2
itude aussi profondément ambiguë, vis-à-vis de la
gloire
, n’est pas sans entretenir les plus curieux malentendus entre un aute
3
upart des écrivains modernes.) J’ai vécu pour la
gloire
— dit le prince André — et qu’est-ce que la gloire, si ce n’est aussi
4
loire — dit le prince André — et qu’est-ce que la
gloire
, si ce n’est aussi l’amour du prochain, le désir de lui être utile et
5
copiant, je n’y vois plus que sophismes. Non, la
gloire
, ce n’est pas l’amour mais au contraire le mépris du prochain. Le Pri
6
herché qu’un public. C’est le public qui donne la
gloire
à celui qui le méprise assez pour le flatter. Tandis que la princesse
7
vraiment aimé son prochain, n’en n’a pas reçu de
gloire
et n’en demandait point. Aussi ne pense-t-elle pas qu’elle a « perdu
8
cela va sans dire. » C’est à cela qu’on donne la
gloire
. Et ceux qui ne la briguent point risquent fort de se rendre antipath
9
n’a jugé ridicule que l’on affiche un amour de la
gloire
même excessif pour le talent qu’on a. La foule ne tient pour glorieux
10
x que ceux qui prennent le soin de parler de leur
gloire
. Chateaubriand eut de la gloire, mais non Stendhal. Madame de Staël e
11
de parler de leur gloire. Chateaubriand eut de la
gloire
, mais non Stendhal. Madame de Staël en eut, mais non Constant (comme
12
n’entraîne pas que l’on change le jugement sur la
gloire
. La gloire est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa grande
13
pas que l’on change le jugement sur la gloire. La
gloire
est donc un mythe : j’entends que son pouvoir et sa grandeur ne dépen
14
ma crescit eundo : minuit praesentia famam. Toute
gloire
est donc aliénée. Celle d’un Chateaubriand n’est pas à lui, ni à son
15
t se complique et se retourne ! Celui qui veut la
gloire
, est-ce qu’il manquerait d’orgueil ? Serait-il plus humble que moi ?
16
nt d’elle plus de noblesse ? Dire : je néglige la
gloire
, c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez la gloire pour prix d’
17
c’est dire : je vous néglige, vous qui donnez la
gloire
pour prix d’une complaisance. Mais c’est dire aussi : je vous aime, p
18
lgaires que vous n’êtes. Celui qui ne veut pas la
gloire
telle que la donne une foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut
19
foule à qui la flatte, n’est-ce pas qu’il veut la
gloire
telle que lui seul serait capable de se la décerner ? L’idée moderne
20
capable de se la décerner ? L’idée moderne de la
gloire
nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affir
21
— n’importe où. (Crimes commis pour s’acquérir la
gloire
, fréquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la gloire est
22
ts dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin de la
gloire
est donc né d’une sorte de maladie du sens social. C’est le contraire
23
de l’amour du prochain. L’individu qui cherche la
gloire
n’a plus souci ni même conscience du voisin qu’il pourrait aider (c’e
24
qui l’entourent ne songerait pas à rechercher la
gloire
. Car la gloire est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excellence, à
25
t ne songerait pas à rechercher la gloire. Car la
gloire
est ce qui sépare. Mais il chercherait l’excellence, à son rang et se
26
observe ; c’est ce que donne la foule qui fait la
gloire
d’un homme.) La gloire antique était virile, comme le don. Alexandre
27
donne la foule qui fait la gloire d’un homme.) La
gloire
antique était virile, comme le don. Alexandre exemplaire, plus beau q
28
x que tous, n’était pas séparé mais au sommet. Sa
gloire
était dans son destin, gagée par une mesure universelle que ses actio
29
que ses actions comblaient exactement. Mais notre
gloire
ne saurait être mesurée : c’est une rumeur, c’est une publicité, une
30
chose de vulgaire. De fait, je ne connais pas de
gloire
moderne dont on ne puisse démontrer par quels moyens elle fut acquise
31
s la beauté de son œuvre, que s’est constituée sa
gloire
.) Et cependant, je me suis surpris à désirer une gloire qui ne m’ennu
32
.) Et cependant, je me suis surpris à désirer une
gloire
qui ne m’ennuierait pas. Non point la leur, mais celle que je pourrai
33
c’est bien là le privilège d’un dieu. Et la vraie
gloire
. Qu’est-ce que l’incognito ? Il y a là quelqu’un qui a de la valeur
34
lqu’un qui a de la valeur ; on ne le sait pas. La
gloire
moderne, c’est à peu près l’inverse. Mais ne serait-ce pas aussi le m
35
précisément, d’y renoncer ? Autre avantage de la
gloire
: elle confère le droit d’être banal. Tant pis si beaucoup en abusent
36
n abusent… Hypothèse : l’expérience intime de la
gloire
précède toujours sa manifestation. L’ambitieux ne vaut rien pour la
37
manifestation. L’ambitieux ne vaut rien pour la
gloire
. Il ne peut aboutir qu’au succès. Il reste sous l’empire de la compar
38
e. » Ce serait instructif et amusant. Je veux ma
gloire
, et je ne l’avoue jamais, — je fais le modeste — d’où vient cette pud
39
ste — d’où vient cette pudeur ? Je ne veux pas la
gloire
pour vous éblouir, vous que j’aime et qui me connaissez. Vous savez c
40
suis, et si vous appreniez un jour que j’ai de la
gloire
, que sauriez-vous alors d’essentiel que dès maintenant vous ne sachie
41
une erreur —, je veux cela. Qu’est-ce donc que «
gloire
», dont la prononciation, pour peu d’emphase que j’y prête, me fait v
42
ue j’y prête, me fait venir les larmes aux yeux ?
Gloire
et lumière, gloire ou mystère, gloire et mort lumineuse, gloire et ce
43
it venir les larmes aux yeux ? Gloire et lumière,
gloire
ou mystère, gloire et mort lumineuse, gloire et ce triomphal accord c
44
aux yeux ? Gloire et lumière, gloire ou mystère,
gloire
et mort lumineuse, gloire et ce triomphal accord clamé, ou cet instan
45
ère, gloire ou mystère, gloire et mort lumineuse,
gloire
et ce triomphal accord clamé, ou cet instant plutôt qui est au seuil
46
se que mon nom est : mensonge, que je voudrais la
gloire
et ne sais pas pourquoi ? Ou n’ose pas savoir pourquoi… Ce que je n’o
47
mon adversaire. C’est lui seul qui s’oppose à ma
gloire
, et qui me sauve malgré moi de mon triomphe. Il n’y a qu’un seul Dieu
48
, et tout sera. Ainsi, ô Dieu, délivrez-moi de la
gloire
! Mais cette prière m’émeut encore comme la gloire ! 1938 e. Rou
49
loire ! Mais cette prière m’émeut encore comme la
gloire
! 1938 e. Rougemont Denis de, « La gloire », VVV, New York, mars