1
ense spirituelle » comme dans celui de la défense
du
territoire, proviennent chez nous d’une incapacité congénitale à prév
2
peuple de bourgeois. L’ère de la bourgeoisie, ère
du
« confort moderne » et de l’absence d’imagination réaliste, prolonge
3
es faits que je n’ai pas à rappeler. La faiblesse
du
bourgeois réside dans son refus de prendre au sérieux ce qui l’étonne
4
saurait mesurer les profondeurs et les puissances
du
mal. Et c’est pourquoi les chrétiens seuls savent reconnaître les dém
5
ment — ce n’est pas l’impression qu’il donne, pas
du
tout — mais il est simplement lucide. Il a su voir plus loin que le b
6
idéal directeur, n’était autre que la mise au pas
du
pays, sa mise en marche vers le nihilisme — ou l’annexion. « Faire du
7
marche vers le nihilisme — ou l’annexion. « Faire
du
socialisme, écrit-il, c’est faire la moitié du national-socialisme. »
8
re du socialisme, écrit-il, c’est faire la moitié
du
national-socialisme. » Certes, on peut lui répondre que faire du nati
9
ialisme. » Certes, on peut lui répondre que faire
du
nationalisme, c’est faire l’autre moitié de ce tout. Mais enfin, l’im
10
faut que leurs diversités se fédèrent au service
du
pays. Quand le temps presse, comme aujourd’hui, l’on voit ce qui comp
11
paraboles (1er octobre 1941)b I. À la porte
du
jardin Il y a mille chambres au Palais, mille lits pour y rêver, m
12
vides, dans la sonorité glaciale des appartements
du
Pouvoir. Lui, la voyant passer, s’offusque, ou c’est le désir qui l’a
13
, ses jambes ont fui. — Toi qui connais le maître
du
palais, dis-moi s’il vit, s’il règne encore aux solitudes. Car sinon,
14
eux ? — Mais on m’appelle, écoute, la voix venait
du
parc ? — Es-tu bien sûr que c’était une voix ? Ils y couraient. La nu
15
bes sauvages fouettaient les jambes nues. Au fond
du
parc, près de la porte démolie, là où les murs ne cachent plus que le
16
feu. Le printemps vint. — Aurai-je encore besoin
du
feu ? Je reprendrai ma pierre et me reposerai dans la fraîcheur de so
17
re qu’il prenait alors entre ses mains, la pierre
du
vœu triste et présomptueux de sa jeunesse. Et il pleurait. Une troisi
18
évidemment. Mais je rappelle à Monsieur la règle
du
club : Ni Questions Ni Réponses. Je ne savais plus que dire, parce qu
19
s mes erreurs, si vous voulez. Je trouve la porte
du
bureau directorial. J’entre comme un fou et je crie : — Pourquoi ? Le
20
te, polissant et graissant son fusil après le tir
du
dimanche, — spectacle que vous ne verrez nulle part ailleurs dans le
21
er ses propres troupes de choc, après l’épuration
du
30 juin 1934, leur laissant seulement un poignard décoratif. La posse
22
i demander un conseil ou pour les aider à trouver
du
travail. Tous le considèrent comme le chef d’une famille de 200 homme
23
s facteurs qui déterminent la structure politique
du
pays : autonomie locale et entraide. La moitié de l’armée est composé
24
des de montagne, constituées par des spécialistes
du
ski et de l’alpinisme, et des brigades indépendantes pour défendre le
25
rticle fut mobilisé en 1939, à un poste-frontière
du
Jura. Il pouvait voir, à travers ses jumelles, un champ, à 3000 pieds
26
ire cinquante fois mieux équipé ? Le premier acte
du
« blitzkrieg » est d’empêcher la mobilisation du pays que l’on veut e
27
du « blitzkrieg » est d’empêcher la mobilisation
du
pays que l’on veut envahir. Les partenaires de l’Axe peuvent devenir
28
s sans l’aide des voies ferrées. La seconde phase
du
« blitzkrieg » est la trouée du territoire derrière les lignes. Cela
29
La seconde phase du « blitzkrieg » est la trouée
du
territoire derrière les lignes. Cela serait-il possible en Suisse ? I
30
es parois rocheuses. Dans chaque « compartiment »
du
territoire suisse, l’ennemi aurait à développer une attaque en règle.
31
celui qui a, dans ses mains, le Gothard. Les 4/5e
du
trafic entre l’Allemagne et l’Italie se font par le Gothard ou le Sim
32
connaît aussi le plan suisse de défense. La ligne
du
Gothard a été déclarée comme ligne de retraite nationale. Certaines u
33
es, d’autres doivent défendre les vallées partant
du
Gothard. Les Suisses pourraient tenir, sans espérer toutefois une vic
34
spérer toutefois une victoire, mais ils sauveront
du
moins l’honneur du pays. Des extraits d’un récent discours prononcé à
35
e victoire, mais ils sauveront du moins l’honneur
du
pays. Des extraits d’un récent discours prononcé à Berne par un colon
36
uestionne jamais pour ce qui a trait à la défense
du
sol quand cela est raisonnable. À ceux qui demandent : « Pourquoi ces
37
n de l’armée suisse », Journal suisse d’Égypte et
du
Proche-Orient, Alexandrie, 4 mars 1942, p. 1.
38
la rend fleurissante. Mais l’amour même est chose
du
silence. Cela dont je ne puis parler sans l’offenser dans sa grandeur
39
est le lieu d’un mutisme sacré. Angérone, déesse
du
Silence : on croit qu’elle avait sa statue dans le temple de la Volup
40
st pas le plaisir même, mais l’imagination active
du
désir qui lentement s’approche de son terme. Quand le désir s’empare
41
vulgaire gémit d’avoir perdu la volupté. L’homme
du
désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’aime que cela : regard
42
sée, comme s’il doutait… Adolescence ! Le charme
du
désir est celui du silence : il éloigne sans fin le terme. Tu n’enten
43
tait… Adolescence ! Le charme du désir est celui
du
silence : il éloigne sans fin le terme. Tu n’entends que ce qui s’int
44
e savoir que tu veux, mais la divine connaissance
du
présent. Or cette connaissance est interdite. Et c’est l’approche du
45
e connaissance est interdite. Et c’est l’approche
du
viol de l’interdit qui impose aux amants leur silence, fascination de
46
ée, attirance de l’effroi mortel. Dans le silence
du
désir, la possession a fait une brusque rumeur de vagues affrontées e
47
nt de posséder, leur silence meurt à cette minute
du
plaisir. Ils fuient, bavardent. Tristesse platonicienne C’est da
48
sse platonicienne C’est dans l’accomplissement
du
plus violent amour qu’il nous est accordé de concevoir un absolu, mai
49
ible. Atteintes enfin les limites de la puissance
du
désir, sur la solitude égarée du couple, Éros pose en couronne un dés
50
de la puissance du désir, sur la solitude égarée
du
couple, Éros pose en couronne un désespoir glacial : vous n’irez pas
51
hoses et les dénomme d’un regard. Un corps auprès
du
mien respire, mémoire pesante de l’incommensurable nuit. Nous n’irons
52
défaite de l’étreinte, n’est-ce point le souvenir
du
seul désert que désormais nous chercherons ? Au terme de la fuite, no
53
mes deux. Il n’y a que deux philosophies : celle
du
désir et celle de l’acte ; ou encore, il n’y a que deux doctrines : c
54
; ou encore, il n’y a que deux doctrines : celle
du
silence et celle de la parole. La négation du désir amoureux par l’ac
55
lle du silence et celle de la parole. La négation
du
désir amoureux par l’acte même qui l’accomplit, c’est le signe physiq
56
ple où dorment deux idoles, et parlons le langage
du
Jour. d. Rougemont Denis de, « Angérone », VVV, New York, mars 19
57
u’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi l’amour
du
prochain, le désir de lui être utile et de mériter ses louanges ? J’a
58
ce n’est pas l’amour mais au contraire le mépris
du
prochain. Le Prince André n’a pas trouvé de prochains, car il n’a che
59
ne et prononce à mi-voix : « Je suis le serviteur
du
public, cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne la gloire. Et c
60
t Adolphe. Mais ce jugement sur le talent, changé
du
tout, n’entraîne pas que l’on change le jugement sur la gloire. La gl
61
our s’acquérir la gloire, fréquents dans l’Italie
du
xve siècle.) Le besoin de la gloire est donc né d’une sorte de malad
62
n de la gloire est donc né d’une sorte de maladie
du
sens social. C’est le contraire de l’amour du prochain. L’individu qu
63
die du sens social. C’est le contraire de l’amour
du
prochain. L’individu qui cherche la gloire n’a plus souci ni même con
64
erche la gloire n’a plus souci ni même conscience
du
voisin qu’il pourrait aider (c’est le prochain), mais seulement du vo
65
ourrait aider (c’est le prochain), mais seulement
du
voisin qu’il peut utiliser. Il cherche des admirateurs, des confirmat
66
rien. Et ce qu’ils donnent fait toute la renommée
du
peuple. (Aujourd’hui c’est l’inverse qu’on observe ; c’est ce que don
67
’ose pas savoir est angoisse. Angoisse est le nom
du
secret que je sers sans oser le servir, parce que je sais que son nom
68
méricaine, trop jeune pour craindre les atteintes
du
temps. On n’écrit pas un livre pour qu’il dure, en Amérique, mais d’a
69
remarquait encore André Gide. Dans ce sens élargi
du
mot, mais en retirant à l’épithète toute qualité dépréciative, on pou
70
uste titre, aucun reproche. Car l’Amérique a fait
du
journalisme un art par une révolution trop ignorée de l’Europe. Un ar
71
i vous jette de but en blanc dans l’humanité vive
du
sujet, saisi par son côté sensationnel. L’article ensuite ne se dérou
72
ants à éviter toute expression « intellectuelle »
du
réel, à cultiver l’expression concrète ou sensorielle. N’écrivez pas
73
nt d’une empreinte poussiéreuse le moelleux tapis
du
hall d’entrée, etc. Exemple caricatural d’un mode d’expression qui do
74
térature plus apte qu’aucune autre à l’expression
du
dynamisme aventureux de notre siècle. Entre la sensation et le sensat
75
gue, c’est une Europe qui vient de mourir. Europe
du
sentiment, patrie de nostalgie de tous ceux qu’a touchés le romantism
76
i, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours
du
bon vieux temps européen. Jours de sursis d’une liberté dont nous avi
77
cela que vient de mettre en question l’usurpateur
du
Hradschin. Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’il nous force
78
ver. Il faut entrer résolument dans le grand jour
du
siècle mécanique, accepter pour un temps sa loi, en préservant, s’il
79
e la situation spirituelle la plus extraordinaire
du
siècle ! Il est des êtres et des drames dont la vérité n’apparaît que
80
st partagée dans un silence de catacombes. Centre
du
monde ! Il s’en va, coudoyant la foule et traversant les lieux public
81
l y avait une victoire enfin, ce serait un retour
du
passé. Vaudrait-il mieux qu’alors ? Saurions-nous mieux le vivre, aug
82
qu’alors ? Saurions-nous mieux le vivre, augmenté
du
souvenir de sa perte ? Mais le passé ne reviendra jamais, ce bon vieu
83
des herbes sauvages venant des terres abandonnées
du
Nord, et que nos paysans s’efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouf
84
amps. J’ai vu renaître les paniques dévastatrices
du
ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève au
85
Et je songe au bastion que mon pays élève autour
du
massif du Gothard, invincible et désert, cœur mystérieux du continent
86
ge au bastion que mon pays élève autour du massif
du
Gothard, invincible et désert, cœur mystérieux du continent, dernier
87
du Gothard, invincible et désert, cœur mystérieux
du
continent, dernier symbole d’une liberté qui ne peut plus vivre que s
88
et des lignes humaines, humilité sous la douceur
du
ciel, retrait des âmes dans leur destin. Je longeais cette rue silenc
89
esse, au ras de la plaine. Un peu avant la sortie
du
village, la rue bifurque : une route prend à droite, vers la plaine,
90
rondies : Martine Je suis Aux champs Paix
du
village, silence des rues vides ouvertes sur le ciel et sur les blés.
91
t ces mots. Elle saura bien. Il a rejoint l’usage
du
pays, l’intimité des choses de toujours. Et le moindre signe suffît.
92
on jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà
du
temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous r
93
c’est l’Europe. Parce que l’Europe est la mémoire
du
monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et garder tant
94
tent des nouvelles de la résistance à l’intérieur
du
pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits et les témo
95
istance à l’intérieur du pays occupé nous parlent
du
peuple de France ; les récits et les témoignages qui ont été publiés
96
nce et qui parviennent sous nos yeux nous parlent
du
peuple de France ; et les films composés à Hollywood ou à Londres sur
97
ns les contes de fées. Mais je regardais mes amis
du
coin de l’œil : en critiquant, ils essuyaient une larme, et rien de p
98
n peut penser tout ce que l’on veut de ces films,
du
pire au bien ; j’en retiens pour ma part qu’ils nous présentent enfin
99
ait : le regard sérieux de l’homme et de la femme
du
peuple, ce jugement précis et humain, bien plus insupportable que tou
100
s jeunes Allemands, on ne leur avait jamais parlé
du
vrai peuple de la vraie France. Ils ont continué à le piller et à le
101
crire, et surtout en français, ce n’est pas jouer
du
violon. Tout d’un coup vous le prenez à double corde, et l’on disting
102
deviner que cela nous ramènera dans les environs
du
sujet de mes deux précédents dialogues. C. Du moins serez-vous en ga
103
ns du sujet de mes deux précédents dialogues. C.
Du
moins serez-vous en garde contre votre obscurité ? A. C’est justemen
104
ge intellectuel et scientifique, qui se distingue
du
langage courant par le souci de contrôler ses conventions. Mais ce n’
105
nsée. C. Restons, si vous le voulez, sur le plan
du
langage. N’est-ce pas la cohérence des raisons et à la fois l’exact a
106
ns un monde cartésien, c’est-à-dire dans le monde
du
discours. Car le Discours de la méthode ne définit en somme qu’une mé
107
de la méthode ne définit en somme qu’une méthode
du
discours. La fin dernière d’un discours n’est autre que la cohérence,
108
omme l’a dit un Russe « le monde de l’imprécis et
du
non résolu » ? Ou comme l’écrit Descartes lui-même, le monde des chos
109
st sous-entendu qu’elles correspondent au langage
du
sens commun, aux images que pourrait se former du phénomène un observ
110
du sens commun, aux images que pourrait se former
du
phénomène un observateur non savant. Maintenant, ces phrases dans leu
111
qu’un certain système d’images. S’il se distingue
du
parler quotidien, c’est avant tout par cette cohérence, c’est-à-dire
112
re, se réfèrent en réalité à des formes courantes
du
langage, vidées de leurs sens particuliers. Ce procédé est sans dange
113
n’étant, c’est entendu, qu’une manière de parler
du
réel, et sans cesse corrigée par les faits. Mais où je crie à la tric
114
hez Descartes un exemple de ce recours aux formes
du
langage courant. A. Prenons la 3e règle de sa méthode : « Conduire p
115
c l’aisance à le connaître — c’est encore un tour
du
langage — ne va pas reculer devant cet autre exploit : poser que le p
116
s d’idées ! Commencer par le commencement ! Aller
du
simple au compliqué ! Que cela paraît plein de bon sens ! Le beau cli
117
risque dans le noir, — dans la nuit de la foi ou
du
pressentiment, soutenu par l’espoir d’une vision renouvelée. Voilà le
118
rage l’analyse. Vous ne donnerez pas la sensation
du
blanc en décrivant les sept couleurs. C’est pourquoi le langage de la
119
s qu’à méditer sans fin cette forme significative
du
tout, et de chaque partie dans le tout. Bien entendu, je ne puis avan
120
d’un discours cohérent — voilà sans doute le rôle
du
langage parabolique… De là vient son obscurité. Parler en paraboles,
121
d’exprimer un fait ou des idées, en tenant compte
du
tout qui les englobe. Ou c’est encore se garder avec soin de les défi
122
ci que d’une certaine orientation. C’est à partir
du
terme, encore une fois, que les contradictions s’éclairent et se réso
123
tus, toutes les obscurités, tous les paralogismes
du
langage doivent l’indiquer comme au-delà d’eux-mêmes… ce que ne saura
124
tude de l’être, et qui soit telle que la question
du
droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’homme qui a vu quelque c
125
tre comme le Petit Monde au Grand Monde, — signes
du
Tout et de la Fin, mais signes seulement, résumés, prises partielles
126
urs d’une philosophie de l’Objet (qui était celle
du
capitalisme et des divers « planisme »), ou bien allons-nous faire un
127
Si nous choisissons la seconde voie, la doctrine
du
personnalisme s’impose à l’attention sérieuse. Les jeunes gens qui pr
128
ienne de The Personalist. Mais la caractéristique
du
mouvement personnaliste français fut, dès le début, de considérer sa
129
pourquoi je ne saurais mieux décrire la doctrine
du
personnalisme qu’en indiquant certaines des tentatives d’action les p
130
réformes isolées ou matérielles comme l’abolition
du
Parlement, des salaires plus élevés, la nationalisation des grandes i
131
te, utopique ou opportuniste. Prenons le problème
du
prolétariat. Le groupe de l’Ordre nouveau proposa l’institution d’un
132
vée de son fardeau à vie. 2) Économie. La hantise
du
salaire ne serait plus le seul mobile du travailleur, et la masse de
133
hantise du salaire ne serait plus le seul mobile
du
travailleur, et la masse de main-d’œuvre créée par le service civil s
134
Ils ne croyaient pas qu’un simple civil pourrait
du
jour au lendemain se transformer en bon manœuvre. Les politiciens déc
135
mais blessé avec son propre sabre ! Les pionniers
du
service civil donnèrent leur salaire aux ouvriers qu’ils avaient « re
136
ort personnaliste. Il est clair que l’institution
du
service civil supposait une refonte générale de l’économie, et notamm
137
et d’autant plus qu’il recevrait l’aide gratuite
du
service civil. L’État lui-même se trouverait réduit au rôle précis et
138
atistique et de répartition de la main-d’œuvre et
du
bonus social, au profit des entreprises libres et des groupes coopéra
139
La notion de groupe L’un des traits marquants
du
mouvement personnaliste, c’est son insistance sur la nécessité des gr
140
s les plus actives, sinon les plus spectaculaires
du
siècle, le personnalisme se déclara fédéraliste, ou « pluraliste ». A
141
ers de résistance élevés dans toute la profondeur
du
pays, et une mobilisation fortement décentralisée. C’était en somme l
142
euses de l’Underground. État présent et avenir
du
mouvement À la veille de la guerre, le personnalisme avait réussi
143
’aggraver, après l’avoir provoquée : les méthodes
du
siècle dernier, rationalistes ou punitives. Le malade, c’est l’humani
144
de partir ? Sommes-nous en possession des pièces
du
procès ? Quand cela serait, ce ne serait pas grand-chose. Car la guer
145
veuglante, vague de sang, terreur froide, ou goût
du
suicide. Ne me parlez pas de droits, vous n’y avez pas pensé. Nous av
146
t-être pour des siècles. (Il y aura trop d’avions
du
même côté.) Mais comment l’homme compensera-t-il le manque de guerres
147
rres, qui fera les héros ? Qui réveillera le sens
du
sacrifice ? Pour qui ? Pour quoi ? Jamais l’humanité ne fut moins pré
148
admettons pas qu’il est une part de nous, la part
du
diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. Son aventure prendr
149
s misères secrètes. Dans la réalité psychologique
du
siècle, Hitler aura joué le rôle d’un personnage de rêve d’angoisse.
150
ce qui nous terrifie n’est pas toujours l’aspect
du
personnage en scène, qui peut être emprunté à la réalité la plus bana
151
contentons de lutter contre les signes extérieurs
du
mal, sans essayer d’en modifier les causes dans nous-mêmes11. Mais ce
152
u’est le national-socialisme. Je ne parle pas ici
du
christianisme, mais de la religion en général, comme phénomène humain
153
nces psychologiques, dans les masses, à l’échelle
du
globe. Et s’il faut des experts autour du tapis vert, qu’on appelle d
154
échelle du globe. Et s’il faut des experts autour
du
tapis vert, qu’on appelle des psychiatres plutôt que des banquiers. L
155
l’on défend n’est pas simplement un premier stade
du
pire. La chute serait-elle un moindre mal que la fracture qui en résu
156
patents dans la morale sexuelle et la conception
du
mariage au siècle dernier ; ou lorsqu’il s’agissait d’apprécier le rô
157
ier ; ou lorsqu’il s’agissait d’apprécier le rôle
du
sacré, l’âme collective, la création artistique, l’importance relativ
158
artistique, l’importance relative de l’argent et
du
travail, les dogmes chrétiens, etc., etc. m. Rougemont Denis de, «
159
Présentation
du
tarot (printemps 1945)n 1. Origines Tarot, tarok ou taroc, es
160
le nom donné par les Italiens à l’une des figures
du
paquet de 78 cartes tel qu’il existait au xiiie siècle. Ce nom fut a
161
le. Ce nom fut attribué par la suite à l’ensemble
du
jeu. Un des premiers témoignages historiques que l’on possède sur le
162
ou les plus démoniaques, bien entendu. L’origine
du
tarot est obscure. Vers le milieu du xviiie siècle, l’occultiste sui
163
u. L’origine du tarot est obscure. Vers le milieu
du
xviiie siècle, l’occultiste suisse Court de Gébelin émit l’hypothèse
164
de Gébelin émit l’hypothèse que le tarot dérivait
du
Livre de Toth, livre sacré de l’Égypte. Mais il crut aussi en retrouv
165
ntant les avatars de Vishnu. L’origine égyptienne
du
tarot est soutenue par Etteilla, dont nous allons parler, par d’Odouc
166
ane ne vint en Europe qu’en 1417 sous la conduite
du
« Duc d’Égypte » ; et qu’on lui suppose une ascendance hindoue. Or no
167
nciennes, comme on vient de le voir. Les origines
du
tarot, selon nous, se perdent littéralement dans la nuit des temps. N
168
tiquaire avait transcrit dans son huitième volume
du
Monde primitif, d’après un amateur qui, lui-même, n’avait pu copier l
169
Il redécouvrit le tarot pendant la seconde moitié
du
xviiie siècle. Sa prose est vague, ses interprétations sont hasardeu
170
ci un exemple : Etteilla a placé le Fou à la fin
du
jeu, c’est-à-dire au nombre 78, et a mis au nombre 21 la figure qu’il
171
brimades que doit subir le débutant dans l’étude
du
tarot. 3. Variations Selon les pays et les temps : quant au des
172
te dans de nombreux pays), s’inspirent de modèles
du
xviiie siècle avec plus ou moins de fidélité. Défaut courant : une s
173
doublées (tête en haut et tête en bas) à l’instar
du
jeu de cartes moderne. C’est un abus inqualifiable, si l’on sait que
174
infini, ainsi qu’on en pourra juger par l’examen
du
tableau suivant. En effet, chacune des lames du tarot (arcanes majeur
175
n du tableau suivant. En effet, chacune des lames
du
tarot (arcanes majeurs) s’identifie à : 1. une planète 2. un signe du
176
jeurs) s’identifie à : 1. une planète 2. un signe
du
zodiaque 3. une lettre de l’alphabet hébreu (sens exotérique et sens
177
lettres dites simples qui figurent les 12 signes
du
zodiaque que parcourt le soleil pendant les 4 saisons. Enfin il reste
178
quatre couleurs des tarots et les quatre couleurs
du
jeu de cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’étude du lecteur les
179
e cartes moderne. Bornons-nous à livrer à l’étude
du
lecteur les hypothèses suivantes : Selon A. E. White (Key to the Taro
180
Selon A. E. White (Key to the Tarot) : les Bâtons
du
Tarot = les Carreaux du jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épé
181
o the Tarot) : les Bâtons du Tarot = les Carreaux
du
jeu de cartes les Coupes = les Cœurs les Épées = les Trèfles les De
182
Nous pouvons donc considérer les arcanes majeurs
du
tarot comme un véritable Alphabet de la grande poésie universelle. Le
183
oit les plus récents travaux, ceux en particulier
du
professeur Tassin, de Columbia, et de Paul Foster Case, le tarot aura
184
hermétique » aboutissant à la réalisation intime
du
Grand Œuvre des alchimistes. Il s’agirait de passer, à travers ce yog
185
cane zéro) et aboutit à la connaissance de soi et
du
Monde (arcane 21) en passant par tous les stades du développement col
186
Monde (arcane 21) en passant par tous les stades
du
développement collectif, puis individuel, de la psyché humaine. Chac
187
à faire entrevoir au lecteur l’importance réelle
du
tarot, indépendamment des usages pittoresques, secondaires, dérivés,
188
te, furent les premiers à pénétrer dans le Palais
du
Luxembourg, abandonné la veille par les Allemands. Au milieu du désor
189
Au milieu du désordre indescriptible de la salle
du
Sénat, meubles brisés, papiers épars, une table au tapis vert était s
190
ant approchés y virent « jetées comme par la main
du
destin » une séquence de lames de tarot. Dernier message des occupant
191
s les anneaux de notre chaîne. La surface entière
du
globe (le 0) n’est que le théâtre de nos extravagances. Retraçons d’a
192
nos extravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux
du
sage l’emblème d’un voyageur, qui symbolise l’homme. Cette vie n’est
193
us comportant d’après les plus saines aspirations
du
rayon divin qui nous anime. Synonymes : Droite. Folie, démence, extra
194
un certain angle (si l’on place l’arcane à la fin
du
jeu) cette carte est une image de l’inconscience, des occasions manqu
195
al. Rien n’a été appris ou gagné par la traversée
du
Jeu. La vie a vécu cet homme, ce n’est pas lui qui l’a vécue. Aussi l
196
ssion de la volonté d’individuation dans l’homme.
Du
point de vue de l’égo, cette quête n’est que folie et non-sens. c
197
c, en haut à droite, contient toutes les couleurs
du
spectre encore indifférenciées ; la couleur jaune du fond est celle d
198
spectre encore indifférenciées ; la couleur jaune
du
fond est celle de l’intellect, de l’air, de la respiration ; le Fou l
199
conscient). Sa robe blanche (pureté) porte autour
du
col les lettres du grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de
200
blanche (pureté) porte autour du col les lettres
du
grand tétragramme hébreu, le nom imprononçable de Dieu, J H V H. Par-
201
s majeurs qui suivent montrent ce qu’il adviendra
du
Fou à mesure qu’il traversera les collines, vallées et montagnes indi
202
sans s’arrêter à aucune. (Le Fou) exprime le type
du
pèlerin-sage (selon la sagesse de l’Est) parvenu au terme de l’initia
203
iens qu’on peut acheter et vendre (les deniers) ;
du
sol et du foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il e
204
peut acheter et vendre (les deniers) ; du sol et
du
foyer (les bâtons). Il n’a plus d’attaches, ni de nom. Il est la cart
205
e a perdu son pouvoir magique. Voici l’expérience
du
Fou : le monde extérieur n’a pas plus de signification réelle que l’e
206
andaleux secret de sa perfection. Dans la sagesse
du
Saint-Esprit incarné, il passe, étranger, silencieux. Étant tout et t
207
e de nous révéler le dernier mot sur les symboles
du
tarot ! La Roue de Fortune, arcane 10 a) Interprétation d’El
208
La lettre Iod se rapporte à la plupart des idées
du
nombre 10. Elle a le sens de main, les deux mains, les 10 doigts. Ell
209
un taureau, un aigle — signifient les 4 divisions
du
cosmos auxquelles faisaient allusion les 4 lettres I H V H brodées su
210
llusion les 4 lettres I H V H brodées sur la robe
du
Fou, et représentent les 4 signes fixes du zodiaque. L’Ange (Aquarius
211
a robe du Fou, et représentent les 4 signes fixes
du
zodiaque. L’Ange (Aquarius) est l’Air (Verseau, Gémeaux, Balance) ; l
212
4 évangélistes et leurs emblèmes, les 4 rivières
du
Paradis, et le Tétragramme. Ces 4 symboles cosmiques sont entourés de
213
dans le Grand Œuvre. Cependant le fond bleu pâle
du
ciel indique que la paix spirituelle s’établira finalement quand les
214
ons signifie la manifestation parfaite, résultant
du
mouvement de 2 roues de 4 rayons tournant en sens inverse l’une de l’
215
ion. L’une des roues porte les signes alchimiques
du
Mercure (Intellect) ; Sel (Corps) ; Soufre (Esprit) ; et Dissolution
216
ns de la première roue est placée une des lettres
du
mot T A R O, qui doit se lire dans le sens des aiguilles d’une montre
217
montre, étant hébraïques. La division quaternaire
du
cosmos se retrouve ici au plus bas niveau de la conscience, encore so
218
rofondeurs, et qui commence à monter vers l’appel
du
Sphinx, symbole de l’homme parfait ou conscient et individualisé. Le
219
rt de Gébelin : Le Monde primitif (volume VIII) :
Du
jeu des tarots, Paris, 1781. Etteilla : Manière de se récréer avec l
220
Vichy, 1922. Oswald Wirth : Le Tarot des imagiers
du
Moyen Âge, 1927. Paul Foster Case : An introduction to the study of t
221
1942.) n. Rougemont Denis de, « Présentation
du
tarot », Hémisphères, New York, 1945, p. 31-43.
222
Les règles
du
jeu dans l’art romanesque (1944-1945)i La rhétorique est l’art de
223
ais désigner par rhétorique l’ensemble des règles
du
jeu dans l’art. Feraient partie de la rhétorique des éléments aussi d
224
mitation par le cadre ; les lois de l’harmonie et
du
contrepoint ; les genres musicaux et littéraires ; les conventions de
225
’opéra et de la danse ; les personnages constants
du
théâtre ; les ouvertures, levers de rideau, préfaces, finales, épilog
226
ttez aux règles des échecs, déplacer un seul pion
du
noir au blanc devient un acte passionnant, qui peut concentrer votre
227
es règles, et ce même déplacement devient le type
du
geste indifférent. Dans le principe, et dans les hautes époques, la r
228
ons constitutives de notre corps, de la psyché et
du
Cosmos. La régularité et l’alternance de la respiration, des nuits et
229
ironique. La naissance, le triomphe et le déclin
du
roman comme genre littéraire, illustrent à merveille ces brèves indic
230
et le danger de l’écarter à la légère. L’origine
du
roman est dans le conte. La société primitive a des mythes, courts ré
231
ables destinés à fixer des événements de l’âme ou
du
Cosmos dans un jeu de personnages et d’aventures très simples. Le myt
232
es. À cet instant naît le roman moderne. À partir
du
xviiie siècle, le roman se sépare volontairement du conte. Aussitôt,
233
xviiie siècle, le roman se sépare volontairement
du
conte. Aussitôt, on le voit se gonfler de psychologie, de lyrisme, d’
234
ès lui plus encore, le roman tourne à l’« étude »
du
réel, quand le conte, la légende, et même l’épopée, étaient créations
235
le héros. La part de l’art y est réduite à celle
du
style. L’autre branche sera celle du réalisme social. C’est là que va
236
uite à celle du style. L’autre branche sera celle
du
réalisme social. C’est là que va triompher la terreur, se déchaîner l
237
art aux « lois de la vie », non plus aux procédés
du
conte. « Le roman, dit M. Jaloux, ne connaît d’autres lois que les lo
238
man dès qu’il refusa d’être fable. Tout l’intérêt
du
conte, effectivement, tenait aux conventions qu’il savait mettre en œ
239
rgis des profondeurs de l’être, identiques à ceux
du
rêve, et crus comme tels avec reconnaissance, au double sens de l’exp
240
— Le romancier moderne a perdu l’autorité magique
du
conteur. Il s’est privé volontairement du bénéfice de « l’art de pers
241
magique du conteur. Il s’est privé volontairement
du
bénéfice de « l’art de persuader » traditionnel. Quand, par exemple,
242
ription des lieux, introduisant dans l’atmosphère
du
récit. (Le début de Le Rouge et le Noir.) Ces procédés d’avertissemen
243
t encore une règle élémentaire : marquer le début
du
jeu par un signal convenu, isoler de la vie courante la partie jouée.
244
démontrer, et m’entraînait par d’autres charmes…
Du
conteur pur, je n’exigeais qu’un sens, valable et vérifiable en soi.
245
rtie3, le romancier moderne veut créer l’illusion
du
réel quotidien. Pourtant il ne dispose que de mots, quoi qu’il fasse.
246
our peu d’exigence qu’on y mette, aboutit à faire
du
roman quelque chose d’interminable, et quelque chose de méthodiquemen
247
domaine des conséquences indéfinies. L’hésitation
du
romancier moderne à terminer son livre par une décision de l’esprit o
248
rtifice de rhétorique, telle est la source impure
du
roman-fleuve. La longueur des ouvrages de ce genre est l’expression d
249
nne volonté, bon témoignage sur l’opinion moyenne
du
grand public contemporain, le morceau n’étant visiblement qu’une capt
250
rimer ce désordre, ce décousu, ces inconséquences
du
sort… Bien sûr. Mais pourquoi les romans devraient-ils exprimer tout
251
lisée doit amener, nécessairement, la dissolution
du
roman dans le documentaire plus ou moins commenté. Où l’art, d’ailleu
252
avec les conventions, plutôt frustes mais fixes,
du
découpage, du montage, et de la présentation dramatisée. Ces conditio
253
entions, plutôt frustes mais fixes, du découpage,
du
montage, et de la présentation dramatisée. Ces conditions, dans une v
254
notre diagnostic nous sera fournie par le succès
du
roman policier. Je ne pense pas qu’on puisse expliquer ce succès par
255
d’entrée de jeu, se résout complètement à la fin
du
livre, et ne comporte qu’un nombre fini d’éléments. Le lieu de l’acti
256
es conditions satisfont à l’excellente définition
du
jeu proposée par J. Huizinga5 : une action dont le début et la fin so
257
urer l’invention de chaque auteur, et les progrès
du
genre. Une grande partie de l’intérêt que l’amateur apporte à la lect
258
créateur de communauté : des clubs de fanatiques
du
roman policier se sont fondés un peu partout. La vogue actuelle du ro
259
se sont fondés un peu partout. La vogue actuelle
du
roman historique pourrait être invoquée, elle aussi, bien que l’exemp
260
s frappant. Le roman historique garde le bénéfice
du
cadre : son action circonscrite par définition, est isolée du réel qu
261
on action circonscrite par définition, est isolée
du
réel quotidien par l’éloignement dans le temps. Mais l’impureté du ge
262
par l’éloignement dans le temps. Mais l’impureté
du
genre, c’est qu’il peut se passer de la crédibilité intrinsèque du co
263
u’il peut se passer de la crédibilité intrinsèque
du
conte, par le recours à l’autorité tout extérieure du fait accompli.
264
onte, par le recours à l’autorité tout extérieure
du
fait accompli. Cette possibilité de tricherie est voisine de celle qu
265
ore, le besoin d’en conter. L’imaginaire, délivré
du
souci d’une vraisemblance insignifiante ou statistique, retrouvera l’
266
mortellement réels. Les faits les plus flagrants
du
siècle défient nos imaginations. Seul un art délirant de fantaisie a
267
s animés de Walt Disney jouaient dans le registre
du
fou rire populaire avec l’instinct sadique et le goût des orgies de d
268
de la Terreur et de la Rhétorique forme le sujet
du
grand livre de Jean Paulhan, publié en France sous l’occupation : Les
269
ver de rideau ; l’ouverture d’un opéra ; le cadre
du
tableau, etc. Des procédés identiques annoncent la terminaison du jeu
270
Des procédés identiques annoncent la terminaison
du
jeu, la rentrée dans la vie sérieuse. Idem : les rites d’entrée et de
271
rdam, 1939. i. Rougemont Denis de, « Les règles
du
jeu dans l’art romanesque », Renaissance, New York, 1944–1945, p. 275
272
Contribution à l’étude
du
coup de foudre (1946)o Un regard dans un regard et les voilà fixés
273
, ne serait-elle point un alibi ? Je ne parle que
du
vrai coup de fondre, celui qui est suivi d’incendie. Car pour ceux qu
274
es meilleurs de l’Allemagne d’alors) : — Le mythe
du
coup de foudre est sans doute une astucieuse invention de Don Juan po
275
ut encore une rencontre ménagée à la ressemblance
du
rêve : toute une cérémonie, avec ses rôles prescrits, son ouverture d
276
an devant la cour d’Irlande est reçu par la fille
du
roi selon l’usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qui s’avanc
277
e qui s’avancent l’un vers l’autre, dans la scène
du
hanap, ce sont des officiants… Tout se passe comme si les deux amants
278
ion et me conduisit à sa demeure. C’était l’heure
du
déjeuner. Nous causions depuis quelques instants dans sa bibliothèque
279
, et cette fois-ci non sans terreur, que la femme
du
banquier, elle aussi, n’a presque pas touché aux mets servis. Le déje
280
de Pest, le pont des Chaînes sur les eaux jaunes
du
Danube, puis ces ruelles de Buda qui montent sur les flancs d’un énor
281
’art, de religion, de politique, des perspectives
du
nouveau régime, et pas du tout de mes après-midi. Bien entendu. La ve
282
tique, des perspectives du nouveau régime, et pas
du
tout de mes après-midi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme
283
ndu. La veille de mon départ, comme nous sortions
du
bar, Maria et moi, une édition du matin nous apprend l’incendie du Re
284
e nous sortions du bar, Maria et moi, une édition
du
matin nous apprend l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le j
285
moi, une édition du matin nous apprend l’incendie
du
Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à Berlin, et prends cong
286
issident. Je m’informe : l’avion part à 10 heures
du
matin. Mais il faut que je la revoie une dernière fois. Je prendrai d
287
oie une dernière fois. Je prendrai donc l’express
du
soir. J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre villa de
288
. » La lettre était signée Maria. — Un vrai drame
du
destin ! fis-je après un moment. Le type même du Schicksalsdrama, com
289
du destin ! fis-je après un moment. Le type même
du
Schicksalsdrama, comme vous dites… Mais le destin aveugle qui présida
290
un peu de son mystère si l’on songe que la femme
du
banquier était lectrice de romans — et sans doute de vos propres roma
291
o. Rougemont Denis de, « Contribution à l’étude
du
coup de foudre », Formes et Couleurs, Lausanne, 1946, p. 1-4.
292
: dangereuse pour le penseur, et transformatrice
du
réel. « Là où je crée, là je suis vrai », écrivait Rilke. Et c’est po
293
ns aucun doute, et ils le savent. Toute l’opinion
du
monde en est à peu près là, que la pensée ne peut venir qu’à la remor
294
faisaient l’enjeu de la lutte. La deuxième, celle
du
culte ou de la religion, paraît en bonne voie de s’établir dans les p
295
mparaison qu’il nous oblige à faire de l’idéal et
du
présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut être immédiat
296
être libres, uniquement et tout simplement, c’est
du
courage. Car nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer le prix
297
erre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers
du
temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie c
298
Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié
du
genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins directs, mais
299
t. La solidarité pratique des différentes parties
du
globe est un fait durement établi au niveau de notre existence matéri
300
passer par une étape intermédiaire, qui est celle
du
fait psychologique : la formation d’une conscience planétaire. Nous r
301
s en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs
du
pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, parce que le
302
ux victimes de la crise que ce n’est pas la faute
du
député local ni de « l’hypocrisie américaine ». Que faire ? Tout le m
303
rées. Hic sunt leones inscrivaient les géographes
du
Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe. Et pou
304
ochaine et irrévocablement dernière guerre civile
du
genre humain. Que va-t-il se passer ? Ces projets échoueront. On en r
305
que j’ai cédé au goût américain de la sensation,
du
biggest in the world. Et de vrai, c’est dans ce pays que la première
306
sur les choses politiques, j’ai posé le principe
du
pessimisme actif. Et comment ne m’y tiendrais-je pas, quand je sais q
307
allais l’oublier !) La Bombe n’est pas dangereuse
du
tout. — Êtes-vous fou ? De quoi donc parliez-vous dans vos cinq dialo
308
précédents ? Faut-il penser que vous vous moquiez
du
monde ? — J’étais sérieux. Je prenais au sérieux les événements qui n
309
n pensent quelques généraux. Je parlais de la fin
du
monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’est là sans
310
ités pour la retenir ! Comme si elle était tombée
du
ciel, animée de mauvaises intentions ! C’est d’un comique démesuré. L
311
is. Et voilà bien le progrès le plus sensationnel
du
siècle. — Un progrès ? — Oui, j’appelle ainsi tout ce qui nous rappro
312
ouve que j’habite, pour quelques semaines encore,
du
côté où les jeunes Européens devraient aller s’il s’agissait pour eux
313
t en mesure de le vivre ! Combien encore sont-ils
du
Moyen Âge, ou du bourgeois et lent xixe siècle ! Serait-ce manque d’
314
vivre ! Combien encore sont-ils du Moyen Âge, ou
du
bourgeois et lent xixe siècle ! Serait-ce manque d’imagination ? Cer
315
enez-y trois et quatre fois, selon l’arithmétique
du
cœur. Le nomade n’aime pas sa terre, n’y revient donc jamais vraiment
316
« Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité
du
monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)w x M. de
317
en est discipliné, il n’a pas pour autant l’amour
du
règlement comme en Suisse… J’ai aussi été sensible à une sorte de lou
318
nverse existe chez les Américains au point de vue
du
civisme et de la politique. Ils ont le sentiment d’être decent. Leur
319
e et se tenir propre soi-même »… Quant à la masse
du
centre du pays, elle ne connaît rien de notre continent ; souvent, el
320
nir propre soi-même »… Quant à la masse du centre
du
pays, elle ne connaît rien de notre continent ; souvent, elle ignore
321
erre, on puisse affirmer que le centre de gravité
du
monde s’est déplacé en Amérique ? Très nettement. Vue de New York, l’
322
e qu’ils ont de plus que nous, c’est un grand art
du
reportage, de la description. Ils ont indiscutablement créé le style
323
scription. Ils ont indiscutablement créé le style
du
grand reportage. Je connais quelques jeunes poètes, pas du tout intel
324
reportage. Je connais quelques jeunes poètes, pas
du
tout intellectuels, qui font un lyrisme très violent et très coloré…
325
mont Denis de, « [Entretien] Le centre de gravité
du
monde s’est déplacé d’Europe en Amérique », L’Illustré, Lausanne, 16
326
ontact de la pensée qui, s’il ne s’accompagne pas
du
contact des sens, conduit à l’insondable gouffre de l’abstraction. M.
327
lide, puissant, élégant comme une voile au vent),
du
Journal d’un intellectuel en chômage , de L’Amour et l’Occident , d
328
et acte unique d’obéissance qui s’appelle l’amour
du
prochain »…
329
’avenir et patrie de la mémoire. Dynamisme allégé
du
poids des traditions et querelles ancestrales qui tournent en rond. C
330
ancestrales qui tournent en rond. C’est la rumeur
du
xxe siècle. Elle a cours en Europe au moins autant qu’ailleurs. Elle
331
taquer les jeunes puissances, ni faire l’apologie
du
vieillissement. Mais j’emprunterai à des recherches récentes deux rés
332
es patiemment et qu’elle illustre encore aux yeux
du
monde. Je veux parler de la « mémoire » et de l’« expérience historiq
333
ce récente peut nous fournir une seconde parabole
du
siècle. Cela se passe on Russie, dans l’école de Pavlov, auteur de cé
334
alors les signes extérieurs de la crise de nerfs,
du
« nervous break down » le plus caractérisé ! L’Européen, que vingt si
335
tique conditionné par la publicité et les sirènes
du
progrès. Et c’est pourquoi il tiendra le coup. v. Rougemont Denis
336
erre de Chine, cette plaisanterie de chansonniers
du
temps de Montmartre, intéressa pendant dix ans, directement, la vie c
337
Centre, Sud, et de l’Asie, c’est-à-dire la moitié
du
genre humain. L’autre moitié en subit les effets moins directs, mais
338
t. La solidarité pratique des différentes parties
du
globe est un fait durement établi au niveau de notre existence matéri
339
passer par une étape intermédiaire, qui est celle
du
fait psychologique : la formation d’une conscience planétaire. Nous r
340
s en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs
du
pays de Galles n’auront plus de viande pendant des mois, parce que le
341
. « Hic sunt leones » inscrivaient les géographes
du
Moyen Âge dans les grandes marges de leurs cartes de l’Europe, « ici
342
La fin
du
monde (juin 1946)aa Æternitas non est temporis successio sine fin
343
nsi, la pensée de la Fin a les meilleures raisons
du
monde d’être pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutr
344
réels de notre marche séculaire. Que savons-nous
du
sens de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, quel e
345
lus de conquérir, mais seulement d’assurer la vie
du
plus grand nombre contre les créations catastrophiques des Héros ou d
346
leur ou le seul moyen d’anticiper sa fin : la fin
du
temps, la Fin du Monde. Car il se peut que l’assurance mondiale que n
347
oyen d’anticiper sa fin : la fin du temps, la Fin
du
Monde. Car il se peut que l’assurance mondiale que nous tentons d’org
348
lorsque la terre entière soumise au seul pouvoir
du
chiffre dépendra d’une centrale unique, il suffira que l’Ange de la F
349
elle-même. Pour la première fois dans l’histoire
du
monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une destruction de
350
celui seul qui accepte la mort n’est pas le jouet
du
vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se défendre, ma
351
autre sorte, fulgurante. Péripétie La scène
du
monde vient de passer à une vaste conversation de la mort, sur les pl
352
».) Premier jugement, par la lumière La fin
du
monde, irréfutable, s’arrêtait un peu en avant, les regardait sans in
353
t air petit. On en reviendrait bien, de cette fin
du
monde ! Car sinon tout apparaissait d’une indécence inexprimable. Dep
354
et la mérite. Nous sommes tout simplement au jour
du
Jugement. Il sera porté aussi bien sur votre élan vital que sur l’éla
355
continuent de marcher, riant de joie aux paliers
du
matin, s’avançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutum
356
Second jugement ou sommation Voici le principe
du
second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son expression, e
357
ande frayeur, les autres sous les traits consolés
du
Désir. La plupart hésitaient en présence de la banalité soudain flagr
358
sous le bras, et des lunettes bourrues au-dessus
du
sourire de la plus fervente ironie ? Qu’est-ce qu’il grommelle sous s
359
lle ?14 « Qu’il voudrait subsister dans ce moment
du
choix qu’on lui impose maintenant, bien plus violent qu’il n’a jamais
360
sommation de tout son être, au faîte inconcevable
du
désir comblé, et comblé pour l’éternité. « Mais l’Esprit et l’Épouse
361
st en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvre
du
Pardon. « Et que celui qui a soif vienne, que celui qui veut prenne d
362
ues clameront l’harmonie violente et bienheureuse
du
mot sacrement de toute la création, son terme monumental à la gloire
363
ute la création, son terme monumental à la gloire
du
Dieu Tout-Puissant, — l’Amen du Temps qui s’agenouille et s’abîme éte
364
ental à la gloire du Dieu Tout-Puissant, — l’Amen
du
Temps qui s’agenouille et s’abîme éternellement. 14. Søren Kierkeg
365
ne caricature. aa. Rougemont Denis de, « La fin
du
monde », Fontaine, Paris, juin 1946, p. 7-16.
366
à menacer ? Personne à qui répondre que l’honneur
du
pays est en jeu, qu’on ne cédera plus d’une ligne, etc. ? Pour tout d
367
e menace planétaire pour provoquer l’union sacrée
du
genre humain ? Eh bien, madame, si j’ose le dire : vous êtes servie.
368
Il a deux sens bien différents. Je n’ai parlé que
du
mauvais, jusqu’ici, parce que c’est de beaucoup le plus courant. Essa
369
ions réelles subsisteront intactes, comme membres
du
corps de l’humanité, comme foyers de rayonnement, et comme communauté
370
s économies voisines. Mais remarquez l’hypocrisie
du
terme « nationaliser ». On n’ose pas dire « étatiser ». On veut encor
371
pas dire « étatiser ». On veut encore tirer parti
du
prestige qui s’attache à l’idée de nation… En fait, on étatise la nat
372
la démocratie ou marxisme, des idées libérales ou
du
planisme, ou même une belle passion de la justice sociale, le résulta
373
at sera le même : à l’autre bout, vous obtiendrez
du
totalitarisme en bâtons et une grêle de coups. Je suis sérieux. Le so
374
qu’il n’y paraît. Car l’une des grandes questions
du
siècle est sans doute celle de ne point laisser nos moyens matériels
375
us les jours pendant quelques semaines, puis plus
du
tout pendant un an. Et quand on se rencontre par hasard, on ne se dem
376
n pays vient de construire l’avion le plus rapide
du
monde. L’industrie française a tenu le coup, elle se remonte même si
377
re. Mais tout compte fait, l’avion le plus rapide
du
monde n’existe qu’à un seul exemplaire. Et pendant qu’on le construis
378
que de fonctionner sur toutes les grandes lignes
du
monde. Curieuse impatience du génie français : il invente sans relâch
379
les grandes lignes du monde. Curieuse impatience
du
génie français : il invente sans relâche, et cent fois plus que le gé
380
cains pressentent enfin que la France est le pays
du
sérieux sobre, de l’intransigeance réaliste, des provinciaux vêtus de
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sse encore en Europe pour un Anglo-Saxon puritain
du
type dynamique, alors qu’il est en réalité, et neuf fois sur dix, bie
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en réalité, et neuf fois sur dix, bien plus près
du
Méridional par son goût de l’exagération — Tartarin serait bien épaté
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es églises en verre et en ciment : je me souviens
du
temple protestant de Drancy, et de vingt églises en style aérodynamiq
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s laissera entrer. Mais si vous dites sous la foi
du
serment, que vous ne l’êtes pas, et que votre vie plus tard prouve qu
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sorte de fatalisme inconscient. (Je ne parle pas
du
héros, mais du troupier moyen, sans opinion.) Il pense qu’il faut ce
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isme inconscient. (Je ne parle pas du héros, mais
du
troupier moyen, sans opinion.) Il pense qu’il faut ce qu’il faut, et
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par la rédaction, et rajouté par nous sur la base
du
texte paru dans Vivre en Amérique (chapitre 4), livre édité un an p
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es… » : lecture incertaine, aucune copie correcte
du
texte n’ayant pu être obtenue.
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it pays et en sept langues différentes. La Part
du
diable , dont deux versions différentes parurent à New York en 1940 a
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ntendu, de la version définitive. Les Personnes
du
drame . Ce sont des essais sur Goethe, Kierkegaard, Kafka, Luther, Gi
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nde, où il joua un certain rôle dans la naissance
du
parti travailliste. Je préfère ne point vous parler des traductions.
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on jalouse d’un vieil arbre — il était vieux déjà
du
temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous r
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c’est l’Europe. Parce que l’Europe est la mémoire
du
monde, parce qu’elle a su garder en vie tant de passé, et garder tant
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des herbes sauvages venant des terres abandonnées
du
Nord et que nos paysans s’efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouff
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amps. J’ai vu renaître les paniques dévastatrices
du
ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève, n
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bastion que mon pays élève, nuit et jour, autour
du
massif du Gothard, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’un
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ue mon pays élève, nuit et jour, autour du massif
du
Gothard, cœur mystérieux du continent, dernier symbole d’une liberté
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our, autour du massif du Gothard, cœur mystérieux
du
continent, dernier symbole d’une liberté qui ne peut plus vivre que s
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olonais, tiré, jeté par la police franquiste hors
du
train qui sifflait déjà pour le départ vers la frontière — à deux-cen
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départ vers la frontière — à deux-cents mètres —
du
Portugal et de la liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous veno
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on, et les « accidents » sont fréquents. Paradoxe
du
siècle où tout est fait pour réduire l’homme à l’anonyme, pour le pri
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pour réduire l’homme à l’anonyme, pour le priver
du
sentiment de sa vocation, de sa différence personnelle, cependant qu’
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il était bien réel et bien lui-même… En mer, nuit
du
12 au 13 septembre 1940 Les derniers bateaux de la dernière ligne rel
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nants. On ne s’entend vraiment bien qu’entre gens
du
même peuple. 17 septembre 1940 Chaque soir, les passagers se pressent
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assagers se pressent devant la porte de la cabine
du
capitaine, avec l’espoir d’entendre la radio. Tout à l’heure comme j’
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ure comme j’essayais de me faufiler, R. s’extrait
du
groupe, me cède sa place, et je l’entends dire à sa femme qui attenda
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une terre qui s’approche, avec l’immense sécurité
du
continent qu’on imagine au-delà de ces falaises orangées, frangées de