l’unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de la radio produisi
1239
ésespoir en plein midi, — ou la reconnaissance de
l’
unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de la radio produisit d
1240
reconnaissance de l’unique nécessaire ? IV.
La
vulgarisation de la radio produisit durant cette guerre une conséquen
1241
l’unique nécessaire ? IV. La vulgarisation
de
la radio produisit durant cette guerre une conséquence fort imprévue
1242
unique nécessaire ? IV. La vulgarisation de
la
radio produisit durant cette guerre une conséquence fort imprévue : e
1243
erre une conséquence fort imprévue : elle empêcha
les
hommes de se rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleve
1244
nséquence fort imprévue : elle empêcha les hommes
de
se rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleversements q
1245
vue : elle empêcha les hommes de se rendre compte
de
l’ampleur et de la rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux
1246
: elle empêcha les hommes de se rendre compte de
l’
ampleur et de la rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux moi
1247
ha les hommes de se rendre compte de l’ampleur et
de
la rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux mois de mai et d
1248
les hommes de se rendre compte de l’ampleur et de
la
rapidité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux mois de mai et de j
1249
ité des bouleversements qu’ils vivaient. Aux mois
de
mai et de juin 1940, on entendait répéter constamment : « Je viens d’
1250
uleversements qu’ils vivaient. Aux mois de mai et
de
juin 1940, on entendait répéter constamment : « Je viens d’écouter la
1251
40, on entendait répéter constamment : « Je viens
d’
écouter la radio. Rien de nouveau, toujours les mêmes histoires, pas d
1252
endait répéter constamment : « Je viens d’écouter
la
radio. Rien de nouveau, toujours les mêmes histoires, pas de décision
1253
ens d’écouter la radio. Rien de nouveau, toujours
les
mêmes histoires, pas de décision… » Le monde était en train de change
1254
ien de nouveau, toujours les mêmes histoires, pas
de
décision… » Le monde était en train de changer de face d’un jour à l’
1255
toujours les mêmes histoires, pas de décision… »
Le
monde était en train de changer de face d’un jour à l’autre, mais on
1256
de décision… » Le monde était en train de changer
de
face d’un jour à l’autre, mais on le regardait d’heure en heure, de t
1257
ion… » Le monde était en train de changer de face
d’
un jour à l’autre, mais on le regardait d’heure en heure, de trop près
1258
n de changer de face d’un jour à l’autre, mais on
le
regardait d’heure en heure, de trop près, on ne le voyait pas… V.
1259
de face d’un jour à l’autre, mais on le regardait
d’
heure en heure, de trop près, on ne le voyait pas… V. — Lisbonne
1260
à l’autre, mais on le regardait d’heure en heure,
de
trop près, on ne le voyait pas… V. — Lisbonne 10 septembre 1940
1261
e regardait d’heure en heure, de trop près, on ne
le
voyait pas… V. — Lisbonne 10 septembre 1940 Blanche et bleue da
1262
sbonne 10 septembre 1940 Blanche et bleue dans
l’
immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claqu
1263
mbre 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière
de
la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquants et ses rues d
1264
e 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière de
la
liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquants et ses rues débo
1265
ses drapeaux claquants et ses rues débouchant sur
le
ciel, la ville aux sept collines oublie la guerre, oublie l’Europe. D
1266
aux claquants et ses rues débouchant sur le ciel,
la
ville aux sept collines oublie la guerre, oublie l’Europe. Dans quatr
1267
nt sur le ciel, la ville aux sept collines oublie
la
guerre, oublie l’Europe. Dans quatre jours, nous embarquons pour l’Am
1268
ville aux sept collines oublie la guerre, oublie
l’
Europe. Dans quatre jours, nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici,
1269
l’Europe. Dans quatre jours, nous embarquons pour
l’
Amérique. Mais ici, je fais le serment d’opposer une stricte mémoire à
1270
ous embarquons pour l’Amérique. Mais ici, je fais
le
serment d’opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la
1271
ons pour l’Amérique. Mais ici, je fais le serment
d’
opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la Vie, toujo
1272
e fais le serment d’opposer une stricte mémoire à
la
candeur intarissable de la Vie, toujours pressée d’imaginer un monde
1273
ser une stricte mémoire à la candeur intarissable
de
la Vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore cont
1274
une stricte mémoire à la candeur intarissable de
la
Vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore continu
1275
candeur intarissable de la Vie, toujours pressée
d’
imaginer un monde où tout peut encore continuer. J’ai vu la civilisati
1276
r un monde où tout peut encore continuer. J’ai vu
la
civilisation frappée au cœur, je l’ai vue chanceler, je sais qu’elle
1277
nuer. J’ai vu la civilisation frappée au cœur, je
l’
ai vue chanceler, je sais qu’elle peut mourir. J’ai vu la France, comm
1278
e chanceler, je sais qu’elle peut mourir. J’ai vu
la
France, comme un homme qui vient de tomber sur la tête, qui se relève
1279
la France, comme un homme qui vient de tomber sur
la
tête, qui se relève, se tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t
1280
vre ? A-t-il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu
l’
Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre en
1281
il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne
de
cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le dém
1282
ait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne de cendre et
d’
esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le
1283
’ai vu l’Espagne de cendre et d’esprit, incapable
de
retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai
1284
sprit, incapable de retrouver son équilibre entre
le
démoniaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse,
1285
de retrouver son équilibre entre le démoniaque et
le
surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des he
1286
iaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières
de
la Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonné
1287
ue et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de
la
Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées
1288
rhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse,
l’
invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées du Nord, et
1289
andonnées du Nord, et que nos paysans s’efforcent
d’
arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître les
1290
’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître
les
paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bas
1291
renaître les paniques dévastatrices du ve siècle
de
notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève autour du massif
1292
rt, cœur mystérieux du continent, dernier symbole
d’
une liberté qui ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons-nous,
1293
ole d’une liberté qui ne peut plus vivre que sous
la
cuirasse. Hâtons-nous, car tout peut périr. Nous qui sommes encore ép
1294
ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
de
grâce ! VI. — Souvenir de la paix française En Amérique, novemb
1295
dons pas notre délai de grâce ! VI. — Souvenir
de
la paix française En Amérique, novembre 1940 Périgny… C’était bien
1296
s pas notre délai de grâce ! VI. — Souvenir de
la
paix française En Amérique, novembre 1940 Périgny… C’était bien ce
1297
était bien ce nom-là ? Un long village en bordure
de
la route. D’un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre el
1298
it bien ce nom-là ? Un long village en bordure de
la
route. D’un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre elles
1299
nom-là ? Un long village en bordure de la route.
D’
un côté, les maisons dominaient une vallée, de l’autre elles s’élevaie
1300
n long village en bordure de la route. D’un côté,
les
maisons dominaient une vallée, de l’autre elles s’élevaient à peine d
1301
te. D’un côté, les maisons dominaient une vallée,
de
l’autre elles s’élevaient à peine d’un étage au-dessus des champs de
1302
une vallée, de l’autre elles s’élevaient à peine
d’
un étage au-dessus des champs de roses et des blés, au bord du plateau
1303
élevaient à peine d’un étage au-dessus des champs
de
roses et des blés, au bord du plateau de la Brie. Je montais vers Pér
1304
s champs de roses et des blés, au bord du plateau
de
la Brie. Je montais vers Périgny par un sentier fort raide entre les
1305
hamps de roses et des blés, au bord du plateau de
la
Brie. Je montais vers Périgny par un sentier fort raide entre les ron
1306
tais vers Périgny par un sentier fort raide entre
les
ronces, aboutissant à de vieux escaliers. Une seule rangée de maisons
1307
entier fort raide entre les ronces, aboutissant à
de
vieux escaliers. Une seule rangée de maisons à traverser, et l’on par
1308
boutissant à de vieux escaliers. Une seule rangée
de
maisons à traverser, et l’on parvient à la grand-rue : comme elle est
1309
iers. Une seule rangée de maisons à traverser, et
l’
on parvient à la grand-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoise
1310
rangée de maisons à traverser, et l’on parvient à
la
grand-rue : comme elle est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassent p
1311
n parvient à la grand-rue : comme elle est vide !
Les
toits d’ardoises ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge
1312
à la grand-rue : comme elle est vide ! Les toits
d’
ardoises ne dépassent pas les façades nues, brunies par l’âge, patinée
1313
est vide ! Les toits d’ardoises ne dépassent pas
les
façades nues, brunies par l’âge, patinées par les vents. Rares sont l
1314
es ne dépassent pas les façades nues, brunies par
l’
âge, patinées par les vents. Rares sont les boutiques, et même les caf
1315
les façades nues, brunies par l’âge, patinées par
les
vents. Rares sont les boutiques, et même les cafés. Et s’il passe une
1316
ies par l’âge, patinées par les vents. Rares sont
les
boutiques, et même les cafés. Et s’il passe une auto, c’est une de ce
1317
par les vents. Rares sont les boutiques, et même
les
cafés. Et s’il passe une auto, c’est une de ces voitures branlantes q
1318
même les cafés. Et s’il passe une auto, c’est une
de
ces voitures branlantes qui semblent ne pouvoir rouler que sur les ro
1319
branlantes qui semblent ne pouvoir rouler que sur
les
routes écartées, d’une ferme au marché le plus proche. Nulle part au
1320
nt ne pouvoir rouler que sur les routes écartées,
d’
une ferme au marché le plus proche. Nulle part au monde la vie n’appar
1321
ue sur les routes écartées, d’une ferme au marché
le
plus proche. Nulle part au monde la vie n’apparaît si discrète, si pa
1322
rme au marché le plus proche. Nulle part au monde
la
vie n’apparaît si discrète, si pacifique et séculaire. Ce pays-là n’e
1323
ié des tons et des lignes humaines, humilité sous
la
douceur du ciel, retrait des âmes dans leur destin. Je longeais cette
1324
tin. Je longeais cette rue silencieuse, imaginant
d’
y vivre un jour dans une fermette aux volets pâles, sans adresse, au r
1325
ermette aux volets pâles, sans adresse, au ras de
la
plaine. Un peu avant la sortie du village, la rue bifurque : une rout
1326
, sans adresse, au ras de la plaine. Un peu avant
la
sortie du village, la rue bifurque : une route prend à droite, vers l
1327
de la plaine. Un peu avant la sortie du village,
la
rue bifurque : une route prend à droite, vers la plaine, escortée de
1328
la rue bifurque : une route prend à droite, vers
la
plaine, escortée de quelques maisons ; l’autre s’incline lentement ve
1329
ne route prend à droite, vers la plaine, escortée
de
quelques maisons ; l’autre s’incline lentement vers la vallée, dans l
1330
elques maisons ; l’autre s’incline lentement vers
la
vallée, dans les vergers. Je m’étais arrêté à cet endroit, hésitant s
1331
l’autre s’incline lentement vers la vallée, dans
les
vergers. Je m’étais arrêté à cet endroit, hésitant sur le chemin à pr
1332
rs. Je m’étais arrêté à cet endroit, hésitant sur
le
chemin à prendre. Et soudain, je vis à mes pieds, tracé à la craie su
1333
prendre. Et soudain, je vis à mes pieds, tracé à
la
craie sur le sol, un grand cercle entourant une inscription en lettre
1334
soudain, je vis à mes pieds, tracé à la craie sur
le
sol, un grand cercle entourant une inscription en lettres capitales b
1335
x du village, silence des rues vides ouvertes sur
le
ciel et sur les blés. J’étais là fasciné comme par la découverte d’un
1336
ilence des rues vides ouvertes sur le ciel et sur
les
blés. J’étais là fasciné comme par la découverte d’un secret de pudeu
1337
iel et sur les blés. J’étais là fasciné comme par
la
découverte d’un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce vill
1338
blés. J’étais là fasciné comme par la découverte
d’
un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce village aux volets
1339
is là fasciné comme par la découverte d’un secret
de
pudeur naïvement dévoilé. Secret de ce village aux volets clos. Imagi
1340
e d’un secret de pudeur naïvement dévoilé. Secret
de
ce village aux volets clos. Imaginant une idylle muette. Celui qui re
1341
trouve personne. Mais ses outils sont là, contre
le
mur. Il reprend le chemin de son champ. En passant au carrefour, il s
1342
ais ses outils sont là, contre le mur. Il reprend
le
chemin de son champ. En passant au carrefour, il s’est dit : « Peut-ê
1343
tils sont là, contre le mur. Il reprend le chemin
de
son champ. En passant au carrefour, il s’est dit : « Peut-être est-el
1344
: « Peut-être est-elle à Mandres, c’est donc jour
de
marché. » Il a écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage
1345
l a écrit ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint
l’
usage du pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moindre signe
1346
s. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage du pays,
l’
intimité des choses de toujours. Et le moindre signe suffît. Je suis r
1347
a rejoint l’usage du pays, l’intimité des choses
de
toujours. Et le moindre signe suffît. Je suis redescendu vers la vall
1348
ge du pays, l’intimité des choses de toujours. Et
le
moindre signe suffît. Je suis redescendu vers la vallée de l’Yerre, q
1349
le moindre signe suffît. Je suis redescendu vers
la
vallée de l’Yerre, qui coule entre des saules et des peupliers blancs
1350
e signe suffît. Je suis redescendu vers la vallée
de
l’Yerre, qui coule entre des saules et des peupliers blancs. Il faisa
1351
igne suffît. Je suis redescendu vers la vallée de
l’
Yerre, qui coule entre des saules et des peupliers blancs. Il faisait
1352
t des peupliers blancs. Il faisait lourd et doux,
le
goudron de la route sentait plus fort que les champs de roses, et des
1353
iers blancs. Il faisait lourd et doux, le goudron
de
la route sentait plus fort que les champs de roses, et des nuages noi
1354
s blancs. Il faisait lourd et doux, le goudron de
la
route sentait plus fort que les champs de roses, et des nuages noirs
1355
oux, le goudron de la route sentait plus fort que
les
champs de roses, et des nuages noirs traînaient sur les vergers. J’ai
1356
dron de la route sentait plus fort que les champs
de
roses, et des nuages noirs traînaient sur les vergers. J’ai su, plus
1357
amps de roses, et des nuages noirs traînaient sur
les
vergers. J’ai su, plus tard, que ce jour-là, j’avais fait mes adieux
1358
s tard, que ce jour-là, j’avais fait mes adieux à
la
France. VII. — Mémoire de l’Europe 1943 Je ne savais pas que to
1359
is fait mes adieux à la France. VII. — Mémoire
de
l’Europe 1943 Je ne savais pas que tout était si près là-bas. J’ét
1360
fait mes adieux à la France. VII. — Mémoire de
l’
Europe 1943 Je ne savais pas que tout était si près là-bas. J’étais
1361
étais baigné. J’étais fondé. Et je marchais parmi
les
signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l
1362
is parmi les signes. Sédiments séculaires, socles
de
nos patries ! Monuments que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’é
1363
séculaires, socles de nos patries ! Monuments que
l’
on ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces
1364
numents que l’on ne voit plus, mais qui renvoient
l’
écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers un
1365
ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier
de
nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers une place plantée
1366
s qui tournaient doucement vers une place plantée
d’
arbres et déserte, aux rendez-vous manqués où je me retrouvais… « Je t
1367
etrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit.
L’
Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était pro
1368
. J’aime ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie
d’
amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être
1369
! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’amour.
Le
silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être présent q
1370
urope était patrie d’amour. Le silence attendait,
l’
absence était profonde, et chaque être présent questionnait, répondait
1371
, et chaque être présent questionnait, répondait.
La
force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obs
1372
questionnait, répondait. La force était au secret
de
nos vies, nouée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la con
1373
ée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans
la
contemplation jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps
1374
ne obscure, ou bien dans la contemplation jalouse
d’
un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et not
1375
e d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps
de
notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait
1376
jà du temps de notre enfance, et notre possession
la
plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fre
1377
ion la plus tenace, il nous réduisait au silence.
La
force était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’une journée q
1378
au silence. La force était chanson fredonnée, sur
le
seuil, au matin d’une journée qui se liait aux autres… (Quand ta forc
1379
e était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin
d’
une journée qui se liait aux autres… (Quand ta force devient visible,
1380
res… (Quand ta force devient visible, c’est comme
le
sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va). La force était mémoire
1381
le sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va).
La
force était mémoire et allusion, elle était ce vieil arbre tenace. El
1382
ion, elle était ce vieil arbre tenace. Elle était
la
douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en
1383
t ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et
la
sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle
1384
ait la douceur et la sagesse amère des adieux, ou
la
gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Q
1385
ceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté
d’
un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me
1386
ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait
les
pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que
1387
é d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs
de
l’amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe e
1388
’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de
l’
amour… Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est
1389
pudeurs de l’amour… Quand je me souviens — c’est
l’
Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su
1390
Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que
l’
Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant
1391
souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est
la
mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et
1392
n vie tant de passé, et garder tant de morts dans
la
présence, elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’avenir.
1393
nt de morts dans la présence, elle ne cessera pas
d’
engendrer. Elle a maîtrise d’avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémo
1394
elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise
d’
avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe », Revue de l
1395
Elle a maîtrise d’avenir. h. Rougemont Denis
de
, « Mémoire de l’Europe », Revue de la pensée française, New York, sep
1396
se d’avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémoire
de
l’Europe », Revue de la pensée française, New York, septembre 1943, p
1397
d’avenir. h. Rougemont Denis de, « Mémoire de
l’
Europe », Revue de la pensée française, New York, septembre 1943, p. 2
1398
ougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe », Revue
de
la pensée française, New York, septembre 1943, p. 22-29.
1399
emont Denis de, « Mémoire de l’Europe », Revue de
la
pensée française, New York, septembre 1943, p. 22-29.
1400
Un peuple se révèle dans
le
malheur (février 1944)k Autrefois et naguère encore, avant l’occup
1401
rier 1944)k Autrefois et naguère encore, avant
l’
occupation allemande, les étrangers qui n’avaient pas voyagé en France
1402
et naguère encore, avant l’occupation allemande,
les
étrangers qui n’avaient pas voyagé en France, ou ceux qui n’avaient v
1403
as voyagé en France, ou ceux qui n’avaient vu que
les
lieux de plaisir de la capitale, connaissaient et jugeaient la France
1404
en France, ou ceux qui n’avaient vu que les lieux
de
plaisir de la capitale, connaissaient et jugeaient la France par ses
1405
ou ceux qui n’avaient vu que les lieux de plaisir
de
la capitale, connaissaient et jugeaient la France par ses vedettes. À
1406
ceux qui n’avaient vu que les lieux de plaisir de
la
capitale, connaissaient et jugeaient la France par ses vedettes. À le
1407
laisir de la capitale, connaissaient et jugeaient
la
France par ses vedettes. À leurs yeux, tout Français devait ressemble
1408
s yeux, tout Français devait ressembler aux types
d’
humanité que représentaient dans le monde les acteurs à succès, les éc
1409
bler aux types d’humanité que représentaient dans
le
monde les acteurs à succès, les écrivains célèbres, les modèles des g
1410
types d’humanité que représentaient dans le monde
les
acteurs à succès, les écrivains célèbres, les modèles des grands cout
1411
eprésentaient dans le monde les acteurs à succès,
les
écrivains célèbres, les modèles des grands couturiers, ou même les ch
1412
nde les acteurs à succès, les écrivains célèbres,
les
modèles des grands couturiers, ou même les chefs cuisiniers des palac
1413
èbres, les modèles des grands couturiers, ou même
les
chefs cuisiniers des palaces internationaux. Le mot Français évoquait
1414
les chefs cuisiniers des palaces internationaux.
Le
mot Français évoquait aussitôt l’image d’une moustache à la Menjou et
1415
internationaux. Le mot Français évoquait aussitôt
l’
image d’une moustache à la Menjou et d’une boutonnière fleurie, d’un s
1416
ionaux. Le mot Français évoquait aussitôt l’image
d’
une moustache à la Menjou et d’une boutonnière fleurie, d’un sourire c
1417
nçais évoquait aussitôt l’image d’une moustache à
la
Menjou et d’une boutonnière fleurie, d’un sourire charmeur à la Charl
1418
t aussitôt l’image d’une moustache à la Menjou et
d’
une boutonnière fleurie, d’un sourire charmeur à la Charles Boyer, l’a
1419
ustache à la Menjou et d’une boutonnière fleurie,
d’
un sourire charmeur à la Charles Boyer, l’aimable scepticisme d’un Ana
1420
’une boutonnière fleurie, d’un sourire charmeur à
la
Charles Boyer, l’aimable scepticisme d’un Anatole France, l’élégance
1421
leurie, d’un sourire charmeur à la Charles Boyer,
l’
aimable scepticisme d’un Anatole France, l’élégance d’une ligne parisi
1422
harmeur à la Charles Boyer, l’aimable scepticisme
d’
un Anatole France, l’élégance d’une ligne parisienne, l’étiquette d’un
1423
Boyer, l’aimable scepticisme d’un Anatole France,
l’
élégance d’une ligne parisienne, l’étiquette d’un bourgogne fameux pré
1424
mable scepticisme d’un Anatole France, l’élégance
d’
une ligne parisienne, l’étiquette d’un bourgogne fameux présenté par l
1425
natole France, l’élégance d’une ligne parisienne,
l’
étiquette d’un bourgogne fameux présenté par le maître d’hôtel. Tout c
1426
e, l’élégance d’une ligne parisienne, l’étiquette
d’
un bourgogne fameux présenté par le maître d’hôtel. Tout cela c’était
1427
e, l’étiquette d’un bourgogne fameux présenté par
le
maître d’hôtel. Tout cela c’était le cliché « France ». C’était charm
1428
présenté par le maître d’hôtel. Tout cela c’était
le
cliché « France ». C’était charmant, c’était piquant, indéfinissablem
1429
c’était piquant, indéfinissablement féminin comme
le
sont la plupart des vedettes. Mais où était dans tout cela le vrai pe
1430
lupart des vedettes. Mais où était dans tout cela
le
vrai peuple de la vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est l
1431
ttes. Mais où était dans tout cela le vrai peuple
de
la vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le pl
1432
s. Mais où était dans tout cela le vrai peuple de
la
vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur le plus
1433
vraie France ? Ce peuple naguère invisible, c’est
le
malheur le plus affreux de son Histoire qui le révèle au monde, aujou
1434
e ? Ce peuple naguère invisible, c’est le malheur
le
plus affreux de son Histoire qui le révèle au monde, aujourd’hui, dan
1435
guère invisible, c’est le malheur le plus affreux
de
son Histoire qui le révèle au monde, aujourd’hui, dans sa véritable g
1436
st le malheur le plus affreux de son Histoire qui
le
révèle au monde, aujourd’hui, dans sa véritable grandeur. Les journau
1437
u monde, aujourd’hui, dans sa véritable grandeur.
Les
journaux qui nous apportent des nouvelles de la résistance à l’intéri
1438
ur. Les journaux qui nous apportent des nouvelles
de
la résistance à l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de
1439
Les journaux qui nous apportent des nouvelles de
la
résistance à l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de Fra
1440
i nous apportent des nouvelles de la résistance à
l’
intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits
1441
l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple
de
France ; les récits et les témoignages qui ont été publiés secrètemen
1442
du pays occupé nous parlent du peuple de France ;
les
récits et les témoignages qui ont été publiés secrètement par les mou
1443
nous parlent du peuple de France ; les récits et
les
témoignages qui ont été publiés secrètement par les mouvements de rés
1444
s témoignages qui ont été publiés secrètement par
les
mouvements de résistance et qui parviennent sous nos yeux nous parlen
1445
ui ont été publiés secrètement par les mouvements
de
résistance et qui parviennent sous nos yeux nous parlent du peuple de
1446
parviennent sous nos yeux nous parlent du peuple
de
France ; et les films composés à Hollywood ou à Londres sur l’organis
1447
us nos yeux nous parlent du peuple de France ; et
les
films composés à Hollywood ou à Londres sur l’organisation de la rési
1448
t les films composés à Hollywood ou à Londres sur
l’
organisation de la résistance à Paris ou en province, ne nous montrent
1449
posés à Hollywood ou à Londres sur l’organisation
de
la résistance à Paris ou en province, ne nous montrent encore que le
1450
és à Hollywood ou à Londres sur l’organisation de
la
résistance à Paris ou en province, ne nous montrent encore que le peu
1451
Paris ou en province, ne nous montrent encore que
le
peuple de France, pour la première fois. Le peuple anonyme, le peuple
1452
n province, ne nous montrent encore que le peuple
de
France, pour la première fois. Le peuple anonyme, le peuple unanime,
1453
e que le peuple de France, pour la première fois.
Le
peuple anonyme, le peuple unanime, le peuple sans vedettes et le voic
1454
France, pour la première fois. Le peuple anonyme,
le
peuple unanime, le peuple sans vedettes et le voici enfin devenu la v
1455
mière fois. Le peuple anonyme, le peuple unanime,
le
peuple sans vedettes et le voici enfin devenu la vraie vedette, malgr
1456
me, le peuple unanime, le peuple sans vedettes et
le
voici enfin devenu la vraie vedette, malgré lui, de la France et de s
1457
le peuple sans vedettes et le voici enfin devenu
la
vraie vedette, malgré lui, de la France et de sa résistance. J’ai vu
1458
voici enfin devenu la vraie vedette, malgré lui,
de
la France et de sa résistance. J’ai vu à New York la plupart de ces f
1459
ici enfin devenu la vraie vedette, malgré lui, de
la
France et de sa résistance. J’ai vu à New York la plupart de ces film
1460
enu la vraie vedette, malgré lui, de la France et
de
sa résistance. J’ai vu à New York la plupart de ces films qui emprunt
1461
runtent leur sujet à certains épisodes véridiques
de
la lutte contre l’envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assi
1462
tent leur sujet à certains épisodes véridiques de
la
lutte contre l’envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assignm
1463
à certains épisodes véridiques de la lutte contre
l’
envahisseur. Paris calling, Croix de Lorraine, Assignment in Brittany,
1464
de la lutte contre l’envahisseur. Paris calling,
Croix
de Lorraine, Assignment in Brittany, et je cite au hasard, il y en a
1465
lutte contre l’envahisseur. Paris calling, Croix
de
Lorraine, Assignment in Brittany, et je cite au hasard, il y en a tan
1466
rittany, et je cite au hasard, il y en a tant. Je
les
ai vus avec des amis, tantôt américains, tantôt français. Les Françai
1467
vec des amis, tantôt américains, tantôt français.
Les
Français critiquaient beaucoup. Le décor était inexact, les situation
1468
tôt français. Les Français critiquaient beaucoup.
Le
décor était inexact, les situations pas toujours vraisemblables, les
1469
is critiquaient beaucoup. Le décor était inexact,
les
situations pas toujours vraisemblables, les traîtres trop conventionn
1470
xact, les situations pas toujours vraisemblables,
les
traîtres trop conventionnels, et finalement l’inévitable raid de comm
1471
, les traîtres trop conventionnels, et finalement
l’
inévitable raid de commandos sauvait tout le monde comme dans les cont
1472
p conventionnels, et finalement l’inévitable raid
de
commandos sauvait tout le monde comme dans les contes de fées. Mais j
1473
aid de commandos sauvait tout le monde comme dans
les
contes de fées. Mais je regardais mes amis du coin de l’œil : en crit
1474
andos sauvait tout le monde comme dans les contes
de
fées. Mais je regardais mes amis du coin de l’œil : en critiquant, il
1475
ette pudeur. Quant aux Américains, ils exultaient
de
confiance, en crescendo, jusqu’à la « Marseillaise » finale. On peut
1476
ls exultaient de confiance, en crescendo, jusqu’à
la
« Marseillaise » finale. On peut penser tout ce que l’on veut de ces
1477
Marseillaise » finale. On peut penser tout ce que
l’
on veut de ces films, du pire au bien ; j’en retiens pour ma part qu’i
1478
se » finale. On peut penser tout ce que l’on veut
de
ces films, du pire au bien ; j’en retiens pour ma part qu’ils nous pr
1479
retiens pour ma part qu’ils nous présentent enfin
le
petit peuple français comme le grand héros de la France. Soudain, l’é
1480
s présentent enfin le petit peuple français comme
le
grand héros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité
1481
fin le petit peuple français comme le grand héros
de
la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille
1482
le petit peuple français comme le grand héros de
la
France. Soudain, l’étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que
1483
nçais comme le grand héros de la France. Soudain,
l’
étranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que l’Europe mais const
1484
éros de la France. Soudain, l’étranger s’aperçoit
d’
une vérité aussi vieille que l’Europe mais constamment méconnue ou nié
1485
tranger s’aperçoit d’une vérité aussi vieille que
l’
Europe mais constamment méconnue ou niée, et souvent par la faute des
1486
mais constamment méconnue ou niée, et souvent par
la
faute des élites parisiennes : le peuple de France est grave, ou plus
1487
et souvent par la faute des élites parisiennes :
le
peuple de France est grave, ou plus exactement il est sérieux. Il n’e
1488
t par la faute des élites parisiennes : le peuple
de
France est grave, ou plus exactement il est sérieux. Il n’est pas ava
1489
t cela qu’en second lieu, et comme par luxe. Dans
le
fond et d’abord, il est sérieux, plus qu’aucun autre peuple dont j’ai
1490
rieux, plus qu’aucun autre peuple dont j’aie vécu
la
vie. Seulement, il est sérieux sans pose, avec pudeur, préférant affe
1491
érieux sans pose, avec pudeur, préférant affecter
la
blague et le scepticisme plutôt que de paraître exagérer sa peine. Ca
1492
ose, avec pudeur, préférant affecter la blague et
le
scepticisme plutôt que de paraître exagérer sa peine. Car il pense d’
1493
t affecter la blague et le scepticisme plutôt que
de
paraître exagérer sa peine. Car il pense d’instinct, comme Talleyrand
1494
t que de paraître exagérer sa peine. Car il pense
d’
instinct, comme Talleyrand, que « ce qui est exagéré n’est pas sérieux
1495
est exagéré n’est pas sérieux ». Ce qui me frappe
le
plus, dans les films que je citais, et dans les témoignages directs v
1496
est pas sérieux ». Ce qui me frappe le plus, dans
les
films que je citais, et dans les témoignages directs venus de France
1497
pe le plus, dans les films que je citais, et dans
les
témoignages directs venus de France sur la lutte contre les nazis, c’
1498
dans les témoignages directs venus de France sur
la
lutte contre les nazis, c’est l’absence de grands gestes théâtraux, l
1499
nages directs venus de France sur la lutte contre
les
nazis, c’est l’absence de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à
1500
us de France sur la lutte contre les nazis, c’est
l’
absence de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à l’éloquence tra
1501
ce sur la lutte contre les nazis, c’est l’absence
de
grands gestes théâtraux, la sourdine mise à l’éloquence traditionnell
1502
azis, c’est l’absence de grands gestes théâtraux,
la
sourdine mise à l’éloquence traditionnelle, le refus même de se compl
1503
ce de grands gestes théâtraux, la sourdine mise à
l’
éloquence traditionnelle, le refus même de se complaire dans le lyrism
1504
x, la sourdine mise à l’éloquence traditionnelle,
le
refus même de se complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est
1505
mise à l’éloquence traditionnelle, le refus même
de
se complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire
1506
raditionnelle, le refus même de se complaire dans
le
lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’hér
1507
le, le refus même de se complaire dans le lyrisme
de
la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’héroïsme popul
1508
le refus même de se complaire dans le lyrisme de
la
catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de l’héroïsme populair
1509
lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire,
le
naturel de l’héroïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif s’es
1510
la catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel
de
l’héroïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif s’est révélé fa
1511
catastrophe ; c’est pour tout dire, le naturel de
l’
héroïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif s’est révélé face
1512
gard vif s’est révélé face au danger. Il manquait
d’
armes, il lutte avec sa dignité impénétrable aux tentations de la Brut
1513
lutte avec sa dignité impénétrable aux tentations
de
la Brute. On avait dit aux jeunes nazis qu’ils allaient conquérir un
1514
te avec sa dignité impénétrable aux tentations de
la
Brute. On avait dit aux jeunes nazis qu’ils allaient conquérir un pay
1515
ux jeunes nazis qu’ils allaient conquérir un pays
de
bavards, de coquettes et de politiciens véreux. Après quelques semain
1516
zis qu’ils allaient conquérir un pays de bavards,
de
coquettes et de politiciens véreux. Après quelques semaines en territ
1517
ent conquérir un pays de bavards, de coquettes et
de
politiciens véreux. Après quelques semaines en territoire conquis, l’
1518
x. Après quelques semaines en territoire conquis,
l’
Allemand s’est senti dominé par une force étrange et qui l’intimidait
1519
d s’est senti dominé par une force étrange et qui
l’
intimidait : le regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce
1520
ominé par une force étrange et qui l’intimidait :
le
regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce jugement préci
1521
e étrange et qui l’intimidait : le regard sérieux
de
l’homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien
1522
trange et qui l’intimidait : le regard sérieux de
l’
homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plu
1523
ui l’intimidait : le regard sérieux de l’homme et
de
la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plus insupport
1524
l’intimidait : le regard sérieux de l’homme et de
la
femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plus insupportabl
1525
récis et humain, bien plus insupportable que tous
les
cris de haines. Ils ne savaient pas cela, les jeunes Allemands, on ne
1526
humain, bien plus insupportable que tous les cris
de
haines. Ils ne savaient pas cela, les jeunes Allemands, on ne leur av
1527
ous les cris de haines. Ils ne savaient pas cela,
les
jeunes Allemands, on ne leur avait jamais parlé du vrai peuple de la
1528
nds, on ne leur avait jamais parlé du vrai peuple
de
la vraie France. Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec u
1529
, on ne leur avait jamais parlé du vrai peuple de
la
vraie France. Ils ont continué à le piller et à le fusiller avec une
1530
rai peuple de la vraie France. Ils ont continué à
le
piller et à le fusiller avec une rage panique ; ils continuent, mais
1531
a vraie France. Ils ont continué à le piller et à
le
fusiller avec une rage panique ; ils continuent, mais ils se savent b
1532
ls ont rencontré ce regard… k. Rougemont Denis
de
, « Un peuple se révèle dans le malheur », Fontaine, Alger, février 19
1533
. Rougemont Denis de, « Un peuple se révèle dans
le
malheur », Fontaine, Alger, février 1944, p. 353-354.
1534
Ars prophetica, ou
D’
un langage qui ne veut pas être clair (hiver 1944)j Un critique. J
1535
j Un critique. J’ai lu vos deux dialogues sur
la
carte postale6, je les aime bien… Enfin il n’est pas exact que je les
1536
i lu vos deux dialogues sur la carte postale6, je
les
aime bien… Enfin il n’est pas exact que je les aime bien. Ils m’irrit
1537
je les aime bien… Enfin il n’est pas exact que je
les
aime bien. Ils m’irritent et m’agacent. Mais je ne les oublie pas.7
1538
ime bien. Ils m’irritent et m’agacent. Mais je ne
les
oublie pas.7 L’auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il
1539
itent et m’agacent. Mais je ne les oublie pas.7
L’
auteur. La mémoire des offenses est la plus sûre. Il me semble parfois
1540
’agacent. Mais je ne les oublie pas.7 L’auteur.
La
mémoire des offenses est la plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’e
1541
lie pas.7 L’auteur. La mémoire des offenses est
la
plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’est pas de louange préférable
1542
a plus sûre. Il me semble parfois qu’il n’est pas
de
louange préférable à celle-ci qu’on me fasse grief de mes écrits. J’y
1543
ouange préférable à celle-ci qu’on me fasse grief
de
mes écrits. J’y voudrais voir la preuve d’une certaine grièveté qu’il
1544
n me fasse grief de mes écrits. J’y voudrais voir
la
preuve d’une certaine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d
1545
grief de mes écrits. J’y voudrais voir la preuve
d’
une certaine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d’une bless
1546
ine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit
d’
une blessure… Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’une
1547
ls présentent, comme cela se dit d’une blessure…
Le
critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’une exagération de m
1548
Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument
d’
une exagération de ma critique… Ce qui me gênait, je crois, c’est qu’à
1549
oui… Mais ne tirez pas argument d’une exagération
de
ma critique… Ce qui me gênait, je crois, c’est qu’à mon sens vous n’ê
1550
u’à mon sens vous n’êtes pas encore assez clair.
L’
auteur. Et pourquoi je vous prie, être clair ? Vous n’allez pas me dir
1551
, être clair ? Vous n’allez pas me dire que c’est
la
bonne manière de se faire comprendre ? Le critique. On voudrait être
1552
us n’allez pas me dire que c’est la bonne manière
de
se faire comprendre ? Le critique. On voudrait être sûr que vous vou
1553
c’est la bonne manière de se faire comprendre ?
Le
critique. On voudrait être sûr que vous vous comprenez assez. L’aute
1554
voudrait être sûr que vous vous comprenez assez.
L’
auteur. Assez pour quoi ? C. Assez pour n’être point la dupe de vos p
1555
ur. Assez pour quoi ? C. Assez pour n’être point
la
dupe de vos phrases. Écrire, et surtout en français, ce n’est pas jou
1556
z pour quoi ? C. Assez pour n’être point la dupe
de
vos phrases. Écrire, et surtout en français, ce n’est pas jouer du vi
1557
t en français, ce n’est pas jouer du violon. Tout
d’
un coup vous le prenez à double corde, et l’on distingue mal les passa
1558
ce n’est pas jouer du violon. Tout d’un coup vous
le
prenez à double corde, et l’on distingue mal les passages, vous chang
1559
Tout d’un coup vous le prenez à double corde, et
l’
on distingue mal les passages, vous changez de ton et l’on voudrait sa
1560
s le prenez à double corde, et l’on distingue mal
les
passages, vous changez de ton et l’on voudrait savoir que vous le sav
1561
et l’on distingue mal les passages, vous changez
de
ton et l’on voudrait savoir que vous le savez… Il me semble que vous
1562
istingue mal les passages, vous changez de ton et
l’
on voudrait savoir que vous le savez… Il me semble que vous manquez de
1563
s changez de ton et l’on voudrait savoir que vous
le
savez… Il me semble que vous manquez de méchanceté pour vos idées. El
1564
que vous le savez… Il me semble que vous manquez
de
méchanceté pour vos idées. Elles vous séduisent de loin et quand vous
1565
e méchanceté pour vos idées. Elles vous séduisent
de
loin et quand vous nous les présentez, elles ont déjà votre complicit
1566
. Elles vous séduisent de loin et quand vous nous
les
présentez, elles ont déjà votre complicité, je ne sais quel air de pa
1567
es ont déjà votre complicité, je ne sais quel air
de
passion, un peu trop tôt — qui nous surprend… A. N’est-ce pas toujou
1568
avouable ? C. Certes, mais il faudrait composer
les
entrées. Il faudrait nous persuader que vos goûts sont bien des raiso
1569
ces raisons sont les nôtres. Ou bien vous faites
de
la poésie, et alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous nous p
1570
s raisons sont les nôtres. Ou bien vous faites de
la
poésie, et alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous nous parl
1571
jouez sur des surprises, ou bien vous nous parlez
d’
idées, et dans ce cas, il faut que nous pensions à chaque instant : «
1572
t que nous pensions à chaque instant : « j’allais
le
dire ! » Mais ne mêlez pas tout, sinon l’on soupçonnera quelque trich
1573
’allais le dire ! » Mais ne mêlez pas tout, sinon
l’
on soupçonnera quelque tricherie. A. Voulez-vous que nous parlions de
1574
lque tricherie. A. Voulez-vous que nous parlions
de
la clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs
1575
e tricherie. A. Voulez-vous que nous parlions de
la
clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs du
1576
té ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans
les
environs du sujet de mes deux précédents dialogues. C. Du moins sere
1577
que cela nous ramènera dans les environs du sujet
de
mes deux précédents dialogues. C. Du moins serez-vous en garde contr
1578
tre obscurité ? A. C’est justement ce parti pris
de
clarté que je voudrais proposer maintenant à votre réflexion méfiante
1579
er maintenant à votre réflexion méfiante. Si vous
le
permettez, je m’offrirai le ridicule de défendre mon propre point de
1580
ion méfiante. Si vous le permettez, je m’offrirai
le
ridicule de défendre mon propre point de vue. Il se peut que cette ma
1581
. Si vous le permettez, je m’offrirai le ridicule
de
défendre mon propre point de vue. Il se peut que cette maladresse m’e
1582
ste nous sommes entre nous et vous n’abuserez pas
de
mes aveux… D’autant qu’ils seront probablement exagérés. C. Que de p
1583
tant qu’ils seront probablement exagérés. C. Que
de
précautions ! Vous êtes en train d’imiter ce héros de je ne sais quel
1584
récautions ! Vous êtes en train d’imiter ce héros
de
je ne sais quel album de Toepffer, qui feint de feindre afin de mieux
1585
train d’imiter ce héros de je ne sais quel album
de
Toepffer, qui feint de feindre afin de mieux dissimuler. — Qu’est-ce
1586
s de je ne sais quel album de Toepffer, qui feint
de
feindre afin de mieux dissimuler. — Qu’est-ce qu’être clair, à votre
1587
’est-ce qu’être clair, à votre avis ? A. Dès que
l’
on pose cette question, il me semble qu’on se voit condamné à des répo
1588
s ou plates ou mystérieuses. Ne serait-ce pas que
la
clarté n’est qu’une convention de langage ? J’entends : un mot de pas
1589
rait-ce pas que la clarté n’est qu’une convention
de
langage ? J’entends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce de s
1590
qu’une convention de langage ? J’entends : un mot
de
passe de la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… C. Hé
1591
nvention de langage ? J’entends : un mot de passe
de
la tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… C. Hé quoi ! v
1592
ntion de langage ? J’entends : un mot de passe de
la
tribu, ou une espèce de style garanti par l’usage… C. Hé quoi ! vous
1593
ends : un mot de passe de la tribu, ou une espèce
de
style garanti par l’usage… C. Hé quoi ! vous savez bien que tout not
1594
e de la tribu, ou une espèce de style garanti par
l’
usage… C. Hé quoi ! vous savez bien que tout notre langage est un sys
1595
ntifique, qui se distingue du langage courant par
le
souci de contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode
1596
qui se distingue du langage courant par le souci
de
contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode d’expres
1597
e contrôler ses conventions. Mais ce n’est pas là
le
seul mode d’expression possible. C. Précisément je souhaitais de vou
1598
es conventions. Mais ce n’est pas là le seul mode
d’
expression possible. C. Précisément je souhaitais de vous voir choisi
1599
xpression possible. C. Précisément je souhaitais
de
vous voir choisir entre un langage franchement poétique et ce langage
1600
es ! Mais il faudrait s’entendre tout d’abord sur
la
nécessité de cette clarté. Pour ma part je ne saurais concevoir ni re
1601
faudrait s’entendre tout d’abord sur la nécessité
de
cette clarté. Pour ma part je ne saurais concevoir ni respecter d’aut
1602
Pour ma part je ne saurais concevoir ni respecter
d’
autre nécessité en général que celle qu’impose la fin de toute pensée.
1603
d’autre nécessité en général que celle qu’impose
la
fin de toute pensée. C. Restons, si vous le voulez, sur le plan du l
1604
e nécessité en général que celle qu’impose la fin
de
toute pensée. C. Restons, si vous le voulez, sur le plan du langage.
1605
pose la fin de toute pensée. C. Restons, si vous
le
voulez, sur le plan du langage. N’est-ce pas la cohérence des raisons
1606
s le voulez, sur le plan du langage. N’est-ce pas
la
cohérence des raisons et à la fois l’exact ajustement de ces raisons
1607
’est-ce pas la cohérence des raisons et à la fois
l’
exact ajustement de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de
1608
rence des raisons et à la fois l’exact ajustement
de
ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de l’expression ? A.
1609
et à la fois l’exact ajustement de ces raisons à
la
réalité, qui constitue la fin de l’expression ? A. Oui, dans un mond
1610
tement de ces raisons à la réalité, qui constitue
la
fin de l’expression ? A. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire
1611
de ces raisons à la réalité, qui constitue la fin
de
l’expression ? A. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans le
1612
ces raisons à la réalité, qui constitue la fin de
l’
expression ? A. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans le mo
1613
. Oui, dans un monde cartésien, c’est-à-dire dans
le
monde du discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme
1614
sien, c’est-à-dire dans le monde du discours. Car
le
Discours de la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours
1615
à-dire dans le monde du discours. Car le Discours
de
la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin der
1616
ire dans le monde du discours. Car le Discours de
la
méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin derniè
1617
e ne définit en somme qu’une méthode du discours.
La
fin dernière d’un discours n’est autre que la cohérence, la vérité el
1618
somme qu’une méthode du discours. La fin dernière
d’
un discours n’est autre que la cohérence, la vérité elle-même s’y trou
1619
rs. La fin dernière d’un discours n’est autre que
la
cohérence, la vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de
1620
nière d’un discours n’est autre que la cohérence,
la
vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de l’enchaînement
1621
ence, la vérité elle-même s’y trouvant ordonnée à
la
logique de l’enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours car
1622
rité elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique
de
l’enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours cartésien n’a
1623
é elle-même s’y trouvant ordonnée à la logique de
l’
enchaînement des phrases. Autrement dit, le discours cartésien n’a pas
1624
que de l’enchaînement des phrases. Autrement dit,
le
discours cartésien n’a pas de fin qui lui soit transcendante. Il part
1625
ses. Autrement dit, le discours cartésien n’a pas
de
fin qui lui soit transcendante. Il part de ce qu’il suppose clair et
1626
’a pas de fin qui lui soit transcendante. Il part
de
ce qu’il suppose clair et facile, et sa marche est une déduction. La
1627
clair et facile, et sa marche est une déduction.
La
convention d’un tel langage, est que tout est donné au départ, et qu’
1628
le, et sa marche est une déduction. La convention
d’
un tel langage, est que tout est donné au départ, et qu’il s’agit de n
1629
est que tout est donné au départ, et qu’il s’agit
de
ne rien introduire dans la chaîne des arguments qui n’ait été d’abord
1630
épart, et qu’il s’agit de ne rien introduire dans
la
chaîne des arguments qui n’ait été d’abord jaugé, chiffré, et défini
1631
chiffré, et défini en termes simples. À mon tour
de
me défier d’une convention aussi commode. C. Il me semble qu’il faut
1632
défini en termes simples. À mon tour de me défier
d’
une convention aussi commode. C. Il me semble qu’il faut y voir une g
1633
l me semble qu’il faut y voir une garantie contre
les
illusions de la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatien
1634
’il faut y voir une garantie contre les illusions
de
la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’une all
1635
faut y voir une garantie contre les illusions de
la
rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter d’une allure
1636
ontre les illusions de la rhétorique flamboyante.
Le
romantisme a pu s’impatienter d’une allure aussi scrupuleuse, mais c’
1637
que flamboyante. Le romantisme a pu s’impatienter
d’
une allure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper
1638
’une allure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a
le
goût de se tromper et de tromper. A. Pour moi, je crains une duperie
1639
ure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût
de
se tromper et de tromper. A. Pour moi, je crains une duperie moins n
1640
euse, mais c’est qu’il a le goût de se tromper et
de
tromper. A. Pour moi, je crains une duperie moins naïve dans la mode
1641
Pour moi, je crains une duperie moins naïve dans
la
modestie cartésienne. Car enfin où prend-on dans le monde rien qui so
1642
modestie cartésienne. Car enfin où prend-on dans
le
monde rien qui soit « clair, simple et facile » en soi ? Le monde dan
1643
ien qui soit « clair, simple et facile » en soi ?
Le
monde dans lequel nous vivons et parlons n’est-il pas, comme l’a dit
1644
lequel nous vivons et parlons n’est-il pas, comme
l’
a dit un Russe « le monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme
1645
et parlons n’est-il pas, comme l’a dit un Russe «
le
monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes l
1646
s n’est-il pas, comme l’a dit un Russe « le monde
de
l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même,
1647
’est-il pas, comme l’a dit un Russe « le monde de
l’
imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même, le
1648
monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme
l’
écrit Descartes lui-même, le monde des choses « mal compassées » ? L’a
1649
n résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même,
le
monde des choses « mal compassées » ? L’application d’une raison sans
1650
ui-même, le monde des choses « mal compassées » ?
L’
application d’une raison sans parti pris à ce monde tel qu’il est donn
1651
nde des choses « mal compassées » ? L’application
d’
une raison sans parti pris à ce monde tel qu’il est donné, n’a-t-elle
1652
’il est donné, n’a-t-elle pas pour effet immédiat
de
multiplier le mystère et les absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me
1653
n’a-t-elle pas pour effet immédiat de multiplier
le
mystère et les absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors
1654
s pour effet immédiat de multiplier le mystère et
les
absurdités logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors si le cartésia
1655
és logiques ? Voyez Kafka… Je me demande alors si
le
cartésianisme ne nous a pas trompés une fois pour toutes, à l’origine
1656
sme ne nous a pas trompés une fois pour toutes, à
l’
origine, en décrétant — au nom de quoi, je vous en prie ? — la clarté
1657
n décrétant — au nom de quoi, je vous en prie ? —
la
clarté et la simplicité d’un certain nombre de postulats abstraits. M
1658
au nom de quoi, je vous en prie ? — la clarté et
la
simplicité d’un certain nombre de postulats abstraits. Ma méfiance po
1659
i, je vous en prie ? — la clarté et la simplicité
d’
un certain nombre de postulats abstraits. Ma méfiance porte sur l’arri
1660
— la clarté et la simplicité d’un certain nombre
de
postulats abstraits. Ma méfiance porte sur l’arrière-pensée qui prési
1661
bre de postulats abstraits. Ma méfiance porte sur
l’
arrière-pensée qui présida au choix de ces données dites premières. En
1662
e porte sur l’arrière-pensée qui présida au choix
de
ces données dites premières. Encore n’est-il pas exact de recourir ic
1663
onnées dites premières. Encore n’est-il pas exact
de
recourir ici à l’expression d’arrière-pensée. C’est sans doute une «
1664
ères. Encore n’est-il pas exact de recourir ici à
l’
expression d’arrière-pensée. C’est sans doute une « arrière-image » qu
1665
n’est-il pas exact de recourir ici à l’expression
d’
arrière-pensée. C’est sans doute une « arrière-image » qu’il faudrait
1666
audrait dire. C. Ne serait-il pas trop cartésien
de
vous demander de préciser ? A. J’essaierai de le faire par un exempl
1667
Ne serait-il pas trop cartésien de vous demander
de
préciser ? A. J’essaierai de le faire par un exemple. La méthode inv
1668
en de vous demander de préciser ? A. J’essaierai
de
le faire par un exemple. La méthode inventée par Descartes est donc d
1669
de vous demander de préciser ? A. J’essaierai de
le
faire par un exemple. La méthode inventée par Descartes est donc deve
1670
ser ? A. J’essaierai de le faire par un exemple.
La
méthode inventée par Descartes est donc devenue celle de la science.
1671
ode inventée par Descartes est donc devenue celle
de
la science. C’est elle dont usent nos physiciens, chimistes et mathém
1672
inventée par Descartes est donc devenue celle de
la
science. C’est elle dont usent nos physiciens, chimistes et mathémati
1673
n. Mais comment obtiennent-ils ces formules ? Par
l’
examen des nombres qui résument leurs expériences, dira-t-on. Je n’en
1674
dira-t-on. Je n’en crois rien. Ouvrez un ouvrage
de
science : vous y trouverez au terme de chaque analyse un certain nomb
1675
un ouvrage de science : vous y trouverez au terme
de
chaque analyse un certain nombre de phrases traduisant les résultats
1676
erez au terme de chaque analyse un certain nombre
de
phrases traduisant les résultats acquis. Or ces phrases ont été chois
1677
e analyse un certain nombre de phrases traduisant
les
résultats acquis. Or ces phrases ont été choisies par le savant en ve
1678
ltats acquis. Or ces phrases ont été choisies par
le
savant en vertu d’une double exigence : d’une part elles doivent perm
1679
ble exigence : d’une part elles doivent permettre
de
permettre de passer, par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose
1680
: d’une part elles doivent permettre de permettre
de
passer, par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la
1681
permettre de permettre de passer, par une espèce
de
symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la formule mathématique ; d’a
1682
espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à
la
formule mathématique ; d’autre part, et voilà qui est remarquable, il
1683
composent un discours cohérent sur des propriétés
de
la matière. Et ce discours n’est qu’un certain système d’images. S’il
1684
posent un discours cohérent sur des propriétés de
la
matière. Et ce discours n’est qu’un certain système d’images. S’il se
1685
tière. Et ce discours n’est qu’un certain système
d’
images. S’il se distingue du parler quotidien, c’est avant tout par ce
1686
r cette cohérence, c’est-à-dire par cette volonté
d’
exclure les sens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi les loi
1687
hérence, c’est-à-dire par cette volonté d’exclure
les
sens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi les lois formulées
1688
ens ordinairement contradictoires des mots. Ainsi
les
lois formulées par la science, ces modèles d’expression claire, se ré
1689
adictoires des mots. Ainsi les lois formulées par
la
science, ces modèles d’expression claire, se réfèrent en réalité à de
1690
si les lois formulées par la science, ces modèles
d’
expression claire, se réfèrent en réalité à des formes courantes du la
1691
réalité à des formes courantes du langage, vidées
de
leurs sens particuliers. Ce procédé est sans danger quand il est appl
1692
procédé est sans danger quand il est appliqué par
les
savants, la science légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière de
1693
ans danger quand il est appliqué par les savants,
la
science légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière de parler du ré
1694
nce légale n’étant, c’est entendu, qu’une manière
de
parler du réel, et sans cesse corrigée par les faits. Mais où je crie
1695
ère de parler du réel, et sans cesse corrigée par
les
faits. Mais où je crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou l
1696
s cesse corrigée par les faits. Mais où je crie à
la
tricherie, c’est quand le philosophe ou l’essayiste, séduits par la c
1697
aits. Mais où je crie à la tricherie, c’est quand
le
philosophe ou l’essayiste, séduits par la clarté axiomatique, prétend
1698
crie à la tricherie, c’est quand le philosophe ou
l’
essayiste, séduits par la clarté axiomatique, prétendent partir de vér
1699
t quand le philosophe ou l’essayiste, séduits par
la
clarté axiomatique, prétendent partir de vérités élémentaires qui ne
1700
uits par la clarté axiomatique, prétendent partir
de
vérités élémentaires qui ne sont autres que des abstractions opérées
1701
utres que des abstractions opérées sur nos formes
de
langage. Je voudrais dire cela plus simplement… La tricherie d’une dé
1702
e langage. Je voudrais dire cela plus simplement…
La
tricherie d’une déduction claire consiste en ce qu’elle prétend parti
1703
voudrais dire cela plus simplement… La tricherie
d’
une déduction claire consiste en ce qu’elle prétend partir d’un nombre
1704
tion claire consiste en ce qu’elle prétend partir
d’
un nombre limité de faits acquis, quand le tout, quand la fin nous éch
1705
e en ce qu’elle prétend partir d’un nombre limité
de
faits acquis, quand le tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il
1706
partir d’un nombre limité de faits acquis, quand
le
tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il était licite, et même
1707
mbre limité de faits acquis, quand le tout, quand
la
fin nous échappent ! Comme s’il était licite, et même possible, de pa
1708
pent ! Comme s’il était licite, et même possible,
de
partir de certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignor
1709
me s’il était licite, et même possible, de partir
de
certains éléments et de les déclarer connus, quand on ignore méthodiq
1710
même possible, de partir de certains éléments et
de
les déclarer connus, quand on ignore méthodiquement l’ensemble dont i
1711
me possible, de partir de certains éléments et de
les
déclarer connus, quand on ignore méthodiquement l’ensemble dont ils d
1712
s déclarer connus, quand on ignore méthodiquement
l’
ensemble dont ils dépendent et qui est leur seule mesure. C. J’avoue
1713
vous pouviez me montrer chez Descartes un exemple
de
ce recours aux formes du langage courant. A. Prenons la 3e règle de
1714
ecours aux formes du langage courant. A. Prenons
la
3e règle de sa méthode : « Conduire par ordre mes pensées en commença
1715
ormes du langage courant. A. Prenons la 3e règle
de
sa méthode : « Conduire par ordre mes pensées en commençant par les o
1716
Conduire par ordre mes pensées en commençant par
les
objets les plus simples et les plus aisés à connaître. » Voilà qui pa
1717
ar ordre mes pensées en commençant par les objets
les
plus simples et les plus aisés à connaître. » Voilà qui paraît clair,
1718
en commençant par les objets les plus simples et
les
plus aisés à connaître. » Voilà qui paraît clair, j’entends conforme
1719
mun. Je distingue pourtant, derrière ce jugement,
la
plus étrange illusion de l’esprit : c’est une maxime populaire. On la
1720
t, derrière ce jugement, la plus étrange illusion
de
l’esprit : c’est une maxime populaire. On la tient pour tellement évi
1721
derrière ce jugement, la plus étrange illusion de
l’
esprit : c’est une maxime populaire. On la tient pour tellement éviden
1722
sion de l’esprit : c’est une maxime populaire. On
la
tient pour tellement évidente que son rappel, au cours d’une discussi
1723
pour tellement évidente que son rappel, au cours
d’
une discussion, figure presque une insolence. Cette maxime affirme en
1724
sque une insolence. Cette maxime affirme en effet
la
nécessité générale de « commencer par le commencement ». Descartes qu
1725
tte maxime affirme en effet la nécessité générale
de
« commencer par le commencement ». Descartes qui vient d’assimiler sa
1726
en effet la nécessité générale de « commencer par
le
commencement ». Descartes qui vient d’assimiler sans sourciller la si
1727
mencer par le commencement ». Descartes qui vient
d’
assimiler sans sourciller la simplicité d’un objet avec l’aisance à le
1728
. Descartes qui vient d’assimiler sans sourciller
la
simplicité d’un objet avec l’aisance à le connaître — c’est encore un
1729
i vient d’assimiler sans sourciller la simplicité
d’
un objet avec l’aisance à le connaître — c’est encore un tour du langa
1730
ler sans sourciller la simplicité d’un objet avec
l’
aisance à le connaître — c’est encore un tour du langage — ne va pas r
1731
rciller la simplicité d’un objet avec l’aisance à
le
connaître — c’est encore un tour du langage — ne va pas reculer devan
1732
pas reculer devant cet autre exploit : poser que
le
plus simple est aussi le plus proche, et qu’il faut commencer par là.
1733
utre exploit : poser que le plus simple est aussi
le
plus proche, et qu’il faut commencer par là. C’est sans doute le plus
1734
et qu’il faut commencer par là. C’est sans doute
le
plus mauvais tour qu’on ait joué aux écrivains d’idées ! Commencer pa
1735
le plus mauvais tour qu’on ait joué aux écrivains
d’
idées ! Commencer par le commencement ! Aller du simple au compliqué !
1736
on ait joué aux écrivains d’idées ! Commencer par
le
commencement ! Aller du simple au compliqué ! Que cela paraît plein d
1737
er du simple au compliqué ! Que cela paraît plein
de
bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte po
1738
u compliqué ! Que cela paraît plein de bon sens !
Le
beau cliché, la belle absurdité, la magnifique carte postale ! S’il e
1739
e cela paraît plein de bon sens ! Le beau cliché,
la
belle absurdité, la magnifique carte postale ! S’il est une chose que
1740
de bon sens ! Le beau cliché, la belle absurdité,
la
magnifique carte postale ! S’il est une chose que l’expérience humain
1741
magnifique carte postale ! S’il est une chose que
l’
expérience humaine me paraît avoir établie — je dirais : pour l’éterni
1742
umaine me paraît avoir établie — je dirais : pour
l’
éternité ! — c’est bien qu’il faut toujours commencer par la fin, par
1743
! — c’est bien qu’il faut toujours commencer par
la
fin, par la vision totale, par la révélation des fins dernières. On n
1744
ien qu’il faut toujours commencer par la fin, par
la
vision totale, par la révélation des fins dernières. On ne peut conna
1745
s commencer par la fin, par la vision totale, par
la
révélation des fins dernières. On ne peut connaître les parties que p
1746
vélation des fins dernières. On ne peut connaître
les
parties que par le tout, et non l’inverse. C. J’observe une fois de
1747
rnières. On ne peut connaître les parties que par
le
tout, et non l’inverse. C. J’observe une fois de plus avec curiosité
1748
eut connaître les parties que par le tout, et non
l’
inverse. C. J’observe une fois de plus avec curiosité le glissement q
1749
se. C. J’observe une fois de plus avec curiosité
le
glissement qui s’opère dans vos propos : je vois que vous allez passe
1750
ans vous interrompre davantage aux développements
d’
une pensée qui m’est curieusement étrangère. Vous parliez d’une vision
1751
ée qui m’est curieusement étrangère. Vous parliez
d’
une vision totale ?… A. L’expression vous apparaît privée de sens ? M
1752
trangère. Vous parliez d’une vision totale ?… A.
L’
expression vous apparaît privée de sens ? Mesurez donc, une bonne fois
1753
n totale ?… A. L’expression vous apparaît privée
de
sens ? Mesurez donc, une bonne fois, toute l’ampleur de ma déraison.
1754
vée de sens ? Mesurez donc, une bonne fois, toute
l’
ampleur de ma déraison. Laissez-moi parler sans contrainte mon sabir e
1755
s ? Mesurez donc, une bonne fois, toute l’ampleur
de
ma déraison. Laissez-moi parler sans contrainte mon sabir eschatologi
1756
inte mon sabir eschatologique. Je disais donc que
la
déduction cartésienne travaille sur des cartes postales. Elle dispose
1757
re ses repères, et puis s’ébranle à reculons vers
l’
inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu d’évidences. On conçoit d
1758
res, et puis s’ébranle à reculons vers l’inconnu,
les
yeux toujours fixés sur son jeu d’évidences. On conçoit dès lors qu’e
1759
rs l’inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu
d’
évidences. On conçoit dès lors qu’elle se meuve avec tellement de préc
1760
conçoit dès lors qu’elle se meuve avec tellement
de
précautions, vérifiant à chaque pas le chemin parcouru : elle ignore
1761
tellement de précautions, vérifiant à chaque pas
le
chemin parcouru : elle ignore tout de son but et tiendrait même pour
1762
chaque pas le chemin parcouru : elle ignore tout
de
son but et tiendrait même pour une prévention fâcheuse la croyance qu
1763
ut et tiendrait même pour une prévention fâcheuse
la
croyance que ce but existe en tout état de cause. Pour moi, c’est pre
1764
cheuse la croyance que ce but existe en tout état
de
cause. Pour moi, c’est presque le contraire. Voilà : — Je sais que je
1765
te en tout état de cause. Pour moi, c’est presque
le
contraire. Voilà : — Je sais que je suis dans la nuit. Je ne puis mar
1766
le contraire. Voilà : — Je sais que je suis dans
la
nuit. Je ne puis marcher que dans la confusion. Mais, si je marche ce
1767
je suis dans la nuit. Je ne puis marcher que dans
la
confusion. Mais, si je marche cependant, c’est qu’à certains moments
1768
he cependant, c’est qu’à certains moments j’ai vu
le
but. — J’ai cru le voir… C’est une vision illuminante, instantanée, d
1769
qu’à certains moments j’ai vu le but. — J’ai cru
le
voir… C’est une vision illuminante, instantanée, dont la trace ne tar
1770
… C’est une vision illuminante, instantanée, dont
la
trace ne tarde pas à s’évanouir dans mes yeux Cela suffit pourtant à
1771
yeux Cela suffit pourtant à guider quelques pas.
Les
autres, je les risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pr
1772
it pourtant à guider quelques pas. Les autres, je
les
risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, so
1773
ider quelques pas. Les autres, je les risque dans
le
noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’esp
1774
s. Les autres, je les risque dans le noir, — dans
la
nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision
1775
utres, je les risque dans le noir, — dans la nuit
de
la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouve
1776
es, je les risque dans le noir, — dans la nuit de
la
foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouvelée
1777
a nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par
l’
espoir d’une vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma dém
1778
la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir
d’
une vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation de ma démarche, et
1779
utenu par l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà
le
sens, l’orientation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais
1780
l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà le sens,
l’
orientation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne
1781
e vision renouvelée. Voilà le sens, l’orientation
de
ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne peut la compre
1782
e, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne peut
la
comprendre qu’à partir de son but. Il est très juste qu’elle paraisse
1783
but. Il est très juste qu’elle paraisse absurde à
l’
observateur raisonnable. C. Le propre d’une vision pareille, c’est qu
1784
paraisse absurde à l’observateur raisonnable. C.
Le
propre d’une vision pareille, c’est qu’elle est incommunicable, j’ima
1785
bsurde à l’observateur raisonnable. C. Le propre
d’
une vision pareille, c’est qu’elle est incommunicable, j’imagine ? A.
1786
eux dire à sa plénitude instantanée qui décourage
l’
analyse. Vous ne donnerez pas la sensation du blanc en décrivant les s
1787
née qui décourage l’analyse. Vous ne donnerez pas
la
sensation du blanc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi le
1788
e donnerez pas la sensation du blanc en décrivant
les
sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de la foi, s
1789
nc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi
le
langage de la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument
1790
vant les sept couleurs. C’est pourquoi le langage
de
la vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicabl
1791
t les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de
la
vision ou de la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable,
1792
uleurs. C’est pourquoi le langage de la vision ou
de
la foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable, et évident. I
1793
urs. C’est pourquoi le langage de la vision ou de
la
foi, s’il était pur, serait absolument inexplicable, et évident. Il n
1794
er sans fin cette forme significative du tout, et
de
chaque partie dans le tout. Bien entendu, je ne puis avancer aucun ex
1795
e significative du tout, et de chaque partie dans
le
tout. Bien entendu, je ne puis avancer aucun exemple d’une telle perf
1796
t. Bien entendu, je ne puis avancer aucun exemple
d’
une telle perfection. Mais il fallait indiquer cette limite pour éclai
1797
r cette limite pour éclairer — précisément — tout
l’
entre-deux, la pénombre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces d
1798
pour éclairer — précisément — tout l’entre-deux,
la
pénombre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces de langage. Ram
1799
er — précisément — tout l’entre-deux, la pénombre
de
ce débat. Je vois maintenant deux espèces de langage. Ramenons-les po
1800
mbre de ce débat. Je vois maintenant deux espèces
de
langage. Ramenons-les pour simplifier à deux modes d’expression égale
1801
vois maintenant deux espèces de langage. Ramenons-
les
pour simplifier à deux modes d’expression également rigoureuse et pou
1802
angage. Ramenons-les pour simplifier à deux modes
d’
expression également rigoureuse et pourtant exclusifs l’un de l’autre.
1803
n également rigoureuse et pourtant exclusifs l’un
de
l’autre. Le premier serait la loi scientifique. Ses conventions sont
1804
tant exclusifs l’un de l’autre. Le premier serait
la
loi scientifique. Ses conventions sont la clarté et l’absence de cont
1805
serait la loi scientifique. Ses conventions sont
la
clarté et l’absence de contradiction. La seconde forme d’expression,
1806
i scientifique. Ses conventions sont la clarté et
l’
absence de contradiction. La seconde forme d’expression, ce serait cel
1807
ique. Ses conventions sont la clarté et l’absence
de
contradiction. La seconde forme d’expression, ce serait celle dont j’
1808
é et l’absence de contradiction. La seconde forme
d’
expression, ce serait celle dont j’essayais de vous faire pressentir l
1809
rme d’expression, ce serait celle dont j’essayais
de
vous faire pressentir la limite, en parlant d’un langage inexplicable
1810
it celle dont j’essayais de vous faire pressentir
la
limite, en parlant d’un langage inexplicable et pourtant évident. C’e
1811
is de vous faire pressentir la limite, en parlant
d’
un langage inexplicable et pourtant évident. C’est peut-être le verbe
1812
inexplicable et pourtant évident. C’est peut-être
le
verbe impliquer qui distinguera le mieux cette forme-là de la premièr
1813
’est peut-être le verbe impliquer qui distinguera
le
mieux cette forme-là de la première, dont l’office est évidemment d’e
1814
impliquer qui distinguera le mieux cette forme-là
de
la première, dont l’office est évidemment d’expliquer. Oui, cette opp
1815
uera le mieux cette forme-là de la première, dont
l’
office est évidemment d’expliquer. Oui, cette opposition va nous aider
1816
e-là de la première, dont l’office est évidemment
d’
expliquer. Oui, cette opposition va nous aider : impliquer le réel com
1817
. Oui, cette opposition va nous aider : impliquer
le
réel comme tel, et non pas expliquer certaines manières de le réduire
1818
omme tel, et non pas expliquer certaines manières
de
le réduire aux exigences d’un discours cohérent — voilà sans doute le
1819
e tel, et non pas expliquer certaines manières de
le
réduire aux exigences d’un discours cohérent — voilà sans doute le rô
1820
er certaines manières de le réduire aux exigences
d’
un discours cohérent — voilà sans doute le rôle du langage parabolique
1821
igences d’un discours cohérent — voilà sans doute
le
rôle du langage parabolique… De là vient son obscurité. Parler en par
1822
voilà sans doute le rôle du langage parabolique…
De
là vient son obscurité. Parler en paraboles, c’est tenter d’exprimer
1823
son obscurité. Parler en paraboles, c’est tenter
d’
exprimer un fait ou des idées, en tenant compte du tout qui les englob
1824
n fait ou des idées, en tenant compte du tout qui
les
englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de les définir autrement
1825
les englobe. Ou c’est encore se garder avec soin
de
les définir autrement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi l’on
1826
s englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de
les
définir autrement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi l’on tend
1827
trement qu’en vue de cette fin dernière vers quoi
l’
on tend. Le langage cartésien ou scientifique cherche à réduire les fa
1828
en vue de cette fin dernière vers quoi l’on tend.
Le
langage cartésien ou scientifique cherche à réduire les faits ou les
1829
ngage cartésien ou scientifique cherche à réduire
les
faits ou les idées à quelques éléments isolés de mesure. Il s’organis
1830
en ou scientifique cherche à réduire les faits ou
les
idées à quelques éléments isolés de mesure. Il s’organise tout nature
1831
les faits ou les idées à quelques éléments isolés
de
mesure. Il s’organise tout naturellement en discours, en phrases liée
1832
urellement en discours, en phrases liées par voie
de
conséquence. Mais si je parle en paraboles, je n’ai souci que d’une c
1833
Mais si je parle en paraboles, je n’ai souci que
d’
une certaine orientation. C’est à partir du terme, encore une fois, qu
1834
on. C’est à partir du terme, encore une fois, que
les
contradictions s’éclairent et se résolvent, et non pas à partir d’élé
1835
s’éclairent et se résolvent, et non pas à partir
d’
éléments que j’aurais distingués dès le départ. Une parabole se compre
1836
s à partir d’éléments que j’aurais distingués dès
le
départ. Une parabole se comprend par la fin. Comme l’expédition de Co
1837
ngués dès le départ. Une parabole se comprend par
la
fin. Comme l’expédition de Colomb partant pour reconnaître une Amériq
1838
épart. Une parabole se comprend par la fin. Comme
l’
expédition de Colomb partant pour reconnaître une Amérique de vision.
1839
rabole se comprend par la fin. Comme l’expédition
de
Colomb partant pour reconnaître une Amérique de vision. Et cette fin,
1840
n de Colomb partant pour reconnaître une Amérique
de
vision. Et cette fin, ce terme, ce télos, tous les hiatus, toutes les
1841
de vision. Et cette fin, ce terme, ce télos, tous
les
hiatus, toutes les obscurités, tous les paralogismes du langage doive
1842
fin, ce terme, ce télos, tous les hiatus, toutes
les
obscurités, tous les paralogismes du langage doivent l’indiquer comme
1843
los, tous les hiatus, toutes les obscurités, tous
les
paralogismes du langage doivent l’indiquer comme au-delà d’eux-mêmes…
1844
curités, tous les paralogismes du langage doivent
l’
indiquer comme au-delà d’eux-mêmes… ce que ne sauraient faire des argu
1845
ismes du langage doivent l’indiquer comme au-delà
d’
eux-mêmes… ce que ne sauraient faire des arguments toujours fondés sur
1846
nt faire des arguments toujours fondés sur ce qui
les
précède. Voilà pourquoi le discours d’un prophète est le contraire d’
1847
urs fondés sur ce qui les précède. Voilà pourquoi
le
discours d’un prophète est le contraire d’un discours. L’événement se
1848
ur ce qui les précède. Voilà pourquoi le discours
d’
un prophète est le contraire d’un discours. L’événement seul lui rendr
1849
ède. Voilà pourquoi le discours d’un prophète est
le
contraire d’un discours. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi
1850
urquoi le discours d’un prophète est le contraire
d’
un discours. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi la parabole
1851
urs d’un prophète est le contraire d’un discours.
L’
événement seul lui rendra sa raison. Ainsi la parabole est une énigme
1852
urs. L’événement seul lui rendra sa raison. Ainsi
la
parabole est une énigme dont le sens est dans la vision. C. Comment
1853
sa raison. Ainsi la parabole est une énigme dont
le
sens est dans la vision. C. Comment expliquez-vous le plaisir que je
1854
la parabole est une énigme dont le sens est dans
la
vision. C. Comment expliquez-vous le plaisir que je prends à la lect
1855
ns est dans la vision. C. Comment expliquez-vous
le
plaisir que je prends à la lecture de certaines paraboles dont le sen
1856
Comment expliquez-vous le plaisir que je prends à
la
lecture de certaines paraboles dont le sens eschatologique m’échappe,
1857
liquez-vous le plaisir que je prends à la lecture
de
certaines paraboles dont le sens eschatologique m’échappe, je le supp
1858
e prends à la lecture de certaines paraboles dont
le
sens eschatologique m’échappe, je le suppose, absolument ? A. Je dem
1859
raboles dont le sens eschatologique m’échappe, je
le
suppose, absolument ? A. Je demandais un jour à une petite-fille pou
1860
ples, sachant qu’ils ne comprendraient pas. Voici
la
réponse qu’elle me fit : Jésus racontait des histoires pour qu’ils s’
1861
ils s’en souviennent mieux plus tard. C’est comme
les
noix qui ont une coquille très dure. On peut les emporter sans qu’ell
1862
les noix qui ont une coquille très dure. On peut
les
emporter sans qu’elles se gâtent, et quand on a faim, on les ouvre.
1863
r sans qu’elles se gâtent, et quand on a faim, on
les
ouvre. C. Encore une petite question, voulez-vous ? Qui a le droit d
1864
. Encore une petite question, voulez-vous ? Qui a
le
droit de parler en paraboles, et d’être obscur à la manière des proph
1865
une petite question, voulez-vous ? Qui a le droit
de
parler en paraboles, et d’être obscur à la manière des prophètes ? A
1866
-vous ? Qui a le droit de parler en paraboles, et
d’
être obscur à la manière des prophètes ? A. Le droit ? Personne, bien
1867
et d’être obscur à la manière des prophètes ? A.
Le
droit ? Personne, bien sûr ! Personne n’a aucun droit de ce genre, si
1868
t ? Personne, bien sûr ! Personne n’a aucun droit
de
ce genre, si l’on nomme droit la garantie formelle d’un usage. Mais i
1869
en sûr ! Personne n’a aucun droit de ce genre, si
l’
on nomme droit la garantie formelle d’un usage. Mais il arrive assez s
1870
n’a aucun droit de ce genre, si l’on nomme droit
la
garantie formelle d’un usage. Mais il arrive assez souvent que l’on o
1871
e genre, si l’on nomme droit la garantie formelle
d’
un usage. Mais il arrive assez souvent que l’on oublie les grandes et
1872
elle d’un usage. Mais il arrive assez souvent que
l’
on oublie les grandes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de p
1873
age. Mais il arrive assez souvent que l’on oublie
les
grandes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou de parler seuleme
1874
on oublie les grandes et graves raisons qu’il y a
de
se taire, ou de parler seulement selon le droit et la décence, en tou
1875
andes et graves raisons qu’il y a de se taire, ou
de
parler seulement selon le droit et la décence, en toute clarté. Il ar
1876
’il y a de se taire, ou de parler seulement selon
le
droit et la décence, en toute clarté. Il arrive que certains furieux,
1877
e taire, ou de parler seulement selon le droit et
la
décence, en toute clarté. Il arrive que certains furieux, je ne sais
1878
es ou esprits relâchés, s’abandonnent aux hasards
de
tricheries qui les flattent. Ils appellent cela poésie. On peut toute
1879
chés, s’abandonnent aux hasards de tricheries qui
les
flattent. Ils appellent cela poésie. On peut toutefois imaginer une a
1880
ie. On peut toutefois imaginer une autre attitude
de
l’être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C
1881
On peut toutefois imaginer une autre attitude de
l’
être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C’es
1882
e autre attitude de l’être, et qui soit telle que
la
question du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’homme qui a
1883
e que la question du droit ne se pose plus. C’est
l’
attitude de l’homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru vo
1884
estion du droit ne se pose plus. C’est l’attitude
de
l’homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru voir, et qui
1885
ion du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de
l’
homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru voir, et qui vou
1886
cru voir, et qui voudrait retrouver sa vision et
la
faire pressentir à d’autres hommes. Une vision ne se transmet pas, c’
1887
tres hommes. Une vision ne se transmet pas, c’est
le
contraire d’une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’esprit da
1888
Une vision ne se transmet pas, c’est le contraire
d’
une carte postale. Il s’agit donc de disposer l’esprit dans une certai
1889
le contraire d’une carte postale. Il s’agit donc
de
disposer l’esprit dans une certaine orientation au moyen de mots et d
1890
e d’une carte postale. Il s’agit donc de disposer
l’
esprit dans une certaine orientation au moyen de mots et de phrases qu
1891
dans une certaine orientation au moyen de mots et
de
phrases qui puissent, comme par une ironie, être compris en soi et da
1892
tre compris en soi et dans leur lettre, mais dont
le
sens dernier ne puisse être aperçu sous un angle de vision quelconque
1893
sens dernier ne puisse être aperçu sous un angle
de
vision quelconque. Je dis que l’homme qui a vu quelque chose doit par
1894
çu sous un angle de vision quelconque. Je dis que
l’
homme qui a vu quelque chose doit parler la langue des prophètes et co
1895
is que l’homme qui a vu quelque chose doit parler
la
langue des prophètes et composer des paraboles. Si ses prophéties son
1896
il n’en est pas moins un prophète. Mais alors on
le
jugera selon sa fin. Vous m’avouerez que dans ces conditions il faut
1897
vouerez que dans ces conditions il faut une sorte
de
naïveté très singulière pour endosser le risque d’être obscur. Passe
1898
ne sorte de naïveté très singulière pour endosser
le
risque d’être obscur. Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait
1899
e naïveté très singulière pour endosser le risque
d’
être obscur. Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin
1900
dosser le risque d’être obscur. Passe encore pour
l’
homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de
1901
e risque d’être obscur. Passe encore pour l’homme
de
Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa visio
1902
Passe encore pour l’homme de Patmos, qui avait vu
la
fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est
1903
ncore pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin
de
notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des vis
1904
e Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire :
l’
ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des visions moins illustres
1905
qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur
de
sa vision le sauve. Mais il est des visions moins illustres, qui n’em
1906
la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision
le
sauve. Mais il est des visions moins illustres, qui n’embrassent pas
1907
des visions moins illustres, qui n’embrassent pas
le
monde de haut en bas, dans un fulgurant inventaire. Je parle de visio
1908
ut en bas, dans un fulgurant inventaire. Je parle
de
visions furtives qui sont à celle de l’apôtre comme le Petit Monde au
1909
re. Je parle de visions furtives qui sont à celle
de
l’apôtre comme le Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de
1910
Je parle de visions furtives qui sont à celle de
l’
apôtre comme le Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de la
1911
sions furtives qui sont à celle de l’apôtre comme
le
Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de la Fin, mais signe
1912
e Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et
de
la Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles et signific
1913
etit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de
la
Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles et significati
1914
lles et significatives… Certes celui qui pourrait
les
fixer retrouverait toute l’Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à
1915
s celui qui pourrait les fixer retrouverait toute
l’
Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à partir d’une vertèbre isolée
1916
xer retrouverait toute l’Apocalypse, comme Cuvier
la
préhistoire à partir d’une vertèbre isolée. Mais l’oubli vient avec l
1917
’Apocalypse, comme Cuvier la préhistoire à partir
d’
une vertèbre isolée. Mais l’oubli vient avec le premier doute… Petites
1918
préhistoire à partir d’une vertèbre isolée. Mais
l’
oubli vient avec le premier doute… Petites visions des hommes de peu d
1919
avec le premier doute… Petites visions des hommes
de
peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession
1920
Petites visions des hommes de peu de foi, visions
de
la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissan
1921
ites visions des hommes de peu de foi, visions de
la
fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance,
1922
sions des hommes de peu de foi, visions de la fin
de
nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance, — il n
1923
foi, visions de la fin de nos courtes passions :
la
possession, la beauté, la puissance, — il n’en faut pourtant pas dava
1924
e la fin de nos courtes passions : la possession,
la
beauté, la puissance, — il n’en faut pourtant pas davantage pour nous
1925
nos courtes passions : la possession, la beauté,
la
puissance, — il n’en faut pourtant pas davantage pour nous réduire au
1926
ge pour nous réduire au parler prophétique. C’est
le
même risque, et ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles de J
1927
rophétique. C’est le même risque, et ce n’est pas
la
même grandeur… Les « sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont
1928
le même risque, et ce n’est pas la même grandeur…
Les
« sentinelles de Juda », les grands prophètes, ont été justifiés dans
1929
ce n’est pas la même grandeur… Les « sentinelles
de
Juda », les grands prophètes, ont été justifiés dans leur délire, mai
1930
as la même grandeur… Les « sentinelles de Juda »,
les
grands prophètes, ont été justifiés dans leur délire, mais un prophèt
1931
iés dans leur délire, mais un prophète des choses
d’
ici-bas, un prophète sans mission divine, quelle défense osera-t-il pr
1932
ris. 7. Quatre « dialogues » paraîtront au début
de
l’ouvrage Doctrine fabuleuse , publié en 1947. j. Rougemont Denis
1933
. 7. Quatre « dialogues » paraîtront au début de
l’
ouvrage Doctrine fabuleuse , publié en 1947. j. Rougemont Denis de,
1934
fabuleuse , publié en 1947. j. Rougemont Denis
de
, « Ars prophetica, ou D’un langage qui ne veut pas être clair », Hém
1935
7. j. Rougemont Denis de, « Ars prophetica, ou
D’
un langage qui ne veut pas être clair », Hémisphères, New York, hiver
1936
L’
attitude personnaliste (octobre 1944)l La lecture des journaux clan
1937
L’attitude personnaliste (octobre 1944)l
La
lecture des journaux clandestins parus en France montre que les idées
1938
s journaux clandestins parus en France montre que
les
idées personnalistes avaient fait leur chemin dans l’élite de la Rési
1939
dées personnalistes avaient fait leur chemin dans
l’
élite de la Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou d’une pr
1940
sonnalistes avaient fait leur chemin dans l’élite
de
la Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou d’une prise de c
1941
nalistes avaient fait leur chemin dans l’élite de
la
Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou d’une prise de cons
1942
r chemin dans l’élite de la Résistance. S’agit-il
d’
une influence directe, ou d’une prise de conscience spontanée devant l
1943
Résistance. S’agit-il d’une influence directe, ou
d’
une prise de conscience spontanée devant la leçon des faits, nous le s
1944
te, ou d’une prise de conscience spontanée devant
la
leçon des faits, nous le saurons un jour. Mais il est clair dès maint
1945
science spontanée devant la leçon des faits, nous
le
saurons un jour. Mais il est clair dès maintenant que les circonstanc
1946
ons un jour. Mais il est clair dès maintenant que
les
circonstances sont enfin devenues favorables pour une action plus lar
1947
ables pour une action plus large et constructive.
Les
événements eux-mêmes se sont chargés de faire la critique de tant d’i
1948
ructive. Les événements eux-mêmes se sont chargés
de
faire la critique de tant d’incohérences au sein desquelles le França
1949
Les événements eux-mêmes se sont chargés de faire
la
critique de tant d’incohérences au sein desquelles le Français moyen
1950
ts eux-mêmes se sont chargés de faire la critique
de
tant d’incohérences au sein desquelles le Français moyen pensait pouv
1951
êmes se sont chargés de faire la critique de tant
d’
incohérences au sein desquelles le Français moyen pensait pouvoir vivr
1952
ritique de tant d’incohérences au sein desquelles
le
Français moyen pensait pouvoir vivre impunément, jusqu’à ce que Hitle
1953
prendre avantage. Devant un monde à reconstruire,
les
grandes questions peuvent et doivent être reposées. Allons-nous rebât
1954
et doivent être reposées. Allons-nous rebâtir sur
les
valeurs d’une philosophie de l’Objet (qui était celle du capitalisme
1955
tre reposées. Allons-nous rebâtir sur les valeurs
d’
une philosophie de l’Objet (qui était celle du capitalisme et des dive
1956
ns-nous rebâtir sur les valeurs d’une philosophie
de
l’Objet (qui était celle du capitalisme et des divers « planisme »),
1957
nous rebâtir sur les valeurs d’une philosophie de
l’
Objet (qui était celle du capitalisme et des divers « planisme »), ou
1958
isme »), ou bien allons-nous faire une société où
les
objets soient remis au service de l’homme qui crée et qui se veut res
1959
une société où les objets soient remis au service
de
l’homme qui crée et qui se veut responsable ? Si nous choisissons la
1960
société où les objets soient remis au service de
l’
homme qui crée et qui se veut responsable ? Si nous choisissons la sec
1961
esponsable ? Si nous choisissons la seconde voie,
la
doctrine du personnalisme s’impose à l’attention sérieuse. Les jeunes
1962
nde voie, la doctrine du personnalisme s’impose à
l’
attention sérieuse. Les jeunes gens qui prenaient conscience de leur r
1963
du personnalisme s’impose à l’attention sérieuse.
Les
jeunes gens qui prenaient conscience de leur responsabilité intellect
1964
érieuse. Les jeunes gens qui prenaient conscience
de
leur responsabilité intellectuelle et civique vers 1930, en France, s
1965
rs 1930, en France, se trouvaient confrontés avec
les
dilemmes suivants : droite ou gauche, capitalisme ou socialisme, indi
1966
es leur paraissaient faux, périmés ou illusoires.
Les
forces politiques en apparence les plus opposées se trouvaient agir e
1967
ou illusoires. Les forces politiques en apparence
les
plus opposées se trouvaient agir en fait dans le même sens : elles te
1968
les plus opposées se trouvaient agir en fait dans
le
même sens : elles tendaient toutes à dépersonnaliser l’homme, à le ré
1969
e sens : elles tendaient toutes à dépersonnaliser
l’
homme, à le réduire à un agrégat de réflexes conditionnés par l’État,
1970
les tendaient toutes à dépersonnaliser l’homme, à
le
réduire à un agrégat de réflexes conditionnés par l’État, le Parti et
1971
épersonnaliser l’homme, à le réduire à un agrégat
de
réflexes conditionnés par l’État, le Parti et les statisticiens. Sur
1972
réduire à un agrégat de réflexes conditionnés par
l’
État, le Parti et les statisticiens. Sur le plan philosophique, la sit
1973
à un agrégat de réflexes conditionnés par l’État,
le
Parti et les statisticiens. Sur le plan philosophique, la situation n
1974
de réflexes conditionnés par l’État, le Parti et
les
statisticiens. Sur le plan philosophique, la situation n’était pas me
1975
et les statisticiens. Sur le plan philosophique,
la
situation n’était pas meilleure. Là encore, la personne humaine se vo
1976
e, la situation n’était pas meilleure. Là encore,
la
personne humaine se voyait attaquée, disséquée, réduite de plus en pl
1977
it attaquée, disséquée, réduite de plus en plus à
l’
irresponsabilité. La psychologie freudienne ne voyait en elle qu’un îl
1978
ée, réduite de plus en plus à l’irresponsabilité.
La
psychologie freudienne ne voyait en elle qu’un îlot précaire perdu da
1979
ne voyait en elle qu’un îlot précaire perdu dans
l’
océan de l’inconscient. D’autres s’appliquaient à la réduire à des dét
1980
it en elle qu’un îlot précaire perdu dans l’océan
de
l’inconscient. D’autres s’appliquaient à la réduire à des déterminism
1981
en elle qu’un îlot précaire perdu dans l’océan de
l’
inconscient. D’autres s’appliquaient à la réduire à des déterminismes
1982
océan de l’inconscient. D’autres s’appliquaient à
la
réduire à des déterminismes biologiques, ou sociologiques, ou économi
1983
ues, ou économiques. Que devenait dans tout cela,
le
droit imprescriptible d’un homme à dire je, à dire moi, à se considér
1984
devenait dans tout cela, le droit imprescriptible
d’
un homme à dire je, à dire moi, à se considérer comme une cause effici
1985
oint des objets — fussent-ils aussi abstraits que
les
fameuses « forces économiques » — mais de l’homme, mesure de toutes c
1986
ts que les fameuses « forces économiques » — mais
de
l’homme, mesure de toutes choses. La grande question était donc : qu’
1987
que les fameuses « forces économiques » — mais de
l’
homme, mesure de toutes choses. La grande question était donc : qu’est
1988
« forces économiques » — mais de l’homme, mesure
de
toutes choses. La grande question était donc : qu’est-ce que l’homme
1989
ues » — mais de l’homme, mesure de toutes choses.
La
grande question était donc : qu’est-ce que l’homme ? Sur quelle notio
1990
es. La grande question était donc : qu’est-ce que
l’
homme ? Sur quelle notion centrale de son humanité devons-nous recentr
1991
u’est-ce que l’homme ? Sur quelle notion centrale
de
son humanité devons-nous recentrer le monde ? Les institutions doiven
1992
on centrale de son humanité devons-nous recentrer
le
monde ? Les institutions doivent être fondées sur une notion compréhe
1993
de son humanité devons-nous recentrer le monde ?
Les
institutions doivent être fondées sur une notion compréhensive de l’h
1994
doivent être fondées sur une notion compréhensive
de
l’homme, sinon elles agissent contre l’homme. Or l’individu, sur lequ
1995
vent être fondées sur une notion compréhensive de
l’
homme, sinon elles agissent contre l’homme. Or l’individu, sur lequel
1996
réhensive de l’homme, sinon elles agissent contre
l’
homme. Or l’individu, sur lequel voulait se fonder la démocratie d’un
1997
l’homme, sinon elles agissent contre l’homme. Or
l’
individu, sur lequel voulait se fonder la démocratie d’un siècle derni
1998
omme. Or l’individu, sur lequel voulait se fonder
la
démocratie d’un siècle dernier, et le soldat politique sur lequel a v
1999
ividu, sur lequel voulait se fonder la démocratie
d’
un siècle dernier, et le soldat politique sur lequel a voulu se fonder
2000
t se fonder la démocratie d’un siècle dernier, et
le
soldat politique sur lequel a voulu se fonder le totalitarisme de ce
2001
le soldat politique sur lequel a voulu se fonder
le
totalitarisme de ce siècle, ne sont pas des hommes complets. L’indivi
2002
que sur lequel a voulu se fonder le totalitarisme
de
ce siècle, ne sont pas des hommes complets. L’individu n’a que des dr
2003
me de ce siècle, ne sont pas des hommes complets.
L’
individu n’a que des droits, le soldat politique que des devoirs. Le p
2004
s hommes complets. L’individu n’a que des droits,
le
soldat politique que des devoirs. Le premier est un pur concept, le s
2005
econd est un simple objet. À ces deux mutilations
de
la notion d’homme, les jeunes intellectuels français opposèrent la no
2006
nd est un simple objet. À ces deux mutilations de
la
notion d’homme, les jeunes intellectuels français opposèrent la notio
2007
simple objet. À ces deux mutilations de la notion
d’
homme, les jeunes intellectuels français opposèrent la notion de perso
2008
jet. À ces deux mutilations de la notion d’homme,
les
jeunes intellectuels français opposèrent la notion de personne. Quell
2009
mme, les jeunes intellectuels français opposèrent
la
notion de personne. Quelles que fussent les prémisses religieuses ou
2010
eunes intellectuels français opposèrent la notion
de
personne. Quelles que fussent les prémisses religieuses ou métaphysiq
2011
sèrent la notion de personne. Quelles que fussent
les
prémisses religieuses ou métaphysiques des diverses tendances personn
2012
es, tous s’entendaient fort bien sur des formules
de
ce genre : les institutions doivent être au service de l’homme, et no
2013
endaient fort bien sur des formules de ce genre :
les
institutions doivent être au service de l’homme, et non l’inverse : —
2014
genre : les institutions doivent être au service
de
l’homme, et non l’inverse : — la liberté ne cesse d’être un mot creux
2015
nre : les institutions doivent être au service de
l’
homme, et non l’inverse : — la liberté ne cesse d’être un mot creux qu
2016
utions doivent être au service de l’homme, et non
l’
inverse : — la liberté ne cesse d’être un mot creux que dans un ordre
2017
être au service de l’homme, et non l’inverse : —
la
liberté ne cesse d’être un mot creux que dans un ordre souple, qui re
2018
l’homme, et non l’inverse : — la liberté ne cesse
d’
être un mot creux que dans un ordre souple, qui respecte la diversité
2019
mot creux que dans un ordre souple, qui respecte
la
diversité des vocations ; — là où l’homme veut être total, l’État ne
2020
qui respecte la diversité des vocations ; — là où
l’
homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. Un certain n
2021
des vocations ; — là où l’homme veut être total,
l’
État ne sera jamais totalitaire. Un certain nombre de mots-clés se ret
2022
tat ne sera jamais totalitaire. Un certain nombre
de
mots-clés se retrouvent dans tous les ouvrages publiés par les person
2023
rtain nombre de mots-clés se retrouvent dans tous
les
ouvrages publiés par les personnalistes : vocation, risque, engagemen
2024
se retrouvent dans tous les ouvrages publiés par
les
personnalistes : vocation, risque, engagement, responsabilité, commun
2025
osophes s’étaient intitulés « personnalistes » ou
l’
avaient été avant la lettre : Leibnitz, Kant, Renouvier, ou de nos jou
2026
titulés « personnalistes » ou l’avaient été avant
la
lettre : Leibnitz, Kant, Renouvier, ou de nos jours un William Stern,
2027
é avant la lettre : Leibnitz, Kant, Renouvier, ou
de
nos jours un William Stern, un Keyserling, un C. G. Jung, et l’école
2028
n William Stern, un Keyserling, un C. G. Jung, et
l’
école californienne de The Personalist. Mais la caractéristique du mou
2029
yserling, un C. G. Jung, et l’école californienne
de
The Personalist. Mais la caractéristique du mouvement personnaliste f
2030
et l’école californienne de The Personalist. Mais
la
caractéristique du mouvement personnaliste français fut, dès le début
2031
ique du mouvement personnaliste français fut, dès
le
début, de considérer sa doctrine comme le fondement immédiat d’une ac
2032
uvement personnaliste français fut, dès le début,
de
considérer sa doctrine comme le fondement immédiat d’une action polit
2033
ut, dès le début, de considérer sa doctrine comme
le
fondement immédiat d’une action politique, d’une économie, d’un régim
2034
onsidérer sa doctrine comme le fondement immédiat
d’
une action politique, d’une économie, d’un régime social, et même d’un
2035
mme le fondement immédiat d’une action politique,
d’
une économie, d’un régime social, et même d’une esthétique. C’est pour
2036
immédiat d’une action politique, d’une économie,
d’
un régime social, et même d’une esthétique. C’est pourquoi je ne saura
2037
ique, d’une économie, d’un régime social, et même
d’
une esthétique. C’est pourquoi je ne saurais mieux décrire la doctrine
2038
tique. C’est pourquoi je ne saurais mieux décrire
la
doctrine du personnalisme qu’en indiquant certaines des tentatives d’
2039
nnalisme qu’en indiquant certaines des tentatives
d’
action les plus typiques qu’elle inspira avant cette guerre. Un serv
2040
qu’en indiquant certaines des tentatives d’action
les
plus typiques qu’elle inspira avant cette guerre. Un service civil
2041
Les premiers manifestes et volumes publiés par
le
mouvement n’apportaient pas les blue-prints d’une société idéale, mai
2042
olumes publiés par le mouvement n’apportaient pas
les
blue-prints d’une société idéale, mais quelques principes d’action. C
2043
ar le mouvement n’apportaient pas les blue-prints
d’
une société idéale, mais quelques principes d’action. Car il s’agissai
2044
nts d’une société idéale, mais quelques principes
d’
action. Car il s’agissait pour les personnalistes d’un changement spir
2045
elques principes d’action. Car il s’agissait pour
les
personnalistes d’un changement spirituel d’abord, les changements ins
2046
action. Car il s’agissait pour les personnalistes
d’
un changement spirituel d’abord, les changements institutionnels n’aya
2047
personnalistes d’un changement spirituel d’abord,
les
changements institutionnels n’ayant de valeur à leurs yeux que s’ils
2048
d’abord, les changements institutionnels n’ayant
de
valeur à leurs yeux que s’ils traduisaient réellement une attitude no
2049
ils traduisaient réellement une attitude nouvelle
de
l’homme aux prises avec le destin d’un siècle nouveau. Alors que la p
2050
traduisaient réellement une attitude nouvelle de
l’
homme aux prises avec le destin d’un siècle nouveau. Alors que la plup
2051
une attitude nouvelle de l’homme aux prises avec
le
destin d’un siècle nouveau. Alors que la plupart des révolutionnaires
2052
ude nouvelle de l’homme aux prises avec le destin
d’
un siècle nouveau. Alors que la plupart des révolutionnaires de droite
2053
ouveau. Alors que la plupart des révolutionnaires
de
droite ou de gauche édifiaient des plans abstraits et se bornaient pr
2054
que la plupart des révolutionnaires de droite ou
de
gauche édifiaient des plans abstraits et se bornaient pratiquement à
2055
ndiquer des réformes isolées ou matérielles comme
l’
abolition du Parlement, des salaires plus élevés, la nationalisation d
2056
abolition du Parlement, des salaires plus élevés,
la
nationalisation des grandes industries, les personnalistes affirmaien
2057
levés, la nationalisation des grandes industries,
les
personnalistes affirmaient la nécessité d’une révolution plus profond
2058
randes industries, les personnalistes affirmaient
la
nécessité d’une révolution plus profonde : révolution dans la manière
2059
ries, les personnalistes affirmaient la nécessité
d’
une révolution plus profonde : révolution dans la manière de poser les
2060
d’une révolution plus profonde : révolution dans
la
manière de poser les problèmes, avant de prétendre leur donner telle
2061
lution plus profonde : révolution dans la manière
de
poser les problèmes, avant de prétendre leur donner telle ou telle so
2062
us profonde : révolution dans la manière de poser
les
problèmes, avant de prétendre leur donner telle ou telle solution imm
2063
tion immédiate, utopique ou opportuniste. Prenons
le
problème du prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa l’insti
2064
opportuniste. Prenons le problème du prolétariat.
Le
groupe de l’Ordre nouveau proposa l’institution d’un service civil ob
2065
te. Prenons le problème du prolétariat. Le groupe
de
l’Ordre nouveau proposa l’institution d’un service civil obligatoire,
2066
prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa
l’
institution d’un service civil obligatoire, répartissant sur l’ensembl
2067
e groupe de l’Ordre nouveau proposa l’institution
d’
un service civil obligatoire, répartissant sur l’ensemble de la popula
2068
d’un service civil obligatoire, répartissant sur
l’
ensemble de la population le travail industriel non différencié. Penda
2069
ce civil obligatoire, répartissant sur l’ensemble
de
la population le travail industriel non différencié. Pendant un an ou
2070
civil obligatoire, répartissant sur l’ensemble de
la
population le travail industriel non différencié. Pendant un an ou pl
2071
ire, répartissant sur l’ensemble de la population
le
travail industriel non différencié. Pendant un an ou plus, tous les c
2072
riel non différencié. Pendant un an ou plus, tous
les
citoyens travailleraient dans les usines, au lieu de faire une année
2073
n ou plus, tous les citoyens travailleraient dans
les
usines, au lieu de faire une année de caserne. Les avantages de ce se
2074
aient dans les usines, au lieu de faire une année
de
caserne. Les avantages de ce service civil seraient triples : 1) Just
2075
es usines, au lieu de faire une année de caserne.
Les
avantages de ce service civil seraient triples : 1) Justice sociale.
2076
lieu de faire une année de caserne. Les avantages
de
ce service civil seraient triples : 1) Justice sociale. La classe pro
2077
vice civil seraient triples : 1) Justice sociale.
La
classe prolétarienne serait relevée de son fardeau à vie. 2) Économie
2078
e sociale. La classe prolétarienne serait relevée
de
son fardeau à vie. 2) Économie. La hantise du salaire ne serait plus
2079
serait relevée de son fardeau à vie. 2) Économie.
La
hantise du salaire ne serait plus le seul mobile du travailleur, et l
2080
2) Économie. La hantise du salaire ne serait plus
le
seul mobile du travailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par le
2081
ne serait plus le seul mobile du travailleur, et
la
masse de main-d’œuvre créée par le service civil serait mise par l’Ét
2082
t plus le seul mobile du travailleur, et la masse
de
main-d’œuvre créée par le service civil serait mise par l’État à la d
2083
ravailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par
le
service civil serait mise par l’État à la disposition des libres entr
2084
’œuvre créée par le service civil serait mise par
l’
État à la disposition des libres entreprises, syndicats ou coopérative
2085
éée par le service civil serait mise par l’État à
la
disposition des libres entreprises, syndicats ou coopératives, qui ju
2086
oopératives, qui justifieraient leur utilité pour
le
bien commun. 3) Perfectionnement technique. Nul n’aurait plus intérêt
2087
technique. Nul n’aurait plus intérêt à paralyser
l’
invention, puisqu’elle ne créerait plus de chômage technologique. Les
2088
ralyser l’invention, puisqu’elle ne créerait plus
de
chômage technologique. Les industriels hochèrent la tête. Ils ne croy
2089
u’elle ne créerait plus de chômage technologique.
Les
industriels hochèrent la tête. Ils ne croyaient pas qu’un simple civi
2090
chômage technologique. Les industriels hochèrent
la
tête. Ils ne croyaient pas qu’un simple civil pourrait du jour au len
2091
jour au lendemain se transformer en bon manœuvre.
Les
politiciens déclarèrent le projet utopique et d’ailleurs néfaste : il
2092
rmer en bon manœuvre. Les politiciens déclarèrent
le
projet utopique et d’ailleurs néfaste : il risquait de résoudre un co
2093
ojet utopique et d’ailleurs néfaste : il risquait
de
résoudre un conflit que leur tactique cherchait au contraire à rendre
2094
à rendre plus aigu. Conformément à leur doctrine,
les
personnalistes répondirent par un engagement personnel. Ils tentèrent
2095
pratique, à petite échelle. Dans plusieurs usines
de
la région parisienne, ils se firent embaucher par groupes, comme manœ
2096
tique, à petite échelle. Dans plusieurs usines de
la
région parisienne, ils se firent embaucher par groupes, comme manœuvr
2097
res. Au bout de trois jours, dans une manufacture
de
brosses à dents, l’un d’eux battit le record de production de l’ateli
2098
rs, dans une manufacture de brosses à dents, l’un
d’
eux battit le record de production de l’atelier. Il était éditeur de s
2099
manufacture de brosses à dents, l’un d’eux battit
le
record de production de l’atelier. Il était éditeur de son métier, et
2100
e de brosses à dents, l’un d’eux battit le record
de
production de l’atelier. Il était éditeur de son métier, et si peu ad
2101
dents, l’un d’eux battit le record de production
de
l’atelier. Il était éditeur de son métier, et si peu adroit de ses ma
2102
nts, l’un d’eux battit le record de production de
l’
atelier. Il était éditeur de son métier, et si peu adroit de ses mains
2103
cord de production de l’atelier. Il était éditeur
de
son métier, et si peu adroit de ses mains qu’il assurait être le seul
2104
Il était éditeur de son métier, et si peu adroit
de
ses mains qu’il assurait être le seul officier de réserve français qu
2105
et si peu adroit de ses mains qu’il assurait être
le
seul officier de réserve français qui se fût jamais blessé avec son p
2106
de ses mains qu’il assurait être le seul officier
de
réserve français qui se fût jamais blessé avec son propre sabre ! Les
2107
qui se fût jamais blessé avec son propre sabre !
Les
pionniers du service civil donnèrent leur salaire aux ouvriers qu’ils
2108
« relevé », leur assurant ainsi quelques semaines
de
vacances payées, à un moment où cette institution n’existait pas enco
2109
ette institution n’existait pas encore en France.
L’
expérience, dans l’ensemble, réussit brillamment. Je me suis étendu su
2110
existait pas encore en France. L’expérience, dans
l’
ensemble, réussit brillamment. Je me suis étendu sur cet exemple uniqu
2111
e suis étendu sur cet exemple unique pour décrire
le
climat de l’effort personnaliste. Il est clair que l’institution du s
2112
ndu sur cet exemple unique pour décrire le climat
de
l’effort personnaliste. Il est clair que l’institution du service civ
2113
sur cet exemple unique pour décrire le climat de
l’
effort personnaliste. Il est clair que l’institution du service civil
2114
limat de l’effort personnaliste. Il est clair que
l’
institution du service civil supposait une refonte générale de l’écono
2115
n du service civil supposait une refonte générale
de
l’économie, et notamment une discrimination très précise entre le tra
2116
u service civil supposait une refonte générale de
l’
économie, et notamment une discrimination très précise entre le travai
2117
t notamment une discrimination très précise entre
le
travail quantitatif (ou « parcellaire ») et le travail qualitatif ou
2118
re le travail quantitatif (ou « parcellaire ») et
le
travail qualitatif ou créateur. Le premier devait être entièrement so
2119
er devait être entièrement socialisé, et régi par
l’
État, qui assurerait d’autre part la distribution d’un minimum vital g
2120
, et régi par l’État, qui assurerait d’autre part
la
distribution d’un minimum vital gratuit pour tous. Le second devait r
2121
État, qui assurerait d’autre part la distribution
d’
un minimum vital gratuit pour tous. Le second devait rester libre, et
2122
tuit pour tous. Le second devait rester libre, et
d’
autant plus qu’il recevrait l’aide gratuite du service civil. L’État l
2123
it rester libre, et d’autant plus qu’il recevrait
l’
aide gratuite du service civil. L’État lui-même se trouverait réduit a
2124
qu’il recevrait l’aide gratuite du service civil.
L’
État lui-même se trouverait réduit au rôle précis et limité d’agence d
2125
ême se trouverait réduit au rôle précis et limité
d’
agence de statistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus
2126
ouverait réduit au rôle précis et limité d’agence
de
statistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus social,
2127
rôle précis et limité d’agence de statistique et
de
répartition de la main-d’œuvre et du bonus social, au profit des entr
2128
limité d’agence de statistique et de répartition
de
la main-d’œuvre et du bonus social, au profit des entreprises libres
2129
mité d’agence de statistique et de répartition de
la
main-d’œuvre et du bonus social, au profit des entreprises libres et
2130
entreprises libres et des groupes coopératifs.
La
notion de groupe L’un des traits marquants du mouvement personnali
2131
s libres et des groupes coopératifs. La notion
de
groupe L’un des traits marquants du mouvement personnaliste, c’est
2132
mouvement personnaliste, c’est son insistance sur
la
nécessité des groupes autonomes et organiques. Elle coïncide avec la
2133
oupes autonomes et organiques. Elle coïncide avec
la
découverte la plus importante de notre siècle : celle de l’être-en-re
2134
s et organiques. Elle coïncide avec la découverte
la
plus importante de notre siècle : celle de l’être-en-relations. Que c
2135
le coïncide avec la découverte la plus importante
de
notre siècle : celle de l’être-en-relations. Que ce soit dans le doma
2136
uverte la plus importante de notre siècle : celle
de
l’être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de la physique ou ce
2137
rte la plus importante de notre siècle : celle de
l’
être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de la physique ou celui
2138
: celle de l’être-en-relations. Que ce soit dans
le
domaine de la physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, e
2139
l’être-en-relations. Que ce soit dans le domaine
de
la physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, en politique
2140
être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de
la
physique ou celui de la sociologie, en mathématiques, en politique, e
2141
e ce soit dans le domaine de la physique ou celui
de
la sociologie, en mathématiques, en politique, en économie, les meill
2142
e soit dans le domaine de la physique ou celui de
la
sociologie, en mathématiques, en politique, en économie, les meilleur
2143
gie, en mathématiques, en politique, en économie,
les
meilleurs esprits de ce temps sont parvenus à des conclusions analogu
2144
en politique, en économie, les meilleurs esprits
de
ce temps sont parvenus à des conclusions analogues : il n’est possibl
2145
s à des conclusions analogues : il n’est possible
de
parler de réalité, de mesure, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe
2146
nclusions analogues : il n’est possible de parler
de
réalité, de mesure, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe donné de
2147
alogues : il n’est possible de parler de réalité,
de
mesure, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe donné de forces. L’ho
2148
’est possible de parler de réalité, de mesure, ou
d’
efficacité, qu’au sein d’un groupe donné de forces. L’homme, par exemp
2149
re, ou d’efficacité, qu’au sein d’un groupe donné
de
forces. L’homme, par exemple, n’est réel que dans une communauté ni t
2150
ficacité, qu’au sein d’un groupe donné de forces.
L’
homme, par exemple, n’est réel que dans une communauté ni trop étroite
2151
yé dans une collectivité informe, il sera frustré
de
toute possibilité de se faire entendre ou d’agir personnellement. Il
2152
ité informe, il sera frustré de toute possibilité
de
se faire entendre ou d’agir personnellement. Il n’existe vraiment com
2153
stré de toute possibilité de se faire entendre ou
d’
agir personnellement. Il n’existe vraiment comme personne que dans un
2154
xiste vraiment comme personne que dans un cadre à
la
mesure humaine, dans un groupe : entreprise ou commune, patrie locale
2155
ise ou commune, patrie locale ou cercle invisible
d’
esprits apparentés dans le monde entier. Mais cette image d’un univers
2156
ale ou cercle invisible d’esprits apparentés dans
le
monde entier. Mais cette image d’un univers composé de groupements au
2157
apparentés dans le monde entier. Mais cette image
d’
un univers composé de groupements autonomes en perpétuelle interaction
2158
nde entier. Mais cette image d’un univers composé
de
groupements autonomes en perpétuelle interaction n’a pas encore été t
2159
s institutions. Nos nations sont restées au stade
de
la classification des corps simples par Mendeleïev, quand nous en som
2160
nstitutions. Nos nations sont restées au stade de
la
classification des corps simples par Mendeleïev, quand nous en sommes
2161
es par Mendeleïev, quand nous en sommes au siècle
de
la physique quantique. La paresse d’esprit et l’inertie ont laissé se
2162
par Mendeleïev, quand nous en sommes au siècle de
la
physique quantique. La paresse d’esprit et l’inertie ont laissé se co
2163
ous en sommes au siècle de la physique quantique.
La
paresse d’esprit et l’inertie ont laissé se constituer au xxe siècle
2164
es au siècle de la physique quantique. La paresse
d’
esprit et l’inertie ont laissé se constituer au xxe siècle des cadres
2165
de la physique quantique. La paresse d’esprit et
l’
inertie ont laissé se constituer au xxe siècle des cadres démesurés,
2166
siècle des cadres démesurés, simplifiés jusqu’à
la
démence et rigides comme elle, qui pèsent lourdement sur nos activité
2167
me elle, qui pèsent lourdement sur nos activités.
L’
État centralisé et sa bureaucratie abstraite tendent à détruire les gr
2168
é et sa bureaucratie abstraite tendent à détruire
les
groupes organiques, à leur imposer en dépit du bon sens des frontière
2169
régime uniforme. C’est pourquoi, se plaçant dans
la
ligne des forces les plus actives, sinon les plus spectaculaires du s
2170
est pourquoi, se plaçant dans la ligne des forces
les
plus actives, sinon les plus spectaculaires du siècle, le personnalis
2171
dans la ligne des forces les plus actives, sinon
les
plus spectaculaires du siècle, le personnalisme se déclara fédéralist
2172
actives, sinon les plus spectaculaires du siècle,
le
personnalisme se déclara fédéraliste, ou « pluraliste ». Au centre un
2173
ou « pluraliste ». Au centre unique, étendant sur
l’
économie, la vie politique et les coutumes d’un pays le carcan géométr
2174
ste ». Au centre unique, étendant sur l’économie,
la
vie politique et les coutumes d’un pays le carcan géométrique de ses
2175
que, étendant sur l’économie, la vie politique et
les
coutumes d’un pays le carcan géométrique de ses décrets, le personnal
2176
sur l’économie, la vie politique et les coutumes
d’
un pays le carcan géométrique de ses décrets, le personnalisme opposai
2177
nomie, la vie politique et les coutumes d’un pays
le
carcan géométrique de ses décrets, le personnalisme opposait les foye
2178
e et les coutumes d’un pays le carcan géométrique
de
ses décrets, le personnalisme opposait les foyers rayonnants de créat
2179
s d’un pays le carcan géométrique de ses décrets,
le
personnalisme opposait les foyers rayonnants de création locale : ent
2180
étrique de ses décrets, le personnalisme opposait
les
foyers rayonnants de création locale : entreprise et commune à la bas
2181
, le personnalisme opposait les foyers rayonnants
de
création locale : entreprise et commune à la base, librement fédérées
2182
ants de création locale : entreprise et commune à
la
base, librement fédérées par bassins naturels, par-dessus les frontiè
2183
brement fédérées par bassins naturels, par-dessus
les
frontières nationales, au besoin. Je donnerai deux exemples des consé
2184
eux exemples des conséquences pratiques découlant
de
cette attitude doctrinale. Dès 1937, l’Ordre nouveau avait dénoncé l’
2185
ctrinale. Dès 1937, l’Ordre nouveau avait dénoncé
l’
organisation hypercentralisée de l’armée française, copiée sur la cent
2186
eau avait dénoncé l’organisation hypercentralisée
de
l’armée française, copiée sur la centralisation politique de la natio
2187
avait dénoncé l’organisation hypercentralisée de
l’
armée française, copiée sur la centralisation politique de la nation.
2188
hypercentralisée de l’armée française, copiée sur
la
centralisation politique de la nation. La France avait des frontières
2189
française, copiée sur la centralisation politique
de
la nation. La France avait des frontières rigides et un centre unique
2190
nçaise, copiée sur la centralisation politique de
la
nation. La France avait des frontières rigides et un centre unique, P
2191
iée sur la centralisation politique de la nation.
La
France avait des frontières rigides et un centre unique, Paris. Entre
2192
ntières rigides et un centre unique, Paris. Entre
les
deux, le vide, l’espace abstrait. Les personnalistes proposaient au c
2193
gides et un centre unique, Paris. Entre les deux,
le
vide, l’espace abstrait. Les personnalistes proposaient au contraire
2194
un centre unique, Paris. Entre les deux, le vide,
l’
espace abstrait. Les personnalistes proposaient au contraire un systèm
2195
aris. Entre les deux, le vide, l’espace abstrait.
Les
personnalistes proposaient au contraire un système de foyers de résis
2196
ersonnalistes proposaient au contraire un système
de
foyers de résistance élevés dans toute la profondeur du pays, et une
2197
tes proposaient au contraire un système de foyers
de
résistance élevés dans toute la profondeur du pays, et une mobilisati
2198
système de foyers de résistance élevés dans toute
la
profondeur du pays, et une mobilisation fortement décentralisée. C’ét
2199
isation fortement décentralisée. C’était en somme
le
système militaire de la Suisse, traduisant un régime fédéraliste. Les
2200
entralisée. C’était en somme le système militaire
de
la Suisse, traduisant un régime fédéraliste. Les événements de 1940 e
2201
ralisée. C’était en somme le système militaire de
la
Suisse, traduisant un régime fédéraliste. Les événements de 1940 et t
2202
e de la Suisse, traduisant un régime fédéraliste.
Les
événements de 1940 et toute l’évolution ultérieure de la guerre ont a
2203
traduisant un régime fédéraliste. Les événements
de
1940 et toute l’évolution ultérieure de la guerre ont amplement confi
2204
gime fédéraliste. Les événements de 1940 et toute
l’
évolution ultérieure de la guerre ont amplement confirmé ces vues. L’U
2205
vénements de 1940 et toute l’évolution ultérieure
de
la guerre ont amplement confirmé ces vues. L’Underground, dans plusie
2206
ements de 1940 et toute l’évolution ultérieure de
la
guerre ont amplement confirmé ces vues. L’Underground, dans plusieurs
2207
ure de la guerre ont amplement confirmé ces vues.
L’
Underground, dans plusieurs pays, en a glorieusement confirmé l’effica
2208
dans plusieurs pays, en a glorieusement confirmé
l’
efficacité. Les groupes personnalistes critiquaient également la press
2209
s pays, en a glorieusement confirmé l’efficacité.
Les
groupes personnalistes critiquaient également la presse en France. Vé
2210
Les groupes personnalistes critiquaient également
la
presse en France. Vénale, pauvre en informations, ou mensongère, elle
2211
ations, ou mensongère, elle ne reflétait plus que
l’
anarchie capitaliste, non le pays réel. Que faire contre ce mal, sans
2212
ne reflétait plus que l’anarchie capitaliste, non
le
pays réel. Que faire contre ce mal, sans capitaux énormes ? Les perso
2213
Que faire contre ce mal, sans capitaux énormes ?
Les
personnalistes organisèrent des « clubs de presse ». Dans chaque quar
2214
mes ? Les personnalistes organisèrent des « clubs
de
presse ». Dans chaque quartier de grande ville, dans chaque commune,
2215
ent des « clubs de presse ». Dans chaque quartier
de
grande ville, dans chaque commune, des correspondants devaient groupe
2216
i transmettre des informations vraies (celles que
la
presse passait sous silence), lui révéler les secrets de la vénalité
2217
que la presse passait sous silence), lui révéler
les
secrets de la vénalité des grands journaux, et recueillir une documen
2218
se passait sous silence), lui révéler les secrets
de
la vénalité des grands journaux, et recueillir une documentation loca
2219
passait sous silence), lui révéler les secrets de
la
vénalité des grands journaux, et recueillir une documentation locale
2220
umentation locale précise et humaine. Un bulletin
de
liaison alimentait les clubs. Tout était préparé pour sa transmission
2221
ise et humaine. Un bulletin de liaison alimentait
les
clubs. Tout était préparé pour sa transmission en cas de crise révolu
2222
s. Tout était préparé pour sa transmission en cas
de
crise révolutionnaire ou d’invasion, Les Clubs de presse personnalist
2223
a transmission en cas de crise révolutionnaire ou
d’
invasion, Les Clubs de presse personnalistes fournirent ainsi le premi
2224
on en cas de crise révolutionnaire ou d’invasion,
Les
Clubs de presse personnalistes fournirent ainsi le premier modèle des
2225
de crise révolutionnaire ou d’invasion, Les Clubs
de
presse personnalistes fournirent ainsi le premier modèle des publicat
2226
ainsi le premier modèle des publications fameuses
de
l’Underground. État présent et avenir du mouvement À la veille
2227
si le premier modèle des publications fameuses de
l’
Underground. État présent et avenir du mouvement À la veille de
2228
ound. État présent et avenir du mouvement À
la
veille de la guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les impl
2229
tat présent et avenir du mouvement À la veille
de
la guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les implications d
2230
présent et avenir du mouvement À la veille de
la
guerre, le personnalisme avait réussi à dégager les implications de s
2231
avenir du mouvement À la veille de la guerre,
le
personnalisme avait réussi à dégager les implications de sa doctrine
2232
a guerre, le personnalisme avait réussi à dégager
les
implications de sa doctrine dans les plans les plus divers. Il était
2233
onnalisme avait réussi à dégager les implications
de
sa doctrine dans les plans les plus divers. Il était prêt à déclenche
2234
si à dégager les implications de sa doctrine dans
les
plans les plus divers. Il était prêt à déclencher une action en profo
2235
er les implications de sa doctrine dans les plans
les
plus divers. Il était prêt à déclencher une action en profondeur d’ab
2236
profondeur d’abord, puis publique. Une trentaine
de
volumes, deux revues, un hebdomadaire, des bulletins, brochures et tr
2237
tins, brochures et tracts, répandaient ses idées.
Les
nazis avaient délégué leur représentant en France, Abetz, au soin d’o
2238
légué leur représentant en France, Abetz, au soin
d’
observer de très près ce développement inquiétant. Mais les personnali
2239
représentant en France, Abetz, au soin d’observer
de
très près ce développement inquiétant. Mais les personnalistes mesura
2240
er de très près ce développement inquiétant. Mais
les
personnalistes mesuraient sans illusions les obstacles qui leur barra
2241
Mais les personnalistes mesuraient sans illusions
les
obstacles qui leur barraient encore la route. Ils souffraient tout d’
2242
illusions les obstacles qui leur barraient encore
la
route. Ils souffraient tout d’abord d’une qualité et d’un défaut bien
2243
ent encore la route. Ils souffraient tout d’abord
d’
une qualité et d’un défaut bien typiquement français : le sérieux et l
2244
te. Ils souffraient tout d’abord d’une qualité et
d’
un défaut bien typiquement français : le sérieux et l’excès d’idées ne
2245
ualité et d’un défaut bien typiquement français :
le
sérieux et l’excès d’idées neuves. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à le
2246
défaut bien typiquement français : le sérieux et
l’
excès d’idées neuves. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à leur action : le
2247
bien typiquement français : le sérieux et l’excès
d’
idées neuves. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à leur action : les grands
2248
çais : le sérieux et l’excès d’idées neuves. Hors
d’
eux-mêmes s’opposaient à leur action : les grands intérêts capitaliste
2249
es. Hors d’eux-mêmes s’opposaient à leur action :
les
grands intérêts capitalistes, les politiciens démagogues, l’insoucian
2250
à leur action : les grands intérêts capitalistes,
les
politiciens démagogues, l’insouciance générale à la veille d’un désas
2251
ntérêts capitalistes, les politiciens démagogues,
l’
insouciance générale à la veille d’un désastre prévisible, les préjugé
2252
politiciens démagogues, l’insouciance générale à
la
veille d’un désastre prévisible, les préjugés de droite et de gauche,
2253
ns démagogues, l’insouciance générale à la veille
d’
un désastre prévisible, les préjugés de droite et de gauche, le manque
2254
ce générale à la veille d’un désastre prévisible,
les
préjugés de droite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de p
2255
la veille d’un désastre prévisible, les préjugés
de
droite et de gauche, le manque d’argent et de moyens de pression coll
2256
un désastre prévisible, les préjugés de droite et
de
gauche, le manque d’argent et de moyens de pression collectifs. Il va
2257
prévisible, les préjugés de droite et de gauche,
le
manque d’argent et de moyens de pression collectifs. Il valait mieux
2258
e, les préjugés de droite et de gauche, le manque
d’
argent et de moyens de pression collectifs. Il valait mieux attendre e
2259
gés de droite et de gauche, le manque d’argent et
de
moyens de pression collectifs. Il valait mieux attendre encore un tem
2260
ite et de gauche, le manque d’argent et de moyens
de
pression collectifs. Il valait mieux attendre encore un temps, plutôt
2261
valait mieux attendre encore un temps, plutôt que
de
s’engager dans une propagande trop coûteuse pour rester pure. Au rest
2262
pagande trop coûteuse pour rester pure. Au reste,
la
doctrine personnaliste impliquait un progrès organique, forcément len
2263
progrès organique, forcément lent. Il s’agissait
de
gagner des hommes, un à un, non des masses. La guerre et l’invasion o
2264
it de gagner des hommes, un à un, non des masses.
La
guerre et l’invasion obligèrent le mouvement à « disparaître ». Dans
2265
des hommes, un à un, non des masses. La guerre et
l’
invasion obligèrent le mouvement à « disparaître ». Dans l’intervalle
2266
on des masses. La guerre et l’invasion obligèrent
le
mouvement à « disparaître ». Dans l’intervalle entre l’armistice de j
2267
n obligèrent le mouvement à « disparaître ». Dans
l’
intervalle entre l’armistice de juin 1940 et la suppression de toute e
2268
vement à « disparaître ». Dans l’intervalle entre
l’
armistice de juin 1940 et la suppression de toute expression libre par
2269
isparaître ». Dans l’intervalle entre l’armistice
de
juin 1940 et la suppression de toute expression libre par Vichy, la r
2270
ns l’intervalle entre l’armistice de juin 1940 et
la
suppression de toute expression libre par Vichy, la revue Esprit vi
2271
entre l’armistice de juin 1940 et la suppression
de
toute expression libre par Vichy, la revue Esprit vit son tirage qu
2272
suppression de toute expression libre par Vichy,
la
revue Esprit vit son tirage quintupler en quelques mois. Puis elle
2273
pler en quelques mois. Puis elle fut interdite, à
la
suite d’un article contre Pétain, son directeur et plusieurs de ses r
2274
uelques mois. Puis elle fut interdite, à la suite
d’
un article contre Pétain, son directeur et plusieurs de ses rédacteurs
2275
article contre Pétain, son directeur et plusieurs
de
ses rédacteurs emprisonnés. Nul autre mouvement ne me paraît mieux ap
2276
eux apte à inspirer ceux qui demandent un monde à
la
mesure de l’homme, non plus à celle des monstres nés de son anxiété,
2277
inspirer ceux qui demandent un monde à la mesure
de
l’homme, non plus à celle des monstres nés de son anxiété, de sa pare
2278
spirer ceux qui demandent un monde à la mesure de
l’
homme, non plus à celle des monstres nés de son anxiété, de sa paresse
2279
ure de l’homme, non plus à celle des monstres nés
de
son anxiété, de sa paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple : l
2280
non plus à celle des monstres nés de son anxiété,
de
sa paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple : le bassin houille
2281
des monstres nés de son anxiété, de sa paresse ou
de
son manque de foi. 8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux
2282
és de son anxiété, de sa paresse ou de son manque
de
foi. 8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux de la Sarre co
2283
paresse ou de son manque de foi. 8. Exemple :
le
bassin houiller et ferrugineux de la Sarre coupé en deux par une fron
2284
8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux
de
la Sarre coupé en deux par une frontière correspondant aux langues.
2285
8. Exemple : le bassin houiller et ferrugineux de
la
Sarre coupé en deux par une frontière correspondant aux langues. l.
2286
e correspondant aux langues. l. Rougemont Denis
de
, « L’attitude personnaliste », Le Monde libre, New York, Montréal, oc
2287
espondant aux langues. l. Rougemont Denis de, «
L’
attitude personnaliste », Le Monde libre, New York, Montréal, octobre
2288
Rougemont Denis de, « L’attitude personnaliste »,
Le
Monde libre, New York, Montréal, octobre 1944, p. 69-72.
2289
démocrate et le second totalitaire. On peut aussi
les
nommer Pierre et Paul, ou moi et l’autre, ou nous et l’ennemi : car «
2290
mer Pierre et Paul, ou moi et l’autre, ou nous et
l’
ennemi : car « la seule chose qui importe est de gagner la guerre ». L
2291
l, ou moi et l’autre, ou nous et l’ennemi : car «
la
seule chose qui importe est de gagner la guerre ». Là-dessus, nous to
2292
t l’ennemi : car « la seule chose qui importe est
de
gagner la guerre ». Là-dessus, nous tombons d’accord. Mais sur le sen
2293
: car « la seule chose qui importe est de gagner
la
guerre ». Là-dessus, nous tombons d’accord. Mais sur le sens des mots
2294
rre ». Là-dessus, nous tombons d’accord. Mais sur
le
sens des mots gagner la guerre, je trouve très peu d’accord autour de
2295
ombons d’accord. Mais sur le sens des mots gagner
la
guerre, je trouve très peu d’accord autour de moi. Si j’essayais de m
2296
ve très peu d’accord autour de moi. Si j’essayais
de
m’entendre d’abord ? Et de comprendre, s’il se peut, la question que
2297
de moi. Si j’essayais de m’entendre d’abord ? Et
de
comprendre, s’il se peut, la question que cette guerre pose et ne peu
2298
ntendre d’abord ? Et de comprendre, s’il se peut,
la
question que cette guerre pose et ne peut résoudre. ⁂ Par dépit, par
2299
résoudre. ⁂ Par dépit, par fatigue, ou par esprit
de
polémique, beaucoup de penseurs ont estimé depuis cent ans que les ré
2300
aucoup de penseurs ont estimé depuis cent ans que
les
réalités économiques étaient plus fortes que l’esprit et que ses choi
2301
les réalités économiques étaient plus fortes que
l’
esprit et que ses choix. Or ces réalités ne faisaient que traduire en
2302
ltats et non pas causes. Car il n’y a pas d’abord
la
loi de l’offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos dem
2303
t non pas causes. Car il n’y a pas d’abord la loi
de
l’offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes,
2304
on pas causes. Car il n’y a pas d’abord la loi de
l’
offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, sel
2305
es. Car il n’y a pas d’abord la loi de l’offre et
de
la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, selon nos rêve
2306
Car il n’y a pas d’abord la loi de l’offre et de
la
demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, selon nos rêves e
2307
n nos rêves et nos passions. Il n’y a pas d’abord
les
machines puis une société qui doit subir leurs lois, mais il y a d’ab
2308
s, mais il y a d’abord des hommes qui choisissent
de
construire des machines plutôt que d’avoir faim, ou de chercher la sa
2309
choisissent de construire des machines plutôt que
d’
avoir faim, ou de chercher la sagesse, ou de prier devant un symbole a
2310
nstruire des machines plutôt que d’avoir faim, ou
de
chercher la sagesse, ou de prier devant un symbole ancestral. Il n’y
2311
machines plutôt que d’avoir faim, ou de chercher
la
sagesse, ou de prier devant un symbole ancestral. Il n’y a pas d’abor
2312
t que d’avoir faim, ou de chercher la sagesse, ou
de
prier devant un symbole ancestral. Il n’y a pas d’abord les faits et
2313
devant un symbole ancestral. Il n’y a pas d’abord
les
faits et puis l’humanité qu’ils guident ou blessent, mais il y a d’ab
2314
ancestral. Il n’y a pas d’abord les faits et puis
l’
humanité qu’ils guident ou blessent, mais il y a d’abord l’humanité cr
2315
é qu’ils guident ou blessent, mais il y a d’abord
l’
humanité créatrice ou malade, et puis des faits qui expriment avec un
2316
ce génie ou cette maladie. (Postérité, je rougis
de
tant de platitudes, mais de mon temps on les taxait de paradoxes.) Ai
2317
(Postérité, je rougis de tant de platitudes, mais
de
mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle :
2318
ougis de tant de platitudes, mais de mon temps on
les
taxait de paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe de voi
2319
nt de platitudes, mais de mon temps on les taxait
de
paradoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe de voir qu’elle
2320
s de mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi
de
la guerre actuelle : il importe de voir qu’elle se passe d’abord en c
2321
e mon temps on les taxait de paradoxes.) Ainsi de
la
guerre actuelle : il importe de voir qu’elle se passe d’abord en chac
2322
adoxes.) Ainsi de la guerre actuelle : il importe
de
voir qu’elle se passe d’abord en chacun de nous, et qu’elle figure da
2323
mporte de voir qu’elle se passe d’abord en chacun
de
nous, et qu’elle figure dans son ensemble la crise d’un conflit psych
2324
acun de nous, et qu’elle figure dans son ensemble
la
crise d’un conflit psychologique de proportions mondiales, de portée
2325
ous, et qu’elle figure dans son ensemble la crise
d’
un conflit psychologique de proportions mondiales, de portée séculaire
2326
son ensemble la crise d’un conflit psychologique
de
proportions mondiales, de portée séculaire. ⁂ Lorsqu’un individu refo
2327
n conflit psychologique de proportions mondiales,
de
portée séculaire. ⁂ Lorsqu’un individu refoule pendant longtemps ses
2328
lle, intuitive, etc. et se réduit théoriquement à
la
raison commune, il arrive que les facultés exilées dans son inconscie
2329
théoriquement à la raison commune, il arrive que
les
facultés exilées dans son inconscient se révoltent soudain et l’attaq
2330
lées dans son inconscient se révoltent soudain et
l’
attaquent en force, par une espèce d’éruption volcanique nommée névros
2331
t soudain et l’attaquent en force, par une espèce
d’
éruption volcanique nommée névrose. Alors l’homme se croit menacé par
2332
spèce d’éruption volcanique nommée névrose. Alors
l’
homme se croit menacé par ce qu’il appelle des esprits. Il est victime
2333
par ce qu’il appelle des esprits. Il est victime
de
terreurs inexplicables. Des cauchemars envahissent sa vie quotidienne
2334
s. Des cauchemars envahissent sa vie quotidienne,
le
persécutent et lui rendent l’existence impossible. Il se persuade que
2335
sa vie quotidienne, le persécutent et lui rendent
l’
existence impossible. Il se persuade que des forces absolument distinc
2336
se persuade que des forces absolument distinctes
de
son être l’attaquent avec une férocité sans précédent. Il devient ali
2337
que des forces absolument distinctes de son être
l’
attaquent avec une férocité sans précédent. Il devient aliéné, c’est-à
2338
nt. Il devient aliéné, c’est-à-dire qu’il devient
la
proie d’un autre. Un médecin qu’il jugera très brutal et hostile lui
2339
vient aliéné, c’est-à-dire qu’il devient la proie
d’
un autre. Un médecin qu’il jugera très brutal et hostile lui suggère a
2340
alors que cet « autre » n’est en fait qu’une part
de
lui-même. S’il comprend cela et s’il le croit, le malade guérira peut
2341
’une part de lui-même. S’il comprend cela et s’il
le
croit, le malade guérira peut-être. Sinon, il faudra l’enfermer dans
2342
de lui-même. S’il comprend cela et s’il le croit,
le
malade guérira peut-être. Sinon, il faudra l’enfermer dans une camiso
2343
it, le malade guérira peut-être. Sinon, il faudra
l’
enfermer dans une camisole de force. Il ne fera plus de mal, mais il r
2344
re. Sinon, il faudra l’enfermer dans une camisole
de
force. Il ne fera plus de mal, mais il restera fou. Au Moyen Âge, on
2345
ermer dans une camisole de force. Il ne fera plus
de
mal, mais il restera fou. Au Moyen Âge, on disait qu’un tel homme éta
2346
e, on disait qu’un tel homme était possédé, et on
l’
exorcisait par des cérémonies souvent efficaces. Au xixe siècle, on d
2347
s. Au xixe siècle, on disait qu’il était fou, et
l’
on essayait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à la raison, p
2348
disait qu’il était fou, et l’on essayait d’abord
de
le raisonner, puis de le réduire à la raison, par des procédés contra
2349
sait qu’il était fou, et l’on essayait d’abord de
le
raisonner, puis de le réduire à la raison, par des procédés contraign
2350
u, et l’on essayait d’abord de le raisonner, puis
de
le réduire à la raison, par des procédés contraignants. En cas d’éche
2351
et l’on essayait d’abord de le raisonner, puis de
le
réduire à la raison, par des procédés contraignants. En cas d’échec,
2352
ait d’abord de le raisonner, puis de le réduire à
la
raison, par des procédés contraignants. En cas d’échec, on le mettait
2353
la raison, par des procédés contraignants. En cas
d’
échec, on le mettait derrière des barreaux. La guerre actuelle est une
2354
ar des procédés contraignants. En cas d’échec, on
le
mettait derrière des barreaux. La guerre actuelle est une névrose col
2355
cas d’échec, on le mettait derrière des barreaux.
La
guerre actuelle est une névrose collective que nous sommes en train d
2356
ollective que nous sommes en train de traiter par
les
méthodes les plus propres à l’aggraver, après l’avoir provoquée : les
2357
nous sommes en train de traiter par les méthodes
les
plus propres à l’aggraver, après l’avoir provoquée : les méthodes du
2358
in de traiter par les méthodes les plus propres à
l’
aggraver, après l’avoir provoquée : les méthodes du siècle dernier, ra
2359
les méthodes les plus propres à l’aggraver, après
l’
avoir provoquée : les méthodes du siècle dernier, rationalistes ou pun
2360
s propres à l’aggraver, après l’avoir provoquée :
les
méthodes du siècle dernier, rationalistes ou punitives. Le malade, c’
2361
es du siècle dernier, rationalistes ou punitives.
Le
malade, c’est l’humanité. La partie consciente de l’humanité se voit
2362
ier, rationalistes ou punitives. Le malade, c’est
l’
humanité. La partie consciente de l’humanité se voit attaquée par des
2363
listes ou punitives. Le malade, c’est l’humanité.
La
partie consciente de l’humanité se voit attaquée par des figures de c
2364
Le malade, c’est l’humanité. La partie consciente
de
l’humanité se voit attaquée par des figures de cauchemar qui symbolis
2365
malade, c’est l’humanité. La partie consciente de
l’
humanité se voit attaquée par des figures de cauchemar qui symbolisent
2366
te de l’humanité se voit attaquée par des figures
de
cauchemar qui symbolisent un inconscient trop longtemps opprimé, nié,
2367
ngtemps opprimé, nié, laissé inculte9. On a tenté
de
raisonner cet inconscient et de le forcer à se tenir tranquille. Priv
2368
ulte9. On a tenté de raisonner cet inconscient et
de
le forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens de s’exprimer à sa m
2369
e9. On a tenté de raisonner cet inconscient et de
le
forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens de s’exprimer à sa mani
2370
ient et de le forcer à se tenir tranquille. Privé
de
moyens de s’exprimer à sa manière, affolé par nos arguments, il n’a p
2371
le forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens
de
s’exprimer à sa manière, affolé par nos arguments, il n’a plus trouvé
2372
ère, affolé par nos arguments, il n’a plus trouvé
d’
autre issue que dans une révolte explosive. Le cauchemar envahit la pl
2373
uvé d’autre issue que dans une révolte explosive.
Le
cauchemar envahit la planète. L’humanité comme aliénée se flagella et
2374
dans une révolte explosive. Le cauchemar envahit
la
planète. L’humanité comme aliénée se flagella et se meurtrit : elle f
2375
volte explosive. Le cauchemar envahit la planète.
L’
humanité comme aliénée se flagella et se meurtrit : elle fait la guerr
2376
me aliénée se flagella et se meurtrit : elle fait
la
guerre. Exactement, elle se la fait. Elle ne tardera pas à tomber épu
2377
urtrit : elle fait la guerre. Exactement, elle se
la
fait. Elle ne tardera pas à tomber épuisée et à se passer la camisole
2378
le ne tardera pas à tomber épuisée et à se passer
la
camisole de force d’un régime d’ordre pour incurables : ce sera la pa
2379
a pas à tomber épuisée et à se passer la camisole
de
force d’un régime d’ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé
2380
omber épuisée et à se passer la camisole de force
d’
un régime d’ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé vaudrait
2381
e et à se passer la camisole de force d’un régime
d’
ordre pour incurables : ce sera la paix. La santé vaudrait mieux. ⁂ Ce
2382
rce d’un régime d’ordre pour incurables : ce sera
la
paix. La santé vaudrait mieux. ⁂ Ces remarques m’amènent à une propos
2383
régime d’ordre pour incurables : ce sera la paix.
La
santé vaudrait mieux. ⁂ Ces remarques m’amènent à une proposition que
2384
je voudrais défendre et illustrer dans une série
d’
écrits à venir : il est temps que la pensée politique rejoigne la psyc
2385
ans une série d’écrits à venir : il est temps que
la
pensée politique rejoigne la psychologie contemporaine. Depuis quatr
2386
r : il est temps que la pensée politique rejoigne
la
psychologie contemporaine. Depuis quatre ans, nous essayons de mener
2387
contemporaine. Depuis quatre ans, nous essayons
de
mener la guerre psychologique10 à l’instar des nazis qui l’avaient in
2388
raine. Depuis quatre ans, nous essayons de mener
la
guerre psychologique10 à l’instar des nazis qui l’avaient inventée. A
2389
ous essayons de mener la guerre psychologique10 à
l’
instar des nazis qui l’avaient inventée. Au seuil de la paix, il est t
2390
a guerre psychologique10 à l’instar des nazis qui
l’
avaient inventée. Au seuil de la paix, il est temps de chercher au moi
2391
instar des nazis qui l’avaient inventée. Au seuil
de
la paix, il est temps de chercher au moins les principes d’une politi
2392
tar des nazis qui l’avaient inventée. Au seuil de
la
paix, il est temps de chercher au moins les principes d’une politique
2393
aient inventée. Au seuil de la paix, il est temps
de
chercher au moins les principes d’une politique psychologique. Je ne
2394
uil de la paix, il est temps de chercher au moins
les
principes d’une politique psychologique. Je ne parle pas de propagand
2395
, il est temps de chercher au moins les principes
d’
une politique psychologique. Je ne parle pas de propagande : celle-ci
2396
es d’une politique psychologique. Je ne parle pas
de
propagande : celle-ci n’est qu’une tactique de bombardement. La polit
2397
as de propagande : celle-ci n’est qu’une tactique
de
bombardement. La politique que j’imagine serait une cure. Mais avant
2398
: celle-ci n’est qu’une tactique de bombardement.
La
politique que j’imagine serait une cure. Mais avant de l’entreprendre
2399
ique que j’imagine serait une cure. Mais avant de
l’
entreprendre, il nous faudrait un diagnostic. Tentons d’en indiquer le
2400
eprendre, il nous faudrait un diagnostic. Tentons
d’
en indiquer les premiers éléments. Si cette génération n’a pas le cour
2401
es premiers éléments. Si cette génération n’a pas
le
courage de s’avouer plus profondément qu’aucune autre, il ne faut en
2402
éléments. Si cette génération n’a pas le courage
de
s’avouer plus profondément qu’aucune autre, il ne faut en attendre ri
2403
ment qu’aucune autre, il ne faut en attendre rien
de
bon, ni rien de grand, ni rien de vrai. Essayons une autoanalyse. C’e
2404
utre, il ne faut en attendre rien de bon, ni rien
de
grand, ni rien de vrai. Essayons une autoanalyse. C’est notre chance
2405
n attendre rien de bon, ni rien de grand, ni rien
de
vrai. Essayons une autoanalyse. C’est notre chance peut-être unique.
2406
analyse. C’est notre chance peut-être unique. 1.
La
guerre nous plaît. Toutes ses victimes le nient, et presque tous ceux
2407
ue. 1. La guerre nous plaît. Toutes ses victimes
le
nient, et presque tous ceux qu’elle fait vivre. Je dis que la guerre
2408
presque tous ceux qu’elle fait vivre. Je dis que
la
guerre nous plaît inconsciemment. Autrement, elle serait impossible.
2409
ait impossible. Tous, nous sommes contre, et nous
la
faisons tous : expliquez cela. — « Ce sont les autres. » Mais ils le
2410
ous la faisons tous : expliquez cela. — « Ce sont
les
autres. » Mais ils le disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le dro
2411
xpliquez cela. — « Ce sont les autres. » Mais ils
le
disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de le dire. » Somme
2412
s ils le disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas
le
droit de le dire. » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nou
2413
disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit
de
le dire. » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait en
2414
ent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de
le
dire. » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquê
2415
n’ont pas le droit de le dire. » Sommes-nous sûrs
de
l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquête avant de partir ? Sommes-
2416
nt pas le droit de le dire. » Sommes-nous sûrs de
l’
avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquête avant de partir ? Sommes-nou
2417
nd cela serait, ce ne serait pas grand-chose. Car
la
guerre ne résulte pas d’une opération légale ou d’une enquête scienti
2418
ait pas grand-chose. Car la guerre ne résulte pas
d’
une opération légale ou d’une enquête scientifique, mais elle ressembl
2419
a guerre ne résulte pas d’une opération légale ou
d’
une enquête scientifique, mais elle ressemble à une colère, à une pert
2420
ue, mais elle ressemble à une colère, à une perte
de
patience ou de maîtrise de soi, à la réaction automatique d’un mystér
2421
essemble à une colère, à une perte de patience ou
de
maîtrise de soi, à la réaction automatique d’un mystérieux sens de l’
2422
ne colère, à une perte de patience ou de maîtrise
de
soi, à la réaction automatique d’un mystérieux sens de l’honneur bles
2423
à une perte de patience ou de maîtrise de soi, à
la
réaction automatique d’un mystérieux sens de l’honneur blessé. Flamme
2424
ou de maîtrise de soi, à la réaction automatique
d’
un mystérieux sens de l’honneur blessé. Flamme aveuglante, vague de sa
2425
i, à la réaction automatique d’un mystérieux sens
de
l’honneur blessé. Flamme aveuglante, vague de sang, terreur froide, o
2426
à la réaction automatique d’un mystérieux sens de
l’
honneur blessé. Flamme aveuglante, vague de sang, terreur froide, ou g
2427
ens de l’honneur blessé. Flamme aveuglante, vague
de
sang, terreur froide, ou goût du suicide. Ne me parlez pas de droits,
2428
reur froide, ou goût du suicide. Ne me parlez pas
de
droits, vous n’y avez pas pensé. Nous avons « fait notre devoir » et
2429
as pensé. Nous avons « fait notre devoir » et pas
de
question. Je dis que la guerre nous plaît. Elle arrange bien des chos
2430
ait notre devoir » et pas de question. Je dis que
la
guerre nous plaît. Elle arrange bien des choses. Elle ajourne nos vra
2431
hoses. Elle ajourne nos vrais conflits. Elle tire
de
nous ce que la paix n’en tirait plus. Elle offre l’avantage incompara
2432
urne nos vrais conflits. Elle tire de nous ce que
la
paix n’en tirait plus. Elle offre l’avantage incomparable de sanction
2433
nous ce que la paix n’en tirait plus. Elle offre
l’
avantage incomparable de sanctionner notre acquittement par contumace.
2434
n tirait plus. Elle offre l’avantage incomparable
de
sanctionner notre acquittement par contumace. Elle est le grand non-l
2435
ionner notre acquittement par contumace. Elle est
le
grand non-lieu de millions d’hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s
2436
ttement par contumace. Elle est le grand non-lieu
de
millions d’hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s land où l’on n’es
2437
contumace. Elle est le grand non-lieu de millions
d’
hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s land où l’on n’est plus respo
2438
Elle est le grand non-lieu de millions d’hommes —
le
non-lieu —, ce vrai no man’s land où l’on n’est plus responsable de s
2439
’hommes — le non-lieu —, ce vrai no man’s land où
l’
on n’est plus responsable de soi. La guerre ancienne était une chance
2440
vrai no man’s land où l’on n’est plus responsable
de
soi. La guerre ancienne était une chance offerte à l’instinct combati
2441
man’s land où l’on n’est plus responsable de soi.
La
guerre ancienne était une chance offerte à l’instinct combatif ; c’ét
2442
oi. La guerre ancienne était une chance offerte à
l’
instinct combatif ; c’était l’affaire des mâles, le jeu des coqs ornés
2443
ne chance offerte à l’instinct combatif ; c’était
l’
affaire des mâles, le jeu des coqs ornés pour l’occasion de leurs plus
2444
’instinct combatif ; c’était l’affaire des mâles,
le
jeu des coqs ornés pour l’occasion de leurs plus belles plumes. La gu
2445
t l’affaire des mâles, le jeu des coqs ornés pour
l’
occasion de leurs plus belles plumes. La guerre actuelle a perdu ces a
2446
des mâles, le jeu des coqs ornés pour l’occasion
de
leurs plus belles plumes. La guerre actuelle a perdu ces attraits. To
2447
rnés pour l’occasion de leurs plus belles plumes.
La
guerre actuelle a perdu ces attraits. Tout le monde la fait, en salop
2448
erre actuelle a perdu ces attraits. Tout le monde
la
fait, en salopette, en kaki, ou en tablier. Dans la plupart des cas,
2449
, ou en tablier. Dans la plupart des cas, loin de
le
combler, elle déçoit l’instinct combatif : comptez qu’une fraction tr
2450
plupart des cas, loin de le combler, elle déçoit
l’
instinct combatif : comptez qu’une fraction très réduite de l’humanité
2451
t combatif : comptez qu’une fraction très réduite
de
l’humanité — presque totalement mobilisée — combat en fait sur les ch
2452
ombatif : comptez qu’une fraction très réduite de
l’
humanité — presque totalement mobilisée — combat en fait sur les champ
2453
presque totalement mobilisée — combat en fait sur
les
champs de bataille. Seule une fraction de cette fraction connaît le c
2454
alement mobilisée — combat en fait sur les champs
de
bataille. Seule une fraction de cette fraction connaît le corps à cor
2455
it sur les champs de bataille. Seule une fraction
de
cette fraction connaît le corps à corps, la bataille d’hommes. Qu’aim
2456
lle. Seule une fraction de cette fraction connaît
le
corps à corps, la bataille d’hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans la
2457
ction de cette fraction connaît le corps à corps,
la
bataille d’hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans la guerre, que nous
2458
te fraction connaît le corps à corps, la bataille
d’
hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans la guerre, que nous soyons civil
2459
bataille d’hommes. Qu’aimons-nous donc tous dans
la
guerre, que nous soyons civils ou combattants ? C’est l’état d’except
2460
re, que nous soyons civils ou combattants ? C’est
l’
état d’exception proclamé dans la nation entière et dans tous les doma
2461
battants ? C’est l’état d’exception proclamé dans
la
nation entière et dans tous les domaines. Ainsi la guerre devient pou
2462
tion proclamé dans la nation entière et dans tous
les
domaines. Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent de la fête c
2463
a nation entière et dans tous les domaines. Ainsi
la
guerre devient pour nous l’équivalent de la fête chez les peuples anc
2464
s les domaines. Ainsi la guerre devient pour nous
l’
équivalent de la fête chez les peuples anciens, elle en possède les at
2465
s. Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent
de
la fête chez les peuples anciens, elle en possède les attributs les p
2466
Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent de
la
fête chez les peuples anciens, elle en possède les attributs les plus
2467
re devient pour nous l’équivalent de la fête chez
les
peuples anciens, elle en possède les attributs les plus aisément reco
2468
la fête chez les peuples anciens, elle en possède
les
attributs les plus aisément reconnaissables : les lois sont suspendue
2469
es peuples anciens, elle en possède les attributs
les
plus aisément reconnaissables : les lois sont suspendues, les budgets
2470
les attributs les plus aisément reconnaissables :
les
lois sont suspendues, les budgets sans limites, les passions collecti
2471
ément reconnaissables : les lois sont suspendues,
les
budgets sans limites, les passions collectives déchaînées, le déguise
2472
s lois sont suspendues, les budgets sans limites,
les
passions collectives déchaînées, le déguisement de rigueur, le sacrif
2473
ans limites, les passions collectives déchaînées,
le
déguisement de rigueur, le sacrifice humain légal, et les valeurs mor
2474
s passions collectives déchaînées, le déguisement
de
rigueur, le sacrifice humain légal, et les valeurs morales changent d
2475
ollectives déchaînées, le déguisement de rigueur,
le
sacrifice humain légal, et les valeurs morales changent de signe : tu
2476
isement de rigueur, le sacrifice humain légal, et
les
valeurs morales changent de signe : tu tueras, tu voleras, tu diras d
2477
ice humain légal, et les valeurs morales changent
de
signe : tu tueras, tu voleras, tu diras de faux témoignages avec honn
2478
angent de signe : tu tueras, tu voleras, tu diras
de
faux témoignages avec honneur. Je parle d’état d’exception comme on d
2479
diras de faux témoignages avec honneur. Je parle
d’
état d’exception comme on dirait état de siège, état de grâce. Et les
2480
comme on dirait état de siège, état de grâce. Et
les
trois ne sont point sans rapports. Comme la fête chez les primitifs,
2481
. Et les trois ne sont point sans rapports. Comme
la
fête chez les primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’humani
2482
s ne sont point sans rapports. Comme la fête chez
les
primitifs, la guerre est le « grand Temps » de l’humanité moderne. El
2483
sans rapports. Comme la fête chez les primitifs,
la
guerre est le « grand Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fourni
2484
. Comme la fête chez les primitifs, la guerre est
le
« grand Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fournit la seule exc
2485
z les primitifs, la guerre est le « grand Temps »
de
l’humanité moderne. Elle nous fournit la seule excuse que notre espri
2486
es primitifs, la guerre est le « grand Temps » de
l’
humanité moderne. Elle nous fournit la seule excuse que notre esprit p
2487
Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fournit
la
seule excuse que notre esprit puisse accepter pour suspendre le cours
2488
e que notre esprit puisse accepter pour suspendre
le
cours d’une existence de plus en plus conforme aux prévisions des gra
2489
re esprit puisse accepter pour suspendre le cours
d’
une existence de plus en plus conforme aux prévisions des grandes comp
2490
us conforme aux prévisions des grandes compagnies
d’
assurances. (Quelle fête immense faudrait-il à ce siècle pour lui fair
2491
it-il à ce siècle pour lui faire oublier son goût
de
la guerre ! Quel drame nouveau, pour remplacer, sur la scène vide, l’
2492
il à ce siècle pour lui faire oublier son goût de
la
guerre ! Quel drame nouveau, pour remplacer, sur la scène vide, l’Enn
2493
guerre ! Quel drame nouveau, pour remplacer, sur
la
scène vide, l’Ennemi déchu ?) C’est pourquoi la paix nous angoisse au
2494
drame nouveau, pour remplacer, sur la scène vide,
l’
Ennemi déchu ?) C’est pourquoi la paix nous angoisse au moins autant q
2495
r la scène vide, l’Ennemi déchu ?) C’est pourquoi
la
paix nous angoisse au moins autant qu’elle nous attire. Pourtant vien
2496
oins autant qu’elle nous attire. Pourtant viendra
la
paix, bientôt. Et ce sera peut-être pour des siècles. (Il y aura trop
2497
sera peut-être pour des siècles. (Il y aura trop
d’
avions du même côté.) Mais comment l’homme compensera-t-il le manque d
2498
y aura trop d’avions du même côté.) Mais comment
l’
homme compensera-t-il le manque de guerres ? Nous avons tout prévu con
2499
même côté.) Mais comment l’homme compensera-t-il
le
manque de guerres ? Nous avons tout prévu contre un futur Hitler, rie
2500
.) Mais comment l’homme compensera-t-il le manque
de
guerres ? Nous avons tout prévu contre un futur Hitler, rien contre s
2501
er, rien contre son absence, autant que je sache.
Le
seul type d’héroïsme que l’Occident ait su concevoir (depuis qu’on n’
2502
re son absence, autant que je sache. Le seul type
d’
héroïsme que l’Occident ait su concevoir (depuis qu’on n’allume plus d
2503
autant que je sache. Le seul type d’héroïsme que
l’
Occident ait su concevoir (depuis qu’on n’allume plus de bûchers pour
2504
dent ait su concevoir (depuis qu’on n’allume plus
de
bûchers pour les chrétiens et qu’ils tolèrent les hérétiques), c’est
2505
evoir (depuis qu’on n’allume plus de bûchers pour
les
chrétiens et qu’ils tolèrent les hérétiques), c’est la mort sous les
2506
de bûchers pour les chrétiens et qu’ils tolèrent
les
hérétiques), c’est la mort sous les balles pour la Patrie ou pour le
2507
rétiens et qu’ils tolèrent les hérétiques), c’est
la
mort sous les balles pour la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a
2508
’ils tolèrent les hérétiques), c’est la mort sous
les
balles pour la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a plus de guerr
2509
s hérétiques), c’est la mort sous les balles pour
la
Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a plus de guerres, qui fera le
2510
st la mort sous les balles pour la Patrie ou pour
le
parti. Mais s’il n’y a plus de guerres, qui fera les héros ? Qui réve
2511
la Patrie ou pour le parti. Mais s’il n’y a plus
de
guerres, qui fera les héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? P
2512
parti. Mais s’il n’y a plus de guerres, qui fera
les
héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ?
2513
s de guerres, qui fera les héros ? Qui réveillera
le
sens du sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ? Jamais l’humanité ne fut m
2514
sens du sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ? Jamais
l’
humanité ne fut moins préparée pour la paix, car jamais elle ne fut pl
2515
oi ? Jamais l’humanité ne fut moins préparée pour
la
paix, car jamais elle ne fut plus dépourvue de respect pour les vertu
2516
ur la paix, car jamais elle ne fut plus dépourvue
de
respect pour les vertus que l’esprit seul sait pousser jusqu’au parox
2517
jamais elle ne fut plus dépourvue de respect pour
les
vertus que l’esprit seul sait pousser jusqu’au paroxysme. Et comment
2518
fut plus dépourvue de respect pour les vertus que
l’
esprit seul sait pousser jusqu’au paroxysme. Et comment vivre, s’il n’
2519
u’au paroxysme. Et comment vivre, s’il n’y a plus
de
paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous le nions tous, et c’est norma
2520
Et comment vivre, s’il n’y a plus de paroxysmes ?
La
guerre nous plaît. Nous le nions tous, et c’est normal. Mais je propo
2521
a plus de paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous
le
nions tous, et c’est normal. Mais je propose un test précis. Pourquoi
2522
est précis. Pourquoi tant de réticences à décider
le
désarmement général, total et définitif de tous les peuples, appuyé p
2523
écider le désarmement général, total et définitif
de
tous les peuples, appuyé par une interdiction absolue de fabriquer de
2524
e désarmement général, total et définitif de tous
les
peuples, appuyé par une interdiction absolue de fabriquer des armes e
2525
les peuples, appuyé par une interdiction absolue
de
fabriquer des armes et d’enseigner à s’en servir ? Je ne sais pas mie
2526
ne interdiction absolue de fabriquer des armes et
d’
enseigner à s’en servir ? Je ne sais pas mieux que la plupart ce qui r
2527
sais pas mieux que la plupart ce qui résulterait
d’
une décision de ce genre, mais je sais que la plupart résistent à prio
2528
que la plupart ce qui résulterait d’une décision
de
ce genre, mais je sais que la plupart résistent à priori à cette idée
2529
vois des moustaches qui tremblent avant même que
la
bouche ne s’ouvre. Et cependant, ils ne sont guère capables de me don
2530
s’ouvre. Et cependant, ils ne sont guère capables
de
me donner sur-le-champ, avec calme, de bonnes raisons bien étudiées d
2531
e capables de me donner sur-le-champ, avec calme,
de
bonnes raisons bien étudiées d’un tel refus. C’est un refus instincti
2532
hamp, avec calme, de bonnes raisons bien étudiées
d’
un tel refus. C’est un refus instinctif, comme ils disent. Et c’est to
2533
lais leur faire dire. (Il leur reste à me traiter
de
défaitiste.) Une politique qui négligerait le fait que la guerre nous
2534
ter de défaitiste.) Une politique qui négligerait
le
fait que la guerre nous plaît pour des raisons profondes, cette polit
2535
tiste.) Une politique qui négligerait le fait que
la
guerre nous plaît pour des raisons profondes, cette politique serait
2536
isons profondes, cette politique serait incapable
de
rien conduire, ni de rien prévoir d’autre que d’astucieux traités de
2537
e politique serait incapable de rien conduire, ni
de
rien prévoir d’autre que d’astucieux traités de commerce que la proch
2538
it incapable de rien conduire, ni de rien prévoir
d’
autre que d’astucieux traités de commerce que la prochaine guerre annu
2539
de rien conduire, ni de rien prévoir d’autre que
d’
astucieux traités de commerce que la prochaine guerre annulerait. 2. H
2540
i de rien prévoir d’autre que d’astucieux traités
de
commerce que la prochaine guerre annulerait. 2. Hitler. — Nous penson
2541
r d’autre que d’astucieux traités de commerce que
la
prochaine guerre annulerait. 2. Hitler. — Nous pensons qu’Hitler est
2542
tler est un monstre avec lequel nous n’avons rien
de
commun. Il s’agit de le détruire avant toute autre tâche. Point de vu
2543
vec lequel nous n’avons rien de commun. Il s’agit
de
le détruire avant toute autre tâche. Point de vue indispensable pour
2544
lequel nous n’avons rien de commun. Il s’agit de
le
détruire avant toute autre tâche. Point de vue indispensable pour gag
2545
tre tâche. Point de vue indispensable pour gagner
la
guerre. Point de vue stérile et désastreux dès qu’il s’agit de la pai
2546
int de vue stérile et désastreux dès qu’il s’agit
de
la paix. Hitler n’est pas en dehors de l’humanité, mais en elle. Bien
2547
de vue stérile et désastreux dès qu’il s’agit de
la
paix. Hitler n’est pas en dehors de l’humanité, mais en elle. Bien pl
2548
s’agit de la paix. Hitler n’est pas en dehors de
l’
humanité, mais en elle. Bien plus, il n’est pas seulement devant nous,
2549
devant nous, mais en nous. Il était en nous avons
d’
être contre nous. C’est en nous-mêmes d’abord qu’il se dresse contre n
2550
’abord qu’il se dresse contre nous. Et quand nous
l’
aurons tué, il nous occupera sans coup férir si nous n’admettons pas q
2551
férir si nous n’admettons pas qu’il est une part
de
nous, la part du diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. So
2552
nous n’admettons pas qu’il est une part de nous,
la
part du diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. Son aventur
2553
se taira d’ici peu. Son aventure prendra fin dans
la
catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’homme qui fit tr
2554
prendra fin dans la catastrophe prévue. Et devant
le
cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que
2555
a catastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant
de
l’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrieron
2556
atastrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de
l’
homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrierons a
2557
e cadavre gisant de l’homme qui fit trembler tout
l’
univers, voici que nous nous écrierons avec une stupéfaction mêlée de
2558
e nous nous écrierons avec une stupéfaction mêlée
de
honte : — Comme il était petit ! Il n’était grand, comme Satan lui-mê
2559
tit ! Il n’était grand, comme Satan lui-même, que
de
la grandeur de nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du
2560
! Il n’était grand, comme Satan lui-même, que de
la
grandeur de nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du si
2561
t grand, comme Satan lui-même, que de la grandeur
de
nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du siècle, Hitler
2562
que de la grandeur de nos misères secrètes. Dans
la
réalité psychologique du siècle, Hitler aura joué le rôle d’un person
2563
réalité psychologique du siècle, Hitler aura joué
le
rôle d’un personnage de rêve d’angoisse. Ce rêve collectif a modelé n
2564
psychologique du siècle, Hitler aura joué le rôle
d’
un personnage de rêve d’angoisse. Ce rêve collectif a modelé notre his
2565
siècle, Hitler aura joué le rôle d’un personnage
de
rêve d’angoisse. Ce rêve collectif a modelé notre histoire, mais il é
2566
Hitler aura joué le rôle d’un personnage de rêve
d’
angoisse. Ce rêve collectif a modelé notre histoire, mais il était d’a
2567
modelé notre histoire, mais il était d’abord dans
l’
ombre de nos âmes. On a remarqué que dans un cauchemar, ce qui nous te
2568
otre histoire, mais il était d’abord dans l’ombre
de
nos âmes. On a remarqué que dans un cauchemar, ce qui nous terrifie n
2569
auchemar, ce qui nous terrifie n’est pas toujours
l’
aspect du personnage en scène, qui peut être emprunté à la réalité la
2570
du personnage en scène, qui peut être emprunté à
la
réalité la plus banale, mais c’est plutôt l’intensité de la passion h
2571
age en scène, qui peut être emprunté à la réalité
la
plus banale, mais c’est plutôt l’intensité de la passion hostile ou c
2572
té à la réalité la plus banale, mais c’est plutôt
l’
intensité de la passion hostile ou criminelle dont il nous paraît anim
2573
ité la plus banale, mais c’est plutôt l’intensité
de
la passion hostile ou criminelle dont il nous paraît animé. Il se cha
2574
la plus banale, mais c’est plutôt l’intensité de
la
passion hostile ou criminelle dont il nous paraît animé. Il se charge
2575
ont il nous paraît animé. Il se charge à nos yeux
d’
une puissance de terreur dont nous n’avions sans doute jamais eu l’exp
2576
ît animé. Il se charge à nos yeux d’une puissance
de
terreur dont nous n’avions sans doute jamais eu l’expérience. Et pour
2577
e terreur dont nous n’avions sans doute jamais eu
l’
expérience. Et pourtant c’est une part de nous-mêmes qui machine cette
2578
amais eu l’expérience. Et pourtant c’est une part
de
nous-mêmes qui machine cette brusque épouvante, ramassant dans un ges
2579
forme, une atmosphère, tout ce que nous refusions
d’
admettre en nous. Le cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas de ref
2580
e, tout ce que nous refusions d’admettre en nous.
Le
cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas de refuser un instinct ou
2581
us. Le cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas
de
refuser un instinct ou quelque tentation pour les supprimer. Il s’agi
2582
de refuser un instinct ou quelque tentation pour
les
supprimer. Il s’agit de les utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyon
2583
u quelque tentation pour les supprimer. Il s’agit
de
les utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyons certains qu’ils vont r
2584
uelque tentation pour les supprimer. Il s’agit de
les
utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyons certains qu’ils vont reven
2585
pour les supprimer. Il s’agit de les utiliser, ou
de
s’en guérir ; sinon soyons certains qu’ils vont revenir en force, sou
2586
en force, sous un déguisement séduisant, ou sous
la
forme d’un monstre archaïque. L’ogre à la petite moustache est l’un d
2587
, sous un déguisement séduisant, ou sous la forme
d’
un monstre archaïque. L’ogre à la petite moustache est l’un de ces mon
2588
duisant, ou sous la forme d’un monstre archaïque.
L’
ogre à la petite moustache est l’un de ces monstres. Nous en verrons b
2589
ou sous la forme d’un monstre archaïque. L’ogre à
la
petite moustache est l’un de ces monstres. Nous en verrons bien d’aut
2590
archaïque. L’ogre à la petite moustache est l’un
de
ces monstres. Nous en verrons bien d’autres, si nous nous contentons
2591
en verrons bien d’autres, si nous nous contentons
de
lutter contre les signes extérieurs du mal, sans essayer d’en modifie
2592
’autres, si nous nous contentons de lutter contre
les
signes extérieurs du mal, sans essayer d’en modifier les causes dans
2593
contre les signes extérieurs du mal, sans essayer
d’
en modifier les causes dans nous-mêmes11. Mais ceci pose un problème n
2594
nes extérieurs du mal, sans essayer d’en modifier
les
causes dans nous-mêmes11. Mais ceci pose un problème nouveau : le pro
2595
ous-mêmes11. Mais ceci pose un problème nouveau :
le
problème de la religion. 3. Il faut une religion pour le peuple. Ente
2596
Mais ceci pose un problème nouveau : le problème
de
la religion. 3. Il faut une religion pour le peuple. Entendons : pour
2597
is ceci pose un problème nouveau : le problème de
la
religion. 3. Il faut une religion pour le peuple. Entendons : pour qu
2598
lème de la religion. 3. Il faut une religion pour
le
peuple. Entendons : pour qu’un peuple subsiste. Toute la sociologie m
2599
le. Entendons : pour qu’un peuple subsiste. Toute
la
sociologie moderne le prouve. À son défaut, Hitler l’aurait fait voir
2600
u’un peuple subsiste. Toute la sociologie moderne
le
prouve. À son défaut, Hitler l’aurait fait voir par le moyen de cette
2601
ociologie moderne le prouve. À son défaut, Hitler
l’
aurait fait voir par le moyen de cette religion synthétique (comme le
2602
ouve. À son défaut, Hitler l’aurait fait voir par
le
moyen de cette religion synthétique (comme le caoutchouc) qu’est le n
2603
on défaut, Hitler l’aurait fait voir par le moyen
de
cette religion synthétique (comme le caoutchouc) qu’est le national-s
2604
par le moyen de cette religion synthétique (comme
le
caoutchouc) qu’est le national-socialisme. Je ne parle pas ici du chr
2605
religion synthétique (comme le caoutchouc) qu’est
le
national-socialisme. Je ne parle pas ici du christianisme, mais de la
2606
lisme. Je ne parle pas ici du christianisme, mais
de
la religion en général, comme phénomène humain, cause et produit de t
2607
me. Je ne parle pas ici du christianisme, mais de
la
religion en général, comme phénomène humain, cause et produit de tout
2608
général, comme phénomène humain, cause et produit
de
toute communauté vivante. Je parle d’un instinct aussi fondamental et
2609
et produit de toute communauté vivante. Je parle
d’
un instinct aussi fondamental et naturel que la sexualité. Il est inco
2610
le d’un instinct aussi fondamental et naturel que
la
sexualité. Il est incontestable que le rationalisme12 a déprimé depui
2611
aturel que la sexualité. Il est incontestable que
le
rationalisme12 a déprimé depuis des siècles le sens religieux des Occ
2612
ue le rationalisme12 a déprimé depuis des siècles
le
sens religieux des Occidentaux. Car non content de combattre et d’éva
2613
des Occidentaux. Car non content de combattre et
d’
évacuer les coutumes religieuses périmées (c’était son droit et son de
2614
entaux. Car non content de combattre et d’évacuer
les
coutumes religieuses périmées (c’était son droit et son devoir), il s
2615
coutumes nouvelles (en ceci protestant, mais sans
la
foi). Or les coutumes religieuses quelles qu’elles soient, sacrifices
2616
velles (en ceci protestant, mais sans la foi). Or
les
coutumes religieuses quelles qu’elles soient, sacrifices, fêtes, orgi
2617
ines morales ou mystiques, prières ou rites, sont
les
moyens qu’a trouvé l’homme pour capter ses puissances obscures et les
2618
es, prières ou rites, sont les moyens qu’a trouvé
l’
homme pour capter ses puissances obscures et les ordonner à des fins t
2619
vé l’homme pour capter ses puissances obscures et
les
ordonner à des fins tantôt pratiques, tantôt transcendantales. Canaux
2620
ales. Canaux exutoires ou écluses, elles assurent
la
circulation entre l’inconscient collectif et l’activité quotidienne.
2621
s ou écluses, elles assurent la circulation entre
l’
inconscient collectif et l’activité quotidienne. Condamnez-les et vous
2622
t la circulation entre l’inconscient collectif et
l’
activité quotidienne. Condamnez-les et vous créerez une sécheresse gén
2623
nt collectif et l’activité quotidienne. Condamnez-
les
et vous créerez une sécheresse générale, nécessairement suivie d’une
2624
ez une sécheresse générale, nécessairement suivie
d’
une rupture de digues et de l’interruption catastrophique des forces s
2625
sse générale, nécessairement suivie d’une rupture
de
digues et de l’interruption catastrophique des forces sombres de la c
2626
nécessairement suivie d’une rupture de digues et
de
l’interruption catastrophique des forces sombres de la cité. La raiso
2627
cessairement suivie d’une rupture de digues et de
l’
interruption catastrophique des forces sombres de la cité. La raison p
2628
l’interruption catastrophique des forces sombres
de
la cité. La raison peut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas
2629
interruption catastrophique des forces sombres de
la
cité. La raison peut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas le
2630
ion catastrophique des forces sombres de la cité.
La
raison peut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas les enchaîn
2631
eut nier ou négliger ces forces, elle ne peut pas
les
enchaîner. Si elle détruit tous les moyens connus de les apprivoiser,
2632
e ne peut pas les enchaîner. Si elle détruit tous
les
moyens connus de les apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse
2633
enchaîner. Si elle détruit tous les moyens connus
de
les apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveau
2634
haîner. Si elle détruit tous les moyens connus de
les
apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse de moyens nouveaux, e
2635
les moyens connus de les apprivoiser, et prohibe
la
recherche hasardeuse de moyens nouveaux, elle fait lever des monstres
2636
s apprivoiser, et prohibe la recherche hasardeuse
de
moyens nouveaux, elle fait lever des monstres autour de nous. Imagino
2637
nt soudain, nous attaquaient, exigeaient que nous
les
adorions : leur révolte serait notre carence. Le rationalisme régnant
2638
les adorions : leur révolte serait notre carence.
Le
rationalisme régnant peut produire des avions en masse et par ce moye
2639
s avions en masse et par ce moyen-là venir à bout
d’
Hitler ; mais il ne pourra prévenir la multiplication prochaine d’autr
2640
enir à bout d’Hitler ; mais il ne pourra prévenir
la
multiplication prochaine d’autres symptômes de la même névrose. Tout
2641
ir la multiplication prochaine d’autres symptômes
de
la même névrose. Tout porte à croire que nous allons entrer dans une
2642
la multiplication prochaine d’autres symptômes de
la
même névrose. Tout porte à croire que nous allons entrer dans une ère
2643
orte à croire que nous allons entrer dans une ère
de
religions aberrantes. Ou, comme le dit une grande légende indienne, d
2644
r dans une ère de religions aberrantes. Ou, comme
le
dit une grande légende indienne, dans l’ère de l’Accroissement des Mo
2645
u, comme le dit une grande légende indienne, dans
l’
ère de l’Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumat
2646
me le dit une grande légende indienne, dans l’ère
de
l’Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies
2647
le dit une grande légende indienne, dans l’ère de
l’
Accroissement des Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies le
2648
enne, dans l’ère de l’Accroissement des Monstres.
Les
pires sottises et les thaumaturgies les plus grossières sont destinée
2649
Accroissement des Monstres. Les pires sottises et
les
thaumaturgies les plus grossières sont destinées à susciter dans l’ap
2650
Monstres. Les pires sottises et les thaumaturgies
les
plus grossières sont destinées à susciter dans l’après-guerre l’entho
2651
es plus grossières sont destinées à susciter dans
l’
après-guerre l’enthousiasme éperdu des foules. Et les calculs politiqu
2652
res sont destinées à susciter dans l’après-guerre
l’
enthousiasme éperdu des foules. Et les calculs politiques les plus sai
2653
après-guerre l’enthousiasme éperdu des foules. Et
les
calculs politiques les plus sains des réalistes et des experts seront
2654
asme éperdu des foules. Et les calculs politiques
les
plus sains des réalistes et des experts seront vidés d’un coup par ce
2655
s sains des réalistes et des experts seront vidés
d’
un coup par ces lames de fond. Certains intellectuels incrimineront al
2656
des experts seront vidés d’un coup par ces lames
de
fond. Certains intellectuels incrimineront alors l’instinct religieux
2657
fond. Certains intellectuels incrimineront alors
l’
instinct religieux, cette « survivance ». Et nous lirons encore des jé
2658
vance ». Et nous lirons encore des jérémiades sur
le
déclin de l’esprit et l’abandon des grands principes. « C’est inconce
2659
t nous lirons encore des jérémiades sur le déclin
de
l’esprit et l’abandon des grands principes. « C’est inconcevable ! »
2660
ous lirons encore des jérémiades sur le déclin de
l’
esprit et l’abandon des grands principes. « C’est inconcevable ! » opi
2661
ncore des jérémiades sur le déclin de l’esprit et
l’
abandon des grands principes. « C’est inconcevable ! » opineront-ils,
2662
rincipes. « C’est inconcevable ! » opineront-ils,
les
bras au ciel. Mais c’est très simple. Un homme qui meurt de faim mang
2663
ciel. Mais c’est très simple. Un homme qui meurt
de
faim mange n’importe quoi pour tromper sa faim, faute de mieux. La ra
2664
mporte quoi pour tromper sa faim, faute de mieux.
La
raison n’ose pas dire qu’il a tort d’avoir faim. Dira-t-elle qu’il a
2665
e de mieux. La raison n’ose pas dire qu’il a tort
d’
avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? De tro
2666
’il a tort d’avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort
d’
avoir soif de religion ? De tromper cet instinct rendu furieux par des
2667
avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’avoir soif
de
religion ? De tromper cet instinct rendu furieux par des siècles de p
2668
ra-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ?
De
tromper cet instinct rendu furieux par des siècles de privation ? Ell
2669
romper cet instinct rendu furieux par des siècles
de
privation ? Elle dénoncera vainement des délires collectifs dont elle
2670
elle sera la première responsable, aussi vrai que
le
régime de la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frel
2671
la première responsable, aussi vrai que le régime
de
la prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frelaté, en Am
2672
première responsable, aussi vrai que le régime de
la
prohibition fut responsable des méfaits de l’alcool frelaté, en Améri
2673
ime de la prohibition fut responsable des méfaits
de
l’alcool frelaté, en Amérique. ⁂ Je ne demande pas que des sorciers n
2674
de la prohibition fut responsable des méfaits de
l’
alcool frelaté, en Amérique. ⁂ Je ne demande pas que des sorciers ni m
2675
pas que des sorciers ni même des prêtres dirigent
l’
État : c’est le péril qu’il faudrait conjurer. Mais je pense qu’il est
2676
ciers ni même des prêtres dirigent l’État : c’est
le
péril qu’il faudrait conjurer. Mais je pense qu’il est temps de renon
2677
faudrait conjurer. Mais je pense qu’il est temps
de
renoncer à la vieille politique de l’équilibre des grandes puissances
2678
urer. Mais je pense qu’il est temps de renoncer à
la
vieille politique de l’équilibre des grandes puissances nationales et
2679
u’il est temps de renoncer à la vieille politique
de
l’équilibre des grandes puissances nationales et des trusts : elle ne
2680
l est temps de renoncer à la vieille politique de
l’
équilibre des grandes puissances nationales et des trusts : elle ne pe
2681
tionales et des trusts : elle ne peut plus saisir
les
éléments de notre conflit. Il est temps de nous orienter vers une pol
2682
es trusts : elle ne peut plus saisir les éléments
de
notre conflit. Il est temps de nous orienter vers une politique d’équ
2683
aisir les éléments de notre conflit. Il est temps
de
nous orienter vers une politique d’équilibre des grandes puissances p
2684
Il est temps de nous orienter vers une politique
d’
équilibre des grandes puissances psychologiques, dans les masses, à l’
2685
libre des grandes puissances psychologiques, dans
les
masses, à l’échelle du globe. Et s’il faut des experts autour du tapi
2686
des puissances psychologiques, dans les masses, à
l’
échelle du globe. Et s’il faut des experts autour du tapis vert, qu’on
2687
appelle des psychiatres plutôt que des banquiers.
L’
argent ne chasse pas les démons. 9. Instincts, forces considérées co
2688
plutôt que des banquiers. L’argent ne chasse pas
les
démons. 9. Instincts, forces considérées comme anarchiques, subvers
2689
s, races inférieures, besoins religieux qualifiés
de
superstitions. 10. L’expression psychological warfare est devenue co
2690
esoins religieux qualifiés de superstitions. 10.
L’
expression psychological warfare est devenue courante dans les pays de
2691
n psychological warfare est devenue courante dans
les
pays de langue anglaise. 11. Type d’argument que l’on peut opposer à
2692
ogical warfare est devenue courante dans les pays
de
langue anglaise. 11. Type d’argument que l’on peut opposer à ce qui
2693
rante dans les pays de langue anglaise. 11. Type
d’
argument que l’on peut opposer à ce qui précède, afin de tuer dans l’œ
2694
pays de langue anglaise. 11. Type d’argument que
l’
on peut opposer à ce qui précède, afin de tuer dans l’œuf toute tentat
2695
peut opposer à ce qui précède, afin de tuer dans
l’
œuf toute tentative d’analyse féconde : « Avouez tout de même que nos
2696
précède, afin de tuer dans l’œuf toute tentative
d’
analyse féconde : « Avouez tout de même que nos régimes actuels, si im
2697
tes, en politique, il s’agira toujours, au mieux,
de
moindres maux. Mais la question est de savoir si le prétendu moindre
2698
’agira toujours, au mieux, de moindres maux. Mais
la
question est de savoir si le prétendu moindre mal que l’on défend n’e
2699
au mieux, de moindres maux. Mais la question est
de
savoir si le prétendu moindre mal que l’on défend n’est pas simplemen
2700
moindres maux. Mais la question est de savoir si
le
prétendu moindre mal que l’on défend n’est pas simplement un premier
2701
tion est de savoir si le prétendu moindre mal que
l’
on défend n’est pas simplement un premier stade du pire. La chute sera
2702
nd n’est pas simplement un premier stade du pire.
La
chute serait-elle un moindre mal que la fracture qui en résulte ? La
2703
du pire. La chute serait-elle un moindre mal que
la
fracture qui en résulte ? La maladie mortelle, un moindre mal que la
2704
e un moindre mal que la fracture qui en résulte ?
La
maladie mortelle, un moindre mal que la mort qui la termine ? 12. Le
2705
résulte ? La maladie mortelle, un moindre mal que
la
mort qui la termine ? 12. Les méfaits de la psychologie rationaliste
2706
maladie mortelle, un moindre mal que la mort qui
la
termine ? 12. Les méfaits de la psychologie rationaliste ont été pat
2707
un moindre mal que la mort qui la termine ? 12.
Les
méfaits de la psychologie rationaliste ont été patents dans la morale
2708
mal que la mort qui la termine ? 12. Les méfaits
de
la psychologie rationaliste ont été patents dans la morale sexuelle e
2709
que la mort qui la termine ? 12. Les méfaits de
la
psychologie rationaliste ont été patents dans la morale sexuelle et l
2710
la psychologie rationaliste ont été patents dans
la
morale sexuelle et la conception du mariage au siècle dernier ; ou lo
2711
aliste ont été patents dans la morale sexuelle et
la
conception du mariage au siècle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’a
2712
riage au siècle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait
d’
apprécier le rôle du sacré, l’âme collective, la création artistique,
2713
cle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’apprécier
le
rôle du sacré, l’âme collective, la création artistique, l’importance
2714
orsqu’il s’agissait d’apprécier le rôle du sacré,
l’
âme collective, la création artistique, l’importance relative de l’arg
2715
t d’apprécier le rôle du sacré, l’âme collective,
la
création artistique, l’importance relative de l’argent et du travail,
2716
sacré, l’âme collective, la création artistique,
l’
importance relative de l’argent et du travail, les dogmes chrétiens, e
2717
ve, la création artistique, l’importance relative
de
l’argent et du travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemo
2718
la création artistique, l’importance relative de
l’
argent et du travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont
2719
l’importance relative de l’argent et du travail,
les
dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont Denis de, « Quelle guerre
2720
dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont Denis
de
, « Quelle guerre cruelle », L’Arche, Alger, octobre–novembre 1944, p.
2721
. Rougemont Denis de, « Quelle guerre cruelle »,
L’
Arche, Alger, octobre–novembre 1944, p. 69-78.
2722
)n 1. Origines Tarot, tarok ou taroc, est
le
nom donné par les Italiens à l’une des figures du paquet de 78 cartes
2723
es Tarot, tarok ou taroc, est le nom donné par
les
Italiens à l’une des figures du paquet de 78 cartes tel qu’il existai
2724
né par les Italiens à l’une des figures du paquet
de
78 cartes tel qu’il existait au xiiie siècle. Ce nom fut attribué pa
2725
xistait au xiiie siècle. Ce nom fut attribué par
la
suite à l’ensemble du jeu. Un des premiers témoignages historiques qu
2726
xiiie siècle. Ce nom fut attribué par la suite à
l’
ensemble du jeu. Un des premiers témoignages historiques que l’on poss
2727
jeu. Un des premiers témoignages historiques que
l’
on possède sur le tarot remonte à 1393. Cette année-là, Jacquemin Grin
2728
iers témoignages historiques que l’on possède sur
le
tarot remonte à 1393. Cette année-là, Jacquemin Gringonneur, peintre
2729
, dessina et enlumina des cartes pour Charles VI,
le
roi fou, liant ainsi le tarot à l’un des moments les plus violemment
2730
s cartes pour Charles VI, le roi fou, liant ainsi
le
tarot à l’un des moments les plus violemment poétiques de l’histoire
2731
roi fou, liant ainsi le tarot à l’un des moments
les
plus violemment poétiques de l’histoire de France. Ces cartes à fond
2732
à l’un des moments les plus violemment poétiques
de
l’histoire de France. Ces cartes à fond doré, à bord d’argent, ne por
2733
l’un des moments les plus violemment poétiques de
l’
histoire de France. Ces cartes à fond doré, à bord d’argent, ne porten
2734
ments les plus violemment poétiques de l’histoire
de
France. Ces cartes à fond doré, à bord d’argent, ne portent ni inscri
2735
istoire de France. Ces cartes à fond doré, à bord
d’
argent, ne portent ni inscriptions ni nombres, et s’inspirent de modèl
2736
ortent ni inscriptions ni nombres, et s’inspirent
de
modèles vénitiens. Dix-sept d’entre elles sont conservées à la Biblio
2737
nitiens. Dix-sept d’entre elles sont conservées à
la
Bibliothèque Nationale. D’un autre jeu, faussement attribué à Mantegn
2738
lles sont conservées à la Bibliothèque Nationale.
D’
un autre jeu, faussement attribué à Mantegna, et daté de 1400, subsist
2739
utre jeu, faussement attribué à Mantegna, et daté
de
1400, subsistent aujourd’hui quatre exemplaires de 50 cartes chacun.
2740
e 1400, subsistent aujourd’hui quatre exemplaires
de
50 cartes chacun. Ce jeu se compose de cinq séries de 10 cartes, nomm
2741
xemplaires de 50 cartes chacun. Ce jeu se compose
de
cinq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses
2742
0 cartes chacun. Ce jeu se compose de cinq séries
de
10 cartes, nommées les Conditions de la vie, les Muses, les Arts libé
2743
u se compose de cinq séries de 10 cartes, nommées
les
Conditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Sy
2744
cinq séries de 10 cartes, nommées les Conditions
de
la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste.
2745
nq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de
la
vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Mi
2746
s de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie,
les
Muses, les Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Michel-Ange
2747
tes, nommées les Conditions de la vie, les Muses,
les
Arts libéraux, les Vertus, le Système céleste. Michel-Ange est suppos
2748
nditions de la vie, les Muses, les Arts libéraux,
les
Vertus, le Système céleste. Michel-Ange est supposé avoir inventé un
2749
la vie, les Muses, les Arts libéraux, les Vertus,
le
Système céleste. Michel-Ange est supposé avoir inventé un jeu de taro
2750
ste. Michel-Ange est supposé avoir inventé un jeu
de
tarot pour enseigner l’arithmétique. Et Gargantua jouait au « Tarau »
2751
posé avoir inventé un jeu de tarot pour enseigner
l’
arithmétique. Et Gargantua jouait au « Tarau » selon Rabelais. Au xve
2752
uait au « Tarau » selon Rabelais. Au xve siècle,
l’
invention de l’imprimerie multiplia les cartes en circulation, mais ju
2753
rau » selon Rabelais. Au xve siècle, l’invention
de
l’imprimerie multiplia les cartes en circulation, mais jusqu’au xviii
2754
» selon Rabelais. Au xve siècle, l’invention de
l’
imprimerie multiplia les cartes en circulation, mais jusqu’au xviiie
2755
ve siècle, l’invention de l’imprimerie multiplia
les
cartes en circulation, mais jusqu’au xviiie siècle, le tarot n’est g
2756
tes en circulation, mais jusqu’au xviiie siècle,
le
tarot n’est guère connu que chez les princes et chez les gipsys, tout
2757
iiie siècle, le tarot n’est guère connu que chez
les
princes et chez les gipsys, tout en haut de l’échelle sociale et tout
2758
ot n’est guère connu que chez les princes et chez
les
gipsys, tout en haut de l’échelle sociale et tout en bas, passe-temps
2759
chez les princes et chez les gipsys, tout en haut
de
l’échelle sociale et tout en bas, passe-temps noble et magique ou rit
2760
z les princes et chez les gipsys, tout en haut de
l’
échelle sociale et tout en bas, passe-temps noble et magique ou rituel
2761
ut en bas, passe-temps noble et magique ou rituel
de
science maudite, et prêtant aux abus les plus puérils ou les plus dém
2762
ou rituel de science maudite, et prêtant aux abus
les
plus puérils ou les plus démoniaques, bien entendu. L’origine du taro
2763
maudite, et prêtant aux abus les plus puérils ou
les
plus démoniaques, bien entendu. L’origine du tarot est obscure. Vers
2764
us puérils ou les plus démoniaques, bien entendu.
L’
origine du tarot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle, l’occu
2765
ien entendu. L’origine du tarot est obscure. Vers
le
milieu du xviiie siècle, l’occultiste suisse Court de Gébelin émit l
2766
ot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle,
l’
occultiste suisse Court de Gébelin émit l’hypothèse que le tarot dériv
2767
lieu du xviiie siècle, l’occultiste suisse Court
de
Gébelin émit l’hypothèse que le tarot dérivait du Livre de Toth, livr
2768
siècle, l’occultiste suisse Court de Gébelin émit
l’
hypothèse que le tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’Égy
2769
iste suisse Court de Gébelin émit l’hypothèse que
le
tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’Égypte. Mais il cru
2770
n émit l’hypothèse que le tarot dérivait du Livre
de
Toth, livre sacré de l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouver les éq
2771
e le tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré
de
l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouver les équivalents dans une in
2772
e tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de
l’
Égypte. Mais il crut aussi en retrouver les équivalents dans une inscr
2773
acré de l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouver
les
équivalents dans une inscription chinoise, datant de 1120, et dans le
2774
équivalents dans une inscription chinoise, datant
de
1120, et dans les tablettes hindoues représentant les avatars de Vish
2775
une inscription chinoise, datant de 1120, et dans
les
tablettes hindoues représentant les avatars de Vishnu. L’origine égyp
2776
1120, et dans les tablettes hindoues représentant
les
avatars de Vishnu. L’origine égyptienne du tarot est soutenue par Ett
2777
s les tablettes hindoues représentant les avatars
de
Vishnu. L’origine égyptienne du tarot est soutenue par Etteilla, dont
2778
ttes hindoues représentant les avatars de Vishnu.
L’
origine égyptienne du tarot est soutenue par Etteilla, dont nous allon
2779
utenue par Etteilla, dont nous allons parler, par
d’
Odoucet son premier disciple, et par Éliphas Levi. Elle a été contesté
2780
ttribue au tarot une origine hindoue ; et ce sont
les
gipsys, selon lui (et d’ailleurs aussi selon Lévi) qui l’auraient tra
2781
s, selon lui (et d’ailleurs aussi selon Lévi) qui
l’
auraient transmis à l’Europe. Mais on sait que le peuple tzigane ne vi
2782
leurs aussi selon Lévi) qui l’auraient transmis à
l’
Europe. Mais on sait que le peuple tzigane ne vint en Europe qu’en 141
2783
l’auraient transmis à l’Europe. Mais on sait que
le
peuple tzigane ne vint en Europe qu’en 1417 sous la conduite du « Duc
2784
peuple tzigane ne vint en Europe qu’en 1417 sous
la
conduite du « Duc d’Égypte » ; et qu’on lui suppose une ascendance hi
2785
ascendance hindoue. Or nous possédons des cartes
de
tarot plus anciennes, comme on vient de le voir. Les origines du taro
2786
cartes de tarot plus anciennes, comme on vient de
le
voir. Les origines du tarot, selon nous, se perdent littéralement dan
2787
tarot plus anciennes, comme on vient de le voir.
Les
origines du tarot, selon nous, se perdent littéralement dans la nuit
2788
tarot, selon nous, se perdent littéralement dans
la
nuit des temps. Nous soutiendrons cette thèse au paragraphe 5. 2.
2789
2. Etteilla (1750-1810, environ) Nous lisons
le
jugement suivant sur Etteilla dans un petit ouvrage intitulé Le Nouve
2790
ivant sur Etteilla dans un petit ouvrage intitulé
Le
Nouvel Etteilla (Paris 1922) : Cet auteur, en rendant justice au gén
2791
) : Cet auteur, en rendant justice au génie et à
la
science de Court de Gébelin, terrassa ce que ce grave antiquaire avai
2792
teur, en rendant justice au génie et à la science
de
Court de Gébelin, terrassa ce que ce grave antiquaire avait transcrit
2793
rendant justice au génie et à la science de Court
de
Gébelin, terrassa ce que ce grave antiquaire avait transcrit dans son
2794
après un amateur qui, lui-même, n’avait pu copier
l’
art de tirer les cartes, dont il est question, que d’après sa cuisiniè
2795
un amateur qui, lui-même, n’avait pu copier l’art
de
tirer les cartes, dont il est question, que d’après sa cuisinière. I
2796
r qui, lui-même, n’avait pu copier l’art de tirer
les
cartes, dont il est question, que d’après sa cuisinière. Il était pe
2797
sa cuisinière. Il était perruquier et se nommait
de
son vrai nom, Alliette. Il redécouvrit le tarot pendant la seconde mo
2798
nommait de son vrai nom, Alliette. Il redécouvrit
le
tarot pendant la seconde moitié du xviiie siècle. Sa prose est vague
2799
, ses interprétations sont hasardeuses, mais il a
le
mérite d’en avoir proposées. Ses disciples, dont le plus grand fut Él
2800
rprétations sont hasardeuses, mais il a le mérite
d’
en avoir proposées. Ses disciples, dont le plus grand fut Éliphas Lévi
2801
mérite d’en avoir proposées. Ses disciples, dont
le
plus grand fut Éliphas Lévi (l’abbé Alphonse Louis Constant), ne se p
2802
s disciples, dont le plus grand fut Éliphas Lévi (
l’
abbé Alphonse Louis Constant), ne se privent pas de dénoncer ses erreu
2803
’abbé Alphonse Louis Constant), ne se privent pas
de
dénoncer ses erreurs, mais se montrent enclins aux mêmes complaisance
2804
clins aux mêmes complaisances interprétatives que
le
maître. La lecture de leurs textes est généralement exaspérante, à ca
2805
êmes complaisances interprétatives que le maître.
La
lecture de leurs textes est généralement exaspérante, à cause de leur
2806
isances interprétatives que le maître. La lecture
de
leurs textes est généralement exaspérante, à cause de leur propension
2807
oquement. En voici un exemple : Etteilla a placé
le
Fou à la fin du jeu, c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21
2808
En voici un exemple : Etteilla a placé le Fou à
la
fin du jeu, c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21 la figur
2809
c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21
la
figure qu’il nomme le Despote africain, qui n’est autre que l’arcane
2810
e 78, et a mis au nombre 21 la figure qu’il nomme
le
Despote africain, qui n’est autre que l’arcane 7, 1e Chariot… Mais en
2811
il nomme le Despote africain, qui n’est autre que
l’
arcane 7, 1e Chariot… Mais en fait cette lame n’a pas de nombre autre
2812
ne 7, 1e Chariot… Mais en fait cette lame n’a pas
de
nombre autre que le zéro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin d
2813
is en fait cette lame n’a pas de nombre autre que
le
zéro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin de l’alphabet hébreu…
2814
mbre autre que le zéro. Ce nombre 21 appartient à
la
lettre Schin de l’alphabet hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ains
2815
e zéro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin
de
l’alphabet hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le ve
2816
éro. Ce nombre 21 appartient à la lettre Schin de
l’
alphabet hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le verro
2817
ppartient à la lettre Schin de l’alphabet hébreu…
Le
véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le verrons. Etteilla place
2818
reu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous
le
verrons. Etteilla place le Fou sous le nombre 78 qui est enfin notre
2819
ssi 22, ainsi que nous le verrons. Etteilla place
le
Fou sous le nombre 78 qui est enfin notre zéro, et voici son intéress
2820
i que nous le verrons. Etteilla place le Fou sous
le
nombre 78 qui est enfin notre zéro, et voici son intéressante analyse
2821
fin notre zéro, et voici son intéressante analyse
de
ce nombre. (Elie Alta, Le Tarot égyptien, ou Etteilla restitué, Vichy
2822
on intéressante analyse de ce nombre. (Elie Alta,
Le
Tarot égyptien, ou Etteilla restitué, Vichy, 1922.) On peut juger d’
2823
. 0 = 78 = (77) = 21 = 22 = (20) = 0. Telles sont
les
brimades que doit subir le débutant dans l’étude du tarot. 3. Vari
2824
(20) = 0. Telles sont les brimades que doit subir
le
débutant dans l’étude du tarot. 3. Variations Selon les pays et
2825
sont les brimades que doit subir le débutant dans
l’
étude du tarot. 3. Variations Selon les pays et les temps : quan
2826
dans l’étude du tarot. 3. Variations Selon
les
pays et les temps : quant au dessin des cartes, et quant à leur inter
2827
e du tarot. 3. Variations Selon les pays et
les
temps : quant au dessin des cartes, et quant à leur interprétation, l
2828
essin des cartes, et quant à leur interprétation,
les
variations paraissent avoir été aussi nombreuses que les familles d’e
2829
iations paraissent avoir été aussi nombreuses que
les
familles d’esprits, les hérésies chrétiennes, ou les écoles marxistes
2830
ssent avoir été aussi nombreuses que les familles
d’
esprits, les hérésies chrétiennes, ou les écoles marxistes. Non moins
2831
été aussi nombreuses que les familles d’esprits,
les
hérésies chrétiennes, ou les écoles marxistes. Non moins valables. Ca
2832
familles d’esprits, les hérésies chrétiennes, ou
les
écoles marxistes. Non moins valables. Car le tarot représente le Mond
2833
ou les écoles marxistes. Non moins valables. Car
le
tarot représente le Monde : on peut le voir de plus d’une façon. A) P
2834
stes. Non moins valables. Car le tarot représente
le
Monde : on peut le voir de plus d’une façon. A) Pays. Citons Elie Alt
2835
ables. Car le tarot représente le Monde : on peut
le
voir de plus d’une façon. A) Pays. Citons Elie Alta : Etteilla a com
2836
rot représente le Monde : on peut le voir de plus
d’
une façon. A) Pays. Citons Elie Alta : Etteilla a composé un jeu dans
2837
lie Alta : Etteilla a composé un jeu dans lequel
les
figures des arcanes majeurs ont été déplacées ou transformées. Seuls
2838
majeurs ont été déplacées ou transformées. Seuls
les
arcanes mineurs sont exacts, mais malgré ces changements on peut se s
2839
ts, mais malgré ces changements on peut se servir
de
son jeu. Il est préférable d’employer les suivants, mais en numérotan
2840
s on peut se servir de son jeu. Il est préférable
d’
employer les suivants, mais en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le
2841
e servir de son jeu. Il est préférable d’employer
les
suivants, mais en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le tarot de Mar
2842
rable d’employer les suivants, mais en numérotant
les
arcanes mineurs : 1. Le tarot de Marseille où les arcanes majeurs son
2843
ants, mais en numérotant les arcanes mineurs : 1.
Le
tarot de Marseille où les arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot s
2844
s en numérotant les arcanes mineurs : 1. Le tarot
de
Marseille où les arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot suisse de
2845
les arcanes mineurs : 1. Le tarot de Marseille où
les
arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot suisse de Schaffhouse ; 3.
2846
Marseille où les arcanes majeurs sont exacts ; 2.
Le
tarot suisse de Schaffhouse ; 3. Le tarot italien où seulement deux a
2847
arcanes majeurs sont exacts ; 2. Le tarot suisse
de
Schaffhouse ; 3. Le tarot italien où seulement deux arcanes sont diff
2848
t exacts ; 2. Le tarot suisse de Schaffhouse ; 3.
Le
tarot italien où seulement deux arcanes sont différents : (a) Le pape
2849
n où seulement deux arcanes sont différents : (a)
Le
pape qui est remplacé par Jupiter, ce qui est la même chose, car Jupi
2850
Le pape qui est remplacé par Jupiter, ce qui est
la
même chose, car Jupiter étant symboliquement principe de vie, fait fo
2851
chose, car Jupiter étant symboliquement principe
de
vie, fait fonction de Dieu dans l’Humanité ; (b) La papesse, remplacé
2852
ant symboliquement principe de vie, fait fonction
de
Dieu dans l’Humanité ; (b) La papesse, remplacée par Junon qui est l’
2853
ement principe de vie, fait fonction de Dieu dans
l’
Humanité ; (b) La papesse, remplacée par Junon qui est l’espace ou san
2854
vie, fait fonction de Dieu dans l’Humanité ; (b)
La
papesse, remplacée par Junon qui est l’espace ou sanctuaire de la vie
2855
ité ; (b) La papesse, remplacée par Junon qui est
l’
espace ou sanctuaire de la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tar
2856
emplacée par Junon qui est l’espace ou sanctuaire
de
la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui es
2857
lacée par Junon qui est l’espace ou sanctuaire de
la
vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui est e
2858
est l’espace ou sanctuaire de la vie, ce qui est
le
même symbole ; 4. Le tarot de Francfort, qui est entièrement défiguré
2859
tuaire de la vie, ce qui est le même symbole ; 4.
Le
tarot de Francfort, qui est entièrement défiguré, mais qui peut égale
2860
la vie, ce qui est le même symbole ; 4. Le tarot
de
Francfort, qui est entièrement défiguré, mais qui peut également serv
2861
is qui peut également servir en tenant compte que
les
Bâtons sont remplacés par les Carreaux ; les Épées par les Piques et
2862
n tenant compte que les Bâtons sont remplacés par
les
Carreaux ; les Épées par les Piques et les Deniers par les Trèfles. E
2863
que les Bâtons sont remplacés par les Carreaux ;
les
Épées par les Piques et les Deniers par les Trèfles. En France nous t
2864
s sont remplacés par les Carreaux ; les Épées par
les
Piques et les Deniers par les Trèfles. En France nous trouvons diffic
2865
és par les Carreaux ; les Épées par les Piques et
les
Deniers par les Trèfles. En France nous trouvons difficilement le tar
2866
aux ; les Épées par les Piques et les Deniers par
les
Trèfles. En France nous trouvons difficilement le tarot de Marseille.
2867
es Trèfles. En France nous trouvons difficilement
le
tarot de Marseille. La Maison Grimaud l’a remplacé par le tarot itali
2868
s. En France nous trouvons difficilement le tarot
de
Marseille. La Maison Grimaud l’a remplacé par le tarot italien ; celu
2869
ous trouvons difficilement le tarot de Marseille.
La
Maison Grimaud l’a remplacé par le tarot italien ; celui de Schaffhou
2870
cilement le tarot de Marseille. La Maison Grimaud
l’
a remplacé par le tarot italien ; celui de Schaffhouse ne se trouve qu
2871
de Marseille. La Maison Grimaud l’a remplacé par
le
tarot italien ; celui de Schaffhouse ne se trouve qu’en Suisse, de mê
2872
Grimaud l’a remplacé par le tarot italien ; celui
de
Schaffhouse ne se trouve qu’en Suisse, de même celui de Francfort en
2873
affhouse ne se trouve qu’en Suisse, de même celui
de
Francfort en Allemagne ; ils n’ont pas droit d’entrée en France. Quan
2874
i de Francfort en Allemagne ; ils n’ont pas droit
d’
entrée en France. Quant à celui d’Etteilla, on le trouve partout. (E.
2875
n’ont pas droit d’entrée en France. Quant à celui
d’
Etteilla, on le trouve partout. (E. Alta, op. cit., p. 27). B) Dessin
2876
d’entrée en France. Quant à celui d’Etteilla, on
le
trouve partout. (E. Alta, op. cit., p. 27). B) Dessin. La plupart de
2877
jeux qu’on trouve aujourd’hui en circulation (si
l’
on peut dire, car leur vente est interdite dans de nombreux pays), s’i
2878
l’on peut dire, car leur vente est interdite dans
de
nombreux pays), s’inspirent de modèles du xviiie siècle avec plus ou
2879
est interdite dans de nombreux pays), s’inspirent
de
modèles du xviiie siècle avec plus ou moins de fidélité. Défaut cour
2880
t de modèles du xviiie siècle avec plus ou moins
de
fidélité. Défaut courant : une simplification intempérante des symbol
2881
n intempérante des symboles. Comparez par exemple
les
cartes que nous reproduisons à la suite de cet article, les unes selo
2882
que nous reproduisons à la suite de cet article,
les
unes selon Court de Gébelin, les autres selon des modèles plus ancien
2883
s à la suite de cet article, les unes selon Court
de
Gébelin, les autres selon des modèles plus anciens, restitués par l’é
2884
de cet article, les unes selon Court de Gébelin,
les
autres selon des modèles plus anciens, restitués par l’érudition. Et
2885
res selon des modèles plus anciens, restitués par
l’
érudition. Et depuis Court de Gébelin, la décadence s’est accentuée. O
2886
ciens, restitués par l’érudition. Et depuis Court
de
Gébelin, la décadence s’est accentuée. On trouve même aujourd’hui des
2887
tués par l’érudition. Et depuis Court de Gébelin,
la
décadence s’est accentuée. On trouve même aujourd’hui des cartes de t
2888
accentuée. On trouve même aujourd’hui des cartes
de
tarot à figures redoublées (tête en haut et tête en bas) à l’instar d
2889
igures redoublées (tête en haut et tête en bas) à
l’
instar du jeu de cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si l’on
2890
s (tête en haut et tête en bas) à l’instar du jeu
de
cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si l’on sait que l’inter
2891
e cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si
l’
on sait que l’interprétation de chaque lame ou arcane majeur peut être
2892
ne. C’est un abus inqualifiable, si l’on sait que
l’
interprétation de chaque lame ou arcane majeur peut être profondément
2893
inqualifiable, si l’on sait que l’interprétation
de
chaque lame ou arcane majeur peut être profondément différente selon
2894
ajeur peut être profondément différente selon que
la
carte apparaît dans le jeu droite ou renversée. Il en résulte aussi q
2895
ément différente selon que la carte apparaît dans
le
jeu droite ou renversée. Il en résulte aussi que le manque de place,
2896
jeu droite ou renversée. Il en résulte aussi que
le
manque de place, dans le cas d’une figure doublée, oblige le dessinat
2897
e ou renversée. Il en résulte aussi que le manque
de
place, dans le cas d’une figure doublée, oblige le dessinateur à expu
2898
Il en résulte aussi que le manque de place, dans
le
cas d’une figure doublée, oblige le dessinateur à expulser de la cart
2899
résulte aussi que le manque de place, dans le cas
d’
une figure doublée, oblige le dessinateur à expulser de la carte les s
2900
e place, dans le cas d’une figure doublée, oblige
le
dessinateur à expulser de la carte les symboles qu’il juge superflus
2901
figure doublée, oblige le dessinateur à expulser
de
la carte les symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’imm
2902
gure doublée, oblige le dessinateur à expulser de
la
carte les symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’immort
2903
lée, oblige le dessinateur à expulser de la carte
les
symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de l’immortalité dans
2904
carte les symboles qu’il juge superflus (tel que
l’
oiseau de l’immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou les lettre
2905
s symboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau
de
l’immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou les lettres T-A-R-O
2906
ymboles qu’il juge superflus (tel que l’oiseau de
l’
immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou les lettres T-A-R-O et
2907
superflus (tel que l’oiseau de l’immortalité dans
l’
arcane 17, petit exemple, ou les lettres T-A-R-O et J-H-V-H dans l’arc
2908
l’immortalité dans l’arcane 17, petit exemple, ou
les
lettres T-A-R-O et J-H-V-H dans l’arcane 10, c’est-à-dire simplement
2909
t exemple, ou les lettres T-A-R-O et J-H-V-H dans
l’
arcane 10, c’est-à-dire simplement le sens de la lame — Taro ou Rota —
2910
J-H-V-H dans l’arcane 10, c’est-à-dire simplement
le
sens de la lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudr
2911
dans l’arcane 10, c’est-à-dire simplement le sens
de
la lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudrait cons
2912
s l’arcane 10, c’est-à-dire simplement le sens de
la
lame — Taro ou Rota — et le nom de Dieu — Jahvé). On voudrait conseil
2913
simplement le sens de la lame — Taro ou Rota — et
le
nom de Dieu — Jahvé). On voudrait conseiller au lecteur de détruire r
2914
ent le sens de la lame — Taro ou Rota — et le nom
de
Dieu — Jahvé). On voudrait conseiller au lecteur de détruire radicale
2915
Dieu — Jahvé). On voudrait conseiller au lecteur
de
détruire radicalement tout jeu de ce genre sur lequel il pourrait met
2916
ller au lecteur de détruire radicalement tout jeu
de
ce genre sur lequel il pourrait mettre la main, si l’on ne craignait
2917
out jeu de ce genre sur lequel il pourrait mettre
la
main, si l’on ne craignait de donner à ces contrefaçons la valeur tou
2918
e genre sur lequel il pourrait mettre la main, si
l’
on ne craignait de donner à ces contrefaçons la valeur tout accidentel
2919
il pourrait mettre la main, si l’on ne craignait
de
donner à ces contrefaçons la valeur tout accidentelle qui s’attache a
2920
si l’on ne craignait de donner à ces contrefaçons
la
valeur tout accidentelle qui s’attache aux raretés monstrueuses. C) S
2921
des lames reproduites ci-après quelques exemples
d’
interprétations fort diverses : il serait aisé (et désirable) de les m
2922
ons fort diverses : il serait aisé (et désirable)
de
les multiplier à propos de ces mêmes cartes. Peut-être alors une cert
2923
fort diverses : il serait aisé (et désirable) de
les
multiplier à propos de ces mêmes cartes. Peut-être alors une certaine
2924
en nombre infini, ainsi qu’on en pourra juger par
l’
examen du tableau suivant. En effet, chacune des lames du tarot (arcan
2925
une planète 2. un signe du zodiaque 3. une lettre
de
l’alphabet hébreu (sens exotérique et sens ésotérique) 4. un nombre (
2926
planète 2. un signe du zodiaque 3. une lettre de
l’
alphabet hébreu (sens exotérique et sens ésotérique) 4. un nombre (int
2927
et sens ésotérique) 4. un nombre (interprété par
la
Cabbale) 5. un élément (selon l’alchimie) 6. une couleur 7. une note
2928
(interprété par la Cabbale) 5. un élément (selon
l’
alchimie) 6. une couleur 7. une note de musique 8. un nom à quoi l’occ
2929
ent (selon l’alchimie) 6. une couleur 7. une note
de
musique 8. un nom à quoi l’occultiste Lenain a cru pouvoir ajouter :
2930
e couleur 7. une note de musique 8. un nom à quoi
l’
occultiste Lenain a cru pouvoir ajouter : 9. un jour 10. une heure 11.
2931
. un degré 12. un génie 13. un verset des psaumes
de
David et les psychanalystes modernes : 14. une des quatre facultés (p
2932
2. un génie 13. un verset des psaumes de David et
les
psychanalystes modernes : 14. une des quatre facultés (pensée, intuit
2933
tion, sentiment, sensation) 15. un des archétypes
de
l’inconscient collectif. De plus, ces significations sont organisées
2934
n, sentiment, sensation) 15. un des archétypes de
l’
inconscient collectif. De plus, ces significations sont organisées en
2935
thmes, et non pas simplement juxtaposées. Prenons
l’
exemple des lettres. D’après Elie Alta (et donc Etteilla), « les Égypt
2936
lettres. D’après Elie Alta (et donc Etteilla), «
les
Égyptiens ont attaché à chaque carte des 22 atouts majeurs une lettre
2937
é à chaque carte des 22 atouts majeurs une lettre
de
l’alphabet hébreu… Ces lettres ont apporté avec elles les signatures
2938
chaque carte des 22 atouts majeurs une lettre de
l’
alphabet hébreu… Ces lettres ont apporté avec elles les signatures cél
2939
phabet hébreu… Ces lettres ont apporté avec elles
les
signatures célestes. Il y a 7 lettres appelées doubles qui figurent l
2940
s. Il y a 7 lettres appelées doubles qui figurent
le
monde des planètes ; puis 12 lettres dites simples qui figurent les 1
2941
ètes ; puis 12 lettres dites simples qui figurent
les
12 signes du zodiaque que parcourt le soleil pendant les 4 saisons. E
2942
i figurent les 12 signes du zodiaque que parcourt
le
soleil pendant les 4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites les
2943
signes du zodiaque que parcourt le soleil pendant
les
4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites les 3 Mères, qui sont a
2944
t le soleil pendant les 4 saisons. Enfin il reste
les
3 lettres dites les 3 Mères, qui sont attachées à nos trois cartes ma
2945
les 4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites
les
3 Mères, qui sont attachées à nos trois cartes majeures : l’Homme (Le
2946
qui sont attachées à nos trois cartes majeures :
l’
Homme (Le Bateleur), le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec
2947
attachées à nos trois cartes majeures : l’Homme (
Le
Bateleur), le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec les carte
2948
os trois cartes majeures : l’Homme (Le Bateleur),
le
Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec les cartes modernes
2949
rtes majeures : l’Homme (Le Bateleur), le Fou, et
la
Mort. » 4. Correspondances avec les cartes modernes Les interpr
2950
le Fou, et la Mort. » 4. Correspondances avec
les
cartes modernes Les interprètes contemporains diffèrent d’une mani
2951
4. Correspondances avec les cartes modernes
Les
interprètes contemporains diffèrent d’une manière décourageante quant
2952
dernes Les interprètes contemporains diffèrent
d’
une manière décourageante quant au parallélisme à établir entre les qu
2953
courageante quant au parallélisme à établir entre
les
quatre couleurs des tarots et les quatre couleurs du jeu de cartes mo
2954
à établir entre les quatre couleurs des tarots et
les
quatre couleurs du jeu de cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’é
2955
couleurs des tarots et les quatre couleurs du jeu
de
cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’étude du lecteur les hypoth
2956
du jeu de cartes moderne. Bornons-nous à livrer à
l’
étude du lecteur les hypothèses suivantes : Selon A. E. White (Key to
2957
derne. Bornons-nous à livrer à l’étude du lecteur
les
hypothèses suivantes : Selon A. E. White (Key to the Tarot) : les Bât
2958
uivantes : Selon A. E. White (Key to the Tarot) :
les
Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœur
2959
White (Key to the Tarot) : les Bâtons du Tarot =
les
Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trè
2960
arot) : les Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu
de
cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers =
2961
s Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes
les
Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques
2962
arot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes =
les
Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les t
2963
Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs
les
Épées = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Fr
2964
jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées =
les
Trèfles les Deniers = les Piques Selon les tarots de Francfort : Bâ
2965
les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles
les
Deniers = les Piques Selon les tarots de Francfort : Bâtons = Carrea
2966
les Cœurs les Épées = les Trèfles les Deniers =
les
Piques Selon les tarots de Francfort : Bâtons = Carreaux Coupes = Cœ
2967
es = les Trèfles les Deniers = les Piques Selon
les
tarots de Francfort : Bâtons = Carreaux Coupes = Cœurs Épées = Piques
2968
èfles les Deniers = les Piques Selon les tarots
de
Francfort : Bâtons = Carreaux Coupes = Cœurs Épées = Piques Deniers =
2969
Épées = Pique = Terre Deniers = Cœur = Feu Selon
le
Dr Elizabeth Whitney (Tarot, private publication in Spring 1942) : Bâ
2970
rs = Pique = Sensation = Terre Enfin, selon R. M.
de
Marinis (dans un ouvrage à paraître en 1945) : Bâtons = Trèfle = Sexu
2971
nsée = Feu Il semblerait, à lire cette liste, que
les
arcanes représentent, grosso modo, les autorités religieuses et socia
2972
liste, que les arcanes représentent, grosso modo,
les
autorités religieuses et sociales au Moyen Âge, et quelques-unes des
2973
Âge, et quelques-unes des situations élémentaires
de
l’existence, signifiées par allégories. Il n’en est rien. Tout est sy
2974
, et quelques-unes des situations élémentaires de
l’
existence, signifiées par allégories. Il n’en est rien. Tout est symbo
2975
légories. Il n’en est rien. Tout est symbole dans
le
Tarot, jusqu’au moindre détail, si le dessin est exact. Et ces symbol
2976
ymbole dans le Tarot, jusqu’au moindre détail, si
le
dessin est exact. Et ces symboles, à l’examen d’une attention qui con
2977
étail, si le dessin est exact. Et ces symboles, à
l’
examen d’une attention qui consent à se laisser docilement absorber, n
2978
le dessin est exact. Et ces symboles, à l’examen
d’
une attention qui consent à se laisser docilement absorber, ne tardent
2979
ont tantôt hiératiques, tantôt dramatiques, comme
le
sont les symboles de nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcane
2980
ôt hiératiques, tantôt dramatiques, comme le sont
les
symboles de nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcanes majeurs
2981
s, tantôt dramatiques, comme le sont les symboles
de
nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcanes majeurs est une app
2982
mme le sont les symboles de nos « grands rêves ».
De
fait, chacun des arcanes majeurs est une apparition, un grand rêve fi
2983
grand rêve fixé, et peut être analysé à ce titre.
Les
figures de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nou
2984
ixé, et peut être analysé à ce titre. Les figures
de
la papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaiss
2985
, et peut être analysé à ce titre. Les figures de
la
papesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent
2986
re analysé à ce titre. Les figures de la papesse,
de
l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de vé
2987
analysé à ce titre. Les figures de la papesse, de
l’
empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de vérit
2988
titre. Les figures de la papesse, de l’empereur,
de
la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archét
2989
tre. Les figures de la papesse, de l’empereur, de
la
Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétype
2990
ures de la papesse, de l’empereur, de la Justice,
de
l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétypes de l’incon
2991
s de la papesse, de l’empereur, de la Justice, de
l’
Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétypes de l’inconsci
2992
la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme
de
véritables Archétypes de l’inconscient, dans leur immobilité insondab
2993
nous apparaissent comme de véritables Archétypes
de
l’inconscient, dans leur immobilité insondable et infiniment allusive
2994
us apparaissent comme de véritables Archétypes de
l’
inconscient, dans leur immobilité insondable et infiniment allusive. C
2995
insondable et infiniment allusive. Cependant que
la
Roue de Fortune, le, Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée s
2996
ble et infiniment allusive. Cependant que la Roue
de
Fortune, le, Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont de g
2997
iment allusive. Cependant que la Roue de Fortune,
le
, Jugement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont de grands événem
2998
ant que la Roue de Fortune, le, Jugement dernier,
la
Lune ou la Tour décapitée sont de grands événements psychiques et cos
2999
Roue de Fortune, le, Jugement dernier, la Lune ou
la
Tour décapitée sont de grands événements psychiques et cosmiques, tan
3000
gement dernier, la Lune ou la Tour décapitée sont
de
grands événements psychiques et cosmiques, tantôt clichés dans leur m
3001
ues et cosmiques, tantôt clichés dans leur moment
d’
extrême tension, tantôt largement résumés de leur naissance à leurs po
3002
oment d’extrême tension, tantôt largement résumés
de
leur naissance à leurs possibles conclusions. Nous pouvons donc consi
3003
ssibles conclusions. Nous pouvons donc considérer
les
arcanes majeurs du tarot comme un véritable Alphabet de la grande poé
3004
anes majeurs du tarot comme un véritable Alphabet
de
la grande poésie universelle. Leur attribuer un auteur, une date fixe
3005
s majeurs du tarot comme un véritable Alphabet de
la
grande poésie universelle. Leur attribuer un auteur, une date fixe, u
3006
un usage limité, serait méconnaître leur nature.
Les
arcanes sont issus de la nuit des Mères, et de l’Underground éternel.
3007
t méconnaître leur nature. Les arcanes sont issus
de
la nuit des Mères, et de l’Underground éternel. Peut-être même faudra
3008
éconnaître leur nature. Les arcanes sont issus de
la
nuit des Mères, et de l’Underground éternel. Peut-être même faudrait-
3009
. Les arcanes sont issus de la nuit des Mères, et
de
l’Underground éternel. Peut-être même faudrait-il voir dans les lames
3010
es arcanes sont issus de la nuit des Mères, et de
l’
Underground éternel. Peut-être même faudrait-il voir dans les lames le
3011
und éternel. Peut-être même faudrait-il voir dans
les
lames les plus anciennes les signes d’un langage secret, communiquant
3012
l. Peut-être même faudrait-il voir dans les lames
les
plus anciennes les signes d’un langage secret, communiquant sous la f
3013
audrait-il voir dans les lames les plus anciennes
les
signes d’un langage secret, communiquant sous la forme anodine d’un j
3014
voir dans les lames les plus anciennes les signes
d’
un langage secret, communiquant sous la forme anodine d’un jeu, les do
3015
les signes d’un langage secret, communiquant sous
la
forme anodine d’un jeu, les doctrines manichéennes de la secte des ca
3016
angage secret, communiquant sous la forme anodine
d’
un jeu, les doctrines manichéennes de la secte des cathares ou albigeo
3017
ret, communiquant sous la forme anodine d’un jeu,
les
doctrines manichéennes de la secte des cathares ou albigeois, persécu
3018
orme anodine d’un jeu, les doctrines manichéennes
de
la secte des cathares ou albigeois, persécutée par l’inquisition. (La
3019
e anodine d’un jeu, les doctrines manichéennes de
la
secte des cathares ou albigeois, persécutée par l’inquisition. (La cr
3020
a secte des cathares ou albigeois, persécutée par
l’
inquisition. (La croisade contre les albigeois commença en 1209.) Les
3021
ares ou albigeois, persécutée par l’inquisition. (
La
croisade contre les albigeois commença en 1209.) Les troubadours cath
3022
persécutée par l’inquisition. (La croisade contre
les
albigeois commença en 1209.) Les troubadours cathares, initiateurs de
3023
croisade contre les albigeois commença en 1209.)
Les
troubadours cathares, initiateurs de toute la poésie occidentale, aur
3024
a en 1209.) Les troubadours cathares, initiateurs
de
toute la poésie occidentale, auraient pris le maquis dans plusieurs p
3025
.) Les troubadours cathares, initiateurs de toute
la
poésie occidentale, auraient pris le maquis dans plusieurs pays, mais
3026
urs de toute la poésie occidentale, auraient pris
le
maquis dans plusieurs pays, mais n’auraient pas cessé de répandre leu
3027
is dans plusieurs pays, mais n’auraient pas cessé
de
répandre leur croyance et leur sagesse par l’entremise des tireurs de
3028
ssé de répandre leur croyance et leur sagesse par
l’
entremise des tireurs de cartes. Cette hypothèse a été formulée par le
3029
yance et leur sagesse par l’entremise des tireurs
de
cartes. Cette hypothèse a été formulée par le grand indianiste Heinri
3030
urs de cartes. Cette hypothèse a été formulée par
le
grand indianiste Heinrich Zimmer, dont nous traduisons ci-après quelq
3031
uisons ci-après quelques pages remarquables sur «
Le
Fou ». 6. De l’usage des tarots Nous avons pris l’habitude de c
3032
quelques pages remarquables sur « Le Fou ». 6.
De
l’usage des tarots Nous avons pris l’habitude de considérer les ta
3033
lques pages remarquables sur « Le Fou ». 6. De
l’
usage des tarots Nous avons pris l’habitude de considérer les tarot
3034
». 6. De l’usage des tarots Nous avons pris
l’
habitude de considérer les tarots avant tout comme un moyen de divinat
3035
l’usage des tarots Nous avons pris l’habitude
de
considérer les tarots avant tout comme un moyen de divination de l’av
3036
arots Nous avons pris l’habitude de considérer
les
tarots avant tout comme un moyen de divination de l’avenir. Si l’on e
3037
e considérer les tarots avant tout comme un moyen
de
divination de l’avenir. Si l’on en croit les plus récents travaux, ce
3038
es tarots avant tout comme un moyen de divination
de
l’avenir. Si l’on en croit les plus récents travaux, ceux en particul
3039
tarots avant tout comme un moyen de divination de
l’
avenir. Si l’on en croit les plus récents travaux, ceux en particulier
3040
tout comme un moyen de divination de l’avenir. Si
l’
on en croit les plus récents travaux, ceux en particulier du professeu
3041
moyen de divination de l’avenir. Si l’on en croit
les
plus récents travaux, ceux en particulier du professeur Tassin, de Co
3042
ravaux, ceux en particulier du professeur Tassin,
de
Columbia, et de Paul Foster Case, le tarot aurait été, originellement
3043
particulier du professeur Tassin, de Columbia, et
de
Paul Foster Case, le tarot aurait été, originellement, une méthode de
3044
seur Tassin, de Columbia, et de Paul Foster Case,
le
tarot aurait été, originellement, une méthode de psychothérapie compa
3045
le tarot aurait été, originellement, une méthode
de
psychothérapie comparable à notre psychanalyse. Ses lames seraient en
3046
psychanalyse. Ses lames seraient en vérité autant
de
thèmes de méditations prolongées — la cure ou yoga durait plusieurs a
3047
se. Ses lames seraient en vérité autant de thèmes
de
méditations prolongées — la cure ou yoga durait plusieurs années — et
3048
rité autant de thèmes de méditations prolongées —
la
cure ou yoga durait plusieurs années — et marqueraient les étapes d’u
3049
ou yoga durait plusieurs années — et marqueraient
les
étapes d’une « voie hermétique » aboutissant à la réalisation intime
3050
ait plusieurs années — et marqueraient les étapes
d’
une « voie hermétique » aboutissant à la réalisation intime du Grand Œ
3051
es étapes d’une « voie hermétique » aboutissant à
la
réalisation intime du Grand Œuvre des alchimistes. Il s’agirait de pa
3052
time du Grand Œuvre des alchimistes. Il s’agirait
de
passer, à travers ce yoga, de l’illusion à la réalité, et des choses
3053
istes. Il s’agirait de passer, à travers ce yoga,
de
l’illusion à la réalité, et des choses telles qu’elles nous apparaiss
3054
es. Il s’agirait de passer, à travers ce yoga, de
l’
illusion à la réalité, et des choses telles qu’elles nous apparaissent
3055
ait de passer, à travers ce yoga, de l’illusion à
la
réalité, et des choses telles qu’elles nous apparaissent aux choses t
3056
ous apparaissent aux choses telles qu’elles sont.
Les
22 arcanes décriraient l’histoire de l’homme qui part dans la vie com
3057
telles qu’elles sont. Les 22 arcanes décriraient
l’
histoire de l’homme qui part dans la vie comme un Fol (arcane zéro) et
3058
elles sont. Les 22 arcanes décriraient l’histoire
de
l’homme qui part dans la vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à
3059
es sont. Les 22 arcanes décriraient l’histoire de
l’
homme qui part dans la vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à la
3060
s décriraient l’histoire de l’homme qui part dans
la
vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à la connaissance de soi et
3061
ns la vie comme un Fol (arcane zéro) et aboutit à
la
connaissance de soi et du Monde (arcane 21) en passant par tous les s
3062
un Fol (arcane zéro) et aboutit à la connaissance
de
soi et du Monde (arcane 21) en passant par tous les stades du dévelop
3063
e soi et du Monde (arcane 21) en passant par tous
les
stades du développement collectif, puis individuel, de la psyché huma
3064
ades du développement collectif, puis individuel,
de
la psyché humaine. Chacune des cartes était utilisée par l’étudiant
3065
s du développement collectif, puis individuel, de
la
psyché humaine. Chacune des cartes était utilisée par l’étudiant en
3066
é humaine. Chacune des cartes était utilisée par
l’
étudiant en occultisme comme sujet de méditations et de contemplation,
3067
utilisée par l’étudiant en occultisme comme sujet
de
méditations et de contemplation, au cours d’exercices poursuivis aux
3068
diant en occultisme comme sujet de méditations et
de
contemplation, au cours d’exercices poursuivis aux fins d’arriver à l
3069
ujet de méditations et de contemplation, au cours
d’
exercices poursuivis aux fins d’arriver à l’illumination. L’avantage p
3070
plation, au cours d’exercices poursuivis aux fins
d’
arriver à l’illumination. L’avantage particulier de cette technique, c
3071
cours d’exercices poursuivis aux fins d’arriver à
l’
illumination. L’avantage particulier de cette technique, comparée à d’
3072
s poursuivis aux fins d’arriver à l’illumination.
L’
avantage particulier de cette technique, comparée à d’autres, résidait
3073
’arriver à l’illumination. L’avantage particulier
de
cette technique, comparée à d’autres, résidait dans le fait qu’elle c
3074
tte technique, comparée à d’autres, résidait dans
le
fait qu’elle combinait plusieurs modes d’entraînement dans une seule
3075
it dans le fait qu’elle combinait plusieurs modes
d’
entraînement dans une seule activité. Ainsi, tandis que l’étudiant app
3076
nement dans une seule activité. Ainsi, tandis que
l’
étudiant apprenait les symboles, il s’exerçait inconsciemment à la con
3077
activité. Ainsi, tandis que l’étudiant apprenait
les
symboles, il s’exerçait inconsciemment à la concentration, à la visua
3078
nait les symboles, il s’exerçait inconsciemment à
la
concentration, à la visualisation, à l’exactitude, à l’analyse et à l
3079
l s’exerçait inconsciemment à la concentration, à
la
visualisation, à l’exactitude, à l’analyse et à la synthèse, à l’éval
3080
iemment à la concentration, à la visualisation, à
l’
exactitude, à l’analyse et à la synthèse, à l’évaluation des couleurs
3081
centration, à la visualisation, à l’exactitude, à
l’
analyse et à la synthèse, à l’évaluation des couleurs et des formes, e
3082
a visualisation, à l’exactitude, à l’analyse et à
la
synthèse, à l’évaluation des couleurs et des formes, et surtout il en
3083
, à l’exactitude, à l’analyse et à la synthèse, à
l’
évaluation des couleurs et des formes, et surtout il entraînait cette
3084
ulté maîtresse qui établit des corrélations entre
les
idées abstraites. Le schème d’études était en général le suivant : l’
3085
blit des corrélations entre les idées abstraites.
Le
schème d’études était en général le suivant : l’étudiant commençait p
3086
orrélations entre les idées abstraites. Le schème
d’
études était en général le suivant : l’étudiant commençait par la cont
3087
s abstraites. Le schème d’études était en général
le
suivant : l’étudiant commençait par la contemplation d’une carte isol
3088
Le schème d’études était en général le suivant :
l’
étudiant commençait par la contemplation d’une carte isolée, puis il l
3089
en général le suivant : l’étudiant commençait par
la
contemplation d’une carte isolée, puis il la reliait graduellement à
3090
vant : l’étudiant commençait par la contemplation
d’
une carte isolée, puis il la reliait graduellement à d’autres cartes,
3091
par la contemplation d’une carte isolée, puis il
la
reliait graduellement à d’autres cartes, disposées autour de la premi
3092
ication peut suffire à faire entrevoir au lecteur
l’
importance réelle du tarot, indépendamment des usages pittoresques, se
3093
des usages pittoresques, secondaires, dérivés, et
le
plus souvent charlatanesques, dont les modernes ont cru pouvoir se re
3094
dérivés, et le plus souvent charlatanesques, dont
les
modernes ont cru pouvoir se rendre maîtres. Terminons sur une anecdot
3095
ir se rendre maîtres. Terminons sur une anecdote.
Le
lendemain de la libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché
3096
maîtres. Terminons sur une anecdote. Le lendemain
de
la libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché aux forces a
3097
tres. Terminons sur une anecdote. Le lendemain de
la
libération de Paris, le peintre Emlen Etting, attaché aux forces amér
3098
s sur une anecdote. Le lendemain de la libération
de
Paris, le peintre Emlen Etting, attaché aux forces américaines, et so
3099
anecdote. Le lendemain de la libération de Paris,
le
peintre Emlen Etting, attaché aux forces américaines, et son ami Andr
3100
André Lhote, furent les premiers à pénétrer dans
le
Palais du Luxembourg, abandonné la veille par les Allemands. Au milie
3101
pénétrer dans le Palais du Luxembourg, abandonné
la
veille par les Allemands. Au milieu du désordre indescriptible de la
3102
le Palais du Luxembourg, abandonné la veille par
les
Allemands. Au milieu du désordre indescriptible de la salle du Sénat,
3103
s Allemands. Au milieu du désordre indescriptible
de
la salle du Sénat, meubles brisés, papiers épars, une table au tapis
3104
llemands. Au milieu du désordre indescriptible de
la
salle du Sénat, meubles brisés, papiers épars, une table au tapis ver
3105
ne table au tapis vert était seule restée debout.
Les
deux peintres s’étant approchés y virent « jetées comme par la main d
3106
res s’étant approchés y virent « jetées comme par
la
main du destin » une séquence de lames de tarot. Dernier message des
3107
jetées comme par la main du destin » une séquence
de
lames de tarot. Dernier message des occupants. Message suspect, ajout
3108
mme par la main du destin » une séquence de lames
de
tarot. Dernier message des occupants. Message suspect, ajouterons-nou
3109
Message suspect, ajouterons-nous : il s’agissait
de
cartes allemandes portant au lieu des coupes, bâtons, deniers, épées
3110
œurs, des cloches, des feuilles et des glands.
Le
Fou, arcane 0 a) Interprétation d’Elie Alta d’après Etteilla :
3111
lands. Le Fou, arcane 0 a) Interprétation
d’
Elie Alta d’après Etteilla : Le grelot de la Folie s’adapte indist
3112
Interprétation d’Elie Alta d’après Etteilla :
Le
grelot de la Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de not
3113
tion d’Elie Alta d’après Etteilla : Le grelot
de
la Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne.
3114
n d’Elie Alta d’après Etteilla : Le grelot de
la
Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne. La
3115
relot de la Folie s’adapte indistinctement à tous
les
anneaux de notre chaîne. La surface entière du globe (le 0) n’est que
3116
Folie s’adapte indistinctement à tous les anneaux
de
notre chaîne. La surface entière du globe (le 0) n’est que le théâtre
3117
distinctement à tous les anneaux de notre chaîne.
La
surface entière du globe (le 0) n’est que le théâtre de nos extravaga
3118
aux de notre chaîne. La surface entière du globe (
le
0) n’est que le théâtre de nos extravagances. Retraçons d’ailleurs au
3119
îne. La surface entière du globe (le 0) n’est que
le
théâtre de nos extravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l
3120
face entière du globe (le 0) n’est que le théâtre
de
nos extravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l’emblème d’
3121
ravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage
l’
emblème d’un voyageur, qui symbolise l’homme. Cette vie n’est qu’un co
3122
. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l’emblème
d’
un voyageur, qui symbolise l’homme. Cette vie n’est qu’un court trajet
3123
ux du sage l’emblème d’un voyageur, qui symbolise
l’
homme. Cette vie n’est qu’un court trajet dont nous pouvons adoucir le
3124
’est qu’un court trajet dont nous pouvons adoucir
les
peines en nous comportant d’après les plus saines aspirations du rayo
3125
ons adoucir les peines en nous comportant d’après
les
plus saines aspirations du rayon divin qui nous anime. Synonymes : Dr
3126
distraction, nullité, vain. b) Interprétation
de
E. Whitney, d’après diverses traditions : Vue sous un certain ang
3127
es traditions : Vue sous un certain angle (si
l’
on place l’arcane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’inco
3128
ns : Vue sous un certain angle (si l’on place
l’
arcane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’inconscience, d
3129
e sous un certain angle (si l’on place l’arcane à
la
fin du jeu) cette carte est une image de l’inconscience, des occasion
3130
arcane à la fin du jeu) cette carte est une image
de
l’inconscience, des occasions manquées, de la vie d’illusion. Le Fou,
3131
ane à la fin du jeu) cette carte est une image de
l’
inconscience, des occasions manquées, de la vie d’illusion. Le Fou, da
3132
image de l’inconscience, des occasions manquées,
de
la vie d’illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans ré
3133
age de l’inconscience, des occasions manquées, de
la
vie d’illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans résis
3134
l’inconscience, des occasions manquées, de la vie
d’
illusion. Le Fou, dans ce sens, est la passion subie sans résistance,
3135
ce, des occasions manquées, de la vie d’illusion.
Le
Fou, dans ce sens, est la passion subie sans résistance, la vie vécue
3136
, de la vie d’illusion. Le Fou, dans ce sens, est
la
passion subie sans résistance, la vie vécue au niveau animal. Rien n’
3137
ns ce sens, est la passion subie sans résistance,
la
vie vécue au niveau animal. Rien n’a été appris ou gagné par la trave
3138
u niveau animal. Rien n’a été appris ou gagné par
la
traversée du Jeu. La vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui l’a v
3139
n’a été appris ou gagné par la traversée du Jeu.
La
vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi la somme
3140
eu. La vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui
l’
a vécue. Aussi la somme de ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l
3141
cet homme, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi
la
somme de ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l’angle de A. E. W
3142
e, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi la somme
de
ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l’angle de A. E. Waite, le
3143
omme de ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous
l’
angle de A. E. Waite, le Fou est un homme richement habillé, portant u
3144
ce qu’il a réalisé est-elle zéro. Vu sous l’angle
de
A. E. Waite, le Fou est un homme richement habillé, portant une rose
3145
sé est-elle zéro. Vu sous l’angle de A. E. Waite,
le
Fou est un homme richement habillé, portant une rose à la main, et qu
3146
st un homme richement habillé, portant une rose à
la
main, et qui s’arrête au bord d’un précipice pour contempler l’espace
3147
i s’arrête au bord d’un précipice pour contempler
l’
espace au-dessous et au-dessus de lui. L’abîme ne lui inspire pas de t
3148
pour contempler l’espace au-dessous et au-dessus
de
lui. L’abîme ne lui inspire pas de terreur. Son visage est plein d’in
3149
ntempler l’espace au-dessous et au-dessus de lui.
L’
abîme ne lui inspire pas de terreur. Son visage est plein d’intelligen
3150
s et au-dessus de lui. L’abîme ne lui inspire pas
de
terreur. Son visage est plein d’intelligence, de rêve et d’attente. C
3151
lui inspire pas de terreur. Son visage est plein
d’
intelligence, de rêve et d’attente. C’est un prince de l’autre monde e
3152
de terreur. Son visage est plein d’intelligence,
de
rêve et d’attente. C’est un prince de l’autre monde en voyage ici-bas
3153
. Son visage est plein d’intelligence, de rêve et
d’
attente. C’est un prince de l’autre monde en voyage ici-bas. Sous cet
3154
telligence, de rêve et d’attente. C’est un prince
de
l’autre monde en voyage ici-bas. Sous cet aspect, il est la conscienc
3155
monde en voyage ici-bas. Sous cet aspect, il est
la
conscience individuelle libérée de l’illusion, et poursuivant sa rout
3156
aspect, il est la conscience individuelle libérée
de
l’illusion, et poursuivant sa route sans craindre les dangers que cou
3157
ect, il est la conscience individuelle libérée de
l’
illusion, et poursuivant sa route sans craindre les dangers que court
3158
l’illusion, et poursuivant sa route sans craindre
les
dangers que court l’homme collectif ou purement instinctif. Plus peti
3159
vant sa route sans craindre les dangers que court
l’
homme collectif ou purement instinctif. Plus petit que le petit, plus
3160
collectif ou purement instinctif. Plus petit que
le
petit, plus grand que le grand, tenu pour néant par la raison et le m
3161
stinctif. Plus petit que le petit, plus grand que
le
grand, tenu pour néant par la raison et le monde, symbolisé par le ce
3162
tit, plus grand que le grand, tenu pour néant par
la
raison et le monde, symbolisé par le cercle, il est l’expression de l
3163
nd que le grand, tenu pour néant par la raison et
le
monde, symbolisé par le cercle, il est l’expression de la volonté d’i
3164
ur néant par la raison et le monde, symbolisé par
le
cercle, il est l’expression de la volonté d’individuation dans l’homm
3165
ison et le monde, symbolisé par le cercle, il est
l’
expression de la volonté d’individuation dans l’homme. Du point de vue
3166
nde, symbolisé par le cercle, il est l’expression
de
la volonté d’individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, ce
3167
, symbolisé par le cercle, il est l’expression de
la
volonté d’individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, cette
3168
par le cercle, il est l’expression de la volonté
d’
individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, cette quête n’es
3169
t l’expression de la volonté d’individuation dans
l’
homme. Du point de vue de l’égo, cette quête n’est que folie et non-se
3170
nté d’individuation dans l’homme. Du point de vue
de
l’égo, cette quête n’est que folie et non-sens. c) Interprétation
3171
d’individuation dans l’homme. Du point de vue de
l’
égo, cette quête n’est que folie et non-sens. c) Interprétation mo
3172
folie et non-sens. c) Interprétation moderne
de
B. McM. Hazard (résumé) La clef 0 doit exprimer un état de prépar
3173
rprétation moderne de B. McM. Hazard (résumé)
La
clef 0 doit exprimer un état de préparation, avant la conscience et l
3174
zard (résumé) La clef 0 doit exprimer un état
de
préparation, avant la conscience et l’individuation. Les symboles de
3175
lef 0 doit exprimer un état de préparation, avant
la
conscience et l’individuation. Les symboles de la carte le confirment
3176
er un état de préparation, avant la conscience et
l’
individuation. Les symboles de la carte le confirment : le grand solei
3177
paration, avant la conscience et l’individuation.
Les
symboles de la carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à
3178
nt la conscience et l’individuation. Les symboles
de
la carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à droite, con
3179
la conscience et l’individuation. Les symboles de
la
carte le confirment : le grand soleil blanc, en haut à droite, contie
3180
ence et l’individuation. Les symboles de la carte
le
confirment : le grand soleil blanc, en haut à droite, contient toutes
3181
duation. Les symboles de la carte le confirment :
le
grand soleil blanc, en haut à droite, contient toutes les couleurs du
3182
d soleil blanc, en haut à droite, contient toutes
les
couleurs du spectre encore indifférenciées ; la couleur jaune du fond
3183
les couleurs du spectre encore indifférenciées ;
la
couleur jaune du fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respi
3184
ifférenciées ; la couleur jaune du fond est celle
de
l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint
3185
érenciées ; la couleur jaune du fond est celle de
l’
intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint com
3186
a couleur jaune du fond est celle de l’intellect,
de
l’air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternell
3187
ouleur jaune du fond est celle de l’intellect, de
l’
air, de la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternelle J
3188
jaune du fond est celle de l’intellect, de l’air,
de
la respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternelle Jeunesse
3189
ne du fond est celle de l’intellect, de l’air, de
la
respiration ; le Fou lui-même est peint comme l’Éternelle Jeunesse, p
3190
lle de l’intellect, de l’air, de la respiration ;
le
Fou lui-même est peint comme l’Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer d
3191
la respiration ; le Fou lui-même est peint comme
l’
Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer dans l’abîme de la manifestation
3192
comme l’Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer dans
l’
abîme de la manifestation terrestre. Il porte les deux symboles fémini
3193
Éternelle Jeunesse, prête à pénétrer dans l’abîme
de
la manifestation terrestre. Il porte les deux symboles féminin et mas
3194
rnelle Jeunesse, prête à pénétrer dans l’abîme de
la
manifestation terrestre. Il porte les deux symboles féminin et mascul
3195
s l’abîme de la manifestation terrestre. Il porte
les
deux symboles féminin et masculin : ses cheveux clairs dénotent la co
3196
féminin et masculin : ses cheveux clairs dénotent
la
conscience (par opposition à l’inconscient). Sa robe blanche (pureté)
3197
x clairs dénotent la conscience (par opposition à
l’
inconscient). Sa robe blanche (pureté) porte autour du col les lettres
3198
nt). Sa robe blanche (pureté) porte autour du col
les
lettres du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de Dieu, J
3199
r du col les lettres du grand tétragramme hébreu,
le
nom imprononçable de Dieu, J H V H. Par-dessus cette robe, il porte l
3200
du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable
de
Dieu, J H V H. Par-dessus cette robe, il porte la cape noire de l’ign
3201
de Dieu, J H V H. Par-dessus cette robe, il porte
la
cape noire de l’ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée
3202
H. Par-dessus cette robe, il porte la cape noire
de
l’ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles ver
3203
Par-dessus cette robe, il porte la cape noire de
l’
ignorance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts
3204
be, il porte la cape noire de l’ignorance, bordée
de
rouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts — la nature créatric
3205
ape noire de l’ignorance, bordée de rouge — c’est
le
désir —, ornée de trèfles verts — la nature créatrice — et de disques
3206
orance, bordée de rouge — c’est le désir —, ornée
de
trèfles verts — la nature créatrice — et de disques jaunes sur lesque
3207
ouge — c’est le désir —, ornée de trèfles verts —
la
nature créatrice — et de disques jaunes sur lesquels sont brodées des
3208
ornée de trèfles verts — la nature créatrice — et
de
disques jaunes sur lesquels sont brodées des roues rouges à 8 rayons,
3209
nt brodées des roues rouges à 8 rayons, annonçant
l’
accomplissement futur, l’intégration et la conscience individuelle. Le
3210
es à 8 rayons, annonçant l’accomplissement futur,
l’
intégration et la conscience individuelle. Les arcanes majeurs qui sui
3211
nonçant l’accomplissement futur, l’intégration et
la
conscience individuelle. Les arcanes majeurs qui suivent montrent ce
3212
tur, l’intégration et la conscience individuelle.
Les
arcanes majeurs qui suivent montrent ce qu’il adviendra du Fou à mesu
3213
qu’il adviendra du Fou à mesure qu’il traversera
les
collines, vallées et montagnes indiquées dans le fond de cette carte,
3214
les collines, vallées et montagnes indiquées dans
le
fond de cette carte, jusqu’à ce qu’il revienne au grand soleil ou « P
3215
ines, vallées et montagnes indiquées dans le fond
de
cette carte, jusqu’à ce qu’il revienne au grand soleil ou « Père » do
3216
t, ou animal, ou même abstraction, dans une suite
de
symboles qui expriment d’abord les archétypes de l’homme collectif, p
3217
dans une suite de symboles qui expriment d’abord
les
archétypes de l’homme collectif, puis les symboles plus subjectifs de
3218
de symboles qui expriment d’abord les archétypes
de
l’homme collectif, puis les symboles plus subjectifs de l’homme indiv
3219
symboles qui expriment d’abord les archétypes de
l’
homme collectif, puis les symboles plus subjectifs de l’homme individu
3220
d’abord les archétypes de l’homme collectif, puis
les
symboles plus subjectifs de l’homme individualisé. d) Interprétat
3221
omme collectif, puis les symboles plus subjectifs
de
l’homme individualisé. d) Interprétation de Heinrich Zimmer (extr
3222
e collectif, puis les symboles plus subjectifs de
l’
homme individualisé. d) Interprétation de Heinrich Zimmer (extrait
3223
s de l’homme individualisé. d) Interprétation
de
Heinrich Zimmer (extraite d’un ouvrage posthume, non encore publié)
3224
d) Interprétation de Heinrich Zimmer (extraite
d’
un ouvrage posthume, non encore publié) Dernière carte de la série
3225
ge posthume, non encore publié) Dernière carte
de
la série de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qu
3226
posthume, non encore publié) Dernière carte de
la
série de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui l
3227
non encore publié) Dernière carte de la série
de
78, la seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui la relie à
3228
core publié) Dernière carte de la série de 78,
la
seule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui la relie à une de
3229
arte de la série de 78, la seule qui ne porte pas
de
symboles ou de nombre qui la relie à une des couleurs… Cette figure s
3230
e de 78, la seule qui ne porte pas de symboles ou
de
nombre qui la relie à une des couleurs… Cette figure solitaire montre
3231
ule qui ne porte pas de symboles ou de nombre qui
la
relie à une des couleurs… Cette figure solitaire montre un vagabond e
3232
olitaire montre un vagabond errant sans but, avec
la
démarche d’un fou… et un regard qui perce toutes choses sans s’arrête
3233
tre un vagabond errant sans but, avec la démarche
d’
un fou… et un regard qui perce toutes choses sans s’arrêter à aucune.
3234
qui perce toutes choses sans s’arrêter à aucune. (
Le
Fou) exprime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parv
3235
choses sans s’arrêter à aucune. (Le Fou) exprime
le
type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de
3236
. (Le Fou) exprime le type du pèlerin-sage (selon
la
sagesse de l’Est) parvenu au terme de l’initiation. Semblable à un fo
3237
exprime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse
de
l’Est) parvenu au terme de l’initiation. Semblable à un fou, à un men
3238
rime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de
l’
Est) parvenu au terme de l’initiation. Semblable à un fou, à un mendia
3239
sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme
de
l’initiation. Semblable à un fou, à un mendiant, à un hors-caste : ca
3240
e (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de
l’
initiation. Semblable à un fou, à un mendiant, à un hors-caste : car c
3241
n mendiant, à un hors-caste : car c’est ainsi que
le
saint, l’homme parfait, doit apparaître aux yeux des autres. Il s’est
3242
, à un hors-caste : car c’est ainsi que le saint,
l’
homme parfait, doit apparaître aux yeux des autres. Il s’est libéré de
3243
aux yeux des autres. Il s’est libéré des systèmes
de
castes, des hiérarchies sociales. Il n’a plus besoin de la puissance
3244
tes, des hiérarchies sociales. Il n’a plus besoin
de
la puissance terrestre (les épées) ; des sacrements, rites et prêtres
3245
, des hiérarchies sociales. Il n’a plus besoin de
la
puissance terrestre (les épées) ; des sacrements, rites et prêtres de
3246
es. Il n’a plus besoin de la puissance terrestre (
les
épées) ; des sacrements, rites et prêtres des religions établies (les
3247
rements, rites et prêtres des religions établies (
les
coupes) ; des biens qu’on peut acheter et vendre (les deniers) ; du s
3248
coupes) ; des biens qu’on peut acheter et vendre (
les
deniers) ; du sol et du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, n
3249
ter et vendre (les deniers) ; du sol et du foyer (
les
bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il est la carte anonyme.
3250
s) ; du sol et du foyer (les bâtons). Il n’a plus
d’
attaches, ni de nom. Il est la carte anonyme. Il n’est qu’un fol erran
3251
du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni
de
nom. Il est la carte anonyme. Il n’est qu’un fol errant. Comment a-t-
3252
âtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il est
la
carte anonyme. Il n’est qu’un fol errant. Comment a-t-il atteint le s
3253
Il n’est qu’un fol errant. Comment a-t-il atteint
le
stade suprême, bien au-dessus des rois, des reines, des as, des cheva
3254
s valets, au-dessus des 21 symboles qui décrivent
la
hiérarchie des essences et des sphères surhumaines ? En passant à tra
3255
re pris par un seul… Ayant accompli son être dans
la
coïncidence des contraires, pour lui l’univers ambiant perd son poids
3256
être dans la coïncidence des contraires, pour lui
l’
univers ambiant perd son poids. Sa réalité visible et tangible continu
3257
on poids. Sa réalité visible et tangible continue
d’
exister, mais elle a perdu son pouvoir magique. Voici l’expérience du
3258
ter, mais elle a perdu son pouvoir magique. Voici
l’
expérience du Fou : le monde extérieur n’a pas plus de signification r
3259
son pouvoir magique. Voici l’expérience du Fou :
le
monde extérieur n’a pas plus de signification réelle que l’ego, dont
3260
périence du Fou : le monde extérieur n’a pas plus
de
signification réelle que l’ego, dont il s’est débarrassé depuis longt
3261
xtérieur n’a pas plus de signification réelle que
l’
ego, dont il s’est débarrassé depuis longtemps. L’une et l’autre sont
3262
ébarrassé depuis longtemps. L’une et l’autre sont
les
illusions qui s’interposent entre l’homme et son essence divine innée
3263
’autre sont les illusions qui s’interposent entre
l’
homme et son essence divine innée… Le fol errant n’a ni famille, ni po
3264
posent entre l’homme et son essence divine innée…
Le
fol errant n’a ni famille, ni possessions, ni lieu où reposer sa tête
3265
reposer sa tête. Cependant, il ne se sent frustré
de
rien de tout cela. Il est en union avec l’Univers, sa vraie maison. L
3266
sa tête. Cependant, il ne se sent frustré de rien
de
tout cela. Il est en union avec l’Univers, sa vraie maison. L’univers
3267
rustré de rien de tout cela. Il est en union avec
l’
Univers, sa vraie maison. L’univers participe à sa nature même. D’autr
3268
Il est en union avec l’Univers, sa vraie maison.
L’
univers participe à sa nature même. D’autre part, le divin, dans son e
3269
univers participe à sa nature même. D’autre part,
le
divin, dans son essence transcendantale, au-delà de tout changement o
3270
divin, dans son essence transcendantale, au-delà
de
tout changement ou forme, se trouve être aussi son essence propre. Ca
3271
trouve être aussi son essence propre. Car il est
la
coincidentia oppositorum. La forme suprême de cette union est Dieu, d
3272
e propre. Car il est la coincidentia oppositorum.
La
forme suprême de cette union est Dieu, déployant constamment son esse
3273
est la coincidentia oppositorum. La forme suprême
de
cette union est Dieu, déployant constamment son essence dans les aspe
3274
est Dieu, déployant constamment son essence dans
les
aspects de l’univers et de ses créatures, et cependant restant le « D
3275
éployant constamment son essence dans les aspects
de
l’univers et de ses créatures, et cependant restant le « Dieu caché »
3276
oyant constamment son essence dans les aspects de
l’
univers et de ses créatures, et cependant restant le « Dieu caché », d
3277
ment son essence dans les aspects de l’univers et
de
ses créatures, et cependant restant le « Dieu caché », deus abscondit
3278
univers et de ses créatures, et cependant restant
le
« Dieu caché », deus absconditus, éternellement… Le fol errant voit e
3279
« Dieu caché », deus absconditus, éternellement…
Le
fol errant voit en toutes choses la manifestation de Dieu, c’est-à-di
3280
ternellement… Le fol errant voit en toutes choses
la
manifestation de Dieu, c’est-à-dire de lui-même, et en même temps il
3281
fol errant voit en toutes choses la manifestation
de
Dieu, c’est-à-dire de lui-même, et en même temps il voit à travers to
3282
tes choses la manifestation de Dieu, c’est-à-dire
de
lui-même, et en même temps il voit à travers toutes les choses : elle
3283
i-même, et en même temps il voit à travers toutes
les
choses : elles ne sont que néant, elles ne sont qu’un mirage, il les
3284
ne sont que néant, elles ne sont qu’un mirage, il
les
a dépassées… Il est le mendiant qui possède l’univers, et toutes ses
3285
ne sont qu’un mirage, il les a dépassées… Il est
le
mendiant qui possède l’univers, et toutes ses richesses, qui ne sont
3286
l les a dépassées… Il est le mendiant qui possède
l’
univers, et toutes ses richesses, qui ne sont rien d’autre que le dépl
3287
nivers, et toutes ses richesses, qui ne sont rien
d’
autre que le déploiement de sa propre nature. Vous pourrez donc le tra
3288
outes ses richesses, qui ne sont rien d’autre que
le
déploiement de sa propre nature. Vous pourrez donc le traiter de fou.
3289
sses, qui ne sont rien d’autre que le déploiement
de
sa propre nature. Vous pourrez donc le traiter de fou. Il l’est en ef
3290
éploiement de sa propre nature. Vous pourrez donc
le
traiter de fou. Il l’est en effet, mais il n’est pas un lunatique que
3291
de sa propre nature. Vous pourrez donc le traiter
de
fou. Il l’est en effet, mais il n’est pas un lunatique quelconque, un
3292
e nature. Vous pourrez donc le traiter de fou. Il
l’
est en effet, mais il n’est pas un lunatique quelconque, un idiot ou u
3293
as un lunatique quelconque, un idiot ou un simple
d’
esprit. C’est ce qu’il paraît. Si quelque étranger aux habits sales et
3294
e, entrait chez vous et vous tapait gentiment sur
l’
épaule en murmurant à votre oreille : « Je suis le Père, et le Fils, e
3295
l’épaule en murmurant à votre oreille : « Je suis
le
Père, et le Fils, et le Saint-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, s
3296
murmurant à votre oreille : « Je suis le Père, et
le
Fils, et le Saint-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, sans plus d’e
3297
votre oreille : « Je suis le Père, et le Fils, et
le
Saint-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, sans plus d’enquête, le c
3298
t-Esprit ! » — la plupart d’entre vous, sans plus
d’
enquête, le conduiraient tranquillement à l’asile. C’est pourquoi le p
3299
» — la plupart d’entre vous, sans plus d’enquête,
le
conduiraient tranquillement à l’asile. C’est pourquoi le parfait init
3300
plus d’enquête, le conduiraient tranquillement à
l’
asile. C’est pourquoi le parfait initié ne condescend pas à desserrer
3301
uiraient tranquillement à l’asile. C’est pourquoi
le
parfait initié ne condescend pas à desserrer ses lèvres et à révéler
3302
ondescend pas à desserrer ses lèvres et à révéler
le
scandaleux secret de sa perfection. Dans la sagesse du Saint-Esprit i
3303
rrer ses lèvres et à révéler le scandaleux secret
de
sa perfection. Dans la sagesse du Saint-Esprit incarné, il passe, étr
3304
véler le scandaleux secret de sa perfection. Dans
la
sagesse du Saint-Esprit incarné, il passe, étranger, silencieux. Étan
3305
toutes choses, il ne lui reste plus qu’à feindre
de
n’être rien. Et de même, il convient que la séquence des arcanes, grâ
3306
indre de n’être rien. Et de même, il convient que
la
séquence des arcanes, grâce aux symboles graphiques desquels nous son
3307
ux symboles graphiques desquels nous sont dévolus
l’
initiation et l’accomplissement, apparaisse simplement comme une série
3308
hiques desquels nous sont dévolus l’initiation et
l’
accomplissement, apparaisse simplement comme une série de cartes à jou
3309
plissement, apparaisse simplement comme une série
de
cartes à jouer plutôt bizarres et démodées… Le Parfait sous l’aspect
3310
ie de cartes à jouer plutôt bizarres et démodées…
Le
Parfait sous l’aspect d’un fol errant, a dépassé la possibilité d’êtr
3311
ouer plutôt bizarres et démodées… Le Parfait sous
l’
aspect d’un fol errant, a dépassé la possibilité d’être aucune des réa
3312
ôt bizarres et démodées… Le Parfait sous l’aspect
d’
un fol errant, a dépassé la possibilité d’être aucune des réalités par
3313
Parfait sous l’aspect d’un fol errant, a dépassé
la
possibilité d’être aucune des réalités particulières exprimées par le
3314
’aspect d’un fol errant, a dépassé la possibilité
d’
être aucune des réalités particulières exprimées par les quatre couleu
3315
e aucune des réalités particulières exprimées par
les
quatre couleurs et les arcanes. C’est pourquoi, prenons garde, s’il n
3316
articulières exprimées par les quatre couleurs et
les
arcanes. C’est pourquoi, prenons garde, s’il nous advient jamais de r
3317
pourquoi, prenons garde, s’il nous advient jamais
de
rencontrer quelqu’un qui ne soit rien, ni homme d’affaires, ni profes
3318
en, ni homme d’affaires, ni professeur, ni garçon
d’
ascenseur, — quelqu’un qui ne professe aucune profession, un spirituel
3319
mploi, un vagabond cosmique. Prenons bien garde à
la
manière dont nous le traiterons ! Il se pourrait qu’il soit le Saint-
3320
smique. Prenons bien garde à la manière dont nous
le
traiterons ! Il se pourrait qu’il soit le Saint-Esprit incarné, le Ch
3321
nt nous le traiterons ! Il se pourrait qu’il soit
le
Saint-Esprit incarné, le Christ errant de nouveau parmi les hommes Et
3322
l se pourrait qu’il soit le Saint-Esprit incarné,
le
Christ errant de nouveau parmi les hommes Et de plus, s’il y condesce
3323
Esprit incarné, le Christ errant de nouveau parmi
les
hommes Et de plus, s’il y condescendait, il pourrait bien être capabl
3324
il y condescendait, il pourrait bien être capable
de
nous révéler le dernier mot sur les symboles du tarot ! La Roue d
3325
n être capable de nous révéler le dernier mot sur
les
symboles du tarot ! La Roue de Fortune, arcane 10 a) Interpr
3326
er le dernier mot sur les symboles du tarot !
La
Roue de Fortune, arcane 10 a) Interprétation d’Elie Alta, d’aprè
3327
rnier mot sur les symboles du tarot ! La Roue
de
Fortune, arcane 10 a) Interprétation d’Elie Alta, d’après Etteil
3328
Roue de Fortune, arcane 10 a) Interprétation
d’
Elie Alta, d’après Etteilla : La lettre Iod se rapporte à la plupa
3329
nterprétation d’Elie Alta, d’après Etteilla :
La
lettre Iod se rapporte à la plupart des idées du nombre 10. Elle a le
3330
porte à la plupart des idées du nombre 10. Elle a
le
sens de main, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manife
3331
la plupart des idées du nombre 10. Elle a le sens
de
main, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manifestation
3332
t des idées du nombre 10. Elle a le sens de main,
les
deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise la manifestation qui va se
3333
ombre 10. Elle a le sens de main, les deux mains,
les
10 doigts. Elle symbolise la manifestation qui va se produire, la pot
3334
in, les deux mains, les 10 doigts. Elle symbolise
la
manifestation qui va se produire, la potentialité d’un événement. Idé
3335
le symbolise la manifestation qui va se produire,
la
potentialité d’un événement. Idée d’eau, de liquide. Astrologie. La
3336
manifestation qui va se produire, la potentialité
d’
un événement. Idée d’eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison d
3337
se produire, la potentialité d’un événement. Idée
d’
eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison de Mercure. On y consi
3338
uire, la potentialité d’un événement. Idée d’eau,
de
liquide. Astrologie. La Vierge, maison de Mercure. On y considère la
3339
n événement. Idée d’eau, de liquide. Astrologie.
La
Vierge, maison de Mercure. On y considère la santé, si l’absent se po
3340
d’eau, de liquide. Astrologie. La Vierge, maison
de
Mercure. On y considère la santé, si l’absent se porte bien… On deman
3341
gie. La Vierge, maison de Mercure. On y considère
la
santé, si l’absent se porte bien… On demande quant à la femme si elle
3342
e, maison de Mercure. On y considère la santé, si
l’
absent se porte bien… On demande quant à la femme si elle est impudiqu
3343
té, si l’absent se porte bien… On demande quant à
la
femme si elle est impudique. Figure. Elle représente une roue sur so
3344
le représente une roue sur son axe, elle entraîne
d’
un côté un singe, un lapin ou un diable, et de l’autre côté un homme.
3345
îne d’un côté un singe, un lapin ou un diable, et
de
l’autre côté un homme. Elle nous indique simplement le mouvement de l
3346
autre côté un homme. Elle nous indique simplement
le
mouvement de la vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx
3347
homme. Elle nous indique simplement le mouvement
de
la vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx placé au somm
3348
mme. Elle nous indique simplement le mouvement de
la
vie dans tous les règnes, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet
3349
dique simplement le mouvement de la vie dans tous
les
règnes, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet de la roue, figure
3350
de la vie dans tous les règnes, — leur destinée.
Le
sphinx placé au sommet de la roue, figure la loi universelle des tran
3351
ègnes, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet
de
la roue, figure la loi universelle des transmutations matérielles ou
3352
es, — leur destinée. Le sphinx placé au sommet de
la
roue, figure la loi universelle des transmutations matérielles ou phy
3353
née. Le sphinx placé au sommet de la roue, figure
la
loi universelle des transmutations matérielles ou physiques… Celui qu
3354
ce, végétation, production. b) Interprétation
de
B. McM. Hasard (résumé) : La clef 10 termine le cycle collectif et
3355
b) Interprétation de B. McM. Hasard (résumé) :
La
clef 10 termine le cycle collectif et inaugure le cycle individuel. A
3356
e B. McM. Hasard (résumé) : La clef 10 termine
le
cycle collectif et inaugure le cycle individuel. Aux 4 coins de la ca
3357
La clef 10 termine le cycle collectif et inaugure
le
cycle individuel. Aux 4 coins de la carte, les figures symboliques —
3358
ctif et inaugure le cycle individuel. Aux 4 coins
de
la carte, les figures symboliques — un homme, ou ange, un lion, un ta
3359
f et inaugure le cycle individuel. Aux 4 coins de
la
carte, les figures symboliques — un homme, ou ange, un lion, un taure
3360
ure le cycle individuel. Aux 4 coins de la carte,
les
figures symboliques — un homme, ou ange, un lion, un taureau, un aigl
3361
ange, un lion, un taureau, un aigle — signifient
les
4 divisions du cosmos auxquelles faisaient allusion les 4 lettres I H
3362
divisions du cosmos auxquelles faisaient allusion
les
4 lettres I H V H brodées sur la robe du Fou, et représentent les 4 s
3363
saient allusion les 4 lettres I H V H brodées sur
la
robe du Fou, et représentent les 4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (
3364
H V H brodées sur la robe du Fou, et représentent
les
4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (Aquarius) est l’Air (Verseau, Gém
3365
, et représentent les 4 signes fixes du zodiaque.
L’
Ange (Aquarius) est l’Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ; l’Aigle (Scorp
3366
4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (Aquarius) est
l’
Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ; l’Aigle (Scorpion) est l’Eau (Scorpi
3367
Aquarius) est l’Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ;
l’
Aigle (Scorpion) est l’Eau (Scorpion, Poissons, Cancer) ; le Taureau (
3368
rseau, Gémeaux, Balance) ; l’Aigle (Scorpion) est
l’
Eau (Scorpion, Poissons, Cancer) ; le Taureau (Taureau) est la Terre (
3369
corpion) est l’Eau (Scorpion, Poissons, Cancer) ;
le
Taureau (Taureau) est la Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) ; le Lio
3370
ion, Poissons, Cancer) ; le Taureau (Taureau) est
la
Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) ; le Lion (Lion) est le Feu (Lion
3371
eau) est la Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) ;
le
Lion (Lion) est le Feu (Lion, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 pa
3372
Taureau, Vierge, Capricorne) ; le Lion (Lion) est
le
Feu (Lion, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 parties de l’homme :
3373
est le Feu (Lion, Sagittaire, Bélier). Rappelons
les
4 parties de l’homme : Corps (Terre), Émotions (Eau), Intelligence (A
3374
ion, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 parties
de
l’homme : Corps (Terre), Émotions (Eau), Intelligence (Air), Esprit (
3375
, Sagittaire, Bélier). Rappelons les 4 parties de
l’
homme : Corps (Terre), Émotions (Eau), Intelligence (Air), Esprit (Feu
3376
Émotions (Eau), Intelligence (Air), Esprit (Feu),
les
4 emblèmes chérubiniques dans Ézéchiel, les 4 évangélistes et leurs e
3377
Feu), les 4 emblèmes chérubiniques dans Ézéchiel,
les
4 évangélistes et leurs emblèmes, les 4 rivières du Paradis, et le Té
3378
s Ézéchiel, les 4 évangélistes et leurs emblèmes,
les
4 rivières du Paradis, et le Tétragramme. Ces 4 symboles cosmiques so
3379
et leurs emblèmes, les 4 rivières du Paradis, et
le
Tétragramme. Ces 4 symboles cosmiques sont entourés de nuages de temp
3380
tragramme. Ces 4 symboles cosmiques sont entourés
de
nuages de tempête suggérant les luttes nécessaires pour arriver à les
3381
Ces 4 symboles cosmiques sont entourés de nuages
de
tempête suggérant les luttes nécessaires pour arriver à les harmonise
3382
ques sont entourés de nuages de tempête suggérant
les
luttes nécessaires pour arriver à les harmoniser dans le Grand Œuvre.
3383
e suggérant les luttes nécessaires pour arriver à
les
harmoniser dans le Grand Œuvre. Cependant le fond bleu pâle du ciel i
3384
es nécessaires pour arriver à les harmoniser dans
le
Grand Œuvre. Cependant le fond bleu pâle du ciel indique que la paix
3385
r à les harmoniser dans le Grand Œuvre. Cependant
le
fond bleu pâle du ciel indique que la paix spirituelle s’établira fin
3386
. Cependant le fond bleu pâle du ciel indique que
la
paix spirituelle s’établira finalement quand les tensions entre les é
3387
e la paix spirituelle s’établira finalement quand
les
tensions entre les éléments seront équilibrées. Au centre de la carte
3388
le s’établira finalement quand les tensions entre
les
éléments seront équilibrées. Au centre de la carte, un large cercle o
3389
entre les éléments seront équilibrées. Au centre
de
la carte, un large cercle orangé indique que le Grand Œuvre est une a
3390
tre les éléments seront équilibrées. Au centre de
la
carte, un large cercle orangé indique que le Grand Œuvre est une acti
3391
e de la carte, un large cercle orangé indique que
le
Grand Œuvre est une activité solaire. Trois cercles concentriques s’y
3392
re, Fils. Au milieu, une roue à 8 rayons signifie
la
manifestation parfaite, résultant du mouvement de 2 roues de 4 rayons
3393
la manifestation parfaite, résultant du mouvement
de
2 roues de 4 rayons tournant en sens inverse l’une de l’autre : équil
3394
ation parfaite, résultant du mouvement de 2 roues
de
4 rayons tournant en sens inverse l’une de l’autre : équilibre entre
3395
roues de 4 rayons tournant en sens inverse l’une
de
l’autre : équilibre entre les aspects positifs et négatifs des 4 inst
3396
n sens inverse l’une de l’autre : équilibre entre
les
aspects positifs et négatifs des 4 instruments (bâtons, épées, coupes
3397
tons, épées, coupes, deniers), c’est-à-dire entre
l’
évolution et l’involution. L’une des roues porte les signes alchimique
3398
upes, deniers), c’est-à-dire entre l’évolution et
l’
involution. L’une des roues porte les signes alchimiques du Mercure (I
3399
’évolution et l’involution. L’une des roues porte
les
signes alchimiques du Mercure (Intellect) ; Sel (Corps) ; Soufre (Esp
3400
Dissolution (Émotions). L’autre roue ne porte pas
de
signes, mais il se peut qu’elle en ait porté autrefois. À l’extrémité
3401
mais il se peut qu’elle en ait porté autrefois. À
l’
extrémité de chacun des rayons de la première roue est placée une des
3402
eut qu’elle en ait porté autrefois. À l’extrémité
de
chacun des rayons de la première roue est placée une des lettres du m
3403
rté autrefois. À l’extrémité de chacun des rayons
de
la première roue est placée une des lettres du mot T A R O, qui doit
3404
des lettres du mot T A R O, qui doit se lire dans
le
sens des aiguilles d’une montre. À l’extrémité de chacun des rayons d
3405
R O, qui doit se lire dans le sens des aiguilles
d’
une montre. À l’extrémité de chacun des rayons de la seconde roue, son
3406
e lire dans le sens des aiguilles d’une montre. À
l’
extrémité de chacun des rayons de la seconde roue, sont les lettres Yo
3407
le sens des aiguilles d’une montre. À l’extrémité
de
chacun des rayons de la seconde roue, sont les lettres Yod, Heh, Vav,
3408
d’une montre. À l’extrémité de chacun des rayons
de
la seconde roue, sont les lettres Yod, Heh, Vav, Heh, qui doivent êtr
3409
ité de chacun des rayons de la seconde roue, sont
les
lettres Yod, Heh, Vav, Heh, qui doivent être lues en sens inverse des
3410
i doivent être lues en sens inverse des aiguilles
d’
une montre, étant hébraïques. La division quaternaire du cosmos se ret
3411
rse des aiguilles d’une montre, étant hébraïques.
La
division quaternaire du cosmos se retrouve ici au plus bas niveau de
3412
aire du cosmos se retrouve ici au plus bas niveau
de
la conscience, encore solaire et collective (symboles abstraits). Aut
3413
e du cosmos se retrouve ici au plus bas niveau de
la
conscience, encore solaire et collective (symboles abstraits). Autour
3414
ire et collective (symboles abstraits). Autour de
la
roue, trois symboles concrets : le Serpent, le Sphinx, l’Anubis, repr
3415
ts). Autour de la roue, trois symboles concrets :
le
Serpent, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de la conscience
3416
de la roue, trois symboles concrets : le Serpent,
le
Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de la conscience collective
3417
trois symboles concrets : le Serpent, le Sphinx,
l’
Anubis, représentent le niveau de la conscience collective humaine. Le
3418
s : le Serpent, le Sphinx, l’Anubis, représentent
le
niveau de la conscience collective humaine. Le Serpent est jaune (act
3419
pent, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau
de
la conscience collective humaine. Le Serpent est jaune (activité de l
3420
t, le Sphinx, l’Anubis, représentent le niveau de
la
conscience collective humaine. Le Serpent est jaune (activité de l’in
3421
nt le niveau de la conscience collective humaine.
Le
Serpent est jaune (activité de l’intellect) dirigé vers le bas (invol
3422
ollective humaine. Le Serpent est jaune (activité
de
l’intellect) dirigé vers le bas (involution dans la matière) et ondul
3423
ective humaine. Le Serpent est jaune (activité de
l’
intellect) dirigé vers le bas (involution dans la matière) et ondulant
3424
t est jaune (activité de l’intellect) dirigé vers
le
bas (involution dans la matière) et ondulant (action vibratoire de l’
3425
l’intellect) dirigé vers le bas (involution dans
la
matière) et ondulant (action vibratoire de l’intellect créateur). L’A
3426
n dans la matière) et ondulant (action vibratoire
de
l’intellect créateur). L’Anubis, ou Hermanubis, mi-loup mi-homme, col
3427
ans la matière) et ondulant (action vibratoire de
l’
intellect créateur). L’Anubis, ou Hermanubis, mi-loup mi-homme, coloré
3428
lant (action vibratoire de l’intellect créateur).
L’
Anubis, ou Hermanubis, mi-loup mi-homme, coloré en rouge (désir), s’él
3429
i-loup mi-homme, coloré en rouge (désir), s’élève
de
la matière et évolue vers le Père : c’est l’homme qui s’éveille des p
3430
oup mi-homme, coloré en rouge (désir), s’élève de
la
matière et évolue vers le Père : c’est l’homme qui s’éveille des prof
3431
uge (désir), s’élève de la matière et évolue vers
le
Père : c’est l’homme qui s’éveille des profondeurs, et qui commence à
3432
lève de la matière et évolue vers le Père : c’est
l’
homme qui s’éveille des profondeurs, et qui commence à monter vers l’a
3433
le des profondeurs, et qui commence à monter vers
l’
appel du Sphinx, symbole de l’homme parfait ou conscient et individual
3434
commence à monter vers l’appel du Sphinx, symbole
de
l’homme parfait ou conscient et individualisé. Le Sphinx est bleu (sp
3435
mence à monter vers l’appel du Sphinx, symbole de
l’
homme parfait ou conscient et individualisé. Le Sphinx est bleu (spiri
3436
de l’homme parfait ou conscient et individualisé.
Le
Sphinx est bleu (spiritualisé, re-né) et porte sur la tête des orneme
3437
phinx est bleu (spiritualisé, re-né) et porte sur
la
tête des ornements noirs et blancs : équilibre des contradictions. Il
3438
t blancs : équilibre des contradictions. Il tient
l’
épée de la discrimination. Son corps est mi-féminin, mi-léonin, hermap
3439
s : équilibre des contradictions. Il tient l’épée
de
la discrimination. Son corps est mi-féminin, mi-léonin, hermaphrodite
3440
équilibre des contradictions. Il tient l’épée de
la
discrimination. Son corps est mi-féminin, mi-léonin, hermaphrodite, é
3441
liographie sommaire Antoine Court de Gébelin :
Le
Monde primitif (volume VIII) : Du jeu des tarots, Paris, 1781. Ettei
3442
jeu des tarots, Paris, 1781. Etteilla : Manière
de
se récréer avec le jeu de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985
3443
ris, 1781. Etteilla : Manière de se récréer avec
le
jeu de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Tho
3444
81. Etteilla : Manière de se récréer avec le jeu
de
cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Thot. M.
3445
de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. —
Le
Livre de Thot. M. M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine de
3446
nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre
de
Thot. M. M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine de l’esprit,
3447
Amsterdam, 1783-1985. — Le Livre de Thot. M. M.
D’
Odoucet : Science des signes, ou médecine de l’esprit, connue sous le
3448
M. M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine
de
l’esprit, connue sous le nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793.
3449
M. D’Odoucet : Science des signes, ou médecine de
l’
esprit, connue sous le nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793. Wil
3450
des signes, ou médecine de l’esprit, connue sous
le
nom d’art de tirer les cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts
3451
gnes, ou médecine de l’esprit, connue sous le nom
d’
art de tirer les cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts and Sp
3452
ou médecine de l’esprit, connue sous le nom d’art
de
tirer les cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts and Speculat
3453
ne de l’esprit, connue sous le nom d’art de tirer
les
cartes, Paris, 1793. William A. Chatto : Facts and Speculations conce
3454
rds, London, 1848. Éliphas Lévi : Dogme et rituel
de
la haute magie, 1860 — Clefs majeures et clavicules de Salomon, 1895.
3455
, London, 1848. Éliphas Lévi : Dogme et rituel de
la
haute magie, 1860 — Clefs majeures et clavicules de Salomon, 1895. —
3456
haute magie, 1860 — Clefs majeures et clavicules
de
Salomon, 1895. — Le Grand Arcane, 1898. — Transcendental Magic, New Y
3457
Clefs majeures et clavicules de Salomon, 1895. —
Le
Grand Arcane, 1898. — Transcendental Magic, New York, 1938. Romain Me
3458
: Tarot, Paris, 1870. Papus (Gérard Encausse) :
Le
Tarot divinatoire ou tarot des bohémiens, Paris, 1885. Arthur Edward
3459
arot, London, 1922. Elie Alta (Gervais Bouchet) :
Le
Tarot Égyptien, Vichy, 1922. Oswald Wirth : Le Tarot des imagiers du
3460
: Le Tarot Égyptien, Vichy, 1922. Oswald Wirth :
Le
Tarot des imagiers du Moyen Âge, 1927. Paul Foster Case : An introduc
3461
b of New York City, 1942.) n. Rougemont Denis
de
, « Présentation du tarot », Hémisphères, New York, 1945, p. 31-43.
3462
Les
règles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est
3463
Les règles du jeu dans
l’
art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’art de persuader. L
3464
gles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)i
La
rhétorique est l’art de persuader. L’ignorance ou l’abus en ont fait
3465
’art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est
l’
art de persuader. L’ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art
3466
omanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’art
de
persuader. L’ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art de par
3467
4-1945)i La rhétorique est l’art de persuader.
L’
ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art de parler pour ne ri
3468
rhétorique est l’art de persuader. L’ignorance ou
l’
abus en ont fait aujourd’hui l’art de parler pour ne rien dire. Rhétor
3469
er. L’ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui
l’
art de parler pour ne rien dire. Rhétorique est devenue synonyme d’élo
3470
ignorance ou l’abus en ont fait aujourd’hui l’art
de
parler pour ne rien dire. Rhétorique est devenue synonyme d’éloquence
3471
our ne rien dire. Rhétorique est devenue synonyme
d’
éloquence creuse et de clichés. J’en parlerai dans un tout autre sens.
3472
orique est devenue synonyme d’éloquence creuse et
de
clichés. J’en parlerai dans un tout autre sens. Je voudrais désigner
3473
t autre sens. Je voudrais désigner par rhétorique
l’
ensemble des règles du jeu dans l’art. Feraient partie de la rhétoriqu
3474
par rhétorique l’ensemble des règles du jeu dans
l’
art. Feraient partie de la rhétorique des éléments aussi divers que le
3475
ble des règles du jeu dans l’art. Feraient partie
de
la rhétorique des éléments aussi divers que les lois de composition d
3476
des règles du jeu dans l’art. Feraient partie de
la
rhétorique des éléments aussi divers que les lois de composition d’un
3477
ie de la rhétorique des éléments aussi divers que
les
lois de composition d’un tableau, et sa limitation par le cadre ; les
3478
rhétorique des éléments aussi divers que les lois
de
composition d’un tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois de
3479
éléments aussi divers que les lois de composition
d’
un tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois de l’harmonie et
3480
de composition d’un tableau, et sa limitation par
le
cadre ; les lois de l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicau
3481
ion d’un tableau, et sa limitation par le cadre ;
les
lois de l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéra
3482
tableau, et sa limitation par le cadre ; les lois
de
l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; l
3483
leau, et sa limitation par le cadre ; les lois de
l’
harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; les
3484
adre ; les lois de l’harmonie et du contrepoint ;
les
genres musicaux et littéraires ; les conventions de l’opéra et de la
3485
ontrepoint ; les genres musicaux et littéraires ;
les
conventions de l’opéra et de la danse ; les personnages constants du
3486
genres musicaux et littéraires ; les conventions
de
l’opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les o
3487
nres musicaux et littéraires ; les conventions de
l’
opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouve
3488
ux et littéraires ; les conventions de l’opéra et
de
la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouvertures, lev
3489
et littéraires ; les conventions de l’opéra et de
la
danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouvertures, levers
3490
res ; les conventions de l’opéra et de la danse ;
les
personnages constants du théâtre ; les ouvertures, levers de rideau,
3491
la danse ; les personnages constants du théâtre ;
les
ouvertures, levers de rideau, préfaces, finales, épilogues et points
3492
ges constants du théâtre ; les ouvertures, levers
de
rideau, préfaces, finales, épilogues et points d’orgue ; la règle des
3493
de rideau, préfaces, finales, épilogues et points
d’
orgue ; la règle des trois unités ; les transitions, récitatifs, coups
3494
préfaces, finales, épilogues et points d’orgue ;
la
règle des trois unités ; les transitions, récitatifs, coups de théâtr
3495
s et points d’orgue ; la règle des trois unités ;
les
transitions, récitatifs, coups de théâtre et contrastes ménagés ; le
3496
trois unités ; les transitions, récitatifs, coups
de
théâtre et contrastes ménagés ; le nombre fixe des syllabes dans un v
3497
itatifs, coups de théâtre et contrastes ménagés ;
le
nombre fixe des syllabes dans un vers et des vers dans un sonnet ; le
3498
yllabes dans un vers et des vers dans un sonnet ;
les
rimes et les césures, — bref, toutes les conventions acceptées en com
3499
un vers et des vers dans un sonnet ; les rimes et
les
césures, — bref, toutes les conventions acceptées en commun par les a
3500
sonnet ; les rimes et les césures, — bref, toutes
les
conventions acceptées en commun par les artistes et leur public. Tout
3501
f, toutes les conventions acceptées en commun par
les
artistes et leur public. Tout cela faisait l’Art, aux grandes époques
3502
ar les artistes et leur public. Tout cela faisait
l’
Art, aux grandes époques. Artiste était celui qui, de ces règles, sava
3503
rt, aux grandes époques. Artiste était celui qui,
de
ces règles, savait tirer sa liberté. L’inspiration passait par ces ca
3504
elui qui, de ces règles, savait tirer sa liberté.
L’
inspiration passait par ces canaux et se communiquait par eux. Les règ
3505
assait par ces canaux et se communiquait par eux.
Les
règles étant connues, amateurs et critiques disposaient d’une mesure
3506
étant connues, amateurs et critiques disposaient
d’
une mesure commune avec le créateur. Ils pouvaient estimer la bienfact
3507
t critiques disposaient d’une mesure commune avec
le
créateur. Ils pouvaient estimer la bienfacture d’une œuvre, et faire
3508
e commune avec le créateur. Ils pouvaient estimer
la
bienfacture d’une œuvre, et faire la part de l’invention par déductio
3509
le créateur. Ils pouvaient estimer la bienfacture
d’
une œuvre, et faire la part de l’invention par déduction de la coutume
3510
ient estimer la bienfacture d’une œuvre, et faire
la
part de l’invention par déduction de la coutume. Presque tous ces cri
3511
imer la bienfacture d’une œuvre, et faire la part
de
l’invention par déduction de la coutume. Presque tous ces critères ef
3512
r la bienfacture d’une œuvre, et faire la part de
l’
invention par déduction de la coutume. Presque tous ces critères effac
3513
re, et faire la part de l’invention par déduction
de
la coutume. Presque tous ces critères effacés ou perdus, notre époque
3514
et faire la part de l’invention par déduction de
la
coutume. Presque tous ces critères effacés ou perdus, notre époque ne
3515
ffacés ou perdus, notre époque ne sait plus juger
d’
une œuvre. Elle tient la rhétorique et ses figures pour arbitraires, a
3516
époque ne sait plus juger d’une œuvre. Elle tient
la
rhétorique et ses figures pour arbitraires, artificielles, non contra
3517
rtificielles, non contraignantes. (Et sans doute,
le
sont-elles devenues.) Mais dès l’instant où les règles d’un jeu cesse
3518
(Et sans doute, le sont-elles devenues.) Mais dès
l’
instant où les règles d’un jeu cessent d’être respectées comme absolue
3519
e, le sont-elles devenues.) Mais dès l’instant où
les
règles d’un jeu cessent d’être respectées comme absolues, qui pourrai
3520
elles devenues.) Mais dès l’instant où les règles
d’
un jeu cessent d’être respectées comme absolues, qui pourrait désigner
3521
Mais dès l’instant où les règles d’un jeu cessent
d’
être respectées comme absolues, qui pourrait désigner le gagnant ? Tri
3522
respectées comme absolues, qui pourrait désigner
le
gagnant ? Tricher même n’a plus aucun charme. Si vous vous soumettez
3523
concentrer votre esprit pendant plusieurs minutes
de
recherches intenses ; les témoins avertis sauront immédiatement si vo
3524
endant plusieurs minutes de recherches intenses ;
les
témoins avertis sauront immédiatement si vous avez bien ou mal fait,
3525
escient, si vous avez inventé quelque chose. Ôtez
les
règles, et ce même déplacement devient le type du geste indifférent.
3526
. Ôtez les règles, et ce même déplacement devient
le
type du geste indifférent. Dans le principe, et dans les hautes époqu
3527
cement devient le type du geste indifférent. Dans
le
principe, et dans les hautes époques, la rhétorique au sens large, et
3528
e du geste indifférent. Dans le principe, et dans
les
hautes époques, la rhétorique au sens large, et ses règles, sont stri
3529
nt. Dans le principe, et dans les hautes époques,
la
rhétorique au sens large, et ses règles, sont strictement non arbitra
3530
res. Elles traduisent des relations constitutives
de
notre corps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance
3531
isent des relations constitutives de notre corps,
de
la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respirati
3532
nt des relations constitutives de notre corps, de
la
psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respiration,
3533
utives de notre corps, de la psyché et du Cosmos.
La
régularité et l’alternance de la respiration, des nuits et des saison
3534
orps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et
l’
alternance de la respiration, des nuits et des saisons, sont nécessair
3535
syché et du Cosmos. La régularité et l’alternance
de
la respiration, des nuits et des saisons, sont nécessaires à notre vi
3536
hé et du Cosmos. La régularité et l’alternance de
la
respiration, des nuits et des saisons, sont nécessaires à notre vie,
3537
des saisons, sont nécessaires à notre vie, comme
les
cadences et les contrastes composés sont vitaux pour nos œuvres d’art
3538
nt nécessaires à notre vie, comme les cadences et
les
contrastes composés sont vitaux pour nos œuvres d’art. Au surplus, le
3539
s contrastes composés sont vitaux pour nos œuvres
d’
art. Au surplus, les figures de la rhétorique considérées dans toute l
3540
és sont vitaux pour nos œuvres d’art. Au surplus,
les
figures de la rhétorique considérées dans toute la variété des arts,
3541
ux pour nos œuvres d’art. Au surplus, les figures
de
la rhétorique considérées dans toute la variété des arts, ne sont pas
3542
pour nos œuvres d’art. Au surplus, les figures de
la
rhétorique considérées dans toute la variété des arts, ne sont pas sa
3543
s figures de la rhétorique considérées dans toute
la
variété des arts, ne sont pas sans correspondances avec les formes ré
3544
é des arts, ne sont pas sans correspondances avec
les
formes régulières dont le rêve compose ses drames. Il se peut même qu
3545
s correspondances avec les formes régulières dont
le
rêve compose ses drames. Il se peut même que ces figures ne soient, à
3546
mes. Il se peut même que ces figures ne soient, à
l’
origine au moins, que l’affleurement ou que la fixation des archétypes
3547
ces figures ne soient, à l’origine au moins, que
l’
affleurement ou que la fixation des archétypes de l’inconscient, tels
3548
, à l’origine au moins, que l’affleurement ou que
la
fixation des archétypes de l’inconscient, tels qu’un Jung put les ret
3549
l’affleurement ou que la fixation des archétypes
de
l’inconscient, tels qu’un Jung put les retrouver dans les symboles de
3550
affleurement ou que la fixation des archétypes de
l’
inconscient, tels qu’un Jung put les retrouver dans les symboles des r
3551
archétypes de l’inconscient, tels qu’un Jung put
les
retrouver dans les symboles des religions et des magies, spontanément
3552
conscient, tels qu’un Jung put les retrouver dans
les
symboles des religions et des magies, spontanément réapparus au cours
3553
, spontanément réapparus au cours des âges et sur
les
points les plus divers de la planète. Les romantiques allemands l’ont
3554
ent réapparus au cours des âges et sur les points
les
plus divers de la planète. Les romantiques allemands l’ont soupçonné
3555
cours des âges et sur les points les plus divers
de
la planète. Les romantiques allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul inv
3556
urs des âges et sur les points les plus divers de
la
planète. Les romantiques allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul invoqu
3557
et sur les points les plus divers de la planète.
Les
romantiques allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul invoque la « rhétor
3558
s divers de la planète. Les romantiques allemands
l’
ont soupçonné : Jean-Paul invoque la « rhétorique des rêves ». Mais c’
3559
ues allemands l’ont soupçonné : Jean-Paul invoque
la
« rhétorique des rêves ». Mais c’est Baudelaire qui touche le vrai po
3560
que des rêves ». Mais c’est Baudelaire qui touche
le
vrai point, lorsque, risquant un assemblage de mots qui devait paraît
3561
he le vrai point, lorsque, risquant un assemblage
de
mots qui devait paraître, de son temps, le plus scandaleusement parad
3562
squant un assemblage de mots qui devait paraître,
de
son temps, le plus scandaleusement paradoxal, il n’hésite pas à nous
3563
mblage de mots qui devait paraître, de son temps,
le
plus scandaleusement paradoxal, il n’hésite pas à nous parler des art
3564
oxal, il n’hésite pas à nous parler des artifices
d’
une « rhétorique profonde ». Au milieu du xviiie siècle, trois phéno
3565
iie siècle, trois phénomènes curieux sollicitent
l’
attention : l’enseignement de la rhétorique entre en décadence, cepend
3566
rois phénomènes curieux sollicitent l’attention :
l’
enseignement de la rhétorique entre en décadence, cependant que le jou
3567
curieux sollicitent l’attention : l’enseignement
de
la rhétorique entre en décadence, cependant que le journalisme fait s
3568
rieux sollicitent l’attention : l’enseignement de
la
rhétorique entre en décadence, cependant que le journalisme fait son
3569
e la rhétorique entre en décadence, cependant que
le
journalisme fait son apparition, et que la réalité quotidienne s’intr
3570
nt que le journalisme fait son apparition, et que
la
réalité quotidienne s’introduit dans les romans. Conjonction lourde d
3571
n, et que la réalité quotidienne s’introduit dans
les
romans. Conjonction lourde de présages. Quelques années plus tard écl
3572
e s’introduit dans les romans. Conjonction lourde
de
présages. Quelques années plus tard éclate la Terreur, balayant les s
3573
rde de présages. Quelques années plus tard éclate
la
Terreur, balayant les symboles sacrés, les rites sociaux et les cérém
3574
ques années plus tard éclate la Terreur, balayant
les
symboles sacrés, les rites sociaux et les cérémonies dont l’élite a p
3575
éclate la Terreur, balayant les symboles sacrés,
les
rites sociaux et les cérémonies dont l’élite a perdu le sens, pour in
3576
alayant les symboles sacrés, les rites sociaux et
les
cérémonies dont l’élite a perdu le sens, pour instaurer le culte dépo
3577
sacrés, les rites sociaux et les cérémonies dont
l’
élite a perdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison.
3578
es sociaux et les cérémonies dont l’élite a perdu
le
sens, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans
3579
nies dont l’élite a perdu le sens, pour instaurer
le
culte dépouillé de la Raison. La terreur dans les arts vint au siècle
3580
perdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé
de
la Raison. La terreur dans les arts vint au siècle suivant. Elle auss
3581
rdu le sens, pour instaurer le culte dépouillé de
la
Raison. La terreur dans les arts vint au siècle suivant. Elle aussi f
3582
, pour instaurer le culte dépouillé de la Raison.
La
terreur dans les arts vint au siècle suivant. Elle aussi fit la chass
3583
le culte dépouillé de la Raison. La terreur dans
les
arts vint au siècle suivant. Elle aussi fit la chasse aux « ci-devant
3584
s les arts vint au siècle suivant. Elle aussi fit
la
chasse aux « ci-devants » : genres établis, situations convenues, rim
3585
rimes, unités, précautions oratoires et procédés
de
composition. Mais elle alla plus loin. Elle déclara que la rhétorique
3586
ition. Mais elle alla plus loin. Elle déclara que
la
rhétorique en tant que telle était mauvaise, insincère, et contraire
3587
e telle était mauvaise, insincère, et contraire à
l’
inspiration libre. Dans ses recettes magiques et artifices profonds, e
3588
lle ne vit que recettes et artifices, et commanda
de
les éliminer. De ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à l’ins
3589
ne vit que recettes et artifices, et commanda de
les
éliminer. De ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à l’inspira
3590
cettes et artifices, et commanda de les éliminer.
De
ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à l’inspiration pure, co
3591
De ses fleurs, elle fit des clichés1. Abandonné à
l’
inspiration pure, comme la colombe de Kant qui s’imagine qu’elle voler
3592
s clichés1. Abandonné à l’inspiration pure, comme
la
colombe de Kant qui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, l’
3593
Abandonné à l’inspiration pure, comme la colombe
de
Kant qui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, l’artiste cru
3594
de Kant qui s’imagine qu’elle volerait mieux dans
le
vide, l’artiste crut qu’il irait loin… Il tomba dans « la réalité »,
3595
ui s’imagine qu’elle volerait mieux dans le vide,
l’
artiste crut qu’il irait loin… Il tomba dans « la réalité », coupa ses
3596
l’artiste crut qu’il irait loin… Il tomba dans «
la
réalité », coupa ses ailes et se fit romancier ou paysagiste d’après
3597
et se fit romancier ou paysagiste d’après nature.
Le
sociologue et le photographe l’observaient d’un œil ironique. La nai
3598
er ou paysagiste d’après nature. Le sociologue et
le
photographe l’observaient d’un œil ironique. La naissance, le triomp
3599
e d’après nature. Le sociologue et le photographe
l’
observaient d’un œil ironique. La naissance, le triomphe et le déclin
3600
re. Le sociologue et le photographe l’observaient
d’
un œil ironique. La naissance, le triomphe et le déclin du roman comm
3601
le photographe l’observaient d’un œil ironique.
La
naissance, le triomphe et le déclin du roman comme genre littéraire,
3602
e l’observaient d’un œil ironique. La naissance,
le
triomphe et le déclin du roman comme genre littéraire, illustrent à m
3603
d’un œil ironique. La naissance, le triomphe et
le
déclin du roman comme genre littéraire, illustrent à merveille ces br
3604
illustrent à merveille ces brèves indications sur
l’
office de la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origi
3605
t à merveille ces brèves indications sur l’office
de
la rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du rom
3606
merveille ces brèves indications sur l’office de
la
rhétorique et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du roman
3607
èves indications sur l’office de la rhétorique et
le
danger de l’écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte
3608
ations sur l’office de la rhétorique et le danger
de
l’écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte. La socié
3609
ons sur l’office de la rhétorique et le danger de
l’
écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte. La société
3610
fice de la rhétorique et le danger de l’écarter à
la
légère. L’origine du roman est dans le conte. La société primitive a
3611
rhétorique et le danger de l’écarter à la légère.
L’
origine du roman est dans le conte. La société primitive a des mythes,
3612
’écarter à la légère. L’origine du roman est dans
le
conte. La société primitive a des mythes, courts récits mémorables de
3613
la légère. L’origine du roman est dans le conte.
La
société primitive a des mythes, courts récits mémorables destinés à f
3614
récits mémorables destinés à fixer des événements
de
l’âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et d’aventures très sim
3615
its mémorables destinés à fixer des événements de
l’
âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et d’aventures très simple
3616
des événements de l’âme ou du Cosmos dans un jeu
de
personnages et d’aventures très simples. Le mythe se développe en lég
3617
l’âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et
d’
aventures très simples. Le mythe se développe en légende, et la légend
3618
n jeu de personnages et d’aventures très simples.
Le
mythe se développe en légende, et la légende sacrée convoie un enseig
3619
rès simples. Le mythe se développe en légende, et
la
légende sacrée convoie un enseignement religieux. L’épopée perpétue e
3620
légende sacrée convoie un enseignement religieux.
L’
épopée perpétue ensuite le souvenir des héros de la tribu. Mais à mesu
3621
enseignement religieux. L’épopée perpétue ensuite
le
souvenir des héros de la tribu. Mais à mesure que les dieux prennent
3622
. L’épopée perpétue ensuite le souvenir des héros
de
la tribu. Mais à mesure que les dieux prennent figure d’hommes, que l
3623
’épopée perpétue ensuite le souvenir des héros de
la
tribu. Mais à mesure que les dieux prennent figure d’hommes, que les
3624
souvenir des héros de la tribu. Mais à mesure que
les
dieux prennent figure d’hommes, que les statues se mettent à ressembl
3625
ribu. Mais à mesure que les dieux prennent figure
d’
hommes, que les statues se mettent à ressembler aux hommes, que l’homm
3626
esure que les dieux prennent figure d’hommes, que
les
statues se mettent à ressembler aux hommes, que l’homme devient de pl
3627
s statues se mettent à ressembler aux hommes, que
l’
homme devient de plus en plus son propre centre et son sujet d’étonnem
3628
nt de plus en plus son propre centre et son sujet
d’
étonnement favori, le mythe se rapproche de l’histoire. Il gagne en in
3629
n propre centre et son sujet d’étonnement favori,
le
mythe se rapproche de l’histoire. Il gagne en intérêt tout ce qu’il p
3630
sujet d’étonnement favori, le mythe se rapproche
de
l’histoire. Il gagne en intérêt tout ce qu’il perd en magie. Naît alo
3631
jet d’étonnement favori, le mythe se rapproche de
l’
histoire. Il gagne en intérêt tout ce qu’il perd en magie. Naît alors
3632
n intérêt tout ce qu’il perd en magie. Naît alors
le
récit en prose, illustration de vérités morales communes à l’élite d’
3633
magie. Naît alors le récit en prose, illustration
de
vérités morales communes à l’élite d’une société donnée. Nous avons f
3634
prose, illustration de vérités morales communes à
l’
élite d’une société donnée. Nous avons fait, en quelques lignes, tout
3635
llustration de vérités morales communes à l’élite
d’
une société donnée. Nous avons fait, en quelques lignes, tout le chemi
3636
donnée. Nous avons fait, en quelques lignes, tout
le
chemin qui sépare les premiers chapitres de la genèse d’un roman comm
3637
tout le chemin qui sépare les premiers chapitres
de
la genèse d’un roman comme L’Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un
3638
ut le chemin qui sépare les premiers chapitres de
la
genèse d’un roman comme L’Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un rê
3639
in qui sépare les premiers chapitres de la genèse
d’
un roman comme L’Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un rêve éveillé
3640
premiers chapitres de la genèse d’un roman comme
L’
Astrée. Mais L’Astrée n’est encore qu’un rêve éveillé, donné pour tel
3641
tres de la genèse d’un roman comme L’Astrée. Mais
L’
Astrée n’est encore qu’un rêve éveillé, donné pour tel par son auteur.
3642
veillé, donné pour tel par son auteur. C’est avec
La
Princesse de Clèves que l’on atteint la phase critique où la féerie c
3643
son auteur. C’est avec La Princesse de Clèves que
l’
on atteint la phase critique où la féerie cède à l’observation, la vér
3644
’est avec La Princesse de Clèves que l’on atteint
la
phase critique où la féerie cède à l’observation, la vérité créée, au
3645
e de Clèves que l’on atteint la phase critique où
la
féerie cède à l’observation, la vérité créée, aux données vraisemblab
3646
’on atteint la phase critique où la féerie cède à
l’
observation, la vérité créée, aux données vraisemblables. À cet instan
3647
phase critique où la féerie cède à l’observation,
la
vérité créée, aux données vraisemblables. À cet instant naît le roman
3648
e, aux données vraisemblables. À cet instant naît
le
roman moderne. À partir du xviiie siècle, le roman se sépare volonta
3649
aît le roman moderne. À partir du xviiie siècle,
le
roman se sépare volontairement du conte. Aussitôt, on le voit se gonf
3650
n se sépare volontairement du conte. Aussitôt, on
le
voit se gonfler de psychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique,
3651
irement du conte. Aussitôt, on le voit se gonfler
de
psychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique, de documentation.
3652
. Aussitôt, on le voit se gonfler de psychologie,
de
lyrisme, d’histoire, de politique, de documentation. Commence alors l
3653
on le voit se gonfler de psychologie, de lyrisme,
d’
histoire, de politique, de documentation. Commence alors l’inflation r
3654
e gonfler de psychologie, de lyrisme, d’histoire,
de
politique, de documentation. Commence alors l’inflation romanesque, d
3655
sychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique,
de
documentation. Commence alors l’inflation romanesque, dont le plus gr
3656
e, de politique, de documentation. Commence alors
l’
inflation romanesque, dont le plus grand spéculateur s’appelle Balzac.
3657
tion. Commence alors l’inflation romanesque, dont
le
plus grand spéculateur s’appelle Balzac. Avec lui, après lui plus enc
3658
’appelle Balzac. Avec lui, après lui plus encore,
le
roman tourne à l’« étude » du réel, quand le conte, la légende, et mê
3659
vec lui, après lui plus encore, le roman tourne à
l’
« étude » du réel, quand le conte, la légende, et même l’épopée, étaie
3660
ore, le roman tourne à l’« étude » du réel, quand
le
conte, la légende, et même l’épopée, étaient créations pures de l’ima
3661
man tourne à l’« étude » du réel, quand le conte,
la
légende, et même l’épopée, étaient créations pures de l’imagination.
3662
de » du réel, quand le conte, la légende, et même
l’
épopée, étaient créations pures de l’imagination. Et l’on ne sait plus
3663
égende, et même l’épopée, étaient créations pures
de
l’imagination. Et l’on ne sait plus si le roman est une pseudo-scienc
3664
nde, et même l’épopée, étaient créations pures de
l’
imagination. Et l’on ne sait plus si le roman est une pseudo-science o
3665
pée, étaient créations pures de l’imagination. Et
l’
on ne sait plus si le roman est une pseudo-science ou un faux art. Reg
3666
s pures de l’imagination. Et l’on ne sait plus si
le
roman est une pseudo-science ou un faux art. Regardons de plus près c
3667
ou un faux art. Regardons de plus près ce passage
de
l’invention réelle au réalisme allégué. Le terroriste détruit ce qui
3668
un faux art. Regardons de plus près ce passage de
l’
invention réelle au réalisme allégué. Le terroriste détruit ce qui sou
3669
assage de l’invention réelle au réalisme allégué.
Le
terroriste détruit ce qui soutenait l’envol de l’imagination libremen
3670
e allégué. Le terroriste détruit ce qui soutenait
l’
envol de l’imagination librement vraie : il détruit les figures conven
3671
é. Le terroriste détruit ce qui soutenait l’envol
de
l’imagination librement vraie : il détruit les figures convenues, les
3672
Le terroriste détruit ce qui soutenait l’envol de
l’
imagination librement vraie : il détruit les figures convenues, les ri
3673
vol de l’imagination librement vraie : il détruit
les
figures convenues, les rites constants de l’illusion, dont le conteur
3674
brement vraie : il détruit les figures convenues,
les
rites constants de l’illusion, dont le conteur connaissait les pouvoi
3675
étruit les figures convenues, les rites constants
de
l’illusion, dont le conteur connaissait les pouvoirs. Il ne lui reste
3676
uit les figures convenues, les rites constants de
l’
illusion, dont le conteur connaissait les pouvoirs. Il ne lui reste po
3677
onvenues, les rites constants de l’illusion, dont
le
conteur connaissait les pouvoirs. Il ne lui reste pour appui que la r
3678
stants de l’illusion, dont le conteur connaissait
les
pouvoirs. Il ne lui reste pour appui que la réalité telle qu’il la vo
3679
sait les pouvoirs. Il ne lui reste pour appui que
la
réalité telle qu’il la voit. Mais cette réalité — c’est-à-dire : l’ex
3680
e lui reste pour appui que la réalité telle qu’il
la
voit. Mais cette réalité — c’est-à-dire : l’extérieur — ne peut fourn
3681
u’il la voit. Mais cette réalité — c’est-à-dire :
l’
extérieur — ne peut fournir que des objets à exprimer, non pas des moy
3682
nir que des objets à exprimer, non pas des moyens
d’
expression. Mieux on l’imite et plus on s’écarte de l’art. Avec une in
3683
primer, non pas des moyens d’expression. Mieux on
l’
imite et plus on s’écarte de l’art. Avec une incroyable étourderie, ce
3684
’expression. Mieux on l’imite et plus on s’écarte
de
l’art. Avec une incroyable étourderie, certains demandent alors un «
3685
pression. Mieux on l’imite et plus on s’écarte de
l’
art. Avec une incroyable étourderie, certains demandent alors un « art
3686
tains demandent alors un « art vivant ». Comme si
les
règles d’un jeu devaient être vivantes ! Plus personne ne pourrait jo
3687
dent alors un « art vivant ». Comme si les règles
d’
un jeu devaient être vivantes ! Plus personne ne pourrait jouer2. Le j
3688
être vivantes ! Plus personne ne pourrait jouer2.
Le
jeu ne sera vivant et passionnant qu’à la mesure de la fixité même de
3689
jouer2. Le jeu ne sera vivant et passionnant qu’à
la
mesure de la fixité même de ses règles indiscutées. L’art consistait
3690
jeu ne sera vivant et passionnant qu’à la mesure
de
la fixité même de ses règles indiscutées. L’art consistait jadis à do
3691
u ne sera vivant et passionnant qu’à la mesure de
la
fixité même de ses règles indiscutées. L’art consistait jadis à donne
3692
t et passionnant qu’à la mesure de la fixité même
de
ses règles indiscutées. L’art consistait jadis à donner sens aux prop
3693
sure de la fixité même de ses règles indiscutées.
L’
art consistait jadis à donner sens aux propositions de la vie. Ses règ
3694
t consistait jadis à donner sens aux propositions
de
la vie. Ses règles émergeaient de la nature profonde, elles prolongea
3695
onsistait jadis à donner sens aux propositions de
la
vie. Ses règles émergeaient de la nature profonde, elles prolongeaien
3696
ux propositions de la vie. Ses règles émergeaient
de
la nature profonde, elles prolongeaient la nature naturante, au lieu
3697
propositions de la vie. Ses règles émergeaient de
la
nature profonde, elles prolongeaient la nature naturante, au lieu de
3698
eaient de la nature profonde, elles prolongeaient
la
nature naturante, au lieu de copier la nature naturée. Et la psyché r
3699
longeaient la nature naturante, au lieu de copier
la
nature naturée. Et la psyché réinventait un réel significatif. Commen
3700
aturante, au lieu de copier la nature naturée. Et
la
psyché réinventait un réel significatif. Comment rejoindrait-on le se
3701
tait un réel significatif. Comment rejoindrait-on
le
sens profond des choses et des événements de la vie, en décalquant le
3702
t-on le sens profond des choses et des événements
de
la vie, en décalquant le désordre varié des objets ou des sentiments
3703
n le sens profond des choses et des événements de
la
vie, en décalquant le désordre varié des objets ou des sentiments ? P
3704
choses et des événements de la vie, en décalquant
le
désordre varié des objets ou des sentiments ? Par l’extérieur on ne r
3705
désordre varié des objets ou des sentiments ? Par
l’
extérieur on ne rejoint que l’insignifiance observable. C’est ce qui v
3706
es sentiments ? Par l’extérieur on ne rejoint que
l’
insignifiance observable. C’est ce qui va se produire après Balzac. Le
3707
rvable. C’est ce qui va se produire après Balzac.
Le
roman pousse deux branches d’importance inégale. La première est la m
3708
duire après Balzac. Le roman pousse deux branches
d’
importance inégale. La première est la monographie : Adolphe, Obermann
3709
ux branches d’importance inégale. La première est
la
monographie : Adolphe, Obermann, Dominique. Ces récits intéressent le
3710
lphe, Obermann, Dominique. Ces récits intéressent
le
lecteur s’il se retrouve dans le héros. La part de l’art y est réduit
3711
cits intéressent le lecteur s’il se retrouve dans
le
héros. La part de l’art y est réduite à celle du style. L’autre branc
3712
essent le lecteur s’il se retrouve dans le héros.
La
part de l’art y est réduite à celle du style. L’autre branche sera ce
3713
e lecteur s’il se retrouve dans le héros. La part
de
l’art y est réduite à celle du style. L’autre branche sera celle du r
3714
ecteur s’il se retrouve dans le héros. La part de
l’
art y est réduite à celle du style. L’autre branche sera celle du réal
3715
lle du réalisme social. C’est là que va triompher
la
terreur, se déchaîner la chasse impitoyable aux artifices de la fabul
3716
’est là que va triompher la terreur, se déchaîner
la
chasse impitoyable aux artifices de la fabulation. Maintenant, le rom
3717
se déchaîner la chasse impitoyable aux artifices
de
la fabulation. Maintenant, le romancier prétend décrire. Il s’excuse
3718
déchaîner la chasse impitoyable aux artifices de
la
fabulation. Maintenant, le romancier prétend décrire. Il s’excuse d’i
3719
yable aux artifices de la fabulation. Maintenant,
le
romancier prétend décrire. Il s’excuse d’imaginer. Il ambitionne de c
3720
tenant, le romancier prétend décrire. Il s’excuse
d’
imaginer. Il ambitionne de conformer son art aux « lois de la vie », n
3721
nd décrire. Il s’excuse d’imaginer. Il ambitionne
de
conformer son art aux « lois de la vie », non plus aux procédés du co
3722
er. Il ambitionne de conformer son art aux « lois
de
la vie », non plus aux procédés du conte. « Le roman, dit M. Jaloux,
3723
Il ambitionne de conformer son art aux « lois de
la
vie », non plus aux procédés du conte. « Le roman, dit M. Jaloux, ne
3724
is de la vie », non plus aux procédés du conte. «
Le
roman, dit M. Jaloux, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes de
3725
oman, dit M. Jaloux, ne connaît d’autres lois que
les
lois mêmes de la vie. » Cette proposition des plus étranges est reçue
3726
loux, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes
de
la vie. » Cette proposition des plus étranges est reçue sans le moind
3727
x, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes de
la
vie. » Cette proposition des plus étranges est reçue sans le moindre
3728
ette proposition des plus étranges est reçue sans
le
moindre étonnement par la critique moderne et par le grand public. El
3729
étranges est reçue sans le moindre étonnement par
la
critique moderne et par le grand public. Elle rend compte de l’insign
3730
moindre étonnement par la critique moderne et par
le
grand public. Elle rend compte de l’insignifiance, au sens littéral d
3731
moderne et par le grand public. Elle rend compte
de
l’insignifiance, au sens littéral de ce terme, où devait choir fatale
3732
derne et par le grand public. Elle rend compte de
l’
insignifiance, au sens littéral de ce terme, où devait choir fatalemen
3733
rend compte de l’insignifiance, au sens littéral
de
ce terme, où devait choir fatalement le roman dès qu’il refusa d’être
3734
littéral de ce terme, où devait choir fatalement
le
roman dès qu’il refusa d’être fable. Tout l’intérêt du conte, effecti
3735
devait choir fatalement le roman dès qu’il refusa
d’
être fable. Tout l’intérêt du conte, effectivement, tenait aux convent
3736
ment le roman dès qu’il refusa d’être fable. Tout
l’
intérêt du conte, effectivement, tenait aux conventions qu’il savait m
3737
ait aux conventions qu’il savait mettre en œuvre.
Le
conte multipliait les rencontres fortuites, les coïncidences opportun
3738
u’il savait mettre en œuvre. Le conte multipliait
les
rencontres fortuites, les coïncidences opportunes. Sa rapidité folle
3739
e. Le conte multipliait les rencontres fortuites,
les
coïncidences opportunes. Sa rapidité folle – par rapport à la vie rée
3740
ces opportunes. Sa rapidité folle – par rapport à
la
vie réelle – tenait l’auditeur en haleine ; son rythme était autorité
3741
dité folle – par rapport à la vie réelle – tenait
l’
auditeur en haleine ; son rythme était autorité. Les événements extrao
3742
’auditeur en haleine ; son rythme était autorité.
Les
événements extraordinaires qu’il présentait, portaient les sentiments
3743
ments extraordinaires qu’il présentait, portaient
les
sentiments jusqu’au sublime, proposaient des types de vie haute, et r
3744
entiments jusqu’au sublime, proposaient des types
de
vie haute, et réveillaient des forces endormies. Le conte était le li
3745
vie haute, et réveillaient des forces endormies.
Le
conte était le libre déploiement des réalités mêmes de l’âme, qu’il d
3746
réveillaient des forces endormies. Le conte était
le
libre déploiement des réalités mêmes de l’âme, qu’il décrivait en per
3747
nte était le libre déploiement des réalités mêmes
de
l’âme, qu’il décrivait en personnages selon certains procédés et figu
3748
était le libre déploiement des réalités mêmes de
l’
âme, qu’il décrivait en personnages selon certains procédés et figures
3749
rtains procédés et figures surgis des profondeurs
de
l’être, identiques à ceux du rêve, et crus comme tels avec reconnaiss
3750
ins procédés et figures surgis des profondeurs de
l’
être, identiques à ceux du rêve, et crus comme tels avec reconnaissanc
3751
us comme tels avec reconnaissance, au double sens
de
l’expression. Mais que se passe-t-il lorsque le romancier nous fait s
3752
comme tels avec reconnaissance, au double sens de
l’
expression. Mais que se passe-t-il lorsque le romancier nous fait savo
3753
s de l’expression. Mais que se passe-t-il lorsque
le
romancier nous fait savoir qu’il a mis dans son livre ce qui est, et
3754
ivre ce qui est, et non plus ce qu’il a inventé ?
L’
abandon de la rhétorique entraîne deux séries de conséquences qui se r
3755
i est, et non plus ce qu’il a inventé ? L’abandon
de
la rhétorique entraîne deux séries de conséquences qui se révèlent ég
3756
st, et non plus ce qu’il a inventé ? L’abandon de
la
rhétorique entraîne deux séries de conséquences qui se révèlent égale
3757
? L’abandon de la rhétorique entraîne deux séries
de
conséquences qui se révèlent également ruineuses. 1°) — Le romancier
3758
uences qui se révèlent également ruineuses. 1°) —
Le
romancier moderne a perdu l’autorité magique du conteur. Il s’est pri
3759
ent ruineuses. 1°) — Le romancier moderne a perdu
l’
autorité magique du conteur. Il s’est privé volontairement du bénéfice
3760
onteur. Il s’est privé volontairement du bénéfice
de
« l’art de persuader » traditionnel. Quand, par exemple, le conteur d
3761
r. Il s’est privé volontairement du bénéfice de «
l’
art de persuader » traditionnel. Quand, par exemple, le conteur débuta
3762
s’est privé volontairement du bénéfice de « l’art
de
persuader » traditionnel. Quand, par exemple, le conteur débutait par
3763
de persuader » traditionnel. Quand, par exemple,
le
conteur débutait par la formule « Il y avait une fois… », il créait a
3764
nnel. Quand, par exemple, le conteur débutait par
la
formule « Il y avait une fois… », il créait aussitôt chez l’auditeur
3765
« Il y avait une fois… », il créait aussitôt chez
l’
auditeur un état très particulier de réceptivité et de créance. On sav
3766
aussitôt chez l’auditeur un état très particulier
de
réceptivité et de créance. On savait qu’un jeu commençait, amusant ou
3767
diteur un état très particulier de réceptivité et
de
créance. On savait qu’un jeu commençait, amusant ou profond, et signi
3768
ofond, et significatif. On croyait tout : c’était
le
jeu. Le jeu ne tolère pas de scepticisme. Observez un enfant quand il
3769
t significatif. On croyait tout : c’était le jeu.
Le
jeu ne tolère pas de scepticisme. Observez un enfant quand il attend
3770
oyait tout : c’était le jeu. Le jeu ne tolère pas
de
scepticisme. Observez un enfant quand il attend « l’histoire ». Dès q
3771
scepticisme. Observez un enfant quand il attend «
l’
histoire ». Dès que la formule consacrée tombe des lèvres de la grande
3772
un enfant quand il attend « l’histoire ». Dès que
la
formule consacrée tombe des lèvres de la grande personne, l’enfant ch
3773
». Dès que la formule consacrée tombe des lèvres
de
la grande personne, l’enfant change de visage, l’état second paraît.
3774
Dès que la formule consacrée tombe des lèvres de
la
grande personne, l’enfant change de visage, l’état second paraît. C’e
3775
consacrée tombe des lèvres de la grande personne,
l’
enfant change de visage, l’état second paraît. C’est l’état passionné
3776
des lèvres de la grande personne, l’enfant change
de
visage, l’état second paraît. C’est l’état passionné d’attente où naî
3777
de la grande personne, l’enfant change de visage,
l’
état second paraît. C’est l’état passionné d’attente où naît l’illusio
3778
ant change de visage, l’état second paraît. C’est
l’
état passionné d’attente où naît l’illusion romanesque. Il a suffi des
3779
age, l’état second paraît. C’est l’état passionné
d’
attente où naît l’illusion romanesque. Il a suffi des mots rituels pou
3780
paraît. C’est l’état passionné d’attente où naît
l’
illusion romanesque. Il a suffi des mots rituels pour suspendre le sen
3781
esque. Il a suffi des mots rituels pour suspendre
le
sens critique, et voici le plaisir extrême : Peau d’âne va lui être c
3782
rituels pour suspendre le sens critique, et voici
le
plaisir extrême : Peau d’âne va lui être conté. Mais si vous alliez d
3783
sens critique, et voici le plaisir extrême : Peau
d’
âne va lui être conté. Mais si vous alliez dire au même enfant, avant
3784
alliez dire au même enfant, avant de lui raconter
la
même histoire, que cela s’est passé tout à l’heure, dans la rue, il f
3785
ter la même histoire, que cela s’est passé tout à
l’
heure, dans la rue, il ferait aussitôt mille objections. Il vous juger
3786
stoire, que cela s’est passé tout à l’heure, dans
la
rue, il ferait aussitôt mille objections. Il vous jugerait avec toute
3787
tôt mille objections. Il vous jugerait avec toute
la
sévérité que les enfants réservent aux adultes futiles. Au siècle pas
3788
ions. Il vous jugerait avec toute la sévérité que
les
enfants réservent aux adultes futiles. Au siècle passé, les conteurs
3789
s réservent aux adultes futiles. Au siècle passé,
les
conteurs populaires et certains des meilleurs écrivains avaient encor
3790
ns des meilleurs écrivains avaient encore coutume
de
débuter par des phrases stéréotypées : « Par une belle matinée de nov
3791
es phrases stéréotypées : « Par une belle matinée
de
novembre, un voyageur vêtu d’un macfarlane gris chevauchait sur la ro
3792
r une belle matinée de novembre, un voyageur vêtu
d’
un macfarlane gris chevauchait sur la route qui va de N… à X… » (Fenim
3793
oyageur vêtu d’un macfarlane gris chevauchait sur
la
route qui va de N… à X… » (Fenimore Cooper, j’imagine). Ou bien c’éta
3794
n macfarlane gris chevauchait sur la route qui va
de
N… à X… » (Fenimore Cooper, j’imagine). Ou bien c’était une lente des
3795
ne lente description des lieux, introduisant dans
l’
atmosphère du récit. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d
3796
lieux, introduisant dans l’atmosphère du récit. (
Le
début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaien
3797
ntroduisant dans l’atmosphère du récit. (Le début
de
Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaient encore
3798
oduisant dans l’atmosphère du récit. (Le début de
Le
Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaient encore une
3799
s l’atmosphère du récit. (Le début de Le Rouge et
le
Noir.) Ces procédés d’avertissement retenaient encore une règle éléme
3800
. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés
d’
avertissement retenaient encore une règle élémentaire : marquer le déb
3801
retenaient encore une règle élémentaire : marquer
le
début du jeu par un signal convenu, isoler de la vie courante la part
3802
uer le début du jeu par un signal convenu, isoler
de
la vie courante la partie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionn
3803
le début du jeu par un signal convenu, isoler de
la
vie courante la partie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionne d
3804
par un signal convenu, isoler de la vie courante
la
partie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionne d’imiter la vie,
3805
, isoler de la vie courante la partie jouée. Mais
le
romancier réaliste ambitionne d’imiter la vie, qui ne commence et ne
3806
rtie jouée. Mais le romancier réaliste ambitionne
d’
imiter la vie, qui ne commence et ne finit jamais. Force lui est donc
3807
e. Mais le romancier réaliste ambitionne d’imiter
la
vie, qui ne commence et ne finit jamais. Force lui est donc d’entrer
3808
e commence et ne finit jamais. Force lui est donc
d’
entrer comme par hasard, au milieu d’une situation, d’une atmosphère,
3809
trer comme par hasard, au milieu d’une situation,
d’
une atmosphère, ou même d’une phrase, « N’importe où et n’importe comm
3810
milieu d’une situation, d’une atmosphère, ou même
d’
une phrase, « N’importe où et n’importe comment » — c’est à quoi vise
3811
uoi vise son effort. « Gontran sortit son briquet
de
nacre, alluma une cigarette blonde et consulta l’indicateur. » Il s’a
3812
de nacre, alluma une cigarette blonde et consulta
l’
indicateur. » Il s’agit de me faire croire que c’est vrai. Il faut don
3813
ette blonde et consulta l’indicateur. » Il s’agit
de
me faire croire que c’est vrai. Il faut donc me fournir des preuves e
3814
i aussi, ou quelque chose qui ressemble à cela. «
La
vraie vie », je la connais autant que cet auteur. Je me méfie, et bie
3815
chose qui ressemble à cela. « La vraie vie », je
la
connais autant que cet auteur. Je me méfie, et bientôt discute. Et pl
3816
auteur. Je me méfie, et bientôt discute. Et plus
l’
auteur paraît désireux de me convaincre — au lieu de s’abandonner à so
3817
bientôt discute. Et plus l’auteur paraît désireux
de
me convaincre — au lieu de s’abandonner à son rythme d’images — plus
3818
convaincre — au lieu de s’abandonner à son rythme
d’
images — plus j’exige un récit vraisemblable. À la limite, il serait i
3819
d’images — plus j’exige un récit vraisemblable. À
la
limite, il serait impossible qu’un lecteur tombe jamais d’accord avec
3820
possible qu’un lecteur tombe jamais d’accord avec
l’
auteur. Car il n’est pas deux expériences humaines superposables. Et j
3821
renoncerais à la mienne pour faire crédit à celle
de
l’écrivain que si, d’abord, il renonçait à démontrer, et m’entraînait
3822
oncerais à la mienne pour faire crédit à celle de
l’
écrivain que si, d’abord, il renonçait à démontrer, et m’entraînait pa
3823
’un sens, valable et vérifiable en soi. 2°) — Par
la
suppression des cérémonies d’introduction et de sortie3, le romancier
3824
e en soi. 2°) — Par la suppression des cérémonies
d’
introduction et de sortie3, le romancier moderne veut créer l’illusion
3825
r la suppression des cérémonies d’introduction et
de
sortie3, le romancier moderne veut créer l’illusion du réel quotidien
3826
sion des cérémonies d’introduction et de sortie3,
le
romancier moderne veut créer l’illusion du réel quotidien. Pourtant i
3827
on et de sortie3, le romancier moderne veut créer
l’
illusion du réel quotidien. Pourtant il ne dispose que de mots, quoi q
3828
ion du réel quotidien. Pourtant il ne dispose que
de
mots, quoi qu’il fasse. Ce dernier artifice paraît le gêner d’autant
3829
ots, quoi qu’il fasse. Ce dernier artifice paraît
le
gêner d’autant qu’il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome de l
3830
er artifice paraît le gêner d’autant qu’il essaie
de
le faire oublier. D’où cet axiome de la critique moderne : un roman n
3831
artifice paraît le gêner d’autant qu’il essaie de
le
faire oublier. D’où cet axiome de la critique moderne : un roman ne d
3832
gêner d’autant qu’il essaie de le faire oublier.
D’
où cet axiome de la critique moderne : un roman ne doit pas être « écr
3833
qu’il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome
de
la critique moderne : un roman ne doit pas être « écrit ». Tous ces e
3834
il essaie de le faire oublier. D’où cet axiome de
la
critique moderne : un roman ne doit pas être « écrit ». Tous ces effo
3835
t pas être « écrit ». Tous ces efforts trahissent
le
curieux embarras de ne pouvoir faire entrer dans un livre des personn
3836
. Tous ces efforts trahissent le curieux embarras
de
ne pouvoir faire entrer dans un livre des personnages grandeur nature
3837
er dans un livre des personnages grandeur nature.
La
volonté d’éliminer toutes les conventions narratives, pour peu d’exig
3838
livre des personnages grandeur nature. La volonté
d’
éliminer toutes les conventions narratives, pour peu d’exigence qu’on
3839
ges grandeur nature. La volonté d’éliminer toutes
les
conventions narratives, pour peu d’exigence qu’on y mette, aboutit à
3840
miner toutes les conventions narratives, pour peu
d’
exigence qu’on y mette, aboutit à faire du roman quelque chose d’inter
3841
n y mette, aboutit à faire du roman quelque chose
d’
interminable, et quelque chose de méthodiquement insignifiant. Quelque
3842
an quelque chose d’interminable, et quelque chose
de
méthodiquement insignifiant. Quelque chose qui n’en finit plus, car l
3843
ignifiant. Quelque chose qui n’en finit plus, car
la
vie ne met jamais de point final. Il y a jeu quand les conséquences s
3844
ose qui n’en finit plus, car la vie ne met jamais
de
point final. Il y a jeu quand les conséquences s’épuisent avec le der
3845
ie ne met jamais de point final. Il y a jeu quand
les
conséquences s’épuisent avec le dernier coup ; mais le sérieux de la
3846
nséquences s’épuisent avec le dernier coup ; mais
le
sérieux de la vie est, par définition, le domaine des conséquences in
3847
s’épuisent avec le dernier coup ; mais le sérieux
de
la vie est, par définition, le domaine des conséquences indéfinies. L
3848
puisent avec le dernier coup ; mais le sérieux de
la
vie est, par définition, le domaine des conséquences indéfinies. L’hé
3849
; mais le sérieux de la vie est, par définition,
le
domaine des conséquences indéfinies. L’hésitation du romancier modern
3850
finition, le domaine des conséquences indéfinies.
L’
hésitation du romancier moderne à terminer son livre par une décision
3851
ier moderne à terminer son livre par une décision
de
l’esprit ou par un artifice de rhétorique, telle est la source impure
3852
moderne à terminer son livre par une décision de
l’
esprit ou par un artifice de rhétorique, telle est la source impure du
3853
e par une décision de l’esprit ou par un artifice
de
rhétorique, telle est la source impure du roman-fleuve. La longueur d
3854
sprit ou par un artifice de rhétorique, telle est
la
source impure du roman-fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre e
3855
ique, telle est la source impure du roman-fleuve.
La
longueur des ouvrages de ce genre est l’expression de l’embarras d’un
3856
impure du roman-fleuve. La longueur des ouvrages
de
ce genre est l’expression de l’embarras d’un écrivain qui s’est privé
3857
-fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre est
l’
expression de l’embarras d’un écrivain qui s’est privé des secours de
3858
ongueur des ouvrages de ce genre est l’expression
de
l’embarras d’un écrivain qui s’est privé des secours de l’art. D’aill
3859
ueur des ouvrages de ce genre est l’expression de
l’
embarras d’un écrivain qui s’est privé des secours de l’art. D’ailleur
3860
vrages de ce genre est l’expression de l’embarras
d’
un écrivain qui s’est privé des secours de l’art. D’ailleurs cet allon
3861
mbarras d’un écrivain qui s’est privé des secours
de
l’art. D’ailleurs cet allongement, trop souvent excessif pour l’intér
3862
rras d’un écrivain qui s’est privé des secours de
l’
art. D’ailleurs cet allongement, trop souvent excessif pour l’intérêt
3863
leurs cet allongement, trop souvent excessif pour
l’
intérêt romanesque, sera toujours insuffisant pour égaler la durée rée
3864
romanesque, sera toujours insuffisant pour égaler
la
durée réelle d’une vie. Quelque chose de méthodiquement insignifiant.
3865
toujours insuffisant pour égaler la durée réelle
d’
une vie. Quelque chose de méthodiquement insignifiant. Car la-vie-tell
3866
r égaler la durée réelle d’une vie. Quelque chose
de
méthodiquement insignifiant. Car la-vie-telle-qu’elle-est ne signifie
3867
, c’est elle qu’on veut reproduire en multipliant
les
observations exactes et les personnages quelconques. Et c’est au nom
3868
oduire en multipliant les observations exactes et
les
personnages quelconques. Et c’est au nom de cette fidélité à la vie q
3869
quelconques. Et c’est au nom de cette fidélité à
la
vie que M. Jules Romains va s’interdire, dit-il — « les enchaînements
3870
e que M. Jules Romains va s’interdire, dit-il — «
les
enchaînements arbitraires et le picaresque », les rencontres qu’on ne
3871
dire, dit-il — « les enchaînements arbitraires et
le
picaresque », les rencontres qu’on ne voit pas dans la réalité, bref,
3872
les enchaînements arbitraires et le picaresque »,
les
rencontres qu’on ne voit pas dans la réalité, bref, tous recours au «
3873
caresque », les rencontres qu’on ne voit pas dans
la
réalité, bref, tous recours au « hasard qui fait trop bien les choses
3874
bref, tous recours au « hasard qui fait trop bien
les
choses ». J’extrais ces propositions de la préface aux Hommes de bonn
3875
rop bien les choses ». J’extrais ces propositions
de
la préface aux Hommes de bonne volonté, bon témoignage sur l’opinion
3876
bien les choses ». J’extrais ces propositions de
la
préface aux Hommes de bonne volonté, bon témoignage sur l’opinion moy
3877
extrais ces propositions de la préface aux Hommes
de
bonne volonté, bon témoignage sur l’opinion moyenne du grand public c
3878
e aux Hommes de bonne volonté, bon témoignage sur
l’
opinion moyenne du grand public contemporain, le morceau n’étant visib
3879
r l’opinion moyenne du grand public contemporain,
le
morceau n’étant visiblement qu’une captatio benevolentiae où l’auteur
3880
tant visiblement qu’une captatio benevolentiae où
l’
auteur se montre attentif à ne promettre rien qu’il ne sache attendu.
3881
tif à ne promettre rien qu’il ne sache attendu. «
Le
roman, écrit encore M. Romains, ne connaît pas de vraies servitudes.
3882
Le roman, écrit encore M. Romains, ne connaît pas
de
vraies servitudes. Ce qui diminue peut-être pour le roman comme genre
3883
vraies servitudes. Ce qui diminue peut-être pour
le
roman comme genre les occasions d’acquérir un mérite esthétique supér
3884
e qui diminue peut-être pour le roman comme genre
les
occasions d’acquérir un mérite esthétique supérieur… mais ce qui en t
3885
peut-être pour le roman comme genre les occasions
d’
acquérir un mérite esthétique supérieur… mais ce qui en tout cas lui i
3886
e supérieur… mais ce qui en tout cas lui interdit
de
cultiver les conventions. » Ceci corrigerait donc cela ? M. Romains c
3887
mais ce qui en tout cas lui interdit de cultiver
les
conventions. » Ceci corrigerait donc cela ? M. Romains connaît bien s
3888
? M. Romains connaît bien son public. Il sait que
l’
absence de conventions sera tenue pour avantage, et compensera, aux ye
3889
ns connaît bien son public. Il sait que l’absence
de
conventions sera tenue pour avantage, et compensera, aux yeux de ses
3890
ge, et compensera, aux yeux de ses contemporains,
l’
absence de mérite esthétique. (Alors que la première absence est en ré
3891
pensera, aux yeux de ses contemporains, l’absence
de
mérite esthétique. (Alors que la première absence est en réalité la c
3892
ue. (Alors que la première absence est en réalité
la
cause immédiate de la seconde.) Parlant encore de son propre roman, M
3893
remière absence est en réalité la cause immédiate
de
la seconde.) Parlant encore de son propre roman, M. Romains ajoute :
3894
la cause immédiate de la seconde.) Parlant encore
de
son propre roman, M. Romains ajoute : « Le lecteur se demandera : où
3895
encore de son propre roman, M. Romains ajoute : «
Le
lecteur se demandera : où cela va-t-il ? Des personnages se perdent…
3896
pour se justifier, n’en va-t-il pas de même dans
la
vie ? Les romans traditionnels « préoccupés qu’ils sont, au nom des v
3897
justifier, n’en va-t-il pas de même dans la vie ?
Les
romans traditionnels « préoccupés qu’ils sont, au nom des vieilles rè
3898
éoccupés qu’ils sont, au nom des vieilles règles,
de
commencer et de finir le jeu avec les mêmes cartes », échouent à expr
3899
sont, au nom des vieilles règles, de commencer et
de
finir le jeu avec les mêmes cartes », échouent à exprimer ce désordre
3900
nom des vieilles règles, de commencer et de finir
le
jeu avec les mêmes cartes », échouent à exprimer ce désordre, ce déco
3901
lles règles, de commencer et de finir le jeu avec
les
mêmes cartes », échouent à exprimer ce désordre, ce décousu, ces inco
3902
s inconséquences du sort… Bien sûr. Mais pourquoi
les
romans devraient-ils exprimer tout cela ? Et d’ailleurs, comment le p
3903
t-ils exprimer tout cela ? Et d’ailleurs, comment
le
pourraient-ils ? Si longs qu’ils soient, ils seront toujours trop cou
3904
toujours trop courts pour imiter sans conventions
le
décousu de la vie réelle. Avouer l’ambition d’écrire un livre en se c
3905
op courts pour imiter sans conventions le décousu
de
la vie réelle. Avouer l’ambition d’écrire un livre en se conformant a
3906
courts pour imiter sans conventions le décousu de
la
vie réelle. Avouer l’ambition d’écrire un livre en se conformant aux
3907
s conventions le décousu de la vie réelle. Avouer
l’
ambition d’écrire un livre en se conformant aux « lois de la vie », c’
3908
ns le décousu de la vie réelle. Avouer l’ambition
d’
écrire un livre en se conformant aux « lois de la vie », c’est doublem
3909
ion d’écrire un livre en se conformant aux « lois
de
la vie », c’est doublement tricher : avec la vie, et surtout avec l’a
3910
d’écrire un livre en se conformant aux « lois de
la
vie », c’est doublement tricher : avec la vie, et surtout avec l’art.
3911
lois de la vie », c’est doublement tricher : avec
la
vie, et surtout avec l’art. Cette tricherie généralisée doit amener,
3912
doublement tricher : avec la vie, et surtout avec
l’
art. Cette tricherie généralisée doit amener, nécessairement, la disso
3913
richerie généralisée doit amener, nécessairement,
la
dissolution du roman dans le documentaire plus ou moins commenté. Où
3914
ner, nécessairement, la dissolution du roman dans
le
documentaire plus ou moins commenté. Où l’art, d’ailleurs, reparaîtra
3915
n dans le documentaire plus ou moins commenté. Où
l’
art, d’ailleurs, reparaîtra bientôt avec les conventions, plutôt frust
3916
té. Où l’art, d’ailleurs, reparaîtra bientôt avec
les
conventions, plutôt frustes mais fixes, du découpage, du montage, et
3917
frustes mais fixes, du découpage, du montage, et
de
la présentation dramatisée. Ces conditions, dans une vue commerciale,
3918
ustes mais fixes, du découpage, du montage, et de
la
présentation dramatisée. Ces conditions, dans une vue commerciale, so
3919
commerciale, sont très jalousement maintenues par
les
« producers », éditeurs et directeurs de magazines à grand tirage. L
3920
ues par les « producers », éditeurs et directeurs
de
magazines à grand tirage. Le genre proprement romanesque s’éteindra
3921
teurs et directeurs de magazines à grand tirage.
Le
genre proprement romanesque s’éteindra dans le même temps que l’ère b
3922
. Le genre proprement romanesque s’éteindra dans
le
même temps que l’ère bourgeoise et pour avoir commis la même erreur :
3923
ment romanesque s’éteindra dans le même temps que
l’
ère bourgeoise et pour avoir commis la même erreur : qui était de croi
3924
e temps que l’ère bourgeoise et pour avoir commis
la
même erreur : qui était de croire les conventions « conventionnelles
3925
e et pour avoir commis la même erreur : qui était
de
croire les conventions « conventionnelles » au sens dépréciatif de l’
3926
avoir commis la même erreur : qui était de croire
les
conventions « conventionnelles » au sens dépréciatif de l’épithète. C
3927
ventions « conventionnelles » au sens dépréciatif
de
l’épithète. Ces légèretés ne pardonnent pas. Une contre-épreuve de no
3928
tions « conventionnelles » au sens dépréciatif de
l’
épithète. Ces légèretés ne pardonnent pas. Une contre-épreuve de notre
3929
s légèretés ne pardonnent pas. Une contre-épreuve
de
notre diagnostic nous sera fournie par le succès du roman policier. J
3930
épreuve de notre diagnostic nous sera fournie par
le
succès du roman policier. Je ne pense pas qu’on puisse expliquer ce s
3931
on puisse expliquer ce succès par un intérêt pour
le
crime, qui serait particulier à notre époque. Le roman policier est p
3932
le crime, qui serait particulier à notre époque.
Le
roman policier est populaire parce qu’il demeure le seul genre défini
3933
roman policier est populaire parce qu’il demeure
le
seul genre défini, obéissant aux lois d’une rhétorique précise. C’est
3934
demeure le seul genre défini, obéissant aux lois
d’
une rhétorique précise. C’est un jeu, et un jeu serré, qui ne tolère a
3935
gnante. Ses personnages sont constants comme ceux
de
la Commedia dell’arte, ou ceux des cartes et des échecs : le détectiv
3936
nte. Ses personnages sont constants comme ceux de
la
Commedia dell’arte, ou ceux des cartes et des échecs : le détective é
3937
dia dell’arte, ou ceux des cartes et des échecs :
le
détective élégant, volontiers philosophe, l’agent de police bonne bru
3938
cs : le détective élégant, volontiers philosophe,
l’
agent de police bonne brute ou puits de sagesse populaire ; la femme à
3939
détective élégant, volontiers philosophe, l’agent
de
police bonne brute ou puits de sagesse populaire ; la femme à bijoux,
3940
hilosophe, l’agent de police bonne brute ou puits
de
sagesse populaire ; la femme à bijoux, comtesse de palaces ; le valet
3941
olice bonne brute ou puits de sagesse populaire ;
la
femme à bijoux, comtesse de palaces ; le valet de chambre silencieux
3942
e sagesse populaire ; la femme à bijoux, comtesse
de
palaces ; le valet de chambre silencieux et astucieux, etc. La situat
3943
ulaire ; la femme à bijoux, comtesse de palaces ;
le
valet de chambre silencieux et astucieux, etc. La situation, donnée d
3944
le valet de chambre silencieux et astucieux, etc.
La
situation, donnée d’entrée de jeu, se résout complètement à la fin du
3945
ilencieux et astucieux, etc. La situation, donnée
d’
entrée de jeu, se résout complètement à la fin du livre, et ne comport
3946
et astucieux, etc. La situation, donnée d’entrée
de
jeu, se résout complètement à la fin du livre, et ne comporte qu’un n
3947
donnée d’entrée de jeu, se résout complètement à
la
fin du livre, et ne comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de
3948
la fin du livre, et ne comporte qu’un nombre fini
d’
éléments. Le lieu de l’action est circonscrit : c’est généralement une
3949
vre, et ne comporte qu’un nombre fini d’éléments.
Le
lieu de l’action est circonscrit : c’est généralement une maison dont
3950
ne comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu
de
l’action est circonscrit : c’est généralement une maison dont il semb
3951
comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de
l’
action est circonscrit : c’est généralement une maison dont il semble
3952
e n’ait pu y entrer ni en sortir, et qui contient
le
problème sous forme de cadavre. Parfois, ce n’est qu’une chambre4. To
3953
u’une chambre4. Toutes ces conditions satisfont à
l’
excellente définition du jeu proposée par J. Huizinga5 : une action do
3954
u jeu proposée par J. Huizinga5 : une action dont
le
début et la fin sont nettement marqués, qui a lieu dans un espace net
3955
ée par J. Huizinga5 : une action dont le début et
la
fin sont nettement marqués, qui a lieu dans un espace nettement délim
3956
atiales et temporelles, à des règles indiscutées.
Le
roman policier passionne dans la mesure même où il tient compte des r
3957
les indiscutées. Le roman policier passionne dans
la
mesure même où il tient compte des règles, soit pour les appliquer av
3958
ure même où il tient compte des règles, soit pour
les
appliquer avec une perfection classique, soit pour y introduire quelq
3959
t pour y introduire quelque ingénieuse variation.
La
fixité même des règles fondamentales permet de mesurer l’invention de
3960
n. La fixité même des règles fondamentales permet
de
mesurer l’invention de chaque auteur, et les progrès du genre. Une gr
3961
é même des règles fondamentales permet de mesurer
l’
invention de chaque auteur, et les progrès du genre. Une grande partie
3962
ègles fondamentales permet de mesurer l’invention
de
chaque auteur, et les progrès du genre. Une grande partie de l’intérê
3963
ermet de mesurer l’invention de chaque auteur, et
les
progrès du genre. Une grande partie de l’intérêt que l’amateur apport
3964
uteur, et les progrès du genre. Une grande partie
de
l’intérêt que l’amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient a
3965
ur, et les progrès du genre. Une grande partie de
l’
intérêt que l’amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient au r
3966
grès du genre. Une grande partie de l’intérêt que
l’
amateur apporte à la lecture de ces ouvrages, tient au raffinement ou
3967
rande partie de l’intérêt que l’amateur apporte à
la
lecture de ces ouvrages, tient au raffinement ou à la complication cr
3968
e de l’intérêt que l’amateur apporte à la lecture
de
ces ouvrages, tient au raffinement ou à la complication croissante de
3969
ecture de ces ouvrages, tient au raffinement ou à
la
complication croissante des règles. (Le lecteur de romans policiers d
3970
ment ou à la complication croissante des règles. (
Le
lecteur de romans policiers devient très vite un spécialiste.) Et cet
3971
a complication croissante des règles. (Le lecteur
de
romans policiers devient très vite un spécialiste.) Et cette rhétoriq
3972
spécialiste.) Et cette rhétorique ne manquera pas
d’
exercer son pouvoir créateur de communauté : des clubs de fanatiques d
3973
ue ne manquera pas d’exercer son pouvoir créateur
de
communauté : des clubs de fanatiques du roman policier se sont fondés
3974
er son pouvoir créateur de communauté : des clubs
de
fanatiques du roman policier se sont fondés un peu partout. La vogue
3975
du roman policier se sont fondés un peu partout.
La
vogue actuelle du roman historique pourrait être invoquée, elle aussi
3976
ique pourrait être invoquée, elle aussi, bien que
l’
exemple soit moins pur et moins frappant. Le roman historique garde le
3977
n que l’exemple soit moins pur et moins frappant.
Le
roman historique garde le bénéfice du cadre : son action circonscrite
3978
pur et moins frappant. Le roman historique garde
le
bénéfice du cadre : son action circonscrite par définition, est isolé
3979
par définition, est isolée du réel quotidien par
l’
éloignement dans le temps. Mais l’impureté du genre, c’est qu’il peut
3980
t isolée du réel quotidien par l’éloignement dans
le
temps. Mais l’impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de la cré
3981
l quotidien par l’éloignement dans le temps. Mais
l’
impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de la crédibilité intrin
3982
s l’impureté du genre, c’est qu’il peut se passer
de
la crédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’autorité tout
3983
’impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de
la
crédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’autorité tout ex
3984
asser de la crédibilité intrinsèque du conte, par
le
recours à l’autorité tout extérieure du fait accompli. Cette possibil
3985
rédibilité intrinsèque du conte, par le recours à
l’
autorité tout extérieure du fait accompli. Cette possibilité de triche
3986
ut extérieure du fait accompli. Cette possibilité
de
tricherie est voisine de celle qui consiste à forcer la vraisemblance
3987
ompli. Cette possibilité de tricherie est voisine
de
celle qui consiste à forcer la vraisemblance par une accumulation de
3988
cherie est voisine de celle qui consiste à forcer
la
vraisemblance par une accumulation de faits observables. Le roman mo
3989
te à forcer la vraisemblance par une accumulation
de
faits observables. Le roman mourra donc, comme sont mortes la tragéd
3990
lance par une accumulation de faits observables.
Le
roman mourra donc, comme sont mortes la tragédie classique et les chr
3991
rvables. Le roman mourra donc, comme sont mortes
la
tragédie classique et les chroniques en vers. Il mourra pour avoir ép
3992
donc, comme sont mortes la tragédie classique et
les
chroniques en vers. Il mourra pour avoir épuisé ses possibilités form
3993
s possibilités formelles, et pour avoir poursuivi
la
chimère d’une liberté sans condition. Quelques phénomènes extérieurs
3994
tés formelles, et pour avoir poursuivi la chimère
d’
une liberté sans condition. Quelques phénomènes extérieurs viendront p
3995
ié, dès sa naissance, aux conceptions bourgeoises
de
la vie, soit qu’il les décrivît d’abord, soit qu’ensuite il n’utilisâ
3996
dès sa naissance, aux conceptions bourgeoises de
la
vie, soit qu’il les décrivît d’abord, soit qu’ensuite il n’utilisât q
3997
aux conceptions bourgeoises de la vie, soit qu’il
les
décrivît d’abord, soit qu’ensuite il n’utilisât que leurs tabous comm
3998
ite il n’utilisât que leurs tabous comme ressorts
de
l’action, ou qu’enfin il se fît un prestige de les contredire et mine
3999
il n’utilisât que leurs tabous comme ressorts de
l’
action, ou qu’enfin il se fît un prestige de les contredire et miner.
4000
ts de l’action, ou qu’enfin il se fît un prestige
de
les contredire et miner. Tout cela ne durera plus que le temps de liq
4001
de l’action, ou qu’enfin il se fît un prestige de
les
contredire et miner. Tout cela ne durera plus que le temps de liquide
4002
contredire et miner. Tout cela ne durera plus que
le
temps de liquider un héritage saccagé par la guerre actuelle et par l
4003
e et miner. Tout cela ne durera plus que le temps
de
liquider un héritage saccagé par la guerre actuelle et par l’avènemen
4004
que le temps de liquider un héritage saccagé par
la
guerre actuelle et par l’avènement des masses. La révolution que nous
4005
un héritage saccagé par la guerre actuelle et par
l’
avènement des masses. La révolution que nous vivons déclassera la plup
4006
la guerre actuelle et par l’avènement des masses.
La
révolution que nous vivons déclassera la plupart des objets dont le r
4007
nous vivons déclassera la plupart des objets dont
le
roman faisait toute son « étude ». Mais le besoin de lire des fables
4008
s dont le roman faisait toute son « étude ». Mais
le
besoin de lire des fables ne s’éteindra pas pour si peu ; et moins en
4009
roman faisait toute son « étude ». Mais le besoin
de
lire des fables ne s’éteindra pas pour si peu ; et moins encore, le b
4010
ne s’éteindra pas pour si peu ; et moins encore,
le
besoin d’en conter. L’imaginaire, délivré du souci d’une vraisemblanc
4011
ndra pas pour si peu ; et moins encore, le besoin
d’
en conter. L’imaginaire, délivré du souci d’une vraisemblance insignif
4012
si peu ; et moins encore, le besoin d’en conter.
L’
imaginaire, délivré du souci d’une vraisemblance insignifiante ou stat
4013
esoin d’en conter. L’imaginaire, délivré du souci
d’
une vraisemblance insignifiante ou statistique, retrouvera l’usage pro
4014
emblance insignifiante ou statistique, retrouvera
l’
usage proprement « fabuleux », le pouvoir créateur des formes fixes et
4015
ique, retrouvera l’usage proprement « fabuleux »,
le
pouvoir créateur des formes fixes et la dialectique des symboles. Le
4016
buleux », le pouvoir créateur des formes fixes et
la
dialectique des symboles. Le conteur, renonçant à imiter la vie, la r
4017
des formes fixes et la dialectique des symboles.
Le
conteur, renonçant à imiter la vie, la récréera ; et renonçant à prou
4018
ique des symboles. Le conteur, renonçant à imiter
la
vie, la récréera ; et renonçant à prouver qu’il dit vrai, aussitôt se
4019
symboles. Le conteur, renonçant à imiter la vie,
la
récréera ; et renonçant à prouver qu’il dit vrai, aussitôt se verra r
4020
ouver qu’il dit vrai, aussitôt se verra restituer
les
prestiges de la persuasion. Notre monde retentit d’événements incroya
4021
t vrai, aussitôt se verra restituer les prestiges
de
la persuasion. Notre monde retentit d’événements incroyables et pourt
4022
rai, aussitôt se verra restituer les prestiges de
la
persuasion. Notre monde retentit d’événements incroyables et pourtant
4023
prestiges de la persuasion. Notre monde retentit
d’
événements incroyables et pourtant mortellement réels. Les faits les p
4024
ments incroyables et pourtant mortellement réels.
Les
faits les plus flagrants du siècle défient nos imaginations. Seul un
4025
oyables et pourtant mortellement réels. Les faits
les
plus flagrants du siècle défient nos imaginations. Seul un art délira
4026
le défient nos imaginations. Seul un art délirant
de
fantaisie a su préfigurer le rythme de nos catastrophes. Les dessins
4027
Seul un art délirant de fantaisie a su préfigurer
le
rythme de nos catastrophes. Les dessins animés de Walt Disney jouaien
4028
t délirant de fantaisie a su préfigurer le rythme
de
nos catastrophes. Les dessins animés de Walt Disney jouaient dans le
4029
ie a su préfigurer le rythme de nos catastrophes.
Les
dessins animés de Walt Disney jouaient dans le registre du fou rire p
4030
le rythme de nos catastrophes. Les dessins animés
de
Walt Disney jouaient dans le registre du fou rire populaire avec l’in
4031
. Les dessins animés de Walt Disney jouaient dans
le
registre du fou rire populaire avec l’instinct sadique et le goût des
4032
aient dans le registre du fou rire populaire avec
l’
instinct sadique et le goût des orgies de destruction que devait tradu
4033
du fou rire populaire avec l’instinct sadique et
le
goût des orgies de destruction que devait traduire, quelques années p
4034
ire avec l’instinct sadique et le goût des orgies
de
destruction que devait traduire, quelques années plus tard, la guerre
4035
n que devait traduire, quelques années plus tard,
la
guerre totale. Ne fût-ce que pour rester au niveau de nos épreuves et
4036
t-ce que pour rester au niveau de nos épreuves et
de
nos désastres réels, l’art de demain va revenir au jeu des amplificat
4037
niveau de nos épreuves et de nos désastres réels,
l’
art de demain va revenir au jeu des amplifications, raccourcis et mira
4038
de nos épreuves et de nos désastres réels, l’art
de
demain va revenir au jeu des amplifications, raccourcis et miracles q
4039
cations, raccourcis et miracles qui constituaient
la
rhétorique des contes. Il ne rejoindra le sens vrai de nos vies qu’en
4040
tuaient la rhétorique des contes. Il ne rejoindra
le
sens vrai de nos vies qu’en se livrant à la logique profonde des symb
4041
étorique des contes. Il ne rejoindra le sens vrai
de
nos vies qu’en se livrant à la logique profonde des symboles et des m
4042
indra le sens vrai de nos vies qu’en se livrant à
la
logique profonde des symboles et des mythes de l’âme. Tout porte à te
4043
à la logique profonde des symboles et des mythes
de
l’âme. Tout porte à tenir pour probable que les grandes œuvres narrat
4044
la logique profonde des symboles et des mythes de
l’
âme. Tout porte à tenir pour probable que les grandes œuvres narrative
4045
es de l’âme. Tout porte à tenir pour probable que
les
grandes œuvres narratives qui vont naître au lendemain de cette guerr
4046
es œuvres narratives qui vont naître au lendemain
de
cette guerre, se rapprocheront des types de libre création, des parab
4047
emain de cette guerre, se rapprocheront des types
de
libre création, des paraboles que furent en d’autres temps Gargantua,
4048
Crusoe, ou Gulliver, monstrueux dessins animés où
l’
homme n’a pas cessé de reconnaître son image la plus convaincante. 1
4049
onstrueux dessins animés où l’homme n’a pas cessé
de
reconnaître son image la plus convaincante. 1. La dialectique de la
4050
où l’homme n’a pas cessé de reconnaître son image
la
plus convaincante. 1. La dialectique de la Terreur et de la Rhétori
4051
reconnaître son image la plus convaincante. 1.
La
dialectique de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand
4052
n image la plus convaincante. 1. La dialectique
de
la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean
4053
mage la plus convaincante. 1. La dialectique de
la
Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Pau
4054
onvaincante. 1. La dialectique de la Terreur et
de
la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié e
4055
aincante. 1. La dialectique de la Terreur et de
la
Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié en F
4056
alectique de la Terreur et de la Rhétorique forme
le
sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié en France sous l’occupat
4057
et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre
de
Jean Paulhan, publié en France sous l’occupation : Les Fleurs de Tarb
4058
rand livre de Jean Paulhan, publié en France sous
l’
occupation : Les Fleurs de Tarbes. 2. Ce cauchemar est fort bien décr
4059
ean Paulhan, publié en France sous l’occupation :
Les
Fleurs de Tarbes. 2. Ce cauchemar est fort bien décrit par Lewis Car
4060
, publié en France sous l’occupation : Les Fleurs
de
Tarbes. 2. Ce cauchemar est fort bien décrit par Lewis Carroll dans
4061
hemar est fort bien décrit par Lewis Carroll dans
la
scène de la partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, l
4062
fort bien décrit par Lewis Carroll dans la scène
de
la partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maille
4063
rt bien décrit par Lewis Carroll dans la scène de
la
partie de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets
4064
crit par Lewis Carroll dans la scène de la partie
de
croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets et les bou
4065
wis Carroll dans la scène de la partie de croquet
d’
Alice in Wonderland où les arceaux, les maillets et les boules sont vi
4066
de la partie de croquet d’Alice in Wonderland où
les
arceaux, les maillets et les boules sont vivants et ne cessent de se
4067
de croquet d’Alice in Wonderland où les arceaux,
les
maillets et les boules sont vivants et ne cessent de se déplacer. 3.
4068
ice in Wonderland où les arceaux, les maillets et
les
boules sont vivants et ne cessent de se déplacer. 3. Coup de sifflet
4069
maillets et les boules sont vivants et ne cessent
de
se déplacer. 3. Coup de sifflet donné par l’arbitre, appel d’un des
4070
nt vivants et ne cessent de se déplacer. 3. Coup
de
sifflet donné par l’arbitre, appel d’un des joueurs à son partenaire,
4071
ent de se déplacer. 3. Coup de sifflet donné par
l’
arbitre, appel d’un des joueurs à son partenaire, disposition des pion
4072
r. 3. Coup de sifflet donné par l’arbitre, appel
d’
un des joueurs à son partenaire, disposition des pions ; trois coups f
4073
aire, disposition des pions ; trois coups frappés
d’
avance, lever de rideau ; l’ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau
4074
n des pions ; trois coups frappés d’avance, lever
de
rideau ; l’ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procé
4075
; trois coups frappés d’avance, lever de rideau ;
l’
ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procédés identiqu
4076
s frappés d’avance, lever de rideau ; l’ouverture
d’
un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procédés identiques annoncent
4077
vance, lever de rideau ; l’ouverture d’un opéra ;
le
cadre du tableau, etc. Des procédés identiques annoncent la terminais
4078
u tableau, etc. Des procédés identiques annoncent
la
terminaison du jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites
4079
cédés identiques annoncent la terminaison du jeu,
la
rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de sortie
4080
annoncent la terminaison du jeu, la rentrée dans
la
vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de sortie relatifs à un es
4081
n du jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem :
les
rites d’entrée et de sortie relatifs à un espace ou à un temps sacré.
4082
la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites
d’
entrée et de sortie relatifs à un espace ou à un temps sacré. 4. Voir
4083
ans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et
de
sortie relatifs à un espace ou à un temps sacré. 4. Voir Roger Caill
4084
ace ou à un temps sacré. 4. Voir Roger Caillois,
Le
Roman policier, Buenos Aires, 1941. 5. Voir J. Huizinga, Homo Ludens
4085
omo Ludens, Amsterdam, 1939. i. Rougemont Denis
de
, « Les règles du jeu dans l’art romanesque », Renaissance, New York,
4086
dens, Amsterdam, 1939. i. Rougemont Denis de, «
Les
règles du jeu dans l’art romanesque », Renaissance, New York, 1944–19
4087
i. Rougemont Denis de, « Les règles du jeu dans
l’
art romanesque », Renaissance, New York, 1944–1945, p. 275-283.
4088
Contribution à
l’
étude du coup de foudre (1946)o Un regard dans un regard et les voi
4089
de foudre (1946)o Un regard dans un regard et
les
voilà fixés, cloués sur place, comme le coq est cloué sur la ligne de
4090
egard et les voilà fixés, cloués sur place, comme
le
coq est cloué sur la ligne de craie tirée devant son bec. Ce serait t
4091
xés, cloués sur place, comme le coq est cloué sur
la
ligne de craie tirée devant son bec. Ce serait trop bête si ce n’étai
4092
és sur place, comme le coq est cloué sur la ligne
de
craie tirée devant son bec. Ce serait trop bête si ce n’était trop be
4093
p bête si ce n’était trop beau. Mais rien ne sert
de
n’y pas croire. C’est un fait, nous l’avons subi, et nous avons tous
4094
en ne sert de n’y pas croire. C’est un fait, nous
l’
avons subi, et nous avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant de
4095
us avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant
de
sincérité, nous semblait-il, qu’un croyant décrivant sa conversion en
4096
ant décrivant sa conversion en termes de grâce et
de
prédestination. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point
4097
de grâce et de prédestination. Mais s’il est vain
de
nier le fait, il ne l’est point de mettre en doute son caractère de d
4098
et de prédestination. Mais s’il est vain de nier
le
fait, il ne l’est point de mettre en doute son caractère de destinée
4099
nation. Mais s’il est vain de nier le fait, il ne
l’
est point de mettre en doute son caractère de destinée fatale. Cette e
4100
s’il est vain de nier le fait, il ne l’est point
de
mettre en doute son caractère de destinée fatale. Cette espèce de pas
4101
l ne l’est point de mettre en doute son caractère
de
destinée fatale. Cette espèce de passivité que l’on allègue, ne serai
4102
te son caractère de destinée fatale. Cette espèce
de
passivité que l’on allègue, ne serait-elle point un alibi ? Je ne par
4103
de destinée fatale. Cette espèce de passivité que
l’
on allègue, ne serait-elle point un alibi ? Je ne parle que du vrai co
4104
lle point un alibi ? Je ne parle que du vrai coup
de
fondre, celui qui est suivi d’incendie. Car pour ceux que l’on attend
4105
e que du vrai coup de fondre, celui qui est suivi
d’
incendie. Car pour ceux que l’on attend, que l’on appelle, ils ne sont
4106
celui qui est suivi d’incendie. Car pour ceux que
l’
on attend, que l’on appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’
4107
vi d’incendie. Car pour ceux que l’on attend, que
l’
on appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’aura d’un cœur or
4108
attend, que l’on appelle, ils ne sont qu’éclairs
de
chaleur dans l’aura d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que l
4109
n appelle, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans
l’
aura d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que l’on croise, entr
4110
le, ils ne sont qu’éclairs de chaleur dans l’aura
d’
un cœur orageux. Aux portières d’un train que l’on croise, entre cieux
4111
leur dans l’aura d’un cœur orageux. Aux portières
d’
un train que l’on croise, entre cieux stations de métro, dans la foule
4112
a d’un cœur orageux. Aux portières d’un train que
l’
on croise, entre cieux stations de métro, dans la foule où se cherchen
4113
d’un train que l’on croise, entre cieux stations
de
métro, dans la foule où se cherchent des yeux — ils se détournent aus
4114
l’on croise, entre cieux stations de métro, dans
la
foule où se cherchent des yeux — ils se détournent aussitôt que frapp
4115
Mais non, si c’était vrai, j’aurais su t’arrêter.
Le
monde entier en eût été changé à l’instant même, sans que nul ne s’en
4116
-là. Je disais à ce romancier (l’un des meilleurs
de
l’Allemagne d’alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute un
4117
. Je disais à ce romancier (l’un des meilleurs de
l’
Allemagne d’alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute une a
4118
à ce romancier (l’un des meilleurs de l’Allemagne
d’
alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute une astucieuse in
4119
r (l’un des meilleurs de l’Allemagne d’alors) : —
Le
mythe du coup de foudre est sans doute une astucieuse invention de Do
4120
de foudre est sans doute une astucieuse invention
de
Don Juan pour impressionner ses victimes. Il en a tant parlé, et vous
4121
tant parlé, et vous autres après lui, que toutes
les
femmes qui vont le rencontrer y pensent, épiant les plus légers mouve
4122
autres après lui, que toutes les femmes qui vont
le
rencontrer y pensent, épiant les plus légers mouvements que cette app
4123
s femmes qui vont le rencontrer y pensent, épiant
les
plus légers mouvements que cette apparition fait naître en elles. Trè
4124
apparition fait naître en elles. Très facile que
de
les persuader, une fois si bien intéressées ! Car rien ne flatte comm
4125
parition fait naître en elles. Très facile que de
les
persuader, une fois si bien intéressées ! Car rien ne flatte comme l’
4126
is si bien intéressées ! Car rien ne flatte comme
l’
idée que l’on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’idée seul
4127
intéressées ! Car rien ne flatte comme l’idée que
l’
on va vivre à son tour une scène de roman. Oui, l’idée seule a fait to
4128
mme l’idée que l’on va vivre à son tour une scène
de
roman. Oui, l’idée seule a fait tous ces ravages, et non pas quelque
4129
l’on va vivre à son tour une scène de roman. Oui,
l’
idée seule a fait tous ces ravages, et non pas quelque dieu, ni le Des
4130
ait tous ces ravages, et non pas quelque dieu, ni
le
Destin. Il n’y aurait jamais de coup de fondre sans ce désir que vous
4131
quelque dieu, ni le Destin. Il n’y aurait jamais
de
coup de fondre sans ce désir que vous entretenez par vos romans… Mais
4132
dieu, ni le Destin. Il n’y aurait jamais de coup
de
fondre sans ce désir que vous entretenez par vos romans… Mais ce n’es
4133
tenez par vos romans… Mais ce n’est pas assez que
d’
une complaisance acquise. Il faut encore une rencontre ménagée à la re
4134
e acquise. Il faut encore une rencontre ménagée à
la
ressemblance du rêve : toute une cérémonie, avec ses rôles prescrits,
4135
e par un héraut, sa lenteur imposante interdisant
la
fuite. Admirez l’appareil inexorable qui circonvient les rencontres f
4136
a lenteur imposante interdisant la fuite. Admirez
l’
appareil inexorable qui circonvient les rencontres fameuses : Tristan
4137
te. Admirez l’appareil inexorable qui circonvient
les
rencontres fameuses : Tristan devant la cour d’Irlande est reçu par l
4138
convient les rencontres fameuses : Tristan devant
la
cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étique
4139
les rencontres fameuses : Tristan devant la cour
d’
Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étiquette. Sie
4140
s : Tristan devant la cour d’Irlande est reçu par
la
fille du roi selon l’usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qu
4141
cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon
l’
usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avancent l’un vers
4142
nde est reçu par la fille du roi selon l’usage et
l’
étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avancent l’un vers l’autre, d
4143
Brunehilde qui s’avancent l’un vers l’autre, dans
la
scène du hanap, ce sont des officiants… Tout se passe comme si les de
4144
p, ce sont des officiants… Tout se passe comme si
les
deux amants se trouvaient désignés non par un sort aveugle, mais au c
4145
és non par un sort aveugle, mais au contraire par
la
profonde convenance des rôles qu’ils tiennent dans la société, sous l
4146
rofonde convenance des rôles qu’ils tiennent dans
la
société, sous l’égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan t
4147
e des rôles qu’ils tiennent dans la société, sous
l’
égide des plus intangibles hiérarchies. Et Don Juan triche, une fois d
4148
ue cela se produise à l’improviste, comme au coin
d’
un bois… Il me vient une image dont la netteté pourra faire excuser le
4149
mme au coin d’un bois… Il me vient une image dont
la
netteté pourra faire excuser le prosaïsme : le coup de foudre, en dép
4150
nt une image dont la netteté pourra faire excuser
le
prosaïsme : le coup de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas l’
4151
nt la netteté pourra faire excuser le prosaïsme :
le
coup de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas l’instantané, il
4152
up de foudre, en dépit de son nom, ne souffre pas
l’
instantané, il veut la pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce d
4153
de son nom, ne souffre pas l’instantané, il veut
la
pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce de gêne me vint, le sen
4154
la pose… Tandis que je parlais ainsi, une espèce
de
gêne me vint, le sentiment de mal tomber. Il me sembla que mes propos
4155
que je parlais ainsi, une espèce de gêne me vint,
le
sentiment de mal tomber. Il me sembla que mes propos touchaient mon i
4156
s ainsi, une espèce de gêne me vint, le sentiment
de
mal tomber. Il me sembla que mes propos touchaient mon interlocuteur
4157
embla que mes propos touchaient mon interlocuteur
d’
une manière un peu trop personnelle, et comment dire ? — qu’il savait
4158
conclure pour ou contre vos théories. ⁂ Au début
de
1933, au moment où Hitler arrivait au pouvoir, on m’offrit de donner
4159
moment où Hitler arrivait au pouvoir, on m’offrit
de
donner des conférences à Budapest. Le président de l’organisation qui
4160
on m’offrit de donner des conférences à Budapest.
Le
président de l’organisation qui m’invitait était un grand banquier, a
4161
e donner des conférences à Budapest. Le président
de
l’organisation qui m’invitait était un grand banquier, ami des lettre
4162
onner des conférences à Budapest. Le président de
l’
organisation qui m’invitait était un grand banquier, ami des lettres.
4163
, ami des lettres. Il vint m’attendre au débarqué
de
l’avion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. No
4164
mi des lettres. Il vint m’attendre au débarqué de
l’
avion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. Nous
4165
de l’avion et me conduisit à sa demeure. C’était
l’
heure du déjeuner. Nous causions depuis quelques instants dans sa bibl
4166
depuis quelques instants dans sa bibliothèque, où
d’
un coup d’œil furtif j’avais remarqué mes livres, lorsque sa femme ent
4167
es livres, lorsque sa femme entra en nous saluant
d’
une mélodieuse formule hongroise. La présentation faite, cette dame no
4168
nous saluant d’une mélodieuse formule hongroise.
La
présentation faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur de pêc
4169
se. La présentation faite, cette dame nous offrit
la
rituelle liqueur de pêche dont on vide trois verres d’un seul trait,
4170
faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur
de
pêche dont on vide trois verres d’un seul trait, en se regardant dans
4171
tuelle liqueur de pêche dont on vide trois verres
d’
un seul trait, en se regardant dans les yeux. Je me sentis pâlir viole
4172
rois verres d’un seul trait, en se regardant dans
les
yeux. Je me sentis pâlir violemment. Nous passons à table. Mon hôte b
4173
utie n’importe quoi sur cette traversée en avion…
Le
banquier comprend très bien cela. Il parle beaucoup pour me réconfort
4174
el public j’aurai, et quelles personnes me prient
de
leur réserver un dîner : bref, vous vous rappelez ce qu’était la Hong
4175
r un dîner : bref, vous vous rappelez ce qu’était
la
Hongrie, cette hospitalité incomparable, cette liberté lyrique dans l
4176
pitalité incomparable, cette liberté lyrique dans
les
relations… Mais rien n’y fait. Je ne puis avaler une seule bouchée. E
4177
ne puis avaler une seule bouchée. Est-ce vraiment
l’
effet de l’avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cet
4178
avaler une seule bouchée. Est-ce vraiment l’effet
de
l’avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cette fois-
4179
ler une seule bouchée. Est-ce vraiment l’effet de
l’
avion ? J’allais m’en persuader quand je m’aperçois, et cette fois-ci
4180
’aperçois, et cette fois-ci non sans terreur, que
la
femme du banquier, elle aussi, n’a presque pas touché aux mets servis
4181
le aussi, n’a presque pas touché aux mets servis.
Le
déjeuner se termine toutefois sans que mon hôte ait paru remarquer qu
4182
aise est contagieux. Il bavarde encore en prenant
le
café, puis s’excuse d’avoir à regagner sa banque : d’ailleurs sa femm
4183
bavarde encore en prenant le café, puis s’excuse
d’
avoir à regagner sa banque : d’ailleurs sa femme me promènera dans Bud
4184
femme me promènera dans Buda, et me fera visiter
le
Musée, — à ce soir ! Il s’en va, très satisfait de lui, et de moi aus
4185
e Musée, — à ce soir ! Il s’en va, très satisfait
de
lui, et de moi aussi, je crois. Nous voici seuls. Silence. Silence en
4186
à ce soir ! Il s’en va, très satisfait de lui, et
de
moi aussi, je crois. Nous voici seuls. Silence. Silence encore dans l
4187
s. Nous voici seuls. Silence. Silence encore dans
la
voiture qu’elle conduit avec une expression concentrée, presque rageu
4188
sion concentrée, presque rageuse. Nous traversons
les
grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du D
4189
sque rageuse. Nous traversons les grandes artères
de
Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces rue
4190
use. Nous traversons les grandes artères de Pest,
le
pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de B
4191
grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur
les
eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de Buda qui montent sur les f
4192
s sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles
de
Buda qui montent sur les flancs d’un énorme rocher en pleine ville, q
4193
Danube, puis ces ruelles de Buda qui montent sur
les
flancs d’un énorme rocher en pleine ville, que domine la statue de sa
4194
is ces ruelles de Buda qui montent sur les flancs
d’
un énorme rocher en pleine ville, que domine la statue de saint Geller
4195
cs d’un énorme rocher en pleine ville, que domine
la
statue de saint Geller, les bras en croix. Elle arrête la voiture prè
4196
orme rocher en pleine ville, que domine la statue
de
saint Geller, les bras en croix. Elle arrête la voiture près d’une ba
4197
eine ville, que domine la statue de saint Geller,
les
bras en croix. Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc pub
4198
que domine la statue de saint Geller, les bras en
croix
. Elle arrête la voiture près d’une barrière de parc public, descend,
4199
e de saint Geller, les bras en croix. Elle arrête
la
voiture près d’une barrière de parc public, descend, s’éloigne dans l
4200
r, les bras en croix. Elle arrête la voiture près
d’
une barrière de parc public, descend, s’éloigne dans la neige bien gel
4201
croix. Elle arrête la voiture près d’une barrière
de
parc public, descend, s’éloigne dans la neige bien gelée où ses pas,
4202
barrière de parc public, descend, s’éloigne dans
la
neige bien gelée où ses pas, lentement s’enfoncent et se marquent. Je
4203
ses pas, lentement s’enfoncent et se marquent. Je
la
rejoins. Alors d’un geste elle désigne la ville à nos pieds : « — Mon
4204
s’enfoncent et se marquent. Je la rejoins. Alors
d’
un geste elle désigne la ville à nos pieds : « — Mon mari m’a demandé
4205
ent. Je la rejoins. Alors d’un geste elle désigne
la
ville à nos pieds : « — Mon mari m’a demandé de vous montrer Budapest
4206
e la ville à nos pieds : « — Mon mari m’a demandé
de
vous montrer Budapest. Voilà, c’est Budapest. » Il n’y a rien d’autre
4207
Budapest. Voilà, c’est Budapest. » Il n’y a rien
d’
autre à dire. Nous remontons en voiture et descendons vers la ville. S
4208
ire. Nous remontons en voiture et descendons vers
la
ville. Soudain, je me suis décidé et j’articule : « — Vous n’avez rie
4209
se dans un restaurant ? — Bonne idée », fait-elle
d’
une voix basse, sans me regarder. Nous voici attablés devant des sandw
4210
ttablés devant des sandwiches au caviar rouge. Et
le
tour recommence. Même jeu qu’au déjeuner. Ni l’un ni l’autre ne pouvo
4211
i l’un ni l’autre ne pouvons toucher à rien. Tout
d’
un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de la table, je m’arrêt
4212
en. Tout d’un coup je me suis mis debout. Je fais
le
tour de la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme
4213
d’un coup je me suis mis debout. Je fais le tour
de
la table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme cela —
4214
un coup je me suis mis debout. Je fais le tour de
la
table, je m’arrête devant elle, les bras en arrière, comme cela — je
4215
ais le tour de la table, je m’arrête devant elle,
les
bras en arrière, comme cela — je me suis retenu de lui toucher l’épau
4216
s bras en arrière, comme cela — je me suis retenu
de
lui toucher l’épaule — et je m’entends prononcer : — Puisqu’il faut q
4217
re, comme cela — je me suis retenu de lui toucher
l’
épaule — et je m’entends prononcer : — Puisqu’il faut que cela soit, e
4218
ce fut ainsi, durant tout mon séjour à Budapest.
L’
après-midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’ava
4219
tout mon séjour à Budapest. L’après-midi, je vous
le
répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’avais mes conférences ou
4220
midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais.
Le
soir, j’avais mes conférences ou un dîner. Et je passais le reste de
4221
’avais mes conférences ou un dîner. Et je passais
le
reste de la nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nomm
4222
s conférences ou un dîner. Et je passais le reste
de
la nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria.
4223
onférences ou un dîner. Et je passais le reste de
la
nuit dans un bar, en compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria. Je
4224
ais le reste de la nuit dans un bar, en compagnie
d’
un peintre réfugié, nommé Maria. Je l’avais connu quelques années aupa
4225
n compagnie d’un peintre réfugié, nommé Maria. Je
l’
avais connu quelques années auparavant dans un groupe politique, à Ber
4226
groupe politique, à Berlin, que je fréquentais à
l’
insu de ma femme. J’étais dans un état d’exaltation extrême, à peu prè
4227
politique, à Berlin, que je fréquentais à l’insu
de
ma femme. J’étais dans un état d’exaltation extrême, à peu près incap
4228
entais à l’insu de ma femme. J’étais dans un état
d’
exaltation extrême, à peu près incapable de dormir, sauf quelques heur
4229
n état d’exaltation extrême, à peu près incapable
de
dormir, sauf quelques heures pendant la matinée. Nous parlions avec m
4230
incapable de dormir, sauf quelques heures pendant
la
matinée. Nous parlions avec mon ami d’art, de religion, de politique,
4231
es pendant la matinée. Nous parlions avec mon ami
d’
art, de religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et
4232
ant la matinée. Nous parlions avec mon ami d’art,
de
religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et pas du
4233
e. Nous parlions avec mon ami d’art, de religion,
de
politique, des perspectives du nouveau régime, et pas du tout de mes
4234
es perspectives du nouveau régime, et pas du tout
de
mes après-midi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme nous sor
4235
, et pas du tout de mes après-midi. Bien entendu.
La
veille de mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une é
4236
u tout de mes après-midi. Bien entendu. La veille
de
mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une édition du
4237
, Maria et moi, une édition du matin nous apprend
l’
incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à Berlin, et
4238
n nous apprend l’incendie du Reichstag. Je décide
de
rentrer le jour même à Berlin, et prends congé de mon ami qui se mont
4239
end l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer
le
jour même à Berlin, et prends congé de mon ami qui se montrait fort i
4240
de rentrer le jour même à Berlin, et prends congé
de
mon ami qui se montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait de quoi
4241
nds congé de mon ami qui se montrait fort inquiet
de
mon sort. Il y avait de quoi d’ailleurs, j’étais inscrit, à cette épo
4242
se montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait
de
quoi d’ailleurs, j’étais inscrit, à cette époque, au parti communiste
4243
ue, au parti communiste dissident. Je m’informe :
l’
avion part à 10 heures du matin. Mais il faut que je la revoie une der
4244
on part à 10 heures du matin. Mais il faut que je
la
revoie une dernière fois. Je prendrai donc l’express du soir. J’arriv
4245
je la revoie une dernière fois. Je prendrai donc
l’
express du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre
4246
rendrai donc l’express du soir. J’arrive à Berlin
le
lendemain. Sur le seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’atte
4247
ress du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur
le
seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presq
4248
oir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil
de
notre villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presque sévère
4249
grave et presque sévère. Moi, je ne pensais qu’à
la
situation politique. Nous nous mettons à table, je l’interroge avec n
4250
ituation politique. Nous nous mettons à table, je
l’
interroge avec nervosité sur les événements de l’avant-veille. Elle ré
4251
ettons à table, je l’interroge avec nervosité sur
les
événements de l’avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? — Av
4252
je l’interroge avec nervosité sur les événements
de
l’avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? — Avec qui m’as-tu
4253
l’interroge avec nervosité sur les événements de
l’
avant-veille. Elle répond à peine. Qu’y a-t-il ? — Avec qui m’as-tu tr
4254
? — Avec qui m’as-tu trompée ? dit-elle enfin. Je
la
regarde longuement, bien en face. Aucun doute n’est possible. Elle sa
4255
le. Elle sait. Monsieur, je puis garder un secret
d’
État, vous le savez, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent supporter
4256
. Monsieur, je puis garder un secret d’État, vous
le
savez, mais je ne suis pas de ceux qui peuvent supporter un mensonge
4257
secret d’État, vous le savez, mais je ne suis pas
de
ceux qui peuvent supporter un mensonge dans leur vie intime. J’ai tou
4258
leur vie intime. J’ai tout avoué sans me chercher
d’
excuse. Et comme elle se taisait encore, je lui ai demandé comment ell
4259
m’a tendu une lettre par avion, arrivée pour moi
le
matin même et qu’elle avait ouverte par crainte d’un malheur. Quelque
4260
e matin même et qu’elle avait ouverte par crainte
d’
un malheur. Quelques lignes sur une feuille portant l’en-tête d’un bar
4261
malheur. Quelques lignes sur une feuille portant
l’
en-tête d’un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite
4262
Quelques lignes sur une feuille portant l’en-tête
d’
un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nou
4263
lignes sur une feuille portant l’en-tête d’un bar
de
Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nouvelles, j
4264
Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite
de
tes nouvelles, je suis inquiet, je n’oublierai jamais les nuits extra
4265
nouvelles, je suis inquiet, je n’oublierai jamais
les
nuits extraordinaires que nous avons encore pu passer ensemble, à la
4266
aires que nous avons encore pu passer ensemble, à
la
veille de ce cataclysme. » La lettre était signée Maria. — Un vrai dr
4267
nous avons encore pu passer ensemble, à la veille
de
ce cataclysme. » La lettre était signée Maria. — Un vrai drame du des
4268
passer ensemble, à la veille de ce cataclysme. »
La
lettre était signée Maria. — Un vrai drame du destin ! fis-je après u
4269
Un vrai drame du destin ! fis-je après un moment.
Le
type même du Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais le destin aveugl
4270
e même du Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais
le
destin aveugle qui présida aux fastes de votre rencontre, ne perd-il
4271
es… Mais le destin aveugle qui présida aux fastes
de
votre rencontre, ne perd-il pas un peu de son mystère si l’on songe q
4272
encontre, ne perd-il pas un peu de son mystère si
l’
on songe que la femme du banquier était lectrice de romans — et sans d
4273
rd-il pas un peu de son mystère si l’on songe que
la
femme du banquier était lectrice de romans — et sans doute de vos pro
4274
’on songe que la femme du banquier était lectrice
de
romans — et sans doute de vos propres romans ?… Et ce coup de foudre,
4275
banquier était lectrice de romans — et sans doute
de
vos propres romans ?… Et ce coup de foudre, n’est-il pas tombé d’un c
4276
omans ?… Et ce coup de foudre, n’est-il pas tombé
d’
un ciel qu’il convient de nommer Littérature ? o. Rougemont Denis d
4277
udre, n’est-il pas tombé d’un ciel qu’il convient
de
nommer Littérature ? o. Rougemont Denis de, « Contribution à l’étu
4278
ent de nommer Littérature ? o. Rougemont Denis
de
, « Contribution à l’étude du coup de foudre », Formes et Couleurs, La
4279
ture ? o. Rougemont Denis de, « Contribution à
l’
étude du coup de foudre », Formes et Couleurs, Lausanne, 1946, p. 1-4.
4280
er avec les mains (janvier 1946)p Il est temps
de
proclamer vaine toute œuvre qui laisse son auteur intact, et son lect
4281
main, qui ne te pousse pas hors de toi-même, dans
le
scandale ou dans la joie de ta vocation créatrice. Trop de penseurs i
4282
se pas hors de toi-même, dans le scandale ou dans
la
joie de ta vocation créatrice. Trop de penseurs inoffensifs secrètent
4283
ors de toi-même, dans le scandale ou dans la joie
de
ta vocation créatrice. Trop de penseurs inoffensifs secrètent des phi
4284
le ou dans la joie de ta vocation créatrice. Trop
de
penseurs inoffensifs secrètent des philosophies correctes, trop de dr
4285
ensifs secrètent des philosophies correctes, trop
de
drames inoffensifs se nouent par jeu dans nos romans, trop de scribes
4286
offensifs se nouent par jeu dans nos romans, trop
de
scribes inoffensifs nous singent la fureur ou la révolte, l’indulgenc
4287
romans, trop de scribes inoffensifs nous singent
la
fureur ou la révolte, l’indulgence ou la paix distinguée. Inoffensifs
4288
de scribes inoffensifs nous singent la fureur ou
la
révolte, l’indulgence ou la paix distinguée. Inoffensifs tous ceux do
4289
inoffensifs nous singent la fureur ou la révolte,
l’
indulgence ou la paix distinguée. Inoffensifs tous ceux dont l’œuvre n
4290
singent la fureur ou la révolte, l’indulgence ou
la
paix distinguée. Inoffensifs tous ceux dont l’œuvre n’est pas ce lieu
4291
ou la paix distinguée. Inoffensifs tous ceux dont
l’
œuvre n’est pas ce lieu de combat sans merci où quelque chose qu’il ne
4292
ffensifs tous ceux dont l’œuvre n’est pas ce lieu
de
combat sans merci où quelque chose qu’il ne peut plus fuir attaque l’
4293
où quelque chose qu’il ne peut plus fuir attaque
l’
auteur et tout ce qu’il reflète d’une ambiance domestiquée. Il est gra
4294
us fuir attaque l’auteur et tout ce qu’il reflète
d’
une ambiance domestiquée. Il est grand temps que la pensée redevienne
4295
’une ambiance domestiquée. Il est grand temps que
la
pensée redevienne ce qu’elle est en réalité : dangereuse pour le pens
4296
ienne ce qu’elle est en réalité : dangereuse pour
le
penseur, et transformatrice du réel. « Là où je crée, là je suis vrai
4297
ux cette distinction : il y a des hommes qui sont
l’
orgueil de notre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre
4298
istinction : il y a des hommes qui sont l’orgueil
de
notre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. I
4299
otre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent
de
notre esprit. Il y a des hommes qui créent, d’autres qui enregistrent
4300
nt, d’autres qui enregistrent : il ne faudra plus
les
confondre. Il y a Pascal et Goethe, Dostoïevski et Kierkegaard, — il
4301
oethe, Dostoïevski et Kierkegaard, — il y a aussi
les
fins lettrés, les bons esprits, les professeurs, pour lesquels la pen
4302
et Kierkegaard, — il y a aussi les fins lettrés,
les
bons esprits, les professeurs, pour lesquels la pensée est un art d’a
4303
il y a aussi les fins lettrés, les bons esprits,
les
professeurs, pour lesquels la pensée est un art d’agrément, un hérita
4304
les bons esprits, les professeurs, pour lesquels
la
pensée est un art d’agrément, un héritage, une carrière libérale, ou
4305
s professeurs, pour lesquels la pensée est un art
d’
agrément, un héritage, une carrière libérale, ou un capital bien placé
4306
l bien placé. Cerveaux sans mains ! et qui jugent
de
haut, mais de loin, et toujours après coup, la multitude des mains sa
4307
Cerveaux sans mains ! et qui jugent de haut, mais
de
loin, et toujours après coup, la multitude des mains sans cerveau qui
4308
nt de haut, mais de loin, et toujours après coup,
la
multitude des mains sans cerveau qui travaillent sans fin par le mond
4309
s mains sans cerveau qui travaillent sans fin par
le
monde, peinant peut-être en pure perte, si ce n’est pour notre perte
4310
est pour notre perte à tous. Or, ces gens forment
l’
opinion, sans aucun doute, et ils le savent. Toute l’opinion du monde
4311
gens forment l’opinion, sans aucun doute, et ils
le
savent. Toute l’opinion du monde en est à peu près là, que la pensée
4312
pinion, sans aucun doute, et ils le savent. Toute
l’
opinion du monde en est à peu près là, que la pensée ne peut venir qu’
4313
oute l’opinion du monde en est à peu près là, que
la
pensée ne peut venir qu’à la remorque d’événements qui n’ont cure de
4314
t à peu près là, que la pensée ne peut venir qu’à
la
remorque d’événements qui n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’on co
4315
là, que la pensée ne peut venir qu’à la remorque
d’
événements qui n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’on confond la pen
4316
enir qu’à la remorque d’événements qui n’ont cure
de
ses arrêts. C’est que l’on confond la pensée avec l’usage inoffensif
4317
vénements qui n’ont cure de ses arrêts. C’est que
l’
on confond la pensée avec l’usage inoffensif de ce que des créateurs o
4318
n’ont cure de ses arrêts. C’est que l’on confond
la
pensée avec l’usage inoffensif de ce que des créateurs ont pensé, au
4319
ses arrêts. C’est que l’on confond la pensée avec
l’
usage inoffensif de ce que des créateurs ont pensé, au prix de leur vi
4320
ue l’on confond la pensée avec l’usage inoffensif
de
ce que des créateurs ont pensé, au prix de leur vie souvent, et toujo
4321
ujours par un acte initiateur et révolutionnaire.
Les
uns pensent, dit-on, les autres agissent ! Mais la vraie condition de
4322
teur et révolutionnaire. Les uns pensent, dit-on,
les
autres agissent ! Mais la vraie condition de l’homme, c’est de penser
4323
s uns pensent, dit-on, les autres agissent ! Mais
la
vraie condition de l’homme, c’est de penser avec les mains. p. Rou
4324
on, les autres agissent ! Mais la vraie condition
de
l’homme, c’est de penser avec les mains. p. Rougemont Denis de, «
4325
les autres agissent ! Mais la vraie condition de
l’
homme, c’est de penser avec les mains. p. Rougemont Denis de, « Pen
4326
ssent ! Mais la vraie condition de l’homme, c’est
de
penser avec les mains. p. Rougemont Denis de, « Penser avec les ma
4327
t de penser avec les mains. p. Rougemont Denis
de
, « Penser avec les mains », Cahiers de la saison, Genève, janvier 194
4328
mont Denis de, « Penser avec les mains », Cahiers
de
la saison, Genève, janvier 1946, p. 1.
4329
t Denis de, « Penser avec les mains », Cahiers de
la
saison, Genève, janvier 1946, p. 1.
4330
Les
quatre libertés (30 mars 1946)q Les Quatre Libertés ont figuré le
4331
Les quatre libertés (30 mars 1946)q
Les
Quatre Libertés ont figuré le but de guerre idéal des Nations unies,
4332
(30 mars 1946)q Les Quatre Libertés ont figuré
le
but de guerre idéal des Nations unies, comme elles restent l’idéal of
4333
s 1946)q Les Quatre Libertés ont figuré le but
de
guerre idéal des Nations unies, comme elles restent l’idéal officiel
4334
erre idéal des Nations unies, comme elles restent
l’
idéal officiel de la paix. Mais j’ai remarqué qu’assez peu de personne
4335
tions unies, comme elles restent l’idéal officiel
de
la paix. Mais j’ai remarqué qu’assez peu de personnes sont capables d
4336
ns unies, comme elles restent l’idéal officiel de
la
paix. Mais j’ai remarqué qu’assez peu de personnes sont capables de l
4337
remarqué qu’assez peu de personnes sont capables
de
les énumérer. Il semble qu’on se soit battu « pour » quelque chose qu
4338
marqué qu’assez peu de personnes sont capables de
les
énumérer. Il semble qu’on se soit battu « pour » quelque chose qui n’
4339
ait pas trop clair, ni bien facile à retenir dans
l’
esprit… Vous rappelez-vous ? C’était Roosevelt qui les avait énoncées
4340
sprit… Vous rappelez-vous ? C’était Roosevelt qui
les
avait énoncées le premier au début de 1942 dans son discours sur l’ét
4341
sevelt qui les avait énoncées le premier au début
de
1942 dans son discours sur l’état de l’Union : « freedom of speech, f
4342
le premier au début de 1942 dans son discours sur
l’
état de l’Union : « freedom of speech, freedom of religion, freedom fr
4343
ier au début de 1942 dans son discours sur l’état
de
l’Union : « freedom of speech, freedom of religion, freedom from want
4344
au début de 1942 dans son discours sur l’état de
l’
Union : « freedom of speech, freedom of religion, freedom from want, f
4345
un peu malaisément dans notre langue par liberté
de
parole et de religion, libération de la misère et de la crainte. Donc
4346
sément dans notre langue par liberté de parole et
de
religion, libération de la misère et de la crainte. Donc les Nations
4347
par liberté de parole et de religion, libération
de
la misère et de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la gue
4348
r liberté de parole et de religion, libération de
la
misère et de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la guerre
4349
parole et de religion, libération de la misère et
de
la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la guerre, il est temp
4350
ole et de religion, libération de la misère et de
la
crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la guerre, il est temps d
4351
de la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné
la
guerre, il est temps de nous demander quel est l’état présent des lib
4352
Nations unies ayant gagné la guerre, il est temps
de
nous demander quel est l’état présent des libertés qui faisaient l’en
4353
la guerre, il est temps de nous demander quel est
l’
état présent des libertés qui faisaient l’enjeu de la lutte. La deuxiè
4354
uel est l’état présent des libertés qui faisaient
l’
enjeu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, para
4355
l’état présent des libertés qui faisaient l’enjeu
de
la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, paraît en bo
4356
tat présent des libertés qui faisaient l’enjeu de
la
lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, paraît en bonne
4357
enjeu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou
de
la religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les pays récemmen
4358
eu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de
la
religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les pays récemment l
4359
du culte ou de la religion, paraît en bonne voie
de
s’établir dans les pays récemment libérés, de même qu’en Russie sovié
4360
religion, paraît en bonne voie de s’établir dans
les
pays récemment libérés, de même qu’en Russie soviétique et au Japon.
4361
Russie soviétique et au Japon. On brûle encore, à
l’
occasion, quelques églises protestantes au Mexique, mais dans l’ensemb
4362
elques églises protestantes au Mexique, mais dans
l’
ensemble la situation n’est pas mauvaise. J’ignore d’ailleurs si ce pr
4363
ses protestantes au Mexique, mais dans l’ensemble
la
situation n’est pas mauvaise. J’ignore d’ailleurs si ce progrès doit
4364
ailleurs si ce progrès doit être attribué à moins
de
fanatisme de la part des masses religieuses, ou à plus d’indifférence
4365
isme de la part des masses religieuses, ou à plus
d’
indifférence de la part des masses « éclairées », comme disent leurs c
4366
urs chefs. Quant aux trois autres libertés, voici
le
tableau : la liberté de parole se voit partout mise en échec par des
4367
ant aux trois autres libertés, voici le tableau :
la
liberté de parole se voit partout mise en échec par des censures offi
4368
is autres libertés, voici le tableau : la liberté
de
parole se voit partout mise en échec par des censures officielles ou
4369
hec par des censures officielles ou commerciales,
la
misère règne, la police règne, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dan
4370
res officielles ou commerciales, la misère règne,
la
police règne, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dans la peur les uns
4371
ommerciales, la misère règne, la police règne, et
les
vainqueurs eux-mêmes vivent dans la peur les uns des autres. Quant à
4372
ce règne, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dans
la
peur les uns des autres. Quant à la Bombe, elle a multiplié par 20 00
4373
, et les vainqueurs eux-mêmes vivent dans la peur
les
uns des autres. Quant à la Bombe, elle a multiplié par 20 000 au moin
4374
s vivent dans la peur les uns des autres. Quant à
la
Bombe, elle a multiplié par 20 000 au moins la liberté de craindre le
4375
à la Bombe, elle a multiplié par 20 000 au moins
la
liberté de craindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent,
4376
, elle a multiplié par 20 000 au moins la liberté
de
craindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent, non sans r
4377
tiplié par 20 000 au moins la liberté de craindre
le
pire à chaque instant. Tout cela, nous disent, non sans raison, les g
4378
instant. Tout cela, nous disent, non sans raison,
les
gouvernants, n’est que le résultat déplorable, mais fatal, de la guer
4379
sent, non sans raison, les gouvernants, n’est que
le
résultat déplorable, mais fatal, de la guerre. (Étrange activité qui
4380
ts, n’est que le résultat déplorable, mais fatal,
de
la guerre. (Étrange activité qui « fatalement » prolonge ou aggrave l
4381
n’est que le résultat déplorable, mais fatal, de
la
guerre. (Étrange activité qui « fatalement » prolonge ou aggrave les
4382
e activité qui « fatalement » prolonge ou aggrave
les
tyrannies qu’elle avait pour seul but d’écraser. Mais ceci est une au
4383
aggrave les tyrannies qu’elle avait pour seul but
d’
écraser. Mais ceci est une autre histoire.) Ma génération est-elle don
4384
lle s’est épuisé à combattre ? Doit-elle accepter
de
se passer d’au moins trois libertés sur quatre, avec l’espoir que ses
4385
isé à combattre ? Doit-elle accepter de se passer
d’
au moins trois libertés sur quatre, avec l’espoir que ses enfants les
4386
passer d’au moins trois libertés sur quatre, avec
l’
espoir que ses enfants les recevront plus tard — données par qui ? Som
4387
ibertés sur quatre, avec l’espoir que ses enfants
les
recevront plus tard — données par qui ? Sommes-nous voués à l’esclava
4388
plus tard — données par qui ? Sommes-nous voués à
l’
esclavage d’État par nécessité matérielle ? On m’en voudra de ces ques
4389
données par qui ? Sommes-nous voués à l’esclavage
d’
État par nécessité matérielle ? On m’en voudra de ces questions, parce
4390
d’État par nécessité matérielle ? On m’en voudra
de
ces questions, parce qu’elles ne paraissent comporter que des réponse
4391
porter que des réponses amères et humiliantes, si
l’
on reste au niveau des faits, des dures nécessités, des ruines. Or le
4392
u des faits, des dures nécessités, des ruines. Or
le
rappel des fameuses Quatre Libertés nous y rabat impitoyablement par
4393
Quatre Libertés nous y rabat impitoyablement par
la
comparaison qu’il nous oblige à faire de l’idéal et du présent. Je pr
4394
ment par la comparaison qu’il nous oblige à faire
de
l’idéal et du présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut
4395
t par la comparaison qu’il nous oblige à faire de
l’
idéal et du présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut êt
4396
immédiatement changé : notre idéal, en attendant
le
reste. Je propose que nous remplacions la revendication des quatre li
4397
tendant le reste. Je propose que nous remplacions
la
revendication des quatre libertés, pour le moment inaccessibles, par
4398
acions la revendication des quatre libertés, pour
le
moment inaccessibles, par une affirmation unique de Liberté indivisib
4399
moment inaccessibles, par une affirmation unique
de
Liberté indivisible, qu’il ne dépend que de nous de saisir à l’instan
4400
nique de Liberté indivisible, qu’il ne dépend que
de
nous de saisir à l’instant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a qu
4401
Liberté indivisible, qu’il ne dépend que de nous
de
saisir à l’instant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a que « la »
4402
ant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a que «
la
» liberté, ou non. Je le prouverai par une parabole. Je connais certa
4403
libertés. Il n’y a que « la » liberté, ou non. Je
le
prouverai par une parabole. Je connais certains hommes qui jouissent
4404
s voisins ; « deux » : ils reçoivent gratuitement
les
secours de la religion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à s
4405
« deux » : ils reçoivent gratuitement les secours
de
la religion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccupe
4406
eux » : ils reçoivent gratuitement les secours de
la
religion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccuper d
4407
reçoivent gratuitement les secours de la religion
de
leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccuper de leur subsi
4408
hoix ; « trois » : ils n’ont plus à se préoccuper
de
leur subsistance ; « quatre » ils sont solidement protégés contre tou
4409
quatre » ils sont solidement protégés contre tous
les
périls extérieurs. Ce sont les détenus des prisons américaines. (On l
4410
otégés contre tous les périls extérieurs. Ce sont
les
détenus des prisons américaines. (On leur donne même des séances de c
4411
sons américaines. (On leur donne même des séances
de
cinéma le samedi soir.) La liberté ne peut pas être détaillée ni débi
4412
caines. (On leur donne même des séances de cinéma
le
samedi soir.) La liberté ne peut pas être détaillée ni débitée en tra
4413
donne même des séances de cinéma le samedi soir.)
La
liberté ne peut pas être détaillée ni débitée en tranches : elle est
4414
Elle ne peut pas non plus être donnée. Elle exige
d’
être affirmée sur le champ, et coûte que coûte, quels que soient les o
4415
plus être donnée. Elle exige d’être affirmée sur
le
champ, et coûte que coûte, quels que soient les obstacles. Il y aura
4416
ur le champ, et coûte que coûte, quels que soient
les
obstacles. Il y aura toujours des obstacles. Ceux qui ont peur d’être
4417
y aura toujours des obstacles. Ceux qui ont peur
d’
être libres en feront leurs prétextes comme l’ont fait les Allemands s
4418
eur d’être libres en feront leurs prétextes comme
l’
ont fait les Allemands sous l’hitlérisme. La liberté fondamentale dont
4419
libres en feront leurs prétextes comme l’ont fait
les
Allemands sous l’hitlérisme. La liberté fondamentale dont tout dépend
4420
urs prétextes comme l’ont fait les Allemands sous
l’
hitlérisme. La liberté fondamentale dont tout dépend, c’est celle de s
4421
comme l’ont fait les Allemands sous l’hitlérisme.
La
liberté fondamentale dont tout dépend, c’est celle de se « réaliser p
4422
iberté fondamentale dont tout dépend, c’est celle
de
se « réaliser personnellement ». Or nous ne pourrons jamais la recevo
4423
ser personnellement ». Or nous ne pourrons jamais
la
recevoir d’autrui. Sans elle les autres libertés ne comptent guère. P
4424
llement ». Or nous ne pourrons jamais la recevoir
d’
autrui. Sans elle les autres libertés ne comptent guère. Par elle seul
4425
e pourrons jamais la recevoir d’autrui. Sans elle
les
autres libertés ne comptent guère. Par elle seule, elles peuvent être
4426
ar elle seule, elles peuvent être conquises. Nous
l’
affirmons et nous le démontrons par notre lutte contre toutes les « né
4427
peuvent être conquises. Nous l’affirmons et nous
le
démontrons par notre lutte contre toutes les « nécessités » qui s’y o
4428
nous le démontrons par notre lutte contre toutes
les
« nécessités » qui s’y opposent sans relâche. Et cette lutte est touj
4429
ne fait que commencer. Mais si nous décidons que
les
obstacles à l’exercice de notre liberté sont fatals, nécessaires et s
4430
mencer. Mais si nous décidons que les obstacles à
l’
exercice de notre liberté sont fatals, nécessaires et surhumains, auss
4431
s si nous décidons que les obstacles à l’exercice
de
notre liberté sont fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous l
4432
fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous
les
rendrons tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et l’État aura
4433
t nous les rendrons tels, aussitôt nous cesserons
d’
être libres. Et l’État aura tous les droits, puisque nous lui laissero
4434
s tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et
l’
État aura tous les droits, puisque nous lui laisserons tous les devoir
4435
nous cesserons d’être libres. Et l’État aura tous
les
droits, puisque nous lui laisserons tous les devoirs. Ce qu’il nous f
4436
tous les droits, puisque nous lui laisserons tous
les
devoirs. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas d’abord un monde bien arran
4437
nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer
le
prix de la liberté, qui sera toujours : payer de sa personne. Un homm
4438
mmes libres, si nous sommes prêts à payer le prix
de
la liberté, qui sera toujours : payer de sa personne. Un homme libre,
4439
s libres, si nous sommes prêts à payer le prix de
la
liberté, qui sera toujours : payer de sa personne. Un homme libre, c’
4440
le prix de la liberté, qui sera toujours : payer
de
sa personne. Un homme libre, c’est un homme courageux, non pas un hom
4441
omme courageux, non pas un homme qui aurait reçu (
de
qui ?) trois ou quatre ou trente-six libertés. On entend dire : « X…
4442
tés. On entend dire : « X… est un esprit libre. »
De
qui tient-il sa liberté ? Ni de l’État, ni de la Révolution, ni des S
4443
n esprit libre. » De qui tient-il sa liberté ? Ni
de
l’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et
4444
sprit libre. » De qui tient-il sa liberté ? Ni de
l’
État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et sur
4445
. » De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’État, ni
de
la Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas de
4446
De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’État, ni de
la
Révolution, ni des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas de le
4447
e l’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni
de
la Démocratie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient de sa vis
4448
’État, ni de la Révolution, ni des Soviets, ni de
la
Démocratie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient de sa vision
4449
des Soviets, ni de la Démocratie, et surtout pas
de
leurs experts. Il la tient de sa vision seule et de son courage de lu
4450
a Démocratie, et surtout pas de leurs experts. Il
la
tient de sa vision seule et de son courage de lutter pour la joindre.
4451
tie, et surtout pas de leurs experts. Il la tient
de
sa vision seule et de son courage de lutter pour la joindre. Lénine,
4452
leurs experts. Il la tient de sa vision seule et
de
son courage de lutter pour la joindre. Lénine, sous le tsarisme, étai
4453
Il la tient de sa vision seule et de son courage
de
lutter pour la joindre. Lénine, sous le tsarisme, était plus libre qu
4454
sa vision seule et de son courage de lutter pour
la
joindre. Lénine, sous le tsarisme, était plus libre qu’un fonctionnai
4455
n courage de lutter pour la joindre. Lénine, sous
le
tsarisme, était plus libre qu’un fonctionnaire sous Staline. Et Georg
4456
ait plus libre qu’un citoyen américain qui tourne
le
bouton de sa radio. Ils combattaient. q. Rougemont Denis de, « Les
4457
ibre qu’un citoyen américain qui tourne le bouton
de
sa radio. Ils combattaient. q. Rougemont Denis de, « Les quatre li
4458
sa radio. Ils combattaient. q. Rougemont Denis
de
, « Les quatre libertés », Le Figaro littéraire, Paris, 30 mars 1946,
4459
io. Ils combattaient. q. Rougemont Denis de, «
Les
quatre libertés », Le Figaro littéraire, Paris, 30 mars 1946, p. 1.
4460
q. Rougemont Denis de, « Les quatre libertés »,
Le
Figaro littéraire, Paris, 30 mars 1946, p. 1.
4461
Dialogues sur
la
bombe atomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)r Le xxe sièc
4462
Dialogues sur la bombe atomique :
La
pensée planétaire (30 mars 1946)r Le xxe siècle est en train de d
4463
tomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)r
Le
xxe siècle est en train de découvrir ce qu’on savait depuis un certa
4464
on n’avait jamais très bien compris, à savoir que
la
terre est ronde. D’où il résulte, entre autres conséquences, que si v
4465
ès bien compris, à savoir que la terre est ronde.
D’
où il résulte, entre autres conséquences, que si vous tirez devant vou
4466
vous avec une arme assez puissante, vous recevrez
le
projectile dans le dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelq
4467
assez puissante, vous recevrez le projectile dans
le
dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelque chose d’importan
4468
rochain tour. Cette figure signifie quelque chose
d’
important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous
4469
gnifie quelque chose d’important : c’est que tout
le
mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairem
4470
a bientôt nécessairement, si nos moyens passent à
l’
échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fu
4471
nt, si nos moyens passent à l’échelle planétaire.
La
flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des pr
4472
ssent à l’échelle planétaire. La flèche servait à
la
guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à
4473
ire. La flèche servait à la guerre des villages ;
le
fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ;
4474
che servait à la guerre des villages ; le fusil à
la
guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion
4475
s villages ; le fusil à la guerre des provinces ;
le
canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents
4476
; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à
la
guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la
4477
provinces ; le canon à la guerre des nations ; et
l’
avion à la guerre des continents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-ell
4478
; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à
la
guerre des continents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-elle ? À la g
4479
ns ; et l’avion à la guerre des continents. Voici
la
Bombe, à quoi servira-t-elle ? À la guerre planétaire, c’est-à-dire :
4480
inents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-elle ? À
la
guerre planétaire, c’est-à-dire : à une guerre qui nous atteint tous,
4481
ous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes.
Les
dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me parai
4482
s ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions
de
la communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir
4483
e faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de
la
communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir êtr
4484
que donnée, me paraissent pouvoir être mesurées à
la
portée des armes connues dans cette époque. (Vous avez ici les prémic
4485
s armes connues dans cette époque. (Vous avez ici
les
prémices d’une théorie sociologique flambant neuve.) À l’arme planéta
4486
es dans cette époque. (Vous avez ici les prémices
d’
une théorie sociologique flambant neuve.) À l’arme planétaire correspo
4487
ces d’une théorie sociologique flambant neuve.) À
l’
arme planétaire correspond donc une communauté universelle, qui relègu
4488
pond donc une communauté universelle, qui relègue
les
nations au rang de simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques
4489
auté universelle, qui relègue les nations au rang
de
simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques instants dans ce j
4490
ues instants dans ce jeu gravitant des symboles :
la
Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée p
4491
ts dans ce jeu gravitant des symboles : la Terre,
le
Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et
4492
jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe,
la
Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout te
4493
tant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule,
la
Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme
4494
symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête,
la
Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme objet ron
4495
Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et
l’
Unité considérée partout et de tout temps comme objet rond, pomme, sph
4496
Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et
de
tout temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce so
4497
temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre
d’
or, que ce soit l’Univers, ou l’Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes s
4498
rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce soit
l’
Univers, ou l’Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le mi
4499
sphère ou sceptre d’or, que ce soit l’Univers, ou
l’
Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répon
4500
ptre d’or, que ce soit l’Univers, ou l’Empire, ou
l’
atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocos
4501
e ce soit l’Univers, ou l’Empire, ou l’atome. Ici
les
extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre s
4502
mpire, ou l’atome. Ici les extrêmes se reflètent.
Le
microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive à digérer et
4503
il aura fait une révolution bien plus grande que
la
Renaissance. Il semble que la dernière guerre, j’entends celle de 39-
4504
Il semble que la dernière guerre, j’entends celle
de
39-45, a beaucoup fait pour éveiller dans les nations le sentiment de
4505
elle de 39-45, a beaucoup fait pour éveiller dans
les
nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette pl
4506
5, a beaucoup fait pour éveiller dans les nations
le
sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie
4507
fait pour éveiller dans les nations le sentiment
de
leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonnie
4508
dans les nations le sentiment de leur relativité.
La
guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montm
4509
ations le sentiment de leur relativité. La guerre
de
Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, int
4510
elativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie
de
chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, direc
4511
hine, cette plaisanterie de chansonniers du temps
de
Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie courante d
4512
ntmartre, intéressa pendant dix ans, directement,
la
vie courante des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’A
4513
des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et
de
l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en sub
4514
habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de
l’
Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit
4515
ues Nord, Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire
la
moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins dire
4516
a moitié du genre humain. L’autre moitié en subit
les
effets moins directs, mais pourtant notables : les Français eussent m
4517
es effets moins directs, mais pourtant notables :
les
Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si les cargos alliés n
4518
Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si
les
cargos alliés n’avaient été trop occupés dans le Pacifique. Les Angla
4519
les cargos alliés n’avaient été trop occupés dans
le
Pacifique. Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solida
4520
iés n’avaient été trop occupés dans le Pacifique.
Les
Anglais eussent peut-être voté différemment. La solidarité pratique d
4521
Les Anglais eussent peut-être voté différemment.
La
solidarité pratique des différentes parties du globe est un fait dure
4522
matérielle. Avant qu’elle puisse devenir un fait
de
droit, il nous faudra probablement passer par une étape intermédiaire
4523
ermédiaire, qui est celle du fait psychologique :
la
formation d’une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas d
4524
ui est celle du fait psychologique : la formation
d’
une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous
4525
nscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas
de
doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existenc
4526
fides ou flatteuses qui perdent pointe et sens si
l’
on se déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien
4527
l’on se déplace un peu, disons à quelques heures
d’
avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux
4528
, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien
de
traduire une langue : les problèmes nationaux restent intraduisibles
4529
s d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue :
les
problèmes nationaux restent intraduisibles pour qui ne peut y aller v
4530
mission ne se promène pas, ne voit rien, n’a pas
de
temps à perdre. C’est un raid. Nous n’apprendrons rien. Cependant qu’
4531
ous n’apprendrons rien. Cependant qu’un beau jour
le
paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leur
4532
n. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et
le
boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que l
4533
u’un beau jour le paysan normand et le boutiquier
de
Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que les Noirs se se
4534
ne pourront plus boucler leurs comptes parce que
les
Noirs se seront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mine
4535
ront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et
les
mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, p
4536
; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus
de
viande pendant des mois, parce que les péons d’Argentine se seront en
4537
auront plus de viande pendant des mois, parce que
les
péons d’Argentine se seront enfin organisés contre les grands estanci
4538
s de viande pendant des mois, parce que les péons
d’
Argentine se seront enfin organisés contre les grands estancieros. Vou
4539
éons d’Argentine se seront enfin organisés contre
les
grands estancieros. Vous pourrez toujours essayer d’expliquer aux vic
4540
grands estancieros. Vous pourrez toujours essayer
d’
expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute du député
4541
pourrez toujours essayer d’expliquer aux victimes
de
la crise que ce n’est pas la faute du député local ni de « l’hypocris
4542
rrez toujours essayer d’expliquer aux victimes de
la
crise que ce n’est pas la faute du député local ni de « l’hypocrisie
4543
pliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas
la
faute du député local ni de « l’hypocrisie américaine ». Que faire ?
4544
rise que ce n’est pas la faute du député local ni
de
« l’hypocrisie américaine ». Que faire ? Tout le monde ne peut pas to
4545
que ce n’est pas la faute du député local ni de «
l’
hypocrisie américaine ». Que faire ? Tout le monde ne peut pas tout sa
4546
avoir, encore moins tout voir et tout comprendre.
Les
problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent p
4547
moins tout voir et tout comprendre. Les problèmes
les
plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terre
4548
ut comprendre. Les problèmes les plus angoissants
de
nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psyc
4549
problèmes les plus angoissants de nos compagnons
de
planète restent pour nous terres inconnues, et psychologiquement inex
4550
quement inexplorées. Hic sunt leones inscrivaient
les
géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’
4551
nes inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans
les
grandes marges de leurs cartes de l’Europe. Et pourtant nous sommes d
4552
s géographes du Moyen Âge dans les grandes marges
de
leurs cartes de l’Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvri
4553
Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes
de
l’Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ce
4554
en Âge dans les grandes marges de leurs cartes de
l’
Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ces l
4555
ient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas
de
Persans pour se demander : Comment peut-on être Français ?) Je parlai
4556
der : Comment peut-on être Français ?) Je parlais
d’
une conscience planétaire. C’est sa nécessité qu’il faut d’abord senti
4557
cessité qu’il faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt
la
presse et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, so
4558
faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt la presse et
la
radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges
4559
ord sentir. Et qu’aussitôt la presse et la radio,
le
cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques
4560
aussitôt la presse et la radio, le cinéma surtout
l’
éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’
4561
sse et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et
la
propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est p
4562
cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous
de
larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est pas une question d’i
4563
opagent, sous de larges rubriques créant un appel
d’
air. Ce n’est pas une question d’information d’abord, vous m’entendez,
4564
créant un appel d’air. Ce n’est pas une question
d’
information d’abord, vous m’entendez, mais de sens, de vision, d’ouver
4565
tion d’information d’abord, vous m’entendez, mais
de
sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais
4566
formation d’abord, vous m’entendez, mais de sens,
de
vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d
4567
’abord, vous m’entendez, mais de sens, de vision,
d’
ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une
4568
m’entendez, mais de sens, de vision, d’ouverture
de
l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de
4569
entendez, mais de sens, de vision, d’ouverture de
l’
esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de poé
4570
t à peine, je dirais : c’est d’abord une question
de
poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous nos écrivains, ceux que je vo
4571
i tous nos écrivains, ceux que je vois manifester
le
sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont pré
4572
rivains, ceux que je vois manifester le sentiment
le
plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux
4573
je vois manifester le sentiment le plus direct et
le
plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint
4574
le sentiment le plus direct et le plus contagieux
de
la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’An
4575
sentiment le plus direct et le plus contagieux de
la
planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anaba
4576
ieux de la planète sont précisément deux poètes :
le
Saint-John Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre gr
4577
deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et
de
l’Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur
4578
x poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de
l’
Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur pro
4579
rose et dans leurs longs versets, quel qu’en soit
le
sujet allégué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé
4580
gué, nous avons pour la première fois senti, sous
le
drapé d’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, l
4581
avons pour la première fois senti, sous le drapé
d’
un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur vi
4582
sous le drapé d’un français riche et pur, battre
le
pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me
4583
’un français riche et pur, battre le pouls mesuré
de
l’Asie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me dire que j’oubl
4584
français riche et pur, battre le pouls mesuré de
l’
Asie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me dire que j’oubliai
4585
s riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie,
le
cœur violent des Amériques. Vous alliez me dire que j’oubliais ce gra
4586
ous alliez me dire que j’oubliais ce grand joueur
de
Boule que fut « Saint-Ex ». À Dieu ne plaise que j’oublie jamais celu
4587
que j’oublie jamais celui qui le premier me parla
de
la Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime !… r. Rouge
4588
j’oublie jamais celui qui le premier me parla de
la
Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime !… r. Rougemon
4589
celui qui le premier me parla de la Planète comme
d’
un amour et d’une souffrance intime !… r. Rougemont Denis de, « Dia
4590
remier me parla de la Planète comme d’un amour et
d’
une souffrance intime !… r. Rougemont Denis de, « Dialogues sur la
4591
d’une souffrance intime !… r. Rougemont Denis
de
, « Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire », Pour la
4592
time !… r. Rougemont Denis de, « Dialogues sur
la
bombe atomique : La pensée planétaire », Pour la Victoire, New York,
4593
ont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique :
La
pensée planétaire », Pour la Victoire, New York, 30 mars 1946, p. 1-2
4594
la bombe atomique : La pensée planétaire », Pour
la
Victoire, New York, 30 mars 1946, p. 1-2.
4595
Dialogues sur
la
bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)s Parmi tous l
4596
Dialogues sur la bombe atomique :
La
paix ou la bombe (20 avril 1946)s Parmi tous les projets de contrô
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Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou
la
bombe (20 avril 1946)s Parmi tous les projets de contrôle de la Bo
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a paix ou la bombe (20 avril 1946)s Parmi tous
les
projets de contrôle de la Bombe que l’on a suggérés depuis six mois,
4599
bombe (20 avril 1946)s Parmi tous les projets
de
contrôle de la Bombe que l’on a suggérés depuis six mois, j’en retien
4600
vril 1946)s Parmi tous les projets de contrôle
de
la Bombe que l’on a suggérés depuis six mois, j’en retiens deux : 1.
4601
l 1946)s Parmi tous les projets de contrôle de
la
Bombe que l’on a suggérés depuis six mois, j’en retiens deux : 1. Don
4602
armi tous les projets de contrôle de la Bombe que
l’
on a suggérés depuis six mois, j’en retiens deux : 1. Donner la Bombe
4603
és depuis six mois, j’en retiens deux : 1. Donner
la
Bombe aux petits pays pour qu’ils soient protégés contre les grands.
4604
ux petits pays pour qu’ils soient protégés contre
les
grands. Ces derniers fourniraient ainsi la preuve par neuf de leurs b
4605
ontre les grands. Ces derniers fourniraient ainsi
la
preuve par neuf de leurs bonnes intentions. 2. Donner la Bombe au gou
4606
es derniers fourniraient ainsi la preuve par neuf
de
leurs bonnes intentions. 2. Donner la Bombe au gouvernement mondial,
4607
ve par neuf de leurs bonnes intentions. 2. Donner
la
Bombe au gouvernement mondial, pour faire la police des nations. Deux
4608
nner la Bombe au gouvernement mondial, pour faire
la
police des nations. Deux chambres universelles seraient élues, l’une
4609
hambres universelles seraient élues, l’une formée
de
délégués des États, l’autre de députés des peuples. (Je prends le mod
4610
lues, l’une formée de délégués des États, l’autre
de
députés des peuples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait l’ajus
4611
États, l’autre de députés des peuples. (Je prends
le
modèle courant. Il faudrait l’ajuster.) Le cabinet que ces chambres é
4612
euples. (Je prends le modèle courant. Il faudrait
l’
ajuster.) Le cabinet que ces chambres éliraient compterait les ministè
4613
prends le modèle courant. Il faudrait l’ajuster.)
Le
cabinet que ces chambres éliraient compterait les ministères suivants
4614
Le cabinet que ces chambres éliraient compterait
les
ministères suivants : Bombe et Répression des États, Échange des mati
4615
des recherches scientifiques, Défense des droits
de
la personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnable, comme
4616
s recherches scientifiques, Défense des droits de
la
personne, Transports planétaires. (Rien que de raisonnable, comme vou
4617
de la personne, Transports planétaires. (Rien que
de
raisonnable, comme vous le voyez. On trouverait mieux, en s’appliquan
4618
planétaires. (Rien que de raisonnable, comme vous
le
voyez. On trouverait mieux, en s’appliquant.) Mais il n’y a que les i
4619
verait mieux, en s’appliquant.) Mais il n’y a que
les
idées pratiques et raisonnables que l’on traite de folies, à l’âge où
4620
n’y a que les idées pratiques et raisonnables que
l’
on traite de folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à l
4621
s idées pratiques et raisonnables que l’on traite
de
folies, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande gé
4622
ques et raisonnables que l’on traite de folies, à
l’
âge où l’on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la pr
4623
aisonnables que l’on traite de folies, à l’âge où
l’
on prépare dans le monde entier, à la demande générale, la prochaine e
4624
on traite de folies, à l’âge où l’on prépare dans
le
monde entier, à la demande générale, la prochaine et irrévocablement
4625
, à l’âge où l’on prépare dans le monde entier, à
la
demande générale, la prochaine et irrévocablement dernière guerre civ
4626
pare dans le monde entier, à la demande générale,
la
prochaine et irrévocablement dernière guerre civile du genre humain.
4627
choueront. On en rira. On n’en rira même pas : on
les
négligera simplement. On passera aux affaires courantes : équilibrer
4628
t. On passera aux affaires courantes : équilibrer
les
budgets de guerre, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne soit
4629
a aux affaires courantes : équilibrer les budgets
de
guerre, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible da
4630
pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible dans
les
populations et chez beaucoup de bons esprits, mais une paralysie sans
4631
écédent s’est emparée des volontés. Vous-même, je
le
sens, je ne vous ai pas convaincue. Vous pensez que j’ai exagéré. Vou
4632
géré. Vous pensez que j’ai cédé au goût américain
de
la sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays
4633
é. Vous pensez que j’ai cédé au goût américain de
la
sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays qu
4634
cain de la sensation, du biggest in the world. Et
de
vrai, c’est dans ce pays que la première Bombe vient d’être construit
4635
i, c’est dans ce pays que la première Bombe vient
d’
être construite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure de ce que
4636
être construite. Exagérée sans doute et dépassant
la
mesure de ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce
4637
ruite. Exagérée sans doute et dépassant la mesure
de
ce que l’on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’hom
4638
gérée sans doute et dépassant la mesure de ce que
l’
on connaissait avant le 6 août, elle est là, parce que l’homme l’a mis
4639
assant la mesure de ce que l’on connaissait avant
le
6 août, elle est là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens de
4640
nnaissait avant le 6 août, elle est là, parce que
l’
homme l’a mise là. Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l
4641
t avant le 6 août, elle est là, parce que l’homme
l’
a mise là. Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme l’esprit
4642
là, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens
de
la mesure peut se rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admett
4643
, parce que l’homme l’a mise là. Et votre sens de
la
mesure peut se rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admettons
4644
Et votre sens de la mesure peut se rebeller comme
l’
esprit devant la mort… Mais admettons que j’ai exagéré : c’était fatal
4645
la mesure peut se rebeller comme l’esprit devant
la
mort… Mais admettons que j’ai exagéré : c’était fatal. Écrire, c’est
4646
t mettre en forme, donc condenser, donc augmenter
la
réalité de l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer
4647
forme, donc condenser, donc augmenter la réalité
de
l’objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les trai
4648
rme, donc condenser, donc augmenter la réalité de
l’
objet ou de la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits
4649
ondenser, donc augmenter la réalité de l’objet ou
de
la situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits ou phénomèn
4650
enser, donc augmenter la réalité de l’objet ou de
la
situation. C’est donc toujours « exagérer » les traits ou phénomènes
4651
de la situation. C’est donc toujours « exagérer »
les
traits ou phénomènes que l’on veut dégager. Admettons que les armées
4652
oujours « exagérer » les traits ou phénomènes que
l’
on veut dégager. Admettons que les armées retiennent une bonne partie
4653
u phénomènes que l’on veut dégager. Admettons que
les
armées retiennent une bonne partie de leur utilité au service des nat
4654
ettons que les armées retiennent une bonne partie
de
leur utilité au service des nations et de leur vertu d’ordre. Admetto
4655
partie de leur utilité au service des nations et
de
leur vertu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. A
4656
r utilité au service des nations et de leur vertu
d’
ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à se battre. Admettons que l
4657
’elles arrivent encore à se battre. Admettons que
la
Bombe soit moins puissante que les savants autorisés ne l’affirment.
4658
. Admettons que la Bombe soit moins puissante que
les
savants autorisés ne l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas de raz-
4659
soit moins puissante que les savants autorisés ne
l’
affirment. Admettons qu’il n’y ait pas de raz-de-marée, ni d’autres ac
4660
risés ne l’affirment. Admettons qu’il n’y ait pas
de
raz-de-marée, ni d’autres accidents d’ampleur continentale. Admettons
4661
’y ait pas de raz-de-marée, ni d’autres accidents
d’
ampleur continentale. Admettons que notre globe dure longtemps encore,
4662
ons que notre globe dure longtemps encore, et que
la
guerre militaire y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée d’une a
4663
mps encore, et que la guerre militaire y prospère
d’
autant mieux qu’elle sera dotée d’une arme de plus. Admettons que l’on
4664
aire y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée
d’
une arme de plus. Admettons que l’on invente une parade à la Bombe, se
4665
elle sera dotée d’une arme de plus. Admettons que
l’
on invente une parade à la Bombe, selon l’axiome des militaires, sans
4666
de plus. Admettons que l’on invente une parade à
la
Bombe, selon l’axiome des militaires, sans oublier que leur expérienc
4667
ons que l’on invente une parade à la Bombe, selon
l’
axiome des militaires, sans oublier que leur expérience démontre qu’on
4668
tain pourcentage des coups tirés… Pensez-vous que
les
effets de la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai
4669
ntage des coups tirés… Pensez-vous que les effets
de
la prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai prévus ?
4670
ge des coups tirés… Pensez-vous que les effets de
la
prochaine guerre seront très différents de ceux que j’ai prévus ? La
4671
ets de la prochaine guerre seront très différents
de
ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de la terre
4672
seront très différents de ceux que j’ai prévus ?
La
souffrance sera pire, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin
4673
e ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera pire,
l’
agonie de la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins
4674
e j’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie
de
la terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine,
4675
’ai prévus ? La souffrance sera pire, l’agonie de
la
terre un peu plus longue, la fin de l’humanité non moins certaine, le
4676
ra pire, l’agonie de la terre un peu plus longue,
la
fin de l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’or
4677
, l’agonie de la terre un peu plus longue, la fin
de
l’humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » a
4678
’agonie de la terre un peu plus longue, la fin de
l’
humanité non moins certaine, le triomphe des « éléments d’ordre » auss
4679
longue, la fin de l’humanité non moins certaine,
le
triomphe des « éléments d’ordre » aussi énigmatique, et sans témoins.
4680
té non moins certaine, le triomphe des « éléments
d’
ordre » aussi énigmatique, et sans témoins. Je reconnais volontiers qu
4681
ce processus peut se poursuivre assez longtemps.
Les
choses ne se passeront peut-être pas de la manière soudaine et dramat
4682
ngtemps. Les choses ne se passeront peut-être pas
de
la manière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m
4683
emps. Les choses ne se passeront peut-être pas de
la
manière soudaine et dramatique qu’un certain goût de l’antithèse m’in
4684
manière soudaine et dramatique qu’un certain goût
de
l’antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de
4685
ière soudaine et dramatique qu’un certain goût de
l’
antithèse m’incline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas de lig
4686
oût de l’antithèse m’incline parfois à souhaiter.
La
tragédie n’aura pas de lignes pures, parce que nos choix ne sont pas
4687
cline parfois à souhaiter. La tragédie n’aura pas
de
lignes pures, parce que nos choix ne sont pas si francs, et que nos c
4688
chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce
d’
organisation mondiale ouvrira des bureaux confortables d’où sortiront
4689
isation mondiale ouvrira des bureaux confortables
d’
où sortiront quelques vœux incolores. Il est évident que les nations s
4690
iront quelques vœux incolores. Il est évident que
les
nations souveraines s’en moqueront. Il est évident que l’une d’entre
4691
que l’une d’entre elles, Bombe en main, essaiera
d’
imposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même de la nommer.) Il e
4692
ombe en main, essaiera d’imposer sa paix à toutes
les
autres. (Inutile même de la nommer.) Il est évident que les peuples s
4693
mposer sa paix à toutes les autres. (Inutile même
de
la nommer.) Il est évident que les peuples se révolteront contre cett
4694
ser sa paix à toutes les autres. (Inutile même de
la
nommer.) Il est évident que les peuples se révolteront contre cette n
4695
. (Inutile même de la nommer.) Il est évident que
les
peuples se révolteront contre cette nation et son régime, tôt ou tard
4696
et son régime, tôt ou tard. Il est évident que si
l’
on continue à penser comme on pense aujourd’hui, cela finira dans l’ex
4697
nser comme on pense aujourd’hui, cela finira dans
l’
explosion totale. Et il est évident que la grande majorité des hommes
4698
ra dans l’explosion totale. Et il est évident que
la
grande majorité des hommes se refuse à ces évidences. On nous ressass
4699
fuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur
de
journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouvernement mondial ». Est
4700
. Est-ce qu’on lui demande si elle est prête pour
la
mort ? L’humanité, ce sont des gens comme vous et moi. Quand vous me
4701
u’on lui demande si elle est prête pour la mort ?
L’
humanité, ce sont des gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’e
4702
Quand vous me dites qu’elle n’est pas prête pour
la
paix, cela veut dire que vous d’abord, vous refusez de faire le choix
4703
ix, cela veut dire que vous d’abord, vous refusez
de
faire le choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais
4704
veut dire que vous d’abord, vous refusez de faire
le
choix de la paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais en refus
4705
que vous d’abord, vous refusez de faire le choix
de
la paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais en refusant de ch
4706
e vous d’abord, vous refusez de faire le choix de
la
paix, parce que ses moyens vous déplaisent. Mais en refusant de chois
4707
que ses moyens vous déplaisent. Mais en refusant
de
choisir la paix, vous votez tacitement pour la mort, et vous en rende
4708
yens vous déplaisent. Mais en refusant de choisir
la
paix, vous votez tacitement pour la mort, et vous en rendez responsab
4709
nt de choisir la paix, vous votez tacitement pour
la
mort, et vous en rendez responsable. Tout tient à chacun de nous. Et
4710
t vous en rendez responsable. Tout tient à chacun
de
nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher
4711
t nous en sommes au point où il devient difficile
de
le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je p
4712
ous en sommes au point où il devient difficile de
le
cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je pour
4713
arrive. C’est ma santé. Dès mon premier écrit sur
les
choses politiques, j’ai posé le principe du pessimisme actif. Et comm
4714
remier écrit sur les choses politiques, j’ai posé
le
principe du pessimisme actif. Et comment ne m’y tiendrais-je pas, qua
4715
omment ne m’y tiendrais-je pas, quand je sais que
l’
enjeu n’est point de ceux que la défaite, mais la désertion seule puis
4716
ais-je pas, quand je sais que l’enjeu n’est point
de
ceux que la défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ?
4717
quand je sais que l’enjeu n’est point de ceux que
la
défaite, mais la désertion seule puisse me faire perdre ? Je me rappe
4718
l’enjeu n’est point de ceux que la défaite, mais
la
désertion seule puisse me faire perdre ? Je me rappelle cette voix, d
4719
e ? Je me rappelle cette voix, dans Isaïe, criant
de
Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle,
4720
nt de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répon
4721
de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis-tu de
la
nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu
4722
e, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu
de
la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aus
4723
que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de
la
nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aussi.
4724
e la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? »
La
sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nuit aussi. » Je n’ai p
4725
dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : «
Le
matin vient et la nuit aussi. » Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les
4726
? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et
la
nuit aussi. » Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations de la Bi
4727
matin vient et la nuit aussi. » Je n’ai pas fini
d’
aimer ce cri. Les citations de la Bible vous irritent. Et vous me dire
4728
la nuit aussi. » Je n’ai pas fini d’aimer ce cri.
Les
citations de la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu
4729
» Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations
de
la Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu dans tout ce
4730
Je n’ai pas fini d’aimer ce cri. Les citations de
la
Bible vous irritent. Et vous me direz : que fait Dieu dans tout cela
4731
us réponde ? S’il permet que nous fassions sauter
la
Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil
4732
Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà
de
ce « clin d’œil », il nous attend. s. Rougemont Denis de, « Dialog
4733
in d’œil », il nous attend. s. Rougemont Denis
de
, « Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour la V
4734
attend. s. Rougemont Denis de, « Dialogues sur
la
bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour la Victoire, New York, 2
4735
ont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique :
La
paix ou la bombe », Pour la Victoire, New York, 20 avril 1946, p. 1-2
4736
e, « Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou
la
bombe », Pour la Victoire, New York, 20 avril 1946, p. 1-2.
4737
r la bombe atomique : La paix ou la bombe », Pour
la
Victoire, New York, 20 avril 1946, p. 1-2.
4738
Dialogues sur
la
bombe atomique : Post-scriptum (27 avril 1946)t — Un dernier mot.
4739
1946)t — Un dernier mot. (Et dire que j’allais
l’
oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De
4740
n dernier mot. (Et dire que j’allais l’oublier !)
La
Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc pa
4741
e n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ?
De
quoi donc parliez-vous dans vos cinq dialogues précédents ? Faut-il p
4742
monde ? — J’étais sérieux. Je prenais au sérieux
les
événements qui nous menacent à bout portant. La fin des armées, par e
4743
les événements qui nous menacent à bout portant.
La
fin des armées, par exemple. Mais cela ne serait rien encore, quoi qu
4744
quoi qu’en pensent quelques généraux. Je parlais
de
la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’e
4745
oi qu’en pensent quelques généraux. Je parlais de
la
fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’est
4746
est là sans doute votre manière paradoxale, comme
de
coutume, d’avouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ont p
4747
doute votre manière paradoxale, comme de coutume,
d’
avouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans v
4748
vouer que vous exagériez. Savez-vous que beaucoup
l’
ont pensé, sans vous le dire ? Il est bien naturel que l’événement d’H
4749
z. Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans vous
le
dire ? Il est bien naturel que l’événement d’Hiroshima nous ait jetés
4750
ensé, sans vous le dire ? Il est bien naturel que
l’
événement d’Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d
4751
ous le dire ? Il est bien naturel que l’événement
d’
Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’Ap
4752
it jetés pour quelque temps dans un état d’esprit
d’
Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne se passe. Dieu soit lo
4753
ns repris nos sens. Certains pressentent déjà que
la
Bombe est en train de se dégonfler, pour ainsi dire. Après tout, nous
4754
onfler, pour ainsi dire. Après tout, nous devions
le
prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des gaz. Tout l
4755
ns le prévoir, car nous avons vécu un précédent :
la
guerre des gaz. Tout le monde s’y préparait, vous rappelez-vous ? Dan
4756
e s’y préparait, vous rappelez-vous ? Dans toutes
les
capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leu
4757
t, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales
d’
Europe, on voyait en 1939 les civils se promener avec leur boîte à mas
4758
toutes les capitales d’Europe, on voyait en 1939
les
civils se promener avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bien,
4759
avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bien,
la
guerre des gaz n’a pas eu lieu, parce que tout le monde en avait une
4760
r bleue, et que personne, même pas Hitler, n’a eu
le
courage de commencer. À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trou
4761
que personne, même pas Hitler, n’a eu le courage
de
commencer. À plus forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve pas la r
4762
le courage de commencer. À plus forte raison pour
la
Bombe… — Je ne trouve pas la raison bien forte, en vérité. Hitler n’a
4763
us forte raison pour la Bombe… — Je ne trouve pas
la
raison bien forte, en vérité. Hitler n’a pas eu recours aux gaz, c’es
4764
entendu. Mais pensez-vous qu’une timidité subite
l’
ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre humanité ? Simplement, il
4765
dité subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif
de
notre humanité ? Simplement, il a fait son calcul. Les Alliés pouvaie
4766
otre humanité ? Simplement, il a fait son calcul.
Les
Alliés pouvaient riposter, et la valeur militaire de cette arme était
4767
ait son calcul. Les Alliés pouvaient riposter, et
la
valeur militaire de cette arme était loin de compenser, même à ses ye
4768
Alliés pouvaient riposter, et la valeur militaire
de
cette arme était loin de compenser, même à ses yeux, le risque moral
4769
te arme était loin de compenser, même à ses yeux,
le
risque moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas de la Bombe est dif
4770
ême à ses yeux, le risque moral qu’il eût couru à
l’
employer. Le cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle sup
4771
ux, le risque moral qu’il eût couru à l’employer.
Le
cas de la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la p
4772
risque moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas
de
la Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibil
4773
que moral qu’il eût couru à l’employer. Le cas de
la
Bombe est différent. Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité
4774
est différent. Je vous répète qu’elle supprimera
la
possibilité de riposter, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’
4775
Je vous répète qu’elle supprimera la possibilité
de
riposter, c’est-à-dire jouera militairement le rôle d’une bataille dé
4776
té de riposter, c’est-à-dire jouera militairement
le
rôle d’une bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l
4777
poster, c’est-à-dire jouera militairement le rôle
d’
une bataille décisive. Elle supprimera donc les scrupules de l’agresse
4778
ôle d’une bataille décisive. Elle supprimera donc
les
scrupules de l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent en géné
4779
ille décisive. Elle supprimera donc les scrupules
de
l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent en général d’une rap
4780
e décisive. Elle supprimera donc les scrupules de
l’
agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent en général d’une rapide
4781
r éventuel. Car nos scrupules naissent en général
d’
une rapide évaluation des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de
4782
tion des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes,
de
nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punit
4783
nces fâcheuses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si
l’
emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. I
4784
euses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi
de
la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est don
4785
es, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de
la
Bombe est décisif, il n’y a pas de punition à redouter. Il est donc c
4786
Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas
de
punition à redouter. Il est donc clair qu’on l’emploiera, au risque d
4787
s de punition à redouter. Il est donc clair qu’on
l’
emploiera, au risque de faire sauter la Terre. — Alors, pourquoi dites
4788
lair qu’on l’emploiera, au risque de faire sauter
la
Terre. — Alors, pourquoi dites-vous : la Bombe n’est pas dangereuse ?
4789
e sauter la Terre. — Alors, pourquoi dites-vous :
la
Bombe n’est pas dangereuse ? — Pour une raison très simple. La Bombe
4790
t pas dangereuse ? — Pour une raison très simple.
La
Bombe est un objet. Les objets ne sont jamais dangereux. Ce qui est d
4791
ur une raison très simple. La Bombe est un objet.
Les
objets ne sont jamais dangereux. Ce qui est dangereux, horriblement,
4792
gereux. Ce qui est dangereux, horriblement, c’est
l’
homme. C’est lui qui a fait la Bombe, et c’est lui seul qui se prépare
4793
horriblement, c’est l’homme. C’est lui qui a fait
la
Bombe, et c’est lui seul qui se prépare à l’employer. Quand je vois q
4794
fait la Bombe, et c’est lui seul qui se prépare à
l’
employer. Quand je vois qu’on nomme des comités pour la retenir ! Comm
4795
loyer. Quand je vois qu’on nomme des comités pour
la
retenir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée de mauvaises int
4796
enir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée
de
mauvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de la
4797
e du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est
d’
un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que l’on discute à longu
4798
uvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré.
Le
contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans to
4799
ntions ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle
de
la Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la press
4800
ons ! C’est d’un comique démesuré. Le contrôle de
la
Bombe, que l’on discute à longueur de colonne, dans toute la presse,
4801
un comique démesuré. Le contrôle de la Bombe, que
l’
on discute à longueur de colonne, dans toute la presse, est la plus be
4802
contrôle de la Bombe, que l’on discute à longueur
de
colonne, dans toute la presse, est la plus belle absurdité de l’Histo
4803
ue l’on discute à longueur de colonne, dans toute
la
presse, est la plus belle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bie
4804
à longueur de colonne, dans toute la presse, est
la
plus belle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on
4805
dans toute la presse, est la plus belle absurdité
de
l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet ob
4806
s toute la presse, est la plus belle absurdité de
l’
Histoire. Comprenez-vous bien de quoi l’on parle ? Contrôler cet objet
4807
elle absurdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien
de
quoi l’on parle ? Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’
4808
urdité de l’Histoire. Comprenez-vous bien de quoi
l’
on parle ? Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout d’un coup
4809
Contrôler cet objet inerte ? C’est comme si tout
d’
un coup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser l
4810
cet objet inerte ? C’est comme si tout d’un coup
l’
on se jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases d
4811
tout d’un coup l’on se jetait sur une chaise pour
l’
empêcher d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tran
4812
oup l’on se jetait sur une chaise pour l’empêcher
d’
aller casser les vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, ell
4813
ait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser
les
vases de Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien,
4814
e chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases
de
Chine. Si on laisse la Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est cla
4815
r d’aller casser les vases de Chine. Si on laisse
la
Bombe tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle se tiendra bie
4816
te dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas
d’
histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça
4817
’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle
de
l’homme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de
4818
stoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de
l’
homme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est la question de l’A
4819
mme. — Ah ! ça, c’est une autre question. — C’est
la
question de l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis
4820
ça, c’est une autre question. — C’est la question
de
l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe
4821
e question. — C’est la question de l’Autre. C’est
la
seule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe nous menace et no
4822
stion de l’Autre. C’est la seule. On ne peut plus
l’
éviter depuis que la Bombe nous menace et nous tente à la fois. Et voi
4823
est la seule. On ne peut plus l’éviter depuis que
la
Bombe nous menace et nous tente à la fois. Et voilà bien le progrès l
4824
ous menace et nous tente à la fois. Et voilà bien
le
progrès le plus sensationnel du siècle. — Un progrès ? — Oui, j’appel
4825
et nous tente à la fois. Et voilà bien le progrès
le
plus sensationnel du siècle. — Un progrès ? — Oui, j’appelle ainsi to
4826
nous oblige à y faire face. t. Rougemont Denis
de
, « Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum », Pour la Victoir
4827
e face. t. Rougemont Denis de, « Dialogues sur
la
bombe atomique : Post-scriptum », Pour la Victoire, New York, 27 avri
4828
ues sur la bombe atomique : Post-scriptum », Pour
la
Victoire, New York, 27 avril 1946, p. 1-2.
4829
n). Que Bernanos s’est écrié : Mais partez donc !
la
Terre est vaste ! Que d’autres ont protesté que ce débat était antipa
4830
, ou anticommuniste, que sais-je. On m’écrit cela
de
Paris et l’on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne
4831
muniste, que sais-je. On m’écrit cela de Paris et
l’
on ajoute que je ferais bien de rentrer, sous peine de ne pas comprend
4832
t cela de Paris et l’on ajoute que je ferais bien
de
rentrer, sous peine de ne pas comprendre la réalité européenne en gén
4833
bien de rentrer, sous peine de ne pas comprendre
la
réalité européenne en général, et française en particulier. Je pourra
4834
rançaise en particulier. Je pourrais me contenter
de
répondre : c’est plutôt vous qui devriez sortir, sous peine de ne pas
4835
i devriez sortir, sous peine de ne pas comprendre
la
réalité mondiale. Après tout, il y a quarante millions de Français, s
4836
té mondiale. Après tout, il y a quarante millions
de
Français, sur deux-mille-millions d’habitants de la Planète, non moin
4837
nte millions de Français, sur deux-mille-millions
d’
habitants de la Planète, non moins réels, guère moins accablés de prob
4838
de Français, sur deux-mille-millions d’habitants
de
la Planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais
4839
Français, sur deux-mille-millions d’habitants de
la
Planète, non moins réels, guère moins accablés de problèmes. Mais je
4840
la Planète, non moins réels, guère moins accablés
de
problèmes. Mais je ne cherche pas à m’en tirer par une réplique, même
4841
e cherche pas à m’en tirer par une réplique, même
de
bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre la France plus au série
4842
lique, même de bon sens, et j’ai quelques raisons
de
prendre la France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres
4843
de bon sens, et j’ai quelques raisons de prendre
la
France plus au sérieux, plus au tragique, que les chiffres stupides n
4844
la France plus au sérieux, plus au tragique, que
les
chiffres stupides n’y inviteraient. Je m’interroge. Je reprends la qu
4845
des n’y inviteraient. Je m’interroge. Je reprends
la
question dans les termes où elle est posée : faut-il partir ? (Peut-o
4846
ent. Je m’interroge. Je reprends la question dans
les
termes où elle est posée : faut-il partir ? (Peut-on partir serait un
4847
habite, pour quelques semaines encore, du côté où
les
jeunes Européens devraient aller s’il s’agissait pour eux de partir.
4848
uropéens devraient aller s’il s’agissait pour eux
de
partir. Je vois les avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’
4849
aller s’il s’agissait pour eux de partir. Je vois
les
avantages de l’Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesur
4850
gissait pour eux de partir. Je vois les avantages
de
l’Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imag
4851
sait pour eux de partir. Je vois les avantages de
l’
Amérique et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de les imagine
4852
ue et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure
de
les imaginer. Cela se discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solutio
4853
et ses défauts, mieux qu’ils ne sont en mesure de
les
imaginer. Cela se discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solution, q
4854
en mesure de les imaginer. Cela se discuterait à
l’
infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et d’« essayer
4855
ait à l’infini. Il n’est qu’une solution, qui est
d’
aller voir, et d’« essayer » le pays comme un nouveau costume. Et je m
4856
l n’est qu’une solution, qui est d’aller voir, et
d’
« essayer » le pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le prob
4857
solution, qui est d’aller voir, et d’« essayer »
le
pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le problème est mal p
4858
e pays comme un nouveau costume. Et je me dis que
le
problème est mal posé. Il ne s’agit ni de partir ni de rester, au sen
4859
dis que le problème est mal posé. Il ne s’agit ni
de
partir ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit simple
4860
oblème est mal posé. Il ne s’agit ni de partir ni
de
rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement de circu
4861
git ni de partir ni de rester, au sens pathétique
de
ces mots. Il s’agit simplement de circuler. Ce n’est pas très facile,
4862
sens pathétique de ces mots. Il s’agit simplement
de
circuler. Ce n’est pas très facile, pratiquement ? Mais partir, ou re
4863
facile, pratiquement ? Mais partir, ou rester, ne
le
sont pas non plus, apparemment, puisqu’on pose le problème. Supposez
4864
le sont pas non plus, apparemment, puisqu’on pose
le
problème. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise.
4865
pose le problème. Supposez que nous soyons libres
de
circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni
4866
ise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni
de
choisir une terre et ses morts contre le Globe et ses vivants ; ni de
4867
’agit ni de choisir une terre et ses morts contre
le
Globe et ses vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et l’exil
4868
et ses morts contre le Globe et ses vivants ; ni
de
choisir le nomadisme permanent et l’exil par principe ou dégoût. Il s
4869
ts contre le Globe et ses vivants ; ni de choisir
le
nomadisme permanent et l’exil par principe ou dégoût. Il s’agit simpl
4870
vivants ; ni de choisir le nomadisme permanent et
l’
exil par principe ou dégoût. Il s’agit simplement de vivre au xxe siè
4871
exil par principe ou dégoût. Il s’agit simplement
de
vivre au xxe siècle, en tenant compte des réalités que nous avons cr
4872
lités que nous avons créées ou laissé s’imposer ;
de
la rapidité des transports, par exemple. Combien peu d’hommes d’aujou
4873
és que nous avons créées ou laissé s’imposer ; de
la
rapidité des transports, par exemple. Combien peu d’hommes d’aujourd’
4874
rapidité des transports, par exemple. Combien peu
d’
hommes d’aujourd’hui vivent leur temps, et se trouvent pratiquement en
4875
des transports, par exemple. Combien peu d’hommes
d’
aujourd’hui vivent leur temps, et se trouvent pratiquement en mesure d
4876
leur temps, et se trouvent pratiquement en mesure
de
le vivre ! Combien encore sont-ils du Moyen Âge, ou du bourgeois et l
4877
r temps, et se trouvent pratiquement en mesure de
le
vivre ! Combien encore sont-ils du Moyen Âge, ou du bourgeois et lent
4878
bourgeois et lent xixe siècle ! Serait-ce manque
d’
imagination ? Certes, il en faut une dose non ordinaire pour se rendre
4879
ne dose non ordinaire pour se rendre contemporain
d’
un monde qui change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu le rêver
4880
change beaucoup plus vite que Jules Verne n’a pu
le
rêver. C’est cela, et c’est aussi le cauchemar des visas. Si cette fo
4881
Verne n’a pu le rêver. C’est cela, et c’est aussi
le
cauchemar des visas. Si cette folie furieuse et inutile ne régnait pa
4882
ette folie furieuse et inutile ne régnait pas sur
le
monde d’après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en t
4883
e furieuse et inutile ne régnait pas sur le monde
d’
après-guerre, le problème partir ou rester se résoudrait en termes sim
4884
utile ne régnait pas sur le monde d’après-guerre,
le
problème partir ou rester se résoudrait en termes simples : on verrai
4885
ples : on verrait vite que c’est un faux dilemme.
Le
fait est là : nous allons en dix heures de Lisbonne à New York, de Ne
4886
lemme. Le fait est là : nous allons en dix heures
de
Lisbonne à New York, de New York au Pacifique. Un très long voyage au
4887
nous allons en dix heures de Lisbonne à New York,
de
New York au Pacifique. Un très long voyage aujourd’hui nous ramènerai
4888
jourd’hui nous ramènerait nécessairement au point
de
départ, après un petit tour da planète. Nous changeons de continent c
4889
t, après un petit tour da planète. Nous changeons
de
continent comme on part en week-end. Le mot partir a donc changé de s
4890
changeons de continent comme on part en week-end.
Le
mot partir a donc changé de sens. Il a perdu son aura dramatique. Plu
4891
on part en week-end. Le mot partir a donc changé
de
sens. Il a perdu son aura dramatique. Plus question de couper les pon
4892
ns. Il a perdu son aura dramatique. Plus question
de
couper les ponts, de brûler les pénates, et autres rites attestant de
4893
erdu son aura dramatique. Plus question de couper
les
ponts, de brûler les pénates, et autres rites attestant devant les mâ
4894
ra dramatique. Plus question de couper les ponts,
de
brûler les pénates, et autres rites attestant devant les mânes des an
4895
que. Plus question de couper les ponts, de brûler
les
pénates, et autres rites attestant devant les mânes des ancêtres un c
4896
ler les pénates, et autres rites attestant devant
les
mânes des ancêtres un choix farouche, irrévocable. Se déplacer devien
4897
nir après quelque temps, comme on prend un billet
d’
aller et retour. La poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs
4898
emps, comme on prend un billet d’aller et retour.
La
poésie des voyages a vécu, la tragédie des départs a vécu. Mais ce qu
4899
d’aller et retour. La poésie des voyages a vécu,
la
tragédie des départs a vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître par
4900
peut naître parmi nous, c’est un amour plus large
de
l’humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de
4901
t naître parmi nous, c’est un amour plus large de
l’
humain, une conception de la fidélité qui ne soit plus exclusive de la
4902
t un amour plus large de l’humain, une conception
de
la fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil pl
4903
n amour plus large de l’humain, une conception de
la
fidélité qui ne soit plus exclusive de la curiosité, un accueil plus
4904
ception de la fidélité qui ne soit plus exclusive
de
la curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité de
4905
tion de la fidélité qui ne soit plus exclusive de
la
curiosité, un accueil plus ferme et plus souple de la diversité des ê
4906
a curiosité, un accueil plus ferme et plus souple
de
la diversité des êtres et des coutumes. Aimez votre terre et quittez-
4907
uriosité, un accueil plus ferme et plus souple de
la
diversité des êtres et des coutumes. Aimez votre terre et quittez-la.
4908
res et des coutumes. Aimez votre terre et quittez-
la
. Quittez-la trois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’ari
4909
outumes. Aimez votre terre et quittez-la. Quittez-
la
trois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon l’arithmétique du
4910
ois fois et revenez-y trois et quatre fois, selon
l’
arithmétique du cœur. Le nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc
4911
ois et quatre fois, selon l’arithmétique du cœur.
Le
nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment. Le pays
4912
e pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment.
Le
paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de la meilleure manièr
4913
amais vraiment. Le paysan n’aime que sa terre, ne
l’
aime donc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et l
4914
Le paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas
de
la meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. I
4915
paysan n’aime que sa terre, ne l’aime donc pas de
la
meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et la comparaison. Il f
4916
onc pas de la meilleure manière, s’il refuse tout
le
reste, et la comparaison. Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut ce
4917
meilleure manière, s’il refuse tout le reste, et
la
comparaison. Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut cesser de trouv
4918
. Il faut s’ouvrir. Il faut aimer. Il faut cesser
de
trouver cela nigaud, et de faire le coq de village tout hérissé, grif
4919
aimer. Il faut cesser de trouver cela nigaud, et
de
faire le coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez do
4920
l faut cesser de trouver cela nigaud, et de faire
le
coq de village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez donc, allez
4921
cesser de trouver cela nigaud, et de faire le coq
de
village tout hérissé, griffu, inefficace. Circulez donc, allez voir,
4922
allez voir, et aimez. Puis choisissez. Revenez si
le
cœur vous en dit. Mais je sais bien qu’il y a les visas. N’acceptons
4923
le cœur vous en dit. Mais je sais bien qu’il y a
les
visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de la démence national
4924
es visas. N’acceptons pas que cet accident tardif
de
la démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une camp
4925
visas. N’acceptons pas que cet accident tardif de
la
démence nationaliste dénature le problème humain. Lançons une campagn
4926
cident tardif de la démence nationaliste dénature
le
problème humain. Lançons une campagne mondiale pour la suppression de
4927
oblème humain. Lançons une campagne mondiale pour
la
suppression des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêc
4928
campagne mondiale pour la suppression des visas,
de
ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècl
4929
e ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent
de
rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les
4930
nismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre
le
siècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à
4931
daleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle,
de
l’habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répon
4932
eux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de
l’
habiter et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre
4933
empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et
d’
user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi ser
4934
nt de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user
de
ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi servent ce
4935
ècle, de l’habiter et d’user de ses dons. Forçons
les
gouvernants à nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons
4936
nts à nous répondre : à quoi servent ces barrages
de
tampons ? Comment peut-on les justifier ? Ils n’ont pas arrêté un seu
4937
servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on
les
justifier ? Ils n’ont pas arrêté un seul espion, tout en causant la p
4938
n’ont pas arrêté un seul espion, tout en causant
la
perte des milliers d’innocents. Ils rendent vains les progrès matérie
4939
eul espion, tout en causant la perte des milliers
d’
innocents. Ils rendent vains les progrès matériels dont notre basse ép
4940
perte des milliers d’innocents. Ils rendent vains
les
progrès matériels dont notre basse époque pourrait encore s’enorgueil
4941
rait encore s’enorgueillir. Ils représentent dans
l’
esprit des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-
4942
llir. Ils représentent dans l’esprit des modernes
la
Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons-nous, comme des mouton
4943
des modernes la Fatalité imbécile. Pourquoi donc
les
acceptons-nous, comme des moutons, sans qu’une voix ne proteste ? u
4944
s qu’une voix ne proteste ? u. Rougemont Denis
de
, « Faut-il rentrer ? », Pour la Victoire, New York, 4 mai 1946, p. 1-
4945
Rougemont Denis de, « Faut-il rentrer ? », Pour
la
Victoire, New York, 4 mai 1946, p. 1-2.
4946
« Selon Denis de Rougemont,
le
centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 m
4947
« Selon Denis de Rougemont, le centre
de
gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)w
4948
mont, le centre de gravité du monde s’est déplacé
d’
Europe en Amérique » (16 mai 1946)w x M. de Rougemont est rentré d’
4949
» (16 mai 1946)w x M. de Rougemont est rentré
d’
Amérique. Il nous en parle simplement, avec ce sens de l’équilibre et
4950
érique. Il nous en parle simplement, avec ce sens
de
l’équilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le
4951
que. Il nous en parle simplement, avec ce sens de
l’
équilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le pr
4952
parle simplement, avec ce sens de l’équilibre et
de
la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le prochain aussi, c
4953
rle simplement, avec ce sens de l’équilibre et de
la
mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte. Le prochain aussi, ce
4954
uilibre et de la mesure dont ses ouvrages portent
l’
empreinte. Le prochain aussi, ce Vivre en Amérique que Stock publier
4955
la mesure dont ses ouvrages portent l’empreinte.
Le
prochain aussi, ce Vivre en Amérique que Stock publiera cet automne
4956
. Nous questionnons : Dites-nous quels sentiments
le
contact avec la civilisation américaine éveille chez un Européen ? En
4957
ons : Dites-nous quels sentiments le contact avec
la
civilisation américaine éveille chez un Européen ? En arrivant là-bas
4958
eille chez un Européen ? En arrivant là-bas, on a
l’
impression très nette de pénétrer dans une autre civilisation. Une imp
4959
En arrivant là-bas, on a l’impression très nette
de
pénétrer dans une autre civilisation. Une impression beaucoup plus fo
4960
eaucoup plus forte que celle qu’éveillent en nous
les
livres ou même le cinéma. Un sentiment qui dure : pour moi, il a duré
4961
que celle qu’éveillent en nous les livres ou même
le
cinéma. Un sentiment qui dure : pour moi, il a duré pendant six ans.
4962
duré pendant six ans. Ceci est surtout vrai pour
les
mœurs, leur détail. Les jugements moraux y sont très différents de ce
4963
eci est surtout vrai pour les mœurs, leur détail.
Les
jugements moraux y sont très différents de ceux de l’Europe. Là-bas,
4964
tail. Les jugements moraux y sont très différents
de
ceux de l’Europe. Là-bas, certaines choses vont de soi ; chez nous, e
4965
s jugements moraux y sont très différents de ceux
de
l’Europe. Là-bas, certaines choses vont de soi ; chez nous, elles par
4966
ugements moraux y sont très différents de ceux de
l’
Europe. Là-bas, certaines choses vont de soi ; chez nous, elles parais
4967
izarres. En France, par exemple, il était bien vu
de
tricher avec le fisc ; on s’en vantait. En Amérique, la chose est mal
4968
ce, par exemple, il était bien vu de tricher avec
le
fisc ; on s’en vantait. En Amérique, la chose est mal vue. Les gens t
4969
cher avec le fisc ; on s’en vantait. En Amérique,
la
chose est mal vue. Les gens trichent peut-être, mais je n’en suis pas
4970
s’en vantait. En Amérique, la chose est mal vue.
Les
gens trichent peut-être, mais je n’en suis pas persuadé. L’Américain
4971
ichent peut-être, mais je n’en suis pas persuadé.
L’
Américain s’achète une bonne conscience en payant son dû à l’État. J’a
4972
s’achète une bonne conscience en payant son dû à
l’
État. J’admire beaucoup son sens civique. Quand le citoyen est discipl
4973
l’État. J’admire beaucoup son sens civique. Quand
le
citoyen est discipliné, il n’a pas pour autant l’amour du règlement c
4974
le citoyen est discipliné, il n’a pas pour autant
l’
amour du règlement comme en Suisse… J’ai aussi été sensible à une sort
4975
me en Suisse… J’ai aussi été sensible à une sorte
de
loufoquerie de la vie américaine. Parfois, on a l’impression que les
4976
’ai aussi été sensible à une sorte de loufoquerie
de
la vie américaine. Parfois, on a l’impression que les gens sont un pe
4977
aussi été sensible à une sorte de loufoquerie de
la
vie américaine. Parfois, on a l’impression que les gens sont un peu f
4978
e loufoquerie de la vie américaine. Parfois, on a
l’
impression que les gens sont un peu fous… Ils chantent dans la rue, vo
4979
la vie américaine. Parfois, on a l’impression que
les
gens sont un peu fous… Ils chantent dans la rue, vous posent les ques
4980
que les gens sont un peu fous… Ils chantent dans
la
rue, vous posent les questions les plus indiscrètes, entrent chez vou
4981
n peu fous… Ils chantent dans la rue, vous posent
les
questions les plus indiscrètes, entrent chez vous sans frapper, vous
4982
s chantent dans la rue, vous posent les questions
les
plus indiscrètes, entrent chez vous sans frapper, vous déclarent sans
4983
ez vous sans frapper, vous déclarent sans ambages
le
montant de leur revenu. Cinq minutes après avoir fait votre connaissa
4984
s frapper, vous déclarent sans ambages le montant
de
leur revenu. Cinq minutes après avoir fait votre connaissance, ils vo
4985
appellent par votre prénom et vous invitent pour
le
prochain week-end. Aux États-Unis, l’étranger est accueilli avec beau
4986
vitent pour le prochain week-end. Aux États-Unis,
l’
étranger est accueilli avec beaucoup de gentillesse. Les Américains lu
4987
anger est accueilli avec beaucoup de gentillesse.
Les
Américains lui font crédit. En Europe, par contre, les liaisons, si e
4988
méricains lui font crédit. En Europe, par contre,
les
liaisons, si elles sont plus rares, sont plus solides et profondes. O
4989
s camarade ; tout cela glisse, change, glisse… Et
l’
inverse ? Quels sont, chez l’Américain, les sentiments éveillés par la
4990
, change, glisse… Et l’inverse ? Quels sont, chez
l’
Américain, les sentiments éveillés par la civilisation européenne ? Il
4991
sse… Et l’inverse ? Quels sont, chez l’Américain,
les
sentiments éveillés par la civilisation européenne ? Il importe de di
4992
nt, chez l’Américain, les sentiments éveillés par
la
civilisation européenne ? Il importe de distinguer entre plusieurs cl
4993
illés par la civilisation européenne ? Il importe
de
distinguer entre plusieurs classes d’Américains. Ceux qui ont connu l
4994
Il importe de distinguer entre plusieurs classes
d’
Américains. Ceux qui ont connu l’Europe et qui y ont vécu, se distingu
4995
lusieurs classes d’Américains. Ceux qui ont connu
l’
Europe et qui y ont vécu, se distinguent par une sorte de snobisme eur
4996
e et qui y ont vécu, se distinguent par une sorte
de
snobisme européen, surtout au point de vue culture, où ils ont d’aill
4997
petite minorité qui affectionne particulièrement
la
France et la Suisse. L’Américain moyen, qui connaît notre continent p
4998
ité qui affectionne particulièrement la France et
la
Suisse. L’Américain moyen, qui connaît notre continent par les journa
4999
ectionne particulièrement la France et la Suisse.
L’
Américain moyen, qui connaît notre continent par les journaux, nous ju
5000
’Américain moyen, qui connaît notre continent par
les
journaux, nous juge assez mal, nous considère comme un pays très comp
5001
mal, nous considère comme un pays très compliqué
de
gens assez méchants qui se disputent pour des choses mystérieuses, qu
5002
sont toujours sur leurs ergots ; des gens en qui
l’
on ne peut pas avoir une grande confiance… Ils voient l’Europe un peu
5003
e peut pas avoir une grande confiance… Ils voient
l’
Europe un peu comme nous voyions les Balkans avant la guerre. Et puis,
5004
ce… Ils voient l’Europe un peu comme nous voyions
les
Balkans avant la guerre. Et puis, ils ont un peu peur de nous ; ils c
5005
urope un peu comme nous voyions les Balkans avant
la
guerre. Et puis, ils ont un peu peur de nous ; ils craignent que nous
5006
ans avant la guerre. Et puis, ils ont un peu peur
de
nous ; ils craignent que nous ne soyons une source permanente de déso
5007
raignent que nous ne soyons une source permanente
de
désordres et de troubles. Tous les nationalismes européens les effrai
5008
s ne soyons une source permanente de désordres et
de
troubles. Tous les nationalismes européens les effraient. De même qu’
5009
urce permanente de désordres et de troubles. Tous
les
nationalismes européens les effraient. De même qu’il y a en Europe un
5010
et de troubles. Tous les nationalismes européens
les
effraient. De même qu’il y a en Europe un grand sentiment de supérior
5011
t. De même qu’il y a en Europe un grand sentiment
de
supériorité à cause de notre culture, l’inverse existe chez les Améri
5012
entiment de supériorité à cause de notre culture,
l’
inverse existe chez les Américains au point de vue du civisme et de la
5013
é à cause de notre culture, l’inverse existe chez
les
Américains au point de vue du civisme et de la politique. Ils ont le
5014
chez les Américains au point de vue du civisme et
de
la politique. Ils ont le sentiment d’être decent. Leur opinion est qu
5015
z les Américains au point de vue du civisme et de
la
politique. Ils ont le sentiment d’être decent. Leur opinion est que l
5016
int de vue du civisme et de la politique. Ils ont
le
sentiment d’être decent. Leur opinion est que les Européens ne sont,
5017
civisme et de la politique. Ils ont le sentiment
d’
être decent. Leur opinion est que les Européens ne sont, eux, pas très
5018
le sentiment d’être decent. Leur opinion est que
les
Européens ne sont, eux, pas très decent, qualité qu’un jeune citoyen
5019
eux, pas très decent, qualité qu’un jeune citoyen
de
là-bas expliquait en ces termes : « Être decent, c’est tenir sa parol
5020
sa parole et se tenir propre soi-même »… Quant à
la
masse du centre du pays, elle ne connaît rien de notre continent ; so
5021
la masse du centre du pays, elle ne connaît rien
de
notre continent ; souvent, elle ignore même que la Suisse existe. Un
5022
e notre continent ; souvent, elle ignore même que
la
Suisse existe. Un GI m’a récemment déclaré : « La Suisse ? Quand est-
5023
la Suisse existe. Un GI m’a récemment déclaré : «
La
Suisse ? Quand est-ce que nous avons bien pu libérer ça ? C’est si pe
5024
bien pu libérer ça ? C’est si petit ! » Par souci
de
précision, j’ajouterai que je ne connais que l’Amérique la moins éloi
5025
i de précision, j’ajouterai que je ne connais que
l’
Amérique la moins éloignée de l’Europe. Si de New York vous passez dan
5026
ion, j’ajouterai que je ne connais que l’Amérique
la
moins éloignée de l’Europe. Si de New York vous passez dans le Middle
5027
ue je ne connais que l’Amérique la moins éloignée
de
l’Europe. Si de New York vous passez dans le Middlewest, ou en Califo
5028
je ne connais que l’Amérique la moins éloignée de
l’
Europe. Si de New York vous passez dans le Middlewest, ou en Californi
5029
que l’Amérique la moins éloignée de l’Europe. Si
de
New York vous passez dans le Middlewest, ou en Californie, ou à La No
5030
gnée de l’Europe. Si de New York vous passez dans
le
Middlewest, ou en Californie, ou à La Nouvelle-Orléans, vous ne manqu
5031
passez dans le Middlewest, ou en Californie, ou à
La
Nouvelle-Orléans, vous ne manquez pas d’observer de fortes nuances da
5032
ie, ou à La Nouvelle-Orléans, vous ne manquez pas
d’
observer de fortes nuances dans la civilisation. New York constitue un
5033
Nouvelle-Orléans, vous ne manquez pas d’observer
de
fortes nuances dans la civilisation. New York constitue un excellent
5034
ne manquez pas d’observer de fortes nuances dans
la
civilisation. New York constitue un excellent poste d’observation, pa
5035
vilisation. New York constitue un excellent poste
d’
observation, parce que ses habitants y viennent de partout, de toutes
5036
n, parce que ses habitants y viennent de partout,
de
toutes les Amériques et de tous les continents. New York résume un pe
5037
ue ses habitants y viennent de partout, de toutes
les
Amériques et de tous les continents. New York résume un peu les États
5038
y viennent de partout, de toutes les Amériques et
de
tous les continents. New York résume un peu les États-Unis… Mais un j
5039
nt de partout, de toutes les Amériques et de tous
les
continents. New York résume un peu les États-Unis… Mais un jugement d
5040
et de tous les continents. New York résume un peu
les
États-Unis… Mais un jugement d’ensemble est impossible. On peut à peu
5041
rk résume un peu les États-Unis… Mais un jugement
d’
ensemble est impossible. On peut à peu près tout dire sur l’Amérique :
5042
est impossible. On peut à peu près tout dire sur
l’
Amérique : ça sera toujours juste quelque part. Je ne cesse personnell
5043
s juste quelque part. Je ne cesse personnellement
de
me battre contre cette affirmation européenne selon laquelle tout est
5044
s. Au contraire, ce pays est celui des contrastes
les
plus violents. ⁂ Pensez-vous qu’à l’issue de cette dernière guerre, o
5045
contrastes les plus violents. ⁂ Pensez-vous qu’à
l’
issue de cette dernière guerre, on puisse affirmer que le centre de gr
5046
tes les plus violents. ⁂ Pensez-vous qu’à l’issue
de
cette dernière guerre, on puisse affirmer que le centre de gravité du
5047
de cette dernière guerre, on puisse affirmer que
le
centre de gravité du monde s’est déplacé en Amérique ? Très nettement
5048
dernière guerre, on puisse affirmer que le centre
de
gravité du monde s’est déplacé en Amérique ? Très nettement. Vue de N
5049
e s’est déplacé en Amérique ? Très nettement. Vue
de
New York, l’Europe constitue une espèce de glacis ou s’affrontent le
5050
cé en Amérique ? Très nettement. Vue de New York,
l’
Europe constitue une espèce de glacis ou s’affrontent le monde anglo-s
5051
t. Vue de New York, l’Europe constitue une espèce
de
glacis ou s’affrontent le monde anglo-saxon et le monde russe. On a f
5052
pe constitue une espèce de glacis ou s’affrontent
le
monde anglo-saxon et le monde russe. On a fortement l’impression de l
5053
de glacis ou s’affrontent le monde anglo-saxon et
le
monde russe. On a fortement l’impression de l’existence de deux pôles
5054
nde anglo-saxon et le monde russe. On a fortement
l’
impression de l’existence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et l
5055
on et le monde russe. On a fortement l’impression
de
l’existence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et la Russie. Cet
5056
et le monde russe. On a fortement l’impression de
l’
existence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et la Russie. Cette
5057
russe. On a fortement l’impression de l’existence
de
deux pôles d’attraction : l’Amérique et la Russie. Cette impression e
5058
rtement l’impression de l’existence de deux pôles
d’
attraction : l’Amérique et la Russie. Cette impression est une réalité
5059
ssion de l’existence de deux pôles d’attraction :
l’
Amérique et la Russie. Cette impression est une réalité. Quant à notre
5060
stence de deux pôles d’attraction : l’Amérique et
la
Russie. Cette impression est une réalité. Quant à notre continent, il
5061
otre continent, il est considéré comme une espèce
de
champ de bataille en puissance. Cela change toutes les perspectives.
5062
hamp de bataille en puissance. Cela change toutes
les
perspectives. Le problème France-Allemagne n’a aujourd’hui plus grand
5063
n puissance. Cela change toutes les perspectives.
Le
problème France-Allemagne n’a aujourd’hui plus grande importance ; il
5064
’a aujourd’hui plus grande importance ; il a cédé
le
pas au problème Amérique-URSS. Et que pensent les Américains des Russ
5065
le pas au problème Amérique-URSS. Et que pensent
les
Américains des Russes ? L’opinion est extrêmement mélangée. En généra
5066
-URSS. Et que pensent les Américains des Russes ?
L’
opinion est extrêmement mélangée. En général, les hommes d’affaires vo
5067
? L’opinion est extrêmement mélangée. En général,
les
hommes d’affaires voudraient que ce monde lointain s’ouvre. Le présid
5068
est extrêmement mélangée. En général, les hommes
d’
affaires voudraient que ce monde lointain s’ouvre. Le président de la
5069
ffaires voudraient que ce monde lointain s’ouvre.
Le
président de la Chambre de commerce américaine est allé en Russie ten
5070
aient que ce monde lointain s’ouvre. Le président
de
la Chambre de commerce américaine est allé en Russie tenir des discou
5071
nt que ce monde lointain s’ouvre. Le président de
la
Chambre de commerce américaine est allé en Russie tenir des discours
5072
onde lointain s’ouvre. Le président de la Chambre
de
commerce américaine est allé en Russie tenir des discours capitaliste
5073
ours capitalistes… D’autres gens voudraient faire
la
guerre à la Russie sans plus attendre, en se servant de la bombe atom
5074
istes… D’autres gens voudraient faire la guerre à
la
Russie sans plus attendre, en se servant de la bombe atomique, etc. M
5075
rre à la Russie sans plus attendre, en se servant
de
la bombe atomique, etc. Moscou, qui a toujours eu cette espèce de « c
5076
à la Russie sans plus attendre, en se servant de
la
bombe atomique, etc. Moscou, qui a toujours eu cette espèce de « comp
5077
ique, etc. Moscou, qui a toujours eu cette espèce
de
« complexe d’assiégement », se referme trop sur elle-même. Il est dif
5078
cou, qui a toujours eu cette espèce de « complexe
d’
assiégement », se referme trop sur elle-même. Il est difficile de la c
5079
, se referme trop sur elle-même. Il est difficile
de
la comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectue
5080
e referme trop sur elle-même. Il est difficile de
la
comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle
5081
sur elle-même. Il est difficile de la comprendre
de
l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ? La vie scie
5082
Il est difficile de la comprendre de l’autre côté
de
l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ? La vie scientifique est trè
5083
est difficile de la comprendre de l’autre côté de
l’
Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ? La vie scientifique est très r
5084
de la comprendre de l’autre côté de l’Océan. ⁂ Et
l’
Amérique intellectuelle ? La vie scientifique est très remarquable ; l
5085
côté de l’Océan. ⁂ Et l’Amérique intellectuelle ?
La
vie scientifique est très remarquable ; l’énergie atomique en est la
5086
elle ? La vie scientifique est très remarquable ;
l’
énergie atomique en est la preuve. La civilisation américaine devient
5087
est très remarquable ; l’énergie atomique en est
la
preuve. La civilisation américaine devient de plus en plus une civili
5088
emarquable ; l’énergie atomique en est la preuve.
La
civilisation américaine devient de plus en plus une civilisation scie
5089
s une civilisation scientifique, par opposition à
la
civilisation plus littéraire, philosophique ou juridique de l’Europe.
5090
ation plus littéraire, philosophique ou juridique
de
l’Europe. Dans les écoles américaines, on enseigne aux enfants combie
5091
on plus littéraire, philosophique ou juridique de
l’
Europe. Dans les écoles américaines, on enseigne aux enfants combien d
5092
ire, philosophique ou juridique de l’Europe. Dans
les
écoles américaines, on enseigne aux enfants combien de calories, de v
5093
oles américaines, on enseigne aux enfants combien
de
calories, de vitamines sont nécessaires à leur organisme. Tout le mon
5094
nes, on enseigne aux enfants combien de calories,
de
vitamines sont nécessaires à leur organisme. Tout le monde a, là-bas,
5095
saires à leur organisme. Tout le monde a, là-bas,
le
plus grand respect pour les experts en n’importe quoi. Au point de vu
5096
ut le monde a, là-bas, le plus grand respect pour
les
experts en n’importe quoi. Au point de vue littéraire et philosophiqu
5097
vue littéraire et philosophique, je ne vois rien
de
très neuf qui se soit développé pendant la guerre ou après. Entre 191
5098
s rien de très neuf qui se soit développé pendant
la
guerre ou après. Entre 1918 et 1939, l’Amérique a connu une grande pé
5099
é pendant la guerre ou après. Entre 1918 et 1939,
l’
Amérique a connu une grande période littéraire. Je ne distingue actuel
5100
iode littéraire. Je ne distingue actuellement pas
d’
école nouvelle. Les jeunes écrivains gardent un œil ouvert sur l’Europ
5101
e ne distingue actuellement pas d’école nouvelle.
Les
jeunes écrivains gardent un œil ouvert sur l’Europe. C’est toujours d
5102
e. Les jeunes écrivains gardent un œil ouvert sur
l’
Europe. C’est toujours de là que vient l’initiative. Ce qu’ils ont de
5103
ardent un œil ouvert sur l’Europe. C’est toujours
de
là que vient l’initiative. Ce qu’ils ont de plus que nous, c’est un g
5104
vert sur l’Europe. C’est toujours de là que vient
l’
initiative. Ce qu’ils ont de plus que nous, c’est un grand art du repo
5105
e plus que nous, c’est un grand art du reportage,
de
la description. Ils ont indiscutablement créé le style du grand repor
5106
lus que nous, c’est un grand art du reportage, de
la
description. Ils ont indiscutablement créé le style du grand reportag
5107
de la description. Ils ont indiscutablement créé
le
style du grand reportage. Je connais quelques jeunes poètes, pas du t
5108
t un lyrisme très violent et très coloré… Quant à
l’
Amérique sociale… Socialement parlant, l’ouvrier américain est un bour
5109
Quant à l’Amérique sociale… Socialement parlant,
l’
ouvrier américain est un bourgeois. Il a sa voiture, sa maison ou un a
5110
aison ou un appartement avec salle de bains. Dans
les
grandes villes, on remarque de la misère. Certains quartiers sont trè
5111
le de bains. Dans les grandes villes, on remarque
de
la misère. Certains quartiers sont très tristes. La conscience politi
5112
de bains. Dans les grandes villes, on remarque de
la
misère. Certains quartiers sont très tristes. La conscience politique
5113
la misère. Certains quartiers sont très tristes.
La
conscience politique de la classe ouvrière, si vivante chez nous, est
5114
rtiers sont très tristes. La conscience politique
de
la classe ouvrière, si vivante chez nous, est presque inexistante là-
5115
ers sont très tristes. La conscience politique de
la
classe ouvrière, si vivante chez nous, est presque inexistante là-bas
5116
ivante chez nous, est presque inexistante là-bas.
Les
grèves peuvent être violentes, mais cela ne veut pas dire que l’on so
5117
nt être violentes, mais cela ne veut pas dire que
l’
on soit de droite ou de gauche. On fait la grève pour des raisons pure
5118
olentes, mais cela ne veut pas dire que l’on soit
de
droite ou de gauche. On fait la grève pour des raisons purement prati
5119
cela ne veut pas dire que l’on soit de droite ou
de
gauche. On fait la grève pour des raisons purement pratiques et non a
5120
ire que l’on soit de droite ou de gauche. On fait
la
grève pour des raisons purement pratiques et non au nom du marxisme…
5121
non au nom du marxisme… En conclusion, une « cure
d’
Amérique » est profitable à l’Européen ? Absolument ! Ce que je souhai
5122
clusion, une « cure d’Amérique » est profitable à
l’
Européen ? Absolument ! Ce que je souhaite, c’est qu’on envoie le plus
5123
solument ! Ce que je souhaite, c’est qu’on envoie
le
plus grand nombre possible d’Européens outre-Atlantique pour y vivre
5124
c’est qu’on envoie le plus grand nombre possible
d’
Européens outre-Atlantique pour y vivre une ou deux années et inversem
5125
une ou deux années et inversement. Je ne vois pas
d’
hostilité possible entre les deux continents — qui se complètent admir
5126
sement. Je ne vois pas d’hostilité possible entre
les
deux continents — qui se complètent admirablement. Les différences so
5127
eux continents — qui se complètent admirablement.
Les
différences sont fortes, certes ; mais elles sont tout à fait concili
5128
tes ; mais elles sont tout à fait conciliables. À
l’
Amérique, nous pouvons apporter beaucoup de raffinement et un sens des
5129
raffinement et un sens des valeurs spirituelles.
Les
Américains nous apportent la franchise dans la vie, la liberté d’allu
5130
leurs spirituelles. Les Américains nous apportent
la
franchise dans la vie, la liberté d’allure et beaucoup de gentillesse
5131
. Les Américains nous apportent la franchise dans
la
vie, la liberté d’allure et beaucoup de gentillesse. Telle est la « l
5132
éricains nous apportent la franchise dans la vie,
la
liberté d’allure et beaucoup de gentillesse. Telle est la « leçon d’A
5133
us apportent la franchise dans la vie, la liberté
d’
allure et beaucoup de gentillesse. Telle est la « leçon d’Amérique » q
5134
té d’allure et beaucoup de gentillesse. Telle est
la
« leçon d’Amérique » que nous a donnée M. Denis de Rougemont. En conc
5135
et beaucoup de gentillesse. Telle est la « leçon
d’
Amérique » que nous a donnée M. Denis de Rougemont. En conclusion, dis
5136
t qu’a cinquante pour cent… w. Rougemont Denis
de
, « [Entretien] Le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe e
5137
our cent… w. Rougemont Denis de, « [Entretien]
Le
centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique », L’Il
5138
w. Rougemont Denis de, « [Entretien] Le centre
de
gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique », L’Illustré, La
5139
tien] Le centre de gravité du monde s’est déplacé
d’
Europe en Amérique », L’Illustré, Lausanne, 16 mai 1946, p. 5 et 23.
5140
té du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique »,
L’
Illustré, Lausanne, 16 mai 1946, p. 5 et 23. x. Propos recueillis par
5141
os recueillis par Georges Gygax et introduits par
la
note suivante : « Un écrivain nous est revenu. Il nous est revenu de
5142
« Un écrivain nous est revenu. Il nous est revenu
de
la lointaine et si proche Amérique, emportant avec lui, pour nous le
5143
n écrivain nous est revenu. Il nous est revenu de
la
lointaine et si proche Amérique, emportant avec lui, pour nous le com
5144
si proche Amérique, emportant avec lui, pour nous
le
communiquer avec la belle générosité des gens d’esprit, un riche mess
5145
emportant avec lui, pour nous le communiquer avec
la
belle générosité des gens d’esprit, un riche message gonflé de réalit
5146
le communiquer avec la belle générosité des gens
d’
esprit, un riche message gonflé de réalités souvent insoupçonnées. M.
5147
rosité des gens d’esprit, un riche message gonflé
de
réalités souvent insoupçonnées. M. Denis de Rougemont est rentré d’Am
5148
t insoupçonnées. M. Denis de Rougemont est rentré
d’
Amérique. Pas pour longtemps, puisqu’il se prépare déjà à repartir à l
5149
longtemps, puisqu’il se prépare déjà à repartir à
la
découverte de ce continent qui, à lui seul, constitue un monde. Quell
5150
squ’il se prépare déjà à repartir à la découverte
de
ce continent qui, à lui seul, constitue un monde. Quelle merveilleuse
5151
lleuse exploration pour qui sait respecter, après
l’
avoir établi, le contact avec le réel, contact de la pensée qui, s’il
5152
on pour qui sait respecter, après l’avoir établi,
le
contact avec le réel, contact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne
5153
respecter, après l’avoir établi, le contact avec
le
réel, contact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne pas du contact d
5154
l’avoir établi, le contact avec le réel, contact
de
la pensée qui, s’il ne s’accompagne pas du contact des sens, conduit
5155
avoir établi, le contact avec le réel, contact de
la
pensée qui, s’il ne s’accompagne pas du contact des sens, conduit à l
5156
e s’accompagne pas du contact des sens, conduit à
l’
insondable gouffre de l’abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu l’Am
5157
contact des sens, conduit à l’insondable gouffre
de
l’abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu l’Amérique. Il ne s’est p
5158
ntact des sens, conduit à l’insondable gouffre de
l’
abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu l’Amérique. Il ne s’est pas
5159
re de l’abstraction. M. de Rougemont, lui, a vécu
l’
Amérique. Il ne s’est pas borné à la survoler : il l’a pénétrée, il s’
5160
, lui, a vécu l’Amérique. Il ne s’est pas borné à
la
survoler : il l’a pénétrée, il s’est mêlé à elle, il s’est donné à so
5161
mérique. Il ne s’est pas borné à la survoler : il
l’
a pénétrée, il s’est mêlé à elle, il s’est donné à son expérience créa
5162
elle, il s’est donné à son expérience créatrice.
L’
auteur de Politique de la personne , de Penser avec les mains (quel
5163
s’est donné à son expérience créatrice. L’auteur
de
Politique de la personne , de Penser avec les mains (quel beau tit
5164
son expérience créatrice. L’auteur de Politique
de
la personne , de Penser avec les mains (quel beau titre, solide, pu
5165
n expérience créatrice. L’auteur de Politique de
la
personne , de Penser avec les mains (quel beau titre, solide, puiss
5166
réatrice. L’auteur de Politique de la personne ,
de
Penser avec les mains (quel beau titre, solide, puissant, élégant c
5167
nt, élégant comme une voile au vent), du Journal
d’
un intellectuel en chômage , de L’Amour et l’Occident , de tant d’aut
5168
vent), du Journal d’un intellectuel en chômage ,
de
L’Amour et l’Occident , de tant d’autres œuvres auxquelles sa person
5169
), du Journal d’un intellectuel en chômage , de
L’
Amour et l’Occident , de tant d’autres œuvres auxquelles sa personnali
5170
nal d’un intellectuel en chômage , de L’Amour et
l’
Occident , de tant d’autres œuvres auxquelles sa personnalité a imprim
5171
llectuel en chômage , de L’Amour et l’Occident ,
de
tant d’autres œuvres auxquelles sa personnalité a imprimé son sceau d
5172
es auxquelles sa personnalité a imprimé son sceau
de
vie, de foi et de vérité, doit être classé à l’opposé absolu de tout
5173
elles sa personnalité a imprimé son sceau de vie,
de
foi et de vérité, doit être classé à l’opposé absolu de tout ce qui p
5174
ersonnalité a imprimé son sceau de vie, de foi et
de
vérité, doit être classé à l’opposé absolu de tout ce qui porte en so
5175
u de vie, de foi et de vérité, doit être classé à
l’
opposé absolu de tout ce qui porte en soi le germe de la superficialit
5176
et de vérité, doit être classé à l’opposé absolu
de
tout ce qui porte en soi le germe de la superficialité. Et Dieu seul
5177
ssé à l’opposé absolu de tout ce qui porte en soi
le
germe de la superficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les
5178
pposé absolu de tout ce qui porte en soi le germe
de
la superficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les contours
5179
sé absolu de tout ce qui porte en soi le germe de
la
superficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner les contours de
5180
me de la superficialité. Et Dieu seul est capable
de
dessiner les contours de ce mot « superficiel », qui gouverne le mond
5181
erficialité. Et Dieu seul est capable de dessiner
les
contours de ce mot « superficiel », qui gouverne le monde ! Bien avan
5182
Et Dieu seul est capable de dessiner les contours
de
ce mot « superficiel », qui gouverne le monde ! Bien avant la sanglan
5183
contours de ce mot « superficiel », qui gouverne
le
monde ! Bien avant la sanglante tragédie, Denis de Rougemont, dans so
5184
superficiel », qui gouverne le monde ! Bien avant
la
sanglante tragédie, Denis de Rougemont, dans son Journal d’Allemagne
5185
e tragédie, Denis de Rougemont, dans son Journal
d’
Allemagne , définissait le national-socialisme, « phénomène à la fois
5186
mont, dans son Journal d’Allemagne , définissait
le
national-socialisme, « phénomène à la fois mythique et mystique ». N’
5187
érité aux nations qui s’apprêtaient joyeusement à
la
chute dans l’abîme : « Personne et pensée ne sont point séparables, e
5188
ons qui s’apprêtaient joyeusement à la chute dans
l’
abîme : « Personne et pensée ne sont point séparables, et toutes deux
5189
s deux ne sont possibles que dans cet acte unique
d’
obéissance qui s’appelle l’amour du prochain »…
5190
e dans cet acte unique d’obéissance qui s’appelle
l’
amour du prochain »…
5191
Histoire
de
singes ou deux secrets de l’Europe (16 mai 1946)v Jeune Amérique,
5192
Histoire de singes ou deux secrets
de
l’Europe (16 mai 1946)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie de
5193
Histoire de singes ou deux secrets de
l’
Europe (16 mai 1946)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie de l’a
5194
1946)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie
de
l’avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé du poids des tradi
5195
46)v Jeune Amérique, vieille Europe. Patrie de
l’
avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé du poids des traditio
5196
que, vieille Europe. Patrie de l’avenir et patrie
de
la mémoire. Dynamisme allégé du poids des traditions et querelles anc
5197
, vieille Europe. Patrie de l’avenir et patrie de
la
mémoire. Dynamisme allégé du poids des traditions et querelles ancest
5198
querelles ancestrales qui tournent en rond. C’est
la
rumeur du xxe siècle. Elle a cours en Europe au moins autant qu’aill
5199
moins autant qu’ailleurs. Elle risquerait parfois
de
nous frapper d’une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’
5200
ailleurs. Elle risquerait parfois de nous frapper
d’
une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’abandon aux prét
5201
le risquerait parfois de nous frapper d’une sorte
de
mélancolie sceptique et de nous tenter d’abandon aux prétendues fatal
5202
us frapper d’une sorte de mélancolie sceptique et
de
nous tenter d’abandon aux prétendues fatalités de l’Histoire. Mais il
5203
e sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter
d’
abandon aux prétendues fatalités de l’Histoire. Mais il n’est point de
5204
de nous tenter d’abandon aux prétendues fatalités
de
l’Histoire. Mais il n’est point de fatalité pour l’homme qui ne recul
5205
nous tenter d’abandon aux prétendues fatalités de
l’
Histoire. Mais il n’est point de fatalité pour l’homme qui ne recule p
5206
dues fatalités de l’Histoire. Mais il n’est point
de
fatalité pour l’homme qui ne recule pas devant sa liberté, et qui acc
5207
l’Histoire. Mais il n’est point de fatalité pour
l’
homme qui ne recule pas devant sa liberté, et qui accepte les risques
5208
i ne recule pas devant sa liberté, et qui accepte
les
risques de son choix. Laissons l’Histoire telle qu’on la simplifie en
5209
pas devant sa liberté, et qui accepte les risques
de
son choix. Laissons l’Histoire telle qu’on la simplifie en courbes as
5210
et qui accepte les risques de son choix. Laissons
l’
Histoire telle qu’on la simplifie en courbes ascendantes et descendant
5211
ues de son choix. Laissons l’Histoire telle qu’on
la
simplifie en courbes ascendantes et descendantes. Tout peut encore se
5212
cendantes. Tout peut encore se renverser, et plus
d’
une fois, dans les destins de collectivités aussi complexes que celles
5213
eut encore se renverser, et plus d’une fois, dans
les
destins de collectivités aussi complexes que celles que je viens de c
5214
e renverser, et plus d’une fois, dans les destins
de
collectivités aussi complexes que celles que je viens de citer. Je n’
5215
que je viens de citer. Je n’entends pas attaquer
les
jeunes puissances, ni faire l’apologie du vieillissement. Mais j’empr
5216
ends pas attaquer les jeunes puissances, ni faire
l’
apologie du vieillissement. Mais j’emprunterai à des recherches récent
5217
rches récentes deux résultats qui prennent figure
de
paraboles : ils me paraissent propres à nous persuader de la fécondit
5218
oles : ils me paraissent propres à nous persuader
de
la fécondité de certaines valeurs que l’Europe a promues patiemment e
5219
s : ils me paraissent propres à nous persuader de
la
fécondité de certaines valeurs que l’Europe a promues patiemment et q
5220
raissent propres à nous persuader de la fécondité
de
certaines valeurs que l’Europe a promues patiemment et qu’elle illust
5221
ersuader de la fécondité de certaines valeurs que
l’
Europe a promues patiemment et qu’elle illustre encore aux yeux du mon
5222
illustre encore aux yeux du monde. Je veux parler
de
la « mémoire » et de l’« expérience historique », qui est celle des é
5223
ustre encore aux yeux du monde. Je veux parler de
la
« mémoire » et de l’« expérience historique », qui est celle des épre
5224
eux du monde. Je veux parler de la « mémoire » et
de
l’« expérience historique », qui est celle des épreuves et des échecs
5225
du monde. Je veux parler de la « mémoire » et de
l’
« expérience historique », qui est celle des épreuves et des échecs. L
5226
ique », qui est celle des épreuves et des échecs.
L’
étude des singes et de leur attristante psychologie nous révèle que ce
5227
des épreuves et des échecs. L’étude des singes et
de
leur attristante psychologie nous révèle que ces faux ancêtres ne son
5228
que ces faux ancêtres ne sont guère inférieurs à
l’
homme sous le rapport de l’intelligence ! Leur malheur est qu’ils n’on
5229
ont guère inférieurs à l’homme sous le rapport de
l’
intelligence ! Leur malheur est qu’ils n’ont aucune mémoire. Ils se vo
5230
ucune mémoire. Ils se voient obligés chaque matin
de
reconstruire leur monde, de l’apprendre à nouveau et de réinventer le
5231
obligés chaque matin de reconstruire leur monde,
de
l’apprendre à nouveau et de réinventer les gestes élémentaires. Ce tr
5232
ligés chaque matin de reconstruire leur monde, de
l’
apprendre à nouveau et de réinventer les gestes élémentaires. Ce trava
5233
onstruire leur monde, de l’apprendre à nouveau et
de
réinventer les gestes élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise
5234
monde, de l’apprendre à nouveau et de réinventer
les
gestes élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise et les condamne
5235
de réinventer les gestes élémentaires. Ce travail
de
Sisyphe les épuise et les condamne à rester singes. Il les réduit à i
5236
er les gestes élémentaires. Ce travail de Sisyphe
les
épuise et les condamne à rester singes. Il les réduit à imiter, là où
5237
élémentaires. Ce travail de Sisyphe les épuise et
les
condamne à rester singes. Il les réduit à imiter, là où nous sommes c
5238
he les épuise et les condamne à rester singes. Il
les
réduit à imiter, là où nous sommes capables d’innover en tirant les l
5239
l les réduit à imiter, là où nous sommes capables
d’
innover en tirant les leçons d’expériences de la veille. Singe est cel
5240
r, là où nous sommes capables d’innover en tirant
les
leçons d’expériences de la veille. Singe est celui qui doit refaire c
5241
us sommes capables d’innover en tirant les leçons
d’
expériences de la veille. Singe est celui qui doit refaire chaque jour
5242
bles d’innover en tirant les leçons d’expériences
de
la veille. Singe est celui qui doit refaire chaque jour le chemin per
5243
s d’innover en tirant les leçons d’expériences de
la
veille. Singe est celui qui doit refaire chaque jour le chemin perdu
5244
lle. Singe est celui qui doit refaire chaque jour
le
chemin perdu pendant la nuit, faute de repères, faute d’un passé viva
5245
doit refaire chaque jour le chemin perdu pendant
la
nuit, faute de repères, faute d’un passé vivant, et faute de traditio
5246
in perdu pendant la nuit, faute de repères, faute
d’
un passé vivant, et faute de traditions instrumentales. Il s’imagine q
5247
magine qu’il invente sans cesse. Il ne croit qu’à
l’
actualité, aux nouvelles toutes chaudes, à la dernière tactique, et ne
5248
es, à la dernière tactique, et ne fait que singer
d’
antiques découvertes. À propos de ces mêmes créatures, une expérience
5249
parabole du siècle. Cela se passe on Russie, dans
l’
école de Pavlov, auteur de célèbres travaux sur les réflexes condition
5250
du siècle. Cela se passe on Russie, dans l’école
de
Pavlov, auteur de célèbres travaux sur les réflexes conditionnés des
5251
e passe on Russie, dans l’école de Pavlov, auteur
de
célèbres travaux sur les réflexes conditionnés des chiens. Ses discip
5252
l’école de Pavlov, auteur de célèbres travaux sur
les
réflexes conditionnés des chiens. Ses disciples ont passé des chiens
5253
sé des chiens aux singes. On prend dix singes, on
les
range dans une chambre, le long d’une des parois. À l’autre extrémité
5254
prend dix singes, on les range dans une chambre,
le
long d’une des parois. À l’autre extrémité de la pièce se dresse un g
5255
ix singes, on les range dans une chambre, le long
d’
une des parois. À l’autre extrémité de la pièce se dresse un grand meu
5256
re, le long d’une des parois. À l’autre extrémité
de
la pièce se dresse un grand meuble à tiroirs. Dans les tiroirs on a m
5257
le long d’une des parois. À l’autre extrémité de
la
pièce se dresse un grand meuble à tiroirs. Dans les tiroirs on a mis
5258
a pièce se dresse un grand meuble à tiroirs. Dans
les
tiroirs on a mis des bananes. Sur un signal donné par une sirène, les
5259
des bananes. Sur un signal donné par une sirène,
les
singes sont lâchés dans la chambre. Ils découvrent bientôt les tiroir
5260
donné par une sirène, les singes sont lâchés dans
la
chambre. Ils découvrent bientôt les tiroirs, ils les ouvrent et dévor
5261
nt lâchés dans la chambre. Ils découvrent bientôt
les
tiroirs, ils les ouvrent et dévorent les bananes. On répète le manège
5262
chambre. Ils découvrent bientôt les tiroirs, ils
les
ouvrent et dévorent les bananes. On répète le manège un grand nombre
5263
bientôt les tiroirs, ils les ouvrent et dévorent
les
bananes. On répète le manège un grand nombre de fois, pour habituer l
5264
ls les ouvrent et dévorent les bananes. On répète
le
manège un grand nombre de fois, pour habituer les animaux à courir ve
5265
les bananes. On répète le manège un grand nombre
de
fois, pour habituer les animaux à courir vers le meuble au signal. Ap
5266
le manège un grand nombre de fois, pour habituer
les
animaux à courir vers le meuble au signal. Après un certain temps d’i
5267
de fois, pour habituer les animaux à courir vers
le
meuble au signal. Après un certain temps d’interruption, on ramène le
5268
vers le meuble au signal. Après un certain temps
d’
interruption, on ramène les sujets dans la même chambre. La sirène hur
5269
Après un certain temps d’interruption, on ramène
les
sujets dans la même chambre. La sirène hurle, les singes se précipite
5270
n temps d’interruption, on ramène les sujets dans
la
même chambre. La sirène hurle, les singes se précipitent, arrachent l
5271
ption, on ramène les sujets dans la même chambre.
La
sirène hurle, les singes se précipitent, arrachent les tiroirs — et l
5272
les sujets dans la même chambre. La sirène hurle,
les
singes se précipitent, arrachent les tiroirs — et les trouvent vides.
5273
irène hurle, les singes se précipitent, arrachent
les
tiroirs — et les trouvent vides. La plupart de ces animaux montrent a
5274
singes se précipitent, arrachent les tiroirs — et
les
trouvent vides. La plupart de ces animaux montrent alors les signes e
5275
t vides. La plupart de ces animaux montrent alors
les
signes extérieurs de la crise de nerfs, du « nervous break down » le
5276
ces animaux montrent alors les signes extérieurs
de
la crise de nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’
5277
s animaux montrent alors les signes extérieurs de
la
crise de nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’Eur
5278
montrent alors les signes extérieurs de la crise
de
nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’Européen, qu
5279
s de la crise de nerfs, du « nervous break down »
le
plus caractérisé ! L’Européen, que vingt siècles d’histoire accoutumè
5280
, du « nervous break down » le plus caractérisé !
L’
Européen, que vingt siècles d’histoire accoutumèrent à trouver le tiro
5281
plus caractérisé ! L’Européen, que vingt siècles
d’
histoire accoutumèrent à trouver le tiroir vide neuf fois sur dix, réa
5282
vingt siècles d’histoire accoutumèrent à trouver
le
tiroir vide neuf fois sur dix, réagit d’une toute autre manière. Il v
5283
trouver le tiroir vide neuf fois sur dix, réagit
d’
une toute autre manière. Il vient de le prouver pendant six ans. Il se
5284
ix, réagit d’une toute autre manière. Il vient de
le
prouver pendant six ans. Il se souvient — non pas de ces épreuves-là
5285
prouver pendant six ans. Il se souvient — non pas
de
ces épreuves-là précisément, car on n’avait jamais rien vu de pareil
5286
ves-là précisément, car on n’avait jamais rien vu
de
pareil — mais de quelque chose de plus profond, qui définit la condit
5287
t, car on n’avait jamais rien vu de pareil — mais
de
quelque chose de plus profond, qui définit la condition humaine. S’ag
5288
ais de quelque chose de plus profond, qui définit
la
condition humaine. S’agirait-il d’une sorte de méfiance ? Disons plut
5289
d, qui définit la condition humaine. S’agirait-il
d’
une sorte de méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété devant le destin.
5290
it la condition humaine. S’agirait-il d’une sorte
de
méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété devant le destin. Il se souvi
5291
girait-il d’une sorte de méfiance ? Disons plutôt
d’
une sobriété devant le destin. Il se souvient que tout peut arriver, m
5292
de méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété devant
le
destin. Il se souvient que tout peut arriver, même le pire. Il presse
5293
estin. Il se souvient que tout peut arriver, même
le
pire. Il pressent que le sort, la science, le monde moderne et sa pro
5294
tout peut arriver, même le pire. Il pressent que
le
sort, la science, le monde moderne et sa prospérité ne sont pas les g
5295
t arriver, même le pire. Il pressent que le sort,
la
science, le monde moderne et sa prospérité ne sont pas les garants in
5296
ême le pire. Il pressent que le sort, la science,
le
monde moderne et sa prospérité ne sont pas les garants infaillibles d
5297
ce, le monde moderne et sa prospérité ne sont pas
les
garants infaillibles d’un bonheur qui lui serait dû. L’échec pour lui
5298
a prospérité ne sont pas les garants infaillibles
d’
un bonheur qui lui serait dû. L’échec pour lui — guerre, privations, r
5299
ants infaillibles d’un bonheur qui lui serait dû.
L’
échec pour lui — guerre, privations, retards — n’est pas une déception
5300
’est pas une déception totalement scandaleuse qui
le
laisserait tout béant sur l’absurde, car une obscure sagesse en lui s
5301
ment scandaleuse qui le laisserait tout béant sur
l’
absurde, car une obscure sagesse en lui s’y attendait ; elle le tenait
5302
r une obscure sagesse en lui s’y attendait ; elle
le
tenait prêt à subir en souplesse les mécomptes, à vrai dire normaux,
5303
endait ; elle le tenait prêt à subir en souplesse
les
mécomptes, à vrai dire normaux, de l’optimisme automatique conditionn
5304
en souplesse les mécomptes, à vrai dire normaux,
de
l’optimisme automatique conditionné par la publicité et les sirènes d
5305
souplesse les mécomptes, à vrai dire normaux, de
l’
optimisme automatique conditionné par la publicité et les sirènes du p
5306
rmaux, de l’optimisme automatique conditionné par
la
publicité et les sirènes du progrès. Et c’est pourquoi il tiendra le
5307
misme automatique conditionné par la publicité et
les
sirènes du progrès. Et c’est pourquoi il tiendra le coup. v. Rouge
5308
sirènes du progrès. Et c’est pourquoi il tiendra
le
coup. v. Rougemont Denis de, « Histoire de singes ou deux secrets
5309
ourquoi il tiendra le coup. v. Rougemont Denis
de
, « Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe », Servir, Lausanne
5310
dra le coup. v. Rougemont Denis de, « Histoire
de
singes ou deux secrets de l’Europe », Servir, Lausanne, 16 mai 1946,
5311
nt Denis de, « Histoire de singes ou deux secrets
de
l’Europe », Servir, Lausanne, 16 mai 1946, p. 1.
5312
Denis de, « Histoire de singes ou deux secrets de
l’
Europe », Servir, Lausanne, 16 mai 1946, p. 1.
5313
La
pensée planétaire (30 mai 1946)y Le xxe siècle est en train de dé
5314
La pensée planétaire (30 mai 1946)y
Le
xxe siècle est en train de découvrir ce qu’on savait depuis un certa
5315
on n’avait jamais très bien compris, à savoir que
la
terre est ronde. D’où il résulte, entre autres conséquences, que si v
5316
ès bien compris, à savoir que la terre est ronde.
D’
où il résulte, entre autres conséquences, que si vous tirez devant vou
5317
vous avec une arme assez puissante vous recevrez
le
projectile dans le dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelq
5318
assez puissante vous recevrez le projectile dans
le
dos, au prochain tour. Cette figure signifie quelque chose d’importan
5319
rochain tour. Cette figure signifie quelque chose
d’
important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous
5320
gnifie quelque chose d’important : c’est que tout
le
mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairem
5321
a bientôt nécessairement, si nos moyens passent à
l’
échelle planétaire. La flèche servait à la guerre des villages ; le fu
5322
nt, si nos moyens passent à l’échelle planétaire.
La
flèche servait à la guerre des villages ; le fusil à la guerre des pr
5323
ssent à l’échelle planétaire. La flèche servait à
la
guerre des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à
5324
ire. La flèche servait à la guerre des villages ;
le
fusil à la guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ;
5325
che servait à la guerre des villages ; le fusil à
la
guerre des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion
5326
s villages ; le fusil à la guerre des provinces ;
le
canon à la guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents
5327
; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à
la
guerre des nations ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la
5328
provinces ; le canon à la guerre des nations ; et
l’
avion à la guerre des continents. Voici la Bombe. À quoi servira-t-ell
5329
; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à
la
guerre des continents. Voici la Bombe. À quoi servira-t-elle ? À la g
5330
ns ; et l’avion à la guerre des continents. Voici
la
Bombe. À quoi servira-t-elle ? À la guerre planétaire, c’est-à-dire à
5331
inents. Voici la Bombe. À quoi servira-t-elle ? À
la
guerre planétaire, c’est-à-dire à une guerre qui nous atteint tous, e
5332
ous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes.
Les
dimensions de la communauté normale, pour une époque donnée, me parai
5333
s ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions
de
la communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir
5334
e faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de
la
communauté normale, pour une époque donnée, me paraissent pouvoir êtr
5335
que donnée, me paraissent pouvoir être mesurées à
la
portée des armes connues dans cette époque. (Vous avez ici les prémic
5336
s armes connues dans cette époque. (Vous avez ici
les
prémices d’une théorie sociologique flambant neuve !) À l’arme planét
5337
es dans cette époque. (Vous avez ici les prémices
d’
une théorie sociologique flambant neuve !) À l’arme planétaire corresp
5338
es d’une théorie sociologique flambant neuve !) À
l’
arme planétaire correspond donc une communauté universelle, qui relègu
5339
pond donc une communauté universelle, qui relègue
les
nations au rang de simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques
5340
auté universelle, qui relègue les nations au rang
de
simples provinces. Laissez-vous entraîner quelques instants dans ce j
5341
ues instants dans ce jeu gravitant des symboles :
la
Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée p
5342
ts dans ce jeu gravitant des symboles : la Terre,
le
Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et
5343
jeu gravitant des symboles : la Terre, le Globe,
la
Boule, la Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout te
5344
tant des symboles : la Terre, le Globe, la Boule,
la
Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme
5345
symboles : la Terre, le Globe, la Boule, la Tête,
la
Bombe, et l’Unité considérée partout et de tout temps comme objet ron
5346
Terre, le Globe, la Boule, la Tête, la Bombe, et
l’
Unité considérée partout et de tout temps comme objet rond, pomme, sph
5347
Tête, la Bombe, et l’Unité considérée partout et
de
tout temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce so
5348
temps comme objet rond, pomme, sphère ou sceptre
d’
or, que ce soit l’Univers ou l’Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se
5349
rond, pomme, sphère ou sceptre d’or, que ce soit
l’
Univers ou l’Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le micr
5350
sphère ou sceptre d’or, que ce soit l’Univers ou
l’
Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond
5351
ceptre d’or, que ce soit l’Univers ou l’Empire ou
l’
Atome. Ici les extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocos
5352
que ce soit l’Univers ou l’Empire ou l’Atome. Ici
les
extrêmes se reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre s
5353
Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes se reflètent.
Le
microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive à digérer et
5354
il aura fait une révolution bien plus grande que
la
Renaissance. Il semble que la dernière guerre a beaucoup fait pour év
5355
ernière guerre a beaucoup fait pour éveiller dans
les
nations le sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette pl
5356
re a beaucoup fait pour éveiller dans les nations
le
sentiment de leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie
5357
fait pour éveiller dans les nations le sentiment
de
leur relativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonnie
5358
dans les nations le sentiment de leur relativité.
La
guerre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montm
5359
ations le sentiment de leur relativité. La guerre
de
Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, int
5360
elativité. La guerre de Chine, cette plaisanterie
de
chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, direc
5361
hine, cette plaisanterie de chansonniers du temps
de
Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie courante d
5362
ntmartre, intéressa pendant dix ans, directement,
la
vie courante des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de l’A
5363
des habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et
de
l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en sub
5364
habitants des Amériques Nord, Centre, Sud, et de
l’
Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit
5365
ues Nord, Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire
la
moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins dire
5366
a moitié du genre humain. L’autre moitié en subit
les
effets moins directs, mais pourtant notables : les Français eussent m
5367
es effets moins directs, mais pourtant notables :
les
Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si les cargos alliés n
5368
Français eussent mieux mangé, en 1944 et 1945, si
les
cargos alliés n’avaient pas été trop occupés dans le Pacifique. Les A
5369
cargos alliés n’avaient pas été trop occupés dans
le
Pacifique. Les Anglais eussent peut-être voté différemment. La solida
5370
n’avaient pas été trop occupés dans le Pacifique.
Les
Anglais eussent peut-être voté différemment. La solidarité pratique d
5371
Les Anglais eussent peut-être voté différemment.
La
solidarité pratique des différentes parties du globe est un fait dure
5372
matérielle. Avant qu’elle puisse devenir un fait
de
droit, il nous faudra probablement passer par une étape intermédiaire
5373
ermédiaire, qui est celle du fait psychologique :
la
formation d’une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas d
5374
ui est celle du fait psychologique : la formation
d’
une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous
5375
nscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas
de
doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existenc
5376
fides ou flatteuses qui perdent pointe et sens si
l’
on se déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien
5377
l’on se déplace un peu, disons à quelques heures
d’
avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les problèmes nationaux
5378
, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien
de
traduire une langue : les problèmes nationaux restent intraduisibles
5379
s d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue :
les
problèmes nationaux restent intraduisibles pour qui ne peut y aller v
5380
mission ne se promène pas, ne voit rien, n’a pas
de
temps à perdre. C’est un raid. Nous n’apprendrons rien. Cependant qu’
5381
ous n’apprendrons rien. Cependant qu’un beau jour
le
paysan normand et le boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leur
5382
n. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et
le
boutiquier de Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que l
5383
u’un beau jour le paysan normand et le boutiquier
de
Lyon ne pourront plus boucler leurs comptes parce que les Noirs se se
5384
ne pourront plus boucler leurs comptes parce que
les
Noirs se seront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mine
5385
ront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et
les
mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, p
5386
; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus
de
viande pendant des mois, parce que les péons d’Argentine se seront en
5387
auront plus de viande pendant des mois, parce que
les
péons d’Argentine se seront enfin organisés contre les grands « estan
5388
s de viande pendant des mois, parce que les péons
d’
Argentine se seront enfin organisés contre les grands « estancieros ».
5389
éons d’Argentine se seront enfin organisés contre
les
grands « estancieros ». Vous pourrez toujours essayer d’expliquer aux
5390
ds « estancieros ». Vous pourrez toujours essayer
d’
expliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas la faute des déput
5391
pourrez toujours essayer d’expliquer aux victimes
de
la crise que ce n’est pas la faute des députés ni de l’« hypocrisie a
5392
rrez toujours essayer d’expliquer aux victimes de
la
crise que ce n’est pas la faute des députés ni de l’« hypocrisie amér
5393
pliquer aux victimes de la crise que ce n’est pas
la
faute des députés ni de l’« hypocrisie américaine »… Que faire ? Tout
5394
la crise que ce n’est pas la faute des députés ni
de
l’« hypocrisie américaine »… Que faire ? Tout le monde ne peut pas to
5395
crise que ce n’est pas la faute des députés ni de
l’
« hypocrisie américaine »… Que faire ? Tout le monde ne peut pas tout
5396
out savoir, encore moins tout voir et comprendre.
Les
problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent p
5397
core moins tout voir et comprendre. Les problèmes
les
plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terre
5398
et comprendre. Les problèmes les plus angoissants
de
nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psyc
5399
problèmes les plus angoissants de nos compagnons
de
planète restent pour nous terres inconnues, et psychologiquement inex
5400
ent inexplorées. « Hic sunt leones » inscrivaient
les
géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’
5401
s » inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans
les
grandes marges de leurs cartes de l’Europe, « ici vivent les lions ».
5402
s géographes du Moyen Âge dans les grandes marges
de
leurs cartes de l’Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous
5403
Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes
de
l’Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous sommes destinés
5404
en Âge dans les grandes marges de leurs cartes de
l’
Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous sommes destinés à d
5405
marges de leurs cartes de l’Europe, « ici vivent
les
lions ». Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ces
5406
ient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas
de
Persans pour se demander : Comment peut-on être Français ?) Je parlai
5407
der : Comment peut-on être Français ?) Je parlais
d’
une conscience planétaire. C’est sa nécessité qu’il faut d’abord senti
5408
cessité qu’il faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt
la
presse, et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, s
5409
faut d’abord sentir. Et qu’aussitôt la presse, et
la
radio, le cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges
5410
rd sentir. Et qu’aussitôt la presse, et la radio,
le
cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous de larges rubriques
5411
ussitôt la presse, et la radio, le cinéma surtout
l’
éveillent et la propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’
5412
se, et la radio, le cinéma surtout l’éveillent et
la
propagent, sous de larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est p
5413
cinéma surtout l’éveillent et la propagent, sous
de
larges rubriques créant un appel d’air. Ce n’est pas une question d’i
5414
opagent, sous de larges rubriques créant un appel
d’
air. Ce n’est pas une question d’information d’abord, qu’on m’entende
5415
créant un appel d’air. Ce n’est pas une question
d’
information d’abord, qu’on m’entende bien, mais de sens, de vision, d’
5416
d’information d’abord, qu’on m’entende bien, mais
de
sens, de vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais
5417
tion d’abord, qu’on m’entende bien, mais de sens,
de
vision, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d
5418
d, qu’on m’entende bien, mais de sens, de vision,
d’
ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une
5419
ntende bien, mais de sens, de vision, d’ouverture
de
l’esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de
5420
nde bien, mais de sens, de vision, d’ouverture de
l’
esprit… Forçant à peine, je dirais : c’est d’abord une question de poé
5421
t à peine, je dirais : c’est d’abord une question
de
poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous les écrivains français, ceux
5422
estion de poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous
les
écrivains français, ceux que je vois manifester le sentiment le plus
5423
s écrivains français, ceux que je vois manifester
le
sentiment le plus direct et le plus contagieux de la planète sont pré
5424
rançais, ceux que je vois manifester le sentiment
le
plus direct et le plus contagieux de la planète sont précisément deux
5425
je vois manifester le sentiment le plus direct et
le
plus contagieux de la planète sont précisément deux poètes : le Saint
5426
le sentiment le plus direct et le plus contagieux
de
la planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’An
5427
sentiment le plus direct et le plus contagieux de
la
planète sont précisément deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anaba
5428
ieux de la planète sont précisément deux poètes :
le
Saint-John Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre gr
5429
deux poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et
de
l’Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur
5430
x poètes : le Saint-John Perse de l’Anabase et de
l’
Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur pro
5431
rose et dans leurs longs versets, quel qu’en soit
le
sujet allégué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé
5432
gué, nous avons pour la première fois senti, sous
le
drapé d’un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, l
5433
avons pour la première fois senti, sous le drapé
d’
un français riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie, le cœur vi
5434
sous le drapé d’un français riche et pur, battre
le
pouls mesuré de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de
5435
’un français riche et pur, battre le pouls mesuré
de
l’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur
5436
français riche et pur, battre le pouls mesuré de
l’
Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur de
5437
s riche et pur, battre le pouls mesuré de l’Asie,
le
cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur de Boule q
5438
’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire
de
ce grand joueur de Boule que fut « Saint-Ex »13, le premier qui me pa
5439
ent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur
de
Boule que fut « Saint-Ex »13, le premier qui me parla de la Planète c
5440
e que fut « Saint-Ex »13, le premier qui me parla
de
la Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime ? Sinon qu’il
5441
ue fut « Saint-Ex »13, le premier qui me parla de
la
Planète comme d’un amour et d’une souffrance intime ? Sinon qu’il fut
5442
»13, le premier qui me parla de la Planète comme
d’
un amour et d’une souffrance intime ? Sinon qu’il fut lui aussi un poè
5443
er qui me parla de la Planète comme d’un amour et
d’
une souffrance intime ? Sinon qu’il fut lui aussi un poète, en prose e
5444
action, en vision créatrice. 13. Saint-Exupéry,
l’
auteur de Vol de Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de,
5445
n vision créatrice. 13. Saint-Exupéry, l’auteur
de
Vol de Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, « La pen
5446
n créatrice. 13. Saint-Exupéry, l’auteur de Vol
de
Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, « La pensée pla
5447
. 13. Saint-Exupéry, l’auteur de Vol de Nuit et
de
Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, « La pensée planétaire »,
5448
Nuit et de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis
de
, « La pensée planétaire », Servir, Lausanne, 30 mai 1946, p. 1.
5449
t de Terre des Hommes. y. Rougemont Denis de, «
La
pensée planétaire », Servir, Lausanne, 30 mai 1946, p. 1.
5450
La
fin du monde (juin 1946)aa Æternitas non est temporis successio s
5451
uccessio sine fine, sed nunc stans. Parmi toutes
les
libertés que la pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condit
5452
e, sed nunc stans. Parmi toutes les libertés que
la
pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condition, elle imagin
5453
rtés que la pensée se donne lorsque, se dégageant
de
notre condition, elle imagine des idées qui détruisent l’homme, l’on
5454
condition, elle imagine des idées qui détruisent
l’
homme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l
5455
n, elle imagine des idées qui détruisent l’homme,
l’
on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de
5456
qui détruisent l’homme, l’on rencontre sans trop
d’
effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette i
5457
uisent l’homme, l’on rencontre sans trop d’effroi
l’
idée de l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détr
5458
l’homme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée
de
l’homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l
5459
omme, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de
l’
homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’id
5460
re sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ;
l’
idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qu
5461
trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée
de
l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qui pense
5462
op d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de
l’
homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qui pensez,
5463
l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ;
l’
idée que vous, et qui pensez, un jour ne serez plus, un jour serez un
5464
serez un mort. Si « macabre » désigne assez bien
l’
étrangeté de la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire
5465
rt. Si « macabre » désigne assez bien l’étrangeté
de
la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre
5466
Si « macabre » désigne assez bien l’étrangeté de
la
mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre mo
5467
des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire
de
sa propre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditati
5468
e saurait en aucun cas se dire de sa propre mort,
de
la mienne. Et non plus, à mon sens, de la méditation que je poursuis
5469
opre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens,
de
la méditation que je poursuis entre ces phrases, dans cette matinée b
5470
e mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de
la
méditation que je poursuis entre ces phrases, dans cette matinée blan
5471
’arrête avant midi, pour moi ? Je ne sens pas que
l’
idée soit tragique : elle m’appartient, je puis en disposer, feindre a
5472
nt, je puis en disposer, feindre assez facilement
d’
en rire. Elle n’est pas plus forte que moi. Peut-être même n’est-elle
5473
moi. Peut-être même n’est-elle qu’une ruse cousue
de
fil blanc de ma vitalité : la seule pensée que mon souffle puisse, da
5474
e même n’est-elle qu’une ruse cousue de fil blanc
de
ma vitalité : la seule pensée que mon souffle puisse, dans quelques i
5475
qu’une ruse cousue de fil blanc de ma vitalité :
la
seule pensée que mon souffle puisse, dans quelques instants, s’arrête
5476
oisse — nous y pensons bien plus que nous n’osons
le
croire, sans doute ne pensons-nous qu’à elle — mais nous n’avons jama
5477
er notre mort. Contester là-dessus serait fournir
l’
aveu d’une impuissance à comprendre le mot penser dans son sens fort.
5478
e mort. Contester là-dessus serait fournir l’aveu
d’
une impuissance à comprendre le mot penser dans son sens fort. Car pen
5479
ait fournir l’aveu d’une impuissance à comprendre
le
mot penser dans son sens fort. Car penser sa mort réellement, ce sera
5480
e serait aussitôt mourir. Peut-être avons-nous là
le
seul critère d’une perfection intellectuelle, et l’on conçoit que son
5481
t mourir. Peut-être avons-nous là le seul critère
d’
une perfection intellectuelle, et l’on conçoit que son application ne
5482
seul critère d’une perfection intellectuelle, et
l’
on conçoit que son application ne puisse être ni rapportée ni répétée.
5483
t tragiques, c’est-à-dire sans appel. Ontologie
de
la fin Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle si
5484
ragiques, c’est-à-dire sans appel. Ontologie de
la
fin Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle situa
5485
gie de la fin Pour que nous apparaisse parfois
l’
étrangeté d’une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’
5486
n Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté
d’
une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’une instance
5487
aisse parfois l’étrangeté d’une telle situation —
la
nôtre à tous — ne faut-il pas qu’une instance mystérieuse aimante not
5488
e mystérieuse aimante notre méditation et qu’elle
la
fixe sur cela que le naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si
5489
notre méditation et qu’elle la fixe sur cela que
le
naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si nous restons impuissa
5490
nous restons impuissants à penser notre mort dans
le
vif, ce phénomène doit normalement être aperçu comme négligeable ; et
5491
aperçu comme négligeable ; et s’y attarder serait
le
fait d’une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à l’utopie deva
5492
omme négligeable ; et s’y attarder serait le fait
d’
une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à l’utopie devant ma mo
5493
’une sophistique assez gratuite. Ma nature crie à
l’
utopie devant ma mort. De là vient que l’humanité, dans son ensemble,
5494
atuite. Ma nature crie à l’utopie devant ma mort.
De
là vient que l’humanité, dans son ensemble, résiste instinctivement à
5495
e crie à l’utopie devant ma mort. De là vient que
l’
humanité, dans son ensemble, résiste instinctivement à la pensée de la
5496
ité, dans son ensemble, résiste instinctivement à
la
pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bie
5497
son ensemble, résiste instinctivement à la pensée
de
la Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’
5498
ensemble, résiste instinctivement à la pensée de
la
Fin, refuse de toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’app
5499
ste instinctivement à la pensée de la Fin, refuse
de
toutes ses forces de la « réaliser », bien plus, s’applique à la disq
5500
la pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces
de
la « réaliser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre
5501
pensée de la Fin, refuse de toutes ses forces de
la
« réaliser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à la rendre ab
5502
orces de la « réaliser », bien plus, s’applique à
la
disqualifier, à la rendre abstraite et lointaine, à la chasser à tout
5503
ser », bien plus, s’applique à la disqualifier, à
la
rendre abstraite et lointaine, à la chasser à tout jamais dans un fut
5504
squalifier, à la rendre abstraite et lointaine, à
la
chasser à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi
5505
asser à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi
de
l’homme, ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l
5506
er à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de
l’
homme, ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’ho
5507
s dans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi
de
l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’homme meurt. Pour
5508
ans un futur indéfini. Ainsi de l’homme, ainsi de
l’
humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’homme meurt. Pourquo
5509
l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire,
l’
homme meurt. Pourquoi suis-je donc ici à remuer ces choses ? Il est vr
5510
ici à remuer ces choses ? Il est vrai que ce sont
les
seules dont l’intérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le t
5511
choses ? Il est vrai que ce sont les seules dont
l’
intérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que le temps va toujour
5512
ce sont les seules dont l’intérêt grandisse avec
le
temps, si l’on admet que le temps va toujours dans le même sens : ver
5513
seules dont l’intérêt grandisse avec le temps, si
l’
on admet que le temps va toujours dans le même sens : vers sa fin. Mai
5514
ntérêt grandisse avec le temps, si l’on admet que
le
temps va toujours dans le même sens : vers sa fin. Mais c’est une mau
5515
emps, si l’on admet que le temps va toujours dans
le
même sens : vers sa fin. Mais c’est une mauvaise raison. Depuis qu’il
5516
aise raison. Depuis qu’il court ainsi, mesuré par
les
saisons régulières, le temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous av
5517
l court ainsi, mesuré par les saisons régulières,
le
temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’
5518
mps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit
de
son but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et d
5519
bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si
l’
homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et de sa liberté, s
5520
on but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est
de
son destin et de sa liberté, s’il voyait à l’œil nu, leur sens dernie
5521
e savait un jour ce qu’il en est de son destin et
de
sa liberté, s’il voyait à l’œil nu, leur sens dernier et l’enjeu véri
5522
est de son destin et de sa liberté, s’il voyait à
l’
œil nu, leur sens dernier et l’enjeu véritable de ses choix, à qui rev
5523
rté, s’il voyait à l’œil nu, leur sens dernier et
l’
enjeu véritable de ses choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ?
5524
l’œil nu, leur sens dernier et l’enjeu véritable
de
ses choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste o
5525
l’enjeu véritable de ses choix, à qui reviendrait
l’
empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne ra
5526
éritable de ses choix, à qui reviendrait l’empire
de
ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne raillerait
5527
choix, à qui reviendrait l’empire de ce monde ? À
l’
Ecclésiaste ou au Jeune Homme ? Le sage ne raillerait pas avec moins d
5528
de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme ?
Le
sage ne raillerait pas avec moins d’envie le débauché, dont il faudra
5529
eune Homme ? Le sage ne raillerait pas avec moins
d’
envie le débauché, dont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée,
5530
me ? Le sage ne raillerait pas avec moins d’envie
le
débauché, dont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée, l’impuis
5531
vie le débauché, dont il faudrait encore plaindre
l’
arrière-pensée, l’impuissance à choisir sans retour. Vivre est impur,
5532
ont il faudrait encore plaindre l’arrière-pensée,
l’
impuissance à choisir sans retour. Vivre est impur, qu’on sache ou non
5533
retour. Vivre est impur, qu’on sache ou non où va
la
vie, et c’est pourquoi les bonnes raisons n’expliquent pas notre réal
5534
u’on sache ou non où va la vie, et c’est pourquoi
les
bonnes raisons n’expliquent pas notre réalité, mais seulement ce qui
5535
pliquent pas notre réalité, mais seulement ce qui
la
condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du mond
5536
éalité, mais seulement ce qui la condamne. Ainsi,
la
pensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; to
5537
is seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée
de
la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’
5538
seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de
la
Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’eff
5539
ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fin a
les
meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier
5540
ensée de la Fin a les meilleures raisons du monde
d’
être pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutralise. D’
5541
leures raisons du monde d’être pensée ; toutefois
l’
effort entier de notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise
5542
u monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier
de
notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience,
5543
e pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie
la
neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience, d’une menace,
5544
efois l’effort entier de notre vie la neutralise.
D’
où vient alors cette prise de conscience, d’une menace, mais aussi de
5545
lise. D’où vient alors cette prise de conscience,
d’
une menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve l’homme à penser c
5546
tte prise de conscience, d’une menace, mais aussi
de
l’incapacité où se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ? D’où
5547
prise de conscience, d’une menace, mais aussi de
l’
incapacité où se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ? D’où vi
5548
e menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve
l’
homme à penser concrètement sa fin ? D’où vient qu’imperceptible encor
5549
se trouve l’homme à penser concrètement sa fin ?
D’
où vient qu’imperceptible encore au plus grand nombre, à tous les lett
5550
imperceptible encore au plus grand nombre, à tous
les
lettrés sans esprit, la pensée de la catastrophe s’acclimate lentemen
5551
lus grand nombre, à tous les lettrés sans esprit,
la
pensée de la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sin
5552
nombre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée
de
la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la F
5553
bre, à tous les lettrés sans esprit, la pensée de
la
catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin
5554
la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous ?
D’
où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a
5555
he s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon
de
la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’éc
5556
s’acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de
la
Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’écrir
5557
’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon
de
la Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui pourrait suspendr
5558
, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de
la
Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui pourrait suspendre i
5559
nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé
d’
écrire ces pages et qui pourrait suspendre ici ma phrase, me jetant da
5560
, me jetant dans mon jugement ? S’il nous vient à
l’
idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est l
5561
tant dans mon jugement ? S’il nous vient à l’idée
de
penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise
5562
l nous vient à l’idée de penser notre mort, c’est
la
Mort en nous qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous ave
5563
e mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est
la
Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste. La
5564
e, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit
de
la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en
5565
c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de
la
Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en so
5566
ise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et
l’
atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu
5567
ffleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste.
La
crise Le Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu’aux yeux de c
5568
s avertit de la Fin, et l’atteste. La crise
Le
Bas-Empire ne fut « bas », en son temps, qu’aux yeux de ceux qu’une r
5569
de ceux qu’une réalité nouvelle illuminait. Sans
la
vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mai
5570
éalité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire
de
la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle en
5571
ité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire de
la
mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encor
5572
inait. Sans la vie, que dire de la mort ? Et sans
la
Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nou
5573
e, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire
de
la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là comme
5574
que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de
la
durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là comme en
5575
ent. Nous sommes là comme en rêve, empêtrés, dans
le
sentiment d’une urgence que nous ne parvenons pas à distinguer avec d
5576
mes là comme en rêve, empêtrés, dans le sentiment
d’
une urgence que nous ne parvenons pas à distinguer avec des yeux bien
5577
er avec des yeux bien dessillés. C’est assez pour
l’
angoisse et trop peu pour agir. Ainsi le grand décret de crise qui sév
5578
ssez pour l’angoisse et trop peu pour agir. Ainsi
le
grand décret de crise qui sévit au cœur de ce siècle n’est qu’une pre
5579
isse et trop peu pour agir. Ainsi le grand décret
de
crise qui sévit au cœur de ce siècle n’est qu’une première parole, am
5580
Ainsi le grand décret de crise qui sévit au cœur
de
ce siècle n’est qu’une première parole, ambiguë, de la Fin. Une premi
5581
ce siècle n’est qu’une première parole, ambiguë,
de
la Fin. Une première demande d’informer. Non pas encore l’Arrêt derni
5582
siècle n’est qu’une première parole, ambiguë, de
la
Fin. Une première demande d’informer. Non pas encore l’Arrêt dernier,
5583
parole, ambiguë, de la Fin. Une première demande
d’
informer. Non pas encore l’Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement
5584
. Une première demande d’informer. Non pas encore
l’
Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement qui nous fait accéder à la
5585
is déjà ce ralentissement qui nous fait accéder à
la
conscience obscure d’un danger proche, — ce crépuscule qui est peut-ê
5586
ent qui nous fait accéder à la conscience obscure
d’
un danger proche, — ce crépuscule qui est peut-être une aube, et la fr
5587
e, — ce crépuscule qui est peut-être une aube, et
la
frange de cet éclat qui doit consumer toute chair. Dans cette lueur s
5588
épuscule qui est peut-être une aube, et la frange
de
cet éclat qui doit consumer toute chair. Dans cette lueur suspecte, r
5589
chair. Dans cette lueur suspecte, risque un jour
d’
apparaître la face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, cer
5590
cette lueur suspecte, risque un jour d’apparaître
la
face réelle de la Terre. Et déjà, par intermittence, certains, ont en
5591
pecte, risque un jour d’apparaître la face réelle
de
la Terre. Et déjà, par intermittence, certains, ont entrevu et tenté
5592
te, risque un jour d’apparaître la face réelle de
la
Terre. Et déjà, par intermittence, certains, ont entrevu et tenté de
5593
par intermittence, certains, ont entrevu et tenté
de
juger les buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du se
5594
mittence, certains, ont entrevu et tenté de juger
les
buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notr
5595
ins, ont entrevu et tenté de juger les buts réels
de
notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation
5596
e notre marche séculaire. Que savons-nous du sens
de
notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, quel est son r
5597
ns de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès
l’
origine, quel est son rêve ? La grandeur ? Nous avons détruit toute me
5598
le est sa fin, dès l’origine, quel est son rêve ?
La
grandeur ? Nous avons détruit toute mesure, et plus rien n’est grand
5599
etit, mais toute chose sans répit nous provoque à
la
dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barriè
5600
ute chose sans répit nous provoque à la dépasser.
La
liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barrières destinées
5601
e à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré
la
terre entière de barrières destinées à protéger sa course. L’amour ?
5602
La liberté ? Nous avons encombré la terre entière
de
barrières destinées à protéger sa course. L’amour ? La solidarité ? C
5603
ière de barrières destinées à protéger sa course.
L’
amour ? La solidarité ? Ce sont des idéaux de ligues, des mots qu’on n
5604
rrières destinées à protéger sa course. L’amour ?
La
solidarité ? Ce sont des idéaux de ligues, des mots qu’on n’ose plus
5605
rse. L’amour ? La solidarité ? Ce sont des idéaux
de
ligues, des mots qu’on n’ose plus employer qu’au dessert. La richesse
5606
des mots qu’on n’ose plus employer qu’au dessert.
La
richesse ? Voici qu’elle n’est plus à la portée des mains humaines, e
5607
dessert. La richesse ? Voici qu’elle n’est plus à
la
portée des mains humaines, elle n’est plus qu’un symbole chiffré dési
5608
es lointaines. Toutefois, elle reste liée au rêve
d’
activité qui tourmente l’Occident depuis des siècles. Mais ce rêve, à
5609
elle reste liée au rêve d’activité qui tourmente
l’
Occident depuis des siècles. Mais ce rêve, à son tour se trouble ; il
5610
se trouble ; il faiblit, il ne couvre plus toute
l’
étendue de la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conq
5611
e ; il faiblit, il ne couvre plus toute l’étendue
de
la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mai
5612
il faiblit, il ne couvre plus toute l’étendue de
la
conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mais s
5613
conscience humaine… Car notre volonté n’est plus
de
conquérir, mais seulement d’assurer la vie du plus grand nombre contr
5614
e volonté n’est plus de conquérir, mais seulement
d’
assurer la vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiqu
5615
n’est plus de conquérir, mais seulement d’assurer
la
vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiques des Hér
5616
ment d’assurer la vie du plus grand nombre contre
les
créations catastrophiques des Héros ou des grands Névrosés. Un doute
5617
epuis peu. Nous essayons, mais en phrases banales
de
moralistes tardivement ressaisis, d’évaluer les conquêtes futures. Si
5618
ases banales de moralistes tardivement ressaisis,
d’
évaluer les conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (
5619
es de moralistes tardivement ressaisis, d’évaluer
les
conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (Si le temps
5620
uer les conquêtes futures. Signe évident que nous
les
redoutons. (Si le temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et le
5621
utures. Signe évident que nous les redoutons. (Si
le
temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et le monde entier s’org
5622
e temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et
le
monde entier s’organise à ce niveau de vie moyenne qui paraît offrir
5623
se à ce niveau de vie moyenne qui paraît offrir à
la
mort, comme à tout acte créateur, le moins de chances. Un vaste systè
5624
aît offrir à la mort, comme à tout acte créateur,
le
moins de chances. Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes no
5625
r à la mort, comme à tout acte créateur, le moins
de
chances. Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes nos activit
5626
e créateur, le moins de chances. Un vaste système
d’
assurances s’étend sur toutes nos activités : plans et pactes, statist
5627
tes nos activités : plans et pactes, statistiques
de
l’imprévu, eugénisme et longévité, clercs au pas ou stérilisés, guerr
5628
nos activités : plans et pactes, statistiques de
l’
imprévu, eugénisme et longévité, clercs au pas ou stérilisés, guerre h
5629
ngévité, clercs au pas ou stérilisés, guerre hors
la
loi, sécurité d’abord. Nous apprenons à vivre, et non plus à mourir :
5630
: cet effort est contre nature. Il naît au déclin
de
la vie, et fatalement se retourne contre elle. Nous voulons échapper
5631
et effort est contre nature. Il naît au déclin de
la
vie, et fatalement se retourne contre elle. Nous voulons échapper au
5632
apper au temps, à sa menace, mais c’est peut-être
le
meilleur ou le seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fi
5633
à sa menace, mais c’est peut-être le meilleur ou
le
seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car
5634
mais c’est peut-être le meilleur ou le seul moyen
d’
anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut qu
5635
le meilleur ou le seul moyen d’anticiper sa fin :
la
fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondial
5636
seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps,
la
Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondiale que nous tenton
5637
fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que
l’
assurance mondiale que nous tentons d’organiser, aménage notre ruine c
5638
se peut que l’assurance mondiale que nous tentons
d’
organiser, aménage notre ruine collective : lorsque la terre entière s
5639
ganiser, aménage notre ruine collective : lorsque
la
terre entière soumise au seul pouvoir du chiffre dépendra d’une centr
5640
tière soumise au seul pouvoir du chiffre dépendra
d’
une centrale unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse les comm
5641
re dépendra d’une centrale unique, il suffira que
l’
Ange de la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous
5642
ndra d’une centrale unique, il suffira que l’Ange
de
la Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons
5643
a d’une centrale unique, il suffira que l’Ange de
la
Fin saisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pr
5644
unique, il suffira que l’Ange de la Fin saisisse
les
commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pris au dépourvu, c
5645
e de la Fin saisisse les commandes pour accomplir
le
Temps… Et nous serons pris au dépourvu, comme nulle autre génération.
5646
vu, comme nulle autre génération. Car, tandis que
le
temps s’écoule, à mesure que sa fin s’approche, notre foi diminue, no
5647
proche, notre foi diminue, notre attente faiblit.
La
primitive Église, au début de notre ère, vivait dans la pensée de la
5648
re attente faiblit. La primitive Église, au début
de
notre ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous
5649
mitive Église, au début de notre ère, vivait dans
la
pensée de la fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir él
5650
ise, au début de notre ère, vivait dans la pensée
de
la fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir éliminer cet
5651
, au début de notre ère, vivait dans la pensée de
la
fin imminente. Mais parmi nous, qui avons cru pouvoir éliminer cette
5652
ons cru pouvoir éliminer cette dimension tragique
de
notre vie, voici qu’un destin ironique se charge de l’approfondir. No
5653
notre vie, voici qu’un destin ironique se charge
de
l’approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la
5654
tre vie, voici qu’un destin ironique se charge de
l’
approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la pre
5655
stin ironique se charge de l’approfondir. Non pas
le
temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la première fois dans l’histo
5656
notre œuvre elle-même. Pour la première fois dans
l’
histoire du monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une dest
5657
s dans l’histoire du monde, nous pouvons calculer
le
prix de revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos bud
5658
’histoire du monde, nous pouvons calculer le prix
de
revient d’une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de
5659
u monde, nous pouvons calculer le prix de revient
d’
une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nat
5660
ons calculer le prix de revient d’une destruction
de
l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertis
5661
calculer le prix de revient d’une destruction de
l’
humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissem
5662
prix de revient d’une destruction de l’humanité :
la
somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre
5663
evient d’une destruction de l’humanité : la somme
de
nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre refuge es
5664
struction de l’humanité : la somme de nos budgets
de
Défense nationale. Avertissement Votre refuge est dans la masse
5665
ionale. Avertissement Votre refuge est dans
la
masse et son Histoire. Vous vous dites en secret qu’elle ne peut pas
5666
pas mourir, et il est vrai qu’elle ne possède pas
de
vie réelle, et ne peut donc penser sa fin, ni rien. Elle ne peut être
5667
fin, ni rien. Elle ne peut être en soi pensée, et
l’
homme en elle reste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la F
5668
pensée, et l’homme en elle reste à peu près dénué
de
réalité, jusqu’au jour où la Fin le pense. Et c’est là son tragique e
5669
ste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où
la
Fin le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce
5670
eu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la Fin
le
pense. Et c’est là son tragique et l’humour de la Fin. Tout ce qui es
5671
r où la Fin le pense. Et c’est là son tragique et
l’
humour de la Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la prése
5672
in le pense. Et c’est là son tragique et l’humour
de
la Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la présence étern
5673
le pense. Et c’est là son tragique et l’humour de
la
Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste la présence éternell
5674
Fin. Tout ce qui est réel, tout ce qui manifeste
la
présence éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à
5675
réel, tout ce qui manifeste la présence éternelle
de
la Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous l’
5676
l, tout ce qui manifeste la présence éternelle de
la
Fin, tout ce qui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous l’app
5677
ce éternelle de la Fin, tout ce qui donne un sens
d’
éternité à vos singeries, vous l’appelez exagéré, démesuré. Écoutez-mo
5678
ui donne un sens d’éternité à vos singeries, vous
l’
appelez exagéré, démesuré. Écoutez-moi : s’il se trouvait que le monde
5679
éré, démesuré. Écoutez-moi : s’il se trouvait que
le
monde réellement fût perdu, quel que soit le désir que vous avez qu’i
5680
que le monde réellement fût perdu, quel que soit
le
désir que vous avez qu’il dure, et la persuasion où vous vous entrete
5681
el que soit le désir que vous avez qu’il dure, et
la
persuasion où vous vous entretenez qu’il durera toujours autant que v
5682
a toujours autant que vous ? S’il se trouvait que
la
vérité actuelle fût totalement démesurée ? Qui périrait dans la honte
5683
elle fût totalement démesurée ? Qui périrait dans
la
honte et la rage ? Ceux qui croient encore aux mesures et cherchent l
5684
alement démesurée ? Qui périrait dans la honte et
la
rage ? Ceux qui croient encore aux mesures et cherchent leur appui da
5685
t encore aux mesures et cherchent leur appui dans
l’
illusion tomberont en grand nombre dans le vide. Mais ceux qui auront
5686
ui dans l’illusion tomberont en grand nombre dans
le
vide. Mais ceux qui auront vu, et qui auront cru leurs yeux, retrouve
5687
, et qui auront cru leurs yeux, retrouveront dans
la
tempête la coutume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte la m
5688
ront cru leurs yeux, retrouveront dans la tempête
la
coutume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte la mort n’est p
5689
ume des hautes pentes. Car celui seul qui accepte
la
mort n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’au
5690
tes. Car celui seul qui accepte la mort n’est pas
le
jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se déf
5691
ui accepte la mort n’est pas le jouet du vertige.
Le
temps vient où les hommes n’auront plus à se défendre, mais seulement
5692
n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où
les
hommes n’auront plus à se défendre, mais seulement à se révéler tels
5693
révéler tels qu’ils sont, où qu’ils soient. Plus
d’
évasions spirituelles. L’homme fuyant la Terre où le diable sévit, se
5694
, où qu’ils soient. Plus d’évasions spirituelles.
L’
homme fuyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs
5695
ent. Plus d’évasions spirituelles. L’homme fuyant
la
Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et découvre que
5696
évasions spirituelles. L’homme fuyant la Terre où
le
diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et découvre que Dieu y est
5697
uyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur
les
hauteurs et découvre que Dieu y est plus dangereux encore, d’une autr
5698
et découvre que Dieu y est plus dangereux encore,
d’
une autre sorte, fulgurante. Péripétie La scène du monde vient d
5699
e, d’une autre sorte, fulgurante. Péripétie
La
scène du monde vient de passer à une vaste conversation de la mort, s
5700
du monde vient de passer à une vaste conversation
de
la mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de popula
5701
monde vient de passer à une vaste conversation de
la
mort, sur les places et dans les grands cafés, aux lieux de populace
5702
e passer à une vaste conversation de la mort, sur
les
places et dans les grands cafés, aux lieux de populace et de parole r
5703
e conversation de la mort, sur les places et dans
les
grands cafés, aux lieux de populace et de parole rapide. Peut-être le
5704
ur les places et dans les grands cafés, aux lieux
de
populace et de parole rapide. Peut-être le soleil éteint se promène-t
5705
t dans les grands cafés, aux lieux de populace et
de
parole rapide. Peut-être le soleil éteint se promène-t-il depuis quel
5706
lieux de populace et de parole rapide. Peut-être
le
soleil éteint se promène-t-il depuis quelques instants dans un ciel s
5707
si facilement glisser, tout se trouver changé, et
les
hommes poursuivre leur discours, pénétrant dans l’horreur sans mémoir
5708
s hommes poursuivre leur discours, pénétrant dans
l’
horreur sans mémoire ? Il faut croire, aujourd’hui, que cela se peut.
5709
peut. Cela s’est produit comme un rêve, ou comme
la
colère soudain là, ou le printemps, ou chaque soir la nuit. (Une prem
5710
comme un rêve, ou comme la colère soudain là, ou
le
printemps, ou chaque soir la nuit. (Une première lampe s’est allumée.
5711
olère soudain là, ou le printemps, ou chaque soir
la
nuit. (Une première lampe s’est allumée. Quelqu’un dit : « Elle est l
5712
dit : « Elle est là ».) Premier jugement, par
la
lumière La fin du monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant,
5713
est là ».) Premier jugement, par la lumière
La
fin du monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant, les regardait
5714
u monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant,
les
regardait sans indulgence, puis se remettait à marcher, conservant la
5715
dulgence, puis se remettait à marcher, conservant
la
même proximité méprisante… Mais la majorité sut garder l’air de ne pa
5716
er, conservant la même proximité méprisante… Mais
la
majorité sut garder l’air de ne pas croire à sa mort proche, — cet ai
5717
proximité méprisante… Mais la majorité sut garder
l’
air de ne pas croire à sa mort proche, — cet air petit. On en reviendr
5718
ité méprisante… Mais la majorité sut garder l’air
de
ne pas croire à sa mort proche, — cet air petit. On en reviendrait bi
5719
proche, — cet air petit. On en reviendrait bien,
de
cette fin du monde ! Car sinon tout apparaissait d’une indécence inex
5720
cette fin du monde ! Car sinon tout apparaissait
d’
une indécence inexprimable. Depuis bientôt mille ans, l’An Mil était p
5721
indécence inexprimable. Depuis bientôt mille ans,
l’
An Mil était passé — « et toutes ses prières perdues ! » — mais ils sa
5722
prix de cela justement qu’il n’était point permis
d’
imaginer. Celui dont les belles manières sont apprises souffre mal qu’
5723
qu’il n’était point permis d’imaginer. Celui dont
les
belles manières sont apprises souffre mal qu’on y passe outre, — et t
5724
asse outre, — et très peu d’entre eux possédaient
la
pleine assurance de l’être. L’Institut de l’opinion planétaire publia
5725
s peu d’entre eux possédaient la pleine assurance
de
l’être. L’Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résult
5726
eu d’entre eux possédaient la pleine assurance de
l’
être. L’Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résultats
5727
re eux possédaient la pleine assurance de l’être.
L’
Institut de l’opinion planétaire publia les premiers résultats d’une e
5728
édaient la pleine assurance de l’être. L’Institut
de
l’opinion planétaire publia les premiers résultats d’une enquête-écla
5729
ient la pleine assurance de l’être. L’Institut de
l’
opinion planétaire publia les premiers résultats d’une enquête-éclair
5730
’opinion planétaire publia les premiers résultats
d’
une enquête-éclair : il s’agissait d’une névrose collective, d’une pou
5731
rs résultats d’une enquête-éclair : il s’agissait
d’
une névrose collective, d’une poussée subite de l’instinct de mort. On
5732
-éclair : il s’agissait d’une névrose collective,
d’
une poussée subite de l’instinct de mort. On proposait une cure des ma
5733
it d’une névrose collective, d’une poussée subite
de
l’instinct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalis
5734
d’une névrose collective, d’une poussée subite de
l’
instinct de mort. On proposait une cure des masses et la nationalisati
5735
se collective, d’une poussée subite de l’instinct
de
mort. On proposait une cure des masses et la nationalisation des écol
5736
inct de mort. On proposait une cure des masses et
la
nationalisation des écoles de psychanalyse. Un théologien répondit :
5737
cure des masses et la nationalisation des écoles
de
psychanalyse. Un théologien répondit : — L’affection de la chair, c’e
5738
coles de psychanalyse. Un théologien répondit : —
L’
affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Fre
5739
chanalyse. Un théologien répondit : — L’affection
de
la chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux
5740
nalyse. Un théologien répondit : — L’affection de
la
chair, c’est la mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux. I
5741
ogien répondit : — L’affection de la chair, c’est
la
mort. Saint Paul l’a vu bien avant Freud, et mieux. Il entendait par
5742
’affection de la chair, c’est la mort. Saint Paul
l’
a vu bien avant Freud, et mieux. Il entendait par « chair » le tout de
5743
avant Freud, et mieux. Il entendait par « chair »
le
tout de l’homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est poi
5744
eud, et mieux. Il entendait par « chair » le tout
de
l’homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est point que n
5745
, et mieux. Il entendait par « chair » le tout de
l’
homme, intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est point que nous
5746
âme comprises. Et ce n’est point que nous aimions
la
mort comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne la chair, c’es
5747
comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne
la
chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est la vie
5748
u’affectionne la chair, c’est ce qui, croit-elle,
la
détourne de la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui con
5749
e la chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne
de
la mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mo
5750
a chair, c’est ce qui, croit-elle, la détourne de
la
mort. C’est la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort
5751
ce qui, croit-elle, la détourne de la mort. C’est
la
vie telle que vous la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. N
5752
détourne de la mort. C’est la vie telle que vous
la
cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. Nous sommes tout simple
5753
la vie telle que vous la cultivez, qui conduit à
la
mort et la mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. I
5754
le que vous la cultivez, qui conduit à la mort et
la
mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. Il sera port
5755
era porté aussi bien sur votre élan vital que sur
l’
élan mortel. Car il ne vient pas de nous, mais d’En Face. Ici le futur
5756
l’élan mortel. Car il ne vient pas de nous, mais
d’
En Face. Ici le futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’u
5757
Car il ne vient pas de nous, mais d’En Face. Ici
le
futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant
5758
ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant
le
présent. Ici le temps dit oui pour la première fois à l’instant qui l
5759
tait pour nous qu’un recul devant le présent. Ici
le
temps dit oui pour la première fois à l’instant qui le juge et l’acco
5760
mps dit oui pour la première fois à l’instant qui
le
juge et l’accomplit, — notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus
5761
pour la première fois à l’instant qui le juge et
l’
accomplit, — notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’insta
5762
— notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus
de
l’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui,
5763
notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de
l’
instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui, se
5764
it pour nous qu’un refus de l’instant éternel. Et
l’
Histoire tout entière dans l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de t
5765
’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans
l’
acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. Comme il parla
5766
t éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’acte
de
ce oui, se manifeste au Jour de tous les jours. Comme il parlait enco
5767
tière dans l’acte de ce oui, se manifeste au Jour
de
tous les jours. Comme il parlait encore, une lueur d’aube apparut et
5768
ns l’acte de ce oui, se manifeste au Jour de tous
les
jours. Comme il parlait encore, une lueur d’aube apparut et grandit a
5769
ous les jours. Comme il parlait encore, une lueur
d’
aube apparut et grandit autour d’eux. Toutes choses replongées dans la
5770
ncore, une lueur d’aube apparut et grandit autour
d’
eux. Toutes choses replongées dans la stupeur originelle, toutes créat
5771
andit autour d’eux. Toutes choses replongées dans
la
stupeur originelle, toutes créatures livrées d’un seul coup à la viol
5772
inelle, toutes créatures livrées d’un seul coup à
la
violence de l’acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur just
5773
es créatures livrées d’un seul coup à la violence
de
l’acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur justification, l
5774
créatures livrées d’un seul coup à la violence de
l’
acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur justification, leur
5775
raître enfin leur justification, leur être. Voici
l’
instant où les hommes s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis
5776
leur justification, leur être. Voici l’instant où
les
hommes s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis se tournaient
5777
, vers une Absence douloureuse, — alors que c’est
la
seule Présence qui est terrible en sa splendeur et difficile à suppor
5778
errible en sa splendeur et difficile à supporter,
le
seul Amour apparaissant qui menace d’être insoutenable : il nous trou
5779
supporter, le seul Amour apparaissant qui menace
d’
être insoutenable : il nous trouve sans préparation. L’on ne s’était d
5780
e insoutenable : il nous trouve sans préparation.
L’
on ne s’était défendu que de l’autre côté, du côté de ce monde mal fai
5781
uve sans préparation. L’on ne s’était défendu que
de
l’autre côté, du côté de ce monde mal fait… Parut un soleil nouveau.
5782
de mal fait… Parut un soleil nouveau. Et ceux qui
le
voyaient prenaient un visage neuf, leurs yeux devenaient forts et s’a
5783
f, leurs yeux devenaient forts et s’attendaient à
l’
éclat d’une lueur encore plus vive. Par degré le Grand Jour éclatait,
5784
yeux devenaient forts et s’attendaient à l’éclat
d’
une lueur encore plus vive. Par degré le Grand Jour éclatait, toujours
5785
à l’éclat d’une lueur encore plus vive. Par degré
le
Grand Jour éclatait, toujours plus vaste et blanc dans l’univers enti
5786
Jour éclatait, toujours plus vaste et blanc dans
l’
univers entier. Ils se sont tout d’abord sentis gênés, balourds, ne sa
5787
ds, ne sachant trop quelle contenance prendre. Et
la
lumière ne cesse de grandir. Ils tombent déjà par rangs entiers, aveu
5788
quelle contenance prendre. Et la lumière ne cesse
de
grandir. Ils tombent déjà par rangs entiers, aveuglés et cloués sur p
5789
r rangs entiers, aveuglés et cloués sur place par
l’
évidence de l’amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de mar
5790
iers, aveuglés et cloués sur place par l’évidence
de
l’amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de marcher, riant
5791
s, aveuglés et cloués sur place par l’évidence de
l’
amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent de marcher, riant de
5792
amour éclatant. Quelques-uns cependant continuent
de
marcher, riant de joie aux paliers du matin, s’avançant vers Midi ave
5793
elques-uns cependant continuent de marcher, riant
de
joie aux paliers du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel de ce
5794
e aux paliers du matin, s’avançant vers Midi avec
le
naturel de ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent le
5795
rs du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel
de
ceux qui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers
5796
vançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont
la
coutume de la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agr
5797
s Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutume
de
la Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agrandissement
5798
idi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de
la
Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et l’agrandissement de
5799
ui ont la coutume de la Cour. Bien peu soutinrent
les
derniers soleils et l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites
5800
Cour. Bien peu soutinrent les derniers soleils et
l’
agrandissement de la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où to
5801
utinrent les derniers soleils et l’agrandissement
de
la lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où tout ce qui voit éc
5802
nrent les derniers soleils et l’agrandissement de
la
lumière jusqu’aux limites de sa perfection, où tout ce qui voit éclai
5803
l’agrandissement de la lumière jusqu’aux limites
de
sa perfection, où tout ce qui voit éclaire aussi, où tout œil rend ce
5804
laire aussi, où tout œil rend ce qu’il reçoit, où
le
grand jour est tout en tous. Ce premier Jugement fut la Salutation.
5805
nd jour est tout en tous. Ce premier Jugement fut
la
Salutation. Second jugement ou sommation Voici le principe du s
5806
utation. Second jugement ou sommation Voici
le
principe du second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son e
5807
rincipe du second jugement. Chaque homme poussé à
la
limite de son expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son
5808
second jugement. Chaque homme poussé à la limite
de
son expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son choix, cri
5809
limite de son expression, et chaque homme forcé à
l’
extrémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout e
5810
n expression, et chaque homme forcé à l’extrémité
de
son choix, cria le « terme » de sa vie, la proféra tout entière dans
5811
aque homme forcé à l’extrémité de son choix, cria
le
« terme » de sa vie, la proféra tout entière dans ce cri, réponse uni
5812
rcé à l’extrémité de son choix, cria le « terme »
de
sa vie, la proféra tout entière dans ce cri, réponse unique à l’étern
5813
rémité de son choix, cria le « terme » de sa vie,
la
proféra tout entière dans ce cri, réponse unique à l’éternelle sommat
5814
roféra tout entière dans ce cri, réponse unique à
l’
éternelle sommation, somme absolue de ses journées et de ses nuits, de
5815
nse unique à l’éternelle sommation, somme absolue
de
ses journées et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son
5816
nelle sommation, somme absolue de ses journées et
de
ses nuits, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses ref
5817
n, somme absolue de ses journées et de ses nuits,
de
ses pensées et de ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses ave
5818
e ses journées et de ses nuits, de ses pensées et
de
ses gestes, de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa t
5819
et de ses nuits, de ses pensées et de ses gestes,
de
son savoir, de ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est
5820
, de ses pensées et de ses gestes, de son savoir,
de
ses refus, de ses aveuglements, de sa tendresse. C’est ainsi que fut
5821
es et de ses gestes, de son savoir, de ses refus,
de
ses aveuglements, de sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée l’inc
5822
de son savoir, de ses refus, de ses aveuglements,
de
sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée l’incomparable qualité de
5823
ts, de sa tendresse. C’est ainsi que fut déclarée
l’
incomparable qualité de son péché et mesuré le degré d’être de son êtr
5824
est ainsi que fut déclarée l’incomparable qualité
de
son péché et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il l’avait lib
5825
rée l’incomparable qualité de son péché et mesuré
le
degré d’être de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivan
5826
omparable qualité de son péché et mesuré le degré
d’
être de son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’exam
5827
le qualité de son péché et mesuré le degré d’être
de
son être tel qu’il l’avait librement fait en le vivant. L’examen des
5828
é et mesuré le degré d’être de son être tel qu’il
l’
avait librement fait en le vivant. L’examen des raisons de survivre et
5829
e de son être tel qu’il l’avait librement fait en
le
vivant. L’examen des raisons de survivre et leur introduction au titr
5830
re tel qu’il l’avait librement fait en le vivant.
L’
examen des raisons de survivre et leur introduction au titre de l’éter
5831
librement fait en le vivant. L’examen des raisons
de
survivre et leur introduction au titre de l’éternité occupèrent moins
5832
raisons de survivre et leur introduction au titre
de
l’éternité occupèrent moins de temps qu’on n’imagine. La procédure ét
5833
sons de survivre et leur introduction au titre de
l’
éternité occupèrent moins de temps qu’on n’imagine. La procédure était
5834
roduction au titre de l’éternité occupèrent moins
de
temps qu’on n’imagine. La procédure était, en effet, des plus simples
5835
ernité occupèrent moins de temps qu’on n’imagine.
La
procédure était, en effet, des plus simples. — Témoignez, disait-on,
5836
effet, des plus simples. — Témoignez, disait-on,
de
la vie que vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les sages
5837
fet, des plus simples. — Témoignez, disait-on, de
la
vie que vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les sages rép
5838
e vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ?
Les
sages répondaient : — Nul ne possède vraiment que ce qu’il peut donne
5839
était bien ce qu’on faisait. Ainsi tous connurent
la
mort, mais les uns renaissaient au sein de leur plus grande frayeur,
5840
qu’on faisait. Ainsi tous connurent la mort, mais
les
uns renaissaient au sein de leur plus grande frayeur, les autres sous
5841
renaissaient au sein de leur plus grande frayeur,
les
autres sous les traits consolés du Désir. La plupart hésitaient en pr
5842
sein de leur plus grande frayeur, les autres sous
les
traits consolés du Désir. La plupart hésitaient en présence de la ban
5843
és du Désir. La plupart hésitaient en présence de
la
banalité soudain flagrante de leurs vœux, et, finalement, murmuraient
5844
ient en présence de la banalité soudain flagrante
de
leurs vœux, et, finalement, murmuraient d’une voix faible : — Vous sa
5845
grante de leurs vœux, et, finalement, murmuraient
d’
une voix faible : — Vous savez sans doute mieux que moi. Ils renaîtrai
5846
que moi. Ils renaîtraient plantes heureuses, par
l’
effet de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules,
5847
. Ils renaîtraient plantes heureuses, par l’effet
de
quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules, le corp
5848
t de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent
les
somnambules, le corps en paix, mais le visage affreusement nu. Il dés
5849
é. Un homme vint, comme viennent les somnambules,
le
corps en paix, mais le visage affreusement nu. Il désirait un palais
5850
viennent les somnambules, le corps en paix, mais
le
visage affreusement nu. Il désirait un palais vide à la mesure de sa
5851
age affreusement nu. Il désirait un palais vide à
la
mesure de sa tristesse. Il devint donc une tristesse errante, emprunt
5852
sement nu. Il désirait un palais vide à la mesure
de
sa tristesse. Il devint donc une tristesse errante, empruntant la for
5853
Il devint donc une tristesse errante, empruntant
la
forme des joies qu’il rencontrait ; et son désir ainsi fut exaucé. Un
5854
qui s’approche avec son parapluie mal fermé sous
le
bras, et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de la plus ferven
5855
as, et des lunettes bourrues au-dessus du sourire
de
la plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau
5856
et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de
la
plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau de
5857
onie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous son chapeau
de
paille ?14 « Qu’il voudrait subsister dans ce moment du choix qu’on l
5858
aintenant, bien plus violent qu’il n’a jamais osé
l’
imaginer. Car, dit-il, au sein d’un tel choix, je m’approche insondabl
5859
sein d’un tel choix, je m’approche insondablement
de
Celui qui d’un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis d’un vertige
5860
choix, je m’approche insondablement de Celui qui
d’
un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours
5861
qui d’un choix me créa. » (Nous fûmes tous saisis
d’
un vertige à ce discours d’une furieuse démesure, mais il y eut alors
5862
Nous fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours
d’
une furieuse démesure, mais il y eut alors comme un silence qui s’impo
5863
ce qui s’imposa sur nous et jusqu’assez haut dans
les
cieux, en sorte que plus haut, régnant seul et purifié, l’on put ente
5864
en sorte que plus haut, régnant seul et purifié,
l’
on put entendre le choral d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que
5865
haut, régnant seul et purifié, l’on put entendre
le
choral d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était tr
5866
nant seul et purifié, l’on put entendre le choral
d’
une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était très grand.)
5867
omme était très grand.) Troisième jugement, ou
le
pardon Toute chose a son lieu, maintenant, toute chair a son temps
5868
air a son temps, tout esprit son essor. Et chacun
de
nous accède au destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession de s
5869
acun de nous accède au destin qu’il s’est fait, à
la
parfaite possession de soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans la c
5870
destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession
de
soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans la consommation de tout son
5871
sion de soi-même, à son enfer ou à son ciel, dans
la
consommation de tout son être, au faîte inconcevable du désir comblé,
5872
, à son enfer ou à son ciel, dans la consommation
de
tout son être, au faîte inconcevable du désir comblé, et comblé pour
5873
aîte inconcevable du désir comblé, et comblé pour
l’
éternité. « Mais l’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui
5874
u désir comblé, et comblé pour l’éternité. « Mais
l’
Esprit et l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Vien
5875
lé, et comblé pour l’éternité. « Mais l’Esprit et
l’
Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens ! à celui
5876
entend dise : Viens ! à celui qui porte avec soi
la
rétribution de nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres.
5877
Viens ! à celui qui porte avec soi la rétribution
de
nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvr
5878
— elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence
l’
œuvre du Pardon. « Et que celui qui a soif vienne, que celui qui veut
5879
elui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne
de
l’eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout e
5880
i qui a soif vienne, que celui qui veut prenne de
l’
eau de la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est
5881
a soif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau
de
la vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est gratui
5882
oif vienne, que celui qui veut prenne de l’eau de
la
vie, gratuitement. » Car maintenant tout est payé. Tout est gratuit.
5883
....................... Et c’est alors que toutes
les
voix des justes confondues clameront l’harmonie violente et bienheure
5884
e toutes les voix des justes confondues clameront
l’
harmonie violente et bienheureuse du mot sacrement de toute la créatio
5885
armonie violente et bienheureuse du mot sacrement
de
toute la création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puis
5886
iolente et bienheureuse du mot sacrement de toute
la
création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, — l
5887
ment de toute la création, son terme monumental à
la
gloire du Dieu Tout-Puissant, — l’Amen du Temps qui s’agenouille et s
5888
e monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, —
l’
Amen du Temps qui s’agenouille et s’abîme éternellement. 14. Søren
5889
rd, d’après une caricature. aa. Rougemont Denis
de
, « La fin du monde », Fontaine, Paris, juin 1946, p. 7-16.
5890
après une caricature. aa. Rougemont Denis de, «
La
fin du monde », Fontaine, Paris, juin 1946, p. 7-16.
5891
Deux lettres sur
le
gouvernement mondial (4 juin 1946)z I. Problème curieux que pose
5892
(4 juin 1946)z I. Problème curieux que pose
le
gouvernement mondial Vous me dites que ce n’est point par mauvaise
5893
ficulté que nous éprouvons tous. Un cabinet privé
de
ministère des Affaires étrangères nous paraît comme puni et humilié ;
5894
paraît comme puni et humilié ; et sans ministère
de
la Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or, le gouvernement mo
5895
raît comme puni et humilié ; et sans ministère de
la
Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or, le gouvernement mondi
5896
s ministère de la Guerre, il nous paraît dépourvu
de
sérieux. Or, le gouvernement mondial devrait se passer de ces deux mi
5897
a Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or,
le
gouvernement mondial devrait se passer de ces deux ministères, en ver
5898
ux. Or, le gouvernement mondial devrait se passer
de
ces deux ministères, en vertu de sa définition. De plus, comment imag
5899
ition. De plus, comment imaginer un pouvoir digne
de
ce nom, s’il ne trouvait personne en face de lui avec qui échanger de
5900
personne à menacer ? Personne à qui répondre que
l’
honneur du pays est en jeu, qu’on ne cédera plus d’une ligne, etc. ? P
5901
’honneur du pays est en jeu, qu’on ne cédera plus
d’
une ligne, etc. ? Pour tout dire, pas de voisins, donc personne à qui
5902
dera plus d’une ligne, etc. ? Pour tout dire, pas
de
voisins, donc personne à qui faire la guerre ? À quoi cela ressembler
5903
t dire, pas de voisins, donc personne à qui faire
la
guerre ? À quoi cela ressemblerait-il ? Les nations et leurs gouverne
5904
faire la guerre ? À quoi cela ressemblerait-il ?
Les
nations et leurs gouvernements ne se posent qu’en s’opposant. C’est l
5905
ouvernements ne se posent qu’en s’opposant. C’est
la
menace extérieure qui « cimente leur unité », qui « galvanise leur én
5906
e », et qui provoque ces magnifiques mouvements «
d’
union sacrée » où chacun s’écria dans sa langue « right or wrong, my c
5907
s sa langue « right or wrong, my country ! » Mais
le
gouvernement mondial, où trouvera-t-il cet Autre indispensable à son
5908
on prestige ? Je parie que vous venez de penser à
la
planète Mars, et à une guerre possible contre les Martiens ? Ne me di
5909
la planète Mars, et à une guerre possible contre
les
Martiens ? Ne me dites pas non : votre première idée a été de suppose
5910
? Ne me dites pas non : votre première idée a été
de
supposer une guerre. Et cela pour essayer de vous mieux représenter c
5911
été de supposer une guerre. Et cela pour essayer
de
vous mieux représenter ce qu’un pouvoir planétaire pourrait bien fair
5912
r ce qu’un pouvoir planétaire pourrait bien faire
de
ses dix doigts… Pas de nations sans guerres avec d’autres nations. Je
5913
étaire pourrait bien faire de ses dix doigts… Pas
de
nations sans guerres avec d’autres nations. Je perdrais mon temps et
5914
n temps et le vôtre à fonder en logique, et, dans
l’
Histoire, cette relation que le premier venu peut détecter dans sa con
5915
et sans autre instrument qu’un peu de sincérité.
Les
nations produisent les guerres, les guerres produisent les nations, e
5916
nt qu’un peu de sincérité. Les nations produisent
les
guerres, les guerres produisent les nations, et les unes sans les aut
5917
de sincérité. Les nations produisent les guerres,
les
guerres produisent les nations, et les unes sans les autres ne seraie
5918
ns produisent les guerres, les guerres produisent
les
nations, et les unes sans les autres ne seraient pas imaginables. Si
5919
s guerres, les guerres produisent les nations, et
les
unes sans les autres ne seraient pas imaginables. Si vous me dites ma
5920
guerres produisent les nations, et les unes sans
les
autres ne seraient pas imaginables. Si vous me dites maintenant que c
5921
vous ne voyez pas — car il supposerait une sorte
de
nation unique, sans voisins, donc sans guerre possible — cela revient
5922
s guerre possible — cela revient à dire que c’est
la
paix elle-même que vous ne voyez pas. Je dis vous, et je m’en excuse.
5923
dis vous, et je m’en excuse. Vous représentez ici
l’
humanité. Notre condition malheureuse veut que nous ne sachions imagin
5924
on malheureuse veut que nous ne sachions imaginer
le
bien que par contraste avec un mal dont nous souffrons. Autrement, le
5925
raste avec un mal dont nous souffrons. Autrement,
le
bien — ou la paix — n’est à nos yeux qu’une fumée, une abstraction, c
5926
mal dont nous souffrons. Autrement, le bien — ou
la
paix — n’est à nos yeux qu’une fumée, une abstraction, c’est-à-dire,
5927
ée, une abstraction, c’est-à-dire, soyons francs,
le
comble de l’ennui, si ce n’est pas une « utopie dangereuse »… À propo
5928
straction, c’est-à-dire, soyons francs, le comble
de
l’ennui, si ce n’est pas une « utopie dangereuse »… À propos de cette
5929
action, c’est-à-dire, soyons francs, le comble de
l’
ennui, si ce n’est pas une « utopie dangereuse »… À propos de cette de
5930
tte dernière expression, avez-vous remarqué qu’on
l’
emploie de préférence pour dénigrer des projets de paix ? Pour qui son
5931
re expression, avez-vous remarqué qu’on l’emploie
de
préférence pour dénigrer des projets de paix ? Pour qui sont-ils donc
5932
l’emploie de préférence pour dénigrer des projets
de
paix ? Pour qui sont-ils donc si dangereux ? Avez-vous également rema
5933
c si dangereux ? Avez-vous également remarqué que
les
militaires qui prennent la plume (comme ils disent) ont coutume de dé
5934
galement remarqué que les militaires qui prennent
la
plume (comme ils disent) ont coutume de dénoncer sous le nom d’« élém
5935
prennent la plume (comme ils disent) ont coutume
de
dénoncer sous le nom d’« élément de désordre » les partisans de la pa
5936
e (comme ils disent) ont coutume de dénoncer sous
le
nom d’« élément de désordre » les partisans de la paix en général ? C
5937
e ils disent) ont coutume de dénoncer sous le nom
d’
« élément de désordre » les partisans de la paix en général ? Ces gens
5938
) ont coutume de dénoncer sous le nom d’« élément
de
désordre » les partisans de la paix en général ? Ces gens-là leur par
5939
de dénoncer sous le nom d’« élément de désordre »
les
partisans de la paix en général ? Ces gens-là leur paraissent, évidem
5940
us le nom d’« élément de désordre » les partisans
de
la paix en général ? Ces gens-là leur paraissent, évidemment, d’une m
5941
le nom d’« élément de désordre » les partisans de
la
paix en général ? Ces gens-là leur paraissent, évidemment, d’une mora
5942
énéral ? Ces gens-là leur paraissent, évidemment,
d’
une moralité douteuse. Quant aux lance-flammes et aux bombardiers lour
5943
bombardiers lourds, et quant à ceux qui donneront
le
signal de les utiliser au service des nations, gouvernants tout d’abo
5944
s lourds, et quant à ceux qui donneront le signal
de
les utiliser au service des nations, gouvernants tout d’abord et géné
5945
ourds, et quant à ceux qui donneront le signal de
les
utiliser au service des nations, gouvernants tout d’abord et généraux
5946
out d’abord et généraux ensuite, ils représentent
les
« éléments d’ordre », à n’en pas douter. Il suffit de voir l’état pré
5947
généraux ensuite, ils représentent les « éléments
d’
ordre », à n’en pas douter. Il suffit de voir l’état présent de l’Euro
5948
éléments d’ordre », à n’en pas douter. Il suffit
de
voir l’état présent de l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre é
5949
s d’ordre », à n’en pas douter. Il suffit de voir
l’
état présent de l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le
5950
n’en pas douter. Il suffit de voir l’état présent
de
l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le pire désordre i
5951
n pas douter. Il suffit de voir l’état présent de
l’
Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était le pire désordre imag
5952
tat présent de l’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que
la
guerre était le pire désordre imaginable à notre époque ; et que ceux
5953
’Europe. ⁂ J’ai cru longtemps que la guerre était
le
pire désordre imaginable à notre époque ; et que ceux qui la tenaient
5954
ordre imaginable à notre époque ; et que ceux qui
la
tenaient encore pour une nécessité, voire pour une vertu, étaient les
5955
pour une nécessité, voire pour une vertu, étaient
les
véritables éléments de désordre ; et que l’utopie la plus dangereuse
5956
e pour une vertu, étaient les véritables éléments
de
désordre ; et que l’utopie la plus dangereuse était la théorie de la
5957
ient les véritables éléments de désordre ; et que
l’
utopie la plus dangereuse était la théorie de la souveraineté sans lim
5958
véritables éléments de désordre ; et que l’utopie
la
plus dangereuse était la théorie de la souveraineté sans limites des
5959
sordre ; et que l’utopie la plus dangereuse était
la
théorie de la souveraineté sans limites des nations. C’était trop sim
5960
que l’utopie la plus dangereuse était la théorie
de
la souveraineté sans limites des nations. C’était trop simple. Un col
5961
e l’utopie la plus dangereuse était la théorie de
la
souveraineté sans limites des nations. C’était trop simple. Un colone
5962
ites des nations. C’était trop simple. Un colonel
de
cavalerie à qui vous fîtes imprudemment lire ma lettre sur la mort de
5963
à qui vous fîtes imprudemment lire ma lettre sur
la
mort de la guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atom
5964
ous fîtes imprudemment lire ma lettre sur la mort
de
la guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atomique, m’
5965
fîtes imprudemment lire ma lettre sur la mort de
la
guerre militaire par suite de l’invention de la bombe atomique, m’écr
5966
e sur la mort de la guerre militaire par suite de
l’
invention de la bombe atomique, m’écrit que je suis un primaire. Il m’
5967
t de la guerre militaire par suite de l’invention
de
la bombe atomique, m’écrit que je suis un primaire. Il m’assure que «
5968
e la guerre militaire par suite de l’invention de
la
bombe atomique, m’écrit que je suis un primaire. Il m’assure que « à
5969
é que nous savions nous battre », ce qui est bien
la
preuve que j’ai tort, et d’ailleurs de n’importe quoi. Il ajoute que
5970
i est bien la preuve que j’ai tort, et d’ailleurs
de
n’importe quoi. Il ajoute que ma lettre, dans sa forme, est « netteme
5971
sa forme, est « nettement péjorative vis-à-vis de
l’
armée, de la cavalerie en particulier », bref que je suis un « élément
5972
est « nettement péjorative vis-à-vis de l’armée,
de
la cavalerie en particulier », bref que je suis un « élément de désor
5973
t « nettement péjorative vis-à-vis de l’armée, de
la
cavalerie en particulier », bref que je suis un « élément de désordre
5974
e en particulier », bref que je suis un « élément
de
désordre ». Ce colonel m’a donné une idée. En reposant sa lettre je m
5975
reposant sa lettre je me suis écrié : « Vivement
la
Bombe ! Suprême élément d’ordre ! » Et ne croyez pas que je plaisanta
5976
uis écrié : « Vivement la Bombe ! Suprême élément
d’
ordre ! » Et ne croyez pas que je plaisantais. Car la Bombe seule peut
5977
rdre ! » Et ne croyez pas que je plaisantais. Car
la
Bombe seule peut nous débarrasser des armées, des souverainetés natio
5978
sser des armées, des souverainetés nationales, et
de
l’anarchie qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que la Bombe
5979
r des armées, des souverainetés nationales, et de
l’
anarchie qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que la Bombe pe
5980
ales, et de l’anarchie qu’elles entretiennent sur
la
planète. Je dis que la Bombe peut nous délivrer de deux manières : so
5981
qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que
la
Bombe peut nous délivrer de deux manières : soit en faisant sauter le
5982
a planète. Je dis que la Bombe peut nous délivrer
de
deux manières : soit en faisant sauter le tout, soit en nous forçant
5983
élivrer de deux manières : soit en faisant sauter
le
tout, soit en nous forçant d’ici peu à fédérer les hommes au-delà des
5984
le tout, soit en nous forçant d’ici peu à fédérer
les
hommes au-delà des nations. Vous cherchiez l’Autre contre qui s’unir
5985
vous fallait une menace planétaire pour provoquer
l’
union sacrée du genre humain ? Eh bien, madame, si j’ose le dire : vou
5986
acrée du genre humain ? Eh bien, madame, si j’ose
le
dire : vous êtes servie. II. L’État-nation Non, je n’en veux pa
5987
dame, si j’ose le dire : vous êtes servie. II.
L’
État-nation Non, je n’en veux pas un instant à votre ami le colonel
5988
n Non, je n’en veux pas un instant à votre ami
le
colonel. Dites-lui que je respecte la cavalerie : elle a fait ses pre
5989
à votre ami le colonel. Dites-lui que je respecte
la
cavalerie : elle a fait ses preuves sous Murat. Mais revenons au xxe
5990
preuves sous Murat. Mais revenons au xxe siècle.
L’
idée que les nations puissent perdre leur souveraineté et leurs armées
5991
s Murat. Mais revenons au xxe siècle. L’idée que
les
nations puissent perdre leur souveraineté et leurs armées, vous attri
5992
eurs armées, vous attriste visiblement. Vous avez
l’
impression que la civilisation et la culture y perdraient quelque chos
5993
attriste visiblement. Vous avez l’impression que
la
civilisation et la culture y perdraient quelque chose de précieux. No
5994
nt. Vous avez l’impression que la civilisation et
la
culture y perdraient quelque chose de précieux. Nous serions tous fon
5995
lisation et la culture y perdraient quelque chose
de
précieux. Nous serions tous fondus dans un magma informe de races, de
5996
x. Nous serions tous fondus dans un magma informe
de
races, de langues, de religions et de coutumes, et toutes les différe
5997
rions tous fondus dans un magma informe de races,
de
langues, de religions et de coutumes, et toutes les différences qui f
5998
ondus dans un magma informe de races, de langues,
de
religions et de coutumes, et toutes les différences qui font le goût
5999
gma informe de races, de langues, de religions et
de
coutumes, et toutes les différences qui font le goût de la vie s’évan
6000
e langues, de religions et de coutumes, et toutes
les
différences qui font le goût de la vie s’évanouiraient sous vos beaux
6001
t de coutumes, et toutes les différences qui font
le
goût de la vie s’évanouiraient sous vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je
6002
tumes, et toutes les différences qui font le goût
de
la vie s’évanouiraient sous vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je n’appel
6003
es, et toutes les différences qui font le goût de
la
vie s’évanouiraient sous vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je n’appelle
6004
s vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je n’appelle pas
le
chaos. Je cherche un moyen de l’éviter, ou plutôt d’en sortir un peu,
6005
s. Je n’appelle pas le chaos. Je cherche un moyen
de
l’éviter, ou plutôt d’en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien e
6006
Je n’appelle pas le chaos. Je cherche un moyen de
l’
éviter, ou plutôt d’en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien enga
6007
chaos. Je cherche un moyen de l’éviter, ou plutôt
d’
en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien engagés. Ce sont les gue
6008
peu, car nous y sommes déjà bien engagés. Ce sont
les
guerres qui le produisent. Et ce sont les nations qui produisent les
6009
sommes déjà bien engagés. Ce sont les guerres qui
le
produisent. Et ce sont les nations qui produisent les guerres… Mais j
6010
Ce sont les guerres qui le produisent. Et ce sont
les
nations qui produisent les guerres… Mais je vois que ce mot de nation
6011
produisent. Et ce sont les nations qui produisent
les
guerres… Mais je vois que ce mot de nation a créé entre nous une équi
6012
i produisent les guerres… Mais je vois que ce mot
de
nation a créé entre nous une équivoque. Il a deux sens bien différent
6013
parlé que du mauvais, jusqu’ici, parce que c’est
de
beaucoup le plus courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a de
6014
u mauvais, jusqu’ici, parce que c’est de beaucoup
le
plus courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a de précieux da
6015
e que c’est de beaucoup le plus courant. Essayons
de
les distinguer. Ce qu’il y a de précieux dans les nations, ce qui fai
6016
ue c’est de beaucoup le plus courant. Essayons de
les
distinguer. Ce qu’il y a de précieux dans les nations, ce qui fait le
6017
courant. Essayons de les distinguer. Ce qu’il y a
de
précieux dans les nations, ce qui fait leur véritable originalité, n’
6018
de les distinguer. Ce qu’il y a de précieux dans
les
nations, ce qui fait leur véritable originalité, n’est pas défini par
6019
effet, supprimez ces trois éléments qui composent
l’
idée moderne de nation, et les nations réelles subsisteront intactes,
6020
z ces trois éléments qui composent l’idée moderne
de
nation, et les nations réelles subsisteront intactes, comme membres d
6021
éments qui composent l’idée moderne de nation, et
les
nations réelles subsisteront intactes, comme membres du corps de l’hu
6022
les subsisteront intactes, comme membres du corps
de
l’humanité, comme foyers de rayonnement, et comme communauté de gens
6023
subsisteront intactes, comme membres du corps de
l’
humanité, comme foyers de rayonnement, et comme communauté de gens app
6024
omme membres du corps de l’humanité, comme foyers
de
rayonnement, et comme communauté de gens apparentés, soit par leurs t
6025
comme foyers de rayonnement, et comme communauté
de
gens apparentés, soit par leurs traditions, soit par leurs idéaux, c’
6026
destin ou par choix. Croyez-vous sérieusement que
les
Français cesseront de parler français, de créer leur culture, et d’ha
6027
oyez-vous sérieusement que les Français cesseront
de
parler français, de créer leur culture, et d’habiter paisiblement leu
6028
nt que les Français cesseront de parler français,
de
créer leur culture, et d’habiter paisiblement leur terre, si la Franc
6029
ont de parler français, de créer leur culture, et
d’
habiter paisiblement leur terre, si la France renonce un beau jour, en
6030
culture, et d’habiter paisiblement leur terre, si
la
France renonce un beau jour, en même temps que toutes les autres nati
6031
ce renonce un beau jour, en même temps que toutes
les
autres nations, à son armée, à ses douaniers et à son ministère des A
6032
ffaires étrangères ? Et ne pensez-vous pas que si
le
gouvernement français n’a plus rien d’autre à faire qu’administrer le
6033
pas que si le gouvernement français n’a plus rien
d’
autre à faire qu’administrer le pays, il sera un meilleur gouvernement
6034
çais n’a plus rien d’autre à faire qu’administrer
le
pays, il sera un meilleur gouvernement ? (Je vous pose ces questions
6035
vos craintes vagues.) Ce qui détruit aujourd’hui
les
nations, dans le sens valable et fécond de ce mot, c’est qu’elles ten
6036
es.) Ce qui détruit aujourd’hui les nations, dans
le
sens valable et fécond de ce mot, c’est qu’elles tendent à se confond
6037
d’hui les nations, dans le sens valable et fécond
de
ce mot, c’est qu’elles tendent à se confondre avec l’État, et c’est l
6038
e mot, c’est qu’elles tendent à se confondre avec
l’
État, et c’est la volonté qu’ont les États-nations ainsi formés, de se
6039
lles tendent à se confondre avec l’État, et c’est
la
volonté qu’ont les États-nations ainsi formés, de se rendre autarciqu
6040
confondre avec l’État, et c’est la volonté qu’ont
les
États-nations ainsi formés, de se rendre autarciques en vue d’une gue
6041
la volonté qu’ont les États-nations ainsi formés,
de
se rendre autarciques en vue d’une guerre possible, soit qu’ils redou
6042
ons ainsi formés, de se rendre autarciques en vue
d’
une guerre possible, soit qu’ils redoutent ou souhaitent cette éventua
6043
qu’ils redoutent ou souhaitent cette éventualité.
L’
État détruit nécessairement l’originalité d’une nation, lorsqu’il prét
6044
cette éventualité. L’État détruit nécessairement
l’
originalité d’une nation, lorsqu’il prétend réglementer ses énergies d
6045
lité. L’État détruit nécessairement l’originalité
d’
une nation, lorsqu’il prétend réglementer ses énergies d’après un modè
6046
ergies d’après un modèle uniforme, qu’il s’agisse
d’
une nation latine ou anglo-saxonne, socialiste ou capitaliste. Ce modè
6047
e, socialiste ou capitaliste. Ce modèle est celui
de
l’État totalitaire, qui est l’état de guerre en permanence. Ainsi l’e
6048
socialiste ou capitaliste. Ce modèle est celui de
l’
État totalitaire, qui est l’état de guerre en permanence. Ainsi l’enne
6049
e modèle est celui de l’État totalitaire, qui est
l’
état de guerre en permanence. Ainsi l’ennemi des nations c’est l’État
6050
e est celui de l’État totalitaire, qui est l’état
de
guerre en permanence. Ainsi l’ennemi des nations c’est l’État ; et le
6051
re, qui est l’état de guerre en permanence. Ainsi
l’
ennemi des nations c’est l’État ; et leur sauvegarde serait le gouvern
6052
e en permanence. Ainsi l’ennemi des nations c’est
l’
État ; et leur sauvegarde serait le gouvernement mondial. Ceux qui pen
6053
nations c’est l’État ; et leur sauvegarde serait
le
gouvernement mondial. Ceux qui pensent que c’est tout le contraire pr
6054
ernement mondial. Ceux qui pensent que c’est tout
le
contraire prennent le mot patrie dans le sens de nation, le mot natio
6055
qui pensent que c’est tout le contraire prennent
le
mot patrie dans le sens de nation, le mot nation dans le sens d’État,
6056
est tout le contraire prennent le mot patrie dans
le
sens de nation, le mot nation dans le sens d’État, le mot État dans l
6057
le contraire prennent le mot patrie dans le sens
de
nation, le mot nation dans le sens d’État, le mot État dans le sens d
6058
re prennent le mot patrie dans le sens de nation,
le
mot nation dans le sens d’État, le mot État dans le sens de souverain
6059
patrie dans le sens de nation, le mot nation dans
le
sens d’État, le mot État dans le sens de souverain, dont ils font fin
6060
ans le sens de nation, le mot nation dans le sens
d’
État, le mot État dans le sens de souverain, dont ils font finalement
6061
ens de nation, le mot nation dans le sens d’État,
le
mot État dans le sens de souverain, dont ils font finalement un dieu,
6062
mot nation dans le sens d’État, le mot État dans
le
sens de souverain, dont ils font finalement un dieu, créant d’horribl
6063
ion dans le sens d’État, le mot État dans le sens
de
souverain, dont ils font finalement un dieu, créant d’horribles confu
6064
uverain, dont ils font finalement un dieu, créant
d’
horribles confusions d’idées, qui se terminent en carnages périodiques
6065
finalement un dieu, créant d’horribles confusions
d’
idées, qui se terminent en carnages périodiques. Autre exemple. Pourqu
6066
es. Autre exemple. Pourquoi n’est-il question que
de
« nationaliser » tout ce qui peut l’être à l’intérieur des frontières
6067
question que de « nationaliser » tout ce qui peut
l’
être à l’intérieur des frontières, au lieu de multiplier les échanges
6068
que de « nationaliser » tout ce qui peut l’être à
l’
intérieur des frontières, au lieu de multiplier les échanges internati
6069
l’intérieur des frontières, au lieu de multiplier
les
échanges internationaux, comme le bon sens et l’économie l’indiquerai
6070
de multiplier les échanges internationaux, comme
le
bon sens et l’économie l’indiqueraient ? C’est parce que certains pay
6071
les échanges internationaux, comme le bon sens et
l’
économie l’indiqueraient ? C’est parce que certains pays ont préféré p
6072
s internationaux, comme le bon sens et l’économie
l’
indiqueraient ? C’est parce que certains pays ont préféré payer le pri
6073
? C’est parce que certains pays ont préféré payer
le
prix exorbitant de l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de
6074
ertains pays ont préféré payer le prix exorbitant
de
l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la guerre, e
6075
ains pays ont préféré payer le prix exorbitant de
l’
autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la guerre, en s
6076
ayer le prix exorbitant de l’autarcie, plutôt que
de
se mettre hors d’état de faire la guerre, en se liant à des économies
6077
itant de l’autarcie, plutôt que de se mettre hors
d’
état de faire la guerre, en se liant à des économies voisines. Mais re
6078
e l’autarcie, plutôt que de se mettre hors d’état
de
faire la guerre, en se liant à des économies voisines. Mais remarquez
6079
cie, plutôt que de se mettre hors d’état de faire
la
guerre, en se liant à des économies voisines. Mais remarquez l’hypocr
6080
se liant à des économies voisines. Mais remarquez
l’
hypocrisie du terme « nationaliser ». On n’ose pas dire « étatiser ».
6081
ut encore tirer parti du prestige qui s’attache à
l’
idée de nation… En fait, on étatise la nation. Que penser de ces États
6082
re tirer parti du prestige qui s’attache à l’idée
de
nation… En fait, on étatise la nation. Que penser de ces États-nation
6083
s’attache à l’idée de nation… En fait, on étatise
la
nation. Que penser de ces États-nations, de plus en plus nombreux, qu
6084
nation… En fait, on étatise la nation. Que penser
de
ces États-nations, de plus en plus nombreux, qui se referment sur eux
6085
êmes et sur leur budget militaire, qui se bardent
de
protections à la frontière, comme autrefois, en attendant que la Bomb
6086
budget militaire, qui se bardent de protections à
la
frontière, comme autrefois, en attendant que la Bombe vienne volatili
6087
à la frontière, comme autrefois, en attendant que
la
Bombe vienne volatiliser leurs centres vifs en une seconde, négligean
6088
ser leurs centres vifs en une seconde, négligeant
les
armées purement décoratives ? Vous me direz que la France, par exempl
6089
s armées purement décoratives ? Vous me direz que
la
France, par exemple, est entrée dans la voie de l’étatisme parce qu’e
6090
direz que la France, par exemple, est entrée dans
la
voie de l’étatisme parce qu’elle veut la justice sociale, et que cela
6091
e la France, par exemple, est entrée dans la voie
de
l’étatisme parce qu’elle veut la justice sociale, et que cela n’a rie
6092
a France, par exemple, est entrée dans la voie de
l’
étatisme parce qu’elle veut la justice sociale, et que cela n’a rien à
6093
rée dans la voie de l’étatisme parce qu’elle veut
la
justice sociale, et que cela n’a rien à voir avec la préparation à la
6094
justice sociale, et que cela n’a rien à voir avec
la
préparation à la guerre. Sans doute, mais je parlais moins des motifs
6095
et que cela n’a rien à voir avec la préparation à
la
guerre. Sans doute, mais je parlais moins des motifs que des effets i
6096
ais moins des motifs que des effets inéluctables.
Le
désir de justice sociale est une noble passion, la socialisation de l
6097
des motifs que des effets inéluctables. Le désir
de
justice sociale est une noble passion, la socialisation de l’industri
6098
e désir de justice sociale est une noble passion,
la
socialisation de l’industrie est une mesure économique partiellement
6099
e sociale est une noble passion, la socialisation
de
l’industrie est une mesure économique partiellement souhaitable, mais
6100
ociale est une noble passion, la socialisation de
l’
industrie est une mesure économique partiellement souhaitable, mais je
6101
e partiellement souhaitable, mais je ne leur vois
de
commun, à priori, que trois syllabes. Cependant l’on revendique la so
6102
e commun, à priori, que trois syllabes. Cependant
l’
on revendique la socialisation parce qu’elle contient ces trois syllab
6103
ri, que trois syllabes. Cependant l’on revendique
la
socialisation parce qu’elle contient ces trois syllabes sacrées, et l
6104
e qu’elle contient ces trois syllabes sacrées, et
l’
on traite de fasciste celui qui demande à voir. (La prochaine fois que
6105
ntient ces trois syllabes sacrées, et l’on traite
de
fasciste celui qui demande à voir. (La prochaine fois que vous oserez
6106
’on traite de fasciste celui qui demande à voir. (
La
prochaine fois que vous oserez me dire que le Social Register de New
6107
r. (La prochaine fois que vous oserez me dire que
le
Social Register de New York n’est qu’un Bottin mondain, je vous dénon
6108
n’est qu’un Bottin mondain, je vous dénonce dans
L’
Humanité.) Vous sentez que je ne prends parti ni pour ni contre la soc
6109
s sentez que je ne prends parti ni pour ni contre
la
socialisation, je note seulement qu’on prend parti sans en savoir plu
6110
lus que moi, et à cause de trois syllabes. Et que
l’
on confond socialisation et nationalisation pour masquer le fait qu’il
6111
ond socialisation et nationalisation pour masquer
le
fait qu’il s’agit d’une étatisation. Je n’en ai qu’au cadre national.
6112
nationalisation pour masquer le fait qu’il s’agit
d’
une étatisation. Je n’en ai qu’au cadre national. Introduisez dans cet
6113
ntroduisez dans cette broyeuse automatique qu’est
l’
État-nation de la démocratie ou marxisme, des idées libérales ou du pl
6114
s cette broyeuse automatique qu’est l’État-nation
de
la démocratie ou marxisme, des idées libérales ou du planisme, ou mêm
6115
ette broyeuse automatique qu’est l’État-nation de
la
démocratie ou marxisme, des idées libérales ou du planisme, ou même u
6116
bérales ou du planisme, ou même une belle passion
de
la justice sociale, le résultat sera le même : à l’autre bout, vous o
6117
ales ou du planisme, ou même une belle passion de
la
justice sociale, le résultat sera le même : à l’autre bout, vous obti
6118
ou même une belle passion de la justice sociale,
le
résultat sera le même : à l’autre bout, vous obtiendrez du totalitari
6119
e passion de la justice sociale, le résultat sera
le
même : à l’autre bout, vous obtiendrez du totalitarisme en bâtons et
6120
btiendrez du totalitarisme en bâtons et une grêle
de
coups. Je suis sérieux. Le socialisme, non pas en soi, mais construit
6121
en bâtons et une grêle de coups. Je suis sérieux.
Le
socialisme, non pas en soi, mais construit dans le cadre national con
6122
e socialisme, non pas en soi, mais construit dans
le
cadre national conduit nécessairement à l’État totalitaire, donc à l’
6123
t dans le cadre national conduit nécessairement à
l’
État totalitaire, donc à l’état de guerre larvé ou déclaré, qui est le
6124
nduit nécessairement à l’État totalitaire, donc à
l’
état de guerre larvé ou déclaré, qui est le pire des crimes sociaux. O
6125
écessairement à l’État totalitaire, donc à l’état
de
guerre larvé ou déclaré, qui est le pire des crimes sociaux. On ne so
6126
donc à l’état de guerre larvé ou déclaré, qui est
le
pire des crimes sociaux. On ne sortira de ce cercle vicieux qu’en sup
6127
qui est le pire des crimes sociaux. On ne sortira
de
ce cercle vicieux qu’en supprimant ce qui permet la guerre, ou la pro
6128
ce cercle vicieux qu’en supprimant ce qui permet
la
guerre, ou la provoque, c’est-à-dire en désintégrant le carcan des Ét
6129
ieux qu’en supprimant ce qui permet la guerre, ou
la
provoque, c’est-à-dire en désintégrant le carcan des États-nations. P
6130
rre, ou la provoque, c’est-à-dire en désintégrant
le
carcan des États-nations. Par quel moyen ? En remettant le soin de di
6131
des États-nations. Par quel moyen ? En remettant
le
soin de diriger les affaires internationales à des hommes qui ne repr
6132
ts-nations. Par quel moyen ? En remettant le soin
de
diriger les affaires internationales à des hommes qui ne représentent
6133
Par quel moyen ? En remettant le soin de diriger
les
affaires internationales à des hommes qui ne représentent pas les nat
6134
ernationales à des hommes qui ne représentent pas
les
nations, mais l’humanité. Car ceux-là seuls seront qualifiés pour arb
6135
hommes qui ne représentent pas les nations, mais
l’
humanité. Car ceux-là seuls seront qualifiés pour arbitrer. Autrement
6136
ifiés pour arbitrer. Autrement ce n’est qu’un jeu
de
force, et le premier qui tire aura gagné, quel que soit le mordant de
6137
et le premier qui tire aura gagné, quel que soit
le
mordant de l’infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pa
6138
ier qui tire aura gagné, quel que soit le mordant
de
l’infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’adversa
6139
qui tire aura gagné, quel que soit le mordant de
l’
infanterie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’adversaire
6140
agné, quel que soit le mordant de l’infanterie ou
la
bravoure de votre colonel. Il n’aura pas d’adversaires à combattre à
6141
ue soit le mordant de l’infanterie ou la bravoure
de
votre colonel. Il n’aura pas d’adversaires à combattre à 2000 kilomèt
6142
ie ou la bravoure de votre colonel. Il n’aura pas
d’
adversaires à combattre à 2000 kilomètres à la ronde, sauf s’il saute
6143
pas d’adversaires à combattre à 2000 kilomètres à
la
ronde, sauf s’il saute à cheval par-dessus toute l’Allemagne ou l’océ
6144
ronde, sauf s’il saute à cheval par-dessus toute
l’
Allemagne ou l’océan. (Mettez-lui bien cela dans la tête.) z. Roug
6145
il saute à cheval par-dessus toute l’Allemagne ou
l’
océan. (Mettez-lui bien cela dans la tête.) z. Rougemont Denis de,
6146
’Allemagne ou l’océan. (Mettez-lui bien cela dans
la
tête.) z. Rougemont Denis de, « Deux lettres sur le gouvernement
6147
i bien cela dans la tête.) z. Rougemont Denis
de
, « Deux lettres sur le gouvernement mondial », Mondes, Paris, 4 juin
6148
e.) z. Rougemont Denis de, « Deux lettres sur
le
gouvernement mondial », Mondes, Paris, 4 juin 1946, p. 1 et 3.
6149
L’
Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet
6150
L’Américain croit à
la
vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)ab Pendant
6151
L’Américain croit à la vie,
le
Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)ab Pendant que vous
6152
Américain croit à la vie, le Français aux raisons
de
vivre (19 juillet 1946)ab Pendant que vous avez encore quelques Am
6153
avez encore quelques Américains en France, et que
l’
Amérique encore me tient par tout ce que je viens d’y vivre en six ann
6154
Amérique encore me tient par tout ce que je viens
d’
y vivre en six années, livrons-nous au petit jeu de société mondiale q
6155
’y vivre en six années, livrons-nous au petit jeu
de
société mondiale qu’est la comparaison des peuples deux à deux. Jeu p
6156
rons-nous au petit jeu de société mondiale qu’est
la
comparaison des peuples deux à deux. Jeu plus sérieux d’ailleurs qu’i
6157
grandes questions du siècle est sans doute celle
de
ne point laisser nos moyens matériels de transport distancer la consc
6158
te celle de ne point laisser nos moyens matériels
de
transport distancer la conscience humaine, trop étroitement liée aux
6159
isser nos moyens matériels de transport distancer
la
conscience humaine, trop étroitement liée aux cadres nationaux. Com
6160
tionaux. Comment ils accueillent un étranger
Le
grand bourgeois de Paris et ses fils, lorsqu’ils rencontrent une tête
6161
ils accueillent un étranger Le grand bourgeois
de
Paris et ses fils, lorsqu’ils rencontrent une tête nouvelle, ne souri
6162
guère. Ils tendent une main précise, accompagnée
d’
un regard qui jauge cet adversaire ou ce partenaire possible. Qui va p
6163
venaient de tirer une invisible fermeture éclair.
L’
Américain s’ouvre, au contraire, comme sa bouche sur des dents éclatan
6164
r enfin libre cours à ses puissances instinctives
de
cordialité et d’hospitalité. Comment ils deviennent amis À la d
6165
rs à ses puissances instinctives de cordialité et
d’
hospitalité. Comment ils deviennent amis À la deuxième rencontre
6166
mis À la deuxième rencontre, ou tout de suite,
l’
Américain vous dit votre prénom, vous raconte sa vie sentimentale et l
6167
votre prénom, vous raconte sa vie sentimentale et
l’
état de ses affaires, enfin vous invite pour un week-end. Pendant ving
6168
rénom, vous raconte sa vie sentimentale et l’état
de
ses affaires, enfin vous invite pour un week-end. Pendant vingt ans,
6169
vous invite pour un week-end. Pendant vingt ans,
le
Français vous dira Monsieur, fera l’impossible pour vous cacher sa ri
6170
t vingt ans, le Français vous dira Monsieur, fera
l’
impossible pour vous cacher sa richesse s’il est riche, sa pauvreté s’
6171
agissantes. Personne n’a plus, et mieux écrit sur
l’
amitié que les moralistes français, de Montaigne à Paul Valéry. Tandis
6172
ersonne n’a plus, et mieux écrit sur l’amitié que
les
moralistes français, de Montaigne à Paul Valéry. Tandis qu’en Amériqu
6173
x écrit sur l’amitié que les moralistes français,
de
Montaigne à Paul Valéry. Tandis qu’en Amérique, il vous arrive souven
6174
ry. Tandis qu’en Amérique, il vous arrive souvent
de
vous sentir seul au monde en connaissant tout le monde. La rançon d’u
6175
entir seul au monde en connaissant tout le monde.
La
rançon d’une intimité trop rapide et superficielle, c’est la facilité
6176
au monde en connaissant tout le monde. La rançon
d’
une intimité trop rapide et superficielle, c’est la facilité avec laqu
6177
’une intimité trop rapide et superficielle, c’est
la
facilité avec laquelle cette intimité s’évapore. On se voit tous les
6178
aquelle cette intimité s’évapore. On se voit tous
les
jours pendant quelques semaines, puis plus du tout pendant un an. Et
6179
qu’on est devenu, on rit, on boit, on ne s’étonne
de
rien, tout glisse et passe, il y a tant d’êtres sur la terre, tant de
6180
étonne de rien, tout glisse et passe, il y a tant
d’
êtres sur la terre, tant de hasards, tant de manières de vivre, de bon
6181
en, tout glisse et passe, il y a tant d’êtres sur
la
terre, tant de hasards, tant de manières de vivre, de bonnes et de ma
6182
s sur la terre, tant de hasards, tant de manières
de
vivre, de bonnes et de mauvaises fortunes, par chance… Le sourire lar
6183
erre, tant de hasards, tant de manières de vivre,
de
bonnes et de mauvaises fortunes, par chance… Le sourire large des Amé
6184
hasards, tant de manières de vivre, de bonnes et
de
mauvaises fortunes, par chance… Le sourire large des Américains dissi
6185
, de bonnes et de mauvaises fortunes, par chance…
Le
sourire large des Américains dissimule leur vraie tragédie : la solit
6186
ge des Américains dissimule leur vraie tragédie :
la
solitude. Comment ils s’unissent et se divisentac En France, i
6187
s’unissent et se divisentac En France, il y a
les
catholiques et les laïques, c’est simple ; mais il y a d’autre part t
6188
visentac En France, il y a les catholiques et
les
laïques, c’est simple ; mais il y a d’autre part trente-six partis et
6189
dances et nuances politiques. En Amérique, il y a
les
républicains et les démocrates, c’est simple ; mais il y a d’autre pa
6190
litiques. En Amérique, il y a les républicains et
les
démocrates, c’est simple ; mais il y a d’autre part trente-six « stoc
6191
; mais il y a d’autre part trente-six « stocks »
d’
immigrants, et trente-six églises différentes, sous-églises, sectes et
6192
jadis ou naguère par des réfugiés religieux. Mais
les
Américains changent facilement d’église, selon leur domicile ou leur
6193
eligieux. Mais les Américains changent facilement
d’
église, selon leur domicile ou leur cercle d’amis, tandis que le Franç
6194
ment d’église, selon leur domicile ou leur cercle
d’
amis, tandis que le Français donne l’impression qu’il ne changerait pa
6195
n leur domicile ou leur cercle d’amis, tandis que
le
Français donne l’impression qu’il ne changerait pas plus de parti que
6196
s donne l’impression qu’il ne changerait pas plus
de
parti que de passé. Comment ils inventent Un ingénieur français
6197
ression qu’il ne changerait pas plus de parti que
de
passé. Comment ils inventent Un ingénieur français, débarquant
6198
ew York, déclare que son pays vient de construire
l’
avion le plus rapide du monde. L’industrie française a tenu le coup, e
6199
déclare que son pays vient de construire l’avion
le
plus rapide du monde. L’industrie française a tenu le coup, elle se r
6200
nt de construire l’avion le plus rapide du monde.
L’
industrie française a tenu le coup, elle se remonte même si rapidement
6201
lus rapide du monde. L’industrie française a tenu
le
coup, elle se remonte même si rapidement qu’elle bat déjà l’américain
6202
le se remonte même si rapidement qu’elle bat déjà
l’
américaine sur le terrain le plus favorable à cette dernière. Mais tou
6203
e si rapidement qu’elle bat déjà l’américaine sur
le
terrain le plus favorable à cette dernière. Mais tout compte fait, l’
6204
ment qu’elle bat déjà l’américaine sur le terrain
le
plus favorable à cette dernière. Mais tout compte fait, l’avion le pl
6205
avorable à cette dernière. Mais tout compte fait,
l’
avion le plus rapide du monde n’existe qu’à un seul exemplaire. Et pen
6206
à cette dernière. Mais tout compte fait, l’avion
le
plus rapide du monde n’existe qu’à un seul exemplaire. Et pendant qu’
6207
’existe qu’à un seul exemplaire. Et pendant qu’on
le
construisait, l’Amérique a produit quelques milliers d’appareils plus
6208
eul exemplaire. Et pendant qu’on le construisait,
l’
Amérique a produit quelques milliers d’appareils plus lourds et plus l
6209
struisait, l’Amérique a produit quelques milliers
d’
appareils plus lourds et plus lents, qui n’ont d’autre avantage que de
6210
d’appareils plus lourds et plus lents, qui n’ont
d’
autre avantage que de fonctionner sur toutes les grandes lignes du mon
6211
rds et plus lents, qui n’ont d’autre avantage que
de
fonctionner sur toutes les grandes lignes du monde. Curieuse impatien
6212
nt d’autre avantage que de fonctionner sur toutes
les
grandes lignes du monde. Curieuse impatience du génie français : il i
6213
: il invente sans relâche, et cent fois plus que
le
génie américain ; mais aussitôt il généralise son invention, son prot
6214
un stade atteint et dépassé, c’est comme si tous
les
avions de série étaient déjà faits ; il en est fatigué d’avance, et p
6215
tteint et dépassé, c’est comme si tous les avions
de
série étaient déjà faits ; il en est fatigué d’avance, et passe à l’i
6216
s de série étaient déjà faits ; il en est fatigué
d’
avance, et passe à l’invention suivante. Vue d’Amérique, l’Europe appa
6217
jà faits ; il en est fatigué d’avance, et passe à
l’
invention suivante. Vue d’Amérique, l’Europe apparaît comme une petite
6218
ué d’avance, et passe à l’invention suivante. Vue
d’
Amérique, l’Europe apparaît comme une petite région de la planète prop
6219
et passe à l’invention suivante. Vue d’Amérique,
l’
Europe apparaît comme une petite région de la planète proprement stupé
6220
érique, l’Europe apparaît comme une petite région
de
la planète proprement stupéfiante par la densité de ses inventions, t
6221
que, l’Europe apparaît comme une petite région de
la
planète proprement stupéfiante par la densité de ses inventions, tand
6222
e région de la planète proprement stupéfiante par
la
densité de ses inventions, tandis que l’Amérique vue d’Europe stupéfi
6223
la planète proprement stupéfiante par la densité
de
ses inventions, tandis que l’Amérique vue d’Europe stupéfie par sa pr
6224
ante par la densité de ses inventions, tandis que
l’
Amérique vue d’Europe stupéfie par sa production standardisée. C’est q
6225
sité de ses inventions, tandis que l’Amérique vue
d’
Europe stupéfie par sa production standardisée. C’est que l’Européen s
6226
tupéfie par sa production standardisée. C’est que
l’
Européen s’ennuie plus vite et supporte moins de s’ennuyer. Tandis que
6227
e l’Européen s’ennuie plus vite et supporte moins
de
s’ennuyer. Tandis que l’Américain se contente plus longtemps des même
6228
s vite et supporte moins de s’ennuyer. Tandis que
l’
Américain se contente plus longtemps des mêmes idées, des mêmes types
6229
e plus longtemps des mêmes idées, des mêmes types
d’
appareils, parce qu’il les utilise vraiment, parce qu’il en vit, et qu
6230
s idées, des mêmes types d’appareils, parce qu’il
les
utilise vraiment, parce qu’il en vit, et qu’il ne spécule pas à leur
6231
spécule pas à leur sujet. Comment ils prennent
la
vie Le Français est profondément sérieux, c’est même à mon avis l’
6232
s à leur sujet. Comment ils prennent la vie
Le
Français est profondément sérieux, c’est même à mon avis l’espèce d’h
6233
s est profondément sérieux, c’est même à mon avis
l’
espèce d’homme la plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons,
6234
fondément sérieux, c’est même à mon avis l’espèce
d’
homme la plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons, son théâ
6235
t sérieux, c’est même à mon avis l’espèce d’homme
la
plus sérieuse de la planète. Cependant ses chansons, son théâtre d’av
6236
même à mon avis l’espèce d’homme la plus sérieuse
de
la planète. Cependant ses chansons, son théâtre d’avant-guerre, ses r
6237
e à mon avis l’espèce d’homme la plus sérieuse de
la
planète. Cependant ses chansons, son théâtre d’avant-guerre, ses roma
6238
e la planète. Cependant ses chansons, son théâtre
d’
avant-guerre, ses romans à succès et ses produits d’exportation, humai
6239
avant-guerre, ses romans à succès et ses produits
d’
exportation, humains ou commerciaux, le font passer pour plus léger qu
6240
s produits d’exportation, humains ou commerciaux,
le
font passer pour plus léger que l’air. Il a fallu le général de Gaull
6241
u commerciaux, le font passer pour plus léger que
l’
air. Il a fallu le général de Gaulle et les récits de la Résistance po
6242
font passer pour plus léger que l’air. Il a fallu
le
général de Gaulle et les récits de la Résistance pour que certains Am
6243
ger que l’air. Il a fallu le général de Gaulle et
les
récits de la Résistance pour que certains Américains pressentent enfi
6244
ir. Il a fallu le général de Gaulle et les récits
de
la Résistance pour que certains Américains pressentent enfin que la F
6245
Il a fallu le général de Gaulle et les récits de
la
Résistance pour que certains Américains pressentent enfin que la Fran
6246
our que certains Américains pressentent enfin que
la
France est le pays du sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, de
6247
ns Américains pressentent enfin que la France est
le
pays du sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, des provinciaux
6248
enfin que la France est le pays du sérieux sobre,
de
l’intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus de noir — « le noir,
6249
in que la France est le pays du sérieux sobre, de
l’
intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus de noir — « le noir, la
6250
l’intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus
de
noir — « le noir, la couleur nationale ! » s’écrie un personnage de G
6251
eance réaliste, des provinciaux vêtus de noir — «
le
noir, la couleur nationale ! » s’écrie un personnage de Giraudoux — s
6252
liste, des provinciaux vêtus de noir — « le noir,
la
couleur nationale ! » s’écrie un personnage de Giraudoux — sans parle
6253
r, la couleur nationale ! » s’écrie un personnage
de
Giraudoux — sans parler des débats sur la laïcité ou les écoles confe
6254
sonnage de Giraudoux — sans parler des débats sur
la
laïcité ou les écoles confessionnelles. L’Américain lui, passe encore
6255
audoux — sans parler des débats sur la laïcité ou
les
écoles confessionnelles. L’Américain lui, passe encore en Europe pour
6256
ts sur la laïcité ou les écoles confessionnelles.
L’
Américain lui, passe encore en Europe pour un Anglo-Saxon puritain du
6257
ur dix, bien plus près du Méridional par son goût
de
l’exagération — Tartarin serait bien épaté — son humeur communicative
6258
dix, bien plus près du Méridional par son goût de
l’
exagération — Tartarin serait bien épaté — son humeur communicative, e
6259
son insouciance lyrique. Ses chansons déchirantes
de
sentimentalisme ne traduisent que ses rêveries, dans un style emprunt
6260
exuelle me paraît fort peu romantique. On compare
les
salaires en toute simplicité, on divorce pour des questions de cuisin
6261
n toute simplicité, on divorce pour des questions
de
cuisine, on se console vite, on n’admet pas la jalousie. Le « réalism
6262
ns de cuisine, on se console vite, on n’admet pas
la
jalousie. Le « réalisme terre-à-terre » des Américains dans ce domain
6263
, on se console vite, on n’admet pas la jalousie.
Le
« réalisme terre-à-terre » des Américains dans ce domaine, présente u
6264
s dans ce domaine, présente un tel contraste avec
les
mœurs des Européens qu’on perd l’espoir de jamais faire comprendre le
6265
contraste avec les mœurs des Européens qu’on perd
l’
espoir de jamais faire comprendre les uns aux autres. L’ordre des vale
6266
avec les mœurs des Européens qu’on perd l’espoir
de
jamais faire comprendre les uns aux autres. L’ordre des valeurs moral
6267
ns qu’on perd l’espoir de jamais faire comprendre
les
uns aux autres. L’ordre des valeurs morales me semble s’inverser lors
6268
ir de jamais faire comprendre les uns aux autres.
L’
ordre des valeurs morales me semble s’inverser lorsqu’on passe d’un co
6269
eurs morales me semble s’inverser lorsqu’on passe
d’
un continent à l’autre. Un seul exemple : en Europe, la longue durée d
6270
continent à l’autre. Un seul exemple : en Europe,
la
longue durée d’une liaison l’officialise presque ; en Amérique, c’est
6271
tre. Un seul exemple : en Europe, la longue durée
d’
une liaison l’officialise presque ; en Amérique, c’est elle qui fait s
6272
xemple : en Europe, la longue durée d’une liaison
l’
officialise presque ; en Amérique, c’est elle qui fait scandale. Se qu
6273
En Europe, terre des cathédrales, on demande à
Le
Corbusier de bâtir des églises en verre et en ciment : je me souviens
6274
terre des cathédrales, on demande à Le Corbusier
de
bâtir des églises en verre et en ciment : je me souviens du temple pr
6275
t en ciment : je me souviens du temple protestant
de
Drancy, et de vingt églises en style aérodynamique construites par le
6276
je me souviens du temple protestant de Drancy, et
de
vingt églises en style aérodynamique construites par les Allemands av
6277
gt églises en style aérodynamique construites par
les
Allemands avant Hitler, ou par les Suisses ou par les Hollandais. Mai
6278
onstruites par les Allemands avant Hitler, ou par
les
Suisses ou par les Hollandais. Mais en Amérique, on copie le gothique
6279
Allemands avant Hitler, ou par les Suisses ou par
les
Hollandais. Mais en Amérique, on copie le gothique, tant pour les égl
6280
ou par les Hollandais. Mais en Amérique, on copie
le
gothique, tant pour les églises que pour les universités. On pousse l
6281
Mais en Amérique, on copie le gothique, tant pour
les
églises que pour les universités. On pousse le raffinement jusqu’à co
6282
copie le gothique, tant pour les églises que pour
les
universités. On pousse le raffinement jusqu’à construire le chœur en
6283
r les églises que pour les universités. On pousse
le
raffinement jusqu’à construire le chœur en style roman, et la nef en
6284
ités. On pousse le raffinement jusqu’à construire
le
chœur en style roman, et la nef en style ogival ; jusqu’à reproduire
6285
nt jusqu’à construire le chœur en style roman, et
la
nef en style ogival ; jusqu’à reproduire les tours non terminées des
6286
n, et la nef en style ogival ; jusqu’à reproduire
les
tours non terminées des cathédrales européennes. Et les résidences lu
6287
urs non terminées des cathédrales européennes. Et
les
résidences luxueuses de la campagne ou de la ville sont régulièrement
6288
hédrales européennes. Et les résidences luxueuses
de
la campagne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de
6289
rales européennes. Et les résidences luxueuses de
la
campagne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de st
6290
es. Et les résidences luxueuses de la campagne ou
de
la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de s
6291
Et les résidences luxueuses de la campagne ou de
la
ville sont régulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor, de styl
6292
gne ou de la ville sont régulièrement — sauf dans
le
Sud — de style Tudor, de style Renaissance, de style hollandais ou es
6293
la ville sont régulièrement — sauf dans le Sud —
de
style Tudor, de style Renaissance, de style hollandais ou espagnol… P
6294
égulièrement — sauf dans le Sud — de style Tudor,
de
style Renaissance, de style hollandais ou espagnol… Par contre, les c
6295
ns le Sud — de style Tudor, de style Renaissance,
de
style hollandais ou espagnol… Par contre, les cottages américains ont
6296
nce, de style hollandais ou espagnol… Par contre,
les
cottages américains ont infiniment plus d’originalité, de diversité e
6297
ntre, les cottages américains ont infiniment plus
d’
originalité, de diversité et d’élégance, que les maisons bourgeoises e
6298
ges américains ont infiniment plus d’originalité,
de
diversité et d’élégance, que les maisons bourgeoises en France. Quant
6299
nt infiniment plus d’originalité, de diversité et
d’
élégance, que les maisons bourgeoises en France. Quant aux gratte-ciel
6300
us d’originalité, de diversité et d’élégance, que
les
maisons bourgeoises en France. Quant aux gratte-ciel, l’ère en est bi
6301
ons bourgeoises en France. Quant aux gratte-ciel,
l’
ère en est bien passée. Sauf à New York, ils ne sont pas rentables.
6302
ntables. Comment ils sont scrupuleux ou non
L’
Américain ne pardonne pas une erreur de 2 cents dans un compte, mais s
6303
ou non L’Américain ne pardonne pas une erreur
de
2 cents dans un compte, mais se trompe joyeusement d’un pays quand il
6304
cents dans un compte, mais se trompe joyeusement
d’
un pays quand il bombarde, d’un siècle quand il cite l’histoire, d’un
6305
e trompe joyeusement d’un pays quand il bombarde,
d’
un siècle quand il cite l’histoire, d’un ordre spirituel quand il crit
6306
pays quand il bombarde, d’un siècle quand il cite
l’
histoire, d’un ordre spirituel quand il critique un livre. Ce qu’il ne
6307
l bombarde, d’un siècle quand il cite l’histoire,
d’
un ordre spirituel quand il critique un livre. Ce qu’il ne tolère pas,
6308
critique un livre. Ce qu’il ne tolère pas, c’est
le
mensonge, et là précisément où le Français le considère comme allant
6309
lère pas, c’est le mensonge, et là précisément où
le
Français le considère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de l’É
6310
est le mensonge, et là précisément où le Français
le
considère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de l’État. Quand v
6311
cisément où le Français le considère comme allant
de
soi, j’entends vis-à-vis de l’État. Quand vous entrez en Amérique, on
6312
idère comme allant de soi, j’entends vis-à-vis de
l’
État. Quand vous entrez en Amérique, on vous demande de remplir des qu
6313
t. Quand vous entrez en Amérique, on vous demande
de
remplir des questionnaires comportant des questions de ce genre : « B
6314
mplir des questionnaires comportant des questions
de
ce genre : « Buvez-vous ? Modérément ? À l’excès ? Fumez-vous ? Avez-
6315
tions de ce genre : « Buvez-vous ? Modérément ? À
l’
excès ? Fumez-vous ? Avez-vous d’autres vices ? Êtes-vous partisan de
6316
s ? Avez-vous d’autres vices ? Êtes-vous partisan
de
doctrines tendant au renversement des institutions américaines ? » Vo
6317
on vous laissera entrer. Mais si vous dites sous
la
foi du serment, que vous ne l’êtes pas, et que votre vie plus tard pr
6318
si vous dites sous la foi du serment, que vous ne
l’
êtes pas, et que votre vie plus tard prouve que vous l’êtes, l’amende
6319
s pas, et que votre vie plus tard prouve que vous
l’
êtes, l’amende ou la peine de prison seront triplées. Tout repose ici
6320
t que votre vie plus tard prouve que vous l’êtes,
l’
amende ou la peine de prison seront triplées. Tout repose ici sur la p
6321
vie plus tard prouve que vous l’êtes, l’amende ou
la
peine de prison seront triplées. Tout repose ici sur la parole donnée
6322
tard prouve que vous l’êtes, l’amende ou la peine
de
prison seront triplées. Tout repose ici sur la parole donnée, seul fo
6323
ne de prison seront triplées. Tout repose ici sur
la
parole donnée, seul fondement d’une réelle démocratie. Comment ils
6324
t repose ici sur la parole donnée, seul fondement
d’
une réelle démocratie. Comment ils se battent Voici le contraste
6325
le démocratie. Comment ils se battent Voici
le
contraste le plus profond entre l’Ancien et le Nouveau Monde : leur m
6326
. Comment ils se battent Voici le contraste
le
plus profond entre l’Ancien et le Nouveau Monde : leur manière de réa
6327
ttent Voici le contraste le plus profond entre
l’
Ancien et le Nouveau Monde : leur manière de réagir à la souffrance. P
6328
ci le contraste le plus profond entre l’Ancien et
le
Nouveau Monde : leur manière de réagir à la souffrance. Prenons l’exe
6329
entre l’Ancien et le Nouveau Monde : leur manière
de
réagir à la souffrance. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le
6330
en et le Nouveau Monde : leur manière de réagir à
la
souffrance. Prenons l’exemple de la mort à la guerre. Le Français, él
6331
: leur manière de réagir à la souffrance. Prenons
l’
exemple de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dul
6332
ière de réagir à la souffrance. Prenons l’exemple
de
la mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dulce et deco
6333
e de réagir à la souffrance. Prenons l’exemple de
la
mort à la guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dulce et decorum
6334
r à la souffrance. Prenons l’exemple de la mort à
la
guerre. Le Français, élevé dans l’idée que dulce et decorum est pro p
6335
france. Prenons l’exemple de la mort à la guerre.
Le
Français, élevé dans l’idée que dulce et decorum est pro patria mori,
6336
e de la mort à la guerre. Le Français, élevé dans
l’
idée que dulce et decorum est pro patria mori, accepte de se faire tue
6337
que dulce et decorum est pro patria mori, accepte
de
se faire tuer non point par fanatisme, religieux, comme le Japonais,
6338
re tuer non point par fanatisme, religieux, comme
le
Japonais, ni par esprit quasi sportif comme l’Américain, mais par une
6339
me le Japonais, ni par esprit quasi sportif comme
l’
Américain, mais par une sorte de fatalisme inconscient. (Je ne parle p
6340
asi sportif comme l’Américain, mais par une sorte
de
fatalisme inconscient. (Je ne parle pas du héros, mais du troupier mo
6341
uis des siècles, et qu’on ne peut pas y échapper.
L’
Américain, bien au contraire, considère la souffrance et la mort comme
6342
happer. L’Américain, bien au contraire, considère
la
souffrance et la mort comme des accidents insensés, que rien au monde
6343
in, bien au contraire, considère la souffrance et
la
mort comme des accidents insensés, que rien au monde ne peut rendre a
6344
monde ne peut rendre acceptables ou justifiables.
L’
idée que la souffrance puisse devenir féconde ne l’effleure pas, tandi
6345
ut rendre acceptables ou justifiables. L’idée que
la
souffrance puisse devenir féconde ne l’effleure pas, tandis qu’elle r
6346
’idée que la souffrance puisse devenir féconde ne
l’
effleure pas, tandis qu’elle règne sur notre inconscient, résidu des p
6347
ésidu des plus solennelles traditions religieuses
de
l’Occident. C’est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’enn
6348
du des plus solennelles traditions religieuses de
l’
Occident. C’est pourquoi les Français avancent sous le feu de l’ennemi
6349
ditions religieuses de l’Occident. C’est pourquoi
les
Français avancent sous le feu de l’ennemi, tandis que les Américains
6350
cident. C’est pourquoi les Français avancent sous
le
feu de l’ennemi, tandis que les Américains s’assurent d’abord — quitt
6351
C’est pourquoi les Français avancent sous le feu
de
l’ennemi, tandis que les Américains s’assurent d’abord — quitte à pay
6352
est pourquoi les Français avancent sous le feu de
l’
ennemi, tandis que les Américains s’assurent d’abord — quitte à payer
6353
çais avancent sous le feu de l’ennemi, tandis que
les
Américains s’assurent d’abord — quitte à payer le prix qu’il faut en
6354
es Américains s’assurent d’abord — quitte à payer
le
prix qu’il faut en matériel — que les batteries d’en face ont été écr
6355
itte à payer le prix qu’il faut en matériel — que
les
batteries d’en face ont été écrasées. Cette folie apparente de l’Euro
6356
e prix qu’il faut en matériel — que les batteries
d’
en face ont été écrasées. Cette folie apparente de l’Européen dénote u
6357
d’en face ont été écrasées. Cette folie apparente
de
l’Européen dénote un certain degré de spiritualité, car l’esprit se n
6358
n face ont été écrasées. Cette folie apparente de
l’
Européen dénote un certain degré de spiritualité, car l’esprit se nour
6359
e apparente de l’Européen dénote un certain degré
de
spiritualité, car l’esprit se nourrit de sacrifices. Tandis que le bo
6360
péen dénote un certain degré de spiritualité, car
l’
esprit se nourrit de sacrifices. Tandis que le bon sens américain trah
6361
in degré de spiritualité, car l’esprit se nourrit
de
sacrifices. Tandis que le bon sens américain trahit une certaine igno
6362
car l’esprit se nourrit de sacrifices. Tandis que
le
bon sens américain trahit une certaine ignorance des conditions premi
6363
t une certaine ignorance des conditions premières
de
la vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie m
6364
ne certaine ignorance des conditions premières de
la
vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à la vie même
6365
e des conditions premières de la vie spirituelle.
Les
uns préfèrent les raisons de vivre à la vie même, et pour les autres,
6366
remières de la vie spirituelle. Les uns préfèrent
les
raisons de vivre à la vie même, et pour les autres, c’est l’inverse.
6367
la vie spirituelle. Les uns préfèrent les raisons
de
vivre à la vie même, et pour les autres, c’est l’inverse. Je compare
6368
ituelle. Les uns préfèrent les raisons de vivre à
la
vie même, et pour les autres, c’est l’inverse. Je compare et vous lai
6369
èrent les raisons de vivre à la vie même, et pour
les
autres, c’est l’inverse. Je compare et vous laisse juger. Ce n’est pa
6370
de vivre à la vie même, et pour les autres, c’est
l’
inverse. Je compare et vous laisse juger. Ce n’est pas simple. Et cela
6371
e choquer ? Que voulez-vous, j’ai deux amours. Or
l’
amour rend parfois plus lucide que l’être aimé ne le souhaite. ab.
6372
x amours. Or l’amour rend parfois plus lucide que
l’
être aimé ne le souhaite. ab. Rougemont Denis de, « L’Américain cr
6373
amour rend parfois plus lucide que l’être aimé ne
le
souhaite. ab. Rougemont Denis de, « L’Américain croit à la vie, l
6374
être aimé ne le souhaite. ab. Rougemont Denis
de
, « L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre », Te
6375
imé ne le souhaite. ab. Rougemont Denis de, «
L’
Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre », Temps pr
6376
ab. Rougemont Denis de, « L’Américain croit à
la
vie, le Français aux raisons de vivre », Temps présent, Paris, 19 jui
6377
Rougemont Denis de, « L’Américain croit à la vie,
le
Français aux raisons de vivre », Temps présent, Paris, 19 juillet 194
6378
Américain croit à la vie, le Français aux raisons
de
vivre », Temps présent, Paris, 19 juillet 1946, p. 1-2. ac. Sous-tit
6379
p. 1-2. ac. Sous-titre manifestement oublié par
la
rédaction, et rajouté par nous sur la base du texte paru dans Vivre
6380
oublié par la rédaction, et rajouté par nous sur
la
base du texte paru dans Vivre en Amérique (chapitre 4), livre édité
6381
e édité un an plus tard chez Stock. ad. Depuis «
L’
ordre des valeurs morales… » : lecture incertaine, aucune copie correc
6382
Réponse à
l’
enquête « Les travaux des écrivains » (24 août 1946)ae J’ai un cert
6383
Réponse à l’enquête «
Les
travaux des écrivains » (24 août 1946)ae J’ai un certain nombre d’
6384
ains » (24 août 1946)ae J’ai un certain nombre
d’
ouvrages qui vont paraître en même temps, ce qu’explique aisément ma l
6385
temps, ce qu’explique aisément ma longue absence
de
six ans. D’abord, chez Stock : Vivre en Amérique . C’est un recueil
6386
hez Stock : Vivre en Amérique . C’est un recueil
de
tous mes articles sur les États-Unis, parus dans Carrefour , Le Fig
6387
rique . C’est un recueil de tous mes articles sur
les
États-Unis, parus dans Carrefour , Le Figaro , Le Littéraire et le
6388
cles sur les États-Unis, parus dans Carrefour ,
Le
Figaro , Le Littéraire et le Journal de Genève . Chez Gallimard : me
6389
États-Unis, parus dans Carrefour , Le Figaro ,
Le
Littéraire et le Journal de Genève . Chez Gallimard : mes Lettres s
6390
s dans Carrefour , Le Figaro , Le Littéraire et
le
Journal de Genève . Chez Gallimard : mes Lettres sur la bombe atomi
6391
efour , Le Figaro , Le Littéraire et le Journal
de
Genève . Chez Gallimard : mes Lettres sur la bombe atomique , qui pa
6392
nal de Genève . Chez Gallimard : mes Lettres sur
la
bombe atomique , qui paraissent simultanément dans huit pays et en se
6393
dans huit pays et en sept langues différentes.
La
Part du diable , dont deux versions différentes parurent à New York e
6394
k en 1940 af et en 1944. Il s’agit, bien entendu,
de
la version définitive. Les Personnes du drame . Ce sont des essais
6395
n 1940 af et en 1944. Il s’agit, bien entendu, de
la
version définitive. Les Personnes du drame . Ce sont des essais sur
6396
s’agit, bien entendu, de la version définitive.
Les
Personnes du drame . Ce sont des essais sur Goethe, Kierkegaard, Kafk
6397
erkegaard, Kafka, Luther, Gide, Ramuz, Claudel et
les
romantiques allemands. Enfin, Doctrine fabuleuse . J’y travaille dep
6398
euse . J’y travaille depuis vingt ans et voudrais
la
voir sortir pour mon quarantième anniversaire. D’autre part, quelques
6399
e anniversaire. D’autre part, quelques rééditions
d’
ouvrages qui, à cause de leur faible tirage et des circonstances où il
6400
és. Chez Albin Michel, Penser avec les mains et
le
Journal d’un intellectuel en chômage . Aux Éditions « Je sers » : P
6401
in Michel, Penser avec les mains et le Journal
d’
un intellectuel en chômage . Aux Éditions « Je sers » : Politique de
6402
n chômage . Aux Éditions « Je sers » : Politique
de
la personne , qui, publié il y a douze ans, obtint un vif succès en H
6403
hômage . Aux Éditions « Je sers » : Politique de
la
personne , qui, publié il y a douze ans, obtint un vif succès en Holl
6404
ccès en Hollande, où il joua un certain rôle dans
la
naissance du parti travailliste. Je préfère ne point vous parler des
6405
J’en ai environ dix-huit ! ae. Rougemont Denis
de
, « [Réponse à une enquête] Les travaux des écrivains », Le Figaro lit
6406
e. Rougemont Denis de, « [Réponse à une enquête]
Les
travaux des écrivains », Le Figaro littéraire, Paris, 24 août 1946, p
6407
ponse à une enquête] Les travaux des écrivains »,
Le
Figaro littéraire, Paris, 24 août 1946, p. 2. af. La première versio
6408
ris, 24 août 1946, p. 2. af. La première version
de
cet ouvrage est parue en 1942, et non en 1940.
6409
Mémoire
de
l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)ah Je n
6410
Mémoire de
l’
Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)ah Je ne s
6411
étais baigné. J’étais fondé. Et je marchais parmi
les
signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l
6412
is parmi les signes. Sédiments séculaires, socles
de
nos patries ! Monuments que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’é
6413
séculaires, socles de nos patries ! Monuments que
l’
on ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces
6414
numents que l’on ne voit plus, mais qui renvoient
l’
écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers un
6415
ne voit plus, mais qui renvoient l’écho familier
de
nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers une place plantée
6416
s qui tournaient doucement vers une place plantée
d’
arbres et déserte, aux rendez-vous manqués où je me retrouvais… « Je t
6417
etrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit.
L’
Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était pro
6418
. J’aime ! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie
d’
amour. Le silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être
6419
! » J’ai tout dit. L’Europe était patrie d’amour.
Le
silence attendait, l’absence était profonde, et chaque être présent q
6420
urope était patrie d’amour. Le silence attendait,
l’
absence était profonde, et chaque être présent questionnait, répondait
6421
, et chaque être présent questionnait, répondait.
La
force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obs
6422
questionnait, répondait. La force était au secret
de
nos vies, nouée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la con
6423
ée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans
la
contemplation jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps
6424
ne obscure, ou bien dans la contemplation jalouse
d’
un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et not
6425
e d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps
de
notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait
6426
jà du temps de notre enfance, et notre possession
la
plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fre
6427
ion la plus tenace, il nous réduisait au silence.
La
force était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin d’une journée q
6428
au silence. La force était chanson fredonnée, sur
le
seuil, au matin d’une journée qui se liait aux autres… (Quand ta forc
6429
e était chanson fredonnée, sur le seuil, au matin
d’
une journée qui se liait aux autres… (Quand ta force devient visible,
6430
res… (Quand ta force devient visible, c’est comme
le
sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va !) La force était mémoir
6431
e sang, c’est que tu es blessé, ta vie s’en va !)
La
force était mémoire et allusion. Elle était ce vieil arbre tenace. El
6432
ion. Elle était ce vieil arbre tenace. Elle était
la
douceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en
6433
t ce vieil arbre tenace. Elle était la douceur et
la
sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle
6434
ait la douceur et la sagesse amère des adieux, ou
la
gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… ⁂
6435
ceur et la sagesse amère des adieux, ou la gaieté
d’
un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… ⁂ Quand je m
6436
ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait
les
pudeurs de l’amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce qu
6437
é d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs
de
l’amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe
6438
’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de
l’
amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est
6439
udeurs de l’amour… ⁂ Quand je me souviens — c’est
l’
Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su
6440
Quand je me souviens — c’est l’Europe. Parce que
l’
Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant
6441
souviens — c’est l’Europe. Parce que l’Europe est
la
mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et
6442
n vie tant de passé, et garder tant de morts dans
la
présence, elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise d’avenir.
6443
nt de morts dans la présence, elle ne cessera pas
d’
engendrer. Elle a maîtrise d’avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémo
6444
elle ne cessera pas d’engendrer. Elle a maîtrise
d’
avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémoire de l’Europe (écrit en Amé
6445
Elle a maîtrise d’avenir. ah. Rougemont Denis
de
, « Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) », Suisse contemp
6446
se d’avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémoire
de
l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) », Suisse contemporaine, Lausan
6447
d’avenir. ah. Rougemont Denis de, « Mémoire de
l’
Europe (écrit en Amérique, en 1943) », Suisse contemporaine, Lausanne,
6448
1940, j’ai vu chanceler une civilisation : ce que
l’
on entendait sur le paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre
6449
eler une civilisation : ce que l’on entendait sur
le
paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre 1946)ag Lisbonne
6450
Lisbonne, 8 septembre 1940 Blanche et bleue dans
l’
immense lumière de la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claqu
6451
mbre 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière
de
la liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquant et ses rues dé
6452
e 1940 Blanche et bleue dans l’immense lumière de
la
liberté atlantique, avec tous ses drapeaux claquant et ses rues débou
6453
ses drapeaux claquant et ses rues débouchant sur
le
ciel, la ville aux sent collines renie la guerre, oublie l’Europe. Da
6454
eaux claquant et ses rues débouchant sur le ciel,
la
ville aux sent collines renie la guerre, oublie l’Europe. Dans quelqu
6455
ant sur le ciel, la ville aux sent collines renie
la
guerre, oublie l’Europe. Dans quelques heures nous embarquons pour l’
6456
a ville aux sent collines renie la guerre, oublie
l’
Europe. Dans quelques heures nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici
6457
Europe. Dans quelques heures nous embarquons pour
l’
Amérique. Mais ici je fais le serment d’opposer une stricte mémoire à
6458
nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici je fais
le
serment d’opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la
6459
uons pour l’Amérique. Mais ici je fais le serment
d’
opposer une stricte mémoire à la candeur intarissable de la vie, toujo
6460
e fais le serment d’opposer une stricte mémoire à
la
candeur intarissable de la vie, toujours pressée d’imaginer un monde
6461
ser une stricte mémoire à la candeur intarissable
de
la vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore cont
6462
une stricte mémoire à la candeur intarissable de
la
vie, toujours pressée d’imaginer un monde où tout peut encore continu
6463
candeur intarissable de la vie, toujours pressée
d’
imaginer un monde où tout peut encore continuer. Je viens de voir une
6464
iens de voir une civilisation frappée au cœur, je
l’
ai vue chanceler, j’ai vu qu’elle peut mourir. Durant cette traversée
6465
le peut mourir. Durant cette traversée en autocar
de
Genève aux Pyrénées, pendant deux jours, j’ai vu la France toute pare
6466
Genève aux Pyrénées, pendant deux jours, j’ai vu
la
France toute pareille à un homme qui vient de tomber sur la tête : il
6467
toute pareille à un homme qui vient de tomber sur
la
tête : il se relève, se tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t
6468
vre ? A-t-il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu
l’
Espagne de cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre en
6469
il rêvé ? Serait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne
de
cendre et d’esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le dém
6470
ait-il déjà mort ? J’ai vu l’Espagne de cendre et
d’
esprit, incapable de retrouver son équilibre entre le démoniaque et le
6471
’ai vu l’Espagne de cendre et d’esprit, incapable
de
retrouver son équilibre entre le démoniaque et le surhumain. Et j’ai
6472
sprit, incapable de retrouver son équilibre entre
le
démoniaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse,
6473
de retrouver son équilibre entre le démoniaque et
le
surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse, l’invasion des he
6474
iaque et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières
de
la Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonné
6475
ue et le surhumain. Et j’ai vu, aux frontières de
la
Suisse, l’invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées
6476
rhumain. Et j’ai vu, aux frontières de la Suisse,
l’
invasion des herbes sauvages venant des terres abandonnées du Nord et
6477
bandonnées du Nord et que nos paysans s’efforcent
d’
arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître les
6478
’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu renaître
les
paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bas
6479
renaître les paniques dévastatrices du ve siècle
de
notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève, nuit et jour, a
6480
rd, cœur mystérieux du continent, dernier symbole
d’
une liberté qui ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons-nous,
6481
ole d’une liberté qui ne peut plus vivre que sous
la
cuirasse. Hâtons-nous, car tout peut périr. Nous qui sommes encore ép
6482
ommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai
de
grâce ! À bord de l’Exeter, 11 septembre 1940 Les derniers barrages t
6483
, ne perdons pas notre délai de grâce ! À bord de
l’
Exeter, 11 septembre 1940 Les derniers barrages traversés, la passerel
6484
de grâce ! À bord de l’Exeter, 11 septembre 1940
Les
derniers barrages traversés, la passerelle relevée, et nos papiers en
6485
1 septembre 1940 Les derniers barrages traversés,
la
passerelle relevée, et nos papiers enfin déposés chez le purser, nous
6486
erelle relevée, et nos papiers enfin déposés chez
le
purser, nous n’avons plus devant nous qu’un océan sans douanes ! Dix
6487
s, dix jours durant lesquels on peut imaginer que
la
police renoncera au viol de notre vie privée. Pourtant, certains des
6488
on peut imaginer que la police renoncera au viol
de
notre vie privée. Pourtant, certains des passagers gardent encore l’a
6489
. Pourtant, certains des passagers gardent encore
l’
air de s’attendre au pire, tandis qu’ils font leur premier tour de pon
6490
tant, certains des passagers gardent encore l’air
de
s’attendre au pire, tandis qu’ils font leur premier tour de pont. Ils
6491
dre au pire, tandis qu’ils font leur premier tour
de
pont. Ils se rappellent sans doute ce Polonais, tiré, jeté par la pol
6492
rappellent sans doute ce Polonais, tiré, jeté par
la
police franquiste hors du train qui sifflait déjà pour le départ vers
6493
e franquiste hors du train qui sifflait déjà pour
le
départ vers la frontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de la
6494
rs du train qui sifflait déjà pour le départ vers
la
frontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de la liberté. Car t
6495
frontière — à deux-cents mètres — du Portugal et
de
la liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous venons de passer, e
6496
ontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de
la
liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous venons de passer, en q
6497
ètres — du Portugal et de la liberté. Car tel est
le
sadisme policier. Nous venons de passer, en quatre jours de voyage, s
6498
policier. Nous venons de passer, en quatre jours
de
voyage, sept contrôles différents de douane et de police. Secondés pa
6499
quatre jours de voyage, sept contrôles différents
de
douane et de police. Secondés par la chance, nous n’y avons passé, si
6500
de voyage, sept contrôles différents de douane et
de
police. Secondés par la chance, nous n’y avons passé, si je compte bi
6501
s différents de douane et de police. Secondés par
la
chance, nous n’y avons passé, si je compte bien, guère plus de 22 heu
6502
us n’y avons passé, si je compte bien, guère plus
de
22 heures, mais le total normal est d’au moins 30, m’affirme-t-on, et
6503
si je compte bien, guère plus de 22 heures, mais
le
total normal est d’au moins 30, m’affirme-t-on, et les « accidents »
6504
guère plus de 22 heures, mais le total normal est
d’
au moins 30, m’affirme-t-on, et les « accidents » sont fréquents. Para
6505
otal normal est d’au moins 30, m’affirme-t-on, et
les
« accidents » sont fréquents. Paradoxe du siècle où tout est fait pou
6506
Paradoxe du siècle où tout est fait pour réduire
l’
homme à l’anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa d
6507
du siècle où tout est fait pour réduire l’homme à
l’
anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa différence
6508
t est fait pour réduire l’homme à l’anonyme, pour
le
priver du sentiment de sa vocation, de sa différence personnelle, cep
6509
l’homme à l’anonyme, pour le priver du sentiment
de
sa vocation, de sa différence personnelle, cependant qu’on lui demand
6510
nyme, pour le priver du sentiment de sa vocation,
de
sa différence personnelle, cependant qu’on lui demande à chaque pas d
6511
onnelle, cependant qu’on lui demande à chaque pas
de
prouver son identité. Or plus il en proteste et moins il s’en assure.
6512
s il en proteste et moins il s’en assure. Plus il
la
chiffre et moins il la ressent. Et plus il la démontre à coups de doc
6513
ns il s’en assure. Plus il la chiffre et moins il
la
ressent. Et plus il la démontre à coups de documents, moins il se rec
6514
il la chiffre et moins il la ressent. Et plus il
la
démontre à coups de documents, moins il se reconnaît dans le portrait
6515
ins il la ressent. Et plus il la démontre à coups
de
documents, moins il se reconnaît dans le portrait simplifié que la po
6516
à coups de documents, moins il se reconnaît dans
le
portrait simplifié que la police en compose à toutes fins menaçantes.
6517
ns il se reconnaît dans le portrait simplifié que
la
police en compose à toutes fins menaçantes. Songeons aussi que ces pr
6518
aussi que ces procédés s’appliquent précisément à
l’
émigrant, à celui qui s’éloigne de ses bases, des réflexes de son mili
6519
t précisément à l’émigrant, à celui qui s’éloigne
de
ses bases, des réflexes de son milieu, de tout ce qui allait de soi a
6520
à celui qui s’éloigne de ses bases, des réflexes
de
son milieu, de tout ce qui allait de soi autour de lui et l’assurait
6521
éloigne de ses bases, des réflexes de son milieu,
de
tout ce qui allait de soi autour de lui et l’assurait quotidiennement
6522
eu, de tout ce qui allait de soi autour de lui et
l’
assurait quotidiennement, inconsciemment, qu’il était bien réel et bie
6523
lui-même… En mer, nuit du 12 au 13 septembre 1940
Les
derniers bateaux de la dernière ligne reliant l’Europe à l’Amérique o
6524
t du 12 au 13 septembre 1940 Les derniers bateaux
de
la dernière ligne reliant l’Europe à l’Amérique ont tous des noms en
6525
Les derniers bateaux de la dernière ligne reliant
l’
Europe à l’Amérique ont tous des noms en « Ex » : Exeter, Excalibur, E
6526
s bateaux de la dernière ligne reliant l’Europe à
l’
Amérique ont tous des noms en « Ex » : Exeter, Excalibur, Excambion. E
6527
lionnaires, ex-princes, vers leur exil. Mais moi,
de
quoi pourrais-je bien être l’ex ? Ni fugitif, ni juif, ni riche, ni d
6528
eur exil. Mais moi, de quoi pourrais-je bien être
l’
ex ? Ni fugitif, ni juif, ni riche, ni détrôné, et ne pouvant me récla
6529
riche, ni détrôné, et ne pouvant me réclamer que
d’
une « mission de conférences » (prétexte évidemment peu convaincant) j
6530
né, et ne pouvant me réclamer que d’une « mission
de
conférences » (prétexte évidemment peu convaincant) je fais figure d’
6531
étexte évidemment peu convaincant) je fais figure
d’
ex-voyageur normal. Touriste des catastrophes, scandaleux personnage,
6532
te des catastrophes, scandaleux personnage, comme
le
serait un témoin vivant même aux colloques des fantômes… Je crois bie
6533
Je crois bien que cette image m’est venue à cause
d’
une conversation entendue sur le pont cette nuit même. L’heure était f
6534
est venue à cause d’une conversation entendue sur
le
pont cette nuit même. L’heure était fort tardive et propice aux aveux
6535
onversation entendue sur le pont cette nuit même.
L’
heure était fort tardive et propice aux aveux. V., ex-cagoulard, ayant
6536
ns verve comment ses camarades et lui-même, avant
la
guerre, organisaient des dépôts de mitraillettes dans certaines rues
6537
ui-même, avant la guerre, organisaient des dépôts
de
mitraillettes dans certaines rues stratégiques de Paris, T., ex-milit
6538
de mitraillettes dans certaines rues stratégiques
de
Paris, T., ex-militant de la gauche, lui répondit avec un demi-sourir
6539
aines rues stratégiques de Paris, T., ex-militant
de
la gauche, lui répondit avec un demi-sourire et sans retirer son mégo
6540
es rues stratégiques de Paris, T., ex-militant de
la
gauche, lui répondit avec un demi-sourire et sans retirer son mégot,
6541
ec un demi-sourire et sans retirer son mégot, que
de
l’autre côté on savait tout cela, et qu’au surplus, on en faisait aut
6542
deux ex-adversaires, leurs astucieux préparatifs
de
guerre civile n’auraient été troublés que par l’attaque intempestive
6543
de guerre civile n’auraient été troublés que par
l’
attaque intempestive des nazis. Contre ceux-là, il semblerait qu’on eû
6544
, il semblerait qu’on eût moins brillamment prévu
les
choses… De fait, les étrangers sont toujours surprenants. On ne s’ent
6545
ait qu’on eût moins brillamment prévu les choses…
De
fait, les étrangers sont toujours surprenants. On ne s’entend vraimen
6546
eût moins brillamment prévu les choses… De fait,
les
étrangers sont toujours surprenants. On ne s’entend vraiment bien qu’
6547
ns du même peuple. 17 septembre 1940 Chaque soir,
les
passagers se pressent devant la porte de la cabine du capitaine, avec
6548
940 Chaque soir, les passagers se pressent devant
la
porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. T
6549
e soir, les passagers se pressent devant la porte
de
la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’h
6550
oir, les passagers se pressent devant la porte de
la
cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’heur
6551
t devant la porte de la cabine du capitaine, avec
l’
espoir d’entendre la radio. Tout à l’heure comme j’essayais de me fauf
6552
la porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir
d’
entendre la radio. Tout à l’heure comme j’essayais de me faufiler, R.
6553
la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre
la
radio. Tout à l’heure comme j’essayais de me faufiler, R. s’extrait d
6554
itaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à
l’
heure comme j’essayais de me faufiler, R. s’extrait du groupe, me cède
6555
ntendre la radio. Tout à l’heure comme j’essayais
de
me faufiler, R. s’extrait du groupe, me cède sa place, et je l’entend
6556
, R. s’extrait du groupe, me cède sa place, et je
l’
entends dire à sa femme qui attendait un peu en arrière : « Rien de no
6557
eu en arrière : « Rien de nouveau, c’est toujours
les
mêmes petites histoires… » Depuis des mois, c’est ce que répètent dix
6558
des mois, c’est ce que répètent dix fois par jour
les
usagers de la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais no
6559
est ce que répètent dix fois par jour les usagers
de
la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regar
6560
ce que répètent dix fois par jour les usagers de
la
radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardio
6561
pètent dix fois par jour les usagers de la radio.
Le
monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop
6562
r jour les usagers de la radio. Le monde a changé
de
face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop près : d’heure en
6563
e monde a changé de face sous nos yeux, mais nous
le
regardions de trop près : d’heure en heure, nous n’avons rien vu. C’e
6564
gé de face sous nos yeux, mais nous le regardions
de
trop près : d’heure en heure, nous n’avons rien vu. C’est après coup,
6565
nos yeux, mais nous le regardions de trop près :
d’
heure en heure, nous n’avons rien vu. C’est après coup, en nous retour
6566
coup, en nous retournant, que nous avons entrevu
l’
ampleur et la rapidité des événements. Il a dit : « Rien de nouveau, r
6567
s retournant, que nous avons entrevu l’ampleur et
la
rapidité des événements. Il a dit : « Rien de nouveau, rien d’importa
6568
es événements. Il a dit : « Rien de nouveau, rien
d’
important… » Mais je crois avoir entendu dans le ronron nasillard qui
6569
n d’important… » Mais je crois avoir entendu dans
le
ronron nasillard qui sortait de la petite chambre : « 165 avions alle
6570
voir entendu dans le ronron nasillard qui sortait
de
la petite chambre : « 165 avions allemands ont été abattus sur Londre
6571
r entendu dans le ronron nasillard qui sortait de
la
petite chambre : « 165 avions allemands ont été abattus sur Londres.
6572
ont été abattus sur Londres. » Et c’est peut-être
la
nouvelle la plus importante de la guerre. Car tout tient aux Anglais,
6573
tus sur Londres. » Et c’est peut-être la nouvelle
la
plus importante de la guerre. Car tout tient aux Anglais, et si ce bu
6574
Et c’est peut-être la nouvelle la plus importante
de
la guerre. Car tout tient aux Anglais, et si ce bulletin dit vrai, le
6575
c’est peut-être la nouvelle la plus importante de
la
guerre. Car tout tient aux Anglais, et si ce bulletin dit vrai, les A
6576
ut tient aux Anglais, et si ce bulletin dit vrai,
les
Anglais tiennent. L’autre jour à Lisbonne une lady me disait : « Nous
6577
aux chefs français trop cartésiens qui ont admis
la
défaite sur sa définition, — avant qu’elle fût définitive. 18 septemb
6578
fût définitive. 18 septembre 1940 Comment prévoir
l’
issue de cette guerre, lorsqu’on a remarqué qu’elle n’oppose plus que
6579
nitive. 18 septembre 1940 Comment prévoir l’issue
de
cette guerre, lorsqu’on a remarqué qu’elle n’oppose plus que deux nat
6580
tre qui ne sait pas être vaincue, mais qui perd ?
Les
Allemands, en effet, même victorieux, se plaignent encore comme des v
6581
rieux, se plaignent encore comme des victimes. Et
les
Anglais, même battus, se comportent en propriétaires de droit divin d
6582
lais, même battus, se comportent en propriétaires
de
droit divin de la victoire en général. La seule solution « possible »
6583
us, se comportent en propriétaires de droit divin
de
la victoire en général. La seule solution « possible » serait donc la
6584
se comportent en propriétaires de droit divin de
la
victoire en général. La seule solution « possible » serait donc la vi
6585
étaires de droit divin de la victoire en général.
La
seule solution « possible » serait donc la victoire anglaise. 19 sept
6586
néral. La seule solution « possible » serait donc
la
victoire anglaise. 19 septembre 1940 Un journaliste américain, qui re
6587
tembre 1940 Un journaliste américain, qui revient
de
Paris, s’appuie au bastingage, près de moi, et me dit en crachant dan
6588
stingage, près de moi, et me dit en crachant dans
l’
eau entre chaque phrase : « Il y a des gens, des Parisiens, qui trouve
6589
Il y a des gens, des Parisiens, qui trouvent que
les
Boches sont corrects… Well… Quand un gangster de Chicago vous prend v
6590
les Boches sont corrects… Well… Quand un gangster
de
Chicago vous prend votre portefeuille, il vous donne quelquefois cinq
6591
orrect, isn’t he ? » À mon tour, j’ai craché dans
l’
eau, pour marquer mon approbation. 20 septembre 1940, en rade de New Y
6592
rquer mon approbation. 20 septembre 1940, en rade
de
New York Je me suis éveillé dans ma cabine moite avec le sentiment qu
6593
York Je me suis éveillé dans ma cabine moite avec
le
sentiment que tout était changé autour de moi. Eh oui ! des verdures
6594
verdures proches défilaient au hublot ! Couru sur
le
pont. Nous sommes dans les passes de l’Hudson. Une brume de chaleur t
6595
t au hublot ! Couru sur le pont. Nous sommes dans
les
passes de l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives.
6596
! Couru sur le pont. Nous sommes dans les passes
de
l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives. Je ne m’at
6597
Couru sur le pont. Nous sommes dans les passes de
l’
Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit les rives. Je ne m’atten
6598
ous sommes dans les passes de l’Hudson. Une brume
de
chaleur tropicale bleuit les rives. Je ne m’attendais pas à la nature
6599
e l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bleuit
les
rives. Je ne m’attendais pas à la nature américaine, à la voir la pre
6600
opicale bleuit les rives. Je ne m’attendais pas à
la
nature américaine, à la voir la première et de si près, avant les gra
6601
. Je ne m’attendais pas à la nature américaine, à
la
voir la première et de si près, avant les gratte-ciel, la statue… Je
6602
à la nature américaine, à la voir la première et
de
si près, avant les gratte-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensa
6603
caine, à la voir la première et de si près, avant
les
gratte-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensation d’un paysage p
6604
la première et de si près, avant les gratte-ciel,
la
statue… Je n’ai jamais eu la sensation d’un paysage plus étranger, ma
6605
ant les gratte-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu
la
sensation d’un paysage plus étranger, mais plus étrangement accueilla
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e-ciel, la statue… Je n’ai jamais eu la sensation
d’
un paysage plus étranger, mais plus étrangement accueillant. Tous ces
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. Et comme on aime une terre qui s’approche, avec
l’
immense sécurité du continent qu’on imagine au-delà de ces falaises or
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mense sécurité du continent qu’on imagine au-delà
de
ces falaises orangées, frangées de forêts d’un vert sombre de luxueus
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magine au-delà de ces falaises orangées, frangées
de
forêts d’un vert sombre de luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit
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delà de ces falaises orangées, frangées de forêts
d’
un vert sombre de luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit et se peup
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ses orangées, frangées de forêts d’un vert sombre
de
luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit et se peuple de mâts. Au so
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e forêts d’un vert sombre de luxueuse tapisserie…
La
rivière s’élargit et se peuple de mâts. Au sommet d’une falaise qui f
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use tapisserie… La rivière s’élargit et se peuple
de
mâts. Au sommet d’une falaise qui fuit obliquement éclate une longue
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rivière s’élargit et se peuple de mâts. Au sommet
d’
une falaise qui fuit obliquement éclate une longue façade claire et ne
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emière rue américaine ! Nous approchons. Tournant
la
tête vers l’avant, un peu au-dessus de la poupe, je viens de voir un
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éricaine ! Nous approchons. Tournant la tête vers
l’
avant, un peu au-dessus de la poupe, je viens de voir un groupe de tou
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. Tournant la tête vers l’avant, un peu au-dessus
de
la poupe, je viens de voir un groupe de tours serrées, presque diapha
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ournant la tête vers l’avant, un peu au-dessus de
la
poupe, je viens de voir un groupe de tours serrées, presque diaphanes
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au-dessus de la poupe, je viens de voir un groupe
de
tours serrées, presque diaphanes dans la brume — Manhattan, comme une
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n groupe de tours serrées, presque diaphanes dans
la
brume — Manhattan, comme une prémonition qui serait vérifiée à l’inst
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érifiée à l’instant même ! ag. Rougemont Denis
de
, « En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation », Le Figaro littérair
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« En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation »,
Le
Figaro littéraire, Paris, 21 septembre 1946, p. 1 et 4.