1 1941, Articles divers (1941-1946). Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)
1 ense spirituelle » comme dans celui de la défense du territoire, proviennent chez nous d’une incapacité congénitale à prév
2 peuple de bourgeois. L’ère de la bourgeoisie, ère du « confort moderne » et de l’absence d’imagination réaliste, prolonge
3 es faits que je n’ai pas à rappeler. La faiblesse du bourgeois réside dans son refus de prendre au sérieux ce qui l’étonne
4 saurait mesurer les profondeurs et les puissances du mal. Et c’est pourquoi les chrétiens seuls savent reconnaître les dém
5 ment — ce n’est pas l’impression qu’il donne, pas du tout — mais il est simplement lucide. Il a su voir plus loin que le b
6 idéal directeur, n’était autre que la mise au pas du pays, sa mise en marche vers le nihilisme — ou l’annexion. « Faire du
7 marche vers le nihilisme — ou l’annexion. « Faire du socialisme, écrit-il, c’est faire la moitié du national-socialisme. »
8 re du socialisme, écrit-il, c’est faire la moitié du national-socialisme. » Certes, on peut lui répondre que faire du nati
9 ialisme. » Certes, on peut lui répondre que faire du nationalisme, c’est faire l’autre moitié de ce tout. Mais enfin, l’im
10 faut que leurs diversités se fédèrent au service du pays. Quand le temps presse, comme aujourd’hui, l’on voit ce qui comp
2 1941, Articles divers (1941-1946). Trois paraboles (1er octobre 1941)
11 paraboles (1er octobre 1941)b I. À la porte du jardin Il y a mille chambres au Palais, mille lits pour y rêver, m
12 vides, dans la sonorité glaciale des appartements du Pouvoir. Lui, la voyant passer, s’offusque, ou c’est le désir qui l’a
13 , ses jambes ont fui. — Toi qui connais le maître du palais, dis-moi s’il vit, s’il règne encore aux solitudes. Car sinon,
14 eux ? — Mais on m’appelle, écoute, la voix venait du parc ? — Es-tu bien sûr que c’était une voix ? Ils y couraient. La nu
15 bes sauvages fouettaient les jambes nues. Au fond du parc, près de la porte démolie, là où les murs ne cachent plus que le
16 feu. Le printemps vint. — Aurai-je encore besoin du feu ? Je reprendrai ma pierre et me reposerai dans la fraîcheur de so
17 re qu’il prenait alors entre ses mains, la pierre du vœu triste et présomptueux de sa jeunesse. Et il pleurait. Une troisi
18 évidemment. Mais je rappelle à Monsieur la règle du club : Ni Questions Ni Réponses. Je ne savais plus que dire, parce qu
19 s mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte du bureau directorial. J’entre comme un fou et je crie : — Pourquoi ? Le
3 1942, Articles divers (1941-1946). La leçon de l’armée suisse (4 mars 1942)
20 te, polissant et graissant son fusil après le tir du dimanche, — spectacle que vous ne verrez nulle part ailleurs dans le
21 er ses propres troupes de choc, après l’épuration du 30 juin 1934, leur laissant seulement un poignard décoratif. La posse
22 i demander un conseil ou pour les aider à trouver du travail. Tous le considèrent comme le chef d’une famille de 200 homme
23 s facteurs qui déterminent la structure politique du pays : autonomie locale et entraide. La moitié de l’armée est composé
24 des de montagne, constituées par des spécialistes du ski et de l’alpinisme, et des brigades indépendantes pour défendre le
25 rticle fut mobilisé en 1939, à un poste-frontière du Jura. Il pouvait voir, à travers ses jumelles, un champ, à 3000 pieds
26 ire cinquante fois mieux équipé ? Le premier acte du « blitzkrieg » est d’empêcher la mobilisation du pays que l’on veut e
27 du « blitzkrieg » est d’empêcher la mobilisation du pays que l’on veut envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir
28 s sans l’aide des voies ferrées. La seconde phase du « blitzkrieg » est la trouée du territoire derrière les lignes. Cela
29 La seconde phase du « blitzkrieg » est la trouée du territoire derrière les lignes. Cela serait-il possible en Suisse ? I
30 es parois rocheuses. Dans chaque « compartiment » du territoire suisse, l’ennemi aurait à développer une attaque en règle.
31 celui qui a, dans ses mains, le Gothard. Les 4/5e du trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par le Gothard ou le Sim
32 connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne du Gothard a été déclarée comme ligne de retraite nationale. Certaines u
33 es, d’autres doivent défendre les vallées partant du Gothard. Les Suisses pourraient tenir, sans espérer toutefois une vic
34 spérer toutefois une victoire, mais ils sauveront du moins l’honneur du pays. Des extraits d’un récent discours prononcé à
35 e victoire, mais ils sauveront du moins l’honneur du pays. Des extraits d’un récent discours prononcé à Berne par un colon
36 uestionne jamais pour ce qui a trait à la défense du sol quand cela est raisonnable. À ceux qui demandent : « Pourquoi ces
37 n de l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et du Proche-Orient, Alexandrie, 4 mars 1942, p. 1.
4 1943, Articles divers (1941-1946). Angérone (mars 1943)
38 la rend fleurissante. Mais l’amour même est chose du silence. Cela dont je ne puis parler sans l’offenser dans sa grandeur
39 est le lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse du Silence : on croit qu’elle avait sa statue dans le temple de la Volup
40 st pas le plaisir même, mais l’imagination active du désir qui lentement s’approche de son terme. Quand le désir s’empare
41 vulgaire gémit d’avoir perdu la volupté. L’homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’aime que cela : regard
42 sée, comme s’il doutait… Adolescence ! Le charme du désir est celui du silence : il éloigne sans fin le terme. Tu n’enten
43 tait… Adolescence ! Le charme du désir est celui du silence : il éloigne sans fin le terme. Tu n’entends que ce qui s’int
44 e savoir que tu veux, mais la divine connaissance du présent. Or cette connaissance est interdite. Et c’est l’approche du
45 e connaissance est interdite. Et c’est l’approche du viol de l’interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de
46 ée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence du désir, la possession a fait une brusque rumeur de vagues affrontées e
47 nt de posséder, leur silence meurt à cette minute du plaisir. Ils fuient, bavardent. Tristesse platonicienne C’est da
48 sse platonicienne C’est dans l’accomplissement du plus violent amour qu’il nous est accordé de concevoir un absolu, mai
49 ible. Atteintes enfin les limites de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en couronne un dés
50 de la puissance du désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en couronne un désespoir glacial : vous n’irez pas
51 hoses et les dénomme d’un regard. Un corps auprès du mien respire, mémoire pesante de l’incommensurable nuit. Nous n’irons
52 défaite de l’étreinte, n’est-ce point le souvenir du seul désert que désormais nous chercherons ? Au terme de la fuite, no
53 mes deux. Il n’y a que deux philosophies : celle du désir et celle de l’acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : c
54  ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle du silence et celle de la parole. La négation du désir amoureux par l’ac
55 lle du silence et celle de la parole. La négation du désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est le signe physiq
56 ple où dorment deux idoles, et parlons le langage du Jour. d. Rougemont Denis de, « Angérone », VVV, New York, mars 19
5 1943, Articles divers (1941-1946). La gloire (mars 1943)
57 u’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louanges ? J’a
58 ce n’est pas l’amour mais au contraire le mépris du prochain. Le Prince André n’a pas trouvé de prochains, car il n’a che
59 ne et prononce à mi-voix : « Je suis le serviteur du public, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne la gloire. Et c
60 t Adolphe. Mais ce jugement sur le talent, changé du tout, n’entraîne pas que l’on change le jugement sur la gloire. La gl
61 our s’acquérir la gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte de malad
62 n de la gloire est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’individu qu
63 die du sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni même con
64 erche la gloire n’a plus souci ni même conscience du voisin qu’il pourrait aider (c’est le prochain), mais seulement du vo
65 ourrait aider (c’est le prochain), mais seulement du voisin qu’il peut utiliser. Il cherche des admirateurs, des confirmat
66 rien. Et ce qu’ils donnent fait toute la renommée du peuple. (Aujourd’hui c’est l’inverse qu’on observe ; c’est ce que don
67 ’ose pas savoir est angoisse. Angoisse est le nom du secret que je sers sans oser le servir, parce que je sais que son nom
6 1943, Articles divers (1941-1946). Rhétorique américaine (juin-juillet 1943)
68 méricaine, trop jeune pour craindre les atteintes du temps. On n’écrit pas un livre pour qu’il dure, en Amérique, mais d’a
69 remarquait encore André Gide. Dans ce sens élargi du mot, mais en retirant à l’épithète toute qualité dépréciative, on pou
70 uste titre, aucun reproche. Car l’Amérique a fait du journalisme un art par une révolution trop ignorée de l’Europe. Un ar
71 i vous jette de but en blanc dans l’humanité vive du sujet, saisi par son côté sensationnel. L’article ensuite ne se dérou
72 ants à éviter toute expression « intellectuelle » du réel, à cultiver l’expression concrète ou sensorielle. N’écrivez pas 
73 nt d’une empreinte poussiéreuse le moelleux tapis du hall d’entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode d’expression qui do
74 térature plus apte qu’aucune autre à l’expression du dynamisme aventureux de notre siècle. Entre la sensation et le sensat
7 1943, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)
75 gue, c’est une Europe qui vient de mourir. Europe du sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantism
76 i, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une liberté dont nous avi
77 cela que vient de mettre en question l’usurpateur du Hradschin. Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’il nous force
78 ver. Il faut entrer résolument dans le grand jour du siècle mécanique, accepter pour un temps sa loi, en préservant, s’il
79 e la situation spirituelle la plus extraordinaire du siècle ! Il est des êtres et des drames dont la vérité n’apparaît que
80 st partagée dans un silence de catacombes. Centre du monde ! Il s’en va, coudoyant la foule et traversant les lieux public
81 l y avait une victoire enfin, ce serait un retour du passé. Vaudrait-il mieux qu’alors ? Saurions-nous mieux le vivre, aug
82 qu’alors ? Saurions-nous mieux le vivre, augmenté du souvenir de sa perte ? Mais le passé ne reviendra jamais, ce bon vieu
83 des herbes sauvages venant des terres abandonnées du Nord, et que nos paysans s’efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouf
84 amps. J’ai vu renaître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève au
85 Et je songe au bastion que mon pays élève autour du massif du Gothard, invincible et désert, cœur mystérieux du continent
86 ge au bastion que mon pays élève autour du massif du Gothard, invincible et désert, cœur mystérieux du continent, dernier
87 du Gothard, invincible et désert, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’une liberté qui ne peut plus vivre que s
88 et des lignes humaines, humilité sous la douceur du ciel, retrait des âmes dans leur destin. Je longeais cette rue silenc
89 esse, au ras de la plaine. Un peu avant la sortie du village, la rue bifurque : une route prend à droite, vers la plaine,
90 rondies : Martine Je suis Aux champs Paix du village, silence des rues vides ouvertes sur le ciel et sur les blés.
91 t ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage du pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moindre signe suffît.
92 on jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous r
93 c’est l’Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et garder tant
8 1944, Articles divers (1941-1946). Un peuple se révèle dans le malheur (février 1944)
94 tent des nouvelles de la résistance à l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits et les témo
95 istance à l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits et les témoignages qui ont été publiés
96 nce et qui parviennent sous nos yeux nous parlent du peuple de France ; et les films composés à Hollywood ou à Londres sur
97 ns les contes de fées. Mais je regardais mes amis du coin de l’œil : en critiquant, ils essuyaient une larme, et rien de p
98 n peut penser tout ce que l’on veut de ces films, du pire au bien ; j’en retiens pour ma part qu’ils nous présentent enfin
99 ait : le regard sérieux de l’homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plus insupportable que tou
100 s jeunes Allemands, on ne leur avait jamais parlé du vrai peuple de la vraie France. Ils ont continué à le piller et à le
9 1944, Articles divers (1941-1946). Ars prophetica, ou D’un langage qui ne veut pas être clair (hiver 1944)
101 crire, et surtout en français, ce n’est pas jouer du violon. Tout d’un coup vous le prenez à double corde, et l’on disting
102 deviner que cela nous ramènera dans les environs du sujet de mes deux précédents dialogues. C. Du moins serez-vous en ga
103 ns du sujet de mes deux précédents dialogues. C. Du moins serez-vous en garde contre votre obscurité ? A. C’est justemen
104 ge intellectuel et scientifique, qui se distingue du langage courant par le souci de contrôler ses conventions. Mais ce n’
105 nsée. C. Restons, si vous le voulez, sur le plan du langage. N’est-ce pas la cohérence des raisons et à la fois l’exact a
106 ns un monde cartésien, c’est-à-dire dans le monde du discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme qu’une mé
107 de la méthode ne définit en somme qu’une méthode du discours. La fin dernière d’un discours n’est autre que la cohérence,
108 omme l’a dit un Russe « le monde de l’imprécis et du non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même, le monde des chos
109 st sous-entendu qu’elles correspondent au langage du sens commun, aux images que pourrait se former du phénomène un observ
110 du sens commun, aux images que pourrait se former du phénomène un observateur non savant. Maintenant, ces phrases dans leu
111 qu’un certain système d’images. S’il se distingue du parler quotidien, c’est avant tout par cette cohérence, c’est-à-dire
112 re, se réfèrent en réalité à des formes courantes du langage, vidées de leurs sens particuliers. Ce procédé est sans dange
113 n’étant, c’est entendu, qu’une manière de parler du réel, et sans cesse corrigée par les faits. Mais où je crie à la tric
114 hez Descartes un exemple de ce recours aux formes du langage courant. A. Prenons la 3e règle de sa méthode : « Conduire p
115 c l’aisance à le connaître — c’est encore un tour du langage — ne va pas reculer devant cet autre exploit : poser que le p
116 s d’idées ! Commencer par le commencement ! Aller du simple au compliqué ! Que cela paraît plein de bon sens ! Le beau cli
117 risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou du pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà le
118 rage l’analyse. Vous ne donnerez pas la sensation du blanc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la
119 s qu’à méditer sans fin cette forme significative du tout, et de chaque partie dans le tout. Bien entendu, je ne puis avan
120 d’un discours cohérent — voilà sans doute le rôle du langage parabolique… De là vient son obscurité. Parler en paraboles,
121 d’exprimer un fait ou des idées, en tenant compte du tout qui les englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de les défi
122 ci que d’une certaine orientation. C’est à partir du terme, encore une fois, que les contradictions s’éclairent et se réso
123 tus, toutes les obscurités, tous les paralogismes du langage doivent l’indiquer comme au-delà d’eux-mêmes… ce que ne saura
124 tude de l’être, et qui soit telle que la question du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’homme qui a vu quelque c
125 tre comme le Petit Monde au Grand Monde, — signes du Tout et de la Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles
10 1944, Articles divers (1941-1946). L’attitude personnaliste (octobre 1944)
126 urs d’une philosophie de l’Objet (qui était celle du capitalisme et des divers « planisme »), ou bien allons-nous faire un
127 Si nous choisissons la seconde voie, la doctrine du personnalisme s’impose à l’attention sérieuse. Les jeunes gens qui pr
128 ienne de The Personalist. Mais la caractéristique du mouvement personnaliste français fut, dès le début, de considérer sa
129 pourquoi je ne saurais mieux décrire la doctrine du personnalisme qu’en indiquant certaines des tentatives d’action les p
130 réformes isolées ou matérielles comme l’abolition du Parlement, des salaires plus élevés, la nationalisation des grandes i
131 te, utopique ou opportuniste. Prenons le problème du prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa l’institution d’un
132 vée de son fardeau à vie. 2) Économie. La hantise du salaire ne serait plus le seul mobile du travailleur, et la masse de
133 hantise du salaire ne serait plus le seul mobile du travailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par le service civil s
134 Ils ne croyaient pas qu’un simple civil pourrait du jour au lendemain se transformer en bon manœuvre. Les politiciens déc
135 mais blessé avec son propre sabre ! Les pionniers du service civil donnèrent leur salaire aux ouvriers qu’ils avaient « re
136 ort personnaliste. Il est clair que l’institution du service civil supposait une refonte générale de l’économie, et notamm
137 et d’autant plus qu’il recevrait l’aide gratuite du service civil. L’État lui-même se trouverait réduit au rôle précis et
138 atistique et de répartition de la main-d’œuvre et du bonus social, au profit des entreprises libres et des groupes coopéra
139 La notion de groupe L’un des traits marquants du mouvement personnaliste, c’est son insistance sur la nécessité des gr
140 s les plus actives, sinon les plus spectaculaires du siècle, le personnalisme se déclara fédéraliste, ou « pluraliste ». A
141 ers de résistance élevés dans toute la profondeur du pays, et une mobilisation fortement décentralisée. C’était en somme l
142 euses de l’Underground. État présent et avenir du mouvement À la veille de la guerre, le personnalisme avait réussi
11 1944, Articles divers (1941-1946). Quelle guerre cruelle (octobre-novembre 1944)
143 ’aggraver, après l’avoir provoquée : les méthodes du siècle dernier, rationalistes ou punitives. Le malade, c’est l’humani
144 de partir ? Sommes-nous en possession des pièces du procès ? Quand cela serait, ce ne serait pas grand-chose. Car la guer
145 veuglante, vague de sang, terreur froide, ou goût du suicide. Ne me parlez pas de droits, vous n’y avez pas pensé. Nous av
146 t-être pour des siècles. (Il y aura trop d’avions du même côté.) Mais comment l’homme compensera-t-il le manque de guerres
147 rres, qui fera les héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ? Jamais l’humanité ne fut moins pré
148 admettons pas qu’il est une part de nous, la part du diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. Son aventure prendr
149 s misères secrètes. Dans la réalité psychologique du siècle, Hitler aura joué le rôle d’un personnage de rêve d’angoisse.
150 ce qui nous terrifie n’est pas toujours l’aspect du personnage en scène, qui peut être emprunté à la réalité la plus bana
151 contentons de lutter contre les signes extérieurs du mal, sans essayer d’en modifier les causes dans nous-mêmes11. Mais ce
152 u’est le national-socialisme. Je ne parle pas ici du christianisme, mais de la religion en général, comme phénomène humain
153 nces psychologiques, dans les masses, à l’échelle du globe. Et s’il faut des experts autour du tapis vert, qu’on appelle d
154 échelle du globe. Et s’il faut des experts autour du tapis vert, qu’on appelle des psychiatres plutôt que des banquiers. L
155 l’on défend n’est pas simplement un premier stade du pire. La chute serait-elle un moindre mal que la fracture qui en résu
156 patents dans la morale sexuelle et la conception du mariage au siècle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’apprécier le rô
157 ier ; ou lorsqu’il s’agissait d’apprécier le rôle du sacré, l’âme collective, la création artistique, l’importance relativ
158 artistique, l’importance relative de l’argent et du travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont Denis de, « 
12 1945, Articles divers (1941-1946). Présentation du tarot (printemps 1945)
159 Présentation du tarot (printemps 1945)n 1. Origines Tarot, tarok ou taroc, es
160 le nom donné par les Italiens à l’une des figures du paquet de 78 cartes tel qu’il existait au xiiie siècle. Ce nom fut a
161 le. Ce nom fut attribué par la suite à l’ensemble du jeu. Un des premiers témoignages historiques que l’on possède sur le
162 ou les plus démoniaques, bien entendu. L’origine du tarot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle, l’occultiste sui
163 u. L’origine du tarot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle, l’occultiste suisse Court de Gébelin émit l’hypothèse
164 de Gébelin émit l’hypothèse que le tarot dérivait du Livre de Toth, livre sacré de l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouv
165 ntant les avatars de Vishnu. L’origine égyptienne du tarot est soutenue par Etteilla, dont nous allons parler, par d’Odouc
166 ane ne vint en Europe qu’en 1417 sous la conduite du « Duc d’Égypte » ; et qu’on lui suppose une ascendance hindoue. Or no
167 nciennes, comme on vient de le voir. Les origines du tarot, selon nous, se perdent littéralement dans la nuit des temps. N
168 tiquaire avait transcrit dans son huitième volume du Monde primitif, d’après un amateur qui, lui-même, n’avait pu copier l
169 Il redécouvrit le tarot pendant la seconde moitié du xviiie siècle. Sa prose est vague, ses interprétations sont hasardeu
170 ci un exemple : Etteilla a placé le Fou à la fin du jeu, c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21 la figure qu’il
171 brimades que doit subir le débutant dans l’étude du tarot. 3. Variations Selon les pays et les temps : quant au des
172 te dans de nombreux pays), s’inspirent de modèles du xviiie siècle avec plus ou moins de fidélité. Défaut courant : une s
173 doublées (tête en haut et tête en bas) à l’instar du jeu de cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si l’on sait que
174 infini, ainsi qu’on en pourra juger par l’examen du tableau suivant. En effet, chacune des lames du tarot (arcanes majeur
175 n du tableau suivant. En effet, chacune des lames du tarot (arcanes majeurs) s’identifie à : 1. une planète 2. un signe du
176 jeurs) s’identifie à : 1. une planète 2. un signe du zodiaque 3. une lettre de l’alphabet hébreu (sens exotérique et sens
177 lettres dites simples qui figurent les 12 signes du zodiaque que parcourt le soleil pendant les 4 saisons. Enfin il reste
178 quatre couleurs des tarots et les quatre couleurs du jeu de cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’étude du lecteur les
179 e cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’étude du lecteur les hypothèses suivantes : Selon A. E. White (Key to the Taro
180 Selon A. E. White (Key to the Tarot) : les Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épé
181 o the Tarot) : les Bâtons du Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les De
182 Nous pouvons donc considérer les arcanes majeurs du tarot comme un véritable Alphabet de la grande poésie universelle. Le
183 oit les plus récents travaux, ceux en particulier du professeur Tassin, de Columbia, et de Paul Foster Case, le tarot aura
184 hermétique » aboutissant à la réalisation intime du Grand Œuvre des alchimistes. Il s’agirait de passer, à travers ce yog
185 cane zéro) et aboutit à la connaissance de soi et du Monde (arcane 21) en passant par tous les stades du développement col
186 Monde (arcane 21) en passant par tous les stades du développement collectif, puis individuel, de la psyché humaine. Chac
187 à faire entrevoir au lecteur l’importance réelle du tarot, indépendamment des usages pittoresques, secondaires, dérivés,
188 te, furent les premiers à pénétrer dans le Palais du Luxembourg, abandonné la veille par les Allemands. Au milieu du désor
189 Au milieu du désordre indescriptible de la salle du Sénat, meubles brisés, papiers épars, une table au tapis vert était s
190 ant approchés y virent « jetées comme par la main du destin » une séquence de lames de tarot. Dernier message des occupant
191 s les anneaux de notre chaîne. La surface entière du globe (le 0) n’est que le théâtre de nos extravagances. Retraçons d’a
192 nos extravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l’emblème d’un voyageur, qui symbolise l’homme. Cette vie n’est
193 us comportant d’après les plus saines aspirations du rayon divin qui nous anime. Synonymes : Droite. Folie, démence, extra
194 un certain angle (si l’on place l’arcane à la fin du jeu) cette carte est une image de l’inconscience, des occasions manqu
195 al. Rien n’a été appris ou gagné par la traversée du Jeu. La vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi l
196 ssion de la volonté d’individuation dans l’homme. Du point de vue de l’égo, cette quête n’est que folie et non-sens. c
197 c, en haut à droite, contient toutes les couleurs du spectre encore indifférenciées ; la couleur jaune du fond est celle d
198 spectre encore indifférenciées ; la couleur jaune du fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou l
199 conscient). Sa robe blanche (pureté) porte autour du col les lettres du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de
200 blanche (pureté) porte autour du col les lettres du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de Dieu, J H V H. Par-
201 s majeurs qui suivent montrent ce qu’il adviendra du Fou à mesure qu’il traversera les collines, vallées et montagnes indi
202 sans s’arrêter à aucune. (Le Fou) exprime le type du pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de l’initia
203 iens qu’on peut acheter et vendre (les deniers) ; du sol et du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il e
204 peut acheter et vendre (les deniers) ; du sol et du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il est la cart
205 e a perdu son pouvoir magique. Voici l’expérience du Fou : le monde extérieur n’a pas plus de signification réelle que l’e
206 andaleux secret de sa perfection. Dans la sagesse du Saint-Esprit incarné, il passe, étranger, silencieux. Étant tout et t
207 e de nous révéler le dernier mot sur les symboles du tarot ! La Roue de Fortune, arcane 10 a) Interprétation d’El
208 La lettre Iod se rapporte à la plupart des idées du nombre 10. Elle a le sens de main, les deux mains, les 10 doigts. Ell
209 un taureau, un aigle — signifient les 4 divisions du cosmos auxquelles faisaient allusion les 4 lettres I H V H brodées su
210 llusion les 4 lettres I H V H brodées sur la robe du Fou, et représentent les 4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (Aquarius
211 a robe du Fou, et représentent les 4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (Aquarius) est l’Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ; l
212 4 évangélistes et leurs emblèmes, les 4 rivières du Paradis, et le Tétragramme. Ces 4 symboles cosmiques sont entourés de
213 dans le Grand Œuvre. Cependant le fond bleu pâle du ciel indique que la paix spirituelle s’établira finalement quand les
214 ons signifie la manifestation parfaite, résultant du mouvement de 2 roues de 4 rayons tournant en sens inverse l’une de l’
215 ion. L’une des roues porte les signes alchimiques du Mercure (Intellect) ; Sel (Corps) ; Soufre (Esprit) ; et Dissolution
216 ns de la première roue est placée une des lettres du mot T A R O, qui doit se lire dans le sens des aiguilles d’une montre
217 montre, étant hébraïques. La division quaternaire du cosmos se retrouve ici au plus bas niveau de la conscience, encore so
218 rofondeurs, et qui commence à monter vers l’appel du Sphinx, symbole de l’homme parfait ou conscient et individualisé. Le
219 rt de Gébelin : Le Monde primitif (volume VIII) : Du jeu des tarots, Paris, 1781. Etteilla : Manière de se récréer avec l
220 Vichy, 1922. Oswald Wirth : Le Tarot des imagiers du Moyen Âge, 1927. Paul Foster Case : An introduction to the study of t
221 1942.) n. Rougemont Denis de, « Présentation du tarot », Hémisphères, New York, 1945, p. 31-43.
13 1945, Articles divers (1941-1946). Les règles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)
222 Les règles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’art de
223 ais désigner par rhétorique l’ensemble des règles du jeu dans l’art. Feraient partie de la rhétorique des éléments aussi d
224 mitation par le cadre ; les lois de l’harmonie et du contrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; les conventions de
225 ’opéra et de la danse ; les personnages constants du théâtre ; les ouvertures, levers de rideau, préfaces, finales, épilog
226 ttez aux règles des échecs, déplacer un seul pion du noir au blanc devient un acte passionnant, qui peut concentrer votre
227 es règles, et ce même déplacement devient le type du geste indifférent. Dans le principe, et dans les hautes époques, la r
228 ons constitutives de notre corps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la respiration, des nuits et
229 ironique. La naissance, le triomphe et le déclin du roman comme genre littéraire, illustrent à merveille ces brèves indic
230 et le danger de l’écarter à la légère. L’origine du roman est dans le conte. La société primitive a des mythes, courts ré
231 ables destinés à fixer des événements de l’âme ou du Cosmos dans un jeu de personnages et d’aventures très simples. Le myt
232 es. À cet instant naît le roman moderne. À partir du xviiie siècle, le roman se sépare volontairement du conte. Aussitôt,
233 xviiie siècle, le roman se sépare volontairement du conte. Aussitôt, on le voit se gonfler de psychologie, de lyrisme, d’
234 ès lui plus encore, le roman tourne à l’« étude » du réel, quand le conte, la légende, et même l’épopée, étaient créations
235 le héros. La part de l’art y est réduite à celle du style. L’autre branche sera celle du réalisme social. C’est là que va
236 uite à celle du style. L’autre branche sera celle du réalisme social. C’est là que va triompher la terreur, se déchaîner l
237 art aux « lois de la vie », non plus aux procédés du conte. « Le roman, dit M. Jaloux, ne connaît d’autres lois que les lo
238 man dès qu’il refusa d’être fable. Tout l’intérêt du conte, effectivement, tenait aux conventions qu’il savait mettre en œ
239 rgis des profondeurs de l’être, identiques à ceux du rêve, et crus comme tels avec reconnaissance, au double sens de l’exp
240 — Le romancier moderne a perdu l’autorité magique du conteur. Il s’est privé volontairement du bénéfice de « l’art de pers
241 magique du conteur. Il s’est privé volontairement du bénéfice de « l’art de persuader » traditionnel. Quand, par exemple,
242 ription des lieux, introduisant dans l’atmosphère du récit. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissemen
243 t encore une règle élémentaire : marquer le début du jeu par un signal convenu, isoler de la vie courante la partie jouée.
244 démontrer, et m’entraînait par d’autres charmes… Du conteur pur, je n’exigeais qu’un sens, valable et vérifiable en soi.
245 rtie3, le romancier moderne veut créer l’illusion du réel quotidien. Pourtant il ne dispose que de mots, quoi qu’il fasse.
246 our peu d’exigence qu’on y mette, aboutit à faire du roman quelque chose d’interminable, et quelque chose de méthodiquemen
247 domaine des conséquences indéfinies. L’hésitation du romancier moderne à terminer son livre par une décision de l’esprit o
248 rtifice de rhétorique, telle est la source impure du roman-fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre est l’expression d
249 nne volonté, bon témoignage sur l’opinion moyenne du grand public contemporain, le morceau n’étant visiblement qu’une capt
250 rimer ce désordre, ce décousu, ces inconséquences du sort… Bien sûr. Mais pourquoi les romans devraient-ils exprimer tout
251 lisée doit amener, nécessairement, la dissolution du roman dans le documentaire plus ou moins commenté. Où l’art, d’ailleu
252 avec les conventions, plutôt frustes mais fixes, du découpage, du montage, et de la présentation dramatisée. Ces conditio
253 entions, plutôt frustes mais fixes, du découpage, du montage, et de la présentation dramatisée. Ces conditions, dans une v
254 notre diagnostic nous sera fournie par le succès du roman policier. Je ne pense pas qu’on puisse expliquer ce succès par
255 d’entrée de jeu, se résout complètement à la fin du livre, et ne comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de l’acti
256 es conditions satisfont à l’excellente définition du jeu proposée par J. Huizinga5 : une action dont le début et la fin so
257 urer l’invention de chaque auteur, et les progrès du genre. Une grande partie de l’intérêt que l’amateur apporte à la lect
258 créateur de communauté : des clubs de fanatiques du roman policier se sont fondés un peu partout. La vogue actuelle du ro
259 se sont fondés un peu partout. La vogue actuelle du roman historique pourrait être invoquée, elle aussi, bien que l’exemp
260 s frappant. Le roman historique garde le bénéfice du cadre : son action circonscrite par définition, est isolée du réel qu
261 on action circonscrite par définition, est isolée du réel quotidien par l’éloignement dans le temps. Mais l’impureté du ge
262 par l’éloignement dans le temps. Mais l’impureté du genre, c’est qu’il peut se passer de la crédibilité intrinsèque du co
263 u’il peut se passer de la crédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’autorité tout extérieure du fait accompli.
264 onte, par le recours à l’autorité tout extérieure du fait accompli. Cette possibilité de tricherie est voisine de celle qu
265 ore, le besoin d’en conter. L’imaginaire, délivré du souci d’une vraisemblance insignifiante ou statistique, retrouvera l’
266 mortellement réels. Les faits les plus flagrants du siècle défient nos imaginations. Seul un art délirant de fantaisie a
267 s animés de Walt Disney jouaient dans le registre du fou rire populaire avec l’instinct sadique et le goût des orgies de d
268 de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet du grand livre de Jean Paulhan, publié en France sous l’occupation : Les
269 ver de rideau ; l’ouverture d’un opéra ; le cadre du tableau, etc. Des procédés identiques annoncent la terminaison du jeu
270 Des procédés identiques annoncent la terminaison du jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de
271 rdam, 1939. i. Rougemont Denis de, « Les règles du jeu dans l’art romanesque », Renaissance, New York, 1944–1945, p. 275
14 1946, Articles divers (1941-1946). Contribution à l’étude du coup de foudre (1946)
272 Contribution à l’étude du coup de foudre (1946)o Un regard dans un regard et les voilà fixés
273 , ne serait-elle point un alibi ? Je ne parle que du vrai coup de fondre, celui qui est suivi d’incendie. Car pour ceux qu
274 es meilleurs de l’Allemagne d’alors) : — Le mythe du coup de foudre est sans doute une astucieuse invention de Don Juan po
275 ut encore une rencontre ménagée à la ressemblance du rêve : toute une cérémonie, avec ses rôles prescrits, son ouverture d
276 an devant la cour d’Irlande est reçu par la fille du roi selon l’usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avanc
277 e qui s’avancent l’un vers l’autre, dans la scène du hanap, ce sont des officiants… Tout se passe comme si les deux amants
278 ion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. Nous causions depuis quelques instants dans sa bibliothèque
279 , et cette fois-ci non sans terreur, que la femme du banquier, elle aussi, n’a presque pas touché aux mets servis. Le déje
280 de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes du Danube, puis ces ruelles de Buda qui montent sur les flancs d’un énor
281 ’art, de religion, de politique, des perspectives du nouveau régime, et pas du tout de mes après-midi. Bien entendu. La ve
282 tique, des perspectives du nouveau régime, et pas du tout de mes après-midi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme
283 ndu. La veille de mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une édition du matin nous apprend l’incendie du Re
284 e nous sortions du bar, Maria et moi, une édition du matin nous apprend l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le j
285 moi, une édition du matin nous apprend l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à Berlin, et prends cong
286 issident. Je m’informe : l’avion part à 10 heures du matin. Mais il faut que je la revoie une dernière fois. Je prendrai d
287 oie une dernière fois. Je prendrai donc l’express du soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre villa de
288 . » La lettre était signée Maria. — Un vrai drame du destin ! fis-je après un moment. Le type même du Schicksalsdrama, com
289 du destin ! fis-je après un moment. Le type même du Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais le destin aveugle qui présida
290 un peu de son mystère si l’on songe que la femme du banquier était lectrice de romans — et sans doute de vos propres roma
291 o. Rougemont Denis de, « Contribution à l’étude du coup de foudre », Formes et Couleurs, Lausanne, 1946, p. 1-4.
15 1946, Articles divers (1941-1946). Penser avec les mains (janvier 1946)
292  : dangereuse pour le penseur, et transformatrice du réel. « Là où je crée, là je suis vrai », écrivait Rilke. Et c’est po
293 ns aucun doute, et ils le savent. Toute l’opinion du monde en est à peu près là, que la pensée ne peut venir qu’à la remor
16 1946, Articles divers (1941-1946). Les quatre libertés (30 mars 1946)
294 faisaient l’enjeu de la lutte. La deuxième, celle du culte ou de la religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les p
295 mparaison qu’il nous oblige à faire de l’idéal et du présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut être immédiat
296 être libres, uniquement et tout simplement, c’est du courage. Car nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer le prix
17 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)
297 erre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie c
298 Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins directs, mais
299 t. La solidarité pratique des différentes parties du globe est un fait durement établi au niveau de notre existence matéri
300 passer par une étape intermédiaire, qui est celle du fait psychologique : la formation d’une conscience planétaire. Nous r
301 s en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, parce que le
302 ux victimes de la crise que ce n’est pas la faute du député local ni de « l’hypocrisie américaine ». Que faire ? Tout le m
303 rées. Hic sunt leones inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe. Et pou
18 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)
304 ochaine et irrévocablement dernière guerre civile du genre humain. Que va-t-il se passer ? Ces projets échoueront. On en r
305 que j’ai cédé au goût américain de la sensation, du biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays que la première
306 sur les choses politiques, j’ai posé le principe du pessimisme actif. Et comment ne m’y tiendrais-je pas, quand je sais q
19 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum (27 avril 1946)
307 allais l’oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse du tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc parliez-vous dans vos cinq dialo
308 précédents ? Faut-il penser que vous vous moquiez du monde ? — J’étais sérieux. Je prenais au sérieux les événements qui n
309 n pensent quelques généraux. Je parlais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’est là sans
310 ités pour la retenir ! Comme si elle était tombée du ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré. L
311 is. Et voilà bien le progrès le plus sensationnel du siècle. — Un progrès ? — Oui, j’appelle ainsi tout ce qui nous rappro
20 1946, Articles divers (1941-1946). Faut-il rentrer ? (4 mai 1946)
312 ouve que j’habite, pour quelques semaines encore, du côté où les jeunes Européens devraient aller s’il s’agissait pour eux
313 t en mesure de le vivre ! Combien encore sont-ils du Moyen Âge, ou du bourgeois et lent xixe siècle ! Serait-ce manque d’
314 vivre ! Combien encore sont-ils du Moyen Âge, ou du bourgeois et lent xixe siècle ! Serait-ce manque d’imagination ? Cer
315 enez-y trois et quatre fois, selon l’arithmétique du cœur. Le nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment
21 1946, Articles divers (1941-1946). « Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)
316 « Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)w x M. de
317 en est discipliné, il n’a pas pour autant l’amour du règlement comme en Suisse… J’ai aussi été sensible à une sorte de lou
318 nverse existe chez les Américains au point de vue du civisme et de la politique. Ils ont le sentiment d’être decent. Leur
319 e et se tenir propre soi-même »… Quant à la masse du centre du pays, elle ne connaît rien de notre continent ; souvent, el
320 nir propre soi-même »… Quant à la masse du centre du pays, elle ne connaît rien de notre continent ; souvent, elle ignore
321 erre, on puisse affirmer que le centre de gravité du monde s’est déplacé en Amérique ? Très nettement. Vue de New York, l’
322 e qu’ils ont de plus que nous, c’est un grand art du reportage, de la description. Ils ont indiscutablement créé le style
323 scription. Ils ont indiscutablement créé le style du grand reportage. Je connais quelques jeunes poètes, pas du tout intel
324 reportage. Je connais quelques jeunes poètes, pas du tout intellectuels, qui font un lyrisme très violent et très coloré…
325 mont Denis de, « [Entretien] Le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique », L’Illustré, Lausanne, 16
326 ontact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne pas du contact des sens, conduit à l’insondable gouffre de l’abstraction. M.
327 lide, puissant, élégant comme une voile au vent), du Journal d’un intellectuel en chômage , de L’Amour et l’Occident , d
328 et acte unique d’obéissance qui s’appelle l’amour du prochain »…
22 1946, Articles divers (1941-1946). Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe (16 mai 1946)
329 ’avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé du poids des traditions et querelles ancestrales qui tournent en rond. C
330 ancestrales qui tournent en rond. C’est la rumeur du xxe siècle. Elle a cours en Europe au moins autant qu’ailleurs. Elle
331 taquer les jeunes puissances, ni faire l’apologie du vieillissement. Mais j’emprunterai à des recherches récentes deux rés
332 es patiemment et qu’elle illustre encore aux yeux du monde. Je veux parler de la « mémoire » et de l’« expérience historiq
333 ce récente peut nous fournir une seconde parabole du siècle. Cela se passe on Russie, dans l’école de Pavlov, auteur de cé
334 alors les signes extérieurs de la crise de nerfs, du « nervous break down » le plus caractérisé ! L’Européen, que vingt si
335 tique conditionné par la publicité et les sirènes du progrès. Et c’est pourquoi il tiendra le coup. v. Rougemont Denis
23 1946, Articles divers (1941-1946). La pensée planétaire (30 mai 1946)
336 erre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie c
337 Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié du genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins directs, mais
338 t. La solidarité pratique des différentes parties du globe est un fait durement établi au niveau de notre existence matéri
339 passer par une étape intermédiaire, qui est celle du fait psychologique : la formation d’une conscience planétaire. Nous r
340 s en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs du pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, parce que le
341 . « Hic sunt leones » inscrivaient les géographes du Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe, « ici
24 1946, Articles divers (1941-1946). La fin du monde (juin 1946)
342 La fin du monde (juin 1946)aa Æternitas non est temporis successio sine fin
343 nsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons du monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutr
344 réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, quel e
345 lus de conquérir, mais seulement d’assurer la vie du plus grand nombre contre les créations catastrophiques des Héros ou d
346 leur ou le seul moyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondiale que n
347 oyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondiale que nous tentons d’org
348 lorsque la terre entière soumise au seul pouvoir du chiffre dépendra d’une centrale unique, il suffira que l’Ange de la F
349 elle-même. Pour la première fois dans l’histoire du monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une destruction de
350 celui seul qui accepte la mort n’est pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se défendre, ma
351 autre sorte, fulgurante. Péripétie La scène du monde vient de passer à une vaste conversation de la mort, sur les pl
352 ».) Premier jugement, par la lumière La fin du monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant, les regardait sans in
353 t air petit. On en reviendrait bien, de cette fin du monde ! Car sinon tout apparaissait d’une indécence inexprimable. Dep
354 et la mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. Il sera porté aussi bien sur votre élan vital que sur l’éla
355 continuent de marcher, riant de joie aux paliers du matin, s’avançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutum
356 Second jugement ou sommation Voici le principe du second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son expression, e
357 ande frayeur, les autres sous les traits consolés du Désir. La plupart hésitaient en présence de la banalité soudain flagr
358 sous le bras, et des lunettes bourrues au-dessus du sourire de la plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous s
359 lle ?14 « Qu’il voudrait subsister dans ce moment du choix qu’on lui impose maintenant, bien plus violent qu’il n’a jamais
360 sommation de tout son être, au faîte inconcevable du désir comblé, et comblé pour l’éternité. « Mais l’Esprit et l’Épouse
361 st en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvre du Pardon. « Et que celui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne d
362 ues clameront l’harmonie violente et bienheureuse du mot sacrement de toute la création, son terme monumental à la gloire
363 ute la création, son terme monumental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, — l’Amen du Temps qui s’agenouille et s’abîme éte
364 ental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, — l’Amen du Temps qui s’agenouille et s’abîme éternellement. 14. Søren Kierkeg
365 ne caricature. aa. Rougemont Denis de, « La fin du monde », Fontaine, Paris, juin 1946, p. 7-16.
25 1946, Articles divers (1941-1946). Deux lettres sur le gouvernement mondial (4 juin 1946)
366 à menacer ? Personne à qui répondre que l’honneur du pays est en jeu, qu’on ne cédera plus d’une ligne, etc. ? Pour tout d
367 e menace planétaire pour provoquer l’union sacrée du genre humain ? Eh bien, madame, si j’ose le dire : vous êtes servie.
368 Il a deux sens bien différents. Je n’ai parlé que du mauvais, jusqu’ici, parce que c’est de beaucoup le plus courant. Essa
369 ions réelles subsisteront intactes, comme membres du corps de l’humanité, comme foyers de rayonnement, et comme communauté
370 s économies voisines. Mais remarquez l’hypocrisie du terme « nationaliser ». On n’ose pas dire « étatiser ». On veut encor
371 pas dire « étatiser ». On veut encore tirer parti du prestige qui s’attache à l’idée de nation… En fait, on étatise la nat
372 la démocratie ou marxisme, des idées libérales ou du planisme, ou même une belle passion de la justice sociale, le résulta
373 at sera le même : à l’autre bout, vous obtiendrez du totalitarisme en bâtons et une grêle de coups. Je suis sérieux. Le so
26 1946, Articles divers (1941-1946). L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)
374 qu’il n’y paraît. Car l’une des grandes questions du siècle est sans doute celle de ne point laisser nos moyens matériels
375 us les jours pendant quelques semaines, puis plus du tout pendant un an. Et quand on se rencontre par hasard, on ne se dem
376 n pays vient de construire l’avion le plus rapide du monde. L’industrie française a tenu le coup, elle se remonte même si
377 re. Mais tout compte fait, l’avion le plus rapide du monde n’existe qu’à un seul exemplaire. Et pendant qu’on le construis
378 que de fonctionner sur toutes les grandes lignes du monde. Curieuse impatience du génie français : il invente sans relâch
379 les grandes lignes du monde. Curieuse impatience du génie français : il invente sans relâche, et cent fois plus que le gé
380 cains pressentent enfin que la France est le pays du sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus de
381 sse encore en Europe pour un Anglo-Saxon puritain du type dynamique, alors qu’il est en réalité, et neuf fois sur dix, bie
382 en réalité, et neuf fois sur dix, bien plus près du Méridional par son goût de l’exagération — Tartarin serait bien épaté
383 es églises en verre et en ciment : je me souviens du temple protestant de Drancy, et de vingt églises en style aérodynamiq
384 s laissera entrer. Mais si vous dites sous la foi du serment, que vous ne l’êtes pas, et que votre vie plus tard prouve qu
385 sorte de fatalisme inconscient. (Je ne parle pas du héros, mais du troupier moyen, sans opinion.) Il pense qu’il faut ce
386 isme inconscient. (Je ne parle pas du héros, mais du troupier moyen, sans opinion.) Il pense qu’il faut ce qu’il faut, et
387 par la rédaction, et rajouté par nous sur la base du texte paru dans Vivre en Amérique (chapitre 4), livre édité un an p
388 es… » : lecture incertaine, aucune copie correcte du texte n’ayant pu être obtenue.
27 1946, Articles divers (1941-1946). Réponse à l’enquête « Les travaux des écrivains » (24 août 1946)
389 it pays et en sept langues différentes. La Part du diable , dont deux versions différentes parurent à New York en 1940 a
390 ntendu, de la version définitive. Les Personnes du drame . Ce sont des essais sur Goethe, Kierkegaard, Kafka, Luther, Gi
391 nde, où il joua un certain rôle dans la naissance du parti travailliste. Je préfère ne point vous parler des traductions.
28 1946, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)
392 on jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous r
393 c’est l’Europe. Parce que l’Europe est la mémoire du monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et garder tant
29 1946, Articles divers (1941-1946). En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation : ce que l’on entendait sur le paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre 1946)
394 des herbes sauvages venant des terres abandonnées du Nord et que nos paysans s’efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouff
395 amps. J’ai vu renaître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève, n
396 bastion que mon pays élève, nuit et jour, autour du massif du Gothard, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’un
397 ue mon pays élève, nuit et jour, autour du massif du Gothard, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’une liberté
398 our, autour du massif du Gothard, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’une liberté qui ne peut plus vivre que s
399 olonais, tiré, jeté par la police franquiste hors du train qui sifflait déjà pour le départ vers la frontière — à deux-cen
400 départ vers la frontière — à deux-cents mètres — du Portugal et de la liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous veno
401 on, et les « accidents » sont fréquents. Paradoxe du siècle où tout est fait pour réduire l’homme à l’anonyme, pour le pri
402 pour réduire l’homme à l’anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa différence personnelle, cependant qu’
403 il était bien réel et bien lui-même… En mer, nuit du 12 au 13 septembre 1940 Les derniers bateaux de la dernière ligne rel
404 nants. On ne s’entend vraiment bien qu’entre gens du même peuple. 17 septembre 1940 Chaque soir, les passagers se pressent
405 assagers se pressent devant la porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’heure comme j’
406 ure comme j’essayais de me faufiler, R. s’extrait du groupe, me cède sa place, et je l’entends dire à sa femme qui attenda
407 une terre qui s’approche, avec l’immense sécurité du continent qu’on imagine au-delà de ces falaises orangées, frangées de