1 ologie et littérature (1946)b 1. Il faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occidentale, de même q

2 1. Il faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occidentale, de même que l’Église, par son culte, e

3 l faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occidentale, de même que l’Église, par son culte, est la mè

4 aut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occidentale, de même que l’Église, par son culte, est la mère

5 our la mère de la pensée occidentale, de même que l’ Église, par son culte, est la mère de presque tous nos arts. La musiqu

6 dentale, de même que l’Église, par son culte, est la mère de presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur des é

7 de même que l’Église, par son culte, est la mère de presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur des églises e

8 son culte, est la mère de presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur des églises et des chapelles de couvent

9 de presque tous nos arts. La musique est née dans le chœur des églises et des chapelles de couvents. La peinture et la scu

10 st née dans le chœur des églises et des chapelles de couvents. La peinture et la sculpture se sont constituées sur les aut

11 e chœur des églises et des chapelles de couvents. La peinture et la sculpture se sont constituées sur les autels, dans les

12 ises et des chapelles de couvents. La peinture et la sculpture se sont constituées sur les autels, dans les nefs, et autou

13 peinture et la sculpture se sont constituées sur les autels, dans les nefs, et autour des architectures sacrées. Nos premi

14 culpture se sont constituées sur les autels, dans les nefs, et autour des architectures sacrées. Nos premiers rythmes poéti

15 s premiers rythmes poétiques ont été propagés par le latin d’église. Et ce n’est point que tous ces arts classiques ne soi

16 s rythmes poétiques ont été propagés par le latin d’ église. Et ce n’est point que tous ces arts classiques ne soient sorti

17 int que tous ces arts classiques ne soient sortis de l’enceinte ecclésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’en es

18 que tous ces arts classiques ne soient sortis de l’ enceinte ecclésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’en est a

19 ne soient sortis de l’enceinte ecclésiastique dès le déclin du Moyen Âge, mais il n’en est aucun dont l’esprit et l’histoi

20 déclin du Moyen Âge, mais il n’en est aucun dont l’ esprit et l’histoire ne manifestent à chaque instant l’influence de te

21 éclin du Moyen Âge, mais il n’en est aucun dont l’ esprit et l’histoire ne manifestent à chaque instant l’influence de telles o

22 oyen Âge, mais il n’en est aucun dont l’esprit et l’ histoire ne manifestent à chaque instant l’influence de telles origine

23 rit et l’histoire ne manifestent à chaque instant l’ influence de telles origines. Or le lien de filiation entre nos discip

24 toire ne manifestent à chaque instant l’influence de telles origines. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pen

25 chaque instant l’influence de telles origines. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pensée et la théologie, po

26 nstant l’influence de telles origines. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pensée et la théologie, pour être

27 es. Or le lien de filiation entre nos disciplines de pensée et la théologie, pour être moins généralement reconnu, n’en es

28 n de filiation entre nos disciplines de pensée et la théologie, pour être moins généralement reconnu, n’en est pas moins é

29 ins étroit ni moins fécond à observer. 2. Depuis les temps où la philosophie n’était que la servante de la théologie, ses

30 moins fécond à observer. 2. Depuis les temps où la philosophie n’était que la servante de la théologie, ses efforts d’ém

31 2. Depuis les temps où la philosophie n’était que la servante de la théologie, ses efforts d’émancipation les plus violent

32 s temps où la philosophie n’était que la servante de la théologie, ses efforts d’émancipation les plus violents, et même c

33 emps où la philosophie n’était que la servante de la théologie, ses efforts d’émancipation les plus violents, et même cour

34 tait que la servante de la théologie, ses efforts d’ émancipation les plus violents, et même couronnés de succès, n’ont pu

35 vante de la théologie, ses efforts d’émancipation les plus violents, et même couronnés de succès, n’ont pu que confirmer un

36 émancipation les plus violents, et même couronnés de succès, n’ont pu que confirmer une dépendance qui n’est certes plus d

37 ue confirmer une dépendance qui n’est certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d

38 certes plus de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d’origine. Les grandes doctrines encore

39 de droit, mais n’en demeure pas moins de fait et de nature, autant que d’origine. Les grandes doctrines encore vivantes e

40 emeure pas moins de fait et de nature, autant que d’ origine. Les grandes doctrines encore vivantes et agissantes au xxe s

41 moins de fait et de nature, autant que d’origine. Les grandes doctrines encore vivantes et agissantes au xxe siècle ont to

42 ntes et agissantes au xxe siècle ont toutes pris le départ dans une polémique spécifiquement théologique. Le marxisme ne

43 rt dans une polémique spécifiquement théologique. Le marxisme ne fait pas exception à cette règle, comme on s’en convaincr

44 ption à cette règle, comme on s’en convaincra par la lecture des écrits du jeune Marx sur la dialectique hégélienne. De no

45 incra par la lecture des écrits du jeune Marx sur la dialectique hégélienne. De nos jours, le vocabulaire technique s’est

46 rits du jeune Marx sur la dialectique hégélienne. De nos jours, le vocabulaire technique s’est transformé, les références

47 Marx sur la dialectique hégélienne. De nos jours, le vocabulaire technique s’est transformé, les références aux dogmes ont

48 jours, le vocabulaire technique s’est transformé, les références aux dogmes ont disparu, l’appareil logique emprunté aux sc

49 ransformé, les références aux dogmes ont disparu, l’ appareil logique emprunté aux sciences physico-mathématiques tend à re

50 x sciences physico-mathématiques tend à remplacer l’ appareil scolastique — c’est du moins ce que proclament les philosophe

51 il scolastique — c’est du moins ce que proclament les philosophes, avec une insistance parfois suspecte — mais le débat cen

52 phes, avec une insistance parfois suspecte — mais le débat central reste théologique, qu’on le veuille ou non, qu’on l’adm

53 — mais le débat central reste théologique, qu’on le veuille ou non, qu’on l’admette comme Bergson vers la fin de sa carri

54 reste théologique, qu’on le veuille ou non, qu’on l’ admette comme Bergson vers la fin de sa carrière, qu’on cherche à le c

55 euille ou non, qu’on l’admette comme Bergson vers la fin de sa carrière, qu’on cherche à le camoufler comme Heidegger, ou

56 ou non, qu’on l’admette comme Bergson vers la fin de sa carrière, qu’on cherche à le camoufler comme Heidegger, ou qu’on p

57 rgson vers la fin de sa carrière, qu’on cherche à le camoufler comme Heidegger, ou qu’on préfère l’ignorer comme Dewey. 3

58 à le camoufler comme Heidegger, ou qu’on préfère l’ ignorer comme Dewey. 3. Les rapports entre la théologie et la littéra

59 gger, ou qu’on préfère l’ignorer comme Dewey. 3. Les rapports entre la théologie et la littérature ne sont pas aussi clair

60 ère l’ignorer comme Dewey. 3. Les rapports entre la théologie et la littérature ne sont pas aussi clairs, ni aussi facile

61 mme Dewey. 3. Les rapports entre la théologie et la littérature ne sont pas aussi clairs, ni aussi facilement définissabl

62 que certaines influences directes, attestées par les écrivains eux-mêmes, ont fait l’objet de travaux fameux : ainsi l’inf

63 , attestées par les écrivains eux-mêmes, ont fait l’ objet de travaux fameux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante,

64 ées par les écrivains eux-mêmes, ont fait l’objet de travaux fameux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante, de Calv

65 mêmes, ont fait l’objet de travaux fameux : ainsi l’ influence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’Aubigné, du jansé

66 ait l’objet de travaux fameux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’Aubigné, du jansénisme sur Pa

67 ux : ainsi l’influence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenbo

68 nfluence de saint Thomas sur Dante, de Calvin sur d’ Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac,

69 ur d’Aubigné, du jansénisme sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac, de Newman sur Gerard Manley Hopkins. Mais il n

70 e sur Pascal et Racine, de Swedenborg sur Balzac, de Newman sur Gerard Manley Hopkins. Mais il ne me paraît pas que le pro

71 rard Manley Hopkins. Mais il ne me paraît pas que le problème dans son ensemble ait été clairement posé ou étudié, ni par

72 nsemble ait été clairement posé ou étudié, ni par les docteurs de l’Église, ni par les critiques littéraires. Et cependant

73 té clairement posé ou étudié, ni par les docteurs de l’Église, ni par les critiques littéraires. Et cependant comment en n

74 clairement posé ou étudié, ni par les docteurs de l’ Église, ni par les critiques littéraires. Et cependant comment en nier

75 u étudié, ni par les docteurs de l’Église, ni par les critiques littéraires. Et cependant comment en nier l’importance, dan

76 itiques littéraires. Et cependant comment en nier l’ importance, dans un siècle où la littérature exerce sur le public cult

77 t comment en nier l’importance, dans un siècle où la littérature exerce sur le public cultivé un empire comparable à celui

78 ance, dans un siècle où la littérature exerce sur le public cultivé un empire comparable à celui de la radio sur les masse

79 ur le public cultivé un empire comparable à celui de la radio sur les masses, tandis que la prédication chrétienne semble

80 le public cultivé un empire comparable à celui de la radio sur les masses, tandis que la prédication chrétienne semble réd

81 tivé un empire comparable à celui de la radio sur les masses, tandis que la prédication chrétienne semble réduite, dans la

82 le à celui de la radio sur les masses, tandis que la prédication chrétienne semble réduite, dans la cité, aux proportions

83 ue la prédication chrétienne semble réduite, dans la cité, aux proportions d’un chuchotement intermittent ? L’ignorance ré

84 nne semble réduite, dans la cité, aux proportions d’ un chuchotement intermittent ? L’ignorance réciproque dans laquelle th

85 aux proportions d’un chuchotement intermittent ? L’ ignorance réciproque dans laquelle théologiens et écrivains se sont in

86 plupart, est-elle vraiment sans conséquence pour les uns et les autres, et pour l’élite en général ? Il est clair que la t

87 st-elle vraiment sans conséquence pour les uns et les autres, et pour l’élite en général ? Il est clair que la théologie n’

88 s conséquence pour les uns et les autres, et pour l’ élite en général ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin de la

89 es, et pour l’élite en général ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin de la littérature et peut s’en désintéresser

90 al ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin de la littérature et peut s’en désintéresser sans grand dommage. Si l’on

91 ? Il est clair que la théologie n’a pas besoin de la littérature et peut s’en désintéresser sans grand dommage. Si l’on ad

92 et peut s’en désintéresser sans grand dommage. Si l’ on admet qu’elle a pour objet principal de formuler et de critiquer le

93 age. Si l’on admet qu’elle a pour objet principal de formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en

94 met qu’elle a pour objet principal de formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit de laiss

95 pour objet principal de formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit de laisser à d’autres

96 e formuler et de critiquer le dogme chrétien dans l’ Église, elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer se

97 e dogme chrétien dans l’Église, elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer ses critères hors de l’Église.

98 l’Église, elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’appliquer ses critères hors de l’Église. Mais il est beaucoup

99 , elle est en droit de laisser à d’autres le soin d’ appliquer ses critères hors de l’Église. Mais il est beaucoup moins év

100 d’autres le soin d’appliquer ses critères hors de l’ Église. Mais il est beaucoup moins évident que la littérature puisse s

101 l’Église. Mais il est beaucoup moins évident que la littérature puisse se passer impunément de la théologie. Et il est bi

102 nt que la littérature puisse se passer impunément de la théologie. Et il est bien certain que lorsqu’elle s’en passe, les

103 que la littérature puisse se passer impunément de la théologie. Et il est bien certain que lorsqu’elle s’en passe, les eff

104 t il est bien certain que lorsqu’elle s’en passe, les effets s’en font sentir dans l’Église même. Car le clergé et l’élite

105 elle s’en passe, les effets s’en font sentir dans l’ Église même. Car le clergé et l’élite des fidèles ne sauraient échappe

106 s effets s’en font sentir dans l’Église même. Car le clergé et l’élite des fidèles ne sauraient échapper à l’influence de

107 font sentir dans l’Église même. Car le clergé et l’ élite des fidèles ne sauraient échapper à l’influence de leurs lecture

108 gé et l’élite des fidèles ne sauraient échapper à l’ influence de leurs lectures, cependant qu’ils éprouvent une difficulté

109 e des fidèles ne sauraient échapper à l’influence de leurs lectures, cependant qu’ils éprouvent une difficulté croissante

110 ulté croissante à juger celles-ci du point de vue de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les

111 e à juger celles-ci du point de vue de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères q

112 s-ci du point de vue de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent,

113 i du point de vue de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent, le

114 de leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent, les problèmes qu’ell

115 leur foi : le vocabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent, les problèmes qu’elles

116 cabulaire de la piété et celui de la littérature, les atmosphères qu’elles créent, les problèmes qu’elles envisagent, les v

117 la littérature, les atmosphères qu’elles créent, les problèmes qu’elles envisagent, les valeurs morales qu’elles tiennent

118 ’elles créent, les problèmes qu’elles envisagent, les valeurs morales qu’elles tiennent pour allant de soi, tout est devenu

119 les valeurs morales qu’elles tiennent pour allant de soi, tout est devenu trop différent, et presque sans commune mesure.

120 différent, et presque sans commune mesure. À qui la faute ? 4. Certes, je suis le premier à redouter que les théologiens

121 e ? 4. Certes, je suis le premier à redouter que les théologiens se mettent à faire de la critique littéraire, comme il ar

122 à redouter que les théologiens se mettent à faire de la critique littéraire, comme il arrive qu’on en lise sous leur nom d

123 edouter que les théologiens se mettent à faire de la critique littéraire, comme il arrive qu’on en lise sous leur nom dans

124 comme il arrive qu’on en lise sous leur nom dans les revues de pensée religieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendu

125 rrive qu’on en lise sous leur nom dans les revues de pensée religieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus d’amateu

126 ues de pensée religieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus d’amateurs qui cherchent à parler des livres « comme t

127 gieuse : il s’agit trop souvent de comptes rendus d’ amateurs qui cherchent à parler des livres « comme tout le monde » et

128 leur « spécialité ». Mon idée serait bien plutôt d’ exiger des critiques littéraires un minimum de connaissances théologiq

129 tôt d’exiger des critiques littéraires un minimum de connaissances théologiques, dont ils se montrent cruellement dépourvu

130 suis le premier à protester contre ces citations d’ auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode d’il y a cinquante ans —

131 mier à protester contre ces citations d’auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode d’il y a cinquante ans — dont les pr

132 citations d’auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode d’il y a cinquante ans — dont les prédicateurs modernes ont cout

133 s d’auteurs à la mode — ou plus souvent à la mode d’ il y a cinquante ans — dont les prédicateurs modernes ont coutume « d’

134 s souvent à la mode d’il y a cinquante ans — dont les prédicateurs modernes ont coutume « d’orner » leurs sermons. Ce n’est

135 ns — dont les prédicateurs modernes ont coutume «  d’ orner » leurs sermons. Ce n’est pas la littérature qui doit prêter sec

136 t coutume « d’orner » leurs sermons. Ce n’est pas la littérature qui doit prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est l

137 ’est pas la littérature qui doit prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’il arrive qu’un pasteur ou

138 a littérature qui doit prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’il arrive qu’un pasteur ou un prêtre

139 it prêter secours à la Parole de Dieu, mais c’est le contraire. S’il arrive qu’un pasteur ou un prêtre juge opportun de pa

140 l arrive qu’un pasteur ou un prêtre juge opportun de parler d’un livre, j’attends, à la fois comme fidèle et comme écrivai

141 u’un pasteur ou un prêtre juge opportun de parler d’ un livre, j’attends, à la fois comme fidèle et comme écrivain, qu’il e

142 voudrais que certains d’entre eux se consacrent à l’ examen, à la critique et même, cas échéant, à une sorte de direction s

143 certains d’entre eux se consacrent à l’examen, à la critique et même, cas échéant, à une sorte de direction spirituelle d

144 , à la critique et même, cas échéant, à une sorte de direction spirituelle des tendances littéraires de leur époque ; mais

145 e direction spirituelle des tendances littéraires de leur époque ; mais ceci, je le répète en tant que théologiens, non po

146 dances littéraires de leur époque ; mais ceci, je le répète en tant que théologiens, non point en tant qu’écrivains-amateu

147 , non point en tant qu’écrivains-amateurs ou gens de goût. Sans rien préjuger du succès ou de l’influence possible d’une i

148 ou gens de goût. Sans rien préjuger du succès ou de l’influence possible d’une intervention de ce genre, elle aurait en t

149 gens de goût. Sans rien préjuger du succès ou de l’ influence possible d’une intervention de ce genre, elle aurait en tout

150 ien préjuger du succès ou de l’influence possible d’ une intervention de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de do

151 cès ou de l’influence possible d’une intervention de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de donner aux fidèles —

152 intervention de ce genre, elle aurait en tout cas l’ avantage de donner aux fidèles — et à leur clergé — certains critères

153 n de ce genre, elle aurait en tout cas l’avantage de donner aux fidèles — et à leur clergé — certains critères de jugement

154 ux fidèles — et à leur clergé — certains critères de jugement, un certain vocabulaire, et par suite une certaine orientati

155 ocabulaire, et par suite une certaine orientation de l’esprit propres à rétablir, petit à petit, des éléments de commune m

156 bulaire, et par suite une certaine orientation de l’ esprit propres à rétablir, petit à petit, des éléments de commune mesu

157 laire, et par suite une certaine orientation de l’ esprit propres à rétablir, petit à petit, des éléments de commune mesure ent

158 t propres à rétablir, petit à petit, des éléments de commune mesure entre le croyant et le lecteur dans un même homme. Cec

159 tit à petit, des éléments de commune mesure entre le croyant et le lecteur dans un même homme. Ceci dit, j’en reviens à mo

160 es éléments de commune mesure entre le croyant et le lecteur dans un même homme. Ceci dit, j’en reviens à mon propos, qui

161 e. Ceci dit, j’en reviens à mon propos, qui était de soulever une question, et de suggérer pour son étude quelques hypothè

162 on propos, qui était de soulever une question, et de suggérer pour son étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ignoran

163 et de suggérer pour son étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ignorance générale où sont les écrivains modernes des

164 our son étude quelques hypothèses de travail. 5. L’ ignorance générale où sont les écrivains modernes des rudiments de la

165 èses de travail. 5. L’ignorance générale où sont les écrivains modernes des rudiments de la théologie a pour conséquence i

166 rale où sont les écrivains modernes des rudiments de la théologie a pour conséquence immédiate qu’ils se condamnent à déco

167 e où sont les écrivains modernes des rudiments de la théologie a pour conséquence immédiate qu’ils se condamnent à découvr

168 immédiate qu’ils se condamnent à découvrir, tous les vingt ans, des Amériques depuis longtemps colonisées. Qui voudrait n

169 rire une histoire des principales écoles modernes d’ un point de vue strictement théologique ? Une histoire qui nous montre

170 histoire qui nous montrerait non seulement ce que les écrivains, à leur insu, doivent à l’atmosphère religieuse de leur épo

171 ment ce que les écrivains, à leur insu, doivent à l’ atmosphère religieuse de leur époque, mais surtout comment ils pâtisse

172 s, à leur insu, doivent à l’atmosphère religieuse de leur époque, mais surtout comment ils pâtissent de n’avoir point conn

173 e leur époque, mais surtout comment ils pâtissent de n’avoir point connu l’existence de traditions soit orthodoxes soit hé

174 tout comment ils pâtissent de n’avoir point connu l’ existence de traditions soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas

175 ils pâtissent de n’avoir point connu l’existence de traditions soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas le plus fréq

176 traditions soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas le plus fréquent, dont à grands frais ils redécouvrent quelques b

177 ons soit orthodoxes soit hérétiques, c’est le cas le plus fréquent, dont à grands frais ils redécouvrent quelques bribes,

178 yclopédistes aux existentialistes, en passant par les romantiques, les symbolistes et les surréalistes ? T. S. Eliot, dans

179 existentialistes, en passant par les romantiques, les symbolistes et les surréalistes ? T. S. Eliot, dans un livre trop cou

180 n passant par les romantiques, les symbolistes et les surréalistes ? T. S. Eliot, dans un livre trop court (After Strange G

181 un livre trop court (After Strange Gods) a donné l’ esquisse d’une étude des hérésies dans la littérature moderne. Pour ma

182 rop court (After Strange Gods) a donné l’esquisse d’ une étude des hérésies dans la littérature moderne. Pour ma part, j’ai

183 a donné l’esquisse d’une étude des hérésies dans la littérature moderne. Pour ma part, j’ai tenté de montrer comment les

184 la littérature moderne. Pour ma part, j’ai tenté de montrer comment les troubadours, dont la doctrine fut reprise par les

185 erne. Pour ma part, j’ai tenté de montrer comment les troubadours, dont la doctrine fut reprise par les auteurs du Tristan,

186 ai tenté de montrer comment les troubadours, dont la doctrine fut reprise par les auteurs du Tristan, d’où sont issus pres

187 les troubadours, dont la doctrine fut reprise par les auteurs du Tristan, d’où sont issus presque tous nos romans, étaient

188 doctrine fut reprise par les auteurs du Tristan, d’ où sont issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie ma

189 nt issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’hérésie manichéenne, et l’ont ainsi fait vivre jusqu’à nous et parm

190 issus presque tous nos romans, étaient nourris de l’ hérésie manichéenne, et l’ont ainsi fait vivre jusqu’à nous et parmi n

191 ans, étaient nourris de l’hérésie manichéenne, et l’ ont ainsi fait vivre jusqu’à nous et parmi nous, bien que vulgarisée e

192 mi nous, bien que vulgarisée et déprimée au point d’ en devenir méconnaissable. Petit exemple que je mentionne faute de mie

193 etit exemple que je mentionne faute de mieux pour l’ entreprise et non pour le succès. Il y aurait tout et tant à dire sur

194 onne faute de mieux pour l’entreprise et non pour le succès. Il y aurait tout et tant à dire sur la renaissance endémique,

195 ur le succès. Il y aurait tout et tant à dire sur la renaissance endémique, dans nos écoles d’avant-garde, des déviations

196 ire sur la renaissance endémique, dans nos écoles d’ avant-garde, des déviations les plus connues du mysticisme, du gnostic

197 ue, dans nos écoles d’avant-garde, des déviations les plus connues du mysticisme, du gnosticisme, de l’arianisme et du libé

198 s les plus connues du mysticisme, du gnosticisme, de l’arianisme et du libéralisme romantique. Qui voudra et pourra l’expl

199 es plus connues du mysticisme, du gnosticisme, de l’ arianisme et du libéralisme romantique. Qui voudra et pourra l’expliqu

200 t du libéralisme romantique. Qui voudra et pourra l’ expliquer aux disciples de ces mouvements ? Il y faudrait un théologie

201 e. Qui voudra et pourra l’expliquer aux disciples de ces mouvements ? Il y faudrait un théologien. Lever les bras au ciel,

202 s mouvements ? Il y faudrait un théologien. Lever les bras au ciel, ou pointer le doigt du moraliste, n’est pas faire acte

203 un théologien. Lever les bras au ciel, ou pointer le doigt du moraliste, n’est pas faire acte de charité à l’égard des eff

204 inter le doigt du moraliste, n’est pas faire acte de charité à l’égard des efforts de l’avant-garde, d’autant qu’ils jouen

205 t pas faire acte de charité à l’égard des efforts de l’avant-garde, d’autant qu’ils jouent, aux yeux de beaucoup et des me

206 as faire acte de charité à l’égard des efforts de l’ avant-garde, d’autant qu’ils jouent, aux yeux de beaucoup et des meill

207 ils jouent, aux yeux de beaucoup et des meilleurs de nos contemporains, le rôle d’une spiritualité ardente et courageuse.

208 e beaucoup et des meilleurs de nos contemporains, le rôle d’une spiritualité ardente et courageuse. Pourquoi faudrait-il q

209 up et des meilleurs de nos contemporains, le rôle d’ une spiritualité ardente et courageuse. Pourquoi faudrait-il qu’à l’ob

210 ardente et courageuse. Pourquoi faudrait-il qu’à l’ obscurantisme théologique qui dénote la culture d’aujourd’hui, réponde

211 it-il qu’à l’obscurantisme théologique qui dénote la culture d’aujourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus d’info

212 l’obscurantisme théologique qui dénote la culture d’ aujourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus d’informer » symé

213 qui dénote la culture d’aujourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus d’informer » symétrique, fait de méfiance, d’i

214 ourd’hui, réponde chez les théologiens un « refus d’ informer » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité, de réprobation

215 ologiens un « refus d’informer » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeo

216  refus d’informer » symétrique, fait de méfiance, d’ incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt q

217 er » symétrique, fait de méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur t

218 méfiance, d’incuriosité, de réprobation morale et de timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur théologique ? Au nom des b

219 tion morale et de timidité bourgeoise, plutôt que de rigueur théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne,

220 t que de rigueur théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les p

221 ue de rigueur théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les prot

222 r théologique ? Au nom des besoins de la paroisse de campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les protestants, va-

223 campagne, trop souvent prise comme prétexte chez les protestants, va-t-on laisser certaine élite intellectuelle du siècle

224 du siècle sans nul secours ? Va-t-on lui tourner le dos parce qu’elle est tapageuse, scandaleuse et d’une conduite peu ré

225 e dos parce qu’elle est tapageuse, scandaleuse et d’ une conduite peu régulière, la confirmant ainsi dans sa persuasion que

226 use, scandaleuse et d’une conduite peu régulière, la confirmant ainsi dans sa persuasion que l’Église est bonne pour les p

227 lière, la confirmant ainsi dans sa persuasion que l’ Église est bonne pour les petits bourgeois, n’a rien à dire aux esprit

228 si dans sa persuasion que l’Église est bonne pour les petits bourgeois, n’a rien à dire aux esprits libres et « avancés »,

229 ne pour les petits bourgeois, n’a rien à dire aux esprits libres et « avancés », et ne tolère que le mauvais art du dernier siè

230 x esprits libres et « avancés », et ne tolère que le mauvais art du dernier siècle ? Au lecteur convaincu comme moi de la

231 u dernier siècle ? Au lecteur convaincu comme moi de la nécessité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres

232 ernier siècle ? Au lecteur convaincu comme moi de la nécessité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres viv

233  ? Au lecteur convaincu comme moi de la nécessité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres vivantes, je sou

234 e moi de la nécessité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres vivantes, je soumets à titre d’exemples et s

235 ssité de rétablir des ponts entre la théologie et les lettres vivantes, je soumets à titre d’exemples et sans nul ordre pré

236 logie et les lettres vivantes, je soumets à titre d’ exemples et sans nul ordre préconçu, les thèses suivantes. 6. C’est l

237 ts à titre d’exemples et sans nul ordre préconçu, les thèses suivantes. 6. C’est l’extrémisme théologique qui agit aujourd

238 l ordre préconçu, les thèses suivantes. 6. C’est l’ extrémisme théologique qui agit aujourd’hui sur les écrivains, tandis

239 l’extrémisme théologique qui agit aujourd’hui sur les écrivains, tandis que le libéralisme tendait à se mettre à l’école de

240 ui agit aujourd’hui sur les écrivains, tandis que le libéralisme tendait à se mettre à l’école de leurs complaisances, et

241 , tandis que le libéralisme tendait à se mettre à l’ école de leurs complaisances, et par suite ne leur donnait rien. Exem

242 que le libéralisme tendait à se mettre à l’école de leurs complaisances, et par suite ne leur donnait rien. Exemple : Ki

243 logique parfaitement cohérente et intransigeante, d’ où son influence profonde et indéniable sur Ibsen, sur Unamuno, sur Ri

244 sur Rilke, sur Kafka, et sur un très grand nombre de poètes, de romanciers et d’essayistes des plus jeunes générations, en

245 sur Kafka, et sur un très grand nombre de poètes, de romanciers et d’essayistes des plus jeunes générations, en Europe, en

246 un très grand nombre de poètes, de romanciers et d’ essayistes des plus jeunes générations, en Europe, en Angleterre et da

247 nes générations, en Europe, en Angleterre et dans les deux Amériques. Notons que si cette influence s’est montrée décisive

248 ns, elle n’a pas eu pour effet (ou très rarement) l’ adhésion des convertis à une Église déterminée. N’est-ce point là le s

249 vertis à une Église déterminée. N’est-ce point là le signe d’une incompatibilité inquiétante entre l’élite active et les «

250 une Église déterminée. N’est-ce point là le signe d’ une incompatibilité inquiétante entre l’élite active et les « milieux

251 le signe d’une incompatibilité inquiétante entre l’ élite active et les « milieux d’Église » ? 7. Une théologie orthodoxe

252 compatibilité inquiétante entre l’élite active et les « milieux d’Église » ? 7. Une théologie orthodoxe (je ne dis pas scl

253 inquiétante entre l’élite active et les « milieux d’ Église » ? 7. Une théologie orthodoxe (je ne dis pas sclérosée) favor

254 lérosée) favorise, soutient et nourrit des œuvres de style classique, tandis qu’une théologie libérale se lie aux mouvemen

255 ale se lie aux mouvements romantiques. C’est que l’ écrivain romantique croit voir dans les dogmes autant d’entraves à l’e

256 C’est que l’écrivain romantique croit voir dans les dogmes autant d’entraves à l’essor créateur, tandis que le classique

257 vain romantique croit voir dans les dogmes autant d’ entraves à l’essor créateur, tandis que le classique y trouve à la foi

258 ue croit voir dans les dogmes autant d’entraves à l’ essor créateur, tandis que le classique y trouve à la fois des appuis

259 autant d’entraves à l’essor créateur, tandis que le classique y trouve à la fois des appuis et des gênes fécondes. Le pre

260 is et des gênes fécondes. Le premier, semblable à la colombe de Kant, s’imagine qu’il volerait mieux dans le vide. Le seco

261 ênes fécondes. Le premier, semblable à la colombe de Kant, s’imagine qu’il volerait mieux dans le vide. Le second, mieux a

262 ombe de Kant, s’imagine qu’il volerait mieux dans le vide. Le second, mieux assuré de la force de ses ailes, cherche une a

263 erait mieux dans le vide. Le second, mieux assuré de la force de ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en p

264 it mieux dans le vide. Le second, mieux assuré de la force de ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en plei

265 dans le vide. Le second, mieux assuré de la force de ses ailes, cherche une atmosphère dense pour exercer en plein ses éne

266 ne résistance effective et valable aux incartades de l’imagination. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctri

267 résistance effective et valable aux incartades de l’ imagination. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine

268 lable aux incartades de l’imagination. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je

269 cartades de l’imagination. Ainsi fait le fougueux d’ Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne l

270 nation. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’av

271 ion. Ainsi fait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’avoir

272 ait le fougueux d’Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’avoir cherché dan

273 ux d’Aubigné s’armant de la doctrine de Calvin. À l’ inverse, je soupçonne les romantiques d’avoir cherché dans la théologi

274 la doctrine de Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’avoir cherché dans la théologie de leur époque et sous

275 Calvin. À l’inverse, je soupçonne les romantiques d’ avoir cherché dans la théologie de leur époque et sous le nom de liber

276 je soupçonne les romantiques d’avoir cherché dans la théologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses lice

277 les romantiques d’avoir cherché dans la théologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellec

278 cherché dans la théologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples

279 é dans la théologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilit

280 éologie de leur époque et sous le nom de liberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilités… 8. La

281 iberté, de coûteuses licences intellectuelles, ou de simples facilités… 8. La littérature en général trouve à se nourrir

282 es intellectuelles, ou de simples facilités… 8. La littérature en général trouve à se nourrir moins dans telle doctrine

283 dans telle doctrine théologique régnante que dans l’ atmosphère et l’ambiance de controverses théologiques mêlées à des que

284 ine théologique régnante que dans l’atmosphère et l’ ambiance de controverses théologiques mêlées à des questions politique

285 ique régnante que dans l’atmosphère et l’ambiance de controverses théologiques mêlées à des questions politiques. Exemple

286 es mêlées à des questions politiques. Exemples : La poésie des troubadours, née dans la seconde partie du xiie siècle, e

287 iques, féodaux du Nord et « démocrates » du Sud ; la poésie calviniste au xvie siècle ; le théâtre et le lyrisme élisabét

288 » du Sud ; la poésie calviniste au xvie siècle ; le théâtre et le lyrisme élisabéthains ; et parmi nous, la renaissance n

289 poésie calviniste au xvie siècle ; le théâtre et le lyrisme élisabéthains ; et parmi nous, la renaissance notable d’une p

290 âtre et le lyrisme élisabéthains ; et parmi nous, la renaissance notable d’une poésie d’inspiration religieuse en France,

291 abéthains ; et parmi nous, la renaissance notable d’ une poésie d’inspiration religieuse en France, pendant l’occupation et

292 t parmi nous, la renaissance notable d’une poésie d’ inspiration religieuse en France, pendant l’occupation et tôt après.

293 oésie d’inspiration religieuse en France, pendant l’ occupation et tôt après. 9. Une Église à tendance liturgique marquée

294 9. Une Église à tendance liturgique marquée offre le terrain le plus favorable à l’entente ou au conflit significatif des

295 se à tendance liturgique marquée offre le terrain le plus favorable à l’entente ou au conflit significatif des théologiens

296 ique marquée offre le terrain le plus favorable à l’ entente ou au conflit significatif des théologiens et des écrivains da

297 ns une nation donnée. Je me bornerai à citer ici l’ exemple de l’Église anglicane dont le Prayer Book a formé la langue de

298 ion donnée. Je me bornerai à citer ici l’exemple de l’Église anglicane dont le Prayer Book a formé la langue des poètes d

299 donnée. Je me bornerai à citer ici l’exemple de l’ Église anglicane dont le Prayer Book a formé la langue des poètes depu

300 à citer ici l’exemple de l’Église anglicane dont le Prayer Book a formé la langue des poètes depuis près de quatre siècle

301 de l’Église anglicane dont le Prayer Book a formé la langue des poètes depuis près de quatre siècles, et dont le rôle dans

302 des poètes depuis près de quatre siècles, et dont le rôle dans l’histoire des lettres anglaises s’avère capital, de John D

303 puis près de quatre siècles, et dont le rôle dans l’ histoire des lettres anglaises s’avère capital, de John Donne à T. S.

304 l’histoire des lettres anglaises s’avère capital, de John Donne à T. S. Eliot, en passant par le Doyen Swift, l’évêque Ber

305 ital, de John Donne à T. S. Eliot, en passant par le Doyen Swift, l’évêque Berkeley, Coleridge, Lewis Carroll, et vingt au

306 nne à T. S. Eliot, en passant par le Doyen Swift, l’ évêque Berkeley, Coleridge, Lewis Carroll, et vingt autres noms du mêm

307 ui ne signifie rien, bien entendu, pour ou contre le ritualisme, mais indique une direction de recherches peut-être fécond

308 contre le ritualisme, mais indique une direction de recherches peut-être féconde. 10. Une critique théologique de la lit

309 peut-être féconde. 10. Une critique théologique de la littérature devra mettre en garde son public contre l’illusion cou

310 ut-être féconde. 10. Une critique théologique de la littérature devra mettre en garde son public contre l’illusion couran

311 ttérature devra mettre en garde son public contre l’ illusion courante qui consiste à ne prendre en considération comme aut

312 chrétiens » ou « religieux » que ceux qui parlent de Dieu et traitent de sujets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas c

313 igieux » que ceux qui parlent de Dieu et traitent de sujets religieux. Ici encore, « ce ne sont pas ceux qui disent : Sei

314 isent : Seigneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la volonté de mon Père… » que nous devons prendre au sérieux. Faire la v

315 gneur ! Seigneur !… mais ceux qui font la volonté de mon Père… » que nous devons prendre au sérieux. Faire la volonté de D

316 Père… » que nous devons prendre au sérieux. Faire la volonté de Dieu, en écrivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu

317 nous devons prendre au sérieux. Faire la volonté de Dieu, en écrivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa vo

318 Dieu, en écrivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa volonté, ni même en parler avec cette simplicité trop a

319 rivant, ce n’est pas simplement parler de Dieu et de sa volonté, ni même en parler avec cette simplicité trop aisément att

320 atteinte aux dépens du mystère, et pour laquelle les protestants anglo-saxons montrent un goût immodéré. Je connais un bon

321 ntrent un goût immodéré. Je connais un bon nombre d’ ouvrages religieux dont le style journalistique est incompatible avec

322 e connais un bon nombre d’ouvrages religieux dont le style journalistique est incompatible avec aucune espèce de réalité s

323 ournalistique est incompatible avec aucune espèce de réalité spirituelle. L’auteur ne cesse de mentionner cette réalité, m

324 atible avec aucune espèce de réalité spirituelle. L’ auteur ne cesse de mentionner cette réalité, mais en fait il échoue à

325 espèce de réalité spirituelle. L’auteur ne cesse de mentionner cette réalité, mais en fait il échoue à l’exprimer ; il se

326 entionner cette réalité, mais en fait il échoue à l’ exprimer ; il se livre à des efforts visibles de propagande en faveur

327 à l’exprimer ; il se livre à des efforts visibles de propagande en faveur des « valeurs spirituelles », mais par là même,

328 là même, il trahit peut-être une certaine absence de l’Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écr

329 même, il trahit peut-être une certaine absence de l’ Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit

330 me, il trahit peut-être une certaine absence de l’ Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transm

331 t peut-être une certaine absence de l’Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour

332 e une certaine absence de l’Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour son compte

333 Esprit dans la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’un écrit transmet pour son compte et par lui-même un « messag

334 ns la genèse de son œuvre. Il oublie que le style d’ un écrit transmet pour son compte et par lui-même un « message » souve

335 beaucoup plus réel et agissant que celui qui fait l’ objet déclaré du dit écrit. Parfois ces deux messages s’accordent et s

336 ces deux messages s’accordent et se renforcent ; le plus souvent hélas ils se contredisent, et l’un ruine l’autre secrète

337 tredisent, et l’un ruine l’autre secrètement dans l’ esprit du lecteur. Ce qu’il importe de rappeler ici, c’est que toute œ

338 edisent, et l’un ruine l’autre secrètement dans l’ esprit du lecteur. Ce qu’il importe de rappeler ici, c’est que toute œuvre l

339 tement dans l’esprit du lecteur. Ce qu’il importe de rappeler ici, c’est que toute œuvre littéraire, si profane qu’en soit

340 que toute œuvre littéraire, si profane qu’en soit le sujet, implique une théologie (fût-ce à l’insu de son auteur), et qu’

341 n soit le sujet, implique une théologie (fût-ce à l’ insu de son auteur), et qu’elle l’exprime par les mouvements mêmes du

342 le sujet, implique une théologie (fût-ce à l’insu de son auteur), et qu’elle l’exprime par les mouvements mêmes du style,

343 logie (fût-ce à l’insu de son auteur), et qu’elle l’ exprime par les mouvements mêmes du style, plus fidèlement et d’une ma

344 à l’insu de son auteur), et qu’elle l’exprime par les mouvements mêmes du style, plus fidèlement et d’une manière plus cont

345 les mouvements mêmes du style, plus fidèlement et d’ une manière plus contraignante que par son argumentation. Expliciter c

346 pérais simplement désigner. b. Rougemont Denis de , « Théologie et littérature », Hommage et reconnaissance : recueil de

347 ittérature », Hommage et reconnaissance : recueil de travaux publiés à l’occasion du soixantième anniversaire de Karl Bart

348 et reconnaissance : recueil de travaux publiés à l’ occasion du soixantième anniversaire de Karl Barth, Neuchâtel, Delacha

349 publiés à l’occasion du soixantième anniversaire de Karl Barth, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1946, p. 162-167.

350 Le supplice de Tantale (octobre 1946)a L’eau fuit ses lèvres, la bran

351 Le supplice de Tantale (octobre 1946)a L’eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa

352 Le supplice de Tantale (octobre 1946)a L’ eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main, et le rocher qui surplom

353 Tantale (octobre 1946)a L’eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main, et le rocher qui surplombe sa tête va tomber ma

354 ’eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main, et le rocher qui surplombe sa tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour l’o

355 ombe sa tête va tomber mais ne tombe jamais. Pour l’ observateur non prévenu, tout se passe comme si le désir de Tantale su

356 l’observateur non prévenu, tout se passe comme si le désir de Tantale suffisait à repousser les objets qu’il désire, et sa

357 teur non prévenu, tout se passe comme si le désir de Tantale suffisait à repousser les objets qu’il désire, et sa crainte

358 omme si le désir de Tantale suffisait à repousser les objets qu’il désire, et sa crainte l’objet qu’il redoute. Quand il se

359 repousser les objets qu’il désire, et sa crainte l’ objet qu’il redoute. Quand il se penche vers la surface de la rivière

360 te l’objet qu’il redoute. Quand il se penche vers la surface de la rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève le bras

361 qu’il redoute. Quand il se penche vers la surface de la rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève le bras vers ces fr

362 il redoute. Quand il se penche vers la surface de la rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève le bras vers ces fruit

363 la rivière où il baigne à mi-corps, quand il lève le bras vers ces fruits mûrs qui font ployer la branche au-dessus de son

364 lève le bras vers ces fruits mûrs qui font ployer la branche au-dessus de son front, on dirait que son geste même déclench

365 fruits mûrs qui font ployer la branche au-dessus de son front, on dirait que son geste même déclenche un mécanisme qui l’

366 ait que son geste même déclenche un mécanisme qui l’ annule. Mais on dirait aussi que son regard, dès qu’il l’élève avec an

367 e. Mais on dirait aussi que son regard, dès qu’il l’ élève avec angoisse vers le rocher, retient le rocher. Étrange lieu qu

368 son regard, dès qu’il l’élève avec angoisse vers le rocher, retient le rocher. Étrange lieu que ce coin du Tartare, où la

369 ’il l’élève avec angoisse vers le rocher, retient le rocher. Étrange lieu que ce coin du Tartare, où la pesante logique de

370 e rocher. Étrange lieu que ce coin du Tartare, où la pesante logique de la matière est abolie pour peu que l’homme se mani

371 ieu que ce coin du Tartare, où la pesante logique de la matière est abolie pour peu que l’homme se manifeste. Serait-ce un

372 que ce coin du Tartare, où la pesante logique de la matière est abolie pour peu que l’homme se manifeste. Serait-ce un pu

373 nte logique de la matière est abolie pour peu que l’ homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’esprit ? Oui, car à l’i

374 u que l’homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’esprit ? Oui, car à l’instant même où Tantale est ému, où il forme

375 ue l’homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’ esprit ? Oui, car à l’instant même où Tantale est ému, où il forme un

376 l’homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’ esprit  ? Oui, car à l’instant même où Tantale est ému, où il forme un projet

377 ntale est ému, où il forme un projet, où il agit, les lois de la chute des corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes

378 ému, où il forme un projet, où il agit, les lois de la chute des corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de la mo

379 u, où il forme un projet, où il agit, les lois de la chute des corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de la mort,

380 et, où il agit, les lois de la chute des corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de la mort, font place aux lois d

381 s corps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de la mort, font place aux lois des dieux, qui sont celles de l’esprit ;

382 orps et de leur inertie, qui sont celles mêmes de la mort, font place aux lois des dieux, qui sont celles de l’esprit ; et

383 t, font place aux lois des dieux, qui sont celles de l’esprit ; et des dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire d’un esp

384 font place aux lois des dieux, qui sont celles de l’ esprit ; et des dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire d’un esprit

385 nt place aux lois des dieux, qui sont celles de l’ esprit  ; et des dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire d’un esprit coupa

386 celles de l’esprit ; et des dieux irrités contre l’ homme, c’est-à-dire d’un esprit coupable. Regardons bien ce paysage im

387 et des dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire d’ un esprit coupable. Regardons bien ce paysage imaginaire, cette compos

388 s dieux irrités contre l’homme, c’est-à-dire d’un esprit coupable. Regardons bien ce paysage imaginaire, cette composition sim

389 iée comme un arcane du Tarot et non moins chargée de symboles : un corps, une eau, une branche et un rocher. C’est l’homme

390 n corps, une eau, une branche et un rocher. C’est l’ homme coupable, environné des emblèmes de sa peur et de sa convoitise

391 r. C’est l’homme coupable, environné des emblèmes de sa peur et de sa convoitise — emblèmes ou signes, car tout tient ici

392 me coupable, environné des emblèmes de sa peur et de sa convoitise — emblèmes ou signes, car tout tient ici à des événemen

393 ent ici à des événements intérieurs. Tout tient à l’ homme et tout illustre une des structures fondamentales de son être.

394 et tout illustre une des structures fondamentales de son être. Tantale avait commis deux crimes, dit la Fable. Admis à la

395 son être. Tantale avait commis deux crimes, dit la Fable. Admis à la table des dieux, il avait dérobé à ses hôtes leur n

396 e avait commis deux crimes, dit la Fable. Admis à la table des dieux, il avait dérobé à ses hôtes leur nectar et leur ambr

397 é à ses hôtes leur nectar et leur ambroisie, pour les faire goûter aux mortels. Puis, dans l’idée de défier l’Olympe et d’é

398 ie, pour les faire goûter aux mortels. Puis, dans l’ idée de défier l’Olympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué so

399 r les faire goûter aux mortels. Puis, dans l’idée de défier l’Olympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué son propr

400 e goûter aux mortels. Puis, dans l’idée de défier l’ Olympe et d’éprouver son omniscience, il avait tué son propre fils Pél

401 mortels. Puis, dans l’idée de défier l’Olympe et d’ éprouver son omniscience, il avait tué son propre fils Pélops, pour fa

402 propre fils Pélops, pour faire servir sa chair à la table divine. Les liqueurs d’immortalité sont ici comme des signes de

403 ps, pour faire servir sa chair à la table divine. Les liqueurs d’immortalité sont ici comme des signes de la Grâce, dont un

404 e servir sa chair à la table divine. Les liqueurs d’ immortalité sont ici comme des signes de la Grâce, dont un homme cherc

405 liqueurs d’immortalité sont ici comme des signes de la Grâce, dont un homme chercherait à s’emparer par subterfuge, afin

406 queurs d’immortalité sont ici comme des signes de la Grâce, dont un homme chercherait à s’emparer par subterfuge, afin de

407 fin de s’assurer un empire terrestre. Doutons que la philanthropie préside au vol de Tantale, quand il est assez clair qu’

408 stre. Doutons que la philanthropie préside au vol de Tantale, quand il est assez clair qu’il jalouse les dieux, leur divin

409 e Tantale, quand il est assez clair qu’il jalouse les dieux, leur divination, leur puissance, et tous les plaisirs qu’ils e

410 s dieux, leur divination, leur puissance, et tous les plaisirs qu’ils en tirent. Quant à la mise à mort du fils, offert ens

411 e, et tous les plaisirs qu’ils en tirent. Quant à la mise à mort du fils, offert ensuite aux dieux comme nourriture meille

412 eux comme nourriture meilleure, il est surprenant d’ observer qu’elle invertit exactement le sacrifice du Fils de Dieu. Au

413 surprenant d’observer qu’elle invertit exactement le sacrifice du Fils de Dieu. Au lieu du Père livrant son Fils aux homme

414 qu’elle invertit exactement le sacrifice du Fils de Dieu. Au lieu du Père livrant son Fils aux hommes pour qu’ils le tuen

415 u du Père livrant son Fils aux hommes pour qu’ils le tuent, mais aussi pour qu’ensuite ils revivent par la consommation de

416 uent, mais aussi pour qu’ensuite ils revivent par la consommation de son corps spirituel, un homme tue lui-même son fils,

417 pour qu’ensuite ils revivent par la consommation de son corps spirituel, un homme tue lui-même son fils, et donne sa chai

418 qu’ils en meurent, — s’ils perdent leur divinité de s’être une fois laissé surprendre et abuser. À cette double infractio

419 e et abuser. À cette double infraction aux grâces de l’esprit (comme je voudrais nommer les lois spirituelles), répond un

420 t abuser. À cette double infraction aux grâces de l’ esprit (comme je voudrais nommer les lois spirituelles), répond un châ

421 abuser. À cette double infraction aux grâces de l’ esprit (comme je voudrais nommer les lois spirituelles), répond un châtiment

422 aux grâces de l’esprit (comme je voudrais nommer les lois spirituelles), répond un châtiment dont on croit deviner qu’il n

423 u’il n’est qu’une double réfraction du crime dans l’ ordre humain. Parce qu’il a convoité la nourriture des dieux, Tantale

424 crime dans l’ordre humain. Parce qu’il a convoité la nourriture des dieux, Tantale se voit refuser celle du commun des hom

425 commun des hommes. Sa jalousie se réfléchit dans la frustration du désir. Et son défi au Ciel, ayant failli, s’inverse en

426 el, ayant failli, s’inverse en menace suspendue. Le monde païen ne conçoit pas de pardon par amour et de salut gratuit, e

427 menace suspendue. Le monde païen ne conçoit pas de pardon par amour et de salut gratuit, et c’est pourquoi les châtiment

428 monde païen ne conçoit pas de pardon par amour et de salut gratuit, et c’est pourquoi les châtiments qu’infligent les dieu

429 par amour et de salut gratuit, et c’est pourquoi les châtiments qu’infligent les dieux revêtent en général un caractère de

430 it, et c’est pourquoi les châtiments qu’infligent les dieux revêtent en général un caractère de revanche pure et simple, et

431 ligent les dieux revêtent en général un caractère de revanche pure et simple, et comme automatique. C’est autant dire que

432 et comme automatique. C’est autant dire que dans le monde païen, l’homme reste seul avec lui-même et se ferme aux interve

433 tique. C’est autant dire que dans le monde païen, l’ homme reste seul avec lui-même et se ferme aux interventions d’une tra

434 seul avec lui-même et se ferme aux interventions d’ une transcendance, ou d’un appel venu d’ailleurs. (Les « dieux » n’éta

435 e ferme aux interventions d’une transcendance, ou d’ un appel venu d’ailleurs. (Les « dieux » n’étant, en fait, que ses pro

436 ne transcendance, ou d’un appel venu d’ailleurs. ( Les « dieux » n’étant, en fait, que ses propres limites.) Dans l’histoire

437 n’étant, en fait, que ses propres limites.) Dans l’ histoire du supplice de Tantale, cet automatisme est si sûr qu’il auto

438 ses propres limites.) Dans l’histoire du supplice de Tantale, cet automatisme est si sûr qu’il autorise à des spéculations

439 tiques en apparence. Je vois Tantale soutenu dans la rivière, le rocher soutenu sur sa tête, l’onde et la branche ne s’éca

440 parence. Je vois Tantale soutenu dans la rivière, le rocher soutenu sur sa tête, l’onde et la branche ne s’écartant de lui

441 u dans la rivière, le rocher soutenu sur sa tête, l’ onde et la branche ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il veut les

442 rivière, le rocher soutenu sur sa tête, l’onde et la branche ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il veut les atteindre,

443 u sur sa tête, l’onde et la branche ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il veut les atteindre, et tout cela ne tient vr

444 he ne s’écartant de lui qu’à l’instant où il veut les atteindre, et tout cela ne tient vraiment qu’à lui, qu’aux dispositio

445 a ne tient vraiment qu’à lui, qu’aux dispositions de son âme : c’est que celles-ci n’ont pas changé depuis ses crimes. Nou

446 é depuis ses crimes. Nourrissant avec obstination les mêmes désirs et le même orgueil, il nourrit la vengeance des « dieux 

447 Nourrissant avec obstination les mêmes désirs et le même orgueil, il nourrit la vengeance des « dieux » qui frustrent ces

448 n les mêmes désirs et le même orgueil, il nourrit la vengeance des « dieux » qui frustrent ces désirs et qui retardent, ir

449 strent ces désirs et qui retardent, ironiquement, d’ écraser cet orgueil. Imaginons, maintenant, par impossible, que Tantal

450 s’abandonne, et qu’il préfère soudain à son amour d’ un moi coupable et torturé, l’expiation libératrice et son délire. À l

451 soudain à son amour d’un moi coupable et torturé, l’ expiation libératrice et son délire. À l’instant même, il s’enfonce da

452 t son délire. À l’instant même, il s’enfonce dans les eaux, il boit à mort, et le rocher l’écrase. Mais c’est précisément c

453 e, il s’enfonce dans les eaux, il boit à mort, et le rocher l’écrase. Mais c’est précisément ce qui n’arrive jamais, et ne

454 fonce dans les eaux, il boit à mort, et le rocher l’ écrase. Mais c’est précisément ce qui n’arrive jamais, et ne peut arri

455 t ce qui n’arrive jamais, et ne peut arriver dans le Tartare. Tantale, ne croyant pas à la résurrection, ni au pardon, ni

456 rriver dans le Tartare. Tantale, ne croyant pas à la résurrection, ni au pardon, ni au salut que lui vaudrait un instant d

457 u pardon, ni au salut que lui vaudrait un instant de pur abandon — payé de sa mort, il est vrai, pour quelle indescriptibl

458 que lui vaudrait un instant de pur abandon — payé de sa mort, il est vrai, pour quelle indescriptible renaissance ! — préf

459 elle indescriptible renaissance ! — préfère subir le supplice de Tantale. C’est son orgueil et sa dignité d’homme : il se

460 iptible renaissance ! — préfère subir le supplice de Tantale. C’est son orgueil et sa dignité d’homme : il se révolte cont

461 plice de Tantale. C’est son orgueil et sa dignité d’ homme : il se révolte contre tout — sauf soi. C’est pourquoi rien ne c

462 oi rien ne change autour de lui. Considérons ici l’ Homme du Désir, Tantale symboliquement réduit, dans la légende, à sa f

463 mme du Désir, Tantale symboliquement réduit, dans la légende, à sa faim, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme qui, dan

464 f et à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun de nous, préfère le désir, même douloureux d’avoir été mille et mille fo

465 l est cet homme qui, dans chacun de nous, préfère le désir, même douloureux d’avoir été mille et mille fois déçu — mais c’

466 chacun de nous, préfère le désir, même douloureux d’ avoir été mille et mille fois déçu — mais c’est encore son désir, donc

467 — mais c’est encore son désir, donc lui-même — à la proie qu’il ne posséderait qu’en acceptant d’être changé d’abord. Que

468 — à la proie qu’il ne posséderait qu’en acceptant d’ être changé d’abord. Que lui servirait, pense-t-il, de gagner le monde

469 re changé d’abord. Que lui servirait, pense-t-il, de gagner le monde s’il y perdait son moi ? Il est certain qu’à sa maniè

470 d’abord. Que lui servirait, pense-t-il, de gagner le monde s’il y perdait son moi ? Il est certain qu’à sa manière il a ra

471 ertain qu’à sa manière il a raison. Car à gagner, l’ on perd toujours quelque chose : l’attente, l’espoir, la nostalgie du

472 Car à gagner, l’on perd toujours quelque chose : l’ attente, l’espoir, la nostalgie du gain. Supposons un individu qui aur

473 er, l’on perd toujours quelque chose : l’attente, l’ espoir, la nostalgie du gain. Supposons un individu qui aurait désiré

474 erd toujours quelque chose : l’attente, l’espoir, la nostalgie du gain. Supposons un individu qui aurait désiré si longtem

475 reçu. Ou encore : un être nouveau surgirait dans l’ instant du don, pour le recevoir en son lieu. À la limite, et dans la

476 tre nouveau surgirait dans l’instant du don, pour le recevoir en son lieu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où l

477 l’instant du don, pour le recevoir en son lieu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une

478 our le recevoir en son lieu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une de ses tendances, c

479 voir en son lieu. À la limite, et dans la logique d’ un mythe où l’homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui qui ga

480 eu. À la limite, et dans la logique d’un mythe où l’ homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui qui gagne est donc t

481 logique d’un mythe où l’homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui qui gagne est donc toujours un autre. Et celui q

482 tre. Et celui qui désire ne gagnera jamais. C’est le sophisme de l’empereur : Napoléon n’est pas un Bonaparte comblé, mais

483 i qui désire ne gagnera jamais. C’est le sophisme de l’empereur : Napoléon n’est pas un Bonaparte comblé, mais quelqu’un q

484 ui désire ne gagnera jamais. C’est le sophisme de l’ empereur : Napoléon n’est pas un Bonaparte comblé, mais quelqu’un qui

485 comblé, mais quelqu’un qui s’est substitué, sous le manteau d’hermine, à Bonaparte. Le romantique qui rêvait d’être emper

486 is quelqu’un qui s’est substitué, sous le manteau d’ hermine, à Bonaparte. Le romantique qui rêvait d’être empereur est mor

487 ubstitué, sous le manteau d’hermine, à Bonaparte. Le romantique qui rêvait d’être empereur est mort le jour du couronnemen

488 d’hermine, à Bonaparte. Le romantique qui rêvait d’ être empereur est mort le jour du couronnement. Tous nos succès, tous

489 Le romantique qui rêvait d’être empereur est mort le jour du couronnement. Tous nos succès, tous nos actes sans doute, son

490 ute, sont ainsi à quelque degré des modifications de notre identité, des aliénations de nous-mêmes. À la limite, ils sont

491 modifications de notre identité, des aliénations de nous-mêmes. À la limite, ils sont autant d’usurpations. Changeons ma

492 notre identité, des aliénations de nous-mêmes. À la limite, ils sont autant d’usurpations. Changeons maintenant de plan

493 tions de nous-mêmes. À la limite, ils sont autant d’ usurpations. Changeons maintenant de plan spirituel, et transposons l

494 sont autant d’usurpations. Changeons maintenant de plan spirituel, et transposons le mythe de Tantale dans un monde où l

495 eons maintenant de plan spirituel, et transposons le mythe de Tantale dans un monde où l’instant d’abandon ne signifie plu

496 tenant de plan spirituel, et transposons le mythe de Tantale dans un monde où l’instant d’abandon ne signifie plus la mort

497 transposons le mythe de Tantale dans un monde où l’ instant d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’héritage d

498 ns le mythe de Tantale dans un monde où l’instant d’ abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’héritage de la vie é

499 un monde où l’instant d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean

500 l’instant d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul1, une h

501 d’abandon ne signifie plus la mort mais la vie et l’ héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul1, une histoire ét

502 e signifie plus la mort mais la vie et l’héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul1, une histoire étrangement p

503 ignifie plus la mort mais la vie et l’héritage de la vie éternelle. J’emprunte à Jean-Paul1, une histoire étrangement para

504 une histoire étrangement parabolique et qui, dans le registre de l’humour profond, reproduit notre fable grecque, mais la

505 étrangement parabolique et qui, dans le registre de l’humour profond, reproduit notre fable grecque, mais la conduit à un

506 rangement parabolique et qui, dans le registre de l’ humour profond, reproduit notre fable grecque, mais la conduit à une h

507 mour profond, reproduit notre fable grecque, mais la conduit à une heureuse fin. L’oncle van der Kabel vient de mourir, et

508 able grecque, mais la conduit à une heureuse fin. L’ oncle van der Kabel vient de mourir, et devant ses sept héritiers natu

509 sept héritiers naturels, un notaire ouvre et lit le testament. La dernière clause se trouve ainsi conçue : « Tous mes bi

510 nt reviendront et appartiendront à celui des sept de MM. mes Neveux qui, durant la demi-heure qui suivra la lecture de la

511 nt à celui des sept de MM. mes Neveux qui, durant la demi-heure qui suivra la lecture de la présente clause, versera avant

512 . mes Neveux qui, durant la demi-heure qui suivra la lecture de la présente clause, versera avant tous les autres, une ou

513 x qui, durant la demi-heure qui suivra la lecture de la présente clause, versera avant tous les autres, une ou quelques la

514 ui, durant la demi-heure qui suivra la lecture de la présente clause, versera avant tous les autres, une ou quelques larme

515 lecture de la présente clause, versera avant tous les autres, une ou quelques larmes sur moi, son oncle défunt, et cela en

516 ésence d’un respectable magistrat qui en dressera le protocole. Si tout reste sec, mes biens seront donnés au légataire un

517 s biens seront donnés au légataire universel dont le nom va suivre. » À ce point, le notaire pose sa montre sur la table,

518 re universel dont le nom va suivre. » À ce point, le notaire pose sa montre sur la table, elle marque onze heures et demie

519 ivre. » À ce point, le notaire pose sa montre sur la table, elle marque onze heures et demie, et il attend les larmes. Le

520 e, elle marque onze heures et demie, et il attend les larmes. Le marchand Neupeter se demande s’il ne s’agit que d’une mauv

521 ue onze heures et demie, et il attend les larmes. Le marchand Neupeter se demande s’il ne s’agit que d’une mauvaise farce,

522 e marchand Neupeter se demande s’il ne s’agit que d’ une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal Knol se sent

523 s’il ne s’agit que d’une mauvaise farce, indigne d’ un homme de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pas

524 agit que d’une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, le r

525 d’une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, le rusé libra

526 me de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, le rusé libraire, essaie de se remémorer tout ce qu

527 Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, le rusé libraire, essaie de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant da

528 rer de colère. Pasvogel, le rusé libraire, essaie de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant dans les livres. Klitte, qu

529 ibraire, essaie de se remémorer tout ce qu’il y a d’ émouvant dans les livres. Klitte, qui est alsacien, jure que pour tout

530 de se remémorer tout ce qu’il y a d’émouvant dans les livres. Klitte, qui est alsacien, jure que pour tout l’or du monde, u

531 res. Klitte, qui est alsacien, jure que pour tout l’ or du monde, une plaisanterie de ce genre ne le ferait pas pleurer. Su

532 ure que pour tout l’or du monde, une plaisanterie de ce genre ne le ferait pas pleurer. Sur quoi l’inspecteur de police Ha

533 ut l’or du monde, une plaisanterie de ce genre ne le ferait pas pleurer. Sur quoi l’inspecteur de police Harprecht lui fai

534 ie de ce genre ne le ferait pas pleurer. Sur quoi l’ inspecteur de police Harprecht lui fait observer que s’il parvient à p

535 de rire, ce ne sera qu’un vol pur et simple, mais l’ Alsacien proteste que s’il rit, « c’est par pure plaisanterie, et non

536 e, et non pas dans une intention plus sérieuse. » L’ inspecteur ouvre de gros yeux fixes, où rien ne vient. Le jeune prédic

537 une intention plus sérieuse. » L’inspecteur ouvre de gros yeux fixes, où rien ne vient. Le jeune prédicateur Flachs, lui,

538 cteur ouvre de gros yeux fixes, où rien ne vient. Le jeune prédicateur Flachs, lui, serait tout disposé à se lamenter eccl

539 ut disposé à se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision de la maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, es

540 à se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision de la maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien tro

541 se lamenter ecclésiastiquement, mais la vision de la maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien trop r

542 r ecclésiastiquement, mais la vision de la maison de l’oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien trop réjouissant

543 cclésiastiquement, mais la vision de la maison de l’ oncle, s’avançant vers lui sur ces flots, est bien trop réjouissante…

544 sur ces flots, est bien trop réjouissante… Glanz, le conseiller d’église, se met à faire une allocution, car il sait que c

545 est bien trop réjouissante… Glanz, le conseiller d’ église, se met à faire une allocution, car il sait que cela le fait pl

546 met à faire une allocution, car il sait que cela le fait pleurer… Mais Flachs, maintenant, a fermé les yeux. Il évoque so

547 le fait pleurer… Mais Flachs, maintenant, a fermé les yeux. Il évoque son oncle van der Kabel, ses bienfaits, ses redingote

548 ses redingotes grises, puis Lazare et ses chiens, la tête de beaucoup d’êtres, les souffrances du jeune Werther, un petit

549 ngotes grises, puis Lazare et ses chiens, la tête de beaucoup d’êtres, les souffrances du jeune Werther, un petit champ de

550 s, puis Lazare et ses chiens, la tête de beaucoup d’ êtres, les souffrances du jeune Werther, un petit champ de bataille, l

551 azare et ses chiens, la tête de beaucoup d’êtres, les souffrances du jeune Werther, un petit champ de bataille, lui-même en

552 yablement à cause du testament, — et il s’en faut de bien peu qu’il ne pleure… Le conseiller continue son discours… Soudai

553 t, — et il s’en faut de bien peu qu’il ne pleure… Le conseiller continue son discours… Soudain : « Je crois, très honorés

554 ment. Son émotion dûment enregistrée, il héritera de tous les biens de l’oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres,

555 n émotion dûment enregistrée, il héritera de tous les biens de l’oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres, une seul

556 dûment enregistrée, il héritera de tous les biens de l’oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres, une seule pensée

557 ent enregistrée, il héritera de tous les biens de l’ oncle, pour lui avoir dédié, entre tant d’autres, une seule pensée d’a

558 voir dédié, entre tant d’autres, une seule pensée d’ amour pur et gratuit. L’auteur du nouveau Testament n’en demande pas d

559 ’autres, une seule pensée d’amour pur et gratuit. L’ auteur du nouveau Testament n’en demande pas davantage à l’homme pour

560 du nouveau Testament n’en demande pas davantage à l’ homme pour le faire héritier de son royaume : il demande un instant de

561 stament n’en demande pas davantage à l’homme pour le faire héritier de son royaume : il demande un instant de foi. Un inst

562 de pas davantage à l’homme pour le faire héritier de son royaume : il demande un instant de foi. Un instant d’abandon de s

563 e héritier de son royaume : il demande un instant de foi. Un instant d’abandon de soi-même, et d’amour désintéressé. Toute

564 oyaume : il demande un instant de foi. Un instant d’ abandon de soi-même, et d’amour désintéressé. Toute autre tentative po

565 l demande un instant de foi. Un instant d’abandon de soi-même, et d’amour désintéressé. Toute autre tentative pour mériter

566 tant de foi. Un instant d’abandon de soi-même, et d’ amour désintéressé. Toute autre tentative pour mériter la Vie et le Ro

567 désintéressé. Toute autre tentative pour mériter la Vie et le Royaume, gratuitement offerts, déclenche irrésistiblement l

568 ssé. Toute autre tentative pour mériter la Vie et le Royaume, gratuitement offerts, déclenche irrésistiblement le mécanism

569 gratuitement offerts, déclenche irrésistiblement le mécanisme du supplice de Tantale, c’est-à-dire qu’elle s’annule de so

570 clenche irrésistiblement le mécanisme du supplice de Tantale, c’est-à-dire qu’elle s’annule de soi-même. Si un homme croit

571 upplice de Tantale, c’est-à-dire qu’elle s’annule de soi-même. Si un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite de ses œuvr

572 . Si un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite de ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision de la proie qui s’appr

573 du mérite de ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision de la proie qui s’approche sera « bien trop réjouissante » pou

574 de ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision de la proie qui s’approche sera « bien trop réjouissante » pour son cœur

575 ses œuvres, il ne pleurera pas : car la vision de la proie qui s’approche sera « bien trop réjouissante » pour son cœur, e

576 sera « bien trop réjouissante » pour son cœur, et le Royaume convoité s’éloignera tout aussitôt, comme la branche chargée

577 Royaume convoité s’éloignera tout aussitôt, comme la branche chargée de fruits. Si un homme veut la Vie éternelle par seul

578 éloignera tout aussitôt, comme la branche chargée de fruits. Si un homme veut la Vie éternelle par seule crainte de mourir

579 me la branche chargée de fruits. Si un homme veut la Vie éternelle par seule crainte de mourir à cette vie temporelle, les

580 un homme veut la Vie éternelle par seule crainte de mourir à cette vie temporelle, les eaux vives fuiront ses lèvres ; ca

581 r seule crainte de mourir à cette vie temporelle, les eaux vives fuiront ses lèvres ; car il faudrait, pour y être immergé,

582  ; car il faudrait, pour y être immergé, accepter de mourir d’abord à ses propres désirs et à soi-même. (Et c’est le symbo

583 ord à ses propres désirs et à soi-même. (Et c’est le symbole du Baptême.) Telle est la ruse de l’Amour insondable. Admiron

584 même. (Et c’est le symbole du Baptême.) Telle est la ruse de l’Amour insondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Po

585 t c’est le symbole du Baptême.) Telle est la ruse de l’Amour insondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Pour si pe

586 ’est le symbole du Baptême.) Telle est la ruse de l’ Amour insondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Pour si peu d

587 le est la ruse de l’Amour insondable. Admirons-en la précision miraculeuse ! Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’a

588 dmirons-en la précision miraculeuse ! Pour si peu d’ égoïsme qu’il subsiste dans l’acte de porter les lèvres ou la main ver

589 leuse ! Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’ acte de porter les lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruits o

590 Pour si peu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’acte de porter les lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruits offerts,

591 eu d’égoïsme qu’il subsiste dans l’acte de porter les lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruits offerts, l’amour de

592 u’il subsiste dans l’acte de porter les lèvres ou la main vers cette eau, vers ces fruits offerts, l’amour de soi domine e

593 la main vers cette eau, vers ces fruits offerts, l’ amour de soi domine encore le pur Amour, et le plaisir anticipé suffit

594 vers cette eau, vers ces fruits offerts, l’amour de soi domine encore le pur Amour, et le plaisir anticipé suffit encore

595 ces fruits offerts, l’amour de soi domine encore le pur Amour, et le plaisir anticipé suffit encore à refouler cette larm

596 ts, l’amour de soi domine encore le pur Amour, et le plaisir anticipé suffit encore à refouler cette larme, qui pouvait se

597 i pouvait seule, et dans un seul instant, mériter la joie éternelle. 1. Dans les Flegeljahre. a. Rougemont Denis de, «

598 eul instant, mériter la joie éternelle. 1. Dans les Flegeljahre. a. Rougemont Denis de, « Le supplice de Tantale », Fon

599 . 1. Dans les Flegeljahre. a. Rougemont Denis de , « Le supplice de Tantale », Fontaine, Paris, octobre 1946, p. 362-36

600 Dans les Flegeljahre. a. Rougemont Denis de, «  Le supplice de Tantale », Fontaine, Paris, octobre 1946, p. 362-367.

601 egeljahre. a. Rougemont Denis de, « Le supplice de Tantale », Fontaine, Paris, octobre 1946, p. 362-367.

602 Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)c Pendant deux semaines viennent d’avoi

603 Genève, rose des vents de l’ esprit (19 décembre 1946)c Pendant deux semaines viennent d’avoir l

604 Genève, rose des vents de l’ esprit (19 décembre 1946)c Pendant deux semaines viennent d’avoir lieu à

605 décembre 1946)c Pendant deux semaines viennent d’ avoir lieu à Genève, comme on sait, des « Rencontres internationales »

606 , des « Rencontres internationales » placées sous l’ égide de L’Esprit européen. On y a entendu des conférences et des disc

607 Rencontres internationales » placées sous l’égide de L’Esprit européen. On y a entendu des conférences et des discussions,

608 contres internationales » placées sous l’égide de L’ Esprit européen. On y a entendu des conférences et des discussions, de

609 ntres internationales » placées sous l’égide de L’ Esprit européen. On y a entendu des conférences et des discussions, des conc

610 es et des discussions, des concerts, des récitals de poèmes, et assisté à des spectacles lyriques, dramatiques et cinémato

611 matiques et cinématographiques remarquables. Tous les journaux en ont abondamment parlé, ce qui nous dispense d’y revenir e

612 ux en ont abondamment parlé, ce qui nous dispense d’ y revenir en détail. Mais nous avons tenu à recueillir les impressions

613 enir en détail. Mais nous avons tenu à recueillir les impressions de M. Denis de Rougemont, l’un de nos plus brillants essa

614 Mais nous avons tenu à recueillir les impressions de M. Denis de Rougemont, l’un de nos plus brillants essayistes, dont la

615 ir les impressions de M. Denis de Rougemont, l’un de nos plus brillants essayistes, dont la conférence, en l’aula de l’Uni

616 mont, l’un de nos plus brillants essayistes, dont la conférence, en l’aula de l’Université, a obtenu le plus grand succès,

617 plus brillants essayistes, dont la conférence, en l’ aula de l’Université, a obtenu le plus grand succès, comme celle, par

618 illants essayistes, dont la conférence, en l’aula de l’Université, a obtenu le plus grand succès, comme celle, par ailleur

619 ants essayistes, dont la conférence, en l’aula de l’ Université, a obtenu le plus grand succès, comme celle, par ailleurs,

620 a conférence, en l’aula de l’Université, a obtenu le plus grand succès, comme celle, par ailleurs, du romancier français G

621 rnanos, tous deux ne s’étant pas trop égarés dans les mots en urne, ayant appelé un chat un chat et provoqué dans la salle

622 ne, ayant appelé un chat un chat et provoqué dans la salle des mouvements divers, comme on dit. C’est comme cela qu’existe

623 divers, comme on dit. C’est comme cela qu’existe l’ esprit européen : dans la libre discussion, nous confie Denis de Rouge

624 ivers, comme on dit. C’est comme cela qu’existe l’ esprit européen : dans la libre discussion, nous confie Denis de Rougemont.

625 est comme cela qu’existe l’esprit européen : dans la libre discussion, nous confie Denis de Rougemont. La liberté d’opposi

626 libre discussion, nous confie Denis de Rougemont. La liberté d’opposition est typiquement européenne. Même sans en tirer d

627 ssion, nous confie Denis de Rougemont. La liberté d’ opposition est typiquement européenne. Même sans en tirer de conclusio

628 on est typiquement européenne. Même sans en tirer de conclusion, sans trouver une solution. L’Européen veut prendre consci

629 n tirer de conclusion, sans trouver une solution. L’ Européen veut prendre conscience du drame qui se joue en lui, qui se j

630 se joue en lui, qui se joue en chaque homme. Mais l’ Américain ?… L’Américain, lui, c’est ce qui le distingue de l’Europée

631 qui se joue en chaque homme. Mais l’Américain ?… L’ Américain, lui, c’est ce qui le distingue de l’Européen, court à la co

632 is l’Américain ?… L’Américain, lui, c’est ce qui le distingue de l’Européen, court à la conclusion. Il veut une solution

633 n ?… L’Américain, lui, c’est ce qui le distingue de l’Européen, court à la conclusion. Il veut une solution pratique, aut

634 … L’Américain, lui, c’est ce qui le distingue de l’ Européen, court à la conclusion. Il veut une solution pratique, autant

635 c’est ce qui le distingue de l’Européen, court à la conclusion. Il veut une solution pratique, autant que possible. Mais

636 ble. Mais il est capable, après une conversation, de changer d’opinion. Pas l’Européen. L’Européen se retranche dans ses c

637 l est capable, après une conversation, de changer d’ opinion. Pas l’Européen. L’Européen se retranche dans ses convictions

638 après une conversation, de changer d’opinion. Pas l’ Européen. L’Européen se retranche dans ses convictions et pense que l’

639 nversation, de changer d’opinion. Pas l’Européen. L’ Européen se retranche dans ses convictions et pense que l’adversaire e

640 en se retranche dans ses convictions et pense que l’ adversaire est méchant, puisqu’il ne pense pas comme lui. Des entretie

641 s comme lui. Des entretiens, tels qu’ils viennent d’ avoir lieu à Genève, eussent été un four aux États-Unis. En Russie, il

642 ux maintenant quelles questions j’aurai à poser à la Russie. Je lui dirai : « Vous accusez les démocraties d’être purement

643 poser à la Russie. Je lui dirai : « Vous accusez les démocraties d’être purement formelles, de n’être pas complètement réa

644 ie. Je lui dirai : « Vous accusez les démocraties d’ être purement formelles, de n’être pas complètement réalisées ; vous p

645 ccusez les démocraties d’être purement formelles, de n’être pas complètement réalisées ; vous prétendez, vous, Russie, êtr

646 tre une démocratie réelle. Et vous avez des camps de concentration, et vous interdisez aux poètes de s’exprimer librement,

647 s de concentration, et vous interdisez aux poètes de s’exprimer librement, et vous n’avez pas la liberté de la presse, et

648 oètes de s’exprimer librement, et vous n’avez pas la liberté de la presse, et vous repoussez l’existentialisme qui pose de

649 exprimer librement, et vous n’avez pas la liberté de la presse, et vous repoussez l’existentialisme qui pose des questions

650 rimer librement, et vous n’avez pas la liberté de la presse, et vous repoussez l’existentialisme qui pose des questions, e

651 ez pas la liberté de la presse, et vous repoussez l’ existentialisme qui pose des questions, et vous refoulez les reporters

652 tialisme qui pose des questions, et vous refoulez les reporters étrangers et vous êtes le peuple le plus militariste du mon

653 ous refoulez les reporters étrangers et vous êtes le peuple le plus militariste du monde. Si vous vous dites un pays démoc

654 ez les reporters étrangers et vous êtes le peuple le plus militariste du monde. Si vous vous dites un pays démocratique, c

655 ot. Votre démocratie est plus formelle que celles de nous tous. Nous, nous acceptons de n’être pas complètement démocratis

656 lle que celles de nous tous. Nous, nous acceptons de n’être pas complètement démocratisés ; vous, vous ne l’acceptez pas.

657 tre pas complètement démocratisés ; vous, vous ne l’ acceptez pas. À vous de faire le premier pas. Ouvrez vos frontières. V

658 mocratisés ; vous, vous ne l’acceptez pas. À vous de faire le premier pas. Ouvrez vos frontières. Vous pouvez venir chez n

659 s espérons parvenir lors des prochains entretiens de Genève. À condition que nous ayons plus de contacts personnels entre

660 etiens de Genève. À condition que nous ayons plus de contacts personnels entre représentants des différents pays. » … Note

661 re Denis de Rougemont, que je passe pour un homme de gauche dans les partis de droite et pour un homme de droite dans les

662 gemont, que je passe pour un homme de gauche dans les partis de droite et pour un homme de droite dans les partis de gauche

663 je passe pour un homme de gauche dans les partis de droite et pour un homme de droite dans les partis de gauche. Je ne su

664 gauche dans les partis de droite et pour un homme de droite dans les partis de gauche. Je ne suis jamais pour ou contre un

665 partis de droite et pour un homme de droite dans les partis de gauche. Je ne suis jamais pour ou contre un parti. Je suis

666 droite et pour un homme de droite dans les partis de gauche. Je ne suis jamais pour ou contre un parti. Je suis contre le

667 is jamais pour ou contre un parti. Je suis contre le totalitarisme et pour la démocratie réelle, qui est le fédéralisme. U

668 un parti. Je suis contre le totalitarisme et pour la démocratie réelle, qui est le fédéralisme. Un régime de tyrannie n’ab

669 talitarisme et pour la démocratie réelle, qui est le fédéralisme. Un régime de tyrannie n’aboutit jamais à la liberté. On

670 ocratie réelle, qui est le fédéralisme. Un régime de tyrannie n’aboutit jamais à la liberté. On le voit, M. Denis de Rouge

671 ralisme. Un régime de tyrannie n’aboutit jamais à la liberté. On le voit, M. Denis de Rougemont nous prouve que l’esprit e

672 ime de tyrannie n’aboutit jamais à la liberté. On le voit, M. Denis de Rougemont nous prouve que l’esprit européen s’inspi

673 On le voit, M. Denis de Rougemont nous prouve que l’ esprit européen s’inspire d’une grande liberté et d’une parfaite franc

674 le voit, M. Denis de Rougemont nous prouve que l’ esprit européen s’inspire d’une grande liberté et d’une parfaite franchise d

675 emont nous prouve que l’esprit européen s’inspire d’ une grande liberté et d’une parfaite franchise de paroles. Sinon, ce n

676 esprit européen s’inspire d’une grande liberté et d’ une parfaite franchise de paroles. Sinon, ce ne serait plus l’esprit e

677 d’une grande liberté et d’une parfaite franchise de paroles. Sinon, ce ne serait plus l’esprit européen, où la France don

678 te franchise de paroles. Sinon, ce ne serait plus l’ esprit européen, où la France donne le ton, la France qui est un pays

679 franchise de paroles. Sinon, ce ne serait plus l’ esprit européen, où la France donne le ton, la France qui est un pays de dia

680 s. Sinon, ce ne serait plus l’esprit européen, où la France donne le ton, la France qui est un pays de dialogue, comme aim

681 serait plus l’esprit européen, où la France donne le ton, la France qui est un pays de dialogue, comme aime à répéter Andr

682 lus l’esprit européen, où la France donne le ton, la France qui est un pays de dialogue, comme aime à répéter André Gide.

683 la France donne le ton, la France qui est un pays de dialogue, comme aime à répéter André Gide. Quand cesse le dialogue, c

684 gue, comme aime à répéter André Gide. Quand cesse le dialogue, c’est le totalitarisme qui sévit. Denis de Rougemont nous d

685 épéter André Gide. Quand cesse le dialogue, c’est le totalitarisme qui sévit. Denis de Rougemont nous dit encore quel élog

686 mont nous dit encore quel éloge enthousiaste tous les participants ont fait de Genève et de la Suisse. Les Français, notamm

687 éloge enthousiaste tous les participants ont fait de Genève et de la Suisse. Les Français, notamment, sont venus avec une

688 iaste tous les participants ont fait de Genève et de la Suisse. Les Français, notamment, sont venus avec une grande curios

689 te tous les participants ont fait de Genève et de la Suisse. Les Français, notamment, sont venus avec une grande curiosité

690 participants ont fait de Genève et de la Suisse. Les Français, notamment, sont venus avec une grande curiosité et un grand

691 venus avec une grande curiosité et un grand désir de tirer quelque chose de positif des entretiens de Genève. Il faut que

692 uriosité et un grand désir de tirer quelque chose de positif des entretiens de Genève. Il faut que Genève devienne une sor

693 de tirer quelque chose de positif des entretiens de Genève. Il faut que Genève devienne une sorte de Salzbourg intellectu

694 de Genève. Il faut que Genève devienne une sorte de Salzbourg intellectuel, ajoute notre interlocuteur. Tout le monde ins

695 teur. Tout le monde insiste pour cela ; parce que la Suisse est en dehors de l’ONU, parce qu’on y parle sans mandat, pas a

696 pour cela ; parce que la Suisse est en dehors de l’ ONU, parce qu’on y parle sans mandat, pas au nom d’un peuple, mais d’u

697 y parle sans mandat, pas au nom d’un peuple, mais d’ un réel esprit européen. Nous ne sommes pas une nation, nous sommes un

698 ns mandat, pas au nom d’un peuple, mais d’un réel esprit européen. Nous ne sommes pas une nation, nous sommes une confédératio

699 onc bien préparés et prédisposés pour une mission de ce genre. Denis de Rougemont souhaite encore que l’an prochain on inv

700 ce genre. Denis de Rougemont souhaite encore que l’ an prochain on invite des conférenciers américains, dont la voix ne pe

701 hain on invite des conférenciers américains, dont la voix ne peut plus être séparée des dialogues européens. Il souhaite e

702 e des dialogues européens. Il souhaite encore que l’ on organise à Genève un Café de Flore de l’Esprit européen, ou chacun

703 ouhaite encore que l’on organise à Genève un Café de Flore de l’Esprit européen, ou chacun se rencontrera librement, en de

704 icialité. Excellente idée. Genève, rose des vents de l’esprit, continuera ainsi à jouer son rôle de cité internationale, à

705 alité. Excellente idée. Genève, rose des vents de l’ esprit, continuera ainsi à jouer son rôle de cité internationale, à co

706 ité. Excellente idée. Genève, rose des vents de l’ esprit , continuera ainsi à jouer son rôle de cité internationale, à conditio

707 ts de l’esprit, continuera ainsi à jouer son rôle de cité internationale, à condition, bien entendu, que l’esprit puisse y

708 té internationale, à condition, bien entendu, que l’ esprit puisse y souffler librement où il veut. c. Rougemont Denis d

709 internationale, à condition, bien entendu, que l’ esprit puisse y souffler librement où il veut. c. Rougemont Denis de, « [

710 ffler librement où il veut. c. Rougemont Denis de , « [Entretien] Genève, rose des vents de l’esprit », L’Illustré, Laus

711 nt Denis de, « [Entretien] Genève, rose des vents de l’esprit », L’Illustré, Lausanne, 19 décembre 1946, p. 31-32.

712 Denis de, « [Entretien] Genève, rose des vents de l’ esprit », L’Illustré, Lausanne, 19 décembre 1946, p. 31-32.

713 nis de, « [Entretien] Genève, rose des vents de l’ esprit  », L’Illustré, Lausanne, 19 décembre 1946, p. 31-32.

714 [Entretien] Genève, rose des vents de l’esprit », L’ Illustré, Lausanne, 19 décembre 1946, p. 31-32.

715 Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)k Je ne c

716 Préface à Le Cœur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (1947)k Je ne connais dans tout New York qu’une s

717 is dans tout New York qu’une seule vraie terrasse de café, celle du Brevoort, au bas de la Cinquième Avenue. C’est là que

718 ’est là que Dos Passos situe plusieurs des scènes de ses romans, et c’est là qu’il y a bien six ans j’ai connu Carson McCu

719 ans j’ai connu Carson McCullers. Elle avait l’air d’ une toute jeune fille montée en graine, avec ses petits bas rouges au-

720 contenance effarouchée. Ses mains tremblaient, et l’ on pensait que sans sa mère qui l’accompagnait ce jour-là, elle ne fer

721 tremblaient, et l’on pensait que sans sa mère qui l’ accompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas deux pas toute seule dans

722 -là, elle ne ferait pas deux pas toute seule dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier roman qui ven

723 ferait pas deux pas toute seule dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier roman qui venait de paraît

724 as toute seule dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier roman qui venait de paraître — écrit entre

725 dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de son premier roman qui venait de paraître — écrit entre 19 et 22 ans —

726 s — et elle me dit merci, bien sérieusement selon la coutume des femmes américaines lorsqu’on leur fait un compliment. Je

727 liment. Je suppose que mon étonnement eût atteint la stupéfaction si j’avais lu avant cette brève rencontre The Heart is a

728 The Heart is a lonely Hunter. Un peu plus tard je la revis à Brooklyn, dans une sombre maison de quatre étages où m’avait

729 rd je la revis à Brooklyn, dans une sombre maison de quatre étages où m’avait amené Golo, le plus jeune fils de Thomas Man

730 re maison de quatre étages où m’avait amené Golo, le plus jeune fils de Thomas Mann. Un mélange improbable de Kafka, d’Enf

731 étages où m’avait amené Golo, le plus jeune fils de Thomas Mann. Un mélange improbable de Kafka, d’Enfants terribles et d

732 jeune fils de Thomas Mann. Un mélange improbable de Kafka, d’Enfants terribles et de style vieux New York en définissait

733 s de Thomas Mann. Un mélange improbable de Kafka, d’ Enfants terribles et de style vieux New York en définissait l’atmosphè

734 lange improbable de Kafka, d’Enfants terribles et de style vieux New York en définissait l’atmosphère. On écrivait, on com

735 rribles et de style vieux New York en définissait l’ atmosphère. On écrivait, on composait, on sculptait, on jouait du pian

736 ait, on sculptait, on jouait du piano dans toutes les chambres aux portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les repa

737 s toutes les chambres aux portes entrouvertes, et l’ on se réunissait pour les repas autour d’une très longue table que ser

738 x portes entrouvertes, et l’on se réunissait pour les repas autour d’une très longue table que servaient deux ou trois énor

739 rtes, et l’on se réunissait pour les repas autour d’ une très longue table que servaient deux ou trois énormes négresses. W

740 n y présidait avec une malicieuse dignité : c’est le plus grand poète anglais depuis Eliot. À l’autre bout de la table Geo

741 and poète anglais depuis Eliot. À l’autre bout de la table George Davis, rédacteur du Harper’s Bazaar, tenait son rôle de

742 is, rédacteur du Harper’s Bazaar, tenait son rôle de propriétaire. Benjamin Britten et Paul Bowles représentaient la jeune

743 e. Benjamin Britten et Paul Bowles représentaient la jeune musique, Gypsy Rose Lee la danse et le strip-tease, et tous les

744 s représentaient la jeune musique, Gypsy Rose Lee la danse et le strip-tease, et tous les autres à quelque titre étaient d

745 ient la jeune musique, Gypsy Rose Lee la danse et le strip-tease, et tous les autres à quelque titre étaient des « creativ

746 ypsy Rose Lee la danse et le strip-tease, et tous les autres à quelque titre étaient des « creative people », parlaient de

747 titre étaient des « creative people », parlaient de Kierkegaard, de Jung, de ballet, de sculpture précolombienne. Je croi

748 es « creative people », parlaient de Kierkegaard, de Jung, de ballet, de sculpture précolombienne. Je crois bien que toute

749 tive people », parlaient de Kierkegaard, de Jung, de ballet, de sculpture précolombienne. Je crois bien que toute la jeune

750  », parlaient de Kierkegaard, de Jung, de ballet, de sculpture précolombienne. Je crois bien que toute la jeune littératur

751 sculpture précolombienne. Je crois bien que toute la jeune littérature, la jeune musique, la jeune peinture, la jeune chor

752 ne. Je crois bien que toute la jeune littérature, la jeune musique, la jeune peinture, la jeune chorégraphie américaines o

753 que toute la jeune littérature, la jeune musique, la jeune peinture, la jeune chorégraphie américaines ont traversé cette

754 littérature, la jeune musique, la jeune peinture, la jeune chorégraphie américaines ont traversé cette maison de Brooklyn,

755 horégraphie américaines ont traversé cette maison de Brooklyn, seul centre de pensée et d’art que j’aie trouvé dans une gr

756 nt traversé cette maison de Brooklyn, seul centre de pensée et d’art que j’aie trouvé dans une grande ville de ce pays. Et

757 ette maison de Brooklyn, seul centre de pensée et d’ art que j’aie trouvé dans une grande ville de ce pays. Et puis leur no

758 e et d’art que j’aie trouvé dans une grande ville de ce pays. Et puis leur nomadisme habituel les a repris. Un an plus tar

759 ville de ce pays. Et puis leur nomadisme habituel les a repris. Un an plus tard, tous s’étaient dispersés, au Mexique ou au

760 son McCullers était dans une clinique. Un jour je la rencontre dans un train venant du Sud, en route pour une maison de va

761 un train venant du Sud, en route pour une maison de vacances d’écrivains, tout au Nord, près de Saratoga. Elle me tend de

762 nant du Sud, en route pour une maison de vacances d’ écrivains, tout au Nord, près de Saratoga. Elle me tend de ses mains t

763 ins, tout au Nord, près de Saratoga. Elle me tend de ses mains tremblantes une petite coupure de journal : son mari, le li

764 tend de ses mains tremblantes une petite coupure de journal : son mari, le lieutenant McCullers, est signalé comme le pre

765 blantes une petite coupure de journal : son mari, le lieutenant McCullers, est signalé comme le premier Américain blessé l

766 Wright — qui fut le premier à saluer son talent — la reprise de l’émigration traditionnelle des écrivains américains vers

767 i fut le premier à saluer son talent — la reprise de l’émigration traditionnelle des écrivains américains vers le Vieux Mo

768 ut le premier à saluer son talent — la reprise de l’ émigration traditionnelle des écrivains américains vers le Vieux Monde

769 tion traditionnelle des écrivains américains vers le Vieux Monde. ⁂ La principale différence entre la jeune littérature am

770 e des écrivains américains vers le Vieux Monde. ⁂ La principale différence entre la jeune littérature américaine et la fra

771 le Vieux Monde. ⁂ La principale différence entre la jeune littérature américaine et la française, c’est que la première n

772 fférence entre la jeune littérature américaine et la française, c’est que la première ne professe pas du tout ce culte du

773 a seconde. Carson McCullers par exemple, quand je l’ interroge sur ses maîtres, me cite Dostoïevsky, Flaubert et Kierkegaar

774 Dos Passos et Steinbeck. C’est dire peut-être que les jeunes Américains sont moins anxieux de renouveler ou d’assouplir leu

775 être que les jeunes Américains sont moins anxieux de renouveler ou d’assouplir leurs procédés que de se créer un ordre int

776 es Américains sont moins anxieux de renouveler ou d’ assouplir leurs procédés que de se créer un ordre intime et d’approche

777 x de renouveler ou d’assouplir leurs procédés que de se créer un ordre intime et d’approcher par des moyens plus déliés ce

778 leurs procédés que de se créer un ordre intime et d’ approcher par des moyens plus déliés ce monde dont leurs aînés décriva

779 plus déliés ce monde dont leurs aînés décrivaient le chaos avec une sorte de brutalité qui en était le reflet plus que l’e

780 t leurs aînés décrivaient le chaos avec une sorte de brutalité qui en était le reflet plus que l’explication. Mais cette r

781 le chaos avec une sorte de brutalité qui en était le reflet plus que l’explication. Mais cette recherche obscurément spiri

782 orte de brutalité qui en était le reflet plus que l’ explication. Mais cette recherche obscurément spirituelle ne tend jama

783 erche obscurément spirituelle ne tend jamais vers la formule ou le système, comme elle ferait irrésistiblement chez un Fra

784 ent spirituelle ne tend jamais vers la formule ou le système, comme elle ferait irrésistiblement chez un Français. (« Trou

785 ait irrésistiblement chez un Français. (« Trouver le lieu et la formule », disait Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste

786 tiblement chez un Français. (« Trouver le lieu et la formule », disait Rimbaud.) Elle ne se décante pas, reste immergée da

787 aud.) Elle ne se décante pas, reste immergée dans le symbolisme ambigu des caractères particuliers, des sensations, des at

788 des attractions mutuelles qui meuvent à leur insu les personnages. C’est une recherche proprement romanesque, en images, et

789 une sympathie plus fascinée que volontaire. Ainsi les êtres qui animent cet ouvrage se poursuivent, se rapprochent et se ma

790 nt, se rapprochent et se manquent dans une espèce de tâtonnement aventureux qui est le mouvement même de la vie intérieure

791 dans une espèce de tâtonnement aventureux qui est le mouvement même de la vie intérieure en quête d’explications, de rythm

792 tâtonnement aventureux qui est le mouvement même de la vie intérieure en quête d’explications, de rythmes, de certitudes

793 tonnement aventureux qui est le mouvement même de la vie intérieure en quête d’explications, de rythmes, de certitudes à e

794 t le mouvement même de la vie intérieure en quête d’ explications, de rythmes, de certitudes à embrasser. Comme cette Mick,

795 ême de la vie intérieure en quête d’explications, de rythmes, de certitudes à embrasser. Comme cette Mick, jeune fille pau

796 e intérieure en quête d’explications, de rythmes, de certitudes à embrasser. Comme cette Mick, jeune fille pauvre de 15 an

797 à embrasser. Comme cette Mick, jeune fille pauvre de 15 ans, qui cherche la musique dans sa petite ville, et repère une à

798 e Mick, jeune fille pauvre de 15 ans, qui cherche la musique dans sa petite ville, et repère une à une les maisons où la r

799 musique dans sa petite ville, et repère une à une les maisons où la radio choisit les symphonies qu’elle aime. Le soir, ell

800 petite ville, et repère une à une les maisons où la radio choisit les symphonies qu’elle aime. Le soir, elle va s’asseoir

801 repère une à une les maisons où la radio choisit les symphonies qu’elle aime. Le soir, elle va s’asseoir dans une cour obs

802 où la radio choisit les symphonies qu’elle aime. Le soir, elle va s’asseoir dans une cour obscure et elle écoute. Puis el

803 une cour obscure et elle écoute. Puis elle essaie de composer elle-même. Elle appelle sa première sonate : Cette chose que

804 je ne sais pas quoi. Je pense qu’on est en droit de parler ici d’une « expérience romanesque », comme nous parlons depuis

805 quoi. Je pense qu’on est en droit de parler ici d’ une « expérience romanesque », comme nous parlons depuis vingt ans d’u

806 romanesque », comme nous parlons depuis vingt ans d’ une « expérience poétique ». L’exemple des dialogues peut le faire sen

807 s depuis vingt ans d’une « expérience poétique ». L’ exemple des dialogues peut le faire sentir. Les personnages d’un roman

808 périence poétique ». L’exemple des dialogues peut le faire sentir. Les personnages d’un romancier français, quand ils disc

809  ». L’exemple des dialogues peut le faire sentir. Les personnages d’un romancier français, quand ils discutent des idées, m

810 s dialogues peut le faire sentir. Les personnages d’ un romancier français, quand ils discutent des idées, me paraissent êt

811 e des bêtises, c’est pour nous inciter à mépriser l’ erreur ou la bassesse d’une classe qu’ils représentent, d’une tendance

812 s, c’est pour nous inciter à mépriser l’erreur ou la bassesse d’une classe qu’ils représentent, d’une tendance ou d’un vic

813 r nous inciter à mépriser l’erreur ou la bassesse d’ une classe qu’ils représentent, d’une tendance ou d’un vice dont ils s

814 ou la bassesse d’une classe qu’ils représentent, d’ une tendance ou d’un vice dont ils sont les supports. Leurs dialogues

815 une classe qu’ils représentent, d’une tendance ou d’ un vice dont ils sont les supports. Leurs dialogues sont de courts ess

816 entent, d’une tendance ou d’un vice dont ils sont les supports. Leurs dialogues sont de courts essais qui nous conduisent p

817 dont ils sont les supports. Leurs dialogues sont de courts essais qui nous conduisent par un léger détour aux conclusions

818 par un léger détour aux conclusions décidées par l’ auteur. C’est pourquoi l’on citera souvent telle phrase d’un héros de

819 conclusions décidées par l’auteur. C’est pourquoi l’ on citera souvent telle phrase d’un héros de Malraux comme si elle exp

820 . C’est pourquoi l’on citera souvent telle phrase d’ un héros de Malraux comme si elle exprimait la pensée de Malraux, au l

821 rquoi l’on citera souvent telle phrase d’un héros de Malraux comme si elle exprimait la pensée de Malraux, au lieu de n’êt

822 ase d’un héros de Malraux comme si elle exprimait la pensée de Malraux, au lieu de n’être qu’un accord isolé de la partiti

823 éros de Malraux comme si elle exprimait la pensée de Malraux, au lieu de n’être qu’un accord isolé de la partition. Chez l

824 de Malraux, au lieu de n’être qu’un accord isolé de la partition. Chez les jeunes écrivains américains, chez Carson McCul

825 Malraux, au lieu de n’être qu’un accord isolé de la partition. Chez les jeunes écrivains américains, chez Carson McCuller

826 e n’être qu’un accord isolé de la partition. Chez les jeunes écrivains américains, chez Carson McCullers en tout cas, vous

827 des héros. Rien à citer de la part du romancier. Les arguments qu’échangent avec passion un ivrogne et un docteur nègre (p

828 gne et un docteur nègre (p. 307 et 308) sont ceux de Jake et du Dr Copeland, et leur maladresse pathétique éveille en moi

829 ute que circonscrire et limiter. Notons aussi que la nouvelle littérature américaine, au lieu de mettre en scène des intel

830 tes, moins pour débrouiller que pour sensibiliser les questions qui tourmentent l’époque. ⁂ Je me suis demandé souvent : qu

831 e pour sensibiliser les questions qui tourmentent l’ époque. ⁂ Je me suis demandé souvent : quel est le sujet de ce roman ?

832 l’époque. ⁂ Je me suis demandé souvent : quel est le sujet de ce roman ? Point d’intrigue, et pourtant une construction se

833 ⁂ Je me suis demandé souvent : quel est le sujet de ce roman ? Point d’intrigue, et pourtant une construction serrée, com

834 é souvent : quel est le sujet de ce roman ? Point d’ intrigue, et pourtant une construction serrée, comme celle d’un motet

835 et pourtant une construction serrée, comme celle d’ un motet à cinq voix qui se signalent et se posent une à une, se cherc

836 utre se brisent ou se perdent inexorablement dans la rumeur informe de la vie quotidienne. Une longue suite d’incidents so

837 se perdent inexorablement dans la rumeur informe de la vie quotidienne. Une longue suite d’incidents sourdement émouvants

838 perdent inexorablement dans la rumeur informe de la vie quotidienne. Une longue suite d’incidents sourdement émouvants, a

839 r informe de la vie quotidienne. Une longue suite d’ incidents sourdement émouvants, avec quelques éclats de beauté insolit

840 idents sourdement émouvants, avec quelques éclats de beauté insolite (comme la promenade de Baby) qui finissent tous dans

841 s, avec quelques éclats de beauté insolite (comme la promenade de Baby) qui finissent tous dans un geste mortel, coupant,

842 ues éclats de beauté insolite (comme la promenade de Baby) qui finissent tous dans un geste mortel, coupant, atroce. Est-c

843 dans un geste mortel, coupant, atroce. Est-ce que le sujet serait la solitude, la frustration ? Ou bien l’enfance plus sér

844 rtel, coupant, atroce. Est-ce que le sujet serait la solitude, la frustration ? Ou bien l’enfance plus sérieuse et plus mé

845 , atroce. Est-ce que le sujet serait la solitude, la frustration ? Ou bien l’enfance plus sérieuse et plus métaphysique qu

846 ujet serait la solitude, la frustration ? Ou bien l’ enfance plus sérieuse et plus métaphysique que l’âge adulte ? (Les scè

847 l’enfance plus sérieuse et plus métaphysique que l’ âge adulte ? (Les scènes et les dialogues d’enfants sont d’une justess

848 sérieuse et plus métaphysique que l’âge adulte ? ( Les scènes et les dialogues d’enfants sont d’une justesse rarement attein

849 us métaphysique que l’âge adulte ? (Les scènes et les dialogues d’enfants sont d’une justesse rarement atteinte, même chez

850 e que l’âge adulte ? (Les scènes et les dialogues d’ enfants sont d’une justesse rarement atteinte, même chez les romancier

851 lte ? (Les scènes et les dialogues d’enfants sont d’ une justesse rarement atteinte, même chez les romanciers anglais.) Ou

852 sont d’une justesse rarement atteinte, même chez les romanciers anglais.) Ou bien encore le problème noir ? Ou simplement

853 même chez les romanciers anglais.) Ou bien encore le problème noir ? Ou simplement la description d’une petite ville pauvr

854 ) Ou bien encore le problème noir ? Ou simplement la description d’une petite ville pauvre du Sud ? Ou bien toutes ces cho

855 e le problème noir ? Ou simplement la description d’ une petite ville pauvre du Sud ? Ou bien toutes ces choses à la fois ?

856 r, ni brutal, ni sexy, ni religieux, ni relatif à la guerre de Sécession, ni susceptible de fournir un scénario, ni indisc

857 al, ni sexy, ni religieux, ni relatif à la guerre de Sécession, ni susceptible de fournir un scénario, ni indiscret, ni mê

858 relatif à la guerre de Sécession, ni susceptible de fournir un scénario, ni indiscret, ni même documentaire, ait eu tant

859 it eu tant de succès en Amérique ? Je ne vois pas de réponse satisfaisante à ma deuxième question : le fait est là. Pour l

860 de réponse satisfaisante à ma deuxième question : le fait est là. Pour la première, je puis dire après coup que j’aurais d

861 que j’aurais dû trouver une clé dans cette lettre d’ un sourd-muet à son ami devenu fou, qu’on va lire aux pages 219-220 :

862 i devenu fou, qu’on va lire aux pages 219-220 : «  Les autres, écrit-il, haïssent tous quelque chose. Et ils ont tous quelqu

863 ils ont tous quelque chose qu’ils aiment plus que la nourriture ou le sommeil ou le vin ou la compagnie d’un ami. C’est la

864 que chose qu’ils aiment plus que la nourriture ou le sommeil ou le vin ou la compagnie d’un ami. C’est la raison pour laqu

865 ls aiment plus que la nourriture ou le sommeil ou le vin ou la compagnie d’un ami. C’est la raison pour laquelle ils sont

866 plus que la nourriture ou le sommeil ou le vin ou la compagnie d’un ami. C’est la raison pour laquelle ils sont toujours s

867 ourriture ou le sommeil ou le vin ou la compagnie d’ un ami. C’est la raison pour laquelle ils sont toujours si occupés. »

868 sommeil ou le vin ou la compagnie d’un ami. C’est la raison pour laquelle ils sont toujours si occupés. » Dernièrement, à

869 » Dernièrement, à Paris, je disais à Carson, avec la ruse d’un interviewer : — Il n’y a pas d’histoires d’amour, dans ce r

870 rement, à Paris, je disais à Carson, avec la ruse d’ un interviewer : — Il n’y a pas d’histoires d’amour, dans ce roman. El

871 n, avec la ruse d’un interviewer : — Il n’y a pas d’ histoires d’amour, dans ce roman. Elle me regarde étonnée, presque ind

872 use d’un interviewer : — Il n’y a pas d’histoires d’ amour, dans ce roman. Elle me regarde étonnée, presque indignée : — Il

873 ndignée : — Il n’y a que cela ! Elle voulait dire l’ amour des êtres, l’amour réel, et non pas celui des romans. New York,

874 a que cela ! Elle voulait dire l’amour des êtres, l’ amour réel, et non pas celui des romans. New York, le 15 avril 1947.

875 mour réel, et non pas celui des romans. New York, le 15 avril 1947. k. Rougemont Denis de, McCullers Carson, « [Préface

876 New York, le 15 avril 1947. k. Rougemont Denis de , McCullers Carson, « [Préface] Carson McCullers, Le Cœur est un chass

877 , McCullers Carson, « [Préface] Carson McCullers, Le Cœur est un chasseur solitaire  », dans Le Cœur est un chasseur solit

878 llers, Le Cœur est un chasseur solitaire  », dans Le Cœur est un chasseur solitaire, Paris, Stock, 1947, p. I-V.

879 La lutte des classes (1947)j Les trains suisses, bien qu’ils vous con

880 La lutte des classes (1947)j Les trains suisses, bien qu’ils vous conduisent en moins d’une heure d’un

881 ins suisses, bien qu’ils vous conduisent en moins d’ une heure d’un monde à l’autre — de Neuchâtel à Berne par exemple — ne

882 bien qu’ils vous conduisent en moins d’une heure d’ un monde à l’autre — de Neuchâtel à Berne par exemple — ne servent cep

883 isent en moins d’une heure d’un monde à l’autre — de Neuchâtel à Berne par exemple — ne servent cependant qu’aux petits dé

884 sont des voyages concentrés et plus émouvants que les vrais, parce qu’entre le départ et l’arrivée ne s’établit jamais cett

885 s et plus émouvants que les vrais, parce qu’entre le départ et l’arrivée ne s’établit jamais cette monotonie des heures de

886 uvants que les vrais, parce qu’entre le départ et l’ arrivée ne s’établit jamais cette monotonie des heures de plaine et d’

887 ée ne s’établit jamais cette monotonie des heures de plaine et d’océan de nuit où rien ne bouge. Comme il n’y a pas de pla

888 it jamais cette monotonie des heures de plaine et d’ océan de nuit où rien ne bouge. Comme il n’y a pas de place en Suisse

889 s cette monotonie des heures de plaine et d’océan de nuit où rien ne bouge. Comme il n’y a pas de place en Suisse pour un

890 céan de nuit où rien ne bouge. Comme il n’y a pas de place en Suisse pour un véritable voyage, on s’en tire en coupant le

891 pour un véritable voyage, on s’en tire en coupant le milieu, ce remplissage de kilomètres, ces deux mesures de musique rus

892 on s’en tire en coupant le milieu, ce remplissage de kilomètres, ces deux mesures de musique russe indéfiniment répétées,

893 u, ce remplissage de kilomètres, ces deux mesures de musique russe indéfiniment répétées, pour ne garder que le meilleur,

894 e russe indéfiniment répétées, pour ne garder que le meilleur, le plus actif et le plus déchirant, la rupture et la découv

895 iniment répétées, pour ne garder que le meilleur, le plus actif et le plus déchirant, la rupture et la découverte, l’évasi

896 pour ne garder que le meilleur, le plus actif et le plus déchirant, la rupture et la découverte, l’évasion qui se mue en

897 le meilleur, le plus actif et le plus déchirant, la rupture et la découverte, l’évasion qui se mue en invasion, ce début

898 le plus actif et le plus déchirant, la rupture et la découverte, l’évasion qui se mue en invasion, ce début qui clôt une v

899 t le plus déchirant, la rupture et la découverte, l’ évasion qui se mue en invasion, ce début qui clôt une vie, cette concl

900 onclusion qui en ouvre une autre, tandis qu’entre les deux s’opère en un clin d’œil la silencieuse révolution du centre où

901 tandis qu’entre les deux s’opère en un clin d’œil la silencieuse révolution du centre où se confondent les extrêmes les pl

902 silencieuse révolution du centre où se confondent les extrêmes les plus touchants du souvenir et de l’espoir, quand les por

903 évolution du centre où se confondent les extrêmes les plus touchants du souvenir et de l’espoir, quand les portes du cœur,

904 nt les extrêmes les plus touchants du souvenir et de l’espoir, quand les portes du cœur, un instant, sont à la fois ouvert

905 les extrêmes les plus touchants du souvenir et de l’ espoir, quand les portes du cœur, un instant, sont à la fois ouvertes

906 plus touchants du souvenir et de l’espoir, quand les portes du cœur, un instant, sont à la fois ouvertes et fermées. Ainsi

907 nstant, sont à la fois ouvertes et fermées. Ainsi la Suisse est la patrie des romantiques contraints par les dimensions mê

908 la fois ouvertes et fermées. Ainsi la Suisse est la patrie des romantiques contraints par les dimensions mêmes de l’État

909 isse est la patrie des romantiques contraints par les dimensions mêmes de l’État au classicisme véritable, celui qui exprim

910 s romantiques contraints par les dimensions mêmes de l’État au classicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant

911 omantiques contraints par les dimensions mêmes de l’ État au classicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant le

912 ’État au classicisme véritable, celui qui exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le sign

913 me véritable, celui qui exprime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’un raccourci

914 prime le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’un raccourci métaphorique. J’idéalise,

915 me le tout en disant le moins, et qui témoigne de l’ inspiration par le signal d’un raccourci métaphorique. J’idéalise, mai

916 nt le moins, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’un raccourci métaphorique. J’idéalise, mais pourquoi pas ? S

917 s, et qui témoigne de l’inspiration par le signal d’ un raccourci métaphorique. J’idéalise, mais pourquoi pas ? S’il me fal

918 t décrire nos petits déplacements du point de vue de l’usager moyen, je dirais que je les trouve divisés en trois classes,

919 écrire nos petits déplacements du point de vue de l’ usager moyen, je dirais que je les trouve divisés en trois classes, po

920 point de vue de l’usager moyen, je dirais que je les trouve divisés en trois classes, pour la commodité de l’exposé. De mo

921 que je les trouve divisés en trois classes, pour la commodité de l’exposé. De mon temps, les gens bien voyageaient en tro

922 rouve divisés en trois classes, pour la commodité de l’exposé. De mon temps, les gens bien voyageaient en troisième, les g

923 ve divisés en trois classes, pour la commodité de l’ exposé. De mon temps, les gens bien voyageaient en troisième, les gens

924 en trois classes, pour la commodité de l’exposé. De mon temps, les gens bien voyageaient en troisième, les gens chic parf

925 ses, pour la commodité de l’exposé. De mon temps, les gens bien voyageaient en troisième, les gens chic parfois en seconde,

926 on temps, les gens bien voyageaient en troisième, les gens chic parfois en seconde, et je ne savais rien des premières sino

927 ne savais rien des premières sinon qu’un morceau de dentelle ornait le haut de leurs sièges de velours rouge, pour quelqu

928 premières sinon qu’un morceau de dentelle ornait le haut de leurs sièges de velours rouge, pour quelque usage ignoré du c

929 es sinon qu’un morceau de dentelle ornait le haut de leurs sièges de velours rouge, pour quelque usage ignoré du commun. P

930 orceau de dentelle ornait le haut de leurs sièges de velours rouge, pour quelque usage ignoré du commun. Presque toujours

931 ides. En troisième on retrouvait, comme j’ai dit, les gens bien, gracieusement mêlés au peuple souverain de la région, dans

932 ens bien, gracieusement mêlés au peuple souverain de la région, dans cette égalité scolaire que créent en Suisse les bancs

933 bien, gracieusement mêlés au peuple souverain de la région, dans cette égalité scolaire que créent en Suisse les bancs de

934 dans cette égalité scolaire que créent en Suisse les bancs de bois peints en faux bois jaune clair. On s’attendait à être

935 e égalité scolaire que créent en Suisse les bancs de bois peints en faux bois jaune clair. On s’attendait à être interrogé

936 aune clair. On s’attendait à être interrogé, dans les trois langues nationales. À mi-chemin entre l’instituteur et le genda

937 s les trois langues nationales. À mi-chemin entre l’ instituteur et le gendarme, un personnage vêtu d’un sévère uniforme au

938 es nationales. À mi-chemin entre l’instituteur et le gendarme, un personnage vêtu d’un sévère uniforme au col bordé de per

939 l’instituteur et le gendarme, un personnage vêtu d’ un sévère uniforme au col bordé de perles blanches mordant sur l’encol

940 personnage vêtu d’un sévère uniforme au col bordé de perles blanches mordant sur l’encolure bien rasée entrait, claquait l

941 forme au col bordé de perles blanches mordant sur l’ encolure bien rasée entrait, claquait la porte étroite, et annonçait a

942 rdant sur l’encolure bien rasée entrait, claquait la porte étroite, et annonçait avec une emphatique autorité des noms de

943 t annonçait avec une emphatique autorité des noms de villages que tout le monde connaissait, mais cela faisait partie du j

944 mais cela faisait partie du jeu. En bons élèves, les voyageurs préparaient leurs billets pour l’inspection. Tout se passai

945 ves, les voyageurs préparaient leurs billets pour l’ inspection. Tout se passait d’ailleurs sans angoisse, en ce temps-là.

946 leurs sans angoisse, en ce temps-là. On était sûr de son affaire, on était parfaitement « en règle », il fallait simplemen

947 discipline spontanée, voire prévenante, qui fait la force principale de notre régime fédéral. Revenant en Suisse après se

948 e, voire prévenante, qui fait la force principale de notre régime fédéral. Revenant en Suisse après sept ans d’absence, l’

949 régime fédéral. Revenant en Suisse après sept ans d’ absence, l’été dernier, et plus que jamais frappé par ce trait nationa

950 ral. Revenant en Suisse après sept ans d’absence, l’ été dernier, et plus que jamais frappé par ce trait national — le seul

951 et plus que jamais frappé par ce trait national — le seul sans doute, chez nous, qui mérite l’adjectif —, je me disais : «

952 ional — le seul sans doute, chez nous, qui mérite l’ adjectif —, je me disais : « C’est notre force, et ce sera peut-être u

953 ce sera peut-être un jour, au dernier jour — car les plus belles histoires du monde ont une fin — la faiblesse fatale de n

954 les plus belles histoires du monde ont une fin — la faiblesse fatale de notre État : cette habitude de nous sentir en règ

955 toires du monde ont une fin — la faiblesse fatale de notre État : cette habitude de nous sentir en règle, donc de nous cro

956 a faiblesse fatale de notre État : cette habitude de nous sentir en règle, donc de nous croire protégés par toutes les loi

957 at : cette habitude de nous sentir en règle, donc de nous croire protégés par toutes les lois divines et humaines, comme s

958 en règle, donc de nous croire protégés par toutes les lois divines et humaines, comme si le monde où nous vivons était fait

959 par toutes les lois divines et humaines, comme si le monde où nous vivons était fait à notre mesure, comme si l’humanité o

960 ù nous vivons était fait à notre mesure, comme si l’ humanité où nous plongeons se conformait aux règles de la bonne condui

961 manité où nous plongeons se conformait aux règles de la bonne conduite. » L’aspect d’un wagon suisse de IIIe classe, tant

962 ité où nous plongeons se conformait aux règles de la bonne conduite. » L’aspect d’un wagon suisse de IIIe classe, tant il

963 se conformait aux règles de la bonne conduite. » L’ aspect d’un wagon suisse de IIIe classe, tant il respire naturellement

964 rmait aux règles de la bonne conduite. » L’aspect d’ un wagon suisse de IIIe classe, tant il respire naturellement l’honnêt

965 e la bonne conduite. » L’aspect d’un wagon suisse de IIIe classe, tant il respire naturellement l’honnêteté, tendrait à no

966 sse de IIIe classe, tant il respire naturellement l’ honnêteté, tendrait à nous faire oublier que la correction, la décence

967 nt l’honnêteté, tendrait à nous faire oublier que la correction, la décence et la sécurité des citoyens sont de purs et si

968 tendrait à nous faire oublier que la correction, la décence et la sécurité des citoyens sont de purs et simples miracles 

969 us faire oublier que la correction, la décence et la sécurité des citoyens sont de purs et simples miracles ; que le monde

970 tion, la décence et la sécurité des citoyens sont de purs et simples miracles ; que le monde est une jungle atomique, l’hu

971 s citoyens sont de purs et simples miracles ; que le monde est une jungle atomique, l’humanité dans sa très grande majorit

972 miracles ; que le monde est une jungle atomique, l’ humanité dans sa très grande majorité une espèce animale désordonnée,

973 rresponsable et affamée ; et notre âme un cloaque de crimes potentiels, comme l’ont dit Freud, Shakespeare et les Pères de

974 notre âme un cloaque de crimes potentiels, comme l’ ont dit Freud, Shakespeare et les Pères de l’Église. Ici pourtant la c

975 potentiels, comme l’ont dit Freud, Shakespeare et les Pères de l’Église. Ici pourtant la confiance règne, mais ce miracle e

976 hakespeare et les Pères de l’Église. Ici pourtant la confiance règne, mais ce miracle est si bien déguisé en exacte banali

977 iracle est si bien déguisé en exacte banalité que les Suisses le prennent pour banal. Ils pensent mener la vie normale du g

978 i bien déguisé en exacte banalité que les Suisses le prennent pour banal. Ils pensent mener la vie normale du genre humain

979 Suisses le prennent pour banal. Ils pensent mener la vie normale du genre humain, l’anarchie et la guerre étant des except

980 Ils pensent mener la vie normale du genre humain, l’ anarchie et la guerre étant des exceptions. Ainsi pensent les Français

981 ner la vie normale du genre humain, l’anarchie et la guerre étant des exceptions. Ainsi pensent les Français du climat tem

982 et la guerre étant des exceptions. Ainsi pensent les Français du climat tempéré dont ils jouissent à peu près seuls au mon

983 s jouissent à peu près seuls au monde, tandis que les déserts, les volcans, les ouragans et les températures extravagantes

984 peu près seuls au monde, tandis que les déserts, les volcans, les ouragans et les températures extravagantes menacent quot

985 ls au monde, tandis que les déserts, les volcans, les ouragans et les températures extravagantes menacent quotidiennement d

986 dis que les déserts, les volcans, les ouragans et les températures extravagantes menacent quotidiennement depuis des millén

987 s menacent quotidiennement depuis des millénaires l’ existence même de plus des neuf dixièmes des hommes. En dépit du langa

988 es des hommes. En dépit du langage courant, c’est le normal qui est exceptionnel, ce sont les cas d’ordre, de paix et de r

989 nt, c’est le normal qui est exceptionnel, ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui doivent nous étonner quand ils

990 t le normal qui est exceptionnel, ce sont les cas d’ ordre, de paix et de raison qui doivent nous étonner quand ils paraiss

991 al qui est exceptionnel, ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui doivent nous étonner quand ils paraissent, phén

992 exceptionnel, ce sont les cas d’ordre, de paix et de raison qui doivent nous étonner quand ils paraissent, phénomènes haut

993 hautement improbables, très rarement observés sur la planète, et que la presse devrait mettre en vedette, au lieu de nous

994 es, très rarement observés sur la planète, et que la presse devrait mettre en vedette, au lieu de nous rebattre les oreill

995 vrait mettre en vedette, au lieu de nous rebattre les oreilles du train-train de nos corruptions. Donc les Suisses que je

996 lieu de nous rebattre les oreilles du train-train de nos corruptions. Donc les Suisses que je vois en IIIe classe offrent

997 oreilles du train-train de nos corruptions. Donc les Suisses que je vois en IIIe classe offrent l’image de l’homme sûr de

998 nc les Suisses que je vois en IIIe classe offrent l’ image de l’homme sûr de son monde. D’où vient alors cette espèce de ma

999 uisses que je vois en IIIe classe offrent l’image de l’homme sûr de son monde. D’où vient alors cette espèce de malaise qu

1000 ses que je vois en IIIe classe offrent l’image de l’ homme sûr de son monde. D’où vient alors cette espèce de malaise qu’ép

1001 ois en IIIe classe offrent l’image de l’homme sûr de son monde. D’où vient alors cette espèce de malaise qu’éprouvent les

1002 asse offrent l’image de l’homme sûr de son monde. D’ où vient alors cette espèce de malaise qu’éprouvent les étrangers sens

1003 e sûr de son monde. D’où vient alors cette espèce de malaise qu’éprouvent les étrangers sensibles lorsqu’ils prennent plac

1004 vient alors cette espèce de malaise qu’éprouvent les étrangers sensibles lorsqu’ils prennent place dans nos trains locaux 

1005 orsqu’ils prennent place dans nos trains locaux ? L’ expérience de la vie new-yorkaise, où personne ne vous voit jamais, se

1006 nnent place dans nos trains locaux ? L’expérience de la vie new-yorkaise, où personne ne vous voit jamais, se propose par

1007 nt place dans nos trains locaux ? L’expérience de la vie new-yorkaise, où personne ne vous voit jamais, se propose par con

1008 en somme, inconsciemment, comme si notre système de sécurité devait être à chaque instant vérifié, mis au point, méticule

1009 méticuleusement nettoyé des moindres suggestions de bizarrerie ou de virtuelle indiscipline que peuvent représenter une c

1010 nettoyé des moindres suggestions de bizarrerie ou de virtuelle indiscipline que peuvent représenter une cravate insolente,

1011 sation à voix trop haute, une semelle appuyée sur le banc, quelque geste imprévu, un air, un rien. L’indiscrétion sévère d

1012 le banc, quelque geste imprévu, un air, un rien. L’ indiscrétion sévère du regard suisse me surprend à chacun de mes retou

1013 tion sévère du regard suisse me surprend à chacun de mes retours. Comment décrire et comment justifier l’espèce particuliè

1014 mes retours. Comment décrire et comment justifier l’ espèce particulière d’irritation que provoquent ces regards apparemmen

1015 écrire et comment justifier l’espèce particulière d’ irritation que provoquent ces regards apparemment timides, vaguement b

1016 op sérieux et choqués par on ne sait quoi… ? Vous les soutenez d’abord avec curiosité, puis vous trouvez que cela suffit, m

1017 ement ne se détournent qu’avec cet air exaspérant de celui qui renonce à comprendre… Ah ! mais il faut y être pour sentir

1018 l faut y être pour sentir et pour réagir comme je le dis. Dès que je m’éloigne un peu, l’indulgence me reprend. Tout compt

1019 gir comme je le dis. Dès que je m’éloigne un peu, l’ indulgence me reprend. Tout compte fait, je leur donne raison. Quand o

1020 mpte fait, je leur donne raison. Quand on possède la pax helvetica, on ne saurait se montrer trop vigilant, je veux dire t

1021 éfiant et même intolérant. Qu’ils aient seulement l’ air étonnés suppose déjà beaucoup de retenue… À propos de cette pax he

1022 moi recopier un « avis » imprimé que j’ai pu lire l’ été dernier, punaisé près de la porte du balcon dans une chambre d’hôt

1023 é que j’ai pu lire l’été dernier, punaisé près de la porte du balcon dans une chambre d’hôtel des bords du lac Léman : Af

1024 naisé près de la porte du balcon dans une chambre d’ hôtel des bords du lac Léman : Afin d’éviter tout bruit inutile, la d

1025 du lac Léman : Afin d’éviter tout bruit inutile, la direction de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas donner à manger aux

1026 : Afin d’éviter tout bruit inutile, la direction de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas donner à manger aux mouettes. C’

1027 Afin d’éviter tout bruit inutile, la direction de l’ hôtel prie sa clientèle de ne pas donner à manger aux mouettes. C’éta

1028 nutile, la direction de l’hôtel prie sa clientèle de ne pas donner à manger aux mouettes. C’était l’été des expériences d

1029 de ne pas donner à manger aux mouettes. C’était l’ été des expériences de Bikini. Dans les secondes règne la gravité du c

1030 nger aux mouettes. C’était l’été des expériences de Bikini. Dans les secondes règne la gravité du commerce et de l’indust

1031 es expériences de Bikini. Dans les secondes règne la gravité du commerce et de l’industrie. L’authentique usager de cette

1032 Dans les secondes règne la gravité du commerce et de l’industrie. L’authentique usager de cette classe n’est pas curieux,

1033 s les secondes règne la gravité du commerce et de l’ industrie. L’authentique usager de cette classe n’est pas curieux, com

1034 s règne la gravité du commerce et de l’industrie. L’ authentique usager de cette classe n’est pas curieux, comme les gens d

1035 commerce et de l’industrie. L’authentique usager de cette classe n’est pas curieux, comme les gens des troisièmes, des me

1036 e usager de cette classe n’est pas curieux, comme les gens des troisièmes, des menus incidents du trajet. On sent bien qu’i

1037 s menus incidents du trajet. On sent bien qu’il a l’ habitude. On dirait qu’il s’installe dans son bureau, et sa pensée ne

1038 e vagabonde pas, reste enfermée dans sa serviette de cuir. Rien d’étonnant si le contrôleur distingue à première vue les r

1039 s, reste enfermée dans sa serviette de cuir. Rien d’ étonnant si le contrôleur distingue à première vue les resquilleurs, c

1040 mée dans sa serviette de cuir. Rien d’étonnant si le contrôleur distingue à première vue les resquilleurs, ces jeunes gens

1041 tonnant si le contrôleur distingue à première vue les resquilleurs, ces jeunes gens excités qui prétendent ne pas payer de

1042 s jeunes gens excités qui prétendent ne pas payer de supplément parce qu’il n’y avait plus de place dans les troisièmes :

1043 as payer de supplément parce qu’il n’y avait plus de place dans les troisièmes : ils ont l’air trop contents d’être là, on

1044 pplément parce qu’il n’y avait plus de place dans les troisièmes : ils ont l’air trop contents d’être là, on les refoule. J

1045 dans les troisièmes : ils ont l’air trop contents d’ être là, on les refoule. J’ai cru remarquer à ce propos que le peuple

1046 ièmes : ils ont l’air trop contents d’être là, on les refoule. J’ai cru remarquer à ce propos que le peuple suisse paraît d

1047 n les refoule. J’ai cru remarquer à ce propos que le peuple suisse paraît de plus en plus enclin à respecter le velours gr

1048 suisse paraît de plus en plus enclin à respecter le velours gris et dru des secondes : il a tort, c’est la classe vulgair

1049 lours gris et dru des secondes : il a tort, c’est la classe vulgaire. Des jeunes femmes aux moues insolentes, vêtues comme

1050 s aux moues insolentes, vêtues comme des réclames de magazines, discutent avec un accent révoltant le prix de leurs nylons

1051 de magazines, discutent avec un accent révoltant le prix de leurs nylons ou de cette « Cadillac » promise, affirment-elle

1052 zines, discutent avec un accent révoltant le prix de leurs nylons ou de cette « Cadillac » promise, affirment-elles, par l

1053 ec un accent révoltant le prix de leurs nylons ou de cette « Cadillac » promise, affirment-elles, par le jeune mâle placid

1054 cette « Cadillac » promise, affirment-elles, par le jeune mâle placide qui leur fait face, mi-flatté mi-gêné. Je me sens

1055 i m’effraye encore un peu, bien que je voie venir le jour où la réaction la plus noire sera le dernier refuge des esprits

1056 encore un peu, bien que je voie venir le jour où la réaction la plus noire sera le dernier refuge des esprits libres. Je

1057 eu, bien que je voie venir le jour où la réaction la plus noire sera le dernier refuge des esprits libres. Je me décide à

1058 réaction la plus noire sera le dernier refuge des esprits libres. Je me décide à regagner les troisièmes. Mais il faut traverse

1059 efuge des esprits libres. Je me décide à regagner les troisièmes. Mais il faut traverser un couloir de premières. Et je m’a

1060 les troisièmes. Mais il faut traverser un couloir de premières. Et je m’arrête, fasciné. Un vieux monsieur en noir, au col

1061 être un évêque anglican, somnole. En face de lui, la beauté même, « ô toi que j’eusse aimée », sa fille sans doute, fume e

1062 is que les premières étaient vides. C’était vrai, les enfants voient juste. Ces gens traversent le pays comme s’il n’exista

1063 ai, les enfants voient juste. Ces gens traversent le pays comme s’il n’existait pas, ils vont plus loin. Confirmation de l

1064 n’existait pas, ils vont plus loin. Confirmation de la sentence ésotérique : l’œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les pass

1065 existait pas, ils vont plus loin. Confirmation de la sentence ésotérique : l’œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les passage

1066 us loin. Confirmation de la sentence ésotérique : l’ œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en

1067 ésotérique : l’œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse, je les nomme les imperméable

1068 l’œil qui ne voit pas n’est pas vu. Les passagers de première classe, en Suisse, je les nomme les imperméables. Ils traver

1069 . Les passagers de première classe, en Suisse, je les nomme les imperméables. Ils traversent et passent, et rien ne les tou

1070 agers de première classe, en Suisse, je les nomme les imperméables. Ils traversent et passent, et rien ne les touche. Ce so

1071 perméables. Ils traversent et passent, et rien ne les touche. Ce sont aussi, et pour la même raison, des transparents. (Ave

1072 nt, et rien ne les touche. Ce sont aussi, et pour la même raison, des transparents. (Avez-vous remarqué que les trains qui

1073 raison, des transparents. (Avez-vous remarqué que les trains qui vous croisent sont transparents s’ils vont très vite ? On

1074 t transparents s’ils vont très vite ? On ne cesse de voir le paysage au travers.) Ils appartiennent au vaste monde dont je

1075 arents s’ils vont très vite ? On ne cesse de voir le paysage au travers.) Ils appartiennent au vaste monde dont je rêvais

1076 rêvais avec fièvre, à 12 ans, quand je lisais sur les longs wagons bruns qui s’engouffraient au tunnel du Gothard : Amsterd

1077 rd : Amsterdam-Köln-Olten-Zagreb-Bucuresti. Voilà la Suisse en raccourci, telle que je l’aime : croisement des traditions

1078 resti. Voilà la Suisse en raccourci, telle que je l’ aime : croisement des traditions locales les plus touchantes et des ex

1079 que je l’aime : croisement des traditions locales les plus touchantes et des express européens, petits trajets portés sur l

1080 des express européens, petits trajets portés sur les axes du monde. Quel ennui, ces secondes entre les deux ! j. Rougem

1081 les axes du monde. Quel ennui, ces secondes entre les deux ! j. Rougemont Denis de, « La lutte des classes », CFF. Pour

1082 s secondes entre les deux ! j. Rougemont Denis de , « La lutte des classes », CFF. Pour un anniversaire (1847-1947), Lau

1083 ndes entre les deux ! j. Rougemont Denis de, «  La lutte des classes », CFF. Pour un anniversaire (1847-1947), Lausanne,

1084 Les maladies de l’Europe (1947)g On m’a prié de vous parler ce soir d’

1085 Les maladies de l’Europe (1947)g On m’a prié de vous parler ce soir d’une Europe à

1086 Les maladies de l’ Europe (1947)g On m’a prié de vous parler ce soir d’une Europe à la

1087 Les maladies de l’Europe (1947)g On m’a prié de vous parler ce soir d’une Europe à laquelle je reviens après six ans

1088 ope (1947)g On m’a prié de vous parler ce soir d’ une Europe à laquelle je reviens après six ans d’absence, et certains

1089 d’une Europe à laquelle je reviens après six ans d’ absence, et certains événements. L’émotion de pareils revoirs rend sou

1090 après six ans d’absence, et certains événements. L’ émotion de pareils revoirs rend souvent malaisé l’échange de la parole

1091 ans d’absence, et certains événements. L’émotion de pareils revoirs rend souvent malaisé l’échange de la parole, mais don

1092 L’émotion de pareils revoirs rend souvent malaisé l’ échange de la parole, mais donne aussi parfois, au tout premier regard

1093 de pareils revoirs rend souvent malaisé l’échange de la parole, mais donne aussi parfois, au tout premier regard, une luci

1094 pareils revoirs rend souvent malaisé l’échange de la parole, mais donne aussi parfois, au tout premier regard, une lucidit

1095 n peu. Eh bien ! tu n’as pas trop changé ! » Mais d’ un coup d’œil, vous avez lu toute son histoire. Ainsi j’ai retrouvé l’

1096 s avez lu toute son histoire. Ainsi j’ai retrouvé l’ Europe. Sur son visage et dans son expression certains traits accusés

1097 sont tes soucis ? » Et puis, après ce petit tour d’ horizon, on s’arrête et l’on demande d’un autre ton : « Et maintenant,

1098 is, après ce petit tour d’horizon, on s’arrête et l’ on demande d’un autre ton : « Et maintenant, quels sont tes projets ? 

1099 petit tour d’horizon, on s’arrête et l’on demande d’ un autre ton : « Et maintenant, quels sont tes projets ? » Je ne saura

1100 tes projets ? » Je ne saurais échapper ce soir à l’ emprise de ce rituel des retours et de l’amitié, le moins variable et

1101 ts ? » Je ne saurais échapper ce soir à l’emprise de ce rituel des retours et de l’amitié, le moins variable et le plus na

1102 r ce soir à l’emprise de ce rituel des retours et de l’amitié, le moins variable et le plus naturel. Je vais donc regarder

1103 e soir à l’emprise de ce rituel des retours et de l’ amitié, le moins variable et le plus naturel. Je vais donc regarder no

1104 ’emprise de ce rituel des retours et de l’amitié, le moins variable et le plus naturel. Je vais donc regarder notre Europe

1105 des retours et de l’amitié, le moins variable et le plus naturel. Je vais donc regarder notre Europe et j’éviterai de fai

1106 Je vais donc regarder notre Europe et j’éviterai de faire du sentiment puisque aussi bien tout se passe en public, puis j

1107 si bien tout se passe en public, puis j’essaierai de mesurer sa situation nouvelle dans le monde. Enfin, j’ai hâte de lui

1108 j’essaierai de mesurer sa situation nouvelle dans le monde. Enfin, j’ai hâte de lui demander : « Et maintenant, qu’allons-

1109 ituation nouvelle dans le monde. Enfin, j’ai hâte de lui demander : « Et maintenant, qu’allons-nous faire ensemble ? » ⁂ L

1110 t maintenant, qu’allons-nous faire ensemble ? » ⁂ L’ Europe a mauvaise mine, il faut l’avouer. Avant même que l’on puisse d

1111 ensemble ? » ⁂ L’Europe a mauvaise mine, il faut l’ avouer. Avant même que l’on puisse détailler tous ses traits, on en re

1112 a mauvaise mine, il faut l’avouer. Avant même que l’ on puisse détailler tous ses traits, on en reçoit une impression d’ens

1113 ller tous ses traits, on en reçoit une impression d’ ensemble que je traduirai par ces mots : on dirait, à la voir, qu’elle

1114 mble que je traduirai par ces mots : on dirait, à la voir, qu’elle a perdu la guerre. Militairement, Hitler et ses séides

1115 ces mots : on dirait, à la voir, qu’elle a perdu la guerre. Militairement, Hitler et ses séides ont été battus et sont mo

1116 es séides ont été battus et sont morts, mais dans la lutte, ils ont marqué leurs adversaires d’une empreinte qui vaut une

1117 s dans la lutte, ils ont marqué leurs adversaires d’ une empreinte qui vaut une victoire. C’était fatal ! Imaginez deux hom

1118 ’un est une brute, et son point de vue, c’est que la brutalité doit toujours triompher ; l’autre est un parfait gentleman

1119  ; l’autre est un parfait gentleman qui croit que les bonnes manières viendront à bout de tout. Mais, si la brute se jette

1120 ui croit que les bonnes manières viendront à bout de tout. Mais, si la brute se jette soudain sur lui, dans le corps à cor

1121 onnes manières viendront à bout de tout. Mais, si la brute se jette soudain sur lui, dans le corps à corps qui s’ensuit, v

1122 Mais, si la brute se jette soudain sur lui, dans le corps à corps qui s’ensuit, vous ne distinguez plus deux points de vu

1123 s par une seule et même rage physique. Maintenant le gagnant se relève : il se trouve que c’est notre gentleman de tout à

1124 e relève : il se trouve que c’est notre gentleman de tout à l’heure, mais le voilà méconnaissable, le visage tuméfié, les

1125 il se trouve que c’est notre gentleman de tout à l’ heure, mais le voilà méconnaissable, le visage tuméfié, les vêtements

1126 que c’est notre gentleman de tout à l’heure, mais le voilà méconnaissable, le visage tuméfié, les vêtements en désordre. P

1127 de tout à l’heure, mais le voilà méconnaissable, le visage tuméfié, les vêtements en désordre. Physiquement la brute a pe

1128 mais le voilà méconnaissable, le visage tuméfié, les vêtements en désordre. Physiquement la brute a perdu, mais la brutali

1129 tuméfié, les vêtements en désordre. Physiquement la brute a perdu, mais la brutalité a triomphé. La brute a donc imposé s

1130 en désordre. Physiquement la brute a perdu, mais la brutalité a triomphé. La brute a donc imposé son point de vue. Ainsi

1131 t la brute a perdu, mais la brutalité a triomphé. La brute a donc imposé son point de vue. Ainsi d’Hitler et de l’Europe d

1132 é. La brute a donc imposé son point de vue. Ainsi d’ Hitler et de l’Europe démocratique. Ce ne sont pas seulement les ruine

1133 a donc imposé son point de vue. Ainsi d’Hitler et de l’Europe démocratique. Ce ne sont pas seulement les ruines et les dés

1134 onc imposé son point de vue. Ainsi d’Hitler et de l’ Europe démocratique. Ce ne sont pas seulement les ruines et les désord

1135 e l’Europe démocratique. Ce ne sont pas seulement les ruines et les désordres matériels qui marquent le passage du Führer.

1136 ocratique. Ce ne sont pas seulement les ruines et les désordres matériels qui marquent le passage du Führer. La lutte contr

1137 es ruines et les désordres matériels qui marquent le passage du Führer. La lutte contre les forces qu’il incarnait devant

1138 dres matériels qui marquent le passage du Führer. La lutte contre les forces qu’il incarnait devant nous a réveillé ces fo

1139 ui marquent le passage du Führer. La lutte contre les forces qu’il incarnait devant nous a réveillé ces forces parmi nous.

1140 ait devant nous a réveillé ces forces parmi nous. L’ Europe a été façonnée par le judéo-christianisme, par la notion grecqu

1141 es forces parmi nous. L’Europe a été façonnée par le judéo-christianisme, par la notion grecque d’individu, par le droit r

1142 pe a été façonnée par le judéo-christianisme, par la notion grecque d’individu, par le droit romain, par le culte de la vé

1143 par le judéo-christianisme, par la notion grecque d’ individu, par le droit romain, par le culte de la vérité objective, et

1144 istianisme, par la notion grecque d’individu, par le droit romain, par le culte de la vérité objective, et malgré le natio

1145 tion grecque d’individu, par le droit romain, par le culte de la vérité objective, et malgré le nationalisme. Hitler repré

1146 que d’individu, par le droit romain, par le culte de la vérité objective, et malgré le nationalisme. Hitler représentait e

1147 d’individu, par le droit romain, par le culte de la vérité objective, et malgré le nationalisme. Hitler représentait exac

1148 n, par le culte de la vérité objective, et malgré le nationalisme. Hitler représentait exactement, et point par point, le

1149 tler représentait exactement, et point par point, le refus et la destruction de tous ces éléments — l’anti-Europe. Qu’étai

1150 ntait exactement, et point par point, le refus et la destruction de tous ces éléments — l’anti-Europe. Qu’était-il en effe

1151 t, et point par point, le refus et la destruction de tous ces éléments — l’anti-Europe. Qu’était-il en effet pour ceux qui

1152 le refus et la destruction de tous ces éléments — l’ anti-Europe. Qu’était-il en effet pour ceux qui le combattaient ? La r

1153 l’anti-Europe. Qu’était-il en effet pour ceux qui le combattaient ? La rage antichrétienne, la rage antisémite, la rage na

1154 était-il en effet pour ceux qui le combattaient ? La rage antichrétienne, la rage antisémite, la rage nationaliste et poli

1155 eux qui le combattaient ? La rage antichrétienne, la rage antisémite, la rage nationaliste et policière, la négation du dr

1156 ent ? La rage antichrétienne, la rage antisémite, la rage nationaliste et policière, la négation du droit et des droits de

1157 ge antisémite, la rage nationaliste et policière, la négation du droit et des droits de la personne, une conception de l’h

1158 et policière, la négation du droit et des droits de la personne, une conception de l’homme réduit au partisan, une techni

1159 policière, la négation du droit et des droits de la personne, une conception de l’homme réduit au partisan, une technique

1160 roit et des droits de la personne, une conception de l’homme réduit au partisan, une technique du mensonge et de la délati

1161 t et des droits de la personne, une conception de l’ homme réduit au partisan, une technique du mensonge et de la délation,

1162 réduit au partisan, une technique du mensonge et de la délation, les élites asservies à la louange du chef, la politisati

1163 duit au partisan, une technique du mensonge et de la délation, les élites asservies à la louange du chef, la politisation

1164 san, une technique du mensonge et de la délation, les élites asservies à la louange du chef, la politisation totale de l’ex

1165 ensonge et de la délation, les élites asservies à la louange du chef, la politisation totale de l’existence. Hitler battu,

1166 ation, les élites asservies à la louange du chef, la politisation totale de l’existence. Hitler battu, son corps brûlé dan

1167 vies à la louange du chef, la politisation totale de l’existence. Hitler battu, son corps brûlé dans le pétrole, que reste

1168 s à la louange du chef, la politisation totale de l’ existence. Hitler battu, son corps brûlé dans le pétrole, que reste-t-

1169 e l’existence. Hitler battu, son corps brûlé dans le pétrole, que reste-t-il ? À peu près tout cela — moins Hitler. Mais t

1170 ela — moins Hitler. Mais tout cela qui était chez les « nazis », chez les méchants, en face de nous, ressurgit aujourd’hui

1171 Mais tout cela qui était chez les « nazis », chez les méchants, en face de nous, ressurgit aujourd’hui chez nous et dans no

1172 ourd’hui chez nous et dans nos mœurs — avec moins de virulence, peut-être, c’est-à-dire d’une manière moins avouée, non mo

1173 avec moins de virulence, peut-être, c’est-à-dire d’ une manière moins avouée, non moins dangereuse. La guerre n’a pas arrê

1174 d’une manière moins avouée, non moins dangereuse. La guerre n’a pas arrêté, loin de là, les progrès de la déchristianisati

1175 dangereuse. La guerre n’a pas arrêté, loin de là, les progrès de la déchristianisation de l’Europe. Commencée parmi les éli

1176 La guerre n’a pas arrêté, loin de là, les progrès de la déchristianisation de l’Europe. Commencée parmi les élites, au xvi

1177 guerre n’a pas arrêté, loin de là, les progrès de la déchristianisation de l’Europe. Commencée parmi les élites, au xviiie

1178 loin de là, les progrès de la déchristianisation de l’Europe. Commencée parmi les élites, au xviiie siècle, avec l’attaq

1179 in de là, les progrès de la déchristianisation de l’ Europe. Commencée parmi les élites, au xviiie siècle, avec l’attaque

1180 a déchristianisation de l’Europe. Commencée parmi les élites, au xviiie siècle, avec l’attaque des rationalistes, poursuiv

1181 mmencée parmi les élites, au xviiie siècle, avec l’ attaque des rationalistes, poursuivie par les polémiques de Feuerbach,

1182 avec l’attaque des rationalistes, poursuivie par les polémiques de Feuerbach, d’Engels puis de Nietzsche, pratiquement app

1183 des rationalistes, poursuivie par les polémiques de Feuerbach, d’Engels puis de Nietzsche, pratiquement appuyée dans le m

1184 stes, poursuivie par les polémiques de Feuerbach, d’ Engels puis de Nietzsche, pratiquement appuyée dans le même temps et d

1185 ie par les polémiques de Feuerbach, d’Engels puis de Nietzsche, pratiquement appuyée dans le même temps et dans des masses

1186 gels puis de Nietzsche, pratiquement appuyée dans le même temps et dans des masses élargies par les effets du capitalisme

1187 ans le même temps et dans des masses élargies par les effets du capitalisme et par l’esprit bourgeois que tous ces philosop

1188 ses élargies par les effets du capitalisme et par l’ esprit bourgeois que tous ces philosophes, cependant, combattaient, pa

1189 s élargies par les effets du capitalisme et par l’ esprit bourgeois que tous ces philosophes, cependant, combattaient, passée d

1190 pendant, combattaient, passée dans notre siècle à l’ action politique au lendemain de la révolution russe, puis sous le rég

1191 ns notre siècle à l’action politique au lendemain de la révolution russe, puis sous le régime hitlérien, elle se révèle en

1192 notre siècle à l’action politique au lendemain de la révolution russe, puis sous le régime hitlérien, elle se révèle enfin

1193 ue au lendemain de la révolution russe, puis sous le régime hitlérien, elle se révèle enfin dans toute son étendue réelle,

1194 yeux. On doit considérer comme liquidée, au sens le plus récent de ce terme, l’illusion d’une chrétienté identifiable au

1195 considérer comme liquidée, au sens le plus récent de ce terme, l’illusion d’une chrétienté identifiable au concept de l’Eu

1196 mme liquidée, au sens le plus récent de ce terme, l’ illusion d’une chrétienté identifiable au concept de l’Europe, Die Chr

1197 e, au sens le plus récent de ce terme, l’illusion d’ une chrétienté identifiable au concept de l’Europe, Die Christenheit o

1198 illusion d’une chrétienté identifiable au concept de l’Europe, Die Christenheit oder Europa, selon le titre du fameux essa

1199 usion d’une chrétienté identifiable au concept de l’ Europe, Die Christenheit oder Europa, selon le titre du fameux essai d

1200 de l’Europe, Die Christenheit oder Europa, selon le titre du fameux essai de Novalis. Les masses comme les élites échappe

1201 nheit oder Europa, selon le titre du fameux essai de Novalis. Les masses comme les élites échappent aux Églises. Elles ne

1202 uropa, selon le titre du fameux essai de Novalis. Les masses comme les élites échappent aux Églises. Elles ne croient plus

1203 itre du fameux essai de Novalis. Les masses comme les élites échappent aux Églises. Elles ne croient plus qu’en l’ici-bas,

1204 chappent aux Églises. Elles ne croient plus qu’en l’ ici-bas, qu’en cette vie-ci, qu’en un bonheur cinématographique, ou qu

1205 matographique, ou qu’en une justice instaurée par l’ inquisition policière, la dictature d’étiquette populaire, les liquida

1206 ne justice instaurée par l’inquisition policière, la dictature d’étiquette populaire, les liquidations collectives calculé

1207 staurée par l’inquisition policière, la dictature d’ étiquette populaire, les liquidations collectives calculées sur la bas

1208 on policière, la dictature d’étiquette populaire, les liquidations collectives calculées sur la base de statistiques d’État

1209 laire, les liquidations collectives calculées sur la base de statistiques d’État. Cependant, à peine libérées des dogmes r

1210 es liquidations collectives calculées sur la base de statistiques d’État. Cependant, à peine libérées des dogmes religieux

1211 collectives calculées sur la base de statistiques d’ État. Cependant, à peine libérées des dogmes religieux, ces masses et

1212 asses et ces élites n’ont rien de plus pressé que de s’asservir aux dogmes d’un parti. Tout ce qu’a perdu la religion, c’e

1213 rien de plus pressé que de s’asservir aux dogmes d’ un parti. Tout ce qu’a perdu la religion, c’est la politique qui le ga

1214 sservir aux dogmes d’un parti. Tout ce qu’a perdu la religion, c’est la politique qui le gagne. Admirable libération ! Ins

1215 d’un parti. Tout ce qu’a perdu la religion, c’est la politique qui le gagne. Admirable libération ! Insistons fortement su

1216 ce qu’a perdu la religion, c’est la politique qui le gagne. Admirable libération ! Insistons fortement sur ce trait : le f

1217 e libération ! Insistons fortement sur ce trait : le fanatisme d’aujourd’hui n’est plus religieux, mais politique. L’idée

1218 ! Insistons fortement sur ce trait : le fanatisme d’ aujourd’hui n’est plus religieux, mais politique. L’idée que « la fin

1219 aujourd’hui n’est plus religieux, mais politique. L’ idée que « la fin justifie les moyens » n’est plus jésuite, mais lénin

1220 ’est plus religieux, mais politique. L’idée que «  la fin justifie les moyens » n’est plus jésuite, mais léniniste, mais fa

1221 eux, mais politique. L’idée que « la fin justifie les moyens » n’est plus jésuite, mais léniniste, mais fasciste. L’hypocri

1222 ’est plus jésuite, mais léniniste, mais fasciste. L’ hypocrisie aussi a changé de camp. Tartuffe n’est plus dévot comme jad

1223 niste, mais fasciste. L’hypocrisie aussi a changé de camp. Tartuffe n’est plus dévot comme jadis, il n’est plus même de dr

1224 n’est plus dévot comme jadis, il n’est plus même de droite comme hier, il est de gauche, ou « dans la ligne », il se rang

1225 , il n’est plus même de droite comme hier, il est de gauche, ou « dans la ligne », il se range au nouveau conformisme. Dan

1226 de droite comme hier, il est de gauche, ou « dans la ligne », il se range au nouveau conformisme. Dans telles grandes capi

1227 ouveau conformisme. Dans telles grandes capitales d’ Europe, on voit des écrivains et des savants donner des gages d’appare

1228 oit des écrivains et des savants donner des gages d’ apparente loyauté au parti le plus menaçant, comme autrefois Descartes

1229 nts donner des gages d’apparente loyauté au parti le plus menaçant, comme autrefois Descartes en donnait à l’Église, afin

1230 menaçant, comme autrefois Descartes en donnait à l’ Église, afin de s’éviter, disent-ils, les pires ennuis. Si ces abus vo

1231 donnait à l’Église, afin de s’éviter, disent-ils, les pires ennuis. Si ces abus vous font élever la voix, partout l’on vous

1232 s, les pires ennuis. Si ces abus vous font élever la voix, partout l’on vous chuchote un conseil de prudence. Certes, le c

1233 is. Si ces abus vous font élever la voix, partout l’ on vous chuchote un conseil de prudence. Certes, le conformisme en soi

1234 er la voix, partout l’on vous chuchote un conseil de prudence. Certes, le conformisme en soi n’est pas nouveau, même chez

1235 ’on vous chuchote un conseil de prudence. Certes, le conformisme en soi n’est pas nouveau, même chez les intellectuels. Ce

1236 e conformisme en soi n’est pas nouveau, même chez les intellectuels. Ce qui est nouveau, c’est de le voir pratiqué précisém

1237 chez les intellectuels. Ce qui est nouveau, c’est de le voir pratiqué précisément par ceux de l’avant-garde ou qui se donn

1238 z les intellectuels. Ce qui est nouveau, c’est de le voir pratiqué précisément par ceux de l’avant-garde ou qui se donnent

1239 u, c’est de le voir pratiqué précisément par ceux de l’avant-garde ou qui se donnent pour tels en politique. Ce qui est no

1240 c’est de le voir pratiqué précisément par ceux de l’ avant-garde ou qui se donnent pour tels en politique. Ce qui est nouve

1241 pour tels en politique. Ce qui est nouveau, c’est de le voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonction serait de l’attaqu

1242 r tels en politique. Ce qui est nouveau, c’est de le voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonction serait de l’attaquer,

1243 , c’est de le voir défendu par ceux-là mêmes dont la fonction serait de l’attaquer, d’où qu’il vienne. Mais ces lâchetés i

1244 défendu par ceux-là mêmes dont la fonction serait de l’attaquer, d’où qu’il vienne. Mais ces lâchetés intellectuelles se p

1245 endu par ceux-là mêmes dont la fonction serait de l’ attaquer, d’où qu’il vienne. Mais ces lâchetés intellectuelles se pare

1246 x-là mêmes dont la fonction serait de l’attaquer, d’ où qu’il vienne. Mais ces lâchetés intellectuelles se parent des noms

1247 s ces lâchetés intellectuelles se parent des noms d’ amour du peuple, de discipline révolutionnaire, d’antifascisme, en sor

1248 llectuelles se parent des noms d’amour du peuple, de discipline révolutionnaire, d’antifascisme, en sorte qu’à les dénonce

1249 d’amour du peuple, de discipline révolutionnaire, d’ antifascisme, en sorte qu’à les dénoncer, au seul nom de la bonne foi

1250 ne révolutionnaire, d’antifascisme, en sorte qu’à les dénoncer, au seul nom de la bonne foi ou de la véracité, on prend l’a

1251 fascisme, en sorte qu’à les dénoncer, au seul nom de la bonne foi ou de la véracité, on prend l’air d’attaquer la cause de

1252 cisme, en sorte qu’à les dénoncer, au seul nom de la bonne foi ou de la véracité, on prend l’air d’attaquer la cause des p

1253 qu’à les dénoncer, au seul nom de la bonne foi ou de la véracité, on prend l’air d’attaquer la cause des prolétaires, et t

1254 à les dénoncer, au seul nom de la bonne foi ou de la véracité, on prend l’air d’attaquer la cause des prolétaires, et tout

1255 de la bonne foi ou de la véracité, on prend l’air d’ attaquer la cause des prolétaires, et tout essai de critique libre se

1256 foi ou de la véracité, on prend l’air d’attaquer la cause des prolétaires, et tout essai de critique libre se voit taxer

1257 ’attaquer la cause des prolétaires, et tout essai de critique libre se voit taxer de réaction. Cette mauvaise foi brutale

1258 es, et tout essai de critique libre se voit taxer de réaction. Cette mauvaise foi brutale en service commandé est un nouve

1259 brutale en service commandé est un nouveau succès de l’esprit totalitaire qui n’a eu qu’à changer d’étiquette pour occuper

1260 tale en service commandé est un nouveau succès de l’ esprit totalitaire qui n’a eu qu’à changer d’étiquette pour occuper, s

1261 le en service commandé est un nouveau succès de l’ esprit totalitaire qui n’a eu qu’à changer d’étiquette pour occuper, sans co

1262 s de l’esprit totalitaire qui n’a eu qu’à changer d’ étiquette pour occuper, sans coup férir, d’importantes sections de nos

1263 hanger d’étiquette pour occuper, sans coup férir, d’ importantes sections de nos élites. D’autres symptômes d’un mal profon

1264 occuper, sans coup férir, d’importantes sections de nos élites. D’autres symptômes d’un mal profond, dont l’hitlérisme fu

1265 tantes sections de nos élites. D’autres symptômes d’ un mal profond, dont l’hitlérisme fut la première crise ou le premier

1266 élites. D’autres symptômes d’un mal profond, dont l’ hitlérisme fut la première crise ou le premier abcès de fixation, se r

1267 lérisme fut la première crise ou le premier abcès de fixation, se révèlent à l’observateur de l’Europe d’après-guerre. J’e

1268 se ou le premier abcès de fixation, se révèlent à l’ observateur de l’Europe d’après-guerre. J’en mentionnerai quelques-uns

1269 er abcès de fixation, se révèlent à l’observateur de l’Europe d’après-guerre. J’en mentionnerai quelques-uns rapidement. L

1270 abcès de fixation, se révèlent à l’observateur de l’ Europe d’après-guerre. J’en mentionnerai quelques-uns rapidement. La R

1271 fixation, se révèlent à l’observateur de l’Europe d’ après-guerre. J’en mentionnerai quelques-uns rapidement. La Résistance

1272 uerre. J’en mentionnerai quelques-uns rapidement. La Résistance européenne, admirable sursaut d’une liberté blessée qui se

1273 ment. La Résistance européenne, admirable sursaut d’ une liberté blessée qui se défendait, mais aussi d’un espoir exigeant

1274 ’une liberté blessée qui se défendait, mais aussi d’ un espoir exigeant qui attaquait, est en train d’avorter sous nos yeux

1275 stant ne me contredira. Des habitudes prises dans la lutte clandestine, ce sont les pires qui se perpétuent, non les meill

1276 bitudes prises dans la lutte clandestine, ce sont les pires qui se perpétuent, non les meilleures : le mensonge et non pas

1277 destine, ce sont les pires qui se perpétuent, non les meilleures : le mensonge et non pas le témoignage au risque de sa vie

1278 les pires qui se perpétuent, non les meilleures : le mensonge et non pas le témoignage au risque de sa vie ; le marché noi

1279 uent, non les meilleures : le mensonge et non pas le témoignage au risque de sa vie ; le marché noir et non l’entraide com

1280 ge et non pas le témoignage au risque de sa vie ; le marché noir et non l’entraide communautaire ; la dénonciation partisa

1281 gnage au risque de sa vie ; le marché noir et non l’ entraide communautaire ; la dénonciation partisane, non pas le régime

1282 le marché noir et non l’entraide communautaire ; la dénonciation partisane, non pas le régime d’union sacrée. Autant de s

1283 ommunautaire ; la dénonciation partisane, non pas le régime d’union sacrée. Autant de succès remportés par l’esprit du vai

1284 re ; la dénonciation partisane, non pas le régime d’ union sacrée. Autant de succès remportés par l’esprit du vaincu sur ce

1285 rtisane, non pas le régime d’union sacrée. Autant de succès remportés par l’esprit du vaincu sur celui des vainqueurs. L’a

1286 me d’union sacrée. Autant de succès remportés par l’ esprit du vaincu sur celui des vainqueurs. L’antisémitisme fait rage j

1287 d’union sacrée. Autant de succès remportés par l’ esprit du vaincu sur celui des vainqueurs. L’antisémitisme fait rage jusque

1288 par l’esprit du vaincu sur celui des vainqueurs. L’ antisémitisme fait rage jusque dans les provinces où, depuis le Moyen

1289 vainqueurs. L’antisémitisme fait rage jusque dans les provinces où, depuis le Moyen Âge, on avait oublié qu’il y eût un pro

1290 me fait rage jusque dans les provinces où, depuis le Moyen Âge, on avait oublié qu’il y eût un problème juif. Tout se pass

1291 il y eût un problème juif. Tout se passe comme si l’ écrasement du foyer même de ce mal infernal n’avait eu pour effet que

1292 Tout se passe comme si l’écrasement du foyer même de ce mal infernal n’avait eu pour effet que d’en faire rejaillir de tou

1293 même de ce mal infernal n’avait eu pour effet que d’ en faire rejaillir de tous côtés les étincelles. Le nationalisme fait

1294 al n’avait eu pour effet que d’en faire rejaillir de tous côtés les étincelles. Le nationalisme fait rage, cette maladie r

1295 pour effet que d’en faire rejaillir de tous côtés les étincelles. Le nationalisme fait rage, cette maladie romantique de l’

1296 ’en faire rejaillir de tous côtés les étincelles. Le nationalisme fait rage, cette maladie romantique de l’Europe. Lui seu

1297 nationalisme fait rage, cette maladie romantique de l’Europe. Lui seul, sous le couvert de je ne sais quels prétextes par

1298 tionalisme fait rage, cette maladie romantique de l’ Europe. Lui seul, sous le couvert de je ne sais quels prétextes parés

1299 te maladie romantique de l’Europe. Lui seul, sous le couvert de je ne sais quels prétextes parés du nom de tradition, en r

1300 romantique de l’Europe. Lui seul, sous le couvert de je ne sais quels prétextes parés du nom de tradition, en réalité vill

1301 ouvert de je ne sais quels prétextes parés du nom de tradition, en réalité villageois et naïvement machiavéliques, entreti

1302 t naïvement machiavéliques, entretient parmi nous la méfiance, des rancunes séculaires, d’absurdes vanités locales, mainti

1303 parmi nous la méfiance, des rancunes séculaires, d’ absurdes vanités locales, maintient encore des barrières de visas, d’e

1304 s vanités locales, maintient encore des barrières de visas, d’exorbitants tarifs douaniers, des censures plus ou moins avo

1305 locales, maintient encore des barrières de visas, d’ exorbitants tarifs douaniers, des censures plus ou moins avouées, et d

1306 douaniers, des censures plus ou moins avouées, et de ruineux budgets de défense nationale. Un pays qui ne peut pas vêtir s

1307 ures plus ou moins avouées, et de ruineux budgets de défense nationale. Un pays qui ne peut pas vêtir ses déportés trouve

1308 qui ne peut pas vêtir ses déportés trouve encore le moyen de faire des uniformes et discute la couleur des parements, cep

1309 eut pas vêtir ses déportés trouve encore le moyen de faire des uniformes et discute la couleur des parements, cependant qu

1310 encore le moyen de faire des uniformes et discute la couleur des parements, cependant que la bombe atomique, à Bikini, vie

1311 t discute la couleur des parements, cependant que la bombe atomique, à Bikini, vient de changer en une seconde la couleur

1312 omique, à Bikini, vient de changer en une seconde la couleur même de l’océan. Et non seulement l’idée d’une guerre prochai

1313 , vient de changer en une seconde la couleur même de l’océan. Et non seulement l’idée d’une guerre prochaine, mais l’idée

1314 ient de changer en une seconde la couleur même de l’ océan. Et non seulement l’idée d’une guerre prochaine, mais l’idée d’u

1315 onde la couleur même de l’océan. Et non seulement l’ idée d’une guerre prochaine, mais l’idée d’une révolution à main armée

1316 couleur même de l’océan. Et non seulement l’idée d’ une guerre prochaine, mais l’idée d’une révolution à main armée se voi

1317 non seulement l’idée d’une guerre prochaine, mais l’ idée d’une révolution à main armée se voit acceptée comme fatale, se v

1318 lement l’idée d’une guerre prochaine, mais l’idée d’ une révolution à main armée se voit acceptée comme fatale, se voit nou

1319 ée se voit acceptée comme fatale, se voit nourrie de nos passivités. Voilà ce qu’on nous prépare à droite comme à gauche,

1320 du réel qu’apportent à leurs petites occupations les aliénés. Si l’on se bat en Europe demain, ce sera au nom de la démocr

1321 rtent à leurs petites occupations les aliénés. Si l’ on se bat en Europe demain, ce sera au nom de la démocratie contre le

1322 i l’on se bat en Europe demain, ce sera au nom de la démocratie contre le peuple, au nom du peuple contre les libertés, j’

1323 pe demain, ce sera au nom de la démocratie contre le peuple, au nom du peuple contre les libertés, j’entends au nom de la

1324 ocratie contre le peuple, au nom du peuple contre les libertés, j’entends au nom de la dictature du prolétariat contre la l

1325 u peuple contre les libertés, j’entends au nom de la dictature du prolétariat contre la liberté du capital, c’est-à-dire a

1326 ends au nom de la dictature du prolétariat contre la liberté du capital, c’est-à-dire au nom d’une confusion contre une au

1327 u nom d’une confusion contre une autre confusion, d’ une superstition contre un mythe, de quelques scélérats déclarés infai

1328 re confusion, d’une superstition contre un mythe, de quelques scélérats déclarés infaillibles contre un groupe d’autres sc

1329 contre un groupe d’autres scélérats qui se disent de bonne volonté ! Pendant ce temps que font les élites ? J’entends les

1330 sent de bonne volonté ! Pendant ce temps que font les élites ? J’entends les hommes dont la fonction serait de dénoncer ces

1331 Pendant ce temps que font les élites ? J’entends les hommes dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’en rechercher

1332 s que font les élites ? J’entends les hommes dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’en rechercher les causes, et

1333 es ? J’entends les hommes dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’en rechercher les causes, et d’en inventer les r

1334 mes dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’ en rechercher les causes, et d’en inventer les remèdes ? Leur voix ne

1335 tion serait de dénoncer ces maux, d’en rechercher les causes, et d’en inventer les remèdes ? Leur voix ne porte guère, tant

1336 dénoncer ces maux, d’en rechercher les causes, et d’ en inventer les remèdes ? Leur voix ne porte guère, tant qu’elle n’emp

1337 aux, d’en rechercher les causes, et d’en inventer les remèdes ? Leur voix ne porte guère, tant qu’elle n’emprunte pas les h

1338 voix ne porte guère, tant qu’elle n’emprunte pas les haut-parleurs contrôlés par l’État ou par le parti au pouvoir, qui so

1339 le n’emprunte pas les haut-parleurs contrôlés par l’ État ou par le parti au pouvoir, qui sont la radio et la presse. Seuls

1340 pas les haut-parleurs contrôlés par l’État ou par le parti au pouvoir, qui sont la radio et la presse. Seuls ces moyens so

1341 s par l’État ou par le parti au pouvoir, qui sont la radio et la presse. Seuls ces moyens sont à l’échelle des masses. Mai

1342 ou par le parti au pouvoir, qui sont la radio et la presse. Seuls ces moyens sont à l’échelle des masses. Mais se faire é

1343 nt la radio et la presse. Seuls ces moyens sont à l’ échelle des masses. Mais se faire écouter par ces moyens, c’est aussi

1344 s, c’est aussi n’être plus entendu, car il s’agit de s’adapter, de se « mettre au pas » spontanément, au point que rien ne

1345 n’être plus entendu, car il s’agit de s’adapter, de se « mettre au pas » spontanément, au point que rien ne passe plus de

1346 s » spontanément, au point que rien ne passe plus de ce qu’on avait à dire. Devant cette impuissance pratique à inscrire l

1347 à inscrire leurs pensées dans des actes, beaucoup d’ intellectuels s’inscrivent dans un parti et c’est là ce qu’ils appelle

1348 fait, pour la plupart d’entre eux, une démission de la pensée, un alibi. Pour qu’une pensée soit efficace et douée d’une

1349 it, pour la plupart d’entre eux, une démission de la pensée, un alibi. Pour qu’une pensée soit efficace et douée d’une ver

1350 alibi. Pour qu’une pensée soit efficace et douée d’ une vertu agissante, il ne suffit pas que le penseur s’achète une étiq

1351 douée d’une vertu agissante, il ne suffit pas que le penseur s’achète une étiquette ou un insigne. Et cependant, s’il se t

1352 un insigne. Et cependant, s’il se tient seul dans l’ intégrité de l’esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi privés de gu

1353 Et cependant, s’il se tient seul dans l’intégrité de l’esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi privés de guides spiritu

1354 cependant, s’il se tient seul dans l’intégrité de l’ esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi privés de guides spirituels

1355 pendant, s’il se tient seul dans l’intégrité de l’ esprit , il fera figure de déserteur… Ainsi privés de guides spirituels, les

1356 seul dans l’intégrité de l’esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi privés de guides spirituels, les jeunes gens qui ne

1357 esprit, il fera figure de déserteur… Ainsi privés de guides spirituels, les jeunes gens qui ne se contentent pas de cultiv

1358 de déserteur… Ainsi privés de guides spirituels, les jeunes gens qui ne se contentent pas de cultiver le sens de l’absurde

1359 rituels, les jeunes gens qui ne se contentent pas de cultiver le sens de l’absurde cherchent des chefs qui leur commandent

1360 jeunes gens qui ne se contentent pas de cultiver le sens de l’absurde cherchent des chefs qui leur commandent d’agir et d

1361 gens qui ne se contentent pas de cultiver le sens de l’absurde cherchent des chefs qui leur commandent d’agir et de réussi

1362 s qui ne se contentent pas de cultiver le sens de l’ absurde cherchent des chefs qui leur commandent d’agir et de réussir n

1363 l’absurde cherchent des chefs qui leur commandent d’ agir et de réussir n’importe quoi. Le « Führerprinzip » n’est pas mort

1364 cherchent des chefs qui leur commandent d’agir et de réussir n’importe quoi. Le « Führerprinzip » n’est pas mort avec celu

1365 r commandent d’agir et de réussir n’importe quoi. Le « Führerprinzip » n’est pas mort avec celui qui lui donna son nom. Il

1366 ouve d’autres « chefs bien-aimés »… Et là encore, l’ esprit totalitaire marque des points. Tous ces maux et tant d’impuissa

1367 ve d’autres « chefs bien-aimés »… Et là encore, l’ esprit totalitaire marque des points. Tous ces maux et tant d’impuissance à

1368 alitaire marque des points. Tous ces maux et tant d’ impuissance à y parer n’ont pas manqué de provoquer dans les élites de

1369 et tant d’impuissance à y parer n’ont pas manqué de provoquer dans les élites demeurées libérales une crise de pessimisme

1370 ance à y parer n’ont pas manqué de provoquer dans les élites demeurées libérales une crise de pessimisme et de mauvaise con

1371 uer dans les élites demeurées libérales une crise de pessimisme et de mauvaise conscience. Il semble que l’idée de décaden

1372 es demeurées libérales une crise de pessimisme et de mauvaise conscience. Il semble que l’idée de décadence, acclimatée av

1373 ssimisme et de mauvaise conscience. Il semble que l’ idée de décadence, acclimatée avant la guerre par des penseurs aussi d

1374 e et de mauvaise conscience. Il semble que l’idée de décadence, acclimatée avant la guerre par des penseurs aussi divers q

1375 semble que l’idée de décadence, acclimatée avant la guerre par des penseurs aussi divers que Spengler, Valéry et Huizinga

1376 uizinga, se soit généralement substituée dans nos esprits à l’idée de progrès automatique. Née d’analyses et de pressentiments

1377 e soit généralement substituée dans nos esprits à l’ idée de progrès automatique. Née d’analyses et de pressentiments de no

1378 généralement substituée dans nos esprits à l’idée de progrès automatique. Née d’analyses et de pressentiments de nos défai

1379 nos esprits à l’idée de progrès automatique. Née d’ analyses et de pressentiments de nos défaillances internes, elle se vo

1380 l’idée de progrès automatique. Née d’analyses et de pressentiments de nos défaillances internes, elle se voit confirmée e

1381 automatique. Née d’analyses et de pressentiments de nos défaillances internes, elle se voit confirmée et comme objectivée

1382 s, elle se voit confirmée et comme objectivée par la rapide élévation de deux empires extraeuropéens. Ce sont eux qui ont

1383 irmée et comme objectivée par la rapide élévation de deux empires extraeuropéens. Ce sont eux qui ont gagné la guerre, et

1384 empires extraeuropéens. Ce sont eux qui ont gagné la guerre, et non pas nous. Ce sont eux qui ont repris en charge le prog

1385 on pas nous. Ce sont eux qui ont repris en charge le progrès et la foi au progrès. Et nous restons avec l’héritage d’une d

1386 e sont eux qui ont repris en charge le progrès et la foi au progrès. Et nous restons avec l’héritage d’une défaite, notre

1387 rogrès et la foi au progrès. Et nous restons avec l’ héritage d’une défaite, notre conscience inquiète et fatiguée, notre s

1388 a foi au progrès. Et nous restons avec l’héritage d’ une défaite, notre conscience inquiète et fatiguée, notre scepticisme

1389 iguée, notre scepticisme lucide… ⁂ Il se peut que le portrait de l’Europe que je viens d’esquisser devant vous pèche par e

1390 scepticisme lucide… ⁂ Il se peut que le portrait de l’Europe que je viens d’esquisser devant vous pèche par excès de pess

1391 epticisme lucide… ⁂ Il se peut que le portrait de l’ Europe que je viens d’esquisser devant vous pèche par excès de pessimi

1392 se peut que le portrait de l’Europe que je viens d’ esquisser devant vous pèche par excès de pessimisme, et que plusieurs

1393 je viens d’esquisser devant vous pèche par excès de pessimisme, et que plusieurs des rides que j’ai cru distinguer sur le

1394 e plusieurs des rides que j’ai cru distinguer sur le visage spirituel du continent — je ne dis rien de son visage physique

1395 le visage spirituel du continent — je ne dis rien de son visage physique — ne trahissent qu’une fatigue temporaire. Je n’i

1396 nt qu’une fatigue temporaire. Je n’ignore pas que l’ autodénigrement, chez nous autres Européens, se confond trop souvent a

1397 us autres Européens, se confond trop souvent avec le sens critique. Je n’ignore pas que l’indignation morale est un genre

1398 ouvent avec le sens critique. Je n’ignore pas que l’ indignation morale est un genre littéraire, dont la rhétorique fort an

1399 ’indignation morale est un genre littéraire, dont la rhétorique fort ancienne peut entraîner à l’injustice. Et qu’enfin, v

1400 dont la rhétorique fort ancienne peut entraîner à l’ injustice. Et qu’enfin, vis-à-vis des êtres que l’on aime, il arrive q

1401 l’injustice. Et qu’enfin, vis-à-vis des êtres que l’ on aime, il arrive qu’on manque d’indulgence… Faisons la part de ces t

1402 s des êtres que l’on aime, il arrive qu’on manque d’ indulgence… Faisons la part de ces travers ou de ces exagérations. Il

1403 ime, il arrive qu’on manque d’indulgence… Faisons la part de ces travers ou de ces exagérations. Il reste cependant un fai

1404 arrive qu’on manque d’indulgence… Faisons la part de ces travers ou de ces exagérations. Il reste cependant un fait qui ne

1405 e d’indulgence… Faisons la part de ces travers ou de ces exagérations. Il reste cependant un fait qui ne dépend à aucun de

1406 ste cependant un fait qui ne dépend à aucun degré de nos estimations ou jugements subjectifs : c’est que la situation de l

1407 s estimations ou jugements subjectifs : c’est que la situation de l’Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’est mêm

1408 ou jugements subjectifs : c’est que la situation de l’Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’est même totalement

1409 jugements subjectifs : c’est que la situation de l’ Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’est même totalement ren

1410 jectifs : c’est que la situation de l’Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’est même totalement renversée depuis

1411 e, qu’elle s’est même totalement renversée depuis l’ automne de 1939. Avant cette guerre, le nom d’Europe évoquait un foyer

1412 s’est même totalement renversée depuis l’automne de 1939. Avant cette guerre, le nom d’Europe évoquait un foyer intense d

1413 sée depuis l’automne de 1939. Avant cette guerre, le nom d’Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargiss

1414 uis l’automne de 1939. Avant cette guerre, le nom d’ Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargissait sur

1415 e, le nom d’Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élargissait sur tous les autres continents. L’Europe no

1416 ntense dont le rayonnement s’élargissait sur tous les autres continents. L’Europe nous semblait donc plus grande qu’elle n’

1417 ent s’élargissait sur tous les autres continents. L’ Europe nous semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet de

1418 e nous semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’ où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’a

1419 s semblait donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’ effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre

1420 it donc plus grande qu’elle n’était. D’où l’effet de choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre,

1421 tait. D’où l’effet de choc que produisit dans nos esprits , au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Eu

1422 choc que produisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap

1423 dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujour

1424 au lendemain de l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue

1425 e l’autre guerre, la phrase fameuse de Valéry sur l’ Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue d’Amérique, e

1426 sur l’Europe « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’ Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus p

1427 « petit cap de l’Asie ». Aujourd’hui l’Europe vue d’ Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite que nat

1428 i l’Europe vue d’Amérique, et j’imagine aussi vue de Russie, paraît plus petite que nature : physiquement resserrée entre

1429 iquement resserrée entre deux grands empires dont les ombres immenses s’affrontent au-dessus d’elle, rongée et ruinée sur s

1430 s dont les ombres immenses s’affrontent au-dessus d’ elle, rongée et ruinée sur ses bords, moralement refermée sur elle-mêm

1431 refermée sur elle-même. Il y a plus. Nous voyons l’ Europe comme vidée, au profit de ces deux empires, de certaines ambiti

1432 plus. Nous voyons l’Europe comme vidée, au profit de ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de cer

1433 urope comme vidée, au profit de ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances appa

1434 ofit de ces deux empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances apparus sur son sol, et qui

1435 res, de certaines ambitions, de certains rêves et de certaines croyances apparus sur son sol, et qui semblaient parfois dé

1436 progrès par exemple — j’y faisais allusion tout à l’ heure — semble avoir évacué l’Europe pour émigrer vers l’Amérique et l

1437 ais allusion tout à l’heure — semble avoir évacué l’ Europe pour émigrer vers l’Amérique et la Russie. C’est une notion qui

1438 — semble avoir évacué l’Europe pour émigrer vers l’ Amérique et la Russie. C’est une notion qui s’étiole chez nous d’autan

1439 r évacué l’Europe pour émigrer vers l’Amérique et la Russie. C’est une notion qui s’étiole chez nous d’autant plus vite qu

1440 a Russie. C’est une notion qui s’étiole chez nous d’ autant plus vite qu’elle grandit mieux ailleurs, chez les voisins où e

1441 nt plus vite qu’elle grandit mieux ailleurs, chez les voisins où elle s’est transplantée. Et tout se passe comme si l’excès

1442 lle s’est transplantée. Et tout se passe comme si l’ excès où ils la portent et l’abus qu’ils nous semblent en faire nous d

1443 plantée. Et tout se passe comme si l’excès où ils la portent et l’abus qu’ils nous semblent en faire nous dégoûtaient de s

1444 ut se passe comme si l’excès où ils la portent et l’ abus qu’ils nous semblent en faire nous dégoûtaient de son usage norma

1445 us qu’ils nous semblent en faire nous dégoûtaient de son usage normal. Ainsi de bien d’autres notions ou de bien d’autres

1446 faire nous dégoûtaient de son usage normal. Ainsi de bien d’autres notions ou de bien d’autres mythes engendrés par nos œu

1447 n usage normal. Ainsi de bien d’autres notions ou de bien d’autres mythes engendrés par nos œuvres. Ainsi de nos technique

1448 n d’autres mythes engendrés par nos œuvres. Ainsi de nos techniques industrielles, de nos machines, et de nos armes. Penda

1449 os œuvres. Ainsi de nos techniques industrielles, de nos machines, et de nos armes. Pendant des siècles d’expansion irrési

1450 nos techniques industrielles, de nos machines, et de nos armes. Pendant des siècles d’expansion irrésistible, impérialiste

1451 os machines, et de nos armes. Pendant des siècles d’ expansion irrésistible, impérialiste ou généreuse, l’Europe a diffusé

1452 xpansion irrésistible, impérialiste ou généreuse, l’ Europe a diffusé sur la planète, sans distinction, ses découvertes et

1453 impérialiste ou généreuse, l’Europe a diffusé sur la planète, sans distinction, ses découvertes et ses utopies, les secret

1454 sans distinction, ses découvertes et ses utopies, les secrets mêmes de sa puissance, et les germes de ses maladies. Et tout

1455 ses découvertes et ses utopies, les secrets mêmes de sa puissance, et les germes de ses maladies. Et tout cela sur des ter

1456 es utopies, les secrets mêmes de sa puissance, et les germes de ses maladies. Et tout cela sur des terres plus fertiles, ou

1457 les secrets mêmes de sa puissance, et les germes de ses maladies. Et tout cela sur des terres plus fertiles, ou peut-être

1458 nt. Ces notions et ces mythes qui nous reviennent d’ outre-Atlantique ou d’outre-Oder, nous refusons d’y reconnaître nos en

1459 mythes qui nous reviennent d’outre-Atlantique ou d’ outre-Oder, nous refusons d’y reconnaître nos enfants. Leur exil en a

1460 d’outre-Atlantique ou d’outre-Oder, nous refusons d’ y reconnaître nos enfants. Leur exil en a fait des monstres à nos yeux

1461 exil en a fait des monstres à nos yeux. Pourtant le capitalisme industriel et le libéralisme politique, qui ont fait fort

1462 à nos yeux. Pourtant le capitalisme industriel et le libéralisme politique, qui ont fait fortune en Amérique, venaient d’E

1463 tique, qui ont fait fortune en Amérique, venaient d’ Europe ; comme en venaient le matérialisme dialectique, la technique r

1464 n Amérique, venaient d’Europe ; comme en venaient le matérialisme dialectique, la technique révolutionnaire, et l’idée d’u

1465  ; comme en venaient le matérialisme dialectique, la technique révolutionnaire, et l’idée d’une justice sociale établie pa

1466 sme dialectique, la technique révolutionnaire, et l’ idée d’une justice sociale établie par la force aux dépens de la coutu

1467 lectique, la technique révolutionnaire, et l’idée d’ une justice sociale établie par la force aux dépens de la coutume, qui

1468 aire, et l’idée d’une justice sociale établie par la force aux dépens de la coutume, qui triomphent dans l’empire des Sovi

1469 ustice sociale établie par la force aux dépens de la coutume, qui triomphent dans l’empire des Soviets. Comme aussi le res

1470 rce aux dépens de la coutume, qui triomphent dans l’ empire des Soviets. Comme aussi le respect de la science appliquée qui

1471 triomphent dans l’empire des Soviets. Comme aussi le respect de la science appliquée qui régit dans ces deux pays l’éducat

1472 dans l’empire des Soviets. Comme aussi le respect de la science appliquée qui régit dans ces deux pays l’éducation de l’en

1473 s l’empire des Soviets. Comme aussi le respect de la science appliquée qui régit dans ces deux pays l’éducation de l’enfan

1474 la science appliquée qui régit dans ces deux pays l’ éducation de l’enfant et l’eugénique, l’alimentation, le logement, et

1475 ppliquée qui régit dans ces deux pays l’éducation de l’enfant et l’eugénique, l’alimentation, le logement, et jusqu’à la m

1476 iquée qui régit dans ces deux pays l’éducation de l’ enfant et l’eugénique, l’alimentation, le logement, et jusqu’à la mora

1477 git dans ces deux pays l’éducation de l’enfant et l’ eugénique, l’alimentation, le logement, et jusqu’à la morale, autrefoi

1478 deux pays l’éducation de l’enfant et l’eugénique, l’ alimentation, le logement, et jusqu’à la morale, autrefois religieuse.

1479 ation de l’enfant et l’eugénique, l’alimentation, le logement, et jusqu’à la morale, autrefois religieuse. Tout vient d’Eu

1480 ugénique, l’alimentation, le logement, et jusqu’à la morale, autrefois religieuse. Tout vient d’Europe, tout cela fut nôtr

1481 squ’à la morale, autrefois religieuse. Tout vient d’ Europe, tout cela fut nôtre à l’origine. Mais alors, comment et pourqu

1482 ieuse. Tout vient d’Europe, tout cela fut nôtre à l’ origine. Mais alors, comment et pourquoi ces créations européennes n’o

1483 leur plein succès ? Et comment et pourquoi, hors d’ Europe, ont-elles subi cette croissance gigantesque ? Pourquoi n’ont-e

1484 u’en Europe, elles se trouvaient toujours en état de composition, tandis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elles se son

1485 en état de composition, tandis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elles se sont déployées sans frein ni contrepoids. Le

1486 composition, tandis qu’ailleurs, pour le bien et le mal, elles se sont déployées sans frein ni contrepoids. Le capitalism

1487 lles se sont déployées sans frein ni contrepoids. Le capitalisme, chez nous, n’a jamais pu donner son plein, parce qu’il é

1488 rce qu’il était sans cesse bridé et contrarié par le nationalisme, par les guerres, et par tous les barrages de douanes ou

1489 cesse bridé et contrarié par le nationalisme, par les guerres, et par tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’Amé

1490 par le nationalisme, par les guerres, et par tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’Amérique ne connaît pas. Et

1491 alisme, par les guerres, et par tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’Amérique ne connaît pas. Et de même le p

1492 s guerres, et par tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’Amérique ne connaît pas. Et de même le progrès social

1493 r tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’ Amérique ne connaît pas. Et de même le progrès social s’est vu bridé e

1494 outumes que l’Amérique ne connaît pas. Et de même le progrès social s’est vu bridé et contrarié par la tyrannie de l’argen

1495 le progrès social s’est vu bridé et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la Russie nouvelle s’est libérée. Mais en

1496 ocial s’est vu bridé et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la Russie nouvelle s’est libérée. Mais en même temps,

1497 al s’est vu bridé et contrarié par la tyrannie de l’ argent, dont la Russie nouvelle s’est libérée. Mais en même temps, le

1498 dé et contrarié par la tyrannie de l’argent, dont la Russie nouvelle s’est libérée. Mais en même temps, le capitalisme et

1499 ussie nouvelle s’est libérée. Mais en même temps, le capitalisme et l’étatisme n’ont pas atteint chez nous leurs pires exc

1500 st libérée. Mais en même temps, le capitalisme et l’ étatisme n’ont pas atteint chez nous leurs pires excès, parce qu’ils s

1501 , soit au nom d’utopies plus virulentes. Cet état de complexité, d’intrications et de contradictions, définit l’équilibre

1502 ’utopies plus virulentes. Cet état de complexité, d’ intrications et de contradictions, définit l’équilibre humain qu’on no

1503 lentes. Cet état de complexité, d’intrications et de contradictions, définit l’équilibre humain qu’on nomme Europe. Il con

1504 ité, d’intrications et de contradictions, définit l’ équilibre humain qu’on nomme Europe. Il conditionne aussi notre cultur

1505 oir qu’il traduit, et parfois aussi qu’il trahit, la conception européenne de l’homme. Toute la question est de savoir si

1506 fois aussi qu’il trahit, la conception européenne de l’homme. Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir ce

1507 s aussi qu’il trahit, la conception européenne de l’ homme. Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir cet é

1508 rahit, la conception européenne de l’homme. Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir cet équilibre malgré

1509 tion européenne de l’homme. Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir cet équilibre malgré l’attraction fo

1510 ir si nous saurons maintenir cet équilibre malgré l’ attraction formidable qu’exercent sur nous, par leur masse, le colosse

1511 formidable qu’exercent sur nous, par leur masse, le colosse russe et le colosse américain, et malgré toutes les tentation

1512 ent sur nous, par leur masse, le colosse russe et le colosse américain, et malgré toutes les tentations que représentent l

1513 e russe et le colosse américain, et malgré toutes les tentations que représentent leurs succès littéralement démesurés. Ess

1514 nt leurs succès littéralement démesurés. Essayons d’ évaluer nos chances, dans l’état de résistance morale diminuée où vien

1515 t démesurés. Essayons d’évaluer nos chances, dans l’ état de résistance morale diminuée où vient de nous laisser la guerre

1516 urés. Essayons d’évaluer nos chances, dans l’état de résistance morale diminuée où vient de nous laisser la guerre d’Hitle

1517 sistance morale diminuée où vient de nous laisser la guerre d’Hitler. Ces chances paraissent très faibles en vérité. L’Eur

1518 orale diminuée où vient de nous laisser la guerre d’ Hitler. Ces chances paraissent très faibles en vérité. L’Europe a domi

1519 r. Ces chances paraissent très faibles en vérité. L’ Europe a dominé le monde pendant des siècles par sa culture d’abord, d

1520 aissent très faibles en vérité. L’Europe a dominé le monde pendant des siècles par sa culture d’abord, dès le Moyen Âge, p

1521 e pendant des siècles par sa culture d’abord, dès le Moyen Âge, par sa curiosité et son commerce à l’époque des grandes dé

1522 le Moyen Âge, par sa curiosité et son commerce à l’ époque des grandes découvertes, par ses armes et son art de la guerre

1523 des grandes découvertes, par ses armes et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de

1524 grandes découvertes, par ses armes et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel

1525 mes et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagi

1526 et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagieux

1527 de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par

1528 service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’idéaux contagieux ; enfin par ses machines et pa

1529 rapacité de telle nation ou de tel prince, tantôt d’ idéaux contagieux ; enfin par ses machines et par ses capitaux. Mais

1530 ses machines et par ses capitaux. Mais voici que l’ Amérique et la Russie viennent de lui ravir coup sur coup les machines

1531 t par ses capitaux. Mais voici que l’Amérique et la Russie viennent de lui ravir coup sur coup les machines et les capita

1532 et la Russie viennent de lui ravir coup sur coup les machines et les capitaux, les idéaux contagieux et les armes, le gran

1533 ennent de lui ravir coup sur coup les machines et les capitaux, les idéaux contagieux et les armes, le grand commerce et ju

1534 ravir coup sur coup les machines et les capitaux, les idéaux contagieux et les armes, le grand commerce et jusqu’à la curio

1535 achines et les capitaux, les idéaux contagieux et les armes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout

1536 les capitaux, les idéaux contagieux et les armes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout cela dans

1537 agieux et les armes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et s

1538 armes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour po

1539 mes, le grand commerce et jusqu’à la curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour possi

1540 squ’à la curiosité de la planète ! Tout cela dans l’ espace de trente ans, et sans retour possible, à vues humaines. Que no

1541 curiosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de trente ans, et sans retour possible, à vues humaines. Que nous reste-

1542 -t-il donc en propre ? Un monopole unique : celui de la culture au sens le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure

1543 il donc en propre ? Un monopole unique : celui de la culture au sens le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure de

1544 Un monopole unique : celui de la culture au sens le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure de l’homme, un princip

1545 le plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure de l’homme, un principe de critique permanente, un certain équilibre hum

1546 plus large du terme, c’est-à-dire : une mesure de l’ homme, un principe de critique permanente, un certain équilibre humain

1547 c’est-à-dire : une mesure de l’homme, un principe de critique permanente, un certain équilibre humain résultant de tension

1548 permanente, un certain équilibre humain résultant de tensions innombrables. Cela, on nous le laisse encore, et à vrai dire

1549 résultant de tensions innombrables. Cela, on nous le laisse encore, et à vrai dire, c’est le plus difficile à prendre ! Ma

1550 , on nous le laisse encore, et à vrai dire, c’est le plus difficile à prendre ! Mais c’est aussi le plus difficile à maint

1551 st le plus difficile à prendre ! Mais c’est aussi le plus difficile à maintenir en état d’efficacité. Or, il s’en faut de

1552 c’est aussi le plus difficile à maintenir en état d’ efficacité. Or, il s’en faut de beaucoup que les Européens soient unan

1553 maintenir en état d’efficacité. Or, il s’en faut de beaucoup que les Européens soient unanimes à tenir activement le part

1554 at d’efficacité. Or, il s’en faut de beaucoup que les Européens soient unanimes à tenir activement le parti de cette Europe

1555 les Européens soient unanimes à tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexités vitales, de sa culture. Une

1556 péens soient unanimes à tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexités vitales, de sa culture. Une analyse

1557 imes à tenir activement le parti de cette Europe, de ses complexités vitales, de sa culture. Une analyse sociologique asse

1558 arti de cette Europe, de ses complexités vitales, de sa culture. Une analyse sociologique assez grossière suffit à révéler

1559 ogique assez grossière suffit à révéler dans tout le continent une sorte de clivage et un double tropisme. Les masses indu

1560 suffit à révéler dans tout le continent une sorte de clivage et un double tropisme. Les masses industrielles, dans leur pa

1561 inent une sorte de clivage et un double tropisme. Les masses industrielles, dans leur partie active, regardent vers la Russ

1562 trielles, dans leur partie active, regardent vers la Russie, et les grands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique. À

1563 leur partie active, regardent vers la Russie, et les grands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou à raiso

1564 e, regardent vers la Russie, et les grands hommes d’ affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’en juge

1565 e, et les grands hommes d’affaires regardent vers l’ Amérique. À tort ou à raison — je n’en juge pas ici —, ils s’imaginent

1566 eux que leur nation ce qu’ils attendent eux-mêmes de la vie. Ainsi, ce ne sont pas seulement les idéaux de progrès collect

1567 que leur nation ce qu’ils attendent eux-mêmes de la vie. Ainsi, ce ne sont pas seulement les idéaux de progrès collectivi

1568 -mêmes de la vie. Ainsi, ce ne sont pas seulement les idéaux de progrès collectiviste ou de progrès capitaliste qui ont qui

1569 a vie. Ainsi, ce ne sont pas seulement les idéaux de progrès collectiviste ou de progrès capitaliste qui ont quitté notre

1570 seulement les idéaux de progrès collectiviste ou de progrès capitaliste qui ont quitté notre continent, mais à leur suite

1571 qui ont quitté notre continent, mais à leur suite les espoirs et les rêves des plus actifs d’entre nous ont émigré. La bour

1572 notre continent, mais à leur suite les espoirs et les rêves des plus actifs d’entre nous ont émigré. La bourgeoisie, dans s

1573 es rêves des plus actifs d’entre nous ont émigré. La bourgeoisie, dans son ensemble, se contente d’un double refus de la R

1574 é. La bourgeoisie, dans son ensemble, se contente d’ un double refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décaden

1575 dans son ensemble, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore

1576 ns son ensemble, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mai

1577 le, se contente d’un double refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire

1578 se contente d’un double refus de la Russie et de l’ Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mie

1579 refus de la Russie et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour

1580 e et de l’Amérique, se résigne à la décadence, ou la déplore mais sans faire mieux. Je ne vois plus, pour tenir vitalement

1581 es, que deux classes par ailleurs tout opposées : les intellectuels non embrigadés d’une part, les provinciaux et campagnar

1582 es : les intellectuels non embrigadés d’une part, les provinciaux et campagnards de l’autre. C’est-à-dire les esprits les p

1583 igadés d’une part, les provinciaux et campagnards de l’autre. C’est-à-dire les esprits les plus libérés, et les plus attac

1584 ovinciaux et campagnards de l’autre. C’est-à-dire les esprits les plus libérés, et les plus attachés aux préjugés locaux ;

1585 ciaux et campagnards de l’autre. C’est-à-dire les esprits les plus libérés, et les plus attachés aux préjugés locaux ; les subv

1586 campagnards de l’autre. C’est-à-dire les esprits les plus libérés, et les plus attachés aux préjugés locaux ; les subversi

1587 re. C’est-à-dire les esprits les plus libérés, et les plus attachés aux préjugés locaux ; les subversifs et les conservateu

1588 bérés, et les plus attachés aux préjugés locaux ; les subversifs et les conservateurs par profession ou position. Telle est

1589 attachés aux préjugés locaux ; les subversifs et les conservateurs par profession ou position. Telle est, en gros, notre s

1590 cée entre deux grands empires, dépossédée par eux de presque tous ses monopoles et moyens de puissance, vidée de rêves et

1591 e par eux de presque tous ses monopoles et moyens de puissance, vidée de rêves et divisée non seulement par l’esprit de fa

1592 tous ses monopoles et moyens de puissance, vidée de rêves et divisée non seulement par l’esprit de faction, mais parce qu

1593 ance, vidée de rêves et divisée non seulement par l’ esprit de faction, mais parce que beaucoup de ses habitants espèrent a

1594 ce, vidée de rêves et divisée non seulement par l’ esprit de faction, mais parce que beaucoup de ses habitants espèrent ailleur

1595 ée de rêves et divisée non seulement par l’esprit de faction, mais parce que beaucoup de ses habitants espèrent ailleurs,