1
Théologie et littérature (
1946
)b 1. Il faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pens
2
Théologie et littérature (1946)b
1.
Il faut tenir la théologie chrétienne pour la mère de la pensée occid
3
est pas moins étroit ni moins fécond à observer.
2.
Depuis les temps où la philosophie n’était que la servante de la théo
4
idegger, ou qu’on préfère l’ignorer comme Dewey.
3.
Les rapports entre la théologie et la littérature ne sont pas aussi c
5
et presque sans commune mesure. À qui la faute ?
4.
Certes, je suis le premier à redouter que les théologiens se mettent
6
rs à la mode — ou plus souvent à la mode d’il y a
cinquante
ans — dont les prédicateurs modernes ont coutume « d’orner » leurs se
7
r pour son étude quelques hypothèses de travail.
5.
L’ignorance générale où sont les écrivains modernes des rudiments de
8
édiate qu’ils se condamnent à découvrir, tous les
vingt
ans, des Amériques depuis longtemps colonisées. Qui voudrait nous éc
9
t sans nul ordre préconçu, les thèses suivantes.
6.
C’est l’extrémisme théologique qui agit aujourd’hui sur les écrivains
10
générations, en Europe, en Angleterre et dans les
deux
Amériques. Notons que si cette influence s’est montrée décisive dans
11
tre l’élite active et les « milieux d’Église » ?
7.
Une théologie orthodoxe (je ne dis pas sclérosée) favorise, soutient
12
ences intellectuelles, ou de simples facilités…
8.
La littérature en général trouve à se nourrir moins dans telle doctri
13
se en France, pendant l’occupation et tôt après.
9.
Une Église à tendance liturgique marquée offre le terrain le plus fav
14
Book a formé la langue des poètes depuis près de
quatre
siècles, et dont le rôle dans l’histoire des lettres anglaises s’avèr
15
, l’évêque Berkeley, Coleridge, Lewis Carroll, et
vingt
autres noms du même ordre. Ce qui ne signifie rien, bien entendu, pou
16
e une direction de recherches peut-être féconde.
10.
Une critique théologique de la littérature devra mettre en garde son
17
ui fait l’objet déclaré du dit écrit. Parfois ces
deux
messages s’accordent et se renforcent ; le plus souvent hélas ils se
18
e de Karl Barth, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé,
1946,
p. 162-167.
19
Le supplice de Tantale (octobre
1946
)a L’eau fuit ses lèvres, la branche fuit sa main, et le rocher qui
20
fondamentales de son être. Tantale avait commis
deux
crimes, dit la Fable. Admis à la table des dieux, il avait dérobé à s
21
us, préfère le désir, même douloureux d’avoir été
mille
et mille fois déçu — mais c’est encore son désir, donc lui-même — à l
22
re le désir, même douloureux d’avoir été mille et
mille
fois déçu — mais c’est encore son désir, donc lui-même — à la proie q
23
notaire pose sa montre sur la table, elle marque
onze
heures et demie, et il attend les larmes. Le marchand Neupeter se dem
24
ans un seul instant, mériter la joie éternelle.
1.
Dans les Flegeljahre. a. Rougemont Denis de, « Le supplice de Tanta
25
e supplice de Tantale », Fontaine, Paris, octobre
1946,
p. 362-367.
26
Genève, rose des vents de l’esprit (
19
décembre 1946)c Pendant deux semaines viennent d’avoir lieu à Genè
27
Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre
1946
)c Pendant deux semaines viennent d’avoir lieu à Genève, comme on s
28
vents de l’esprit (19 décembre 1946)c Pendant
deux
semaines viennent d’avoir lieu à Genève, comme on sait, des « Rencont
29
urs, du romancier français Georges Bernanos, tous
deux
ne s’étant pas trop égarés dans les mots en urne, ayant appelé un cha
30
se des vents de l’esprit », L’Illustré, Lausanne,
19
décembre 1946, p. 31-32.
31
de l’esprit », L’Illustré, Lausanne, 19 décembre
1946,
p. 31-32.
32
ur est un chasseur solitaire de Carson McCullers (
1947
)k Je ne connais dans tout New York qu’une seule vraie terrasse de
33
scènes de ses romans, et c’est là qu’il y a bien
six
ans j’ai connu Carson McCullers. Elle avait l’air d’une toute jeune f
34
qui l’accompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas
deux
pas toute seule dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de s
35
remier roman qui venait de paraître — écrit entre
19
et 22 ans — et elle me dit merci, bien sérieusement selon la coutume
36
roman qui venait de paraître — écrit entre 19 et
22
ans — et elle me dit merci, bien sérieusement selon la coutume des fe
37
je la revis à Brooklyn, dans une sombre maison de
quatre
étages où m’avait amené Golo, le plus jeune fils de Thomas Mann. Un m
38
epas autour d’une très longue table que servaient
deux
ou trois énormes négresses. Wystan Auden y présidait avec une malicie
39
our d’une très longue table que servaient deux ou
trois
énormes négresses. Wystan Auden y présidait avec une malicieuse digni
40
mbrasser. Comme cette Mick, jeune fille pauvre de
15
ans, qui cherche la musique dans sa petite ville, et repère une à une
41
xpérience romanesque », comme nous parlons depuis
vingt
ans d’une « expérience poétique ». L’exemple des dialogues peut le fa
42
passion un ivrogne et un docteur nègre (p. 307 et
308
) sont ceux de Jake et du Dr Copeland, et leur maladresse pathétique é
43
une construction serrée, comme celle d’un motet à
cinq
voix qui se signalent et se posent une à une, se cherchent, se rencon
44
uet à son ami devenu fou, qu’on va lire aux pages
219-220
: « Les autres, écrit-il, haïssent tous quelque chose. Et ils ont tou
45
r réel, et non pas celui des romans. New York, le
15
avril 1947. k. Rougemont Denis de, McCullers Carson, « [Préface] C
46
t non pas celui des romans. New York, le 15 avril
1947.
k. Rougemont Denis de, McCullers Carson, « [Préface] Carson McCull
47
Le Cœur est un chasseur solitaire, Paris, Stock,
1947,
p. I-V.
48
La lutte des classes (
1947
)j Les trains suisses, bien qu’ils vous conduisent en moins d’une h
49
pant le milieu, ce remplissage de kilomètres, ces
deux
mesures de musique russe indéfiniment répétées, pour ne garder que le
50
usion qui en ouvre une autre, tandis qu’entre les
deux
s’opère en un clin d’œil la silencieuse révolution du centre où se co
51
ger moyen, je dirais que je les trouve divisés en
trois
classes, pour la commodité de l’exposé. De mon temps, les gens bien v
52
clair. On s’attendait à être interrogé, dans les
trois
langues nationales. À mi-chemin entre l’instituteur et le gendarme, u
53
extravagantes menacent quotidiennement depuis des
millénaires
l’existence même de plus des neuf dixièmes des hommes. En dépit du la
54
puis des millénaires l’existence même de plus des
neuf
dixièmes des hommes. En dépit du langage courant, c’est le normal qui
55
nent au vaste monde dont je rêvais avec fièvre, à
12
ans, quand je lisais sur les longs wagons bruns qui s’engouffraient a
56
axes du monde. Quel ennui, ces secondes entre les
deux
! j. Rougemont Denis de, « La lutte des classes », CFF. Pour un an
57
a lutte des classes », CFF. Pour un anniversaire (
1847-1947
), Lausanne, Mermod, 1947, p. 143-152.
58
ur un anniversaire (1847-1947), Lausanne, Mermod,
1947,
p. 143-152.
59
Les maladies de l’Europe (
1947
)g On m’a prié de vous parler ce soir d’une Europe à laquelle je re
60
ce soir d’une Europe à laquelle je reviens après
six
ans d’absence, et certains événements. L’émotion de pareils revoirs r
61
e qui vaut une victoire. C’était fatal ! Imaginez
deux
hommes qui se disputent : l’un est une brute, et son point de vue, c’
62
rps à corps qui s’ensuit, vous ne distinguez plus
deux
points de vue, mais seulement deux lutteurs étreints par une seule et
63
istinguez plus deux points de vue, mais seulement
deux
lutteurs étreints par une seule et même rage physique. Maintenant le
64
ée et comme objectivée par la rapide élévation de
deux
empires extraeuropéens. Ce sont eux qui ont gagné la guerre, et non p
65
est même totalement renversée depuis l’automne de
1939.
Avant cette guerre, le nom d’Europe évoquait un foyer intense dont le
66
petite que nature : physiquement resserrée entre
deux
grands empires dont les ombres immenses s’affrontent au-dessus d’elle
67
ous voyons l’Europe comme vidée, au profit de ces
deux
empires, de certaines ambitions, de certains rêves et de certaines cr
68
espect de la science appliquée qui régit dans ces
deux
pays l’éducation de l’enfant et l’eugénique, l’alimentation, le logem
69
iosité de la planète ! Tout cela dans l’espace de
trente
ans, et sans retour possible, à vues humaines. Que nous reste-t-il do
70
aux conceptions et aux coutumes européennes, que
deux
classes par ailleurs tout opposées : les intellectuels non embrigadés
71
re douteuse sur Hitler, rétrécie et coincée entre
deux
grands empires, dépossédée par eux de presque tous ses monopoles et m
72
ucoup de ses habitants espèrent ailleurs, et dans
deux
directions opposées. Je le répète, nos chances paraissent très faibl
73
inconscience routinière, et l’image rassurante de
deux
ou trois pays, petits pays épargnés par la guerre. Voici le moment de
74
ence routinière, et l’image rassurante de deux ou
trois
pays, petits pays épargnés par la guerre. Voici le moment de nous dem
75
soviétisée — ce serait par contrainte — dans les
deux
cas colonisée. Un musée ou une colonie… autant dire : une Europe abse
76
elle était seule et reine de la planète. Mais en
1946,
elle se voit affrontée à deux empires. Du même coup elle ressent son
77
a planète. Mais en 1946, elle se voit affrontée à
deux
empires. Du même coup elle ressent son unité et la définit par contra
78
part, URSS de l’autre. Nous distinguerons d’abord
deux
conceptions divergentes et peut-être antagonistes de la nature ou de
79
e qui est la croix. Au contraire, à l’origine des
deux
empires nouveaux, il y a l’idée de l’unification de l’homme lui-même,
80
mple ; pour eux, c’est l’exemplaire de série. Ces
deux
sens du mot « exemplaire » nous livrent le secret de l’opposition que
81
s vous faire sentir. Pour eux la vie se résume en
deux
opérations : production et consommation. Tout leur effort est donc de
82
insi donc, la confrontation de l’Europe et de ces
deux
filles parfois ingrates du plus grand Occident nous suggère une formu
83
ns une série de définitions philosophiques de ces
deux
termes : la personne et le fédéralisme. Cette manière d’apparence rig
84
elle est la santé de l’Europe, et telles sont ses
deux
maladies, contradictoires en apparence, mais également provocatrices
85
survivre. Or l’Europe démoralisée, coincée entre
deux
grands empires, minée par son propre génie et par l’abus de ses vertu
86
e rase que l’Amérique, et surtout la Russie — ces
deux
grandes plaines d’un seul tenant — peuvent se permettre d’expérimente
87
’on peut impunément multiplier n’importe quoi par
10
ou 100. Vous oubliez la mesure de l’homme. Si, par exemple, vous mult
88
ut impunément multiplier n’importe quoi par 10 ou
100.
Vous oubliez la mesure de l’homme. Si, par exemple, vous multipliez p
89
de l’homme. Si, par exemple, vous multipliez par
10
toutes les dimensions d’une maison, vous ne pourrez plus gravir les e
90
r, ce sont les crises qu’il faut prévoir dans les
deux
empires du succès. Leurs plans, en effet, sont fondés sur une méconna
91
ences, et le propre d’une expérience est de rater
neuf
fois sur dix. Je pense aux crises économiques qui menacent constammen
92
ropre d’une expérience est de rater neuf fois sur
dix
. Je pense aux crises économiques qui menacent constamment l’Amérique.
93
ues qui menacent constamment l’Amérique. Celle de
1930
eut pour effet de la réveiller, de l’humaniser, et par là même de la
94
er trait : l’Europe, surtout si on la compare aux
deux
empires séparés d’elle, et que je nomme les deux empires sans précéde
95
deux empires séparés d’elle, et que je nomme les
deux
empires sans précédent — l’Europe est la patrie de la mémoire. Elle e
96
que en est encore à bâtir des églises en gothique
neuf
. C’est parce que l’Europe est la mémoire du monde qu’elle ne cessera
97
sième bloc, un bloc-tampon, ou un bloc opposé aux
deux
autres. Ce ne serait rien résoudre, et au contraire, ce serait exalte
98
t européen, Neuchâtel, Éditions de la Baconnière,
1947,
p. 143-163.
99
L’opportunité chrétienne (
1947
)d Depuis des siècles, depuis la Renaissance, le christianisme a vé
100
p menacées par le scepticisme. Pour ne donner que
deux
exemples : on vit le mouvement mystique s’éteindre au sein du catholi
101
close pour longtemps. C’est enfin un fait que les
trois
grandes confessions chrétiennes ont retrouvé depuis une ou deux décad
102
onfessions chrétiennes ont retrouvé depuis une ou
deux
décades le courage de réaffirmer leurs positions parfois les plus ext
103
asser à l’attaque. ⁂ Ce lendemain d’une guerre de
Trente
Ans ne ressemble guère à une victoire, il faut bien le dire. Les nati
104
la misère du temps qui appelle, j’attends ceci :
1°
Que l’Église offre un type de relations humaines viables, comme elle
105
oudrais une sociologie chrétienne pour le siècle.
2°
Que l’Église offre un type de relations culturelles viables ; qu’elle
106
ue nous sortions à sa recherche pour la ramener !
3°
Que l’Église cesse de défendre la triste et inefficace moralité bourg
107
ien sages » nous disaient les prédicateurs depuis
deux
siècles. « Soyez fous ! », dit saint Paul aux Corinthiens. « Osez êtr
108
aux Corinthiens. « Osez être l’invraisemblable ! »
2
dit Kierkegaard. Ce sont ces voix que les meilleurs aujourd’hui, hors
109
ce qui retient en arrière des risques de la vie.
4°
Que l’Église affirme avec force, dans le domaine politique, la Transc
110
re même par des petites revues comme celle-ci ?
2.
Kierkegaard veut dire par là : « l’incomparable, l’unique, celui qui
111
unité chrétienne », La Troisième heure, New York,
1947,
p. 12-15.
112
La guerre des sexes en Amérique (janvier
1947
)h Le flirt en public (outdoor love-making) vient d’être interdit
113
s d’affection du genre communément appelé necking
4.
S’il est vrai que tout le monde s’accorde à reconnaître qu’il s’agit
114
ans le respectable New York Times au mois d’avril
1946,
exprime avec un grain d’humour l’attitude de la jeune Amérique vis-à-
115
de celles que je voudrais dégager d’un séjour de
six
ans en Amérique. Les mœurs sexuelles de l’Europe peuvent être définie
116
on de l’autre, si bien que le contraste entre les
deux
relève en fin de compte d’une même estimation du rôle et de l’importa
117
la sexualité. Tandis qu’en Amérique nous trouvons
deux
morales également admises, semble-t-il, l’une faite de vices et de ve
118
« moms » Dans un tel monde, il ne subsiste que
deux
solutions praticables : le mariage, ou l’affair d’un soir (car ils ap
119
isse le temps —, ornée de quelques gros bijoux de
quatre
sous, mais bien brillants, précédant un mari moins galant que stylé,
120
américaine. On assure que les femmes possèdent le
75
% de la fortune privée en Amérique, soit que le système de l’héritage
121
Maman, que soupire le GI loin du foyer, dans ces
trois
lettres fatidiques qui sont le secret de millions de drames matrimoni
122
es trois lettres fatidiques qui sont le secret de
millions
de drames matrimoniaux, sexuels et psychiques : MOM. Philip Wylie, d
123
rent-ils guère. Lui déjeune avec ses collègues en
vingt
minutes, près de son bureau ; elle, dans un restaurant où des centain
124
s de son bureau ; elle, dans un restaurant où des
centaines
de femmes, par tablées, composent aux yeux de l’étranger qui s’égare
125
e social que sous l’aspect d’une mise en ordre de
deux
vies individuelles. C’est qu’en Europe, l’on se préoccupe avant tout
126
pèse bien peu au regard des chances de repartir à
neuf
, de déblayer les perspectives d’avenir, qu’offre l’interruption d’une
127
— passant par l’autre porte — qui légalisera les
deux
actes. Telle est du moins la coutume de Reno. Reno n’est pas une lége
128
tée de vivre désormais dans le Nevada. Il y reste
six
semaines, à l’hôtel, est alors déclaré résident, obtient son divorce
129
nt son divorce en un quart d’heure, se remarie en
dix
minutes, quitte les lieux l’instant d’après. Il n’y reviendra jamais,
130
listes qui la félicitaient sur ses fiançailles, à
19
ans : « C’est merveilleux de se marier pour la première fois ! » Deux
131
erveilleux de se marier pour la première fois ! »
Deux
ans plus tard, elle était à Reno et se remariait, « elle pour la seco
132
st considéré avant tout comme la mise en ordre de
deux
vies. Derrière tous les motifs allégués, il y a comme partout l’adult
133
s Polonais, les Italiens qui forment ensemble les
trois
quarts au moins de la population de New York, sont indemnes de toute
134
’innocence. Disons, pour fixer les idées, que les
deux
romans européens les moins pensables en Amérique seraient sans doute
135
de l’égalité complète, désaffection mutuelle des
deux
sexes. (Vont-ils mourir chacun de leur côté, selon la prophétie de Vi
136
inquiétude ; non plus sans beaucoup d’amitié.
4.
« Courtiser » traduirait trop faiblement ce terme courant en Amérique
137
ans la bouche des prédicateurs qui le dénoncent.
5.
Sauf dans le domaine intellectuel, où l’on pourrait fort bien souteni
138
e des sexes en Amérique », La NEF, Paris, janvier
1947,
p. 3-12.
139
Journal d’un intellectuel en exil (mars
1947
)i Janvier 1941 L’avant-garde à New York. — J’ai enfin découvert u
140
d’un intellectuel en exil (mars 1947)i Janvier
1941
L’avant-garde à New York. — J’ai enfin découvert un « milieu littéra
141
Il y avait là bon nombre des « intellectuels » de
vingt
à quarante ans dont je retrouve les noms dans les petites revues de l
142
it là bon nombre des « intellectuels » de vingt à
quarante
ans dont je retrouve les noms dans les petites revues de l’avant-gard
143
ie de leur propre nation. Cela tient sans doute à
mille
raisons matérielles et sociales d’abord, dont j’ai deviné quelques-un
144
nt subversif, « réactionnaire », et tout est dit…
25
janvier 1941 Cinquième colonne. — Quelques fragments de mon Journal
145
f, « réactionnaire », et tout est dit… 25 janvier
1941
Cinquième colonne. — Quelques fragments de mon Journal d’Allemagne
146
lair du fond de la Californie alerte à leur sujet
deux
éditeurs. Sur leur demande pressante, je leur envoie le livre. L’un m
147
er, mais il a le malheur de porter sur les années
1935
et 1936. Or le public veut de l’actualité. Le second m’a fait venir c
148
il a le malheur de porter sur les années 1935 et
1936.
Or le public veut de l’actualité. Le second m’a fait venir ce matin :
149
ties, je vous le dis, c’est la paresse d’esprit !
27
janvier 1941 Soirée, hier, chez Reinhold Niebuhr, l’une des meilleure
150
us le dis, c’est la paresse d’esprit ! 27 janvier
1941
Soirée, hier, chez Reinhold Niebuhr, l’une des meilleures têtes du pa
151
travaille fatalement pour lui. Cambridge (Mass.),
18
avril 1941 Quinze jours dans ce refuge de l’esprit, l’Université de H
152
fatalement pour lui. Cambridge (Mass.), 18 avril
1941
Quinze jours dans ce refuge de l’esprit, l’Université de Harvard, au
153
lement pour lui. Cambridge (Mass.), 18 avril 1941
Quinze
jours dans ce refuge de l’esprit, l’Université de Harvard, au milieu
154
s, l’on y trouve une vraie place, au carrefour de
trois
rues, et des cafés où vers six heures du soir se groupent autour d’un
155
au carrefour de trois rues, et des cafés où vers
six
heures du soir se groupent autour d’un verre et d’un problème les écr
156
s logiciens et les théologiens. On m’y a présenté
trois
génies. Un génie aux États-Unis, c’est une catégorie précise d’étudia
157
t, etc.) doit donner un chiffre total supérieur à
135.
Le génie, s’il est physicien par exemple, n’en sera pas moins un spéc
158
eu, ce qui est le privilège des génies. New York,
15
mai 1941 Recette pour vivre de peu. — Je me souviens de ce sous-titr
159
qui est le privilège des génies. New York, 15 mai
1941
Recette pour vivre de peu. — Je me souviens de ce sous-titre de mon
160
épugne à l’un autant qu’à l’autre… ! Fin décembre
1941,
5 IV est 16th Street Trouvé un petit atelier, près de Greenwich villa
161
à l’un autant qu’à l’autre… ! Fin décembre 1941,
5
IV est 16th Street Trouvé un petit atelier, près de Greenwich village
162
l’un autant qu’à l’autre… ! Fin décembre 1941, 5
IV
est 16th Street Trouvé un petit atelier, près de Greenwich village6,
163
utant qu’à l’autre… ! Fin décembre 1941, 5 IV est
16th
Street Trouvé un petit atelier, près de Greenwich village6, au haut d
164
er bleu foncé, des murs blancs, un plafond vitré.
Deux
larges et basses fenêtres sur la cour. En face, le haut building d’un
165
e le toit plat, formant terrasse, d’une maison de
trois
étages, qui est un couvent. Les nonnes, deux par deux, vont et vienne
166
de trois étages, qui est un couvent. Les nonnes,
deux
par deux, vont et viennent sur ce toit en lisant. Comme il n’y a ni m
167
étages, qui est un couvent. Les nonnes, deux par
deux
, vont et viennent sur ce toit en lisant. Comme il n’y a ni mur, ni ba
168
ture les passionne. Mercredi des Cendres, février
1942
Depuis des mois, j’essayais de m’y mettre7. Mais je fuyais partout, d
169
le monde, au cinéma, sous le moindre prétexte. À
deux
heures aujourd’hui, je me suis enfermé sans plus bouger, entre mon fa
170
plus bouger, entre mon fauteuil et ma table — les
deux
bras du fauteuil touchant le bord de la table — devant un bloc de pap
171
s. À sept heures, je me suis mis à écrire. Il est
dix
heures et j’ai devant moi les trois premiers chapitres terminés. J’ai
172
écrire. Il est dix heures et j’ai devant moi les
trois
premiers chapitres terminés. J’ai faim, j’ai froid, je suis heureux,
173
j’ai froid, je suis heureux, je cours dîner pour
50
cents à la cafétéria du coin. 2 mars 1942 Ou écrire, ou sortir. — Ap
174
ai froid, je suis heureux, je cours dîner pour 50
cents
à la cafétéria du coin. 2 mars 1942 Ou écrire, ou sortir. — Après tr
175
cours dîner pour 50 cents à la cafétéria du coin.
2
mars 1942 Ou écrire, ou sortir. — Après trois jours et nuits de trav
176
îner pour 50 cents à la cafétéria du coin. 2 mars
1942
Ou écrire, ou sortir. — Après trois jours et nuits de travail acharn
177
coin. 2 mars 1942 Ou écrire, ou sortir. — Après
trois
jours et nuits de travail acharné, j’ai tenté hier soir une sortie. D
178
travail acharné, j’ai tenté hier soir une sortie.
Deux
signes m’ont prouvé que jusqu’à nouvel ordre je suis le prisonnier de
179
ite et profonde paraît vide. Il doit être environ
neuf
heures et demie. J’hésite sur le seuil : va-t-on me servir encore ? A
180
: va-t-on me servir encore ? Au fond de la salle,
deux
hommes et une femme attablés causent et boivent. L’un des hommes m’ay
181
en avoir à dire, en général, quand on se trouve à
six
ou huit dans un salon. Rentré tôt, mais n’ai rien fait qui vaille de
182
r à dire, en général, quand on se trouve à six ou
huit
dans un salon. Rentré tôt, mais n’ai rien fait qui vaille de toute la
183
nuit. Voilà qui est clair : ou écrire, ou sortir.
20
mars 1942 Pluie torrentielle et fonte des neiges. Les nonnes ne sorte
184
ilà qui est clair : ou écrire, ou sortir. 20 mars
1942
Pluie torrentielle et fonte des neiges. Les nonnes ne sortent plus, o
185
rire et de me sentir libre nuit et jour. Fin mars
1942
Écrit finis à six heures du matin. Église Saint-Marc à l’aube froide,
186
r libre nuit et jour. Fin mars 1942 Écrit finis à
six
heures du matin. Église Saint-Marc à l’aube froide, quelques bonnes f
187
e, c’était pour essayer de le prendre de vitesse.
1er
avril 1942 Une lettre du propriétaire m’apprend qu’on va démolir mon
188
pour essayer de le prendre de vitesse. 1er avril
1942
Une lettre du propriétaire m’apprend qu’on va démolir mon étage. Je l
189
et n’ai donc plus qu’à déguerpir sans insister.
16
avril 1942, 11 West, 52 th Street Emménagé dans une belle chambre bla
190
donc plus qu’à déguerpir sans insister. 16 avril
1942,
11 West, 52 th Street Emménagé dans une belle chambre blanche, vaste
191
lus qu’à déguerpir sans insister. 16 avril 1942,
11
West, 52 th Street Emménagé dans une belle chambre blanche, vaste et
192
déguerpir sans insister. 16 avril 1942, 11 West,
52
th Street Emménagé dans une belle chambre blanche, vaste et carrée. J
193
as plus avancé qu’au temps de mon île atlantique.
21
avril 1942 Comme on regarde les vitrines différemment selon qu’on a d
194
vancé qu’au temps de mon île atlantique. 21 avril
1942
Comme on regarde les vitrines différemment selon qu’on a de l’argent
195
ne d’un auteur d’après ses descriptions du monde.
10
mai 1942 Un job. — J’étais allé voir mes enfants à Long Island, le s
196
auteur d’après ses descriptions du monde. 10 mai
1942
Un job. — J’étais allé voir mes enfants à Long Island, le samedi soi
197
ance et retransmis de Londres par la BBC. Fin mai
1942
Échantillons. — Voici donc la section de langue française d’un organ
198
es sont les petites surprises de l’exil. Fin juin
1942
Une journée à l’OWI.— André Breton, superbement courtois, patient co
199
à ignorer les barreaux de sa cage, apparaît vers
cinq
heures au fond de la grande salle. Il vient nous prêter sa voix noble
200
d’organiser. Celle par exemple qui devrait durer
trois
jours dans une vaste demeure aux portes condamnées, où chaque invité
201
t dans quel cadre nous sommes en train de causer.
Trente
machines à écrire dans cette salle, en contrepoint avec deux télétype
202
es à écrire dans cette salle, en contrepoint avec
deux
télétypes, visières vertes aux fronts sous les lampes dures, manches
203
des Pitoëff, se voient priés de passer au studio
16
pour l’émission. Dans cinq minutes, au fond d’une campagne française
204
riés de passer au studio 16 pour l’émission. Dans
cinq
minutes, au fond d’une campagne française — ce sera déjà la nuit là-b
205
s ! » Cela tient de la divination, et c’est juste
neuf
fois sur dix. Huit heures et demie. L’équipe de nuit s’installe sans
206
nt de la divination, et c’est juste neuf fois sur
dix
. Huit heures et demie. L’équipe de nuit s’installe sans bruit dans le
207
la divination, et c’est juste neuf fois sur dix.
Huit
heures et demie. L’équipe de nuit s’installe sans bruit dans les bure
208
ait temps d’aller à ce dîner, n’était-ce pas pour
huit
heures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À deux heures du mat
209
eures ? Quitte à revenir terminer dans la nuit. À
deux
heures du matin, si tout a bien marché, je monterai chez « Saint-Ex »
210
l’écouter parler des malheurs de sa France… Juin
1942
La guerre va mal, il faut le dire, et persuader l’Europe qu’elle ira
211
Mais j’ai pu annoncer le premier raid anglais de
mille
avions, et la promesse du général Marshall : « Nous débarquerons en F
212
rshall : « Nous débarquerons en France. » Juillet
1942
Saint-John Perse. — Lorsqu’il est arrivé en Amérique, il n’a paru de
213
refusait à l’interview. À Washington, il vit dans
deux
petites pièces banales, accueillant un à un, mais longuement, les vis
214
us suit. » Chemins d’exil. Wesport (Connecticut),
15
août 1942 Huit jours de vacances à la mer. Je partage cette maison de
215
» Chemins d’exil. Wesport (Connecticut), 15 août
1942
Huit jours de vacances à la mer. Je partage cette maison de bois, au
216
emins d’exil. Wesport (Connecticut), 15 août 1942
Huit
jours de vacances à la mer. Je partage cette maison de bois, au bord
217
ans un tiroir depuis des mois, et pour en récrire
deux
chapitres (sur « l’amour tel qu’on le parle » et la passion réelle).
218
e lui apprends à marcher en laisse, sur la plage.
18
août 1942 Peut-être qu’il n’est pas de bonheur plus conscient que cel
219
prends à marcher en laisse, sur la plage. 18 août
1942
Peut-être qu’il n’est pas de bonheur plus conscient que celui de l’en
220
isir sur la plage, et nous l’avons ici. New York,
2
septembre 1942 Quoi de plus sale qu’une ville dont la foule transpire
221
plage, et nous l’avons ici. New York, 2 septembre
1942
Quoi de plus sale qu’une ville dont la foule transpire ? Il faut être
222
il, qui ne serve Hitler en fin de compte. J’écris
vingt
à trente pages par jour après des heures de recherches préparatoires.
223
ne serve Hitler en fin de compte. J’écris vingt à
trente
pages par jour après des heures de recherches préparatoires. Abondanc
224
depuis quelques jours… Long Island, fin septembre
1942
Bevin House. — Nouvelle maison à la campagne, à deux heures à New Yo
225
Bevin House. — Nouvelle maison à la campagne, à
deux
heures à New York, avec les Saint-Exupéry. J’y passe mes trente-six h
226
à New York, avec les Saint-Exupéry. J’y passe mes
trente-six
heures de congé, chaque semaine. C’est immense, sur un promontoire em
227
velés par les tempêtes, mais doucement entouré de
trois
côtés par des lagunes sinueuses qui s’avancent dans un paysage de for
228
la nuit je me retire épuisé (je dois rentrer pour
neuf
heures à New York), mais il vient encore dans ma chambre fumer des ci
229
qui ne peut plus s’arrêter de penser… Fin octobre
1942
Propagande et style. — Depuis que je suis à l’OWI, rédigeant bon gré
230
ue je suis à l’OWI, rédigeant bon gré mal gré mes
vingt-cinq
pages quotidiennes, je n’ai pu guère écrire que ces notes de journal,
231
n’ai pu guère écrire que ces notes de journal, et
deux
essais pour des revues américaines. Mais ces essais-là m’ont suffi po
232
e d’une transmission directe à la radio. Dans les
deux
cas, les exigences sont les mêmes. Et elles impliquent le renoncement
233
mné, Proust « mondain », et Bach inaperçu pendant
cinquante
ans.) Bevin House, fin octobre 1942 Dans cette maison d’il y a longte
234
pendant cinquante ans.) Bevin House, fin octobre
1942
Dans cette maison d’il y a longtemps, semblable à celles de mon enfan
235
ver, pour rentrer tout entier en Europe après ces
deux
années de violente dérive. … mais sachez-le : Nous n’étions pas abse
236
u’il restait à défendre par nous, dans l’exil…
6.
Quartier du bas de la ville où habitent beaucoup d’écrivains et surto
237
ent beaucoup d’écrivains et surtout de peintres.
7.
Il s’agit du livre intitulé La Part du diable , qui devait paraître
238
able , qui devait paraître à New York à la fin de
1942,
dans une première version. La seconde version, élargie, date de 1944.
239
ère version. La seconde version, élargie, date de
1944.
8. Nous annoncions chaque semaine, à cette époque, le résultat de l’
240
sion. La seconde version, élargie, date de 1944.
8.
Nous annoncions chaque semaine, à cette époque, le résultat de l’effo
241
re le temps de construction d’un cargo Liberty de
trente-six
jours à quatorze, puis à cinq ! Il y parvint. i. Rougemont Denis de
242
truction d’un cargo Liberty de trente-six jours à
quatorze
, puis à cinq ! Il y parvint. i. Rougemont Denis de, « Journal d’un
243
go Liberty de trente-six jours à quatorze, puis à
cinq
! Il y parvint. i. Rougemont Denis de, « Journal d’un intellectuel
244
’un intellectuel en exil », Fontaine, Paris, mars
1947,
p. 899-916.
245
érature des États-Unis devant le roman américain (
7
juin 1947)m Je ne connais dans tout New York qu’une seule vraie te
246
des États-Unis devant le roman américain (7 juin
1947
)m Je ne connais dans tout New York qu’une seule vraie terrasse de
247
scènes de ses romans, et c’est là qu’il y a bien
six
ans j’ai connu Carson McCullers. Elle avait l’air d’une toute jeune f
248
qui l’accompagnait ce jour-là, elle ne ferait pas
deux
pas toute seule dans la ville. Je la félicitai sur le beau titre de s
249
remier roman qui venait de paraître — écrit entre
19
et 22 ans — et elle me dit merci, bien sérieusement selon la coutume
250
roman qui venait de paraître — écrit entre 19 et
22
ans — et elle me dit merci, bien sérieusement selon la coutume des fe
251
je la revis à Brooklyn, dans une sombre maison de
quatre
étages où m’avait amené Golo, le plus jeune fils de Thomas Mann. Un m
252
epas autour d’une très longue table que servaient
deux
ou trois énormes négresses. Wystan Auden y présidait avec une malicie
253
our d’une très longue table que servaient deux ou
trois
énormes négresses. Wystan Auden y présidait avec une malicieuse digni
254
e roman américain », Le Figaro littéraire, Paris,
7
juin 1947, p. 1.
255
américain », Le Figaro littéraire, Paris, 7 juin
1947,
p. 1.
256
Drôle de paix (
7
juin 1947)l Nouvelles du monde chaque matin dans l’excitante confu
257
Drôle de paix (7 juin
1947
)l Nouvelles du monde chaque matin dans l’excitante confusion d’un
258
ente on enregistre aux États-Unis un divorce pour
trois
mariages. Cela non plus ne restera pas sans conséquences, mais lesque
259
tra de dominer la cause unique des guerres depuis
cent
ans, à savoir bêtise armée sous le nom de nationalisme. Quatre foy
260
voir bêtise armée sous le nom de nationalisme.
Quatre
foyers de contradictions Le monde s’offre à nos yeux, cette année,
261
ffre à nos yeux, cette année, sous les espèces de
quatre
ou cinq foyers continentaux de crises et de profondes contradictions
262
yeux, cette année, sous les espèces de quatre ou
cinq
foyers continentaux de crises et de profondes contradictions internes
263
i sûr de ses calculs quand il s’agit de la vie de
millions
de ses sujets n’avait trahi tant d’insécurité dans ses réactions exté
264
payés et sans avenir, l’État de Géorgie se donne
deux
gouverneurs rivaux, démasquant la faiblesse de la loi et la violence
265
ocratie… Voici l’Asie, les Indes et la Chine. Ces
deux
énormes blocs de 400 et de 450 millions d’habitants se voient enfin l
266
les Indes et la Chine. Ces deux énormes blocs de
400
et de 450 millions d’habitants se voient enfin libérés de la tutelle
267
et la Chine. Ces deux énormes blocs de 400 et de
450
millions d’habitants se voient enfin libérés de la tutelle et de l’ex
268
la Chine. Ces deux énormes blocs de 400 et de 450
millions
d’habitants se voient enfin libérés de la tutelle et de l’exploitatio
269
À peine les Japonais battus, à peine les derniers
12
000 Américains évacués, la lutte reprend en Chine entre l’armée des p
270
eine les Japonais battus, à peine les derniers 12
000
Américains évacués, la lutte reprend en Chine entre l’armée des provi
271
te et que le pays manque à peu près de tout après
seize
ans de guerre et d’invasion. À peine les Anglais ont-ils annoncé leur
272
ncé leur décision de se retirer des Indes en juin
1948
que la Ligue musulmane se déclare prête à la guerre contre le Congrès
273
sse. L’Europe patrie de l’invention, du « système
D
» et de la réplique rapide, dont les ministres annoncent que c’est le
274
rôle de paix » que nous vivons repose en fait sur
quatre
crises, sur quatre pauvretés continentales : manque de liberté en Rus
275
nous vivons repose en fait sur quatre crises, sur
quatre
pauvretés continentales : manque de liberté en Russie, manque de base
276
non ses maladies que l’on jalouse. Si l’un de ces
quatre
grands malades recouvrait subitement la santé, il deviendrait impéria
277
lui et susciterait probablement la coalition des
trois
autres. Si la Russie pouvait prouver que son régime ménage autant de
278
ns parce que l’Asie va lui demander son aide (les
deux
parties des Indes l’annoncent déjà) et parce qu’elle représente pour
279
e redresser pour tenir un grand rôle. Ce sont nos
quatre
pauvretés qui nous lient et qui assurent notre paix provisoire. C’est
280
rôle de paix », Une Semaine dans le monde, Paris,
7
juin 1947, p. 1 et 6.
281
paix », Une Semaine dans le monde, Paris, 7 juin
1947,
p. 1 et 6.
282
emaine dans le monde, Paris, 7 juin 1947, p. 1 et
6.
283
esse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (
9
août 1947)n Princeton est une petite cité américaine dont la moiti
284
e l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août
1947
)n Princeton est une petite cité américaine dont la moitié des habi
285
’une des grandes universités du continent. Depuis
deux
ans que j’y vis, je vois passer chaque jour sous mes fenêtres, à onze
286
, je vois passer chaque jour sous mes fenêtres, à
onze
heures du matin, quelque temps qu’il fasse, le patriarche du nouvel â
287
bres pleins d’oiseaux. C’est d’ici que partit, en
1939,
la fameuse lettre au président Roosevelt, par laquelle Einstein deman
288
des joues grises creusées de profondes ravines et
deux
touffes de cheveux blancs en auréole. À le voir de tout près, je le t
289
— Depuis quand vivez-vous en Amérique ? — Depuis
1934.
Mais j’y étais venu une première fois en 1922, pour parler d’un proje
290
is 1934. Mais j’y étais venu une première fois en
1922,
pour parler d’un projet d’université juive à Jérusalem. On m’a donné
291
ce temps-là, c’était d’une sottise incroyable. En
vingt-cinq
ans, à travers la crise de 1929 et la guerre, ils ont fait des progrè
292
royable. En vingt-cinq ans, à travers la crise de
1929
et la guerre, ils ont fait des progrès immenses vers le sérieux et ve
293
communistes, simplement. N’a-t-il pas proposé, en
1945,
de livrer le secret de la bombe aux quatre Grands, donc pratiquement
294
osé, en 1945, de livrer le secret de la bombe aux
quatre
Grands, donc pratiquement à l’URSS ? Au risque de passer pour fascist
295
era de notre côté… Que pensez-vous de ce délai de
cinq
ans qu’on cite partout, et qui serait nécessaire à la Russie pour fab
296
es bombes ? — La Russie peut avoir la bombe d’ici
deux
ans au moins. D’ici dix ans au plus. Ce qui est sûr, c’est qu’elle y
297
eut avoir la bombe d’ici deux ans au moins. D’ici
dix
ans au plus. Ce qui est sûr, c’est qu’elle y travaille. — Croyez-vous
298
l’âge atomique, m’a dit… », Paris Presse, Paris,
9
août 1947, p. 1 et 3.
299
atomique, m’a dit… », Paris Presse, Paris, 9 août
1947,
p. 1 et 3.
300
dit… », Paris Presse, Paris, 9 août 1947, p. 1 et
3.
301
ation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (
30-31
août 1947)o L’émouvante profession de foi fédéraliste qu’a entendu
302
ons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août
1947
)o L’émouvante profession de foi fédéraliste qu’a entendue le congr
303
m’en vais sortir très prochainement Journal des
deux
mondes , dont la Guilde du Livre a déjà donné une édition. À l’intent
304
rable. Ce mouvement personnaliste a été créé vers
1932
à Paris, Denis de Rougemont représentant l’élément protestant, Jacque
305
, c’est qu’on assiste au même phénomène qu’il y a
cent
ans. En 1846, il existait un sentiment suisse, mais l’on doutait de l
306
assiste au même phénomène qu’il y a cent ans. En
1846,
il existait un sentiment suisse, mais l’on doutait de la possibilité
307
extrême rapidité avec laquelle la Constitution de
1848
fut proposée, écrite, adoptée et mise en pratique. En 1846, elle étai
308
proposée, écrite, adoptée et mise en pratique. En
1846,
elle était encore une utopie. Trois ans plus tard, elle fonctionnait
309
pratique. En 1846, elle était encore une utopie.
Trois
ans plus tard, elle fonctionnait si bien que l’on eût dit qu’elle all
310
ue ce sentiment suisse, dans les années précédant
1848,
était informulé, et qu’il a fallu la campagne de la Société helvétiqu
311
Denis de Rougemont », Tribune de Genève, Genève,
30
–31 août 1947, p. 9.
312
nis de Rougemont », Tribune de Genève, Genève, 30–
31
août 1947, p. 9.
313
ougemont », Tribune de Genève, Genève, 30–31 août
1947,
p. 9.
314
L’attitude fédéraliste (octobre
1947
)p Le danger que présente un tel sujet, c’est qu’il risque d’entraî
315
me et solidaire. Il vit dans la tension entre ces
deux
pôles : le particulier et le général ; entre ces deux responsabilités
316
pôles : le particulier et le général ; entre ces
deux
responsabilités : sa vocation et la cité ; entre ces deux amours : ce
317
ponsabilités : sa vocation et la cité ; entre ces
deux
amours : celui qu’il se doit à lui-même et celui qu’il doit à son pro
318
permanent, c’est la personne. Voici donc définis
trois
types humains, qui favorisent trois types différents de régimes polit
319
donc définis trois types humains, qui favorisent
trois
types différents de régimes politiques, et sont en retour favorisés p
320
erté. Car la personne, c’est l’homme réel, et les
deux
autres ne sont que des déviations morbides, des démissions de l’human
321
ive. Le fédéralisme est sur un autre plan que ces
deux
erreurs complémentaires. Chacun sait que l’individualisme outré fait
322
dualisme outré fait le lit du collectivisme : ces
deux
extrêmes, eux, sont dans le même plan, se conditionnent et s’appellen
323
isses n’ont adopté une constitution commune qu’en
1848,
au terme d’une crise d’assez courte durée, et en dépit d’une oppositi
324
extrême rapidité avec laquelle la Constitution de
1848
fut proposée, écrite, adoptée et mise en pratique. En 1846, elle étai
325
proposée, écrite, adoptée et mise en pratique. En
1846,
elle était encore une utopie. Trois ans plus tard, elle fonctionnait
326
pratique. En 1846, elle était encore une utopie.
Trois
ans plus tard, elle fonctionnait si bien que l’on eût dit qu’elle all
327
ou des plans statiques qu’il faudrait réaliser en
quatre
ou cinq ans, par la réduction impitoyable des réalités vivantes qui g
328
ns statiques qu’il faudrait réaliser en quatre ou
cinq
ans, par la réduction impitoyable des réalités vivantes qui gênent le
329
es mots fédération et fédéralisme sont compris de
deux
manières très différentes par les Suisses alémaniques et par les Suis
330
l consiste dans la composition perpétuelle de ces
deux
forces de sens contraire, en vue de leur renforcement mutuel. Ce dern
331
ur le plan européen, nous allons voir se dessiner
deux
tendances toutes semblables à celles que je viens de signaler en Suis
332
central. Et nous devrons constamment rappeler aux
deux
partis que le fédéralisme véritable n’est ni dans l’une ni dans l’aut
333
nciens historiens suisses, j’entends ceux d’avant
1848,
on est frappé de constater qu’ils n’emploient jamais le terme de fédé
334
, jusqu’à ce que la crise d’une guerre civile, en
1847,
l’ait forcée à prendre forme et force de loi. Et ce n’est guère qu’au
335
commenter et à philosopher à son sujet. Jusqu’en
1848,
elle allait sans dire, comme la vie même ; elle était la vie du civis
336
ant. Par la force des choses, l’union paisible de
deux
religions, de quatre langues, de vingt-deux républiques, et de je ne
337
es choses, l’union paisible de deux religions, de
quatre
langues, de vingt-deux républiques, et de je ne sais combien de « rac
338
paisible de deux religions, de quatre langues, de
vingt-deux
républiques, et de je ne sais combien de « races » en un État qui les
339
commun se formait peu à peu, depuis la guerre de
1914-1918.
La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L’idée d’un rés
340
au de pactes bilatéraux en fut un autre. Dans les
deux
cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit de p
341
s de la dernière crise grave, la guerre civile de
1847
opposant catholiques et protestants, les vainqueurs n’ont eu rien de
342
égémonie conquise, est résulté la constitution de
1848,
véritable base de l’État fédératif moderne. C’est pourquoi la Suisse
343
le grand Jakob Burckhardt annonçait la venue dès
1880,
dans une lettre prophétique, ceux qu’il appelait les « terribles simp
344
pas les mêmes frontières, et qui se recoupent de
cent
manières différentes. Il est clair que des lois ou des institutions c
345
une parenté culturelle qui s’affirme. Ici ce sont
deux
églises de confessions voisines qui s’ouvrent l’une à l’autre, et là
346
pas dirigés par une assemblée des gouverneurs des
48
États, ni la Suisse par les délégués des 22 cantons. Ce serait imprat
347
s des 48 États, ni la Suisse par les délégués des
22
cantons. Ce serait impraticable. Ces deux fédérations sont gouvernées
348
égués des 22 cantons. Ce serait impraticable. Ces
deux
fédérations sont gouvernées, au-dessus de leurs États, et en dehors d
349
dement, comme le fut celle des cantons suisses en
1848.
La nécessité en est évidente, la maturation historique en est fort av
350
te. ⁂ Il n’y a, dans le monde du xxe siècle, que
deux
camps, deux politiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne sont
351
a, dans le monde du xxe siècle, que deux camps,
deux
politiques, deux attitudes humaines possibles. Ce ne sont pas la gauc
352
du xxe siècle, que deux camps, deux politiques,
deux
attitudes humaines possibles. Ce ne sont pas la gauche et la droite,
353
ulement parce qu’il triomphe aujourd’hui dans une
dizaine
de pays et progresse plus ou moins rapidement dans tous les autres ;
354
L’attitude fédéraliste », La NEF, Paris, octobre
1947,
p. 49-60.
355
té dans l’amour [Réponse à une enquête] (novembre
1947
)e Le problème me paraît capital, mais son énoncé sur plus d’un poi
356
vec toutes les imprudences du monde, il m’a fallu
350
pages serrées pour en esquisser une, partielle, dans L’Amour et l’Oc
357
l jeu ? Quelles règles ? Sujet d’autre enquête.
3.
Phénomène appelé péché par les théologiens. e. Rougemont Denis de,
358
berté dans l’amour », L’Âge d’or, Paris, novembre
1947,
p. 48-50. f. Syntaxe fautive.
359
e n’est pas égale entre les États-Unis et l’URSS (
8
novembre 1947)q L’anecdote circulait à New York ce printemps. Un r
360
égale entre les États-Unis et l’URSS (8 novembre
1947
)q L’anecdote circulait à New York ce printemps. Un reporter améric
361
mérique dégrade l’esprit ! » Le raisonnement, sur
huit
colonnes, est le suivant : 1° « Henry Miller propage l’idée du monde
362
raisonnement, sur huit colonnes, est le suivant :
1°
« Henry Miller propage l’idée du monde la plus désespérée qu’un Améri
363
’un Américain ait encore puisée dans son pays » ;
2°
Truman veut asservir l’Europe au dollar ; 3° Donc Truman impose à l’E
364
» ; 2° Truman veut asservir l’Europe au dollar ;
3°
Donc Truman impose à l’Europe la lecture de Henry Miller, et ce derni
365
n pays » : c’est la vie de Montparnasse entre les
deux
guerres que décrivent ses Tropiques, publiés à Paris, et interdits en
366
patiemment l’absurdité technique de ce reproche :
1°
Les éditeurs américains ne sont pas aux ordres de Truman, comme ceux
367
comme ceux de l’URSS sont aux ordres de Staline ;
2°
Les éditeurs américains cherchent à faire de l’argent, comme les nôtr
368
rfois une œuvre de qualité qui ne rapporte rien ;
3°
Or les livres qui font de l’argent aux US sont les romans historiques
369
et les romans religieux, qui tirent souvent à un
million
et plus ; 4° Les droits de traduction d’un de ces romans ne représent
370
igieux, qui tirent souvent à un million et plus ;
4°
Les droits de traduction d’un de ces romans ne représentent au mieux
371
ligeable des bénéfices sur la vente en Amérique ;
5°
Les œuvres « pessimistes » de Faulkner et surtout de Miller, loin d’ê
372
de Miller, loin d’être des best-sellers, tirent à
5
ou 20 000 exemplaires, tandis que les œuvres de Lewis Douglas, de Bet
373
ller, loin d’être des best-sellers, tirent à 5 ou
20
000 exemplaires, tandis que les œuvres de Lewis Douglas, de Betty Smi
374
r, loin d’être des best-sellers, tirent à 5 ou 20
000
exemplaires, tandis que les œuvres de Lewis Douglas, de Betty Smith,
375
t l’Europe ne connaît même pas les noms, tirent à
800
000 avant la mise en vente, pour peu qu’un book club s’y intéresse ;
376
Europe ne connaît même pas les noms, tirent à 800
000
avant la mise en vente, pour peu qu’un book club s’y intéresse ; 6° L
377
n vente, pour peu qu’un book club s’y intéresse ;
6°
Le succès à l’étranger d’un Henry Miller stupéfie les éditeurs améric
378
près la vie américaine ont coutume d’insister sur
deux
traits de cette culture qui leur paraissent foncièrement déplaisants
379
ature de l’argent aux USA, tout a été dit, et les
cent
anecdotes personnelles que je pourrais verser au dossier n’ajouteraie
380
e théorie tactique qui change d’ailleurs tous les
six
mois ; ce qui entraîne une quantité d’emprisonnements. Mais nous, Eur
381
général, l’influence américaine s’est exercée en
deux
occasions plus marquantes, je veux parler de 1917 et de 1942, et alor
382
deux occasions plus marquantes, je veux parler de
1917
et de 1942, et alors elle fut bien le fait de la volonté du peuple am
383
ons plus marquantes, je veux parler de 1917 et de
1942,
et alors elle fut bien le fait de la volonté du peuple américain et d
384
ts-Unis et l’URSS », Le Figaro littéraire, Paris,
8
novembre 1947, p. 1-2.
385
l’URSS », Le Figaro littéraire, Paris, 8 novembre
1947,
p. 1-2.
386
Une Europe fédérée (
20
décembre 1947)r J’entends dire tous les jours depuis le congrès de
387
Une Europe fédérée (20 décembre
1947
)r J’entends dire tous les jours depuis le congrès de Montreux9 : «
388
riels vient s’ajouter le grand fait politique des
deux
empires, qui ont un air de vouloir se partager le monde. En 1939 il y
389
ui ont un air de vouloir se partager le monde. En
1939
il y avait en présence l’Allemagne et les démocraties : tout se passa
390
tions donc surtout nos divisions. Aujourd’hui les
deux
Grands ont paru dans leur force : tout se passe en dehors de nous, to
391
sés. Ensemble, nous serons aussi nombreux que les
deux
Grands additionnés. Ils baisseront le ton, et l’on pourra parler.
392
ion une fois les pistolets déposés sur la table ?
Deux
mondes sont en présence, que nous n’approuvons pas, pour des raisons
393
sme économique. Son rôle est d’inventer un régime
neuf
, plus souple et plus humain que la dictature russe, mais guéri de l’o
394
cet équilibre souple et sans cesse rajusté entre
deux
exigences contradictoires mais également essentielles à la vie, qui s
395
ire un peu à quelque chose) se cachent en réalité
trois
formes de sabotage : nationalisme, défaitisme et stalinisme. Le natio
396
défaitisme consiste à déclarer que la guerre des
deux
blocs est fatale ; inutile de rien faire en l’attendant, et surtout p
397
pensable à tout régime démocratique. Le refus sur
deux
fronts n’est pas une politique. Quand il est autre chose que l’effet
398
s l’invention pacifiante et la formule d’un ordre
neuf
… Où irons-nous ? Seul le fédéralisme ouvre des voies nouvelles. Seul
399
demi-mesures — c’est l’Europe fédérée devant les
deux
empires. C’est l’Europe rejoignant le xixe siècle, pour en prendre l
400
de ses cloisons, à reconquérir : notre Europe.
9.
Le congrès de l’Union européenne des fédéralistes, qui s’est tenu à M
401
rope fédérée », Une Semaine dans le monde, Paris,
20
décembre 1947, p. 1-2.
402
», Une Semaine dans le monde, Paris, 20 décembre
1947,
p. 1-2.
403
Notes sur la voie clandestine (hiver
1948
)t Il faut être aussi rationnel que possible. Pas davantage. On ver
404
s yeux verts, un profil détourné au croisement de
deux
rues, c’est New York, dont la somme donne 6 et le produit 9 — le démo
405
de deux rues, c’est New York, dont la somme donne
6
et le produit 9 — le démoniaque et le divin, pour lui — et ce sont la
406
est New York, dont la somme donne 6 et le produit
9
— le démoniaque et le divin, pour lui — et ce sont la Sixième Avenue
407
le et fuyante, et le Vieillard qui juge, tous les
deux
sans visage… Il semble que ces formes et figures soient presque seule
408
jet pourra servir ; vieux clou tordu, statuette à
quatre
sous, caillou noir, carte à jouer perdue sur laquelle on met le pied
409
s, prémonitions et prédictions heureuses, une sur
dix
, comme la loi du hasard nous autoriserait à l’attendre. Vous négligez
410
z tous les cas où cela rate. « Cela rate au moins
neuf
fois sur dix, comme toutes vos expériences de laboratoire. Et comme v
411
où cela rate. « Cela rate au moins neuf fois sur
dix
, comme toutes vos expériences de laboratoire. Et comme vous, je ne re
412
tiens que le dixième, qui donne un sens. Mais les
neuf
autres n’ont pas été vaines, ni muettes. Car elles m’ont dit : tu n’e
413
rucs aussi, souvent vulgaires. Le poète croit que
12
syllabes, exactement… Le superstitieux, que le 21 du mois, à 7 heures
414
12 syllabes, exactement… Le superstitieux, que le
21
du mois, à 7 heures… Un beau soir le beau vers accourt sur douze pied
415
xactement… Le superstitieux, que le 21 du mois, à
7
heures… Un beau soir le beau vers accourt sur douze pieds, et la femm
416
à 7 heures… Un beau soir le beau vers accourt sur
douze
pieds, et la femme est au rendez-vous. (Allez répéter cela devant un
417
tine », Les Cahiers de la Pléiade, Paris, janvier
1948,
p. 57-63.
418
Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier
1948
)s Vive le lettrisme ! La belliqueuse inscription, glorieux indice
419
ord, il faut faire le point. Denis de Rougemont a
41
ans. Petit, trapu, l’œil sombre, le poil noir, le sourcil épais, la m
420
cteur de français à l’Université de Francfort. En
1931,
je vins en France ; j’ai vécu en province et à Paris, collaborant à
421
au ton d’avant-garde — Hic et Nunc — qui compta
douze
numéros. Nous y défendions la théologie existentielle, et les noms de
422
rt-Marie Schmitt. C’est moi qui ai signé l’un des
trois
premiers articles consacrés, en France, à Kafka. La guerre rappela De
423
usanne un article qui me valut d’être condamné à
quinze
jours de forteresse ! En septembre 1940, il était envoyé en Amérique
424
damné à quinze jours de forteresse ! En septembre
1940,
il était envoyé en Amérique pour y faire des conférences. Il n’en rev
425
me raconte Denis de Rougemont. Chaque jour, vers
onze
heures du matin, ce patriarche du nouvel âge, ce Moïse de la terre at
426
des joues grises creusées de profondes ravines et
deux
touffes de cheveux blancs en auréole. Il me fit asseoir près de lui d
427
, j’ai eu la visite de Sartre. Il m’a dit : « Les
deux
plus grands écrivains français contemporains, c’est Camus et Simone d
428
ncore représentée par la génération des hommes de
40
à 50 ans. Je pensais que de plus jeunes nous relèveraient, s’imposera
429
représentée par la génération des hommes de 40 à
50
ans. Je pensais que de plus jeunes nous relèveraient, s’imposeraient.
430
à mon tour, que le fossé creusé par la guerre de
1914
était moins profond que celui qu’a creusé cette guerre-ci. Pour les j
431
imprécis. Ceux qui élèvent la voix, les hommes de
40
ans comme vous les nommez, ne font que poursuivre les discours commen
432
font que poursuivre les discours commencés avant
1939.
À cette époque, ils portaient déjà en eux une vision du monde, un mes
433
t de Ramuz. Ensuite, il publiera son Journal des
deux
mondes , des essais sur des mythes, tels que « Le supplice de Tantale
434
« Le nœud gordien » — textes qu’il écrivit entre
20
et 40 ans. Mais son plus important projet est de composer une morale
435
nœud gordien » — textes qu’il écrivit entre 20 et
40
ans. Mais son plus important projet est de composer une morale qu’il
436
e avec Denis de Rougemont », Paru, Paris, janvier
1948,
p. 10-15.
437
Les
deux
blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier 1948)u Les uns nous disent
438
Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (
9
janvier 1948)u Les uns nous disent que le choix est fatal entre l’
439
Les deux blocs ? Il n’en existe qu’un (9 janvier
1948
)u Les uns nous disent que le choix est fatal entre l’URSS et les U
440
pose sur l’idée simple que nous sommes pris entre
deux
grands empires également impérialistes, également avides de nous colo
441
ous bien regardé les faits ? Existe-t-il vraiment
deux
blocs ? ⁂ Une première différence saute aux yeux, quand on compare le
442
ombat. Par rapport à l’Europe, les intentions des
deux
empires ne sont pas davantage comparables. On l’a bien vu lors de la
443
arables. On l’a bien vu lors de la Conférence des
Seize
. L’URSS s’oppose à toute tentative d’unir les nations de l’Europe : c
444
mpérialisme ? Avouons qu’il n’est pas le même des
deux
côtés. Un contraste frappant Et si l’on regarde ce qui se passe
445
arde ce qui se passe en réalité à l’intérieur des
deux
empires, le contraste est encore plus frappant. En Russie, on liquide
446
s en URSS. Enfin, l’on me dira qu’il y a dans les
deux
camps des opprimés, de la misère et des scandales. Certes, mais là s’
447
cela au nom d’un idéal qui ne change pas tous les
six
mois, car il est la morale commune, et non pas une simple tactique. E
448
ses et objectives que l’on peut établir entre les
deux
puissances nous conduisent à la même conclusion : il n’y a pas de com
449
ates américains. u. Rougemont Denis de, « Les
deux
blocs ? Il n’en existe qu’un », L’Intransigeant, Paris, 9 janvier 194
450
? Il n’en existe qu’un », L’Intransigeant, Paris,
9
janvier 1948, p. 4.
451
existe qu’un », L’Intransigeant, Paris, 9 janvier
1948,
p. 4.
452
ui ont commencé (La querelle des « condensés… ») (
14
février 1948)v Mme de Staël priait Schelling de lui exposer sa phi
453
encé (La querelle des « condensés… ») (14 février
1948
)v Mme de Staël priait Schelling de lui exposer sa philosophie en u
454
hie en un quart d’heure, et l’arrêtait au bout de
cinq
minutes, pensant avoir assez compris. Dira-t-on qu’elle était América
455
es qu’un vieux Lanson que j’ai sous la main. ⁂ En
1714,
Houdar de La Motte condense L’Iliade en douze chants, « et ce qui tom
456
En 1714, Houdar de La Motte condense L’Iliade en
douze
chants, « et ce qui tombe », écrit Lanson, « c’est tout ce qui n’est
457
tité de romans espagnols, pour gagner sa vie. Dès
1768,
Ducis condense Shakespeare. « Il a rogné ses drames avec d’impitoyabl
458
llo, il supprime Jago, et l’action « s’expédie en
vingt-quatre
heures ». (Il y ajoute un happy ending, à la manière de Hollywood, dé
459
ix-neuvième siècle, Gérard de Nerval condense les
deux
Faust de Goethe, et Goethe se déclare ravi du résultat, préfère se re
460
e réduisent aux dimensions civilisées du volume à
trois
francs cinquante broché en jaune. Et j’allais oublier les Mille et Un
461
ux dimensions civilisées du volume à trois francs
cinquante
broché en jaune. Et j’allais oublier les Mille et Une Nuits de Gallan
462
inquante broché en jaune. Et j’allais oublier les
Mille
et Une Nuits de Galland, qui sont pourtant le record du genre, comme
463
les place sur un rayon de bibliothèque à côté des
25
volumes de la traduction de Mardrus. Rappelons aussi les innombrables
464
e qui doit apaiser bien des scrupules. Mais voici
deux
exemples célèbres de grandes œuvres littéraires « condensées » dans l
465
édier : condensation en prose et en un volume des
cinq
versions originales de la légende, et en particulier du poème de Thom
466
la légende, et en particulier du poème de Thomas (
3144
vers) et de celui de Béroul (4485 vers). Vous trouverez sans peine,
467
oème de Thomas (3144 vers) et de celui de Béroul (
4485
vers). Vous trouverez sans peine, dans n’importe quelle histoire de
468
grands, et que seuls les plus grands soutiennent.
Trois
remarques encore sur ce vaste sujet que je ne puis traiter ici qu’en
469
ge d’une partie de sa vertu en le dépouillant des
mille
détails mûrement choisis qui l’illustraient et le nuançaient, que doi
470
les mêmes dangers que s’il était « condensé » en
cinquante
pages ? Faut-il crier à l’américanisme ? Ou plutôt se féliciter de vo
471
s « condensés… ») », Le Figaro littéraire, Paris,
14
février 1948, p. 1 et 3.
472
és… ») », Le Figaro littéraire, Paris, 14 février
1948,
p. 1 et 3.
473
igaro littéraire, Paris, 14 février 1948, p. 1 et
3.