1 1941, Articles divers (1941-1946). Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)
1 ux ce qui l’étonne. « Trop beau pour être vrai », disait -il au siècle dernier ; et aujourd’hui : « Trop affreux pour être vrai
2 enfin, l’important c’est que chacun commence par dire la vérité dans son patois, et celui de Reynold est « de droite ». Le
2 1941, Articles divers (1941-1946). Trois paraboles (1er octobre 1941)
3 s ont fui. — Toi qui connais le maître du palais, dis -moi s’il vit, s’il règne encore aux solitudes. Car sinon, tu m’entend
4 voiles, elle tremble nue. — Où se cacher encore ? dit -elle. — Dans tes voiles. — Tu les as pris. — Viens dans mes bras, ma
5 de l’aube — Choisis la pierre de tes vœux, lui disait le petit marchand à la barbiche de prêtre oriental. L’homme choisit l
6 s il vivait. Un soir, émerveillé de la revoir, il dit  : — Je suis un homme heureux, j’ai su choisir la pierre de mes vœux,
7 et le grand feu flamba soudain toute la pièce. Il dit à sa pierre : — Ô ma pierre, luis dans le feu ! Je ne puis te toucher
8 é de l’aube. — Choisis la pierre de tes vœux, lui dit l’homme à barbiche de prêtre, je me souviens de ta jeunesse. Il chois
9 ler au marché de l’aube. — Tu n’as plus rien, lui dit le petit vieillard, je ne te vendrai rien à crédit. Tu possèdes ta Vi
10 blanc sur les tables, et tout le monde lisait. Je dis  : — Est-elle ici ? Quelqu’un l’a-t-il vue ? Ils me regardent d’un air
11 un air vexé. Un valet s’approche rapidement et me dit à voix basse : — Puisque Monsieur est venu, et puisque Monsieur deman
12 : Ni Questions Ni Réponses. Je ne savais plus que dire , parce que j’avais une chose à dire. D’ailleurs, même si je n’avais d
13 vais plus que dire, parce que j’avais une chose à dire . D’ailleurs, même si je n’avais dit que : Fine day to day, c’eût été
14 une chose à dire. D’ailleurs, même si je n’avais dit que : Fine day to day, c’eût été une sorte de question ou de réponse.
15 vétéré. Ma dernière cigarette était brûlée. Je me dis  : — Puisque c’est absurde, pourquoi ménager quoi que ce soit ? C’étai
16 ai compris, il a tiré. — Eh bien oui, je suis là, dit -elle. (Je tenais sa main. Je sentis qu’elle avait de la fièvre.) Je s
17 e ne puis plus poser de questions. Car si vous me dites que c’est une vraie balle que j’ai dans le cœur, il est évident que j
18 r, il est évident que je suis mort. Et si vous me dites que la balle n’est pas plus réelle que ce qui s’est passé dans la mai
3 1942, Articles divers (1941-1946). La leçon de l’armée suisse (4 mars 1942)
19 ent suisse. Au cours des manœuvres militaires, il dit à un soldat : « Vous êtes 500 000 hommes, et vous tirez bien ; mais s
4 1943, Articles divers (1941-1946). Angérone (mars 1943)
20 s une espèce d’émotion ou de gêne, non qu’il soit dit ni même décrit par allusions ou par symboles, mais sa présence souver
21 est ce qui m’enflamme à parler. Rien ne peut être dit de l’amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si tou
22 tre dit de l’amour même, mais rien non plus n’est dit que par l’amour, si toutefois quelque chose est vraiment dite. La Fab
23 l’amour, si toutefois quelque chose est vraiment dite . La Fable nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’un muti
24 s l’instant de l’étreinte dénouée. Alors l’amour, dirait -on, change de signe. On voit soudain que le désir était le dialogue d
5 1943, Articles divers (1941-1946). La gloire (mars 1943)
25 écrivains modernes.) J’ai vécu pour la gloire — dit le prince André — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’amo
26  : « Je suis le serviteur du public, cela va sans dire . » C’est à cela qu’on donne la gloire. Et ceux qui ne la briguent poi
27 on audience en exigeant d’elle plus de noblesse ? Dire  : je néglige la gloire, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez
28 de noblesse ? Dire : je néglige la gloire, c’est dire  : je vous néglige, vous qui donnez la gloire pour prix d’une complais
29 a gloire pour prix d’une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous aime, puisque je vous veux moins vulgaires que vous n
30 cerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit -on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en différant,
31 ait d’en parler ouvertement. Comme un menteur qui dirait  : « Je vous avertis que je vais mentir, pour telle et telle raison ai
32 ent, sur quel ciel, les symphonies ? Je n’ose pas dire que je veux être Dieu. Ce serait là, pourtant, ma vérité, la vérité d
33 mon triomphe. Il n’y a qu’un seul Dieu, celui qui dit Je suis. Ce sera Dieu, ou ce sera moi. Si c’est moi, ce ne sera rien.
6 1943, Articles divers (1941-1946). Rhétorique américaine (juin-juillet 1943)
34 roman. De cet ouvrage, la critique américaine ne dira pas souvent : c’est bien écrit, mais plutôt : c’est effective, agissa
7 1943, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)
35 ain, Il est admis que ces gens-là ont le droit de dire — pour le soulagement général — ce qui ferait taxer l’homme de la rue
36 tout s’en va, et que penser si je ne puis — rien dire ou faire qui s’accorde à ces temps ? « Une nuit viendra, pendant laqu
37 n de son champ. En passant au carrefour, il s’est dit  : « Peut-être est-elle à Mandres, c’est donc jour de marché. » Il a é
38 me retrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit . L’Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était
39 a sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… Quand je me souviens
8 1944, Articles divers (1941-1946). Un peuple se révèle dans le malheur (février 1944)
40 ns le lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire , le naturel de l’héroïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif
41 impénétrable aux tentations de la Brute. On avait dit aux jeunes nazis qu’ils allaient conquérir un pays de bavards, de coq
9 1944, Articles divers (1941-1946). Ars prophetica, ou D’un langage qui ne veut pas être clair (hiver 1944)
42 ertaine grièveté qu’ils présentent, comme cela se dit d’une blessure… Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argument d’
43 oi je vous prie, être clair ? Vous n’allez pas me dire que c’est la bonne manière de se faire comprendre ? Le critique. On
44 ue nous pensions à chaque instant : « j’allais le dire  ! » Mais ne mêlez pas tout, sinon l’on soupçonnera quelque tricherie.
45 el nous vivons et parlons n’est-il pas, comme l’a dit un Russe « le monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écr
46 rrière-pensée qui présida au choix de ces données dites premières. Encore n’est-il pas exact de recourir ici à l’expression d
47 t sans doute une « arrière-image » qu’il faudrait dire . C. Ne serait-il pas trop cartésien de vous demander de préciser ?
48 xamen des nombres qui résument leurs expériences, dira-t -on. Je n’en crois rien. Ouvrez un ouvrage de science : vous y trouver
49 par une espèce de symbolisme abstrait — si j’ose dire — à la formule mathématique ; d’autre part, et voilà qui est remarqua
50 l’expérience humaine me paraît avoir établie — je dirais  : pour l’éternité ! — c’est bien qu’il faut toujours commencer par la
51 rler sans contrainte mon sabir eschatologique. Je disais donc que la déduction cartésienne travaille sur des cartes postales.
52 ntation de ma démarche, et c’est pourquoi je vous disais qu’on ne peut la comprendre qu’à partir de son but. Il est très juste
53 est incommunicable, j’imagine ? A. Il vaut mieux dire indescriptible, et cela tient à sa vérité même, je veux dire à sa plé
54 tre aperçu sous un angle de vision quelconque. Je dis que l’homme qui a vu quelque chose doit parler la langue des prophète
10 1944, Articles divers (1941-1946). L’attitude personnaliste (octobre 1944)
55 tout cela, le droit imprescriptible d’un homme à dire je, à dire moi, à se considérer comme une cause efficiente, comme un
56 le droit imprescriptible d’un homme à dire je, à dire moi, à se considérer comme une cause efficiente, comme un individu re
11 1944, Articles divers (1941-1946). Quelle guerre cruelle (octobre-novembre 1944)
57 lus de mal, mais il restera fou. Au Moyen Âge, on disait qu’un tel homme était possédé, et on l’exorcisait par des cérémonies
58 cérémonies souvent efficaces. Au xixe siècle, on disait qu’il était fou, et l’on essayait d’abord de le raisonner, puis de le
59 ient, et presque tous ceux qu’elle fait vivre. Je dis que la guerre nous plaît inconsciemment. Autrement, elle serait impos
60 iquez cela. — « Ce sont les autres. » Mais ils le disent aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de le dire. » Sommes-nous
61 aussi. — « Pardon ! ils n’ont pas le droit de le dire . » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquête av
62 vons « fait notre devoir » et pas de question. Je dis que la guerre nous plaît. Elle arrange bien des choses. Elle ajourne
63 les changent de signe : tu tueras, tu voleras, tu diras de faux témoignages avec honneur. Je parle d’état d’exception comme o
64 vec honneur. Je parle d’état d’exception comme on dirait état de siège, état de grâce. Et les trois ne sont point sans rapport
65 n tel refus. C’est un refus instinctif, comme ils disent . Et c’est tout ce que je voulais leur faire dire. (Il leur reste à me
66 isent. Et c’est tout ce que je voulais leur faire dire . (Il leur reste à me traiter de défaitiste.) Une politique qui néglig
67 ans une ère de religions aberrantes. Ou, comme le dit une grande légende indienne, dans l’ère de l’Accroissement des Monstr
68 mper sa faim, faute de mieux. La raison n’ose pas dire qu’il a tort d’avoir faim. Dira-t-elle qu’il a tort d’avoir soif de r
69 raison n’ose pas dire qu’il a tort d’avoir faim. Dira-t -elle qu’il a tort d’avoir soif de religion ? De tromper cet instinct
12 1945, Articles divers (1941-1946). Présentation du tarot (printemps 1945)
70 n trouve aujourd’hui en circulation (si l’on peut dire , car leur vente est interdite dans de nombreux pays), s’inspirent de
71 figurent le monde des planètes ; puis 12 lettres dites simples qui figurent les 12 signes du zodiaque que parcourt le soleil
72 ndant les 4 saisons. Enfin il reste les 3 lettres dites les 3 Mères, qui sont attachées à nos trois cartes majeures : l’Homme
13 1945, Articles divers (1941-1946). Les règles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)
73 ont fait aujourd’hui l’art de parler pour ne rien dire . Rhétorique est devenue synonyme d’éloquence creuse et de clichés. J’
74 ie », non plus aux procédés du conte. « Le roman, dit M. Jaloux, ne connaît d’autres lois que les lois mêmes de la vie. » C
75 Peau d’âne va lui être conté. Mais si vous alliez dire au même enfant, avant de lui raconter la même histoire, que cela s’es
76 ité à la vie que M. Jules Romains va s’interdire, dit -il — « les enchaînements arbitraires et le picaresque », les rencontr
77 a vie, la récréera ; et renonçant à prouver qu’il dit vrai, aussitôt se verra restituer les prestiges de la persuasion. Not
14 1946, Articles divers (1941-1946). Contribution à l’étude du coup de foudre (1946)
78 st un fait, nous l’avons subi, et nous avons tous dit  : je n’y puis rien. Avec autant de sincérité, nous semblait-il, qu’un
79 en doute. ⁂ J’étais sceptique, en ce temps-là. Je disais à ce romancier (l’un des meilleurs de l’Allemagne d’alors) : — Le myt
80 d’une manière un peu trop personnelle, et comment dire  ? — qu’il savait mieux que moi cette histoire que je lui contais. — P
81 i cette histoire que je lui contais. — Permettez, dit -il gentiment, que je vous réponde par une confession. Je ne sais d’ai
82 Voilà, c’est Budapest. » Il n’y a rien d’autre à dire . Nous remontons en voiture et descendons vers la ville. Soudain, je m
83 peine. Qu’y a-t-il ? — Avec qui m’as-tu trompée ? dit -elle enfin. Je la regarde longuement, bien en face. Aucun doute n’est
84 euille portant l’en-tête d’un bar de Budapest, et disant à peu près : « Donne-moi vite de tes nouvelles, je suis inquiet, je n
85 ment. Le type même du Schicksalsdrama, comme vous dites … Mais le destin aveugle qui présida aux fastes de votre rencontre, ne
15 1946, Articles divers (1941-1946). Penser avec les mains (janvier 1946)
86 e initiateur et révolutionnaire. Les uns pensent, dit -on, les autres agissent ! Mais la vraie condition de l’homme, c’est d
16 1946, Articles divers (1941-1946). Les quatre libertés (30 mars 1946)
87 érence de la part des masses « éclairées », comme disent leurs chefs. Quant aux trois autres libertés, voici le tableau : la l
88 raindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent , non sans raison, les gouvernants, n’est que le résultat déplorable,
89 s quatre libertés susdites. « Une » : Ils peuvent dire tout ce qu’ils veulent à leurs voisins ; « deux » : ils reçoivent gra
90 trois ou quatre ou trente-six libertés. On entend dire  : « X… est un esprit libre. » De qui tient-il sa liberté ? Ni de l’Ét
17 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)
91 perdent pointe et sens si l’on se déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les
92 s, mais seulement celle des « missions » comme on dit . Une mission ne se promène pas, ne voit rien, n’a pas de temps à perd
93 ion, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais  : c’est d’abord une question de poésie. Est-ce un hasard si, parmi to
94 ie, le cœur violent des Amériques. Vous alliez me dire que j’oubliais ce grand joueur de Boule que fut « Saint-Ex ». À Dieu
18 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)
95 ce sont des gens comme vous et moi. Quand vous me dites qu’elle n’est pas prête pour la paix, cela veut dire que vous d’abord
96 e, criant de Séir au prophète : « Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? Sentinelle, que dis-tu de la nuit ? » La sentinelle a
97 ntinelle, que dis-tu de la nuit ? Sentinelle, que dis -tu de la nuit ? » La sentinelle a répondu : « Le matin vient et la nu
98 s citations de la Bible vous irritent. Et vous me direz  : que fait Dieu dans tout cela ? Dangereuse question : imaginez qu’il
19 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum (27 avril 1946)
99 criptum (27 avril 1946)t — Un dernier mot. (Et dire que j’allais l’oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êt
100 ais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites  : aucun danger ! C’est là sans doute votre manière paradoxale, comme
101 Savez-vous que beaucoup l’ont pensé, sans vous le dire  ? Il est bien naturel que l’événement d’Hiroshima nous ait jetés pour
102 la Bombe est en train de se dégonfler, pour ainsi dire . Après tout, nous devions le prévoir, car nous avons vécu un précéden
103 isque de faire sauter la Terre. — Alors, pourquoi dites -vous : la Bombe n’est pas dangereuse ? — Pour une raison très simple.
20 1946, Articles divers (1941-1946). Faut-il rentrer ? (4 mai 1946)
104 Faut-il rentrer ? (4 mai 1946)u On me dit que Mauriac a écrit : Faut-il partir ? (pensant aux jeunes Français,
105 ayer » le pays comme un nouveau costume. Et je me dis que le problème est mal posé. Il ne s’agit ni de partir ni de rester,
106 imez. Puis choisissez. Revenez si le cœur vous en dit . Mais je sais bien qu’il y a les visas. N’acceptons pas que cet accid
21 1946, Articles divers (1941-1946). « Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)
107 e Stock publiera cet automne. Nous questionnons : Dites -nous quels sentiments le contact avec la civilisation américaine évei
108 ’ensemble est impossible. On peut à peu près tout dire sur l’Amérique : ça sera toujours juste quelque part. Je ne cesse per
109 us a donnée M. Denis de Rougemont. En conclusion, disons que lorsque Talleyrand affirmait qu’il avait trouvé aux États-Unis « 
22 1946, Articles divers (1941-1946). Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe (16 mai 1946)
110 n humaine. S’agirait-il d’une sorte de méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété devant le destin. Il se souvient que tout peut
23 1946, Articles divers (1941-1946). La pensée planétaire (30 mai 1946)
111 perdent pointe et sens si l’on se déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien de traduire une langue : les
112 , mais seulement celle des « missions », comme on dit . Une mission ne se promène pas, ne voit rien, n’a pas de temps à perd
113 ion, d’ouverture de l’esprit… Forçant à peine, je dirais  : c’est d’abord une question de poésie. Est-ce un hasard si, parmi to
114 de l’Asie, le cœur violent des Amériques. Et que dire de ce grand joueur de Boule que fut « Saint-Ex »13, le premier qui me
24 1946, Articles divers (1941-1946). La fin du monde (juin 1946)
115 mort des autres, cela ne saurait en aucun cas se dire de sa propre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la médit
116 une réalité nouvelle illuminait. Sans la vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle
117 la vie, que dire de la mort ? Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là co
118 fuge est dans la masse et son Histoire. Vous vous dites en secret qu’elle ne peut pas mourir, et il est vrai qu’elle ne possè
119 uit. (Une première lampe s’est allumée. Quelqu’un dit  : « Elle est là ».) Premier jugement, par la lumière La fin du
120 nous qu’un recul devant le présent. Ici le temps dit oui pour la première fois à l’instant qui le juge et l’accomplit, — n
121 e était, en effet, des plus simples. — Témoignez, disait -on, de la vie que vous possédez. Quel est votre plus vrai désir ? Les
122 lus violent qu’il n’a jamais osé l’imaginer. Car, dit -il, au sein d’un tel choix, je m’approche insondablement de Celui qui
123 mblé pour l’éternité. « Mais l’Esprit et l’Épouse disent  : Viens. Et que celui qui entend dise : Viens ! à celui qui porte ave
124 l’Épouse disent : Viens. Et que celui qui entend dise  : Viens ! à celui qui porte avec soi la rétribution de nos œuvres » —
25 1946, Articles divers (1941-1946). Deux lettres sur le gouvernement mondial (4 juin 1946)
125 rieux que pose le gouvernement mondial Vous me dites que ce n’est point par mauvaise volonté, mais que vous avez grand-pei
126 u’on ne cédera plus d’une ligne, etc. ? Pour tout dire , pas de voisins, donc personne à qui faire la guerre ? À quoi cela re
127 à une guerre possible contre les Martiens ? Ne me dites pas non : votre première idée a été de supposer une guerre. Et cela p
128 es autres ne seraient pas imaginables. Si vous me dites maintenant que c’est mon gouvernement mondial que vous ne voyez pas —
129 isins, donc sans guerre possible — cela revient à dire que c’est la paix elle-même que vous ne voyez pas. Je dis vous, et je
130 c’est la paix elle-même que vous ne voyez pas. Je dis vous, et je m’en excuse. Vous représentez ici l’humanité. Notre condi
131 e les militaires qui prennent la plume (comme ils disent ) ont coutume de dénoncer sous le nom d’« élément de désordre » les pa
132 narchie qu’elles entretiennent sur la planète. Je dis que la Bombe peut nous délivrer de deux manières : soit en faisant sa
133 ée du genre humain ? Eh bien, madame, si j’ose le dire  : vous êtes servie. II. L’État-nation Non, je n’en veux pas un
134 n’en veux pas un instant à votre ami le colonel. Dites -lui que je respecte la cavalerie : elle a fait ses preuves sous Murat
135 ypocrisie du terme « nationaliser ». On n’ose pas dire « étatiser ». On veut encore tirer parti du prestige qui s’attache à
136 ligeant les armées purement décoratives ? Vous me direz que la France, par exemple, est entrée dans la voie de l’étatisme par
137 nde à voir. (La prochaine fois que vous oserez me dire que le Social Register de New York n’est qu’un Bottin mondain, je vou
26 1946, Articles divers (1941-1946). L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)
138 ème rencontre, ou tout de suite, l’Américain vous dit votre prénom, vous raconte sa vie sentimentale et l’état de ses affai
139 un week-end. Pendant vingt ans, le Français vous dira Monsieur, fera l’impossible pour vous cacher sa richesse s’il est ric
140 anarchiste, on vous laissera entrer. Mais si vous dites sous la foi du serment, que vous ne l’êtes pas, et que votre vie plus
27 1946, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)
141 me retrouvais… « Je t’aime. J’aime ! » J’ai tout dit . L’Europe était patrie d’amour. Le silence attendait, l’absence était
142 a sagesse amère des adieux, ou la gaieté d’un mot dit en passant. Elle avait les pudeurs de l’amour… ⁂ Quand je me souviens
28 1946, Articles divers (1941-1946). En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation : ce que l’on entendait sur le paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre 1946)
143 rait du groupe, me cède sa place, et je l’entends dire à sa femme qui attendait un peu en arrière : « Rien de nouveau, c’est
144 evu l’ampleur et la rapidité des événements. Il a dit  : « Rien de nouveau, rien d’important… » Mais je crois avoir entendu
145 re. Car tout tient aux Anglais, et si ce bulletin dit vrai, les Anglais tiennent. L’autre jour à Lisbonne une lady me disai
146 ais tiennent. L’autre jour à Lisbonne une lady me disait  : « Nous ne serons jamais battus, parce que nous sommes un peuple qui
147 Paris, s’appuie au bastingage, près de moi, et me dit en crachant dans l’eau entre chaque phrase : « Il y a des gens, des P