1
congénitale à prévoir le pire, à l’admettre, et à
se
préparer en conséquence. Nous n’avons pas encore su prendre le tempo
2
a claire vision d’un but commun et d’un péril qui
se
désigne lui-même comme total (ou totalitaire) doit bien suffire à féd
3
otestants seuls ne pourront rien faire chez nous.
S’
ils veulent rester eux-mêmes, il faut que leurs diversités se fédèrent
4
nt rester eux-mêmes, il faut que leurs diversités
se
fédèrent au service du pays. Quand le temps presse, comme aujourd’hui
5
souffrir, il n’y a qu’un Amant : tu t’égares, il
s’
enfuit. — « En vérité, vous vous cherchiez d’abord. À force de vous fu
6
ur est dévoilée, ô folle ! Mais lui les trouve et
s’
en revêt : voiles de nuit. Elle a passé tout près, ne l’a pas vu. C’es
7
s appartements du Pouvoir. Lui, la voyant passer,
s’
offusque, ou c’est le désir qui l’aveugle ? Elle est nue, ses jambes o
8
i. — Toi qui connais le maître du palais, dis-moi
s’
il vit, s’il règne encore aux solitudes. Car sinon, tu m’entends, je s
9
ui connais le maître du palais, dis-moi s’il vit,
s’
il règne encore aux solitudes. Car sinon, tu m’entends, je suis le Pri
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plus que les abords désertiques de la ville, ils
se
sont vus ! Le jour naît dans la pluie. Le Palais disparu, les jardins
11
s, il est vêtu des voiles, elle tremble nue. — Où
se
cacher encore ? dit-elle. — Dans tes voiles. — Tu les as pris. — Vien
12
et présomptueux. À mesure qu’avec les années, il
se
persuadait que sa pierre était bonne, étant bien celle de ses vœux, l
13
it bonne, étant bien celle de ses vœux, la pierre
se
mit à luire davantage ; et davantage encore il l’aimait, plus il lutt
14
fois au moins je te contemple en mon repos. Elle
s’
éteignit. Il la jeta dans le brasier cendreux. Pendant la nuit — grand
15
ant la nuit — grande était sa douleur — la pierre
se
mit à luire sous la cendre, et le grand feu flamba soudain toute la p
16
jeunesse. Et il pleurait. Une troisième fois, il
se
leva pour aller au marché de l’aube. — Tu n’as plus rien, lui dit le
17
il vue ? Ils me regardent d’un air vexé. Un valet
s’
approche rapidement et me dit à voix basse : — Puisque Monsieur est ve
18
par la bonne porte. Voilà la faute. L’inévitable
se
produisit au bout de quelques heures. J’étais épuisé, j’avais faim et
19
était assis face à la porte et me regardait comme
s’
il n’avait rien entendu. Nous nous sommes dévisagés un certain temps ;
20
tes que la balle n’est pas plus réelle que ce qui
s’
est passé dans la maison, vous supprimez à la fois toutes les question
21
ale qu’en Suisse. Depuis que les communes suisses
se
libérèrent pour la première fois de la domination médiévale des seign
22
homme libre », — celui qui n’était pas un serf, —
se
distinguait par ce fait : il avait le droit de porter des armes. Les
23
valeur réelle et les faiblesses de son voisin, de
se
faire des amitiés. Une égalité complète existe dans les baraquements.
24
i précéda la mobilisation générale de cinq jours,
se
fit en quelques heures, le long de toutes les frontières de la Suisse
25
rapide de divisions motorisées pourrait seulement
se
faire en évitant les villages et en passant à travers les forêts ou l
26
allemande ont renforcé la volonté des Suisses de
se
défendre. Le contact entre les hommes et le sol, entre l’armée et le
27
, entre le présent et les traditions historiques,
s’
est vu raffermi par cette longue période de mobilisation. La Suisse fu
28
Les 4/5e du trafic entre l’Allemagne et l’Italie
se
font par le Gothard ou le Simplon. Ces tunnels sont puissamment minés
29
olémique avec le mystère, il arrive à certains de
s’
oublier jusqu’à donner de l’amour une ou plusieurs définitions. Ah ! p
30
de l’assemblée des mots qui font la cour : le Roi
s’
approche. Toute éloquence est amoureuse, excitée par l’amour qui la r
31
mais l’imagination active du désir qui lentement
s’
approche de son terme. Quand le désir s’empare d’un homme, il arrive q
32
lentement s’approche de son terme. Quand le désir
s’
empare d’un homme, il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que l
33
qu’il le rende muet. Il arrive même que le désir
se
manifeste tout d’abord par ce mutisme. À tel point que l’homme ne ret
34
age de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit
se
libère. La volupté serait un phénomène analogue à celui de l’hypnose
35
n’aime que cela : regarder longtemps en silence,
se
perdre dans des yeux. (Certaines heures, soirs, aubes, passages.) L’i
36
vresse naissante des amants, c’est le silence qui
s’
établit entre eux. L’approche des yeux, dès qu’ils ont accepté tout le
37
ement peut rester libre, mais il semble que l’âme
s’
extériorise et tombe sans fin dans le regard unique. Durant certaines
38
Durant certaines secondes, elle dépasse le temps,
s’
approche des bords d’une immobilité sans fond où elle se penche… Maint
39
oche des bords d’une immobilité sans fond où elle
se
penche… Maintenant un seul œil est visible dans ce visage décomposé e
40
expression, regard absolu de l’angoisse. Si l’un
s’
écarte à ce moment, les voici vacillants comme hors d’eux-mêmes. Alors
41
a contemple. Et il la nomme dans sa pensée, comme
s’
il doutait… Adolescence ! Le charme du désir est celui du silence : i
42
loigne sans fin le terme. Tu n’entends que ce qui
s’
interrompt. Tu ne sais rien que tu ne perdes. Car ce n’est pas le savo
43
ilence des astres ! Fondues nos âmes ? Deux corps
s’
endorment dans leur paix, et l’être enfin comblé ne sait plus où se pr
44
leur paix, et l’être enfin comblé ne sait plus où
se
prendre. Il se ramène en soi, se divise en ses ombres. Ainsi passent
45
’être enfin comblé ne sait plus où se prendre. Il
se
ramène en soi, se divise en ses ombres. Ainsi passent les heures d’av
46
ne sait plus où se prendre. Il se ramène en soi,
se
divise en ses ombres. Ainsi passent les heures d’avant l’aube, dans l
47
ent de l’âme et les métamorphoses indicibles. Lui
s’
éveille parfois tout à fait, et ses yeux dans le noir imaginent. Une é
48
ses yeux dans le noir imaginent. Une étreinte qui
s’
égalerait à l’Infini. Se fondre en un seul être, mais que cet être acc
49
aginent. Une étreinte qui s’égalerait à l’Infini.
Se
fondre en un seul être, mais que cet être accède ensuite au commerce
50
eur amoureuse, par mille étreintes successives il
s’
élève à la jouissance imaginaire et désespérément consciente de l’Être
51
ment consciente de l’Être. L’aube point. L’esprit
se
tourne vers les choses et les dénomme d’un regard. Un corps auprès du
52
nous le révèle bien différent. Il fallait certes
s’
y attendre, et pourtant l’on demeure surpris. C’est que tout, dans ses
53
fragments de dates diverses, l’on ne verra point
se
dégager de conclusions tout à fait claires : il y a trop de contradic
54
alentendus entre un auteur et ses lecteurs. Or il
se
peut que ce soit l’attitude de la plupart des écrivains modernes.) J
55
sa vie ». Liszt à la fin d’un concert triomphal,
s’
incline et prononce à mi-voix : « Je suis le serviteur du public, cela
56
Et ceux qui ne la briguent point risquent fort de
se
rendre antipathiques. Jamais la foule n’a jugé ridicule que l’on affi
57
ublic qui la lui prête parce que d’abord l’auteur
s’
y est prêté. Quant à moi, je suis trop égoïste pour me laisser aller à
58
ur goût sentimental de « l’Art ». Mais comme tout
se
complique et se retourne ! Celui qui veut la gloire, est-ce qu’il man
59
tal de « l’Art ». Mais comme tout se complique et
se
retourne ! Celui qui veut la gloire, est-ce qu’il manquerait d’orguei
60
ut la gloire telle que lui seul serait capable de
se
la décerner ? L’idée moderne de la gloire nous vient, dit-on, de la
61
dit-on, de la Renaissance. Glorieux est celui qui
s’
affirme en différant, bien plus qu’en excellant. C’est donc l’individu
62
n plus qu’en excellant. C’est donc l’individu qui
se
distingue, — n’importe où. (Crimes commis pour s’acquérir la gloire,
63
se distingue, — n’importe où. (Crimes commis pour
s’
acquérir la gloire, fréquents dans l’Italie du xve siècle.) Le besoin
64
es confirmateurs de son être. C’est que l’acte de
s’
écarter d’une communion ou d’une communauté, écarte aussi de soi, et l
65
aussi de soi, et l’on éprouve alors le besoin de
se
faire confirmer. Un homme en communion active avec les hommes qui l’e
66
’est là, non pas dans la beauté de son œuvre, que
s’
est constituée sa gloire.) Et cependant, je me suis surpris à désirer
67
dieu n’a pas besoin d’adorateurs pour rayonner et
se
réjouir de son être. Oui, c’est bien là le privilège d’un dieu. Et la
68
ussi le meilleur moyen de sauver son incognito en
se
donnant l’air, précisément, d’y renoncer ? Autre avantage de la gloir
69
Si l’on condamne sa propre vanité, le mieux pour
s’
en débarrasser serait d’en parler ouvertement. Comme un menteur qui di
70
Ainsi Dieu est mon adversaire. C’est lui seul qui
s’
oppose à ma gloire, et qui me sauve malgré moi de mon triomphe. Il n’y
71
ne tradition que pour en fonder une nouvelle, qui
se
révélera sans doute conforme à la tradition de la langue, à son génie
72
i par son côté sensationnel. L’article ensuite ne
se
déroulera pas suivant un plan logique, mais suivant la ligne de plus
73
s l’effet de choc ou d’accumulation lyrique. L’un
s’
attache à la construction statique, l’autre au rythme. L’esprit frança
74
re qui veut agir dans l’immédiat, ou de celle qui
se
préoccupe davantage de durer, laquelle a le plus de chance d’avenir d
75
n–juillet 1943, p. 15-17. g. L’édition numérique
se
fonde sur la réédition de 1945, p. 2-4.
76
es nations sous l’uniforme barbarie — je les vois
s’
élever rayonnants dans la lueur éternisée d’un soir d’été, après l’ora
77
ophe. Tout un âge, un climat de musiques, soudain
se
fixe en nos mémoires, s’idéalise. Un « bon vieux temps » de plus, tou
78
mat de musiques, soudain se fixe en nos mémoires,
s’
idéalise. Un « bon vieux temps » de plus, tout près de nous… Le bon vi
79
it dans nos vies. Nous sommes pareils à celui qui
s’
éveille et goûte encore quelques instants les délices d’un rêve inache
80
que c’est fini. Brève dispense, le temps d’un peu
se
souvenir… Il faut se lever. Il faut entrer résolument dans le grand j
81
dispense, le temps d’un peu se souvenir… Il faut
se
lever. Il faut entrer résolument dans le grand jour du siècle mécaniq
82
ue, accepter pour un temps sa loi, en préservant,
s’
il se peut, dans nos cœurs, ce droit d’aimer, cette bonté humaine plus
83
ccepter pour un temps sa loi, en préservant, s’il
se
peut, dans nos cœurs, ce droit d’aimer, cette bonté humaine plus inut
84
e et le bouleversement des habitudes où l’énergie
s’
enlise. Ce besoin d’être provoqué pour montrer de quoi l’on est capabl
85
dans l’autobus, une petite dame assise devant moi
s’
écrie, voyant s’abattre une pluie d’orage sur la Concorde : « Et moi q
86
une petite dame assise devant moi s’écrie, voyant
s’
abattre une pluie d’orage sur la Concorde : « Et moi qui ai oublié mon
87
ns un silence de catacombes. Centre du monde ! Il
s’
en va, coudoyant la foule et traversant les lieux publics avec cette g
88
t qui est aussi la grande réponse ; et les démons
s’
éveillent sur son passage, il n’y a plus nulle part d’indifférence pos
89
serait de haïr, ou d’être déçu par l’amour, ou de
s’
inquiéter des rumeurs qui glissent au travers de propos superficiellem
90
territoires envahis. Le passé, le présent réduits
se
rétrécissent vers la catastrophe. Il n’est plus d’autre issue que la
91
vant, où aller, où rester, où demeurer quand tout
s’
en va, et que penser si je ne puis — rien dire ou faire qui s’accorde
92
que penser si je ne puis — rien dire ou faire qui
s’
accorde à ces temps ? « Une nuit viendra, pendant laquelle personne ne
93
es, hier encore presque aussi vaste que la terre,
se
rétrécit de jour en jour et d’heure en heure, à chaque fois que j’all
94
e cet œil vert — pays perdus, souvenirs saccagés.
S’
il y avait une victoire enfin, ce serait un retour du passé. Vaudrait-
95
évolte… Ils en ont, ils en ont sûrement quand ils
s’
endorment épuisés, sur un talus, ou pire encore ! ils en ont au réveil
96
quence fort imprévue : elle empêcha les hommes de
se
rendre compte de l’ampleur et de la rapidité des bouleversements qu’i
97
mme un homme qui vient de tomber sur la tête, qui
se
relève, se tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t-il vivre ? A
98
e qui vient de tomber sur la tête, qui se relève,
se
tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t-il vivre ? A-t-il rêvé
99
es terres abandonnées du Nord, et que nos paysans
s’
efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu r
100
s maisons dominaient une vallée, de l’autre elles
s’
élevaient à peine d’un étage au-dessus des champs de roses et des blés
101
. Rares sont les boutiques, et même les cafés. Et
s’
il passe une auto, c’est une de ces voitures branlantes qui semblent n
102
la plaine, escortée de quelques maisons ; l’autre
s’
incline lentement vers la vallée, dans les vergers. Je m’étais arrêté
103
chemin de son champ. En passant au carrefour, il
s’
est dit : « Peut-être est-elle à Mandres, c’est donc jour de marché. »
104
edonnée, sur le seuil, au matin d’une journée qui
se
liait aux autres… (Quand ta force devient visible, c’est comme le san
105
est comme le sang, c’est que tu es blessé, ta vie
s’
en va). La force était mémoire et allusion, elle était ce vieil arbre
106
Un peuple
se
révèle dans le malheur (février 1944)k Autrefois et naguère encore
107
le grand héros de la France. Soudain, l’étranger
s’
aperçoit d’une vérité aussi vieille que l’Europe mais constamment méco
108
se à l’éloquence traditionnelle, le refus même de
se
complaire dans le lyrisme de la catastrophe ; c’est pour tout dire, l
109
roïsme populaire. Ce peuple en noir au regard vif
s’
est révélé face au danger. Il manquait d’armes, il lutte avec sa digni
110
elques semaines en territoire conquis, l’Allemand
s’
est senti dominé par une force étrange et qui l’intimidait : le regard
111
avec une rage panique ; ils continuent, mais ils
se
savent battus. Depuis qu’ils ont rencontré ce regard… k. Rougemont
112
ce regard… k. Rougemont Denis de, « Un peuple
se
révèle dans le malheur », Fontaine, Alger, février 1944, p. 353-354.
113
e certaine grièveté qu’ils présentent, comme cela
se
dit d’une blessure… Le critique. Oui, oui… Mais ne tirez pas argumen
114
n’allez pas me dire que c’est la bonne manière de
se
faire comprendre ? Le critique. On voudrait être sûr que vous vous c
115
ridicule de défendre mon propre point de vue. Il
se
peut que cette maladresse m’en apprenne davantage qu’une feinte aimab
116
que l’on pose cette question, il me semble qu’on
se
voit condamné à des réponses ou plates ou mystérieuses. Ne serait-ce
117
e notre langage intellectuel et scientifique, qui
se
distingue du langage courant par le souci de contrôler ses convention
118
ent au débat des idées claires ! Mais il faudrait
s’
entendre tout d’abord sur la nécessité de cette clarté. Pour ma part j
119
n’est autre que la cohérence, la vérité elle-même
s’
y trouvant ordonnée à la logique de l’enchaînement des phrases. Autrem
120
ngage, est que tout est donné au départ, et qu’il
s’
agit de ne rien introduire dans la chaîne des arguments qui n’ait été
121
de la rhétorique flamboyante. Le romantisme a pu
s’
impatienter d’une allure aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût
122
aussi scrupuleuse, mais c’est qu’il a le goût de
se
tromper et de tromper. A. Pour moi, je crains une duperie moins naïv
123
u langage du sens commun, aux images que pourrait
se
former du phénomène un observateur non savant. Maintenant, ces phrase
124
ce discours n’est qu’un certain système d’images.
S’
il se distingue du parler quotidien, c’est avant tout par cette cohére
125
scours n’est qu’un certain système d’images. S’il
se
distingue du parler quotidien, c’est avant tout par cette cohérence,
126
par la science, ces modèles d’expression claire,
se
réfèrent en réalité à des formes courantes du langage, vidées de leur
127
uand le tout, quand la fin nous échappent ! Comme
s’
il était licite, et même possible, de partir de certains éléments et d
128
la belle absurdité, la magnifique carte postale !
S’
il est une chose que l’expérience humaine me paraît avoir établie — je
129
une fois de plus avec curiosité le glissement qui
s’
opère dans vos propos : je vois que vous allez passer sans crier gare
130
s. Elle dispose en bon ordre ses repères, et puis
s’
ébranle à reculons vers l’inconnu, les yeux toujours fixés sur son jeu
131
son jeu d’évidences. On conçoit dès lors qu’elle
se
meuve avec tellement de précautions, vérifiant à chaque pas le chemin
132
inante, instantanée, dont la trace ne tarde pas à
s’
évanouir dans mes yeux Cela suffit pourtant à guider quelques pas. Les
133
st pourquoi le langage de la vision ou de la foi,
s’
il était pur, serait absolument inexplicable, et évident. Il n’y aurai
134
t compte du tout qui les englobe. Ou c’est encore
se
garder avec soin de les définir autrement qu’en vue de cette fin dern
135
es idées à quelques éléments isolés de mesure. Il
s’
organise tout naturellement en discours, en phrases liées par voie de
136
du terme, encore une fois, que les contradictions
s’
éclairent et se résolvent, et non pas à partir d’éléments que j’aurais
137
e une fois, que les contradictions s’éclairent et
se
résolvent, et non pas à partir d’éléments que j’aurais distingués dès
138
e j’aurais distingués dès le départ. Une parabole
se
comprend par la fin. Comme l’expédition de Colomb partant pour reconn
139
e fit : Jésus racontait des histoires pour qu’ils
s’
en souviennent mieux plus tard. C’est comme les noix qui ont une coqui
140
lle très dure. On peut les emporter sans qu’elles
se
gâtent, et quand on a faim, on les ouvre. C. Encore une petite quest
141
oublie les grandes et graves raisons qu’il y a de
se
taire, ou de parler seulement selon le droit et la décence, en toute
142
je ne sais quels extatiques ou esprits relâchés,
s’
abandonnent aux hasards de tricheries qui les flattent. Ils appellent
143
re, et qui soit telle que la question du droit ne
se
pose plus. C’est l’attitude de l’homme qui a vu quelque chose, ou sim
144
faire pressentir à d’autres hommes. Une vision ne
se
transmet pas, c’est le contraire d’une carte postale. Il s’agit donc
145
t pas, c’est le contraire d’une carte postale. Il
s’
agit donc de disposer l’esprit dans une certaine orientation au moyen
146
t fait leur chemin dans l’élite de la Résistance.
S’
agit-il d’une influence directe, ou d’une prise de conscience spontané
147
s large et constructive. Les événements eux-mêmes
se
sont chargés de faire la critique de tant d’incohérences au sein desq
148
oient remis au service de l’homme qui crée et qui
se
veut responsable ? Si nous choisissons la seconde voie, la doctrine d
149
ons la seconde voie, la doctrine du personnalisme
s’
impose à l’attention sérieuse. Les jeunes gens qui prenaient conscienc
150
ait pas meilleure. Là encore, la personne humaine
se
voyait attaquée, disséquée, réduite de plus en plus à l’irresponsabil
151
ire perdu dans l’océan de l’inconscient. D’autres
s’
appliquaient à la réduire à des déterminismes biologiques, ou sociolog
152
prescriptible d’un homme à dire je, à dire moi, à
se
considérer comme une cause efficiente, comme un individu responsable,
153
contre l’homme. Or l’individu, sur lequel voulait
se
fonder la démocratie d’un siècle dernier, et le soldat politique sur
154
ernier, et le soldat politique sur lequel a voulu
se
fonder le totalitarisme de ce siècle, ne sont pas des hommes complets
155
iques des diverses tendances personnalistes, tous
s’
entendaient fort bien sur des formules de ce genre : les institutions
156
amais totalitaire. Un certain nombre de mots-clés
se
retrouvent dans tous les ouvrages publiés par les personnalistes : vo
157
de et une action. Certes, beaucoup de philosophes
s’
étaient intitulés « personnalistes » ou l’avaient été avant la lettre
158
idéale, mais quelques principes d’action. Car il
s’
agissait pour les personnalistes d’un changement spirituel d’abord, le
159
nstitutionnels n’ayant de valeur à leurs yeux que
s’
ils traduisaient réellement une attitude nouvelle de l’homme aux prise
160
te ou de gauche édifiaient des plans abstraits et
se
bornaient pratiquement à revendiquer des réformes isolées ou matériel
161
qu’un simple civil pourrait du jour au lendemain
se
transformer en bon manœuvre. Les politiciens déclarèrent le projet ut
162
ans plusieurs usines de la région parisienne, ils
se
firent embaucher par groupes, comme manœuvres. Au bout de trois jours
163
ait être le seul officier de réserve français qui
se
fût jamais blessé avec son propre sabre ! Les pionniers du service ci
164
mmunauté ni trop étroite ni trop vaste. Isolé, il
se
comporte comme un fou. Noyé dans une collectivité informe, il sera fr
165
informe, il sera frustré de toute possibilité de
se
faire entendre ou d’agir personnellement. Il n’existe vraiment comme
166
ique. La paresse d’esprit et l’inertie ont laissé
se
constituer au xxe siècle des cadres démesurés, simplifiés jusqu’à la
167
es communes8, un régime uniforme. C’est pourquoi,
se
plaçant dans la ligne des forces les plus actives, sinon les plus spe
168
s plus spectaculaires du siècle, le personnalisme
se
déclara fédéraliste, ou « pluraliste ». Au centre unique, étendant su
169
rieux et l’excès d’idées neuves. Hors d’eux-mêmes
s’
opposaient à leur action : les grands intérêts capitalistes, les polit
170
ait mieux attendre encore un temps, plutôt que de
s’
engager dans une propagande trop coûteuse pour rester pure. Au reste,
171
pliquait un progrès organique, forcément lent. Il
s’
agissait de gagner des hommes, un à un, non des masses. La guerre et l
172
ssayais de m’entendre d’abord ? Et de comprendre,
s’
il se peut, la question que cette guerre pose et ne peut résoudre. ⁂ P
173
is de m’entendre d’abord ? Et de comprendre, s’il
se
peut, la question que cette guerre pose et ne peut résoudre. ⁂ Par dé
174
e la guerre actuelle : il importe de voir qu’elle
se
passe d’abord en chacun de nous, et qu’elle figure dans son ensemble
175
ginative, affective, sexuelle, intuitive, etc. et
se
réduit théoriquement à la raison commune, il arrive que les facultés
176
ive que les facultés exilées dans son inconscient
se
révoltent soudain et l’attaquent en force, par une espèce d’éruption
177
éruption volcanique nommée névrose. Alors l’homme
se
croit menacé par ce qu’il appelle des esprits. Il est victime de terr
178
écutent et lui rendent l’existence impossible. Il
se
persuade que des forces absolument distinctes de son être l’attaquent
179
« autre » n’est en fait qu’une part de lui-même.
S’
il comprend cela et s’il le croit, le malade guérira peut-être. Sinon,
180
it qu’une part de lui-même. S’il comprend cela et
s’
il le croit, le malade guérira peut-être. Sinon, il faudra l’enfermer
181
st l’humanité. La partie consciente de l’humanité
se
voit attaquée par des figures de cauchemar qui symbolisent un inconsc
182
té de raisonner cet inconscient et de le forcer à
se
tenir tranquille. Privé de moyens de s’exprimer à sa manière, affolé
183
forcer à se tenir tranquille. Privé de moyens de
s’
exprimer à sa manière, affolé par nos arguments, il n’a plus trouvé d’
184
emar envahit la planète. L’humanité comme aliénée
se
flagella et se meurtrit : elle fait la guerre. Exactement, elle se la
185
planète. L’humanité comme aliénée se flagella et
se
meurtrit : elle fait la guerre. Exactement, elle se la fait. Elle ne
186
meurtrit : elle fait la guerre. Exactement, elle
se
la fait. Elle ne tardera pas à tomber épuisée et à se passer la camis
187
a fait. Elle ne tardera pas à tomber épuisée et à
se
passer la camisole de force d’un régime d’ordre pour incurables : ce
188
éments. Si cette génération n’a pas le courage de
s’
avouer plus profondément qu’aucune autre, il ne faut en attendre rien
189
les balles pour la Patrie ou pour le parti. Mais
s’
il n’y a plus de guerres, qui fera les héros ? Qui réveillera le sens
190
ait pousser jusqu’au paroxysme. Et comment vivre,
s’
il n’y a plus de paroxysmes ? La guerre nous plaît. Nous le nions tous
191
n absolue de fabriquer des armes et d’enseigner à
s’
en servir ? Je ne sais pas mieux que la plupart ce qui résulterait d’u
192
staches qui tremblent avant même que la bouche ne
s’
ouvre. Et cependant, ils ne sont guère capables de me donner sur-le-ch
193
nstre avec lequel nous n’avons rien de commun. Il
s’
agit de le détruire avant toute autre tâche. Point de vue indispensabl
194
rre. Point de vue stérile et désastreux dès qu’il
s’
agit de la paix. Hitler n’est pas en dehors de l’humanité, mais en ell
195
re contre nous. C’est en nous-mêmes d’abord qu’il
se
dresse contre nous. Et quand nous l’aurons tué, il nous occupera sans
196
de nous, la part du diable dans nos cœurs. Hitler
se
taira d’ici peu. Son aventure prendra fin dans la catastrophe prévue.
197
stile ou criminelle dont il nous paraît animé. Il
se
charge à nos yeux d’une puissance de terreur dont nous n’avions sans
198
tinct ou quelque tentation pour les supprimer. Il
s’
agit de les utiliser, ou de s’en guérir ; sinon soyons certains qu’ils
199
r les supprimer. Il s’agit de les utiliser, ou de
s’
en guérir ; sinon soyons certains qu’ils vont revenir en force, sous u
200
es périmées (c’était son droit et son devoir), il
s’
est méthodiquement refusé à laisser naître des coutumes nouvelles (en
201
ilitude assez exacte : si nos animaux domestiques
se
révoltaient soudain, nous attaquaient, exigeaient que nous les adorio
202
giques, dans les masses, à l’échelle du globe. Et
s’
il faut des experts autour du tapis vert, qu’on appelle des psychiatre
203
ont un moindre mal. » Et certes, en politique, il
s’
agira toujours, au mieux, de moindres maux. Mais la question est de sa
204
ption du mariage au siècle dernier ; ou lorsqu’il
s’
agissait d’apprécier le rôle du sacré, l’âme collective, la création a
205
argent, ne portent ni inscriptions ni nombres, et
s’
inspirent de modèles vénitiens. Dix-sept d’entre elles sont conservées
206
ui quatre exemplaires de 50 cartes chacun. Ce jeu
se
compose de cinq séries de 10 cartes, nommées les Conditions de la vie
207
nt de le voir. Les origines du tarot, selon nous,
se
perdent littéralement dans la nuit des temps. Nous soutiendrons cette
208
ue d’après sa cuisinière. Il était perruquier et
se
nommait de son vrai nom, Alliette. Il redécouvrit le tarot pendant la
209
Éliphas Lévi (l’abbé Alphonse Louis Constant), ne
se
privent pas de dénoncer ses erreurs, mais se montrent enclins aux mêm
210
, ne se privent pas de dénoncer ses erreurs, mais
se
montrent enclins aux mêmes complaisances interprétatives que le maîtr
211
sont exacts, mais malgré ces changements on peut
se
servir de son jeu. Il est préférable d’employer les suivants, mais en
212
leur vente est interdite dans de nombreux pays),
s’
inspirent de modèles du xviiie siècle avec plus ou moins de fidélité.
213
udition. Et depuis Court de Gébelin, la décadence
s’
est accentuée. On trouve même aujourd’hui des cartes de tarot à figure
214
ces contrefaçons la valeur tout accidentelle qui
s’
attache aux raretés monstrueuses. C) Significations. Nous donnons en r
215
fet, chacune des lames du tarot (arcanes majeurs)
s’
identifie à : 1. une planète 2. un signe du zodiaque 3. une lettre de
216
ymboles, à l’examen d’une attention qui consent à
se
laisser docilement absorber, ne tardent pas à révéler deux caractères
217
isation intime du Grand Œuvre des alchimistes. Il
s’
agirait de passer, à travers ce yoga, de l’illusion à la réalité, et d
218
tandis que l’étudiant apprenait les symboles, il
s’
exerçait inconsciemment à la concentration, à la visualisation, à l’ex
219
harlatanesques, dont les modernes ont cru pouvoir
se
rendre maîtres. Terminons sur une anecdote. Le lendemain de la libéra
220
vert était seule restée debout. Les deux peintres
s’
étant approchés y virent « jetées comme par la main du destin » une sé
221
occupants. Message suspect, ajouterons-nous : il
s’
agissait de cartes allemandes portant au lieu des coupes, bâtons, deni
222
Alta d’après Etteilla : Le grelot de la Folie
s’
adapte indistinctement à tous les anneaux de notre chaîne. La surface
223
ement habillé, portant une rose à la main, et qui
s’
arrête au bord d’un précipice pour contempler l’espace au-dessous et a
224
un fou… et un regard qui perce toutes choses sans
s’
arrêter à aucune. (Le Fou) exprime le type du pèlerin-sage (selon la s
225
parfait, doit apparaître aux yeux des autres. Il
s’
est libéré des systèmes de castes, des hiérarchies sociales. Il n’a pl
226
s plus de signification réelle que l’ego, dont il
s’
est débarrassé depuis longtemps. L’une et l’autre sont les illusions q
227
ongtemps. L’une et l’autre sont les illusions qui
s’
interposent entre l’homme et son essence divine innée… Le fol errant n
228
ons, ni lieu où reposer sa tête. Cependant, il ne
se
sent frustré de rien de tout cela. Il est en union avec l’Univers, sa
229
rs et les arcanes. C’est pourquoi, prenons garde,
s’
il nous advient jamais de rencontrer quelqu’un qui ne soit rien, ni ho
230
n garde à la manière dont nous le traiterons ! Il
se
pourrait qu’il soit le Saint-Esprit incarné, le Christ errant de nouv
231
st errant de nouveau parmi les hommes Et de plus,
s’
il y condescendait, il pourrait bien être capable de nous révéler le d
232
d’Elie Alta, d’après Etteilla : La lettre Iod
se
rapporte à la plupart des idées du nombre 10. Elle a le sens de main,
233
10 doigts. Elle symbolise la manifestation qui va
se
produire, la potentialité d’un événement. Idée d’eau, de liquide. As
234
de Mercure. On y considère la santé, si l’absent
se
porte bien… On demande quant à la femme si elle est impudique. Figur
235
ransmutations matérielles ou physiques… Celui qui
s’
élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé. Synonymes. Droi
236
ques… Celui qui s’élève sera abaissé et celui qui
s’
abaisse sera élevé. Synonymes. Droite : Fortune, bonheur, bonificatio
237
bleu pâle du ciel indique que la paix spirituelle
s’
établira finalement quand les tensions entre les éléments seront équil
238
une activité solaire. Trois cercles concentriques
s’
y inscrivent : Père, Mère, Fils. Au milieu, une roue à 8 rayons signif
239
ns). L’autre roue ne porte pas de signes, mais il
se
peut qu’elle en ait porté autrefois. À l’extrémité de chacun des rayo
240
t placée une des lettres du mot T A R O, qui doit
se
lire dans le sens des aiguilles d’une montre. À l’extrémité de chacun
241
ant hébraïques. La division quaternaire du cosmos
se
retrouve ici au plus bas niveau de la conscience, encore solaire et c
242
nubis, mi-loup mi-homme, coloré en rouge (désir),
s’
élève de la matière et évolue vers le Père : c’est l’homme qui s’éveil
243
atière et évolue vers le Père : c’est l’homme qui
s’
éveille des profondeurs, et qui commence à monter vers l’appel du Sphi
244
u des tarots, Paris, 1781. Etteilla : Manière de
se
récréer avec le jeu de cartes nommées tarots, Amsterdam, 1783-1985. —
245
liberté. L’inspiration passait par ces canaux et
se
communiquait par eux. Les règles étant connues, amateurs et critiques
246
es régulières dont le rêve compose ses drames. Il
se
peut même que ces figures ne soient, à l’origine au moins, que l’affl
247
ait son apparition, et que la réalité quotidienne
s’
introduit dans les romans. Conjonction lourde de présages. Quelques an
248
l’inspiration pure, comme la colombe de Kant qui
s’
imagine qu’elle volerait mieux dans le vide, l’artiste crut qu’il irai
249
Il tomba dans « la réalité », coupa ses ailes et
se
fit romancier ou paysagiste d’après nature. Le sociologue et le photo
250
personnages et d’aventures très simples. Le mythe
se
développe en légende, et la légende sacrée convoie un enseignement re
251
s dieux prennent figure d’hommes, que les statues
se
mettent à ressembler aux hommes, que l’homme devient de plus en plus
252
centre et son sujet d’étonnement favori, le mythe
se
rapproche de l’histoire. Il gagne en intérêt tout ce qu’il perd en ma
253
man moderne. À partir du xviiie siècle, le roman
se
sépare volontairement du conte. Aussitôt, on le voit se gonfler de ps
254
are volontairement du conte. Aussitôt, on le voit
se
gonfler de psychologie, de lyrisme, d’histoire, de politique, de docu
255
lation romanesque, dont le plus grand spéculateur
s’
appelle Balzac. Avec lui, après lui plus encore, le roman tourne à l’«
256
moyens d’expression. Mieux on l’imite et plus on
s’
écarte de l’art. Avec une incroyable étourderie, certains demandent al
257
t que l’insignifiance observable. C’est ce qui va
se
produire après Balzac. Le roman pousse deux branches d’importance iné
258
ann, Dominique. Ces récits intéressent le lecteur
s’
il se retrouve dans le héros. La part de l’art y est réduite à celle d
259
Dominique. Ces récits intéressent le lecteur s’il
se
retrouve dans le héros. La part de l’art y est réduite à celle du sty
260
sme social. C’est là que va triompher la terreur,
se
déchaîner la chasse impitoyable aux artifices de la fabulation. Maint
261
ion. Maintenant, le romancier prétend décrire. Il
s’
excuse d’imaginer. Il ambitionne de conformer son art aux « lois de la
262
issance, au double sens de l’expression. Mais que
se
passe-t-il lorsque le romancier nous fait savoir qu’il a mis dans son
263
étorique entraîne deux séries de conséquences qui
se
révèlent également ruineuses. 1°) — Le romancier moderne a perdu l’au
264
moderne a perdu l’autorité magique du conteur. Il
s’
est privé volontairement du bénéfice de « l’art de persuader » traditi
265
avant de lui raconter la même histoire, que cela
s’
est passé tout à l’heure, dans la rue, il ferait aussitôt mille object
266
e cigarette blonde et consulta l’indicateur. » Il
s’
agit de me faire croire que c’est vrai. Il faut donc me fournir des pr
267
eur paraît désireux de me convaincre — au lieu de
s’
abandonner à son rythme d’images — plus j’exige un récit vraisemblable
268
de point final. Il y a jeu quand les conséquences
s’
épuisent avec le dernier coup ; mais le sérieux de la vie est, par déf
269
est l’expression de l’embarras d’un écrivain qui
s’
est privé des secours de l’art. D’ailleurs cet allongement, trop souve
270
e cette fidélité à la vie que M. Jules Romains va
s’
interdire, dit-il — « les enchaînements arbitraires et le picaresque »
271
blement qu’une captatio benevolentiae où l’auteur
se
montre attentif à ne promettre rien qu’il ne sache attendu. « Le roma
272
on propre roman, M. Romains ajoute : « Le lecteur
se
demandera : où cela va-t-il ? Des personnages se perdent… » Mais, rép
273
se demandera : où cela va-t-il ? Des personnages
se
perdent… » Mais, répond notre auteur, comme pour se justifier, n’en v
274
perdent… » Mais, répond notre auteur, comme pour
se
justifier, n’en va-t-il pas de même dans la vie ? Les romans traditio
275
ie réelle. Avouer l’ambition d’écrire un livre en
se
conformant aux « lois de la vie », c’est doublement tricher : avec la
276
s à grand tirage. Le genre proprement romanesque
s’
éteindra dans le même temps que l’ère bourgeoise et pour avoir commis
277
cieux, etc. La situation, donnée d’entrée de jeu,
se
résout complètement à la fin du livre, et ne comporte qu’un nombre fi
278
nauté : des clubs de fanatiques du roman policier
se
sont fondés un peu partout. La vogue actuelle du roman historique pou
279
temps. Mais l’impureté du genre, c’est qu’il peut
se
passer de la crédibilité intrinsèque du conte, par le recours à l’aut
280
tabous comme ressorts de l’action, ou qu’enfin il
se
fît un prestige de les contredire et miner. Tout cela ne durera plus
281
n « étude ». Mais le besoin de lire des fables ne
s’
éteindra pas pour si peu ; et moins encore, le besoin d’en conter. L’i
282
; et renonçant à prouver qu’il dit vrai, aussitôt
se
verra restituer les prestiges de la persuasion. Notre monde retentit
283
s. Il ne rejoindra le sens vrai de nos vies qu’en
se
livrant à la logique profonde des symboles et des mythes de l’âme. To
284
ves qui vont naître au lendemain de cette guerre,
se
rapprocheront des types de libre création, des paraboles que furent e
285
llets et les boules sont vivants et ne cessent de
se
déplacer. 3. Coup de sifflet donné par l’arbitre, appel d’un des jou
286
ion en termes de grâce et de prédestination. Mais
s’
il est vain de nier le fait, il ne l’est point de mettre en doute son
287
, entre cieux stations de métro, dans la foule où
se
cherchent des yeux — ils se détournent aussitôt que frappés et c’est
288
tro, dans la foule où se cherchent des yeux — ils
se
détournent aussitôt que frappés et c’est toujours : « Ô toi que j’eus
289
eût été changé à l’instant même, sans que nul ne
s’
en doute. ⁂ J’étais sceptique, en ce temps-là. Je disais à ce romancie
290
usage et l’étiquette. Siegfried et Brunehilde qui
s’
avancent l’un vers l’autre, dans la scène du hanap, ce sont des offici
291
s la scène du hanap, ce sont des officiants… Tout
se
passe comme si les deux amants se trouvaient désignés non par un sort
292
triche, une fois de plus, quand il feint que cela
se
produise à l’improviste, comme au coin d’un bois… Il me vient une ima
293
che dont on vide trois verres d’un seul trait, en
se
regardant dans les yeux. Je me sentis pâlir violemment. Nous passons
294
iolemment. Nous passons à table. Mon hôte bientôt
s’
inquiète : « — Vous êtes pâle et vous ne mangez rien ! Vous sentiriez-
295
a presque pas touché aux mets servis. Le déjeuner
se
termine toutefois sans que mon hôte ait paru remarquer que mon malais
296
gieux. Il bavarde encore en prenant le café, puis
s’
excuse d’avoir à regagner sa banque : d’ailleurs sa femme me promènera
297
da, et me fera visiter le Musée, — à ce soir ! Il
s’
en va, très satisfait de lui, et de moi aussi, je crois. Nous voici se
298
ture près d’une barrière de parc public, descend,
s’
éloigne dans la neige bien gelée où ses pas, lentement s’enfoncent et
299
ne dans la neige bien gelée où ses pas, lentement
s’
enfoncent et se marquent. Je la rejoins. Alors d’un geste elle désigne
300
e bien gelée où ses pas, lentement s’enfoncent et
se
marquent. Je la rejoins. Alors d’un geste elle désigne la ville à nos
301
faut que cela soit, eh bien… que cela soit ! Elle
se
lève et me suit. Nous allons chez elle. Un vertige, un sombre délire,
302
our même à Berlin, et prends congé de mon ami qui
se
montrait fort inquiet de mon sort. Il y avait de quoi d’ailleurs, j’é
303
ut avoué sans me chercher d’excuse. Et comme elle
se
taisait encore, je lui ai demandé comment elle avait su. Alors elle m
304
hilosophies correctes, trop de drames inoffensifs
se
nouent par jeu dans nos romans, trop de scribes inoffensifs nous sing
305
sont l’orgueil de notre esprit, — et d’autres qui
s’
enorgueillissent de notre esprit. Il y a des hommes qui créent, d’autr
306
es sont capables de les énumérer. Il semble qu’on
se
soit battu « pour » quelque chose qui n’était pas trop clair, ni bien
307
n, freedom from want, freedom from fear », ce qui
se
traduit un peu malaisément dans notre langue par liberté de parole et
308
culte ou de la religion, paraît en bonne voie de
s’
établir dans les pays récemment libérés, de même qu’en Russie soviétiq
309
libertés, voici le tableau : la liberté de parole
se
voit partout mise en échec par des censures officielles ou commercial
310
ée à subir au double ou au triple tout ce qu’elle
s’
est épuisé à combattre ? Doit-elle accepter de se passer d’au moins tr
311
s’est épuisé à combattre ? Doit-elle accepter de
se
passer d’au moins trois libertés sur quatre, avec l’espoir que ses en
312
gion de leur choix ; « trois » : ils n’ont plus à
se
préoccuper de leur subsistance ; « quatre » ils sont solidement proté
313
rté fondamentale dont tout dépend, c’est celle de
se
« réaliser personnellement ». Or nous ne pourrons jamais la recevoir
314
notre lutte contre toutes les « nécessités » qui
s’
y opposent sans relâche. Et cette lutte est toujours possible. Cette R
315
nivers, ou l’Empire, ou l’atome. Ici les extrêmes
se
reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive
316
ou flatteuses qui perdent pointe et sens si l’on
se
déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien de tr
317
lle des « missions » comme on dit. Une mission ne
se
promène pas, ne voit rien, n’a pas de temps à perdre. C’est un raid.
318
nt plus boucler leurs comptes parce que les Noirs
se
seront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs du pa
319
pendant des mois, parce que les péons d’Argentine
se
seront enfin organisés contre les grands estancieros. Vous pourrez to
320
pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pour
se
demander : Comment peut-on être Français ?) Je parlais d’une conscien
321
ble, comme vous le voyez. On trouverait mieux, en
s’
appliquant.) Mais il n’y a que les idées pratiques et raisonnables que
322
rnière guerre civile du genre humain. Que va-t-il
se
passer ? Ces projets échoueront. On en rira. On n’en rira même pas :
323
e bons esprits, mais une paralysie sans précédent
s’
est emparée des volontés. Vous-même, je le sens, je ne vous ai pas con
324
omme l’a mise là. Et votre sens de la mesure peut
se
rebeller comme l’esprit devant la mort… Mais admettons que j’ai exagé
325
rtu d’ordre. Admettons qu’elles arrivent encore à
se
battre. Admettons que la Bombe soit moins puissante que les savants a
326
ns. Je reconnais volontiers que ce processus peut
se
poursuivre assez longtemps. Les choses ne se passeront peut-être pas
327
peut se poursuivre assez longtemps. Les choses ne
se
passeront peut-être pas de la manière soudaine et dramatique qu’un ce
328
lores. Il est évident que les nations souveraines
s’
en moqueront. Il est évident que l’une d’entre elles, Bombe en main, e
329
ême de la nommer.) Il est évident que les peuples
se
révolteront contre cette nation et son régime, tôt ou tard. Il est év
330
il est évident que la grande majorité des hommes
se
refuse à ces évidences. On nous ressasse à longueur de journée qu’ell
331
ngereuse question : imaginez qu’il vous réponde ?
S’
il permet que nous fassions sauter la Terre, elle sautera et ce sera t
332
d’Apocalypse. Mais dix mois ont passé, et rien ne
se
passe. Dieu soit loué, nous avons repris nos sens. Certains pressente
333
ins pressentent déjà que la Bombe est en train de
se
dégonfler, pour ainsi dire. Après tout, nous devions le prévoir, car
334
u un précédent : la guerre des gaz. Tout le monde
s’
y préparait, vous rappelez-vous ? Dans toutes les capitales d’Europe,
335
capitales d’Europe, on voyait en 1939 les civils
se
promener avec leur boîte à masque en bandoulière. Eh bien, la guerre
336
st lui qui a fait la Bombe, et c’est lui seul qui
se
prépare à l’employer. Quand je vois qu’on nomme des comités pour la r
337
objet inerte ? C’est comme si tout d’un coup l’on
se
jetait sur une chaise pour l’empêcher d’aller casser les vases de Chi
338
tranquille, elle ne fera rien, c’est clair. Elle
se
tiendra bien coite dans sa caisse. Qu’on ne nous raconte donc pas d’h
339
aux jeunes Français, répondant non). Que Bernanos
s’
est écrié : Mais partez donc ! la Terre est vaste ! Que d’autres ont p
340
, du côté où les jeunes Européens devraient aller
s’
il s’agissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique
341
côté où les jeunes Européens devraient aller s’il
s’
agissait pour eux de partir. Je vois les avantages de l’Amérique et se
342
ux qu’ils ne sont en mesure de les imaginer. Cela
se
discuterait à l’infini. Il n’est qu’une solution, qui est d’aller voi
343
Et je me dis que le problème est mal posé. Il ne
s’
agit ni de partir ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il s’a
344
ni de rester, au sens pathétique de ces mots. Il
s’
agit simplement de circuler. Ce n’est pas très facile, pratiquement ?
345
à notre guise. Je répondrais sans hésiter : il ne
s’
agit ni de choisir une terre et ses morts contre le Globe et ses vivan
346
me permanent et l’exil par principe ou dégoût. Il
s’
agit simplement de vivre au xxe siècle, en tenant compte des réalités
347
mpte des réalités que nous avons créées ou laissé
s’
imposer ; de la rapidité des transports, par exemple. Combien peu d’ho
348
? Certes, il en faut une dose non ordinaire pour
se
rendre contemporain d’un monde qui change beaucoup plus vite que Jule
349
onde d’après-guerre, le problème partir ou rester
se
résoudrait en termes simples : on verrait vite que c’est un faux dile
350
ânes des ancêtres un choix farouche, irrévocable.
Se
déplacer devient un geste naturel, et partir peut très bien signifier
351
erre, ne l’aime donc pas de la meilleure manière,
s’
il refuse tout le reste, et la comparaison. Il faut s’ouvrir. Il faut
352
refuse tout le reste, et la comparaison. Il faut
s’
ouvrir. Il faut aimer. Il faut cesser de trouver cela nigaud, et de fa
353
matériels dont notre basse époque pourrait encore
s’
enorgueillir. Ils représentent dans l’esprit des modernes la Fatalité
354
Denis de Rougemont, le centre de gravité du monde
s’
est déplacé d’Europe en Amérique » (16 mai 1946)w x M. de Rougemont
355
le, il était bien vu de tricher avec le fisc ; on
s’
en vantait. En Amérique, la chose est mal vue. Les gens trichent peut-
356
être, mais je n’en suis pas persuadé. L’Américain
s’
achète une bonne conscience en payant son dû à l’État. J’admire beauco
357
s. Ceux qui ont connu l’Europe et qui y ont vécu,
se
distinguent par une sorte de snobisme européen, surtout au point de v
358
un pays très compliqué de gens assez méchants qui
se
disputent pour des choses mystérieuses, qui sont toujours sur leurs e
359
termes : « Être decent, c’est tenir sa parole et
se
tenir propre soi-même »… Quant à la masse du centre du pays, elle ne
360
puisse affirmer que le centre de gravité du monde
s’
est déplacé en Amérique ? Très nettement. Vue de New York, l’Europe co
361
York, l’Europe constitue une espèce de glacis ou
s’
affrontent le monde anglo-saxon et le monde russe. On a fortement l’im
362
ommes d’affaires voudraient que ce monde lointain
s’
ouvre. Le président de la Chambre de commerce américaine est allé en R
363
aire la guerre à la Russie sans plus attendre, en
se
servant de la bombe atomique, etc. Moscou, qui a toujours eu cette es
364
rs eu cette espèce de « complexe d’assiégement »,
se
referme trop sur elle-même. Il est difficile de la comprendre de l’au
365
t philosophique, je ne vois rien de très neuf qui
se
soit développé pendant la guerre ou après. Entre 1918 et 1939, l’Amér
366
ostilité possible entre les deux continents — qui
se
complètent admirablement. Les différences sont fortes, certes ; mais
367
s de, « [Entretien] Le centre de gravité du monde
s’
est déplacé d’Europe en Amérique », L’Illustré, Lausanne, 16 mai 1946,
368
rentré d’Amérique. Pas pour longtemps, puisqu’il
se
prépare déjà à repartir à la découverte de ce continent qui, à lui se
369
e contact avec le réel, contact de la pensée qui,
s’
il ne s’accompagne pas du contact des sens, conduit à l’insondable gou
370
t avec le réel, contact de la pensée qui, s’il ne
s’
accompagne pas du contact des sens, conduit à l’insondable gouffre de
371
n. M. de Rougemont, lui, a vécu l’Amérique. Il ne
s’
est pas borné à la survoler : il l’a pénétrée, il s’est mêlé à elle, i
372
est pas borné à la survoler : il l’a pénétrée, il
s’
est mêlé à elle, il s’est donné à son expérience créatrice. L’auteur d
373
voler : il l’a pénétrée, il s’est mêlé à elle, il
s’
est donné à son expérience créatrice. L’auteur de Politique de la per
374
i a lancé cette fulgurante vérité aux nations qui
s’
apprêtaient joyeusement à la chute dans l’abîme : « Personne et pensée
375
ssibles que dans cet acte unique d’obéissance qui
s’
appelle l’amour du prochain »…
376
bes ascendantes et descendantes. Tout peut encore
se
renverser, et plus d’une fois, dans les destins de collectivités auss
377
Leur malheur est qu’ils n’ont aucune mémoire. Ils
se
voient obligés chaque matin de reconstruire leur monde, de l’apprendr
378
vivant, et faute de traditions instrumentales. Il
s’
imagine qu’il invente sans cesse. Il ne croit qu’à l’actualité, aux no
379
nous fournir une seconde parabole du siècle. Cela
se
passe on Russie, dans l’école de Pavlov, auteur de célèbres travaux s
380
d’une des parois. À l’autre extrémité de la pièce
se
dresse un grand meuble à tiroirs. Dans les tiroirs on a mis des banan
381
dans la même chambre. La sirène hurle, les singes
se
précipitent, arrachent les tiroirs — et les trouvent vides. La plupar
382
nière. Il vient de le prouver pendant six ans. Il
se
souvient — non pas de ces épreuves-là précisément, car on n’avait jam
383
e plus profond, qui définit la condition humaine.
S’
agirait-il d’une sorte de méfiance ? Disons plutôt d’une sobriété deva
384
Disons plutôt d’une sobriété devant le destin. Il
se
souvient que tout peut arriver, même le pire. Il pressent que le sort
385
ant sur l’absurde, car une obscure sagesse en lui
s’
y attendait ; elle le tenait prêt à subir en souplesse les mécomptes,
386
’Univers ou l’Empire ou l’Atome. Ici les extrêmes
se
reflètent. Le microcosme répond au macrocosme. Si notre siècle arrive
387
ou flatteuses qui perdent pointe et sens si l’on
se
déplace un peu, disons à quelques heures d’avion. Ce n’est rien de tr
388
le des « missions », comme on dit. Une mission ne
se
promène pas, ne voit rien, n’a pas de temps à perdre. C’est un raid.
389
nt plus boucler leurs comptes parce que les Noirs
se
seront révoltés en Caroline du Sud ou à Harlem ; et les mineurs du pa
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pendant des mois, parce que les péons d’Argentine
se
seront enfin organisés contre les grands « estancieros ». Vous pourre
391
pour des lions. (Il ne manque pas de Persans pour
se
demander : Comment peut-on être Français ?) Je parlais d’une conscien
392
c stans. Parmi toutes les libertés que la pensée
se
donne lorsque, se dégageant de notre condition, elle imagine des idée
393
utes les libertés que la pensée se donne lorsque,
se
dégageant de notre condition, elle imagine des idées qui détruisent l
394
la mort des autres, cela ne saurait en aucun cas
se
dire de sa propre mort, de la mienne. Et non plus, à mon sens, de la
395
ue ne m’inclinerait à renoncer. Pourtant, si tout
s’
arrête avant midi, pour moi ? Je ne sens pas que l’idée soit tragique
396
e que mon souffle puisse, dans quelques instants,
s’
arrêter, accélère ma respiration. Et cela ne signifie point que nous n
397
rapportée ni répétée. Perfection et Mort en ceci
se
confondent, qu’elles sont absolument tragiques, c’est-à-dire sans app
398
tation et qu’elle la fixe sur cela que le naturel
se
refuse à prendre au sérieux ? Car si nous restons impuissants à pense
399
it normalement être aperçu comme négligeable ; et
s’
y attarder serait le fait d’une sophistique assez gratuite. Ma nature
400
toutes ses forces de la « réaliser », bien plus,
s’
applique à la disqualifier, à la rendre abstraite et lointaine, à la c
401
r ce qu’il en est de son destin et de sa liberté,
s’
il voyait à l’œil nu, leur sens dernier et l’enjeu véritable de ses ch
402
lettrés sans esprit, la pensée de la catastrophe
s’
acclimate lentement parmi nous ? D’où, sinon de la Fin qui déjà nous p
403
ndre ici ma phrase, me jetant dans mon jugement ?
S’
il nous vient à l’idée de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui
404
e de penser notre mort, c’est la Mort en nous qui
se
pense, c’est la Crise déjà qui affleure, nous avertit de la Fin, et l
405
Et sans la Fin, que dire de la durée ? Mais tout
se
mêle encore confusément. Nous sommes là comme en rêve, empêtrés, dans
406
dent depuis des siècles. Mais ce rêve, à son tour
se
trouble ; il faiblit, il ne couvre plus toute l’étendue de la conscie
407
is, travaillait contre nous ?) Et le monde entier
s’
organise à ce niveau de vie moyenne qui paraît offrir à la mort, comme
408
e moins de chances. Un vaste système d’assurances
s’
étend sur toutes nos activités : plans et pactes, statistiques de l’im
409
ature. Il naît au déclin de la vie, et fatalement
se
retourne contre elle. Nous voulons échapper au temps, à sa menace, ma
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sa fin : la fin du temps, la Fin du Monde. Car il
se
peut que l’assurance mondiale que nous tentons d’organiser, aménage n
411
nulle autre génération. Car, tandis que le temps
s’
écoule, à mesure que sa fin s’approche, notre foi diminue, notre atten
412
tandis que le temps s’écoule, à mesure que sa fin
s’
approche, notre foi diminue, notre attente faiblit. La primitive Églis
413
ragique de notre vie, voici qu’un destin ironique
se
charge de l’approfondir. Non pas le temps, mais notre œuvre elle-même
414
, vous l’appelez exagéré, démesuré. Écoutez-moi :
s’
il se trouvait que le monde réellement fût perdu, quel que soit le dés
415
ntretenez qu’il durera toujours autant que vous ?
S’
il se trouvait que la vérité actuelle fût totalement démesurée ? Qui p
416
ige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à
se
défendre, mais seulement à se révéler tels qu’ils sont, où qu’ils soi
417
mes n’auront plus à se défendre, mais seulement à
se
révéler tels qu’ils sont, où qu’ils soient. Plus d’évasions spirituel
418
lles. L’homme fuyant la Terre où le diable sévit,
se
réfugie sur les hauteurs et découvre que Dieu y est plus dangereux en
419
e et de parole rapide. Peut-être le soleil éteint
se
promène-t-il depuis quelques instants dans un ciel sale. Qui sortirai
420
s mémoire ? Il faut croire, aujourd’hui, que cela
se
peut. Cela s’est produit comme un rêve, ou comme la colère soudain là
421
faut croire, aujourd’hui, que cela se peut. Cela
s’
est produit comme un rêve, ou comme la colère soudain là, ou le printe
422
emps, ou chaque soir la nuit. (Une première lampe
s’
est allumée. Quelqu’un dit : « Elle est là ».) Premier jugement, pa
423
, par la lumière La fin du monde, irréfutable,
s’
arrêtait un peu en avant, les regardait sans indulgence, puis se remet
424
peu en avant, les regardait sans indulgence, puis
se
remettait à marcher, conservant la même proximité méprisante… Mais la
425
les premiers résultats d’une enquête-éclair : il
s’
agissait d’une névrose collective, d’une poussée subite de l’instinct
426
Et l’Histoire tout entière dans l’acte de ce oui,
se
manifeste au Jour de tous les jours. Comme il parlait encore, une lue
427
ication, leur être. Voici l’instant où les hommes
s’
aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis se tournaient vers ce qu
428
s s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis
se
tournaient vers ce qui n’est rien, vers une Absence douloureuse, — al
429
enable : il nous trouve sans préparation. L’on ne
s’
était défendu que de l’autre côté, du côté de ce monde mal fait… Parut
430
nt un visage neuf, leurs yeux devenaient forts et
s’
attendaient à l’éclat d’une lueur encore plus vive. Par degré le Grand
431
rs plus vaste et blanc dans l’univers entier. Ils
se
sont tout d’abord sentis gênés, balourds, ne sachant trop quelle cont
432
t de marcher, riant de joie aux paliers du matin,
s’
avançant vers Midi avec le naturel de ceux qui ont la coutume de la Co
433
le pauvreté. Devint soleil. Et quel est celui qui
s’
approche avec son parapluie mal fermé sous le bras, et des lunettes bo
434
émesure, mais il y eut alors comme un silence qui
s’
imposa sur nous et jusqu’assez haut dans les cieux, en sorte que plus
435
n essor. Et chacun de nous accède au destin qu’il
s’
est fait, à la parfaite possession de soi-même, à son enfer ou à son c
436
oire du Dieu Tout-Puissant, — l’Amen du Temps qui
s’
agenouille et s’abîme éternellement. 14. Søren Kierkegaard, d’après
437
t-Puissant, — l’Amen du Temps qui s’agenouille et
s’
abîme éternellement. 14. Søren Kierkegaard, d’après une caricature.
438
u de sérieux. Or, le gouvernement mondial devrait
se
passer de ces deux ministères, en vertu de sa définition. De plus, co
439
lus, comment imaginer un pouvoir digne de ce nom,
s’
il ne trouvait personne en face de lui avec qui échanger des notes ? P
440
lerait-il ? Les nations et leurs gouvernements ne
se
posent qu’en s’opposant. C’est la menace extérieure qui « cimente leu
441
nations et leurs gouvernements ne se posent qu’en
s’
opposant. C’est la menace extérieure qui « cimente leur unité », qui «
442
gnifiques mouvements « d’union sacrée » où chacun
s’
écria dans sa langue « right or wrong, my country ! » Mais le gouverne
443
là des nations. Vous cherchiez l’Autre contre qui
s’
unir ? Il vous fallait une menace planétaire pour provoquer l’union sa
444
toutes les différences qui font le goût de la vie
s’
évanouiraient sous vos beaux yeux. Rassurez-vous. Je n’appelle pas le
445
ble et fécond de ce mot, c’est qu’elles tendent à
se
confondre avec l’État, et c’est la volonté qu’ont les États-nations a
446
volonté qu’ont les États-nations ainsi formés, de
se
rendre autarciques en vue d’une guerre possible, soit qu’ils redouten
447
er ses énergies d’après un modèle uniforme, qu’il
s’
agisse d’une nation latine ou anglo-saxonne, socialiste ou capitaliste
448
dieu, créant d’horribles confusions d’idées, qui
se
terminent en carnages périodiques. Autre exemple. Pourquoi n’est-il q
449
r le prix exorbitant de l’autarcie, plutôt que de
se
mettre hors d’état de faire la guerre, en se liant à des économies vo
450
e de se mettre hors d’état de faire la guerre, en
se
liant à des économies voisines. Mais remarquez l’hypocrisie du terme
451
ser ». On veut encore tirer parti du prestige qui
s’
attache à l’idée de nation… En fait, on étatise la nation. Que penser
452
ces États-nations, de plus en plus nombreux, qui
se
referment sur eux-mêmes et sur leur budget militaire, qui se bardent
453
t sur eux-mêmes et sur leur budget militaire, qui
se
bardent de protections à la frontière, comme autrefois, en attendant
454
ion et nationalisation pour masquer le fait qu’il
s’
agit d’une étatisation. Je n’en ai qu’au cadre national. Introduisez d
455
es à combattre à 2000 kilomètres à la ronde, sauf
s’
il saute à cheval par-dessus toute l’Allemagne ou l’océan. (Mettez-lui
456
ible. Qui va prendre avantage sur l’autre ? Ainsi
se
présentent-ils, comme s’ils venaient de tirer une invisible fermeture
457
tage sur l’autre ? Ainsi se présentent-ils, comme
s’
ils venaient de tirer une invisible fermeture éclair. L’Américain s’ou
458
tirer une invisible fermeture éclair. L’Américain
s’
ouvre, au contraire, comme sa bouche sur des dents éclatantes, et comm
459
omme sa bouche sur des dents éclatantes, et comme
s’
il n’avait attendu que votre arrivée, justement, pour donner enfin lib
460
r, fera l’impossible pour vous cacher sa richesse
s’
il est riche, sa pauvreté s’il est pauvre, sa vie privée en général, e
461
us cacher sa richesse s’il est riche, sa pauvreté
s’
il est pauvre, sa vie privée en général, et ne vous rencontrera qu’au
462
encontrera qu’au café. Mais en France des amitiés
se
nouent — terme intraduisible en anglais — des amitiés exigeantes et s
463
e, c’est la facilité avec laquelle cette intimité
s’
évapore. On se voit tous les jours pendant quelques semaines, puis plu
464
cilité avec laquelle cette intimité s’évapore. On
se
voit tous les jours pendant quelques semaines, puis plus du tout pend
465
nes, puis plus du tout pendant un an. Et quand on
se
rencontre par hasard, on ne se demande pas ce qu’on est devenu, on ri
466
un an. Et quand on se rencontre par hasard, on ne
se
demande pas ce qu’on est devenu, on rit, on boit, on ne s’étonne de r
467
e pas ce qu’on est devenu, on rit, on boit, on ne
s’
étonne de rien, tout glisse et passe, il y a tant d’êtres sur la terre
468
leur vraie tragédie : la solitude. Comment ils
s’
unissent et se divisentac En France, il y a les catholiques et les
469
gédie : la solitude. Comment ils s’unissent et
se
divisentac En France, il y a les catholiques et les laïques, c’es
470
monde. L’industrie française a tenu le coup, elle
se
remonte même si rapidement qu’elle bat déjà l’américaine sur le terra
471
sa production standardisée. C’est que l’Européen
s’
ennuie plus vite et supporte moins de s’ennuyer. Tandis que l’Américai
472
’Européen s’ennuie plus vite et supporte moins de
s’
ennuyer. Tandis que l’Américain se contente plus longtemps des mêmes i
473
pporte moins de s’ennuyer. Tandis que l’Américain
se
contente plus longtemps des mêmes idées, des mêmes types d’appareils,
474
tus de noir — « le noir, la couleur nationale ! »
s’
écrie un personnage de Giraudoux — sans parler des débats sur la laïci
475
ité, on divorce pour des questions de cuisine, on
se
console vite, on n’admet pas la jalousie. Le « réalisme terre-à-terre
476
aux autres. L’ordre des valeurs morales me semble
s’
inverser lorsqu’on passe d’un continent à l’autre. Un seul exemple : e
477
sque ; en Amérique, c’est elle qui fait scandale.
Se
quitter bons amis après [illisible] est régulier. S’attacher, [illisi
478
quitter bons amis après [illisible] est régulier.
S’
attacher, [illisible], voilà qui est immoral…ad Comment ils constr
479
ne pas une erreur de 2 cents dans un compte, mais
se
trompe joyeusement d’un pays quand il bombarde, d’un siècle quand il
480
fondement d’une réelle démocratie. Comment ils
se
battent Voici le contraste le plus profond entre l’Ancien et le No
481
dulce et decorum est pro patria mori, accepte de
se
faire tuer non point par fanatisme, religieux, comme le Japonais, ni
482
ous le feu de l’ennemi, tandis que les Américains
s’
assurent d’abord — quitte à payer le prix qu’il faut en matériel — que
483
te un certain degré de spiritualité, car l’esprit
se
nourrit de sacrifices. Tandis que le bon sens américain trahit une ce
484
tes parurent à New York en 1940 af et en 1944. Il
s’
agit, bien entendu, de la version définitive. Les Personnes du drame
485
edonnée, sur le seuil, au matin d’une journée qui
se
liait aux autres… (Quand ta force devient visible, c’est comme le san
486
est comme le sang, c’est que tu es blessé, ta vie
s’
en va !) La force était mémoire et allusion. Elle était ce vieil arbre
487
e à un homme qui vient de tomber sur la tête : il
se
relève, se tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t-il vivre ? A
488
e qui vient de tomber sur la tête : il se relève,
se
tâte, et ne sait pas encore où il a mal. Va-t-il vivre ? A-t-il rêvé
489
des terres abandonnées du Nord et que nos paysans
s’
efforcent d’arrêter avant qu’elles n’étouffent leurs champs. J’ai vu r
490
t, certains des passagers gardent encore l’air de
s’
attendre au pire, tandis qu’ils font leur premier tour de pont. Ils se
491
tandis qu’ils font leur premier tour de pont. Ils
se
rappellent sans doute ce Polonais, tiré, jeté par la police franquist
492
son identité. Or plus il en proteste et moins il
s’
en assure. Plus il la chiffre et moins il la ressent. Et plus il la dé
493
lus il la démontre à coups de documents, moins il
se
reconnaît dans le portrait simplifié que la police en compose à toute
494
fins menaçantes. Songeons aussi que ces procédés
s’
appliquent précisément à l’émigrant, à celui qui s’éloigne de ses base
495
’appliquent précisément à l’émigrant, à celui qui
s’
éloigne de ses bases, des réflexes de son milieu, de tout ce qui allai
496
t, les étrangers sont toujours surprenants. On ne
s’
entend vraiment bien qu’entre gens du même peuple. 17 septembre 1940 C
497
ple. 17 septembre 1940 Chaque soir, les passagers
se
pressent devant la porte de la cabine du capitaine, avec l’espoir d’e
498
out à l’heure comme j’essayais de me faufiler, R.
s’
extrait du groupe, me cède sa place, et je l’entends dire à sa femme q
499
perd ? Les Allemands, en effet, même victorieux,
se
plaignent encore comme des victimes. Et les Anglais, même battus, se
500
comme des victimes. Et les Anglais, même battus,
se
comportent en propriétaires de droit divin de la victoire en général.
501
0 Un journaliste américain, qui revient de Paris,
s’
appuie au bastingage, près de moi, et me dit en crachant dans l’eau en
502
grands portiques. Et comme on aime une terre qui
s’
approche, avec l’immense sécurité du continent qu’on imagine au-delà d
503
un vert sombre de luxueuse tapisserie… La rivière
s’
élargit et se peuple de mâts. Au sommet d’une falaise qui fuit oblique
504
e de luxueuse tapisserie… La rivière s’élargit et
se
peuple de mâts. Au sommet d’une falaise qui fuit obliquement éclate u