1 1941, Articles divers (1941-1946). Reynold et l’avenir de la Suisse (1941)
1 enir de la Suisse (1941)a Le grand service que nous aura rendu l’auteur de Conscience de la Suisse, c’est d’avoir osé por
2 lui de la défense du territoire, proviennent chez nous d’une incapacité congénitale à prévoir le pire, à l’admettre, et à se
3 e, à l’admettre, et à se préparer en conséquence. Nous n’avons pas encore su prendre le tempo de ce xxe siècle. C’est que n
4 su prendre le tempo de ce xxe siècle. C’est que nous sommes devenus un peuple de bourgeois. L’ère de la bourgeoisie, ère d
5 gination réaliste, prolonge encore dans la vie de nos cantons une existence condamnée ailleurs par des faits que je n’ai pa
6 cette double incrédulité à l’endroit de « ce qui nous dépasse » par en haut comme par en bas, traduit un seul et même refus
7 ’envisager — de regarder en plein visage — ce qui nous ruine. Non qu’il soit pessimiste par tempérament — ce n’est pas l’imp
8 e révolution. Il a montré l’un des premiers, chez nous , que la vraie fin, même inconsciente de l’étatisme disciplinaire, dép
9 otal (ou totalitaire) doit bien suffire à fédérer nos vérités partielles en une force vivante. Allons-y viribus unitis ! Ca
10 les protestants seuls ne pourront rien faire chez nous . S’ils veulent rester eux-mêmes, il faut que leurs diversités se fédè
2 1941, Articles divers (1941-1946). Trois paraboles (1er octobre 1941)
11 et me regardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous sommes dévisagés un certain temps ; je ne trouvais pas son regar
12 e regardait comme s’il n’avait rien entendu. Nous nous sommes dévisagés un certain temps ; je ne trouvais pas son regard, il
13 Je suis là parce que tu es venu, tout simplement. Nous étions couchés chez nous. Je ne sais combien de temps cela va durer.
14 s venu, tout simplement. Nous étions couchés chez nous . Je ne sais combien de temps cela va durer. Elle délire et j’ai cette
3 1942, Articles divers (1941-1946). La leçon de l’armée suisse (4 mars 1942)
15 êtes 500 000 hommes, et vous tirez bien ; mais si nous vous attaquions avec un million d’hommes, que feriez-vous ? » — « Cha
16 llion d’hommes, que feriez-vous ? » — « Chacun de nous tirerait deux fois », répondit calmement le soldat. Le Kaiser préféra
17 mandés aux voisins, suivant des plans préétablis. Nous trouvons ainsi à la base de l’organisation militaire, les mêmes facte
18 i la guerre, ni l’exil ne pourront être évités si nous gémissons sans lutter. » La liberté individuelle ne pourra survivre d
19 es valeurs morales. Il y a l’idée fédéraliste que nous devons conserver comme un héritage à nos descendants. Voilà pourquoi
20 ste que nous devons conserver comme un héritage à nos descendants. Voilà pourquoi nous croyons en Dieu et non pas en un hom
21 mme un héritage à nos descendants. Voilà pourquoi nous croyons en Dieu et non pas en un homme qui prétend être adoré comme u
4 1943, Articles divers (1941-1946). Angérone (mars 1943)
22 mour une ou plusieurs définitions. Ah ! puissions- nous aimer l’amour assez pour ne jamais avoir recours à ces remèdes, car d
23 est point le connaître, mais limiter sa part dans notre vie, et nul amour ne peut survivre à cette méfiance ou à cette avaric
24 utefois quelque chose est vraiment dite. La Fable nous apprend à sa manière que l’amour est le lieu d’un mutisme sacré. Angé
25 elle est la même que la déesse Volupie. Promenons- nous aux alentours de ce colloque. La Volupté n’est pas le plaisir même,
26 ntenant, l’onde lisse et basse d’un temps nouveau nous environne. Ceux qui n’aiment point la femme qu’ils viennent de posséd
27 ans l’accomplissement du plus violent amour qu’il nous est accordé de concevoir un absolu, mais sous la forme de l’inaccessi
28 là de votre union. Ô silence des astres ! Fondues nos âmes ? Deux corps s’endorment dans leur paix, et l’être enfin comblé
29 spire, mémoire pesante de l’incommensurable nuit. Nous n’irons pas au-delà de nous-mêmes. Mais dans cette défaite de l’étrei
30 ce point le souvenir du seul désert que désormais nous chercherons ? Au terme de la fuite, nous ne toucherons jamais qu’un i
31 ésormais nous chercherons ? Au terme de la fuite, nous ne toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et nous vivrons dès
32 toucherons jamais qu’un impossible fascinant. Et nous vivrons dès lors dans le vertige de nous détruire au contact de cet i
33 nant. Et nous vivrons dès lors dans le vertige de nous détruire au contact de cet infini, plus puissant que la joie et la do
34 ul qui l’éprouve jusqu’à l’épouvante : l’être que nous formons au sommet de l’amour, et qui meurt à l’instant où il naît. T
35 amour, et qui meurt à l’instant où il naît. Tout notre platonisme échoue dans l’instant de l’étreinte dénouée. Alors l’amour
36 e, et le sérieux, et la réalité des vies au jour. Nous sommes deux. Il n’y a que deux philosophies : celle du désir et cell
37 hysique, originel, de l’infinie contradiction que nous souffrons. Le désir divinise, l’acte rend à l’humain. L’amour rêvé me
38 . L’amour rêvé meurt au seuil de l’amour qui sera notre tâche sérieuse. Quittons ce temple où dorment deux idoles, et parlons
5 1943, Articles divers (1941-1946). La gloire (mars 1943)
39 La gloire (mars 1943)e ( Nous le connaissions un peu, et pensions le connaître. La lecture de ses p
40 le connaître. La lecture de ses papiers posthumes nous le révèle bien différent. Il fallait certes s’y attendre, et pourtant
41 est-il caché dans les passages de ces cahiers que nous allons transcrire ici. De ces fragments de dates diverses, l’on ne ve
42 de se la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui s’affirme en
43 selle que ses actions comblaient exactement. Mais notre gloire ne saurait être mesurée : c’est une rumeur, c’est une publicit
44 solution fondamentale — quel est ce seuil, et que nous ouvrent, sur quel ciel, les symphonies ? Je n’ose pas dire que je veu
6 1943, Articles divers (1941-1946). Rhétorique américaine (juin-juillet 1943)
45 ience de bien des choses qui allaient de soi dans notre Europe, et qui me sont révélées dans ce pays, parce que c’est leur co
46 es cérémonies. Elle considère comme un poids mort nos formules de présentation ou de congé. Un article de magazine américai
47 e autre à l’expression du dynamisme aventureux de notre siècle. Entre la sensation et le sensationnel, elle fait preuve d’un
48 lle a le plus de chance d’avenir dans le monde où nous allons entrer ? Je n’en sais rien. Mais je suis sûr que l’écrivain fr
49 x principes de toute civilisation, que polarisent nos deux littératures : tradition et actualité, mise en ordre et mise en
7 1943, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe : Fragments d’un Journal des Mauvais Temps (septembre 1943)
50 un âge, un climat de musiques, soudain se fixe en nos mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux temps » de plus, tout près de no
51 ise. Un « bon vieux temps » de plus, tout près de nous … Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le pas
52 plus, tout près de nous… Le bon vieux temps, pour nos ancêtres, c’était très loin dans le passé, dans la légende, si loin q
53 , ne l’avait vu. Mais déjà, pour beaucoup d’entre nous , ce fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et
54 e fut simplement l’avant-guerre, les souvenirs de notre enfance. Et voici que ce Temps Perdu, tout d’un coup, est encore plus
55 est-ce — aujourd’hui ? Mais oui, peut-être vivons- nous , ici, dans ce Paris de mars 1939, les derniers jours du bon vieux tem
56 emps européen. Jours de sursis d’une liberté dont nous avions à peine conscience, parce qu’elle était notre manière toute na
57 us avions à peine conscience, parce qu’elle était notre manière toute naturelle de respirer et de penser, d’aller et venir, e
58 r et de penser, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels… Combien de temps encore, combien de
59 er, d’aller et venir, et d’entretenir nos soucis, nos plaisirs personnels… Combien de temps encore, combien de semaines pou
60 ien de temps encore, combien de semaines pourrons- nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeons une existence que nos
61 ines pourrons-nous goûter ce répit, et sentir que nous prolongeons une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ?
62 et sentir que nous prolongeons une existence que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde
63 que nos fils appelleront douceur de vivre ? Déjà nous éprouvons que le monde a glissé dans une ère étrange et brutale, où c
64 et brutale, où ces formes de vie qui sont encore les nôtres ne peuvent plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accab
65 t plus apprivoiser le destin. Soit que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il faudra chang
66 que les tyrans nous accablent, soit qu’un sursaut nous dresse à résister, il faudra changer le rythme et rectifier la tenue,
67 . Et dès lors qu’il l’a mis en question, et qu’il nous force au réalisme à sa manière, le charme est détruit dans nos vies.
68 réalisme à sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’éveille et goûte encore quelq
69 sa manière, le charme est détruit dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui s’éveille et goûte encore quelques instant
70 n temps sa loi, en préservant, s’il se peut, dans nos cœurs, ce droit d’aimer, cette bonté humaine plus inutile que jamais,
71 si normal, que j’en viens à me demander si toutes nos crises ne seraient pas machinées par nous-mêmes, dans notre inconscie
72 es ne seraient pas machinées par nous-mêmes, dans notre inconscient collectif. Je puis l’avouer parce que je suis un écrivain
73 isation permanente, préventive… Militarisation de nos pensées, de nos images. Hier, dans l’autobus, une petite dame assise
74 te, préventive… Militarisation de nos pensées, de nos images. Hier, dans l’autobus, une petite dame assise devant moi s’écr
75 s matériels et spirituels, impossible ailleurs de nos jours, et peut-être à toute autre époque. Imaginer là-dessus un livre
76 re tou­chant, bizarre ou monstrueux que chacun de nous dissimule. Alors, on verrait le réel, alors on cesserait de haïr, ou
77 que part dans l’Évangile. Ou faudra-t-il enterrer nos secrets, pour d’autres qui peut-être ne viendront jamais ? Car la car
78 r du passé. Vaudrait-il mieux qu’alors ? Saurions- nous mieux le vivre, augmenté du souvenir de sa perte ? Mais le passé ne r
79 — même si la guerre était gagnée, même si demain nous devons vivre encore… À quoi pensent-ils, ceux de la bataille ? Ont-il
80 -ci ça y est !… Vivant un cauchemar qui est vrai, nous allons en désordre au réveil. La mort, le désespoir en plein midi, — 
81 ie la guerre, oublie l’Europe. Dans quatre jours, nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici, je fais le serment d’opposer un
82 ges venant des terres abandonnées du Nord, et que nos paysans s’efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs
83 aître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève autour du massif du Go
84 i ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons- nous , car tout peut périr. Nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas
85 us la cuirasse. Hâtons-nous, car tout peut périr. Nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce !
86 . Nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce ! VI. — Souvenir de la paix française En Amériqu
87 parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’écho
88 voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers une place plantée d’ar
89 stionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la contemp
90 ’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au sil
91 il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force éta
92 e enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fredonnée, sur le seuil,
8 1944, Articles divers (1941-1946). Un peuple se révèle dans le malheur (février 1944)
93 hui, dans sa véritable grandeur. Les journaux qui nous apportent des nouvelles de la résistance à l’intérieur du pays occupé
94 les de la résistance à l’intérieur du pays occupé nous parlent du peuple de France ; les récits et les témoignages qui ont é
95 mouvements de résistance et qui parviennent sous nos yeux nous parlent du peuple de France ; et les films composés à Holly
96 ts de résistance et qui parviennent sous nos yeux nous parlent du peuple de France ; et les films composés à Hollywood ou à
97 ation de la résistance à Paris ou en province, ne nous montrent encore que le peuple de France, pour la première fois. Le pe
98 u pire au bien ; j’en retiens pour ma part qu’ils nous présentent enfin le petit peuple français comme le grand héros de la
9 1944, Articles divers (1941-1946). Ars prophetica, ou D’un langage qui ne veut pas être clair (hiver 1944)
99 idées. Elles vous séduisent de loin et quand vous nous les présentez, elles ont déjà votre complicité, je ne sais quel air d
100 e sais quel air de passion, un peu trop tôt — qui nous surprend… A. N’est-ce pas toujours ainsi ? Je veux dire : tout écriv
101 ais il faudrait composer les entrées. Il faudrait nous persuader que vos goûts sont bien des raisons, et que ces raisons son
102 ts sont bien des raisons, et que ces raisons sont les nôtres . Ou bien vous faites de la poésie, et alors vous jouez sur des surpri
103 alors vous jouez sur des surprises, ou bien vous nous parlez d’idées, et dans ce cas, il faut que nous pensions à chaque in
104 nous parlez d’idées, et dans ce cas, il faut que nous pensions à chaque instant : « j’allais le dire ! » Mais ne mêlez pas
105 oupçonnera quelque tricherie. A. Voulez-vous que nous parlions de la clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans
106 parlions de la clarté ? Je crois deviner que cela nous ramènera dans les environs du sujet de mes deux précédents dialogues.
107 pprenne davantage qu’une feinte aimable. Au reste nous sommes entre nous et vous n’abuserez pas de mes aveux… D’autant qu’il
108 qu’une feinte aimable. Au reste nous sommes entre nous et vous n’abuserez pas de mes aveux… D’autant qu’ils seront probablem
109 r l’usage… C. Hé quoi ! vous savez bien que tout notre langage est un système conventionnel ! A. Notre langage courant sans
110 t sans aucun doute. Et plus rigoureusement encore notre langage intellectuel et scientifique, qui se distingue du langage cou
111 simple et facile » en soi ? Le monde dans lequel nous vivons et parlons n’est-il pas, comme l’a dit un Russe « le monde de
112 Kafka… Je me demande alors si le cartésianisme ne nous a pas trompés une fois pour toutes, à l’origine, en décrétant — au no
113 evenue celle de la science. C’est elle dont usent nos physiciens, chimistes et mathématiciens, pour formuler ce qu’ils appe
114 i ne sont autres que des abstractions opérées sur nos formes de langage. Je voudrais dire cela plus simplement… La tricheri
115 mité de faits acquis, quand le tout, quand la fin nous échappent ! Comme s’il était licite, et même possible, de partir de c
116 évidemment d’expliquer. Oui, cette opposition va nous aider : impliquer le réel comme tel, et non pas expliquer certaines m
117 re pour l’homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vision le sauve. Mais il est des visions m
118 ns des hommes de peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possession, la beauté, la puissance, — il n’en
119 sance, — il n’en faut pourtant pas davantage pour nous réduire au parler prophétique. C’est le même risque, et ce n’est pas
10 1944, Articles divers (1941-1946). L’attitude personnaliste (octobre 1944)
120 e conscience spontanée devant la leçon des faits, nous le saurons un jour. Mais il est clair dès maintenant que les circonst
121 uestions peuvent et doivent être reposées. Allons- nous rebâtir sur les valeurs d’une philosophie de l’Objet (qui était celle
122 lisme et des divers « planisme »), ou bien allons- nous faire une société où les objets soient remis au service de l’homme qu
123 l’homme qui crée et qui se veut responsable ? Si nous choisissons la seconde voie, la doctrine du personnalisme s’impose à
124 Sur quelle notion centrale de son humanité devons- nous recentrer le monde ? Les institutions doivent être fondées sur une no
125 vant la lettre : Leibnitz, Kant, Renouvier, ou de nos jours un William Stern, un Keyserling, un C. G. Jung, et l’école cali
126 coïncide avec la découverte la plus importante de notre siècle : celle de l’être-en-relations. Que ce soit dans le domaine de
127 elle interaction n’a pas encore été traduite dans nos institutions. Nos nations sont restées au stade de la classification
128 ’a pas encore été traduite dans nos institutions. Nos nations sont restées au stade de la classification des corps simples
129 ification des corps simples par Mendeleïev, quand nous en sommes au siècle de la physique quantique. La paresse d’esprit et
130 et rigides comme elle, qui pèsent lourdement sur nos activités. L’État centralisé et sa bureaucratie abstraite tendent à d
11 1944, Articles divers (1941-1946). Quelle guerre cruelle (octobre-novembre 1944)
131 les nommer Pierre et Paul, ou moi et l’autre, ou nous et l’ennemi : car « la seule chose qui importe est de gagner la guerr
132 qui importe est de gagner la guerre ». Là-dessus, nous tombons d’accord. Mais sur le sens des mots gagner la guerre, je trou
133 que traduire en quantités physiquement mesurables notre attitude spirituelle. Elles étaient résultats et non pas causes. Car
134 a loi de l’offre et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, selon nos rêves et nos passions. Il n’y a pas
135 re et de la demande, il y a d’abord nos offres et nos demandes, selon nos rêves et nos passions. Il n’y a pas d’abord les m
136 il y a d’abord nos offres et nos demandes, selon nos rêves et nos passions. Il n’y a pas d’abord les machines puis une soc
137 rd nos offres et nos demandes, selon nos rêves et nos passions. Il n’y a pas d’abord les machines puis une société qui doit
138 rte de voir qu’elle se passe d’abord en chacun de nous , et qu’elle figure dans son ensemble la crise d’un conflit psychologi
139 La guerre actuelle est une névrose collective que nous sommes en train de traiter par les méthodes les plus propres à l’aggr
140 de moyens de s’exprimer à sa manière, affolé par nos arguments, il n’a plus trouvé d’autre issue que dans une révolte expl
141 la psychologie contemporaine. Depuis quatre ans, nous essayons de mener la guerre psychologique10 à l’instar des nazis qui
142 serait une cure. Mais avant de l’entreprendre, il nous faudrait un diagnostic. Tentons d’en indiquer les premiers éléments.
143 ni rien de vrai. Essayons une autoanalyse. C’est notre chance peut-être unique. 1. La guerre nous plaît. Toutes ses victime
144 ’est notre chance peut-être unique. 1. La guerre nous plaît. Toutes ses victimes le nient, et presque tous ceux qu’elle fai
145 ous ceux qu’elle fait vivre. Je dis que la guerre nous plaît inconsciemment. Autrement, elle serait impossible. Tous, nous s
146 iemment. Autrement, elle serait impossible. Tous, nous sommes contre, et nous la faisons tous : expliquez cela. — « Ce sont
147 e serait impossible. Tous, nous sommes contre, et nous la faisons tous : expliquez cela. — « Ce sont les autres. » Mais ils
148 don ! ils n’ont pas le droit de le dire. » Sommes- nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons-nous fait enquête avant de partir ?
149 . » Sommes-nous sûrs de l’avoir, ce droit ? Avons- nous fait enquête avant de partir ? Sommes-nous en possession des pièces d
150 Avons-nous fait enquête avant de partir ? Sommes- nous en possession des pièces du procès ? Quand cela serait, ce ne serait
151 me parlez pas de droits, vous n’y avez pas pensé. Nous avons « fait notre devoir » et pas de question. Je dis que la guerre
152 roits, vous n’y avez pas pensé. Nous avons « fait notre devoir » et pas de question. Je dis que la guerre nous plaît. Elle ar
153 devoir » et pas de question. Je dis que la guerre nous plaît. Elle arrange bien des choses. Elle ajourne nos vrais conflits.
154 plaît. Elle arrange bien des choses. Elle ajourne nos vrais conflits. Elle tire de nous ce que la paix n’en tirait plus. El
155 es. Elle ajourne nos vrais conflits. Elle tire de nous ce que la paix n’en tirait plus. Elle offre l’avantage incomparable d
156 Elle offre l’avantage incomparable de sanctionner notre acquittement par contumace. Elle est le grand non-lieu de millions d’
157 le corps à corps, la bataille d’hommes. Qu’aimons- nous donc tous dans la guerre, que nous soyons civils ou combattants ? C’e
158 mes. Qu’aimons-nous donc tous dans la guerre, que nous soyons civils ou combattants ? C’est l’état d’exception proclamé dans
159 s tous les domaines. Ainsi la guerre devient pour nous l’équivalent de la fête chez les peuples anciens, elle en possède les
160 st le « grand Temps » de l’humanité moderne. Elle nous fournit la seule excuse que notre esprit puisse accepter pour suspend
161 té moderne. Elle nous fournit la seule excuse que notre esprit puisse accepter pour suspendre le cours d’une existence de plu
162 ne vide, l’Ennemi déchu ?) C’est pourquoi la paix nous angoisse au moins autant qu’elle nous attire. Pourtant viendra la pai
163 uoi la paix nous angoisse au moins autant qu’elle nous attire. Pourtant viendra la paix, bientôt. Et ce sera peut-être pour
164 nt l’homme compensera-t-il le manque de guerres ? Nous avons tout prévu contre un futur Hitler, rien contre son absence, aut
165 vivre, s’il n’y a plus de paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous le nions tous, et c’est normal. Mais je propose un test p
166 n’y a plus de paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous le nions tous, et c’est normal. Mais je propose un test précis. Pourq
167 e politique qui négligerait le fait que la guerre nous plaît pour des raisons profondes, cette politique serait incapable de
168 que la prochaine guerre annulerait. 2. Hitler. — Nous pensons qu’Hitler est un monstre avec lequel nous n’avons rien de com
169 Nous pensons qu’Hitler est un monstre avec lequel nous n’avons rien de commun. Il s’agit de le détruire avant toute autre tâ
170 en elle. Bien plus, il n’est pas seulement devant nous , mais en nous. Il était en nous avons d’être contre nous. C’est en no
171 plus, il n’est pas seulement devant nous, mais en nous . Il était en nous avons d’être contre nous. C’est en nous-mêmes d’abo
172 seulement devant nous, mais en nous. Il était en nous avons d’être contre nous. C’est en nous-mêmes d’abord qu’il se dresse
173 ais en nous. Il était en nous avons d’être contre nous . C’est en nous-mêmes d’abord qu’il se dresse contre nous. Et quand no
174 ’est en nous-mêmes d’abord qu’il se dresse contre nous . Et quand nous l’aurons tué, il nous occupera sans coup férir si nous
175 mes d’abord qu’il se dresse contre nous. Et quand nous l’aurons tué, il nous occupera sans coup férir si nous n’admettons pa
176 resse contre nous. Et quand nous l’aurons tué, il nous occupera sans coup férir si nous n’admettons pas qu’il est une part d
177 l’aurons tué, il nous occupera sans coup férir si nous n’admettons pas qu’il est une part de nous, la part du diable dans no
178 rir si nous n’admettons pas qu’il est une part de nous , la part du diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. Son ave
179 u’il est une part de nous, la part du diable dans nos cœurs. Hitler se taira d’ici peu. Son aventure prendra fin dans la ca
180 ’homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrierons avec une stupéfaction mêlée de honte : — Comme il étai
181 e qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrierons avec une stupéfaction mêlée de honte : — Comme il était pet
182 rand, comme Satan lui-même, que de la grandeur de nos misères secrètes. Dans la réalité psychologique du siècle, Hitler aur
183 ge de rêve d’angoisse. Ce rêve collectif a modelé notre histoire, mais il était d’abord dans l’ombre de nos âmes. On a remarq
184 e histoire, mais il était d’abord dans l’ombre de nos âmes. On a remarqué que dans un cauchemar, ce qui nous terrifie n’est
185 âmes. On a remarqué que dans un cauchemar, ce qui nous terrifie n’est pas toujours l’aspect du personnage en scène, qui peut
186 nsité de la passion hostile ou criminelle dont il nous paraît animé. Il se charge à nos yeux d’une puissance de terreur dont
187 minelle dont il nous paraît animé. Il se charge à nos yeux d’une puissance de terreur dont nous n’avions sans doute jamais
188 charge à nos yeux d’une puissance de terreur dont nous n’avions sans doute jamais eu l’expérience. Et pourtant c’est une par
189 un geste, une forme, une atmosphère, tout ce que nous refusions d’admettre en nous. Le cauchemar nous apprend qu’il ne suff
190 osphère, tout ce que nous refusions d’admettre en nous . Le cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas de refuser un instinct
191 e nous refusions d’admettre en nous. Le cauchemar nous apprend qu’il ne suffit pas de refuser un instinct ou quelque tentati
192 e à la petite moustache est l’un de ces monstres. Nous en verrons bien d’autres, si nous nous contentons de lutter contre le
193 e ces monstres. Nous en verrons bien d’autres, si nous nous contentons de lutter contre les signes extérieurs du mal, sans e
194 monstres. Nous en verrons bien d’autres, si nous nous contentons de lutter contre les signes extérieurs du mal, sans essaye
195 nouveaux, elle fait lever des monstres autour de nous . Imaginons une similitude assez exacte : si nos animaux domestiques s
196 nous. Imaginons une similitude assez exacte : si nos animaux domestiques se révoltaient soudain, nous attaquaient, exigeai
197 i nos animaux domestiques se révoltaient soudain, nous attaquaient, exigeaient que nous les adorions : leur révolte serait n
198 ltaient soudain, nous attaquaient, exigeaient que nous les adorions : leur révolte serait notre carence. Le rationalisme rég
199 aient que nous les adorions : leur révolte serait notre carence. Le rationalisme régnant peut produire des avions en masse et
200 tômes de la même névrose. Tout porte à croire que nous allons entrer dans une ère de religions aberrantes. Ou, comme le dit
201 rs l’instinct religieux, cette « survivance ». Et nous lirons encore des jérémiades sur le déclin de l’esprit et l’abandon d
202 trusts : elle ne peut plus saisir les éléments de notre conflit. Il est temps de nous orienter vers une politique d’équilibre
203 ir les éléments de notre conflit. Il est temps de nous orienter vers une politique d’équilibre des grandes puissances psycho
204 ive d’analyse féconde : « Avouez tout de même que nos régimes actuels, si imparfaits qu’ils soient, sont un moindre mal. »
12 1945, Articles divers (1941-1946). Présentation du tarot (printemps 1945)
205 yptienne du tarot est soutenue par Etteilla, dont nous allons parler, par d’Odoucet son premier disciple, et par Éliphas Lev
206 ; et qu’on lui suppose une ascendance hindoue. Or nous possédons des cartes de tarot plus anciennes, comme on vient de le vo
207 on vient de le voir. Les origines du tarot, selon nous , se perdent littéralement dans la nuit des temps. Nous soutiendrons c
208 se perdent littéralement dans la nuit des temps. Nous soutiendrons cette thèse au paragraphe 5. 2. Etteilla (1750-1810,
209 agraphe 5. 2. Etteilla (1750-1810, environ) Nous lisons le jugement suivant sur Etteilla dans un petit ouvrage intitul
210 t hébreu… Le véritable 21 est aussi 22, ainsi que nous le verrons. Etteilla place le Fou sous le nombre 78 qui est enfin not
211 illa place le Fou sous le nombre 78 qui est enfin notre zéro, et voici son intéressante analyse de ce nombre. (Elie Alta, Le
212 Piques et les Deniers par les Trèfles. En France nous trouvons difficilement le tarot de Marseille. La Maison Grimaud l’a r
213 des symboles. Comparez par exemple les cartes que nous reproduisons à la suite de cet article, les unes selon Court de Gébel
214 ache aux raretés monstrueuses. C) Significations. Nous donnons en regard des lames reproduites ci-après quelques exemples d’
215 3 lettres dites les 3 Mères, qui sont attachées à nos trois cartes majeures : l’Homme (Le Bateleur), le Fou, et la Mort. »
216 quatre couleurs du jeu de cartes moderne. Bornons- nous à livrer à l’étude du lecteur les hypothèses suivantes : Selon A. E.
217 tantôt dramatiques, comme le sont les symboles de nos « grands rêves ». De fait, chacun des arcanes majeurs est une apparit
218 pesse, de l’empereur, de la Justice, de l’Ermite, nous apparaissent comme de véritables Archétypes de l’inconscient, dans le
219 de leur naissance à leurs possibles conclusions. Nous pouvons donc considérer les arcanes majeurs du tarot comme un véritab
220 lée par le grand indianiste Heinrich Zimmer, dont nous traduisons ci-après quelques pages remarquables sur « Le Fou ». 6.
221 es sur « Le Fou ». 6. De l’usage des tarots Nous avons pris l’habitude de considérer les tarots avant tout comme un mo
222 ement, une méthode de psychothérapie comparable à notre psychanalyse. Ses lames seraient en vérité autant de thèmes de médita
223 usion à la réalité, et des choses telles qu’elles nous apparaissent aux choses telles qu’elles sont. Les 22 arcanes décrirai
224 essage des occupants. Message suspect, ajouterons- nous  : il s’agissait de cartes allemandes portant au lieu des coupes, bâto
225 ie s’adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne. La surface entière du globe (le 0) n’est que le théâtre de no
226 e entière du globe (le 0) n’est que le théâtre de nos extravagances. Retraçons d’ailleurs aux yeux du sage l’emblème d’un v
227 l’homme. Cette vie n’est qu’un court trajet dont nous pouvons adoucir les peines en nous comportant d’après les plus saines
228 rt trajet dont nous pouvons adoucir les peines en nous comportant d’après les plus saines aspirations du rayon divin qui nou
229 ès les plus saines aspirations du rayon divin qui nous anime. Synonymes : Droite. Folie, démence, extravagance, égarement iv
230 s arcanes, grâce aux symboles graphiques desquels nous sont dévolus l’initiation et l’accomplissement, apparaisse simplement
231 les arcanes. C’est pourquoi, prenons garde, s’il nous advient jamais de rencontrer quelqu’un qui ne soit rien, ni homme d’a
232 nd cosmique. Prenons bien garde à la manière dont nous le traiterons ! Il se pourrait qu’il soit le Saint-Esprit incarné, le
233 y condescendait, il pourrait bien être capable de nous révéler le dernier mot sur les symboles du tarot ! La Roue de For
234 n ou un diable, et de l’autre côté un homme. Elle nous indique simplement le mouvement de la vie dans tous les règnes, — leu
13 1945, Articles divers (1941-1946). Les règles du jeu dans l’art romanesque (1944-1945)
235 ume. Presque tous ces critères effacés ou perdus, notre époque ne sait plus juger d’une œuvre. Elle tient la rhétorique et se
236 . Elles traduisent des relations constitutives de notre corps, de la psyché et du Cosmos. La régularité et l’alternance de la
237 ion, des nuits et des saisons, sont nécessaires à notre vie, comme les cadences et les contrastes composés sont vitaux pour n
238 ences et les contrastes composés sont vitaux pour nos œuvres d’art. Au surplus, les figures de la rhétorique considérées da
239 plus scandaleusement paradoxal, il n’hésite pas à nous parler des artifices d’une « rhétorique profonde ». Au milieu du xvi
240 morales communes à l’élite d’une société donnée. Nous avons fait, en quelques lignes, tout le chemin qui sépare les premier
241 sion. Mais que se passe-t-il lorsque le romancier nous fait savoir qu’il a mis dans son livre ce qui est, et non plus ce qu’
242 t-il ? Des personnages se perdent… » Mais, répond notre auteur, comme pour se justifier, n’en va-t-il pas de même dans la vie
243 égèretés ne pardonnent pas. Une contre-épreuve de notre diagnostic nous sera fournie par le succès du roman policier. Je ne p
244 nnent pas. Une contre-épreuve de notre diagnostic nous sera fournie par le succès du roman policier. Je ne pense pas qu’on p
245 n intérêt pour le crime, qui serait particulier à notre époque. Le roman policier est populaire parce qu’il demeure le seul g
246 et par l’avènement des masses. La révolution que nous vivons déclassera la plupart des objets dont le roman faisait toute s
247 e verra restituer les prestiges de la persuasion. Notre monde retentit d’événements incroyables et pourtant mortellement réel
248 s. Les faits les plus flagrants du siècle défient nos imaginations. Seul un art délirant de fantaisie a su préfigurer le ry
249 élirant de fantaisie a su préfigurer le rythme de nos catastrophes. Les dessins animés de Walt Disney jouaient dans le regi
250 re totale. Ne fût-ce que pour rester au niveau de nos épreuves et de nos désastres réels, l’art de demain va revenir au jeu
251 e que pour rester au niveau de nos épreuves et de nos désastres réels, l’art de demain va revenir au jeu des amplifications
252 rique des contes. Il ne rejoindra le sens vrai de nos vies qu’en se livrant à la logique profonde des symboles et des mythe
14 1946, Articles divers (1941-1946). Contribution à l’étude du coup de foudre (1946)
253 is rien ne sert de n’y pas croire. C’est un fait, nous l’avons subi, et nous avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant
254 pas croire. C’est un fait, nous l’avons subi, et nous avons tous dit : je n’y puis rien. Avec autant de sincérité, nous sem
255 dit : je n’y puis rien. Avec autant de sincérité, nous semblait-il, qu’un croyant décrivant sa conversion en termes de grâce
256 duisit à sa demeure. C’était l’heure du déjeuner. Nous causions depuis quelques instants dans sa bibliothèque, où d’un coup
257 is remarqué mes livres, lorsque sa femme entra en nous saluant d’une mélodieuse formule hongroise. La présentation faite, ce
258 mule hongroise. La présentation faite, cette dame nous offrit la rituelle liqueur de pêche dont on vide trois verres d’un se
259 ant dans les yeux. Je me sentis pâlir violemment. Nous passons à table. Mon hôte bientôt s’inquiète : « — Vous êtes pâle et
260 très satisfait de lui, et de moi aussi, je crois. Nous voici seuls. Silence. Silence encore dans la voiture qu’elle conduit
261 avec une expression concentrée, presque rageuse. Nous traversons les grandes artères de Pest, le pont des Chaînes sur les e
262 rejoins. Alors d’un geste elle désigne la ville à nos pieds : « — Mon mari m’a demandé de vous montrer Budapest. Voilà, c’e
263 , c’est Budapest. » Il n’y a rien d’autre à dire. Nous remontons en voiture et descendons vers la ville. Soudain, je me suis
264 s non plus… » Je poursuis non sans peine : « — Si nous allions prendre quelque chose dans un restaurant ? — Bonne idée », fa
265  », fait-elle d’une voix basse, sans me regarder. Nous voici attablés devant des sandwiches au caviar rouge. Et le tour reco
266 eh bien… que cela soit ! Elle se lève et me suit. Nous allons chez elle. Un vertige, un sombre délire, et sans qu’un mot de
267 jour à Budapest. L’après-midi, je vous le répète, nous ne parlions jamais. Le soir, j’avais mes conférences ou un dîner. Et
268 dormir, sauf quelques heures pendant la matinée. Nous parlions avec mon ami d’art, de religion, de politique, des perspecti
269 idi. Bien entendu. La veille de mon départ, comme nous sortions du bar, Maria et moi, une édition du matin nous apprend l’in
270 rtions du bar, Maria et moi, une édition du matin nous apprend l’incendie du Reichstag. Je décide de rentrer le jour même à
271 . J’arrive à Berlin le lendemain. Sur le seuil de notre villa de Zehlendorf, ma femme m’attend, grave et presque sévère. Moi,
272 . Moi, je ne pensais qu’à la situation politique. Nous nous mettons à table, je l’interroge avec nervosité sur les événement
273 , je ne pensais qu’à la situation politique. Nous nous mettons à table, je l’interroge avec nervosité sur les événements de
274 n’oublierai jamais les nuits extraordinaires que nous avons encore pu passer ensemble, à la veille de ce cataclysme. » La l
15 1946, Articles divers (1941-1946). Penser avec les mains (janvier 1946)
275 trop de drames inoffensifs se nouent par jeu dans nos romans, trop de scribes inoffensifs nous singent la fureur ou la révo
276 jeu dans nos romans, trop de scribes inoffensifs nous singent la fureur ou la révolte, l’indulgence ou la paix distinguée.
277 je suis vrai », écrivait Rilke. Et c’est pourquoi nous prendrons au sérieux cette distinction : il y a des hommes qui sont l
278 inction : il y a des hommes qui sont l’orgueil de notre esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a
279 e esprit, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a des hommes qui créent, d’autres qui enregistrent : il
280 peinant peut-être en pure perte, si ce n’est pour notre perte à tous. Or, ces gens forment l’opinion, sans aucun doute, et il
16 1946, Articles divers (1941-1946). Les quatre libertés (30 mars 1946)
281 fear », ce qui se traduit un peu malaisément dans notre langue par liberté de parole et de religion, libération de la misère
282 ions unies ayant gagné la guerre, il est temps de nous demander quel est l’état présent des libertés qui faisaient l’enjeu d
283 de craindre le pire à chaque instant. Tout cela, nous disent, non sans raison, les gouvernants, n’est que le résultat déplo
284 es recevront plus tard — données par qui ? Sommes- nous voués à l’esclavage d’État par nécessité matérielle ? On m’en voudra
285 ruines. Or le rappel des fameuses Quatre Libertés nous y rabat impitoyablement par la comparaison qu’il nous oblige à faire
286 y rabat impitoyablement par la comparaison qu’il nous oblige à faire de l’idéal et du présent. Je propose donc que nous cha
287 ire de l’idéal et du présent. Je propose donc que nous changions ce qui peut être immédiatement changé : notre idéal, en att
288 changions ce qui peut être immédiatement changé : notre idéal, en attendant le reste. Je propose que nous remplacions la reve
289 otre idéal, en attendant le reste. Je propose que nous remplacions la revendication des quatre libertés, pour le moment inac
290 ue de Liberté indivisible, qu’il ne dépend que de nous de saisir à l’instant. Il n’y a pas quatre libertés. Il n’y a que « l
291 ’est celle de se « réaliser personnellement ». Or nous ne pourrons jamais la recevoir d’autrui. Sans elle les autres liberté
292 re. Par elle seule, elles peuvent être conquises. Nous l’affirmons et nous le démontrons par notre lutte contre toutes les «
293 elles peuvent être conquises. Nous l’affirmons et nous le démontrons par notre lutte contre toutes les « nécessités » qui s’
294 uises. Nous l’affirmons et nous le démontrons par notre lutte contre toutes les « nécessités » qui s’y opposent sans relâche.
295 . Cette Résistance ne fait que commencer. Mais si nous décidons que les obstacles à l’exercice de notre liberté sont fatals,
296 i nous décidons que les obstacles à l’exercice de notre liberté sont fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous les ren
297 sont fatals, nécessaires et surhumains, aussitôt nous les rendrons tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et l’État a
298 umains, aussitôt nous les rendrons tels, aussitôt nous cesserons d’être libres. Et l’État aura tous les droits, puisque nous
299 e libres. Et l’État aura tous les droits, puisque nous lui laisserons tous les devoirs. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas d’a
300 ue nous lui laisserons tous les devoirs. Ce qu’il nous faut, ce n’est pas d’abord un monde bien arrangé autour de nous. (Cer
301 n’est pas d’abord un monde bien arrangé autour de nous . (Certaines prisons sont très bien arrangées). Ce qu’il nous faut pou
302 aines prisons sont très bien arrangées). Ce qu’il nous faut pour être libres, uniquement et tout simplement, c’est du courag
303 quement et tout simplement, c’est du courage. Car nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer le prix de la liberté, qu
304 ent, c’est du courage. Car nous sommes libres, si nous sommes prêts à payer le prix de la liberté, qui sera toujours : payer
17 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La pensée planétaire (30 mars 1946)
305 que chose d’important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos m
306 ortant : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent
307 st que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’échelle p
308 voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’échelle planétaire. La flèche servait à la guerre
309 uerre planétaire, c’est-à-dire : à une guerre qui nous atteint tous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimens
310 dire : à une guerre qui nous atteint tous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté norm
311 reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive à digérer et intégrer cette pensée-là, il aura fait une
312 du globe est un fait durement établi au niveau de notre existence matérielle. Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit,
313 Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit, il nous faudra probablement passer par une étape intermédiaire, qui est celle
314 gique : la formation d’une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. No
315 lanétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provincia
316 ardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, M
317 a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, Madrilènes, Pari
318 nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, Madrilènes, Parisiens ou Romains
319 ondoniens, Madrilènes, Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquen
320 Madrilènes, Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec
321 Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusio
322 omains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusions perfides ou
323 t nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusions perfides ou flatteuses qui perdent pointe et sens si l’on s
324 ibles pour qui ne peut y aller voir et sentir. Et notre époque n’est pas celle des voyages, mais seulement celle des « missio
325 t rien, n’a pas de temps à perdre. C’est un raid. Nous n’apprendrons rien. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et le
326 comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psycholo
327 issants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psychologiquement inexplorées. Hic sunt leones i
328 s marges de leurs cartes de l’Europe. Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ces lions sont des hommes, qu
329 our que ces lions sont des hommes, qui d’ailleurs nous prenaient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pou
330 ns sont des hommes, qui d’ailleurs nous prenaient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pour se demander :
331 estion de poésie. Est-ce un hasard si, parmi tous nos écrivains, ceux que je vois manifester le sentiment le plus direct et
332 Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur prose et dans leurs longs verse
333 longs versets, quel qu’en soit le sujet allégué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé d’un français riche
18 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : La paix ou la bombe (20 avril 1946)
334 s accidents d’ampleur continentale. Admettons que notre globe dure longtemps encore, et que la guerre militaire y prospère d’
335 La tragédie n’aura pas de lignes pures, parce que nos choix ne sont pas si francs, et que nos chefs savent à peine ce qu’il
336 parce que nos choix ne sont pas si francs, et que nos chefs savent à peine ce qu’ils jouent. Une espèce d’organisation mond
337 majorité des hommes se refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’elle « n’est pas prête pour un gouv
338 ous en rendez responsable. Tout tient à chacun de nous . Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos
339 ndez responsable. Tout tient à chacun de nous. Et nous en sommes au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis n
340 es au point où il devient difficile de le cacher. Nos alibis ne trompent plus que nous-mêmes. Pour moi, je poursuivrai ma l
341 n : imaginez qu’il vous réponde ? S’il permet que nous fassions sauter la Terre, elle sautera et ce sera très bien. Au-delà
342 sera très bien. Au-delà de ce « clin d’œil », il nous attend. s. Rougemont Denis de, « Dialogues sur la bombe atomique :
19 1946, Articles divers (1941-1946). Dialogues sur la bombe atomique : Post-scriptum (27 avril 1946)
343 sérieux. Je prenais au sérieux les événements qui nous menacent à bout portant. La fin des armées, par exemple. Mais cela ne
344 parlais de la fin du monde… — Et maintenant vous nous dites : aucun danger ! C’est là sans doute votre manière paradoxale,
345 ? Il est bien naturel que l’événement d’Hiroshima nous ait jetés pour quelque temps dans un état d’esprit d’Apocalypse. Mais
346 s ont passé, et rien ne se passe. Dieu soit loué, nous avons repris nos sens. Certains pressentent déjà que la Bombe est en
347 en ne se passe. Dieu soit loué, nous avons repris nos sens. Certains pressentent déjà que la Bombe est en train de se dégon
348 ain de se dégonfler, pour ainsi dire. Après tout, nous devions le prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des
349 si dire. Après tout, nous devions le prévoir, car nous avons vécu un précédent : la guerre des gaz. Tout le monde s’y prépar
350 é subite l’ait arrêté, ou quelque amour tardif de notre humanité ? Simplement, il a fait son calcul. Les Alliés pouvaient rip
351 a donc les scrupules de l’agresseur éventuel. Car nos scrupules naissent en général d’une rapide évaluation des conséquence
352 n des conséquences fâcheuses, pour nous-mêmes, de nos actes. Si l’emploi de la Bombe est décisif, il n’y a pas de punition
353 le se tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle d
354 on ne nous raconte donc pas d’histoires. Ce qu’il nous faut, c’est un contrôle de l’homme. — Ah ! ça, c’est une autre questi
355 ule. On ne peut plus l’éviter depuis que la Bombe nous menace et nous tente à la fois. Et voilà bien le progrès le plus sens
356 plus l’éviter depuis que la Bombe nous menace et nous tente à la fois. Et voilà bien le progrès le plus sensationnel du siè
357 — Un progrès ? — Oui, j’appelle ainsi tout ce qui nous rapproche des vraies questions, et nous oblige à y faire face. t.
358 ut ce qui nous rapproche des vraies questions, et nous oblige à y faire face. t. Rougemont Denis de, « Dialogues sur la b
20 1946, Articles divers (1941-1946). Faut-il rentrer ? (4 mai 1946)
359 remment, puisqu’on pose le problème. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter :
360 me. Supposez que nous soyons libres de circuler à notre guise. Je répondrais sans hésiter : il ne s’agit ni de choisir une te
361 au xxe siècle, en tenant compte des réalités que nous avons créées ou laissé s’imposer ; de la rapidité des transports, par
362 vite que c’est un faux dilemme. Le fait est là : nous allons en dix heures de Lisbonne à New York, de New York au Pacifique
363 ork au Pacifique. Un très long voyage aujourd’hui nous ramènerait nécessairement au point de départ, après un petit tour da
364 point de départ, après un petit tour da planète. Nous changeons de continent comme on part en week-end. Le mot partir a don
365 vécu. Mais ce qui naît, ce qui peut naître parmi nous , c’est un amour plus large de l’humain, une conception de la fidélité
366 on des visas, de ces anachronismes scandaleux qui nous empêchent de rejoindre le siècle, de l’habiter et d’user de ses dons.
367 et d’user de ses dons. Forçons les gouvernants à nous répondre : à quoi servent ces barrages de tampons ? Comment peut-on l
368 nts. Ils rendent vains les progrès matériels dont notre basse époque pourrait encore s’enorgueillir. Ils représentent dans l’
369 la Fatalité imbécile. Pourquoi donc les acceptons- nous , comme des moutons, sans qu’une voix ne proteste ? u. Rougemont De
21 1946, Articles divers (1941-1946). « Selon Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde s’est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)
370 )w x M. de Rougemont est rentré d’Amérique. Il nous en parle simplement, avec ce sens de l’équilibre et de la mesure dont
371 ivre en Amérique que Stock publiera cet automne. Nous questionnons : Dites-nous quels sentiments le contact avec la civilis
372 k publiera cet automne. Nous questionnons : Dites- nous quels sentiments le contact avec la civilisation américaine éveille c
373 ion beaucoup plus forte que celle qu’éveillent en nous les livres ou même le cinéma. Un sentiment qui dure : pour moi, il a
374 rope. Là-bas, certaines choses vont de soi ; chez nous , elles paraissent bizarres. En France, par exemple, il était bien vu
375 ance et la Suisse. L’Américain moyen, qui connaît notre continent par les journaux, nous juge assez mal, nous considère comme
376 en, qui connaît notre continent par les journaux, nous juge assez mal, nous considère comme un pays très compliqué de gens a
377 continent par les journaux, nous juge assez mal, nous considère comme un pays très compliqué de gens assez méchants qui se
378 rande confiance… Ils voient l’Europe un peu comme nous voyions les Balkans avant la guerre. Et puis, ils ont un peu peur de
379 avant la guerre. Et puis, ils ont un peu peur de nous  ; ils craignent que nous ne soyons une source permanente de désordres
380 , ils ont un peu peur de nous ; ils craignent que nous ne soyons une source permanente de désordres et de troubles. Tous les
381 rope un grand sentiment de supériorité à cause de notre culture, l’inverse existe chez les Américains au point de vue du civi
382 masse du centre du pays, elle ne connaît rien de notre continent ; souvent, elle ignore même que la Suisse existe. Un GI m’a
383 écemment déclaré : « La Suisse ? Quand est-ce que nous avons bien pu libérer ça ? C’est si petit ! » Par souci de précision,
384 Russie. Cette impression est une réalité. Quant à notre continent, il est considéré comme une espèce de champ de bataille en
385 que vient l’initiative. Ce qu’ils ont de plus que nous , c’est un grand art du reportage, de la description. Ils ont indiscut
386 politique de la classe ouvrière, si vivante chez nous , est presque inexistante là-bas. Les grèves peuvent être violentes, m
387 lles sont tout à fait conciliables. À l’Amérique, nous pouvons apporter beaucoup de raffinement et un sens des valeurs spiri
388 un sens des valeurs spirituelles. Les Américains nous apportent la franchise dans la vie, la liberté d’allure et beaucoup d
389 entillesse. Telle est la « leçon d’Amérique » que nous a donnée M. Denis de Rougemont. En conclusion, disons que lorsque Tal
390 t introduits par la note suivante : « Un écrivain nous est revenu. Il nous est revenu de la lointaine et si proche Amérique,
391 note suivante : « Un écrivain nous est revenu. Il nous est revenu de la lointaine et si proche Amérique, emportant avec lui,
392 e et si proche Amérique, emportant avec lui, pour nous le communiquer avec la belle générosité des gens d’esprit, un riche m
22 1946, Articles divers (1941-1946). Histoire de singes ou deux secrets de l’Europe (16 mai 1946)
393 ns autant qu’ailleurs. Elle risquerait parfois de nous frapper d’une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’aband
394 frapper d’une sorte de mélancolie sceptique et de nous tenter d’abandon aux prétendues fatalités de l’Histoire. Mais il n’es
395 figure de paraboles : ils me paraissent propres à nous persuader de la fécondité de certaines valeurs que l’Europe a promues
396 ude des singes et de leur attristante psychologie nous révèle que ces faux ancêtres ne sont guère inférieurs à l’homme sous
397 ne à rester singes. Il les réduit à imiter, là où nous sommes capables d’innover en tirant les leçons d’expériences de la ve
398 ces mêmes créatures, une expérience récente peut nous fournir une seconde parabole du siècle. Cela se passe on Russie, dans
23 1946, Articles divers (1941-1946). La pensée planétaire (30 mai 1946)
399 que chose d’important : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos m
400 ortant : c’est que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent
401 st que tout le mal que nous faisons à nos voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’échelle p
402 voisins nous atteindra bientôt nécessairement, si nos moyens passent à l’échelle planétaire. La flèche servait à la guerre
403 guerre planétaire, c’est-à-dire à une guerre qui nous atteint tous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimens
404 à-dire à une guerre qui nous atteint tous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. Les dimensions de la communauté norm
405 reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive à digérer et intégrer cette pensée-là, il aura fait une
406 du globe est un fait durement établi au niveau de notre existence matérielle. Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit,
407 Avant qu’elle puisse devenir un fait de droit, il nous faudra probablement passer par une étape intermédiaire, qui est celle
408 gique : la formation d’une conscience planétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. No
409 lanétaire. Nous retardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provincia
410 ardons, il n’y a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, M
411 a pas de doute, nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, Madrilènes, Pari
412 nous retardons sur nos réalités. Nous poursuivons nos existences provinciales, Londoniens, Madrilènes, Parisiens ou Romains
413 ondoniens, Madrilènes, Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquen
414 Madrilènes, Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec
415 Parisiens ou Romains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusio
416 omains, avec nos clans, nos écoles, nos partis et nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusions perfides ou
417 t nos disputes centenaires ou quinquennales, avec nos allusions perfides ou flatteuses qui perdent pointe et sens si l’on s
418 ibles pour qui ne peut y aller voir et sentir. Et notre époque n’est pas celle des voyages, mais seulement celle des « missio
419 t rien, n’a pas de temps à perdre. C’est un raid. Nous n’apprendrons rien. Cependant qu’un beau jour le paysan normand et le
420 comprendre. Les problèmes les plus angoissants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psycholo
421 issants de nos compagnons de planète restent pour nous terres inconnues, et psychologiquement inexplorées. « Hic sunt leones
422 e l’Europe, « ici vivent les lions ». Et pourtant nous sommes destinés à découvrir un jour que ces lions sont des hommes, qu
423 our que ces lions sont des hommes, qui d’ailleurs nous prenaient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pou
424 ns sont des hommes, qui d’ailleurs nous prenaient nous aussi pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pour se demander :
425 Perse de l’Anabase et de l’Exil, et Paul Claudel, notre grand écrivain « global » ? Dans leur prose et dans leurs longs verse
426 longs versets, quel qu’en soit le sujet allégué, nous avons pour la première fois senti, sous le drapé d’un français riche
24 1946, Articles divers (1941-1946). La fin du monde (juin 1946)
427 s que la pensée se donne lorsque, se dégageant de notre condition, elle imagine des idées qui détruisent l’homme, l’on rencon
428 ère ma respiration. Et cela ne signifie point que nous n’ayons jamais pensé à notre mort avec une rapide angoisse — nous y p
429 ne signifie point que nous n’ayons jamais pensé à notre mort avec une rapide angoisse — nous y pensons bien plus que nous n’o
430 ais pensé à notre mort avec une rapide angoisse — nous y pensons bien plus que nous n’osons le croire, sans doute ne pensons
431 ne rapide angoisse — nous y pensons bien plus que nous n’osons le croire, sans doute ne pensons-nous qu’à elle — mais nous n
432 que nous n’osons le croire, sans doute ne pensons- nous qu’à elle — mais nous n’avons jamais pu penser notre mort. Contester
433 oire, sans doute ne pensons-nous qu’à elle — mais nous n’avons jamais pu penser notre mort. Contester là-dessus serait fourn
434 us qu’à elle — mais nous n’avons jamais pu penser notre mort. Contester là-dessus serait fournir l’aveu d’une impuissance à c
435 ement, ce serait aussitôt mourir. Peut-être avons- nous là le seul critère d’une perfection intellectuelle, et l’on conçoit q
436 ire sans appel. Ontologie de la fin Pour que nous apparaisse parfois l’étrangeté d’une telle situation — la nôtre à tou
437 se parfois l’étrangeté d’une telle situation — la nôtre à tous — ne faut-il pas qu’une instance mystérieuse aimante notre méd
438 e faut-il pas qu’une instance mystérieuse aimante notre méditation et qu’elle la fixe sur cela que le naturel se refuse à pre
439 e naturel se refuse à prendre au sérieux ? Car si nous restons impuissants à penser notre mort dans le vif, ce phénomène doi
440 érieux ? Car si nous restons impuissants à penser notre mort dans le vif, ce phénomène doit normalement être aperçu comme nég
441 insi, mesuré par les saisons régulières, le temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’homme savai
442 lières, le temps nous endort bien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’homme savait un jour ce qu’il en est de son
443 ’est pourquoi les bonnes raisons n’expliquent pas notre réalité, mais seulement ce qui la condamne. Ainsi, la pensée de la Fi
444 onde d’être pensée ; toutefois l’effort entier de notre vie la neutralise. D’où vient alors cette prise de conscience, d’une
445 sée de la catastrophe s’acclimate lentement parmi nous  ? D’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qu
446 ement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin qui déjà nous pénètre, sinon de la Réalité qui m’a pressé d’écrire ces pages et qui
447 ici ma phrase, me jetant dans mon jugement ? S’il nous vient à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pen
448 mon jugement ? S’il nous vient à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise déjà qui aff
449 t à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fi
450 s qui se pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l’atteste. La crise Le Bas-Empire ne fut
451 la durée ? Mais tout se mêle encore confusément. Nous sommes là comme en rêve, empêtrés, dans le sentiment d’une urgence qu
452 ve, empêtrés, dans le sentiment d’une urgence que nous ne parvenons pas à distinguer avec des yeux bien dessillés. C’est ass
453 l’Arrêt dernier, mais déjà ce ralentissement qui nous fait accéder à la conscience obscure d’un danger proche, — ce crépusc
454 , ont entrevu et tenté de juger les buts réels de notre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation ? Que
455 buts réels de notre marche séculaire. Que savons- nous du sens de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, que
456 otre marche séculaire. Que savons-nous du sens de notre civilisation ? Quelle est sa fin, dès l’origine, quel est son rêve ?
457 dès l’origine, quel est son rêve ? La grandeur ? Nous avons détruit toute mesure, et plus rien n’est grand ni petit, mais t
458 n’est grand ni petit, mais toute chose sans répit nous provoque à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre ent
459 s répit nous provoque à la dépasser. La liberté ? Nous avons encombré la terre entière de barrières destinées à protéger sa
460 lus toute l’étendue de la conscience humaine… Car notre volonté n’est plus de conquérir, mais seulement d’assurer la vie du p
461 Héros ou des grands Névrosés. Un doute règne sur nous , depuis peu. Nous essayons, mais en phrases banales de moralistes tar
462 ds Névrosés. Un doute règne sur nous, depuis peu. Nous essayons, mais en phrases banales de moralistes tardivement ressaisis
463 ’évaluer les conquêtes futures. Signe évident que nous les redoutons. (Si le temps, désormais, travaillait contre nous ?) Et
464 tons. (Si le temps, désormais, travaillait contre nous  ?) Et le monde entier s’organise à ce niveau de vie moyenne qui paraî
465 Un vaste système d’assurances s’étend sur toutes nos activités : plans et pactes, statistiques de l’imprévu, eugénisme et
466 stérilisés, guerre hors la loi, sécurité d’abord. Nous apprenons à vivre, et non plus à mourir : cet effort est contre natur
467 de la vie, et fatalement se retourne contre elle. Nous voulons échapper au temps, à sa menace, mais c’est peut-être le meill
468 onde. Car il se peut que l’assurance mondiale que nous tentons d’organiser, aménage notre ruine collective : lorsque la terr
469 ce mondiale que nous tentons d’organiser, aménage notre ruine collective : lorsque la terre entière soumise au seul pouvoir d
470 aisisse les commandes pour accomplir le Temps… Et nous serons pris au dépourvu, comme nulle autre génération. Car, tandis qu
471 e temps s’écoule, à mesure que sa fin s’approche, notre foi diminue, notre attente faiblit. La primitive Église, au début de
472 mesure que sa fin s’approche, notre foi diminue, notre attente faiblit. La primitive Église, au début de notre ère, vivait d
473 attente faiblit. La primitive Église, au début de notre ère, vivait dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous, qui
474 it dans la pensée de la fin imminente. Mais parmi nous , qui avons cru pouvoir éliminer cette dimension tragique de notre vie
475 cru pouvoir éliminer cette dimension tragique de notre vie, voici qu’un destin ironique se charge de l’approfondir. Non pas
476 e charge de l’approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même. Pour la première fois dans l’histoire du monde, nous
477 . Pour la première fois dans l’histoire du monde, nous pouvons calculer le prix de revient d’une destruction de l’humanité :
478 ent d’une destruction de l’humanité : la somme de nos budgets de Défense nationale. Avertissement Votre refuge est da
479 nce et belle âme comprises. Et ce n’est point que nous aimions la mort comme telle. Bien au contraire, ce qu’affectionne la
480 la cultivez, qui conduit à la mort et la mérite. Nous sommes tout simplement au jour du Jugement. Il sera porté aussi bien
481 tal que sur l’élan mortel. Car il ne vient pas de nous , mais d’En Face. Ici le futur nous attend, ce futur qui n’était pour
482 e vient pas de nous, mais d’En Face. Ici le futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant le présent.
483 i le futur nous attend, ce futur qui n’était pour nous qu’un recul devant le présent. Ici le temps dit oui pour la première
484 re fois à l’instant qui le juge et l’accomplit, —  notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’instant éternel. Et l’H
485 e et l’accomplit, — notre temps, qui n’était pour nous qu’un refus de l’instant éternel. Et l’Histoire tout entière dans l’a
486 s d’un seul coup à la violence de l’acte décisif, nous allons voir paraître enfin leur justification, leur être. Voici l’ins
487 apparaissant qui menace d’être insoutenable : il nous trouve sans préparation. L’on ne s’était défendu que de l’autre côté,
488 nsondablement de Celui qui d’un choix me créa. » ( Nous fûmes tous saisis d’un vertige à ce discours d’une furieuse démesure,
489 il y eut alors comme un silence qui s’imposa sur nous et jusqu’assez haut dans les cieux, en sorte que plus haut, régnant s
490 t entendre le choral d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était très grand.) Troisième jugement, ou le p
491 a son temps, tout esprit son essor. Et chacun de nous accède au destin qu’il s’est fait, à la parfaite possession de soi-mê
492 ns ! à celui qui porte avec soi la rétribution de nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvre du
493 ution de nos œuvres » — elle est en Lui, non dans nos œuvres. Commence l’œuvre du Pardon. « Et que celui qui a soif vienne
25 1946, Articles divers (1941-1946). Deux lettres sur le gouvernement mondial (4 juin 1946)
494 nt j’explique, pour ma part, cette difficulté que nous éprouvons tous. Un cabinet privé de ministère des Affaires étrangères
495 abinet privé de ministère des Affaires étrangères nous paraît comme puni et humilié ; et sans ministère de la Guerre, il nou
496 i et humilié ; et sans ministère de la Guerre, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or, le gouvernement mondial devrait se pa
497 je m’en excuse. Vous représentez ici l’humanité. Notre condition malheureuse veut que nous ne sachions imaginer le bien que
498 l’humanité. Notre condition malheureuse veut que nous ne sachions imaginer le bien que par contraste avec un mal dont nous
499 aginer le bien que par contraste avec un mal dont nous souffrons. Autrement, le bien — ou la paix — n’est à nos yeux qu’une
500 ffrons. Autrement, le bien — ou la paix — n’est à nos yeux qu’une fumée, une abstraction, c’est-à-dire, soyons francs, le c
501 que la guerre était le pire désordre imaginable à notre époque ; et que ceux qui la tenaient encore pour une nécessité, voire
502 is un primaire. Il m’assure que « à chaque guerre nous , cavaliers, avons prouvé que nous savions nous battre », ce qui est b
503 à chaque guerre nous, cavaliers, avons prouvé que nous savions nous battre », ce qui est bien la preuve que j’ai tort, et d’
504 re nous, cavaliers, avons prouvé que nous savions nous battre », ce qui est bien la preuve que j’ai tort, et d’ailleurs de n
505 z pas que je plaisantais. Car la Bombe seule peut nous débarrasser des armées, des souverainetés nationales, et de l’anarchi
506 tiennent sur la planète. Je dis que la Bombe peut nous délivrer de deux manières : soit en faisant sauter le tout, soit en n
507 anières : soit en faisant sauter le tout, soit en nous forçant d’ici peu à fédérer les hommes au-delà des nations. Vous cher
508 a culture y perdraient quelque chose de précieux. Nous serions tous fondus dans un magma informe de races, de langues, de re
509 en de l’éviter, ou plutôt d’en sortir un peu, car nous y sommes déjà bien engagés. Ce sont les guerres qui le produisent. Et
510 s… Mais je vois que ce mot de nation a créé entre nous une équivoque. Il a deux sens bien différents. Je n’ai parlé que du m
26 1946, Articles divers (1941-1946). L’Américain croit à la vie, le Français aux raisons de vivre (19 juillet 1946)
511 ce que je viens d’y vivre en six années, livrons- nous au petit jeu de société mondiale qu’est la comparaison des peuples de
512 u siècle est sans doute celle de ne point laisser nos moyens matériels de transport distancer la conscience humaine, trop é
513 conde ne l’effleure pas, tandis qu’elle règne sur notre inconscient, résidu des plus solennelles traditions religieuses de l’
514 festement oublié par la rédaction, et rajouté par nous sur la base du texte paru dans Vivre en Amérique (chapitre 4), livr
27 1946, Articles divers (1941-1946). Mémoire de l’Europe (écrit en Amérique, en 1943) (août-septembre 1946)
515 parmi les signes. Sédiments séculaires, socles de nos patries ! Monuments que l’on ne voit plus, mais qui renvoient l’écho
516 voit plus, mais qui renvoient l’écho familier de nos pas. Et ces rues qui tournaient doucement vers une place plantée d’ar
517 stionnait, répondait. La force était au secret de nos vies, nouée parfois dans une rancune obscure, ou bien dans la contemp
518 ’un vieil arbre — il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au sil
519 il était vieux déjà du temps de notre enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force éta
520 e enfance, et notre possession la plus tenace, il nous réduisait au silence. La force était chanson fredonnée, sur le seuil,
28 1946, Articles divers (1941-1946). En 1940, j’ai vu chanceler une civilisation : ce que l’on entendait sur le paquebot entre Lisbonne et New York (21 septembre 1946)
521 la guerre, oublie l’Europe. Dans quelques heures nous embarquons pour l’Amérique. Mais ici je fais le serment d’opposer une
522 ages venant des terres abandonnées du Nord et que nos paysans s’efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs
523 aître les paniques dévastatrices du ve siècle de notre ère. Et je songe au bastion que mon pays élève, nuit et jour, autour
524 i ne peut plus vivre que sous la cuirasse. Hâtons- nous , car tout peut périr. Nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas
525 us la cuirasse. Hâtons-nous, car tout peut périr. Nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce ! À b
526 . Nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce ! À bord de l’Exeter, 11 septembre 1940 Les derniers b
527 ers barrages traversés, la passerelle relevée, et nos papiers enfin déposés chez le purser, nous n’avons plus devant nous q
528 vée, et nos papiers enfin déposés chez le purser, nous n’avons plus devant nous qu’un océan sans douanes ! Dix jours vierges
529 déposés chez le purser, nous n’avons plus devant nous qu’un océan sans douanes ! Dix jours vierges, dix jours durant lesque
530 peut imaginer que la police renoncera au viol de notre vie privée. Pourtant, certains des passagers gardent encore l’air de
531 t de la liberté. Car tel est le sadisme policier. Nous venons de passer, en quatre jours de voyage, sept contrôles différent
532 s de douane et de police. Secondés par la chance, nous n’y avons passé, si je compte bien, guère plus de 22 heures, mais le
533 agers de la radio. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop près : d’heure en heure, nous n
534 io. Le monde a changé de face sous nos yeux, mais nous le regardions de trop près : d’heure en heure, nous n’avons rien vu.
535 us le regardions de trop près : d’heure en heure, nous n’avons rien vu. C’est après coup, en nous retournant, que nous avons
536 heure, nous n’avons rien vu. C’est après coup, en nous retournant, que nous avons entrevu l’ampleur et la rapidité des événe
537 ien vu. C’est après coup, en nous retournant, que nous avons entrevu l’ampleur et la rapidité des événements. Il a dit : « R
538 t. L’autre jour à Lisbonne une lady me disait : «  Nous ne serons jamais battus, parce que nous sommes un peuple qui ne sait
539 isait : « Nous ne serons jamais battus, parce que nous sommes un peuple qui ne sait pas quand il est battu. » J’ai pensé aux
540 proches défilaient au hublot ! Couru sur le pont. Nous sommes dans les passes de l’Hudson. Une brume de chaleur tropicale bl
541 de claire et neuve : la première rue américaine ! Nous approchons. Tournant la tête vers l’avant, un peu au-dessus de la pou